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Full text of "Traité pratique du service de l'exploitation des chemins de fer: a l'usage des agents et ..."

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TRAITÉ PRATIQUE 



SBBTICI n l'IIPIOITATION 



CHEMINS DE FER. 



PARIS. — nFRIMCRIB M PAIll BT IHUHOT, 
• i If» prèf 



TRAITÉ PRATIQUE 



SRRVICR DE L'IlPLOITimON 



CHEMINS DE FER 

A l'USAGI 
DES PERSOmiES QUI DÉSIBEST ENTRER AU SERVICE DES CHEMINS DE FER, 

DesComierçaits et des ficus Ai noide qniTeileit iTOlr des lodons claires et précises 
sv le senice de ce noiiTiaii et poissant noyen de travfort. 



«.HvAN 



ALBERT SCHILLINGS, 

CBir DS SBRVICB AU CHEHIll DE FER D'ORLÉAHS A BORDEAUX. 



PARIS, 

CARILIAN-GOEURY ET V<»» DALMONT, ÉDITEURS, 

UBBAIRES DES CORPS DES PONTS ET CHAUSSÉES BT DBS MINES , 

Quai des Augustins, u<" 39 et ûl. 
18/i8. 




H/fti 



DE L'EXPLOITATION 



DES 



CHEMINS DE FER.^ 



CHAPITRE I. 



imTRODUCTION. 



L'établissement des routes pour rapprocher les peu- 
ples et faciliter rechange de leurs produits a été sans 
contredit un des éléments les plus puissants de la civi- 
lisation et du progrès industriel et commercial. Aussi, 
n'y a-t-il pas , selon nous , d'études plus iijtéressisintes 
que celle des efforts faits par les peuples de tous les 
temps à se créer des routes , et celles du merveilleux 
progrès des éléments mêmes de production résultant 
de la facilitéet de la rapidité des moyens de commu-' 
nication. Tels que mille sources éparses, se frayant 
péniblement un chemin entre les rochers , s'absorbent 
inutilement dans un terrain stérile, ainsi s'arrêtent 

1 



— 2 — 

riudustrie et le commerce dans les contrées où le dé- 
faut de communications interdit à Thomme d'aug- 
menter son bien-être et annihile son activité ; creusez 
un lit facile d'écoulement aux pranières et leurs eaux 
s'y précipiteront , et iront porter leurs ondes fécon- 
dantes partout où nne main industrielle voudra les 
utiliser; établissez des voies de cooimunications aux 
-seconds 9 et l'activité industrieuse âe l'hoînme se dé- 
veloppera et s'étendra avec une rapidité aussi fertile 
que prodigieuse. 

Les grandes lignes de chemins de fer sont venues 
couronner ce principe de tous les âges : elles exerce- 
ront désormais une influence incalculable sur la fra- 
ternité des peuples, sur les relations internationales, 
comme sur le développement ultérieur de l'industrie 
et du commerce dans les contrées qu'elles parcourent. 

Nous voyons , au fur et à mesure que les lignes de 
fer se développent et s'étendent, le nombre des voya- 
geurs s'accroître au delà des prévisions. Et cependant 
tout dans ce nouveau et puissant système de locomo- 
tion est encore dans l'enfance. Les premiers pas seule- 
ment sont faits', et le dernier mot des chemins de fer 
ne se dira peut-être que dans un siècle. 

« Le premier pas est fait , courafl^ I poursuivons : 

M Le progrès est le dieu du siècle où nous vivons. • . ' 

Baithêlbiiv. 

Aussi nous semble-tril impossible d'émettre aujour- 
d'hui l'idée juste de ce que seront les lignes de fer, 
lorsqu'elles lieront un jour le midi au nord , Madrid à 
Saint-Pétersbourg, et Test à l'ouest, le Havre au 
Rhin, à Vienne, à Trieste, çtc, de l'importance de 



leur trafic par le transport des marchandises. C'est 
aujourd'hui une question résolue , et les administra- 
lions des grandes lignes y appliquent la plus sérieuse 
attention , que les chemins de fer réunissent les con- 
ditions les plus favorables aux transports de toute 
nature, et qu'aucune entreprise rivale, soit de roulage 
ou navale , ne pourra lutter avec eux : Abri dans des 
gares spacieuses et couvertes , rapidité dans le par- 
cours qui ne rencontre jamais d'obstacle , abri dans 
des waggons qui garantissent les marchandises contre 
les avaries causée» dans les voyages à grandes dis- 
tances, par le mauvais temps, par la détérioration 
des emballages et le cabotage sur les routes mal con- 
ditionnées ou mal entretenues. 

Lorsque les grandes lignes seront ouvertes à la cir- 
culation , il s'opérera , à ce que nous pensons , et dans 
un avenir peut-être peu éloigné , une révolution com- 
plète dans le mode des transports. Le commerce s'af- 
franchira , pour les transports à grandes distances , 
des entraves désespérantes et coûteuses des embal- 
lages, des nombreux chargements et déchargements 
et des camionnages. Les grandes entreprises manu- 
facturières, les grandes maisons de commerce , les 
commissionnaires pour les producteurs moins impor- 
tants et pour le petit commercé, auront chacun leurs 
quais et leurs bureaux dans les gares ; leurs marçhan* 
dises y arriveront; elles y seront emballées par eux- 
mêmes dans les waggons , pris en location aux com- 
pagnies, et voyageront ainsi, fermées et plombées, 
s'il y a lieu , jusiju'à leur destination , où les corres- 
pondants ou les destinataires les recevront également 
sur leurs quais dans les gares. 



- 4 — 

Les compagnies n'auront plus que la responsabilité 
stipulée dans les traités de location des waggons, et se- 
ront aflfranchies des embarras et des frais d'une comp- 
tabilité minutieuse et souvent tracassière; elles pré- 
lèveront un produit fixe et journalier pour la location 
des waggons , des quais et des bureaux. 

Lorsque l'on réfléchit à cet avenir large des che- 
mins de fer, on comprend l'intérêt immense qui s'y 
rattache. On comprend aussi comment le nombre des 
personnes qui se présentent aux emplois des chemins 
de fer s'accroît en proportion démesurée des besoins 
de chaque ligne qui s'ouvre à la circulatioji. 

Cependant très-peu d'aspirants aux emplois des 
chemins de fer ont des notions vraies sur la carrière 
qu'ils veulent embrasser, sur les -obligations qu'ils 
vont contracter; le plus grand nombre d'entre eux 
regarde les emplois dan& les chemins de fer comme 
des sinécures, quand c'est , au contraire, le métier le 
plus pénible , le plus assujettissant qui puisse exister. 

L'agent, quel que soit le degré qu'il occupe dans 
la hiérarchie dtes emplois , dépuis l'inspecteur jusqu'au 
cantonnier, doit, en entrant au service d'un chemin de 
fer, faire le sacrifice complet de son indépendance , 
de toute autre préoccupation que celle de son em- 
ploi , de tous les instants de ses 'jours -et de ses nuits. 
G'est te service le plus exigeant au toonde; rarement 
l'employé peut disposer d'un jour, d'une heure, si ce 
n'est des heures de ses repas et de son sommeil , et 
cellesrci mêmes lui sont parcimonieusement mesurées. 
Et, en effet, il ne saurait en être autrement dans un 
service, dans lequel l'exactitude à la minute est une 
des exigences les plus constantes et les plus impé- 



— 5 — 

rieuses, imposées à tout agent y parce que cette exac- 
titude constitue , non -seulement la régularité indis- 
pensable du service , mais encore parce qu'elle est 
une des conditions les plus importantes et les plus 
indispensables pour échapper aux accidents. 

Quant aux accidents , tant à redouter sur les 
chemins de fer, on peut dire ^ en général , que chacun 
des mille détails du service de la ligne est en même 
temps un moyen et un but de prudence pour les éviter. 
Le moindre de ces détails, qui se dérouleront au fur 
et à mesure , chacun à sa place dans cet ouvrage , 
ne concourt pas seulement à la sûreté des trains , 
mais cette sûreté peut même en dépendre, car la 
moindre négligence dans l'exact et rigoureux accom- 
plissement des devoirs d'un employé peut causer l'ac- 
cideritle plus grave: 

Si la perfection humaine pouvait exister dans une 
administration composée d'une multitude d'agents , si 
tons les règlements étaient partout et toujours ob- 
servés, si tous les employés appréciaient bien la gra- 
vité de leurs fonctions^ s'ils se pénétraient des mal- 
heurs qui peuvent résulter de la moindre négligence , 
il est évident qu'il n'y aurait jamais d'accidents. 

Aussi n'hésitons-nous pas à dire que les administra- 
tions des chemins de fer doivent être prudentes et 
sévères pour le choix de leurs agents et employés , et 
que ces agents et employés du service actif d'une 
ligne de fer, doivent être mieux rétribués que dans 
toute autre entreprise industrielle, parce que dans au- 
cune autre n'existe pour eux une responsabilité pa- 
reille ; nulle part, comme sur les chemins de fer, la 
sécurité , la vie de plusieurs centaines de personnes 



— 6 — 

ne peut dépendre, huit ou dix fois par jour, d'une 
distraction ou de Toubli d'un agent. 

Il est donc indispensable que ces agents soient à 
l'abri de toute gêne, de toute préoccupation embar- 
rassante pour eux et leur famille ; il faut qu'ils soient 
attachés à leurs fonctions par le plus puissant des 
liens , celui d'un bien-être assuré et proportionné à 
leur place. 

Toute administration de chemin de fer qui tiendra 
à avoir et à conserver de bons emplpyés, devrait 
s'imposer une règle aussi juste qu'importante pour un 
bon service , et qui jamais ne devrait être enfreinte 
par un motif de faveur, c'est que : le service de la 
ligne une fois organisé , toute place nouvelle ou tout 
avancement, devra être accordé aux einployés et 
agents en fonctions, et déjà éprouvés selon leur ca- 
pacité et leur zèle reconnus. Tout agent , ou employé 
nouveau venu , devra commencer par un emploi rela- 
tivement inférieur. 

Quant à la discipline nécessaire dans un chemin de 
fer, nous la comparerons volontiers à celle des mili- 
taires en temps de guerre : là aussi la négligence, 
l'oubli d'une sentinelle, peut causer la perte d'un 
corps d'armée , comme dans les chemins de fer la 
négligence, ou l'oubli d'un employé, peut occa- 
sionner l'accident le plus grave. Ainsi les règlements 
de service et de police doivent être d'une juste sévé- 
rité et l'application d'une amende ou d'une peine 
encourue , doit suivre indistinctement et rigoureuse- 
ment chaque négligence ou chaque faute. Le bon or- 
dre, la régularité et l'exactitude du service, ainsi que la 
sécurité du public, ne s'obtiennent qu'à ces conditions. 



— 7 — 

Mais souvenons-nous que les chemins de fer datent 
d'hier, et que dans des entreprises aussi colossales , le 
perfectionnement ne peut entrer qu'à pas lents. Orga- 
nisation administrative, traction, construction des 
gares des voyageurs et de marchandises surtout^ tout 
en est susceptible. 

Le gouvernement n'est encore intervenu dans cet 
immense intérêt public naissant que par les cahiers 
des charges, imposés aux compagnies, par une loi 
sur l'expropriation en leur faveur , par une autre loi 
relative aux établissements des grandes lignes, par la 
nomination des commissaires royaux et par une or- 
donnance de police; l'organisation administrative, 
les diverses fonctions des agents, la définition de leurs 
attributions, et par conséquent la partie de la respon- 
sabilité de chacun d'eux , ont été abandonnés à la vo- 
lonté des compagnies. Il y a là , à ce qu'il nous semble, 
un manque d'unité regrettable , et auquel l'avenir exi- 
gera sans doute qu'on porte remède. 

Les conamissaires royaux nommés par le gouver- 
nement sur toutes les lignes sont des hommes très-' 
honorables et distingués , mais étrangers aux intérêts 
qu'ils sont appelés à surveiller ; avant qu'ils n'ayent 
acquis les connaissances spéciales et l'expérience des 
services d'un chemin de fèr , ils n'exerceront aucune 
influence, ni sur l'administration, ni sur le service 
actif des lignes de fer. 

La dernière ordonnance royale sur la police des 
chemins de fer laisse, à notre avis, beaucoup à dé- 
sirer : les compagnies se sont vues obligées de pro- 
tester contre quelques-unes de ses dispositions con- 
traires à leurs cahiers des charges ; elle prescrit des 



— 8 — 

mesures et des précautions indispensables , mais qui 
s'exécutent forcément partout; elle entre dans des 
détails minutieux du service du mouvement et ne 
s'occupe point de mesures importantes, qu'il eût 
été essentiel et urgent d'imposer aux compagnies , 
autant dans l'intérêt de la sécurité publique que dans 
celui d'un bon service. Parmi ces mesures , une qui 
devrait figurer en première ligne, c'est que toute 
gare principale doit avoir une voie de départ et une 
voie d'arrivée, et que jamais et dans aucun cas, ces 
deux services ne doivent se faire sur une seule voie. 

Elle prescrit qu un train attelé de deux machines 
ne doit marcher qu'à la vitesse de 20 .kilomètres par 
heure ; cette prescription , si elle était suivie , annihi- 
lerait le but qu'on se propose d'atteindre en attelant 
deux machines à un train plus fort, car chaque fois 
que cela a lieu , c'est précisément pour marcher avec 
la vitesse ordinaire et pouvoir arriver aux heures 
prescrites par le règlement de service aux stations 
intermédiaires et à la gare destinatrice. 

Elle exige l'autorisation spéciale du ministre des 
travaux publics pour une foule de détails et de me- 
sures , dont l'adoption , pouvant être exigée pour des 
besoins instantanés, doit être laissée à l'appréciation 
et sous la responsabilité des chefs de l'exploitation. 

Elle confie aux agents spéciaux de police sur les 
chemins de fer, l'inspection et la surveillance d'un ser- 
vice compliqué , difiicile , et dont ils ne possèdent au- 
cune notion ; de sorte que leur intervention ou les 
rapports qu'ils adresseront à leurs supérieurs seront 
ou vexatoires ou ridicules au lieu d'être utiles. 

En s'occupant des fonctions des divers agents des 



— 9 — 

chemins de fer, œlles des inspecteurs , agents super 
rieurs du mouvement, qui sont des plus utiles et des 
plus importantes, ont été oubliées complètement ; ce- 
pendant sur les lignes d'Orléans , de Bordeaux et du 
Nord, une grande partie des trains sont accompagnés 
par des inspecteurs auxquels alors la sécurité de la 
marche et celle des voyageurs sotit confiées, et en cas 
d'accidents ils peuvent avoir à en répondre devant les 
tribunaux. 

Elle prescrit enfin que tous les employés de l'exploi- 
tation qui sont en contact avec le public, doivent ^ 
avoir un signe distinctif. Le but de cette prescription * 
est évidemment d'epseigner au public à distinguer les 
divers agents ou employés , afin qu'il sache à qui il ^ 
ait à s'adresser pour formuler une plainte ou faire une -" 
réclamation. Mais le choix de cçs signes distinçtifs 
étant laissé à la volonté de chaque compagnie., la con- 
fusion pour le public est inévitable : le même signe 
distinctif désignera sur une ligne un inspecteur, sur 
une autre un chef de service, et sur une troisième un 
conducteur ou un surveillant. Ainsi, je voyageur 
obligé de circuler sur plusieurs lignes , devra faire 
une étude spéciale des casquettes adoptées sur chaque 
ligne , afin qu'il apprenne à connaître les divers agents 
de chaque ligne. II nous semble qu'il eût été plus ra- 
tionel de rendre ces signes uniformes pour toutes les 
compagnies en les prescrivant dans l'ordonnance 
même pour tous les grades des agents. 

Nous oserons du reste dire notre opinion tout 
entière sur cette question : nous voudrions que tous 
les agents du service actif d'un chemin de fer, depuis 
le chef de l'exploitation jusqu'au dernier employé, 



"»■■ 



— !0 — 

fussent tenus de porter F uniforme , conune en Belgique 
et en Allemagne; mais nous voudrions que cet uni- 
forme fût le même pour toutes les lignes en France. 
Les chemins de fer sont des propriétés nationales, 
tout en étant concédés aux compagnies; les emplois 
dans les chemins de fer constituent, selon nous , un 
véritable service public ; c'est donc un uniforme natio- 
nal qu'il conviendrait do donner aux agents de ce 
service , et il nous semble qu'un uniforme à peu près 
pareil à celui des officiers delà marine, pour la coupe 
et la tenue, serait cdnvenable pour les agents supé- 
rieurs des chemins de fer. 

On pourrait encore désigner les différentes lignes 
par des numéros dans Tordre de date de leur adop- 
tion par la chambre des députés, ou de leur ouver- 
ture à la circulation. Ces numéros sur les boutons 
des unifprmes distingueraient les agents de chaque 
ligne: 



— 11 — 



CHAPITRE II. 



ADMINISTRATIOIli. — PEHSONNEL DE L'EXPLOITATION. 



1" Administration. 

» 

Les lignes de fer en France sont toutes concédées à 
des compagnies, dont les actionnaires nomment, en 
assemblée générale, parmi eux un président et un 
conseil d'administration. 

Ce conseil choisit parmi ses membres un directeur, 
comme sur Ja ligne d'Orléans , ou un comité de direc- 
tion, comme sur les lignes de Rouen, de Bordeaux 
et du Nord. 

Le directeur, ou le comité de direction , nomme à 
tous les autres emplois sur les propositions des chefs 
de division , ou des chefs de service. 

Les compagnies jouissant d'une entière liberté pour 
organiser leur administration comme elles^l'entendent, 
on comprendra que ces organisations diffèrent plus 
ou moins dans chacune d'elles; cependant la réparti- 
tion des affaires est généralement réglée de la manière 
suivante r 



■»■*• 



— 12 — 

i"" Cabinet et bureaux de la direction; 

2° Contentieux et secrétariat général ; 

3" Comptabilité et finances ; 

4° Cabinet et bureaux de l'ingénieur en chef; 

5* Exploitation; 

6** Matériel et ateliers. 

Sur la ligne d'Orléans les chefs de division de cha- 
cun des services se réunissent chaque semaine en 
* comité avec le directeur, pour discuter entre eux 

toutes les affaires de leur service respectif, et c'est le 
directeur qui décide en dernier ressort toutes les 
'^■.- questions , ainsi que l'opportunité d'adopter telle ou 

telle mesure. 

Sur les autres lignes, chaque membre .du comité 
de direction est chargé spécialement d'une des parties 
;. de l'administration. Toutes les affaires sont discutées 

en comité, et se décident par le vote de ses mem- 
bres, à la majorité des voix. Aucun ordre au reste 
n'est valable, s'il n'est revêtu de trois signatures des 
membres du comité. 

Nous ne nous occuperons spécialement que de 
l'exploitation , qui est la partie la plus importante de 
l'administration d'une ligne de fer, puisqu'elle ren- 
' ferme tous les détails du service actif; savoir : 

1^ Mouvement; inspection ; surveillance générale^ 
statistique de la ligne; 

2** Entretien et surveillance de la voie ; croise- 
ments et changements des voies ; passages de niveau ; 
gardes-barrières et gardes-lignes ; 

3° Matériel et service de la traction ; dépôts ; chef 
du matériel et de la traction ; chefs de dépôts ; méca- 
niciens ; chauffeurs ; 



— 13 — 

4* Gares des voyageurs ; stations; personnel. 
5° Gares des marchandises ; trafic de la ligne ; af- 
faires commerciales; personnel. 
6' Contrôle et comptabilité. 



2* Personnel. 



Le personnel de ces divers services est composé 
comme suit : 

fr. fr. 

Chçf de rexploitation oa du mouvement général, de. . . 8,000 à 12,000 
Sous-chef de l'exploitation ou du mouvement général, de. 5,000 à 6,000 
Bureau du mouvement : 

2 employés de. 1,600 à 1,800 

3 commis de ~ 1,200 à 1,500 



INSPECTION. 

Chef de l'inspection , de , . ,4,000 à 6,000 

Inspecteur, ï'* classe , de. .* 3,000 à 4,000 

Id. 2* classe, de 2,600 à 3,000 

Id. 3« classe, de 2,000 à 2,/ïOO 

Sous-inspecteurs, de 1,800 à 2,000 

ENTRETIEN ET SURVEILLANCE DE LA UGNE. 



Sous-ingénieurs où chefs de section , de. .......... . 3,000 à 4,000 

Conducteurs de travaux, de. .... ^ , , . 2,000 à 2,400 

Gardes-barrières, de '. 90o à 1,000 

Gardes-ligne ou. cantonniers, de. 1,10.0 à 1,200 

Chefs d'équipe des poseurs, de . 1,500 à 1,800 

Hommes d'équipe poseurs, de 1,100 à 1,200^ 



— 14 — 

MATÉRIEL ET TRACTION. 

fr. fr. 

Chefdtt matériel et de la iracilon. de MOO à 8,000 

Jnspccicur des machines, de 2,500 à 3,000 

Chef de dépûl de 2,500 à 3,500 

MécanlcleTia, de 2»500 à 5,000 

Chauffeurs, de »»000 à 1,800 

GARES PRINCIPALES. 

Gare des voyageurt. 

Chef de service, de 3,000 à 4,000 

Médecin, de.. 1,200 à 1,500 

Chef de gare, de a.400 à 2,500 

Sous-chef de gare (: 2 :), de 1,800 à 2,000 

Chef du petit enlrellen, de 1,800 à 2.000 

Receveur, de 2,000 à 2,400 

Facteurs chefs, de I16OO à 1,800 

Sous-facteurs chefs, de 1,400 à 1,600 

Facteurs, 1" classe, de.. 1,000 à 1,200 

Id. J2« classe, de 000 à 1,100 

Chef des.surveHlanU,de. 1,500 à 1,800 

SurvcHlaoU dé. . 1,200 à »> 

Cunirôleura, de 1,200 à » 

Conduéteurs*, V classe, de 1,500 à 1,600 

Id. r classe, de 1,200 à 1,400 

AlgulUeurs, de. . . • • • • 1,200 à w 

Graisseurs, de.\ 1»100 à 1,200 

Lampiste, de .^ 1,200 à » 

Chef d'équipe, de,. . l'^.OO à 1,800 

Soiis^:hef d^éqidpe,.de, 1.400 à 1,«00 

Htminics d^iqulpe de ' 1,100 à. 1,200 

Laveurs des voitures • 1,100 à 1,200 

BaUyeur, de «00 à 900 

Garçon de salle, de r ^® * *»^®® 

Gardienne des lieux d'aisances, de. 500 à 606 



— 15 — 



Gare des marchandisee. 

fr. fr. 

Chef de gare, de 3,0.00 à 3,500 

Sous-cbef de gare, de « * . . 2,000 à 2,500 

Caissier, de 2,000 à 2,ft00 

Chef de bureau, de 1,800 à 2,000 

Employés aux écritures, de 1,500 à 1,800 

Conducleurs, 1'' classe, de 1,000 à 1,800 

Id. 2« classe, de ^,400 à 1,000 

Cbefs d'équipe de 1,500 à 1,800 

Sûus-eljefa d'équipe, de 1,200 à 1,400 

Hommes d'équipe , de 1,200 à » 

Lampiste, de 1,200 à » 

Graisseurs, de 1,000 à 1.200 

SurveiUaqts, de., 1,100 à 1,200 

Garde dènHit, de 900 à 1,100 



STATIONS INTERBIÉDIAIRES. 
J}e 1'* elû8$e. 

Chef de station, de. . î 2,000 à 2)200 

Sous-ehef de station, de. . • • • • ^«^0 à 1,800 

Receveur, de. . - 1,500 à 1,800 

Facteur chef, de. 1,400 à. 1,600 

Facteur sous-cbef, de 1,200 à 1,500 

Facteurs, de. 900 à 1,000 

Survelllants^coDtrûleurs, de 1,100 à 1,200 

AlguïUeur de. 1,200 à » 

Hommes d^^ulpc , chargeurs, de 1,100 à 1,200 

Graisseur, de 1,000 à 1,200 

Gardienne des lieux , de 300 à AOO 

De 2' classe, ' 

Chef de sution, de , 1,600 à 1,800 

Receveur, de 1.500 à 1,000 



•^v^-* s 



»*»..* «^-'' 



— 16 — 

fr. fr. 

Facteur, de 1,200 à 1,500 

À Surveillant, de 1,000 à 1,200 

Aiguilleur, de 1,200 à » 

Graisseur, de 000 à 1,000 

De 3* classe. 

Chef de station, receveur 1,600 à 1,800 

Facteur, de 000 à 1,000 

Surveillant, de 1,000 à 1,200 

Il y a , en outre de ces employés à appointements 
fixes, dans les gares principales' d'une ligne de fer, des 
ouvriers , des artisans , serruriers, selliers, caroàsiers, 
peintres , etc. , pour le petit entretien du matériel rou- 
lant et des hommes de peine pour le maniement du 
coke, etc., qui sont payés à la journée. 

Nous avons déjà fait l'observation, au commence- 
ment du chapitré, que les compagnies jouissent en 
France d'une entière liberté pour l'organisation de 
leur administration; il en résulte que les titres des 
agents et employés diffèrent souvent pour les mêmes 
fonctions. 



3' Chef de l'exploitation , ou du mouvement général. 



Sur les lignes d'Orléans , de Rouen et du Nord il y 

a des chefs de l'exploitation , sur celle de Bordeaux il 

y a un chef de divisioû de l'exploitation , chargé dé la 

partie administrative , de la partie commerciale et de 

•îa partie financière de l'exploitation ; mais tout ce qui 



• - i7 — 

concerne le service actif de la ligne est déféré au chef 
du mouvement généçal. 

Les fonctions xhi chef de l'exploitation, ou .du chef 
du mouvement géjiéral , sont les pluà importantes et 
les plus difficiles de toutes celles d'xm chemin de fer: 
sur lui repose tout le service actif de la ligne , sur lui 
pèse de tout son poids Timmenae, responsabilité de la 
plus gigantesque et dé lapl<i3 dangereuse de.tontesies 
entreprises industrielles connues. La- régularité dans 
tous les services, l'exactitude des .départs. et des ar-* 
rivées; le plus ou moins de chance d'accidents dé- 
pend de son expérience, de son énergie, souvent 
de la promptitude , toujours de la rectitude de ses dé- 
cisions et de ses ordres ; de son habitude et de sa capa- 
cité d'apprécier et déjuger les agents sous ses ordres , 
et de placer chacun selon son aptitude et sa capacité. 

Le chef de l'exploitation doit en même temps être 
un négociant consommé*: il a la direction des affaires 
commerciales ; il discute avec le commerce ou les en* 
treprises industrielles, propose à l'administration et 
rédige les traités particuliers pour les diverses natures 
de transports périodiques ou à forfait , il exerce une 
haute et incessante surveillance sur le trafic des gares 
des marchandises et sur les comptabilités de tous les 
services. 

Cet agent supérieur d'une ligne de fer doit , selon 
nous , joindre aux connaisèances théoriques une expé- 
rience consommée et la pratique de loiis les services 
deJ'exploitation, depuis le graisseur et le mécanicien, 
et nous n'hésitons pas à dire que nous croyôns'ces 
hommes pratiques encore très-rares aujourd'hui en 
France. 

2 



— 18 — * 

Le chef de rexploilation ou du mouvement géné- 
ral organise le service des trains ordinaires d'été et 
d'hiver, et des trains spéciaux ; il propose à la direc- 
tion les améliorations et les dispositions qu'il juge né- 
cessaires et opportunes pour la régularité et la sécurité 
clu service de la ligne ; il fait les ordres de service et 
ordonne toutes les mesures d'ordre et de prudence 
que les circonstances, souvent le moment, exigent; 
iL reçoit les rapports journaliers de tous les agents, 
les annote et les transmet à la direction. 

Dans une administration bien comprise et ration- 
nellement organisée, tout ordre émanant de la direc- 
tion , concernant le service du mouvement , ne doit 
parvenir aux agents que par l'intermédiaire du chef 
de l'exploitation , de même que tous le agents ne doi- 
vent correspondre avec le directeur, pour ce qui con- 
cerne le service, que par l'intermédiaire de ce chef; 
car des ordres différents émanant de diverses autori- 
tés pour un même service présenteraient les inconvé- 
nients les plus graves pour la sécurité des transports; 
de même .encore, dans le double intérêt d'un bon ser- 
vice et de la sécurité publique, les administrations 
devraient se faire une règle de ne jamais accorder un 
emploi , ni un avancement dans le service actif dé la 
ligne, que sur la proposition du chef de l'exploita- 
tion , afin que celui-ci puisse accepter la responsabi- 
lité de tous les agents sous ses ordres. 

Lorsque dans une bonne organisation il y a un 
véritable chef de l'exploitation, à la portée des attri- 
butions de cette importante fonction, une sage admi- 
nistration doit l'investir de toute l'autorité nécessaire 
pour le bien du service , et indispensable pour pôu- 



— 19 ~ 

voir en accepter la responsabilité, et alors le chef du 
mouvement sous ses ordres n'est plus qu'un sous-chef 
de l'exploitation chargé spécialement du service du 
mouvement sur la ligne. 



4** SouS'Chef de Vexploitation ou du mouvement général. 



Le sous-chef du mouvement général , ou de l'ex- 
ploitation, lorsqu'il ne remplace pas dans le bureau' 
du mouvement, ou dans ceux de l'exploitation, le 
chef du mouvement général, lui-même en tournée sur 
la ligne , doit être constamment occupé d'une surveil- 
lance générale de tous les services dans les gares.. et 
stations sur la ligne. 

Rien he doit échapper à ses investigations et àsoa^ 
inspection. Sa surveillance doit principalement se por- 
ter sur le service dés gares de marchandises; il doit 
souvent examiner les liyres d'entrée en gare et les 
registres d'expéditions, vérifier les registres des ar- 
tides en souffrance de la grande et de la petite vitesse, 
s'enquérir des motifs des non-livraisons, et s'assurer 
que les articles en magasin sont ceux qui sont portés 
au registre ; qu'il n'existe aucune confusion entre les 
expéditions et les réceptions; que toutes les affaires, 
la correspondance, les questions de litige sont au 
courant; que rien n'est négligé ni arriéré, que les dé- 
bours sont acquittés, les remboursements expédiés. 

Il examinera la tenue des registres et tout ce qui 
concerne la comptabilité dans les gares de voyageurs 
aussi bien que dans celle des marchandises , survell- 



— 20 — 

lera la répartition du maiériel selon les besoins des 
stations^ son emplacement rationnel sur les voies de 
réserve; il s'assurera que les chefs des stations inter- 
médiaires connaissent les règlements et les ordres de 
service , qu'ils savent faire exécuter les manœuvres 
nécessaires pour le service de leur station , et les in- 
struira au besoin. Sa surveillance et ses investigations 
doivent enfin se porter et s'étendre sur tous les détails 
du service de l'exploitation. 



5* Inspection. 

Les. inspecteurs dans les chemins de fer en France 
sont une création de M. Delahante, chef de l'exploi- 
tation de la ligne de Paris à Orléans. La grande su- 
périorité , généralement reconnue pour la régularité 
dans toutes les branches du service de cette ligne , 
est sans doute due en grande partie à cette création. 
Il est du moins incontestable que les fonctions des 
inspecteurs bien comprises et bien dirigées sont un 
des rouages les plus utiles et les plus importants dans 
le service général de l'exploitation. 

Nous avons vu quelque part définir les fonctions de 
l'inspecteur, toutes (inobservations , et ïeur refuser la. 
faculté de donner des ordres , si ce n^est dans le cas 
de nécessité absolue , ou en mission spéciale. Sans 
doute les inspecteurs doivent tout observer, mais il 
leur faut en m^me temps l'autorité nécessaire pour 
rendre leurs observations immédiatement utiles. Dans 
les chemins de fer, plus que partout ailleurs, les plus 



— 21 — 

petites causes produisent presque toujours immédiat 
lement leur effet, et cet effet peut être d'une nature 
plus ou moins effrayante , plus ou moins terrible ; 
donc, si l'inspecteur remarque une faute , une négli- 
gence , une infraction quelconque aux règlements et 
aux ordres de service, son rapport, qui ne parvien- 
dra à l'administration que douze heures ou vingt- 
quatre heures après, n'empêche rien, ne remédie à 
rien ; il lui faut, en ces cas, l'autorité nécessaire sur 
tout agent inférieur d'empêcher ou de faire redresser 
immédiatement cette faute ou cette négligence. On 
évitera ainsi, très-souvent du moins, que la cause ne 
produise son effet. . 

Les inspecteurs de première classe peuvent être 
considérés comme les aides de camp du chef du mou- 
vement général , avec cette différence pourtant que 
leur mission ne se borne pas à transmettre ses ordres ; 
ils doivent en surveiller partout et toujours la par- 
faite exécution, et le suppléer dans les circonstances 
difficiles et imprévues. 

Il serait à désirer que les administrations ne pro- 
diguassent pas le titre d'inspecteur à toutes sortes 
d'agents dont les occupations sont étrangères au ser- 
vice actif de la ligne , tels qu'agents commerciaux , 
surveillants des plantations, haies, etc.; que les fonc- 
tions importantes d'inspecteur ne fussent confiées qu'à 
des hommes au caractère grave et posé, qui aient 
acquis par des services antérieurs, ou par un surnu- 
mérariat , pendant lecpiel ils auraient fait le service 
de divers emplois , les connaissances et l'expérience 
nécessaires pour remplir sérieusement leurs fonctions 
et en apprécier toute la responsabilité. Alors les ad- 



— 22 — 

ministrations n'hésiteraient sans doute plus à établir 
largement leurs attributions et à leur donner sur tous 
les agents inférieurs, quels qu'ils soient, toute Tau* 
torité indispensable à un bon service; alors aussi nous 
Verrions les inspecteurs exercer une influence mar- 
quée et salutaire sur tous les employés , et leur pré- 
sence dans un train inspirer la confiance et rassurer 
les voyageurs craintifs sur les chances d'accidents. 

Les inspecteurs doivent avoir l'expérience dans 
tous les détails du service ; ils doivent parfaitement 
connaître la ligne du parcours , les courbes , les 
rampes, les pentes et les paliers; les passages de 
niveau, les endroits où il faut aborder avec prudence, 
l'usage des signaux de jour et de nuit , les croise- 
ments et changements de voie ; tout sur la ligne enfin 
doit leur être familier, afin que jamais il n'y ait un 
moment d'hésitation ou d'embarras dans les circon* 
stances où il y a des mouvements ou des manœuvres 
à ordonner ou à faire exécuter, pu que la marche 
d'un train leur est confiée. 

Les inspecteurs de première classe doivent être 
chargés exclusivement des missions spéciales de l'in- 
spection et de la surveillance des divers services sur 
la ligne. 

Les missions dont ils peuvent être chargés sont 
aussi diverses que les détails d'un service de chemin 
de fer sont nombreux : tantôt c'est pour inspecter la 
comptabilité , l'intérieur des gares et des stations, l'é- 
tat de la voie , du matériel roulant, le service des 
gares de marchandises; tantôt pour faire des en- 
quêtes sur la conduite des employés, sur les causes 
d'un accident, sur les conflits s'élevant entre les 



— 23 — 

voyageurs et les agents , entre les employés aux mar- 
chandises, et les négociants; ils peuvent aussi être ap- 
pelés à remplacer les chefs de service et le^^éfs des 
gares principales de voyageurs ou de marchandises. 

Il est évident que pour des fonctions aussi impor- 
tantes et aussi graves, il faut des hommes posés et 
sérieux. - ^ . 

Le service d'accompagner les trains doit être con- 
fié aux inspecteurs de deuxième et de troisième 
classe. 

En Angleterre il n'y a pas d'inspecteurs, ou plutôt 
le titre d'inspecteurs est donné aux employés chargés 
de surveiller la police de la ligne , les policemen, que 
nous nommons en France les cantonniers; mais il y a 
un agent qui porte, le titre de conducteur-chef, upper 
gmrd , et dont les fonctions diffèrent entièrement de 
celles de nos conducteurs-^chefs. Cet agent reçoit le 
train avant le départ , il le vérifie dans tous les détails, 
et s'il le trouve en parfait état , il en donne un reçu ; 
dès ce moment , et jusqu'à l'arrivée à destination , il 
en est le maître suprême et en porte toute la responsa- 
bilité. Tous les autres agents , mécaniciens , conduc- 
teurs, etc., sont sous ses ordres et lui doivent une 
obéissance absolue. 

On comprend que chez nous , en France , il n'y 
ait que les inspecteurs, parmi nos agents, qui 
puissent remplacer cet agent anglais dans nos trains , 
car nos conducteurs chefs isont enfermés dans le four- 
gon à bagages; ils ont lesbagages à délivrer et à re- 
cevoir dans les stations ainsi que les feuilles dé route, 
les bulletins , les souches , etc. D'ailleurs , ni eux ni 
les mécaniciens, qui, du reste , sont assez occupés de 



- 24 - 

leurs machines , qu'ils ne doivent jamais quitter^ ne 
sont pas des hommes assez importants m assez graves 
et impoMDts pour qu'on puisse leur confier l.a sécu- 
rité, des voyageurs et les charger de la responsabilité 
d'un train. 

Il en résulte que tous nos trains^ en France, qui ne 
sont pas accompagnés d'un inspecteur, sont, pour 
ainsi dire , abandonnés à eux-mêmes ; car il ne s'y 
trouve en réalité aucun agent sur lequel on puisse 
rationnellement faire peser une responsabilité sé- 
rieuse. 

Quant à nous , nous n'hésitons pas à dire qae , 
dans notre opinion, la sécurité publique, plus encore 
que l'intérêt des compagnies, exige que tous les trains 
soient accompagnés par un inspecteur -, car nous pen- 
sons que le service de tous les employés d'un train 
en marche a besoin d'être constamment surveillé , et 
qu'il est indispensable qu'il y ait dans chaque train 
un agent supérieur, sérieux et responsable. 

Chaque fois qu'un inspecteur accompagne un train, 
il en a la responsabilité. La régularité de la marche 
et la sécurité des voyageurs lui sont confiés , et en 
cas d'accident il peut être appelé à en répondre devant 
les tribunaux. 

Il doit , par conséquent , vérifier le train dans toute 
sa composition avant le départ, et si cette composi- 
tion n'est pas en tout point conforme aux prescriptions 
du règlement , il doit avoir l'autorité nécessaire sur 
le chef de gare , ou tout autre , pour y faire remédier 
avant d'en accepter la responsabilité. 

Quant à la place que les inspecteurs doivent occu- 
per dans, un train , nous croyons qu'elle n'est dans 



— 25 — 

rintérieur de voitures que lorsqu'ils voyagent pour 
accomplir uûe mission spéciale , jamais lorsqu'ils ac- 
compagnent un train. Cependant, en ce dernier cas, 
nous ne voudrions- pas non plus voir les inspecteurs . 
placés sur les locomotives ; quand ils posséderaient 
fnême la science complète du mécanicien, leur pré- 
sence n'y serait point encore utile, et n'y ferait que 
scinder la responsabilité de ce dernier, et c'est ce que 
nous ne croyons ni prudent ni convenable. 

Nous voudrions voir établir un coupé sur les four- 
gons à bagages et les fourgons à marchandises, aussi 
bien pour les trains de voyageurs que pour ceux de 
marchandises. Ces fourgons soQt placés, dans la com- 
position du train, immédiatement après le tender; le 
coupé établi à l'avant de ce fourgon serait assez élevé 
pour dominer tous les wagons du train , de sorte que 
l'inspecteur, pourrait facilement communiquer d'une 
part avec le mécanicien , et avoir d'une autre part la 
vue sur tout le train pour observer le service des con- 
ducteurs gardes-freins , voir leurs signaux et leur en 
faire au besoin. 

C'est ainsi que l'inspecteur, accompagnant un 
train, pourrait, du haut de son coupé, voir la ligne et 
les employés préposés à sa garde, observer si le méca- 
nicien dépasse la vitesse voulue^ s'il la précipite dans 
les courbes , s'il la ralentit avant d'arriver aux pentes 
et aux abords des stations; s'il siffle au besoin à l'ap- 
proche des passages à niveau et pour avertir à l'ar- 
rivée aux stations , afin de faire serrer les freins ; s'il 
ne néglige enfin aucun des devoirs que les règlements 
lui prescrivent. Dans tous les cas, il faut que l'inspec- 
teur ait l'autorité nécessaire pour rappeler cet agent 



— 26 — 

à son devoir en lui ordonnant de se conformer avec 
la plus grande précision aux règlements et aux ordres 
de service. 

Cependant tant que cette place, ou toute autre 
dans des conditions à peu près pareilles, n'est pas éta- 
blie pour les inspecteurs, leur place, en accompagnant 
les trains, ne peut être autre que sur les locomo- 
tives , si Ton veut que leur présence soit utile. 

En résumé , quel que soit le vague dans lequel 
les administrations des diverses compagnies et Tor- 
dannance royale elle-même ont laissé jusqu'aujour- 
d'hui les attributions des inspecteurs , et par consé- 
quent la partie de leur responsabilité , il.nous semble 
évident que le but réel, le but principal de leurs fonc- 
tions est de prévenir les accidents autant que possible, 
en observant et en redressant immédiatement toutes 
les fautes et négligences partout où il s'en manifeste , 
et d'assurer ainsi par une surveillance active et vigi- 
lante, et toujours suivie d'un effet iminédiat , la régu- 
larité du service'et la sûreté de la marche des trains 
et par conséquent la sécurité des voyageurs. 

Les inspecteurs adressent' chaque jour un rapport 
au chef du mouvement général pour rendre compte 
de tout ce qu'ils ont observé et fait le jour précé- 
dent. 



— 27 



CHAPITRE III. 



ïiSiTRETIEN ET StmVEILLANGE DE LA VOIE. 



<* Organisation. — Voies diverses de la ligne de parcours. 

Cette partie importante du service comprend tout 
€e qui constitue les voies de parcours , que nous sup- 
posons entièrement établies et livrées à la circulation , 
pour ne nous occuper que du service de l'entretien et 
de la surveillance. 

La ligne d'un chemin de fer consiste en deux voies , 
l'une de départ, l'autre d'arrivée ; en embranchements, 
lorsque la ligne s'embranche sur une ligne mère , ou 
reçoit les embranchements d'autres lignes ; en voies 
de croisement , pour passer d'une voie sur une autre ; 
en voies d'évitement ou de garage , dans les gares et 
stations , servant à mettre à l'abri ou en réserve les 
wagons du service ordinaire, et, au besoin, les 
trains de marchandises marchant à petite vitesse, 
pour rendre le passage libre aux trains de voyageurs 
marchant à grande vitesse. Ces dernières voies sont 
plus ou moins grandes et nombreuses dans les gares 



— 28 — 

el stations , selon l'importance et le trafic de ces der- 
nières. Le mouvement du matériel s'y opère au moyen 
des aiguilles et des plaques tournantes , à bras , par 
les hommes d'équipe et sans le secours de la vapeur. 
Cependant nous ferons observer que le trafic de 
transport des marchandises prenant une extension 
plus grande de jour en jour, et exigeant par consé- 
quent des trains de marchandises en plus grand nom- 
bre , il est essentiel qu'il y ait. à toutes les stations in- 
termédiaires des voies d'évitement assez grandes pour 
qu'un train de marchandises de trente à quarante 
waggons au moins puisse s'y garer, afin de laisser 
passer des trains de voyageurs, allant et venant sur 
lés deux voies, du départ et de l'arrivée. 

Les aiguilles, les plaques tournantes, les mâts de 
signaux , les pompes , les maisons de gardes aux 
passages de niveau sont aussi commis à la surveil- 
lance des agents de ce service. 

Le personnel en est ainsi composé : 

i ** Les sous-ingénieurs , ou chefs de section ; 

2** Les conducteurs des travaux ; 

3** Les chefs poseurs et les hommes d'équipe ; 

4" Les gardes-barrières; 

5** Les gardes-ligne ou cantonniers ; 

6** Les gardes de nuit. 

La direction de ce service est confiée à l'ingénieur 
en chef de la compagnie, sous les ordres duquel sont 
placés les agents. 

Cependant tout ordre donné par l'ingénieur en 
chef, ou par les sous-ingénieurs, pour des travaux 
sur la ligne, doit préalablement être communiqué au 



— 29 — 

chef du mouvement général ou de Texploitation, et 
les travaux ne peuvent être commencés que sur l'au- 
torisation écrite de ce dernier. 

Les travatix neufs, les réparations importantes , le 
renouvellement de ballast ou de Tensablement de la 
voie , exigent presque toujours des transports de ma- 
tériaux, par conséquent un service spécial de trains 
En ce cas, le chef de l'exploitation avertit le chef de 
la traction et les chefs de stations par des ordres de 
service, prescrivant à chacun d*eux , en ce qui le con- 
cerne , les mesures de précaution et de prudence à 
observer. Les trains spéciaux nécessaires pour ce 
service devront toujours être accompagnés d'un in- 
specteur. 

La ligne de parcours est divisée en sections, ou 
arrondissements, et chacune de ces divisions est^ con- 
fiée à un sous-ingénieur ou chef de section ; car ici 
encore le titre diffère pour les mêmes fonctions sur 
plusieurs de nos lignes de fer en France. 

2° Sous-ingénieurs. 

Les sous-ingénieurs sont responsables de Tétât de 
la voie de leur section et des agents placés sous leurs 
ordres. Ils doivent souvent parcourir à pied leur sec- 
tion , accompagnés du conducteur des travaux , cha- 
cun dans son district, pour visiter les passages de 
niveau , s'assurer de l'état et de la tenue des maisons 
de gardes et des barrières, des fossés et rigoles pour 
l'écoulement des eaux , des haies et clôtures ; leur at - 
tention doit se porter particulièrement sur le bon état 



— so- 
dés croisements de voies et des aiguilles , pour s'assu- 
rer que la botte de Tassemblage est nettoyée et son 
pivot graissé, que la tige communiquant de la boîte 
aux aiguilles joue librement dans les trous des. rails 
et dans les caisses qui l'enveloppent , et si les ferme- 
tures des aiguilles sont bien ajustées; sur le maintien 
des distances entre les rails , pour donner le jeu né- 
cessaire à la dilatation et à Tinclinaison des rails dans 
les courbes. Ils doivent examiner si les pompes pour 
Talimentation d'eau des machines et les mâts de si- 
gnaux fonctionnent bien. Enfin tout ce qui concerne 
Içbon état et le parfait entretien de la voie est commis 
à leur surveillance active et intelligente. Les sections 
ou arrondissements sont divisés en districts, et 
chaque district a son conducteur des travaux , sous 
les ordres immédiats duquel sont placés les équipes 
des poseurs, composées, chacune,* d'un chef poseur et 
de plusieurs ouvriers, hommes d'équipe. 

3* Conducteurs des travaux. 

Les conducteurs des travaux doivent souvent faire 
des tournées à pied dans leur district pendant la nuit 
pour s'assurer que les gar-des de nuit font leur service, 
que les lampes de signaux sont pourvues d'huile , et 
que les employés fout les signaux prescrits au passage 
des trains. Ils doivent, une fois par jour au moins, 
parcourir leur district 9 visiter chaque garde-bar- 
rière et chaque garde-ligne, s'assurer de la manière 
dont ils font leur service , examiner l'état de la voie , 
son entretien et sa propreté. Ils ont à remarquer at- 



— 31 — 

tentivement s'il y a de mauvais joints , si les coussi- 
nets sont à leur place , si l'élévation des rails ^exté- 
rieurs et des rails inférieurs , dans les courbes, est 
exactement maintenue dans les proportions voulues 
de leurs rayons, si les aiguilles, les pompes et les 
mâts de signaux fonctionnent aisément ; ils ont à 
examiner particulièrement l'état de la voie aux abords 
des passages de niveau et des ponts , el lorsqu'ils dé- 
couvrent une défectuosité quelconque, ils doivent 
observer exactement les endroits où les travaux de 
réparation sont nécessaires, en donner immédiate- 
ment avis au sous-ingénieur, et en même temps les 
signaler au chef d'équipe sous leurs ordres. 

Pendant l'exécution des travaux sur la ligne, les 
conducteurs des travaux doivent sévèrement tenir la 
main à ce que les mesures de prudence prescrites 
aux chefs d'équipe soient strictement observées. 
Chaque équipe d'ouvriers doit être munie, des si- 
gnaux : un dràp^u roiïge pour le jour et des lan- 
ternes à verres ifouges pour la nuit. Chaque fois 
qu'une équipe est occupée à fairedes réparations sur 
la voie , le chef d'équipe doit envoyer un des ouvriers 
à cinq ou six cents mètres au-devant du train qui 
doit arriver, afin que le mécanicien soit averti à temps 
d'arriver avec prudence. Pendant le jour, cet ouvrier 
montrera son drapeau rouge en l'inclinant sur les 
rails ; pendant la nuit , il montrera sa lanterne rouge 
sans l'agiter. ^ 

Généralement aucun travail de nature à rendre le 
passage des trains dangereux ne doit être entrepris 
sur la voie, avant d'avoir planté préalablement des 
drapeaux rouges à six cents mètres au moins en 



— 32 — 

ayant et en arrière de l'endroit où la réparation a 
lieu. En outre de ce signal, un drapeau rouge doit 
être agité violemment , à l'approche d'un train , par 
un des ouvriers envoyés à sa rencontre. 

4** GardeS'barrières. 



Chaque passage de niveau a son garde-barrière. 
Ces gardes ne doivent point s'éloigner de leur poste; 
car pendant leur absence , même momentanée , on 
pourrait entrer sur la voie , laisser les barrières ou- 
vertes, et un train survenant à passer, il pourrait en 
résulter de graves accidents. 

Les barrières des passages doivent être constam- 
ment fermées ; elles ne seront ouvertes par le garde 
que pour laisser passer les voitures ou les animaux 
qui se présentent, et seront refermées immédiatement 
après leur passage. Chaque fois, et aussitôt tju' un 
trainest en vue, ou qu'il a été signalé par le son du 
cornet des gardes-lignes , le garde4)arrière na doit 
plus ouvrir, sous aucune prétexte , ni pour aucun 
motif, mais refuser tout passage jusqu'à ce que le 
train soit passé. 

Nous ne pouvons pas dissimuler notre étonnement 
de ce que, dans les nouvelles constructions des lignes 
de fer, on n'ait pas songé à écarter un sujet des 
craintes les plus fondées d'accidents graves , en sup- 
primant radicalement les passades de niveau. Malgré 
les soins apportés à leur construction , malgré l'agen- 
cement particulier des rails au passage des chaussées , 
il est généralement reconnu que ces passages pré- 



— sa — 

sentent toujours a& dangers réels et éminents. Ce- 
pendant nous ne pensons pas qu'il y ait véritable- 
ment des motifs d'économie à les établir : outre qu'on 
est souventobligé de changer la route traversée par 
des déblais ou des remblais considérables, il faut 
ajouter à cette dépense celles de la construction de la 
maison du garde, des barrières, de l'agencement 
particulier des rails , et enfin du traitement annuel 
du garde. Ces dépenses réunies équivaudront presque 
toujours à celles de l'établissement des pçnts sur 
rails, ou des passages sous rails. Mais que le motif 
d'économie soit réel ou non , l'établissement des nom- 
breux passages de niveau , sur les lignes construites 
jusqu'aujourd'hui , est à déplorer, et le motif d'éco- 
nomie ne peut et ne doit pas être mis en balance avec la 
sécurité des. transports et la vie des voyageurs. Nous 
connaissons une ligne qui , sur 115 kilomètres de 
parcours , compte 93 passages de niveau ; supposez 
sur cette ligne 1 4 trains, aller et revenir chaque jour, 
c'est 44 fois 93, ou 1,330 chances d'accidents par 
jour, que vous ôterez à. cette ligne, en remplaçant 
ses passages de niveau par dés ponts sur ou sous 
rails. 

Le garde - barrière est muni des signaux de jour 
et denuit : pour le jour^ un drapeau rouge et un dra- 
peau blanc; pour la nuit, une lampe à signaux ayant 
des lumières blanche et rouge. 

A l'approche d'un train ou d'une locomotive, il 9e 
place en dehors de la voie , da côté opposé à celle où 
passe le train, et si la voiaest libre et qu'aucun ob- 
stacle ne s'oppose au passage du train , il déploie son 
drapeau blanc pékidant lé jour, ou présente la lumière 

3 



— 84 — 

blanche de sa lanterne pendant la nuit ; si la voie n'esC 
pas libre, ou qu'un sujet qudconque exige que le 
train s'arrête ou opère son passage avee prudence , il 
déploie pendant le jour son drapeau rouge, oupré* 
sente la lumière rouge pendant la nuit , en tes abais- 
sant vers les rails. S'il y a un danger éooiinent à 
craindre, s'il y a, par exemple, rupture de la voie 
ou un train arrêté devant celui qui arrive y. alors le 
garde agite violanmenf son drapeau ou sa lamièie 
rouge, ce qui indique au mécanicien de s'arrêter à 
fout prix y. et le plus promptement possible. 

&* GaTdes4igne^j ou cantonniers. 

Les garde&-ligne ou cantonniers sont chargés de la 
garde d'un canton , subdivision des districts. Ces 
gardes doivent être plus rapprochés , et par consé- 
quent plus nombreux dans les courbes, en tranchée. 
En général, pour une. plus grande sécurité dans la 
marche des trains, il est à désirer que les gardes* 
ligne soient assez rapprochés 11m de l'autre pour 
pouvoir se voir, en se trouvant placés chacun à l^ex- 
Irémité de son canton ; de celte mamère une commu- 
Bication constante et ^ non interrompue se trouverait 
établie sur tout le parcours de la figne. 

Ces gafdesne doivent quitter leur poste , à rap- 
proche de la nuit,. qu'à l'heure prescrite par les rè- 
^ements , et après qu'ils auront été remplacés par les 
gardes de nuit. ., . 

Le matin , ils doivent être rendus à leur |>oste assez 
tôt pour parcourir toute l'étendt^ du caoiton confié à 



— 35 — 

leur garde, avant le passage du premier train ; dans 
ce parcours ils doivent observer dans quel état se 
trouve le chemin , s'assurer que les coins sont bien en 
place et serrés à fond , s'il y a des coussinets cassés , 
s'il n'y a aucun dommage commis pendant la nuit, 
s'il ne se trouve enfin aucune défectuosité sur la voie. 

Les gardesrligne sont pourvus de cornets comme les 
gardes-barrières : à l'approche de chaque train , ils 
sonnent de ce cornet pour éveiller l'attention du garde 
suivant. Bs sont munis des mêmes signaux de jour et 
de nuit comme les gardes-barrières, et ils ont à en 
faire le même usage. 

Chaque garde-ligne est en outre muni d'une pelle, 
d'une pioche, de quelques balais et d'un râteau; il 
doit tenir la voie , dans toute l'étendue de son canton, 
dans un parfait état de propreté. 

La ligne entière d'un chemin de fer doit constam- 
ment ressembler à une allée de jardin anglais bien 
sablée, bien entretenu^, ei à laqudle un jardinier 
soigneux a fait tous les matins une fraîche toileke. 

6"* Garde de nuit. 



Les gardes de nuit remplacent pendant la .nuit les 
gardes-barrières et lep gar^œ-lignè , c^est-à-dire que 
la garde de là voie leur est confiée. 

Us' sont arméç d'une carabine et munis de lanternes 
sourdes à verres blancs et rouges. 

Us doivent parcourir chaque nuit le canton confié 
à leur garde, s'assurer que la voie est libre, que les 
barrières des passages à niveau sont bien fermées à 



— 86 — 

cadenas , que les bascules établies sur les \o\e& de 
réserve et de service des stations sont rabattues el 
fixées par un cadenas. 

Si la voie est obstruée ou interceptée , le garde de 
nuit doit àe porter en toute hâte à 1 ^.000 mètres au 
moins en avant y pour faire au train arrivant le signal 
d'arrêt, en agitant sa lanterne avec le verre rouge ; 
s'il se trouve auprès d'un passage de niveau, il éveille 
le garde-barrière et l'envoie soit en avant , soit en 
arrière, faire les m^es signaux d'arrêt au besoin. 

Les conducteurs de travaux , les gardes-barrières^ 
les gardes-ligne et les gardes de nuH sout assermen- 
tés , et comme tels assiinilés aux gardes champêtres. 
Ils peuvent, en cette qualité, constater les délits et 
les contraventions par voie de procès- verbaux.. Ces 
employés doivent bien se pénétrer de l'importance de 
leurs fonctions ; ils sont en quelque sorte revêtiTscl'un 
caractèrepublic,et la surveillance la plus rigoureuse 
et la. plus vigilante^' qui leur est imposée intéresse à 
un haut degré la sécurité des voyageurs. 

7* Signaux. 

On comprendra aisément de quelle importance sont 
les signaux dans le service d'ui^ chemin de fer, quand 
nous dirons qu'ils sont le constant et indispensable 
guide du mécanicien pendant la mar^^he des trains. 
Aussi tout employé dû service actif sûr la ligne doit- 
il parfaftement connaître les signaux et être bien pé- 
nétré de leur importance. - 

Les signaux ne sont pas les mêmes sur toutes les 



- 57 — 

lignes en France; ^cependant les signaux généraux 
diEE^rent peu : la couleur et la lumière blanches indi- 
quent partout que la voÎB est libre, et qu'on peut 
marcher ^i avant sans crainte ; la couleur et la lu- 
mière rouges incUquent également partout qu'il y a 
un obstacle quelconque , et que le mécanicien doit 
avancer avec prudence , ou arrêter le plus prompte- 
ment possible. Les signaux particuliers , ceux à Ta- 
vant et à l'arrière des machines et des trains, diffèrent 
plus ou moins; d'autres signaux différent quelquefois 
dans leur signification et dans la manière d'être pré- 
sentés ; chaque compagnie a son r^lement propre à 
cet égard. 

Nous nous bornerons à transcrire ici les signaux 
adoptés par le règlement de la ligne d'Orléans à Tours, 
qui a profité de l'expérience d'autres lignes, ses 
aînées, pour, établir un système de signaux que nous 
croyons en même temps le plus rationnel et le plus in- 
telligible. 

Les mâts de signaux, placés à 200 mètres et plus 
en avant et en arrière de chaque station , sont établis 
pour faire connaître l'état de Ja voie aux trains qui 
abordent la station. 

L'un des mâts sert pour la voie montante, l'autre 
pour la voie descendante. 

Pendant le jour, les mâts de signaux présentent à 
la voie , selon la circonstance , un disque blanc ou 
un disque vert, ou un parallélogramme rouge, et 
pendant la nuit , pour les mêmes circonstances , des 
feux blancs , ou verts, ou rouges. 

Le disque ou feu blanc indique que la voie est 
Ubre et que le train peut passer en toute sûreté v le 



— »8 — 

disque ou feu v^ indique au mécanicien que le train 
doit s'arrêter à la station ; le parallélogramme ou lé feu 
rouge indique au train arrivant qu'il y a quelque 
obstacle devant lui , et qu'il doit s'arrêter aussitôt que 
la couleur rouge lui apparaît. Le mécanicien doit , 
par conséquent , fermer aussitôt son régulateur, don- 
ner le signal de serrer les freins, et employer tous les 
moyens en son pouvoir pour arrêter le train le plus 
prompiement po^ible. 

Chaque fois que les voies dans une gare ou station 
sont encombrées par le mouvement du mat^el, pour 
la composition ou la décomposition des trains , ou 
pour toute autre manœuvre , la couleur rouge doit 
être arborée au mât de signaux . 

Aussitôt qu'un train , soit de jour, sbit de nuit , est 
arrêté dans une station intermédiaire, le signal est 
mis et reste en évidence pendant encore cinq minutes 
après le départ du train. 

Pendant la nuit , le même signal est mis en évidence 
lorsqu'une locomotive ou un train passe à une station 
sans s'arrêter. 

Nous avons déjà fait mention des signaux des 
gardes-barrières et des gardes-ligne , pages 33 et 35. 
Pendant le jour, le drapeau blanc déployé signifie 
que la voie est libre; le drapeau roùge incliné vers la 
terre indique qu'il ne faut avancer qu'avec prudence. 

Ce même drapeau rouge agité violemment indique 
que la locomotive doit être arrêtée Je plus prompte- 
ment possible. Les mêmes signaux faits pendant la 
nuit avec la lumière blanche et la lumière rouge ont 
les mêmes significations. 

Deux lampes avec des lumières blanches sont at* 



— »9 — 

lâchées pendant la nuit à Tavant de chaque locomo- 
tive ; lorsqu'elle est seule j sans, train , uflb lampe 
avec une lumière rouge est attachée à Tarrière du 
tender, de manière qu'elle puisse être vue par une 
locomotive qui viendrait sur la même voie. Lorsque 
la machine est à la tête d*un train , elle a ses deux 
lumières blanches à Tavant, et le dernier wagon du 
train, qui est une voiture à frein, porte à l'arrière 
trois lampes à lumières rouges. 

Lorsqu'un train spécial ou supplémentaire , ou 
une locomotive seule , doit suivre , le traija qui les pré- 
cède les annonce sur toute la ligne pendant le jour 
par un drapeau rouge placé à l'arrière, et pendant la 
nuit par deux lumières vertes remplaçant doux des 
lumières rouges à l'arrière du train. 

Lorsqu'une machine est ajoutée à un train comme 
renfort, lorsqu'elle conduit un train spécial, ou va au 
secours d'un train en retard , et qu'elle doit revenir 
seule à son dépôt , elle porte , pendant le jour, un 
drapeau vert sur son tender arboré sur le côté de l'en- 
trevoie, et pendant la nuit une lanterne verte placée 
également du côté de l'autre voie, 

Il y a une autre série de signaux produits par léa 
mécaniciens au moyen du sifflet, placé sur la machine 
jocômotive , et que les employés ont besoin de bien 
connaître. 

Le mécanicien ne doit jamais ouvrir son régulateur 
pour faire un mouvement, soit en avant , soit en ar- 
rière, sans avoir auparavant averti par un coup de 
sifflet ; il annonce également par un coup de sifflet 
prolongé le départ et l'arrivée du train. 

Il prévient par un ou plusieurs coups de sifflet les 



— 40 — 

travailleurs qui peuvent se trouver sur la voie ; il 
avertit^r des coups de sifflet prolongés les gardes- 
barrières de l'approche du train ^ lorsque le passage 
de niveau se trouve situé dans une courbe qui ne 
p^met pas de voir arriver le train de loin. 

A rapproche des stations j à Tarrivée à destination , 
ou lorsque toute autre circonstance exige Tarrét du 
train , le mécanicien donne un premier coup de sifflet 
pour avertir les conducteurs gardes-freins de mettre 
les mains aux freins ; au signal de deux coups de 
nfflet saccadés , ils doivent serrer les freins afin d'ar- 
rêter; au signal des coups de sifflet redoublés et sac- 
cadés , les gardes-freins doivent agir plus vivement et 
serrer les freins de toutes leurs forces, car ce signal 
annonce un obstacle quelconque au-devant du train y 
qui exige que Ton arrête le plus promptement pos- 
sible. Après les coups de sifflet saccadés , un coup de 
sifflet simple, et bref avertit les conducteurs de des- 
serrer les freins. 

Lorsque deux trains se croisent en marche, les 
mécaniciens avertissent par un coup de sifflet les 
gardes-ligne qui se trouveraient au point de croise- 
ment f de se garer. 

Lorsqu'il y a deux locomotives à la tête d'un train , 
c'est le mécanicien de la première qui est le chef du 
train ; c'est lui qui donne les signaux ; le mécanicien 
de la seconde doit y obéir et les répéter. 



-M - 



CHAPITRE IV, 



TRACTION. — MATÉRIEL ET SIGNAUX. 



1 ® Organisation du service. 

Le matériel roulant d'une ligne de fer, son entre- 
tien , sa réparation , la conduite des machines loco- 
motives et leur alimentation sont habituellement réu- 
nis et forment une division dont l'administration est 
confiée à un habile ingénieur. Sous ses ordres est 
placé le chef de la traction et du matériel. 

Souvent il y a pour chacune de ces importantes 
parties du service un chef séparé. A la compagnie 
d'Orléans , il y a un chef de la traction et un chef du 
matériel ; sur celle d'Orléans à Tours , il n'y a qu'un 
seul chef pour les deux parties. Sous ses ordres sont 
placés les chefs de dépôts , les mécaniciens , les chauf- 
feurs et les chefs dès divers ateliers. 

Dans l'état actuel dés organisations des chemins de 
fer, la question est encore loin d'être résolue d'une 
manière absolue , si le service de la traction doit être 
rangé dans la division de l'exploitation , ou bien être 



— 42 — 

indépendant d'elle et former, avec le service du ma- 
tériel ^ une division à part sous les ordres de l'ingé- 
nieur en chef. 

L'un et l'autre parti offre ses inconvénients : d'une 
part , les attributions , les connaissances exigées d'un 
chef de l'exploitation sont déjà si étendues, si nom- 
breuses, qu'il est difficile de lui demander encore les 
connaissances spéciales et multiples qu'exige le ser- 
vice de la traction ; d'autre part se présentent deux 
questions opposées d'une importance extrêmement 
grave, celle de l'économie à apporter dans les dé- 
penses de la traction , et celle de la sécurité des trans- 
ports. Si la traction est placée sous les ordres du chef 
de l'exploitation, l'ingénieur en chef dirigeant le ser- 
vice du matériel dira : Je ne puis répondre de l'éco- 
nomie dans les dépenses de la traction ; je fournis 
d'excellentes machines , mais n'ayant ni le choix ni 
la direction des hommes qui s'en servent, on s'en sert 
mal Qt on les abtme en quelques voyages. Si la trac- 
tion est indépendante du chef de l'exploitation, celui- 
ci ne pourra plus accepter la responsabilité de la sé- 
curité des transports. 

Et en effet , nous posons en principe , sans crainte 
d'être démenti par led hommes qui ont l'expérience 
des chemins de fer, qu'un bon service des transports 
n'est pas possible, si le chef de l'exploitation ou du 
mouvement général n'a point d'autorité sur les agents 
de la traclion. La responsabilité de ce chef ne peut 
plus exister, si tous les ordres de service concernant 
le mouvement sur la ligne n'émanent pas de lui, ou 
ne sont pas transmis par son intermédiaire à tous les 
employés du service actif; car il ne peut plus répondre 



^48 — 

d'an oubli dans la transmission de ses ordres. Cependant 
si un seul employé rieste dans Fignorance d'un ordre 
donné, c'est comme si cet ordre n'existait pas, et la 
sécurité du service peut être gravement compromise. 

Pour concilier les deux exigences, nous pensons 
que l'organisation la plus rationnelle est celle où le 
service de la traction et du matériel réunis fqrme une 
division à part sous les ordres de Tingénieur en chef, 
pour fout ce qui concerne Tadministration, la comp- 
tabilité, les divers ateliers, les dépôts des madiines 
et leur alimentation , et le choix du personnel de tous 
ses services; mais qu'aussitôt qu'une machine sort du 
dépôt pour entrer sur la voie , elle se trouve placée 
immédiatement, ainsi que les employés qui la desser- 
vent, sous la dépendance et les ordres directs du chef 
de l'exploitation ou du mouvement général , et tous 
ses ordres concernant le service du mouvement doivent 
être adressés au chef delà traction comme aux autres 
employésdu service actifdelaligne, et rigoureusement 
transmis et exécutés par les employés de la traction. 

La compagnie du chemin de fer de Rouen , à 
l'exemple de quelques compagnies en Angleterre , a 
traité à forfait avec. des entrepreneurs pour son ser- 
vice de la traction. 

Nous comprenons que ce mode peut présenter quel- 
ques avantages par la simplicité qu'il introduit dans 
l'administration générale de la ligne ; mais nous avons 
la conviction, et l'expérience l'a déjà démontré, que 
ces faibles avantages sont bien loin de compensa les 
graves inconvénients qui en résultat pour la com- 
modité du service, pour la régularité et la sécurité 
des transports. 



- 44 - 

Nous n'admettons pas les motifs d'économie qu'on 
voudrait faire valoir pour donner le service de la trac- 
tion à forfait à une entreprise étrangère. 

L'exploitation d'une ligne de fer est avant tout une 
entreprise industrielle, et nouQ ne saurions admettre 
que l'administration d'un chemin de fer fût incapable 
d'obtenir les mêmes résultats en fait d'économie qu'un 
entrepreneur; si cela était, c'est qu'elle manquerait 
tout simplement de perspicacité pour le choix de ses 
agents supérieurs de la traction , ou d'habileté acbni- 
nistrative. 

La traction, c'est l'instrument principal, indispen- 
sable de l'exploitationj il doit être constamment à la 
libre et entière disposition du chef de l'exploitation , 
comme l'outil à la portée de la main de l'ouvrier . L'ad- 
ministration aura beau multiplier ses précautions dans 
le traité qu'elle imposera à l'entrepreneur, elle ne 
saura jamais prévoir les nécessités imprévues, instan- 
tanées , qu'amènent et exigent les circonstances tou- 
jours variantes à l'infini du service d'un chemin de fer. 

Mais ce qui surtout préservera, nous l'espérons , 
les compagnies d'adopter ce mauvais système d'une 
traction à forfait, c'est la responsabilité qu'elles con- 
tracteraient avec lui : tout le personnel de ce service, 
si important et si dangereux en cas d'ignorance, d'in- 
souciance ou d'incurie, ne leur appartiendrait pas; 
elles n'en auraient ni le choix, ni la direction, et pour- 
tant elles en accepteraient la responsabilité. 

Nous ne parlerons^ pas de l'incommodité et de 
l'ennui qui en résulte pour le public voyageur, obligé 
de changer de voiture en route, comme cela arrive 
assez fréquemment sur le chemin de Rouen , pour en 



— 45 — 

amoindrir le nombre dans les trains. Nous pensons 
qu'il suffira que ce système n'offre point de garanties 
suffisantes pour un bon service, et beaucoup moins 
de sécurité au public, pour qu'aucune compagnie ne 
veuille l'adopter. 

2"* Locomotives. 

Nous ne referons pas ici la description d'une ma- 
chine locomotive ; ces descriptions, d'ailleurs, n'ap- 
prennent rien à personne. Pour connaître cette for- 
midable machine, le mécanisme ingénieux et com- 
pliqué de ses organes , pour acquérir des notions 
saines sur la distribution de la vapeur et isur l'applir 
cation de la détente , sur la marche et l'avance des 
tiroirs , sur la détermination des recouvrements pour 
détendre et laisser échapper la vapeur en des points 
déterminés de la course des. pistons , sur le travail 
enfin de. la vapeur dans' ce puissant moteur, nous 
renvoyons le lecteur au livre de M.^ Félix Mathias : 
Études sur les machines locomotives y avec son bel atlas 
reproduisant toutes les parties d'une locomo.tive. Nous 
^gageons surtout ceux de nos lecteurs qui voudront 
voir et bien connaitt*e toutes les parties et tous les dé- 
tails d'une machine , à aller visiter les admirables 
modèles de locomotives de M. Sanier, chef d'atelier 
de la compagnie d'Orléans, à Orléans. Cet habile mé- 
canicien a consacré ses loisirs de plusieurs années à 
l'étude et à la Construction de ces modèles. 

Nous nous bornons à dire que nous considérons 
comme un grand et heureux progrès , généralement 
adopté aujourd'hui , d'établir le système de la marche 



— aè- 
des tiroirs et des pistons à l'extérieur et à côté de la 
botte à fumée y au lieu de le placer comme naguère 
encore , au-dessous. Placé ainsi à la vue du méca- 
nisme y il s'aperçoit , non-seulement constamment du 
moindre désordre survenant dans le mécanisme du 
jeu des pistons , mais il a aussi une plus grande faci- 
lité d'y remédier et de prévenir les graves accidents 
que la rupture d'une bielle ou d'un simple boulon 
peut occasionner. 

Nous voudrions y comme M. Sanier l'a établi dans 
un de ses modèles, que tout le mécanisme des or- 
ganes d'une locomotive put être établi à l'extérieur, 
à côté de la chaudière, et par conséquent en vue 
du mécanicien. Nous considérerions l'adoption de ce 
système comme la plus forte, garantie contrôles acci- 
dents provenant du dérangement des machines. 

^"^ Matériel roulant. 

te matériel roulant d'une ligne de fer de quelque 
étendue est d'autant plus considérable et plus; impor- 
tant que cette Ugne a plus de marchandises à trans- 
porter; car c'est le transport des marchandises qui 
exige le plus de locomotives et d^ùne plus grande 
force , et le plus grand nonabre de waggôna. 

Le matériel ponr le transport des voyageurs, con- 
sistant en voitures de première , deuxième et troisième 
classe, en fourgons à bagages , trucks à calèches et 
waggons-écuries pour le transport des chevaux ^ est 
partout le naême; il ne diffère que par plus ou moins 
d'élégance , de commodité et de bonne ou mauvaise 
construction. 



— 47 — 

Quant au matériel servant au transport des mar- 
chandises, la construction, la nature et le nombre 
des waggons diflfèrent selon la nature des marchan- 
dises que chaque ligne a à transporter. 

Chaque compagnie doit étudier avec soin la nature 
des produits qui peuvent alimenter le trafic de son 
parcours, et adapter son matériel aux besoins du com- 
merce et des produits industriels des contrées qu'elle 
doit desservir» 

L'administration doit surveiller avec une attention 
jmriiculière la construction de son matériel ; elle ne 
doit pas se contenter de la vérification , même la plus 
minutieuse , à la réception ; mais elle doit avoir un 
inspecteur compétent dans la matière entièrement in- 
dépendant , et n'ayant de compte à rendre que direct 
tement à la direction elle-même, dans les ateliers de 
construction de l'entrepreneur. Il surveillera la con- 
struction de. chaque Véliiculç depuis le commence- 
ment jusqu'à la fin; car il est impossible d'apprécier 
les qualités des bois et du fer^ rassjemblage et le tra- 
vail de construction d'un waggon terminé et peint. 
Ceci est d'une haute importance, aussi bien dans l'in- 
térêt financier de la coâapagnie que dans celui de la 
sécurité des transports. 

Nous ne saurions trop insister sur cette question. 
Le matériel roulant du service des transports des' mar- 
chandises d'une grande ligne est d'une telle. impor- 
tance, que sa construction n^ligée, mànquée, peut 
causer la perte d'une compagnie; car les énormes sa- 
crifices qu'mi rraouvellement anticipé de ce matériel 
exigerait sont de ces sacrifices qui tuent leà plus 
belles entreprises. Les personnes qui n'ont pas Fèx- 



— 48 - 

périence du service des chemins de fer ne sauraient 
avoir une idée de la fatigue qu'ont à supporter les 
waggons destinés aux transports des marchandises ; 
qu'on veuille bien réfléchir que les tampons de ces 
waggons n'ont point de ressorts comme les voitures 
des voyageurs, et par conséquent point d'élasticité : 
ce sont des poutres qui viennent s'entre-choquer bout 
à bout j non pas avec la force individuelle de waggon 
à waggon , mais avec la force collective de tout le 
train , c'est-à-dire avec la formidable puissance d'un 
levier de plusieurs centaines de tonnes. Ces chocs ne 
sont pas seulement inévitables, mais ils sont fré- 
quents; ils se renouvellent avec plus ou moins de 
force à chaque arrêt d'un train. Que l'on juge si un 
matériel dont la construction aurait été négligée, 
manquée , ou dont les matières premières, employées 
à sa construction, seraient de mauvaise qualité, pour- 
rait résister longtemps à une telle fatigue. 

C'est surtout lorsque les bestiaux , les bœufs, par 
exemple , entrent dans le trafic des transports d'un 
chemin de fer, que la construction du matériel destiné 
à ces transports doit être particulièrement surveillée. 
Ce matériel a naturellement une double fatigue à sup- 
porter, celle des chocs et du mouvement de la mar- 
che, et celle du ipôuvement de sa charge vivante; 

. C'est pour les waggons à bestiaux ei pour les trucks 
à maringQttes que aous voudrions voir cons€»*ver les 
doubles plaques de garde apidiquées et boulonnées de 
chaque côté sur toute la hauteur du châssis, pour 
donner plus de solidité à ce dénier, une fixité plus 
immuable , et un aplomb toujours parfait aux boîtes 
à fusées. 



- 49 — 

Cependant si une compagnie admet pour tout son 
matériel les plaques de garde simples ^ ce ne doit être 
qu'à la condition que ces plaques soient boulonnées 
sur toute la hauteur du châssis, et que rajustement 
des coulisses des boites soit fait avec la plus grande 
précision. S'il y a du jeu dans les coulisses, la boîte 
ne restera pas d'aplomb, le frottement du coussinet 
sur la fusée sera inégal , tout se détraquera , les wag<- 
gons non-seulement entreront aux ateliers de répara- 
tion presque après chaque voyage, mais ils seront 
bientôt entièrement hors de service. 

Nous venons de parler de la forcé nécessaire aux 
waggons des marchandises pour résister aux chocs 
résultant des, arrêts des trains; les lÈtêmes chocs se 
renouvellent avec plus ou moins de force à chaque 
départ, mais alors la fatigue qui en résulte frappe 
particulièrement les chaînes d'attelage. 

On aura beau prodiguer la grosseur, le poids de 
ces chaînes , si. le fer est de mauvaise qualité , s'il 
n'est pas de premier choix, elles ne résisteront jamais. 
Le fer du Berri doit être exclusivement employé à 
la confection des chaînes d'attelage; il faut qu'en 
plaçant un anneau de ces chaînes sur l'enclume, on 
puisse , au moyen de coups de marteau à froid , lui 
donner la forme contraire à celle qu'il a, sans le casser. 

Une des choses les plus indispensables encore pour 
avoir un bon matériel , et surtout pour la commodité 
et la facilité de «on entretien, c'est que la compagnie 
adopte, dès le commencement, un modèle unique et 
bien raisonné pour chacune des pièces entrant dans la 
confection d'un waggon-. Si elle a plusieurs entrepre- 
neurs, Ces modèles doivent être remis à chacun d'eux, 

4 



— 50 — 

et tout waggon dont une seule pièce ne serait pas , à 
un millimètre près, conforme au modèle, doit é(re 
refusé. 

4"" Chefs du matériel et de la traction. 



Les fonctions de chef de la traction et du matériel 
exigent, dans celui qui en est revêtu, une grande 
expérience des chemins de fer et une grande capa- 
cité administrative. 

Il ne suffit pas, selon nous, qu'il possède des con- 
naissances étendues et solides de tout ce qui con- 
cerne la marche des machines locomotives, leur 
construction et leur conduite, nous croyons indis- 
pensable qu'il soit administrateur et comptable, pour 
pouvoir diriger, avec ordre et économie , les divers 
ateliers de construction, de réparation et d'entretien. 
Pour traiter avantageusement, ou pour proposer à 
la compagnie des traités avec les entre{H*eneurs et les 
fournisseurs, il doit connaître les lois et. usages coiû- 
merciaux; pour faire les achats des matières pre- 
mières, il doit avoir étudié le pays, et les lieux de 
production qui offrent le plus d'avantages. 

Nous croyons que rarement un seul chef réunira 
les qualités nécessaires et pourra en outre suffire à 
bien remplir les deux fonctions ensemble, et qu'il est 
préférable d'avoir un chef dii matériel et un chef de 
la traction, sous les ordres de l'ingénieur en chef» 

Les divers ateliers doivent être séparés et bien 
distincts. L'atelier des machines, l'atelier de con- 
struction des voitures, celui de réparation 6t celui 



~ 51 — 

de l'entretien, doivent avoir chacun leur compte, 
courant séparé avec le magasin général unique. Ils 
en tireront toutes les matières dont ils ont besoin , ce 
qui constituera à chacun son doit; Tavoir de chaque 
atelier s'établit par les matières employées et la 
main-d'œuvre dépensée à chaque voiture entrée dans 
Tatelier, de sorte que tout véhicule désigné par son 
numéro ait son compte courant ouvert dans chacun 
des ateliers, et qu'on puisse se rendre compte de la 
durée, du bon ou du mauvais service de chaque 
voiture, par la dépense faite pour son entretien. On 
saura: ainsi au bout de quelque temps , et surtout 
lorsqu'il faudra procéder à un renouvellement du 
matériel, quels sont les bons et les mauvais con- 
structeurs, et l'on choisira parmi eux en connaissance 
de cause. 

5^ Dépôts et chefs de dépôt. 



On appelle dépôts , les gares ou stations dans les- 
quelles se trouvent des machines locomotives tou- 
jours allumées et prêtes à aller au secours des trains 
en retard, ou pour accélérer le service en cas de 
fortes rampes. Ces dépôts, oùles machines s'alimentent 
d'eau et se pourvoient de coke, ne doivent pas être 
établis à de trop grandes distances. Sur la ligtie de 
Paris à Orléans, d'un parcours de 421 kilomètres, il 
il y a trois dépôts : à Sainj^Michel, à Étampes et à 
Thoury. Sur celle de Rouen, d'un parcours de 
137 kilomètres, il n'y en a qu'un; et sur celle d'Or- 
léans à Tours, d'un parcours de 115 kilomètres, il 



— 52 — 

n'y en a également qu'un à Blois. Nous penson&qu'à 
cet égard, la ligne de Paris à Orléans est dans les 
meilleures conditions. En effet, malgré le surcroît de 
dépenses qu'occasionne le rapprochement des dépôts, 
nous croyons que, dans l'intérêt du service et de la 
régularité dès transports, les compagnies ne doivent 
pas hésiter à s'y résoudre. Non-seulement en cas d'ac- 
cident, mais aussi pendant l'hiver, en temps de 
neige, de brouillard, de verglas et des forts vents, 
les trains sont fréquemment retardés dans leur marche ; 
si alors les dépôts sont trop éloignés l'un de l'autre, 
il en résulte nécessairement des retards considérables, 
et quelquefois des inconvénients plus graves, parce 
qu'alors les trains suivants peuvent venir s'accumu* 
1er derrière le premier arrêté ou en soufirance. 

Les chefs de dépôts sont choisis ordinairement 
parmi les mécaniciens qui se sont distingués par un 
boïi et long service sur la ligue. Leur service consiste 
à visiter et à constater l'état des machines , à l'arri- 
vée des trains aux stations de dépôt; à aider le mé- 
canicien, s'il y a lieu, à réparer un léger dérange- 
ment; à fournir aux mécaniciens, l'huile, l'eau et le 
coke dont ils peuvept avoir besoin , et à tenir le compte 
de ces livraisons. 

Leur service est tout à fait en dehors de celui du 
chef: de statiou; cependant aucune machine ne doit 
sortir du dépôt sans l'autorisation du chef de service 
ou du chef de la station ; ets'il y a lieu d'aller au secours 
d'un train en retard ou en soufirancie, c'est le chef 
de station qui en donne l'ordre au chef de dépôt. 
Ainsi , -pour tout ce. qui concerne le service intérieur 
du dépôt, le chef, du dépôt est indépendant du chef 



— Sa- 
de la station ; mais dès le moment où il entre avec 
une machine sur la voie, le chef de dépôt se trouve 
sous les ordres du chef de la station. 

Chaque fois qu'une machine quitte le dépôt pour 
se mettre à la tète d'un train, le mécanicien reçoit 
du chef de dépôt, un bulletin portant les noms du 
mécanicien et du chauffeur, le numéro de la locomo- 
tive, l'heure du départ du dépôt et la constatation da 
bon état de la machine. Ce bulletin est remis au chef 
de gare ou de station par le mécanicien. 

Lorsqu'il est nécessaire d'atteler une seconde ma- 
chine à un train , le chef de service ou de gare en 
fait la demande directement et sous sa responsabilité, 
au chef de la traction ou au chef de dépôt, qui doi- 
vent y déférer. 

Une machine, dite de secours ou de réserve, doit 
être consta];nment en vapeur et prête à partir. 

Lorsqu'un train est en retard, le chef de service ou 
le chef de gare , après le temps d'attente prescrit 
par le règlement, écoulé, envoie au dépôt pour re- 
quérir la machine de secours.Xe chef de dépôt y monte 
aussitôt et va chercher le chef de service ou le chef de 
gare , qui doit y monter avec lui , pour aller au secours. 

Aussitôt qu'une machine de secours ou de réserve 
a quitté le dépôt pour aller au secours d'un train, 
une autre machine est allumée immédiatement pour 
la remplacer au besoin ; elle n'est éteinte que lorsque 
la première est rentrée au dépôt. 

Il doit toujours y avoir au dépôt, un waggonprêt 
à partir, chargé de tous les agrès et outils néces- 
saires, en cas d'accident ou de simple déraillement, 
pour relever les voitures et pour débarrasser la voie. 



— 54 — 
6* Mécaniciens et chauffeurs. 



Les règlements de service concernant les agents de 
la traction, et principalement les mécaniciens et 
chauffeurs, sont précis et sévères comme la gravité 
de leurs fonctions l'exige. 

Lès mécaniciens sont sous les ordres immédiats du 
chef de dépôt ou de l'inspecteur des machines; lors- 
qu'ils se trouvent arrêtés avec leurs machines dans 
des gares ou des stations, ils sont sous les ordres 
des chefs de gare ou de station. 

Le mécanicien qui doit conduire un train, visite, 
avant de quitter le dépôt, toutes^ les pièces de sa ma^ 
chine; il s'assure qu'elle est en parfait état de faire 
le voyage. Il a notamment à vérifier le bon état des 
écrous, des clavettes, des bielles et des excentriques; 
il examine les assemblages, les stuffing-^boxes ^ les 
coussinets et les boites à graisse; il s'assure de l'ap^ 
provisionnement d'huile, de graisse , de coke et d'eau , 
de l'état du frein et des pompes, et fait les manœuvres 
nécessaires pour l'alimentation et la mise en vapeur. 
S'il découvre quelque défaut à sa machine, qui pour- 
rait en gêner la marche, il en fait la déclaration au 
chef de dépôt ou à l'inspecteur des machines. 

Toute machine en service doit avoir sur son tender 
les objets suivants : 

l'aune pince en fer; 

2" Plusieurs chaînes et barres d'attelage; 

3"^ Des j bouchons de tubes, des tresses, de la 
ficelle , du chanvre et des cordes ; 



— 55 — 

4° Une prolonge ; 

5" Un criiD ; 

6" Des ciseaux à froid et un marteau ; 

7" Une grande clef anglaise et une petite; 

8* Un assortiment de clefs , de boulons et d'écrous ; 

9" Des burettes à huile ; 

10" Une pelle à charbon; 

11" Tisonnier, lance, tige, balai pour piquer le 
feu et nettoyer les tubes. 

Chaque fois que la machine stationne dans la 
gare ou se trouve en arrêt dans une station, seule ou 
à la tête d'un train, le régulateur doit être fermé, les 
excentriques déclanchés et le frein serré; le mécani- 
cien et le chauffeur ne peuvent s'absenter que succes- 
sivement et avec la permission du chef de dépôt ou 
du chef de la station. La machine ne doit jaipais 
rester seule. 

Avant de toucher au régulateur pour se mettre en 
marche, le mécanicien doit avertir par un coup de 
sifflet. 

Pendant la marche, quatre objets doivent princi- 
palement et constamment fixer l'attention du méca- 
nicien : la ligne devant lui pour observer les signaux, 
le mécanisme de sa machine, la tension de la vapeur 
et le niveau d'eau de sa chaudière. 

A \m changement de voie , il doit avoir l'œil sur 
les aiguilles et envoyer son chauffeur en avant s'il 
craint que l'aiguilleur ne l'ait pas compris, et n'a- 
vancer qu'avec prudence , jusqu'à ce qu'il ait vu lui- 
même que l'aiguille est bien. 

Lorsque un mécanicien se met à la tête d'un train 
ou exécute des manœuvres dans une station , il doit 



— 56 — 

s'approcher des voitures avec la plus grande précau- 
tion, et toujours se mettra en marche avec douceur. 
Il ne doit, sous aucun prétexte, déranger les points 
d'arrêt de la balance pour obtenir une plus forte 
pression. La vitesse doit être ralentie à une distance 
proportionnée à la force du train, en tous cas à 
1 ,000 mètres au moins en avant de tous les points où 
le train doit s'arrêter. 

Pendant le trajet, le mécanicien doit souvent exa- 
miner l'état du train et s'assurer qu'il est complet; Si 
une barre d'attelage ou une chaîne venait à se rom- 
pre et que le train se trouvât ainsi partagé en deux, 
le mécanicien ne doit pas s'arrêter brusquement ; si 
la queue du train est en vue, il doit conserver un 
intervalle d'au moins 2 à 300 mètres entre les deux 
parties, jusqu'à ce que la partie détachée ait perdu sa 
vitesse; ce n'est qu'alors qu'il s'arrête, met la marche 
en arrière et s'en approche avec précaution pour l'at- 
tacher de nouveau. 

Jamais, dans aucun cas et sous aucun prétexte, 
une machine une fois engagée sur la voie de départ 
ne doit retourner sur la même voie; elle doit conti- 
nuer sa marche jusqu'à la première aiguille qu'elle 
rencontre , et changer de voie pour retourner sur 
l'autre voie. 

Le mécanicien ne doit jamais faire reculer un train 
d'un pas sans en avoir reçu l'ordre du chef de gare 
ou de station. 

Toutes les fois que le mécanicien a devant lui une 
machine ou un train , il doit s'en tenir à une distance 
de 2,000 mètres; et lorsqu'il le perd de vue dans les 
courbes, il doit ralentir sa vitesse. 



— 57 — 

A l'approche d'un passage de niveau, situé dans 
une courbe, à l'approche des stations, le mécanicien 
doit faire jouer le sifflet pour avertir de l'arrivée du 
train. 

Les mécaniciens doivent régler la vitesse de la mar- 
che de manière à arriver à la minute prescrite aux 
stations, et, lorsqu'ils y sont arrêtés, n'en partir 
qu'au signal donné par le chef de la station. 

.Lorsqu'il y a deux machines à la tète d'un train, 
c'est le mécanicien de la première en tète qui est le 
chef; il conunande la marche par les signaux du sif- 
flet; le mécanicien de la seconde doit y obéir et les 
répéter. 

Le mécanicien etlechauflfeur sont debout sur la.ma- 
chine. Le mécanicienne doit y laisser monter que les 
administrateur^, les directeurs, les ingénieurs, les 
inspecteurs de service et les personnes munies d'une 
autorisation spéciale du chef du mouvement général 
ou du chef de la traction. 

Lorsque le mécanicien rentre au dépôt, il rend 
compte au chef du dépôt, ou à l'inspecteur des ma- 
chines, de son voyage et de tout ce qui a pu arriver 
à sa machine. Le mécanicien est responsable de toutes 
les manœuvres de sa machine, même de celles qui 
sont exécutées par son chauffeur avec sa permis- 
sion. 

Le chauffeur est chargé du nettoiement de la ma- 
chine; il. doit obéir aux ordres du mécanicien. Pen- 
dant tout le temps de la marche surtout, le chauffeur 
doit être attentif à tous les ordres , et les exécuter 
ponctuellement et avec promptitude. 



— 58 — 
7" Chef du petit entretien. 



Le chef du petit entretien est sous les ordres du 
chef du matériel pour tout ce qui concerne le travail 
des ateliers; mais dans la gare il est sous les ordres 
du chef de gare, et doit déférer à ses demandes de 
matériel, dont les chefs de gare ont à diriger le mou- 
vement et à prévoir les besoins. 

Le matériel doit être réparti dans les diverses gares 
et stations de la ligne, selon leur importance respec- 
tive, et demanière à ce qu'il y ait partout une réserve 
suffisante aux besoins imprévus. 

Les chefs de gare envoient avec chaque traia un 
bulletin indiquant leur restant en gare. 

Un tableau noir, fixé au mur de la gare , doit indi- 
quer à toute heure du jour la répartition du matériel 
des voyageurs dans les stations, dans les ateliers et 
sur la ligne en marche. En outre , les chefs de sta- 
tion envoient tous les matins, avec le premier train, 
à la gare principale , un état de leur matériel en gare, 
et portant la demande du matériel dont ils auront 
besoin pour la journée ou le lendemain. 

Quant au matériel pour le service des voyageurs, 
les chefs des gares principales en dirigent facilement 
le mouvement; ils vtrient par le nombre des voitures 
qui arrivent des diverses stations là où il sera néces- 
saire d'en renvoyer promptement; mais il n'en est 
pas de même pour le service du matériel des mar- 
chandises : il y a souvent pour ce service un mouve- 
ment de matériel entre les stations intermédiaires 



— 59 — 

ignoré par les gares principales, et qui peut mettre 
les prévisions de ces dernières en défaut. 



8" Surveillance du matériel. 



Il est indispensable qu'un ou deux inspecteurs 
soient spécialement chargés du soin de la répartition, 
du mouvement du matériel entre les stations, et de 
son inspection. Dans les moments où les marchan^ses 
affluetit dans les gares, et où les transports par consé- 
quent sont nombreux, ils doivent se transporter sur 
la ligne et diriger le matériel selon le besoin des 
gares. 

Toutes les voitures doivent être levées au moins une 
ou deux fois par an, c'est-à-dire que les coussinets et 
les fusées doivent en être visités soigneusement. H 
jest bon que cette opération se fasse sous les yeux et 
sous la surveillance d'un des inspecteurs chargés du 
matériel, qui doit tenir un registre régulier, où sont 
inscrits les numéros des voitures ainsi visitées et exa- 
minées. En outre de cette visite r^ulière, les voitures 
doivent être examinées après chaque voyage par l'a- 
geût préposé au petit entretien. A l'arrivée de chaque 
train, le conducteur-chef du train doit indiquer au 
chef du petit entretien les défectuosités qu'il a remar- 
quées, les boites qui ont chauffé, et ces boites sont 
immédiatement yisitées. 

Les trucks des messageries qui ont Jà supporter 
un poids plus considérable, et ont un parcours plus 
long à servir, doivent être levés plus souvent et vi- 



— 60 — 

sites avec encore plus de soin, après chaque arri- 
vée , par un homme spécialement chargé de ce ser- 
vice. 

Les voitures à frein demandent aussi une attention 
toute particulière : les freins servent à arrêter la mar- 
che des trains, à la ralentir dans, les courbes et dans 
les pentes , à empêcher les waggons de reculer , si , en 
montant une rampe , une barre d'attelage venait à se 
rompre; il est ddnc essentiel que le jeu des freins soit 
toujours tenu propre, bien entretenu et bien graissé, 
pour que le mécanisme en fonctionne aisément et li- 
brement. 

Toutes les voitures rentrant d'un voyage sous la 
gare doivent être lavées et nettoyées avant d'être re- 
mises en circulation ; les cuivres et les tiges des tam- 
pons doivent toujours être brûlants comme au sortir 
des ateliers. 

Dans chaque gare un homme d'équipe intelligent 
et soigneux doit être chargé spécialement de l'attelage 
des voitures; après chaque voyage, les barres d'atte- 
lage doivent être visitées avec soin, nettoyées et grais^ 
sées, afin que le pas de vis marche aisément et promp- 
tement. 

Le graissage des voitures est une partie très-im- 
portante du service. 

Aucun train ne doit partir sans que les boites à 
graisse aient été visitées et reconnues bien garnies de 
graisse. 

La graisse employée pour les boîtes à fusées est 
une composition particulière de matières grasses; celle 
dont on se sert en hiver est différente de celle dont on 
se sert pendant l'été. Cette graisse doit être pure de 



— 61 - 

tout corps étranger; un grain de sable introduit dans 
la boite à -graisse pourrait suffire, dans un trajet un 
peu long, pour couper une fusée et occasionner par 
conséquent l'accident le plus grave. 



9" Comptabilité du matériel, i 

Chaque compagnie de chemin de fer doit pouvoir 
se rendre compte du service rendu par son matériel , 
ou comme on l'appelle, du mouvement de ses es- 
sieux. Cette comptabilité est fort simple quand le par- 
cours du matériel se borne à la ligne de la compagnie ; 
mais elle se complique naturellement quand la ligne 
s'embrauchant sur une autre ligne, le matériel d'une 
compagnie continue le service du parcours et ses 
transports sur la ligne. et pour le compte d'une autre 
Goibpagnie, et vice versa; il y a alors nécessairement 
un échange de service du matériel entre les deux com- 
pagnies^ dont il s'agit d'établir un compte courant 
réciproque et très-exact. 

' Les feuilles de route ou de mouvement qui accom- 
pagnent chaque train, en usage aujourd'hui, servant 
à. établir la comptabilité du mouvement du parcours, 
ainsi que les feuilles d'échange qui accompagnent 
également chaque train et destinées à servir de base 
pour établir le compte courant de rechange du maté- 
riel entre les deux compagnies , n'indiquent que le 
nombre des waggons dont se composent les trains, et 
ne donnent, malgré leur complication, et peut-être par 
cette complication même, qu'un résultat très^peu sa- 
tisfaisant. 



— 6i — 

Il n'y a des registres du mouvement du matériel 
que dans les gares principales. 

Nous voudrions qu'il y eût un registre du mouve- 
ment du matériel dans chaque station , sur lequel le 
chef de station fût tenu d'inscrire par jour et par 
train , en les désignant par leur série et leurs numé- 
ros, toutes les voitures qui seraient laissées ou prises 
à la station. 

Nous voudrions ensuite que les feuilles du mouve- 
ment accompagnant chaque train, indiquassent, non- 
seulement le nombre et la nature, mais aussi les nu- 
méros de la série de toutes les voitures de deux com- 
pagnies dont se composerait le train. 

A chaque station où le train s'arrête pour y laisser 
ou y prendre des voitures, le chef de la station serait 
tenu d'inscrire sur son registre, et sur la feuille que 
lui remettrait leT conducteur, dans les colonnes à ce 
destinées, la série et les numéros dès voitures laissées 
ou prises à la station. Ce-soin; laissé jusqu'à présent 
au conducteur-chef, ne peut êU^e qu'imparfaitement 
rempli, parce qu'il est trop occupé des bagages à 
délivrer et à recevoir, si c'est un train de voyageurs, 
et des colis de marchandises, si c'est un train de 
marchandises; il n'y a d'ailleurs pas de contrôle, si 
ces mutations du matériel des trains , dans les stations 
intermédiaires, ne sont pas en même temps consi- 
gnées sur un registre du mouvement par les chefs 
de station. 

A l'arrivée du train à destination, quand le con- 
ducteur-chef a remis sa feuille du mouvement an 
chef^e gare, celui-ci, pu l'employé chargé par lui 
de ce soin, doit immédiatement et en présence du 



- 63 - 

conducteur, confronter le train Avec la feuille, et 
s'assurer que les numéros portés , laissés aux stations, 
n'y sont plus , et que les autres numéros, ainsi que 
ceux pris dans les stations , s'y trouvent, avant que 
d'inscrire la feuille sur son registre de l'arrivée. 

Au point d'embranchement des deux lignes, un 
inspecteur spécialement chargé du mouvement du 
matériel et ayant un employé de chaque ligne sous 
ses ordres, tiendrait également deux registres, l'un 
du départ, l'autre de l'arrivée -de tous les trains. 
Toutes les voitures passant sur l'une et l'autre ligne 
en continuant leur parcours , ainsi que les mutations 
dans les stations intermédiaires, y seraient portées, 
en les désignant également chacune par sa série et 
par son numéro. Toutes les feuilles du mouvement 
lui seraient adressées par les chefs de gare. 

De cette manière, une seule feuille du mouvement 
par chaque train , remplacerait toutes les autres et 
suffirait pour établir le compte du mouvement du 
parcours de chaque waggon , et en même temps une 
comptabilité exacte de l'échange du matériel entre 
deux ou un plus grand nombre de compagnies, 
puisque par l'inscription des numéros des voitures, 
sur les feuilles et sur les registres du mouvement , au 
départ et à l'arrivée dans les gares et dans les sta- 
tions intermédiaires , on pourrait savoir exactement 
et jour par jour, si telle voiture a marché ou stationné ; 
on pourrait enfin la poursuivre, sans la perdre de 
vue un instant dans sa marche, et savoir où elle est 
allée , et où elle a stationné chaque jour de l'an- 
née. 

L'inspecteur du mouvement du matériel au point 



-64- 

de jonction de deux lignes , dresserait, conformément 
à ses registres, à la fin de chaque mois, un état de 
la circulation du matériel des deux compagnies , sur 
Tune et Tautre ligne, dont le résumé présenterait le 
compte exact de réchange du matériel entre les deux 
compagnies. 



— 66 — 



CHAPITRE V. 



GRANDE VITBSSE. — SERVICE DES VOYAGEURS. — GARES 
ET STATIONS» 



1" Garés des voyageuts. 

Les ingénieurs et les architectes j chargés jusqu'à 
ce jour de l'établissement des gares ^ n'en ont pas 
encore construit une seule /qui satisfasse aux exi- 
gences du service d'un chemin de fer. 
- La gare d'Orléans à Paris est , noiiç le croyons , la 
seule qui, après bien des modifications etxlesdgran-' 
dissements , réponde aujourd'hui à un bon service ^ 
e.t satisfasse, la commodité dçs voyageurs : des abords 
faciles jet spacieux pour l'entrée et les différentes sor- 
ties des voyageurs j des salles de réception et de 
distribution des bagages commodes et placées ration- 
nellement, la première près la tête du train au départ 
et la seconde .à la tète du train à l'arrivée y des salles 
d'attente et des bureau^, jaon pas fastueux, mais 
convenablement placés , des ec^ps de garde pour les 
hommes d'équipe , des vestiaires j des laboratoires 
pour les lampistes, «'y trouvent sagement ménagés^ 

5 



— 66 - 

De vastes remises pour les voitures de voyageurs sont 
à Tarrière-bout de la gare , où Ton peut , au besoin , 
former un second train sur la même voie , derrière 
celui qui occupe déjà la voie du départ. 

L'espace au-devant de la gare est assez spacieux 
pour avoir toutes les voies nécessaires aux manœuvres 
qu'exige le service : les bureaux des messageries 
royales et des messageries générales , le quai de dé- 
barquement des chaises de poste et des chevaux s'y 
trouvent à proximité ; les grues des diligences sont 
placées de manière à opérer le chargement et le dé- 
chargement de deux diligences en même temps sur les 
trucks , et à les amener promptement sur la voie de 
départ, au moyen de plaques tournantes faciles et 
commodes. 

Aucune des autres gares, à Paris , ne se trouve en- 
core dans des conditions aussi favorables pour un 
service régulier et facile pour les. employés, ni aussi 
commode pour le public voyageur. 

La gare de Rouen à Paris subit evi ce moment de 
notables améliorations; une d'elles, la plus impor- 
tante de toutes , est d^à exécutée : c'est celle d'avoir 
une double voie, l'une pour les d^rts, l'autre pour 
les arrivées. 

La gare sera couvert-e ; l'entrée des voyageurs et 
la salle de réception dçs bagages seront rapprocbéée 
du point de départ des trains. Elle ^ûra une belle et 
vaste salle de distribution des bagages à l'arrivée „ ce 
dont elle -était entièrement privée* Les grues pour le 
transbordement des diligences et des marées se trou- 
veront rapprochées de la voie et placées dans une 
vaste remise couverte , d'où les manœuvres pour la 



— 67 — 

misie sur la voie sont facilitées autant que Tespace , 
malheureusement trop rétréci , de cette gare , le per- 
mettait. 1^8 trottoirs de la gare seront rabaissés , à 
l'exemple de ceux de la gare du nord. 

,La gare du nord , dont nous admirons les formes 
architecturales simples et sévères , la charpente légère 
et gracieuse dans Tintérieur, les salles d'attente élé- 
gantes et répondant parfaitement aux idées domi- 
nantes d'éjgalité de notre époque, présentait, en 
sortant des mains de son auteur, des inconvénients 
graves pour le service , et de grandes incomnaodités 
pour le public. La compagnie , dès l'ouverture de 
ce|.te ligne à la circulation ,^ a fait de notables amélio- 
rations, Des galeries latérales à l'extérieur, une salle 
d'attente pour les voyageurs qui ont des bagages, 
ont été ajoutées i des sorties pourles voyageurs sans 
bagages ont été pratiquées; elle a donné l'exemple 
par rabaissement des trottoirs, pour nous ramènera 
l'usage commun et raisonnable dç inonter en voiture ^ au 
lieu d'y entrer de plain-pied , et elle a , par ce retour 
au bon sens , enlevé de nombreuses chances d'acci- 
dents , nonrseulement au public voyageur, mais sur- 
tout aux employés et aux hommes d'équipe , qui soût 
souvent obligés de se fourrer entre le train et les 
trottoirs pour les besoins du service. Avec les trot- 
toirs bas, comme ils sont du reste* dans toutes les sta- 
tions, intermédiaires des lignes de fer^ les voitures 
restent entièrement en vue, l'attelage, les boîtes à 
graisse, tout enfin peut en être examiné, et les ou- 
blis peuvent être réparés jusqu'au dernier moment du 
départ , sans inconvénients ni danger/ Nous croyons 
la salle dé réception des bagages au départ trop pe** 



— 68 — 

tite et trop éloignée de la tété du train. Mais le défaut 
capital de cette importante gare, c'est de manquer 
d'espace sur les côtés, où il y à peine la place néces- 
saire d'un côté pour l'entrée , et de l'autre pour la 
sortie des diligences et des voitures dé service , telles 
que camions , etc. , etc. 

La gare de Tours, du chemin de fer d'Orléans à 
Tours, présente un monument d'architecture bien 
étudié et bien ordonné d'ordre ionique cannelé, très- 
agréable à la vue à l'extérieur. Il y a dans Tintérieur 
des salles d'attente et des bureaux magnifiques, dont 
les boiseries en chêne du nord uni peuvent rivaliser 
avec les boiseries qui nous ont été conservées du 
5[iv* et du XV® siècle ; des trottoirs dont les toits vitrés 
sont supportés par desveltes colonnes eto fonte, d'or- 
dre corinthien, et modelées sur ce que lexvi* siècle 
housa légué de plus coquet. Ces trottoirs enfin, qui 
Sont de véritables galeries vitrées, rivalise'nt d'élé- 
gance avec les plus beaux passages de la capitale. 
La charpente en fer, qui supportera la couverture sur 
toute la largeur de la gare en ine seule portée, sera 
un chef-d'œuvre de hardiesse et d'éléganôe. Le fond 
de la ga^re se termine par le bâtiment de l'adminis- 
tration , construit dans le mêmie ordre d'architecture; 
mais malheureusement rien dans ce& magnifiques 
constructions ne répond aux nécessités et ne satisfait 
les besoins du sefvice d'un chemin de fer. Si les 
bureaux du chef de gare sont trop grands, Ta. salle de 
distribution des bagages à l'arrivée est trop petite. Un 
babinet du chef de Service, le bureau des inspec- 
teurs , un vestiaire ^ une salle, un corpô de garde pont 
les hommes d'équipe^ un magasin et un laboratoire^ 



^ 69 — 

pour le lampiste ont été entièrement oubliés. Des lieu^ 
d'aisances sont établis dans l'intérieur des bâti- 
ments, de la gare jusque dans le salon des dames, 
et on sentira bientôt la nécessité de les en débar- 
rasser. 

Cette double gare enfin, destinée au service des 
deux lignes, d'Orléans à Bordeaux et de Tours à 
Nantes, n'a que 23 mètres de largeur entre les deux 
trottoirs; dans cette largeur sont ménagées six 
voies, trois pour chaque ligne. Une de ces voies est 
à la fois voie de départ et voie4'arriyée, la seconde 
serj pour le retour de la machine , et la troisième est 
la voie unique de réserve. Nous avons exprimé, dans 
le premier chapitre , notre opinion sur les graves in- 
convénients d'une seule voie pour lje§ départs et pour 
Jles arrivées ; mais nous n'hésitons pas à le répéter ici : 
un bon service de gare avec cette disposition est im- 
possible, surtout sur une grande ligne icomme celle 
d'Orléans à Bordeaux , et dans Une gare comme celle 
de Tours, où tous les trains venant d'Orléans et de 
Bordeaux viendront aboutir, ,eomme dans un cul-de- 
sac, pour retourner ensuite et toujours sur la 
voie, unique , afin de continuer leur route, les uns 
sur Bordeaux , les autres sur Orléans. Le danger im- 
minent et incessant d'un tel service est trop mena- 
jçant pour la sécurité des voyageurs pour qu'on le 
laisse subsister. 

L'espace devant la gare, enserré, étranglé entre 
àes constmcticms alignées des deux c6tés des voies, 
et destinées à servir de remises, de gares de marchan- 
dises, de divers ateliers, d'un côté à la compagnie 
4e Bordeaux et de l'autre à celle de Nantes, offre 9 



— 70 — 

peine la moitié de la place nécessaire aux manœu- 
vres de gare et aux voies de réserve. , 

La gare des marchandises se trouve placée àîO mè- 
tres au moins trop près des voies principales ; à peine 
y a-t-il de la place pour les voies de départ et d'ar- 
vhrée des trains de marchandises. Des voies d'évité- 
ment et de réserve pour le nombreux matériel des 
transports de marchandises manquent complètement. 
Enfin y pour comble de disgrâce et de gêne, les re- 
mises des machines locomotives qui terminent de 
chaque côté la série des constructions et qui, du 
reste, sont de très-belles rotondes, bien conçues et 
remplissant toutes les conditions de leur destination , 
ont leurs entrées tournées de telle manière^ que les 
machines ne peuvent y pénétrer que par des courbes 
tellement courtes et tellement retrécies ^ que pour les 
franchir il faut, à chaque fois, allonger l'attache du 
tender à la machine, et au risque de dérailler à chaque 
passage, même en marchant avec une excessive 
prudence. Il est vraiment à regretter que MM. les 
ingénieurs chargés d'établir des gares ne veuillent 
pas consulter les hommes qui ont une longue expé- 
rience des services d'un chemin de fer pour se bien 
pénétrer des nombreuses exigences d'un service ra- 
tionnel et commode. En effet, il faut avoir pratiqué, 
il faut avoir eu à vaincre ces impérieuses nécessités 
pour les connaître. Voir ce qui a été fait jusqu'à ce 
jour en Angleterre et en France ne suffit pas ; les 
usagés des voyageurs et les besoins des transports 
sont différents. Puis tout ce qui a été fait jusqu'à 
présent en France en matière de chemins de fer n'est 
encore , pour ainsi dire , qu'à* l'état d'essai. Aucun 



— 71 — 

principe n'est encore posé et définitivement admis 
en fait d'organisation. 

Il n'y a donc que l'expérience seule qui puisse en- 
seigner à faire une bonne construction, apprendre la 
distribution intérieure et l'organisation des voies de 
service, d'évitement et de réserve d'une gare. Sans 
cette expérience ou ces conseils, on répétera toujours 
les mêmes fautes; heureux encore si l'on ne fait pis 
an voulant anaéliorer ! 



^"^ Chef de service. 



Il n'y a des chefs de service que dans les gares 
principales. Tous les ordres concernant les services 
de la gare des voyageurs, de celle des marchandises, 
ainsi que tous ceux qui ont rapport au service du 
mouvement sur la ligne, lui sont adressés par le chef 
de l'exploitation ou du mouvement général; il les 
transmet aux chefs des gares , et il est responsable 
de leur exécution. 

Les chefs de service doivent tout voir, tout sur- 
veiller, mais ils ne doivent jamais vouloir faire eux- 
mêmes les fonctions de chefs de gare. S'ils veulent 
avoir un service bien organisé, bien régulier, s'ils 
veulent former et conserver de bons chefs de gare, 
ils se garderont bien de jamais donner un ordre direct 
à un employé inférieur; ils ne connaîtront que leurs 
chefs de gare pour donner ou faire transmettre leurs 
ordres dans le cours ordinaire dti service; ils ne s'en 
prendront qu'à ces derniers de toute faute, de toute 



— 72 -^ 

négligence conunise; les hommes très-souvent, et 
particulièrement les employés, acquièrent ou perdent 
de leur valeur en proportion de Pimportançe et de 
Tautorité qu'on leur donne ou qu'on leur ôte. Il faut 
que les chefs de gare sachent bien que la responsa- 
bilité du service pèse sur eux, et qu'une autorité 
pleine et entière leur soit reconnue par tous les em- 
ployés inférieurs. 

Toutes les demandes, toutes les réclamations eon-« 
cernant le service des voyageurs , comme toutes celles 
qui concernent le service du transport des marchan- 
dises, leur sont adressées , et ils prennent toute déci- 
sion à leur égard sous leur responsabilité, ou bien ils 
les transmettent à l'administration supérieure. Les 
chefs de service surveillent les travaux des bureaux 
des gares, TàppUcation des taxes; ils vérifient la 
comptabilité journalière, visent les rapports des chefs 
de gare, et sont responsaUes de toutes les parties du 
service. 

Ils doivent avoir une parfaite connaissance de tous 
les ordres de service , et être avertis , par le chef du 
mouvement général, des trains spéciaux et des ser- 
vices extraordinaires autorisés sur la ligne, soit pour 
les réparations de la voie, soit pour le mouvement 
du matériel. 

Chaque fois qu'un train de voyageurs est en retard 
de vingt minutes, et un train de marchandises en re- 
tard de quarante minutes , les chefs de service mon-^ 
lent sur la machine de réserve et vont au secours du 
train en retard. 

En cas d'accidents, ou lorsque les circonstances 
l'exigent, ils prennent les mesures d'urgence. Dans 



— Ta- 
ies gares, à Textrémité opposée de la ligne où se 
trouve le chef du mouvement général ou de l'exploi- 
tation , le chef de service doit être apte à le remplacer 
chaque fois que les circonstances l'exigent , comme , 
par exemple, pour traiter des trains spédaux de jour 
ou de nuit et pour en régler la marche, en s'entou*- 
rant de toutes les précautions prescrites et en usage* 
Il résulte de tout ce qui précède que lés fonctions 
des "chefs de servic^sont graves et importantes : ils 
doivent non-seulement connaître parfaitement tous les 
détails du service des voyageurs et de ce\ui des mar- 
chandises, la comptabilité, et ne pas être étrangers 
aux affaires commerciales, mais encore avoir la capa- 
cité d'organiser et d'administrer, et la fermeté et le 
oalme nécessaires pour bien commander les hommes. 



S"" Qiefs de gares des voyageurs r 



Les^ chefs de] gare sont sous les ordres des chefs 
de service; s'il n'y a pas de chef de service, les or- 
dres leur sont transmis par le chef du mouvement 
général. 

Tous les employés inférieurs de la gare, ainsi que 
les mécaniciens des machines placées en tête des 
trains, ou de celles qui opèrent des manœuvres dan^ 
les gares, sont sous leurs ordres. 

Ils sont responsables du service de leurs gares. Ils 
doivent veiller à tout : à la bonne tenue des em- 
ployés, à la propreté des salles d'attente, des bu- 
reaux, des trottoirs, du vestiaire, de tous les lieux 



— 74 — 

enfin dépendant de la gace; à Tentretien des appareils 
d'éclairage, des calorifères, ainsi que de toutes les 
parties du mobilier. Ils doivent s'assurer avec la plus 
grande attention que les voies de service de la gare, 
les plaques tournantes, les aiguilles, les grues, etc., 
soient tenues en état constant de propreté et fonction- 
nent toujours librement et avec facilité. 

Ils font les règlements de service de la gare, mais 
les soumettent à l'approbation des chefs de service; 
ils règlent 4e service de jour et de nuit , fixent les 
beures des repas de leurs employés; ils organisent 
chaque mois le service des conducteurs par Un ta- 
bleau du roul^nent de service affiché dans la gare. 

Ce que nous avons dit plus haut des chefs de ser- 
vice,, relativement à la transmission d'ordres aux 
employés inférieurs , s'applique également aux chefs 
de gare : ce n'est que dans les circonstances excep- 
tionnelles que les chefs de gare doivent donner des 
ordres directs à des surveillants ou à des hommes 
d'équipe; dans le cours ordinaire du service, ils ne 
doivent jamais s'adresser qu'aux chefs des surveil- 
lants et ^ux chefs des hommes d'équipe , pour ne pas 
afhiblir la responsabilité et l'autorité de ces derniers. 
Ce n'est qu'à ces conditions qu'oq aura un bon ser- 
vice et de bons employés. 

Si l'un de ces chefs inférieurs est incapable ou inin- 
tdligènt , sMl n'est pas enfin apte à remplir les fonc- 
tions de son emploi , il ne faut pas que le chef de gare 
veuille le suppléer; il doit demander immédiatement 
à l'administration qu'il soit remplacé par un homme 
capable, en désignant en même temps un autre em- 
ploi, même inférieur, que pourrait remplir celui qui 



— 75 — 

doit être remplacé; car ce même employé, qui ne con- 
vieiit pas à tel emploi , peut être excellent pour un 
autre emploi; s'il n'y a pas d'&utres défauts à lui re- 
procher, son incapacité relative ne doit pas la faire 
renvoyer impitoyablement. Il en est autrement si un 
employé manque à son service par insouciance, par 
paresse ou par inconduite : dans ce cas aucune consi- 
dération ne doit empêcher le chef de gare de de- 
mander sa révocation, car le service des chemins de 
fer ne saurait tolérer un mauvais employé. 

Le calme, le sang-froid, la promptitude dans les 
décisions, une appréciation impartiale et juste de là 
valeur dès hommes, et le talent de savoir les com- 
mander, sont des qualités essentielles d'un bon chef 
de gare. 

Les ordres , toujours concis , doivent être donnés 
avec fermeté et de manière qu'ils ne soient entendus 
que par celui à qui ils sont adressés. Il en doit être 
de même pour les ordres donnés par les chefs d'é- 
quipe , de sorte que sous la gare et pendant les ma- 
nœuvres on n'entende jatnais crier ni parler les 
hommes d'^équipe et de service. La composition des 
trains, leur décomposition après les arrivées, toutes 
les manœuvres de gare enfin, doivent s^exécuter dans 
te plus profond silence et comme s'opérant d'elles- 
mêmes. 

Les chefs de gare sont responsables du départ des 
trains aux heures précises prescrites par le règlement. 
Les trains au départ doivent êtreiians toutes 4es con- 
ditions d'ordre et de sécurité, de manière que, sauf 
les accidents de route , il ne leur reste aucun doute 
sur leur arrivée à destination. 



— 76 — 

Nous parlerons dans le chapitre suivant de la for<- 
mation et du départ des trains ; nous en accompagne- 
rons un. dans sa marche et aux stations intermé- 
diaires jusqu'à son arrivée à sa destination, et dans 
cette description se derouleront.au fur et à mesure 
les devoirs des chefs et sous-chefs de stations, ainsi 
que des autres employés sous leurs ordres. 

Les chefs de garé ont à surveiller constamment la 
recette , Tenregistrement des bagages et des articles 
des messageries et leur chargement, le contrôle deis 
billets à l'entrée des. salles d'attente^ le contrôle à la 
sortie, à l'arrivée des trains, la livraison des ba- 
gages , et principalement la conduite des employés 
préposés à ces divers services envers les voyageurs. 

Les chefs de gare , enfin , interviennent dans toute 
discussion entre les voyageurs et les employés, et 
cette intervention doit éfro toujours conciliatrice, en 
foisant toute concession qui ne compromet ni les inr 
térêts de la compagnie ni la sûreté du service. Us ne 
doivent avçir recours aux commissaires de police que 
pour les gens trop insolents, ou en état d'ivresse. 

Ils désignent celui de leurs sous-chefs de gare qui 
doit être chargé particulièrement du service des dé^ 
parts, et celui qui le sera des arrivées, et afin que 
ceux-ci se familiarisent avec tous les services de I9 
gare , ils les feront permuter chaque mois. 

En l'absence du chef de service , le chef de gare 
prend les mesures exceptionnelles que les circon-» 
stances peuvent exiger, et il en assume sur lui toute 
la responsabilité ; il doit en rendre compte chaque 
fois sur son rapport. 

Lorsqu'un train est en retard de vingt minutes, 



— 77 — 

le chef de gare^en fait prévenir le chef de service, qui 
doit accompagner la machine de réserve , pour aller' 
au secours; en Taibsence du chef de service , le chef 
de gare accompagne lui-même la machine de se- 
cours, 

Le chef de gare envoie tous les matiiis son rapport 
au chef de l'exploitation ou du lîiouvemént général ; 
Ce rapport mentionne tout ce qui s'est passé la veille 
dans le seryice; le rapport est visé par le chef de ser- 
vice. H envoie également ; 

r L'extrait de ses registres du mouvement du ma- 
tériel, indiquant les voitures et wàggons désignés par 
leurs numéros de série mis en circulation, et ceux qui 
sont rentrés en gare pendant la journée écoulée; 

2* Les feuilles de route des trains arrivés ; 

3° L'état du matériel restant en gare ; 

4- Les bulletins statistiques, les divers états pres- 
crits par les règlements , ou qui lui auraient été de- 
mandés. 

i"" Chefs de stations intermédiaires. 



Les tthefs de stations intermédiaires reçoivent les 
Ordres du chef dii .mouvement général; ils ont soné 
leurs ordres tous lesr autres employés de la station , 
les mécaniciens et les conducteurs des trains atrêtéâ 
â' leurs stations , jusqu'à ce qu'ils aient eux-mêmes 
donné le signal du départ; 

Ce que.nous avons dit des chefs de gare est appli^^ 
cable aux chefs de station , selon l'importance et 1^ 



— 78 — 

personnel de la station qui leur est confiée. Les chefs 
de station sont responsables de la bonne tenue de 
leurs employés y de la propreté de la station et de ses . 
abords , ainsi que des objets mobiliers qui leur sont 
confiés. 

Si la station n'a pas de receveur . ni de facteur- 
chef , le chef de station , après avoir fait mettre , dès 
le matin , la station en. ordre et dans le plus parfait 
état de propreté par son facteur ou son surveollant, 
ouvre le guichet de recette pour la distribution des 
billets, une heure avant l'arrivée du premier train. 
Il inscrit lui-méine les bagages et articles de messa^^ 
geries , surveille le classement des voyageurs dans les 
salles d'attente , et remplit enfin lui-même les fonc- 
tions de facteur-chef. ^ 

Un quart d'heure avant l'arrivée de chaque train 
à la station, il fait sonner un premier coup de clo- 
cha; dix minutes après, un second coup, et aussitôt 
que le train est en vue , ou annoncé par le son du 
cornet des gardes, il fait sonner le dernier coup de 
cloche. En même temps il ferme le guichet de recette, 
fait rentrer les voyageur» qui en seraient sortis dans 
les salles d'attente , ou , lorsque le train arrive sur la 
voie opposée au côté de la station, le chef de la sta- 
tion pasàe lui-même avec le3 voyageurs et les bagages 
d^ l'autre côté des vpies^ Il veilk à ce que ce passage 
s'exécute vivement et à temps, et s'assure qu'aucun 
voyageur ne reste sur la voie. 

Nous parlerons dans le chapitre suivant des devoire 
du chef de station et dé ses employés, pendant le 
temps d'arrêt du train à la station. 
Si un train se trouve arrêta à proximité de la sta- 



— 79 — 

tioD par un accident ou une circonstance quelconque, 
le chef de station doit aller aussitôt lui-même s'en- 
quérir de la cause de cet arrêt, s'assurer que toutes 
les précautions prescrites par les ordres de service 
ont été prises , et prendre lui-niéme toutes celles qui 
le concernent pour la sécurité des autres trains. 

Les chefs de station envoient tous les matins leur 
rapport au chef du mouvement général. Ce rapport 
fait mention de tout ce qui s'est passé à la station la 
veille ; il y inscrit également les heures de départ et 
d'arrivée de chaque train. 



5* Sous'chefs de gare. 



Ils sont sous les ordres des chefs de gare et doivent 
les remplacer en cas d'absence; par conséquent, tout 
eé que nous avons dit relativement aux fonctions et 
aux devoirs des chefs de gare.leur est applicable. 

Cependant les détails du service dont ils sont or^ 
dinair^nent et spécialement diargés sont : de sur- 
veiller le service des conducteurs et des surveillants; 
de veiller à ce que ces employés mettent dans leurs 
rapports avec le public toute la politesse, toute la 
complaisance qui lui sont dues; au départ , d'être 
présents à la réception et au chargement des bagages 
et des articles de messageries^ et de. prendre toutes 
les mesures nécessaires, lorsqu'il y a affluence de 
voyageurs et encombrement de bagages, pour assu- 
rer le départ des trains à l'heure fixée ; de surveiller 
le transbordement des diligences sur les trucks, l'em- 



~ 80 — 

bârquement des chaises de poste et des chevaux, pour 
bien s'assurer que Tordre et les précautions d'attache 
et de fermeture ne sont pas négligés ; que les feuilles 
de route, les bulletins et les souches sont régulière- 
ment remis aux conducteurs , et de recevoir du mé- 
canicien , lorsque la machine est venue se mettre à 
la tête du train , le bulletin du chef de dépôt, consta- 
tant le bon état de la machine. 

A l'arrivée : veiller à cç que l'arrivée du^rain soit 
annoncée à temps par le carillon de la gare ; s'assu- 
rer que tous les employés sont à leurs postes pour 
recevoir le train et faire chacun leur service ; les con- 
ducteurs disponibles et les facteurs placés à distances 
pour ouvrir les portières, et aider au besoin les voya- 
geurs à sortir ou à descendre des voitures; à ce que 
les contrôleurs soient aux portes de sortie pour re- 
cueillir les billets ^ et les surveillants partout où il en 
est besoin pour maintenir l'ordre , pour protéger 
. contre ta foule les contrôleurs et les facteurs occupés 
de la rentrée des bagages dans la salle de distribu- 
tion; de faire classer vivement les bagages sur le 
comptoir par ordre de stations et. de numéros.^ et 
donner ensuite le signal du commencemeht de l'ap-^ 
pel des voyageurs. 

Lorsqu'il y .a des voitures sur trucks et des che- 
vaux dans* le train, de veiller à leur prompt déchar- 
gement. 

Ce sont encore leç sous-chefs de gare qui fontHous 
les matins , une heure au moins avant le départ du 
premier train , l'appel des employés de la gare , qui 
veillent plus particulièrement à là tenue desemployés^ 
à ia propreté de la gare et des abords. Us visitent 



— Bi- 
les voitures qui doivent entrer dans la compositioA 
des trains en relèvent les numéros ; ils tiennent les 
registres du mouvement du matériel et dressent les 
feuilles de route à remettre au conducteur-chef de 
chaque train au moment du départ. 

A toute heure , du jour ou de la nuit , l'un des trois 
chefs , le chef de gare ou un de ses 80us»-chefs doit 
être présent à la gare. 



6° Beceveurs. 



Le receveur est sous les ordres du chef de la garé 
ou de la station à laquelle il appartient; par consé'>> 
quent tous les ordres concernant son service doivent 
lui être transmis par le chef de gare ou de station. 
Le chef de service aurait ^Ort de remettre directement 
un ordre au receveur, sans en donner préalablement 
connaissance au chef de gare. 
. . Le receveur ouvre son guichet pour la distribution 
des billets une demi-heure, et ne le 'ferme que cinq 
minutes avant lé départ de chaque train. La déli- 
vrance des billets doit se faire avec caltoe, avec 
ordre, et pourtant avec le plus de célérité possible. 
Un surveillant est placé en dehors du guichet , pour 
maintenir Tordre parmi les voyageurs , et répéter à 
haute voix la destination et la. classe demandées. 

Lorsque, dans des jours de fête ou de foire, Taf- 
fluence des voyageurs est telle, que le receveur ne 
peut'suffire à la distribution sans apporter du retard 
au départ du train , le chef dé gare , d'accord avec te 

6 



— 82 — 

receveur, dédigne un surveillant , ou un facteur chef 
capable , pour délivrer des billets à un guichet sup^ 
plémentaire ménagé à cet effet. 

Les receveurs doivent être très- polis envers les 
voyageurs, éviter néanmoins toute conversation, mais 
se borner à répondre brièvement et poliment aux ques- 
tions, concernant le service, qui leur sont adressées. 
S'il s'élève quelque discussion , ils font appeler le chef 
de gare ou de station. 

Dans les stations intermédiaires où il n'y a point de 
receveur, les chefs de station en remplissent les fonc- 
tions en même temps que les leurs. 

Pour ce qui concerne la comptabilité , la partie la 
plus importante du service des receveurs, nous nous 
en occuperons au chapitre dé la comptabilité* 



7* Facteurs. 



Les facteurs chefs, sous-facteurs chefs, appelas 
. aussi facteurs enl*ègistrants , et les. facteurs sont sous 
les ordres de leurs chefs et sous-chefs- de gare Ou d^ 
leur chef de station. 

Les facteurs chefs sont ordinairement chargés du 
service des transports à grande vitesse , des articles de 
messageries. Ils les reçoivent à leur enlrée en gare , vé- 
rifient leur bon conditionnement, les font peser et tes 
enregistrent, en même. temps qu'ils en dressent les 
feuilles de route à remettre aux conducteurs au mo- 
ment du départ^ après leur avoir fait reconnaître les 
articles. 



— U rrr. 

A l'arrivée des trains, ils reçoivent des conduc- 
teurs les feuilles de route , reconnaissent les articles^ 
ayant de les inscrire au livre de réception , et veillent 
ensuite à leur prompte livraison. 

Les soustracteurs chefs, ou facteurs enregistrants, 
sont particulièrement chargés du service des ba- 
gages. 

Du bureab de la distribution des billets , les voya- 
geurs ayant des bagages se rendent au bureau de la 
réception des bagages; là, un facteur préposé à cet 
effet prend soin de recevoir ces bagages et de les 
faire présenter dans l'ordre de leur arrivée. 

Il fait réunir les colis de chaque voyageur en* 
semble, et les fait déposer sur le comptoir qui sépare 
les voyageurs des employés. Chaque voyageur se 
place devant ses colis, et les suit à mesure qu'ils 
sopt poussés en avant vers le bureau de l'enregistre- 
noent par le fticteijr. Arrivé à ce bureau, le voyageur 
se présente «u guichet*, montre son billet, où ses 
billets , s'il y â plusieurs voyageurs pour le i)6mbre 
dé colis qu'il présente; en même temps te focteifr 
annonce è haute voix le non^bre des colis et le lieu 
de destination , pendant qu'un autroeulève les colis 
dn comptoir^ et les place sur la bascule, Le facteur 
pesewr dit à haute voix le poids., répète le lieu de 
destînâlLion ^ le no^^br^es colis et le numéro de l'en- 
regîstreme&t. Le tout est ioscrit à la fois par l'un des 
facteurs enregistrants surle livre d'enregistrement, et 
p^ r^utre^ur les feuilles à talons et bulletins ; ces 
defnJeriS sont détachés du talcm et remis au voya- 
geur. En même tfinps qu'un troisîèms facteur retire 
les colis db la bascule^ un quatrième applique sur 



— 84 — 

chaque colis le numéro d'ordre de Tenregistrement , 
de sorte que tous les colis appartenant au même 
voyageur portenMe même numéro. Ces numéros, de 
couleur différente pour toutes les stations, sofit sur 
papier gommé; il suffit de lés humecter en4es passant 
sur une éponge pour les appliquer. 

Pendant ce temps le voyageur a reçu son bulletin 
àontre le payement de la taxe de l'excédant du poids 
encordé franco par la compagnie , s'il y a lieu , ou 
contre l'acquittement de dix centimes d'enregistre- 
ment, s'il a'y a pas d'excédant. 

Si le voyageur désire conserver avec lui un article 
de ses bagages , lequel par sa nature et son volume ne 
gêne pas les autres voyageurs, il le peut; mais cet 
article est néanmoins pesé avec les autres, et le poids 
eo est compris dans la taxe ; cependant le voyageur le 
reprenant après que la .pesée est faite , et Id compa- 
gnie n'en étant par conséquent plus responsable , il 
n'est ni enrefçistré f ni porté sar le bulleiin. . 

La taxe de l'excédant des bagages, ainsi que les^ 
4 centimes d'enregistrement , doivent être acquittés 
au comptant; si le voyageur ne pouvait payer, ses 
bagages partiraient comme article de messagerie , et 
il perdrait le bénéfice delà franchise du poids accordé 
franco aux bagages des voyageurs. 

Au fur et à mesure que. ^ bagages sont pesés et 
enregistrés, ils sont transportés au fourgon à bagages 
par les facteurs. 

Les chiens^ont aussi inscrits au bureau des bagages 
sur des feuiiles à talons, dont le bulletin est détaché 
et remis au propriétaire contre le payement de la taxe. 
Les chiens doiveat être muselés ; le propriétaire doit 



— 85 — 

lui-inéme accompagaer ou conduire son chien au 
fourgon des bagages, où le conducteur le reçoit 
pour l'enfermer, après s'être fait présenter le bul- 
letin. 

Un sous- facteur chef placé dans un bureau séparé 
est chargé de Fenregistrement et de la réception des 
chaîses.de poste et des chevaux. 

A l'arrivée des trains, les sous-facleui^ chefs doi- 
vent être là pour recevoir les feuilles de souches des 
bagages , et au fur et à mesure que les bagages sont 
apportés dans la salle de distribution , ils doivent faire 
placer sur le comptoir les colis réunis par numéros et 
par chaque station expéditrice. 

Ce service très-important , pour être fait prompte- 
ment , doit avant tout se faire avec ordre , par consé- 
quent sans précipitation et en silence. 

L'essentiel pour faire bien et vite la distribution des 
bagages, c'est que les colis portant les mêmes numéros 
soient placés par ordre , et ensemble par numéros sur 
le comptoir. 

Ge n'est que lorsque cette classification est entière- 
ment terminée que la porte de la salle est ouverte aux 
voyageurs qui sont appelés par le sous-facteur chef 
par ordre de leurs numéros , et en commençant par 
la station la plus éloignée , en sorte qu'il n'y a jamais 
d'encombrement dans la salle de distribution pour la 
reconnaissance des articles. Le voyageur présente son 
bulletin que l'employé rapproche de la souche , son 
bagage lui est délivré , et les facteurs ou les employés 
des omnibus l'emportent aussitôt dans la salle de l'oc- 
troi , ou à la place destinée pour en faire faire la vi- 
site par les employés de l'octroi* 



— 86 — 

La tetilie des registres el la com|)tàbilité des fac- 
teurs chefs et dessoiis-fâcteiirsesJ titie partîe itnpof- 
taiite de leur service. Nous rtt)ti8 en ocèuperotis au 
chapitre de la comptabilité. 

Les facteurs et les sous-^facteurs t*eçoîVent âû dé- 
part les colis dé bagages el ïes articles de mè^agfe- 
ries ; ils les rangent sur ie comptoir, leè pèsent , y 
appliquée \ès numéros , les chargent ensuite wr les 
brouettes ou tricycles au moyen desquels ris sont 
tlrainsportés au four^n de bagages. 

A Tàrrivée des VvtàùB , ïls se trouvent placés à dis- 
tiancé sur le trottoir pour ouvrir les portières abx 
voyageurs; ils aident ensuite à déchatgefr le fôûr^ 
gon à bagages , portètat les bagages dàtis la salle de 
distribution et tes ôkiâsent par stations et par ordre 
de numéros sur lé cômptofir. Ils aident etostrite à lès 
s<ïrtir de la salle , soit pour lés chargée dànè tes oto- 
nibtib, soît pour les rettrètfre aux cômttiissicmnaïreÇk 
ëtk "dehors , au gré deb voyageurs. 

Dans les stations intermédiaires , les facteur sont 
chargés en outre dé l'entretien des appareils d'éclai- 
rage et de là propireté de toutes îes parties de la $ta-- 
tion et dés objets mobiliers. 



8^ QHiduciëuH. 



L^s conducteurs sont sous les ordres des chefs et < 
soûs-chefe de gare. Pendant la marche d^tin train, 
ils. sont sous les ordres de l'inspecteur qui Taccoùi- 
pagne ; s'il n'y a pas d'inspecteur, le conducteur de 



I 



— 87 — 

{iretnière classe est chef du train , et les condiicteuTS 
<ie deuxième classe sont sons ses ordres. . 

Pendant le temps d'arrêt âiix stations intermé- 
diaires , ils sont sws les ordres des chefs des eta- 
tions dû le train est arrêté. . 

Les conducteurs de service de première et ^ieuxièmè 
<;lasse doivent se U-ouver à la gai^e une heure et 
demie avant le départ du trmn qu'ils accompagnent. 

Tous Jes conducteurs doivent avoir une parfaite 
connaissance de tous les signaux généraux et parti- 
culiers en marche et en stationnement ; ils doivent en 
feire une étude particulière. 

ïl est défendu aux conducteurs de se charger du 
transport des lettres. Les lettres de service ou les pa- 
lets expédiés par ou pour Tadministration sonton- 
f^Mrés- et timbrés du bureau expéditeur. 

tJn transport gratuit de 30 kilogrammes est accordé 

À «chaque conducteur accompagnant ub train ; mais il 

doit le foire enregistrer comme le fait un voyageur, 

^et si le poids dépasse 30 kilogramn>es , il en paye 

l'excédant. 

Le conducteur 4© pi'emîère classe doit , avant de 
«ommencer le chargement du fourgon à bagage, s'as- 
surer que les objets suivants s'y trouvent : 

1* Une boite de secours ; 

2* Un coffre à finances ; 

3' Deux drapeaux rouges ; 

4"* Une lanterne à signaux et des torches de re- 
plie; 

5* Des barres d'attelage de rechange ; 

6* Un seau à graisse garni ; 

7'* Un cric et deux pinces. 



f ■ 



— 88 — 

Il est responsable de ces objets jusqu'à Tarrivée 
dans la gare destinairicey oix il en constate la pré- 
sence au chef ou au sous^chéf de gare. 

Il reçoit dans le fourgon à bagages les articles de 
messageries et les bagages;' il doit avoir le plus 
grand soin, en les chargeant, de les classer dans Tor- 
dre de leur destination pour les diverses stations ; les 
articles pour les stations les plus rapprochées de la 
gare de départ étant placés en avant et à sa portée , 
afin de les délivrer ensuite avec plus de famlité et de 
promptitude à Tarrivée dans chaque station, sans 
être obligé de tout remuer et de tout culbuter, ce qui, 
outre le retard , peut causer T inconvénient de déta- 
cher les numéros des colis. 

Immédiatement avant le. départ, il reçoit des fao- 
teursrchefs et des sous-facteurs-chefs les feuilles .de 
route des articles dés messageries , les souches des 
articles de bagages , des chiens , des chaises de poste, 
des chevaux ; il reçoit des chefs et sous-chefs de gare 
les feuilles de route du train. 

Il vérifie par un dernier coup d'œil si tout est bien 
en ordre dans son fourgon , si les portes des niches 
à chiens sont bien fermées , si le <x)rdon attaché au 
carillon du tender, et qui le met en communication 
avec le mécanicien , est bien à sa portée ; il dispose 
les signaux et ferme ses portes. SMl n'y a point d'in- 
specteur, le conducteur de première classe çst le chef 
du train en route; il en a la police. Placé à son frein, 
il doit avoir le regard fixé sur le mécanicien et ob- 
server autant que possible les autre» conducteurs 
gardes freins. 

Aussitôt que le train est arrêté à une station , le 



— 89 — 

conducteur-chef remet au facteur les articles de mes- 
sageries et les bagages en destination pour la station , 
en 1-aidant à les décharger, et en donne en môme 
temps les feuilles de route. Il reçoit ensuite les feuilles 
de route des articles de messageries à charger, et les 
reconnaît à mesure qu'ils sont présentés , ainsi que 
les bagages des voyageurs partant de la station avec 
les souches qui doivent les accompagner. 

Il inscrit sur la feuille de route du train l'heure 
d'arrivée à la station , en même temps qu'il y con- 
signe, s'il y a lieu, la mutation du train, c'est-à- 
dire lorsqu'il y a des voitures à -laisser ou à prendre 
à la station , et enfin l'heure du départ de la sta- 
tion. 

Nous, parlerons dans le chapitre suivant de ses 
devoirs en cas d'arrêt forcé du train en marche et en 
cas d'accident grave. 

A l'arrivée du train à destination, il remet les 
feuilles de route au facteur-chef , les souches de ba- 
gages, etc., au sous-facteur chef, et aide à faire dé- 
charger avec ordre les bagages.. Il délivre, les chiens 
aux voyageurs qui les réclament ; les chiens qui ne 
siéraient pas réclamés , il les remet au chef de gare ; il 
doit bien s'assurer qu'il n'en reste pas dans le fourgon. 
Il procède ensuite au déchargement des articles de 
messageries qu'il fait reconnaître par le facteur-chef 
au moyen des feuilles de route avant de les lui re- 
mettre. Il fait constater par le chef ou sous-chef de 
gare la présence des objets qui doivent garnir le 
fourgon , lui remet ensuite la feuille de route du train, 
après l'avoir signée , et lui rend compte des événe- 
ments de la route. 



— 90 — 

Les eonducieurs de deuxième classe ^ les gardes- 
freins, aident au transport et au chargement des 
bagages et des articles de messageries dans le four- 
gon. 

Hs sont munis d'un drapeau et d'une lanterne rouges 
pour faire les ^gnaux au besoin. Ils doivent avant 
tout s'assurer avec le plus grand soin que le frein qui 
leur est confié est en bonétatetfonctiomie aisément. 

En faisant monter les voyageurs dans les voitures, 
selon la classe de leurs billets, ils doivent avoir soin 
tle compléter autant que possible les compartiments , 
afin d'en conserver de libres pour les stations intenmé- 
diaires ; ils tâcheront pourtant de ne pas séparer les 
personnes d'une même société; lorsqu'une dame mon- 
trera le désir de ne pas être placée dans un comparti- 
Bient où il n'y a que des hommes , ils s'empresseront 
de lui assigner un compartiment où il y ait des dames. 
Us s'assureront j avant le départ , lorsque tous les voya- 
geurs sont montés, que toutes les portières «ont bien 
fermées des deux côtés , et que les glaces des compar- 
timents vides sont levées, ils miontent alors sur leurs 
sièges, et s'assurent que leurs freins sont desserrés. 

Pendatit la marche des Irains , ils doivent constam- 
ment avoir les yeux fixés «ur le Urain et sur la voie ; 
ils serrent le frein tourtes les fois que le mécanicien en 
donne le signal , au moyen de son sifflet, et leur atten- 
tion doit être toujours éveillée pour écouter ces si- 
gnaux. 

Lorsqu'une cause quelconque leur indique la nécesr- 
site de faire arrêter le train , ils agitent pendant le jour 
leur drapeau rouge , et pendant la nuit la lumière rouge 
de leur lanterne , pour en avertir le conducteur chef; 



~ M - 

celui-ci tit^ aiissitôl le coï'don du carillon qui le met 
éB^ommWmication av^ le mécanicien , lequel dounera 
le signal pour serrer le» freina. En caà ée mpture du 
trahi, ie conducteur garde-frein, de fa partie détiSK^iée 
du train, doit aussitôt «errer lé frein autant qu'il le 
pourra, pôut* ralentir la marché de ôetlè partie, jus- 
cpCh ce (J%*i! soitparvèTâu à Tarnèter tout à fait , parce 
que ce ïi'è^ que lorsqu'elle eât entîèrèïôe^ arrêtée , 
qi*è fèttiécànicien doit marcher en -arrière avec Tautre 
pél^tie du train , pour le réunir de nouveau. 

A^sitôt que te train est éTrêlé à unie étation, les 
odôdtfétettrs^ après avoir 4e$se)rré lés freins , descen- 
de^ ^dè leurs sièges et appellent^ haute et intellîgiMe 
voix le nom de la station et Jes noms des lieux avec 
lesquels il y a des voitures de correspondànceétafelies. 
Ifi8 ouv^nt les pcyrtières ma personnes qui descen- 
dent toujours du €Ôté extérieur de la voie. 

. Lorsque les voyageurs «irrivés à destination ^émt 
descendus, ils font monter ceux à prendre à la stati^, 
dans les classes de voitures dont ils montrent les billets. 
Tous les voyageurs étant montés, ils ferment les por- 
tières, lèvent lès glaces des compartiments devenus 
-vides ; ils avertissent le chef de station que le service 
est fait, et remontent sur leurs sièges. 

Aux "Stations principales, où les trains s'arrêtent 
pèndantâix minutes , et où il y a des buffets de restau-^ 
ration éteiblis, les conducteurs ouvrent toutes les por- 
tières et avertissent les voyageurs que le train s*ar»- 
rêtè pendant dix toimites. 

'Chaque fois que le train est arrêté à une station , ils 
doivent examiner d'un regard attentif les barres, les 
chaînes d'attelage, les boîtes à graisse, les attaches 



— 92 — 

des voitures chargées sur trucks, la fermeture des écu- 
ries, et pendant la nuit principalement l'éclairage des 
signaux, et signaler immédiatement au chef de iasia-: 
tiontout ce qui leur paraît être en défaut, s'ils ne peu- 
vent y remédier promptement çux-mêmes. 

Lorsqu'ên route , à une station , des voyageurs de- 
mandent à passer dans une classe de voiture supé- 
rieure à celle qu'ils occupent^ les conducteurs en in- 
forment le chef de la station, qui perçoit la diflférence 
du prix. Lorsqu'ils remarquent un voyageur en état 
d'ivresse, ou dont la conduite occasionne du scan- 
dale, ils en informent également le chef de la plus 
prochaine station , qui fera descendre le voyageur, 
ou dressera procès- vef bal selon la gravité de la cir- 
copstance.. 

Aussitôt le train arrivé. à destination et arrêté, les 
conducteurs desserrent leurs freins, descendent de 
leurs sièges et vont aider au déchargement et au clas- 
sement des bagages. 



9* Contrôleurs surueiltants. 



Il n'y a des contrôleurs que dans les gares princi- 
pales; dans les autres stations les surveillants en font 
le service. Ils sont sous les ordres des chefs de gare. 
Pour les départs, ils sont placés à l'entrée des salles 
d'attente; les voyageurs en y entrant doivent leur 
présenter leurs billets, qu'ils examinent d'u^n coup 
d'œil, en vérifiant la .date et la classe; s'ils sont en 
règle , ils les laissent outrer. 



— 93 — 

Ds ne laissent pas entrer les chiens dans les salles; 
ils veillent à ce que les voyageurs n'emportent avec 
eux aucun bagage trop volumineux pour être placé 
sur les genoux pendant la route, ou qui pourrait in- 
commoder Içs autres voyageurs par son odeur. 

Ils doivent s'abstenir de causer avec les voyageurs, 
mais répondre avec politesse aux questions qui leur 
sont adressées. S'ils ont une observation à leur faire, 
ou un avertissement à leur donner, cela doit être avec 
politesse, mais en même temps avec fernaeté.- 

La police intérieure des salles leur est confiée. En 
cas de discussion , ou $'il s'y élève quelque rix^, s'ils 
voient dégrader les murs ou quelque objet mobilier, 
ou si un individu se conduit d'une manière indécente, 
ils appelleiit le surveillant le plus proche, et font 
averlir le chef de gare , sans quitter leur. poste. 

A rarrivée,.si les billetç n'ont pas été recueillis par 
eux au contrôle, av;ant Tentréé du train en gare, ils 
sont placés en dedans, des portes de sortie ; ils mettent 
la plus grande attention à ce qu'aucun voyageur ne 
sorte sans aVoîr reoirs son billet. Là, aussi bien que 
lorsque les billets, sont recueillis au contrôlé, si un 
voyageur ne peut présenter son billet, le chef contrô- 
leur doit lui faire payer immédiatement le prix de la 
place qu'il occupeet pour tout le .parcours; lorsqu'un 
vayageur présente un billet pris.pour ujie station pré- 
cédente, ou pour une place de classe inférieure a 
celle qu'il occupe, le chef des contrôleurs surveillants 
doit en exiger le supplément de p^arcours ou dé place. 
Si le voyageur refusé de payer pour un motif quel- 
conque, il doit ne pas le perdre dé vue, et le signaler 
aussitôt en arrivant en gare au chef de gare, qui 



- 94- 

pr^ndra les mesures nécessaires pour çn obtenir le 
payement. 

Les billets recueillis sont réunis et classés par 
trains et par classes*, par lé chef contrôleur» et remis 
au receveur, cpmme il sera dit au chapitre 4e la 
comptabilité. 

]0'' Surveillant^. 



Les surveillants sont également sous les ordres du 
chef de gare ou de station. Leurs fonctions consistent 
à maintenir Tordre et la police dans les gares et sta- 
tions et à faire exécuter aux postes qui leur sont as- 
signés toute consigne qui leur est donnée par le chef 
de gare ou de station avec exactitude et fermeté, 
mais en même temps et toujours avec politesse, Dans 
les stations interm^iaires ,' où il n'y a point de fac- 
teur^ le surveillant en fait eh même temps le service. 

Ils doivent causer le moins possible avec les voya- 
geurs j chaque fois qu'il en sera besoin , ils- les invi- 
teront à se conformer à là consigne avec une fermeté 
qui n'exclut pas 1^ politesse; ils doivent , en (^oc- 
casions, éviter toute discussion , si ce n'est pour per- 
suader, et me jamais en venir aux voies dp feit! S'ils 
ont affaire à des iyrôgi^es ou à' des individus grossiers 
et insolents sur lesquels' la persuasion n'ait pas d' em- 
pire, ils font avertir le chef de gare 6U de station. En 
son absence, ou si la. circonstance l'exige, ils s'a- 
dreséenl directement à l'agent de police* 



— 95 - 



Ils sont sous les ordres des chefs de gare ou de 
statiou ; ils doivent également prêter la plus, sérieuse 
attention aux ordres qui leur sont donnés par les mé- 
caniciens conduisant un train ou une machine seule , 
et déférer aux observations et aux instructions qui 
leur, sont faites ou données par les sous-ingénieurs ou 
conducteurs de travaux sur la tenue et la propreté 
des aiguilles. 

L'exp^ience démontre tous les jours combien les 
fonctions d'aiguilleurs sont importantes et graves, 
car presque tous les déraillements qui ont lieu sur les 
chemins de fer sont causés, soit par la mauvaise dis- 
position , le mauvais état des aiguilles et des croise- 
ments, ou parl-inexpérienceet les faûtesdësaiguillenrs*^ 

Il y a trois espèces d'aiguillés : les aiguilles joignant 
bout à bout ; à celles-ci les rails sont entièrement in- 
terrompus au point de changement de voie ; les rails 
s^r lesquels le changement doit s'opérer, mobiles sur 
le cor autour d'un point fixe^ sont plac^ à Taide 
d'un levier bout à hout contre les rails <te la voie 
qu*bn veut quitter ;. avec ce système on culbute dans 
le sable chaque fois que l'aiguille se trouve dérsmgée 
ou mal ajustée ; les deux autres systèines sont les 
m^es, quant à la construction des aigniUes , les rails 
taillés en pointes et mobiles s'ouyrent ou se fermait 
pour continuer sur la même voie ou pour passer sur 
une autre ; la difiërence consiste dans les leviers pu 
manivelles par lesquels on dirige les aiguilles : dans 



— 96 — 

Tun , ce levier doit être tenu par la main de Taiguil- 
leiir, en y appuyant fortement pendant tout le pas- 
sage du train; dans l'autre , ce levier est muni d'un 
contre-poids mobile , qui maintient Taiguille dans la 
position une fois donnée jusqu'à ce que Taiguilleur 
lui en donne une autre , en changeant la position du 
contre-poids. Or c'est un principe immuable que le 
train une fois engagé sur les aiguilles , qu'il soit sur 
la bonne ou sur la mauvaise voie, que l'aiguiHeor ait 
bien ou mal compris ou se soit trompé , il doit rester 
sourd aux cris , aux avertissements; aucune considé- 
ration , enfin , ne doit lui faire faire un cbangement 
dans là position des aiguilles avant que le train tout 
entier ait achevé son passage; car si l'aiguilleur, 
en lâchant le levier, donnait une autre position à l'ai- 
guille , la partie du train encore en arrière des ai- 
guilles prendrait à l'instant une autre voie que la 
partie du train déjà passée, uu déraillement serait 
inévitable, et les' suites en sont toujours plus ou . 
moins graves , selon la vitesse avec laquelle le chan- 
gement dévoie s'opère. Il est donc plus. 4*àtionnèl e% 
plus rassurant qu'un changement malencontreux des 
aiguilles pendant le passage d'un train ne dépende 
pas d'uu mouvement de la main de l'aiguilleur causé 
par surprise , par efifroi ou par tout autre accident 
indépendant de sa volonté. Avec les leviers à contre- 
poids, l'aiguille conservant sa direction jusqu'à ce 
que l'aiguilleur donne une position ^contraire au coa- 
tre-poids, il y a le temps de la réflexion entre l'idée 
et l'action; les erreurs, toujours suivies d' accidents 
plus ou -moins graves, seront moins à craindre et 
moins fréquentes. 



- 97 — 

Il est du reste très-essentiel de ne nommer aux em- 
plois d'aiguilleurs que des hommes d'une sobriété et 
d'une exactitude éprouvées, sérieux, intelligents et 
réfléchis, dans lesquels on puisse avoir une entière 
confiance. Nous croyons aussi qu'il est imprudent de 
charger, dans les stations intermédiaires , un facteur 
ou ua surveillant des fonctions d'aiguilleur. C'est une 
économie irrationnelle et qui , au premier accident , 
coûte plus cher à l'administration que le traitement 
de l'aiguilleur qu'elle a voulu épargner. 

Les aiguilleurs , munis de leurs signaux , comme 
les gardes-barrières , doivent être constamment à leur 
poste. Ils doivent nettoyer chaque jour, et s'il en est 
besoin plusieurs fois par jour les aiguilles , enlever 
toute ordure des coussinets , et entretenir toutes les 
parties bien graissées, afin qu'elles se meuvent aisé- 
ment et qu'elles se ferment hermétiquement. 
* Les aiguilles doivent toujours être placées dans la 
direction de la naarche des trains,, et laissées dans 
cette position, jusqu'à ce qu'il soit nécessaire de les 
changer pour le passage d'un train ou d'une locomo- 
tive allant sur une autre voie, 

A l'arrivée d'un train ou d'une machine, l'aiguil- 
ieur doit être à son poste près de l'aiguille ,• et avoir 
les yeux fixés sur le tnécanicien pour épier s'il n'a 
pas d'instructions à lui donner. 

S'il y avait un obstacle quelconque au passage, il 
déploierait son drapeau rouge pendant le jour, où 
montrerait sa lanterne rouge pendailt la nuit. 

Lorsque les leviers des aiguilles sont sans contre- 
poids , il est indispensable. , et de la plus grande im- 
portance, que l'aiguilleur tienne fortement le levier 

7 



— 98 — 

en main , et ne le quitte que lorsque la machine ou le 
train entier aura achevé son passage. S'il y a eu er- 
reur, et que le train ait pris une autre voie que celle 
qu'il devait prendre , il reculera ensuite pour recom- 
mencer son mouvement sur la bonne voie. 



i^""' Chefs d'équipe. 



Les chefs d'équipe sont sous les ordres des chefs et 
sous-chefs de gare. Ils doivent parfaitement connaître 
le service des départs et des arrivées des trains , leur 
formation , les voies de Tintérieur et des abords de la 
gare, le service des plaques tournantes , les aiguilles, 
les croisements de voies et les diver^ signaux. Aucune 
manœuvre de garé ne. doit les embarrasser j soit pour 
former, pour décomposer ou pour tourner un train , 
soit pour ajouter ou intercaler une voiture A un train 
déjà formé. Un mot, un signe du chef de gare doit 
suffire pour leur faire comprendre un ordre , et ils doi- 
vent savoir <îe qu'il y a à faire pour l'exécuter promp- 
tement et sans hésitation. _ 

Les chefs d'équipe doivent savoir former leurs 
hommes d'équipe par l'ascendant légitime de leur 
conduite, par une surveillance toujours active, par 
leur prudence et leur sollicitude à éviter les funestes 
accidents des coups de tampons. Leurs ordres doivent 
être concis et donnés à demi-voix , les manœuvres de 
gare doivent ^exécuter sans confusion et sans bruit ^ 
et avec une exactitude pour ainsi dire mécanique. Un 



— 99 - 

bon chef d'équipe est la eheville ouvrière d'un bon 
service de gare. 



13** Hommes d'équipe. 



Ils sont sous les ordres du chef d'équipe. Les 
hommes d'équipe doivent être robustes et bien con- 
stituée. Ils doivent avoir bonne vue et bonne oreille, 
être sobres , prudents et réfléchis pour ne pas être 
tamponnés tôt ou tard. 

Ils doivent tous connaître les diverses manœuvres 
nécessaires pour l'exécution d'un ordre donné , et les 
exécuter sans précipitation, avec ensemble, avec ordre 
et en silence. 

Nous préférerons toujours les hommes d'équipe , 
qui ont exercé une profession telle que celle de char- 
ron , carrossier^ serrurier, maréchal , menuisier, ma- 
çon, etc., etc., parce qu'ils ont Fhabitude du travail, 
savent njieux attaquer un waggon et se servir de 
leurs mains et de leurs forces avec intelligence. Ils 
sont ensuite plus utiles à la compagnie , dans l'inter- 
valle des trains; ils peuvent être occupés à diflPérents 
travaux d'entretien et de petites réparations, au lieu 
de rester étalés dans un corps.de garde. 

A ces hommes utiles et laborieux, les compa- 
gnies peuvent donner un salaire qui les encourage 
et les attache à leur état. 



— 100 — 



CHAPITRE VI. 



ORGANISATION DE LA CIRCULATION ET COMPOSITION DES 
TRAINS.— TRAJET ET ARRET DANS LES STATIONS INTER- 
MÉDIAIRES. — CAS D'ACCIDENT.— MACHINES DE SECOURS.— 
SERVICE DES AGENTS —ARRIVÉE DES TRAINS A DESTINATION. 



i° Organisation de la circuiation. 



Le chef du mouvement général ou de l'exploita- 
iion organise les services d'été et d'hiver de la ligne 
et fixe les heures de départ, la vitesse de là marche, 
le temps employé pour le parcours , les heures d'ar- 
rivée et de départ aux stations intermédiaires , et les 
heures d'arrivée à la gare destinatrice pour chaque 
nature de train. 

On distingue ordinairement les trains des voyageurs 
par les dénominations suivantes : 

1** Train de messageries, parce que les diligences 
sont^ transportées par ces trains , qui ne s'arrêtent 
qu'aux stations principales , et aux dépôts , pour s'a- 
limenter d'eau et de combustible, au besoin ; 



— 101 — 

2^ Trains omnibus ; ceux-ci s'arrêtent à toutes les 
stations intermédiaires ^ 

3® Trains des malles-postes, parce qu'ils condui- 
sent les malles, ou les nouveaux wàggons de poste. 

Tous ces trains marchent à la vérité avec la içême 
vitesse, ou à peu près, c'est-à-dire à la vitesse or- 
dinaire d'une minute et un tiers par kilomètre ; mais 
la différence du temps employé pour le parcours entre 
les trains de messageries et ceux d'omnibus , provient 
de ce que les premiers ne s'arrêtent qu'aux stations 
principales , qui sont en même temps les dépôts , et 
que les seconds s'arrêtent à toutes les stations pour 
y descendre et prendre des voyageurs. 



2** Formation des trains de voyageurs. 



Aucune voiture ne doit être admise dans la com- 
position d'un train, si elle n'est en parfait état d'en- 
tretien, de propreté et de graissage. Chaque train est 
composé d'une locomotive et de son tender, d'un 
fourgon à bagage et du nombre de voitures de chaque 
classe nécessaire au transport des yoyageurs- Le chef 
de gare doit toujours faire entrer dans son calcul du 
nombre des voyageurs , le besoin présumé des sta- 
tions intermédiaires, en appréciant approximative- 
ment si les voyageurs descendant en route fourni- 
ront assez de places vacantes à ceux qui pourront 
monter. L'habitude et l'expérience l'aident puissam- 
ment dans cette appréciation. Il doit aussi connaître 
les jours où les voyageurs sont ordinairement plus 



— 102 — 

nombreux , ainsi que les jours de fête et de foire des 
localités à proximité de la gare , et s'en souvenir 
pour la composition de ses trains , en conséquence 
des besoins que ces jours ramènent périodiquement. 

En temps ordinaire , une locomotive ne doit remor- 
quer que seize voitures; si Ton est obligé de dépasser 
ce nombre , le chef de gare fait demander une se- 
conde machine au dépôt. 

Le chef de gare reconnaît le nombre des voitures 
nécessaires pour former son train, en jetant de temps 
à autre un coup d' œil dans les salles d'attente. 

Toutes les fois que deux machines sont attachées 
à un train , il doit y avoir immédiatement derrière le 
tender delà seconde machine, deux fourgons à ba- 
gages, ou deux voitures ne contenant pas de voya- 
geurs. 

Un train de six à douze voitures doit être ac- 
compagné en outre d'un mécanicien et d'un chaufiFeur 
ou élève mécanicien , capable au besoin d'arrêter la 
machine, d'un conducteur de première classe, chef 
du train , lorsqu'il n'y a point d'inspecteur, et de deux 
conducteurs de deuxième classe , gardes-freins ; un 
train de quinze à dix-huit voitures, de trois conduc- 
teurs de deuxièmp classe gardes-freins; un train de 
dix-neuf à vingt-cinq voitures et plus , de cinq con- 
ducteurs. Un train de voyageurs ne peut être com- 
posé de plus de trente voitures. 

L'expérience et l'intelligence du chef de gare se 
manifestent dans la bonne composition de ses trains , 
et la bonne composition des trains facilite la régula- 
rité et la promptitude du service dans les gares et aux 
stations inteimédiaires. 



— 103 — 

S'il y a daiis le train une ou plusieurs voitures 
destinées à être laissées dans une ou plusieurs stations 
intermédiaires , le chef de gare doit avoir soin de 
les faire placer dans Tordre inverse de l'arrivée à ces 
stations, c'est-à-dire que la voiture des^tinéeà la sta- 
tion où l'on arrive en premier , soit placée la dernière 
en queue, et ainsi de suite. 

Une bonne composition de train est celle où les 
voitures sont placées comme suit : 

1* Des voitures de deuxième classe derrière le 
fourgon à bagages , pour les voyageurs qui font tout 
le trajet; 

2** Les voitures de première classe ; 

3" Des voitures de deuxième classe pour les voya- 
geurs descendant aux stations ; 

4* Les voitures de troisième classe; 

5** Les trucks à caliches et les écuries; 

6** Une voiture à frein doit toujours être placée à 
Tarrière d'un train , pour faciliter le ralentissement 
de la marche et l'arrêt du train aux points où il doit 
s'arrêter, afin que si une barre d'attelage venait à 
se rompre dans une rampe , on puisse empêcher la 
partie détachée de reculer, au moyen du serrement 
du frein. Cette dernière voiture du train doit être 
garnie des douilles destinées à recevoir les signaux 
de nuit. 

Les voitures d'un train circulant de nuit, pendant 
tout ou partie du trajet , doivent toutes être éclairées 
à l'intérieur. 

Lorsque c'est un train de messageries conduisant 
des diligences , celles-ci sont attelées immédiatement 



— 104 — 

après les fourgons à bagages et en avant des voitures 
transportant les voyageurs. 

Avant le départ du train , le chef de gare doit vi- 
siter Tattelage des trains; les barres d'attelage doi- 
vent être assez serrées pour que leà tampons des voi- 
tures adhèrent fortement et successivement entre eux 
afin d'éviter ce mouvement de lacet si désagréable 
pour les voyageurs. 

3*" Embarquement des voyageurs et départ. 

Il y a dans les gares principales trois espèces de 
sonneries : une cloche pour avertir les voyageurs de 
l'ouverture des guichets et des salles d'attente ; un ca- 
rillon pour annoncer à la gare et aux employés l'ar- 
rivée des trains, et une cloche à main pour donner 
au mécanicien le signal du départ des trains. 

Le guichet de recette est ouvert une heure et demie 
avant l'heure du départ des trains , afin que les voya- 
geurs qui ont des bagages puissent, par la présenta- 
tion de leurs Èillets , justifier le nombre des places 
qu'ils ont prises , pour jouir de la franchise de port 
accordée par le tarif. 

Les salles d'attente, disposées de manière à ce que 
les voyageurs des trois classes soient séparés , s'ou- 
vrent en même temps. 

Vingt minutes avant l'heure de départ, le chef de 
gare fait sonner la cloche, comme premier avertisse- 
ment donné aux voyageurs pour entrer danè les salles. 

Quinze minutes avant le départ, à un second coup 
de la cloche , la porte de la salle des premières est ou- 



— 105 - 

verte, et les conducteurs placés aux portières font 
monter les voyageurs dans les voitures de première 
classe. 

Dix minutes avant l'heure des départs , un troi- 
sième coup de cloche est le signal de faire sortir et 
monter les voyageurs dans les voitures de deuxième 
classe. , 

Enfin , cinq minutes avant le départ, le quatrième et 
dernier coup de cloche donne le signal d'ouvrir les 
portes delà salle des troisièmes, d'où les voyageurs, 
en des jours de presse et de foule, se précipitent 
comme une avalanche pour courir aux voitures de 
troisième classe. 

Les chefs de gare doivent , autant que possible , 
tâcher de placer ensemble , dans les mêmes voitures , 
les voyageurs faisant la route entière ; si ces voyageurs 
sont mêlés avec ceux en destination pour les stations 
intermédiaires , le service est non-seulement plus diffi- 
cile et plus long dans les stations , mais désagréable 
pour les voyageurs eux-mêmes. 

Avant et pendant ce temps , les billets ont été déli- 
vrés , les bagages enregistrés et chargés comme nous 
l'avons dit au chapitre précédent , page 76 . 

L'enregistrement des bagages doit continuer le plus 
tard possible ; cependant trois minutes avant le départ 
il doit cesser rigoureusement; les voyageurs en retard 
de les avoir présentés, sont alors prévenus, qu'ils ne 
pourront leur être envoyés qu'en messagerie, par le 
train le plus prochain. 

Toute personne ivre n'est pas admise à partir par un 
train , même si elle est munie d'un billet pris avant 
qu'elle se soit mise en état d'ivresse. 



— 106 — 

L'entrée des voitures est également interdite à toute 
personne vêtue de manière à salir ses voisins ; à tous 
individus porteurs de fusils chargés, ou de paquets 
qui j par leur nature ou leur volume , pourraient gêner 
ou incommoder les voyageurs. 

Aucun chien n'est admis dans les voitures des voya- 
geurs. 

Il serait cependant à désirer qu'il y eût dans tous 
les chemins de fer des voitures de toutes classes, spé- 
cialement destinées aux personnes qui ne voudraient 
pas se séparer de leurs chiens ; ainsi que des voitures, 
également de toutes classes, dans lesquelles il serait 
permis de fumer. 

La défense de fumer dans les voitures est très-ra- 
tionnelle, parce que rien n'est plus désagréable que 
l'odeur du tabac pour certaines personnes qui ne 
fument pas , mais non pas à cause du danger de mettre 
le feu, car nous soutiendrions volontiers que ni la 
pipe ni le cigare n'ont jamais occasionné le feu; il 
sera difficile , sinon impossible , d'empêcher de fumer 
un voyageur chez qui cette habitude est devenue un 
besoin impérieux , quand il lui faudra rester toute une 
journée en voiture sur les grandes lignes. Quant à la 
crainte du feu , il serait plus rationnel de défendre les 
allumettes chimiques, de quelque espèce qu'elles 
soient , et de ne permettre que le briquet classique des 
fumeurs. 

Tous les voyageurs étant montés en voiture , les- 
bagages chargés et les conducteurs placés à leurs 
postes , le chef de gare s'assure encore d'un coup 
d'œil exercé que rien ne manque au train , que toutes 
les portières et les glaces des compartiments vides 



- 107 — 

sont fermées , que tout est bien attaché sur les truks 
portant des chaises de poste , que les portes des écu- 
ries sont également bien fermées; lorsque le train est 
de nuit 9 il s'assure surtout que les lampes sont allu- 
mées pour éclairer l'intérieur des voitures, et que 
rien ne manque aiïx signaux de nuit, placés à l'arrière 
du train; car mieux vaudrait encore partir deux ou 
trois minutes en retard que de laisser partir un train 
sans être parfaitement en règle. 11 attend ainsi Theuré 
du départ, et aussitôt que cette heure sonne, il fait 
signe à l'employé qui tient la cloche à main placé à 
la tête du train , le signal du départ est donné ; le mé- 
canicien fait jouer immédiatement son sifflet, ouvre le 
régulateur, et le train se met en marche. 



4** Trajet , arrêts aux stations intermédiaires. 



Les mécaniciens doivent avoir soin de ralentir la 
marche avant d'arriver aux stations, et surtout avant 
d'arriver aux pentes , lorsque le train est fort; la fer- 
meture du régulateur ne suffit pas , car sa pesanteur 
dépassera toujours là vitesse voulue; ils ne doivent 
par conséquent jamais négliger de donner le signal 
pour serrer ies freins. 

Lorsqu'une seconde machine remorque un train 
jusqu'au haut d'une rampe , et qu'arrivé au point cul- 
minant à l'aiguille , cette machine doit retourner sur 
l'autre voie; le train arrêté ne doit se remettre en 
marche pour continuer sa route , que lorsque la ma- 



— 108 — 

chine de renfort a dépassé la tète du train sur l'autre 
voie. 

Quinze mihutes avant l'heure indiquée pour le pas- 
sage du train à la station , le chef de cette station 
fait sonner la cloche pour avertir les voyageurs ; dix 
minutes après , il fait sonner une seconde fois , et une 
troisième et dernière fois aussitôt que le train est en 
vue , pour faire entrer les voyageurs dans les salles 
d'attente , et il se rend aussitôt lui-même sur le trot- 
toir devant sa station , pour attendre le train et faire 
son service. Si le train arrive sur la voie , du côté op- 
posé à la station , il passe avec les voyageurs de l'autre 
côté delà voie, comme il est dit au chapitre précé- 
dent, page 

Il doit y avoir sur les trottoirs de l'un et de l'autre 
côté de la voie des arrosoirs pleins d'eau préparés 
d'avance , ainsi que des seaux à graisse avec leurs 
crochets et leurs spatules. 

Il est essentiel de bien s'assurer que cette eau , des- 
tinée à être jetée sur les boîtes qui chauflPeraient en 
route, soit propre, et ne contienne pas des corps 
étrangers; un grain de sable introduit dans la boite 
à fusée pourrait suffire pour faire couper une fusée 
et occasionner par conséquent un grave accident. 

Aussitôt le train complètement arrêté , et non pas 
auparavant , les conducteurs , après avoir desserré 
leurs freins , descendent de leurs sièges ; ils parcou- 
rent aussitôt toute la longueur du train , appelant à 
haute voix le nom de la station , et ouvrent les por- 
tières aux voyageurs arrivés à leur destination. 

Le conducteur chef remet les feuilles de route et 
les souches au chef de station ou au facteur, délivre 



— 109 — 

les articles de messagerie et les bagages , le tout sans 
perdre un moment , mais pourtant sans agir jamais 
avec précipitation ; il importe dans un bon service de 
chemin de fer que tout se fasse avec ordre , avec 
calmé et' avec sang-froid. Le chef de station, veillant 
atout, s'assure que les conducteurs ouvrent les por- 
tières^ à tous les voyageurs qui appellent pour des- 
cendre, que les boîtes soient visitées rapidement, 
d'un côté par un des conducteurs de deuxième classe 
garde-frein , toujours muni d'un seau de graisse , de 
l'autre côté par le graisseur de la station , ou un autre 
employé de la station désigné à l'avance par le chef 
de station. 

Si une boîte avait chauflFé légèrement pendant la 
marche, il suffirait de la bien nettoyer, 'de s'assurer 
qu'il n'y a point de corps étrangers, que la lumière 
est ouverte^ et de la bien rçgarnir de graisse. Si elle 
avait chaufié à un point extraordinaire , on là rafraî- 
chirait d'abord en l'arrosant. Si la chaleur était ar- 
rivée au point de dominer des inquiétudes , le chef de 
station ferait appeler le mécanicien pour la lui mon- 
trer; celui-ci, dans ce cas, et si Tonne peut laisser la 
voiture à la station , doit marcher avec la plus grande 
prudence jusqu'au dépôt , ou à la station la plus voi- 
sine , où il y a des voitures en réserve ; là , la voiture 
est détachée du trainet remplacée. par une autre. Ce- 
pendant si l'on juge qu'il y ait un danger réel et immi- 
nent de continuer la route avec cette voiture , on 
prierait les voyageurs d'en descendre, et de monter 
dans d'autres voitures, même d'une classe inférieure, 
si l'on ne pouvait faire autrement , afin de détacher 
immédiatement cette voiture du train. Aux stations 



— 110 — 

iatermédiaires priocipales, où les trains s'arrêtent pen- 
dant huit ou dix minutes , et où par conséquent les 
voyageurs peuvent descendre, les chefs de station ne 
doivent ouvrir les salles d'attente et faire monter les 
voyageurs nouveaux que cinq minutes avant le dé- 
part , et lorsque les autres voyageurs seront remontés 
en voitures et auront repris leurs places. 

Lorsque tous les voyageurs sont montés en voitures 
et que le service du fourgon à bagages est fait, le chef de 
station s'assure que les conducteurs ferment toutes les 
portières et lèvent les glaces des compartiments de- 
venus vides ; il fait ensuite remonter les conducteurs 
sur leurs sièges et attend l'heure indiquée pour le 
départ. 

Le chef de station ne doit dans aucun cas, et sous 
aucun prétexte, donner le signal du départ avant 
l'heure précise, prescrite au tableau de service. Aus- 
sitôt cette heure arrivée, il fait domier le signal avec 
la cloche à màin>, et le train repi^end sa marche. 



5* Cas d'accidents. — Machine de secours. — 
Service des divers agents. 

En cas d'arrêt forcé ou d'accident d'un train en 
marche, le chef du train envoie immédiatement un 
des conducteurs gardes-freins à 300 mètres au moins 
en, arrière du train pour faire le signal d'arrêt au train 
qui viendrait sur la même yoie. 

S'il y a déraillement , et que les deux voies se trou- 
vent interceptées par l'accident , le chef du train en- 



— 111 — 

voie le second conducteur garde frein à la même 
distance , au moins , en avant du train pour faire de 
même les signaux d'arrêt au train arrivant sur l'autre 
voie. Dans l'un comme dans l'autre cas il attend 
ainsi l'arrivée de la machine de secours. La machine de 
secours, montée par le chef de service, de gare, ou 
de station , et par le chef du dépôt , part toujours sur 
la voie opposée à celle par laquelle le train en retard 
doit arriver. 

Le chef de service, de gare ou de station, lors 
même qu'il aurait été prévenu de l'arrêt ou de l'ac- 
cident, et qu'on lui aurait même donné connaissance 
de la cause de l'arrêt et du lieu où le train se trouve 
arrêté, ne doit néanmoins jamais partir sur la même 
voie pour se mettre à la tête du train en souffrance 
et le ramener ; il doit, dans tous les cas et toujours, , 
partir sur la voie opposée , voir de ses propres yeux 
et reconnaître la position. . 

La machine de secours marche ainsi jusqu'à ce 
qu'elle rencontre le train en retard ou en détresse ; si 
elle ne lé rencontre pas, elle continue sa marche jus- 
qu'au premier dépôt,, d'où alors une autre machine 
est déjà partie dans le même dessein. 

Si elle rencontre le train remis en marche , elle con- 
tinue sa route jusqu'à la première aiguille , change de 
voie, et revient avec précaution derrière le train 
qu-elle était allé chercher. 

Si elle rencontre le train arrêté en souffrance ^ elle 
communique avec lui , reconnaît sa position , et s'il 
ne lui manque qu'une machine de renfort pour se re- 
mettre en route , elle continue également sa marche 
jusqu'à la première aiguille, change de voie, puis 



„ 112 — 

vieol aborder le train doucement, et le pousse avec 
précaution jusqu'à la première station , où elle pourra 
se mettre à sa tête pour le remorquer. 

En cas d'accident grave , de déraillement , de bris 
d'essieu , d'interception des voies enfin , le chef du 
train doit s'empresser, tout en prenant les précautions 
dont nous venons de parler, de demander du secours 
au dépôt des machines le plus proche , et en même 
temps à la station la plus voisine , et d'en donner avis 
aux deux gares principales extrêmes. 

Le chef de train doit faire , autant que possible , 
cette demande par écrit et l'expédier par les canton- 
niers de proche en proche. 

Le dépôt enverra à l'instant le waggon qui s'y 
trouve toujours chargé de tous les agrès et outils né- 
cessaires en pareille circonstance. 

Toutes les fois qu'il arrivera un accident sur un 
chemin de fer, la déclaration doit en être-faite immé- 
diatement à l'administration supérieure et à l'autorité 
locale. Le directeur ou les administrateurs directeurs 
doivent en informer immédiatement le préfet. 



6" Arrivée des trains à destination. 



Aussitôt que l'arrivée du train à la gare principale 
est signalée , le carillon de la gare l'annonce aux 
employés , et chacun , chefs, contrôleurs, facteurs et 
surveillants se rendent à leurs postes. 

Le train complètement arrêté , les conducteurs 
descendent de leurs sièges , après avoir desserré les 



— Hâ — 

freins, en même temps les portières- ont étéoavertes 
par les facteurs placés d'ayance de distance en dis- 
tance sur le trottoir. 

Les portes de sortie s'ouvrent pour les voyageurs 
sans bagages , et si les billets n'ont pas été recueillis 
en route ou au contrôle , les contrôleurs les reçoivent, 
en les examinant aux portes de sortie. 

Les voyageurs qui ont des bagages se placent à la 
barre devant le bureau, ou dans* la salle d'attente dés 
bagages , et attendent que l'on fasse l'appel. 

Les bagages sont déchargés , rangés et classés sur 
le comptoir de distribution et délivrés ainsi que nous 
l'avons dit au chapitre précédent , page 8ft. 

La manière dont se fait cette distribution dans la 
gare d'Orléans^ à -Paris, ne laisse rien à désirer : la 
classification des colis 'par ordre de stations et* de nu- 
méros sur IHmmense comptoir, occupant trois côtés 
(Je la vaste salle , se fait en silence et avec un prdre 
parfait par les facteurs et les sous-facteurs. J'y ai vu 
de forts trains amenant deux ou trois cents colis de 
bagages, déchargés, rangés sur le conàptoir et dis- 
tribués en -moins de quinze minutes. 

Aussitôties voyageurs descendus , les voitures sont ^ 
visitées avec le plus grand soin , ponr s'assurer qu'au- 
cun objet n'a été oublié par les voyageurs. 

Les objets trouvés dans les voitures sont immédia- 
tement remis au chef de gare , qui les inscrit sur un 
registre destiné à cet effet; il attache sur l'objet 
trouvé , une étiquette portant le numéro d'enregistre- 
ment et indiquant dans quelle classe de voitures 
l'objet a été trouvé, ainsi que le jour et l'heure de 
l'arrivée du train. Après un délai de hait jours , l'ob- 



— 114 — 

jet trouvé est envoyé de la- station au magasin de dépôt, 
accompagné d'une lettre d'envoi. Lorsque l'objet est 
ensuite réclamé au chef de gare ou de station , celui- 
ci en fait la demande au dépôt , qui le lui envoie, 
mais le chef de gare ne peut le restituer que sur jus- 
tification par le réclamant de ses droits de proprié- 
taire, par l'indication rigoureusement exacte du jour 
et de l'heure du voyage , et par la désignation par- 
faitement conforrae des objets réclamés, ainsi que de 
leur contenu , si c'est une malle , etc. La livraison en 
est alors faite au propriétaire ou à son fondé de pou- 
voir , contre un émargement daté sur le registre. 

Les chiens, les chevaux et les équipages sont dé- 
chargés avec soin , mais ne sont remis aux voyageurs 
qu'en échauge des bulletins, et après que ceux-ci ont 
été rapprochés des souches ou. talons apportés par le 
conducte'ur-fehef de la gare expéditrice. 

La locomotive a été tourné^ et renvoyée au dépôt. 
Le train est aussitôt décomposé par le cîief d'équipe, 
les voitures sont remisées pour être visitées par le chef 
du petit entretien . 

Elles ne peuvent être remises en circulation qu'après 
cette visite, et après avoir été parfaitement lavées, 
nettoyées et graissées. 



— 115 — 



CHAPITRE Vil. 



PEl^ITE VITESSE.^ I^RVIGE DES TRANSPORTS 
DES MARCHANDISES. 



1 ° Transport des marchandises. ^ 

La question du trafic dès transports des marchan- 
dises aquiert de jour en jour plus d'importance. Elle 
est devenue la question capitale dans l'exploitation des 
cbemins.de fer, car les grandes ligiies sont appelées à 
- remplacer toutes les entreprises de transport dont le 
monde commercial s'est servi jusqu'aujourd'hui. 

A l'origine des chemina de fer en France , l'opinion 
dominante était que le transport des voyageurs serait 
le produit principal des lignes de fer, et que le trans- 
port des marchandises n'était à. considérer que comme 
uiie question de production secondaire. On disait, on 
imprimait partout, que lés chemins de fer né trans- 
porteraient que quelques marchandises précieuses et 
ayant besoin d'un parcours rapide, soit. par leur na- 
ture ou par les circonstances. C'est cette opinion qui 
a présidé à l'établissement des premiers tarifs , dont 



— 116 - 

les éléments ont été puisés dans les données de la 
douane. Dans cette prévision de peu de transports , on 
a dû , pour ne pas les rendre onéreux aux compa- 
gnies, faire les prix des tarifs à un taux élevé. 

D*un autre côté , celte élévation des tarifs entrait 
parfaitement dans les vues du gouvernement, qyi, sa* 
crifiant volontiers Fintérét général aux positions ac- 
quises des capitalistes, ne voulait pas s'aliéner les ac- 
tionnaires des canaux et les nombreux entrepreneurs 
des divers modes de transport existants. 

Mais le temps et les faits ont prouvé que Topinion 
qui avait dicté les tarifs était erronée ; l'intérêt géné- 
ral a prévalu sur les mesquins intérêts d'une étroiter 
politique gouvernementale ; les marchandises ont af- 
flué aux chemins de fer, et aujourd'hui il dépend des 
compagnies de s'en emparer entièrement et de con- 
^stituer la plus.*80lide et la plus gigantesque des entre- 
prises^ ^us la seule condition d'y intéresser fortement 
le monde' commercial et industriel. 

Les chemins de fer, par leur nature autanl^ que 
dans l'intérêt de la sécurité ^ublique^ ne permettront 
jamais qu'une concurrence s'y établisse comme pour 
les autres entreprises industrielles; cependant, et à 
causé de cette nature exceptionnelle même,, leur ex- 
ploitation ne saurait être qualifiée de monopole. Les 
chemins de fer sont des propriétés nationales créées 
au prix des sacrifices énormes faits par le pays ; leur 
exploitation ne peut avoii^ lieu que par le gouverne- 
ment ou par des compagnies concessionnaires. Au 
gouvernement appartient la tâche vigilante et inces- 
sante que cette exploitation favorise la prospérité et 
les intérêts généraux du pays; aux compagnies le 



— 117 — 

soin qui leur est imposé par leur propre intérêt d'at- 
tacher fortement èt'diredtement le monde commercial 
k leurs entreprises en rendant les intérêts du com- 
merce identiques avec les leurs- 

Le commerce non-seulement aime , mais c'est pour 
ivà un besoin impérieux que d'avmr des taxées claires 
et positives 9 des tarifs unKormes. 

Or, aujourd'hui chaque** ligne de fer non-sefulement 
a des tarifs différents , mais la classification des mar- 
chandises, les assimilations si incertaines, souvent si 
irrationnelles , diffèrent sur chacune des lignes. Telle 
marchandise ayant à parcourir deux ou trois lignes 
pour arriver à sa destination est rangée hors classe 
fiur l'une , dans la première classe sur Tautre , et 
dans fa deuxième classe sur la troisième. Qu'on ajoute 
à cet inconvénient les frais accessoires : droits de 
chai^ment et de déchargement , de magasinage , de 
camionage différents sur chaque ligne, et on com- 
prendra la difficulté , l'impossibilité qu'éprouvent gé- 
néralement les commerçants à établir les lettres de 
voiture. Pour des marchandises parcourant plus 
d'une ligne , il leur est impossible d'en faire le dé- 
compte. 

Les commerçants , en faisant leurs achats ou com- 
mandes., ne pouvant connaître le prix de transport, 
ne peuvent calculer au juste lé prix de revient de la 
marchandise pour régler leurs opérations ; les gares 
de leur côté éprouvent des difficultés contînuelies, 
soit aux expéditions pour les reprises , soit aux arri- 
vées pour les livraisons , à cause de l'insuffisance des 
lettres. 

Nous ne pouvons dissimuler notre opinion qu'ici 



— 118 — 

comme en tout ce qui concerne Torganisation des ser- 
vices des chemins de fer, Tintervention ratiqonelle du 
gouvernement 9 pour amener la stabilité et IHinion 
dans ce puissant élément delà prospérité publique, 
fait défaut. 

Si le gouvernement se croit lié par les cahi^*s des 
charges envers les compagnies au point de ne pouvoir 
les amener à une uniformité de tarifa pour toutes les 
lignes , nous n'hésitons pas à croire que , dans leur 
propre intérêt , les compagnies seront amenées , dans 
un prochain avenir, à discuter d'un commun accord 
cette importante question, tout comme dles com- 
prendront que le moment est arrivé où elles devront, 
à rinstar de toutes les grandes entreprises indus- 
trielles , rechercher désormais leurs bénéfices , non 
pas dans le taux élevé de leui^ tarifs, mais dans 
Textension de leur trafic et dans Taugmentation de la 
quantité des transports. 

2" Gare des marcHandises. 

Il serait difficile de dire aujourd'hui ce que seront 
un jour les gares des marchandises en tète des grandes 
lignes, comme par exemple à Bordeaux, au Havre, 
à Lyon , à Lille , et surtout celles de Paris. 

Lorsqu'on voit l'espace qu'occupent déjà au- 
jourd'hui les gares d'Orléans, de Rouen, du Nord, 
l'importance de leur trafic , le mouvement qui y rè- 
gne, et que l'on réfléchit que ce ne sont encore que 
des tronçons de lignes qui les alimentent , que l'in- 
dustrie et le ^ commerce commencent à peine à 



~ 119 — 

se servir des chemins de fer, que ce ne sont en- 
core que de. faibles ruisseaux comiâençaut à creu- 
ser le lit au torrent de Tayenir ; quand on réfléchit 
à la puissance et à la facilité de ce nouveau mode 
de ti^nsport offert au monde commercial , par lequel 
âOO tonnes de marchandise^, charges en un seul train, 
peuvent fftmchir un espace de 4ft0 hilomètres en un 
seul jour; qu'ainsi Bordeaux, par exemple, pourra 
expédier et livrer à Paris , dans l^paee de 5 à 6 jours, 
par le serviee ordinaire du chemin de fer, 800 tonnes 
de marchandises , l'équivalent de la charge d'un fort 
vaisseau de commerce , lequel faisant -route pour le 
Havre, et' transbordant sa cargaison sur les bateaux 
de la Seine ou dans les entrepôts, pour être expédiée 
par voie d'essieux , les marchandises ne pourront être 
rendues à Paris qu'après un voyage de deux à trois 
mois ; quand on songe enfin que la ligue du Nord , à 
peine ouverte à la circulation, transporte déjà une 
masse de 700 tonnes de marchandises par jour; on 
comprend les avantages que les grandes lignes offri- 
ront à l'industrie et au commerce, et l'on peut prévoir 
que les gares de marchandises remplaceront dans un 
prochain avenir ]es vastes entrepôts du commerce de 
transit, avec cette différence que les marchandises n'y 
séjourneront que quelques heures, au lieu d'y rester 
déposées pendant des mois pour attendre, soit des 
vaisseaux en charge, soit des vents favorables, où 
les chargements minimes et partiels des voitures de 
roulage. 

Cependant, quoi qu'il en puisse être de l'avenir des 
gares de marchandises, nous devons nous occuper 
de l'importance qui leur est déjà acquise aujour- 



— 120 - 

d'hui ; cette importance s'accroît tous les jours. Les 
constructions de celle d'Orléans à Paris ont été aug- 
mentées du double dans l'espace d'un an , et le be- 
soin de les agrandir encore , aussitôt que la ligne de 
Yierzon sera ouverte à la circulation , est déjà prévu 
par la compagnie. La gs^re de marchandises à Or- 
léans , où par l'embranchement d'une setde section 
de la ligne de Bordeaux on a eu quelquefois 560 
waggons à manœuvrer en un seul jour, tant pour 
les arrivées que pour les départs des trains de mai*^ 
chandises , manipiera également d'espace pour éta- 
blir les voies de réserve nécessaires à la masse du 
matériel de son trafic. 

Le plus bel établissement de gare de marchandises 
est, selon nous, celui de la ligne de Rouen, aux 
Batignoles à Paris : il consiste , outre les bureaux des 
chefs de gare et des employés , en deux gares entiè- 
rement séparées , l'une pour les expéditions , l'autre 
pour les arrivées ; chacune de ces belles et vastes con- 
structions a une double voie entre les deux tabliers , 
dont l'un est destiné aux solides et l'autre aux li- 
quides. Le service de la compagnie se fait par la 
double voie de l'intérieur, et celui du camionnage des 
deux côtés à l'extérieur. 

Cette gare, où la confusion entre les expéditions 
et les arrivées est impossible , où l'ordre et la r^- 
larité sont faciles à maintenir, n'a que le défaut d'être 
trop éloignée de la gare des voyageurs , parce que le 
service des trains de la grande et de la petite vitesse 
exige des communications incessantes, principalement 
pour les services extraordinaires de l'une ou de l'autre 
gare , qui doivent toujours être annoncés sur la ligne 



— 121 -• 

par le train ordinaire qui précède le train spécial. 

Les conditions essentielles pour un bon service 
dans les gares principales de marchandises sont : 
4 ** de l'espace sous la gare , pour éviter la confusion 
entre les expéditions et les arrivées. Jlol partie destinée 
aux expéditions demande moins d'espace que celle 
réservée aux arrivées ; les marchandises apportées en 
gare pour être expédiées ne font, pour ainsi dire, que 
la travers(^, elles sont chargées de suite et partent 
ordinairement le même jour; mais celles des arrivées, 
quels que soient les soins et la régularité apportés 
pour le service du camionnage, restent souvent pen- 
dant plusieurs jours sous la gare, avant que la livrai- 
son en puisse être effectuée , soit parce que les mar- 
chandises sont expédiées de gare en gare , et que les 
destinataires ne s'empressent pas d'en prendre li- 
vraison , soit que des cas de litige se présentent. Un 
emplacement assez considérable doit être destiné pour 
recevoir tous les articles en litige ou en souffi*anœ , et 
pour éviter aussi la confusion et les erreurs , toujours 
préjudiciables à la fois à la compagnie et au com- 
merce. 

2" De l'espace entre les voies de service et la gare, 
pour la facilité des manœuvres nécessaires à la com- 
position et à la décomposition des trains au moyen 
des plaquer tournantes. Chaque gare doit avoir bcs 
deux voies de service , l'une pour les départs , l'autre 
pour les arrivées , indépendamment de la voie de 
chargement , et des voies de réserve assez grandes 
pour contenir cent à deux cents waggons au 
moins. 

Les grues pour le transbordement des maringottes 



— 122 — 

sur lestrucks doivent être placées de manière à rendre 
ce service prompt et facile; lorsque la ligne a un 
trafic considérable de transports de bestiaux , *les 
quais d'embarquement doivent être appropriés à 
chaque nature de bétail , et être établis de sorte qu'ils 
ne gênent point le service des chargements de mar^ 
chandises d'autre nature. Nous insistons sur ces dé- 
tails y non-seulement dans l'intérêt d'un service ra- 
tionnel des chargements, mais aussi dans l'intérêt 
financier de la compagnie. Plus le service d'une gare 
de marchandises est rationnellement organisé , plus il 
y a de facilité à opérer les chargements et à exécuter 
les manœuvres, moins il y aura d'hommes d'équipe 
à salarier. 

3* Chefs de gares. 



Le service d'une gare de marchandises n'est nulle- 
ment à comparer avec celui d'une gare de voyageurs ; 
le premier est bien plus difficile, et d'une importance 
plus grande que le second. 

Un bon chef de gare de marchandises doit , avant 
tout , être négociant ; il doit joindre à l'expérience et 
aux connaissances pratiques du service du chemin de 
fer, toutes les qualités nécessaires à un bon et habile 
gérant d'une forte maison de commerce. 

Ses fonctions embrassent une sphère bien plus 
étendue que celle du chef de gare des voyageurs; sa 
responsabiUté s'étend à la fois sur le service actif du 
mouvement des trains et des manœuvres, et sur la 
gestion des afiaires commerciales de sa gare. Ainsi , 



— in — 

il répoudm au départ : de la bonne composition des 
trains , da chargement des marchandises , du bon con- 
ditionnement des articles à leur entrée en gbre, des 
garanties et réserves à exiger, de la vérification dés 
lettres de voitures, déclarations et acquits, de la classi- 
fication des marchandises et de l'application de la 
taxe ; à l'arrivée : de la constatation des avaries , de 
la reconnaissance des marchandises selon les feuilles 
déroute, du camionnage et des livraisons à opérer en 
temps voulUf des litiges «t des droits de magasinage; 
enfin du travail des bureaux , d^ la bonne ténue des 
registres , de l'exactitude et de la régularité d'une 
correspondance incessante, minutieuse et souvent tra- 
cassière, d'une comptabilité compliquée par des dé- 
tails et des réclamations à l'infini , et enfin d'un fonds 
de roulement ou d'un encaissement journalier d'es- 
pèces censidérable. Aussi n^avons-nous jamais comi- 
priô que les appointements d'un chef de gare des 
voyageurs puissent être les mêmes que ceux d'un chef 
de gare des marchandises ; le travail et surtout Tim^ 
portance et la responsabilité de ses fonctions étant plus 
que doubles , les appointements du dernier doivent 
à,re, à notre avis, du double de ceux du' pre- 
mier. 

Le chef d'une gare de marchandises doit mettre une 
attention toute particulière à étudier l'aptitude des^ 
employés sous ses ordres pour lès occupations qu'il 
leur assignera. Tel employé médiocre pour le service 
à l'arrivée sera excellent pour celui du départ; tel 
autre aura des qualités excellentes pour un service 
actif de la gare , et manquera de toute aptitude pour 
le service sédentaire des bureaux. > 



— 124 — 

. Le hon service d'une gare de marchandises , la fa- 
cilité , la rapidité et la régularité de toutes ses opéra- 
tions dépendront toujours d'une organisation ration- 
ndle et Casée sur l'aptitude raisonnée et éprouvée de 
tous ses employés, et cette organisation est l'œuvre 
du chef de gare , auquel l'administration devra, dans 
l'intérêt d'un bon service, accorder à cet égard une 
grande latitude. 

Les administrations des chemins de fer ont un grand 
intérêt à préférer, pour les emplois des gares de mar- 
chandises, les hommes qui ont été occupés antérieu- 
rement dans des maisons de commerce ou de commis- 
sion ; ces hommes ont de^ notions commerciales très- 
précieuses pour le service des gares : les uns connais- 
sent toute l'importance des lettres de voitures, des 
acquits de régie, de douane, etc. ; ils ont l'habitude 
de distinguer les marques sans les confondre ^ ils re- 
connaissent la marchandise à la simple vue de son 
emballage; la marque leur indique l'expéditeur, dont 
ils connaissent l'industrie et les relations. D'autres ont 
l'habitude de manier les colis, savent les soins qu'exige 
leur chargement; ils savent aussi qu'un colis d'échan- 
tillons, une seule balle de laine de peu de poids, par 
exemple , a souvent plus d'importance que toute une 
expédition de 20 balles, et demande une livraison 
prompte , immédiate , parce que de sa remise exacte 
peut dépendre une affaire de la plus grande impor- 
tance, un marché de 30, 50, 100,000 francs. Toutes 
ces choses simplifient et facilitent singulièrement le 
service, et mettent à l'abri d'une multitude d'erreurs 
souvent graves, que des employés étrangers aux 
affaires commerciales .et du trafic des transports ne 



— 125 — 

parviennent à éviter qu'après une longue et souvent 
coûteuse expérience. 

Il en est de même pour le choix des hommes. d'é- 
quipe des gares de marchandises : le choix de ces 
hommes doit être laissé aux chefs de gare, qui les 
prendront d'abord à la journée-, et ne proposeront 
leur nomination définitive à l'administration qu'après 
les avoir éprouvés. Ces choix doivent être dictés aux 
chefs de gare par la nature des transports de leur 
gare : si ces transports consistent principalement , par 
exemple, en vins, bestiaux, farines, etc., des tonne- 
liers, des garçons bouchers, des garçons meuniers ou 
des valets de fermes, etc., doivent être recherchés de 
préférence, et proposés à la compagnie après une 
épreuve suffisante de leur conduite et de leur assiduité 
au travail. 

Les relations du chef de gare de marchandises avec 
les négociants et les cowiiierçants doivent être celles 
d'un chef de maison- qui désire augmenter sa clientèle 
et agrandiras affaires; il doit-^voir allier, dans ses 
rapports avec eux, la politesse et l'urbanité à la fer- 
meté pour la défense des intérêts de 4a, compagnie, 
et pour prendre toutes les précaiiticms de garanties 
et de réserve,. afin de mettre à couvert la responsa- 
bilité de l'administration et la sienne. 

Il doit avoir une connaissance parfaite de tous les 
traités particuliers de l'administr'ation avec le» négo- 
ciants et autres, peur des transports périodiques ou 
à forfait, ppur lés locations de waggons et de tnicks à 
maringottes, afin de pouvoir exercer une surveil- 
lance vigilante, et-s'assufer que toutes les conditions 
en sont remplies exactement. Lorsqu'il y a sujet à 



— 126 — 

discussion, lorsqu'il y a des questions de litige, il 
doit en avertir immédiatement radministratîon et lui 
remettre toutes les pièces, pour établir le droit de la 
compagnie. 

Les chefs de gares de marchandises sont sous les 
ordres du chef de service; ils reçoivent les ordres de 
l'administration et du chef du mouvement général ou 
de Texploitation par son intermédiaire. ~ 

Tout ce que nous avons dit au chapitre V, page 65 
et suivantes, relativement aux qualités et au service 
des chefs de gares des voyageurs, s'applique paie- 
ment aux chefs de gares de marchandises. 



4" SouS'chefs de gares. 



Il sont sous les ordres du chef- de gare, qui leur 
assigne à tour dé rôle leur service de semaine ou men- 
suel, afin qu'As se familiarisent avec tous les détails 
du service de ia gare. Les souè-chefs de. gares sont 
particulièrement chargés de la surveillance des ma- 
nœuvres de gare , du transbordement des maringottes 
sur les trucksj de la vérification de leur poids et du 
bon conditionnement de leur chargement et de leur 
bêchage , des chargements des marchandises dans les 
waggons, du bon' état du matériel ayant de l'ad- 
mettre dans les trains, dé l'inspection du graissage et 
de l'iattelage; ils sont chargés dé la confection des 
feuilles de route du matériel composant les trains, de 
fa surveillance du service des conducteurs et des chefs 
d'équipe, et de l'exactitude des départs des trains. 



— 427 — 

5"" Conducteurs des trains de marchandises. 

Ils doivent bien connaître tout ce que nous avons 
dit au chapitre V, page 65 et suivantes, relativement 
au service des conducteurs da voyageurs. Ce qui suit 
les concerne en outre particulièrement ; - 

Le conducteur chef et les conducteurs gardes-freins 
doivent se trouver à la gare assez tôt pour être pré- 
sents au chargement du train qu'ils doivent accom- 
pagner, le premier pour en surveiller le chargement , 
le second pour y aider. 

Le conducteur chef doit connaître la destination de 
tous les waggons du train ; il doit savoir dans quel 
waggon se trouvent les colis pour telle ou telle sta- 
tion, et s'assurer que ces colis sont réellement placés 
dans les waggons dont les numéros sont indiqués sur 
lesfeuilles' de route. ' 

Ces précautions sont indispensables pour ne pas 
perdre du temps en route , et pouvoir trouver facile- 
ment les coli&ou articles portés sur la feuille, et enfin 
pour qu'ils ne soient pas livrés à une station pour la« 
quelle ils ne sont pas devinés. Le conducteur chef est 
responsable de ces sortes d*erreùrs sous peine d'a- 
mende. 

Le conducteur chef doit en outre s'assurer, avant 
d'accepter la responsabilité du train, qu'il office toute 
ta sécurité nécessaire pendant la marche , que les 
waggons ne âoht pas surchargés, que ceux qui sont 
chargés de matières ou d'objets inflammables sont 
bien couverts et éloignés le plus possible de la ma- 
chine, et que les maringottes sont bien, bêchées. 



— 128 — 



6" Entrée des marchandises en gare^ réception y 
taxe, enregistrement f feuilles de rouie j cliar- 
gemenU 

Toutes marchandises expédiées en petite vitesse y 
taxées selon la classification et le tarif de la compa- 
gnie , peuvent être transportées en port dû ou en port 
payé. 

Toute marchandise peut être expédiée à retour, en 
remboursement , avec débours et à reprises. 

Pour les marchandises expédiées à retour, le port 
est payé par l'expéditeur, mais seulement après que 
la marchandise a été livrée au destinataire, et sur la 
vue du certificat de livraison. C'est une tolérance ac- 
cordée au commerce par les entreprises du rouisse , 
et que les administrateurs de plusieurs chemins de 
fer ont cru devoir continuer jusqu'à ce joiir. 

Il en est de même pour les marchandises expédiées 
en remboursement : la marchandise n'est livrée au 
destinataire que contre le remboursement desa valeur, 
et ce remboursement est retourné franc de port à la 
gare expéditrice sûr quelques Ugnes, sur d'autres jl 
est adressé à l'administration poui* être remis à l'ex- 
péditeur. 

Les d^ours sont acquittés par la gare expéditrice 
s'ils ne dépassent pas le cinquième de la valeur de la 
marchandise; si cette valeur ne peut pas être constatée,, 
ou si la marchandise n'offre pas une garantie suffi- 
sante, les débours ne sont acquittés qu'après avis de 
la station réceptionnaire que la marchandise a été ac- 



— 129 — 

ceptée et que les frais de, transport et les débours ont 
été encaissés. 

Il y a lieu à reprises, lorsqu'un voiturier, au lieu 
de condiûre la marchandise jusqu'à destination, la 
cède a un chemin de fer pour achever le parcours ; 
en ce cas , la gare à% marchandises accepte la lettre 
de voiture qui accompagne la»marchandise avec les 
conditions qt\'elle impose, et paye au voiturier les 
frais de transport du parcours déjà effectué. 

Les marchandises, à leur entrée en gare, doivent être 
accompagnées d'une déclaration de rexpéditeiiV; cette 
déclaration doit énoncer la date, le poids, les mar- 
ques et les numéros , la nature de la marchandise, le 
nombre des colis, le nom et l'adresse de l'expéditeur 
et du destinataire, ainsi que la mention expresse du 
mode de livraison , soit de gare en gare , soit à domi- 
cile. L'employé préposé à la reconnaissance en vérifie 
aussitôt le conditionnement , la nature et le poid9; il 
en constate le bon état ou les avaries qui peuvent 
exister. n. 

& cette vérification ne peut avoir lieu , la compa- 
gnie n'accepté pas la responsabilité des avaries; elle 
prend ses garanties et fait ses réserva. 

Les déclarations, les lettres de voiture, les fac- 
tures, les acquits, etc., ou toutes autres pièces qui 
acconipagnent tes marchandises sont examinées avec 
la plus grande attention , pour s'assurer qu'il n'y a 
point de retard dans l'entrée en gare, et que les 
marques , les numéros , le poids et le nombre des co- 
lis ou des articles sont d'accord et exacts. 

Cette vérification terminée et constatée par l'em- 
ployé spécialement chargé de la réception , les mar- 



— iSO — 

chandises sont inscrites au livre d'entrée en gare ^ 
dans un ordre de numéro mensuel. Le numéro d'en- 
trée en gare cst^orté sur la déclaration de l'expédi- 
teur. Ces déclarations sont enliassées et étiquetées par 
jour et par train , et conservées avec le plus grand 
soin pour toutœ les recherches jiltérieures. 

En même temps uq autre employé écrit le bulletin 
de transport. Ce bulletin énonce le nom de l'expédi- 
teur et du destinataire, le' lieu de la destination , le 
poids, le nombre de colis, les marques et les numé- 
ros, l«b débours, etc. , enfin le montant du prix du 
transport. 

Chaque compagnie a , du reste, son système et son 
règlement de comptabilité, d'après lequel s'opèrent la 
réception et l'enregistrement des expédition^en petite 
vitesse. Les unes ont, outre le livre ou cariiet d'entrée 
en gare, un registre de réception , où toutes les mar- 
ch^dises sont inscrites dans l'ordre de leur arrivée 
en^are, et un registre d'expéditions, où elles sont 
inscrites de nouveau dans Tordre de leur départ par 
chaque train ; d'autres compagnies n'ont qu'un seul 
registre d'e^:xpédi tiens , dans lequel le$ articles ne sont 
enregistrés qu'au fur et à mesure de leur chargement 
effectué. Le livre d'entrée en gare remplace alors le 
registre de réception; après le départ du dernier 
train , les articles qui n'ont pu être compris dans les 
expéditions .de la journée sont portés à nouveau sur 
le livre d^entrée en gare , comme devant être les pre- 
miers à partir le lendemain. 

Diaprés ce mode d'opérer, les bulletins de transport 
sont immédiatement préparés selon la déclaration de 
Texpéditeur, en laissant à remplir la taxe , qui n'y 



— 131 — 

8wa inscrite que lors de l'itiscription au registre d'ex- 
péditions. 

Loilque le moment du chargement est arrivé , ces 
bulletins sont rentis y avec le livre d'entrée eu gare, à 
i'employé préposé aux chargements. Cet employé dé- 
signe au crayon , sur le bulletin de transport^ et sur 
le livre d'entrée en gare, le numéro du train, l'heure 
du' départ et le numéro du waggon qui reçoit la 
marchandise- 

AuAir et à mesure que le chargement des marchan- 
dises^d'un buUdtin est opéré, il renvoie les bulletins de 
transport au bureaudes départs, où l'anployé diargé 
du registre unique d'expéditions enregistre alors les 
article dans un ordre de numéros d'enregistrement. 

Ce numéro d'enregistrement devient l'acte de bap- 
tême de l'article, c'est-à-dire que ce numéro ne doit 
plus le quitter, mais partout se reproduire avec l'ar- 
ticle i»ur les feuilles de route, sur le r^istre de ré- 
ception à l'arrivée , sur les feuilles de livraison ou livre 
de factage , sur le registre des articles en soufirance , 
en litige , en magasin ou en dépôt ; partout enfin ce 
numéro d'enregistrenaent doit suiyre l'article et y 
rester attaché jusqu'à extinction. 

En même t^nps que les articles sont enregistrés au 
livre d'expéditions , un autre employé écrit les feuilles 
de route par chaque station destinatrice, qui doi- 
vent accompagner les marchandises. La classifi- 
cation et l'application de la taxe sont faites simulta- 
nément par chacun de ces deux employés, qui se 
communiquent à haute voix le résultat pour s'assu- 
rer qu'il n'y a point d'erreur. 

Toutes les indications sont faites sur le registre d'ex- 



— 132 - 

péditions : les numéros d'ordre , d'entrée en gare, 
de l'enregistrement , du train , du waggon , les 
classes des marchandises , la taxe, les débours, les 
remboursements , l'indication des«sommes payées et 
dues. 

Lesi. feuilles de route sont la fidèle reproduction , 
par station destinatrice, du registre d'expéditions; 
les articles y sont portés par ordre de numéros d'en- 
registrement. Lorsque toutes les feuilles sont faites, 
l'employé doit s'assurer que le total de ces (euilles 
de route réunies est le même que celui du registre 
d'expéditions par chaque train. 

Le chargement étant terminé , le livre d'entrée^en 
gare rentre au bureau des départs, et les nuiâéros 
d'enregistrement sont inscrits devant chaque ar- 
ticle. 

Lorsque les bulletins de transport ont reçu l'in- 
scription de la taxe et dés autres sommes à payer, 
ils sont réunis aux autres pièces qui doivent accom- 
pagner les marchandises, et tout est remis aussitôt 
au conducteur-chef. ' 

Nous ferons observer que le chargement des mar- 
chandises exige une attention particulière et sérieuse 
de la part des chefs et sous-chefs de gares. Une grande 
partie des accidents sur tes chemins de fer sont dus 
au manque de soins apportés aux chargements. Si un 
objet ou un colis quelconque est mal placé ou négli- 
gemment attaché , il tombe sur la voie et cause fré- 
quemment un déraillement. 11 est donc essentiel que 
le chargement des marchandises soit confié à un chef 
d'équipe intelligent, sérieux, ayant une expérience 
consommée dans cet important service , et qu'en outre 



— lââ — 

il soit constamment surveillé par les agents supé- 



rieurs. 



7^ Campbsition des trains p trajet ^ arrêt dans tes 
stations » arrivée à destination. 



Le nombre des waggons à admettre dans un train 
de marchandises dépend de la force des machines à 
mardiandises à la disposition de la compagnie j et 
des besoins de son trafic. Il serait à désirer que la 
force d^un train de marchandises ne dépassât jamais 
le nombre de quarante waggons, qui peuvent être 
remorqués par une seule bonne machine; mais lorsque 
les marchandises affluent dans les gares, C(nnme il 
arrive déjà, cette limite est difiicile, sinon impossible à 
conserver, parce qu'on ne saurait multiplier le nombre 
des trains de marchandises sans gêner le service des 
voyageurs, et sans s'exposer à des inconvénients plus 
graves que ceux que Ton a à redouter des trains 
eoni()osés de cinquante waggons et plus, remorqués 
par deux machines. 

La bonne composition d'un train de marchandises 
dépend de Tintelligence et de Texpérience des chefs 
de gares. 

Un fourgon à frein doit toujours être placé immé- 
diatement après le tender, et un autre waggon à frein 
à la queue du train; ce dernier doit être garni de 
douilles pour recevoir les signaux de nuit. Le nombre 
de waggons à frein à placer au milieu du train dé- 
pend du nombre de waggons dont il se compose; un 
train de 40 waggons doit avoir au moins 3 waggons 



— 1S4 — 

à frein sans compter ceux qui sont en tête et en 
queue. 

S'il y a du matériel vide à laisser dans les stations 
intermédiaires, il est bon de le placer en 4éte , après 
le fourgon à frein. Le train arrivant à la station s'ar- 
rête en avant des aiguillés; les manœuvres seront 
ainsi plus faciles, moins dangereuses, et demande- 
ront moins de temps pour conduire ce matériel sur la 
voie d'évitement à Taide de la machine, que .s'il fal- 
lait avancer ou reculer le train tout entier sur lés ai- 
guilles. 

Les trucks à maringottes sont placés derrière les 
waggons à marchandises , pour les exposer le moins 
possible aux flammèches vomies par la machine. 

Les i^aggons chargés de marchandises à destina- 
tion pour les stations intermédiaires sont placés à 
Farrière du train, dans l'ordre inverse de l'arrivée à 
ces stations, c'est-à-dire que le waggon destiné à la 
station où l'on arrive en premier lieu est placé le der- 
nier dans le train ; ces waggons sont décrochés et 
poussés à bras sur la voie d'évitement de la station ; 
le fourgon ou waggon à frein est ensuite ramené et 
rattaché au train , sans causer de retard. 

Avant le départ du train , le chef de gare doit pas- 
ser l'inspection la plus minutieuse et la plus attentive, 
afin de s'assurer par lui-même que rien n'y manque , 
et qu^aucnne précaution , aucun soin n'ont été négli. 
gés pour en garantir la sécurité pendant le trajet . Il 
s'assurera qu'il y a un nombre suffisant de freins, et 
qu'ils sont rationndlement placés, que les boites sont 
bien garnies de graisse , que rien ne manque à l'atte- 
^S^> qu'aucune chaîne ne traîne, qu'aucun objet ne 



— 155 - 

dépasse en dehors des voitures et n'est exposé à 
toucher aux ponts et au^ poteaux ^^es barrièr^ ; que 
tout est bien bâché , qu'aucutfe courroie ne pend 
sans être convenablement et solidement attacha, 
que toutes les portes enfin sont bien fermées et ver- 
rouillées. 

Il s'assure ensuite « avant (te donner le ^gnal de dé- 
part à^'j^eure fixée et précise, que les conducteurs 
munis dé leurs drapeaux et de leurs lanternes, "'et les 
graisseurs munis de leurs seaux à graisse, sont tous à 
leurs {>ostes. 

Pendant la marche, les agents et employés prépo- 
sés à la conduite du train ne dofvent japiais oublier 
qu'un train de marchandises, paç le grand noipbre de 
waggons et par le poids immense qui en rend l'arrêt 
plus difficile, est beaucoup plus exposé auxACcidents 
de toute nature qu'un train de voyageurs. Ils doivent 
par conséquent tous, conducteurs-chefs et gardes- 
freins, et surtout les mécaniciens, redoubler de pru- 
dence et de soins pour tous les détails du service et 
pour l'observation rigoureuse des prescriptions du rè- 
glement. 

Les trains de marchandises doivent céder la voie 
aux trains de voyageurs et autres de grande vitesse; 
ainsi, toutes les fois qu'ils verront un train de grande 
vitesse s'approcher derrière eux , ou que l'heure leur 
indiquera que, s'ils continuaient à marcher sans se 
mettre sur une voie d'évitement, ils courraient le 
moindre risque de retarder le train qui les suit, ils 
devront changer de voie à la station la plus rappro- 
chée. En pareille occasion , les chefs des trains de pe- 
tite vitesse doivent toujours se souvenir qu'il vaut 



-^ lâ6 — 

mieux faire fijus, et être trop prudent, que de faire 
moins, et de ne Tétrepas asstez. 

Lorsopue le traiiiFpour lequel ils se sont évités est 
pas^, ils changeront de noùvean de voie, mais ils nep 
se remettront en marche que dix minutes après le dé- 
part du train qui est devant eux, et en ayant toujours 
le soin de ne pas le dépasser en vitesse. 

Les trains de marchandises ne s'arrêtent ordinai- 
rement qu'aux stations de première et de d^âxième 
classe^', où il y a du trafic de la petite vitesse; cepen- 
dant ils doivent également s'arrêter aux petites sta- 
tions , toutes les fois qu'ils ont des colis à leur 'Sesti- 
nation, et lorsque le chef d'une de ces stations ^ fait 
arborer le signal vert à son mât de signaux pour in- 
diquer qu'il a des articles de la petite vitesse à expé- 
dier par l8 train. 

Aussitôt que le train est arrêté à* une station, les 
conducteurs gardes-freins doivent descendre de leurs 
sièges et faire le tour, du train, afin de s'assurer que 
rieii n'est dérangé, que tout est bien et solidement en 
place, que les attelages sont en bon état, qu'aucune * 
chaîne ne traîne ; ils aideront le graisseur du train et 
celui de la station, chacun d'un côté, à visiter les 
bottes à graisse et à les regarnir au besoin. 

S'il y a des waggons à décrochèîr ou à ajouter au 
train, ils aideront aux manœuvres; s'il y a des colis 
à descendre ou à charger, ils aideront également, pour 
perdre le moins de temps possible. 

Le conducteur-chef , pendant ce temps, a remis au 
chef de gare ou de station les feuilles de route , les 
bulletins de transport et autres pièces des articles en 
destination à la station ; il a été procédé immédiate- 



— 137 — 

ment à la séparation des waggons du train j ou au dé- 
chargement des colis ou articles. 

Aussitôt que la reconnaissance des marchandises à 
laisser à la station est terminée , on procède à celle 
des marchandises à prendre. Le conducteur-chef re- 
çoit les feuilles de route, les bulletins, etc., du chef 
de la station; si ce sont des articles à charger dans 
un waggon du train , il les reconnaît en les chargeant ; 
si c'est un ou plusieurs waggons à ajouter au train, il 
s'assure que ce sont bien les numéros des waggons in- 
diqués sur la feuille de route. 

Le conducteur-chef s'occupe ensuite de sa feuille 
de route, du matériel de son train; il y inscrit les 
numéros des waggons qu'il a laissés et les numéros 
de ceux qu'il a pris à la station ; il annote l'heure de 
l'arrivée à la station et celle du départ. Il reçoit le 
rapport verbal des conducteurs gardes-freins sur l'é- 
tat du train , et particulièrenàent sur celui des boîtes à 
graisse ; il s'assure lui-même , autant que possible , 
que le train est en état de continuer sa route avec 
sécurité, et lorsque tout est terminé et bien en règle, 
il en avertit le chef de la station. Celui-ci, de son 
côté , a dû prendre les mêmes soins à l'égard du bon 
état (Jlp toutes les parties du service. Le chef de station 
attend ensuite que les conducteurs gardes-freins soient 
remontés sur leurs sièges pour donner le signal du 
départ. 

Il ressort de ce que nous venons dire , combien il 
est essentiel qu'il y ait dans les trains de marchan- 
dises , comme chef responsable , un autre agent que 
le conducteur-chef; car on voit que pendant que les 
conducteurs gardes-freins font Tinspeclion du train , 



— 158 — 

le visitent dans ses nombreux détails, le Qondacteur- 
chef et le chef de la station sont tous les deux occu- 
pés au déchargement et au rechargement des mar- 
chandises , à leur reconnaissance, à vérifier et à 
régulariser les feuilles de route et autres documents 
qui les accompagnent. Le mécanicien , de son côté , 
est occupé à visiter, à graisser sa machine, et souvent à 
y faire quelques réparations, à serrer un bouton , etc. , 
à piquer ou à faire piquer son feu. Il n'y a donc 
aucun agent capable de faire une inspection sérieuse 
du train et de pouvoir assurer la sécurité de sa marche 
ultérieure, s'il n'y a pas un inspecteur qui l'accom- 
pagne , et qui en soit le chef. 

Nous ne parlerons pas des manœuvres, souvent si 
difficiles et si dangereuses à exécuter dans les stations, 
et qu'un inspecteur qui connaît parfaitement le ser- 
vice, l'état des aiguilles et des croisements, peut seul 
ordonner et faire exécuter rationnellement. Nous per- 
sistons donc dans notre opinion , déjà exprimée dans 
ce livre , que tous les trains , et principalement les 
trains de marchandises, doivent toujours être accom- 
pagnés par un inspecteur qui en sera le chef respon- 
sable. 

A l'arrivé du train à destination, le conducteur- 
chef remet au chef de gare les feuilles de route, les 
bulletins de transport et autres pièces des marchan- 
dises qu'il amène ainsi que la feuille de route du ma- 
tériel , qui est confrontée immédiatement avec le train , 
afin de s'assurer que les numéros des waggons indi- 
qués comme laissés dans les stations n'y sont plus , 
et que ceux qui sont portés comme pris en route s'y 
trouvent réellement. 



— 189 — 

Il est aussitôt procédé au déchargement y à la re- 
connaissance des marchandises et à la vérification de 
leur conditionnement ; pendant ce temps un employé 
du bureau des arrivées copie les feuilles de route sur 
le registre de réception, en même temps qu'un autre 
employé forme simultanément les feuilles de livraison, 
ou inscrit les articles sur les livres de factage ou de 
camionnage par quartier, selon le besoin de l'entre- 
prise du camionnage , afin que la livraison puisse se 
faire sans retard dans tous les quartiers de la ville. 
Ces feuilles ou ces livres doivent recevoir l'émarge- 
ment des destinataires ou l'indication des motifs de 
refus. 

La reconnaissance des marchandises à l'arrivée, la 
vérification de leur poids et de leur conditionnement, 
des lettres de voiture, congés et acquits qui les ac- 
compagnent, est une des plus importantes parties du 
service d'une gare de marchandises. Le chef de gare 
ne saurait mettre assez de prudence dans le choix de 
l'employé qu'il en charge, et s'il est assez heureux 
pour en posséder un qui ait les habitudes , l'intelli- 
gence et les connaissances nécessaires pour bien rem- 
plir sa mission, il ne doit rien épargner auprès de 
l'administration pour le conserver. 

Nous n'avons pas encore su comprendre pourquoi 
les compagnies ont donné le camionnage de leur trafic 
de transport de marchandises à l'entreprise au lieu de 
le faire par elles-mêmes. 

Le camionnage est sans contredit une des opéra- 
tions les plus importantes des gares de marchandises; 
la réputation d'exactitude et de loyauté, et par con- 
séquent la prospérité du trafic d'un chemin de fer, 



— 140 — 

peut dépei^re d'un bon ou d'un mauvais service de 
camionnage. 

A quoi servira-tril , en effet , qu'une compagnie ait 
dans ses gares des chefs qui soient parfaitement ca- 
pables et à la hauteur de leur mission ^ de véritable» 
négociants, d'excellents gérants d'une entreprise in- 
dustrielle , déployant tout leur zèle et tous leurs ef- 
forts pour faire un service exact et régulier, mettant 
tout en œuvre pour attirer le commerce par la com- 
plaisance, l'aménité et la plus éclatante loyauté dans 
toutes leurs relations avec le monde commercial, si 
l'entreprise du camionnage est mal dirigée ou mal ad- 
ministrée, si ses employés sont négligents ou incapa- 
bles , si ses agents ne sont pas toujours guidés par 
la plus stricte loyauté ? 

La maison de commerce la plus solide ne saurait 
résister à de pareilles éventualités ; le chemin de fer 
le mieux organisé, le plus sagement administré dans 
toutes les autres parties du service de son trafic per- 
drait incessamment la confiance et verrait son trafic 
s'anéantir ; car le commerce ne connaît pas l'entre- 
prise du camionnage, il ne connaît que l'administra- 
tion du chemin de fer, et toutes les négligences, toute 
l'incurie, tous les méfaits de la première sont mis à 
l'endos de la dernière. 

Cependant de deux choses l'une : l'entreprise dut 
camionnage, bien organisée et sagement administrée, 
gagne de l'argent ou n'en gagne pas, et dans ce 
dernier cas la compagnie lui fait une subvention. 

Si elle en gagne malgré les dépenses indispensa- 
bles de son administration et de ses bureaux , la com- 
pagnie en gagnera bien plus, car elle n'aura ni la 



— 141 — 

dépense d'une administration ni des bureaux à sup- 
porter, les écritures et'^la comptabilité de ce service 
devant se faire par les employés de la gare des mar- 
chandises ; et par cette même raison elle en perdrait 
moins s'il pouvait y avoir perte , ce que nous n'ad- 
mettons pas. Elle aurait en tout cas l'immense avan- 
tage d'assurer la régularité et l'exactitude de cet im- 
portant service, et de n'avoir d'autre responsabilité 
que celle de ses propres actes. 

Les articles expédiés de gare en gare au bureau 
restant sont rangés dans la partie réservée à cet effet 
sous la gare , et revôkis d'une étiquette indiquant la 
taxe à percevoir, fepîfovenance et le jour de l'arrivée, 
afin de reconnaître , lors de la livraison , l'importance 
du droit de magasinage à réclamer. 

Lorsque des vins, ou d'autres articles sujets aux 
droits, arrivent. a la gare, on doit en donner d'abord 
avis au destinataire, pour savoir si le camionneur doit 
les transporter à domicile ou à quelque entrepôt, afin 
que, dans ce dernier cas, les droits d'entrée ne soient 
pas acquittés mal à propos, 

Il est important que les opérations ci-dessus soient 
faites avec rapidité, afin que la livraison des articles 
ne subisse aucun retard. 

Les marchandises devront toujours être présentées 
au domicile des destinatairesdans les trois heures de 
jour après l'arrivée du train de jour. Lorsque les trains 
sont de nuit, les marchandises doivent ^tre livrées à 
domicile dans les trois heures du jour suivant. 

Le camionneur et le facteur doivent mettre la plus 
grande activité , comme la plus grande politesse dans 
leurs rapports avec le public. 



— 142 ~ 

Les émargements sur les feuilles de livraison ou sur 
le livre du camionnage doivent être donnés par les 
destinataires eux-mêmes ou par leurs représentants , 
et les signatures apposées à la place qui leur est indi- 
quée. 

Si Tarticle est refusé pour un motif quelconque , ce 
motif de refus doit être constaté sur la feuille de li- 
vraison ou sur le livre par le destinataire lui-même. 
En livrant l'article , le facteur ou le camionneur reçoit 
le payement dû et laisse au destinataire le bulletin ac- 
compagnant Tarticle. 

A leur retour, les facteurs ou^mionneurs remettent 
au chef de gare, ou à l'employé préposé à cet çfiFet , 
les articles dont la livraison n'àtira.pu être efiTectuée , 
et celui-ci les inscrit aussitôt an registre des articles en 
souffi*ance; ils versent ensuite entre les mains du rece- 
veur ou du caissier de la gare les somm^ qu'il» ont 
encaissées pour les livraisons efiTectuées. . 



— IftS 



CHAPITRE YllI. 



COMPTABILITÉ. 



Si nous avions à faire un exposé complet de la comp- 
tabilité générale de la vaste entreprise d'un chemin 
de fer, nous aurions à entrer dans tous les détails des 
diverses parties des recettes et des.dépenses; un cha- 
pitre pour chacune des parties suivantes serait néces- 
saire : Reqette du domaine, intérêts des placements 
temporaires des fonds, recettes de l'exploitation, re- 
cettes d'ordre et dépenses de Tadministration de la 
compagnie , dépenses de l'exploitation , dépenses d'or- 
dre , etc., etc. Mais telle n'est point la tâche que nous 
nous sommes imposée, et à laquelle d'ailleurs le cadre 
que nous avons assigné à ce livre ne suffirait pas. 

Nous savons qu'un ouvrage très-important et d'une 
haute portée reste à faire ; il devra traiter les nom- 
breuses questions administratives , le contentieux et 
la comptabilité générale. Quant à nous, nous avons 
dû rester fidèle à notre programme, et pour laisser 
ce livre accessible à tous les employés de l'exploita- 
tion , nous ne nous occuperons que de la comptabilité 



- J44 — 

spéciale tenue dans les gares et stations , et envoyée 
chaque jour au bureau du contrôle de Tadministra- 
tion. 

Chaque compagnie des lignes de fer aujourd'hui 
en activité a son système de comptabilité à elle propre. 

En principe général , le meilleur système de comp- 
tabilité est celui qui présente la plus grande simpli- 
cité dans son application y la plus grande clarté , et 
la vérité la plus positive et la plus exacte dans son 
résultat. 

La comptabilité de l'exploitation d'un chemin de 
fer dans les gares et stations , par les nombreux dé- 
tails dont elle se compose, exige surtout l'application 
de ce principe. 

Les pièces comptables des opérations de chaque 
jour, envoyées au contrôle de l'administration cen- 
trale , doivent présenter dans leur résumé une balance 
complète et exacte entre les billets délivrés et les bil- 
lets recueillis , entre les expéditions et les réceptions 
de chaque jour. 

Nous avons, autant qu'il nous a été possible, exa- 
miné les systèmes de comptabilité adoptés par les 
différentes lignes de fer, et nous n'hésitons pas à dé^ 
clarer que nous donnons la préférence sur toutes les 
autres au système adopté par la compagnie d'Orléans 
à Bordeaux. 

Par l'ingénieuse combinaison de • ce système, la 
comptabilité de chaque station n'est pas seulement 
close et arrêtée chaque jour, comme cela se pratique 
nécessairement dans les systèmes en usage sur les au-, 
très lignes de fer, mais un travail essentiel de con- 
trôle s'effectue dans les stations mêmes par les pièces 



— 145 — 

comptables à envoyer chaque jour à l'administrA- 
tion; des états récapitulatifs de chaque service, qui 
sont la reproduction fidèle du registre unique d'ex- 
péditions et de celui des réceptions , présentent le ré- 
sumé des opérations de la journée de chaque service , 
puis un bordereau, résumé journalier de l exploitation y 
également de chaque station , réunît les états récapi- 
tulatifs de chaque service et les sommes provenait 
de l'exploitation, de sorte que les bureaux du con- 
trôle général , au siège de l'administration , n'ont qu'à 
vérifier la régularité des opérations des stations , la 
classification des marchandises, l'application des 
taxes , puis réunir les chiffres de tous les états réca- 
pitulatifs sur un état général , pour résumer le trafic 
journalier de toute la ligne. Cet état présente en même 
temps une balance exacte des expéditions et des ré^ 
ception^. La somme totale. des recettes effectuées, et 
le montant des sommes dues pour les. articles non li- 
vrés, et portés aux livres des articles en souffrance à 
chaque station , réunis, doivent être égaux à la somme 
totale des produits de la journée. >; ^ . ^ 

Nous essayerons de faire l'exposé le plus succinct 
de ce système de comptabilité par chaque service. 



1' Service des voyageurs. - 



Il y a dans chaque station un casier à billets divisé 
en autant de compartiments qu'il y a de stations à 
desservir. Chaque compartiment est lui-même divisé 
en trois parties, pour recevoir les billets de trois 

10 



— 146 — 

classes , lesquels y sont rangés par ordre de numéros, 
afin que la distribution se fasse en maintenant scru- 
puleusement cet ordre; au-dessus de chaque com- 
partiment se trouve une ardoise , sur laquelle est écrit 
au crayon le numéro du premier billet à l'entrée du 
compartiment : le nom de la station destinataire est 
écrit au-dessus de chaque compartiment. Les billets 
sont de forme différente pour chaque classe ; ils sont, 
en outre, de la couleur affectée à la station destina- 
taire; ils portent le numéro d'ordre, les noms de la 
station de départ et de celle d'arrivée , la classe , le 
prix , les dispositions réglementaires ; un blanc y est 
réservé pour recevoir l'inscription de la date et du 
Buméro du train au moyen d'un composteur mo- 
bile; cette inscription leur donne force de circula- 
tion. 

Des billets pour toutes les stations par classes, par 
séries, sont envoyés en compte* à chaque receveur, 
sur un état en double expédition , dont l'une signée par 
le i^eceveur est retournée à l'administration , et l'autre 
signée par lé chef dû contrôle, reste aux niains du 
receveur. ' 

La réception de ces billets est constatée- sur un 
registre : Décompte des billets; chaque jour, après, le 
départ du dernier train , le receveur inscrit sur ce 
registre en déduction le nombre total des billets dé- 
livrés pour chaque station , de sorte que chaque jour 
la situation des billets restants se trouve établie. 

Les billets ne sont délivrés qu'au comptant par le 
receveur. 

Les receveurs ne peuvent , dans aucun cas, resti- 
tuer tout ou partie du prix perçu , soit que les voya- 



— 147 — 

geurs ne partent pas , soit qu'ils demandent à faire nri 
parcours moins long , ou à occuper une place d'iiii 
prix inférieur ; mais les receveurs peuvent satisfaire 
les voyageurs qui changent d^avis sur leur destina- 
tion , ou sur la classe de leurs places , après avoir 
reçu leurs billets, s'il s'agit d'un prolongement dé 
parcours , ou d'une place d'un prix plus élevé. En ce 
cas le receveur appose sur le billet déjà délivré un 
timbre indiquant : supplément de parcours ou supplé- 
ment de place y ou bien il ajoute à la plume la desti- 
nation ou la classe nouvelle et le montant du supplé- 
ment perçu. Le receveur inscrit le prix perçu du 
supplément sur te bulletin des recettes sùpplémeh- 
taires^ pour être porté à la fin de la journée sur lé 
registre spécial dé recettes supplémentaires de tous 
les services de la station. Le bulletin des recettes sup^ 
plémentaires est envoyé tous les jours à l'ardininist ra- 
tion avec les autres pièces coxiiptables. ' 

Les enfants au-dessous de trois ans ne payent pas ; 
au-dessus de cet âgé ils payent place entière. 

ij&& militaires voyageaint en corps , ain^ que les 
prisonniers,, né payent que quart de placé. Cesi^ trans- 
ports sont inscrits sur un bulletin spécial à souche; 
la souche est remise au conducteur chef du train ; le 
bulletin est remis au chef de corps ou de détache- 
ment, ou au gardien des prisonniers; recueilli à l'ar- 
rivée , il est revêtu du vis^ du chef de la station des- 
tinataire, et envoyé a l'adininistration atec la souche 
apportée par le chef -du train , avec les pièces comp- 
tables de la journée. 

Le chef de la station expéditrice s'entend avec l'of- 
ficier comptable ou le chef des troupes , ou avec Je 



— 148 — 

gardien des prisonniers sur le mode de payement du 
transport; en cas de payement immédiat, le chef de 
station donne quittance. Si le transport est payé en un 
mandat sur le payeur, ou toute autre autorité comp- 
table, ce mandat est envoyé à Fadministration , et 
compris dans le bordereau du versement comme es- 

Le montant des produits encaissés pour ces ser- 
vices, soit en espèces, soit en mandats comptables, 
est porté par le receveur au registre des recettes sup- 
plémentaires. Les militaires voyageant isolément , sur 
la présentation de leur congé ou de leur feuille de 
route , les indigents , sur la présentation d'un certificat 
d'admission au bureau de bienfaisance délivré par le 
maire de laxîommune, ne payent que demi-place. Le 
certificat d'indigeiKîe doit être présenté au dief de la 
station , qui, après l'avoir examiné, l'inscrit sur iin re- 
gistre à souches., dont il extrait le talon, sur le vu 
duquel Je receveur délivre Je billet. 

Ces billets de demi-places délivrés aux militaires , 
aux indigents, ou aux personnes autorisées spéciale- 
ment par l'administra tion ou les chefs de service, sont 
coupés diagonalement. La première moitié que le pece- 
veufdélivre est celle qui porte le iruméro imprimé ; elle 
est comptée par le receveur comme place entière dans 
son bordereau. Sur le dos de la seconde moitié , le rece^ 
veur porteà la plume le rappel du numéro du billet, et 
il la naet en réserve , jusqu'à ce qu'il lui soit demandé 
une autre demi-place. Le. mot militaire ^ ou celui d' in- 
digent est appliqué sur chaque moitié du billet , au 
moyen d'une griffe ou timbre. 

Le3 officiers sont admise au bénéfice de moitié prix 



^ 149 — 

à toutes fes places, les sous-officiers, caporaux et 
soldats aux deuxièmes et aux troisièmes, et les indi- 
gents à la troisième classe seulement. 

Aucun transport funèbre ne peut être reçu sans la 
présentation du procès-verbal délivré par l'autorité 
compétente pour constater et permettre ce transport, 
ainsi que sans un certificat légalisé, délivré par un 
médecin , ou un officier de santé , attestant que toutes 
les précautions sanitaires ont été prises, pour que le 
transport puisse avoir lieu sans inconvénient. Ces 
transports se font sur des bulletins à souches ; le bul- 
letin est remis à la personne qui accompagne le mort^ 
la souche au conducteur chef du train; le chef de fe. 
station destinataire envoie les deux à l'admmîstration^ 
avec les pièces comptables. 

Le produit de ces transports est porté au livre des 
recettes supplémentaires. 

Les transports gratuits^ personnes ou marchan- 
dises , autorisés par l'administration ou les chefs du 
mouvement général ou de service , sont inscrits au 
départ et à l'arrivée sur les registres des transports 
gratuits, dont l'extrait est envoyé à ràdminislrafîon 
chaque jour. 

Après le départ die chaque train , le receveur com- 
pare le numéro que lui présente le premier billet à 
l'entrée de chaque compartiment avec celui qui est 
écrit sur l'ardoise au-dessous. 

La différence entre ces numéros lui indique le nom- 
bre des billets délivrés. Il porte ce nombre , par sta- 
tions et par classes, sur le registre des billets délivrés, 
dans la colonne disposée à cet effet; il efface des ar- 
doises les numéros anciens, et les remplace à nou- 



-^ 150 — 

veau par les numéros des premiers billets que pré- 
sentent les compartiments du casier. 

II agit ainsi après le départ de chaque train. 

Après le départ ou le passage du dernier train de la 
journée 9 le registre des billets délivrés est totalisé, et 
les états récapitulatifs sont copiés sur ce registre dont 
ils son| la reproduction fidèle. 

Il y a un étatrécapitulatif pour les trains montants, 
et un pour les trains descendants : les numéros des 
billets dâivrés par trains et par destination , la classe 
des places, leur prix et le résumé de leur produit y 
sont indiqués. Ces états récapitulatifs du service des 
voyageurs sont conçus de manière à ce que, au bureau 
du contrôle de Tadministration centrale , en échelon- 
nant ceux des trains montants et ceux des trains des^ 
cendants de toutes les stations séparément les uns sur 
les autres, il n'y a plus qu'à additionner les totaux 
pour avoir la total du produit de toute la ligne. 

A l'arrivée ou an passage de chaque traiales billets 
sont recueillis par les contrôleurs ou les surveillants. 
Le compte en est fait immédiatepient. Les billets sont 
* mis en ordre par stations expéditrices et par classes ; 
il en est formé des paquets ayant chacun une étir 
quette énonçant la station qui les a délivrés et les nu- 
méros commençants et finissants de chaque série. En 
même temps les billets sont inscrits pao* stations et par 
trains sur Y inventaire des billets recueillis. A la fin de 
la journée, après le dernier train, cet inventaire est 
totalisé et envoyé chaque jour avec les billets à l'ad- 
ininistration. 



— 161 - 



2** Service des bagages. — Oiiens, 

Tout bagage au-dessus d'un kilogramme de poids 
doit être pesé et enregistré. 

Ce registre d'expéditions^ outre les colonnes des nu- 
méros d'enregistrement , et œlle des noms des voya- 
geurs, a autant de colonnes qu'il y a de stations sur 
la ligne , et dans lesquelles est portée la taxe afférente 
à chacune d'elles. 

La première colonne porte le numéro d'enregistre- 
ment par jour, la deuxième le numéro d'enregistre- 
ment par station distinctive par chaque train ; c'est 
le numéro correspondant à la feuille de souches ac- 
compagnant les bagages de chaque station , dont le 
bulletin détaché et remis au Voyageur porte le même 
numéro; ce même numéro est encore collé sur cha- 
cun des colis composant le bagage du voyageur. 

Les bagages pesant moins de 30 kilogrammes, 
mais qui pourtant ne peuvent être mis dans la voiture , 
avec les voyageurs, à cause de leur volume ou 
d'autres inconvénients, ne donnent lieu qu'à un droit 
fixe d'enregistrement de dix centimes. 

Les bagages déclarés valeurs payent, en sus du 
prix ordinaire du transport , le prix des autres arti- 
cles de finances ou envois de valeurs. 

Les chiens sont inscrits au bureau des bagages sur 
des bulletins à souches; les bulletins sont remis aux 
voyageurs contre le prix du transport , et les souches 
au conducteur-chef du train. 

La station réceptionnaire reçoit les souches du con- 



— 152 — 

ductcur, recueille les bulletins à la livraison des chiens, 
et envoie chaque jour à l'administration les souches 
et les bulletins recueillis. 

Après le départ ou le passage du dernier train , le 
receveur totalise les colonnes du livre d'expéditions. 
L'étal récapitulatif des bagages à envoyer chaque 
jour à l'administration avec les pièces comptables, 
reproduit les sommes reçues pour transport de bagages 
et chiens par stations. 



3° Transports divers à grande vitesse. 

La comptabilité de ce service est divisée en deux 
parties : la première comprend les transports des mar- 
chandises , finances et articles de valeurs ; la seconde, 
les transports des voitures et chevaux. Il y a pour cha- 
cune de ces deux parties un registre d'expéditions et 
un registre d'arrivées, ainsi que deux étals récapitu- 
latifs à part. 

PREMIËRE PARTIE. 

MAaCHANDISBS.— FINANCES. — ABTICLBS DB VALBDKS. 

Dans les gares principales , il y a un bureau spécial 
pour les marchandises à grande vitesse , ou articles 
de messageries. 

Ils sont pesés par le facteur, au fur et à mesure de 
leur présentation , et inscrits sur le livre d'expéditions. 
Le facteur applique sur chaque article une étiquette 



— I5â - 

énonçant le point de départ, celui de destination, et 
un numéro correspondant au numéro des articles du 
livre d'enregistrement; si l'article est expédié bureau 
restant, les lettresBRsont appliquées sur l'étiquette, 
au moyen d'une griffe, et ce même signe est répété 
par le receveur sur le livre d'expéditions et §ur la 
feuille de route. 

Chaque fois que l'expéditeur demande un reçu d'ar- 
ticles, il lui est délivré. 

Les déboursements pour frais de transport peuvent 
être donnés, quand ces débours ne dépassent pas le 
cinquième de la valeur de la marchandise ou de l'ar- 
ticle. 

Un reçu de ces déboursés est donné par l'expédi- 
teur; ce reçu est envoyé à l'administration avec les 
comptes de la journée, comme pièces à l'appui. 

Des articles peuvent être expédiés contre rembour- 
sement. Ces articles sont inscrits à l'expédition et à 
l'arrivée comme les autres , mais marqués sur ces re- 
gistres et sur les feuilles de route d'un signe particu- 
lier, encadrant le montant du remboursement dont 
l'article est chargé. Ils sont en outre reportés sur un 
registre spécial (Remboursements) d'entrée et de sortie^ 
au départ et à l'arrivée. 

Les dates de l'arrivée , de l'encaissement, du retour 
et de la remise du remboursement à l'expéditeur, 
sont constatées sur ces registres. 

Le renvoi de la somme à la station expéditrice doit 
être immédiat. Ce renvoi est porté sur feuilles et taxé 
d'après le tarif ordinaire, comme transport de finance. 
Le port de ce renvoi ne peut être acquitté d'avance 
par l'expéditeur de l'article. 



— 15à — 

Les arliclcs déclarés valeurs et les finances ne sont 
reçus que dans des bottes ou caisses solides , Termées 
d'une corde en croix, d'une seule pièce, ou dans des 
sacs cousus en dedans, parraitement fermés par une 
corde; le cachet de l'expéditeur doit être apposé aux 
extrémités des cordes , soit des boites, soit des sacs. 

Les lettres ou les signes de l'empreinte des cachets 
sont mentionnés sur le registre d'expéditions et sur 
les feuilles de route. 

Les articles déclarés valeurs sont scrupuleusement 
pesés , et leur poids par grammes est indiqué sur le 
livre d'expéditions et sur les feuilles de route. Ils ne 
payent la taxe du transport à la valeur, qu'autant 
que cette taxe est supérieure à celle du poids de l'ar- 
ticle. Dans le cas contraire, c'est la taxe du poids qui 
est perçue par le receveur. 

Les colonnes du registre d'expéditions énoncent 
les numéros d'enregistrement, les noms, le domicile 
de l'expéditeur et du destinataire, la nature des mar- 
chandises, le poids ou la valeur, les débours, le 
montant de la taxe , les ports payés au départ , les 
sommes à recevoir à la livraison ; l'addition de ces 
dernières colonnes doit représenter le total de celles 
de la taxe et du débours. 

Le registre d'expéditions est totalisé par chaque 
train. 

Les inscriptions faites au livre d'expéditions sont 
transcrites sur les feuilles de route pour chaque sta- 
tion destinatrice; toutes les indications du registre 
d'expéditions sont reproduites sur les feuilles de 
route. 

Les feuilles de route sont totalisées à chaque co- 



— 155 — 

lonne. Les totaux des colonnes des feuilles de route 
pour toutes les stations réunies doivent être les 
mêmes que les totaux des colonnes du livre d^expé- 
dition pour chaque train. Cette vérification faite, les 
feuilles de route sont remises au conducteur-chef du 
train. 

A l'arrivée, la réception des articles de marchan- 
dises ou de messageries s'opère par la reconnaissance 
d'après les feuilles de route que remet le conducteur- 
chef du train. Cette reconnaissance terminée, chaque 
feuille de route est transcrite par station expéditrice 
sur le registre de réception. 

Le livre de réception énonce comme les feuilles de 
route les taxes, les débours, les remboursements, les 
sommes reçues et à recevoir à la livraison , suivant 
qije l'a indiqué le registre d'expéditions. 

Un autre employé inscrit les articles à livrer à do- 
micile simultanément sur les feuilles de livraison ou 
sur le livre de factage. 

Ces feuilles de livraison ou le livre de factage sont 
immédiatement remis aux facteurs pour opérer la 
livraison à domicile. A leur retour, les receveurs 
inscrivent dans la colonne spéciale du livre de récep- 
tion , les encaissements faits. 

Les articles , soit en port payé , soit en port dû , 
refusés ou restant à livrer pour une cause quelconque, 
sont extraits du registre de réception pour être por- 
tés en entrée sur le livre d'articles en souffrance. 

Le numéro d'enregistrement d'entrée au livre d'ar- 
ticles en souffrance est relaté au registre de réception 
et sur les feuilles de route. 

Les articles expédiés bureau restant , et non livrés 



— 156 — 

dans la journée , sont portés également au livre d*ar- 
ticles en souffrance et marqués d'une étiquette portant 
la désignation B. R. 

Les articles portés au livre des articles en souffrance 
en sortent, soit par l'envoi de Tarticle au magasin de 
dépôt , sur Tordre de l'administration , soit par la li- 
vraison au destinataire ; dans l'un et l'autre cas , le 
receveur opère la sortie sur ledit registre des articles 
en souffrance , en mentionnant dans la colonne à ce 
destinée la date du renvoi au magasin ou celle de la 
livraison et le montant de l'encaissement ; il reporte 
en même temps le numéro de sortie de l'article devant 
l'article à son entrée, dans la colonne à ce destinée, 
ce qui indique à son inscription d'entrée qu'il est sorti. 

Lorsque l'article a été envoyé au dépôt, et qu'il est 
ensuite réclamé par le destinataire , le chef de la sta- 
tion en fait la demande au magasin de dépôt , et lors- 
qu'il le reçoit, il est rétabli de nouveau à l'entrée du 
livre des articles en souffrance; la sortie en est en- 
suite opérée de nouveau, comme nous venons de le 
dire. 

La livraison des articles en souffrance, en port payé 
ou en port dû ,• s'effectue sur des feuilles de livraison 
supplémentaire , ou sur un livre de factage où il est 
reporté de nouveau. 

Le receveur totalise chaque jour sur le livre les 
articles entrés en souffrance et les articles qui en sont 
sortis. Il fait la déduction de la sortie , des entrées ; la 
différence donne le chiffre des articles restant en 
souffrance ; cette situation est rappelée sur le résumé 
journalier de l'exploitation , dont il sera parlé plus 
tard. 



— 157 — 

Le total de la taxe encaissée pour livraison d'articles 
en souffrance , porté au registre des articles en souf- 
france en déduction du débit, est porté en recette sur 
ce même résumé journalier de l'exploitation. 

A la fin du service de la journée les registres d'ex- 
pédition et d'arrivée sont totalisés; leur produit est 
résumé sur un état récapitulatif, tant des expéditions 
que des arrivées. 

Le total des sommes restant dues pour articles non 
livrés dans la journée doit être le même que le total^ 
des articles entrés en souffrance dans la journée. 



DEUXIÈME PARTIE. 



VOITORBS ET CHEVAUX. 

n y a dans les stations de première et de deuxièijie 
ordre un registre d'expédition pour les'voitures et les 
chevaux; ils y sont enregistrés par ordre de numéros 
d'inscription. . 

Le transport par la grande vitesse des voitures et 
des chevaux se fait toujours au comptant. 

Il est accordé aux voyageurs partant avec leurs 
voitures deux places gratuites pour les voitures à un 
fond et trois places pour les voitures à deux fonds. 
Les voyageurs qui dépassent ce nombre doivent 
prendre des billets dç deuxième classe. 

Chaque transport de voitures ou de chevaux est 
en outre inscrit sur des bulletins à souches ; le bulle- 
tin est détaché et remis à l'expéditeur; ce buHetin 



— 158 — 

indique le point du départ, la station destinatrice, le 
numéro de Tenregistrement au lieu d'expédition , le 
nombre et la nature du transport , ainsi que la taxe 
acquittée. Les souches sont remises au facteur- chef du 
tram , qui les remet également au chef de la station à 
l'arrivée, pour être envoyés, ainsi que les bulletins , à 
l'administration, avec les pièces comptables de la 
journée. 

La livraison est faite sur la remise des bulletins et 
après leur rapprochement aux souches. Sur le refus, 
%u en cas d'absence du destinataire, les animaux 
dont la livraison ne peut être effectuée sont mis en 
fourrière par lé chef de station chez un logeur, qui 
pourvoit à leur nourriture jusqu'à décision ulté- 
rieure. 

L'administration, ainsi que la station expéditrice, 
sont informées par le premier train de l'abandon de 
ces animaux. 

Les produits de cette seconde partie du service ôe 
la grande vitesse sont totalisés , après le départ du 
dernier train , sur le registre d'expéditions , comme 
ceux de la première, et résumés sur l'état récapitulatif 
de ce service. 



4^* Transports divers à petite vitesse. 



La comptabilité de ce service est divisée en deux 
parties commç celui de la grande vitesse ; la première 
comprend les transports des marchanidises: la seconde 
eeux des voitures, des bêtes (Je trait et des bestiaux. 



— 159 — 



PREMIÈRE PARTIE. 



MARCHANDISBS. 



Nous avons exposé au chapitre VII , Service des 
transports des marchandises, le service des divers 
employés de la gare de marchandises pour l'entrée 
en gare, la reconnaissance des marchandises; nous 
avons traité de leur inscription au livre d'entrée en 
gare , des déclarations qui doivent les accompagner, 
du reçu d'articles à délivrer sur la demande de l'ex- 
péditeur seulement, etc., etc., du registre d'expédi- 
tion , où les articles sont inscrits au fur et à mesure 
de leur chargement, ainsi que des feuilles de route 
qui accompagnent les marchandises; du registre de 
réception sur lequel sont inscrites à l'arrivée les feuilles 
de route par station, etc., etc. 

Tdut ce que nous avons dit à la prenàière partie des 
marchandises à grande vitesse, relativement au dé- 
bours, aux articles expédiés contre remboui*sements, 
aux articles non livrés et portés au livre des articles 
en souffrance, entrées et sorties, s'applique égale- 
ment de la. même manière au service de la petite 
Vitesse. 

Quant au compte de .camionnage , l'entrepreneur 
du camionnage fait compte chaque jour au chef de 
gare , au chef de station ou au receveur : 

i* De la somme portée sur la feuille de livraison ou* 
sur le livre de factage en ports dus. 



— 160 — 

2* Du montant des remboursenaents dont les articles 
sont grevés. 

3"* Des encaissements pour livraisons complémen- 
taires dont il a été chargé et qui sont pris en note 
particulière par le receveur. 

Le receveur inscrit les encaissements faits dans la 
colonne spéciale à ce destinée sur le livre des récep- 
tions. Il ressort dans la colonne particulière sur le re- 
gistre de réception et sur les feuilles de route le chiffre 
dû pour camionnage et l'acquitte. 

Le total journalier de ces payements est inscrit sur 
un état intitulé : Payements à l^entreprise du camion^ 
nagej pourêtre porté au résumé journalier de l'exploi- 
tation dans les déboursés journaliers. A la fin de la 
journée les registres d'expédition et de réception 
sont totalisés et les produits en sont nf^umés sur l'é- 
tat récapitulatif de cette partie du service. 



DEUXIÈME PARTIE. 



vbiTUHCS. — BtTBS DB THAIT.— BBSTIAinL. 



Les voitures, les bêtes de trait et les bestiaux sont 
inscrits, au fur et à mesure qu'ils sont amenés à la 
gare , sur le registte d'expéditions de cette partie du 
service et dans les colonnes réservées à chaque na- 
ture de transport. Un numéro d'ordre d'inscription 
leur est donné au fur et à mesuré de l'enregistre- 
ment. 



— 161 — 

li y a y en outre , pour chaque nature de transport 
des bulletins à souches indiquant le point de départ, 
la destination, si le port est payé ou à recevoir, et le 
numéro de Tenregistrement. 

La souche de chacun de ces bulletins est remise au 
conducteur-chef du train pour être délivrée au rece- 
veur de la station destinatrice ; les bulletins sont re- 
mis aux expéditeurs pour les échanger, à l'arrivée, 
contre la livraison des objets transportés. 

Les feuilles de route sont formées par station des- 
tinatrice ; elles sont, comme celles de tous les services, 
la reproduction fidèle du registre d'expédition , indi- 
quant les espèces , les taxes , le chargement et le dé- 
chargement compris, les débours, les sommes per- 
çues ou à recevoir, 

A V arrivée j les. feuilles de route sont transcrites 
sur le registre de réception avec toutes les indica- 
tions qu'elles contiennent. 

Au fur et il mesure du déchargement , la livraison 
s'opère sur la présentation du bulletin qui est rappro- 
ché de la souche. Bulletins et souches sont renvoyés 
à l'administration avec les pièces comptables de la 
journée. 

Les animaux dont la livraison ne peut être effectuée 
par l'absence ou le refus du destinataire seront inis en 
fourrière comme il est dit au service de la grande 
vitesse. Après le départ du dernier train de la jour- 
née , les registres d'expédition et de réception sont 
totalisés et résumés sur l'état récapitulatif de oe ser- 
vice, comme ceux de la partie des marchan- 
dises. 

11 



— 162 — 



5* Dispositions générales communes aux services de 
grande et de petite vitesse. 



Nous n'avons pas cru devoir compliquer cette 
courte analyse du système de comptabilité de la ligne 
d'Orléans à Bordeaux , par les dispositions adoptées 
pour le service hors ligne. Ces dispositions, d'ailleurs, 
n'y apportent aucun changement, et ne consistent que 
dans l'adjonction de plusieurs colonnes sur les regis- 
tres, sur les feuilles de route et sur les états récapi- 
tulatifs, pour recevoir les chiffres du trafic avec la 
compagnie d'Orléans. 

» 
{a) Article? portés sor feuilles et manquant à l'arriyée. 

Il arrive quelquefois que des objets inscrits sur les 
feuilles ,de route ne se trouvent pas dans le train à 
l'arrivée. Dans ce cas le chef de la station en iait im- 
médiatement la réclamation à la station expéditrice et 
à l'administration , sur des bulletins imprimés à cet 
effet, indiquant le numéro d'enregistrement, là date, 
la station expéditrice, la destination, les noms de 
l'expéditeur et du destinataire et la valeur déclarée. 

Ces articles portés sur feuilles , et bien que n'étant 
pas arrivés à destination , sont néanmoins inscrits sur 
le registre de réception ; mais ils sont de suite portés 
au livre des articles en souffrance , où ils i*estent en 
débit , avec la mention de non arrivés , jusqu'au mo- 
ment où l'erreur est expliquée. 



— i6â — 

Quand l'article arrive, la livraison en est faite, et 
le produit porté en recette au livre des articles en souf- 
france, qui s'en trouve crédité. 

Si l'article est perdu ou si sa destination était 
pour une autre station , la station réceptionnaire est 
autorisée par une ordonnance de détaxe venant de 
l'administration a dégrever le livre des articles en souf- 
france du montant dont il est débité. 

Si l'article a été remis à sa destination véritable , 
quoiqu'il ait été porté par erreur sur la feuille de 
route d'une autre station , une nouvelle expédition est 
faite par la station expéditrice, sans rien changer à sa 
comptabilité précédente. 

Chaque fois qu'il y a des articles déposés dans une 
station par les conducteurs , suivant l'étiquette qu'ils 
portent , quoique non compris sur les feuilles de route, 
ces articles sont mis en magasin; avis en est donné 
immédiatement à l'administration et à la station expé- 
ditrice. 

Les articles bagages, remis par erreur dans une sta- 
tion pour une autre , sont soumis aux mêtoes disposi- 
tions. 

[b] Demandes en détaxe. 

L'administration seule peut faire des concessions 
sur les prix, et autoriser la détaxe d'un article enre- 
gistré et expédié. 

Lorsqu'une place ou un article a été taxé en trop, 
soit pour le parcours, soit pour la classe, le chef de 
station fait une demande en détaxe, en indiquant les 
motifs sur lesquels la demande est fondée. L'article 



— 164 — 

rdussement taxé est néanmoins porté au registre de 
réception avec la taxe appliquée par la station expé- 
ditrice, puis, en cas de non-livraison, porté au livre 
des articles en souffrance jusqu'à décision de Tadmi- 
nistration. 

Une ordonnance de détaxe ayant autorisé la réduc- 
tion demandée , et le remboursement ayant été effec- 
tué, le chef de station, en retournant l'ordonnance de 
détaxe à l'administration, la porte comme espèces 
dans son bordereau de versement. 

(c) Recettes supplémentaires. 

Les recettes supplémentaires sont les encaisse* 
ments qui n'ont pu être spécifiés au départ, tels 
sont ; 

i*" Un supjJément déplace pour un voyageur qui a 
occupé une place d'un prix plus élevé que celle indi- 
quée par son billet :• dans ce ca&, le receveur de la sta- 
tion réceptionnaire appose sur le billet recueilli la 
griffe supplément de place^ et indique à la plume la dif- 
férence du prix perçu ; 

2* Un supplément de parcours pour un voyageur 
qui est descendu à une station plus éloignée de son 
point de départ que cetle qui se trouve indiquée sur 
son billet : dans ce cas , le receveur appose sur le bil- 
let recueilli la griffe supplément de parcours , et indique 
àla plume la différence payée •,. 

3** Les places payées à l'arrivée par des voyageurs 
qui ne peuvent représenter leurs billets : dans ce cas, 
le voyageur est conduit auprès du chef de la station^ 



— 165 — 

lequel , si le chef du train ne peut donner des rensei- 
gnements sur la station où le voyageur est monté , et 
à défaut de justification , doit faire payer le prix de la 
place que le voyageur occupait pour le parcours en- 
tier; 

4** Camionnage pour articles déclarés bureau res- 
tant, et qui y sur la demande du destinataire, sont 
remis à domicile; 

5° Magasinage pour les articles restés en gare; 

6** Transport de troupes en corps ; 

7** Transport de prisonniers ; 

8* Transports funèbres; 

9** Tous autres produits imprévus. 

Chaque employé comptable en versant à la fin de 
la journée ses encaissements, d'après son état récapi- 
tulatif, au receveur de la station, lui remet la note 
des diverses recettes supplémentaires qu'il a effec- 
tuées. 

Le receveur les inscrit toutes sur le registre de re- 
cettes supplémentaires, dont il envoie l'extrait sur le 
bordereau des recettes supplémentaires, avec les au- 
tres pièces comptables , à l'acfininistration» 

(d) Locations de plates-formes et waggons. 

Cette partie de l'exploitation , résultant des marchés 
passés avec l'administration , n'est pas comprise dans 
les états récapitulatifs établis par les employés comp- 
tables. La location de piates-formes et de waggons 
fait l'objet d'un état spécial : Bulletin de location de 
plales^formes et de waggons , sur lequel les chefs de 



— 166 — 

station inscrivent le poids et le nombre des transports 
par chaque expédition de leur station. 

Cet état est envoyé chaque jour à Tadministration 
avec les pièces comptables. 



(e) Résumé journalier de TexploitatioD. 

Les employés comptables de la station remettent 
chaque jour les pièces comptables , chacun de son ser- 
vice , au receveur. Celui-ci réunit les états récapitu- 
latifs de chaque service et les sommes provenant de 
leur exploitation. Il établit ensuite le résumé journa- 
lier de l'exploitation : Bordereau de receltes j verse- 
mentSy débours et articles en souffrance. Ce bordereau 
énonce, d'après les états récapitulatifs : 

i ** La somme totale des recettes effectuées au départ 
ou ports payés ; 

2* La somme totale des recettes effectuées à l'ar- 
rivée par livraison d'articles ; 

3° La somme totale des recettes effectuées sur les 
articles en souffrance ; 

4° La somme totale des recettes supplémentaires ; 

S"* La somme totale des débours. 

Il déduit de la somme des recettes générales celle 
des débours ; la somme restante est celle dont il est 
débiteur en espèces. 

Il établit ensuite , sur ce même résumé , le borde- 
reau de versement. Dans ce bordereau il comprend 
comme espèces : 

1* Les ordonnances de détaxe ; 



— 167 — 

2f* Les payements qu'il a été autorisé à effectuer 
par ordre de l'administration; 

3** I^s payements faits à l'entreprise du camion- 
nage. 

Le même bordereau énonce aussi la situation jour- 
nalière du livre des articles en souffrance. 

Les fonds résultant du trafic de la journée sont mis 
dans la boîte de va-et-vient, et envoyés à l'adminis- 
tration , ainsi que les pièces de comptabilité de tous 
les services 9 dont la désignation et le nombre sont 
indiqués sur un état : Bordereau des pièces comptables 
envoyées à radministralion. 



FIN. 



:tieaBSM» 



TABLE DES MATIÈRES. 



CHAPITRE I. 

Pagef. 

iNTRODUCTlOIf » f 

CHAPITRE IL 
ADMINISTRATION. ~ PERSONNEL VE L'EXPLOITATION. 

1. Administration, ...»..■ •••• If 

2. Personnel 1^ 

3. Chef de Pexploitation on du monveinent général ^6 

4. Sous'cbef de Fezploi talion on da mouvement, général . . 19 

5. Inspection • • •. ^^ 

CHAPITRE IIL 
ENTRETIEN ET SURVEILLANCE DE LA VOIE. 

1. Organisation. — Voies diverses de la ligne de parcours. . . 27. 

2. Sous-ingénieurs 2S 

Z. Conducteurs des travaux. « 30 

A. Gardes-barrières 3^ 



— 170 — 

Pages. 

5. Gardes-lignes ou cantonniers 34 

6. Garde de nuit 35 

7. Signaux 36 

CHAPITRE IV. 
TRACTION. — MATÉRIEL ET SIGNAUX. 

1 . Organisation du service 41 

2. Locomotives 45 

#. Matériel roulant 46 

4. Chefs du matériel et de la traction 50 

5. Dépôts et chefs de dépôt 51 

6. Mécaniciens et chauffeurs 54 

7. Chef du petit entretien 58 

8. Surveillance du matériel 59 

9. Comptabilité du matériel 61 

CHAPITRE V. 

GRANDE VITESSE.— SERVICE DES VOYAGEURS.— GARES 
El STATIONS. 

1 . Gares des voyageurâ. . .' 65 

'2. Chef de service : . 71 

3. Chefs de gares des voyageurs 73 

4. Chefs de stations intermédiaires 77 

5. Sous-chefs de gare 79 

6. Receveurs 81 

7. Facteurs 82 

8. Conducteurs 86 

9. Contrôleurs surveillants 92 

10. SurveillanU * . . 94 

11. Aiguilleurs 9$ 

12. Chefs d'équipe 98 

13. Hommes d'équipe. * 99 



— 171 — 

CHAPITRE VI. 

ORGANISATION DE LAURGULATION ET COMPOSITION DES TRAINS. 
— TRAJET ET ARRÊT DANS LES STATIONS INTERMÉDIAIRES.— 
CAS D'ACCIDENT. — MACHINES DE SECOURS. — SERlflCE DES 
AGENTS. — ARRIVÉE DES TRAINS A DESTINATION. 

Pages. 
1.. Organisation de la circulation • .... 100 

2. Formation des trains de voyageurs 101 

3. Embarquement des voyageurs et départ 104 

4. Trajet , arrêts aux stations intermédiaires 107 

5. Cas d'accidents. — Machine de secours. — Service des divers 

agents 110 

6. Arrivée des trains à destination 112 

CHAPITRE VII. 

PETITE VITESSE.— SERVICE DES TRANSPORTS DE BfARCHANDISES. 

1. Transport des marchandises 115 

2. Gare des marchandises. . 118 

3. Chefs de gares.. 122 

4. Sous-chefs de gares • 126 

5. Conducteurs des trains de marchandises 127 

6. Entrée des marchandises en gare, réception, taxe, enre- 

gistrement , feuilles de route , chargement 128 

7. Composition des trains , trajet , arrêt dans les stations, ar- 

rivée à destination 133 

CHAPITRE VIII. 
COMPTABIUTÊ. 143 

1. Service des voyageurs 146 

2. Service des bagages, r— Chiens 151 



— 172 — 

Pages. 

3. Transports divers à grande vitesse 152 

Première partie. — Marchandises, finances, articles de 

valeur 152 

Deuxième partie. — Voitures et chevaux 157 

4. Transports divers à petite vitesse 158 

Première partie. — Marchandises 159 

Deuxième partie. — Voitures, bétes de trait, bestiaux. 160 

5. Dispositions générales communes aux services de grande 

et de petite vitesse 162 

(a) Articles portés sur feuilles et manquant à Parrivée. 1 62 

(b) Demandes en détaxe 163 

(c) Recettes supplémentaires 164 

(d) Location de plates- formes et waggons ]65 

{e) Résumé journalier de l'exploitation. . . 166 



FIN DE LA TABLE. 



PARIS — IMPRIlfERIE DE FAIN ET THUNOT, RUE RACINE, 28r 





^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^H^^^^^^^^^^^^E\^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^r