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Full text of "Traité élémentaire de la théorie des fonctions et du calcul infinitésimal"

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HARVARD       SCIENCE  CENTER  LIBRARY 


BOUGHT   FROM   THE   INCOME  OF  THE   FOND 
BEQUEATHED    EY 

PETER  PAUL  FRANCIS  DEGRAND 

(1787-1 S55) 

OF  BOSTON 

rOR    FRENCM   WORK5    ASD    PEftlODlCALS    OU    THE    EXACT   SCIENCES 

A>)D    DM    CHEMISTKY,  ASTRONOMY   AND   OTHER.   SCIENCES 

APPLIED    TO    THE    ARTS    AND   TO    NAVIGATION 


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TRAITÉ  ÉLÉMENTAIRE 

DE  LA  THÉORIE 


DES  FONCTIONS 


DU  CilCDl  INFINITÉSIIAI 


IMPRIMERIE  DE  FiRHIM  DIDOT  FRÈRES,  RUE  JACOB,  11°  50- 


TRAITÉ  ÉLÉMENTAIRE 

DE  LA  THËO&IE 

DES  FONCTIONS 


BT 


DD  CALCUL  INFINITÉSIMAL 

PAR  M.  A.  A.  COURNOT 

INSPECTEUR  GÉNÉRAL  DES  ÉTUDES 


germana  Mathesis 

AmthLvcmwi.,  lib  tr,  ▼.  lOM 


TOME  PREMIER 


PARIS 

CHEZ  L.  HACHETTE 

ITBHAIKB    SI   I.'0irrTBB8IT<    ■  O  T  ▲  I.  B    B  ■    V  B  A  V  C  B 

RUE  PIERRE-SARRAZIN,  12 

1841 


lYloct^  -5(oOÔ.H-| 


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A  LA  MEMOIRE 

DE   M.   POISSON, 

PAIR  DE  FRANCE, 

MEMBRE  DE  L'ACâDÉBUE  DES  SCIENCES  ET  DU  CONSEIL  ROYAL 
DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE  : 


TEMOIGNAGE  DE  RECONNAISSANCE 


ET   DE   PIEUX   ATTACHEMENT. 


PREFACE. 


Il  y  a  déjà  plusieurs  années  qu'ayant  été  chargé 
de  remplir  la  chaire  d'Analyse  à  la  Faculté  des 
sciences  de  Lyon  ,  je  me  suis  trouvé  conduit  à  je- 
ter sur  le  papier  l'esquisse  de  mon  cours.  Quelques 
personnes  favorablement  prévenues  m'ont  engagé  à 
compléter  ce  travail^  que  je  me  décidé  àfaire  paraître , 
malgré  la  publication  récente  d'ouvrages  fort  estinoa- 
blessurle  même  sujet.  J'ai  pu  croire  que  je  tirerais, 
dansFaccomplissement  de  ma  tâche  modeste^  quel* 
ques  avantages  de  ma  position  personnelle ,  qui  ne 
m'assujettit  point  à  un  programme  officiel,  ni  ne  me 
snggère  de  prédilection  trop  exclusive  pour  la  manière 
d'aucun  maître.  J'ai  pu  croire  aussi  que,  porté  de- 
puis longtemps  par  goût  vers  l'étude  de  la  philoso- 
phie des  sciences  (à  laquelle  tous  sacrifient  un  peu, 
même  en  en  médisant),  j'étais  assez  bien  préparé  à 
traiter  un  sujet  où  des  considérations  de  ce  genre 
^Qt  inévitables,  et  où  chacun  fait,  bon  gré  mal 
?ré,  sa  métaphysique.  Voici,  en  résumé,  la  marche 

a. 


Vllï  PREFACE. 

que  j'ai  suivie  dans  rexposition  des  principes  de  la 

matière. 
J'ai  cherché  à  faire  comprendre  comment,  par  les 

progrès  de  l'abstraction  mathématique,  on  est  amené 

à  concevoir  l'existence  d'une  théorie  qui  a  pour  objet 
les  propriétés  générales  des  fonctions  continues  : 
que  ces  fonctions  s'expriment  ou  non  par  les  signes 
de  l'algèbre  ou  par  d'autres  symboles ,  d'une  valeur 
mathématiquement  définie.  Il  y  a  plus  d'un  avan- 
tage à  distinguer  ainsi  la  théorie  des  fonctions,  de 
l'application  qui  s'eti  fait  aUx  fotiCtiotils  de  l'à^èbre  , 
et  de  la  trigonométrie;  et  c'est  en  ce  Sens  que  j'ai 
donné  au  présent  ouvrage  le  titre  de  Traité  élémen- 
taire de  la  Théorie  des  Fonctions, 

Dans  l'état  actuel  de  l'analyse,  la  Théorie  des  Fonc- 
tions cotisiste  presque  entièrement  dans  la  théorie 
des  rapports  qui  s'établissent  entre  les  fonctions  que 
Lagtànge  a  nommées primitii^es  et  dérivées;  et  l'ex- 
pression analytique  de  ces  rapports  engendre  ce  qu'on 
a  appelé  depuis  Leibnitz  le  Calcul  différentiel  et  in- 
tégral^ otl  bien  le  Calcul  infinitésimal ^ k  cause  delà 
notion  'ê^infiniment  petit  que  Leibnitz  y  a  joihte. 
Polir  peu  que  Ton  ait  une  teinture  de  l'histoite  des 
sciences,  on  n'ignore  pas  que  Newton  a  inventé  et 
fait  connaître,  sbus  le  nom  de  Méthode  des  fluxions^ 
un  calcul  qui  a  le  même  objet  que  celui  deLeibwitz; 
et  l'on  sait  que  le  résultat  d'tln  débat  animé  entre 
les  partisans  de  ces  grands  hommes,  a  été  d'assurer 


PHiFACE.  IX 

àchacuD  d'eux  un  droit  égal  à  cette  mémorable  dé-r 
couverte. 

Le  développement  parallèle  dés  idées  de  Newton 
et  de  celles  de  Leibnitz  n'est  pas  Sieulement  un  fait 
historique;  il  tient  au  fond  du  sujet,  et  ne  peut  être 
négligé  dans  une  exposition  didactique  sans  que 
Teiposition  pèche  en  quelque  point  :  les  deux  thëo- 
Kes  se  complètent  l'une  l'autre ,  sans  qu^on  en 
puisse  assigner  une  troisième  qui  ne  rentre  au  fond 
dans  Cune  ou  dans  l'autre.  J'ai  cherché  à  faire  sentir 
les  raisons  de  cettQ  double  solution ,  autant  que 
eela  m'était  permis  dans  un  ouvrage  destiné  à  des 
étades  élémentaires,  et  jusqu'à  un  certain  point 
pratiques. 

la  méthode  de  Lagrange,  avec  les  modifications 
qu'elle  a  reçues  depuis  qu'on  a  reconnu  l'impossi- 
bilité de  fonder,  comme  l'entendait  ce  grand  géomè- 
Ire,  tout  le  calcul  différentiel  sur  de  simples  identités 
algébriques,  n'est  au  fond  qu'un  retour  à  la  méthode 
de  Newton.  Sa  notation,  qu'il  est  utile  dans  une  foule 
de  cas  d'employer  concurremment  avec  celle  de 
Ijeibnitz,  ne  diffère  par  rien  d'essentiel  de  la  notation 
newtonienne  ;  et  ksépithètes  vagues  Aeprimitwes  et 
de  dérivées  ne  valent  pas  les  dénominations  de 
fluenteset  àftfluxi&ns  auxquelles  Newton  avait  donné 
un  sens  si  précis.  Mais  je  n'ai  pas  oublié  que,  dans 
QD  livre  à  l'usage  des  jeiines  étudiants,  il  faut  parler . 
le  langage  actuellement  reçu  dans  les  écoles.  En 


X  PRJÉFACE. 

conséquence  j'ai  exposé  d'abord,  dans  un  chapitre 
spécial,  la  théorie  des  fonctions  dérivées,  sous  la 
forme  qu'on  lui  donne  maintenant;  puis,  je  me  suis 
attaché  à  faire  comprendre  la  théorie  des  infiniment 
petits,  et  l'identité  des  résultats  obtenus  par  la  mé- 
thode infinitésimale  avec  ceux  que  donne  la  consi- 
dération des  limites  et  des  fonctions  dérivées.  Une 
fois  cette  identité  bien  saisie  par  le  lecteur,  il  peut 
sans  scrupule  accepter  les  démonstrations  par  l'infi- 
niment  petit,  et  profiter  des  simplifications  que  ce 
tour  de  démonstration  a  la  propriété  d'opérer. 

De  cette  manière,  le  lecteur  n'arrive  qu'avec  len- 
teur, quoique  sans  circuits,  à  la  différentiation  des 
fonctions  élémentaires,  par  laquelle  les  auteurs  dé- 
butent ordinairement.  Je  souhaite  que  cette  lenteur 
ne  soit  pas  trop  blâmée;  et  je  m'imagine  que,  si  j'ai 
réussi  à  me  rendre  clair,  au  moins  à  une  seconde  lec- 
ture, les  commençants  trouveront  quelque  avan- 
tage, pour  la  suite  de  leurs  études,  à  avoir  insisté  un 
peu  longuement  sur  ces  généralités. 

Pour  représenter  des  fonctions  qui  peuvent .  être 
quelconques,  et  même  n'avoir  pas  d'expression  ma- 
thématique, j'ai  fait  un  continuel  usage  des  courbes. 
Ce  signe ,  si  naturel  et  si  commode,  rend  presque 
évidents  une  foule  de  résultats  dont  la  preuve 
exige,  pour  être  suivie,  un  certain  effort  d'esprit , 
quand  on  ne  s'aide  pas  des  considérations  graphi- 
ques; et  il  ne  faut  pas  confondre  l'emploi   de  ces 


PRÉtkCE,  XI 

considérations ,  pour  la  facile  intelligence  de  la  théo- 
rie des  fonctions,  avec  l'application  du  calcul  diffé- 
rentiel à  la  géométrie,  qui  fait,  dans  ce  premier 
volume,  l'objet  d'un  livre  particulier.  Les  applica- 
tions géométriques  du  calcul  intégral  ont  beaucoup 
moins  d'étendue,  et  on  les  trouvera  dans  le  second 
volame,  exposées  après  les  théories  de  pure  analyse 
auxquelles  elles  se  rapportent  le  plus  immédiatement. 
Il  était  permis  à  une  autre  époque  de  regarder 
les  applications  géométriques  comme  le  but  principal 
de  l'analyse  :  il  n'en  est  plus  de  même  depuis  les 
rapides  progrès  de  la  physique  mathématique.  La 
discussion  des  questions  particulières  de  physique, 
auxquelles    les  géomètres  ont  appliqué  l'analyse, 
n'appartient  pas  sans  doute  à  un  traité  de  mathé- 
matiques pures;  mais  les   propriétés  générales  des 
fonctions,  en  tant  qu'elles  représentent  des  grandeurs 
physiques,  variables  dans  l'espace  et  dans  le  temps, 
sont  un  sujet  de  spéculations  générales  et  abstraites 
qui  n'emprunte  rien  à  l'expérience,  et  qui  appartient 
aux  mathématiques  pures,  aussi  bien  que  l'exposi- 
tien  des  propriétés  de  l'étendue.  Nous  avons  appelé 
l'attention  du  lecteur  sur  ces  propriétés  générales 
des  fonctions  physiques  et  des  fonctions  du  temps, 
chaque  fois  que  l'occasion  s'en  est  présentée;  et 
sous  ce  rapport  le  présent  ouvrage  pourrait  être 
considéré    comme  une  introduction  générale  à  la 
physique  mathématique. 


En  adoptant  la  forme  deTraité,  j'ai  dû  m'attachera 
rendre  Tordre  et  la  distribution  des  matières  aussi 
naturels  que  possible;  sans  ignorer  qu'on  ne  peut  at- 
teindre ce  but  de  manière  à  éviter  toute  association 
arbitraire  et  toute  séparation  regrettable.  Le  premier 
volume  renferme  ce  qu'on  a  coutume  de  comprendre 
sous  la  rubrique  de  Calcul  différentiel;  le  second 
est  consacré  au  Calcul  intégral  et  à  celui  des  dfffé-^ 
rences  Jinies  :  mais  je  donne  dès  le  commencement 
du  premier  volume,  au  livre  intitulé  des  Principes  y 
les  premières  notions  du  calcul  intégral  et  du  cal- 
cul des  différences  finies,  qui  m'ont  semblé  néces- 
saires pour  rendre  plus  claires  ou  plus  complètes, ou 
pour  fixera  leur  juste  place«des  théories  qui  se  ratta- 
chent au  calcul  différentiel. 

Je  me  suis  écarté  de  l'usage  en  plaçant  le  Calcul 
des  variations  dans  le  cinquième  livre ,  qui  a  pour 
objet  les  quadratures,  avant  la  théorie  de  l'intégra- 
tion des  équations  différentielles.  Cette  innovation 
me  paraît  motivée  sur  l'ordre  des  difficultés,  non 
moins  que  sur  l'enchaînement  des  matières.  En 
écartant  le  calcul  des  variations  de  la  théorie  des 
quadratures,  à  laquelle  il  se  rattache  naturellement, 
pour  le  rejeter  après  l'intégration  des  équations  aux 
différences  partielles,  on  induit  les  commençants 
en  erreur  sur  la  vraie  nature  de  cette  belle  méthode 
de  Lagrange,  comme  si  elle  constituait  (selon  l'expres- 
sion proposée  par  un  auteur  de  mérite)  un  nouveau  cal- 


PAliFAGB.  XIII 

çjàfypertranscendant;  tancHs  que  ce  n'est  qu'une  élé- 
gante application  des  principes  du  calcul  différentiel 
aux  fonctions  renfermées  sous  un  signe  de  quadrature. 
Le  progrés  actuel  des  sciences  mathématiques 
n'exige  pas,  comme  celui  de  quelques  branches  de 
la  physique,  une  refonte  continuelle  des  éléments  : 
cependant,  à  mesure  que  certaines  théories  se  sim- 
plifient, ou  reçoivent  des  applications  plus  impor- 
tantes, elles  acquièrent  des  droits  à  passer  dans  ren- 
seignement élémentaire,  et  à  y  prendre  la  place 
d'antres  spéculations  auxquelles  on  n'a  pas  reconnu 
la  même  fécondité.  11  m'a  semblé  que  les  principes 
de  la  théorie  des  fonctions  elliptiques  et  euiérien- 
Des  devaient  se  trouver  dans  les  éléments  du  calcul 
intégral;  que  les  exemples  de  détermination  d'inté- 
grales définies  devaient  y  être  multipliés;  qu'il  fallait 
insister  sur  les  nouveaux  procédés  d'intégration  des 
équations  linéaires  aux  différences  partielles ,  assez 
pour  préparer  convenablement  le  lecteur  à  l'intelli- 
gence des  travaux  spéciaux  de  physique  mathéma- 
tique. D'un  autre  côté,  comme  j'ai  eu  surtout  en  vue 
Imtérêt  des  jeimes  gens  qui  se  préparent  à  nos  grades 
et  à  nos  concours  universitaires,  j'ai  indiqué  par  un 
astérisque,  dans  le  texte  et  dans  la  table  des  chapi- 
tres, les  matières  qui,  d'après  l'usage ,  ne  sont  point 
réputées  exigées  pour  la  licence  es  sciences  mathéma- 
tiques,  ni   pour  le  concours  d'agrégation  dont  \e 
grade  de  licencié  est  une  condition  préliminaire. 


,     XVI  PRÉFACE. 

de  continuité  d'une  fonction.  Ainsi,  je  dis  qu'une 
l  fonction  éprouve  une  solution  de  continuité  du  pre- 
:  mier  ordre,  lorsqu'elle  prend  une  valeur  infinie  ou 
I  qu'elle  passe  brusquement  d'une  valeur  finie  à  une 
autre;  si  une  pareille  solution  de  continuité  est  su* 
.  bîc  par  la  fonction  dérivée  du  premier  ordre ,  je  dis 
que  la  fonction  primitive  éprouve  une  solution  de 
'  continuité  du  second  ordre ,  et  ainsi  de  suite.  Cette 
définition  a  pour  but,  non-*seulement  d'abréger  le  dis- 
cours, mais  aussi  de  donner  plus  de  précision  à  cer-r 
taines  notions  fondamentales,  et  je  m'étonne  qu'on 
ne  l'ait  pas  déjà  introduite  dans  les  livres  didactiques» 
Je  n'ai  pas  craint  d'employer,  dans  quelques  pas- 
sages fort  courts  du  premier  volume,  des  termes 
dont  l'acception    philosophique  est  bien  connue, 
mais  qui  ne  semblent  pas  appartenir  à  la  langue  ma- 
thématique. Ceux  des  lecteurs  que  ces  termes  cho- 
queraient, peuvent  passer  outre  sans  inconvénient. 
J'ai  conservé  ces  passages,  en  les  resserrant,  pour  des 
personnes  d'une  autre  tournure  d'esprit;  et  peut- 
être  trouverai -je  une  occasion  de  développer  utile- 
ment les  idées  qui  n'y  sont  qu'indiquées.  Ce  que  je 
dis  dans  le  chapitre  IV  du  quatrième  livre,  sur  les 
connexions  de  la  géométrie  et  de  l'algèbre,  compor- 
terait aussi  des  développements  dans  lesquels  je  ne 
suis  pas  entré ,  pour  ne  pas  trop  m'écarter  du  but 
principal  que  j'avais  en  vue. 


TABLE  DES  MATIÈRES 

DU  PBEMIER  VOLUME. 


Pages. 

Pb^FACE VII 

LIVRE  PREMIER. 

0  PRINCIPES. 

Chapitre  I*'.  Des  fonctions  en  général ,  et  de  U  théorie  des 
foDctions 1 

Chap.  II.  De  l£L  classification  des  fonctions ,  et  de  leur  déve*- 
loppement  en  séries  ; .  ; * . .      23 

Chap.  III.  Théorie  des  fonctions  dérivées  et  des  solutions  de 
continuité  des  divers  ordres.  -^  Notions  sur  la  théorie 
des  fluxions,  i * %  < 47 

Chap.  ïV.  Notions  sur  les  différences  et  sur  les  approxima* 
tiûôs  des  divers  ordres.  -^  Théorie  des  infiniment  petits 
et  principes  du  calcul  infinitésimal 7  3 

LIVRE  IL 

différeKtiàtIon  des  fonctions  explicites  d'une 

SEULE    variable. 

Chap.  I*'.  Différentiation  des  fonctions  algébriques  et  trans- 
cendantes     loa 

Chap.  II.  Comparaison  des  transcendantes  logarithmiques , 
exponentielles  et  circulaires.  —  Formule  de  Moivre^et 
notions  sur  la  théorie  des  sections  angulaires 121 


XVII  ï  TABLE   DES  MATIÈRE^. 

Pages. 

Chap.  III.  Résolution  des  cas  d'indétermination  pour  les 
fonctions  explicites  d'une  seule  variable.  —  Recherche  de 
leurs  valeurs  maxima  et  rhinima 149 

Chap.  IV.  Formules  de  Taylor  et  de  Maclaurin 167 

LIVRE  m. 

UIFFJÊREI^TIATIO]^    DES   FOITGTIOirS    EXPLICITES   DE 
PLUSIEURS   VARIABLES    ET   DES    FONCTIOWS    IMPLICITES. 

Chap.  P'.  Des  fonctions  explicites  de  plusieurs  variables  in- 
dépendantes et  de  leur  différentiation.  —  Notions  sur  les 
solutions  de  continuité  des  fonctions  de  deux  et  de  trois 
variables 199 

Chap.  II.  Différentiation  des  fonctions  implicites  d'une  ou 
de  plusieurs  variables  indépendantes.  —  Changement  de 
variables j# . . . .   229 

Chap.  lil.  Résolution  des.  cas  d'indétermination  pour  les 
fonctions  explicites  de  plusieurs  variables  indépendantes, 
et  pour  les  fonctions  implicites.  — Théorie  des  maxima  et 
minima  de  ces  fonctions .' 24^ 

Chap.  IV.  Extension  des  formules  de  Taylor  et  de  Maclaurin 
aux  fondions  explicites  de  plusieurs  variables  indépen- 
dantes. —  Formule  de  Lagrange  pour  le  développement 
des  fonctions  implicites 270 

Chap.  V.  Notions  sur  la  formation  des  équations  différen- 
tielles, à  une  ou  plusieurs  variables  indépendantes. . . .   282 

LIVRE  IV. 

APPLICATIONS  DU  CALCUL  DIFFJ5rENT1EL  A  LA  THEORIE 
DES  COURBES  ET  DES  SURFACES.    ■ 

Chap.  I*^  .  Des  tangentes,  des  normales  et  des  asymptotes 
des  courbes  planes.  —  Emploi  des  coordonnées  polaires.  3o3 

Chap.  II.  Théorie  des  enveloppes  des  lignes  planes 824 

Chap.  III.  Théorie  des  enveloppées  et  des  rayons  de  cour- 
bure des  courbes  planes,  —  *  Notions  sur  les  caustiques. -r     * 


TABLE    DES    MATIÈRES.  'XIX 

Pages. 
Théorie  des  contacts  des  divers  ordres  entre  les  lignes 

plaoes 336 

Ch4p.  IV.  Des  points  singuliers  des  courbes  planes  et  de  la 

rnrrpspftyiHaïif^ft  tf^ntrp  la  géométrie  et  l'algèbre 36o  ^ 

Cbap.  y.  Principes  de  la  théorie  des  lignes  à  double  cour- 
bure    384 

Chap.  YI.  Des  plans  tangents  aux  surfaces  courbes 409 

Chap.  Yn.  Caractères  analytiques  des  principales  familles 

de  surfaces 417 

Chap.  YIII.  Des  surfaces  enveloppes 4^9 

Chap.  IX.  Des  développées  en  général 461 

Chap.  X.  De  la  courbure  des  surfaces 4^7 


N.  B.  On  a  marqué  d'un  astérisque  (*)  les  n®»  ou  les  § 
qui  portent  sur  des  matières  réputées  non  exigées  pour  la  li- 
cence es  sciences  mathématiques. 

Les  chiffres  entre  crochets  [  ]  indiquent  les  u?*  du  texte 
auxquels  on  renvoie^ 


TRAITÉ  ÉLÉMENTAIRE  ..  ;/v,v.  {a  i< 

DB  LÀ  THBOHIB  jC*  »  5">  6  ,  '/  .     '     ' 

DES  FONCTIONS 

ET  BU 

CALCUL  INFINITÉSIMAL. 


LIVRE  PREMIER. 

PRINCIPES. 


CHAPITRE  PREMIER. 


DES  FOffCTIONS    SN    GlÎNÉRAL   ET    DE    LA    THEORIE 
1)E$   FONCTIONS. 


1.  Dans  le  langage  emblématique  des  anciens  algé- 
bristes,  les  produits  de  facteurs  égaux  s'appelaient  indif- 
féremment puissances  y  dignités  ou  fonctions  :  nous 
attachons  encore  aujourd'hui  au  mot  de  puissance  la 
même  acception ,  et  celui  de  dignité  (dignitas)  est  resté 
en  usage  dans  le  latin  technique  ;  mais  le  terme  de  Jonc- 
tion a  dépouillé  depuis  longtemps  cette  acception  par- 
ticulière pour  en  prendre  une  autre  beaucoup  plus  gé- 
nérale, et  dont  la  généralité  dénote  l'un  des  progrès  les 
plus  remarquables  de  l'abstraction  mathématique. 

Jean  BernouUi  paraît  être  le  premier  qui  ait  entendu 

T.    I.  I 


2  LIVRE  !•  CHAPITRE    ï. 

par  fonction  d'une  quantité  x^  non-seulement  les  puis- 
sances de  cette  quantité  ,  telles  que  j?"  ,  mais  toutes  les 
quantités  y  dont  on  peut  exprimer  par  des  signes  d'al- 
gèbre la  relation  avec  la  quantité  x  :  relation  en  vertu 
de  laquelle  la  valeur  de  x  détermine  celle  de/,  et  réci- 
proquement. Ainsi  : 

ji^ — mx+n  i 

jr=a+{b—xf,jr=-  ^— ===— ,^===^lôg.(i  +x)fi{c. 

sont  en  ce  sens  des  fonctions  de  x  aussi  bien  que  x". 
On  fait  tomber  vers  Tannée  1690  la  date  de  cette  inno- 
vation (')  y  qui  n'aurait  eu  d'ailleurs  qu'une  faible  im- 
portance, si  elle  ne  s'était  rattachée  aux  idées  émises  par 
Descartes,  un  demi-siècle  auparavant. 

Il  résulte  en  effet  des  conceptions  de  Descartes,  qu'une 
équation  algébrique  n'est  pas  seulement  propre  à  indi- 
quer les  opérations  de  calcul  par  lesquelles  on  peut  ob- 
tenir la  valeur  numérique  d'une  quantité  déterminée, 
mais  qu'elle  exprime  encore  la  loi  suivant  laquelle 
varient  simultanément  deux  grandeurs  dont  l'une  dé- 
pend de  l'autre,  et  qui  toutes  deux  passent  d'une  valeur  à 
une  autre  sans  discontinuité,  ou  en  prenant  successive- 
ment toutes  les  valeurs  intermédiaires.  Il  fallait  expri- 
mer d'une  manière  générale  cette  dépendance  entre  deux 
grandeurs  variables;  ce  qu'on  fait  commodément  en 
disant,  d'après  BernouUi,  que  l'une  des  variables  est 
fonction  de  l'autre. 

(')  Voyez  deux  notes  de  Leibnitz,  iiisérëes  dans  les  Acta  erudito- 
rum  et  dans  le  Journal  des  Savants  pour  Tannée  1694  [OEuvres  de 
LeibnitZy  t.  III,  p.  3oo  et  3o2).  Le  mot  àe  fonction  y  est  pris  dans 
une  acception  qui  n'est  pas  encore  précisément  celle  qu'il  a  conser> 
vée,  mai»  qui  s'en  rapproche  beaucoup  pour  le  sens  et  pour  la  géné- 
ralité. 


DES   FOUGTIOirS.  '    3 

La  pensée  de  Descartes  était,  comme  chacun  le  sait, 
d'appliquer  l'algèbre  à  la  géométrie,  et  pour  cela  de  dé- 
fmir  algébriquement  les  courbes  au  moyen  d'une  équa* 
tion  entre  les  coordonnées  de  chaque  point.  Récipro- 
quement, cette  idée  mettait  sur  la  voie  d'appliquer  la 
géométrie  à  l'algèbre,  en  considérant  les  deux  variables 
de  toute  équation  indéterminée  comme  les  coordonnées 
d'une  ligne  dont  on  peut,  au  moyen  de  l'équation  même, 
déterminer  avec  exactitude  autant  de  points  qu'on  le 
juge  convenable.  La  courbe  n'est  plus  alors  que  le  signe 
graphique  et  conventionnel  de  la  loi  algébrique  qui  lie 
les  variables  entre  elles;  mais  ce  signe  conventionnel 
est  merveilleusement  adapté  à  la  nature  de  la  chose 
signifiée  ;  et  il  ramène  à  des  faits  de  pure  intuition  des 
rapports  que  l'esprit  ne  saisirait  pas  sans  effort  dans  leur 
nature  abstraite,  en  s'astreignant  à  n'employer  que  des 
signes  d'une  autre  espèce.  I^a  continuité  de  la  ligne  est 
l'imase  sensible  de  la  continuité  de  la  fonction  :  et  les 
inflexions  d'une  courbe,  son  allure,  font  souvent  voir 
d'un  coup  d'œil  ce  qu'on  ne  mettrait  que  péniblement 
en  évidence  par  la  discussion  algébrique  de  l'équation 
que  la  courbe  représente. 

2.  Le  caractère  propre  d'une  fonction  continue  con- 
siste en  ce  que  Ton  peut  toujours  assigner  à  l'une  des 
variables  des  valeurs  assez  voisines  pour  que  la  différence 
entre  les  valeurs  correspondantes  de  la  fonction  qui  eu 
dépend,  tombe  au-dessous  de  toute  grandeur  donnée. 
Autrement,  cette  fonction  ne  pourrait  pas  être  exprimée 
par  l'ordonnée  d'une  ligne  dont  l'autre  variable  est 
l'abscisse  ;  et ,  réciproquement,  il  est  manifeste  que  cette 
propriété  subsiste  pour  toute  fonction  exprimée  par 
l'ordonnée  courante  d'une  certaine  ligne.  Quand  une 

I. 


4  LIVRE  I.  GHAPITAE    1. 

fonction  définie  par  une  formule  algébrique  devient 
infinie  pour  une  certaine  valeur  de  l'autre  variable^  on 
dit  que  la  fonction  éprouve,  pour  cette  valeur,  une  solu" 
V  tion  de  continuité.  C'est  ce  qui  arrive,  par  exemple,  à 
la  fonction  très-simple 

I 

pour  la  valeur  x:=za.  Si  l'on  donne  à  x  deux  valeurs  ^ 
très-voisines,  mais  l'une  un  peu  plus  petite,  l'autre  un 
peu  plus  grande  que  a,  les  valeurs  correspondantes  de^ 
différent  excessivement,  l'une  étant  un  très-*grand  nom- 
bre négatif  et  l'autre  un  très-grand  nombre  positif;  et 
même,  dans  ce  cas,  plus  la  différence  des  valeurs  de  x 
deviendra  petite,  plus  la  différence  (algébrique)  des  va- 
leurs correspondantes  de  la  fonction  /  ira  en  croissant. 
Aussi,  l'hyperbole  dont  la  fonction  y  est  l'ordonnée,  a 
deux  branches  séparées  par  l'ordonnée  asymptotique 
qui  correspond  à  l'abscisse  a. 

Eu  général,  les  fonctions  qui  s'expriment  avec  les 
signes  usités  en  algèbre  et  en  trigonométrie,  ont,  comme 
la  précédente,  la  propriété  de  rester  continues  dans 
l'ensemble  de  leur  cours,  sauf  des  solutions  de  conti- 
nuité qui  peuvent  correspondre  à  certaines  valeurs 
singulières  de  la  variable  dont  elles  dépendent.  Il  y  a 
cependant  quelques  exceptions  à  ce  principe,  auxquelles 
on  est  conduit  par  une  suite  nécessaire  des  règles  d'après 
lesquelles  se  combinent  les  signes  algébriques.  Si,  par 
exemple,  on  posait  /=  (  —  a)%  a  désignant  un  nom- 
bre positif,  toutes  les  fois  que  x  serait  égal  à  une  frac- 
tion de  numérateur  impair  et  de  dénominateur  pair, 
^deviendrait  imaginaire;  et  comme  on  peut  toujours 
intercaler  entre  deux  valeurs  de  x^  si  voisines  qu'on  les 


DES    FONCTIONS.  5 

conçoive,  une  infinité  de  fractions  à  numérateurs  im- 
pairs et  à  dénominateurs  pairs,  il  s'ensuit  qu'on  ne  peut 
joindre  par  un  trait  continu  deux  points  correspondant 
à  deux  systèmes  de  valeurs  réelles  pour  les  coordonnées 
JT  et  7^,  quelque  voisins  qu'on  les  suppose.  Mais  des 
fonctions  anomales,  comme  celle  que  Ton  vient  d'in- 
diquer, ne  sont  pas  susceptibles  de  s'appliquer  à  la  me- 
sure des  phénomènes  naturels,  et  ne  jouent  même  jus- 
qu'ici qu'un  rôle  très-borné  en  analyse  pure.  11  n'en 
sera  reparlé  que  beaucoup  plus  tard,  dans  la  suite  de 
ce  Traite. 

3.  D'un  autre  côté  (et  cette  considération  est,  sans 
comparaison,  plus  importante),  nous  concevons  qu'une 
grandeur  peut  dépendre  d'une  autre,  sans  que  cette 
dépendance  soit  de  nature  à  pouvoir  être  exprimée  par 
une  combinaison  des  signes  de  l'algèbre.  £n  étudiant  la 
trigonométrie,  le  lecteur  a  vu  qu'on  introduit  des  abré- 
viations ou  des  signes  spéciaux  pour  indiquer  le  sinus, 
le  cosinus,  la  tangente  d'un  arc,  grandeurs  géométrique- 
ment déterminées,  par  cela  seul  qu'on  assigne  la  valeur 
de  l'arc,  mais  qui  ne  peuvent  cependant  pas  s'exprimer 
en  fonction  de  l'arc  au  moyen  des  signes  de  l'algèbre 
pure.  Imaginons  un  pendule  Sm  {Jîg*  i)  qu'on  écarte  de 
la  verticale  d'un  angle  /wSV,  et  qu'on  abandonne  ensuite 
dans  le  vide  à  l'action  de  la  pesanteur  :  on  conçoit  une 
relation  nécessaire  entre  le  temps  écoulé  depuis  l'origine 
du  mouvement,  et  l'angle  que  la  tige  du  pendule  fait  en 
chaque  instant  avec  la  verticale;  mais  cette  relation  ne 
peut  point  s'exprimer  exactement  avec  les  seuls  signes 
algébriques  et  trigonométriques,  qui  sont  censés  connus 
du  lecteur.  Nous  énoncerons  toutefois  la  dépendance  de 
ces  deux  grandeurs,  en  disant  que  l'angle  d'écart  est  une 


6  LIVRE  I.  CHAPITRE    I. 

fonction  du  temps  ;  mais  alors  nous  généraliserons  l'ac- 
ception du  mot  àe  fonction  beaucoup  plus  qu'on  ne 
l'avait  fait  d'abord. 

Ceux  qui  ont  étudié  la  dynamique  savent  qu'on  peut 
effectivement  calculer,  avec  tel  degré  voulu  d'approxi- 
mation, la  valeur  numérique  de  l'angle  d'écart  pour  cha- 
que instant,  et  pour  chaque  valeur  de  la  longueur  du 
pendule  et  de  l'angle  initial  d'écart,  en  n'empruntant  à 
l'expérience  qu'une  seule  donnée,  la  mesure  de  l'espace 
que  décrit  un  corps  qui  tombe  librement  dans  le  vide  pen- 
dant la  première  seconde  de  sa  chute.  Mais  l'étude  des  au- 
tres phénomènes  naturels,  et  surtout  celle  des  phénomènes 
de  la  vie  sociale,  nous  montrent  une  foule  de  cas  ou  deux 
grandeurs  variables  dépendent  manifestement  l'une  de 
l'autre,  sans  qu'on  puisse  calculer  Vnne  à  priori  zxl  moyen 
de  l'autre  :  soit  parce  qu'en  effet  la  liaison  qui  les  unit  n'est 
pas  susceptible  d'une  définition  mathématique;  soit  parce 
que  cette  définition,  quoique  possible,  nous  est  inconnue. 

Ainsi,  la  force  élastique  maximum  de  la  vapeur  d'eau 
est  une  fonction  de  la  température  de  cette  vapeur;  la 
température  moyenne  des  diverses  tranches  d'une  co- 
lonne atmosphérique  est  une  fonction  de  la  hauteur  de 
cette  tranche  au-dessus  du  niveau  des  mers;  la  quantité 
demandée  d^une  denrée  est  une  fonction  du  prix  cou- 
rant; au  sein  d'une  grande  population,  le  rapport  du 
nombre  des  individus  de  chaque  âge  à  la  population 
totale  est  une  fonction  de  cet  âge.  £n  donnant  au  mot 
Ae  fonction,  comme  on  doit  le  faire  maintenant,  cette 
acception  tout  à  fait  extensive ,  nous  le  tirons  en  quel- 
que sorte  de  la  langue  mathématique,  pour  lui  donner 
place  dans  un  vocabulaire  moins  spécial,  à  l'usage  de 
tous  ceux  qui  cultivent  les  sciences  où  l'on  compare  de» 
grandeurs  mesurables. 


DES    FONGTIOICS.  7 

Les  fonctions  dont  il  s'agit  ici  ne  peuvent  être  données 
(|ue  par  1  observation,  et  elles  sont  réputées  connues  lors- 
qu'on a  construit  une  table  où  se  trouvent^  d'une  part,  des 
valeurs  très-voisines  et  très-multipliées  de  l'une  des  quan- 
tités  variables,  d'autre  part,  les  valeurs  correspondantes 
de  la  fonction  qui  en  dépend,  telles  que  les  donnent  des 
observations  très-précises,  ou  assez  nombreuses  pour  que 
les  erreura  qu'elles  comportent,  disparaissent  sensible- 
méat  des  résultats  moyens.  On  doit  nommer  les  fonc- 
UoQs  ainsi  détei*minéQs,  fonctions  empiriques  y  par  oppo- 
sition aux  fonctions  qui  se  définissent  mathématiquement, 
et  qu'on  peut  calculer  exactement,  ou  avec  une  approxi- 
mation  illimitée,  en  ne  s'appuyant  que  sur  leur  définition 


I^e  système  de  représentation  graphique  imaginé  par 
Descartes  s'applique  aux  fonctions  empiriques  comme  à 
celles  qui  peuvent  s'exprimer  par  une  formule  algébrique  ; 
puisque,  même  pour  celles-ci,  il  feut  en  général  convertir 
d'abord  la  formule  en  table ,  afin  de  déterminer  des  points 
isolés  que  l'on  joint  ensuite  par  un  trait  continu,  de  ma- 
nière à  tracer  la  courbe  avec  une  exactitude  d'autant  plus 
^nde  que  les  points  déterminés  exactement  sont  plus 
voisins  et  en  plus  grand  nombre. 

Parmi  les  personnes  qui  s'occupent  des  sciences  phy- 
siques et  sociales,  il  n'eu  est  aucune  qui  ne  connaisse 
les  avantages  attachés  à  l'emploi  du  tracé  graphique  pour 
représenter  les  formes  des  fonctions  empiriques;  pour  ré- 
soudre pratiquement  les  problèmes  qui  s'y  rapportent; 
enfin  pour  apercevoir  des  résultats  que  la  simple  ins- 
pection des  tables  ne  mettrait  pas  suffisamment  en  évi- 
dence, et  qui  dépassent  même  les  limites  des  tables  :  le 
sentiment  de  la  continuité  des  formes  tenant  lieu  ici  de 


8  LIVRE  I.  —  CHAPITRE    I. 

ce  procédé  d'iaduction  auquel  l'esprit  humain  est  rede- 
vable de  la  plupart  de  ses  découvertes. 
*^  4*  Une  grandeur  physique  et  mesurable  doit  toujours 
rester  finie,  et  ne  peut  par  conséquent,  comme  certaines 
fonctions  algébriques,  éprouver  des  solutions  de  continuité 
provenant  du  passage  de  la  fonction  par  une  valeur  in- 
finie.  Chaque  fois  que  Ton  trouve  une  grandeur  physique 
exprimée  par  une  fonction  mathématique  sujette  à  de 
telles  solutions  de  continuité,  il  faut  en  conclure  que  la 
fonction  mathématique  cesse  de  donner  la  véritable  me- 
sure de  la  grandeur  physique,  dans  le  voisinage  des  va- 
leurs  pouy  l^^(tq,^l^^]a  solution  de  continuité  a  lieu. 

Par  exemple,  on  sait  que  la  force  de  gravitation  entre 
deux  molécules  pondérables,  est  exprimée  par  la  fonction 

a  désignant  une  constante^  et  a:  la  distance  des  deux  mo- 
lécules considérées  comme  des  points  mathématiques. 
Cette  fonction  devient  infinie  quand  x  s'évanouit;  mais 
on  ne  peut  physiquement  admettre,  ni  que  les  molé- 
cules se  réduisent  à  des  points  mathématiques ,  ni  que 
ces  points  coïncident.  Lorsque  les  molécules  seront  très- 
voisines  l'une  de  l'autre,  l'équation  (i)  qui  était  sensi- 
blement exacte,  tant  que  les  dimensions  des  molécules 
restaient  très-petites  comparativement  à  leur  distance  , 
devra  être  remplacée  par  une  autre  qui  dépendra. de  la 
figure  des  molécules. 

Lorsqu'une  grandeur  physique  varie  avec  le  temps  , 
ou  en  raison  seulement  de  la  variation  des  distances 
entre  des  molécules  ou  des  systèmes  matériels,  ou  par  l'ef- 
fet de  l'écoulement  du  temps  combiné  avec  la  variation 
des  distances,  il  répugne  qu'elle  passe  d'une  valeur  finie 


DES  FOjrcTioirs.  9 

à  une  autre,  saas  prendre  dans  l'intervalle  toutes  les 
valeurs  intermédiaires.  C'est  ce  qu'exprime  l'adage  cé- 
lèbre des  anciennes  écoles  :  Natura  non  Jaçit  saltus. 
Mais  dans  l'état  d'imperfection* âe  nos  connaissances  sur 
la  constitution  des  milieux  matériels,  on  est  autorisé  à 
admettre  pour  certaines  grandeurs  physiques ,  telles  que 
oous  les  pouvons  définir  et  mesurer,  des  solutions  de 
continuité  résultant  du  passage  brusque  d'une  valeur 
finie  à  une  autre.  Ainsi ,  quand  deux  liquides  hétérogè- 
nés,  tels  que  l'eau  et  le  mercure,  sont  superposés,  nous 
regardons  la  densité  comme  une  grandeur  qui  varie 
brusquement  à  la  surface  de  contact  des  deux  liquides: 
bien  que  toutes  les  probabilités  nous  portent  à  croire  , 
et  qu'il  soit  philosophique  d'admettre  que  la  solution  de 
continuité  disparaîtrait,  si  nous  nous  rendions  complè- 
tement compte  de  la  structure  des  liquides ,  et  de  tous 
les  phénomènes  qui  se  passent  dans  le  voisinage  de  la 
surface  du  contact. 

5.  Or,  par  cela  seul  que  des  fonctions  mathématiques 
ou  empiriques  satisfont  à  la  loi  de  continuité,  elles  jouis- 
sent de  certaines  propriétés  générales  qui  sont  d'une 
grande  importance ,  non-seulement  pour  la  théorie  abs- 
traite du  calcul,  mais  bien  plus  encore  pour  l'interpré- 
tation des  phénomènes  naturels.  Nous  nous  bornerons 
à  en  citer  deux,  que  la  représentation  graphique  des 
fonctions  par  les  courbes  rend  manifestes ,  et  qui  ne  tar- 
deront pas  à  devenir  l'objçt  de  très-amples  développe- 
ments, mais  qu'il  suffira  d'énoncer  pour  le  but  que 
nous  avons  actuellement  en  vue. 

La  première  propriété  consisté  en  ce  que  les  varia- 
tions de  valeur  que  subit  une  fonction,  à  partir  d'une 
valeur  déterminée,  sont  sensiblement  proportionnelles 


10  LIVRE  I.  CHAPITRE    I, 

aux  variations  correspondantes  de  1  autre  grandeur, 
quand  ces  variations  sont  très*petites.  Déjà  le  lecteur  a 
vu  une  application  très-importante  de  ce  principe,  dans 
la  manière  de  faire  usage  des  différences  proportion- 
nelles, annexées  aux  tables  de  logarithmes.  Afin  de  fixer 
les  idées  par  un  autre  exemple,  prenons  la  fonction  al- 
gébrique : 

jr  — 1 J         (a) 

représentée  (Jig.  a)  par  les  deux  branches  de  courbe 
i  l  ntriy  s  u  Vf  que  sépare  une  ordonnée  asymptotique, 
correspondant  à  l'abscisse  rr  ==  lo.  Nous  trouverons  : 

,-pour^  =  i,oo,  r=      «'00°«ODiffér.  H- o,oo555 

x=i,oi,  r=+o,oo555  _,.o,oo554 

or=  i,oa  ,  /=+  o,oi  109 

a:==i,o3,  y"='-^  0,01662 


o,oo553 


a®  pou  vx=z  6,00  ,     y  =      0,00000 
.r=6,oi  ,    j= — 0,0 1^256 


— o,oia56 
a  £r  Q  — 0,01267 

/;    Q  oû  —0,01278 


La  loi  de  proportionnalité  se  vérifie  avec  une  grande 
approximation  dans  les  deux  cas ,  quoique  les  valeurs 
de  jr  varient  plus  rapidement  dans  le  second  cas  que 
dans  le  premier,  pour  des  accroissements  égaux  de  ,r. 
Cependant  nous  avons  fait  varier  la  valeur  de  x  par  de- 
grés égaux  à  un  centième,  ce  qui  n'est  pas  une  frac- 
tion très-petite.  Si  nous  avions  pris  une  série  de  valeurs 
de  X  équidistantes  d'un  millième,  la   proportionnalité 


DES   FONCTIONS.  11 

des  variations  correspondantes  de^se  serait  soutenue  . 
d'une  manière  beaucoup  plus  approchée. 

Au  surplus,  tout  ceci  revient  à  dire  qu'un  arc  de  courbe 
approche  d'autant  plus  de  se  confondre  avec  la  tangente 
menée  par  une  des  extrémités  de  Farc^  que  cet  arc  est 
plus  petit  :  car,  pour  une  droite,  les  différences  des  or- 
doDoées  sont  rigoureusement  proportionnelles  aux  diffé- 
rences des  abscisse ,  et  le  rapport  constant  de  ces  dif- 
férences est  égal  à  la  tangente  trigonométrique  de 
l'angie  que  la  droite  fait  avec  Taxe  des  abscisses. 

La  fécondité  de  ce  principe  si  simple,  la  portée  de 
ses  applications  sont  faciles  à  pressentir.  Ainsi,  chaque 
fois  que  certaines  variables  oscillent  autour  de  valeurs 
moyennes  dont  elles  s'écartent  très-peu;  lorsqu'on  a, 
par  exemple ,  j;  =  Xo  -h  4^',  a/  étant  au  nombre  varia- 
ble, toujours  très-petit  par  rapport  au  nombre  cons- 
tant x^y  toutes  les  fonctions  de  x,  connues  ou  incon- 
nues, mathématiques  ou  empiriques,  deviennent  des 
foDctioDs  de  x'  qu\)n  peut  sans  erreur  sensible  ramener 
à  la  forme  a  Hh  baf,  a  et  b  désignant  des  nombres 
constants,  c'est-à-dire  à  une  fonction  algébrique,  la  plus 
simple  de  toutes.  Tel  est  en  effet  le  grand  moyen  d'ap- 
proximation à  l'usage  des  analystes  :  celui  par  lequel  ils 
soumettent  au  calcul  des  questions  qui,  dans  leur  gé- 
néralité, se  déroberaient  à  toute  investigation  mathé- 
matique. 

Plusieurs  principes  de  physique,  découverts  par  l'ex- 
périence, et  donnés  comme  des  faits  d'observation,  ne 
sont  que  des  conséquences  du  principe  mathématique 
<iue  l'on  vient  de  rappeler. 

6.  L'autre  propriété  générale  des  fonctions  continues, 
lue  nous  voulons  faire   remarquer  ici,  consiste  en  ce 


12  LIVRE  I. CHAPITRE    I. 

que  la  valeur  de  la  fonction  reste  senslblemeut  station* 
naire  dans  le   voisinage  des  valeurs  maxima  ou   /w/- 
rdma.  Ceci  ressort  encore  de  l'inspectiou  des  courbes  : 
çar^  quand  l'ordonnée  d'une  courbe,  après  avoir  été  d^ 
croissante  y  devient   croissante    (ce    qui  est  le   cas   du 
rrmximwn),  ou  bien  au  contraire,  quand,  après  avoir 
été  décroissante ,  elle  vient  à  croître  (auquel  cas   elle 
passe  par  un  mirUmtun)^  la  tangente  à  la  courbe  de- 
vient parallèle  aux  abscisses,  comme  en  le  voit  sur  la 
Jig.  2,  aux  points  m  et  u.  L'ordonnée  de  cette  tangente 
devient  constante,  et  l'ordonnée  du  petit  arc  de  courbe 
qui  se  confond  sensiblement  avec  la  tangente,  selon  la 
remarque  du  n°  précédent,  a  par  cela  même  une  va- 
leur Sensiblement  constante.  Il  peut ,  à  la  vérité,  se  pré- 
senter des   cas  où  cette   règle    tomberait   en   défaut, 
comme  cela   arriverait    pour    la  courbe  ghk  (^fig.  3) 
qui  subit  au  point  h  ce  que  les  géomètres  nomment  un 
rebroussemenU  L'ordonnée  du  point  A  est  un  maxi'- 
m2///2,  quoique  la  tangente  commune  aux  deux  arcs^^^ 
hk,  qui  viennent  se  toucher  en  A,  soit  perpendiculaire 
et  non  parallèle  s^j.  l'axe  des  abscisses.  Mais  cette  excep- 
tion tient  à  un  accident  singulier  dans  le  tracé  de  la 
courbe  g  h  X",  et  à  une  position  déterminée  de  l'axe  des 
abscisses  par  rapport  à  cette  courbe  ;  au  lieu  que  la 
règle  générale  dont  \^  fig^  a  offre  une  application,  ne 
suppose  aucune  particularité  dans  le  tracé  de  la  courbe, 
et  subsisterait  pour  toute  autre  direction   de  l'axe  des 
abscisses,  ou,  ce  qui  revient  au   même,  après  un  dé- 
placement quelconque  de  la  courbe  par  rapport  à  l'axe. 
Seulement,  si  un  semblable  déplacement  avait  lieu,  les 
ordonnées  maximum  et  minimum  ne  correspondraient 
plus  aux  points  m  et  u^  mais  à  d'autres  points  de  la 
courbe. 


DES   FOKCTIOfIS.  13 

On  trouve  directement ,  par  des  méthodes  qui  se- 
ront exposées|plus  loin ,  que  les  valeui*s  maximum  et 
minimum  de  la  fonction  (a)  correspondent  aux.  valeurs 
1  =  4,  ar=  i6,  et  le  calcul  numérique  nous  donnera  : 

>>arx=  3,99,  jr=  0'999983ujff  _^^^^„„ 

x=z    4,oo,r=    KOOOOOO 

;     ^        '      Qo       —0,000017 

x=  4,01  ,7=  0,999983 


i>urx  =  i5,99 ,  jr  =25,000017         _  ^^^^ 

j:  1=  16,00  ,  r  =a5,oooooo 

'      '  ^  '  +  0,000017 

x  =  10,01 ,  /  =20,000017 


CoDsequemment  une  variation  d'un  centième  dans  la 
valeur  de  a:,  quand  ^  =  4  ou  =  1 6,  ne  fait  varier  que 
Je  17  millionièmes  la  valeur  de  y;  tandis  que  la  varia- 
tion de  jr  correspondant  à  une  égale  variation  de  Xy 
Ktîiô  fois  plus  grande  quand  x=.  i,  et  739  fois  plus 
frande  quand  a; = 6,  selon  les  calculs  rapportés  plus  haut. 

La  propriété  que  nous  venons  de  reconnaître  dans 
les  valeurs  m^axima  et  minimay  trouve  sans  cesse  son 
application  dans  la  pratique,  et  notamment  dans  la  mé- 
canique industrielle,  où  il  s'agit  surtout  d'apprécier  la 
'ïJcur  d'une  certaine  grandeur,  qui  correspond  à  un 
^f^imum  d'effet  utile  pour  la  même  dépense  d'argent 
ou  de  force,  ou  à  un  minimum  de  dépense  pour  la 
production  du  même  effet  utile.  Cette  propriété  vient 
•nerveilleusement  à  notre  secours,  vu  l'imperfection  de 
iios  connaissances  et  de  nos  instruments  de  mesure,  en 
élargissant  les  hmites  entre  lesquelles  notre  appréciation 
peut  tomber,  sans  qu'il  en  résulte  de  notables  variations 
^Ds  la  dépense  ou  dans  l'effet  produit. 


14  LIVRE  I.  CHAPITRE    I. 

Cependant,  quelque  important  et  quelque  facile  à 
apercevoir  que  soit  ce  principe,  Montucla  nous  dit  (') 
qu'il  n'a  été  énoncé  en  premier  lieu  que  par  Kepler, 
dans  son  livre  intitulé  :  Stereometria  doUorum,  publié 
en  i6i5. 

7.  Maintenant  il  est  aisé  de  comprendre  qu'outre  ces 
propriétés  presque  évidentes,  communes  à  toutes  les 
fonctions  continues,  il  peut  y  en  avoir  d'autres^  moins 
aisées  à  découvrir,  et  qui  appartiennent  de  même  à 
toutes  les  fonctions,  ou  à  certaines  classes  de  fonctions, 
définies  par  des  caractères  généraux ,  tels  que  serait  ce- 
lui de  croître  sans  cesse  avec  la  variable  dont  elles  dé- 
pendent, ou  de  reprendre  périodiquement  les  mêmes  va- 
leurs pour  des  valeurs  équidistantes  de  cette  variable. 
Dès  lors  on  peut  imaginer  une  théorie  qui  aurait  pour 
objet  la  discussion  des  propriétés  générales  des  fonc- 
tions; et  cette  théorie  constituera  une  branche  spéciale 
des  mathématiques ,  subsistant  par  elle-même  ;  laquelle 
à  la  rigueur  aurait  pu  former  un  corps  de  doctrine, 
quand  même  l'algèbre  n'eût  pas  été  préalablement  in- 
ventée; quand  même  on  n'aurait  pas  pu  se  proposer 
d'appliquer  cette  théorie  à  des  fonctions  algébriques  : 
quoique  sans  doute  la  principale  utilité  de  la  théorie 
des  fonctions  consiste  dans  l'application  ^ont  il  s'agit, 
surtout  si  l'on  a  en  vue  la  détermination  numérique 
des  grandeurs. 

Nous  insistons  sur  cette  manière  de  définir  la  théorie 
des  fonctions^  parce  qu'elle  repose  sur  unç  idée  qui  re- 
viendra dans  tout  le  cours  de  ce  Traité.  Elle  nous  pa- 
raît être  la  base  philosophique  de  la  partie  de  l'ensei- 

(')  Hist.  des  Malb.,  part.  IV,  liv.  i,  n*'  A. 


DES    FONCTIOirS.  15 

^emeut  dont  nous  nous  occupons  ^  et  la  seule  qui 
réponde  bien  à  Tétat  actuel  de  l'analyse  mathématique. 
Oq  y  est  surtout  conduit  par  les  applications  de  plus  en 
plus  étendues  de  l'analyse  aux  sciences  physiques;  mais, 
iDdépeadamment  de  toute  application,  on  trouve  dans 
la  théorie  ainsi  comprise  la  solution  immédiate  de  la 
plupart  des  controverses  agitées  à  diverses  époques 
eatre  les  géomètres,  au.  su  jet  des  principes  mêmes  de 
l'analyse  ("). 

8. En  général  on  exprime  que  la  grandeur^  est  une 
foDction  de  Xy  connue  ou  inconnue',  mathématique  ou 
empirique,  par  le  moyen  de  notations,  telles  que  : 

J=/(^)i  J=F(^)^r  =  ?(^).  etc. 
les  lettres^  F,  ç,....  désignant,  non  pas  des  quantités, 
mais  des  caractéristiques  de  fonctions ,  analogues  aux 
abréviations  log  ou  sin.  Souvent ,  lorsque  les  paren- 
thèses ne  doivent  contenir  qu'une  lettre ,  on  les  sup- 
prime, et  quelquefois,  dans  ce  cas,  on  n^et  un  point 
après  la  caractéristique.  Le  lecteur  a  pu  déjà  se  fami- 
liariser avec  ces  notations  dans  les  traités  de  pure  al- 
gèbre où  on  les  a  introduites;  mais  en  algèbre  les  ca- 
ractéristiques désignent  essentiellement  des  fonctions 
i^ébriques,  et  désormais  elles  pourront  s'appliquer  à 
des  fonctions  quelconques. 

Dans  la  détermination  d'une  fonctiou  y  =  /*  (x\ 
peuvent  entrer  et  entrent  ordinairement  les  valeurs  de 

(')  Ainsi  Lagrange  n'aurait  pas  fait  un  livre  exprès  «  pour  réduire 
'<^ calcul  difTéreaiiel  à  l'analyse  algébrique,  »  s*il  avait  distingué  dans 
^c  calcul  diflfërentiel  un  corps  de  doctrine  qui  fait  partie  de  la  théo- 
rises fonctions  continues,  qu'elles  s'expriment  ou  non  par  les 
lignes  de  l'algèbre ,  et  qui  subsiste  indépendamment  des  applications 
qn'on  en  peut  faire  aux  fonctions  et  au  calcul  algébriques. 


16  LIVRE  I.  CHAPITRE    I. 

certaines  grandeurs  que  l'on  doit  considérer  comme 
constantes  9  tandis  que  x  et  par  suite^  varient.  Si  y  et 
X  désignent  les  coordonnées  courantes  d'un  cercle,  le 
rayon  du  cercle  est  une  de  ces  constantes.  L'angle  ini- 
tial d'écart  d'un  pendule  [3]  (*)  et  l'espace  décrit  par 
un  corps  qui  tombe  durant  la  première  seconde  de  sa 
chute,  sont  aussi  des  constantes  de  la  valeur  desquelles 
dépend  la  fonction  qui  exprime  la  valeur  de  l'angle 
d'écart ,  pour  chaque  valeur  du  temps  écoulé  depuis  l'o- 
rigine du  mouvement.  On  donne  quelquefois  à  ces  cons-- 
tantes  le  nom  de  paramètres^  emprunté  à  la  théorie 
des  sections  coniques  :  dans  les  applications  aux  sciences 
physiques,  on  appelle  bm^si coefficienls  des  constantes 
dont  les  valeurs  numériques  doivent  être  déterminées 
par  l'expérience* 

Il  est  souvent  utile  d'exprimer  qu'une  fonction  dé- 
pend, non-seulement  de  la  variable  x,  mais  en  outre 
des  valeurs  constantes  attribuées  à  certains  paramètres 
/^,  bfC ;  te  qu'on  fait  en  écrivant 

r=fK^^  «r*.  c,  .. ).        (3) 

Si  l'on  était  amené  à  concevoir  que  ces  paramètres 
a,  b^  c ,  au  lieu  d'avoir  des  valeurs  constantes  et  dé- 
terminées pour  chaque  cas  particulier,  varient  sans  dis- 
continuité à  la  manière  de  x^  ils  perdraient  le  nom  de 
paramètres  :  la  grandeur  y  se  rangerait  parmi  les  fonc- 
tions de  plusieurs  variables,  dont  nous  ne  nous  occupe- 
rons qu'après  avoir  exposé  les  fondements  de  la  théorie 
des  fonctions  d'une  seule  variable. 

9.  Les  lettres  «,  è,  c,....  x^  y, peuvent  désigner 

(')  Les  chiffres  entre  crochets  indiquent  les  n°^  du  texte  auxquels 
on  renvoie. 


DES    FONCTiOirS.  17 

des  graudeurs  concrètes,  telles  que  des  longueurs,  des 
aires,  des  volumes,  des  poids,  etc.  (dont  l'expression 
numérique  présuppose  le  choix  d'une  unité  arbitraire), 
ou  des  nombres  abstraits.  Dans  tous  les  cas ,  la  forme 
de  la  fonction  J  doit  être  telle,  que  l'équation  (3)  sub*- 
siste  indépendamment  du  choix  des  unités  de  mesure  ; 
ou,  ce  qui  revient  au  même,  il  faut  qu'on  ne  puisse  pas 
tirer  de  l'équation  (3)  une  condition  d'égalité  entre  des 
grandeurs  hétérogènes*  Cette  règle,  connue  sous  le  nom 
de  principe  de  l'homogénéité  des  fonctions,  et  qui  ne 
saurait  offrir  de  difficultés  sérieuses  dans  les  applica- 
tions, mène  souvent  de  prime  abord  à  des  conséquences 
importantes  concernant  la  forme  des  fonctions.  On  y  a 
eu  recours  pour  démontrer  très-simplement,  et  à  notre 
avis  de  la  manière  la  plus  directe,  certaines  proposi- 
tions fondamentales  de  géométrie  et  de  mécanique  ('). 
Afin  de  montrer  une  application  du  principe  de  l'ho- 
mogénéité des  fonctions ,  revenons  sur  la  question  indi- 
quée au  n^  3  :  appelons  8  l'angle  d'écart  d'un  pendule 
avec  la  verticale  après  un  temps  t  compté  depuis  l'ori- 
gine du  mouvement;  désignons  par  6^  l'angle  initial  d'é- 
cart, par  /  la  longueur  du  pendule ,  et  par  y  g^  selon 
Tusage  reçu,  la  longueur  que  décrit  dans  la  première 
unité  de  temps  un  corps  qui  tombe  librement  en  vertu 
de  la  force  de  gravité  qui  fait  mouvoir  le  pendule  :  on 
aura 

e=/(f,6o,5^,/). 

(  est  la  fonction ,  t  la  variable  dont  elle  dépend  ;  8^,  g,  l 
sont  des  constantes  ou  des  paramètres ,  et  il  n'y  en  a 
pas  d'autres,  puisque  toutes  les  conditions  du  phéno- 

(')  Voir  la  note  2  de  la  Géométrie  de  Legendre,  et  le  n*'  26  de  la 
Mécanique  de  M.  Poisson ,  2®  édition. 

T.    I.  i 


18  LIVRE  I. CHAPITRE    ï. 

mène  sont  déterminées,  une  fois  qu'on  a  fixé  les  valeurs 
de  ces  constantes.  Or,  ^  ^t  /  sont  les  seules  grandeurs 
dont  la  valeur  numérique  dépende  du  choix  de  Funité 
linéaire ,  et  la  valeur  de  0  en  fonction  de  t  ne  peut  pas 
changer  avec  cette  unité  arbitraire.  Donc  la  fonction  /' 
ne  dépend  que  du  rapport  des  lignes  g,  l,  et  Ton  peut 
écrire 

Supposons  que  Ton  sache  en  outre,  par  les  premières 
expériences  sur  la  chute  des  graves,  que  la  racine  carrée 
du  paramètre  g  varie  proportionnellement  à  l'unité  de 
temps,  ou  en  raison  inverse  de  la  valeur  numérique 
de  t^  pour  un  même  temps  écoulé  :  comme  ta  valeur 
de  0  en  un  instant  donné  ne  saurait  dépendre  du  choix 
arbitraire  de  l'unité  de  temps,  on  en  conclura  que  tne 
peut  entrer  dans  la  fonction/  qu'autant  qu'il  y  est  mul- 
tiplié par  [/^g,  et  qu'ainsi  l'on  a 

Arrivés  à  ce  point ,  nous  ne  pourrions  particulariser 
davantage  la  forme  de  la  fonction  sans  entrer  dans  le 
détail  des  principes  de  dynamique,  spécialement  appli- 
cables à  la  question,  détail  qui  n'est  point  de  notre 
sujet. 

10.  Si  l'on  a  en  même  temps 

de  sorte  que  la  valeur  de^  dépende  immédiatement  de 
celle  de  x^  et  que  la  valeur  de  x  dépende  immédiate- 
ment de  celle  de  t,  la  valeur  de^  se  trouvera  dépendre 
médiatement  de  la  valeur  de  t:  ce  sera,  comme  on 
dit,  une  Jonction  de  fonctionnons  pour  parler  un  lan- 


DES   FONCTIONS.  19 

gage  plus  simple,  une  fonction  médiate  de  la  variable  t. 
Les  exemples  de  cette  dépendance  médiate  et  indirecte 
sont  trop  fréquents  en  mathématiques  pures  comme  en 
physique  pour  que  nous  ayons  besoin  d'y  insister. 
Elle  s'exprimerait  par  la  notation 

^=/l?(0].^<>"^^=/(?0- 

Il  se  pourrait  aussi  que  l'on  eût 

r=/(*.  ^),  ^=  ?  (0»  2  ='l' W.     (5) 

d'où 

Alors,  quoique^  se  trouvât  dépendre  en  apparence  de 
deux  variables  x,  z,  elle  ne  dépendrait  réellement  que 
d'une  seule  variable  t  dont  il  suffirait  d'assigner  la  va- 
leur pour  déterminer  x,  z,  et  par  suite  ^. 
Réciproquement,  étant  donnée  une  équation 

il  peut  être  avantageux  de  la  remplacer  par  le  système 
équivalent  des  trois  équations  (5),  en  introduisant  deux 
variables  intermédiaires  x,  z,  qui  prennent  alors  com- 
munément le  nom  de  variables  auxiliaires. 

11.  Le  terme  de  fonction  implique  l'îdée  d'une  va- 
riable dépendante  d'une  autre.  Dans  les  exemples  ci- 
dessus  ,jr^  Xj  zsont  donc  des  variables  dépendantes,  et 
par  opposition  t  peut  être  qualifié  de  variable  indépen- 
doute.  Au  point  de  vue  abstrait,  il  serait  tout  aussi 
permis  de  regarder j^*  comme  la  variable  indépendante, 
et  Xy  Zy  t  comme  des  fonctions  qui  en  dépendent  mé- 
diatement  ou  immédiatement,  puisque,  si  l'on  assigne 
d'abord  arbitrairement  une  valeur  à  y^  celles  de  ;r,  2,  t 
seront  déterminées  en  vertu  des  équations  (4)  ou  (5). 
C'est  ainsi  qu'étant  donnée  une  équation  en  x^  y,  il  est 
aussi  permis  de  la  concevoir  résolue  par  rapport  à  x 

2U 


20  LIVRE   I.  —  CHA.P1TRE    I. 

que  par  rapport  à  ^.  On  peut  donc  dire  en  ce  sens  que 
le  choix  de  la  variable  indépendante  est  arbitraire  ; 
mais  ceci  cesse  le  plus  souvent  d'être  vrai  lorsque  l'on 
envisage  un  problème  d'après  ses  données  concrètes. 
La  nature  des  grandeurs  qui  varient  simultanément  éta* 
blit  entre  elles  des  relations  telles  que  les  variations  des 
unes  doivent  être  considérées  comme  subordonnées  aux 
variations  des  autres;  et  celles-là  seulement  dont  les  va* 
riations  ne  sont  subordonnées  à  celles  d'aucune  autre^ 
doivent  être  essentiellement  qualifiées  de  variables  in- 
dépendantes. 

Ainsi  j  dans  là  question  de  mécanique  déjà  plusieurs 
fois  indiquée,  il  convient  de  considérer  l'angle  d'écart 
d'un  pendule  comme  une  fonction  du  temps  t  écoulé 
depuis  l'origine  du  mouvement,  et  ^ comme  la  variable 
indépendante;  et  il  répugnerait  au  contraire  d'envisager 
/comme  une  fonction  de  l'angle  6  pris  pour  variable 
indépendante;  parce  qu'il  est  évident  que  le  temps  s'é- 
coule ou  que  i  varie  indépendamment  du  mouvement 
du  pendule,  et  au  contraire  que  les  variations  de  0  dé-* 
pendent  du  temps  écoulé,  ou  sont  subordonnées  aux  va- 
riations de  t. 

En  général,  pour  toutes  les  grandeurs  qui  varient 
avec  le  temps,  et  à  cause  du  temps  écouljé  depuis  un 
instant  pris  pour  origine,  le  temps  remplit^'  par  la  na* 
ture  même  des  choses^  le  rôle  d'une  variable  essentiel- 
lement indépendante,  en  ce  sens  que  ses  variations  ne 
sont  subordonnées  à  celles  d'aucune  autre  grandeur. 
Nous  aurons  lieu,  par  la  suite,  de  revenir  sur  les  consé- 
quences de  ce  principe ,  et  d'insister  sur  les  propriétés 
générales  des  grandeurs,  en  tant  que  fonctions  du  temps  : 
propriétés  dont  la   discussion  nous  semble  appartenir 


I>RS    FONCTIONS.  21 

auimathéiaaticioes  pures,  au  même  litre  que  les  spé- 
culations qui  ont:  pour  objet  les  propriétés  de  l'étendue 
et  les  formes  géométriques. 

La  reuiarcjixe  que  Ton  vient  de  faire  a  lieu  pour  la  va- 
riable ty  coinptée   d'une  origine  arbitraire,  et  servant  à 
déterminer  l*époque    d'un   phénomène,  ou,  plus  préci- 
sément, Viiistaut  où  une  certaine  grandeur  atteint  une 
valeur  déterminée.  Si,  au  contraire,  la  variable  t  mesu- 
rait la  durée    absolue  d'un  phénomène,  elle  pourrait 
jouer  \e  rôle  de  variable  dépendante.  Ainsi,  la  durée  de 
VosciUation    d'un    pendule  est  une  fonction   de    l'angle 
initial  d'écart ,  désigné  ci-dessus  par  6^.  C'est  la  gran- 
deur de  cet  angle  qui  détermine  la  durée  de  l'oscillation; 
ou,  en  d'autres  termes,  nous  concevons  la  variation  de 
la  durée   comme  une  conséquence  de  la  variation  de 
l'angle  inîtial,  et  non  la  variation  de  l'angle   comme 
subordonnée  à  la  variation  de  la  durée. 

Des  considérations  analogues  s'appliquent  aux  coor- 
données variables  par  le  moyen  desquelles  on  détermine 
la  position  d'un  point  sur  une  ligne  donnée ,  sur  une 
surface  donnée ,  ou  dans  l'espace.  La  grandeur  que  l'on 
envisage  comme  variable,  non  plus  d'un  instant  à  l'au- 
tre, mais  d'un  lieu  à  l'autre,  est  une  fonction  des  coor- 
données variables  du  point  où  elle  est  censée  mesurée  ; 
et  les  coordonnées  indépendantes  sont  évidemment  au 
nombre  de  trois ,  si  le  point  peut  se  déplacer  d'une  ma- 
nière quelconque  dans  l'espace  ;  au  nombre  de  deux ,  si 
le  point  est  assujetti  à  rester  sur  une  surface  donnée  ; 
entîu,  il  n'y  en  a  plus  qu'une  seule,  si  le  point  est  assu- 
jetti à  rester  sur  une  ligne  donnée.  Toutefois,  il  faut  re- 
marquer que  le  choix  d'un  système  de  coordonnées  est 
arbitraire  :  de  sorte  que  rien  n'empêcherait  de  considc* 


22  LIVRE  I.   CHAPITRE    I. 

rer  les  coordonnées  Xy  y^  z  qui  déterminent  la  position 
d'un  point  dans  l'espace,  comme  fonctions  d'auti^es  coor- 
données w,  (^,(v,  prises  dans  un  autre  système.  L'indépen- 
dance des  variables  x^  y  y  z  ne  tient  donc  pas  à  leur  na- 
ture ,  mais  au  choix  arbitraire  qu'on  en  a  fait  pour 
servir  de  coordonnées ,  tandis  que  l'indépendance  de  la 
variable  t^  qui  représente  le  temps  écoulé  depuis  un  ins- 
tant pris  pour  origine ,  tient  à  l'essence  de  cette  gran- 
deur. Ces  analogies  et  ces  différences  sont  des  consé- 
quences immédiates  des  analogies  €t  des  différences  que 
présentent  les  concepts  fondamentaux  du  temps  et  de 
l'espace. 

Nous  ne  voulons  pas  dire,  par  ce  qui  précède,  que , 
dans  certaines  questions  de  physique,  telles  coordon- 
nées ne  soient  pas  indiquées  de  préférence  à  toutes  au- 
tres ,  par  la  nature  spéciale  de  la  question  :  l'attention 
des  analystes  doit  s'appliquer  à  saisir  de  semblables  in- 
dications; car,  en  général,  la  solution  d'un  problème  a 
atteint  sa  perfection  quand  on  a  lié  par  l'analyse  les 
variables  entre  elles,  conformément  à  l'ordre  de  leur 
dépendance  naturelle.  De  même,  en  géométrie  pure ,  le 
mode  de  génération  d'une  ligne  ou  d'une  surface  indique 
les  coordonnées  qu'il  est  convenable  et  naturel  de  prendre 
pour  variables  indépendantes ,  et  dont  le  choix  facilite 
la  discussion  des  propriétés  de  la  ligne  ou  de  la  sur- 
face. 


CHAPITRE  II. 


DR    LA     CLASSIFICATION    DES    FONCTIONS    ET    DE    LEUR 
DlèVELOPPEMEKT    EN    SERIES. 


12.  Les  fonctions  mathématiques  se  distinguent  en 
fonctions  explicites  et  en  fonctions  implicites.  On  ap- 
pelle fonctions  implicites  celles  qui  sont  déterminées  par 
une  équation  non  résolue  entre  la  fonction  et  la  variable 
indépendante.  Ainsi  la  fonction^  donnée  par  l'une  des 
équations 

y* — bxy==-a^by  +  c^rnlog  a:,  tang^==^sinx,etc., 
est  une  fonction  implicite  de  x.  Si  ces  équations  étaient 
résolues  par  rapporta/  et  mises  sous  la  forme  j-  z=.fxj 
j  deviendrait  une  fonction  explicite   de  la  même  va- 
riable. 

On  peut  comprendre  les  fonctions  explicites  et  im- 
plicites sous  la  même  notation ,  en  exprimant  par  une 
équation  de  la  forme 

F(:t;,/)=o,       (i) 
la  liaison  qui  subsiste  entre  la  variable  x  et  la  fonc- 
tion y. 

Les  fonctions  mathématiques,  qu'elles  soient  expli- 
cites ou  implicites,  se  distinguent  encore  en  fonctions 
algébriques  et  en  fonctions  transcendantes.  Si  l'équa- 
tion (i)  est  algébrique,  en  sorte  qu'après  l'évanouisse- 
ment toujours  possible  des  dénominateurs  et  des  radi- 
caux, le  premier  membre  soit  un  polynôme  entier  de 
degré  déterminé  par  rapport  à  a?  et  par  rapport  à  jr,  la 


24  LIVRE  I.  CHAPITRE    II. 

fonclion  y  est  réputée  algébrique.  Si  les  variables  J?,  y  y 
ou  seulement  Tune  d'entre  elles,  entraient  dans  la  forma- 
tion d'un  exposant,  ou  si  elles  se  trouvaient  affectées  , 
soit  d'un  exposant  irrationnel,  soit  du  signe  logy  soit  de 
l'un  des  signes  usités  en  trigonométrie,  la  fonction  se- 
rait qualifiée  de  transcendante.  Plus  généralement,  toute 
fonction  mathématique  qui  ne  se  trouve  pas  comprise 
dans  la  définition  des  fonctions  algébriques  est  réputée 
transcendante.  Les  seules  fonctions  transcendantes  que 
le  lecteur  soit  censé  connaître,  savoir,  les  fonctions  ex- 
ponentielles, logarithmiques  et  trigonométriques ,  ont 
été  successivement  définies  dans  le  cours  de  mathéma- 
tiques élémentaires.  Ces  fonctions  sont-elles  en  effet 
les  plus  simples  de  toutes  après  les  fonctions  algébriques 
élémentaires?  Sont-elles  réductibles  ou  irréductibles  en- 
tre elles?  Y  a-t-il  entre  elles  quelque  lien,  malgré  leur 
diversité  apparente  d'origine?  Toutes  ces  questions  sont 
du  ressort  de  la  théorie  qui  doit  nous  occuper  ;  et  en 
même  temps  que  fious  étudierons  sous  un  point  de  vue 
nouveau  les  fonctions  transcendantes  déjà  définies  dans 
les  éléments,  nous  serons  amenés  à  en  considérer  d'au- 
tres en  nombre  illimité,  à  les  définir,  à  les  classer,  et 
à  désigner  celles  de  ces  fonctions  qui  ont  acquis  le  plus 
d'importance,  par  des  notations  ou  par  des  caractéris- 
tiques particulières. 

13.  Puisque  les  équations  algébriques,  de  degré  supé- 
rieur au  quatrième,  sont  en  général  irrésolubles  algé- 
briquement, et  qu'ainsi  la  valeur   de  y  en  x^    quand 
l'équation  (j)  est,  par  rapport  à  /,  d'un  degré  supérieur 
j  au  quatrième,  ne  peut  pas,  en  général,  s'exprimer  avec 
I  les  radicaux  et  les  autres  signes  élémentaires  de  l'algè- 
i  J)re,  il  semble  qjj'on  pourrait  regarder  la  racine  d'une 


I>£    LA    CLASSIFICATION   DES  FONCTIONS.  25 

telle  équation  comme  une  fonction  transcendante,  aussi  ( 
bien  que  les  exponentielles  et  les  logarithmes.  Mais  Leib-| 
nitz^  à  qui    Ton  doit  la  distinction  des  fonctions  algé-/ 
briques  et  des  fonctions  transcendantes,  n^ajtûinLiiûXn-' 
miscettemëprise.  En  effet,  la  circonstance  qu'une  équation  ' 
algébrique  entre^  et  x  soit  ou  ne  soit  pas  résoluble  al- 
gébriquement par  rapport  à  y,  n'influe  nullement  sur . 
le  nombre  y  sur  les  conditions  de  réalité  ou  d'imagina-i 
rite  des  racines,  ni,  par  suite,  sur 'la  forme  qu'affecte  la, 
courbe  dont  .r  et^  sont  les  coordonnées  <»  sur  le  nombre 
de  ses  branches  et  sur  les  autres  particularités  de  son 
cours.  Tout  ceci  se  rattache  à  la  théorie  de  la  compo* 
sitioo   des    équations  algébriques,  laquelle  n'est  point 
sabordonnée  à  leur  résolution  algébrique ,  et  en  vertu  de  j 
laquelle  les  fonctions  algébriques,  tant  explicites  qu'im-! 
plicites,  jouissent  de  propriétés  communes  qu'elles  nei 
partagent  pas  avec  celles  auxquelles  on  a  réservé  avec 
juste  raison  la  qualification  de  transcendantes.  t 

14.  I^s  fonctions  algébriques  explicites  se  distinguent 
en  fonctions  entières  et  fractionnaires ^  rationnelles  et 
irrationnelles  :  le  sens  de  ces  expressions  est  donné  dans 
tous  les  traités  d'algèbre.  A  l'égard  des  fonctions  algé- 
briques implicites,  comme  on  peut  toujours  préparer 
les  équations  dont  elles  sont  les  racines  de  manière  à 
&ire  disparaître  les  dénominateurs  et  les  radicaux,  cette 
,   division  serait  sans  objet. 

Les  plus  simples  des  fonctions  rationnelles  entières 
sont  celles  qui  ne  contiennent  que  la  première  puissance 
i?la  variable,  et  qu'on  peut  représenter  généralement 
sar 

y=  ax  +  é, 

"et  b  désignant  des  nombres  constants.  L'usage  leur  a 


26  LIVRE  I.  CHAPITRE    II. 

conservé  la  dénomination  de  fonctions  linéaires^  tirée 
de  ce  que  Téquation  précédente  est  celle  d*une  ligne 
droite,  pour  un  système  de  coordonnées  parallèles  à  deux 
axes  fixes. 

Les  fonctions  rationnelles  entières  ne  peuvent  deve- 
nir infinies  pour  aucune  valeur  finie  de  la  variable 
dont  elles  dépendent.  De  plus,  il  est  évident  qu'à  toutes 
les  valeurs  de  la  variable  correspond  pour  ces  fonctions 
une  valeur  réelle  et  unique ,  positive  ou  négative.  Il 
suit  de  là  que  si  Ton  représente  une  fonction  ration- 
nelle et  entière  par  l'ordonnée  d^une  courbe  dont  Tautre 
variable  est  l'abscisse ,  cette  courbe  à  une  seule  branche 
s'étend  indéfiniment,  tant  dans  le  sens  des  abscisses  né- 
gatives que  dans  le  sens  des  abscisses  positives,  sans 
éprouver  nulle  part  de  solution  de  continuité. 

15.  Les  fonctions  fractionnaires,  où  la  variable  entre 
dans  la  composition  d'un  ou  de  plusieurs  dénominateurs, 
peuvent  devenir  infinies,  et  par  conséquent  éprouver 
une^ohU^Qn.  de  continuité  pour  les  valeurs  finies  de  la 
variable  qui  font  évanouir  un  dénominateur. 

Les  fonctions  irrationnelles ,  même  entières ,  subissent 
des  solutions  de  continuité,  et  la  courbe  qui  les  repré- 
sente s'interrompt  brusquement  quand  la  valeur  de  la 
variable,  affectée  d'un  signe  radical,  rend  le  radical  ima- 
ginaire. Ainsi  la  fonction 

^=:.r+  \/\  — X 
cessera  d'avoir  des  valeurs  réelles  pour  les  valeurs  de 
X  >  I,  et  sera  représentée  graphiquement  dans  un  sys- 
tème de  coordonnées  orthogonales  par  l'ordonnée  de  l'arc 
parabolique  ML  {^fig*  4)?  q^î  s'étend  indéfiniment  dans 
le  sens  des  abscisses  négatives ,  et  qui  s'interrompt  brus- 
quement au  point  L,  dont  l'abscisse  0P=  f. 


DE    LA    GLASSIFICATIOir   DES    FONCTIONS.  27 

De  même  la  fonction 

sera  représentée  par  l'ordonnée  de  la  branche  d'hyper- 
bole LMN  (j^^.  5),  si  l'on  a  OA  =  a  <  i,et,  dans  ce 
cas,  elle  n'éprouvera  aucune  solution  de  continuité.  La 
même  fonction  correspondra  à  l'ordonnée  des  arcs  hy- 
perboliques PQ,  RS,  si  l'on  a  a  >  i;  auquel  cas  il  y  aura 
solution  de  continuité  aux  points  Q ,  R.  Enfin ,  il  faudra 
prendre,  pour  représenter  la  même  fonction ,  l'ordonnée 
delà  ligne  brisée  BAC ,  si  l'on  a  a=  i  :  car/  devant  res- 
ter positif  y  la  fonction  proposée  deviendra  dans  ce  cas 

pour  les  valeurs  de  :i:  <  i ,  et 

y=ix  —  I 
pour  les  valeurs  à&  x  >  i .  Ce  changement  dans  l'ex- 
pression algébrique  de  la  fonction  correspond  à  une  so- 
lution de  continuité  dont  nous  définirons  plus  loin,  d'une 
manière  générale,  les  caractères  analytique  et  géométri- 
que, et  qui  est  d'un  autre  ordre  que  les  solutions  de 
continuité  éprouvées  par  l'ordonnée  des  arcs  hyperboli- 
ques PQ ,  RS  j  aux  points  Q  et  R. 

16.  A  la  vérité  y  si  l'on  considère  à  la  fois  les  deux 
valeurs  réelles  dont  un  radical  pair  est  susceptible,  on 
aara  deux  branches  ou  deux  arcs  de  courbe  qui  vien- 
dront se  raccorder  aux  points  dont  l'abscisse  correspond 
au  passage  du  réel  à  l'imaginaire  ;  et  ainsi  il  n'y  aura 
plus  géométriquement  de  solution  de  continuité  :  car  on 
•le  doit  entendre  par  solutions  de  continuité  »  dans  le  sens 
géométrique,  que  celles  qui  sont  indépendantes  de  la 
-irection  arbitraire  des  axes  auxquels  on  rapporte  la 
ourbe. 
On  conclut  de  là  que,  pour  avoir  l'expression  com- 


28  LIVRE  I,  CHAPITRE    II, 

plète  d'une  courbe  par  une  équation  algébrique  entre  ses 
coordonnées ,  il  faut  débarrasser  cette  équation  des  ra- 
dicaux ,  ou  conserver  tous  les  doubles  signes  inhérents 
à  chaque  radical  pair.  C'est  là  le  fondement  de  la  corres- 
pondance entre  l'algèbre  et  la  géométrie ,  dont  nous  re- 
parlerons lorsqu'il  sera  question  plus  spécialement  des 
applications  de  l'analyse  à  la  théorie  des  courbes. 

Au  contraire,  les  courbes  transcendantes,  ou  celles 
dont  l'ordonnée  est  une  fonction  transcendante  de  l'abs- 
cisse ,  peuvent  être  interrompues  brusquement  dans  leur 
cours  sans  que  leurs  branches  se  rejoignent;  en  sorte 
que  le  point  qui  décrirait  par  son  mouvement  une  des 
branches  de  la  courbe ,  s'arrêterait  tout  à  coup.  Ainsi 
la  courbe  qui  a  pour  équation 

^  4-  I  =a  *  ' 
a  désignant  un  nombre  positif  plus  grand  que  i,  est 
formée  de  deux  branches  BL,  MN  (^.  6),  dont  la  pre- 
mière a  pour  asymptote,  dans  le  sens  des  abscisses  posi- 
tives ,  l'axe  même  des  x,  et  s'arrête  brusquement  au  point 
B ,  dont  les  coordonnées  sont  x  =  o ,  ^  =  —  i  ;  tandis 
que  la  seconde  branche  a  pour  asymptotes  l'axe  des  jr 
dans  le  sens  des  ^positifs,  et  l'axe  des  x  dans  le  sens  des 
jc  négatifs.  En  effet,  tant  que  x  est  positif,  la  fonctioa 

-1  I 

a    ^  =  — 

a' 
va  en  décroissant  indéfiniment  pour  des  valeurs  de  x  de 
plus  en  plus  petites,  et  finalement  s'évanouit  avec  .r, 
tandis  qu'elle  tend  à  devenir  égale  à  l'unité  pour  des  va- 
leurs de  X  de  plus  en  plus  grandes.  Au  contraire,  lors- 
que X  passe  par  des  valeurs  négatives,  la  même  fonction 
croît  au  delà  de  toutes  limites  pour  des  valeurs  numéri-* 


DE    LA     CLASSIFICATION    DES    FONCTIONS.  29 

([Qes  de  j:  de  plus  en  plus  petites,  au  lieu  qu'elle  tend 
encore  à  devenir  égale  à  l'unité  pour  des  valeurs  numé- 
I  riques  de  oc  de  plus  en  plus  grandes. 

On  appelle  points  darrét  ceux  où  une  branche  de 
coarbe,  transcendante  ou  empirique,  s'arrête  ainsi  brus- 
ijaement.  Si  deux  branches  disjointes ,  NM ,  M'N'  {fig. 
]),  avaient  une  commune  ordonnée  PMN%  en  sorte  que 
la  fonction  représentée  par  l'ordonnée  de  la  courbe  pas- 
I  sât  brusquement  de  la  valeur  PM  à  la  valeur  PM',  les 
points  M ,  M'  seraient  des  points  de  rupture.  Les  fonc- 
tions algébriques ,  ne  pouvant  avoir  de  points  d'arrêt , 
ne  peuvent  avoir  de  points  de  rupture,  ni  par  conséquent 
éprouver  d'autres^sojutions  de  contijiuité  que  celles  qui  : 
proviennent  du  passage  par  Tinfini  ;  au  lieu  que  les  fonc-  \ 
lions  transcendantes  peuvent  être  sujettes  aux  solutions  ; 
de  contiguité^gui  proviennent  du  j)assage  brusque  d'une., 
valeur  finie  à  une  autre. 

17.  SI  la  théorie  des  fonctions  a  plus  de  généralité 
«\ue  l'algèbre,  en  ce  sens  qu'on  y  traite  de  propriétés 
communes  aux  fonctions  algébriques  et  transcendantes , 
et  même  à  celles  qui  ne  comportent  aucune  définition 
mathématique ,  d'un  autre  côté  cette  théorie  reçoit  une 
extension  qui,  primitivement,  n'a  de  sens  qu'en  algèbre  : 
pore,  et  pour  les  fonctions  susceptibles  d'une  expression  '; 
algébrique.  Cette^xtension  consiste  à  tenir  compte  des  !  ^ 
valeurs  imaginaires  que  prend  une  fonction  exprimée 
'   algébriquement,  quand  la  variable    dont  elle   dépend 
passe  par  des  valeurs  réelles  situées  en  deçà  ou  au  delà 
de  certaines  limites,  comme,  par  exemple,  quand  la  va<^ 
'    fiable  x  devient  >  i  dans  la  fonction 
^  7  =  a;  +  l/^i—iT 

Elle  consiste  en  outre  à  admettre  que  la  variable  indé- 


X 


;  /^ 


/ 


30  LIVRE  f.  CHAPITRE    II. 

pendante  peut  elle-même  passer  par  une  succession  de 
valeurs  imaginaires.  A  la  vérité,  pour  se  faire  l'idée  d'un 
semblable  passage ,  il  faut  considérer  cette  seconde  va- 
riable,  dont  la  première  est  fonction,  comme  dépendant 
à  son  tour  d'une  troisième  variable  qui  passe  par  une^ 
suite  de  valeurs  réelles.  Soient  t  cette  dernière  variable, 
X  celle  qui  en  dépend  immédiatement,  ^  une  fonction 
de  X  :  désignons  aussi  par  t^,  ^o>  ^o?  ^^  ^i»  Xn  deux 
systèmes  de  valeurs  correspondantes  pour  ces  trois  va- 
riables; t^j  tj  étant  des  quantités  réelles,  tandis  que  a;^^ 
Xo9  ^ij  Xr  peuvent  être  des  quantités  réelles  ou  imagi- 
naires. Il  est  clair  que ,  pendant  que  t  passe  de  la  va- 
leur t^  à  la  valeur  t^ ,  en  prenant  toutes  les  valeurs  réel- 
I  les  intermédiaires,  x  peut  passer  de  la  valeur  x^  à  la 
!  valeur  x^  par  une  suite^de  valeurs  imaginaires,    suite 
<  déteiminée  en  vertu  de  la  liaison  algébrique  entre  t  et 
a:,  et  à  laquelle  correspondra  une  suite  également  dé- 
i   terminée  de  valeurs  réelles  ou  imaginaires  pour  y.  Au 
j  contraire,  comme  il  n'y  a  pas  d'ordre  naturel  et  déter- 
I  miné  de  grandeur  entre  les  quantités  imaginaires ,  rien 
ne  fixerait  la  série  de  valeurs  imaginaires  par  lesquel- 
les X  peut  passer,  en  allant  de  la  valeur  x^  à  la  valeur  x^ , 
si  l'on  n'établissait  une  dépendance  déterminée,  directe 
ou  indirecte,  entre  x  et  une  autre  variable  qui  passe 
d'une  valeur  réelle  à  une  autre,  par  la  série  des  valeurs 
réelles  intermédiaires. 

Nous  verrons  plus  tard  que,  non*seulement  les  fonc- 
tions algébriques,  mais  encore  les  fonctions  exponen- 
tielles, logarithmiques  et  trigonométriques  acquièrent 
une  signification  et  une  valeur  réelle  ou  imaginaire  dé- 
terminées, lorsqu'on  fait  passer  par  des  valeurs  imagi- 
naires les  variables  qui  entrent  dans  la  composition  de 


DE   Là^    CLASSIFICATION    DES    FONCTIONS.  31 

cesfoDCtioDs  :  par  conséquent,  les  remarques  qui  font 
l'objet  de  ce  numéro  s'appliquent  à  toutes  les  fonctions 
iljébriques  ou  transcendantes  que  nous  connaissons 
Jfjà. 

18.  On  vient  de  dire  comment  les  analystes  classent 
les  fonctions,  d'après  le  mode  de  leur  expression  mathé- 
matique :  mais  les  fonctions  sont  également  susceptibles 
ifetre  classées  d'après  les  formes  mêmes  qu  elles  affec- 
lent  ou  qu'affectent  les  courbes  qui  les  représentent; 
et  cette  classification  peut  comprendre  aussi  bien  les 
foQctioDs  empiriques  que  les  fonctions  algébriques  ou 
transcendantes.  Au  reste,  il  ne  s'agit  pas  ici  d'établir  une 
classification  méthodique  et  complète,  comme  celles  qui 
sappliqueot  (en  histoire  naturelle,  par  exemple)  à  des 
objets  dont  le  nombre  est  limité,  mais  seulement  de 
»;naler certaines  classes  de  fonctions,  distinguées  par 
As  caractères  généraux. 

h  premier  lieu,  nous  consî^^?rerons  les  fonctions  paî'  j 
r^ietles  fonctions  impaires.  Oi.  appelle  fonctions  paires  | 
celles  qui  prennent  les  mêmes  valeurs  quand  on  attribue  | 
lia  variable  indépendante  des  valeurs  égales  et  de  signes  j 
contraires,  ou  celles  qui  sont  représentées,  dans  un  sys- 
^e  de  coordonnées  orthogonales ,   par    des  courbes 
«ymétriques  relativement  à  l'axe  des  ordonnées.  Telles 
»flt,  parmi  les  fonctions  algébriques,  celles  qui  ne  ren- 
ferment que  des  puissances  paires  de  la  variable,  comme  . 
i^jl/j  -_  j4  -  et  de  là  leur  vient  le  nom  de  fonctions  . 
P^,  qu'on  peut  appliquer  à  toutes  les  fonctions  qui  . 
présentent  la  même  analogie  de  forme,  bien  qu'elles  ne  > 
<^mporteat  pas    d'expression   algébrique.  La   fonction  } 
^fonométrique  cos  x  est  paire,  puisqu'on  est  conduit  j 
^trigonométrie  à  regarder  le  cosinus  d'un  arc  négatif  ■ 


32  LIVRE  I.  CHAPITRE    JI. 

comme  ayant  la  même  valeur  numérique  et  le  même 
signe  que  le  cosinus  du  même  arc  pris  positivement. 

Par  opposition,  on  appelle  fonctions  impaires  celles 

qui  ont  des  valeurs  numériquement  égales  et  opposées 

;  de  signes^  pour  des  valeurs  de  la  variable  indépendante 

égales  et  de  signes  contraires.  Telles  sont,  parmi   les 

fonctions  algébriques,  —  ,  xl/T~+~^.  D'après  cette 

définition ,  sin  x  et  tang  x  sont  aussi  des  fonctions  im- 
paires. Une  fonction  impaire  doit  être  nulle  quand  x=o, 
à  moins  qu'elle  n'éprouve  une  solution  de  continuité 
correspondante  à  cette  valeur  de  x.  Tel  est  le  cas  des 
fonctions  impaires 

^^"^^    cotx. 

Une  foactiou  quelconque  peut  être  considérée  comme 
la  somme  de  deux  fonctions,  l'une  paire,  l'autre  impaire. 
Soit  effectivement  /  la  caractéristique  d'une  fonction 
quelconque  :  on  pourra  poser 

/(^)  +/(— ^)  =  a  ?  (a;)  , 

et  alors  <p  (x)  sera  évidemment  une  fonction  paire , 
^  (x)  une  fonction  impaire  de  x,  quelle  que  soit  d'ail- 
leurs la  forme  de  f{x).  Or,  on  tire  de  ces  deux 
équations 

f(x)  =  <f(x)+^^{x), 
ce  qui  démontre  la  proposition  énoncée. 

19.  On  appelle  fonctions  périodiques  celles  qui 
reprennent  périodiquement  les  mêmes  valeurs,  pour 
des  valeurs  de  la  variable  indépendante  séparées  par 
des  intervalles  égaux.  La  grandeur  de  ces  intervalles 
mesure  l'étendue  de  la  période.  Ainsi,  l'on  est  conduit^ 


DK   LA    CLASSIFICATION    DES   FONCTIONS.  33 

en  trigODomëtrie,  à  considérer  les  arcs  comme  des  gran- 
deurs qui  peuvent  surpasser  la  circonférence  et  croître 
iDdéfîniment,  tant  dans  le  sens  positif  que  dans  le  sens 
négatif;  tandis  que  les  sinus,  les  cosinus^  et  en  général  [ 
les  fonctions  trigonométriques  de  ces  arcs  reprennent  j 
périodiquement  les  mêmes  valeurs,  chaque  fois  qu'on  | 
ajoute  à  l'arc  primitif,  ou  qu'on  en  retranche  une  cir- 
conférence complète.  En  conséquence,  sin  aXy  cos  eut, 
tang  ax  sont  des  fonctions  périodiques  dont  la  période  a 

aie 
pour  valeur  — .  La  fonction^  =  sin  oo: ,  par  exem-* 

pie,  est  l'ordonnée  d'une  courbe  sinueuse  P'N'M'O 
MNP....  {fig.  8),  qui  s'étend  indéfiniment  tant  dans  le 
sens  des  abscisses  négatives  que  dans  celui  des  abs- 
cisses positives  :  courbe  facile  d'ailleurs  à  construire 
p  points,  à  l'aide  des  tables  de  sinus  naturels,  ou  de 
leurs  logarithmes  que  l'on  trouve  dans  les  tables  trigo- 
nométriques ordinaires.  Les  intervalles  égaux  P'O,  OP,... 
mesurent  l'étendue  de  la  période. 

La  nature  nous  offre  une  multitude  de  phénomènes  • 
soumis  à  la  loi  de  périodicité;  et,  conséquemment,  Jaj 
classe  des  fonctions  périodiques ,  dont  le  type  le  plus  ! 
sin)ple  nous  est  fourni  par  la  géométrie  du  cercle,  mérite  \ 
une  attention  particulière. 

20.  Parmi  les  fonctions  non  périodiques,  il  n^y  a  lieu 
de  signaler  ici  que  celles  qui  jouissent  de  la  propriété 
<le croître  ou  de  décroître  continuellement,  lorsque  la 
variable  indépendante  vient  à  croître.  Les  fonctions 
<pi,  sans  être  périodiques ,  passent  par  diverses  alter- 
natives d'accroissement  et  de  décroissement ,  n'offrent 
pas  d'autres  caractères  importants  qui  méritent  qu'on 
informe  des  groupes  particuliers. 

T.  I.  3 


34  LIVRE  I.  CHAPITRE    II. 

Il  convient  de  remarquer  surtout  les  fonctions  qui 
s'approchent  indéfiniment  de  zéro  ou  de  toute  autre  va- 
leur fixe,  pour  des  valeurs  croissantes  ou  décroissantes  de 
la  variable  indépendante.  Telles  sont  les  fonctions 
I  " 

Uy  niy  n  désignant  des  nombres  positifs,  et  a  étant 
supposé  en  outre  plus  grand  que  l'unité. 

Les  fonctions  de  cette  catégorie  doivent  se  reproduire 
fréquemment  dans  l'expression  des  phénomènes  physi- 
ques :  car  il  arrive  souvent  qu'une  grandeur  part  d'un 
certain  état  pour  décroître  ensuite  continuellement,  de 
sorte  que  sa  valeur  finit  par  devenir  sensiblement  nulle, 
ou  par  ne  plus  différer  sensiblement  d'une  certaine  va- 
leur fixe  vers  laquelle  elle  fend  sans  cesse.  On  doit  re- 
marquer en  particulier  la  fonction ^=  «—«*  (Jig.  9), 
qui  est  le  type  le  plus  simple  que  l'algèbre  puisse 
fournir  des  fonctions  qui  décroissent  symétriquement, 
avec  une  grande  rapidité,  de  part  et  d'autre  de  l'origine 
de  la  variable  indépendante  :  tellement  que ,  pour  peu 
que  le  nombre  constant  a  surpasse  l'unité^  la  valeur 
numérique  de  la  fonction  est  déjà  excessivement  pe- 
tite, pour  des  valeurs  numériques  de  la  variable  in- 
dépendante tant  soit  peu  considérables.  Dans  l'état 
actuel  de  la  physique  moléculaire,  on  admet  l'existence 
de  forces  dont  la  loi  de  décroissement  est  exprimée  par 
des  fonctions  de  cette  espèce,  et  dans  les  applications  de 
la  théorie  mathématique  des  chances  aux  grands  nom- 
bres que  la  statistique  recueille,  la  nature  du  sujet  repro- 
duit constamment  des  fonctions  de  la  même  forme. 

21.  Supposons  maintenant  que  nous  ayons  une  fonc- 
tion empirique  /ir  qu'il  s'agisse  de  soumettre  à  des  calculs 


DE  L^    TRANSFORMATION    DES    FONCTIOICS.  35 

arithmétiques  ou  algébriques,  comme  si  Ton  avait ,  par 
eiemple,  à  trouver  la  valeur  de  x  qui  satisfait  à  Té- 

(|uatioD 

ridée  qui  se  présentera  naturellement,  sera  de  trouver , 
s'il  est  possible,  une  fonction  algébrique  f.r  qui  s'écarte 
peude/r^  au  moins  dans  les  limites  entre  lesquelles  on 
sait  que  doit  tomber  la  racine  cherchée,  et  de  substituer 
dans  réquatiou  proposée  t^x  9l  fx.  En  général,  le  but 
Inné  semblable  substitution  est  de  rendre  praticables, 
ou  des  transformations  algébriques  qui  doivent  con- 
doire  à  des  formules  générales ,  ou  des  opérations  de 
calcul  arithmétique,  si  l'on  se  propose  de  déterminer  des 
valeurs  particulières. 
Si  Ion  tient  à  ce  que  la  fonction  substituée  se  rap- 
proche de  l'autre ,  dans  toute  la  portion  de  son  cours 
que  Ton  considère,  il  faut  évidemment  qu'il  n'y  ait  pas 
incompatibilité  entre  les  formes  essentielles  de  la  fonc- 
tion substituée  et  celles  de  la  fonction  qu'on  remplace. 
Par  exemple,  si  la  fonction  à  remplacer  est  périodique , 
on  admettra,  au  moins  jusqu'à  plus  ample  examen,  la 
possibilité  de  la  remplacer  par  une  fonction  telle  que 

/  =  A  sin  {mx+  n), 
À  de  sa  nature,  est  périodique;  mais  il  serait  manifes- 
taient impossible  que  la  fonction  proposée  se  rappro- 
ckât,  dans  toute  l'étendue  de  son  cours,  d'une  autre  qui 
'orait  lune  des  deux  formes 

<^(]ui  serait  constamment  croissante  ou  décroissante, 
s^lon  le  signe  de  m. 

On  appelle  interpolation  l'opération  par  laquelle  on 

3. 


36  '  LIVRE  ï.  —  CHAPITRE   II. 

détermine  une  courbe  ^==<pa:,  assujettie  à  avoir  un 
certain  nombre  de  points  communs  avec  la  courbe 
y  z=ifx ,  et  qui  doit  s'en  écarter  d'autant  moins  entre 
les  points  extrêmes ,  que  le  nombre  des  points  communs 
intermédiaires  est  plus  considérable.  Nous  entrerons,  par 
la  suite,  dans  quelques  détails  sur  les  procédés  d'inter- 
polation :  pour  le  monlent,  il  suffit  de  concevoir  qu'on 
assujettira  la  courbe  dont  (fx  est  l'ordonnée  à  passer 
par  un  point  donné  (oTo,  ^o)>  en   posant  l'équation 

c'est-4i-dire,  en  liant  par  une  équation  de  condition  les 
paramètres  ou  coefficients  indéterminés  que  doit  com- 
prendre l'expression  mathématique  de  la  fonction  <p  ;  et 
plus  on  aura  introduit  dans  cette  expression  de  para- 
mètres arbitraires,  pourvu  qu'on  ait  un  nombre  égal  de 
points  donnés  sur  la  courbe  y"=zfxj  plus  les  courbes 
dont  les  ordonnées  sont  <p.r  et  fx  approcheront  de  la 
coïncidence,  dans  la  portion  de  leur  cours  que  l'on  con- 
sidère. 

De  là,  pour  le  dire  en  passant ,  la  difficulté  que  l'on 
éprouve  souvent  à  fixer,  par  le  contrôle  de  l'observation, 
la  valeur  de  certaines  formules  de  physique  mathémati- 
que :  car  si  l'on  donne,  pour  représenter  la  loi  d'un 
phénomène,  l'équation  ^  =  f  a: ,  dans  laquelle  la 
fonction  f  renferme  beaucoup  de  paramètres  arbi- 
traires, et  qu'on  détermine  ces  paramètres  par  la  con- 
dition de  satisfaire  à  des  observations  qui  donnent 
autant  de  systèmes  de  valeurs  correspondantes  pour  ac 
et  y  qu'il  y  a  de  paramètres ,  il  devient  probable  par 
cela  seul  que  des  systèmes  de  valeurs  intermédiaires 
satisferont  à  très-peu  près  à  la  même  équation,  bien  que 
la  véritable  loi  des  phénomènes  soit  exprimée  par  une 


D£  LA   TRAKSFORBIATION    DES   FONCTIONS.  37 

fonction /jr^  différente  de  (fx.  Si  donc,  à  l'expression 
analytique  dont  on  a  fait  choix  pour  la  fonction  f ,  se 
rattachait  rétablissement  d'une  théorie  physique,  cette 
théorie  ne  serait  pas  suffisamment  justifiée  par  l'accord 
(|oe  Ton  trouverait  entre  l'observation  et  le  calcul,  pour 
les  valeurs  intermédiaires  des  variables  x,  jr. 

S'il  y  avait  incompatibilité  entre  les  formes  des  fonc- 
tions/*  etfff  l'une,  par  exemple,  étant  périodique  et 
l'autre  constamment  croissante  ou  décroissante,  le  calcul 
ea  avertirait  eu  assignant  aux  paramètres  des  valeurs 
ioEnies,  ou  imaginaires,  ou  en  laissant  ces  valeurs  indé- 
terminées. 

22.  Ou  conçoit  qu'il  peut  être  utile  de  remplacer  de 
la  sorte,  non-seulement  des  fonctions  empiriques  qu'il 
serait  impossible  de  soumettre  autrement  au  calcul, 
mais  des  fonctions  transcendantes  ou  même  algébriques, 
l'une  expression  compliquée,  par  d'autres  fonctions 
d'une  forme  plus  simple,  ou  dont  la  forme  s'adapte 
mieux  à  la  nature  des  combinaisons  analytiques  dans 
lesquelles  elles  doivent  entrer.  C'est  ainsi,  pour  prendre 
la  comparaison  la  plus  élémentaire,  qu'on  remplace  une 
fraction  ordinaire  telle  que  y,  par  une  fraction  déci- 
male 0,6666....  dont  l'équivalence  n'est  qu'approchée,  à 
quelque  décimale  que  l'on  s'arrête ,  mais  dont  l'expres- 
^•on,  quoique  plus  compliquée  au  fond,  se  trouve  mieux 
appropriée  à  la  nature  des  opérations  de  notre*  arithmé- 
^^  décimale. 

Dans  ce  cas  encore  il  est  aisé  de  comprendre  que , 
lorsque  la  fonction  substituée  n'aura  pas  une  forme  in- 
'^mpaiible  avec  celle  de  la  fonction  proposée,  plus  il 
^trera  de  paramètres  arbitraires  dans  son  expression 
analytique ,  plus  on  pourra  rapprocher  les  deux  fonc- 


38  LIVRE  I.  CHAPITRE  II. 

lions  Tune  de  l'autre,  en  fixant  convenablement  les 
valeurs  de  ces  paramètres  arbitraires. 

Mais,  d'un  autre  coté,  on  ne  peut  multiplier  les  pa- 
ramètres sans  compliquer  la  fonction  substituée,  et 
perdre  de  plus  en  plus  les  avantages  attachés  à  la  subs- 
titution. Voici  l'artifice  imaginé  par  les  analystes  pour 
éluder  autant  que  possible  cette  difficulté. 

Il  consiste  à  substituer  à  la  fonction  proposée  une 
somme  de  fonctions  analytiques  de  même  forme,  et  qui 
diffèrent  les  unes  des  autres  par  les  valeurs  de  certains 
paramètres.  Ainsi,  au  lieu  de  poser,  par  exemple, 

jzzzAx*",  ouj^=Asinwx, 
pour  représenter  la  fonction  /=y!r  ,  on  posera 

^  =  Ao  +  A,  X  -+-  A,  X*  +  A3  x^  +  etc. , 
ou  bien 

j^  =  A,  sin  a;  +  A ,  sin  %x  4-  A3  sin  Zx  +  etc.  ; 
et  ces  suites  de  termes,  que  l'on  appelle  séries^  pour- 
ront être  considérées  comme  équivalentes  à  la  fonction 
proposée  fx ,  si ,  en  prenant  un  nombre  suffisant  de 
termes  de  la  série ,  à  compter  du  premier,  on  obtient 
des  valeurs  qui  diffèrent  d'aussi  peu  qu'on  veut  de  la 
valeur  y^.  Pour  cela  il  faut  concevoir  nécessairement 
la  série  prolongée  à  l'infini;  car  si  l'on  obtenait  la  va- 
leur exacte  de  fx  au  moyen  d'un  nombre  fini  de  ter- 
mes, on  «n'aurait  fait  que  développer  l'expression  ana- 
lytique de  fx;  on  ne  l'aurait  pas  transformée  en  série, 
dans  le  sens  qui  s'attache  à  cette  locution.  Ainsi ,  les 
équations  identiques 

5  5  I 

(  sin  .x-y  =  ô  sin  ^ 7,   sin  3a:  4-    -77  sin  5j 

^  o  10  ib 


>x, 


DE    LA    TRANSFORMATION    DES   FONCTIONS.  39 

u'iodiquent  pas  des  transformations  en  séries,  mais  de 
simples  développements. 

23.  Les  séries  les  plus  simples  sont  celles  qui  procè- 
dent suivant  les  puissances  entières  et  ascendantes  de 
la  variable.  Mercator  et  Newton  ont  été  conduits  à  des 
séries  de  cette  forme;  le  premier  en  appliquant  la  règle 
de  la  division  à  la  fonction  fractionnaire 


et  en  ordonnant  les  termes  successifs  du  quotient  sui- 
vant les  puissances  de  x;  le  second  en  appliquant  la 
rède  de  l'extraction  des  racines  à  la  fonction  irrationnelle 


</■ 


a  +  b  X  , 


et  en  ordonnant  de  même  les  termes  obtenus  successi- 
vement à  la  racine.  Bientôt  Newton  et  Leibnitz  trou- 
vèrent des  développements  de  même  nature  pour  les 
fonctions  transcendantes  alors  connues  ;  et  depuis  cette 
époque  la  transformation  des  fonctions  en  séries  a  été  • 
l'un  des  points  capitaux  de  l'analyse. 

Cette  transformation  s'opère  dans  deux  buts  qui  cor- 
respondent aux  deux  faces  sous  lesquelles  on  peut  en- 
visager tout  le  système  des  sciences  mathématiques. 
Tantôt  on  n'a  en  vue  que  de  démontrer  certaines  lois, 
certaines  relations  indépendantes  des  valeurs  numériques 
des  quantités  ,  et  pour  cela  on  met  les  fonctions  sous 
forme  de  séries  appropriées  à  la  démonstration  qu'il 
s'agit  de  donner  :  alors  peu  importe  le  nombre  de  termes 
qu'il  faut  prendre  dans  la  série  pour  obtenir  une  valeur 
suffisamment  approchée  de  la  fonction  que  la  série  rem- 
place; il  suffit  qu'on  puisse  concevoir,  dans  tous  les 
cas, la  série  assez  prolongée  pour  que  la  somme  des  ter- 


40  LIVRE    I.    —    CHAPITRE    If. 

mes  négligés  tombeau-dessous  de  toute  grandeur  donnée. 

Dans  d'autres  cas,  au  contraire,  on  veut  effective- 
ment calculer  des  valeur  numériques  au  moyen  des  sé- 
ries ,  et  alors  il  est  nécessaire  que  1  on  puisse  obtenir  une 
approximation  suffisante  sans  avoir  besoin  de  calculer 
un  trop  grand  nombre  de  termes  de  la  série,  ce  qui  con- 
duirait à  un  travail  pénible  et  quelquefois  impraticable. 

24.  On  appelle  séries  convergentes  celles  qui  satis- 
font à  la  condition  que  la  somme  de  leurs  termes  con- 
verge de  plus  en  plus  vers  une  valeur  limite,  à  mesure 
que  l'on  prend  un  plus  grand  nombre  de  termes  :  cette 
limite  se  nomme  aussi  la  somme  de  la  série.  Pour  que 
la  transformation  d'une  fonction  en  série  soit  légitime, 
il  faut  que  la  série  soit  convergente ,  et  qu'elle  ait  pour 
somme  précisément  la  fonction  transformée.  Récipro- 
quement, pour  qu'iine  série  d'un  nombre  infini  de  ter- 
mes dont  la  loi  est  donnée,  et  dans  lesquels  entre  ia  va- 
riable X,  soit  censée  déterminer  une  fonction  At  Xy  il 
faut  évidemment  que  cette  série  converge  vers  une  va- 
leur limite ,  ou  qu'elle  ait  une  somme  :  soit  que  cette 
somme  puisse  s'exprimer  en  fonction  de  x,  à  l'aide  des 
signes  algébriques  ou  transcendants  usités  (auquel  cas 
on  dit  que  la  série  a  été  exprimée  \fowj'  forme  finie)  y 
soit  que,  dans  le  cas  contraire,  on  ne  puisse  en  calcu- 
ler numériquement  la  valeur,  pour  chaque  valeur  nu- 
mérique de  .r,  que  d'une  manière  approchée,  à  l'aide 
de  la  série  même;  et,  dans  ce  cas,  la  fonction  exprimée 
en  série  constitue  une  transcendante  nouvelle,  non  ré- 
ductible aux  transcendantes  connues. 

Une  série  peut  n'être  pas  convergente  dès  ses  pre- 
miers termes  ;  il  suffit  quelle  finisse  par  converger 
(quelque  éloigné  que  soit  dans  la  série   le  terme  oîi  la 


DE   LA    TRANSFORMATIOir    DBS    FONCTIONS.  41 

convergence  commence)  pour  qu'on  doive  la  considérer  l 
comme  représentant  une   fonction  déterminée  qui  en 
est  la  somme ,  et  pour  qu'on  puisse  substituer  la  série 
à  la  fonction  dont  elle  dérive,  ou,  réciproquement,  la 
fonction  sommatoire  à  la  série ,  dans  toutes  les  combi-  i 
naisons  du  calcul  qui  n'ont  point  pour  objet  la  déter-  1 
mination   numérique  des  valeurs.  Mais   s'il  s'agit   de  ; 
calculs  numériques,  on  n'emploie  guère  que  des  séries  ; 
qui  convergent  avec  rapidité  dès  leurs  premiers  termes,  : 
du  moins  pour  les  valeurs  numériques  que  l'on  veut  as- 
signer aux  quantités  variables  qui  entrent  dans  les  sé- 
ries. Une  convergence  qui  ne  commencerait  qu'après 
un  grand  nombre   de   termes,  ou  qui  ne  procéderait 
(ju'avec  une  grande  lenteur,  serait ,  pour  un  tel  but , 
évidemment  illusoire. 

A  proprement  parler,  on  ne  devrait  appeler  diifer^ 
gentes  que  les  séries  pour  lesquelles  les  sommes  que 
ion  obtient,  en  prenant  successivement  un  nombre  de 
termes  de  plus  en  plus  grand,  vont  en  divergeant,  en 
ce  sens  que  la  différence  d'une  somme  à  la  suivante,  au 
lieu  de  tendre  de  plus  en  plus  vers  zéro,  prend  une  va- 
leur numérique  de  plus  en  plus  grande.  Telle  est  la  série 

I  -h  .r  +  .r*  -h  o:^  -4-  etc. , 
pour  les  valeurs  de  x  numériquement  plus  grandes  que 
ruuité.  Mais  on  est  dans  l'usage  d  appeler  divergente , 
pour  plus  de  simplicité ,  toute  série  qui  n'est  pas  con- 
vergente et  qui  n'a  pas  de  somme.  Ainsi,  l'on  dira  en- 
core que  la  série  ci-dessus  est  divergente  quand  on 
assigne  à  x  la  valeur  — i ,  auquel  cas  les  sommes  con- 
sécutives prennent  alternativement  les  valeurs  i  et  o. 

25.  Une  fonction /a:  étant  développée  en  série,  ap- 
pelons (p,  .r  la  valeur  numérique  de  la  différence  ou  du 


42  LIVRE  I.  CHAPITRE    II. 

reste  qu'on  obtient,  quand  on  retranche  de  f  x  la  somme 
des  n  premiers  termes  de  ia  série.  Si  la  série  est  con- 
vergente et  qu'elle  ait  pour  somme ^j::,  (p.  o:  convergera 
indéfiniment  vers  zéro  pour  des  valeurs  croissantes  de 
l'indice  riy  et  cette  quantité  pourra  être  rendue  aussi 
petite  que  Ton  voudra,  moyennant  qu'on  prendra  pour 
n  un  nombre  suffisamment  grand.  Au  contraire ,  si  la 
série  est  divergente,  ç„^  ira  en  croissant  avec  /ï,  ou  du 
moins  ne  décroîtra  pas  indéfiniment  pour  des  valeurs 
croissantes  de  n.  Mais  il  peut  arriver  encore,  et  il  arrive 
fréquemment  que  f^^x  aille  d'abord  en  décroissant,  au 
point  de  ne  conserver  qu'une  valeur  très-petite  et  né- 
gligeable pour  une  valeur  convenable  de  l'indice  n; 
puis,  que  pour  des  valeurs  plus  grandes  de  l'indice,  f^^pc 
commence  à  croître,  et  continue  ensuite  à  prendre  des 
valeurs  de  plus  en  plus  grandes.  C'est  le  cas  où  la  sé- 
rie, après  avoir  offert  d'abord  les  caractères  d'une  série 
convergente,  finit  par  devenir  divergente;  et  quelques 
auteurs  qualifient  de  semi-convergentes  les  séries  qui 
tombent  dans  cette  catégorie.  Il  est  clair  que  la  substi- 
tution d'une  telle  série  à  la  fonction  dont  elle  dérive 
sera  permise,  comme  moyen  d'approximation,  toutes  les 
fois  que  l'on  pourra  prouver  que  le  reste  ^^x  devient 
négligeable  pour  des  valeurs  convenablement  choisies 
de  /ï,  et  que  l'erreur  commise,  en  négligeant  ce  reste, 
n'entraîne,  dans  les  résultats  des  calculs  subséquents, 
que  des  erreurs  pareillement  négligeables  à  cause  de 
leur  petitesse. 

Dans  les  diverses  branches  des  mathématiques  appli- 
quées, il  s'en  faut  bien  que  l'on  procède  toujours  avec 
cette  rigueur  qui  restreindrait  singulièrement  les  res- 
sources tirées  de  l'emploi  des  séries.   Lors  même  que 


I>£     LA    TRANSFORMATION    DES    FONCTIONS.  43 

Ton  n'opère  que  sur  des  séries  dont  la  convergence 
est  démon trce,  il  n'est  pas  toujours  possible  d'assi- 
gner des  limites  à  l'erreur  que  l'on  commet  en  arrêtant 
la  série  à  un  terme  de  rang  quelconque.  Ce  sont  là  des 
imperfections  dans  la  solution  des  problèmes,  que  les 
efforts  réitérés  des  géomètres  ont  pour  but ,  et  quelque- 
fois pour  résultat  de  faire  disparaître,  autant  que  la 
complication  de  ces 'problèmes  le  comporte. 

26.  Une  série  dont  tous  les  termes  ont  le  même  si- 
gne, reste  convergente  ou  divergente  dans  quelque  ordre 
que  ses  termes  se  succèdent;  et  si  elle  est  convergente, 
la  somme  ou  la  valeur  limite  vers  laquelle  la  somme 
de  ses  termes  converge ,  reste  aussi  toujburs  la  même. 
Au  contraire,  une  série  dont  les  termes  successifs  se 
détruisent  en  partie  par  l'opposition  de  leurs  signes, 
peut  être  convergente  ou  divergeute,  selon  l'ordre  de 
succession  des  termes  ;  et  quand  elle  reste  convergente, 
la  somme  peut  varier  avec  l'ordre  des  termes. 
Lorsqu'une  série 

r  =  Jo  H-  jr.  -+-  ^.  +  etc. , 
est  entremêlée  de  ternies  positifs  et  négatifs,  et  qu'en 
les  prenant  tous  de  même  signe  on  forme  une  nouvelle 
série  convergente,  il  faut  que  la  série ^  soit  elle-même 
convergente.  En  effet ,  désignons  par  (f/  la  somme  des 
termes  positifs  contenus  dans  la  série ^,  à  partir  de/^, 
et  par  <p' ,, ,  la  somme  arithmétique  des  termes  négatifs , 
de  sorte  qu'on  ait 

?»  =/»  +  7»i+.  +  etc.  =  ç^  —  (p„"  . 
Dans  la  sérieforméedesmêmes  termes,  mais  tous  pris  avec 
le  même  signe,  par  exemple  avec  le  signe  positif,  on  aurait 

?»  =  ?n'  +  ?n"  ; 

et  puisque  cette  dernière  série  est  convergente,  il  faut 


44  LIVRE  I.  —   CHAPITRE   II. 

que  la  somme  ç,'  -\-  ç^"  tombe  au-dessous  de  toute  gran- 
deur donnée^  pour  une  valeur  convenable  de  Tindice  n  : 
donCj  à  fortiori f  la  différence  (fj  — 9/'  tombeau-dessous 
de  toute  grandeur  donnée,  ce  qui  établit  la  convergence 
de  la  série  ^. 

Une  série  est  convergente  lorsque  ses  termes,  à  par- 
tir d'un  certain  rang,  ont  des  signes  alternatifs ,  et  que 
leur  valeur  numérique  va  en  convergeant  indéfiniment 
vers  zéro.  Soit  en  effet 

on  pourra  écrire 

%  =Jn  —  fjn+i  —  rn+O—  (j^n+3  " .rn+4)— etC.  , 

de  manière  à  ce  que  tous  les  binômes  compris  entre 
parenthèses  soient  positifs.  On  aura  donc  9,  <J^n\  et 
puisque j",  peut  être  pris  aussi  petit  qu'on  veut,  il  en 
sera  de  même  de  9,,. 

Si  tous  les  termes  de  la  série jr,  à  partir  d'un  certain 
rang,  sont  de  même  signe,  cette  série  sera  conver- 
gente ou  divergente,  selon  que  le  rapport  -^^  conver- 

Xn 

géra  vers  une  limite  <  ou  >  que  1 ,  pour  des  valeurs 
croissantes  de  n . 

En  effet ,  désignons  par  a  un  nombre  compris  entre 
l'unité  et  la  limite  du  rapport  dont  il  s'agit  :  on  aura 
pour  a  <  I ,  et  pour  une  valeur  convenable  de  Tindice/i, 

jr«+x  <  ajr„  ,  /„+.  <  a  j„+, ,  jrn+3  <  a  j„+.  ,* 

et,  à  fortiori  y 

/n+a  <aV»iJn+3   <a5^„, 

Donc 

?»   <J'n  (  I  +a  +  a*  4-  a^  -h ), 

ou 


DE  LA   TRANSFORMATION   DES    FONCTIONS.  45 

donc  (fn  converge  indéfiniment  vers  zéro  ,  en  même 
temps  que  jr» . 
Dans  le  cas  de  a  >   i ,  on  aurait 

?«  >  rn  (  ï  +  «  +  a'  +  a'  + )  ; 

et  puisque  le  second  membre  de  Tinégalité  peut  évi- 
demment surpasser  toute  grandeur  donnée,  il  en  est  de 
même  de  (p„ . 

On  démontrerait  de  la  même  manière  que  la  série^  ^ 
dont  tous  les  termes,  à  partir  d'un  certain  rang,  sont 
supposés  de  même  signe,  est  convergente  ou  diver- 
gente, selon  que  la  racine 


</' 


converge  vers  une  limite  <  ou  >  que  i ,  pour  des  va- 
leurs croissantes  de  n^  j-^  désignant  la  valeur  arithmé- 
tique du  terme  du  rang  n  ('). 

27.  La  théorie  des  séries  forme  une  branche  de 
Tarithmétique  universelle  ou  de  l'algèbre,  non  moins 
importante  que  la  théorie  des  équations ,  et  qu'il  faut 
étudier  dans  les  mémoires  ou  traités  spéciaux.  Nous  ne 
l'envisageons  ici  que  dans  ses  points  de  contact  avec  la 
théorie  des  fonctions ,  et  nous  terminerons  par  les  ob- 
servations suivantes. 

De  toiême  que,  dans  le  cours  d'un  calcul  algébrique, 
on  opère  souvent  sur  des  quantités  imaginaires  pour 
arriver  plus  brièvement  à  des  relations  entre  des  quan- 
tités réelles,  après  que  les  signes  d'imaginarité  se  sont 
détruits  les  uns  les  autres ,  de  même  les  analystes  n*out 
fait  pendant  longtemps  aucune  difficulté  d'opérer  sur 
des  séries  divergentes  ,  de  manière  à  arriver  finalement 

(')  Voyez,  pour  plus  de  dëveloppement,  le  Cours  d'analyse  al- 
Çébnqae  de  M.  Cauchy,  l"  partie,  chap.  vi. 


46  LIVRE   J. CHAPITRE   II. 

à  des  séries  convergentes  ou  à  des  relations  entre  des 
quantités  exprimées  sous  forme  finie.  Mais  on  a  été 
amené  ensuite  à  reconnaître  que  ce  mode  de  procéder, 
fondé  seulement  sur  l'analogie  et  sur  un  sentiment  vague 
de  la  généralité  de  l'algèbre ,  peut  induire  en  erreur , 
et  on  ne  le  regarde  plus  comme  rigoureux. 

Soit  néanmoins  F  (.r,  a)  une  fonction  de  la  variable 
X  et  d'un  paramètre  arbitraire  a,  qui  se  trouve  expri- 
mée au  moyen  d'une  série  dont  le  terme  général  est 
^„(^,  a),  et  que  nous  désignerons  par  2.  v„(j;,a),  le 
signe  indiquant  une  somme  de  termes  en  nombre 
infini.  Supposons  que  cette  série  ne  cesse  d'être  con- 
vergente que  pour  certaines  valeurs  particulières  du 
paramètre  a,  par  exemple  poura  =  o  :  en  posant  oc  =  o 
dans  l'équation 

¥{x,  a)  =  2  .1ir„(^,a), 
on  lui  donnera  la  forme 

équation  inexacte,  ou  plutôt  qui  n'offre  aucun  sens  pré- 
cis, puisque,  par  hypothèse,  S  .  ^„(j;)  est  une  série 
divergente.  Il  peut  se  faire  toutefois  que  si  l'on  rem- 
place, dans  le  cours  de  certaines  opérations  de  calcul, 
la  fonction  F  (:i:,  a)  par  son  développement  en  série 
S.^nC-^i  «)>  on  arrive  à  des  résultats  indépendants  de  la 
valeur  du  paramètre  oc,  et  à  des  séries  convergentes  d'où 
oc  a  disparu.  Il  est  clair  que  l'emploi  immédiat  et  transi- 
toire de  la  série  divergente  2  .  ^j;„  (a;)  à  la  place  de 
/(.r),  dans  le  cours  des  mêmes  opérations,  conduira  à 
des  résultats  exacts. 


CHAPITRE  III. 


THEORIE  DES  FONCTIONS  DÉRIVÉES  ET  DES  SOLUTIONS 
DE  CONTINUITÉ  DES  DIVERS  ORDRES.  —  NOTIONS  SUR 
Ll  THÉORIE    DES    FLUXIONS. 

* 

28.  Étant  données  deux  fonctions 

OQ  peul  considérer  une  troisième  fonction  u  qui  dé- 
pende d'une  manière  quelconque  des  fonctions  /,  Y  [  i  o], 
Je  manière  qu'on  ait 

u=  (p(jr,  Y)=<p(/r,  Fx). 
Examinons  en  particulier  le  cas  où  l'on  poserait 

OU  bien 

r,r 

Pour  faire  tout  de  suite  l'hypothèse  la  plus  générale, 
OQpeut  admettre  que  les  fonctions^  F,  mathématiques 
ou  empiriques,  représentent  les  ordonnées  de  deux 
courbes  actuellement  tracées ,  et  par  le  moyen  desquelles 
il  faut  tracer  la  courbe  qui  a  pour  ordonnée  u.  Sur  la 
j^.  10,  MN,  PQ,  RS  sont  censées  être  les  courbes  qui 
Oflt  respectivement  pour  ordonnées  /,  Y  et  w. 

Lopération  ne  saurait  offrir  de  difficultés  tant  que 
les  ordonnées  /,  Y,  correspondantes  à  la  même  abscisse 
h  ont  des  valeurs  finies,  positives  ou  négatives,  diffé- 
•^tes  de  zéro.  Si  l'ordonnée^  devenait  nulle,   tandis 


48  LIVRE   r.  CHAPITRE  III. 

que  Y  conserverait  une  valeur  finie,  Fordonnéee/  serait 
nulle  aussi.  Ainsi,  sur  la  figure,  les  courbes  MN,  RS 
coupent  Taxe  des  abscisses  eii  un  même  point  A. 

Si  l'ordonnée  Y  s'évanouissait,  sans  que  jr  devînt 
nulle,  la  fonction  u  éprouverait  une  solution  de  con- 
tinuité en  passant  par  l'infini.  Menons  par  le  point  B 
où  la  courbe  PQ  coupe  l'axe  des  abscisses,  une  droite 
GK  parallèle  aux  ordonnées  :  cette  droite  sera  une 
asymptote  commune  aux  deux  branches  RS ,  R'S'  de  la 
courbe  qui  a  pour  ordonnée  u. 

Supposons  maintenant  qu'il  arrive  que  les  deux  fonc- 
ûoTïsfXy  ¥x  s'évanouissent  à  la  fois,  ou  que  les  deux 
courbes  MN,  PQ  {Jig.  ii),  coupent  en  un  même  point 
A  l'axe  des  abscisses  :  l'expression  de  u  se  présentera 
sous  la  forme  5,  qui  est  en  algèbre  le  symbole  de  l'in- 
détermination,  et  l'on  ne  pourra  pas  calculer  directe- 
ment l'ordonnée  AK  de  la  courbe  RS ,  correspondante 
à  l'abscisse  OA.  Cependant  la  courbe  RS  rencontre  né- 
cessairement la  droite  AKL,  menée  par  le  point  A  pa- 
rallèlement aux  ordonnées,  à  moins  que,  par  un  cas 
singulier  que  nous  pouvons  d'abord  écarter,  elle  n'ait 
cette  même  droite  pour  asymptote.  L'ordonnée  AKL 
a  donc  une  valeur  déterminée;  et  si  l'on  prend  sur  l'axe 
des  abscisses  des  points  a\  d\  de  plus  en  plus  voisins 
de  A ,  on  pourra  déterminer  sur  la  courbe  RS  des  points 
k ^  k"  de  plus  en  plus  rapprochés  de  K,  et  des  ordonnées 
a'  k\  a!'  k" ^  de  moins  en  moins  différentes  de  AR.  Ainsi 
l'on  conçoit ,  non-seulement  qu'il  existe  une  valeur  dé- 
terminée de  AK ,  mais  qu'on  peut  l'évaluer  avec  une 
approximation  indéfinie. 

En  pratique,  cette  approximation  serait  limitée  par 
l'imperfection  inhérente  aux  procédés  graphiques ,  si  les 


THÉORIE    DES    FONCTIONS    OERIviKS.  49 

fonctions  f^  F  n'étaient  données  que  par  le  tracé  des 
courbes  MN,  PQ,  et  à  plus  forte  raison  si  elles  n'é- 
taient données  que  par  des  tables  où  il  n'entre  qu'un 
nombre  limité  de  valeurs  de  la  variable  indépendante 
et  de  ses  fonctions;  mais  lorsqu'il  s'agit  de  fonctions 
mathématiques,  on  comprend  la  possibilité  de  détermi- 
ner i^r/m  la  limite  vers  laquelle  converge  le  rapport 

p-,  lorsque  les  deux  termes  du  rapport  convergent  in- 
définiment vers  zéro.  Nous  donnerons,  par  la  suite,  des 
méthodes  générales  pour  déterminer  cette  limite,  dont 
il  suffit,  quant  à  présent ,  de  concevoir  l'existence,  non- 
seulement  pour  des  fonctions  mathématiques,  mais  pour 
des  fonctions  continues  quelconques. 

Cette  limite  pourrait  avoir  pour  valeur  zéro,  aussi 
bien  que  toute  autre  valeur  numérique,  positive  ou  né- 
gative; en  d'autres  termes,  il  n'est  pas  impossible  que 
la  courbe  RS  coupe  précisément  l'axe  des  abscisses  au 
point  A  qui  est  le  point  commun  d'intersection  de  cet 
axe  et  des  deux  courbes  MN ,  PQ.  Nous  avons  déjà  ré- 
torqué que,  par  un  cas  également  exceptionnel,  la 
droite  AKL  pourrait  être  une  asymptote  de  la  courbe 
BS;  ce  qui  revient  à  dire  que  la  limite  en  question  au- 
rait pour  valeur  l'infini  positif  ou  négatif.  Il  n'en  doit 
résulter  aucune  restriction  dans  nos  énoncés,  car  on 
^t  habitué,  en  mathématiques,  à  regarder  zéro  et  l'in- 
hi  comme  des  valeurs  particulières  qui  peuvent,  aussi 
tien  que  toute  autre  ,  être  attribuées  à  des  quantités 
variables,  et  par  conséquent  aux  limites  vers  lesquelles 
ces  quantités  convergent. 

29.  Maintenant,  envisageons  plus  spécialement  le  cas 
oîi  Fon  ferait  f^ 

X 
T.   I.  A 


50  LIVRE  I.  CHAPÏTÉE   III. 

et  supposons  que  la  courbe  j-^^  passe  par  l'origine 
des  coordonnées,  de  manière  qu'on  ait  à  la  fois  j:=:o, 
fjc=.  o.  Soit  MN  cette  courbe  (  fig.  12),  et  menons  par 
le  point  O  la  tangente  Ot  :  la  tangente  trigonométrique 
de  l'angle  que  la  droite  OT  forme  avec  le  demi-axe  OX 
sera  précisément  la  limite  dont  nous  venons  de  recon- 
tiaitre  Texistence,  et  vers  laquelle  converge  le  rapport 

•— ^quand  x  eijx  prennent  des  valeurs  numériques  de 

.X 

plus  en  plus  petites.  En  effet,  la  tangente  à  une  courbe 
quelconque  est  la  droite  dont  la  courbe  s'écarte ,  dans 
le  voisinage  immédiat  du  point  de  contact,  moins  que 
de  toute  autre  droite  menée  par  le  même  point  :  ce  qui 
équivaut  à  dire  que  la  tangente  est  la  droite  dont  s'ap- 
proche indéfiniment,  dans  son  mouvement  de  rotation , 
une  sécante  menée  par  le  point  de  contact,  quand  le 
second  point  d'intersection  de  la  sécante  et  de  la  courbe 
se  rapproche  indéfiniment  du  premier;  puisque,  si  rap- 
proché que  le  point  m  soit  de  O,  on  pourra  assigner  un 
point  \L  compris  entre  m  et  O,  et  dont  la  distance  à  la 
sécante  Ont  sera  plus  grande  que  fa  distance  aux  sé- 
cantes qui  passent  par  le  point  O  et  par  des  points  de 
la  courbe  compris  entre  f?2  et  (t.  Donc,  la  propriété 
énoncée  dans  la  première  définition  ne  peut  appartenir 
à  aucune  des  sécantes,  et  appartient  à  la  droite  dont  les 
sécantes  se  rapprochent  indéfiniment,  par  le  rapproche- 
ment indéfini  des  points  m  etO. 

Or,  dans  un  système  de  coordonnées  rectangulaires, 

^      fx  mp 

X        X        O/? 
est  la  tangente  trigonométrique  de  l'angle  que  fait  avec 
l'axe  des  abscisses  la  sécante  Oa^,  menée  parle  point 


THioUlE   D2S   FONCTfONS   DÉRIVÉES.  51 

fx 

dont  Tabsclsse  Op=  x:  donc  la  limite  du  rapport  ^^^ — 

est  la  tangente  trîgonométrique  de  l'angle  TOX^  formé 
par  la  tangente  et  par  Taxe. 

Imaginons  à  présent  que  la  courbe  MN  (^^.  i3), 
dont  1  équation  est  toujours^  =:/i:,  se  trouve  située 
d'une  manière  quelconque  dans  le  plan  des  coordon- 
nées :  soient  m,  w,,  deux  points  de  cette  courbe  qui 
ont  respectivement  pour  abscisses  Op  =  x ,  0>p,  =  x^  : 

la  limite  vers  laquelle  convergera  le  rapport 

fx,—fx 

'~Z T"  ^ 

x^  — X 

quand  les  deux  termes  du  rapport  convergeront  simulta- 
nément vers  zéro,  sera^  d'après  ce  qui  précède,  la  va- 
leur de  la  tangente  trigonométrique  de  langle/nTX, 
que  la  droite  m  T,  tangente  à  la  courbe  en  m ,  forme 
avec  l'axe  des  abscisses,  du  coté  des  x  positifs.  Cette 
limite  variera,  en  général,  d'un  point  à  l'autre  de  la 
courbe  MN  :  ce  sera  une  fonction  de  x  qui  dérive  de 
la  fonction  fx ,  en  ce  sens  que  celle-ci  détermine  im- 
plicitement l'autre,  de  même  que  le  tracé  d'une  courbe 
détermine  la  direction  de  la  tangente  en  chaque  point. . 
Comme  ce  mode  de  dérivation  a  sans  comparaison  plus 
d'importance  que  tout  autre,  Lagrange  a  proposé  d'ap- 
peler simplement  la  fonction  dont  il  s'agit,  la  dérivée 
de  fxy  et  de  la  désigner  par  l'une  des  notations 

qui  rappellent  la  liaison  de  y'  avec  ^  ou  de^  avec  f. 

Concevons  que  l'on  ait  tracé  la  courbe  M'N'  {fig-  i4) 
dont  l'équation  en  j'  -ranf  x  ;  la  tangente  trigonomé- 
trique de  l'angle  que  la  tangente  menée  par  un  point 
de  cette  courbe  forme  avec  l'axe  des  x^  sera  une  autre 
fonction  de  Xy  qui  dérive  de  f[,  de  la  même  manière 

4. 


52  LIVRE  f.  —  CHAPITRE    UI. 

que  y  dérive  Aef.  On  l'appelle,  en  conséquence,  la  dé- 
riifée  du  second  ordre  ou  la  seconde  dérivée  àefx;  et, 
suivant  Fanalogie,  on  la  désigne  par  Tun  des  symboles 

On  formerait  de  même  des  dérivées  du  troisième ,  du 
quatrième,. ...  du  /i® ordre,  dont  les  relations  avec  la 
foïictiovi  primitwe  j  =zfx y  et  avec  toutes  les  dérivées 
intermédiaires,  seraient  très-simplement  exprimées  au 
moyen  des  notations 

y  " .  r  ^ /"^ 

r'x,  f-x,.. ...... j»x. 

30.  Quand  la  fonction  dérivée /'.r  est  positive,  ou 
quand  la  tangente  à  la  courbe  y  ^=^fa  forme  un  angle 
aigu  avec  l'axe  des  abscisses  Xy  du  coté  des  x  positifs , 
la  fonction  primitive^  est  évidemment, croissante  avec 
X  :  au  contraire,  la  fonction  j-  est  décroissante  pour 
des  valeurs  croissantes  de  x,  quand  les  valeurs  de  x 
rendent  y  .r  négative.  Nous  pouvons  donner  une  forme 
plus  simple  au  même  énoncé ,  en  disant  que  les  varia- 
tions de  jr  sont  de  même  signe  que  les  variations  de  jr 
ou  de  signe  contraire,  selon  que  la  dérivée  est  positive 
ou  négative;  et  alors  nous  considérerons  l'accroissement 
comme  une  variation  positive,  le  décroissement  comme 
une  variation  négative.  Plus  ordinairement,  les  analystes 
emploient  les  mots  ^accroissement  ou  ^incrément 
comme  synonymes  exacts  de  celui  de  variation;  et 
alors  il  est  sous-entendu  que  les  accroissements  ou  incré- 
ments peuvent  avoir  des  valeurs  positives  ou  négatives. 

Lorsque  /'a;  s'évanouit,, en  passant  du  positif  au  né- 
gatif,^ passe  par  une  valeur  maximum  [6];  et  au  con- 
traire, la  fonction  primitive,  passe  par  un  minimum, 
quand  la  fonction  dérivée  devient  nulle  en  passant  du 


th^ohiï:  i>bs  fonctions  i>:éRiv^Es.  53 

négatif  au  positif.  On  voit  déjà ,'  d'après  cet  énoncé, 
comment  la  détermination  des  valeurs  de  la  variable  in- 
dépendante qui  font  passer  une  fonction  par  un  m/ixU 
mumon  par  un  minimum^  se  ramène  à  la  détermination 
des  valeurs  qui  font  évanouir  sa  fonction  dérivée  :  ques- 
tion importante,  à  laquelle  on  donnera  plus  tard  les 
développements  convenables.  Lai  fonction  dérivée  pour- 
rait  changer  de  signe  en  passant ,  non  plus  par  zéro  ; 
mais  par  l'infini  ;  et  alors  on  aurait  ces  maxima  ou 
ïïàmrui  singuliers,  dont  il  à  aussi  été  question  dans  le 
numéro  cité. 

Non-seulement  le  signe  de  la  dérivée /'a:  iait  con- 
naître si  la  fonction /ir  éprouve  un  accroissement  ou  un 
décroissement  pour  des  valeurs  croissantes  de  ^r,  mais 
encore  la  valeur  absolue  de  f  x  mesure  la  rapidité  de 
l'accrdissement  ou  du  décroissement  Aefx.  Bien  que  le 
terme  de  rapidité  ne  s'applique,  dans  le  sens  propre, 
qu'au  phénomène  du  mouvement,  chacun  comprend 
l'acception  extensive  que  nous  lui  donnons  ici  ;  et  si  l'on 
disait,  par  exemple,  que  la  température  de  l'atmosphère 
wie  plus  rapidement  près  de  la  surface  de  la  terre  que 
dans  les  hautes  régions,  le  sens  de  cette  phrase  serait  clair 
pour  tout  le  monde,  quoique  ni  l'idée  de  mouvement,  ni 
celle  de  temps  n'entrent  daqs  la  notion  qu'il  s'agit  d'ex- 
primer. Au  reste,  \\  est  facile  de  définir  mathématiquement 
'idée que  l'on  se  fait  de  la  rapidité  avec  laquelle  une  fonc- 
tion varie.  D'abord,  si /'.r  était  une  quantité  constante^  ce 
qui  suppose  manifestement  que  fx  est  une  fonction  li- 
néaire de  la  forme  ojc  +  b,fx  varierait  uniformément 
avec  Xy  en  ce  sens  qu'à  des  variations  égales  de  x  cor- 
respondraient des  variations  égales  de  fx,  de  même  signe 
îue celles  de  x  ou  de  signe  contraire,,  selon  que  saurait 
'«signe  positif  ou  négatif.  Dans  ce  cas,  la  dérivée /'.r  n'é- 


54  LIVRE  I.  -^  CHAPITRE   III. 

taot  autre  chose  que  la  constante  a^  ou  que  la  tangente 
trigonométrique  de  l'angle  que  la  droite  y  1=.  ax  +6 
forme  avec  les  x  positifs ,  et  les  variations  de  fx  qui 
correspondent  à  des  variations  égales  de  x  se  trouvant 
proportionnelles  au  nombre  a,  ce  nombre  mesure  évi- 
demment la  rapidité  avec  laquelle /r  varie,  toujours 
par  coniparaison  avec  la  variable  x  qui  est  censée  va- 
rier d'une  manière  uniforme.  Ijorsque^=:/ir  cesse  de 
désigner  une  fonction  linéaire  ou  l'ordonnée  d'une  ligne 
droite,  à  des  variations  égales  de  x  cessent  de  correspond 
dre  des  variations  égales  de  y.  Cela  posé,  concevons  que 
l'on  prenne  sur  la  courbe  MN  {fig'  i5)  dont  l'équation 

estjK=/x',  des  points  w,  m,,  /w^,  m^, très- voisins 

les  uns  des  autres,  et  que  l'on  substitue  pour  un  mo* 
ment  à  la  courbe  MN  le  polygone  mm^  m,  m^ :  For- 
donnée  variera  avec  des  rapidités  inégales  d'un  côté  à 
l'autre  de  ce  polygone;  et  en  un  point  tel  que  /w,  on 
devra,  d'après  ce  qui  précède,  prendre  pour  mesure  de 
la  rapidité  de  la  variation ,  la  tangente  trigonométrique 
de  l'angle  m^  mx  que  la  sécante  mni^  fait  avec  l'axe  des 
abscisses  ou  avec  une  parallèle  à  cet  axe,  du  côté  des 
abscisses  positives.  Or,  la  courbe  MN  est  la  limite  dont 
s'approche  indéfiniment  la  ligne  polygonale ,  quand  les 
points  ....m,  m,,  /72,,  m,,....  sont  pris  de  plus  en  plus 
voisins  :  donc  la  dérivée  f'x  ou  tang  TmXy  qui  est  la 
limite  dont  s'approche  indéfiniment  tang  mjnx,  mesure 
la  rapidité  de  la  variation  de  l'ordonnée  fx  correspon- 
dant à  l'abscisse  Xy  toujours,  bien  entendu,  par  compa- 
raison avec.r,  qui  est  censé  varier  partout  uniformément. 
Prenons,  pour  plus  de  simplicité,  l'origine  arbitraire 
de  la  grandeur^,  de  manière  que  j  reste  positif  dans 
toute  la  portion  de  la  courbe  y"=^fx  que  l'on  veut 


THJÉORIE    DKS   ^OHCTIOITS   DRIVÉES.  55 

considérer.  Cette  courbe  MN  tournera  sa  convexité  {fig, 
i6)  ou  sa  concavité  (^^.  l'y)  vçrs  l'axe  des  abscisses, 
selon  que  la  fonctionna: ira  en  croissant  ou  en  décroissant, 
ouseloii  quey'x  prendra  une  valeur  positive  ou  négative. 
Il  y  aura  inversion  dans  le  sens  de  la  courbure  ou  ifi'- 
flexion  dans  la  courbe  {Jig.  i8),  lorsque /"^  changera 
désigne;  et  dans  ce  cas  la  première  dérivéey^.r  passera 
en  général  par  un  maximum  ou  par  un  minimum. 
Ainsi,  sur  la  figure,  l'angle  que  la  tangente  mï  forme 
avec  l'axe  des  abscisses,  du  coté  des  x  positifs,  après 
avoir  été  en  croissant  de  M  en  m  ^  point  où  la  courbe 
MN  subit  une  inflexion,  va  en  décroissant  de  m  en  N. 
31.  Lorsque  l'on  donne  la  fonction  dérivée  y'  x^  on 
ne  détermine  pas  complètement  par  cela  seul  la  fonction 
primitive  fx^  de  la  même  manière  qu'on  détermine  la 
première  dérivée ,  et  par  suite  les  dérivées  de  tous  les 
ordres,  en  donnant  la  fonction  primitive.  Effectivement, 
si  l'on  conçoit  que  la  courbe  MN  (/?^.  19),  dont  l'é- 
([ualion  est^rzz/jc,  soit  successivement  transportée  en 
M,N,,M,  N, ,  etc.,  de  façon  que  toutes  les  ordonnées 
de  la  première  courbe  se  trouvent  augmentées  d'une 
longueur  constante,  les  tangentes  m  T,  m^  T,,  m^  T,, 
<!(c.,  seront  parallèles;  et,  par  conséquent,  la  déri- 
vée y==/\r  sera  commune  à  toutes  les  courbes  qui  ont 
pour  équation jK=:ya:  +  C ,  C  désignant  une  constante 
quelconque,  que  l'on  appelle  pour  cette  raison  coas- 
se arbitraire.  Soit  donc  /  une  fonction  inconnue 
de  x,  qui  doit  avoir  pour  première  dérivée  une  fonc- 
tion connue  y  z^izj'x y  et ,  soit/ .r  une  fonction  qui  a 
pour  dérivée  f'x  :  on  posera 

J-  —/^  +  C  , 
et  il  faudra  déterminer  1^  constante  arbitraire  G  par 


56  LIVBE  I.  CHAPITRE   III. 

une  autre  condition;  au  moyen,  par  exemple,  de  la 
condition  que  la  courbe  MN  passe  par  un  point  donné 
{^o9/o)j  OU  que  la  fonction  prenne  une  valeur jKo  pour 
une  valeur  donnée  de  x  désignée  par  jc^.  Il  résulte 
en  effet  de  cette  condition 

et  par  suite 

équation  d'où  la  constante  arbitraire  C  se  trouve  élimi- 
née, el  où  il  n'entre  que  des  quantités  connues. 

32.  Une  fonction  périodique  a  pour  ses  dérivées  de 
tous  les  ordres  des  fonctions  périodiques.  Une  fonction 
paire  a  pour  sa  première  dérivée  et  pour  toutes  ses  déri- 
vées d'ordre  impair  des  fonctions  impaires,  tandis  que 
sa  seconde  dérivée  et  toutes  ses  dérivées  d'ordre  pair 
sonbdes  fonctions  paires.  L'inverse  a  lieu  pour  les  fonc- 
tions primitives  impaires.  La  vérité  de  ces  diverses  pro- 
positions ressort  de  la  simple  intuition  des  courbes ,  et 
elles  s'appliquent  à  dés  fonctions  quelconques ,  mathé- 
matiques ou  empiriques. 

33.  De  même  que  nous  avons  défini  géométrique- 
ment le  passage  de  la  fonction  primitive  à  sa  dérivée , 
nous  pouvons  donner  une  signification  géométrique  à 
l'opération  par  laquelle  on  remonte  d'une  équation  dé- 
rivée à  sa  fonction  primitive.  Soit  en  effet  ]Vf  N'  {^fig^  20) 
la  courbe  qui  a  pour  équation 

et  proposons^nous  d'évaluer  l'aire  trapézoïdale  comprise 
entre  l'axe  des  abscisses ,  la  courbe  M'  N'  et  deux  or- 
données m^poiTnp  ^  dont  l'une  correspond  à  l'abscisse 
déterminée  0/?o=  ^o,  et  l'autre  à  l'abscisse  variable  Op 
=z  X.  Cette  aire  est  une  fonction  de  la  variable  x  que 


THJÉORIIS    DES   FONCTIOIYS   DERIVEES.  57 

Doas  désignerons  provisoirement  par  9  x.  Si  x  augmente 
et  prend  la  valeur  0/?,=a:,,  Taire  augmente  du  trapèze 
curviligne mpp^  m^ ,  et  Ion  a 

car,  —  f^x 2Î\remp p^  m^  ^ 

x^—x  pp^ 

en  sorte  que  la  dérivée  de  la  fonction  f  est  la  limite 
vers  laquelle  converge  le  rapport  du  trapèze  curviligne 
m  pp^m^h  son  côté/y?,,  quand /y?,  converge  indéfiniment 
vers  zéro.  Mais  l'aire  de  ce  trapèze  est  comprise  entre 
celle  du  rectangle  mpp^  n^  et  celle  du  rectangle /7/i  /w,/>,; 
et  le  rapport  des  aires  de  ces  deux  rectangles ,  qui  est 
mp 
rn,  p^  ' 
converge  indéfiniment  vers  l'unité,  quand  pp^  converge 
indéfiniment  vers  zéro.  Donc  aussi  le  rapport  de  l'aire 
d'un  de  ces  rectangles  à  celle  du  trapèze  intermédiaire 
converge  indéfiniment  vers  l'unité ,  et  Ton  peut  écrire 

,.     aire  mpp^  m^        mp  x  ppr  ^ 

hm. tJ. =  — :£ £-i__-.;^p--  f  j^^ 

PP]         ^  ,      ^  PPr  ,    , 
Donc  la  fonction  désignée  provisoirement  par  ç  x  sa- 

tisfeit  à  la  condition  d'avoir  f  x  pour  dérivée  :  donc 
c'est  une  des  fonctions  primitives  de  fx  comprises  dans 
la  formule /r+C ,  C  désignant  une  constante  arbitraire; 
et  comme  elle  doit  s'évanouir  quand  on  y  fait  x=.ro , 
puisque  l'on  mesiu'e  les  aires  à  partir  de  l'ordonnée  fixe 
/«o/'o,  il  s'ensuit  que  cette  fonction  est  complètement 
déterminée,  et  égale  à  fx — -fx^. 

Pour  cette  raison  on  donne  communément  le  nom 
de  quadrature  à  toute  opération  par  laquelle  on  déter- 
mine une  fonction,  en  l'assujettissant  à  la  double  con- 
dition d'avoir  pour  dérivée  une  fonction  donnée,  et  de 
prendre  une  valeur  numérique  déterminée,  pour  une 
valeur  particulière  de  la  variable  dont  elle  dépend. 


58  LIVRE  I.  -^  cmA.piTa^  nu 

Si  l'on  divi3e  en  n  parties  égales  VinleryàU^poP  {fig-  ^0» 
et  qu'on  mène  les  ordonnées  équidistante^  ^,P,'»  '^nPtP 
etc.,  on  a,  en  désignant  par  a>,  «d^,  les  aires  des  rec-f 
tangles/?o/?,/w,/'o, /?,/>,, //^"^,, et  par  e  l'intervalle 

PoP 

constant /^o  27  =:^--i-, 

m^p^  +rn^^p^^  -¥  etc. a> +  <»«»/  -H  etc.  . 

o'est-à-dire  que  la  moyenne  arithmétique  des  ordonnées 
m^p^^  m^^p,^^  etc.,  égale  la  somme  des  aires  w,,  w,  etc., 
.divisée  par  la  \\^nepoP=x — Xo.  Mais ,  quand  le  nombre 
n  devient  de  plus  en  plus  grand,  l'intervalle  8  décrois- 
sant en  raison  inverse,  afin  que  le  produit  /2  6  reste  cons- 
tant, la  somme  des  aires  o,  c»^,  etc.,  converge  indéfini- 
ment vers  une  limite  qui  est  l'aire  trapézoïdale mo/'o/'^Tii^ 
Donc  le  rapport  de  cette  aire  à  l'intervalle /^o/' 9  ou  bien 
le  rapport 

Jx—fx, 

X  — — ■  .ZTq 

exprime  Id  moyenne  de  toutes  les  valeurs ,  en  nombre 
infini,  que  prend  la  fonction  dérivée /^j:,  pour  les  valeurs, 
aussi  en  nombre  infini,  de  la  variable  indépendante,  com<- 
prises  entre  Xo  et  x. 

Pour  la  généralité  de  cette  règle,  et  de  toutes  celles 
qui  se  rattachent  à  la  théorie  des  quadratures ,  il  faut 
considiérer  comme  négatives  les  aii«s  telles  que  qs^q\ 
limitées  par  des  ordonnées  négatives. 

34.  On  conclut  facilement  de  ce  qui  précède,  qu«  ù 
une  fonction  /  était-  donnée  par  la  condition  d'avoir 
pour  dérivée  du  n^  ordre  une  fonction  connue 


THiOBIE    DES   FONCTIONS   D^ftlviES.  59 

il  fiiudraii  en  outre,  pour  déterminer  complëtement  Xf 
assigner  explicitement  ou  implicitement  les  valeurs 


(n-i) 


> 


que  prennent  les  fonctions 

pour  une  valeur  déterminée  de  Xy  telle  que  Xp.  Soit  en 
effet  M^"^N^"^  (/f^.  aa)  la  courbe  donnée  par  l'équa- 
tion (^n)*  '^  tracé  de  cette  courbe  détermine  en  fonc- 
tion de  Fabscisse  variable  0/>=x  l'aire  trapézoïdale 
m^p.  pm ,  et  détermine  par  conséquent  la  courbe  dont 
l'équation  est 

pourvu  qu'on  assigne  /^'^'^oTo,  ou  la  valeur  de^"~'^ 
correspondant  à  or  =:  Xp.  La  courbe  (a,^,)  étant  tracée 
détermine  par  la  même  raison  celle  qui  a  pour  ordonnée 

pourvu  qu'on  assigne  l'ordonnéey^""*^  Xp ,  et  ainsi  de 
suite. 

35.  On  a  supposé  tacitement  dans  ce  qui  précède^  que 
l'ordonnée  y.r  ne  devient  point  infinie  entre  les  limites 
de  la  quadrature.  Il  pourrait  se  faire  néanmoins  que  les 
raisonnements  et  les  constructions  fussent  encore  apptt- 
cablesy  même  lorsque  la  fonction /'or  prendrait  entre  les 
limites  de  la  quadrature  une  valeur  infinie.  Soit  en  effet 

l'équation  d'une  courbe  MBN  (fig.  u3)  qui  a  un  re- 
broussement  en  R  [6] ,  l'ordonnée  PB  étant  tangente  auB: 
deux  arcs  MR ,  RN  :  la  courbe  M'N' ,  dont  l'ordonnée 
est  la  dérivée /'a:,  aura  pour  asymptote  la  droite  FR' 
menée  parallèlement  à  OY'  par  le  point  P'  dont  l'abscisse 
OP=£)P.  Dans  ce  cas,  il  résulte  de  la  définition  même 
delà  courbe  M^N^,  que  l'aire  comprise  entre  une  ordon- 
née fixe  mlopo  7  l'asymptote  P'R',  l'axe  des  x  et  la  courbe 


60  LIVRE  1.  CHAPITRE  ÎH. 

M',  a  une  valeur  finie  ,  numériquement  égale  à  la  diffé- 
rence des  ordonnées  PR,/?t/Wo'  En  d'autres  termes,  il  i 
arrive  en  pareil  cas  que  Taire  trapézoïdale  m!^p\p'm  \ 
converge  vers  la  valeur  finie  PR — m^p^ ,  quand  le  point 
p'  se  rapproche  de  plus  en  plus  du  point  F'.  Alors  rien 
ne  s'oppose  à  ce  que  l'ordonnée  de  la  courbe  MRN  soit 
censée  déterminée  par  une  quadrature ,  au  delà  comme 
en  deçà  de  l'ordonnée  PR.  La  même  observation  s'ap- 
plique à  la  courbe  MRN  (Jig.  a4),  qui  est  touchée  au 
point  R  par  l'ordonnée  PR,  et  qui  subit  une  inflexion 
en  ce  point. 

Au  contraire,  si  l'aire  limitée  d'une  part  par  lordon- 
uée  /7i'o/?'o  {fig^  ^3),  de  l'autre  par  l'asymptote  P'R',  était 
infinie,  ou  si  l'aire  trapézoïdale  /n'o/^'o/^'^^' convergeait 
vers  l'infini,  quand  le  point/?'  se  rapproche  de  plus  en 
plus  du  point  P,  l'ordonnée  PR  serait  aussi  une  asymp- 
tote de  la  courbe  M  qui  éprouverait  une  solution  de  con- 
tinuité; et  l'on  ne  pourrait  plus  passer,  par  la  continua- 
tion de  la  même  quadrature,  de  la  branche  M  à  la 
branche  N. 

Nous  conclurons  de  ces  remarques  que,  quand  une 
fonction  éprouve  une  solution  de  continuité  en  passant 
par  l'infini,  sa  première  dérivée,  et  par  suite  ses  déri- 
vées ultérieures  de  tous  les  ordres ,  éprouvent  la  même 
solution  de  continuité  ;  mais  que  l'inverse  n'a  pas  géné- 
ralement lieu,  une  fonction  pouvant  devenir  infinie  sans 
que  la  fonction  primitive  dont  elle  dérive  devienne  infi- 
nie ,  pour  la  même  valeur  de  la  variable  indépendante. 

36.  Une  fonction  quelconque  y=fx  étant  représen- 
tée par  l'ordonnée  de  là  courbe  MRN  {fig-  a5),  cette 
courbe  peut  être  continue  (  en  ce  sens  que  l'ordonnée 
reste  finie ,  sans  passer  brusquement  d'une  valeur  finie 
à  une  autre  ),  et  offrir  au  point  R  ce  que  dans  les  arts 


THÉORIE    DES   FONCTIONS    DÉRIVÉES.  61 

graphiques  on  appelle  un yarre^;  c'est-à-dire  que  la  tan- 
gente, après  avoir  varié  d'inclinaison  d'une  manière 
continue  de  M  en  R ,  passe  brusquement  de  la  direction 
FRT  à  la  direction  SRS',  pour  varier  ensuite  d'incli- 
naison ,  sans  discontinuité ,  de  K  en  N.  Nous  dirons 
qu'en  pareil  cas  la  ligne  MRN  a  un  point  saillant  en  R» 
La  courbe  dont  l'ordonnée  est  la  fonction  dérivée ^z= 
/réprouve  une  rupture,  et  cette  fonction  dérivée  elle- 
même  subit  une  solution  de  continuité  résultant  du  pas** 
sage  brusque  d'une  valeur  finie  à  une  autre,  pour  la 
valeur  de  ûc  qui  est  l'abscisse  du  point  saillant  de  la 
courbe  j^=/i:.  Les  dérivées  de  /r,  des  ordres  supérieurs  , 
éprouvent  toutes  en  général,  pour  la  même  valeur  de  .r, 
la  solution  de  continuité  qui  consiste  dans  le  passage 
brusque  d'une  valeur  finie  à  une  autre. 

Dans  ce  cas,  aussi  bien  que  dans  celui  o\\  f*x  devient 
infinie,  fx  restant  finie,  nous  dirons  que  la  fonction 
fx^  et  toutes  les  dérivées  subséquentes,  éprouvent  une 
solution  de  continuité  du  premier  ordre  ^  et  que  la  fonc- 
tion primitive  /r  éprouve  une  solution  de  continuité  du 
second  ordre. 

La  fonction^^  pourrait  elle-même  n'éprouver  qu'une 
solution  de  continuité  du  second  ordre;  celle  de  la  se- 
conde dérivée /"x  et  des  dérivées  subséquentes  étant  du 
premier  ordre  ;  et  alors  nous  dirions  que  la  fonction 
primitive  fx  subit  une  solution  de  continuité  du  troU 
sième  ordre.  En  général,  on  dira  qu'une  fonction  éprouve 
une  solution  de  continuité  du  n""  ordre,  lorsque  sa  dé- 
rivée, du  {n — i)®  ordre,  et,  par  suite,  les  dérivées 
d'ordres  plus  élevés,  éprouvent  une  solution  de  conti- 
nuité du  premier  ordre,  résultant,  soit  du  passage  de 
ces  fonctions  par  l'infini,  soit  de  leur  passage  brusque 
d'une  valeur  finie  à  une  autre. 


63  LiVaE   I.  —  CHAPITRE    III. 

37.  La  distinctiou  des  solutions  de  continuité  des  di- 
vers ordres,  telle  qu'on  vient  de  l'établir,  est  d'une  grande 
importance  dans  la  théorie  des  fonctions,  soit  qu'on 
l'applique  à  l'algèbre,  à  la  géométrie  ou  aux  questions  de 
physique  mathématique.  Jusqu'à  ces  derniers  temps, 
les  analystes  entendaient ,  et  l'on  entend  communément 
encore  par  fonctions  discontinues  celles  qui  s'expriment, 
dans  diverses  portions  de  leurxours^  par  des  formules 
algébriques  différentes.  Effectivement,  il  sera  prouvé 
plus  loin  que  toute  fonction^  égale  à  la  fonction  algé- 
brique/'.r^  pour  les  valeurs  de  ^  plus  petites  que  x  , 
et  à  la  fonction  également  algébrique  f^x,  pour  les 
valeurs  de  x  plus  grandes  que  Xo^  éprouve,  pour 
l'abscisse  .r=Xo,  une  solution  de  continuité  d'un  ordre 
déterminé  ;  ou  que  ces  .fonctions,  à  moins  d'être  identi- 
ques, ne  peuvent  satisfaire  à  la  série  d'équations 

/ro=/^o,/^o=/.^o,/'^o=.A^o,  etc. 
prolongée  à  l'infini  ;  en  sorte  que  si  la  dernière   des 
équations  de  cette  série  à  laquelle  on  peut  satisfaire,  est 

la  fonction^  éprouvera,  pour  l'abscisse  x^^  une  solution 
de  continuité  de  l'ordre  /i  +  2. 

Cette  proposition  cesserait  d'être  exacte  si  les  fonc- 
tions yj  fi  n'étaient  pas  des  fonctions  algébriques,  expli- 
cites ou  implicites.  Nous  verrons,  en  effet,  sur  des  exem- 
ples, qu'une  fonction  peut  recevoir  dans  diverses  portions 
de  son  cours,  des  expressions  transcendantes  de  formes 
essentiellement  différentes,  sans  qu'il  y  ait  de  solution 
de  continuité  d'un  ordre  quelconque,  correspondant  au 
passage  d'une  forme  à  l'autre. 

Nous  verrons  aussi  qu'une  même  expression  transcen- 
dante peut  équivaloir  à  une  certaine  fonction  algébrique 
fx  pour  les  valeurs  de  .r  <  ^o  >  et  à  une  autre  fonction 


THéORIfi   0B8    FOirCTIOirâ    tfÉklVÉES.  63 

algébrique y^x,  distinq^te  de  la  première,  pour  lés  va^ 
leurs  de  JT  >  a?^.  Ainsi  une  série  convergente,  qui  est  une 
expression  transcendante,  peut  avoir  successivement  pour 
somme  les  fonctions  algébriques  distinctes  y.t:  et  f^x. 

Dans  toiis  les  cas ,  leâ  caractères  essentiels  des  solu* 
tions  de  continuité  sont  ceux  que  nous  avons  donnés 
dans  le  numéro  précédent,  sans  égard  à  la  circonstance 
accessoire  que  la  fonction  puisse  ou  non  s'exprimer  ma* 
thématiquement ,  sous  forme  algébrique  ou  transcen» 
dante,  dans  la  totalité  ou  dans  une  portion  de  son 
cours. 

38.  Nous  avons  dit  [4]  que  les  fonctions  qui  repré- 
sentent des  grandeurs  physiques  et  mesurables  ne  peu^ 
nent  devenir  infinies,  mais  qu'il  y  en  a  parmi  elles  qui 
sont  susceptibles  d'éprouver  J[es  solutions  de^.cpntinuité 
coosrstaht  dans  œ^passage  brusque  d'une  valeur  finie  à 
une  autre,  au  moins  sous  le  point  de  vue  où  nous  nous 
trouvoDs  placés  pour  observer  les  phénomènes  matériels 
et  pour  les  soumettre  au  calcul.  Ceci  se  rattache  aux  no*^ 
tiens  sur  les  limites  et  sur  les  fonctions  dérivées  qui 
font  l'objet  du  présent  chapitre.  Admettons ,  pour  fixer 
les  idéeS)  que  ^  désigne  la  densité  d'un  cylindre  ABGD 
[fig.  26),  supposée  la  même  dans  toute  l'étendue  d'une 
section  perpendiculaire  à  l'axe  OX ,  et  variable  d'une 
section  à  l'autre.  La  distance  Op  de  la  base  du  cylindre 
à  la  section  mn^  pour  laquelle  la  densité  a  la  valeur^, 
étant  représentée  par  Xyj-  deviendra  une  fonction  dex; 
mais  comme  la  notion  de  densité  n'est  pas  applicable 
en  soi  à  une  surface  mathématique,  il  faudra,  pour  dé- 
finir rigoureusement  la  grandeur^,  imaginer  un  plan 
^t  fil  parallèle  à  mn,  et  qui  peut  s'en  rapprocher  indé- 
finiment, tandis  que  mn  reste  fixe.  La  masse  de  la  tranche 
^n,  rtin,  divisée  par  son  volume,  donnera  un  quotient 


.A  y 


64  LIVRE  1.  GHA.PITRE    III. 

variable  avec  la  distance  ppx  =  x,  —  x.  Ce  quotient 
convergera  vers  une  certaine  limite  quand  x^  —  x 
convergera  indéfiniment  vers  zéro;  et  la  limite  du 
quotient  sera  précisément  la  fonction  de  x  que  nous 
pi'enons  pour  mesure  de  la  densité  du  cylindre  dans 
rétendue  de  la  section  /n/i.  On  appliquerait  ce  que  nous 
venons  de  dire  au  sujet  de  la  mesure  de  la  densité ,  à  la 
mesure  de  la  température  et  généralement  de  toutes  les 
grandeurs  qui  ne  peuvent  être  conçues  qu'à  la  faveur  de 
cette  explication  comme  des  fonctions  des  coordonnées 
d'un  point,  d'une  ligne  ou  d'une  surface  mathématiques. 

En  général^  la  limite  qui  mesure  la  fonction  y  ne 
changera  pas,  soit  qu'on  mène  le  plan  rrixTix  en  avant 
ou  en  arrière  du  plan  mn  ;  mais,  pour  certaines  valeurs 
particulières  de  x^  la  limite  pourra  être  différente  dans 
les  deux  cas;  et  alors,  la  fonction  j*  éprouvera  la  solu- 
tion de  continuité  de  premier  ordre  qui  consiste  dans  le 
passage  brusque  d'une  valeur  finie  à  une  autre.  Elle 
pourrait  aussi  éprouver  une  solution  de  continuité  du 
second,  du  troisième  ordre,  et  ainsi  à  l'infini. 

Si  l'on  détermine  la  fonction  y  en  menant  deux  plans 
parallèles  mji^ ,  mV,  l'un  en  avant,  l'autre  en  arrière 
du  plan  mriy  et  en  cherchant  la  limite  vers  laquelle 
converge  le  rapport  de  la  masse  mxrixm'ri  à  son  volume 
quand  les  deux  plans  mjixj  niri  se  rapprochent  indéfi- 
niment de  miiy  en  général  la  fonction  y  sera  encore  la 
même  ;  mais,  pour  la  valeur  de  x  qui  fait  éprouver  à  la 
fonction  une  solution  de  continuité  du  premier  ordre , 
la  valeur  de  la  limite,  calculée  dans  la  seconde  hypo- 
thèse ,  sera  la  demi-somme  des  deux  valeurs  distinctes 
correspondant  à  cette  valeur  de  x^  dans  la  première 
hypothèse. 


THEORIE    DES    FONCTIONS    oiRIYEES.  65 

39.  Supposons  qu'on  ait  identiquement 

fx  =  ç  j:  -f-  \x  -f-  ^^30  4-  etc. , 

OQ  aura  aussi ,  quelles  que  soient  les  abscisses  x^^l  x  ^ 

fx.—fx ça:,  —  ffx       ifX^ — i(X      xix^ — xAx 

— -  *Hp     ^  "i  "        "T*  etc»  \ 

et  par  conséquent ,  en  faisant  converger  la  différence 
r,  —  :r  vers  zéro  ,  et  prenant  les  limites  de  tous  les 
rapports , 

f  X  tzzff  X  +  if'  X  -{^  xi'  X  +  etc. 
Donc  la  dérivée  d'une  somme  (algébrique)  de  fonctions 
esl la  somme  (algébrique)  de  leurs  fonctions  dérivées* 

La  dérivée  du  produit  de  deux  fonctions  est  la  somme 
des  produits  qu'on  obtient  en  multipliant  chacune  des 
fonctions  par  la  dérivée  de  l'autre.  Soit^  en  effet, 

fxt±  <fx  .  fr; 
ooaura  identiquement 

^^.ifx^  —  (fX.  i(X^=>  (çXx  —  f^)i(X  +  {i/X^-^i(X)ffX 
4-  (?^.  — çx)  {ifx,  —  i(X)  , 

QOÙ 

fx.—fa^      (fx^—(jfx  i/x^  —  ifx 

-^^—  = ^— •  ijx  -f- "-^  :  9X 

Si  Ion  fait  maintenant  converger  x^  —  x  vers  zéro  et 
(|u  on  passe  aux  limites ,  il  viendra 

f  X'=-  (^'x .  i(X  +  i(X .  (fX  ;       {b) 
car,  dans  l'hypothèse  où  <fx  et  '^x  n'éprouvent  pas  de! 
solution  de  continuité  du  premier  ou  du  second  ordre , 
'e  facteur  ^x,  —  ^x  converge  vers  zéro  en  même  temps 
l^e  t,  ^  a: ,  et  le  facteur 

<fXt  —  <fX 

.r,  —  X 

T.  I.  5 


66  LIVRE  ï.  CHAPITRE   III. 

convergeant  vers  la  limite  finie  (f'x ,  le  terme 

a  pour  limite  zéro. 

On  peut  mettre  l'équation  (b)  sous  la  forme  plus 
symétrique 

fx         ç.r         ^x  ' 

et  il  est  aisé  d'en  conclure  que  si  l'on  avait 

fx:n<fx  .  ^x  .  xix , 

la  dérivée/"'  serait  donnée  par  la  formule 

fx       (DX        ^'x       xS!x 

V-  =  ^  +  T-  +  "7-  +  etc. 

Jx       (^x       ^x        tir 

Inversement,  si  nous  posons 

^^  —  ^'x  '  ^^  ^"^  —^^  •  ^^' 
on  tirera  de  la  règle  précédente 

<f'x  ^^x        \'x 
^x       jx  i(X  ' 

et  par  suite,  en  remettant  pour/r  sa  valeur, 

•^^= {}[^- W 

La  constante  a  peut  être  regardée  comme  une  fonc- 
tion dont  la  dérivée  est  nulle  :  si  donc  on  pose  succes- 
sivement 

yz=ia  4-  fifx,jr—a  .  i^x^jr  —  —  , 
on  aura ,  en  vertu  des  règles  précédemment  démontrées, 

Toutes  les   fonctions  qui  ne  différent  que  par  l'addi- 
tion d'une   constante  arbitraire  a  ont  donc  la  même 


THEORIE    DES    EOBTCTfONS    DÉRIVÉES.  67 

dérivée,   principe    fondamental    et    déjà   établi   [3i]. 
40.  Supposons  que  l'on  ait  à  la  fois 

et  que  • 

soit  l'expression  de  ^  en  fonction  immédiate  de  t,  telle 
qu'on  la  tirerait  de  l'élimination  de  JC  entre  les  deux 
premières  équations,  si  l'élimination  était  possible.  Dési- 
{[oons  par^,,  Xj,  ti;  y,  Xy  t  deux  systèmes  de  valeurs 
correspondantes  pour  ces  trois  variables  :  on  aura  évi- 
demment, en  vertu  de  la  correspondance  admise, 

t^ t  X^ X  t^ t    '* 

et, en  passant  aux  limites, 

\'t=.px  .  ^t. 
Cette  équation  exprime  le  principe  fondamental  de  la 
dérivation  des  fonctions  médiates ,  ou  des  fonctions  de 
fonctions.  On  le  généralisera  sans   difficulté;   et,   par 
exemple ,  si  l'on  pose 

y=.fx^  X -=.  f^Uy  U'=^'tàty 
de  manière  que 

y  =  ^t 
soit  l'expression  de^  en  fonction  immédiate  de^,  telle 
i[u'oQ  la  déduirait  de  l'élimination  des  fonctions  inter- 
médiaires a;  et  a ,  on  trouvera ,  en  opérant  comme  ci- 


41.  Réciproquement,  on  peut  considérer  les  variables 
J^et  j  comme  déterminées  immédiatement  en  fonctions 
d'une  troisième  variable  t  par  les  équations 

de  manière  que 


68  LIVRK  I.  —    CHAPITRE    III. 

soit  l'équatioa  qui  se  déduit  des  précédentes  par  Téli- 
mination  de  /.  On  a  d'abord ,  d'après  ce  qui  vient  d'être 
démontré , 

Désignons ,  comme  à  l'ordinaire,  par^  la  dérivée 
f'x^  et  soit,  pour  plus  de  commodité , 

on  aura  entre  les  variables  x  yy\  t^  les  trois  équations 

d'où  l'on  tire^  en  appliquant  toujours  la  règle  de  la 
dérivation  des  fonctions  médiates  , 

Mais,  d'après  la  formule  (c),  on  a 

donc 

•^^= (7F)5 —  >     w 

et  en  continuant  ainsi,  on  exprimerait  les  dérivées  de 
tous  les  ordres  de  la  fonction/^  au  moyen  des  dérivées 
des  fonctions  9  et  i{/ . 

Considérons  plus  particulièrement  le  cas  oii  l'on  au- 
rait tj;^=^,  et  par  suite 

l'élimination  de  t  s'opérera  immédiatement ,  et  Ton  aura 
à  la  fois 

c'est-à-dire  que  <p  désignera  la  fonction  ins^erse  de  /, 
ou  celle  que  l'on  obtiendrait  en  résolvant  par  rapport 
à  j^^- l'équation  j^  = /*.r.  Pour  exprimer  les  dérivées   de 


THEORIE    DES    FONCTIONS    DIÉKIVÉES.  69 

la  fonction  /*,  au  moyen  des  dérivées  de  la  fonction  in- 
verse f ,  il  suffira  donc  de  remplacer  dans  les  formules 
précédentes  t  par^,  puis  de  faire  ^y^=^  i,  ^'^=0,  etc.  ; 
au  moyen  de  quoi  il  viendra  : 

fx^A-,  f'x  =  ^j4^r  ,  etc.       (e) 

La  première  des  formules  (e)  aurait  pu  se  tirer  directe- 
ment d'une  considération  bien  simple.  En  effet,  puisque, 
d'après  Thypothèse,  les  deux  équationsj-=^,  xz^zfj- 
sont  identiques  et  représentent  la  même  courbe,  y^r  et 
9}*  expriment  respectivement,  dans  un  système  de  coor- 
données rectangulaires,  les  tangentes  trigonométriques 
des  angles  que  la  tangente  à  cette  courbe  au  point  (x^) 
foraie  avec  les  axes  des  x  et  des  j-;  et  ces  deux  angles 
étant  complémentaires,  on  a/^.r.  çV=  '• 

'Notions  sur  la  théorie  des  fluxions. 

42.  On  a  vu  [3o]  que  la  fonction  dérivée  y  '=^fx 
mesure  la  rapidité  avec  laquelle  varie,  relativement  à  Xy 
la  fonction  primitive^  ==^;  et  nous  avons  expliqué  ce 
qu'il  faut  entendre  par  cette  rapidité  relative.  Mais  si  la 
variable  t  désigne  le  temps  compté  d'une  origine  quel, 
conque,  et  si  les  grandeurs  Xj  jr  sont  considérées  comme 
variant  avec  le  temps ,  en  vertu  des  équations 

x=(ft,  jr=i(t, 
les  dérivées  çV,  i('t  mesureront  la  rapidité  des  variations 
dex  et  àe  y  y  non  plus' dans  un  sens  relatif,  mais  dans 
un  sens  absolu  :  car  le  temps  ainsi  compté  est  la  varia- 
ble essentiellement  indépendante  qui ,  par  sa  nature , 
varie  ou  s'écoule  toujours  uniformément.  En  rapportant 
ainsi  la  variation  des  grandeurs  à  l'écoulement  du  temps, 
Newton  donne  le  nom  de ^Zw^w/é^j*  aux  grandeurs  .r,^*,.... 


70  LIVM  I.  —  CHAPITRE  III. 

qui  sont  censées  varier  avec  le    temps,  et  le  nom   de 

fluxions  aux.  dérivées  (p7,  ^'f, qui  varient  elles-mêmes 

en  général  avec  le  temps,  et  qui  mesurent  en  chaque 
instant  les  vitesses  de  variation  des  quantités  fluentes. 
Sa  notation  consiste  à  marquer  d'un  point  la  quantité 
fluente  pour  indiquer  la  fluxion  correspondante.  Ainsi 
x^  jr  désignent  les  fluxions  de  x^  y  ou  les  dérivées  çV, 

^i.  De  même  .x-,  y  ;  Xy  y  correspondent  à  <p'Y,  ^'t; 
<p"7,  tj;"V;  et  désignent  des  fluxions  de  fluxions,  ou  des 
fluxions  du  second,  du  troisième  ordre,  et  ainsi  de  suite. 

On  peut,  avec  Newton,  prendre  pour  type  des  quan- 
tités fluentes  la  distance  x  d'un  point  fixe  O  [fig-  2-^) 
à  un  point  m  en  mouvement  sur  la  droite  indéfinie  OX. 
La  fluxion  x  sera  la  vitesse  même  du  point  mobile , 
pour  l'instant  que  l'on  considère  :  le  mot  de  vitesse 
étant  pris  ici  dans  son  acception  primitive,  qui  est  aussi 
la  plus  usitée.  Mais  ou  pourrait  choisir  tout  autre  exem- 
ple sans  nuire  à  la  clarté  des  idées.  Ainsi,  quand  un 
corps  échauffe  se  refroidit,  on  conçoit  que  la  température 
de  sa  surface  est  une  grandeur  qui  varie  avec  le  temps, 
et  qui,  en  général,  ne  doit  pas  varier  uniformément,  de 
manière  que  des  pertes  égales  de  température  aient  lieu 
dans  des  temps  égaux.  On  se  fait  de  la  vitesse  variable 
du  refroidissement  une  idée  aussi  directe  et  aussi  claire 
que  de  la  vitesse  variable  d'un  point  mobile. 

La  conception  de  Newton  s'étend  d'ailleurs  à  des  gran- 
deurs quelconques,  en  ce  sens  que  l'on  peut  toujours 
définir  ejt  exprimer^  au  moyen  des  fluxions,  les  fonctions 
que  nous  avons  qualifiées  jusqu'ici  de  dérivées,  et  dont 
les  relations  avec  les  fonctions  primitives  sont  l'objet 
essentiel  de  la  théorie  qui  nous  occupe.  En  effet,   soit 


NOTIONS   SUR    LA   THEORIE   DES   FLUXIONS.  71 

Y^-fx  une  fonction  quelconque  de  x,  on  aura,  d'après 
les  formules  du  numéro  précédent,  pourvu  que  Xj  y  dé- 
signent des  grandeurs  variables  avec  le  temps  ^ 

J  X  zrz.T  ^  J    X  = : 9   etc. 

X  x^ 

Maintenant,  si  Xy  j  ne  sont  pas  des  fonctions  du 
temps,  il  y  aura  une  de  ces  grandeurs  dont  les  variations 
ne  seront  subordonnées  à  celles  d'aucune  autre  ,  et  que 
Ton  pourra  traiter  comme  une  variable  indépendante  ; 
ou  bien  on  les  considérera  toutes  deux  comme  étant, 
médiatement  ou  immédiatement,  des  fonctions  çw,  ^u 
d'une  autre  variable  u  que  l'on  prendra  pour  variable 
indépendante.  Or,  la  variation  de  u  étant  réputée  uni- 
forme, comme  l'est  celle  de  t  par  l'essence  de  cette 
grandeur,  rien  n'empêchera  d'imaginer  que  u  varie 
avec  t  y  et,  en  poursuivant  cette  fiction,  de  prendre  u 
pour  mesure  de  t;  c'est-à-dire,  d'identifier  les  fonctions 
c'a,  ^*u  avec  çV,  ij/V  ou  avec  les  fluxions  .r,  jr. 

Si  X  est  pris  pour  variable  indépendante,  on  aura 

.,  ,.  

x=L\  ^   x=zo,  x=x>,  etc.,  et  alors,  les  fluxions  j-,^,  7V<. 

deviendront  identiques  avec  les  dérivées  fx,  fx^fx,... 

ou  bien  avec  ^yj",  j'^ La  notation  de  Lagrange 

ne  différera  plus  de  celle  de  Newton  que  par  la  substi- 
tution insignifiante  des  accents  aux  points. 

On  a  reproché  à  Newton  de  faire  intervenir,  sans  né- 
cessité, dans  ce  mode  d'exposition,  la  notion  du  temps 
et  celle  du  mouvement.  Le  reproche  peut  être  fondé , 
quant  à  la  notion  du  mouvement,  à  laqi^elle  rien  n'oblige, 
en  effet,  de  recourir;  mais  on  devait  remarquer  que  la 
notion  du  temps  intervient  ici  par  la  nature  des  choses , 
en  raison  de  ce  que  le  temps  est  la  seule  variable  essen- 


72  LIVHE  I.  CHAPITRE   IH. 

liellement  indépendante,  et  la  seule  dont  la  variatio» 
soit  essentiellement  uniforme,  pu  la  fluxion  constante. 

Dans  tous  les  cas,  la  conception  de  Newton,  appli-. 
quée  aux  grandeurs  qui  varient  effectivement  avec  le 
temps ,  a  Tavantage  de  fixer  la  signification  réelle  des 
fonctions  dérivées,  et  par  là  même  de  donner  à  l'avance 
la  raison  du  rôle  qu'elles  jouent  dans  les  applications  de 
l'analyse  à  la  discu3sion  des  phénomènes  physiques. 
Newton  se  proposait  aussi  de  fonder  la  théorie  des  fonc- 
tions sur  upe  idée  que  l'esprit  pût  saisir  directement, 
sans  passer  par  la  considération  des  limites  et  saps  s'as- 
sujettir à  une  marche  jusqu'à  un  certain  point  détour- 
née et  indirecte.  Il  entendait  exprimer  directement  la 
continuité  dans  la  variation  des  grandeurs ,  ap  moyen 
du  phénomène  le  plus  familier  où  cette  continuité  toipbe 
souslessens.  On  a  objecté,  d'aprèç  d'A  lembert,  que,pour<ié- 
jftnîr  une  vitesse  continuellement  variable,  il  faut  toujours 
recourir  à  la  considération  des  limites;  mais,  en  faisant 
cette  objection,  on  a  mal  à  propos  subordonné  la  précision 
des  idées  à  leur  définition  logique.  Un  concept  existe  dans 
l'entendement,  indépendamment  de  la  définition  qu'on  en 
donne  ;  et  souvent  l'idée  la  plus  simple  dans  l'entende- 
ment ne  comporte  qu'une  définition  compliquée,  quand 
elle  n'échappe  pas  à  toute  définition»  Tout  le  monde  a 
une  idée  directe  et  exacte  de  la  simiUtude  de  deux  corps  , 
quoique  peu  de  gens  puissent  entendre  les  définitions 
compliquées  que  les  géomètres  ont  données  de  la  simili- 
tude. De  plus  amples  développements  à  ce  sujet  rentre- 
raient dans  la  théorie  de  la  génération  des  idées  et  nous 
écarteraient  trop  de  notre  but  principal. 


CHAPITRE  IV. 


70TI6NS  SUR  LES  OIFFEEENGES  CT  SUR  LES  APPROXIMATIONS 
DES  DIVERS  ORDRES. — THÉORIE  DES  INFUTIMEITT  PETITS 
ET  PRINCIPES  DU  CALCUL  HrFIlTITJSSIMAL. 

43.  Imaginous  deux  grandeurs  variables  x^y^y  dont 
Tune  soit  fonction  de  l'autre ,  et  qui  passent  par  deux 
séries  de  valeurs  correspondantes 

X  y    X^  ,    X^  9    Xi  y    Xi^  9 « 

r»ro7«^/3,  r4» 

Prenons  la  difFërence  de  chaque  terme  à  celui  qui  le 
sait  dans  la  série  où  il  se  trouve,  et  désignons  par  A.r 
la  différence  x^  —  Xy  la  lettre  A  étant  employée  comme 
caractéristique,  et  non  comme  signe  de  quantité:  nous 
fonnerons  deuiL  autres  séries  de  valeurs 

AX)  A^Tx,  A.r, ,  A 0:3, 

Ajr,  A^.,  A/,,  A/3, 

quise  correspondront  encore.  Opérons  sur  celles-ci  comme 
sur  les  séries  primitives,  c'est-à-dire,  prenons  la  différence 
de  chaque  terme  au  terme  consécutif;  et  d'après  l'ana- 
logie désignons  par  A.A^,  ou  par  A*.r  la  différence 
ir^ —  Ao:  :  nous  obtiendrons  deux  nouvelles  séries 
b?X  ,  A*X, ,    A^X, , 

b?y,  A>7.,  Ay., 

dans  lesquelles  les  termes  A^.r ,  A*^ , exprime- 
ront des  différences  de  différences ,  ou  des  différences 
da  second  ordre ,  par  rapport  aux  termes  x ,  y  qui  leur 
correspondent  dans  les  séries  primitives.  On  formerait 
de  même  les  séries  des  différences  du  troisième ,  du  qua- 
trième ordre,  et  ainsi  de  suite. 


74  LIVRE  1.  CHAPITRE  IV. 

En  conséquence  de  ces  notations  on  aura  identique- 
ment 

•^a=^i+ A:tx=a;  -h  A^  -h  ^{x  +  Ajc)=x+2  A^+  A*^, 

•^3  =  ^a  +  A.r,  =  r  -h  a  A^  -h  A*.r  +  A(:r  4-  a  Ao:  +  A*a:) 

=  .r  +  3Aj;  +  3A*x  -|-  A^x, 

et  par  une  induction  évidente  (  que  l'on  confirmerait 

d'ailleurs  sans  difficulté,  .en  employant,  comme  pour 

la  formule  du  binôme,   le  tour  de   démonstration    de 

proche  en  proche  ) 

n           n(n — i)             n(n — i)(n — a)     , 
,x.=x+-\x  +  — ^^ ^  A^x  +  " ^-^^-5 '  A^o: 

I  1.2  I   .  2  .  D 

+ .  +  A°:c  • 

On  aura  de  même 

n  ,  n(n — i)  nln — })(n — a)     » 

+ +  Ay  . 

Ces  dernières  formules  peuvent  s'écrire  symboliquement 

.r„=:(i +A)".r,  jr.=  (i+A)>, 
pourvu  qu'on  se  rappelle  que  de  telles  équations  n'ont 
de  sens  qu'après  le  développement  des  seconds  mem- 
bres, la  lettre  A  étant  un  indice  d'opération,  et  non  un 
signe  de  quantité.  U analogie  entre  les  puissances  et  les 
dijférences  qui  ressort  de  ces  équations  symboliques,  et 
dont  on  verra  beaucoup  d'autres  exemples  ,  provient 
évidemment  de  ce  que  la  formule  du  binôme  s'obtient 
d'après  des  règles  d'analyse  combinatoire  tout  à  fait  in- 
dépendantes de  la  nature  des  opérations  de  calcul  que 
chaque  combinaison  représente,  ou  de  l'idée  accessoire 
de  multiplication  qui  vient  s'associer,  dans  les  éléments 
d'algèbre,  à  l'idée  abstraite  de  combinaison. 


NOTIOirS  SUR  LES  DIFFERENCES  DES  DIVERS  ORDRES.    75 

44.  Si  la  quantité  x  remplit  naturellement  ou  par 
convention  le  rôle  de  variable  indépendante,  on  est  porté 
à  s'occuper  plus  spécialement  du  cas  où  Ton  ferait  croî- 
tre cette  variable  par  différences  constantes ,  de  manière 
à  avoir 

x^=.x  +  1  Sx  j 

X3  =  x  +  'iSXj  etc. , 

les  différences  des  ordres  supérieurs  A*x,  A^^, se 

réduisant  toutes  à  zéro.  Nous  allons  envisager  dans  cette 
hypothèse  les  séries  qui  comprennent  les  valeurs  con- 
sécutives de  /y  et  leurs  différences  des  divers  ordres. 

Il  n'y  aurait ,  pour  notre  but  actuel ,  aucune  re- 
marque essentielle  à  faire ,  tant  que  la  fonction  j'=zfx 
reste  indéterminée ,  si  d'ailleurs  on  ne  s'assujettissait  à 
aucune  condition  dans  le  choix  de  la  différence  arbi- 
traire Aor.  Mais  supposons  que  l'on  prenne  pour  Sx  une 

très-petite  fraction  :  les  différences  Sy^S^y^  A^jK, 

deviendront,  en  général ,  très-petites  aussi;  de  manière 
toutefois  (et  ceci  est  très-remarquable)  que  les  rapports 
de  S^jr  à  A/,  de  S^j  à  S?j^  etc.,  soient  eux-mêmes  expri- 
més par  des  fractions  très-petites^  Plus  la  différence  Sx 
sera  petite,  et  plus  cette  subordination  de  grandeur 
entre  les  différences  des  divers  ordres  de  la  fonction  j 
deviendra  sensible. 

En  effet ,  si  nous  partons  de  l'équation  identique 

Sr 
Sv  ^L-^-i    Sx  ^ 
-^         Sx 

nous  pourrons  remarquer  que  le  rapport  -^  converge 

indéfininient  vers  la  limite /'.r,  quand  Sx  décroît  indé- 
finiment. On  a  donc  avec  une  approximation  indéfinie, 


76  LIVRE  I.  CHAPITRE  IV. 

et  d'autant  plus  grande  que  ^Jc  est  une  fraction  plus 
petite, 

On  a  aussi  identiquement 

-^       \tix        Av  J         ' 
et  l'on  tire  de  cette  équation  avec  une  approximation 
indéfinie,  et  d'autant  plus  grande  que  bjc  reçoit   une 
plus  petite  valeur, 

Ceci  nous  montre  d'abord  que  la  fonction  dérivée  du 
second  ordrey''^  est  la  limite  vers  laquelle  converge  le 

rapport  —l  qu^i^d  ^x  décroît  indéfiniment,  de  même 

i{\xef'x  exprime  ,  dans  la  même  circonstance,  la  limite 

du  rapport  -^ .  En  second  lieu,  nous  voyons  que,  pour 

des  très-petites  valeurs  de  A^,  on  aura  sensiblement 

Maintenant ,  si  les  fonctions  dérivées  f'x^f'^  x  restent 
finies,  c'est-à-dire,  si  la  fonction  fx  n'éprouve  point , 
dans  l'intervalle  de  .r  à  ^  +  A.r ,  de  solution  de  conti- 
nuité du  second  ou  du  troisième  ordre,  et  si,  dans  cet  in- 
tervalle elle  ne  passe  point  par  un  maximum  ou  par  un 
minimum  y  ce  qui  ferait  évanouir  y.r,  on  pourra  écrire 

— —  =  a  A  j;  , 

a  désignant  un  nombre  fini.  Alors  on  pourra  toujours 
prendre  A.r  assez  petit  pour  que  le  produit  a  A.r  ou  le 

AV 
rapport  -—■  tombe  au-dessous  de  toute  grandeur  donnée. 


NOTIOUS  SUR  LES  I>IFF£RElfGES  DES  DIVERS  ORDRES.   77 

De  réquation  identique 

on  tirerait  de  même,  pour  de  très-petites  valeurs  de  Aj;^ 
l'équation  de  plus  en  plus,  approchée 

et  comme  le  même  calcul  peut  être  indéfiniment  pour- 
suivi, on  voit  que  la  dérivée  y^"^:r:  est  la  limite  vers  la- 
quelle converge ,  dans  l'hypothèse  admise ,  le  rapport 

-^  :  ce  qui  fournit  un  moyen  de  calculer  approximati- 
vement les  valeurs  de  la  fonction  /^"^jc ,  quand  la  fonction 
primitîvejT^  est  donnée  par  une  table,  pour  des  valeurs 
dexéquidifFérentes  et  très-rapprochées.  En  effet,  avec  cette 
table  on  formera  les  valeurs  de  A^,  A*^, tkjr; 

A"r 
et  par  suite  on   aura  celle  du  rapport—^,  laquelle  se 

confond  sensiblement  avec  la  valeur  à&j^^^x. 

On  voit  encore  que ,  si  toutes  les  dérivées  de  fx  res- 
tent finies,  jusqu'à/^'*^^;  inclusivement,  on  pourra  tou- 
jours prendre  Ao:  assez  petit ,  non-seulement  pour  que 
les  différences  des  divers  ordres 

A/,  Ay,  A'^, t^y 

forment  une  suite  de  fractions  très-petites,  mais  pour 
que  cette  série  soit  ordonnée  y  de  manière  que  le  rap- 
port de  chaque  terme  à  celui -qui  le  précède  dans  la  série 
se  réduise  lui-même  à  une  fraction  très-petite. 

45.  La  série  des  puissances  d'une  fraction  très-petite 
est  le  type  arithmétique  de  la  subordination  des  gran- 
deurs. Si  l'on  élève ,  par  exemple ,  à  ses  puissances  suc- 


78  LIVRE  I.  '--—  CHAPITRE    IV. 

cessives  la  fraction  tt7ôj  oi^  aura  une  suite  rapidement 
décroissante 

II  I 

looo  '  I  ooo  006  ^  I  000  000000  '  *  ^ 
telle  que,  dans  un  calcul  d'approximation,  on  pourrait 
regarder  comme  négligeable  vis-à-vis  d'un  terme  de  la 
série,  non-seulement  le  terme  qui  le  suit,  mais  un  mul- 
tiple de  celui-ci,  tant  que  le  multiplicateur  ne  serait  pas 
de  l'ordre  des  dizaines  ou  des  centaines.  Généralement, 
désignons  par  e  une  fraction  très-petite ,  et  par  /c^ ,  A\  , 
^3 , kn  des  nombres  qui  ne  soient  pias  très- 
grands,  ou  des  nombres  tels  que  les  fractions 
t       I       ï  I 

Al      A",      n^  fCfi 

ne  soient  pas  comparables  pour  leur   petitesse  à  e  :  la 
suite 

k,e  ,  ^.e" ,  ^36^ , A'> 

sera  formée  de  termes  dont  chacun  pourra  être  considéré 
comme  très-petit  par  rapport  à  celui  qui  le  précède,  ou 
dont  chacun  serait  e3q)rimé  par  une  fraction  très-petite , 
comparable  dans  sa  petitesse  à  e,  si  l'on  prenait  pour 
unité  la  valeur  du  terme  qui  le  précède  immédiatement. 
Appelons  quantités  très-petites  du  premier  ordre  les 
fractions  8  et  kiè  :  on  exprimera  la  subordination  qui 
vient  d'être  expliquée  en  disant  que 

^ae%  V, knt"" 

sont  des  quantités  très-petites   du  second  ,    du   troi- 
sième , du  /^®  ordre. 

Conséquemment  à  cet  énoncé,  nous  dirons  que,  si  Ax 
est  une  quantité  très-petite  du  premier  ordre ,  et  s'il  n  y 
a  aucune  des  fractions 

ï          I            I  _j 

7^'  fx'  f^x' /Wr 


IVOTIONS  SUR  LES  DIFFERENCES  DES  DIVERS  ORDRES.    79 

comparable  pour  sa  petitesse  à  \x  ,  les  différences 

Ar,   A'jr,  A^, ^Jr 

seront  des  quantités  très-petites  du  premier  ,  du  second  , 

du  troisième , du  n^  ordre ,   ou   des   quantités 

respectivement  du  même  ordre  que 

Ax  ,  Ar* ,  A.r^ A.r"  . 

46.  Il  ne  sera  pas  hors  de  propos  d'ajouter  ici  quel- 
ques éclaircissements  au  sujet  de  la  distinction  que  font 
les  géomètres,  de  grandeurs  de  divers  ordres,  lorsqu'ils 
se  proposent,  non  plus  de  déterminer  rigoureusement  des 
rapports  mathématiques ,  mais  d'évaluer  approximative- 
ment des  grandeurs  qui  ont  une  existence  réelle. 

A  envisager  les  choses  dans  leur  généralité  abs- 
traite j  cette  distinction  est  sans  doute  artificielle  :  il 
n'y  a  pas  dans  la  nature  de  grandeur  ni  de  petitesse  ab- 
solues ;  la  même  grandeur  s'exprime  par  des  nombres 
très-grands  ou  par  des  fractions  très-petites,  selon  l'unité 
employée  ;  et  des  grandeurs  continues  de  même  espèce 
ne  peuvent  ^on  plus  être  distribuées  naturellement  en 
des  ordres  distincts,  sous  le  rapport  de  leur  grandeur, 
par  la  raison  même  qu'elles  sont  continues ,  et  qu'on 
peut  aller  de  l'une  à  l'autre  par  des  transitions  insensibles. 

Mais  au  point  de  vue  où  l'homme  se  trouve  placé  pour  . 
observer  les  phénomènes  et  mesurer  les  grandeurs  qui 
en  dépendent,  il  y  a  des  unités  de  mesure  indiquées  par 
la  nature  des  choses,  et  d'une  disproportion  telle  quand 
on  passe  d'un  ordre  de  phénomènes  à  un  autre,  que  l'on 
est  effectivement  conduit  à  établir  entre  des  quantités  de 
même  espèce  une  subordination  de  grandeur. 

Ainsi,  dans  certaines  recherches  délicates  de  physi- 
que, telles  que  celles  qui  se  rapportent  à  la  capillarité 
et  à  l'optique,  on  a  pu  prendre  le  millimètre  pour  unité 


80  LIVRE  I.  CHAPITAE    IV. 

de  longueur  :  on  compliquerait,  sans  raison,  l'expression 
numérique  des  grandeurs  qu'il  s'agit  de  comparer  dans 
ces  recherches,  si  Ton  s'avisait  de  choisir  pour  unité  le 
mètre  ou  le  kilomètre;  et  il  serait  absurde  de  prendre 
pour  unité  le  millimètre,  quand  il  s'agit  de  comparer 
des  hauteurs  de  montagnes  dont  la  mesure  comporte 
toujours  une  erreur  de  quelques  décimètres  ou  même 
de  quelques  mètres.  Que  s'il  s'agit  de  mesurer  les  dia- 
mètres du  soleil  et  des  planètes,  la  nature  de  l'observa- 
tion, l'analogie  conduisent  à  prendre  pour  terme  de 
comparaison  ou  pour  unité  de  longueur  le  rayon  terres- 
tre; car,  non-seulement  des  différences  de  quelques  cen- 
taines de  mètres  sont  insignifiantes ,  eu  égard  aux  di- 
mensions de  ces  corps  énormes  et  aux  phénomènes  sur 
lesquels  ces  dimensions  ont  de  l'influence,  mais  encore 
de  telles  différences  sont  insaisissables ,  par  les  moyens 
d'observation  et  de  mesure  dont  nous  disposons.  Enfin  , 
dans  la  mesure  des  dimensions  des  orbites  planétaires, 
le  rayon  même  du  globe  terrestre  serait  une  unité  dis- 
proportionnée :  le  grand  axe  de  l'ellipse  que  la  terre  décrit 
est  l'unité  convenable,  en  comparaison  de  laquelle  on 
peut  regarder  comme  très-petites ,  ou  même  dans  beau- 
coup de  cas  comme  échappant  à  nos  mesures,  des  varia- 
tions de  distance  comparables  aux  dimensions  de  la  terre. 
Il  serait  facile  de  pousser  cette  progression  plus  loin, 
en  continuant  de  prendre  nos  exemples  dans  des  phéno- 
mènes astronomiques  bien  généralement  connus;  mais 
les  explications  déjà  données  font  suffisamment  compren- 
dre comment  nous  sommes  conduits  à  concevoir  des 
grandeurs  homogènes  de  divers  ordres  :  de  manière  que , 
dans  chaque  classe  de  phénomènes ,  et  pour  la  mesure 
des  grandeurs  qui  s'y  rapportent,  il  convienne  de  pren- 


THioRIR   DES    INFINIMENT   PETITS.  81 

dre  Funité  dans  un  certain  ordre ,  et  en  conséquence 
d'exprimer  les  unités  de  Tordre  inférieur  par  de  très- 
petites  fractions.  C'est  à  cette  subordination  «des  gran- 
deurs, lorsqu'elle  existe,  que  tient  la  simplicité  des  lois 
des  phénomènes,  et  que  nous  devons  la  puissance  de  les 
soumettre  au  calcul,  par  les  méthodes  d'approximation 
que  l'analyse  a  fait  découvrir. 

Théorie  des  iufiniinent  petits  et  principes  du  calcul 
infinitésimal. 

47.  Étant  donnée  la  série  des  différences  des  divers  or- 
dres 

A7 ,  A»jr,  A^ ,  

qui  deviennent,  pour  de  très-petites  valeurs  de  A.r ,  res- 
pectivement comparables  à 

Aj:,  Ar* ,  A^' ,    , 

l'erreur  que  l'on  commettra  en  négligeant  ^y ,  Ar*  vis- 
à-vis  de  ^jy,  \jc;  A^,  Ar^  vis-à-vis  de  A^ ,  A,r' ,  et  ainsi 
de  suite,  sera  d'autant  moindre  que  l'on  prendra  pour 
ir  une  quantité  plus  petite;  et  Ton  pourra  toujours  pren- 
dre ir  assez  petit  pour  que  l'erreur  commise  tombe  au- 
dessous  de  toute  grandeur  donnée.  C'est  ce  qu'on  ex- 
prime ,  d'après  Leibnitz  ,  d'une  manière  plus  brève ,  en 
disant  que  A^,  Ao;'  sont  rigoureusement  négligeables 
vis-à-vis  de  Ay ,  Ar  ;  que  A^ ,  Ar'  le  sont  pareillement 
vis-à-vis  de  A*;^ ,  Ar* ,  et  ainsi  de  suite  ,  lorsque  la  diffé- 
rence Aj:  est  infiniment  petite. 

^  et  par  suite  A;^  étant  des  quantités  infiniment  pe- 
tites ,  Ar* ,  A^  sont  des  quantités  infiniment  petites  du 
^nd  ordre  ;  ce  qui  signifie  que  les  rapports 
Ar*  •  A*j^ 
Âx  '   A/^ 
T.    I.  6 


82  LIVRE    I.    CHAPITRE    IV. 

deviennent  aussi  des  quantités  infiniment  petites.  A.r^ , 
H^j  sont  des  infiniment  petits  du  troisième  ordre;  ce  qui 
revient  à  dire  que  les  rapports 

deviennent  des  quantités  infiniment  petites  y  ou  que  les 
rapports 

sont  des  infiniment  petits  du  second  ordre.  Générale- 
ment,  pour  des  valeurs  infiniment  petites  de  Hx  ^  les 
quantités  Ao:" ,  IS^^y  deviennent ,  dans  le  sens  qui  vient 
d'être  expliqué,  des  quantités  infiniment  petites  du 
tt^  ordre. 

Ce  langage  adopté ,  au  lieu  de  dire  que  les  dérivées 

/,/',/", 

sont  les  limites  vers  lesquelles  convwgent  indéfiniment 
les  rapports 

Âx'Â^'  Âï^' 

quand  la  diiFérence  Aj?  converge  indéfiniment  vers  zéro , 
nous  énoncerons  le  même  fait  en  disant  que  ces  fonc- 
tions dérivées  sont  les  valeurs  mêmes  des  rapports  cor- 
respondants j  quand  la  différence  Ar  devient  infiniment 
petite^  et  quand  par  suite  les  différences  by^  A*jr,  A^, 
......  deviennent  des  quantités  infiniment  petites  du 

premier,  du  second,  du  troisième ordre,  cha- 
cune rigoureusement  négligeable  vis-à-vis  des  infini- 
ment petits  d'un  ordre  inférieur. 

Afin  d'exprimer  la  même  chose  avec  la  conctsion  qui 
est  propre  à  l'écriture  algébrique,  Leibuitz  emploie  la 
caractéristique  d  pour  désigner  des  différences  infini- 


THÉOaiE   DES   INFINIMENT    P£1ITS.  83 

ment  petites  ;  et  d'après  cette  notation ,  nous  poserons 
r'-^    /'-^    /"-^    etc 

ou  bien 

dy=fx  .  dx  ,  d^yzzzf'x .  dx^ ,  d[^f=,fx  .  dx^j  etc. 
48.  Pour  faire  comprendre  tout  de  suite ,  par  un 
exemple  très-simple ,  la  raison  et  le  but  de  cet  algo- 
rithme ,  proposons-nous  de  trouver  la  dérivée  de  la  fonc« 
tion  algébrique 

jr=:zx^  +  ax^  +  bx  +  c  : 
Qous  aurons  y  en  formant  d'abord  la  différence  â^  pour 

passer  de  là  au  rapport  —  ^  et  ensuite  à  la  limite , 

\j-=:(^x  -f-  A^)^-|-  a(x  +  ^xy+6(x  H- A^)  H-  c 
—  (x^  +  ax*+bx '+•€)=:  (^^^'^  ^ax-^  b)\x 
-H (3x  4-  a)  ^x*  H-  ^x^  ; 
d'où  nous  tirons 

ûkfX 

Or,  si  nous  disons  converger  indéfiniment  \x  vers 
zéro,  les  termes 

(3a:  -|-  a)  Ax ,  A^* 
convergeront  aussi  indéfiniment  vers  zéro,  et  s' évanoui- 
ront à  la  limite  :  donc  on  a 
Av 

Au  lieu  d'employer  ce  tour  de  raisonnement ,  traitons 
les  di£férences  Ax,  A;^  comme  des  quantités  infiniment 
petites,  et  désignons-les  par  dx^dj:  nous  aurons 
(fy'z={Zx*-\-ikax-\'b)dx'\'{^x-\'d)dx^'\'da?\     (i) 

mais  les  termes 

(3^-|-a)dlr*,  dx^ 
sont  des  infiniment  petits  du  second  et  du  troisième 

6. 


84  LfVRB    I.    CHAPITRE    IV. 

ordre,  qui  doivent  être  négligea  vis-à-vis  des  quantités 
infiniment  petites  du  premier  ordre, 

donc  on  a  simplement 

dj-  =1  (3a:* -|-  ^  ax  -\'  V)  dx;     (a) 
d'où  l'on  tire,  comme  ci-dessus , 
dy 

Maintenant  (et  c'est  en  ceci  que  consiste  essentielle- 
ment l'avantage  du  procédé  de  Leibnitz)  il  est  dair 
qu'on  aurait  pu  se  dispenser  d'écrire  dans  l'équation  (i) 
et  de  calculer  préalablement  les  termes  en  dx^  et  dx^, 
sachant  que  ces  termes  ne  peuvent  être  que  des  infini- 
ment petits  d'ordres  supérieurs,  destinés  à  disparaître 
vis-à-vis  des  infiniment  petits  du  premier  ordre,  de 
même  et  par  la  même  raison  que  ceux-ci  disparaissent 
vis-à-vis  des  quantités  finies.  Il  y  a  plus  :  pour  former 
ÀLjr  on  a  eu  besoin  de  connaître  la  formule  qui  donne 
les  développements  des  puissances  (^ -h  A  o:)^,  (^  +  Ax)^; 
tandis  que,  pour  former  l'équation  (a),  il  aurait  suffi 
de  connaître  les  termes  affectés  de  la  première  puissance 
de  ^x  dans  les  mêmes  développements. 

Supposons  encore  que  nous  voulions  trouver  la  dé- 
rivée de  la  fonction  qui  mesure  l'aire  trapézoïdale  com- 
prise entre  la  courbe  M'  N'  (^fig.  ao),  l'axe  des  abscisses 
et  deux  ordonnées  nto  p^,  mp^  dont  la  première  est  fixe, 
tandis  que  l'autre  se  déplace.  Cette  question  a  été  traitée 
au  n®  33  par  la  considération  des  limites.  Pour  y  ap- 
pliquer les  principes  de  Leibnitz,  nous  concevrons  que 
l'abscisse  Op  =  x  augmente  de  la  quantité  infiniment 
petite  pp^  •=.  dx.  L'aire  m^p^pm  étant  désignée  par  ^, 
la  valeur  de  dy  sera  le  trapèze  curviligne  infiniment  pe- 


THÉORIE    DES    HiFlNIMECTT   PETITS.  85 

tit  mpp^  rriy.  Mais ,  si  nous  menons  les  droites  mn^y  mjiy 
parallèles  h  pp^,  la  différence  de  (fy  au  rectangle  inJBni- 
ment  petit  mpp^Fij  sera  moindre  que  Taire  du  rectangle 
mn/njiy  qui  est  elle-même  un  infiniment  petit  du  se- 
cond ordre,  puisque  les  doux  dimensions  ma,,  A/2^,sout 
chacune  des  infiniment  petits  du  premier  ordre.  Donc, 
en  négligeant,  comme  on  doit  le  faire,  les  infiniment 
petits  du  second  ordre  vis-à-vis  de  ceux  du  premier 
ordre,  et  en  désignant  p2s  fx  l'ordonnée  courante  de 
la  courbe  IVTN^  on  aura 

djr  =ifx  .  dx  , 
d'où  Ton  tire 

ce  qui  apprend  que  la  dérivée  de  la  fonction  cherchée 
est  précisément  la  fonction  donnée/*' or. 

En  général,  on  ne  soumet  à  des  raisonnements ,  à  des 
constructions  et  à  des  calculs,  des  infiniment  petits  de 
divers  ordres ,  que  pour  assigner  les  rapports  finis  qui 
existent  entre  des  infiniment  petits  du  même  ordre;  et 
à  cet  effet  on  néglige  constamment  les  infiniment  pe*^ 
tits  d'ordre  supérieur  vis-à-vis  des  infiniment  petits 
d'ordre  inférieur:  ce  qui  opère,  dans  le  cours  même 
des  raisonnements,  des  constructions  et  des  calculs,  des 
simplifications  qui  constituent  essentiellement  l'avantage 
de  la  méthode. 

49.  Effectivement,  si  nous  pouvions  comparer  dès  le 
début,  non  plus  seulement  dans  leurs  germes,  mais  dans 
leurs  applications  aussi  variées  qu'étendues,  la  méthode 
des  limites  et  la  méthode  infinitésimale,  nous  verrions 
que  toutes  deux  tendent  au  même  but,  qui  est  d'expri- 
mer la  loi  de  continuité  dans  la   variation  des  gran- 


\ 


86  LIVRE    I.    CHAPITRE    IV. 

deurs^mais  qu'elles  y  tendent  par  des  procédés  inverses. 
Dans  la  première  méthode,  étant  donnée  à  traiter  une 
question  sur  des  grandeurs  qui  varient  d'une  manière 
çontÎDjiie,  on  suppose  d'abord  qu'elles  passent  subite- 
ment d'un  état  de  grandeur  à  un  autre;  et  l'on  cherche 
ensuite  vers  quelles  limites  convergent  les  valeut*s  obte- 
nues dans  cette  hypothèse,  quand  on  resserre  de  plus 
en  plus  l'intervalle  qui  sépare  deux  états  consécutifs.  Il 
çst  clair  qu'on  n'obtient  ainsi  qu'après  coup,  à  la  fin  de 
la  solution,  les  simplifications  qui  résultent  de  lacon-^ 
tinuité,  et  que  la  méthode  infinitésimale,  par  l'évanouis- 
sement successif  des  infiniment  petits  d'ordres  supé- 
rieurs ,  donne  directement  et  successivement ,  à  mesure 
qu'on  avance  dans  le  traitement  de  la  question. 

Aussi  peut-on  poser  en  fait  que,  quelque  adresse  que 
Ton  mette  à  employer  la  méthode  des  limites,  et  quel- 
ques simplifications  que  les  progrès  des  sciences  appor- 
tent dans  ks  théories  mathématiques  et  physiques,  on 
arrive  toujours  à  des  questions  pour  lesquelles  il  faut 
''renoncer  à  cette  méthode,  et  y  substituer,  dans  le  lan- 
gage et  dans  les  calculs ,  l'emploi  des  infiniment  petits 
des  divers  ordres. 

D'ailleurs  la  méthode  infinitésimale  ne  constitue  pas 
seul^nent  un  artifice  ingénieux  :  elle  est  l'expression 
naturelle  du  mode  de  génération  des  grandeurs  physi- 
ques qui  croissent  par  éléments  plus  petits  que  toute 
grandeur  finie.  Ainsi ,  pour  revenir  sur  un  ex^nple  cité 
[4^],  quand  un  corps,  en  se  refroidissant,  émet  sans 
cesse  de  la  chaleur  thermométrique,  la  perte  de  tempéra^- 
ture  qu'il  éprouve  dans  un  intervalle  de  temps  quelcon- 
que, si  petit  qu'on  le  suppose,  est  un  effet  composé, 
ré^iultant,  comme  de  sa  cause,  de  la  loi  suivant  laquelle 


TH]k>KlK    D&S    INFINIMENT    I^ETITS.  87 

le  corps  émet  sans  cesse,  en  chaque  instant  infiniment 

petit ,  une  quantité  infiniment  petite  de  chaleur  thermo* 

métrique.  Le  rapport  entre  les  variations  élémentaires 

de  la  chaleur  et  du  temps  est  la  raison  du  rapport  qui 

setablit  entre  les  variations  de  ces  mêmes  grandeurs 

quand  elles  ont  acquis  des  valeurs  finies  ^  le  terme  de 

raison  étant  pris  ici  dans  son  acception  philosophique. 

De  même,  pour  employer  un  exemple  déjà  familier 

à  la  plupart  de  nos  lecteurs,  les  espaces  décrits  par  un 

corps  qui  tombe  librement ,  en  cédant  à  l'action  de  la 

pesanteur,  varient  proportionnellement  aux  carrés  des 

temps   écoulés  depuis  le  commencement  de  la  chute, 

parce  que  l'accroissement  infiniment  petit  de  l'espace 

parcouru  est  proportionnel  à  lavitesse  acquise,  qui  elle» 

même ,  par  un  résultat  évident  de  l'action  continuelle  et 

constante  de  la  pesanteur,  est  proportionnelle  au  temps 

écoulé  depuis  que  le  corps  est  en  mouvement.  De  cette 

relation  si  simple  entre  les  éléments  du  temps  écoulé 

et  de    l'espace  décrit,  dérive,  comme  de  sa  cause,  la 

loi  moins  simple  qui  lie  entre  elles  les  variations  finies 

de  ces  deux  grandeurs. 

Sous  ce  point  de  vne ,  on  a  pu  dire  avec  fondement , 
que  les  infiniment  petits  existent  dans  la  nature  ;  et  il 
conviendrait  certainement ,  dans  le  même  ordre  d'idées, 
d'appeler  y ^  la  fonction  génératrice  ou  primitive ,  et  fx 
la  fonction  dérivée ,  au  lieu  d'appliquer  ces  dénomina- 
tions en  seus  inverse,  comme  l'a  fait  Ijagrange,  guidé 
en  cela  par  des  considérations  de  pure  algèbre. 

Du  reste,  ces  remarques  ne  concernent  pas  exclusi- 
vement les  grandeurs  douées  d'une  existence  physique  : 
en  géométrie  pure,  les  grandeurs  continues  ont  aussi 
ou  peuvent  avoir  leur  mode  naturel  de  génération,  par 


88  LIVRE    I.    CHA.PITRE.IV. 

le  mouvement  de  certains  points, lignes  ou  surfaces;  et, 
en  pareil  cas ,  on  trouve  le  même  avantage  à  saisir  di- 
rectement la  loi  des  variations  infinitésimales,  de  la- 
quelle résulte  la  loi  des  variations  à  l'état  de  grandeurs 
finies. 

En  résumé ,  la  méthode  infinitésimale  est  mieux  ap- 
propriée à  la  nature  des  choses  ;  elle  est  la  méthode  di- 
recte, au  point  de  vue  objectif;  et  c'est  pour  cela  que 
l'algorithme  de  Leibnitz,  qui  prête  à  cette  méthode  le 
secours  d'une  notation  régulière,  est  devenu  un  si  puis- 
sant instrument^  a  changé  la  face  des  mathématiques 
pures  et  appliquées, et  constitué  à  lui  seul  une  invention 
capitale  dont  l'honneur  revient  sans  partage  à  ce  grand 
philosophe.  D'un  autre  coté,  le  concept  de  l'infiniment 
petit  ne  peut  se  définir  logiquement  que  d'une  manière 
indirecte,  par  l'intermédiaire  des  limites  ;  de  sorte  qu'au 
point  de  vue  logique  et  subjectif,  la  rigueur  démons- 
trative appartient  directement  à  la  méthode  des  limites, 
et  indirectement  à  la  méthode  infinitésimale,  en  tant 
que  celle-ci  devient,  à  l'aide  de  certaines  définitions  de 
mots,  une  pure  traduction  de  la  première.  La  consé- 
quence de  ce  double  fait,  c'est  qu'on  ne  peut  se  dispen- 
ser de  mettre  en  évidence,  dans  les  cas  les  plus  simples, 
l'identité  des  résultats  des  deux  méthodes;  mais  qu'une 
fois  cette  traduction  bien  comprise,  il  convient  de  s'a- 
bandonner à  la  niéthode  infinitésimale,. qui  seule  peut 
conduire  à  la  solution  des  questions  compliquées,  par  la 
suppression  de  tout  échafaudage  inutile. 

Quoique  la  méthode  des  limites  ait  certainement  toute 
la  rigueur  logique  désirable,  le  concept  sur  lequel  elle 
repose  ne  semblait  pas  encore  assez  rigoureusement  dé- 
fini aux  géomètres  de  l'antiquité,  habitués  aux  subtili- 


THEORIE    DES    INFISIM^ICT    PETITS.  89 

tes  de  la  dialectique  grecque,  et  qui  cherchaient  tou- 
jours à  réduire  le  nombre  des  concepts  immédiats,  en 
tirant  le  plus  grand  parti  possible  du  principe  d'identité 
ou  de  contradiction  sur  lequel  repose  la  démonstration 
logique.  En  conséquence  ^  ils  substituaient  à  la  méthode 
des  limites  le  procédé  si  connu  dans  les  éléments,  de  la 
réduction  à  Tabsurde.  ou  de  Xexhaustion  :-  procédé  le 
plus  indirect  et  le  plus  compliqué  de  tous;  celui,  par 
conséquent,  qu'on  est  forcé  d'abandonner  le  plus  tôt, 
quand  on  s'élève  graduellement  des  questions  les  plus 
simples  aux  questions  plus  complexes. 

Il  y  aurait  à  tirer,  du  i-approchement  de  ces  diverses 
théories  mathématiques,  des  inductions  précieuses  pour 
letude  générale  des  opérations  et  des  lois  de  l'entende- 
ment; mais  ce  serait  faire,  dans  le  champ  de  la  philoso- 
phie pure ,  une  excursion  incompatible  avec  le  but  es- 
sentiel de  cet  ouvrage. 

50.  Les  différences  infiniment  petites  dx  ^  dy  ^  d^y^ 

(Py, se  nomment  plus  brièvement   des  diffé- 

rentielles.  I^s  rapports 

dy      d^y     d^j 

di'    Ibc^'    dx^'    

dont   nous  avons  fait  voir  l'identité  avec  les  fonctions 

dérivées  y^j'^j'^ quand  la  différentielle  dx  est 

constante,   et  avec   les  fluxions^,  Jt  J'i quand  la 

fluente  x  varie  ou  s'écoule  uniformément  avec  le  temps, 
ont  été  nommés,  par  M.  Lacroix,  les  coefficients  dif- 
férentiels de  la  fonction  jy  et  Ton  fait  maintenant  un 
usage  fréquent  de  cette  expression.  L'ordre  d'un  coeffi- 
cient différentiel  est  celui  de  la  différentielle  et  de  la 
fonction  dérivée  correspondantes. 
Differentieryxne  fonction,,  c'est  passer  de  cette  fonc- 


90  LIVRE    I.    CHAPITRE    IV. 

tioQ  à  sa  différentielle  :  la  branche  de  l'analyse  qui  a 
pour  objet  la  dîfférèntiation  des  fonctions  se  nomme 
le  Calcul  différentiel. 

On  appelle  équations  différentielles  celles  qui  ont 
lieu  entre  la  variable  indépendante,  la  fonction  qui  en 
dépend ,  et  les  dérivées  ou  les  coefficients  différentiels  de 
cette  fonction.  L'ordre  d'une  équation  différentielle  est 
celui  du  coefficient  différentiel  de  l'ordre  le  plus  élevé 
qui  ^^entre  dans  cette  équation.  Ainsi 

est  une  équation  différentielle  du  premier  ordre  ; 
/(•^,jr,y,y')  =  o,  ou./(.r,jr,^,  ^)=o, 

est  une  équation  différentielle  du  second  ordre;  et 
ainsi  de  suite. 

51.  La  différence  finie  x  —  x^  est  la  somme  des  in- 
créments infiniment  petits  que  la  variable  indépendante 
a  reçus  successivement ,  en  passant  de  la  valeur  x^  à  la 
valeur  x  :  de  même  la  différence  finie  y  —  y^  est  la 
somme  des  incréments  infiniment  petits  ou  des  éléments 
différentiels 

dj=fx.dx, 
par  l'accession  successive  desquels  la  fonction  a  passé 
de  la  valeur /o  à  la  valeur^;  ces  éléments  peuvent  d'ail- 
leurs être  de  même  signe  que  dx  ou  de  signe  contraire 
|3o],  selon  que/'x  prend  une  valeur  positive  ou  né- 
gative. 

On  écrit  en  conséquence 

r  —  ro=ff^^'dx,       (3)       ' 
pu 

fx  — /.ro  =  /     fx  .  dx  , 


i: 


TH£ORI£   DES   INFIiriMEHIT   MTITS.  91 

le  signe  /étant   regardé  comme  l'abréviation  du  mot 
somme  ou  summa;  et  l'on  dit  que 

est  V intégrale  de  la  différentielle  y>.r&,  entre  les  li- 
mites  x^,,  a:  Q). 
En  d'autres  termes ,  si  l'on  prend 

Ax  =  ■■       ■       « 
n       ' 

la  somme 

+f[^o  +  {n'\-i  )^x].  A.f 

convergera  vers  la  limite 

fx—fx, 
quand  on  prendra  le  nombre  n  de  plus  en  plus  grand , 
oa  quand  Aa:  convergera  vers  zéro. 

52.  L'équation  (3)  montre  qu'il  ne  suffit  pas  d'assi- 
gner la  fonction  f'x  pour  déterminer  complètement  la 
fonction  jr  àonifx  est  la  dérivée,  ou  àanïfxdxasi  la 
différentielle  :  il  faut  en  outre  assigner  explicitement  ou 
implicitement  la  valeur  de  la  fonction.^  correspondant 
à  une  valeur  déterminée  de  la  variable  indépendante,  ce. 
qui  rentre  tout  à  fait  dans  le  principe  déjà  connu 
[3i  et  39]. 

(')  Leibnitz  employait  toujours  fe  terme  de  somme,  dont  le  signe 
/est  rabrëviation  ;  celui  èi  intégrale  a  ëië  proposé  par  les  Bernoulli. 
Voy.  OEuQres  de  Leibnitz  y  t.  III,  p.  3a6. 

Cest  un  usage  peu  ancien  que  celui  d'écrire  en  indices,  au  haut 
et  au  bas  du  signey*,  les  valeurs  des  limites  supérieures  et  inférieui*es 
de  l'intégrale,  c'est-à-dire,  les  valeurs  de  la  variable  indépendante 
eolre  lesquelles  la  sommation  ou  Tinlégration  s*cflectue  :  cette  nota- 
tion très- commode  a  été  proposée  par  Fourier,  et  on  l'a  aussitôt  gé- 
néralement adoptée.  • 


92  LIVRE    I.    —    CHAPITRE  IV. 

Il  suit  de  là  :  i®  que,  si  l'on  peut  découvrir,  par  ui 
moyen  quelconque,  une  fonction /r  qui  jouisse  de  U 
propriété  d'avoir  pour  dérivée  J^x,  on  aura,  pour  dei 
valeurs  quelconques  des  limites  x^^  x,  la  valeur  de  l'in^ 
tégrale 

/    f  xdxzizfx — fx^\ 

2°  que 

C  désignant  une  constante  arbitraire,  est  l'expression 
générale  des  fonctions  qui  ont  pour  dérivée  f'x.  En 
conséquence,  on  qualifie  ^intégration  indéfinie  l'opéra- 
tion par  laquelle  on  remonte  de  la  dérivée /'.r  à  l'ex- 
pression générale  des  fonctions  dont  elle  est  la  dérivée  , 
ou  de  la  différentielle  fxdx  à  l'expression  générale  des 
fonctions  dont  elle  est  la  différentielle,  et  l'on  indique 
cette  opération  par  le  signe  y,  sans  désignation  de  li- 
mites. Ainsi  l'on  écrira 

ffxdx=fx^Q, 
ou  bien 


p 


^  f'xdx=.fx'\- const.  ; 

et  l'on  dira  que  l'expression 

fx  -|-  const. 
est  X intégrale  indéfinie  de  la  différentielle  /'^  dx. 

Par  opposition ,  on  appelle  intégrales  définies  celles 
qui  sont  prises  entre  des  limites  indiquées,  et  que  n'ac- 
compagne plus  la  constante  arbitraire  inhérente  à  l'inté- 
grale indéfinie. 

53.  Le  Calcul  intégral ^  que  l'on  peut  considérei 
comme  l'inverse  du  calcul  différentiel ,  a  pour  objet  la 
détermination  des  intégrales,  indéfinies  et  définies.  Ou 
comprend  à  la  fois,  sous  la  dénomination  de  Calcul  in- 


THÉORIE    DES    INFINIMENT    PETITS.  93 

finiiésimalj  le  calcul  différentiel  et  le  calcul   intégral. 

Le  calcul  infinitésimal ,  en  tant  qu'il  a  pour  objet  de 
démontrer,  à  l'aide  d'un  langage  et  d'un  algorithme 
particuliers,  les  relations  générales  qui  subsistent  entre 
les  fooctions  et  leurs  dérivées  des  divers  ordres ,  ren* 
feriDe  ce  qu'il  y  a  de  plus  important  dans  la  théorie  des 
foDctioDS,  et  se  confond  en  quelque  sorte  avec  cette 
tbéorie,  dans  l'état  de  la  science;  mais  il  faut  pourtant 
distinguer,  au  point  de  vue  rationnel,  le  calcul  qui 
n'est  qu'un  instrument ,  d'avec  la  théorie  à  laquelle  on 
l'applique. 

Il  ne  faut  pas  identifier  non  plus  la  méthode  infinité- 
simale (méthode  que  l'on  avait  déjà  appliquée  avant 
Leibnitz  et  que  l'on  applique  encore  dans  les  parties 
élémentaires  de  la  géométrie  et  de  la  statique)  avec 
Talgorithme  différentiel  imaginé  par  Leibnitz,  en  vue 
les  applications  de  la  méthode  infinitésimale  à  la  théorie 
des  fonctions. 

L'usage  apprendra  que  cet  algorithme ,  malgré  ses 
avantages  généraux ,  n'est  pas  exempt  de  quelques  im- 
perfections,  inhérentes  au  mode  d'écriture,  et  qui  ne 
tiennent  pas  au  fond  de  la  méthode  infinitésimale.  Dans 
certains  cas,  l'algorithme  de  Lagrangeest  plus  commode, 
et  alors  les  analystes  ne  font  aucune  difficulté  de  i'em* 
ployer,  tout  en  se  servant  plus  habituellement  de  la 
Dotation  leibnitzienne. 

54.  Nous  avons  supposé,  dans  tout  ce  qui  précède , 
ifie  la  fonction  n'éprouve  point  de  solution  de  conti- 
nuité, résultant  de  ce  que  cette  fonction  ou  ses  dérivées 
^es  divers  ordres  passent  par  l'infini ,  ou  passent  brus- 
<|oement  d'une  valeur  finie  à  une  autre.  En  effet,  dire 
lue  la  fonction  j*  éprouve  une  solution  de  continuité  du 


94  .  LIVRE    I.    CHÂPITAE    IV. 

pii^mier  ordre,  c'est  dire  que,  pour  une  variation  ihlB' 
nimeat  petite  dx,  la  variation  correspondante  cfy'  a  une 
valeur  finie  ou  infinie:  infinie  si jr  passe  par  l'infini . 
finie,  si^  passe  brusquement  d'une  valeur  finie  à  une 
autre  ;  et  dans  l'un  et  l'autre  cas  il  n'est  plus  permis  de 
traiter  cty  comme  un  infiniment  petit  du  même  ordre 
que  djc.  Pareillement ,  si  la  fonction^  éprouve  unesolu- 

tion  de  continuité  du  second  ordre,  dy  =  -j--  est  une 

quantité  finie  ou  infinie  a,  et  la  différentielle  seconde 
dy-^i^adx  n'est  plus  un  infiniment  petit  du  second 
ordre,  négligeable  vis-à-vis  des  infiniment  petits  du 
premier  ordi*e,  et  ainsi  de  suite.  Donc  toutes  les  for- 
mules auxquelles  on  est  parvenu  en  employant  la  diffé- 
rentielle cfy-  et  en  la  traitant  comme  un  infiniment  petit 
du  premier  ordre ,  cesseront  en  général  d'être  exactes , 
si  la  fonction  j-  éprouve  une  solution  de  continuité  du 
premier  ordre  ;  toutes  celles  qui  ont  exigé  l'emploi  de 
la  différentielle  seconde  dy- ,  traitée  comme  un  infini- 
ment petit  du  second  ordre ,  cesseront  aussi  en  général 
d'être  exactes',  non  -  seulement  lorsque^  éprouvera, 
dans  les  limites  de  l'application  des  formules ,  une  solu- 
tion de  continuité  du  premier  ordre ,  mais  lors  même 
qu'elle  ne  subirait,  entre  les  mêmes  limites,  qu'une 
solution  de  continuité  du  second  ordre  ;  et  ainsi  à  l'infini. 
Toutes  les  fois  que  des  valeurs  infinies  de  (fy-  corres- 
pondent à  des  valeurs  infiniment  petites  àeda:  jle  coef- 

d  Y 
ficient  différentiel  ^  devient  infini  ;  mais  la  réciproque 

n'est  pas  vraie  généralement  ;  ce  qui  revient  à  cette  re- 
marque déjà  faite ,  et  rendue  évidente  par  la  considéra- 
tion des  courbes  [35],  que  la  dérivée^'  peut  passer  pour 


TUËORIE    DES    INFINIMENT    PETITS.  95 

finfiai  saus  que  la  fonction^  cesse  d'être  finie.  En  re- 
^rdant  d'ailleurs  dy  comme  la  limite  de  la  valeur  de 
i)  tirée  de  l'équation 

on  conçoit  que  la  limite  du  produit  de  deux  facteurs  , 
dont  l'un  -^  converge  vers  l'infini ,  et  l'autre  Ax  con- 

verge  vers  zéro,  peut  être  l'infini,  ou  une  quantité  finie, 
ou  même  zéro.  Dans  les  deux  premiers  cas 

dy  =f^^c  dx 
est  une  quantité  infinie  ou  finie,  et  la  fonction^  éprouve 
une  solution  de  continuité  du  premier  ordre  ;  mais  dans 
leifoisième  cas  preste  une  quantité  infiniment  petite, 
et/  n'éprouve  qu'une  solution  de  continuité  du  second 

ordre.  De  ii)ême ,  si  df  =  «-y^  passe  par   l'infini ,    le 

d^y 
eoefficient  différentiel  du  second  ordre  ^j-rdevient  à  plus 

Torte  raison  infini  ;  mais  l'inverse  n'est  pas  générale- 
ment vrai ,  et  ce  coefficient  différentiel  ou  la  dérivée 
correspondante  y".2:  peut  passer  par  l'infini ,  sans  que 

d'y 
t//  =  -y^  cesse  d'être  une  quantité  infiniment  petite 

fc premier  ordre,  et  par  conséquent  sans  que  c^jr cesse 
d'être  une  quantité  infiniment  petite  du  second  ordre  ; 
auquel  cas  /  ne  subit  qu'une  solution  de  continuité  du 
troisième  ordre*  l 

L'équation 

dj=fxdx  , 

et  celle  qui  s'en  déduit  [5i] 

r— jro=  /    fxdr, 


96  LIVRE    1.    CHA.P1TRE    IV. 

cessent  d'offrir  un  sens  quand  la  difTérentielle  dj  passe 
par  l'infini ,  pour  des  valeurs  de  x  comprises  entre  les 
limites  de  l'intégrale  :  ce  qui  suppose ,  d'après  ce  qu'on 
vient  d'expliquer,  non-seulement  que /'.r  devient  infinie, 
mais  encore  que  le  produit  f'x  dx  conserve  une  valeur 
infinie.  Cependant,  si  fx  désigne  une  fonction  doùt  la 
dérivée  soit /'a:,  de  manière  qu'on  ait  l'intégrale  indéfinie 

ffxdx=fx  -^C, 
on  en  conclura 

J^— jro=A— /^o, 
pour  l'équation  d'une  courbe  dont  la  courbe  dérivée 
aurait  pour  ordonnéej-'=/^.r ,,  et  qui  serait  en  outre 
assujettie  à  passer  par  le  point  (^To,  jTo),  mais  dont  l'or- 
donnée y  passerait  par  l'infini ,  pour  des  valeurs  de 
l'abscisse  comprises  entre  x^  et  x.  L'expression y!r  — fXo 
représenterait  encore  la  différence  des  ordonnées ^,^"0, 
mais  ne  représenterait  plus  la  somme  des  valeurs  de  la 
différentielle  dy  ^=^fx  dx ,  entre  les  valeurs  x^ ,  x  de  la 
variable  indépendante.  Nous  reviendrons  par  la  suite 
sur  des  exemples  de  ce  cas  exceptionnel ,  déjà  présenté 
sous  une  autre  forme  [35]  9  et  qu'il  suffit  de  rappeler  ici. 

55.  Par  la  même  raison,  nous  nous  contenterons 
d'indiquer  rapidement  la  forme  que  prennent  les  théo- 
rèmes généraux  sur  les  fonctions  dérivées,  démontrés 
dans  le  chapitre  précédent,  lorsqu'on  y  adapte  la  méthode 
et  les  notations  du  calcul  infinitésimal. 

i®  Si  l'on  pose 

y  z=LU  '\'  V  '\-  w  +  etc.  , 
u^  Vj  Wj  etc.,  désignant  des  fonctions  d'une  même  va- 
riable indépendante  :r,  on  a   évidemment,  en  passant 
aux  différentielles , 

dy=z  du-\'dv'^dçv-^  etc. 


THEORIE    DES    INFINIMENT    PETITS.  97 

Ainsi  la  diflTérentielle  d'une  somme  de  fonctions  est  la 
somme  de  leurs  différentielles,  le  mot  de  somme  devant 
être  pris  dans  son  acception  algébrique.  On  en  conclut 

dy du        dv       dw 

dx       dx        dx       dx  '  ' 

équation  qui  est  l'expression  du  théorème  sur  les  fonc- 
tions dérivées ,  démontré  directement  au  n^  89. 
On  a  inversement 

/  fdx  =  I  udx^  I   vdx  4-  /    wdx  -f-  etc. , 

cequoo  énonce  en  disant  que  l'intégrale  définie  d'une 
somme  de  fonctions  est  la  somme  de  leurs  intégrales 
deGnies ,  entre  les  mêmes  limites. 

Il  est  permis  d'établir  la  même  identité  entre  les  in- 
tégrales indéfinies ,  et  d'écrire 

jydx  zmj  udx  -}- /  vdx  -f^y    wdx  -[-  etc.        (4) 
Pour  l'intelligence  de  cette  dernière  formule ,   admet- 
tons qu'on  ait  trouvé  séparément 

jydx-=zYx'\'CjJudxz=:^fx'\'C yJvdx^zf^x-i^Ci , 

fwdx  =/,.r  -f-  c, ,  etc.  , 
C,c,  c,,  c^^'etc.j  désignant  des  constantes  arbitraires  : 
d'après  la  formule  (4)  il  faudra  qu'on  puisse  ,  par  un 
choix  convenable  de  la  constante  C ,  établir  l'identité 

Fa:-(-C=:/a:H-c-f-/^  +  c.+/:,r+c,  +  etc., 

quelles  que  soient  les  valeurs  attribuées  aux  constantes 
c,  c,,c,,etc.  ,.  . 

a*^  La  différentielle  du  produit  de  deux  fductions  est 
la  somme  des  produits  qu'on  obtient  en  multipliant  chja- 
cune  des  fonctions  par  la  différentielle  de  l'autre.  En 
effet  l'on  a 

d^  uv  =^  {u-^  du)  (v-f-  dv)  —  uv  , 
d'où,  en  développant,  et  en  négligeant  l'infiniment  petit 
T.  I.  7 


98  LIVRE    I.    CHAPITRE    IV. 

du  second  ordre  du  dv  vis-à-vis  des  infiniment  petits  du 

premier  ordre, 

d  .uv^vdu-^udv.       (5) 

Si  Ton  passe  aux  coefficients  différentiels ,  il  viendra 

d.uv ^_L    ^^ 

dx  rfj:  '      dx  ' 

ce  qui  est  l'expression  d'un  autre  théorème  sur  les  fonc- 
tions dérivées ,  contenu  dans  Téquation  {b)  du  n**  cité. 
On  met  l'équation  (5)  sous  la  forme 

d.uv  du         dv 

uv  u  V    ^ 

et  l'on  en  conclut  facilement 

d.uvw du       dv        dw 

— = 1 h  —   +  etc.        (6) 

uvw u         V  w  ^  ^ 

Si  u  est  un  nombre  constant  a,  du  devient  nul,  et  l'on 

a  simplement 

d.av  ^nadv. 

Inversement  on  aurait 


/    avdx  =  a  I    vdxj 

J  X^  J  Xo 


et 


f  avdx  =  a  f  vdx  , 
cette  dernière  équation  étant  interprétée  comme  la  for- 
mule (4). 
Soit 

u  =  ç^,  V  ==  ^.r,  ai;=  ç^.  ^x  =^fx  : 

l'équation  (5)  prendra  la  forme 

fxdx  =  ^x.ff'xdx  +  tfx.  ^'xdx , 

d'où 

<fx.^xdx=fxdx  —  ^x.tfxdxj       (7) 

et  en  intégrant 

I     (fx.^'xdx^fx—fx^—J^  ^x  .  (f'xdx  , 


THÉORIE    DIS    IICFINIMENT    PETITS.  99 

OU  bien 

/    ffX.^'xdx=LifX.ifX — (fX^.ifXo — 1    ifx.t^^'xdx.  (8) 

De  cette  manière,  l'intégration  de  la  fonction  (fx .  if'xdx 
a  été  ramenée  à  l'intégration  de  la  fonction  if'x  d[r  (ce 
qui  fait  connaître  la  fonction  ^  ) ,  et  à  celle  de  la  fonc- 
tion ^ac  .  tfx  dx  :  Tune  et  l'autre  intégration  pouvant 
dans  beaucoup  de  cas  s'opérer  plus  simplement  que  celle 
de  la  fonction  proposée.  Ce  procédé  ,  dont  nous  verrons 
que  l'on  fait  le  plus  fréquent  usage  dans  le  calcul  inté- 
gral, est  connu  sous  le  nom  ^intégration  par  parties. 
Si  l'on  prend  les  intégrales  des  deux  membres  de  l'é- 
quation (7) ,  sans  égard  aux  limites  ,  il  viendra 

If^x  .  ^x dx  =^fx  — j^x  .  (fxdx^ 
ou 

f^x.  ^'xdx=L  (fx  .  i(X  — pfx  .  ^xdx  .        (9) 
Il  serait  inutile  d'ajouter  une    constante  arbitraire  à 
rintégrale  du  terme /^o;  dxy  parce  qu'elle  se  confond 
avec  la  constante  arbitraire  qui  accompagne  nécessaire* 

ment  l'intégrale  indéfiniey  ij^j; .  f^^'xdx.  Par  ce  moyen , 
chaque  membre  de  l'identité  (9)  est  censé  accompagné 
d'une  constante  arbitraire ,  de  façon  que  l'on  puisse 
toujours  disposer  de  la  valeur  de  l'une  des  constantes 
pour  établir  l'identité ,  quelle  ^ue  soit  la  valeur  numé- 
rique assignée  arbitrairement  à  l'autre  constante ,  comme 
nous  l'avons  expliqué  au  sujet  de  k  formule  (4)  • 
3^  Soit 


r 
uv  =z  r .  ou  V  =  — : 

M 


il  viendra ,  par  l'équation  (5)  , 

,         d.uv  —  vdu            ,  r        udr  —  rdu        ,     ^ 
œv  =r ,  ou  a .  —  = .     (10) 


100  LIVRE    1.    CHAPITRE    IV. 

Dans  le  cas  de  r  =  i  ,  on  a 

«.  —  = r-.  (il) 

56.  Nous  avons,  dans  tout  ce  qui  précède,  traité 
j  comme  une  fonction  immédiate  de  la  variable  indé- 
pendante X  :  SX  X  était  elle-même  une  fonction  de  la 
variable  t^  et  qu'on  eût  à  la  fois 

jr=ifx,  X^^f^t, 

la   différentielle  dx  cesserait  d'être  constante  et  serait 
donnée  par  l'équation 

dx-^^t .  dtj 
d'où  l'on  tirerait 

dj^zfx.  (^'t  .dt^ 
ou  bien  ,  en  passant  aux  coefficients  différentiels  , 
dy .,        ,  df    dx 

équation  qui  est  l'expression  de  la  règle  pour  la  dériva- 
lion  des  fonctions  médiates ,  déjà  établie  [  l\o  ].  Il  n'y 
a  aucune  difficulté  à  la  généraliser  ,  en  supposant  un 
nombre  quelconque  de  variables  intermédiaires  entre 
^  et  ^. 

57.  Si  l'on  différentie  les  deux  membres  de  l'équation 

^  —  dx' 
en  cessant  de  considérer  la  variable  x  comme  indépen- 
dante, et  par  suite  sa  variation  comme  uniforme,  ou  dx 
comme  une  quantité  constante ,  on  aura  ,  en  vertu  de 
la  formule  (lo)  oîi  Ton  fera  r  =  dy^  u=:  dx, 

.  , dy-dx — dj d^x 

"^^  —  1^-  ' 

et  par  suite 

„       dy        d^ydx — dy  d^x  ,     ^  _ 


THJÉORIE    DES    INFINIMENT    PETITS.  101 

Quand  xeX.  y  seront  donnés  en  fonction  de  la  variable 
indépendante^  par  des  équations  de  la  forme 

on  en  tirera 

dx=^  ^'i  dt,  dj=:  if't  dt , 
d-'x  =  ç  V  dt""  ,  rfy =f' ^  dt^  . 
Après    qu'on  aura   substitué  ces  valeurs  dans  la  for- 
mule (12)  9  dts^en  ira  comme  facteur  commun  aux  deux 
termes  du  rapport  y  et  Ton  retombera  sur  l'équation  (d) 
du  n®  4i- 

On  trouverait,  au  moyen  de  calculs  semblables,  les 
formules  par  lesquelles  les  dérivées  supérieures  j^*'",j^'^, 
etc. ,  s'expriment  en  fonction  des  différentielles 

dfy  d^JKy  cP^y  d^j ;  dx^  rf*.r,  d^x^  d^x. . . .  .  , 

quand  on  cesse  de  regarder  la  différentielle  dx  comme 
constante  :  mais,  pour  effectuer  commodément  ces  cal- 
culs ,  il  convient  de  s'être  familiarisé  avec  l'application 
des  règles  du  calcul  différentiel  aux  fonctions  algébri- 
ques ,  application  qui  doit  faire  l'objet  du  chapitre  sui- 
vant. 

Pour  revenir  au  cas  où  la  variable  x  est  traitée  comme 
indépendante,  on  fera  dans  l'équation (la)  d^x  =  o,  et 
Ton  retombera  sur  la  formule 

^   —  dx^' 
comme  cela  doit  être.  Si  l'on  veut  au  contraire  prendre 
y  pour  variable  indépendante ,  on  posera  rfy  =  o ,  et 
il  viendra 


If 


d^x    fdy^ 


formule  identique  avec  l'équation  {é)  du  n**  cité  plus  haut. 


.>»*»^%1>  »»V%»*^%*»^W%%*  »*%»  %»%  %'W»»^»%%^%^ 


LIVRE  DEUXIÈME. 

DIFFÉRENTIATION 

DES  FONCTIONS  EXPLICITES  D'UNE  SEULE  VARIABLE. 
CHAPITRE  PREMIER. 

DIFFÉRENTIATION     DES    FONCTIONS    ALGEBRIQUES    ET 
TRAN  SGEND  ANTES. 

58.  Nous  avons  passé  en  revue,  dans  les  deux  cha* 
pitres  précédents,  les  principes  généraux  de  la  dériva- 
tîpn  ou  de  la  difïerentiation  :  principes  applicables  à  des 
fonctions  quelconques,  et  indépendants  des  procédés 
particuliers  par  lesquels  on  parviendra,  suivant  les  cas, 
à  découvrir  les  valeurs  des  dérivées  ou  des  différentielles 
d'une  fonction  proposée.  Ces  principes  subsistent  y  soit 
qu'on  ne  puisse  assigner  numériquement  les  valeurs  des 
dérivées  ou  des  coefficients  différentiels  que  par  ap- 
proximatioD  [44]^^^  séparément  pour  chaque  valeur  delà 
variable  indépendante,  comme  c'est  le  cas  à  l'égard  des 
fonctions  empiriques ,  qui  ne  sont  données  que  par  une 
table;  soit  qu'on  puisse  comprendre  dans  une  fonaule 
mathématique  les  valeurs  exactes  des  coeffidents  diffé- 
rentiels pour  des  valeurs  quelconques  de  la  variable  in- 
dépendante, comme  nous  allons  voir  que  cela  a  lieu  à 
l'égard  des  fonctions  algébriques  et  des  transcendantes 
qui  nous  sont  connues. 

En  vertu  des  principes  généraux  que  Ton  vient  de 


DIFFéREirriA.T10ir  DES  FONCTIONS  ALOiBRIQUES.    103 

rappeler  [55  et  suii^.],  le  problème  de  la  difFérentiation 
des  fonctions  algébriques ^  logarithmiques,  exponen- 
tielles et  trigonométriques,  est  ramené  à  la  diffërentia- 
don  des  trois  fonctions  élémentaires  suivantes  : 

i^^  =  af'y  en  supposant  à  l'exposant  m  une  valeur 
quelconque. 

2**  /-  =  log  X,  ce  qui  donnera  la  différentielle  de  la 
fonction  inverse  x  =  a^  {a  désignant  la  base  des  loga- 
rithmes), ou,  par  une  permutation  de  lettres,  la  difie- 
rentielle  de  la  fonction  exponentielle  ^  =  0*. 

3**  j-  =  sin  X,  d'où  l'on  déduit  les  différentielles  des 
autres  fonctions  trigonométriques,  et  des  arcs  qui  en 
sont  les  fonctions  inverses. 

Quand  on  saura  différentier  ces  fonctions  élémentai- 
res, la  règle  pour  la  différentiation  des  fonctions  mé- 
diates donnera  les  différentielles  des  fonctions  complexes 
quelconques,  susceptibles  de  s'exprimer  explicitement 
par  les  signes  usités  en  algèbre  et  en  trigonométrie. 

59.  Occupons-nous  d'abord  de  la  fonction  or*.  En 
premier  lieu,  si  l'exposant  m  est  un  nombre  entier  po- 
sitif, l'équation  (6^  du  n®  55  donnera,  après  qu'on  y 

aura  fait  u=  if  -=  w =zx, 

d.a^  dx 

ou  d.x^  =  7na^'^  dx.         («) 

Si  m  est  égal  à  une  fraction  positive^,  p  et  q  dési- 
gnant des  nombres  entiers  positifs ,  on  posera  xi  =  z, 
d  où  jf  =  jz!^,  et  en  différentiant  d'après  la  formule  (a), 

paP"'  dxz=zqafi-'  dz. 
On  tire  de  là 

fl&  =  rf.a:g=^-'^*      dxy 


104  LIVRE.  II.    CHAPITRE    I. 

en  sorte  que  la  formule  (a)  est  démontrée  pour  toutes 
les  valeurs  positives  et  commensurables  de  m.  Suppo- 
sons que  m  ait  une  valeur  négative  et  égale  à  —  n^  n 
désignant  un  nombre  positif  commensurable  :  on  aura  , 
en  faisant  u  =jf*  dans  l'équation  (i  i)  du  n^  55, 

I  d,oiP' 

d.x'^zzzd,  --:= --r-  =  —  «a:~"~'  dx=imaf^~^  dx  , 

au  nloye»  de  quoi  la  formule  (a)  se  trouvera  démontrée 
pour  toutes  les  valeurs  commensurables  de  l'exposant  ;/2^ 
tant  positives  que  négatives. 

On  e$]t:.fondé  à  çn  conclure  qu'elle  subsiste  aussi 
pour  les  V4)^ur$  incommensurables  de  m.  En  effet ,  ad- 
mettons qu'on  ait,  dans  le  cas  de  l'ineommensurabilité 

de  niy 

d.sd^ 

et  soit  m  un  nombre  commensurable  qui  pourra  diffé- 
rer de  m  d'aussi  peu  qu'on  voudra.  Désignons  en  outre 
par  a:,,  Xo  deux  valeurs  de  x  séparées  par  un  intervalle 
fini ,  et  choisies  de  manière  que  la  fonction  9  a;  ne 
change  pas  de  signe  dans  l'intervalle,  ce  qui  est  tou- 
jours possible  :  on  aura 

x\^  —  x^^zm  I     maf^"^  ,dx  +  /      ^x.dx 

J  Xo  J  Xo 

xj^' — xj^'=l      m'af^'"'  dx  ; 
d*oii 
X  r^—xf—{x^—x:^')'z=L I      mx"^-  '  . dx—  f      mx^'  '  Jx 

J  Xo  /^o 


J  Xi 


(^X 

Xo 


dx. 


Mais  la  différence  m  —  m'  convergeant  indéfiniment 
vers  zéro ,  les  quantités 

^  wi ^  m'        ^^w,     '    <*<  m' 


DIFFERENTIATlOir  DES  FONCTIONS  ALGEBRIQUES.    105 

r».  rxt  r^i 

J  X9  J  X9  «y  a?o  ' 


convergeront  aussi  indëfiniment  vers  zéro  :  donc  il  faut 

que  l'intégrale  définie 

rx, 
j     (fx  dx , 

qui  ne  dépend  pas  de  m',  s'évanouisse  d'elle-même;  et 
comme  les  limites  de  l'intégrale  ont  été  choisies  de  ma- 
nière que  <p  a:  ne  change  pas  de  signes  entre  ces  limites^ 
il  faut  que  la  fonction  9  x  soit  nulle,  pour  chaque  va- 
leur de  X. 

On  doit  remarquer  deux  valeurs  particulières  de  m 
qui  se  présentent  fréquemment  dans  les  applications, 
les  valeurs  x  et  —  ^  :  on  a 

^  dx  I  ^^ 

^  %Vx         \/x  aa?i 

60.  La  formule  {a)  donnant  pour  jr  =  x*, 

on  en  tirera  par  une  seconde  différentiation 

et  en  général 

—X=2m  {m — i)  (m — 2) (m — /+  i)j?'»— *. 

Si  l'exposant  m  est  un  nombre  entier  positif,  le  coef- 
ficient différentiel  de  l'ordre  m  se  réduira  au  nombre 
constant 

m  {m —  i)  {fn —  a) 3. 2.1; 

par  conséquent  le  coefficient  différentiel  de  l'ordre 
m  -h  i  et  ceux  des  ordres  supérieurs  seront  nuls.  Cette 
propriété  qui  appartient  au  monôme  ,2:'",  quand  m  est 
un  nombre  entier  positif,  appartient  aussi  à  toute  fonc- 


106  LIVRE   II.    CHAPITRE    I. 

tion  algébrique  entière  et  rationnelle  de  Xj  puisqu'on 
peut  toujours  développer  une  fonction  de  cette  nature 
en  une  suite  finie  de  monômes 

Ax^  H-  Bj?"  +  Ca^  +  etc.  , 
rrij  iiy  p,  .  .  .  .  étant  des  nombres  entiers  positifs.  Si  m 
désigne  le  plus  haut  exposant,  il  est  clair,  d'après  ce 
qui  précède,  que  le  coefficient  différentiel  de  l'ordre  m 
de  la  fonction  dont  il  s'agit  se  réduira  au  nombre  cons- 
tant 

km  (m-^i)  (m  —  2) 3.2,  i  , 

et  que  les  coefficients  différentiels  des  ordres  supé- 
rieurs s'évanouiront. 

61.  Pour  trouver  la  différentielle  de  la  fonction  trans- 
cendante 

y  =  log.r, 

nous  emploierons  directement  la  considération  des  li- 
mites. On  a 

Ay _ log(a?+AJ?)— loga? ^^\       "F>f i   ^\^     Ic'J 

^x  kx  kx  or'         Afl5         ' 

X 

Sx  k 

Le  rapport  —  converge  indéfiniment  vers   zéro  en 

même  temps  que  Sx,  tant  que  x   n'est  pas  nul  :   de 

.    dr  ' 
sorte  que,  pour  avoir -^,  il  ne  s'agit  que  d'assigner  la 

limite  vers  laquelle  converge 

log(i-|-6)      ,        ,  • 

^^  J^  ^=log.(i+6)e, 

et  par  conséquent  la  limite  vers  laquelle  converge  le 

nombre 

t 

(i+OS  ^  (E)  - 

quand  le  nombre  e  converge  indéfiniment  vers  zéro. 


DIFFÉRENTIiLTIOIf   DES   FONCTIONS  ALGlÉBRIQUES.    107 

Or,  OQ  pourra  toujours  satisfaire  à  la  condition  de 
faire  converger  indéfiniment  vers  zéro  le  nombre  e,  en 


I 

et  eu  prenant  pour  n  un  nombre  entier  positif  de  plus 
en  plus  grand.  La  formule  du  binôme  donnera 

|,^-  ^ .  m  ^  n{n—x)  i   ^  ;i(n~i)(/i— 2)  i 


1.2 


n)  V  n        1.2/1*  1,2.3         ri 

g(fl-i)(rt-2) (/^-v+I)  I  n(n-»i)(yt-»2) [At-(n-i)]  ^ 

1.2.0 V  »^  I.2.Û /l  'l 

OU  bien 

\    «/  I     i.2\    /ly     i.a.3\    /iy\    /i/ 

H — ^ — ( '--V'-- ) — rï~')+ — 

i.2.i....vV     nj\    nj  \      nj 

-3..!(vn)..«0-9  (4>"(^-i^)'--0"^)-  ^"^ 

Tous  les  termes  de  cette  suite,  à  partir  du  second , 
vont  évidemment  en  décroissant  de  valeur  :  nq^is  disons 
de  plus  qu'on  peut  toujours  prendre  /z  et  v  assez  grands 
pour  que,  si  Ton  arrête  la  suite  au  terme 

....3....v(4)0'D 0*^)'  w 

'a  somme  des  termes    négligés  tombe    au-dessous   de 

I  toute  grandeur  donnée. 

En  effet ,  cette  somme  est  plus  petite  que 
^i I I 

^ÀC:X^TÔ~^I.2.3....V^V+^  "^I.2.3...v(v-|-l)..../l' 

^  a  fortiori  plus  petite  que 


^  I  i^ 


108  LIVRE   II.    CHAPITRE    I. 

donc ,  à  plus  forte  raison  encore ,  elle  est  moindre  que 
la  somme  de  la  série 

prolongée  à  l'infini ,  laquelle  est  égale  à 


et  tombe  au-dessous  de  toute  grandeur  donnée,  pour 
une  valeur  convenable  de  v. 

Après  avoir  arrêté  la  suite  (n)  au  terme  (v),  si  nous 
prenons  pour  n  un  nombre  de  plus  en  plus  grand,  la 
valeur  de  cette  suite  convergera  indéfiniment  vers  celle 

de  la  suite 

III  I 

iH 1 1 7+ H ô 

I       i.a        1.2.0  1.2.0. . . .V 


Donc  la  limite  vers  laquelle  converge  le  nombre  (E), 
pour  des  valeurs  de  e  de  plus  en  plus  petites ,  sera  don- 
née par  cette  dernière  suite  avec  une  approximation 
d'autant  plus  grande  que  l'on  aura  pris  pour  v  un 
nombre  plus  grand  et  qu'elle  comprendra  plus  de  ter- 
mes. Donc,  si  l'on  désigne  par  e,  selon  l'usage  généra- 
lement reçu  y  la  limite  dont  il  s'agit,  il  viendra 

III  I  /     X 

l  1.2         1.2. O         I,2.0.4 

le  second  membre  de  l'équation  étant  une  série  prolon- 
gée à  l'infini,  et  convergente  en  vertu  delà  règle  du  n®  26. 
D'ailleurs  la  série 

III 
1.2        1.2.0       I.2.C5.4 
a  tous  ses  termes  plus  petits  que  ceux  de  même  rang 

dans  la  série 

III 

-  +  —  +  -3  +  etc., 


DIFFERENT! ATIOK  DES  FONCTIONS  ALGÉBRIQUES.    109 

(juiest  cdovergente  et  a  pour  somme  l'unité.  Donc  la  va- 
leur de  e  est  comprise  entre  a  et  3. 

62.  En  prenant  la  somme  des  \[\  premiers  termes  de 
la  série  {e) ,  on  trouve 

e=i  2,7i8a8  18284 

Si  l'on  n'avait  calculé  que  les  neuf  premiers  chiffres  de 

la  partie  décimale  de  e ,  le  retour  accidentel  de  quatre 

chiffres  dans  le  même  ordre  aurait  pu  porter  à  croire 

que  le  nombre  e  s'exprime  par  une  fraction  décimale 

périodique ,  et  conséquemment  qu'il  a  une  valeur  com- 

mensurable.  Mais  cette  induction  serait  trompeuse;  et, 

en  effet ,  supposons  que  e  puisse  être  égal  à  la  fraction 

tu, 
Gommensurable  —,  en  sorte  qu'on  ait 

\        \  \  I  I 

1.2  1.2.3  1.2.0... V         I.2.0...v(vH-l} 

liL,  V  désignant  des  nombres  entiers ,  on  en  conclura, 
en  multipliant  tous  les  termes  par  le  produit  continu 
1.2.  3. ...  V, 

i.2.3....(v — i)  p —  [2*.3.4....v  +  3.4....V  4-  4«5....v  + +  i] 

_    I  I  I 

"  ïTî  "^  (vH- 0  (v-*-2)  "**  (v-i-i)  (v-h2)(v4-3) 
La  somme  de  la  série  qui  forme  le  second  membre 
«le  1  équation  précédente  devrait  donc  être  un  membre 
entier ,  positif  ou  négatif,  tandis  qu'elle  est  positive  et 

moindre  que  —  qui  est  la  somme  de  la  série 


Y,  +  7 Ta  +  etc. 


v+l  (v-+-i)*         (v+i)^ 

On  démontre  aussi,  mais  moins  simplement,  que 
toutes  les  puissances  du  nombre  e ,  à  exposants  ration- 
nels ,  sont  irrationnels ,  en  sorte  que  e  ne  peut  être  la 


110  LIVRE    II.    CHAPITRE    I. 

racine  d'une  équation  algébrique  binôme,  ri  coefficients 
rationnels. 

On  entend  par  nombres  transcendants  ceux  qui  ne 
peuvent  être  les  racines  d'une  équation  algébrique  quel- 
conque, à  coefficients  rationnels.  Il  y  a  tout  lieu  de  croire 
que  le  nombre  e^  comme  le  nombre  ir  avec  lequel  nous 
verrons  qu'il  a  une  étroite  affinité ,  sont  des  nombres 
transcendants,  bien  que  ce  caractère  négatif  n'ait  en- 
core été  rigoureusement  établi  ni  pour  l'un  ni  pour 
l'autre  nombre. 

63.  L'équation 

e  ■=.  lim.  (i  4-e)s 
n'a  été  démontrée  que  sous  la  condition  d'assujettir  le 
nombre  e  à  converger  vers  zéro,  en  passant  par  une 
série  de  valeurs  positives;  car  la  formule  du  binôme, 
sur  laquelle  nous  nous  sommes  appuyé  ,  quoique  subsis- 
tant pour  des  valeurs  quelconques  de  l'exposant  /i,  comme 
la  suite  le  fera  voir,  n'est  ordinairement  démontrée  dans 
les  éléments  que  pour  des  valeurs  entières  et  positives 
de  n.  Afin  de  s'affranchir  de  cette  restriction ,  on  peut 

poser 

I 

I  +ez= -, 

de  manière  que  t  s'évanouisse  en  même  temps  que  e, 
et1c[u^à  des  valeurs  négatives  de  e  correspondent  des 
valeurs  positives  de  e'.  Il  en  résultera 

et  par  conséquent 

I  f 

en  sorte  que  la  limite  sera  la  même ,  quel  que  soit  le 
signe  de  e. 


DIFFiRENTIiiTIOir  DES  FONCTIONS   ALGEBRIQUES.     111 

64.  Donc ,  quel  que  soit  le  signe  de   — ,  on  a 

dr        i  ^  j        dx    . 

^=-log^,  ouflfy  =  — .logd, 

f  désignant  le  logarithme  de  x  dans  une  base  quel- 
conque,  et  le  logarithme  de  e  se  rapportant  à  la  même 
base  que  celui  de  x. 

Par  conséquent,  si  l'on  prenait  précisément  le  nombre 
transcendant  e  pour  base  des  logarithmes ,  on  aurait 
simplement 

j         dx 
rfy  =  — • 

X 

Les  logarithmes  dont  la  base  est  e  sont  ceux  qu'on 
a  appelés  pendant  longtemps  logarithmes  naturels  ou 
hyperboliques  ^  et  que  M.  Lacroix  a  proposé  de  nom- 
mer logarithmes  népériens  y  du  nom  de  Neper,  inven- 
teur des  logarithmes  ,  qui  avait  été  effectivement  conduit 
à  considérer  le  nombre  e  comme  la  base  naturelle 
des  logarithmes ,  ainsi  que  nous  l'expliquerons  tout  à 
ITieure. 

Mais  immédiatement  après  la  publication  de  la  dé- 
couverte de  Neper,  en  i6i4,  Henri  Briggs,  professeur  de 
niathématiques  à  Oxford ,  comprit  l'avantage  que  l'on 
trouverait  dans  les  calculs  numériques^  à  prendre  pour  la 
l)ase  des  logarithmes  la  base  même  de  notre  numération 
décimale.  Il  en  conféra  avec  Neper,  à  qui  la  même  idée 
étsdt  aussi  venue,  et  en  i6a4  parurent  les  premières  ta- 
bles de  logarithmes  calculées  par  Briggs  dans  ce  système , 
^que  l'on  nomme  pour  cette  raison,  tantôt  logarithmes  de 
Briggs,  tantôt  logarithmes  vulgaires  ou  tabulaires;  mais 
dans  les  branches  supérieures  des  mathématiques  le 
signe  bg.  désigne  toujours  les  logarithmes  naturels  ou 


112  LIVRE   II.    CHAPITRE    I. 

népériens,  à  moins  qu'on  n'avertisse  du  contraire,  et 
nous  nous  conformerous  à  l'usage  reçu. 

Il  est  d'ailleurs  évident  que  l'on  peut  passer,  des  lo- 
garithmes calculés  pour  une  certaine  base,  aux  loga- 
rithmes calculés  pour  une  base  différente,  en  multi- 
pliant les  premiers  par  un  facteur  constant.  Désignons 
généralement  par  log.  les  logarithmes  calculés  dans  le 
système  dont  la  base  est  a^  et  soient 

y  =  log^  ar ,  Y  =  logb  x  : 
on  aura  inversement 

x=av  y  jc=z  b^  j  a^  =  b^  ^ 
d'où  l'on  tire,  en  prenant  maintenant  les  logarithmes 
dans  un  système  quelconque, 

^loga  =  Ylogi, 
ou 

Si  /  désigne  le  logarithme  népérien  et  Y  le  loga- 
rithme vulgaire  du  nombre  x,  on  aura 

Y  =  ylog.  e, 
le  logarithme  de  e  étant  pris  dans  le  système  vul- 
gaire dont  la  base  est  i  o.  Ce  nombre,  par  lequel  il  faut 
multiplier  les  logarithmes  népériens  pour  avoir  les  lo  - 
garithmes  vulgaires  correspondants,  se  nomme  le  mo^ 
dule.  Nous  verrons  plus  tard  comment  on  peut  en  cal- 
'  culer  commodément  la  valeur. 
65.  Puisque  l'équation 

»  =  loga^, 


qui  équivaut  à 
donne 


réciproquement  on  aura 


X     ^a^      y 

dx  . 


DIFFÉRENTIATION  DES  FONCTIONS   ALGÉBRIQUES.    113 


OU 


'^='^'^^•1^ 


d.  cS^  =  = •  a^  dr  ^ 

log.  e  -^  ' 

ou  bien  enfin,  en  remplaçant^  par  x^  d'après  rusàgé 
oii  l'on  est  de  désigner  par  x  la  variable  indépendante , 

d,  a'  z= 0^  dx  , 

log,e 

On  a  d'ailleurs 

les  logarithmes  qui  entrent  dans  le  Second  membre  de 
cette  équation  étant  pris  dans  un  système  quelconque  \ 
par  exemple,  dans  le  système  vulgaire ,  ce  qui  donne 

d  .  cû^  -=: ,   ^  -'  a* dx  , 
logij 

et  par  suite 

d   •    6*    =    €^  dx    y 

ou  bien  encore 

dx 

Ainsi,  le  coefficient  différentiel  du  premier  ordre  de 
la  fonction  ^=^,  et  par  suite  ses  coefficients  différen-- 
tiels  ou  âes  fonctions  dérivées  de  tous  les  ordres,  sont 
identiques  avec  la  fonction  primitive.  Cette  propriété  ca- 
ractéristique et  extrêmement  remarquable  nous  donne  à 
lavance  la  raison  du  rôle  important  de  la  fonction  expo- 
nentielle ^  et  du  nombre  e  lui-même  dans  la  théorie 
des  fonctions. 

Posons,  pour  abréger^ 

loge' 
il  viendra 

T.    I.  8 


114  LIVRE    II.    CHAPITRE    I. 

ou^  suivant  la  notation  de  Newton  [4^]  ^ 

et  l'on  sait  de  plus  que,  pour  .r==o,  la  fluente^  est 
égale  à  I. 

§i  donc  on  imagine  deux  points  ^^  n  (Jîg.  28),  dont 
le  premier  se  meuve  sur  la  droite  OX  avec  une  vitesse 
ou  une  fluxion  constante,  et  dont  l'autre  se  meuve  sur 
la  droite  O'Y  avec  une  vitesse  proportionnelle  à  sa  dis- 
tance au  point  fixe  O',  de  manière  à  se  trouver  en  A , 
à  l'unité  de  distance  du  point  O',  quand  le  point  ^  est 
en  O  ;  si  enfin  Ton  admet  que  la  vitesse  constante  du 
point  ^  est  prise  pour  unité ,  et  que  la  vitesse  variable 
du  point  Y)  est  égale  à  Y  quand  il  passe  par  le  point  A  , 
les  distances  variables  O  Ç,  O'yi  représenteront  fen  chaque 
instant  les  valeurs  des  variables  x^j;  ou,  en  d'autres 
termes,  la  fluente  OÇsera,  dans  le  système  de  loga- 
rithmes dont  la  base  est  a,  le  logarithme  du  nombre 
représenté  par  la  fluente  O'y). 

Quand  on  prend  la  vitesse  Y  égale  à  l'unité  ou  à 
la  vitesse  constante  du  point  ^,  ce  qui  est  la  supposition 
k  plus  naturelle  ou  la  moins  arbitraire  que  Ton  puisse 
faire,  OÇ  est  le  logarithme  naturel  ou  népérien  de  0'y\. 

Cest  précisément  de  cette  manière  que  Neper  a  conçu 
les  logarithmes;  et  il  doit  passer  pour  le  précurseur  de 
Newton  dans  l'invention  de  la  théorie  des  fluxions ,  de 
même  que  Kepler  et  Cavalleri  peuvent  être  considérés 
comme  les  précurseurs  de  Leibnitz  dans  la  théorie  des 
quantités  infinitésimales. 

Il  est  très-digne  de  remarque  que,  contrairement  à 
la  marche  ordinaire  des  inventeurs,  Neper  ait  défini  im- 
médiatement la  fonction  logarithmique  par  son  carac- 


DIFFIÊRENTIATIOW  DES  FONCTIONS   ALGEBRIQUES.      115 

tèœ  essentiel  et  éminent ,  au  lieu  de  partir  de  ces  pro- 
priétés secondaires  par  lesquelles  on  définit  encore  les 
logarithmes  dans  les  éléments,  et  qui  sont  la  base  de 
leurs  applications  vulgaires. 

66.  La  différentielle  de  la  fonction  logarithmique  nous 
adonné  celle  de  la  fonction  exponentielle  :  il  est  bon  de 
remarquer  qu'elle  donnerait  aussi,  de  la  manière  la  plus 
simple,  celle  de  la  fonction  x^^  l'exposant  m  ayant  une 
valeur  réelle  quelconque  ^  positive  ou  négative,  cominen- 
surable  ou  incommensurable.  En  effet,  de 

on  tire 

et  en  difierentiant 

dy  dx , 

y  ^ 

donc 

y 

dfz^zm^dx  ^=z  mx^r^  dx  .       (a) 

Mais  alors  la  démonstration  de  cette  dernière  formule 
suppose  celle  de  la  formule  du  binôme,  au  moins  dans 
le  cas  d'un  exposant  positif  entier  :  celle  que  nous  avons 
donnée  en  premier  lieu  n'est  pas  soumise  à  la  même' 
condition,  et  peut  servir  au  contraire  à  établir  la  for- 
mule da  binôme ,  comme  la  suite  le  montrera. 

Réciproquement,  la  formule  (a)  étant  démontrée,  on 
eu  déduit  la  dérivée  de  la  fonction  logarithmique.  Dési- 
^ons  en  effet  par  9^  la  fonction  log  x  et  par  (f'x  sa 
dérivée  inconnue  :  on  aura 

9(0:"*)    -=1     mf^X     y 

*^l  en  difïérentiant  conformément  à  la  règle  de  diffé* 
rentiation  des  fonctions  médiates, 

8. 


116  LIVRE    II.    CHAPITRE    1. 

OU  bien ,  en  vertu  de  1  équation  (a), 

Cette  dernière  équation  ne  peut  subsister ,  pour  de$ 
valeurs  quelconques  de  ^  et  de  m,  qu'autant  que  ^<p'.x: 
se  réduit  à  une  constante  dont  on  obtient  la  valeur  en 
faisant  m=o  dans  le  premier  membre.  Si  donc  on  dé- 
signe par  k  cette  constante  égale  à  ç'  (i),  il  viendra 

k  ,   -  kdx 

©'a:  =  —  ,  ou  a.  Xogxzn  — -  , 
X  ^  X 

ce  qui  peut  servir  à  retrouver  tous  les  résultats  précé- 
demment obtenus. 

67.  Passons  maintenant  aux  fonctions  trigonométrie 

ques,  et  posons  d'abord 

y  =  sin  ^  : 
nous  aurons^  en  employant  encore  directement  pour  cette 
fonction  transcendante  la  considération  des  limites  , 

At/       sinf^+A^) — sin  ^       sin  ^  Aj?         ,         . 
-^= — ^^ -^ =  -r-^ cos(:c+|a^). 

Le  facteur  cos  (  x-^^tiX  )  a  pour  limite  cos  x ,  lors- 
que A  ^  converge  vers  zéro;  quant  au  facteur 
sin  I  A^ 

il  a  pour  limite  l'unité.  En  effet ,  de  l'identité 

sin  e 

z=  cos  e , 

tanç  e  ' 

il  suit  que  le  rapport  du  sinus  à  la  tangente  a  Tuaité 
pour  limite^  quand  l'arc  converge  vers  zéro  :  d'ail- 
leurs, en  vertu  d'un  principe  de  géométrie  bien  connu , 
la  longueur  d'un  arc  est  toujours  comprise  entre  celle  du 
sinus  et  celle  de  la  tangente  ;  donc,  à  fortiori^  le  rapport 

sine 

£ 

a  l'unité  pour  limite. 
Donc 

dr 

-j-  =  cos  X  , 
ax 


DIFFÉRENTIATION  DES  FONCTIOWS   ALGEBRIQUES.     117 

OU 

d  .  %m  X  =2  cos  X  .  dx  .       {b) 
On  trouverait  directement,  par  un  calcul  tout  à  fait 
semblable  y 

d .  cos x=  —  sinx  .dx  ]        {c) 
dailleurs ,  si  Ton  pose 

cos  X'=zsmz  ^ 
d'où 

Zz^^tZ  —  X  , 

il  viendra 

d .  cos  x=zd .  sin  2  =  cos  s  dz  ; 
et  comme 

rfz  =  —  fltr  ,  cos  z:=.%\n  X  , 
on  retombe  par  cette  voie  sur  Téquation  (c). 

Les  différentielles  du  sinus  et  du  cosinus  nous  don- 
nent celles  des  autres  fonctions  trigonométriques.  Ainsi 
ToD  aura 

j  ,  /sin  a:\      cos^^.  sin  j;— •  sinor.  éi^.  cosx 

a.taDfi[.a:  =  rf.  (  )='-^ ; '-" 

°  \cos^/  cos*  a: 

(cos*  X + sin'  x)  dx dx 

cos'^r  cos*  X  * 

et  par  des  calculs  analogues , 

dx 

d.  col  XZ=Z r— r— 1 

sm'a: 

,      ,  sin  xclx 

d .  sec  X  : 


rf.  coséca:=- 


cos'j;    ' 
cos  xdx 


siii'x 
\a  fonction  ^'tz=sin  x  ayant  pour  différentielle 

dy=^co&xdxz=.\/^i  — j".  dx  , 
Q  aura  inversement 


dxi 


dy 


d,  arc  sin  r=     ^ , 


118  LIVRE    II.    CHAPITRE    I. 

OU  bien,  en  changeant jr  en  .r,  afin  de  désigner  toujours 
par  X  la  variable  indépendante  , 

,  .  dx 

a  .  arcsmo:: 


X/'i—x^ 

On  trouverait  de  la  même  manière 

dx 


arc  cos  xz=.  — 


dx 
arctangx  = 


d .  arc  cot  a:  =z=  — 


dx 


i+x^ 

Pour  l'interprétation  de  toutes  ces  formules,  il  faut 
concevoir  que,  le  rayon  du  cercle  étant  pris  pour  unité, 
les  sinus  et  cosinus  sont  des  fractions  positives  ou  néga- 
tives dont  la  valeur  numérique  est  comprise  entre  zéro 
et  I.  Quant  aux  arcs,  ce  sont  des  nombres  nécessaire- 
ment rapportés  à  la  même  unité  métrique  que  les  sinus^ 
cosinus,  tangentes^  etc.,  sans  quoi  il  n'y  aurait  point 
d'homogénéité  dans  les  formules,  et  la  relation  d'où  nous 

sommes  parti , 

,.        sine 

lim  . =  I  , 

n'aurait  aucun  sens.  Il  faudra  donc  que  les  arcs  soient 
mesurés,  non  point  par  le  nombre  de  degrés  qu'ils  con- 
tiennent, lîiais  par  les  rapports  de  leurs  longueurs  à 
celle  du  rayon  prise  pour  unité.  Si  un  arc  était  exprimé 
en  degrés  seKagésimaUK  par  le  nombre  X*,  on  aurait  le 
nombre  x  qui  doit  être  substitué  dans  les  formules,  par 

la  proportion 

180°  :  X"  ::  TT  :  ^, 
où  Tz  désigne,  comme  à  l'ordinaire,  la  longueur  de  la 
demi-circonférence  dont  le  rayon  est  l'unité. 

Si  Ton  prend  pour  unité  angulaire  la  seconde  sexagé- 


DIFFÉREUTTIATION  DES  FONCTIONS  ALGÉBRIQUES.     119 

simale^  comme  cela  se  pratique  dans  les  calculs  de  pré- 
cision, et  si  l'arc  est  exprimé  en  secondes  par  le  nombre 
X",  le  nombre  x  se  déterminera  par  la  proportion 

648000"  :  X"  ::  w  :  a: , 

(l'où 

X 

x    "  ^-^— ^— — — ^^—  • 
206264,81. . . 

Oa  a  souvent  besoin  de  connaître  la  valeur  en  degrés. 
de  l'arc  pour  lequel  x=i  1 ,  ou  dont  la  longueur  est  égale  à 
celle  du  rayon  du  cercle.  Cette  valeur  est  57*i7'44"8i 
=2o6264",8i. 

On  tire  des  équations  (i)  et  (c)  : 
rf\  sinx  .  rf* .  cos  j: 

ainsi,  les  deux  fonctions  j^=zs\n  x,  ^-=€0$  x  jouissent 
(Tune  propriété  commune  et  fort  remarquable,  expri- 
mée par  l'équation 

cby 

De  là  on  conclut  immédiatement 

i^» .  sin  x    '         .            rf'*  .  cos  X       _,  \ 

—7-7 — c=  ±  sm  a: ,   -, — : — .  =  ±  cos  x  ,  j 

rf^'+\sina:        .               rf*«+'cos:r  .  \     ^  ^ 

~-^r:îr —  =  ±cosd:, = — 7-r — =z  q;  sm  a: ,  \ 

les  signes  supérieurs  ou  inférieurs  devant  être  choisis 
selon  que  le  nombre  entier  /  est  pair  ou  impair. 

68.  Les  exemples  suivants  suffiront  pour  indiquer  la 
marche  à  suivre  dans  la  difTérentiation  des  fonctions 
complexes. 

Soit  proposé  de  différentier  : 

On  fera  ax^  +  b=:u  , 

d'où 

/=  u^  ^  df=  nu^~^  du  ,  du  =  maxi^""  dx  , 


120  LIVRE    II.    CHAPITRE    I. 

et  enfin 

dy  =  mna {ax^  4-  A)"*"  x^"^  dx. 

a°  y  =  log.  sinx. 

On  posera  sin  ^  =  i/ , 

d'oïl 

j=  log  u  ^  dy=.  —  ^  da=z  cos  x  dx  , 

et  finalement 

,  dx 


tang:i: 

3**  /=log  jj;  +  l/i+«'j- 

On  emploiera  deux  variables  intermédiaires 

ce  qui:  donnera 

rf;^  =  — ,  du-=idx  +  — y=  ^  dv  =z  2  X  dx, 

et  après  toutes  réductions, 

,  dx 

«7  = 


J"' 


I 


J/r'  —  a,TT  cos  a:  4- r" 
On  posera 

u-=f^  —  a  rr'  cos  :c  4-  r'»  , 
d'où 

r  == — rr  ^  dY:=z r  ,  du  z=r  ^tt'  sin  X  i 

et  par  suite 

,  rr'  sin  x  dx 

dy=z 


(r*  —  2  rr  cos  x  +  '''Oi^ 


CHAPITRE  II. 


COMPARAlSOir    DES   TRANSCENDANTES     LOGARITHMIQUES, 

EXPONENTIELLES    ET     CIRCULAIRES.    FORMULE    DE 

MOIVRE    ET    NOTIONS    SUR    LA    THÉORIE    DES    SECTIONS 
ANGULAIRES. 

J  i".  Comparaison  des  transcendantes  logarithmiques ,  expo- 
nentielles et  circulaires. 

69.  Dans  le  chapitre  qui  précède ,  on  a  donné  les 
règles  pour  la  difTérentiation  des  fonctions  exponen- 
tielles, logarithmiques  et  circulaires,  qui  sont  les  seules 
fonctions  transcendantes  que  Ton  considère  dans  les  par- 
ties élémentaires  des  mathématiques;  mais  ce  sujet  de- 
mande à  être  étudié  plus  à  fond  et  sous  des  rapports 
divers,  parce  qu'il  sert  de  fondement  aux  calculs  de  l'a- 
nalyse supérieure. 

Nous  avons  vu  que  Neper  était  parti  d'une  relation 
équivalente  à  l'équation  différentielle 

£=^'  w 

pour  définir  la  fonction  exponentielle 

ou  la  fonction  logarithmique  qui  en  est  l'inverse, 
X  =  logj. 
En  effet,  cette  équation  différentielle ,  jointe  à  la  con- 
Ation  que  x  s'évanouisse  pour^crzi,  caractérise  essen- 
tiellement l'une  et  l'autre  fonction  transcendante,  en 
fixant  la  loi*  très-simple  d'après  laquelle  ces  fonctions 
varient  sans  discontinuité.  Les  définitions  élémentaires 
qu'on  donne  des  logarithmes  en  arithmétique    et   en 


122  LIVRK    II.    —     CHAPITRE    II. 

alg^re,  n'eu  sont  que  des  conséquences ,  et  n'expriment  j 
par  comparaison  j  que  des  propriétés  secondaires  de  la 
fonction  logarithmique. 

Il  est  facile  de  se  rendre  compte  y  d'après  la  foime  de 
l'équation  (a),  du  rôle  que  doit  jouer  la  fonction  expo- 
nentielle dans  l'expression  d'une  foule  de  phénomènes 
naturels,  et  notamment  de  ceux  qui  pourraient  se  clas- 
ser sous  la  dénomination  générique  de  phénomènes  d'ab- 
sorption ou  d'extinction  graduelle.  Que  l'on  se  repré- 
sente un  corps  mû  dans  un  milieu  résistant  qui  lui 
enlève  sans  cesse  une  partie  de  sa  vitesse.  La  résistance 
du  miheu,  ou  l'absorption  de  vitesse  dans  un  instant 
infiniment  petit ,  dépend  évidemment  de  la  vitesse  du 
corps  :  elle  croît  avec  cette  vitesse,  s'évanouit  quand  la 
vitesse  est  nulle,  reste  très-petite  quand  la  vitesse  est 
très-petite,  et,  par  conséquent  [5], pour  de  très-petites 
valeurs  de  la  vitesse ,  est  sensiblement  proportionnelle  à 
la  vite^e  du  corps  en  chaque  instant.  On  a  donc  une 
équation  de  la  forme 

y  désignant  la  vitesse  supposée  très-petite,  t  le  temps, 
et  k  un  certain  coefficient  constant.  Or,  cette  équation 
se  change  en 


dx 


y 


quand  on  pose  x= — fct;  et  si  l'on  prend  pour  unité  la 
valeur  de  jr  au  moment  où  l'on  a  i:=o,  ou  ax=o,  il  ré- 
sultera de  cette  dernière  équation 

/  =  d*=  e-**,  ou^z=  — ^logj. 

Un  raisonnement  semblable  s'appliquerait  à  l'extinction 
progressive  de  la  lumière  et  de  la  chaleur  dans  des  mi- 


COMPARAISON    DES   TRANSCENDANTES.  123 

lieux  absorbants ,  aux  déperditions  de  chaleur  et  d'élec- 
tricité par  le  rayonnement  des  surfaces  ou  par  le  con- 
tact d'un  milieu  ambiant,  et  à  tous  les  phénomènes 
analogues. 

70.  Suivant  la.  notation  des  intégrales  définies  que 
nous  avons  fait  connaître  [5i],  on  peut  écrire 

ou 

La  fonction  logarithmique  n'est  donc  qu'une  inté- 
grale définie,  et  nous  l'avons  qualifiée  de  transcendante, 
non-seulement  parce  qu'on  n'a  pas  pu  jusqu'ici  l'expri- 
mer algébriquement  y  mais  parce  qu'en  effet,  comme  on 
le  démontrera  plus  tard,  elle  ne  comporte  pas  d'expres- 
sion algébrique ,  explicite  ou  implicite.  Cette  considéra- 
tion doit  nous  mener  dans  la  suite  à  regarder  les  inté- 
grales définies  comme  constituant  de  nouvelles  fonctions 
tianscendantes ,  toutes  les  fois  qu'elles  ne  peuvent  pas 
s'exprimer  algébriquement,  ou  par  d'autres  transcen- 
dantes déjà  définies. 

Le  nombre  transcendant  e  est  la  valeur  qu'il  faut  as- 
signer à  la  limite  supérieure  de  l'intégrale ,  pour  que  la 
valeur  de  cette  intégrale  soit  égale  à  l'unité;  ou,  si  l'on 
veut,  c'est  une  constante  déterminée  implicitement  par 
Téquation  transcendante 

71.  Supposons  que  l'on  cherche  une  fonction  ç.r,. 
tftilç  qu'on  ait ,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  et  de  2, 

cp j:  +  <p^  =:  <p  {x£) .        (A) 
En  faisant  dans  cette  équation  2=0 ,  on  en  tirera 

<p:r4-?(o)=?{o); 


124  LIVRE    II.    CHAPITRE   H. 

en  sorte  que,  si  ç  (o)  avait  une  valeur  finie  quelconque , 
9  X  serait  nulle  pour  toutes  les  valeurs  de  x.  Donc  la 
fonction  cherchée  épcouve  une  solution  de  continuité 
pour  x=X). 

Faisons  dans  la  même  équation  z=i,  nous  aurons 
<par  +  <p  (i)  =  <p  {x)  ,  ou  (p  (i)  =  o  .        (Ax) 
On  peut  différentier  l'équation  {b)  par  rapport  à  o:  et 
par  rapport  à  >z ,  en  y  considérant  successivement  x  et  z 
comme  variables,   ce  qui  donnera,  d'après  les  règles 
déjà  exposées, 

tf'  x=zzff*  (xz)  ,   <f'  z  =  x<f*  (xz)  y 
et  par  conséquent 

X  (^'  X  ZZZ  Z  (f^  z. 

Donc  la  fonction  ç  est  telle  que  le  produit  x  fx  ne  dé- 
pend pas  de  j: ,  et  qu'on  a 

xtf'  x=z  k  ^ 
k  désignant  une  constante  quelconque,  ou 

dfs^x k  . 

dx        X 
et  puisque  la  fonction  ç^  doit  se  réduire  à  zéro  pour 
.m  j ,  on  conclut  de  cette  dernière  équation 

(fxzrzkj    —  =  ^loga:. 

Effectivement ,  l'équation  (i)  exprime  la  propriété  qui 
sert  de  base  à  l'usage  vulgaire  des  logarithmes;  et  nous 
aurions  pu,  comme  on  vient  de  le  voir,  partir  de  cette 
équation  ,  ou  de  la  propriété  qu'elle  exprime  ,  pour 
trouver  la  difTérentielle  de  la  fonction  logarithmique. 

72.  Soit  une  autre  fonction  ^  caractérisée  par  Té- 

quation 

^x  .^z=.^{x  +  z)  ,       {c) 

d'où  l'on  tire ,  en  faisant  z=o , 


COMPARAISON    DES    TRANSCENDANTES.  125 

Si  Ton  dîfTérentie  réquation  (c)  par  rapport  kxet  par 
rapport  à  z,  il  viendra 

et  par  suite 

Yx Y^ 

^x       ^z 
kins\\  l'on  doit  avoir 


■f-^  =:  a  ,  ou  —7—  =  «  J; JT 

^x  dx  ^ 


(f  désignant  une  constante  quelconque  que  nous  suppo- 
serons d'abord  réelle.  Or ,  nous  savons  par  ce  qui  pré- 
cède que  la  fonction  de  x  qui  satisfait  à  cette  équation 
difTérmtielle  et  à  la  condition  ^  (o)=f  ,  est 

et,  en  effet,  l'équation  (c)  n'est  que  là  traduction  de  la 
règle  fondatnentale  du  calcul  des  exposants;  en  sorte 
(juenous  aurions  pu  partir  de  cette  équation  pour  trouver 
directement  là  différentielle  de  la  fonction  exponentielle. 

Supposons  maifitenant  que  la  constante  a  soit  imagi- 
naire, ou  de  la  formé  a-i-PlX^Hii  :  la  fonction  ^x  sera 
elle>méme[i7]  "^^  quantité  imaginaire  de  la  forme 
fx  -^ix  v/ZTi  . 

En  effet,  l'équation 

rf  .  4^^  =  (a  4-  p  \/^\)  ^x  dx       {d) 
peut  être  remplacée  par 

A  •  4;^=(a+pl^— i)  ^x^a: , 
avec  une  approximation  d'autant  plus  grande  que  l'on 
prend  pour  tiX  une  fraction  plus  petite.  Ainsi ,  à  cause 
dei];(o)=i,  si  Ton  prend,  par  exemple,  Ar=o,ooi, 
cette  valeur  de  A  x  étant  regardée  comme  une  quantité 
très-petite  du  premier  ordre  [44^^45],  on  aura,  en  né- 
gligeant les  quantités  très-petites  du  second  ordre, 


126  LIVRE    II.    CHAPITRE    II. 

i^  (o,OOl)  =  I  +  0,001  (  a  -f-  p  l^ — I  )  , 
^  (0,002)  î=  [i  +  0,001  (a  -4-  p  )/ — I  )]*  , 
^  (o,oo3)  =  [i  4-  0,001  (  a  +  P  l^^)Y  , 
etc. , 
et  toutes  ces  valeurs  de  la  fonction  ^  sont  réductibles  à 
la  forme 

fx+vl/ — I  . 
Comme  l'erreur  commise  par  la  substitution  d'une  dif- 
férence finie  A.r  à  la  différentielle  dx  peut  être  indéfiini- 
ment  atténuée ,  il  s'ensuit ,  non-seulement  qu'il  existe 
effectivement  une  fonction 

ij;  j7=/à?  4- fjrlx' — I  , 
jouissant  de  la  propriété  de  satisfaire  aux:  équations  (c) 
et  (cj ,  et  par  suite  à  l'équation  (d) ,  mais  encore  que 
les  fonctions  réelles  ^Tr,  fr,  qui  entrent  dans  la  compo- 
sition de  ^Xy  peuvent  être  calculées  numériquement, 
pour  une  valeur  quelconque  assignée  à  .r,  avec  une  ap- 
proximation indéfinie. 

A  cause  de  l'équation  (c©) ,  on  a 

/(o)  =  i,  f(o)  =  o,       (e) 
et  il  vient,  en  vertu  de  l'équation  (c), 

(fv+fa:\/'^){/z+  fcv/'=l)=/(a;+z)+f(;c+2)|/^, 
d'où  l'on  conclut 

fx.fz  —  ix.   £2=:/(^  +  «),| 


formules  dont  les  conséquences  seront  développées  tout 
à  l'heure. 

Puisque  l'équation  (c)  n'est  que  la  traduction  de  la 
règle  algébrique  pour  le  calcul  des  exposants,  il  s'en- 
suit que  nous  pouvons  désigner  par  ef^ ,  même  lorsque 
la  constante  a  est  imaginaire ,  la  fonction  ^  x  qui  jouit 
de  la  propriété  de  satisfaire  aux  équations  (c)  et  (cq)  : 


COMPARAISON    DES    TRAWSCBITDANTES.  127 

car,  bien  que  l'on  ne  puisse  pas  élever  un  nombre  à  une 
puissance  imaginaire,  et  qu'ainsi  l'expression  ef^ ,  quand 
Qx  est  imaginaire ,  n'indique  pas  une  opération  arith- 
métique possible,  exactement  ou  par  approximation, 
cependant,  lorsqu'on  appliquera  les  règles   du  calcul 
algébrique  à  une  telle  expression,  on  se  conformera  à 
la  nature  de  la  fonction  ^  qu'elle  représente ,  et  l'on 
arrivera  nécessairement  à  un  résultat  exact. 
73.  La  fonction  transcendante 
y  =  sin  â; 
ayant  la  propriété  de  satisfaire  à  l'équation  différentielle 

«fy  ==  cos  xdx  ^       {g) 
ou 

rfy  =  V/^I=7.d^r,  {g) 
00  peut  faire  abstraction  de  la  signification  géométri- 
que attachée  à  la  fonction  /,  et  la  caractériser  par  la 
double  condition  d'être  nulle  en  même  temps  que  x  et 
décroître  avec  continuité  suivant  une  loi  exprimée  par 
l'équation  (§•').  On  peut  aussi  envisager  la  fonction  in- 
verse comme  une  intégrale  définie ,  et  écrire 


arcsmy 
ou  en  changeant  de  lettre 


p  dy 

ttre 

/  *    dx 


arc  sm  a:  =    #  .   ^  > 


en  sorte  que  le  nombre  transcendant  tz  sera  déterminé 
par  l'équation 


/^    dx 


128  LIVRE    ir.    —    CHAPITRE    II. 

Les  équations  (g)  et  (^)  coïncident  pour  les  valeurs 
de  y  comprises  entre  — i  et  -f-i ,  ou  pour  les  valeurs 
de  X  comprises  entre  —  -j  tt  et  +  ^  ir;  mais  quand  x  vient 
à  dépasser  7  tu,  il  faut,  d'après  ce  que  la  trigonométrie 
nous  enseigne  sur  le  changement  de  signe  du  cosinus, 
remplacer  l'équation  (g')  par 

rfy  =z=  —  l/i— y'  .  ttx  .       (g") 

En  effet,  il  est  impossible  que  l'équation  (g')  subsiste 
pour  des  valeurs  réelles  de/,  après  que  la  variable  j:, 
réputée  indépendante  et  dont  par  conséquent  rien  ne 
gêne  l'accroissement  continu ,  vient  à  dépasser  la  valeur 
pour  laquelle  ^^'^=1  :  car  alors  l'accroissement  dx  étant 

positif,  et  le  radical  J/j ^^  étant  pris  positivement, 

djr  serait  positif,  d'où  il  résulterait  que  ^dépasse  la  va- 
leur I ,  et  qu'ainsi  le  radical  ^| y»  devient  imagi- 
naire ;  ce  qui  ne  peut  arriver  sans  que  d/-  et  par  suite  j 
prennent  des  valeurs  imaginaires. 

74.  Mais ,  pour  démontrer  directement  que  l'on  doit 
passer  de  l'équation  (g^)  à  l'équation  (^") ,  sans  rien  em- 
prunter à  la  trigonométrie,  ni  dans  cette  démonstra- 
tion, ni  dans  la  définition  de  la  fonction/,  considérons 
deux  fonctions  îx^fx^  déterminées  simultanément  par 
le  système  des  deux  équations  différentielles 
d  .  ix  ^=-fx  dx ,       (f) 
d  ^fx=.  —  ix'dx  ,       (/ ) 
jointes  aux  conditions 

f(oj  =  o,/(o)  =  i.       (4) 

On  tirera  de  ces  équations 

îxd  .fx  -i-fx  d  .fx  ==  o  , 
ou 

irf.[(f:r)»H-(/r)»]=o- 

et  de  là  on  conclut 

(Cr  )'+(>)•  =  €, 


COMPARAISON    DES    TRANSCENDANTES.  !  29 

C  désignant  un  nombre  quelconque,  indépendant  de  x. 
Mais  les  équations  (J^)  donnent 

(fo)»+(/o)'  =  i; 

donc 

Cela  posé,  tant  que  fx  passe,  pour  des  valeurs  crôîs- 
saotes  de  x,  de  la  valeur  p  à  la  valeur  i ,  d.îx  est  po- 
sitif ainsi  que  djc  :  àoncfx  est  positif  en  vertu  de  l'é- 
quation (/),  et  l'on  a  ^ 

ft  =  l/i— (fa:)*  . 
Désignons  par  ^  tu  la  valeur  de  x  pour  laquelle  an  a 
fx=:i,  et  par  suite  fx  =  o.  En  vertu  de  l'équation 
(y),  d,  fx  est  négatif,  et  fx  va  en  décroissant,  pour  des 
valeurs  croissantes  de  Xi^  tant  que  ix  est  positif;  donc , 
prdes  valeurs  de  x  plus  grandes  que  \  ir,/i:,  aprèà 
avoir  passé  par  zéro  deviendra  négatif,  et  sera  égal  à 

Donc  Ix  croîtra  et  décroîtra  symétk*iquement  en  deçà 

et  au  delà  de  sa  valeur  maximum  f  (4  ir)  =  i,  de  sorte 
qu'on  aura 

f(47C+^)  =  f(^7C— ^). 

Par  conséquent 

_f(«)=f(o)=o,/(«)=^i, 
La  variable. indépendante  x  venant  à  dépasser  la  va-^ 
leur  X,  et  fx  étant  négatif,  d.  f  x  sera  négatif  et  fx 
continuera  à  décroître  en  prenant  des  valeurs  négatives. 
Or,  comme  fx  ne  change  pas  de  valeur  pour  des  va- 
leurs de  îx  numériquement  égales  et  de  signes  contrai-» 
fes,  il  en  résulte  encore  que  l'on  a 

f  (w+z)  =  — f(Tr  — J3)  , 
«tpar  suite 

f(l^)=_f(^^)=-i,/(l^)=o. 
Lorsque  x  aura  dépassé  la  valeur  \Tz^fx  redevien- 

T.  I.  ç 


130  LIVRE    II.    CHAPITRE   11. 

dvsL  positif  y  îx  recommencera  à  croître  algébriquement 
en  passant  par  des  valeurs  numériques  de  plus  en  plus 
petites;  et  par  la  raison  déjà  indiquée  il  décroîtra  et 
croîtra  symétriquement,  en  deçà  et  au  delà  de  sa  va- 
leur minimum  f  (1^)=^ —  i,  de  façon  qu'il  viendra 

f(i«+^)==f(f^-*), 

et  enfin 

f(2TC)  =  f(Tr)=:0,/(2'7c)=I   . 

En  ce  moment,  les  valeurs  de  fx  et  de  fx  redeve- 
nant ce  qu'elles  étaient  pour  x=Oj  f  (x)  repassera  par 
la  même  série  de  valeurs  également  espacées,  et  l'in- 
tervalle de  la  période  sera  égal  à  27r. 

On  discuterait  de  même  la  marche  périodique  de  la 
fonction  f,  et  l'on  étendrait  cette  discussion  aux  va- 
leurs négatives  de  x. 

Ainsi,  la  règle  pour  le  changement  révolutif  des  si- 
gnes des  sinus  et  cosinus,  qui  n'était  établie  en  trigono- 
métrie que  par  induction,  et  par  la  vérification  des  for- 
mules lorsqu'on  les  étend,  d'après  cette  règle,  aux  arcs 
plus  grands  que  le  quadrant,  ou  même  plus  grands 
qu'une  circonférence  entière,  dérive  en  effet  de  la  loi 
de  génération  de  ces  fonctions,  abstraction  faite  de 
toute  signification  géométrique  attribuée  à  la  variable 
X  et  aux  fonctions  qui  en  dépendent. 

75.  Considérons  la  fonction 

^x  =  cos  x  H-  sin  :r  .  *^— -i  : 

la  différentiation  donnera  ^ 

Yx  =:= —  sin  a:  +  cos  a:  V^ — x  =<|/:r .  ^ — i  , 
ou 

^x . —         i 

D'ailleurs,  la  fonction  '^x  ^e  réduit  à  l'unité  pour 


COMPARAISON    1>ES   TRANSCENDANTES.  131 

x=z4)i  donc  [7a]  la  fonctioa  ^x  peut  se  représenter 
par  e  '^-'^  et  ron  a  cette  formule  fondamentale 

c*^^=^:=:  ces  X  +  sin  ;r  .  V^ — 1 .       (A) 
Il  est  bien  évident  en  effet  que  les  fonctions  cos  x,  sin  x 
jouissent  des    propriétés   qui   doivent    appartenir   aux 
fonctionsyo:,  f ^,  en  vertu  des  équations  (e)  et  (/). 

En  changeant  le  signe  du  radical  dans  l'équation  (Â)^ 
on  aura 

er-'^^^  =zcosx  — sin:c  .J/ — i  , 
d'où  Ton  conclut 

cos  or  = 7  1 

sin  X  = .  I 


a  V^ — I 

Ces  formules,  sans  cesse  employées  dans  l'analyse,  ont 
été  publiées  pour  la  première  fois  par  Euler,  qui  les 
attribue  à  son  maître  Jean  Bernoulli. 

On  exprimerait  de  même  en  exponentielles  imaginai- 
res toutes  les  autres  fonctions  trigonométriques  ;  par 
exemple  : 

76.  L'équation  (A)  donne  encore 

a:l/'II7==:log  (cosx+sinar.  VlTT)- 
et  si  l'on  fait  j;z=2i(7r,N/'désignant  un  nombre  entier 
quelconque ,  positif  ou  négatif,  on  en  tirera 
log  .  I  =  aj^  s/"^  . 
Ainsi,  la  signification  des  exposants  imaginaires,  et  ; 
par  suite  celle  des  logarithmes  imaginaires  étant  fixée , 
il  en  résulte  que  Tunité  a  une  infinité  de  logarithmes 
imaginaires ,  en  outre  dii  logarithme  réel  zéro  corres- 
pondant à  i^o.  Il  faut  aussi  en  conclure  qu'un  nombre 

9- 


132  LIVRE    II.    CHAPITRE   II. 

positif  quelconque  a  une  infinité  de  logarithmes  imagi- 
naires ;  car,  en  vertu  de  l'équation  identique 

;  a  =  a  XI, 

j  on  aura  

loga=(loga)  4-logx  =  (loga)  -f- 2/^  V^-i , 

(log  à)  désignant  le  logarithme  réel  de  a. 
On  trouverait  de  là  même  manière 

log(— a)=(loga)  +  log(— i)=(loga)  +  (iiï^i)7ci/'::::r> 
et  cette  formule  montre  que  tous  les  logarithmes  des 
nombres  négatifs  sont  affectés  dMmaginarité. 
Enfin  l'on  aurait  ^'U  ^ 

log(v/-r)=^^^v/irr, 

log  (—  v/37)  =  ^^^^^  v/=T , 

valeurs  qui  restent  imaginaires ,  quel  que  soit  L 

Il  n'y  a  pas,  dans  l'analyse  mathématique,  de   fait 

V  plus  remarquable  que  cette  liaison  inattendue  qui  s'éta- 
blît, comme  une  conséquence  de  l'emploi  du  signe  al- 
gébrique V/^,  d'une  part,  entre  les  fonctions  expo- 
nentielles et  les  fonctions  trigonométriques ,  d'autre 
part,  entre  les  logarithmes  et  les  arcs  de  cercle  :  c'est-à- 
î  dire  entre  des  fonctions  si  diverses  de  nature  et  d'ori- 

^  !  gine,  tant  qu'on  ne  remonte  pas  à  la  loi  qui  régit  leurs 
accroissements  différentiels. 

S  a.  Formule  de  Moivre  et  notions  sur  la  théorie  des  sections 
angulaires. 

77.  De  l'équation  (A)  on  déduit,  en   désignant  par 
/^  un  nombre  entier  positif , 

^«rv'ZT  -:=.  cos  nx  +  sin  nx  .  1/H7  , 


THiORIK    DES   SECTIONS   ANGULAIRES.  133 

et  par  conséquent 

[cosx  4-  sin  X  .  v/— i)**  =  cos  na:+  sin  nx .  V^~i .       (C) 
Cette  équation  se  décompose  en  deux  autres,  comme 
toutes  celles  qui  renferment  à  la  fois  des  termes  réels  et 
des  termes  imaginaires.  Ainsi ,  pour  n  =  a^  on  trouve 
(cos'j:— sin'  j74-a  sin  j;cos  j; .  v/— i  =cos  ax+sin  2X.  V^~iy 
ce  qui  équivaut  aux  deux  équations  bien  connues  : 
sin  2  or  =  a  sin  a:  cos  x , 
eos  aa:=cos»jr  —  sin'x  . 
Le  même  calcul  donnerait,  pour  n=3j 
sin  3  or  =  3  cos'  ^  —  sin'  x , 
cos3jr=cos^  j7 — 3  cosorsin'^r  . 
Afin  de  généraliser  ces  résultats  ,  nous  remarquerons 
que  l'équation  (C)  donne,  par  le  changement  de  signe 
du  radical , 

(cosa:  —  sin  a:  .  l/II7)*=cos/iar — sin/tx.  l/HI  , 
ce  qui  conduit  aux  expressions 

(cos  Jî H- sin  a:.  v/IH7)'*  +  (cos:r — sinar.l/Hï)* 

cos/trzz:^ ^ ^    , 

2  * 

rcos:rH-sinar.  V'^'^^Y — (cos:r  —  sin  x.  \/~j)n 

5in/u?=i — -è= _i_  . 

a  V/— 1 

£d  développant  les  puissances  par  la  formuîe  du  bi- 
nôme, on  fait  disparaître  les  imaginaires, et  il  vient: 

/if/i— i)  .  , 

cos  710:==  cos"  X ^ cos'*~»a?  sm'  x 

i.a 

n(n — lY/i — a)/i — 3)  *      .  ,  r^v 

H-  -^^- ^    ^  \ ^cos"-*a:sm*a:— etc. ,  (D) 

dn — il(/î— a)  ,     .   ,  A^x 

8iii;u:=:;icos*~'xsma: ^ ^^-« cos»-^a:sm^;r-hetc.  (E) 

I  •  a  •  o 

Ces  deux  formules  ne  comprennent  qu'un  nombre  fini 

détenues,  toutes  les  fois  que  n  est  un  nombre  entier 

positif,  comme  nous  le  supposons  ici. 

78.  Soit,  pour  la  simplicité  du  calcul, 

cos  X  +  sin  X  \/ZZl  =  u ,  cos  x  — •  sin  ^  l/H7  "=.  v  y 


/! 


134  LIVRE    lï.    CHAPITRE    II. 

d'oîi 

uv=z  I  ,  M-f-?;  =  a  cos^,  m— -2;  =  »  sin  x  l/HT  : 
la  formule  du  binôme  donné ,  toujours  dans  le  cas  d'un 
exposant  n  entier  et  positif, 

n  ^    .         n(n — i)   ^  . 


(  2  cos^  Y=i(u~v-vY=iu^  +  -tt"  ~  '  t;  H — ^^ '  1*^ 

OU  bien ,  à  cause  de  w  (/=  i , 
(2 cos xY  =zu^  +  ^u!^^  H — i ^ M*»-^  + 


I  1.2 

n(n — i)    ^  ,      n   ^ . 

1.2  I 


Mais  on  a  d'ailleurs 
i£*  =  cos  nx  +  siTLnx \/ZZl ,  2/*=cos nx —  sin nx l/HT  : 
donc 

(2  cos  Jî)**=cos  wa?+wcos(« — 2)rH — ^  "^  ^cos  {n — 4)^4- 

-J — ^^ cos  {n — 4)  :f  4-  /i  cos  {n — 2}  x  +  cos  nx 


1.2 


+  4/— I   sîn/2a:4-/isin(n— 2)a:-h-^ ^sin(/i— 4)^aH-.... 

^ -^sin(/i_-4)^"~'»sin(/i— 2)j?— sm/ia:    .  {m) 

La  partie  réelle  du  second  membre  est  formée  de 
termes  tous  égaux  deux  à  deux,  à  l'exception  du  terme 
moyen ,  dans  le  cas  où  n  est  pair  :  par  la  même  raison , 
la  partie  imaginaire  est  formée  de  termes  qui  se  dé- 
truisent deux  à  deux,  le  terme  moyen  s'évanouissant 
de  lui-même  si  n  est  pair.  Ainsi  l'on  a,  pour  les  valeurs 
paires  de  n, 

(2çosa:)"=2 1  cos  nx+n  cps(/i — ^)x'\-  ^        ^cos{n — JS^x 

«(«-!)......?  -|        «(«-,) Q+l) 

-) — -COS  :ix     + ,  (F.) 


THl£ORl£   DES    SECTIONS   ANGULAIRES.  135 

et  pour  les  valeurs  impaires  de  cet  exposant, 
(2C0sar)"=:a  j  cos  nx-^ncos^n — 2)x-| — ^ -cosÇn — 4)^— 

-(»-.) (!^) 

H ^         ^coso:     I   .        (F.) 


j  •       (F.) 


'•^•3 (^) 

Od  trouve  de  même,  selon  que  n  est  pair  ou  impair, 

'      ^         ^                                i.a 
=cos;iar — ncos(n — a)ar+— ^ Uos(n — 4)^ 


+  i/— ,  Isii 


,.=p/icos  (n— a)  j:±:  cos  na: 
sm/ior — nsirï(n — a)  j:H — ^-- sm(/i— 4)-^ — •  •  • 

±nain(n — a)âcpsin/ti2r     .       {m') 

Dans  le  cas  où  n  est  pair,  la  série  qui  multiplie  (/^ — i, 
dans  le  dernier  membre  de  l'équation ,  s'évanouit  comme 
précédemment;  les  termes  de  la  partie  réelle  s'accou- 
plent, à  l'exception  du  terme  moyen,  et  Ton  a 

'-ijïf  Minj:  J  =a|cos/iar— /icos(/i— a)j7-|-  -^^ ^cos(/i— 4)*- 

± ; ^cosa^  Iq; ,(tij 


n 
I. 

a 


1  «(«-o-.(^- 

'r T^ 

I  i.a.o....- 


i.a.3....(~i^ 

formule  dans  laquelle  il  faut  prendre  les  signes  supé- 
rieurs ou  inférieurs  selon  que  -  est  pair  ou  impair. 

Dans  le  cas  où  n  est  impair,  c'est  la  partie  réelle  du 
dernier  membre  de  l'équation  {m'\  dont  les  termes  se 


136  LIVRE    II.    CHAPITRE    II. 

détruisent  deux  à  deux,  et  la  partie  imaginaire  dont  les 
termes  s'accouplent.  Après  qu'on  a  divisé  de  part  et 
d'autre  par  l/^,  il  vient 

f  —I  j  »    (  2sirïxj  =2  sin/ia?— /îsin(/i— 2)^+— ^^ sin{n — 4)^ — 


«(«-0 l~)     , 

± — — — -sinar      .      (G,) 


-' (^) 


79.  La  formule  (C),  due  à  Moivre,  et  qui  porte  le 
.  nom  de  ce  géomètre ,  fournit  inmiédiatement  l'expres- 
:  sion  des  racines  des  équations  de  la  forme 
/  a:^ipi-=o, 

auxquelles  on  sait  que  peuvent  se  ramener  toutes  les 
équations  binômes. 

Prenons  d'abord  l'équation 

^  —  1=0,         {n) 
et  posons 

jc  =:cos<p  4- sin  <p .  W^IIIÏ  : 

cet  angle  <p  devra  être  déterminé  de  manière   à  satis- 
faire à  l'équation 

cos  «9  +  sin  wcp .  j/ZIi  =  i  , 
qui  se  décompose  en  deux  autres 

cos  /ijp  =  I  ,  sin  /icp  =  o  , 
auxquelles  on  satisfait   simultanément    si    l'on  prend 

(f  = ,  et  par  conséquent 

2JTC  .      211:  .V 

a:=cos h  sm •  V—i  ,       (p) 

i  désignant  un  nombre  entier  quelconque. 

Il  est  clair  que  lorsqu'on  attribue  à  i  les  n  valeurs, 

entières 

o ,  I  ,  2  ,  3 ,   ......  /i  —  I  j 


THEORIE    DES    SECTIONS    ANGULAIRES.  137 

OQ  â  autant  de  valeurs  différentes  pour  .r;  tandis  que  , 
si  l'on  attribue  à  /  des  valeurs  entières ,  soit  négatives , 
soit  positives ,  mais  numériquement  plus  grandes  que 
/2—I, on  retombe  sur  des  valeurs  de  x  déjà  obtenues. 
Ceci  résulte  de  la  formule 


cos 
sin 


2(^/i-hr)7c cos  /    ,        2riç\ cos  j  un 

n  sin  V  n  /       sin  (    » 


7 


OÙ  r  désigne  un  nombre  entier,  positif  et  plus  petit 
^^n,  et  k  un  nombre  entier  quelconque,  positif  bu 
négatif. 

Le  nombre  des  racines  distinctes  données  par  la  for- 
mule (/?)  est  donc  le  même  que  celui  qui  exprime  le 
Jegré  de  Féquation  (/ï),  conformément  à  la  théorie  des 
équations  algébriques. 

La  valeur  /::^o  donne  la  racine  réelle  j;=  i,  et  si  /2 
est  pair,  auquel  cas  —  i  est  une  autre  racine  réelle  de 

l'équation,  cette  racine   correspond  à  la  valeur /=-. 

Toutes  les  autres  valeurs  de  /  donnent  des  racines  ima- 


Oq  sait  qu'une  équation  algébrique  à  coefficients 
réels  a  toutes  ses  racines  imaginaires  conjujguées ,  de 
manière  que  le  produit  dfe  deux  racines  conjuguées 

a  H-  p  v/37  ,  a— p  ï/ZT 
est  une  quantité  réelle  positive  a*+P^.  La  formule  {p) 
satisfait  à  cette  condition  ;  car  on  a 

2(n — rV  2m     .    2(71 — r)w  .    aTic 

cos-^ £-  =cos — ,  sm— ^^ ^  = —  sm > 

n  n  n  n 

oe  façon  que  la  racine  imaginaire  donnée  par  la  valeur 

^  se  conjugue  avec  celle  qui  correspond  à  i=n — r. 

On  peut  donc  exprimer  toutes  les  racines  de  l'équation 

Wî  ou  toutes  les  racines  de  Vimitéy  par  la  formule 


138  LIVRE    II.    —    CHAPITRE   II. 

jjzzrcos it  sin •  l/— I  , 

n  n 

\  dans  laquelle  on  n^atlribuera  à  i  que  les  valeurs  entières 

'  de  o  à  -inclusivement  si  n  est  pair ,  et  de  o  à si  n 

est  impair. 
1      Les  facteurs  réels  du  second  degré ,  qui  sont  le  pro- 
I  duit  de  deux  facteurs  imaginaires  conjugués ,  se  trouvent 
I  compris  dans  la  formule 


2«W 

œ^ —  Q^x  cos h  I 


Cette  proposition ,  à  laquelle  on  peut  donner  facilement 
un  énoncé  géométrique,  est  connue  sous  le  nom  de 
Théorème  de  Côtes. 

L'équation 

a:»  H-  I  =  o 
,  donne  lieu  à  des  formules  analogues  que  l'on  obtient  en 
;  écrivant  dans  celles  qui  précèdent  li+i  au  lieu  de  ii. 
Réciproquement,  toutes  les  fois  que  Ton  saura  ré- 
soudre algébriquement  une  équation  binôme 

^zp  I  z=  o  , 
c'est-à-dire  exprimer  ses  racines  imaginaires  par  un  sys- 
tème de  radicaux  algébriques ,  on  aura  une  expression 
algébrique  des  lignes  trigpnométriques 
sin  J  a/ic     sin  l  (2/4-1)^ 


cos  \     n    '    cos  I  n        ' 


et  en  particulier  des  lignes 


air  aie 

sm  —  ,  cos  — 
n  n 


Donc,  si  ces  racines  imaginaires  s'expriment  par  un 
système  de  radicaux  du  second  degré,  que  l'on  puisse 
construire  avec  la  règle  et  le  compas  ^  comme  on  l'en- 
seigne dans  les  éléments  de  la  géométrie  analytique ,  on 


THEORIE    DES   SECTIONS    ANGULAIRES.  .139 

pourra  coDstruîre  avec  la  règle  et  le  compas  le  sinus  ou 
le  cosinus   de  Tare   qui  est   la  rl^  partie  de  la  circon-  , 
ërence,  ety  par  conséquent,  diviser  géométriquement' 
(daos  le  sens  des  anciens)  la  circonférence  en  n  parties 
égales.  On  voit  par  là  comment  ce  problème,  si  célèbre  • 
chez  les  géomètres  grecs,  se  rattache  à  la  théorie  de  la  \ 
resolution  algébrique  des  équations,  qui  elle-même  se  \ 
lie  étroitement  à  la  théorie  des  combinaisons  et  à  celle  ' 
des  nombres.  Mais  ce  n'est  pas    ici   le  lieu  d'insister 
sur  ces  rapprochements  très -curieux,  qui  intéressent 
platôt  la  philosophie  des  mathématiques  que  leur  appli-  ' 
cation  aux  autres  sciences  positives.  | 

80.  On  résout,  à  l'aide  des  tables  trigonométiûques, 
Don-seulement ,  comme  on  vient  de  le  voir,  les  équa- 
tions binômes ,  mais  encore  les  équations  trinômes  de 
la  forme 

J3*~ — 2aj8'*  +  ft=o;       (y) 
car,  si  l'on  en   tire  pour  >z'  une  valeur  réelle,  elles  se 
ramèneront  immédiatement  à  des  équations  binômes  du 
Jegré  n;  et  dans  le  cas  contraire,  où  l'on  a  a^<b^  on 
pourra  poser 


:=v': 


b.x^    — r==:±:cosX, 


^désignant  un  arc  plus  petit  que  le  quadrant  :  au  moyen 
Je  quoi  l'équation  (^)  prendra  l'une  des  deux  formes 
a?^ —  2  3é^  cos  X  H-  1  =  o  ,       (y,) 
«***  -h  a  a:*  cos  X  +  I  =  o .       (y,) 
Admettons  que  ce  soit  la  première ,  et  posons 
X  =  cos  <p  +  sin  <p .  l/'HT  ; 
«  valeur  de  l'angle  ç  devra  satisfaire  aux  conditions, 

cos   2  7iCp 2  cos  Wp  .  cos  X  -f-   X  =  O  , 

sîn  2  izf  —  a  sin  /Z(p  .  cos  X  =  o  ; 
^^elle  y  satisfera  effectivement  si  l'on  prend 


140  LIVRE    11.    CHAPITRE    II. 

cos  W(p  =  cos  A  ,  d  ou  (p  = , 

/  désignant  un  nombrç  entier  quelconque.  Ainsi  les  in 
racines  de  la  proposée  sont  données  par  la  formule 

x:=.  cos hsm .  l/— I  , 

n  n 

dans  laquelle  on  attribuera  successivement  à  i  toutes  les 

valeurs  entières,  de  o  à  n — i  inclusivement.  Les  facteurs 

réels  de  l'équation  {q^  sont  représentés  par  la  formule 

x"  —  IX  cos h  I  • 

n 

Il  faudrait  remplacer  dans  les  formules  précédentes 
li  par  2/+  1,  afin  de  les  adapter  à  la  résolution  de  l'é- 
quation {q^, 

81.  Lorsque  dans  la  formule  de  Moivre 
(cos  x-\-  ûnx.  y^'^y = cos  nx  +  sin  /lo; .  1/37        (C) 
on  attribue  à  n  des  valeurs  entières,  chaque  membre 
de  l'équation  ne  comporte  qu'une  seule  valeur,  et  l'appli- 
cation de  la  formule  n'exige  aucune  remarque  nouvelle  ; 

mais  si  l'exposant  n  est  une  fraction  rationnelle  -,  que 

l'on  doit  toujours  supposer  réduite  à  sa  plus  simple 
expression,  le  premier  membre  de  l'équation  comporte, 
d'après  la  théorie  des  racines  de  l'unité ,  q  valeurs  dis- 
tinctes que  l'on  obtiendra  en  multipliant  successivement 
le  second  membre  par  les  racines  de  l'unité,  du  degré  y  _ 
Or,  d'après  ce  qui  précède,  ces  racines  sont  données 
par  la  formule 

cos h  sm  — .  V/— I. 

Donc ,  pour  que  dans  ce  cas  la  formule  de  Moivre  ac- 
quière la  généralité  qu'elle  doit  avoir,  il  faut  écrire 

(. \i     f      p         '  p       y — \(      2IW       .    2j?ir 
cos.r4-sma:.  V/— 1  \i^=\  cos-ar-f-sm^^.K  — i  jl  cos f-sm 
J     \     q         q          h      q         q 


THÉORIE    DES    SECTIONS    ANGULAIRES.  141 

33:; cos^- H  sm^- .  V^--!. 

9  î 

£n  outre,    puisque  p  est  un  nombre  entier,    premier 

avec  Çy  on  peut  remplacer  i  par  pij  ce  qui  donnera  cette 

formule  plus  élégante 

dans  laquelle  on  attribuera  à  /  toutes  les  valeurs  en- 
tières, de  o  à  g — i  inclusivement. 

*82.  Les  formules  (D),  (E),  (F.),  (F.),  (G.),  (G,),  qui 
servent  à  transformer  les  sinus  et  cosinus  des  multiples 
d'un  arc  en  puissances  des  sinus  et  cosinus  de  l'arc  sim- 
ple, ou  réciproquement,  doivent  recevoir  des  modifica- 
tions analogues  lorsque  les  indices  des  puissances  sont  des 
nombres  fractionnaires;  et  ce  point  délicat  de  la  théorie 
des  sections  angulaires  a  été  mis  dans  un  grand  jour  par 
l'intéressant  mémoire  que  M.  Poinsot  a  publié  en  iSaS, 
sous  le  titre  de  Recherches  sur  V analyse  des  sections 
angulaires.  Voici  quelques  explications  à  ce  sujet,  que 
l'on  pouira  laisser  de  côté  à  une  première  lecture,  comme 
étant  moins  essentielles  que  ce  qui  précède. 

Soit 
^xzrn  cos  n:t+n  cos(/i— 2):c  4-  ^-^ cos(/i-4)^  •+•  etc.  I 

\^x=smnx + n  sin(w-2)a:H-  — — Um{n^4)x  +  etc.  | 

la  formule  (m)  deviendra 

(2  cos  xy  =  4>a?  +  iira:»/II7  ; 
et  cette  formule  pourra  être  censée  établie ,  d'après  les 
calculs  du  n*  78,  pour  des  valeurs  quelconques  de  l'ex- 
posant n ,  si  l'on  admet  que  la  formule  du  binôme  sub- 
siste pour  des  valeurs  quelconques  de  l'exposant  :  ainsi 


142  LIVRE    II,    CHAPITRE   JI. 

que  cela  se  prouve  dans  la  plupart  des  traités  d'algèbre, 
iadépendamment  de  la  démonstration  par  le  calcul  dif- 
férentiel ,  qui  doit  être  donnée  plus  loin. 

Quand  n  est  un  nombre  positif  entier ,  la  fonction  W.r 
est  nulle;  la  fonction  ^x  est  composée  d'un  nombre  fini 
de  termes  qui  s'ajoutent  deux  à  deux,  selon  qu'on  l'a 
expliqué  :  mais  en  général  les  seconds  membres  des 
équations  (H)  sont  des  séries  formées  d'un  nombre  in- 
fini de  termes. 

Donnons  à  /ï  la  valeur  fractionnaire-^  (jo,  q  dési- 
gnant des  nombres  entiers,  positifs  et  premiers  entre 

eux  )  :  la  quantité  radicale 

p 
{^cosxy  (r) 

admettra  q  valeurs  distinctes,  comprises  dans  l'expression 

l^x-^'WxV'l^^  Tcos-a/TC  +  sin -.a/wï/'IIT  j, 

qui  équivaut,  d'après  ce  qu'on  a  vu  plus  haut,  à 

i^x  +  awir)  +  ^{x  +  2«iç) .  y/"^} , 
/  devant  recevoir  toutes  les  valeurs  entières  ^  de  o  à  q — i 
inclusivement. 

Supposons  que  cos  x  soit  positif,  et  désignons  par  X 
la  valeur  réelle  et  positive  du  radical  (r)  :  on  obtiendra 
les  autres  valeurs  du  radical  en  multipliant  X  par  les  ra- 
cines de  l'unité ,  autres  que  i  ;  c'est-à-dire  que  les  q  va- 
leurs du  radical  seront  comprises  dans  l'expression 

X(cos  - .  ai'w  +  «in  - .  aVic .  V^I^) , 

sous  la  condition  d'attribuer  à  i'  toutes  les  valeurs  en- 
tières de  o  à  q — i  inclusivement. 

Donc,  il  sera  toujours  possible  d'assigner  entre  ces  limi- 
tes aux  nombres  entiers  U  i  àes  valeurs  telles  que  l'on  ait 


TH^RIE    DES    SECTIONS    ANGULAIRES.  143 

rcos?.2i%+sin^.2i'7C.  v/:=7)=*Cr+2nc)+W(jî+2/x(l/^),  {s) 
ou,  ce  qui  est  la  même  chose, 

^      q  î 

i^-i-Wx.  l/HÏ)  (cos  ^. 2iw  +  sin  ^. 2Z7C.  v/^) ;    (0 

et  la  question  est  ramenée  à  déterminer  les  valeurs  cor- 
respondantes des  nombres  i,  i. 
Faisons  dans  l'équation  précédente  x=x>  :  on  a 

P  p 

iïr(o)=o,    ^(o)  =  (i  +  i)S     Xo  =  2î^; 
Jonc  iz=i\  et  par  conséquent  la  formule  {s)  devient 

^^.a/TT  +  sin^.  2iX.  v/^=0(^  +  2«i^)  +  W(^+ar7c).  v/Hlï. 

Comme  on  peut  prendre  maintenant  i==o  ,  il  en  faut 
conclure  que  Ton  a ,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  com- 
prises entre  —  |  ir  et  ^  ir,  qui  font  de  cos  x  une  fraction 
positive, 

Oa:=X,     Wx  =  o,  (a) 

et  plus  généralement  on  a  entre  ces  limites ,  à  cause 
derindépendimce  des  deux  parties  réelles  et  ûnagînaises, 

#(a:-4-2Mr)  =  Xcos^.aJTC,j 

P  1         ^^^ 

iir(a:-f.2rtc)=:X8in^.aiic.  \ 

*83.  Supposons   maintenant  que  cos  x  soit  négatif 

(ortombam  entre  \  w  et  \  ir),  et  désignons  par  X  la 

p 

valeur  réelle  et  positive  du  radical  ( — 2  cos  x)  «  : 


on  aura 
(2C08ttr)ï=X(--I)y=.X[cos^(2^"-M>c+sin^(2^'•+.I)1^.|/3i]; 


144  LIVRE    II.    CHAPITRE    II. 

et,  en  conséquence  ,  les  équations  (s)  et  {t)  seront  rem- 
placées par 

X[cos^  (2«'  +  i)ic  +  siii  ^  {ni'  +  i )w .  l/ZT]  = 

0(a:  +  a/Tu)  +  W{a:  +  azTc) .  l/3T,       (s') 
X[cos  ^  (2«'  +  i)7C  +  sin  ^  {ni'  +  i)x.  V/~]  = 

{^x  +  Wx .  l/^)  (cos^ .  2^TC  +  sin  ^ .  2«7C .  l/HÏ).      (^') 

Les  nombres  i^  i  continuent  de  comporter  toutes  les 
valeurs  entières,  de  o  à  q — i  inclusivement;  et  parmi 
ces  valeurs  il  s'agit  de  savoir  quelles  sont  celles  qui  se 
correspondent. 

Or ,  si  l'on  prend  x — *ï\,  ,  tous  les  cosinus  et  les  sinus 
qui  entrent  dans  les  seconds  membres  des  équations  (H), 

devenant  égaux  à  cos-tc,  sin-ic,  ou  trouve 

p 

^(7ï:)=(i+i)y  COS^Tt, 

iïr(ic)==:(i+i>sin^ir, 

et  X^  a  pour  valeur  a  g;  de  sorte  qu'on  tire  de  l'équa- 
tion  (^),  après  la  suppression  du  facteur  commun  29  , 

cos  ~  (i{+  i)TQ  +  sin  -  (2^'  +  iV .  V/IT? 

=  (cos  ^  TU  +  sin  -  7C .  V^^)  (cos  -  2/1C  +  sin  ^  2£X .  [/^^i 

=  cos  -  (2/+  i)7r  +  sin^  (a*  +  i)w.  \/~: 
d'où  il  faut  conclure  i=ij  et  par  suite 
X[cos  -  (2^^-  i)'7C+sin -(2«+ 1  )7r.  v/IIÎ]=*(:c+2/7c)-f-W(x-h2r7r) .  \y 


THEORIE    DES    SECTIONS    ANGULAIRES.  145 

Cette  dernière  équation  se  décompose  dans  les  deux 
suivantes 

^  ]  W 

V(a;+2r7r)=Xsin^(2/-+- 1  )ip  ; 
et  quand  on  pose  /=  o ,  il  vient 
^^=^Xcos- ic  , 

;  }         M 

Wa:=Xsin^ip  , 

*  84.  Nous  avons  supposé ,  dans  tout  ce  qui  précède , 
que  les  fonctions  ^,W  ont  une  valeur  déterminée  ,  pour 
toutes  les  valeurs  de  ^,  en  vertu  des  équations  (H),  ou 
qu'on  pourrait  construire  avec  une  approximation  indé- 
finie, au  moyen  de  ces  équations  seulement ,  les  courbes 
ayant  pour  abscisse  a:  et  pour  ordonnées  ^Xj  Wa:.  Si 
cette  condition  essentielle  n'était  pas  satisfaite ,  c'est-à- 
(iire,  si  les  seconds  membres  des  équations  (H)  ne  cons- 
tituaient pas  des  séries  convergentes ,  les .  formules  ob- 
tenues deviendraient  illusoires  et  n'offriraient  réellement 
aucun  sens  déterminé.  Or,  la  condition  exigée  se  véri- 
fie, comme  M.  Cauchy  l'a  fait  voir ,  tant  qu'on  n'attribue 
à  l'exposant  n  que  des  valeurs  positives. 

En  effet  l'on  a ,  par  la  formule  du  binôme , 

(•-)*=x--  .e— ^^  .e>_A__A__J..3_etc,.(e) 

le  développement  ne  s'arrêtant  que  pour  les  valeurs  en- 
tières et  positives  de  /^,  et  conduisant ,  pour  les  autres 
valeurs  de  l'exposant ,  à  une  série  infinie.  Soit  ji  le  terme 
de  cette  série  qui  en  a  i  avant  lui  :  il  viendra 


n 
j,  +  x         i—n    ^_\ i 


Ti  «  -h  I  I 

T.  I.  l  10* 


(P) 


146  LIVRE   JI.    CHAPITRE    II. 

donc,  à  mesure  que  l'on  fait  croître  ij  la  valeur  du  rap- 
port (p)  converge  vers  une  limite  numériquement  plus 
petite  ou  plus  grande  que  l'unité,  selon  que  la  valeur 
numérique  de  e  est  elle-même  inférieure  ou  supérieure 
à  I.  Donc  [26]  la  série  (e)  ^st  convergente  pour  toutes 
les  valeurs  de  e  numériquement  plus  petites  que  l'unité. 
En  outre ,  tous  les  termes  de  cette  série ,  pour  lesquels 
l'indice  /est  supérieur  à  la  valeur  numérique  de  n-\-i, 
se  trouvent  évidemment  affectés  du  même  signe,  qui  est 
celui  du  terme 

n  (i— /i)  (2— Tt) (y— ^)^  gv+, 

1.2.3 (v+l)  '  ' 

V  désignant  le  nombre  entier  immédiatement  inférieur  à 
n.  Donc,  à  la  limite  6=  i ,  la  sérte  (e)  est  convergente 
ou  divergente,  selon  que  la  quantité  (  i  — e)"  converge 
vers  une  limite  finie  ou  nulle,  ou  vers  une  limite  infî* 
nie ,  tandis  que  e  converge  vers  l'unité.  Or,  quand  l'ex- 
posant n  est  positif,  on  a 

lim.  (i— £)»*=( i  —  i)'*=o, 
et  conséquemment  il  vient,  pour  les  valeurs  positives 
de  /i, 

.0  =  1 ^ ^ ^^ ^■^; —  etc.     {h) 

I  1.2  1.2.0 

Mais,  puisque  la  série  (A),  dont  tous  les  termes,  à 
partir  d'un  certain  rang,  ont  le  même  signe,  se  trouve 
convergente,  les  séries  (H)  que  l'on  obtient  en  multi- 
pliant chaque  terme  delà  série  (A)  par  un  facteur, 
tantôt  positif,  tantôt  négatif,  mais  toujours  numérique- 
ment plus  petit  que  l'unité,  sont  à  plus  forte  raison  con- 
vergentes, tant  que  le  paramètre  n  conserve  une  valeur 
positive ,  et  quelle  que  soit  la  valeur  de  x. 

Les  formules  des  deux  numéros  précédents  ont  pour 


THÉORIE    DES   SECTIONS    ANGULAIRES.  147 

résultat  utile  de  faire  connaître  les  valeurs  des  fonc- 
tion ^Xy  ^x,  sans  qu'on  ait  besoin  de  recourir  aux  cal- 
culs d'approximation  fondés  sur  l'emploi  des  séries. 
Ainsi,  les  fonctions  ^Xj  ^x  étant  données  par  les  équa- 
tions (tt)  pour  les  valeurs  de  x  comprises  entre  — jiç 
et  -^x,  et  par  les  équations  (w')  pour  les  valeurs  de  x  com- 
prises entre  ^%  et  |nr ,  se  trouveront  déterminées ,  en  vertu 
des  formules  (y)  et  (^'),  pour  toutes  les  valeurs  positives 
de 2-  <[2q — -î)^;  et  comme  on  a  d'ailleurs,  d'après  la 
forme  des  équations  (H), 

^x  =  ^(x  ±  akqic) , 

Wx  =  W[xztiiiqTç), 
^désignant  un  nombre  entier  quelconque^  il  s'ensuit 
que  les  valeurs  des  fonctions  ^x,  ^x  seront  connues 
pour  toutes  les  valeurs  de  x;  ou  qu'on  aura,  pour 
toutes  les  valeurs  de  .t:,  les  limites  vers  lesquelles  con- 
vergent les  sommes  des  séries 

-(--0 

cos^a:-f-^e.cos(^-2  )ar+3-^2 ^6\cos(^-4  )a:+etc., 

-(--0 

sin?ar-4--e.sin(  ?-2  )ar+2-2 €\sin(  ^-4  )j:+etc., 

q      q       \q    J         1-2  \q    y 

quand  le  nombre  s ,  en  restant  plus  petit  que  i ,  con- 
verge indéfiniment  vers  l'unité. 

Soit,  par  exemple,  n=.-:=\y  on  aura  pour  les  va- 
leurs de  X  comprises 

j  j  3    _ 

entre —  ip  et  -  ir ,    <&ar=  y  acosa:, 
2  2  ' 


I  3  .  3y 


J  6  3/ I  13/ 

entre     -iret-T,    Oj?=^\/ — 2cosj:.cos  ^  7?= — v  acosx. 
2  2  ;5  2  » 


3.5         .        .3/ 2 


J  5  V 2  r  V 

entre      -ic  et  -ic,    0^=v  2Cos:r  .  co«  x7r= — v  acosj:, 

2  2  3  2 


148  LIVRE    II.    CHAPITRE    II. 

entre     -icet  ^tt,    0:c=  v  — acosx.cos  ir=      v  acoso:? 
entre     -  ir  et  -ic,    0^=  y  2cosj:  .  cos  ô7t= —  v  acoso^-, 

2  2  3  2 

II  3/ 5  I     3y 

entre     -  ic  et — w,  0.r=  v  — 2Cos^.cos  ?^  7r= —  v  2Cosa:: 

2  2       '  0  2  ' 

après  quoi  les  valeurs  de  ^x  repasseront  périodique- 
ment'par  les  mêmes  valeurs.  En  conséquence,  la  courbe 
périodique  dont  ^x  est  Fordonnée  a  la  forme  indiquée 
par  la  fig.  29. 


CHAPITRE  m. 


RESOLUTlOir      DES     CAS      D  INDETERMINATION     POUR     LES 

FONCTIONS     EXPLICITES     d'uNE     SEULE     VARIABLE.    

RECHERCHE  DE  LEURS  VALEURS  MAXJMA  ET  MINIMA. 


S 1*'.  Résolution  des  cas  d'indétermination  pour  les  fonctions 
explicites  d'une  seule  variable. 

85.  Nous  traiterons  dans  ce  chapitre  de  deux  appli- 
cations importantes  du  calcul  difFérentiel,  et  d'abord  de 
celle  qui  consiste  à  trouver  la  valeur  d'une  fonction 
de Xy  quand  elle  se  présente,  pour  une  valeur  particu- 
lière de  a;,  sous  la  forme  indéterminée  -• 
'  o 

Le  problème  revient  [28]  à  déterminer  la  limite  vers 
laquelle  converge  la  fonction 

lorsque  x  converge  vers  la  valeur  x^^^  et  qu'en    même 
temps   les    fonctions   fx,  F.r   convergent  toutes   deux 
vers  zéro. 
Or,  on  a 

et  pour  la  valeur  x^  qui  fait  évanouir  /'.r  et  Fx, 

f  .AN  ^-^^  A^ 

d'où,  en  passant  à  la  limite, 


150  LIVRE    H.  CHAPITRE    III. 

Un  raisonnement  absolument  semblable  fait  voir  que, 
si  les  fonctions  y '.r,  F'^  étaient  dans  le  cas  des  fonc- 
tions J'Xy  FXf  c'est-à-dire,  si  elles  s'évanouissaient  si- 
multanément pour  x=x\n  on  aurait 

ec  ainsi  de  suite. 

La  valeur  de  (f-x^^  ainsi  déterniinée,  peut  être  nulle 
ou  infinie. 

Si  la  valeur  x   rendait  infinies  les  deux  fonctions  /a:, 
¥x,  elle  ferait  évanouir  les  fonctions 
I         I 
Jx'  Fi' 
qui  ont  respectivement  pour  dérivées  du  premier  ordre 
fx  F^^ 

{fx)^'         (Fo:)»- 
Il  viendrait  donc 

I    ,     I    _  fx,     ,    Tx, 

fx.'Yx—jj^^'  {Yx:r^ 

équation  d'où  l'on  tire 

Yx^       ¥'x^ 
Nous  en  conclurons  avec  M.  Cauchy  que  la   règle  pour 
trouver  la  valeur  de  <p.ro  reste  la  même,  quelle    que 

soit  celle  des  deux  formes  indéterminées  -,  ±  --,  sous 

o  ^ 

laquelle  se  présente  le  rapport ——7' 

86.  On  trouvera,  en  appliquant  cette  règle,  et  en  la 
combinant  avec  les  règles  de  difTérentiation  données 
dans  l'avant-dernier  chapitre  : 


RÉSOLUTIOJV    DES    CAS    d'iND^ERMINATIOIV.         151 

i'  pour  j:=o, 

^-=— =loga— logi  =  logQ)  , 

— *^  ^  -^^  ^::: z=z2Sinx  cos  a:=:o  . 

cota:  X 

X — ûxix       \ — cos  07       sin^c      cos  or       i 


x^  *xx^  6x  6         6  ' 

sia^x     3sin»a:cosar 3sinj:(2cos'ar — sin^o;) 

X — ^ins^       I — cos2^                   asÎDS^ 
3cosj:(acos^j? — 7sin*j?) 3 


4cosaâ?  a 


2  pour  xz=i  I, 


:x      I 


X — I  X 

X-^l  I  I 


x^ — I        /w:"^"        n  ' 


> 


»                                      £        3      ^—        S.     >  3 

' I+(j: l)' %\/^X'\-^V^X' 


X 

V^x^—t 

87.  Supposons  que  la  fonction  F:r  se  réduise  à  Xy  et 
que  l'autre  fonction  fx  jouisse  de  la  propriété  de  deve- 
nir nulle  ou  infinie  eu  même  temps  que  Xy  on  pourra 
être  curieux  de  connaître  le  rapport  qui  subsiste  entre 
cette  fonction  et  la  variable  x^  quand  Tune  et  l'autre 
deviennent  nulles  ou  infinies.  Ce  problème  rentre  dans 
celui  qui  vient  d'être  traité  :  ainsi  l'on  trouvera,  pour 
•r=o, 

I  — •  cos  X 


— V/     , 

X 


et  pour  x=±cc  , 


152  LIVBE    II. CHAPITRE    ill. 

,  log  X I     

X  00 

On  énonce  ces  résultats  en  disant  que  le  sinus  verse 
d'un  arc  infiniment  petit  est  infiniment  petit  par  rapport 
à  cet  arc;  et  que  le  logarithme  d'un  nombre  infiniment 
grand  est  infiniment  petit  par  rapport  à  ce  nombre. 
Soit  proposé  de  discuter  la  courbe  qui  a  pour  équation 

les  valeurs  négatives  de  x  rendent^  imaginaire,  et  l'or- 
donnée^ est  positive  ou  négative  selon  que  les  valeurs 
positives  de  x  sont  >  ou  <  i .  Pour  savoir  ^quelle  est 
la  valeur  Aej  correspondant  à  .r=o,  on  fera 

I 

et  il  viendra 

log  z 

Or,  d'après  ce  qui  précède, ^=o  pour  z=»  ou  pour 
x=:o;  d'ailleurs  on  a 

quantité  qui  devient  infinie  pour  x^o^  en  sorte  que  la 
courbe  touche  l'axe  des  jr  à  l'origine  des  coordonnées 
{Jig.  3o).  On  peut  ajouter  cet  exemple  à  celui  qui  a 
déjà  été  donné  [i6],de  courbes  transcendantes  qui  sont 
interrompues  brusquement  dans  leur  cours,  sans  qu'il  y 
ait  raccordement  etitre  deux  branches  de  la  même 
courbe,  comme  cela  arrive  toujours  pour  les  courbes 
à  équations  algébriques. 

88.  S'il  arrivait  que  toutes  les  dérivées  de  fx  et  de 
F/r  devinssent  nulles  ou  infinies  en  même  temps  que 
les  fonctions  dont  elles  dérivent,  la  méthode  serait  en 
défaut,  et  il  faudrait  déterminer   la   valeur  de  <p^„  à 


RÉSOLUTION    DES   CAS    D'iNDlÉTERMilCATlON.       153 

l'aide  de  procédés    particuliers.   Si,   par  exemple,  on 

avait 

quand  on  ferait  j:=i,  ces  deux  fonctions  s'évanoui- 
raient, et  leurs  dérivées  de  tous  les  ordres  deviendraient 
simultanément  infinies.  Mais  si  nous  posons  x —  i  ^z, 
il  viendra 

£q  multipliant  les  deux  termes  de  la  fraction  par 
ï/T+5  +  I  —  i/â  , 
et  supprimant  le  facteur  \/z  qui  devient  commun  aux 
deux  termes,  on  obtient 

n 

^^        W^â+T.  I  l/TTpi  +  i  — V/i(   ' 
expression  qui  donne 

quand  on  y  fait  s^o,  ou  .r=i. 

89.  Nous  savons  qu'une  fonction  ne  peut  devenir  in- 
finie, pour  une  valeur  particulière  de  la  variable,  sans 
que  toutes  ses  dérivées  deviennent  simultanément  infi- 
nies [35],  et  ainsi,  le  cas  oii  la  méthode  générale  se 
trouve  en  défaut,  doit  se  présenter  toutes  les  fois  que  la 
valeur  de  x  qui  fait  évanouir  fx  et  Vx  rend  infinies 
fx  et  F'.r.  Au  contraire,  on  ne  peut  regarder  que 
comme  une  exception  singulière  de  la  méthode  (dufiwins 
pour  les  fonctions  susceptibles  d*une  expression  mathé- 
matique^, celle  qui  résulterait  de  l'évanouissement  simul- 
tané des  dérivées  de  tous  les  ordres  des  fonctions  /  et  F. 
On  a  pourtant  signalé  des  fonctions  pour  lesquelles  cette 
exception  se  rencontre.  Prenons 


154  LIVRE    lî.    CHAPITRE    111. 


I 


a  et  n  désignant  des  nombres  positifs  dont  le  premier 
est  plus  grand  que  l'unité  :  on  aura 
I 

,7       n\oga.a  ^^  ^„         ,  -Z^lnlosa     n+i  | 

Quand  on  faitx=:o,  la  quantité 

I 

est  infiniment  petite  ou  nulle ,  ce  qui  met  toutes  les  dé- 
rivées/''.r,/"ji', .  .  .  .  sous  la  forme  —  Posons 

I 

A*  ' 

il  viendra 

et  la  valeur  j:=o  correspondra  à  2=00  .  Or,  il  est  fa- 
cile de  voir  que  toute  expression  de  la  forme 

(dans  laquelle  a^  m  ^\.n  désignent  des  nombres  positifs 
et  a  un  nombre  plus  grand  que  \\  est  nulle  pour 
2=00  ;  car  si  l'on  applique  à  cet  exemple  la  règle  gé- 
nérale concernant  la  détermination  des  fonctions  qui  se 
présentent  sous  la  forme  indéterminée 

00 

on  différentiera  i  fois  de  suite  les  deux  termes  de  la. 
fraction,  /  étant  le  nombre  entier  immédiatement  su— 
périeur  à  /w,  et  l'on  aura  pour  z=oo  , 


lUÉSOLOTlON   I>£S   CAS   D'iNDÉTEBMlNATIOir.       155 

^-  —h. 

ï  étant  un  nombre  constant ,  et  <]/  z  une  fonction  qui 
reste  infinie  quand  z  est  infini.  Par  conséquent  toutes 
les  dérivées  de  la  fonction y^  s'évanouiront,  quand  on 
jfera  a:==o. 
Si  donc  Ton  donnait 

I  I 

i  étant  ainsi  que  a  un  nombre  positif  plus  grand  que 
luDité,  et  rî  uu  nombre  positif  aussi  bien  que  n ,  les  dé- 
rivées de  tous  les  ordres  des  deux  termes  de  la  fraction 

I 
f^= — — 
b     *»• 
s'évanouiraient  simultanément  pour  x=Oy  et  l'on  ne 
pourrait  plus  appliquer  la  règle  générale.  Dans  le  cas  de 
n,^=zny  il  viendra 


ep  j? 


(t)". 


et  la  valeur    x=.o  rendra  çj:  nulle  ou  infinie,  selon 
qu  OQ  aura  a    >  ou  <  é. 

90.  On  trouve  de  la  même  manière  que  la  valeur  de 
la  fonction 

X 

-1? 

X 

converge  vers  zéro ,  et  que  celle  de  la  fonction 

X 

e 

X  « 
converge  vers  Tinfini  quand  on  prend  pour  x  une  quan* 


156  LIVRE    II.  -^  CHAPITRE    III. 

titë  positive  de  plus  en  plus  petite.  Conséquemment  la 
valeur  de  la  fonction 


qui  se  présente  sous  la  forme  -j  quand  on  y  fait  ^=0, 

est  zéro  ou  l'infini^  selon  qu'on  y  considère  zéro  comme 
la  limite  des  x  positifs  ou  comme  celle  des  x  négatifs. 
Ceci  tient  à  une  solution  de  continuité  de  la  fonction  /^ 
du  genre  de  celles  qui  ont  été  signalées  dans  des  fonc- 
tions analogues  [16  e^  87]. 

§  2.  Maxima  et  minima  des  fonctions  explicites  d'une  seule 
variable. 

91.  Représentons-nous  la  succession  des  valeurs  que 
prend  la  fonction  y=.fx^  lorsqu'on  donne  à  x  toutes 
les  valeurs  possibles,  sans  que^  cesse  de  conserver  une 
valeur  réelle  et  finie.  Si  les  valeurs  dej^*,  après  avoir  été 
croissantes,  deviennent  décroissantes,^ aura  passé  dans 
l'intervalle  par  une  valeur  plus  grande  que  celles  qui  la 
précèdent  et  que  celles  qui  la  suivent  immédiatement  : 
cette  valeur  se'  nomme  un  maximum.  Au  contraire, 
si  les  valeurs  de^,  après  avoir  diminué  progressive- 
ment, viennent  ensuite  à  augmenter  progressivement, 
la  valeur  intermédiaire,  plus  petite  que  celles  qui  la 
précèdent  et  que  celles  qui  la  suivent  immédiatement,  se 
nomme  un  minimum.  On  voit  qu'il  est  possible  qu'une 
fonction  n'ait  ni  maximum,  ni  minimuiriy  ou  qu'elle  ait 
plusieurs  maxima  et  minima,  de  manière  v^xxn  mini- 
mum tombe  toujours  entre  deux  maximu,  et  un  mojcimum 
entre  deux  minima  consécutifs.  La  question  consiste  à 
déterminer  les  valeurs  de  la  véritable  indépendante,  s'il 


MAXIMA    ET    MmiMA.  157 

fo  existe,  auxquelles  correspondent  des  maxima  ou 
hminima  de  la  fonction. 

Admettons  d'abord,  pour  plus  declartë,  que  ni  la  fonc- 
tion fx  ni  ses  dérivées  n'éprouvent  de  solution  de  conti- 
nuité en  même  temps  que  l'une  de  ces  fonctions  atteiiit 
une  valeur  maximum  ou  minimum  :  il  est  évident,  dans 
cette  hypothèse,  que  la  différentielle 

djr  mzf'x  .  dx 
change  de  signe,  en  devenant  nulle,  au  moment  du 
maximum  ou  an  minimum  àefx;  quelle  passe  du  positif 
lu  négatif  dans  le  cas  du  maximum^  et  du  négatif  au 
positif  dans  le  cas  du  minimum.  Donc ,  la  condition 
commune  au  maximum  ei  dM  minimum  àefx  est  expri- 
mée par  l'équation 

/'i  =  o;       (i) 
et  il  faut  en  outre  pour  le  maximum  que^'i:  passe  du 
positif  au  négatif,  c'est-à-dire,  soit  une  fonction  décrois- 
sante quand  a:  croît ,  et  par  conséquent  que  rt>n  ait 
f'x  <  o  . 

Par  use  raison  semblable,  il  faut,  dans  le  cas  du  mini- 

mm,  que  la  -valeur  de  x  tirée  de  l'équation  (i)  vérifie 

Imégalitë 

f'x  >  o  . 

Mais  si  fx  s'évanouit,  pour  la  même  valeur  de  x 
^uifait  évanouir y*'x,  la  valeur  de  f'x  qui  est  zéro, 
correspond  à  un  maximum  ou  à  un  minimum  de  cette 
dernière  fonction.  Dans  le  premier  cas^f'xest  négative 
en  deçà  et  au-  delà  de  la  valeur  x,  etfx  est  constam- 
loent  décroissante  pour  des  valeurs  croissantes  de  x  ; 
tlans  le  second  cas,  f'x  est  positive  en  deçà  et  au  delà 
^  la  valeur  x,  et  fx  est  constamment  croissante  avec 
^.'donc  l'équation  ^/'.r=o  n'entraîne  ni  maximum  ni 


158  LIVRE    II.    CHAPITRE    lïl. 

minimum  de  /.r,  si  elle  est  accompagnée  de  l'équation 

Or,  par  la  même  raison,  l'équation /",r=o  n'en- 
traînera ni  maximum  ni  minimum  Ae  f  Xy  si  l'on  a 
/'"^=o,  et  ûf'x  passe  elle-même  par  un  maximum 
ou  un  minimum.  Quand /".r  passe  par  un  maximum, 
f  X  est  décroissante  pour  des  valeurs  croissantes  de  .r, 
passe  conséquemment  du  positif  au  négatif  en  s'annu- 
lant,  exfx  passe  par  un  maximum.  On  verrait  de  même 
que  le  minimum  Ae  f" x  entraîne  dans  ce  cas  le  mini- 
mum de  /r. 

Ponc,  pour  le  cas  où  l'on  a  simultanément 
fx  =  o,  f'x  =  o  , 

fx  ne  passe  par  un  maximum  ou  un  minimum  qu'au- 
tant quey*".r  passe  elle-même  par  un  mcujcimum  ou  ud 
minimum,  c'est-à-dire,  qu'autant  que  l'on  a 

/-:r  =  o,/-^<o, 
ou  bien 

Dans  ce  cas,  l'analogie  conduit  à  dire  que/'.r  passe  par 
un  maximum  ou  un  minimum  du  second  ordre. 

En  généralisant  ce  raisonnement,  on  en  conclut  qu'il 
ne  peut  y  avoir  maximum  ou  minimum  de  la  fonction 
fx,  pour  une  valeur  donnée  de  x,  qu'autant  que  le  pre- 
mier coefficient  différentiel  de  la  fonction ,  que  cette 
valeur  n'annule  pas,  est  d'ordre  pair.  Il  y  a  maximum 
ou  minimum  suivant  que  ce  coefficient  prend  une  va- 
leur négative  ou  positive. 

Tous  ces  résultats  prennent  une  forme  sensible  lors- 
qu'on représente  graphiquement  la  fonction  par  l'or- 
donnée d'une  courbe.  L'équation  /'.r=o  exprime  que 
la  tangente  est  parallèle  à  l'axe  des  abscisses:  les  inéga- 


MAXIMA    ET    MINIMA.  159 

\[\kf"x<o^f"x>o  expriment  que  la  courbe  tourne 
sa  concavité  ou  sa  convexité  vers  Taxe  des  x,  dans  le 
cas  dune  ordonnée  positive;  sa  convexité  ou  sa  conca- 
vité vers  le  même  axe ,  dans  le  cas  d'une  ordonnée  né- 
gative. Enfin ,  si  Ton  dL  f'  x=io^  sans  quey"\r  s'éva- 
nouisse, la  courbe  subit  une  inflexion  [3o],  en  sorte  que 
le  parallélisme  de  la  tangente  à  l'axe  des  x  n^mpêche 
pas  Tordonnée  de  croître  ou  de  décroître,  de  part  et 
d'autre  du  point  de  contact. 

92.  D'après  ce  qui  précède,  toutes  les  fois  que  la 
fonction y^r.  aura  un  coefficient  différentiel/*'^,  ex- 
primé algébriquement,  ou  obtiendra  les  valeurs  de  x  qui 
correspondent  à  des  valeurs  maxima  ou  minima  de 
la  fonction,  en  résolvant  par  rapport  à  x  l'équation 
fx=zo.  On  distinguera  ensuite  le  maximum  du  mini" 
Mm,  en  substituant  pour  x  les  racines  de  cette  équa- 
tion dans  la  fonction  f'^x,  puis  dans  Z*"'^,  si  f"x  s'é- 
panouit aussi ,  et  ainsi  de  suite. 

Mais  il  faut  observer  que  souvent,  par  la  nature  de 
la  question,  on  sait  à  priori  qu'une  fonction  ne  com- 
porte pas  de  maximum,  ou  qu'elle  ne  comporte  pas  de 
minimum  :  alors  on  est  dispensé  d'une  discussion  de  si- 
pies,  et  il  suffît  de  résoudre  l'équation  y'j;  =  o;  en 
supposant  toutefois  que  l'on  sache  aussi  que  les  racines 
de  cette  équation  n'annulent  pas  les  dérivées  subsé- 
^entes. 

Appliquons  la  règle  générale  à  la  fonction  prise  pour 
exemple  dans  le  n**  5, 

fx= ^ : 

^  X —  lO 

on  aura 

'  —  20^-4-64 


f 


X- 


(j;_,0)^ 


160  LIVRE    II.    CHAPITRE    in. 

L'équation  à  résoudre  est 

a:*  — 2oar+64==o  , 
dont  les  racines  sont  ^=i6  et  j:=4-  O»  trouve  en- 
suite 

valeur  qui  devient  positive  pour^=i6,  négative  pour 

x=A  :  ainsi  la  racine  i6  correspond  à  un  minimum  y 

et  la  racine  4  à  un  maximum. 

Si  Ton  se  donne 

ya;=e*  +  acos  j:+e-*  , 

on  trouvera  : 

/'  X  =c*—  a  sin  x  —er^  , 

f^  X  =Lé'—^cosx  +  er'  , 

jr'"ar=: e*+  2 sin  x  —  e"^  , 

f^^x  =^  +  2  cos  ar  +  «"*  =  /^  . 
La  valeur  ^=o,  qui  fait  évanouir /' .r, /"  a:, /'"  .r, 
donne  dip^x  la  valeur  positive  4  :  la  valeur  correspon- 
dante de  /r,  qui  est  aussi  4?  constitue  donc  une  valeur 
minimum  de  cette  fonction. 

93.  Maintenant  il  peut  se  faire  que/'^  change  de 
signe  en  passant  par  l'infini,  et  que  néanmoins /r  n'é- 
prouve qu'une  solution  de  continuité  du  second  ordre , 
en  sorte  que  la  différentielle 

reste  infiniment  petite  [35  et  54].  Dans  ces  circons- 
tances Y  passe  par  un  maximum  ou  par  un  minimum  y 
selon  que  dy  passe  du  positif  au  négatif  ou  du  néga- 
tif au  positif;  mais  il  faut  s'en  assurer  directement  par 
la  discussion  de  la  fonction /r,  attendu  que  toutes  les 
dérivées /"x, /'"a:,  etc.,  prennent,  en  même  temps 
que/\r,  des  valeurs  infinies. 
'  Si,  par  exemple,  on  avait 

fx=z{x—i)iy 


MAXIMA    ET   MINtMA.  }Gt 

d'où 

la  valeur  :t:=i  rendrait /'a:  infinie  et /*r  nulle.  Il  est 
dailleurs  évident  que/*' j?  sera  négative  ou  positive  pour 
des  valeurs  de  ^  <  ou  >  i,  tandis  que ^x  restera  cons- 
tamment positive  :  ainsi  la  valeur  ^==  r  correspond  à 
un  minimum  Aefx.  C'est  le  cas  où  la  courbe  dont  /.r 
est  rordonuée  a  un  point  de  rebroussenient  répondant 
à  l'ordonnée  minimum  (Jig»  3i). 
Au  contraire  si  l'on  posait 

d'où 

ia  valeur  x=  i  rendrait  encore  f'x  infinie  et  fx 
nulle;  mais/'x  ne  changerait  plus  de  signe  en  passant 
par  l'infini,  tandis  que/x  passerait  du  négatif  au  posi- 
tif, et  conséquemnient  n'atteindrait  ni  maximum,  ni  mi^ 
nimujn.  En  pareilles  circonstances  ,  la  courbe  subit  une 
inflexion,  et  la  tangente  au  point  d'inflexion  est  perpen- 
diculaire aux  abscisses  {Jig>  3a). 

Dans  le  cas  où  la  racine  de/*'  x-=-o  rend  infinie /".r, 
ce  qui  correspond  à  une  solution  de  continuité  du  se- 
cond ordre  pour  la  fonction  fx,  il  faut  encore  exami- 
ner directement  si  f  x  passe  du  positif  au  négatif^  ou 
du  négatif  au  positif,  ou  bien,  enfin,  si  elle  s'évanouit 
sans  changer  de  signe;  car  dans  la  première  supposition 
il  y  vimuximuiriy  dans  la  seconde,  minimum^  et  dans  la 
troisième  on  n'a  ni  muximwn  m  minimum. 

Ces  trois  suppositions  se  réalisent  respectivement  pour 
les  fonctions 

fa:=-{x-if\fx^{x-i)\fx={x-i)K 

T.    I.  Il 


164  LIVRE    II.    CHAPITRE    IH. 

la  seule  qui  nous  intéresse,  donne 

et  correspond  au  maximum  cherché. 

95.  2*  problème.  Trouver  le  point  le  moins  échauffe 
sur  la  droite  qui  joint  deux  foyers  de  chaleur,  sachant 
que  l'intensité  de  la  chaleur  rayonnante  varie  en  raison 
inverse  du  carré  de  la  distance  au  foyer  calorifique. 

Supposons  que  ies  pouvoirs  échauffants  des  foyers 
A,  B,  à  l'unité  de  distance,  soient  entre  eqx  comme  les 
nombres  a^  et  ^^;  désignons  par  a  la  distance  des  foyers 
A,  B,  et  par  x  celle  de  la  particule  échauffée  au  foyer 
A  :  l'intensité  de  la  chaleur  rayonnante  reçue  par  cette 
particule  aura  pour  mesure 

expression  qu'il  faudra  rendre  un  minimum^  en  posant 

/^=— ^  +  (^1:^  =  0. 

D'abord  les  valeurs  .r=:  ±od  satisfont  à  cette  équa 
tion  en  faisant  évanouir  fx;  la  solution  que  l'on  cher 
che  s'obtient  quand  on  fait 

et  comme  la  dérivée  /"x  a  pour  valeur 

expression .  qui  lisste  constamment  positive,  il  en  r 
suite  que  la  solution  correspond  bien  à  un  minintLtm 
Enfin,  les  valeurs  x:=.o  et  .r =a,  qui  rendent /"'aj  î 
finie,  faisant  subir  à  fx  la  même  solution  de  oon 
uuilé,  ne  correspondent  pas  à  des  muxima^  dans 
sens  ordinaire  du   terme.    D'ailleurs,  ces  valeurs     \\ 


MAXIMA    KT    MIMMA.  165 

finies  à^fx  sont  inadmissibles  physiquement,  par  des 
raisons  analogues  à  celles  qui  ont  déjà  été  indiquées  [4]. 

96.  V problème.  Quand  on  veut  mesurer  la  hauteur 
A  dune  ligne  verticale  AB  {^fig-  34  )»  ^^  mesure,  à 
partir  du  pied  de  la  verticale,  une  distance  horizontale 
BC=i;on  observe  l'angle  BCA=.r,  et  l'on  a 

A=  A  tang  X  .  (a) 

Cela  posé,  il  s'agit  de  choisir  la  base  arbitraire  by  de 
manière  à  former  le  triangle  le  plus  avantageux^  c'est- 
à-dire,  celui  qui  est  tel  qu'à  une  même  erreur  sur  l'an- 
gle x  correspond  Terreur  minimum  sur  la  hauteur  cher- 
chée h. 

Si,  au  lieu  d'observer  exactement  l'angle  x^  ou  ob- 
serve un  angle  a:-[-Ax  qui  en  diiïere  peu,  la  valeur 
qu'on  en  conclura  pour  la  hauteur  cherchée  pourra  s'ex- 
primer par  ^-[-AA,  et  l'on  aura  sensiblement 

dx  cos*  X 

Donc,  pour  que  le  rapport  de  l'erreur  A  A  sur  la  valeur 
calculée,  à  Terreur  d'observation  A.r,  soit  un  minimum, 
il  faut  que  la  vraie  valeur  de  Tangle  x  et  celle  de  la 
Inse  b  qui  en  dépend  rendent  un  minimum  le  facteur 


cos*^  ' 
c'est-à-dire  (substitution  faite  pour  b  de  sa  valeur  don- 
née par  l'équation  (a)  en  fonction  de  x  et  de  la  cons- 
tante A),  le  facteur 


tg  X  cos*  X 


Le  problème  revient  par  conséquent  à  rendre  un  maxi^ 
mm  la  fonction 

yx  =  tango;  cos*Jtr  =  sînj:cosa:r. 
Or,  on  a 

/'or  =  cos* a:  —  sin*a?,/"^=:  —  4^^°*^^^^^  •- 


166  LIVRE    11.    —    CHAPITRE   III. 

Done  le  maximum  cherché  correspond  à 

sin  X  =  cos  X  =  — zz  ^  h-=.h  , 
V^ 

C'est  la  règle  pratique  que  l'on  découvre ,  pour  ainsi 
dire,  instinctivement ,  mais  dont  le  calcul  seul  peut  don- 
ner une  démonstration  rigoureuse. 

La  solution 

I 

sm  a;  = 

résoudrait  aussi  le  problème  analytiquement,  mais  ne 
présenterait  aucun  sens ,  d'après  les  conditions  géomé- 
triques de  la  question. 

97.  Soient  ^^z/a:,  x=<p^:  il  viendra 

„  '^^^'■''- 

Par  conséquent,  l'équation 

dy 

dt 
se  décomposera  d'elle-même  en  deux  autres 

f  x  =  o,  cp7=o  , 
dont  chacune  pourra  déterminer  des  maximn  ou  mi- 
nimu  de  y^  considéré  comme  fonction  médiate  de  t. 
Mais  si  les  valeurs  numériques  de  x^  tirées  de  l'équa- 
tion /'x=o,  sont  plus  grandes  que  la  valeur  mxiximum 
de  (p/,  ou  plus  petites  que  sa  valeur  minimum^  ces  so- 
lutions (Jevront  être  rejetées  comme  étrangères  à  la  ques- 
tion qui  est  de  déterminer  les  maximu  et  minima  de  y 
quand  t  est  la  variable  indépendante.  En  conséquence  , 
si  l'on  range  par  ordre  de  grandeur  les  valeurs  de  a: 
correspondant  aux  valeurs  de  i  tirées  de  l'équation 
(p'^^o,  il  faudra  que  les  racines  de  l'équation  f  x-=.k> 
tombent  entre  les  deux  termes  extrêmes  de  la  série. 


CHAPITRE  IV. 


FORMULES    DE   TATLOR    ET    DE    MACLA^UUIN. 

S  1*'.  Formule  de  Taylor. 

98.  La  génération  des  dérivées  des  divers  ordres  coii- 
<luit  au  développement  des  fonctions  en  séries  ordonnées 
par  rapport  aux  puissances  entières  et  ascendantes  de  la 
variable.  Cette  théorie  importante,  qu'il  convient  d'envi- 
sager sous  plusieurs  aspects,  sera  l'objet  de  ce  chapitre. 

Représentons,  comme  au  chapitre  IV  du  premier 
hvre  ,  par 

ji  y \  ^  ^a  )  Tî  1*  •  •  yn% 

les   valeurs   d'une  fonction  fx  qui  correspondent   aux 

valeurs 

Xy      .a?-f-Ar,     ar-f-aAj:,     a: -h  3  Ao: , . . .  a:  + /lAo: 

de  la  variable  indépendante  :  on  aura  [43] 

>^/(^-|-/îA^)=jr+ Y Ar4— ^^ '  AV+  ^    ^  ^\^ — ^  A»r4-.  •  -t-A"/. 

On  peut  mettre  cette  équation  sous  la  forme 

•^  I       Ax        1.2     \        /*/    Ax* 

i.a.o....7i\       /i/  \       /!/  \       nj         \  n    J 

ce  qui  donne ,  quand  on  fait  n^x=h , 


Ao:"  ' 


168  LlVIUt    II.    CHAPSTIIE    IV. 

Concevons  maintenant  que  l'on  diminue  indéfiniment 
l'intervalle  ^x^  en  augmentant  indéfiniment  le  nombre  /i, 
de  manière  que  le  produit  n\.v  reste  égal  à  la  quantité 
constante  h  :  le  nombre  de  termes  dont  se  compose  le 
second  membre  de  Féquation  précédente  ira  en  croissant 
indéfiniment,  et  les  rapports 
'      A/ar     A^^     Ay^ 

"aF  '    Âr'  '    Ar'    '    

convergeront  vers  les  limites 

dj*a:     d^fx     d^f  x 
dx        dj^        da? 
ou 

fx.fx^r^. 

De  plus,  les  fractions 


I 


(■-0(-0' 
(-0  04)  (■-!) . 

H)HX-1)- (-^0 

[i  étant  un  nombre  positif  quelconque  <ny  qui  reste 
constant  tandis  que  n  augmente)  convergeront  toutes  vers 
Tunité.  Donc ,  quelque  grand  que  soit  le  nombre  /,  et 
quelle  que  soit  la  valeur  assignée  à  l'accroissement  h^ 
on  pourra  prendre  n  assez  grand  pour  que  la  somme 
des  /-j-i  premiers  termes  du  second  membre  de  l'é- 
quation (ez),  diffère  d'aussi  peu  qu'on  voudra  de  la 
somme 

f'^V'-^'y-'^-^r^'^ + zi-/"'  • 


FORMT1LK    DE   TAYLOR.  169 

Noas  admettons  que  toutes  les  foncûon^  fx^fx  ^f"x^ 
....  .yrO  X  conservent  des  valeurs  finies  j  sans  quoi  le 
raisonnement  qui  précède  tomberait  en  défaut. 

Ceci  ne  nous  autorise  point  encore  à  regarder  la  fonc- 
tion/(j:-j-A)  comme  étant  la  somme  de  la  série  {b)  pro- 
longée à  l'infini  \^t\[»  Car^  si  Ton  considère  dans  la 
suite  (a)  d'où  nous  sommes  partis ,  et  qui  est  la  valeur 
exacte  de /'(a:-[-A^,  le  terme  de  rang  v-[-  i,  v  étant  un 
nombre  compris  entre  i  et  rij  mais  beaucoup  plus  grand 
que  /  et  comparable  2l  n,  ce  terme  ne  se  réduira  plus 
sensiblement  à 

à  cause  que  le  facteur 

(-3(-3(-D;--(-^) 

ne  se  réduira  plus  sensiblement  à  l'unité^  et  au  contraire 
se  réduira  sensiblement  à  zéro^  pour  des  valeurs  de  v 
très- voisines  de  n. 
Mais  du  moins  il  sera  toujours  permis  de  poser 

Rj  étant  une  fonction  inconnue  de  x  et  de  A  ;  et  si  nous 
fixons  les  conditions  pour  que  la  valeur  de  cette  fonc- 
tion tombe  entre  des  limites  susceptibles  de  se  resserrer 
indéfiniment,  pour  des  valeurs  indéfiniment  croissantes 
de  Tindice  i ,  nous  aurons  par  cela  même  déterminé  les 
conditions  sous  lesquelles  la  fonction  y  (a:-[-A)  peut  être 
considérée  comme  la  somme  de  la  série  (A),  prolongée 
à  Tinfini. 

99.  A  cet  effet,  nous  remarquerons  d'abord  que,  si  une 
fonction  f^h  est  nulle  pour  A=o,  et  si  la  dérivée  ç'A  con- 


170  LIVHE    II.    —    CHAPITRE    IV. 

serve  le  même  signe  entre  les  limites  o,  À,  sans  passer 
par  l'infini ,  la  fonction  <fh  sera  de  même  signe  que  (p'A  ; 
oar  on  peut  la  considérer  comme  la  somme  deléraents 
infiniment  petits,  tous  de  même  signe  que  (p7/.  On  sup* 
pose  que  la  variable  //  est  indépendante  et  que  la  limite  h 
est  positive  :  les  résultats  seraient  inverses  s'il  s'agissait 
d'une  limite  négative. 

Cela  posé,  donnons,  ce  qui  est  permis,  à  la  fonction 
inconnue  Bj  la  forme 

if  étant  une  autre  fonction  inconnue  :  on  déterminera 
évidemment  des  limites  inférieure  et  supérieure  dé  R^, 
si  l'on  assigne  des  nombres  P,  Q  tels  que  Ton  ait,  pour 
toutes  les  valeurs  de  h , 

i.2.3...r  i.a.3...(t+i)     | 

f  A  A*  A'  /       ^^^ 


+T:ixr/'^"+,...M/+i)Q! 


<o. 


Soient  (fji ,  ç,A  les  premiers  membres  de  ces  inéga- 
lités :  les  fonctions  (p, ,  <f^  s'évanouissent  quand  on  y  fait 
hzzzo;  donc  les  inégalités  seront  satisfaites ,  d'après  la 
remarque  précédente ,  si  l'on  a  pour  toutes  les  valeurs 
de  A, 

ou 


171 


FORMULE    DE    TAYLOR 

+ 5-7 î/'-'^^H ô— :P      >  o 

+  _-4_ — /(i-Ox  +  — ^.Ql   <o. 


(^^O 


I.2.0...2 — \'^  I.2.0...2         ) 

Mais  ff\h ,  9  ,A  sont  aussi  des  fonctions  de  h  qui  s'é- 
vanouissent pour  h=zo  :  donc  les  inégalités  (c'),  et  par 
suite  les  inégalités  (c) ,  seront  satisfaites  si  l'on  a 

ou 

*"■       P|>o,| 


-r  ^     Ti         *    4   '^      '  I 

A*-  r.  I 

En  continuant  ce  raisonnement ,  on  parviendra,  après 
i'\'i  différentiations  successives,  aux  inégalités 

/(i+0(a:+A)-P>o.       I      ^,^.^. 

y(i+i)(x  +  A)— Q<o,     1  /  ^ 

Or,  ces  inégalités  finales,  et  par  suite  les  inégalités 
primitives  {c\  seront  satisfaites,  si  l'on  choisit  pour  P  et 
pour  Q  respectivement  la  plus  petite  et  la  plus  grande 
valeur  que  prenne  la  fonction  dérivée 

pour  les  valeurs  de  z  comprises  entre  x  et  x-\-h. 


172  LIVRE    II.    CHAPITRE    IV. 

Si  cette  fonction  était  constamment  croissante  ou  dé- 
croissante ydex  k  ar-j-A ,  on  pourrait  poser 

P  =/(*+0  (a:)  ,  Q  =/(»+')  (:r 4-  A)  ,        ' 
ou  inversement 

P  ===/(«+')  (a;  +  A) ,  Q  =/<»+0  (a:) . 
Donc  le  reste  B^-  a  pour  expression 

0  désignant  un  nombre  inconnu ,  compris  entre  o  et  i^ 
de  manière  que  .r-j-ôA  tombe  entre  x  et  .r-j-A. 
Nous  écrirons  d'après  cela 

Maintenant,  s'il  arrive  que  les  valeurs  numériques 
des  fonctions 

ne  dépassent  jamais  une  certaine  limite  X,  pour  toutes 
les  valeurs  de  z  comprises  entre  x  et  x-\'h ,  et  pour 
toutes  les  valeurs  possibles  de  l'indice  de  différentia- 
tion  /,  on  aura  numériquement 

n»    <  — TC TT- :   > 

1.2.0.  ..  .(«4-1  ) 

et  alors ,  quel  que  soit  h ,  on  pourra  toujours  prendre  / 
assez  grand  pour  que  R^  tombe  au-dessous  de  toute 
grandeur  donnée.  Par  conséquent ,  dans  ce  cas ,  la  fonc- 
tion/'(.r-j-A)  sera  là  somme  de  ia^-suite  (^),  prolongée 
à  l'infini;  ce  que  nous  indiquerons  en  écrivant  : 

/(:r4.A)=/^+  ^/'^+iL/'/^+  -A/"'^  +  etc.      (B) 

Cette  formule  porte  le   nom   du   géomètre  anglais 
Tajrlor  qui  Ta  découverte,  et  l'on  en  fait  un  perpétuel 


FORMULE   DE    TAYLOR.  173 

usage  en  analyse.  On  en  a  donné  une  foule  de  démons- 
trations :  celle  qui  précède ,  telle  que  nous  Tavons  pré- 
sentée, nous  semble  parfaitement  rigoureuse;  et  nous 
l'avons  préférée,  aon-seulement  pour  nous  rapprocher 
(le  la  marche  de  Fitlventeur,  mais  parce  qu'elle  nous 
paraît  très-propre  à  bien  fixer  le  sens  et  Téteudue  de 
cette  formule  fondamentale. 

100.  11  sera  bon,  néanmoins,  d'indiquer  un  autre  tour 
de  démonstration.  On  peut  toujours  poser 
/(x+A)=/:r+A(p(  j;,  A)  , 
la  fonction  inconnue  (p  devant  être  telle  que  le  terme 
hif{x^  h)  se  réduit  à  zéro  pour  k=o.  On  tire  de  là 

r       L^      h^  +  h)—fx 
^{^,h)=^-^ J —' 

expression  qui  se  présente  soùs  la  forme— , et  se  réduit, 

comme  on  sait,  ày'a:,  quand  on  y  fait  /r=o.  D'après 
cela  nous  pouvons  poser, 

(p(a:,  A)=/'a:-h  A<px  (^,  A}, 
doii 

/(^  +  A)=/^+^/':rH-A>ç,(a:,A),  . 

<p,  (a:,  h)— ^; . 

Cette  expression  de  ç^  se  réduit  encore  à  - ,  pour  A=:o. 

Appliquons  la  règle  générale  [85]  eu  prenant  les  déri- 
vées des  deux  termes  de  la  fraction  par  rapport  à  A  :  il 
viendra 

^t  en  différentiant  de  nouveau,  pour  faire  disparaître 
l'indétermination  qui  subsiste  eucore , 


176  LIVRE    II.    CHAPITRE    IV. 

pour  la  série  des  valeurs  de  z  comprises  entre  o  et  A, 


on  aura 


i: 


ou 

^'/(*+0  (X'\'h  —  z)dz  >  5r—  , 

car  la  dérivée  de  la  fonction  •: est  z*dz  r5ql.  Il  vient 

par  la  même  raison 


f. 


donc  la  valeur  de  B^  tombe  entre 

et 


1.2.3. .  .(/4-1)  1.2.3. ..(i-f-  i)' 

et  de  plus  on  a 

valeur  que  l'on  pourra  calculer  exactement ,  ou  par  ap- 
proximatioYi ,  à  l'aide  des  procédés  qui  seront  exposés 
plus  tard,  eu  supposant  donnée  la  fonction/,  et  par 
suite  la  dérivée  /(•"*"') . 

102.  Écrivons  z  au  lieu  de  a:  dans  la  formule  (A) ,  et 
ensuite  remplaçons  k  par  x — z  :  cette  formule  deviendra 

en  posant  par  abréviation 

Pour  ^=o ,  la  formule  donne 

fj,=fz  +  {x-z)f[z+fi,{a:—z), 
0,  désignant  un  nombre  compris  comme  ô  entre  p  et  i , 
mais  en  général  différent  de  0  ;  et  de  là  on  tire,  en  rem- 
plaçant/'par  <p, 


FORMULE   J>B    TATLOR.  177 

Mais  d'après  Féquation  (ç)  on  a  évidemment  y,T — -o  ;  et 
si  Ton  différentie  cette  même  équation  (^ )  par  rapport 
kz^ea  supprimant  à  mesure  les  termes  qui  se  détrui- 
sent, il  restera 

1.2.3. ..jr*^  ' 

d'où 

En  conséquence ,  on  tire  de  l'équation  (f ') 

et  Ton  peut ,  dans  la  formule  (A.) ,  remplacer  Texpression 
du  reste  R^ 

par  cette  expression  équivalente,  due  à  M.  Cauchy, 

103.  De  quelque  manière  que  rou  arrive  au  déve- 
loppement de  Taylor ,  ce  développement  n'a  de  sens 
qu'autant  que  Ton  conçoit  la  suite  des  termes  obtenus 
complétée  par  un  reste,  qui  peut ,  dans  certains  cas , 
décroître  au-dessous  de  toutes  limites^  ce  qui  permet 
déconsidérer  la  série  prolongée  à  l'infini  comme  équi- 
valente à  la  fonction  proposée.  Dans  cette  hypothèse,  il 
faut  bien  que  la  série  soit  convergente  ;  mais  la  réci- 
proque n'est  point  vraie,  et  la  série  prolongée  à  l'infini 
pourrait  être  convergente  sans  que  le  reste  Bi,- qu'il 
&ut  toujours  calculer  directement,  allât  en  décroissant 
mdéfiBÎmeiit*  Dans  ce  cas  la  série  de  Taylor  serait  en  dé- 

T.    I.  11 


178  LIVRB    H.    —    CViriXaS    IV. 

fiiut ,  la  somme  de  la  série  convergente  ne  eotncidant 
pas  avec  la  fonction  donnée. 

Pour  se  convaincre  de  la  vérité  de  cette  proposition , 
il  suffît  de  considérer  que ,  dans  tous  les  raisonnements 
qui  précèdent,  la  fonction^  est  supposée  quelconque  : 
elle  peut  être  mathématique  ou  empirique;  il  suffit ,  pour 
l'application  des  formules ,  que  cette  fonction  et  ses  dé- 
rivées de  tous  les  ordres  n'éprouvent  aucune  solution  de 
continuité  correspondante  aux  diverses  valeurs  de  la  va- 
riable ^  de  a:  à  x+A  inclusivement.  Cela  posé,  le  tracé 
de  la  courbe  7=/i  étant  arbitraire  entre  les  valeurs  z=zx. 
et  z=^+h ,  et  ne  dépendant  point  de  la  forme  de  la 
courbe  dans  le  voisinage  du  point  initial,  il  serait  absurde 
que  lesquâintitésy 

qui  toutes  se  rapportent  au  point  initial^  déterminassent 
implicitement  le  tracé  de  la  courbe  dans  tout  l'intervalle 
que  l'oti  considère.  Piu-.conséqùent,jr(^'^-A)  ne  peut  pas 
en  général  être  déterminée  par  la  série  des  quantités^  ^ 

/.r, ,  même  prolongée  à  Tinfim.  Mais  du  moment 

que  l'on  a  égard  au  re$te  Rt,  pour  Tév^luatjon  duqqel  il 
faut  tenir  compte  de  toutes  les  valeurs  de  la  fonction  ^ 
dans  l'intervalle  de  or  à  X'\'hj  la  4iffîçulté  disparaît,  et 
rien  ne  saurait  infirmer  la  l^itimité  du  développement* 
À  la  vérité  ^  on  pourrait  supposer  que,  si  deux  fpac- 
tiops  fz  ^fijz  p  pon  identiques  daiis  l'ioleiTaJle  de  zs^=x  à 
jt==X'^^  ,  étaient  telles  néan^ioins  que  l'on  eût 

ju9qpà  ri^fini»  l'une  au  mo«îiis  de  ees  fooctâons  devrait 
subir,  pour  ^==::r,  une  soUitî<>o  de  oonûttuité  d'un 
ordi^.qudiCOAque,  ce  «pi  suffirait  pour  qu'on  ne  pûfi 
pfis  prolonger  à  ritifi«li  la  série  de  Taylor ,  et  ce  qui  rM- 


FOaMULS   DJI   TATLOR.   *  179 

trenit  4iuas  MUfs  esc^ioo  d^jà  signalée.  EfTectivftmeiit 
nous  avons  a4n^is  déjà  [37]  ^  ppu^  dépiontreroQs  plii$ 
loin  que^  si  les  fonctionsy^^^z  sont  déterminées^  expli- 
citement ou  implicitemeat,  par  des  équations  algébri- 
ques ,  la  série  des  équations  (/*}  entraînera  l'identité  des 
deux  fonctions  ;  en  sorte  que ,  si  les  deux  fonctions 
avaient  dans  une  partie  de  leur  cours  la  même  expres- 
sion algébrique,  et  dans  une  autre  portion  de  leur  cours 
des  expressions  algébriques  non  identiques,  elles  éprou- 
veraient nécessairement,  au  passage  d'une  expression  à 
l'autre,  une  solution  de  continuité  d'un  ordre  quelcon- 
que. Mais  rien  n'autorise  à  généraliser  cette  remarque 
en  rétendant  aux  fonctions  empiriques^  ni  même  aux 
fonctions  transcendantes,  comme  M.  Cauchy  l'a  montré 
sur  un  exemple  bien  simple. 
Prenons  eh  effet 

fz  restant  quelconque.  Nous  avons  vu  [89]  que^  pour 

z=o  j  les  dérivées  de  tous  les  ordres  4e  la  transcen- 

i_ 

dante  e     s'évanouissent  avec  la  transcendante  dont  elles 
dérivent  :  par  conséquent,  pour  j:=o,  on  aura 

jusqu'à  l'infini,  bien  que  les  fonctions/ et y*j  restent 
(Ustinctes  pour  toute  autre  valeur  de  j$. 

D'après  eela,  le  dévdoppenmit  de  y]  A  par  la  ^kmi  dç 
Taylor,  prolongée  à  l'infini,  ne  diffîrera  point  du  déve- 
loppement de  fh  ;  et  si  la  série  de  Taylor  ainsi  pro^ 
longée  est  cîoaivergente  >et  a  pour  somme  y*^^  le  même 
développement,  quelque  convergent,  sera  fautif  quand 
on  rappliqndra  à  la  fonction /. 

m. 


180  LIVRE    If.    CHAPITRE    lY. 

Désignons  en  général  par  fz  une  fonction  de  z  telle 
que ,  pour  une  valeur  particulière  z^=zXy  on  ait 

O  t±:çj?t=ç  ^7=^"^:= 

jusqu^à  l'infini;  et  soient  R(*),R/*)  les  restes  de  la  série 
de  Tàylôr  pour  les  fonctions 

f(^  +  à),J,{x+h)z=zf(a;  +  h)+^{a:  +  h), 
il  faudra  évidemment  qu'on  ait,  quel  que  soit  Tindice  i , 

R^(i)_R(4)=^p(^+A), 

ce  qu'il  serait  d'ailleurs  facile  de  retrouver  àposieriori^ 
au  moyen  de  l'expression  du  reste  eu  intégrale  définie. 

104.  Le  nombre  de  termes  dont  se  coQipose  la  série 
de  Taylor  n'est  limité  que  dans  un  cas,  savoir  :  quand 
fx  est  une  fonction  algébrique  entière;  car  alors,  m  dé-- 
signant  le  plus  haut  exposant  de  x  dans  cette  fonction , 
la  dérivée  du  m^  ordre  est  une  quantité  constante, 
et  les  dérivées  des  ordres  supérieurs  s'évanouissent  [6o]. 

Si  l'on  pose  /i:=^,  la  série  de  Taylor  donne, 
pour  un  exposant  quelconque  m,  le  développement  de 
{x+hy^y  et  coïncide  avec  la  formule  de  Newton,  qui 
se  trouve  ainsi  démontrée  pour  un  exposant  quel- 
conque ,  comme  nous  l'avions  annoncé  [66  et  8a].  On 
a  en  même  temps 

Ri  =  — ^ ^-5 \ <•  I    -3»(:f+ A— js)  •»-•-'  dz . 

i.tk.ô..,.a  Jo 

105.  La  série  de  Taylor,  par  sa  généralité,  avait  déjà 
fixé  depuis  longtemps  l'attention  des  analystes,  lorsque 
Lagirange  imagina  de  la  prendre  pour  base  de  la  théorie 
des  fonctions,  et  par  ce  moyen  d'éluder,  k  ce  qu'il  croyait, 
dans  le  passage  de  la  discontinuité  à  la  continuité,  Tem* 
ploi  de  toute  notion  auxiliaire  de  limite ,  de  fluxion  ou 
d'infiniment  petit.  A  cet  effet ,  Lagrange  admet  qu'aune 


FORMULE    DE   TATLOK.  181 

fonction  quelconque,  ou  du  moins  qu'une  fonction  ma- 
thématique quelconque y(a:-(-A)  peut  se  développer  en 
une  série  telle  que 

fx  +  cp^jT  •  A>  4-  f ,  x  •  AP  +  f ,  07 .  Ay  +  etc. 

11  montre  y  en  s'appuyant  sur  la  nature  algébrique 
de  la  fonction ,  que  ces  puissances  ne  peuvent  être  ni  né- 
gatives ,  ni  fractionnaires ,  tant  que  x  et  h  restent  indé- 
terminés. Car  d'abord,  si  la  série  contenait  des  puis- 
sances négatives  de  A,  en  y  faisant  A=o,  les  termes 
affectés  des  puissances  négatives  deviendraient  infinis, 
et,  par  conséquent  ,^0:  aurait  une  valeur  infinie ,  ce  qui 
ne  peut  arriver  que  pour  des  valeurs  particulières  de  x. 
En  second  lieu ,  si  la  série  contenait  un  terme  affecté 
(le  la  puissance  fractionnaire  |,  d'après  les  propriétés 
des  radicaux,  ce  terme  aurait  autant  de  valeurs  distinctes 
qu'il  y  a  d'unités  dans  le  dénominateur  q;  en  sorte  que, 
pour  un  même  système  de  valeurs  de  x  et  àefx^fi^x-^h) 
aurait  plusieurs  valeurs  distinctes;  ce  qui  ne  peut  arri- 
ver que  pour  certaines  valeurs  particulières  de  x  et  de 
/r,  par  la  même  raison  qu'il  est  impossible  que  tous  les 
points  d'une  courbe  soient  des  points  de  rencontre  de 
plusieurs  branches  de  la  coqrbe. 

On  peut  donc  ^d(nettrç  que  le  développement  de 
/(.r-j-A)  est  donné  d'une  manière  générale  par  la  for- 
mule 

/(^+À)=/r  +  A;^,:F-+.A«(p,x-HA'<p,Jî  +  etc.  ;     (A) 

et,  ceci  posé,  Lagrange  appelle  la  fonction  (f^x  la  dé» 
nvéeàà  fx^  en  la  désignant  pai;  la  notation /'.r,  pour 
mieux  rappeler  la  liaison  qui  existe  entre /à:  et  f  |.r.  Le 
mode  de  dérivation  ainsi  défini,  il  ne  lui  est  pas  diffi- 
cile de  trouver  la  loi  suivant  laquelle  les  fonctions  (p..r , 


182  LIVRE   II.    CHAPITRE   IV. 

f3^,. ....  dérivent  Aef'x^  et  d'écrire  dans  sa  nota- 
tion la  formuie  de  Tajlor 

f{z  +  A)  =/x+  ^^  +  ^/'*  +  _^' "x+etc. 

Il  suffit  maintenant  de  substituer  successivement  2ijjc 
les  fonctions  élémentaires  af^,  log  x^  sin  Xy  et  de  trou- 
ver, par  les  méthodes  algébriques  connues,  les  premiers 
termes  des  développements  des  fonctions  {x-^hy^  ^ 
log  {x-\-h)j  sin  {x-^h)^  suivant  les  puissances  de  A, 
pour  en  conclure  les  premières  dérivées  de  ces  fonctions 
élémentaires,  et  par  suite  leurs  dérivées  des  ordres  su- 
périeurs ^  comme  aussi  les  dérivées  des  fonctions  quel- 
conques,  composées  de  ces  fonctions  élémentaires. 

C'est  ainsi ,  selon  Lagrange ,  que  la  théorie  des  fonc- 
tions se  trouve  ramenée  à  une  simple  application  des 
règles  du  calcul  algébrique  ordinaire.  On  peut  consulter, 
pour  le  développement  de  cette  idée  fondamentale,  les 
deux  traités  spéciaux  que  ce  grand  géomètre  y  a  consa- 
crés, la  Théorie  des  fonctions  analytiques  et  les  Leçons 
sur  le  calcul  des  fonctions. 

Mais  si  ces  deui:  ouvrages,  à  cause  du  nom  imposant 
de  leur  auteur,  ont  été  d'abord  accueillis,  par  toute  une 
génération  déjeunes  géomètres,  comme  fixant  les  bases 
de  l'enseignement,  un  examen  attentif  a  dû  montrer 
qu'il  s'y  trouve  un  de  ces  paralogismes  métaphysiques 
dans  lesquels  les  plus  grands  maîtres  peuvent  tomber , 
lorsque  la  nature  de  leur  sujet  les  force  à(  sortir  de  Ta* 
nalyse  et  de  la  synthèse  scientifiques ,  pour  entrer  dans 
la  critique  des  idées  qui  sont  les  matériaux  mêmes  de 
la  science. 

En  effet,  le  développement  en  série  n'a  de  sens  que 
lorsqu'il  mène  à  une  série  convergente,  ou  mieux  en* 


W0KTàlil.K  l>fi    TATLOR.  183 

core  lorsqu'il  est  démontm  que  le  reste  de  la  série  tend 
sans  cesse  vers  la  fioaite  2éro  quand  le  nombre  des  termes 
croît  indéfinimeat.  Toute  induction  tirée  d'un  dévelop* 
pement  en  série  non  convergente  manque  de  solidité, 
et  peut  conduire,  comme  des  exemples  le  font  voir,  à 
des  résultats  fautifs,  La  méthode  de  Lagrange  n'a  donc 
point  l'avatttage  d'élimider  la  notion  des  limites  ou 
toute  autre  équivalente.  La  nature  des  choses  et  las 
lois  de  l'entendement  exigent  ici  l'emploi  de  l'une  de 
ces  notions  auxiliaires,  dont  le  simple  développement 
par  lalgèbre  du  principe  d'identité  ne  peut  tenir  la 
place. 

D'ailleurs,  les  raisonnements  indiqués  ci-dessus,  et 
qui  servent  à  justifier  la  forme  attribuée  à  la  série  (A), 
outre  ({u'ils  reposent  sur  un  principe  Subtil  et  sujet  à  con- 
troverse, suivant  que  l'on  regarderait  l'ambiguïté  des  si- 
gnes des  radicaux  comme  le  résultat  d'une  convention 
ou  comme  un  fait  nécessaire,  ne  peuvent  en  tous  cas 
s'appliquer  qu'aux  fonctions  algébriques  :  tandis  que  ta 
théorie  des  fonctions,  comme  nous  nous  sommes  atta- 
ché à  le  faire  voir ,  doit  essentiellement  comprendre  les 
fonctions  continues  quelconques ^  et  former  un  corps  de 
doctrine  qui  subsiste  indépendamment  des  applications 
à  lalgèbre.  Le  développement  en  série  n'est  qu'un  ar- 
tifice de  calcul ,  et  ne  peut  convenablement  servir  à  éta- 
blir des  lois  et  des  rapports  dont  l'existence  est  indépen- 
dante de  nos  procédés  artificiels. 

106.  On  dit  que  la  formule  de  Taylor  tombe  en  de-- 
jiuUf  lorsque  la  valeur  particulière  de  or  que  l'on  con- 
sidère, rend  infinie  la  fonction^  ou  ses  dérivées  à  par- 
tir d'un  ordre  quelconque.  Alors,  en  effet,  si  la  fonction 
fcst  algébrique,  la  fonction /(^-|-A)  est  susceptible  de 


184  LiVRS    II.  CHAPITRli    IV. 

se  développer  en  une  série  qui  contient  des  puissances^ 
négatives  ou  fractionnaires  de  A ,  mais  qui  n'a  de  sens 
qu'autant  que  l'on  peut  faire  converge  indéfiniment 
vers  zéro  le  reste  de  la  série.  Soit,  par  exemple , 

m  désignant  un  nombre  positif,  et  (fx  une  fonction  qui 
prend,  ainsi  que  toutes  ses  dérivées,  une  valeur  finie 
quand  on  y  fait  x=:i.  La  fonction /"(i-j-A)  pourra  se 
développer  en  série  contenant  des  puissances  négatives 
de  A,  car  on  aura   ' 

y^.^^)=îi£+*)=^-^.H-t=r;•(.)+.erî,'(.)+  e.o. 

Si  la  fonction  algébrique  f  ne  devient  pas  infinie , 
mais  que  ses  dérivées  le  deviennent  à  partir  d'un  ordre 
quelconque,  il  est  clair  que  son  développement  ne  peut 
contenir  uniquement  des  puissance^  entières  et  positives 
de  h  :.  car  alors  ses  dérivées  pourraient  se  développer 
aussi  suivant  les  puissances  entières,  et  positives  de  A, 
et,  par  conséquent,  ne  deviendraient  pas  infinies  pour 
A=:o;  tandis  que,  si  le  développement  de  la  fonction 
proposée  contient  des  puissances  fractionnaires  et  posi- 

tives  de  A,  telles  que  hq^  et  si  m  désigne  le  plus  grand 
nombre  entier  contenu  dans  •^,  la  difFérentiatron  amè- 
nera, dans  le  développement  des  fonctions  dérivées  de 
l'ordre  m-|-i  et  des  ordres  supérieurs ,  des  puissances 
négatives  de  h. 

Ce  cas  se  présente  toutes  les  fois  que  fx  contient  eix 

- 
numérateur  un  radical  de  la  forme  {x — a)  q  ,  et  qu'oa 

y  donne  à  x  la  valeur  particulière  a.  Soit,  par  exemple  , 


FORAEULE   0£   TATLOR.  185 


f  et<|;  désignant  des  fonctions  algébriques  entières,  qui 
oe  s'évanouissent  pas  pour  jr=j  :  toutes  les  dérivées  de 
fx,i  partir  de  la  première,  deviendront  infinies  pour 
la  même  valeur  de  ^^  et  la  formule  de  Taylor  tombera 
en  défaut.  Mais  si  Ton  substitue  directement  i-^A  h  Xj 
il  viendra 
/(H-A)=:ç(i  +  A)+^(H.A).  l/Â.l/â+Â,; 

et  ainsi,  en  développant  par  la  série  de  Taylor,  suivant 
les  puissances  entières  de  A,  les  fonction» 

ç(l+A),  +(!  +  *),  ï/Tî^, 

on  obtiendra  /"(i-|-A) ,  exprimée  par  une  série  qui  req- 
ferme  des  puissances  fractionnaires  de  h. 

Quand  la  première  dérivée  de  fx  qui  devient  infinie 
pour  la  valeur  particulière  x=a,  est  la  dérivée  de 
l'ordre  i-[-a ,  on  peut  employer  la  série  de  Taylor  en 
l'arrêtant  au  terme  affecté  de  /^* ,  et  en  évaluant  le  reste 
^  par  la  formule  (e)  qui  subsiste  toujours ,  puisque 
f^^^^  n'éprouve  point  encore  de  solution  de  continuité 
Ju  premier  ordre;  ou  en  s -assurant,  par  la  considéra- 
tioQ  des  limites  de  ce  reste,  qu'il  est  d'un  ordre  de 
grandeur  tel  qu'on  puisse  le  négliger. 

107.Lagrange  emploie  un  raisonnement  semblable  à 
celui  qui  a  été  indiqué  ci-dessus  [io5]  pour  montrer  à 
priori  que  la  fonction  /(x-^-h)  doit  renfermer  dans  son 
développement  des  puissances  fractionnaires  de  h ,  quand 
Jes  valeurs  particulières  de  x  font  évanouir  les  radi- 

£ 

eaux  qui  entrent  dans/r.  En  effet ,  le  radical  {x-^ay 
"Oûçe  à  la  fonction  autant  de  valeurs  distinctes,  réelles 
ou  imaginaires ,  qu'il  y  a  d'unités  dans  le  nombre  en- 


186  LIVRS   II.   CHAPlTAS   JV. 

lier  q.  Comme  ce  même  radical  se  reproduit  dans  les 
coefficients  dîfFérentiels  de/ir,  tant  que  x  reste  indé- 
terminé, ces  coefficients  prennent  eux-mêmes,  comme 
cela  doit  être,  un  nombre  q  de  valeurs  différentes. 
Ainsi  il  y  a,  à  proprement  parler,  autant  de  fonctions 
y(:r-j-A)  et  de  développements  distincts,  que  le  radical 
dont  il  s'agit  comporte  de  valeurs.  Mais  si  Ton  donne 
à  X  la  valeur  particulière  a ,  le  radical  disparaît  de  tous 
les  coefficients  de  la  série  de  Taylor 
fayfa^fa^  etc.; 

tandis  qu'il  subsiste  dans  la  fonction/(a-(-A),  oii  il  est 

p 
devenu  fi^.  Donc  la  série,  dans  sa  forme  ordinaire^  ne 

peut  plus  alors  représenter  la  foiictioù ,  puisque  celle-ci 

a  plusieurs  valeurs,  tandis  que  la  série  n'en  aurait  qu'une  : 

donc  il  faut  que  le  développement  dey*(a-|-A)  contienne 

des  termes  affectés  du  radical  A*. 

Remarquons  d'ailleurs  qu'un  radical  contenu  dans^/r 
peut  disparaître  de  deux  manières  distinctes  pour  des 
valeurs  particulières  de^:  i^  parce  que  la  quantité  sous 
le  signe  radical  devient  nulle  ;  2^  parce  qu'un  facteur 
affectant  le  radical  s'évanouit.  Ce  dernier  cas  ne  doit 
point,  d'après  les  mêmes  principes,  faire  exception  à  la 
formule  de  Taylor.  Soit  en  effet 

un  terme  qui  introduit  dans  fx  le  radical  {x — a)*  : 
ce  terme  disparaissant  pour  la  valeur  ^•=a, ,  laquelle 
fait  évanouir  le  facteur  (.r — a,)"*.  Comme  l'exposairt 
du  binôme  x — a,,  supposé  entier  et  positif,  diminue 
d'une  unité  à  chaque  différentiation ,  il  y  aura,  dans 
les  dérivée3  de  fx   de  Tordre  ni  et  des   ordres  supé- 


FORMULE   DS   TAYLOB.  187 

liem,  des  termes  où  ce  binône  cessera  d'affecter 

comme  facteur  le  radical  {x-^af  :  d'où  il  suit  que  le 
développement  par  la  série  de  Taylor  de  la  fonc- 
\mf{ar\^h)j  prolongé  au  moins  jusqu'au  terme  de 
rang  m — i  înclusiTement ,  coQserve  autant  de   va- 

leors  distinctes  que  le  radical  {x — a)  *  en  attribue  à 

Il  oe  Ëiut  pas  conclure  de  ce  qui  précède ,  avec  quel- 
ques  auteurs ,  qu'ien  pareil  cas  la  sérié  de  Taylor  doit 
aa  ffloias  être  prolongée  jusqu'au  terme  inclusivement 

E 

OU  reparaît  le  radical  {x — a)  ^  :  car  ce  radical  subsiste 
toujours,  avec  la  multiplicité  de  ses  valeurs,  dans  l'in- 
tégrale définie  qui  exprime  la  valeur  du  reste  Ri,  quelle 
que  soit  la  valeur  de  l'indice  /  ;  et  il  faut  toujours  tenir 
compte  du  reste  de  la  série  pour  donner  de  la  rigueur 
aux  raisonnements. 

On  voit^  par  exemple,  que,  si  le  facteur  qui  affecte  1^ 
radical  était  une  fonction  transcendante  de  la  nature 
de  celles  indiquées  ci-dessus  [ioa],qui  deviennent  nulles, 
ainsi  que  toutes  leurs  dérivées,  pour  certaines  valeurs 
de  x^  le  raisonnement  de  Lagrange  ne  serait  plus  applica- 
ble; et  l'identité  entre  le  développement  et  la  fonction 
développée  ne  pourrait  subsister  qu'autant  qu'on  arrête- 
rait la  série  à  un  terme  quelconque ,  en  tenant  compte 
dû  reste. 

108.  Lorsque  la  fonction yi  ou  ses  dérivées,  à  partir 
d'un  ordre  quelconque^  éprouvent  une  solution  de  con- 
tinuité du  premier  ordre,  non  plus  pour  la  valeur  ini- 
tiale z=:x,  mais  pour  une  valeur  z=^  comprise  entre 
2=.r  et  z=zX'^h ,  la  formule  de  Taylor ,  dès  l'instant 


188  LIVRE   II.    CHAPITRE   lY. 

qu'on  y  fiiit  A=ou  >  a — x ,  doit  être  inapplicable ,  aussi 
bien  que  si  la  solution  de  continuité  se  rapportait  à  la 
valeur  initiale  :  cependant  la  métaphysique  de  La- 
grange  ne  s'applique  pas  à  ce  cas,  et  l'on  n'est  pas  dans 
l'usage  de  le  considérer  comme  un  cas  de  défaut  de  la 
formule  de  Taylor.  Mais  du  moment  que  Ton  tient 
compte  du  reste  R| ,  comme  cela  doit  toujours  se  faire , 
le  défaut  se  manifeste  par  l'impossibilité  d'assigner  des 
limites  au  reste,  ou  de  l'évaluer  çn  intégrale  définie, 
quand  la  fonction  sous  le  signe/  passe  par  l'infini,. que 
ce  soit  à  la  limite  ou  dans  le  cours  de  l'intégration. 

S  a.  Formule  de  Maclaurin  et  ses  applications. 

109.  Si  l'on  fait  dans  la  formule  (B)  x=Oj  ce  qui 
donne 

/x=/(o)  +  ^./'(o)+il./"(o)+^./"'(o)+etc., 

et  qu'on  écrive  ensuite  X'  au  lieu  de  A ,  il  viendra  . 

/^=yio)+f./(o)4-:^./"(oH-^-^./"(o)+etc.;    (C) 

en  sorte  qu'on  aura  résolu  de  la'manière  la  plus  générale 
le  problème  qui  consiste  à  transformer  une  fonction 
quelconque  en  série  ordonnée  suivant  les  puissances  en<^ 
tières  et  ascendantes  de  la  variable.  On  pourrait  trou- 
ver très-simplement  la  loi  de  cette  série  par  la  méthode 
connue  des  coefficients  iudéterminés ,  sans  passer  par 
la  formule  de  Taylor.  Admettons,  en  effet ,  que  la  fonc- 
tion fx  soit  susceptible  de  se  développçr  ep  série  con- 
vergente procédant  suivant  les  puissances  entières  et 
ascendantes  de  x ,  et  posons 

/ir=  A  -H  Ba:  +  (ir'  +  Dx^  +  etc.  : 


FORMULE   DE  MACLAURIIf  BT  SIS   APPLICATIONS.    189 

onaura,  en  différentiaiit , 

f'x  =:i=  B  +  aCLr  +  3Dx'  -4-  etc.  , 
f''xi=z,  aG  +  a*3Dar4^etc., 
/"jr  =  3.3.0+ etc., 
etc. 
Faisons  dans  toutes  ces  équations  xs=so  :  il  viendra 

A=/(o),B=/'(o),C=i/*(o),D±=^"(o),    etc. 

C'est  par  ce  procédé  (  dont  on  ferait  pareillement 
usage  pour  établir  la  loi  de  la  série  de  Taylor)  que  Mac- 
laniin  ist  obtenu  là  formule  (C) ,  qui  porte  encore  son 
Donl,  quoiqu'on  ait  revendiqué  dans  ces  dernières  an- 
nées la  priorité  de  la  découverte  en  faveur  du  géomètre 
Slirling.  D'ailleurs ,  on  ne  doit  pas  regarder  cette  for- 
mule comme  essentiellement  distincte  de  celle  de  l'aylor  : 
seolement  la  formule  de  Taylor  à  plus  de  généralité ,  en 
ce  qu'elle  subsiste  tant  que  or  et  A  conservent  leur  indé- 
termination y  et  ne  tombe  en  défaut,  d'une  manière  ou 
d'une  autre ,  que  pour  des  valeurs  particulières  attri- 
buées à  ces  lettres  ;  tandis  que  la  formule  de  Maclaurin 
ti'est  applicable  qu'autant  que  là  fonction  fx  n'éprouve 
pas  de  solutions  de  bontikiuité,  pour  X—Xi. 

La  série  de  Maclaurin  doit,  comme  celle  de  Tajlor, 
et  par  la  même  raison,  être  Complétée  par  un  reste.  Soit 
/".le  reste  de  la  série  de  Maclaurin,  arrêtée  au  terme  de 
rang  «^i ,  en  sorte  qu'on  ait 

/x=yro) +î/(o)  + +  7;^/''>  (o)+r, , 

l'expression  de  r,  en  intégrale  définie  sera  évidemment, 
<]'après  ce  qui  précède ,  donnée  par  l'équation 


190  hVf%E  H.  CHAPITRB  IT* 

la  valeur  de  r,  tombera  entr^ 

.  >^  et  ?  9 

i.a.3...(H-i)  i.a*3.*.(^^i) 

Pj  g  désignant  la  plus  petite  et  la  plus  grande  valeur  de 

y(«-H)  (x — z)j  entre  les  limites  z=o ,  2=ar ,  ou  celles  de 

f(''^*)z  entre  les  mêmes  limites. 

Si  Ton  désigne  par  0 ,  Oi  des  nombres  compris  entre 

o  et  I  y  on  aura  encore  pour  r,  ces  deux  expressions 

i.2*3...(i+i)  ^         \    J7  *         i.a.3...i      "^        ^     ^ 
Ces  explications  pouvant  suffire^  nous  allons  passer 
à  l'application  remarquable  que  l'on  fait  de  la  formule 
de  Maclaurin  au  développement  des  fonctions  logarith- 
mique ,  exponentielle  et  circulaires. 

1 10.  Si  nous  voulions  développer  la  fonction  log  jc 
suivant  les  puissances  positives  et  ascendantes  de  .r  ^  nous 
trouverions  que  cette  fonction  et  ses  dérivées  de9  divers 
ordres  deviennent  infinies  pour  x=:o^  en  sorte  que  la 
série  de  Maclaurin  tombe  en  dé&ut.  Mais  en  prenant 

/a:  =  lp^(i  +  ar), 
et  en  supposant  toujours,  pour  plus  de  simplicité,  qu'il 
s'agit  d'un  logarithme  népérien ,  nous  trouverons 


suivant  que  2  est  pair  ou  impair;  d'où 

log(i4-a:)=^  ~+-^  —- ^  +  T  ~  ^*^'  '      ^'^ 
série  convergente,  tant  que  x  est  compris  entre — i 
et  -|-i.  A  la  limite  supérieure  jr^=i ,  la  série  est  encore 
convergente  ;  car  on  a 

1  I       I       I       I  .  .* 


FORKULE  DR  MàCLAVMJS  BT  SBS  APPUCATIOKS.    191 

it  Ton  sait  ^e  toute  iiérte  dont  les  termes ,  altematÎTe- 

ment  positifs  et  négatifs,  vont  en  diminuant,  est  néees^ 
sairemeQt  convergente  [a6]. 
Si  Ton  fait  x=: — i ,  H  vient 

Dosait  que  zéro  a  pour  logarithme  Tinfini  négatif  :  donc 

la  série 

I       I       I       I 

estdivergente,cequi  se  démontre  d'ailleurs  directement. 

Ona 

\        x^       x^      x"^  i 

=  a  U  +  -3-  +  -5 +-r+«^<î-|-        (*) 

SU  OD  fait  ensuite 


\*\'X  -  «    , 

=  iH--  ,  aou  a?=:- 


I — X  n  a/r-t-v 

I  viendra: 


Cette  dernière  série  est  toujours  très-rapidement  couver-^ 
j  jentepoardes  valeurs  entières  des  nombres  /^  et  v ,  et  elle 
I  iiit  connaître  le  logarithme  du  nombre  /z^-|-v  quand  ce- 
loi  de  n  est  connu.  On  ne  calculera ,  bien  entendu ,  par 
le  moyen  de  cette  série  que  les  logarithmes  des  nom- 
bres premiers  :  les  autres  s'obtiendront  par  de  simples 
éditions;  et  pour  cela  on  aura  soin  de  calculer  les  loga- 
^lunes  des  nombres  premiers  avec  un  plus  grand 
nombre  de  décimales  qu'on  n'en  veut  tonserver  dans 
Stable. 


Î92  LIVRE    II.    GHAPITRB   IV. 

Supposons  7?=i ,  v=f  :  comme  le  logarithme  de  Tu- 
nité  est  zero^  on  aura 

log.  =  aQ+^^+^,+  etc.)  , 

série  bien  plus  rapidement  convergente  que  la  série  (y  )  » 
et  dont  il  sufEt  de  calculer  un  petit  nombre  de  termes 
pouf  trouver 

log  a  =  O969314718 

Par  conséquent 

log  4  =  1)386^9436 

En  faisant  dans  la  série  (/)  /2=4y  v=i  9  î"  vient 

log5=log4+. (^4-3^+5^.  +  ^ -4.  elc.)  , 

d'où 

log  5  =1,60943791 .  ..... 

Le  troisième  terme  de  la  série  n'influé  déjà  plus  que 
sur  le  chiffre  de  Tordre  des  millionièmes ,  et  le  cinquième 
serait  tout  à  fait  insensible  dans,  le  calcul  des  tables  or- 
dinaires. 

La  somme  des  logarithmes  de  a  et  de  5  donne  le  lo- 
garithme népérien  de  fo,  égal  à  a^SoaSSSog 

En  divisant  par  ce  nombre  l'unité  qui  est  le  loga- 
vîthme  vulgaire  de  10,  on  a  [64]  le  logarithme  vulgaire 
de  ^,  ou  le  module  des  logarithmes  de  Briggs,  égal  à 
o,434a9448i9 

Avçe  ce  module  on-  forme  les  logarithmes  vulgaires 
de  tous  les  nombres  premiers  dont  on  a  préalablement 
calculé  les  logarithmes  népériens. 

L'analyse  fournit  des  méthodes  encore  plus  expédi- 
tâyes  pour  calculer  les  logarithmes;  mais  toutes  ces  mé- 
thodes, y  compris  celle  dont  nous  venons  de  donner 
une  idée,  n'ont  été  imaginées  que  lorsqu'on  possédait 


FORMUr^E     ]>E    MACLàURÎN  ET  SES  APPLICATIONS.     193 

depuis   longtemps  des  tables  calculées  par  des  procédés 
bien  plus  laborieux. 

111.  Toutes  les  dérivées  de  la  fonction  ^  étant  iden- 
tiques avec  la  fonction  primitive,  se  réduisent  comme 
elle  à  Tunité  pour  ;r=o.  En  conséquence  la  formule  de 
Maclaurin  donne 

I  1.2        I.Sâ.O        1.2.3.4       .I.a.3.4.5  ^     ^ 

série  qui  finit  toujours  par  converger,  quelle  que  soit 
la  valeur  donnée  à  .r.  En  effet  [26],  si  l'on  désigne  par 
Xi  le  terme  de  cette  série  qui  en  a  /  avant  lui,  il  viendra 

r«+»  _    ^ 

rapport  qui  converge  indéfiniment  vers  la  limite  zéro, 
quel  que  soit  x ,  quand  i  prend  des  valeurs  de  plus  en 
plus  grandes. 

'En  faisant  x=ij  nous  retrouverons  l'expression  du 
nombre  e  en  série,  telle  qu'on  Ta  déduite  de  la  formule 
du  binôme  [61]. 

D'après  les  formules  (r/)  du  n^  67  on  trouve  aussi 

a:         J^  x^  jc'    ■ 

sin^  = — Ta"* ^  o  /  X 1  i  t'  £i h  etc.,  (m,) 

I        i.a.o      i.2.3.4*d       i.a.3.4.5.0.7  '  V    «/ 

cos^=  '  —7^+7:^3:4-  1:^X4X6  -^  *'*^-  ('"*) 

Ces    séries    très-remarquables,  données   par  Newton, 
jouissent,  comme  la  série  (m),  de  la  propriété  d'être  tou- 
jours finalement  convergentes ,  quel  que  soit  x,  en  sorte 
qu^elles  s'étendent  aux  arcs  qui  surpassent  la  circonfé- 
rence  ou  un  nombre  quelconque  de  circonférences.  On 
pourrait  s'en  servir  pour  calculer  des  tables  de  sinus  et 
de  cosinus  naturels^  dont  on  calculerait  ensuite  les  lo- 
garithmes au  moyen  de  la  série  (e);  mais  c'est  par  des 
méthodes  plus    élémentaires   qu'ont   été   effectivement 

T.  I.  i3 


!94  LIVRE    II.    CHAPITRE    IV. 

coDstniites  les  tables  trigonomëtriques  pour  les  besoînfs 
de  l'astrononiie ,  bien  avant  le  siècle  de  Newton; 

Les  séries  (m  ),  (/y2,),  (/wj  étant  convergentes  pour 
toutes  lé&  valeurs  de  x^  rien  n'empêcherait  de  partir 
de  ces  séries  et  de  poser  à  priori 

X        x"*  x^  ,  \ 

^  X  x^  x^  \ 

1  1.2.0  I.a.0.4*^  i 

X*  X^  I 

/r=  I h 5-7  -h  etc  ; 

•^  i.a       1.2.3.4  ' 

puis,  de  déterminer  les  propriétés  des  fonctions  <|/,f, /> 

d  après  les  propriétés  des  séries  Convergentes  dont  elles 

sont  les  sommes.  On  trouverait  ainsi 

+  (o)  =  i,f(o)=o,/(o)  =  ij         j 

^Yxzzz^x^  ixz=zfx  ^f^X'=i — ix  \      \  ^  ^ 

et  de  ce  système  d'équation  on  pourrait ,  comme  on  Ta 

indiqué  au  chapitre  II  du  présent  livre,  déduire  toutes 

les  propriétés  des  fonctions  ^^^f,/-   Les  équations  {n) 

donneraient  même  directement  ces  propriétés,  sansqu^on 

eût  besoin  de  passer  par  l'intermédiaire  des  équations 

(o).  Ainsi  l'on  trouverait,  par  la  forme  même  des  séries^ 

^  {x\/~)=fx-\-fx.  v/HT, 

^{  —  x\/"~)=zfx — fx  .  v/^  , 

{fxy-^(fxy=z2i, 

i{x'\-jr)z=ztx  .fy-^ïj .fxy  etc. 
Mais,  quoique  cette  marche  soit  logiquement  rigoureuse^ 
elle  ne  nous  semble  pas  convenable  dans  une  exposition 
didactique  où  l'on  doit  surtout  rechercher  Tenchaîne- 
ment  rationnel  des  théories.  En  général,  les  fonctions 
sont  caractérisées,  dans  l'ensemble  de  leur  cours,  parla 
loi  de  leurs  accroissements  différentiels  ;  et  ce  n'est  que 
sous  de  certaines  conditions  qu'elles  peuvent  être  expri- 


FORMULE  DE  MACLAURIIf  ET  SES  APPLICATIONS.      195 

mées  (aussi  dans  toute  l'étendue  de  leur  cours),  par  des 
séries  convergentes  pour  toutes  ïes  valeurs  de  la  varia- 
ble ('). 

112.  Dans  les  applications  qui  font  l'objet  des  deux 
numéros  précédents ,  nous  n'avons  fait  que  constater  la 
convergence  de  la  série  de  Maclaurin.  A  la  rigueur,  on 
est  tenu  de  prouver  directement  que  ces  développements 
convergents  ont  pour  sommes  les  fonctions  développées, 
ou  que  le  reste  r,  tombe  au-dessous  de  toute  grandeur 
donnée,  pour  des  valeurs  convenables  de  i.  Or,  le  reste 
/'/,dans  les  développements  (/),  (/w),  (/w«),  (/w»),  est  ex- 
primé par 

-+-  (/-|-i)(n-ô^)i+i>     1.2.3.  ..(/+i)*  ^^' 


I  •  2 « 3 . .  •  (/*4-ï)  '  I  cos^ 
Les  deux  dernières  expressions  donnent  pour  la  valeur 

nomérique  du  rapport  -^^,  une  fraction  qui  peut  tom- 

ber  au-dessous  de  toute  grandeur  donnée,  quel  que  soit 
X,  pourvu  qu'on  prenne  pour  2  un  nombre  suffisamment 
^nd.  La  même  condition  est  satisfaite^  à  1  égard  de  la 
première  expression  de  r,,  dès  qu'on  prend  pour  x  un 
nombre  positif. 
113.  On  tire  de  la  formule  (/)  du  n®  76 

2V/_i       **  \i—V/—i.  tango:/ 

('}  M.  Cauchy  a  donné  dans  ces  derniers  temps  une  règle  tiès-re- 
marqaable ,  pour  fixer  les  conditions  de  la  convergence  du  dévelop- 
pement d*one  fonction  suivant  les  puissances  entières  et  positives  de 
ia  variable  indépendante.  Désignons  par 
t^-L.\/ZIl  .sinOo),  pi(cosôx  +  t^^.»in^i),  p.fcosOa-h  l^^.  sin6,),  etc, 

ï3. 


196  LIVRE    H.    CHAPITRE    IV. 

et  en  développnnt  le  logarithme  par  la  formule  (Je), 
a: = tang  j;  — I  tang^j;  44  tang*j; — ^  tangj'x  -4-  etc.  •       (p) 
Cette  dernière  série  a  ëtë  donnée  parLeibnitz.  La  con- 
vergence ne  subsiste  et  par  conséquent  la  série  n'est 
applicable  que  par  les  valeurs  de  tang  x  comprises  entre 

—  i  et  -|-i,  ou  pour  les  valeurs  de  x  comprises  entre 

—  ^  TC  et  -|-  {  TC,  quoique  la  fonction  tang  x  reste  conti- 
nue entre  les  limites  x= — ^w  et  J?=  l^ir. 

A  la  limite  0:=^^,  la  série  (p)  est  encore  conver- 
gente, et  il  vient 

it  I       t       I 

mais  la  convergence  est  trop  lente  pour  que  cette  série 
puisse  servir  à  calculer  commodément  la  valeur  du 
nombre  transcendant  ir.  Si  l'on  prend  pour  x  l'arc  de  3o** 

des  valeurs  réelles  ou  imaginaires^  qui,  mises  à  la  place  de  x,  ren- 
dent infinie  la  fonction  fx  ou  sa  première  dérivée  y*' ^,  on  bien 
qui  satisfont  à  Tune  des  équations 

ces  valeurs  seront  rëelles  et  positives  ou  négatives,  si  les  nombres  po- 
sitifs ou  négatifs  O09  6j,  0^,  etc.,  deviennent  des  multiples  pairs  ou 
impairs  de  ir;  quant  aux  nombres  poy  p^  pa»  etc.,  auxquels  M.  Cau- 
chy  est  dans  l'usage  de  donner  le  nom  de  modules,  on  peut  les  re~ 
garder  comme  essentiellement  positifs.  Cela  posé,  le  développement 
Atfx  en  série  procédant  suivant  les  puissances  entières  et  positives 
de  X,  sera  convergent  pour  toute  valeur  de  or,  réelle  ou  imaginaire  ^ 

p  (  cos  6  -I-  V/'  I^ .  sin  6  ) , 

dont  le  module  p  tombera  au-dessous  du  plus  petit  des  modules  p^, 
Pi>  P>)  ®^^*  ^^  conclut  immédiatement  de  cette  proposition,  que  toute 
fonction  périodique,  telle  que  sin  x,  cos  x,  qui  ne  devient  infinie, 
non  plus  que  sa  première  dérivée,  pour  aucune  valeur  réelle  ou  imai 
ginaire  de  x,  se  développe  suivant  les  puissances  entières  et  positîvei 
de  X  en  série  convergente ,  quel  que  soit  x. 


FORMULE  D£  MACLàURm  ET  SES  APPLICATIONS.      197 

dont  la  tangente  est  -y=.^  la  formule  donnera 
I  w        I    /  I  I  I  \ 

C'est  par  cette  dernière  série  que  Lagny  a  calculé  le 
Qombre  17  avec  127  décimales.  On  connaît  d'ailleurs 
d'autres   développements  propres  à  donner  beaucoup 
plus  rapidement  encore  la  valeur  de  tc. 
On  tire  de  la  formule  (/): 

^*=log(^^)  =  log(i+x)  — log(n-i) 

A  la  vérité ,  cette  nouvelle  série ,  est  divergente  pour 
toutes  les  valeurs  réelles  de  x  ;  mais,  si  nous  donnons  à 

x\à  valeur  imaginaire  e*^"*' ,  on  aura 

»5ï=:zt/-_x   jc»—- _.:=:^  — e  =21/ ^i  .  sin  rnz  : 

or* 

et  par  suite  la  formule  précédente  deviendra ,  après  qu'on 
aura  divisé  par  al/ZT, 

-2=8inj8 sin  a;8+xsin3z  — -sin42-h  etc., 

a  a  3  4 

Cette  nouvelle  série  est  évidemment  convergente,  quel 

)ue  soit  z;  mais  elle  n'a  pour  somme  \z  que  quand  la 

valeur  de  z  est  comprise  entre  les  limites  —  \t:^  H"  I"»^- 

Le  lieu  géométrique  de  l'équation 

/=sinx sin  aa:+  ^sin3ar  —  -  sin4a:  +  etc.  .      (y) 

3  o  i^ 

serait  un  système  de  portions  de  droites  parallèles 

mX,  MN,  M'N',  M'TV",  (y^.  35) 

ayant  respectivement  pour  équations  en  termes  finis  [37]  : 


198  LIVRE    II.  CHAPITRE    IV. 

Les  points  N,M',  ont  pour  abscisse  commune  0P==  tu; 
mais  Tëquation  (<jr),  quand  on  y  fait  x=:  tt  ,  ne  donne  pour 
la  valeur  de  y  y  ni  l'ordonnée  PN,  ni  l'ordonnée  PM', 
égale  et  de  signe  contraire.  On  tire  de  cette  équation 
^=0,  c'est-à-dire  une  valeur  de  y  égale  à  la  demi- 
somme  des  ordonnées  PN,  PM'.  La  même  chose  arrive 
quand  on  prend  pour  x  un  multiple  positif  ou  négatif 
de  TT  [38].  Nous  reviendrons  dans  la  suite  sur  cette  par- 
ticularité essentielle  du  développement  des  fonctions  dis- 
continues; et  nous  retrouverons  l'équation  (^)  comme 
un  cas  particulier  de  formules  beaucoup  plus  générales. 
114.  Le  développement  d'une  fonction  en  série  pro- 
cédant suivant  les  puissances  de  la  variable,  conduit  au 
développement  des  fonctions  en  séries  d'exponentielles  : 
car,  soity^  la  fonction  proposée  :  si  l'on  fait 

X  =  log  ^ ,  ou  z  =  e* , 
elle  deviendra /"(log  z)=Fz,  et  pourra,  en  général , 
se  développer  suivant  les  puissances  de  z.  Soit  kz""  un 
terme  du  développement;  quand  on  y  mettra  pour  z  sa 
valeur,  ce  terme  prendra  la  forme  A  e*"';  et  ainsi  la  fonc- 
tion/se trouvera  développée  en  série  d'exponentielles. 


LIVRE  TROISIÈME. 

t 

DIFFÉRENTIATION 

DES  FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 
ET  DES  FONCTIONS  IMPLICITES. 


CHAPITRE  PREMIER. 


P£$    FONCTIONS     EXPLICITES    DE    PLUSIEURS    VARIABLES 

INUEPENDANTES,    ET*  DE    LEUR    DIFFÉRENT lAïlON.  

NOTIONS     SUR     LES      SOLUTIONS     DE     CONTINUITÉ     DES 
FONCTIONS   DE  DEUX  ET  DE  TROIS  VARIABLES. 

115.  Nous  n'avons  considéré  jusquici  qu^  des  fbno- 
kions  d'une  seule  variable,  cW-*à*dire  ,  des  grandeurs 
dont  la  valeur  est  déterminée  par  cela  seul  qu'on  assi- 
gne la  valeur  d'une  autre  grandeur  variable  dont  elles 
dépendent;  mais  plus  généralement  la  valeur  d'une  quan* 
tité  dépend  des  vateui^  que  prennent  plusieurs  autres 
quantités  susceptibles  de  varier,  cliacune  séparément  et 
indépendamment  des  autres  :  ce  qu'on  expriipe  en  di- 
sant que  la  première  quantité  eU  une  fonction  de  plu-' 
sieurs  variables  indépendantes. 

Ainsi  l'intensité  de  la  pesanteur  terrestre  varie  avec 
la  hauteur  du  corps  pesant  au-dessus  du  niveau  des 
mers,  et  elle  varie  aussi  avec  la  latitude.  Ces  variables 
sont  indépendantes  ;  car  on  peut  concevoir  que  la  hau- 
teur change  sans  que  la  latitude  varie ,  et  réciproque- 
ment. Si  la  figure  de  la  terre  s'écartait  sensiblement  de 


200  LIVRE    III.    CHAPITRE    I. 

celle  d'un  sphéroïde  de  révolution ,  l'intensité  de  la  pe- 
santeur varierait  encore  avec  la  longitude,  et  devien- 
drait une  fonction  de  trois  variables  indépendantes. 

Quand  un  corps  solide^  primitivement  échauffé  d'une 
manière  uniforme,  se  refroidit,  la  température  en  cha- 
que point  de  la  masse  varie  avec  le  temps  :  elle  varie 
aussi,  au  même  instant,  d'un  pointa  un  autre;  car  les 
molécules  voisines  de  la  surface  par  où  la  chaleur  se 
dissipe,  doivent  arriver  à  une  température  rapprochée 
de  celle  du  milieu  ambiant,  plus  tôt  que  les  molécules 
placées  dans  la  partie  centrale  du  corps.  La  température 
en  chaque  point  de  la  masse  est  donc  une  fonction  de 
quatre  variables  indépendantes,  savoir,  du  temps  écoulé 
depuis  l'origine  du  refroidissement,  et  des  trois  coordon- 
nées qui  fixent  la  position  du  point  dans  l'intérieur  du 
corps. 

On  pourrait  multiplier  indéfiniment  ces  exemples ,  et 
il  est  facile  de  reconnaître  que ,  dans  la  plupart  des  phé- 
nomènes naturels,  chaque  quantité  mesurable  dépend  de 
beaucoup  d*autres  quantités  susceptibles  de  varier  sé- 
parément. Mais,  afin  de  simplifier  les  questions  et  de  les 
rendre  accessibles  au  calcul,  on  considère  les  cas  où 
ces  quantités  reçoivent  des  valeurs  fixes,  ou  sensible- 
ment fixes,  à  l'exception  d'une,  de  deux,  de  trois  d'entre 
*  elles;  et  alors  les  quantités  dépendantes  deviennent 
fonctions  d'une,  de  deux,  de  trois  variables. 

Pour  exprimer  qu'une  quantité  u  est  fonction  de  plu- 
sieurs variables  Xjjr^  z^ on  emploie  la  notation 

et  si  l'on  voulait  indiquer  qu'il  entre  en  outre  des  cons- 
tantes ou  des  paramètres  a,  é,  c, dans  la  dé- 
termination de  la  fonction  9  on  écrirait 


DES  FONCTIONS  DE  PLUSIEURS  VARIABLES.  201 

«=/(^,7ï^, a^b^c^ ). 

Par  rapport  à  chacune  des  variables  dont  elle  dépend, 
une  fonction  peut  être  mathématique  ou  empirique ,  al- 
gébrique ou  transcendante,  rationnelle  ou  irrationnelle, 
entière  ou  fractionnaire,  linéaire  ou  non  linéaire,  etc.: 
il  n'y  a  rien  à  ajouter  aux  explications  que  nous  avons 
données  sur  ces  diverses  classes  de  fonctions,  en  trai- 
tant des  fonctions  d'une  seule  variable. 

Quand  la  fonction  u  est  définie  mathématiquement 
par  une  équation 

r(«>^*^>^,  —  )  =  o, 

non  résolue  par  rapport  à  Uj  la  fonction  est  implicite  : 
elle  devient  explicite  après  qu'on  a  résolu  Téquation  par 
rapport  à  u. 

116.  Une  fonction  de  plusieurs  variables ,  qui  n'a  pas, 
ou  à  laquelle  on  ne  connaît  pas  d'expression  mathéma- 
tique, est  censée  connue, pour  les  valeurs  des  variables 
indépendantes  comprises  entre  des  limites  assignées,  au 
moyen  de  tables  qui  donnent  les  valeurs  de  la  fonction, 
correspondant  à  autant  de  systèmes  de  valeurs  h-ès-rap- 
prochées,  assignées  aux  variables  indépendantes.  Mais 
la  construction  de  ces  tables  n'est  réellement  praticable 
que  pour  les  fonctions  de  deux  variables  seulement. 
Soient 

Jx^  T'xy  y^^   •  •  • J^n-iî  Jn  \ 

deux  séries  de  valeurs  de  x  et  de  /,  suffisamment  rap- 
prochées ,  et  désignons  par  {/a,a  I^  valeur  de  la  fonction 
a  qui  correspond  au  système  (^a,/a)  :  les  valeurs  de  w, 
correspondant  à  toutes  les  combinaisons  qu'on  peut  for- 
mer entre  les  valeurs  de  x  et  celles  de  y^  comprises 
dans  les  deux  séries  ci-dessus,  pourront,  pour  la  com- 


202  LIVRE    III.    CHAPITRE    I. 

modité  des  recherches ,  être  disposées  eu  tableau  comme 
il  suit  : 


■ï^. 

^. 

^i 

^m-. 

^_ 

**'»» 

r, 

«1,1 

^^,r 

"S,i 

«»-.,. 

«».. 

r. 

«.,, 

«x.a 

«3,a 

«»-.., 

«m.. 

73 

«..3 

««3 

''3.3 

«»-..3 

«»M 

: 

Ja 


^3,n-i 


f<3., 


«m-, 


■1^ 


«m.r 


n.fi 


(le  manière  que  la  valeur  u^^  se  trouve  dans  la  bande 
verticale,  en  tête  pu  à  Ventrée  de  laquelle  figure  .r^,  et 
dans  la  bande  horizontale ,  à  gauche  ou  à  Ventrée  de 
laquelle  figure  yi^  Une  table  ainsi  construite  se  nomme 
une  taWe  à  double  entrée.  La  table  de  Pylhagore  est 
l'exemple  le  plus  connu  d'une  table  à  double  entrée.  Une 
table  de  logarithmes  est  de  sa  nature  à  simple  entrée  , 
comme  toutes  celles  qui  comprennent  la  série  des  va- 
leurs des  fonctions  d'une  seule  variable;  mais  par  la  ma- 
nière dont  on  a  disposé  les  tables  ordinaires,  pour  en 
diminuer  le  vojume ,  on  les  a  artificiellement  converties 
en  tables  à  double  eptrée. 

Une  fonction  de  trois  variables  indépendantes  x^y^  z 
pourrait  être  donnée  au  moyen  d'une  table  à  triple  en-^ 
trée,  dont  on  se  fera  une  idée  en  imaginant  l'espace 
partagé  en  cases  cubiques  par  trois  systèmes  de  plans 
parallèles  dont  chacun  coupe  à  angles  droits  ceux  des 


DES  FONCTIONS  DE  PLUSIEURS  VARIABLES.  203 

deux  autres  systèmes;  et  en  supposant  qu'on  inscrive 
dans  chaque  case  une  valeur  de  la  fonction  Uy  de  ma- 
nière que  la  valeur  Uh,  i,  /  se  trouve  au-dessus  de  la  case 
^Kk  du  précédent  tableau,  supposé  horizontal ,  et  dans 
Vassise  horizontale  pour  laquelle  la  variable  z  a  la  va- 
leur js/.  S'il  y  avait  plus  de  trois  variables  indépendantes, 
on  ne  pourrait  plus  imaginer  de  disposition  géométrique 
analogucy  propre  à  coordonner  dans  l'espace  toutes  les 
valeurs  particulières  de  la  fonction  qui  en  dépend. 

117.  La  fonction/  {x^y^Zj \  mathématique  ou 

empirique,  doit  en  général  être  continue,  po.ur  les  rai-* 
sons  que  nous  avons  indiquées  en  parlant  des  fonctions 
d'une  seule  variable;  et  de  cet  attribut  de  continuité 
dérivent  des  conséquences  importantes,  indépendantes 
de  la  propriété  que  les  fonctions  peuvent  avoir,  de  s'ex- 
primer par  des  formules  mathématiques. 

La  continuité  dont  jouit  la  fonction  n'empêche  pas 
qu'elle  ne  puisse  éprouver  des  solutions  de  continuité , 
ou  pour  des  systèmes  de  valeurs  particulières 

^=5,/  =  Yi,  5  =  Ç,  etc.; 
ou  pour  des  systèmes  de  valeurs  qui ,  sans  être  indivi- 
duellement déterminées ,  satisfont  à  certaines  conditions^ 
particulières 

9(:r,7,z, )  =  o,^(^,7,2....)==o,etc.; 

mais,  avant  de  s'occuper  de  ces  solutions  de  continuité  ^ 
il  convient  d'étendre  aux  fonctions  de  plusieurs  yariar 
blés  la  théorie  des  dérivées  ou  des  variations  infiniment 
petites. 

118.  Considérons,  en  premier  lieu,  une  fonction  de 
deux  variables 

-=/(-^'>  j)^ 
et  supposons  que  x  eX  y  prennent  les  accroissements 


204  LIVRE    m.    —    CHAPITRE   I. 

A  .r,  A/  :  la  variation  correspondante  de  z  sera 

Az=/(^+ Aa;,7-hAr)— /(J7,r), 
et  nous  pourrons  la  mettre  sous  la  forme 

de  manière  que  la  quantité  isolée  par  des  crochets  soit 
la  valeur  qu  aurait  prise  la  variation  A,z,  si  x  seul  avait 
varié. 

Nous  pourrons  mettre  encore  l'expression  de  A  z  sous 
la  forme 

^^^/(^-<-Ax,7)-/(x,r)  ^  ^^ 

Me 

.  y(x-h  A3;,  /-f-  AT )  ~f{x  +  Ax,  /) 

-f- '   .   A/    • 

Admettons  maintenant  que  les  différences  A  a:,  Aj*  s'ap- 
prochent indéfiniment  de  zéro  :  le  rapport 

Sx 
aura  pour  limite/'  {x,y)\  cette  notation  désignant  la 
dérivée  dey*(^,j^)  par  rapport  à  la  variable  x.  Et  si 
nous  désignons  par  /  {Xyj-)  la  dérivée  de  f  (x,jr)  que 
l'on  obtient  en  traitant/  comme  la  variable,  le  rapport 
/(^  +  A^>r-hAj)— /(j?+A^,7) 
Aj 
convergera  vers  la  limite /^(x-[-Ax,  /)  quand  A/  de- 
viendra de  plus  en  plus  petit. 

Enfin  cette  dernière  limite ,  dont  la  valeur  varie  avec 
\x^  convergera  à  son  tour  vers  la  limite  j^  i^fj^)  quand 
A^  convergera  vers  zéro. 

Donc^  en  désignant  par  dx^  dj,  dz  des  valeurs  in- 
finiment petites  de  A^,  A;^,  Az,  on  aura 

dz=f{x,y)dx+f,{x,y)dr. 
Mais,  d'un  autre  côté,  si  nous  désignons  par  d^z  la  dif- 
férentielle de  z  dans  l'hypothèse  où  x  varierait  seul ,  et 


DES  FONGTIOlf  S  DE  PLUSIEURS  VAR1A.BLES.  205 

par  dyZ  la  différentielle  de  z  dans  l'hypothèse  opposée 
où/ serait  seul  variable ,  on  aura,  selon  les  principes 
delà  notation  différentielle ^ 

et,  par  conséquent , 

dz  =  '^^dx+^dx  .  (i) 

dx  dy  ^  ^ 

dz  désigne  alors  une  différentielle  totale;  dg,z^  dyZ  sont 
des  différentielles  partielles; 

dgZ     dyZ 
dx       dy 
soDt  des  coefficients  différentiels  partiels ,  ou  des  déri- 
vées partielles. 

Lusage  a  fait  prévaloir  la  dénomination  de  dîjfjfe' 
rences  partielles  sur  celle  de  différentielles  partielles , 
qui  est  plus  régulière,  mais  moins  euphonique.  Cet 
usage  provient  de  ce  que  les  géomètres  du  siècle  der- 
nier substituaient  communément  à  l'expression  de  diffé^ 
rentielle  celle  de  différence ,  en  sous-entendant  la  qua- 
lification dl  infiniment  petite. 

La  formule  (i),  telle  que  nous  venons  de  l'écrire, 
n'offrirait  aucune  ambiguïté  :  mais  en  pratique  l'emploi 
des  indices  au  bas  des  caractéristiques  de  différentia- 
tion  occasionnerait  des  embarras  et  souvent  des  fautes 
decriture  ou  d'impression.  On  préfère  écrire  simplement 

et  Ton  ne  craint  point  de  confondre  le  dz  (différentielle 
totale)  qui  est  au  premier  membre  de  l'équation ,  avec 
les  dz  (différentielles  partielles)  qui  figurent  aux  nu- 
mérateurs des  coefficients  différentiels  dans  le  second 
membre. 


206  LIVRE    Itl.    CHAPITRE    I. 

Rappelons-*nous  en  effet  que  les  difFérentielles  ne  sont 
que  de.^  symboles  auxiliaires  ^  employés  dans  le  cours 
des  combinaisons  analytiques  pour  parvenir  à  des  coef- 
ficients différentiels  qui  sont  des  fonctions  numérique- 
ment déterminées,  dès  l'instant  que  l'on  assigne  des 
valeurs  numériques  aux  variables  dont  elles  dépendent. 
Or,  tant  que  les  variables  x^y  sont  indépendantes,  et 
que  les  variations  dx ,  dy  ne  se  trouvent  liées  par  au- 
cun rapport^  les  rapports  de  la  différentielle  totale  dz  à 
dx  o\k2idy  ^  savoir  : 

d^z      d„z    dy       dxZ   dx      d„z 
dx        dy    dx'      dx     dy       dy  ^ 
sont  indéterminés.  Les  expressions 

dz  dz 
dx  '  dy 
n'auraient  donc  aucune  valeur  déterminée  si ,  par  le  dz 
qui  figure  aux  numérateurs,  on  devait  entendre  une 
différentielle  totale;  et  le  calcul^  appliqué  à  des  ques- 
tions susceptibles  d'une  solution  déterminée,  ne  doit 
pas  les  amener. 

Néanmoins,  pour  plus  de  clarté,  quelques  analystes 
écrivent,  à  l'exemple  d'Euler  et  de  Laplace,  les  coeffi- 
cients différentiels  partiels  entre  parenthèses ,  de  la  ma- 
nière suivante 

mais   d'ordinaire   on  regarde  ces   parenthèses  comme 
superflues. 

119.  La  formule  (2)  s'étend,  sans  aucune  difficulté, 
aux  fonctions  d'un  nombre  quelconque  de  variables  in- 
dépendantes. Ainsi  l'on  a,  pour  u==.f{x ,/,  s>  ^ ,....) , 

,       du  ^        du  ,        du  ,        du  ,  .^. 

du=^d^+-dx+^Jz  +  ^dt+ etc.         .    ^3) 


DES  FONCTIONS  DE  PLUSIEURS  VARIABLES.  207 

Il  en  résulte  que,  si  ^UJ  \x  ^  Sj-^  ^z  j  A^^  etc. ,  dési* 

goent  des  variations  très-petites  du  premier  ordre,  on 

a,  aux  quantités  près  du  second  ordre  et  des  ordres 

supérieurs , 

du  du  ^         du  ^         du  ^  , ,, 

A«=^lx  +  -^A;^4-5^A^+^A*  +  etc.  ,  (4) 

du  moins  tant  c|ue  les  dérivées  partielles 

du      du      du      du 
dx      dy      dz      dt^ 

ne  prennent  pas  de  très-grandes  valeurs  qui  rendraient 
les  fractions 

I  I  1  1 

'd^'     "d^  '  lûT^    ^  '  ^^''• 
dx  dy        dz  dt 

comparables  pour  leur  petitesse  à  Aa; ,  Ar,  Az  ,  A^,  etcj 

[45]. 

Donc ,  si  une  fonction  dépend  de  quantités  qui  éprou- 
vent des  variations  très-petites ,  positives  ou  négatives  ^ 
la  variation  totale  de  la  fonction  est  sensiblement  égale 
à  la  somme  algébrique  des  variations  que  cette  fonction 
aurait  subies  dans  sa  valeur^  si  chacune  des  quantités 
dont  elle  dépend  eût  varié  seule. 

Le  principe  de  la  superposition  des  mouvements  très- 
petits  ,  qui  joue  un  rôle  si  important  dans  l'explication 
des  phénomènes  physiques,  et  sur  lequel  reposent  les  théo- 
ries modernes  du  son  et  de  la  lumière,  n'est  lui-même 
qu'une  conséquence  du  principe  que  l'on  vient  d'énon- 
cer ,  et  que  l'on  pourrait  appeler  le  principe  de  la  su- 
perposition des  petites  variations.  Si  Ton  rapproche  ce 
principe  de  celui  de  la  proportionnalité  des  petites  va- 
riations [5],  on  comprendra  comment  un  nombre  borné 
d'expériences  fournit  les  moyens  de  calculer  les  variations 


208  LIVRK    III.    —    CHAPITRE    I. 

d'une  quantité  qui .  dépend  de  plusieurs  autres  suivant 
une  loi  empirique  et  inconnue,  pourvu  que  les  varia- 
tions de  ces  dernières  quantités  soient  renfermées  dans 
des  limites  étroites.  Car  il  suffira ,  à  la  rigueur ,  d'ob- 
server les  valeurs  de  /S.u  pour  autant  de  systèmes  de  va- 
leurs de  A^r,  A;^,  A3,  A^,  etc.,  qu'il  y  a  de  dérivées  par- 
tielles à  déterminer  numériquement  dans  l'équation  (4); 
et  ensuite  cette  équation  donnera  /iu  en  fonction  linéaire 
de  A^r,  Hj-j  etc.,  pour  des  valeurs  très-petites ,  mais  d'ail- 
leurs quelconques,  de  ces  variations.  L'art  des  obser- 
vations consiste  à  observer  dans  des  circonstances  qui 
permettent  de  déterminer  ces  coefficients  inconnus  avec 
la  plus  grande  précision  ;  et  la  théorie  des  chances  four- 
nit à  ce  sujet  des  indications  que  nous  n'avons  pas  à 
rappeler  ici. 

120.  La  démonstration  de  la  formule  (a)  ou  de  la 
formule  (3),  qui  est  une  généralisation  de  la  première  , 
n'exige  point  que  les  variables  o:,^,  z,  etc.,  soient  in- 
dépendantes. Mous  l'avons  supposé  pour  plus  de  généra- 
lité; mais  rien  n'empêche  de  considérer  toutes  les  varia- 
bles Xy  y  ^  etc.,  ou  q[uelques-unes  d'entre  elles,  comme 
des  fonctions  d'une  nouvelle  variable  indépendante  v;  ou 
bien  encore  de  supposer  que  plusieurs  de  ces  variables 
(^y  et  z  par  exemple)  sont  fonctions  de  x.  Alors  u  sera 
fonction  de  x  sous  un  double  rapport  :  immédiatement , 
en  tant  que  x  entre  dans  l'expression  de  u;  médiate- 
ment ,  en  ce  que  u  est  une  fonction  des  grandeurs  jy 
et  z,  qui  sont  elles-mêmes  des  fonctions  immédiates  de  .r. 
Il  faudra  remplacer  dans  la  formule  (3)  les  termes 


du  j        du   , 


par 


(' 

M 


DES   FOirCTIOlfS   D£    PLUSIEURS    VARIABLES.       209 

<du   dy      du   dz\    , 

sjrf/  dx      dz   dx)       ' 
et  ainsi  pour  tous  les  cas  semblables. 

On  profite  de  cette  observation  pour  faciliter  la  dif- 
férentialion  des  fonctions  mathématiques  d'une  seule 
variable,  quand  l'expression  en  est  compliquée.  Si ,  par 
exemple ,  on  avait  à  différentier  la  fonction 

\'\-  X 

on  pourrait  poser 

d'où 

dx  ,  dx 


dr'= y         ,     dz:=L -T,=^ 

•^        2  \/i-¥x  2  l/x-a 

On  aurait  d'un  autre  côté 

ce  qui  donne 

du 'f—^yz      du /» 


ày  ~  {y—zf  '      dz  —  {y—zy  • 
Si  l'on  substitue  ces  valeurs  dans  la  formule 
.         du  ,        du  j         fdu    dy      du   dz\  , 

on  trouvera 

et  après  qu'on  aura  remplacé  les  variables  auxiliaires^,  z 
par  leurs  valeurs  en  .r, 

du=-^. .dx. 

121.  Dans  les  applications  du  calcul  aux  phénomènes 
naturels,  lorsqu'une  fonction  u  dépend  d'une  certaine 
grandeur  t^  à  la  fois  immédiatement  et  médiatement,  il 
est  quelquefois ,  non-seulement  commode ,  mais  indis- 

T.  I.  ^     i4 


210  LIVRE  III.    GHAPITI^E   I. 

pensable,  de  considérer  séparément  dans  la  varia tioo 
de  u  la  part  qui  provient  immédiatement  de  la  variation 
de  t^  et  celle  qui  provient  de  la  variation  d'une  quantité 
V  qui  elle-même  est  fonction  de  t.  Pour  fixer  les  idée» 
par  un  exemple  sur  cette  double  dépendance ,  imaginons 
une  particule  matérielle  mue  dansi'espace  par  Tactioft 
qu'elle  éprouve  de  la  part  d'un  corps  électrisé*  L'inten- 
sité de  la  force  motrice  est  une  fonction  immédiate  du 
temps  tj  à  cause  que  la  charge  du  corps  électrisé  éprouve 
une  déperdition  continuelle,  et  une  fonction  médiate  de 
la  même  variable,  en  ce  qu'elle  dépend  des  coordonnées 
du  point  en  mouvement,  qui  changent  d'un  instant  à 
l'autre.  Les  questions  les  plus  délicates  de  la  théorie  des 
mouvements  des  corps  célestes  tiennent  à  des  distinc- 
tions de  ce  genre  entre  les  diverses  parties  de  la  varia- 
tion d'une  fonction,  que  l'on  doit  considérer  comme 
autant  d'effets  séparés  de  la  variation  d'une  même  va- 
riable. En  pareil  cas,  le  coefficient  différentiel  -^  peut 

avoir  des  valeurs  différentes  et  toutes  définies ,  soit  que 
l'on  considère  du  comme  une  différentielle  totale  ou 
comme  une  différentielle  partielle.  Il  faut  convenir  alors 
de  certaines  notations  propres  à  lever  toute  ambiguïté  ; 
mais  il  n'y  a  pas  de  règles  générales  à  cet  égard. 

122.  La  formule  (3)  sert  à  démontrer  une  relation 
connue  sous  le  nom  de  théorème  des  fonctions  hjomo^ 
gènes.  En  un  sens  purement  algébrique ,  on  dit  qu'une 
fonction  f{x ,/,  <3, ....),  est  homogène  si  Ton  a ,  quel 
que  soit  6 , 

/(ô^,6r,  es,  ..,.)=6»/(a:,7,^, ). 

En  prenant  les  différentielles  des  deux  membres  par  rap- 
port à  6 ,  on  aura  cette  autre  identité 


DES   FOirCTIONS   DE   PLUSIEURS    VARIiiBLES.       211 

'^'  ?•'  "'>  •  -'Kd^+i'^^^^  "•^^  **''  •  '  •  Vrf6 

dx  dy 

Divisons  par  cR  et  faisons  ensuite  0=::i  :  il  viendra 

Cette  dernière  formule  est  l'expression  analytique  du 
théorème  des  fonctions  homogènes. 
123.  Reprenons  la  fonction  à  deux  variables  indé^» 

pendantes 

z=f{xyx). 
Si  nous  désignons  par  A^z,  AyZ  les  variations  partielles 
que  subit  cette  fonction  quand  on  augmente  a:  de  ^x 
sans  toucher  hj-^  ouj-  de  A/  sans  toucher  à  x,  nous 
aurons 

Les  variations  que  les  deux  membres  de  cette  équation 
subissent,  quand  on  y  remplace^  par^-^A;^,  doivent 
être  exprimées  par 

AyAaJZ  =y(^  +  1^,  7+  ^y)—f{x  +  Ar,  y) 
— /(^>  /+  V)  +/(-^)  /)  • 
La  symétrie  du  second  membre  de  cette  équation,  par 
rapport  aux  variables  Xj  y^  exige  que  Ton  ait 
Ay  A^  J2  =  A^  Aj,  i;  , 
que  soient  les  accroissements  A^r ,  A;^  :  donc ,  à  la 


dy  dgg  z  =  djg  dy  z  ,  (5) 

et 

dyd^z d^dyZ 

dydx         dxdy 
I^s  une  formule  telle  que  celle-ci,  on  admet  que  la 
nature  et  Tordre  des  différentiations  partielles  sont  indi-* 

i4. 


212  LIVRE   m.    -^   CHAPITRE   f. 

quës  suffisamment  par  la  présence  et  par  l'ordre  de 
succession  des  facteurs  dx^  dy  qui  figurent  aux  dénomi- 
nateurs. En  conséquence,  on  écrit 

ddz  ddz 

dydx      dxdy 
ou  plus  simplement  encore 

dydx      dxdy 
Le  principe  qui  vient  d'être  établi  s'applique  à  toute 
espèce  de  fonctions  continues,  et  doit  toujours  se  véri- 
fier, numériquement  ou  algébriquement.  Prenons  ,  par 
exemple  y 

X 

zzzi  arc  tang—  : 

on  a 

dz jr  dz X 

dx      x'+f^      dy'^~  x^  +f^ 

d^z  d^z  x^ — 7* 

dydx  ~  'dxdy~  {x"  -^ff  * 
Soit  encore 

z^^f^  . 

il  vient 

dz aoj        dz x^{i — y*) 

d^z  flPz  ikx{i—y^) 

dydx      dxdy        (1+7*)* 
L'identité  des  deux  membres  de  l'équation  (5)   une 
fois  établie,  il  en  résulte  que,  dans  une  expression  de  la 

forme 

dggd^d^ Uj 

on  peut  intervertir  l'ordre  de  deux  indices  consécutifs 
quelconques,  et,  à  l'aide  d'une  ou  de  plusieurs  inter- 
versions semblables ,  faire  dans  l'ordre  des  indices  ou  des 


DES  FONCTIOirS   DE  .PLUSIEURS  VABIABLES.       213 

diiférentiations  successives  toutes  les  permutations  pos- 
sibles sans  rien  changer  au  résultat  final.  Le  raisonne* 
ment  est  le  même  que  celui  qu'on  emploie  dans  les  élé- 
ments d'arithmétique  pour  prouver  que  Ton  peut,  sans 
changer  la  valeur  d'un  produit  de  plusieurs  facteurs, 
intervertir  de  toutes  les  manières  possibles  Tordre  des 
mnltiplications  successives  ;  après  qu'on  a  prouvé  préa« 
lablement  que  le  produit  de  deux  facteurs  ne  change 
pas,  quel  que  soit  celui  des  deux  facteurs  que  l'on  con- 
sidère comme  multiplicande  ou  comme  nïultiplicateur. 
124.  Au  moyen  du  théorème  qui  fait  l'objet  du  nu- 
méro précédent,  on  trouve  sans  difficulté  l'expression 
des  différentielles  totales  des  divers  ordres  ,  pour  les 
fonctions  de  plusieurs  variables  indépendantes.  En  dififé- 
rentiant  par  rapport  aux  deux  variables  j:,^  les  deux 
membres  de  l'équation 

X  dz  dz       , 
ou  j,  ^  désignent  des  fonctions  de  ^ ,  /,  et  o\idx^dy 

peuvent  être  traités  comme  des  facteurs  constants,  puis- 
<|uex,j  représentent  des  variables  indépendantes,  on  a 


h^ 


dz  ,  dz 

dx  ,  dx 

dx-i 


Le  â^z  du  premier  membre  indique  une  différentielle 
totale  du  second  ordre  :  les  expressions 
d^'z        d^z        d^z 
dx*   ^    dxdy  »    1^ 


214  LIVRE   III.    CHAPITRE   I. 

désignent  les  trois  coefficients  différentiels  partiels ,  ou 
les  trois  dérivées  partielles  du  second  ordre ,  qui  sont  en 
général  des  fonctions  déterminées  des  deux  variables  in- 
dépendantes Xjj-;  mais  qui  peuvent  accidentellement 
ne  contenir  qu'une  de  ces  variables,  ou  se  réduire  à  des 
constantes ,  ou  même,  pour  certaines  valeurs  des  varia- 
bles Xy  y  y  rester  indéterminées ,  comme  nous  le  verrons 
en  son  lieu. 

En  poursuivant  ce  calcul ,  on  trouverait  pour  la  diffé- 
rentielle totale  de  l'ordre  n^  d'une  fonction  de  deux  va- 
riables indépendantes  x  yjr^ 

expression  évidemment  analogue  à  la  formule  du  bi- 
nôme ,  qui  se  démontrerait  par  induction  de  la  même 
manière,  et  qu'on  peut  écrire  sous  la  forme  symbolique 

On  indiquerait  de  même  la  loi  du  développement  de  la 
différentielle  totale  de  l'ordre  /i,  d'une  fonction  u  des 
variables  indépendantes  x^  y  y  z,  t  y par  l'équa- 
tion symbolique 

df^uz=.{-j-.dX'\-'j'.dy-\'—.dz  +  ^c.   J    rf*M. 

Nous  avons  déjà  indiqué  [43]  la  raison  de  ces  analogies 
entre  le  développement  des  puissances,  et  celui  des  dif- 
férences finies  ou  infiniment  petites. 

On  appelle  équations  aux  différentielles  partielles , 
ou  plus  ordinairement  [i  1 8]  équations  aux  différences 
partielles ,  celles  qui  ont  lieu  entre  des  variables  indé- 
pendantes ,  les  fonctions  qui  en  dépendent ,  et  tes  déri- 


DES  FONCTIOirS   DE   PLUSIEURS   VARIABLES.       215 

vées  partielles,  ou  les  coefficients  difïérentiels  partiels  de 
ces  mêmes  fonctions.  Par  opposition  y  on  nomme  équa-^ 
tions différentielles  ordinaires,  ou  simplement  équa- 
dons  différentielles  celles  dans  lesquelles  n'entrent  que 
des  coefficients  différentiels,  comme  ceux  dont  il  a  été 
question  dans  la  théorie  des  fonctions  d'une  seule  va- 
riable. L'ordre  d'une  équation  aux  différences  partielles 
est  celui  du  coefficient  différentiel  de  l'ordre  le  plus 
élevé ,  parmi  ceux  qui  entrent  dans  la  composition  de 
réquation.  La  forme  la  plus  générale  d'une  équation 
aux  différences  partielles  du  premier  ordre  y  entre  les 
<leux  variables  indépendantes  Xyj-  et  la  fonction  z  y  est 
./  dz    dz\ 

celle  d  une  équation  aux  différences  partielles  du  second 
ordre  entre  les  mêmes  variables  : 

dz    dz     d*  z    d*z     d^z\  

d^'^^'dP'd^'df)  ~^' 
et  ainsi  de  suite. 

On  entend  par  Calcul  des  différences  partielles  la 
branche  de  la  théorie  des  fonctions,  où  l'on  traite  des  rap- 
ports entre  les  fonctions  de  plusieurs  variables  indépen- 
dantes et  leurs  coefficients  différentiels  ou  dérivées  par- 
tielles, et  généralement  des  équations  aux  différences 
partielles  des  divers  ordres. 

Quand  on  se  borne  à  considérer  (comme  cela  a  pres- 
que toujours  lieu  dans  les  applications  à  la  géométrie  ) 
deux  variables  indépendantes  ^,^  et  une  fonction  z  de 
<%s  deux  variables  y  on  trouve  commode  de  désigner 
par  une  seule  lettre  chaque  dérivée  partielle  des  trois  pre- 
miers ordres^  dont  l'emploi  revient  souvent;  et  dans  ce  but 
uous  adopterons  y  d'après  Monge,  la  notation  suivante: 


f[a:yX,h 


216  LIVRE   III.    CHAPITRE    I. 

dz  dz  • 

^_d*z         d*z  d*z. 

''~d^'     ^~d^'     ^~1^*' 

_d^z         d^z         d^z  d^z  . 

"— S5  '  "^  —'dbFdy''^~'d^-]  ^~df' 
ou 

dz  =  pdx  +qdy  y 

d^z-=i  rda^  +  isdxdy'\'tdj* ^ 

d}zz=,ud3(^  -\-  3itf  doc'dy-\-Zwdxdy^-\-vdy^. 

Suivant  cette  notation ,  les  équations  aux  différences 
partielles  du  premier  et  du  second  ordre ,  entre  les  trois 
variables  x^y^  z,  seraient  désignées  d'une  manière  géné- 
rale par 

/(^>  r>  ^>  /^)  y)  =  o  1  /(^>  r?  ^^  p^  î>  r,  5,  ^)  =  o  . 

125.  D'après  la  conception  ^e  Descartes  [i],  dont 
l'extension  à  la  géométrie  dans  l'espace  est  censée  con- 
nue de  nos  lecteurs,  la  fonction  z=f{x^jr)^  réputée 
continue,  peut  toujours  représenter  l'ordonnée  d'une 
surface  courbe,  rapportée  à  trois  axes  que,  pour  plus 
de  simplicité,  il  convient  de  prendre  rectangulaires.  Les 
valeurs  des  dérivées/?,  q^  r^  s^t  ont ,  avec  la  direc- 
tion du  plan  tangent,  et  avec  certains  caractères  géo- 
métriques de  la  surface,  des  rapports  dont  la  discussion 
viendra  lorsque  nous  traiterons  spécialement  de  l'appli- 
cation de  l'anal^rse  différentielle  à  la  géométrie  aux  trois 
dimensions.  Quant  à  présent,  nous  cherchons  au  con- 
traire de  quelle  utilité  peuvent  être  les  conceptions  géo- 
métriques pour  l'intelligence  de  la  théorie  des  fonctions. 

Or,  soqs  ce  point  de  vue,  il  faut  reconnaître  que  la 
représentation  des  fonctions  de  deux  variables  par  des 
ordonnées  de  surfaces,  est  de  peu  d'utilité  pratique  : 
car,  s'il  est  facile  de  tracer  sur  un  plan  une  courbe  dont 


DES   FONCTIOirS   DE   PLUSIEURS    VARIABLES.        217 

on  conoait  un  nombre  fini  de  points ,  suffisamment  rap- 
prochés, on  manque  de  procédés  commodes  pour  figu- 
rer dans  l'espace  une  surface  dont  on  ne  connaît  qu'un 
nombre  fini  de  points,  ou  même  une  surface  dont  on 
connaît  la  loi  de  génération  ;  et  cette  difficulté  a  fait 
naître  la  branche  de  la  géométrie  à  laquelle  on  donne  le 
nom  ïe  géométrie  descriptive  y  dont  l'objet  est  de  ra- 
mener les  constructions  qui  devraient  se  faire  dans  l'es- 
pace, à  des  opérations  graphiques  sur  un  plan. 

126.  De  tous  les  procédés  de  la  géométrie  descrip- 
tive pour  la  détermination  des  surfaces  à  l'aide  de 
constructions  planes,  le  plus  général,  et  le  seul  dont 
nous  ayons  à  nous  occuper  ici,  à  cause  de  sa  liaison 
très-directe  avec  la  théorie  analytique  des  fonctions, 
consiste  à  couper  la  surface  par  une  série  de  plans  ho- 
rizontaux, et  à  projeter  sur  le  plan  horizontal  xy  les 
courbes  d'intersection  que  l'on  appelle  des  lignes  de 
é^eau  ,  les  courbes  projetées  et  leurs  projections  de- 
vant être  parfaitement  superposables,  à  cause  du  pa- 
rallélisme des  plans. 

Pour  chaque  ligne  de  niveau  on  aura  z  =  c,  c  dé- 
signant une  constante   quelconque    :  par  conséquent 

iz:=zO^  OU 

équation  différentielle  commune  à  toutes  les  projections 
des  lignes  de  niveau,  et  d'où  l'on  tire 

/=-f,  (6) 

ce  qui  fait  connaître,  pour  chaque  point  (.r,  ^,  la  di- 
rection de  la  tangente  à  la  projection  d'une  ligne  de 
niveau,  passant  par  ce  point.  • 
Ijorsqu'on  va,  du  point  de  la  surface  dont  les  coor- 


218  LIVRE   ni.   —   CHAPITRE   I. 

données  sont  Xj  jTj  z,  au  point  infiniment  voisin  qui  a 
pour  coordonnées  x-hdx,  /-f-rf^,  z-hdzj  on  s'élève 
verticalement  de  la  hauteur  dz,  et  Ton  décrit,  parallè- 
lement au  plan  horizontal  y  la  ligne  infiniment  petite 
[y^dx^+d/^.  La  pente  de  la  ligne  décrite  sur  la  sur- 
face, ou  la  tangente  de  l'angle  qu'elle  fait  avec  le  plan 
horizontal ,  a  donc  pour  mesure 

dz  _   p+qf 

\/^dx^+dr    i/i+j"  ^^^ 

La  grandeur  de  cette  pente  varie,  en  un  même  point 
de  la  surface,  ou  pour  les  mêmes  valeurs  de  x,  y^  p^  q^ 
avec  le  rapport  arbitraire^'.  Si  l'on  veut  déterminer  la 
direction  de  la  ligne  de  plus  grande  pente^  on  égalera 
à  zéro  la  dérivée  de  l'expression  précédente,  considérée 
comme  fonction  de^;  ce  qui  donnera 

OU 

qdx  — pdy  =  o  , 
pour  l'équation  différentielle  commune  à  toutes  les 
projections  en  xy  des  lignes  de  plus  grande  pente. 
D'après  un  théorème  connu,  la  comparaison  des  équa- 
tions (6)  et  (8)  fait  voir  que  le  système  des  projections 
des  lignes  de  niveau  est  coupé  à  angles  droits  par  le 
système  des  projections  des  lignes  de  plus  grande 
pente.  Par  conséquent,  si  l'on  donne  un  certain  nom- 
bre de  courbes  de  l'un  des  systèmes,  suffisamment  rap- 
prochées les  unes  des  autres,  on  pourra  tracer  avec 
une  approximation  suffisante  les  courbes  de  l'autre 
système. 

La  substitution  dans  le  second  membre  de  l'équa- 
tion (7),  de  la  valeur  de  y  tirée  de  l'équation  (8), 


DES  FONCTIONS   DE   PLUSIEUIIS   VARIABLES.       219 

donne  pour  Ja  valeur  de  la  pente  maximunij 

La  mëlhode  adoptée  maintenant  en  France ,  dans  les 
grands  travaux  topographiques,  pour  exprimer  sur  un 
plan  supposé  horizontal  le  relief  d'un  terrain,  consiste 
en  effet  à  tracer  sur  le  plan  la  série  des  projections  des 
lignes  de  niveau  que  l'on  obtient  en  coupant  la  surface 
du  terrain  par  des  plans  horizontaux  équidistants,  et 
surabondamment  la  série  des  projections  des  lignes  de 
plus  grande  pente,  qui  viennent  couper  les  courbes  du 
premier  système  à  angles  droits. 

127.  Lorsque  chaque  ordonnée  verticale  ne  rencontre 
la  surface  qu'en  un  point,  et  conserve  toujours  une  va- 
leur finie,  les  projections  des  lignes  de  niveau  forment 
une  série  de  lignes  dont  aucune  ne  coupe  les  autres^  et 
qui  ne  reviennent  pas  non  plus  sur  elles-mêmes ,  après 
({ue  z  a  dépassé  certaines  valeurs.  Ce  cas  mérite  une 
attention  particulière,  parce  que  c'est  celui  qui  se  pré- 
sente dans  toutes  les  questions  où  la  variable  z  désigne 
une  grandeur  physique,  fonction  de  deux  coordonnées 
d  un  point  matériel.  Soit^  pour  fixer  les  idées,  une  plaque 
cii'culaire  dont  le  centre  est  l'origine  des  coordonnées 
x,/,  et  qui  a  été  primitivement  échauffée  d'une  manière 
quelconque  :  on  suppose  l'épaisseur  assez  petite  pour 
que  la  température  de  toutes  les  molécules  situées  sur 
une  normale  aux  deux  faces  de  la  plaque  soit  sensible- 
ment la  même;  alors^  z  désignant  en  un  instant  quel- 
conque la  température  des  molécules  ou  des  points 
matériels  situés  sur  une  même  normale,  deviendra  une 
fonction  des  cordonnées  x,^,  du  pied  de  la  normale. 
Cette  fonction  pourra  être  positive  ou  négative,  selon 
la  place  assignée  au  zéro   des  températures,  mais  elle 


220  LIVRE    III.    CHAPITRE   1. 

conservera  toujours  une  valeur  finie,  et  n'aura  en  gé- 
néral qu'une  seule  valeur  pour  chacjue  système  de  va- 
leurs des  coordonnées  Xy  y.  La  loi  de  cette  fonction 
sera  rendue  sensible  si  l'on  trace  sur  le  plan  o^  une 
suite  de  lignes  a,  p,  y, [Jig.  36)  qui  satisfont  à  l'é- 
quation différentielle 

pdx^  qdy=LOy 
ou  le  long  desquelles  la  température  conserve  la  même 
valeur,  et  si  l'on  affecte  chaque  ligne  d'une  cote  qui  in- 
dique la  valeur  de  la  température  pour  les  points  situés 
sur  cette  ligne.  On  appelle  lignes  isothermes  ces  lignes 
d'égales  températures  dont  le  système  est.  propre  à  dé- 
finir et  à  représenter  graphiquement  la  loi  de  la  fonc- 
tion z, 

La  variable  z  pourrait  désigner,  non  plus  la  tempéra- 
ture d'une  particule  matérielle,  mais  sa  densité,  sa  dila- 
tation ou  sa  contraction,  la  pression  qu'elle  éprouve, 
l'intensité  de  la  lumière  qui  l'éclairé,  celle  des  forces  élec- 
triques ou  magnétiques  qui  en  émanent,  etc.  Les  carac- 
tères généraux  de  la  fonction,  les  seuls  dont  nous  ayons 
à  nous  occuper  dans  cet  ordre  de  recherches,  reste- 
raient les  mêmes. 

Par  extension,  et  afin  de  ne  pas  innover  dans  les 
termes  sans  une  nécessité  absolue f'),  nous  continuerons 
d'appeler  lignes  de  nii^eau  celles  le  long  desquelles  la 
fonction  z^=zf(^Xy  y)  conserve  une  valeur  constante, 

(')  Autrement,  il  paraîtrait  assez  coDfenable  de  nommer  lignes  iso- 
mériques  celles  qui  lient  ensemble  des  particules  matérielles  qui  se 
trouvent  dans  le  même  état  physique,  ou  pour  lesquelles  la  grandeur 
physique  que  Ton  considère,  z  =y(a?,/),  a  la  même  valeur.  Cette 
dénomination  est  analogue  à  celle  de  lignes  isothermes,  qui  a  déjà 
passé  dans  Tusage. 


DES   FONCTIONS   DE   PLUSIEURS  VARIABLES.       221 

bien  que  la  fooction  z  soit  censée  représenter  une 
grandeur  physique,  et  non  plus  l'ordonnée  verticale 
d'une  surface  dont  le  point  (j;,  /,  z)  aurait  pour  pro- 
jection horizontale  le  point  (.r,  /).  La  variation  de  la 
fonction  z  est  nulle  quand  on  passe  d'un  point  au  point 
contîgu  sur  la  ligne  de  niveau  :  elle  est  la  plus  grande 
possible  (pour  un  même  déplacement  infiniment  petit)^ 
quand  le  déplacement  s'opère  perpendiculairement  à  la 
ligne  de  niveau  [1^6].  On  peut  donc  qualifier  de  lignes 
de  variation  maximum^  celles  qui  coupent  à  angles 
droits  les  lignes  de  niveau,  et  qui  correspondent  aux 
projections  des  lignes  de  plus  grande  pente  dans  la 
théorie  des  surfaces. 

*  128.  Les  fonctions  z  dont  il  s'agit  dans  le  numéro 
précédent ,  et  qui  peuvent  comporter  ou  ne  pas  comporter 
d'expression  mathématique,  ne  sauraient  devenir  infi- 
nies ;  mais  elles  sont  susceptibles  d'éprouver  des  solu- 
tions de  continuité  du  premier  ordre,  consistant  dans  le 
piàssage  brusque  d'une  valeur  finie  à  une  autre.  Ceci 
résulte,  comme  nous  l'avons  expliqué  dans  un  cas  ana- 
logue [38],  de  la  règle  même  en  vertu  de  laquelle  nous 
pouvons  concevoir  qu'une  grandeur  physique  z  devient 
fonction  des  coordonnées  d'un  point  mathématique 
[x^f)'  Admettons,  pour  fixer  les  idées,  que  z  désigne 
la  densité  de  la  plaque  M  {fig.  36)  le  long  de  la  nor- 
male qui  a  pour  pied  le  point  {pc^jr).  Afin  d'attacher 
un  sens  physique  à  cette  définition,  il  faut  imaginer 
une  courbe  fermée,  tracée  arbiti*airement  à  la.  surface 
de  la  plaque,  ^t  qui  comprend  le  point  {x^  y)  dans  l'aire 
(o  limitée  par  son  périmètre  <r.  L'aire  (t>  pourra  être  prise 
pour  la  base  d'un  cylindre  droit  dont  la  hauteur  serait 
l'épaisseur  de  la  plaque;  et  le  rapport  de  la  masse  de 


222  LIVRE   lir.    —   CHAPITRE   I. 

ce  cylindre  à  son  volume  sera  un  certain  nombre  D 
mesurant  la  densité  moyenne  du  cylindre.  Si  mainte- 
nant on  conçoit  que  l'aire  co  décroisse  indéfiniment, 
sans  cesser  de  contenir  le  point  (^ ,  /) ,  la  limite  z  vers 
laquelle  convergera  le  rapport  variable  D,  limite  sus* 
ceptible  de  varier  avec  les  coordonnées  Xj  j^  sera  la 
fonction  de  x^y^  que  l'on  prend  pour  mesure  de  la 
densité  de  la  plaque  sur  la  normale  élevée  au  point 
{xy  y).  On  appliquerait  à  la  mesure  de  la  température 
ou  de  toute  autre  grandeur  physique  ce  que  nous  ve- 
nons de  dire  au  sujet  de  la  mesure  de  la  densité. 

En  général ,  la  limite  z  ne  changera  pas,  quelles  que 
soient  la  forme  des  courbes  <t  et  la  position  du  point 
{Xy  jr)  dans  l'étendue  de  Taire  co  limitée  par  ces  courbes* 
Elle  ne  chahgerait  pas  non  plus^  en  général,  si  l'on 
plaçait  le  point  {x^  y)  sur  le  périmètre  même  de  l'aire 
cd  :  car  on  pourrait  substituer  à  ce  point  un  point  infi- 
niment voisin  {x+dxyjr+dj),  compris  dans  l'intérieur^ 
et  pour  lequel  la  valeur  de  la  fonction  z  ne  différerait 
de  celle  de  la  même  fonction  au  point  {xj  j)  que  d'une 
quantité  infiniment  petite  et  partant  négligeable.  Mais 
néanmoins  on  conçoit  que,  pour  certaines  valeurs  parti- 
culières de  Xyjy  la  limite  z  peut  changer,  selon  que  l'aire 
infiniment  petite  ct>  comprend  tous  les  points  qui  avoi- 
sinent  (  ^>  /) ,  dans  toutes  les  directions ,  ou  ne  com- 
prend que  les  points  renfermés  entre  certaines  lignes 
menées  par  le  point  {x,  y).  Dans  ce  cas,  la  différence 
des  valeurs  de  z^  pour  deux  points  infiniment  voisins, 
n'est  plus  infiniment  petite;  ou,  en  d'autres  termes,  la 
fonction  z  éprouve  une  solution  de  continuité  du  pre- 
mier ordre,  consistant  dans  le  passage  brusque  d'une 
valeur  finie  à  une  autre. 


DES   FONCTIONS   DE    PLUSIEURS   VARIABLES.       223 

On  aura  un  exemple  des  solutions  de  continuité  de 
cette  nature,  si  l'on  imagine  la  plaque  M  {Jig.  87), 
formée  de  deux  métaux  dijfférents,  soudés  suivant  la 
ligne  np.  La  densité  de  la  plaque  sera  une  fonction  qui 
variera  brusquement  en  passant  par  la  ligne  de  soudure, 
et  si  l'on  prend  pour  {pc^f)  un  point  pi  situé  sur  cette 
ligne,  la  fonction  z  aura  deux  valeurs  distinctes,  selon 
que  Ion  considérera  ce  point  comme  appartenant  à  la 
portion  Â  ou  à  la  portion  B  de  la  plaque.  Soient  z,,  2, 
ces  deux  valeurs  de  la  fonction  z  :  la  limite  dont  il  était 
question  tout  à  l'heure  sera  égale  à 

J5,  +  J3. 


le  point  pt.  tombera  dans  l'intérieur  de  l'aire  cd; 
elle  aura  pour  valeur  z„  lorsque  le  périmètre  a  passera 
par  le  point  (x  et  sera  situé  à  gauche  de  la  tangente  st; 
enfin  elle  aura  pour  valeur  z^  lorsque  le  périmèti*e  pas-^ 
sera  encore  par  le  point  (x,  mais  sera  situé  à  droite  de 
la  même  tangente. 

Nous  appellerons  lignes  de  rupture  les  lignes  telles 
que  np^  le  long  desquelles  la  fonction  passe  brusque- 
ment d'une  valeur  finie  à  une  autre. 

Plusieurs  lignes  de  rupture  np^  n'p\  n"p'\  etc* 
[fig.  38)  peuvent  avoir  une  intersection  commune  en 
|i.  Par  le  point  pi  menons  à  ces  lignes  les  tangentes  st^ 
jV,/V,  etc.,  et  désignons  par  a,,  a,,  a,,  etc.,  les  arcs 
qui  mesurent  les  angles 

s\».s\  ^'j^y  j-^'jx^,  etc. 
sur  la  circonférence  du  cercle  dont  le  rayon  est  l'unité  r 
la  fonction  z  aura  au  point  pi  des  valeurs  distinctes  2,, 
hihj  etc.,  selon  que  l'on  considérera  le  point  pi  comme 
appartenant  à  l'un  ou  à  l'autre  des  espaces  angulaires 
«|A/i',  /î'jjt/î",  ^"[i^Pj  ctc-  («) 


224  LIVRE   m.    CHAPITRE    I. 

La  limite  z,  avec  laquelle  cette  fonction  coïncide  en  gé- 
néral ,  aura  pour  valeur 

a,  ^,  -f-  a.  z,  -+■  a,  i.  H-  etc. 

* , 

lorsque  le  point  [jl  tombera  dans  l'intérieur  de  Taire  ta; 
et  elle  prendra  les  valeurs  2,,  z,,  23,  etc.,  lorsque  le  pé- 
rimètre <r,  étant  assujetti  à  passer  par  le  point  (l,  sera 
de  plus  entièrement  compris  dans  l'un  des  espaces  an- 
gulaires (a). 

Les  lignes  de  rupture,  quand  elles  existent,  empê- 
chent les  lignes  de  niveau  d'être  des  courbes  fermées. 
Ainsi,  np  {fig.  89)  étant  une  ligne  de  rupture,  une 
ligne  de  niveau  partie  du  point  (l,  à  gauche  de  la  ligne 
de  rupture,  viendra  en  général  aboutir  à  droite  de  la 
même  ligne^  à  un  point  v^  distinct  de  [jl. 

Réciproquement,  on  peut  considérer  la  ligne  de  rup- 
ture comme  une  ligne  qui  joint  les  points  de  rupture  des 
lignes  de  niveau  consécutives,  lorsque  ces  lignes,  et  par 
suite  la  fonction  2,  éprouvent  des  solutions  de  continuité 
du  premier  ordre. 

Les  solutions  de  continuité  du  second  ordre,  éprou- 
vées par  la  fonction  2,  sont  caractérisées  par  l'exis- 
tence de  points  saillants  dans  les  lignes  de  niveau  :  si 
l'on  joint  les  points  saillants  qui  se  correspondent 'dans 
les  lignes  de  niveau  consécutives,  on  tracera  une  autre 
ligne  que  l'on  peut  nommer  ligne  de  rupture  du  second 
ordre  ;  et  ainsi  de  suite. 

129.  Passons  à  ce  qui  concerne  les  fonctions  de  trois 
variables  indépendantes . 

quand  on  suppose  que  u  désigne  la  valeur,  au  point 
(ct:,^,  z)  d'une  certaine  grandeur  physique,  telle  qu'une 


BES   FONCTIONS    DE   PLUSIEURS    VARIA.BLES.  225 

force  attractive  ou  répulsive,  une  densité,  une  pression, 
une  température ,  etc. 
Si  Ton  pose 

^/lf^_Y    ^/(^xr^^)_v   £i/W2i)_7 

OQ  aura 

du  =  JLdx  -h  Xdy-^Zdz  , 

expression  dans  laquelle  chacune  des  lettres  X,  Y^  Z, 
désigne  en  général  une  fonction  des  trois  variables  in- 
dépendantes :r, /,  z.  Comme  on  a  d'ailleurs  [ia3] 

d^u d*u       d'à    rf»w       d'à   d^u 

dxdy       dydx^  dxdz        dzdx^  dydz        dzdy^ 
les  fonctions  X,  Y,  Z,  devront  vérifier  les  trois  équations 
de  condition 

dX._dY       dX._^        f(X_^.         (Q) 
dy       rfx'       dz       fltr'       dz       dy  ^  ^ 

En  assignant  à  u  une  suite  de  valeurs  constantes ,  on 
aura  nue  suite  de  surfaces  qui  toutes  satisferont  à  l'é- 
quation différentielle 

ILdx-^Xdy  +  Zdz  =  o  , 
et  qui  ne  devront  point  se  couper;  sans  quoi  la  fonction 
serait  susceptible  de  prendre,  pour  le  même  point  maté- 
riel, plusieurs  valeurs  distinctes.  Quand  la  fonction  u 
désigne  une  température,  elles  prennent  le  nom  de 
surfaces  isothermes;  en  hydrostatique,  où  la  fonction 
w désigne  une  pression,  ou  les  appelle  surfaces  de  ni" 
^'eau;  et  par  la  raison  déjà  indiquée  [127],  nous  retien- 
drons cette  dernière  expression,  quelle  que  soit  la  signi- 
fication physique  de  la  fonction  w  ('). 
Les  coordonnées  j:,  /,  z,    étant  rectangulaires,  la 

(')  On  pourrait  nommer  aussi  les  surfaces  dont  il  s'agit,  surfaces 
^^mériques.  Voir  la  noie  de  la  page  220. 

T.  I.  l5 


.226  LIVKE   III.    CHAPITRE    I. 

distance  du  point  {pCj  y^  z)  au  point  infiniment  voisin 
{x'\rdXyX'\'djry  ij+rfz)a  pour  mesure  J/^'J^rf^a  4.^. 
et  dans  le  passage  d'un  point  à  l'autre,  la  fonction  u  prend 
l'accroissement  du;  de  sorte  que  le  rapport  de  raccrois- 
sèment  à  la  distance  des  points  a  pour  valeur 
X  flga:  +  Y  rfr  +  Z  flfe 

ou 

en  posant,  pour  abréger, 

dy dz_   , 

dx—^'  lùi—^  • 
La  grandeur  de  ce  rapport  varie,  en  un  même  point  de 
l'espace,  ou  pour  les  mêmes  valeurs  des  quantités  X^ 
Y,  Z,  avec  les  rapports  arbitraires  /',  2',  qui  détermi- 
nent la  direction  suivant  laquelle  le  déplacement  a 
lieu.  Quand  on  applique  à  la  quantité  (w),  considérée 
comme  fonction  de  / ,  z',  la  méthode  qui  sera  indiquée 
plus  loin,  pour  la  détermination  des  maxima  et  nd- 
nima  des  fonctions  de  plusieurs  variables,  on  trouve 
que  la  valeur  maximum  du  rapport  {rri)  est 

l/X^4-Y^4-Z», 
et  que  les  lignes  de  variation  maximum  rencontrent  à 
angles  droits  les  surfaces  de  niveau. 

*  1 30.  La  théorie  des  solutions  de  continuité,  pour  les 
fonctions  d'une  ou  de  deux  variables  qui  représentent 
des  grandeurs  physiques  [38  et  128],  s'étend  sans  diffi- 
culté aux  fonctions  de  trois  variables.  Admettons,  afin 
de  fixer  les  idées,  que  u  désigne  la  densité  du  corps  M 
au  point  (^,  y  y  z).  Pour  préciser  le  sens  de  cette  dé 
finition,  il  faut  imaginer  une  surface  fermée  w,  mena 


DES    FONCTIONS    DE  PLUSIEURS    VARIA.BLES.  227 

arbitrairement  dans  Tintërieur  du  corps,  de  manière 
seulement  à  entourer  le  point  (jr,  ^,  z).  Le  rapport  de 
la  masse  du  volume  v,  enveloppé  par  la  surface,  à  ce 
volume  même  ,  est  un  certain  nombre  D  qui  mesure 
la  densité  moyenne  de  v.  Si  maintenant  on  conçoit 
que,  par  la  variation  continuelle  de  la  surface  co,  les 
dimensions  du  volume  v  décroissent  indéfiniment,  sans 
que  le  point  (x^  jr,  z)  cesse  de  s'y  trouver  compris,  la 
limite  vers  laquelle  converge  le  rapport  variable  D  est 
cette  fonction  u  de  x^  y^  2,  que  Ton  prend  pour  me- 
sure de  la  densité  du  corps  au  point  {x^  /,  z).  On  ap- 
pliquerait cette  définition,  mutatis  mutandis,  à  la  me- 
sure de  la  température  ou  de  toute  autre  grandeur 
physique. 

D'après  cela,  il  est  aisé  de  concevoir  comment  la 
fonction  m,  continue  en  général,  peut  passer  brusque- 
ment d'une  valeur  finie  à  une  autre,  pour  les  points 
situés  sur  de  certaines  surfaces,  que  nous  appellerons 
pour  cette  raison  surfaces  de  rupture.  Soient  }l  un  point 
situé  sur  une  telle  surface  ;  A  et  B  les  deux  portions  de 
M  séparées  par  la  surface;  w„  w„  les  valeurs  de  la  li- 
mite u  pour  deux  points  infiniment  voisins  de  [jl,  l'un 
en  A,  l'autre  en  B  :  la  valeur  de  la  limite  au  point  p. 

sera 

«I  4-  u^  ^ 

Si  le  point  pi  est  l'intersection  commune  de  plusieurs 
surfaces  de  rupture,  on  mènera  les  tangentes  aux  lignes 
d'intersection  de  ces  surfaces  au  point  (l;  on  imaginera 
une  sphère  décrite  du  point  (jl  comme  centre  avec  le 
rayon  i  ;  on  joindra  deux  à  deux  par  des  arcs  de  grands 
cercles  les  points  où  les  tangentes  pénètrent  la  surface 

i5. 


228  LIVRE    m.  CHAPITRE    I. 

sphérique^  et  Ton  divisera  ainsi  cette  surface  en  com- 
partiments dont  les  aires  t.,  t,,  T3,  etc.,  correspondront 
aux  régions  du  corps  M,  pour  lesquelles  la  limite  u 
prend,  dans  le  voisinage  immédiat  du  point  (x^  les  va- 
leurs u^,  u^i  Ui',  etc.  Cela  posé,  la  valeur  de  cette  fonc- 
tion au  point  (a  sera  la  moyenne 

MiT,  4-«>T>4-»3T,+etC.    u,  T,  +  M.T>  +K,  T,  +  CtC. 

T,+T.  +  T, +etc.  4^ 

On  peut  considérer  la  surface  de  rupture  comme  le 
lieu  des  lignes  de  rupture  des  surfaces  de  niveau,  lors- 
que ces  surfaces,  et  par  suite  la  fonction  Uj  éprouvent 
des  solutions  de  continuité  du  premier  ordre. 

Les  solutions  de  continuité  du  second  ordre^  éprou- 
vées par  la  fonction  u ,  correspondent  à  des  arêtes  ou  à 
des  lignes  saillantes  sur  les  surfaces  de  niveau  :  le  lieu 
des  arêtes  qui  se  correspondent  sur  les  surfaces  de  niveau 
consécutives,  est  une  autre  surface  que  Ton  peut  qualifier 
de  surface  de  rupture  du  second  ordre,  et  ainsi  de  suite. 


CHAPITRE  II. 


DIFF]£REirTlA.T10ir  DES  FONCTIONS  IMPLICITES  d'uNE  OU 
DE  PLUSIEURS  VARIABLES  INDJ^PENDANTES. CHAN- 
GEMENT DE  VARIABLES. 

$  i^'.  Différentiation  des  fonctions  implicites. 

13h  Lorsque  la  variable^  est  déterminée  implicite- 
ment en  fonction  de  x  par  Téquation  non  résolue 

/(^j7)  =  o,  [a) 

le  premier  membre  de  l'équation  peut  être  regardé 
comme  une  fonction  u  des  variables  x^  y^  assujettie  à  res- 
ter constamment  nulle,  en  sorte  que  les  incréments  dx^ 
t^  sont  liés  par  l'équation 

.        du  j         du  ,  dy  du  .  du 

dx  dy  dx  dx     dy 

Au  lieu  d'employer  le  signe  auxiliaire  u ,  on  peut  écrire 

dx  dy 

ou  plus  simplement  encore 

Quand  on  emploie  jr'  pour  désigner  le  coefficient  dif- 

dy 
férentiel  -4- ,  cette  équation  prend  la  forme 

a  ou 

•^  dx    dy 

En  général ,  le  second  membre  de  cette  équation  est 
une  fonction  explicite  des  deux  variables  j;,jr;  lorsqu'on 


230  LIVRE    III.    CHAPITRE    II. 

y  substitue  la  valeur  de  ^  en  x  ^  tirée  de  l'équation  (a) , 
y  se  trouve  exprimé  en  fonction  de  la  seule  variable  x. 
Si  l'équation  {a)  est  algébrique,  on  peut  encore  éliminer 
j  entre  {a) ,  {d)  par  les  méthodes  ordinaires  ;  et  l'équa- 
tion résultante ,  qui ,  en  général ,  n'est  pas  résoluble  al- 
gébriquement par  rapport  à  y\  détermine  implicitement 
y  en  fonction  de  x. 

A  cause  des  liaisons  qui  subsistent  entre  la  variable 
indépendante  x  et  chacune  des  fonctions^, y,  le  pre- 
mier membre  de  (a')  est  une  fonction  de^  qui  doit  rester 
nulle ,  quelque  valeur  que  prenne  x.  Donc  la  dérivée  de 
ce  premier  membre,  prise  en  traitant^,  /'  comme  des 
fonctions  de  j:,  est  nulle,  et  l'on  a  entre  x^j^y^y\ 
l'équation 

^-^/-^/•-^-■=«>  M 

de  sorte  qu'on  peut  éliminer  deux  quelconques  de  ces 
quatre  variables  entre  (a) ,  (a') ,  (a'').  Si  l'on  chasse  par 
exemple  y,  on  aura  entre  X'^  y^f  l'équation 

dx'  \dy)         dxdj  dx  dydy  \dxj  ^  \dxJ^  "" 

De  même,  pour  déterminer  y,  on  prendrait  la  dé- 
rivée par  rapport  à  x  du  premier  membre  de  (a") ,  en 
appliquant  toujours  la  règle  de  la  différent iation  des 
fonctions  médiates ,  ce  qui  donnerait 

11  n'y  a  aucune  difficulté  à  continuer  ce  calcul  de 
proche  en  proche,  ni  à  construire  immédiatement  la 
formule  qui  donnerait  la  valeur  de^''^ 


DIFF^RENTIATION    DES    FONCTIONS  IMPLICITES.     231 

132.  Quand  on  a  un  nombre  n  d'équations  entre /i-|-i 
variables ,  ce  système  ne  laisse  qu'une  seule  variable  in- 
dépendante dont  toutes  les  autres  sont  des  fonctions  qui 
s'exprimeraient  explicitement,  si  l'élimination  entre  les 
proposées  et  la  résolution  des  équations  résultantes  pou- 
vaient s'opérer. 

Désignons,  pour  abréger ,  par 

/«  =  o,y;  =  o,/3  =  o, fn  =  o,  (A) 

les  équations  qui  lient  entre  elles  les  variables  /,  ^yJK^ 
2, ,  en  nombre  n^i  :  on  aura  aussi  les  équa- 
tions dérivées 

Maintenant,  si  la  variable  indépendante  est  tj  on  divi- 
sera toutes  les  équations  {b')  par  dtj  et  l'on  aura  n 
équations  linéaires  entre  les  n  coefficients  difFérentiels 
dx       dy      dz 

dt'  dt'  dt'  ***'•' 

aa  moyen  desquelles  ces  coefficients  seront  individuelle- 
ment déterminés  en  fonction  de  t^x^jr^  z,  etc. 
De  même  les  équations 

que  l'on  obtiendra  par  la  difFérentiation  des  équations 
(i),  en  considérant  j;,/,  2,  etc.,  comme  des  fonctions 
«fe  ty  détermineront  les  dérivées  du  second  ordre 
d*x      rfy    d'z 


232  LIVBE    III.    CHAPITRE    II. 

et  ainsi  de  suite.  Nous  avons  surmonté  d'un  trait  les 
quantités  t/*^,  d^f%^  etc.,  pour  montrer  qu'elles  indi- 
quent des  difFérentielles  totales,  et  non  des  différen- 
tielles partielles  [it8]. 

Afin  de  mieux  fixer  les  idées,  supposons  qu'on  ait 
entre  les  trois  variables  ^ ,  /,  z ,  les  deux  équations 

et  que  Ton  prenne  x  pour  variable  indépendante  :  une 
première  différentiation  donne 

dx       dy  dz 

De  là  on  tire 

-^        \dx    dz       dz    dx)    \dy    dz       dz    dy )  ' 

\dy    dx      dx    dyj\dy'dz        dz     dy J 
Une  seconde  différentiation  conduit  aux  équations 
du  second  ordre 

^«  4.  o  J^  r' -I- a -^z' +  a -^  r' z' 
da?  +  *  rfr*//^  ^  "*  </:rrfz*  +*  rfj^/z-^  * 

et  celles-ci  donneront  les  valeurs  à&y\z"  en  x,j;  z^ 
après  qu'on  y  aura  substitué  celles  de  y,  z' ,  tirées  des 
équations  précédentes.  On  pourra  ensuite  opérer  l'éli- 
mination  de  j',  z,  au  moyen  des  deux  proposées ,  de  ma- 


DIFF£RENTIi.TIOir    DES   FOITCTIONS  IMPLICITES.      233 

nière  a  obtenir  deux  équations  finales,  l'une  en  Xjjr'^ 
l'autre  en  x,  z' . 

On  déterminerait  de  la  même  manière  les  coefficients 
/",  /',  et  ainsi  à  l'infini. 

133.  Passons  au  cas  où  le  nombre  d'équations  entre 

les  variables  laisse  plusieurs  de  celles-ci  indépendantes; 

et  pour  prendre  l'hypothèse  la  plus  simple,  admettons 

que  Ton  ait  entre  trois  variables  .r,^,  z,  l'équation 

unique 

/(ar,7,  z)=o  :  (c) 

on  en  déduit  toujours 

équation  qui  lie  entre  elles  les  différentielles  totales  des 
variables  x,^,  z.  Mais  en  général  ce  qu'on  se  propose 
de  calculer  ,  ce  sont  les  dérivées  partielles  de  la  variable 
que  Ton  considère  comme  fonction ,  prises  par  rapport 
à  chacune  des  variables  indépendantes  [i  i8].  On  les  ti- 
rera de  l'équation  précédente,  après  qu'on  aura  fixé  celles 
des  variables  qui  doivent  être  traitées  comme  indépen- 
dantes. Admettons  que  ces  variables  soient  .r  et^,  et 

posons  [ia4] 

dz  =  pdx  -h  qdy  - 

féquation  (<?')  deviendra 

et  comme  elle  doit  subsister ,  quel  que  soit  le  rapport  ar- 
bitraire des  variations  dx ,  ûfr,  elle  se  décompose  dans 
les  deux  suivantes 

d'où  Ton  tirera  les  valeurs  de/?,  q^  exprimées  généra- 


234  LIVRE   III.  CHAPITRE    II. 

lement  en  fonction  de  jf,^,  z.  On  pourra  ensuite  chas- 
ser z  au  moyen  de  l'équation  (c). 

Si  l'on  dijfférentie  Téquation  (c'),  en  traitant  ^  et/* 
comme  des  variables  indépendantes,  et  par  conséquent 
dvj  dj  comme  des  facteurs  constants ,  il  viendra 

On  a,  pour  la  différentielle  totale  d^z ,  l'expression  con- 
venue [124] 

d^z  =  rdx^  +  isdxdy  +  tdy^  : 

substituons  cette  expression  et  celle  de  la  différentielle 
totale  dz  dans  l'équation  {c"^j  nous  aurons 

fdf        d'f  ttf        d'f         d'/\  .  ^ 

Comme  cette  équation  doit  être  satisfaite  indépendam- 
ment des  facteurs  arbitraires  dx  ^dy^  elle  se  décompose 
en  trois  autres  qui  deviennent ,  après  la  substitution  des 
valeurs  de  ^ ,  q^  tirées  des  équations  {d)  y 

\dzj  dxdzdx  dz     dz""    \dxj       dx"  \dz)  ' 

\dzj  dz    Xjfydz' dx      dxdz    dy) 

dxdy     \dzj         dz""    dx   dy 

\dz)  dydz  dr  dz^  dz^  \dy)  +  dy'    \dz)  " °  ' 

On  arrivera  plus  directement  au  même  résultat ,  si  Ton 


+  2 


DlFFÉRENTIATIOir    DES    FONCTIONS    IMPLICITES.     235 

considère  que  les  équations  {d)  ayant  lieu  ,  quels  que 
soient  j;  et^,  on  peut  égaler  à  zéro  les  dérivées  des  pre- 
miers^ membres^  prises  successivement  par  rapport  à  x 
et  par  rapport  kjr;  en  ne  perdant  pas  de  vue,  d'une 
part ,  que  les  dérivées  partielles 

£     df     df 

contiennent  en  général  les  trois  variables  jc^j-^z;  d'autre 
part,  que  z^p^q  sont  des  fonctions  implicites  de^,^, 
telles  que  l'on  a 

dz&  dz dp dp dq dq 

dx~^'  Ty—^'  li—'^'  Ty—'di—^''jfy—^' 

Ou  obtiendra  ainsi  quatre  équations  dont  deux  seront 
identiques  :  en  effet,  les  équations  {d)  peuvent  s'écrire 

'W  If 

^  =  o,     ^  =  o, 

les  traits  supérieurs  indiquant  que  l'on  a  difFérentié  la 
fonction/  par  rapport  à  x  ou  à^,  en  ayant  égard ,  non- 
seulement  aux  variables  x^j  qui  entrent  explicitement 
dans  la  composition  de/,  mais  à  la. variable  z  qui  dé- 
pend implicitement  de  x  et  Ae  y  en  vertu  de  l'équation 
(c).  Cela  posé,  la  dérivée  de  la  première  équation  {d) 
par  rapport  à  ^,  et  celle  de  la  seconde  équation  {d)  par 
rapport  à  x^  doivent  être  identiques,  l'une  et  l'autre  pou- 
vant s'indiquer,  suivant  la  même  notation,  par 

dxdy 
On  déterminerait  de  même  les  dérivées  partielles  des 
ordres  supérieurs  pour  des  fonctions  d'un  nombre  quel- 
conque de  variables  indépendantes,  liées  par  un  nom- 
bre quelconque  d'équations ,  sans  d'autre  embarras  que 
celui  qui  naîtrait  de  lu  prolixité  des  calculs. 


236  LIVRE   m.    —    CHAPITRE 

'^  134.  Nous. avons  plusieurs  fois  invoqué  le  principe, 
qu'une  fonction  algébrique,  explicite  ou  implicite,  qui 
s'évanouit  ainsi  que  toutes  ses  dérivées  successives  pour 
une  valeur  particulière  de  la  variable  indépendante ,  est 
identiquement  nulle.  Ce  principe,  qu'on  a  coutume  d'ad- 
mettre tacitement,  pour  toute  espèce  de  fonctions,  exige 
d'être  démontré,  d'autant  plus  qu'il  cesse  d'être  vrai  gé- 
néralement, pour  des  fonctions  non  algébriques.  Or, 
on  le  démontre  très-aisément,  dès  qu'on  a  établi  la  règle 
de  différeutiation  des  fonctions  implicites. 

Soit  en  effet  j^  une  fonction  de  x^  déterminée  par  Té- 
quation  algébrique 

/(a:^)=Y^»+Y„.,a:'-'  +  . . . . +Y,^»-f- Y.a?+Yo=o, (g^) 

les  coefficients  Y„,  etc.,  désignant  des  polynômes  entiers 
en  j.  On  peut ,  sans  restreindre  la  généralité  de  la  dé- 
monstration, supposer  que  zéro  est  la  valeur  de  x  qui 
fait  évanouir^,  jk',/",  etc.  Or,  pour  que jr s'évanouisse 
en  même  temps  que  x ,  il  faut  que  Yo  soit  de  la  forme 
Tojr,  Yo  désignant  un  autre  polynôme  enj^.  Substituons 
cette  valeur  de  Yo  dans  l'équation  {g)  et  différentions  : 
il  viendra 

/2Y„^~--f.(/i— i)Y„^,a:«-'+. . .  .+2YaJ?+Y. 
+/(Y>'*+Y'^^.â^-4-. . .  .+Y',^'+Y'.a:+Y,+r',/)=:o. 

Pour  x=o ,  on  a  par  hypothèse  j=io ,  et  cette  équa- 
tion se  réduit  à 

Y.  +  /Y,=  o. 
Mais,  par  hypothèse  aussi,  on  doit  tirer  de  l'équation 
précédente  ^^=0  :  donc  Yi  est  divisible  par^  et  de  la 
forme  Ti^. 

En  passant  à  la  seconde  dérivée  de  l'équation  (^),  on  a 


l>IFFiRENTIA.TION    DES    FONCTIONS    JMrl>LIGlTES.     237 

«(«— i)Y„a:~-2+(/i_i)(/i— 2)Y,_.a:«-5-|-. . .  .+aY, 

+îy-'[/iY>'-«+(«— i)Y'^.ic— + +aY>4-Y.+irj-] 

+y'[Y'>'»4.Y''^,a^'+ +Y'>''+Y'.a:+2r',+Y",7] 

+r''[Y'n^+YV.^^'+ +Y>*+Y',ar-hY,4-Y'or]=o. 

Quand  on  fait  à  la  fois  x=o ,  j^-=o ,  ^=o,  cette 
équation  se  réduit  à 

2Y.+/'Yo  =  o; 
donc,  si^^'  doit  s'évanouir  en  même  temps,  il  faut  que 
Y,*  soit  de  la  forme  Y^jr.  En  procédant  toujours  de  la 
même  manière,  on  prouverait  que^  est  facteur  commun 
de  tous  les  termes  de  l'équation  (g),  de  laquelle  on  tire 
par  conséquent^/tzno,  quel  que  soit  a:,  ce  qui  démontre 
la  proposition  énoncée. 

Il  suit  de  là,  comme  on  l'a  annoncé  [87  et  io3], 
qu'une  fonction  exprimée  dans  une  portion  de  son  cours 
par  la  fonction  algébrique  ^ir,  et  dans  une  autre  por- 
tion par  la  fonction  algébrique^^o:,  non  identique  avec 
la  première ,  éprouve  nécessairement  une  solution  de 
continuité,  d'un  ordre  plus  ou  moins  élevé,  pour  la  va- 
leur de  a:  qui  correspond  au  raccordement  des  fonctions 
/,/,  :  car  autrement  la  fonction  algébrique 
yzzzfx—f^x 

s'évanouirait,  ainsi  que  toutes  ses  dérivées,  jusqu'à  l'in- 
fini ,  sans  être  identiquement  nulle ,  contrairement  à  ce 
que  l'on  vient  de  démontrer. 

^  135.  Nous  avons  admis  aussi  [70],  et  l'on  admet 
communément ,  mais  sans  démonstration  formelle ,  que 
la  fonction 

constitue  une  transcendante  irréductible,  qui  ne  pour- 
rait s'exprimer  par  une  fonction  algébrique  ,  explicite  ou 


238  LIVRE    m.    CHAPITRE    II. 

implicite.  Voici  le  calcul  très-simple  par  lequel  M.  Liou- 
ville  établit  cette  proposition  importante  (»). 

En  premier  lieu,  si  log  x  pouvait  être  exprimé  par 

.X 

une  fonction  algébrique  explicite  --,  dans  laquelle  X,  X, 

désignent  des  polynômes  entiers  en  x^  qu'il  est  permis 
de  supposer  premiers  entre  eux,  la  difFérentiation  don- 
nerait 

-_        ^^  ,  ou  — -X'X.-XX,, 

d'où  il  suit  que  X,  est  divisible  par  Xy  et  que  X  ne  Test 
pas  ;  sans  quoi  il  ne  serait  pas  premier  avec  X,.  On  peut 
donc  poser 

lL.=.od^  a  ,  doù  X',  =  n  x'^"'  S  -H  a;»  S'  , 
S  désignant  un  polynôme  non  divisible  par  x^  et  nnn 
exposant  positif  entier  :  en  conséquence ,  il  vient 

^an-i  B»=:  ;c»aX'  — «^»*-'=  SX— ^•'•S'  X  , 
OU 

/iSX=a:(EX'  — S'X)— ^'^S-  , 

équation  absurde ,  puisque  le  second  membre  est  divi- 
sible par  X ,  tandis  que  le  premier  ne  l'est  pas. 

Supposons  maintenant  que  la  fonction^milog  x  puisse 
être  déterminée  implicitement  par  l'équation  algébrique 

/(x^)^x^r+Xn-,r-^  + -^x;7+x,=o,   {h) 

les  coefficients  X„,  etc.,  désignant  des  polynômes  en- 
tiers en  X  :  on  aurait 

et  en  remettant  pour^'  sa  valeur  donnée  par  la  défini» 
tion  de  la  fonction  logarithmique, 

(')  Journal  de  Mathématiques,  t.  II ,  p.  6&, 


■y  =  o  > 


BIFFÉRENTIATION    DES    FONCTIONS    IMPLICITES.     239 

Or,  si  Tune  des  racines  de  l'équation  («*),  supposée  irré- 
ductible, c'est-à-dire  non  décomposable  dans  des  fac- 
teurs rationnels  en  ^,  a  la  propriété  de  satisfaire  identi- 
quement à  l'équation  (A),  celle-ci,  dont  le  premier 
membre  est  une  fonction  rationnelle  de  .r,  sera  aussi 
vérifiée  identiquement  par  toutes  les  autres  racines  de 
Téquation  (/).  Donc,  en  désignant  par  /i,^,,. . .  .j^j 
ces  racines  qui  sont  en  général  autant  de  fonctions  dif- 
férentes de  Xy  on  aura 

dx        ,         dx        r  dx        , 

et  par  suite 

^=->(r.+r.+ H-^.)=-i.(^), 

ce  qui  vient  d'être  démontré  impossible. 

La  transcendante  e^  ne  peut  pas  davantage  s'exprimer 
algébriquement  :  car  l'équation /(a:,  e*^)i=:o^ /étant  une 
fonction  algébrique,  équivaut  à /"(logjr,  ^)=o,  dont 
on  vient  de  prouver  l'impossibilité. 

Au  contraire ,  les  sinus  et  cosinus  et  les  arcs  de  cercle 
.  ne  constituent  pas  des  transcendantes  irréductibles  al- 
gébriquement,  puisque  ces  transcendantes  se  conver- 
tissent en  exponentielles  et  en  logarithmes,  et  que  la 
complication  des  radicaux  imaginaires  ne  change  rien  à 
la  nature  de  la  fonction ,  au  point  de  vue  de  l'algèbre. 

Les  puissances  à  exposants  irrationnels  ne  constituent 
pas  non  plus  des  transcendantes  irréductibles ,  puisque 
l'expression ^7^=.r«  équivaut  à^/=c*^*^8*  j  et  qu'ainsi  l'o- 
pération sur  X  j  indiquée  par  ^«,  ot  désignant  un  nombre 
irrationnel ,  peut  se  résoudre  dans  l'opération  sur  x  in- 


240  LIVRE    m.    CHAPITRE    II. 

diquée  par  la  caractéristique  logx,  et  dans  l'opération 
sur  u  indiquée  par  la  caractéristique  é^. 

Il  resterait  à  montrer  que  les  fonctions  é' ,  log  x  sont 
aussi  irréductibles  entre  elles  ;  mais ,  pour  cette  démons  - 
tration  plus  compliquée  que  les  précédentes,  nous  ren- 
verrons au  mémoire  cité  de  M.  Liouville. 

En  général ,  la  preuve  de  l'irréductibilité  des  diverses 
fonctions  transcendantes  est  un  sujet  de  recherches  qui 
font  suite  à  celles  dont  l'objet  est  la  divisibilité  des  nom- 
bres et  la  décomposition  algébrique  des  équations.  Elles 
ont  pour  caractère  commun  de  tendre  au  perfectionne- 
ment de  la  théorie  plutôt  qu'au  progrès  des  méthodes 
sur  lesquelles  reposent  les  applications  du  calcul.  Comme 
on  procède  presque  toujours  dans  ces  recherches  par  la 
réduction  à  l'absurde,  on  doit  s'attendre  à  y  rencontrer 
les  difficultés  et  les  complications  d'un  mode  de  dé- 
monstration qui  atteint  la  rigueur  logique,  mais  qui 
n'éclaire  point  l'esprit  sur  l'enchaînement  rationnel  et 
sur  la  génération  des  vérités  démontrées. 

S  a.  Changement  de  variables. 

136.  C'est  ici  le  lieu  de  traiter  généralement  du  chan- 
gement des  variables  indépendantes ,  sujet  que  nous  n'a- 
vons fait  qu'indiquer  en  exposant  les  principes  de  la 
théorie  des  dérivées  et  des  différentielles  [89  et  56]. 

Supposons  que,  dans  l'hypothèse  oîijr  est  considéré 
comme  fonction  de  la  variable  indépendante  x^  cette 
fonction  et  ses  dérivées  des  divers  ordres  entrent  dans 
la  composition  d'une  formule 

K"r,%<%>% )  =  «:       (« 


CHANGEMENT   DE   VARIABLES.  241 

il  s'agit  de  savoir  comment  les  dérivées 

^,  tL,  tl 
dx     da^     dx^  ' 

doivent  s'exprimer  en  fonction  d'une  troisième  variable 

t^  prise  pour  variable  indépendante,  et  liée  à  j?,  ^  au 

moyen  de  l'équation  donnée 

En  différentiant  ((p)  par  rapport  à  la  variable  indé- 
pendante ^,on  obtient  une  suite  d'équations  dérivées 

d^   dx      dfù    dy      d^  ,  ,^ 

d<^  d?x      dif  d'y      d'tf  dx*      d'f  dy 
dx"dF  ~^Jr"df''^'d^''  df  "^^'"df 

,  ^r  *^f     '^^  ''J  .     «^?    dx       d'<f    &\d*9^^.^ 
^""Kdxdy'dt  'It'^dxdi'  dt  "^  ^' dtj'^d?-^'^'^  ^ 
db   d^x      d»f  <Py 

etc 
Mais  on  a  d'autre  part 

, dy dy    dx 

^~éc^7t''di' 
d'où  Ton  tire 

dy //  «f-^ f^^  d^y     dy  d^x\    f^x^ 

It^^  'dt~\dt'7F~'di''dF)''  \dtj  ' 

et  par  conséquent 

.  ,, éT'j fdx  d^y       dy  d'xX     /dx\^ 

^   ~dx^~V3k''d?~'dt'7Fj'  \^J    ' 
Le  même  calcul  donne 

tiJf^y  ^y_jél  —  Ùl^'él.  f^^\  ^^  ^y  ^^1  /'^^\^ 
t- LV dt)  '  de     dt  dt^  '  de^^  dt  \  dt'  )  ""^  dt  '1?\  '  yin)  ' 

et  ainsi  de  suite. 

Au  moyen  des  équations  (ç),  (ç'),  (ç''),  etc.,  on  pourra 
chasser  des  formules  précédentes  la  variable  x  et  ses 
T.   I.  i6 


242  LIVRE    III.    CHAPITRE   II. 

dérivées 

dx      dhx      {Px 

'dt'    "3?'    W ' 

de  manière  qu'après  qu'on  aura  reporté  dans  (/)  tes 

valeurs  de 

dy       dy      d}y 

^'  ^'  S?'  d^' ' 

cette  formule  ne  renfermera  plus  que 

dy     ^     d^y 

^'^'  1i'    dt-'  It^' 

on  la  ramènerait  de  même  à  ne  contenir  que 

dx     d*x     d^x 

^'  ^'It'  IF'  le' 

137.  Le  changement  de  variable  indépendante  n'est 
qu'un  cas  particulier  du  changement  de  variables.  Si  Ton 
veut  substituer  aux  variables  x ,  j  qui  entrent  dans  la 
composition  de  l'équation  {f) ,  deux  nouvelles  variables 
2;  et  ^ ,  liées  aux  premières  par  deux  équations 

oii  t  désigne  la  variable  indépendante ,  on  prendra  les 
dérivées  successives  de  ces  dernières  équations  j  en  y 
considérant  Xy  jTyV  comme  des  fonctions  implicites  de 
t;  et  l'on  aura  une  suite  d'équations  que  nous  désigne- 
rons, pour  simplifier,  par 

(?'),(f),(?"),('l'"),(9"'),(r),etc 

Elles  seront  en  nombre  un ,  si  -j^  est  le  plus  haut  coef- 
ficient différentiel  qui  entre  dans  (/).  Au  moyen  de  ces 
in  équations ,  jointes  aux  deux  équations  dont  elles  dé- 
rivent ,  on  exprimera 

dx   d^x  d^x  dy    dy  d^y    .  . 

""'li'W l?'^'lt'1f\ If^^^^ 

en  fonction  de 


GH\NGBMeiCT    DE    VARIàBLES.  243 

^''"'  It'W "S?'  r  ^""^ 

OQ  substituera  les  expressions  obtenues  dans  les  valeurs  de 

dx'  dx^' daf" 

CD  fonction  des  quantités  (i)^  et  l'on  aura  enfin  la  for- 
mule (/*)  exprimée  au  moyen  des  quantités  (a). 

138.  Il  suffit  d'indiquer  Textension  que  comporte 
cette  analyse,  dans  le  cas  de  deux  variables  indépen- 
dantes. Soit 
„/  dz    dz    d*z      d^z       d^z  \  ,_. 

une  formule  où  l'on  veut  remplacer  les  variables  x^y^z 
par  trois  autres  u^  Vj  t  :  les  deux  dernières  étant  traitées 
oofflme  indépendantes,  et  toutes  trois  étant  liées  à  a:,/,  z 
par  les  équations 

ix^yZ^Uy7)^t)=0^  ^Xjr,Z^U^V^t)=Oy  Vi{x^fyUyVjt)z=lO  .      (0) 

On  aura  : 

dz dz   dx      dz  dy        dz dz  dx     dz  dy 

îv      Ix'dv'^'d^'dv^      1i      dx''di'^'dy''dt^ 

^_d^    fdx\^  d^z     dx  dy      ^    /dy^ 

dv'—dx'\d^J  '^  ^  dxdy'  dv'  dv'^  df\ddj 

dz  d^x     dz  (Pf 

'^d^'d^^'^d^^dv^' 

d^z  {Pz  dx  dx        d*z  (dx  dy      dx  dy\ 

dvdt       dP''3v''dt'^dxdr\dv'di'^'Tt'd7jJ 

d^z  dz  dy      dz     d^x       dz    d*y 

'^dj^'dv'lû'^dx' dvdt  '^dp'dvdt^ 

^_£z   fdxV  d^z     dx_dy^      d^z  fdyV 

dz    d*x      dz  d*y 
■^rf^"  dP'^Jy'dP' 
etc. 

De  ces  formules  on  tirera  les  dérivées  partielles 

i6. 


(4) 


244  LIVRE    III.  CHAPITRR  IK 

dz    dz     d*z      cPz      d^z 

exprimées  en  fonction  de 

dx     dy    dz    dx     dy    dz 
Idh'  dZ'  TU'  H'  Tt'Yt' 
d'x    dy    ^l  d^x    d'y    i£z 

dp'  dp'  d^''  "dF'  W  de'' 

ê^x  d^Y  d^z 
dvdt'  dvdt'  dvdt' 
Mais,  d'un  autre  côté,  si  l'on  différentie  les  équa- 
tions (^) ,  successivement  par  rapport  à  v  et  par  rap- 
port à  ^,  en  allant  jusqu'aux  difFérentielles  de  même 
ordre  que  les  plus  hautes  dérivées  qui  entrent  dans  la 
formule  (F) ,  on  aura  autant  d'équations  qu'il  en  faut 
pour  exprimer  les  quantités  (4)  >  et  par  suite  les  quan* 
tités  (3) ,  en  fonction  de 

du    du    d'à     (Pu     cTu 
dZ'It'dP'd^t'  le'  ^'''' 


<IWl>»»*l^%»%%VW»»»»»«^»*»*»»t^—it^«^*«i>%«>*»%»»>»«l»W>»fc»»«<«i%%»^M»V»,»%V»V»»^ 


CHAPITRE  III. 


RÉSOLUTIOW  DES  CAS  d'iWDÉTKRMIWATION  POUR  LES 
FONCTIONS  EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES  IN- 
DEPENDANTES ET  POUR  LES  FONCTIONS  IMPLICITES. 

THÉORIE  DES  MJXIMA  m  MINtMA  DE  CES  FONCTIONS. 

S  i^'^.  Résolution  des  cas  d'indétermination  pour  les  fonctions 
explicites  de  plusieurs  variables  indépendantes. 

139.  Lorsque  des  fonctions  d'une  seule  variable  indé- 
pendante se  présentent,  pour  des  valeurs  particulières 
de  la  variable ,  sous  les  formes  indéterminées 

O  00 

on  lève  Findétermination  en  suivant  les  procédés  indi- 
qués au  chapitre  III  du  livre 'précédent;  mais  si  c'est 
une  fonction  z  de  deux  variables  indépendantes  x^jr^ 
qui  se  présente  sous  l'une  de  ces  formes  indéterminées 
pour  une  couple  de  valeurs  des'  variables  x  et  ^,  on  ne 
peut  trouver,  par  la  méthode  citée,  la  valeur  numérique 
delà  fonction,  qu'après  avoir  établi  arbitrairement  une 
liaison  entre  les  deux  variables  indépendantes;  et  la  va- 
leur numérique  qu'on  obtient  pour  z  varie  en  géné- 
ral avec  la  liaison  établie  entre  y  et  x\  On  ne  peut  donc 
pas  lever  absolument  l'indétermination  de  la  fonction  z^ 
tant  que  a;  et  j*  restent  indépendantes ,  mais  seulement, 
en  général ,  assigner  des  limites  entre  lesquelles  la  va* 
leur  de  z  doit  rester  comprise. 
Soit 


246  LIVRE    III.    CHAPITRE    III. 

etx^f/^  les  valeurs  de  Xjjr  qui  annulent  simultanément 

les  fonctions  y  et  F.  Désignons  par/?^,  q^,  r^,  etc.,  les 

valeurs  que  prennent  les  dérivées  partielles /?,  q^  r,  etc., 

de  la  fonctiony[ia4]j  quand  on  y  fait  x-=.x^^y:=iy^  ; 

appelons  P«>  Q^,  Bo»  ^^9  l^s  quantités  analogues  pour 

la  fonction  F  ;  désignons  enfin  par  j^'^  la  valeur  que  prend 

(pour  le  même  système  de  valeurs  de  x  et  de  y)  le  rap- 

dy      , 
port^'='^,  résultant  de  la  liaison  que  Ton  conçoit 

établie  arbitrairement  enti^e^  et  x  :  la  valeur  de  z  sera 

et  sous  cette  forme  générale  elle  restera  indéterminée , 
à  cause  de  l'indétermination  qui  affecte  le  coefficient /*o- 
Mais  si  l'on  avait  simultanément 

/io  =  o,Po=o,  (p) 

.  ou  bien 

yo=o,  Qo==o,  (q) 

le  coefficient  jr'^y  et  par  suite  l'indétermination  de  z^  dis- 
paraîtraient. 

Enfin,  si  les  deux  systèmes  d'équations  (/?),  (q)  sub- 
sistaient simultanément,  il  faudrait  prendre  les  dérivées 
du  second  ordre  des  fonctions  fy  F,  qui  sont,  en  général, 
r+asy+t/^  +  q/'  y. 
R+aS/+T/*+Q/', 
et  qui  se  réduiraient  pour  .r=j;^,^==/., en. vertu  des 
équations  ($^),  à 

d'où 

valeur  qui  est  généralement  indéterminée,  par  suite  de 
l'indétermination  du  coefficient ^'o. 


RiSOLUTION   DES   CAS   p'iNDlh'XRMIIfATION.       247 

Si  l'on  avait  encore 
ro==o,*o=o,ro=o;  Ro=o,  S«=o,To=o  , 
il  faudrait  passer  aux  dérivées  du  troisième  ordre,  et 
ainsi  de  suite.  Rien  n'est  plus  simple  que  de  généraliser 
cette  analyse  pour  un  nombre  quelconque  de  variables 
indépendantes. 
I*'  exemple. 

loff  0?  +  loffy 
^-  ar+a/— 3  '*•-*»  •^•-'- 
il  vient 

^.=  1,  ?.  =  «>  Po=>.  Q.  =  a. 
d'où 

-^o —  — : — j —  > 

z.  est  susceptible  de  prendre  toutes  les  valeurs  entre 

— 00  et  -|-oo  . 

a*  exemple. 

i.       * 

z=>^^ h — ' ;^o=i-)7o=x: 

on  a 

/'•=o,  ?«=|,  Po=o,  Qo  =  —  I  , 
ce  qui  donne  à  z^  la  valeur  déterminée  — f . 
3*  exemple. 

les  ëquatioDS  Q^)  et  (^)  sont  satisfaites;  on  est  obligé 
de  passer  aux  dérivées  du  second  ordre,  et  il  vient 
r.=i=a,  *.=a,  *.=:a;  R,=:a ,  S.=o,  T„  =  a, 
d'où 

La  valeur  de  z^^  quoique  indéterminée,  est  renfermée 


248  LIVRE   m.    CHAPITRE   III. 

entre  les  limites  o  et  -|-  a,  comme  on  le  trouverait  en 
appliquant  à  cette  fonction  cle^'^  '^  règle  ordinaire  des 
maxima  et  minima. 

140.  La  méthode  que  l'on  vient  d'exposer  peut  tom- 
ber en  défaut,  quand  les  fonctions ^^^  gr^,  P^,  Qo,  etc., 
sont  infinies ,  ou  se  présentent  elles-mêmes  sous  des  for- 
mes indéterminées  ;  et  alors  il  faut  recourir  à  des  arti- 
fices particuliers  de  calcul.  Considérons,  par  exemple,  la 

fonction 

z  =7  \/lFT7*  , 

dont  les  dérivées  partielles  du  premier  et  du  second  or- 
dre sont 

y a?  a/^  +  Sj^r' 

'''^{x'+xy.'  '~{x^+fyi'  ^~{x*+f)^  ' 

Le  système  de  valeurs  0:0=0,^0=0  annulle  la  fonc- 
tion z  et  donne  à  ses  dérivées  partielles  la  forme  3-  :  de 
plus,  il  est  facile  de  s'assurer  que  la  méthode  précé- 
dente ne  serait  pas  propre  à  déterminer  les  véritables 
valeurs  des  quantités/?,  gr,  r,  Sy  t;  mais,  si  l'on  considère 
un  système  de  valeurs  très-voisines,  pour  lequel 

j=7o  +  Aro=Aro> 

et  si  l'on  pose  ^jr^=ia\a:^j  il  viendra 

a  i  +  aa' 


v/r+^^T'  î^---^- 1/7+^' 


»3 


''^-(i +«*)!' '^-(i +«*)!'  ^°-(i +«»)!• 
On  peut  faire  maintenant  converger  A j;^  vers  la  li- 
mite zéro,  et  à  cette  limite  a  se  changeant  en  /'„,  ou 
aura 


RÉSOLUTION   DES   CAS    D'lirDÉTERHIiri.TIOir.      249 
Po  =  0,      î.  =  0, 

Les  valeurs  de  r^,  j^,  ^  restent  indéterminées;  mais 
elles  demeurent  pourtant  comprises  entre  de  certaines 
limites  qui  sont, pour  : 

r„,      ^let-f  I,   répondant    à    yo=— w  >7'o?=+^  > 

Jo,        o  et+i , /cF=Hioo  ,/'o=  o  ; 

^0,      — a  et+2, 7'o=— 00  j7-'„=+oo  . 

$  2.  Résolution  des  cas  d'indétermination  pour  les  fonctions 
implicites. 

141.  Soit 

une  équation  qui  détermine  implicitement  y  en  fonc- 
tion de  Xy  et  posons 

si  le  premier  membre  de  l'équation  (c)  s'évanouit  pour 
x:=zx^^  quel  que  soit^,  on  ne  pourra  pas  tirer  immé- 
diatement de  cette  équation  la  valeur  correspondante 
/«qui  sera  en  apparence  indéterminée.  Dans  ce  cas,  la 
fonction 

/(•^o,r+Ar)— /(ar,,j) 

s  évanouira,  quelles  que  soient  les  valeurs  àejr  et  de  Aj^^ 
et  par  conséquent  la  fonction  f^  {^ojX)  s'évanouira  aussi 
indépendamment  de  j.  Donc  l'équation  dérivée  de  (c),. 
qui  est  en  général 

se  réduira,  pour  .r=a;^,  à 

et  de  cette  dernière  équation  on  tirera  la  valeur  de  j^;. 
Si  elle  était  encore  satisfaite  identiquement,  on  recour- 


250  LIVRE   III.   CHAPITRE   Ilf. 

rait  à  l'équation 

et  ainsi  de  suite. 
Soit,  par  exemple^ 

réquation  dérivée  sera 

et  se  réduira ,  pour  x=iO^  à 

—  i+7«  =  o,  ou/o=i  . 
Prenons  encore 

/(j7,7)=:(^— i)^— ^[log(i  +  «)]'  =  o,  x.  =  o: 
il  viendra  pour  première  équation  dérivée 

{arx'-[log(i+*)r|/+axCr-i)-a/î^^5^=o  . 

Supprimons  le  terme  en  jr'  qui  doit  s'évanouir  pour 
a;=o,  et  il  restera  l'équation 

^(i  +  ar)(;^— i)— 7log(i+>r)=o  , 
laquelle  est  encore  satisfaite,  indépendamment  de  /,  par 
la  valeur  ^=0;  mais  si  l'on  en  prend  la  dérivée 

[2jra;(i+x) — ^log(i+^)]/+(y*— i)(i— aar) ^=0  , 

et  que  l'on  fasse  dans  cette  seconde  dérivée  x=o,  les 
valeurs  correspondantes  dejr  seront  les  deux  racines  de 
l'équation 

143.  Considérons  une  équation  différentielle 

f(x,r,/)=o,  (co 

et  supposons-la  d'abord  mise  sous  la  forme 

désignons  par  x^jj'o  '^s  valeurs  de  .r,  jr  qui  annulent  à 
la  fois  les  fonctions  f,  F,  et  par  ^'^  la  valeur  correspon- 


RÉSOLUTION   DES   CA.S   d'jiCDÉTERM1NA.TIOIC.       251 

dante  de  ^'  :  en  vertu  de  la  formule  (a),  la  valeur  de 
Y\  sera  donaée  par  Téquation  du  second  degré 

^'•=ê^^'  ou  Q.r."+(P.-î.)/.-/'.  =  o  . 

Si  les  équations  (/?)  et  (^)  se  trouvaient  en  outre  satis- 
faites, la  valeur  de  y\^  d'après  la  formule  [b\  serait 
racine  de  Téquation  du  troisième  degré 

ou 

Tq/.^  — (aSo  — ?o)y%4-(Ro— a5o)/o  — ro=o  ; 
et  ainsi  de  suite. 

Il  peut  se  faire  néanmoins  que  la  valeur  de  ^'^  soit 
efFectivement  indéterminée  :  comme  cela  arriverait,  par 
exemple ,  si  l'équation 

Qy»4-(P— y)/— /^=o 
était  satisfaite  pour  toutes  les  valeurs  de  y\  indépen- 
damment des  valeurs  attribuées  à  a:  et  à  ^.  Alors  l'é- 
quation 

T/3-|-(2S  — r)/*4-(R-25)/— r=o, 
et  toutes  celles  qu'on  pourrait  obtenir  par  des  difFérçn- 
tiations  subséquentes,  jusqu'à  l'infini,  seraient  aussi  sa- 
tis£aiites  identiquement.  On  reconnaît  ainsi  que  la  valeur 
de  y'  donnée  par  l'équation 

est  réellement  indéterminée  pour  le  système  de  valeurs 

En  général ,  lorsque  les  valeurs  particulières  x^ ,  j^ 
satisferont  à  l'équation  (c'),  indépendamment  de  ^',  la 
dérivée  de  cette  équation 

di      d{  ,       di    j, 


252  LIVRE   III.    CHAPITRE   III. 

se  réduira  pour  les  mêmes  valeurs  à 

l'expression  { -j-7 )  ,  qui  représente  la  valeur  de    —, 

pour  /— o,  devant  s'évanouir  d'après  le  raisonnement 
qu'on  a'  fait  plus  haut  [i4<]-  Les  fonctions 

doivent  généralement  renfermer  les  trois  quantités  x^ , 
J'o^J^'oi  ce  qui  empêchera  que  l'équation  (c"^)  ne  soit 
linéaire  par  rapport  à  l'inconnue^^. 

Admettons  que  l'équation  (c')  soit  algébrique  par  rap- 
port à^',  ou  qu'elle  ait  la  forme 

fo(^,  7)4-f.(^jr)  •  /4-fa(^i  r) ./"+  etc.  =  0  : 
l'équation  (c'\)  deviendra 

et  conséquemment  elle  sera,  en  général,  par  rapport  à 
j-'^,  d'un  degré  supérieur  d'une  unité  au  degré  de  l'é- 
quation (c')  par  rapport  à  jr'. 

S  3.  Maxima  et  minima  des  fonctions  explicites  de  plusieurs 
variables. 

143.  Étant  donnée  la  fonction  de  deux  variables 

si  l'on  établit  une  liaision  arbitraire  entre  les  variables 
jet  Xy  z  deviendra  fonction  de  la  seule  variable  indé- 
pendante X,  et  l'on  aura 


MA.XIHA    ET   MINIMA.  253 

etc. 

Nous  surmontons  d'une  barre  les  différentielles  dz, 
d^z,  etc.,  pour  indiquer  des  difTérentielles  totales;  les 
lettres  p,  g,  r,  etc.,  ont  la  signification  convenue  [124J; 
et/^'^jr",  y'\  etc.,  désignent,  selon  l'usage,  les  coeffi- 
cients différentiels  de^,  considéré  comme  fonction  de 
Xy  en  vertu  de  la  liaison  arbitraire  que  l'on  conçoit  éta- 
blie entre  ces  variables.  Cela  posé,  on  aura  pour  condi«- 
tion  commune  au  maximum  et  au  minimum  [91] 

p  +  qy=o;  (rf) 

et  en  outre  l'inégalité 

r  +  2sf  +  ty  +  qf  <  o  {d,) 

devra  être  vérifiée  dans  le  cas  du  maximum,  de  même 
que  l'inégalité  contraire 

r+^y  +  ty^  +  qf  >  o  ,  (<4) 

dans  le  cas  du  minimum.  Si  maintenant  on  établit  que 
ces  conditions  sont  satisfaites,  indépendamment  de  la 
liaison  arbitraire  conçue  entre  jr  et  Xy  on  aura  déter- 
miné par  là  même  les  conditions  du  muximum  ou  dû 
minim,um  de  la  fonction  z,  dans  l'hypothèse  de  l'indé- 
pendance des  variables  x^j. 

Pour  que  l'équation  {d)  soit  satisfaite,  indépendam- 
ment de  toute  liaison  entre^  et  x,  il  faut  qu'on  ait  sé- 
parément 

/?  =  o,    y=:o;  {e) 

ce  qui  réduit  les  inégalités  {d^tt  {d^  k 


.254  LIVRE  m.  CHAPITRE    III. 

r+a5/-|-^/*  <o, 
r-ha^y  4-/7'»  >  o  . 

Pour  que  le  premier  membre  commun  à  ces  deux 
dernières  inégalités  conserve  le  même  signe ,  quelle  que 
soit  la  valeur  assignée  ky,  il  faut  que  Téquation 

résolue  par  rapport  kj'\  ait  ses  racines  imaginaires,  ce 
qui  entraîne  la  condition 

s^^rt<  o,  (jsr) 

et  ce  qui  exige  par  conséquent  que  les  fonctions  r,  i 
soient  de  même  signe,  après  qu'on  y  a  substitue  les 
valeurs  de  x,  y  tirées  des  équations  {e).  Quand  l'inéga- 
lité (^)  sera  satisfaite  par  ces  valeurs,  il  y  aiira  maxi- 
mum ou  minimum^  selon  que  les  fonctions  r,  t  devien- 
dront toutes  deux  négatives  ou  toutes  deux  positives. 

*  144.  La  théorie  des  maximu  et  minima  des  fonctions 
de  deux  variables  se  lie  très-simplement  à  la  considéra- 
tion des  lignes  de  niveau  [127],  dont  l'équation  (rf)  est 
précisément  l'équation  différentielle.  Il  est  évident  qu'au 
point  {xyy)  pour  lequel  la  fonction  z  est  un  maximum 
ou  un  minimum^  la  ligne  de  niveau  doit  s'évanouir,  ou 
plutôt  se  réduire  à  un  point  isolé.  Il  faut  donc  (ainsi  que 
nous  l'expliquerons  plus  en  détail  à  propos  des  points 
singuliers  des  courbes  planes)  qu'on  ne  puisse  pas  tirer 
.de  l'équation 

une  valeur  réelle  de  y  j  bien  que  les  valeurs  Aep^q  ne 
soient  ni  imaginaires;  ni  infinies,  sans  quoi  la  fonc- 
tion z  cesserait  d'être  réelle,  ou  éprouverait  une  solution 
de  continuité  du  second  ordre  au  moins.  Par  conséquent 


MAXJMA    £T    BIINIMA.  255 

il  faut  que  la  valeur  précédente  de  y'  se  présente  sous 
la  forme  indéterminée  |,  et  qu'ainsi  Ton  ait,  pour  le 
maximum  comme  pour  le  minimum  y  p=zOj  y  =  o. 
Dès  lors  y  d'après  ce  qu'on  a  vu  plus  haut  [i4^],  la  vé- 
ritable valeur  de^'  sera  donnée  par  l'équation 

^  s  +  tf' 

qui  ne  diffère  pas  de  l'équation  (/*);  et  afin  qu'on  ne 
puisse  pas  tirer  de  cette  équation  des  valeurs  réelles 
pour  /',  il  faut  que  l'inégalité  {g)  soit  satisfaite. 
Si  Ton  a  au  contraire  l'inégalité 
5*  —  rt  >  o  , 
on  tirera  de  l'équation  {J')  deux  valeurs  réelles  de^'  : 
le  point  ipCy  y^  sera  le   point  d'intersection  de  deux 
branches  d'une  ligne  de  niveau  nmn,  nf  mn  (fig.  4o), 
qui   divisera  le  plan  x)c  autour  du  point  m  en  qua- 
tre régions ,  dans  deux  desquelles  la  valeur  de  z  ira  en 
croissant  à  partir  du  point  m^  tandis  qu'elle  ira  en  dé- 
croissant dans  les  deux  autres ,  à  partir  du  même  point. 

145.  Les  conditions  {e\  (g)  sont  celles  du  maximum 
ou  du  minimum  absolu  :  si  l'on  établit  entre  ^  et  x  la 
liaison  exprimée  par  ^=fx^  et  qu'on  détermine  daus 
cette  hypothèse  la  valeur  de  x  qui  rend  la  fonction  z 
un  maximum  ou  un  minimum  relatif,  cette  valeur  sera 
1  abscisse  du  point  où  la  ligne  ^=f:r  est  touchée  par 
une  ligne  de  niveau. 

En  général ,  on  entend  par  maxima  et  minima  rela- 
tifs ceux  qui  n'ont  lieu  qu'après  qu'on  a  établi  entre  les 
variables  indépendantes  des  liaisons  arbitraires  qui  en 
réduisent  le  nombre. 

146.  Régulièrement  les  coefficients  r,  j,  t  de  l'équa- 
tion (/)  ne  dépendront  que  des  variables  x^j  et  non 


256  LIVRE    MI.    CHAPITRE    III. 

de  /';  mais  s'il  arrive  que  ces  coefficieiits  se  présentent 
accidentellement  sous  la  forme  ^,  il  pourra  se  faire  que 
leurs  vraies  valeurs,  trouvées  par  les  procédés  qu'on  a 
indiqués  au  commencement  de  ce  chapitre  ^  varient 
avec^';  et  alors  l'équation  (/)  ne  se  trouvant  plus  du 
second  degré  par  rapport  à^',  les  raisonnements  qui 
précèdent  tomberont  en  défaut.  Soit ,  par  exemple , 

d'après  le  n®  i4o,  les  équations  (e)  seront  satisfaites 
pour  le  système  de  valeurs  x=Ojj'=Oy  et  l'équation 
Çf)  deviendra 

/*  +  2/3  4-/  =  o. 

Comme  cette  équation  a  la  racine  réelle  ^'=o,  le  sys- 
tème des  valeurs  citées  ne  correspond  pas  à  un  maxi- 
mum ou  à  un  minimum  de  la  fonction  z.  Dans  tous  les 
cas  semblables ,  on  n'a  plus  à  considérer  l'inégalité  {g). 
147.  Lorsque  les  valeurs  de  x^y  qui  satisfont  aux 
équations  (^),  vérifient  aussi  les  équations 

r  =  o,  ^=0,^  =  0,  (tf.) 

réquation  [f)  n'est  plus  propre  à  donner  la  valeur  de^', 
qui  se  tire  alors  de  la  formule 

, ^  H-  a  my'  -f-  wY^ 

?//  H-  2  wf  +  vf* 
ou 

w  +  3tt//  +  3fv/"4-vy'  =  o.  (/;) 

Comme  cette  équation  est  d'un  degré  impair  par  rap- 
port àjr',  tant  que  les  dérivées  partielles  du  troisième 
ordre  w,  <^,?//,  w  ne  dépendent  point  de^',  elle  a  né- 
cessairement une  racine  réelle,  et  par  conséquent  les  va- 
leurs x^y  qui  sont  racines  des  équations  {e)  et  (éfi),  ne 


MAXIMA   ET   MINIMA.  257 

peuvent  rendre  la  fonction  z  un  maximum  ou  un  mini- 
rmmiy  à  moins  qu'on  n'ait  séparément 

a=o,  ui=o,  w=o,  i;  =  o  ,  (c,) 

c'est-à-dire  à  moins  que  tous  les  termes  de  la  différen- 
tielle totale  du  troisième  ordre 

ne  s'évanouissent  séparément,  comme  ceux  des  diffé- 
rentielles totales  du  premier  et  du  second  ordre.  Il  faut 
en  outre  que  le  polynôme  du  qiiatrième  degré  en  /' 

'Wz 

ne  donne  pour  y\  quand  on  l'égale  à  zéro,  que  des  ra- 
cines imaginaires;  et  cette  nouvelle  condition  étant  sa- 
tisfaite, il  y  a  muxùnum  ou  minimum^  selon  que  le  po- 
lynôme reste  constamment  négatif  ou  constamment  posi- 
tif pour  toutes  les  valeurs  de^'. 

En  poursuivant  cette  analyse^  on  arriverait  à  la  règle 
générale  qu'il  faut,  pour  l'existence  du  maximum  ou 
du  minimum:  \^  que  la  première  dérivée  totale  dont 
tous  les  termes  ne  s'évanouissent  pas  séparément  soit 
d'ordre  pair;  2°  que  cette  dérivée  totale  conserve  le 
même  signe  (négatif  dans  le  cas  du  maximum^  positif 
dans  le  cas  du  minimum)^  quel  que  soit  le  rapport  ar- 
bitraire établi  entre  les  accroissements  infiniment  pe- 
tits des  variables  indépendantes. 

Telle  est,  en  effet,  la  règle  que  les  auteurs  ont  cou- 
tume de  donner  sans  restriction,  mais  qui  en  comporte 
une  très-importante.  En  effet,  si,  par  exemple,  quelques- 
unes  des  dérivées  partielles  u^  vi^  (v,  ^,  se  présentaient 
sous  les  formes  indéterminées  ^,  S,  et  que  leurs  vraies 
valeurs  fussent  susceptibles  de  varier  avec/*',  l'équation 
T.  I.  17 


258  LIVRE    m.    CHAPITRE    III. 

(/i)  pourrait,  ou  cesser  d'être  algébrique,  ou  n'être 
plus  d'un  degré  impair  par  rapport  à^',  et  n'avoir  que 
des  racines  imaginaires;  en  sorte  qu'il  pourrait  y  avoir 
maximum  ou  minimum,  sans  que  les  équations  {e^  )  fus- 
sent vérifiées. 

148.  Quand  la  fonction  z  éprouve  une  solution  de 
continuité  du  second  ordre,  et  que  les  dérivées^,  q^ 
deviennent  toutes  deux  infinies,  la  valeur  de/'  est  en- 
core donnée  par  l'équation  {d )  sous  une  forme  indéter- 
minée; et  il  convient  de  recourir  à  une  discussion  spé- 
ciale pour  chaque  cas,  afin  de  reconnaître  si  cette 
circonstance  correspond  ou  non  à  un  maximum  ou  à 
un  minimum  de  z. 

Soit,  par  exemple, 

d'où 

*ix  iy 

le  système  de  valeurs  a:=o,  jr=o  annule  z  et  rend  p 
et  q  infinis;  car,  si  l'on  pose^^ax,  il  vient 

P 3*      3/"^  »'     ^ 3'       »/"■"  »' 

Vx.  (  1 4-  a'  )»  Vx.{l  +  ^y 

valeurs  infinies  pour  x:=io.  Mais  à  cette  limite  le  rap- 
port a  se  change  en^',  et  l'équation  (d)  donne 

/=— ^=  — -,,  doù/=±:\/i:i. 

q        r 

L'imaginarité  de  ces  Valeurs  de^'  montre  qu'il  n'y  a 
pas  de  ligne  de  niveau  passant  par  l'origine  des  coor- 
données, et  qu'ainsi  ce  point  correspond  à  un  maximum 
ou  à  un  minimum  de  z.  D'ailleurs,  la  forme  de  la  fonc- 
tion fait  voir  qu'elle  ne  peut  admettre  qu'un  minimum^ 


MAXIMA    ET    MIHIMA.  259 

149.  Considérons  maintenant  la  fonction  de  trois 
variables  u=f  {x^ )r^  z)^  et,  pour  plus  de  commodité, 
faisons  usage  de  la  notation 

du  du  du 

di—P^'d^=P''d^—P''' 

d'à d'u  rf'« 

'dP~''^'~d^^  —''''57—'''' 

d'u   d'u    d^u    

d^y  —  ^^'^'   dxdz—'^'^'dPd^—'"'^' 
Si  Ton  conçoit  des  liaisons  arbitraires  établies  entre  x 
et  chacune  des  deux  autres  variables  j-  et  2,  u  devien- 
dra fonction  de  la  seule  variable  x^  et  l'on  aura,  pour 
réquation  commune  au  maximum  et  au  minimum^ 
du 

En  conséquence^  pour  qu'il  y  ait  maximum  owminimiun 
absolu  [  1 45],  ou  pour  que  l'équation  précédente  soit  sa- 
tisfaite indépendamment  des  rapports  arbitraires  y,  z\ 
il  faudra  qu'on  ait  séparément 

/?  =0  ,  /?,  =  o,/?8  =  oj^  (E) 

ce  qui  réduit  l'expression  générale  de  —!i  au  polynôme 

Il  faudra  en  outre  que  ce  polynôme  conserve  le  même 
signe,  sans  s'évanouir,  quelques  valeurs  réelles  qu'on 
attribue  à  y,  z  ;  et  pour  cela  que  l'équation  en  j',  z 
qu'on  formerait  en  égalant  ce  polynôme  à  zéro,  ne  donne 
jamais  à  Tune  de  ces  variables  une  valeur  réelle,  quelle 
que  soit  la  valeur  réelle  de  l'autre  variable. 

En  résolvant  cette  équation  par  rapport  à  /,  nous 
trouverons  quey  reste  constamment  imaginaire,  si  Ton 
a,  quel  que  soit  z', 

'7- 


260 


LIVRE   III.    —    CHAPITRE    III. 


OU 

Cette  dernière  condition  se  vérifie  à  son  tour,  si  Ton  a 

d'abord 

^i.,'  —  '•i  ^  <  o  ,    s^/—r^  Ta  <  o  ,  (G) 

et  ensuite 

(  ^i.a  ^3  —  ^ ^.,3 )'  —  (  ^i..*  '•i  '•i  )  ( S,/  —  r,  Ta  )  <  G  .  (G,) 

Les  inégalités  (G)  exigent  que  les  trois  dérivées  par- 
tielles r,,  r„  Ta  soient  de  même  signe;  et  l'une  de  ces 
inégalités  étant  posée,  l'autre  est  une  conséquence  de 
l'inégalité  (G,)  :  de  sorte  que  cette  dernière  inégalité, 
jointe  à  l'une  des  inégalités  (G)  et  aux  équations  (E) , 
compose  le  système  des  conditions  requises  pour  l'exis- 
tence du  maximum  ou  du  minimum.  La  symétrie  indi- 
que que  dans  ce  système  on  doit  avoir  aussi 

^./  — '•.'•3<o  . 
Il  y  aura  maximum  si  les  trois  dérivées  r„  a*,,  r^  sont 
négatives^  et  minimum  si  elles  sont  toutes  trois  posi- 
tives. 

Si  les  valeurs  de  a:,  j,  z  qui  satisfont  aux  équations 
(Ë),  vérifiaient  les  suivantes 

r,=o,r,=  o,  r3  =  o;^,,=  o,  5,3=0  ,  s,,3=o,  (E.) 
il  faudrait,  pour  l'existence  du  maximum  ou  du  mini^ 
mujUy  que  les  mêmes  valeurs  annulassent  toutes  les 
dérivées  partielles  du  troisième  ordre,  et  que  la  dérivée 
totale  du  quatrième  ordre  conservât  constamment  le 
même  signe  (négatif  dans  le  cas  du  muximum,  positif 
dans  le  cas  du  minimum)^  indépendamment  des  rap- 
ports arbitraires  jr  :i;  et  ainsi  de  suite. 

Néanmoins,  la  règle  tomberait  en  défaut,  si  les  déri- 
vées partielles  qui  ne  s'évanouissent  pas  se  présentaient 
sous  une  forme  indéterminée,  et  devenaient  fonctions 


MAXIMA   ET   MINIMA.  261 

des  rapports  ^^  z* y  comme  on  en  a  vu  des  exemples,  à 
propos  des  fonctions  des  deux  variables. 

£lle  tomberait  encore  en  défaut,  et  il  faudrait  recou- 
rir à  une  discussion  spéciale  pour  chaque  cas,  si  les 
dérivées  partielles  du  premier  ordre  ou  des  ordres  su- 
périeurs devenaient  infinies. 

150.  Comme  application  de  cette  théorie,  proposons- 
nous  de  déterminer,  parmi  les  triangles  isopérimètres, 
celui  dont  l'aire  est  un  maximum. 

En  appelant  ic  le  périmètre,  x  et  y  deux  des  côtés, 
i  Taire  du  triangle ,  on  a  la  formule  connue 

^=1/  c{c — J7)(c — y^^-^-y — c)  • 
Les  équations  du  mcucimum  sont  : 

c(c — r)('2C— -20: — y) 

/?=2 — )     .-^^^    .,         -^^     =zro, 
2  |/^c(c-j:)(c?— 7)(^-+-j— c) 

q  = ^^  ^        J    —  =  o  ,. 

2  |/'c?(c— <3c)(c — yX^+y-T^c) 

ou  plus  simplement,  en  écartant  les  solutions  .r  ==  d.  oo, 

/=  ±  00, 

(c— j)  (2Ç — 2JF — •/)  =  O  ,  (c — x)  (2C 2J — O:)  =  O  . 

Ces  dernières  équations  se  décomposent  dans  les  quatre 

systèmes. 

a;  =  c,  y  =  c  5 

7=c,  2c— 27  — a?  =  o  ;      1         |j=c,x=o; 

x-sziCyHC  —  2a: — y=:o;      \  ou|a:=c,7=o; 
2c— .27 — x=zo  ,  2c — 2^ — 7=0  ;      I  |a;=7  =  f  c  . 

liC  dernier  système  est  le  seul  qui  satisfasse  à  l'énoncé 
géométrique  de  la  question  :  les  autres  répondent  à  des 
cas  011  le  triangle  est  impossible. 
On  a 


r=— i»/ç 


[(c— :r)(a:+7 — c)f 


262  LIVRE    III.    CHAPITRE   III. 


5  =  — Il/C. 


'         [{c-y){a:+y-c)f' 
£n  conséquence  la  condition  exprimée  par  rinégalité 
(g)  devient  après  réduction 

{x  +y  —  cy  >o, 
et  se  trouve  satisfaite  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de 
Xy  j.  D'ailleurs,  il  est  visible  que  r  et  ^  sont  négatifs  : 
ainsi  le  système  x  =  ^  =  ^  c  correspond  bien  à  un 
maximum  de  la  fonction  z.  On  en  conclut  que  le  trian- 
gle qui  satisfait  à  la  question  est  équilatéral,  ce  qui  se 
démontre  au  surplus  en  géométrie  élémentaire. 

151.  Cherchons  encore  le  système  des  valeurs  de  x^y 
qui  rend  un  maximum  la  fonction 

a  4-  i^  H-  cj 

nous  aurons  les  équations 

h — ax+yi^hy — ex) 

c  —  ay  +  xicx — ij)  

ou  plus  simplement 

h — ax+y(J>y — ra:)==o,  c — ay-\-x{cx — i/)=o  .    (A) 

On  y  satisfait  en  posant 

h  —  aa:=o,  c  —  fljnzo,  doù  by  —  cxz=lo  \  \t) 

ce  qui  donne  pour  la  valeur  maximum  cherchée 

Le  système  (i)  comprend  d'ailleurs  toutes  les  solutions 
réelles  du  système  (k  )  ;  car  si  l'on  opère  entre  les  équa- 
tions (A)  l'élimination  de^  à  la  manière  ordinaire^  ou 
aura  pour  l'équation  résultante  en  x 


MAXIMA.    ET    MIiriMA.  263 

{b — aj?)[(i*  +  c*)j;'  +  aa*a:  +  a*  +  c*]  =  o  ; 
et  après  qu'on  a  tenu  compte  du  facteur  b  —  ax^  l'autre 
facteur  ne  donne  pour  x  que  les  valeurs  imaginaires 

On  a 

(o-l-c/)  (i+jr'+7')4-3x  [b — ax+jr{by—cx)] 

(  iby — C3c){^  I  -f-  •^*+'J*) — 3/[i — aX'\-y{by — cx'\ 
'^  (i+^»-f./)^  ' 

Pour  les  valeurs  de  ^ ,  ^  qui  satisfont  aux  équations  (z), 
œs  expressions  se  réduisent  à 

a\a^+c')  a'bc  a\a'+b')    . 

'^="~(^?+p+?)l'  ^=(a»+i*+c*)4'  ^"^(a'-+.i'4-c*)f  ' 
et  l'inégalité  {g)  devenant 

est  nécessairement  vérifiée.  De  plus,  il  ne  peut  y  avoir 
lieu  à  un  minimum ,  puisque  les  valeurs  de  r,  t  sont  es- 
sentiellement négatives. 

Nous  conclurons  de  ce  calcul  que  les  valeurs  des 
quantités  variables  ^',  z\  qui  rendent  un  maximum  la 
fonction 

donnent  à  tt  la  valeur  l^X*+ Y*  -hZ* ,  ainsi  qu'on  l'a  an- 
noncé [129],  et  sont  déterminées  par  les  équations 
Y— X/=o,  Z^Xz'=o. 
Il  resterait  à  faire  voir,  pour  justifier  ce  qui  a  été  dit 
dans  le  n^  cité ,  que  les  équations 

y_X^_o,Z^X^_o 


264  LIVRE    III.    CHAPITRE    III. 

appartiennent  à  des  lignes  qui  rencontrent  normalement 
les  surfaces  caractérisées  par  Téquation  différentielle 

XflCr -+- Yrfj 4- Zrfz  =  o  ; 
mais  ceci  résultera  de  la  théorie  des  surfaces  courbes, 
qui  doit  être  exposée  dans  le  livre  suivant. 

S  4*  Maxima  et  minima  des  fonctions  implicites. 

152.  Pour  déteriâiner  les  maxima  et  mirdmu  de  la 
variable  ^^  donnée  implicitement  en  fonction  de  x  par 
l'équation 

on  posera 

et  l'on  tirera  des  équations  (A)  et  [h!)  les  systèmes  de 
valeurs  de  x  et  de  jr  qui  peuvent  rendre  la  fonction^ 
un  maximum,  ou  un  minimum.  On  substituera  ces  va- 
leurs dans  l'équation 

qui  se  réduit ,  à  cause  de  /'zzz o  ,  à 

afin  de  s'assurer  que  les  mêmes  valeurs  ne  font  pas  éva- 
nouir y,  et  en  même  temps  pour  distinguer,  s'il  en  est 
besoin ,  le  muximum  du  minimum^  au  moyen  du  signe 
que  prend  /'. 

Soit ,  par  exemple ,  l'équation 

x^  —  'iaxy  -h  j^  ===  o  ,  (a) 

qui  représente  une  courbe  (Jig.  44  )?  connue  sous  le 
nom  de  Folium  de  Descaries  :  on  en  tirera 

,       ay — x^  .  ,  ,. 


MA.XIMA    ET    HINIMA.  265 

et,  en  conséquence ,  l'équation  commune  au  maximum 
et  au  minimum  sera 

ajr  —  x^  =  o.  (p) 

Par  l'élimination  de^  entre  les  équations  (a)  et  (p), 

il  vient 

jfi  —  2û^  j:''=o, 

équations  dont  les  racines ,  les  seules  que  nous  voulions 

considérer ,  sont  _ 

jf  =  o,  ar  =  av  2  > 

auxquelles  correspondent  pour^  les  valeurs  réelles 

Uéquation  (A")  devient 

(/•  —  ax)/'  4-  20:  =  o  ; 

s    3 

et  quand  on  y  substitue  les  valeurs  x=al/^  /=  ^^^ 
elle  donne^'= :  par  conséquent  ce  système  corres- 
pond bien  à  un  maximum  si  a  est  positif,  ou  à  un  mi- 
nimum si  le  même  coefficient  est  négatif. 

Pour  le  système  a:  =  o,^^o,  la  valeur  de^'  se  pré- 
sente ,  en  vertu  de  l'équation  (a  ) ,  sous  la  forme  indé- 
terminée 3  ;  mais  la  dérivée  de  cette  équation ,  ou  la  se- 
conde dérivée  de  la  proposée,  est 

(/*  —  ax)y^  +  ajj'*  —  2^7'  4-  2X  ==  o  , 
tandis  que  l'on  a  pour  la  troisième  dérivée 

(j'  — ûj;)/"  +  (67/  — 3a)y'+a/'-ha  =  o. 

Quand  on  fait  dans  ces  deux  équations  ^=0,^=0, 

2 
elles  se  réduisent  à  j^'  =  o,^"  =  ô~"  •  P^**  conséquent 

ce  système  de  valeurs  correspond  à  un  minimum  Atj. 

Si  maintenant  nous  remarquons  que  la  proposée  est 

symétrique  par  rapport  aux.  variables  x'^jj  nous  con- 


266  LIVRE    III.    —    CHAPITRE   lll. 

cluroQS  de  ce  que  le  système  x=o  ,^=o  read  nulle  une 
des  valeurs  de  -y-,  tirées  de  cette  équation,  qu'il  doit  . 

aussi  rendre  nulle  une  des  valeurs  de  nr  ,  et ,  par  con- 

dy 
séquent^   rendre  infinie  une  valeur  de  nr  ou  de  /. 

Ainsi  ^  les  deux  axes  des  a:  et  desjr  touchent  à  rorigiae 
la  courbe  représentée  par  l'équation  proposée. 

153.  S'il  s'agit  de  déterminer  les  valeurs  de  x,/ 
qui  rendent  un  maximum  ou  un  minimum  une  fonc- 
tion z  de  ces  deux  variables  donnée  implicitement  par 
l'équation 

on  posera  p=o^  Ç=^^>  ou 

da:  •  dz—'''^'^  —  '''  ^^^ 

au  moyen  de  quoi  les  équations  desquelles  doivent  se 
tirer  les  valeurs  des  dérivées  partielles  r,  s^  ^[i33],  se 
réduiront  à 

df         d'f  df  d^f  df         d^f 

dz  dx^  '  dz  dxdy  '  dz  dy* 

Il  faudra  s'assurer  que  les  valeurs  de  Xy  jy  z,  tirées 
des  équations  (/)  et  (m),  et  substituées  dans  les  expres- 
sions de  r,  J,  ty  satisfont  à  l'inégalité  {g).  Nous  n'entre- 
rons pas  dans  d'autres  détails  sur  les  cas  exceptionnels 
qui  peuvent  se  présenter ,  et  que  l'on  résoudra  sans  dif- 
ficulté d'après  les  principes  déjà  établis. 

154.  Soit 

u—f{x,y,z, ) 

une  fonction  de  n  variables  liées  entre  elles  par  m  équa- 
tions de  condition 

/«(•^»7»  2.  ••.•)=o,/,(a:,7,^,  ....)=o,  ..../w(^,7,  ^,  ..*  .>==o  ;  («) 


MAXIMA   ET   MIiriMA.  267 

de  sorte  qu'il  i^este  n  —  m  variables  indépendantes.  Si 
l'on  veut  rendre  la  fonction  u  un  mcLxitnum  ou  un  mi- 
nimum y  il  faudra  poser  l'équation  du=:o ,  ou 

^^+^^:r+ï^-*- =o.        in') 

Les  équations  {n)  entraînent  les  suivantes  : 


t^+f^r-^^-*-H. 


Après  qu'on  aura  éliminé  m  différentielles  dxj  dy^ 

dz^ entre  les  équations  {n!)  et  («") ,  on  égalera 

séparément  à  zéro  les  multiplicateurs  des/i  —  m  diffé- 
rentielles restées  arbitraires,  et  ces  n — m  équations, 
combinées  avec  les  équations  (/i),  détermineront  les  sys^ 

tèmes  de  valeurs  de  a: ,  ^,  z , ,  propres  à  rendre  la 

fonction  uun  maximum  ou  un  minimum.  Il  faudra  en- 
suite s'assurer  que  la  fonction  d^u  devient ,  par  la  subs- 
titution de  ces  valeurs ,  négative  dans  un  cas ,  positive 
dans  l'autre,  quels  que  soient  les  rapports  des  différen- 
tielles restées  arbitraires  :  ce  qui  pourra  exiger  des  calculs 
compliqués. 

Quant  à  l'élimination  entre  les  équations  {p!)  et  (/ï"), 
elle  s'opère  élégamment  par  la  méthode  des  facteurs  in- 
déterminée ,  dont  on  fait  un  fréquent  usage  eu  analyse. 
Concevons  qu'on  ait  multiplié  respectivement  les  pre- 
miers membres  des  équations  {n")  par  des  facteurs 
Xx ,  X, , .  .  .  .  X« ,  et  qu'on  les  ajoute  au  premier  membre 
de  l'équation  {n!)  ;  qu'ensuite  on  égale  à  zéro  les  multi- 


268  LIVRE    m.    CHAPITRE   III. 

plicateurs  de  chaque  différentielle  dans  l'équation  résul- 
tant de  l'addition  indiquée;  on  aura  n équations 

i+^7p+^'-r;+ +X„^=o,etc., 

entre  lesquelles  on  pourra  éliminer  les  m  facteurs 
^yX,,.  .  «Xiiiy  de  manière  à  obtenir  les  équations  finales, 
en  nombre  n  —  m. 

155.  Admettons^  pour  prendre  un  exemple,  que  Ton 
cherche  le  minimwn  de  la  fonction 

u  =  x^+y^  +  z^+ , 

les  variables  XjjjZ^ étant  liées  par  l'équation 

de  condition 

ax  +  by+  cz  .,..,.  =  A  , 

dans  laquelle  a^  bj  c, k  désignent  des  nombres 

constants.  On  aura ,  en  opérant  d'après  la  manière  qui 
vient  d'être  indiquée, 

ar  +  ûX,  =  o  ,  74-^X1  =  0,  z4-c\=o,etc.  , 
ce  qui  équivaut  à 

^       r       z  ,  . 

abc 
On  en  conclut,  d'après  les  propriétés  connues  des  pro- 
portions , 
x'       r'       z^  a:*+r'+^*+ etc.  u 

a'~y  ~  tf>  —  ^'^-       a'^y+c'+  etc.  ~  a'+b'-^c'+  etc. 
X*        r*       z*  a7*+r*+j3*-h  etc.        u 

ax       by       cz  '       ax-^bjr+cz+  etc.        k 

et  par  suite 
u      ^  V/Z  k' 


*  l/a'-f.i*+c*+  etc.  '  a*+**H-c'+etc. 

Pour  s'assurer  que  cette  valeur  de  u  €st  bien  un  mini- 


HAXIMA   £T    MmiMA.  269 

mwn ,  il  suffit  de  poser  Tëquation  identique 

(û*+*' +c*-hetc.)  (a7'+7*+z*-hetç.)=(a;r+*7+c^4-etc.)> 
+  {bx — ayf  +{cx--azf  +  etc.  , 

qui  devient  dans  ce  cas 

k^-^{bx—ayf  -f-  {cx—azf  +  etc.  . 

**  a*-4-**+c*+etc»  ' 

par  où  l'on  voit  qu'en  effet  l'inégalité 

a*  +  **  +  c*+etc. 

est  vérifiée  pour  toutes  les  valeurs  des  variables  qui  ne 

satisfont  pas  aux  équations  (o). 

Si  les  variables  x ^  y^  z^ se  réduisent  à  trois  et 

désignent   des   coordonnées   rectangulaires ,  la   valeur 

minimum  de  v/^mesure  la  distance  de  l'origine  au 

plan 

ax+  by  +  cz'=^k . 


>««%«%»«*%% «««M «%»>%  »•%%«%««%%«%«%«««%«/% VW««%%«%WV%% «)««%«««•.< 


CHAPITRE  IV. 


m—mÊm 


EXTENSION  DES  FORMULES  DE  TATLOR  ET  DE  MAGLAURIN 
AUX   FONCTIONS   EXPLICITES  DE  PLUSIEURS  VARIABLES 

INDÉPENDANTES.  FORMULE  DE  LAGRANGE  POUR  LE 

DÉVELOPPEMENT   DES  FONCTIONS  IMPLICITES. 


5  i^'.  Extension  des  formules  de  Taylor  et  de  Maclaurin  aux 
fonctions  explicites  de  plusieurs  variables  indépendantes. 

1 56.  Il  suffira  de  considérer  la  fonction  de  deux  va- 
riables 

attendu  qu'il  n'y  a  aucune  difficulté  à  généraliser  les 
formules,  pour  un  nombre  quelconque  de  variables. 
Afin  d'opérer  le  développement  de  la  fonction 

suivant  les  puissances  ascendantes  des  accroissements  h 
et  /:,  l'on  pose 

d'où 

/(^-4-A,7  +  A)  =  /(:r+aA',  jH-a^  =  fa  . 
On  développe  la  fonction  fa  par  la  série  de  Maclaurin, 
comme  une  fonction  d'une  seule  variable  ,  et  il  vient 

fa=f(o)+^.r(o)4-^-  f'(o)+^.f"(o)+etc.      (f) 

Mais  on  a,  par  la  règle  de  différentiation  des  fonc- 
tions médiates ,. 

dx  dy  ^ 

ou ,  pour  employer  une  notation  plus  concise , 


EXTENSION    DE    LA    FORMULE    DE    TATLOR.         271 


^-—f^'+f*', 


dx  dy 

et  de  même 

etc.  ; 
on  a  d'autre  part 

et  Ton  conclut  des  équations  précédentes  : 
r{o)=ph'-\'qk , 

r  (o) = ttA'^  +  3  mU^k  +  3  wKk''  +  vk^ , 
etc. 
Substituons  ces  valeurs  dans  la  formule  (fj,  et  remet- 
toas-y  pour  A',  k  leurs  valeurs  en  h^  k  :  l'auxiliaire  a 
disparaîtra,  et  il  viendra 

A'       A  A        /t' 

i.a         I     I  1.2 

A3  A*   *        A    ;t'  *3 


1.2.0  1.2     I  I     1.2  1.2.0 

+  etc.  (F) 

On  peut  remplacer  dans  cette  expression  les  lettres 
/?,  y,  r,  etc.,  par  les  coefScieiits  différentiels  qu'elles  re- 
présentent; et  si  Ton  emploie  en  outre,  pour  plus  de 
brièveté ,  la  notation  symbolique  dont  nous  nous  sommes 
déjà  servi  [43  et  124])  on  obtiendra  la  formule 

fx  /A         k  \dz       /A         k  \^d^z 

/A         k  \^  d^z  , ,. 


2i^2  LIVRE    in.    CHAPITRE    IV. 

qui  met  bien  en  évidence  la  loi  du  développement,  pour 
uii  nombre  quelconque  de  variables. 

La  série  de  Taylor ,  ainsi  étendue ,  tombe  en  défaut 
lorsque  9  pour  des  valeurs  particulières  des  variables  x, 
y ^  la  fonction  z  et  ses  dérivées  partielles/?,  q^r^  etc., 
ou  quelques-unes  d'entre  elles,  prennent  des  valeurs  in- 
finies, ainsi  qu'on  l'a  expliqué  à  propos  du  développe- 
ment des  fonctions  d'une  seule  variable  [io6].  De  plus  , 
elle  tombe  en  défaut  lorsque  la  fonction  z  ou  ses  déri- 
vées partielles  prenant  des  valeurs  indéterminées,  on 
ne  peut  lever  l'indétermination  que  par  l'établissement 
d'une  liaison  arbitraire  entre  les  variables  ^,^,  et  par 
suite  entre  les  accroissements  A  et  /:,  conformément  à 
ce  qui  a  été  expliqué  dans  le  précédent  chapitre. 

157.  Soit  Vi  la  valeur  du  reste  qui  doit  compléter  la 
série  (f),  quand  on  l'arrête  au  terme  affecté  de  la  puis- 
sance a*:  on  a  [109] 

•  I.2.3...(«+l)  ^     ^  I.2.3....i  ^       ^ 

6,  9,  désignant  des  nombres  inconnus,  compris  entre 
o  et  I .  Donc ,  lorsqu'on  arrête  la  série  (^)  au  terme 

/A        ^\*     d>z 

\dx       dy)  i.2.3....i 

le  reste  R^  qui  doit  compléter  cette  série ,  a  pour  expres- 
sion symbolique 

*       \dx       dy)  1.2.3 {i+i) 

ou  bien  encore 

^  ^  \dx       dy  J  I.2.3.....Ï 

Les  nombres  6,  6^^  qui  entrent  dans  ces  formules 9 
sont  inconnus;  et  elles  ne  peuvent  point  servir  à  calculer 


EXTENSION   J>K   LA   FORMULE   DE   TATLOR.        273 

l€s  valeurs  de  R^,  mais  seulement  à  assigner  des  limites 
entre  lesquelles  ces  valeurs  doivent  tomber. 
La  valeur  de  r,  en  intégrale  définie  étant 

on  en  tirera  ces  autres  expressions  symboliques  de  la  va- 
leur de  R{  : 

Pour  donner  une  application  de  ces  dernières  for- 
mules et  en  indiquer  en  même  temps  la  démonstration , 
prenons  /=  i ,  de  sorte  qu'on  ait 

fa=:f(o)  +  -  -f  (o)  +  r. ,    r.==  /V(a~B).  prfp  • 

Soit 

%2i=r.(^„).f^=/,-(.„),i&il=/„(.„), 

d'où 

ri>-P)=ÂV"[^+(«-P)A',7+(«-P)*': 

+  îAT/'  [^-+-(«— B)À' ,  y  +  {^-m  +  *'!/:[-=^  +(«-P)A',  r  +  («-P)  k'] 

-f-A^/X^  +  A— A'p,  j+  ^-^P)  : 
on  aura 

Ii,  =  h"f'f"{x  —  h  -À'p,  j-H^-A'p).  prfp 

+2h'k'f"f;{x+h—h'p,x+k-k'p) .  p^? 

On  peut  remplacer  dans  le  premier  terme  de  la  va- 

I  T.    I.  i8 


274  LIVRE    m.    CHAPITRE    IV. 

a 

leur  de  R,  la  variable  Ppar  -rr,  en  prenant  pour  limite 

supérieure  de  l'intégrale  cth'=hj  au  lieu  de  a;  et  alors 
ce  premier  terme  devient 

en  sorte  que  dans  son  expression  n'entrent  plus  les  auxi- 
liaires a ,  A' ,  A\  On  donnerait  au  même  terme ,  en  rem- 

plaçant  la  variable  p  par  p,  la  forme 

et  si  l'on  soumet  aux  mêmes  transformations  les  deux 
autres  termes  de  la  valeur  de  R, ,  on  trouvera  pour  R, 
ces  deux  expressions 

On  établirait  par  un  calcul  semblable  les  valeurs  gé- 
nérales de  Ri  dont  on  a  donné  plus  haut  l'expression 
symbolique. 

158.  Désignons  par  z^,  p^^  q^,  r,,  etc.,  les  valeurs 
que  prennent  les  fonctions  z,  /?,  </,  r,  etc.,  quand  on 
fait  .r=o,  /=o  :  l'équation  (F)  donnera 
X         y 

^^    o  1.2  II  1.2 


EXTENSION    DB    LA.   FORMULE    DE    TAYLOR.        275 

^  X^  Y  «^  T*  Y^ 

"  1.2.3         °  1.2  I         I  1.2         1.2.3  ' 

et,  de  cette  manière,  la  formule  de  Maclaurin  se  trou- 
vera étendue  au  développement  des  fonctions  de  deux 
variables.  On  peut  encore  écrire 

f  X         /  "\   d?'z^ 

\^,  àyj  1.2.3 
Au  lieu  de  développer  par  la  formule  de  Maclaurin 
les  fonctions  de  plusieurs  variables,  suivant  les  puis- 
sances de  chaque  variable  indépendante,  ce  qui  conduit 
à  des  formes  de  développement  très-prolixes ,  on  ne  dé- 
veloppe plus  ordinairement  ces  fonctions  que  suivant  les 
puissances  de  l'une  des  variables  ;  mais  alors  les  coeffi- 
cients des  termes  de  la  série,  au  lieu  d'être  des  cons- 
tantes, sont  des  fonctions  de  toutes  les  variables  indé- 
pendantes^ autres  que  celle  suivant  les  puissances  de 
laquelle  le  développement  est  ordonné.  Ainsi  l'on  posera 

/(^,r,  5î,  ....)=/(o, 7,2, ....)  4-/'(o,7,5;, ....}. 


X 

I 

X' 


f  1  f^'y  f"y  etc.,  désignant  les  dérivées  de /'par  rap- 
port à  la  variable  x.  L'emploi  de  cette  formule  exigera 
que  les  valeurs  de  7,  z, ,  ne  rendent  point  in- 
finies les  fonctions 

/(o,r^  z, ....) ,  /'(o,  /,  z, .,..) ,  /"(o,7,  z, ....),  etc., 
et,  de  plus,  qu'on  puisse  assigner  des  limites  conve- 
nables à  l'erreur  que  l'on  commet  en  arrêtant  la  série  à 
un  certain  terme.  Il  suit  de  ces  restrictions  qu'une  for- 
mule telle  que 

.=/(o,j)+/'(o,r),î+/"(o,/).^+/"'(o,r).:£3+etc. 

i8*.  " 


276  LIVRE    III.    CHAPITRE    IV. 

pourra  ne  représenter  une  surface  que  dans  une  portion 
limitée  de  son  étendue,  savoir  dans  la  portion  où  les  va- 
leurs de  jr  ne  rendent  point  infinies  les  fonctionsy(o,^), 
no,y),f\o,j),eic. 

§  2.  Formule  de  Lag^aiige  pour  le  développement  des  fonctions 
implicites. 

159.  Étant  donnée  une  équation  de  la  forme 

z-=ix-^yfz  ^  (a) 

on  se  propose  de  développer  z  en  série  ordonnée  sui- 
vant les  puissances  ascendantes  de  /.  Si  j'  désigne  une 
quantité  très-petite ,  x  sera  la  valeur  approchée  de  z 
pour  j^=o  :  une  seconde  approximation  donnera 

z  =  a:+xfa;,  (a.) 

valeur  que  l'on  pourrait  substituer  pour  z  sous  le  signe 
/,  de  manière  à  avoir  une  troisième  valeur  de  2,  plus  ap- 
prochée ,  que  l'on  substituerait  à  son  tour  sous  le  signe^ 
et  ainsi  indéfiniment.  Le  développement  cherché  a  pour 
utilité  pratique  de  dispenser  de  ces  substitutions  suc- 
cessives. 

Quel  que  soit  l'ordre  de  grandeur  du  coefficient^, 
il  est  évident  que  le  second  membre  de  l'équation  (a^) 
se  compose  des  deux  premiers  termes  du  développement 
que  l'on  cherche.  On  trouverait,  d'après  le  théorème 
de  Maclaurin ,  les  coefficients  des  puissances  supérieures 
dejr  en  prenant  les  différentielles  successives  de  l'équa- 
tion (a)  par  rapport  aux  variables  z,  /,  et  en  faisant 
ensuite  ^=o,  z  =  x  dans  les  valeurs  des  dérivées 
d^z      d?z     d^z 

-r— '   —7—'   -f-Tï   etc.   , 

dy^      dy     dy^^  ' 

tirées  des  équations  différentielles.  Il  est  entendu  que  la 
série  ainsi  obtenue  doit  être  convergente ,  sans  quoi  le 


SÉRIE    DE    LAGRANGE.  277 

résultat  du  calcul  serait  illusoire.  Les  conditions  de  la 
coDvergence  ont  été  données  par  M.  Cauchy  dans  des 
mémoires  auxquels  nous  renvoyons  le  lecteur  curieux 
de  ces  discussions  délicates. 

Le  procédé  général  que  Ton  vient  d'indiquer,  pour 
déterminer  les  coefficients  des  termes  successifs  du  déve- 
loppement cherché ,  ne  donnerait  pas ,  ou  donnerait  dif- 
ficilement la  loi  de  formation  de  ces  coefficients;  tandis 
qu'on  la  met  aisément  en  évidence  en  considérant  j  sui- 
vant le  procédé  dû  à  Laplace ,  z  comme  une  fonction  des 
deux  variables  :r,^,  en  vertu  de  l'équation  (a). 

Oq  a ,  en  différentiant  sous  ce  point  de  vue , 
€&  ..,      dz       dz       ^  ^,      dz 

et  par  suite 

dz         .     dz         d^z       '         d^z  ,   ^,      f  dz^^ 

Cela  posé ,  soit  ^^  une  fonction  de  z  :  on  aura 

dy  '  dxdy      ^    '  dx    djr 

dz      d^z 
et  en  chassant  -5—,   ,     ,  au  moyen  des  équations  (6), 


'(*-S_ 


dy 

ou 


+-/-È+»-/'»+/-f')(s)' 


Prenons  iJ/2=/z,  et  la  première  équation  (A),  combi- 
née avec  la  précédente ,  donnera 


278  LIVRE    in.    CHAPITRE    IV. 

dy''  dy  dx 

Si  l'on  fait  ensuite  ij;z  =  (/z)*,  on  trouvera,  par  la 
comparaison  de  l'équation  (c)  avec  celle  que  l'on  vient 
d'écrire , 

dy^  dxdy  dx^ 

et  comme  on  peut  continuer  ainsi  de  proche  en  proche ,, 
il  est  évident  qu'on  a ,  pour  un  indice  n  quelconque , 

dy  da^-^ 

dz 
Quand  on  fait^=:o,  d'où  z=:x^  -7-1=:  i ,  cette  ex- 
pression se  réduit  à 

Kdf'Jo  dx^-'       ' 

et  le  théorème  de  Maclaurin  donne  en  conséquence 

160.  Soit  maintenant  92  une  nouvelle  fonction  de  z 
qu'il  s'agit  de  développer  suivant  les  puissances  de  7  r 
on  aura ,  en  vertu  de  la  première  équation  (è), 

et  si  l'on  pose  <p'2.yz  =  «j^-z,  la  formule  (c)  donnera 

dy*  dy  dx 

Comme  on  peut  tout  aussi  bien  prendre  successivement 
pour  i^z  les  fonctions 


(- 


SÉRIE    DE    LAGRA.IVGE.  279 

^'z.{fzy  y  ^'z.{fzy,  etc., 
il  est  clair  qu'on  aura  généralement 

et  pour  les  valeurs  particulières  jr=o ,  2= x , 

df  Jo  dx^-"^ 

donc 

I     ^      "^  1.2  dx 

Les  formules  {d)  et  [e)  sont  évidemment  susceptibles 
de  s'étendre  à  des  fonctions  implicites  de  deux  ou  d'un 
plus  grand  nombre  de  variables  indépendantes. 

161.  La  formule  [d)  s'applique  à  la  résolution  des 

équations,  tant  algébriques  que  transcendantes^  sous  la 

condition  qu'elle  conduise  à  une  série  convergente.  Soit, 

par  exemple, 

z'=Lx-\'  kz^ 

une  équation  d'où  l'on  veut  tirer  la  valeur  de  js  en  :i; , 

ordonnée  suivant  les  puissances  de  k  :  la  formule  {d) 

donnera 

k  k^  P 

x+  -  .x^-^ .  2/»a?»*»~«  H 7:  .  'im('im — i W»»^'  +  etc.  ; 

I  1.2  1.2.3  ^  ^ 

et  si  l'on  posait  (fz=zz^,  on  tirerait  de  la  formule  (e) 

k  k* 

I  1.2        ^  ^ 

4- ô  .nÇim-^n — i)(3/w4-« — 2):c^*"+»-^-+  etc. 

Pour  de  plus  amples  détails  sur  les  applications  de 


280  LIVRE    m.    CHAPITRE    IV. 

ces  formules  à  la  résolution  des  équations  algébriques , 
on  doit  consulter  le  traité  de  Lagrange. 
Considérons  l'équation  transcendante 
z=a:  +  esinz 
qui  est  celle  d'un  problème  célèbre  en  astronomie  sous 
le  nom  de  Problème  de  Kepler  :  la  variable  x   dé- 
signe le  temps  ou  une  quantité  qui  croît  proportionnel^- 
lement  au  temps;  le  coefficient  e  mesure  rexcentricité 
de  l'orbite  elliptique  d'une  planète ,  et  la  variable  z  est 
l'angle  que  l'on  nomme  Y  anomalie  excentrique  de  la 
planète.  Il  vient 

e      ,  e^    d.sin^x        ^      d^.sin^x 

zz=:X'\ — .smjrH • — -^ 1 =• — -y-^ h  etc.  ; 

I  1.2        dx         i.a.i        dx 

zzzx+esinx-^ —  sin2^+-5-  (  3  sin  3a:— sinx)H-  etc. 
a  o 

et  comme  l'excentricité  e  est  une  fraction  très-petite ,  au 
moins  pour  les  planètes  principales ,  la  série  est  très-ra- 
pidement convergente. 

Dans  les  applications  à  l'astronomie  et  à  la  physique 
mathématique ,  on  a  souvent  occasion  de  considérer  le 
développement  de  la  fonction 

I 


suivant  les  puissances  ascendantes  de  /.  On  donne  à  ce 
développement  une  forme  très-élégante  en  se  servant 
du  théorème  de  Lagrange.  Posons  en  effet 

d'où 

dz  I 


dx       V/x— 2aj-4-y»  ' 

zz=zx-^\jr{z'—i)  . 
Pour  faire  rentrer  cette  dernière  équation  dans  la  for- 


SERIE    DE    LAGRANGE.  281 

mule  (a),  il  suffit  de  prendre 

d'un  autre  côté,  la  série  (d)  donne  par  la  difïérentiation 
dz         ^  r  dfx       j*  cfJfxY  .     7'      d?-{fxy 
dx  I    olr        1.2       dx^  i.2.i        dar 

Donc  il  vient 

l/i 2^y.+r*  ^'^  ^  1.2.2*         dx^ 

1.2.0.2''        dx^  1.2.0.../1.2'*       ai:'* 


CHAPITRE  V. 


NOTIONS  SUR  LA  FORMATION  DES  JÉQUATIONS  DIFFÉREN- 
TIELLES A  UNE  OU  PLUSIEURS  VARIABLES  INDÉPEN- 
DANTES. 


%  i^^.  Des  équations  différentielles  entre  deux  variables 
seulement. 

162.  Lorsqu'on  difFérentie  réquatioii 

a  désignant  une  constante ,  Tëquation  différentielle  du 
premier  ordre 

d'où  la  constante  a  a  disparu  ,  exprime  une  relation 
entre  x^  j^f ,  qui  subsiste,  quelle  que  soit  la  valeur 
particulière  attribuée  à  cette  constante  dans  l'équation 
(a).  Si  Ton  considère  celle-ci  comme  appartenant  à  une 
série  de  courbes  qui  ne  différent  les  unes  des  autres  que 
par  la  variation  du  paramètre  a ,  l'équation  (a')  expri- 
mera une  propriété  commune  à  toutes  ces  courbes  :  pro- 
priété en  vertu  de  laquelle  la  direction  de  la  tangente 
est  déterminée,  lorsqu'on  assigne  les  coordonnées  x ^jr 
du  point  de  contact. 

C'est  ainsi  qu'eu  différentiant  l'équation 

OQ  a 

Tant  que  le  paramètre  a  reste  indéterminé,  la  première 


FORMATION  DES  ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES.        283 

équation  appartient  à  un  cercle  de  rayon  quelconque  ^ 
ayant  pour  centre  l'origine  des  coordonnées  ;  et  la  se* 
conde  équation  exprime  une  propriété  commune  à  tous 
ces  cercles  concentriques,  celle  d'avoir  leur  tangente 
perpendiculaire  à  la  droite  menée  de  l'origine  au  point 
de  contact. 

Quand  le  paramètre  a  est  combiné  d'une  manière 
quelconque  avec  les  variables  x  j  j  dans  l'équation 

F(a;,7,a)=o,  (A) 

eu  général  y  ce  paramètre  entre  encore  dans  la  compo- 
sition de  l'équation  différentielle 

mais  si  Ton  opère  l'élimination  de  a  entre  les  équations 
(b)  et  (b^ ,  on  pourra  appliquer  à  l'équation  résultante 

c€i  que  nous  disions  tout  à  l'heure  de  l'équation  (a!)  :  elle 
exprimera  une  propriété  dont  jouissent  en  tous  leurs 
points  toutes  lés  courbes  que  l'équation  (è)  représente 
successivement,  quand  on  attribue  à  a  une  suite  de  va- 
leurs différentes. 

Si  1  on  se  donne  arbitrairement  la  valeur  de  /  qui  ré- 
pond à  une  valeur  quelconque  de  or,  la  valeur  de  la 
constante  a  se  trouve  implicitement  déterminée  :  car, 
soient  x^^y^  ces  deux  valeurs  correspondantes  de  x  et 
de^,  on  a  entre  x^, ,  jToj  ^  l'équation 
^(•2^05  Jo,  a)  =  o. 
La  valeur  de  a  qui  s'en  déduit  étant  substituée  dans  l'é- 
quation {U) ,  celle-ci  représente  une  courbe  déterminée  et 
assujettie  à  passer  par  le  point  (.î^o?  JTo)' 

Après  qu'on  a  déterminé  la  valeur  de  a ,  on  peut  tirer 
de  l'équation  {h)  les  valeurs  de  la  fonction  y  qui  corres- 


284  LIVRE    Iir.   CHAPITRE    V. 

pondent  à  deux  valeurs  distinctes  de  la  variable  indé- 
pendante X.  La  différence  de  ces  valeurs  est  la  somme 
des  accroissements  infiniment  petits  que  la  fonction  a 
reçus  dans  l'intervalle  ;  à  moins  qu'elle  n'ait  §ubi ,  dans 
ce  même  intervalle,  des  solutions  de  continuité  [5i].  On 
dit  en  conséquence  que  l'équation  {U)  est  V intégrale  de 
l'équation  (c)  :  celle-ci  déterminant  la  valeur  de  l'accrois- 
sement dy  qui  correspond  à  un  accroissement  dx ,  pour 
chaque  système  de  valeurs  de  x  et  de^;  et  l'autre  dé- 
terminant la  valeur  de  l'intégrale  ou  de  la  somme  de  ces 
accroissements  élémentaires  dans  un  intervalle  donné. 
Puisque  les  équations  {b)  et  (c)  sont  équivalentes,  en 
ce  sens  qu'elles  appartiennent  à  la  même  série  de  courbes, 
on  peut  déjà  conclure  de  ce  qui  précède  :  i^  que  si  l'on 
se  donne  arbitrairement  l'ordonnée  j^  correspondant  à 
une  abscisse  x^^  la  fonction  y  et  la  courbe  dont  cette 
fonction  est  l'ordonnée  se  trouveront  complètement  dé- 
terminées en  vertu  de  l'équation  (c);  2®  que  si  cette 
équation  différentielle  est  donnée  directement,  et  qu'il 
s'agisse  de  V intégrer  ^  ou  de  trouver  une  équation  en  x , 
j^  qui  y  satisfasse,  l'équation  intégrale,  pour  avoir  la 
même  généralité  que  l'équation  différentielle  proposée , 
doit  nécessairement  renfermer  une  constante  arbitraire- 
Nous  reviendrons  sur  ces  propositions  importantes  lors- 
que nous  traiterons  de  la  théorie  de  l'intégration  :  notre 
but  en  ce  moment  étant  seulement  de  donner  des  no- 
tions générales  sur  la  nature  des  équations  différen- 
tielles. 

163.  Soit 

¥{x,y,a,  b)=o  (d) 

une  équation  entre  les  variables  x ,  /,  renfermant  deux 
paramètres  a,  ^.  Si  l'on  différentie  deux  fois  de  suite 


FORMATION  DBS  ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES.       285 

cette  équation,  on  a  les  deux  équations  différentielles 
du  premier  et  du  second  ordre , 
«'F      ''F    ' 

t^F         rf'F     ,      d'F   „      dF   „ 

^■*-^^^^-+-^^  +^^=°'     C'') 

qui  renferment  aussi ,  en  général ,  les  paramètres  a ,  b. 
On  peut  éliminer  a ,  b  entre  les  trois  équations  {d)^  {d)^ 
(r/"),  et  l'équation  différentielle  résultante 

f(^,  7, /,/')  =  o,  W 

qui  est  du  second  ordre,  exprime  une  propriété  com- 
mune à  toutes  les  courber  auxquelles  l'équation  (d)  peut 
appartenir,  moyennant  une  détermination  convenable 
des  paramètres  a,  b. 

Pour  particulariser  les  constantes  a^  &,  on  pourrait 
se  donner:  i^  un  point  de  la  courbe,  ou  l'ordonnée /-o 
correspondant  à  une  abscisse  Xo  ;  2°  la  direction  de  la 
tangente  en  ce  point ,  ou  la  valeur  j'^  de  la  fonction  y 
pour  la  même  abscisse.  En  effet ,  ces  données  entraîne- 
ront les  deux  équations 

F(xo,7o,a,A)=o,   (g)^  +  (^)/.  =  o, 

jrdF\       /«Fn     ^,.  /.  d¥     dY 

f  -7-  j       (  77"  )    désignant  ce  que  deviennent  nr; ,  rr 

lorsqu'on  y  fait  x=a:o,^=/o;  et  de  ces  deux  équations 
on  pourra  tirer  les  valeurs  de  a ,  ô  pour  les  substituer 
dans  l'équation  {d). 

Au  lieu  d'éliminer  immédiatement  les  constantes  a,  b 
entre  les  trois  équations  («?),  (û?'),  (û?"),  on  peut  éli- 
miner successivement  i  et  a  entre  les  deux  premières , 
ce  qui  donnera  deux  équations  différentielles  du  premier 
ordre 


286  LIVRE    III.  CHAPITRE    V. 

/.(x,/,/,0=o,  (/O 

dont  Tune  appartient  seulement  aux  courbes  pour  les- 
quelles a  possède  une  valeur  déterminée,  b  restant  ar- 
bitraire; tandis  que  l'autre,  par  la  même  raison,  ap- 
partient aux  courbes  pour  lesquelles  b  possède  une  va- 
leur déterminée,  a  restant  arbitraire  à  son  tour. 

Tant  que  aetb  conservent  leur  indétermination ,  cha- 
cune des  équations  (^)  et  (^)  a  la  même  généralité  que 
l'équation  (</)  ou  que  Téquation  (e).  Ainsi  l'on  tirera  de 
l'équation  (/j)  en  la  différentiant ,  une  valeur  de^'  en 
.r,  ^%y,  a,  qui  satisfera  à  l'équation  (e),  quelle  que 
soit  la  valeur  de  a.  Donc ,  si  l'on  élimine  a  entre  l'é- 
quation (y^  et  sa  différentielle  immédiate 

on  retrouvera  l'équation  (e);  et  on  la  retrouverait  éga- 
lement par  l'élimination  de  b  entre  l'équation  (/j)  et  sa 
différentielle  immédiate. 

dx^  djr^^d/^    — 

Enfin  ,  si  l'on  élimine jk'  entre  les  équations  (/^)  et  (/^), 
on  retombera  sur  l'équation  (d). 
Soit ,  par  exemple ,  l'équation 

a:* — aa:  —  ij  =  o  ,  (i) 

on  aura  par  deux  differentiations  immédiates 

ao:  —  a  —  ^j'zzro,  (2) 

^-*/'  =  o,  (3) 

et  ensuite ,  par  l'élimination  des  constantes  « ,  ^ ,  l'é- 
quation du  second  ordre 

.r*  j"  —  2^j'  +  2J  =  o  .  (4) 

Si  l'on  élimine  alternativement  les  constantes  é,   n 


FORMATION  DES  ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES.      287 

entre  les  équations  (i)  et  (2),  on  obtiendra  les  deux 
équations  différentielles  du  premier  ordre 

^'/ — 2^7 — «(^/ — r)=o  ,  (5) 

^  +  *7  —  *^/  =  o  î  (6) 

qui  auront  pour  différentielles  immédiates 

aar/  +  ^y'— 2j— a^r/'— a(j'+^/'--/)  =  o  ,     (7) 
^(2  — A/0  =  o;       ^  (8) 

et  l'on  retombera  sur  Téquation  (4) ,  soit  qu'on  élimine 
a  entre  les  équations  (5)  et  (7),  soit  qu'on  élimine  b 
entre  les  équations  (6)  et  (8).  Enfin,  l'élimination  dej^' 
entre  les  équations  (5)  et  (6)  reproduira  l'équation  (i). 
Il  faut  conclure  de  cette  analyse  :  i®  qu'à  une  équa- 
tion différentielle  du  second  ordre  en  x^j^j\y'  cor- 
respondent deux  équations  de  formes  différentes  en  x^ 
7,  y  qui  y  satisfont,  ou  deux  intégrales  premières  de 
1  équation  du  second  ordre;  a®  que  ces  intégrales,  pour 
avoir  la  même  généralité  que  l'équation  du  second  ordre 
à  laquelle  elles  satisfont,  doivent  renfermer  chacune 
une  constante  arbitraire;  3®  que  l'équation  en  ^,^qui 
satisfait  à  l'une  quelconque  de  ces  équations  différen- 
tielles avec  toute  la  généralité  requise,  et  qui  satisfait 
par  conséquent  avec  la  même  généralité  à  l'équation  du 
second  ordre,  dont  elle  est  \ intégrale  seconde,  ren- 
ferme deux  constantes  arbitraires,  savoir  :  les  deux  cons- 
tantes qui  entrent  dans  la  composition  de  chacune  des 
intégrales  premières;  4®  que  ces  deux  constantes  arbi- 
traires sont  implicitement  déterminées  quand  on  assigne 
les  valeurs  initiales  j^^  jr\  correspondant  à  l'abscisse 
initiale  x^ ,  ou  quand  on  donne  un  point  par  lequel  doit 
passer  la  courbe  dont  x,j  sont  les  coordonnées  rec- 
tangulaires ,  et  la  direction  de  la  tangente  en  ce  point. 
164.  Il  est  aisé  de  poursuivre  cette  discussion  en  l'ap- 


288  LIVRE    III.    CHAPITRE    V. 

pliquant  à  des  équations  différentielles  d'un  ordre  quel- 
conque ;  et ,  généralement ,  de  ce  qu'on  peut  toujours 
faire  disparaître  n  constantes  dans  le  passage  d'une  équa- 
tion à  deux  variables  à  sa  différentielle  du  rf  ordre,  on 
conclut  que  l'intégrale  /^®  d'une  équation  de  cet  ordre , 
ou  l'équation  ea  Xj  y  qui  y  satisfait  avec  toute  la  géné- 
ralité requise  j  doit  renfermer  n  constantes  arbitraires. 
L'équation  différentielle  du  n^  ordre  a  pour  intégrales 
premières  n  équations  de  l'ordre  n —  i,  renfermant  cha- 
cune une  constante  arbitraire;  pour  intégrales  secondes 

— -^^ ^  équations  de  l'ordre  n — 2,  renfermant  cha- 
cune une  combinaison  binaire  de  ces  n  constantes; pour 

intégrales  troisièmes  — ^-^'— 0 —      équations     de 

Tordre  n  — 3,  renfermant  chacune  une  combinaison 
ternaire  des  mêmes  constantes;  et  ainsi  de  suite.  Si  l'on 
élimine  y,  y,  y*\. .  •  ,y»-«)  entre  les  n  intégrales 
premières, on  aura  l'intégrale /i*  de  la  proposée,  ou  l'é- 
quation en  a:,jr  qui  y  satisfait,  avec  les  n  constantes  ar- 
bitraires qu'elle  comporte. 

Ces  n  constantes  seront  déterminées  implicitement , 
si  l'on  assigne  les  valeurs 

7o,/o,/;o,/"o, /o^**-'^ 

pour  l'abscisse  a:^  [34]. 

On  dit  qu'une  intégrale  est  générale  ou  complète , 
lorsqu'elle  renferme  des  constantes  arbitraires  en  nombre 
suffisant  pour  qu'elle  conserve  le  même  degré  de  géné- 
ralité que  l'équation  différentielle  à  laquelle  elle  satisfait. 
Cette  intégrale  générale  donne  les  intégrales  particu- 
lières^ quand  on  attribue  des  valeurs  déterminées  aux 
constantes  arbitraires. 


FOBMATION  DES  ^QUATIOICS  DIFFÉREKTIBLLES.      289 

Ainsi  réquation 

(r  +  *)^-i-«(7  — /war')=:o, 

dans  laquelle  a,  b  désignent  des  constantes  arbitraires , 

est  l'intégrale  générale  de  l'équation  du  second  ordre 

{jr+mx')xf'+^f{X—xy)z=io.  (i) 

Si  l'on  pose  successivement  â=o,  a =00  ,on  a  deux 

équations 

74-*=o,7 — i?wr*  =  o, 

qui  toutes  deux  satisfont  à  l'équation  (9),  mais  qui  n'en 
sont  que  des  intégrales  particulières  :  la  première  ne 
renfermant  que  la  constante  arbitraire  b,  et  la  seconde 
ne  comprenant  plus  de  constante  arbitraire. 

Les  n  constantes  arbitraires  comprises  dans  une  in- 
tégrale if  doivent  être  distinctes  pour  que  l'intégrale 
soit  complète.  Il  est  clair  qu'au  lieu  d'une  constante  ar- 
bitraire C  on  pourrait  écrire  Ci  +  C»  ;  mais  ce  binôme , 
quoique  offrant  en  apparence  deux  constantes  arbitraires 
Ci  et  C>,se  comporterait  dans  toutes  les  opérations  aux- 
quelles on  pourrait  le  soumettre,  comme  la  quantité 
monôme  C  dont  il  tient  la  place  :  les  deux  constantes 
ne  seraient  pas  réellement  distinctes  et  se  confondraient 
en  une  seule.  De  même  l'expression 

ne  renferme  qu'en  apparence  deux  constantes  arbitraires 
distinctes 9  Ci,  Ca;  car  on  peut  lui  donner  la  forme 
(Cie*'  +  Cae*»)  €^;  et  tant  que  les  constantes  C^,  Ci 
restent  arbitraires,  le  facteur  de^'^- Cae"»  peut  être 
remplacé  par  une  seule  constante  arbitraire  C,  sans  que 
l'expression  perde  de  sa  généralité. 

Quand  nous  disons  que  l'intégrale  complète  a  la  même 
généralité  que  l'équation  différentielle  qui  en  dérive  ou 
à  laquelle  elle  correspond,  la  proposition  doit  être  enten- 
T.  I.  19 


290  LIVEE   m.  CHAPITRE   V. 

due  en  ce  sens  qu'elles  représentent  Tune  et  l'autre  la 
même  série  ou  les  mêmes  séries  de  courbes  :  mais  il  peut 
y  avoir  en  outre  des  équations  qui  satisfassent  à  Téqua- 
tion  différentielle  sans  être  comprises  dans  l'intégrale 
complète  ou  sans  faire  partie  de  la  série  des  intégrales 
particulières,  et  qui  portent  pour  cette  raison  le  nom 
intégrales  ou  de  solutions  singulières.  Nous  verrons 
bientôt  ce  que  signifient  géométriquement  les  intégrales 
singulières  des  équations  différentielles  du  premier  or- 
dre ^  et  nous  reviendrons  sur  ce  point  essentiel  dans  la 
théorie  de  l'intégration  des  équations  différentielles. 

S  a.  Équations  différentielles  simultanées. 

165. 11  est  toujours  possible  de  déduire  d'un  système 
d'équations  différentielles  en  même  nombre  que  les  fonc- 
tions .r,\7,  Zy de  la  variable  indépendante  t^ 

iHie  équation  différentielle  finale  entre  deux  variables 
seulement,  telles  que  /et  x.  Du  moins  la  formation  de 
cette  équation  finale  n'est  sujette  à  d'autres  difficultés 
que  celles  que  peut  présenter  l'élimination  entre  des 
équations  ordinaires,  dans  lesquelles  n'entreraient  pas 
de  coefficients  différentiels. 

En  effet,  supposons  d'abord  que  l'on  ait  deux  fonc- 
tions x^  y  dépendant  de  t,  et  deux  équations  différen- 
tielles que  nous  pourrons  représenter  par 

/(/;  a:,  x',x\  ....  a:W  ;  7,/,/',  . . .  .^'*))  =  o  , 
./.{t'.x.x'y  x'\ a;^»»»)/;  ,/,/',  ..../'»0)=o, 

x^^y  ^'^  désignant,  suivant  la  notation  de  Lagrange,  les 

ctx    ClY 

coefficients  différentiels  -y-:,  ^-On  différentiera  nx  fois 
la  première  équation  et  n  fois  la  seconde;  ce  qui  don- 


FORMATlOir  DES  EQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES.      291 

nera,  outre  les  deux  proposées, /i  +  ^iz  équations  où  le 
plus  haut  coefficient  difierentiel  de^  sera  ^  ^'*+'*'\  On 
éliminera  entre  ces  /i  -f-  /^I  -ha  équations  les  quantités 

7,/,/^ y'*+'*'^ 

dont  le  nombre  ne  peut  pas  surpasser  /z  +  /2i  +  i  :  l'é- 
quation résultante  ne  contiendra  que  t^  Xy  x\  af\  etc.  ; 
et  Tordre  de  cette  équation  résultante  ne  saurait  évi- 
demment surpasser  le  plus  grand  des  nombres  //2+/2z 

Admettons  maintenant  qu'on  ait  v  équations  entre  la 

variable  indépendante  t^  les  v  fonctions  x,  y^  z, 

et  leurs  dérivées  des  divers  ordres  par  rapport  à  ^  :  un 
pareil  système  est  ce  qu'on  nomme  un  système  d'équa- 
tions différentielles  simultanées.  Il  pourrait  se  faire  que 
toutes  les  dérivées  qui  entrent  dans  le  système  d'équa- 
tions simultanées ,  ne  fussent  pas  prises  par  rapport  à  la 
même  variable  indépendante  /;  mais  au  moyen  des  for- 
mules pour  le  changement  de  la  variable  indépendante, 
on  ramènerait  toujours  le  système  proposé  à  ne  conte- 
nir que  des  dérivées  prises  par  rapport  à  la  même  va- 
riable indépendante. 

Soient 

:fW,  /«)  ,  ^), 

les  plus  hautes  dérivées  des  fonctions  x,  /y  Zy 

qui  entrent  dans  le  système  proposé;  et  en  admettant 

qu'on  veuille  éliminer  les  variables^,  z, et  leurs 

dérivées  ,    pour    arriver    à    une    équation    finale    en 
/,  Xy  x\  x'\  etc. ,  posons 

sz=z  n  +  p  +elc. 

Si  Ton  difTérentie  s  fois  chacune  des  équations  du  sys- 
tème, on  aura,  y  compris  les  proposées,  un  nombre  to- 
tal d'équations  exprimé  par  v(j*  -|-  i);  d'un  autre  coté, 


292  LIVRE   m.    CHAPITRE   V. 

les  quantités  à  éliminer, 

:  ï.f,y\ 7^*+'>; 

Zy  si ,  z'' , ;g(P+«>  ;  etc. 

sont  en  nombre 

(/i+j+i)+(/?4-^+  i)+ete.  z=zs+{s+iXy—i)=:*{s+i)---i  ; 
et  par  conséquent  Télimination  donnera  l'équation  finale 
cherchée,  dont  Tordre  ne  peut  pas  dépasser  le  nombre 

m'\-s==.m-\-n  +p  -f-  etc. 
Mais  rien  ne  s'oppose  à  ce  que  l'ordre  de  l'équation  fi- 
nale soit  moins  élevé  :  ce  qui  arriverait,  par  exemple, 
d'après  ce  qu'on  vient  de  voir,  si  l'on  n'avait  que  deux 
équations  entre  les  variables  t,  x^yeX.  leurs  dérivées,  et 
si  les  plus  hautes  dérivées  de  jr  et  de  ^  se  trouvaient 
dans  la  même  équation. 

Considérons  particulièrement  le  cas  oii  les  équations 
proposées  étant  toutes  du  premier  ordre,  pourraient 
d'ailleurs  être  mises  sous  la  forme 
x'—J\t^^,z,....)y=fXt,x^,z,....^^^^  etc.  : 

au  lieu  de  différentier  à  la  fois  toutes  ces  équations ,  il 
sera  plus  simple  de  différentier  toujours  la  même,  ia 
première  par  exemple ,  en  substituant  après  chaque  dif- 
férentiation ,  aux  dérivées  .r',^',  z',  etc. ,  que  cette  opé- 
ration introduit  dans  le  second  membre,  leurs  valeurs 
données  immédiatement  par  les  équations  proposées. 
Après  V — 1  différentiations  successives,  on  aura  (en  y 
comprenant  la  première  des  équations  proposées)  v  équa- 
tions entre  les  dérivées  x\  x'\ . .  . . ,  jrW,  et  les  variables 
ty  X,  y  y  Zy  etc.  Il  ne  s'agira  plus  que  d'éliminer  entre 
cesv  équations  les  v  —  i  variables  j^,  Zy  etc. ,  pour  avoir 
l'équation  finale  cherchée. 


FORMATIOir  DES  :éQU AXIONS  DIFFERENTIELLES.     293 
S  3.  Des  équations  aux  différences  partielles. 
166.  Soient  données  deux  équations  de  la  forme 

F(^>r)«>T«)==o,  {g) 

dont  la  seconde  deviendrait  une  fonction  des  seules  va- 
riables ^Cjj-,  z,  si  Ton  y  substituait  pour  a  sa  valeur  tirée 
de  la  première  :  on  pourra  regarder  z  comme  une  fonc- 
tion des  deux  variables  indépendantes  x,  y;  et  si  l'on 
différentie  successivement  l'équation  {g)  par  rapport  à 
ces  deux  variables,  on  aura,  en  conservant  aux  lettres 
fy  q  leur  signification  ordinaire , 

dF       dF        dF  /df      df  \  ,  ^^ 

On  peut  éliminer  entre  les  équations  (g)  et  (g) les  fonc- 
tions fa,  9' a;  et  comme  1  équation  aux  différences  par- 
tielles du  premier  ordre  [ia4] 

qui  résulte  de  cette  élimination ,  est  indépendante  de  la 
forme  de  la  fonction  (p,  elle  exprime  une  propriété  corn* 
mune  à  toutes  les  valeurs  de  z  en  fonction  de  x,  jr,  que 
Ton  peut  tirer  de  la  formule  (g\  en  changeant  la  forme 
de  la  fonction  ^ ,  sans  changer  les  fonctions  F  etf.  G>n- 
séquemment  elle  exprime  aussi  une  propriété  commune 
à  toutes  les  surfaces  dont  l'équation  en  x,  y^  z  rentre 
dans  l'équation  (^),  moyennant  une  détermination  con- 
venable de  la  fonction  ^ . 
Soit,  par  exemple, 

a=aar-f-ij,  z — <pa=o, 


294  LIVBE    III.    CHAPITRE    V. 

OU 

zz=:zff{aa;-hbf):  (A) 

les  équations  dérivées  prendront  cette  forme  très-simple 

p  —  a<p'a  =  o  ,  y  —  i<p'a  =  o  , 
d'où 

bp  —  aqzrzo  .  (/) 

167.  Si  Ion  a  deux  équations,  l'une  aux  différences 
partielles ,  l'autre  ne  renfermant  que  les  variables  pri- 
mitives, sans  leurs  dérivées,  mais  toutes  deux  convenant 
aux  mêmes  fonctions  et  ayant  le  même  degré  de  géné- 
ralité, la  seconde  équation  est  dite  Yintégrale  générale 
de  la  première.  Ainsi  l'équation  {h)  est  l'intégrale  géné- 
rale de  l'équation  (/),  parce  qu'elle  renferme,  moyen- 
nant l'indétermination  du  signe  (p,  toutes  les  équations 
d'où  l'on  peut  tirer  une  valeur  de  z  en  fonction  de  ^,^, 
propre  à  vérifier  Féquation  (/). 

La  raison  de  cette  dénomination  ^intégrale  est  la 
même  que  pour  les  équations  qui  satisfont  à  une  équa- 
tion différentielle  ordinaire  entre  deux  variables  [iftaj. 
Concevons  en  effet  qu'après  avoir  particularisé  la  fonc- 
tion f ,  on  donne  aux  variables  or,  y  deux  systèmes  de 
valeurs  (-t?o'J^o)7C^,j^,))  et  soient  z^^z^  les  valeurs  cor- 
respondantes de  z  :  on  tirera  de  l'équation  [Ji)  la  valeur 
de  la  différence  finie  Zx  —  Zo\  mais  cette  différence  finie 
est  la  somme  ou  l'intégrale  des  accroissements  infiniment 
petits  que  reçoit  la  fonction  z  quand  x  passe  d'une  ma- 
nière quelconque  de  la  valeur  x,,  à  la  valeur  Xx ,  et  qu'ea 
même  temps  y  passe  y  aussi  d'une  manière  quelconque , 
de  la  valeur  ^o  à  la  valeur  j^^;  sauf  toujours  le  cas  excep- 
tionnel où  la  fonction  z  éprouverait  des  solutions  de 
*  continuité  du  premier  ordre  pendant  qu'on  fait  ainsi  va- 
rier les  quantités  x,  /. 


FORMATION  DES  EQUATIONS  DlFFlifiEirTIELLES.    295 

Les  équations  que  l'on  tire  de  l'équation  {h)  en  par- 
ticularisant la  fonction  arbitraire  <p,  sont  des  intégrales 
particulières  de  l'équation  {i)\  dans  tous  les  cas,  il  Êiut 
entendre  par  intégrales  particulières  celles  qui  se  tirent 
de  l'intégrale  générale,  quand  on  particularise  une  ou 
plusieurs  des  fonctions  arbitraires  que  celle-ci  doit  ren- 
fermer, afin  d'avoir  la  même  généralité  que  Téquation 
aux  dififérences  partielles  à  laquelle  elle  correspond  ,  ou 
quand  on  établit  entre  ces  fonctions  arbitraires  des  re- 
lations qui  en  restreignent  la  généralité. 

Par  exemple,  si  l'on  a  l'équation 

zz=:tf[x  +  ax)  +  ^{x—ax)  ,  [k) 

où  9,  ^  désignent  des  fonctions  arbitraires,  et  si  l'on 
calcule  au  moyen  de  cette  équation  les  dérivées  par- 
tielles du  preipier  et  du  second  ordre  ^,  y,  /•,  s  y  ty  il 
vient  : 

q=:a^\x  +  ax)—a^'{x---ax)y 

i  =  a<p"  {oc-^-ay)  —  aY  {^  —  ^7  » 
r=a*<p"(  jr  +  ay)  -{' a^^' {x  — ay)  . 

On  en  conclut  cette  équation  aux  différences  par- 
tielles du  second  ordre 

aV  =  f,  (/) 

qui  ne  contient  plus  les  fonctions  9,  v|;,  et  qui  possède, 
comme  la  suite  le  fera  \oir,  autant  de  généralité  que  l'é- 
quation (A-)  d'où  elle  est  dérivée.  Réciproquement  l'équa- 
tion (^),  qui  satisfait  à  l'équation  (/)  avec  toute  la 
généralité  possible,  en  est  l'intégrale  générale. 

Mais  si  l'on  établissait  entre  les  fonctions  9,  i/  une 
certaine  dépendance  :  si  l'on  posait  notamment  v|;  t= — 9 1, 
on  ift'=z(fty  les  équations 


296  LIVR£    III.     —    CHAPITRE    V. 

dans  lesquelles  il  reste  encore  une  fonction  arbitraire  ^, 
ne  seraient  plus  que  des  intégrales  particulières  de  Fé* 
quation  (/). 

Les  équations  aux  différences  partielles  peuvent  avoir 
auissi,  comme  les  équations  différentielles  ordinaires,  des 
intégrales  ou  des  solutions  singulières;  c'est-à-dire  que 
l'on  peut  y  satisfaire,  dans  certains  cas,  par  des  équa* 
lions  entre  les  variables  primitives,  qu'il  serait  impos- 
sible de  tirer  de  l'intégrale  générale,  en  particularisant 
les  fonctions  arbitraires  que  celle-ci  renferme.  Nous  ne 
tarderons  pas  à  voir  des  exemples  de  ces  intégrales  sin- 
gulières dans  les  applications  du  calcul  différentiel  à  la 
théorie  des  surfaces  ;  et  ce  sujet  sera  repris  dans  la  par- 
tie du  présent  Traité  où  il  s'agira  de  l'intégration  des 
équations  aux  différences  partielles. 

168.  Une  équation  aux  différences  partielles  de  Tor- 
dre n  est  susceptible  d'avoir  des  intégrales  premières  de 
l'ordre  n — i,  des  intégrales  secondes  de  l'ordre  n  —  a, 
et  ainsi  de  suite.  Par  exemple,  de  l'équation  du  premier 
ordre 

P  =  Uf,  (m) 

dans  laquelle  II  désigne  une  fonction  arbitraire,  on  ti- 
rera, en  différentiant  successivement  par  rapport  à  x  et 
par  rapport  à  j-, 

r  =  sU'qy    s=tn'q^ 
et  ensuite ,  en  éliminant  Jïq, 

rt — ^s=o.  (/i) 

La  caractéristique  n  a  disparu  de  cette  équation  du  se- 
cond ordre,  à  laquelle  l'équation  (m)  est  parfaitement 
équivalente,  tant  que  la  fonction  n  conserve  son  indé- 
termination. Par  conséquent  l'équation  (/»)  est  une  in- 


FORMATlOfT  DES  l^QUATIONS  DIFFÉRENTIfiLLBS.     297 

tégrale  première  de  Téquation  (n);  et  si  l'on  pouvait  as- 
signer une  équation  en.r,^,  z,  satisfaisant  de  la  manière 
la  plus  générale  à  l'équation  [m)^  on  aurait  l'intégrale 
seconde  de  l'ëquation  (n). 

Or,  on  satisfera  à  l'équation  (m),  non  pas  à  la  vérité 
par  une  seule  équation  en  or,  j^*,  z,  mais  par  le  système 
de  deux  équations  entre  Xy  jy  z  et  une  autre  variable 
auxiliaire  a,  savoir 

I  +^9'a+7'^'a;=0,  {o') 

la  seconde  étant  la  dérivée  de  la  première  par  rapport 
à  l'auxiliaire  a.  En  effet,  si  l'on  différentie  l'équation  {p) 
successivement  par  rapport  à  x  et  par  rapport  à  /*,  il 
viendra 

;?  =  (pa  4- ^  (1+ ^  (p'a -+•  r  ^^'a)  , 

ou  simplement,  en  vertu  de  l'équation  (r/), 

et  tant  que  les  fonctions  f,^  sont  arbitraires  aussi  bien 
que  n,  le  système  de  ces  dernières  équations  équivaut 
à  l'équation  (m). 

Le  système  des  équations  (o),  (o'),  renfermant  les  fonc- 
tions arbitraires  ç,  ^  et  une  variable  auxiliaire  a  dont 
on  ne  peut  faire  l'élimination  tant  que  les  fonctions  ç,  ^ 
restent  indéterminées,  représente  donc  l'intégrale  se- 
conde et  complète  de  l'équation  du  second  ordre  {n). 
Cette  forme  des  intégrales  des  équations  aux  différences 
partielles,  lorsqu'il  s'agit,  comme  dans  notre  exemple, 
d'équations  à  deux  variables  indépendantes ,  se  rattache 
à  des  spéculations  géométriques  très-curieuses ,  que  nous 
ferons  bientôt  connaître. 


298  LIVRB    III.    CHAPITRE   V. 

169.  On  a  vu  [i66]  que  1  élimination  d'une  fonction 
arbitraire,  dans  une  équation  à  trois  variables,  conduit 
à  une  équation  aux  différences  partielles  du  premier 
ordre  :  nous  en  conclurons  qu'inversement  Tintégrale 
générale  d'une  équation  aux  différences  partielles  du 
premier  ordre,  à  trois  variables,  doit  renfermer  une 
fonction  arbitraire  d'une  certaine  quantité  a,  détermi- 
née elle-même  en  fonction  des  trois  variables.  Quand  le 
nombre  des  fonctions  arbitraires  à  éliminer  est  plus  con- 
sidérable, l'élimination  conduit  en  général  à  une  équa- 
tion aux  différences  partielles  d'un  ordre  plus  élevé; 
mais  il  n'existe  plus  alors  de  rapport  déterminé  entre  le 
nombre  des  fonctions  arbitraires  éliminées,  et  l'ordre  de 
l'équation  aux  différences  partielles  résultant  de  l'élimi- 
nation. Réciproquement,  on  ne  peut  pas  conclure  im- 
médiatement, de  l'ordre  d'une  équation  aux  différences 
partielles,  le  nombre  de  fonctions  arbitraires  que  son 
intégrale  doit  renfermer  pour  être  générale  ou  complète: 
de  la  même  manière  que  Ton  conclut,  de  l'ordre  d'une 
équation  différentielle  à  deux  variables,  le  nombre  de 
constantes  arbitraires  que  doit  contenir  son  intégrale 
générale. 
Soient 

deux  fonctions,  dont  la  composition  en  .r,  y,  z  est  don- 
née, et  qui  entrent  sous  les  signes  de  fonctions  arbi- 
traires (p,  ^  dans  l'équation 

si  l'on  forme  les  équations 

-=o,^  =  o,  (y) 

rf»F  ^F  rfT  ,  . 


FORMATION  DES  JÎQUATIONS  DlFFÉABJilTlKLLflS.     290 

on  introduit  les  fonctions  indéterminées  fa,  ^'p,  ^"^j 
vj/^'P;  et  en  les  joignant  à  (p  a,  ^  ^  on  a  six  quantités  à 
éliminer  entre  les  six  équations  (/?),  (g^),  (r);  ce  qui  ne 
peut  conduire  en  général  à  une  équation  aux.  différences 
partielles,  indépendante  de  la  forme  des  fonctions  9,<|;. 
£n  passant  aux  dérivées  du  'i^  ordre,  on  aura  quatre 
nouvelles  équations  # 

iP¥  iPF  iPF  dP¥ 


:0  . 


dœ"—    '  dx^dy '  dxdy^ '  df~     ' 

et  l'on  n'introduira  que  deux  nouvelles  indéterminées 
ç"'a,  4^'"P  :  on  pourra  donc  former,  et  en  général  de 
plusieurs  manières,  une  équation  aux  différences  par- 
tielles du  3^  ordre,  indépendante  de  la  forme  des  fonc- 
tions ç,  ^1^,  et  dont  l'équation  (/?)  sera  l'intégrale  géné- 
rale. Mais  il  pourra  arriver  aussi  que  l'élimination  des 
fonctions  (p ,  ^  se  fasse  sans  qu*on  ait  besoin  de  passer 
aux  dérivées  du  3*  ordre,  et  qu'ainsi  I  équation  (/?)soit 
l'intégrale  complète  d'une  équation  aux  différences  par- 
tielles, du  second  ordre  seulement.  On  en  a  vu  plus  haut 
uo  exemple  sur  l'équation  (Je), 

En  général ,  soit  v  le  nombre  des  fonctions  arbitraires 
contenues  dans  une  équation  à  trois  variables  Xjj-,  z  ;  la 
composition  de  chaque  quantité  qui  entre  sous  le  signe 
de  fonction  arbitraire  étant  donnée  en  .r,  jr,  z  :  si  l'on 
joint  à  cette  équation  ses  dérivées  partielles  jusqu'à  celles 
de  l'ordre  n  inclusivement,  on  a  un  nombre  total  d'é- 
quations exprimé  par 

I  +  2+3+ -i-w-h  i=— J1-Z1-Z_'  , 

a 

tandis  que  le  nombre  des  fonctions  arbitraires  et  de  leurs 

dérivées,  entrant  dans  ce  système  d'équations,  est  v(v*-|-i). 

L'élimination  ne  sera  possible  dans  tous  les  cas  qu'au* 


300  LivaE  m.  —  chapithe  v. 

tant  qu'on  aura 

v(v-4-i)  <  ■/ — ^— ^,  ou  n  >2  V  —  a  ; 

c'est-à-dire  qu'il  faudra  en  général  pousser  les  différen- 
tiat ions  jusqu'à  l'ordre  av — ^^i,  et  que  l'équation  aux 
différences  partielles,  résultant  de  l'élimination,  sera  en 
généHil  de  Tordre  2v  —  i  ;  mais  elle  pourra  être  aussi 
d'un  ordre  moins  élevé. 

170,  Considérons  maintenant  une  équation  à  quatre 
variables. 

F[",^,,7,  ^,  <p(a,p)]  =  o,  {s) 

dans  laquelle  (p  désigne  une  fonction  arbitraire  des  deux 
quantités  a,  p  dont  la  composition  en  u,  x^y^  z  est  connue 
et  donnée  par  les  équations  auxiliaires 

a=/(w,x,7,  z),  p=/(«,:r,7,z). 

En  différentiant  l'équation  {s)  par  rapport  à  chacune 

des  trois  variables  indépendantes  x^  7,   2,  on   a  trois 

équations 

dP  dY  dY 

dans  lesquelles  figurent,  outre  la  fonction  indéterminée 

<p  (a,  p),  ses  deux  dérivées  partielles  -j-^  -^  :  or,  rien  ne 

s'oppose  à  ce  qu'on  élimine  ces  trois  indéterminées 
entre  les  quatre  équations  {s)  et  {t)  ;  et  Ton  obtiendra 
ainsi  une  équation  aux  différences  partielles  du  prer 
mier  ordre  ,  indépendante  de  la  forme  assignée  à  la 
fonction  arbitraire  <p.  Nous  en  conclurons  que  récipro- 
quement l'intégrale  complète  d'une  équation  aux  dif- 
férences partielles  du  premier  ordre ,  à  trois  variables 
indépendantes,  doit  renfermer  une  fonction  arbitraire 
de  deux  quantités^  ayant  chacune  une  composition 
déterminée. 


FORMATION  DES  ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES.     3Q.1 

Et  par  une  généralisatiou  qui  s'offre  d'eUe-même , 
nous  dirons  que  Tintégrale  complète  d'une  équation  aux 
difFérences  partielles  du  premier  ordre,  à  n  variables 
indépendantes ,  doit  renfermer  une  fonction  arbitraire  de 
n  —  I  quantités ,  composées  chacune  d'une  manière  dé- 
terminée avec  les  /ï-[-  î  variables  dont  il  y  en  a  /i  d'in- 
dépendantes 

Si  l'on  avait  Téquation 

F[a,ar,7,z,cp(a,  p)  ,  +  (y,  S)]  =  o  , 
il  faudrait  s'élever  au  4*  ordre  pour  opérer   dans  tous 
les  cas  l'élimination  des  fonctions  arbitraires  ç,  ^  et  de 
leurs  dérivées;  a,  P,  y,  ^  désignant  toujours  des  quan- 
tités dont  la  composition  est  donnée  en  u^  x^  /,  z. 

171.  Le  cas  le  plus  simple  est  celui  oîi  les  quantités 
a,  ^,.  ...  ne  contiennent  qu'une  variable  indépendante, 
par    exemple  la  variable  x.  Dans  ce   cas,  au  lieu  de 

^,  ^P, on  peut  écrire  simplement  f^Xy  f^x^ ; 

9,<(/, désignant  toujours  des  fonctions  arbitraires. 

Soit  donc 

F(^»7,^j?^>+^, )  =  o 

une  équation  à  deux  variables  indépendantes,  dans  la- 
quelle les  fonctions  arbitraires  (p.r,  t{;.r, sont  en 

nombre  n.  Si  l'on  différentie  n  fois  par  rapport  à  la  va- 
riable^, ces  difierentiations  successives  n'introduiront 
pas  les  dérivées  des  fonctions  ç ,  ^^ , et  l'on  obtien- 
dra ainsi  /z-j-i   équations ,  entre  lesquelles  on  pourra 

toujours  éliminer  les  n  indéterminées  (p^,  ^x^ 

De  même  si  l'on  avait  l'équation 

F[«,a;,7,2,(p(a:,7),^/(a:,7), ]  =  o, 

où  les  fonctions  arbitraires   ç(^,^),  ^'G^?  J^)? 

sont  encore  en  nombre  /z,  il  suffirait  de  difierentier  n 


304  LIVRB    IV.    CHAPITRE   1. 

exposé  dans  le  chapitre  III  du  premier  livre  la  généra- 
tion des  fonctions  dérivées  ou  des  coefficients  différen- 
tiels. C'est  même  par  suite  des  efforts  qui  étaient  tentés 
pour  résoudre  d'une  manière  générale  le  problème  des 
tangentes,  que  le  calcul  différentiel  a  été  trouvé;  et  on 
le  désignait  dans  l'origine  sous  le  nom  de  Métlwde  des 
tangentes. 

Le  procédé  le^plus  élégant  pour  résoudre  le  problème 
de  mener  une  tangente  à  une  courbe  au  point  {x,  y) 
consiste  à  donner  Téquation  de  cette  tangente.  Désignons 
donc  par  Ç,y)  les  coordonnées  courantes  de  la  droite  tan- 
gente ,  rapportées  respectivement  aux  mêmes  axes  et  à  la 
même  origine  que  les  coordonnées  x^y  de  la  courbe.  L'é- 
quation cherchée  sera 

pour  satisfaire  à  la  double  condition  que  la  droite  passe 
par  le  point  {x^f)  et  qu'elle  fasse  avec  l'axe  des  x  un 

angle  qui  ait  pour  tangente  trigonométrique  -j-. 

L'équation  de  la  normale  à  la  courbe,  ou  de  la  droite 
perpendiculaire  à  la  tangente  au  point  (or,  ^),  est,  en 
vertu  d'un  principe  connu  de  géométrie, 

et  on  peut  lui  donner  la  forme  plus  symétrique 
(r\ — 7)^7+ (5 — x)dxz=zo  . 
En  faisant  y)=o  dans  l'équation  de  la  tangente,  on  a 

dx       y 
^      ^  dy       f 
la  distance  ib  {x — Ç)  du  pied  de  l'ordonnée  au  point  où 
la  tangente  rencontre  l'axe  des  abscisses ,  se  nomme  la 
sous'tangente.  Le  double  signe  a  pour  objet  d'indiquer 


TANGBlfTES    ET    iTORMALfeS    DES   COURBES   PLANES.     305 

t{ue  l'on  ne  considère  dans  cette  distance  que  sa  gran- 
deur absolue,  sans  égard  au  signe  que  l'équation  précé- 
dente donnerait  au  binôme  x — ^. 

En  faisant  de  même  y)c=:o,  dans  l'équation  de  la  nor- 
male, on  trouve 

la  distance  ±($— ^x)  du  point  où  la  normale  rencontre 
l'axe  des  abscisses,  au  pied  de  l'ordonnée  correspon- 
dante, se  nomme  la  sous-normale. 

L'ordonnée  /  est  moyenne  proportionnelle  entre  la 
sous-tangente  et  la  sousHiormale, 

Quelquefois  on  entend  pai*  tangente  et  par  normale 
les  portions  de  la  tangente  et  de  la  normale  comprises 
entre  la  courbe  et  l'axe  des  abscisses.  Dans  ce  sens  (qui 
commence  à  vieillir),  la  tangente  et  la  normale  ont  res- 
pectivement pour  valeurs 


dx 


z=±jr\/i+y*  . 


Pour  chaque  courbe  donnée,  il  faudra  substituer  dans  les 

formules  précédentes  les  valeurs  éh  x  dej'  et  de^'= -j- , 

tirées  de  l'équation  de  la  courbe. 

Si  cette  équation  est  donnée  sous  la  forme 

/(j;,/)— o,  {a) 

on  à 

et  par  suite  l'équation  de  la  tangente  devient 

T.    I.  20 


306  LIVRE    IV.    CHAPITRE    I. 

c'est-à-dire  qu'on  la  déduit  de  l'équation  différentielle  de 
la  courbe,  en  y  remplaçant  les  différentielles  dx^dy 
par  les  différences  Ç — x,  t\ — y;  ce  qui  doit  être,  puis- 
qu'il est  permis  de  considérer  la  tangente  comme  le  pro- 
longement d'une  corde  menée  par  deux  points  infini- 
ment voisins. 

L'équation  de  la  normale  est 

Si  l'on  regarde  dans  les  équations  (A),  (c),  les  coor- 
données Ç,Yi  comme  des  quantités  constantes,  et  x^y 
comme  des  coordonnées  courantes,  ces  équations  appar- 
tiennent à  deux  lignes  qui  passent  par  le  point  (Ç,y)),  et 
dont  les  points  d'intersection  avec  la  courbe  {a)  déter- 
minent les  tangentes  ou  les  normales  à  cette  courbe,  me* 
nées  par  le  point  (Ç ,  yi). 

Les  équations  (è)et((?)  ne  changeraient  pas  si  l'équa- 
tion (ci)  était  remplacée  ^diX  f[Xyy)^=.Cy  c  désignant  un 
paramètre  constant  que  la  différentiation  fait  dispa- 
raître. Donc  on  peut  encore  considérer  les  lignes  (è)  et 
(c)  comme  les  lieux  géométriques  des  points  où  des 
droites  qui  concourent  au  point  (Ç,  yi)  viennent  toucher 
ou  couper  à  angles  droits  les  courbes  qu'on  obtient  en 
attribuant  au  paramètre  c  une  suite  de  valeurs  particu- 
lières. 

173.  Appelons  a,p  les  angles  que  la  tangente  forme 
avec  des  parallèles  aux  axes  des  x  et  desjr,  menées  par 
le  point  (.r^),  dans  le  sens  des  coordonnées  positives  : 
nous  aurons 

CoS«=±-=L=;;      COSp=±— ^=,  {d) 

En  appelant  X,(jl  les  angles  homologues  pour  la  nor- 


TANGKfTTES   ET    HOHMALES    DES   COURBES   PLANES.    307 

maie  y  on  obtiendra 

/  I 

cosX=-4 j     costi.=±:.  ^  (S) 

Les  signes  adoptés  pour  ces  quatre  cosinus  doivent  être 
combinés  de  manière  à  satisfaire  à  Téquation 

cos  a  cos  X  -f-  cos  p  cos  fX  =  o  , 
laquelle  exprime,  comme  on  sait,  que  la  tangente  et  la 
normale  sont  perpendiculaires  l'une  à  l'autre. 

Lorsque  l'équation  de  la  courbe  est  donnée  sous  la 
forme  (a),  on  a 

cos a      cosp  I 

^     d^      ^(:£)'^{£) 

174.  On  entend  par  la  longueur  d'un  arc  de  courbe 
entre  deux  points  donnés ,  la  limite  dont  s'approche  in- 
définiment le  périmètre  d'une  ligne  polygonale  inscrite 
ou  circonscrite  à  l'arc ,  et  terminée  aux  mâmes  points , 
quand  le  nombre  des  côtés  du  polygone  augmente  indé- 
finiment. Si  donc  on  appelle  s  la  longueur  de  l'arc  d'une 
courbe,  depuis  le  point  {x^^j^  pris  pour  origine  jus- 
qu'au point  (.r,/),  s  sera  une  fonction  de  x^  qui ,  par  la 
définition  même ,  satisfera  à  l'équation  différentielle 

ds=:±  i/dx^^df*  =  ±V/7+7^.dic  :  (s) 

le  signe  4-  ou  le  signe  —  devant  être  choisi ,  suivant  que 
l'arc  croît  ou  décroît  pour  des  valeurs  croissantes  de  x. 
Au  moyen  de  l'équation  (j),  les  formules  (rf),  (J)  de- 
viennent 

dx  dy  dy  dx 

cosff— ±  -r-  ,  cosB=±:  -y-  :  cosX=c±:  ~- ,  cos!xz=±:-7-  • 
ds         ^        ds^  ds^       '  ds 

On  dit  encore  que  la  longueur  d'un  arc  de  courbe  est 

celle  de   la  portion  de  ligne  droite  sur   laquelle  l'arc 

pourrait   s'appliquer  exactement,   s'il  était  formé  par 

•  20. 


308  LÏVHE    IV.    CHAPITRE    î* 

un  fil  flexible  et  inextensible.  Mais  cette  définition  (outre 
qu'elle  implique  au  fond  un  cercle  vicieux)  est  plutôt  phy- 
sique que  mathématique  ;et  il  en  faudrait  dire  autant  de 
toute  définition  de  la  grandeur  s^  où  l'on  prétendrait 
éluder  l'emploi  des  limites  ou  de  l'infiuiment  petit. 

Il  n'en  est  pas  de  même  pour  Taire  d'une  courbe  :  car, 
ayant  défini  l'aire  A  d'un  polygone ,  on  conçoit  direc- 
tement que,  si  l'on  trace  dans  l'intérieur  du  polygone 
une  ligne  fermée,  courbe  ou  polygonale,  on  retranche 
de  A  une  portion  B  de  cette  grandeur;  en  sorte  que  la 
notion  de  limite  ou  d'infiniment  petit  n'est  requise  que 
pour  la  mesure  de  la  grandeur  B,  si  le  contour  est  courbe , 
et  non  pour  la  définition  même  de  cette  grandeur. 

Au  surplus,  voici  comment  on  a  coutume  de  démontrer 
l'équation  (s),  lorsqu'on  ne  la  prend  pas  pour  la  défini- 
tion même  de  la  grandeur  j,  dont  l'idée  est  alors  censée 
donnée  à  priori. 

Soit  mmxifig,  [\\)  un  arc  assez  petit  pour  que,  dans 
l'étendue  de  cet  arc,  la  courbe  tourne  sa  convexité  du 
même  côté,  ou  pour  qu'elle  ne  coupe  pas  sa  tangente 
entre  m  et  t.  On  prend  pour  axiome,  d'après  Archi- 
mède,  que  la  longueur  de  l'arc  mmx  est  comprise  entre 
celle  de  la  corde  mmx  et  celle  de  la  ligne  brisée  enve- 
loppante mtmx.  Désignons  par  Ao; l'intervalle /?/?x:=w  A- 

on  a 

/wf=l/i-hr'*.Ar,  mJL:=^rt  —  rm^=.y ^ — A/, 

corde /W7W-==  V/    i-4-"r^*  ^  • 
Donc  le  rapport  de  la  ligne  enveloppante  à  la  corde  est 


v/ 


TANGENTES    ET   NORMALES   DES    COURBES    PLANES.    309 

et  il  a  évidemment  l'unité  pour  limite  :  donc  aussi  le 
rapport 


^v/.-.^ 


a  l'unité  pour  limite,  ce  qui  établit  l'équation  (s). 

175.  Donnons  quelques  applications  des  formules 
qui  précèdent.  L'équation  de  l'ellipse ,  rapportée  à  son 
centre  et  à  ses  axes,  étant  de  la  forme 

^      y*  , . 

l'équation  (A)  deviendra 


ou  bien 


ou  enfin 


--  I 7T       —  "  : 


(A.) 


-.  +  #='•  (*.) 

L'équation  (bi)  est  celle  d'une  autre  ellipse  qui  passe 
par  le  point  (Ç,y)),  et  dont  les  points  d'intersection  avec 
l'ellipse  (e)  sont  les  points  de  contact  de  cette  ellipse  et 
des  droites  venant  du  point  ($,to)' 

Si  l'on  remplace  les  demi-axes  a^  b  par  ca^cbyet  qu*on 
fasse  varier  la  constante  c,  on  obtient  une  suite  d'ellip- 
ses concentriques  et  semblables  ;  et  les  points  où  cha- 
cune de  ces  ellipses  est  coupée  par  l'ellipse  (Ai),  sont 
ceux  où  elle  serait  touchée  par  des  droites  parties  du 
point  (S, Yi). 

L'équation  (b»)  est  celle  de  la  droite  tangente  à  Tel- 
lipse  (é)  au  point  (x,  /),  quand  on  y  regarde  Ç,  y)  comme 
les  coordonnées  courantes;  et  lorsqu'on  y  considère  au 


310  LIVRE   IV.    CHAPITRE   I. 

contraire  x^j  comme  les  coordonnées  courantes  et  Ç,yi 
comme  des  constantes,  cette  équation  devient  celle  d'une 
droite  qui  coupe  l'ellipse  en  deux  points  où  elle  est  tou- 
chée par  des  droites  venant  du  point  (Ç,  yj). 

Si  Ton  fait  dans  Téquation  {b^  yi  =  o,  on  a  Ç= — ; 

oc 

ainsi  la  sous-tangente  est  indépendante  de  l'axe  2  by 
et  la  même  pour  l'ellipse  proposée  que  pour  le  cercle 
décrit  sur  l'axe  ia  comme  diamètre.  De  là  on  déduit 
une  construction  très-simple  de  la  tangente  à  l'ellipse , 
indiquée  dans  tous  les  traités  des  sections  coniques. 
L'équation  de  la  normale  à  l'ellipse  proposée  est 

et  Ton  en  tire,  en  faisant  yj=o, 

ce  qui  exprime  que  la  sous-normale  est  numériquement 
proportionnelle  à  l'abscisse. 

L'équation  de  la  parabole  ordinaire ,  rapportée  à  son 
axe  et  à  son  sommet ,  étant 

celles  de  la  tangente  et  de  la  normale  sont  respective- 
ment 

La  sous-taugente  est  égale  au  double  de  l'abscisse ,  et  la 
sous-normale  est  égale  au  paramètre  p,  ou  au  double 
de  la  distance  du  sommet  au  foyer  de  la  parabole. 
La  tangente  et  la  normale  à  la  courbe  logarithmique 

7  =  log  07 

ont  respectivement  pour  équations 


TANGENTES    ET   NORMALES    DES    COURBES    PLANES.    31 1 

Par  la  permutation  des  axes  la  première  équation  de- 
viendra 

et  en  faisant  maintenant  yi=o,  on  trouvera  x — 5=  i, 
c  est-à-dire  une  valeur  constante  pour  la  sous-tangente. 
Ce  caractère  fournit  la  véritable  définition  géométrique 
de  la  courbe,  dont  on  ne  donne  qu'une  définition  arith* 
métique  tant  qu'on  se  borne  à  dire  que  les  abscisses  sont 
les  logarithmes  des  ordonnées  correspondantes. 

176.  Parmi  les  courbes  qu'on  a  appelées  transcen* 
danteSy  à  cause  que  leurs  équations  en  coordonnées  rec- 
tilignes  renferment  des  fonctions  exponentielles,  loga- 
rithmiques ou  circulaires ,  la  plus  célèbre  dans  l'histoire 
des  mathématiques,  et  la  plus  remarquable  à  cause  de 
la  foule  de  propriétés  curieuses  dont  elle  jouit,  est  la 
cycloïde.  On  appelle  ainsi  la  courbe  décrite  par  un  point 
quelconque  M  {^fig*  4^)  de  la  circonférence  d'un  cercle 
NMN'  qui  roule  sans  glisser  sur  la  droite  indéfinie 
X'X,  base  de  la  cycloïde,  c'est-à-dire,  de  manière  que  la 
longueur  d'un  arc  quelconque  MN  soit  égale  à  celle  de 
la  portion  de  droite  ON  sur  laquelle  tous  les  points  de 
l'arc  M  N  viennent  successivement  s'appliquer.  Menons 
le  rayon  C  M=R ,  et  soit  <p  l'angle  variable  M  CN,  x=0  P 
l'abscisse  du  point  M,jr=PM  son  ordonnée  rectangu- 
laire, l'origine  O  étant  le  point  où  le  point  M  touche  la 
base  X'X  :  on  a  par  la  définition 
ON=;R<p,PN=MI=Rsin(p,  PM=IN=Rfi— cos?) , 
d'où 

^z=R(f  — sin<p),  {f) 

7  =  R(i  — cos<p)  .  {g) 

Chacune  des  équations  {f)  et  {g)  peut  être  prise  pour 


312  LIVRE    l\i    CHAPITRE    I. 

l'équation  de  la  cycloïde,  l'une  étant  entre  les  coordon- 
nées ar  et  <p ,  l'autre  entre  les  coordonnées  j  et  (p.  D'a- 
près le  mode  de  description  de  la  courbe,  rien  ne  limite 
le  nombre  des  révolutions  du  cercle  sur  la  droite  X'X> 
en  arrière  et  en  avant  du  point  O  :  la  continuité  géo- 
métrique exige  donc  que  l'on  conçoive  la  cycloïde  comme 
formée  d'une  infinité  X arceaux^  tels  que  OMQR,  par- 
faitement superposables.  La  distance  OR  des  pieds  d'un 
arceau  est  égafe  à  la  longueur  de  la  circonférence  du 
cercle  générateur;  l'ordonnée  S Q menée  par  le  milieu  de 
OR  est  égale  au  diamètre  du  cercle  et  divise  l'îarceau 
OQR  en  deux  parties  symétriques. 

Pour  représenter  ce  mouvement  indéfini  du  cercle 
générateur,  il  faut  admettre  que  k  variable  <p  peut  être 
prise  tant  positivement  que  négativement,  et  que  sa 
grandeur  absolue  peut  atteindre  et  dépasser  un  nombre 
quelconque  de  circonférences.  Or,  ceci  admis ,  chacune 
des  équations  (  /)  et  [g)  représente  en  effet  la  cycloïde 
dans  toute  l'étendue  de  son  cours,  à  cause  de  la  pério- 
dicité des  fonctions  sin  <p,  cos  (p,  établie  en  trigonomé- 
trie, et  résultant  d'ailleurs,  ^insi  qu'on  Ta  vu  [74]^  d^  '* 
fonne  des  équations  différentieHes  qui  peuvent  servir  à 
définir  analytiquement  ces  fonctions.  Il  y  a  corrélation 
exacte  entre  la  génération  géométrique  de  la  courbe  et 
la  discussion  analytique  de  son  équation;  ce  qui  tient  au 
choix  de  la  variable  indépendante <p  donnée  par  le  mode 
même  de  description  de  la  courbe,  conformément  à  la 
remarque  du  n°  11. 

Supposons  maintenant  qu'on  veuille  avoir  l'équation 
de  la  cycloïde  entre  les  coordonnées  rectangulaires  x^y: 
on  tirera  de  l'équation  {g) 

cos  9= — 5~^,  dou  sm(p  =  ±: ~ — ^  , 


TANGENTES   ET    NORMALES    DES    COURBES    PLANES.    313 

le  radical  devant  être  pris  positivement  ou  négativement, 
suivant  que  la  valeur  de  l'arc  <p  donne  à  sin  f ,  d'après 
les  règles  de  la  U'igonométrie,  une  valeur  positive  ou 
négative.  L'équation  entre  x  eiy  sera 

j:  =  R  arc cos  (-^^ )  ±  V^aRj— J*  ;  (A) 

mais  à  chaque  valeur  de  x  ne  correspondra  que  Tune 
des  valeurs,  en  nombre  infini ,  dont  l'expression 

R  arc  cos  (  — ^—  j 

est  susceptible,  et  en  outre  les  deux,  signes  du  radical 
ne  devront  pas  être  employés  simultanément.  II  faudra 
prendre  le  signe  supérieur  quand  le  point  (.r,jr)appar- 
tiettdra  à  l'arc  OQ,  et  le  signe  inférieur  quand  le  point 
appartiendra  à  l'arc  QR,  en  opérant  la  même  permuta- 
tion de  signes,  chaque  fois  que  l'on  passera  par  le  som- 
met ou  par  le  pied  d'un  arceau.  Si  l'on  employait  si- 
multanément les  deux  signes ,  l'équation  {h)  représente- 
rait le  système  de  deux  cycloïdes  inversement  disposées 
[h-  43 )j  que  leur  génération  géométrique  ne  lie  point 
'une  à  l'autre;  et  la  corrélation  habituelle  entre  la  géo- 
métrie et  l'analyse  (telle  qu'on  l'observe,  par  exemple, 
pour  les  sections  coniques)  se  trouverait  en  défaut.  Nous 
reviendrons  plus  loin  sur  le  principe  et  sur  les  restric- 
tions de  cette  correspondance  entre  les  formules  analy- 
tiques et  les  lois  géométriques  de  la  description  des 
lignes. 

177.  Pour  déterminer  la  tangente  à  la  cycloïde,on 
pourrait  difFérentier  l'équation  (A);  mais  il  sera  plus 
sinaple  de  retenir  la  variable  cp  et  d'opérer  sur  les  équa- 
tions (/)  et  {g\  ce  qui  donnera 

dlr  =  R(i — cos<p)€/(p,  rfj  =  Rsin< 


314  LIVR£    IV.    —    CHAPITRE    I. 

et  par  suite 

dx       I — cos<p  y  y 

Cette  valeur  devient  nulle  quand^=2R,  ce  qui  arrive 
aux  sommets  des  arceaux,  et  infinie  quand  j*  s'évanouit. 
Les  pieds  des  arceaux  sont  donc  des  points  de  rebrous- 
sement,  où  la  tangente  devient  perpendiculaire  à  la 
base  de  la  cycloïde.  On  a  pour  la  valeur  de  la  sous- 
normale 

J/'aRj— j*  =  R  sin  <p  . 

Ainsi  la  normale  MN  à  la  cycloïde  coupe  la  base  X'X 
au  point  N  où  cette  droite  est  touchée  par  le  cercle  gé- 
nérateur, et  la  tangente  TM  va  passer  à  l'autre  extré- 
mité N'  du  diamètre  perpendiculaire  à  la  droite  X'X. 
On  a  en  conséquence ,  pour  la  longueur  de  la  normale 
MN,  cette  valeur  très-simple  dont  nous  nous  servirons 
plus  loin, 

On  peut  remarquer  que  la  longueur  MN  décroît  de  plus 
en  plus  dans  le  voisinage  du  point  O,  quoique  la  nor- 
male s'incline  de  plus  en  plus  sur  l'axe  des  x. 

§  %.  Des  asymptotes  des  courbes  planes. 

178.  On  appelle  asymptote  d'une  courbe  plane  une 
droite  dont  un  point  mobile  sur  la  courbe  s'approcherait 
indéfiniment,  sans  jamais  l'atteindre  :  de  manière  que  la 
perpendiculaire  ^  abaissée  de  ce  point  sur  la  droite  tom- 
bât au-dessous  de  toute  grandeur  finie,  sans  jamais  s'é- 
vanouir ;  et  pour  cela  il  faut  que  la  branche  de  courbe 
sur  laquelle  on  conçoit  le  point  en  mouvement,  s'éloigne 
à  l'infini. 


ASYMPTOTES    DES   COURBES  PLAIDES.  315 

La  différence  des  ordonnées  de  la  courbe  et  de  son 
asymptote ,  pour  la  même  abscisse  y  étant  égale  au  quo- 
tient de  8  par  le  cosinus  de  Tangle  de  l'asymptote  avec 
laxe  des  a:,  converge  vers  zéro  quand  x  converge  vers 
uoe  valeur  infinie.  En  même  temps,  l'angle  de  la  tan- 
gente à  la  courbe  avec  l'axe  des  x  converge  vers  une  li- 
mite, qui  est  la  valeur  de  l'angle  formé  par  l'asymptote 
avec  le  même  axe. 

L'équation  (^)  deviendra  celle  d'une  asymptote,  si 
la  supposition  de  ^  ou  de  /  infini  y  fait  évanouir  tous 
les  termes  qui  renferment  ces  variables,  de  manière  que 
Téquation  ne  contienne  plus  que  les  coordonnées  cou- 
rantes Ç,y|  et  des  paramètres  constants.  En  conséquence 
OD  substituera  dans  cette  équation  la  valeur  de^  en  x 
tirée  de  l'équation  de  la  courbe;  puis  on  fera  a: =±00  , 
ce  qui  donnera  toutes  les  asymptotes  non  parallèles  à 
Taxe  des  jr.  On  trouvera  ces  dernières  en  substituant  la 
valeur  de  x  en  /,  et  en  faisant  ensuite  j-zz:  db  oo  . 

Si  nous  prenons  l'équation  de  l'hyperbole  rapportée  à 
son  centre  et  à  ses  axes^  savoir 

nous  aurons  pour  l'équation  de  la  tangente, 

Ç^ r\x 

Par  la  substitution  de  la  valeur  de  jy  en  x  cette  équa- 
tion devient 


X 


et  quand  on  y  fait  x=±:oo  ,  elle  se  réduit  à 

a 
équation  double ,  qui  donne  celles  des  deux  asymptotes 


316  LIVRE    IV.    CHAPITRE    ï. 

de  l'hyperbole  9  comme  on  l'a  vu  en  étudiant  les  sections 
coniques. 

L'équation  de  la  tangente  à  la  lagarithmique^=logj: 
étant 

la  supposition  x=±qo  ne  donne  point  d'asymptotes, 
après  qu'on  y  a  substitué  pour  jr  sa  valeur  en  x;  mais  si 
l'on  y  substitue  au  contraire  la  valeur  de  x  en  ^,  cette 
équation  devient 

et  quand  on  y  fait  jr== — oo  ,  elle  se  réduit  à  $=o: 
par  conséquent  l'axe  des  j  est  une  asymptote  de  la 
courbe. 

La  méthode  précédente  demande   à   être    modifiée 
dans  le  cas  oii  l'équation  de  la  courbe  n'est  pas  réso- 
luble par  rapport  à^  et  à  x.  Soit 
y  =z  ma:  -+-  n 
l'équation  d'une  asymptote  non  parallèle  à  l'axe  des  y; 

on  en  tirera 

r  n  . 

X  X 

de  sorte  que,  quand  x  convergera  vers  l'infini,  la  va- 

leur  du  rapport  —  convergera  vers  la  constante  m.  Donc, 

si  l'on  fait  dans  l'équation  de  la  courbe^=a  jî,  et  qu'on 
cherche  la  limite  de  la  nouvelle  variable  a  pour  .2:=: ±x , 
celte  limite,  quand  elle  existera,  sera  une  valeur  de  la 
constante  m.  Si  l'on  fait  ensuite,  dans  l'équation  de  la 
courbe, 

et  qu'on  cherche  pareillement  la  limite  vers  laquelle  con- 
verge la  variable  p,  quand  x  converge  vers  les  valeurs 


EMPLOI    ÛHS   GOORDONNliES    POLAIRES.  317 

±  oo ,  cette  limite  sera  une  valeur  de  la  constante  n. 

On  trouverait  de  la  même  manière  les  asymptotes 
non  parallèles  à  Taxe  des  x,  et  par  conséquent  les  asymp- 
totes parallèles  à  Taxe  des  /. 

Prenons  pour  exemple  \efoliian  de  Descartes (y^.  44)? 
dont  l'équation,  déjà  discutée  sous  un  autre  point  de 

vue  [i5a],  est 

x^  —  'iaxy  +  j'  =:  o  : 
l'équation  en  a,.r  devient 

d'où  l'on  conclut  y  pour  la  limite  de  a,/w=±  —  i.  Fai- 
sant ensuite jr-f-^=P  ,  on  a,  pour  l'équation  en  p,a;, 

ce  qui  donne,  pour  la  limite  de  p,  /^= —  a.  En  consé- 
quence, la  droitiB^-|-.r-|-a=:o  est  une  asymptote  de 
la  courbie  proposée. 

§  3.  Emploi  dés  coordonnées  polaires. 

179.  On  passe  de  l'équation  d'une  courbe  en  coôr*- 
données  rectangulaires ,  à  son  équation  en  Coordonnées 
polaires,  en  posant 

xz=.  ;*cos(p  ,    /  =  rsin9  : 
r  désigne  alors  le  rayon  vectieur  mené  de  l'origine  des 
coordonnées  (qui  prend  le  nom  de  pôle)  au  point  {x^\ 
et  <p  l'angle  formé  par  ce  rayon  vecteur  avec  le  demi- 
axe  des  X  positifs.  On  tire  de  ces  équations 

dx=drcosff  —  rsin<prf(p,  rf/=:£/rsin<p-t-rcosç^(p  ,     (/) 
et  par  suite 

^^|tang^r  ^  ^^^    »+£tangy 
'    dx      dr  d9         '  dy 


318  LIVRE   IV.    CHAPITRE   I. 

Mais^  si  l'on  appelle  0  l'angle  de  la  tangente  au  point 
{xyf)  avec  l'axe  des  or,  dans  le  sens  des  x  positifs ,  on  a 

dr  ,     dr        i+tangô.  tang<p  .       .  .. 

-f-=tangÔ,-T-  = ^ ^  =  cot(Ô— (p)  .    (/) 

dx  ^     ^rd^         tango — tan  g  9  ^       ^^       ^^ 

L'angle  6  —  <p  est  celui  que  la  tangente  à  la  courbe 
forme  avec  le  rayon  vecteur  du  point  de  contact  :  on 
peut  donc  calculer  cet  angle  par  la  formule  (y  )  et  cons- 
truire la  tangente,  quand  l'équation  de  la  courbe  est 
donnée  en  coordonnées  polaires.  Si  l'on  mène  par  le 
pôle  une  perpendiculaire  au  rayon  vecteur,  elle  coupera 
la  tangente  en  un  point  dont  la  distance  au  pôle  est 

/?=rtang(6— ç)=r»^-  {k) 

Par  analogie  on  donne  quelquefois  à  la  ligne /?  le  nom 
de  sous 'tangente. 

La  formule  (y  )  se  démontre  directement  par  une 
construction  très-simple.  Soient  m^nti  {Jig.  45)  deux 
points  d'une  courbe  infiniment  voisins ,  de  manière  que 
la  droite  m  t,  tangente  à  la  courbe  en  m,  puisse  être  prise 
pour  le  prolongement  de  Tare  infiniment  petit  mmi. 
O  est  le  pôle,  et  OX  la  droite  à  partir  de  laquelle  les 
angles  ^  sont  mesurés.  Si  l'on  décrit  du  rayon  Ont 
l'arc  de  cercle  infiniment  petit  m\Lj  on  aura  m\L^=rd^ 
^uni=dr:  on  pourra  regarder  m  (^//Zi  comme  un  triangle 
rectiligne  et  rectangle  en  (^ ,  ce  qui  donnera 

tangfx^;n.=-^  . 

Mais  on  peut  aussi  regarder  le  secteur  infiniment  petit 
Om\L  comme  un  triangle  rectangle  en  m,  d'où 
tangfx/w/7ij==cot(ô — cp). 
180.  La  longueur  s  d'un  arc  de  courbe,  mesurée  à 
partir   d'un   point   fixe  pris  sur  la  courbe,  étant  une 


EMPLOI    DES    COORDONN£ES   POLAIRES.  319 

grandeur  dont  la  définition  ne  dépend  pas  du  système  de 
coordonnées  qu'on  emploie,  il  suffit,  pour  obtenir  Tex- 
pression  de  ds  en  coordonnées  polaires,  de  substituer 
à  dx  et  à  dj^  dans  la  formule 

di*  =  rfa^  +  rfr*, 
leurs  valeurs  tirées  des  équations  (e),  ce  qui  donne 

fi;i>  =  rfr»  +  r»rf(p*  .  (/) 

La  construction  précédente  donne  aussi  ce  résultat  très- 
directement,  puisqu'elle  conduit  à  considérer  mrrix 
comme  Thypoténuse  du  triangle  m  [xmi,  rectangle  en  (x. 
On  entend  par  Taire  d'une  courbe,  rapportée  à  des 
coordonnées  polaires,  l'espace  compris  entre  cette  courbe, 
un  rayon  vecteur  fixe,  et  le  rayon  vecteur  mobile  Om. 
Ainsi ,  quand  le  rayon  vecteur  mobile  passe  de  la  posi- 
tion Om  à  la  position  infiniment  voisine  Orrix ,  l'aire  que 
nous  appellerons  u^  augmente  de  la  surface  du  triangle 
infinitésimal  Ommij  dont  on  peut  considérer  Om^ 
comme  la  base  et  m  |x  comme  la  hauteur.  On  a  donc 

rfa==:i  (r-f-rfr)rrfçp , 
et  en  négligeant  Tinfiniment  petit  du  second  ordre, 

La  différentielle  de  l'aire,  mesurée  de  la  même  manière, 
mais  exprimée  en  coordonnées  rectangulaires,  est 

ce  qui  résulte  de  ce  qu'on  a 

r^=a-+jr%  d^^d (arc tg;^^  =^ j^~^f^ >        {n) 

A  cause  de  l'importance  des  formules  (w),  {ri)  en  méca- 
nique et  en  astronomie,  on  peut  désirer  d'en  avoir 
une  démonstration  par  les  limites.  En  conséquence  re- 
marquons que  lorsque  le  rayon  vecteur  se  transporte  de 
Om  en  Oz/z, ,  les  variables  r  et  <p  augmentant  de  Ar,  A<p, 


320  LIVRE. IV.    CHAPITRE    I. 

Taire  reçoit  raccroissement  A  u  égal  à  la  surface  du  sec- 
teur Ommx.  Or ,  l'aire  de  ce  secteur  est  comprise  entre 
celles  de  deux  secteurs  circulaires  de  même  angle ,  ayant 
pour  rayons ,  l'un  r,  l'autre  r-|-Ar;  c'est-à-dire  que  l'on  a , 
Ar  étant  supposé  positif , 

Aa  >|r*  A<p,  Ai«<  l(rH-Ar)*A<p. 

Mais  le  rapport 

i(r+Ar)'Ay 

a  l'unité  pour  limite,  quand  A  <p ,  A  r  convergent  vers  zéro  : 
donc  le  rapport 

a  aussi  l'unité  pour  limite;  ce  qui  établit  l'équatioti  {m), 
181.  Lorsque  l'équation  d'une  courbe  en  coordonnées 
polaires  est  de  la  forme  r=z=/<p,y<p  étant  une  fonction 
qui  reste  réelle  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  <p ,  et 
qui  croît  ou  décroît  indéfiniment  avec  (p,  la  courbe  prend 
le  nom  de  spirale  :  elle  coupe  en  une  infinité  de  points 
chaque  droite  menée  par  le  pôle;  et  l'arc  compris  entre 
deux  intersections  consécutives  de  la  courbe  par  le 
même  rayon  vecteur  prend  le  nom  de  spire.  D'ailleurs 
les  propriétés  géométriques  de  ces  courbes  ne  sont  guère 
qu'un  objet  de  pure  curiosité. 

La  spirale  d Archimède  est  celle  .dont  l'équation 

a  la  forme  la  plus  simple.  On  peut  concevoir  qu'elle 
est  décrite  par  un  point  m  {fig.  Ifi)  qui  se  meut  avec 
une  vitesse  constante  sur  une  droite  mobile  M  N  pas- 
sant par  le  pôle  O,  tandis  que  la  droite  M  N  tourne  elle- 
même  autour  de  O  avec  une  vitesse  angulaire  cons- 
tante, c'est-à-dire,  en  décrivant  des  arcs  égaux  en  temps 


EMPLOI   DES   GOOklDOimÉES   POL\IRES.  321 

égaux.  Il  faut  admettre  aussi  que,  quand  le  point  m 
passe  par  le  pôle,  la  droite  mobile  MN  coïncide  avec 
la  droite  fixe  O  X,  à  partir  de  laquelle  les  angles  9  sont 
mesurés. 

On  peut  toujours  supposer  positif  le  paramètre  a  qui 
mesure  la  longueur  que  le  point  m  parcourt  sur  la 
droite  MN,  tandis  que  cette  droite  décrit  un  angle  qui 
est  à  la  demi-circonférence  dans  le  rapport  de  i  àir.  La 
constante  a  étant  positive,  r  deviendra  négatif  avec  ç; 
et  il  est  évident,  d'après  la  loi  du  mouvement,  que  les 
valeurs  négatives  du  rayon  vecteur  devront  être  mesu- 
rées en  sens  inverse  des  valeurs  positives.  Ainsi,  lors- 
que OM  fait  avec  OX  l'angle  positif  MOX,  le  rayon 
vecteur  sera  mesuré  de  O  en  m;  mais  auparavant  OM 
avait  fait  avec  OX  Tangle  négatif  M'OX,  et  alors  le 
point  mobile  m  se  trouvait  en  m\  de  sorte  que  le  rayon 
{^nî  doit  être  mesuré  en  sens  contraire  de  OM'. 

La  spirale  d'Archimède  comprend  donc  deux  systèmes 
de  spires  inversement  disposés,  et  qui  se  raccordent  à 
l'origine  :  si  l'on  supprimait  un  de  ces  systèmes  en  ar- 
rêtant brusquement  la  courbe  à  l'origine,  on  n'aurait 
point  égard  à  la  loi  de  continuité  dans  le  mouvement 
composé  d'où  résulte  la  description  de  la  courbe. 

L'équation  de  cette  spirale  donne 


r 


tang(e— (p)=-  =  9, 

en  sorte  que  la  courbe  touche  à  l'origine  la  droite  OX. 
On  a  aussi,  d'après  la  formule  (X:), 

Soit  R=aa7r,  de  manière  qu'à  chaque  révolution  du 
point  décrivant,  le  rayon  vecteur  augmente  de   R  :  il 
T.  I.  ai 


322  UVRK    IV.   CHAPITRE   I. 

viendra 

ce  qui  donne  la  valeur  très-simple,  trouvée  par  Archi- 
mède^ /?= 2 itR,  lorsque  (p=:2ir. 

On  nomme  spirale  hyperbolique  {fig.  47)  celle  qui  a 
pour  équation 

d'oïl 

tang(e_<p)=:  — <p'. 

Cette  courbe  décrit  une  infinité  de  révolutions  autour 
du  pôle  dont  elle  s'approche  indéfiniment  sans  jamais 
l'atteindre,  puisqu'il  faudrait  donner  à  9  une  valeur  in- 
finie pour  que  r  s'évanouît.  Elle  a  pour  asymptote  la 
droite  dont  l'équation  en  coordonnées  rectangulaires  se- 
rait /*=a^  le  demi-axe  des  x  positifs  étant  la  droite  à 
partir  de  laquelle  on  mesure  les  angles  9.  En  effet ,  l'é- 
quation (/?)  devient  dans  ce  système  de  coordonnées 

sin  9 

rz=,a ^> 

? 
ce  qui  donne  x^^^9  pour  9=0. 

Si  Ton  a  égard  aux  valeurs  négatives  de  f  et  que  Ton 
construise  les  valeurs  négatives  de  r  qui  leur  correspon- 
dent,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  pour  la  spirale 
d'Archimède,  la  spirale  logarithmique  aura  deux  bran- 
ches symétriques.  Mais  comme  il  existe  toujours  une  so- 
lution de  continuité  entre  les  deux  branches  ainsi  cons- 
truites ,  cette  extension  donnée  à  la  construction  de 
l'équation  (/?)  reste  purement  conventionnelle  et  ne  de- 
rive  pas  (de  même  que  pour  la  spirale  d'Archimède)  de 
la  nécessité  de  maintenir  la  continuité  du  mouvement 
en  vertu  duquel  la  courbe  est  décrite. 


BMPXiOI    DES   GOORDONiriES   POLAIRES.  323 

La  spirale  logarithmique  est  celle  qui  a  pour  équation 

f  =—  log  r ,  ou  r  =  e^'\ 
m 

elle  fait,  comme  la  spirale  hyperbolique^  une  infinité  de 

révolutions  autour  du  pôle,  sans  jamais  Tatteindre,  mais 

elle  n'a  pas  d'asymptote.   La  formule  (y)  donne  pour 

cette  courbe 

cot  (6  —  <p)  =  m  ; 

ce  qui  exprime  que  le  rayon  vecteur  forme  avec  la  tan- 
gente un  angle  constant,  propriété  remarquable  et  qu'il 
convient  de  prendre  pour  la  définition  géométrique  de  * 
la  courbe  [i75]. 


ai. 


.»,*/%  l^%v'%.'%v'*'*'«/»'**'%^'V«^  %.^.^'».m^v'v*  V»^>«^«*%v^*^%*.*%<»^m/k-*'^^  fc^-*.  w^i^V*** 


CHAPITRE  II. 


THEORIE    DES    ENVELOPPES    DES    LIGNES   PLANES. 

182.  Soit 

F(^,/,  a)=o,  {a) 

réquatioQ  d'une  série  de  courbes,  en  nombre  infini,  qui 
me  diffèrent  que  par  la  valeur  du  paramètre  a  [162],, et 

/(^)r»/)=o>  (*) 

l'équation  différentielle  qui  convient  à  la  même  série  de 
courbes,  laquelle  s'obtient  par  l'élimination  de  la  cons- 
tante a  entre  l'équation  (a)  et  sa  dérivée  immédiate  :  il 
peut  se  faire  que  les  courbes  de  la  série  ne  se  ren- 
contrent point,  quelque  voisines  que  soient  les  valeurs 
données  consécutivement  au  paramètre  a.  Ce  cas  se 
présente  toutes  les  fois  qu'on  ne  peut  tirer  de  l'é- 
quation (h)  qu'une  seule  valeur  réelle  pour^',  quelles 
que  soient  les  valeurs  réelles  attribuées  à  j;  et  à  /:  puis- 
que, si  plusieurs  des  courbes  de  la  série  (a)  se  coupaient 
en  un  point  (.2:0,70)9  les  valeurs  Xo,/o  devraient  don- 
ner à  jr 'autant  de  valeurs  différentes  qu'il  y  a  de  courbes 
qui  se  coupent  en  ce  point,  ayant  chacune  leurs  tan- 
gentes au  point  d'intersection  diversement  inclinées  sur 
l'axe  des  abscisses. 

Si,  par  exemple,  on  pose  a:* -f-^* — 'a =0,  les  courbes 
de  la  série  sont  des  cercles  concentriques  qui  ne  peuvent 
avoir  de  points  communs,  quelque  valeur  qu'on  assi|[hè 
à  la  différence  des  rayons.  L'équation  (é)  devient 
a:-\'jry=o^  et  elle  ne  donne  à  /,  comme  cela   doit 


DES  ENVELOPPES  DES  LIGNES  PLANES.     325 

être,  qu'une  seule  valeur  réelle,  pour  toutes  les  valeurs 
réelles  de  a:  et  de  /. 

A  la  vérité,  pour  a:=o,/=o,  la  valeur  de  j*'  se 
présente  sous  la  forme  indéterminée  ~;  mais  en  ap- 
pliquant la  méthode  du  n^  i4a  à  la  recherche  de  la 
vraie  valeur  de  /%  on  tombe  sur  l'équation /'*= — i, 
dont  les  racines  sont  imaginaires. 

Il  peut  arriver  aussi  que  les  lignes  comprises  dans 
la  série  {a)  se  coupent  toutes  en  un  même  point;  et  ceci 
doit  avoir  lieu  lorsque  les  valeurs  des  coordonnées  de  ce 
point  donnent  à  /'^  en  vertu  de  l'équation  (é),  une  va- 
leur réellement  indéterminée.  Ainsi  l'équation  jr — aoc=o 
appartient  à  une  série  de  droites  qui  se  coupent  toutes 
à  l'origine  des  coordonnées  ;  et  Téquation  (A)  devenant 
dans  ce  cas^'o: — j=:o^  on  trouve  que  l'indétermina- 
tion de  j\  pour  les  valeurs  a:=o,jr=o,  ne  peut  être 
levée^      -^.^^^^^^ 

183.  Au  contraire,  si  l'équation  (é)  est  telle,  qu'elle 
donne  à  y  plusieurs  valeurs  réelles ,  pour  une  infinité 
de  systèmes  de  valeurs  réelles  de  x  et  de  j^  les  courbes 
de  la  série  (a)  se  coupent  en  un  ou  plusieurs  points. 
Pour  plus  de  simplicité  nous  admettrons  que  deux 
courbes  prises  dans  la  série  n'ont  qu'un  seul  point  d'in- 
tersection :  cette  supposition  ne  changera  rien  à  l'ana- 
lyse et  facilitera  les  raisonnements. 

Désignons  par  a  et  par  a-[^Aa  deux  valeurs  dis- 
tinctes du  paramètre  :  les  courbes  qui  correspondent  à 
ces  valeurs  particulières  ont  pour  équations 

F(^,/,  a)=o,  (a) 

F(a?,/,a-f-Aa)  =  o;  {a,) 

les  coordonnées   du  point   d'intersection  sont  les  va- 
leurs de  Xyfy  tirées  du  système  de  ces  deux  équations. 


326  LIVRE    IV.    CHAPITRE   II. 

Ces  coordonnées  varieront,  et  le  point  se  déplacera  sur 
la  première  courbe  quand  on  prendra  A  a  de  plus  en 
plus  petit.  Passons  à  la  limite  en  supposant  À  a  infini- 
ment petit  :  l'équation  {ax)  deviendra 

F(^,  j,û)4-^rf«  =  o; 

en  sorte  que  le  système  des  équations  (a),  («i)  sera  rem- 
placé par 

F(ar,jr,  a)  =o  ,  (a) 

^  =  ^^  (^) 

et  les  valeurs  de  Xyjr^  tirées  de  ce  nouveau  système ,  se- 
ront les  limites  dont  s'approchent  indéfiniment  les  va- 
leurs des  mêmes  coordonnées,  tirées  du  système  (a),  («ij, 
quand  on  fait  décroître  indéfiniment  A  a. 

En  d'autres  termes,  le  point  {x^y)  ainsi  déterminé 
eist  le  point  d'intersection  des  deux  courbes  infiniment 
voisines  qui  ont  respectivement  pour  équations 
F(^,7,a)  =  o, 
F (^,7,  a  +  da)  =  o  . 
Ce  point  se  déplace  quand  on  change  la  valeur  du  pa- 
ramètre; il  décrit  sur  le  plan  une  ligne  continue  quand 
on  fait  varier  ce  paramètre  sans  discontinuité;  et  d'a- 
près les  premières  notions  de  la  géométrie  analytique  , 
l'isquation  de  cette  ligne 

?(^ir)  =  o,  (a) 

s'obtient  par  l'élimination  de  a  entre  les  équations  (a),  {a'). 
La  ligne  (a)  jouit  d'une  propriété  remarquable ,  celle 
de  toucher  toutes  les  lignes  de  la  série  (a).  Effective- 
ment l'équation  (a)  n'est  autre  chose  que  l'équation  (a) 
'  oîi  l'on  a  mis  pour  a  sa  valeur  en  fonction  de  x^y,  ti- 
rée de  l'équation  (a').  On  peut  donc,  au  lieu  de  diffé^ 


DES   ENVSIiOPPES    DES   LIGNES   PLAINES.  327 

rentier  immédiatement  l'équation  (a)  pour  déterminer 
la  tangente  à  la  courbe  que  cette  équation  représente , 
différentier  Téquation  (a)  en  y  regardant  la  quantité  a, 
non  plus  comme  un  paramètre  constant,  mais  comme 
une  fonction  des  variables  x,  y^  ce  qui  donne  (  à  cause 
que  la  variable^ est  elle-même  une  fonction  de  oc) 

ou  plus  simplement 

dF       ,dF 

puisque  l'expression  en  x^y^  qu'il  faut  substituer  pour 
Uy  est  précisément  celle  qui  satisfait  à  l'équation  {à). 

Donc,  pour  le  point  commun  aux  deux  courbes  (a),  (ce), 
la  dérivée  /'  a  la  même  valeur,  quelle  que  soit  celle  des 
deux  courbes  que  l'on  considère,  ce  qui  revient  à  dire 
que  les  deux  courbes  ont  en  ce  point  une  tangente 
commune,  ou  se  touchent  mutuellement. 

On  donne  aux  courbes  de  la  série  (a)  le  nom  d'e/^^e* 
loppéeSf  el  à  la  courbe  (a)  le  nom  àierweloppey  parce 
qu'elle  touche  ou  enveloppe  toutes  les  courbes  (a). 

On  donne  aussi  à  la  courbe  enveloppe  le  nom  de  ligne 
de  contacty  parce  qu'elle  est  le  lieu  des  points  de  con- 
tact de  deux  enveloppées  infiniment  voisines;  ou  (ce 
qui  signifie  la  même  chose)  parce  que  le  point  d'inter- 
section de  deux  enveloppées  de  plus  en  plus  voisines, 
se  rapproche  indéfiniment  de  la  ligne  enveloppe ,  en 
même  temps  que  les  tangentes  des  deux  enveloppées  au 
point  d'intersection  tendent  indéfiniment  vers  la  coïnci- 
dence. 

184.  Pour  fixer  les  idées  par  un  exemple,  prenons 
l'équation 


328  LIVBE    IV.    CHAPITRE   II. 

y^ax ~^  ^  W 

qui  est  celle  de  la  parabole  que  décrirait  dans  le  vide 
un  point  matériel  pesant,  lancé  de  l'origine  des  coor- 
données sous  l'angle  de  projection  dont  la  tangente  est 
Uy  les  ordonnées  y  étant  mesurées  verticalement  du  bas 
en  haut  (').  Si  l'on  fait  varier  sans  discontinuité  l'angle 
de  projection  et  par  suite  le  paramètre  à,  on  obtient 
une  infinité  de  paraboles  dont  l'enveloppe  a  pour  équa- 
tion, d'après  les  formules  ci-dessus, 

^  =  v(f  — r)  ,ou/?»~2/?7— ^  =  o^        (y) 

de  sorte  que  cette  enveloppe   est  une  autre  parabole, 
ayant  son  foyer  à  l'origine  {fi^.  48). 

Il  peut  arriver  que  l'enveloppe  (a)  touche  les  courbes 
.  comprises  dans  une  portion  de  la  série  {a)  et  ne  touche 
pas  celles  des  courbes  (a)  qui  appartiennent  à  une  autre 
portion  de  la  série.  Imaginons  que  le  centre  d'un  cercle 
de  rayon  variable  se  meuve  sur  l'axe  des  abscisses 
(/?^.  49)1  de  manière  que  l'abscisse  OP  du  centre  de  ce 
cercle  et  son  rayon  P  M  soient  l'abscisse  et  l'ordonnée 
de  l'ellipse  AB  A'B'  qui  a  pour  équation 

l'équation  commune  à  la  série  des  cercles  dont  il  s'agit, 
est 

(j;_a)«H-j«_£.(m'-a*)  =  o, 

a  désignant  l'abscisse  du  centre  ;  et  de  là  on  déduit 

x"  f 

(')  Traité  de  Mécanique ,  par  M.  Poisson,  1. 1,  p.  897. 


DE^   ENVBLOPPES    DES   LIGNES   PLANES.  329 

pour  Téquation  de  la  courbe  enveloppe ,  qui  est  une 
autre  ellipse  aBa'B'^  concentrique  avec  la  première, 
ayant  le  même  axe  BB' et  l'axe  aa'>AA'.  Or,    pour 

toutes  les  valeurs  de  a  comprises  entre  .  .■  et  m , 

les  cercles  infiniment  voisins  ne  se  touchent  plus  et  ne 
touchent  plus  Tel lipse  enveloppe;  puisque  le  système  des 
équations  (a),  (a)  donne 


t 


m'  '  nr 

Son  résulte  pour  jr  une  valeur  imaginaire  dès  que  a 


m 


185.  Quand  une  ligne  est  donnée  par  une  équation 
F(^,7,a,*)=:o, 
dans  laquelle  entrent  deux  paramètres  Uy  b,  on  peut  se 
proposer  d'établir  entre  a,  b  une  liaison  telle,  que  les 
enveloppées  engendrées  par  la  variation  continue  du 
paramètre  Uy  aient  pour  enveloppe  une  ligne  donnée 

Dans  ce  cas,  les  dérivées  de  F  et  de  ^  devant  donner 
pour  y  la  même  valeur,  on  a,  en  éliminant^'  entre 

ces  dérivées, 

dF   do       rfF    d<^ 
dx    dy       djr    dx  ' 

après  quoi,  l'élimination  de  x^y  entre  les  trois  équa- 
tions que  l'on  vient  d'écrire ,  conduit  à  l'équation  cher- 
chée entre  les  paramètres  Uy  b. 
Soit,  par  «xemple, 

/*-|-aaa;-+-i  =  o 
l'équation  d'une  parabole  dont  le  grand  axe  coïncide 
avec  celui  des  Xy  et 


330  LIVRB   IV.   CHAPITRE   II. 

l'équation  d'un  cercle  qui  doit  devenir  la  ligne  de  con- 
tact de  toutes  les  paraboles  représentées  par  la  première 
équation ,  quand  on  y  fera  varier  Uy  après  avoir  établi 
une  liaison  convenable  entre  a  et  6  :  on  a ,  en  diffé- 
rentiant  ces  deux  équations , 

7/  +  a  =  o,   ;r+/7'=p, 

d'où  .r=:  a.  Cette  valeur  de  Xy  substituée  dans  l'équa- 
tion de  la  parabole  et  danâ  celle  du  cercle,  donne 
y*  +  2^z* H-i=o,  /*-|-a*  —  r*=:o  ; 

et  par  suite 

*  =  -(«>  +  /-)  5 

en  sorte  que  l'équation  des  enveloppées,  où  le  paramètre 
a  reste  arbitraire,  prend  la  forme 

/*  -f-  a<ur—  (  a"  +  r*  )  =  o  • 

186.  Il  peut  se  faire  que  l'enveloppe  soit  une  des  en- 
veloppées, ou  que  l'équation  de  l'enveloppe  se  tire  de 
l'équation  générale  des  enveloppées,  par  l'attribution 
d'une  valeur  déterminée  au  paramètre  variable.  C'est  ce 
qui  arrive  lorsque  la  valeur  de  a  en  fonction  de  x^jj 
tirée  de  l'équation  {a\  se  réduit,  en  vertu  de  l'équation 
(a)  propre  à  l'enveloppe,  à  une  valeur  constante,  qui 
pourrait  être  zéro  ou  l'infini.  Prenons,  par  exemple, 
pour  l'équation  des  enveloppées 

(a?* 4-/*  —  ^)  (^  —  iax)-\-{f' — r»)a»  =  o  : 
nous  tirerons  de  l'équation  (a') 

et  cette  valeur  de  a,  substituée  dans  la  proposée,  donne 
pour  l'équation  de  l'enveloppe 


DES    ENVELOPPES   DES    UGICES    PLANES.  331 

Or  celle-ci  rend  nulle  la  valeur  de  a  four^iie  par  l'équa- 
tion précédente;  et  en  effet,  il  est  clair  <i[ue  l'équation 
de  l'enveloppe  se  tire,  dans  ce  cas  particulier,  de  l'équa- 
tion générale  des  enveloppées,  par  l'attribution  au  pa- 
ramètre a  de  la  valeur  particulière  zéro.  Mais,  en  gé- 
néral, les  variables  Xyy  ne  disparaissent  point  de  la 
valeur  de  ^ï  tirée  de  l'équation  {d\  et  par  suite  l'enve- 
loppe n'appartient  pas  à  la  série  des  enveloppées. 

Ceci  rend  raison,  au  moins  en  ce  qui  concerne  les 
équations  différentielles  du  premier  ordre,  de  l'exis- 
tence de  ces  intégrales  ou  solutions  singulières',  dont  il 
a  été  question  au  n^  164.  Il  est  clair  que  l'équation  {ci) 
est  l'intégrale  générale  de  l'équation  {b)\  que  la  série 
des  enveloppées  correspond  à  la  série  des  intégrales 
particulières;  et  que  l'intégrale  singulière  de  l'équation 
(À)  est  l'équation  (a)  de  Tenveloppe,  qui,  en  général,  ne 
coïncide  pas  avec  l'une  des  enveloppées,  bien  que  son 
équation  satisfasse  aussi  à  l'équation  (é),  puisqu'on  en 
tire  pour  y  une  valeur  en  Xyj,  identique  à  celle  qui  se 
tire  de  l'équation  (a),  après  qu'on  a  chassé  de  celle-ci  le 
paramètre  a. 

187.  Les  deux  enveloppées  qu'on  obtient  en  attri- 
buant au  paramètre  a  les  valeurs  distinctes  a,  a-^-S.a, 
ont  en  général  un  point  d'intersection  [i83];  et  pour 
les  valeurs  de  x,  y  qui  appartiennent  à  un  point  d'in- 
tersection ,  la  valeur  de  a  en  fonction  de  Xj^j  tirée  de 
l'équation  (a),  est  au  moins  double,  puisqii'il  doit  y 
avoir  une  valeur  de  a  correspondant  à  chacune  des  en- 
veloppées qui  se  coupent  en  ce  point.  Mais  sur  la  Ugne 
même  de  contact  il  n'y  a  plus  d'intersection;  d'oii  il 
faut  conclure  que  plusieurs  des  valeurs  de  a  en  fonc- 
tion de  x^y,  tirées  de  l'équation  (a),  deviennent  égales 


332  LIVRE   IV.    CHAPITRE    II. 

pour  les  valeurs  de  x^j  qui  satisfont  à  Téquation  de  la 
ligne  de  contact.  Ainsi  l'équation  (c)  donne 

^^P^^yp'  —  '^PÏ  —  ^  ^ 

X 

et  les  deux  valeurs  dea  deviennent  égales  pour  les  points 
situés  sur  la  ligne  enveloppe  (y).  Or,  on  sait,  par  la 
théorie  des  équations  algébriques,  que  l'équation  {a) 
exprime  précisément  la  condition  pour  que  Téquation 
(a),  censée  algébrique  et  rationnelle  par  rapport  à  l'in- 
connue a^  acquière  des  racines  égales. 

Si  l'équation  {a)  a  été  résolue  par  rapport  à  a^  et 
mise  sous  la  forme 

«~f(^»r)  =  o»  (a) 

il  faut  concevoir  que  l'équation  (a)  est  multiple,  à  cause 
des  radicaux  qui  entrent  dans  sa  composition  et  des 
doubles  signes  qu'ils  entraînent  avec  eux,  de  façon  qu'elle 
équivaut  à  plusieurs  équations  distinctes 

a — f.(^,7)=:o,  a— f,(a;,7)  =  o,  etc.  (a,) 
Ainsi  l'équation  (c)  donne  par  la  résolution  ces  deux 
équations  distinctes 


.pM/p'—'^Pï—^, 


w 


X 

L'équation  (ca)  subsiste  pour  tous  les  points  de  la  para- 
bole enveloppée  situés  sur  la  portion  m  O  de  la  courbe 
{Jig.  48);  et  l'équation  (ci)  subsiste  à  son  tour  pour 
tous  les  points  situés  sur  la  portion  mn.  En  effet,  le 
binôme  ax  — /?,  dont  le  premier  terme  représente  For- 
donnée  variable  de  la  tangente  O/,  et  dont  le  second 
terme  est  une  constante  égale  au  paramètre  de  la  para- 
bole enveloppe,  est  évidemment  négatif  quand  x  s'éva- 


DES   ENVELOPPES   D^   LIGNES   PLANES.  333 

nouit;  il  diminue  numériquement  de  valeur  pour  des 
valeurs  croissantes  de  x^  jusqu'à  ce  qu'il  s'annule  quand 
X  devient  l'abscisse  du  point  de  contact  de  l'enveloppe 
et  de  l'enveloppée;  après  quoi,  la  valeur  de x  continuant 
à  croître,  il  prend  nécessairement  une  valeur  négative. 
188.  Lorsque  l'équation  (a)  a  été  mise  sous  la  forme 
(a),  l'équation  (a)  se  réduit  à  i=o;  résultat  absurde, 
qui  ne  peut  donner  l'équation  de  la  ligne  enveloppe. 
Ceci  provient  de  ce  qu'en  effet,  comme  on  vient  de  le 
voir,  les  portions  de  courbes  représentées  par  l'une  des 
équations  (a^)  n'ont  plus  de  points  d'intersection. Mais  il 
faut  remarquer  que,  si  l'on  substitue  pour  a  sa  valeur 
f(x^)  dans  l'équation  (a), celle-ci  deviendra  identique, 
ainsi  que  ses  dérivées  par  rapport  à  x  et  à  /,  en  sorte 
qu'on  aura  identiquement    ^ 

tùc       da    dx  ^  dy       da*  djr         ' 

d'où 

rff  __^    rfF      df__dF^dF 
dx  dx  '  da^   dy  dy  '  da 

Or,  la  relation  entre  Xyj^  qui  est  l'équation  de  la  ligne 

enveloppe,  fait  évanouir  -7-,  quand  l'équation  {a)  a  été 

délivrée    de  radicaux  :  donc   elle  doit    rendre   infinis 

d(    df  .  ^        .  ,  „, 

-7-  ,  -j-  /  ce  qui  fournit  un  moyen  de  trouver  1  équa- 
tion de  l'enveloppe,  même  lorsque  l'équation  des  enve- 
loppées se  trouve  résolue  par  rapport  à  a.  Ainsi ,  quand 
on  prend  pour  f  la  valeur  tirée  deJ'équation  (c),il  vient 

dî Zfzp*±2pjr—p{/^p*—!Àpjr — x* 

^  x^y/'p'—ikpy'^a^  ^ 

di^ P 

dj        '~x|/^j^^2/?7— ^  ' 


334  LIVRE  IV.  —  (Chapitre  ii. 

et  l'on  retrouve    l'équation  de  l'enveloppe  (y)  ps^r  la 

condition  que  ces  valeurs  deviennent  infinies. 

Le  raisonnement  qui  conduit  à  cette  conséquence 
peut  encore  être  présenté  sous  la  forme  suivante. 

Lorsque  l'on  différentie  successivement  l'équation  (a) 
en  y  considérant  la  quantité  a,  d'abord  comme  une 
constante,  puis  comme  une  fonction  des  variables  Xyj-y 
on  a  [i83] 

dF        ,dF 


d'où 


dF  dF       dF  (da  da\  _ 

Si"*"  ^  rf^  ■*■  3^  V5ï"*"^^;  — ""' 


_^     dF 
^~      dx' dy' 
dF    dF      dF  rda       ,da\    dF . 


^~       H*' dy      da\dv'^^  drJ 


et  ces  deux  valeurs  de  /  coïncideront,  si  l'on  détermine 
a  en  fonction  de  x^y,  de  manière  à  vérifier  Tune  ou 
l'autre  des  deux  équations 

dF  dF 

Ta^'':Ty  =  '^   • 

Quand  la  fonction  F  est  une  fonction  algébrique,  dé- 
livrée de  radicaux  et  de  dénominations,  la  seconde  de 
ces  équations  ne  peut  pas  avoir  de  solutions  ;  mais  en 
général,  les  diverses  transformations  auxquelles  on  sou- 
met l'équation  (a),  en  faisant  apparaître  ou  disparaître 
des  dénominateurs  ou  des  radicaux,  ont  pour  effet  d'in- 
troduire dans  l'une  de  ces  deux  dernières  équations  les 
solutions  qui  disparaissent  de  l'autre.  D'ailleurs,  lorsque 

.   ,    dF 
la  dérivée  ^-  devient  infinie ,  il  faut  qu'en  général  la 


DES    ElTYELOPPES   DES    LIGNES    PLANES.  335 

dérivée  ^  devienne  aussi  infinie,  sans  quoi  la  dérivée^' 

serait  constamment  nulle. 

189.  Rien  ne  s'oppose  à  ce  que  les  enveloppées  soient 
des  lignes  droites,  ou  à  ce  que  Téquation  (a)  ait  une 
forme  linéaire  par  rapport  aux  variables  x^  :  dans  ce 
cas,  le  système  des  enveloppées  se  confond  manifeste- 
ment avec  le  système  des  tangentes  de  la  courbe  enve- 
loppe. 

L'équation  {a)  étant  linéaire  en  x^jr,  aura  la  forme 

mais  on  peut  changer  de  constante  arbitraire  et  poser 

^a=:c,  ce  qui  donne  à  l'équation  précédente  la  forme 

plus  simple 

yzzz.cx  +  ^c  \ 

1  équation  (è)  devient  dans  ce  cas 

On  peut  prendre  pour  système  d'enveloppées  le  sys- 
tème des  droites  normales  à  une  courbe  donnée  :  mais 
alors  les  relations  de  la  courbe  enveloppe  avec  la  courbe 
primitive  donnent  naissance  à  une  théorie  fort  impor^ 
tante,  qui  mérite  une  étude  spéciale,  et  dont  Texposi- 
tioQ  est  l'objet  du  chapitre  suivant. 


4 


<%  %<»li>»»^»»  y»  »*v»  «>«»«»»*»»*  ^«»%  v»««*«i««««' 


CHAPITRE  m. 


THEORIE    DES    DÉVELOPPÉES    ET   DES  RATOÏTS    DE    COUR- 
BURE   DES    COURBES    PLANES.    —  *  NOTIONS    SUR    LES 

CAUSTIQUES. THEORIE    DES    CONTACTS    DES  DIVERS 

ORDRES  ENTRE  LES  LIGNES  PLANES. 


§  I*'.  Théorie  des  développées  et  des  rayons  de  courbure  des  \ 
courbes  planes. 

190.  Désignons,  comme  dans  l'avant-dernier  chapi- 
tre, par  Ç,7i  les  coordonnées  courantes  de  la  normale  à 
la  courbe 

/(x,r)  =  o  (/) 

au  point  (^,/),  les  coordonnées  Ç,yj  étant  toujours  pa- 
rallèles aux  coordonnées  Xyy  et  comptées  de  la  même 
origine  :  l'équation  de  la  normale  est 

\—x  +  {r\—y)fz=:iO.  (l) 

Si  l'on  y  substituait  les  valeurs  de^,y  en  fonction  de 
x,  tirées  de  l'équation  (  /),  elle  prendrait  la  forme 

F(Ç,,,,^)=o,  .  (a) 

en  restant  linéaire  par  rapport  aux  variables  Ç ,  »  ;  et 
l'on  pourrait  y  considérer  x  comme  le  paramètre  va- 
riable dont  la  valeur  détermine  chacune  des  droites 
normales,  dont  nous  voulons  trouver  Tenveloppe  :  l'é- 
quation de  cette  enveloppe 

<p(S,ti)=o  (<p) 

résulterait  de  l'élimination  de  x  entre  l'équation  (a)  et 
sa  dérivée  par  rapport  à  x,  ; 

^-o 
dx  *^ 


DES   DiVJBLOPP£ES   ET    DES    RA.TONS    BE    COURBUKE.    337 

Mais,  pour  opérer  cette  substitution,  il  faudrait  parti- 
culariser la  fonction  /;  et  comme  pour  le  moment  il 
s'agit  au  contraire  d'exprimer  des  résultats  indépen- 
dants de  la  forme  de  cette  fonction ,  nous  opérerons 
immédiatement  sur  lequation  (i),  et  nous  la  différen- 
lierons  par  rapport  au  paramètre  Xj  en  y  considérant 
/,/'  comme  des  fonctions  implicites  de  Xj  en  vertu  de 
1  équation  {f). 
Ce  calcul  donne 

-(i+/»)-h(.i-r)j"  =  o,  (3) 

d'où  Ton  tire 

J — / „         ,Ç  —  X — iy 

J  y" 

Dans  ces^  formules,  $,„  désignent  les  coordonnées 
du  point  d'intersection  de  la  normale  au  point  {x,y) 
avec  une  norpiale  infiniment  voisine  [i83] ,  ou  celles  du 
point  où  l/normale  au  point  {x,f)  touche  la  courbe 
enveloppe  (9).  Si  donc  ou  appelle  p  la  distance  du  point 
{x,y)  au  point  fÇ,  »)  ainsi  défini,  p  sera  une  fonction  de 
la  variable  indépendante  x,  donnée  par  la  formule 

p  —        y>. 

ou 

^=^'-7r^-^{£)  ■■y"'  (P) 

Le  double  signe  ±  affecte  la  valeur  de  p  comme  celles 
de  toutes  les  longueurs  qui  ne  sont  pas  mesurées  paral- 
lèlement aux  axes  des  coordonnées.  Si  l'on  convient  de 
prendre  positivement  le  radical 


~  dx 


T.   I. 


22 


338  LIVRB   IV,   —    CHAPITRE   III. 

OU  de  faire  croître  l'arc  s  avec  l'abscisse  x^  p  sera  de 
même  signe  que  y\  et  en  tous  cas  changera  de  signe 
avec  y". 

191.  Puisque  la  normale  à  la  courbe  (/)  au  point 
(.r,jr)  touche  son  enveloppe  (ç)  au  point  (Ç,tq),  on  a,  en 
désignant  par  ^  l'angle  que  fait  cette  normale  avec  Taxe 
des  X,  du  côté  des  abscisses  positives , 

D'autre  part  l'équation 

donne,  quand  on  la  différentie  par  rapport  à  la  variable 
indépendante  or, 

OU  plus  simplement,  à  cause  de  l'équation  (i), 

Si  Ton  remplace  Ç — x^in — jr  par  leurs  valeurs  p  cos  X, 
psin^,  il  viendra 

ax      ax  ax  ^  ^ 

Élevons  au  carré  les  deux  membres  des  équations  (4)  et 
(5),  et  faisons  la  somme  :  nous  aurons  enfin 

dx"  dx" 

Si  Ton  désigne  par  g  la  longueur  de  l'arc  de  la  courbe 
(<p), compris  entre  un  point  fixe  pris  sur  la  courbe  et  le 
point  mobile  (Ç,  y)),  on  a  [174] 


dx  dx 

et  par  suite 


DES    D^VELOPPJ&ES    ET    DES    RAYONS    DE   COURBURE.     339 

dx  dx 

Donc,  si  Ton  considère  deux  systèmes  de  valeurs  .cor- 
respondantes 

et  si  Ton  suppose  que  dans  l'intervalle  x^ — x^  les  dé- 

fl?p      dis 
rivées  -j-  ,  t-  conservent  lé  même  signe,  sans  devenir 

infinies  ,  les  valeurs  numériques  des  différences 
p^ — 'Po»^ï — ^o  sont  égales  entre  elles  :  d'ailleurs  ces 
différences  sont  de  mêmes  signes  ou  de  signes  con- 
traires, selon  que  les  grandeurs  p,  <y  sont  simultané- 
ment croissantes  ou  décroissantes,  ou  l'une  croissante 
et  l'autre  décroissante. 

192.  Soit  mirix  m^m^ i^fig.  5o)  la  courbe  don- 
née à  laquelle  la  droite  mobile  sur  le  plan  xy  doit  res- 
ter contamment  normale,  et  p. p.x  p.» p.3 le  lieu  des 

points  d'intersection  de  deux  normales  infiniment  voi- 
sines, ou  la  courbe  qui  est  constamment  touchée  par  la 
droite  mobile  :  il  résulte  de  ce  qui  vient  d'être  démon- 
tré que  la  première  courbe  pourrait  être  décrite  d'un 
mouvement  continu  par  l'extrémité  d'un  fil  tendu  qui 
aurait  été  enroulé  sur  la  seconde  courbe  et  que  l'on 
déroulerait  ensuite;  car  de  cette  manière  la  différence 
des  longueurs  /ti  p. ,  Wi  p.i  serait  constamment  égale  à 
l'arc  p.  (X.Ï  ;  et  la  portion  rectiligne  du  fil  dont  une  extré- 
mité décrirait  la  courbe  /TiWiWa. . . .,  toucherait  cons- 
tamment par  l'autre  extrémité  la  courbe  [x.p.ip.2. . . . 

C'est  pour  cela  que  Huygens  ,  l'auteur  de  cette 
théorie,  a  nommé  la  courbe  (ç)  la  dés^eloppée  de  la 
courbe  (/*),  et  celle-ci  la  développante  de  la  courbe 
(<p).    Une    courbe   plane    a    toujours  une   développée 

11. 


340  LIVRB    IV.  —  CHAPITRE  llh 

comprise  dans  son  plan ,  et  n'en  peut  avoir  qu'une  ; 
mais  elle  a  une  infinité  de  développantes ,  puisque, 
dans  le  déroulement  du  fil  enroulé  sur  la  dévelop- 
pée, chaque  point  de  la  portion  rectiligne  du  fil,  que 
Ion  peut  concevoir  prolongée  indéfiniment,  décrit  une 
courbe  particulière. 

La  description  des  courbes  planes  par  leurs  dévelop- 
pées a  une  grande  analogie  avec  la  description  du  cer- 
cle. Dans  le  cercle  dont  Téquation  est 

on  trouve 

de  sorte  que  la  développée  se  réduit  à  un  point  qui  est 
le  centre  du  cercle.  Réciproquement,  dans  la  descrip- 
tion d'une  courbe  quelconque,  à  l'aide  de  sa  développée, 
chaque  point  de  la  développée  fait  successivement  l'of- 
fice de  centre;  et  le  rayon ,  au  lieu  d'être  constant, 
change  d'un  point  à  l'autre  de  la  courbe  décrite.  Cette 
considération  va  nous  conduire  à  envisager  sous  un 
autre  point  de  vue  les  liaisons  des  courbes  avec  leurs 
développées. 

193.  Pour'  nous  former  une  notion  précise  de  la  cour- 
bure d'une  ligne  plane  en  chacun  de  ses  points,  imagi- 
nons qu'à  partir  du  point  m  [fig.  5i)  on  ait  mesuré  un 
arc  mmx-=>b.s^  puis  mené  les  tangentes  mt^  rrixt  et  les 
normales  mriymxn  aux  points  m^mx.  Soit  A t  l'angle 
compris  entre  ces  normales,  ou  l'angle  extérieur  formé 
par  les  deux  tangentes  correspondantes  :  suivant  que  la 
ligne  sera  plus  ou  moins  courbe  ou  s'écartera  plus  ou 
moins  de  la  tangente  m  t  dans  le  voisinage  du  point  /w,i 

le  rapport 

At  .,  l 


DIS    DJÂVELOPPÉES    ET    DES    RAYONS   DE    COURBUKE.     341 

prendra  des  valeurs  plus  ou  moins  grandes;  en  suppo- 
sant toutefois  que  Tare  n'éprouve  pas  de  serpentements, 
mais  tourne  sa  convexité  dans  le  même  sens  dans  toute 
sa  longueur,  ce  qu'on  peut  obtenir,  pour  toute  courbe 
continue,  en  prenant  l'arc  A^  sufBsamment  petit.  Si  la 
ligne  était  une  circonférence  de  cercle,  dont  la  cour- 
bure est  évidemment  la  même  en  tous  les  points,  le 
rapport  (g)  serait  indépendant,  tant  de  la  longueur  de 
lare  A  s  que  de  la  position  du  point  m  sur  la  courbe,  et 

il  aurait  pour  valeur  -,  r  désignant  le  rayon  du  cercle. 

En  conséquence,  on  peut  prendre  le  rappport  -   pour 

la  mesure  de  la  courbure  du  cercle  du  rayon  r. 

Pour  la  courbe  quelconque  mmi ,  le  rapport  (g)  varie, 
non-seulement  avec  la  position  du  point  m,  mais  encore 
avec  la  longueur  de  l'arc  Aj*.  Si  cependant  les  quantités 
Aj,At  deviennent  l'une  et  l'autre  de  plus  en  plus  peti- 
tes, le  rapport  (g)  convergera,  sauf  les  cas  de  solution 
de  continuité,  vers  une  limite  déterminée  et  unique 

et  par  analogie  [3o,38]  on  devra  considérer  cette  limite 
comme  mesurant  la  courbure  de  la  ligne  au  point  m^ 
courbure  qui  deviendra  ainsi  une  grandeur  mathémati- 
quement définie,  pour  chaque  courbe  et  pour  chaque 
point  de  cette  courbe. 

Or,  quand  l'arc  mm^  devient  infiniment  petit,  le 
point  n  est  le  point  (^,7))  déterminé  plus  haut,  et  à 
cause  que  les  normales  mn,  min  ne  diffèrent  plus  que 
d'une  quantité  infiniment  petite,  on  a/aux  infiniment 
petits  près  du  second  ordre,  é/j==:prfT,  ou,  d'après  la 


342  LIVRE    IV.    CHAPITRE    III. 

formule  (p), 

rfT_I  f 

L'angle  infiniment  petit  ^t  se  nomme  Vangle  de  con- 
tingence. 

D'ailleurs,  sans  qu'il  soit  besoin  de  recourir  à  la  for- 
mule (p),  ni  aux  calculs  qui  ont  servi  à  l'établir,  on  a 
directement 


y 

rfr==:±:flf  .  arc  tangy  =±,  /  dx 


rfjr  =  ±:V/i-f./\   dx  ^ 
d'où 


h     .     y 


-r  =  ±: 


ds  (14-/')!- 

Le  rapport  -  est  donc  la  mesure  de  la  courbure  d'une 

ligne  au  point  (^,/);  p  est  le  rayon  de  courbure  ;  le 
point  (Ç,  7))  est  le  centre  de  courbure  ou  le  centre  du 
cercle  décrit  du  rayon  p,  qui  aurait  au  point  (x^y)  la 
même  courbure  que  la  ligne  donnée  :  la  développée  est 
le  lieu  géométrique  de  tous  les  centres  de  courbure  de 
la  développante. 

194.  La  valeur  de  la  courbure,  toujours, réciproque 
à  celle  du  rayon  de  courbure,  varie  en  chaque  point  de 
la  courbe ,  de  part  et  d'autre  du  point  {x^y).  Générale- 
ment elle  va  en  augmentant  dans  un  sens  et  en  dimi- 
nuant dans  l'autre.  Donc  le  cercle  décrit  du  point  (Ç,  tq) 
comme  centre,  avec  le  rayon  p,  doit  être  intérieur  à  la 
courbe  du  côté  oii  la  courbure  va  en  diminuant ,  et  ex- 
térieur à  la  courbe  du  côté  oîi  la  courbure  va  en  aug- 
mentant. Donc  ce  cercle  coupe  la  courbe  au  point  (jt,^^ 
en  même  temps  qu'il  la  touche,  en  ce  sens  que  la  tan- 


DES  DiVELOPP^ES   ET   DES   RATONS   DE   COURBURE.    343 

gente  à  la  courbe  est  aussi  taugente  au  cercle  dont  le 
centre  (Ç,  yi)  se  trouve  sur  la  normale. 

Au  contraire ,  et  par  la  même  raison ,  tout  cercle  tan- 
gent à  la  courbe  au  même  point  j  mais  décrit  d'un  rayon 
plus  grand  ou  plus  petit  que  p,  est  extérieur  à  la  courbe 
des  deux  côtés ,  ou  intérieur  des  deux  côtés.  Il  est  évi- 
dent d'ailleurs,  par  la  construction  qui  nous  a  conduit  à 
la  définition  géométrique  de  la  courbure,  que  le  cercle 
dont  la  courbure  est  la  même  que  celle  de  la  courbe  au 
point  (Xfjr),  s'écarte  moins  de  la  courbe ,  dans  le  voisi- 
nage immédiat  de  ce  point ,  que  tout  autre  cercle  tan- 
gent décrit  d'un  rayon  plus  grand  ou  plus  petit.  En 
conséquence,  Huygens  a  donné  au  cercle  tangent  qui  a 
pour  centre  le  centre  de  courbure  correspondant  au 
point  de  contact,  le  nom  de  cercle  oscutateur  :  il  se 
trouve  à  la  limite  commune  des  cercles  qui  touchent  la 
courbe  intérieurement  des  deux  côtés,  et  de  ceux  qui 
la  touchent  extérieurement  des  deux  côtés. 

Il  y  a  pourtant  des  cas  où  le  cercle  osculateur  cesse 
de  couper  la  courbe  :  c'est  lorsque  le  rayon  de  cour» 
bure  passe  au  point  (^,jr)  par  une  valeur  maximum  ou 
minimum.  Alors,  toujours  en  vertu  du  même  raisonne- 
ment, le  cercle  osculateur  doit  toucber  la  courbe  exté- 
rieurement des  deux  côtés,  si  c'est  le  cas  du  maximum, 
et  intérieurement  des  deux  côtés,  pour  le  cas  du  mini- 
mum.  Dans  une  ellipse,  par  exemple,  la  symétrie  de  la 
figure  suffît  pour  montrer  que  le  rayon  de  courbure  est 
un  minimum  aux  extrémités  du  grand  axe  et  un  maxi-- 
mum  aux  extrémités .  du  petit  axe.  En  général,  dans 
une  courbe  fermée,  sans  points  de  rebroussement  ou 
d'inflexion,  le  rayon  de  courbure  a  au  moins  un  maxi^ 


344  LIVRE    IV.    CHAPITRE   III. 

rnum  et  un  minimum,  et  il  a  nécessairement  autant  de 
valeurs  maxima  que  de  valeurs  minimu. 

195.  Tous  les  résultats  énoncés  dans  ce  dernier  nu- 
méro ont  été  déduits  de  considérations  purement 
géométriques  :  on  les  confirmerait  au  besoin  par  l'ana- 
lyse. Pour  la  plus  grande  simplicité  des  calculs ,  dési- 
gnons par  u  la  fonction 

(Ç-^)"H-(.,-7)% 
ou  le  carré  de  la  distance  du  point  (Ç,Yi)au  point  (x,/) 
pris  sur  la  courbe  :  le  premier  point  restant  fixe,  u  sera 
une  fonction  de  la  seule  variable  indépendante  x.  Si 
donc  nous  voulons  que  la  distance  du  point  (^ ,  t\)  au 
point  {Xyy)  soit  un  maximum  ou  un  minimum  entre 
toutes  les  droites  que  l'on  peut  mener  du  premier  point 
aux  points  voisins  du  second  sur  la  courbe ,  il  faut  poser 

—  ^=Ç  — ^+(^— 7)y-4-o;  (i) 

c'est-à-dire  que  le  point  ($,n)  doit  se  trouver  sur  la 
normale  à  la  courbe  au  point  {pc^y). 

U  y  a  maximum  ou  minimum^  suivant  que 

3^=1  +  7  —(^—7)7    <  ou  >o  . 

La  première  inégalité  ne  saurait  être  satisfaite  lorsque 
les  facteurs  yi — j^y"  sont  de  signes  contraires  ,  ou 
(comme  il  est  facile  de  s'en  assurer)  lorsque  la  courbe  et 
le  cercle  tangent  tournent  leur  convexité  en  sens  con- 
traires. Admettons  que  ces  facteurs  soient  de  même 
signe,  ou  que  la  courbe  et  le  cercle  tangent  tournent 
leur  convexité  du  même  côté  de  la  tangente  :  suivant 
que  la  première  ou  la  seconde  inégalité  est  satisfaite,  le 
cercle  tangent  est,  au  voisinage  du  point  [pc^jr)^  exté- 
rieur ou  intérieur  à  la  courbe  des  deux  côtés.   Mais  il 


DES  DlSVELOPPiES    ET    DES    RATOIfS    DE    COURBURE.    345 

n'existe  plus  ni  maximurh  ni  minimum  si  l'on  a,  outre 
l'équation  (i), 

-ê=-(i  +/-)+(i-r)/'=o,       (3) 

c'est-à-dire  (d'après  l'identité  des  équations  (i)  et  (3) 
avec  celles  que  nous  avons  désignées  plus  haut  par  les 
mêmes  réclames),  si  le  point  (Ç,yi)  est  le  centre  du  cercle 
osculateur.  Ce  cercle  coupe  donc  la  courbe  en  même 
temps  qu'il  la  touche.  Il  est  extérieur  ou  intérieur  à  la 
courbe  du  côté  où  les  x  vont  en  croissant,  suivant  qu'on  a 

55  =  3//'  — (ti— /)/"  <  ou  >  o  . 

Enfiu,  le  cercle  osculateur  redevient  extérieur  ou  inté- 
rieur des  deux  côtés ,  si  l'on  a 

g=3xr"-(i-r)/"=o, 

ou,  en  substituant  la  valeur  de  ti — y^  tirée  de  l'équa- 
tion (3> 

3//"— (i+7")/"=o.  (6) 

Mais,  en  différentiant  l'équation  (p),  on  trouve 

J=±:^:pi'(w-(.H-y)r"0; 

et  par  conséquent  l'équation  (6)  exprime  la  condition 
pour  que  le  rayon  de  courbure  passe  par  une  valeur 
maximum  ou  minimum. 

196.  Lorsqu'on  veut  s'affranchir  de  la  condition  de 
regarder  x  comme  la  variable  indépendante ,  l'expres- 
sion du  rayon  de  courbure  prend  la  forme  symétrique 

P dxdy—dyd'x dxdy—dyd^x  ^^'^ 

Or,  l'équation  ds^^zdx" -^-dj  donne  par  la  différentia- 
tion 


346  LIVRK    IV.  CHAPITBE    llf. 

^,^^d:cd':v+djrdy^  (7) 

d'où 
,    (dxd'x+drdyy_(d'j!'+d'y){d^+df) — jdxd'x — dyd'x] 

^..^^^^l^Éfl,  (8) 

et  par  suite 

as 

o—± ^  fpO 

L'équation  (8)  peut  encore  être  mise  sous  la  forme 
{dxâ^y — dyd'xy={d^ocH-dy*)ds^ — (da^+dx^)d^s^ , 
qui  devient  y  en  vertu  de  Téquation  (7), 

[dxd^y — dyd^xy={dsc^x — dxd^sf'\'{dsd^y — dyd^s)* 

H  (^- S)- -("•£)■!. 

et  d'où  l'oo  tire 

ds 


P=^ 


N/c-'-sy-c-ST 


(P3) 


D'ailleurs  on  a  [igS],  ds=ifdr,dr  désignant  l'angle 
de  deux  tangentes  infiniment  voisines,  ou  l'angle  de 
contingence  :  donc 


*  =  :.V/(..^)V(..0 


« 


Les  formules  (pa),  (pj),  (r)  trouvent  leur  application  dans 
la  mécanique. 

On  a  aussi,  dans  le  système  des  coordonnées  polaires 
[179],  en  prenant  l'angle  f  pour  variable  indépendante: 


DES    DEVELOPPEES   ET   DES    RAYONS    DE   COURBURE.     347 

dx^='  drcostf — rsiiKfdf  , 

rfjzzirfrsinç  — rcosf  ^<p  , 

d'x=  d^r  CCS  ç  —  2  sîn  <p  rfrcftp  — ^  rcos  cpcftp»  , 

d^y-zzz  d^r  sin  f  +  a  cosf  c?rrf<p  —  r  sin  frfç*  . 
Si  l'on  substitue  ces  valeurs  dans  l'expression  du  rayon 
dç  courbure,  il  vient 

197.  Exemples.  i"Soit  donnée  l'équation  de  l'ellipse 
on  trouve 


E-^  eZ±   ,-r3  *'-^'  (A*^4-ay)l 


et  pour  l'équation  de  la  développée  en  Ç ,  yi  , 

■  C-éi)^-(^)'=-; 

Délivrée  de  radicaux,  cette  équation  devient 

[  '      {ce—bj      (a»— i^J  """^  («  — *7* 
Cette  développée  {Jig,  Sa)  a  quatre  points  de  rebrous- 

sement  qui   correspondent  aux  extrémités  des  axes  de 

l'ellipse  développante  [194]* 

Le  même  calcul  donne  ta  développée  de  l'hyperbole , 

par  le  changement  ordinaire  de  h  en  b\/ZIî. 
a*^Pour  la  parabole  'yz=LipXj  on  a 

et  l'équation  de  la  développée  devient 
1)'== —  •  .i i-i-  • 

37      /» 


348  LJVlftE    IV.    CHAPITRE    III. 

Cette  développée  {fig,  53)  est  une  courbe  parabo- 
lique ,  c'est-à-dire ,  une  courbe  du  genre  dé  celles  dont 
l'équation  peut  être  ramenée  au  type 

m  ^\.n  étant  des  nombres  entiers  positifs.  On  l'appelle 
la  parabole  de  Neil^  du  nom  du  géomètre  qui  l'a  étu- 
diée le  premier,  ou  l'un  des  premiers,  en  signalant  la 
propriété,  alors  très-remarquable,  dont  jouit  cette  courbe, 
d'être  rectifiable,  en  ce  sens  que  l'arc  s  peut  être  ex- 
primé par  une  fonction  algébrique  de  l'abscisse  x.  C'est 
un  point  sur  lequel  nous  reviendrons  en  traitant  de^  la 
rectification  des  courbes,  ou  de  la  détermination  de  s  en 
fonction  de  x. 

198.  3°  Reprenons  l'équation  de  la  cycloïde  [176] 

j;  =  R  arc  cos — ^-^  dt  ly^nKjr—^* , 

nous  avons  trouvé  [177]  : 


d'où 


Il  résulte  du  rapprochement  de  cette  formule  avec  l'é- 
quation (A')  du  n^  cité,  que  le  rayon  de  courbure  de 
la  cycloïde  est  double  de  la  normale. 

Ceci  nous  conduit  à  démontrer  une  propriété  bien 
remarquable  de  la  cycloïde  :  celle  d'avoir  pour  déve- 
loppée une  autre  cycloïde  de  mêmes  dimensions,  placée 
au-dessous  de  la  cycloïde  développante ,  ainsi  que  l'in- 
dique Isijig,  54. 

Menons  en  effet  une  droite  indéfinie  ÇÇ'  parallèle  à 
XX',  et  à  une  distance  de  celle-ci  égale  au  diamètre  du 


]>BS   DEVELOPPliES    ET    DES    RAYOJ!(S    DE    COURBURE.     349 

cercle  générateur  de  la  cycloïde  développante  Omq, 
Ce  cercle  étant  représenté  dans  la  position  nmn!^  cons- 
truisons le  cercle  symétrique  /zp  :  le  point  d'inter-f 
section  (x.  de  ce  cercle  avec  la  droite  mn  prolongée  est, 
d'après  ce  qu'on  vient  de  démontrer,  le  centre  de  cour- 
bure de  la  cycloïde  développante.  La  distance  On  est 
égale  à  l'arc  mn^  et  la  distance  O^  est  égale  à  la  demi* 
circonférence  du  cercle  générateur.  Donc  l'arc  w/i',  ou 
l'arc  p  qui  lui  est  égal,  a  la  même  longueur  que  la  droite 
sn^  ou  que  la  parallèle  m.  Donc,  si  le  cercle  /ip  roule 
sur  la  droite  IX^  le  point  de  la  circonférence  qui  viendra 
toucher  cette  droite  fixe  au  point  o  décrira  la  déve- 
loppée de  la  cycloïde  engendrée  par  le  roulement  du 
cercle  nmn!  sur  la  droite  X'X. 

Cette  construction  montre  que  le  rayon  de  courbure 
de  la  cycloïde  développante  est  nul  au  point  de  rebrous<p 
sèment  O^  et  qu'au  sommet  il  est  égal  à  oq^  ou  au  double 
du  diamètre  du  cercle  générateur.  Mais  oq  est  aussi  égal 
au  demi-arceau  de  la  cycloïde  développée,  laquelle  est 
superposable  à  sa  développante  :  donc  la  longueur  d'un 
arceau  de  cycloïde  vaut  quatre  fois  le  diamètre  du 
cercle  générateur. 

Les  propriétés  de  la  cycloïde,  qui  font  l'objet  de  ce 
n®,  ont  été  découvertes  par  Huygens,  à  propos  de  ses 
recherches  sur  l'application  du  pendule  aux  horloges  : 
elles  ont  conduit  cet  esprit  éminent,  d'une  part,  à  la 
théorie  géométrique  des  développées  et  des  rayons  de 
courbure;  de  l'autre,  à  des  théorèmes  d'une  haute 
importance  en  mécanique  rationnelle;  et  l'histoire  des 
sciences  n'offre  pas  d'exemple  de  connexions  plus  cu- 
rieuses. 

199.  4^  Prenons,  pour  faire  une  dernière  application^ 


350  LIVRE    IV.    CHAPITRE   III. 

l'équation  de  la  spirale  logarithmique  [i8i],r  =  e*?  :  la 
formule  (p^)  donnera ,  pour  la  valeur  numérique  du  rayon 
de  courbure ,  p  =  r  l/i+m».  Mais  nous  savons  que  dans 
cette  courbe  la  normale  forme  avec  le  rayon  vecteur 
un  angle  constant  a  ^  qui  a  pour  tangente  —  m  :  donc 
r  ==  p  cos  a  ;  en  sorte  que  le  centre  de  courbure  est 
l'intersection  de  la  normale  avec  la  perpendiculaire 
élevée  de  l'origine  sur  le  rayon  vecteur. 

Donc  la  tangente  de  la  développée,  qui  n'est  autre 
que  la  normale  à  la  développante ,  fait  un  angle  cons- 
tant avec  le  rayon  vecteur  de  cette  même  développée,  et 
un  angle  égal  à  celui  qui  est  formé  par  la  tangente  et 
par  le  rayon  vecteur  de  la  spirale  développante.  Donc 
la  développée  est  la  même  courbe  que  la  développante, 
rapportée  au  même  pôle;  de  telle  sorte  que  la  seconde^ 
en  décrivant  autour  du  pôle  commun  un  arc  de  rotation 
d'une  amplitude  convenable,  viendrait  se  superposer  à  la 
première. 

*  %i.  Notions  sur  les  caustiques. 

200.  La  théorie  des  courbes  enveloppes,  restreinte  au 
cas  oïl  les  enveloppées  sont  des  lignes  droites,  offre 
encore  une  application  curieuse,  et  qui  se  lie  trop  natu- 
rellement à  la  théorie  des  développées  pour  que  nous 
la  passions  tout  à  fait  sous  silence.  On  peut  supposer 
effectivement  que  les  droites  enveloppées ,  au  lieu  de 
rester  normales  à  une  courbe  donnée  MN  (fig,  55), 
sont  assujetties  à  la  condition  de  faire  avec  les  normales 
mn  un  angle  rmn  tel  que  l'on  ait 

sin  rmn  =  k  sin  Ymn  , 
k  étant  une  constante  donnée,  et  F  un  point  donné 
de  position  dans  le  plan  de  la  courbe.   Les   principes 


iroTioirs  stJA  lss  caustiques.  351 

de  l'optique  nous  apprennent  que,  si  MN  est  la  trace 
d'une  surface  cylindrique  qui  sépare  deux  milieux  iné- 
galement réfringents  9  et   dont  les  génératrices   soient 
perpendiculaires  au  plan  de  la  courbe,  les  rayons  éma- 
nés du  foyer  lumineux  F  et  dirigés  suivant  Fm,  se  ré- 
fracteront suivant  mr,  A*  désignant  l'indice  de  réfraction 
qui  se  rapporte  au  passage  d'un  milieu  dans  l'autre. 
L  enveloppe  de  toutes   les   droites   mr,  lorsqu'elle  se 
trouvera  sur  le  trajet  de  la  lumière,  pourra  se  dessiner 
sur  le  plan  de  la  courbe  comme  une  trace  lumineuse,  à 
cause  que  les  points  situés  près  de  l'enveloppe,  où  con- 
vergent des  rayons  sensiblement  parallèles,  recevront 
plus  de  lumière  que  les  autres  points  du  plan.  On  donne 
à  cette  enveloppe  le  nom  de  caustique  par  réfraction. 
Si  la  constante  k  devenait  nulle,  la  caustique  coïncide- 
rait avec  la  développée;  si  l'on  prenait  kz=z  —  i,  la  ré- 
fraction se  changerait  en  réflexion ,  et  la  courbe  enve- 
loppe prendrait  le  nom  de  caustique  par  réflexion.  Les 
caustiques  changent,  pour  la  même  courbe  MN  et  pour 
la  même  valeur  de  la  constante  ^,  avec  la  position  du 
point  F;  quand  ce  point  s'éloigne  à  l'infini,  ou  que  les 
rayons  incidents  deviennent  parallèles,  on  obtient  des 
courbes  auxquelles  on  peut  donner  le  nom  de  caustiques 
principales. 

Soient  a,  p  les  coordonnées  du  point  F  parallèlement 
aux  axes  des  x  et  des^;  Ç,yi  celles  d'un  point  quelcon- 
que du  rayon  réfracté  en  m;  x^y  celles  du  point  d'in- 
cidence m  pris  sur  la  courbe  réfringente 

/(x,r)  =  o;  ^     (/) 

^)X',  les  angles  que  le  rayon  incident  et  le  rayon  réfracté 
font  avec  les  x  positifs  :  les  cosinus  des  angles  que  ces 
niêmes  rayons  font  avec  la  tangente  à  la  courbe  auront 


352  LIVRE   JV.    CHAPITRE   ÏII. 

pour  valeurs 

cos  A  --.  4-  sin  X  -r- ,  cos  X  -j-  -f-  siiiX'  -y-  5 
as  as  as  as 

et  ils  seront  aussi  respectivemeut  égaux  à  db  siu  Fmn\ 

±  sin  rmriy  en  sorte  qu'on  aura 

cos y/dx -I-  sin X'flfr  =k( cos Xfltr  +  sin Idy)  .         (9) 

Posons,  pour  abréger, 

p=l/(^_«)'+Cr_p)'  ,  p'-=V/(5-x)*-»-(7i-7)*  : 

il  viendra 

-       jc-^tt     .    .       r — 6  -      Ç — X     .   .,      71 — -r. 

cosX=^ ,  sin  A=i=:'^^ — !-;  cosX  == — 7-,  sinX'=-î-7^  ♦ 

P  P  P  p 

d'où 

p  •  p  ^   ' 

Telle  est  en  Ç,  yi  l'équation  du  rayon  réfracté,  ou  de  la 
droite  enveloppée  qui  correspond  au  point  (XjT*)  sur  la 
courbe  réfringente  (^f).  Si  l'on  différentie  cette  équation 
par  rapport  à  a:,  en  y  considérant  /,^'  comme  des  fonc- 
tions implicites  de  x,  et  si  l'on  élimine  Xyjr^y\y^  entre 
l'équation  (10)  et  sa  dérivée,  l'équation  {J^  et  ses  déri- 
vées des  deux  premiers  ordres,  on  aura  en  Ç,yi  l'équa- 
tion de  l'enveloppe  ou  de  la  caustique. 

201.  Quand  on  considère  dans  l'équation  (10)  les 
coordonnées  ^,y)  comme  des  constantes  données,  elle 
prend  la  forme 

dx       ~''' 
et  elle  exprime  que  la  fonction  p'-["^P  acquiert  une  va- 
leur maximum  ou  minimum;  de  sorte  que,  si  l'on  mène 
à  un  point  quelconque  de  la  courbe,  autre  que  m,  les 
droites  Y m^^rm^y  on  aura  constamment 

rm,  -f-  k  .  Fw,  >  ou  <  r/n-h  ^  .  F/w  ; 


NOTIONS   SUR   LES   CAUSTIQUES.  353 

mais  évidemment  le  premier  membre  de  cette  inégalité 
ne  comporte  pas  de  maximum,  et  par  conséquent  l'é- 
quation (lo)  établit  l'existence  d'un  minimum  [ga]. 

Lorsque  l'on  considère  au  contraire  ^^y)  comme  les 
coordonnées  courantes  de  l'enveloppe  à  laquelle  chaque 
droite  enveloppée  est  tangente,  on  a,  par  la  définition 
de  l'angle  \\ 

,       dri  d\  .    .,       rf?)         -,  ,     . 

ung  X  =;jr,  ou  y- sm  a  — -j-i  cos  X  =o.       (ii) 

Déplus,  si  l'on  difFérentie  les  équations 

par  rapport  à  la  variable  indépendante  .r,  et  qu'on  subs- 
titue dans  le  résultat  pour  x — a,  7 — p,  Ç — ar,  yi—;;^  leurs 
valeurs  pcosX,  psinX.,  p'cosV,  p'sinX.',  il  vient 

^  =z:.cos  X  -\-y'  sin  X  , 

doii,  en  vertu  de  l'équation  (9), 

do'       j  dû       di       yf  ,  dfi  '    ^,  /     X 

-/--h*  -r  =  -7-cosA'^-  ysmX'  .  (m) 

dx  dx      dx  dx  ^     ' 

Élevons  au  carré  les  deux  membres  des  équations  (11), 
(ra),  pour  eu  prendre  ensuite  la  somme,  et  désignons 
par^  la  différentielle  de  l'arc  de  la  caustique,  nous  au- 
rons la  formule 

dx^       \d.x         dx)         dx  \dx         dx)  ' 

analogue  à  celle  qui  a  été  trouvée  [191]  pour  les  déve- 
loppées, et  de  laquelle  nous  tirerons 

<^.-<T.=dz[pV— p'„+*(p.  — Pc)]  : 
do,  p^,  p'^;  <r,,  pi?  p'x  désignant  deux  systèmes  de  valeurs 
des  grandeurs  <r,  p,  p',  pour  des  points  qui  se  corres- 
T.  I.  a3 


354  LIVRE   IV.    CHAPITRE    III. 

pondent  sur  la  courbe  réfringente  et  sur  sa  caustique. 

202.  Afin  de  donner  une  application  de  ces  formules, 
admettons  que  la  ligne  réfringente  soit  une  droite  que 
nous  prendrons  pour  axe  des  x  :  le  point  rayonnant 
sera  placé  sur  l'axe  des  j\  et  par  ce  moyen ,  l'équation 
(lo)  deviendra 

d'où 

— -•  >/p'+(i— *>'=±*vï .  (i3) 

L'équation  en  Ç,»  doit  résulter  de  l'élimination  de  x 

entre  cette  dernière  équation  et  sa  dérivée  par  rapport 

à  x^  qui  est 

Çp'  +  (i-*')^=o>  (i4) 

et  d'où  l'on  tire 

(ï-^)p»  =  _ar[p'+(i_*')^-].  (i5) 

La  comparaison  des  équations  (i3)  et  (i5)  donne 

[p'+(i-*')x']î=:pip'»,, 
ou 

P'+{i-k')a:'=ikp\)i;  (i6) 

et  si  maintenant  on  élimine  x  entre  les  équations  (i4)  9 
(16),  il  vient 

pl+(ï/7=F.Ç)î=(^)î, 
équation  de  la  développée  d'une  section  conique  qui  a 
son  centre  à  l'origine  et  son  foyer  au  point  rayonnant. 

§  3.  Théorie  des  contacts  des  divers  ordres  entre  les  lignes 
planes. 

203.  Soient 

les  équations  de  deux  courbes  ayant  un  point  commun 
(xj^)  par  suite  de  l'équation  de  condition 

fx=i^x  ,  (m) 


DES    COmTkdts    DES    DIVERS    ORDRES.  355 

qui  subsiste  pour  la  valeur  particulière  x.  On  a  [99] 
/(ar+A;F)— cp(^-^Aa?)===[/'(^^-^Aa:)— cpt'(^+eAa?)].A^  ,  (5) 
ty  0  désignant  des  nombres  compris  entre  zéro  et  Tunité; 
et  si  les  fonctions  y',  9  n'éprouvent  pas  de  solutiotis  de 
continuité  dans  l'intervalle  âe  a:  k  .r-j-A.r ,  si  de  plus  ^.^' 
désigne  une  quantité  très-petite  du  premier  ordre  [45] , 
le  premier  membre  de  l'équation  précédente,  ou  la  dif- 
férence mi\L^  (fig.  56)  des  ordonnées  p^^r,ptm^j  est 
aussi  en  général  une  quantité  très -petite  du  premier 
ordre. 

Mais  dans  le  cas  où  les  deux  courbes  (/),  (ç)  se  tou- 
cheraient en  nij  c'est-à-dire,  auraient  en  m  une  tan- 
gente commune  par  suite  de  l'équation  de  condition 

fxr=^x^  {rn!) 

il  viendrait 

f{x+^x}—<^X'\-^)=[f"{a:-^tr^x)-^"{x■^^,^^)].  ±-  :  (5') 

les  nombres  f,  ,6,  (qui  di(ïerent  en  général  de  t  et  de  6) 
devant  toujours  tomber  entre  o  et  1.  Alors,  la  distance 
m^  |*x  se  trouverait  être  une  quantité  très-petite  de  l'or- 
dre de  A.r*  ou  du  second  ordre. 

Il  est  facile  de  voir  que  la  distance  du  point  m^  à  la 
ligne  (ç),  ou  la  normale  m^n^  abaissée  du  point  w^, 
très-voisin  de  /w,  sur  la  ligne  (<p)  passant  par  m,  est  en 
général  du  même  ordre  de  grandeur  que  la  distance 
m^n^  :  donc  cette  distance  m,n^  est  une  quantité  très- 
petite  du  premier  ordre  quand  la  courbe  (.<p)  ne  satisfait 
qu'à  la  condition  de  passer  par  le  point  m;  et  elle  de- 
vient une  quantité  très-petite  du  second  ordre,  lorsque 
la  courbe  (ç)  est  prise  parmi  celles  qui  touchent  la  rx)ur- 
be  {/)  au  point  m. 

Donc  à  fortiori  on  peut  toujours  prendre  le  point  m^ 

îi3. 


356  LIVRE    IV.    CHAPITRE   111. 

assez  voisin  de  m  y  pour  que  sa  distance  à  la  ligne  (<p) 
soit  moindre  que  sa  distance  à  toute  autre  courbe  pas- 
sant au&si  par  le  point  m^  mais  qui  ne  toucherait  pas 
en  ce  point  la  courbe  (/).  On  dit  alors  qu'il  y  a  entre 
les  courbes  (/*),  (9)  un  contact  du  premier  ordre. 

On  peut  toujours  prendre  S.x  assez  petit  pour  que  les 
signes  des  différences 

soient  respectivement  les  mêmes  que  ceux  des  diffé- 
rences 

donc,  en  vertu  de  l'équation  (^),  la  différence 

/(^+Aa:)  — <p(^+Aj;)  (A) 

changera  de  signe  avec  A  a:,  pour  des  valeurs  suffisam- 
ment petites  de  A^,  et  la  courbe  (<p)  coupera  la  courbe 
(y),  lorsqu'elle  aura  simplement  avec  (/')  le  point  com- 
mun m;  au  contraire,  la  valeur  de  la  même  différence 
donnée  par  l'équation  (^')  conservera  le  même  signe 
pour  des  valeurs  de  Ax  suffisamment  petites  et  de  signes 
contraires,  en  sorte  que  la  courbe  (cp),  ayant  avec  {f) 
au  point  m  un  contact  du  premier  ordre,  cessera  de 
couper  en  m  la  courbe  (/*). 

Au  lieu  du  système  des  équations  (//i),  (/w')  on  peut 
écrire 

y^s=(par  ,  /{^-^rdx)  =:cp(^H-rfjF)  ; 

ce  qui  revient  à  dire,  dans  le  langage  propre  à  la  mé- 
thode infinitésimale,  que  deux  courbes  [f)^  (f)  entre 
lesquelles  existe  au  point  (j:^)un  contact  dû  premier 
ordre,  ont  deux  points  communs  infiniment  voisins 

204.  Admettons  maintenant  que  Ton  ait,  outre  les 


DES    CONTACTS    DES    DIVERS    ORDRES.  357 

équations  (m),  (/w*), 

la  différence  (A)  sera  donnée  par  l'équation 

et  elle  deviendra  une  quantité  très-petite  du  troisième 
ordre,  A  a:  désignant  toujours  une  quantité  très-petite 
du  premier  ordre.  Dans  ce  cas,  les  deux  courbes  (y), 
(?)  ont  non-seulement  la  même  tangente,  mais  le  même 
cercle  osculateur;  et  par  analogie,  on  dit  que  ces  deux, 
courbes  sont  osculatrices  l'une  de  l'autre. 

La  distance  m^n^  devient,  comme  la  différence  (a), 
une  quantité  très-petite  du  troisième  ordre  lorsque  les 
deux  courbes  s'osculent  en  m  y  tandis  qu'elle  n'était 
qu'une  quantité  très-petite  du  second  ordre,  lorsqu'on 
n'assujettissait  les  deux  courbes  qu'à  la  condition  de  se 
toucher  au  même  point. 

Donc  à  fortiori  on  peut  prendre  le  point  m,  assez 
voisin  de  m  pour  que  sa  distance  à  la  ligne  (<p)  oscula- 
trice  en  m  soit  moindre  que  sa  distance  à  toute  autre 
courbe  qui  toucherait  mais  n'osculerait  pas  la  c*ourbe 
(/)  au  point  m.  On  dit,  en  conséquepce,  que  les  cour- 
bes osculatrices  (/*),  (<p)  ont  en  m  un  contact  du  second 
ordre. 

La  différence  (A),  donnée  par  l'équation  (y),  change 
de  signe  avec  Ax,  pour  des  valeurs  absolues  de  Aj:  suf- 
fisamment petites  :  donc  la  courbe  ,osculatrice  (<p)  coupe 
en  général  la  courbe  (/*)  au  point  m,  en  même  temps 
qu'elle  la  touche. 

.Au  lieu  du  système  des  équations  (/w),  (/»'),  (/^'O»  ^" 
peut  écrire 
/a?— <p«=o  ,  rf(/a?— <p^)  =  o",  rf*(/^— ç:r)=z=o  , 


358  L1VR5    IV.    —    CHAPITRE   Jlï. 

OU 

fx=a^x^  /(jp-h«tr)=cp(a:+«tr) ,  f{x+^dx)==i^X'\'^dx)  ; 
ce  qui  revient  à  dire,  que  deux  courbes  (y),  (9),  entre 
lesquelles  existe  au  point  {x^y)  un  contact  du  second 
ordre,    ont  trois   points  communs   infiniment  voisins 

205.  En  généralisant  cette  analyse  on  établira,  com- 
me conditions  d'un  contact  du  rf  ordre  au  point  {Xy  y) 
entre  les  courbes  (/.),  (<p),  les  n-[- 1  équations 

fx=f]^  ,  f'x=^x ,  f"-=s^"x , fi'^)x=f^^'^^X  . 

Pour  des  valeurs  très-petites  du  premier  ordre  attri- 
buées à  A  a:,  la  différence  {à)  devient  une  quantité  très- 
petite  de  l'ordre  n-f-  '?  lorsque  le  contact  au  point  {po^y) 
entre  les  courbes  (/),  (?)  est  de  l'ordre  n  :  d'où  l'on 
conclut  à  yor/ib/ï'  que  le  point  (jet-}- A.r,^-}-A^)  peut 
être  pris  assez  voisin  de  {pCyf)  sur  la  courbe  (/*),  pour 
que  sa  distance  à  la  courbe  (f)  soit  moindre  que  sa  dis- 
tance à  toute  autre  courbe  passant  aussi  par  {x^y) ,  et 
qui  n'aurait  en  ce  point  avec  la  courbe  (/)  qu'un  con- 
tact d'un  ordre  inférieur. 

Les  lignes  {f) ,  (<p)  se  coupent  ou  ne  se  coupent  pas 
au  point  (^,/) ,  selon  qu'elles  ont  en  ce  point  un  contact 
d'ordre  pair  ou  d'ordre  impair. 

Dans  le  langage  propre  à  la  méthode  infinitésimale , 
on  peut  dire  que  deux  courbes  dont  le  contact  au  point 
{x^y)  est  de  l'ordre  n^  ont  n  points  communs,  infiniment 
voisins. 

Etant  données  une  courbe  (/)  entièrement  détermi- 
née, et  une  courbe  (?)  dans  l'équation  de  laquelle  en- 
trent n  paramètres  arbitraires,  on  pourra  disposer  de 
ces  paramètres   de  manière  à  établir  entre   les  deux 


D£5   GOITTACTS   DES   DIVERS   ORDRES.  359 

courbes ,  en  un  point  donné  (jJCjy) ,  un  contact  de  l'or- 
dre n —  I. 

C'est  ainsi  qu'on  dispose  des  deux  paramètres  a,  b 
qui  entrent  dans  l'équation  générale  d'une  droite 

y=:ax  +  b  y 
de  manière  que  la  droite  devienne  la  tangente  d'une 
courbe  donnée,  en  un  point  donné  :  le  contact  de  la 
courbe  et  de  la  droite  étant  alors  du  premier  ordre. 

C'est  encore  ainsi  qu'on  dispose  des  trois  constantes 
a^byC  qui  entrent  dans  l'équation  générale  d'un  cercle 

de  manière  à  le  rendre  osculateur  d'une  courbe  donnée 
en  un  point  donné,  ou  de  manière  à  établir  entre  la 
courbe  et  le  cercle  un  contact  du  second  ordre. 


^v««>»%«%»«««^v»«««»%««««%t 


CHAPITRE  IV. 


DES  POINTS  SINGULIERS  DES  LIGNES  PLANES,  ET  DE  LA 
CORRESPONDANCE  ENTRE  LA  G£OM]h*RIE  ET  l'aL- 
G^RRE. 

206.  On  doit  entendre  par  points  singuliers  d'une 
courbe,  dans  le  sens  géométrique,  tous  ceux  où  le  tracé 
de  la  courbe ,  abstraction  faite  du  système  arbitraire  de 
coordonnées  auquel  on  la  rapporte,  offre  quelque  acci- 
dent qui  les  particularise;  par  opposition^  aux  autres 
points,  en  nombre  infini,  que  nul  caractère  géométrique 
ne  distingue  de  ceux  qui  les  précèdent  ou  qui  les  sui- 
vent immédiatement.  Ainsi,  le  point  où  la  courbe  subit 
une  inflexion  est  un  point  singulier  dont  l'existence  ne 
dépend  ni  de  la  direction  arbitraire  des  axes  des  coor- 
données, ni  même  de  la  nature  des  coordonnées  qu'on 
emploie  pour  définir  la  courbe  anal)  tiquement.  Au  con- 
traire, le  point  où  l'ordonnée  passe  par  une  valeur 
maximum  ou  minimum  n'est  pas  pour  cela  seul  un 
point  singulier;  car,  si  l'on  changeait  la  direction  des 
axes,  ce  qui  ne  changerait  rien  à  la  courbe,  la  propriété 
de  répondre  à  une  valeur  maximum  ou  minimum  de 
l'ordonnée,  passerait  à  un  autre  point;  et  celui  qui  en 
jouissait  en  premier  lieu ,  pourrait  ne  plus  offrir  aucun 
caractère  qui  le  singularisât. 

207.  Parmi  les  courbes  susceptibles  d'être  définies  au 
moyen  d'une  équation  entre  leurs  coordonnées,  il  faut 
distinguer  les  courbes  qu'on  appelle  algébriques ,  pour 
lesquelles,  dans  un  système  de  coordonnées  parallèles  à 


.    DES    POIIITS    SINGULIERS.  361 

des  axes  fixes,  l'ordonnée  est  une  fonction  algébrique 
de  l'abscisse,  et  les  courbes  transcendantes  dont  l'or- 
donnée, dans  un  pareil  système,  ne  s'exprime  en  fonc- 
tion de  l'abscisse  qu'à  l'aide  des  signes  transcendants  de 
l'analyse.  Les  sections  coniques  sont  des  courbes  algé- 
briques :  la  cycloîde  et  les  spirales  sont  des  courbes 
transcendantes. 

L'équation  d'une  courbe  algébrique  peut  toujours, 
par  l'évanouissement  des  dénominateurs  et  des  radicaux, 
se  ramener  à  la  forme 

F(^,7)=o,  (a) 

F  désignant  une  fonction  entière  et  rationnelle,  tant  par 
rapport  à  jr  que  par  rapport  à  x.  Le  degré  de  cette 
équation  est  donné  par  la  somme  des  exposants  de  x  et 
de^  dans  le  terme  pour  lequel  cette  somme  a  la  plus 
grande  valeur.  Si  l'on  passe  d'un  système  de  coordon- 
nées parallèles  à  un  autre,  le  dçgré  de  l'équation  ne 
change  pas,  à  cause  que  les  coordonnées  prises  dans  un 
système  sont  des  fonctions  linéaires  des  coordonnées 
prises  dans  l'autre  système.  Le  degré  des  équations  des 
courbes  algébriques  est  donc  un  caractère  essentiel  de 
ces  courbes,  d'après  lequel  on  peut  les  classer  sans  que 
la  classification  soit  arbitraire,  bien  que  la  forme  des 
équations  change  avec  l'origine  des  coordonnées  et  la 
direction  arbitraire  de  chacun  des  axes,  qui  peuvent 
&ire  entre  eux  un  angle  quelconque. 

Une  droite  ne  peut  avoir  avec  une  courbe  algébrique 
un  nombre  de  points  d'intersection  plus  grand  que  l'ex- 
posant du  degré  de  son  équation.  Le  nombre  des  points 
d'intersection  de  deux  courbes,  l'une  du  degré  m,  l'au- 
tre du  degré  m\  ne  peut  pas  surpasser  mm\  Ce  sont 
encore  là  des  caractères  géométriques  très-remarquables. 


362  LIVRE   IV.    CHAPITRE    IV. 

qui  dérivent  immédiatement  des  principes  fondamen- 
taux de  la  théorie  des  équations  algébriques. 

208.  Une  courbe  algébrique  ne  s'interrompt  pas 
brusquement  dans*8on  cours,  ou  ne  peut  pas  avoir  de 
points  singuliers  de  Tespèce  de  ceux  qu'on  a  appelés 
points  S  arrêt  ou  de  rupture^  et  que  présentent  cer- 
taines courbes  transcendantes,  par  exemple  [i6]  celle 
qui  aurait  pour  équation 

X 

7+1  =  0  «  .  (i) 

Gela  résulte  de  ce  qu'une  équation  algébrique  à  une 
seule  inconnue  et  à  coefficients  réels,  ayant  toujours  un 
nombre  pair  de  racines  imaginaires,  ne  peut  perdre  à 
la  fois  qu'un  nombre  pair  de  racines  réelles,  lorsqu'on 
fait  passer  par  une  suite  de  valeurs  réelles  l'une  des 
quantités  qui  entrent  dans  la  composition  de  ses  coeffi- 
cients. U  suit  de  là,  et  de  la  forme  connue  des  racines 
imaginaires,  que  quand  l'ordonnée^  d'une  courbe  al- 
gébrique passe  du  réel  à  l'imaginaire,  pour  une  certaine 
valeur  de  jt,  des  valeurs  réelles  de^  en  nombre  pair 
deviennent  égales.  Si  ces  valeurs  sont  au  nombre  de 
deux,  comme  il  arrive  ordinairement,  deux  portions  de 
la  courbe  viennent  se  rejoindre  en  un  point  qui  peut 
ne  présenter  d'ailleurs  aucune  particularité,  lorsqu'on 
change  la  direction  des  axes ,  et  qui  par  conséquent  n'est 
pas,  en  général,  un  point  singulier. 

On  conclut  de  là  que,  pour  avoir  l'expression  com- 
plète d'une  courbe  algébrique,  par  une  équation  entre 
ses  coordonnées  rectilignes,  il  faut  débarrasser  l'équa- 
tion des  radicaux ,  ou  conserver  tous  les  doubles  signes 
inhérents  à  chaque  radical  pair.  Autrement  on  intro- 
duirait arbitrairement  des  solutions  de  continuité,  te- 


D£S    POINTS    SINGULIERS.  363 

naot  à  la  direction  des  lignes  auxiliaires  que  Ton  aurait 
prises  pour  axes  des  coordonnées ,  et  que  ne  peut  point 
comporter  la  description  de  la  courbe,  considérée  en 
soi.  Tel  est  le  fondement  de  la  ccftrespondance  entre 
l'algèbre  et  la  géométrie  :  l'algèbre  n'associant  par  le 
double  signe  inhérent  aux  radicaux  pairs  qu'elle  em-  j 
ploie,  que  des  branches  ou  portions  de  ligne  qui  ap-  : 
partiennent  effectivement  au  même  lieu  géométrique,    i 

D'ailleurs  cette  correspondance  que  l'on  admet  sou- 
vent dans  un  sens  trop  absolu ,  parce  qu'elle  apparaît 
surtout  dans  la  discussion  des  courbes  algébriques  les 
plus  simples,  objet  d'un  enseignement  classique,  n'a 
plus  lieu  généralement  quand  il  s'agit  de  courbes  à  équa- 
tions transcendantes.  Ainsi  le  radical  du  second  degré 
qui  entre  dans  l'équation  de  la  cycloïde  [176]  doit 
être  pris  alternativement  avec  le  signe  -j-  et  avec  le 
signe  — ;  et  si  l'on  employait  à  la  fois  les  deux  signes, 
on  construirait  deux  cycloîdes  distinctes  qui  ne  peuvent 
point  être  réputées  former  le  même  lieu  géométrique  ou 
deux  branches  de  la  même  courbe. 

De  même  on  peut  [181]  rejeter  ou  admettre  indiffé- 
remment les  valeurs  négatives  de  r  et  de  ç  dans  la  cons- 
truction de  la  spirale  hyperbolique  r=-  :  car    en    les 

admettant  on  ne  fait  qu'appliquer  une  convention  per- 
mise ;  et  en  les  rejetant  on  ne  rompt  aucune  analogie 
géométrique,  ni  on  n'introduit  aucune  solution  de  con- 
tinuité incompatible  avec  les  conditions  géométriques 
de  la  description  de  la  courbe. 

Inversement,  lorsque  l'ordonnée  d'une  Ugne  algé- 
brique reçoit  une  expression  de  forme  transcendante; 
lorsqu'elle  est  exprimée,  par  exemple ,  au  moyeu  d'une 


364  LIVAE   IV.    CHAPITRE   IV. 

série,  l'expression  transcendante  comporte  ordinaire- 
ment des  solutions  de' continuité  étrangères  au  tracé 
géométrique.  C'est  ce  qui  arrive  pour  l'équation  {q)  du 
n®  II 3,  dont  le  second  membre  représente  l'ordonnée 
d'une  ligne  droite ,  mais  entre  certaines  limites  seule- 
ment; et  nous  verrons  que  les  exemples  du  même  fait 
analytique  peuvent  être  multipliés  à  l'infini. 

209.  Lors  donc  qu'il  est  question  de  la  correspon- 
dance de  la  géométrie  et  de  l'algèbre ,  il  faut  prendre  le 
mot  d'algèbre  dans  le  sens  étroit,  et  entendre  qu'il  s'a- 
git seulement  des  lignes  exprimées  par  une  équation 
algébrique  entre  des  coordonnées  rectilignes,  menées 
parallèlement  à  des  axes  fixes.  Cette  correspondance 
résulte  des  propriétés  des  équations  algébriques,  rappe- 
lées ci-dessus,  et  de  ce  fait  primitif  que,  dans  un  pareil 
système  de  coordonnées,  toute  équation  du  premier  de- 
gré à  deux  variables  représente  une  droite  indéfini- 
ment prolongée. 

Le  sentiment  de  ce  rapport  avait  induit  Descartes  à 
donner  la  dénomination  de  courbes  géométriques  à 
toutes  celles  que  représentent  des  équations  algébriques 
à  deux  variables,  dans  un  système  de  coordonnées  pa- 
rallèles à  des  axes  fixes.  Il  appelait  par  opposition 
courbes  mécaniques  les  courbes  exprimées  dans  un  pa- 
reil système  de  coordonnées  par  des  équations  trans- 
cendantes, telles  que  les  spirales  ou  la  cycloîde  :  mais 
ces  dénominations  vicieuses  ont  cessé  d'être  en  usage. 
Il  n'y  a  aucune  difficulté  à  appeler  courbes  algébriques 
celles  que  Descartes  qualifiait  exclusivement  de  géomé- 
triques ;  tandis  qu'il  est  impossible  de  fixer  par  une  dé- 
finition précise  le  caractère  des  courbes  géométriques  , 
bien  que  l'on  conçoive  que  cette  dernière  dénomination 


DES   POINTS   SINGULIERS.  365 

est  philosophiquement  applicable  à  certaines  courbes  et 
non  à  d'autres.  Ainsi  la  cycloîde  comme  l'ellipse  sont 
évidemment  des  courbes  dont  la  génération  peut  être 
conçue  et  dont  les  propriétés  nombreuses  peuvent  être  '' 
étudiées  d'après  des  considérations  de  pure  géométrie ,  , 
indépendamment  de  l'emploi  de  l'algèbre  et  de  toute  '• 
convention  sur  un  système  de  coordonnées  arbitraires  : 
ce  sont  donc  à  ce  titre  des  courbes  géométriques.  Au 
contraire,  si  l'on  écrivait  au  hasard  une  équation  algé- 
brique à  deux  variables^  de  degré  quelconque,  ou  une 
équation  transcendante  de  forme  bizarre,  il  n'arriverait 
que  très-accidentellement  que  le  lieu  d'une  pareille  équar 
tion  jouit  de  propriétés  géométriques  d'après  lesquelles 
on  pourrait  concevoir  et  définir  la  génération  de  la 
courbe,  indépendamment  des  axes  arbitraires  auxquels 
on  les  rapporte,  et  de  la  relation  entre  les  valeurs  nu- 
mériques de  ses  coordonnées,  qui  résulte  de  l'équation 
écrite.  Une  telle  courbe  serait  encore  algébrique  ou 
transcendante,  comme  l'ellipse  ou  la  cycloîde,  mais  ne 
devrait  pas  être  réputée  géométrique. 

210.  Les  courbes  algébriques  ne  peuvent  pas  plus 
avoir  de  points  saillants  que  de  points  de  rupture  :  car, 
si  l'on  élimine  ^  entre  l'équation  d'une  courbe  algé- 
brique 

F(:r,7)  =  o,  (a) 

délivrée^de  radicaux  et  de  dénominateurs ,  et  sa  dérivée 
immédiate 

on  obtiendra  pour  résultante  une  équation  algébrique 
en  x,y,  délivrée  aussi  de  radicaux  et  de  dénominateurs  ; 
en  sorte  que  la  courbe  dérivée,  dont  x  est  l'abscisse  et 


366  LIVRE    IV.    CHAPITRE    IV. 

/  l'ordonnée,  ne  pourra  avoir  de  points  de  rupture;  ce 
qui  arriverait  nécessairement  s'il  y  avait  des  points  sail- 
lants sur  la  courbe  primitive. 

Il  ne  peut  non  plus  y  avoir  sur  une  courbe  algébrique 
de  points  singuliers  où  le  rayon  de  courbure  passe 
brusquement  d'une  valeur  finie  à  une  autre  :  car  le  rayon 
de  courbure  est  une  fonction  algébrique  des  dérivées 
y\y'\  et  la  dérivée^"  est,  aussi  bien  que  y,  une  fonc- 
tion algébrique  de  x.  Il  en  faut  dire  autant  de  la  dérivée 
/(♦*),  n  étant  quelconque. 

Donc  les  solutions  de  continuité  d'un  ordre  quelcon- 
que, que  peut  éprouver  une  fonction  algébrique,  résul- 
tent toujours  du  passage  par  l'infini  de  Tune  de  ses 
fonctions  dérivées  et  des  dérivées  subséquentes ,  et  ja- 
mais de  ce  que  tes  fonctions  dérivées,  à  partir  d'un 
certain  ordre,  passent  brusquement  d'une  valeur  finie  à 
une  autre. 

21 1.  Lies  points  de  rupture  et  les  poiats  saillants  des 
courbes  à  équations  transcendantes  ne  peuvent  être  dé- 
terminés que  par  une  discussion  spéciale,  appropriée 
à  la  nature  des  fonctions  transcendantes  qui  entrent  dans 
l'équation  de  la  courbe.  C'est  ainsi  que  l'on  reconnaît, 

z 

par  la  nature  de  la  fonction  e  ^,  qui  devient  nulle  ou 
infinie  poura;=o,  selon  que  a:  converge  vers  zéro  en 
passant  par  des  valeurs  positives  ou  négatives ,  que  la 
branche  de  la  courbe  (r)  dont  les  abscisses  sont  positi- 
ves ,  s'arrête  brusquement  au  point a:=o,jr=  i .  Considé- 
rons la  courbe  qui  aurait  pour  équation 

r= 7-- 

I  4-^a: 

la  fonction  jy  s'évanouit  pour  x=:o^  soit  qu^on  fasse 


DES   POINTS   SINGULIERS.  367 

passer  j;  par  une  série  de  valeurs  positives  ou  par  une 
série  de  valeurs  oégatiyes;  car  l'expression  de^  devient 

dans  les  deux  cas  — =0,-=  o.  Donc  la  courbe  passe 

QO  I 

par  l'origine  et  s'étend  du  côté  des  abscisses  négatives 
comme  du  coté  des  abscisses  positives.  En  passant  aux 
fonctions  dérivées  on  a 

Si  maintenant  on  pose  3c=Oy  on  trouve^=;=o  ou^'=i, 
selon  qu'on  fait  passer  x  par  des  valeurs  positives  ou 
négatives  pour  arriver  à  la  limite  zéro.  L'origine  des 
coordonnées  est  donc  un  point  saillant  de  la  courbe  : 
la  branche  dont  les  abscisses  sont  positives  venant  tou- 
cher l'axe  des  x  en  ce  point,  tandis  que  la  tangente  à 
l'autre  branche  au  même  point  est  inclinée  de  45*^  sur 
cet  axe.  On  trouverait  de  même  que  l'origine  est  un 
point  saillant  de  la  courbe  donnée  par  l'équation 

j=ararc  tang-  7  (2) 

<  X 

qui  a  pour  dérivée 

/                         \  X       . 

/  =  arc  tang : — à  > 

car,  selon  que  x  converge  vers  zéro  en  passant  par  des 
valeurs  positives  ou  négatives,  il  vient  à  la  limite  j^'=^ir, 
y — — Lit.  Au  resté,  par  les  raisons  que  nous  avons  in- 
diquées, la  discussion  de  ces  sortes  de  courbes  intéresse 
peu  la  géométrie ,  et  ne  doit  pas  nous  arrêter  longtemps. 
212.  La  courbe  dontjr  est  l'ordonnée  subit  une  in- 
flexion,  lorsque  sa  dérivée  f  passe  par  une  valeur 
maximum  ou  minimum^  soit  qu'il  s'agisse  d'un  maxi- 
mwn  ou  minimum  ordinaire,  auquel  le  principe  de 
Kepler  est  applicable,  soit  qu'il  s'agisse  d'un  maximum^ 


368  LIVRE    IV.    CHAPITRE    IV. 

OU  mùùmiun  singulier,  correspondant  à  une  solution 
de  continuité  de  la  fonction  y.  Les  règles  pour  la  dé- 
termination des  maxima  et  minima  des  fonctions  ex- 
plicites ou  implicites  d'une  seule  variable  s'appliquent 
donc  directement  à  la  détermination  des  points  d'in- 
flexion des  courbes,  sans  qu'il  soit  besoin  de  chercher 
pour  cela  des  procédés  particuliers.  Le  point  d'inflexion 
est  caractérisé  ordinairement  par  l'équation  ^"=o,  et 
accidentellement  par  l'équation  /"=  ±  oo  ;  mais  il 
peut  se  faire  que  l'une  ou  l'autre  de  ces  équations  soit 
satisfaite,  sans  que  la  courbe  subisse  d'inflexion  au  point 
correspondant. 

Lorsque  la  courbe  sera  donnée  par  une  équation  al- 
gébrique {a)^  délivrée  de  radicaux  et  de  dénominateurs, 
on  éliminera  y  entre  cette  équation  et  sa  dérivée  im- 
médiate {ci)  :  l'équation  résultante,  déterminant  impli- 
citement y  en  fonction  de  Xj  servira  à  déterminer  les 
valeurs  de  x  qui  répcmdent  à  des  maxima  ou  à  des  mi- 
nima de  la  fonction  y^  et  par  suite  à  des  points  d'in- 
flexion de  la  courbe  proposée. 

Considérons  la  courbe  représentée  par  l'équation 

fzzzax'  +  bx^,  (3) 

qui^  suivant  que  le  coefficient  a  est  supposé  positif,  nul  ou 
négatif  {b  étant  toujours  positif),  prend  l'une  des  trois 
formes  indiquées  par  \ef&fig.  Sy ,  58  et  Sg.  On  tire  de 
réquation  (3) 

(aa+3&^       .,^_b\a+\bxr    ^,/>__9*!fl_ 
•^  —  /i{a+bx)  '  ^    ~    [a+bxf    '  ^     ~  6/i.{a+bxY 

Les  valeurs  de  x  qui  rendent^'  un  maximum  ou  un 
minimum  sont  données  par  l'équation  a  +  j  bx  =  o. 
Si  a  est  positif,  la  valeur  de  x   qu'on  en  tire  rend 


DES   POINTS   SINGULIERS.  369 

y  et  j"  imaginaires.  Cette  valeur  ne  peut  donc  corres- 
pondre à  un  point  d'inflexion  de  la  courbe. 

Si  a  =  o,y  passe  par  Tinfini  au  lieu  de  s'évanouir, 
pour  X  :=o,  et  la  courbe  proposée,  qui  devient  la  pa- 
rabole de  Neil  [197],  ne  peut  encore  avoir  de  points 
d'inflexion ,  puisque  les  valeurs  négatives  de  x  rendent 
y  etj-  imaginaires. 

Mais,  si  le  coefficient  a  est  négatif,  la  courbe  subit 
deux  inflexions  aux  points  dont  la  commune  abscisse 

_       4^ 

esc  X  "  Q  /  • 

L'équation  (i)  donné 

— i.  —1 

et  la  courbe  transcendante  que  cette  équation  repré- 
sente a  par  conséquent  un  point  d'inflexion  correspon- 
dant à  Tabscisse  .r=  7. 

La  recherche  des  points  de  courbure  maximum  ou 
minimum  se  ramène,  ainsi  qu'on  l'a  vu  [194]  7  à  1^  ^é** 
termination  des  valeurs  de  x^j^  qui  rendent  un  maxi- 
mum ou  un  minimum  le  rayon  de  courbure  p ,  en  même 
temps  qu'elles  satisfont  à  Téquation  de  la  courbe  pro- 
posée. Si  cette  équation  est  algébrique,  on  pourra  tou- 
jours arriver  par  l'élimination  aune  autre  équation  algé- 
brique en  X,  p;  et  l'on  n'aura  plus  qu'à  appliquer  les 
règles  ordinaires  à  la  détermination  des  valeurs  de  x  qui 
rendent  la  fonction  implicite  p  un  mxiximum  ou  un 
minimum.. 

213.  On  appelle  points  multiples  ceux  où  plusieurs 
branches  de  la  même  courbe  viennent  se  rencontrer,  soit 
qu'elles  ne  fassent  que  se  couper,  soit  qu^elles  se  tou- 
chent :  auquel  cas  il  y  a  intersection  en  même  temps 
T.  I.  *  24 


370  UVRE    IV.    CHAPITRE   IV. 

que  contact^  seloa  qae  le  contact  se  trouve  d'ordre  pair 
ou  d'ordre  impair  [ao5].  Une  seule  branche,  en  se  re- 
pliant sur  elle-même ,  peut  offrir  également  des  points 
multiples.  Le  point  multiple  est  double,  triple,  quadru- 
ple,   selon  que  la  rencontre  a  lieu  entre  deux,  trois, 

quatre, branches  ou  portions  de  la  même  courbe; 

et  alors ,  dans  le  voisinage  immédiat  du  point  multiple, 

l'ordonnée  a  deux,  trois,  quatre valeurs    réelles 

correspondant  à  la  même  abscisse. 

Il  est  essentiel  de  séparer,  dans  la  discussion  des 
points  singuliers,  les  points  m\A\\^\es par  simple  inter- 
section des  points  multiples  par  contact  :  vu  qu'on 
détermine  sans  ambiguïté  par  une  méthode  générale, 
au  moins  pour  toutes  les  courbes  algébriques,  les  points 
multiples  de  la  première  catégorie;  tandis  qu'on  ne  dis- 
tingue que  par  tâtonnements  les  points  multiples  par 
contact,  des  points  conjugués  et  des  points  de  rebrous- 
sement,  ainsi  que  nous  l'expliquerons. 

Soit  toujours 

F(^,/)  =  o  (a) 

l'équation  de  la  courbe  que  nous  supposerons  algébrique, 
cette  équation  étant  délivrée  de  radicaux  et  de  dénomi- 
nateurs :  sa  dérivée  du  premier  ordre 
dF   .   dF    , 

donnera  à  y  une  valeur  réelle  et  unique ,  toutes  les  fois 

dF  dF         y,  .      ^  .      1       /  T> 

que-T-, -T-  ne  s  évanouiront  pas  simultanément.  Donc, 

pour  que  la  courbe  puisse  offrir  un  point  multiple  par 
simple  intersection,  il  faut  d'abord  qu'on  ait 
^F  dF 


DES   POINTS   SINGULIERS.  371 

et  par  suite  la  dérivée  du  second  ordre 
fiPF  «PF     ,      «PF  ,,  .   rfF    „ 

^  +  ^^^  +  ^^-»-rfJ^   =°  («) 

se  réduira  à 

iTF  d'F  <f  F  „ 

pour  les  valeurs  de  x^j-,  qui  satisfont  simultanément 
aux  équations  (a)  et  (b).  Lorsqu'on  en  tirera  pour  y 
deux   valeurs  réelles   et  inégales,  la   courbe  aura  un 
point  double  par  simple  intersection. 
Soit  proposée,  par  exemple,  l'équation 

/  =  $(«'-^").  (4) 

qui  représente  une  courbe  {jftg-  60)  connue  sous  le  nom 
de  lemniscate  :  les  équations  {b)  et  (c)  deviendront 

a*  —  3a;' 

j?  (  a» —  or*  )  —  x^  =  o ,  ;^= o ,  y*  = —  • 

On  en  conclut  que  l'origine  des  coordonnées  est  un  point 
double  oïl  deux  arcs  de  la  courbe  se  coupent  à  angles 
droits,  les  deux  tangentes  étant  inclinées  de  45®  sur  l'axe 
des  abscisses.  D'ailleurs  les  deux  arcs  qui  se  coupent  s'in- 
fléchissent au  point  d'intersection,  et  par  conséquent  l'o- 
rigine est  un  point  de  la  courbe,  doublement  singulier; 
car  les  équations  en  y\  x  et/''',  x  sont 

et  elles  donnent  /'=©  pour x=:o,  tandis  que/'"  con- 
serve une  valeur  finie. 

On  trouverait  de  même  que  l'origine  est  un  point  dou- 
ble de  la  courbe  (3)  :  les  deux  tangentes  faisant  avec 
l'axe  des  abscisses  des  angles  qui  ont  pour  tangentes  tri- 
gonométriques  l/^â  et  —  J/â.  Le  paramètre  a  est  sup- 
posé positif  (^^.  57). 

24. 


372  LIVRE   lY.    CHAPITRE   IV. 

214.  Cette  règle  peut  quelquefois  s'appliquer  aux 
courbes  ti'anscendantes ,  et  servir  à  déterminer  des  points 
saillants  multiples.  Par  exemple,  soit  proposée  la  courbe 

f/ — xarctang-j  — j7'cosj:=o:  (5) 

on  trouve  que  les  valeurs  or  =o,^=o  satisfont  aux 

équations  (a)  et  (è) ,  et  l'on  a 

rf'F rf'F  _         /  I  X    \ 

df        ^^  dxdy  ^^*rc       g^       i+^^y  ' 

rf"F  /  I  ^     \*       4(j — :rarctangî) 

+  (:f' — 2)cos:FH-4^sinx. 
L'équation  (c)  devient,  pour  les  valeurs  .r=o,  /==o, 

/•qp7r/+^  — i.=o, 

et  elle  donne  à  y'  les  quatre  valeurs  distinctes 

-+I, J, hl, I. 

2  a  -2  2 

On  reconnaît  ainsi  que,  pour  la  courbe  (5),  l'origine 
des  coordonnées  est  un  point  saillant  oîi  quatre  arcs 
viennent  se  rencontrer  sous  des  angles  finis.  Le  point 
saillant  de  la  courbe  (2)  ne  pourrait  pas  être  trouvé  de 

la  même  manière;  car,  bien  que^'  prenne  à  l'origine 

df 
deux  valeurs  distinctes,  --7-  se  réduit  à  la  constante  i ,  et 

ne  peut  s'évanouir  pour  les  valeurs  a:==o,^=:o. 

215.  L'équation  (c)  deviendra  illusoire,  si  I^on  a  à  la 
fois 

On  prendra  alors  la  dérivée  de  cette  équation  qui  se  ré- 
duit à 


DES   POINTS   SINGULIERS.  373 

Quand  celle-ci  acquerra ,  pour  les  valeurs  de  j; ,  ^*  qui 
satisfont  aux  équations  {a);{b)^  (d)y  trois  racines  réelles 
et  inégales,  la  courbe  proposée  aura  un  point  d'inter- 
section triple  ;  tandis  que  le  point  n'appartiendra  qu'à 
une  seule  branche  de  la  courbe,  comme  ceux  qui  le  pré- 
cèdent et  qui  le  suivent  immédiatement,  si  l'équation (^) 
n'a  qu'une  seule  racine  réelle. 

Ce  dernier  cas  se  présente  pour  la  courbe  dont  l'é- 
quation est 

f—x{x^iy=o:  (6) 

on  y  satisfait  en  prenant  x=i  yjr=:o:  valeurs  qui  vé- 
rifient aussi  les  équations  (é)  et  (d)  ;  mais  l'équation  (e) 
se  réduit  pour  les  mêmes  valeurs  à 

/'-i=o,  (7) 

et  elle  n'admet  qu'une  racine  réelle.  Il  est  d'ailleurs  ma- 
nifeste, par  la  forme  de  l'équation  (6),  quej^  ne  peut 
avoir  qu'une  seule  valeur  réelle  pour  toutes  les  valeurs 
de  :r^  et  qu'ainsi  la  courbe  ne  saurait  offrir  de  points 
multiples. 

Dans  le  cas  où  tous  les  coefficients  de  l'équation  (e) 
s'évanouiraient  encore ,  on  passerait  de  la  même  manière 
à  une  équation  du  quatrième  degré  en^.  Si  celle-ci 
avait  quatre  racines  réelles  et  inégales,  le  point  corres- 
pondant aux  valeurs  de  ^,  /  qui  vérifient  les  équations 
(a)  et  (é),  serait  un  point  d'intersection  quadruple;  si. 
elle  n'avait  que  deux  racines  réelles  et  inégales ,  le  point 
serait  double  ;  si  elle  avait  deux  racines  réelles  inégales 
et  deux  racines  réelles  égales,  l'existence  de  deux  racines 
inégales  accuserait  encore  l'existence  de  deux  branches 
qui  se  coupent  au  point  correspondant  (^,^)  :  nous 
verrons  tout  à  l'heure  les  conséquences  que  Ion  peut 
tirer  de  la  présence  des  deux  racines  réelles  égales. 


374  LIVBK    IV.    CHAPITRE    IV. 

Il  est  clair  que  rien  n'empêche  de  poursuivre  cette 
discussion  indéfiniment ,  et  qu'il  en  résuite  u&«,  méthode 
directe  pour  déterminer  sans  ambiguïté ,  sur  toutes  les 
courbes  algébriques ,  les  points  multiples  par  simple  in- 
tersection (  ou  par  intersection  non  accompagnée  de 
contact),  et  leur  degré  de  multiplicité  ou  le  nombre  des 
branches  qui  se  coupent  en  ces  points  singuliers. 

216.  Lorsque  l'équation  en  y,  à  laquelle  on  arrive  en 
appliquant  la  méthode  précédente,  est  de  degré  pair,  et 
qu'elle  a  toutes  ses  racines  imaginaires  ,  le  point  dont 
les  coordonnées  satisfont  par  hypothèse  aux  équations 
(a)  et  (é),  est  un  point  conjugué,  c'est-à-dire  un  point 
isolé  et  néanmoins  associé  à  la  courbe  que  l'équation  (a) 
représente ,  en  ce  sens  que  le  lieu  de  l'équation  est  donné 
par  le  système  d'une  ligne  continue  et  d'un  point  isolé. 
Une  ligne  peut  avoir  plusieurs  points  conjugués,  ou 
même  en  avoir  une  infinité,  si  sou  équation  est  trans* 
cendante.  Une  équation  à  deux  variables  peut  aussi  ne 
représenter  qu'un  point  ou  un  système  de  points  isolés  ; 
mais  ceci  n'arrive  que  parce  qu'elle  équivaut  à  plusieurs 
équations  distinctes.  Telles  sont  les  équations  de  la  forme 

qui  équivalent  au  système  des  deux  équations 
<p(.r,7-)  =  o,  ^{x,y)=o  . 
L'origine  des  coordonnées  est  un  point  conjugué  de  la 
courbe  représentée  par  l'équation  (  3  ) ,  quand  on  attri- 
bue au  paramètre  a  une  valeur  négative.  Les  équations 
(6)  et  (c)  deviennent  dans  ce  cas 

2/=o,  2a^  +  36^*==o,  y*  —  'ibx  —  a=o; 
les  deux  premières  sont  vérifiées  par  les  valeurs  .x*=o, 
y=o;  et  quand  on  fait  dans  la  troisième ^=o, a <  o, 
on  n'en  peut  tirer  pour  y  que  des  valeurs  imaginaires. 


DES    POINTS    SINGULIERS.  375 

D'ailleurs,  lorsqu'on  met  l'équation  (3)  sous  la  forme 

on  voit  clairement:  i"*  qu'elle  est  vérifiée  par^=o,^t=o; 
12^  que  si  l'on  suppose  a  négatif  et  b  positif,  Tordonnée 
y  reste  imaginaire  pour  des  valeurs  de  ,x  positives  ou 
négatives,  tant  soit  peu  différentes  de  zéro ,  et  ne  devient 

réelle  que  quand  .x  surpasse — -7. 

On  peut  remarquer  que  le  point  conjugué  O  (^g.  Sg) 
conserve  en  quelque  sorte  la  trace  du  nœud Omn(Jig.  Sy) 
qui  a  disparu  par  le  changement  de  signe  du  paramè- 
tres; et  l'on  se  rend  ainsi  compte,  autant  que  le  sujet 
le  comporte,  de  la  signification  géométrique  des  points 
conjugués. 

Il  est  aisé  de  voir  pourquoi  l'on  obtient  les  points 
conjugués  en  même  temps  que  les  points  multiples.  En 
effet ,  un  point  conjugué  est  celui  où  deux  racines  ima- 
ginaires conjuguées  de  l'équation  (a) 

7=  <p^  +  fr  \/^  ,  (a,) 

deviennent  égales  entre  elles ,  et  en  même  temps  réelles , 
par  l'évanouissement  de  la  fonction  ^x.  On  peut  donc 
considérer  le  point  conjugué  comme  le  point  d'intersec- 
tion de  deux  branches  imaginaires  de  la  courbe  (a).  Pour 
chacune  de  ces  branches  ,  l'équation  (a')  donnerait  à  y 
une  valeur  imaginaire  unique  :  il  doit  y  avoir  deux  va- 
leurs imaginaires  de^  pour  le  système  de  valeurs  dex^jy 
commun  aux  deux  branches  imaginaires,  ou  pour  les 
coordonnées  réelles  dupoiiit  conjugué;  donc  il  faut  que 
l'équation  («')  ne  puisse  plus  servir  à  déterminer  une 
valeur  unique  dejr',  et  partant  que  les  équations  (é) 
soient  satisfaites  pour  les  valeurs  de  ^ ,  ^  qui  corres- 
pondent au  point  conjugué. 


37G  LIVRE    IV.    CHAPITRE    IV. 

Dans  le  sens  algébrique,  la  courbe  (6)  a  un  point  con- 
jugué ,  correspondant  aux  coordonnées  x=zi  ,^==0, 
et  aux  racines  imaginaires  de  l'équation  (7);  mais  ce 
point  conjugué  se  trouve  accidentellement  coïncider  avec 
un  des  points  de  la  branche  réelle  de  la  courbe.  Quel- 
ques auteurs  expriment  cette  circonstance  en  disant  que 
le  point  conjugué  n'est  plus  visible  y  ce  qui  signifie  qu'il 
n'a  plus  d'existence  géométrique. 

217.  On  conçoit  que  la  valeur  de  a:  qui  correspond 
à  un  point  conjugué  de  la  courbe  (a),  peut  aussi  corres- 
pondre accidentellement  à  un  point  conjugué  de  la  courbe 
dérivée  qui  a  pour  abscisse  x  et  pour  ordonnée  courante 
y^  ou  même  à  un  point  conjugué  de  la  courbe  dérivée 
du  second  ordre,  dont  l'ordonnée  courante  est/",  et  ainsi 
de  suite.  Par  exemple,  l'origine  est  manifestement  un 
point  conjugué  de  la  courbe 

j'  =  «:r*  +  ij:*,  ouj=±:ar*i/î^+a  , 
quand  on  suppose,  comme  ci-dessus,  b>o,a<o  :  ce 
sera  aussi  un  point  conjugué  de  la  courbe  dérivée 
,   xÇSbx  +  ba) 

et  en  effet ,  l'équation  (c)  se  réduisant  dans  ce  cas  à  y*=:o, 
n'a  pas  ses  racines  imaginaires ,  mais  réelles  et  égales. 

Généralement,  lorsque  les  coordonnées .r  ,jk  d'un  point 
conjugué  ne  corre3pondent  pas  à  des  racines  imaginaires 
de  l'équation  finale  en^',  à  laquelle  conduit  la  méthode 
exposée  plus  haut,  elles  correspondent  à  des  racines 
réelles  de  la  même  équation,  doubles  ou  d'un  degré  pair 
de  multiplicité.  Pour  le  démontrer,  remarquons  que 
quand  deu:^  branches  de  la  courbe,  au  lieu  de  se  couper, 
se  touchent  au  point  [x^y)  ,>  les  valeurs  correspondantes 
de  j^',  qui  étaient  inégales  dans  le  cas  d'intersection  des 


DES    POIITTS    SINGULIERS.  377 

branches  y  doivent  devenir  égales ,  sans  cesser  d'être 
réelles;  et  les  deux  branches  acquérant  une  tangente 
commune^  on  peut  dire  aussi  qu'elles  ont  deux  points 
communs  infiniment  voisins.  Par  la  même  raison,  lors- 
qu'il correspond  une  valeur  réelle  de  la  tangente  aux 
coordonnées  du  point  conjugué,  on  peut  dire  que  les 
branches  imaginaires  (ai) ,  (a,)  ont  deux  points  réels  com- 
muns, infiniment  voisins,  ou  que  ces  branches  se  tou- 
chent; et  par  conséquent  l'équation  en^'  doit  acquérir 
des  racines  égales.  Cela  se  voit  d'ailleurs  par  la  forme 
même  des  équations  (a^)y(a^);  puisque,  si  la  valeur  de 
y  tirée  de  (a,)  est  réelle  pour  l'abscisse  x  du  point  con* 
jugué,  c'est  que  la  valeur  a:  annule,  non-seulement  la 
fonction  ^x ,  mais  aussi  sa  dérivée  ^x;  et  alors  la  valeur 
de  ^' tirée  de  (a,)  est  la  même  que  celle  qu'on  tire  de  (a,). 
La  fonction  j-' acquiert  donc  au  point  conjugué  deux  va- 
leurs égales  :  elle  pourrait  en  acquérir  4  9  ou  6 ,  ou  un 
nombre  pair  quelconque,  selon  le  nombre  des  branches 
imaginaires  conjuguées  deux  à  deux,  qui  auraient  pour 
point  commun  de  contact  le  point  conjugué. 

218.  Nous  dirons  qu'il  y  a  entre  deux  branches  de 
courbe  un  contact  de  première  espèce,  lorsque  les  deux 
branches  sont  situées  de  part  et  d'autre  de  la  tangente 
commune  (j^.  6 1  )  ,  et  un  contact  de  seconde  espèce  , 
lorsque  les  deux  branches  sont  situées  d'un  même  côté  de 
la  tangente  (^/^.  6a  ).  Si  les  deux  branches  se  raccordent 
au  point  de  contact,  sans  se  prolonger  au  delà,  le  point 
multiple  par  contact  se  change  en  un  point  de  rebrous^ 
sèment  y  de  première  ou  de  seconde  espèce  {Jig,  63^^64), 
selon  que  la  tangente  commune  tombe  entre  les  deux 
branches  qui  se  raccordent,  ou  les  laisse  toutes  deux 
d'un  même  coté.  La  cycloïde  et  les  développées  des  sec- 


378  LIVRE    IV.    —    CHAPITRE    IV. 

tioDS  coniques  nous  ont  déjà  offert  des  exemples  de  re- 
broussements  de  première  espèce.  La  courbe 

(7  —  ax^y  =  b*a:^  y  ouf7=ax*±bx^  V^î  , 
éprouve  à  l'origine  un  rebroussement  de  seconde  espèce  : 
car  l'équation  de  cette  courbe  donne 

5  -.  i5        _ 

et  quand  on  fait  ^=0,  d'où  jr=o,  y=o,  les  deux 
valeurs  de  y'  deviennent  égales  à  la  constante  aa  :  par 
conséquent  les  valeurs  de  y"  sont  de  même  signe  pour 
les  deux  branches  qui  se  raccordent,  et  ces  deux  bran- 
ches tournent  leur  concavité  dans  le  même  sens  {^fig.  65). 

Imaginons  qu'une  droite  se  meuve  dans  le  plan  d'une 
courbe  plane,  en  s'appuyant  sur  cette  courbe  ou  en  la 
touchant  constamment  :  le  point  de  contact  peut  être 
considéré  comme  un  point  en  mouvement  sur  la  droite 
mobile.  Le  sens  de  la  vitesse  de  ce  point  change ,  ou 
le  point  rebrousse  sur  la  droite  mobile ,  quand  cette 
droite  touche  la  courbe  en  un  point  de  rebroussement 
de  première  ou  de  seconde  espèce  :  en  outre ,  le  sens 
de  la  rotation  de  la  droite  mobile  sur  le  plan  change , 
comme  aux  points  d'inflexion ,  si  le  rebroussement  est 
de  seconde  espèce. 

219.  En  résumé,  lorsque  l'équation  en^'  dont  il  a 
été  question  jusqu'ici,  a  des  racines  réelles  égales,  ces 
racines  peuvent  correspondre  ou  à  des  points  multiples 
par  éontact ,  ou  à  des  points  de  rebroussement ,  ou  bien 
enfin  à  des  points  conjugués.  Le  même  caractère  analy- 
tique doit  appartenir  à  ces  trois  sortes  de  points  singu- 
liers :  en  efîet  l'on  peut  toujours  représenter  par(ai) ,  (a,) 
deux  branches  de  la  courbe  [à) ,  branches  qui  sont  réelles 
ou  imaginaires,  selon  que  la  fonction  ^xest  imaginaire 


DES   POINTS    SINGULIERS.  379 

OU  réelle.  On  désigne  par  <fx  une  fonction  réelle,  et  dans 
la  cas  actuel  on  admet  que  la  valeur  qui  annule  ^x 
annule  aussi  ^x.  Soit  i  cette  valeur  :  si ,  pour  des  va- 
leurs de  X  tant  soit  peu  plus  grandes  ou  plus  petites 
que  ^y  ^x  reste  imaginaire  ,  il  y  a  uu  contact  ordi- 
naire ,  de  première  ou  de  seconde  espèce ,  entre  les  deux 
branches.  Si  ^x  est  imaginaire  pour  des  valeurs  de  x 
tant  soit  peu  plus  petites  que  Ç  et  réelle  pour  des  valeurs 
de  X  tant  soit  peu  plus  grandes ,  ou  vice  versd,  le  point 
singulier  est  un  point  de  rebroussement  de  première  ou 
de  seconde  espèce  ;  et  enfin  si  la  valeur  de  ^x  reste  réelle 
pour  les  valeurs  de  x  immédiatement  supérieures  et  in- 
férieures à  ^9  les  deux  branches  sont  imaginaires  et  le 
point  singulier  devient  un  point  conjugué.  Rien  n'est 
plus  facile  que  de  distinguer  ces  trois  cas ,  lorsque  la  fonc- 
tion ^x  est  donnée  explicitement  par  la  résolution  algé- 
brique de  réquation  proposée  :  autrement  il  faut  recou- 
rir à  des  essais^  ou  construire  la  courbe  par  points  dans 
le  voisinage  du  point  singulier  dont  on  veut  recon- 
naître la  nature.  L'analyse  dont  nous  avons  fait  usage 
réduit,  autant  que  le  sujet  le  comporte,  les  cas  d'ambi- 
guïté ,  et  met  en  évidence  la  raison  de  cette  ambiguïté , 
dans  les  circonstances  où  elle  est  inhérente  à  la  question. 
220.  Les  points  de  contact  ou  de  rebroussement  de 
première  espèce  se  distinguent  encore  de  ceux  de  seconde 
espèce  par  un  caractère  remarquable;  car,  soient  ^,  y)' 
les  valeurs  de  x  et  de  y  qui  correspondent  au  point  de 
contact  ou  de  rebroussement  de  première  espèce  :  pour 
les  valeurs  de  x  voisines  de  Ç,^'  a  deux  valeurs,  Tune 
un  peu  plus  grande,  l'autre  un  peu  plus  petite  que  iq'; 
et  de  là  il  est  aisé  de  cpnclure  que  la  courbe  dérivée  dont 
les  coordonnées  courantes  sont  x^  y' y  a  au  point  (^,  y\) 


380  LIVRE    IV.   CHAPITRE    IV. 

sa  tangente  perpendiculaire  aux  x,  à  moins  que  le  point 
(  Ç ,  7ï  '  )  ne  soit  lui-même  accidentellement  un  point  de 
contact  ou  de  rebroussement  de  première  espèce ,  et  que 
la  tangente  en  ce  point  (  Ç ,  yi'  )  ne  se  trouve  parallèle  aux 
X.  Donc  la  dérivée  j-"  est  infinie  ou  nulle,  et  ordinaire- 
ment infinie  pour  les  valeurs  de  x  qui  correspondent  à 
des  points  de  contact  ou  de  rebroussement  de  première 
espèce.  Il  y  a  sous  ce  rapport  réciprocité  entre  les  points 
dont  il  s'agit  et  les  points  d'inflexion,  pour  lesquels  la 
dérivée  /'  est  ordinairement  nulle  et  peut  être  excep- 
tionnellement infinie. 

Le  point  qui  correspond  sur  la  courbe  dérivée  à  un 
point  de  rebroussement  de  seconde  espèce,  peut  être  lui- 
même  un  point  de  rebroussement  de  première  ou  de  se- 
conde espèce  ;  et  il  n'y  a  plus  moyen  d'assigner  d'une 
manière  générale  un  ordre  n  de  dérivation  tel  que  la 
dérivée^"^  doive  être  nécessairement  infinie  ou  nulle. 

221.  Nous  terminerons  ce  chapitre  en  indiquant  les 
connexions  qui  existent  entre  les  points  singuliers  d'une 
courbe  plane  et  ceux  de  sa  développée.  La  formule 

,_(-+y)t 

montre  que  p  devient  infini,  ou  que  la  courbure  est 
nulle  quand  ^"  s'évanouit,  ce  qui  arrive  en  général  aux. 
points  d'inflexion  de  la  développante.  Ainsi  les  normales 
à  la  développante  aux  points  d'inflexion  sont  en  géné- 
ral des  asymptotes  de  la  développée  {Jig.  66).  Au  con- 
traire ,  les  points  d'inflexion  de  la  développée  corres- 
pondent à  des  points  de  rebroussement  de  seconde  espèce 
sur  la  développante  {Jig.  67  ). 

Les  points  singuliers  de  la  développante  où  le  rayon 
de  courbure  passe  par  une  valeur  maximum  ou  mini' 


DES   POINTS   SIN6ULI£BS.  381 

mum  j  correspondent  en  général  à  des  rebroussements 
de  première  espèce  sur  la  développée  {Jig.  5a  et  53).  Il 
pourra  arriver  exceptionnellement  que  ces  points  de  la 
développante  soient  des  points  pour  lesquels  ^^  s'éva- 
nouit sans  qu'il  y  ait  inflexion;  et  alors  les  normales  en 
ces  points  seront  des  asymptotes  de  la  développée. 

Aux  points  oîi  la  développante  éprouve  des  rebrous- 
sements de  première  espèce ,  /'  devient  ordinairement 
infini ,  p  est  nul ,  et  la  développée  rencontre  à  angles 
droits  la  développante  (Jig.  54  et  69).  Mais  il  peut 
aussi  arriver  accidentellement  que^''  s'évanouisse,  que 
p  devienne  infini ,  ou  que  la  perpendiculaire  à  la  tan  - 
gente  commune  au  point  de  rebroussement  de  la  déve- 
loppante soit  une  asymptote  de  la  développée. 

Si  la  développante  n'est  pas  une  courbe  algébrique, 
à  ses  points  d'arrêt  ou  de  rupture  correspondront  des 
points  d'arrêt  ou  de  rupture  de  la  développée;  les  points 
saillants  de  la  première  courbe  entraîneront  l'existence 
de  points  de  rupture  pour  la  seconde.  La  développée 
offrira  encore  une  rupture,  ou  ses  coordonnées  cou- 
rantes ,  considérées  comme  fonctions  de  l'abscisse  x  de 
la  développante,  éprouveront  une  solution  de  continuité 
du  premier  ordre  [36],  lorsque  la  fonction^",  qui  entre 
dans  l'expression  des  valeurs  de  ces  coordonnées,  éprou- 
vera une  solution  de  continuité  du  même  ordre,  ou  lors- 
que l'ordonnée^  de  la  développante  subira  une  solution 
de  continuité  du  troisième  ordre;  de  sorte  qu'en  défi- 
nitive, il  y  aura  autant  de  ruptures  dans  la  développée 
que  de  solutions  de  continuité  du  premier,  du  second 
et  du  troisième  ordre  dans  la  fonction  y  qui  représente 
l'ordonnée  de  la  développante.  En  conséquence,  la  solu- 
tion de  continuité  du  troisième  ordre  de  la  fonction  quel- 


382  LIVRE    IV.    CHAPITRE    IV. 

conque  jK  est  représentée  géométriquement  par  une  so- 
lution de  continuité  du  premier  ordre  dans  la  fonction 
qui  mesure  la  courbure  de  la  ligne  dont^  est  l'ordon- 
née, ou  par  une  rupture  de  la  développée  de  cette  ligne. 
Gomme  on  peut  tracer  la  développée  de  la  développée, 
et  ainsi  à  l'infim ,  il  s'ensuit  que  la  solution  de  conti- 
nuité d'un  ordre  quelconque  peut  être  définie  géomé- 
triquement, ou  qu'elle  est  susceptible  de  se  manifester 
par  un  caractère  sensible  et  géométrique. 

La  développante  de  toute  courbe  fermée  et  non  si- 
nueuse ,  telle  que  le  cercle  ou  l'ellipse ,  est  une  courbe 
du  genre  des  spirales,  formée  d'un  double  système  de 
spires  {fig.  68  ).  En  effet,  rien  n'arrête,  dans  un  sens  ni 
dans  l'autre,  le  mouvement  révolutif  de  la  tangente  à  la 
développée ,  en  vertu  duquel  chaque  point  de  la  tan- 
gente mobile  vient  à  son  tour  s'appliquer  sur  la  déve- 
loppée. Soit  m  le  point  de  la  développée  où  vient  s'ap- 
pliquer, dans  ce  mouvement  de  rotation  continu,  le 
point  de  la  tangente  mobile  qui  décrit  la  développante 
que  l'on  considère  :  il  est  évident  que  les  deux  systèmes 
de  spires ,  inversement  disposés ,  dont  se  compose  la  dé- 
veloppante, viendront  se  raccorder  en  m  en  formant  un 
rebroussement  de  première  espèce. 

La  développante  d'une  courbe  à  asymptote  et  sans 
inflexion,  telle  que  la  logarithmique  ou  une  branche 
d'hyperbole,  offrira  un  point  de  rebroussement  de  pre- 
mière espèce  et  un  point  de  rupture.  Soit  MN  {Jig,  69) 
la  développée,  AS  son  asymptote,  m  le  point  de  la  dé- 
veloppée où  vient  s'appliquer  le  point  de  la  tangente 
mobile  qui  décrit  la  développante  (jl/wv  :  évidemment, 
cette  dernière  courbe  subira  en  m  un  rebroussement  de 
première  espèce.  En  outre,  pendant  que  la  tangente 


DES   POIITTS   SINGULIERS.  383 

mobile  se  déplace  en  roulant  sur  la  développée  dans  le 
sens  /wM,  elle  tend  indéfiniment  vers  la  position  SA, 
sans  jamais  l'atteindre  :  donc  il  y  a  un  point  (i.  situé  sur 
AS,  dont  le  point  décrivant  s'approche  d'un  moûve» 
ment  de  plus  en  plus  ralenti,  sans  jamais  l'atteindre,  et 
qui  par  suite  est  un  véritable  point  d'arrêt  de  la  déve- 
loppante. 

Ainsi,  les  points  d'arrêt  peuvent  appartenir  à  des 
courbes  dont  le  tracé  est  déterminé  d'après  des  condi- 
tions géométriques  :  en  sorte  que  l'existence  de  ces  points 
singuliers  n'est  pas  seulement  la  conséquence  des  sin- 
gularités que  peut  offrir  la  marche  d'une  fonction  dont 
l'origine  serait  purement  analytique  [209]. 


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CHAPITRE  V. 


PRmCIPES   DE   LA    THEORIE    DES    LIGNÉS    A    DOUBLÉ 
COURBURE. 


222.  Une  ligne  est  dëterminée  dans  Tçspace  au  moyen 
de  deux  équations  entre  les  coordonnées  x^y^  z  qui  ex- 
priment les  distances  d'un  point  pris  sur  la  ligne  à  trois 
plans  fixes,  perpendiculaires  entre  eux  ;  et  réciproque- 
ment, le  système  de  deux  semblables  équations  peut  être 
représenté  par  une  ligne  tracée  dans  l'espace,  dont  x,j-y  z 
désigneraient  les  coordonnées  rectangulaires.  La  ligne 
est  encore  représentée  graphiquement  par  les  deux  cour- 
bes planes  qui  sont  ses  projections  sur  deux  des  plans 
coordonnés,  tels  que  ceux  des  xj  et  des  x  z.  Les  équa- 
tion3  des  lignes  de  projection  sont  celles  qu'on  obtien- 
drait en  éliminant  alternativement  z  et  /  entre  les 
équations 

/(^,j,z)  =  o,  f(ar,7,z)=ro.  (i) 

au  moyen  desquelles  la  ligne  est  déterminée  dans  l'es- 
pace. 

On  peut  considérer  cette  ligne  comme  l'intersection 
de  deux  surfaces  cylindriques  qui  auraient  respective- 
ment pour  bases  les  lignes  de  projection  sur  les  plans 
des  xy  et  des  xz^  et  dont  les  droites  génératrices  se- 
raient respectivement  parallèles  aux  axes  des  z  et  des^. 

En  général,  les  lignes  ainsi  déterminées  dans  l'espace 
ne  sont  pas  planes,  c'est-à-dire  que,  non-seulement  elles 
n'ont  pas  tous  leurs  points  compris  dans  le  même  plan  ^ 


DES    LIGNES    A    DOUBLE    COURBURE.  385 

mais  qu'un  arc  de  la  courbe,  si  petit  qu'on  le  suppose, 
ne  peut  pas  être  applique  sur  un  plan.  On  les  nomme 
alors  lignes  à  double  courbure  :  cette  dénomination 
sera  expliquée  et  justifiée  par  ce  qui  doit  suivre. 

En  vertu  des  deux  équations  de  la  courbe,  une  seule 
des  trois  variables  Xyj-^z  peut  être  considérée  comme 
indépendante  :  les  deux  autres,  ainsi  que  leurs  dérivées 
de  tous  les  ordres,  en  sont  des  fonctions  explicites  ou 
implicites.  Mais,  pour  l'avantage  de  la  symétrie  des  for- 
mules, avantage  d'autant  plus  précieux  que  les  formules 
sont  plus  compliquées,  il  sera  bon  de  traiter  .r,/,z  com- 
me trois  fonctions  d'une  même  variable  indépendante  t. 
Afin  de  fixer  les  idées,  on  peut  imaginer  que  t  désigne 
le  temps,  et  que  la  courbe  est  tracée  par  un  point  mo- 
bile dont  le  mouvement  est  défini  par  trois  équations 
entre  j;,/,  z,  ^.  Si  l'on  forme  deux  combinaisons  de  ces 
équations  prises  deux  à  deux,  et  que  l'on  élimine  t 
entre  les  deux  équations  de  chaque  groupe,  on  aura  les 
deux  équations  de  la  courbe. 

223.  Concevons  que  l'on  ait  mené  la  corde  qui  joint 
deux  points  (^,7,2),  (x-\-\Xyj'-\-AjyZ-\-\z)^  l'un  et 
l'autre  pris  sur  la  courbe  :  en  vertu  de  principes  connus, 
cette  corde  a  pour  longueur 

et  les  équations  de  ses  projections  sur  les  plans  des  xj- 
et  des  xz  sont 

^yiï,K  désignant  les  coordonnées  courantes.  Enfin  elle 
forme  avec  des  parallèles  aux  axes  des  .r,  des  jy  et 
des  z,  menées  par  le  point  {■v^'-yZ)  dans  le  sens  des 
coordonnées   positives,  des  angles  qui  ont   respective- 

T.    I.  25 


386  tlVHB   IV.    CHAPITRE   V. 

ment  pour  cosinus 

zfcAr  lizAj  ±Az 

l/Ar*4-A7*+A?  '  l/Aa:VA/+Aj8'  '  |/ Aa:*+A/+A^*  ' 
Quand  le  second  point  se  rapproche  indéfiniment 
du  premier,  la  corde  approche  indéfiniment  d'une  po- 
sition déterminée,  qui  est  celle  de  la  tangente  à  la  courbe 
dans  l'espace  :  en  même  temps  les  projections  du  second 
point  sur  chaque  plan  coordonné  se  rapprochent  in- 
définiment des  projections  du  premier  point,  et  la  pro- 
jection de  la  corde  tend  à  prendre  une  position  dé- 
terminée, qui  est  celle  de  la  tangente  à  la  ligne  de 
projection.  Donc  les  tangentes  aux  lignes  de  projection 
sont  les  projections  de  la  droite  qui  touche  dans  l'espace 
la  ligne  projetée;  et  cette  droite  tangente  est  déterminée 
par  le  système  des  deux  équations 

'^-^=£-(^-")'  '^-^=£-(^-")' 

lesquelles  entraînent  la  suivante 

Il  est  plus  symétrique  et  par  conséquent  plus  élégant 
de  comprendre  ces  trois  équations  dans  la  formule 

dx    dy   d%  . 

laquelle  se  résoudra  à  volonté  en  deux  équations  dis- 
tinctes, d'autant^de  manières  que  l'on  peut  former  de 
combinaisons  deux  à  deux  ecitre  trois  lettres.  Les  for- 
mules de  cette  espèce  se  présentent  souvent  dans  les 
applications  de  l'analyse  à  la  géométrie  aux  trois  di- 
mensions. 

Si  l'on  désigne  par  a,  p,  y  les  angles  que  la  tangente  à 
la  courbe  forme  avec  les  parallèles  aux  axes  des  Xyf^Zy 


Des   tiCNËS    A  DOUBLï:   COURBURE.  387 

dans  le  sens  des  coordonnées  positives,  on  a  aussi 

■      ^  ^3  COSfli^     ^  =r,  C0Sy=: — _  (Z\ 

ou  bien,  à  cause  de  cos*a-[-cos*p-|-cos*y=  i  , 

On  entend  par  la  longueur  de  l'arc  d'une  ligne  à 
double  courbure,  la  limite  dont  s'approche  indéfiniment 
la  longueur  d'une  portion  de  polygone  gauche ,  inscrite 
à  Tare  et  terminée  à  ses  deux  extrémités,  quand  le  nom- 
bre des  côtés  augmente  sans  cesse  et  que  chaque  côté 
décroît  indéfiniment,  D'après  cette  définition,  si  s  dé- 
signe la  longueur  de  l'arc  d'une  ligne  à  double  cour- 
bure, mesurée  à  partir  d'un  point  pris  arbitrairement  sur 
la  ligne,  on  a 

dsz=±:  [y^dx^-i-df+dz^ ,  (a) 

selon  que  Tare  croît  ou  décroît,  et  que  la  différentielle 
ds  est  positive  ou  négative.  Ainsi  l'on  peut  écrire 

_,  ctp  ^        i^dr  _,dz 

cosa=z±:-r-,     cosp=±-j-,    cosy=:±— • 
ds  ds  '  ds 

Nous  regardons  l'équation  (a)  comme  la  définition 
analytique  de  la  grandeur  Sn  conformément  à  la  remar- 
que déjà  faite  [174]-  O*^  y  parviendrait  aussi,  en  ima- 
ginant que  la  portion  de  surface  cylindrique  qui  contient 
l'arc  s  et  sa  projection  w  sur  le  plan  xj-,  s'étale  sur  le 
plan  mené  par  la  tangente  à  Tune  des  extrémités  de 
l'arc  s  et  par  la  tangente  à  l'extrémité  correspondante 
de  Tare  u.  Dans  cette  opération  l'arc  s  devient ,  sans 
changer  de  longueur,  un  arc  de  courbe  plane;  l'arc  u  . 
devient,  aussi  sans  changer  de  longueur,  une  portion 
de  ligne  droite;  et  l'on  a,  d'après  ce  qui  a  été  établi  pour 

25. 


388  LIVRE    IV. CHAPITRE   V. 

les  courbes  planes , 

du'zizdx''  4-  df  ,  ds'=du''  +  dz"" , 
d'où 

ds'^dai''\^df+dz'  . 

224.  On  entend  ^dx  plan  tangent  à -une  ligne  dans 
l'espace,  tout  plan  qui  contient  la  tangente  à  cette  ligne  : 
ainsi,  la  ligne  a  en  chaque  point  une  infinité  de  plans 
tangents. 

Il  y  a  aussi,  en  chaque  point,  une  infinité  de  nor- 
males à  la  courbe  ou  de  droites  perpendiculaires  à  la 
tangente;  le  plan  tjui  les  comprend  toutes  est  le  plan 
normal  à  la  courbe  en  ce  même  point.  Si  l'on  désigne 
par  Ç,Y)9^  les  coordonnées  courantes  du  plan  normal  au 
point  (x,/,  z) ,  son  équation  est,  selon  les  principes  de 
la  géométrie  analytique,  et  en  vertu  des  équations  (2)^ 

{\—x)dx  +  \y\—Y)dy+{X.—  z)dz  =  o.         (b) 

La  différentiatioD  des  équations  (i)  donne 

^/^       d/^       dfj  df  ^       di^        dl^ 

d'où  l'on  tire,  au  moyen  des  équations  (a)  et  (3), 

rff,,     ,    rff,      ,    rff,,     ,  1      (4) 

2^(5— )+^('>-7)+j,(Ç-*)=o; 


df  df       „       df 

^cosa+^cosP+^cos,==o, 

rff  df       „      df 


(5) 


Soit,  pour  abréger, 


dy    dz        dz    dy  ' 


DES    LIGNKS    A    DOUBLE    COURBUHK.  389 

dz    (Ix       dx    dz  ' 

dx    dy       dy    dx 
les  équations  (5)  donaeront 

cos  a cos  p cos  Y I 


L        M        N  y/^u+w+w 

Les  équations  de  la  tangente  seront  aussi ,  en  vertu  des 
équations  (4), 

l  —  x 71—7 C— g 

L     ""     M     ~     N     '. 
et  celle  du  plan  normal  deviendra 

L($  — a:)  +  M(Ti— 7)  +  N(C— ^)=o, 
225.  Concevons  qu'à  partir  du  point  (^,  /,  z),  indi- 
qué par  la  lettre  m  {^fig,  70),  on  prenne  sur  la  courbe 

une  suite  de  points  m,,  m,,  aw^, ,  très-rapprochés 

les  uns  des  autres,  et  qu'on  les  joigne  par  des  cordes , 
de  manière  à  former  un  polygone  gauche,  dont  le  péri- 
mètre approche  d'autant  plus  de  se  confondre  avec  la 
courbe,  que  les  sommets  sont  plus  rapprochés.  Deux 
(ptés  consécutifs  mw„/w,m.  déterminent  un  plan  qui 
se  déplace  un  peu  dans  l'espace ,  en  continuant  de  pas- 
ser par  le  point  m,  quand  les  points  m,,  m,  se  rappro- 
chent de  plus  en  plus  de  w,  et  qui  se  déplace  d'au- 
tant moins  (sauf  les  cas  de  solution  de  continuité)  que 
les  points  m  y  m,,  m,  sont  déjà  plus  rapprochés.  Ce 
plan  tend  en  général  vers  une  position  déterminée 
que  le  calcul  assignera,  quand  on  établira  l'équation  du 
plan  en  traitant  les  distances  m/w,,  m^m^  comme  des 
quantités  infiniment  petites.  On  dit  alors,  que  le  plan  a 
été  assujetti  à  passer  par  trois  points  infiniment  voisins; 
et  à  moins  que  la  courbe  n'éprouve  au  point  m  une  so- 


390  LIVRE    IV.   CHAPITRE   V. 

lutioii  de  continuité  du  second  ou  du  troisième  ordre, 
il  est  indifférent  de  prendre  les  points  m^^  m^  tous  deux 
en  deçà  ou  tous  deux  au  delà ,  ou  Pun  en  deçà  et  l'autre 
au  delà  du  point  m. 

Nous  entendons  par  solutions  de  continuité  de  la 
courbe  les  solutions  de  continuité  des  coordonnées 
X,  jy  z  y  considérées  comme  fonctions  d'une  variable 
indépendante  t,  quand  d'ailleurs  ces  solutions  de  con- 
tinuité ne  dépendent  point  de  la  direction  arbitraire 
des  axes  coordonnés. 

Le  plan  qui  passe  par  deux  points  infiniment  voisins 
/72,  n\^  passe  par  la  tangente,  ou  se  trouve  compris  parmi 
les  plans  tangents  à  la  courbe  au  point  m.  Le  plan  qui 
passe  par  trois  points  infiniment  voisins /w,  w,,  w,,  s'ap- 
pelle le  plan  oscillateur  de  la  courbe  au  point  m,  par 
analogie  avec  le  cercle  osculateur  d'une  courbe  plane, 
que  l'on  peut  considérer  comme  déterminé  par  la  con* 
dition  d'avoir  avec  la  courbe  trois  points  communs ,  in- 
finiment voisins  [204]' 

Soit  A  un  plan  quelconque  mené  par  le  point  niy  et 
m^  un  point  de  la  courbe ,  distant  de  m  d'une  quantité 
très-petite  du  premier  ordre  [45]  :  la  distance  de  /w,  au 
plan  4  6st  en  général  une  quantité  de  même  ordre  que 
la  corde  w//î,,  ou  une  quantité  très-petite  du  premier 
ordre.  Soit  B  un  plan  tangent  à  la  courbe  mnij  :  la  dis- 
tance de  m^  au  plan  B  est  une  quantité  très-petite  du 
second  ordre.  Enfin  désignons  par  C  le  plan  osculateur 
en  m  :  la  distance  de  m^  au  plan  C  devient  une  quan- 
tité très-petite  du  troisième  ordre.  Donc  à  fortiori  on 
peut  toujours  prendre  le  point  m,  assez  voisin  de  m  pour 
qu'il  se  trouve  plus  rapproché  d'un  plan  tangent  quel- 
conque que  d'un  autre  plan  quelconque,  et  plus  rap- 


\ 


DES    LIGKES    A    DOUBLE   COURBURE.  391 

proche  du  plan  osculateur  que  de  tout  autre  plan  tan- 
gent. Pour  abréger^  nous  omettons  la  démonstration 
rigoureuse  de  ces  diverses  propositions ,  qui  résulterait 
de  calculs  analogues  à  ceux  des  u"^  ao3  et  suivants, 
et  qui  ne  nous  sera  pas  nécessaire  dans  ce  qui  doit  suivre. 

226.  Si  l'on  désigne  par  ^^  -ri,  ^  les  coordonnées 
courantes  du  plan  osculateur  au  point  (Xy  y^  z) ,  son 
équation  sera  de  la  forme 

X"(E— x)4-Y(i^— j)4-Z(Ç— z)  =  o,  (c) 

Xy  Y,  Z  désignant  des  coefBcients  inconnus  qu'il  s'agit 

de  déterminer.  Cette  équation  doit  subsister  quand  on 

y  remplace  x,  jy  z  par  ,r-[-//;r,  y'\-dj^  z-^-dz,  et 

ainsi  l'on  a 

Xdx  +  Yrfj  +  Zdz  =  o  ;  (£?') 

enfin  ces  deux  équations  doivent  encore  subsister  quand 
on  y  remplace  à  la  fois 

or,  jjjs;  fltr,  dfy,  dz 
par 

x-i-dxy  X+d/y  %+dz  ;  dûC+(tx^  dy+â^y^  dZ'\-tPz  , 
ce  qui  donne 

Xif  ^-4-  YéTj-h  Id^z  =  o  .  {c") 

Lorsque  l'on  combine  ces  trois  équations  de  manière  à 
éliminer  deux  des  trois  inconnues  X,  Y,  Z,  la  troisième 
s'en  va  en  même  temps ^  et  il  reste  .pour  l'équation  du 
plan  osculateur 

{dyd^z  —  dziTy)  (5—^)  +  {dzd^x — dxttz)  (*l— 7) 
+  {dxd^y  -^djrd^x)  (Ç— js)  =  o  ; 

mais,  afin  d'abréger  l'écriture,  on  peut  conserver  l'équa- 
tion du  plan  osculateur  sous  la  forme  (c),  en  posant  les 
équations  auxiliaires 
X=rf^rf*z— rfjwjy,  Y-nzdzd^x — dxdj'z^  Ts^Ddxd^y-^dyd^x.i^ 

227.  Nous  avons  trouvé  pour  l'équation  du  plan  nor- 


392  LIVRE    IV.    CHAPITRE    V. 

mal  au  point  {xy  y,  z). 

i^—x)  dx  +  (*1— j)  dj  +  (C— z)  rfz  =  o  •  ■   (*) 

Si  l'on  veut,  avoir  l'équation  du  plan  normal  mené  par 
un  point  infiniment  voisin ,  il  faut  ajouter  au  premier 
membre  de  l'équation  précédente  sa  différentielle  par 
rapport  à  toutes  les  variables.  Pour  les  points  situés  sur 
la  droite  d'intersection  des  deux  plans  normaux  infini- 
ment voisins,  on  a  donc,  outré  l'équation  précédente, 
celle  qui  s'en  déduit  par  la  différentiation ,  savoir 

ou 

Cette  ligne  d'intersection  des  deux  plans  normaux  pé- 
nètre le  plan  osculateur  en  un  point  (Ç,»,Q,  dont  les 
coordonnées  doivent  satisfaire  aux  trois  équations  (i), 
(i'),  (c).  Ce  point  est  le  centre  d'un  cercle  qui  passe  par 
trois  points  de  la  courbe  infiniment  voisins,  ou  le  centre 
du  cercle  osculateur.  En  effet,  puisque,  dans  la  déter- 
mination géométrique  du  cercle  osculateur  d'une  courbe 
plane  n'entrent  que  deux  éléments  consécutifs  et  in- 
finiment petits  de  la  courbe,  et  que  deux  éléments 
consécutifs  d'une  courbe  quelconque  sont  compris  dans 
un  même  plan,  ou  plutôt  déterminent  ce  plan,  qui  est 
le  plan  osculateur,  la  construction  du  cercle  osculateur 
s'adapte  aux  courbes  quelconques,  comme  aux  courbes 
planes.  Si  l'on  pose 

le  rayon  p  du  cercle  osculateur  fera  avec  les  parallèles 
aux  axes  des  r,^,  Zy  des  angles X,  [x,  v,  donnés  par  les 
équations 
±pcosX  =  Ç — x^  ±:pcosfA=:>i — -j  ,  -f.pcosv  =  Ç — %  . 


DES    LIGNES    A    DOUBLE    COURBURE.  393 

La  courbure  de  la  ligne,  dans  son  plan  osculateur,  a 
pour  mesure  -  ;  et  l'angle  de  contingence  rfr  [igS]  est 
lié  à  p  par  l'équation 

228.  Les  équations  (è),  (A'),  (c)  donnent  immédiate- 
ment par  l'élimination  des  binômes   Ç  —  x,   tq  — ^^ 
^ ds\lLdx—Ydx) 


lL{dxd'z~-dzdy)+Y{d2tPx—dj;d'z)+Z(dxePx—dxd'x) 
_ds\\dx—Ydx)  . 
—    X*  +  Y'  +  Z*     ' 
et  l'on  en  déduit  par  le  simple  échange  des  lettres, 

_    _ds*{Zdx  —  Xdz) 
1     r—    x'H-Y'-f-Z*     ' 
_ds'(Ydz—Zdy). 
^     ^~     X'+Y'  +  Z*    ' 
puis  il  vient 

ds  l^(X'  +  Y'+  Zys'  —  (yjdx  +  Ydy  +  Zd^f  , 

^~—  X'  +  Y'+Z' 

ou  bien ,  en  vertu  de  Téquation  (c'), 

P^^^^.  +  Y'  +  Z'  •  .    ^'^ 

Par  un  calcul  analogue  à  celui  du  n"  196,  on  trouve 
X*  +  Y'  +  Z*=rf**(rf'x'  +  rfy +  ^"2*— «T*')  , 

"x.+v-.z-=^  {(..g)V(4)V(4)-|  ; 

ce  qui  permet  de  donner  à  l'expression  du  rayon  de  cour- 
bure les  deux  formes 
.       .  ^_^  ds' 


394 


UTRE   IV.  CHAPITRE   V. 


On  trouverait  encore  directement 
Xrfj—  Ydx=z  d^z{dx^  +  rf/')  —  dzidxi^x  4-  dyJ^y) 
=  d^z  {ds"  -^dz')  —  dz(dsd*s  —  dzd'z) 


dz 

=d^zds^  —  dzdsd^s  -z^ds^  d.  —, 

ds 


et  par  suite 

.  dx  ,  dy  .dz 

^        ds  ^       ds  ,        «* 

Donc 

rf.^  rf.$:  rf* 

.05  a5  as 

cosA  =  ±p ^,  cosjA=::±:p ^,  cosv==±p — ^  . 

Enfin  la  formule  (d)  donne  pour  la  valeur  de  l'angle 
de  contingence  rfr, 

.,=±v/(..-y.(..|)v  (..$)■. ,.) 

On  obtient  directement  cette  dernière  formule,  et 
par  suite  la  formule  (pa)  à  l'aide  d'un  calcul  fort  simple. 
Soient 

cos  a ,    cos  p  y    ces  Y  ; 
cos  a  +  A  cos  a  ,  cos  p  -h  A  cos  ^ ,  cos  y  -f-  A  cos  f  , 
les  cosinus  des  angles  que  forment  respectivement  avec 
les  axes  des  Xyj^  z,  des  droites  menées  par  l'origine 
parallèlement  aux  tangentes  de  la  courbe  aux  points 

(a:,7,*),(;r-hAa;,7-*-Ar,  z  +  Hz)  ^ 
et  désignons  par  t  l'angle  fini  compris  entre  ces  deux 
droites  :  on  aura ,  par  les  formules  connues  de  la  géomé- 
trie analytique^ 


DES    LIGJfBS   A    DOUBLE    COURBURE.  395 

cosT==coSa(cosa+Acosa)+co»p(cosp-4-Acosp)-4-cosY(cosY-4-AcosY)^ 
I  ==cos*a-hcos*P-f-cos*Y  , 
I  =(cosa-4-Acosa)*-|-(cosP+Acosp/-h(cosY+-Aco5Y)*  ; 

d'où  Ton  tire 
2(1 — cosT)=cos*a — 2COS«(cosa-|-Acosa)-h(cosa-|-Acosa)* 
-l-cos'p — acosP(cosp-hAcosP)-|-(cosp-hAcosp)* 
-t-cos*Y — 2cosy(cosy4-Acosy)-I-(cosy+Acosy)*  , 
ou  bien 

f^sin  - j  =(Acos«)*  +  (Acosp)*  +  (AcosY)* 

.  Maintenant ,  si  l'angle  t  devient  infiniment  petit ,  ce 
que  nous  exprimons  en  remplaçant  t  par  dr^  il  faudra 
remplacer  dans  l'équation  précédente  A  parrf;  et  comme 
le  sinus  d'un  arc  infiniment  petit  se  confond  avec  l'arc, 
on  retombera  sur  la  formule  (r). 

229.  Admettons,  ce  qui  est  toujours  permis,  que  le 
plan  osculateur  devienne  parallèle  à  celui  des  xj-  :  on 
aura  dz=o  ,  cf^z=Oj  d'où  X=:  o,  Y  =o, 

^  dxcTjr — dyd^x 
mais  ceci  est  l'expression  du  rayon  de  courbure  de  la 
projection  de  la  courbe  sur  le  plan  xj\  196]  ;  et  l'on  trou- 
verait aussi  pour  \ — x^i\ — y  des  valeurs  qui  s'ac- 
cordent avec  celles  des  coordonnées  du  centre  de  cour- 
bure d'une  courbe  plane  ;  d'où  il  faut  conclure  que  le 
rayon  de  courbure  d'une  ligne  quelconque  tracée  dans 
l'espace,  se  confond  en  grandeur  et  en  direction  avec  le 
rayon  de  courbure  de  la  projection  de  cette  courbe  sur 
le  plan  osculateur. 

230.  Désignons  par  V,  jx',  v'  les  angles  que  fait  la 


396  LIVRE    IV.     —    CHAPITRE   V. 

normale  au  plan  osculateur  avec  des  parallèles  aux  axes 
des  .r,  des^  et  des  z  :  nous  aurons 

cos  X'=±>--;=====r,  cos  (x'=± — =====. ,  cosv'=jr.    .  -. 

Désignons  aussi  par  db  l'angle  infiniment  petit  que  for- 
ment entre  elles  les  normales  aux  deux  plans  osculateurs 
infiniment  voisins,  dont  l'un  se  rapporte  au  point  (x,^,  z)   ■ 
et  l'autre  au  point  (x  +  dx^j-  -hrfr,  2  -4-  dz)  :  on  aura^ 
.     d'après  ce  qui  vient  d'être  démontré , 

rfe*z=(rf.  cosX7  +  (rf.  cosjxO*4-(^.cosvO' 

=(d.  ^    ^      )\U,-   ^      Y-4^a„    ^      ï 

_(X*4-Y'-FZ')(rfK'+rfY'4-^')— (X^fX+YrfY+Z^ffl)' 
~  (X'+Y»4-Z7 

_(X^— YrfX)»4-(Zt?X-XrfZ)'+(YJZ— Z^Y)' 
~  (X'+Y"-hZ")» 

On  trouve  d'ailleurs 
dyii=dyd^z — dzd^x,  dS^=dzd^x — dxd?z  ^  dTj=dxd?y — dyd?x  ^ 

xdx—xdyj  _zdJi—yidz  _YdL—zdY 

dz  dy  dx 

= dz{d^xd^y  —  d^yd>x)  +  dy{d^zd}x  —  d^xd^z)  +  dx{d^ydH  —  {^zd^y) , 
et  par  suite 

cR dz{d^xd}y  —  d^y^x)  4-  dy{d^zd?x — d^xdPz)  +  dx{d^yd^z — d^zd^f} 

ds  {dyd'z  —  dzd'yy.-^-  {dzd^x — dxd^zf  +  {dxd^y — dyd^xf 

Or,  de  même  que  l'expression 

ds        p 
où  ûfT  désigne  l'angle  de  contingence  formé  par  deux 
tangentes  infiniment  voisines,  mesure  la  courbure  de  la 
ligne  dans  son  plan  osculateur,  ou  sdi^première  courbure^ 


DES    LIGNES    A    DOUBLE    COURBURE.  397 

de  même  Texpression 

dans  laquelle  rfô  désigne  l'angle  à^  flexion  formé  .par 
deux  plans  osculateurs  consécutifs,  mesurera  [diseœnde 
courbure  de  la  ligne;  ce  qui  justifie  la  dénomination  de 
lignes  à  double  courbure^  donnée  aux  lignes  qui  ne 
sont  pas  planes. 

Pour  concevoir  la  rectification  d'une  ligne  à  double 
courbure,  on  peut  imaginer  que  le  premier  plan  oscula- 
teur  se  rabat  sur  le  second ,  que  ces  deux-ci  se  rabattent 
sur  le  troisième,  et  ainsi  de  suite,  de  manière  à  trans- 
former la  ligne  en  courbe  plane  ;  puis ,  que  la  première 
tangente  se  rabat  sur  la  seconde,  ces  deux-ci  sur  la  troi- 
sième, et  ainsi  de  suite,  de  manière  à  transformer  la 
courbe  plane  en  ligne  droite  ;  sans  que  la  longueur  des 
éléments  de  la  courbe  primitive  ail  été  altérée  dans  cette 
double  opération. 

Donc,  par  une  opération  en  sens  inverse  ou  par  deux 
flexions  consécutives,  on  passerait  de  la  ligne  droite  à  une 
courbe  tracée  dans  l'espace  d'une  manière  quelconque. 

On  voit  que  l'expression  de  la  seconde  courbure  dé- 
pend des  différentielles  du  troisième  ordre  des  coordon- 
nées X  yjy  z;  tandis  que  celle  de  la  première  courbure 
dépend  seulement  des  différentielles  du  premier  et  du 
second  ordre. 

231.  La  seconde  flexion  s'évanouit  et  change  de  signe 
en  général ,  quand  on  a 

dz{(fxcby — d^yd^x)  -^dy[d^zd^x  —  d^xd'^z) 

-f-  dxijPyd^z  —  d^zdy)  =  o  :  (e) 

on  dit  alors  que  la  ligne  éprouve  une  inflexion  simple. 
Si  cette  équation  de  condition  se  trouve  satisfaite  pour 


398  LIVEE   IV.    — •    CHA.PITaE    V. 

toutes  les  valeurs  de  x ,  jr,  z,  la  courbe  est  plane. 
.  Quand  on  prend  la  coordonnée  x  pour  variable  in- 
dépendante ,  réquation  (e)  se  ramène  à  la  forme  très* 
simple 

D'après  les  équations  (d)  et  (p.) ,  la  première  flexion 
s'évanouit  lorsqu'on  a  à  la  fois 

X=o,Y=o,Z  =  o,oug=^=:g.      (/) 

Ces  équations  de  condition  se  réduisent  à^"=:o ,  25"= o, 
si  l'on  prend  j:  pour  variable  indépendante.  Il  est  évident 
d'après  cela  que,  quand  les  équations  {/)  sont  satisfaites, 
l'équation  {e)  Test  pareillement;  mais  il  n'en  faut  pas 
conclure  avec  quelques  auteurs  que  l'inflexion  dans  la 
première  courbure ,  caractérisée  par  les  équations  Çf)  , 
entraîne  nécessairement  l'existence  d'une  inflexion  dou-- 

ble.  Il  en  résulte  seulement  que  l'expression  de  -7-,  don- 
née ci-dessus,  se  présentera  sous  la  forme  ^;  et  afin  d'en 
déterminer  plus  commodément  la  vraie  valeur,  prenons 
X  pour  variable  indépendante  :  nous  aurons 
rfe_  f:^"  —  :d'f" 

Les  deux  termes  de  cette  fraction  s'évanouissent  pour 
^"=o,z'  =  o,et  il  en  serait  de  même  de  leurs  déri- 
vées du  premier  ordre  par  rapport  à  la  variable  indépen- 
dante x;  mais  si  l'on  passe  aux  dérivées  du  second  or- 
dre, il  viendra 

di~  (/z'"  -  zYJ  +  /"*  4-  ^""  ' 
valeur  qui  ne  pourrait  devenir  indéterminée  que  si  l'on 
avait  à  la  fois^"  =  o,  2'"=o,  et  qui  est  en  général  dif- 
férente de  zéro. 


DES*  LIGNfi8    A    l>OUBLE   COURBURE.  399 

La  même  chose  se  voit  par  une  figure;  car  soient 
,/w,  /7î,  w,,  m,  (^fig,  70)  quatre  sommets  consécutifs  du 
polygone  gauche,  à  côtés  infiniment  petits,  que  l'on  subs- 
titue à  la  ligne  à  double  courbure  :  on  peut  regarder  le 
plan  qui  passe  par  les  points  ,aw,  /tz,  /w, ,  comme  le  plan 
osculateur  en  m,  et  celui  qui  passe  par  les  points  m,  m,, 
m^^  comme  le  plan  osculateur  en  m^^  [t^^S].  Ces  deux 
plans  se  coupent  suivant  une  droite  mO,  Maintenant  rien 
n'empêche  que ,  sans  changer  l'inclinaison  des  deux  plans, 
et  en  déplaçant  seulement  leur  ligne  d'intersection^  on 
amène' le  côté  mm^  dans  le  prolongement  du  côté  ^mm; 
ce  qui  fait  évanouir  l'angle  de  contingence  en  m\  tout 
en  conservant  à  l'angle  de  seconde  flexion  sa  valeur. 

Mais  quand  les  équations  {f)  sont  satisfaites  pour 
toutes  les  valeurs  de  ^,  /,  z,  la  ligne  est  droite,  et  par 
conséquent  Tangle  de  seconde  flexion  s'évanouit  aussi 
bien  que  l'angle  de  contingence. 

232.  Une  courbe  tracée  dans  l'espace  peut  être  con- 
sidérée comme  l'enveloppe  de  toutes  ses  tangentes  [189], 
ou  de  toutes  les  droites  avec  lesquelles  sa  tangente  vient 
successivement  coïncider,  en  se  déplaçant  dans  l'espace 
d'après  une  loi  donnée  par  la  forme  de  la  courbe.  Mais 
la  réciproque  n'est  pas  vraie  ;  et  une  droite  qui  se  meut 
arbitrairement  dans  l'espace  peut  ne  pas  avoir,  et  n'a 
pas  en  général  de  ligne  enveloppe  qu'elle  vienne  succes- 
sivement toucher  en  divers  points ,  dans  ses  différentes 
positions.  Soient ,  pour  plus  de  généralité , 

/(Î,i1,î,  «)=o,  f(Ç,  ^,C,a)  =  o,  (a) 

les  équations  d'une  ligne  quelconque,  équations  dans 
lesquelles  Ç,  »,  X,  désignent  les  coordonnées  courantes,  et 
a  un  paramètre  arbitraire  dont  la  variation  coiltinue  dé- 
termine les  changements  continus   que  la  .ligne  peut 


400  LIVRE    IV.    CHAPITRE   V. 

éprouver  dans  sa  forme  et  dans  sa  position  :  les  équa- 
tions de  la  ligne  enveloppe,  si  elle  existe ,  sont  données 
en  ^,  Y),  ^  par  l'élimination  de  a  entre  les  deux  équations 
précédentes  et  leurs  dérivées  par  rapport  à  « ,  ^ 

^=o,    ^=o.  (a) 

Mais  on  aurait  ainsi  plus  d'équations  qu'il  n'en  faut  pour 
déterminer  les  deux  équations  de  l'enveloppe  cherchée  ; 
à  moins  que  la  valeur  de  a  en  $,  y)  ,  ^,  tirée  des  premiè- 
res équations  (a),  (a),  ne  fût  égale,  pour  toutes  les  va- 
leurs des  coordonnées,  à  celle  qu'on  obtiendrait  *en  éli- 
minant a  entre  les  deux  dernières  équations  des  mêmes 
groupes. 

Appliquons  ceci  aux  droites  d'intersection  de  deux 
plans  infiniment  voisins ,  normaux  à  une  courbe  don- 
née :  ces  droites  sont  évidemment  perpendiculaires  aux 
plans  osculateurs  correspondants  ;  et  l'angle  qu'elles  for- 
ment entre  elles ,  quand  elles  deviennent  infiniment  voi- 
sines ,  est  précisément  celui  que  nous  avons  désigné  ci- 
dessus  par  (R.  Nous  avons  trouvé  [^^27] ,  pour  les  équa- 
tions en  $,  Y),  Ç,  de  celle  de  ces  droites  qui  correspond 
au  point  (.r,j,z), 

{\—x)da:  +  {y^—y')dx+{X,—z)dz=o  ,         {b) 

La  variable  indépendante  ^,  dont  on  conçoit  que  Xy  j-, 
z  sont  fonctions  [aaa],  tient  lieu  du  paramètre  variable 
que  nous  désignions  tout  à  l'heure  par  a  ;  ou ,  ce  qui  re- 
vient au  même,  on  peut  supposer  que  a  varie  avec  t.  Or, 
nous  remarquerons  que  l'équation  {b')  a  déjà  été  déduite 
de  l'équation  (é)  par  une  différentiation  relative  à  .r,j^,  2, 
considérés  comme  fonctions  de  t.  Donc ,  si  Ton  difïe- 
rentie  de  nouveau  par  rapport  à  t  les  équations  (é)  et 


DES    LIGNES    A    DOUBLE    COURBURE.  401 

{l/)y  on  n'introduira  qu'une  équation  nouvelle,  savoir  : 

{l—x)éPx+{i\—y)dy  +  {l—z)d^z 
—  i{dxd^a:+  dyfy+dzd'z)  =  o  ;  {b") 

et  par  conséquent  nous  tombons  dans  le  cas  exceptionnel 
de  l'existence  d'une  enveloppe.  Donc  il  existe  une  courbe 
qui  a  pour  tangentes  les  normales  aux  plans  osculateurs 
de  la  première  courbe ,  chacune  de  ces  normales  étant 
l'intersection  de  deux  pians  normaux  consécutifs.  Selon 
la  remarque  de  Fourier,  l'angle  de  contingence  ou  de 
première  flexion,  sur  la  seconde  courbe,  est  égal  à  l'an- 
gle de  seconde  flexion,  au  point  correspondant  sur  la 
première  courbe;  et  réciproquement  l'angle  de  contin- 
gence de  la  première  courbe  est  égal  à  l'angle  de  se- 
conde flexion  au  point  correspondant  de  la  seconde 
courbe.  Pour  établir  la  réciproque ,  qui  seule  a  besoin 
de  preuve,  nous  remarquerons  que  les  tangentes  de  la 
première  courbe  comprennent  des  angles  égaux  à  ceux 
que  forment  les  plans  normaux,  et  que  le  plan  normal 
de  la  première  courbe  est  le  plan  osculateur  de  la  se- 
conde. En  effet,  l'équation  {b)  est  celle  du  plan  normal  ; 
et  en  vertu  des  équations  (i') ,  (ô")>  cette  équation  sub- 
siste quand  on  y  remplace  XyjyZ  par  x-^dx^j-^-d/^ 
z-\-  dz  f  puis  par  a:-f-  ^dx-^-d'x,  y  -[-  '^dy  •\- dy, 
zS^  %dz'\'d^z;  de  sorte  qu'il  comprend  trois  points  in- 
finiment voisins  pris  sur  la  courbe  «dont  les  coordonnées 
courantes  sont  Ç,  n ,  î^. 

233.  Quand  on  désigne  par  $ ,  in ,  î  les  coordonnées  du 
centre  de  courbure,  on  a,  pour  déterminer  ces  trois 
coordonnées  [^27],  les  équations  {b\  (b')^  et  en  outre  l'é- 
quation du  plan  osculateur 

X(Ç— x)  +  Y(Yi— 7)-4-Z(C— ;3)==o.  (c) 

Si  donc  l'on  conçoit  que  les  coordonnées  .r,^,  z  et  leurs 

T.    I.  Îi6 


402  LIVRE    IV.    CHAPITRE   V. 

diffëreutielles  des  deux  premiers  ordres  aient  été  expri- 
mées en  fonction  d'une  variable  indépendante  t^  il  n'y  aura 
plus  qu'à  éliminer  Centre  ces  trois  équations  pour  avoir 
deux  équations  en  ^,  t)  ,  ^  seulement,  qui  seront  celles  de  la 
ligne  sur  laquelle  se  trouvent  tous  les  centres  de  cour- 
bure de  la  courbe  proposée. 

Puisque  Ç,  tj,  ^  sont  des  fonctions  de  ^,  nous  pou- 
vons diflférentier  l'équation  {h)  en  faisant  tout  varier,  et 
ainsi  il  viendra ,  à  cause  de  l'équation  {b'\ 

d^dx  +  éf\dx+dl^dz  =  o  :  (g) 

d'où  il  suit  que  la  tangente  à  la  nouvelle  courbe ,  menée 
par  le  point  (Ç,  y),  Q,  est  perpendiculaire  à  la  tangente 
menée  à  la  courbe  proposée,  au  point  (j:,^,z),  et  com- 
prise dans  son  plan  normal. 
De  même  l'équation 

(Ç-x)*+(^-j)*+(î;-z)«  =  p% 

quand  on  y  fait  tout  varier,  et  qu'on  a  égard  à  l'équa- 
tion (A),  donne 

{\  —  x)di  +  {ri—X)Jyi'^{^  —  z)dt—^9, 
d'où  l'on  tire,  en  posant  ^*-[-rfY)*-[-^r=<^ff% 

^d<,—        p  d<T^        ^  dfT^        p  d<T  ^^'^ 

Le  second  membre  de  eette  dernière  équation  exprime 
le  cosinus  de  l'angle  que  le  rayon  de  courbure  p  forme 
avec  la  tangente  à  la  courbe  qui  est  le  lieu  des  centres 
de  courbure  de  la  proposée.  Quand  la  proposée  est  plane, 
cet  angle  s'évanouit^  et  l'on  a  df:=dt:da.  De  ce  résul- 
tat, comparé  à  l'équation  (^),  on  conclut  que  le  lieu  des 
centres  de  courbure  est  en  même  temps  la  développée  de 
la  courbe  proposée. 

Pour  montrer  qu'il  n'en  est  plus  de  même  quand  la 
proposée  cesse  d'être  plane,  ou  que  la  direction  du  rayon 


DES  LIGNES  A  DOUBLE  COURBURE.       403 

de  courbure  ne  se  confond  plus  avec  celle  de  la  tan- 
gente à  la  ligne  des  centres  de  courbure,  il  suffit  de 
prouver  que  le  système  des  rayons  de  courbure  n'a  pas 
d'enveloppe,  ou  qu'on  ne  peut  pas  tracer  dans  l'espace 
une  ligne  que  tous  ces  rayons  viennent  toucher. 

A  cet  effet,  remarquons  que  la  direction  de  la  droite  p 
est  donnée  par  l'intersection  du  plan  normal  et  du  plan 
osculateur;  qu'ainsi  les  deux  équations  de  cette  droite 
en  ^9  V]  )  C  sont 

(Ç— a:)flfo-4-(4f— j)flÎK  +  (C— ^)€fe  =  o,       {&) 
X(5-^)  +  Y^— 7)  +  Z(ï— z)=::o.  (e) 

Pour  avoir  l'équation  de  l'enveloppe  des  droites  p,  si 
elle  existe,  il  faut  joindre  à  ces  équations  leurs  dérivées 
par  rapport  à  la  variable  indépendante  t.  On  obtient 
ainsi,  en  ayant  égard  à  l'équation  (c'), 

Or,  des  quatre  équations  (è),  (c),  (ù")  et  (c\)  on  déduit, 
par  l'élimination  des  binômes  Ç — œ,  ^— 7*?  K — z,  une 
équation  de  condition  à  laquelle  doivent  satisfaire  les 
coordonnées  J?,^,  z  et  leurs  ^différentielles,  pour  que 
les  droites  p  puissent  avoir  une  enveloppe.  Par.  exemple, 
les  équations  (i),  (c)^  (b')  donnent  les  valeurs  de 
Ç — jc,  ti—jy  ^ — 2, déjà  écrites  au  n°  aa8,  et  ces  va- 
leurs,  substituées  dans  l'équation  (c',),  la  rendent  iden- 
tique avec  l'équation  (^),  laquelle  exprime,  comme  on 
l'a  vu,  que  la  proposée  est  une  courbe  plane,  quand 
elle  est  vérifiée  pour  toutes  les  valeurs  de  Xyj^  z. 

On  arriverait  au  même  résultat ,  mais  moins  simple- 
ment ,  en  exprimant  que  le  second  membre  de  {g^  dpit 
se  réduire  à  l'unité  pour  toutes  les  valeurs  de  x,  j^  z. 

De  ce  que  la  ligne  des  centres  de  courbure  n'est  plus 

a6. 


404  LIVRE    IV.    CHAPITRE   V. 

une  développée  quand  la  courbe  proposée  cesse  d'être 
plane,  il  ne  faudrait  pas  conclure  que  les  lignes  à  double 
courbure  ne  peuvent  avoir  de  développées  :  mais  comme 
la  construction  des  développées,  pour  les  lignes  à  double 
courbure,  se  rattache  à  la  théorie  des  sur&ces  courbes, 
nous  n'en  traiterons  que  plus  loin. 

234.  Appliquons  les  formules  données  dans  ce  cha- 
pitre à  la  ligne  désignée  sous  le  nom  ShéUce,  qui  est 
tracée  sur  la  surface  d'un  cylindre  droit  à  base  circu- 
laire ,  de  manière  que  la  tangefite  à  la  courbe  forme 
un  angle  constant  avec  les  génératrices  du  cylindre,  ou 
(ce  qui  revient  au  même)  de  manière  que  la  courbe 
se  change  en  ligne  droite  par  le  développement  de  la 
surface  cylindrique  sur  un  plan.  Soient  R  le  rayon  du  cy- 
lindre dont  nous  supposerons  que  l'axe  se  confond  avec 
celui  des  z;  f  l'angle  compris  entre  le  plan  ^s  ^^  et 
celui  des  plans  menés  par  l'^xe  dans  lequel  se  trouve  le 
point  {x^y^z)  de  la  courbe;  a  la  tangente  trigonomé- 
trique  de  l'angle  constant  formé  par  la  tangente  à  la 
courbe  avec  la  génératrice  du  cylindre  :  la  définition  de 
l'hélice  donnera  immédiatement 

j7z=R  cos  <p  ,  /=  Rsin  (p  ,  z=:  aR(p  ;  (A) 

du  moins  en  admettant  qu'on  a  fait  passer  l'axe  des  x 
par  le  point  où  l'hélice  pénètre  le  plan  xy. 

On  en  conclut,  pour  les  équations  en  coordonnées  rec- 
tangulaires des  projections  de  la  courbe  sur  les  plans 
desxz  et  des  ^2, 

x  =  Rcos^,jr=Rsin^;  (A.) 

quant  à  l'équation  de  la  projection  de  la  courbe  sur  le 
plan  xjr^  elle  se  confond  évidemment  avec  celle  de  la 
trace  du  cylindre 


DES   LIGNES    A    DOUBLE    COURBURE.  405 

^  +  7-=:R«.  (À.) 

On  aurait  encore  Téquation 

^  =  tang^,  (A,) 

qui  est  celle  de  la  surface  engendrée  par  une  droite  qui 
se  mouvrait  en  restant  parallèle  au  plan  xy,  de  ma- 
nière à  s'appuyer  constamment  sur  l'hélice  et  sur  l'axe 
du  cylindre. 

Il  est  bon  de  remarquer  que  le  système  des  équations 
{h^  ne  représente  qu'une  seule  hélice ,  savoir  celle  qui 
est  définie  au  moyen  de  l'angle  ç  par  les  équations  (A); 
tandis  que  le  système  des  équations  (A^),  (Aj),  ou  celui 
qui  serait  formé  de  la  combinaison  de  l'équation  (A3) 
avec  l'une  des  équations  (A,),  sont  propres  à  représenter 
en  outre  l'hélice  qu'on  obtiendrait  en  renplaçant ,  dans 
les  équations  (A),ç  par  'îî-j'?-  Cette  superfétation  qui  a 
lieu  pour  certains  systèmes  de  projections  et  non  pour 
d'autres,  est  analogue  à  celle  que  nous  avons  signalée  à 
propos  de  la  cycloïde  [  1 76] . 

On  trouve  pour  les  équations  de  la  tangente 

\ X  7)— J   C — z 

sin  «p        cos  ^  a    ' 

et  pour  celle  du  plan  normal 

(Ç — .ir)sincp-^(tl — j)cos<p — .a(C — z)z=zo  . 
On  en  conclut  que  le  plan  normal  forme  un  angle  cons- 
tant avec  celui  des  a;/,  ce  qui  ressort  d'ailleurs  de  la 
définition  de  la  courbe. 

Les  coordonnées  Ç,  yi  du  point  où  la  tangente  à  l'hé- 
lice au  point  (^,/,  2)  pénètre  le  plan  xjy  sont  données 
par  les  équations 

5 — ^a?=~sin  <p  =  Rcp  sin  (p ,  ti-7j':=>— cos  ç = — R(p  cos  <p  , 


406  LIVRE   IV.    CHAPITRE   V. 

d'où  Ton  tire 

(J-ar)'  +  (,,_jr)«=RV. 
Soient  A/wBA(y^.  71)  Fintersection  du  cylindre  et  d(i 
plan  xjr;  A  le  point  où  l'hélice  pénètre  ce  plan;  /W(i,  la 
projection  de  la  tangente  à  l'hélice  au  point  qui  se  pro- 
jette en  m  sur  le  plan  xy;  \k  le  point  où  cette  tangente 
pénètre  le  plan  :  la  droite  m\f.  touchera  le  cercle  en  m; 
et  il  résulte  de  l'équation  précédente  que  la  portion  de 
droite  /72(a  a  la  même  longueur  que  l'arc  A//2.  Donc,  si 
la  tangente  à  l'hélice  se  meut  en  touchant  constamnient 
cette  courbe,  le  point  (i.  où  elle  pénètre  le  plan  xj  dé- 
crit sur  ce  plan  une  développante  du  cercle  donné  par 
l'intersection  du  cylindre  et  du  plan  :  et  la  développante 
a  son  rebroussement  [221]  au  point  où  le  plan  est  pé- 
nétré par  l'hélice. 

235.  On  a,  en  prenant  l'angle  9  pour  variable  indé- 
pendante, ce  qui  est  conforme  à  la  nature  delà  courbe, 

dx=. — Rsin<p</9,  <^=Rcosf</^,  dzz=^a'RAf  ; 
é?ar= — Rcos^^*,  ^z=z  —  Rsinfd^c^,  d^zzzzo  ; 
£^ar  =  Rsincp^(p',  </y=  — Rcos^<p',  d^z=io  . 

Désignons  de  plus  par  i  l'angle  constant  dont  la  tan- 
gente est  a  :  il  viendra 

ds  = :A,     d*sz=.o  ; 

cos  «    ^ ' 

au  moyen  de  quoi  la  formule  (p>)  donnera  pour  la  me- 
sure de  la  première  courbure 

I cos*  i 

et  l'on  aura  aussi  pour  la  mesure  de  la  seconde  courbure, 
d'après  les  formules  du  n?  ià3o, 

d^ sinicosi 

S~        R 


I>ES    LIGITES   A   DOUBLE   COURBURE.  407 

L'équatioa  du  plan  osculatear  derieiit 

tangi  [(( — x)sîn(p — (ij — /)cos^]+C  —  zz=:o^ 

ou  plus  simplement,  en  vertu  des  équations  (A), 

C — z=a(v)cosf  —  Çsin^)  ; 

et  Ton  reconnaît  qu'il  a  une  inclinaison  constante  sur 
celui  des  xj". 

On  a  pour  les  coordonnées  Ç^ti,^  du  centre  de  cour- 
bure 

Ç= — a'Rcos(p,Yi  =  — a*Rsin(p,  i;  =  aRf,     (ti) 

valeurs  tout  à  fait  analogues  à  celles  de  jc,  y^  z  en  fonc- 
tion de  f ,  et  qui  montrent  que  la  ligne  des  centres  de 
courbure  est  une  seconde  hélice,  tracée  sur  un  cylindre 
qui  a  aussi  pour  axe  l'axe  des  z  et  dont  le  rayon  est  a'R* 
D'ailleurs  cette  ligne  se  trouve ,  comme  la  première  hé- 
lice, sur  la  surface  déBnie  par  l'équation  (A3); et  comme 
les  équations  (A),  (»)  donnent  les  mêmes  valeurs  pour 
z  et  pour  ^,  il  s'ensuit  que  les  deux  hélices  ont  le  même 
paSyOVL  que  les  variables  z,  ^  reçoivent  le  même  accrois- 
sement quand  l'arc  f  augmente  d'une  circonférence. 

Il  résulte  encore  de  la  comparaison  des  équations 
(A),  (yî)  que  le  rayon  de  courbure  p  est  dirigé  suivant  le 
rayon  du  cylindre  (Aa)  ou  suivant  la  droite  mobile  qui 
décrit  la  surface  (A3);  et  par  conséquent  qu'il  coupe  à 
angle  droit'  l'axe  de  l'hélice.  Comme  on  a  de  plus 

ûra  =  ±Rsin*  .  cT^,     p  =  conse.  , 

on  conclut  en  outre  de  la  formule  (g^)  que  le  rayon  p 
coupe  à  angle  droit  la  tangente  à  la  ligne  des  centres  de 
courbure.  Au  surplus,  ceci  résulte  sans  calcul  de  ce  que 
p  est  dirigé  suivant  le  rayon  du  cylindre  sur  lequel  est 
placée  la  seconde  hélice,  lieu  des  centres  de  courbure. 


410  LITRE    IV.    CHAPITRE  VI. 

Appelons  Ç ,  ti  ,  ^  les  coordonnées  courantes  de  la 
tangente  a  la  courbe  dont  il  s^agit,  menée  par  le  point 
(  a:,  /^  z):  les  équations  de  cette  tangente  seront  [^23] 

Si  donc  on  élimine  entre  elles  ^',  i'équation  résultante 
appartiendra  à  la  surface  sur  lac^uelle  se  trouvent  toutes 
les  tangentes  que  Ton  peut  mener,  par  le  point  (x,  j^,  2), 
aux  courbes  quelconques  tracées  sur  la  surface  donnée. 
L'élimination  donne 

Ç— z=/?(ï— J7)H-î(ij— 7),  (2) 

équation  d'un  plan  qui  aurait  ^  9  v) ,  ^  pour  coordonnées 
courantes,  et  auquel  ou  donne  le  nom  de  plan  tan- 
gent,  parce  qu'il  est  le  lieu  de  toutes  les  tangentes  des 
courbes  tracées  §ur  la  surface,  et  passant  par  le  point 
de  contact. 

La  proposition  cesserait  en  général  d'être  exacte ,  si  les 
deux  fonctions/)^  q,  ou  seulement  l'une  d'entre  elles^  après 
avoir  été  ramenées  à  ne  contenir  que  a:  et  y,  au  moyen 
de  la  valeur  de  ^  en  ^^  ^,  donnée  par  l'équation  de  la 
sur&ce ,  se  présentaient  sous  Tune  des  formes  indéter- 
minées ^,  :;  :  car  alors  [1 89]  les  valeurs  dejp,  q  dépendent 
en  général  de  la  liaison  entre  jr  eX.  Xy  ou  sont  fonctions 
de  y.  On  ne  peut  donc  plus  éliminer^  entre  les  équa- 
tions (  I  )  tant  que  la  composition  des  fonctions  p^  q  en 
/'  n'est  pas  donnée;  et  lorsqu'elle  l'est,  l'élimination  ne 
conduit  plus  en  général  à  une  équation  linéaire  en  ^,  y),C 
Le  point  (.r,  y  y  z)  est  alors  un  point  saillant  de  la  sur- 
face donnée ,  et  le  lieu  des  tangentes  devient  une  sur- 
face conique,  c'est-à-dire,  une  surface  du  genre  de  celles 
que  décrit  une  droite  en  tournant  d'une  manière  quel- 
conque autour  d'un  point  6xe..Si,  par  exemple,  on  &it 
tourner  un  arc  de  cercle ,  moindre  qu'une  demi  -  cir- 


DES   PLANS   TANGENTS.  411 

conférence,  autour  de  sa  corde ,  les  deux  points  extrêmes 
de  Tare  sont  des  points  saillants  de  la  surface  engendrée 
par  ce  mouvement  de  rotation ,  et  le  lieu  des  tangentes 
aux  courbes  tracées  sur  la  surface ,  à  partir  de  chacun 
de  ces  points  y  est  la  sur&ce  d'un  cône  droit. 

Le  plan  tangent  peut  n'avoir  qu'un  point  de  corn» 
mun  avec  la  surface,  ce  qui  est  une  propriété  des  sur- 
faces convexes  en  tous  leurs  points ,  comme  celles  de  la 
sphère  et  de  l'ellipsoïde.  Mais  plus  généralement  ce  plan 
peut  couper  la  surface,  et  même  la  couper  suivant  une 
ligne  passant  par  le  point  de  contact ,  ce  qui  n'empêche 
pas  qu'il  ne  soit  le  lieu  des  tangentes  à  toutes  les  courbes 
tracées  en  ce  point  sur  la  surface.  .Cette  ligne  d'inter- 
section sépare  sur  la  surface  les  lignes  qui  s'élèvent  au- 
dessus  du  plan  tangent  de  celles  qui  s'abaissent  au-des- 
sous du  même  plan. 

Par  exemple,  si  le  cercle  MNM'N'  {Jig.  73  )  tourne 
autour  de  la  droite  PP'  comprise  dans  son  plan ,  il  en- 
gendre une  surface  connue  sous  le  nom  (Fanneau  ou 
de  surface  annulaire  :  dans  la  portion  de  la  surface  en- 
gendrée par  la  rotation  du  demi-cercle  MNM'  le  plan 
tangent  n'a  qu'un  point  de  commun  avec  la  surface , 
tandis  que  dans  l'autre  portion ,  engendrée  par  la  rota- 
tion du  demi-cercle  MN'M%  la  surface  est  coupée  par 
son  plan  tangent. 

237.  Soit  F  {Xfjr,  z)=o  l'équation  de  la  surface,  et 
exprimons  les  dérivées  p,  g  au  moyen  des  dérivées  par- 
tielles de  la  fonction  F  :  l'équation  du  plan  tangent  de- 
viendra 

c'est-à-dire  qu'on  la  déduit  de  ^=0 ,  en  remplaçant  les 


412  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VI. 

différentielles  dx ,  dy,  dz parles  différences Ç — ^x , »  — j^ 

La  droite  menée  par  le  point  de  contact,  perpendi- 
culairement au  plan  tangent ,  est  la  normale  à  la  sur- 
face, et  les  plans  qui  comprennent  la  normale  se  nom- 
ment plans  normaux.  L'intersection  de  la  surface  et  de 
l'un  quelconque  de  ses  plans  normaux  est  qualifiée  de 
section  normale  y  et,  par  opposition,  les  autres  sections 
planes  de  la  surface  sont  appelées  sections  obliques. 

Les  deux  équations  da  la  normale  se  tirent  de  la  for- 
mule 

\—x ^ — y C  —  z 

dF  ~    dF    ~     dF    ' 
dx  dy  ,  dz 


ou 


^-^-^-^  =  -(C-z) 


Pi 
Soient  X,  [jl,  v  les  angles  de  la  normale  avec  des  paral- 
lèles aux  axes  des  x^j^  z,  ces  angles  étant  mesurés  du 
coté  des  coordonnées  positives,  et  posons 

nous  aurons 

I     rfF  I     rfF 

COSX  =  — 7====  ,  COS(X=-— =    ^  ,  COS  V  =  ,.""'"' 

l^i-hp+y*  V^W^  l/i+/?'+y" 

Les  lettres  X,  (jl,  v  désignent  encore  les  angles  du  plan 
tangent  avec  ceux  des  ^2 ,  des  xz  et  des  xy.  Toutes  ces 
f(M*mules  sont  d'un  usage  très-fréquent. 
238.  Soit 

û{Fi=X<ir  +  Yrf7+Zrfz  =  o  (4) 


DES   PLANS   TAICGENTS.  413 

réquation  différentielle  commune  à  une  série  de  surfaces 

F{a:,r,z)  =  a,  (5) 

qui  ne  différent  que  par  la  valeur  du  paramètre  a  :  les 
équations  de  la  normale  pourront  s'écrire  sous  la  forme 

Y($— a;)  — X(rj-7)=o,  Z{l^a:)  —  XÇ:—z)=o; 
et  ce  seront  les  équations  des  droites  qui  touchent  au 
point  (a:, ^,  z)  des  lignes  tracées  dans  l'espace,  ayant  la 
propriété  de  satisfaire  aux  équations  différentielles 

Y-X^  =  o,Z-X^"=o. 
dx  dx 

Donc  ces  lignes  ont  aussi  la  propriété  de  rencontrer  sous 
l'incidence  normale  toutes  les  surfaces  représentées  par 
l'équation  (5)  ou  par  l'équation  (4) ,  conformément  à  ce 
qui  a  été  annoncé  \i'k^et  i5i]. 

239.  Appliquons  les  formules  précédentes  à  l'équa- 
tion 

qui  appartient  (  comme  il  est  facile  de  le  voir  d'après  sa 
forme  )  à  la  surface  engendrée  par  la  révolution  d'une 
hyperbole  autour  de  son  axe  non  transverse  :  surface  que 
l'on  désigne  sous  le  nom  Shyperbohïde  de  révolaiion 
à  une  nappe ,  pour  la  distinguer  de  Xhyperboloîde  de 
révolution  à  deux  nappes  y  décrit  par  la  rotation  d'une 
hyperbole  autour  de  son  axe  transverse. 
On  trouve  pour  l'équation  du  plan  tangent 

Lorsqu'on  y  considère  Ç ,  "ji  ,î  comme  des  constantes  ,  et 
Xj  y^  z  comme  les  coordonnées  courantes ,  cette  équation 
appartient  à  un  plan  qui  coupe  l'hyperboloïde  suivant 
une  courbe,  lieu  des  points  de  contact  de  l'hyperboloïde 


414  LIVRE   IV.   CHAPITRE   VI. 

avec  tous  les  plans  tangents  assujettis  à  passer  par  le 
point  (Ç>  Y) 9  0*  U*^  calcul  semblable,  appliqué  à  Téqua- 
tion  générale  des  surfaces  du  second  degré,  montre  éga- 
lement que  si,  par  un  point  donné,  on  mène  des  plans 
tangents  à  Tune  quelconque  de  ces  surfaces,  le  lieu  de 
tous  les  points  de  contact  est  une  courbe  plane  du  second 
degré.  Il  en  résulte  que  la  surface  conique,  circonscrite 
à  une  surface  du  second  degré,  est  un  cône  du  second 
degré. 

Si  le  plan  tangent  (7)  coupe  l'h^perboloïde  en  même 
temps  qu'il  le  touche ,  les  équations  de  la  ligne  d'inter- 
section sont  données  en  Ç,  tj  ,  2^  par  la  combinaison  de  l'é- 
quation (7)  avec  la  suivante. 

Or,  la  combinaison  des  équations  (6),  (7) ,  (8)  donne 

ou  bien 

et  cette  dernière  équation  se  décompose  en 

a»      ""     A    '  a^     ~         b 

L'une  ou  l'autre  de  ces  équations ,  associée  à  l'équa- 
tion  (  7  ) ,  représente  une  droite.  Donc  le  plan  tangent 
coupe  la  surface  suivant  deux  droites  menées  par  le  point 
de  contact  :  chacune  de  ces  droites  se  déplace  avec  le 
point  (^,^,  2),  et  conséquemment  Fhyperboloïde  peut 
être  décrit  par  chacune  de  ces  droites  mobiles. 

Rien  n'empêche  de  faire,  dans  les  équations  (6)  et  (7), 
2=0 ,  ce  qui  revient  à  prendre  pour  le  point  de  contact 


i 


BBS   PLANS    TAUGENTS.  415 

im  des  points  du  cercle  :r'-j-jK*=eï*,  suivant  lequel  l'hy- 
perboloïde  est  coupé  par  le  plan  a:j:  L'équation  (7) 
se  réduit  alors  à  :rÇ-j-^=a*,  et  elle  exprime  évidem- 
ment que  les  droites  mobiles  dont  il  était  question  tout 
à  l'heure  ont  pour  projection  sur  le  pjan  jcj-  des  droites 
tangentes  au  cercle  engendré  par  la  rotation  de  l'un  ou 
de  l'autre  des  sommets  de  l'hyperbole.  On  donne  à  ce 
cercle  le  nom  de  cercle  de  gorge  ou  de  ligne  de  strie- 
tion. 

240.  Mettons  l'équation  d'une  surface  sous  la  forme 
z-=f{^x^y)  :  on  aura  [157] 

dx^  dxdy  ^ 

^         dr        ^  j 

-0  désignant  un  nombre  compris  entre  zéro  et  l'unité. 
Soit 

l'équation  d'un  plan  quelconque,  assujetti  à  passer  par 
le  point  (^,  /,  z)  :  son  ordonnée  ^,  correspondant  aux 
abscisses  Ç=^-|"^^^  ^n  ==/-{- A^,  a  pour  valeur 

d'où 

/(a?+A^,7  +  A/)— C  =  (/?— /w)Aar+(gr— /î)A/ 

*L  da^  dxdy  ^ 

^  d^fjx^^l^.y+^t^y^^A  ^ 

IsjCy  by  étant  des  quantités  très-petites  du  premier  ordre 
et  d'ailleurs  quelconques ,  la  différence  des  ordonnées  de 
la  surface  et  du  plan 

/(a:  +  Aa:,7-f.Aj)— C  (A) 


416  LIVRE    IV.    CHAPITRE   Vf. 

est  une  quantité  très-petite  du  premier  ordre ,  tant  que 

les  termes 

{p—m)Lrrir{q—n)^jr^ 

vis'à-vis  desquels  on  peut  négliger  la  seconde  partie  de 
la  valeur  de  (a),  ne  s'évanouissent  pas;  mais  si  l'on  a 
m==Pf  n=:qy  ou  si  le  plan  {%')  se  confond  avec  le  plan 
tangent  (a),  la  différence  (à)  se  réduit  à  une  quantité 
très-petite  du  second  ordre.  D'ailleurs  on  reconnaît  aisé- 
ment que  la  perpendiculaire  abaissée  du  point  (j;-|- Ax, 
^-j-  A^,  z  -j-  Az  )  sur  le  plan  {%)  est  en  général  une  quan- 
tité de  l'ordre  de  (A).  Donc  on  peut  considérer  le  plan 
tangent  comme  un  plan  qui  -se  rapproche  de  la  surface, 
dans  le  voisinage  du  point  de  contact,  plus  que  ne  le 
ferait  tout  autre  plan  passant  par  le  même  point  [2o3]. 


CHAPITRE  VII. 


CARACTJ^RES    ANALYTIQUES    DES    PRINCIPALES     FAMILLES 
DE  SURFACES. 


241.  On  sait  que  toute  liaison  mathématique  ou  em- 
pirique entre  les  variables  .r,  /,  z,  désignée  d'une  ma- 
nière générale  par 

F(a:,7,  z)=:o,  (ij 

donne  lieu  à  la  construction  d'une  surface,  quand  ou 
considère  a:,  /,  z  comme  les  trois  coordonnées  qui  fixent 
la  position  d'un  point  dans  l'espace.  Mais  en  général  la 
surface  ainsi  construite  ne  serait  pas  définie  géométri- 
quement; et  maintenant  qu'il  s'agit,  non  plus  de  figurer 
dans  l'étendue  les  conceptions  de  l'analyse ,  mais  d'ap* 
pliquer  l'analyse  à  la  théorie  de  l'étendue,  nous  n'avons 
réellement  à  considérer  que  les  surfaces  caractérisées  par 
des  propriétés  géométriques. 

Il  peut  se  faire  que  la  définition  géométrique  d'une 
surface  se  traduise  immédiatement  par  une  équation 
entre  ses  coordonnées  courantes  ;  ainsi  l'équation 

exprime  immédiatement  ce  caractère  géométrique  par 
lequel  on  peut  définir  la  surface  d'une  sphère  :  savoir, 
que  tous  ses  points  sont  à  une  distance  constante  d'un 
autre  point  pris  ici  pour  origine  des  coordonnées.  Mais, 
plus  ordinairement,  la  définition  géométrique  d'une 
surface  consiste  à  assigner  la  loi  de  la  description  de  la 
surface  par  une  ligne  :  soit  que  la  ligne  se  meuve  sim- 
T.  I.  a7 


418  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

plement  dans  Fespace  sans  changer  de  forme,  soit  qu'elle 
change  de  forme  en  même  temps  qu'elle  se  déplace.  Dans 
ce  cas, l'équation  (i)  est  censée  donnée  par  l'élimination 
du  paramètre  a  entre  les  équations 

/(•^>  J>/>  «)=o,  f(a:,/,^,  a)=o,  (2) 
qui  sont  celles  d'une  ligne  tracée  dans  l'espace  :  cette 
ligne,  à  laquelle  on  donne  le  nom  de  génératrice  y  va- 
riant continuellement,  ou  de  position  et  de  forme,  ou 
au  moins  de  position ,  avec  le  paramètre  a. 

On  dit  encore  que  la  surface  (1)  est  le  lieu  géométri- 
que de  toutes  les  lignes  que  donne  le  système  des  équa- 
tions (a),  quand  on  y  fait  varier  sans  discontinuité  le 
paramètre  a. 

Ainsi ,  le  cône  droit  que  l'on  considère  dans  les  élé- 
ments de  géométrie  est  la  surface  décrite  par  une  droite 
qui  se  meut  en  passant  constamment  par  un  point  fixe, 
et  en  faisant  avec  une  autre  droite  menée  par  le  même 
point  un  angle  constant.  On  pourrait  encore  regarder 
la  surface  du  cône  comme  décrite  par  un  cercle  de 
rayon  variable,  dont  le  centre  se  meut  sur  l'axe  du  cône 
tandis  que  son  plan  reste  perpendiculaire  à  cet  axe,  et 
dont  le  rayon  est  proportionnel  à  la  distance  du  sommet 
du  cône  au  centre  du  cercle  mobile. 

242.  Ceci  conduit  à  la  distribution  des  surfaces  en 
familles,  d'après  les  analogies  géométriques  de  leurs 
modes  de  description;  et  cette  distribution,  aussi  cu- 
rieuse en  elle-même  qu'utile  pour  l'intelligence  des  opé- 
rations des  arts,  a  de  plus  pour  nous  cet  intérêt,  qu'elle 
se  lie  étroitement  à  la  théorie  des  fonctions ,  telle  que 
nous  l'avons  conçue.  Il  ne  faut  point  la  confondre  avec 
la  classification  des  lignes  ou  des  surfaces  algébriques 
d'après  le  degré  de  leurs  équations  ,  quoique  les  con- 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  419 

nexions  de  la  géométrie  et  de  l'algèbre  établissent  souvent 
des  analogies  entre  les  lignes  ou  entre  les  surfaces  asso- 
ciées par  le  degré  de  leurs  équations  algébriques  [^07]. 

Par  exemple,  le  cône  droit  dont  il  était  question  tout 
à  Theure  appartient  à  la  famille  des  surfaces  coniques, 
qui  ont  pour  caractère  générique  d'être  décrites  par 
une  droite  assujettie  à  passer  constamment  par  un 
point  fixe.  De  même  le  cylindre  droit  dont  on  s'oc- 
cupe dans  les  éléments  appartient  à  la  famille  des  sur- 
faces cylindriques ,  engendrées  par  une  droite  qui  se 
meut  en  restant  constamment  parallèle  à  elle-même.  Pour 
diriger,  dans  l'un  et  dans  l'autre  cas,  le  mouvement 
de  la  droite  génératrice,  rien  n'empêche  de  substituer 
au  cercle  qui  donne  le  cylindre  et  le  cône  ordinaires, 
une  courbe  quelconque,  algébrique  ou  transcendante, 
ou  tracée  dans  l'espace  d'une  manière  absolument  arbi- 
traire. En  général,  on  appelle  lignes  directrices  celles 
sur  lesquelles  s'appuie  la  ligne  génératrice  pour  décrire 
une  surface  déterminée. 

Lia  distribution  des  surfeces  en  familles  diffère  d'une 
classification  proprement  dite  [18]  en  ce  sens  que  la  même 
surface  peut  se  ranger  dans  diverses  familles,  selon  les 
analogies  diverses  que  son  mode  de  description  manifeste. 
Ainsi,  l'on  peut  encore  considérer  le  cône  et  le  cylindre 
ordinaires  comme  appartenant  à  la  famille  des  surfaces  de 
révolution^  qui  ont  pour  caractère  générique  d'être  dé- 
crites par  une  ligne  plane,  que  Ton  nomme  ligne  méri- 
dienne, tournant  autour  d'un  axe  fixe  compris  dans  le 
plan  de  la  méridienne,  ou  dans  le  plan  méridien.  La 
ligne  méridienne  se  réduit  à  une  droite,  parallèle  ou 
oblique  à  l'axe  do  rotation ,  dans  le  cas  du  cylindre  ou 

27. 


420  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

du  cône  droits  j  mais  elle  peut  être  une  courbe  tracée 
arbitrairement  dans  le  plan  méridien. 

Ainsi,  Ton  conçoit  que  des  surfaces  dont  les  équations 
ne  sont  pas  algébriques  et  ne  peuvent  même  s'écrire  avec 
des  signes  mathématiques,  sont  pourtant  susceptibles  de 
jouir  de  propriétés  communes  et  d'être  géométriquement 
étudiées,  sous  le  rapport  des  caractères  génériques  qui 
ont  servi  à  les  grouper. 

Classe  des  surfaces  réglées. 

243.  On  appelle  surfaces  réglées  toutes  celles  que 
peut  décrire  une  droite  en  se  mouvant  dans  l'espace 
d'une  manière  quelconque.  On  renversera  cette  défini- 
tion en  disant  que,  par  un  point  quelconque  pris  sur 
une  surface  réglée ,  on  peut  mener  une  droite  qui  s'ap- 
plique en  tous  ses  points  sur  la  surface.  Le  plan  tangent 
à  une  surface  réglée,  comprenant  toutes  les  tangentes 
aux  lignes  menées  sur  la  surface  par  le  point  de  con- 
tact, comprend  la  génératrice  menée  par  ce  point,  puis- 
qu'une ligne  se  confond  avec  sa  tangente,  quand  elle 
devient  droite. 

Les  équations  de  la  droite  génératrice,  étant  mises 
sous  la  forme 

j=:aa:4-Y,     3  =  pa:  +  a, 

ne  doivent  contenir  qu'un  paramètre  arbitraire,  sans 
quoi  il  n'existerait  pas  de  surface ,  lieu  de  toutes  les  gé- 
nératrices :  ainsi  l'on  a 

de  sorte  que  le  système  des  deux  équations 

j=:ou:4-^a,    zz=  Xff%  +  xioL  ^  (3) 

oïl  (p,  i(^ri  entrent  comme  caractéristiques  de  fonctions 


DES   FAMILLES    DE    SURFACES.  421 

arbitraives  ,  est  propre  à  représenter  une  surface  réglée 
quelconque. 

En  général^  les  deux  génératrices  infiniment  voisines, 
pour  lesquelles  le  paramètre  variable  prend  les  valeurs 
a  et  a-j-rfa ,  ne  se  rencontrent  pas  :  ce  qui  revient  à  dire 
[aSti]  qu'il  n'existe  pas  dans  l'espace  de  ligne  qui  soit 
l'enveloppe  de  toutes  les  droites  génératrices;  car  les 
équations  de  l'enveloppe,  si  elle  existait,  résulteraient 
de  l'élimination  de  a  entre  les  équations  (3)  et  leurs  déri* 
vées  prises  par  rapport  à  a, 

a?  4-  \|;'a  =  o  ,      ^  y'a  -+.  tïJ  «  =z  o. 
Mais,  pour  que  ces  deux  dernières  équations  puissent 
exister  ensemble,  il  faut  qu'on  ait 

•d'à  =  (p'a.  ^'a  ,  (4) 

équation  de  condition  qui  ne  laisse  arbitraires  et  indé- 
pendantes que  deux  des  fonctions  (fj^jXS. 

Quand  elle  n'est  pas  satisfaite,  et  que  les  droites  gé- 
nératrices n'ont  pas  d'enveloppe,  la  surface  réglée  est 
qualifiée  de  surface  gauche  :  au  cas  contraire,  elle  est 
(|ualifiée  (par  une  raison  que  nous  expliquerons  bientôt) 
de  surface  déifeloppabte. 

244.  Si  les  fonctions  ^ ,  ^,  xj  étaient  données,  l'équa* 
tion  de  la  surface  réglée  correspondante  résulterait  de 
l'élimination  de  a  entre  les  deux  équations  (3).  On  peut 
donc  considérer  dans  ces  deux  équations  les  variables 
aetz  comme  fonctions  des  deux  variables  indépendante^ 
.r,  j^.  En  prenant  les  dérivées  de  la  première  équation 
par  rapport  à  chacune  des  variables  indépendantes,  on  a 

£(a;  +  f  «)=-«,      ^(^  +  ^'«)=,5       (5) 
et  en  opérant  de  même  sur  la  seconde 

^(V«  +  ^'«)=;^  — ?«,      ^(^?«+trf'a)  =  jr.  (6) 


422  LIVRE    IV.    CHAPITRE   VII. 

On  en  conclut 

doi     dd        p  —  çpa  ,   V 

di'Tr=—r  =  ''''  ^7) 

de  sorte  qu'on  peut  aussi  représenter  une  surface  réglée 
quelconque  par  le  système  des  deux  équations 

OÙ  entrent  les  dérivées  du  premier  ordre  p  et  q^  mais 
oîi  n'entrent  plus  que  deux  signes  de  fonctions  arbitraires 
9  et  (|/.  La  seconde  de  ces  équations  donne,  par  deux 
différentiations  relatives  à  a:  et  à  ^, 

—  (<p'a— y)==r  +  a^,    ^  (ç  a  — y)  =  5  +  «^  , 

d'où ,  en  vertu  de  l'équation  (7), 

—  a  =  — : — -  ,  ou  aV  +  lias  -j-  r  =  o  .  (o) 

Donc  une  surface  réglée  quelconque  peut  encore  être 
représentée  par  le  système 

OÙ  entrent  les  dérivées  partielles  du  second  ordre  r,  s,  tj 
mais  où  n'entre  plus  que  le  signe  de  fonction  arbitraire 
^.  Enfin  9  si  nous  différentions  l'équation  (8)  par  rap- 
port à  a:  et  à  ^,  il  viendra 

d^      r  V  ,        ,  V 

dot 

a  y  (5  -h«^)=  —  (*'*'  4-  ^^^  ■*"*«)> 

et  par  conséquent 

—  anz— ou  a'^-i-3a'fv-i-  3aM/4-«=o.    (9) 

Si  maintenant  on  élimine  a  entre  les  équations  (8)  et 
(9),  on  aura  une  équation  aux  différences  partielles  du 
troisième  ordre ,  délivrée  de  tout  signe  de  fonction  ar- 
bitraire, ayant  la  même  généralité  que  le  système  des 


DES   FAMILLES    DE   SURFACES.  423 

équations  (3),  et  convenant  comme  celles-ci  aux  sur- 
faces réglées  quelconques. 

Ou  arrive  trèsrdirectement  au  même  résultat  eu  cou- 
sidérant  que,  sur  une  surface  réglée  quelconque,  trois 
plans  tangents  infiniment  voisins  se  coupent  suivant  une 
même  droite,  qui  est  l'une  des  génératrices,  lorsque  les 
trois  points  de  contact  infiniment  voisins  sont  pris  sur 
cette  génératrice  même. 

En  effet,  Téquation  du  plan  tangent 

a  pour  dérivées  deâ  deux  premiers  ordres 


d'p{l—x)  +  d*q{n'-y)—{da:dp-^dxdg)z=o  ;j  ^'""^ 
et  elles  devront  chacune,  par  leur  combinaison  avec 
l'équation  du  plan  tangent,  déterminer  la  même  ligne 
droite;  ce  qui  entraîne 

dx   dx   dz 

5 — ^        ^ — jr        Ç — z  ^ 
et  ce  qui  réduit  les  équations  (  i  o)  à 

dpdx  +  dqdyzziLO  ^  d^pdx-^- d*qdy:=io\ 
ou  bien  à 

Il  faudra  en  outre  que  l'on  tire  de  ces  deux  équations 
la  même  valeur  de  la  tangentey  de  l'angle  que  la  pro- 
jection de  la  génératrice  sur  le  plan  xjr  fait  avec  l'axe 
des^;  et  en  effet  les  deux  équations  précédentes  ne  dif- 
fèrent respectivement  des  équations  (8)  et  (9)  que  par 
le  changement  de  a  en  y. 

Ordre  des  surfaces  développables. 
245.  Quand  les  droites  génératrices  ont  une  envc- 


424  LIVRE    IV.    CHAPITRE   VII. 

loppe^  et  que  l'équation  (4)  est  satisfaite^  les  équations 
(6)  deviennent,  par  la  substitution  de  la  valeur  de  trf'a, 

d'oïl  l'on  tire,  en  vertu  des  équations  (5), 

Si  la  fonction  ,(p  était  donnée,  on  éliminerait  a  entre  ces 
dernières  équations ,  et  l'on  en  tirerait 

p=jiq .  (n) 

Tant  que  la  fonction  ç  reste  arbitraire,  la  fonction  n 
qui  s'en  déduit  conserve  la  même  indétermination  ;  et 
réciproquement  l'indétermination  de  n  maintient  l'in- 
détermination de  (f  :  les  surfaces  développables  sont  donc 
caractérisées  indifféremment,  ou  par  le  système  des 
équations  (3)  et  (4)  qui  renferment  les  coordonnées 
Xy  y  y  z  et  trois  fonctions  arbitraires ,  dont  deux  indé- 
pendantes; ou  par  l'équation  (K)  qui  ne  renferme  que 
les  dérivées  p  etq  sous  un  signe  unig;4e  de  fonction  ar-. 
bitraire. 

On  fait  disparaître  te  signe  Eien  passant  aux.  dérivées 
du  second  ordre,  et  il  vient,  comme  on  l'a  déjà  trouvé 
[.68], 

rt  —  *»iz=o  . 

Le  plan  tangent  à  une  surface  développable  touehe 
la  surface  sur  tout  le  prolongement  de  ia  droite  généra- 
trice comprise  dans  ce  plan  tangent.  En  effet,  la  condi- 
tion pour  le  plan  tangent  de  passer  par  une  génératrice 
donnée  établit,  pour  tous  les  points  de  contact  situés 
sur  cette  génératrice,  la  même  équation  de  condition 
entre  les  dérivées/?,  q;  et  si  l'on  y  joint  l'équation  (n), 
les  quantités /?,  5^  se  trouvent  individuellement  détermi- 


DES  FAMILLES  OE  SURFACES.         425 

nées,  et  ont  mêmes  valeurs  pour  tous  ces  points  de 
contact. 

De  cette  proposition  établie  pour  les  surfaces  dévelop- 
pables  il  faut  conclure  inversement  que ,  pour  les  sur- 
faces gauches,  le  plan  tangent  qui  comprend  toujours 
la  génératrice  menée  par  le  point  de  contact ,  ne  touche 
pas  la  surface,  et  par  conséquent  la  coupe  en  tout  autre 
point  de  la  droite  génératrice. 

246.  I^s  surfaces  développables  sont  ainsi  appelées 
parce  qu'elles  peuvent  s'étaler  ou  se  développer  sur  un 
plan  sans  déchirure  ni  duplicature ,  ou  sans  qu'une  ligne 
quelconque,  tracée  sur  la  surface,  ait  été  raccourcie  ou 
allongée  dans  aucun  de  ses  éléments.  Considérons  en  effet 
une  suite  de  génératrices  infiniment  voisines,  m\L^  ^Jf*^^ 
m^]f,^ , . .  .  {fig-  72  )  i  qui  se  coupent  deux  à  deux,  de  ma- 
nière à  avoir  pour  ligne  enveloppe  le  polygone  gauche 
infinitésimal  (xjji,(jl,  .....  L'élément  plan  m^un^  pourra 
tourner  autour  de  la  droite //i^pipt.,,  pour  venir  se  rabattre 
sur  le  plan  de  l'élément  contigu  m^iL^m^;  ces  deux.élé* 
ments  ,  ainsi  ramenés  dans  un  même  plan,  se  rabattront 
à  leur  tour  sur  le  plan  de  l'élément  m^}f.jmi^  et  ainsi  de 
suite.  Nous  reviendrons  dans  le  chapitre  suivant,  par 
d  autres  considérations ,  sur  cette  propriété  des  surfaces 
développables  et  sur  les  conséquences  qu'on  en  peut 
tirer. 

La  ligne  (jl(i.i|jl,,.  . .  ou  l'enveloppe  des  génératrices 
iW(t,  /w,(ji,,  /72t(t,,  etc.,  se  nomme  X arête  de  rebrousse- 
ment  de  la  surface  développable  qui  est  le  lieu  de  toutes 
ces  génératrices.  Chaque  ligne  à  double  courbure  peut 
donc  être  considérée  comme  l'arête  de  rebroussemeot 
d'une  surface  développable ,  décrite  par  une  droite  qui 
se  meut  en  restant  tangente  à  cette  ligne.  En  con^é- 


426  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

quence^  pour  compléter  la  théorie  des  lignes  à  double 
courbure,  il  convient  de  la  rattacher  à  celle  des  surfaces 
développables ,  ainsi  que  nous  le  ferons  plus  loin. 

L'arête  de  rebroussement  peut  se  réduire  à  un  point, 
comme  cela  arrive  pour  les  surfaces  coniques  qui  sont 
évidemment  développabléà.  Quand  le  point  d'intersection 
de  toutes  les  génératrices  s'éloigne  à  Tinfîni,  la  surface  , 
sans  cesser  d'être  développable ,  devient  une  surface  cy- 
lindrique. Nous  allons  traiter  plus  particulièrement  de 
ces  deux  familles  de  surfaces  développables. 

Famille  des  surfaces  cylindriques. 

247.  Mettons  les  équations  de  la  droite  génératrice 
sous  la  forme 

a7  =  £iz+a,    x  =  bz'^P;  (il) 

on  aura  entre  les  paramètres  variables  a ,  ^ ,  une  liai- 
son 

P  —  ?«  j  (?) 

d'où 

J— i^=^(a?-^flJ3)  .  (12) 

Tant  que  les  coefficients  a^  é  et  la  fonction  ç  conservent 
leur  indétermination ,  l'équation  (12)  convient  à  une  sur- 
face cylindrique  quelconque.  Si  l'on  assigne  aux  coeffi- 
cients a ,  b  des  valeurs  numériques ,  on  assujettit  les 
génératrices  à  faire,  avec  les  parallèles  aux  axes  des  coor- 
données, des  angles  déterminés. 

Après  avoir  pris  les  dérivées  de  l'équation  (  i^)  par 
rapport  à  chacune  des  variables  indépendantes  x^ /^  on 
éliminera  à  la  manière  ordinaire  la  fonction  9%  et  il 

viendra 

ap  +  bq=^i  ^  (i3) 

équation  aux  différences  partielles,  qui  a  précisément  la 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  427 

même  étendue  que  l'équation  (  1 2)  dont  elle  dérive.  D'a- 
près la  signification  géométrique  des  dérivées  /?,  gr,  Té- 
quation  (t3)  exprime  que  le  pian  tangent  est  toujours 
parallèle  à  la  droite  .x=zaz,jr=^èz;etVùn  aurait  pu 
s'appuyer  sur  cette  propriété  du  plan  tangent  (aux  sur- 
faces cylindriques,  pour  écrire  directement  Téquation 
(.3). 

248.  On  donne  le  nom  de  section  droite  à  la  courbe 
d'intersection  d'une  surface  cylindrique  et  d'un  plan  per- 
pendiculaire à  ses  génératrices.  Pour  déterminer  cette 
section  droite ,  ou,  plus  généralement ,  pour  déterminer 
la  fonction  arbitraire  ç  qui  entre  dans  l'équation  (  12)  , 
on  peut  assujettir  la  surface  à  passer  par  une  courbe  di- 
rectrice donnée  [2^':^].  Soient 

/(j:,j,  ^)  =  o,  (/)      (  ,... 

•    f(^,j,^)  =  o,  (f)      )  ^^^    ^ 

les  équations  de  la  directrice  :  on  éliminera  \r,  /,  z  en* 
tre  les  équations  (11),  \fi^)t  et  il  viendra  pour  résul- 
tante une  équation  de  la  forme 

F(«,p)=o,  ^        _       (F) 

qui  doit  être  identique  avec  (9)9  et  qui  détermine  par 
conséquent  la  fonction  9.  D'ailleurs ,  si  l'on  remet  dans 
l'équation  (F),  pour  a  et  p  leurs  valeurs  eax^j,  z,  il 

viendra 

F(^—  azy  y —  i^)=o  ,  (i4) 

et  ce  sera  l'équation  de  la  surfieice  cylindrique  demandée» 
Dans  le  cas  où  la  courbe  directrice  serait  tracée  dans 
le  plan  xy  et  aurait  pour  équation. 

/(^,7}  =  o  , 
r^uation  (F)  se  changerait  en  /(«,  lî)=±:o;,  et  Ton  au^ 
rait  pour  l'équation  (j4) 

f{x  —  az  ^  y  —  iz)  =  o  .  (i  5} 


428  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

Cette  dernière  équation  exprime  que  la  section  de  la. 
surface  par  un  plan  parallèle  à  celui  des  xy^  dont  l'or* 
donnée  est  z,se  projette  en^  suivant  une  ligne  identique 
avec  la  directrice ,  et  qu'on  obtiendrait  en  faisant  glisser 
la  directrice  sur  le  plan  xy^  parallèlement  à  la  droite  dont 

l'angle  avec  l'axe  des  x  a  pour  tangente  -  ,  de  manière 

que  tous  les  points  de  la  directrice  décrivissent  des  por- 
tions de  droites  parallèles,  égales  en  longueur  à  zl/^»-!-^». 
Par  conséquent,  l'équation  (  i5)  a  un  sens  géométrique 
déterminé;  et  elle  ramène  à  des  constructions  faciles  tous 
les  problèmes  que  Ton  peut  se  proposer  concernant  les 
surfaces  cylindriques ,  sans  qu'il  soit  besoin  de  faire  per- 
dre à  la  fonction  y*  de  sa  généralité,  en  lui  attribuant  une 
expression  mathématique;  au  lieu  que  l'équation  (i4)  n'a 
par  elle-même  aucun  sens ,  quand  l'élimination  entre  les 
équations  (i  i),  (,/"),  (f)  n'est  pas  praticable,  ou  lors- 
que les  fonctions  /*  et  f  cessent  d'avoir  une  expression 
mathématique.  Toutefois,  du  moment  que  la  courbe  di- 
rectrice est  donnée  par  le  tracé  de  ses  projections  sur 
deux  plans  rectangulaires ,  la  géométrie  descriptive  en- 
seigne à  construire  par  points  la  courbe  d'intersection  de 
la  surface  cylindrique  et  d'un  plan  donné,  tel  que  celui 
de  xy  :  de  sorte  que  le  système  d'opérations  graphiques 
usitées  dans  cette  branche  de  la  géométrie  se  rattache 
à  la  théorie  des  fonctions  continues  quelconques ,  comme 
tenant  lieu  d'éliminations  analytiquement  impossibles. 

Si  la  surface  cylindrique  doit  être  tangente  à  une  sur- 
face définie  par  une  équation  telle  que  (/*) ,  comme  dans 
le  problème  des  ombres  lorsque  le  point  lumineux  s'é- 
loigne à  l'infini,  on  tirera  de  (  /)  les  valeurs  de/?, y  en 
.r,/,  Zy  et  on  les  substituera  dans  l'équation  (i3),  ce  qui 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  429 

donnera  une  seconde  équation  (  f  )  appartenant  à  la  ligne 
de  contact  du  cylindre  et  de  la  surface  (^f).  Rien  n'em- 
pêchera de  prendre  cette  ligne  de  contact  (/*,  f)  pour 
directrice,  et  d'achever  la  solution  du  problème  comme 
précédemment. 

Famille  des  surfaces  coniques. 

249.  Les  équations  de  la  droite  mobile  qui  décrit  une 
surface  conique  en  passant  constamment  par  le  point 
{^oiTo^  ^o)>  peuvent  être  mises  sous  la  forme 

or— Xo  =  a  (r— Jo)  ,  ^  —  2,  =  p  {x—x'o)  .  (i6) 
On  doit  supposer  les  paramètres  a,  ^  liés  par  une  équa- 
tion telle  que  ((f) ,  et  alors  il  vient 

Tant  que  les  constantes  .x'c^o»  ^o  et  le  signe  ç  conser- 
vent leur  indétermination ,  cette  équation  est  propre  à 
représenter  une  surface  conique  quelconque.  On  élimine 
la  caractéristique  9  par  le  procédé  ordinaire ,  et  l'on 
tombe  sur  l'équation  aux  difTérences  partielles 

Z  —  z^=p{x—Xo)-\-q(jr—jro)  -^  (18) 

On  y  parvient  encore  directement  en  considérant  que  le 
plan  tangent  à  la  surface  conique  doit  toujours  passer 
par  le  point  (^oi^o?  -2^)  7  centre  de  la  surface. 

Lorsqu'on  prend  ce  centre  pour  origine  des  coordon- 
nées, l'équation  (17)  se  réduit  à 

et,  d'après  sa  forme ,  elle  est  homogène  par  rapport  aux 
variables  .r,^,z.  Dans  la  même  circonstance,  l'équation 
(18)  devient 


430  LIVRE    IV.    GHÀPITR£    VII. 

ce  qui  s  accorde  avec  le  théorème  des  foactions  homo- 
gèues  [1S12]. 

Si  la  surface  conique  a  pour  courbe  directrice  la  ligne 
(/,  f),  ou  élimijQera  02,  jr,  ^  entre  les.  équations  (16), 
{/)'>  (f)>ceqi^*  conduira  à  une  équation  finale  (F),  la- 
quelle détermine  implicitement  la  fonction  (p.  Remettant 
pour  a ,  p  leurs  valeurs  en  ^,  ^,  2,  on  aura  pour  l'équa- 
tion de  la  surface  conique 

Dans  le  cas  où  la  fonction  f  ne  serait  pas  donnée  direc- 
tement, mais  devrait  être  déterminée  par  la  condition 
que  la  surface  conique  touchât  la  surface  (./*),  cas  qui 
se  présente  dans  le  problème  des  ombres  lorsque  le  point 
lumineux  est  à  une  distance  finie  du  corps  opaque  placé 
sur  le  trajet  des  rayons,  on  tirerait  de  l'équation  (/') 
les  valeurs  de/?,  ^  en  a:,  /,  z  ;  on  les  substituerait  dans 
l'équation  (  18),  et  l'on  obtiendrait  ainsi  l'équation  (f). 

Ordre  des  surfaces  gauchos^  ayant  une  direclrice  r^ctiligae. 

250.  Si  Ton  prend  pour  directrice  l'axe  des  z,  les 
équations  de  la  génératrice,  mises  sous  la  forme 

z  ==  xça  +  a  ,    z  =  j^a  +  a  ,  (20) 

satisferont  à  la  définition  des  surfaces  comprises  dans  cet 
ordre.  On  en  conclut 

7       (pa  \a;J 

d'après  quoi  l'on  peut  remplacer  le  système  des  équa- 
tions (ao)  par  l'une  quelconque  des  deux  suivantes 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  431 

les  fonctions  (p,,  ij/,  étant  liées  par  Téquation  de  condi- 


tion 


'■©=£*.© 


Différentions  1  équation  (ai)  par  rapport  à^  et  à  ^  :  il 
viendra 

,=,.,©-.1^.(1). 

d'où 

et  en  différentiant  de  nouveau,  pour  éliminer  9., 

x^r  +  %xys  -+.  /"^  =  o  .  (24) 

Pour  tirer  l'équation  (24)  de  considérations  géométri- 
ques directes ,  nous  remarquerons  que ,  si  l'on  mène  par 
le  point  {^Xyfyz)  deux  plans,  l'un  passant  par  l'axe  des 
z  j  l'autre  tangent  à  la  surface  en  ce  point ,  ces  deux 
plans  qui  auront  respectivement  pour  équations 

y{^—x)  —  x{yi—y)^=.o  ,  (aS) 

Ç  — ;3=/7(Ç— ^)  +  y(T,— /)  ,    ^  (26) 

se  couperont  suivant  une  génératrice.  Si  le  point  de  con- 
tact change,  sans  cependant  sortir  du  plan  (aS) ,  le  nou- 
veau plan  tangent  coupera  encore  le  plan  (aS)  suivant 
la  même  génératrice.  Donc  les  équations  (aS),  (26)  sub- 
sistent en  même  temps  que  leurs  dérivées,  prises  par 
rapport  aux  variables  Xy  y-y  z^  savoir  : 
Xdy —  t{dx-=io , 
{rdx'\rsdy)  (Ç — x)  +  {sdx  -f-  tdy)  (ri— 7)  =  o  .  (26  ) 
En  vertu  de  l'équation  (  aS  ) ,  ces  deux  équations  devien- 
nent 

—  —  —       (rdx+sdy) x-\-(sdx 4-  tdy)yz=zo  ; 


432  LIVRK    IV.    —     CHAPITRE    VII. 

et  si  l'on  élimine  entre  celles-ci  le  rapport  --7^,  on  re- 
tombe sur  réquation  (a4)- 

Ordre  des  surfaces  gauches,  ayant  leurs  génératrices  parallèles 
à  un  plan  directeur. 

251.  Le  plan  xj-  étant  pris  pour  plan  directeur,  on  a 
pour  les  équations  de  la  génératrice 

d'où 

et  les  fonctions  <p  9  ^  restent  arbitraires.  Une  première 
différentiation  donne ,  par  l'élimination  de  la  fonction  i/ , 

^=2 — ffz;  et  l'on  trouve,  par  suite  d'une  seconde  dif- 
férentiation, 

^»r_  'xpqs  -HpV  =  o  .  (28) 

On  peut  arriver  plus  directement  à  l'équation  qui 
caractérise  les  surfaces  de  cet  ordre ,  sans  particulariser 
la  position  du  plan  directeur  par  rapport  aux  plans  coor- 
donnés. Soient 

Al-H  Btï  -h  ce  =  D 
réquation  du  plan  directeur ,  et 

A(Ç-a:)+B(ri-j)  +  C(C-z)  =  0  .  (29) 
celle  du  plan  parallèle  mené  par  le  point  {x^jr^  2)  :  la 
génératrice  passant  par  ce  point  sera  l'intersection  du 
plan  (29)  et  du  plan  tangent  (26).  De  plus ,  si  l'on  fait 
varier  le  point  de  contact  sur  la  même  génératrice,  le 
nouveau  plan  tangent  passera  encore  par  cette  généra- 
trice, qui  sera  en  conséquence  la  ligne  d'intersection  de 
deux  plans  tangents  infiniment  voisins.  Donc  on  aura, 
outre  l'équation  (26') ,  la  dérivée  de  (29) 

fLdx'{-hdy-{'C{pdx  +  qdx)=zo  .  (29') 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  433 

Si  l'on  chasse  des  quatre  équations  (26),  (a6'),  (29),  (29') 
les  rapports    1 

l--^       -^—y       dy 

il  reste  l'équation  de  condition 

(B  +  Cy)V— 2(B-+-Cî)(A-i.C/;)^  +  (A  +  C/7)>^  =  o, 
que  l'on  identifie  avec  l'équation  (28)  en  posant  A=o 
B  =  o,  mais  qui  acquiert  une  forme  encore  plus  simple 
dans  l'hypothèse  0=0,  ou  lorsqu'on  prend  le  plan  di- 
recteur perpendiculaire  à  celui  des  xy  :  car  elle  devient 
B»r—  2  ABs  4-  A'f  =  o  ;  (3o) 

et  enfin  elle  se  réduit  à  r=o,  ou  à^=:o,  quand  on 
prend  le  plan  directeur  parallèle  à  celui  des  xz  ou  à  ce- 
lui des  jrz ,  ce  qui  ne  restreint  pas  l'étendue  de  la  solu- 
tion. 

Famille  des  surfaces  conoïdes. 

252.  Quand  la  génératrice  d'une  surface  gauche  est 
assujettie  à  la  double  condition  d'avoir  une  directrice 
rectiligne  et  de  rester  parallèle  à  un  plan  directeur  la 
surface  décrite  est  un  conoïde.  En  d'autres  termes  la 
famille  des  surfaces  conoïdes  appartient  à  la  fois  aux 
deux  ordres  de  surfaces  gauches  dont  nous  venons  de 
traiter.  Les  surfaces  conoïdes  (à  l'exception  du  plan  oui 
s'y  trouve  compris  )  sont  nécessairement  gauches  •  car 
soient  AB  {fig.  74)  la  droite  directrice,  mn,  mn' 
mji^ , . .  . .  des  génératrices  infiniment  voisines  :  pour 
que  deux  génératrices  consécutives  se  trouvassent  dans 
le  même  plan,  il  faudrait  que  les  droites  infiniment  pe- 
tites nn^^  nn^yi, . . .  fussent  parallèles  à  AB;  ce  qui  ne 
peut  arriver  qu'accidentellement,  à  moins  que  la  ligne 
T.  I.  28 


434  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

polygonale  nn^n^ ....  ne  se  change  en  une  droite  pa- 
rallèle à  AB ,  et  alors  la  surface  décrite  est  un  plan. 

La  surface,  quoique  gauche,  est  qualifiée  assez  im- 
proprement deconoide  droit ,  lorsque  la  droite  directrice 
se  trouve  perpendiculaire  au  plan  directeur.  On  peut 
citer  comme  exemple  la  surface  décrite  par  une  droite 
qui  se  meut  en  coupant  toujours  perpendiculairement 
Taxe  d'un  cylindre  droit ,  et  en  s'appuyant  par  un  de 
ses  points  sur  une  hélice  tracée  à  la  surface  du  cy- 
lindre [234]-  On  donne  à  ce  conoïde  le  nom  de  surface 
héUcoîde  gauche. 

253.  Prenons  pour  plan  directeur  celui  des  xy,  et  pour 
origine  le  point  où  la  droite  [directrice  pénètre  ce  plan  : 
les  équations  de  la  directrice  serout 

x=:az^    y:=zbzy  (3i) 

et  celles  de  la  génératrice 

^  =  p,     X — Ap  =  a(ar— û,8)  . 
On  doit  toujours  concevoir  l'existence  de  la  liaison  (  (p  ) 
entre  les  paramètres  a,  ^  ;  ce  qui  donne  pour  l'équation 
générale  des  surfaces  conoîdes 

On  en  tire,  en  éliminant  à  la  manière  ordinaire  la  carac- 
téristique <p, 

p{x  —  az)  -+-y  (t"  —  hz)  =  o  .  (33) 

Le  sens  de  cette  dernière  équation  est  que ,  si  l'on  mène 
dans  le  plan  tangent  au  point  (^r,  /^  z)  une  droite  pa- 
rallèle au  plan  xy^  elle  coupera  la  directrice  (3 1);  et  en 
effet  la  droite  menée  ainsi  dans  le  plan  tangent  se 
confond  avec  une  génératrice. 

Supposons  que  la  droite  mobile  ait  pour  directrice , 
outre  la  droite  (3i),  une  autre  droite 

x:=imz'\-ny    yz=.m'z^n'  \ 


DES    FAMILLES    DE    SURFACES.  435 

la  fonction  ?  se  trouvera  particularisée  à  l'aide  d'une  éli- 
mination semblable  à  celles  que  nous  avons  déjà  opérées, 
et  il  viendra 

{mb~am')z-  +  {m'  ~b)  xz~{m  —  a)  yz 
'h(in  —  an)z+n'a:  —  ny^=:o^ 
équation  de  la  surface  du  second  degré  à  laquelle  on 
donne  le  nom  de parabo/oide  hyperbolique. 

Quand  le  conoïde  est  droit,  on  a  az=o,  bz=.o  :  les 
équations  (Sa)  et  (33)  deviennent  respectivement 

La  surface  connue  en  stéréotomie  sous  la  dénomina- 
tion  de  voûte  d! arête  en  tour  ronde,  est  un  conoïde  droit 
pour  lequel  la  seconde  directrice,  qui  prend  le  nom  de 
cintre^  est  ordinairement  une  ellipse  dont  le  plan  est  ver- 
tical  et  Fun  des  axes  aussi  vertical.  Mettons  les  équations 
de  cette  ellipse  sous  la  forme 

r*      z"^ 

on  trouvera  pour  l'équation  du  conoïde 

Famille  des  surfaces  de  révolution. 

254.  Parmi  les  surfaces  auxquelles  on  n'assigne  pas 
pour  caractère  distinctif  d'être  décrites  par  le  mouve- 
ment d'une  droite,  nous  ne  considérerons  ici  que  la  fa- 
mille des  surfaces  de  révolution  [24a].  Soient 

,      ^—'^.=a{z~z:) ,    r—Xo  =  à(z~zJ) 
les  équations  de  l'axe  de  révolution,  mené  par  le  point 
(•^o»ro,^o):un  plan  perpendiculaire  à  cet  axe  a  pour 
équation 

or  -{-  èj  4-  2  =  a  , 

28. 


436  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VII. 

et  ce  plan  coupe  la  surface  de  révolution  suivant  un 
cercle  qu'il  est  permis  de  considérer  comme  l'intersec- 
tion du  plan  et  d'une  sphère  qui  aurait  son  centre  au 
point  {x^j  7*0,  z^).  L'équation  de  cette  sphère  est 

et  la  liaison  (<p)  y  qui  dépend  dans  sa  forme  du  tracé  de 
la  courbe  méridienne ,  donne 

(a:  — j:o)"4-(r— ro)*+(^— '2o)*  =  cp(û^  +  *r  +  ^):(34) 
équation  propre  à  représenter  une  surface  quelconque 
de  révolution,  tant  que  les  constantes  x^^j^j  ^o^^f  ^>  ®t 
la  caractéristique  «p  conservent  leur  indétermination. 

En  prenant  les  dérivées  partielles  par  rapport  à  ^  et 
à  /,  on  a 

a  [x—x^  +p  {z — j3o)]  =(û+/?)  .  cp'  {ax-\-  ftj  +  z)  , 
a  [7— Jo  +q  (^^*o)]  =  (6+î)  .  (p'(a^4-ftr+  z)  ; 
d'où  l'on  conclut  par  l'élimination  de  <p% 

Cette  dernière  équation  exprime  que  la  normale  à  la  sur- 
face rencontre  l'axe  de  révolution.  Désignons  en  effet 
par  ^,  Y),  ^  les  coordonnées  courantes  de  la  normale  au 
point  (.r,  jy  z)  :  les  équations  de  cette  normale  seront 

celles  de  Taxe  de  révolution ,  rapportées  aux  mêmes  coor- 
données courantes,  deviendront 

et  si  l'on  chasse  Ç ,  yj  ,  ^  de  ces  quatre  équations ,  on 
tombera  sur  l'équation  (35). 

Lorsqu'on  prend  l'axe  de  révolution  pour  celui  des  z, 
ce  qui  revient  à  faire  ^o=o,  ;^^=o,  a  =  o,  ù=Oy  Té- 
quation  (35)  se  réduit  à 


DES   FàMILLES    DE  SURFACES.  437 

py_qxz=.0^  (36) 

et  réquation  (34)  devient 

ou,  ce  qui  est  la  même  chose ,  à  cause  de  i'indétermina- 
tioD  de  la  fonction  ^ , 

a:*-f-7*=T2ï  ou  bien    jî=t|;(a?*+7'). 
z  est  alors  l'ordonnée  de  la  courbe  méridienne  ,  dont 
j/pIfTp  désigne  l'abscisse. 

On  assujettira  la  surface  de  révolution  à  passer  par 
une  courbe  ( /,  f  ) ,  au  moyen  du  procédé  d'élimination 
déjà  indiqué  pour  les  surfaces  cylindriques  et  coniques. 

255.  Appliquons  ceci  à  la  détermination  de  la  surface 
engendrée  par  la  rotation  autour  de  Taxe  des  z  de  la 
droite 

j:  =  mz+/i,  yz=zm!z  -^n!  .  (Sj) 

On  aura  à  combiner  ces  équations  avec 

d'où 

(ma  -H  ny  +{m'a  +  nj  =  p  , 
et  en  remettant  pour  a  ^  P  leurs  valeurs, 

{mz  -h  nf  -h  {m!z  +  »')*  =ia^  -h/'  . 
Si  l'on  suppose  que  l'on  ait  pris  pour  axe  des  x  la  plus 
courte  distance  de  l'axe  de  révolution  à  la  droite  (37), 
celle-ci  se  trouvera  parallèle  au  plan  yz^  et  il  faudra 
poser  w=o,  /ï'=o;  au  moyen  de  quoi  l'équation  de  la 
surface  devenant 

x^+y^ — m'^z^zzzn^ , 
se  confondra  avec  l'équation  (6)  du  n®  aSg.  La  surface 
engendrée  est  donc  la  surface  réglée ,  connue  sous  le  nom 
d'hyperboloïde  de  révolution  à  une  nappe. 

256.  Proposons-nous  encore  de  déterminer  la  surface 


438  LIYRK    IV.  CHAPITRE   VIF. 

de  révolution  autour  de  Taxe  des  z,  dont  la  section  par 
le  plan  j'=-c  serait  l'ellipse 

le  calcul  donnera^  pour  l'ëquation  de  la  surface  cherchée. 

L'intersection  de  cette  surface  et  du  plan  xz  est  Tellipse 
ûf       z^ a*  +  c« 

représentée  {fig-  70  )  par  ABA'B' ,  tandis  que  l'ellipse 
(38)  se  projette  en  xz  suivant  l'ellipse  concentrique  et 
semblable  ahdh.   Or,  si  l'on  mène  les  droites  hc  , 
bc\  tangentes  à  l'ellipse  (38)  en  è  et  en  b\  il  est  visi- 
ble que  la  portion  cd  de  la  section  méridienne  est  la 
seule  qui  se  trouve  géométriquement  déterminée  par 
la  condition  que  la  surface  de  révolution  pénètre  le 
plan  /=c  suivant  l'eUipse  (  38).  De  c  en  B  et  de  d  en 
B'  le  tracé  de  la  section  méridienne  pourrait  être  quel- 
conque;   et   conséquemment   la  fonction  ç,  lorsqu'on 
donne  à  la  signification  de  la  caractéristique  <p  toute  la 
généralité  qu'elle  comporte ,  n'est  que  partiellement  dé- 
terminée par  la  condition  que  l'on  puisse  placer  sur  la 
surface  une  courbe  donnée.  Mais  quand  on  admet  ex- 
plicitement ou  implicitement  que  9  désigne  une  fonction 
algébrique  qui  ne  change  pas  d'expression  dans  toute 
l'étendue  de  son  cours,  elle  se  trouve  effectivement  déter- 
minée dans  toute  son  étendue  par  la  condition  que  l'on 
puisse  placer  sur  la  surface  une  courbe  algébrique  donnée. 


CHAPITRE  VIII. 


DES    SURFACES    EUrVELOPPtS. 


257.  La  théorie  des  courbes  enveloppes  [i8a  et  suw.^ 
se  généralise  et  s*étend  aux  surfaces  ,  mais  avec  des  mo- 
difications essentielles  qui  tiennent  au  fond  du  sujet. 

Soit 

¥{x,y,z,.a)  =  o  (F) 

l'équation  d'une  surface  courbe ,  dans  laquelle  entre  le 
paramètre  a.  En  assignant  une  suite  de  valeurs  à  ce  pa- 
ramètre, on  a  une  suite  de  surfaces  de  même  espèce,  qui 
en  général  se  pénètrent  suivant  certaines  lignes.  Consi- 
dérons en  particulier  deux  de  ces  surfaces 

F(^,  7,  2,  a)=ro,  F(^,7,  ^,  a4-Aa)  =  o  : 
par  le  décroissement  continuel  et  indéfini  de  la  variation 
Âa ,  la  ligne  d'iutersection  se  déplace  sur  la  première 
surface  ;  elle  se  rapproche  de  plus  en  plus  d'une  autre 
ligne  donnée  par  le  système  de  l'équation  (F)  et  de  sa 
dérivée 

f =«  •         (^ 

Monge  a  donné  à  la  ligne  ainsi  déterminée  le  nom  de 
caractéristique. 

Les  équations  de  la  caractéristique  contiennent  le  pa- 
ramètre a ,  et  varient  pour  chacune  des  surfaces ,  en 
nombre  infini,  que  l'équation  (F)  représente,  tant  que  a 
reste  indéterminé.  Si  l'on  élimine  a  entre  les  équations 
(F),  (F'),  ou  aura  une  troisième  équation 


440  LIVRE   IV.    CHAPITRE    VIII. 

et  celle-ci  appartiendra  à  une  surface  qui  peut  être  con- 
sidérée comme  le  lieu  de  toutes  les  caractéristiques. 

Pour  tous  les  points  situés  sur  une  même  caractéris- 
tique ,  la  surface  (d>)  a  le  même  plan  tangent  que  celle 
des  surfaces  (F)  à  laquelle  cette  caractéristique  corres- 
pond. £n  effet,  Téquation  du  plan  qui  touche  cette  der- 
nière surface  au  point  (a:,  jr,  2),  est 

dP ,.       .      oF ,        »      oF  ,v      \  f  \ 

d'ailleurs,  comme  réquation(^)  n'est  autre  chose  que 
l'équation  (F)  où  l'on  a  mis  pour  a  sa  valeur  en  ^ ,  ^,  z, 
tirée  de  l'équation  (F') ,  l'équation  du  plan  tangent  à  la 
surface  (^)  peut  être  mise  sous  là  forme 
/dF      dF  d%\f^      \       /dF      dF   da\  f         \ 

/dF      dF   doL\/        \ 

et  elle  se  réduit  à  l'équation  (a)  en  vertu  de  (F'). 

La  surface  (^)  jouit  donc  de  la  propriété  de  toucher 
ou  d'envelopper  les  surfaces  en  nombre  infini ,  dont  la 
série  est  donnée  par  la  variation  continue  du  paramètre 
a  dans  l'équation  (F).  On  donne  en  conséquence  à  celles- 
ci  le  nom  d^em^eloppées  et  à  la  surface  qui  les  touclie 
le  nom  d^ençeloppe.  Chaque  caractéristique  est  la  ligne 
de  contact  de  l'enveloppe  avec  une  enveloppée. 

11  peut  arriver  que  les  caractéristiques  deviennent 
imaginaires,  quand  le  paramètre  a  a  dépassé  certaines 
limites,  quoique,  pour  les  mêmes  valeurs  de  a,  l'équa- 
tion (F)  continue  de  représenter  des  surfaces  réelles,  qui 
alors  ne  sont  plus  touchées  par  Tenveloppe,  et  auxquelles 
la  dénomination  d'enveloppées  ne  s'applique  plus  que 
par  extension.   Ce  cas  est  analogue  à  celui  que  nous 


DES    SURFACES   ENVELOPPES.  441 

avons  signalé  en  traitant  de  l'enveloppement  des  courbes 
planes  [j  84]- 

Le  système  des  éc[uations  (F) ,  (F') ,  et 

quand  elles  ne  sont  pas  inconciliables,  détermine  le 
point  où  une  caractéristique  est  rencontrée  par  la 
caractéristique  infiniment  voisine  ;  et  l'élimination  de 
a  entre  ces  trois  équations  donne  les  deux  équations 
de  l'arête  de  rebroussemeut  de  la  surface  enveloppe 
décrite  par  le  mouvement  de  la  caractéristique  [246]. 
Enfin,  si  l'on  joint  à  (F),  (F),  (F") 
iPF 

on  p/sut  chasser  a  et  déterminer  individuellement  les 
coordonnées  x,  /*,  z  d'un  point  situé  sur  l'arête  de  re- 
broussemeut', et  qui  est  en  général  un  point  singulier  de 
cette  arête. 

258.  Considérons  maintenant  l'équation  d'une  sur- 
face 

F,(^,7,^,  a,p)  =  o,  [F] 

dans  laquelle  entreraient  deux  paramètres  arbitraires  a, 
^  :  il  n'y  a  pas  lieu  de  supposer  que  ces  deux  paramètres 
varient  à  la  fois  et  indépendamment  l'un  de  l'autre,  car 
cela  ne  conduirait  à  aucune  conséquence  géométrique  ; 
mais  on  peut  naturellement  admettre  qu'il  y  a  entre  a, 
P  une  relation  p  =  ça ,  au  moyen  de  quoi  l'équation 
précédente  devient 

F(^,7,^,  a,  (pa)  =  o  . 
On  peut  présentement  faire  varier  le  paramètre  a,  cç 
qui  engendrera  une  série  d'enveloppées  et  une  surface 
enveloppe  correspondante.  Comme  la  fonction  ç  estarbi- 


442  LIVUfi   IV.    CHAPITRE    VIH. 

traire ,  chaque  forme  qu'on  lui  assignera  déterminera  un 
système  de  surfaces  enveloppées ,  ayant  son  enveloppe 
particulière. 

D'ailleurs,  comme  l'équation  [F]  renferme  deux  va- 
riables indépendante  x,  j;i\  est  permis  de  la  difieren- 
tier  par  rapport  à  chacune  de  ces  variables ,  ce  qui 
donne 

dF  ^      dF  dF  ^     dF  ri^n 

l'élimination  de  a,  p  entre  les  équations  [F]  et  [F'] 
conduit  à  l'équation  aux  différences  partielles  du  pre- 
mier ordre 

/(^,7i^i/',y)  =  o;  (/) 

et  toutes  les  surfaces  enveloppées  données  par  l'équation 
[F] ,  comme  aussi  toutes  les  s.urfaces  enveloppes  don- 
nées par  l'élimination  de  a  entre  les  deux  équations 

F(x,:r,z,.,^,)=o,^ife^i^liîl)==o,    ((F)) 

jouissent  évidemment  de  la  propriété  de  satisfaire  à  l'é- 
quation (/). 

C'est  ici  que  se  rompt  le  fil  de  l'analogie  entre  la 
théorie  de  l'enveloppement  des  courbes  planes  et  celle 
de  l'enveloppement  des  surfaces.  Effectivement,  nous 
avons  vu  que  les  courbes  enveloppées  et  la  courbe  enve- 
loppe satisfont  à  la  même  équation  différentielle  à  deux 
variables,  dans  laquelle  le  paramètre  variable  n'entre  pas  ; 
mais  il  y  a  une  infinité  d'enveloppées  pour  une  enveloppe, 
et  par  conséquent  l'équation  commune  aux  envelop- 
pées satisfait  d'une  manière  plus  générale  à  l'équation 
différentielle  que  ne  le  fait  l'équation  de  l'enveloppe.  Au 
contraire ,  l'équation  [  F  ]  satisfait  à  l'équation  (/')  aux 
différences  partielles,  dans  laquelle  les  paramètres  a,  p 


DES    SURFACES    ENVELOPPES.  443 

n'entrent  pas,  avec  moins  de  généralité  que  ne  le  fait 
le  système  des  équations  ((F))  ;  puisque  toutes  les  surfaces 
données  par  l'équation  [F]  sont  des  surfaces  de  même 
espèce ,  qui  ne  diffèrent  que  par  les  valeurs  numériques 
des  paramètres  a,  ^;  tandis  que  les  surfaces  qui  sont 
données  par  le  système  des  équations  ((F))  varienl  d'es- 
pèce selon  la  forme  assignée  arbitrairement  à  la  fonc- 
tion (p  y  et  ne  sont  unies  entre  elles  que  par  un  caractère 
de  famille^  celui  de  satisfaire  à  une  même  équatiou 
aux  différences  partielles* 

Si  l'on  élimine  a,  p  entre  l'équation  [F]  et  ses  deux 
dérivées  par  rapport  à  <t  et  à  ^ , 

rfF  rfF 

^  =  ^'     rf^=^' 
ou  a  une  équation  en  x^  j^  z  seulement 

qui  satisfait  encore  à  l'équation  (/")  ;  et  la  surface  (^) 
jouit  de  la  propriété  de  toucher  ou  d'envelopper,  non- 
seulement  les  enveloppées  [F],  mais  encore  les  envelop- 
pes ((F)).  Cette  enveloppe  générale  et  individuellement 
déterminée  correspond  à  la  courbe  enveloppe,  détermi- 
née individuellement,  d'après  la  théorie  de  l'enveloppe- 
ment des  courbes  :  et  l'équation  (^)  qui  satisfait  à  l'équa- 
tion (y) ,  sans  pouvoir  rentrer  dans  le  système  ((F))  par 
une  détermination  convenable  de  la  fonction  arbitraire  (p, 
est  une  de  ces  intégrales  singulières  dont  on  a  annoncé 
l'existence  [1^7],  et  sur  lesquelles  nous  devons  revenir 
en  traitant  de  l'intégration  des  équations  aux  différences 
partielles. 

259.  Les  remarques  du  n**  précédent ,  au  sujet  de  Tin- 
détermination  de  la  fonction  <p  qui  entre  dans  les  équa- 
tions ((F)) ,  indiquent  la  liaison  de  la  ihéorie  de  lenve- 


444  LIVRB    IV.    CHAPITRE   Vlir. 

loppement  des  surfaces  avec  celle  du  groupement  des 
surfaces  par  familles  qui  a  fait  l'objet  spécial  du  précé- 
dent chapitre  ;  mais  cette  liaison  sera  rendue  plus  sen- 
sible au  moyen  des  considérations  suivaïites. 

Au  lieu  de  concevoir  qu'on  élimine  a  entre  les  équa- 
tions ((F)),  pour  obtenir  l'équation  de  la  surface  en- 
veloppe qui  correspond  à  une  forme  particulière  de  la 
fonction  (p^  pi*enons  ces  équations  simultanément,  de  ma- 
nière qu'elles  représentent  la  caractéristique  qui  corres- 
pond à  cette  forme  particulière  de  (p  et  à  une  valeur 
particulière  de  a.  Mettons  de  plus  la  seconde  de  ces 
équations  sous  la  forme 

rfF      dF       , 
•J-+  rr~  .'  ©  a  =  o  : 

comme  les  variables  x^  y^  z  ne  sont  pas  comprises  sous 
les  signes  9,  f',  on  voit  que  les  équations  de  la  caracté- 
ristique se  trouvent  composées  de  la  même  manière  en 
Xj  jj  z,  quelle  que  soit  la  forme  assignée  à  la  fonction 
(p.  Par  conséquent,  cette  caractéristique  peut  être  consi- 
dérée comme  la  génératrice  qui  décrit  à  volonté  l'une 
quelconque  des  surfaces  enveloppes  ((F)),  en  changeant 
de  position  dans  l'espace  ou  même  de  forme  suivant  une 
loi  déterminée  pour  chaque  enveloppe  par  la  forme  de 
la  fonction  ç;  mais  de  manière  toutefois  que  la  compo- 
sition en  Xj  y^z  des  équations  de  la  génératrice  ne 
change  pas.  De  là  le  nom  de  caractéristique  donné  par 
Monge  à  la  ligne  dont  il  s'agit,  parce  qu'elle  imprime 
un  caractère  de  famille  à  toutes  les  surfaces  comprises 
dans  le  système  ((Fj),  et  qui  jouissent  de  la  propriété 
de  satisfaire  à  l'équation  (/j. 

Au  point  de  vue  analytique,  la  description  d'une 
surface  par  la  génératrice  dont  les  équations  sont 


DES    SURFACES    KNVELOPPES.  .   445 

FC-a^^/î-î  a,  <pa)  =  0  ,  Fj(a7,/,  z,  a,  «pa)=o  ,  {b) 
n'est  qu'un  cas  particulier  de  la  description  par  une 
génératrice  dont  les  équations  prendraient  la  forme 
F(ar,7,iJ,  a,<pa,<p'a)=o,  F,(j:,/,  z-^  a,  <pa,  (p'a)  =o.  (*.) 
Le  second  système  n'a  pas ,  dans  sa  signification  j  plus 
d'étendue  que  l'autre,  à  cause  que  la  fonction  <p'  est  dé- 
terminée par  cela  seul  qu'on  assigne  la  fonction  f  :  seu- 
lement, si  les  fonctions  F,  F,  sont  algébriques,  on  peut 
tirer  des  équations  (b) 

et  par  suite 

f(a:,7,z)=(p[/(^,7,^)], 

fy  f  désignant  des  fonctions  connues;  tandis  que  l'élimi- 
nation ne  sera  praticable  entre  les  équations  {b^  qu'a- 
près qu'on  aura*particularisé  la  fonction  ç  :  ce  qui  em- 
pêche d'exprimer  par  une  seule  équation  toutes  les 
surfaces  de  même  famille  que  le  système  (è,)  repré- 
sente ,  à  la  faveur  de  l'indétermination  du  signe  9. 

Si  maintenant  on  suppose  que  la  fonction  F  ne  con- 
tient pas  9' a,  et  que  Ton  a 

on  retombe  encore  sur  un  cas  particulier  de  description 
qui  est  celui  dont  nous  nous  occupons  dans  ce  chapitre  : 
la  génératrice  prenant  le  nom  de  caractéristique,  et 
étant  donnée  par  l'intersection  de  deux  enveloppées 
infiniment  voisines.  • 

260.  La  même  enveloppe  peut  avoir  des  caractéristi- 
ques différentes,  ce  qui  revient  à  dire  que  la  même  , 
surface  peut  avoir  diverses  génératrices,  et  par  suite  ap- 
partenir à  la  fois  à  diverses  familles  [a4ti]. 

Mais  sans  sortir  de  la  même  famille  de  surfaces,  ca- 


446  LIVRE    JV.    CHAPITRE    VrU. 

ractérisée  piir  la  niême  équation  aux  différences  par- 
tielles, on  trouve  que  la  même  enveloppe  peut  corres- 
pondre à  une  infinité  de  systèmes  différents  d'enveloppées; 
ou  que  la  caractéristique,  dont  le  mouvement  engendre 
la  surface  enveloppe,  et  qui  est  donnée  par  l'intersection 
de  deux  enveloppées  consécutives ,  peut  rester  la  même, 
quoique  les  surfaces  qui  se  coupent  soient  différentes. 

Pour  en  donner  un  exemple  bien  simple,  imaginons 
un  plan  qui  se  meuve  en  touchant  constamment  l'enve- 
loppe suivant  une  caractéristique  :  ce  plan  engendre 
une  surface  développable,  dans  l'équation  de  laquelle 
entrent  a  et  <pa;  de  sorte  que,  si  l'on  y  fait  varier  a,  on 
obtient  une  suite  de  surfaces  développables  tangentes 
à  l'enveloppe,  et  dont  deux  quelconques  consécutives  se 
coupent  suivant  une  des  caractéristiques.  Donc,  si 
l'on  suppose  que  la  surface  développable  change  sans 
cesse  de  forme  et  de  situation  dans  l'espace  en  vertu  de 
la  variation  continue  du  paramètre  oc,  elle  aura  la  même 
enveloppe  que  le  système  des  enveloppées  primitives. 
^on^eV ^LifiçûleY enveloppée déifeloppable.  On  pourrait 
imaginer  une  infinité  d'enveloppées  différentes,  ayant  les 
mêmes  caractéristiques  et  la  même  enveloppe. 

Ceci  se  voit  aussi  facilement  par  l'analyse.  En  eflfet, 
puisque  la  fonction  9,  dans  le  système  des  équations  ((F)  j, 
peut  être  particularisée  d'une  manière  quelconque,  il 
est  permis  de  poser,  par  exemple, 
(pa  =  a  H-  ia  , 

a  et  b  étant  d'autres  constantes  quelconques,  ou  bien 
encore 

4;  désignant  une  autre  fonction  quelconque.  On  pourra 
alors  éliminer  a  entre  les  équations  ((F)),  et  Ton  aura  l'é- 


DES  SURFACES  ENVELOPPES.  447 

quation  d'une  enveloppe  de  la  forme 

*  (-^,7,  ^j«> +«)  =  <>  • 
Or,  rien  n'empêche  d'attribuer  à  ^  une  forme  arbitraire 
quelconque,  puis  de  faire  varier  le  paramètre  a  d'une 
manière  continue;  on  reproduit  ainsi  une  série  d'enve- 
loppées, distincte  delà  série  des  enveloppées  primitives, 
et  dont  néanmoins  les  enveloppes  jouissent  de  la  pro- 
priété de  satisfaire  à  l'équation  (f);  ce  qui  suppose 
qu'elles  ont  avec  les  nouvelles  enveloppées  les  mêmes 
lignes  de  contact  qu'avec  les  enveloppées  primitives. 

261.  Un  exemple  éclaircira  tout  ce  qui  précède.  L'é- 
quation 

(x-^)«+(jr-p)*+z'=R*,  (.) 

quand  on  y  considère  a,  p  comme  des  paramètres  sus- 
ceptibles de  varier  sans  discontinuité,  appartient  à  une 
infinité  de  sphères,  qui  toutes  ont  leur  centre  dans  le 
plan  ,x/  et  le  même  rayon  R.  Cette  équation ,  différen- 
tiée  par  rapport  aux  deux  variables  indépendantes^,^, 

donne 

x — oe  +  jE>z  =  o  ,     y — p  +qz  =  o  ; 

et  l'on  en  déduit  l'équation  aux  différences  partielles 

à  laquelle  satisfont  toutes  les  surfaces  sphériques  repré- 
sentées par  l'équation  (i). 

Les  paramètres  a,p  désignent  ici  les  coordonnées  du 
centre  de  la  sphère.  Si  l'on  établit  la  liaison  arbitraire 
P=<fa^  ce  sera  faire  la  même  chose  que  si  l'on  traçait  arbi- 
trairement dans  le  plan  xj-  la  courbe  que  doit  décrire 
le  centre  de  la  sphère  mobile.  L'enveloppe  de  toutes  les 
sphères  de  même  rayon,  qui  ont  leur  centre  sur  la 
courbe  ainsi  tracée,  est  un  canal^  à  section  circulaire 


448  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VIII. 

constante,  qui  a  pour  axe  ou  pour  ligne  médiane  la 
courbe  tracée  arbitrairement.  Toutes  les  surfaces  de  la 
famille  des  surfaces-canoua:,  parmi  lesquelles  le  cylin- 
dre droit  se  trouve  compris,  sont  donc  représentées  par 
le  système  des  deux  équations 


^r— a-*-(r— fa)9'a  =  o,  (  ^  ^ 

et  elles  jouissent  de  la  propriété  de  satisfaire  à  l'équa- 
tion (a),  aussi  bien  que  les  sphères  qu'elles  enveloppent. 
En  effet,  la  propriété  géométrique  exprimée  par  l'é- 
quation (a)  consiste  en  ce  que  le  cosinus  de  l'angle  de 
la  normale  avec  l'ordonnée  z  a  pour  valeur  numérique 

[a  37]  ±5"?  ou  bien  en  ce  que  la  normale  vient  couper 

la  ligne  médiane  du  canal,  ce  qui  est  un  caractère  évi- 
dent des  surfaces  de  cette  famille. 

Le  système  des  équations  (3),  quand  on  n'y  considère 
plus  a  comme  un  paramètre  à  éliminer,  détermine  la  ca- 
ractéristique correspondante  à  la  valeur  a  du  paramè- 
tre :  cette  caractéristique,  donnée  par  l'intersection 
d'une  sphère  et  d'un  plan  qui  passe  par  le  centre  de 
la  sphère,  est  un  grand  cercle  de  la  sphère. 

Quand  on  joint  aux  équations  (3)  la  dérivée  du  se- 
cond ordre 

Cr-^«)A-i-(T'«)'=o,  (4) 

et  qu'on  élimine  a  entre  les  trois*^  équations,  après  que 
la  fonction  (p  a  été  particularisée,  on  a  en  .r,^,  z  les 
équations  de  l'arête  de  rebroussement  de  la  surface  en- 
veloppe. 

Si  l'on  éUmine  a,  p  entre  l'équation  (  i  )  et  ses  dérivées 
par  rapport  à  a  et  à  ^, 

X  —  a=Hf       y — p=o, 


DES    SURFACES    ENVELOPPES.  449 

l'équation  résultante  z'=R',  ou  z  =  ±R  satisfait  en- 
core à  l'équation  (a).  La  surface  qur  touche  à  la  fois 
toutes  les  enveloppées,  et  toutes  les  enveloppes  com- 
prises dans  le  système  des  équations  (3),  ou  l'eut veloppe 
générale  de  toutes  les  surfaces  qui  satisfont  à  l'équation 
(a),  se  réduit  donc  au  système  de  deux  plans ,  parallèles 
à  celui  des  xfy  comme  cela  était  évident  avant  tout 
calcul. 

Si  l'on  pose,  dans  les  équations  (3),  ça=aa-|-^,  et 
qu'après  la  substitution  on  élimine  le  paramètre  a,  il 
viendra:  pour  équation  résultante 

équation  d'un  cylindre  circulaire  dont  le  rayon  est  R, 
et  dont  l'axe,  compris  dans  le  plan  xy^  a  pour  équation 
y=zaX'\'h.  Effectivement,  nous  avons  déjà  remarqué 
qu'un  tel  cylindre  est  compris  dans  la  famille  des  sur- 
faces-canaux qui  peuvent  envelopper  l'espace  parcouru 
par  une  sphère  de  même  rayon ,  dont  le  centre  mobile 
décrit  une  ligne  sur  le  plan  xy.  Et  de  même  on  peut 
faire  mouvoir  Taxe  du  cylindre  dans  ce  plan,  de  ma- 
nière que  l'enveloppe  soit  l'une  quelconque  des  surfaces- 
canaux  représentées  par  le  système  des  équations  (3), 
ou  l'une  quelconque  des  sphères  données  par  l'équation 
(i).  Pour  faire  mouvoir  le  cylindre  de  manière  que  l'en- 
veloppe soit  une  sphère,  il  suffit  de  donner  à  l'axe  un 
mouvement  de  rotation  autour  de  l'un  de  ses  points  pris 
pour  centre  fixe. 

Le  cylindre  (5)  est  l'enveloppée  développable  dont  il 
a  été  question  plus  haut. 

262.  Pour  exprimer  que  nous  établissions  une  liaison 
entre  les  paramètres   a,  P,  nous  avons  écrit  P=(pa, 

T.    I.  2y 


450  LIVRE   IV.    —    CHAPITRE    VllI. 

mais  il  aurait  été  plus  général  d'exprimer  cette  liaison 
par  réquation      ^ 

trf(«,p)  =  o;  (xi) 

et  alors  le  système  des  deux  équations  ((F))  se  serait 
trouvé  remplacé  par  un  système  de  quatre  équations 

F(x,/,Z,a,p)  =  o,^rfa+^rfp  =  o, 

Cette  notation  plus  compliquée  est  même  la  seule  qui 
soit  aussi  complète  que  la  généralité  de  l'analyse  le  re- 
quiert. Rien  n'empêche,  par  exemple,  de  supposer  que 
l'équation  (vi)  prenne  accidentellement  la  forme 

(«— A)*  +  (p— *)»  =  o,  (tiJ.) 

h^/c  désignant  des  constantes  :  auquel  cas  on  en  déduit 
oLz=/iy  P=A*,  sans  qu'il  soit  possible  de  tirer  de  l'équa- 
tion (xj,)  une  relation  de  la  forme  p=:ça,  à  moins  d'em- 
ployer des  symboles  imaginaires.  C'est  ainsi  que,  dans  le^ 
système  des  équations  (3),  on  ne  peut  pas  particulariser 
la  fonction  f  de  manière  que  ce  système  représente  l'une 
des  enveloppées  sphériques,  qui  cependant  sont  com- 
prises parmi  les  surfaces  jouissant  de  la  propriété  de 
satisfaire  à  l'équation  (a).  Sous  ce  rapport,  on  pourrait 
dire  que  le  système  (3)  n'a  pas  la  même  généralité  que 
l'équation  {a),  et  qu'il  faut  y  joindre,  pour  le  compléter, 
l'équation  générale  des  sphères  enveloppées  ï  mais  ceci 
ne  tient  qu'aux  limitations  introduites  par  un  mode  de 
notation  destiné  seulement  à  rendre  l'écriture  plus 
concise;  et  les  limitations  disparaissent  lorsqu'on  donne 
aux  notations  la  généralité  qu'elles  comportent. 

Cette  remarque  est  si  simple,  que  nous  laurions  né- 
gligée si  elle  ne  faisait  évanouir  une  difficulté  à  la- 


DES    SURFACES    ENVELOPPES.  451 

quelle  Lagrange  a  semblé  attacher  de  Tiinportance  ('). 
*  263.  Puisque  l'équation  (/*)  subsiste  pour  des  enve- 
loppées quelconques  y  elle  subsiste  aussi  pour  la  ligne 
d'intersection  de  deux  enveloppées,  et  peut  être  consi- 
dérée comme  une  équation  différentielle  à  laquelle  doi- 
vent satisfaire  les  coordonnées  de  cette  ligne.  Après 
qu'on  a  posé  p=f  a,  les  équations  des  deux  enveloppées 
qui  se  coupent  ne  diffèrent  plus  que  par  la  valeur  du 
paramètre  a;  et  sur  la  ligne  d'intersection  les  valeurs 
de  Xj  y-y  z  sont  les  mêmes,  mais  celles  de  /?,  q  varient 
en  raison  du  paramètre  a;  ou,  en  d'autres  termes,  les 
deux  surfaces  ont,  en  chaque  point  de  la  ligne  d'inter- 
section, des  plans  tangents  inclinés  l'un  à  l'autre.  Mais 
si  la  ligne  d'intersection  se  change  dans  la  caractéris- 
tique, les  deux  enveloppées  devenant  infiniment  voisi- 
nes, l'inclinaison  des  deux  plans  tangents  s'efface,  et 
l'on  a 

df  i*        ^f  dp      df  dq  .^,. 

^=o,oubien    -.^  +  ^.5^  =  0;        (/) 

car  les  coordonnées  x^y^  z,  étant  prises  sur  une  ligne 

commune  aux  deux  surfaces,  ne  varient  pas  en  raison 

de  a.  D'un  autre  côté,  si  l'on  différentie  par  rapport  à 

a  l'équation 

dz^pdx  +  qdy  ^  {c) 

on  a,  par  la  même  raison , 

d(3L  doL  -^  ^  ^ 

L'élimination    de   ~7->~r    entre   les   équations  (/')   et 
(c)  donne 

[^)  Leçons  sur  le  calcul  des  fonctions  ^  a*  édit.,    p.  372  et  ^^74. 

a9- 


452  LIVRE    IV.   CHAPITRE    VIII. 

équation  différentielle  à  laquelle  doivent  satisfaire  les 
coordonnées  de  la  caractéristique,  en  même  temps 
qu'elles  satisfont  à  l'équation  (/*). 

Dans  l'exemple  qui  nous  occupe,  on  trouve 

et  par  suite 

pdjr  —  qdx  =  o  ; 

ce  qui  exprime  que  les  caractéristiques  des  surfaces-ca» 
naux  sont  en  même  temps  les  lignes  de  plus  grande 
pente  de  ces  surfaces  [126}. 

Les  équations  (c)  et  (/* ")  appartiennent  à  une  carac- 
téristique quelconque,  placée  sur  une  enveloppe  quel* 
conque;  et  les  quantités/'^  q,  qui  entrent  dans  ces  équa* 
tions,  spécifient  pour  chaque  point  (^,  j^,  z)  la 
caractéristique  menée  par  ce  point.  Donc,  si  l'on  élimine 
/?,  q  entre  les  trois  équations  (/*),  (c)  et  (y^'),  l'équation 
résultante  appartient  à  la  courbe  qui  est  touchée  par 
toutes  les  caractéristiques,  ou  à  l'arête  de  rebroussement 
de  la  surface  enveloppe. 

On  trouve  ainsi  que  les  coordonnées  de  l'arête  de  re- 
broussement des  surfaces-canaux  doivent  satisfaire  à  l'é- 
quation différentielle 

z 
Cette  arête  de  rebroussement  peut  d'ailleurs  se  ré- 
duire à  un  point,  ou  même  devenir  imaginaire.  Posons, 
par  exemple, 

l'équation  (4)  se  i*éduit  à^=o;  et  de  la  seconde  ëqua- 


DES  SURFACES  ENVELOPPES.  453 

tion  (3)  qui  devient  alors 

X  l/^R,*  —  a*  —  aj  z=z  o  , 

on  tire  aussi  x=o;  enfin  ces  valeurs  de  x  et  de ^, subs- 
tituées dans  la  première  équation  (3),  donnent  pour  la 
valeur  correspondante  de  l'ordonnée  z^ 
JB  =  ±1/R»  — R.S 
de  sorte  que  Tarête  de  rebroussement  se  réduit  à  deux 
points  situés  sur  Taxe  des  z,  dans  le  cas  de  R  >  R^ ,  à 
un  seul  point  (qui  est  l'origine  des  coordonnées)  pour 
R=R^,et  finalement  devient  imaginaire  si  l'on  a  R  <  R^, 
auquel  cas  la  surface  décrite  est  un  anneau  proprement 
dit  [236]. 

264.  Montrons  maintenant  comment  on  peut  déter- 
miner la  fonction  arbitraire  <p,de  manière  que  la  surface 
assignée  par  le  système  des  équations  (CF))  passe  par 
une  courbe  donnée 

f(jr,j,^)=o,  (f) 


f.(:r,7,^)=o.  (f.)     j  ^^^^ 

Pour  cela  il  faut  que  la  tangente  à  cette  courbe  se  trouve 
constamment  dans  le  plan  tangent  à  l'enveloppée  .et  à 
l'enveloppe  au  point  {x,  y^  z).  Soient 

X.—z=p  i!^—x)  -f-  q  (iri— j)       . 
l'équation  du  plan  tangent,  et 

les  équations  de  la  tangente  à  la  courbe  (f ,  f  )  :  /?,  q  sont 
des  quantités  données  en  fonction  de  ;r,j^*,  z,  a,  tp a,  au 
moyen    de   la    première    équation    ((F));    tandis    que 

-i-y  -4-  sont   des  fonctions  de  j; ,  / ,  z  fournies  par  la 

différentiation  des  équations  (f),  (f,).  Cela  posé,  la  con- 
dition que  l'on  vient  d'énoncer  établit  entre  x-t  /,  z,  a,  <p« 


454  LIVRE    IV.    CHAPITRE   VIII. 

une  liaison  exprimée  par  Tëquation 
dx         dr 

Après  qu'on  en  aura  chassé  x,  /,  z  au  moyen  de  l'é- 
quation de  l'enveloppée  et  de  celles  de  la  courbe ,  elle 
deviendra  de  la  forme 

tJ(a,  <pa)=:  o  ,  (tJ) 

et  déterminera  par  conséquent  la  fonction  f . 

Si  cette  fonction  devait  être  assignée  d'après  la  con- 
dition que lenveloppe correspondante  touchât  la  surface 

(f),  on  tirerait  de  (f)  les  valeurs  de  ^  ^  t-  en  x^jj  z, 

et  l'équation  {d)  se  trouverait  remplacée  par 
dz  dz 

les  valeurs  de  p^q  étant  censées  données,  comme  tout 
à  l'heure,  en  fonction  de  a:,/,  z,  a,  ça,  par  la  différen- 
tiation  de  l'équation  de  l'enveloppée.  On  joindrait  en- 
suite l'équation  de  l'enveloppée  aux  équations  (f)et  {e\ 
et  l'on  éliminerait  x^jr^  z  entre  ces  quatre  équations,  ce 
qui  donnerait  la  relation  cherchée  (t*)  entre  a  et  <pa. 

La  fonction  ç  déterminée,  on  aura  par  la  différen- 
tiatioti  la  fonction  9',  et  l'on  pourra  substituer  dans  les 
équations  ((F))  les  valeurs  en  a  de  ça,  <pa,  puis  élimi- 
ner a,  afin  d'avoir  en  x,  /,  z  l'équation  de  l'enveloppe 
cherchée;  ou  (ce  qui  revient  au  même)  on  peut  joindre 
à  l'équation  (trf)  sa  dérivée 

rftrf      rfcJ      ,  ,_,^ 

doi  -^■■^•^«  =  ^'  .    i^O 

et  procéder  d'une  manière  quelconque  à  l'élimination  de 
a,  <pa,  <pa  entre  les  quatre  équations  ((F)),  (trf),  (trf'). 
265.  Proposons-nous  comme  application  de  détermi- 


DES   SURFACES   ENVELOPPES.  455 

ncr  la  fonction  <f  qui  entre  dans  le  système  des  équa- 
tions (3),  de  manière  que  la  section  de  la  surface  du  ca- 
nal par  le  plan  xz  soit  l'ellipse 

-    $^i=--  («) 

réquation  (d)  deviendra 

X — a A* 

et  Ton  aura  pour  l'équation  (%i) 

(?«)'         «'    _R' 

On  peut  remettre  ^  à  la  place  de  99  :  a,p  désignant 
alors  les  coordonnées  courantes ,  parallèlement  aux  axes 
des  ^et  des/,  de  l'axe  curviligne  ou  de  la  ligne  médiane 
du  canal  dans  le  plan  xy.  Selon  qu'on  aura  a  <  ou  >  ^, 
l'équation  de  cette  ligne* 

appartiendra  à  une  ellipse  ou  à  une  hyperbole.  Nous 
supposons  ^  <  R,  afin  d'éviter  la  difficulté  qui  naîtrait 
de  ce  que  la  courbe  (6)  ne  resterait  pas  comprise  dans 
toute  son  étendue  entre  les  deux  plans  z=d=R  qui  \v 
mitent  les  surfaces  données  par  le  système  des  équa- 
tions (3). 

Il  est  d'ailleurs  évident  que  la  courbe  (6)  ne  doit  dé- 
terminer la  courbe  (7)  que  dans  la  portion  de  son  cours 
comprise  entre  les  droites  p=±R;  ou,  en  d'autres  ter- 
mes ,  que  l'intersection  de  la  surface  enveloppe  par  le 
plan  xz  ne  change  pas ,  quel  que  soit  le  tracé  de  la  ligne 
décrite  par  le  centre  de  la  sphère  enveloppée  sur  le  plan 
xj-f  dès  que  le  centre  de  la  sphère  est  à  une  distance, 
de  l'axe  des  x  plus  grande  que  son  rayon.  Ainsi  Téqua- 


45G  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VIII. 

tion  (6)  ne  peut  donner  la  fonction  arbitraire  9  dans 
toute  rétendue  de  son  cours  qu'autant  qu'on  admet  que 
cette  fonction  9  est  algébrique  et  conserve  dans  tout  son' 
cours  la  même  expression  algébrique^  remarque  ana- 
logue à  celle  que  nous  avons  déjà  faite  à  l'occasion  des 
surfaces  de  révolution  [^56]. 

266.  On  peut  admettre  que  l'équation  d'une  enve- 
loppée contient  trois  paramètres  arbitraires  a,  P,y,  et 
devient  de  la  forme 

F(:r,7,  ^,a,<pa,^a)  =  o, 
après  qu'on  a  posé  pz=:ça,  Y=^j;a.  Le  système  de  cette 
équation  et  cte  sa  dérivée 

dF     dF     ,        dF    ,, 

appartient  à  un  ordre  de  surfaces  enveloppes ,  dont  cha- 
cune est  déterminée  individuellement  après  qu'on  a  as- 
signé les  fonctions  <p ,  4^.  Il  n'y  a  pas  plus  de  difficulté  à 
supposer  que  l'équation  de  l'enveloppée  renferme  un  nom- 
bre quelconque  de  paramètres  variables  j  liés  entre  eux 
d'une  manière  arbitraire  :  mais  nous  nous  bornerons  à 
considérer  le  cas  où  l'enveloppée  est  un  plan  en  mouve- 
ment dans  l'espace  suivant  une  loi  quelconque. 

Soient  donc 

z=:a-f-:r<pa+7{pa  {g) 

l'équation  du  plan  mobile ,  et 

I  +  ar  (p'a  +7^'a  =  o  (g') 

sa  dérivée  par  rapport  à  a  :  le  système  des  équations 
{g\  {g')  est  propre  à  représenter  une  surface  dévelop- 
pable  quelconque.  On  en  déduit /?=(pa,  y =^a,  et  par 
suite 

qz=z^{z—px—qy)  ,     ^  (A)       q=^{z—px—qy)  ,      (A.) 

ou 


DES  SURFACES  ENVELOPPES.  457 

ce  qui  mèue  aux  équations  déjà  trouvées  [168  et  %k^\ 
pz=Uq,       (i)  rt  —  ^  =  o,  (k) 

*  267.  La  caractéristique  donnée  par  le  système  (^), 
{g^t  pour  chaque  valeur  de  a,  est  une  ligne  droite.  On 
aura  [t263]  une  équation  différentielle  de  cette  caracté- 
ristique, si  Ton  différentie  Téquation  {i)  en  y  regardant 
p,  q  comme  variables,  ce  qui  donne  dp'=iVÎq.  dq^  et 
si  Ton  chasse  dp^dq  zm  moyen  de  Téquation 

dpdx  -f-  dqdyz=,o  ,  d'où  pdj  —  Wq  elx  =  o  .         (J) 

d'y 
L'équation  (  /)  exprime  que  le  rapport  -4^  est  fonction 

des  seules  quantités /?,  q;  ce  qui  résulte  en  effet  de  ce 
que  le  même  plan  touche  la  surface  développable  en 
tous  les  points  de  la  caractéristique.  Cette  équation  ren- 
ferme un  signe  de  fonction  arbitraire;  mais,  en  s'élevant 
au  second  ordre ,  on  aurait  une  autre  équation  différen- 
tielle de  la  caractéristique,  où  le  signe  n  nVntrerait  pas. 
En  effet ,  puisque  l'équation  {Ji)  appartient  à  toute  sur- 
face développable  (quoique  les  fonctions  Py  s,  t  varient 
d'une  surface  à  l'autre) ,  lorsque  deux  surfaces  dévelop- 
pables  se  touchent  suivant  une  caractéristique  commune 
aux  deux  surfaces ,  on  doit  avoir ,  pour  les  points  situés 
sur  cette  ligne , 

tdr  —  asds  +rdt^=o  .  (*') 

En  vertu  des  équations  (^),  (g^'),  le  plan  tangent  ne 
change  pas  avec  les  coordonnées  x,  jy,  z,  pour  les  points 
situés  sur  la  caractéristique ,  d'où 

dp  ==  rda:  -f-  sdy  =  o  ,    dq  =z  sdx  +  tdy  =  o  , 

et,  par  suite  d'une  nouvelle  différentiation , 

drdx  +  dsdy  =  o  ,    dsdx  +  dtdy  =  o  . 
Au  moyen  de  ces  deux  dernières  équations  on  chassera 
de  [k')  les  différentielles  rfr,  ds,  dtj  et  il  restera,  pour 


458  LIVRE    IV.    CHAPITRE    VIII. 

l'équation  différentielle  delà  caractéristique, 

rrf^c*  +  isdxdj  +  tdy^  ==  o  ,  {ni) 

ou  plus  simplement ,  en  vertu  de  l'équation  {K) , 
\/r  .  dx  +  Vl .  rfj  =  o  . 
Pour  obtenir  les  équations  de  l'arête  de  rebroussement 

de  la  surface  développable,  il  faut  joindre  aux  équations 

(^),  [g^  la  dérivée  du  second  ordre 

et  éliminer  ensuite  a.  On  a  une  équation  différentielle 
à  laquelle  doivent  satisfaire  les  coordonnées  de  la  même 
ligne,  en  éliminant/?,  q  entre  les  équations  (/) ,  (/), 
auxquelles  on  joint  dz  =  pdx  -j-  qdj.  Ceci  conduit 
à  une  équation  11^  {dx,  dy^^  rfz)  =  o  :  la  fonction  H,  ne 
pouvant  être  déterminée  qu'après  qu'on  a  assigné  la 
fonction  n  dont  elle  dérive. 

268.  Proposons-nous  maintenant  de  déterminer  les 
fonctions  9  et  ^,  de  manière  que  la  surface  développable 
passe  par  deux  courbes  données 

f.(x,j,^)=o;  (f.)i  ^«'^'^  f.(x,r,z)  =  o  .  (fol     ^^'  '^^ 

Un  calcul  identique  à  celui  du  n^  264  »  répété  pour  cha- 
cune des  deux  courbes  directrices,  donnera  deux  équa- 
tions de  la  forme 

lrf,(a,  <pa ,  'j/a)  =  o  ,      (xi,)  xS^^a ,  <pa ,  ^/a)  =  o  ;  (trf.) 

et  en  les  résolvant  on  aura  le»  fonctions  ç  et  ^  qui  pour- 
raient être  substituées  dans  les  équations  (g),  (g^);  de 
manière  qu'il  ne  restât  plus  qu'à  éliminer  a  pour  avoir 
en  Xf  y^  z  l'équation  de  la  surface  développable  deman- 
dée. Mais,  pour  éluder  la  résolution  des  équations  (xiJ,) , 
(tiJa) ,  on  peut  y  joindre  leurs  dérivées 


DES  SURFACES  ENVELOPPES.  459 

et  procéder  à  rélimination  des  cinq  variables  a,  9a,  9'a, 
4;a ,  fa  entre  les  équations  {g) ,  {g) ,  (trfj ,  (tïJ,) ,  (-cJ' J 
et  (xiJ'.). 

Si  les  fonctions  9 ,  ^  devaient  être  déterminées  d'a- 
près la  condition  que  la  surface  développable  touchât 
les  deux  surfaces  (^),  (J^)  >  on  répéterait  pour  chacune 
de  ces  surfaces  le  calcul  indiqué  dans  le  n^'cité;  et  l'on 
arriverait  à  deux  équations  en  :r,^,  z  qui  pourraient 
être  prises  pour  les  équations  (  f  ) ,  (  f,  )  ;  après  quoi 
le  calcul  s'achèverait  comme  dans  le  premier  cas. 

269.  On  sait  que ,  lorsqu'un  corps  opaque  est  éclairé 
par  un  corps  lumineux  de  dimensions  finies,  les  deux 
nappes  d'une  surface  développable,  tangente  aux  surfa- 
ces des  deux  corps  opaques  et  lumineux,  limitent  dans 
l'espace  l'ombre  et  la  pénombre.  Comme  cette  applica- 
tion donne  plus  d'intérêt  au  dernier  problème  dont  nous 
venons  d'indiquer  la  solution,  nous  ne  négligerons  pas 
quelques  simplifications  que  l'on  peut  apporter  à  la  mé- 
thode dans  ce  cas  particulier. 

L'équs^tion  du  plan  qui  touche  la  surface  (/j)  au 
point ( .r, , J^, ,  2 J  et  la  surface  (/, )  au  point  \x^ , 7, , z,), 
est  indifféremment 

ou 

z—z^—p^{x  —  x^  +  q^{j^y^  :  (n.) 

Pt  9  Çt  étant   donnés  en  fonction  de  a:, ,  ^, ,  z,  par  la 
différentiation  de  l'équation 

f^{^nh^^^)=0  ,  (/,) 


462  LIVRE    IV.    —    CHAPITRE   IX. 

trémité  fixe  Tun  quelconque  des  points  de  la  droite  éle- 
vée par  le  centre  du  cercle,  perpendiculairement  à  son 
plan.  On  énonce  ce  fait  en  disant  que  chaque  point  de 
la  droite  estun pôle  du  cercle  et  de  tous  les  cercles  con- 
centriques situés  dans  le  même  plan.  La  droite  à  laquelle 
les  points  appartiennent  prend  le  nom  de  ligne  des  pôles. 
Passons  de  la  considération  du  cercle  à  celle  M'une 
courbe  plane  quelconque.  Traçons  la  développée  de  la 
courbe  dans  son  plan ,  et  construisons  la  surface  cylin- 
drique dont  cette  développée  serait  la  section  droite 
[248]  :  un  point  quelconque  v  de  la  génératrice  (jlv  ,  qui 
passe  par  le  point  [jl  de  la  développée ,  correspondant  au 
point  m  de  la  développa  ute^  peut  être  considéré  comme 
le  pôle  du  cercle  osculateur  en  m ,  dont  un  arc  infini- 
ment petit  se  confond  avec  l'arc  infiniment  petit  mrn^  de 
la  courbe  développante.  La  droite  awv  touche  le,  cylindre 
en  V  j  car  sa  projection  /TZfx  sur  le  plan  de  la  développée 
touche  la  développée  en  [jl.  Si  l'on  fait  mouvoir  le  plan 
tangent  dans  lequel  elle  est  comprise,  de  manière  qu'il 
ne  cesse  pas  de  toucher  la  surface ,  le  prolongement  de 
la  droite  /wv  vient  rencontrer  les  génératrices  consécu- 
tives en  des  points  v,,  v,,  V3, correspondant  aux 

points  [jLi,  [JL, ,  [JL3,. . . .  de  la  développée,  et  aux  points 
m, ,  /w, ,  /W3 , . . . .  de  la  développante.  On  trace  ainsi 
sur  la  surface  du  cylindre  une  courbe  vv,V2V3.  . . .  dont 
les  tangentes  font  un  angle  constant  avec  les  géné- 
ratrices, et  qui  se  transformerait  en  ligne  droite  si 
la  surface  cylindrique  était  étalée  sur  un  plan.  Or,  les 
points  Vi,v»,  Va^'  •  •  sont  des  pôles  des  cercles  osculateurs 
de  la  développante  aux  points  m, ,  m, ,  ma  ...  ;  et  les 
arcs  infiniment  petits,  pris  sur  ces  cercles,  se  confondent 
avec  les  arcs  infiniment  petits  de  la  courbe  développante. 


DES    DJ^VELOPPl^ES    HN    GËiSl^RAL.  463 

Donc  les  arcs  mm^^mjn^y  mjn^^. . .  peuvent  être  suc- 
cessivement décrits ,  d'abord  du  point  v  comme  pôle  avec 
le  rayon  vm ,  puis  dû  point  v^  comme  pôle  avec  le  rayon 
v,/72, ,  puis  du  point  v,  comme  pôle  avec  le  rayon  v,/??, , 
et  ainsi  de  suite.  Donc,  si  Ton  développe  un  fil  préalable- 
ment enroulé  sur  la  courbe  vv,v,V3. .  •  (le  prolongement 
rectiligne  de  ce  fil  aboutissant  à  la  développante  en//2,  et 
se  trouvant  perpendiculaire  à  l'élément  mni^^  l'extrémité 
du  fil  décrira  d'un  mouvement  continu  la  courbe  plane 
mm^m^m^  . . . .  sans  cesser  d'être  perpendiculaire  à 
l'élément  actuellement  décrit.  Par  conséquent  la  ligne  à 
double  courbure  vv,v,V3....  peut,  aussi  bien  que  la 
courbe  plane  [jl[jl,[jl,[jl3  . . . .,  être  regardée  comme  une 
développée  de  la  courbe  plane /w/Wi/Wj/zis . . . 

On  a  pu  mener  la  droite  mv  de  manière  à  rencontrer 
en  un  point  quelconque  et  sous  un  angle  quelconque  la 
génératrice  qui  passe  par  le  point  ^  :  une  courbe  plane 
a  donc  une  infinité  de  développées  à  double  courbure^ 
toutes  situées  sur  la  surface  cylindrique  qui  est  le  lieu 
des  pôles  de  la  développante,  et  qui  a  pour  section  droite 
la  développée  plane.  Toutes  ces  développées  ont  la  pro- 
priété caractéristique  de  couper  les  génératrices  sous 
un  angle  constant,  et  de  se  transformer  en  lignes  droites 
quand  on  étale  la  surface  cylindrique  sur  un  plan. 

27 1 .  Considérons  enfin  une  ligne  quelconque  à  double 
courbure  mmjnjrii. . .  ainsi  que  la  surface  développa- 
ble  qui  a  pour  génératrice  la  droite  d'intersection  de 
deux  plans  normaux  infiniment  voisins.  Le  plan  normal 
en  m  touche  cette  surface  suivant  une  génératrice  p.v ,  le 
point  \L  étant  le  centre  de  courbure  de  la  ligne  donnée^ 
qui  correspond  au  point  m.  Par  le  point  m  menons  ar- 
bitrairement dans  le  plan  normal  à  la  courbe  et  tangent 


464  LIVRE    IV.    CHAPITRE    IX. 

à  la  surface  une  droite  qui  touche  la  surface  en  un  point 
quelconque  v  de  la  génératrice  p.  Si  l'on  fait  mouvoir 
le  plan  dans  lequel  cette  droite  est  comprise ,  sans  qu'il 
cesse  de  toucher  la  surface  développable  et  d'être  nor- 
mal à  la  courbe  [ftt)posée,  le  prolongement  de  la  droite 
rm  viendra  rencontrer  les  génératrices  consécutives  aux 
points  V,,  V,,  V3,. . .  et  s'appliquer  sur  la  suiface  suivant 
une  courbe  vv,v,V3 ....  qui  jouira  inversement  de  la  pro- 
priété de  se  transformer  en  ligne  droite  lorsqu'on  étalera 
la  surface  dével(^pable  sur  un  plan.  Les  points  Vi,v,, 
V3 . . .  •  sont  les  pôles  des  cercles  osculateurs  de  la  courbe 
proposée  aux  points  correspondants  /w,,  /w,,  /W3,. . .  . 
qui  ont  pour  centres  de  courbure  (*,,(*,,  fx.^,  — ,  et  aux- 
quels se  rapportent  les  génératrices  v.fjij ,  v,[jl,  ,  V3[jL3...  D'où 
il  faut  conclure ,  comme  dans  le  cas  particulier  envisagé 
d'abord,  que  la  courbe  vv,v,V3. ...  est  une  développée 
de  la  proposée.  On  a  pu  choisir  arbitrairement  le  point 
initial  v  sur  la  génératrice  p  ;  et  ainsi  la  courbe  propo- 
sée a  une  infinité  de  développées ,  toutes  situées  sur  la 
surface  développable,  définie  en  commençant,  et  que,  pour 
cette  raison,  nous  appellerons  la  surface  des  pôles.  Le 
caractère  distinctif  de  toutes  ces  développées  est  de  se 
transformer  en  lignes  droites  lorsque  la  surface  déve-^ 
loppable  s'étale  sur  un  plan. 

On  a  vu  [^33]  que  la  ligne  des  centres  de  courbure, 
quoique  située  sur  la  surface  des  pôles,  n'est  pas  une 
développée,  à  moins  que  la  proposée  ne  soit  plane. 

273.  Pour  avoir  en  £,7),  X^y  l'équation  de  la  surface 
des  pôles,  il  faut  chasser  x^y^  z  et  leurs  différentielles 
des  deux  premiers  ordres ,  des  équations 

(Ç— :f) dx 4-  (r— /) dy  4-  (X^—z)  dz^o  , 

i^—x)  d^x  +  (rj— 7)  d^j  +  (C — z)  d^z  —  ds^=:o  , 


(a) 


DES   D£VELOPPjâ£S   EN    OJÈN^RAL.  465 

au  moyen  des  équations  de  la  courbe  proposée  et  de 
leurs  dérivées  des  deux  premiers  ordres  [aSal.  L'équa- 
tion (g)  du  n""  suivant  exprime  que  la  tangente  à  la 
développante  au  point  (x,  jr,  z)  coupe  à  angles  droits 
la  tangente  à  la  développée  au  point  correspondant 
(Ç,  y),  C)  :  ce  qui  résulte  d'ailleurs,  sans  calcul,  de  ce  que 
le  plan  normal  à  la  développante  en  {x,  y,  z)  touche  la 
surface  des  pôles  suivant  la  génératrice  passant  par  le 
point(£,y),Q. 

Si  les*  variables  Ç,  »,  ?;  désignent  plus  spécialement 
les  coordonnées  courantes  de  l'une  des  développées,  il 
faudra  qu'elles  satisfassent  aux  équations  {a) ,  et ,  de  plus, 
qu'elles  soient  liées  par  la  condition  que  le  rayon  mené 
du  point  (Ç,  y) ,  C )  de  la  développée  au  point  correspon- 
dant  {xyj,  z)  delà  développante,  touche  la  développée. 
Cette  condition  s'exprime  par  la  formule 
^    dy\    dl^ 

\-X  —  y,^y  —  ^Zr^'  (6) 

Lorsqu'on  a  chassé  x,  jr,  z  et  leurs  différentielles  des 
équations  (a)  et  {b) ,  au  moyen  des  équations  de  la  dé- 
veloppante,  il  reste  deux  équations  en  £,  ij ,  J^,  e^,  ^  ^  ^^ 
communes  à  toutes  les  développées.  L'intégration  de  ces 
équations  amènerait  deux  constantes  arbitraires  dont  les 
valeurs  particularisent  chaque  développée  [i  63  et  i65]. 
274.  Prenonspourdéveloppante  l'hélice  définie  par  les 
équations  {h)  du  n"  234:  les  équations  {a)  deviendront 

îsinç— T|cosip=a(Ç— aRy),Çcos<p+i,sinip=:_a»R,(c) 
et  elles  donneront 

dou 


466  UTRE   IV.    CHAPITRE   IX. 

Cette  valeur  de  <p ,  substituée  dans  l'équation  (c),  donne 
pour  l'équation  de  la  surface  des  pôles, 

•   a-R+(cos^+nsinA-)cosv/^^^-i 

=  ±(^  eos^-Tlsin^)  sin  v/!j^^,.(rf) 

On  a  vu  [  a35  ]  que  l'arête  de  rebroussement  de  cette 
surface  développable,  identique  dans  le  cas  actuel  avec 
la  ligne  des  centres  de  courbure  de  la  développante,  est 
une  autre  hélice  de  même  pas ,  ayant  le  même  axe ,  si- 
tuée sur  la  même  surface  hélicoïde  gauche  [^53] ,  et  dont 
les  équations  en  Ç,  ti,  ÎI  sont 

Çs=a — ir'Rcos(p  5  Yjx=  — a'Rsinç  ,  î=aR9  .  (ti) 
On  donne  à  la  surface  développable  qui  a  pour  arête  de 
rebroussement  une  hélice,  le  nom  Ae  surface  hélicoïde 
développable. 

Le  radical  qui  entre  dans  l'équation  {d)  sous  les  signes 
sin  et  cos ,  devient  imaginaire  quand  on  suppose 

ou,  d'après  les  équations  ( yi)  ,  quand  on  prend  le  point 
(  Ç ,  Yi ,  ^  )  dans  l'intérieur  du  cylindre  sur  lequel  s'enroule 
l'arête  de  rebroussement  de  l'hélicoïde  développable.  Or^ 
le  sinus  d'un  arc  imaginaire  est  imaginaire ,  tandis  que 
le  cosinus  du  même  arc  se  change  en  exponentielles 
réelles  [75].  Donc  la  surface  hélicoïde  développable  ne 
pénètre  pas  dans  rintérieur  du  cylindre  sur  lequel  s'en- 
roule son  arête  de  rebroussement,  et  toutes  les  sections 
planes  de  cette  surface  éprouvent  un  rebroussement,. 
aux  points  où  elles  rencontrent  Tarête. 


%««»«%  »«»/««*(«lv'«l%%«.%«vl 


>*  ♦»%•*%  ««,%/«  v»^««/«%  **  »  v»v»  VI 


CHAPITRE  X. 


DE  LA.  COURBURE  DES  SURFACES. 


S  1*'.  Théorèmes  de  Meusnier  et  d'Euler.  —  DétermiDation  des 
rayoùs  de  courbure  principaux  et  des  ombilics. 

275.  CoQcevons  une  infinité  de  lignes,  planes  ou  à 
double  courbure ,  tracées  sur  une  surface  et  concourant 
en  un  même  point  :  elles  aui:ont  au  point  commun  des 
rayons  de  courbure  différents,  en  ùombre  infini;  mais 
néanmoins  les  valeurs  de  ces  rayons  de  courbure  seront 
liées  les  unes  aux  autres ,  et  pourront  être  ramenées  à 
ne  dépendre  que  d'un  petit  nombre  d'éléments.  Nous 
allons  procéder  à  cette  réduction  qui  est  un  point  capi- 
tal dans  la  théorie  des  surfaces. 

Soient 

^=/(^»7)  {z 

l'équation  de  la  surface;  (^,^,  z)  le  point  où  concou- 
rent les  lignes  que  Ton  conçoit  tracées  sur  cette  surface  : 
désignons  par  s  l'arc  de  l'une  de  ces  lignes,  plane  ou  à 
double  courbure  ;  par  p'  le  rayon  de  première  courbure 
de  cette  ligne  au  point  (a:,jr,  ^)  ;  par  p  le  rayon  de  cour- 
bure delà  Jec/^b/^/^o/•/7^a/^  [287]  ayant  la  même  tangente 
et  passant  au  même  point  ;  par  0  l'angle  des  rayons  p,p'; 
enfin  par  x',y,  z  ,  x'\f\  z"  les  premières  et  les  se- 
condes dérivées  des  coordonnées  x  ^y,  z  par  rapport  à 
l'arc  s  pris  pour  variable  indépendante  :  on  aura,  en  diffé- 
rentiant  deux  fois  de  suite  l'équation  (2), 

z'  =paf  4-  qf  ,  '  {z') 

z''  =  px"  4-  57''  4-  rx'^  +  2^^y  -i-  ty^  J        {z") 

3o. 


468  LITRE   IV.    CHAPITRE   X. 

et  les  dérivées  x\y\  z  seront  liées  en  outre  par  Téqua- 
tion  de  condition 

a;-+y-^z-=i  .  (i) 

Le  rayon  p  qui  coïncide  avec  la  normale  à  la  surface , 
fait  avec  les  x,  j,  z  des  angles  X,  |a,  v  qui  ont  respec- 
tivement pour  cosinus  [287] 

±p  ±3  =P'       ^  . 

X/T+y^^'  \^i+p'+q''   i^i-bp'+q'  ' 
d'autre  part ,  le  rayon  p'  fait  avec  les  mêmes  coordon- 
nées des  angles  dont  les  cosinus  ont  pour  valeurs  [aaS] 

±pVS±py',  ±pV': 
d'où  l'on  conclut,  abstraction  faite  du  signe  décos  8, 
et  en  vertu  de  l'équation  (z") , 

cos  6  ==  p   . = —  .  (a) 

Les  dérivées  a:',  y,  /  expriment  encore ,  aux  signes  près, 
les  cosinus  des  angles  que  forme  avec  les  ^,^,  z  la 
tangente  à  la  ligne  dont  le  rayon  de  courbure  est  p'  : 
donc  le  facteur  de  p'  dans  l'équation  (2)  ne  change  pas, 
quelle  que  soit  cette  courbe,  pourvu  qu'elle  passe  par  le 
point  de  la  surface  que  l'on  considère ,  et  que  la  direc- 
tion de  la  tangente  en  ce  point  ne  change  pas.  En  d'au- 
tres termes,  on  peut  poser  p'=:K  cos  6,  R  étant  une 
constante  pour  toutes  les  courbes  tracées  sur  la  sur- 
face, qui  ont  la  même  tangente  au  point  de  concours. 
Mais,quand  l'angle Ô  s'évanouit ,  on  a  p' — :p  :  doncK=p, 

p'  =  pcos6,       {a)      p=_1::1l±Z±5L.      (6) 

Ainsi  le  rayon  de  première  courbure  d'une  ligne  quel- 
conque tracée  sur  la  surface,  est  ramené  à  dépendre  du 
rayon  de  courbure  de  la  section  normale  qui  aurait  la 
même  tangente  que  cette  ligne,  et  de  l'inclinaison  6. 


DE   LA    COURBURE   DES   SURFACBS.  469 

Lorsque  la  première  courbe  est^Iane,  on  l'appelle  sec- 
tion oblique  [^^37],  et  p'  devient  la  projection  de  p  sur 
le  plan  de  la  section  oblique.  Le  théorème  exprimé  par 
la  formule  (a)  porte  alors  le  nom  de  théorème  de  Meus- 
nier.  On  rend  la  signification  de  la  formule  plus  géné- 
rale en  l'étendant  aux  lignes  à  double  courbure,  ainsi 
que  cela  vient  d'être  expliqué. 

II  résulte  du  théorème  de  Meusnier  que,  si  l'on  dé- 
crit une  sphère  ayant  pour  centre  et  pour  rayon  le  centre 
et  le  rayon  de  courbure  d'une  section  normale ,  toutes 
les  sections  obliques  ayant  la  même  tangente  que  cette 
section  normale  ont  pour  cercles  osculateurs  au  point 
commun  les  petits  cercles  qui  sont  les  intersections  de  la 
sphère  et  de  leurs  plans  respectifs. 

276.  Pour  simplifier  la  discussion  des  rayons  de  cour- 
bure des  sections  normales ,  admettons  d'abord  que  le 
plan  des  xj  soit  mené  parallèlement  au  plan  tangent  à 
la  surface,  au  point  de  concours  des  sections,  ce  qui 
revient  à  poser/? =o  ,  gr=o  :  la  formule  (b)  deviendra 
I 

et  si  l'on  pose,  comme  cela  est  permis  en  vertu  de  l'é- 
quation (1), 

x'  =r  cos  <p  ,  7'= sin  <p  ,  tang  9  =  «  , 
on  pourra  écrire 

I 


rcos'<p+ a^sin(pcos<p  +  ^sin*^  * 


r3) 


ou 

_  '+«*  .  fis 

<p  désignant  alors  l'angle  de  la  section  normale  avec  un 
plan  mené  par  la  normale  parallèlement  à  celui  des  xz. 


470  LIVBE    IV.    CHAPITRE   X. 

On  obtiendra  les  valeurs  maxima  et  minimaàxL  rayon 
de  courbure  p ,  en  cherchant  les  valeurs  de  a  qui  ren- 
dent nulle  ou  infinie  la  dérivée 

rfp a[j?tt*-f-(r — ^)« — *.]  , 

En  égalant  le  dénominateur  à^  zéro,  nous  aurions 

«=   1 ^  N^) 

valeurs  qui  ne  seraient  réelles  que  sous  la  condition 
s^  —  r^  >  o ,  et  qui  correspondraient  à  un  rayon  de  cour- 
bure infini ,  ou  à  une  courbure  nulle.  Les  maxima  et 
minima  proprement  dits  seront  donc  exclusivement 
donnés  par  Téquation 

a*4-— —a  — i=o,  (a) 


d'où  Ton  tire 


fli— —  ———————————————  • 

Cette  expression,  toujours  réelle,  nous  montre  :  i"  que 
sur  toute  surface,  et  pour  tous  les  points  non  singu- 
liers oïl  les  dérivées  partielles  p^  q,  r,  s ,  t  peuvent  se 
déterminer  en  fonction  des  deux  variables  indépendantes, 
sans  solution  de  continuité,  il  existe  parmi  les  sections 
normales  deux  sections  principales  pour  lesquelles  le 
rayon  de  courbure  a  une  valeur  maximum  ou  mini- 
mum;  ^^  que  les  plans  de  ces  sections  principales  se  cou- 
pent à  angles  droits,  puisque  le  produit  des  racines  de 
Féquation  (a)  est  égal  à  —  i.^ 

277.  Nous  pouvons  donc  mener  parallèlement  aux. 
plans  des  sections  principales  les  plans  des  xz  et  des 
yz  dont  nous  avions  laissé  la  direction  indéterminée  ^ 
en  sorte  que,  des  deux  racines  de  l'équation  (a),  l'une 


DE  hL    COURBURE  DKS  SURFACES.       471 

soit  nulle  et  l'autre  infinie;  ce  qui  revient  à  choisir  la 
direction  des  plans  coordonnés  de  manière  qu'on  ait 
s=o.  La  valeur  de  p  devient  alors 


P  = 


rcos*(f  -f- 1  sin*ç 


et  l'on  a,  en  désignant* par  Hz,  Rs  les  deux  rayons  de 
courbure  principaux  ^  c^m  correspondent  respectivement 
à  sin  9=0,  cos  y=o, 

Rr=;,    Ra  =  7, 
\'^i  cos*<p  +  i- sin*<p  .  (ft,) 

Cette  formule  très-remarquable  est  due  à  Euler.  Elle 
donne  les  rayons  de  courbure  de  toutes  les  sections 
normales ,  et  par  suite  ceux  de  toutes  les  sections  obli- 
ques, en  fonction  des  rayons  de  courbure  principaux , 
et  des  angles  <p,  0  qui  fixent  la  position  des  plans  de 
section  par  rapport  aux  plans  des  sections  principales. 

En  désignant  par  pi ,  p»  les  valeurs  de  p  pour  deux 
sections  normales  rectangulaires,  et  d'ailleurs  quelcon- 
ques, on  tire  de  l'équation  {bt)  la  relation  élégante 

.   p,       p,       H,       H, 

Lorsque  les  deux  rayons  principaux  Rx,Ra  sont  égaux 
et  de  même  signe,  c'est-à-dire,  dirigés  du  même  côté  du 
pian  tangent,  la  valeur  de  p  devient  indépendante  de 
l'angle  9  et  la  même  pour  toutes  les  sections  normales. 
La  surface  de  la  sphère  est  la  seule  qui  jouisse  en  tous 
ses  points  de  cette  propriété  :  mais  on  retrouve  sur 
d'autres  surfaces  des  points  singuliers  auxquels  la  même 
propriété  appartient,  et  que  Monge  a  nommés  ombilics. 

278.  Si   les  dérivées  r^t  sont  de  même  signe,  les 


472  uvRB  IV.  —  CHAPrraE  x. 

rayons  principanx  Ri,Ra  sont  aussi  de  même  signe,  et 
le  signe  de  p  ne  change  pas  :  la  surface  tourne  sa  con- 
vexité dans  le  même  sens  par  rapport  au  plan  tangent , 
tout  autour  du  point  de  contact. 

Admettons  maintenant  que  >  les  rayons  principaux 
soient  de  signes  contraires,  par  exemple  R.  positif  et  R» 
négatif  :  il  y  aura  des  sections  normales  situées  au-des- 
sus du  plan  tangent  et  d'autres  au-dessous.  La  formule 
(^,)  deviendra,  après  qu'on  y  aura  changé  Ra  en  — Ra, 
pour  n'avoir  plus  à  considérer  que  des  nombres  positifs, 

II        ,         ï    •  . 
-=  — cos*<p— —  sm»?  . 

On  voit  que,  si  l'on  fait  croître  l'angle  ç  à  partir  de 
zéro,  le  rayon  variable  p  commencera  par  être  positif, 
et  ira  toujours  en  croissant,  depuis  R.  jusqu'à  l'infini. 
Cette  dernière  valeur  correspond  à 

^co8*9=  ^sin*9,  ou  a=:±: V/g^=±  V    — ^  , 

ce  qui  est  précisément  la  valeur  de  a  donnée  par  l'équa- 
tion (5),  après  qu'on  y  a  fait  ^=o,  conformément  à 
l'hypothèse  sur  la  direction  des  axes. 

Si  donc  l'on  désigne  par  (p^  cette  valeur  particulière 
de  f ,  et  que,  dans  le  plan  tangent,  on  mène  deux  droi- 
tes qui  forment,  avec  une  parallèle  à  l'axe  des  x^  des 
angles  égaux  à  ±909  toutes  les  sections  normales  dont 
les  tangentes  tombent  dans  les  espaces  angulaires  où  ç 
prend  une  valeur  numériquement  plus  petite  que  <po, 
ont  leurs  rayons  de  courbure  positifs,  et  celles  dont 
les  tangentes  tombent  dans  ies  espaces  complémen- 
taires ont  leurs  rayons  de  courbure  négatifs.  Rx  est  le 
plus  petit  des  rayons  de  courbure  positifs;  et,  par  la 
même   raison ,  Ra  est  la  valeur  numérique  minimum 


I)£  LA  COURBURE  DES  SURFACES.       473 

fies  rayons  de  courbure  négatifs,  c'est-à-dire  que — B, 
est  un  maximum  algébrique  de  p. 

Lorsque  t  ou  r  prend  une  valeur  nulle,  s  s'évanouis- 
sant  par  suite  de  la  disposition  des  axes,  l'un  des  rayons 
principaux  est  infini,  l'autre  a  par  conséquent  une  va- 
leur numérique  mirUmumy  et  son  signe  est  celui  de  tous 
les  autres  rayons  de  courbure. 

279.  Nous  ferons  remarquer  qu'en  vertu  de  l'équa- 
tion (3),  on  peut  représenter  géométriquement  la  gran- 
deur |/p  par  le  rayon  vecteur  d'une  section  conique 
rapportée  à  son  centre,  <p  étant  l'angle  du  rayon  vecteur 
avec  l'axe  des  x.  De  cette  construction  on  déduirait 
sans  autre  calcul ,  en  se  reportant  à  la  discussion  bien 
connue  des  sections  coniques,  tout  ce  qui  vient  d'être 
établi  sur  les  rayons  de  courbure  des  sections  norma- 
les. On  sait  que  la  section  conique  est  une  ellipse,  si 
l'ou  a  rt — J*>o;  et,  dans  ce  cas,  tous  les  rayons  vec- 
teurs de  la  courbe  auxiliaire  étant  finis  et  réels,  tous 
les  rayons  de  courbure  sont  finis  et  doivent  être  pris 
avec  le  même  signe.  Si  l'on  a  au  contraire  rt — -s^ <Oj 
l'ellipse  doit  être  remplacée  par  deux  hyperboles  conju- 
guées, l'une  de  ces  hyperboles  correspondant  aux  va- 
leurs imaginaires  du  rayon  vecteur  ou  aux  valeurs  né- 
gatives du  rayon  de  courbure.  Les  demi-axes  de  l'ellipse 
ou  des  deux  hyperboles  conjuguées  correspondent  en 
direction  aux  sections  principales,  et  en  grandeur  aux 
rayons  de  courbure  principaux.  Enfin,  quand  on  a 
rt — /=:o,  la  section  conique  se  trouve  remplacée  par 
le  système  de  deux  droite^  parallèles  menées  à  égales 
distances  de  l'origine  :  la  perpendiculaire  abaissée  sur 
ces  droites  correspondant  en  direction  ^  l'une  des  sec- 
tions principales,  et  en  grandeur  au  rayon  de  courbure 
minimum. 


474  LIVRB    IV.    CHAPITRE   X. 

280.  Le  théorème  d'Ëuler.sur  les  courbures  des  sec- 
tions normales  admet  des  exceptions  qui  n'ont  été  signa- 
lées qu'assez  récemment  par  M.  Poisson  ('),  quoiqu'elles 
soient  tout  à  fait  smalogues  aux  exceptions  que  souffre 
la  théorie  des  plans  tangents  [236].  Ces  cas  d'exception 
se  présentent  lorsque  les  dérivées  /-^  s,  t  prennent  au 
point  de  contact  des  formes  indéterminées  §,  |,  dont 
on  ne  peut  lever  l'indétermination  qu'en  établissant  ar- 
bitrairement une  liaison  entre  les  variables  indépen- 
dantes X,  jr.  Alors  r,  s  y  t  deviennent  des  fonctions  du 
rapport  désigné  plus  haut  par  a;  de  sorte  que  les  cal- 
culs précédents  y  fondés  sur  le  principe  que  r,  Sy  t  ne 
dépendent  point  de  a,  cessent  d'être  exacts.  Pour  avoir 
un  exemple  des  cas  d'exception  dont  il  s'agit,  il  suffit 
de  considérer  la  surface  engendrée  par  une  parabole 
qui  tournerait  autour  de  son  axe,  tandis  que  son  pa- 
ramètre varierait  suivant  une  loi  exprimée  par  une  fonc- 
tion continue  quelconque  de  l'angle  de  rotation.  Un 
semblable  paraboloîde  a  une  équation  de  la  forme 


^+:^  =  2^/(|) 


quand  on  prend  pour  axe  de  rotation  celui  des  Zy  et 
qu'on  place  l'origine  au  sommet.  Les  sections  normales 
comprises  dans  des  plans  menés  par  l'axe  se  confondent 
avec  les  paraboles  génératrices.  Le  rayon  de  courbure 
varie  d'une  section  à  l'autre  suivant  une  loi  qui  dépend 
de  la  fonction  arbitraire  y!  Le  rayon  de  courbure  peut 
donc  passer  alternativement  par  des  maxima  et  par 
des  tninima  en  nombre  illimité  :  seulement  il  doit  y 
avoir  autant  de  maxima  que  de  winima^  afin  que  le 

(*)  Journal  de  l* École  polytechnique ^  ai*  cahier,  p.  ao5. 


DE  LA  COURBURE  DES  SUBFACES.        475 

rayon  de  courbure  revienne  à  sa  valeur  initiale  après 
une  révolution  de  la  parabole  génératrice. 

M.  Poisson  a  d'ailleurs  remarqué  que  le  théorème  de 
Meusnier  subsiste,  même  dans  le  cas  où  celui  d'Ëuler 
tombe  en  défaut;  et  c'est  aussi  ce  qui  se  voit  très-sim- 
plement par  la  démonstration  que  nous  avons  donnée 
du  théorème  de  Meusnier  [276],  laquelle  n'exige  pas  que 
les  fonctions  r,  s^  t  dépendent  seulement  de  x,/,  2,  et 
permet  de  supposer  que  ces  fonctions  varient  avec  la 
direction  de  la  tangente  à  la  courbe  dont  l'arc  est  dési- 
gné par  s. 

281.  Reprenons  la  formule  (é)  qui  subsiste ,  quelle 
que  soit  la  direction  de  la  normale  par  rapport  aux 
axes  des  x^  j^  z.  Les  dérivées  x',  y  qui  entrent  dans 
cette  formule  doivent  satisfaire  à  l'équation  (1),  laquelle 
devient,  en  vertu  de  (/), 

(i+/?>)  j/'+  2pq cdy  -4-  (i+î*)/"  =  I  ,  (6) 

et  d'où  l'on  tire,  par  la  différentiation , 

\{l+p')3i'\^'pqy'^^dx'  +[(i-f-y>)/-h/?yy]rfj'=  o  . 

En  différentiant  l'équation  {h)  par  rapport  à  p,  ou  a 

{rx'  +  sy)  dx'  -*-  ( sx'  +ty)  rfy  =  o  ; 
et  en  combinant  ces  deux  dernières  équations , 

rx'  H-  sy'        sx'  + 1^  .  . 

Si  donc  on  désigne  par  R  l'un  des  rayons  de  courbure 
principaux,  l'équation  en  R  s'obtiendra  par  l'élimina- 
tion de  X  ^  y  entre  les  équations  (6),  (7) ,  et   l'équation 

Posons ,  pour  abréger, 

V = rx'^  +  2sxy  4-  (r" = ^  l/n-p'+î'  ;       (V) 


476  LIVRE    IV.    CHAPITRE   X. 

multiplions  respectivement  par  x*  et  par  jr  les  deux 
termes  des  fractions  à  gauche  et  à  droite  du  signe  d'é- 
galité dans  l'équation  (7),  après  quoi  nous  ferons  les 
sommes  des  numérateurs  et  des  dénominateurs  :  la  frac- 
tion résultante,  en  vertu  de  l'équation  (6),  se  réduira  au 
polynôme  V.  Il  viendra  donc 

y^_        rxf  +  sy sx'+tf 

ou  bien 

et  par  la  multiplication  membre  à  membre , 

[V(i+/,«)_r][V(i+9-)-r]=(._^yV)-  .^ 
Remettant  au  lieu  de  Y  sa  valeur  en  R ,  tirée  de  l'équa- 
tion (Y),  et  ordonnant,  on  aura  enfin 
R*  (rf_^*)_R[(i4.y»)  r—  a/iy^-f-  (n-/?»)  i\\/i+f^q- 
+  (i+/^-^î?  =  o.  (R) 

Soient  R.^  R>  les  racines  de  cette  équation,  ou  les  va- 
leurs des  deux  rayons  de  courbure  principaux,  il  viendra 

^j[ rt^s" 

RA  -  {i+p'+q^y  ' 
2_        I  _  (i+?*)r— yyjH-(i-H/^)< 

Ainsi  y  la  condition  pour  que  les  rayons  Rt,R>  soient  de 
même  signe,  est  exprimée  par  r/— j*>o,  quelles  que 
soient  les  directions  des  axes  coordonnés  ;  et  la  condi- 
tion pour  que  l'un  des  rayons  principaux  devienne  in- 
fini, est  aussi  exprimée  généralement  par  l'équation 
rt — j'=o,  qui  caractérise  tes  surfaces  développables. 

Les  rayons  de  courbure  principaux  sont,  pour  tous 
les  points  d'une  surface,  égaux  en  grandeur  absolue  et 
dirigés  en  sens  contraires,  si  l'équation 


DF    LA    COURBURE    DES    SURFACES.  477 

est  vérifiée  pour  tous  les  points  de  la  surface.  Nous  ver- 
rons dans  la  suite  que  les  surfaces  caractérisées  par 
cette  équation  aux  différences  partielles  du  premier  et 
du  second  ordre  jouissent  d'une  autre  propriété  géomé- 
trique également  remarquable. 

282.  Les  rayons  principaux  Ri,  Ri,  et  par  suite  tous 
les  rayons  de  courbure  des  sections  normales,  sont  égaux 
et  de  même  signe,  si  Ton  a 

Cette  équation,  pouvant  se  mettre  sous  la  forme 

+4(i+/.-+^)(^,-.y=o, 

équivaut  au  système 

s=o,{l+p^)t-{i^q^)r  =  o,  (e) 


pqr 


(/) 


ou 

r     _  s  _      t 

i4-/?'  ~pq  ~  i-t-y' 
On  aurait  obtenu  directement  ces  dernières  équations, 
en  exprimant  que  les  équations  (9)  donnent  pour  V,  et 
par  suite  pour  p ,  des  valeurs  indépendantes  de  x\  y. 

Les  coordonnées  des  points  auxquels  on  a  donné  le 
nom  Siombilics  [277]  sont  donc  déterminées  par  le  sys- 
tème des  deux  équations  (^),  combinées  avec  l'équation 
de  la  surface.  Ces  points  sent  isolés,  à  moins  que  les 
deux  équations  (^)  ne  deviennent  accidentellement  iden- 
tiques :  ce  qui  accuserait  l'existence  sur  la  surface  d'une 
ligne  que  l'analogie  porte  à  nommer  ligne  ombilicale ,  et 
que  Monge  a  appelée  ligne  des  courbures  sphériques. 


478  LIVRE    IV.    CHAPITRE   X. 

283.  Appliquons  ceci  à  Tellipsoïde 


on  a 


a* 

I  : 

/>  =  - 

»     ?  = 

5  =  — 

^=  — 

Posons,  pour  simplifier, 

il  nous  est  permis  de  faire  en  outre  l'hypothèse 

a  >  b  >  c  ^ 
ce  qui  rendra  positives  les  constantes  A,  B.  On  aura , 
pour  déterminer  les  coordonnées  x^y  des  ombilics  de 
l'ellipsoïde,  les  deux  équations 

xy  =  o,    ^*— Aj'— B=o,  {g) 

dont  les  seules  solutions  réelles  sont 


-=o,    x  =  ±:\/B  =  ±a  Y^: 


—A' 


L'ellipsoïde  a  donc  quatre  ombilics  symétriquement 
situés  à  la  surface,  dans  le  plan  de  la  section  principale 
qui  comprend  le  plus  grand  et  le  plus  petit  axe.  On  dé-- 
montre  d'ailleurs,  dans  la  discussion  analytique  des 
surfaces  du  second  degré,  que  les  plans  tangents  à  l'el- 
lipsoïde, aux  quatre  points  dont  on  vient  de  détermi- 
ner la  position,  sont  parallèles  à  ceux  qui  jouissent  de 
la  propriété  de  couper  l'ellipsoïde  suivant  des  cercles  : 
ce  qui  se  rattache  à  une  autre  définition  des  ombilics 
dont  il  sera  question  plus  loin. 

Si  l'ellipsoïde  a  deux  axes  égaux ,^les  ombilics,  comme 
il  est  aisé  de  le  conclure  des  formules  précédentes,  se 
confondent  avec  les  sommets  de  Taxe  de  révolution. 


DE   LA    COtJRBTTRE    DES    SURFACES.  479 

S  a.  Lignes  de  courbure. 

284.  Imaginons  que,  sur  une  surface  donnée  (S),  Ton 
ait  tracé  une  ligne  quelconque  (s) ,  et  construit  la  sur- 
face réglée  (2)  dont  la  génératrice  est  assujettie  à  passer 
par  cette  ligne,  en  restant  constamment  normale. à  la 
surface  (S)  :  en  général  la  surface  (2)  est  gauche ,  c'est- 
à-dire  que  ses  génératrices  n'ont  pas  de  ligne  enveloppe 
[243],  ou  que  deux  normales  à  la  surface  (S),  menées  par 
des  points  infiniment  voisins,  pris  sur  la  ligne  (s),  ne 
se  rencontrent  pas.  Au  contraire,  si  l'on  détermine  con- 
venablement la  ligne  (s),  la  surface  (2)  devenant  déve- 
loppable,  a  une  arête  de  rebroussement  (<r)  touchée  par 
toutes  les  droites  normales  à  la  surface  (S)  et  passant 
par  la  ligne  (s)  :  ce  qu'on  exprime,  dans  le  langage  pro- 
pre à  la  méthode  infinitésimale,  en  disant  que  deux 
normales  infiniment  voisines  se  rencontrent  en  un  point 
situé  sur  la  ligne  (<y). 

Les  équations  de  la  normale  à  la  surface  (S)  au  point 
{x.jy  z)  étant  [287] 

Ç  — Jf-j-/>(i:— z)  =  0,  r^—jr  +  qÇ:—z)=zo,  (A) 
les  coordonnées  du  point  correspondant  (Ç,  y),  ^)  sur 
l'arête  (a)  seront  données  par  le  système  des  deux  équa- 
tions (h)  et  de  leurs  dérivées 

—  [i+p  ip+qy')  ]  +  (^— ^)  i^+^y)  =  o .  (     (u^ 

-[>'+9  0H-y/)iH-(C-^)(^+^/)=o,(  ^  ^ 
prises  en  considérant  z  comme  une  fonction  des  va- 
riables ^,^,  eu  vertu  de  l'équation  de  la  surface  (S), 
et^  comme  une  fonction  implicite  de  x^  donnée  par  le 
tracé  de  la  ligne  (j),  ou  par  le  tracé  de  la  projection  de 
cette  ligne  sur  le  plan  xj.  Or,  les  équations  (A')  qui 
ne  renferment  plus  que  la  coordonnée  X, ,  ne  peuvent 


480  LIVRE    IV.    CHAPITRE    X. 

subsister  ensemble  qa'à  la  faveur  de  réquatîon  de  con- 
dition 

—  (i+p')  s  -h pqr  =  o  .  (i) 

Après  qu'on  y  a  substitué  pour/?,  q,  r,  s,  t,  leurs  valeurs 
eu  a:,jj  fournies  par  Féquation  de  la  surface  (S),  l'équa- 
tion (/) ,  où  n'entrent  plus  que  les  quantités  variables  x^ 
y^fy  est  l'équation  différentielle  commune  à  toutes  les 
projections  sur  le  plan  xy  des  lignes  {s)  qui  ont  la  pro- 
priété de  rendre  développables  les  surfaces  (2),  ou  sui- 
vant lesquelles  deux  normales  infiniment  voisines,  éle- 
vées sur  la  surface  (SJ,  ont  la  propriété  de  se  rencontrer. 
Quand  on  suppose  le  plan  xj  parallèle  au  plan  tan- 
gent à  la  surface  (S)  au  point  (.>r,/,  z) ,  et  par  consé- 
quent/>=  0,5^=0,  l'équation  (/)  devient 

/'  -^  — '7  — i=o; 

en  sorte  qu'elle  ne  diffère  de  l'équation  (a)  que  par  le 
changement  de  a  en  y  ;  d'où  l'on  doit  conclure  :  i"  que 
par  chaque  point  de  la  surface  (S)  on  peut  faire  passer 
deux  lignes  {s^ ,  (j,)  qui  se  coupent  à  angles  droits ,  et 
qui  jouissent  de  la  propriété  énoncée  plus  haut;  a^  que 
les  plans  normaux  à  (S),  menés  suivant  les  tangentes  à 
ces  lignes ,  coïncident  avec  ceux  des  sections  normales 
principales.  Pour  cette  raison,  Monge  a  donné  aux  li- 
gnes (j,),  {s^  le  nom  de  lignes  de  courbure.  Sur  toute 
surface  ou  portion  de  surface,  dont  l'ordonnée  n'éprouve 
pas  de  solutions  de  continuité  du  troisième  ordre  ou 
d'uYi  ordre  inférieur,  on  peut,  d'après  ce  qui  précède, 
tracer  à  volonté  deux  séries  [s^ ,  (j,)  de  ligues  de  cour- 
bure qui  partagent  la  surface  en  quadrilatères  curvili- 
gnes dont  tous  les  angles  sont  droits. 


DE  LA  COURBURE  DES  SURFACES.       481 

L'élimination  de  y  entre  les  équations  (h')  donne 

+  i+/?'  +  ?'  =  o;  (A'') 

et  l'on  a,  en  désignant  par  R  le  rayon  du  cercle  oscu- 
lateUr  de  l'une  des  sections  principales,  dont  le  centre 
est  à  l'intersection  de  deux  normales  infiniment  voisines, 

L'élimination  de^ — z  entre  ces  deux  dernières  équa- 
tions reproduira  l'équation  (R),  trouvée  plus  haut  par 
un  calcul  moins  simple  à  quelques  égards. . 

285.  Les  lignes  de  courbure,  aux  points  où  elles  se 
coupent,  sont  tangentes  aux  deux  sections  principales; 
mais  ces  sections,  qui  sont  des  courbes  planes ,  et  dont  les 
plans  passent  par  la  normale,  ne  coïncident  pas  en  gé- 
néral  avec  les  lignes  de  courbure,  qui,  ordinairement , 
ne  sont  pas  comprises  dans  un  plan. 

Par  exemple ,  sur  une  surface  de  révolution ,  Tune 
des  lignes  de  courbure  est  le  cercle  d'intersection  de  la 
surface  et  d'un  plan  mené  perpendiculairement  à  l'axe 
de  révolution,  par  le  point  de  la  surface  où  doit  passer 
la  ligne  de  courbure  :  car  toutes  les  normales  à  la  sur- 
face ,  menées  par  les  points  pris  sur  la  circonférence  de 
ce  cercle,  vont  couper  l'axe  de  révolution  au  même  point  ; 
d'où  il  résulte  aussi  que  la  portion  de  la  normale,  com- 
prise entre  Taxe  de  révolution  et  la  surface ,  est  l'un  des 
deux  rayons  de  courbure  principaux.  Mais  cette  ligne  de 
courbure ,  quoique  plane  dans  le  cas  que  nous  considé- 
rons ,  ne  coïncide  pas  avec  une  section  principale,  puis- 
que son  plan  ne  comprend  pas  la  normale ,  à  moins  que 
la  normale  ne  se  trouve  accidentellement  perpendiculaire 
à  l'axe  de  révolution. 

T.    I.  3i 


482  LIVHB    IV.    CHAPITRE    X. 

L'autre  ligne  de  coarbore,  sur  lue  surÊice  de  révo- 
lution y  est  la  courbe  méridienne;  puisque  les  normales 
à  la  surface ,  menées  par  divers  points  de  cette  ligne , 
sont  toutes  comprises  dans  le  plan  méridien.  En  outre , 
la  courbe  méridienne  est  une  section  principale  dé  la 
surfiice,  puisque  le  plan  de  cette  section  comprend  à  la 
fois  la  normale  et  la  tangente  à  l'une  des  lignes  de  cour- 
bure. Donc ,  pour  une  surface  de  révolution ,  Tune  des 
sections  principales  coïncide  avec  une  des  lignes  de 
courbure;  et  il  en  est  de  même  toutes  les  fois  qu'une 
ligne  de  courbure  se  trouve  plane,  et  que  son  plan  com- 
prend la  normale  à  la  surface.  Ainsi,  pour  les  surfaces 
cylindriques,  les  sections  principales,  dont  l'une  est  la 
section  droite,  et  l'autre  la  droite  génératrice,  se  con- 
fondent respectivement  avec  les  lignes  de  courbure. 

286.  L'équation  (i)  devient  identique,  et  l'on  n'en 
peut  plus  tirer  immédiatement  une  valeur  dey  déter- 
minée^ quand  on  a  les  trois  équations 

dont  la  troisième  est  une  conséquence  des  deux  autres, 
et  qui  équivalent  au  système  (/);  en  sorte  que  les  points 
de  la  surface  pour  lesquels  cette  circonstance  a  lieu, 
ne  sont  autres  que  les  ombilics. 

L'équation  («)  étant  identiquement  satisfaite,  la  nor- 
male au  point  (x,  y^  z)  est  reucontrée  par  la  normale 
au  point  infiniment  voisin ,  dans  quelque  direction  que 
l'on  prenne  ce  second  point.;  mais  de  là  il  ne  faut  pas 
tirer  la  conclusion  [182]  que  l'ombilic  est  un  point  oîise 
croisent  des  lignes  de  courbure  en  nombre  infini ,  ou  que 
les  droites  menées  par  l'ombilic  dans  le  plan  tangent 
sont  toutes  tangentes  à  des  lignes  de  courbure.  Mettons, 


DE  LA  COURBURE  DES  SURFACES.       483 

pour  abréger,  l'équation  (/)  sous  la  forme 

?-/'  +  +-y  +  Trf=o, 
(f^  ^yVi  désignant  des  fonctions  de  j;,  ^qui  s'évanouis- 
sent quand  le  point  (a:,  /•,  z)  est  un  ombilic  :  la  difFé- 
rentiation  de  l'équation  (^)  donne,  pour  déterminer  r' 
l'équation  du  troisième  degré 

Selon  que  cette  équation  a  ou  n'a  pas  toutes  ses  racines 
réelles,  il  passe  trois  lignes  de  courbure  par  l'ombilic 
ou  il  n'en  passe  qu'une  seule.  Si  cette  équation  est  en- 
core rendue  identique  par  les  valeurs  de  x,  /qui  con- 
viennent à  l'ombilic,  on  la  différentie  à  son  tour,  ce  qui 
donne  une  équation  du  quatrième  degré  en^  ;  et  selon 
que  cette  nouvelle  équation  a  quatre  ou  deux  racines 
réelles,  ou  n'a  que  des  racines  imaginaires,  l'ombilic  est 
le  point  d'intersection  de  quatre  ou  de  deux  lignes  de 
courbure,  ou  bien  il  ne  passe  pas  de  ligne  de  courbure 
par  l'ombilic ,  et  ainsi  de  suite.  Enfin,  quand  les  valeurs 
de  j;,  ^"  qui  conviennent  à  l'ombilic,  rendent  identiques 
l'équation  («)  et  toutes  ses  dérivées  successives,  l'om- 
bilic est  un  point  où  se  croisent  des  lignes  de  courbure 
dans  toutes  les  directions.  Ce  cas  se  présente  pour  les 
sommets  des  surfaces  de  révolution,  qui  jouissent  mani- 
festement de  la  propriété  caractéristique  des  ombilics 
(quand  ils  ne  sont  pas  toutefois  des  points  saillants),  et 
où  viennent  se  couper  toutes  les  méridiennes  qui  sont 
des  lignes  de  courbure  de  ces  surfaces. 

287 .  Faisons  l'application  de  ce  qui  précède  à  l'ellipsoïde 
dont  il  a  été  question  au  n**  ^83  :  l'équation  (/)  devient 
Aarry'+{a:^—Ar^—B)/  —  ^r  —  o  ;  (lo) 

et  elle  a  pour  dérivée 

3i. 


484  LIVRE    IV.    CHA.PITRE   X. 

équation  qui  se  réduit  à  A^'^-j-^'=o,  pour  les  valeurs 
y=o,  a:  =  ±|/lB,  relatives  aux  ombilics.  Cette  der- 
nière équation  n'admet  que  la  racine  réelle /=:o,  à 
cause  que  A  désigne  un  coefficient  positif.  Il  ne  passe 
donc  qu'une  ligne  de  coui4)ure  par  les  ombilics  de  l'el- 
lipsoïde à  trois  axes  inégaux,  et  cette  ligne  est  la  sec- 
tion qui  comprend  le  plus  grand  et  le  plus  petit  ^xe. 
Si  l'on  pose  a=by  auquel  cas  l'ellipsoïde  devient  de 
révolution  autour  de  son  petit  axe ,  pris  pour  celui  des 
z,  on  a  A==:  I ,  B=o;  et  les  coordonnées  des  ombilics 
sont  j:  =0,^=0,  parce  qu'en  effet  ces  ombilics  se 
confondent  avec  les  pôles  de  l'ellipsoïde  aplati.  L'équa- 
tion (10)  peut  alors  être  mise  sous  la  forme 

et  elle  se  décompose  en 

Pour  X  =  o ,  ^= o,  la  valeur  de  y  donnée  par  la  pre- 
mière équation  est  imaginaire  [i  8a],  et  celle  que  donne 
la  seconde  équation  reste  affectée  d'une  indétermination 
réelle  :  comme  cela  doit  être ,  puisque  tous  les  méridiens 
qui  se  projettent  en  xy  suivant  des  droites  passant  par 
l'origine  des  coordonnées,  sont  autant  de  lignes  de  cour- 
bure de  l'ellipsoïde. 

Quand  on  fait  h=.c^  auquel  cas  l'ellipsoïde  devient 
de  révolution  autour  de  son  grand  axe  pris  pour  celui 
des  a:,  on  a  A=:o ,  B  =  a^,  et  l'équation  (10)  se  résout 
dans  le  système 

y  =00   ,  (x'  — a')/  — arr  =  o. 
Si  l'on  introduit  dans  la  dérivée  de  l'équation  précédente 
les  valeurs  des  coordonnées  des  pôlé^  ou  des  ombilics , 
savoir  x  =±a,j=o ,  on  en  tirera  y  =  o  :  ainsi  y 


DE  LA  COURBURE  DES  SURFACES.       485 

n'est  susceptible  en  ces  points  que  des  deux  valeurs  o,  oo  . 
En  effet  ^  les  méridiens  se  projettent  en  xy  suivant  des 
ellipses  qui  viennent  toutes  couper  perpendiculairement 
l'axe  des  Xy'k  l'exception  du  méridien  dont  la  projection 
est  l'axe  même  des  x. 

288.  Lorsque  la  surface  a  des  points  singuliers  pour 
lesquels  r,  Sy  t  deviennent  des  fonctions  de  y\  comme  on 
l'a  plusieurs  fois  expliqué ,  l'équation  (  /  )  cesse  d'être 
une  équation  algébrique  du  second  degré  par  rapport 
à  l'inconnue  y ,  pour  les  points  singuliers  dont  il  s'a- 
git,  et  elle  peut  avoir  un  nombre  quelconque  de  racines 
réelles. 

^289.  Aux  deux  systèmes  de  lignes  de  courbure  rec- 
tangulaires {s^y  (s^)  correspondent  [^284]  deux  systèmes 
de  surfaces  développables  (2,),  (2,),  et  d'arêtes  de  re- 
broussement  (a,),  (d,).  Le  lieu  des  arêtes  de  rebrousse- 
roent  du  premier  système  est  une  certaine  surface,  et 
celui  des  arêtes  de  rebroussement  du  second  système  est 
une  autre  surface;  ou  plutôt  les  deux  systèmes  de  sur- 
faces développables  ^  pris  ensemble ,  ont  pour  lieu  de 
leurs  arêtes  de  rebroussement  une  surface  à  deux  nappes 
(<^i  9  <^a)  9  chaque  nappe  se  rapportant  à  chacun  des  sys- 
tèmes rectangulaires. 

Pour  obtenir  en  Ç,  n,  ^  l'équation  de  cette  surface  à 
deux  nappes,  qui  est  aussi  le  lieu  des  centres  de  courbure 
des  sections  principales  de  la  surface  (S),  il  faudrait  éli- 
miner x,^,z  entre  les  équations  (h)  y  (A")  et  celle  de 
la  surface  (S). 

Chaque  rayon  de  courbure  principale,  touchant  l'une 
des  arêtes  de  rebroussement ,  touche  la  surface  qui  est 
le  lieu  de  toutes  ces  arêtes  :  la  surface  des  centres  des 
courbures  principales  est  donc ,  par  rapport  à  la  surface 


486  LIVRE    IV.    —    CHAPITRE   X. 

primitive^  l'analogue  de  la  développée  d'une  courbe  plane 
par  rapport  à  la  courlië  développante. 

Les  deux  <;entres  des  courbures  principales ,  pour  un 
même  point  de  la  surface  (S),  se  trouvant  sur  la  même 
normale,  il  en  résulte  que  chaque  normale  à  la  surface 
(S)  touche  chacune  des  deux  nappes  de  la  surface  (a,,  <y,). 
Si  l'on  mène  par  cette  normale  deux  plans  tangents 
respectivement  aux  deux  nappes,  ces  deux  plans  sont 
rectangulaires,  en  vertu  delà  propriété  essentielle  des 
lignes  de  courbure.  Donc  les  deux  nappes  de  la  sur- 
face des  centres  de  courbure  ont  entre  elles  de  tels 
rapports  de  forme,  que,  regardées  d'un  point  quelcon-* 
que  O,  leurs  contours  apparents  se  coupent  à  angles 
droits.  En  effet ,  les  contours  apparents  des  deux  nap- 
pes de  la  surface  (d.,  c»)  sont  les  lignes  de  contact  de 
ces  nappes  et  des  surfaces  coniques  circonscrites,  ayant 
leurs  sommets  en  O.  Or  ces  deux  surfaces  coniques  ont 
une  génératrice  commune;  qui  est  la  normale  menée 
par  le  point  O  à  la  surface  (S) ,  et  de  plus  leurs  plans 
tangents  suivant  cette  génératrice  sont  rectangulaires. 

S  3.  Osculation  des  surfaces *  Définition  et  mesure  de  la 

courbure  des  surfaces. 

290.  Deux  surfaces 

2^= /(^ï  y)  >    (*)         ^ =/.(^,  /)  >       W 

qui  ont  un  point  commun  {x,jr,  z  )  ont  de  plus  en  ce 
point  un  contact  du  premier  ordre  [iio3],  quand  les 
coordonnées  Xyjr,  z  satisfont  aux  égalités 

p=p,,q=q,,  (il) 

ou  quand  le  plan  tangent  est  le  même  pour  les  deux 

surfaces ,  au  point  qui  leur  est  commun.  Si  les  égalités 

r=r, ,  s:czs,  ,  r=^,  (12) 


DE   LA   COURBURE    DES    SDRFiiCES.  467 

sont  en  outre  satisfaites,  il  y  a  entre  les  deux  surfaces  un 
contact  du  second  ordre  ou  une  osculation.  En  général 
le  contact  est  dit  du  n^  ordre,  quand  toutes  les  dérivées 
partielles  p^  q^  r,  etc.,  fournies  parles  équations  des  deux 
surfaces,  jusqu'à  celles  de  Tordre  n  inclusivement ,  pren- 
nent les  mêmes  valeurs  pour  un  même  système  de  va- 
leurs des  coordonnées  x^  y  ^  z^  quelle  que  soit  celle  des 
deux  surfaces  que  l'on  considère. 

Si  les  surfaces  n'éprouvent  pas  de  solutions  de  con- 
tinuité de  l'ordre  /i  -h  i  ou  d'un  ordre  inférieur ,  et  si 
Â;r,  by^  \z  désignent  des  quantités  très-petites  du  pre- 
mier ordre,  la  distance  du  point  (a;+A^,jr+A;^,s-h  A^} 
situé  sur  l'une  des  surfaces,  à  l'autre  surface,  est  en 
général  une  quantité  très-petite  de  l'ordre  /^-|- 1 ,  quand 
le  contact  entre  les  deux  surfaces  est  du  n^  ordre.  Nous 
omettons  la  démonstration  de  ce  théorème ,  que  l'on  sup- 
pléera sans  peine,  en  comparant  le  n""  ^^o  aux  n"^  ao3 
et  suivants. 

Dans  l'intérêt  des  applications  géométriques,  il  nous 
suffira  de  considérer  les  contacts  des  deux  premiers  or- 
dres ,  ou  le  contact  simple  et  Toscuiation  ('). 

291.  Ayant  mené  le  pian  tangent  à  la  surface  (2)  au 
point  (  a;,  ^,  z)j  coupons  ta  surface  par  un  plan  pa- 
rallèle au  premier.  Pour  plus  de  simplicité,  on  peut 
placer  l'origine  au  point  de  contact,  et  faire  coïncider 
le  plan  xy  avec  le  plan  tangent.  Soient  Az  l'ordonnée  du 
plan  sécant ,  et  A^ ,  A/  les  coordonnées  en  xy  des  points 
où  il  rencontre  la  âuriace  :  on  a,  en  traitant  bx ,  A^  comme 
des  quantités  très-petites  du  premier  ordre,  et  en  né- 

(')  Sur  les  contacts  des  ordres  sapërieurs  entre  les  surfaces,  on 
pourra  consulter  un  mémoire  de  M.  Olivier,  insère  dans  le  a5^  ca- 
hier du  Journal  de  V  École  polytechnique^  p.  ia3. 


488  LIVRE    IV.    CHAPITRE    X. 

gligeant  les  quantités  très-petites  du  troisièn^e  ordre, 

l^=lrilr'4-JAarAj4-|Mjr  .  (i3) 

Faisons  A^=eÇ,  A^zzzc»,  e  désignant  une  quantité  très- 
petite  du  premier  ordre  :  puisque  Az  est  du  second  or- 
dre, d'après  l'équation  (i3),  il  faut  poser  Az=  e*/-,  et 
alors  cette  équation  donne 

Donc,  quand  Az  décroît  indéfiniment,  la  courbe  d'in- 
tersection approche  indéfiniment  d'être  semblable  à  la 
courbe  dont  Ç ,  n  désigneraient  les  coordonnées  cou- 
rantes suivant  les  axes  des  .x  et  des  /,  et  qui  aurait 
(X:)  pour  équation.  Ou  bien  encore  la  courbe  d'intersec- 
tion approche  indéfiniment  d'être  semblable  à  la  section 
conique  auxiliaire  dont  il  a  été  question  aiu  n"*  279,  et 
dont  les  rayons  vecteurs  sont  proportionnels  aux  raci- 
nes carrées  des  rayons  de  courbure ,  pour  les  sections 
normales  dont  les  plans  coupent  le  plan  tangent  sui- 
vant ces  rayons  vecteurs. 

A  cause  de  cette  circonstance ,  M.  Charles  Dupin  a 
donné  le  nom  d'indicatrice  à  la  courbe  que  l'on  conçoit 
résulter  de  l'intersection  de  la  surface  par  un  plan  mené 
parallèlement  au  plan  tangent,  à  une  distance  infini- 
ment petite  du  point  de  contact.  Cette  indicatrice  est  une 
ellipse  quand  la  surface  tourne  sa  courbure  du  même 
côté  tout  autour  du  plan  tangent;  dans  le  cas  contraire, 
les  deux  hyperboles  conjuguées  qui  remplacent  l'ellipse, 
résultent  de  l'intersection  de  la  surface  par  deux  plans 
infiniment  voisins,  tous  deux  parallèles  au  plan  tangent, 
et  entre  lesquels  celui-ci  se  trouverait  compris. 

L'ellipse  indicatrice  devient  un  cercle  aux  points  om- 
bilics :  c'est  pour  cela  que  les  plans  tangents  aux  ombi- 
lics de  l'ellipsoïde  sont  parallèles  à  ceux  qui  ont  la  pro- 


D£  LA  COURBURE  DES  SURFACES:       489 

priété  de  couper  l'ellipsoïde  suivant  des  cercles  [a83]. 

292.  Quand  la  surface  (s.)  a  trois  paramètres  arbi- 
traires, on  en  peut  disposer  pour  satisfaire  à  la  condi- 
tion j\  X  jjr  )=fj  (  .r ,  /  ),  et  de  plus  aux  équations  (  1 1  ), 
ou  pour  établir  entre  les  d^ux  surfaces  (2),  (z,),  au 
point  (x^j'j  z),  un  simple  contact.  S'il  entre  dans  l'équa- 
tion [Zj)  six  paramètres  arbitraires,  on  en  peut  disposer 
pour  satisfaire  en  outre  aux  équations  (la),  ou  pour 
rendre  les  deux  surfaces  osculatrices  l'une  de  l'autre. 

Donc  on  ne  peut  pas ,  en  général  ,  déterminer  une 
sphère  qui  soit  osculatrice  d'une  surface  donnée  en  un 
point  donné  :  car  l'équation  la  plus  générale  de  la  sphère 
ne  renferme  que  quatre  paramètres  arbitraires,  savoir: 
le  rayon  et  les  trois  coordonnées  du  centre. 

Les  conditions  de  l'osculation  des  deux  sur&ces  (z), 
Çzjy)  soiit  exprimées  analytiquement  par  le  système  des 
équations'(i])  et  (la)  ;  mais  il  est  préférable  de  les 
énoncer  géométriquement  en  disant  que  les  deux  sur- 
faces sont  osculatrices  Tune  de  l'autre  lorsqu'elles  ont 
en  un  point  commun ,  non-seulement  le  même  plan  tan- 
gent, mais  encore  des  sections  principales  comprises 
dans  les  mêmes  plans  normaux ,  et  les  mêmes  rayons  de 
courbure  principaux ,  respectivement  dirigés  dans  le 
même  sens  par  rapport  au  plan  tangent.  Il  est  visible, 
d'après  tout  ce  qui  a  été  établi  dans  ce  chapitre ,  que 
l'existence  de  ces  relations  géométriques  résulte  des 
équations  (i  1)  et  (la).  Lorsqu'elles  subsistent,  un  plan 
quelconque,  passant  par  le  point  commun,  coupe  les 
deux  surfaces  suivant  deux  lignes  qui  ont  en  ce  point 
le  même  rayon  de  courbure. 

Si  donc  la  surface  (z)  a  ses  deux  rayons  de  courbure 
principaux  dirigés  dans  le  même  sens,  on  peut  toujo^rs 


490  LIVRB    IV.    CHAPITRE   X. 

construire  un  ellipsoïde  de  révolution  qui  oscule  cette 
surface  au  point  (x,  y^  z)  :  car  on  peut  faire  en  sorte 
que  l'une  .des  sections  méridiennes  de  lellipsoïde  oscu* 
lateur  tombe  dans  le  plan  de  17une  des  sections  princi- 
pales de  la  surface  osculé^ ,  l'un  des  axes  de  l'ellipse 
méridienne  coïncidant  ayec  la  normale  :  après  quoi  il 
n'y  a  plus  qu'à  assigner  aux  axes  de  l'ellipse  méridienne 
des  longueurs  telles,  que  les  rayons  de  courbure  prin- 
cipaux soient  les  mêmes  pour  la  surface  osculée  et  pour 
l'ellipsoïde.  Cette  construction  est  propre  à  donner  deux 
ellipsoïdes  osculateurs,  l'un  allongé,  l'autre  aplati. 

Quand  la  surface  a  ses  deux  rayons  de  courbure 
principaux  dirigés  en  sens  inverses ,  on  peut  substituer 
à  l'ellipsoïde  osculateur  un  hyperboloïde  de  révolution 
à  une  nappe,  dont  le  cercle  de  gorge  [239]  tombe  dans 
le  plan  de  l'une  des  sections  principales  de  la  surface. 

On  peut  décrire  plus  simplement  encore  une  surface 
de  révolution,  osculatrice  d'une  surface  donnée,  en  Éli- 
sant tourner  le  cercle  osculateur  de  l'une  des:  sections 
principales  de  la  surface  autour  d'un  axe  tracé  dans  son 
plan  perpendiculairement  à  la  normale ,  et  passant  par 
le  centre  de  courbure  de  l'autre  section  principale.  La 
surface  osculatrice  devient  un  cylindre  droit,  à  base 
circulaire,  quand  le  rayon  du  cercle  osculateur  de  la 
première  section  principale  devient  inâni ,  comme  il  ar- 
rive pour  les  surfaces  développables  [281]. 

*293.  Ceci  va  nous  conduire  à  définir  et  à  mesurer, 
d'après  M,  Gauss ,  la  courbure  dune  surface,  quantité 
qui  n'est  point  définie  ni  à  plus  forte  raison  mesurée, 
tant  qu'on  se  borne  à  établir ,  d'après  les  théorèmes  de 
Meusnier  et  d'Euler^  les  relations  qui  subsistent  entre 
les  courbures  des  lignes  tracées  sur  la  surface. 


DE  XA    €OURBUA£    DES  ^SURFACES.  491 

Revenons  pour  un  instant  sur  la  mesure  de  la  cour- 
bure des  lignes  planes.  Prenons  sur  la  ligne  dont  on 
veut  mesurer  la  courbure  en  m,  un  arc  \s  qui  passe 
par  le  point  m;  menons  les  normales  aux  deux  extré- 
mités de  cet  arc  ;  et  après  avoir  tracé  dans  le  plan  de  la 
courbe  un  cercle  dont  le  rayon  soit  égal  à  l'unité^  me- 
nons les  rayons  respectivement  parallèles  aux  deux  nor^ 
maies  extrêmes  et  qui  comprennent  un  arc  de  cercle 

.    ,      dr 
^T  :  la  limite  -j-  [iqS]  vers   laquelle  converge  le  rap- 

At 
port  —,  quand  l'arc  Aj  décroît  indéfiniment  sans  ces-^ 

ser  de  comprendre  le  point  m,  est  la  mesure  de  la  cour- 
bure de  la  ligne  au  point  m. 

Une  construction  parfaitement  analogue  est  appli- 
cable aux  surfaces.  Imaginons  [128]  une  courbe  fermée, 
tracée  arbitrairement  sur  la  surface  dont  on  veut  me- 
surer la  courbure  en  m,  de  manière  que  Taire  tù  cir- 
conscrite par  cette  courbe  sur  la  surface  comprenne  le 
point  m(j).  D'un  point  quelconque  de  l'espace,  comme 
centre ,  décrivons  une  surface  sphérique  qui  ait  l'unité 
pour  rayon,  et  menons  les  rayons  parallèles  à  toutes 
les  droites  élevées  normalement  à  la  surface  sur  le  con- 
tour de  l'aire  (o  :  le  lieu  de  ces  rayons  est  une  surface 
conique  qui  intercepte  à  la  surface  de  la  sphère  une 

(')  Il  faut  entendre  par  Vaire  d'une  portion  de  surface  courbe 
(comme  nous  l'expliquerons  plus  amplement  dans  le  chapitre  YI  diT 
cinquième  livre)  la  limite  dont  s'approche  indéfiniment  Faire  d'une 
surface  polyédrique,  inscrite  ou  circonscrite  à  la  portion  de  surface 
courbe  que  l'on  considère ,  quand  le  nombre  des  faces  du  polyèdre 
augmente  sans  cesse  et  que  les  dimensions  des  faces  décroissent  in- 
définiment. Cette  définition  de  la  grandeur  a>  est  analogue  à  celle  de 
la  grandeur  *  [174].  ^ 


492  LIVRE   iV.    —    CHAPITRE    X. 

6 
aire  6.  La  limite  vers  laquelle  converge  le  rapport  - 

quand  Taire  a>  décroît  indéfiniment  sans  cesser  de  com- 
prendre le  point  m,  doit,  suivant  l'analogie,  être  prise 
pour  la  mesure  de  la  courbure  de  la  surface  au  point 
m.  Nous  admettons  d'abord ,  afin  d'éviter  toute  diffi- 
culté, qu'il  s'agit  d'une  surface  dont  les  deux  rayons  de 
courbure  principaux  sont  dirigés  dans  le  même  sens,  et 
en  outre  que  la  surface  n'éprouve  pas  au  point  m  de 
solutions  de  continuité. 

De  même  que ,  pour  la  mesure  de  la  courbure  d'une 
ligne  plane ,  il  est  permis  de  substituer  à  la  ligne  don- 
née son  cercle  osculateur  ou  toute  autre  courbe  oscula- 
trice;  de  même,  pour  la  mesure  de  la  courbure  d'une 
surface,  il  est  permis  de  substituer  à  la  surface  propo- 
sée une  autre  surface  qui  Toscule,  au  point  oit  il  s'agit 
de  mesurer  la  courbure. 

Prenons ,  pour  la  surface  osculatrice ,  celle  que  dé- 
crit le  cercle  du  rayon  R, ,  en  tournant  autour  d'une 
droite  menée  dans  son  plan  perpendiculairement  à  la 
normale,  par  le  centre  du  cercle  du  rayon  R,.  Soit  ds^ 
l'angle  infiniment  petit  que  le  plan  du  cercle  mobile , 
dans  chacune  de  ses  positions  extrêmes ,  forme  avec  le 
plan  de  la  section  normale  sur  lequel  il  était  primitive- 
ment couché,  l'excursion  du  plan  mobile  ayant  la  même 
amplitude  de  part  et  d'autre  dû  plan  de  la  section  nor- 
male; soit  é/j^a  l'angle  infiniment  petit  que  forment  avec 
la  normale  et  de  part  et  d'autre  de  cette  droite,  dans  le 
plan  du  cercle  osculateur  de  rayon  R> ,  deux  rayons  de 
ce  cercle  :  Taire  co,  devenue  infiniment  petite,  se  con- 
fond avec  celle  d'un  rectangle  infiniment  petit  dont  les 
côtés  seraient  2R,rfj, ,  aR^^/j,,  et  qui  aurait  pour  sur- 


DE    LA    GOURBDRE    DES    SURFACES.  493 

face  ^Rfi-^dsjds^.  D'autre  part,  l'aire  correspondante  0 
prend  pour  valeur  (en  négligeant  toujours  les  infiniment 
petits  des  ordres  supérieurs)  ^ds^ds^  :  d'où 

^■'"-  v=ô:-  w 

La  courbure  d'une  surface  a  donc  pour  mesure  le  pro-* 
duit  des  courbures  de  ses  deux  sections  principales. 

L'aire  6  est  remplacée  par  un  point  quand  l'aire  <ù  ,  finie 
ou  infiniment  petite,  est  prise  sur  une  surface  plane;  elle 
est  remplacée  par  une  portion  de  circonférence  de  grand 
cercle  quand  l'aire cù,  finie  ou  infiniment  petite,  appar-* 
tient  à  une  surface  cylindrique.  Cette  remarque  lève 
la  difficulté  qui  naîtrait  de  ce  que ,  d'après  la  formule 
(/),  une  surface  développable  pour  laquelle  [281  et  ql^^] 
un  des  rayons  Ri ,  Ra  est  constamment  infini ,  aurait 
-en  tous  ses  points  une  courbure  nulle,  propriété  qui 
semble  ne  pouvoir  appartenir  qu'au  plan.  Le  plan  ,  les 
surfaces  développables  et  les  autres  surfaces  ne  sont  pas 
plus  comparables,  quant  à  la  courbure,  qu'un  points 
une  ligne  et  une  aire ,  quant  à  la  grandeur.  On  peut 
dire  que  la  courbure  d'une  surface  développable  est  un 
infiniment  petit  du  premier  ordre,  et  celle  d'un  plan 
un  infiniment  petit  du  second  ordre  :  ce  qui  signifie  que 
la  courbure  d'une  surface  est  une  quantité  très-petite 
du  premier  ou  du  second  ordre,  quand  la  surface  se  con- 
fond sensiblement  avec  un  cylindre  ou  avec  un  plan. 

L'expression  de  la  courbure  d'une  surface  prend  le 
signe  positif  ou  le  signe  négatif,  selon  que  les  deux 
rayons  de  courbure  principaux  sont  dirigés  dans  le 
même  sens  ou  «en  sens  contraires.  Ce  changement  de 
signe  est  arbitraire ,  et  ne  comporte  pas  une  interpréta- 
tion naturelle  comme  celui  qui  affecte  la  pourbure  d'une 


494  LIVRE    IV.    CHAPITRE    X. 

ligne  quand  le  sens  de  la  courbure  change  effective- 
ment. Mais  cette  circonstance,  loin  de  donner  lieu  à 
une  objection  fondée,  ne  fait  que  confirmer  l'analogie 
qu'il  s'agit  d'établir.  On  sait,  en  effet,  que  les  règles 
'  pour  l'interprétation .  des  signes ,  applicables  aux  coor- 
données mesurées  à  partir  d*une  origine  fixe,  et  à  leurs 
différentielles,  cessent  de  s'appliquer,  ou  ne  s'appliquent 
qu'en  vertu  de  conventions  arbitraires ,  aux  aires  mesu- 
rées par  les  produits  qui  admettent  pour  facteurs  ces 
coordonnées  ou  leurs  éléments  différentiels. 

Mademoiselle  Sophie  Germain ,  dans  ses  recherches 
sur  les  surfaces  élastiques,  et  surtout  dans  un  mé- 
moire (')  qui  est  la  dernière  production  de  cette  femme 
remarquable,  s'est  efforcée  d'établir  que   la    courbure 

d'une  surface  a  pour  mesure  la  fonction  ^-{-^  •  niais 

ses  raisonnements  n'ont  rien  de  convaincant,  et  la 
mesure  qu'elle  propose  n'est  en  effet  qu'une  définition 
arbitraire;  tandis  que  la  proposition  de  M.  Gauss,  ame- 
née* et  justifiée  par  toutes  les  analogies  géométriques  , 
est  un  véritable  théorème  d'où  peuvent  sortir  des  consé- 
quences importantes ,  et  qui'  mérite  d'être  admis  dans 
les  éléments ,  à  cause  de  son  élégante  simplicité. 

(»)  Journal  de  Mathématiques  y  de  M.  Crelle,  t.  VII,  p.  i. 


FIN    DU   TOME   PREMIER. 


ERRATA  DU  TOME  PREMIER. 


Pages. 

LIGNES. 

FAUTES. 

CORRECTIONS. 

6 

a3 

cette  tranche 

la  tranche 

II 

i5 

étant  au 

étant  un 

la 

4 

décroissante 

croissante 

ibid. 

5 

croissante 

décroissante 

^9 

7 

PMN' 

'     PMM' 

Si 

4  en  fera. 

enr; 

est  y 

71 

la  en  rem. 

j:  =  o,^  =  o 

X  =  0,  XZ=.  0 

114 

a6 

Gavai  leri 

Cavalieri 

i33 

II 

3  cos'j: 

3  cos*  X  sin  x 

i38 

II 

Côtes 

Cotes 

i5i 

4 

a  or* 

3^* 

ibid. 

5 

X  —  1  sin  ^x 

X  —  ^  sin  7.x 

ibid. 

10 

^xV^x^i 

"^xV  x^—v 

i55 

i5 

(1)^ 

(0^ 

i56 

I  en  rem. 

véritable 

variable 

161 

aa  et  a3 

second 

troisième 

18S 

i5 

fx  = 

/A  = 

>9i 

14 

•+« 

V 

196 

5 
5  en  rem. 

6  id. 

par 

4(i-l/i-x>) 

d.^ 
dx 

pour 

ao9 
ai3 

4l/i— x.(,i— |/i— X*) 

d.^ 
dx, 

dydx 
d^z 
dx- 

ibid. 
ibid. 

Sid. 

1  id. 

dy 

dy  dz 
d^z 
dz' 

a59 
a7a 

a76 

16 
5  en  rem. 

3  id 

dH 

dr 

f(x^^h,y^Qk) 
dh 

Suite  de  [Errata  du  Tome  premier. 


vkats. 

LIGNES. 

FAUTES. 

CORRECTIONS. 

338 

10 

+  (l-r) 

+  {y\-yY 

344 

l6 

+  0 

=  o 

355 

8  en  rem. 

distance  m,», 

différence  m,fA, 

dF     d¥ 

dF     dF 

370 

4»rf. 

^'   di 

H'  ^ 

43i 

4irf. 

(a6) 

(^60 

448 

I  id. 

X  —  a=z 

X  —  a  =  o, 

Page  i4i,  ligne  i  en  remontant ,  après  pour  des  valeurs  quelcon- 
ques de  l'exposant,  ajoutez  sous  la  condition  de  conduire  à  une  série 
convergente. 

Page  i5a ,  ligne  a  en  remontant,  après  dérivent ,  ajoutez  et  si,  par  l'ap- 
plication de  la  règle  du  n°  85  ^  on  ne  mettait  pas  en  évidence  le  facteur 
qui  les  rend  simultanément  nulles  ou  infinies. 


PII. 


Fùf.â. 


FÙf.22 


Fù/JÔ\ 


Y 

Fi^.iy. 

V. 

N 

" 

o 

X 

FiçuS. 


PL.fl, 


PL.  m. 


r^^. 


•\.' 


rm 


.^'- 


w- 


1t. 


^ 


î£. 


rM! 


^ 


TMs  book  should  be  retiirnecl  to 
the  lâbrary  on  or  before  th©  last  date 
atamped  below. 

A  fine  of  fLve  eents  a  day  ia  inciUTôd 
by  retaiming  it  beyond  the  specifled 
time. 

Please  rêtum  promptly. 


>>7 


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