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Full text of "Traité pratique du boisement et du reboisement des montagnes: landes & terrains incultes"

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TRAITÉ PRATIQUE 



DU 



lOISEMEIT ET BEBOISEMEIT 



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TRAITÉ PRATIQUE 



DU 



BOISEMENT 



et 



REBOISEMENT 

des MontagneSj Landes et Terrains incultes 



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PLANTATIONS DE: 

PEUPLIERS — POMMIERS A CIDRE 
HAIES VIVES — RIDEAUX DE VERDURE 

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PAR 



Norbert LEVAVASSEUR, 

HORTICULTEUR-PÉPINIÉRISTE, 
CHEVALIER DU MÉRITE AGRICOLE. 



1905 



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AVANT-PROPOS 



Le principal but que nous nous sommes proposé en 
écrivant ce traité est de démontrer ^ au double point de 
vue du prix de revient et du produit^ l'avantage de 
boiser, en arbres verts résineux, les landes et autres 
terrains incultes. 

Notre intention n'est pas de traiter la question du 
Reboisement avec tous les développements qu'elle com- 
porte, notre but est plus modeste : nous essayerons sim- 
plement de donner des conseils pratiques aux planteurs, 
en évitant tous détails fastidieux. 

Il suffira que les propriétaires de terrains stériles 
comprennent leurs véritables intérêts pour que, dans 
peu d'années, ces terrains soient devenus par le Boise- 
ment une source de richesse. 

A l'avantage incontestable d'augmenter, dans une 
notable proportion, la valeur de sa propriété et par suite 
son revenu, se joindrait la satisfaction d'obtenir une 
plantation agréable à l'œil et favorisant toujours les 
conditions de salubrité. 



— 6 — 

Nous ne proposerons aucune théorie hasardée; c^est 
dans les faits sanctionnés par l'expérience que nou^ 
puiserons tous nos renseignements. 

Toutefois, notre métier de pépiniériste pouvant amener 
certains lecteurs à nous taxer de partialité, nous nous 
permettrons de nous servir de quelques citations d'au- 
teurs ayant traité le même sujet, ou d'opinions qui nous 
ont été données par certains de nos clients ayant opéré 
des Reboisements sur des étendues considérables. 

Il en résultera donc que tous nos arguments ont 
été sanctionnés, soit par notre expérience personnelle, 
soit par l'expérience d'autres personnes autorisées. 



PREMIÈRE PARTIE 



Boisement en Arbres verts Résineuxt 



CHAPITRE P^ . 



utilité du Boisement» 



L'utilité du Boisement ou mieux du Reboisement 
ne fait plus de doute à Theure actuelle. On s'accorde 
pour reconnaître aujourd'hui cette vérité. Le pro- 
priétaire intelligent, qui entreprendra le Reboise- 
ment de ses terrains stériles ou incultes (et ce avec 
une dépense très minime) , non seulement se créera 
une source de richesse considérable, mais aura éga- 
lement rendu service à son pays. Du reste, voici 
ce que dit à ce sujet M. Th. Rousseau, conservateur 
des forêts, dans son Guide du Reboisement: 

Le Reboisement, surtout celui des montagnes, n'a 
pas cessé d'être à Tordre du jour, mais, il est fâcheux 
de le constater, Télan du public est encore assez plato- 
nique. 



— 8 — 

Cette indiflérence tient à plusieurs, causes directes ou 
indirectes ; parmi les premières se trouvent l'ignorance 
trop grande des méthodes simples et économiques, 
et les mécomptes survenus à la suite de tentatives très 
coûteuses effectuées sur les conseils intéressés de 
jardiniers incompétents ou de pépiniéristes peu scrupu- 
leux; parmi les causes indirectes, nous classons sans 
hésitation les erreurs économiques de certains membres 
des assemblées électives et de publicistes peu au courant 
de la question. 

Il y a en France plus de cinq millions d'hectares de 
terrains incultes, ne servant la plupart qu'à une pâture 
aussi vaine que peu lucrative. 

Eh bien ! si Ton veut augmenter la surface des terres 
arables, on ne songe jamais à ces terres vagues, tout de 
suite on pense à défricher des bois. Et pourtant, les bois 
qui subsistent encore ne recouvrent généralement que 
des sols de fort médiocre qualité, car, si ce sol était bon, 
il y a longtemps que ces bois auraient été défrichés. 

Combien d'erreurs n'ont-elles pas été commises à 
ce point de vue? Pendant la première moitié de ce siècle 
on a défriché les bois avec une rage sans pareille, et que 
reste-t-il de la majorité de ces défrichements? Des 
terres incultes, ravinées et stériles, de véritables déserts 
sur une petite échelle. 

Les conséquences de cette funeste disposition se 
remarquent partout, au nord comme au midi, à l'ouest 
comme au centre et à l'est; on ne peut faire un long 
parcours en chemin de fer sans apercevoir des versants 
de montagne ou de coteau, arides, dépourvus de toute 
végétation sérieuse, et où l'on reconnaît très bien les 
marques de limites d'anciens champs peu à peu aban- 
donnés parce qu'ils ne produisaient plus rien. 



— 9 — 

Cet acharnement contre les bois s'étend à toutes les 
classes de la société, et le paysan, même celui des 
montagnes, qui peut le moins se passer de bois de 
chauflage, est le plus âpre à la destruction; aussi 
voit-on dans certaines montagnes du Centre, complète- 
ment déboisées par cette manie contagieuse, des villages 
entiers où il n'y a pas un seul arbre et où Ton est réduit, 
pour se chauffer et cuire les aliments, à se servir de 
gazons pelés à la surface du sol et préalablement dessé- 
chés en tas disposés avec soin. 

Ce tableau n'est pas chargé, c'est l'expression exacte 
de la vérité, et, si nous voulions nous étendre sur ce 
sujet, donner des exemples, citer des faits faciles à 
vérifier, nous n'aurions pas assez d'un volume. 

Cette digression avait toutefois son utilité, celle de 
faire ressortir l'urgence et la nécessité du Boisement 
des terrains improductifs, et l'influence néfaste du 
défrichement. 

Sur beaucoup de montagnes, notamment celles du 
Midi, l'herbe n'existe plus qu'à l'état rudimentaire, la 
terre se dénude et se ravine, les pierres et les rochers 
font saillie de toutes parts et, sous les rayons sénégaliens 
du soleil, réfléchissent une chaleur qui dévore tout ce 
qui les environne. 

Les sources ne sont plus alimentées et diminuent 
jusqu'au point de tarir. Les oiseaux disparaissent d'un 
pays qui ne leur offre plus aucun abri, et les insectes 
dévastateurs en profitent pour pulluler à l'infini et jeter 
le désordre dans notre agriculture. 

C'est surtout dans les régions viticoles que la destruc- 
tion des végétaux forestiers a été poussée à l'excès ; là on 
ne voit presque plus d'arbres; on a tout arraché, même 
les haies, pour y gagner quelques rangées de souches. 



— 10 — 

Aussi qu'en est-il résulté? C'est que les oiseaux 
insectivores ont disparu et que les invasions des insectes 
nuisibles ont acquis des proportions épouvantables. 

Il est temps de réagir contre cette manie dévasta- 
trice, il est temps de reconnaître l'utilité des arbres et 
même des simples buissons, mais, pour réparer les 
pertes causées par l'imprévoyance, il faudra beaucoup 
de patience, car ce qui peut être détruit en un jour exige 
de nombreuses années pour être rétabli. 

Dans une question de ce genre, il n'y a pas de règle 
générale à établir ; il faut tenir compte des innombrables 
circonstances qui dépendent du terrain, de l'altitude, de 
l'exposition et du climat régional. L'habitude et l'obser- 
vation des faits naturels existants sont nos meilleurs 
auxiliaires. Les résultats obtenus depuis trente ans que 
nous nous occupons du Reboisement nous donnent 
pleine confiance dans la méthode suivie. 

11 n y a que deux méthodes principales à employer 
pour le Reboisement : le semis et la plantation. 



Puis c'est M. M.-L. Nicolas qui, dans son Guide 
du Syhiculteury nous met sous les yeux l'énorme 
avantage matériel que nous pourrions retirer en 
France, si tous les terrains incultes étaient boisés; 
il s'exprime comme suit : 

L'économie forestière est l'ensemble des connaissances 
qu'il est nécessaire de posséder pour ^créer, entretenir et 
exploiter une surface boisée, dans l'intérêt maximum du 
propriétaire en particulier et du pays en général. 

La sylviculture s'appuie sur toutes les sciences, et 
repose sur la connaissance exacte et rai«onnée des 



— H — 

phénomènes qui Tenvironnent ; en cela elle se rapproche 
de l'agriculture et de Tarboriculture ; mais elle en diffère 
essentiellement au point de vue: ^^ de son exploitation, 
qui est à longue échéance ; 2« de son entretien, qui ne 
nécessite quun matériel restreint; 3** du volume excep- 
tionnel de ses produits. 

Les forêts couvrent en France une superficie de 
9.485.000 hectares; or, la superficie totale du territoire 
étant égale à 52.836.310 hectares, le coefficient de boi- 
sement se trouve être voisin de 17.9 **/o, c'est-à-dire 
inférieur à celui de l'Europe, qui est égal à 29 ®/o ; le 
maximum étant atteint par la Russie f40 %), le mini- 
mum par le Danemark (3 Vo). 

La production de la sylviculture française se chiffre 
par 25 millions de mètres cubes de bois = 236 mil- 
lions de francs: 

Soit, par hectare 2"^750 == 25 fr. 75 

— par habitant .... 0-^,700 = 6 fr. 50 

La consommation annuelle dépassant: 

En bois d'œuvre. . . 10 millions de mètres cubes, 

— de chauffage 30 — — 

il en résulte une importation supérieure à 15 millions de 
mètres cubes, soit une valeur de 245 millions de francs 
environ. 

A côté de ces produits matériels, fournis par la forêt, 
il en est d'autres, non tangibles, il est vrai, mais non 
moins importants. Si l'on considère, en effet, les condi- 
tions d'hygièn€ et de salubrité d'une région, on voit que 
les forêts sont de puissants auxiliaires; il suffit, pour 
s'en convaincre, d'examiner les magnifiques résultats 
obtenus par le Boisement, dans les Marais Pontins, par 



— 12 — 

exemple, et dans certains maquis de la Corse. Il ne 
faut pas oublier également le rôle important que joue la 
forêt dans la défense du territoire; ne favorise-t-elle 
pas, en effet, cette guerre d'escarmouches, si meurtrière 
pour les armées d'invasion! La forêt, enfin, a une 
influence prépondérante sur le régime des eaux, sur le 
climat. 

De tout ceci il faut conclure que l'on doit déplorer, 
combattre même le Déboisement, véritable fléau, qu'il 
est faux de regarder comme un indice de progrès cultu- 
ral, en France surtout, où les terres vagues couvrent ime 
superficie de 7 millions dTiectares; et d'ailleurs, l'Italie, 
où le Déboisement est pratiqué à outrance, est-elle dans 
une situation agricole plus prospère que les autres pays? 

Les végétaux ligneux composant nos forêts se divi- 
sent en deux grands groupes : les feuillus et les 
résineux, que l'on nomme encore arbres verts et 
conifères. 

Les résineux, dont la proportion dans nos forêts est 
voisine de 30 •/o, donnent lieu, par leur exploitation, à 
un mouvement commercial important; cependant, on 
peut estimer à 100 millions de francs la valeur des 
importations. Les forêts de résineux dominent surtout 
dans les Landes, où elles couvrent une superficie de 
800.000 hectares; la production annuelle de cette région 
dépasse 3 millions de tonnes, dont 180.000 sont dirigées 
sur l'Angleterre sous forme de poteaux de mines; les 
forêts peuvent fournir jusqu'à 2 millions de traverses de 
chemin de fer, 60.000 poteaux télégraphiques, et ont 
nécessité à Mios l'installation dune immense fabrique 
de pâte de papier. 



— 13 — 

Il résulte de cet exposé que si les 7 millions d'hec- 
tares incultes étaient boisés, notre pays arriverait 
presque à se suffire et, par suite, les 245 millions de 
francs que nous donnons annuellement aux pays 
mieux pourvus de bois, resteraient dans nos poches 
etpermettraient vraisemblablement de faire quelques 
entreprises, qui sont laissées de côté faute de capi- 
taux. 

On voit donc clairement qu'il est utile, sinon 
indispensable et urgent : 

1*" De boiser toute terre en culture, soit en labour, 
soit en pâturage, qui ne rend plus un bénéfice 
suffisant. 

2^ Surtout de boiser toutes les terres en friches 
impropres à la culture, quelque médiocre que soit 
la qualité de ces terrains. 

3° On se constituera ainsi des ressources pour 
l'avenir. Mais il y a une condition essentielle, c'est 
de ne pas se tromper soit dans la nature des opéra- 
tions, soit dans la manière économique de les 
exécuter. 

Lamartine disait : « La nature n'a pas de com- 
plaisance pour nos faux systèmes. Elle est souve- 
raine, absolue comme son Auteur. Elle résiste à 
nos tentatives folles ; elle déjoue, et quelquefois 
rudement, nos illusions. Elle nous seconde, elle 
nous aide, elle nous récompense, si nous touchons 
juste et si nous travaillons dans son sens vrai ; mais 
si nous nous trompons, si nous voulons la violenter, 
la contraindre, la fausser, elle nous donne à l'ins- 
tant même des démentis éclatants en faits par la 



— 14 — 

stérilité, par le dépérissement, par la mort de tout 
ce que nous avons voulu créer en dépit d'elle et à 
l'inverse de ses lois » . 

Les conseils pratiques que nous nous proposons 
d'exposer dans les chapitres suivants seront, nous 
Tespérons du moins, et c'est là notre seule ambi- 
tion, de quelque utilité pour arriver au meilleur 
des résultats. 



CHAPITRE II 



Du Boisement par Plantations ou par Semis. 



Ici nous sommes heureux de pouvoir donner 
Topinion d'un sylviculteur émérite : M. D. Cannon, 
lauréat du Prix d'honneur pour la sylviculture en 
Sologne, qui s'exprime ainsi dans son livre Semer 
et Planter. 

Choix entre le Semis et la Plantation, — La question 
de savoir quel est le mode le plus avantageux, de la 
plantation ou du semis sur place, a été et est encore 
très agitée entre sylviculteurs. Autrefois le système du 
semis l'emportait, comme étant plus simple et plus 
économique. Mais cela tenait à ce que les plants em- 
ployés, étant toujours trop grands, donnaient lieu à des 
frais, à des travaux et à des embarras sans fin. Aujour- 
d'hui il est pleinement reconnu que les plants petits et 
trapus, élevés (soit dans les pépinières particulières, soit 
dans celles du commerce) en grand nombre et par consé- 
quent à des prix très modiques, sont, en général, infini- 
ment préférables. Le cas n'est donc plus le même, et 
les autorités les plus compétentes s accordent à recon- 
naître que les plantations ainsi exécutées reviennent à la 
longue moins chères que les semis dans la plupart des 
cas. Si les frais de premier établissement sont plus 
grands, en revanche ceux des éclaircies hâtives et im- 



— 16 — 

productives, souvent nécessaires dans les semis pour 
empêcher les jeunes plants de s'étouffer mutuellement, 
sont évités. 

Avantages de la Plantation. — A notre avis aussi, les 
bois formés par la méthode de la plantation sont' meil- 
leurs que ceux dus au semis. Nous croyons qu au bout 
de quelques années les plantations, pourvu que Tespa- 
cement des pieds soit convenable, fourniront toujours 
de meilleiu's arbres, contenant une plus grande quantité 
d'un bois de plus de valeur; parce que chaque pied, 
régulièrement espacé dès le début, aiu*a eu l'énorme 
avantage de jouir de toute sa part de terrain et de 
lumière, de pousser des racines solides qui le soutien- 
dront contre les coups de vent et sous le poids des 
neiges. 11 aura pu développer aussi, dans des propor- 
tions normales, le système de branches et de feuilles 
qui joue un rôle si important dans la nutrition de Tarbre 
et dans son aptitude à assainir et à enrichir la terre, 
comme à purifier l'atmosphère. La plantation a encore 
l'avantage de couvrir régulièrement et également le 
terrain, tandis que le semis peut toujours donner un 
résultat excessif sur certains points, insuffisant sur 
d'autres. 

Cas où la Plantation s^ impose. — Certaines espèces 
ne peuvent être propagées que par la plantation, soit à 
cause de la cherté de leurs graines, soit que les jeunes 
plants, en raison de leur délicatesse pendant les pre- 
mières années, exigent des soins qui ne peuvent être 
donnés qu'en pépinière. 

Avantages du Semis. — D'un autre côté, le semis à 
demeure s'impose lorsqu'il s'agit d'employer des essences 
qui, comme le pin maritime et le pin pignon, se trans- 



jâ 



— 17 — 

plantent fort difficilement et dont, par conséquent, la 
plantation sur une grande échelle nécessiterait des frais 
complètement disproportionnés avec le résultat à obtenir. 
En outre, dans les terrains arides et rocailleux où réta- 
blissement d'une plantation serait difficile, les graines 
d'essences très rustiques, s'introduisant dans les fentes 
des rocher*, présentent plus de chances de réussite. Si 
ces terrains sont infestés par les lapins, c'est une raison 
de plus pour préférer le semis à la plantation, car les 
jeunes plants, à mesure qu'ils lèvent, sont masqués par 
les herbes et attirent moins l'attention de ces rongeurs ; 
et le repeuplement étant presque toujours excessif^ une 
certaine proportion peut souvent en être détruite sans 
inconvénient, sinon avec avantage. 

En pays de plaine, le semis peut être préféré par les 
propriétaires qui possèdent des équipages ' aratoires et 
qui, d'un autre côté, manquent de bras pour les travaux 
de la plantation. Il faut, en un mot, que chacun procède 
selon ses préférences et selon les facilités qu'il trouve à 
sa portée. En sylviculture, tout procédé est bon, pourvu 
qu'il réussisse, et nous entendons par réussite un résultat 
solide et régulier, combinant la permanence du repeu- 
plement avec le maximum des produits. Mais nous 
maintenons notre opinion sur la supériorité de la plan- 
tation, partout où un intérêt important ne commande 
pas l'emploi de l'autre méthode. 

M. Gannon parle en convaincu, il en a le droit 
puisqu'il a personnellement boisé plusieurs centaines 
d'hectares en Sologne. C'est donc son expérience 
seule qui lui a dicté son opinion. Nous ajouterons 
que nous sommes entièrement de son avis, notre 
expérience personnelle nous confirmant pleinement 

2 






i: 



— 18 — 

que partout et toujours la plantation donne de meil- 
leurs résultats que le semis. 

Du reste, notre maison de commerce a, au cours 
des 30 dernières années, entrepris des plantations, 
soit en Résineux, soit en Feuillus, sur une étendue de 
près de 13.000 hectares, et nous n'avons jamais 
éprouvé de déceptions. Nous ne pouvons donc que 
recoipmander tout particulièrement ce mode de 
Boisement. 

Du reste, le lecteur pourra se convaincre, par 
Tétude du chapitre suivant, que le Boisement par 
plantations revient, avec les procédés de culture 
actuels des plants, à un prix relativement si minime 
qu'il n'y a pas d'hésitation possible. 






CHAPITRE III 

De Texécution des Plantations. — Du choix des 
Plants. — Conservation des Plants. — Saison de 
Plantation. — Espacement. — Prix de revient à 
l'hectare. 



Le sol que Ton se propose de planter peut se trou- 
ver dans différentes conditions : 

1^ Terrain rempli de végétaux herbacés tels que: 
ajoncs, bruyères, ronces ou herbes n'excédant pas de 
20 à 30 centimètres de hauteur, on peut se dispenser 
de les enlever; ces végétaux abriteront les jeunes 
plants et ne nuiront pas à leur réussite. Si, au con- 
traire, ils excèdent cette dimension, il sera urgent de 
s'en débarrasser complètement pour rendre le travail 
plus praticable, soit en défrichant le terrain, soit en 
faisant couper ces végétaux quand ils sont assez 
forts. 

Quant à ceux dont on ne pourrait tirer aucun 
parti, on s'en débarrasserait encore en les brûlant, 
ce qui, dans tous les cas, est le moyen le plus écono- 
mique. Afin d'éviter les dangers d'incendie, il con- 
viendrait d'isoler la partie à déblayer de celle que 
l'on veut conserver, en coupant et en enlevant les 
broussailles sur un espace assez large pour éviter 
tout danger. 



— 20 — 

En mettant le feu du côté où le vent souffle, il 
l'activera, et, dans peu de temps, les végétaux 
seront consumés et le terrain nettoyé. 

2® Terrain en état de chaume ou gazonné. Si le 
terrain que l'on destine à être boisé sort de culture, 
et que le labour soit facile et peu dispendieux, ce 
sera dans ce cas un avantage de le faire, car il faci- 
litera les travaux de plantation et en assurera la 
bonne réussite. 

Ces travaux préliminaires terminés, il ne reste- 
rait plus qu'à effectuer la plantation. Avant d'y pro- 
céder, il est indispensable de s'assurer qu'il n'existe 
pas de lapins dans le voisinage, autrement il serait 
nécessaire d'en entreprendre préalablement la des- 
truction, car cet animal est très nuisible aux plan- 
tations. Ceci est tellement bien connu que nous 
n'insisterons pas davantage, et nous arriverons à 
l'exécution de la plantation à la houe ou pioche. 



Exécution de la Plantation. 

Pour ce travail, deux ouvriers sont nécessaires. 
L'un, que nous désignerons sous le nom de Plan- 
teur, doit être muni d'une houe acérée d'environ 
35 centimètres de longueur sur 6 à 7 de largeur; 
il en donne un coup assez fort pour faire un trou 
d'une profondeur qui variera entre 20 et 30 centi- 
mètres, selon la force du plant qu'on emploie, et 
d'une largeur suffisante pour que l'autre ouvrier, 
que nous appellerons Aide, puisse y introduire faci- 
lement le sujet destiné à être planté. 

L'aide doit porter sur le bras gauche une poignée 



— 21 — 

de plants, et se tenir en avant du planteur à une 
distance convenable, et un peu à sa droite, pour 
déposer un pied de la plante destinée au Reboise- 
ment. 

Afin de faciliter l'opération et élargir le trou, le 
planteur doit attirer sa houe à lui lorsqu'elle est 
encore dans la terre ; aussitôt l'aide y dépose le 
sujet. 

Ensuite, le planteur donne au pied de chaque 
arbre, sur la racine, soit un coup de tête de houe ou 
un coup de talon, de manière à bien tasser la terre 
autour; sans cette précaution, la sécheresse ferait 
souvent périr le jeune plant. 

Il sera toujours bon de donner le coup de houe 
bien droit, de manière à ce que l'arbre soit enfoncé 
aussi perpendiculairement que possible dans le sol. 
Toutefois, quoi qu'on fasse, il se trouvera générale- 
ment, au moment de la plantation, dans une posi- 
tion plus ou moins inclinée. On ne devra pas s'en 
inquiéter; cet inconvénient disparaît promptement, 
et, au bout de deux à trois ans, l'arbre a pris, dès 
sa base, une direction verticale. 

En tendant un cordeau, on peut facilement faire 
des plantations en ligne. 

Pour toutes espèces de plantations, il convient 
d'enfoncer le sujet dans le sol de 1 à 2 centimètres 
au-dessus du collet de la racine. 

Cette méthode nous est particulière, nous ne sau- 
rions en recommander d'autre, étant donné que 
nous l'avons pratiquée depuis 30 ans et qu'elle nous 
a donné d'excellents résultats. C'est également, à 



— 22 — 

notre avis, la plus économique, le coût de la plan- 
tation effectuée ainsi ne dépassant pas 3 à 3 fr. 50 
par 1.000 plants. 

Il existe d'autres méthodes : 

1<» A la bêche avec simple fente; c'est le même 
procédé, mais la bêche ne peut être employée utile- 
ment que dans les terrains substantiels sans pierres ; 

2° Au poquet, à la bêche demi-circulaire usitée 
par l'administration des forêts ; 

3° Avec les outils Prouvé ; 

4° Méthode Manteuffel. 

Nous ne contestons pas la valeur de chacune de 
ces méthodes, mais, pour les grandes plantations, 
nous trouvons la nôtre aussi rationnelle et de 
beaucoup plus économique. Bien entendu, il reste 
toujours la Méthode du Trou pour les forts plants. 
Cette méthode consiste à faire un trou avec une 
bêche. Ce trou aura, en règle générale, 0"'30 de dia- 
mètre et une profondeur de O"» 1 5 à 0™ 25 suivant la 
nature du terrain. Mais ne jamais creuser trop pro- 
fond afin de ne pas ramener au-dessus le sous-sol. Le 
trou creusé, y planter le fort plant en ayant soin de 
le tenir et de le remuer, afin que les racines supé- 
rieures affleurent le sol ; remplir avec de la bonne 
terre, quitte, s'il en manque, à prendre un peu à côté ; 
fouler avec le pied, afin que la terre soit convenable- 
ment tassée pour ne pas permettre l'accès de l'air. 

Du choix des Plants. 

La question du choix des plants est un facteur 
des plus importants et dont peut dépendre le succès 



— .23 — 

de ropération. En règle générale, il ne faut planter 
que des jeunes plants; en effet, plus le plant est 
jeune, plus facilement il reprendra et plus rapide- 
ment il poussera, à condition qu'il soit bien enraciné 
et de bonne qualité. Ceci dit, nous conseillons 
d'opérer ainsi qu'il suit: 

1^ En règle générale employejr les plants de 2 
ans, dont 1 an de semis et l an de repiquage, dans 
tous les terrains où la végétation herbacée ou arbus- 
tive n'est pas trop exhubérante. 

2° Employer les plants de 3 ou 4 ans ayant 
été repiqués dans les terrains à forte végétation, 
couverts d'herbes longues qui, en s'affaissant sur les 
plants trop faibles, pourraient les écraser de leur 
poids, et par suite entraîner la non-réussite. Les 
bruyères et ajoncs qui se soutiennent et n'atteignent 
pas une trop forte hauteur ne présentent pas ce 
danger. 

3° Il y a, bien entendu, des exceptions suivant les 
terrains, on peut employer aussi avec chance de 
succès des plants de 2 ans de semis, d'un prix moins 
élevé, mais à condition que ces plants aient été 
élevés en pépinière en semis clairs, par conséquent 
gros et trapus et bien pourvus de racines. 

i^ Rejeter impitoyablement tous plants longs 
et étiolés. 

Par conséquent, il n'y a pas d'hésitation possible, 
il ne faut employer que des plants de première 
qualité, parce qu'il serait de la plus fausse économie 
d'avoir recours à des modes défectueux de planta- 
tion pour épargner quelques francs par hectare, les 



L 



— 24 — 

déboursés directs ne constituant, en général, qu'une 
partie du prix de revient total; qu'il est surtout 
plus économique de faire ce qu'il faut pour réussir 
d'abord que d'avoir à réparer des insuccès ensuite, 
les frais, les difficultés et les dangers étant infini- 
ment plus grands en proportion pour les remplace- 
ments que pour la première plantation, et le produit 
moins satisfaisant. Dans cette culture, comme dans 
toute autre, il faut, pour donner un rendement 
rémunérateur, des récoltes maxima. Celui qui, 
pour diminuer quelque peu la dépense, se servi- 
rait d'essences fragiles ou exécuterait des travaux 
insuffisants, ressemblerait au fermier qui achèterait 
ses semences au rabais ou qui épargnerait les 
engrais nécessaires à ses terres. 

Ainsi, pour nous, quelle que soit l'essence, nous 
accordons notre préférence aux plants de 2 et 3 
ans qui ont été repiqués. 

Si les racines des plantes dont on se sert sont trop 
longues ou en mauvais état, afin de faciliter le 
travail, on pourra les raccourcir un peu; il faudra, 
toutefois, en user avec beaucoup de modération, car, 
la végétation des plantes à feuilles persistantes étant 
pour ainsi dire continue, et l'évaporation se produi- 
sant surtout par les feuilles, elles ont besoin de tous 
leurs organes pour puiser dans le sol les substances 
réparatrices nécessaires à leur alimentation. On 
peut donc conclure que les plants dont la racine 
serait coupée trop court périraient infailliblement. 



— 25 



Conservation des Plants. 

Lorsque le propriétaire reçoit ses plants, il n'est 
pas toujours disposé à les planter à la réception. Il 
faut alors les mettre en jauge, autant que possible à 
l'ombre. On couche les plants dans une rigole préa- 
lablement ouverte, on les recouvre successivement 
avec la terre extraite de la suivante, en ayant soin 
de les enterrer jusqu'au-dessus du collet de la 
racine. S'ils doivent y rester longtemps, plusieurs 
semaines, il faut délier les paquets et allonger les 
plants en couche mince, et ne pas laisser de vide 
autour des racines. Si les plants arrivaient pendant 
un temps de gelée, il faudrait les rentrer sans dé- 
baller dans un appartement où il ne gèle pas, cave 
ou écurie, les y laisser afin que le dégèle s'opère 
lentement; il n'y a alors aucun danger. Ceci s'ap- 
plique plus particulièrement aux feuillus. Les rési- 
neux craignent peu la gelée, mais craignent . bien 
plus réchauffement; or, il faudrait les déballer 
après 2 ou 3 jours et les mettre la racine contre 
le sol. Bien entendu, mettre tout en jauge aussitôt 
la température redevenue normale. 

Saison de la Plantation. 

La saison de la plantation commence au moment 
où la sève descend jusqu'au moment où elle remonte, 
c'est-à-dire du 15 octobre au 15 avril de chaque 
année. En règle générale, les plantations d'automne 
sont les meilleures, cependant nous avons souvent 



l 



— 26 — 

également bien réussi au printemps. Tout dépend 
de la température et aussi du temps dont on dispose 
au cours de la saison. A ce sujet, nous croyons 
intéressant de donner Topinion de M. D. Cannon, 
dont nous avons déjà parlé au cours du traité et 
qui fait autorité en la matière : 

En principe, il est incontestable que la meilleure 
saison pour planter c'est Tautomne. Le plant mis en 
terre à cette époque a tout Thiver devant lui pour 
asseoir solidement ses racines dans le sol, et même, 
dans les hivers doux, pour pousser quelques racines 
fibreuses, ce qui lui donne la force de résister à la 
sécheresse assez fréquente au printemps, et de se 
développer vigoureusement comme un plant venu de 
semis sur place. 

Quand il y a un grand travail de reboisement à faire, 
la plantation en automne, qui peut se pratiquer dès le 
mois d'octobre, a l'avantage d'avancer les opérations, 
chose précieuse, car il faut toujours craindre de se voir 
mis en retard, soit par le mauvais temps, soit par 
l'irrégularité de la main-d'œuvre. Dans ce cas, il est 
souvent nécessaire de profiter de tout le temps où il 
est possible de planter, depuis l'automne jusqu'au prin- 
temps. 

Lorsque les plants sont fournis par des pépiniéristes, 
on est sûr, en les recevant dès l'automne, qu'ils ne sont 
pas arrachés depuis longtemps. Nous ajouterons, à ce 
propos, qu'il est toujours avantageux de commander et, 
s'il est possible, de choisir, ^ès l'automne, les plants 
dont on a besoin, dût-on ne les planter qu'au prin- 
temps, car les premiers venus sont les mieux servis, et 
ceux qui attendent la fin de la saison pour faire leurs 



— 27 — 

commandes risquent de trouver leurs espèces épuisées ou 
de n'obtenir que des plants de rebut. 

Quelquefois il arrive que les pépiniéristes ne peuvent 
pas garder leurs plants jusqu'au printemps, ayant 
besoin de préparer le terrain qu'ils occupent pour de 
nouveaux repiquages. Le sylviculteur qui désire planter 
au printemps fera bien de se renseigner sur ce point 
chez son pépiniériste, et, s'il en est ainsi, de faire venir 
d'avance ses plants chez lui et de les y conserver. 

De l'Espacement. 

C'est là une question relativement difficile h résou- 
dre et sur laquelle les divers sylviculteurs sont loin 
d'être d'accord. Certes, il y a à ce sujet diverses 
considérations à envisager : 

1** La nature du terrain, sa qualité de productivité ; 
par exemple, dans la Champagne crayeuse, sol très 
médiocre, il est reconnu qu'il ne faut pas planter 
plus de 5.000 pieds à l'hectare, le sol ne pouvant 
faire un effort plus grand. Nous pensons que c'est 
le seul pays où nous puissions donner cet exemple. 

2^ La facilité dont on dispose pour tirer parti des 
premières éclaircies ; c'est une autre question, qui 
cependant n'a pu et ne peut modifier notre opinion 
sur l'espacement d'un mètre que nous préconiserons. 
Nous pensons que la plupart des auteurs qui se sont 
occupés de sylviculture ont surtout pris leurs don- 
nées sur les terrains du centre et du midi de la 
France. Quant à nous, nous savons que le produit 
des premières éclaircies est très recherché dans les 
départements du Nord et de l'Est comme perches à 



— 28 — 

houblon, dans les départements de l'Ouest, comme 
étais pour soutenir les branches des arbres fruitiers, 
pommiers et poiriers à cidre ; puis, pour ce que nous 
pourrions appeler les 2® et 3® éclaircies, comme 
lisses pour clôtures de pâturages et comme étais 
pour mines. 

Nous préconisons donc et recommandons volon- 
tiers l'espacement à l mètre en tous sens, c'est- 
à-dire 10.000 pieds à Thectare dans tous les ter- 
rains, même les plus médiocres, car les plants 
s'abritent entre eux, poussent plus vigoureusement 
et plus directement, ou, pour nous servir d'une 
expression du métier: Usaient beaucoup mieux. 

Si, au contraire, ils sont plantés trop clair, ils 
émettent de nombreuses branches latérales, sont 
plus larges et beaucoup moins élevés, et, s'ils sont* 
placés au grand air, ils deviendront ce qu'on appelle 
rabougris. 

Ainsi, de deux plantations faites simultanément 
dans le même terrain, l'une à raison de 10.000 à 
l'hectare, l'autre à raison de 5.000, les arbres les 
plus drus auront atteint, au bout de dix ans de plan- 
tation, une hauteur dépassant celle des autres d'au 
moins 1"50 ; et, quoique moins gros, ils auront uae 
valeur double de ces derniers. 

Du reste, on pourra se rendre compte de ce que 
nous avançons, en lisant attentivement le chapitre 
suivant traitant du Produit des Capitaux. 

Cependant, il n'y a rien d'absolu et chaque pro- 
priétaire aura à déterminer lui-même, et suivant son 
terrain, quelle est la meilleure distance à observer, 



— 29 — 

en tenant compte des considérations ci-dessus et de 
celles qui suivront. 

Comme nous traiterons également, dans la troi- 
sième partie, des Plantations de peupliers, nous don- 
nons ci-dessous un tableau des nombres variables 
par hectare, depuis 1 mètre jusqu'à 4 mètres en tous 
sens: 

A 1 ■ », il faut 10.000 plants par hectare. 

A 1-33, - 5.625 — 

A 1-50, — 4.444 - 

A 1-66, - 3.600 — 

A 2- », — 2.500 — 

A 2-50, — 1.600 - 

A 3- », — 1411 - 

A 4- », - 625 - 

Du prix de revient à l'iieetare. 

Ce prix de revient ne peut être défini d'une 
manière absolue, car il est subordonné aux essences 
que Ton veut employer, à la force des plants, les 
prix d'achat variant en conséquence ; cependant, à 
titre d'indication, nous établirons une moyenne en 
prenant comme base une plantation faite à 10.000 à 
l'hectare, et en mélange des diverses essences les 
plus usuellement employées. Donc, le propriétaire 
planteur pourra se rendre compte, très approxima- 
tivement, de la dépense qu'il pourra faire, s'il veut 
planter une seule essence. Notre calcul est fait pour 
l'emploi de plants de 2 ans repiqués, par consé- 
quent le prix augmentera ou diminuera suivant que 
l'on emploiera des plants de 3 et 4 ans repiqués ou 
des plants de 2 ans semis. 



— 30 — 

Supposons la plantation faite avec : 

2.000 Épicéas, 4 ans, repiqués, à environ 7fr.lemille 14fr. 

1.500 Mélèzes, 2 ans, — — 10 — 15 

1.500 Pins noirs, 2 ans, — — 10—15 

1.000 — laricio, 2 ans, — — 10—10 

4.000 — sylvestres, 2 ans, — — 7—28 



10.000 plants. 82 fr. 

Emballage et transport, environ 1 fr. 50 par mille 15 

Main-d'œuvre (2 ouvriers peuoent en planter environ 
2.000 pieds par jour), environ 3 fr. 50 par mille 35 

Total 132fr. 

Ainsi, avec une dépense de 130 francs par hectare, 
on peut effectuer une plantation dans les meilleures 
conditions, dépense qui se réduirait à 110 francs si 
le pin sylvestre seul est employé. 



Produit des Capitaux. • 

Il faut convenir que les fonds employés à ces 
plantations sont longtemps morts, car ce n'est 
guère qu au bout de 20 années que Ton com- 
mence à entrer en jouissance. Mais le taux du 
placement est néanmoins si sûr et si avantageux, 
que nous ne doutons pas de voir les capitaux 
s'engager de plus en plus dans cette voie. 

Les avantages croissant, d'ailleurs, au fur et à 
mesure que les arbres vieillissent, nous allons 
entrer dans quelques détails et indiquer par des 
chiffres le prix moyen de revient par hectare, et 
son produit après 20, 40 et 80 années de plantation. 



— 31 — 

Supposons un hectare de terrain évalué 300 francs ; 
ajoutons 130 francs pour frais de plantation de 
10.000 plants et 70 francs pour les remplacements, il 
est bien rare que Ton dépasse ce chiffre ; nous aurons 
un total de 500 francs. 

Ces 10.000 pins vaudront bien en moyenne 50 
centimes la pièce après 20 années de plantation; 
ce même hectare aura donc déjà acquis une valeur 
de plus de 5.000 francs. Le produit des émondes 
aura été à cette époque assez rémunérateur pour 
couvrir tous les frais d'exploitation et même pour 
payer l'impôt foncier (voir article Impôt Foncier). Il 
sera nécessaire, à ce moment, de commencer à les 
éclaircir, et de continuer les abatis par périodes, 
échelonnées d'environ 5 en 5 ans, jusqu'à ce que 
les arbres soient arrivés à 40 ans; après quoi, on 
pourra échelonner les deux ou trois dernières 
périodes de 12 à 15 ans. 

Supposons d'abord une plantation âgée de 20 ans 
et aménagée de la manière suivante jusqu'à 40 ans, 
en prenant toujours les arbres les plus petits lors 
de chaque extraction: 

A 20 ans, abatis de 1.500 arbres, à 0f.50 pièce 750 fr. 



25 - 


. — 


1.500 


— 


àO 


75 — 


1.125 


30 - 


— 


1.500 




àl 


» — 


1.500 


35 - 




1.500 


— 


àl 


50 - 


2.250 


40 




1.500 


— 


à2 


50 


3.750 



Totaux.. 7.500 arbres. 9.375 fr. 

Si on laisse 2.500 des plus beaux arbres sur le 
sol, on peut raisonnablement les évaluer à 3 fr. 50 



— 32 — 

la pièce, soit 8,750 francs. On aura donc obtenu 
ainsi dix -huit mille cent vingt -cinq francs 
(18.125 francs en 40 années), pour un hectare de 
terre resté souvent stérile jusqu'au moment de la 
plantation. 

La plus-value continuera à s'accroître dans la 
même proportion pendant encore environ 40 ans ; 
en eflPet, on pourra faire 15 ans plus tard: 

A 65 ans, un abatis de 800 arbres à 5 fr. pièce 4.000 fr. 
-72- - 800- 6 - 4.800 

— 80- - 900- 10 - 9.000 



Totaux . . . 2.500 arbres 17.800 fr. 

Ce qui, ajouté au produit des 20 premières années, 9.375 



donnera un produit total de 27.175 fr. 

Cet hectare de terre aura donc produit 27.175 
francs [vingt-sept mille cent soixante-quinze francs 
en quatre-vingts années). 

Il est rare que Ton arrive à ce dernier résultat, 
car, généralement, le propriétaire est désireux de 
réaliser ses capitaux plus vile. Gela est tellement 
vrai qu'il n'existe presque plus de pineraies âgées 
déplus de 20 à 25 années dans tous les départements 
du Nord, de l'Est et de l'Ouest. Les industriels du 
Nord, principalement de Lille, sont venus dans nos 
pays et ont acheté tout ce qu'ils ont pu trouver de 
pins mesurant au minimum 10 centimètres de dia- 
mètre. Ces arbres sont employés comme étais pour 
mines et ont été achetés debout (par conséquent 
sans aucuns frais pour le propiié taire), à un prix 



— 33 — 

variant entre 7 et 9.000 francs Thectare pour des 
pineraies âgées seulement de 25 à 35 ans. 

Ces quelques chiffres sont assez éloquents pour 
nous dispenser de tout autre commentaire sur 
l'utilité et Tavantage que l'on peut retirer de ces 
travaux. 



Impôt Foncier. 

L'État a si bien compris la grande utilité des 
Reboisements, qu'il accorde remise totale ou par- 
tielle des impôts afférents aux terrains mis en valeur 
par la plantation. Nous croyons utile de rappeler 
aux boiseurs les articles de ces lois : 

Dégrèvement des Friches 
(Article n" 226 du code forestier.) 

Les semis et les plantations de bois sur le sommet 
et le penchant des montagnes, sur les dunes et dans les 
landes, seront exempts de tout impôt pendant trente 
ans. 

Dégrève ment des Terres anciennement cultivées 

et plantées, 

(Article 116 de la loi du 3 frimaire an VII.) 

Le revenu imposable des terrains maintenant en valeur, 
qui seront plantés ou semés en bois, ne sera évalué, pen- 
dant les trente premières années de la plantation ou du 
semis, qu'au quart de celui des terres d'égale valeur 
non plantées. 

Pour obtenir ces dégrèvements, on doit former, dès 

3 



^ 34 — 

t Aan^ les trois 
• -4 iV^écution des travaux et oan 
l'année qui suit 1 «^^'^^^ réclamation qui sera 

™ois de la publication du rôle u^er ^^ ^^^^^^.^^ ^^^^^ 

jugée comme d'autres, en décharge ^butions, 

l'avis au verso de l'avertissement pour 
paragraphe lU). 

NOTA. - A ce sujet, un de n^s dients, ^^^^^^^^ '^^^ 
faits des planUtions. nous disaU q ^^^ ^^ ^^^^le des 

«ait des terrair^ -^^^^'^'^taires 1 
impôts ordinaires. Sans oom 



I 



CHAPITRE IV 

Des Essences: Leurs qualités et terrains 

leur convenant. 



Dans ce chapitre, nous allons énumérer les essen- 
ces de résineux les plus usuellement employées pour 
les grands boisements. 

Il est évident que nous ne pouvons nous étendre 
très longuement; cependant, après étude, les plan- 
teurs pourront agir en connaissance de cause puis- 
qu'ils connaîtront : 

1^ Le développement de chaque essence ou va- 
riété ; 

2^ Le terrain qui lui convient ; 

3^ La qualité de son bois et son utilité. 

Le Pin Sylvestre. 

(Pinus Sylvestris : Pin d'Ecosse, Pin commun, Pin sauvage.) 

Terrain. — Le pin sylvestre est le plus répandu de 
nos pins indigènes, c'est aussi le plus rustique et 
celui dont le bois est le plus estimé. 

Indifférent quant à la nature du terrain qu'on lui 
destine, le pin sylvestre s'accommode des terres 
arides, peu profondes, acides, calcaires, et ne redoute 
nullement les défriches récentes. Nous l'avons planté 



— 36 — 

nous-même dan» les terrains les plus arides, les moins 
profonds, les plus acides, et il y végète bien, tout en 
ne pouvant fournir la même croissance que dans 
des terres moins déshéritées. Il faut qu'un terrain 
soit exceptionnellement ingrat, impropre à toute 
végétation, pour que le pin sylvestre ne puisse y 
prospérer. Il se plaît même et donne une belle végé- 
tation en terre assez humide. Dans les mauvais 
calcaires, pourvu que la proportion de craie ne soit 
pas excessive, il reprend bien de plantation. 

Qualités^ Usages. — La valeur de son bois en 
fait une essence précieuse dans les pays pauvres. 
Connu dans le commerce sous la désignation de 
sapin rouge, son bois est d'un grain fin, égal, serré, 
résistant, élastique, durable, mais d'un tissu un peu 
grossier, légèrement rosé et imprégné de résine, 
lourd. 

Il est également- recherché par la marine et l'in- 
dustrie. Provenant de régions où il peut acquérir 
toutes ses qualités, c'est un bois de mâture sans 
rival. Il sert à la confection de planches, de par- 
quets, de meubles communs, de perches et de 
poteaux de mines, de poteaux télégraphiques, de 
traverses de chemin de fer, d'échalas, etc. 

Le pin sylvestre rentre également dans la catégo- 
rie des essences utilisées pour la pâte à papier. Son 
chauffage est plus apprécié que celui du sapin et de 
l'épicéa, il donne un bois de feu très recherché par 
la boulangerie, il brûle bien, donne beaucoup de 
chaleur. 

Ce pin est à cultiver en grand au point de vue du 



— 37 — 

reboisement, parce qu'il joint une rusticité sérieuse 
à une facilité de reprise surprenante et donne un 
produit très rémunérateur. 

Le Pin Maritime. 

Le pin maritime est un arbre vigoureux, trapu, 
atteignant 25 mètres de hauteur, pourvu qu'il soit 
dans le terrain qui lui convient. On le rencontre 
surtout dans la région comprise entre le golfe de 
Gascogne et la Méditerranée. Dans les Landes et 
même en Vendée il a rendu de grands services en 
fixant les sables mouvants du littoral. 

Terrain. — Pour que le pin maritime puisse se 
développer, il exige un sable pur et profond, avec 
sous-sol imperméable. Ses racines sont très pivo- 
tantes; or, on le plante rarement, mais il vient bien 
de semis. 

Qualités. Usages. — C'est du pin maritime que 
Ton retire la majeure partie des résines ordinaires, 
ainsi que la térébenthine dite de Bordeaux ; le 
gemmage, loin d'être nuisible à cette essence, rend 
sa végétation plus active et améliore le bois au 
double point de vue de la durée et de la résistance, 
et fait qu'il peut alors être classé dans la catégorie 
des bois de travail. Un emploi spécial réside dans la 
fabrication des parquets. Lorsqu'il n'a pas été 
gemmé, on est forcé de l'injecter, il est alors utilisé 
comme traverses de chemin de fer, poteaux télégra- 
phiques, étais de mines, etc. 

La disposition de ses racines le rend très précieux 
pour la fixation des dunes. 



— 38 — 

C'est enfin lune des meilleures essences que Ton 
puisse employer pour préparer au régime cultural 
les régions arides et sablonneuses, telles que les 
Landes et certaines parties de la Sologne. 

Le Pin Laricio de Corse. 

(Pinus Laricio Corsica.) 

C'est le plus élevé des conifères d'Europe; ses 
dimensions atteignent parfois 45 mètres de hauteur 
sur 5" 50 de circonférence. Son aspect est élégant et 
son port régulier. On le rencontre en Corse, en 
Sardaigne, en Grèce, en Espagne. Sa tige est droite 
et cylindrique, l'ensemble du feuillage est vert 
foncé, son écorce est rugueuse et fendillée. Essence 
d'une très grande valeur, peu attaquée par le gibier, 
d'association facile avec les feuillus, elle présente 
l'avantage très appréciable de pouvoir servir au 
repeuplement des vides et clairières. Son enracine- 
ment, à la fois pivotant et traçant, est assez faible. 

Terrain. — Pas aussi robuste que le pin sylves- 
tre, cette essence semble toutefois s'accommoder 
des sols dans lesquels ne pourrait vivre le pin mari- 
time. Elle préfère cependant les sols sablo-argileux, 
mais accepte aussi les terrains secs et calcaires les 
plus pauvres. En Corse, de magnifiques exem- 
plaires du pin laricio végètent dans les sols arides 
et granitiques. M. Mélard, sylviculteur belge, tout 
en reconnaissant la rusticité du pin laricio sous le 
rapport du terrain, admet avec sagesse qu'il y a lieu 
de tenir compte des conditions climatériques qui 
influent beaucoup sur l'existence des végétaux, quelle 



— 39 — 

que soit d'ailleurs leur vigueur. Il n'en est pas 
moins admis que le laricio venant sur les sols les 
plus ingrats, c'est une essence à propager. 

Qualités. Usages, — Son bois est excellent pour 
la charpente et la menuiserie, à condition d'être 
dépourvu de l'aubier qui est malheureusement très 
considérable. 

Les pins laricio de Corse ont acquis une réputa- 
tion particulière dans l'art des constructions navales, 
parce qu'ils fournissent les mâts les plus droits et 
les plus solides; grâce à une élasticité spéciale, les 
mâts se redressent aisément après avoir été plies et 
courbés sous les efforts des orages marins. 

Ce bois est facile à travailler, facile à fendre et 
fournit un assez bon chauffage. 

En résumé, son bois est estimé à l'égal du pin 
sylvestre, mais le bois mûrit beaucoup plus tard que 
celui du sylvestre. Il ne faut donc pas abattre avant 
maturité complète. 

Le Pin noir d'Autriclie. 

Cette essence est encore relativement peu con- 
nue en France et est classée par les botanistes et 
les forestiers comme une variété du pin laricio. 
Cependant, depuis quelques années, des plantations 
considérables ont été entreprises et toutes semblent 
donner les meilleurs résultats. 

Voici ce qu'en dit M. Th. Rousseau, conservateur 
des forêts, dans son Guide dit Reboisement : 

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Le pin d^ Autriche, également dénommé pin noir ou 



— 40 — 

pin noir d'Autriche, est un bel arbre droit et vigoureux 
atteignant jusqu'à 30 et 35 mètres de hauteur dans son 
pays d'origine. On ne sait pas s'il en sera de même en 
France, bien qu'il y soit déjà répandu depuis plus de 
cinquante ans, mais les reboisements que nous avons 
effectués avec cette essence depuis plus de ving^-sept 
ans présentent le plus bel aspect comme massif et végé- 
tation et donnent le meilleur espoir au point de vue de la 
production. 

Ce pin a les feuilles géminées, d'un vert très sombre 
presque aussi foncé que celui du sapin, de là vient son 
surnom de noir ; ces feuilles, longues de 10 à 12 centi- 
mètres, sont raides, droites, aiguës à l'extrémité, res- 
tent sur l'arbre pendant plus de trois ans, et après leur 
chute constituent sur le sol un épais manteau d'aiguilles 
qui, par leur décomposition, améliorent constamment 
la terre et reconstituent une nouvelle couche végétale. 

Soit à cause de son couvert épais qui amortit les 
effets des gouttes de pluie, soit à cause de ses débris de 
feuillage protégeant la surface du terrain, cette essence 
est la meilleure de toutes pour préserver les montagnes 
des dégâts produits par les orages, mais ne peut 
être employée partout, parce qu'elle a des exigences 
spéciales au point de vue du terrain et du climat. 

Les racines sont traçantes mais pénètrent dans les 
pierrailles et les fissures des rochers, autre avantage 
précieux, car cela permet à cet arbre de résister aux 
furieux coups de vent de la région méditerranéenne et 
de conserver toujours la direction verticale. 

Terrain. — Ce pin se plaît énormément dans les 
terrains calcaires, comme le constatent les résultats 
obtenus jusqu'à présent. Cela ne dit pas qu'il soit 



_ 41 — 

exclusif d'autres sols, ceux profonds, argileux, 
calcaires, mélangés de pierrailles, lui conviennent 
très bien, mais il ne faut pas qu'ils soient par trop 
secs. 

Voici l'appréciation de M. J. Frérot, le compé- 
tent sylviculteur des Ardennes : 

Le pin noir d'Autriche peut supporter les climats les 
plus froids de la France. Il se plaît aussi bien dans les 
plaines que sur les plateaux, et toutes les expositions lui 
sont bonnes. Il réussit mal dans les terrains humides, 
quelque fertiles qu'ils soient, mais il déploie le plus 
grand luxe de végétation dans le calcaire alpin répandu 
dans le Steinfeld entre Vienne et Neustadt, où le pin 
sylvestre ne végète que misérablement. Il donne même 
de beaux produits sur les sols où aucune végétation ne 
s'est jamais montrée, où aucune espèce d'arbre n'a 
jamais pu croître. C'est ainsi qu'on le trouve atteignant 
une hauteur de 13 à 18 mètres et une circonférence de 
1™50, dans des pierres calcaires à peine recouvertes ou 
entremêlées de terre maigre et improductive. Nous ne 
devons donc pas être étonnés de le voir réussir aussi 
admirablement dans notre terrain crayeux de Cham- 
pagne, qui a la plus grande analogie avec le calcaire 
alpin des environs de Vienne. 

Le pin noir est en plus d'une utilité incontestable 
et incontestée pour le littoral de la mer. Il résiste 
parfaitement à l'air salin, alors que presque tous les 
autres végétaux sont brûlés. Son puissant enracine- 
ment et sa large ramure, lui permettant de résister 
aux forts coups de vent, en font un abri utile. 

Qualités, Usaf^es, — Son bois blanc jaunâtre 



^ I 



— 42 — 

très riche en résine, à fibre grosse, cassante, est dur 
et lourd. Employé dans les constructions, il a une 
durée remarquable, presque égale à celle du mélèze. 
On s'en sert pour la confection des pieux, des 
pilotis, des poutres, etc. 

Voici ce qu'écrit Francis Hoot, professeur à 
l'école impériale forestière de Mariabraun (Autri- 
che), touchant les services qu'est susceptible de 
rendre le pin noir : 

Le bois du pin noir d'Autriche est considéré comme le 
plus résineux; il est serré, dur, très bon pour les 
ouvrages qui séjournent dans l'eau, et pour lesquels on 
le préfère au mélèze; il est très estimé par les menui- 
siers, les tonneliers. Employé comme bois de chauffage, 
il donne une chaleur durable, brûle avec une flamme 
brillante et vive ; il produit une très grande quantité de 
noir de fumée ; on le préfère au hêtre pour la fabrication 
du charbon. Dans plusieurs pays de l'Autriche, les habi- 
tants se servent des copeaux de ce bois pour éclairage, 
au lieu de chandelle ; il rend beaucoup plus de térében- 
thine que tous les' autres arbres résineux. 

En résumé, nous conseillons vivement la planta- 
tion de cette essence dans tous les terrains qui lui 
conviennent; c'est, avec le pin sylvestre et l'épicéa, 
Tessence la meilleure pour donner de bons résultats. 

Le Pin Laricio de Galabre. 

Variété nouvelle (importée en France par M. de 
Vilmorin) intermédiaire entre le pin laricio de Corse 



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lapide. Peut 
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— 45 — 

diamètre. C'est cependant en France une essence 
plus ornementale que forestière. 

Sols. — De croissance rapide, parfaitement résis- 
tant aux gelées, le pin Weymouth se plaît en terres 
fraîches, saines, profondes ; il semble même se 
plaire en sols tourbeux, mais à condition toutefois 
que Feau n'y séjourne pas. C'est, sous le rapport du 
sol, une essence plutôt délicate, étant donnée la rus- 
ticité des autres résineux. 

Qualités. Usages. — Les qualités du bois fourni 
par le pin Weymouth semblent quelque peu dé- 
pendantes de la nature du sol sur lequel il a accom- 
pli sa végétation. 

En Amérique, on l'utilise pour la charpente et 
les constructions civiles. On en fait des mâts légers, 
mais peu résistants et sujets à la pourriture, princi- 
palement dans la partie comprise dans l'entrepont. 

En France, il est particulièrement estimé pour la 
fabrication de la pâte à papier. 

Pinus rig^ida ou Pitchpin. 

Natif du nord-est des États-Unis où il occupe une 
grande étendue. De tempérament très rustique et 
vigoureux, de croissance rapide, bois de bonne qua- 
lité, il doit être planté en massif continu et serré, 
car, en bordure, il deviendrait buissonnu et noueux. 
. Peu exigeant sur la nature du sol, il croît bien 
dans les terrains secs et ingrats, ainsi que dans les 
marais assainis, où il est déjà employé sur une 
grande échelle. C'est une essence à propager. 



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— 48 — 

dès qu'il a pris son assiette, si le sol et le climat lui 
conviennent, il fait ensuite des pousses de près 
d'un mètre de longueur^ qui lui permettent de rat- 
traper bien vite le temps perdu. 

Terrain. — C'est un arbre très rustique; malgré 
sa prédilection pour la montagne, il réussit très bien 
en plaine, ainsi que dans les tourbières assainies. Il 
se contente de tous les sols, qu'ils soient calcaires, 
schisteux, siliceux ou argileux, mais à condition 
que leur friabilité soit complète et que leur fraîcheur 
ne laisse rien à désirer; il craint la sécheresse et 
exige toujours une certaine dose d'humidité atmos- 
phérique ou terrestre. 

Qualités. Usages. — L'épicéa fournit un bois très 
recherché, surtout pour le travail de la menuiserie, 
et principalement lorsqu'il provient de sa station 
naturelle montagneuse, il donne un bois de cons- 
truction et de travail de premier ordre. Son bois 
plus léger, plus élastique que celui du sapin, lui est 
généralement préféré. Il est utilisé par les marines 
militaire et marchande. Grâce à la rectitude et à la 
longueur de son fût, il fournit de très belles pièces 
pour la mâture. 

Un emploi spécial de l'épicéa réside dans la fabri- 
cation des tables d'harmonie des pianos, violons et 
autres instruments à cordes en bois. 

Nous considérons que cette essence n'est pas 
assez répandue en France, et nous en conseillons 
la plantation en grande quantité. 



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étendue de 






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[■waiontagneuses 



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— 50 — 

des Vosges, du Jura, des Alpes, des Pyrénées, du 
Plateau central, ainsi que dans quelques plaines de 
Normandie. 

Le sapin est un arbre de première grandeur, 
pouvant atteindre 40 mètres de hauteur sur 1"50 à 
2 mètres de diamètre. Sa croissance est lente dans 
les premières années ; de vingt à quarante ans, son 
accroissement se fait en hauteur ; mais, à partir de 
cette dernière époque, il croît en diamètre. 

Terrain. — Le sapin pectine est peu exigeant au 
point de vue de la composition du sol, mais Test 
plus pour sa consistance. Il vient aussi bien sur un 
sol calcaire que sur un sol siliceux, mais veut une 
terre fraîche, sans être humide ou marécageuse, et 
de préférence divisée; aussi est-il plus beau, en 
général, sur les versants des montagnes que sur les 
plateaux à pente douce. 

Les racines sont pivotantes lorsque le sol le per- 
met, mais traçantes dans le cas contraire ; elles sont 
toujours fortes et lui donnent un appui suffisant 
pour que Ton n'ait pas à craindre le déracinement. 

Le sapin est dans son jeune âge très susceptible 
aux gelées du printemps, les pousses sont pincées 
presque tous les ans, mais, au bout de 4 à 5 ans, la 
végétation se trouvant retardée, cet inconvénient 
disparaît. Il ne faut donc pas acheter de plants 
ayant moins de 4 ans d'âge. Le sapin craint égale- 
ment les excès de lumière et de soleil pendant les 
premières années, aussi doit-on l'abriter autant qu'il 
est possible. 

Cette exigence le rend précieux pour les substi- 



— 51 — 

tutions d'essences, c'est-à-dire lorsqu'on veut rem- 
placer un peuplement par un autre. Il arrive souvent, 
en effet, que des bois n'ont presque point de valeur, 
on a alors le plus grand intérêt à remplacer ces 
essences par du sapin. Dans ce cas, on fait la plan- 
tation en sous-bois, sans dégarnir les arbres exis- 
tants, mais, £^u bout de 4 ou 5 ans, lorsque la 
plantation a réussi et prospéré, il devient indispen- 
sable de dégager les sapins, de les débarrasser de 
leurs protecteurs temporaires, en pratiquant de 
sérieuses éclaircies qui enlèvent une grande partie 
de l'ancien peuplement. Quelques années après, on 
revient encore éclaircir, et ainsi de suite, jusqu'à ce 
que le sapin reste seul. 

C'est donc une essence d'ombre par excellence, et 
cette particularité est précieuse puisqu'il peut passer 
de longues années sous un couvert épais et s'élancer 
ensuite, sans avoir souffert, lorsque l'ombre vient à 
être peu à peu enlevée. 

Qualités. Usages, — Le bois de cette essence l 

est blanc, légèrement nuancé de brun, élastique, 
nerveux, résistant également à la traction et à la 
flexion; son grain est fin, sa fibre droite; il est 
de travail facile et peut acquérir un beau poli ; à 
toutes ces qualités, il joint une légèreté relative. 
Aussi est-il, comme bois de service, Tune des essences 
sur lesquelles il se fait le plus de commerce et de 
débit. Bois de premier ordre pour la construction et le 1 

travail, il est aussi très utilisé comme bois de fente. 

La construction l'utilise pour la confection des 
passerelles, des échafaudages. 



— 52 — 

La marine, pour les planchers de navire, la 
mâture et les bordages. 

Le sciage le débite en planches pour cloisons, 
portes, tablettes, lambris de toutes sortes ; le 
déchet du sciage est réservé pour la confection 
des lattes. 

Les planches obtenues par le sciage du sapin 
sont exemptes de nœuds, ne se fendent pas, restent 
planes et ne prennent que très peu de retrait. 

Le bois se tourmente moins que celui du chêne, 
aussi est-il très apprécié pour la charpente ; il 
fournit des pièces de belles dimensions et, employé 
en lieu sec et à Tabri, il se conserve bien. 

Le Sapin de Céphalonie. 

(Abies Cephalonica.) 

Existe en abondance en Céphalonie. Ressemble 
beaucoup au sapin commun. Très rustique, résistant 
parfaitement à nos hivers les plus rigoureux. Son 
bois est doué de qualités remarquables, plus dur 
que celui du sapin. 

Le Sapin Grandissime. 

(Abies Grandis.) 

Grand et bel arbre, originaire de Californie, 
atteignant 60 à 70 mètres. Très vigoureux. Cette 
essence se plaît dans les terrains bas, humides, dans 
les vallées riches en alluvions. Malgré le prix élevé 
des plants, nous en conseillons Tessai, c'est un 
arbre d'avenir. 



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~ 53 — 

Le Sapin de JVordman. 

(Abies Nordmaniana,) 

C'est un arbre magnifique, introduit en France 
par Nordman en 1848. Essence robuste et peu 
exigeante. N'est actuellement apprécié que pour 
son effet ornemental. Ce sapin mérite être planté 
en plus grande quantité, étant très rustique, venant 
bien dans tous les terrains et donnant un bois de 
bonne qualité. 

Le Sapin de Sitiia ou Épicéa de Menzies. 

(Abies Sitkaensis ou Abies Menziezii.) 

Ce sapin épicéa est peu répandu en France, mais 
tend à le devenir de plus en plus. 

Il est, par contre, très répandu en Amérique, sur- 
tout en Californie. De croissance rapide et robuste, 
il forme, planté en terrain un peu frais et assez 
riche, un fort bel arbre. Il a été introduit à titre 
d'essence utile en Prusse, où il est planté en quan- 
tité, car son bois est d'excellente qualité et sa rus- 
ticité à toute épreuve. Le prix relativement minime 
des plants permettra de le planter aussi chez nous. 

Le Sapin Noble. 

(Abies Nobilis.) 

Originaire de l'Orégon où il se développe jusqu'à 
60 mètres de hauteur. Son nom lui fut donné par 
l'explorateur Douglas, qui ne cessa de l'admirer 
pendant les trois semaines qu'il passa dans les vastes 
forêts où cette espèce domine. Pour avoir un bon 



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|rï||ii{:ïJï^â^i||wi||li)tentrionale, où il 



— 55 — 

atteint jusqu^à 90 mètres de hauteur, forme une tran- 
sition entre le type de Tépicéa et celui du tsuga, dont le 
genre le plus commun est le sapin de Canada, à rameaux 
fins et pendants. 

C'est une essence de premier mérite et qui paraît être 
appelée à un avenir superbe comme arbre forestier. Sa 
rusticité, s'accommodant de mauvais sols et résistant par- 
faitement aux gelées de printemps comme à celles d'hiver, 
Textrême rapidité de sa croissance, la qualité supérieure 
de son bois, tout chez lui semble le désigner à ce rôle. 
Aussi Tintroduit-on sur une assez grande échelle dans 
les forêts de l'Ecosse. A l'exposition forestière d'Edim- 
bourg, en 1884, nous avons vu des échantillons de son 
bois employé en palissades et qui, bien qu'exploité 
jeune, s'était bien conservé en terre. En Angleterre et 
en Ecosse, il promet déjà de dépasser en hauteur toutes 
les espèces indigènes. 

Il existe au jardin botanique de Kew un mât fait d'un 
arbre de cette essence, et qui mesure 50 mètres de haut 
sur un diamètre de 55 centimètres à la base. 

Ses habitudes, dans sa jeunesse, ressemblent complè- 
tement à celles de l'épicéa, et sa pousse est même plus 
vigoureuse. Son développement est plus ouvert, Son port 
moins raide, son feuillage d'un vert glauque disposé 
plus clair, sur des rameaux moins réguliers, de sorte que 
son aspect général est plus gai. 

Il est aussi rustique que l'épicéa et ne se prête pas 
moins bien à la transplantation. 

Ses cônes, longs de 6 à 9 centimètres, présentent 
cette particularité, la même que chez A, nobilis^ que les 
écailles sont couvertes et dépassées par de longues 
bractées à pointe en forme de flèche. 

Sa cime, d'une sève trop abondante, risque fort. 



— 56 — 

chez les sujets isolés, d'être cassée par les oiseaux ; il est 
donc préférable de le planter en massifs, en groupes ou 
en bordures. 

Sa graine est encore coûteuse dans le commerce, et 
sa levée est difficile ; ses jeunes plants, de deux à trois 
ans, valent aujourd'hui de 30 à 40 fr. le mille, suivant 
leur qualité. 

Nous possédons des sujets de cette essence, âgés d'une 
quinzaine d'années, qui végètent bien dans un terrain 
maigre et sec, mais nous supposons que, comme presque 
toutes les essences américaines, elle se plaira mieux en 
terrain léger, profond, et ayant une certaine quantité 
d'humus. Il existe au jardin du Petit-Trianon, dans un 
sol de cette nature, des massifs de cet arbre, âgés d'en- 
viron vingt ans, qui ont déjà atteint une taille considé- 
rable et qui poussent avec une grande rapidité. 

La qualité excellente de son bois, lorsqu'il a mûri 
dans de bonnes conditions, le rend propre à la menui- 
serie de luxe, et les meubles coquets de ce qu'on appelle 
pitch-pine sont principalement, croyons-nous, en bois de 
sapin de Douglas, quoique ce nom soit proprement 
celui du pin des marais [Pinus rigida). 

Le bois est lourd, fort, mais en même temps élastique, 
aussi foncé en couleur que celui de l'if. Il est peu 
noueux et n'est pas sujet à travailler. 

L'arbre atteint de grandes dimensions même dans 
des climats différents ; très résineux, son bois, comme 
celui du pin noir, peut même être brûlé vert. M. Veitch 
constate qu une forêt de sapins de Douglas, située vers 
l'embouchure de la Williamette, contient plus de bois 
qu'une étendue égale de toute autre essence, même dans 
les régions tropicales, et que la plus grande partie de ce 
bois est propre au travail ; car, dans ces massifs assez 




— 57 — 

pressés, l'arbre se dépouille de ses branches et forme un 
fût cylindrique d une hauteur immense. 

En définitive, nous trouvons cet arbre excellent à 
cultiver et comme arbre d'agrément et comme porte- 
graines, en vue de sa propagation sur une grande échelle 
à l'avenir, si, comme tout porte à le croire, son déve- 
loppement sous nos climats soutient les promesses de 
son enfance. 

Nous pouvons ajouter qu'aujourd'hui cette essence 
a fait ses preuves et que ce qui n'était que théorie 
est passé dans le domaine pratique. En un mot, 
c'est l'arbre forestier de l'avenir, nous engageons les 
propriétaires à le planter en quantité. 

Le Mélèze d'Europe. 

(Larix Europea.) 

Le mélèze est le seul conifère forestier dont les 
feuilles tombent à l'approche de l'hiver. A cette 
saison, son feuillage passe du vert glauque à une 
teinte jaune d'or du plus bel effet. En temps ordi- 
naire, ce feuillage est de nuance tendre. Le mélèze 
est, par excellence, une essence de lumière apparte- 
nant en propre aux régions montagneuses, tempérées 
et même froides. Il atteint, dans de bonnes condi- 
tions, des hauteurs considérables, surtout dans les 
terrains primitifs. 

Sols, — Dans les climats froids, cette essence se 
contente de terres maigres et acides. A part les ter- 
rains argileux et humides, elle vient bien partout, 
et même, si ces derniers sols sont en pente et suscep- 
tibles de s'assainir par infiltration, elle peut y croître 



— 58 — 

sans difficulté. Au milieu de bruyères même, le 
mélèze peut végéter sans inconvénient, à condition 
toutefois que celles-ci n'aient pas pris un dévelop- 
pement excessif, de nature à dessécher ou durcir 
le sol. 

Qualités. Usages, — C'est Tune de nos plus pré- 
cieuses essences indigènes. Excellent pour le reboi- 
sement, sous un climat rude et en sols inclinés, c'est 
avec raison qu'on a surnommé le mélèze « le chêne 
de nos montagnes ». Imputrescible, sous quelque 
forme qu'on l'emploie, son bois est parfait, d'un grain 
fin et serré ; il est dur, lourd, souple et résistant, ne 
se gerçant pas à l'air, et d'une durée très longue, 
qu'on le fasse servir dans l'air, en terre ou sous 
l'eau. Toutes ces belles qualités ne se rencontrent 
cependant que dans les sujets provenant de massifs 
en montagnes. Toutefois, Hartig cite des tuteurs et 
des piquets prélevés sur des exemplaires venus en 
plaine, dans les forêts allemandes, et dont la durée 
ne le cédait en rien à celle des produits de nos meil- 
leurs feuillus. 

On fait servir le mélèze à la construction, à la 
charpente des bâtiments, poutres, passerelles, à 
l'établissement des travaux de défense contre les 
torrents. Les traverses de chemin de fer qu'il four- 
nit ont une durée égale à celles confectionnées en 
chêne. On utilise les jeunes bois pour les poteaux 
télégraphiques. 

Enfin, le sciage et la fente l'emploient également. 

Cette description est tirée de l'ouvrage de H. 
Loubié.- Les Essences Forestières, 



— 59 — 

Le mélèze peut être associé à d'autres essences, 
sapin ou épicéa, et surtout aux essences feuillues, 
et cela afin de prendre la place de ces essences 
après leur exploitation, car sa longévité est considé- 
rable. Son avantage forestier est de fournir beau- 
coup de bois en peu de temps, et un bois de toute 
première qualité. Aussi sommes-nous profondément 
surpris de constater que cette essence n'est pas 
aussi répandue qu'elle devrait l'être en France. Nous 
conseillons aux planteurs de ne pas la négliger, ils 
en retireront un avantage particulièrement brillant. 

Le Mélèze du Japon. 

(Larix Leptolepis.) 

Tout ce que nous avons dit du mélèze d'Europe 
s'applique au mélèze du Japon. La grande différence 
réside dans ce fait que : le mélèze du Japon est 
d'une croissance excessivement rapide, double du 
mélèze d'Europe, des sujets de 8 ans ayant déjà 5 
mètres de hauteur et la croissance étant encore plus 
vertigineuse à partir de cet âge. Peu répandu en 
France, il est déjà planté en Angleterre et en 
Prusse par centaines de milliers. Nous sommes 
certainement en présence d'un arbre de grand 
avenir, ce mélèze étant à celui d'Europe ce qu'est 
le sapin de Douglas au sapin épicéa, relativement 
à la vigueur. A planter en quantité sans hésitation. 



CHAPITRE V 



Soin et entretien des Plantations. 



Ici nous n'envisagerons que les plantations de 
résineux ou conifères, dont nous nous occupons 
dans la première partie de ce traité. Les résineux 
doivent forcément être aménagés en futaie. Or, 
nous considérons qu'en règle générale, il n'y a, 
une fois la plantation effectuée, aucun soin particu- 
lier à leur donner avant 15 ou 20 années; c'est-à- 
dire avant l'époque où, par suite de la végétation, 
les massifs se trouveraient trop serrés. 

Éclaircies. — Chaque arbre demande pour vivre 
une certaine proportion de lumière et d'espace, 
c'est donc au moyen des éclaircies qu'on pourra 
pourvoir à ce besoin. 

Ces éclaircies doivent être périodiques et se 
renouveler environ tous les 5 ans et à peu près 
dans les conditions que nous avons établies au cha- 
pitre IV, Produit des Capitaux. Toutefois, la règle 
n'est pas absolue. Certaines essences diffèrent entre 
elles; les mélèzes, les sapins, se maintiennent droits, 
alors que d'autres, notamment le pin sylvestre, ont 
tendance à fourcher et pousser des branches laté- 
rales au lieu de donner une belle tige. Dans le 




— 61 — 

premier cas, on peut éclaircir hardiment; dans le 
deuxième cas, il est prudent de moins éclaircir afin 
de forcer les arbres à monter droit. 

D'un autre côté, les terres plantées en pin 
sylvestre et similaires sont souvent arides; or, il 
serait imprudent de trop découvrir le sol et de 
l'exposer aussi brusquement aux rayons du soleil, et 
nuire ainsi au développement des arbres qui, certes, 
souffriraient de la sécheresse subite. 

Cependant il est certain que le boisement étant 
surtout opéré dans des terrains pauvres et peu pro- 
fonds, l'arbre est obligé de puiser le meilleur de sa 
nourriture dans l'atmosphère par ses feuilles ; il est 
donc utile qu'il ait l'espace nécessaire au dévelop- 
pement de la ramure et du feuillage. 

Sun^eillance des éclair des, — Nous ne saurions 
trop insister sur la nécessité de cette active surveil- 
lance, surtout pour les deux premières éclaircies. 
En effet, il est indispensable que les ouvriers n'abat- 
tent que les arbres les plus faibles ou maladifs, ou 
encore qui tendraient à buissonner, en un mot, tous 
les sujets défectueux, alors même que le produit 
serait inférieur aux prévisions, car ce serait mal 
entendre ses intérêts que de compromettre l'avenir 
des autres sujets mieux disposés. 

En règle générale, et en prenant comme base un 
terrain de qualité moyenne, on peut dire que chaque 
arbre doit avoir un espace égal au quart de sa hau- 
teur, mais naturellement, il n'est pas nécessaire 
que chaque arbre possède isolément cette surface. 
Si, par exemple, deux ou plusieurs arbres sont bons 



— 62 — 

et se trouvent rapprochés, il faudrait les laisser 
et abattre de chaque côté les arbres inférieurs. 

Dans les plantations en mélange d'essences 
diverses, il est nécessaire de dégager les sujets de 
l'essence la plus productive que Ton veut laisser 
occuper le sol en permanence, à condition toutefois 
que ces sujets soient forts, sains et de belle venue. 

Feuilles. Détritus. — J.-B. Dumas a dit: « Toute 
agriculture qui ne reconstitue pas le sol est désas- 
treuse et se suicide ». 

Cette vérité est connue de tous, aussi Tenlève- 
ment des feuilles ou aiguilles et autre» détritus doit 
être formellement proscrit. Ce sont précisément les 
terrains les plus pauvres et les plus faciles à épuiser 
qui sont affectés aux boisements ; or, il serait désas- 
treux de permettre l'enlèvement des produits 
qui viennent remplacer les éléments de fertilité 
perdus. 

Coupe définitii^e. — Il est un axiome en sylvicul- 
ture qui dit: « Tout arbre ne doit être abattu que 
lorsqu'il a atteint sa maturité complète, c'est-à-dire 
lorsqu'il ne prend plus d'accroissement ni en gros- 
seur, ni en hauteur, ni en qualité de bois. Si nous 
procédons comme il est dit au chapitre IV, il est 
probable que l'on aura retiré d'une plantation en 
résineux tout le produit qu'elle peut donner. La 
coupe définitive étant faite, on pourra replanter à 
nouveau après deux années, le temps nécessaire 
pour que la végétation arbustive, exubérante la 
première année, ait diminué d'intensité. 

Elagage. — Il nous reste à envisager ce dernier 



— 63 — 

entretien, qui est d'une importance capitale. Le pro- 
fesseur Landolt, de Zurich, dit: 

« Dans un massif régulier, de même croissance et de 
même âge, Télagage doit se borner aux branches sèches 
et aux branches qui provoquent ces formations défec- 
tueuses de la tige. 

« Aussi est-il bien connu qu'en sacrifiant une plus ou 
moins grande quantité des feuilles d'un arbre, on dimi- 
nue proportionnellement sa puissance de végétation. 
Donc, au point de vue de la production ligneuse, qui 
est celui où se place le sylviculteur, Télagage de bran- 
ches vertes ne peut se justifier que dans le cas d'une 
véritable déformation ou d'une mauvaise direction de la 
sève. On sacrifie alors, sciemment, une portion de l'ac- 
croissement ligneux afin que celle qui reste s'accomplisse 
dans de meilleures conditions, afin qu^elle serve, par 
exemple, à produire un faible accroissement de bois de 
tige, d'une valeur considérable, au lieu d'une plus 
grande quantité de bois de branches, d'une valeur 
médiocre ». 

Nous pourrions ne rien ajouter à ce principe qui 
est d'une évidence éclatante, malheureusement nous 
savons que de nombreux propriétaires, peu pénétrés 
de ce principe, font élaguer leurs arbres à un tel 
point que la plantation en est compromise à tout 
jamais. 

Nous ferons encore appel ici à l'expérience bien 
connue de M. D. Gannon, qui dit: 

Conifères. — Chez les conifères, la reconstitution des 
branches et des feuilles n'a pas lieu. Pour eux, autant 



— 64 — 

de feuilles vertes enlevées et de sève écoulée, autant 
d'accroissement perdu. 

C'est une erreur de croire que Telagage peut, en 
« donnant de Tair » aux massifs épais, remédier à leur 
état trop pressé. Il y a environ quinze ans, nous avons 
vu sévir en Sologne, riche alors en semis de pin mari- 
time, une véritable manie d'élagage. Beaucoup de pro- 
priétaires, voulant éviter le travail d'une éclaircie dont 
les produits n'auraient pas couvert les frais, tâchaient, 
à mesure que les jeunes sujets, en se développant, se 
serraient dans un espace insuffisant pour leur nombre, 
de remplacer l'éclaircie nécessaire par l'élagage. On 
oubliait que les deux opérations ont un but essentielle- 
ment différent et même contraire. Celui de la première 
est de donner aux arbres conservés la place qui leur 
manque ; celui de la seconde est de les contraindre à en 
occuper moins ; et par quel moyen? par l'amputation des 
organes nécessaires à leiu* développement. Si Ton élague 
des arbres trop serrés, ils s'étireront, s'étioleront plus 
encore, et si, au contraire, on éclaircit des arbres déjà 
trop épars, ils buissonneront encore davantage. Cette 
manie d'élagage était secondée par les ouvriers qui, igno- 
rant les lois de la physiologie végétale, ne trouvent jamais 
un arbre présentable avant de l'avoir dénudé aussi haut 
qu'ils peuyent en atteindre les branches. Grâce à ce 
noble zèle, on voyait alors beaucoup de jeunes pins por- 
tant, pour tout système rameux et foliacé, leurs flèches 
avec une seule couronne. Inutile de dire que les jeunes 
arbres souffraient de ce traitement empirique. Leur ac- 
croissement en hauteur comme en épaisseiu* s'en trou- 
vait singulièrement amoindri ; l'écorce devenait noire, 
se serrait, comprimait le bois; et le tempérament de 
l'arbre, déjà peu vigoureux dans cette région, recevait 



— 65 — 

une atteinte qui le disposait encore davantage à succomber 
aux attaques de la maladie ronde, ou à toute autre 
influence nuisible. 

Le vrai remède pour un état trop serré du massif, 
c'est Téclaircie prudente, modérée, souvent répétée, et 
non pas Télagage. « On ne saurait assez blâmer les pro- 
priétaires qui, n'ayant donné aucune attention à leurs 
pins pendant huit ou dix ans, soumettent tout à coup 
les arbres à une éclaircie vigoureuse accompagnée d'un 
élagage excessif. Une telle mutilation, jointe à l'action 
trop subite de l'air et de la lumière, occasionne un état 
maladif dont la pinière souffre pendant toute la durée de 
sa croissance. » (A. Boitel.) 

Chez les conifères, les plaies d'élagage guérissent len- 
tement et difficilement ; la sève continue pendant long- 
temps à exsuder et à se perdre, au lieu d'être utilement 
dirigée sur la cime, comme on le suppose à tort. D'un 
autre côté, chez la plupart des conifères, la plaie, fermée, 
n'est plus redoutable comme chez les feuillus, car la 
résine de la sève préserve de toute pourriture les nœuds 
durcis qui restent à la place des fortes branches 
enlevées. 

L'enlèvement des branches vertes a un autre incon- 
vénient, chez les résineux comme chez les feuillus : 
celui de découvrir le sol et de favoriser la pousse des 
mauvaises herbes et des bruyères, qui pourraient être 
étouffées par le développement normal des branches, si 
celui-ci était respecté. 

. Après avoir considéré les inconvénients de l'élagage 
des résineux en général, nous passerons en revue les cas 
où il devient nécessaire de supprimer certaines branches. 

Aux premières éclaircies, les branches mortes et 
dépérissantes doivent être enlevées; elles gênent les 

5 



— 66 — 

mouvements des ouvriers ; plus tard, persistant dans 
cet état, elles formeraient des nœuds dans le bois du 
tronc, leurs bases se trouvant enveloppées dans raccrois- 
sement annuel de Tarbre, qui se forme entre le bois et 
Técorce. 

Il ne faut pas non plus négliger d'enlever les bran- 
ches « qui provoquent des déformations défectueuses de 
la tige », c'est-à-dire les branches dites ff ou rmand es , et 
aussi celles qui arrivent à constituer une seconde tige et 
à former des arbres doubles par suite d'une cassure de la 
tête du jeune sujet. 

Ces perturbations de la croissance se trouvent habi- 
tuellement soit sur les arbres des bordures, soit dans 
des clairières où les arbres n'ont pas été maintenus par 
la pression de leurs voisins. On peut les redresser 
hardiment si le jeune arbre, quoique • privé de ses 
membres, a encore un développement foliacé suffisant 
pour vivre et s'accroître. Pour notre part, lorsque les 
doubles tiges se trouvent à Tintérieiu* du massif, et 
qu'elles sont belles, nous les laissons; car dans la jeu- 
nesse de l'arbre résineux, sa nutrition, tirée principale- 
ment de l'atmosphère, peut suffire à ce double dévelop- 
pement; plus tard, elles tomberont dans les éclaircies. 
Gomme elles se trouvent généralement dans les clairières, 
leur suppression immédiate aurait pour effet de créer ou 
d'augmenter une rupture du massif, et ainsi de favoriser 
la croissance d'une végétation arbustive nuisible. 

Sur les bordures, où cette forme double ferait des 
arbres buissonneux, si la tige superflue est faible, nous 
pouvons la supprimer immédiatement. Si elle est forte, 
nous commençons par la raccourcir seulement, pour 
éviter à l'arbre l'enlèvement de toutes ses feuilles. La 
sève n'y porte plus d'accroissement, se dirigeant presque 



— 67 — 

entièrement dans la tige conservée entière, et, Tannée 
suivante, on peut, sans inconvénient, retrancher rez- 
tronc ce qui reste de la tige déjà raccourcie. De même 
pour les branches gourmandes, lorsqu'elles sont fortes 
relativement à la taille de larbre. Si elles sont faibles, 
on peut les retrancher immédiatement rez- tronc. 

On a encore recours à l'élagage pour résister aux 
empiétements des sujets d'espèces communes vigou- 
reuses sur ceux auxquels ils servent de garniture. Si 
Ton tient à conserver les premiers, on doit alors 
procéder par le raccourcissement des branches^ en lais- 
sant des rameaux d'appel. 

Chez les espèces à vigoureuse ramure latérale, il est 
souvent nécessaire d'élaguer les sujets de bordure, qui 
empiètent tellement sur les allées qu'ils finiraient par 
les boucher complètement. 11 est bon, si Ton a affaire à 
des pins, d'attendre, autant que possible, que les 
branches basses commencent à dépérir, alors que la sève 
se sera portée dans les verticilles supérieurs. Si ce 
dépérissement n'a pas lieu, il est priident (comme on 
tient à conserver à ces arbres, qui sont le plus en vue, 
leur maximum de vigueur) de faire l'opération en deux 
fois, en procédant d'abord par le raccourcissement. 
Elle peut cependant être faite d'un coup, pourvu qu'elle 
ne s'étende pas au delà du tiers de la hauteur de l'arbre. 

Dans certaines régions, l'élagage des résineux peut 
fournir un véritable produit par la vente des bourrées 
faites des branches coupées. Nous pensons cependant 
que, même dans ce cas, il est sage d'attendre, autant 
que possible, que ces branches soient dépérissantes, et 
surtout de ne pas dénuder l'arbre assez haut pour nuire 
sérieusement à sa croissance en le privant d'une propor- 
tion considérable de ses feuilles. En méprisant cette 



— 68 — 

règle, comme on le fait souvent, nous croyons que Ton 
perd à la longue, par la diminution de Taccroissement 
de la tige, plus que le produit du menu bois qu'on a 
exploité. 

Lorsque les allées sont bordées de sapins ou de mélèzes 
ou de cupressinées, etc., la forme pyramidale de ces 
sujets, régulièrement habillés de verdure de la £ête aux 
pieds, constitue la plus grande beauté de Talignement. 
Ces arbres doivent donc être plantés assez en retrait 
pour laisser à l'allée une largeur suffisante, afin que ni 
la circulation ni la perspective ne soient interceptées ; 
on évitera ainsi la nécessité d'avoir recours à Télagage. 

Les saisons les plus favorables à cette opération sont, 
à notre avis: d'abord l'automne, où l'on peut espérer que 
les tissus auront, avant le printemps suivant, assez de 
temps pour se resserrer, de manière à réduire au mini- 
mum l'écoulement de sève inévitable ; ensuite la fin du 
printemps, lorsque cette montée s'est effectuée et que la 
descente commence. 

La coupe doit être soigneusement faite, de manière à 
ne laisser aucun chicot, afin d'éviter le retard du recou- 
vrement et la formation de nœuds, mais l'ouvrier doit, 
en même temps, prendre garde d'éclater l'écorce, ce qui 
aggraverait la plaie et augmenterait l'écoulement de la 
sève. 

Nous avons la conviction absolue que tout plan- 
teur qui voudra suivre les conseils pratiques énu- 
mérés dans cette première partie, arrivera à constituer 
une plantation de résineux qui ne laissera rien à 
désirer et donnera le meilleur résultat que Ton 
puisse espérer. 



DEUXIÈME PARTIE 

Boisement avec végétaux dits 

Bois feuillust 



CHAPITRE l^' 



utilité du Boisement. 



Nous n'entrerons ici dans aucun détail et renvo- 
yons purement et simplement le lecteur au cha- 
pitre P' de la 1" partie. L'utilité du boisement en 
feuillus est, du reste, peut-être mieux reconnue que 
par les résineux. A cette utilité se joint, en règle 
générale, un agrément : celui de procurer les plaisirs 
cynégétiques; or, nous parlerons plus loin des 
essences à planter qui conviennent le mieux pour 
retenir ou attirer le gibier. 



CHAPITRE II 



Du Boisement par Plantation ou Semis. 



Ici nous renverrons également le lecteur au même 
chapitre II de la 1"® partie, qui s'applique intégra- 
lement à la plantation des feuillus. Nous ne pour- 
rions conseiller le boisement par semis que dans un 
seul cas : Plantation exclusive en essences de chêne 
et châtaignier. 



CHAPITRE III 

De l'exécution des Plantations et du coût ou 
prix de revient à Thectare. 



On peut opérer de la manière- que nous avons 
indiquée précédemment pour le boisement par 
plantations avec arbres verts résineux, chapitre III, 
1'® partie. 

Afin de faciliter le travail, on pourra couper les 
racines des végétaux et ne leur laisser qu'une lon- 
gueur convenable variant entre 1 5 et 30 centimètres. 



— 71 — 

suivant la force des sujets qu'on emploie. La sève 
étant à peu près inactive à la saison de Tannée où 
Ton opère la transplantation, et les plants étant 
d'ailleurs dépourvus de feuilles, il n'y aura pas 
autant d'inconvénients à raccourcir les racines que 
pour les arbres verts. Le chêne, cependant, fait 
exception et exige qu'on lui laisse la plus grande 
longueur possible de son pivot. 

Nous ne saurions trop recommander dans celle-ci, 
comme dans toute espèce de plantations, de placer 
le sujet dans la position la plus verticale possible ; 
car, pour ceux qui se trouvent plantés très oblique- 
ment, la racine, sur toute sa longueur, se trouve 
moins profondément enfoncée dans le sol, et, par 
conséquent, plus exposée au contact de l'air; le 
dessèchement peut l'atteindre et nuire considéra- 
blement à la réussite. 

On peut aussi raccourcir les tiges des plants, s'ils 
sont un peu allongés, en leur laissant 30 centimètres 
au-dessus du sol ; ce sera une longueur suffisante. 
Espacement. — A notre avis, il convient de faire 
ces plantations très dru; dans les premières années, 
le bois n'est jamais trop serré ; les plants s'aident 
mutuellement dans leur croissance, et ils détruisent 
les herbes ou autres végétaux sous-frutescents, 
dont la décomposition augmente la couche d'humus, 
si utile à leur développement. Il pourrait arriver, 
s'ils étaient plantés trop clair, que les végétaux qui 
couvrent le terrain, au lieu de leur servir, en 
prennent le dessus et les étouffent. 

En procédant convenablement, on s'épargne, en 



— 72 — 

outre, la plupart du temps, les frais de remplace- 
ment. 

Nous estimons que le boisement sera grande- 
ment suffisant en employant 10.000 plants par 
hectare, ce qui les espacera à un mètre les uns des 
autres. 

Le prix des plants peut varier, selon la force et 
Tessence, entre 8 et 20 fr. le mille. — En prenant 
une moyenne pour le tout, nous aurons besoin d'une 
somme de 175 fr. pour Tacquisition du plant; 
ajoutons-y pour le coût du transport, remballage et 
pour la main-d'œuvre, que nécessite la plantation, 
6 fr. par mille, nous pouvons raisonnablement 
conclure que le coût du boisement d'un hectare 
de terrain peut être estimé, en moyenne et en 
chiffre rond, à 245 fr. [deux cent quarante^cinq 
francs). 

Nouvelle méthode, — En général, la plantation de 
bois feuillus est faite pour être exploitée en taillis. Or, 
nous pensons qu'il devient utile de chercher à élever 
une futaie sur le taillis, parce qu'aujourd'hui les 
bois de chauffage sont d'un prix relativement très 
bas, alors que les bois d'œuvre, étant insuffisants pour 
notre consommation, sont d'un prix élevé. Cette 
nouvelle méthode prend donc de jour en jour plus 
de faveur et nous la recommandons tout particuliè- 
rement. Prenant ceci en considération, il y a lieu de 
planter d'abord, bien répartis sur toute la superficie, 
environ 1.500 beaux et forts plants des meilleures 
essences convenant au terrain, y compris 500 rési- 
neux par hectare, puis de terminer la plantation 



— 73 — 

avec les 8.500 plants ordinaires qui sont destinés à 
former le taillis. Les 1.500 plants devront être 
achetés spécialement et être bien choisis plus forts 
que les autres. 

Plantations sous bois. 

Les plantations sont très utiles pour le reboise- 
ment ; il n'y a presque pas, en effet, de bois ou forêts 
où il n'existe des clairières plus ou moins grandes, 
plus ou moins nombreuses, quoique le taillis envi- 
ronnant soit en plein rapport. Les propriétaires 
ont, bien entendu, intérêt à remplir ces lacunes 
improductives. 

Autant que possible, les plantations pour reboi- 
sement devront être faites dans Tannée même de la 
coupe du taillis ou dans Tannée qui suit ; cela dépend, 
du reste, du lieu et de Tessence que Ton emploie. 
Si celle-ci a besoin d'être protégée contre les vents 
ou abritée de la gelée, ce n'est que lorsque le bois 
aura un an que Ton devra opérer. 

On pourra planter avec la houe, surtout si ce sont 
des arbres verts qui constituent le reboisement ; 
et il y aura souvent avantage à le faire dans les clai- 
rières de petite et de moyenne étendue, car si le 
taillis environnant devient épais et touffu, cela ne 
les empêchera pas de se bien conserver sans aucun 
soin, et s'ils poussent moins vigoureusement d'abord, 
aussitôt que la coupe sera effectuée de nouveau, ils se 
fortifieront pendant les premières années de la coupe 
subséquente et ils la domineront bientôt par leur 
vigueur, ou, au moins, marcheront de pair avec elle. 



— 7t — 

Si les clairières sont très vastes, et que Ton veuille 
opérer le reboisement avec des essences à feuilles 
caduques, on pourra également faire les plantations, 
mais à la houe et avec de jeunes plants. Si elles ne 
sont que de faibles dimensions, il sera préférable 
d employer des replanls déjà forts et de faire pour 
chaque sujet une fouille d'une dimension en rapport 
avec son volume, et même, il sera utile d'avoir soin 
de couper, tout autour, les grands bois qui pour- 
raient leur nuire. On comprend que la réussite sera 
d'autant meilleure que ces plantations rencontreront 
mieux les conditions favorables d'aération. 

Essences pour gibier, — Le propriétaire créant 
un bois taillis et désirant planter quelques essences 
pour attirer ou retenir le gibier, pourra s'inspirer 
des quelques conseils ci-dessous : 

Formation de fourrés pour retenir lapins, lièvres^ etc. 

Essences recommandées : Troène des bois, ajonc 
marin, prunellier épineux ou épine noire, chêne tauzin, 
mahonia, rhododendron pontique. 

Nourriture des perdreaux, faisans, coqs de bruyère, etc. 

Essences recommandées: Gourni du Japon ou Elea- 
gnus Edulis, mahonia, houx, groseillers, symphorine, 
if commun. 






CHAPITRE IV 



Produit des Capitaux. 



Il n'est pas possible, comme pour les résineux, de 
se livrer à une appréciation exacte. Le produit en 
taillis sera certes moins avantageux, mais si on y 
ajoute la futaie, il est probable que, dans le même 
laps de temps, ce produit pourra être ou pareil ou 
même supérieur à celui donné par une plantation de 
résineux. 



CHAPITRE V 

Des Essences. Leurs qualités et terrains leur 

convenant. 



L'Aune Gommun ou Roug^e. 

Est plutôt un arbre de taillis que de futaie ; cepen- 
dant, dans des conditions favorables et spéciales, il 
atteint 30 mètres de hauteur et 0"* 50 à 1 mètre de 
diamètre. En taillis, ilforme des souches vigoureuses 
qui s'agrandissent après chaque coupe. 



— 76 — 

Terrain. — Son terrain de prédilection est le 
marécage, aussi il se développe à la perfection dans 
le voisinage de l'eau et pousse dans toutes les terres 
fraîches et meubles. 

Qualités, Usagés. — Utilisé surtout pour tous les 
travaux d'œuvre destinés à rester submergés. Sous 
l'eau, il dure plus que le chêne. Employé aussi par 
les tourneurs pour la confection des chaises com- 
munes. 

L'Aune Blanc. 

Se distingue de l'aune rouge par ses feuilles qui 
sont découpées et d'un gris blanchâtre en dessous. 
Il est plus vigoureux. 

Terrain. — Possède une particularité : comme le 
commun il préfère, bien entendu, les sols marécageux, 
mais il pousse également dans les terres pauvres, 
sableuses et relativement sèches. Aussi est-il planté 
en quantité en Prusse, en Belgique, dans la région 
des Alpes et même dans la Champagne crayeuse. 



L'Acacia Commun. 

(ou mieux Robinier, Faux Acacia.) 

Cette essence est assez connue pour nous dispenser 
d'une longue description. 

Arbre d'une assez grande taille, lorsque le sol lui 
convient, il n'est cependant guère cultivé en futaie, 
ses branches étant très cassantes. 

En taillis il pousse rapidement, mais est surtout 



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— 78 — 

arbres; Técorce est blanche, lisse et papyracée pen- 
dant la jeunesse, ce qui donne à cette essence un 
aspect décoratif fréquemment mis à profit dans les 
jardins et les parcs. 

Terrain. — Il croît facilement dans les terrains 
légers, s'accommode des sables secs, des crevasses 
de rochers, de couches crayeuses, mais naturelle- 
ment n'y atteint pas les mêmes dimensions que 
dans les sols frais et meubles. Bref, c'est un arbre 
très rustique, vigoureux, d'une réussite facile dans 
tous les terrains, et pouvant rendre des services 
appréciables. 

Les racines de bouleau sont essentiellement tra- 
çantes et se garnissant d'un chevelu très abondant ; 
cette qualité peut permettre de l'utiliser pour la 
fixation des sols légers, très en pente, que les pluies 
ravinent et entraînent avec trop de facilité. 

Qualités. Usages. — Le bois ne peut servir à la 
construction ; il est blanc et à fibres lâches. Dans 
certains pays on en fait une énorme consommation 
pour la fabrication des sabots ; comme combustible 
il est très estimé, brûle avec grande flamme et con- 
vient bien aux fours de boulangeries, de verreries et 
de céramiques ; les jeunes tiges sont très flexibles et 
fournissent d'excellents cercles de futailles. Ses 
branchages sont aussi utilisés, en quantité considé- 
rable, pour la fabrication des balais. Gomme les 
aunes, le bouleau est peu attaqué par le gibier; c'est 
encore, dans certains endroits, une bonne qualité. 



•..11:1 



g)pW^«,'|i^û^ltRilBlï| chêues 11 été 

'^i^'â'^itf <ik» Feuillues 
tf JSli>î»g»K|; magislralo. 




i mettre sous 







K*|Sgi«gy^'»^f3^^-ï^- chêne rouvre 

f^E^^^^¥ "*^^ ^"' français. 
^^^^^|H^|*çiSca^ les plants de 

^ûl^)^>i||*<«|&tte pédoncule, 
Péticuli ère nient 






:ii: 



— 80 — 

Les caractères distinctifs des deux variétés, chêne 
rouvre et chêne pédoncule, sont les suivants : 

Le chêne rouvre (Quercus sessiliflora) possède un 
feuillage luisant, son couvert est léger, quoique plus 
épais que celui du chêne pédoncule. L'écorce est 
rugueuse, grisâtre et épaisse, sa floraison a lieu en avril, 
Ses fruits, attachés directement sur les rameaux, sont 
disposés par petits groupes; ils mûrissent en octobre. 
Cette essence domine dans la vallée de la Loire, 
dans les Vosges et dans la région du centre et du sud- 
est. 

Le chêne pédoncule (Quercus pedonculata) a ses 
feuilles disposées en touffes, fixées aux extrémités des 
branches, son écorce est argentine, unie et mince, sa 
floraison est plus hâtive que celle de la variété précé- 
dente, ses glands sont suspendus par un, deux ou trois 
à un pédoncule d'environ 10 centimètres. On rencontre 
cette variété principalement dans les régions du nord et 
de Test, dans le bassin de la Saône, également dans le 
sud-ouest. Les deux espèces, chêne rouvre et chêne 
pédoncule, sont parfois mélangées sur certains points 
en proportions très variables.. 

Quoique le sol français porte en presque tous les 
endroits des plants de chênes, les hautes montagnes et 
le littoral méditerranéen ne semblent pas convenir au 
chêne pédoncule. Cette espèce compose, en majeure par- 
tie, les forêts landaises et celles du bassin de TAdour, on 
la rencontre également en Normandie, au milieu des 
haies bordant les herbages. 

Le chêne rouvre s'accommode plus particulièrement 
des régions accidentées, mais il ne fructifie cependant 
que dans un bon terrain. Ses glandées ne sont pas 
régulières, elles s'espacent de 5 à 12 ans, suivant les 



— 81 — 

régions. Toutefois, dans le centre, elles sont plus abon- 
dantes et se renouvellent tous les 3 ou 4 ans. 

Les racines des deux variétés, chêne rouvre et chêne 
pédoncule, sont pivotantes. 

Terrain. — De bonne venue dans tous les terrains 
indifféremment, le chêne semble se plaire, de préférence, 
dans les sols profonds, argileux, mais pas trop compacts. 
Selon que Ton fera choix de Tune des deux espèces ci- 
dessus mentionnées, chêne rouvre ou chêne pédoncule, on 
devra établir, au point de vue physique, des différences 
assez nettement tranchées entre les divers sols qui 
devront porter l'une ou l'autre: humide ou simplement 
frais pour le chêne pédoncule, meuble, graveleux, 
sablonneux, calcaire pour le chêne rouvre. Cette 
dernière espèce ne saurait cependant se passer d'une 
certaine fraîcheur, aussi doit-on veiller à ce que le ter- 
rain choisi, de quelque nature qu'il soit au point de vue 
de son élément physique dominant, renferme toujours 
une certaine proportion d'argile. 

La différence que nous venons d'établir est des plus 
importantes, on devra en tenir le plus grand compte 
dans l'intérêt de l'avenir des repeuplements. 

Qualités, Usages, — Le chêne est propre à tous les 
usages, grâce aux qualités exceptionnelles de son bois, 
aussi bien à la construction qu'à l'ébénisterie et à 
la menuiserie; son choix, pour l'un ou l'autre emploi, 
ne dépend que de sa provenance, sa forme étant su- 
bordonnée au milieu dans lequel il s'est développé; 
ainsi, destine-t-on le bois des chênes provenant des 
taillis ou des éclaircies de futaies à la confection de 
perches à houblon, étançons de mines, pieux de clô- 
ture, etc. 

M. Broilliard reconnaît au bois de chêne la solidité, la 

6 



— 82 — 

durée, le nerC^râdsticifé, ensemble de qualités qu'aucune 
antre essence ne possède au même degré. 

Le grain du bois de chêne offre d'autant plus de qua- 
lités que la croissance de Tarbre a été rapide et que le 
sol et le climat lui ont été plus ou moins favorables. 
Pour la confection des merrains^ le chêne offre de très 
sérieux avantages, son bois n'étant pas trop poreux et 
présentant, en outre, une grande résistance sous une 
faible épaisseur. Les arsenaux militaires l'utilisent pour 
la fabrication de pièces d'affût, des timons, des bran- 
cards, etc. 

Si l'on se sert avantageusement du bois de chêne 
dans une foule de circonstances, on le considère, en tant 
que bois de feu, comme quelque peu inférieiu* au hêtre. 
M. Mathieu lui reconnaît l'inconvénient d'éclater en 
brûlant, d'exiger un tirage actif et de produire un char- 
bon s'éteignant aisément. Toutefois, il est encore très 
recherché pour cet emploi, lorsqu'il provient de jeunes 
taillis. On peut dire du bois de chêne utilisé comme 
chauffage, que sa valeur est dépendante de l'âge de 
l'arbre, de la partie dont il provient et des conditions de 
sol et de climat sous lesquelles s'est effectuée la végé- 
tation. 

L'écorce fournit le tan ; la plus estimée est celle pro- 
venant des chênes de taillis de 20 à 30 ans. A cet égard, 
l'écorce du chêne rouvre possède une supériorité mar- 
quée sur celle du chêne pédoncule. 

Le Chêne rouge d'Amérique, — Très ornemental 
par ses longues et larges feuilles découpées se tein- 
tant rouge vif à l'automne. Pousse plus rapidement 
que les chênes rouvre et pédoncule et a le grand avan- 
tage de pouvoir être planté dans les terres profondes, 



— 83 — 

humides même, marécageuses, et y donner un bois 
égal à celui des autres variétés ; c'est une espèce à 
propager. 

Le Chêne des marais. — Ressemble beaucoup 
au chêne rouge, les feuilles sont plus petites et 
encore plus découpées. Donne le bois de même 
qualité et vient aussi bien dans les terrains humides, 
bien qu'il pousse aussi dans les terrains secs et 
sablonneux. 

Le Hêtre. 

Là aussi, nous sommes encore en présence d'une 
essence forestière très répandue. 

Le hêtre formant un épais couvert est souvent 
associé en mélange avec le chêne et même 
l'épicéa et le sapin dans les futaies, et cela afin 
d'éviter la végétation arbustive et le dessèchement 
du sol. D'un autre côté, il peut facilement suppor- 
ter Tombrage, par conséquent rester longtemps en 
deuxième ligne pour reprendre sa croissance vigou^ 
reuse lorsqu'il est dégagé et reçoit la lumière. De 
croissance lente les premières années, il prend 
sa vigueur au bout de 7 à 8 années et rivalise alorô 
avec le chêne. 

Terrain. — Le hêtre a une prédilection particu^- 
lière pour les sols calcaires, cependant il n'est pas 
difficile sous le rapport du terrain et vient très bien 
dans les autres, qu'ils soient granitiques, schisteux, 
mais surtout divisés et un peu frais. 

Qualités, Usages. — Le bois du hêtre est, par 






,isentant une 1res 
la carrosserie, les 



1: 



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Ei^$t§>!iï ^^^'^^^ quantité. 




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^3£3:^3^^§3*^||ii||À' l'enveloppe 






— 86 — 



Le Hêtre Pourpre. 

Est aussi vigoureux que le hêtre commun, mais 
les plants sont d'un prix plus élevé. Cependant, nous 
conseillons d'en planter au moins quelques-uns, 
surtout en bordure des allées, pour fournir un coup 
d'œil ravissant. Au demeurant, le bois est d'aussi 
bonne qualité et donne le même produit que celui 
du hêtre vert. 

Le Charme oa GharmlUe* 

Le charme exige un climat tempéré; or, il est très 
répandu dans les régions de l'ouest et du nord-est 
et se plait surtout dans les plaines et les coteaux. 

Le charme a un couvert épais qui nuit au pâtu- 
rage, mais cette circonstance le rend moins exigeant 
sous le rapport de la lumière, ce qui permet de le 
cultiver en sous-étage dans les futaies, en concur- 
rence avec le hêtre. On obtient ainsi d'excellents 
bois de chauffage, tout en améliorant le sol par de 
riches dépôts d'humus. 

La croissance est assez lente et ne le prédestine 
pas à être cultivé en futaie. 

Terrain, — Le charme végète sur tous les terrains 
qui, en raison de leur peu de profondeur, ou de leur 
état trop sec, ne pourraient convenir au hêtre. 

Indifférent sur le choix du climat, le charme se 
trouve cependant bien d'un terrain à sous-sol frais, 
aussi rencontre-t-on les plus beaux pieds de charme 
dans les terrains substantiels, mélangés de gravier. 



— 87 — 

Il s'accommode des terrains sablonneux pourvu 
qu'ils renferment une petite quantité d'humus. Dans 
les terrains calcaires, il ne redoute que les fortes 
chaleurs, mais lorsque les conditions météorolo- 
giques lui sont favorables, il donne, dans ces der- 
niers terrains, d'excellent bois pour le chauffage. 

Les sols compacts ou marécageux lui sont 
contraires. 

Qualités. Usages. — Son bois est blanc, dur, 
tenace, difficile à travailler, impropre aux construc- 
tions, mais fort utile pour la confection des objets 
soumis à un grand frottement^ tels que les outils et 
les engrenages. Au point de vue du chauffage, il 
est de première qualité, donne beaucoup de chaleur 
et dure longtemps ; son charbon est excellent pour 
la cuisine, la forge. 

Il est fréquemment employé dans les jardins pour 
former des haies, des tonnelles, etc. Du reste, nous 
en reparlerons dans la 4® partie. 

Le Châtaignier. 

Cette essence est surtout utile dans les climats 
chauds ou tempérés. Aussi pensons-nous devoir 
laisser la parole à M. Th. Rousseau, qui connaît par- 
faitement les aptitudes particulières à cette essence. 

Le châtaignier est un arbre de première grandeur, 
pouvant atteindre jusqu'à 30 mètres de hauteur et une 
circonférence énorme. Il croît avec rapidité jusqu'à 50 
et 60 ans, mais ensuite décline sensiblement, ce qui ne 
l'empêche pas d'avoir une longévité extraordinaire, car 



\ 



— 88 — 

on en cite ayant plus de 1.000 ans; seulement il se 
creuse à l'intérieur en devenant vieux et n'a plus alors 
que le mérite d'un arbre fruitier. 

Le châtaignier a une préférence marquée pour les sols 
siliceux; les terrains calcaires et argileux ne lui con- 
viennent pas du tout; il se plaît au contraire dans tous 
les terrains provenant de la décomposition et de la 
désagrégation des granités, gneiss, grès, schistes, pourvu 
qu'ils soient assez profonds et pas trop secs, ni à une 
trop grande altitude, car alors il serait exposé à la gelée. 
Ce choix du sol est d'une importance capitale et ne doit 
être négligé sous aucun prétexte; beaucoup de proprié- 
taires qui n'en savaient rien n'ont éprouvé que des 
mécomptes. 

L'altitude et l'exposition méritent également une 
attention sérieuse; dans la région méditerranéenne, le 
châtaignier peut être cultivé utilement, au point de vue 
de la production du bois, jusqu'à 700 mètres d'altitude 
à l'exposition du midi ou à celle de l'ouest, mais pas 
au delà de 600 mètres à celles du nord et de l'est. Lors- 
qu'il s'agit de la récolte des châtaignes ou des marrons, 
cet arbre doit être cultivé beaucoup plus bas, on lui 
consacre ordinairement les terrains d'alluvions qui longent 
les cours d'eau, et une faible partie des versants les plus 
rapprochés du fond des vallées, à condition que le sol 
en soit siliceux, très perméable, profond et frais. 

Dans le centre de la France, le Limousin et l'Auvergne, 
il est rare que les châtaigneraies soient productives au 
delà de 400 mètres et que les taillis soient bien venants 
au-dessus de 600. 

Le bois a beaucoup d'emplois en construction et en 
industrie. On peut en faire des charpentes et des 
planches dont la durée est pour ainsi dire indéfinie, 



— 89 — 

pourvu que ces parties des constructions soient toujours 
maintenues à Tétat sec; sans cette condition il pourrit 
rapidement, se pique, est attaqué par toutes sortes 
d'insectes et nécessite de fréquentes dépenses de rempla- 
cement. 

Son emploi principal se rattache à la culture de la 
vigne, c'est avec le châtaignier que, dans le Midi, Ton 
fabriquait tous les cerceaux de barriques avant l'intro- 
duction des cercles en fer ; depuis quelques années, cette 
industrie a beaucoup perdu à cause de la dimension des 
fûts destinés au transport du vin, dimension telle que le 
cerclage en fer est devenu une nécessité. 

C'est aussi avec le châtaignier que l'on fabrique le 
plus grand nombre des futailles ordinaires ; d'une fente 
facile et bien moins pourvu de nœuds que le chêne, ce 
bois se prête aisément à la confection des douelles de 
toutes les dimensions et rend sous cette forme des 
services dans les contrées voisines des vignobles. 

Mais la production principale de cet arbre est aussi le 
fruit, on en fait des récoltes abondantes dans tout le 
centre et le midi de la France, dans une partie du 
Jura et des Vosges et jusqu'en Bretagne, aussi doit-on 
examiner avec soin le but que l'on poursuit, lorsqu'on 
veut boiser un terrain en châtaignier. 

Dans nos régions de l'ouest et du nord, principale- 
ment en Normandie et Bretagne, le châtaignier est 
beaucoup employé à la fabrication des cercles pour 
futailles. 

Le Frêne. 

C'est un arbre de première grandeur, atteignant 
facilement 30 mètres de hauteur et croissant vigou- 




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le hêtre et les 

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avoir ses racines 

allée riche, pro- 

toéré. Cependant, 

làis et même dans 

meubles. Une 

ien le voisinage 



[ans la 3« partie 
u peuplier. 



I 

I 
* 



— 94 — 

Qualités. Usages. — Le bois est blanc, nacré, 
élastique et de première qualité pour l'industrie ; 
c'est surtout avec le frêne que l'on fabrique les 
brancards, les instruments aratoires, les avirons, les 
cercles pour futailles et une foule d'autres objets. Il 
est particulièrement estimé pour le charronnage, 
par les menuisiers et les armuriers qui s'en ser- 
vent pour les crosses de fusil. Enfin son chauffage 
est bon. 

Les Érables. 

Nous ne nous occuperons ici que des trois 
variétés employées généralement dans le boisement. 

La principale est Yérable sycomore, vulgairement 
désigné sous le nom d'érable de montagne ; c'est 
un bel arbre, de première grandeur, à tige droite 
et élancée, à feuilles grandes, d'un vert foncé, 
découpées agréablement dans le genre de celles des 
platanes. 

Cet érable convient bien aux montagnes et peut 
être avantageusement mêlé au hêtre et au sapin. 
Son bois est fin, dur, homogène, susceptible de 
recevoir un beau poli, excellent pour l'industrie, 
mais peu propre aux constructions ; il est estimé 
comme combustible à combustion lente et sous ce 
rapport est inférieur au hêtre et au charme. 

Une autre variété méritante est Yérable plane, 
différant de la précédente par la forme de ses 
feuilles et une végétation plus vigoureuse ; le bois 
est à peu près de même valeur au point de vue de 



— 92 — 

rindustrie, mais est un peu supérieur au point de 
vue du chauffage. On peut aussi l'élever dans les 
montagnes et comme arbre d'alignement. Ces érables 
sont peu exigeants sous le rapport de la qualité du 
sol; ils aiment des terrains friables, frais et pro- 
fonds, bien que les racines soient traçantes et peu 
pénétrantes, cependant ils se contentent aussi des 
sols les plus ingrats, mais n'y atteignent pas le 
même développement. 

U érable champêtre est un arbre de petite taille, 
assez commun dans les haies et sur les lisières des 
taillis. Son bois, qui est dur, à cause de la lenteur 
de la croissance, est susceptible d'être poli et trouve 
ses principaux emplois dans la lutherie et la sculp- 
ture; c'est aussi un excellent chauffage. 

Tous ces érables sont avantageusement mélangés 
dans les taillis. 



Les Ormes. 

Nous ne parlerons que des deux espèces employées 
usuellement: Orme champêtre et Orme de montagne, 
également dénommé à larges feuilles. 

L'orme champêtre est de première grandeur, 
puisqu'il peut atteindre 40 mètres. En forêt il n'est 
pas cultivé en futaie, mais s'exploite très bien en 
taillis. 

Terrain. — L'orme, pour arriver à son complet 
développement, exige un terrain profond, frais et 
divisé, aussi est-il planté dans les plaines basses et 
bien arrosées. 



I 
I 




ll;S|||il^tâ'â(^Hilerie pour les 
t^mi^'^ S>l5 Hautres usages. 



M 

I 

I- 



•5- 



^^^g^^<|i^'.^og£ti^4i^Es£agoureusement 
^^^^iR§^||it||!^|i!i^^i^^î)eu plus mou, 
^;:^^J^É|D|:^tt£M]S:aïC^||û^Jnême8 usages 



— 94 — 



FeuillQS divers. 

Il nous reste à énumérer quelques espèces qui 
présentent beaucoup moins d'importance que les 
précédentes, mais que Ton peut et que Ton doit 
quelquefois associer à d'autres essences prédomi- 
nantes. Ces essences seront souvent utiles, soit pour 
rompre la monotonie, soiL surtout pour attirer les 
petits oiseaux, au point de vue de la destruction des 
insectes nuisibles : 

Ébénier (Cytise) : Ne donne qu'un mauvais bois, 
mais très peu exigeant sur la nature du terrain. Il 
croit dans tous les sols. 

Noisetier des bois: Là, nous avons encore une 
très bonne essence pour taillis, et ayant également 
l'avantage de croître un peu dans tous les terrains, 
notamment calcaires ou granitiques. 

Saule commun : Fournit de bon bois pour cercles 
à futailles. Vient particulièrement bien dans les ter- 
rains marécageux très frais. 

Cerisier Merisier : Son bois est très estimé pour 
l'ébénisterie et la lutherie, bon pour chauffage. 
Vient bien dans presque tous les sols, sauf les maré- 
cages. 

Sainte-Lucie-Mahaleb : Bois de relativement peu 
de valeur, mais, comme le Cytise Ebénier, prospère 
dans les sols les plus ingrats. 

Sorbier des oiseaux : Bon bois très dur ; très 
estimé pour le tour et ouvrages exigeant une grande 



I 



[ 



— 95 — 

résistance à l'usure par le frottement. Tous les sols 
lui conviennent, sauf les trop humides. 

Tilleuls: Nous avons deux variétés: celle à 
grandes feuilles ou tilleul de Hollande, celle à petites 
feuilles ou tilleul d'Europe ; arbres de bonne gran- 
deur, vigoureux, mais donnant un bois mou, qui 
est cependant employé en ébénisterie et menuiserie. 
Dans certaines parties de l'Europe et notamment 
en Allemagne, le bois sert à fabriquer des jouets 
d'enfant; cette industrie exige plusieurs milliers 
d'arbres chaque année. 

Les tilleuls sont aussi beaucoup employés pour 
les plantations en avenues et sur les places publiques. 



PLANTATIONS DU PEUPLIER 

Utilité de ces plantations, — Le peuplier devrait 
être considéré comme un arbre forestier de pre- 
mier mérite, surtout aujourd'hui que son bois est 
si utilisé et si apprécié, que réellement notre pays 
en est dépourvu et que les marchands de bois — 
sont aux abois — pour savoir où ils trouveront les 
peupliers qui leur seraient nécessaires pour exécuter 
leurs nombreuses commandes. Il est utile de dire 
ici que nos forestiers, en général, sont un peu 
routiniers, car, s'il est vrai qu'antérieurement, en 
remontant à quelques siècles en arrière, le bois de 
peuplier était considéré comme médiocre, alors que 
les bois durs, tels le chêne, etc., existaient eu abon- 



L 



— 96 — 

dance, il n'en est pas moins vrai qu'avec l'inévi- 
table progrès et le développement considérable de 
toutes les industries, ces bois durs viennent à man- 
quer et que le bois de peuplier est aujourd'hui très 
usité, par conséquent, très demandé. 

Or, nous sommes forcé de constater à regret 
que nos forestiers n'ont pas suivi le mouvement 
général et ne se rendent pas compte des besoins 
des peuples, puisqu'ils n'ont pas encore pensé à 
préconiser les plantations de peupliers. 

Et cependant, il est avéré que la consommation 
annuelle en France du bois de peuplier varie de 
200 à 250 millions de francs, dont 7 millions de 
francs pour la seule ville de Paris (1), 

Cette importante consommation ne tend nulle- 
ment à diminuer, bien au contraire, d'autant plus 
que les pays producteurs de bois blancs ou bois de 
sapin du Nord, Suède et Norvège s'épuisent rapi- 
dement. Cela est si vrai que chez tous les gros 
importateurs de Nantes, Bordeaux, Honfleur, Le 
Havre, Caen, les prix de ces bois ont plus que 
doublé depuis les 10 dernières années. Comme 
nous le verrons dans les chapitres suivants, le peu- 
plier affectionne particulièrement les mauvais 
terrains, frais, humides, marécageux, en un mot, 
les terrains sans valeur, ne rapportant rien. Or, 

(1) Dans l'exposé que nous avons fait dans le chapitre I" de 
cet ouvrage, sous les données de M. L. Nicolas, qui évalue 
à 245 millions de francs nos importations annuelles de bois 
d'œuvre, l'emploi du bois de peuplier n'y est naturellement 
pas compris. 







R'îlf.vi 



;ais, peut être 
35 francB 



ISQ^V^C^S'B VV avantage on 











i^ur ce sujet, 

[eux en même 

iblic, entre- 

i5d|.^^l^tion8, aux- 

S^iSût^Bi ^Ki^olement pas 

i^^SH^S^^^ë un chapitre 

'^^'^sF'^'^'^^"^ aucun 

i^i^s occuperons 
4i|»^3sence pure- 



— 98 — 

ment forestière, laissant de côté toutes les variétés 
d'ornement. Au sujet de ces variétés, une grande 
confusion existe dans tous les pays du monde et les 
botanistes les plus éminents et les plus scrupuleux 
s'entendent difficilement entre eux. Nous avons 
sous les yeux un ouvrage très complet sur les peu- 
pliers, publié par un gros marchand de bois 
d'Amiens (Somme), M. L. Breton-Bonnard, vice- 
président de la Fédération des marchands de bois 
de France. Mieux que tout autre, par sa profession 
même, M. Breton-Bonnard connaît les variétés de 
peupliers qui sont susceptibles de donner le meil- 
leur bois et le meilleur rendement. Or, il résulte de 
toutes ses observations qu'en réalité il n'existe guère 
que six variétés de peupliers pour plantations de 
rapport. Parmi ces variétés, les suivantes sont bien 
distinctes : 

Peuplier pyramidal d'Italie (Populus fastigiaia 
pyramidalis), — Arbre croissant à plus de 30 
mètres. Ses branches sont droites, serrées et dres- 
sées contre le tronc, formant ainsi une belle pyra- 
mide. Il pousse supérieurement dans les sols frais et 
humides et même assez bien dans les sols secs. Il est 
supérieur pour les avenues. Il ne vit pas très long- 
temps et lorsque la tête commence à se dénuder, 
il faut l'abattre, autrement le bois n'aurait plus de 
valeur. 

Son bois tendre n'est pas sujet à la vermoulure et 
est assez apprécié par la menuiserie, la sculpture et 
pour les caisses d'emballage. 



— 99 — 

Peuplier blanc de Hollande (Populus alba ou 
Ypréau ou Grisard), — La description suivante en 
est donnée par Le bon Jardinier, 1807. 

Arbre de première grandeur, indigène, commun dans 
toute FEurope, cultivé surtout en Hollande et dans 
l'ancienne Flandre, aux environs d'Ypres, d'où son nom 
d'Ypreau, ville où Fusage voulait que tout père de 
famille plante quelques milliers de ce peuplier à la nais- 
sance de chaque enfant pour lui former sa dot plus tard. 

Cet arbre acquiert son développement au bout de 
45 ans où il atteint une circonférence de 3 à 4 
mètres à 1 mètre du sol. L'écorce est blanche, le 
tronc nu, sans branches gourmandes. 

Terrains, Exposition, — Il préfère les climats 
tempérés, les terres fortes et fraîches, les expositions 
du nord et de Fest lui sont des plus favorables; 
il aime aussi les sables gras, redoute les argiles com- 
pactes dans lesquelles ses racines ne peuvent 
s'étendre; il aime particulièrement les vallées et 
vallons abrités, les terrains frais ou humides, le 
bord des eaux; il craint les terrains arides et 
très secs où il ne vient pas; Faction des grands 
vents lui est contraire, en lui imprimant un mou- 
vement de torsion qui détermine la roulure du 
tronc ; il se plaît beaucoup mélangé dans les plan- 
tations avec les diverses variétés de peupliers noirs, 
mais il lui faut plus d'espace qu'à ceux-ci. 

Qualités et usages, — Le bois du peuplier blanc 
est un des meilleurs de tous ceux produits par les 
diverses sortes de peupliers. 



— 100 — 

Il est blanc, léger, tendre; c^est le seul suscep- 
tible de prendre un beau poli, ce qui le rend propre 
aux usages de menuiserie. Quand il est vieux, il 
devient très difficile à fendre. Ce bois est très estimé 
pour l'industrie, la construction des bateaux, des 
wagons, pour la caisse des voitures, le gros camion- 
nage, pour panneaux de meubles et de carrosserie, 
la charpente, où il vaut le sapin, mais il faut rem- 
ployer sec car il est sujet à se déjeter. 

Ici nous empruntons à M. Breton-Bonn ard ses 
appréciations sur les variétés ou sous-variétés des 
peupliers appelés communément Suisse, Canada, 
Régénéré, Eucalyptus, etc. 

Peuplier suisse ou de Virginie (Populus monolifera). 
— La dénomination suisse est erronée, mais c'est ainsi 
qu'il est connu dans les cultures, les pépinières, le 
commerce des bois. Le monolifera ou suisse vient plus 
haut que le canada; il a une croissance plus rapide en 
hauteur, exige un terrain plus profond et plus humide. 
Il se reproduit très facilement de bouturei^, c'est 
l'espèce de peupliers la plus répandue au nord de Paris. 
Alors que le canada, la Caroline sont des espèces amé- 
ricaines, le monolifera est d'origine inconnue (en Angle- 
terre, on l'appelle Black Italian Poplar, peuplier noir 
d'Italie). 

Peuplier du Canada (Populus Canadensis). — Très 
grand et très bel arbre, pouvant atteindre, dans son pays 
d'origine, 50 mètres de hauteur et 7 mètres de circonfé- 
rence. Chez nous, il a communément de 22 à 26 mètres. 

Terrains. — Il s'accommode à tous terrains et n'exige 
pas, comme le noir, une grande humidité. 



— 401 — 

C*est le meilleur des peupliers noirs pour la qualité 
du bois, rien que cette seule différence peut permettre 
de le classer sans aucune erreur, sauf avec sa variété 
Populus Grandis (Régénéré vrai). 

C'est un très bel arbre, étant données la qualité de 
son bois et sa pousse rapide en grosseur; il n'est pas 
assez multiplié. La cause en serait: 

1® Qu'on prétend qu'il reprend moins facilement de 
boutures que les autres espèces ; 

2° Que, sous ce nom de canada, les pépiniéristes 
livrent un peuplier différent. 

Introduit en Europe en 1738, ce peuplier s'est rapi- 
dement répandu. Néanmoins, Le bon Jardinier de 1807 
ne le mentionne pas encore, alors qu'il mentionne le 
peuplier de la Caroline; encore, dès l'introduction des 
espèces américaines, il y a eu confusion ; il est commun 
le long de nos cours d'eau, dans les vallées, les parcs, 
sur les avenues, mais ne se plaît pas en forêt. 

Sa croissance étant très rapide, c'est l'espèce qu'on 
préfère planter au point de vue spéculatif. Son bois est 
léger^ tendre, blanc ou légèrement teinté de rougeâtre au 
cœur. Couches annuelles, épaisses et régulières ; il est 
homogène, peu chargé de nœuds et ne joue pas, de 
sorte que, quoique léger, il est recherché par la layet- 
terie^ la menuiserie et même pour la menue charpente. 

Populus Grandis régénéré, — Variété très cultivée, 
très variable^ qui se trouve chez tous les pépiniéristes 
sous divers noms. 

Elle a le port plus élancé, la feuille plus grande; 
l'écorce devient aussi rugueuse avec Tâge, mais des 
troncs doubles de diamètre peuvent être moins rugueux 
que dans le type parce qu'ils sont plus jeunes quoique 
plus gros. 



— i02 -r 

Peupliers régénérés et améliorés. — D'après ce qui 
précède, il est de toute éyidence que rien n'est plus 
faux que l'assertion des producteurs qui donnent comme 
leur création certains peupliers améliorés par sélection, 
comme régénérés. 

C'est presque toujours le peuplier régénéré, trouvé 
par Michia en 1814, que ces pépiniéristes sélectionnent 
et annoncent de bonne foi. La sélection en terrains fer- 
tiles donne de très bons plants, avec de splendides 
pousses annuelles, mais la sélection ne produit pas de 
variétés nouvelles ci elle ne provient pas d'un semis ; 
dès que la sélection cesse, la végétation redevient 
ordinaire. 

Sous bénéfice de ces observations, je vais donner 
rénumération des peupliers régénérés ou améliorés que 
le commerce connaît actuellement et qui n'ont aucun 
caractère botanique franchement différentiel. 

Parmi les producteurs, les uns sélectionnent toujours 
consciencieusement et maintiennent l'amélioration de 
leurs produits, les autres, par manque de soins et de 
sélections, les laissent retourner au type. 

Le meilleur des peupliers régénérés est le peuplier de 
la vallée de l'Ourcq ou peuplier de Meaux. Pour me 
résumer, le commerce connaît aujourd'hui deux types 
principaux de régénérés, avec de nombreuses variantes. 
Ces deux types sont parfaitement distincts. 

Le Blanc, qui est mâle, pousse plus droit, mais un peu 
moins vigoureusement que l'autre, le Rouge ; ses feuilles 
débourrent environ quinze jours après ce dernier; il 
est préféré pour les plantations de pâturages, en ce 
qu'il ne fournit point de coton nuisible aux bestiaux. 

Le rouge, qui était jusqu'ici le plus répandu, mais 
perd de sa vogue à cause de la production du coton, est 



— 103 — 

femelle; il est plus vigoureux. Dans les dénominations, le 
domaine de la fantaisie est immense. M. Sarcé, à Pont- 
vallain (Sarthe), grand propriétaire planteur qui, par 
une sélection constante, a amélioré plusieurs sortes de 
peupliers, a même dénommé ses peupliers Eucalyptus, 
à cause de leur végétation exubérante. 

Pourquoi donner ce nom, qui appartient. à un autre 
arbre de grande valeur, au peuplier? J'eusse préféré 
Peuplier Sarcé. 

M. Sarcé, le sympathique planteur de Pontvallain 
(Sarthe), que je viens de citer, a propagé par centaines 
de mille deux espèces de peupliers, qu'il a sélectionnés 
sous les noms de Peuplier Suisse blanc et rouge, dit Euca- 
lyptus. Lune des variétés est mâle; Tautre, femelle. Le 
Peuplier Eucalyptus, pour la variété mâle, est une forme 
sélectionnée du Peuplier Serotina (Hart), peuplier mâle, 
très communément cultivé, que Ton dénomme également 
Suisse. Ce peuplier a un bois un peu léger, un peu ana- 
logue au peuplier noir et croît très vite. 

11 exige beaucoup d'humidité et un sol profond ; dans 
ces conditions, c'est un arbre très haut et ordinairement 
très droit. 

Dans ces conditions et après l'exposé très clair de 
M. Breton-Bonnard nous conseillons la plantation 
des variétés déjà énumérées : 

Peuplier pyramidal d'Italie, 

— Blanc de Hollande, 

— Suisse commun, 

— du Canada, 

— Suisse Rouge et Blanc (Eucalyptus), 

— Régénéré vrai. 



— 104 — 

Plantation, — Le choix des variétés étant fait, il 
s'agit d'entreprendre la plantation. Nous la divise- 
rons en deux parties : 

/" Plantation de grande étendue y prairies^ terrains 
frais, humides, marécageux. 

Nous conseillons la plantation en lignes pour 
former futaie, les lignes et les pieds distancés entre 
eux de 4 mètres en 4 mètres, soit 625 arbres à 
l'hectare. Ne pas planter en quinconce, afin de 
faciliter l'accès des voitures entre les lignes lors de 
l'exploitation ; cette distance est la plus rapprochée 
que l'on puisse demander et s'applique à une plan- 
tation complète lorsqu'il n'est pas demandé d'autre 
production au terrain. Si, au contraire, on veut 
obtenir une coupe de foin ou mettre des bestiaux au 
pacage, il est préférable de planter de 10 mètres en 
10 mètres. Mais, bien entendu, ces données sont 
générales et n'ont rien d'absolu. Le planteur doit 
s'inspirer des circonstances, de la nature du terrain 
et du but qu'il veut atteindre. Si le terrain est 
médiocre et peu fertile et que l'industrie du pays 
demande des petits bois, il y a lieu de planter serré. 
Si, au contraire, le terrain est profond et fertile et 
que des gros bois soient demandés, il y a lieu de 
planter écarté. En règle générale, il est préférable 
de conserver les arbres aussi longtemps qu'ils pros- 
pèrent encore, comme il le sera démontré au 
chapitre Exploitabilité. Toutefois, en ce qui concerne 
les plantations à l'état serré, il sera toujours facile 



— 105 — 

d'abattre au bout de 15 ans de plantation une partie, 
soit 1/4, soit 1/2, suivant les circonstances et vendre 
les arbres abattus à l'industrie pour la fabrication 
des petites caisses d'emballage, caisses à fromages, 
etc., où les bois de petites dimensions trouvent 
leur écoulement facile. Cette éclaircie permettra aux 
arbres restant d'acquérir leur complet développe- 
ment. Dans les terrains appropriés à la culture du 
peuplier (frais, humides) la plantation s'exécutera 
comme il va être expliqué plus loin. Dans les 
terrains positivement marécageux il est nécessaire, 
sinon indispensable, de procéder à l'assainissement. 
Si les eaux sont courantes, c'est-à-dire se renouvel- 
lent fréquemment, avec un peu d'épaisseur de terre 
végétale les peupliers Suisse, Canada et Régénéré 
y pousseront admirablement. Mais si les eaux ne 
s'écoulent pas et ne se renouvellent pas, étant par 
conséquent stagnantes, il faut procéder à l'assainisse- 
ment et faire le nécessaire pour rendre Teau cou- 
rante en abaissant le niveau au moyen de fossés ou 
rigoles ; ce travail aura pour résultat de surélever la 
couche de terre végétale où l'arbre sera planté. 



2^ Plantation de petite culture, allées, bordures des 

ruisseaux, rivières, etc. 

On doit planter des peupliers en bordure des prés 
irrigués, près des haies qui les séparent et sur les 
fossés qui peuvent y exister ; aussi en bordure des 
rivières ou ruisseaux, des étangs et, en règle gêné- 



— 106 — 

raie, dans tous les terrains frais ou humides. Mais 
combien de ces endroits sont restés improductifs 
faute de penser à entreprendre ces plantations ? ? 

Ici une remarque s'impose. En plantant au bord 
des cours d'eau, ne pas planter trop près des rives, 
car les rats d'eau creusent des trous sous les arbres, 
rongent les racines et arriveraient à faire péricliter 
les arbres au bout de quelques années. 

La plantation des peupliers s'opère depuis la chute 
des feuilles jusqu'à la montée de la sève, c'est-à-dire 
du 15 octobre au 1*^' avril. La plantation d'automne 
est toujours préférable, sauf dans les terrains par trop 
marécageux où il vaut mieux ne planter qu'au 
printemps. 

Nous allons reporter l'exécution de la plantation 
au chapitre Choix des Plants. 

Du choix des plants, — l*" Les plants usuelle- 
ment employés sont des tiges mesurant environ 
3 mètres de hauteur et 10 à 14 centimètres de 
circonférence à 1 mètre du sol et dont le prix varie 
entre 40 et 60 francs le 100. Il est indispensable que 
ces arbres soient jeunes et vigoureux (3 à 4 ans de 
pépinière au plus), de bonne végétation, l'écorce 
franche et non endommagée, en un mot, des arbres 
de tout premier choix. 

Plantation. — Faire un trou ou fosse, rond ou 
carré, d'environ 0" 80 de diamètre et de 0™ 60 de pro- 
fondeur, en ayant soin de piocher le fond du trou, 
afin d'ameubler le sous-sol et faciliter ainsi le déve- 
loppement futur des racines. Mais le peuplier ne doit 
jamais être planté à une profondeur de plus de 25 à 



— 107 — 

30 centimètres et de façon que les racines latérales 
supérieures affleurent immédiatement la couche 
supérieure de terre végétale. Ceci est très important 
car, malheureusement, beaucoup de planteurs ont la 
funeste habitude de planter trop profond et les 
arbres trop enterrés arrivent à languir et dépérir au 
lieu de pousser. Ceci s'applique à toutes les planta- 
tions en général et on ne saurait j apporter trop 
d'attention. En plantant le peuplier, recouvrir les 
racines de terre meuble, la meilleure, sans mottes; 
soulever l'arbre légèrement et à plusieurs reprises 
afin que la terre entre bien entre les racines et que 
l'air ne puisse y pénétrer; puis, combler le trou ou 
fosse avec les gazons et le reste de la terre. Avoir 
soin de raccourcir les branches assez près de la 
tige afin d'éviter prise aux coups de vent. 

2° On emploie aussi fréquemment pour la planta- 
tion des boutures non enracinées, appelées aussi 
plançons. Cette méthode réussit surtout dans les 
terrains tourbeux ou très marécageux et ne s'effectue 
qu'au printemps. Voici ce qu'en dit M. G. Beau- 
mont dans son fascicule Les Peupliers (librairie 
agricole Paris) : 

D'autres fois, on plante des plançons. Pour cela, au 
moyen d un outil spécial, sorte de bêche à une seule 
branche ronde, longue et pointue, munie d'une pédale 
sur laquelle on appuie le pied pour enfoncer la tige ou 
simplement d'un fort piquet enfoncé au moyen d'une 
massue, on fait un trou profond quelquefois d'un mètre, 
le plus souvent de SO centimètres, dans lequel on intro- 
duit le plançon par sa base appointée. 



— 108 — 

Il meurt beaucoup de ces plançons et il faut recom- 
mencer chaque année la plantation pour le remplace- 
ment des morts, ce qui fait que Ton a rarement des 
arbres se suivant comme force et comme vigueur, 
résultat qui se traduit à la vente par la dépréciation 
d'un certain nombre et diminue le revenu total. Quelque- 
fois aussi, par mesure d'économie, on plante les arbres de 
pépinière au piquet après leur avoir enlevé toutes leurs 
racines. Ce procédé est mauvais et seulement recomman- 
dable dans les marais ou dans les sols mouvants, là où 
il est impossible de creuser des trous et où la terre 
meuble et mouillée n'offre aucun obstacle au développe- 
ment des racines. 

Il résulte de ce que je viens de dire, et qui est 
corroboré par la constante expérience, qu'il faut bien 
planter ; les quelques sous dépensés en plus par arbre, 
pour une bonne plantation, arrivent à donner un revenu 
trop élevé pour qu'on néglige de les dépenser. 

Nous partageons la manière de voir de M. Beau- 
mont et ne pouvons conseiller cette méthode qu'aux 
propriétaires déjà très expérimentés à ce sujet et 
ayant les terrains convenables pour la reprise de 
ces plançons (par exemple, dans les départements 
de la Somme et du Pas-de-Calais). 

Mais, par contre, nous conseillons tout particu- 
lièrement aux propriétaires (qui ne voudraient pas 
faire la dépense d'arbres tiges) de planter des plants 
de 2 ans enracinés, mesurant 1 mètre à 1™50 
de hauteur. Il y a lieu alors de faire un simple trou 
à la bêche, d'environ 25 à 30 centimètres de dia- 
mètre et de 25 à 30 centimètres de profondeur et 



— 109 — 

planter le sujet comme il est dit pour les tiges. 
Le prix de ces plants varie de 5 à 10 francs le cent. 
Avec ces plants, on peut planter très serré, quitte à 
abattre les arbres les moins bons après quelques 
années de plantation. 

Entretien des plantations. — Lorsque la plan- 
tation est effectuée, il y a lieu de protéger les jeunes 
arbres s'ils sont plantés dans des prairies acces- 
sibles aux bestiaux. Le meilleur procédé que nous 
connaissions est de garnir ou entourer les arbres de 
tiges d'épine blanche (ou aubépine), ou mieux de 
tiges d'épine noire (ou prunellier épineux). Ces 
brins ou tiges entourant Farbre seront liés ou liga- 
turés avec du petit fil de fer ou avec des brins 
d'osier, mais sans pression, afin de ne pas nuire au 
développement du peuplier. Les épines ou dards 
empêcheront les bestiaux soit de se frotter ou de 
s'appuyer sur les jeunes arbres. 

Si, au contraire, la plantation est faite sur les 
rives des cours d'eau où une clôture extérieure les 
garantit, ou si les arbres sont plantés sur les fossés, 
haies, etc., en un mot, s'ils sont hors de l'atteinte 
des bestiaux, aucuns soins particuliers ne sont 
utiles, sauf ceux de 

L'ÉLAGAGE ET DE L'ÊMONDAGE 

Ce sont deux opérations qui sont bien distinctes 
Tune de l'autre et qu'il est indispensable de ne pas 
confondre : 

1** L'émondage consiste dans le fait d'enlever les 



— 110 — 

branches dans l'intérieur de la tête de Farbre ; or, il 
sera utile, après 5 ou 6 ans de plantation, de procéder 
à un léger émondage. On coupera, près la tige de 
Tarbre, les branches les plus fortes, dites gour- 
mandes, puis celles qui seraient mal placées, for- 
mant fourches et produisant fouillis à l'intérieur de 
la tête des arbres ; celles trop longues qui menace- 
raient de s'éclater et, enfin, celles qui prendraient 
trop d'extension devraient être raccourcies. Ce 
travail doit s'effectuer entre le l®' novembre et 
le 1®' mars, c'est-à-dire pendant le repos de la 
sève. 

2** L'élagage consiste simplement à couper les 
branches qui poussent sur le tronc. Pour procéder 
à cette opération, il faut également le faire pendant 
le repos de la sève. Pour les jeunes peupliers, jus- 
qu'à l'âge de 15 ans, il est indispensable de leur 
laisser les deux tiers de leur hauteur en branches, 
par conséquent, un tiers du tronc sans branches. 
Pour les arbres de 15 à 20 ans, la moitié en bran- 
ches et la moitié sans branches. A partir de 20 ans, 
laisser seulement le tiers de la hauteur en branches, 
par conséquent, les deux tiers du tronc lisses et 
absolument nets. Pour les branches à élaguer, il ne 
faut jamais attendre qu'elles soient trop grosses, la 
plaie faite devant se recouvrir dans deux années 
maximum. C'est ainsi qu'on obtient des arbres 
droits, lisses, sans nœuds et de grande valeur mar- 
chande. Mais pour arriver à ce résultat, il est 
nécessaire de procéder, après chaque élagage, à une 
autre opération qui, quoique peu coûteuse, n'est 



— m — 

malheureusement presque jamais pratiquée. Nous 
voulons parler de 

L'ÉBOURGEONNAGE 

qui consiste à faire tomber, dans le cours de Tété, 
les bourgeons qui repoussent le long du tronc, 
autour des plaies faites par Télagage. Pour cette 
opération, qui est simple et qu'on ne peut trop 
recommander, on se sert soit de la main, soit du 
dos de la serpe, soit d'une raclette emmanchée. 
Si on vent se donner la peine de procéder comme 
nous l'indiquons, on obtiendra de gros et beaux 
peupliers, sans nœuds, c'est-à-dire du bois d'œuvre 
qui sera d'une vente facile et très rémunératrice. 

Exploitabilité et produit des capitaux, — Au 
cours de cet exposé, nous avons fait appel à la 
compétence de M. Breton-Bonnard, mais où cette 
compétence peut-elle être mieux appréciée, si ce 
n'est dans T exploitabilité, aussi lui laissons-nous la 
parole à ce sujet. 

Généralement, elle est mal comprise et mal pratiquée. 
D'un côté, ce sont des propriétaires qui, malgré la 
maturité, souvent même, la décrépitude de leurs bois, 
alors que les uns ont été meurtris et endommagés par 
les ouragans, que d'autres sont visiblement attaqués de 
pourriture, de gelivure et qu'il y en a dont la tête et les 
branches mourantes aux extrémités indiquent non seule- 
ment des bois ne poussant plus, mais perdant de jour en 
jour de valeur, sous prétexte qu'ils n'ont pas besoin 
d'argent, qu'ils ne veulent pas abîmer leur propriété, 
etc., ne veulent point les vendre. 



— 112 — 

Ce sont de bien mauvais administrateurs, ils sont 
aujourd'hui peu nombreux. 

De l'autre côté, du côté du plus j^and nombre, les uns, 
parce qu'ils ont besoin d'argent, d'autres, parce qu'ils ne 
savent pas, aussitôt que les arbres ont une certaine 
grosseur, qu'il se trouve un marchand pour les acheter, 
s'empressent de vendre. 

Or, ces propriétaires ignorent que la pousse d'un 
arbre ne devient sensible, qu'elle n'est marquante au 
point de vue mètre cube, c'est-à-dire volume, qu'à 
partir d'une certaine grosseur. 

Dans le peuplier, les couches concentriques ahnuelles, 
lorsqu'il est planté en bonnes espèces dans un sol sul'ti- 
sant, varient de 8 à 12 ou 13 millimètres; l'accroissement 
se faisant sentir de chaque côté de l'arbre, c'est un 
accroissement du double, soit 16 à 26 millimètres de 
diamètre annuellement. Sur un jeune arbre, c'est insen- 
sible, mais quand l'arbre est gros, si sa végétation reste 
active, c'est marquant. 



Tableau d'aeeroissement d'un peuplier régénéré» basé 
à 10 mtlliinètres auuuellement 





DIAMÈTRE 


Circonférepce 


LONGUEUR 


CUBE 

marchand 


ESTIMATION 


AGE 


à 1"33 

du sol. 


à 1-33 
du sol. 


utilisable 
du tronc. 


au 1/4 

de la circon- 

férence. 


basée 

à 17 fr. le 

mètre cube. 




centimètres 


mètres 


mètres 




francs 


5 ans 


0,08 


0,25 


5 


néant 


néant 


10 


0,18 


0,56 


8 


0,09 


1,53 


15 


0,28 


0,86 


10 


0,30 


5,10 


20 


0,38 


1,20 


12 


0,70 


12,00 


25 - 


0,48 


1,50 


14 


1,26 


21,42 


30 - 


0,58 


1,82 


16 


2,10 


35,70 


35 — 


0,68 


2,05 


18 


3,30 


56,10 


40 — 


0,78 


2,48 


20 


4,80 


81,60 



— 113 — 

On voit tout de suite quel intérêt il y a à prolonger 
la vie des peupliers qui croissent encore régulièrement. 

Il est donc important qu'un propriétaire réfléchisse 
longtemps avant de porter la cognée au pied dun 
arbre. 

Tant qu'il n'a point atteint son maximum de croissance, 
il rapporte au centuple dans une forte grosseur, c'est-à- 
dire dans un âge avancé, comparé avec de jeunes 
arbres de la même espèce. 

Les signes certains auxquels on reconnaît qu'un arbre 
ne croît plus et qu'il faut l'abattre sont ceux-ci : avant 
tout, c'est quand la circonférence n'augmente plus et 
quand les branches meurent dans les bouts ; ensuite, les 
branches maîtresses deviennent plus horizontales et 
certains vices se découvrent. En été, les feuilles sont plus 
jaunes, l'aspect général est très appréciable. 

Il est un on dit propagé partout où l'on cultive le 
peuplier, c'est que celui-ci produit un franc par pied et 
par an. Cela ne repose sur rien, le tableau publié ci-dessus 
en fait foi. En thèse générale, c'est peut-être à peu près 
le produit qu'on en retire par une culture négligée et 
dont les principes sont méconnus, mais il est absolument 
certain que la culture du peuplier est l'une des plus 
rémunératrices et que, bien faite, elle donnera plutôt 
plus qu'un franc par pied et par an. 

Nécessairement, la proximité des gares et canaux, les 
facilités d'exploitation, influent grandement sur le résul- 
tat final. Je pourrais citer beaucoup de faits où le revenu 
a dépassé de beaucoup un franc, je me contenterai d'en 
exposer un seul dont l'exactitude est garantie. 

J'ai connu, il y a une vingtaine d'années, un proprié- 
taire qui, ayant loué une prairie pour trente années et 
l'ayant alors soigneusement plantée en peupliers, a pu 

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— 115 — 

petits meauisiers, charpentiers, débitants à mains, 
n*existent plus, que les acheteurs sérieux sont unique- 
ment les scieries, où les machines-outils actuelles ont 
une énorme production, demandant beaucoup de bois, la 
vente au détail ne se comprend pas, elle occasionne 
10 7o de frais, des droits de criée et de garde dont 
nécessairement le vendeur, quoi qu'on en dise, supporte 
la presque totalité. 

Le mode le plus recommandable est le mode sur sou- 
mission cachetée au domicile du vendeur ; avec lui, le 
vendeur prévient les marchands qui lui conviennent, 
dont il connaît la solvabilité, que tel jour, à telle heure, 
il vendra telle quantité d^arbres, sis à tel endroit, sur 
soumissions cachetées, préalablement déposées. Une 
enveloppe contient le prix minimum au-dessous duquel 
le lot ne sera pas adjugé, puis, en présence comme 
en l'absence des marchands, les soumissions sont déca- 
chetées, le plus offrant, si son offre est suffisante, est 
déclaré acheteur. 11 signe immédiatement un sous seing 
privé qui relate les délais de paiement, d'enlèvement, 
conditions d'abatage, qu'on a fait connaître avant la 
vente, et autres conditions de cautions, etc., qu'on a bien 
vovdu indiquer, et la vente est réalisée sans aucuns frais. 

C'est Tun des modes qui donnent les meilleurs résultats. 
Avec lui, le propriétaire tire un bon parti des produits 
et le marchand de bois, n'ayant aucun droit à payer, peut 
payer cher et encore gagner sa vie. 

Emplois divers, — Dans le cours de cette étude, j'ai 
eu à examiner souvent les emplois du peuplier. Je vais 
les résumer succinctement ici, ils varient suivant les 
espèces. 

Blanc,* vulgairement Blanc de Hollande, variétés 
Canescens, Ypréau, Franc Picard, bois blanc, léger, tendre 



— 116 — 

et doux, susceptible de prendre un beau poli. A Paris, on 
le nomme Grisard. 

Utilisé en menuiserie pour meubles, panneaux, en 
charpente et pour les mines, chemins de fer, qui en 
achètent de grandes quantités pour la construction des 
wagons, la carrosserie, panneaux et caisses de voitures, 
matériel roulant de fermes, gros camionnages, cons- 
truction de bateaux, etc., jouets d'enfants, ustensiles de 
ménage ; on doit l'employer sec car il se tourmente ; bon 
chaufEage. 

Peuplier noir. — Le bois de peuplier noir, qui est fort 
raide, travaille beaucoup quand il est débité aussitôt 
après abatage. Il doit être laissé un an en billes 
abattues avant débit pour ne point se tourmenter. 

On en fait surtout des objets de grande fatigue, malles, 
petite charpente, cales de wagons pour compagnies de 
chemins de fer, sabots de voitures, etc., semelles de 
chaussures de bas prix, battes pour tonneUers, etc. 

Peupliers dits Suisses^ Régénérés et autres, Italiens. — 
Infinité d'usages, tous ouvrages de menuiserie, meubles 
à bon marché en bois peint, panneaux, dossiers de 
meubles, fonds de tiroirs, dessous de placage, pour le 
tranchage, les allimiettes, manches légers, caisses d'em- 
ballage, cloisons, jouets, bimbeloterie, etc., chauffage 
des fours. Son bois, sans odeur ni résine, convient 
admirablement pour les pâtes alimentaires, chicorées, 
biscuits. 

Quant aux petits bois, on les emploie pour pâtes à 
papier* Il n'est pas jusqu'à la sciure qu'on n'utilise. 

Il semble superflu d'ajouter quoi que ce soit à ce 
clair exposé, nous désirons cependant recommander 



— 117 — 

tout spécialement à tous nos amis et clients (qui 
auraient une grande plantation de peupliers à entre- 
prendre) l'ouvrage de M. Breton-Bonnard, qu'ils 
trouveront chez M. Lucien Laveur, éditeur, 13, rue 
des Saints-Pères, Paris. 

Nous allions oublier un fait d'une importance 
capitale : 

Que les peupliers ont un ai>antage appréciable 
sur tous les autres bois, c'est quils poussent bien 
en retour ; c'est-à-dire quun terrain planté en 
peupliers et exploité après 30 à W années de plan- 
tation, ce même terrain peut être replanté 2 ans 
après ladite exploitation et donnera le même résul- 
tat dans un même laps de temps 



PLANTATIONS DE HAIES VIVES 
ET RIDEAUX DE VERDURE 



Dans cette partie de notre traité, nous nous occu- 
perons en première ligne des clôtures défensives 
destinées, en règle générale, à retenir les animaux 
dans les pâturages. Les essences à employer pour 
obtenir un bon résultat sont peu nombreuses. Nous 
ne pouvons conseiller que : l'Epine blanche ou Au- 
bépine et le Myrobolan. 

L'épine est assez connue pour nous dispenser 
d'en donner la description. 

Quant au Myrobolan, c'est une plante peu déli- 







^1 poussant dans 
" à-dire obtenir 



ttte essence est 
ure à l'épine 

. — .^ ^ -- liême pourrait 

tlS}mwW::^êsrWr&''Sis comme cette 
'J\^â>'§^9lv£i^B^â'à 'a taille, on 



p. -jt- -4t" -a" -*- -»■ -jï" **" 

i«^^^_*^ï^îr||eur et à l'épais- 

'lï:^^3|D||iî^ est employé en 

^'ï^^^l^y*^^*^ nos voisins 

"*||»ft^ liiez leurs cousins 

'^È^I^gl qu'en pratique 




-«■ 



— H9 — 

il n'existe qu'une seule méthode rationnelle pour 
obtenir une bonne haie, c'est la plantation sur deux 
rangs; les rangs doivent être espacés entre eux 
d'environ 12 centimètres; puis, sur ces mêmes 
rangs, les sujets plantés en quinconce, de 10 en 
10 centimètres, soit 20 plants au mètre courant. 
Préalablement à la plantation, il est utile de prépa- 
rer le terrain par un défonçage à la bêche ou à la 
charrue, d'une profondeur variant de 25 à 35 centi- 
mètres, suivant la nature du sol, et ce sur une lar- 
geur de 50 à 60 centimètres. 

Le sol étant bien ameubli, avant de planter les 
sujets, il y a lieu de couper ou rafraîchir les racines 
et de rabattre la tige à environ 12 centimètres 
au-dessus de la racine. Ceci est indispensable pour 
obtenir une haie bien fournie. Puis ce rabattage ou 
taille se continuera chaque année (en ne permettant 
pas un développement annuel en hauteur supérieur 
à 30 centimètres), jusqu'à Tépoque où la haie aura 
atteint la hauteur que Ton désire lui donner. Aus- 
sitôt la plantation effectuée, il serait utile de 
recouvrir toute la surface défoncée d'une bonne 
couche de terreau ou mieux de fumier de ferme 
bien consommé. Cette opération devrait être renou- 
velée chaque année au printemps, en ayant soin de 
sarcler ou détruire préalablement les mauvaises 
herbes. 

Il est de toute évidence que s'il y a des bestiaux 
dans le terrain à enclore, une solide clôture sèche 
devrait être établie à 1™20 de l'axe de la haie. Il 
existe une seconde méthode qui consiste à planter 



•— 120 



les plants entre-croisés et espacés entre eux de 10 
centimètres, comme l'indique la figure ci-dessous. 




JEUNE PLANT d'ÉUNE (EN PLANTS ENTRE-CROISÉS). 

Mais cette méthode ne peut guère s'appliquer 
qu'aux clôtures de peu d'importance, par exemple 
pour les jardins potagers, etc. 

En dehors de ces clôtures que nous appelons 
défensives par le fait même qu'elles servent à rete- 
nir les animaux, il arrive souvent que les proprié- 
taires ont besoin d'autres clôtures plus ornementales 
et défensives en même temps, soit pour les jardins 
potagers ou les parcs, ou pour toute autre cause. La 
plantation de ces haies doit se faire exactement de 
la même façon qu'il est dit ci-dessus. Les essences 
que nous recommandons le plus particulièrement 
sont les suivantes : 

Charme ou Charmille commune. 

Hêtre commun, 

Hêtre pourpre , 

Berberis pourpre. 

Poirier du Japon, 

Acacia Triacanthos, 



— 121 — 

Laurier Palme, 

Troène de Californie. 

Toutes ces essences soiit rustiques sous presque 
tous les climats et poussent dans tous les sols de 
qualité moyenne. Elles se prêtent toutes également 
bien à la taille. 

Pour les rideaux de verdure, planter également 
comme il est dit ci-dessus; cependant, les plants 
devraient être écartés entre eux de 20 en 20 centi- 
mètres et les rangs espacés aussi entre eux de 20 cen- 
timètres. 

Essences recommandées pour le nord de la 
France au-dessus de la Loire : 

Épicéa, 

If commun. 

Thuya du Canada, 

Thuya Lobbii Gigantea. 

Pour le sud de la France, les mêmes essences, 
sauf le : 

Thuya du Canada qui sera avantageusement rem- 
placé par le Thuya de Chine. 

Nous sera-t-il permis, puisque nous nous sommes 
constamment placé au point de vue pratique, de 
donner ici quelques conseils pour la plantation des 

HAIES OU BORDURES DE BUIS? 

Ces haies ou bordures très ornementales sont 
généralement plantées dans les jardins potagers 
pour former des plates-bandes ou agrémenter les 



— m — 

allées et retenir les terres. La méthode univer- 
sellement employée est la plantation du buis à 
bordure (Buxus Suffruticosa)^ en éclats provenant 
d'anciennes bordures trop hautes et trop épaisses. 
On achète généralement ce buis en bottes et on 
procède au bouturage ou éclat. 

Nous conseillons à tous et surtout aux personnes 
qui n'ont pas de jardinier à Tannée, de planter du 
buis enraciné que Ton trouve chez les pépiniéristes à 
un prix variant entre 20 et 30 francs les 1 .000 pieds, 
suivant la force. Ces plants forment des petites 
touffes pourvues de nombreuses racines. Il en faut, 
toujours suivant la force, de 12 à 18 au mètre cou- 
rant. Aussitôt planté, la bordure est formée et 
rentre tien est réduit à sa plus simple expression, 
les plants enracinés n'ayant plus qu'à se développer, 
tandis qu'avec les plants éclatés, de copieux et 
nombreux arrosages sont indispensables et, malgré 
tous les soins voulus, des vides viennent à se pro- 
duire qu'il est difficile de remplacer. 



123 — 



PLANTATIONS DE POMMIERS A CIDRE 

• 

Il serait, pensons-nous, superflu d'entrer dans 
des détails et d'exposer les avantages pécuniaires 
qui peuvent être retirés de ces plantations. Cette 
question est appréciée et résolue par les proprié- 
taires des départements cidricoles. Nous n'allons 
donc traiter que la question pratique de la plan- 
tation et celle, au moins aussi importante, concer- 
nant le choix des sujets et des variétés. 

A notre grand regret, nous devons, pour rendre 
hommage à la vérité, constater que, trop souvent, 
les plantations de pommiers sont faites dans des 
conditions très défectueuses, que les sujets plantés 
sont de qualité inférieure et, qu'ensuite, combien 
les soins qu'on leur donne sont insuffisants, sinon 
nuls dans bien des contrées. Or, en procédant 
comme nous allons l'indiquer ci-dessous, nous pen- 
sons que ces résultats désastreux seront évités. 

Plantations. — 1** Dans les terrains de 1'® et de 2® 
qualité, c'est-à-dire au moins passablement bons, 
il suffit de faire une fosse d'environ 1™ 20 de dia- 
mètre et d'une profondeur d'environ 0°* 30 à 0™ 33, 
puis de simplement planter l'arbre au milieu, en 
ayant soin que les racines supérieures affleurent 
juste le niveau du sol ou ne soient pas enfoncées à 
plus de 0" 05. Comme le sous-sol n'aura pas été 
remué, il serait utile de donner un coup de pioche 
au fond de la fosse, mais sans ramener ce sol à la 



— 124 — 

surface. La terre extraite de la fosse étant toute de 
bonne qualité est rejetée indistinctement- sur les 
racines et dans toute la surface. Avoir bien soin, 
en jetant la terre sur les racines, de soulever ou 
remuer l'arbre, pour que la terre pénètre et se tasse 
bien autour des racines, afin d'éviter le contact de 
Fair. Dans les terrains mouillés, on procède de la 
même manière, mais il est nécessaire de planter à 
la surface du sol, quitte à prendre ou rapporter de 
la terre pour butter les pieds des jeunes arbres. 

Une plantation, dans ces terrains, trop profonde 
ne donnerait aucun résultat. Pour éviter les effets 
du vent, il sera nécessaire d'attacher l'arbre à un 
fort tuteur, cela permettra aux racines de se déve- 
lopper et, après quelques années de plantation, il 
n'aura plus besoin de protection. 

Avant de planter l'arbre, il est nécessaire de lui 
faire les racines, c'est-à-dire rafraîchir les plaies 
occasionnées par l'arrachage, et ce, au moyen d'une 
serpette bien affilée, en coupant en biseau. Il est 
également indispensable de lui faire la tête, c'est- 
à-dire de diminuer ses branches pour faire équi- 
libre avec ses racines. Une bonne dimension est 
environ 0" 30, en laissant la branche maîtresse desti- 
née à continuer la tige au double de cette longueur. 

Dans les plantations de pommiers, il faut, autant 
que possible, orienter les lignes du nord au midi. 

En ce qui concerne les distances à observer 
entre les sujets, nous ne pouvons donner de règle 
absolue, c'est au propriétaire planteur à apprécier 
la richesse de son terrain et la production autre 



— 42b -- 

qu'il peut lui demander. En tout cas, il serait 
nécessaire que chaque arbre eût un espace d'envi- 
ron 4 mètres carrés, qui ne serait ni labouré ni 
bêché, où on ne laisserait jamais pousser d'herbe, 
où il n'y aurait rien autre chose qu'un épais paillis. 

En effet, une fois la plantation terminée, nous 
conseillons vivement de mettre au pied des arbres 
un fort paillis, quel qu'il soit : fumier non con- 
sommé, soit seul, soit mélangé avec sciure de 
bois, tannée, marc de pommes, etc., le tout recou- 
vert de tailles de haies. Renouveler cette opération 
chaque fois qu'il en est besoin. Ce paillis a pour but 
soit de maintenir, soit de ramener la fraîcheur au 
pied des arbres et de leur faire développer au 
collet ou, comme l'on dit, à ras de terre, de nou- 
velles racines qui grossissent rapidement et donnent 
aux sujets la magnifique vigueur que nous admi- 
rons dans les plantations bien entretenues. La 
plantation effectuée comme il vient d'être dit ci- 
dessus, il reste à protéger les arbres, surtout si, 
comme cela arrive fréquemment, ils sont plantés 
dans les prairies où séjournent des bestiaux. Nous 
conseillons vivement le procédé que nous avons 
indiqué au chapitre Plantations du Peuplier (p. 409); 
toutefois, il serait utile de recouvrir la garniture 
d'épine d'un échalas métallique. Quant aux pro- 
priétaires qui ont à leur disposition des bois bon 
marché, ils pourront employer les échalas en bois, 
mais c'est un moyen de protection dispendieux et 
que nous ne donnons qu'à titre d'indication. 

Une plantation faite dans ces conditions paraît 



— 126 — 

d^une simplicité extraordinaire, c'est cependant la 
seule rationnelle et la seule que nous puissions con- 
seiller. Et, pour bien nous faire comprendre, lions 
mettons les planteurs en garde contre les pratiques 
usuellement employées, et que nous n'hésitons pas 
à qualifier de défaut, qui consistent à : 

l** Creuser les fosses trop profondes, descendre 
les racines jusqu'au fond du trou, rejeter la bonne 
terre au fond de la fosse et la mauvaise par-dessus. 
Or, ces racines enterrées à cette profondeur ne 
poussent pas et, comme c'est la mauvaise terre qui a 
été mise au-dessus, l'arbre est placé dans les plus 
mauvaises conditions pour développer de nouvelles 
racines, car il ne faut pas oublier que ce sont sur- 
tout les racines traçantes superficielles qui donnent 
au pommier une belle vigueur; 

2** Une deuxième erreur est de mettre dans le 
fond des fosses trop profondes des petites bourrées 
de genêts, d'ajoncs, de ronces, d'épines, etc., et 
ensuite de poser le sujet à planter sur ces bourrées. 
Il se produira certainement un tassement, les 
racines de l'arbre se briseront ou descendront à 
une trop grande profondeur où elles seront au con- 
tact de l'air et ne pourront se développer; 

3** Un troisième défaut, aussi fréquent et aussi 
déplorable que les autres, est de mettre dans les 
fosses avant la plantation et surtout en contact 
avec les racines des engrais divers, gadoues, ter- 
reaux, fumiers, non encore décomposés, par consé- 
quent susceptibles de fermentation. Le résultat 
généralement obtenu est d'amener le blanc sur les 



— 127 — 

racines et de faire péricliter, sinon périr les arbres. 

Cette méthode de plantation s'applique également 
aux poiriers à cidre, à tous les arbres fruitiers 
etv en général, à tous les arbres quels qu'ils 
soient. 

Du choix des sujets. — Le choix des sujets est 
un facteur d'une importance capitale pour obtenir 
un résultat tangible. Nous recommanderons donc 
aux planteurs de toujours choisir des arbres de tout 
premier choix, c'est-à-dire des arbres jeunes, droits, 
autant qu'il est possible, vigoureux, en un mot, de 
belle venue. 

En règle générale, les arbres cultivés en pépinière 
doivent arriver bons à planter après six années 
maximun de plantation: or, suivant les terrains, ces 
arbres devront avoir leur tête formée à 1™80 ou 
2 mètres au-dessus du sol et mesurer de 0"* 10 à 0'°14 
de circonférence à 1 mètre du sol. Tous les arbres 
chétifs de cette pépinière, qui n'auraient pas atteint 
le développement nécessaire et qui ne rempliraient 
pas les conditions ci-dessus, doivent être considérés 
comme des sujets de deuxième ou troisième choix. 
Or, ces arbres de choix inférieur, qui ont manqué 
d'air et de lumière dans leur croissance, ne devront 
être plantés qu'exceptionnellement, lorsque le plan- 
teur ne pourra ou ne voudra assumer la dépense 
nécessaire à l'achat d'arbres de premier choix. Et, 
en tout cas, ces arbres ne seront plantés qu'à grande 
distance dans les terres en labour où ils auront 
l'espace, l'air et la lumière qui leur ont manqué. 
Mais il faut s'attendre à ce que ces sujets (pour 



— 128 — ' 

nous servir d'une expression du métier) boudent 
pendant deux ou trois ans. Il est encore, à Fheure 
actuelle, admis dans certaines contrées des pays 
cidricoles que, pour planter des pommiers dans un 
terrain médiocre, il est nécessaire que les sujets 
aient été élevés dans un terrain de même nature. ^ 

Or, qu'arrive-t-il? C'est que des pépinières sont éta- 
blies dans ces terrains médiocres, que, forcément, 
les jeunes sujets poussent très lentement, que le 
cultivateur lassé néglige les soins à donner à ces 
jeunes arbres, lesquels demeurent pour ainsi dire 
à l'état sauvage.* Or, nous avons vu beaucoup de 
propriétaires prendre, après une douzaine d'années 
de plantation, les quelques sujets d'élite d'une telle 
pépinière et continuer cette opération pendant un 
laps de temps à peu près semblable. Inutile de dire 
que le résultat est on ne peut plus mauvais et que 
ceux qui en ont fait l'expérience ne sont assurément 
pas tentés de la renouveler. C'est cette grosse erreur 
que nous avons tenu à signaler. 

Du choix des variétés. — En ce qui concerne le 
choix des variétés, il est indispensable de connaître 
le principe, la densité et le tanin de chaque variété. 
Or, à ce sujet, nous ne pouvons que recommander 
tout particulièrement les variétés qui ont été recon- 
nues par l'Association pomologique de l'Ouest et \ 
par les deux grands savants normands MM. W. de 
Boutteville et Hauchecorme comme étant les meil- 
leures sous tous les rapports pour faire un bon 
cidre. 

Il est des variétés qui sont très riches en tanin, 



i 



— 129 — 

d'autres d'une forte densité, d'autres possédant les 
principes soit sucré, soit amer, soit doux: or, il est 
reconnu que, pour faire un cidre fin et moelleux, 
les principes sucré, amer et doux doivent j entrer 
en parties à peu près égales et cela sans négliger 
la quantité de tanin qui est nécessaire à la bonne 
conservation du cidre. 

Pour obtenir ce résultat, ou mieux pour obtenir 
les fruits qui devront donner un cidre de bonne 
qualité et de bonne conservation, il est indispen- 
sable de planter les variétés utiles à cet effet. Mais 
une seule variété, quelque bonne qu'elle puisse être, 
ne pourra à elle seule donner le cidre désiré. 

Mais où trouver les arbres greffés de ces variétés? 
A ce sujet nous donnons ci-dessous un extrait d'une 
conférence faite en 1904 par un membre autorisé 
du Syndicat pomologique de France : 

Que penser des jeunes pommiers * achetés chez les 
pépiniéristes qui nous les vendent tout greffés ? Ce 
sont, disent beaucoup de cultivateurs, des arbres qui 
poussent vigoureusement, mais ne rapportent point. 

Il est vrai que, la plupart du temps, les pépiniéristes 
cherchent avant tout à obtenir des sujets de belle appa- 
rence ; pour cela, ils greffent sur de tous jeunes sauva- 
geons des variétés vigoureuses en bois, sans s'inquiéter si 
ces variétés sont fertiles et de bonne qualité. 

Eh bien ! j'estime qu'il est avantageux de se servir de 
ces sujets. Il n'y a qu'à les greffer, un an après la plan- 
tation, avec des variétés de choix et du pays, comme l'on 
fait pour les sauvageons ordinaires. 

Si poiu*tant on pouvait être sûr qu'ils ont été greffés 

. 9 



— 130 — 

en bonnes variétés par le marchand pépiniériste, il n'y 
aurait qu'à les laisser venir. On gagnerait ainsi plusieurs 
années. 

Il est évident qu'en remontant à une quinzaine 
d'années, les pépiniéristes greffaient des variétés 
vigoureuses en bois et d'une fertilité douteuse. 
Mais, il faut dire (à Thonneur de notre corporation) 
que, depuis ces quinze dernières années, ces mêmes 
pépiniéristes ont tenu, sinon à devancer, du moins 
à suivre immédiatement l'inévitable progrès. Or, il 
est certain qu'aujourd'hui, nous pouvons affirmer 
que la majorité des pépiniéristes cultivent, au prix 
d'efforts considérables, les meilleures variétés de 
pommes à cidre, reconnues et recommandées par 
l'Association pomologique de France. 

Nous ne saurions donc trop recommander aux 
propriétaires de planter des arbres greffés, ce sera 
pour eux un gain d'au moins quatre années. Toute- 
fois, il existe dans certains pays quelques variétés 
spéciales s'adaptant fort bien au climat et qu'il y a 
intérêt à continuer à cultiver. Dans ce cas, on 
pourra toujours les greffer en tête sur les sujets 
déjà greffés d'écussons en pied, mais, dans ce cas, 
il serait mieux d'en informer son pépiniériste et de 
lui demander des sujets d'une variété vigoureuse. 
Gomme règle, la densité ne doit pas être inférieure 
à 1.050 grammes et la contenance en tanin à 4.000 
grammes. 



131 — 



Au dernier moment et avant de mettre sous 
presse, nous lisons dans la Revue mensuelle du 
Touring-Club de France, numéro de septembre 
1905, sous la signature de M. Onésime Reclus : 



LE REBOISEMENT DES MONTAGNES 

C'est pour avoir été tant de fois témoins des ruines 
presque impromptu; 

Pour avoir vu si souvent la chute de la cime, le 
décollement ou la déchirure de la pente, la destruction 
de la prairie et du verger, la mort de la source et la 
fureur du torrent suivre immédiatement la mort de la 
forêt, le châtiment punir aussitôt le crime; 

Pour avoir observé qu'à chaque arbre disparu de la 
montagne, la rumeur du torrent réveillait plus d'échos, 
que sa force grandissait, qu'il entre-choquait plus de 
rochers, et des rochers plus gros, qu'ainsi toujours plus 
il désossait le mont; et que chaque rocher de plus, 
entraîné par le flot ou déraciné par l'avalanche, c'était, 
au loin, plus de sables et de vases dans le fleuve, dans 
l'estuaire et nos meilleures rivières incapables de porter 
un bateau qui ne soit pas un simple canot; 

C'est pour tout cela que forestiers, géologues, géo- 



— 132 — 

graphes, montagnards, planicoles, bref, tout le monde a 
fini par savoir la vérité vraie, qui est celle-ci : 

Le salut de la montagne est dans le reboisement ; 
Le salut des plaines est dans le reboisement; 
Le sàlut des rivières est dans le reboisement; 
Le salut de la terre est dans le reboisement. 

Nous sommes heureux de mettre ces lignes sous 
les yeux de nos lecteurs, parce qu'elles corroborent 
heureusement la théorie que nous avons émise au 
début de ce traité. 



^9«* 



TABLE DES MATIÈRES 



Pages. 

Avant-Propos 5 

PREMIÈRE PARTIE. — Boisement en arbres 

verts résineux i 7 

Chapitre I". — Utilité du boisement 7 

Chapitre II. — Du boisement par plantations ou par 

semis 15 

Chapitre III. — De l'exécution des plantations. — Du 
choix des plants. — Conservation des plants. — Saison 
de plantation. — Espacement. — Prix de revient à 

l'hectare. — Produit des capitaux. — Impôt foncier. . 19 

Chapitre IV. — Des essences: leurs qualités et terrains 

leur convenant 35 

Le pin sylvestre 35 

Le pin maritime , . 37 

Le pin laricio de Corse 38 

Le pin noir d'Autriche 39 

Le pin laricio de Calabre 42 

Le pin d'Alep 43 

Le pin cembro 43 

Le pin Weymouth 44 

Pinus rigida ou Pitchpin 45 

Pinus Banksiana. Pin de Bank 46 

L'épicéa commun 46 



— 134 — 

DEUXIÈME PARTIE. — Boisement avec végé- 
taux dits bois feuillus 69 

Chapitre I". — Utilité du boisement 69 

Chapitre IL — Du boisement par plantation ou semis. . 70 

Chapitre III. — De Texécution des plantations et du 

coût ou prix de revient à l'hectare 70 

Plantations sous bois 73 

Chapitre IV. — Produit des capitaux 75 

Chapitre V. — Des essences. Leurs qualités et terrains 

leur convenant 75 

L*aune commun ou rouge 75 

L'aune blanc 76 

L'acacia commub 76 

Le bouleau 77 

Les chênes 79 

Le hêtre 83 

Le hêtre pourpre. . 86 

Le charme ou charmille 86 

Le châtaignier 87 

Le frêne 89 

Les érables 91 

Les ormes 92 

Feuillus divers 94 

Plantatloiis du peuplier 95 

Utilité de ces plantations 95 

Du choix des variétés 97 

Plantation de grande étendue 104 

Plantation de petite culture 105 

Du choix des plants 106 

Exécution de la plantation 106 

Entretien des plantations 109 

L'élagage et l'émondage 109 

L'ébourgeonnage 111 

Exploitabilité et produit des capitaux 111 

Emplois divers 115 



— 135 — 

Plantations de haies vives et rideaux de verdure .... 117 

Haies ou bordures de buis 121 

Plantations de pommiers à eidre 123 



Le reboisement des montagnes (M. Onésime Reclus) . . , 131 




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