Google
This is a digital copy of a book thaï was prcscrvod for générations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project
to make the world's bocks discoverablc online.
It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject
to copyright or whose légal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that's often difficult to discover.
Marks, notations and other maiginalia présent in the original volume will appear in this file - a reminder of this book's long journcy from the
publisher to a library and finally to you.
Usage guidelines
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the
public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we hâve taken steps to
prcvcnt abuse by commercial parties, including placing lechnical restrictions on automated querying.
We also ask that you:
+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individuals, and we request that you use thèse files for
Personal, non-commercial purposes.
+ Refrain fivm automated querying Do nol send automated queries of any sort to Google's System: If you are conducting research on machine
translation, optical character récognition or other areas where access to a laige amount of text is helpful, please contact us. We encourage the
use of public domain materials for thèse purposes and may be able to help.
+ Maintain attributionTht GoogX'S "watermark" you see on each file is essential for informingpcoplcabout this project and helping them find
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it.
+ Keep it légal Whatever your use, remember that you are lesponsible for ensuring that what you are doing is légal. Do not assume that just
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other
countiies. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can'l offer guidance on whether any spécifie use of
any spécifie book is allowed. Please do not assume that a book's appearance in Google Book Search means it can be used in any manner
anywhere in the world. Copyright infringement liabili^ can be quite severe.
About Google Book Search
Google's mission is to organize the world's information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps rcaders
discover the world's books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full icxi of ihis book on the web
at |http: //books. google .com/l
Google
A propos de ce livre
Ceci est une copie numérique d'un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d'une bibliothèque avant d'être numérisé avec
précaution par Google dans le cadre d'un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l'ensemble du patrimoine littéraire mondial en
ligne.
Ce livre étant relativement ancien, il n'est plus protégé par la loi sur les droits d'auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression
"appartenir au domaine public" signifie que le livre en question n'a jamais été soumis aux droits d'auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à
expiration. Les conditions requises pour qu'un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d'un pays à l'autre. Les livres libres de droit sont
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont
trop souvent difficilement accessibles au public.
Les notes de bas de page et autres annotations en maige du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir
du long chemin parcouru par l'ouvrage depuis la maison d'édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos mains.
Consignes d'utilisation
Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages apparienani au domaine public et de les rendre
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine.
Il s'agit toutefois d'un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées.
Nous vous demandons également de:
+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l'usage des particuliers.
Nous vous demandons donc d'utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un
quelconque but commercial.
+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N'envoyez aucune requête automatisée quelle qu'elle soit au système Google. Si vous effectuez
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer
d'importantes quantités de texte, n'hésitez pas à nous contacter Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l'utilisation des
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile.
+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet
et leur permettre d'accéder à davantage de documents par l'intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en
aucun cas.
+ Rester dans la légalité Quelle que soit l'utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu'il est de votre responsabilité de
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n'en déduisez pas pour autant qu'il en va de même dans
les autres pays. La durée légale des droits d'auteur d'un livre varie d'un pays à l'autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier
les ouvrages dont l'utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l'est pas. Ne croyez pas que le simple fait d'afficher un livre sur Google
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous
vous exposeriez en cas de violation des droits d'auteur peut être sévère.
A propos du service Google Recherche de Livres
En favorisant la recherche et l'accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse fhttp: //book s .google . coïrïl
p*"
p.
.iS<
n
1
^F
1
s
II
JP
Si
ç--»>.«c*^|L '»• ;»; :|; •*- '»"»'
Fi
m
■liifi
^SJ;^fe^
". :■ «
•i» ■ lia* »• '*
.15' ^ fiJirafslTiQUE
ENT
^|^;^|;;^|idf^p^]'errains incultes
^1^^^^^^$^"^ '^ CIDRE
„,,^î»Sh^jfÔàSi©[ DE VERDURE
•*- *
|ii|^ii:i|®f#^SSEUR,
^^|c:fE^|i^^ê|: 2 fr. 25
TRAITÉ PRATIQUE
DU
lOISEMEIT ET BEBOISEMEIT
#-
TRAITÉ PRATIQUE
DU
BOISEMENT
et
REBOISEMENT
des MontagneSj Landes et Terrains incultes
« m il
• M » »
« m »t
PLANTATIONS DE:
PEUPLIERS — POMMIERS A CIDRE
HAIES VIVES — RIDEAUX DE VERDURE
<K>»»»»«tt» n » M «««>i nm iiiiiii nn i>i mm >»»>t » ti m >t n i m t nm t»>t»» » »» m» >« m iiii>tttiii m »»iii«ii m i
tt nn
PAR
Norbert LEVAVASSEUR,
HORTICULTEUR-PÉPINIÉRISTE,
CHEVALIER DU MÉRITE AGRICOLE.
1905
._.J
AVANT-PROPOS
Le principal but que nous nous sommes proposé en
écrivant ce traité est de démontrer ^ au double point de
vue du prix de revient et du produit^ l'avantage de
boiser, en arbres verts résineux, les landes et autres
terrains incultes.
Notre intention n'est pas de traiter la question du
Reboisement avec tous les développements qu'elle com-
porte, notre but est plus modeste : nous essayerons sim-
plement de donner des conseils pratiques aux planteurs,
en évitant tous détails fastidieux.
Il suffira que les propriétaires de terrains stériles
comprennent leurs véritables intérêts pour que, dans
peu d'années, ces terrains soient devenus par le Boise-
ment une source de richesse.
A l'avantage incontestable d'augmenter, dans une
notable proportion, la valeur de sa propriété et par suite
son revenu, se joindrait la satisfaction d'obtenir une
plantation agréable à l'œil et favorisant toujours les
conditions de salubrité.
— 6 —
Nous ne proposerons aucune théorie hasardée; c^est
dans les faits sanctionnés par l'expérience que nou^
puiserons tous nos renseignements.
Toutefois, notre métier de pépiniériste pouvant amener
certains lecteurs à nous taxer de partialité, nous nous
permettrons de nous servir de quelques citations d'au-
teurs ayant traité le même sujet, ou d'opinions qui nous
ont été données par certains de nos clients ayant opéré
des Reboisements sur des étendues considérables.
Il en résultera donc que tous nos arguments ont
été sanctionnés, soit par notre expérience personnelle,
soit par l'expérience d'autres personnes autorisées.
PREMIÈRE PARTIE
Boisement en Arbres verts Résineuxt
CHAPITRE P^ .
utilité du Boisement»
L'utilité du Boisement ou mieux du Reboisement
ne fait plus de doute à Theure actuelle. On s'accorde
pour reconnaître aujourd'hui cette vérité. Le pro-
priétaire intelligent, qui entreprendra le Reboise-
ment de ses terrains stériles ou incultes (et ce avec
une dépense très minime) , non seulement se créera
une source de richesse considérable, mais aura éga-
lement rendu service à son pays. Du reste, voici
ce que dit à ce sujet M. Th. Rousseau, conservateur
des forêts, dans son Guide du Reboisement:
Le Reboisement, surtout celui des montagnes, n'a
pas cessé d'être à Tordre du jour, mais, il est fâcheux
de le constater, Télan du public est encore assez plato-
nique.
— 8 —
Cette indiflérence tient à plusieurs, causes directes ou
indirectes ; parmi les premières se trouvent l'ignorance
trop grande des méthodes simples et économiques,
et les mécomptes survenus à la suite de tentatives très
coûteuses effectuées sur les conseils intéressés de
jardiniers incompétents ou de pépiniéristes peu scrupu-
leux; parmi les causes indirectes, nous classons sans
hésitation les erreurs économiques de certains membres
des assemblées électives et de publicistes peu au courant
de la question.
Il y a en France plus de cinq millions d'hectares de
terrains incultes, ne servant la plupart qu'à une pâture
aussi vaine que peu lucrative.
Eh bien ! si Ton veut augmenter la surface des terres
arables, on ne songe jamais à ces terres vagues, tout de
suite on pense à défricher des bois. Et pourtant, les bois
qui subsistent encore ne recouvrent généralement que
des sols de fort médiocre qualité, car, si ce sol était bon,
il y a longtemps que ces bois auraient été défrichés.
Combien d'erreurs n'ont-elles pas été commises à
ce point de vue? Pendant la première moitié de ce siècle
on a défriché les bois avec une rage sans pareille, et que
reste-t-il de la majorité de ces défrichements? Des
terres incultes, ravinées et stériles, de véritables déserts
sur une petite échelle.
Les conséquences de cette funeste disposition se
remarquent partout, au nord comme au midi, à l'ouest
comme au centre et à l'est; on ne peut faire un long
parcours en chemin de fer sans apercevoir des versants
de montagne ou de coteau, arides, dépourvus de toute
végétation sérieuse, et où l'on reconnaît très bien les
marques de limites d'anciens champs peu à peu aban-
donnés parce qu'ils ne produisaient plus rien.
— 9 —
Cet acharnement contre les bois s'étend à toutes les
classes de la société, et le paysan, même celui des
montagnes, qui peut le moins se passer de bois de
chauflage, est le plus âpre à la destruction; aussi
voit-on dans certaines montagnes du Centre, complète-
ment déboisées par cette manie contagieuse, des villages
entiers où il n'y a pas un seul arbre et où Ton est réduit,
pour se chauffer et cuire les aliments, à se servir de
gazons pelés à la surface du sol et préalablement dessé-
chés en tas disposés avec soin.
Ce tableau n'est pas chargé, c'est l'expression exacte
de la vérité, et, si nous voulions nous étendre sur ce
sujet, donner des exemples, citer des faits faciles à
vérifier, nous n'aurions pas assez d'un volume.
Cette digression avait toutefois son utilité, celle de
faire ressortir l'urgence et la nécessité du Boisement
des terrains improductifs, et l'influence néfaste du
défrichement.
Sur beaucoup de montagnes, notamment celles du
Midi, l'herbe n'existe plus qu'à l'état rudimentaire, la
terre se dénude et se ravine, les pierres et les rochers
font saillie de toutes parts et, sous les rayons sénégaliens
du soleil, réfléchissent une chaleur qui dévore tout ce
qui les environne.
Les sources ne sont plus alimentées et diminuent
jusqu'au point de tarir. Les oiseaux disparaissent d'un
pays qui ne leur offre plus aucun abri, et les insectes
dévastateurs en profitent pour pulluler à l'infini et jeter
le désordre dans notre agriculture.
C'est surtout dans les régions viticoles que la destruc-
tion des végétaux forestiers a été poussée à l'excès ; là on
ne voit presque plus d'arbres; on a tout arraché, même
les haies, pour y gagner quelques rangées de souches.
— 10 —
Aussi qu'en est-il résulté? C'est que les oiseaux
insectivores ont disparu et que les invasions des insectes
nuisibles ont acquis des proportions épouvantables.
Il est temps de réagir contre cette manie dévasta-
trice, il est temps de reconnaître l'utilité des arbres et
même des simples buissons, mais, pour réparer les
pertes causées par l'imprévoyance, il faudra beaucoup
de patience, car ce qui peut être détruit en un jour exige
de nombreuses années pour être rétabli.
Dans une question de ce genre, il n'y a pas de règle
générale à établir ; il faut tenir compte des innombrables
circonstances qui dépendent du terrain, de l'altitude, de
l'exposition et du climat régional. L'habitude et l'obser-
vation des faits naturels existants sont nos meilleurs
auxiliaires. Les résultats obtenus depuis trente ans que
nous nous occupons du Reboisement nous donnent
pleine confiance dans la méthode suivie.
11 n y a que deux méthodes principales à employer
pour le Reboisement : le semis et la plantation.
Puis c'est M. M.-L. Nicolas qui, dans son Guide
du Syhiculteury nous met sous les yeux l'énorme
avantage matériel que nous pourrions retirer en
France, si tous les terrains incultes étaient boisés;
il s'exprime comme suit :
L'économie forestière est l'ensemble des connaissances
qu'il est nécessaire de posséder pour ^créer, entretenir et
exploiter une surface boisée, dans l'intérêt maximum du
propriétaire en particulier et du pays en général.
La sylviculture s'appuie sur toutes les sciences, et
repose sur la connaissance exacte et rai«onnée des
— H —
phénomènes qui Tenvironnent ; en cela elle se rapproche
de l'agriculture et de Tarboriculture ; mais elle en diffère
essentiellement au point de vue: ^^ de son exploitation,
qui est à longue échéance ; 2« de son entretien, qui ne
nécessite quun matériel restreint; 3** du volume excep-
tionnel de ses produits.
Les forêts couvrent en France une superficie de
9.485.000 hectares; or, la superficie totale du territoire
étant égale à 52.836.310 hectares, le coefficient de boi-
sement se trouve être voisin de 17.9 **/o, c'est-à-dire
inférieur à celui de l'Europe, qui est égal à 29 ®/o ; le
maximum étant atteint par la Russie f40 %), le mini-
mum par le Danemark (3 Vo).
La production de la sylviculture française se chiffre
par 25 millions de mètres cubes de bois = 236 mil-
lions de francs:
Soit, par hectare 2"^750 == 25 fr. 75
— par habitant .... 0-^,700 = 6 fr. 50
La consommation annuelle dépassant:
En bois d'œuvre. . . 10 millions de mètres cubes,
— de chauffage 30 — —
il en résulte une importation supérieure à 15 millions de
mètres cubes, soit une valeur de 245 millions de francs
environ.
A côté de ces produits matériels, fournis par la forêt,
il en est d'autres, non tangibles, il est vrai, mais non
moins importants. Si l'on considère, en effet, les condi-
tions d'hygièn€ et de salubrité d'une région, on voit que
les forêts sont de puissants auxiliaires; il suffit, pour
s'en convaincre, d'examiner les magnifiques résultats
obtenus par le Boisement, dans les Marais Pontins, par
— 12 —
exemple, et dans certains maquis de la Corse. Il ne
faut pas oublier également le rôle important que joue la
forêt dans la défense du territoire; ne favorise-t-elle
pas, en effet, cette guerre d'escarmouches, si meurtrière
pour les armées d'invasion! La forêt, enfin, a une
influence prépondérante sur le régime des eaux, sur le
climat.
De tout ceci il faut conclure que l'on doit déplorer,
combattre même le Déboisement, véritable fléau, qu'il
est faux de regarder comme un indice de progrès cultu-
ral, en France surtout, où les terres vagues couvrent ime
superficie de 7 millions dTiectares; et d'ailleurs, l'Italie,
où le Déboisement est pratiqué à outrance, est-elle dans
une situation agricole plus prospère que les autres pays?
Les végétaux ligneux composant nos forêts se divi-
sent en deux grands groupes : les feuillus et les
résineux, que l'on nomme encore arbres verts et
conifères.
Les résineux, dont la proportion dans nos forêts est
voisine de 30 •/o, donnent lieu, par leur exploitation, à
un mouvement commercial important; cependant, on
peut estimer à 100 millions de francs la valeur des
importations. Les forêts de résineux dominent surtout
dans les Landes, où elles couvrent une superficie de
800.000 hectares; la production annuelle de cette région
dépasse 3 millions de tonnes, dont 180.000 sont dirigées
sur l'Angleterre sous forme de poteaux de mines; les
forêts peuvent fournir jusqu'à 2 millions de traverses de
chemin de fer, 60.000 poteaux télégraphiques, et ont
nécessité à Mios l'installation dune immense fabrique
de pâte de papier.
— 13 —
Il résulte de cet exposé que si les 7 millions d'hec-
tares incultes étaient boisés, notre pays arriverait
presque à se suffire et, par suite, les 245 millions de
francs que nous donnons annuellement aux pays
mieux pourvus de bois, resteraient dans nos poches
etpermettraient vraisemblablement de faire quelques
entreprises, qui sont laissées de côté faute de capi-
taux.
On voit donc clairement qu'il est utile, sinon
indispensable et urgent :
1*" De boiser toute terre en culture, soit en labour,
soit en pâturage, qui ne rend plus un bénéfice
suffisant.
2^ Surtout de boiser toutes les terres en friches
impropres à la culture, quelque médiocre que soit
la qualité de ces terrains.
3° On se constituera ainsi des ressources pour
l'avenir. Mais il y a une condition essentielle, c'est
de ne pas se tromper soit dans la nature des opéra-
tions, soit dans la manière économique de les
exécuter.
Lamartine disait : « La nature n'a pas de com-
plaisance pour nos faux systèmes. Elle est souve-
raine, absolue comme son Auteur. Elle résiste à
nos tentatives folles ; elle déjoue, et quelquefois
rudement, nos illusions. Elle nous seconde, elle
nous aide, elle nous récompense, si nous touchons
juste et si nous travaillons dans son sens vrai ; mais
si nous nous trompons, si nous voulons la violenter,
la contraindre, la fausser, elle nous donne à l'ins-
tant même des démentis éclatants en faits par la
— 14 —
stérilité, par le dépérissement, par la mort de tout
ce que nous avons voulu créer en dépit d'elle et à
l'inverse de ses lois » .
Les conseils pratiques que nous nous proposons
d'exposer dans les chapitres suivants seront, nous
Tespérons du moins, et c'est là notre seule ambi-
tion, de quelque utilité pour arriver au meilleur
des résultats.
CHAPITRE II
Du Boisement par Plantations ou par Semis.
Ici nous sommes heureux de pouvoir donner
Topinion d'un sylviculteur émérite : M. D. Cannon,
lauréat du Prix d'honneur pour la sylviculture en
Sologne, qui s'exprime ainsi dans son livre Semer
et Planter.
Choix entre le Semis et la Plantation, — La question
de savoir quel est le mode le plus avantageux, de la
plantation ou du semis sur place, a été et est encore
très agitée entre sylviculteurs. Autrefois le système du
semis l'emportait, comme étant plus simple et plus
économique. Mais cela tenait à ce que les plants em-
ployés, étant toujours trop grands, donnaient lieu à des
frais, à des travaux et à des embarras sans fin. Aujour-
d'hui il est pleinement reconnu que les plants petits et
trapus, élevés (soit dans les pépinières particulières, soit
dans celles du commerce) en grand nombre et par consé-
quent à des prix très modiques, sont, en général, infini-
ment préférables. Le cas n'est donc plus le même, et
les autorités les plus compétentes s accordent à recon-
naître que les plantations ainsi exécutées reviennent à la
longue moins chères que les semis dans la plupart des
cas. Si les frais de premier établissement sont plus
grands, en revanche ceux des éclaircies hâtives et im-
— 16 —
productives, souvent nécessaires dans les semis pour
empêcher les jeunes plants de s'étouffer mutuellement,
sont évités.
Avantages de la Plantation. — A notre avis aussi, les
bois formés par la méthode de la plantation sont' meil-
leurs que ceux dus au semis. Nous croyons qu au bout
de quelques années les plantations, pourvu que Tespa-
cement des pieds soit convenable, fourniront toujours
de meilleiu's arbres, contenant une plus grande quantité
d'un bois de plus de valeur; parce que chaque pied,
régulièrement espacé dès le début, aiu*a eu l'énorme
avantage de jouir de toute sa part de terrain et de
lumière, de pousser des racines solides qui le soutien-
dront contre les coups de vent et sous le poids des
neiges. 11 aura pu développer aussi, dans des propor-
tions normales, le système de branches et de feuilles
qui joue un rôle si important dans la nutrition de Tarbre
et dans son aptitude à assainir et à enrichir la terre,
comme à purifier l'atmosphère. La plantation a encore
l'avantage de couvrir régulièrement et également le
terrain, tandis que le semis peut toujours donner un
résultat excessif sur certains points, insuffisant sur
d'autres.
Cas où la Plantation s^ impose. — Certaines espèces
ne peuvent être propagées que par la plantation, soit à
cause de la cherté de leurs graines, soit que les jeunes
plants, en raison de leur délicatesse pendant les pre-
mières années, exigent des soins qui ne peuvent être
donnés qu'en pépinière.
Avantages du Semis. — D'un autre côté, le semis à
demeure s'impose lorsqu'il s'agit d'employer des essences
qui, comme le pin maritime et le pin pignon, se trans-
jâ
— 17 —
plantent fort difficilement et dont, par conséquent, la
plantation sur une grande échelle nécessiterait des frais
complètement disproportionnés avec le résultat à obtenir.
En outre, dans les terrains arides et rocailleux où réta-
blissement d'une plantation serait difficile, les graines
d'essences très rustiques, s'introduisant dans les fentes
des rocher*, présentent plus de chances de réussite. Si
ces terrains sont infestés par les lapins, c'est une raison
de plus pour préférer le semis à la plantation, car les
jeunes plants, à mesure qu'ils lèvent, sont masqués par
les herbes et attirent moins l'attention de ces rongeurs ;
et le repeuplement étant presque toujours excessif^ une
certaine proportion peut souvent en être détruite sans
inconvénient, sinon avec avantage.
En pays de plaine, le semis peut être préféré par les
propriétaires qui possèdent des équipages ' aratoires et
qui, d'un autre côté, manquent de bras pour les travaux
de la plantation. Il faut, en un mot, que chacun procède
selon ses préférences et selon les facilités qu'il trouve à
sa portée. En sylviculture, tout procédé est bon, pourvu
qu'il réussisse, et nous entendons par réussite un résultat
solide et régulier, combinant la permanence du repeu-
plement avec le maximum des produits. Mais nous
maintenons notre opinion sur la supériorité de la plan-
tation, partout où un intérêt important ne commande
pas l'emploi de l'autre méthode.
M. Gannon parle en convaincu, il en a le droit
puisqu'il a personnellement boisé plusieurs centaines
d'hectares en Sologne. C'est donc son expérience
seule qui lui a dicté son opinion. Nous ajouterons
que nous sommes entièrement de son avis, notre
expérience personnelle nous confirmant pleinement
2
i:
— 18 —
que partout et toujours la plantation donne de meil-
leurs résultats que le semis.
Du reste, notre maison de commerce a, au cours
des 30 dernières années, entrepris des plantations,
soit en Résineux, soit en Feuillus, sur une étendue de
près de 13.000 hectares, et nous n'avons jamais
éprouvé de déceptions. Nous ne pouvons donc que
recoipmander tout particulièrement ce mode de
Boisement.
Du reste, le lecteur pourra se convaincre, par
Tétude du chapitre suivant, que le Boisement par
plantations revient, avec les procédés de culture
actuels des plants, à un prix relativement si minime
qu'il n'y a pas d'hésitation possible.
CHAPITRE III
De Texécution des Plantations. — Du choix des
Plants. — Conservation des Plants. — Saison de
Plantation. — Espacement. — Prix de revient à
l'hectare.
Le sol que Ton se propose de planter peut se trou-
ver dans différentes conditions :
1^ Terrain rempli de végétaux herbacés tels que:
ajoncs, bruyères, ronces ou herbes n'excédant pas de
20 à 30 centimètres de hauteur, on peut se dispenser
de les enlever; ces végétaux abriteront les jeunes
plants et ne nuiront pas à leur réussite. Si, au con-
traire, ils excèdent cette dimension, il sera urgent de
s'en débarrasser complètement pour rendre le travail
plus praticable, soit en défrichant le terrain, soit en
faisant couper ces végétaux quand ils sont assez
forts.
Quant à ceux dont on ne pourrait tirer aucun
parti, on s'en débarrasserait encore en les brûlant,
ce qui, dans tous les cas, est le moyen le plus écono-
mique. Afin d'éviter les dangers d'incendie, il con-
viendrait d'isoler la partie à déblayer de celle que
l'on veut conserver, en coupant et en enlevant les
broussailles sur un espace assez large pour éviter
tout danger.
— 20 —
En mettant le feu du côté où le vent souffle, il
l'activera, et, dans peu de temps, les végétaux
seront consumés et le terrain nettoyé.
2® Terrain en état de chaume ou gazonné. Si le
terrain que l'on destine à être boisé sort de culture,
et que le labour soit facile et peu dispendieux, ce
sera dans ce cas un avantage de le faire, car il faci-
litera les travaux de plantation et en assurera la
bonne réussite.
Ces travaux préliminaires terminés, il ne reste-
rait plus qu'à effectuer la plantation. Avant d'y pro-
céder, il est indispensable de s'assurer qu'il n'existe
pas de lapins dans le voisinage, autrement il serait
nécessaire d'en entreprendre préalablement la des-
truction, car cet animal est très nuisible aux plan-
tations. Ceci est tellement bien connu que nous
n'insisterons pas davantage, et nous arriverons à
l'exécution de la plantation à la houe ou pioche.
Exécution de la Plantation.
Pour ce travail, deux ouvriers sont nécessaires.
L'un, que nous désignerons sous le nom de Plan-
teur, doit être muni d'une houe acérée d'environ
35 centimètres de longueur sur 6 à 7 de largeur;
il en donne un coup assez fort pour faire un trou
d'une profondeur qui variera entre 20 et 30 centi-
mètres, selon la force du plant qu'on emploie, et
d'une largeur suffisante pour que l'autre ouvrier,
que nous appellerons Aide, puisse y introduire faci-
lement le sujet destiné à être planté.
L'aide doit porter sur le bras gauche une poignée
— 21 —
de plants, et se tenir en avant du planteur à une
distance convenable, et un peu à sa droite, pour
déposer un pied de la plante destinée au Reboise-
ment.
Afin de faciliter l'opération et élargir le trou, le
planteur doit attirer sa houe à lui lorsqu'elle est
encore dans la terre ; aussitôt l'aide y dépose le
sujet.
Ensuite, le planteur donne au pied de chaque
arbre, sur la racine, soit un coup de tête de houe ou
un coup de talon, de manière à bien tasser la terre
autour; sans cette précaution, la sécheresse ferait
souvent périr le jeune plant.
Il sera toujours bon de donner le coup de houe
bien droit, de manière à ce que l'arbre soit enfoncé
aussi perpendiculairement que possible dans le sol.
Toutefois, quoi qu'on fasse, il se trouvera générale-
ment, au moment de la plantation, dans une posi-
tion plus ou moins inclinée. On ne devra pas s'en
inquiéter; cet inconvénient disparaît promptement,
et, au bout de deux à trois ans, l'arbre a pris, dès
sa base, une direction verticale.
En tendant un cordeau, on peut facilement faire
des plantations en ligne.
Pour toutes espèces de plantations, il convient
d'enfoncer le sujet dans le sol de 1 à 2 centimètres
au-dessus du collet de la racine.
Cette méthode nous est particulière, nous ne sau-
rions en recommander d'autre, étant donné que
nous l'avons pratiquée depuis 30 ans et qu'elle nous
a donné d'excellents résultats. C'est également, à
— 22 —
notre avis, la plus économique, le coût de la plan-
tation effectuée ainsi ne dépassant pas 3 à 3 fr. 50
par 1.000 plants.
Il existe d'autres méthodes :
1<» A la bêche avec simple fente; c'est le même
procédé, mais la bêche ne peut être employée utile-
ment que dans les terrains substantiels sans pierres ;
2° Au poquet, à la bêche demi-circulaire usitée
par l'administration des forêts ;
3° Avec les outils Prouvé ;
4° Méthode Manteuffel.
Nous ne contestons pas la valeur de chacune de
ces méthodes, mais, pour les grandes plantations,
nous trouvons la nôtre aussi rationnelle et de
beaucoup plus économique. Bien entendu, il reste
toujours la Méthode du Trou pour les forts plants.
Cette méthode consiste à faire un trou avec une
bêche. Ce trou aura, en règle générale, 0"'30 de dia-
mètre et une profondeur de O"» 1 5 à 0™ 25 suivant la
nature du terrain. Mais ne jamais creuser trop pro-
fond afin de ne pas ramener au-dessus le sous-sol. Le
trou creusé, y planter le fort plant en ayant soin de
le tenir et de le remuer, afin que les racines supé-
rieures affleurent le sol ; remplir avec de la bonne
terre, quitte, s'il en manque, à prendre un peu à côté ;
fouler avec le pied, afin que la terre soit convenable-
ment tassée pour ne pas permettre l'accès de l'air.
Du choix des Plants.
La question du choix des plants est un facteur
des plus importants et dont peut dépendre le succès
— .23 —
de ropération. En règle générale, il ne faut planter
que des jeunes plants; en effet, plus le plant est
jeune, plus facilement il reprendra et plus rapide-
ment il poussera, à condition qu'il soit bien enraciné
et de bonne qualité. Ceci dit, nous conseillons
d'opérer ainsi qu'il suit:
1^ En règle générale employejr les plants de 2
ans, dont 1 an de semis et l an de repiquage, dans
tous les terrains où la végétation herbacée ou arbus-
tive n'est pas trop exhubérante.
2° Employer les plants de 3 ou 4 ans ayant
été repiqués dans les terrains à forte végétation,
couverts d'herbes longues qui, en s'affaissant sur les
plants trop faibles, pourraient les écraser de leur
poids, et par suite entraîner la non-réussite. Les
bruyères et ajoncs qui se soutiennent et n'atteignent
pas une trop forte hauteur ne présentent pas ce
danger.
3° Il y a, bien entendu, des exceptions suivant les
terrains, on peut employer aussi avec chance de
succès des plants de 2 ans de semis, d'un prix moins
élevé, mais à condition que ces plants aient été
élevés en pépinière en semis clairs, par conséquent
gros et trapus et bien pourvus de racines.
i^ Rejeter impitoyablement tous plants longs
et étiolés.
Par conséquent, il n'y a pas d'hésitation possible,
il ne faut employer que des plants de première
qualité, parce qu'il serait de la plus fausse économie
d'avoir recours à des modes défectueux de planta-
tion pour épargner quelques francs par hectare, les
L
— 24 —
déboursés directs ne constituant, en général, qu'une
partie du prix de revient total; qu'il est surtout
plus économique de faire ce qu'il faut pour réussir
d'abord que d'avoir à réparer des insuccès ensuite,
les frais, les difficultés et les dangers étant infini-
ment plus grands en proportion pour les remplace-
ments que pour la première plantation, et le produit
moins satisfaisant. Dans cette culture, comme dans
toute autre, il faut, pour donner un rendement
rémunérateur, des récoltes maxima. Celui qui,
pour diminuer quelque peu la dépense, se servi-
rait d'essences fragiles ou exécuterait des travaux
insuffisants, ressemblerait au fermier qui achèterait
ses semences au rabais ou qui épargnerait les
engrais nécessaires à ses terres.
Ainsi, pour nous, quelle que soit l'essence, nous
accordons notre préférence aux plants de 2 et 3
ans qui ont été repiqués.
Si les racines des plantes dont on se sert sont trop
longues ou en mauvais état, afin de faciliter le
travail, on pourra les raccourcir un peu; il faudra,
toutefois, en user avec beaucoup de modération, car,
la végétation des plantes à feuilles persistantes étant
pour ainsi dire continue, et l'évaporation se produi-
sant surtout par les feuilles, elles ont besoin de tous
leurs organes pour puiser dans le sol les substances
réparatrices nécessaires à leur alimentation. On
peut donc conclure que les plants dont la racine
serait coupée trop court périraient infailliblement.
— 25
Conservation des Plants.
Lorsque le propriétaire reçoit ses plants, il n'est
pas toujours disposé à les planter à la réception. Il
faut alors les mettre en jauge, autant que possible à
l'ombre. On couche les plants dans une rigole préa-
lablement ouverte, on les recouvre successivement
avec la terre extraite de la suivante, en ayant soin
de les enterrer jusqu'au-dessus du collet de la
racine. S'ils doivent y rester longtemps, plusieurs
semaines, il faut délier les paquets et allonger les
plants en couche mince, et ne pas laisser de vide
autour des racines. Si les plants arrivaient pendant
un temps de gelée, il faudrait les rentrer sans dé-
baller dans un appartement où il ne gèle pas, cave
ou écurie, les y laisser afin que le dégèle s'opère
lentement; il n'y a alors aucun danger. Ceci s'ap-
plique plus particulièrement aux feuillus. Les rési-
neux craignent peu la gelée, mais craignent . bien
plus réchauffement; or, il faudrait les déballer
après 2 ou 3 jours et les mettre la racine contre
le sol. Bien entendu, mettre tout en jauge aussitôt
la température redevenue normale.
Saison de la Plantation.
La saison de la plantation commence au moment
où la sève descend jusqu'au moment où elle remonte,
c'est-à-dire du 15 octobre au 15 avril de chaque
année. En règle générale, les plantations d'automne
sont les meilleures, cependant nous avons souvent
l
— 26 —
également bien réussi au printemps. Tout dépend
de la température et aussi du temps dont on dispose
au cours de la saison. A ce sujet, nous croyons
intéressant de donner Topinion de M. D. Cannon,
dont nous avons déjà parlé au cours du traité et
qui fait autorité en la matière :
En principe, il est incontestable que la meilleure
saison pour planter c'est Tautomne. Le plant mis en
terre à cette époque a tout Thiver devant lui pour
asseoir solidement ses racines dans le sol, et même,
dans les hivers doux, pour pousser quelques racines
fibreuses, ce qui lui donne la force de résister à la
sécheresse assez fréquente au printemps, et de se
développer vigoureusement comme un plant venu de
semis sur place.
Quand il y a un grand travail de reboisement à faire,
la plantation en automne, qui peut se pratiquer dès le
mois d'octobre, a l'avantage d'avancer les opérations,
chose précieuse, car il faut toujours craindre de se voir
mis en retard, soit par le mauvais temps, soit par
l'irrégularité de la main-d'œuvre. Dans ce cas, il est
souvent nécessaire de profiter de tout le temps où il
est possible de planter, depuis l'automne jusqu'au prin-
temps.
Lorsque les plants sont fournis par des pépiniéristes,
on est sûr, en les recevant dès l'automne, qu'ils ne sont
pas arrachés depuis longtemps. Nous ajouterons, à ce
propos, qu'il est toujours avantageux de commander et,
s'il est possible, de choisir, ^ès l'automne, les plants
dont on a besoin, dût-on ne les planter qu'au prin-
temps, car les premiers venus sont les mieux servis, et
ceux qui attendent la fin de la saison pour faire leurs
— 27 —
commandes risquent de trouver leurs espèces épuisées ou
de n'obtenir que des plants de rebut.
Quelquefois il arrive que les pépiniéristes ne peuvent
pas garder leurs plants jusqu'au printemps, ayant
besoin de préparer le terrain qu'ils occupent pour de
nouveaux repiquages. Le sylviculteur qui désire planter
au printemps fera bien de se renseigner sur ce point
chez son pépiniériste, et, s'il en est ainsi, de faire venir
d'avance ses plants chez lui et de les y conserver.
De l'Espacement.
C'est là une question relativement difficile h résou-
dre et sur laquelle les divers sylviculteurs sont loin
d'être d'accord. Certes, il y a à ce sujet diverses
considérations à envisager :
1** La nature du terrain, sa qualité de productivité ;
par exemple, dans la Champagne crayeuse, sol très
médiocre, il est reconnu qu'il ne faut pas planter
plus de 5.000 pieds à l'hectare, le sol ne pouvant
faire un effort plus grand. Nous pensons que c'est
le seul pays où nous puissions donner cet exemple.
2^ La facilité dont on dispose pour tirer parti des
premières éclaircies ; c'est une autre question, qui
cependant n'a pu et ne peut modifier notre opinion
sur l'espacement d'un mètre que nous préconiserons.
Nous pensons que la plupart des auteurs qui se sont
occupés de sylviculture ont surtout pris leurs don-
nées sur les terrains du centre et du midi de la
France. Quant à nous, nous savons que le produit
des premières éclaircies est très recherché dans les
départements du Nord et de l'Est comme perches à
— 28 —
houblon, dans les départements de l'Ouest, comme
étais pour soutenir les branches des arbres fruitiers,
pommiers et poiriers à cidre ; puis, pour ce que nous
pourrions appeler les 2® et 3® éclaircies, comme
lisses pour clôtures de pâturages et comme étais
pour mines.
Nous préconisons donc et recommandons volon-
tiers l'espacement à l mètre en tous sens, c'est-
à-dire 10.000 pieds à Thectare dans tous les ter-
rains, même les plus médiocres, car les plants
s'abritent entre eux, poussent plus vigoureusement
et plus directement, ou, pour nous servir d'une
expression du métier: Usaient beaucoup mieux.
Si, au contraire, ils sont plantés trop clair, ils
émettent de nombreuses branches latérales, sont
plus larges et beaucoup moins élevés, et, s'ils sont*
placés au grand air, ils deviendront ce qu'on appelle
rabougris.
Ainsi, de deux plantations faites simultanément
dans le même terrain, l'une à raison de 10.000 à
l'hectare, l'autre à raison de 5.000, les arbres les
plus drus auront atteint, au bout de dix ans de plan-
tation, une hauteur dépassant celle des autres d'au
moins 1"50 ; et, quoique moins gros, ils auront uae
valeur double de ces derniers.
Du reste, on pourra se rendre compte de ce que
nous avançons, en lisant attentivement le chapitre
suivant traitant du Produit des Capitaux.
Cependant, il n'y a rien d'absolu et chaque pro-
priétaire aura à déterminer lui-même, et suivant son
terrain, quelle est la meilleure distance à observer,
— 29 —
en tenant compte des considérations ci-dessus et de
celles qui suivront.
Comme nous traiterons également, dans la troi-
sième partie, des Plantations de peupliers, nous don-
nons ci-dessous un tableau des nombres variables
par hectare, depuis 1 mètre jusqu'à 4 mètres en tous
sens:
A 1 ■ », il faut 10.000 plants par hectare.
A 1-33, - 5.625 —
A 1-50, — 4.444 -
A 1-66, - 3.600 —
A 2- », — 2.500 —
A 2-50, — 1.600 -
A 3- », — 1411 -
A 4- », - 625 -
Du prix de revient à l'iieetare.
Ce prix de revient ne peut être défini d'une
manière absolue, car il est subordonné aux essences
que Ton veut employer, à la force des plants, les
prix d'achat variant en conséquence ; cependant, à
titre d'indication, nous établirons une moyenne en
prenant comme base une plantation faite à 10.000 à
l'hectare, et en mélange des diverses essences les
plus usuellement employées. Donc, le propriétaire
planteur pourra se rendre compte, très approxima-
tivement, de la dépense qu'il pourra faire, s'il veut
planter une seule essence. Notre calcul est fait pour
l'emploi de plants de 2 ans repiqués, par consé-
quent le prix augmentera ou diminuera suivant que
l'on emploiera des plants de 3 et 4 ans repiqués ou
des plants de 2 ans semis.
— 30 —
Supposons la plantation faite avec :
2.000 Épicéas, 4 ans, repiqués, à environ 7fr.lemille 14fr.
1.500 Mélèzes, 2 ans, — — 10 — 15
1.500 Pins noirs, 2 ans, — — 10—15
1.000 — laricio, 2 ans, — — 10—10
4.000 — sylvestres, 2 ans, — — 7—28
10.000 plants. 82 fr.
Emballage et transport, environ 1 fr. 50 par mille 15
Main-d'œuvre (2 ouvriers peuoent en planter environ
2.000 pieds par jour), environ 3 fr. 50 par mille 35
Total 132fr.
Ainsi, avec une dépense de 130 francs par hectare,
on peut effectuer une plantation dans les meilleures
conditions, dépense qui se réduirait à 110 francs si
le pin sylvestre seul est employé.
Produit des Capitaux. •
Il faut convenir que les fonds employés à ces
plantations sont longtemps morts, car ce n'est
guère qu au bout de 20 années que Ton com-
mence à entrer en jouissance. Mais le taux du
placement est néanmoins si sûr et si avantageux,
que nous ne doutons pas de voir les capitaux
s'engager de plus en plus dans cette voie.
Les avantages croissant, d'ailleurs, au fur et à
mesure que les arbres vieillissent, nous allons
entrer dans quelques détails et indiquer par des
chiffres le prix moyen de revient par hectare, et
son produit après 20, 40 et 80 années de plantation.
— 31 —
Supposons un hectare de terrain évalué 300 francs ;
ajoutons 130 francs pour frais de plantation de
10.000 plants et 70 francs pour les remplacements, il
est bien rare que Ton dépasse ce chiffre ; nous aurons
un total de 500 francs.
Ces 10.000 pins vaudront bien en moyenne 50
centimes la pièce après 20 années de plantation;
ce même hectare aura donc déjà acquis une valeur
de plus de 5.000 francs. Le produit des émondes
aura été à cette époque assez rémunérateur pour
couvrir tous les frais d'exploitation et même pour
payer l'impôt foncier (voir article Impôt Foncier). Il
sera nécessaire, à ce moment, de commencer à les
éclaircir, et de continuer les abatis par périodes,
échelonnées d'environ 5 en 5 ans, jusqu'à ce que
les arbres soient arrivés à 40 ans; après quoi, on
pourra échelonner les deux ou trois dernières
périodes de 12 à 15 ans.
Supposons d'abord une plantation âgée de 20 ans
et aménagée de la manière suivante jusqu'à 40 ans,
en prenant toujours les arbres les plus petits lors
de chaque extraction:
A 20 ans, abatis de 1.500 arbres, à 0f.50 pièce 750 fr.
25 -
. —
1.500
—
àO
75 —
1.125
30 -
—
1.500
àl
» —
1.500
35 -
1.500
—
àl
50 -
2.250
40
1.500
—
à2
50
3.750
Totaux.. 7.500 arbres. 9.375 fr.
Si on laisse 2.500 des plus beaux arbres sur le
sol, on peut raisonnablement les évaluer à 3 fr. 50
— 32 —
la pièce, soit 8,750 francs. On aura donc obtenu
ainsi dix -huit mille cent vingt -cinq francs
(18.125 francs en 40 années), pour un hectare de
terre resté souvent stérile jusqu'au moment de la
plantation.
La plus-value continuera à s'accroître dans la
même proportion pendant encore environ 40 ans ;
en eflPet, on pourra faire 15 ans plus tard:
A 65 ans, un abatis de 800 arbres à 5 fr. pièce 4.000 fr.
-72- - 800- 6 - 4.800
— 80- - 900- 10 - 9.000
Totaux . . . 2.500 arbres 17.800 fr.
Ce qui, ajouté au produit des 20 premières années, 9.375
donnera un produit total de 27.175 fr.
Cet hectare de terre aura donc produit 27.175
francs [vingt-sept mille cent soixante-quinze francs
en quatre-vingts années).
Il est rare que Ton arrive à ce dernier résultat,
car, généralement, le propriétaire est désireux de
réaliser ses capitaux plus vile. Gela est tellement
vrai qu'il n'existe presque plus de pineraies âgées
déplus de 20 à 25 années dans tous les départements
du Nord, de l'Est et de l'Ouest. Les industriels du
Nord, principalement de Lille, sont venus dans nos
pays et ont acheté tout ce qu'ils ont pu trouver de
pins mesurant au minimum 10 centimètres de dia-
mètre. Ces arbres sont employés comme étais pour
mines et ont été achetés debout (par conséquent
sans aucuns frais pour le propiié taire), à un prix
— 33 —
variant entre 7 et 9.000 francs Thectare pour des
pineraies âgées seulement de 25 à 35 ans.
Ces quelques chiffres sont assez éloquents pour
nous dispenser de tout autre commentaire sur
l'utilité et Tavantage que l'on peut retirer de ces
travaux.
Impôt Foncier.
L'État a si bien compris la grande utilité des
Reboisements, qu'il accorde remise totale ou par-
tielle des impôts afférents aux terrains mis en valeur
par la plantation. Nous croyons utile de rappeler
aux boiseurs les articles de ces lois :
Dégrèvement des Friches
(Article n" 226 du code forestier.)
Les semis et les plantations de bois sur le sommet
et le penchant des montagnes, sur les dunes et dans les
landes, seront exempts de tout impôt pendant trente
ans.
Dégrève ment des Terres anciennement cultivées
et plantées,
(Article 116 de la loi du 3 frimaire an VII.)
Le revenu imposable des terrains maintenant en valeur,
qui seront plantés ou semés en bois, ne sera évalué, pen-
dant les trente premières années de la plantation ou du
semis, qu'au quart de celui des terres d'égale valeur
non plantées.
Pour obtenir ces dégrèvements, on doit former, dès
3
^ 34 —
t Aan^ les trois
• -4 iV^écution des travaux et oan
l'année qui suit 1 «^^'^^^ réclamation qui sera
™ois de la publication du rôle u^er ^^ ^^^^^^.^^ ^^^^^
jugée comme d'autres, en décharge ^butions,
l'avis au verso de l'avertissement pour
paragraphe lU).
NOTA. - A ce sujet, un de n^s dients, ^^^^^^^^ '^^^
faits des planUtions. nous disaU q ^^^ ^^ ^^^^le des
«ait des terrair^ -^^^^'^'^taires 1
impôts ordinaires. Sans oom
I
CHAPITRE IV
Des Essences: Leurs qualités et terrains
leur convenant.
Dans ce chapitre, nous allons énumérer les essen-
ces de résineux les plus usuellement employées pour
les grands boisements.
Il est évident que nous ne pouvons nous étendre
très longuement; cependant, après étude, les plan-
teurs pourront agir en connaissance de cause puis-
qu'ils connaîtront :
1^ Le développement de chaque essence ou va-
riété ;
2^ Le terrain qui lui convient ;
3^ La qualité de son bois et son utilité.
Le Pin Sylvestre.
(Pinus Sylvestris : Pin d'Ecosse, Pin commun, Pin sauvage.)
Terrain. — Le pin sylvestre est le plus répandu de
nos pins indigènes, c'est aussi le plus rustique et
celui dont le bois est le plus estimé.
Indifférent quant à la nature du terrain qu'on lui
destine, le pin sylvestre s'accommode des terres
arides, peu profondes, acides, calcaires, et ne redoute
nullement les défriches récentes. Nous l'avons planté
— 36 —
nous-même dan» les terrains les plus arides, les moins
profonds, les plus acides, et il y végète bien, tout en
ne pouvant fournir la même croissance que dans
des terres moins déshéritées. Il faut qu'un terrain
soit exceptionnellement ingrat, impropre à toute
végétation, pour que le pin sylvestre ne puisse y
prospérer. Il se plaît même et donne une belle végé-
tation en terre assez humide. Dans les mauvais
calcaires, pourvu que la proportion de craie ne soit
pas excessive, il reprend bien de plantation.
Qualités^ Usages. — La valeur de son bois en
fait une essence précieuse dans les pays pauvres.
Connu dans le commerce sous la désignation de
sapin rouge, son bois est d'un grain fin, égal, serré,
résistant, élastique, durable, mais d'un tissu un peu
grossier, légèrement rosé et imprégné de résine,
lourd.
Il est également- recherché par la marine et l'in-
dustrie. Provenant de régions où il peut acquérir
toutes ses qualités, c'est un bois de mâture sans
rival. Il sert à la confection de planches, de par-
quets, de meubles communs, de perches et de
poteaux de mines, de poteaux télégraphiques, de
traverses de chemin de fer, d'échalas, etc.
Le pin sylvestre rentre également dans la catégo-
rie des essences utilisées pour la pâte à papier. Son
chauffage est plus apprécié que celui du sapin et de
l'épicéa, il donne un bois de feu très recherché par
la boulangerie, il brûle bien, donne beaucoup de
chaleur.
Ce pin est à cultiver en grand au point de vue du
— 37 —
reboisement, parce qu'il joint une rusticité sérieuse
à une facilité de reprise surprenante et donne un
produit très rémunérateur.
Le Pin Maritime.
Le pin maritime est un arbre vigoureux, trapu,
atteignant 25 mètres de hauteur, pourvu qu'il soit
dans le terrain qui lui convient. On le rencontre
surtout dans la région comprise entre le golfe de
Gascogne et la Méditerranée. Dans les Landes et
même en Vendée il a rendu de grands services en
fixant les sables mouvants du littoral.
Terrain. — Pour que le pin maritime puisse se
développer, il exige un sable pur et profond, avec
sous-sol imperméable. Ses racines sont très pivo-
tantes; or, on le plante rarement, mais il vient bien
de semis.
Qualités. Usages. — C'est du pin maritime que
Ton retire la majeure partie des résines ordinaires,
ainsi que la térébenthine dite de Bordeaux ; le
gemmage, loin d'être nuisible à cette essence, rend
sa végétation plus active et améliore le bois au
double point de vue de la durée et de la résistance,
et fait qu'il peut alors être classé dans la catégorie
des bois de travail. Un emploi spécial réside dans la
fabrication des parquets. Lorsqu'il n'a pas été
gemmé, on est forcé de l'injecter, il est alors utilisé
comme traverses de chemin de fer, poteaux télégra-
phiques, étais de mines, etc.
La disposition de ses racines le rend très précieux
pour la fixation des dunes.
— 38 —
C'est enfin lune des meilleures essences que Ton
puisse employer pour préparer au régime cultural
les régions arides et sablonneuses, telles que les
Landes et certaines parties de la Sologne.
Le Pin Laricio de Corse.
(Pinus Laricio Corsica.)
C'est le plus élevé des conifères d'Europe; ses
dimensions atteignent parfois 45 mètres de hauteur
sur 5" 50 de circonférence. Son aspect est élégant et
son port régulier. On le rencontre en Corse, en
Sardaigne, en Grèce, en Espagne. Sa tige est droite
et cylindrique, l'ensemble du feuillage est vert
foncé, son écorce est rugueuse et fendillée. Essence
d'une très grande valeur, peu attaquée par le gibier,
d'association facile avec les feuillus, elle présente
l'avantage très appréciable de pouvoir servir au
repeuplement des vides et clairières. Son enracine-
ment, à la fois pivotant et traçant, est assez faible.
Terrain. — Pas aussi robuste que le pin sylves-
tre, cette essence semble toutefois s'accommoder
des sols dans lesquels ne pourrait vivre le pin mari-
time. Elle préfère cependant les sols sablo-argileux,
mais accepte aussi les terrains secs et calcaires les
plus pauvres. En Corse, de magnifiques exem-
plaires du pin laricio végètent dans les sols arides
et granitiques. M. Mélard, sylviculteur belge, tout
en reconnaissant la rusticité du pin laricio sous le
rapport du terrain, admet avec sagesse qu'il y a lieu
de tenir compte des conditions climatériques qui
influent beaucoup sur l'existence des végétaux, quelle
— 39 —
que soit d'ailleurs leur vigueur. Il n'en est pas
moins admis que le laricio venant sur les sols les
plus ingrats, c'est une essence à propager.
Qualités. Usages, — Son bois est excellent pour
la charpente et la menuiserie, à condition d'être
dépourvu de l'aubier qui est malheureusement très
considérable.
Les pins laricio de Corse ont acquis une réputa-
tion particulière dans l'art des constructions navales,
parce qu'ils fournissent les mâts les plus droits et
les plus solides; grâce à une élasticité spéciale, les
mâts se redressent aisément après avoir été plies et
courbés sous les efforts des orages marins.
Ce bois est facile à travailler, facile à fendre et
fournit un assez bon chauffage.
En résumé, son bois est estimé à l'égal du pin
sylvestre, mais le bois mûrit beaucoup plus tard que
celui du sylvestre. Il ne faut donc pas abattre avant
maturité complète.
Le Pin noir d'Autriclie.
Cette essence est encore relativement peu con-
nue en France et est classée par les botanistes et
les forestiers comme une variété du pin laricio.
Cependant, depuis quelques années, des plantations
considérables ont été entreprises et toutes semblent
donner les meilleurs résultats.
Voici ce qu'en dit M. Th. Rousseau, conservateur
des forêts, dans son Guide dit Reboisement :
m
Le pin d^ Autriche, également dénommé pin noir ou
— 40 —
pin noir d'Autriche, est un bel arbre droit et vigoureux
atteignant jusqu'à 30 et 35 mètres de hauteur dans son
pays d'origine. On ne sait pas s'il en sera de même en
France, bien qu'il y soit déjà répandu depuis plus de
cinquante ans, mais les reboisements que nous avons
effectués avec cette essence depuis plus de ving^-sept
ans présentent le plus bel aspect comme massif et végé-
tation et donnent le meilleur espoir au point de vue de la
production.
Ce pin a les feuilles géminées, d'un vert très sombre
presque aussi foncé que celui du sapin, de là vient son
surnom de noir ; ces feuilles, longues de 10 à 12 centi-
mètres, sont raides, droites, aiguës à l'extrémité, res-
tent sur l'arbre pendant plus de trois ans, et après leur
chute constituent sur le sol un épais manteau d'aiguilles
qui, par leur décomposition, améliorent constamment
la terre et reconstituent une nouvelle couche végétale.
Soit à cause de son couvert épais qui amortit les
effets des gouttes de pluie, soit à cause de ses débris de
feuillage protégeant la surface du terrain, cette essence
est la meilleure de toutes pour préserver les montagnes
des dégâts produits par les orages, mais ne peut
être employée partout, parce qu'elle a des exigences
spéciales au point de vue du terrain et du climat.
Les racines sont traçantes mais pénètrent dans les
pierrailles et les fissures des rochers, autre avantage
précieux, car cela permet à cet arbre de résister aux
furieux coups de vent de la région méditerranéenne et
de conserver toujours la direction verticale.
Terrain. — Ce pin se plaît énormément dans les
terrains calcaires, comme le constatent les résultats
obtenus jusqu'à présent. Cela ne dit pas qu'il soit
_ 41 —
exclusif d'autres sols, ceux profonds, argileux,
calcaires, mélangés de pierrailles, lui conviennent
très bien, mais il ne faut pas qu'ils soient par trop
secs.
Voici l'appréciation de M. J. Frérot, le compé-
tent sylviculteur des Ardennes :
Le pin noir d'Autriche peut supporter les climats les
plus froids de la France. Il se plaît aussi bien dans les
plaines que sur les plateaux, et toutes les expositions lui
sont bonnes. Il réussit mal dans les terrains humides,
quelque fertiles qu'ils soient, mais il déploie le plus
grand luxe de végétation dans le calcaire alpin répandu
dans le Steinfeld entre Vienne et Neustadt, où le pin
sylvestre ne végète que misérablement. Il donne même
de beaux produits sur les sols où aucune végétation ne
s'est jamais montrée, où aucune espèce d'arbre n'a
jamais pu croître. C'est ainsi qu'on le trouve atteignant
une hauteur de 13 à 18 mètres et une circonférence de
1™50, dans des pierres calcaires à peine recouvertes ou
entremêlées de terre maigre et improductive. Nous ne
devons donc pas être étonnés de le voir réussir aussi
admirablement dans notre terrain crayeux de Cham-
pagne, qui a la plus grande analogie avec le calcaire
alpin des environs de Vienne.
Le pin noir est en plus d'une utilité incontestable
et incontestée pour le littoral de la mer. Il résiste
parfaitement à l'air salin, alors que presque tous les
autres végétaux sont brûlés. Son puissant enracine-
ment et sa large ramure, lui permettant de résister
aux forts coups de vent, en font un abri utile.
Qualités, Usaf^es, — Son bois blanc jaunâtre
^ I
— 42 —
très riche en résine, à fibre grosse, cassante, est dur
et lourd. Employé dans les constructions, il a une
durée remarquable, presque égale à celle du mélèze.
On s'en sert pour la confection des pieux, des
pilotis, des poutres, etc.
Voici ce qu'écrit Francis Hoot, professeur à
l'école impériale forestière de Mariabraun (Autri-
che), touchant les services qu'est susceptible de
rendre le pin noir :
Le bois du pin noir d'Autriche est considéré comme le
plus résineux; il est serré, dur, très bon pour les
ouvrages qui séjournent dans l'eau, et pour lesquels on
le préfère au mélèze; il est très estimé par les menui-
siers, les tonneliers. Employé comme bois de chauffage,
il donne une chaleur durable, brûle avec une flamme
brillante et vive ; il produit une très grande quantité de
noir de fumée ; on le préfère au hêtre pour la fabrication
du charbon. Dans plusieurs pays de l'Autriche, les habi-
tants se servent des copeaux de ce bois pour éclairage,
au lieu de chandelle ; il rend beaucoup plus de térében-
thine que tous les' autres arbres résineux.
En résumé, nous conseillons vivement la planta-
tion de cette essence dans tous les terrains qui lui
conviennent; c'est, avec le pin sylvestre et l'épicéa,
Tessence la meilleure pour donner de bons résultats.
Le Pin Laricio de Galabre.
Variété nouvelle (importée en France par M. de
Vilmorin) intermédiaire entre le pin laricio de Corse
-laig
lapide. Peut
1^ fissent. Mais
I
I
^ « _^ J
'♦"♦'■»• ^'
'H^ant le grand
kHres calcaires
âoïinS:
L;^
^ilïîîf^
'«"*-■«'••*■■•*•
|iFOns du plus
lènce pour les
l'k^t' le Centre et
i)f?^ter de fortes
'H*'^cSiwr^^iit supporter
'lïé||iCs^^ll^'^^''ll«î*â-*'00 mètres
■ ït» «ïf» .j^ «J^» '^- «^B «^B •
Jft-M '$|:||^^^âîr$)J|'harpente, mais
lllll|^4iliJI;€l|»<i'' la confection
*mlifS'*iïV^S'll'S" ^'^'^^ ■'ans les
'^^^AÏk^H''H<lit£*fi"^^ d'Amérique
il^P^jJf J|ij|IHI®â ig*\aj)oiivant rapide-
a: sa;
— 45 —
diamètre. C'est cependant en France une essence
plus ornementale que forestière.
Sols. — De croissance rapide, parfaitement résis-
tant aux gelées, le pin Weymouth se plaît en terres
fraîches, saines, profondes ; il semble même se
plaire en sols tourbeux, mais à condition toutefois
que Feau n'y séjourne pas. C'est, sous le rapport du
sol, une essence plutôt délicate, étant donnée la rus-
ticité des autres résineux.
Qualités. Usages. — Les qualités du bois fourni
par le pin Weymouth semblent quelque peu dé-
pendantes de la nature du sol sur lequel il a accom-
pli sa végétation.
En Amérique, on l'utilise pour la charpente et
les constructions civiles. On en fait des mâts légers,
mais peu résistants et sujets à la pourriture, princi-
palement dans la partie comprise dans l'entrepont.
En France, il est particulièrement estimé pour la
fabrication de la pâte à papier.
Pinus rig^ida ou Pitchpin.
Natif du nord-est des États-Unis où il occupe une
grande étendue. De tempérament très rustique et
vigoureux, de croissance rapide, bois de bonne qua-
lité, il doit être planté en massif continu et serré,
car, en bordure, il deviendrait buissonnu et noueux.
. Peu exigeant sur la nature du sol, il croît bien
dans les terrains secs et ingrats, ainsi que dans les
marais assainis, où il est déjà employé sur une
grande échelle. C'est une essence à propager.
■■A'^^m
_ •«?»jtf.«S^|>'^|^■
||!:^i^1g|3fSèS>ittn'l*J^ l'Amérique sep-
i#if« ^n France, mais
lé en Allemagne,
dans les terres
j^^S^i^^^^'russe. Il est d'une
il'^^S-f^^^l'^'^S^f^'niie un bois très
■antage de pousser
^SJ^B^S pin sylvestre et
3t^;^uvres. C'est une
.«. .9. .H. .g. _^_ _^_
i^flSCes Excelsa.)
3^|Iera£:4?Ê|pSB<g«(^ri|e, est 1 arbre par
|!^pl^lî||JE^^^^i^^s climats froids.
tMK:&-Ji!;:®;'KWiar::«i-;j^|-y,^ j ^qq nj^tres
:!?■■
P"
i
ion, à lige
lires el plus
''■C'H4ÏC§%9''â'^ génirale-
|^|r(|§'^^?^*ll*o&c£iement peu
" "" ">^^BtMiâÊaux violents
'it^B:gDiÎJidération, il
ifiï^i9(è^<||n'||ïâ^î^jvec d'autres
ipi^î^is^dors protégé
*îg* "^» *oa* rS" A dk 'm'
C|gîs^fi:«è'fiv3|ir^es, l'épicéa
+||wê^«®î»^|w||* iK«^f -désespérer ;
. «ït» «ït» «jj. «^B a^» ï^» «^B
— 48 —
dès qu'il a pris son assiette, si le sol et le climat lui
conviennent, il fait ensuite des pousses de près
d'un mètre de longueur^ qui lui permettent de rat-
traper bien vite le temps perdu.
Terrain. — C'est un arbre très rustique; malgré
sa prédilection pour la montagne, il réussit très bien
en plaine, ainsi que dans les tourbières assainies. Il
se contente de tous les sols, qu'ils soient calcaires,
schisteux, siliceux ou argileux, mais à condition
que leur friabilité soit complète et que leur fraîcheur
ne laisse rien à désirer; il craint la sécheresse et
exige toujours une certaine dose d'humidité atmos-
phérique ou terrestre.
Qualités. Usages. — L'épicéa fournit un bois très
recherché, surtout pour le travail de la menuiserie,
et principalement lorsqu'il provient de sa station
naturelle montagneuse, il donne un bois de cons-
truction et de travail de premier ordre. Son bois
plus léger, plus élastique que celui du sapin, lui est
généralement préféré. Il est utilisé par les marines
militaire et marchande. Grâce à la rectitude et à la
longueur de son fût, il fournit de très belles pièces
pour la mâture.
Un emploi spécial de l'épicéa réside dans la fabri-
cation des tables d'harmonie des pianos, violons et
autres instruments à cordes en bois.
Nous considérons que cette essence n'est pas
assez répandue en France, et nous en conseillons
la plantation en grande quantité.
■m^'
étendue de
S;S??*i
^*l 'importants
[■waiontagneuses
■M
1
— 50 —
des Vosges, du Jura, des Alpes, des Pyrénées, du
Plateau central, ainsi que dans quelques plaines de
Normandie.
Le sapin est un arbre de première grandeur,
pouvant atteindre 40 mètres de hauteur sur 1"50 à
2 mètres de diamètre. Sa croissance est lente dans
les premières années ; de vingt à quarante ans, son
accroissement se fait en hauteur ; mais, à partir de
cette dernière époque, il croît en diamètre.
Terrain. — Le sapin pectine est peu exigeant au
point de vue de la composition du sol, mais Test
plus pour sa consistance. Il vient aussi bien sur un
sol calcaire que sur un sol siliceux, mais veut une
terre fraîche, sans être humide ou marécageuse, et
de préférence divisée; aussi est-il plus beau, en
général, sur les versants des montagnes que sur les
plateaux à pente douce.
Les racines sont pivotantes lorsque le sol le per-
met, mais traçantes dans le cas contraire ; elles sont
toujours fortes et lui donnent un appui suffisant
pour que Ton n'ait pas à craindre le déracinement.
Le sapin est dans son jeune âge très susceptible
aux gelées du printemps, les pousses sont pincées
presque tous les ans, mais, au bout de 4 à 5 ans, la
végétation se trouvant retardée, cet inconvénient
disparaît. Il ne faut donc pas acheter de plants
ayant moins de 4 ans d'âge. Le sapin craint égale-
ment les excès de lumière et de soleil pendant les
premières années, aussi doit-on l'abriter autant qu'il
est possible.
Cette exigence le rend précieux pour les substi-
— 51 —
tutions d'essences, c'est-à-dire lorsqu'on veut rem-
placer un peuplement par un autre. Il arrive souvent,
en effet, que des bois n'ont presque point de valeur,
on a alors le plus grand intérêt à remplacer ces
essences par du sapin. Dans ce cas, on fait la plan-
tation en sous-bois, sans dégarnir les arbres exis-
tants, mais, £^u bout de 4 ou 5 ans, lorsque la
plantation a réussi et prospéré, il devient indispen-
sable de dégager les sapins, de les débarrasser de
leurs protecteurs temporaires, en pratiquant de
sérieuses éclaircies qui enlèvent une grande partie
de l'ancien peuplement. Quelques années après, on
revient encore éclaircir, et ainsi de suite, jusqu'à ce
que le sapin reste seul.
C'est donc une essence d'ombre par excellence, et
cette particularité est précieuse puisqu'il peut passer
de longues années sous un couvert épais et s'élancer
ensuite, sans avoir souffert, lorsque l'ombre vient à
être peu à peu enlevée.
Qualités. Usages, — Le bois de cette essence l
est blanc, légèrement nuancé de brun, élastique,
nerveux, résistant également à la traction et à la
flexion; son grain est fin, sa fibre droite; il est
de travail facile et peut acquérir un beau poli ; à
toutes ces qualités, il joint une légèreté relative.
Aussi est-il, comme bois de service, Tune des essences
sur lesquelles il se fait le plus de commerce et de
débit. Bois de premier ordre pour la construction et le 1
travail, il est aussi très utilisé comme bois de fente.
La construction l'utilise pour la confection des
passerelles, des échafaudages.
— 52 —
La marine, pour les planchers de navire, la
mâture et les bordages.
Le sciage le débite en planches pour cloisons,
portes, tablettes, lambris de toutes sortes ; le
déchet du sciage est réservé pour la confection
des lattes.
Les planches obtenues par le sciage du sapin
sont exemptes de nœuds, ne se fendent pas, restent
planes et ne prennent que très peu de retrait.
Le bois se tourmente moins que celui du chêne,
aussi est-il très apprécié pour la charpente ; il
fournit des pièces de belles dimensions et, employé
en lieu sec et à Tabri, il se conserve bien.
Le Sapin de Céphalonie.
(Abies Cephalonica.)
Existe en abondance en Céphalonie. Ressemble
beaucoup au sapin commun. Très rustique, résistant
parfaitement à nos hivers les plus rigoureux. Son
bois est doué de qualités remarquables, plus dur
que celui du sapin.
Le Sapin Grandissime.
(Abies Grandis.)
Grand et bel arbre, originaire de Californie,
atteignant 60 à 70 mètres. Très vigoureux. Cette
essence se plaît dans les terrains bas, humides, dans
les vallées riches en alluvions. Malgré le prix élevé
des plants, nous en conseillons Tessai, c'est un
arbre d'avenir.
i
i
ifl w
•i'
1^
I
■
~ 53 —
Le Sapin de JVordman.
(Abies Nordmaniana,)
C'est un arbre magnifique, introduit en France
par Nordman en 1848. Essence robuste et peu
exigeante. N'est actuellement apprécié que pour
son effet ornemental. Ce sapin mérite être planté
en plus grande quantité, étant très rustique, venant
bien dans tous les terrains et donnant un bois de
bonne qualité.
Le Sapin de Sitiia ou Épicéa de Menzies.
(Abies Sitkaensis ou Abies Menziezii.)
Ce sapin épicéa est peu répandu en France, mais
tend à le devenir de plus en plus.
Il est, par contre, très répandu en Amérique, sur-
tout en Californie. De croissance rapide et robuste,
il forme, planté en terrain un peu frais et assez
riche, un fort bel arbre. Il a été introduit à titre
d'essence utile en Prusse, où il est planté en quan-
tité, car son bois est d'excellente qualité et sa rus-
ticité à toute épreuve. Le prix relativement minime
des plants permettra de le planter aussi chez nous.
Le Sapin Noble.
(Abies Nobilis.)
Originaire de l'Orégon où il se développe jusqu'à
60 mètres de hauteur. Son nom lui fut donné par
l'explorateur Douglas, qui ne cessa de l'admirer
pendant les trois semaines qu'il passa dans les vastes
forêts où cette espèce domine. Pour avoir un bon
-^§i|r«
a description
. Jî«£'ll"ll"^°'ll*-â"'^^'' ^' Planter:
'?■* '^" 'S* 'Si * "do* Bs"
--•■:^pîi^^B^i»ÔÏ/^«.que dans son pays
|rï||ii{:ïJï^â^i||wi||li)tentrionale, où il
— 55 —
atteint jusqu^à 90 mètres de hauteur, forme une tran-
sition entre le type de Tépicéa et celui du tsuga, dont le
genre le plus commun est le sapin de Canada, à rameaux
fins et pendants.
C'est une essence de premier mérite et qui paraît être
appelée à un avenir superbe comme arbre forestier. Sa
rusticité, s'accommodant de mauvais sols et résistant par-
faitement aux gelées de printemps comme à celles d'hiver,
Textrême rapidité de sa croissance, la qualité supérieure
de son bois, tout chez lui semble le désigner à ce rôle.
Aussi Tintroduit-on sur une assez grande échelle dans
les forêts de l'Ecosse. A l'exposition forestière d'Edim-
bourg, en 1884, nous avons vu des échantillons de son
bois employé en palissades et qui, bien qu'exploité
jeune, s'était bien conservé en terre. En Angleterre et
en Ecosse, il promet déjà de dépasser en hauteur toutes
les espèces indigènes.
Il existe au jardin botanique de Kew un mât fait d'un
arbre de cette essence, et qui mesure 50 mètres de haut
sur un diamètre de 55 centimètres à la base.
Ses habitudes, dans sa jeunesse, ressemblent complè-
tement à celles de l'épicéa, et sa pousse est même plus
vigoureuse. Son développement est plus ouvert, Son port
moins raide, son feuillage d'un vert glauque disposé
plus clair, sur des rameaux moins réguliers, de sorte que
son aspect général est plus gai.
Il est aussi rustique que l'épicéa et ne se prête pas
moins bien à la transplantation.
Ses cônes, longs de 6 à 9 centimètres, présentent
cette particularité, la même que chez A, nobilis^ que les
écailles sont couvertes et dépassées par de longues
bractées à pointe en forme de flèche.
Sa cime, d'une sève trop abondante, risque fort.
— 56 —
chez les sujets isolés, d'être cassée par les oiseaux ; il est
donc préférable de le planter en massifs, en groupes ou
en bordures.
Sa graine est encore coûteuse dans le commerce, et
sa levée est difficile ; ses jeunes plants, de deux à trois
ans, valent aujourd'hui de 30 à 40 fr. le mille, suivant
leur qualité.
Nous possédons des sujets de cette essence, âgés d'une
quinzaine d'années, qui végètent bien dans un terrain
maigre et sec, mais nous supposons que, comme presque
toutes les essences américaines, elle se plaira mieux en
terrain léger, profond, et ayant une certaine quantité
d'humus. Il existe au jardin du Petit-Trianon, dans un
sol de cette nature, des massifs de cet arbre, âgés d'en-
viron vingt ans, qui ont déjà atteint une taille considé-
rable et qui poussent avec une grande rapidité.
La qualité excellente de son bois, lorsqu'il a mûri
dans de bonnes conditions, le rend propre à la menui-
serie de luxe, et les meubles coquets de ce qu'on appelle
pitch-pine sont principalement, croyons-nous, en bois de
sapin de Douglas, quoique ce nom soit proprement
celui du pin des marais [Pinus rigida).
Le bois est lourd, fort, mais en même temps élastique,
aussi foncé en couleur que celui de l'if. Il est peu
noueux et n'est pas sujet à travailler.
L'arbre atteint de grandes dimensions même dans
des climats différents ; très résineux, son bois, comme
celui du pin noir, peut même être brûlé vert. M. Veitch
constate qu une forêt de sapins de Douglas, située vers
l'embouchure de la Williamette, contient plus de bois
qu'une étendue égale de toute autre essence, même dans
les régions tropicales, et que la plus grande partie de ce
bois est propre au travail ; car, dans ces massifs assez
— 57 —
pressés, l'arbre se dépouille de ses branches et forme un
fût cylindrique d une hauteur immense.
En définitive, nous trouvons cet arbre excellent à
cultiver et comme arbre d'agrément et comme porte-
graines, en vue de sa propagation sur une grande échelle
à l'avenir, si, comme tout porte à le croire, son déve-
loppement sous nos climats soutient les promesses de
son enfance.
Nous pouvons ajouter qu'aujourd'hui cette essence
a fait ses preuves et que ce qui n'était que théorie
est passé dans le domaine pratique. En un mot,
c'est l'arbre forestier de l'avenir, nous engageons les
propriétaires à le planter en quantité.
Le Mélèze d'Europe.
(Larix Europea.)
Le mélèze est le seul conifère forestier dont les
feuilles tombent à l'approche de l'hiver. A cette
saison, son feuillage passe du vert glauque à une
teinte jaune d'or du plus bel effet. En temps ordi-
naire, ce feuillage est de nuance tendre. Le mélèze
est, par excellence, une essence de lumière apparte-
nant en propre aux régions montagneuses, tempérées
et même froides. Il atteint, dans de bonnes condi-
tions, des hauteurs considérables, surtout dans les
terrains primitifs.
Sols, — Dans les climats froids, cette essence se
contente de terres maigres et acides. A part les ter-
rains argileux et humides, elle vient bien partout,
et même, si ces derniers sols sont en pente et suscep-
tibles de s'assainir par infiltration, elle peut y croître
— 58 —
sans difficulté. Au milieu de bruyères même, le
mélèze peut végéter sans inconvénient, à condition
toutefois que celles-ci n'aient pas pris un dévelop-
pement excessif, de nature à dessécher ou durcir
le sol.
Qualités. Usages, — C'est Tune de nos plus pré-
cieuses essences indigènes. Excellent pour le reboi-
sement, sous un climat rude et en sols inclinés, c'est
avec raison qu'on a surnommé le mélèze « le chêne
de nos montagnes ». Imputrescible, sous quelque
forme qu'on l'emploie, son bois est parfait, d'un grain
fin et serré ; il est dur, lourd, souple et résistant, ne
se gerçant pas à l'air, et d'une durée très longue,
qu'on le fasse servir dans l'air, en terre ou sous
l'eau. Toutes ces belles qualités ne se rencontrent
cependant que dans les sujets provenant de massifs
en montagnes. Toutefois, Hartig cite des tuteurs et
des piquets prélevés sur des exemplaires venus en
plaine, dans les forêts allemandes, et dont la durée
ne le cédait en rien à celle des produits de nos meil-
leurs feuillus.
On fait servir le mélèze à la construction, à la
charpente des bâtiments, poutres, passerelles, à
l'établissement des travaux de défense contre les
torrents. Les traverses de chemin de fer qu'il four-
nit ont une durée égale à celles confectionnées en
chêne. On utilise les jeunes bois pour les poteaux
télégraphiques.
Enfin, le sciage et la fente l'emploient également.
Cette description est tirée de l'ouvrage de H.
Loubié.- Les Essences Forestières,
— 59 —
Le mélèze peut être associé à d'autres essences,
sapin ou épicéa, et surtout aux essences feuillues,
et cela afin de prendre la place de ces essences
après leur exploitation, car sa longévité est considé-
rable. Son avantage forestier est de fournir beau-
coup de bois en peu de temps, et un bois de toute
première qualité. Aussi sommes-nous profondément
surpris de constater que cette essence n'est pas
aussi répandue qu'elle devrait l'être en France. Nous
conseillons aux planteurs de ne pas la négliger, ils
en retireront un avantage particulièrement brillant.
Le Mélèze du Japon.
(Larix Leptolepis.)
Tout ce que nous avons dit du mélèze d'Europe
s'applique au mélèze du Japon. La grande différence
réside dans ce fait que : le mélèze du Japon est
d'une croissance excessivement rapide, double du
mélèze d'Europe, des sujets de 8 ans ayant déjà 5
mètres de hauteur et la croissance étant encore plus
vertigineuse à partir de cet âge. Peu répandu en
France, il est déjà planté en Angleterre et en
Prusse par centaines de milliers. Nous sommes
certainement en présence d'un arbre de grand
avenir, ce mélèze étant à celui d'Europe ce qu'est
le sapin de Douglas au sapin épicéa, relativement
à la vigueur. A planter en quantité sans hésitation.
CHAPITRE V
Soin et entretien des Plantations.
Ici nous n'envisagerons que les plantations de
résineux ou conifères, dont nous nous occupons
dans la première partie de ce traité. Les résineux
doivent forcément être aménagés en futaie. Or,
nous considérons qu'en règle générale, il n'y a,
une fois la plantation effectuée, aucun soin particu-
lier à leur donner avant 15 ou 20 années; c'est-à-
dire avant l'époque où, par suite de la végétation,
les massifs se trouveraient trop serrés.
Éclaircies. — Chaque arbre demande pour vivre
une certaine proportion de lumière et d'espace,
c'est donc au moyen des éclaircies qu'on pourra
pourvoir à ce besoin.
Ces éclaircies doivent être périodiques et se
renouveler environ tous les 5 ans et à peu près
dans les conditions que nous avons établies au cha-
pitre IV, Produit des Capitaux. Toutefois, la règle
n'est pas absolue. Certaines essences diffèrent entre
elles; les mélèzes, les sapins, se maintiennent droits,
alors que d'autres, notamment le pin sylvestre, ont
tendance à fourcher et pousser des branches laté-
rales au lieu de donner une belle tige. Dans le
— 61 —
premier cas, on peut éclaircir hardiment; dans le
deuxième cas, il est prudent de moins éclaircir afin
de forcer les arbres à monter droit.
D'un autre côté, les terres plantées en pin
sylvestre et similaires sont souvent arides; or, il
serait imprudent de trop découvrir le sol et de
l'exposer aussi brusquement aux rayons du soleil, et
nuire ainsi au développement des arbres qui, certes,
souffriraient de la sécheresse subite.
Cependant il est certain que le boisement étant
surtout opéré dans des terrains pauvres et peu pro-
fonds, l'arbre est obligé de puiser le meilleur de sa
nourriture dans l'atmosphère par ses feuilles ; il est
donc utile qu'il ait l'espace nécessaire au dévelop-
pement de la ramure et du feuillage.
Sun^eillance des éclair des, — Nous ne saurions
trop insister sur la nécessité de cette active surveil-
lance, surtout pour les deux premières éclaircies.
En effet, il est indispensable que les ouvriers n'abat-
tent que les arbres les plus faibles ou maladifs, ou
encore qui tendraient à buissonner, en un mot, tous
les sujets défectueux, alors même que le produit
serait inférieur aux prévisions, car ce serait mal
entendre ses intérêts que de compromettre l'avenir
des autres sujets mieux disposés.
En règle générale, et en prenant comme base un
terrain de qualité moyenne, on peut dire que chaque
arbre doit avoir un espace égal au quart de sa hau-
teur, mais naturellement, il n'est pas nécessaire
que chaque arbre possède isolément cette surface.
Si, par exemple, deux ou plusieurs arbres sont bons
— 62 —
et se trouvent rapprochés, il faudrait les laisser
et abattre de chaque côté les arbres inférieurs.
Dans les plantations en mélange d'essences
diverses, il est nécessaire de dégager les sujets de
l'essence la plus productive que Ton veut laisser
occuper le sol en permanence, à condition toutefois
que ces sujets soient forts, sains et de belle venue.
Feuilles. Détritus. — J.-B. Dumas a dit: « Toute
agriculture qui ne reconstitue pas le sol est désas-
treuse et se suicide ».
Cette vérité est connue de tous, aussi Tenlève-
ment des feuilles ou aiguilles et autre» détritus doit
être formellement proscrit. Ce sont précisément les
terrains les plus pauvres et les plus faciles à épuiser
qui sont affectés aux boisements ; or, il serait désas-
treux de permettre l'enlèvement des produits
qui viennent remplacer les éléments de fertilité
perdus.
Coupe définitii^e. — Il est un axiome en sylvicul-
ture qui dit: « Tout arbre ne doit être abattu que
lorsqu'il a atteint sa maturité complète, c'est-à-dire
lorsqu'il ne prend plus d'accroissement ni en gros-
seur, ni en hauteur, ni en qualité de bois. Si nous
procédons comme il est dit au chapitre IV, il est
probable que l'on aura retiré d'une plantation en
résineux tout le produit qu'elle peut donner. La
coupe définitive étant faite, on pourra replanter à
nouveau après deux années, le temps nécessaire
pour que la végétation arbustive, exubérante la
première année, ait diminué d'intensité.
Elagage. — Il nous reste à envisager ce dernier
— 63 —
entretien, qui est d'une importance capitale. Le pro-
fesseur Landolt, de Zurich, dit:
« Dans un massif régulier, de même croissance et de
même âge, Télagage doit se borner aux branches sèches
et aux branches qui provoquent ces formations défec-
tueuses de la tige.
« Aussi est-il bien connu qu'en sacrifiant une plus ou
moins grande quantité des feuilles d'un arbre, on dimi-
nue proportionnellement sa puissance de végétation.
Donc, au point de vue de la production ligneuse, qui
est celui où se place le sylviculteur, Télagage de bran-
ches vertes ne peut se justifier que dans le cas d'une
véritable déformation ou d'une mauvaise direction de la
sève. On sacrifie alors, sciemment, une portion de l'ac-
croissement ligneux afin que celle qui reste s'accomplisse
dans de meilleures conditions, afin qu^elle serve, par
exemple, à produire un faible accroissement de bois de
tige, d'une valeur considérable, au lieu d'une plus
grande quantité de bois de branches, d'une valeur
médiocre ».
Nous pourrions ne rien ajouter à ce principe qui
est d'une évidence éclatante, malheureusement nous
savons que de nombreux propriétaires, peu pénétrés
de ce principe, font élaguer leurs arbres à un tel
point que la plantation en est compromise à tout
jamais.
Nous ferons encore appel ici à l'expérience bien
connue de M. D. Gannon, qui dit:
Conifères. — Chez les conifères, la reconstitution des
branches et des feuilles n'a pas lieu. Pour eux, autant
— 64 —
de feuilles vertes enlevées et de sève écoulée, autant
d'accroissement perdu.
C'est une erreur de croire que Telagage peut, en
« donnant de Tair » aux massifs épais, remédier à leur
état trop pressé. Il y a environ quinze ans, nous avons
vu sévir en Sologne, riche alors en semis de pin mari-
time, une véritable manie d'élagage. Beaucoup de pro-
priétaires, voulant éviter le travail d'une éclaircie dont
les produits n'auraient pas couvert les frais, tâchaient,
à mesure que les jeunes sujets, en se développant, se
serraient dans un espace insuffisant pour leur nombre,
de remplacer l'éclaircie nécessaire par l'élagage. On
oubliait que les deux opérations ont un but essentielle-
ment différent et même contraire. Celui de la première
est de donner aux arbres conservés la place qui leur
manque ; celui de la seconde est de les contraindre à en
occuper moins ; et par quel moyen? par l'amputation des
organes nécessaires à leiu* développement. Si Ton élague
des arbres trop serrés, ils s'étireront, s'étioleront plus
encore, et si, au contraire, on éclaircit des arbres déjà
trop épars, ils buissonneront encore davantage. Cette
manie d'élagage était secondée par les ouvriers qui, igno-
rant les lois de la physiologie végétale, ne trouvent jamais
un arbre présentable avant de l'avoir dénudé aussi haut
qu'ils peuyent en atteindre les branches. Grâce à ce
noble zèle, on voyait alors beaucoup de jeunes pins por-
tant, pour tout système rameux et foliacé, leurs flèches
avec une seule couronne. Inutile de dire que les jeunes
arbres souffraient de ce traitement empirique. Leur ac-
croissement en hauteur comme en épaisseiu* s'en trou-
vait singulièrement amoindri ; l'écorce devenait noire,
se serrait, comprimait le bois; et le tempérament de
l'arbre, déjà peu vigoureux dans cette région, recevait
— 65 —
une atteinte qui le disposait encore davantage à succomber
aux attaques de la maladie ronde, ou à toute autre
influence nuisible.
Le vrai remède pour un état trop serré du massif,
c'est Téclaircie prudente, modérée, souvent répétée, et
non pas Télagage. « On ne saurait assez blâmer les pro-
priétaires qui, n'ayant donné aucune attention à leurs
pins pendant huit ou dix ans, soumettent tout à coup
les arbres à une éclaircie vigoureuse accompagnée d'un
élagage excessif. Une telle mutilation, jointe à l'action
trop subite de l'air et de la lumière, occasionne un état
maladif dont la pinière souffre pendant toute la durée de
sa croissance. » (A. Boitel.)
Chez les conifères, les plaies d'élagage guérissent len-
tement et difficilement ; la sève continue pendant long-
temps à exsuder et à se perdre, au lieu d'être utilement
dirigée sur la cime, comme on le suppose à tort. D'un
autre côté, chez la plupart des conifères, la plaie, fermée,
n'est plus redoutable comme chez les feuillus, car la
résine de la sève préserve de toute pourriture les nœuds
durcis qui restent à la place des fortes branches
enlevées.
L'enlèvement des branches vertes a un autre incon-
vénient, chez les résineux comme chez les feuillus :
celui de découvrir le sol et de favoriser la pousse des
mauvaises herbes et des bruyères, qui pourraient être
étouffées par le développement normal des branches, si
celui-ci était respecté.
. Après avoir considéré les inconvénients de l'élagage
des résineux en général, nous passerons en revue les cas
où il devient nécessaire de supprimer certaines branches.
Aux premières éclaircies, les branches mortes et
dépérissantes doivent être enlevées; elles gênent les
5
— 66 —
mouvements des ouvriers ; plus tard, persistant dans
cet état, elles formeraient des nœuds dans le bois du
tronc, leurs bases se trouvant enveloppées dans raccrois-
sement annuel de Tarbre, qui se forme entre le bois et
Técorce.
Il ne faut pas non plus négliger d'enlever les bran-
ches « qui provoquent des déformations défectueuses de
la tige », c'est-à-dire les branches dites ff ou rmand es , et
aussi celles qui arrivent à constituer une seconde tige et
à former des arbres doubles par suite d'une cassure de la
tête du jeune sujet.
Ces perturbations de la croissance se trouvent habi-
tuellement soit sur les arbres des bordures, soit dans
des clairières où les arbres n'ont pas été maintenus par
la pression de leurs voisins. On peut les redresser
hardiment si le jeune arbre, quoique • privé de ses
membres, a encore un développement foliacé suffisant
pour vivre et s'accroître. Pour notre part, lorsque les
doubles tiges se trouvent à Tintérieiu* du massif, et
qu'elles sont belles, nous les laissons; car dans la jeu-
nesse de l'arbre résineux, sa nutrition, tirée principale-
ment de l'atmosphère, peut suffire à ce double dévelop-
pement; plus tard, elles tomberont dans les éclaircies.
Gomme elles se trouvent généralement dans les clairières,
leur suppression immédiate aurait pour effet de créer ou
d'augmenter une rupture du massif, et ainsi de favoriser
la croissance d'une végétation arbustive nuisible.
Sur les bordures, où cette forme double ferait des
arbres buissonneux, si la tige superflue est faible, nous
pouvons la supprimer immédiatement. Si elle est forte,
nous commençons par la raccourcir seulement, pour
éviter à l'arbre l'enlèvement de toutes ses feuilles. La
sève n'y porte plus d'accroissement, se dirigeant presque
— 67 —
entièrement dans la tige conservée entière, et, Tannée
suivante, on peut, sans inconvénient, retrancher rez-
tronc ce qui reste de la tige déjà raccourcie. De même
pour les branches gourmandes, lorsqu'elles sont fortes
relativement à la taille de larbre. Si elles sont faibles,
on peut les retrancher immédiatement rez- tronc.
On a encore recours à l'élagage pour résister aux
empiétements des sujets d'espèces communes vigou-
reuses sur ceux auxquels ils servent de garniture. Si
Ton tient à conserver les premiers, on doit alors
procéder par le raccourcissement des branches^ en lais-
sant des rameaux d'appel.
Chez les espèces à vigoureuse ramure latérale, il est
souvent nécessaire d'élaguer les sujets de bordure, qui
empiètent tellement sur les allées qu'ils finiraient par
les boucher complètement. 11 est bon, si Ton a affaire à
des pins, d'attendre, autant que possible, que les
branches basses commencent à dépérir, alors que la sève
se sera portée dans les verticilles supérieurs. Si ce
dépérissement n'a pas lieu, il est priident (comme on
tient à conserver à ces arbres, qui sont le plus en vue,
leur maximum de vigueur) de faire l'opération en deux
fois, en procédant d'abord par le raccourcissement.
Elle peut cependant être faite d'un coup, pourvu qu'elle
ne s'étende pas au delà du tiers de la hauteur de l'arbre.
Dans certaines régions, l'élagage des résineux peut
fournir un véritable produit par la vente des bourrées
faites des branches coupées. Nous pensons cependant
que, même dans ce cas, il est sage d'attendre, autant
que possible, que ces branches soient dépérissantes, et
surtout de ne pas dénuder l'arbre assez haut pour nuire
sérieusement à sa croissance en le privant d'une propor-
tion considérable de ses feuilles. En méprisant cette
— 68 —
règle, comme on le fait souvent, nous croyons que Ton
perd à la longue, par la diminution de Taccroissement
de la tige, plus que le produit du menu bois qu'on a
exploité.
Lorsque les allées sont bordées de sapins ou de mélèzes
ou de cupressinées, etc., la forme pyramidale de ces
sujets, régulièrement habillés de verdure de la £ête aux
pieds, constitue la plus grande beauté de Talignement.
Ces arbres doivent donc être plantés assez en retrait
pour laisser à l'allée une largeur suffisante, afin que ni
la circulation ni la perspective ne soient interceptées ;
on évitera ainsi la nécessité d'avoir recours à Télagage.
Les saisons les plus favorables à cette opération sont,
à notre avis: d'abord l'automne, où l'on peut espérer que
les tissus auront, avant le printemps suivant, assez de
temps pour se resserrer, de manière à réduire au mini-
mum l'écoulement de sève inévitable ; ensuite la fin du
printemps, lorsque cette montée s'est effectuée et que la
descente commence.
La coupe doit être soigneusement faite, de manière à
ne laisser aucun chicot, afin d'éviter le retard du recou-
vrement et la formation de nœuds, mais l'ouvrier doit,
en même temps, prendre garde d'éclater l'écorce, ce qui
aggraverait la plaie et augmenterait l'écoulement de la
sève.
Nous avons la conviction absolue que tout plan-
teur qui voudra suivre les conseils pratiques énu-
mérés dans cette première partie, arrivera à constituer
une plantation de résineux qui ne laissera rien à
désirer et donnera le meilleur résultat que Ton
puisse espérer.
DEUXIÈME PARTIE
Boisement avec végétaux dits
Bois feuillust
CHAPITRE l^'
utilité du Boisement.
Nous n'entrerons ici dans aucun détail et renvo-
yons purement et simplement le lecteur au cha-
pitre P' de la 1" partie. L'utilité du boisement en
feuillus est, du reste, peut-être mieux reconnue que
par les résineux. A cette utilité se joint, en règle
générale, un agrément : celui de procurer les plaisirs
cynégétiques; or, nous parlerons plus loin des
essences à planter qui conviennent le mieux pour
retenir ou attirer le gibier.
CHAPITRE II
Du Boisement par Plantation ou Semis.
Ici nous renverrons également le lecteur au même
chapitre II de la 1"® partie, qui s'applique intégra-
lement à la plantation des feuillus. Nous ne pour-
rions conseiller le boisement par semis que dans un
seul cas : Plantation exclusive en essences de chêne
et châtaignier.
CHAPITRE III
De l'exécution des Plantations et du coût ou
prix de revient à Thectare.
On peut opérer de la manière- que nous avons
indiquée précédemment pour le boisement par
plantations avec arbres verts résineux, chapitre III,
1'® partie.
Afin de faciliter le travail, on pourra couper les
racines des végétaux et ne leur laisser qu'une lon-
gueur convenable variant entre 1 5 et 30 centimètres.
— 71 —
suivant la force des sujets qu'on emploie. La sève
étant à peu près inactive à la saison de Tannée où
Ton opère la transplantation, et les plants étant
d'ailleurs dépourvus de feuilles, il n'y aura pas
autant d'inconvénients à raccourcir les racines que
pour les arbres verts. Le chêne, cependant, fait
exception et exige qu'on lui laisse la plus grande
longueur possible de son pivot.
Nous ne saurions trop recommander dans celle-ci,
comme dans toute espèce de plantations, de placer
le sujet dans la position la plus verticale possible ;
car, pour ceux qui se trouvent plantés très oblique-
ment, la racine, sur toute sa longueur, se trouve
moins profondément enfoncée dans le sol, et, par
conséquent, plus exposée au contact de l'air; le
dessèchement peut l'atteindre et nuire considéra-
blement à la réussite.
On peut aussi raccourcir les tiges des plants, s'ils
sont un peu allongés, en leur laissant 30 centimètres
au-dessus du sol ; ce sera une longueur suffisante.
Espacement. — A notre avis, il convient de faire
ces plantations très dru; dans les premières années,
le bois n'est jamais trop serré ; les plants s'aident
mutuellement dans leur croissance, et ils détruisent
les herbes ou autres végétaux sous-frutescents,
dont la décomposition augmente la couche d'humus,
si utile à leur développement. Il pourrait arriver,
s'ils étaient plantés trop clair, que les végétaux qui
couvrent le terrain, au lieu de leur servir, en
prennent le dessus et les étouffent.
En procédant convenablement, on s'épargne, en
— 72 —
outre, la plupart du temps, les frais de remplace-
ment.
Nous estimons que le boisement sera grande-
ment suffisant en employant 10.000 plants par
hectare, ce qui les espacera à un mètre les uns des
autres.
Le prix des plants peut varier, selon la force et
Tessence, entre 8 et 20 fr. le mille. — En prenant
une moyenne pour le tout, nous aurons besoin d'une
somme de 175 fr. pour Tacquisition du plant;
ajoutons-y pour le coût du transport, remballage et
pour la main-d'œuvre, que nécessite la plantation,
6 fr. par mille, nous pouvons raisonnablement
conclure que le coût du boisement d'un hectare
de terrain peut être estimé, en moyenne et en
chiffre rond, à 245 fr. [deux cent quarante^cinq
francs).
Nouvelle méthode, — En général, la plantation de
bois feuillus est faite pour être exploitée en taillis. Or,
nous pensons qu'il devient utile de chercher à élever
une futaie sur le taillis, parce qu'aujourd'hui les
bois de chauffage sont d'un prix relativement très
bas, alors que les bois d'œuvre, étant insuffisants pour
notre consommation, sont d'un prix élevé. Cette
nouvelle méthode prend donc de jour en jour plus
de faveur et nous la recommandons tout particuliè-
rement. Prenant ceci en considération, il y a lieu de
planter d'abord, bien répartis sur toute la superficie,
environ 1.500 beaux et forts plants des meilleures
essences convenant au terrain, y compris 500 rési-
neux par hectare, puis de terminer la plantation
— 73 —
avec les 8.500 plants ordinaires qui sont destinés à
former le taillis. Les 1.500 plants devront être
achetés spécialement et être bien choisis plus forts
que les autres.
Plantations sous bois.
Les plantations sont très utiles pour le reboise-
ment ; il n'y a presque pas, en effet, de bois ou forêts
où il n'existe des clairières plus ou moins grandes,
plus ou moins nombreuses, quoique le taillis envi-
ronnant soit en plein rapport. Les propriétaires
ont, bien entendu, intérêt à remplir ces lacunes
improductives.
Autant que possible, les plantations pour reboi-
sement devront être faites dans Tannée même de la
coupe du taillis ou dans Tannée qui suit ; cela dépend,
du reste, du lieu et de Tessence que Ton emploie.
Si celle-ci a besoin d'être protégée contre les vents
ou abritée de la gelée, ce n'est que lorsque le bois
aura un an que Ton devra opérer.
On pourra planter avec la houe, surtout si ce sont
des arbres verts qui constituent le reboisement ;
et il y aura souvent avantage à le faire dans les clai-
rières de petite et de moyenne étendue, car si le
taillis environnant devient épais et touffu, cela ne
les empêchera pas de se bien conserver sans aucun
soin, et s'ils poussent moins vigoureusement d'abord,
aussitôt que la coupe sera effectuée de nouveau, ils se
fortifieront pendant les premières années de la coupe
subséquente et ils la domineront bientôt par leur
vigueur, ou, au moins, marcheront de pair avec elle.
— 7t —
Si les clairières sont très vastes, et que Ton veuille
opérer le reboisement avec des essences à feuilles
caduques, on pourra également faire les plantations,
mais à la houe et avec de jeunes plants. Si elles ne
sont que de faibles dimensions, il sera préférable
d employer des replanls déjà forts et de faire pour
chaque sujet une fouille d'une dimension en rapport
avec son volume, et même, il sera utile d'avoir soin
de couper, tout autour, les grands bois qui pour-
raient leur nuire. On comprend que la réussite sera
d'autant meilleure que ces plantations rencontreront
mieux les conditions favorables d'aération.
Essences pour gibier, — Le propriétaire créant
un bois taillis et désirant planter quelques essences
pour attirer ou retenir le gibier, pourra s'inspirer
des quelques conseils ci-dessous :
Formation de fourrés pour retenir lapins, lièvres^ etc.
Essences recommandées : Troène des bois, ajonc
marin, prunellier épineux ou épine noire, chêne tauzin,
mahonia, rhododendron pontique.
Nourriture des perdreaux, faisans, coqs de bruyère, etc.
Essences recommandées: Gourni du Japon ou Elea-
gnus Edulis, mahonia, houx, groseillers, symphorine,
if commun.
CHAPITRE IV
Produit des Capitaux.
Il n'est pas possible, comme pour les résineux, de
se livrer à une appréciation exacte. Le produit en
taillis sera certes moins avantageux, mais si on y
ajoute la futaie, il est probable que, dans le même
laps de temps, ce produit pourra être ou pareil ou
même supérieur à celui donné par une plantation de
résineux.
CHAPITRE V
Des Essences. Leurs qualités et terrains leur
convenant.
L'Aune Gommun ou Roug^e.
Est plutôt un arbre de taillis que de futaie ; cepen-
dant, dans des conditions favorables et spéciales, il
atteint 30 mètres de hauteur et 0"* 50 à 1 mètre de
diamètre. En taillis, ilforme des souches vigoureuses
qui s'agrandissent après chaque coupe.
— 76 —
Terrain. — Son terrain de prédilection est le
marécage, aussi il se développe à la perfection dans
le voisinage de l'eau et pousse dans toutes les terres
fraîches et meubles.
Qualités, Usagés. — Utilisé surtout pour tous les
travaux d'œuvre destinés à rester submergés. Sous
l'eau, il dure plus que le chêne. Employé aussi par
les tourneurs pour la confection des chaises com-
munes.
L'Aune Blanc.
Se distingue de l'aune rouge par ses feuilles qui
sont découpées et d'un gris blanchâtre en dessous.
Il est plus vigoureux.
Terrain. — Possède une particularité : comme le
commun il préfère, bien entendu, les sols marécageux,
mais il pousse également dans les terres pauvres,
sableuses et relativement sèches. Aussi est-il planté
en quantité en Prusse, en Belgique, dans la région
des Alpes et même dans la Champagne crayeuse.
L'Acacia Commun.
(ou mieux Robinier, Faux Acacia.)
Cette essence est assez connue pour nous dispenser
d'une longue description.
Arbre d'une assez grande taille, lorsque le sol lui
convient, il n'est cependant guère cultivé en futaie,
ses branches étant très cassantes.
En taillis il pousse rapidement, mais est surtout
-i-ï--
^1
lî*
I nerveux,
, sinon
«eeUence pour
. , également
Sf¥(H Hni^il'lts les con3-
:m
I^ de hauteur,
^^fî^î^i^pjsl^uilles petites
1:
■j£» •J5* "^ "îî' "*'
— 78 —
arbres; Técorce est blanche, lisse et papyracée pen-
dant la jeunesse, ce qui donne à cette essence un
aspect décoratif fréquemment mis à profit dans les
jardins et les parcs.
Terrain. — Il croît facilement dans les terrains
légers, s'accommode des sables secs, des crevasses
de rochers, de couches crayeuses, mais naturelle-
ment n'y atteint pas les mêmes dimensions que
dans les sols frais et meubles. Bref, c'est un arbre
très rustique, vigoureux, d'une réussite facile dans
tous les terrains, et pouvant rendre des services
appréciables.
Les racines de bouleau sont essentiellement tra-
çantes et se garnissant d'un chevelu très abondant ;
cette qualité peut permettre de l'utiliser pour la
fixation des sols légers, très en pente, que les pluies
ravinent et entraînent avec trop de facilité.
Qualités. Usages. — Le bois ne peut servir à la
construction ; il est blanc et à fibres lâches. Dans
certains pays on en fait une énorme consommation
pour la fabrication des sabots ; comme combustible
il est très estimé, brûle avec grande flamme et con-
vient bien aux fours de boulangeries, de verreries et
de céramiques ; les jeunes tiges sont très flexibles et
fournissent d'excellents cercles de futailles. Ses
branchages sont aussi utilisés, en quantité considé-
rable, pour la fabrication des balais. Gomme les
aunes, le bouleau est peu attaqué par le gibier; c'est
encore, dans certains endroits, une bonne qualité.
•..11:1
g)pW^«,'|i^û^ltRilBlï| chêues 11 été
'^i^'â'^itf <ik» Feuillues
tf JSli>î»g»K|; magislralo.
i mettre sous
K*|Sgi«gy^'»^f3^^-ï^- chêne rouvre
f^E^^^^¥ "*^^ ^"' français.
^^^^^|H^|*çiSca^ les plants de
^ûl^)^>i||*<«|&tte pédoncule,
Péticuli ère nient
:ii:
— 80 —
Les caractères distinctifs des deux variétés, chêne
rouvre et chêne pédoncule, sont les suivants :
Le chêne rouvre (Quercus sessiliflora) possède un
feuillage luisant, son couvert est léger, quoique plus
épais que celui du chêne pédoncule. L'écorce est
rugueuse, grisâtre et épaisse, sa floraison a lieu en avril,
Ses fruits, attachés directement sur les rameaux, sont
disposés par petits groupes; ils mûrissent en octobre.
Cette essence domine dans la vallée de la Loire,
dans les Vosges et dans la région du centre et du sud-
est.
Le chêne pédoncule (Quercus pedonculata) a ses
feuilles disposées en touffes, fixées aux extrémités des
branches, son écorce est argentine, unie et mince, sa
floraison est plus hâtive que celle de la variété précé-
dente, ses glands sont suspendus par un, deux ou trois
à un pédoncule d'environ 10 centimètres. On rencontre
cette variété principalement dans les régions du nord et
de Test, dans le bassin de la Saône, également dans le
sud-ouest. Les deux espèces, chêne rouvre et chêne
pédoncule, sont parfois mélangées sur certains points
en proportions très variables..
Quoique le sol français porte en presque tous les
endroits des plants de chênes, les hautes montagnes et
le littoral méditerranéen ne semblent pas convenir au
chêne pédoncule. Cette espèce compose, en majeure par-
tie, les forêts landaises et celles du bassin de TAdour, on
la rencontre également en Normandie, au milieu des
haies bordant les herbages.
Le chêne rouvre s'accommode plus particulièrement
des régions accidentées, mais il ne fructifie cependant
que dans un bon terrain. Ses glandées ne sont pas
régulières, elles s'espacent de 5 à 12 ans, suivant les
— 81 —
régions. Toutefois, dans le centre, elles sont plus abon-
dantes et se renouvellent tous les 3 ou 4 ans.
Les racines des deux variétés, chêne rouvre et chêne
pédoncule, sont pivotantes.
Terrain. — De bonne venue dans tous les terrains
indifféremment, le chêne semble se plaire, de préférence,
dans les sols profonds, argileux, mais pas trop compacts.
Selon que Ton fera choix de Tune des deux espèces ci-
dessus mentionnées, chêne rouvre ou chêne pédoncule, on
devra établir, au point de vue physique, des différences
assez nettement tranchées entre les divers sols qui
devront porter l'une ou l'autre: humide ou simplement
frais pour le chêne pédoncule, meuble, graveleux,
sablonneux, calcaire pour le chêne rouvre. Cette
dernière espèce ne saurait cependant se passer d'une
certaine fraîcheur, aussi doit-on veiller à ce que le ter-
rain choisi, de quelque nature qu'il soit au point de vue
de son élément physique dominant, renferme toujours
une certaine proportion d'argile.
La différence que nous venons d'établir est des plus
importantes, on devra en tenir le plus grand compte
dans l'intérêt de l'avenir des repeuplements.
Qualités, Usages, — Le chêne est propre à tous les
usages, grâce aux qualités exceptionnelles de son bois,
aussi bien à la construction qu'à l'ébénisterie et à
la menuiserie; son choix, pour l'un ou l'autre emploi,
ne dépend que de sa provenance, sa forme étant su-
bordonnée au milieu dans lequel il s'est développé;
ainsi, destine-t-on le bois des chênes provenant des
taillis ou des éclaircies de futaies à la confection de
perches à houblon, étançons de mines, pieux de clô-
ture, etc.
M. Broilliard reconnaît au bois de chêne la solidité, la
6
— 82 —
durée, le nerC^râdsticifé, ensemble de qualités qu'aucune
antre essence ne possède au même degré.
Le grain du bois de chêne offre d'autant plus de qua-
lités que la croissance de Tarbre a été rapide et que le
sol et le climat lui ont été plus ou moins favorables.
Pour la confection des merrains^ le chêne offre de très
sérieux avantages, son bois n'étant pas trop poreux et
présentant, en outre, une grande résistance sous une
faible épaisseur. Les arsenaux militaires l'utilisent pour
la fabrication de pièces d'affût, des timons, des bran-
cards, etc.
Si l'on se sert avantageusement du bois de chêne
dans une foule de circonstances, on le considère, en tant
que bois de feu, comme quelque peu inférieiu* au hêtre.
M. Mathieu lui reconnaît l'inconvénient d'éclater en
brûlant, d'exiger un tirage actif et de produire un char-
bon s'éteignant aisément. Toutefois, il est encore très
recherché pour cet emploi, lorsqu'il provient de jeunes
taillis. On peut dire du bois de chêne utilisé comme
chauffage, que sa valeur est dépendante de l'âge de
l'arbre, de la partie dont il provient et des conditions de
sol et de climat sous lesquelles s'est effectuée la végé-
tation.
L'écorce fournit le tan ; la plus estimée est celle pro-
venant des chênes de taillis de 20 à 30 ans. A cet égard,
l'écorce du chêne rouvre possède une supériorité mar-
quée sur celle du chêne pédoncule.
Le Chêne rouge d'Amérique, — Très ornemental
par ses longues et larges feuilles découpées se tein-
tant rouge vif à l'automne. Pousse plus rapidement
que les chênes rouvre et pédoncule et a le grand avan-
tage de pouvoir être planté dans les terres profondes,
— 83 —
humides même, marécageuses, et y donner un bois
égal à celui des autres variétés ; c'est une espèce à
propager.
Le Chêne des marais. — Ressemble beaucoup
au chêne rouge, les feuilles sont plus petites et
encore plus découpées. Donne le bois de même
qualité et vient aussi bien dans les terrains humides,
bien qu'il pousse aussi dans les terrains secs et
sablonneux.
Le Hêtre.
Là aussi, nous sommes encore en présence d'une
essence forestière très répandue.
Le hêtre formant un épais couvert est souvent
associé en mélange avec le chêne et même
l'épicéa et le sapin dans les futaies, et cela afin
d'éviter la végétation arbustive et le dessèchement
du sol. D'un autre côté, il peut facilement suppor-
ter Tombrage, par conséquent rester longtemps en
deuxième ligne pour reprendre sa croissance vigou^
reuse lorsqu'il est dégagé et reçoit la lumière. De
croissance lente les premières années, il prend
sa vigueur au bout de 7 à 8 années et rivalise alorô
avec le chêne.
Terrain. — Le hêtre a une prédilection particu^-
lière pour les sols calcaires, cependant il n'est pas
difficile sous le rapport du terrain et vient très bien
dans les autres, qu'ils soient granitiques, schisteux,
mais surtout divisés et un peu frais.
Qualités, Usages. — Le bois du hêtre est, par
,isentant une 1res
la carrosserie, les
1:
-î-:i?'
Ei^$t§>!iï ^^^'^^^ quantité.
lir<S''S|jS}il<ft£'à la confec-
âSa^^lttniSIÎ&'er des lon-
" CQ 80 Mm' h IV
■=-S'a'S?li"Ji'"ÎSF "usages:
ii{S'm^mfm''^S\«i>s clous, du
^|li^§'§'i}Î|||§>ction, car il
^^S^Î^^^^'^^^'P^^^tre, employé
._ ^^^ ^^^^ j^^^
#2S<IIJ|^»l^|içîÊ^^ tourteaux,
^S^^2g«'^iâfS^^entation des
^3£3:^3^^§3*^||ii||À' l'enveloppe
— 86 —
Le Hêtre Pourpre.
Est aussi vigoureux que le hêtre commun, mais
les plants sont d'un prix plus élevé. Cependant, nous
conseillons d'en planter au moins quelques-uns,
surtout en bordure des allées, pour fournir un coup
d'œil ravissant. Au demeurant, le bois est d'aussi
bonne qualité et donne le même produit que celui
du hêtre vert.
Le Charme oa GharmlUe*
Le charme exige un climat tempéré; or, il est très
répandu dans les régions de l'ouest et du nord-est
et se plait surtout dans les plaines et les coteaux.
Le charme a un couvert épais qui nuit au pâtu-
rage, mais cette circonstance le rend moins exigeant
sous le rapport de la lumière, ce qui permet de le
cultiver en sous-étage dans les futaies, en concur-
rence avec le hêtre. On obtient ainsi d'excellents
bois de chauffage, tout en améliorant le sol par de
riches dépôts d'humus.
La croissance est assez lente et ne le prédestine
pas à être cultivé en futaie.
Terrain, — Le charme végète sur tous les terrains
qui, en raison de leur peu de profondeur, ou de leur
état trop sec, ne pourraient convenir au hêtre.
Indifférent sur le choix du climat, le charme se
trouve cependant bien d'un terrain à sous-sol frais,
aussi rencontre-t-on les plus beaux pieds de charme
dans les terrains substantiels, mélangés de gravier.
— 87 —
Il s'accommode des terrains sablonneux pourvu
qu'ils renferment une petite quantité d'humus. Dans
les terrains calcaires, il ne redoute que les fortes
chaleurs, mais lorsque les conditions météorolo-
giques lui sont favorables, il donne, dans ces der-
niers terrains, d'excellent bois pour le chauffage.
Les sols compacts ou marécageux lui sont
contraires.
Qualités. Usages. — Son bois est blanc, dur,
tenace, difficile à travailler, impropre aux construc-
tions, mais fort utile pour la confection des objets
soumis à un grand frottement^ tels que les outils et
les engrenages. Au point de vue du chauffage, il
est de première qualité, donne beaucoup de chaleur
et dure longtemps ; son charbon est excellent pour
la cuisine, la forge.
Il est fréquemment employé dans les jardins pour
former des haies, des tonnelles, etc. Du reste, nous
en reparlerons dans la 4® partie.
Le Châtaignier.
Cette essence est surtout utile dans les climats
chauds ou tempérés. Aussi pensons-nous devoir
laisser la parole à M. Th. Rousseau, qui connaît par-
faitement les aptitudes particulières à cette essence.
Le châtaignier est un arbre de première grandeur,
pouvant atteindre jusqu'à 30 mètres de hauteur et une
circonférence énorme. Il croît avec rapidité jusqu'à 50
et 60 ans, mais ensuite décline sensiblement, ce qui ne
l'empêche pas d'avoir une longévité extraordinaire, car
\
— 88 —
on en cite ayant plus de 1.000 ans; seulement il se
creuse à l'intérieur en devenant vieux et n'a plus alors
que le mérite d'un arbre fruitier.
Le châtaignier a une préférence marquée pour les sols
siliceux; les terrains calcaires et argileux ne lui con-
viennent pas du tout; il se plaît au contraire dans tous
les terrains provenant de la décomposition et de la
désagrégation des granités, gneiss, grès, schistes, pourvu
qu'ils soient assez profonds et pas trop secs, ni à une
trop grande altitude, car alors il serait exposé à la gelée.
Ce choix du sol est d'une importance capitale et ne doit
être négligé sous aucun prétexte; beaucoup de proprié-
taires qui n'en savaient rien n'ont éprouvé que des
mécomptes.
L'altitude et l'exposition méritent également une
attention sérieuse; dans la région méditerranéenne, le
châtaignier peut être cultivé utilement, au point de vue
de la production du bois, jusqu'à 700 mètres d'altitude
à l'exposition du midi ou à celle de l'ouest, mais pas
au delà de 600 mètres à celles du nord et de l'est. Lors-
qu'il s'agit de la récolte des châtaignes ou des marrons,
cet arbre doit être cultivé beaucoup plus bas, on lui
consacre ordinairement les terrains d'alluvions qui longent
les cours d'eau, et une faible partie des versants les plus
rapprochés du fond des vallées, à condition que le sol
en soit siliceux, très perméable, profond et frais.
Dans le centre de la France, le Limousin et l'Auvergne,
il est rare que les châtaigneraies soient productives au
delà de 400 mètres et que les taillis soient bien venants
au-dessus de 600.
Le bois a beaucoup d'emplois en construction et en
industrie. On peut en faire des charpentes et des
planches dont la durée est pour ainsi dire indéfinie,
— 89 —
pourvu que ces parties des constructions soient toujours
maintenues à Tétat sec; sans cette condition il pourrit
rapidement, se pique, est attaqué par toutes sortes
d'insectes et nécessite de fréquentes dépenses de rempla-
cement.
Son emploi principal se rattache à la culture de la
vigne, c'est avec le châtaignier que, dans le Midi, Ton
fabriquait tous les cerceaux de barriques avant l'intro-
duction des cercles en fer ; depuis quelques années, cette
industrie a beaucoup perdu à cause de la dimension des
fûts destinés au transport du vin, dimension telle que le
cerclage en fer est devenu une nécessité.
C'est aussi avec le châtaignier que l'on fabrique le
plus grand nombre des futailles ordinaires ; d'une fente
facile et bien moins pourvu de nœuds que le chêne, ce
bois se prête aisément à la confection des douelles de
toutes les dimensions et rend sous cette forme des
services dans les contrées voisines des vignobles.
Mais la production principale de cet arbre est aussi le
fruit, on en fait des récoltes abondantes dans tout le
centre et le midi de la France, dans une partie du
Jura et des Vosges et jusqu'en Bretagne, aussi doit-on
examiner avec soin le but que l'on poursuit, lorsqu'on
veut boiser un terrain en châtaignier.
Dans nos régions de l'ouest et du nord, principale-
ment en Normandie et Bretagne, le châtaignier est
beaucoup employé à la fabrication des cercles pour
futailles.
Le Frêne.
C'est un arbre de première grandeur, atteignant
facilement 30 mètres de hauteur et croissant vigou-
•ï'f:»*?.-.
'"*■" —. — .=.. prennent pas
:)êaÇntuëes que chez
i$e. Dans certains
qu'en taillis,
^^itation ont une
j^iîlb9J^'ll] B^' B n'employer le
ST'Vl'S^Q^^BlM^Ift'^^"^^^''^'! reste
'?f i{ïlïii¥)|*?'ift''Ple™e"t8 purs ;
Aiiœ
'4|iïitwS;S^^§.
P^^^^iŒ^?- -♦-.-- .'-.^. --..g
le hêtre et les
igueur près des
avoir ses racines
allée riche, pro-
toéré. Cependant,
làis et même dans
meubles. Une
ien le voisinage
[ans la 3« partie
u peuplier.
I
I
*
— 94 —
Qualités. Usages. — Le bois est blanc, nacré,
élastique et de première qualité pour l'industrie ;
c'est surtout avec le frêne que l'on fabrique les
brancards, les instruments aratoires, les avirons, les
cercles pour futailles et une foule d'autres objets. Il
est particulièrement estimé pour le charronnage,
par les menuisiers et les armuriers qui s'en ser-
vent pour les crosses de fusil. Enfin son chauffage
est bon.
Les Érables.
Nous ne nous occuperons ici que des trois
variétés employées généralement dans le boisement.
La principale est Yérable sycomore, vulgairement
désigné sous le nom d'érable de montagne ; c'est
un bel arbre, de première grandeur, à tige droite
et élancée, à feuilles grandes, d'un vert foncé,
découpées agréablement dans le genre de celles des
platanes.
Cet érable convient bien aux montagnes et peut
être avantageusement mêlé au hêtre et au sapin.
Son bois est fin, dur, homogène, susceptible de
recevoir un beau poli, excellent pour l'industrie,
mais peu propre aux constructions ; il est estimé
comme combustible à combustion lente et sous ce
rapport est inférieur au hêtre et au charme.
Une autre variété méritante est Yérable plane,
différant de la précédente par la forme de ses
feuilles et une végétation plus vigoureuse ; le bois
est à peu près de même valeur au point de vue de
— 92 —
rindustrie, mais est un peu supérieur au point de
vue du chauffage. On peut aussi l'élever dans les
montagnes et comme arbre d'alignement. Ces érables
sont peu exigeants sous le rapport de la qualité du
sol; ils aiment des terrains friables, frais et pro-
fonds, bien que les racines soient traçantes et peu
pénétrantes, cependant ils se contentent aussi des
sols les plus ingrats, mais n'y atteignent pas le
même développement.
U érable champêtre est un arbre de petite taille,
assez commun dans les haies et sur les lisières des
taillis. Son bois, qui est dur, à cause de la lenteur
de la croissance, est susceptible d'être poli et trouve
ses principaux emplois dans la lutherie et la sculp-
ture; c'est aussi un excellent chauffage.
Tous ces érables sont avantageusement mélangés
dans les taillis.
Les Ormes.
Nous ne parlerons que des deux espèces employées
usuellement: Orme champêtre et Orme de montagne,
également dénommé à larges feuilles.
L'orme champêtre est de première grandeur,
puisqu'il peut atteindre 40 mètres. En forêt il n'est
pas cultivé en futaie, mais s'exploite très bien en
taillis.
Terrain. — L'orme, pour arriver à son complet
développement, exige un terrain profond, frais et
divisé, aussi est-il planté dans les plaines basses et
bien arrosées.
I
I
ll;S|||il^tâ'â(^Hilerie pour les
t^mi^'^ S>l5 Hautres usages.
M
I
I-
•5-
^^^g^^<|i^'.^og£ti^4i^Es£agoureusement
^^^^iR§^||it||!^|i!i^^i^^î)eu plus mou,
^;:^^J^É|D|:^tt£M]S:aïC^||û^Jnême8 usages
— 94 —
FeuillQS divers.
Il nous reste à énumérer quelques espèces qui
présentent beaucoup moins d'importance que les
précédentes, mais que Ton peut et que Ton doit
quelquefois associer à d'autres essences prédomi-
nantes. Ces essences seront souvent utiles, soit pour
rompre la monotonie, soiL surtout pour attirer les
petits oiseaux, au point de vue de la destruction des
insectes nuisibles :
Ébénier (Cytise) : Ne donne qu'un mauvais bois,
mais très peu exigeant sur la nature du terrain. Il
croit dans tous les sols.
Noisetier des bois: Là, nous avons encore une
très bonne essence pour taillis, et ayant également
l'avantage de croître un peu dans tous les terrains,
notamment calcaires ou granitiques.
Saule commun : Fournit de bon bois pour cercles
à futailles. Vient particulièrement bien dans les ter-
rains marécageux très frais.
Cerisier Merisier : Son bois est très estimé pour
l'ébénisterie et la lutherie, bon pour chauffage.
Vient bien dans presque tous les sols, sauf les maré-
cages.
Sainte-Lucie-Mahaleb : Bois de relativement peu
de valeur, mais, comme le Cytise Ebénier, prospère
dans les sols les plus ingrats.
Sorbier des oiseaux : Bon bois très dur ; très
estimé pour le tour et ouvrages exigeant une grande
I
[
— 95 —
résistance à l'usure par le frottement. Tous les sols
lui conviennent, sauf les trop humides.
Tilleuls: Nous avons deux variétés: celle à
grandes feuilles ou tilleul de Hollande, celle à petites
feuilles ou tilleul d'Europe ; arbres de bonne gran-
deur, vigoureux, mais donnant un bois mou, qui
est cependant employé en ébénisterie et menuiserie.
Dans certaines parties de l'Europe et notamment
en Allemagne, le bois sert à fabriquer des jouets
d'enfant; cette industrie exige plusieurs milliers
d'arbres chaque année.
Les tilleuls sont aussi beaucoup employés pour
les plantations en avenues et sur les places publiques.
PLANTATIONS DU PEUPLIER
Utilité de ces plantations, — Le peuplier devrait
être considéré comme un arbre forestier de pre-
mier mérite, surtout aujourd'hui que son bois est
si utilisé et si apprécié, que réellement notre pays
en est dépourvu et que les marchands de bois —
sont aux abois — pour savoir où ils trouveront les
peupliers qui leur seraient nécessaires pour exécuter
leurs nombreuses commandes. Il est utile de dire
ici que nos forestiers, en général, sont un peu
routiniers, car, s'il est vrai qu'antérieurement, en
remontant à quelques siècles en arrière, le bois de
peuplier était considéré comme médiocre, alors que
les bois durs, tels le chêne, etc., existaient eu abon-
L
— 96 —
dance, il n'en est pas moins vrai qu'avec l'inévi-
table progrès et le développement considérable de
toutes les industries, ces bois durs viennent à man-
quer et que le bois de peuplier est aujourd'hui très
usité, par conséquent, très demandé.
Or, nous sommes forcé de constater à regret
que nos forestiers n'ont pas suivi le mouvement
général et ne se rendent pas compte des besoins
des peuples, puisqu'ils n'ont pas encore pensé à
préconiser les plantations de peupliers.
Et cependant, il est avéré que la consommation
annuelle en France du bois de peuplier varie de
200 à 250 millions de francs, dont 7 millions de
francs pour la seule ville de Paris (1),
Cette importante consommation ne tend nulle-
ment à diminuer, bien au contraire, d'autant plus
que les pays producteurs de bois blancs ou bois de
sapin du Nord, Suède et Norvège s'épuisent rapi-
dement. Cela est si vrai que chez tous les gros
importateurs de Nantes, Bordeaux, Honfleur, Le
Havre, Caen, les prix de ces bois ont plus que
doublé depuis les 10 dernières années. Comme
nous le verrons dans les chapitres suivants, le peu-
plier affectionne particulièrement les mauvais
terrains, frais, humides, marécageux, en un mot,
les terrains sans valeur, ne rapportant rien. Or,
(1) Dans l'exposé que nous avons fait dans le chapitre I" de
cet ouvrage, sous les données de M. L. Nicolas, qui évalue
à 245 millions de francs nos importations annuelles de bois
d'œuvre, l'emploi du bois de peuplier n'y est naturellement
pas compris.
R'îlf.vi
;ais, peut être
35 francB
ISQ^V^C^S'B VV avantage on
i^ur ce sujet,
[eux en même
iblic, entre-
i5d|.^^l^tion8, aux-
S^iSût^Bi ^Ki^olement pas
i^^SH^S^^^ë un chapitre
'^^'^sF'^'^'^^"^ aucun
i^i^s occuperons
4i|»^3sence pure-
— 98 —
ment forestière, laissant de côté toutes les variétés
d'ornement. Au sujet de ces variétés, une grande
confusion existe dans tous les pays du monde et les
botanistes les plus éminents et les plus scrupuleux
s'entendent difficilement entre eux. Nous avons
sous les yeux un ouvrage très complet sur les peu-
pliers, publié par un gros marchand de bois
d'Amiens (Somme), M. L. Breton-Bonnard, vice-
président de la Fédération des marchands de bois
de France. Mieux que tout autre, par sa profession
même, M. Breton-Bonnard connaît les variétés de
peupliers qui sont susceptibles de donner le meil-
leur bois et le meilleur rendement. Or, il résulte de
toutes ses observations qu'en réalité il n'existe guère
que six variétés de peupliers pour plantations de
rapport. Parmi ces variétés, les suivantes sont bien
distinctes :
Peuplier pyramidal d'Italie (Populus fastigiaia
pyramidalis), — Arbre croissant à plus de 30
mètres. Ses branches sont droites, serrées et dres-
sées contre le tronc, formant ainsi une belle pyra-
mide. Il pousse supérieurement dans les sols frais et
humides et même assez bien dans les sols secs. Il est
supérieur pour les avenues. Il ne vit pas très long-
temps et lorsque la tête commence à se dénuder,
il faut l'abattre, autrement le bois n'aurait plus de
valeur.
Son bois tendre n'est pas sujet à la vermoulure et
est assez apprécié par la menuiserie, la sculpture et
pour les caisses d'emballage.
— 99 —
Peuplier blanc de Hollande (Populus alba ou
Ypréau ou Grisard), — La description suivante en
est donnée par Le bon Jardinier, 1807.
Arbre de première grandeur, indigène, commun dans
toute FEurope, cultivé surtout en Hollande et dans
l'ancienne Flandre, aux environs d'Ypres, d'où son nom
d'Ypreau, ville où Fusage voulait que tout père de
famille plante quelques milliers de ce peuplier à la nais-
sance de chaque enfant pour lui former sa dot plus tard.
Cet arbre acquiert son développement au bout de
45 ans où il atteint une circonférence de 3 à 4
mètres à 1 mètre du sol. L'écorce est blanche, le
tronc nu, sans branches gourmandes.
Terrains, Exposition, — Il préfère les climats
tempérés, les terres fortes et fraîches, les expositions
du nord et de Fest lui sont des plus favorables;
il aime aussi les sables gras, redoute les argiles com-
pactes dans lesquelles ses racines ne peuvent
s'étendre; il aime particulièrement les vallées et
vallons abrités, les terrains frais ou humides, le
bord des eaux; il craint les terrains arides et
très secs où il ne vient pas; Faction des grands
vents lui est contraire, en lui imprimant un mou-
vement de torsion qui détermine la roulure du
tronc ; il se plaît beaucoup mélangé dans les plan-
tations avec les diverses variétés de peupliers noirs,
mais il lui faut plus d'espace qu'à ceux-ci.
Qualités et usages, — Le bois du peuplier blanc
est un des meilleurs de tous ceux produits par les
diverses sortes de peupliers.
— 100 —
Il est blanc, léger, tendre; c^est le seul suscep-
tible de prendre un beau poli, ce qui le rend propre
aux usages de menuiserie. Quand il est vieux, il
devient très difficile à fendre. Ce bois est très estimé
pour l'industrie, la construction des bateaux, des
wagons, pour la caisse des voitures, le gros camion-
nage, pour panneaux de meubles et de carrosserie,
la charpente, où il vaut le sapin, mais il faut rem-
ployer sec car il est sujet à se déjeter.
Ici nous empruntons à M. Breton-Bonn ard ses
appréciations sur les variétés ou sous-variétés des
peupliers appelés communément Suisse, Canada,
Régénéré, Eucalyptus, etc.
Peuplier suisse ou de Virginie (Populus monolifera).
— La dénomination suisse est erronée, mais c'est ainsi
qu'il est connu dans les cultures, les pépinières, le
commerce des bois. Le monolifera ou suisse vient plus
haut que le canada; il a une croissance plus rapide en
hauteur, exige un terrain plus profond et plus humide.
Il se reproduit très facilement de bouturei^, c'est
l'espèce de peupliers la plus répandue au nord de Paris.
Alors que le canada, la Caroline sont des espèces amé-
ricaines, le monolifera est d'origine inconnue (en Angle-
terre, on l'appelle Black Italian Poplar, peuplier noir
d'Italie).
Peuplier du Canada (Populus Canadensis). — Très
grand et très bel arbre, pouvant atteindre, dans son pays
d'origine, 50 mètres de hauteur et 7 mètres de circonfé-
rence. Chez nous, il a communément de 22 à 26 mètres.
Terrains. — Il s'accommode à tous terrains et n'exige
pas, comme le noir, une grande humidité.
— 401 —
C*est le meilleur des peupliers noirs pour la qualité
du bois, rien que cette seule différence peut permettre
de le classer sans aucune erreur, sauf avec sa variété
Populus Grandis (Régénéré vrai).
C'est un très bel arbre, étant données la qualité de
son bois et sa pousse rapide en grosseur; il n'est pas
assez multiplié. La cause en serait:
1® Qu'on prétend qu'il reprend moins facilement de
boutures que les autres espèces ;
2° Que, sous ce nom de canada, les pépiniéristes
livrent un peuplier différent.
Introduit en Europe en 1738, ce peuplier s'est rapi-
dement répandu. Néanmoins, Le bon Jardinier de 1807
ne le mentionne pas encore, alors qu'il mentionne le
peuplier de la Caroline; encore, dès l'introduction des
espèces américaines, il y a eu confusion ; il est commun
le long de nos cours d'eau, dans les vallées, les parcs,
sur les avenues, mais ne se plaît pas en forêt.
Sa croissance étant très rapide, c'est l'espèce qu'on
préfère planter au point de vue spéculatif. Son bois est
léger^ tendre, blanc ou légèrement teinté de rougeâtre au
cœur. Couches annuelles, épaisses et régulières ; il est
homogène, peu chargé de nœuds et ne joue pas, de
sorte que, quoique léger, il est recherché par la layet-
terie^ la menuiserie et même pour la menue charpente.
Populus Grandis régénéré, — Variété très cultivée,
très variable^ qui se trouve chez tous les pépiniéristes
sous divers noms.
Elle a le port plus élancé, la feuille plus grande;
l'écorce devient aussi rugueuse avec Tâge, mais des
troncs doubles de diamètre peuvent être moins rugueux
que dans le type parce qu'ils sont plus jeunes quoique
plus gros.
— i02 -r
Peupliers régénérés et améliorés. — D'après ce qui
précède, il est de toute éyidence que rien n'est plus
faux que l'assertion des producteurs qui donnent comme
leur création certains peupliers améliorés par sélection,
comme régénérés.
C'est presque toujours le peuplier régénéré, trouvé
par Michia en 1814, que ces pépiniéristes sélectionnent
et annoncent de bonne foi. La sélection en terrains fer-
tiles donne de très bons plants, avec de splendides
pousses annuelles, mais la sélection ne produit pas de
variétés nouvelles ci elle ne provient pas d'un semis ;
dès que la sélection cesse, la végétation redevient
ordinaire.
Sous bénéfice de ces observations, je vais donner
rénumération des peupliers régénérés ou améliorés que
le commerce connaît actuellement et qui n'ont aucun
caractère botanique franchement différentiel.
Parmi les producteurs, les uns sélectionnent toujours
consciencieusement et maintiennent l'amélioration de
leurs produits, les autres, par manque de soins et de
sélections, les laissent retourner au type.
Le meilleur des peupliers régénérés est le peuplier de
la vallée de l'Ourcq ou peuplier de Meaux. Pour me
résumer, le commerce connaît aujourd'hui deux types
principaux de régénérés, avec de nombreuses variantes.
Ces deux types sont parfaitement distincts.
Le Blanc, qui est mâle, pousse plus droit, mais un peu
moins vigoureusement que l'autre, le Rouge ; ses feuilles
débourrent environ quinze jours après ce dernier; il
est préféré pour les plantations de pâturages, en ce
qu'il ne fournit point de coton nuisible aux bestiaux.
Le rouge, qui était jusqu'ici le plus répandu, mais
perd de sa vogue à cause de la production du coton, est
— 103 —
femelle; il est plus vigoureux. Dans les dénominations, le
domaine de la fantaisie est immense. M. Sarcé, à Pont-
vallain (Sarthe), grand propriétaire planteur qui, par
une sélection constante, a amélioré plusieurs sortes de
peupliers, a même dénommé ses peupliers Eucalyptus,
à cause de leur végétation exubérante.
Pourquoi donner ce nom, qui appartient. à un autre
arbre de grande valeur, au peuplier? J'eusse préféré
Peuplier Sarcé.
M. Sarcé, le sympathique planteur de Pontvallain
(Sarthe), que je viens de citer, a propagé par centaines
de mille deux espèces de peupliers, qu'il a sélectionnés
sous les noms de Peuplier Suisse blanc et rouge, dit Euca-
lyptus. Lune des variétés est mâle; Tautre, femelle. Le
Peuplier Eucalyptus, pour la variété mâle, est une forme
sélectionnée du Peuplier Serotina (Hart), peuplier mâle,
très communément cultivé, que Ton dénomme également
Suisse. Ce peuplier a un bois un peu léger, un peu ana-
logue au peuplier noir et croît très vite.
11 exige beaucoup d'humidité et un sol profond ; dans
ces conditions, c'est un arbre très haut et ordinairement
très droit.
Dans ces conditions et après l'exposé très clair de
M. Breton-Bonnard nous conseillons la plantation
des variétés déjà énumérées :
Peuplier pyramidal d'Italie,
— Blanc de Hollande,
— Suisse commun,
— du Canada,
— Suisse Rouge et Blanc (Eucalyptus),
— Régénéré vrai.
— 104 —
Plantation, — Le choix des variétés étant fait, il
s'agit d'entreprendre la plantation. Nous la divise-
rons en deux parties :
/" Plantation de grande étendue y prairies^ terrains
frais, humides, marécageux.
Nous conseillons la plantation en lignes pour
former futaie, les lignes et les pieds distancés entre
eux de 4 mètres en 4 mètres, soit 625 arbres à
l'hectare. Ne pas planter en quinconce, afin de
faciliter l'accès des voitures entre les lignes lors de
l'exploitation ; cette distance est la plus rapprochée
que l'on puisse demander et s'applique à une plan-
tation complète lorsqu'il n'est pas demandé d'autre
production au terrain. Si, au contraire, on veut
obtenir une coupe de foin ou mettre des bestiaux au
pacage, il est préférable de planter de 10 mètres en
10 mètres. Mais, bien entendu, ces données sont
générales et n'ont rien d'absolu. Le planteur doit
s'inspirer des circonstances, de la nature du terrain
et du but qu'il veut atteindre. Si le terrain est
médiocre et peu fertile et que l'industrie du pays
demande des petits bois, il y a lieu de planter serré.
Si, au contraire, le terrain est profond et fertile et
que des gros bois soient demandés, il y a lieu de
planter écarté. En règle générale, il est préférable
de conserver les arbres aussi longtemps qu'ils pros-
pèrent encore, comme il le sera démontré au
chapitre Exploitabilité. Toutefois, en ce qui concerne
les plantations à l'état serré, il sera toujours facile
— 105 —
d'abattre au bout de 15 ans de plantation une partie,
soit 1/4, soit 1/2, suivant les circonstances et vendre
les arbres abattus à l'industrie pour la fabrication
des petites caisses d'emballage, caisses à fromages,
etc., où les bois de petites dimensions trouvent
leur écoulement facile. Cette éclaircie permettra aux
arbres restant d'acquérir leur complet développe-
ment. Dans les terrains appropriés à la culture du
peuplier (frais, humides) la plantation s'exécutera
comme il va être expliqué plus loin. Dans les
terrains positivement marécageux il est nécessaire,
sinon indispensable, de procéder à l'assainissement.
Si les eaux sont courantes, c'est-à-dire se renouvel-
lent fréquemment, avec un peu d'épaisseur de terre
végétale les peupliers Suisse, Canada et Régénéré
y pousseront admirablement. Mais si les eaux ne
s'écoulent pas et ne se renouvellent pas, étant par
conséquent stagnantes, il faut procéder à l'assainisse-
ment et faire le nécessaire pour rendre Teau cou-
rante en abaissant le niveau au moyen de fossés ou
rigoles ; ce travail aura pour résultat de surélever la
couche de terre végétale où l'arbre sera planté.
2^ Plantation de petite culture, allées, bordures des
ruisseaux, rivières, etc.
On doit planter des peupliers en bordure des prés
irrigués, près des haies qui les séparent et sur les
fossés qui peuvent y exister ; aussi en bordure des
rivières ou ruisseaux, des étangs et, en règle gêné-
— 106 —
raie, dans tous les terrains frais ou humides. Mais
combien de ces endroits sont restés improductifs
faute de penser à entreprendre ces plantations ? ?
Ici une remarque s'impose. En plantant au bord
des cours d'eau, ne pas planter trop près des rives,
car les rats d'eau creusent des trous sous les arbres,
rongent les racines et arriveraient à faire péricliter
les arbres au bout de quelques années.
La plantation des peupliers s'opère depuis la chute
des feuilles jusqu'à la montée de la sève, c'est-à-dire
du 15 octobre au 1*^' avril. La plantation d'automne
est toujours préférable, sauf dans les terrains par trop
marécageux où il vaut mieux ne planter qu'au
printemps.
Nous allons reporter l'exécution de la plantation
au chapitre Choix des Plants.
Du choix des plants, — l*" Les plants usuelle-
ment employés sont des tiges mesurant environ
3 mètres de hauteur et 10 à 14 centimètres de
circonférence à 1 mètre du sol et dont le prix varie
entre 40 et 60 francs le 100. Il est indispensable que
ces arbres soient jeunes et vigoureux (3 à 4 ans de
pépinière au plus), de bonne végétation, l'écorce
franche et non endommagée, en un mot, des arbres
de tout premier choix.
Plantation. — Faire un trou ou fosse, rond ou
carré, d'environ 0" 80 de diamètre et de 0™ 60 de pro-
fondeur, en ayant soin de piocher le fond du trou,
afin d'ameubler le sous-sol et faciliter ainsi le déve-
loppement futur des racines. Mais le peuplier ne doit
jamais être planté à une profondeur de plus de 25 à
— 107 —
30 centimètres et de façon que les racines latérales
supérieures affleurent immédiatement la couche
supérieure de terre végétale. Ceci est très important
car, malheureusement, beaucoup de planteurs ont la
funeste habitude de planter trop profond et les
arbres trop enterrés arrivent à languir et dépérir au
lieu de pousser. Ceci s'applique à toutes les planta-
tions en général et on ne saurait j apporter trop
d'attention. En plantant le peuplier, recouvrir les
racines de terre meuble, la meilleure, sans mottes;
soulever l'arbre légèrement et à plusieurs reprises
afin que la terre entre bien entre les racines et que
l'air ne puisse y pénétrer; puis, combler le trou ou
fosse avec les gazons et le reste de la terre. Avoir
soin de raccourcir les branches assez près de la
tige afin d'éviter prise aux coups de vent.
2° On emploie aussi fréquemment pour la planta-
tion des boutures non enracinées, appelées aussi
plançons. Cette méthode réussit surtout dans les
terrains tourbeux ou très marécageux et ne s'effectue
qu'au printemps. Voici ce qu'en dit M. G. Beau-
mont dans son fascicule Les Peupliers (librairie
agricole Paris) :
D'autres fois, on plante des plançons. Pour cela, au
moyen d un outil spécial, sorte de bêche à une seule
branche ronde, longue et pointue, munie d'une pédale
sur laquelle on appuie le pied pour enfoncer la tige ou
simplement d'un fort piquet enfoncé au moyen d'une
massue, on fait un trou profond quelquefois d'un mètre,
le plus souvent de SO centimètres, dans lequel on intro-
duit le plançon par sa base appointée.
— 108 —
Il meurt beaucoup de ces plançons et il faut recom-
mencer chaque année la plantation pour le remplace-
ment des morts, ce qui fait que Ton a rarement des
arbres se suivant comme force et comme vigueur,
résultat qui se traduit à la vente par la dépréciation
d'un certain nombre et diminue le revenu total. Quelque-
fois aussi, par mesure d'économie, on plante les arbres de
pépinière au piquet après leur avoir enlevé toutes leurs
racines. Ce procédé est mauvais et seulement recomman-
dable dans les marais ou dans les sols mouvants, là où
il est impossible de creuser des trous et où la terre
meuble et mouillée n'offre aucun obstacle au développe-
ment des racines.
Il résulte de ce que je viens de dire, et qui est
corroboré par la constante expérience, qu'il faut bien
planter ; les quelques sous dépensés en plus par arbre,
pour une bonne plantation, arrivent à donner un revenu
trop élevé pour qu'on néglige de les dépenser.
Nous partageons la manière de voir de M. Beau-
mont et ne pouvons conseiller cette méthode qu'aux
propriétaires déjà très expérimentés à ce sujet et
ayant les terrains convenables pour la reprise de
ces plançons (par exemple, dans les départements
de la Somme et du Pas-de-Calais).
Mais, par contre, nous conseillons tout particu-
lièrement aux propriétaires (qui ne voudraient pas
faire la dépense d'arbres tiges) de planter des plants
de 2 ans enracinés, mesurant 1 mètre à 1™50
de hauteur. Il y a lieu alors de faire un simple trou
à la bêche, d'environ 25 à 30 centimètres de dia-
mètre et de 25 à 30 centimètres de profondeur et
— 109 —
planter le sujet comme il est dit pour les tiges.
Le prix de ces plants varie de 5 à 10 francs le cent.
Avec ces plants, on peut planter très serré, quitte à
abattre les arbres les moins bons après quelques
années de plantation.
Entretien des plantations. — Lorsque la plan-
tation est effectuée, il y a lieu de protéger les jeunes
arbres s'ils sont plantés dans des prairies acces-
sibles aux bestiaux. Le meilleur procédé que nous
connaissions est de garnir ou entourer les arbres de
tiges d'épine blanche (ou aubépine), ou mieux de
tiges d'épine noire (ou prunellier épineux). Ces
brins ou tiges entourant Farbre seront liés ou liga-
turés avec du petit fil de fer ou avec des brins
d'osier, mais sans pression, afin de ne pas nuire au
développement du peuplier. Les épines ou dards
empêcheront les bestiaux soit de se frotter ou de
s'appuyer sur les jeunes arbres.
Si, au contraire, la plantation est faite sur les
rives des cours d'eau où une clôture extérieure les
garantit, ou si les arbres sont plantés sur les fossés,
haies, etc., en un mot, s'ils sont hors de l'atteinte
des bestiaux, aucuns soins particuliers ne sont
utiles, sauf ceux de
L'ÉLAGAGE ET DE L'ÊMONDAGE
Ce sont deux opérations qui sont bien distinctes
Tune de l'autre et qu'il est indispensable de ne pas
confondre :
1** L'émondage consiste dans le fait d'enlever les
— 110 —
branches dans l'intérieur de la tête de Farbre ; or, il
sera utile, après 5 ou 6 ans de plantation, de procéder
à un léger émondage. On coupera, près la tige de
Tarbre, les branches les plus fortes, dites gour-
mandes, puis celles qui seraient mal placées, for-
mant fourches et produisant fouillis à l'intérieur de
la tête des arbres ; celles trop longues qui menace-
raient de s'éclater et, enfin, celles qui prendraient
trop d'extension devraient être raccourcies. Ce
travail doit s'effectuer entre le l®' novembre et
le 1®' mars, c'est-à-dire pendant le repos de la
sève.
2** L'élagage consiste simplement à couper les
branches qui poussent sur le tronc. Pour procéder
à cette opération, il faut également le faire pendant
le repos de la sève. Pour les jeunes peupliers, jus-
qu'à l'âge de 15 ans, il est indispensable de leur
laisser les deux tiers de leur hauteur en branches,
par conséquent, un tiers du tronc sans branches.
Pour les arbres de 15 à 20 ans, la moitié en bran-
ches et la moitié sans branches. A partir de 20 ans,
laisser seulement le tiers de la hauteur en branches,
par conséquent, les deux tiers du tronc lisses et
absolument nets. Pour les branches à élaguer, il ne
faut jamais attendre qu'elles soient trop grosses, la
plaie faite devant se recouvrir dans deux années
maximum. C'est ainsi qu'on obtient des arbres
droits, lisses, sans nœuds et de grande valeur mar-
chande. Mais pour arriver à ce résultat, il est
nécessaire de procéder, après chaque élagage, à une
autre opération qui, quoique peu coûteuse, n'est
— m —
malheureusement presque jamais pratiquée. Nous
voulons parler de
L'ÉBOURGEONNAGE
qui consiste à faire tomber, dans le cours de Tété,
les bourgeons qui repoussent le long du tronc,
autour des plaies faites par Télagage. Pour cette
opération, qui est simple et qu'on ne peut trop
recommander, on se sert soit de la main, soit du
dos de la serpe, soit d'une raclette emmanchée.
Si on vent se donner la peine de procéder comme
nous l'indiquons, on obtiendra de gros et beaux
peupliers, sans nœuds, c'est-à-dire du bois d'œuvre
qui sera d'une vente facile et très rémunératrice.
Exploitabilité et produit des capitaux, — Au
cours de cet exposé, nous avons fait appel à la
compétence de M. Breton-Bonnard, mais où cette
compétence peut-elle être mieux appréciée, si ce
n'est dans T exploitabilité, aussi lui laissons-nous la
parole à ce sujet.
Généralement, elle est mal comprise et mal pratiquée.
D'un côté, ce sont des propriétaires qui, malgré la
maturité, souvent même, la décrépitude de leurs bois,
alors que les uns ont été meurtris et endommagés par
les ouragans, que d'autres sont visiblement attaqués de
pourriture, de gelivure et qu'il y en a dont la tête et les
branches mourantes aux extrémités indiquent non seule-
ment des bois ne poussant plus, mais perdant de jour en
jour de valeur, sous prétexte qu'ils n'ont pas besoin
d'argent, qu'ils ne veulent pas abîmer leur propriété,
etc., ne veulent point les vendre.
— 112 —
Ce sont de bien mauvais administrateurs, ils sont
aujourd'hui peu nombreux.
De l'autre côté, du côté du plus j^and nombre, les uns,
parce qu'ils ont besoin d'argent, d'autres, parce qu'ils ne
savent pas, aussitôt que les arbres ont une certaine
grosseur, qu'il se trouve un marchand pour les acheter,
s'empressent de vendre.
Or, ces propriétaires ignorent que la pousse d'un
arbre ne devient sensible, qu'elle n'est marquante au
point de vue mètre cube, c'est-à-dire volume, qu'à
partir d'une certaine grosseur.
Dans le peuplier, les couches concentriques ahnuelles,
lorsqu'il est planté en bonnes espèces dans un sol sul'ti-
sant, varient de 8 à 12 ou 13 millimètres; l'accroissement
se faisant sentir de chaque côté de l'arbre, c'est un
accroissement du double, soit 16 à 26 millimètres de
diamètre annuellement. Sur un jeune arbre, c'est insen-
sible, mais quand l'arbre est gros, si sa végétation reste
active, c'est marquant.
Tableau d'aeeroissement d'un peuplier régénéré» basé
à 10 mtlliinètres auuuellement
DIAMÈTRE
Circonférepce
LONGUEUR
CUBE
marchand
ESTIMATION
AGE
à 1"33
du sol.
à 1-33
du sol.
utilisable
du tronc.
au 1/4
de la circon-
férence.
basée
à 17 fr. le
mètre cube.
centimètres
mètres
mètres
francs
5 ans
0,08
0,25
5
néant
néant
10
0,18
0,56
8
0,09
1,53
15
0,28
0,86
10
0,30
5,10
20
0,38
1,20
12
0,70
12,00
25 -
0,48
1,50
14
1,26
21,42
30 -
0,58
1,82
16
2,10
35,70
35 —
0,68
2,05
18
3,30
56,10
40 —
0,78
2,48
20
4,80
81,60
— 113 —
On voit tout de suite quel intérêt il y a à prolonger
la vie des peupliers qui croissent encore régulièrement.
Il est donc important qu'un propriétaire réfléchisse
longtemps avant de porter la cognée au pied dun
arbre.
Tant qu'il n'a point atteint son maximum de croissance,
il rapporte au centuple dans une forte grosseur, c'est-à-
dire dans un âge avancé, comparé avec de jeunes
arbres de la même espèce.
Les signes certains auxquels on reconnaît qu'un arbre
ne croît plus et qu'il faut l'abattre sont ceux-ci : avant
tout, c'est quand la circonférence n'augmente plus et
quand les branches meurent dans les bouts ; ensuite, les
branches maîtresses deviennent plus horizontales et
certains vices se découvrent. En été, les feuilles sont plus
jaunes, l'aspect général est très appréciable.
Il est un on dit propagé partout où l'on cultive le
peuplier, c'est que celui-ci produit un franc par pied et
par an. Cela ne repose sur rien, le tableau publié ci-dessus
en fait foi. En thèse générale, c'est peut-être à peu près
le produit qu'on en retire par une culture négligée et
dont les principes sont méconnus, mais il est absolument
certain que la culture du peuplier est l'une des plus
rémunératrices et que, bien faite, elle donnera plutôt
plus qu'un franc par pied et par an.
Nécessairement, la proximité des gares et canaux, les
facilités d'exploitation, influent grandement sur le résul-
tat final. Je pourrais citer beaucoup de faits où le revenu
a dépassé de beaucoup un franc, je me contenterai d'en
exposer un seul dont l'exactitude est garantie.
J'ai connu, il y a une vingtaine d'années, un proprié-
taire qui, ayant loué une prairie pour trente années et
l'ayant alors soigneusement plantée en peupliers, a pu
8
■'^û.
âM
m M
' ÎJt lij
»•■:■ • .
t,--i,~*iS-'S', aotiuv .^
g.'^:»;^^; «UMu- ,j„e pour
I.
■
f
— 115 —
petits meauisiers, charpentiers, débitants à mains,
n*existent plus, que les acheteurs sérieux sont unique-
ment les scieries, où les machines-outils actuelles ont
une énorme production, demandant beaucoup de bois, la
vente au détail ne se comprend pas, elle occasionne
10 7o de frais, des droits de criée et de garde dont
nécessairement le vendeur, quoi qu'on en dise, supporte
la presque totalité.
Le mode le plus recommandable est le mode sur sou-
mission cachetée au domicile du vendeur ; avec lui, le
vendeur prévient les marchands qui lui conviennent,
dont il connaît la solvabilité, que tel jour, à telle heure,
il vendra telle quantité d^arbres, sis à tel endroit, sur
soumissions cachetées, préalablement déposées. Une
enveloppe contient le prix minimum au-dessous duquel
le lot ne sera pas adjugé, puis, en présence comme
en l'absence des marchands, les soumissions sont déca-
chetées, le plus offrant, si son offre est suffisante, est
déclaré acheteur. 11 signe immédiatement un sous seing
privé qui relate les délais de paiement, d'enlèvement,
conditions d'abatage, qu'on a fait connaître avant la
vente, et autres conditions de cautions, etc., qu'on a bien
vovdu indiquer, et la vente est réalisée sans aucuns frais.
C'est Tun des modes qui donnent les meilleurs résultats.
Avec lui, le propriétaire tire un bon parti des produits
et le marchand de bois, n'ayant aucun droit à payer, peut
payer cher et encore gagner sa vie.
Emplois divers, — Dans le cours de cette étude, j'ai
eu à examiner souvent les emplois du peuplier. Je vais
les résumer succinctement ici, ils varient suivant les
espèces.
Blanc,* vulgairement Blanc de Hollande, variétés
Canescens, Ypréau, Franc Picard, bois blanc, léger, tendre
— 116 —
et doux, susceptible de prendre un beau poli. A Paris, on
le nomme Grisard.
Utilisé en menuiserie pour meubles, panneaux, en
charpente et pour les mines, chemins de fer, qui en
achètent de grandes quantités pour la construction des
wagons, la carrosserie, panneaux et caisses de voitures,
matériel roulant de fermes, gros camionnages, cons-
truction de bateaux, etc., jouets d'enfants, ustensiles de
ménage ; on doit l'employer sec car il se tourmente ; bon
chaufEage.
Peuplier noir. — Le bois de peuplier noir, qui est fort
raide, travaille beaucoup quand il est débité aussitôt
après abatage. Il doit être laissé un an en billes
abattues avant débit pour ne point se tourmenter.
On en fait surtout des objets de grande fatigue, malles,
petite charpente, cales de wagons pour compagnies de
chemins de fer, sabots de voitures, etc., semelles de
chaussures de bas prix, battes pour tonneUers, etc.
Peupliers dits Suisses^ Régénérés et autres, Italiens. —
Infinité d'usages, tous ouvrages de menuiserie, meubles
à bon marché en bois peint, panneaux, dossiers de
meubles, fonds de tiroirs, dessous de placage, pour le
tranchage, les allimiettes, manches légers, caisses d'em-
ballage, cloisons, jouets, bimbeloterie, etc., chauffage
des fours. Son bois, sans odeur ni résine, convient
admirablement pour les pâtes alimentaires, chicorées,
biscuits.
Quant aux petits bois, on les emploie pour pâtes à
papier* Il n'est pas jusqu'à la sciure qu'on n'utilise.
Il semble superflu d'ajouter quoi que ce soit à ce
clair exposé, nous désirons cependant recommander
— 117 —
tout spécialement à tous nos amis et clients (qui
auraient une grande plantation de peupliers à entre-
prendre) l'ouvrage de M. Breton-Bonnard, qu'ils
trouveront chez M. Lucien Laveur, éditeur, 13, rue
des Saints-Pères, Paris.
Nous allions oublier un fait d'une importance
capitale :
Que les peupliers ont un ai>antage appréciable
sur tous les autres bois, c'est quils poussent bien
en retour ; c'est-à-dire quun terrain planté en
peupliers et exploité après 30 à W années de plan-
tation, ce même terrain peut être replanté 2 ans
après ladite exploitation et donnera le même résul-
tat dans un même laps de temps
PLANTATIONS DE HAIES VIVES
ET RIDEAUX DE VERDURE
Dans cette partie de notre traité, nous nous occu-
perons en première ligne des clôtures défensives
destinées, en règle générale, à retenir les animaux
dans les pâturages. Les essences à employer pour
obtenir un bon résultat sont peu nombreuses. Nous
ne pouvons conseiller que : l'Epine blanche ou Au-
bépine et le Myrobolan.
L'épine est assez connue pour nous dispenser
d'en donner la description.
Quant au Myrobolan, c'est une plante peu déli-
^1 poussant dans
" à-dire obtenir
ttte essence est
ure à l'épine
. — .^ ^ -- liême pourrait
tlS}mwW::^êsrWr&''Sis comme cette
'J\^â>'§^9lv£i^B^â'à 'a taille, on
p. -jt- -4t" -a" -*- -»■ -jï" **"
i«^^^_*^ï^îr||eur et à l'épais-
'lï:^^3|D||iî^ est employé en
^'ï^^^l^y*^^*^ nos voisins
"*||»ft^ liiez leurs cousins
'^È^I^gl qu'en pratique
-«■
— H9 —
il n'existe qu'une seule méthode rationnelle pour
obtenir une bonne haie, c'est la plantation sur deux
rangs; les rangs doivent être espacés entre eux
d'environ 12 centimètres; puis, sur ces mêmes
rangs, les sujets plantés en quinconce, de 10 en
10 centimètres, soit 20 plants au mètre courant.
Préalablement à la plantation, il est utile de prépa-
rer le terrain par un défonçage à la bêche ou à la
charrue, d'une profondeur variant de 25 à 35 centi-
mètres, suivant la nature du sol, et ce sur une lar-
geur de 50 à 60 centimètres.
Le sol étant bien ameubli, avant de planter les
sujets, il y a lieu de couper ou rafraîchir les racines
et de rabattre la tige à environ 12 centimètres
au-dessus de la racine. Ceci est indispensable pour
obtenir une haie bien fournie. Puis ce rabattage ou
taille se continuera chaque année (en ne permettant
pas un développement annuel en hauteur supérieur
à 30 centimètres), jusqu'à Tépoque où la haie aura
atteint la hauteur que Ton désire lui donner. Aus-
sitôt la plantation effectuée, il serait utile de
recouvrir toute la surface défoncée d'une bonne
couche de terreau ou mieux de fumier de ferme
bien consommé. Cette opération devrait être renou-
velée chaque année au printemps, en ayant soin de
sarcler ou détruire préalablement les mauvaises
herbes.
Il est de toute évidence que s'il y a des bestiaux
dans le terrain à enclore, une solide clôture sèche
devrait être établie à 1™20 de l'axe de la haie. Il
existe une seconde méthode qui consiste à planter
•— 120
les plants entre-croisés et espacés entre eux de 10
centimètres, comme l'indique la figure ci-dessous.
JEUNE PLANT d'ÉUNE (EN PLANTS ENTRE-CROISÉS).
Mais cette méthode ne peut guère s'appliquer
qu'aux clôtures de peu d'importance, par exemple
pour les jardins potagers, etc.
En dehors de ces clôtures que nous appelons
défensives par le fait même qu'elles servent à rete-
nir les animaux, il arrive souvent que les proprié-
taires ont besoin d'autres clôtures plus ornementales
et défensives en même temps, soit pour les jardins
potagers ou les parcs, ou pour toute autre cause. La
plantation de ces haies doit se faire exactement de
la même façon qu'il est dit ci-dessus. Les essences
que nous recommandons le plus particulièrement
sont les suivantes :
Charme ou Charmille commune.
Hêtre commun,
Hêtre pourpre ,
Berberis pourpre.
Poirier du Japon,
Acacia Triacanthos,
— 121 —
Laurier Palme,
Troène de Californie.
Toutes ces essences soiit rustiques sous presque
tous les climats et poussent dans tous les sols de
qualité moyenne. Elles se prêtent toutes également
bien à la taille.
Pour les rideaux de verdure, planter également
comme il est dit ci-dessus; cependant, les plants
devraient être écartés entre eux de 20 en 20 centi-
mètres et les rangs espacés aussi entre eux de 20 cen-
timètres.
Essences recommandées pour le nord de la
France au-dessus de la Loire :
Épicéa,
If commun.
Thuya du Canada,
Thuya Lobbii Gigantea.
Pour le sud de la France, les mêmes essences,
sauf le :
Thuya du Canada qui sera avantageusement rem-
placé par le Thuya de Chine.
Nous sera-t-il permis, puisque nous nous sommes
constamment placé au point de vue pratique, de
donner ici quelques conseils pour la plantation des
HAIES OU BORDURES DE BUIS?
Ces haies ou bordures très ornementales sont
généralement plantées dans les jardins potagers
pour former des plates-bandes ou agrémenter les
— m —
allées et retenir les terres. La méthode univer-
sellement employée est la plantation du buis à
bordure (Buxus Suffruticosa)^ en éclats provenant
d'anciennes bordures trop hautes et trop épaisses.
On achète généralement ce buis en bottes et on
procède au bouturage ou éclat.
Nous conseillons à tous et surtout aux personnes
qui n'ont pas de jardinier à Tannée, de planter du
buis enraciné que Ton trouve chez les pépiniéristes à
un prix variant entre 20 et 30 francs les 1 .000 pieds,
suivant la force. Ces plants forment des petites
touffes pourvues de nombreuses racines. Il en faut,
toujours suivant la force, de 12 à 18 au mètre cou-
rant. Aussitôt planté, la bordure est formée et
rentre tien est réduit à sa plus simple expression,
les plants enracinés n'ayant plus qu'à se développer,
tandis qu'avec les plants éclatés, de copieux et
nombreux arrosages sont indispensables et, malgré
tous les soins voulus, des vides viennent à se pro-
duire qu'il est difficile de remplacer.
123 —
PLANTATIONS DE POMMIERS A CIDRE
•
Il serait, pensons-nous, superflu d'entrer dans
des détails et d'exposer les avantages pécuniaires
qui peuvent être retirés de ces plantations. Cette
question est appréciée et résolue par les proprié-
taires des départements cidricoles. Nous n'allons
donc traiter que la question pratique de la plan-
tation et celle, au moins aussi importante, concer-
nant le choix des sujets et des variétés.
A notre grand regret, nous devons, pour rendre
hommage à la vérité, constater que, trop souvent,
les plantations de pommiers sont faites dans des
conditions très défectueuses, que les sujets plantés
sont de qualité inférieure et, qu'ensuite, combien
les soins qu'on leur donne sont insuffisants, sinon
nuls dans bien des contrées. Or, en procédant
comme nous allons l'indiquer ci-dessous, nous pen-
sons que ces résultats désastreux seront évités.
Plantations. — 1** Dans les terrains de 1'® et de 2®
qualité, c'est-à-dire au moins passablement bons,
il suffit de faire une fosse d'environ 1™ 20 de dia-
mètre et d'une profondeur d'environ 0°* 30 à 0™ 33,
puis de simplement planter l'arbre au milieu, en
ayant soin que les racines supérieures affleurent
juste le niveau du sol ou ne soient pas enfoncées à
plus de 0" 05. Comme le sous-sol n'aura pas été
remué, il serait utile de donner un coup de pioche
au fond de la fosse, mais sans ramener ce sol à la
— 124 —
surface. La terre extraite de la fosse étant toute de
bonne qualité est rejetée indistinctement- sur les
racines et dans toute la surface. Avoir bien soin,
en jetant la terre sur les racines, de soulever ou
remuer l'arbre, pour que la terre pénètre et se tasse
bien autour des racines, afin d'éviter le contact de
Fair. Dans les terrains mouillés, on procède de la
même manière, mais il est nécessaire de planter à
la surface du sol, quitte à prendre ou rapporter de
la terre pour butter les pieds des jeunes arbres.
Une plantation, dans ces terrains, trop profonde
ne donnerait aucun résultat. Pour éviter les effets
du vent, il sera nécessaire d'attacher l'arbre à un
fort tuteur, cela permettra aux racines de se déve-
lopper et, après quelques années de plantation, il
n'aura plus besoin de protection.
Avant de planter l'arbre, il est nécessaire de lui
faire les racines, c'est-à-dire rafraîchir les plaies
occasionnées par l'arrachage, et ce, au moyen d'une
serpette bien affilée, en coupant en biseau. Il est
également indispensable de lui faire la tête, c'est-
à-dire de diminuer ses branches pour faire équi-
libre avec ses racines. Une bonne dimension est
environ 0" 30, en laissant la branche maîtresse desti-
née à continuer la tige au double de cette longueur.
Dans les plantations de pommiers, il faut, autant
que possible, orienter les lignes du nord au midi.
En ce qui concerne les distances à observer
entre les sujets, nous ne pouvons donner de règle
absolue, c'est au propriétaire planteur à apprécier
la richesse de son terrain et la production autre
— 42b --
qu'il peut lui demander. En tout cas, il serait
nécessaire que chaque arbre eût un espace d'envi-
ron 4 mètres carrés, qui ne serait ni labouré ni
bêché, où on ne laisserait jamais pousser d'herbe,
où il n'y aurait rien autre chose qu'un épais paillis.
En effet, une fois la plantation terminée, nous
conseillons vivement de mettre au pied des arbres
un fort paillis, quel qu'il soit : fumier non con-
sommé, soit seul, soit mélangé avec sciure de
bois, tannée, marc de pommes, etc., le tout recou-
vert de tailles de haies. Renouveler cette opération
chaque fois qu'il en est besoin. Ce paillis a pour but
soit de maintenir, soit de ramener la fraîcheur au
pied des arbres et de leur faire développer au
collet ou, comme l'on dit, à ras de terre, de nou-
velles racines qui grossissent rapidement et donnent
aux sujets la magnifique vigueur que nous admi-
rons dans les plantations bien entretenues. La
plantation effectuée comme il vient d'être dit ci-
dessus, il reste à protéger les arbres, surtout si,
comme cela arrive fréquemment, ils sont plantés
dans les prairies où séjournent des bestiaux. Nous
conseillons vivement le procédé que nous avons
indiqué au chapitre Plantations du Peuplier (p. 409);
toutefois, il serait utile de recouvrir la garniture
d'épine d'un échalas métallique. Quant aux pro-
priétaires qui ont à leur disposition des bois bon
marché, ils pourront employer les échalas en bois,
mais c'est un moyen de protection dispendieux et
que nous ne donnons qu'à titre d'indication.
Une plantation faite dans ces conditions paraît
— 126 —
d^une simplicité extraordinaire, c'est cependant la
seule rationnelle et la seule que nous puissions con-
seiller. Et, pour bien nous faire comprendre, lions
mettons les planteurs en garde contre les pratiques
usuellement employées, et que nous n'hésitons pas
à qualifier de défaut, qui consistent à :
l** Creuser les fosses trop profondes, descendre
les racines jusqu'au fond du trou, rejeter la bonne
terre au fond de la fosse et la mauvaise par-dessus.
Or, ces racines enterrées à cette profondeur ne
poussent pas et, comme c'est la mauvaise terre qui a
été mise au-dessus, l'arbre est placé dans les plus
mauvaises conditions pour développer de nouvelles
racines, car il ne faut pas oublier que ce sont sur-
tout les racines traçantes superficielles qui donnent
au pommier une belle vigueur;
2** Une deuxième erreur est de mettre dans le
fond des fosses trop profondes des petites bourrées
de genêts, d'ajoncs, de ronces, d'épines, etc., et
ensuite de poser le sujet à planter sur ces bourrées.
Il se produira certainement un tassement, les
racines de l'arbre se briseront ou descendront à
une trop grande profondeur où elles seront au con-
tact de l'air et ne pourront se développer;
3** Un troisième défaut, aussi fréquent et aussi
déplorable que les autres, est de mettre dans les
fosses avant la plantation et surtout en contact
avec les racines des engrais divers, gadoues, ter-
reaux, fumiers, non encore décomposés, par consé-
quent susceptibles de fermentation. Le résultat
généralement obtenu est d'amener le blanc sur les
— 127 —
racines et de faire péricliter, sinon périr les arbres.
Cette méthode de plantation s'applique également
aux poiriers à cidre, à tous les arbres fruitiers
etv en général, à tous les arbres quels qu'ils
soient.
Du choix des sujets. — Le choix des sujets est
un facteur d'une importance capitale pour obtenir
un résultat tangible. Nous recommanderons donc
aux planteurs de toujours choisir des arbres de tout
premier choix, c'est-à-dire des arbres jeunes, droits,
autant qu'il est possible, vigoureux, en un mot, de
belle venue.
En règle générale, les arbres cultivés en pépinière
doivent arriver bons à planter après six années
maximun de plantation: or, suivant les terrains, ces
arbres devront avoir leur tête formée à 1™80 ou
2 mètres au-dessus du sol et mesurer de 0"* 10 à 0'°14
de circonférence à 1 mètre du sol. Tous les arbres
chétifs de cette pépinière, qui n'auraient pas atteint
le développement nécessaire et qui ne rempliraient
pas les conditions ci-dessus, doivent être considérés
comme des sujets de deuxième ou troisième choix.
Or, ces arbres de choix inférieur, qui ont manqué
d'air et de lumière dans leur croissance, ne devront
être plantés qu'exceptionnellement, lorsque le plan-
teur ne pourra ou ne voudra assumer la dépense
nécessaire à l'achat d'arbres de premier choix. Et,
en tout cas, ces arbres ne seront plantés qu'à grande
distance dans les terres en labour où ils auront
l'espace, l'air et la lumière qui leur ont manqué.
Mais il faut s'attendre à ce que ces sujets (pour
— 128 — '
nous servir d'une expression du métier) boudent
pendant deux ou trois ans. Il est encore, à Fheure
actuelle, admis dans certaines contrées des pays
cidricoles que, pour planter des pommiers dans un
terrain médiocre, il est nécessaire que les sujets
aient été élevés dans un terrain de même nature. ^
Or, qu'arrive-t-il? C'est que des pépinières sont éta-
blies dans ces terrains médiocres, que, forcément,
les jeunes sujets poussent très lentement, que le
cultivateur lassé néglige les soins à donner à ces
jeunes arbres, lesquels demeurent pour ainsi dire
à l'état sauvage.* Or, nous avons vu beaucoup de
propriétaires prendre, après une douzaine d'années
de plantation, les quelques sujets d'élite d'une telle
pépinière et continuer cette opération pendant un
laps de temps à peu près semblable. Inutile de dire
que le résultat est on ne peut plus mauvais et que
ceux qui en ont fait l'expérience ne sont assurément
pas tentés de la renouveler. C'est cette grosse erreur
que nous avons tenu à signaler.
Du choix des variétés. — En ce qui concerne le
choix des variétés, il est indispensable de connaître
le principe, la densité et le tanin de chaque variété.
Or, à ce sujet, nous ne pouvons que recommander
tout particulièrement les variétés qui ont été recon-
nues par l'Association pomologique de l'Ouest et \
par les deux grands savants normands MM. W. de
Boutteville et Hauchecorme comme étant les meil-
leures sous tous les rapports pour faire un bon
cidre.
Il est des variétés qui sont très riches en tanin,
i
— 129 —
d'autres d'une forte densité, d'autres possédant les
principes soit sucré, soit amer, soit doux: or, il est
reconnu que, pour faire un cidre fin et moelleux,
les principes sucré, amer et doux doivent j entrer
en parties à peu près égales et cela sans négliger
la quantité de tanin qui est nécessaire à la bonne
conservation du cidre.
Pour obtenir ce résultat, ou mieux pour obtenir
les fruits qui devront donner un cidre de bonne
qualité et de bonne conservation, il est indispen-
sable de planter les variétés utiles à cet effet. Mais
une seule variété, quelque bonne qu'elle puisse être,
ne pourra à elle seule donner le cidre désiré.
Mais où trouver les arbres greffés de ces variétés?
A ce sujet nous donnons ci-dessous un extrait d'une
conférence faite en 1904 par un membre autorisé
du Syndicat pomologique de France :
Que penser des jeunes pommiers * achetés chez les
pépiniéristes qui nous les vendent tout greffés ? Ce
sont, disent beaucoup de cultivateurs, des arbres qui
poussent vigoureusement, mais ne rapportent point.
Il est vrai que, la plupart du temps, les pépiniéristes
cherchent avant tout à obtenir des sujets de belle appa-
rence ; pour cela, ils greffent sur de tous jeunes sauva-
geons des variétés vigoureuses en bois, sans s'inquiéter si
ces variétés sont fertiles et de bonne qualité.
Eh bien ! j'estime qu'il est avantageux de se servir de
ces sujets. Il n'y a qu'à les greffer, un an après la plan-
tation, avec des variétés de choix et du pays, comme l'on
fait pour les sauvageons ordinaires.
Si poiu*tant on pouvait être sûr qu'ils ont été greffés
. 9
— 130 —
en bonnes variétés par le marchand pépiniériste, il n'y
aurait qu'à les laisser venir. On gagnerait ainsi plusieurs
années.
Il est évident qu'en remontant à une quinzaine
d'années, les pépiniéristes greffaient des variétés
vigoureuses en bois et d'une fertilité douteuse.
Mais, il faut dire (à Thonneur de notre corporation)
que, depuis ces quinze dernières années, ces mêmes
pépiniéristes ont tenu, sinon à devancer, du moins
à suivre immédiatement l'inévitable progrès. Or, il
est certain qu'aujourd'hui, nous pouvons affirmer
que la majorité des pépiniéristes cultivent, au prix
d'efforts considérables, les meilleures variétés de
pommes à cidre, reconnues et recommandées par
l'Association pomologique de France.
Nous ne saurions donc trop recommander aux
propriétaires de planter des arbres greffés, ce sera
pour eux un gain d'au moins quatre années. Toute-
fois, il existe dans certains pays quelques variétés
spéciales s'adaptant fort bien au climat et qu'il y a
intérêt à continuer à cultiver. Dans ce cas, on
pourra toujours les greffer en tête sur les sujets
déjà greffés d'écussons en pied, mais, dans ce cas,
il serait mieux d'en informer son pépiniériste et de
lui demander des sujets d'une variété vigoureuse.
Gomme règle, la densité ne doit pas être inférieure
à 1.050 grammes et la contenance en tanin à 4.000
grammes.
131 —
Au dernier moment et avant de mettre sous
presse, nous lisons dans la Revue mensuelle du
Touring-Club de France, numéro de septembre
1905, sous la signature de M. Onésime Reclus :
LE REBOISEMENT DES MONTAGNES
C'est pour avoir été tant de fois témoins des ruines
presque impromptu;
Pour avoir vu si souvent la chute de la cime, le
décollement ou la déchirure de la pente, la destruction
de la prairie et du verger, la mort de la source et la
fureur du torrent suivre immédiatement la mort de la
forêt, le châtiment punir aussitôt le crime;
Pour avoir observé qu'à chaque arbre disparu de la
montagne, la rumeur du torrent réveillait plus d'échos,
que sa force grandissait, qu'il entre-choquait plus de
rochers, et des rochers plus gros, qu'ainsi toujours plus
il désossait le mont; et que chaque rocher de plus,
entraîné par le flot ou déraciné par l'avalanche, c'était,
au loin, plus de sables et de vases dans le fleuve, dans
l'estuaire et nos meilleures rivières incapables de porter
un bateau qui ne soit pas un simple canot;
C'est pour tout cela que forestiers, géologues, géo-
— 132 —
graphes, montagnards, planicoles, bref, tout le monde a
fini par savoir la vérité vraie, qui est celle-ci :
Le salut de la montagne est dans le reboisement ;
Le salut des plaines est dans le reboisement;
Le sàlut des rivières est dans le reboisement;
Le salut de la terre est dans le reboisement.
Nous sommes heureux de mettre ces lignes sous
les yeux de nos lecteurs, parce qu'elles corroborent
heureusement la théorie que nous avons émise au
début de ce traité.
^9«*
TABLE DES MATIÈRES
Pages.
Avant-Propos 5
PREMIÈRE PARTIE. — Boisement en arbres
verts résineux i 7
Chapitre I". — Utilité du boisement 7
Chapitre II. — Du boisement par plantations ou par
semis 15
Chapitre III. — De l'exécution des plantations. — Du
choix des plants. — Conservation des plants. — Saison
de plantation. — Espacement. — Prix de revient à
l'hectare. — Produit des capitaux. — Impôt foncier. . 19
Chapitre IV. — Des essences: leurs qualités et terrains
leur convenant 35
Le pin sylvestre 35
Le pin maritime , . 37
Le pin laricio de Corse 38
Le pin noir d'Autriche 39
Le pin laricio de Calabre 42
Le pin d'Alep 43
Le pin cembro 43
Le pin Weymouth 44
Pinus rigida ou Pitchpin 45
Pinus Banksiana. Pin de Bank 46
L'épicéa commun 46
— 134 —
DEUXIÈME PARTIE. — Boisement avec végé-
taux dits bois feuillus 69
Chapitre I". — Utilité du boisement 69
Chapitre IL — Du boisement par plantation ou semis. . 70
Chapitre III. — De Texécution des plantations et du
coût ou prix de revient à l'hectare 70
Plantations sous bois 73
Chapitre IV. — Produit des capitaux 75
Chapitre V. — Des essences. Leurs qualités et terrains
leur convenant 75
L*aune commun ou rouge 75
L'aune blanc 76
L'acacia commub 76
Le bouleau 77
Les chênes 79
Le hêtre 83
Le hêtre pourpre. . 86
Le charme ou charmille 86
Le châtaignier 87
Le frêne 89
Les érables 91
Les ormes 92
Feuillus divers 94
Plantatloiis du peuplier 95
Utilité de ces plantations 95
Du choix des variétés 97
Plantation de grande étendue 104
Plantation de petite culture 105
Du choix des plants 106
Exécution de la plantation 106
Entretien des plantations 109
L'élagage et l'émondage 109
L'ébourgeonnage 111
Exploitabilité et produit des capitaux 111
Emplois divers 115
— 135 —
Plantations de haies vives et rideaux de verdure .... 117
Haies ou bordures de buis 121
Plantations de pommiers à eidre 123
Le reboisement des montagnes (M. Onésime Reclus) . . , 131
Gaen. — Imp. H. DELBSQUiss, rue Demolombe, 34.
I
IMPRIMERIE H. DELESQUES
34, rue Demolombe, 34
CA.EN
'-IJi^J'
••••
« <l^ •
IHI
: 102 825 825
ir '.i^
if.
« <@a>-»
_»I«_
m.
■<:
:5^:?^¥i
.'^'
■^
*7»>
f
■^»i
•^1
-''''^1
t
^
à