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Full text of "Traité zoologique et physiologique sur les vers intestinaux de l'homme"

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TORONTO LIBRARY 


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Jason A.Hannah 


Collection 


in the History 
of Medical 
and Related 


Sciences 


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TRAITÉ 


ZOOLOGIQUE ET PHYSIOLOGIQUE 


SUR 


LES VERS INTESTINAUX 


DE L'HOMME. 


PARIS. — IMPRIMERIE DE C.-L.-F. PANCKOUCKE, 
RUE DES POITEVINS, N° 14. 


TRAITE 


ZOOLOGIQUE ET PHYSIOLOGIQUE 


SUR 


LES VERS INTESTINAUX 
DE L'HOMME 


PAR M. BREMSER D. M. 


TRADUIT DE L'ALLEMAND 


PAR M. GRUNDLER D. M P. 


REVU ET AUGMENTÉ DE NOTES 


PAR M. DE BLAIN VILLE 


D. M. DE LA FACULTÉ DE PARIS ET PROFESSEUR D’ANATOMIE COMPARÉE 


ET DE ZOOLOGIE À LA FACULTÉ DES SCIENCES, ETC. , ETC. 


AVEC UN ATLAS 


eomrosk DE DOUZE PLANCHES IN-QUARTO» 


Re PARIS 
- CL. F. PANCKOUCKE erreur 


rue des Poitevins n°. 14 


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Lettre de M. de Hurboidt à M. Panckoucke. 


Moseur , 


VEUrLLEZ bien m’excuser si, m’adressant à votre bienveillance 
souvent éprouvée , je vous parle d’une affaire à laquelle je prends 
le plus vif intérêt. L’excellent Traité sur les vers intestinaux de 
l’homme , du docteur Bremser , est un ouvrage justement célèbre 
en Allemagne, en lialie et en Angleterre; il n’a point encore été 
traduit de l'allemand en français. Un de mes compatriotes ‚le doc- 
teur Grundler , qui habite depuis long-temps cette capitale, etqui 
connaît à la fois les langues et l’état de la science médicale, a en- 
trepris cette traduction. J’ose espérer que, si quelque natura- 
liste français au courant de la matière, par exemple M. de Blain- 
ville, voulait se charger de revoir la traduction, et d’y ajouter 
quelques notes instructives, M. Grundler pourrait être assez heu- 
reux pour trouver un éditeur. L'ouvrage est également intéressant 
pour la médecine pratique et pour l’histoire naturelle descriptive. 

Il existe au Muséum du Jardin du roi une belle collection des 
vers intestinaux de M. Bremser ; elle prouve l'étendue du travail 
auquel ce savant s’est livré avec tant de succès. Je serais bien heu- 
reux d'apprendre que vous voulussiez vous intéresser, Monsieur, 


à cette utile entreprise : ce serait un nouveau service que vous ren 
driez aux sciences. 


Agréez l'expression de la haute considération avec laquelle j’ai 
l'honneur d’être , 


Monsieur , 


Votre très-humble et très obéissant 


serviteur , 


ALEXANDRE DE HUMBOLDT. 


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AVERTISSEMENT. 


D: que cetouvrage nous fut connu, il y a plusieursannées, 
par l'entremise d’un jeune Allemand alors à Paris, qui venait 
de le recevoir de Vienne, la réputation de M. Bremser, re- 
gardé avec juste raison comme le premier helminthologue 
praticien de l’Allemagne et de l’Europe entière, le besoin 
urgent que la médecine avait d’un traité qui contint à la fois 
la description avec figures des vers qui séjournent dans l’es- 
pèce humaine, et des considérations générales et particulières 
sur les moyens hygiéniques et thérapeutiques propres à les: 
combattre, nous firent vivement désirer que quelque médecin 
zoologiste en entreprit la traduction. Nous nous en serions 
peut-être même chargé volontiers, si nous n’eussions appris, ! 
dans une lettre de M. Bremser lui-même, qu’un médecin de 
Genève, alors à Vienne, était occupé à traduire son ouvrage 
en français sous ses yeux, et qu’il ne tarderait guère à paraître. 
Cependant une année et plus s’etait déja écoulée sans que 
nous eussions entendu parler le moins du monde de cette tra- 
duction, lorsque M. le docteur Grundler, médecin allemand , 
établi depuis un assez grand nombre d’années à Paris ‚et que 
nous avions l'avantage de connaître depuis long-temps, vint 
nous consulter sur la traduction qu'il avait commencée du 
Traité de M. Bremser , et nous demander de vouloir bien l’ai- 
der dans cette entreprise. Nous y fümes aisément déterminé 
par l'intérêt mérité que nous lui portons et par l'utilité 
que nous voyions dans un ouvrage qui offre une des applica- 
* 


ij AVERTISSEMENT. 
tions les plus immédiates de la zoologie à la pratique me- 
dicale. D’après nos conseils , il commenca par avertir de son 
projet M. Bremser, en lui demandant sil avait continué à 
faire traduire son ouvrage à Vienne, et, dans le cas con- 
traire, s’il voudrait y faire quelques changemens et addi- 
tions. M. Bremser nous apprit que le médecin génevois ayant 
quitté Vienne avant la terminaison de sa traduction, il 
avait été obligé d'abandonner son projet, et qu’il nous four- 
nirait plusieurs additions importantes. Il nous envoya en 
effet les matériaux de quelques changemens ou de rectifica- 
tions de diverse nature; il y joignit des réponses aux obser- 
vations critiques fondées, le plus souvent justes, mais aussi 
quelquefois passionnées qui ont été faites de son ouvrage 
depuis sa publication, et entre autres à celle qui a été insérée 
dans le journal italien intitulé Vuovi commentari di medi- 
cinae di chirurgia pour l’année 1820; critique extremement 
longue, détaillée, qui a été tirée à part et répandue avec 
profusion en Allemagne, en Angleterre et en France, où elle 
a été traduite dans un de nos journaux de médecine. M. Brem- 
ser nous a aussi fourni quelques dissertations publiées en 
Allemagne par ses élèves sur plusieurs vers intestinaux 
propres à l’homme, que cependant il ne connaissait qu’in- 
complétement auparavant. Ces matériaux , auxquels nous 
avons cru devoir quelquefois ajouter des notes ampliatives ou 
explicatives étaient assez étendus pour qu’il fût difficile de les 
intercaler dans le corps de l’ouvrage, ou même en note au 
bas des pages, sans nuire à sa constitution primitive. Nous 
avons donc cru préférable de les comprendre dans une partie 
à part, que nous placerons à la fin du volume; et, comme 
elle sera composée d'autant de chapitres que l'ouvrage lui- 
même, il sera aisé d'y avoir recours successivement après 
qu’on aura lu chacun de ceux-ci.  ? 


AVERTISSEMENT. ij 


Voila en quoi consiste le premier changement que nous 
ferons à l’ouvrage de M. Bremser, ce qui donnera à la tra- 
duction de M. Grundler une valeur évidemment supérieure 
a celle de l'ouvrage original. 

Un autre changement moins important, mais qui nous a 
paru cependant nécessaire , est celui que nous avons fait dans 
la disposition de l’ouvrage. Nous n’avons pas suivi rigoureu- 
sement l’ordre de l’original, qui traite dans autant de cha- 
pitres, 1° de la formation des vers intestinaux en général ; 
2° de leur distribution systématique générale; 3° de la des- 
cription de ceux qui vivent dans le canal intestinal de l’homme; 
4° des causes de ia formation de ces vers; 5° du diagnos- 
tic; 6° des remèdes généraux; 7° des remèdes spéciaux ; 
8° de la description des vers nématoïdes qui séjournent hors 
du canal intestinal; 9° des vers trématodes; 10° des vers 
vésiculaires; 11° des formules de médicamens; 12° enfin des 
pseudohelminthes ou pretendus vers intestinaux. Il nous a 
semblé que ce mélange de la partie zoologique et médicale 
pouvait nuire à la régularité de l'ouvrage, et par conséquent 
à sa conception, et nous l’avons nettement divisé en deux par- 
ties, la première physiologique et zoologique, la seconde 
médicale ou thérapeutique. Chacune est ensuite subdivisée 
en trois chapitres qui sont consacrés successivement , le pre- 
mier, aux considérations générales sur la formation des vers 
intestinaux ; le deuxième, à la division systématique de tout 
ce groupe d'animaux; le troisième, à la description des espèces 
qui vivent dans le corps de l’homme. Ce chapitre est partagé 
en trois sections, vers intérieurs au canal intestinal, vers 
extérieurs et pseudohelminthes. Les trois autres chapitres 
constituent la seconde partie de l’ouvrage; le premier ou le 
quatrième de tout l'ouvrage traite des causes qui déterminent 
Ja formation'des vers chez l’homme ; le deuxième ou cinquième 


iv AVERTISSEMENT. 

donne le diagnostique, et enfin le troisième ou sixième et 
dernier, les moyens thérapeutiques propres à combattre les 
causes productrices des vers, et les vers eux-mêmes. 

On trouvera aussi que le système de classification des vers 
intestinaux en général n’est pas rigoureusement semblable à 
ce qu’il est dans l'ouvrage allemand; mais ici nous avons 
suivi les désirs de M. Bremser lui-même, qui nous a priés de 
donner ce système tel qu'il est dans le Synopsis publié par 
M. Rudolphi depuis son grand Traité sur les entozoaires. 
Nous avons même cru faire encore mieux, en extrayant cetie 
partie de la dissertation de M. Fischer, publiée l’année der- 
nière sous les yeux mêmes de M. Bremser à Vienne, et qui 
est sans doute ce qu’il y a de plus complet. 

Les planches ne sont pas non plus rigoureusement sem- 

lables à celles de l’ouvrage allemand. D'abord nous avons 


été obligés de les réduire au formatin-8°, parce que le texte 


a ce format, au lieu de celui in-4° de l'ouvrage original ; 
ensuite, comme il y a une sorte de luxe dans les figures de 
M. Bremser, nous en avons un peu diminué le nombre, en 
conservant cependant toutes celles qui étaient évidemment né- 
cessaires, même à des degrés différens. Nous avons composé 
la neuvième planche avec la figure des pseudohelminthes , 
représentés d'une manière pittoresque sur le titre même de 
l'ouvrage allemand. En général nous avons attaché une 
grande importance à ce que nos figures, quoique lithogra- 
phiées, rendissent exactement celles de M. Bremser, qui sont 
véritablement excellentes. 

Quant au texte même de l’ouvrage, nous n'avons dü, 
comme on le pense bien, rien changer à tout ce qui est de 
pure description ou de pure thérapeutique; nous aurions pu 
ne pas faire de même de la partie étiologique qui traite de la 
formation des organisations vivantes dans les corps organisés, 


AVERTISSEMENT. - v 


et nous aurions dû être d’autant plus naturellement portés à 
l’abréger, que c’est cette partie qui nous a donné le plus de 
mal ; mais comme les idées de l’auteur à ce sujet sont en rap- 
port avec sa méthode thérapeutique, et que d’ailleurs il 
pourra être assez agréable aux lecteurs de connaître queiques- 
unes des idées de la philosophie allemande actuellement en 
vigueur, nous nous sommes décidés à ne rien changer à ce 
chapitre évidemment un peu long, sauf à donner quelques 
observations à ce sujetdans l’appendice. 

Nous ne parlerons pas du style d’un ouvrage de cette na- 
ture ; il nous suffira de dire que nous avons täche de faire en- 
tendre les idées de M. Bremser, et que pour cela même nous 
n’ayons pas toujours voulu lui ôter la physionomie un peu 
allemande conservée par le traducteur. Ce que nous savons, 
c’est que M. Grundler paraît avoir eu beaucoup de peine, 
quelquefois à entendre, et souvent à rendre son original, 
comme au reste il le déclare dans la note ci-jointe. 

Nous devons avertir, en terminant , que les notes conservées 
au bas des pages appartiennent toutes à M. Bremser ou à 
M. Grundler ; celles du premier étaient dans l’ouvrage ori- 
ginal, ou ont été envoyées par lui au traducteur; celles du 
dernier n’ont trait qu’a la thérapeutique; les nôtres ne se 
trouveront que dans la troisième partie ou dans l’appendice. 


Paris, 10 aoûl 1823. 


H. D. DE BLAINVILLE. 


vj AVERTISSEMENT. 
Note du traducteur. 


Les personnes versées dans la connaissance des deux langues , 
et qui liront l'ouvrage original , pourront seules juger de la dif- 
ficulté que j'ai éprouvée à rendre les idées philosophiques de 
M. Bremser de la manière claire que l’on demande en France , 
ce qui a pu dépendre de plusieurs causes ; la principale sans doute 
vient de moi, qui ne me suis pas essentiellement occupé de ces 
matières ; mais n’est-il pas possible que M. Bremser lui-même ne 
se soit pas toujours exprimé d’une manière facile à saisir dans un 
sujet (la théorie de la formation du globe et des êtres vivans ) en- 
core si obscur? Aussi je ne veux pas assurer que j'y ai complé- 
tement réussi : je dois même déclarer que je n'aurais peut-être 
pas persisté dans mon entreprise, si d'après mon jugement , d’ac- 
cord en cela avec un grand nombre de médecins allemands, an- 
glais et même français , et malgré la critique aussi amère qu’in- 
juste d’un Italien, qui paraît être M. Brera, je n’eusse regardé 
l'ouvrage de M. Bremser comme tres-important pour la pratique , 
et surtout si M. de Blainville, auquel j'en fais ici mes remerci- 
mens, n’ayait bien voulu m’aider de ses conseils, et enfin si M. de 
Humboldt, qui exerce constamment un patronage si noble en fa- 
veur de ses compatriotes , ne s’était intéressé pour la publication 


de ma traduction, comme le prouve la lettre ci-jointe. 


N. B. Les notes signées Br. m'ont été communiquées par M. Bremsez 
dans une lettre qu’il a bien voulu m'adresser. 


RAR ELLE EU VE LR ALU EUT EE PUR AVAL TU UE VU URL VULR VUVE RATTE LULU AAA LA EUR LEUR MUR ELT/D 


PRÉFACE. 


Ex publiant un nouvel ouvrage sur un sujet qui a 
déjà été traité par beaucoup d’autres auteurs, on 
contracte jusqu'à un certain point l'obligation de 
faire connaître les raisons pour lesquelles on s’y est 
déterminé. Je puis heureusement me dispenser de 
recourir à de longues explications , comme cela 
résultera tout à l'heure de la revue des ouvrages qui 
ont quelque ressemblance avec le mien. Il est natu- 
rel, ce me semble, de ne pas parler des écrits dans 
lesquels il n’a été fait mention des vers intestinaux 
qu’en passant, parce qu'ils n’ont rien de commun 
avec mon livre. Mais il n’en est pas de même des 
ouvrages d’Andry et de Leclerc, publiés il ya une 
centaine d'années, et de celui de Van Dœvern, 
connu depuis cinquante ans; ils ont en effet quelque 
analogie avec le mien; car tous les trois ont traité de 
P’helminthologie, comme moi, sous le double rap- 
port de l’histoire naturelle et de la médecine pra- 
tique; mais, lorsque ces médecins écrivaient, V’hel- 


minthologie était encore au berceau. 


7 PREFACE. 

Les ouvrages couronnés de Bloch et de Goëze, 
noms connus sans doute de tous mes lecteurs, ne 
ressemblent que très-peu au mien. Les écrits de ces 
deux auteurs ont un intérêt plus réel pour les natu- 
ralistes, et particulièrement pour les helmintholo- 
gues, que pour les médecins praticiens. 

Mais, abstraction faite de la ressemblance que 
ces différens ouvrages peuvent avoir avec le mien, ıl 
faut encore les regarder presque comme s'ils n’exis- 
taient pas; car on ne les trouve plus chez les libraires. 

Zeder et Rudolphi ont enrichi l’helminthologie 
de beaucoup d'observations nouvelles : leurs ouvra- 
ges, quoique classiques , n’ont cependant qu'un rap- 
port très-éloigné avec le mien. M. Rudolphi, qui 
mérite à juste titre qu'on l'appelle le premier des 
helminthologues (car depuis long-temps aucune 
branche de la zoologie n’avait été développée aussi 
complétement que celle qui regarde les vers intesti- 
vaux, dans son Traité d’entozoologie ); M. Rudol- 
phi, dis-je, a consacré quelques chapitres aux mé- 
decins dans le premier volume de son incomparable 
ouvrage : cependant on n’y trouve pas ce qui interes- 
serait justement le plus les médecins praticiens , qui 
ne font pas ordinairement une étude particulière de 


l’histoire naturelle, savoir les figures des vers intes- 


PRÉFACE. ; u; 
tinaux de l'homme et les règles de thérapeutique 
propres à combattre chaque espece en particulier , 
choses auxquelles cet auteur, d’apres son plan, ne 
pouvait pas donner un assez grand développement. 

Les ouvrages encore recherchés aujourd’hui avec 
lesquels le mien peut encore être mis en comparaison 
se bornent (à l’exception peut-être de quelques-uns 
que je n’ai pas vus, el de quelques dissertations fran- 
caises qui ne se, Lrouvent pas ordinairement chez les 
libraires ) à ceux de Joerdens, Brera et Bradley; je 
craindrais d’offenser ces trois médecins, si je mettais 
dans la même catégorie le livre insignifiant sur le 
même sujet de M. le docteur Albrecht, et plusieurs 
autres semblables. Je ne puis cependant pas regarder 
ces trois auteurs comme ayant répandu beaucoup 
de lumière sur la connaissance des vers intestinaux 
propres à l'espèce humaine, ces auteurs n'étant pas 
des helminthologues praticiens. 

Joerdens s’est contenté de donner des descriptions 
et des dessins des vers intestinaux de l’homme , mais 
il y à entremélé une si grande quantité d'autres ani- 
maux qui ne sont pas des vers intestinaux, que Ceux 
qui ne sont pas bien au courant de l’helminthologie 


ne savent trop à quoi sen tenir. Du reste, cet auteur 


iv. PREFACE. 
n'a pas envisage les vers intestinaux sous le rapport 
de la pathologie, ni sous celui de la thérapeutique. 
M. Brera a rédigé fidèlement ses lecons confor- 
mément au titre qu’il leur a donné, c’est-à-dire , que 
ce ne sont que de véritables lecons sur les princi- 
paux vers intestinaux propres à l'espèce humaine. Ces 
lecons ont été faites dans le genre de celles que l’on 
trouve ordinairement dans les thérapeutiques spé- 
ciales, dans le chapitre des vers intestinaux. Mais 
M. Brera a développé ce sujet beaucoup plus com- 
plétement que l’on n’a coutume de faire, et il a eu 
soin de citer les ouvrages qui s’y rapportent. Malgré 
quelques inexactitudes que l’on rencontre dans ce 
travail, et que je passe sous silence, il est toujours 
trés-flatteur pour l’auteur que son petit livre ait été 
traduit en peu de temps, une fois en allemand et 
deux fois en francais. Brera aurait dû se borner à ce 
travail sur l'helminthologie; les supplémens, quoi- 
que volamineux, qu’il y a ajoutés depuis, ne peu- 
vent être regardes, selon moi , que comme un amas 
d'erreurs et d'idées hasardées, et j’ai peine à croire 
que l’on puisse en prendre une autre opinion. J'e prie 
mes lecteurs de veuloir bien regarder tout ce que 


jen dis dans plusieurs endroits de mon ouvrage, 


PRÉFACE. v 
sous le seul point de vue scientifique; car sans cela 
ils pourraient croire que j'en veux à la personne de 

| 
M. Brera, ce dont je suis cependant bien éloigné, 
n'ayant jamais eu aucune espèce de relation avec lui. 
Au reste, mes observations critiques sur son livre 
sont toujours accompagnées de la citation des en- 
droits qui s’y rapportent. 

Bradley n’a également fait mention dans son ou- 
vrage que des vers qui séjournent dans le canal intes- 
tinal de l’homme. Il ne dit rien de nouveau, et son 
livre n’a pas été accueilli avantageusement, même 
par ses compatriotes. Ses dessins sont en outre en 
"grande par ie inexacts. 

Par cette revue, un peu rapide à la vérilé, mais 
complète, on voit donc, ce m& semble, qu’il n'existe. 
pas encore d'ouvrage à l’aide duquel les médecins 
on puissent connaître tous les vers observés 
jusqu’à présent dans l’homme, et tous les moyens 
thérapeutiques propres à combattre chaque espece 
de vers en particulier. C'est pour remplir cette la- 
cune, que Jai travaillé depuis un grand nombre 
d’anndes, comme cela pourra malheureusement se 
voir assez aisément dans plusieurs repeuitions qui se 
sont glissées dans cet ouvrage, et que l'on voudra 


bien sans doute me pardonner. 


vj | PRÉFACE. 

Il y a à présent. plus de douze ans que M. de 
Schreibers fut mis à la tête de la direction du cabinet 
impérial d'histoire naturelle de Vienne. Il s'était 
déjà livré depuis long-temps à l’étude de l’helmin- 
thologie. Plusieurs objets scientifiques furent cause 
que je fis sa connaissance particulière, et c’est depuis 
cette époque, c’est-à-dire, depuis douze aus, que 
je m'occupe exclusivement d’helminthologie. La 
collection de vers intestinaux qui se trouve dans le 
cabinet impérial de Vienne, et qui n’a pas de pa- 
reille dans le monde, fera voir si j'ai travaillé avec 
quelque succès. Mon collègue, M. Joseph Natterer 
et M. son frère Jean Natterer m'ont aidé d’abord 
dans mes recherches sur les vers dans les animaux et 
dans la formation de cette collection. Le dernier.de 
ces deux savans l’a enrichie considérablement, sur- 
tout de vers de poissons de mer trouvés dans les 
voyages qu'il a faits en Hongrie et le long des côtes 
de la mer Adriatique et de la Méditerranée. Cepen- 
dant j'étais seul chargé de la description, de la clas- 
sification et de’la conservation des vers recueillis. Je 
puis dire sans exagération que j'ai examiné moi-même 
au moins vingt-cinq mille animaux sous ce point de 
vue , et cela m’a valu, comme cela peut se concevoir 


aisément, une grande quantité de découvertes, tant 


PRÉFACE. vi; 
sous le rapport de l'histoire naturelle que sous celui 
de la médecine pratique. J'aurai beaucoup d’obliga- 
tions à ceux qui voudront bien soumettre mon ou- 
vrage à une critique sévère , et je promets d'en profi- 
ter à la première occasion. ! 

Je ne parle dans cet ouvragé que des vers qui ont 
été réellement trouvés dans le corps de Thomme, et 
que les helminthologues reconnaissent positivement 
comme y ayant pris naissance. C’est pour cette raison 
que j'en compte moitié moins que M. Brera ; mais la 
suite de l'ouvrage prouvera, je l’espère, que j'ai eu 
raison de n’en pas admettre davantage. 

Je suis loin de regarder mes descriptions comme 
parfaites, mais je puis garantir l'exactitude des des- 
sins ; ils ont été faits sous mes yeux, et d’après nature, 
à l'exception de deux ou trois, qui ne sont que des 
copies; de ce nombre sont le filaire, copié d’après 
un dessin de M. Rudolphi, sur la troisième plan- 
che, l’hamulaire lymphatique et le polystome pin- 
guicole, dessinés d’après les figures de Treutler. 
L’extrémité de la queue du strongle, représentée 
figure 3c pl. 111, n’est aussi qu’une copie. Toutes 
les figures qui se trouvent neuvième planche, dans le 
groupe des pseudohelminthes ,ne sont que des copies, 


à l’exception de la fig. f, qui est un dessin original. 


viij PRÉFACE. 

J'ai cité un tres-grand nombre d'ouvrages; mais’, 
pour ne pas être obligé de revenir un grand nombre 
de fois à la citation du même, j'ai cru devoir réunir 
les titres de ces ouvrages par ordre alphabétique, 
dans une table particulière à la fin du traité. Afin que 
mes citations portent le cachet de la vérité, je me suis 
fait un devoir de lire moi-même tous les ouvrages 
mentionnés, à l'exception de quelques-uns marqués 


ar un astérisque, que je n’al pas pu me procurer. 
sq Pas P 


Vienne, août 1818, 


L'AUTEUR. 


DR" US CENNAAU LES SS 


TABLE 


DES MATIÈRES. 


PREMIÈRE PARTIE. — CHAPITRE PREMIER. 


Su la formation des organisations vivantes dans les corps organisés. 
Diverses opinions sur Ja formation des vers intestinaux..." 
On ne les trouve ni dans la terre, ni dans Veausr ann Anka St 
Des vers de terre et d’eau ne prennent pas une autre forme dans le 
borps animabun sd A ae ne salat 
Les vers intestinaux ne peuvent vivre que dans le corps humain ou 
animal. Drcmwen ROME UE ame DD 0 dE UE FINS EMI 
Examen de la question : Gomment ces vers peuvent-ils arriver dans 
le corps d’autres animaux ? La génération des vers ou deleurs œufs 


s’opère-t-elle par Vintermediaire des alimens ?...- eures. 
Preuves contre... ET D pate ge d'air BR NAT 
Les vers peuvent bien vivre comme parasites pendant quelque temps 
in autrk.animal. à à ran SERRES MEME PTE d énstey 
Ligules daos l'homme... ART TRE. > SRG En HE 
Observation singulière faite par M. Brera sur l’inoculation d'œufs de 
SERA RO TERRES DURS BARS ME EEE EE re 
Les parens peuvent-ils communiquer des vers intestinaux à leurs en- 
fans pendant l'acte de la génération, elC..---:: BR PARA eher 


Digression de la formation des vers intestinaux sur la formation 
probable de notre terre... °°°" RE RE 
On ne trouve pas des ossemens d’hommes dans les terrains secondaires. 
Nous pouvons distinguer trois genres de corps sur noire terre. .... 
L'acte de la vie est un acte de fermentation... dojo XP 
La différence des animaux wiammifères vivipares et des animaux 
ovipares est plus grande qu'on ne Va cru ordinairement. ....+- 
Tl parait qu'il a lieu, pour ainsi dire , chez les vers intestinaux , une 
répétition de tousies modes de générations d'organisations animales. 


ww #1 


11 


99 


109 


\ 


ij TABLE DES MATIÈRES. 


CHAPITRE DEUXIÈME. 


Division systématique des vers intestinaux en LS PTT Eee 117 
CHAPITRE TROISIÈME. 
SECTION 1. 


Description des vers qui séjournent dans le canal intestinal de l’homme 143 


I. Le tricocephale:....i... N Er AN Rec ıb. 
I. L’oxyure vermiculaire........ N RE 149 
Il. L'ascaride lombricoïde : . . 22 22.242" 4 0 7 157 
IV. Le bothriocéphale SE a ee DE neue Pie de 163 
Be Bol à Qt ALT ae ES 178 


® SECTION "1. 


Description des vers qui séjournent hors du canal intestinal de 


hommes eut auf az el au» AU 198 
MALE dragonneamgni. Sal A true N Ina doce ba ad ib 
Nom et histoire de ce ver, et diverses opinions sur sa nalure.... 199 
Deseniptiomdeipmverti. au, use, dar u eve, Aa 217 
Du diagnostic de Vexistence du dragonneau dans l’homme ..... sa203 
Des accidens qui arrivent pendant la durée de la maladie occasionde 

par la présence du dragonneau ; et de son traitement. ......... 230 
VI Poeme a een bite à ana 250 
VI. Da strongle Bean end pre is as 253 
Des trematodes...........0. SN TRE A AIR re 265 
Be N ron Len vale Ren PNG Eat tb. 
X. Dapolystome pinguicole à 44 4009 40102228 de na dense Le 272 
Des cystica ou vers vésiculaires....................... ER 273 
XI Du cysticerque........... se er 280 
XI. De INchiibesonmwne N. Reise 293 


Sur-les pseudohélminthes,. . \......a..0. 20... 0. rl: 319 
I; Ditrachycère rude de Sulzer...........,,........../ 000 320 
IT. Ascaris stephanostoma. ............ RE. ART A ae à Le 322 
III. Ascaris conosoma de Jœrdens. ...... EEE «te ae: ıb 
IV. Cercosoma de Brera......... Re ALLÉS ae Wann Ai 1177325 
V. Hexathyridium venarum de Teutler. ...................... 327 
VI. Diacanthos polycephalus de Stiebel. ...................., 330 
VAL Des versules\dents. . dt Lue:. 0.0 EN NR 332 


\ ... 
TABLE DES MATIERES. ji} 
SECONDE PARTIE — CHAPITRE QUATRIEME. 
Des causes de la formation des vers dans le canal intestinal de 
UI NEE BR ES ENS AR 14827 
A F 9 
CHAPITRE CINQUIEME. 
Du diagnostic de la présence des vers dans le canal intestinal, et 
des déranc os qu'ils peuvent occasioner............ PANNE 57 
SypLomeRn Banane. DEAN NOIR ib, 
Quelques cas où on avait présumé que les vers avaient été la cause 
de la maladie et même de la mort........... Sa AE ISO 
Ils causent divers embarras dans l'estomac. ................... _ 384 
On à tort de croire qu’ils perforent les intestins. ...:.......... 385 
On les accuse d’être une des causes de l’étranglement d’hernies... 394 
CHAPITRE SIXIEME. 
Du traitement hygiénique et thérapeutique contre les vers intesti- 
DAUSE Ne eye OAI RER MAR ARE DER 1 NER N AN 400 
SECTION 
Des remèdes en général. ..2.............. MAS IS EU M PT; 
Raison probable pourquoi nous en avons tant...... SE PET PA 1b. 
Expériences faites avec des remèdes hors du canal intestinal... . 4o4 
I. Des remèdes qui agissent sur les vers d'une manière mécanique.. 407 
IT. Des remèdes qui agissent d’une manière spécifique contre les vers 
TN LEP en RE AR EME NEN. ala PAS RN ie 
Remèdes à employer exterieurement. ........ NAN EUROS ea ME 
III. Des remèdes purgatifs. .......... A A a AE RUN EM \ 433 
SECTION U. 
Du traitement particulier qu'il faut employer contre chaque espèce 
dorer di ie NEN RAU N, Bel RN SEN RN CLEAN ! 444 
Traitement particulier contre h EU (AE AN OR EN. ıb. 
— core Koxyure vermieulaire. "241.1... CHE EE 45 
— contre les ascarides lombricoides. ............ AE Be Ep) 451 
— contre, les cestoides ........... BE DA CES LOE N DIN BE: 454 
SECTION IL. ) 
Des différentes méthodes de traitement contre Jetænits ts etats 455 
SECTION IV. 
Méthode de traitement de l’auteur. .................. SAS 486 
Le par M. de Blainville. .......... D'RANTRLS AE 3 150 
Table d'auteurs par ordre AMADÉPIEUe a Las Hl dern, 554 


ne Ft er ans a ee 


vier 


TRAITÉ 


SUR 


LES VERS INTESTINAUX 


DE L'HOMME. 


AAA AAA AAA AA AAA EE AA AT AAA AAA LUI AAA 


PREMIÈRE PARTIE. 
CHAPITRE PREMIER. 


Sur la formation des organisations vivantes dans les 


corps organisés. 


Th. les infusions de substances tant végétales qu’a- 
nimales , il se forme, après un certain temps, des 
animaux vivans, mais qui ne peuvent être aperçus 
qu’au moyen du microscope. Personne ne doute de ce 
fait, seulement on n’est pas d’accord sur le mode de 
form ationde ces êtres ; en effet on ne sait pas encore 
si ces animaux sont sortis d'œufs, qui auraient pu se 
trouver dans la substance soumise à l’infusion , dans 
l'eau ou bien dans l’air environnant, ou enfin s'ils 
sont un produit de la décomposition et de la fermen- 
tation de la substance infusée. On n’est pas non plus 


1 


‘ 


2 SUR LES VERS INTESTINAUX 


d'accord si chaque corps organisé vivant doit être né- 
cessairement produit par d’autres corpsorganisés sem- 
blables à lui sous tous les rapports, ou bien si quelques- 
uns, dans des circonstances favorables, ne peuvent 
pas se former spontanément. Les naturalistes appel 
lent cette dernière formation generatio spontanea ou 
æquivoca ; je crois que l’on devrait l’appeler plutôt 
formatio primitiva; aussi je me servirai toujours de 
cette dernière dénomination. 

Beaucoup de nos naturalistes modernes n’ont pas 
seulement regardé la matière verte de Priestley, les 
moisissures, les tremelles, les champignons, les 
nostocs, les infusoires, les animalcules spermati- 
ques , etc. „comme des organisations primilives , mais 
ils ont aussi considéré comme telles, les poux, les 
cirons et les vers inteslinaux. 

Comme la plupart de ces derniers se distinguent 
trop clairement par la grosseur , par un canal intesti- 
nal souvent complet, par des organes sexuels séparés, 
même sur des individus différens, par une structure 
musculaire, etmême par des nerfs, comme M. Otto 
Ya dernièrement démontré, de tous les animalcules 
microscopiques et de ces corps organisés encore si 
douteux, que quelques auteurs les rangent parmi les 
vegelaux, ilne sera pas sans intérêt de s'occuper de 
l’origine des vers intestinaux , et d'examiner les diffé- 
rentes opinions émises sur ce sujet. ÿ 

En examinant la question rigoureusement , ıl est 
évident qu'il ne peut y avoir que deux origines 
pour les vers dans le corps de l’homme et dans 


‘DE L'HOMME. 3 


celui des animaux. Dans l’une ils proviennent du 
dehors, et dans l’autre leur source est dans le corps 
animal lui-même, où ils se forment spontanément. 
Dans le premier cas, ils parviennent dans le corps 
animal on à l’état de vers , ou à l’état d'œufs, n’im- 
porte que la mere qui leur a donné naissance soit 
androgyne , ou qu’elle ait eu besoin, pour être fécon- 
dée, de l’action d’un individu mâle, et encore plus 
d’où elle provient elle-même. 

Dans le second cas, ces vers, ou au moins ceux 
qui se trouvent pour la premiere fois dans un indi- 
vidu, doivent être nécessairement regardés comme 
des animaux sans parens, comme une production 
spontanée de la substance vivante (de la matière or- 
ganique) qui, partout et de toute éternité, tend à 
former des êtres distincts et complets en eux-mêmes, 
ou, en d'autres termes, les vers doivent leur existence 
à une formation primitive. Cependant, comme cette 
dernière supposition déplait singulièrement à quel- 
ques médecins et naturalistes, qui la regardent pres- 
que comme un blasphème, l’on s’est efforcé, pour 
n’etre pas obligé d'adopter cette opinion, de decou- 
vrir d’autres manières par le moyen desquelles les 
vers pourraient arriver dans le corps animal. Nous 
allons examiner successivement les diverses opinions 
à ce sujet. 

Les auteurs qui veulent rendre la chose plus facile 
à concevoir , à ce qu'il leur semble, supposent que 
les vers intestinaux proviennent des vers de terre ou 
d’eau , et qu'ils ont pu s’introduire dans le corps ani- 

ra 


4 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mal avec les alimens, soit à l’évat de vers, soit à ce- 
lui de germe ou d'œuf. 

Les défenseurs de cette hypothèse s'appuient sur la 
prétendue observation , que les vers intestinaux de 
Vhomme et ceux des animaux se trouvent également 
dans l’eau ou dans la terre; mais nous allons voir 
que cette hypothese est basée sur des faits mal ob- 
servés. | 

Linné a cru à tort avoir trouvé la douve du foie 
(distoma hepaticum), le tænia large (tenia lata) et 
l'ascaride vermiculaire (ascaris vermicularis) dans des 
marais ou dans des racines de plantes pourries ; 
car Ouo-Frédérie Müller‘ a prouvé, jusqu'à l’évi- 
dence, que cet auteur s'était trompé, qu'il a encore 
confondu le bothriocephalus solidus (Rud. ) tantôt avec 
la douve du foie, tantôt avec le tænia large (teenia 
lata) , et qu'il confond également ce dernier avec le 
tænia du cheval. Il paraît également qu'il a regardé à 
tort un ver qui vit dans les marais, COMME un asca- 
ride vermiculaire (ascaris vermicularis )?. Linne, 
homme du plus grand mérite, ne peut cependant être 
considéré en aucune manière comme juge com- 
pétent dans les discussions sur l’helminthologie. Il a 
vu et examiné trop peu de vers intestinaux, car sans 
cela il n’aurait pas nié dans les tænias la présence de 
la tête, que l’on peut voir avec tant de facilité sur la 
grande espèce du cheval. 

Gadd a commis à peu près la même erreur que 


x Naturforscher, st. 18, 5. 21-37. 
a Verm. terr., vol. ı, part. 2, p. 36. 


DE L'HOMME. 5 


Linné; voici comme il s'exprime : « Le même tænia 
que Linné a rencontré pendant son voyage en Lapo- 
nie (1734), dans une source ferrugineuse, a été 
trouvé par moi, en 1747; dans un endroit semblable. 
Ce tænia était articulé, plane, et pourvu de deux 
ouvertures latérales (tenia articulata, plana, osculis 
lateralibus geminis ), et par conséquent doit être re- 
gardé comme le même qui séjourne dans l'homme. » 
L’cn voit, par la définition que Gadd a donnée de ce 
ver, et par la conclusion qu’il en a tirée, avec com- 
bien peu d’attention il l’a examiné. Du reste, Gadd 
lui-même n’a pas la prétention d’être helminthologue. 

Unzer regarde comme une chose prouvée , que les 
lombrics ou vers de terre, et les ascarides sont les 
mêmes animaux, et que la couleur différente de ces 
derniers ( comme si toute leur différence ne consis- 
tait qu’en cela) provient du lait qu'ils rencontrent et 
mangent souvent dans le canal intestinal de l'homme. 
Cet auteur a également soutenu avoir recueilli dans 
uue fontaine des morceaux de tænia; mais Ouo-Fré- 
déric Müller lui ayant demandé quelques détails plus 
circonstanciés sur ce fait, Unzer répondit : « Il se 
pourrait bien que ce seul échantillon eüt été déposé 
ou par un poisson ou par un homme. » 


Transeat cum celeris. 


Tissot communique, dans une lettre à Zimmer- 
mann, l’histoire de la maladie d’un jeune garçon, 


: Gæœze. N. G. D. Eingew, p. 15 


6 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dans laquelle il est encore question d’un ver intesti- 
nal analogue à un ver extérieur trouvé dans une fon- 
taine. Voici ses propres paroles : « Mane in lecto cum 
levi ani pruritu dejicit simul et teretem et nascentem tæ- 
niam, filum nimirum crassum, album æquabile, viginti 
quinque circiter pollices longum, quatuor aut quinque 
circumvolutum giris, lisque omnind similem , quas in 
fontibus Sueciæ invenit LU. Linnœus et in fonte Helve- 
tico amicus medicus. » Par ces details, on ne peut pas 
savoir au juste quel ver Tissot a vu, encore moins à 
quelle espèce de ver trouvée par Linné il ressemble, 
mais encore beaucoup moins quelle forme avaient les 
vers que son ami a observés, et comme les connals- 
sances de cederniersousle rapportde l’helmintholo- 
gie nous sont tout à fait inconnues, son observation 
ne peut pas trouver place parmi les preuves qu'il 
existe dans l’eau des vers analogues aux véritables en- 
tozoaires. 

Beireis raconte aussi qu'il a découvert, dans la 
fontaine de Eudger, près Helmstædt, et dans une 
fontaine pres Ballenstedt, l’ascaride lombricoide 
de l’homme. Cependant il résulte de l’ensemble de sa 
description, que ce ver, malgré les trois petits bou- 
tons et le sucoir de la tête, n’était autre chose que 
le même animal qu'Ouo-Frédéric Müller: a de- 
crit, et que l’on voit souvent dans l'eau. Le ver de- 
crit par Beireis était blanc comme de la neige, 1l 
n'avait que trois ou qualre lignes de longueur, et de- 


ı Verm, terr. hist. , vol. 1, part. I, p. 36. 


DE L'HOMME. 7 


vait parvenir dans les intestins de l’homme (lieu, 
selon cet auteur, le plus favorable pour la nourri- 
ture et pour la propagation des vers ), à une grosseur 
pareille à celle de l’ascaride lombricoïde. Beireis ne 
dit rien de la structure interne du ver, non plus que 
de la conformation de la fin de la queue, etc. : c’est 
ce que Goze a remarqué comme nous. L'expérience 
nous démontre cependant, que chaque animal se 
trouve le plus convenablement dans les endroits que 
Ja nature lui a assignés. Les animaux du sud ne sup- 
portent pas le climat froid du nord; les rennes, par 
exemple, nés en Laponie, ne peuvent vivre en Alle- 
magne, pas même dans la partie septentrionale, et 
encore moins dans l'Italie. L’on ne concoit pas, par 
celte raison, comment un ver, destiné d’ailleurs à 
vivre dans l’eau froide (Beireis en a trouvé une fois un 
au mois de décembre), pourrait supporter aussi bien, 
en arrivant dans le corps animal, des changemens 
si subits et si brusques sous le rapport de la tempé- 
rature du milieu et de la nourriture, de manière que 
ces changemens opéreraient encore en lui un déve- 
loppement assez considérable pour le faire parvenir 
à la grandeur de l’ascaride lombricoïde. Cependant 
nous observons que le contraire arrive chez tous les 
autres animaux, quand ils se trouvent soumis à des 
circonstances à peu près semblables, Beireis a avancé 
par conséquent une pure hypothèse , en disant que 
les lombricoïdes et les vers qu'il a rencontrés dans 
l’eau sont'les mêmes, excepté que les premiers ne 
sont qu'un peu plus développés. 


8 SUR EES VERS INTESTINAUX 


Gmelin ‘ donne la description de tænias qu’il a ob- 
servés dans une eau stagnante, et il les désigne avec 
raison sous le nom de tænia dubia; car il est certain 
que ces tænias douteux n'étaient autre chose que 
du frai de crapauds et non pas de grenouilles, 
comme Pallas? l'a soutenu. Cela résulte , non-seule- 
ment de la description, mais se confirme encore da- 
vantage par la figure, si on la compare avec la planche 
xx de Resel. 

L'on compte également Leeuwenhoeck parmi les 
personnes qui ont trouvé, dit-on, des vers intestinaux 
hors du corps animal. Cependant son mémoire , qui 
a donné lieu à cette assertion, nous apprend unique- 
ment que l’on observe des vers dans le foie des mou- 
tons et des beufs, et qu'il y a aussi de trés-petits vers 
dans la terre, deux choses dont personne, jusqu à 
présent, n’a douté. Du reste, il n’est pas même ques- 
tion, dans ce mémoire , d’une comparaison entre ces 
deux espèces de vers, et encore moins que cet auteur 
ait regardé les vers de terre comme identiques avec 
les douves du foie. 

Schæffer* a également prétendu avoir vu des 
douves du foie dans l’eau ; cependant il est très-pro- 
fable qu'il s’est trompé, car Otto-Frédéric Müller ni 
aucun autre naturaliste n’ont pu y en découvrir. 
Supposé même que Schæffer ait-trouvé des douves 


ı Reisen 3ter Theil. , s. 302 , tab. 30. 
3 Nordische beitr., 1,5. 42. 
3 Die Egelschnecken , s. 29. 


DE L'HOMME. 9 


du foie dans l’eau , il nous reste toujours à soupcon- 
ner que ces vers ont pu y avoir été déposés par des 
brebis qui paissaient près de là. 

Hahn, dans une lettre à Pallas sur une Epizootie 
qui avait régné tout le long de la rivière Ob, en Rus- 
sie, croit quelle pouvait être attribuée à ce que les 
petites rivières et eaux stagnantes de ce pays étaient, 
à cette époque, remplies d'une quantité considérable 
de filaires ( gordius aquaticus ). Il pense que les bœufs 
et les chevaux qui furent atteints de cette maladie 
les avaient avalés en buvant , et que ces vers s’étaient 
frayé une route à travers les parois de l'estomac, 
pour arriver dans les poumons et dans le foie, où on 
les a trouvés. Il fait observer que ceux de ces anı- 
maux auxquels on a donné à temps des sels et des 
vermifuges furent sauvés. 

A juger d’après ce récit, il paraît que l’on n’a pas 
du tout rencontré de vers dans l'estomac des ani- 
maux atteints de l’épizootie. Quant à moi, il me 
semble plus probable que ces vers se sont engendrés 
dans leurs poumons, comme cela a lieu très-souvent 
chez les moutons, et qu’ensuite ils les ont commu- 
piqués aux eaux dans lesquelles ils s’abreuvaient, 
par l’expectoration ; car Pallas dit lui-même, comme 
nous le verrons plus tard, quand il sera question 
du filaire de Médine ( félaria Medinensis), qu'il a 
observé très-fréquemment le gordius aquaticus dans 
l'eau de quelques contrées , sans avoir entendu dire 


* Nord. beitr., st. 1, p. 160. 


10 SUR LES VERS INTESTINAUX 


qu’on l'ait jamais rencontré ni dans l'homme ni dans 
les animaux :. 

Voilà, à ce que je crois , tous les exemples de vers 
intestinaux regardés comme ayant pris naissance 
dans la terre et dans l’eau , séparés du corps animal, 
ou , en d’autres termes, ce sont tous les faits venus à 
ma connaissance qui sont adoptés comme preuves, 
que les vers intestinaux doivent être considérés 
comme semblables , sous tous les rapports, aux vers 
que l’on trouve dans la terre et dans l’eau. L'on voit 
aisément quel peu de cas on doit faire de pareilles 
preuves; car on peutsupposer queles vers trouvés dans 
ces circonstances n'étaient 'pas les mêmes que ceux 
qu’on observe daus l’homme et dans les animaux ; ou 
bien, cela füt-ıl vrai, ıl resterait encore à supposer 
que ce pouvait être ou des hommes ou des animaux 
qui les avaient rendus. En dernière analyse, si l’on 
réfléchit que chaque espèce d’animal serencontre plus 
fréquemment dans le lieu que la nature lui a assigné 
que partout ailleurs, cela doit faire naître en nous en- 
core plus de doute sur les observations mentionnées 
ci-dessus ; car si les vers que l’on découvre assez 
souvent dans l’homme et dans les animaux séjour- 
naient originairement dans l’eau ou dans la terre, 
l'on devrait les rencontrer encore beaucoup plus 


: Le docteur Karl a également trouvé en Moravie, dans les 
poumons du bœuf, une espèce de strongle (strongylus filaria) , 


que je w’ai rencontrée que dans les moutons, les antilopes etles 


chamois. (Br.) 


DE L'HOMME. 11 


fréquemment dans ces derniers lieux, chose qui 
n’est certainement pas. 

Quoique l’on ne puisse pas aisément combattre 
l'exactitude de cette conclusion, et que l’on ne puisse 
pas non plus prouver la présence de vers intestinaux 
hors du corps animal , les défenseurs de cette théo- 
rie, pour n'être pas obligés de V’abandonner tout à 
fait, ont cherché à la défendre par une autre hypo- 
thèse; ils prétendent que les vers de terre et d’eau 
ne prennent la forme spécifique des vers intestinaux 
qu’en arrivant dans le corps animal. D’après cette as- 
sertion, le changement de séjour peut produire un 
changement de conformation. M. Brera est surtout 
très-porté pour cette opinion; et, pour lui donner 
plus de poids, il dit que plusieurs plantes changent 
peu à peu leur forme originelle, quand elles se 
trouvent soumises à l'influence d’une culture diffé- 
rente et d’un climat étranger. Il cite, entre autres 
chosés, un exemple: de grains d'avoine, qu’un sol- 
dat avait avalés pendant l'hiver, et qui, pendant l'été 
suivant, commencèrent à germer dans son estomac, 
à pousser des racines et même des tiges, non pas ce- 
pendant de la même manière que cela a lieu lorsque 
ces semences sont mises dans la terre; observation 
qui me paraît la seule vérité de toute cette citation. 

Cependant M. Brera ne semble pas avoir réfléchi 
que le changement de forme parmi les plantes n’a pas 
lieu subitement, et que cela n'arrive que tres-leute- 


* Memorie, p. 420. 


12 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ment et après plusieurs générations. Si l’on voulait 
même supposer que les vers eux-mêmes ne s’intro- 
duisent pas dans le corps animal , et que ce ne sont 
que leurs germes, ou plutôt leurs œufs fécondés qui 
y arrivent, l’analogie seule ne nous met cependant 
pas en droit de croire que les petits qui écloraient des 
œufs prendraient une forme différente de celle de 
leurs parens, car la forme spécifique leur a été don- 
née par l'acte de la generation, et elle ne se laisse 
plus changer par les circonstances au moyen des- 
quelles ces jeunes vers reçoivent leur développement 
complet. D'une semence placée dans une terre ou 
sous une zone quelconque, il sortira (supposé qu’elle 
ne périsse pas ) la même plante dont elle provient, 
n'importe que cette plante croisse originairement au 
Cap de Bonne-Espérance ou bien au pôle du nord , 
seulement avec la différence qu’elle se développera 
mieux dans sa mere-patrie. Un œuf de coucou, par 
exemple, produira un animal semblable, n'importe 
par queloiscau il aura été couvé. Arioste dit, par cette 
raison, três-à-propos : 
Da vacca nas:er cerva non vedesti, 


No mai colomba d'aquila*. 


Cependant les naturalistes au-delà des Alpes ne 
paraissent pas vouloir ajouter foi aux vers de leur 
compatriote; car Gautieri’, par exemple, ne doute 


: Ces vers sont également cités dans l'ouvrage de Vallisnier:. 


? Ouvrage cité, p. 81. 


DE L'HOMME. x 


nullement que les cestoides, les échinorbynques, 
les nématoïdes et les hydatides puissent se dévelop- 
per des mêmes germes. 

On me fera peut-être l’objection suivante : quel- 
ques animaux subissent, avec le temps, une méta- 
morphose, quoique incomplète, dans laquelle ils 
passent à l’état de chrysalide , comme cela arrive chez 
les insectes. Ils éprouvent alors un changement si 
considérable dans leur structure extérieure, que l'on 
ne reconnaît plus leur forme primitive dans l'animal 
complétement développé. Cela se voit, par exemple, 
chez les crapauds et les grenouilles. Ne pourrait-on 
pas également supposer qu’un semblable changement 
lent dans la structure extérieure et intérieure püt être 
accéléré ou retardé par quelque différence dans le sé- 
jour , la température et la nourriture ? Nepourrait-on 
pasencore admettre que ces mêmes circonstances pus- 
sent donner à la structure un tout autre mode de con- 
formation , de manière qu’il en résultât un change- 
ment tel, qu'un ver, par exemple, qui aurait pris 
naissance dans son élément naturel, c’est-à-dire dans 
l’eau ou la terre, et qui se serait développé par la 
suite dans le corps animal, ne se ressemblerait au- 
cunement dans ces deux états. 

Je réponds à cela : les vers en general, et les vers 
intestinaux en particulier n’éprouvent jamais un pa- 
reil changement de forme. Il y a cependant quelques 
exceptions, dont je parlerai plus tard ; mais dans ce 
cas nous pouvons clairement voir la transition d’une 
forme à une autre. On a examiné dans le cabinet 


14 SUR LES VERS INTESTINAUX 


d'histoire naturelle de Vienne cinquante mille ani- 
maux au moins, dans le but de découvrir des vers 
intestinaux. Ceux que l’on a trouvés, et dont le 
nombre n’est pas peu considérable, ont tous passé 
plusieurs fois par mes mains ; mais je n’ai jamais été 
embarrassé, en voyant un ver vivant, pour dire sur- 
le-champ , si c’etait un ver intestinal , ou bien un ver 
de terre ou d’eau. 

Tous les vers vivans que l’on a trouvés dans les 
animaux examinés portaient les caractères spécifiques 
des vers intestinaux. On a bien remarqué quelquefois 
d’autres vers dans l'estomac de ceux qui s’en nour- 
rissent, mais ces vers étaient moris et presque tou- 
jours à moitié digeres, comme par exemple des larves 
d'insectes. Dans un nombre de recherches aussi con- 
siderable, il aurait dü arriver quelquefois que l'on 
eût rencontré des vers vivans provenant de la terre ou 
de l’eau, et que l’on eût observé la transition gra- 
duelle de leur forme en celle des vers intestinaux ; 
mais pareille chose n'a jamais eu lieu. 

Je suppose, sans vouloir cependant l’affirmer , que 
la structure des nématoïdes et des trématodes ait pu 
donner lieu à une illusion, à cause de la légère res- 
semblance qui existe peut-être entre ceux-ci et cerlains 
vers de terre et d’eau, de manière que l’on se serait 
cru en droit de regarder de véritables descendans de 
ces derniers comme, nés dans le corps animal. Mais, 
je le demande , où trouvons nous hors de lui des vers 
que nous puissions regarder comme parens primitifs 
des echinorhynques, par exemple. Renier a cepen- 


DE L'HOMME. 15 


dant compris parmi les vers intestinaux ( Vermi, 
Tab. vi) un échinorhynque (echinorinco scudato)) pro- 
venant de la mer Adriatique; mais sitôt que cet au- 
teur eut vu chez moi de véritables échinorhynques, 
il fit sur-le-champ, du ver qu’il avait observé, un 
genre particulier. Je demande ensuite que l’on me 
désigne, parmi les vers de terre ou d’eau , ceux que 
l’on peut regarder comme la souche de l’ordre, si riche 
en espèces et en genres, des cestoides; que l’on m’in- 
dique enfin un ver hors du corps animal, ou bien 
un être quelconque vivant, duquel on pourrait dé- 
river l’origine des hydatides, qui ne se trouvent pas 
même , à ce que l’on peut juger jusqu’à present, dans 
tous les genres d’animaux, et qui vivent seulement 
dans le corps des mammifères, et principalement dans 
les animaux rongeurs et ruminans, animaux qui 
broient leur nourriture très-soisneusement. Si l’on 
voulait par hasard regarder comme tel quelque ani- 
mal du genre medusa de Linnæus, je prie que l’on 
m'indique par quel chemin il aurait pu arriver de la 
mer Adriatique dans le foie d’une souris domestique 
de Vienne, ou dans le mésentère d’un chamois qui 
vit dans les Alpes de la Styrie. 

Je crois avoir démontré par cètte discussion d’une 
manière suffisante que les vers intestinaux ne peu- 
vent pas être des descendans de vers, qui vivent 
originairement dans l’eau ou dans la terre, d’où il 
résulte par conséquent naturellement, que l’on doit 
en former un ordre particulier, comme d'êtres qui 
Peuvent seulement exister dans le corps del’hommeet 


16 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dans celui des animaux. Cependant cette conclusion 
ne s'appuie pas seulement sur la preuve négative rap- 
portée ci-dessus, mais elle est encore confirmée da- 
vantage, je pourrais même dire qu’elle se trouve 
élevée jusqu’à la certitude mathématique par les con- 
sidérations suivantes. 

10. Les vers qui vivent dans le corps de l'homme et 
dans celui des animaux en général , ont une structure 
toute particulière par laquelle ils se distinguent clai- 
rement de ceux qui séjournent dans l’eau ou bien 
dans la terre. Aussi, de même qu'un botaniste habile 
distinguera sur-le-champ, par la conformation exté- 
rieure, une plante aquatique de celle qui croît sur 
les Alpes, aussi facilement l’helminthologue exercé 
décidera si tel ou tel ver doit être compté parmi les 
vers intestinaux ou non. 

Il y a quelques années que l’on m’apporta de tres- 
petits vers que l’on prétendait provenir d’un animal 
dont je ne me rappelle plus le nom. Je doutai sur-le- 
champ qu'ils fussent des vers intestinaux, et je me 
proposai de les examiner pendant qu’ils vivaient en- 
core. Le lendemain on m’en apporta de pareils, que 
l'on avait encore trouvés dans les intestins de deux 
différens animaux. Il résulta , de l'examen particulier 
que j'en fis, que c'étaient de petites sangsues (hirudo) 
que lon avait recueillies dans l’eau dans laquelle on 
avait lavé ces intestins. 

Une autre fois, on me remit deux petits vers con- 
tenus dans un vase rempli d’eau, sans me dire d’ou 
ils provenaient; je déclarai également, sans hésita- 


DE L'HOMME. 17 


tion, quecen’etaientpas des vers intestinaux , en effet 
c’étaient des planaires que l’on avait recueillies dans 
l’eau , et ces dernières ont cependant quelque ressem- 
blance avec les trématodes, qui séjournent dans le 
corps des animaux. Nous avons déjà remarqué que 
l’on ne trouve aucun animal ni dans l’eau, nı dans la 
terre, qui ressemble, quant à la conformation, aux 
echinorhynques, aux cestoides ni aux hydatides. 
Chaque famille de vers intestinaux a même tant de 
signes caractéristiques qui lui sont particuliers, que 
le naturaliste exercé n’hésite pas long-temps dans la- 
quelle il doit ranger tel ou tel ver qui lui est présenté. 

2°. Quelques animaux ont des vers intestinaux 
qui leur sont propres, et que l’on ne rencontre pas 
dans d’autres. Je ne veux cependant pas admettre 


| 


pour cela, comme cela a été fait à tort par quelques 
personnes, que chaque espèce d’animaux ait des es- 
peces de vers particulières, et que l’on ne puisse dé- 
couvrir dans d’autres, car l’expérience nous fournit 
plusieurs exemples qui prouvent le contraire. L’as- 
caride (ascaris lombricoides), par exemple, qui sé- 
journe dans les intestins grêles de l’homme, ne se 
distingue en rien des ascarides que l’on voit souvent 
dans le canal intestinal des cochons, des bœufs et des 
chevaux. Les douves du foie, que l’on a trouvées jus- 
qu’à présent dans le corps de plusieurs mammifères, 
c’est-à-dire dans celui de l’homme, des lièvres , des 
bœufs , des chameaux, des cerfs, des chevaux et des 
cochons, appartiennent toutes à la même espèce. 
M. Rudolphi a vu dans le corps d’un lion né à Lon- 
2 


19 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dres, une quantité extraordinaire d’ascarides, et 
moi-même j'ai rencontré dans un individu de cette 
espèce né à Tunis, de pareils vers. Mais le bothrio- 
céphale et le tænia propres à l’homme se distinguent 
clairement de tous lesautres bothriocéphales et taentas 
propres aux animaux; il en est de même de plusieurs 
autres vers qui séjournent dans le corps des différens 
animaux. 

3°, On trouve des vers dans toutes les parties du 
corps animal : on en rencontre dans le canal intesu- 
nal d’un bout à l’autre, dans le tissu cellulaire, entre 
la peau et les muscles, dans le foie , dans la vésicule 
du fiel, dans la trachée-artère , dans les poumons, 
dans le cerveau , dans les reins, dans le cœur , dans 
la rate, dans la vésicule aérienne des poissons, dans 
la vessie abdominale des reptiles et même dans des 
parties désorganisées du corps animal. Treutler a 
observé le polystome pinguicole dans un steatôme des 
ovaires d’une femme , et le strongle armé dans des 
andvrysmes des artères du mésentère des chevaux. 

Hopkinson et Morgan ont rencontré des filaires 
vivans (ilaria papillosa) dans la ciambre antérieure 
de l'œil des chevaux. 

Plusieurs médecias et moi, nous avons vu égale- 
ment de pareils vers se mouvoir dans la chambre an- 
tiérieure de l'œil d’un cheval qui se trouvait en 1813 . 
à l’école vétérinaire de Vienne. 

M. Jean Natterer a observé en Italie, en 1815, 
deux fois chez la mouette brune (larus fuscus ) et trois 
fois chez la mouette glauque (Zarus glaucus) des dis- 


DE L'HOMME. 19 


tomes de la longueur de trois ou quatre lignes et de 
la largeur de plus d’une ligue sous la troisième pau- 
piere. Il y avait trente-un de ces vers dans les yeux 
d’un de ces oiseaux. Je possede plusieurs nématoïdes 
de la longueur d’un pouce, qui avaient séjourné 
sous la troisième paupière et dans le conduit auditif 
du faucon bleu (falco naevius ), d’une part, et de 
l'autre dans le sinus maxillaire (antrum Hishmori) du 
faucon noir (falco ater) et de l’Echasse (charadrius 
himantopus). On observe souvent, dans la cavité du 
tympan du marsouin ( delphinus phocæna ), des stron- 
gles. J’ai découvert deux fois des Cysticerques ténui- 
colles ( cysticercus tenuicollis, Rud. ) dans le cœur de 
deux bœufs, et j'ai conservé un morceau de l’un de 
ces cœurs, sur lequel on peut voir la capsule dans 
laquelle a séjourné un de ces vers. La rate n’est pas 
non plus exempte de vers; exemple les amphistomes 
(amphistoma ) que Caldani, en premier lieu, et moi, 
plus tard , avons observés dans cet organe. Ces der- 
niers animaux, enfermés dans des capsules particu- 
lières, se trouvent presque toujours dans toutes les 
parties internes de la grenouille verte (rana escu- 
lente, L.), et sont implantés à la superficie de la rate, 
ainsi que sur celle des auires viscères. M. Lüdersen 
a également découvert des hydatides dans la sub- 
stance de la rate. M. Rudolphi croyait que ces der- 
nieres ne devaient pas être regardées comme de vé- 
ritables hydatides ; cependant je démontrerai ‚ Quand 
il sera question de ce genre de vers, qu'elles doivent 
l'être comme telles. 


2: 


20 SUR LES VERS INTESTINAUX 


4°. Certains genres et espèces de vers ne se trou- 
vent jamais que dans les mêmes parties et dans les 
mêmes organes du corps animal. Les douves du 
foie, par exemple, ne s’observent que dans le foie 
et la vésicule du fiel des mammiferes. Sı elles prove- 
paient de vers qui vivent dans l’eau, et qu'elles eus- 
sent été introduites dans le corps de ces animaux avec 
les boissons, on devrait plutôt les rencontrer dans 
l'estomac ou dans le reste du canal intestinal qu’ail- 
leurs , par la raison que ces vers trouveraient dans 
ces endroits de l’eau, c’est-à-dire leur nourriture ac- 
coutumée , tandis qu’ils ne rencontrent rien d’ana- 
logue dans la vésicule du fiel. 

Le polystome (polystoma integerrimum ) séjourne 
uniquement dans la vessie abdominale des crapauds 
et des grenouilles ‚et V’ascaride à veines noires (ascaris 
nigrovenosa ) dans les poumons de ces animaux. 

Le coenure cérébral (cœnurus cerebralis) s’observe 
seulement dans le cerveau des moutons atteints du 
tournis, et jamais dans le foie, où séjournent ce- 
pendant bien souvent des hydatides, mais qui ap- 
partiennent à un autre genre. On voit souvent dans 
la vessie aérienne des truites (salmo fario) des mil- 
liers de vers de la même espèce, et dont on ne ren- 
contre aucun individu ni dans le canal intestinal ni 
dans aucun autre viscere de ces poissons : j’en al ce- 
pendant examiné huit cent cinquante-buit. 

Le canal intestinal, qui n’offre aux vers intestinaux 
aucun obstacle mécanique à un changement de de- 
meure , a néanmoins des endroits déterminés où nous 


DE L'HOMME. De 


trouvons seulement tel ou tel ver. Le strongle ( stron- 
gylus horridus ou papillosus, Rud.) se trouve seule- 
ment dans l’œsophage ou l’estomac de plusieurs oi- 
seaux aquatiques ; l’ascaride obtus (ascaris obtusa, R.) 
uniquement dans l’estomac des souris ; le distome 1£- 
nuicolle ( distoma tenuicolle , Z.), dans celui de quel- 
ques poissons voraces ; dans tout le reste du canal ali- 
mentaire de ces derniers , on ne rencontre pas un 
seul de ces vers. Les ascarides séjournent presqu’ex- 
clusivement dans l'estomac et les intestins greles, et 
non dans d’autres organes , comme quelques natura- 
listes l’ont prétendu. Les trichocéphales et les oxyures 
se trouvent dans les gros intestins , les premiers bor- 
nés même à l’intestin cœcum, et l’amphistome en 
massue (amphistoma subelavatum ) n’existe que dans le 
rectum. 

Si ces vers séjournaient originellement dans la 
terre ou dans l’eau , et s’ils pouvaient quitter leur de- 
meure:et leur nourriture ordinaires sans préjudice de 
leur bien-être, pour se rendre dans un lieu tout à fait 
étranger , l’on ne conçoit pas pourquoi un ver, que 
l’on ne rencontre que dans le rectum, supposé que 
ce ver se füt introduit dans le corps animal avec les 
alımens, m’aurait pas choisi aussi bien un autre 
endroit que le rectum, dans lequel il aurait vécu; 
on ne conçoit pas non plus qu'est-ce qui aurait pu 
lempécher de prendre quelquefois une direction la- 
térale, comme le fait la douve du foie dans les canaux 
hépatiques ; on comprend encore moins pourquoi on 
ne l'aurait jamais rencontré, pendant qu’il voyagerait 


22 SUR LES VERS INTESTINAUX 


de la bouche à l’anus, que justement dans un seul 
endroit, c’est-à-dire dans le rectum. 

Dans le cas où des vers s’introduiraient réellement 
du dehors dans le canal alimentaire, et qu'ils y vi- 
vraient comme parasites ’, ils seraient arrêtés par la 
suite dans leur trajet, comme nous aurons occasion 
plus tard d’en donner un exemple. 

5°. Tous les vers intestinaux ne se conservent pas 
seulement dans le corps animal, mais ils y multi- 
plient ; ils meurent au contraire tres-vite, quand ils 
sont forcés de le quitter. C’est là une des plus fortes 
preuves en faveur de l'opinion que les vers intesti- 
naux sont propres au corps animal, et qu'ils lui ap- 
partiennent exclusivement. S1 ces vers n'étaient pas 
une production particulière du corps animal, si ce 
dernier n’était pas leur demeure naturelle, ils y 
mourraient aussi bien que les vers de terre et d'eau, 
au moins ils ne s’y multiplieraient pas. Il ya cepen- 
dant quelques larves d'insectes qui se conservent 
dans le corps animal, et on les y trouve sous la peau, 
dans les fosses nasales, dans l'estomac, dans le rec- 
tum, etc. Mais nous savons très-bien que les œufs 
dont elles proviennent ont été déposés dans ces en- 
droits par des insectes, afin que la larve aussitôt 
sortie de l'œuf, y trouvât une nourriture convenable. 


1 Rigoureusement parlant , on devrait regarder tous les vers in- 
testinaux comme parasites. Je me sers ici seulement du mot para- 
site pour indiquer les vers qu’un animal a gagnés en en mangeant 
un autre. 


DE L'HOMME. 23 


Du reste, le séjour de pareilles larves d'insectes dans 
le corps animal ne se prolonge que pendant un temps 
déterminé, c’est-à-dire jusqu’à l’époque où elles doi- 
vent, bientôt après, se changer en chrysalide ; sitôt 
que cette époque est arrivée , elles quittent l'animal 
aux dépens duquel elles s'étaient nourries pendant 
tout ce temps, et parviennent au dehors à l’état d’in- 
secte parfait". Ce dernier, par conséquent, continue 
à vivre, quoique sous une forme différente, hors du 
corps animal, ce qui causerait , au contraire, la mort 
d’un ver intestinal. 

Schæffer , qui a prétendu, comme nous Pavons re- 
marqué plus haut, avoir rencontré des douves du foie 
dans l’eau , n’a pas manqué d’observer que l’on pour- 
rait, à l’aide de raisonnemens semblables à ceux que 
nous venons de faire tout à l'heure, mettre en doute 
l'identité des vers trouvés dans l’eau et de ceux qui 
séjournent dans le foie des mammiferes. Cet auteur 
a tâché d'expliquer la mort subite de ces douves 
quand on les ôte de leur séjour naturel , en disant que 
ces animaux étaient accoutumés, depuis trois ou 
quatre générations, à la température élevée du corps 
animal, demanière qu'ils ne peuvent descendre à celle 
de l’eau froide sans perdre la vie. Mais, à juger d’a- 
près une analogie raisonnable, on devrait admettre 
également que des vers qui auraient vécu auparavant 
pendant cent ou mille générations dans une eau froide 
pourraient supporter encore bien moins un change- 


* Voyéz l’ouvrage de Clark sur les esires. 


24 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ment aussi subit que celui qu'ils Eprouveraient en 
passant dans une température aussi élevée que celle 
du corps des mammifères. Les vers intestinaux meu- 
rent néanmoins quand on les retire de leur séjour ha- 
bituel, même en les exposant à une température 
semblable à celle du corps animal dans lequel ıls 
avaient vécu. La mort est seulement retardée, parce 
qu’une influence nuisible, c’est-à-dire le changement 
de température, agit de moins sur eux. 

Nous devons en outre considérer que chaque ani- 
mal revient beaucoup plus aisément à son état primi- 
tif et naturel, qu'il ne s’accoutume , après en avoir été 
tiré, à un autre état d'existence qui lui est étranger. 
Nous serions donc obligés de regarder les vers intes- 
tinaux, supposé même qu’ils séjournent originaire 
ment dans l’eau ou dans la terre, comme des animaux 
qui se trouvent, dans le corps animal, dans un état 
d'existence contraire à leur nature. Ne devrait-on pas 
conclure , par analogie , que les vers intestinaux ren- 
dus à la terre ou à l’eau, desquelles ils sont provenus, 
dans la supposition que nous combattons, pourraient 
revenir ou se réaccoutumer à leur ancien état primitif 
d'existence? L'expérience prouve , comme nous l’a- 
vons démontré, justement le contraire. Voilà par 
conséquent une nouvelle preuve contre l’idée que les 
vers intestinaux tirent leur origine des vers de terre 
et d’eau, ce qui confirme en même temps leur nature 
particulière. 

6°. Il existe souvent une grande quantité de vers 
intestinaux dans le corps de l’homme ou dans celui 


DE L'HOMME. 25 


d'autres apimaux, sans qu'il en résulte la moindre 
gene ou le plus petit changement dans leur sante. J’ai 
connu plusieurs personnes dans le corps desquelles 
sejournaient des tænias, vers regardes par beaucoup 
de médecins comme extrêmement dangereux pour la 
santé, sans qu’elles en fussent incommodées le moins 
du monde. Ces mêmes personnes ne se seraient jamais 
doutées d’avoir le tænia, si elles n’en avaient pas re- 
marqué par hasard quelques morceaux dans leurs 
selles. 

Le cabinet d’histoire naturelle de Vienne possède 
plusieurs morceaux d’intestins sur lesquels se trou- 
vent implantés une grande quantité de vers intesti- 
naux. Il y a, entre autres echantillons, un morceau 
d’intestin de la longueur de deux pouces et demi, 
provenant d’un edicnème ou pluvier de terre ( chara- 
drius œdicnemus, L.), sur lequel soixante-cinq échino- 
rhynques de la longueur de cinq lignes sont implan- 
tés , sans compter les individus qui s’en sont détachés 
pendant la préparation de ce morceau. Notre cabinet 
possède également une portion d’intestin de la lon- 
gueur de trois pouces à peu près, provenant d’un 
hibou (strix otus, L.), sur lequel on voit fixés au 
moins deux cents amphistomes macrocéphales (am- 
phistoma macrocephalum) , et malgré cela ces deux 
oiseaux n'étaient pas maigres, et n'avaient pas l'air 
malade. 

Il y a cependant des cas où les vers intestinaux 
peuvent être extrêmement nuisibles à la santé, et 
nous en citerons des exemples par la suite, mais cela 


26 SUR LES VERS INTESTINAUX 


n’arrive pas constamment. D’autres vers, außcontraire, 
ou bien des larves d’insectes transmis de dehors dans 
le corps animal, ne peuvent pas y vivre sans causer 
beaucoup de gêne, et ceux de ces animaux qui ont 
été introduits avec les alimens œu boissons dans le 
canal intestinal sont ordinairement soumis, comme 
nous l'avons déjà remarqué, aux lois de la digestion. 

7°. On a découvert des vers intestinaux dans des 
fœtus nouvellement nés. Tous les exemples de ce 
genre cités par les auteurs ne méritent peut-être pas 
que l’on y ajoute foi, mais néanmoins ce fait a été 
constaté par un certain nombre d'hommes dignes de 
confiance , de manière que l’on ne peut pas douter de 
la vérité de leurs observations. 

Fromann a trouvé des douves du foie, non-seule- 
ment chez les moutons, mais encore chez des agneaux 
nouveau-nés qui avaient succombe à une épizootie 
pendant laquelle des troupeauxentiers de cès animaux 
ont péri. 

Kerkring a vu un fœtus dont le canal intestinal 
était presqu’entierement rempli de petits vers; le 
même auteur a découvert une autre fois des ascarıdes 
d’un volume trois fois plus-considérable qu’à l'ordi- 
paire, dans l'estomac d’un fœtus de six mois et demi. 

Pallas‘ et Bloch assurent que Brendel? et Heim 
ont trouvé des tænias dans des fœtus. 

Blumenbach a rencontré, d’après le témoignage de 


1 N.n., beür.,1, s. 435. 


3 Ouvrage cité, p. 38. 


DE L'HOMME. 27 
M. Rudolphi’, plusieurs tænias dans le canal intes- 
tinal d’un chien nouveau-né. 

M. Hirsch, médecin à Beyreuth, a vu dans le jé- 
junum d’un enfant ; qui avait été probablement étrau- 
glé en naissant, un ascaride de deux pouces et demi 
de longueur. 

Geeze?, Bloch? et Rudolphi ont souvent observé 
des tænias d’une tres-grande dimension chez des 
agneaux qui tetaient encore. 

Ce dernier assure avoir vu des douves du foie chez 
plusieurs jeunes oiseaux qui étaient encore presque 
sans plumes. 

J’ai découvert moi-même, il y a quelques années, 
chez un freux (corvus frugilegus, L )ıres-jeune et sans 
plumes , quarante-cinq tænias de plusieurs pouces de 
long. 

Il me serait facile de doubler, et même de tripler 
le nombre de ces observations : les sources dans les- 
quelles elles ont été puisées-sont d’une nature à pou- 
voir aisément contrebalancer celles que nous avons 
rapportées plus haut, et d’après lesquelles des vers 
intest:naux auraient été trouvés hors du corps animal. 

ll reste prouvé, à ce qu’il nous semble, d'une ma- 
nière suffisante , que les vers intestinaux ne peuvent 
pas tirer leur origine de vers qui, d’après les lois de 
la nature, vivent hors du corps animal, et qu'il faut 
. .* Je n’ai pas encore pu me procurer l’édition dans laquetie il 

est mention de ce fait. 


» N. G. d. Eingew. , p. 371. 


3 Ouvrage cité, p. 38. 


28 SUR LES VERS INTESTINAUX 


les regarder comme des animaux d’un genre parti- 
cuher. 

Il reste cependant encore la question suivante à ré- 
soudre : de quelle manière les vers, qui forment ainsi 
un ordre particulier d’etres dans le règne animal, ar- 
rivent-ils dans le corps d’autres animaux ? 

L’on peut concevoir la chose de deux manières : 

Les vers ou leurs œufs propres à l'espèce hu- 
maine et aux animaux, et évacués par eux, peuvent 
être communiqués à d’autres hommes et à d’autres 
animaux par les alımens, par les boissons , et peut- 
être même par l'air. 

C’est surtout Pallas : 'qui.a le plus soutenu cette 
opinion : elle a eu également pour partisans M. Rein- 
lein et Brera. Il n’y a cependant que Brera qui ait 
cité une observation à l’appui de cette opinion, ob- 
servation qui sera examinée à la fin de ce paragraphe. 

Les preuves que Pallas a apportées pour soutenir 
son assertion, sont les suivantes : 

1°. « La maladie vermineuse est très-répandue 
parmi les hommes et les animaux qui vivent dans les 
grandes villes ou dans des endroits très-populeux, 
surtout où les hommes se tiennent d’une maniere 
malpropre , où l'humidité de l'air et de la contrée est 
propice à la conservation des œufs hors de leur séjour 
nature} , et où l’on se sert, pour boisson ordinaire, 
d’eau de réservoirs, de sources ouvertes et de rivières 
qui recoivent toutes les iImmondices. On rencontre au _ 


3 NN. n. beitr. , s. 43. 


DE L'HOMME. 29 


contraire tres-rarement ces différentes espèces de vers 
intestinaux dans les contrées peu peuplées de la Rus- 
sie et de la Sibérie. On en voit également peu sou- 
vent chez les peuplades errantes, qui changent leurs 
demeures très-fréquemment; à peine ai-je trouvé dans 
les animaux sauvages de ces pays la centième partie de 
ce que j'ai rencontré de vers intestinaux dans les ani- 
maux d'Europe. 

20, « Quant à la raison pour laquelle on rencontre 
constamment telles ou telles espèces de vers, les unes 
dans les animaux à sang chaud, les autres dans les oi- 
seaux et dans les poissons, il me semble que l’on peut 
la trouver, en disant que les œufs dont sortent les vers 
ne trouvent que dans tel ou tel animal les circons- 
tances , la chaleur et la nourriture nécessaires à leur 
développement, et sans lesquelles ils périraient. 

« J'ajoute à cela 3°., l'observation déjà faite par 
Hippocrate, que l’on rencontre des tænias dans les 
enfans nouveau-nés, et, d’après Brendel, même dans 
les fœtus. 

« On a également remarqué que plusieurs per- 
sonnes appartenantes à la même famille sont souvent 
tourmentees par le tænia comme d’un mal endémique. 

« Il a été également pour moi très-remarquable et 
concluant de voir que les animaux de proie, les oi- 
seaux carnivores, surtout ceux qui vivent dans le voi- 
sinage des hommes, et les poissons voraces ( voya- 
geant en troupes et jouissant d’une vie plus longue 
que les autres poissons )sont ordinairement sujets aux 
vers intestinaux ; le contraire a lieu chez les animaux 


30 SUR LES VERS INTESTINAUX. 


rongeurs, Qui se nourrissent avec beaucoup de pré- 
caution, et chez les animaux ruminans, qui broyent 
leur nourriture avec soin. y 

J’oppose à la première assertion de Pallas, que s’il 
arrive réellement ( ce dont je doute encore) que la 
présence des vers intestinaux soil plus fréquente 
parmi les honimes qui habitent les grandes villes, on 
pourrait assez bien en trouver la raison dans ce que 
leur nourriture est trés-mélangée, et qu'ils ne jouis- 
sent ordinairement pas d’une bonne digestion. Les 
habitans de la Russie et des pays encore plus éloi- 
gnés de nous sont au contraire très-robustes ;leur di- 
geslion par conséquent se fait bien; ces hommes 
font surtout un grand usage d’eau-de-vie, et se nour- 
rissent de choses très-simples. Cela est peut-être aussi 
la raison pourquoi les vers intestinaux se trouvent 
plus rarement chez eux, 

Il ya en général sur ce sujet encore beaucoup de 
choses dont nous ne pouvons nous rendre compte. 
J'ai trouvé, par exemple, chez plusieurs animaux 
très-communs, des vers qui n’ont pas encore été dé- 
couverts par d'autres naturalistes habitant- d’autres 
pays, tandis que j'ai cherché vainement quelques 
vers que ces naturalistes avaient déjà observés depuis 
long-temps. 

Les entomologistes ont remarque que les insectes 
et leurs larves sont plus sujets aux filaires dans une 
année que dans une autre. 

Abildgard prétend avoir observé que les chevaux 
sont tr&s-incommodes pardes vers à certaines époques 


DE L'HOMME. 31 


de l’année. Sloane dit quelque chose de semblable 
concernant le ver de Médine. 

Pendant les cinq premières années de nos re- 
cherches sur les vers, nous avons examiné quinze cent 
soixante-trois campagnols (mus arvalis, L.) et nous 
n’avons trouvé que trois fois des échinorhynques bien 
développés dans des individus qui en avaient trois ou 
quatre en même temps. En 1812 nous avons encore 
rencontré quatre de ces vers parmi quatre cent trente- 
deux individus de la même espèce. Deux échino- 
rhynques (parasites ) furent également découverts à 
cette époque, une fois dans un putois, et l’autre fois 
dans un faucon cendré (falco, cinereus, L.). Tous 
ces campagnols , au nombre de dix-neuf cent quatre- 
vingt-quinze, ne nous ont fourni dans les premières 
années de nos travaux que deux fois l’occasion d’ob- 
server des cysticerques qui nageaient en grande 
quantité, librement, dans la cavité ıhorachique de 
deux individus, et depuis nous n’en avons jamais 
rencontré d’autres. Au commencement de l’année 
1807 j'ai trouvé entre les tégumens et les muscles 
d’une grenouille verte (rana esculenta , L. ) un filaire 
que j'ai cherché vainement par la suite parmi plus de 
douze cents individus de cette espèce, et ce n’est que 
dans l’année 1813 que j'ai revu ce ver trois ou quatre 
fois dans la même espèce, sur un petit nombre d’in- 
dividus. 

Dans quelques pays on peut regarder les vers in- 
testinaux comme un mal endémique ; dans d’autres 
on ne les voit que d’une manière sporadique. Les ha- 


38 SUR LES VERS INTESTINAUX 


bitans de la Russie, de la Pologne, de la Suisse et de 
quelques contrees de la France sont sujets au bo- 
thriocéphale ; le reste des Européens est incommodé 
par le tænia. Qui peut nous indiquer la raison de tout 
cela? Ce n’est pas moi, assurément. 

Le second argument de Pallas prouve plutôt contre 
lui qu’en sa faveur , car cette constance avec laquelle 
on ne rencontre que telle espèce de ver dans telle es- 
pèce d’animal nous fait présumer d'autant moins que 
les vers puissent arriver du dehors dans le corps 
animal. Si nous voulions poser en fait, pendant un 
moment, que cela füt possible, nous serions alors 
obligés d'admettre : d'abord que le ver transmis 
dans le corps d’un animal prendrait la forme particu- 
lière de l'espèce de ver qui est propre à cet animal ; 
ou, en d’autres termes, la forme et la structure du 
ver seraient déterminées par l'animal dans lequel ıl 
devrait séjourner ; et ensuite qu'il ne peut se déve- 
lopper dans un animal que des œufs ou des germes 
de vers qui soient propres à son espèce , ou, pour le 
moins, à son genre. 

Nous avons déjà démontré plus haut, lorsqu'il était 
question de la prétendue métamorphose des vers de 
terre et d’eau en vers intestinaux , que le premier cas 
ne peut pas avoir lieu; et, en effet , quel changement 
tout à fait singulier ne devrait-il pas s’operer dans 
plusieurs especes de vers, si cela arrivait ainsi ? Sup- 
posons qu’une souris eut avalé les œufs d’une espèce 
d’ascaride particulière à l’homme, et qu'un autre eut 
mangé les œufs d’un ascaride propre aux chats. Ges 


DE L'HOMME. 33 
deux ascarıdes ne difièrent pas seulement entre eux- 
mêmes, mais ils différent encore de l’ascaride parti- 
culier à la souris. Füt-il par conséquent possible que 
l'ascaride trouvé dans le corps d'un animal ait pu tirer 
son origine d’un ascaride d’un autre animal d’un 
genre différent, nous devrions alors presumer dans le 
cas supposé (c'est-à-dire où les œufs de ces deux dif- 
férens ascarides auraient pu se développer sous la 
forme d’ascarides propres aux souris) que les chan- 
gemens suivans auraient dü s’opérer. 1°. Les rainures 
latérales propres aux ascarides de l’homme auraient 
dü se remplir et s’aplanır sur les individus qui se se- 
raient trouvés dans le corps de la premiere souris; et 
20, les membranes latérales en forme d'ailes, qui ca- 
ractérisent l’ascaride du chat, auraient dü se rétracter 
chez les individus qui se seraient trouvés dans le 
corps de l'autre souris; par conséquent celte méta- 
morphose aurait nécessité deux opérations tout à fait 
opposées » sans parler de beaucoup d’autres qui au- 
raient dû encore s'effectuer avant que la forme des 
ascarides propres à l’homme et au chat, et transfé= 
rés dans le corps de ces deux souris, füt devenue 
identique à celle qui caractérise l’ascaride de la sou- 
ris. Ces vers nouvellement transformés auraient subi 
encore une autre métamorphose, si ces deux souris 
eussent été avalées par un chat. 

Quand même on voudrait admettre que les œufs 
de tel ou tel ver pourraient se développer dans un 
animal, pourvu qu'ils provinssent d’un individu de 
la même espèce que celui-ci, on rencontrerait en- 


r 


(6) 


34 SUR LES VERS INTESTINAUX 


core une nouvelle difficulté, en ce que l'on ne pour- 
rait nullement concevoir par quel moyen, chez cer- 
tains animaux, Cette communication des œufs aurait 
pu s'effectuer. Aiusi fa fréquence des vers chez les 
hommes extrêmement propres, comme les Hol- 
landais, ne pourrait être expliquée; en effet, quoi- 
que lon ait raison de dire, homo homini lupus , -on 
voit, au moins en Europe, que les hommes ne se 
mangent entre eux que dans un sens figuré; ce ne 
serait alors que par les matières fécales qu’une pa- 
reille communication pourrait s’opérer; cependant 
cela ne peut être supposé chez les hommes, qui 
ont toujours soin d’Eloigner ces matières des choses 
qui leur servent de nourriture. La possibilité d’une 
pareille communication se conçoit cependant par 
l'eau, en ce que nos latrines s’ecoulent ordinaire- 
ment dans les rivières, qui sunt souvent en commu- 
nicalion directe avec nos puits. Mais quel chemin 
l'œuf du ver n’aurait-il pas à faire? Pendant combien 
de temps ne serait-il pas obligé de conserver la vie 
dans des circonstances défavorables, et dans les- 
quelles les vers intestinaux meurent si vite ? Pallas dit 
lui-même que les œufs des vers périssent, s'ils ne 
rencontrent des circonstances favorables à leur con- 
servation, c'est-à-dire la nourriture et la chaleur. 
Nous rencontrons encore plus de difficultés pour 
expliquer la communication des œufs de vers intes- 
tinaux entre les animaux, qui ne boivent pas en 
général, comme cela a lieu pour les oiseaux de 


5 
proie. Dans l’état libre ces animaux ne se mangent 


DE L'HOMME. 35 


pas entre eux, et ils mangent encore moins leurs ex- 
 crémens ; les animaux qui leur servent de nourriture 
n’avalent pas non plus les matieres fecales que ces 
oiseaux rejeltent; car dans ce cas on pourrait suppo- 
ser que les œufs des vers provenant d’un de ces oi- 
seaux auraient pu être communiqués à un autre indi- 
vidu de la même espèce par cet intermédiaire. 

Il nous reste enfin encore à supposer que c’est 
peut-être par le moyen de l'air que cette communica- 
tion des œufs de vers intestinaux peut s’effectuer ; 
mais cette supposilion;n’est pas non plus admissible. 
En effet un corps qui, à cause de sa pesanteur speci- 
fique, ne se soutient pas meme sur la surface de l’eau, 
comme cela arrive pour les œufs de vers intestinaux , 
peut encore moins s'élever et flotter dans l’air. Pour 
que cela püt avoir lieu , il faudrait nécessairement 
supposer qu'ils se seraient préalablement desséchés 
de telle sorte, qu'ils ne formeraient pour amsi dire 
qu'une espèce de poussière. Mais est-1l probable que 
ces œufs, ainsi desséchés, pussent encore conserver 
la faculté de se développer? 

Ce que Pallas a envisagé comme un troisième ar- 
gument pour soutenir son hypothèse , sert justement 
à la réfuter; car on doit plutôt regardes comme une 
contre-preuve la circonstance que l’on a rencontré des 
vers dans des fœtus, qui assurément n’ont pas pu 
manger des substances chargées d'œufs de vers. Du 
reste, plus loin nous aurons également occasion de 
démontrer qu'il est tout à fait impossible qu'une mère 
puisse transmettre des œufs de vers au foetus qu’elle 


3. 


36 SUR LES VERS INTESTINAUX 


porte dans son sein. S'il arrive quelquefois que plu- 
sieurs personnes de la même famille soient sujettes 
aux vers intestinaux, cela s'explique aussi facilement 
que la raison pour laquelle plusieurs personnes ap- 
partenantes à la même famille ont de mauvaisesdents, 
ou qu’elles sont sujettes à la goutte. 

L’assertion du même auteur, que les animaux car- 
nassiers ont beaucoup plus souvent des vers que les 
animaux rongeurs et ruminans , ne se confirme 
nullement par les observations que j'ai faites à ce 
sujet : je vais seulement citer quelques exemples. 
Parmi vingt-une loutres, il n'y en avait pas une seule 
dans le corps de laquelle il se soit trouvé un ver. 
Parmi cinquante-quatre lapins sauvages, il n'y en 
avait au contraire que cinq qui en fussent dépourvus. 
Nous avons trouvé dans plusieurs de ces animaux en 
même temps des nématoides, des cestoïdes et des 
eystoides. La loutre est cependant un animal carnas- 
sier qui mange presqu’exclusivement des animaux 
chez lesquels on rencontre beaucoup de vers. Le la- 
pin, au contraire, ne vit que de végétaux; c'est un 
animal rongeur et qui rumine également. 

J'ai disséqué en 1816, dans le mois de septembre, 
dix-sept chamois qui ont été tués à une chasse sur les 
Alpes de la Styrie. Parmi ces animaux 1l n’y en avait 
qu'un seul qui n’eut pas de vers; quelques-uns 
avaient des trichocéphales ou des sirongles, et huit 
des itænias. Les chamois vivent cependant bien éloi- 
gnés des grandes villes. 

Sans doute on pourrait encore dire que les ani- 


DE L'HOMME. 37 
maux qui ne mangent pas de chair peuvent se com- 
muniquer leurs vers, en admettant que , rejetés 
avec les excrémens, ceux-ci se trouveraient meles 
avec les alimens ou avec les breuvages; mais com- 
ment expliquer la communication d’hydaudes, chez 
lesquelles nous ne connaissons point d'œufs, et qui, 
enfermées dans des capsules particulières, sejournent 
dans des viscères qui n’ont aucune communication 
directe avec le canal intestinal, ce qui empêche par 
conséquent de supposer que les vers ou leurs œufs 
pourraient être transmis à ces viscères par celte voie. 
Alors, se demande-t-on toujours, par quel chemin 

‚les hydatides sont-elles arrivées dans les organes dans 
lesquels nous les trouvons ? Les animaux rongeurs et 
ruminans sont réellement, au moins dans beaucoup de 
cas, presque remplis d’hydatides ; nous en observons 
au contraire très-rarement chez les animaux carnas- 
siers : on en a tout au plus deux ou trois exemples. 

Le fait suivant est très-concluant et vient à l'appui 
de ma théorie. M. Schreiber a nourri en 1806 un pu- 
tois (mustela putorius , L.) pendant six mois, unique- 
ment de lait, de vers intestinaux de toule espèce et de 
leurs œufs ; au lieu de cette nourriture, on n’a subs- 
titué que très-rarement un peu de mie de pain. Cet 
animal fut tué ensuite et examiné; mais, au grand 
étonnement de tout le monde, on n’y trouva pas la 
trace d’un ver quelconque. Il est à regretter que le 
temps et l’occasion nous aient manqué pour répéter 
cette expérience sur d’autres animaux el dans des cir- 
constances difiérentes. 


38 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Quoique j'aie posé en fait que la communica- 
tion des vers ne pouvait pas avoir lieu par linter- 
mediaire des alimens'et des boissons, je ne veux pas 
cependant nier la possibilité que les vers qui se sont 
introduits par ce moyen dans le canal intestinal d’un 
animal, ne puissent y vivre, dans quelques cas, pen- 
dant un certain temps. J’aı rapporté moi-même plus 
haut que l'échinorhynque, que l’on voitires-rarement 
dans le campagnol, fut rencontré comme parasite 
dans un putois, et une autre fois dans un faucon cen- 
dré (falco cineraceus); mais on a trouvé en même 
temps dans les deux cas les restes des campagnols 
dans l'estomac de ces animaux. 

On a observé également l’échinorhynque nommé 
echinorhynchus hæruca , qui ne se rencontre que dans 
1a grenouille verte, dans Pestomac du crapaud gris 
(bufo cinereus, Rec.); mais on y voyait encore les 
restés d'une jeune grenouille. 

J'ai observé dans l'estomac d’une couleuvre à col- 
lier (coluber natrix, L.) implantée dans les parois 
de cet organe une espèce de nématoïde, qui ne sé- 
journe ordinairement que dans les crapauds couleur 
de feu (rana bombyna), dans les salamandres aqua- 
tiques et dans les protées de la Carniole (proteus an- 
guinus). Mais cette couleuvre avait vomi, dans les 
vingt-quatre heures qu’elle avait été enfermée, un 
crapaud couleur de feu. 

On découvre souvent des ligules (qui se trouvent 
originairement dans la cavité abdominale des pois- 
sons du genre cyprinus ) comme parasites dans le ca- 


DE L'HOMME. 39 


"nal alimentaire d’oiseaux aquatiques, et dans celui 
de poissons voraces. Mais ces vers, qui ont la vie 
tres-dure, nous fournissent un exemple de influence 
des fonctions digestives : on en remarque quelque 
fois tout le long du canal intestinal de ces oiseaux , 
mais ces vers, quoique vivans, sont dans un état Ires- 
différent; ils n’éprouvent en effet aucune altération 
dans l'estomac, on les y voit tels qu'ils se trouvent 
dans la cavité abdominale des poissons; mais ceux qui 
se sont glissés plus loin que l'estomac ontéprouvé une 
altération, et elle est d’antant plus visible, qu'ils se 
trouvent plus éloignés de ce viscère. On voit alors que 
la couleur blanche de ces vers s’est changée en un 
jaune sale; leur corps est allongé, aminei, ou au 
moins lésé ou "comme macéré à l’une de ses extré- 
mités, de manière que l’on aperçoit clairement qu'ils 
ont été en partie soumis aux lois de la digestion. 

Je n’ai observé des ligules chez les poissons voraces 
que dans l'estomac, mais il y avait toujours en même 
temps des restes de poissons nou digérés. Je n’ai ja- 
mais rencontré ces vers dans les intestins ; il me pa- 
raît probable qu'ils sont entièrement dissous dans 
l'estomac. 

Montin prétend avoir observé des morceaux de 
ligules dans les déjections d’une jeune dame de vingt- 
einq ans; cependant on peut bien présimer qu'elle 
v'avait pas mangé de poissons crus pourvus de leurs 
intestins, Cet auteur ajoute qu’elle a rendu en même 
temps des ascarides et des tæuias. Il est très-probable 
que Montin a pris un morceau de ces derniers très- 


4o SUR LES VERS INTESTINAUX 

allongé, ou peut-être très-contracté, pour celui d’une 
ligule. D’après les expériences de Bloch: , les ligules 
meurent dans l’eau bouillante dans l’espace de deux 
minutes , et je crois que l’on fait bouillir les poissons 
au moins autant de temps en Suede pour les manger. 
L'observation de Montin ne met donc nullement en 
droit de placer les ligules parmi les vers inlestinaux 
propres à l'homme, comme l’a fait Brera. 

Rosenstein a prétendu, indubitablement à tort, 
avoir trouvé des ligules vivantes dans des poissons 
bouillis. Quand on transporte un deces vers d’uneas- 
siette très-chaude sur une très-froide, ıl s’opere alors 
par le changement de température des contractions 
inégales des fibres, que l’on peut aisément prendre 
pour des mouvemens volontaires. 

De peuts vers retirés de V’esprit-de-vin, où ils ont 
été depuis très-long-temps, et placés dans de l’eau, 
semblent se mouvoir , quoique morts, d’une manière 
extraordinaire, et ces mouvemens durent jusqu'à ce 
que l’esprit-de-vin contenu dans ces vers se soit en- 
tierement mêlé avec l’eau. 

La prétendue expérience de Rolandson Martin sur 
l'introduction de vers de poissons dans le canal intes- 
tinal de l’homme mérite encore moins notre atten- 
tion. Cet auteur raconte qu’il a rendu souvent, pen- 
dant qu'il demeurait dans le voisinage de la mer, des 
petits vers qu’il croyait être desoxyures, quoique son 
âge aurait dü, d’après son opinion, l'en exempter. 


1 Ouvrage cité. 


DE L'HOMME. A 

J'ai connu moi-même un vieillard de quatre-vingts 
ans et plus, qui en rendait tres-souvent, preuve que 
l'âge avancé ne met pas à l’abri de ces vers. 

Rolakdson examinant un jour la vessie d’un Eper- 
lan (salmo eperlanus, L.), poisson dont il mangeait 
ires-frequemment, y trouva une grande quantité de 
petits vers, qu'il décrit avec beaucoup de soin; il 
croit que les petits vers qu'il a rendus souvent prove- 
naient de ce qu'il s’était nourri de ces poissons. 

La description que Rolandson donne des vers 
trouvés dans cet éperlan, prouve clairement la grande 
difference qui existe entre ces vers el les oxyures 
propres à l’homme. Ceux-là sont probablement les 
mêmes que Fischer a observésle premier dans la ves- 
sie aérienne d’une truite (salmo fario, L.) , et que cet 
auteur a décrits sous le nom de cystidicola. Tout ce 
que Rolandson dit des vers rendus par lui se rapporte 
parfaitement à la conformation des oxyures. On voit 
dans chaque ligne de ce récit, qu'il est sorti de la tête 
d’un hypocondriaque. 

Pallas * a prouvé par une expérience, que des vers 
peuvent se développer par l'insertion de leurs œufs 
dans un animal. Voici ses propres paroles : « J'ai es- 
sayé, par le moyen d’nne petite incision , à introduire 
les œufs rouges du tænia du chien dans la cavité ab- 
dominale d’un jeune animal de cette espèce. J’ai 
trouvé en effet, après l’espace d’un mois, des petits 
tænias renfermés dans cette cavité. Ces vers avaient 


tout au plus un pouce de long, et leurs arucu- 


1 N.n. Beitr., p. 58. 


ha SUR LES VERS INTESTINAUX 


lations étaient encore plus courtes que celles re- 
présentées fig. zu. Je suis fâché que le temps et l'oc- 
casion m’aient manqués pour répéter cette expérience 
de différentes manières, et même avec des vers cucur- 
bitains. » Pallas est un observateur fidèle, et on ne 
doit pas douter de la vérité de son observation , qui 
ne prouve cependant rien contre ma théorie; car ces 
œufs avaient été pris fraîchement d’untænia de chien, 
par conséquent ils étaient doués de vie, et 1ls ont 
trouvé dans la cavité abdominale d’un autre chien 
tout ce qui était nécessaire à leur développement, 
c’est-à-dire la chaleur et l'humidité, et dans celle-ci ıl 
y avait même quelque chose qui a pu leur servir de 
nourriture. Le développement peu considérable opéré 
dans l’espace d’un mois sur ces tænias, qui grandis- 
sent en général très-vite, doit être attribué à la pe- 
tite quantité de nourriture que ces vers ont rencontrée 
dans la cavité abdominale, c’est-à-dire hors du tube 
alimentaire. Cette expérience ne prouve cependant 
nullement que ces vers introduits par la bouche n’au- 
raient pas été soumis aux lois de la digestion, comme 
nous l'avons vu arriver chez le putois. 

Brera: s’est flatté d’avoir fait une experience sem- 
blable à celle de Pallas ; cependantil n’en est pas ainsi, 
comme nous allons le voir. Le fait suivant, com- 
muniqué par Rubini à Brera, a fourni matière à 
cette expérience : une petite fille de deux ans, jouis- 
sant d’une bonne santé, rendit, avec les matières fé- 
cales, des petits corps arrondis et jaunätres. En les 


: Memorie , p. 186. 


DE L'HOMME. 43 
pressantentre lesongles, len sortit une humeur blan- 
châtre; leur enveloppe semblait composée de deux 
membranes, une interne blanchätre, et une externe 
jaunâtre. Plusieurs de ces corps furent placés dans 
une boîte, et le lendemain on remarqua que quel- 
ques-uns s’etaient ouverts, el que plusieurs petits 
oxyures très-vifs en sortirent; cependant ces vers 
moururent promptement. Le frère de cette petite 
fille évacua de pareils corps l'année suivante. Rubini 
en envoya à Brera, en 1805, au mois de février, plu- 
sieurs dans une petite boîte. Il est à remarquer que 
le thermomètre était à deux degrés audessous de zéro. 

Ces corps étaient petits, durs, tout à fait desséchés, - 
et ressemblaient à des grains de sable. A une loupe, 
qui grossissait dix fois, ils paraissaient cordiformes; 
sous un microscope de Dollond , leur superficie était 
velue. En les fendant dans toute leur longueur, on 
remarqua que ces prétendus œufs n'étaient qu'un 
_agrégat ou plutôt un réceptacle de plusieurs œufs de 
différentes grosseurs, qui contenaient encore, Sans 
doute , comme Brera le presume, d’autres œufs très- 
petits et impercepübles. Brera, persuadé que ces 
corps contenaient plusieurs germes de vers, en in- 
troduisit dix (le 4 février, c’est-à-dire un. mois après 
qu'ils avaient été évacués ) dans la cavité abdominale 
d’un jeune chien, moyennant une petite incision 
pratiquée à l'extérieur. La plaie se cicatrisa dans l’es- 

ace de quatre jours, el l'animal fut tué vingt-un 
jours après. On trouva la cavité abdominale remplie 
de petits vers qui portaient tous les caractères des 


hi SUR LES VERS INTESTINAUX 


oxyures. Leur couleur était jaunätre, leur longueur 

de quatre millimètres à peu près, et la grosseur la 

plus considérable du corps d’un millimètre et demi. 

Ces vers étaientitrès-vifs, et sautaient à la lueur 

d'une chandelle. Leur tête était grosse, obtuse, et 

leur queue se terminait en un cône obtus, au lieu 
' d’être pointue. 

Voilà l'essentiel du contenu de l’observation de 
Brera, et si elle est exacte, elle servirait de preuve 
que des vers provenant d’œufs tout à fait desséchés 
peuvent se développer dans des circonstances favo- 
rables; pourquoi n’en serait-il pas de même de ceux 
qui flotteraient dans l’eau ? 

Mais je me permets de faire observer à Brera que 
les petits corps que Rubini lui envoya n'étaient pas 
des œufs de vers. 

Si Brera était aussi bon observateur qu’il s'annonce 
lui-même, il aurait dû d’abord douter de la nature 
d'œufs qu'il attribue à ces corps , et s'étonner ensuite 
que ces deux enfans n’eussent jamais rendu de vers, 
ce que leur mére , du reste, aurait dû facilement re- 
marquer, quoique ces vers ne se fussent pas fait sen- 
tir par des démangeaisons à l'anus. Mais il est dit ex- 
pressément, en parlant de cette fille, qu'elle n’a 
éprouvé aucun symptôme morbide (sensa essere a/- 
Jetta da verun sintomo morboso ); cependant il paraît 
que Brera ne s’en souvenait pas à la page 374, où il 
cite ce cas et le désigne comme une maladie vermi- 
neuse trés-grave, excilde par-la présenee d’oxyures : 


(caso di verminatione incommodissima eccitata della pre- 


DE L'HOMME. 45 
‘senza delle ascaridi vermicolari). En lisant l'ouvrage 
de Brera avec attention, on trouvera souvent de pa- 
reilles erreurs et contradictions. 

Cet auteur aurait dû, en outre, trouver étrange 
que ces vers n’eussent besoin, la première fois, pour 
se développer , que d’une seule nuit, tandis que dans 
la seconde ils restèrent un mois sans le faire. Si Brera 
les eùt bien examinés, ıl aurait vu sur-le-champ 
que c'était contre toute analogie que ce fussent des 
capsules qui en auraient contenu d’autres, dans les- 
quelles à la fin les véritables œufs seraient enfermés. 
Il y a bien des infusoires, par exemple le volvox glo- 
buleux (volvox globator ), où un animal se trouve en- 
fermé dans l’autre, et où les jeunes en contiennent 
encore d’autres plus petits, mais je ne connais aucun 
exemple où des œufs séparés de la mere et provenant 
surtout d'animaux qui ont des parties sexuelles sépa- 
rées, et qui s’accouplent complétement, comme toutes 
les espèces de nématoïdes , puissent être réunis dans 
une seule capsule. Cela peut arriver tant que les œufs 
sont encore contenus dans le sein de leur mére, soit 
dans une membrane, soit dans une sorte de matrice, 
mais non pas quand ils en sont sortis. Brera aurait dû 
encore être surpris qu'il ne sortit la première fois de 
chaque corps qu’un seul ver , tandis que des milliers 
se-développèrent lors de son expérience de dix in- 
troduits dans l’abdomen du chien. Il aurait pu se 
convaincre aisément que ce n’était pas des œufs 
d’oxyures qu'il observait, s’il s'était donné la peine 
de les comparer avec des œufs sortis récemment d’une 


46 SUR LES VERS INTESTINAUX 


femelle de cette espèce ; il anrait alors vu que ces 
œufs sont tellement petits, qu'il est impossible de les 
apercevoir à l'œil nu, de les compter lorsqu'ils sont 
desséchés , etencore bien moins de les dissequer. Les 
œufs des oxyures desséchés sur une plaque de verre, 
ne peuvent pas même être sentis par le toucher ; ceux 
de Brera, d’après sa description, avaient une en- 
veloppe dure, composée de deux membranes, et 
ils étaient aussi gros, et peut-être plus que cer- 
tains oxyures. Il nous dit aussi que ces corps étaient 
cordiformes; cela se peut bien, mais les œufs 
d’oxyures sont ovalaires, justement comme il les a 
representes, lab. 1v, fig. 10, quoique un peu inexac- 
tement, d’après une figure de Goeze. Ces œufs ont, 
même en les grossissant sous les plus fortes loupes, 
une superficie tout à fait lisse, et non pas velue, 
comme Brera le prétend des corps qu'ila observés. 
Ainsi donc, si Brera n'avait pas été trop prompt dans 
ses conclusions et assertions , l’idée ne lui serait pas 
venue de regarder les œufs d'oxyures comme identi- 
ques avec ces pelits Corps. 

Le lecteur demandera enfin, qu’etait-ce donc que 
ces corps ? Ne les connaissant que par une descrip- 
tion et une figure qui se Lrouve copiée pl.1x, fig. 1, 
jene puis rien avancer là-dessus; mais qu'il me soit 
permis de faire une observation. Au premier aspect 
je les ai pris pour les graines d’une plante, mais je ne 
savais pas à laquelle elles appartenaient. Pour m’e- 
clairer là-dessus, je demandai à M. le baron de Ja- 
quin quellesgraines de cette formeet grosseur avaient 


DE L'HOMME. 47 
pu être mangées par un enfant,: cet auteur me ré- 
pondit que c'était probablement celles des fraises, 
quise trouvent au dehors du fruit, et qui, introduites 
dans le canal intestinal, s’y grossissent considérable- 
ment. Nous en examinâmes sur-le-champ qui avaient 
été recueillies fraîchement de ce fruit, et nous vimes 
qu’elles ressemblaient parfaitement aux corps repré- 
sentés par Brera. J'en dennai ensuite à un enfant à 
manger, et quarante-huit heures après je retrouvai 
dans ses matières fécales les graines considérable- 
ment gonflées : 1l sortait de ces dernières, écrasées 
entre les ongles, non pas une humeur blanchâtre, 
mais bien un germe déja développé. C'était proba- 
blement de fraises fraîchement cueillies, que prove- 
-naient les premiers corps observés par Rubini au 
mois de juin, tandis que les autres observées par lui 
en hiver provenaient sans doute de fraises confites. 
Les mouvemens vifs dont parle cet auteur se laissent 
également expliquer. Ces graines furent probable- 
‘ment mises dans l’eau, où il s’opéra une absorption 
inégale de ce liquide, qui, causant une différente 
tension des fibres, produisit des sautillemens en dif- 
férens sens, qu’un homme peu exercé a pu regarder 
comme des mouvemens volontaires. 

La villosité apparente, qui n’est pas propre aux 
graines de fraises, pouvait provenir de la poussière 
adhérente, ou d’une macération de l’épiderme, ou 
peut-être même était-elle due à de la moisissure. 

Les corps ronds que Brera prétend avoir observés 
dans ces apsules n'étaient tres-probablement dus 


43 SUR LES VERS INTESTINAUX 


qu’à uneillusion d'optique. Celui qui ne sait pas bien 
manier le microscope composé ne doit pas trop se 
fier à ses yeux, car rien n’est plus facile que de se 
tromper dans l'emploi de cet instrument. 

L'origine des milliers de vers rencontrés ensuile 
par Brera dans la cavité abdominale du chien ne peut 
étre aussi faciiement expliquée : j'ai cependant la cer- 


utude que ce n'étaient pas des oxyures. Ces vers. 


étaient d’un jaune foncé : les oxyures sont blancs 
comme du lait; la longueur de chacun était de quatre 
millimètres à peu prés, et la grosseur la plus consi- 
dérable d’un millimètre et demi, par conséquent une 
proportion de la longueur à la grosseur ; comme trois 
à huit. Chez les oxyures, cette proportion est d’un à 
vingt, sans compter la partie la plus pointue de la 
queue. Ils avaient la tête grosse el obtuse. Les 
oxyures sont très-fortement amincis vers l'extrémité 
antérieure , qui est pourvue d’une membrane latérale; 
la queue formait un cône obtus, tandis que la queuc 
des oxyures est très-pointue et est tellement amincie 
vers son extrémité, qu'on ne peut guère la voir qu’a- 
vec l'œil armé du microscope. Peut-on trouver des 
différences plus grandes, je le demande, chez des 
animaux, comme les nématoïdes , dont les genres et 
les espèces sont seulement déterminés par la propor- 
ion de la grosseur avec la longueur ‚et par la confor- 
mation de la tête et de la queue ? Et Brera dit ce- 
pendant qu'ils offraient tous les caractères des oxyures 
(offrivano tutti à caratleri dell’ ascaride vermicolare ). 


Les differences, selon lui, auraient pu provenir de ce 


DE L'HOMME. 49 


qu'ils ne s'étaient pas développés dans le corps de 
l’homme. En général Brera a supposé bien des choses 
qui ne sont nullement fondées : je vais en donner 
quelques exemples. Il croit que le polystome 1tæ- 
nioide. ( polystoma teenioides, Rud.), dentelé sur les 
bords, et non pas articulé, provenant des sinus fron- 
taux du chien, est identique avec le véritable 1ænia 
articulé (tænia lanceolata ), qui séjourne dans les in- 
testins de l’oie, d’où il tire diverses conclusions. 11 
a décrit une larve de mouche trouvée dans le pot de 
chanibre d’une femme, pour un nouveau ver intes- 
tinal provenant de la vessie’. Que doit-on penser 
d’un pareil observateur ? Comment peut-on ajouter 
foi à ce qu'il dit, quand on sait qu’il rapporte iafide- 
lement, et qu’il arrange , comme bon lui semble , les 
expériences faites par d’autres, comme nous le ver- 
rons quand il sera question de l’hamulaire lympha= 
tique de Treutler et du polystome des veines (polys- 
toma venarum ) ? Qui s’étonnera alors, si je soupconne 
que Brera n’a trouvé ses prétendus oxyures que plu- 
sieurs jours aprés l'ouverture du chien, ce qu'il lui 
aura paru convenable de nous laisser ignorer , ou que 
pendant cet espace de temps, les mouches ont pu y 
déposer leurs œufs, et qu’il a pris alors leurs larves 
pour des vers ? Toute sa description rend cette sup- 
position trés-probable. 

Je prie ceux de mes lecteurs qui pourraient croire 
que je me suis occupé trop long-temps de réfuter 


* Voyez Circosoma , parmi les pseudohelminthes. 


4 


5o SUR LES VERS INTESTINAUX 


Brera, de considerer que plusieurs raisons ont dü 
m’y determiner. Brera est, pour ainsi dire, le seul 
(Joerdens et plusieurs auteurs de dissertations ex- 
ceptés) qui ait publié dans les temps modernes un 
ouvrage même très-volumineux sur les vers intesti- 
naux de l’homme. Cet auteur s'annonce lui-même 
comme un homme qui a approfondi et examiné avec 
le plus grand soin tout ce qui a rapport à ce sujet. 
Quel médecin n’etant pas lui-même helminthologue, 
ne croirait pas Brera sur parole ? Alors, entraîné par 
les raisonnemens de cet auteur, il n’hésitera pas 
d'admettre ces trois choses : 1°. que des œufs de vers 
tout à fait desséchés peuvent éclore si on les soumet 
à l'influence de la chaleur animale et de l’humidité ; 
2°. que les œufs de vers peuvent être transférés d’un 
animal dans un autre , et y atteindre leur développe- 
ment ; 3°. que la structure des vers prend une toute 
autre forme quand ceux-ci sont éclos dans un corps 
organisé autre que celui dans lequel ils séjournent 
originairement. Réfuter ces trois points, prouver 
leur peu de vraisemblance et même leur impossibi- 
lité, était le but de toute cette discussion. J'étais 
surtout obligé de réfuter avec beaucoup de details 
la prétendue observation concernant le développe- 
ment de vers tout à fait desséchés , et par laquelle 
ma théorie aurait complétement échoué, afin de 
mettre mes lecteurs en état d’en pouvoir juger eux- 
mêmes. Ceux qui ne veulent pas ajouter foi à mes as- 
sertions peuvent facilement, par des expériences, se 
convaincre de leur vérité. 


DE L'HOMME. 51 


Après avoir prouvé par des raisonnemens l’impos- 
sibilité de la communication des vers intestinaux par 
l'intermédiaire des alimens, des boissons et même de 
Vair, il ne reste d’autre voie, dans la supposition que 
les vers intestinaux seraient gagnés par communica- 
uon, que celle de la succession par les parens, c’est- 
à-dire que ceux-ci les transmettraient à leurs enfans, 
soit par l’acte de la génération, soit par la nutrition, 
dans le sein de la mére, soit enfin par l'allaitement. 

Les défenseurs de: cette hypothèse sont obligés de 
convenir , ou plutôt ils sont forcés d'admettre que les 
parens primitifs de l’homme et de tous les autres ani- 
maux ont porté en eux toutes les espèces de vers par- 
üculières à chaque espèce d’animal. Si l’on considère 
combien d'espèces de vers on rencontre chez quel- 
ques animaux , chez l’homme, par exemple, douze’, 
sans compter le tænia vulgaire comme une espèce 
particulière , ct sans y comprendre le polystome des 
veines (polystoma venarum), et plusieurs autres dont 
nous parlerons par la suite; chez le chien huit; chez 
le renard, neuf; chez le putois, également neuf; chez 
le hérisson , dix à onze; chez le campagnol, sept; 
chez le lièvre, huit; chez le mouton, neuf; chez le 
bœuf, dix à onze; chez le cochon, huit à neuf; chez 
le cheval , neuf; chez le faucon cendre, huit; chez la 
pie, huit ; chez la corneille bleue , sept; chez le cor- 
moran, huit; chez la cicogne, sept ; chez le vanneau, 
dix; chez le pluvier , sept; chez la grenouille tempo- 
raire, huit; chez la grenouille verte, dix ; chez le si- 
Jure , sept; chez la perche, onze; chez le sandre(perca 


4 


52 SUR LES VERS INTESTINAUX 


lucio , L.) sept; chez la truite, dix; chez la truite sau- 
monnée , neuf; chez le saumon, huit ; chez le brochet, 
dix, etc., sans parler de ceux que nous ne connaissons 
pas encore, et de ceux dontlarace s'estpeut-êtreéteinte; 
il faudrait alors admettre que ces parens primiufs 
auraient été, pour ainsi dire, de véritables magasins 
de vers, auxquels la génération de ces parasites a dû 
causer plus d'obstacles que la conservation de leur 
propre race. 

On pourra sans doute objecter contre cette asser- 
tion , que les parens primitifs ont dü avoir nourri 
dans leur corps toutes les espèces de vers que l’on 
rencontre dans leurs descendans; que cela n’a pas été 
absolument nécessaire, par la raison que les vers ap- 
partenant originairement à la même espèce sauraient 
pu recevoir, par le croisement des espèces , par l'in- 
fluence du climat, de la nourriture, du chyle, une 
structure tout à fait différente de leur premiere forme, 
de manière à ne plus être reconnus, ce qui fait que 
nos naturalistes d’aujourd’hui les regardent comme 
autant d'espèces différentes, ce que nous avons éga- 
lement raison d'admettre pour les animaux d’une 
conformation parfaile, savoir que ceux que nous re- 
gardons aujourd'hui comme formant des races parüi- 
culières, ne furent primitivement que des variétés. 

Quand même on voudrait admettre que cela puisse 
arriver dans quelques cas pour les vers appartenant à 
la même famille, ou pour ceux qui séjournent dans 
le même organe ou viscere, on concevrait diflicile- 
ment que cela eût pu avoir lieu pour des vers, qui dif- 


DE L’HO"!ME. 53 
ferent entre eux, non-seulement d’espèceet de genre, 
mais encore d'ordre, et qui séjournent dans-des or-- 
ganes différens. Si l’on voulait supposer , par exemple, 
que l’hydatide qui se trouve dans le cerveau du mou- 
ton, le nématoïde dans la trachée-artère du même 
animal, le tænia dans ses intestins grêles, et le ver 
(de l’ordre des trématodes ) dans son foie, aient eu 
le même père primitivement, on ne pourrait pas, par 
conséquent, regarder comme un homme dépourvu de 
bon sens celui qui croirait qu’un animal quelconque, 
l'éléphant, par exemple, serait à la fois le père des 
baleines, des bouquetins, des lions, des kangu- 
roos , etc.; et cependant dans ce cas la différence ne 
serait pas même aussi grande, car ces animaux appar- 
tiennent tous à la classe des mammifères. 

Quoiqu’il'ne soit pas probable que chaque individu 
des parens primitifs de l’homme ou des animaux ait 
porté autant de vers différens dans son corps, il n'est 
cependant pas encore clairement démontré que cela 
ne soit pas possible. Je ne veux pas, pour cette rai- 
son , que l’on regarde ce que j'ai avancé jusqu’à pré- 
sent à ce sujet, comme une preuve admissible contre 
cette hypothèse. Supposé que les parens puissent 
communiquer les vers à leurs enfans , on devrait ne- 
cessairement admettre en même temps que les pa- 
rens portaient en eux-mêmes les vers qu'ils devaient 
transmettre à leurs descendans ; car on ne peut pas 
communiquer quelque chose que l’on ne posséde pas 
soi-même. Mais c’est justement ici que cette hypo- 
thèse n’est pas confirmée par l'expérience. Nous 


54 SUR LES VERS INTESTINAUX 


voyons beaucoup de personnes trés-sujettes aux vers, 
sans que l’on en ait vu une trace chez leurs parens ; 
comment ceux-ci, par conséquent, auraient-ils pu 
les leur transmettre ? Alors, par quel moyen cette 
communication s’est-elle opérée ? Brera’, défenseur 
de cette hypothèse, a toujours un refuge quand il se 
trouve embarrassé dans ses assertions, et c’est en ef- 
fet par un moyen de cette sorte, qu’il a cherché à la 
soutenir. 2 

Cet auieur, s’en rapportant à ses expériences, dit 
que quelques hommes sont quelquefois tres-sujets 
aux vers, tandis que leurs enfans n’en ont pas , et que 
les mêmes vers dont leurs pères ont été affectés ne 
se montrent que chez leurs petits-fils. On ne peut 
rien objecter contre cette expérience, et il peut 
même arriver que les arrière-petits-fils aient les 
mêmes vers que leurs bisaïeux avaient jadis, tandis 
que tous les autres membres de cette famille n’en 
avaient pas. Mais je doute de la conclusion que Brera 
en tire, savoir que les œufs des vers du grand-père 
ont traversé le corps du fils, dans lequel ils n’au- 
raient pas trouvé une occasion favorable à leur déve- 
loppement, pour se rendre dans celui du petit-fils. 

Le lecteur doit facilement voir tout le ridicule que 
contient l’idée d’une’ pareïlle succession de vers du 
grand-père au petit-fils, en omettant son propre fils. 
Je crois cependant encore nécessaire de faire remar- 
quer les points suivans : 


ı Memorie , p. 401. 


DE L'HOMME. 55 

ı*. Nous pouvons supposer que les deux sexes de 
V’espece humaine, arrivés à l’époque à laquelle ils 
peuvent se reproduire, ne conservent pas, à cause du 
changement continuel de la matière un seul grain de 
la substance osseuse primitive qu’ils avaient en quit- 
tant le sein de leur mère; encore moins les corps 
étrangers, parmi lesquels je compte les vers, pour 
raient-ils se conserver aussi long-temps dans l’inté- 
rieur du corps, ou des évacuations continuelles ont 
lieu par le moyen des vaisseaux exeréteurs. Brera a 
dit lui-même que, lorsque les œufs de vers ne trou- 
vent pas dans un corps les conditions nécessaires à 
leur développement, ils sont évacués intacts ( quoi- 
que cette assertion ne soit appuyée d’aucune preuve} 
comme d’autres substances destinées à être excrétées, 
Pourquoi les œufs de vers communiqués par la ge- 
nération feraient-ils une exception à celte règle? Car 
ou l'œuf comme tel est détruit, comme cela a lieu 
quand il arrive dans l’estomac, ce que du reste l’ex- 
périence rapportée sur le putois a prouvé, ou bien 
l'œuf rencontre les conditions requises à son deve- 
loppement, et le ver en sort. En eflet, à juger d’après 
toute analogie , l'œuf d’un ver vivant et fécondé, par 
exemple celui d’un mammifère , n’a pas besoin d’autre 
condition pour son développement que la chaleur 
animale et l'humidité. Au moins on ne voit point 
la raison pour laquelle un œuf qui se trouverait 
dans de pareilles sireonstances. ne pourrait pas se dé- 
velopper aussi bien qu’un œuf de poule, qui n'a be- 
soin pour cela que d’une chaleur sèche dans un four. 


56 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Le ver par conséquent se développera toujours etäun . 


endroit quelconque du corps, pourvu qu'il ne ren- 
contre pas quelque chose, comme par exemple dans 
l'estomac, qui agisse sur lui d’une manière destruc- 
tive; mais autre chose est sa croissance et sa conser- 
vation future. L'expérience précitée de Pallas faite 
sur les œufs du tænia du chien paraît non-seulement 
prouver qu'il peut s’accroitre, mais encore donner 
des éclaircissemens sur son développement ultérieur. 

Si des œufs de vers pouvaient être introduits dans 
la matrice avec le sperme de l’homme, il serait sans 
doute à craindre , comme ils y trouvent de la chaleur 
animale et de l'humidité, que ces vers ne se dévelop- 
passent plus tôt que le fœtus dans lequel ils devaient 
séjourner, qu’ils ne le mangeassent à l’état d’em- 
bryon, et que la femme, à la fin, n’accouchät, au lieu 
d’un enfant, d'un amas de tænias ou d’ascarides ; mais 
un fait semblable n’a jamais été observé. 

2°. La chose ne devient pas encore claire, en ad- 
mettant même que des vers puissent être communi- 
qués au fœtus pendant l'acte de la génération (je dé- 


montreral cependant par Ja suite que cela ne peut pas 


ävoir lieu}; qu'ils puissent être seulement déposés 
dans les organes générateurs par une loi d’attraction, 
bien difficile à la vérité à expliquer, et qu'ils puissent 
y séjourner tranquillement jusqu’à ce que ces or- 
ganes soient arrivés à leur développement complet; 
caril est impossible qu’un père communique à son 
fils des millions d'œufs, surtout quand ils sont de la 
grosseur de ceux dont Brera a parlé, et les œufs, 


DE L'HOMME. 57 


comme tels, ne peuvent pas non plus se multplier. 
Quand on réfléchit combien de sperme l’homme perd 
ouseulementcombien il s’en forme dans ses testicules, 
et quelle quantité est de nouveau absorbée, avant 
qu’il ne cohabite avec une femme; quand on consi- 
dere qu’il ne faut qu’un seul acte de génération pour 
la fécondation , on serait forcé , si on voulait défendre 
l'hypothèse de Brera, d'admettre qu’une puissance 
surnaturelle surveille ces œufs de vers, et que par sa 
prévoyance il ne s’en détacherait que quand le coit 
serait fécond , et chaque fois seulement une certaine 
quantité. 

3°. Quand on pense combien’peu de fois nous ren- 
controns certaines espèces de vers chez l’homme et 
les animaux ( par exemple, chez le premier, les hy- 
datides, les douves du foie , et les strongles dans les 
reins, ’hamulaire lymphatique et le polystome pin- 
guicole , deux vers qui n’ont été trouvés qu’une seule 
fois), on est, pour ainsi dire, forcé de croire que 
quelques œufs de vers auraient été obligés de par- 
courir, à cet état, trente à quarante générations, 
jusqu’à ce qu’enfin un ver, peutêtre après mille ans, 
eut réussi à sortir de l’œuf. Qui pourrait admettre, je 
le demande , une pareille supposition ? 

4°. Toute cette hypothèse est réfutée par un seul 
ver, c’est-à-dire le cœnure cérébral dans le cerveau 
des moutons atteints du tournis. Ce ne sont ordi- 
nairement que les agneaux qui en sont incommodés 
la première année de leur vie; cependant la même 
chose s’observe quelquefois aussi chez les béliers et 


58 SUR LES VERS INTESTINAUX 


les brebis. Cette maladie devient toujours mortelle, 
à moins qu’on ne parvienne à détruire le ver par le 
moyen de la trépanation. Si le premier ver de cette 
espèce avait élé créé au même moment que le pre- 
mier mouton, celui-ci aurait dü être nécessairement 
détruit par la présence de ce ver, comme cela arrive 


encore aujourd'hui, et par conséquent la propagation : 


des moutons n’aurait pu avoir lieu. L'expérience ce- 
pendant nous démontre le contraire. 

Br Quand même nous trouverions chez les parens 
les mêmes vers que nous observons chez leursenfans, 
il ne serait pas prouvé pour cela que les derniers les 
auraient gagnés des premiers. Une telle communica- 
tion du côté du père n’est pas même imaginable , car 
quand même un mélange réel de l'humeur sperma- 
tique des deux sexes aurait lieu pendant lacte de la 
génération, chez l'homme et les mammiferes, la 
même chose n'arrive cependant pas dans la plus 
grande partie des animaux des autres classes du règne 
animal. J'aurai occasion, par la suite, de démontrer 
l'impossibilité d’un pareil mélange dans une grande 
partie des oiseaux. 

Spallanzanı nous a démontré, par des expériences 
faites à ce sujet, combien peu de sperme il faut pour 
rendre fécond : trois grains de celui d’une grenouille 
mâle étendus dans une livre d’eau , furent suflisans 
pour féconder une grande quantité de frai de gre- 
nouille.. L’attouchement seul de la pointe d’une 
épingle trempée dans le sperme rendit un œuf com- 
piétement fécond. Qui pourrait donc croire que 


DE L'HOMME. | 59 
cette petite portion d’humeur spermatique adherente 
à la pointe de l’épingle ait encore contenu les œufs de 
dix espèces différentes de vers, et dont on rencontre 
souvent six à sept dans une grenouille verte, sans 
parler des individus dont il y a souvent une centaine 
à la fois; car on trouve fréquemment les vers suivans 
dans le corps de cet animal, savoir , dans ses intestins 
greles, des strongles , des echinorhynques, des dis- 
tomes ( distoma, Rud. Zed.); dans le rectum, une 
espèce de nématoïde et des amphistomes; dans les 
poumons, une espece de nématoïde et des distomes; 
dans la vessie abdominale des distomes (tous ces trois 
distomes diffèrent entre eux spécifiquement); sous les 
iégumens , des filaires; outre cela ilfy a encore sou- 
vent dans le tissu cellulaire de tous les viscères et 
muscles des amphistomes enfermés dans des cap- 
sules. Comment les œufs des vers de tous ces difle- 
rens visceres pourraient-ils arriver dans les testicules 
pour être excrétés de là avec le sperme? Par quel 
moyen pourraient-ils s’introduire dans l'œuf de la 
grenouille, et y rester jusquà ce que cet animal eut 
atteint sa maturité? Et comment enfin, chaque es- 
pèce d'œufs de vers pourrait-elle justement arriver 
dans l’organe déterminé pour s’y développer. J’a- 
joute encore que trois espèces de ces vers sont vivi- 
pares, savoir l’ascaride (de l’ordre des nematoides), 
provenant des poumons, une autre ascaride du même 
ordre que le précédent, provenant du rectum, et 
Vamphistome, du même organe. 

Si par conséquent une communication de ces vers 


Go SUR LES VERS INTESTINAUX 


avait eu lieu par le moyen du père, on devrait voir 
nager ces jeunes vers dans l'humeur spermatique, à 
l'aide d'un microscope ordinaire, cependant il n’en 
est pas ainsi. 

Des difficultés insurmontables s'opposent égale- 
ment à ce que la communication se fasse par la mère; 
car pour qu'elle püt avoir lieu , il faudrait nécessai- 
rement admettre que les œufs des vers qui séjour- 
nent dans les différens viscères de la mère seraient 
absorbés par les vaisseaux lymphatiques, et conduits 
de là dans la masse du sang, qui les déposerait 
ensuite, par le moyen des vaisseaux exhalans, dans 
la matrice, d’où le fœtus devrait les absorber de nou- 
veau par ses vaisseaux lymphatiques, qui eux-mêmes 
les porteraient dans le torrent de la circulation, par 
Vintermede de laquelle ils seraient enfin transmis à 
des organes propres à leur développement, où ils se- 
raient déposés par les vaisseaux exhalans. C’est, à la 
vérité, un chemin à la fois long et dangereux que 
l'œuf aurait à parcourir, car il courrait continuel- 
lement le risque d’être transporté dans un autre or- 
gane excréteur, où il serait perdu à jamais. Suppo- 
sons même que dix mille se perdissent avant que l’un 
ou l’autre püt atteindre sa destination , on devrait 
alors retrouver ces œufs, non-seulement dans le sang 
de la mère, mais encore dans celui du fœtus ; cepen- 
dant on n’y en trouve point, et même il est impossi- 
ble d’en rencontrer , quoique le volume des œufs pro- 
venant des plus petits vers, soit, d’après un calcul 


approximatif de M. Rudolphi , dix mille fois plus gros 


DE L'HOMME. 61 


que celui des globules du sang, estimation qui ne pa- 
raît pas exagérée. Or, nous savons que les dernières 
ramifications des vaisseaux que les œufs des vers de- 
vraient parcourir à plusieurs reprises , s'ils suivaient 
le chemin mentionné, ne laissent pas même passer 
une globule rouge du sang, encore moins un œuf de 
ver pourrait-il y circuler. Chez les animaux ovipares, 
la grenouille, par exemple, le commencement pri- 
mitif de l'œuf, entouré d’une membrane particulière, 
forme un tout par lui-même, qui dans son origine 
n’est pas probablement plus grand qu’un œuf de ver. 
La membrane qui couvre d'œuf de la grenouille est 
cause que cet œuf ne peut recevoir sa nourriture que 
sous forme de vapeur. Comment un œuf de ver, vi- 
sible à l’aide d’une simple loupe, pourrait-il s’y in- 
troduire , n’ayant pas d'organes par lemoyen desquels 
il se frayerait un chemin? Ces raisonnemens sufli- 
ront, ce me semble, pour se convaincre de l’impos- 
sibilité de la communication des œufs de vers de la 
mére à son fœtus. 

Brera n’est pas de l’opinion que l’on doive regar- 
der ces petits corps ovales, elliptiques et sphériques 
que nous trouvons dans le corps des vers intestinaux 
comme des œufs simples , et il prétend que ce ne sont 
que des capsules dans lesquelles les œufs sont enfer- 
més. Mais comme cette hypothèse n’est soutenue ni 
par l’analogie ni par experience, on me pardonnera, 
ce me semble, si je passe outre. 

Enfin l’expérience prouve encore contre P’hypo- 
thèse d’après laquelle les parens communiqueraient 


62 SUR LES VERS INTESTINAUX 


les vers à leurs enfans; je vais le montrer par quel- 
ques faits. L’Europeen n'est jamais incommodé par 
le ver de Guinée ( filaria dracunculus) , quelle que soit 
la durée du temps qu'il reste en Europe; cependant 
cela arrive très-facilement quand il a habité les pays 
où ce ver séjourne. Il est évident qu'il n’a pas pu en 
hériter de ses parens, et nous savons également que 
ses enfans, petits-fils et arrière-petits-fils n'en se- 
ront jamais attaqués, pourvu qu'ils ne se rendent pas 
eux-mêmes dans ces contrées. 

Les cochons domestiques, qui ont sans doute tire 
leur origine du sanglier, ont cependant une espèce 
de vers (le cysticerque, cysticercus cellulosus, Rud.) 
que l’on ne rencontre jamais chez les sanglıers; il re- 
sulte alors de là que les cochons n’ont pas pu gagner 
ces vers par voie de succession. 

Les raisons qui nous ont servi à démontrer que les 
parens ne peuvent pas communiquer les vers au fœtus 
par l’acte de la generation, ni pendant que celui-ci 
était encore nourri dans le sein de sa mère, suflisent 
aussi pour prouver que le fœtus ne peut pas les 
gagner par le lait de celle-ci, ce qui a été admis 
par Thomas. Il est d’ailleurs de fait que beaucoup 
d’enfans, élevés sans avoir tetté, sont souvent très- 
sujets aux vers. Du reste, cette dernitre sorte de 
communication ne pourrait avoir lieu que chez les 
mammifères. On objecte à cela que les oiseaux pour- 
raient communiquer les vers à leurs petits avec la 
nourriture qu'ils leur degorgent; mais beaucoup 
d’oiscaux ne nourrissent pas leurs peuts de cette 


DE L'HOMME. 63 


maniere, et cela n'empêche pas ces derniers d’avoir 
des vers. 

Les amphibies et les poissons ne s'occupent pas du 
tout de leurs petits , qui habitent souvent d’autres en- 
droits que leurs parens : la salamandre terrestre, par 
exemple, vit sur terre, tandis que ses petits vivent 
dans l’eau. Chez les insectes, la mère estordinairement 
morte depuis long-temps avant que le petit ne sorte de 
l'œuf. Comment, dans ces cas-ci, pourrait-il yavoir 

‘une communication de vers, qui, comme nous l’a- 
vons démontré, est impossible dans le sein de la mère. 

Les raisonnemens précédens ont, comme je les 
père, convaincu mes lecteurs que les vers intestinaux 
ne peuvent pas arriver du dehors dans le corps ani- 
mal; j'ai posé, dans le commencement, pour prin- 
cipe, qu’il ne peut y avoir que deux origines pour les : 
vers ou leurs œufs dans les animaux. Dans l’une ils 
proviennent du dehors, et dans l’autre leur origine 
est dans l'animal lui-même, où ils se forment spon- 
tanément. 

Si j'ai réussi à prouver que la communication par 
la première voie ne peut s'effectuer, j'aurai alors, 
par cela même, fourni une preuve, négative il est 
vrai, en faveur de la réalité de la derniére; je vais 
essayer maintenant d’y ajouter quelque chose d’affir- 
matif. Pour atteindre ce but, je suis obligé , autant 
que cela peut se faire, de remonter à la formation de 
tous les corps organisés; mais avant d’entrer dans ce 
sujet, je suis forcé de m'occuper d’abord de la for- 
mation probable de notre globe. 


64 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Les recherches sur la formation de notre planète 
nous ont appris les choses suivantes : la dernière 
couche jusqu’à laquelle nous avons pu pénétrer est 
composée de granit, c'est ce qui forme les terrains 
primitifs ; au-dessus d’elle se trouvent les terrains de 
transition , placés couche par couche ; et au-dessus les 
terrains secondaires. Outre cela, nous distinguons 
les terrains d’alluvions et les terrains volcaniques. 
Dans les terrains primitifs, comme dans ceux de tran- 
sition, nous ne trouvons pas de traces d’êtres qui 
aient eu vie; ce n’est que dans la première couche des 
terrains secondaires que nous rencontrons des restes 
de formations organiques; ce sont en grande partie 


des crustacés ou des animaux aquatiques du premier i 


degre d’organisation. Dans les couches deposees plus 
tard, et par conséquent plus haut, nous observons 
des restes d'animaux qui ont jadis vécu sur la terre ; 
mais dans celles situées un peu plus profondément, 
nous ne découvrons que des restes d'animaux dont la 
terre, dans son état actuel, ne possède plus d’analo- 
gues, au moins en espèce. Ce ne sont que les couches 
les plus récentes des montagnes secondaires qui nous 
fournissent des restes d’animaux semblables aux nö- 
tres, ou ayant au moins quelque affinité avec ceux qui 
existent encore. On ne découvre dans aucun terrain 
secondaire des ossemens d'hommes; il y en a cepen- 
dantquelquefois dans des profondeurs considérables; 
mais ces dernières n'étaient formées originairement 
que par des crevasses qui ont die probablement rem- 
plies plus tard par les éboulemens des parties supé- 


DE L'HOMME. 65 


rieures. Nous ne connaissons donc pas encore de vé- 
ritables anthropolithes. Les vertebres pétrifiées trou- 
vées par Scheuchzer, pres d’Altorf, ont appartenu, 
comme M. Cuvier* l’a démontré, à une espèce de 
crocodile , et son témoin du déluge (homo diluvii tes- 
tis) n’a jamais été regardé par un autre naturaliste que 
lui comme un véritable squelette d'homme, ce qui 
résulte des recherches faites à ce sujet par Kargs et 
M. Cuvier. Le squelette humain fossile apporté par 
Cochrane ‚de la Guadeloupe à Londres, n’est pas non 
plus un véritable anthropolithe. — Voy. Mémoire sur 
un squelette humain fossile de la Guadeloupe‘, par Charles 
Kœnig, écuyer, extrait d’une lettre à l'honorable sir 
Joseph Banks, dans les Transactions philosophiques, 
Londres, 1814; dans le Journal de physique et d’his- 
toire naturelle, septembre 1814, p.196, ainsi que 
danslessuivans: Allgemeine geographische ephemeriden, 
herausgegeben von Bertuch; Julius, 1814, p- 556; et 
le Bulletin des sciences par la Société philomatique 
de Paris, livraison de novembre 1814, p. 140. 
Cette structure de la terre me paraît devoir con- 
duire à penser que primitivement, au moment où elle 
formait un tout existant en lui-même, ce n’était en. 
quelque sorte qu’une masse liquide (tropfen) sans 
forme, mais vivifiée , c’est-à-dire douée de l'esprit 
vivant, ou bien simplement del’esprit universel. On ne 
doit pas cependant confondre ce dernier, appelé par 
MOI esprit vivant, avec l’ame du monde de nos philo- 


= Össemens fossiles , t, 4. 


66 SUR LES VERS INTESTINAUX 


sophes , ame qui a créé non-seulement le monde d’a- 
pres leur opinion, mais qui s’est encore creee elle- 
même ; car jen’entends autre chose par cet esprit que 
ce qu’on pourrait appeler également la vie, force vi- 
tale, en un mot la cause primitive de la vie en géné- 
ral, delaquelle tousles mondes, lors de leur création , 
ont été doués, ou plutôt animalisés par lêtre des 
êtres , par Dieu le créateur ’. 

Cette masse s'était probablement détachée du so- 
leil, ainsi qu'il y a lieu de croire que la lune s’est 
séparée plus tard de notre terre , l’une et l’autre pour 
former un tout clos, un système, et pour jouir d’une 
vie particulière, chacune séparément. Buffon était 
déjà de cette opinion. ( Voy. Epoques de la nature; 
première époque.) Quoique cette opinion appar- 
tienne à un naturaliste déjà un peu ancien, et non 
pas à un de nos modernes , je ne vois pas de raison 
suffisante pour ne pas l’adopter. Du reste, dans la na- 
ture de mes recherches , il est tout à fait indifferent 
que notre terre ait formé primitivement un tout en 
elle-même, ou bien qu’elle ne soit effectivement 
qu'un morceau séparé du soleil. Jene disputerai pour 
cela avec personne, car il est à peu près impossible 
de savoir quelque chose de certain là-dessus. 


: Le conseiller Voigt a également désigné, dans ses Elémens 
d'histoire naturelle publiés en 1817 , sous le nom d'esprit la cause 
primitive de la vie; cependant je n’ai pas pu lui emprunter cette 
expression, par la raison que mon ouvrage avait déjà reçu l’im- 
primalur au mois de juin 1812. 


DE L'HOMME. 67 

Peu à peu il se développa dans cette masse liquide 
sans forme.un noyau, c’est-à-dire nos terrains pri- 
mitifs. La cause principale de cette formation du 
noyau , ainsi que celle des précipitations successives 
sur ce noyau, c’est-à-dire des terrains de transition et 
des montagnes secondaires, peut£tre cherchée ou dans 
une force particulière appelée morte et inhérente à la 
matière comme telle, ou bien dans l’esprit, qui vi- 
vifie la substance et qui la conserve comme un tout 
clos par lui-même. La force que l'on prétend inhe- 
rente à la matière a été désignée par nos naturalistes 
sous le nom de gravitation (gravitatio ), que l'on veut 
‘expliquer par une tendance vers le centre. Si cette 
force était la seule agissante sur notre globe, il serait 
déjà depuis long-temps contracté en une masse morte. 
On en a par conséquent imaginé une autre , directe- 
ment opposée à la force attractive vers le centre, ou 
à la contraction, et on l’a appelée force expansive 
(expansio). Mais quoique je ne sois pas porté à cher- 
cher dans la gravitation , pour me servir d’un terme 
plus court, la cause de la formation de notre terre et 
de la conservation de son existence, je ne crois pas 
cependant que l’on ait besoin, pour expliquer les 
phénomènes qu'elle présente, d'avoir recours à une 
nouvelle force expansive particuliere. Nous savons 
que le grand corps attire le petit. Le soleil est en ef- 
fet un corps beaucoup plus grand que notre terre : 
la force attractive vers lui-même doit nécessairement 
affaiblir celle de notre terre vers son centre, car 
celle-ci est encore située dans la sphère du soleil, 


B, 


68 SUR LES VERS INTESTINAUX 

dont elle forme une partie intégrante. La force at- 
tractive du soleil est affaiblie nécessairement par la 
grande distance; car sans cela elle aurait depuis 


long-temps englouti la terre; par conséquent elle 


contrebalance la force attractive de la terre, et em- 
pêche celle-ci de se contracter ( erstarren ) comple- 
tement. D’après cette supposition , la cause des phé- 
nomènes doit être atiribuée à la force attractive du 
soleil, et non pas à une force expansive particulière, 
comme on l’a admis à tort. 

On peut ainsi se rendre raison de la conservation 


de la terre comme telle, mais nullement de l'origine 


et de la formation des corps isolés, qui formeraient : 


en eux-mêmes un tout, ou bien un monde particu- 
lier. Si je me représente la force attractive de la terre 
vers son centre, comme agissant de a à m, et la force 
attractive du soleil comme de z à m, je concois que 
ces forces puissent agir avec une intensité égale ou 
inégale. Nous avons déjà démontré que ce dernier 
cas, à ce qu'il paraît au moins, ne pouvait pas avoir 
lien, par la raison que la terre se serait depuis long- 
temps contractée en une masse morte, ou bien 
qu’elle aurait été engloutie par le soleil. Si au con- 
traire le premier cas avait lieu, on ne conçoit pas 
pourquoi la terre n'aurait pas continué de rester dans 
le même état dans lequel elle s’est trouvée lorsqu'elle 
s’est détachée du soleil, et pourquoi elle n’y aurait 
pas resté jusqu’à sa destruction. 

On pourrait cependant objecter que par le mouve- 
ment de rotation de la terre, un de ses hemispheres 


DE L'HOMME. 69 
se trouve toujours moins exposé à l’action de la force 
attractive du soleil que l’autre, et que la force attrac- 
tive de la terre devrait alors agir avec plus d'intensité 
‚sur l’hémisphère où il fait nuit, que sur l’autre où il 
fait jour, et où la force attractive du soleil devrait 
avoir la prépondérance. 

Quand même nous concéderions cela, et que nous 
admetirions par conséquent que les deux forces aient 
continue leur action en ligne directe, c’est-à-dire Ja 
force active de la terre de a à b, c, etc., et la force 
réactive du soleil de za y, x, etc. , il n'aurait pu ré- 
sulter de ces actions autre chose qu’une masse morte 
d’un côté, et d’eiher de l’autre . Il reste cependant 
inexplicable comment un corps organisé vivant, qu’il 
soit animal ou bien plante, aurait pu se développer 
par ces simples réactions. 

L’explication de la formation de la terre et de celle 
des corps organisés offre moins de difficultés , si nous 
cherchons la cause principale dans quelque chose de 
plus élevé, c’est-à-dire dans l'esprit même, dans la 
tendance à dominer la matière et à former continuel- 
lement, par sa liaison intime avec elle, des tous clos 
existans par eux-mêmes, comme nous le voyons jour- 
nellement dans la formation de chaque corps orga- 
nisé. Dans cette idée Vesprit sépara d'abord la matière 


/ 


* Ou rigoureusement et métaphysiquement parlant , la terre se- 
rait réduite , d’un côté , à un point mathématique égal à rien , et, 
de l’autre , son expansion aurait été également poussée jusqu’à un 
rien absolu. 


no SUR LES VERS INTESTINAUX 


brute, la rejeta au centre de la terre, et c’est ainsi que 
les terrains primiufs se formèrent. Peut-être a-t-ıl 
fallu des milliers d'années pour arriver à ce résul- 
tar; car Ja formation de ces terrains paraît s’être opé- 
rée peu à peu par eristaliisation. Apres que la plus 
grande partie de la matière qui était la moins pro- 
pice à la vie, c'est-à-dire à celle des corps isolés, se 
fut cristallisée, esprit put agir déjà plus Hbrement; 
1] s’effectua alors une révolution ou bien une fermen- 
ration dans la totalité de Ja masse, et les terrains de 
transition se précipitérent probablement d’une ma- 
nière subite. Cependant on peut présumer par la dis- 
position stratifiée de ces terrains, que plusieurs 
fermentations semblables ont dù contribuer à leur 
formation. Jusqu'à cette époque, c’est-à-dire jus- 
qu'au complétement des terrains de transition , la 
terre continua encore une vie universelle, c’est-à-dire 
une vie qui n’était pas encore divisée, ou bien qui 
n’étail pas encore communiquée à des corps isoles; 
car nous ne trouvons nulle part, ni dans les forma- 
tions primitives, DI dans celles de transition, aucune 
trace d'êtres jadis vivans, et encore bien moins d’or- 
ganisations animales. 

Ce n’est qu’apres la précipitation de ces terrains , 
que Pespritfut à même de s'emparer de telles ou telles 
parues de la matière , et d’en former des corps isolés 
doués d’une vie individuelle. Nous trouvons les restes 
de corps jadis vivans dans les couches inférieures 
des terrains secondaires, qui, selon toutes les appa- 
rences, se sont formés, comme les terrains de tran- 


DE L'HOMME. 71 


sition, apres des fermentations semblables et par- 
tielles. Les corps anciennement vivans que nous de- 
couvrons dans les couches inférieures des terrains 
secondaires appartiennent lous à des animaux aqua- 
tiques ; on n’y trouve pas de plantes. Apres la forma- 
lion des terrains de transition et avant la précipitation 
des premiers terrains secondaires , ıl est à présumer 
qu'il n’y avait point de terrain à découvert, non plus 
peut-être que d’atmosphere, de même que la lune, 
comme partie détachée plus tard de la terre, en est 
encore actuellement privée. 

Par la suite il s’opera une nouvelle revolution où 
fermentation. La premiere création fut détruite par 
la précipitation suivante, cl la terre fut de nouveau 
peuplée d'animaux qui étaient cependant d’une autre 
espèce que les premiers. On ne peut déterminer au 
juste combien il y aeude pareilles révolutions suivies 
de précipitations, qui avaient lieu, chaque fois au 
moins, sur de grandes étendues de la terre. Il est 
seulement certain que chaque précipitation fut sui= 
vie d’une nouvelle création, et que l’homme est un 
produit de la dernière; car on n’observe, commeil 
a été remarqué, aucun ossement d'homme, pas 
même dans les couches supérieures des terrains se= 
condaires ; el, qui plus est, on ne commence à voir 
des ossemens de mammifères que dans ces couches 


: Cela se rapporte parfaitement avec le premier chapitre de la 
Genese. On n’a qu'à s'imaginer, comme Buffon l’a déjà observé „ 


au lieu des jours , de grandes époques. 


72 SUR LES VERS INTESTINAUX 
supérieures, et, M. Cuvier’ presume par cette rai- 
son , qu'ils sont un produit de l’avant-dernière révo- 
luuon de notre terre. 

Comme après chaque précipitation il se formait 
ioujours des êtres plus parfaits, etenfin celui qui jus- 
qu’à présent est le plus parfait de tous, c’est-à-dire 
l'homme, mon opinion, de voir la cause principale 
d’action dans l'esprit, et dans sa tendance à dominer 
la maticre, gagne, par cette raison , toujours plus de 
probabilité. C’est bien un esprit qui vivifie l'huître 
et qui anime l’homme; mais l’esprit est, dans les 
deux cas, pour me servir d’une expression de lélec- 
tricité, sous des degrés três-différens de tension; dans 
l’homme il est monté jusqu’à l'intelligence , et dans 
Vhuitre nous trouvons à peine des traces de sepu- 
ment. Les animaux de la première création ne pou- 
valent pas être aussi parfaits que ceux de la dernière; 
dans la première, l’esprit était encore trop enchaîné 
à la matière , et ce n’est qu'après s'être débarrassé de 
cette dernière, non propice à l’animalisauion, qu'il 
pouvait agir plus librement, et parvenir à la fin à 
gouverner l'existence corporelle de l’organisation, à 
laquelle il est inhérent ; car l’homme animé par l’es- 
prit veut, et sa volonté est une loi pour la matière. 
Cette assertion souffre cependant quelquefois des 
exceptions dans certains cas; mais alors l'esprit de- 
maude plus que la matière ne peut faire, et nous de- 


a r “ 
vons également considérer que l’homme n’est pas un 


2 Ossemens fossiles, discours préliminaire , p. To. 
» P- 7 


DE L'HOMME. 73 
pur esprit, mais seulement un esprit borné par la 
matiere de différentes manières. En un mot, l'homme 
n’est pas un dieu , mais malgré la captivité de l’esprit 
dans sa corporéité , celui-ci est déjà devenu assez 
lıbre en lui pour qu'il s’'apercoive qu’il est gouverné 
par un esprit plus élevé que le sien, c’est-à-dire par 
un dieu. Pouvoir ou plutôt devoir comprendre cela 
est ce qui forme la différence entre l’homme et les 
animaux, différence que l’on a voulu chercher dans 
l’absence du ligament cervical et de l’os inter-maxil- 
laire, dans la coïncidence des dents canines, dans la 
réunion du pouce aux autres doigts dans les extrémi- 
tésinférieures , dans sa station bipède, etc. Schrank’, 
qui a rendu tant de services à l’histoire naturelle, a 
placé avec raison l’homme dans une classe particu- 
lière du règne animal. 

ll est encore à présumer, dans la supposition qu'il 
y aurait une nouvelle précipitation, que des êtres 
beaucoup plus parfaits que ceux qui ont été le résultat 
des précédentes seraient créés. L'esprit dans l’homme 
est à la matière dans la proportion de 5o à 50, avec 
de légères différences en plus on en moins, car c’est 
tantôt l'esprit et tantôt la matière qui domine. Dans 
une création subsequente, si celle qui a formél’homme 
n’est pas la dernière, il y aurait apparemment des or- 


D, f " . 1e 

Briefe an Nau, p. 247. Il a cependant oublié un signe carac- 
ténistique, c'est-à-dire que l’homme peut devenir fou : bonne 
occasion pour certains critiques de mettre au jour une idée spiri- 
tuelle. 


7h SUR LES VERS INTESTINAUX 

ganisations où l'esprit agirait plus librement , et où ıl 
serait dans la proportion de 75 à 25. Il résulte de 
cette considération , que l’homme a été formé comme 
iel à l’époque la plus passive de l'existence de notre 
terre. L'homme est un triste moyen terme entre l’a- 
nimal et lange; il tend aux connaissances élevées et 
ne peut pas y atteindre; quoique nos philosophes mo- 
dernes le croyent quelquefois, cela n’est réellement 
pas. L’homme veut approfondir la cause premiére de 
tout ce quiest, mais ilne peut pas y parvenir : avec 
moins de facultés intellectuelles, il n’aurait pas la 
présomption de vouloir connaître ces causes , qui se- 
raient au contraire claires pour lui, s’il était doué 
d’un esprit plus étendu. L’homme se fait une idée 
incomplète ou fausse du temps et de l’espace, quoi- 
qu’il sache , ou plutôt qu'il doive savoir qu'il n'y a 
pas de temps pour l'éternité, ni d'espace pour Piofi- 
nité ou pour l’immensité. Les idées d'espace et de 
temps lui sont en effet innées, ou bien elles sont 
jointes nécessairement à son existence comme homme, 


: Je ne veux nullement dire par cela que l’homme soit quelque 
chose de vil ou de misérable, car il est, au moins sur notre globe, 
Pêtre le plus parfait, le chef-d'œuvre de la création ; j'ai voulu 
seulement indiquer que l’homme n’est ni un ange, ni un dieu , 
qu'il doit être très-pénible pour lui de n’avoir justement qu’autant 
d’esprit qu'il en faut pour concevoir qu’il n’en a pas assez pour 
approfondir les choses qu’il désire, par une tendance innée , le 
plus ardemment de connaître ; cependant il n’a pas le droit de sen 
plaindre. Le prophète Isaïe s'exprime là-dessus d’une manière 
très-juste. Voy. chap. 45, vers. q. 


DE L'HOMME. 75 
mais elles ne sont pas placées dans l'esprit, qui 
est infini, sans bornes et éternel, et elles lui sont 
pour ainsi dire imposées par sa corporéité, par la 
matière ,! qui gêne l’action libre de l'esprit, comme 
esprit dans toute sa pureté. L'homme , tel qu'il est 
dans sa corporéité, ne parvient pas même autrement 
à la connaissance de lui-même que par la réflexion 
de l’esprit sur la matière. Mais ces considérations 
n’appartiennent pas à mes recherches, etj’enreprends 
par conséquent la continuation. 

De même qu’il est probable que chacune des pré- 
cipitations qui formèrent notre globe eut lieu subite- 
ment, les corps des animaux et des plantes dürent se 
former jadis aussi d’une maniere subite ou d’un seul 
jet. Dieu voulut et sa volonté fut faite; car je crois 
aussi peu que le cèdre du Liban fut originellement un 
lichen, que l’éléphantdoive son origine à une huitre ou 
àun zoophite, eüt-il passé même par mille gradations ; 
j'admeis encore moins que fhomme ait été originelle- 
ment un poisson ou un animal couvert d’ecailles , 
comme quelques naturalistes modernes s'efforcent de 
nous l'expliquer. Si les choses se fussent passées ainsi, 
alors de pareilles métamorphoses progressives, OU 
bien dés formations graduelles d'êtres , en d’autres de 
plus en plus parfaits, soit chez les plantes soit chez les 
animaux , devraient avoir lieu journellement sous nos 
yeux. Mais, pour parler seulement de l’homme, au- 
cun fait ne nous prouve qu'il y ait dans son organisa - 
tion physique et morale, aucun progrès qui indique- 
rait un développement ultérieur ; il est toujours le 


76 SUR LES VERS INTESTINAUX 


même, tel qu'il fut il y a des milliers d'années. La 
manière dont les gouvernemens, l'éducation et le sol 
ont influé sur quelques peuples, ne peut pas être 
prise en considération; il existait dans les temps les 
plus reculés des hommes doués d’un esprit élevé et 
des hommes bornés , ainsi que nous l’observons en- 
core actuellement. 

Les vers intestinaux mêmes, qui s’engendrent 
journellement sous nos yeux, prouvent contre une 
pareille transformation progressive d'animaux de de- 
grés inférieurs en des animaux de classes plus éle- 
vées. En effet, si cela avait lieu, les vers les moins 
parfaits devraient toujours se former les premiers, et 
les plus parfaits se développer par la suite; mais au- 
cune observation ne nous met en droit de croire 
qu’une ascaride , par exemple , tire son origine d’une 
hydatide ou d’un tænia. Dans cette hypothèse on pré- 
sume , comme cela se voit, que la plus grande perfec- 
tion consisterait dans une composition plus grande et 
plus variée, et que l’imperfection serait en rapport 
direct avec la simplicité ; ce que je viens de dire arri- 
verait cependant, quand même l’opposé aurait lieu. 

Je ne puis pas décider si les premieres plantes et 
les premiers animaux se sont détachés de la terre 
comme totalites sans forme, mais ayant une existence 
propre, c’est-à-dire comme des embryons qui n’au- 
raient recu leur développement complet que peu à 
peu, ou bien s'ils se sont présentés , des leur origine, 
entièrement formés et à l’état adulte. Si le premier 


cas avait eu lieu , le développement aurait dü s’opérer 


DE L'HOMME. ‘ 77 


plus vite que dans la suite par la voie de la genération. 
Je crois cependant que le tétard et la chenille exis- 
taient avant la grenouille et le papillon ; mais comme 
tout cela est indifférent par rapport à l’examen du su- 
jet dont je m'occupe actuellement , je passe d’autres 
recherches de cette nature sous silence. 

J’aı voulu uniquement démontrer par la précé- 
dente digression, que notre terre dans son état pri- 
mitif et sans forme, jouissait seulement d’une vie 
universelle, et que ce n’est qu’apres la séparation des 
substances , qui étaient plus propres à former le sque- 
letie du corps de la terre, qu’à jouir d’une vie parti- 
culiere et individuelle, que la vie se présenta sur 
notre terre dans des organisations individuelles in- 
nombrables. 

Si nous considérons l’état de notre terre dans le 
moment actuel, et les substances desquelles elle est 
composée, nous pouvons distinguer clairement trois 
genres de corps. 

1°. Des corps morts inorganiques. — Minéraux. 

2°. Des corps vivans ou organisés. — Plantes, 
animaux. 

3°. Des corps sans forme tenant le milieu des deux 
précédentes espèces. -- Air, eau. 


1°. Des corps morts inorganiques. 
2 A x Li ? 
- Nous appelons peut-être à tort les minéraux des 


Corps morts, car nous ne savons pas d’abord quelle 
part ils peuvent avoir à la vie universelle de la terre , 


8 SUR LES VERS INTESTINAUX 


et ensuite nous trouvons dans le sang chaud et rouge 
le fer à l’état liquide et par conséquent vivant ; ce mé- 
tal peut de nouveau reparaitre sous forme solide par 
des procédés chimiques. Nous voyons aussi quelque- 
fois que des parcelles provenant d’un corps organisé 
se décomposent sur le point le plus élevé d’une roche 
nue, quelques gouttes de pluie les arrosent, et un li- 
chen vivant se produit. Il suit de là que le mort, le 
solide, peut devenir partie intégrante de la vie, et 
qu’il peut être vivifié lui-même. 

Il résulte encore de là que les minéraux ne doivent 
pas être considérés comme absolument privés de vie, 
cependant ils le sont quand on les compare avec de 
véritables corps organisés, à cause de leur tension 
vitale, si peu perceptible. Du reste, dans la nature 
inorganique, tout se forme par lignes droites, par 
angles et par cristaux. 


2°. Des corps vivans ou organisés. 


Ceux-ci se forment par lignes courbes : jy range 
tous les animaux, les végétaux ou bien leurs parties, 
n’importe que ces corps aient une vie propre percep- 
üble à nossens , ou qu’elle se trouve chez eux dans un 
état latent. Le dernier cas a lieu chez tous les corps 
privés de la vie dont ils ont joui, que l'on ne doit nul- 
lement confondre avec les corps morts où minéraux ; 
car les corps qui ont cessé de vivre peuvent non-seu- 
lement être employés à la conservation de la vie ac- 
tive, c’est-à-dire à la nourriture d’autres corps vivans, 


DE L'HOMME. -9 


mais encore ils peuvent étre rappelés de nouveau à 
une vie active propre sous une forme, il est vrai , dif- 
férente de celle qu’ils avaient précédemment. 

On s’etonnerait à tort que jadmette une vie à l’état 
latent; car nous avons beaucoup d’exemples où la vie 
propre et individuelle reste pendant un tres-long es- 
pace de temps dans un pareil état. Nous amassons or- 
dinairement les œufs des poules pendant plusieurs 
semaines avant que de les donner à couver; les œufs 
du ver à soie (bombix mori) se conservent d’une an- 
née à l’autre, et les graines des plantes peuvent être 
gardées pendant plusieurs années sans perdre leur 
vie individuelle. Dans ces différens cas, la vie est as- 
surément dans un état latent; cependant la durée de 
cette vie propre et latente n’est pas toujours égale, elle 
est plus courte chez les animaux, et beaucoup plus 
longue chez les plantes : chez celles-ci elle est même 
quelquefois tellement longue, que l’on ne peut dé- 
terminer au juste le temps de sa durée. Van Swieten® 
raconte que des haricots qui avaient été renfermés pen- 
dant deux cents ans, ont germé, et sont parvenus à une 
hauteur très-considérable. Cet auteur a vu lui-même 
germer des graines provenant de la sensitive (mimosa 
sensitiva), que l’on avait conservées depuis quatre- 
vingts ans. Des faits semblables de germination de 
graines de soixante ou soixante-dix ans sont connus de 
tous les jardiniers. Toutes les graines de plantes ne se 
ressemblent cependant pas, quant à la durée de leur 


= Comment. V:, ad $ 125, de podagré , p. 260. 


80 SUR LES VERS INTESTINAUX 


conservation ; chez les unes le principe vital s'éteint 
plustötque chez les autres. Nous ne sommes pas encore 
parvenus à découvrir à l'extérieur ou à l'intérieur une 
différence entre une graine véritablement privée de 
vie et celle qui en est encore douée. En les mettant 
toutes deux dans la terre, il ne se développera un 
germe que de la dernière. Mais le fait qu'il peut se 
développer de la première de la moisissure et des in- 
fusoires, sert de preuve qu’elle n’avait pas perdu la 


vie universelle en perdant la vie individuelle. 


3°. Des corps sans forme tenant le milieu des deux pré- 
cédentes espèces : air, eau. 


J'ai dit plus haut que les corps sans forme, l’air et 
Veau , tiennent le milieu entre les deux autres genres 
de corps organiques et inorganiques, par la raison 
qu’ils appartiennent aussi bien à l’un ou à l’autre de 
ces règnes. D’après les expériences d’Ingenhouss, ıl 
se forme de la matière verte: dans de l’eau pure mise 
sous un globe de verre. D'un autre côté , de l’eau m&- 
lée avec une certaine quantité de plâtre calciné se so- 


x Cependant il n’a jamais vu se reproduire de matière verte dans 
l'eau bouillie pendant deux ou trois heures , et qu'il avait empe- 
ché de communiquer avec l’air, par le moyen du mercure, quoi- 
que le vase qui la contenait eût resté exposé aux rayons solaires 
pendant dix-huit mois. Cetle matière se reproduit cependant, si 
l'on introduit dans cette eau une substance organisée quelconque, 
par exemple de la viande toute fraîche , et pourvue encore de sa 


contracülité. 


DE L'HOMME. 81 
lidifie en une masse morte. La partie de l’air atmo- 
sphérique que nous appelons oxygène est une con- 
dition nécessaire pour la conservation de chaque être 
organisé doué d’une vie propre et active ; ce même 
oxygène cesse d’être fluide élastique, et devient so- 
hide par sa combinaison avec le mercure coulant, 
et il se forme alors un oxyde solide. L'animal meurt 
presque subitement dans l’autre partie de l'air atmo- 
sphérique, c’est-à-dire dans l'azote, dont le corps 
animal est en grande partie composé. Il résulte de là 
que l’on ne doit pas compter ces deux corps sans 
forme (l’oxygene et l’azote) parmi les corps morts, 
mais que l’on ne doit pas non plus chercher en eux 
l'esprit qui vivifie la matière. Cependant ils sont cer- 
taınement des conditions nécessaires, non-seulement 
à la formation de chaque être doué de la vie active, 
mais encore à la conservation des êtres déjà develop- 
pés ; car, pour qu’il puisse se former une nouvelle 
vie de la matière convenable au développement et à 
la conservation des corps organisés, il est nécessaire 
qu’elle passe préalablement à l’état fluide ou sans 
forme. Cela ne peut s’effectuer autrement que par le 
mélange de l'air et de l’eau. Chaque corps vivant ou 
chaque organisation, n'importe qu’elle s’appelle ani- 
mal ou plante, commence sa vie dans l’état amorphe. 
La graine mise dans la terre se liquéfie (lest sich auf‘) 
avant que le germe ue paraisse; mais la graine elle- 
même , avant qu’elle se produise comme telle dans la 
mére plante, n’est qu'une goutte sans forme. Le pre- 

| 6 


82 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mier développement de chaque animal n’est absolu- 
ment rien autre chose; car autrement, comment au- 
rait-il pu se faire qu’un fœtus se trouvât enfermé 
dans un autre fœtus, et ce dont nous avons plusieurs 
exemples‘? Les plantes ne peuvent prendre leur 
nourriture autrement qu’à l’état informe ou liquide. 
Les alimens mangés par les animaux ne peuvent pas 
non plus être employés à la nutrition avant que ces 
alimens ne soient passés à l’état informe; car les anı- 
manx reçoivent également leur nourriture par des 
espèces de racines qui se trouvent placées dans les 
intestins. Cette observation a été faite, si je ne me 
trompe, par Boerhaave. 

» Maisquedeviennentles substances pendant qu’elles 
se trouvent à l’état amorphe? Celles qui étaient au- 
paravant unies se séparent et entrent dans de nou- 
velles combinaisons avec d’autres. Ces séparations, 
ces décompositions et nouvelles combinaisons n’ont 
pas seulement lieu à la première formation de chaque 
corps organisé , mais elles se continuent pendant 
toute la durée de sa vie individuelle, et ne cessent 
qu'avec elle. Nous designons une pareille décompo- 
sition et nouvelle composition de substances sous le 
nom dé fermentation; par conséquent l'acte de la vie 
est semblable à celui de la fermentation. 

Je prie mes lecteurs de ne pas s’impatienter , et de 


: Voy. Med. Jahrb. des esterr. staates li Bd. Lies st. Wien., 1814, 
8. s.67. ff. 


DE L'HOMME. 33 
vouloir bien me suivre encore quelques momens ; car 
je m’imagine déjà voir quelques personnes sourire 
de pitié à l'emploi de cette ancienne théorie rebattue 
de la fermentation; je les entends également deman- 
der, avec un ton moqueur, si l’auteur enfin ne va pas 
distiller des hommes dans sa cornue? Patience, mes- 
sieurs, cette théorie n’est pas aussi absurde qu’elle 
paraît l’être. J’envisage la fermentation sous un tout 
autre point de vue que nos chimistes; ils nous indi- 
quent, par exemple, dans la fermentation du suce ex- 
primé d’une plante avec l'exactitude la plus tons- 
ciencieuse sur des tables de plusieurs pages, chaque 
millieme partie de tel ou tel gaz dégagé pendant cette 
fermentation, ou dans quelle nouvelle combinaison il 
est entré ; ils décomposent encore tout le résidu de la 
manière la plus exacte, pour nous démontrer la suite 
de l'opération, jusqu’à ce que ce suc soit converti en 
vinaigre; mais ils passent totalement sous silence le 
dernier produit de la fermentation, c’est-à-dire la 
formation de la moisissure et des infusoires ; ils font 
cependant quelquefois mention de la fermentation 
putride qui suit la fermentation acétique, et des 
substances qui se forment pendant'sa durée; mais ils 
ne disent pas un mot de l'acte particulier de la vie, 
qui se développe justement à cette époque de la fer- 
mentation. Cela provient de ce que le chimiste re- 
garde tous les corps qu’il soumet à son examen 
comme morts, et qu'il ne fait aucune différence entre 
un corps mort et celui qui a été privé de vie, entre 
lesquels il en existe cependant une considérable. 

6, 


84 SUR LES VERS INTESTINAUX 


1°. I ne peut jamais se développer du mort’ un être 
vivant, et le mort ne peut jamais non plus servir à la 
conservation d'une vie déjà existante. On a beau ar- 
roser de la terre pure ou de la limaille d’un métalavec 
de l’eau, et les conserver pendant des années, jamais 
il ne s’en développera un infusoire. En exposant ces 
substances au soleil , il pourra peut-être se former de 
la matière verte, mais c’est un produit de l’eau auquel 
ces substances mortes mélangées n’ont aucune part. 
M. Alexandre de Humboldt nous a bien rapporté 
(Rel. hist.) que les Otomaques, près de l’'Orénoque, 
se nourrissent d’une espèce de terre glaise pendant la 
saison pluvieuse, qui dure à peu près deux à trois 
mois. M. Vauquelin a examiné cette terre chimique- 
ment, et l’a trouvée toute pure, sans être mélangée 
d'aucune trace de substance organisée; mais, plus 
loin M. de Humboldt dit : « Ces hommes mangent de 
temps à autre ( s’ils peuvent sele procurer) un lézard, 
un petit poisson ou une racine de fougère. » Ge sont 
par conséquent ces substances qui servent de nourri- 
iure , et non pas la terre pure, qui cependant ,malgré 
toutes les recherches* chimiques, pourrait encore 
contenir des substances propres à la nutriuon, subs- 
tances qui, pendant l’analyse, ont pu s’évaporer. 

Les ours , les marmottes, les loirs et d’autres anı- 
maux ne prennent non plus aucune nourriture pen- | 
dant l'hiver, pas même de leau avec laquelle les 


* Il faut se rappeler que l’auteur emploie le terme ort pour 


celui de brute ou inorganique. (G.) 


DE L'HOMME. 85 
sauvages de l'Orénoque arrosent la terre qu’ils man- 
gent avant de l’avaler. Si cette eau se trouve char- 
gée d'insectes ou de repüles pourris, elle peut alors 
remplacer en quelque sorte un potage d’Oglio. Le 
passage suivant, tiré de l'ouvrage du même auteur, 
p. 609, prouve que l’Otomaque ne doit pas être 
tres-difficile dans le choix de sa boisson. « Quand les 
nations éloignées de l'Orénoque veulent parler de 
quelque chose tres-malpropre, ils se servent d’un 
proverbe qui dit : que rien n’est si dégoûtant qu’un 
Otomaque ne le mange. » Du reste, ıl est probable 
que la manière de vivre d’un Otomaque pendant le 
temps pluvieux, ne doit pas beaucoup différer du 
sommeil d’une marmotte pendant l'hiver. 

2°. Le corps mort est composé de substances toutes 
différentes que celui qui est organisé, et que les par- 
ties qui en proviennent après sa mort. Les corps 
morts se laissent aussi bien dissoudre et décomposer 
que les corps privés de vie. Quelques corps morts, 
comme par exemple les métaux, se laissent même 
transformer dans des états sous lesquels on peut à 
peine deviner leur état primitif; mais par des procé- 
dés chimiques on peut de nouveau les réduire et les 
ramener à cet état primitif. Par exemple, le fer, dis- 
sous dans l’eau sans en altérer la limpidité, peut être 
de nouveau réduità son état métallique. Des corps or- 
ganisés privés de vie se laissent également décompo- 
ser par l’art dans leurs substances originelles, mais 
jamais un chimiste n’a réussi à rendre ensuite à un 
corps organisé et décomposé sa structure véritable 


56 SUR LES VERS INTESTINAUX 


et primitive. Le chimiste peut décomposer le cinabre 
en soufre et en mercure; il peut préparer avec le 
premier de Facide sulfürique, du sublimé corro- 
sif avec l’autre, et dissoudre ce dernier dans l’eau. Il 
résulte de là deux liquides aussi limpides qu’elle, et 
dans lesquels on n’apercoit pas une trace de Pétat 
solide des substances employées primitivement. Le 
chimiste peut cependant tirer de ces deux liquides, 
par des nouvelles opérations, du cinabre solide tel 
qu'il était originairement , et qui aura toutes les qua- 
liés de celui avec lequel on avait préparé ces liquides. 
Cela ne se passe pas de la même manière dans les 
corps organisés. En versant de l’eau bouillante sur 
de l’amidon , il se forme une sorte de bouillie, mais 
le chimiste emploiera inutilement tout son art pour 
former de l’amidon tel qu'il était. Suôt que le sang 
sorti de la veine s’est divisé en partie fibreuse ei en 
partie aqueuse, jamais on ne parviendra à lui rendre 
son ancienne liquidité. 

3°. Tous les corps morts, c’est-à-dire les minéraux 
autant que nous en connaissons , différent les uns des 
autres par la nature de leurs parties constituantes ; il 
en est même qui ne consistent que dans une seule 
substance. Tous les corps organisés sont composés de 
plusieurs substances, mais tous des mêmes : la dıffe- 
rence ne consiste que dans la diverse proporuon de 
ces substances entre elles. 

Cependant on ne doit pas croire que la cause prin- 
cipale de la vie repose dans le mélange de ces subs- 
tances ; l'admettre serait du matérialisme tout pur. 


DE L'HOMME. 87 


La cause principale de la vie est placée dans ce que 
j'ai nommé l'esprit, et que l’on pourra appeler x si 
l’on veut ; mais qui est tout à fait différent du mélange 
des substances, et par lequel ce mélange devient vi- 
vant”. Si la vie n’était que le produit d’un certain 
mélange proportionné des substances, le chimiste, 
après avoir décomposé un Corps organisé, pourrait 
redonner à ce dernier sa structure primitive; mais 
c’est ce que ne peut faire le chimiste, par la raison 
qu’il n’est pas maître de l'esprit. Celui-ci cependant 


» On m’objectera que je cherche la cause principale de la vie 
dans une force cachée inexplicable, et que l’esprit est une faculté 
occulte (facultas occulta). Mais sommes-nous plus avancés dans 
l'explication des autres forces? Nous apercevons seulement les 
phénomènes dans ce monde corporel, et nous concluons de là 
une cause principale occasionelle, que nous appelons force, sans 
avoir expliqué quelque chose avec cela : qu'est-ce autre chose que 
la force vitale, si en faveur aujourd’hui, qu’une faculté occulte , 
qu’une cause à nous inconnue de certains phénomènes que nous 
appelons phénomènes de la vie, ou simplement la vie ? Que nous 
a expliqué Newton, en disant : la gravitation est l'attraction vers 
le centre de la terre? Quelle est la cause de cette attraction ? 
peut-être que les grands corps attirent les petits; bien : mais 
quelle est la cause que le plus grand attire le plus petit ? Personne 
ne peut l'expliquer , et personne ne le comprendra aussi long- 
temps que notre esprit sera capüvé par notre corporéité ; mais 
nous le saurons quand cette tension élevée de l'esprit, ce que 
nous appelons dans le sens strict esprit on inielligence , aura quitté 
la matière ; car cet esprit arrivé dans mon nor jusqu’à l'intelligence 
existera assurément toujours ; el ne sera jamais employé à la vivi- 


fication d'un limaçon ou d’une graine quelconque. 


85 SUR LES VERS INTESTINAUX 


peut faire beaucoup plus, car il peut changer même 
des substances dans d’autres , et en créer de nou- 
velles qui n’existaient pas auparavant. Nous ne trou- 
vons dans l’eau et le pain ni ammoniaque, ni phos- 
phore, ni urée, etc.; mais nous pouvons tirer ces 
substances du corps des hommes et des animaux qui 
se sont uniquement nourris d’eau et de pain. M. Vau- 
quelin a fait des recherches sur la formation de la 
chaux dans le corps des poules, et a trouvé que les 
alimens qui avaient servi à la nourriture d'un de ces 
oiseaux , ne contenaient pas autant de chaux, à beau- 
coup pres, qu'il y en avait dans les coques de l’œuf 
et les matières fécales. Cet auteur a trouvé au con- 
traire une diminution de la terre siliceuse contenue 
dans ces alimens. Une autre particularité digne d’être 
remarquée, c'est que le sang des animaux à sang 
chaud reste à peu prés toujours dans le méme degré 
de température, sous des degrés tres-differens en plus 
ou en moins de température extérieure ; la vie par 
conséquent n’est pas un produit du mélange de cer- 
taines substances, mais bien un produit de l'esprit. 

Quand l'esprit doit former, par le mélange de ces 
substances une nouvelle vie individuelle , ou quandil 
doit conserver celle qui existait déjà, il est absolu- 
ment nécessaire, comme nous l'avons déjà démontré 
plus haut, que les substances se trouvent à l’état 
amorphe. Si, d’après la supposition que nous avons 
établie dans le commencement, la totalité de la terre 
se. trouvait à l’état sans forme avant l’existence des 
corps organisés vivans; et si, également d’après notre 


DE L'HOMME. 89 


supposition , ces corps se développèrent seulement de 
la matière amorphe, nous ne devons pas assurément 
nous étonner si la même chose se produit encore au- 
jourd’hui, c’est-à-dire, si, partout où il se trouve de 
la matière animalisee à l’état sans forme , ıl se déve- 
loppe encore de nouvelles vies individuelles ou bien 
de nouvelles organisations. Que nos infusions ne pro- 
duisent pas des éléphans ou des baleines, et qu'il ne 
se forme dans nos fumiers que des champignons et 
non pas des chênes et des pins, cela est facile à con- 
cevoir , quand on compare les masses en fermentation 
entre elles; car celles qui fermentent sous nos yeux, 
et qui produisent de nouvelles vies individuelles, ne 
sont pour ainsi dire que des points mathémauques en 
comparaison avec la totalité de la masse de notre 
terre jadis en fermentation. Qui sait quel serait le pro- 
duit , si des millions de grands corps organisés étaient 
soumis à la fois à une pareille fermentation prolongée 
et entretenueavec soin? 

Ce que j'ai dit jusqu’à présent sert à prouver qu'il 
ne peut pas être question de mort dans toute la nature 
organisée. La mort n’est qu'une transition à une nou- 
velle vie ou bien à une autre forme de vie‘: c'est une 
vérité que nous trouvons constatée dans toute la na= 


1 Terra nostræ telluris putredinis producta absorbendo nigra et fer- 
ulissima evadit, hinc plantis prestantissimum præbet pabulum. 
Hinc elucescit morte , et putrefactione hominis corpus non perire , sed 
duntaxat ejüsdem structuram organicam deleri , et perenni circulo ele- 
meniorum unius destruclionem ‘alierius esse generalionem. Plenk, 


ITysrogologia. 


90 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ture organique. Les corps privés de vie ne servent 
pas seulement, comme nous l'avons déjà souvent re- 
marqué, à la conservation de la vie déjà existante ; 
mais encore il peut même s’en développer de nou- 
velles vies individuelles, comme la moisissure, les 
nostocs ‚les champignons, la matière verte de Priest- 
ley, les infusoires, etc., nous le prouvent jusqu’à 
l'évidence. 

Mais j’entends me faire cette question : est-ce une 
chose bien prouvée et constatée, que ces organisa- 
tions doivent leur existence à une formation sponta= 
née ou primitive, et qu’elles ne se sont pas dévelop- 
pées, comme toutes les autres, par le moyen de 
graines et d'œufs? Un critique, après s'être ap- 
puyé dans son texte sur des argumens bien faibles 
contre la formation spontanée des vers intestinaux ;, 
s'exprime encore dans une note de la manière sul- 
vante : « Les infusoires ne nous mettent pas tout à 
fait en droit de détruire l’axiome omne vivum ex ovo°; 


Annalen der litteratur und kunst in dem esterr kaiserthum gtes 
Heft. 1812 in der Recension des Buchs : de tzeniä latä vom Hrn, 
Prof : Reinlein , s. 317. | 

2 L’axiome omne vivum ex ovo a été attribué à tort par ce cri- ” 
tique à Linne, tandis qu’il provient de Harvey. Si ce critique aime 
à s'appuyer sur des autorités, je peux cependant lui en opposer 
une autre , qui dit justement le contraire ; il la trouvera dans l’ou- 
vrage de M, Oken , ayant pour titre : Die Zeugung. Voyez la der- 
nière page, où il est dit : nullum vivumex ovo ; omne vivum è vivo. 
Un grand partisan de M. Oken , M. Goldfuss, a cependant rétabli 
l’axiome omne pivum ex ovo ; mais ce dernier auteur ne veul pas 


DE L'HOMME. OL 
car il est plus facile de concevoir que ces animaux se 
forment de germes existans, mais développés depuis 
peu, que d'admettre qu’ils tirent leur origine d’un 
mélange produit par la décomposition des végétaux 
infusés. » | ; 

Il est vrai que ce mode de formation ne saute pas 
immédiatement aux yeux, c’est probablement pour- 
quoi ce critique ne l’a pas pu comprendre. 

Quand certains auteurs se trouvent embarrassés, 
et qu'ils ne savent trop que dire, ils cherchent alors 
prudemment à cacher leur ignorance sous des expres- 
sions douteuses et hasardées : cela a au moins un air 
savant, mais il s’en faut beaucoup que ce le soit réel- 
lement; car on ne sait trop quelle conséquence on 
pourrait tirer d’une manière de voir qui, du reste, 
n’apprend rien. Le vulgaire des lecteurs s’ımagine 
cependant assez souvent à tort qu'un pareil langage 
renferme quelque chose d’une certaine importance. 

Dans toutes les organisations je ne connais que les 
modes suivans de génération : ou elle s'opère par la 
naissance de petits vivans’ , par des œufs et par des 
graines”, ou bien par marcoties?, en y comprenant 
la reproduction des greffes et bourgeons. On appelle 
germe, dans Je langage usité, la première formation 
perceptible d’une plante ou d’une de ses parties, ou, 


designer par là un œuf pondu par un animal, mais bien un œuf 
imaginé , ei appelé par cet auteur zoographique polarisé. 

* Génération vivipare. 

? Génération ovipare. 

* Génération scissipare. 


92 SUR LES VERS INTESTINAUX 

en un mot, son premier développement visible ; mais 
je ne puis pas me former une idée de la sorte de 
germes dont les infusoires pourraient se développer. 
Ce critique n’a pas osé parler d’œufs, par la raison 
que l’on n’en aperçoit point chez ces animaux. Il a 
employé par conséquent le mot germe, par lequel il 
s’est imaginé produire le même effet que celui que 
quelques auteurs se promettent en ajoutant une barre 
à la fin d’une phrase, c’est-à-dire d'inviter les lecteurs 
a pousser encore plus loin la pensée de l’auteur, si 
cela leur est possible. Cependant ce critique exige 
encore davantage de ses lecteurs, comme cela résulte 
du passage suivant, p. 316 : « J’ai trouvé les reins 
d’une femme couverts de grandes hydatides (an 
strongylus hydatis gigas ? ), mais à cette époque j'étais 
trop peu naturaliste pour examiner ces vers. » Il pa- 
rait que ce critique s’est imaginé qu'il était plus sa- 
vant lorsqu'il avanca une erreur aussi grave. Pour 
mettre mes lecteurs à même de concevoir toute lé- 
tendue de l’erreur contenue dans ces trois mots, je 
suis obligé de leur expliquer les deux premiers l’un 
aprés, l’autre. Les helminthologues désignent par le 
mot, strongle un ver qui a le corps allongé, cylin- 
drique, élastique, aminei vers les deux extrémités, 
pourvu de fibres musculaires, d’uneiouverture buc- 
cale, d’un canal alimentaire tres-visible et d’un ap- 
pareil générateur de l’un ou de l’autre sexe. Le 
strongle géant ( strongylus gigas) , chez lequel M. Otto 
croit même avoir découvert un système nerveux, a 
été Ir&s-souvent confondu par les médecins avec l’as- 


DE L'HOMME. 93 
caride lombricoide ( ascaris lombricoides) Le strongle 
se trouve représenté plu, fig. 3. On comprend sous 
le nom d’hydatide (hydatis) une espèce de boule d’eau, 
c’est-à-dire un sac formé par une membrane très- 
mince, presque toujours d’une figure sphérique, 
contenant une liqueur transparente, limpide comme 
de l’eau, ou bien trouble, et sur lequel on n’apercoit 
aucun organe ni à l'extérieur ni à l’intérieur. 

Quel homme, je le demande, peut réunir ces deux 
idées disparates dans une seule? On ne devrait pas 
au moins charger une personne capable d'avancer des 
choses aussi incoherentes, de juger les écrits scienti- 
fiques des autres. 

Je conseille, au-reste, à ce critique, de lire un 
passage du second livre de Samuel : et de bien étu- 
dier la Biologie de Tréviranus. Je recommande éga- 
lement ce dernier ouvrage, vraiment classique, à tous 
mes lecteurs qui auraient encore quelque doute sur 
la formation primitive de la matière verte de Priest- 
ley, des infusoires et de la moisissure. | 

Tréviranus n’a pas seulement examiné avec une at- 
tention particulière les expériences de Needham, 
Wrisberg, Outo-Frédéric Müller , Ingenhouss, etc., 
auteurs qui croient à celte formation ; mais 1l a encore 
étudié avec beaucoup de sagacité les recherches de 
Spallanzani et Therechowsky, auteurs qui ont cru 
réfuter , par leurs expériences, celles des naturalistes 
que nous venons de mentionner. Treviranus, du 


* Livre de Samuel, chap. 10, vers. 5. 


94 ‘SUR LES VERS INTESTINAUX 


reste, a fait lui-même encore quelques expériences 
à ce sujet; en un mot cet auteur a, pour ainsi dire, 
épuisé cette matière, et ce serait une vaine entre- 
prise de ma part de vouloir encore y ajouter quelque 
chose ; car celui qui n’a pas été convaincu par Trevi- 
ranus de la formation primitive des infusoires , ne le 
sera pas non plus par moi, et ne le sera probablement 
jamais. 

Quant à moi, je regarde comme une chose prou- 
vée la formation primitive de la moisissure et des in- 
fusoires, par le moyen des corps organisés privés 
de vie. 

Mais s’ilse développe réellement de ces derniers des 
organisations vivantes et existantes par elles-mêmes, 
une semblable formation, ce me semble, doit d’au- 
tant plus facilement avoir lieu dans les organisations 
vivantes elles-mêmes. Il nous est encore permis d’ad- 
mettre que les organisations qui se développent dans 
le vivant, n'importe que ce soit dans un homme, 
dans un animal ou dans une plante, doivent être 
beaucoup plus parfaites que celles formées d'un corps 
privé de vie, par la raison que le principe de la vie, 
dans le premier cas, se trouve monté plus haut, et 
agit d'une manière plus intense. L'expérience même 
nous le démontre aussi réellement. Il se forme des 
plantes ou des organisations privées de vie, selon les 

circonstances , tantôt de la moisissure et tantôt des in- 
fusoires. Nous voyons, par exemple, que des infu- 
soires se développent dans la colle de farine fortement 
délayée , et que de la moisissure croît sur un morceau 


DE L'HOMME. 95 


de viande roue mouillé; mais le contraire a lieu sı la 
chair trempe dans beaucoup d’eau , et si on laisse fer- 
menter la colle telle qu’elle est'. Dans les organisa 
tions vivantes , le nouveau produit est toujours déter- 
miné par la nature de l'organisation dans laquelle il a 
été formé. Des lichens et des mousses croissent sur 
des plantes, et il se forme des vers intestinaux , des 
pous et des cirons dans le corps animal. 

Je m’attends que l’on me dira : comment, vous 
croyez aussi que les pous doivent leur existence, dans 
certains cas, à une formation primitive ? Ces animaux 
pondent des œufs ; la manière et le mode de leur dé- 
veloppement et de leur génération sont par conse- 
quent tout à fait évidens. Je sais très-bien que ces ani- 
maux pondent des œufs, et qu’il en est de même d’une 
grande partie des vers intestinaux, et que d’autres 
parmi ceux-ci sont même vivipares; cependant je 
prétends que les vers intestinaux, c’est-à-dire ceux 
qui se trouvent pour la première fois dans le corps 
animal, sont le produit d’une formation spontanée, et 
qu’il en est de même des pous dans certains cas. L’on 
voit quelquefois sur la tête d’un enfant en bas âge une 
quanuté innombrable de ces animaux, sans cepen- 
dant observer d'œufs, et on remarque encore que la 
mère et la nourrice de cet enfant n’en avaient point. 
D'où proviennent alors les pous dans un cas sem- 
blable? On me dira sans doute : il est possible que 


* Voyez Rheinische Jahrbücher für med. und chır. ». Harles Borr 
1820. (Br.) 


96 ‘ SUR LES VERS INTESTINAUX 
cette communication ait élé opérée par une troi- 
sieme personne. Supposé même que les choses se 
fussent passées ainsi, nous pouvons cependant pré- 
sumer avec raison que cette personne m'aurait pas pu 
transmettre, pour ainsi dire, invisiblement, une si 
grande quantité de pous; en admettant même que 
cette personne eût communiqué à l'enfant deux ou 
trois individus, ceux-ci, avant de se multiplier de 
cette sorte, auraient dü d’abord pondre des œufs, 
que l’on aurait infailliblement remarqués dans les 
cheveux de cet enfant; cependant cela n’a pas eu lieu, 
car de pareils petits pous se développent dans quel- 
ques cas, pour ainsi dire dans une seule nuit, et 
souvent on ne peut pas même parvenir à les détruire. 
D'où viennent encore les pous dans cette affreuse 
maladie nommée phthiriasis , de laquelle nous avons 
des exemples même récens, qui ont été rapportés 
par M. Hufeland : ? | 

M. le professeur Rust a traité en Pologne un em- 
ployé atteint de cette maladie, et il a fallu neuf mois 
à ce médecin avant de le guérir radicalement, malgré 
l'emploi des remèdes les plus efficaces. Il n’est pas 
aussi difficile de détruire les pous qui ont eté gagnés 
par une communication directe. Îl ÿ a neuf à dix ans 
que beaucoup de marchands allemands se rendirent 
par la Bosnie ei l’Albanie à Salonique. Le troisième 
ou quatrième jour de leur voyage, tous ces hommes 
furent couverts de pous qu'ils avaient gagnés de 


1 Jahrsang 1813. 3tes Heft page 122, f. 


DE L'HOMME. 97 
Tures, qui voyageaient dans leur société. A près le 
départ de ces derniers, et après s'être bien nétoyés, 
ils en furent entierement débarrassés. 

Ce fait démontre la grande différence qui existe 
entre les pous gagnés par communication directe et 
ceux qui se sont formés spontanément. M. le docteur 
Fechner croit avoir observé que quelques personnes 
atteintes de maladies chroniques, et qui n'avaient 
pas élé auparavant incommodées par les pous, com- 
mencérent cependant à en être remplies peu de temps 
avant de mourir. 

M. Rust m'a communiqué l'observation suivante ; 
digne d’être citée. Voici ses propres expressions : 
« Je fus engagé, en 1808, par M. le docteur Müller, 
pendant que je séjournais à Zaslaw, en Volnie, à la 
cour du prince Sangusko, à assister à une consulta- 
tion devant se faire chez un enfant juif du sexe mas- 
culin, âgé detreize ans, qui avait une très-grosse tu- 
meur sur la tête, et pour laquelle on avait déjà employé 
inutilement beaucoup de remèdes sans pouvoir la dis. 
soudre.Je m'y rendis et je visque la plus grande partie 
du crâne était occupée par une tumeur très-élevée, 
mollasse, mais sans la moindre fluctuation. Je ne pus 
non plus trouver nı trace d’inflammation actuelle ou 
passée, ni lésion ou anomalie dans les tegumens du 
crâne. Le malade avait un air cachectique et se plai- 
gnait seulement d'une démangeaison insupportable 
dans l’intérieur de la tumeur , qui semblait avoir &é 
formée par métastase à la suite d’une fieyre ner- 
veuse. Cette tumeur s'était grossie dans l'espace de 


7 


98 SUR LES VERS INTESTINAUX 


huit jours jusqu'à un volume considérable. Pour nous 
faire une idée exacte de la nature du contenu ; nous 
convinmes de faire une incision dans la tumeur, et 
cela fut pratiqué sur-le-champ ; alors une quantite 
énorme de petits pous blancs en sortit, lesquels, 
réunis et mesurés ensemble , remplissaient une pinte 
de Pologne ; ce fut tout ce que contenait la tumeur. 
Des frictions faites avec l’onguent mercuriel sur les 
tégumens du crâne, et des injections de même nature 
dans la cavité de la tumeur, jointes à l'usage de mé- 
dicamens intérieurs, rétablirent bientôt le malade 
sans que nous ayons pu connaître la nature de cette 
maladie singulière; ıl est encore digne de remarque 
que ce malade , d’après les renseignemens donnés par 
les parens, n'avait jamais eu auparavant de croüles 
laiteuses sur la tete, et qu’il avait eu toujours moins 
de pous dans son enfance que les autres enfans n’ont 
coutume d’en avoir. » 

Le ciron (acarus exulcerans, L.), dans mon opi- 
nion, n’est pas la cause, mais une production de la 
gale, ou du pus qui est contenu dans les boutons des 
galeux; c'est par celie raison que l’on ne rencontre 
pas cet insecte dans toutes les éruptions de cette na- 
ture , et sa production paraît dépendre de causes par- 
ticulières ànous inconnues. D’Azara raconte : « Quel- 
ques habitans du Paraguay sont sujets à une espèce de 
gale qui diffère de la gale ordinaire; il se forme dans 
chaque bouton un petit insecte blanc de la grandeur 
d’une puce. Ge sont ordinairement des femmes qui les 
extraient avee la pointe d’une épingle, et la guérison 


DE L'HOMME. 99 


de ces malades en resulte. J’ai vu retirer plus de 
soixante de ces insectes des fesses d’une femme. Il pa- 
raît qu'ils ne se produisent pas par l'acte de la généra- 
tion, mais bien par une disposition particulière des 
humeurs du malade. Les vers’ que l’on rencontre dans 
les reins de l’aguara-ouaza (espèce de chien sauvage ) 
semblent avoir la même origine. » 

Mais j'entends dire : nous ne pouvons nullement 
concevoir comment un corps organisé vivant pourrait 
se développer sans Pintermede d’un autre corps or- 
ganisé de même nature, ou semblable à lui sous tous 
les rapports. Je conviens qu'une pareille formation 
n'est pas facile à comprendre , mais j'ajoute quela plus 
grande quantité des phénomènes de la nature en ge- 
néral, sont encore des problèmes pour nous; car, je 
le demande, quel est l'homme qui sache au juste com- 
ment une nouvelle vie individuelle se produit par la 
voie de la génération? Celle des mammifères est peut- 
être la moins difficile à concevoir ; mais celle de la plus 
grande partie des autres animaux est, pour nous, aussi 
incompréhensible que la formation primitive. On ne 
doit pas s’imaginer que la différence entre les mam- 
miferes vivipares et les animaux oviparés soit aussi 
peu considérable que plusieurs physiologistes, et 
entr’autres Gautieri, se plaisent à croire. Ce dernier, 
par exemple, place les vivipares et les ovipares sous 


* Il résulte de ce que cet auteur dit dans son Essai sur l’histoire 
naturelle des quadrupèdes de la prövince du Paraguay, 1. 1, p.313, 
que ce sont des strongles géans. 


7°. 


100 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Je rapport de la génération dans la même classe, et il 
admet pour toute différence entre ces deux classes 
d'animaux , que l’œuf, chez les premiers, se déve- 
loppe dans la matrice elle-même, et dans les autres 
au dehors. il est vrai que le mode de génération des 
salamandres et des orvets vivipares, et celui des lé- 
sards et couleuvres ovipares, n’est pas très-différent ; 
bien plus, c’est presque le même; car chez les lé- 
sards et les couleuvres l’œuf parfait se sépare de la 
mère avant que le jeune animal ne soit formé com- 
plétement. Chez les salamandres etles érvetsl’œuf sé- 
journe dans le sein de la mère jusqu'au développe- 
ment complet du petit, cependant, sans que cel œuf 
semble avoir plus de rapports directs avec sa mére, 
que celui qui est déposé immédiatement sur la terre 
par la sienne. 

Les différences sont plus considérables et plus es- 
sentielles entre les mammifères vivipares et tous les 
autres animaux ovipares ou vivipares; les VOICI : 

1°. Chez les mammifères un accouplement complet 
a lieu. Les humeurs spermatiques du mâle et de la 
femelle se mélent ensemble , au moins cela paraît se 
passer ainsi. 

20. L'animal nouvellement formé jouit d’une vie 
propre, des le moment de la fécondation. Get animal 
semble, à la vérité, ne consister ‚au commencement, 
que dans un point sautillant (punctum saliens ); mais 
c’est néanmoins déjà un véritable animal; 1l grandit, 
il se développe peu à peu, et il se sépare de sa mére 
après un temps exactement determine; mais ıl meurt 


DE L'HOMME. 101 
si le développement progressif de sa formation est in- 
terrompu par une cause quelconque. Les choses se 
passent autrement si la conception a eu lieu hors de 
la matrice , et chez le fœtus enfermé dans un autre. 

3°. Ce qu'on nomme à tort l’oeuf* (car on ne peut 
pas avec juste raison lui donner ce nom, en le compa- 
rant avec les véritables œufs) ou bien les membranes 
qui entourent le nouvel animal , se forment plus tard. 

4°. Le placenta, quelque forme qu’il ait, par le- 
quel le jeune mammifere- reçoit sa nourriture, est 
placé hors de ce prétendu œuf, ou bien hors de ses 
membranes, et ıl est au moins dans une communica- 
tion médiate avec la mère; car , quoique-les vaisseaux 
du placenta ne s’anastomosent pas avec ceux de la 
matrice, cette dernière acquiert cependant un vo- 
lume beaucoup plus considérable pendant la gros- 
sesse, c'est-à-dire pendant le développement du jeune 
animal; les vaisseaux de cet organe se dilatent con- 
siderablement, et il en suinte des substances nutri- 


* Les vésicules de Graaf ne sont pas de véritables œufs, et elles 
ne doivent nullement être comparées avec des œufs provenant d’a- 
nimaux ovipares ; car le jeune animal ne se forme pas dans des vé- 
sicules ; elles ne grossissent pas comme d’autres œufs, et elles ne 
descendent pas non plus dans la matrice. Ossiander s’exprime là- 
dessus ainsi : « Les œufs de Graaf ne sont pas de véritables œufs, 
mais bien des bourses gélatineuses de forme irrégulière et de gros- 
seur très-variable. Les corps , de couleur jaune, ne sont égale- 
ment rien autre chose que des bourses semblables remplies d’une 
matiere (smegma) colorée. Voyez Getlingsche gelehrte anzeigen 
1814. 1634es stück. 


102 SUR LES VERS INTESTINAUX 

tives selon le besoin du fœtus, qui se développe tou- 
jours de plus en plus. Ces substances sont absor- 
bées par les vaisseaux du placenta et communiquées 
ensuite au jeune animal. En un mot celui-ci se nour- 
rit aux dépens de sa mère aussi long-temps qu’il reste 
enfermé dans son sein. 

Pxaminons à présent ce qui a lieu dans les ani- 
maux ovipares, et surtout chez les animaux à sang 
chaud , les oiseaux, qui ont le plus d’affinité avec les 
mammifères; car, si nous voulions aller plus loin, 
nous pourrions facilement rencontrer des animaux 
chez lesquels nous ne trouverions plus de points de 
comparaison. 

1°, 11 se détache de la totalité de la masse de l'ovaire 
de la poule une goutte d’une substance amorphe, et 
il s’en forme un tout clos en lui-même, le commen- 
cement de l’œuf. Ce développement primitif de l'œuf 
perceptible à nos yeux est bien renfermé dans une 
poche, qui est fixée à l'ovaire par un pédoncule, mais 
l’œuf forme néanmoins par lui-même un tout séparé. 

2°. L’œuf qui s’est formé spontanément dans le . 
corps de la poule, c’est-à-dire sans l'intermédiaire du 
coq, se développe néanmoins et jouit d'une vie indi- 
viduelle. Il grandit, et non pas comme un cristal, 
par couches de substances semblables ( per juxtaposi- 
tionem), mais par sa propre force vitale interne (per 
intussusceptionem ). Il faut cependant que l'œuf re- 
coive du dehors, c’est-à-dire de sa mère, les substances 
nécessaires à son propre accroissement ; Car sans cela 
il ne pourrait pas atteindre son développement com- 


DE L'HOMME. SALE 103 
plet. Il paraît aussi qu’elles doivent être extrémement 
simples et ténues pour pénétrer à travers des mem- 
branes qui peuvent retenir l’air donion les a remplies. 
L'œuf forme, de ces substances qui lui ont été com- 
mupiquées par sa mére, le jeune et le blanc ; il les 
prépare lui-même, car ilne les recoit pas tout formés 
de la poule. L’oeuf, par conséquent, a sa vie propre 
parfaitement semblable à celle des autres corps orga- 
nisés. Après avoir attemt son développement com- 
pler, il se couvre, dans le rectum, de la coque cal- 
caire, et il ne diflère à l'extérieur en rien d'un œuf 
fécondé par l’intermédiaire du coq. La différence se 
trouve donc dans son intérieur, en ce qu'il ne peut 
jamais s’en développer un petit. L’œuf non fécondé 
et formé spontanément dans la poule, nous fournit 
ainsi un exemple remarquable d’une vie individuelle 
dans une subsiance sans forme, car le jaune et le 
blanc sont liquides. Comme l’œuf se forme, se con- 
serve et se développe tout à fait à la manière de tous 
les corps organisés vivans, nous sommes par Celle 
raison obligés d'admettre qu'il vit réellement. 

3°. L’œuf, qui s'était déjà formé avant que le coq 
n’eût agi sur la poule, est bien rendu fécond par cet 
acte de la génération; mais ici il ne s’opere pas, 
comme dans l’accouplement des mammiferes, un 
melange des humeurs spermatiques ; il est même 1m- 
possible qu’un peu de sperme du coq puisse arriver 
jusque dans le voisinage de l'œuf. Chez les coqs et 
la plus grande partie des oiseaux, les canaux defe- 
rens partent des testicules, et ils se terminent dans le 


104 SUR LES VERS INTESTINAUX 


rectum par deux petits mamelons ; mais ceux-ci sont 
beaucoup trop petits pour atteindre le rectum de la 
poule, et encore moins pour pouvoir s’y introduire 
pendant l’accouplement; les plumes mêmes offrent 
un obstacle à l’éjaculation du sperme jusqu’à cet en- 
droit. Par conséquent, dansce cas-c1 rien de corporel 
ou de matériel ne peut contribuer à la fécondation ‚et 
ce qui rend l'œuf fécond doit être placé dans une force 
particulière, qui a nécessairement le sperme pour 
conducteur ; cependant cette force se communique à 
l'œuf d’une manière inconcevable pour nous, et lui 
donne, dans quelque degré de développement qu'il 
soit (car plusieurs œufs sont fécondés à la fois, et 
chacun se trouve dans un état parüculier de develop- 
pement ) la faculté de produire un petit animal sem- 
blable à ses parens. 

4°. Mais le commencement de la vie individuelle 
du jeune oiseau ne résulte pas encore de cet acte de la 
génération, et de cette fécondation, la possibilité de 
son développement est seule déterminée par là. Chez 
les mammifères, la nouvelle vie commence au mo- 
ment même d’un accouplement fécond , et après un 
espace de iemps exactement déterminé pour chaque 
espèce, le jeune animal se sépare de sa mére. Cela ne 
se passe pas ainsi chez l'oiseau. Nous remarquons 
bien le germe dans un œuf fécondé ; mais le punctum 
saliens, c’est-à-dire le commencement de la vie indi- 
viduelle, ne se développe que pendant l’incubauon, 
et à dater de cette époque seulement, on peut déter- 
miner le moment de la sortie du petit. Il est du reste 


DE L'HOMME. 105 
- indifférent que l'œuf ait été fécondé à un degré quel- 
conque du développement qui lui est propre ; mais ce 
qui est seulement nécessaire, et ce qui détermine la 
principale différence entre le développement d’un 
mammifère et celui d’un oïseau, #stque, chez le der- 
nier , l'œuf doit être complétement développé avant 
que la nouvelle vie individuelle puisse commencer , 
au contraire de ce qui a lieu dans le premier; d'où 
résulte la cinquième différence entre les mammifères 
et les oiseaux, c’est-à-dire que le placenta ne se trouve 
pas au dehors, mais bien dans l'intérieur de l'œuf, 
dans lequel ıl a déjà été amassé par avance autant de 
substance qu’il en est besoin pour nourrir et conser- 
ver le jeune oiseau jusqu’au moment de sa sorlie, 
tandis que cela se passe tout differemment chez les 
mammifères ,comme nous l’avons déjà vu. 

Ces réflexions peuvent suffire pour démontrer la 
grande différence qui existe réellement entre le mode 
de génération des mammifères vivipares et celui de 
toutes les autres classes d'animaux. Nous avons égale- 
ment montré dans nos réflexions qu’une nouvelle vie 
individuelle peut réellement se développer spontané- 
ment dans un corps organisé: l’œufnon fécondé de loi. 
seau nous en fournit un exemple remarquable. L’on 
m’objectera peut-être, que l'appareil générateur de la 
poule est conformé de manière à ce qu'un œuf puisse 
ou plutôt doive s’y développer spontanément, et que 
la productiou des œufs est inhérente aux fonctions, 
naturelles des organes sexuels de cet animal. Mais je 
pourrais alors aussi bien admettre que la production 


106 SUR LES VERS INTESTINAUX 


des ascarides et des cestoides est inhérente aux fonc- 
tions du canal intestinal, et que la formation des 
douves et des hydatides appartient aux fonctions du 
foie. Si on voulait me dire que ces vers ne se trouvent 
ni dans tous les intestins ni dans tous les foies, je ré- 
pondrais qu'il y a également des animaux qui ne sont 
pas non plus susceptibles d’être fécondés, et qui ne 
pondent jamais d'œufs. Les personnes qui regardent 
la production des vers intestinaux comme le résultat 
ou plutôt comme la suite d’une lésion des fonctions 
des organes en général, peuvent encore avoir raison. 
Il reste cependant certain que telle ou telle espèce de 
vers se développe seulement dans des organes deter- 
mines; car les douves du foie, par exemple, se pro- 
duisent seulement danse foie, etc. Nous reviendrons 
plus tard sur ce sujet. 

J'ai tâché jusqu’à présent de démontrer que le dé- 
veloppement d'un jeune animal, surtout quand ıl 
n'appartient pas à la classe des mammifères, opéré à 
la suite d’un accouplement fécond , est aussi incom- 
préhensible que le développement d’un animal sans 
l'intermédiaire de parens, c’est-à-dire par formation 
primitive ou spontanée. Nous sommes donc obligés 
de recourir à la formation probable des premiers corps 
organisés; ce n'est pas dans l’espoir de comprendre 
par là la génération ou une formation quelconque , 
n'importe de quelle manière elle s’opere, mais bien 
pour qu'il nous soit possible de déduire les mêmes 
effets des mêmes causes. Eu suivant cette route , nous 
devons nécessairement arriver à des corps organisés 


DE L'HOMME. 107 


qui n’ont pas été produits par des parens, mais bien 
qui se sont développés spontanément par la maliere 
sans forme; car j'ai täché de démontrer dans le com- 
mencement de cette digression , que notre terre exis- 
tait long-temps avant la formation des corps organisés 
isolés, et que les matitres brutes ont dû être séparées 
d’abord comme masses mortes, avant que l'esprit ait 
pu transformer les parties intégrantes de la matiere 
épurée en corps isolés doués d’une vie individuelle. 
Nous avons également démontré que plusieurs créa- 
tions semblables ont dû avoir lieu sucessivement, et 
qu’elles ont été la suite des fermentations générales 
de la terre. Chaque corps organisé vivant doit par con- 
séquent être considéré comme une partie intégrante 
de toute la terre vivante; et il forme en lui-même un 
monde, qui est à la terre comme celle-ci est au so- 
leil. Il s'opère en lui en petit ce qui s’opère en grand, 
ou plutôt ce qui s’est déjà opéré dans la terre ; car 
depuis que la vie individuelle de cette dernière a été 
divisée et communiquée à tant d'êtres isolés, elle 
jouit d’une vie plus tranquille; sa vie actuelle est à 
comparer, pour ainsi dire, au sommeil. La vie in- 


: Ce sommeil est cependant quelquefois interrompu par des réves 
violens, en considérant comme tels les éruptions volcaniques , les 
tremblemens de terre, les écroulemens de montagnes, etc. Du 
reste, nous ne pouvons pas démontrer ayec certitude qu'il n’y 
aura pas un jour encore une fermentation générale de la terre; 
dans ce cas on peut très-bien s’imaginer que d’autres substances 


pourraient être encore precipitees comme brutes au-dessus des 


108 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dividuelle, principalement celle des organisations 
animales, est plutôt à comparer à la vie de la terre 
lors de ses époques tumultueuses , où les grandes fer- 
mentations suivies de nouvelles créauons avaient 
lieu. La vie universelle, ou bien l'acte éternel de fer- 
mentation, a été en quelque sorte transférée a des 
corps isolés doués de vie. Dans chaque organisation 
animale existe une fermentation continuelle, pendant 
laquelle de nouvelles substances sont admises, pré- 
cipitées , appropriées , dissoutes, décomposées et ex- 
crétées ; en un mot, la vie consiste dans une décompo- 
sition continuelle et dans une combinaison nouvelle de 
substances. Si nous réfléchissons à la grande quantité 
de substances animalisées sans forme qui se trouvent 
dans chaque corps animal, est-il alors étonnant qu'il 
puisse se former de celle dont le corps n’a pas besoin 
pour sa nutrition, ou qui n’y est pas même propre à 
cause de sa composition particuliere, une petite 
masse, un tout existant par lui-même, ou bien qu'il 
se produise un ver intestinal dans ce petit monde (x 
crocosmus ) , à l'exemple du grand , dans lequel se dé- 
veloppa jadis un ver de terre. Ce nouveau ver une fois 


autres masses mortes, et qu'il se produirait alors des êtres dans 
lesquels l'esprit agirait encore plus librement que dans l’homme ; 
car quoique la création actuelle ne puisse pas exister sans eau li- 
quide et sans une atmosphère qui fait monter le mercure à vingi- 
huit degrés dans le baromètre , il ne suit nullement de là que la 
même chose devrait avoir nécessairement lieu dans une création 
subsequente, 


DE L'HOMME. " 109 
formé, pourra ensuite multiplier son espèce en pro- 
duisant des animaux semblables à lui. Nous sommes 
obligés de nous imaginer, comme il a été déjà remar- 
. que, les parens primitifs de tous les animaux à nous 
connus , comme des animaux originairement sans pa- 
rens , et cependant comme doués de la faculté de ré- 
générer leur espèce de manière différente; et juste- 
ment les différens modes de génération que l’on ob- 
serve chez les vers intestinaux, prouvent que la marche 
de la nature créatrice en petit est tout à fait semblable 
à sa marcheen grand, et qu’il ne s'opère actuellement 
rien autre chose dans le corps animal vivant, que 
ce qui s’opera de même anciennement dans notre 
globe vivant. En effet, chez les vers intestinaux, on 
trouve, pour ainsi dire, une repetition de tous les 
modes de generation qui existent dans la serie des or- 
ganisations animales. 2 

L’&chinocoque se trouve au plus bas degré de for- 
mation organique. J’ai eu occasion de faire les obser- 
vations suivantes sur son mode de génération. Un foie 
de bœuf pesant cinquante-deux livres , était rempli 
d'hydatides , parmi lesquelles il y eu avait quelques > 
unes de la grosseur du poignet d’un homme robuste. 
Je tâchai de les disséquer à la manière accoutu- 
mée, mais je ne pus atteindre mon but, parce que 
la membrane interne ou bien la membrane particu- 
liere du ver était fortement adhérente aux parties 
environnantes, parties par le moyen desquelles la 
capsule s’était formée. En incisant une de ces vessies 
d’une extrémité à l’autre, il en sortit une quantité 


110 SUR LES VERS INTESTINAUX 

considérable de vésicules formées par une membrane 
très-mince remplie d’eau , et de différentes grosseurs ; 
les plus petites moins grosses qu’un pois, et les plus 
fortes de la grosseur d’une noix. En ouvrant une des 
dernières, je trouvai qu’elle en contenait encore plu- 
sieurs plus petites, et ce ne fut que dans celles-ci 
que je remarquai la matière appelée granuleuse (ma 
teries granulosa ), c’est-à-dire les véritables échinoco- 
ques. J’ai trouvé également des emboîtemens sem 
blables dans une hydatide énorme provenant du foie 
d’un homme. En 1814 j'ai encore eu occasion d’ob- 
server sur les poumons et le foie d’un chameau (came= 
lus dromedarius ) la generation des échinocoques, ce 
qui m’a permis de confirmer ce que j'avais vu précé- 
demment. Ces animalcules , placés au plus bas degré 
de la série animale , se multiplient par conséquent de 
la manière la plus simple. L'animal qui reproduit 
ses descendans cesse lui-même d’être un animal et se 
transforme en une membrane dans laquelle ses petits 
se trouventenfermés, comme la graine cesse d'exister 
comme telle, sitôt que le germe de la nouvelle plante 
s’est développé en elle. On observe un semblable 
mode de génération chez le kolpode capuchon ( koi- 
poda cucullus ? et chezle volvoce globuleux (volvox 


globator ji 


: Voyez, plus loin, le chapitre sur l’échinocoque. 

2 O. Fr. Müller , Verm. terrestr., vol. ı , part. 1 , p. 58. 

3 Reesel Insecten belustigungen, 3 Th. s. 617. Tab. 101, fig. 1, 2, 5. 
De geer in den schwed. Abhandl. auf das Jahr 1761. Bd. 23.s: 112), 
tab. 111, fig. 1-5. 


DE L'HOMME. 118 

On n'a pas encore pu découvrir les organes destinés 
à la génération chez le cysticerque , animal également 
d’une structure tres-simple : je crois cependant avoir 
observé quelque chose à ce sujet. J’aı trouvé dans la 
cavité thoracique de deux campagnols (mus arvalis, 
L.) des eysticerques en assez grand nombre, et qui 
y nageaient librement”. Ces vers étaient à peine un 
peu plus gros qu'un grain de millet. A la vessie ter- 
minale de plusieurs de ces individus, on voyait 
pendre au dehors un, plus souvent deux, mais plus 
rarement trois jeunes cysticerques. On ne doit nul- 
lement croire que j'aie peut-être pris des aspérités de 
la vessie caudale pour des vers, car on voyait claire 
ment leur cou (leur tête, à cause de sa petitesse , ne 
put pas être vue ni séparée } à l’aide duquel ils étaient 
implantés comme par un pédoncule sur la mère. Il pa- 
raît que Goeze a observé quelque chose de semblable. 
Par conséquent la génération de ces vers s’opere en 
quelque sorte par marcottes, comme cela a lieu chez 
les polypes et chez les animaux du corail. 

Le polycéphale ( polycephalus,'Led.,cænurus, Rud.) 
fait peut-être la transition du premier mode de géné- 
ration au second. Îci plusieurs têtes sont implantées 
sur une vessie commune. Peut-être ces têtes se for- 
ment-elles peu à peu : mais nous ne savons encore rien 
de positif là-dessus* . 


* C'était , en effet, une rencontre très-rare , car ces vers, ainsi 
que les hydatides en général, sont ordinairement enfermés dans 
des capsules particulières. 

* Voyez Fischer dissert. ; y est question d’un polycéphale de la 


112 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Les cestoides sont de véritables kermaphrodites, et 
les articulations du même ver peuvent s’accoupler 
mutuellement. 

Les trématodées sont androgynes. L’apparcil géné- 
rateur des deux sexes se trouve réuni dans chaque in- 
dividu; mais celui-ci ne peut pas se féconder lui- 
même; il a besoin pour cela d’un autre individu de 
son espèce , qui est fécondé à son tour par le premier. 
Les trématodes sont en général ovipares, mais d’aprés 
le témoignage de Zeder , ’amphistome subclaviforme 
(amphistoma subclavatum), provenant du rectum des 
grenouilles , est vivipare. Il y a par conséquent 1Ci un 
rapprochement dans le mode de génération avec les 
animaux d’une organisation plus parfaite, c’est-a-dire 
avec ceux de la classe des reptiles, ‘qui sont égale- 
ment en général ovipares ; mais dont quelques-uns 
sont aussi vivipares, comme les orvets, les vipéres » 
les salamandres , etc. 

Les acantocéphales ont bien des parties sexuelles 
séparées , et le mäle se distingue par une vessie qui se 
trouve placée à la partie postérieure, mais ıl n’y a pas 
d’accouplement, et la fécondauon s'opère d’après la 
supposition très-probable de M. Rudolphi , comme 
chez les poissons, les crapauds, les grenouilles, etc., 
par aspersion des œufs avec le sperme du mâle au 
dehors de la mère. 

Nous arrivons enfin aux vers intestinaux du plus 


rosseur d’un pois, que l’on a trouvé dans les ventricules d’un 
g , 


mouton d'Espagne. ( Br.) 


DE L'HOMME. | 113 
haut degré d'organisation , c’est-à-dire aux nématoï- 
. des. Ceux-ci ont des organes sexuels séparés. Les fe- 
melles sont pourvues d’un vagin , et les mâles ont un 
pénis (qui est peut-être double et bifurqué) tres-fa- 
cile à apercevoir. On trouve dans le corps des pre. 
mieres une espece de matrice et des oviductes, et 
dans celui des derniers des vaisseaux spermatiques. 
La plus grande partie de ces vers est ovipare; mais 
il y en a quelques-uns qui sont vivipares , comme, 
par exemple, le genre entier des cucullans, et les né- 
matoïdes provenant du poumon et du rectum des 


crapauds, des grenouilles et de quelques autres 
reptiles. 


Quoique les vers intestinaux aient la faculté de se 
reproduire de tant de manières différentes, cepen- 
dant, comme ils ne peuvent pas être transmis d’un 
animal dansun autre, ce qui a été déjà prouvé, il faut 
nécéssairement que les premiers de ces individus ; 
c’est-à-dire ceux qui se trouvent pour la premiére fois 
dans un corps animal, n’importe lequel, se forment 
spontanément. Mais ici il ne s'opère rien autre chosè 
que ce qui s'était déjà souvent opéré en grand sur la 
terre: chaque fois que la terre changea la forme de 
son existence *, la création existante fut aussi chaque 
fois détruite. La même chose arrive quand l'animal, 


» Je ne veux pas parler ici de la forme extérieure , car elle a 
été probablement toujours sphérique ; mais.j’entends les différens 
modes d’être , les différens états sous lesquels elle s’est trouvée , 


depuis qu’elle a formé un tout éxistant par lui-même. 


8 


114 SUR LES VERS INTESTINAUX 
dans lequel les vers s'étaient produits et mulupliés, 


meurt. L’animal, après sa mort, passe à une autre 
forme d'existence , ou bien à une autre forme de vie; 


le ver, qui est le produit de l'animal dans lequel il 


séjourne, doit, par conséquent, nécessairement chan- 
ger aveclui, en même temps, sa forme d’existence 
ou bien sa forme de vie. Le ver est Soumis, comme 
l'animal dans lequel il s’est produit, aux lois de la 
putréfaction , à moins qu'un helminthologue ne 
s’en empare à temps, el ne sauve la forme primitive 
du ver. 

Si quelqu'un voulait m’objecter que dans ma ma- 
nière de voir, la terre a toujours produit à chacune 
de ses métamorphoses des êtres qui ne ressemblaient 
pas à ceux des précédentes, mais que ce n’est pas le 
cas chez les vers intestinaux , puisque de temps im- 
mémorial nous rencontrons toujours les mêmes vers 
chez l’homme , et que, par consequent, ma compa- 
raison ne peut se soutenir ; je répondrais à cela que 
notre terre, à l'exception de la lune, n’a pas produit 
de globes ou de petits semblables à elle. Du reste, 
nous ne savons pas ce qui se passe dans la lune ; nous 
ignorons également sı elle n’a pas déjà subi les mêmes 
métamorphoses que notre terre ‚ou bien sielle est en- 
core à les éprouver. Chez leshommes et les animaux, 
lesemblable reproduit le semblable ; par conséquent , 
les animaux qui se sont développés d’eux et dans eux, 
doivent nécessairement se ressembler. Nous obser- 
vons cependant dans le microcosmus , dans l’homme 
comme animal , soumis à une métamorphose moins 


DE L'HOMME. 115 


lente , une difference ou une tendance prédominante 
à la formation spontanée de tel ou tel parasite, selon 
que ce microcosme se trouve à tel ou tel degré de 
développement. Ainsi, pour ne parler que de nos 
vers, il ne se produit Chez les enfans en général, car il 
n’y a rien sans exception dans ce monde, que des as- 
carides et des oxyures, et chez les adultes, nous obser- 
vous plus souvent des cestoides, des strongles, etc. 
Voilà donc encore ici un rapport avec ce qui a eu lieu. 

La certitude de la formation primitive des vers in- 
testinaux est donc clairement établie, non-seulement 
par des preuves négatives, puisque les vers intesti- 
naux ne peuvent pas arriver du dehors dans le corps 
animal , mais elle est encore déduite de l’analogie de 
la formation primitive des infusoires, de la moisis= 
sure , etc., et enfin elle est démontrée par l'induction 
tirée de la formation première probable de tous les 
Corps vivans; mais, pour un observateur exact, il 
existe encore des preuves directes. 

M. Rudolphi* croit avoir observé le développe 
ment: du tænia dans un chien. On rencontre assez 
fréquemment le géroflé (caryophyllœus mutabilis , 
Rud.) dans les poissons du genre cyprinus. Ge ver a 
reçu son premier nom de sa ressemblance avec un 
clou de girofle, et la grande variabilité de la partie 
antérieure de la tête lui a valu le second. J’ai remar- 
qué trés-souvent le premier développement de ces 
vers; j'ai trouvé notamment bien souvent dans là 


2 Entoz., vol. 1, p. 411. 


116 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mucosité, dont les parois internes des intestins de 
ces poissons sont enduites, de ls corps de la lon- 
gueur d'une ou deux lignes, et même quelquefois 
un peu plus, qui remuaient et qui donnaient claire- 
ment des signes de vie. Ces corps ressemblaient , 
quant à leur couleur et à la nature de leur substance, 
aux gerofles; mais ils étaient dépourvus de tête. Je 
puis assurer que la tête n’était ni déchirée ni ré- 
tractée, car je les ai examinés long-temps avec la plus 
grande exactitude , et jamais je n’ai vu quelque chose 
quiressemblât à la tête. Apres lesavoir nétoyés, à l’aide 
d’un pinceau , de la mucosité dont ils étaient entou- 
rés , on royal qu'ils formaient un tout clos, étonne 
remarquait, à l’une ou l’autre de leurs extrémités, 
aucun filament, aucune villosité, comme cela au- 
rait eu lieu si la tête avait éié déchirée. La forma- 
tion primitive de ces vers s'opère, suivant mot, 
de la manière suivante : une partie de la mucosité 
intestinale , ou plutôt de la mucosité vivante ct sans 
forme, se coagule en une masse un peu compacte ; 
elle se couvre d’un épiderme , et jouit, des ce mo- 
ment , d’une vie propre; la tête se forme par la suite, 
et à la fin les organes dela génération paraissent. Cette 
supposition a gagné chez moi encore plus de pro- 
babilité, par la raison que j'ai rencontré de pareils 
géroflés beaucoup plus petits, pourvus d’une tête 
complétement développée. 11 paraît, par conséquent, 
que tantôt une plus grande quantité , et tantôt une 
plus petite quantité de cette mucosité , se coagule en 
une totalité, et forme le commencement du ver. Ces 


DE L'HOMME. : 117 
vers, incomplétement développés, sont: cependant 
tous amıncıs versunede leursextrémités, absolument 
comme leclou de girofle. J’ai trouvé également quel- 
ques individus qui commencaient déjà à devenir plus 
larges et plus transparens à l’autre extrémité; c'était, 
par conséquent , le premier développement de la tête. 

Pourrait-1l rester encore quelque doute sur la for- 
mation primitive des vers intestinaux, après tant de 
preuves, iant négatives qu’aflirmatives? 

Celui qui douterait de la formation primitive par 
la seule/raison qu’il ne la comprend pas, et que les 
animaux ont, en général, la faculté de se multiplier 
par l'acte de la generation, serait à comparer à un 
homme qui voudrait nier l’inflammation spontanée 
de la matière électrique, la foudre, par la raison 
qu'il ne-peut produire lui-même des éuincelles élec- 
triques que par le frottement des corps solides. 


An AV 


WUVELUUU VUUY LA UU LAVER AUTRE LUI A URS 


} 


- CHAPITRE DEUXIÈME. 


Division systématique des vers intestinaux en général. 
On sait que les médecins et les naturalistes anciens 
n'étaient pas très-avancés dans l’helminthologie : leur 
science se bornait à connaître quelques-unes des es- 
peces de vers intestinaux que l’on rencontre dans le 
corps humain et que l’on trouve désignés , dans leurs 
ouvrages , sous les noms suivans : ascarides , lumbrici 


118 SUR LES VERS INTESTINAUX 


teretes, lumbrici lati, teenia lata, tænia solium, vermes 
cucurbitini. Ces derniers ont été regardés à tort comme 
formant un genre particulier , puisque ce ne sontque 
des articulations détachées du tænia. Le dragonneau 
(filaria dracunculus ) était également connu par beau- 
coup de personnes ; mais on ne le placait pas parmi 
les vers intestinaux, parce quion le confondait avec. 
le filaire aquatique (gordius aquaticus), et que l’on 
croyait que ces deux vers n'en formaient qu’un. 

Avant Redi, médecin du grand-duc Cosme im 
de Médicis, dans le dix-septieme siècle, il n’était 
venu dans l’idée de personne d'examiner les animaux 
sous le rapport helminthologique : il fut le fondateur 
de cette science; mais il se contenta de décrire et de 
dessiner les vers intestinaux à mesure qu'il en trou- 
vait, et cela ne pouvait pas se faire autrement à cette 
époque: Après lui, cette branche de l'histoire na- 
turelle resta long-temps inculte; personne ne s'en 
occupa d’une manière spéciale, à l’exception de Léo- 
nard Frisch, qui a fait insérer quelques mémoires 
sur les vers intestinaux, dans les Melanges de Berlin. 

Dans la dernière moiué du siècle précédent, 
_Pallas, Otto-Fréd. Müller et Otto Fabricius com- 
mencérent à regarder ces animaux comme dignes de 
quelqu'attention. Linné leur assigna bien une place 
dansson Système de la nature, maisil les rangea parmi 
les autres vers, et placa les filaires (gordius filaria), les 
ascarides (ascaris) et les douves ou fascioles (distoma), 
parmi les. vers intestinaux; l’hydatide et le tænia , 
parmi les zoopbytes. 


DE L'HOMME. 119 

La société des sciences de Copenhague paraît avoir 
éveillé le goùt pour cette science, principalement 
parmi les paturalistes allemands, en proposant pour 
prix, en 1780, de chercher, par l'expérience etle rai- 
sonnement , si les œufs des vers intestinaux, comme, 
par exemple, ceux du tænia, de la douve-fasciole , 
sont innés dans les animaux, ou s’ils y arrivent du 
dehors, et, dans ce cas, d'exposer les moyens pro- 
pres à s’opposer à leur introddetion. La grande-quan- 
tité de vers intestinaux que l’on découvrit alors jour- 
nellement, et qui sont si différens entre eux, lani 
par leur forme extérieure que par leur structure 
intérieure, nécessita une classification. 

Bloch, qui remporta le prix, les a divisés dans 
son ouvrage en deux ordres : le premier comprend 
les vers plats ou larges; le second , les vers ronds. 
Il compte, parmi les premiers, les ligules (Zigula }, 
les douves (distoma) et le ver solitaire ; et parmi les 
seconds , les hydatides et les caryophillées. 

Goeze se contenta d'établir seulement des genres. 

Otto-Fred. Müller: et Francois de Paula Schranck 
suivirent son exemple ; ces deux derniers ont publié 
presqu’en même temps, c'est-à-dire en 1787 et en 
1788, des tableaux de tous les vers intestinaux de- 
couverts jusqu'alors ; mais il manque, dans tous ces 
travaux , un bon principe de classification , et les dif- 
férens genres de vers intestinaux sont souvent rappro- 


. 


ches d’une manière peu naturelle. ” 


» Naturforscher, st. 22. 5. 33 et 86. 


120 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Nous devons à Zeder, homme du plus grand mé- 
rite, les premières bases d’une bonne division systema- 
tique; elle fut publiée en 1800 , dans son premier 
supplément pour l’histoire naturelle des vers intes- 
tinaux, par Goëze : ıl est malheureux qu'il ait re- 
noncé depuis à l’étude de cette science. Il partage 
_tousles vers intestinaux en cinq classes, auxquellesila 
substitué plus tard le nom de familles ; d'aprés le 
conseil de M. Rudolÿhi :. Celles-ci sont suhdivisees 
en genres, qui quelquefois sont subdivisésde nouveau 
‘en sections, et les genres en espèces. Cette division 
systématique a été adoptée par M. Rudolphi, dans 
son grand ouvrage; cependant il a trouvé conve- 
nable de faire quelques changemens dans la circons- 
cription des genres et dans leur disposition. Il a 
aussi remarqué que les deux derniers ordres ne sont 
pas naturels. Je crois, en outre, que le troisième 
et le quatrième auront besoin de quelques modifi- 
cations, et je pense que M. Rudolphi sera obligé 
de réunir dans son ouvrage supplémentaire les mo- 
nostomes hypostomes ( monostomata hypostomata) et 
les polystomes pentastomes (polystomata pentaslo- 
mata), qui formeront, avec le caryophiliée, un 
sixième ordre,’ que l’on sera peut-être obligé de 
placer entre le troisième et le quatrième. 

Wilbrand a imité, comme M. Rudolphi, la clas- 
sification de Zeder. M. Olfers s’en est écarté de 
même que M. Cuvier, et ce dernier a réuni des 


ı Wiedemanns archiv. 4. 5 44. 


DE L'HOMME. 121 


‚vers extérieurs avec les vers intestinaux ; enfin, 
M. Brera a classé les vers intestinaux de l’homme 
à-sa manière : il en forme: cinq ordres, qui sont 
encore subdivisés eh douze genres et en vingt-six 
Pppres, ce qui faqusiénient une fois plus que je 
n’en connais; il est vral qu ıl yena quelques-unes 
parmi elles qui ne sont pas même des vers. Je vais 
-me bornerà exposer la classification de M. Rudolphi, 
telle qu'il Va établie dans son Zraité sur les entozoaires *« 


Oro. I. NÉMATOIDES ( Nematoidea ). 


Corps arrondi, élastique ; canal intestinal complet, 
pourvu d’une bouche et«d’un anus. Les deux sexes 


3 


séparés sur deux individus différens. 

Cet ordre comprend des vers allongés, cylindi- 
ques dans presque toute leur longueur, et plus ou 
moins atténués aux deux extrémités. La tête, non dis- 
tincte, est obtuse ou tronquée, quelquefois accom- 
pagnde de membranes latérales. L'ouverture de ha 


* M. Bremser , dans son ouvrage , do nne ici la méthode suivie 
par M. Rudolphi dans son grand Traité sur les entozoaires ; mais 
il nous a invités à y substituer celle que ce dernier a adoptée dans 
‚son Synopsis , publié en 1818. Nous avons cru faire encore mieux 
en traduisant presque motà mot l’extrait qu’en a publié à Vienne , 
en 1822 , M. le docteur Fischer , aide-naturaliste dans univ ersité 
‘impériale de Vienne , sous les yeux de M. Bremser lui-même, 
sous le titre suivant : Brevis entozoorum seu vermium intestinaltum 
expositio et methodus eosdem investisændi et conservandi , cum icone ; 


nous en reparlerons dans notre supplément. 


‘129 SUR LES VERS INTESTINAUX 


bouche offre de bons caractères génériques dans sa 
forme, et surtout dans l'existence des lèvres, des tu- 
bercules ou des valvules dont elle peut être pourvue. 
La queue continue avec le corps , a son extrémité ob- 
tuse ou aiguë, droite ou oblique, fléchie ou non. Les 
individus mâles ont presque toujours le corps plus 
court, plus grêle que les femelles ; l'extrémité de leur 
queue infléchie offre souvent des aiguillons ou des fi- 
lamens qui appartiennent à l'appareil de la généra- 
tion. Dans les deux sexes, les organes internes de la 
génération, les ovaires dans les femelles, les testi- 
cules dans les mâles, ont la forme de longs filamens 
tres-fins qui s’entortillent autour du canal intestinal, 
souvent plus coloré que le reste, et leur communi- 
cation extérieure se fait par un orifice médian situé 
vers le tiers antérieur du corps. 

Les différentes espèces de cet ordre se trouvent 
dans toutes les classes d'animaux beaucoup plus sou- 
vent dans le canal intestinal que dans le tissu des 
autres parties. 

On les partage en onze genres , qui sont les suivans : 


G. i. FırAıre, Filaria. 


Corps allongé , cylindrique , presque d’un égal dia- 
mètre dans toute son étendue; bouche orbiculaire; 
l'organe excitateur mâle formé par un seul ou par un 
double aiguillon. | 

Les filaires se trouvent non-seulement dans les anı- 
maux vertébrés, mais encore dans les insectes et dans 


DE L'HOMME. 123 


leurs larves; savoir dans le tissu cellulaire sous-cu- 
tané, autour des yeux, des oreilles, des joues, du 
cou, sous la peau des narines, entre les muscles du 
cou , dans l’œsophage, dans la cavité de la poitrine, 
dans les bronches, dans les cavités de la plevre, adhé- 
rens au cœur, dans l'estomac, à la superficie externe 
des intestins, dans le foie, le mésentère, l'épiploon, 
dans la région lombaire ou coxale, et même dans 
les parties génitales; libres, adherens aux organes ou 
comme mélés avec le tissu cellulaire. 


A. Espèces à bouche simple, 


Le F. de M£pıne , F. medinensis , dans le tissu cel- 
lulaire de l’homme. 

Le F. cRÈLE, F. gracilis, dans la cavité abdomi- 
nale des sapajous. 

Le F. ATTÉNUÉ, F. attenuata, dans la cavité abdo- 
minale du geai, C. frugilegus. 


B, Espèces à bouche papilleuse ou labiée. 


Le F.pPApiLLEux, F. papillosa, dans la cavité tho- 
racique du cheval. 


G. IL Trıcnosome, Zrichosoma. 


Corps arrondi, élastique, très-fin'en avant et S’ac- 
croissant peu à peu en arrière; bouche ponctiforme à 
l'extrémité amincie ; l'organe excitateur mâle formé 
par un fil simple contenu dans une gaine. 

Les espèces de ce genre existent chez ies mammi- 


124 SUR LES VERS INTESTINAUX 
fères, les oiseaux et les amphibies, entre les mem- 
branes de l'estomac, dans les intestins grêles ou gros, 
et surtout dans le cœcum, dans la vessie urinaire. 

… Ex. Le T. ivrcécut , 7. inflexum, des intesuns du 
merle bleu, et très-communément de ceux des pi- 
geons et de beaucoup d’autres oiseaux. 


G. 1II. Trıcnoc£ruAue, Zrichocephalus. 


Corps arrondi, élastique, capillaire en avant et se 
renflant subitement en arrière; bouche orbiculaire ; 
l'organe excitateur mâle simple, et contenu dans une 
‚gaine. 4 

Dans l’intestin cecum des mammiferes. 


A. Espèces inermes. 


Le T. de L'Homme, 7. dispar, dans Vıntestin coe- 
cum de espèce humaine. 

Le T. DéPRIMÉ, 7. depressiusculus, dans les intes- 
tins du chien. 


B. Espece armee. 


Le T. n£rısst, T. echinatus, dans l'estomac du lé- 
zard apode ( Zac. apoda , L. ). 


G. IV. Oxyure, Oxyuris. 


Corps arrondi, élastique, subulé à sa partie posté- 
‘rieure; bouche orbiculaire; organe excitateur dans 
une gaine. ARTS | 
"Les espèces de ce genre n’ont été jusqu'ici trou- 


DE L'HOMME. 125 

vées que. dans les gros intestins des mammifères. 
L’une d'elles, la plus commune, l'O. vrermicuraims, 
O. vermicularis , placée par Rudolphi parmi les asca- 
rides , se trouve communément dans le rectum del’es- 
pece ins elle est figurée pl. retrr, fig. 3 et 1-2. 
1L’O. DouTEux, O. ambigua, vient des intestins du 

apin sauvage. 


G. V. CucurLAan. Cucullanus. 


Corps cylindrique , élastique , amimei postérieure- 
ment; la tête pourvue d’une bouche orbiculaire et 
d’une espèce de capuchon strié; organe excitateur 
mâle formé par un aiguillon simple. 

Dans les intestins et l'abdomen des reptiles et des 
poissons. 


Le C. ELEGANT, C. elegans, dans les appendiecs 
pyloriques de la sandre ( perca lucio-perca , L.). 


G. VI. SPIROPTÈRE , Spiroptera. 


Corps arrondi, élastique, aminci aux deux extré- 
mites; la bouche orbiculaire ; l’organe excitateur sor- 
tant entre les ailes latérales d’une queue roulée en 
spirale. 

Dans les animaux vertébrés, entre la troisième 
_ paupiére et le bulbe de l'œil, dans l’œsophage, l'es- 
tomac‘; tres-frequemment entre les membranes et 
dans des tubercules de cet organe chez les poissons, 


136 SUR LES VERS INTESTINAUX 
dans les intestins et la vessie natatoire de ces mêmes 
anımaux. 
A. Espèce à bouche nue. : 
Le Sp. srroNGLOÏDE, S. strongylina, dans l'esto- 


. 
mac du sangiier. | 


B. Espèce à bouche papilleuse. 


Le Sp. osrus, S. obtusa, dans l’estomac de la souris. 
On a aussi trouvé des spiroptères dans la vessie 
urinaire de l'espèce humaine. 


G. VII. PrysALOPTÈRE, Physaloptera. 


Corps arrondi, élastique, aminci aux deux extré- 
mités ; la bouche orbiculaire ; la queue du mäle dé- 
fléchie , ailée de chaque côté, ct pourvue inférieure- 
ment d’une sorte de vessie; l'organe excitateur sortant 
d’un tubercule. 

Dans l'estomac des mammifères , des oiseaux et des 
reptiles. 

Le P. ENFERMÉ, P. clausa, dans l’estomac du he- 
rissOn. 


G. VIIL STRONGLE , Strongylus. 


Corps arrondi, élastique, aminci aux deux extré- 
mités ; la bouche orbiculaire ou anguleuse ; la pointe 
de la queue du mâle terminée par une bourse d’où 
sort l'organe excitateur. 

Les espèces assez nombreuses de ce genre ont été 
trouvées dans les trois premières classes d'animaux 


DE L'HOMME. 157 


vertébrés , dans la caisse du tympan , la trachée- 
artère, les bronches, l’œsophage , les poumons, le 
cœur, les intestins , le foie , les reims, et dans des tu- 
meurs anévrismales des artères mésaraïques. 


A. Espèce à bouche orbiculaire ou aiguillonnée (sderosiomata). 


Le S. ARME, S. armatus, dans l'intestin cœcum du 


cheval. / 
B. Espèce à bouche orbiculaire et papilleuse. 


Le S. GÉANT , S. gigas, dans les reins de l’homme, 
du chien, de la loutre, du phoque, du cheval, du 


bœuf, etc. 
C. Espèce à bouche nue. 


Le S. FILAIRE , S. filaria , dans la trachée-artère et 
les bronches des moutons , où il est souvent en grand 
nombre. 


G. 1X. AscariDE, Ascaris. 


Corps arrondi , élastique, atténué aux deux extré- 
mités ; la bouche à trois valvules; l'organe excitateur. 
mâle formé par un double aiguillon. 

Dans presque toutes les parties du corps des ani- 
maux vertébrés; une seule espèce a été découverte 
dans un animal du type des mollusques (/epas fascicu- 
laris ), par M. Soemmering. On trouve des ascarides 
dans la gorge, l’œsophage, entre les bronches, dans 
les poumons, l’estomac et surtout dans les intestins, 
leurs membranes et leurs tubercules, dans Vabdo- 
men, le foie, la rate, le mésentère, le périnée, le 
plus souvent libres, mais aussi quelquefois adhérens. 


128 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Ce genre, le plus nombreux parmi les vers intes- 
tinaux, contient un très-grand nombre ‘d'espèces, 
dont quatre-vingt seulement sont bien déterminées: 


A. Espèces atténuées également aux deux extrémités. 


a. La tête nue. 


L’A. vomsrıcoipe , A. lombricoides , dans les intes-. 


tins.de l'homme et de plusieurs autres animaux mam- 
miferes. 
b. La tête ailée. 


L’A. ou cHAT, À. mystax, dans les intestins du 
chat domestique. 


B. Espèces dont l'extrémité antérieure est la plus grosse. 
a. La tête ailée. 


PA. VERMICULAIRE, A. vermicularis (oxyuris ver- 
micularis, Br.), dans le canal intestinal de l’espece 
humaine. 

L'A.rAcneré, 4. maculosa, dans le pigeon domes- 
tique. | 

N) b. La tête nue. 

L’A. DENTÉ, A. dentata, dans le canal intestinal 

du barbeau ( cyprinus barbus ). 


C. Espèces dont l'extrémité postérieure est la plus grosse. 


a. La téle nue. 


L’A. sPICULIGÈRE , A. spiculigera, dans l'estomac 
du cormoran (pelecanus carbo ). 


DE L'HOMME. | 129 
b. La tete ailee. 


L’A. SERPENTULE, 4. serpentulus, dans le heron 
cendre. 


G.X. Opniostomr, Ophiostoma. 


Corps rond, élastique, atienue aux deux extrémi- 
tés; la bouche pourvue de deux lèvres ; l’une supé- 
rieure et l’autre inférieure, 

Dans les intestins greles et gros des mammiferes et 
des poissons. 

L’O. sPHÉROCÉPHALE , O. spherocephalus, des gros 
intestins de l’esturgeon (4. Auso ). 


G. XI. LiornynQuE, Ziorhynchus. 


Corps rond , élastique; bouche à l'extrémité d’une 
sorte de trompe érectile et lisse. 

Dans l’estomac et les intestins de quelques mammi- 
feres et de plusieurs poissons. 

Le L. ve L’ANGuILLE , L. denticulatus, dans l’an- 


guille. 
On. IL. ACANTHOCEPHALES ( Acanthocephala ). 


Corps subarrondi, utriculaire, élastique; l’extré- 
mité antérieure prolongée en une sorte de trompe 
rétractile et garnie de crochets disposés par séries. Les 
deux sexes distincts sur des individus differens. 


Cet ordre ne contient encore qu’un seul genre. 
9 


130 SUR LES VERS INTESTINAUX 


G. XIL. EcHmiNORHYNQUE , Echynorhynchus. 


Corps subarrondi, utriculaire, élastique; une 
trompe retractile pourvue de crochets, les sexes dis- 
tincts sur des individus différens. 

Les espèces de ce genre, quisontasseznombreuses, 
existent dans toutes les classes d'animaux vertébrés; 
le plus souvent fixées dans le canal intestinal, entre 
ses membranes et même à l'extérieur dans l’épiploon 
et le peritoine; on en a aussi trouvé quelquefois au 
cou, sous la peau. 

La forme de la trompe, l’existence ou l'absence 
d’un rétrécissement ou d’une espèce de cou entre elle 
et le corps, l'existence ou l'absence de crochets sur 
l’une ou l’autre de ces trois parties fournissent les bases 
de la subdivision des espèces. 


A. Espèces dont le cou et le corps sont sans crochets. 
a. Le cou très-court ou long. 


1°. La trompe subglobuleuse. 

L’E. céanT, E. gigas, des intestins du cochon. 

2°. La trompe ovale. 

L’E. ccosureux, E. globulosus, dans la sciène 
ombre et plusieurs autres espèces de poissons. 

3°. La trompe oblongue, plus grosse au milieu. 

L’E. cent, E. cinctus, de la couleuvre noir-ver- 
dätre (col. atrovirescens ). 

4°. La trompe claviforme, ou „plus grosse à l’ex- 
trémité. 


DE L'HOMME. 131 
D’E. AG1LE , E. agilis, des intestins du muge (mug. 
cephalus ). 
5°. La trompe conique ou plus épaisse à la base. 


L’E. curnırLıe, E. heruca, de la grenouille ordi- 
naire (7. esculenta ). 


6°. La trompe cylindrique ou linéaire. 


L’E. À QUEUE , E. caudatus, dans les faucons. 
b. Le cou long. 


L’E. nopurEeux, E. nodulosus, dans le barbeau 
(cyp. barbus). 


B. Le cou ou le corps armé. 
L'E. sPHÉROCÉPHALE, E. spherocephalus, dans 
l’huîtrier (himant. ostralegus ). 


On». II. TRÉMATODES S (fremaioda ). 


Corps déprimé ou subarrondi , mou; des pores ou 
sucoirs ; tous les individus androgynes. 

Les vers intestinaux compris dans cet ordre ont 
une forme trés-variée; la tête est très-rarement dis- 
tincte, et par conséquent le cou , sous lequel sort un 
filament cirreux servant à la génération. Le corps, or- 
dinairement déprimé, ovale, elliptique, linéaire ou 
subarrondi, est souvent nu, mou, rarement denti- 
culé sur ses bords; on y remarque au-dessous un, 
deux ou plusieurs pores plus ou moins antérieurs 5 
disposés de manière différente , outre un autre qui se 
trouve quelquefois en arrière. Ces pores, le plus 


9. 


139 SUR LES VERS INTESTINAUX 


souvent simples, sont aussi quelquefois pourvus de 
nodules ou d’aiguillons. Il n’y a pas de canalintestinal 
proprement dit ; tous les individus ont à la fois les or- 


ganes génitaux des deux sexes. 
On trouveles trématodes dansles animaux vertébrés. 


G. XIII. MonwosTome , Monostoma. 


r 


Corps mou, subarrondi ou déprimé ; un seul pore 


antérieur. 
Dans les mammifères, les oiseaux, les reptiles et 
les poissons, entre les muscles, dans le thorax, les 


poumons, les intestins et l'abdomen. 
A. L'ouverture du pore inférieure. 


Le M. carvoPpayLuin , M. caryophyllinus, dans les 


ur 


intestins de l’épinoche (gast. aculeatus js 
B. L'ouverture du pore antérieure. 
Le M. rouAcé, M. foliaceum , dans l'esturgeon (a. 
sturio ). 


G. XIV. AmpıstoMmE, Amphistoma. 


Corps mou, subarrondi; deux pores, Yun anle- 
rieur et l’autre postérieur. 

Dans l'estomac, les intestins , l'abdomen et les hy- 
datides des viscères des mammifères, des oiseaux et 
des reptiles. 

A. La tête distincte. 


L’A. A LONG COU , A. longicolle, dans les hérons. 


DE L'HOMME. 133 


B. La tête non distincte. 


L’A. SUBCLAVIFORME , 4. subelavatum, dans les 
_ grenouilles, crapauds et rainettes. 


G. XV. Disrome, Distoma. 


Corps mou , déprimé ou subarrondi ; deux pores, 
dont l’un antérieur et l’autre ventral. 

Les espèces de ce genre , qui montent aujourd’hui 
à plus de cent quarante, peuvent être divisées ainsi : 


A. Espèces non armées. 


a. Planes ou déprimées. 


1°. Le pore ventral le plus grand. 

Le D. pu FoıE, D. hepaticum , dans l’homme , plu- 
sieurs rongeurs , le cheval , le cochon et presque tous 
les animaux ruminans. 

2°, Le pore antérieur le plus grand. 

Le D. m£cAstomr, D. megastomum , dans lesto- 
mac du squale milandre ( sq. galeus ). 

3°. Les pores égaux. 

Le D. macrosTOmE, D. macrostomum , dans les es- 
pèces du genre fauvette ( motacilla ). 


b. Subcylindriques. 


1°. Le pore ventral le plus grand. 
Le D. rourcuu , D. furcatum , dans les intesuns du 
surmulet (mullus surmuletus ),. 


134 SUR LES VERS INTESTINAUX 


2°, Le pore antérieur plus grand. 

LeD.cour£, D. excisum, dans l’estomac du ma- 
quereau (S. scomber ). 

3°. Les pores égaux. 

Le D. poınt, D. punctum, dans le barbeau ( cyp- 
barbus ). 


B. Espèces armées. 
a. Noduleuses ou papilleuses. 
Le D. noouLeux, D. nodulosum, dans les perches. 
b. Aiguillonnées. 


Le D. A1GUILLON NÉ, D. echinatum, dans les hérons, 
les canards, etc. 


G. XVI. Trıstome, Tristoma 


Corps deprime; trois pores, dont deux antérieurs 
simples , et le troisième postérieur rayonné. 
Le T. oRANGÉ, 7. coccineum. La seule espèce de ce 
PER [4 » . 
genre a été trouvée fixée aux branchies el au corps du 
poisson lune ( orthragoriscus mola ). 


G. XVII. PENTASTOME, Pentastoma. 


Corps un peu arrondi ou déprimé ; la bouche entre 
deux pores de chaque côté, d’où sort un aiguillon. 

Dans les sinus frontaux, les poumons , à la surface 
du foie des mammifères et des reptiles. 

Le P. renıoipe, P. tænioides, dans le chien, le 
loup, le cheval. 


DE L'HOMME. 13 


Qt 


G. XVII. Porystome, Pobystomi: 


Corps subarrondi ou déprimé; six pores anté- 
rieurs, outre un ventral et un postérieur. 

Dans la gorge, les branchies des poissons, la ves- 
sie urinaire des grenouilles, dans l’ovaire de l’espèce 
humaine. 

Le P. pıncvicorz, P. pinguicola , dans l'homme. 


Or». IV. CESTOIDES ( Cestordea ). 


Corps allongé, déprimé, continu ou articule; la 
tête tres-rarement pourvue de lèvres simples, et le 
plus souvent de deux ou quatre fossettes ou sucoirs; 
tous les individus androgynes. 

Les vers rangés dans cet ordre ne forment pas une 
famille véritablement naturelle, tant la tête diffère de 
structure dans chaque genre. Dans quelques-uns, en 
effet, elle est polymorphe, tétragone, pyramidale, 
comprimée , avec la bouche pourvue delevres ou su- 
coirs, tandis que dans les autres elle est tronquée, hé- 
misphérique ou globuleuse, lisse en avant et pourvue 
d’un tubercule ou d’un rostre, inerme ou armée 
d’une couronne simple ou double de crochets ; quel- 
quefois même on y remarque quatre espèces de 
trompes armées de crochets rétracules. Le cou est 
souvent nul. Le corps est allongé , déprimé, mou, 
continu ou formé d’un grand nombre d’articulations 


136 SUR LES VERS INTESTINAUX 


percées de pores latéraux ou marginaux, et pourvues 
de papilles ou de filamens érectiles. La queue est ob- 
tuse ou articulée. Le canal intestinal n’est pas visible; 
il est remplacé par des espèces de vaisseaux qui pro- 
viennent des sucoirs; il en est de même des organes 
de la génération; quelquefois cependant on voit une 
série d’ovaires simples en forme de taches dans toute 
la ligne médiane , et des orifices des articulations sor- 
tent des filamens que l’on regarde comme des organes 
mâles de la génération. 
On les trouve dans le canal intestinal. 


G. XIX. GérorLé, Caryophylleus. 


Corps déprimé, continu; la tête dilatée, divisée 
en lanières et pourvue de lèvres, l’une supérieure et 
l’autre inférieure. 

Dans les intestins des poissons. 

Le G. cHANGEANT, C. mutabilis, dans les carpes, 
les cobites. 


G. XX. Massère, Scolex. 


Corps déprimé , continu; la tête pourvue de quatre 
fossettes. 

Dans les intestins et la cavité abdominale des pois- 
sons et des sèches (sepia ). 

La M. PoLYMoRPKE , S. polymorphus. 


G. XXI. GYmNoRHYNQUE, Gymnorhynchus. 


Corps déprimé, continu, très-long , avec un récep- 


DE L'HOMME. 137 


tacle globuleux au cou; la tête pourvue de deux fos- 
settes bipartites et de quatre trompes nues, rétractüles. 
Dans la chair de plusieurs poissons. 
Le G. RAmMPANT, G. reptans , dans la chair du 
spare de Ray (sp. Rai). 


G. XXII. TÉTRARHYNQUE, Zetrarhynchus. 


Corps deprime, continu; la tête pourvue de deux 
fossettes bipartites et de quatre trompes rétractiles 
garnies d’aiguillons recourbes. 

Dans les reptiles, les poissons et les mollusques, 
dans les chairs , les branchies, l’estomac et ses mem- 
branes, le foie, le péritoine. 

Le T. piscormore, 7. discophorus, dans les bran- 
chies et entre les membranes de l’estomac du spare 


de Ray (sp. Raï). 
G. XXIH. Lacure, Ligula. 


Dans son premier degré de développement : corps dé- 
primé, continu , très-long , avec un sillon longitu- 
dinal, sans apparence de tête ni d’organes de la gé- 
nération. 

Dans son état complet : corps déprimé, continu, 
très-long ; la tête pourvue de chaque côté d’une fos- 
sette tres-simple; des ovaires avec des lemnisques 
formant une serie simple ou double dans la ligne 
médiane. 


Les animaux de ce genre,rès-communs dans les 


138 SUR LES VERS INTESTINAUX 
oiseaux et les poissons, sont au contraire tres-rares 
dans les mammifères. 


A. Espèces à ovaires distincts. 


La L. uniSÉRIALE, L. uniserialis , dans les oiseaux 
du genre falco. 


B. Espèce à ovaires évidens. 


Le L. TRès-simpLe, L. simplicissima, dans beau- 
coup de poissons. 


G. XXIV. TricusPiDAIRE , Zrienophorus: 


Corps allongé, déprimé, subarticule; la bouche 
bilabiée et armée de chaque côté de deux aiguillons 
tricuspides. 

Dans les intestins des poissons, dans des kystes du 
mésentère et du foie. 

Le T. nopurzux, 7.nodulosus, dans la perche, le 
brochet, le saumon, etc. 


G. XXV. BoTHRIOCÉPHALE , Bothriocephalus. 


Corps allongé, déprimé, articulé ; la tête subtétra- | 


gone et pourvue de deux ou quatre fossettes opposées. 


Les espèces de ce genre se trouvent tres-frequem- 


ment dans les poissons et les oiseaux, et plus rare- 

ment dans les mammifères et dans l'espèce humaine, 
ire \ 

dans les branchies, l’œsophage, les appendices pylo- 

riques , les intestins, la cavité abdominale. 


DE L'HOMME. 139 


A. Espèces non armées ( gymnobothri ). 
a. À deux fossettes ( dibothrii ). 

Le B. LARGE, B. latus (Br.) (Ten. lata, Aucth. ), 
dans les intestins de l'espèce humaine en France, en 
Suisse, en Russie. 

b. A quatre fosseites ( tetrabothrii ). 

Le B. RENFLÉ, 2. tumidulus, dans la raie paste- 
naque. 

B. Espèces armées. Toutes sont à quatre fossettes (teirabothrii.) 
a. Aiguillonnées (onchobothrii ) 


Le B. couronn&£,2. coronatus, dans les raies et les 
squales. 
b. Pourvues d'une trompe. 
Le B. À sucoırs m£rıssts, B. corollatus, dans le 
même groupe de poissons. 


G. XX VI. Tania. 


Corps déprimé, allongé , articulé ; quatre sucoirs 
à la tête. 

Dans les intestins, les conduits biliaires ‚la vési- 
cule du fiel, le foie des animaux vertébrés ; une seule 


fois dans la cavité abdominale. 


A. Espèces non armées. 


a. La tête simple ou sans rostre. 


Le T. PECTINÉ, 7. pectinata, dans les lapins, la 
marmotte. | 


140 SUR LES VERS INTESTINAUX 


b. La téle avec un rostre rétractile. 
Le T. vıLLeux, 7. villosa, dans l’outarde. 
B. Espèces armées. 


Le T. cucursiTain, 7. solium, dans le canal intes- 
tinal de Pespece humaine en Allemagne, en Anfgle- 
terre, en Hollande et dans l'Orient. 


Oro. V. CYSTOIDES ( Cystica ). 


Corps déprimé ou un peu arrondi , se terminant en 
arrière par une vessie pour chaque individu, ou 
commune à plusieurs; la tête pourvue de deux ou 
quatre fossettes ou de quatre sucoirs avec une cou 
ronne de crochets ou enfin de quatre trompes. Les or- 
ganes de la génération presque inconnus. 

Cet ordre renferme les vers intestinaux dont l’or- 
ganisation est la plus simple. Leur corps est formé 
par un sac membraneux, pellucide , plein d’une hu- 
meur aqueuse , et le plus souvent est renfermé dans 
un autre sac formé par l’organe dans lequel se trouve 
l'animal. La tête est pourvue de quatre ouvertures et 
d’aiguillons ou de quatre trompes; elle est rétracule 
dans le corps. Dans un genre plusieurs têtes appar- 
tiennent à la même vessie; dans un autre, les vers 


sont extrêmement petits, et occupent la face interne. 


de la vessie, ou nagent librement dans le fluide qu’elle 
contient. Les organes qui servent à la nutrition et à la 


DE L'HOMME. 141 
génération de ces animaux n'ont pas encore été de- 


couverts. 
G. XX VII. AnTuoCcÉPHALE, Anthocephalus. 


Corps allongé, déprimé, termme en arrière par 
une vessie caudale, et en avant par. une tête pourvue 
de deux ou quatre fossettes et de quatre trompes gar- 
nies d’aiguillons. 

Contenu solitairement dans une double vessie, 
dont l’une externe dure, élastique, et l’autre interne 
plus mince. 

Dans le foie, le mésentère, le péritoine, les hyda- 
des viscérales des poissons. 

L’A. MACROURE, A. macrourus , du spare. 


G. XX VIII. CystTicerquz, Cysticercus. 


Corps subarrondi ou déprimé, terminé par une 
vessie caudale ; la tête avec quatre sucoirs et un rostre 
garni de crochets recourbés. 

Contenu solitairement dans une vessie externe 
simple. 

Entre les muscles, dans la graisse, dans le cerveau, 
Je thorax , la plèvre, le cœur, le foie, le mesentere , 
le péritome des mammifères. 

Le C. pu Tissu CELLULAIRE, C. cellulosus , dans 


Vhomme, les singes, les cochons. 
G. XXIX. Centre, Cenurus. 


Corps allongé, subdéprimé, rugueux, avec une 


142 SUR LES VERS INTESTINAUX 


tete pourvue d’un rostre garni de crochets et de 
quatre sucoirs, adherens en plus ou moins grand 
nombre à la face interne d’une vessie simple remplie 
de fluide. 

Le C. céréBr AL, C. cerebralis, dans le cerveau des 
moutons, des bœufs et des antilopes. 


L’apercu systématique que je viens d’exposer 
servira à mes lecteurs pour assigner à chaque ver 
qu'ils pourront rencontrer dans l’homme, sa place 
dans le système ; je ne le suivrai cependant pas ponc- 
tuellement, et la division que j’etablis conviendra 


mieux au médecin praticien. Je partage les vers en. 


ceux ‘qui séjournent dans le canal intestinal de 
l’homme, et en ceux qui se trouvent dans un autre 


organe. On peut, sur les premiers, donner beaucoup! | 


de généralités sous les rapports de l’éuüologie, du 
diagnostic et de la thérapeutique, ce qui m’evitera 
plusieurs répétitions inutiles ; quant aux seconds, au 
moins pour la plus grande partie, on ne peut presque 
en rien dire d’un peu certain, même de particulier, 
et à plus forte raison de général. | 

Je donnerai d’abord une courte descripition zoolo- 
gique des vers qui séjournent dans le canal intestinal 
de l’homme, et j'aurai toujours soin de renvoyer aux 
figures, qui , comme je me plais à le croire, ont été 


exécutées d’une maniere à rendre superflues des des-' 


eriptions plus détaillées. 
Puis je m’occuperai des causes les plus prochaines 
de leur production, des signes à l’aide desquels on pré- 


DE L'HOMME. 143 
sume ordinairement leur présence, et enfin des re- 
medes propres à les expulser. Apres cela je donnerai 

® ” ; . pe - 
une description des vers qui séjournent hors du canal 
intestinal, et je ferai connaitre de chacun en particu- 
lier tout ce que l’on sait jusqu’à présent d’intéressant 
pour le médecin praticien:. 


RAR UV LULU UEUUUE 


AAA 


AURA UV VUS 


CHAPITRE TROISIEME. 
SECTION PREMIÈRE. 


Des vers qui séjournent dans le canal intestinal de 


l’homme. 


I. TRICHOCEPHALE. 


Trichocephalus dispar ( en allem. der Peitschenwurm ou Haarkopf) 
L Tab. 1, fig. x et 2. 


TRICHOCEPHALUS : parte capillari longissima , capite acuto indis- 
linclo , corpore maris spiraliter involuto , feminæ subrecto. RUD. 

Morgagni , Epist. anatomica XIV , art. 42. 

Roederer et Wagler , L. C. , zrichuris. 


* Nous avons jugé plus convenable d’etablir une disposition 
de chapitres un peu différente de celle de l’auteur, pour ne pas 
rompre la partie descriptive par des considérations de séméio- 


tique et de thérapeutique , et pour rendre chaque partie indépen- 
dante des autres, 


14/4 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Goeze , Eingeweidew., p.112; 116, tab. vi, fig. ı et 5, Zrichoce- 
phalus hominis. 

Gmelin, Syst. nat., p. p. 5037, n°.1, trichocephalus hominis. 

Werner, Verm. intest., p. 84 , ascaris trichiura. 

Joerdens, Helminth., p. 17; A) 1, fig. 6 et 10, trichocephalus 
hominis. 

Brera , Vorlesung , p. 16, tabl. 1V, fig. x et 5 der Haarkopf; N oy: 
aussi Memorie du même, p. 171 , éricocefalo. 

Zeder , Anleït., p. 69, mastigodes hominis. 

Rudolphi , Entoz., tom. 11, p. 88, trichocephalus dispar. 

Bradley, À treatise on worms , P. 72; plate 11, fig. x et3, the 
long thread worm. 

Cuvier , Regne animal, t. IV, p- 31 , trichocéphale de l’homme. 

De Lamarck, Anim. sans vert. , tom. II, p. 212 , Ze trichiure de 


l’homme. 


Cette espèce séjourne ordinairement dans les gros 
intestins, mais principalement dans l'intestin cecum; 
Werner prétend cependant l'avoir rencontrée dans 
la partie inférieure de l'iléon. 


DESCRIPTION: 


Ce ver est de la longueur d’un pouce et demi à | 
deux pouces; la partie mince capillaire forme les, 
deux tiers de toute sa longueur ; il est ordinairement | 
blanc , quelquefois cependant il est coloré par lesali- 
mens dont il est rempli. La partie capillaire ou anté= | 
rieure passe assez brusquement à la partie renflée ou 
postérieure. 

Le mâle ‚fig. 1,1. et ıb., plus peut que la femelle, 
est tellement pointu vers le commencement de la 
tête, que l’on peut à peine voir l’ouverture de la 


a 


DE L'HOMME. 145 
bouche. Wrisberg* croit avoir trouvé à cet endroit 
un petit tube; mais ni Müller , ni Rudolphi, ni moi 
n’avons pu le découvrir. Le canal al mentaire traverse 
en ligne directe la partie antérieure capillaire qui est 
striée en travers; il s’étend dans la partie postériéure 
plus épaisse, qui est un peu sp riforme. Dans cette 
dernière partie se trouvent aussi les vaisseaux sper- 
matiques, repliés sur eux-mêmes, et qui se terminent 
dans la partie inférieure de la fin de la queue par un 
‚petit tube transparent ou espèce de vagin, par lequel 
sort le pénis; ce tube ou ce vagin n’a pas toujours la 
même forme , comme cela se voit par les fig. 1. a., et 
16., pl.1. 

La femelle fig. 2., pl. 1, se distingue du mâle, d’abord 
par une plus longue partie antérieure et capillaire , et 
parce que la partiepostérieure est presque droite ou à 
peine recourbée ; c’est là que se trouventles oviductes 
et les œufs d’une forme elliptique placés autour du 
tube intestinal ; il y aa son extrémité une petite ou= 
verture, qui peut servir en même temps d’anus et de 
vagin. 

REMARQUES. 


Il n’y a pas encore soixante ans que les natura- 
listes et les médecins ont quelque connaissance de 
cette espèce et même de ce genre de vers. Morgagni 
Yavait connu bien antérieurement comme Rudolphi 
l'a prouvé; mais cette découverte , comme beaucoup 
d’autres, était tombée dans l'oubli pour reparaitre plus 


* Ouvrage cité, p. 13. 


10 


mi] 


146 SUR LES VERS INTESTINAUX 


tard comme nouvelle. Un étudiant dissequait, dans 
l'hiver de 1760 à 1761, à l'amphithéâtre anatomique 
de Goettingue, la valvule du colon d’un enfant de 
cinq ans, du sexe féminin. Il fit par hasard une petite 
ouverture dans le cœcum, et il en sortit plusieurs des 
vers dont nous nous occupons. Wrisberg et plu- 
sieurs autres jeunes médecins les regarderent comme 
une espèce de vers inconnue jusqu'alors ; le prosec- 
teur Wagler crut que ce m'était que des oxyures 
(ascarides vermiculaires ) d’une taille extraordinaire ; 
d’autres les prirent pour de jeunes lombricoïdes. 
Cette incertitude donna lieu à une dispute assez sé- 
rieuse, mais il ne vint dans l'idée de personne d’é- 
claircir la chose par des comparaisons , des exa- 
mens et des recherches exactes. Raederer, informé de 
cette dispute, en fit l'examen lui-même; ce dernier 
et Büttner regardérent ces vers comme une espece 
inconnue jusqu’alors, et Büttner lui donna le nom de 
trichuris ; dès ce moment les intestins de tous les 
cadavres furent examinés soigneusement. À cette épo- 
que il régna une épidémie dans un corps d'armée 
français stationne à Goettingue. Roederer et Wagler 
ont décrit cette épidémie sous le nom de morbus mu- 
cosus, et l'on trouva souvent de ces vers dans les cada- 
vres des soldats qui moururent à la suite de cette 
épidémie, ce qui engagea Roederer à regarder ces 
animaux comme une production de cette maladie; 
mais Wrisberg remarqua qu'on les aurait assurément 
trouvés plus tôt si l’on y avait fait attention. On les 
rencontre en effet aujourd’hui days presque tous les 


7 DE L'HOMME. | 14 
cadavrès d'hommes, mais très-souvent il py en a 
qu’un seul; M. Rudolphi en a cependant observé une 
fois plus de mille ensemble. 

L'on regarda d’abord la partie mince ou capillaire 
‘comme la queue du ver d’où vient le nom de #ri- 
churis, et l’on crut avoir trouvé une trompe ‘dans 
le tube ou dans le vagin, qui entoure le pénis; et 
comme celui-ci ne se remarque pas dans la fe- 
melle, Rœderer, Wagler et Wrisberg ‘ont pris les 
deux sexes pour deux différentes espèces. Bloch n’a 
vu qu’une seule femelle de cette espèce de ver, qui 
provenait d'un homme, et il l’appela également tri- 
churis. I paraît que Werner, qui le désigne sous le 
nom d’ascaris trichiura, wa vu que des mâles, et il 
présuma que la trompe que l’on ne trouve pas chez 
les individus presque droits, c’est-à-dire chez les 
femelles, s'était détachée par suite de la putrefaetion. 
Werner n’aurait pas fait cette supposition s’il avait 
vu la femelle elle-même; car il avait trop de con- 
naissances en helminthologie pour ne pouvoir pas 
distinguer un ver entier de celui qui est à moitié 
pourri. Il ne faut pas s'étonner que Jeerdens, qui 
du reste n’ignorait pas ce que Pallas et Goeze ont 
avancé sur ce sujet, ait adopté les idées de Werner; 
car Joerdens n’a jamais observé ou examiné un seul 
ver lui-même ; le nom de zricocephalus hominis, que 
Von trouve dans l’ouvrage de ce dernier est assez mal 
inventé. 

Pallas, qui rencontra vers l’époque de cette dé- 
couverte, dans une espèce de lésard ( Zacerta apus), 

10. 


148 SUR LES VERS INTESTINAUX 


un ver appartenant à ce genre, et auquel il donne as+ 
sez inexactement le nom de tania spiralis ; Goœze, qui 
a reçu de Wagler plus de cent de ces vers, et qui 
les a comparés avec les vers du même genre , prove- 
nant des souris et des sangliers (car celui du cheval 
n'appartient pas à ce genre ); et Müller: ont prouvé 
jusqu'à l'évidence que l’on ne doit chercher la tête de 
ces vers qu’à la partie la plus pointue. Ges auteurs 
ont également prouvé que les spiriformes sont les 
mâles, et les droits les femelles. Depuis l’on a ren- 
contré dans diverses espèces de singes, dans les 
chiens, dans les renards, dans beaucoup d’ani- 


maux rongeurs, et dans un grand nombre d'animaux 


ruminans, comme les chamois , les cerfs, les gazelles 
et les moutons, beaucoup de vers de ce genre, et 
toujours les deux sexes dans chacun de ces animaux; 
et je crois qu'il n’y a plus de naturalistes qui n’aient 
pas connaissance aujourd'hui de leur véritable na- 
ture. Une chose qui vient à l'appui de ces décou- 
vertes, est que la partie la plus pointue est toujours 
assez fortement implantée dans les parois intestinales, 
tandis que l'extrémité la plus grosse, qu’elle soit 
droite ou spiriforme, se trouve libre dans les ma- 
tières fécales ; tout cela prouve que la partie la plus 
pointue est le côté où est la tête. On ne conçoit donc 
pas comment Brera” peut encore engager les naturalis- 
tes à éclaircircesujet par desrecherches plus exactes- 


: Naturforcher 12 Stück. s. 182 in der note. 
a Mernorie , p- 177- 


DE L'HOMME. 4:49 
Nous serions fort heureux d’être aussi avancés dans 
d’autres points d’helminthologie que nous le sommes 


sur celui-c1. | 
ll. OxYURE VERMICULAIRE. 


Oxyuris vermicularis (en allem. der pfriemenschwanz ), pl.ı, 
fig. 3, le mâle, et pl. 1, fig. 1, la femelle. 


OXYURIS : capitis obtusi membrana laterali utrinque vesiculari , 
cauda maris spirali obtusa , feminæ subulata recta. 

Bloch, Abhandl. s. 31. Ascaris vermicularis. Der aflerwurn. 

Goeze , Engeweidew. s. 102-106, tab. v, fig. ı et 5., der mens- 
chliche pfriemenschwanz. 

Werner , Vermes intest., p. 72, fig. 133 et 157, asc. vermicularis. 

Gmelin., Syst. nat. , p. 3029, 1, asc. vermic. 

Joerdens, Helminihol., page 19 , tab. 11, fig. ı et 5, asc. vermic, 
Der afterwurm. À . 

Zeder, Anteilnng , p. 107 , n., fusaria vermic. 

Brera, Vorlesung, p. 18, tab. ıv, fig. 7 et ı1; Memorie du 
même , p.178, tab. IX, fig. 14 et 15, ascaride vermicolare. 

Rudolphi, Entoz., t. I, part. 1, pag. 192, n°. A1, ascarıs ver- 
micularts. 

Bradley, A treatise, p. 56, vol. 11, fig. ı et3 , the ascaris vermi- 
cularis , commonly called the maw , or thread worm. 

Cuvier, Règne animal, t. iv, p. 33, l’ascaride vermiculaire. 

De Lamarck, Anim. sans vert.,t. 111, p. 104 , loxyure vermiculaire, 
Ce ver a encore les dénominations suivantes : les Allemands 

l’appellent der kinderwurm , mastdarm»urm , madenwurm , die as- 

caride „ die arschmade, darmschabe ; les Hollandais, aarsmade ; les 

Danois, smaa spolorme , boerneorm ; les Suédois, barnmask ; les 


Anglais, bots ; les Francais, ascarides. 


L’oxyure vermiculaire séjourne dans les gros in- 
testins, et principalement dans le rectum. 


159 SUR LES VERS INTESTINAUX 
DESCRIPTION. 


Le male, de la longueur d’une ligne ou d’une 
ligne et demie, a le corps mince, tres-Elastique, et 
d’une couleur blanche; la partie antérieure, obtuse, 
est entourée d’une membrane transparente (Voyez 
pl. 1, fig. 3); on aperçoit à travers cette dernière, 
formant une espèce de vessie, un tube droit, qui est 
l'œsophage, et qui devient claviforme à l'endroit où 
il se perd dans un estomac globuleux. Le tube intes- 
tinal s'étend dans toute la longueur du corps, qui 
devient peu à peu plus gros, et se contourne en spi- 
rale vers la queue. L'on ne peut pas bien voir les 
vaisseaux spermatiques, qui entourent le canal ali- 
mentaire, chez les vers qui ont resté pendant quel- 
que temps dans l’esprit-de-vin, et jusqu’à présent je 
n’ai pas encore cu occasion d’en examiner de vivans. 
Je n’ai pas encore observé non plus un pénis allongé 
chez cette espèce d’oxyure, mais bien chez les vers 
du même genre provenant des lapins sauvages. 

La femelle, pl. 2, fig. 1 et2,est plus grande etacquiert 
une longueur de quatre à cinq lignes; la conforma- 
tion de la partie antérieure ressemble, par sa struc- 
ture intérieure et par l’extérieure, parfaitement à 
celle du mâle , jusqu'à l’endroit où se termine l’esto- 
mac; à parlir de cet endroit, le canal alimentaire est 
entouré de tous côtés par les oviductes; le ver aug- 
mente toujours en grosseur depuis la tête jusque 
vers le premier tiers de sa longueur ; au-delà ıl 


DE L'HOMME. 151 


devient plus mince, et la queue se termine en forme 
de Paaison , tellement fin à son extrémité que l'œil 
non armé du microscope a de la peine al’ apercevoir : 
la fig. 2b., pl.2 représente un morceau de ce ver 
considérablement grossi et dans lequel on peut voir 
les œufs. 

REMARQUES. 


Ce ver est connu des médecins de temps immémo- 
rial, et comme il est très-commun chez les enfans, 
que sa conformation differe de celle des autres vers 
de l’homme, on devrait eroire qu'il aurait été impos- 
sible de le mécouuaître. Néanmoins, nous trouvons 
beaucoup d'exemples chez les auteurs, où des larves 
de mouches et des articulations détachées du tænia 
ont été prises pour cette espèce de ver. L'on a pre- 
tendu également en avoir rencontré hors des gros in- 
teslins dans d'autres parties du corps; Bloch * rap- 
porie que Wulf en a trouvé une grande quantité 
dans un sac formé dans les parois de l'estomac. 

Brera” dit en avoir observé dans l’œsophage d’une 
femme une quantité innombrable. Cette personne 
avait succombé à la suite d’une fièvre lente nerveuse. 
Le même auteur cite plus loin * une observation faite 
par Bianchi, qui prétend en avoir vu dans les ven- 
tricules du cerveau. 


ı Abhandl , s. 31. 
2 Vorlesung , p- 19. 
3 Memorie , p. 181. 


152 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Je passe sous silence d’autres observations sembla- 
bles , et je doute très-fort qu'il y ait un naturaliste 
qui croye que c’étaient de véritables oxyures, avant 
qu’il n'ait été convaincu par ses propres observations. 

Goeze a pensé à tort que lesoxyures sont vivipares, 
probablement parce qu'ayant fait l'observation que les 
œufs de ces animaux sont dans un mouvement conti- 
nuel d'avant en arrière et d’arrıere en avant, il les a 


regardes comme des fœtus. [est bien vrai qu'il existe 


dans le rectum des grenouilles et des crapauds des 
petits vers qui sont vraiment vivipares, mais ils ap- 
partiennent à un autre genre. 

Les anciens médecins ont appelé ces vers ascarides, 
et ils voulaient les distinguer, par eette dénomina- 
tion, des lombricoïdes, auxquels ils avaient donné le 
nom de Zumbrici teretes. Linné employa plus tard le 
nom d’ascaris comme nom de genre , et alors le Zum- 
bricus teres a été appelé ascaris lombricoides , et le ver 
dont nous parlons ascaris vermicularis ; mais dans les 
derniers temps, on a mieux approfondi la chose, et 
l'on s’est convaincu que ces deux vers ne different 
pas seulement entre eux comme espèces, mais même 
qu'ils ne sont,pas du même genre , comme nous le 
verrons par la suite. 

M. Rudolphi, qui doutait depuis long-temps’ que 
ceux observés par Goeze dans les gros intestins du 
cheval (ces vers étaient renflés à une de leurs extré- 
mités et tres-pointus à l’autre) appartinssent au 


+ 


* Wiedemanns archw. 


DE L'HOMME. 153 
genre trichocépha'e, confirma plus tard sa supposi- 
tion par un examen particulier ; d’après cela il crut 
devoir former de ces vers un genre distinct sous le 
nom d'oxyure. 

Je trouvai dans l’hiver de 1809 une grande quan- 
tité d’une espèce de vers dans les gros intestins de 
plusieurs lapins sauvages , et je n’hésitai pas un ins- 
tant à.les ranger dans ce genre, quoiqu’alors je ne 
connusse les oxyures du cheval que par les dessins de 
Goezeetde Rudolphi'. Lorsqueplustardjjeffisdessiner 
ces vers sous une échelle beaucoup plus grande que 
nature , je fus frappé de leur ressemblance avec ceux 
qui proviennent du rectum de l’homme ; je les com- 
parai alors plus soigneusement, et je me convain- 
quis que ces derniers (les oxyures ) ne doivent plus 
être rangés avec les lombricoïdes ; car ceux-ci sont 
toujours amincis (attenuat®) vers les deux extrémi- 
tés, et en outre se distinguent tres-clairement de tous 
les autres nématoïdes par trois papilles ou boutons à 
l'extrémité antérieure? ; les oxyures sont bien égale- 
ment amincis vers leur extrémité antérieure, mais 
ils se terminent à l’autre en forme de poincon ( subu- 
latæ); cela a lieu au moins chez les femelles, et du 
reste il leur mauque les trois papilles au commence- 
ment de la tête; la structure intérieure de ces deux 


= 


"Jen ai reçu plus tard une grande quantité du docteur Bros- 
ché, de Dresde. ( Br.) 

* Il faut comparer les signes caractéristiques de ces deux genres 
de vers rapportés plus haut. 


154 SUR LES VERS INTESTINAUX 


espèces de vers n’est pas moins différente. Je com- 
muniquai mes observations à M. Rudolphi; ce savant 
observateur partagea mon opinion: Son volume sup- 
plémentaire parlera de plusieurs nouvelles espèces de 
ce genre; mais avec tout cela je n'étais cependant pas 
encore sur ce sujet arrivé au degré de cerutude que | 
je désirais. 

Goeze a bien dessiné un ver de ce genre (voyez sa 
pl.5, fig. 5), qu'il regarde comme un mâle , proba- 
blement par la raison qu'il ne put apercevoir d'œufs. 
On trouve un ver semblable dessiné sur ma premiere 
planche (voy- fig. 3 et 3a.). Les mâles de tous les né- 
matoides sont en général plus petits d'un quart ou 
d’un tiers que les femelles , et la terminaison de leur 
queue est tout à fait différente. Dans les figures de 
Goeze, copiées par Joerdens et Brera, on voit que la 
grandeur est la même, et que la terminaison de la 
queue est absolument semblable; mais on n’ob- 
serve point d’œufs sur les individus représentés dans 
les figures 8 et 9; c’étaient peut-être des femelles qui 
avaient pondu leurs œufs, ou bien ces œufs n'étaient 
pas encore complétement formés ou n'étaient pas 
encore fécondés. Enfin ces individus n’étaient-1ls 
pas dépourvus d'organes sexuels, comme il s’en 
trouve parmi les abeilles et les fourmis ? je ne puis 
rien décider là-dessus. Les oxyures que M. Ru- 
dolphi a trouvés dans les chevaux avaient tous des. 
œufs , les miens pareillement ; tous étaient donc par 
conséquent des femelles. Parmi les vers provenant 
des lapins sauvages, j'en ai rencontré beaucoup qui 


DE L'HOMME. _, 155 
avaient la fin de la queue obtuse et roulée en spirale; 
j'ai remarqué également sur plusieurs un petit dard | 
( spiculum ) allongé , et ceux-ci étaient en général plus 
petits que ne le sont ordinairement les femelles ; je 
conelus de là que les mâles des oxyures provenant de 
Vhomme devaient être conformés de la même ma- 
nière ; mais parmitous les individus que j'eus à ma 
disposition, je ne pus en trouver un seul qui eût les 
mêmes signes caractéristiques ; il en futlong-temps de 
même desoxyures provenant des lapins domestiques, 
et d’un grand nombre de souris. Cette circonstance 
m'aurait presqu’engagé à regarder la génération des 
oxyures comme analogue à celle des pucerons, qui 
sont en général vivipares, et qui ne produisent que 
des femelles en été, pendant la durée duquel ils ont 
de la nourriture en abondance , mais qui au contraire 
pondent en automne des œufs dont il se développe 
au printemps (fabula si vera) des femelles et des 
mâles , etices derniers , comme on l’a prétendu, ren- 
dent alors féconde toute la génération pour l’année 
prochaine; mais en faisant l'observation que les la- 
pins domestiques , l’homme et le'cheval reçoivent or- 
dinairement de la nourriture en suffisante quantité, 
et que par conséquent les vers qu'ils portent en eux 
ne doivent pas en manquer, je fus porté à presu- 
mer que les femelles des oxyures étaient, peut-être 
à cause de cela , en état de multiplier leur espèce sans 
l'entremise du mâle. Il arrive au contraire bien sou 
vent que les lapins sauvages , et par conséquent leur 
vers, manquent de nourriture pendant l’hiver, et 


156 SUR. LES VERS INTESTINAUX 


c’est justement dans cette saison que je n’ai trouve 
que des oxyures mâles. La faim n’influe pas avantageu- 
sement, comme nous le savons, sur la faculté proli- 
fique; il me parut alors conforme aux sages dispo- 
sitions de la nature, qui n'aime qu’à produire et. 
conserver la vie, que la faculté générative eût été 
partagée entre deux individus , afin que chacun d’eux 
eût moins de peine à conserver son espèce, et que les 
vers provenant d’une formation primitive ne pussent 
pas étre détruits entièrement. Pendant que je me 
livrais à ces conjectures et que j'avais une sorte de 
satisfaction d’avoir entrevu, à ce que je croyais, 
pourquoi on ne rencontre pas d’oxyures mâles chez 
de certains animaux, laissant à d’autres à juger la 
probabilité de ces conjectures, je communiqual mon 
opinion AM. Soeemmerring, et peu de temps apresil 
cut la bonté de m’envoyer un petit vase rempli 
d’oxyures dans l’esprit-de-vin. Ces vers provenaient 
de son propre fils, qui les avait rendus après avoir 
pris un lavement d'huile d’olive. Sæœmmerring m’ob- 
serva que je trouverais peut-être parmi eux quelques 
individus qui offriraient les signes caractéristiques 
des mâles, à la recherche desquels j'étais, comme il 
le savait, depuis long-temps. Je les ai examinés, et 
j'ai trouvé en effet ces caractères (Voyez pl. 1 ; fig. 3)- 
J'en ai recu plus tard de pareils encore une fois du 
même médecin et de M. Hermann. M. Rudolphi 
n’a pas hésité un instant à les reconnaître pour des 
mäles, et il en aura probablement trouvé depuis lui- 
même. 


| 
| 
| 


DE L'HOMME. 157 

Il résulte de ces observations, que les vers connus 

sous le nom d’ascarides vermiculaires, doivent être 

compris dorénavant dans le genre oxyuris, et non pas 

dans le genre ascaris, et que les deux sexes de ces 

oxyures se distinguent entre eux par les caractères 
que nous avons rapportés plus haut. 


II. ASCARIDE LOMBRICOIDE. 
Ascaris lombricoides (en allem. der spulwurm) , pl. X, fig. 2-3. 


ASCARIS : corpore utrinque sulcato , cauda obtusiaccula. 

Bloch, Abhandlung , p. 29 , tab. VIN, fig. 4-6 , asc. lumb. _ 

Goeze , Eingeweide» , p.65 et 72, tab. , fig. 1-3, asc. gigas. 

Werner, Verm. intest., p. 75 et84 , tab. VU, fig. 153 et 159, 
asc. lumb. 

Gmelin, Syst. nat., p. 3029 ,n°. 2 , asc. lumb. 

Zeder , Nachtrag , p. 25 et 31, fusaria lumbricoides ; le mème, An- 
leitung , p.102, n°. ı , fus. lumb. 

Joerdens, Helminth. , p. 22, tab. 11, fig. 6 et 15, asc. lumbr. 

Brera, Vorlesung , p. 21, tab. V, fig. x et 11 ; le même, Memo- 
rie, p. 195, tab. It, fig. 18 et 20, lombr. 

Rudolphi, Wiedemanns archiv., n°.2, page. 20, asc. lumbr. ; le 
même, Entozoolog. I, part. 1, p.124, n°1, asc. lumbr. 

Bradley, A treatise, p. 34 et 55, tab. 1, the asc. lumbr. 

Cuvier, Règne animal, tom. !V, p. 33, l’ascaride lombrical. 

De Lamarck, Anim. sans vert., t.Y11, p. 2075 Vascaride lombricoïde. 

- Les Allemands V’appellent encore rundwurm ‚. les Hollandais 

rondewurm , menschenworm , kinderenworm ; les Danois menneske- 

orm, spolorm, skolorm ; les Suédois mennisko-mask , spolmask ; 

les Anglais the round worm , large round worm, round gut worm, 

les Français lombric des intestins, strongle; les Italiens verme 


rondo , lombrico ; es Espagnols Zombriz ; les Portugais lombrisa. 


155 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Cette espèce de vers ne séjourne pas seulement dans 
les intestins greles de l’homme, mais elle se trouve 
également dans ceux des bœufs, des chevaux et des 
cochons. 

DESCRIPTION. 


Ces vers ont le corps de la grosseur de deux ou 
trois lignes, sur une longueur de six, dix, jusqu'a 
quinze pouces. Les petits, de la longueur d’un pouce 
et demi, sont rares; on en trouverait sans doute beau- 
coup plus souvent, si l’on examinait les intestins des 
cadavres d'homme aussi souvent que cela a lieu pour 
ceux des autres animaux. La couleur de ces vers est 
ordinairement rouge brunätre; mais elle varie cepen- 
dant quelquefois ; elle est plus claire ou plus foncée, 
selon la couleur des alimens dont ils sont gorges; 
elle est même quelquefois d’un rouge de sang; les 
organes de la génération sont tres-souvent visibles à 
travers les tégumens ; il en est de même du canal ali- 
mentaire, que l’on reconnaît à sa couleur brunûâtre; la 
tete, pl. 2, fig. 3a., se distingue du reste du corps par 
un enfoncement ou dépression circulaire. Il se trouve 
au-dessus de cette dépression trois boutons ou plutôt 
trois valvules, qui peuvent s'ouvrir et se fermer ; 
quand elles s'ouvrent, il se présente alors au milieu 
d’elles un petit tube, quiest l’ouverture de la bouche 
proprement dite. Le corps est cylindrique, et pres- 
que également aminci vers ses deux extrémités; il 
Vest cependant plus du côté de la tête; il y a dechaque 
côté et le long du corps une petite rainure. Le canal 


DE L'HOMME. 159 


intestinal , reconnaissable à sa couleur brunâtre, se 
termine par une fente transversale ou anus , qui est 
située à la partie inférieure un peu avant l’extrémné 
postérieure du corps. 

Le mäle se distingue de la femelle (qui est ordi- 
nairement plus grande) par la fin de la queue, qui 
est recourbée , et par laquelle sort quelquefois un 
double pénis. Foy. pl. 2, fig. 3c. 

L'appareil générateur du mäle est d’un volume 
moins grand que celui de la femelle: cette dernière 
est représentée dans la fig. 3. Les or&anes de la géné- 
ration de la femelle remplissent pour ainsi dire tout 
le corps , et la fin de la queue est droite. A l'endroit 
où les tégumens du ver avaient été dechires, voy. 
fig. 3,on remarque une trés-petite ouverture, qui est 
l'entrée du vagin. Comme ce ver est connu de tout le 
monde, je n’ai fait représenter avec dessein qu’une fe- 
melle , dont le ventre se trouvait accidentellement ou- 
vert , afin que l’on puisse se faire une idée de son orga- 
nisation intérieure. L’intestin large et brunätre , que 
Von voit au dehors , est une partie du canal alimen- 
tire , et les autres parties blanches sont les organes de 
Ja génération. Les plus volumineuses sont les oviduc- 
tes, que Zeder appelle la matrice. Les plus minces sont 
les canaux excréteurs des œufs, d’une forme cylin- 
drique ; car ces vers sont ovipares , et non pas vivi- 
pares, comme Wendelstadt l’a prétendu à tort; Wer- 
her croit cependant avoir observé des fœtus déjà 
développés dans les œufs , et c’est ce que M. Rudol- 
phi paraît vouloir confirmer également. Ceux qui 


. 160 SUR LES VERS INTESTINAUX 
voudront connaitre la disposition des organes sexuels 
du mâle et de la femelle de cette espèce de ver peuvent 
les étudier dans l’ouvrage de Werner. Ses figures 
ont été copiées par Jœrdens et Brera. Il n’entrait 
pas dans mon plan de donner a mes lecteurs l’ana- 
tomie des vers intestinaux, mon but était seule- 
ment de leur offrir la description et la figure de tous 
ceux qui ont été trouvés dans l'homme jusqu’ici, 
afin de les mettre en état de pouvoir reconnaître, par 
des caractères certains, les différentes espèces de vers 
qui pourront se présenter à eux; j'ai regardé par con- 
séquent comme superflu d’ajouter des dessins d’ana- 
tomie, ce qui du reste aurait augmenté de beaucoup 
le nombre des plancheset le prix de l'ouvrage ; les mé- 


decins, quiauront envie de connaitre la structure inté- 


rieure de ces vers, se donneront eux-mêmes volonuers 


la peine de les examiner sous le rapport anatomique ; 
ce qu'ils pepe faire d’autant plus facilement, qu ls 
sonttoujours à même de s’en procurer, et ils n'auront 


pas à regretter le temps qu'ils y auront employé, 


quand même ces connaissances ne leur serviraient seu- 
lement qu’ase mettre à l'abri du reproche d’être 1gn0- 
rans, quand] s’agira de donner leur avis sur €e sujet. 

L’anecdote suivante publiée par Goeze* peut ser- 
vir à les engager davantage à ce genre de travail. 
« Quelques enfans firent un jour une incision sur un 
lombricoide, et cela fit sortir ses intestins au dehors ; 
le père, qui arriva dans ce moment, recueillit le ver 


1 Ouvrage cité, p.70. 


DE L'HOMME. 161 


et le conserva dans de l’esprit-de-vin, pour demander 
à son médecin (du reste homme habile ) ce qu'il 
croyait que cela pouvait être. Le médecin regarda 
les oviductes sortis au dehors, et les prit pour de 
jeunes ascarides , et le canal alimentaire pour un 
jeune tænia. Goeze rectifia cette erreur en présence 
du disciple d'Hippocrate qui avait porté ce jugement 
erroné, et qui par conséquent eut un peu à rougir 
de son ignorance. 

La fig. 3 représente une petite femelle d’ascaride 
de grandeur naturelle; cet individu provenait du 
nez d'une vieille femme, qui l'avait rendu en se mou- 
chant. Un de mes confrères m’a communiqué ce ver 
sans cependant pouvoir me donner beaucoup de dé- 
tails sur ce fait; il ajouta , que cette femme était trop 
bornée , pour qu’il füt possible de tirer d’elle quel- 
ques renseignemens détaillés ; tout ce qu'il a pu ap- 
prendrese borna, à ce qu’elle avait éprouvé avant que 
de le rendre un grand mal de tête. Ce ver s’était sans 
doute glissé sur la voüte palatine par suite d’un vo- _ 
missement qu’elle avait éprouvé précédemment, et 
était resté tres-probablement depuis quelque temps 
dans la région supérieure des fosses nasales , jusqu'à 
ce qu’un.effort pour se moucher l'ait enfin fait sortir 
de cet endroit. 


REMARQUES. 


Le lombricoide est connu des médecins depuis 
‚aussi long-temps que celui dont nous venons de nous 
11 


162 SUR LES VERS INTESTINAUX 


occuper précédemment; on l’appela Zumbricus; et, 
pour le distinguer des cestoides, il fut nommé Zum- 
bricus teres. On le regarda également comme identique 
avec le Zumbricus terestris ; mais nos meilleurs natura- 
listes ont découvert tant de caractères propres à dis- 
tinguer ces deux animaux, qui n'avaient pas même 
échappé à Tyson ‘ , qu’il est impossible de supposer 
qu'il puisse exister; aujourd’hui un médecin qui les 
confondrait. 

Cependant Brera , pour montrer le genre d’exac- 
ütude qu'il met dans ses recherches et ses examens, 
a encore employé dernièrement six grandes pages 
in-quarto * de son ouvrage pour montrer la ressem- 
blance qu’il suppose entre ces deux vers, où il met 
toujours en avant son ancienne hypothèse ( regardée 
par lui comme prouvée ), que toutes les différences 
de conformation ne dépendent que 1°. des endroits 
dans lesquels le développement s’opere, 2°.de la nour- 
riture, 3°. de la température. Si l’on voulait étendre 
_ autant que Brera, l’influence de la manière de vivre, 
de la nourriture, du climat, etc., sur les corps or- 
ganisés , on pourrait alors facilement prouver , que 
l'homme, le singe, le maki, et beaucoup d'autres 
animaux proviennent tous de la même souche, et 
que la différence de leur structure , tant intérieure 
qu'extérieure, n’est résultée que des diverses influen- 
ces dont nous venons de parler. Je ne suis pas du tout 


* Philosophical transactions | 1683, p. 153. 
2 Memorie , p. 201-206, 


DE L'HOMME. n 163 
disposé à entrer en dispute avec Brera, sur ce sujet, 
car Jacques-Theodore Klein, Goeze, Pallas, etc. 
ont prouvé jusqu’à l'évidence que ces deux animaux 
différent tout à fait l’un de l’autre. J’engage mes lec- 
teurs à décider eux-mêmes celte question. Ils n’ont 
qu’à comparer ces deux animaux ensemble, et ils 
verront aisément de quel côté est la vérité. 

Le stomachide de Peereboom n’est rien autre chose 
qu’un lombricoïde mutile ou défiguré , et ilne doit pas 
être considéré comme une nouvelle espèce. Il en est 
de même de celui trouvé par Treutler: parmi beau- 
coup d’autres Zombricoides bien conformés. Ce ver 
n’avait que deux valvules à la bouche, et ne doit 
être regardé que comme une difformité. 


IV. BOTHRIOCEPHALE. 
Bothriocephalus latus (en allem. der bandwurm ) , pl. tv et v. 


BOTHRIOCEPHALUS : capite foveisque marginalibus oblongis , collo 
subnullo , articulis anterioribus rugæ formibus , insequentibus plu- 
rimis brevibus subquadratis latioribus , ultimis longiusculrs. 

Bonnet, Mémoires présentés , t. 1, p. 478, tab. I et ir, {ænia à an- 
neaux courts ou à mammelons ombilicaux ; le même, Nowelles 
recherches dans les observations de Rozier sur la physique , t. 1x, 
p. 243-257, tab. r, fig. x et 12. 

Pallas , Elenchus zoophyt. , p. 408 , n°. 3, 1. grisea; p. ER „m.4, 
1. lala. 

Bloch, Abandlung, p. 17 , tænia lata , der breite bandwurm. 

Goeze , Eingeweidew , s. 290 , fig. 8 , £. lata. 

Batsch, Bandw., s. 107, fig. 33-50, t. membranea ; Der hœutige 
bandwurm , s. 111, fig. 51-2 , t. lata. 


1 Ouvrage cité, p. 17, fig. 6 et 7. 
11. 


164 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Gmelin, Syst. nat., p. 3065 , t. vulgaris; p. 3067, n°. 3, 2. lata. 

Joerdens, Helminth., s. 47 , t. IV, fig. 1-4 , £. vulgaris; der kurz- 
gliedrichte bandwurm , s. 49, t. IV, fig. 5, 8, 9, 10, der breite 
Bandwurm. | 

Brera, Vorselung, s. 12, tab.1, fig. 3, 7 , 13, 14, der unbewaff- 
nete menschliche bandwurm ; Memorie du même, 81-87 , tenia 
inerme umana. 

Zeder, Anheitung , s. 347, n°. 46 , halysis lata;s. 348, n°. 47, 
h. membranacea. 

Rudolphi, Entoz., p. 70, n°. 1, 2. lata. 

Bradley, A treatise , p. 84-86, tab. 11, fig. 3-4 , the broeslt ope worm. 

Cuvier, Règne animal, p. 44 , le tenia large. 

De Lamarck , Anim. sans vert., t. II, p. 167 , le bot. de l’homme. 
Ce ver, nommé par Plater zenia prima , a reçu différentes dé- 

nominations : les Hollandais le nomment Zindworm , les Danois 

baandvorm , baendelorm, les Suédois Binnike-mask , les Anglais the 

tape worm , jointed-worm, les Français le tenia, le ver plat, et plus 

particulièrement ienia à épines, à anneaux courts ou à mamelons 


ombilicaux. 


Le bothriocéphale se trouve dans les intestins 
grêles des habitans de la Pologne, de la Russie, de 
la Suisse et de quelques contrées de la France. 


DESCRIPTION. 


Ce ver, qui est plat en général, plus mince et tres- 
souvent beaucoup plus large et non pas plus étroit, 
comme on l’a prétendu , que le ver solitaire (tænia 
solium) , acquiert souvent une longueur de vingt pieds. 
Gœze assure cependant avoir recu de Bloch un in- 
dividu qui avait une longueur de soixante aunes un 


DE L'HOMME. 165 


quart, et Boërhaave : prétend qu’il en a fait rendre 
un , à un Russe, qui avait trois cents aunes. La partie 
la plus large du bothriocéphale est rarement de six 
lignes; il y a cependant des individus chez lesquels 
cette largeur s'étend jusqu’à un pouce, comme cela 
m'a été assuré par M. Rudolphi, qui en possède méme 
plusieurs de cetie dimension. 

- Ce ver est ordinairement de couleur blanche, mais 
‚eependant il n’est jamais d’un blanc parfait, et cette 
couleur se change en grisätre quand on le met dans 
l’esprit-de-vin ; d’où vient le nom de zenia grisea em- 
ploye par Pallas. L’échantillon que Soemmerring a 
donné à notre eabinet d'histoire naturelle est égale- 
ment devenu gris, quoique ce ver füt mis dans de 
l'esprit de-vin qui avait été distillé avec le plus grand 
soin par Soemmerring lui-même: Cet échantillon se 
trouve dessiné d’après nature sur la planche 4. 

On peut clairement voir à sa tête allongée (Foy. 
pl. 5, fig. a,b, c.) des dépressions oblongues ou des fos- 
settes, que M. Rudolphi regarde comme des organes 
destinés à absorber la nourriture. Quant à moi, je 
crois que l’ouverture de la bouche proprement dite, 
qui conduit au canal alimentaire, est placée au milieu 
de ces deux dépressions. La fig. c fait voir au moins 
une trace d’une pareille ouverture ; mais on peut voir 
cette derniere tres-clairement sur le bothriocéphale pro- 
venant du pleuronectes maximus. Nous possédons ce- 
pendant des bothriocephales, appelés par M. Cuvier 


* Præ. ad institut. , t. VL, p. 180. 


166 SUR LES VERS INTESTINAUX 

‚floriceps * , provenant du requin et de la raie, qui pre- 
sentent, selon l'apparence, quatre organes en forme 
de fleurs, ou bien quatre canaux destinés à puiser ia 
nourriture; mais il reste à savoir si ce ne sont pas 
des organes avec lesquels ces vers peuvent se cram- 
ponner pour sucer plus facilement leur nourriture 
au ie de l’orifice de la bouche, qui se trouve, 
d après ma supposition , au milieu de ces organes ; au 
moins il y a assez de place en cet endroit pour une pa- 
reille ouverture. M. Rudolphi, qui a eu occasion de 
voir, lors de son dernier voyage en Italie, quelques- 
uns de ces vers vivans , nous donnera, sans doute 
bientôt, des éclaircissemens là-dessus ; la limite entre 
la tête et le cou est, dans le plus grand nombre des 
cas, très-clairement marquée, comme on le voit sur 
les fig. bet c. La fig. a nous montre que la tête se 
confond quelquefois insensiblement avec le cou. Les 
helminthologues appellent cou, chez les cestoïdes , 
la partie qui suit immédiatement la tête et qui ne 
paraît pas être articulée ; cependant le microscope 
fait souvent voir des traces d’articulations sur un 
cou, qui paraît à l’oeil n'être pas articulé ; mais il pi a 
des cas où les articulations peuvent être tellement re- 
tractées, qu’elles ont l’air, vues même avec un bon 
microscope, den’ötre qu’une sur face continue. L’exis- 


ı M. Jean Natterer, qui se trouve à présent au Bresil, a deja 
envoyé , il y a quelques années, à notre cabinet , plusieurs espèces 
de ces vers, et il leur avait déjà donné auparavant, € ’est-à-dire 


avant M. Cuvier, le nom de fuliparia. 


DE L'HOMME. 167 


tence ou la non-existence d’un cou ne peut pas 
servir, d’après moi , comme signes propres à établir 
la différence des espèces parmi les cestoïdes. Les fig. 
aetc font clairement voir un cou; il manque pres- 
que totalement dans la fig. d, et les articulations com- 
mencent immédiatement derrière la tête; mais ce- 
pendant tous ces vers sont de la même espèce ; la tête 
représentée dans la figure 5 provient d'un individu 
qui n'avait que quatre pieds de long, et la dernière 
articulation arrondie faisait clairement voir que ce 
ver était entier, mais encore tres-jeune. La tête de 
celui représenté dans la figure c appartient à un échan- 
tillon de vingt-quatre pieds de long; c'était une 
femme de Pétersbourg qui l'avait rendu ; l'extrémité 
de la queue arrondie n'existait pas; il s’était déja pro- 
bablement détaché plusieurs pieds de ce ver à une 
époque antérieure. Quelquefois on observe (à parur 
de la tête ) un morceau filiforme de vingt pouces et 
plus , avant que le ver ne s’elargisse. Nous possédons 
un pareil échantillon, que nous devons à Jurine, 
de Genève. On ne doit pas cependant regarder, d’a- 
pres moi, ce morceau filiforme comme un véritable 
cou, car quand le ver sort du canal intestinal sous 
forme de pelotte, cette partie filiforme ne s'aperçoit 
pas, mais bien quand ıl en sort en se déroulant peu 
à peu; il arrive alors que le cou et les articulations 
antérieures sont tellement distendus par la pesanteur 
du corps du ver, que lon ne peut plus reconnaitre 
les articulations. Comme le cou manque dans quel- 
ques cas, et qu'il existe dans d’autres, c’est la raison 


168 SUR LES VERS INTESTINAUX 


pour laquelle on trouve dans la définition collo subnullos 

Les articulations sont en général plus larges que 
longues, quoiqu’elles forment quelquefois vers le 
milieu du corps un carré oblong; mais les côtés les 
plus longs de ce carré tombent toujours sur la lar- 
geur des articulations du ver, comme on le voit par, 
les figures. Les vers conservés en entier montrent que 
les articulations vers la partie postérieure du corps 
deviennent de nouveau oblongues ( Voyez pl. 4). Les 
articulations des bothriocéphales , quand ils sont en- 
core jeunes, se contractent quelquefois tellement, que 
l’on pourrait douter au premier abord qu'ils fussent 
articulés, d’où vient que Zeder a donné à ce genre le 


nom de rhitelminthus et plus tard celui de rhytis, en’ 


francais ver ridé, en allemand runzelwurm (Poy. pl. 4). 

L’on peut voir facilement, au milieu des articu- 
lations complétement développées, une dépression, 
fosselte, ou ouverture ; quelquefois on en aperçoit 
une seconde plus petite, un peu plus en arrière, c'est- 
a-dire vers l'extrémité postérieure ( Voyez fig. h); ıl 
sort dans quelques cas de la fossette un petit dard 
(Voy. fig. g représentée sous une échelle plus grande 
que nature ) que Bonnet a déjà remarqué. C’est pro- 
bablement l'organe sexuel du mäle; les oviductes en 
forme de fleurs , entourent cette ouverture : on peut 
clairement voir ces oviductes en mettant un petit mor- 
ceau de cet animal sous le microscope composé, et 
en passant en dessous, au licu d’une tablettenoire, une 


petite plaque de verre sur lus le miroir réfléchit 
la lumière. 


- 


DE L'HOMME. 169 


L'on trouve quelquefois une espèce d’incision sur 
l'extrémité large du ver, comme cela se voitgans 
la fig. À, pl. 5, et que plusieurs medecins ont re- 
gardée comme la fin de la tête. Tulpius’ a représenté 
un pareil morceau large et détaché d’un ver sous le 
titre de genuinum lati lumbrici caput, parce qu'il prend 
les articulations postérieures fendues pour des têtes. 
Sa figure ressemble à une tête d'oiseau , et un trou 
superficiel (foramen superficiale ) paraît être l’œil de 
ceue tête. Leclerc l’a copiée dans sa planche vi. Mais 
cette incision ou ces deux lèvres se forment quand on 
déchire les articulations, et ne sont qu’accidentelles; 
nous observons également souvent un ou plusieurs 
trous au milieu des articulattons, mais cela ne nous met 
pas en droit de regarder un ver ainsi conformécomme 
constituant une espèce particulière ; car il me paraît 
probable , que ces trous proviennent de Voviducte, 
qui s’est ouvert dans ces endroits là. 


REMARQUES: 


Plusieurs médecins anciens ont déja observé que 
l’on rencontre dans l’homme deux différentes espèces 
de cestoides. Je ne veux pas cependant décider qui a 
remarqué le premier cette différence; nous savons 
seulement que Sennertet Tyson en avaient déjà con- 
naissance; mais Bonnet, qui le premier à fait dessiner 


® Lib. 11, cap. 52, p. 161 et 162. 
? Philosophic. transact. , 1683, p. 113. 


170 SUR LES VERS INTESTINAUX 
la tête d'un cestoide, qu’il regardait à tort comme 
appartenant à un tænia large, est cause que nos meil- 
leurs helminthologues ont placé , même encore dans 
les tempsmodernes, ce ver dans le genre tænia. Bonnet 
tomba par hasard sur une tête de tæmia , qu’il croyait 
provenir (àcause desarticulations courtes du cou) d’un 
tænia à anneaux courts ou bothriocéphale ; comme on 
représente ordinairement la tête du véritable tænia, 
pourvue d’une couronne de crochets entre les quatre 
suçoirs ; et comme cette couronne manquait justement 
à la tête examinée par Bonnet (j’en possède moi-même 
plusieurs semblables échantillons }, on regarda d’au- 
tant plus volontiers son dessin comme conforme à la 
structure d’un bothriocephale, que Pon cherchait 
justement dans ce manque de couronne une diffé- 
rence essentielle entre la tête de ce dernier et celle 
d’un tænia proprement dit (tenia solium). Bonnet 
rectifia cette erreur dans une nouvelle dissertation 
sur ce sujet, publiée en 1777, c’est-à-dire trente- 
quatre ans après la premiere; mais il paraît que l’on 
ne l’a pas regardée comme digne d’une attention par- 
ticuliere; car dans toutes les descriptions et des- 
sins concernant le tænia à anneaux courts, ou le bo- 
thriocéphale, qui ont paru depuis, on est toujours 
revenu à la première idée qu’il en avait donnée. 
Brera a cependant copié une figure appartenant à 
la seconde dissertation de cet auteur; mais Brera a 
choisi la quatrième figure , c'est-à-dire la moins 


* Tab. 1, fig. 7 , Vorlesungen. 


DE L'HOMME. 171 
bonne, qui provenaitd’un échantillon reste quinze ans 
dans l’esprit-de-vin,, tandis que la troisième n’est pas 
mauvaise et est assez conforme à la nature. Lorsqu’en 
1811 on avertit toutes les sociétés savantes de la for- 
mation de notre grande collection de vers intesti- 
paux, On pria en même temps de vouloir bien nous 
envoyer un tænia \ anneaux courts ou un bothriocé- 
phale pourvu de sa iêle, en cas que quelqu’un s'en 
trouväten possession. Ilnousarriva, le 20 mars 1812, 
de la part de M. Saemmerring, une boite contenant 
plusieurs vases remplis de ces vers, parmi lesquels il 
yaun échantillon qui est représenté dans la pl. 5, et 
que M. Soemmerring avait rendu lui-même plusieurs 
années auparavant. Mon étonnement fut à son com- 
ble , lorsque je pus remarquer, à l’aide d’une simple 
loupe, les deux fossettes ou dépressions oblongues 
qui existent à la tête de ce ver. Je compris alors sur- 
le-champ la différence qui existe réellement dans la 
conformation des deux cestoides, qui se irouvent 
dans l’homme, car ces animaux se ressemblent si peu, 
que non-seulement ils n’appartiennent pas à la même 
espèce, mais même qu’ils ne sont pas du même genre, 
et j'avoue que je fus fäch& de n’avoir pas placé plus 
tôt ce prétendu tænia à anneaux courts, par la simple 
conformation de ses articulations , dans le genre qui 
lui convenait; car l’ouverture des organes de la géné- 
ration, chez ce dernier, se trouve sur la face des 
articulations, tandis qu’elle est placée au bord sur le 
véritable tænia. Je crois qu'aucun helminthologuc 


qui aurait trouvé un morceau d'un ver pareil, même 


172 SUR LES VERS INTESTINAUX 


sans tete, dans un poisson ou bien dans un oiseau 
aquatique, n'aurait hésité un instant à le ranger 
dans le genre bothriocéphale; mais je me suis con- 
solé en pensant que d’autres avaient commis la même 
erreur. Depuis, j'ai fait évacuer à une personne un 
ver de cette espèce pourvu de sa tete, et j'en ai aussi 
recu quelques échantillons de la Suisse. J’ai choisi, 
pour le genre de ce ver , le nom de bothriocéphales 
et celui de large pour son nom d’espece. 

Avant que nous nous occupions du véritable tæ- 
nia, il faut que je fasse mention que notre collection 
possède un bothriocéphale difforme que M. Sæmmer- 
ring nous a procuré par un échange avec le cabinet 
d'histoire naturelle de M. Voith; c’est un fragment 
de bothriocéphale qui fait voir , à l'endroit où il a été 
déchiré (ce qui a pu avoir lieu dans toute la longueur 
de l’animal } deux fossettes sur chaque articulation ; 
ces fossettes ne sont pas placées l’une après l’autre, 
mais bien l’une à côté de l’autre , comme cela est re- 
présenté par les fig. k, pl. 5. Cette disposition des 
fossettes ne se trouve cependant que sur onze articu- 
lations , car au-delà de la onzième iln’y a, sur le 
reste du morceau, qu'une seule fossette sur chaque 
articulation. Il ne faut pas cependant regarder cela 
comme une monstruosité semblable à celle dans la- 
quelle deux jumeaux sont accollés l’un à l’autre; mais 
il paraît plutôt que ces articulations, au moment de 
leur premiere conformation , se sont dérangées de 
leur position naturelle, et sont devenues adliérentes. 

Ce fragment présente encore cela d’extraordinaire, 


DE L'HOMME. 173 


que les articulations à sa partie postérieure se trou- 
vent fendues pendant un assez long espace. Pallas a 
publié le dessin d’un semblable échanullon. Du reste, 
nous ne devrons pas regarder ce ver comme apparle- 
nant àune nouvelle espèce, car cen’est qu'un bothrio= 
céphale ordinaire. Nous avons encore une seconde 
difformite d’articulations provenant d’un autre échan- 
tillon (Yoy. fig. h, pl. 5). M. Kudolphi observe que 
l'on n’a pas encore rencontré, autant qu’il s’en rap- 
pelle, debothriocéphale dans le cadavre d’un homme; 
j'ai entendu dire la même chose, il y a plusieurs an- 
nées , à un médecin suisse. Les médecins qui exercent 
dans le pays où ce ver séjourne, devraient bien nous 
donner des éclaircissemens à ce sujet. 

J'étais au moment de faire imprimer cette feuille, 
lorsque je fis rendre, le 17 juin 1819, un ver de 
cette espèce à un Suisse de vingt-six ans, du canton 
de Glaris, et cela m’a fourni l’occasion de faire en- 
eore quelques remarques sur le bothriocéphale ; car 
la femme suisse incommodée par ce même ver, que 
j'ai traitée à Vienne, et à laquelle j'ai administré mon 
huile anthelmintique, ne l’a pas rendu d’une manière 
visible. La tête du bothriocéphale , que je fis évacuer 
entier à une femme de Pétersbourg, m’oecupa alors 
trop pour avoir pu prêter une attention suffisante 
aux articulations : ce ver était, du reste, tellement 
gros et renflé, que l’on ne voyait les articulations 
que d’une manière tres-peu distincte. 


2 N. nord Beitr., 1. tab. fig. Wu, fig. 16, 


174 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Le jeune Suisse dont nous venons de faire men- 
tion vivait déjà, depuis douze ans, hors de sa patrie, 
et ce ne fut que l’année passée qu'il fut averti, par 
l'évacuation de quelques morceaux , qu’il nourrissait 
un bothriocéphale dans son corps ; il avait, du reste, 
toujours joui d’une bonne santé, et ce ne fut que de- 
puis le traitement que l’on avait entrepris contre ce 
ver (traitement qui consistait en médicamens ver- 
mifuges et drastiques, que l’on avait employés pen- 
dant plusieursisemaines ), qu'il se trouva un peu af- 
faibli ; il cessa l’usage des médicamens, et se porta 
parfaitement bien. Cependant il vint me voir un jour, 
et me pria de m’assurer au juste si ce parasite exis- 
tait encore dans son corps, ou non; car il n'avait 
pas examiné ses évacuations alvines depuis quelque 
temps: 

Je n’hésitai pas à le soumettre à cet essai, en ce 
qu’il ne pouvait en résulter aucun danger pour sa 
santé. Je lui fis prendre un jour, le matin avant de 
se lever, trois gros de fougère mâle, choisie et 
fraîchement pulvérisée, en une seule dose, et je 
Vengageai à boire par dessus une tasse de café à 
l'eau, aussi chaud que possible (les médecins de 
Genève suivent cette méthode, par laquelle ils évi- 
tent souvent les vomissemens causés par cette racine); 
je lui ordonnai ensuite de prendre, deux heures 
après , une cuillerée à bouche d'huile de ricin frai- 


chement exprimée et mêlée avec un peu de bouillon, 


de demi-heure en demi-heure, et jusqu’à la consom- 
mation de trois onces. Lorsque je fus le voir à deux 


E L'HOMME. “Mb 
heures après midi, il avait déjà diné d’un tres-bon 
appeut, et il n'avait eu, dans la matinée, que deux 
selles liquides très-copieuses, sans cependant être 
pres Il n'avait, du reste , rien senti qui püt lui 
faire présumer la sortie d’un ver; c est pourquoi ıl 
ne s'était pas donné la peine de le chercher; ce- 
pendant ce ver se fit voir après qu'on eut examiné 
les déjections alvines ; elles en contenaient trois mor- 
ceaux, dont le plus long avait vingt-cinq pieds (me- 
sure de Vienne); les deux autres étaient tres-minces, 
et avaient l’air de provenir du voisinage de la tête, 
et Jeur longueur était de six à huit pouces. Je wai 
pu découvrir la tete, et!’ extrémité postérieure n’e- 
tait pas conservée en entier ; l’on voyait clairement 
qu’un morceau en avait été déjà détaché quelque 
temps auparavant. Voici ce que j'ai remarqué sur ce 
ver, qui est le second que j'ai observé fraîchement 
rendu, et avant qu'il eùt été mis dans l'esprit de 
vin. Le ver fut bien lavé avec de l’eau, et lorsque je 
Vai examiné , il ne s’était passé qu’une heure depuis 
qu'il avait été rendu. Sa couleur n'était pas parfai- 
tement blanche, comme Jœrdens et Brera le préten- 
dent ; mais il était d’un gris clair , tel qu’il est repre- 
senté sur la pl. 5, fig. d, f, i. Les tænias sont en général 
beaucoup plus blancs que les bothriocéphales. Mais 
le docteur Gaede de Kiel, qui arriva justement dans 
le moment où mon dessinateur venait de terminer 
de dessiner ce ver, peut attester que cet animal a 
été représenté avec la plus grande exactitude; car 
M. Gaede l’a vu aussi avant qu'il ne füt mis dans 


176 SUR LES VERS INTESTINAUX 


V’esprit-de-vin. Quant aux articulations antérieures 
de ce ver, je n'ai rien remarqué qui ne puisse 
être vu sur la planche 5, si ce n’est qu’elles diffé - 
raient dans la couleur. Les articulations étaient trans- 
parentes dans le milieu, à l'endroit où le ver com- 
mence à s’elargir, et l’on pouvait clairement voir 
les ouvertures , en forme de petites fossettes rondes, 
qui conduisent aux organes de la génération. 

Ces articulations n'étaient pas transparentes sur 
leurs bords; cependant on distinguait, dans leur 
intérieur, des points isolés de forme ronde; c'é- 
taient peut-être des œufs non fécondés ( Voyez 
fig. h, pl. 5). Un peu plus loin que les aruiculauions. 
dont nous venons de parler, il y en avait quelques- 
unes de fécondées : cela peut se voir sur lasfig. f. Ces 
articulations ne sont pas dessinées d’une manière 
aussi élégante et symétrique que celles de Bonnet, 
copiées par Joerdens et Brera; mais je puis assurer 
que mon dessinateur les a représentées fidelement 
et telles qu’elles se trouvaient dans la nature. On ob- 
servait, sur différens endroits de ces articulations, à 
quelque distance de là, de petites protuberances ou 
papilles jaunâtres (Voyez fig. :). En ouvrant une de 
ces protubérances avec une épingle , il en sortit des 
œufs fécondés. 

On peut les voir représentés, mais considérable 
ment grossis ,„ dans la fig. Z. Ces œufs n'avaient pas 
tous la même forme, comme on le voit par la même 
figure. 

A l'endroit où les œufs fécondés se trouvent pla- 


DE L'HOMME. 177 


ces , le ver perd de sa largeur; les bords ou plutôt les 
parties latérales des articulations sont ridées , et l’on 
ne remarque pas dans ces dernières des points ou 
grains blancs , comme cela peut se voir sur la fig. d. 

Il me paraît probable que toutes les articulations 
de bothriocéphale ne sont pas fécondées; car on ne 
voit sur la fig. : (qui représente un morceau de tæ- 
nia de treize articulations) que deux protubérances 
ou papilles remplies d'œufs ; une troisième protubé- 
rance se trouve sur le bord dela fente, et a l'air d’avoir 
été déjà vidée à moitié; je ne puis pas pan af- 
firmer que la chose soit ainsi. 

Apres qu'une articulation a été fécondée, il me 
paraît probable que, des ce moment, tout le travail 
de la nutrition n’influe que sur les œufs, qui se irou- 
vent contenus dans cette articulation, et n’agit plus 
sur cette dernicre elle-même ; elle dépérit alors de 
plus en plus, se crispe, perd de sa largeur, se ride 
sur ses bords et meurt à l’époque à laquelle ses œufs 
sont parvenus à leur développement complet et ou ils 
en sortent. L'endroit perforé que l’on remarque sur 
la fig. i paraît venir à l’appui de ma supposition ; car 
ıl est probable que cette perforation ne s’est opérée 
qu'au moment où les articulations se sont rompues 
pour laisser sortir les œufs complétement dévelop- 
pés dont elles étaient chargées. On voit sur la der- 
mère figure mentionvée, que les articulations n’é- 
taient pas loin de leur destruction totale, car elles 
avaient déjà perdu leur couleur naturelle et étaient 
devenues tout à fait brunes ; ilest donc permis de sup- 

12 


178 SUR LES VERS INTESTINAUX 


poser que ce morceau se serait déchiré sous peu en 
cet endroit, et que le ver aurait perdu deux pieds de 
sa longueur, car le morceau, qui faisait suite à ces 
articulations , était de cette longueur. 

Les observations que je viens de rapporter ont été 
pour moi d'un grand intérêt, je désire qu’elles 
n'aient pas fatigué mes lecteurs. | 


V. TÆNIA. 
Tania solium ( en allem. der kettenwurm), pl. VI et var. 


TÆNHA : capite subhemispherico , discreto ; rostello obtuso ; collo ar- 
trorsum increscente , articulisque anticis brevissimis , insequentibus 
subquadratis , reliquis oblongis , omnibus obtusiusculis ; foramini- 
bus marginalibus vage alternis. 

Pallas, Elench. Zoophyt, p. 405, n°. x, 1. cucurbilina. 

Neue ‚nord. beitr. du même, t.1, p. 46 et 37, tab. It, fig. 4 et 9, 
1. cucurb. 

Bloch , Abhandl., s. 20 et 28 , der kürbiswurm. 

Werner , Verm. intest., p. 18 et 49, 4. solium; p. 49 et 54, fig, 
47 et 57, t. vulgaris. 

Goeze , Eingeweidew , s. 269 et 296 , tab. xx1, fig. 1, 7, 9 et ı2. 

Gmelin , Syst. nat. , p. 3062, n°. ı , t. solium; p. 3073, n°.3, t. 
dentata. 

Batsch , Bandwürmer, s. 117-123, fig. 1,6, 9, ı1, 21, 23, 
54, der kürbisbandwurm; s. 184-187 , fig. 10 et 113, der ge- 
-aehnte band. k 

C. =, Inthe Transat. of the Linn. soc. , vol. I1, p. 247 et 262, 
tan. XXV , fig. set 8, £. solium. 

Joerdens , Helminth., s. 40 , tab. 111, fig. x et 7, der langgliedrichte, 
bandwurm, s. 47 , tab. IV. 

Brera , Vorlesung. , p. 9, fig. 1, 3, 8, 10 et 11; der bewaffnete 


DE L'HOMME. 170 


menschliche bandwurm. Memorie du même , p. 64 et 80, tab. ı, 
fig, 1, 14, 17, 22, tenia armata umana. 

Zeder , Änteitung , p. 359 , n°. 48 , halysis solium. 

Rudolphi, Entoz. II, part. 1, p. ı6o , n°. 56, £. solium. 

Bradley , À treatise, p. 75 et 83, pl. 111, fig. 4 et 10, iania os- 
culis marginalibus. tape worm. 

Cuvier, Règne animal, p. 43 , tenia à longs anneaux. 

Olfers , De vegetativis, p. 35 et 37, 1. solium. 

De Lamarck, Anim. sans vert., tome 11, page 164, tenia cu- 


curbitain. 


Le bothriocephale et le véritable tænia, appelé par 
Plater 1ænia secunda , portent ,! chez les auteurs, 
comme nous l’avons déja remarqué, le même nom; 
cependant les Français désignent ordinairement le 
véritable tzenia sous les noms suivans : le solitaire, 
le tænia sans épines, tænia à anneaux longs. 

Le véritable tænia séjourne dans lesintestins grêles 
de l’homme de toutes les nations européennes à 
l'exception de celles que nous avons mentionnées 
lorsqu'il était question du bothriocephale. On ren- 
contre aussi tres-souvent le tzenia.chez les Egyptiens. 


DESCRIPTION. 


Je crois que personne n’a encore vu un tænia en- 
tier, c’est-à-dire qui für à la fois pourvu de la tête 
et de la queue; car souvent il arrive que les dernières 
articulations, qui sont ordinairement chargées d'œufs 
fécondés, se détachient et sont évacuées par les 
selles, avant que les articulations antérieures, les 

12. 


189 SUR LES VERS INTESTINAUX 


plus près de la tête, soient encore complétement déve- 
loppées ; c'est pourquoi on ne peut pas fixer au juste 
quelle longueur ce ver pourrait atteindre, si toutes 
les articulations restaient ensemble. Les tænias d'une 
longueur de vingt-quatre pieds ne sont pas très-rares : 
notre collection cependant n’en a pas de plus longs. 

Reinlein , dans son ouvrage, parle souvent de ces 
vers, et porte leur longueur à quarante jusqu’à 
cinquante aunes. | 

Dans les Dissertations ‘ de Copenhague, on fait 
mention d’un tænia de huit cents aunes de long. 

Robin ratonte qu'il a trouvé dans le cadavre d'un 
homme (qui avait rendu, peu de temps avant de 
mourir, un morceau de tænia de plusieurs pieds de 
long), : mmédiatement au-dessous du pylore, un de 
ces vers reployé en forme de pelotte et qui s’etendait 
dans toute la longueur des intestins, jusqu’à six OU 
huit pouces de anus ; Robin remarque que sa lon- 
gueur a pu se monter àtrente pieds ;, ÿ compris lemor- 
ceau qui avait été détaché auparavant. Si un tænia 
qui occupait presque tout le tube intestinal, comme 
eclui dont nous venons de parler, n'avait que trente 
pieds de longueur; il est alors bien permis de pré- 


sumer que les auteurs cités plus haut se sont trom- . 


pés dans l'indication de leurs mesures, et qu'ils ont 
compris, sans doute, plusieurs vers ensemble, comme 
cela a dû avoir lieu pour celui de huit cents aunes. 
Admettons en effet que la longueur du tube intes- 


» Act. hapnıens., vol. U, p. 148. 


DE L'HOMME. 181 


tinal de l'homme ne soit que de trente pieds, et 
qu'une aune ne forme qu’une longueur de douze 
pouces, c'est-à-dire qu’un pied , le ver de huit cents 
aunes de longueur aurait été, par conséquent ; obligé 
de se reployer au moins vingt-six fois, pour trouver à 
s’y placer. Une telle quanuté de replis aurait natu- 
rellement rempli presque toute la capacité des in- 
testins , et l’on ne conçoit pas comment les alimens 
etles matières fécales auraient pu encore s’ecouler. 
Il est cependant facile de concevoir ce quia engage 
les médecins à croire qu'il y avait des tænias d’une 
longueur aussi extraordinaire ; c’est qu'ils suppo- 
saient que tous les morceaux de tænias, rendus peu 
à peu par un homme, appartenaient à un seul in- 
dividu. 

Hufeland : fait mention d’un enfant de six mois, 
qui avait rendu peu à peu trente aunes de tænia, sans 
éprouver la moindre aliération dans sa santé. Suppo- 
sons que cet enfant en eût évacué une pareille quantité 
tous les six mois, jusqu'à l’âge de la puberté, la lon- 
gueur du ver se serait alors montée à mille quatre 
cent quarante aunes, à peu pres; on au rait cependant 
bien tort de conclure de là qu'il y ait des tænias aussi 
longs. 

La largeur de ce ver varie beaucoup : vers la fin 
de la tête , il n’a souvent qu'un quart ou qu'un tiers 
de ligne de largeur ; mais elle augmente peu à peu 
jusqu’à trois, quatre, ou même six lignes; du reste, 


ı Journal Bd, 18, st. 1, p. 3. 


182 SUR LES VERS INTESTINAUX 


quand on mesure ce ver, il faut toujours faire atten- 
tion s’il se trouve dans un état de contraction ou d’ex- 
tension ; car sans cela la mesure ne peut pas être re- 
gardée comme conforme à la vérité (Poy. pl. 6, fig. 1). 
La grosseur du tænia varie aussi beaucoup ; quelque- 
fois il est très-mince et presque transparent , et dans 
d’autres cas 1l est gros, comme cela est démontré 

par les articulations de la fig. a, pl. 7; sa tête est en 
général très-petite ( Voyez pl. 6, fig. 1 ); elle est ce- 
pendant quelquefois assez grosse pour être vue à l’œil 
nu (Voyez fig. a). 

Mais , à l’excepuon de l'individu , fig. a, j'avoue 
n’en avoir jamais vu, depuis, un semblable, dans le- 
quel une tête si volumineuse füt placée sur une tige 
aussi mince , et qui se changeät si brusquement en 
un cou d’une largeur assez considérable. On trouve 
la forme de la tete, en général, variable, surtout 
lorsqu'on l’examine sur des individus morts, comme 
cela arrive presque toujours. Cette diversité de forme 
s'explique tres-bien, quand on a observé un de ces 
vers vivant hors du canal intestinal, comme j'en 
ai eu l’occasion. La tête et le cou de l’animal sont 
alors dans un mouvement continuel, et son corps 
se contracte et s’allonge alternativement. Ces change- 
mens de dimension influent également sur celles du 
cou et de la tête; et les têtes paraissent tantôt plus 
Jongues et plus étroites, et tantôt plus larges et plus 
courtes. En tuant subitement un individu obtenu 
vivant, au moyen de l’eau fraîche ou de l’esprit-de- 
vin , 1l conserve la forme qu’il avait au moment de 


DE L'HOMME. 183 
mourir. On doit également remarquer que Vesprit- 
de-vin très-concentré a la propriété de rétrécir ou de 
contracter les individus morts. Le ver représenté sur 
la fig. 5, pl. 6, a été tué dans de l’eau tiède que l’on avait 
laissée peu à peu refroidir. L’on peut facilement se 
faire une idée de la diversité des dimensions dans la 
tête des cestoides , si l’on examine les tricuspidaires 
provenant du brochet , et les bothriocéphales pro- 
venant des barbeaux : l’on rencontre presque tou- 
jours vivantes ces deux dernières espèces de vers, 
dans ces deux genres de poissons. M. Rudolphi : a 
indiqué six différentes formes de tête sur les tricus- 
pidaires : j'en ai fait dessiner neuf des mêmes vers, 
et cinq du bothriocéphale provenant du barbeau. 
Je crois que les trois figures de tête de tænias, qui 
avaient séjourné dans l’homme (Foy. fig.b,c,d, pl.6), 
et qui sont représentées sur une echelle plus grande 
que nature, suffiront pour donner a mes lecteurs 
une idée claire de ces variations. 

L'on remarque toujours à ces têtes, si variables 
dans leur forme, quatre suçoirs qui sont, dans l’état 
vivant, tantôt plus proéminens, tantôt plus rétractés- 
Le tænia vivant que j'ai examiné allongeait toujours 
les deux diagonalement opposés ; tandis qu'ilraccour- 
cissait les deux autres de lamême manière. J'ai observe 
dans les tubes de deux tænias qui avaient été rendus 
vingt-quatre heures auparavant, une matière nolrälre, 
représentée dans la fig. d, pl. 6: cette matière se dis- 


ı Entoz., tab. 1x ‚fig. Get 11. 


184 SUR LES VERS INTESTINAUX 


solvit et disparut après un court espace de temps; 
ce n’était rien autre chose qu'un peu de matière fé- 
cale qui s'était introduite dans les tubes des sucoirs 
de ces deux individus, et ce qui donnait à leur tête 
l'apparence d'avoir quatre yeux. C’est de là d’où pro- 
vient, sans doute, que les anciens médecins représen- 
taienttoujours la tête des cestoïdes pourvue de quatre 
yeux; Andry, par exemple’, défend encore l’opi- 
nion que les cestoides ont quatre yeux, contre Mery, 
qui regardait les sucoirs comme autant d’ouvertures 
nasales. 

Quand la tête est tout à fait allongée, l’on voit, 
entre ces quatre suçoirs , une protubérance convexe 
(Por. fig. b, pl. 6), sur laquelle se trouve toujours un 
cercle au milieu duquel est placée une petite ouver- 
ture presque imperceptible. On observe quelquefois 
sur. ce disque un double rang de petits crochets; 
l’on fait mention dans presque toutes les descriptions 
de ce disque pourvu de crochets , et on les trouve 
également représentés dans presque toutes les fi- 
gures ; mais cela ne s’observe pas toujours en réa- 
lité. J'avais déjà examiné cinq à six de ces vers, y 
compris celui qui était encore vivant, et dont j'ai 
parlé plus haut, sans qu'il m’eût été possible de dé- 
. Gouvyrir une couronne de crochets sur la tête , malgré 
que je me fusse servi d’excellens microscopes. J’en fis 
part à M. Rudolphi, et peu de temps après ıl m’en- 
voya un tænia pourvu d’une pareille couronne très- 


* Ouvrage cité, p. 609. 


DE L'HOMME. 185 


visible (Yoyez fig. c ). Plus tard je recus encore un 
semblable individu de M. Goergen. 

I1me paraît probable que le ver dont nous nous oc- 
cupons maintenant perd sa couronne de crochets en 
vieillissant. J’admettrais cette supposition d'autant 
plus volontiers que l’on rencontre assez souvent d’au- 
tres vers intestinaux chez lesquels les crochets se dé- 
tachent : cela se remarque assez fréquemment sur le 

ver nommé par moi echinorhynchus polymorphus. 

Notre collection possède un tzenia très-long (tæ- 
nia serrata) provenant d’un chien. La tête de ce ver 
est aussi dépourvue de crochets, chose qui n’arrive 
pas ordinairement chez les individus de cette espece. 

Le véritable tænia a le cou aplati ou déprimé, et 
variable en longueur. Je ne lai jamais vu manquer 
tout à fait dans aucun individu de cette espèce : après 
le cou dépourvu d’articulations, arrive le corps arti- 
culé. Les premières articulations sont d’abord ires- 
étroites, et toujours plus courtes que larges ; a mesure 
qu’elles s’élargissent, leur longueur augmente pro- 
portionnellement beaucoup plus, et elles forment par 
la suite de vrais carrés qui deviennent plus loın des 
carrés oblongs , dont la longueur surpasse la largeur 
au moins du double ; mais on rencontre souvent des 
individus qui sont conformés differemment, et sur 
lesquelsl’onremarque des articulations pluslarges que 
longues, suivies d’articulations qui sont plus longues 
que larges. Cet tat de chose provient des contractions 
inégales de quelques parties du corps ; car les mou- 
vemens de ces vers consistent, comme nous l'avons 


186 SUR LES VERS INTESTINAUX 


déjà remarqué, en contractions et en allongemens 
continuels de leurs aruculations. Les contractions ren- 
dent ces dernières plus larges et plus courtes , et les 
allongemens, plus longues et plus étroites. J’ai fai! 
dessiner un individa qui était d’une longueur de huit 
pieds, en omettant plusieurs longs morceaux d’arti- 
culations qui avaient la même conformation que les 
précédentes. Les fig. b, c, e,pl.7, font voir plusieurs 
anomalies dans la conformation des articulations. 

Les difformités proviennent souvent, comme je. 
l'ai déjà remarqué, de la manière subite dont on tue 
le ver, soit en le plongeant dans l’eau froide, soit 
dans l’esprit-de-vin. | 

On observe , pres des bords des articulations, de 
chaque côté et le long de tout le corps de quelques in- 
dividus ( Joy. fig. a, pl. 6), deux lignes blanches assez 
marquées; elles sont placées l’une sur l’autre , de ma- 
niere que celle située supérieurement couvre et cache 
Vinferieure. M. Rudolphi regarde ces lignes comme 
des canaux alimentaires qui.urent leur origine des 
sucoirs de la tête. Je possède un tænia tres-mince ét 
transparent, que l’on a fait rendre à un homme : ce 
ver n’était pourvu que d’un seul canal alimentaire, 
placé au milieu des articulations. 

On observe encore, sur les bords des articulations 
bien développées, tantôt à droite, tantôt à gauche, de : 
petites protubérances papilliformes, qui sont pour- 
vues, dans leur milieu, d’une ouverture bien visi- 
ble ; on distingue clairement cette dernière sur les 
articulations du milieu (Yoyez fig. 1, pl. 6), mais en- 


DE L'HOMME. 187 


eoremieuxsurlesfig. d,e, f,i, pl.7.Ona cru pendant 
long-temps que le ver s’attachait, avec ses ouvertures 
latérales, aux parois desintestins , pour sucer sa nour- 
riture ; mais les naturalistes modernes sont tous d’avis 
que ces ouvertures, ainsi que les petits canaux qui en 
proviennent, conduisent aux oviductes : ceux -ci, 
dont la forme est assez variable , présentent cepen- 
dant presque toujours une disposition phytoïde sur 
les individus dont le corps est mince, et sur ceux qui 
ont été déjà un peu macérés (Voyez fig. d). Is cons- 
lituent presque tout l'appareil de la generation. 

On observe sur quelques tænias, surtout sur ceux 
provenant d'oiseaux aquatiques , des petits filamens 
qui sortent des ouvertures des ovaires, etque l’on peut, 
ce me semble , regarder comme les parties sexuelles 
des mâles. Je n’ai pas encore pu découvrir ces filamens 
sur des tænias provenant de l’homme; la position des 
ouvertures latérales n’est pas soumise à un ordre cer- 
tain ; quelquefois il y en a trois, quatre ou davantage 
du même côté , placées l’une après l’autre , sans in- 
terruption, tandis qu'il n’y en a qu’une ou deux de 
V’autre côté. Les personnes qui désirent connaître la 
structure interne de ces organes, doivent étudier 
l'ouvrage de Werner. 


REMARQUES. 


Les médecins les plus anciens font déjà mention 
de ce ver, mais sous deux noms différens; car ils 


188 SUR LES VERS INTESTINAUX 


distinguent le Zumbricus latus, ou le tænia solium, qui 
a été probablement confondu quelquefois avec le bo- 
thriocéphalus latus, des vers cucurbitains; quantau pre: 
mier, ils croyaient qu’un homme ne pouvait être at- 
teint que d’un seul individu à la fois, et, quant aux 
derniers (les vers cucurbitains), ces medecins les ont 
regardes comme appartenant à une espèce parlicu- 
lière, ou, selon l’opinion d’Andry, comme des œufs 
du tænia; l’une et l’autre de ces suppositions sont 
erronées. D'abord, nous avons de nombreux exem- 
ples qui prouvent que plusieurs tænias PÉRXENL se 
trouver en même temps dans les intestins du même 
homme. De Haën: en a fait rendre dix-huit a une 
femme de trenteans, dans l’espace de quelques jours, 
et qui étaient tous très- minces ou filiformes à l’une de 
leurs extrémités. J’en ai vu moi-même deux ou trois 
dans le même individu, et j'en ai souvent rencontré 
soixante-dix ou quatre-vingts à la fois dans les intes- 
uns de jeunes chiens ; et quant aux vers cucurbitains, 
les auteurs ont remarqué que ce ne sont que des 
articulations postérieures fécondées ou chargées 
d'œufs développés qui se sont détachés du tronc du 
tzenia. 


On a encore eu autrefois des idées tout à fait sin- 


gulières sur la véritable nature de ces vers. Linné, 
par exemple, niait la présence de la tête du tænia. 
Blumenbach regarda pendant long-temps , comme 


1 Ratio medendi, vol. xt, p. 218. 


DE L'HOMME. 189 


les premières éditions de son ouvrage le prouvent, 
les articulations de ce ver comme autant d'animaux , 
et il pensait qu'ils n'étaient que collés l’un contre 
l'autre *; mais cet auteur a abandonné plus tard cette 
opinion. Carlisle prétend qu’il peut se développer un 
nouveau ver de chaque articulation. 

Les personnes qui onteu occasion d'observer beau- 
coup d'animaux dans lesquels le tænia séjourne sou- 
vent, et qui ont rencontré et observé des jeunes vers 
de cette espèce, nadmettent aucune des opinions que 


nous venons de rapporter. J’ai trouvé plusieurs fois, 


dans les intestins du cormoran ( pelicanus carbo ) de 
jeunes tænias appelés par M. Rudolphitænia scolecina , 
qui n’avaient que trois ou quatre lignes de long; leur 
queue était arrondie et leur tête pourvue de quatre 
sucoirs et d’une couronne de crochets très-visibles, 
preuve que ces vers étaient entiers, quoique l’on 
ne püt y distinguer des articulations, pas même avec 
un microscope; on voyait néanmoins à leurs bords 
des filamens (/emnisci ) dont nous avons fait mention 
plus haut. Cette observation prouve que les tzenias, 
et les cestoides en général , se forment d’un seul coup 
comme embryons, .et qu’ils parviennent, commetout 
autre animal, peu à peu à leur grandeur naturelle, 
sans qu'il soit nécessaire pour s'étendre, que de nou- 
velles articulations se forment après leur naissance. 
Les naturalistes ont avancé beaucoup de choses et 


1 Gættinssche anzeigen von gelehrien sachen. 1774. , st. 154, p. 


1313. 


190 SUR LES VERS INTESTINAUX 


souvent tout à fait chimériques sur cette formation, 
et nous verrons par la suite quel degré de confiance 
elles méritent. 

La formation de nouvelles articulations peut être 
conçue de trois manières différentes , c’est-à-dire 
qu’il est possible d'imaginer sur le corps du ver trois 
endroits où cette formation puisse avoir lieu : 1°. à la 
fin de la tête , c’est-à-dire entre elle et l'extrémité an- 
térieure du corps ; 20, entre les articulations, dans un 
seul ou dans plusieurs endroits du corps à la fois : il 
faudrait alors admettre que les anciennes articula- 
tions se diviseraient en plusieurs, et que les articula- 
tions nouvellement produites acquerraient peu à peu 
la grandeur de celles entre lesquelles elles se seraient 
intercalées ; et 3°. à l’extrémité postérieure du corps, 
ou à la fin de la queue. 

Si l'addition des nouvelles articulations pouvait 
avoir lieu à l'extrémité antérieure du corps, il serait 
plus naturel d’admettre que le cou recevrait une aug- 
mentation de la tête elle-même , et que pour conser- 
ver, malgré cette augmentation , sa longueur primi- 
tive, sa partie postérieure se diviserait en articula- 
tions, que de supposer que la totalité du cou se 
diviserait d’abord en articulations, et que les nou- 
velles pousseraient, pour ainsi dire, plus tard, de 
la tête elle-même. Cette hypothèse ne peut être com- 
battue par l'observation, que nous avons faite plus 
haut, que notre collection ne possède aucun tænia 
provenant de l’homme, qui ne soit pourvu d’un cou 
plus ou moins long, parce qu'il y a, en eflet, une 


DE L'HOMME. OI 
grande quantité de tænias provenant d'animaux, aux- 
quels le cou manque totalement ; et, comme le iénia 
de l'homme leur ressemble pour le reste, il est alors 
permis de supposer qu'il n’en diffère pas non plus 
sous ce rapport. 

Si le second cas avait lieu, c’est-à-dire s’il arri- 
vait que des articulations (dans un endroit quel- 
conque du corps ) se divisassent en plusieurs autres, 
on aurait dù le remarquer déjà depuis long-temps, 
par la raison que la formation des nouvelles articula- 
tions produites par la division de l'ancienne, n’au- 
rait pu s'effectuer que peu à peu, c’est-à-dire dans 
un espace de temps plus ou moins long, et sans avoir 
été observé par les naturalistes. 

L'on rencontre bien quelquefois des articulations 
difformes et mégales , quant à la longueur des deux 
côtés ; mais jamais on n’a observé, sur une articula- 
tion, des espèces d’incisions ou de rainures iranver- 
sales , qui auraient pu nous mettre en droit de pré- 
sumer que cette articulation eût été sur le point de se 
diviser en deux, division que l’on peut opérer, par 
des moyens artificiels , sur les vertèbres des sala- 
mandres aquatiques. 

Andry a fait , sur l’accroissement de nouvelles ar- 
üculations à l'extrémité eaudale, une observation qui 
lève, au premier abord, tous les doutes qui existent 
à ce sujet ”. Ce médecin engagea un de ses malades, 


* Jai extrait cette observation de l'ouvrage de M. Rudolphi 


(Entoz., vol, 1, p. 337), n'ayant pu me procurer l'ouvrage 


192 SUR LES VERS INTESTINAUX 

qui avait déjà rendu, à plusieurs reprises, des mor- 
ceaux de tænia de quatre à six pouces de longueur, 
mais sans la tête, 1°. de passer tres-promptement, au 
moyen d’une aiguille, un fil à travers le corps de 
l'animal , aussitôt qu’il s’en présenterait, de nouveau, 
quelques parties hors du rectum ; 2°. de déchirer tout 
ce qui serait au-dessous de l'endroit où le fil aurait 
été passé, et de laisser rentrer le reste dans le canal 
intestinal. Tout cela fut en effet exécuté , et, au mo- 
ment de la rentrée , il n’y avait, du corps du tenia, 
qu’une longueur égale à quatre travers de doigt, et 
formée de cinq articulations. Après l’espace d’un 
mois, Andry ordonna une médecine qui fit évacuer 
le tænia pourvu de la tête. En examinant la portion 
du ver au-dessous du fil, on vit qu’elle était d’envi- 
ron un pied de longueur, et composée de quarante 
articulations, au lieu de cinq qu’elle avait un mois 
auparavant. Malgré cela, cette expérience ne prouve 
rien , comme M. Rudolphi l’a également remarqué. 
D'abord, la proportion du nombre des articulations 
ne s'accorde pas avec celle de la longueur; car, si 
cinq articulations étaient de la longueur de quatre 
travers de doigt, longueur que nous n’evaluerons 
qu’à trois pouces, quarante articulations auraient dü 
étre d’une longueur de deux pieds. En outre, 1l 
faut considérer qu'il était impossible de ne pas se 
tromper dans la mesure et l'évaluation du nombre 


d'Andry, publié à Paris, 1718, sous le titre : Vers sollaires ct 


autres espèces , elc. 


DE L'HOMME. 103 


des articulations , lors de l'expérience. La piqüre 
a dû nécessairement irriter le ver, qui s’est con- 
tracté spasmodiquement, comme cela a lieu chez 
tous les animaux des classes inférieures ; on le dé- 
chira , et il se contracta encore davantage. Les arti- 
culations allongées de lextrémité caudale , que le 
malade avait rendues en premier, ont probablement 
fait croire que le nombre de celles qui étaient infé- 
rieures au fil, n'allait pas au-dessus de cinq au 
moment de l'expérience. Un morceau de tænia de 
quarante articulations peut, en effet, se contracter 
de manière que sa longueur ne dépasse pas la largeur 
d’une main. 

Les objections que nous allons faire maintenant à 
une asserlion avancée par Brera, peuvent également 
s’appliquer à l'observation d’Andry. 

Brera s’est efforcé de montrer comment le tænia 
perd les articulations de la partie terminale de son 
corps ; et comment d’autres se reproduisent à leur 
place, de maniere que le ver devrait toujours con- 
server le même nombre d’artieulations. 

Cet auteur s'exprime ainsi! : « Il pousse , d’une des 
parties latérales de l'un des bords, par lesquelles les 
articulations sont jointes les unes aux autres, un 
petit bouton formé de la même substance que les 
articulations. Ce bouton grandit, s’élargit, repousse 
et sépare peu à peu l'articulation voisine, et ne prend 
pas seulement sa place, mais encore sa forme, de 


1: Memorie , p. 46. 


194 SUR LES VERS INTESTINAUX 


manière que l’irticulation détachée se trouve tout à 
fait remplacée. » À 

Cependant cela n'arrive pas ainsi en réalité, comme 
on peut le démontrer par la théorie et par l’expé- 
rience. Supposé que ces choses se passassent comme 
Brera l'a prétendu , on aurait remarqué que la queue 
ou plutôt la dernière articulation du verse détacherait 
toujours en premier lieu, et, comme d’après l'opinion 
de ce médecin, la nouvelle articulation prend la 
forme de celle qui vient d’être séparée , on devrait 
conclure de là qu'il ne pourrait sortir que des ar- 
üculations arrondies ou terminales. Cependant on 
voit journellement des individus rendre plusieurs 
articulations, sans qu’une seule portät le même carac- 
were ou la même forme que la dernière; outre cela, 
il n’est pas probable que tant d’aruculations rendues 
par des hommes qui n’ont qu'un ou deux iænias, 
puissent se reproduire journellement, et si, par ha- 
sard, nn bouton, tel que le decrit Brera, se formait 
à la vingtieme articulation, à compter de la queue, 
les dix-neuf autres, qui se trouveraient au-dessous, 
devraient également être séparées avec la vinglieme, 
et, par conséquent, la nouvelle articulation , qui se 
serait formée à l’endroit de cette dernière, ne pour- 
rait pas servir d’equivalent, ou plutôt ne pourrait 
réparer la perte d’un morceau aussi considérable. 
Nous voyons encore que les articulations posté- 
rieures des vers parvenus à leur développement, 
sont toujours chargées d'œufs fécondés, et qu’elles 
se détachent d’elles-mêmes. 11 faudrait alors suppo- 


DE L'HOMME. 195 


ser, dans l’assertion de Brera, que les articulations 
nouvellement formées pourraient être chargées, des 
leur origine , d'œufs fécondés, tandis que ceux qui 
se trouveraient dans des articulations précédentes ou 
anciennes resteraient, pour ainsi dire, immobiles 
et sans pouvoir atteindre leur développement com- 
plet, chose absolument dépourvue de probabilité. 

Le tænia, d'après mon opinion, est, des sa nais- 
sance, entier, n'importe qu'il doive son origine à 
une formation spontanée ou bien à un œuf. Get ani- 
mal commence alors à grandir; ses articulations de- 
viennent de plus en plus marquées, surtout celles de 
la queue ; ce sont aussi ces dernières qui se sépa- 
rent d’elles-mêmes du tronc, sitôt qu’elles ont acquis 
leur développement, et que les œufs dont elles sont 
chargées, ont atteint leur maturité. Ge dernier état 
de choses peut déjà avoir lieu avant que les articula- 
tions voisines de la tête soient encore visibles , et 
lorsqu'elles ne forment encore qu’une espèce de cou 
allongé. Mais, par la suite, les articulations anté- 
rieures et la tête elle-même se développent à leur 
tour et se détachent successivement comme celles qui 
l'ont été en premier lieu. Je ne puis pas cependant 
indiquer au juste combien de temps il faut pour que 
cela s'opère ; mais je doute très-fort qu'il faille dix ans 
et plus, comme on se croyait en droit de l’admeitre, 
parce qu’on voit des hommes qui rendent, pendant 
cet espace de temps, presque continuellement des 
articulations dépourvues de tete’. 


* Voyez Carlisie. 
19. 


106 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Il se forme, dans mon opinion, dans l'intervalle 
de temps que la nature emploie pour le développe- 
ment d’un tænia, d’autres vers de son espèce, soit 
par des œufs, soit spontanément, supposé que la dis- 
position pour cette dernière formation continue à 
exister ; car, par exemple, on ne trouve point de tri- 
cuspidaires daus les brochets en automne, tandis 
qu'ils en sont remplis au printemps. 

On aurait souvent tort de croire que le tænia existe 
toujours dans le canal intestinal d’un homme, par la 
raison qu'il aurait rendu beaucoup d’articulations, 
sans que l’on ait pu remarquer la sortie de la tête. 

Il arrive dans beaucoup de cas que cet animal se 
rompt dans le voisinage de la tête, et alors elle de- 
vient tres-difhicile à découvrir dans les matieres fé- 
cales, La meilleure manière pour atteindre ce but est 
la suivante : l’on fait verser de l’eau tiède en petite 
quantité sur les déjections , afin de les faire ramol- 
lir ; quelques momens après on laisse découler avec 
précaution tout ce qu'il ya de liquide ; on répète en- 
suite celte opération jusqu’à ce que le ver et ses par- 
ties détachées restent seules au fond du vase. Je me 
suis procuré, de cette manière, la tête d’un tænia 
qui se trouvait jointe à un morceau d'un pouce de 
long seulement. 

Parmi plusieurs centaines de personnes tourmen- 
tées par ce ver, et traitées par moi, il n'y en a pas 
une seule qui ait vu sortir la tête de son tænia, et ce- 
pendant je puis assurer que quatre-vingt dix-neuf 
sur cent se trouvent gucries. 


DE L'HOMME. 197 


Outre les difformités dans la swucture des articu- 
lations, que nous avons indiquées plus haut, et re- 
présentées par des figures, on remarque quelquefois 
des tænias avec des articulations percées. J’en ai fait 
rendre deux semblables; sur l’un on ne voyait que 
quelques articulauons conformées de cette sorte , 
mais sur l’autre ıl y avait un morceau troué presque 
d’un bout à l’autre dans l’espace de plusieurs pieds. 
La fig. f représente un petit morceau de ce ver. 
Masars de Cazeles a fait dessiner un tænia semblable, 
et 1l le regarde à tort comme appartenant à une nou- 
velle espèce. IL paraît que les oviductes de ce ver 
étaient également crevés, ce qui a engagé cet auteur 
à le désigner sous le nom de tenia fenestrata. 

Notre collection possede un individu bien remar- 
quable, c’est un morceau de tænia de plusieurs pieds 
de long, et qui offre cela de particulier, qu'il ya 
de:ıx tænias fortement unis au bord d’une artıcula- 
uon. Les figures g, À, i, pl. 7, représentent différentes 
parues de ce ver. Il est à regretter que la tête ne s’y 
trouve pas. Il y a également dans cette collection 
un peut tzenia tout au plus d’un pouce de long, armé 
et pourvu de six sucoirs au lieu de quatre. Get indi- 
vidu a été rencontré dans les intestins d’un chat. 
La forme de ce ver était prismatique, et on observait 
_ des rainures le long de son corps. Il se peut bien que 
_ cette difformité se soit opérée par la réunion de trois 
tænias ou de trijumeaux accollés l’un contre l’autre. 

Brera prétend avoir observé un tænia hybride, c'est- 
a-dire un ver qui tenait le milieu entre le bothrioce- 


198 - SUR LES VERS INTESTINAUX 


phale et le véritable tænia. L'individu dont il est 
question ici se serait formé, d’après la supposition 
de cet auteur, par suite de ’accouplement de ces deux 
espèces de vers. La description que Brera donne de 
son prétendu tænia hybride ne suflit pas pour en avoir 
une idée claire, et ilest à regretter, comme M. Ol- 
fers l’a également remarqué, que ce ver n’ait pas été 
dessiné. Olfers le regarde comme un tænia ordinaire, 
et ajoute dummodo observationi credendum. Il est à la 
vérité bien difficile de simaginer qu’un bothriocé- 
phale et un tænia aient pu se trouver dans le canal 


intestinal du même homme. 
SECTION 1. 


Des vers qui séjournent hors du canal intestinal de 


l’homme. 
VI. VER DE MÉDINE OU DE GUINÉE. 
Filaria dracunculus ( en allem. fadenwurm ), pl. T7, fig. 1. 


Fırarıa : Loneissima , margine oris tumido , caudæ acumine inflexo. 

Gmelin , Syst. nat. p. 5039, n°. ı , filaria Medinensis. 

Joerdens, Helminth., p. 94, n°.2, tab. I, fig. 1, der hautwurm , 
fil. med. 

Rudolphi, Entoz., vol. 11, p. 56, fl. Med. 

Brera , Memorie , p. 289 , spec. 2 , fil. Med. 

Bradley, À treatise on worms , p. 103, the Guinea worm. 

Cuvier , Regne animal, t. XV , p. 30 ‚le ver de Médine ou de Guinée. 

De Lamarck, Anim. sans vert. , t. 111, p. 217 ‚le ilarre de Médine. 

De Plainville, Dictionn. des sciences nat., tom. XVIX, p- >, Æf- 
laire de Médine. 


DE L'HOMME. 199 


Noms et histoire de ce ver, avec les diverses opinions sur 


sa nature. 


Gmelin est le premier qui ait rangé ce ver parmi 
les vers intestinaux ; les Grecs l’appelaient Apaæzoyrio, 
nom que les auteurs romains ont traduit par dra- 
cunculus. 

Galien : proposa d'appeler la maladie à laquelle ıl 
donne naissance Apazovrıaaıs. 

Aëtius’ le décrit sous le nom de dracunculus leonide. 

Les Arabes lindiquent sous celui d’ark, a’kr ou 
irk almedinı. 

Ark signifie, d’après le dictionnaire arabe de Go- 
lıus, radix,, origo, stirps,, genus, vena , arteria et simile 
quid. 

Kunsemüller traduit ce mot par vermis, el dit que 
ce nom a aussi la signification de nervus. j 

Ce ver porte encore le nom d’almedini, qui pro= 
vient de celui de la ville de Médine, où on le ren- 
contre souvent. 

Almedini signifie de préférence civitas, parce que 
Mahomet s’y était réfugié de la Mecque. 

La signification variée du substantif et de l’adjecuf 
qui composent le nom de ce ver chez les Arabes , est 
cause que les traducteurs des auteurs de cette na- 
tion lui ont donné différentes dénominations, et qu'ils 
ont eu diverses opinions sur sa véritable nature. 


: Ouvrage cité, introd., chap. XVI. 
3 Ouvrage cité. 


200 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Plusieurs de ces traducteurs ont entendu ark par 
vena : Von trouve dans Halyabbas vena saniosa, ce 
que Guy de Chauliac arendu, sans doute par distrac- 
tion, par vena famosa et vena meden. 

Rhazes appelle ce ver vena medeme ou vena civilis, 
et Ebn-Sinah ou Avicenna , vena medinensis , comme 


Gerard et Velsch ont rapporté. 
Bertapalia l’appelle vena civilis ou medena ; Kzæmp- 


fer et Cartheuser , nervus medinensis. 

Alsaharavius ou Albucasis le nomme vena cruris 
ou exiens ; Pedemontanus, vena egrediens ; Avenzoar, 
vena medina et halalnachalaidini, ce que Velsch a tra- 
duit par serpens pulposus seu musculosus , medinensis, 
telæ araneæ in modum convolutus. 

Montanus le nomme vena eudimini. 

A Haleb, d'après Niebuhr, il est connu sous le 
nom d’aerck el insil, ce qui se rapporte a vena exiens 
ou egrediens. 

Niebuhr, Cartheuser et Kæmpfer disent qu’on 
le nomme en Perse pejunk et naru. 

D’après ces deux derniers auteurs et Velsch, on 
lui donne le nom de nigritien ikon, sur la Côte d’Afri- 
que, en Guinée. 

A la Mecque , celui de LA selon Niebuhr. 

Dans l'Inde, d’après Dubois, celui de narambo ou 
nurapoo chalandy. 

En Bucharie, celui de irschata, selon Sam. Goul. 
Gmelin. 

Kæmpfer l'appelle dracunculus persarum , et Laune, 
gordius medinensis. 


DE L'HOMME. 201 


Les auteurs allemands le désignent sous les noms 
suivans : der medina wurm , der guineische fadenwurm , 
hautwurm, beinwurm, pharaonswurm, der guineische 


drache. 
Warenius propose de le nommer sehnadernspul- 


wurm. 

Les Hollandais lui ont donné les noms suivans : 
huidworm , becnworm , traadworm , guineeische draakje. 

Les Anglais le nomment the hairworm , guinea-worm. 

Les Français, Ze dragonneau, le ver de Guinée, la 
weine de Médine , d'après Labat; ou bien le ver cutané. 

Les Portugais lui ont donné le nom de culebrilla. 

Les Suédois , celui de onda-betet ; Tagetmatk. 

Le premier qui ait fait mention de ce ver est, au- 
tant que nous le savons , Agatharchides , né à Kuide; 
il était historien et philosophe, et il a vécu à peu 
près vers lan cent quarante ou cent cinquante avant 
Jésus-Christ, du temps de Ptolomée Alexandre. 
D'après quelques auteurs, il était le gouverneur de 
ce dernier. 

Plutarque parle de ce ver dans ses Propos de 
table, et s'exprime ainsi : « Les peuples qui séjour - 

, ment près de la mer Rouge ont élé tourmentés , 
comme le raconte Agatharchides, par des accidens 
aussi extraordinaires qu’inouis : il sortait de leur 
corps des vers en forme de petits serpens Apaxoyrız 
exp, Qui rongeaient leurs bras et leurs jambes; quand 
on les touchait, ils se retiraient, s’entorullaient 
dans les muscles, et causaient des souffrances hor- 
ribles. » Tout cela se rapporte parfaitement à notre 


202 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ver, et s’accorde avec les observations des naturalistes 
modernes. Cromer dit, en effet, que, quand on les 
tourmente , ils causent des douleurs atroces qui sur- 
passent celles de la goutte. Plutarque ajoute plus loin 
(je ne sais par quelle raison ) « Ce mal avait été jus- 
qu’alors tout à fait inconnu, et on ne l’a pas ren- 
contré depuis chez aucun autre peuple, excepté chez 
. celui dont je viens de parler, et qui était encore sujet 
à plusieurs autres incommodités. » 

Cette dernière phrase a engagé Licet, Nierem- 
berg et Reies,ä regarder la maladie dont parle Aga- 
tharchides, comnie n’ayant rien de commun avec 
celle que produit le ver de Guinée; ces trois au- 
teurs presument qu’Agatharchides avait probable- 
ment puisé cette description dans Moïse, et qu'il 
faut entendre par ce nom de petits dragons, les ser- 
pens ardens dont les enfans d'Israël ont été tour- 
mentés pour avoir murmuré lorsqu'ils étaient campés 
le long de la mer Rouge. 

Bartholin est d’un avis contraire, et prétend que 
ces serpens ardens n'étaient rien autre chose que le 
ver en question. 

Sennert s'efforce cependant de réfuter cette opi- 
nion , en disant que les Juifs avaient été attaqués de 
ces serpens extérieurement, et que par celte raison 
ils ne s'étaient pas formés dans leur corps. 

Laissons aux docteurs en théologie à décider ce 
qu’étaient ces serpens ardens des Hébreux ; ıl nous 
suffit de savoir que les habitans de la cöte de la mer 
Rouge sont encore actuellement souvent incommo- 


| 


DE L'HOMME. 203 


dés par ce ver; et nous ne risquerons rien à ædopter 
l'opinion d’A gatharchides. Après ce dernier, les me- 
decins Soranus et Léonidas en parlent de nouveau? 
mais Soranus le regarde comme un plexus nerveux. 
Galien, qui ne l'avait pas vu, était assez modeste pour 
ne vouloir rien décider là-dessus. Les médecins grecs 
et arabes , qui ont eu occasion de l’observer , le 
regardent presque unanimement comme un animal 
vivant. . 

Les médecins qui ne l'ont pas vu, et qui ne le 
connaissent souvent que par de mauvaises traduétions, 
ont eu des opinions assez singulières sur sa nature. 

Ambroise Paré déclare que ce n’est qu’une tumeur 
ou qu’un abcès provenant du sang âcre. Velsch et d’au- 
tres ont réfuté cette opinion erronée. 

Aldrovande et Montanus sont de l'opinion d’Am- 
broise Pare. 

Lafaye le regarde comme un aposteme occasioné 
par l’épaississement du sang, et Guy de Chauliac 
comme une veine allongée. 

Polux croit que c’est une substance nerveuse Cor- 
rompue. 

Tagantius pense que c’est de la bile noire. 

Wieurus prétend que ce ver est identique avec 
ceux nommés en Allemagne mitesser (comedones) , mas- 
clous, Sauv. 

Fiélitz a très-probablement observé un dragon- 
neau; cependant il ne le regarde pas comme un ani- 
mal vivant, mais il w’explique pas ce que cela pou- 
vait être. Cet auteur doute de même que les masclous 


204 SUR LES VERS INTESTINAUX 


soient de véritables animaux ou bien de véritables 
vers vivant dans la chair ; il prétend les avoir observés 
une fois, et croit que ce ne sont que des tumeurs en- 
kystées ou bien des glandes de la peau. 

Meyer a sûrement supposé à tort que le ver ob- 
serve par Fielitz était un gordius aquatique. 

Les médecins qui ne connaissaient le dragonneau 
que par oui-dire ou par des descriptions , doivent 
être excusés quand ils portent des jugemens erro- 
nés sur sa nature; mais il est inconcevable que 
M. Larrey, qui aurait pu recueillir des renseigne- 
mens exacts la-dessus pendant qu'il était en Égypte a 
ait prétendu que ce ver n’est rien autre chose qu'un 
preduit de l’opération que l’on pratique pour l’ex- 
taire , et que la chose que l’on regarde comme un ver 
n'est que du tissu cellulaire frappé de mort, d’où il 
conclut que la maladie n’est qu'un furoncle. Il tâche 
de soutenir son opinion en disant qu'il a opéré deux 
guérisons uniquement par des remèdes qui facilitaient 
la formation du pus, et sans faire l'extraction du ver. 
Mais nous verrons plus loin que cela ne prouve rien 
du tout, et qu’une pareille guérison s'accorde tres- 
bien avec l'existence du ver. 

L'opinion de M. Larrey est réfutée par les obser- 
vations de Kæmpfer, qui a extrait deux fois ce ver 
vivant du scrotum; elle est encore réfutée par les 
observations de Bajon, de Gallandat et de Dubois, 
qui ont remarqué que ce ver jouissait réellement de 
la vie”. 


* M. Delorme a yu distinctement des mouyemens d’ondulation 


DE L'HOMME. | 205 

Peré et Kæmpfer ont vu sortir une humeur blan- 
châtre quand on l’incisait ou quand on le déchirait. 

L'expérience nous démontre encore qu'on ren- 
contre des filaires, non-seulement chez les animaux 
à sang chaud, mais encore chez les reptiles et les 
poissons, et même dans les insectes et leurs larves. 
Quelle raison pourrait alors nous engager à douter de 
l'existence de celui qui se trouve dans l'homme? 

La plupart des médecins et des naturalistes qui ont 
eu occasion de l’observer, conviennent qu'il faut le 
regarder comme un animal vivant, mais ils ne s’ac- 
cordent pas quand il s’agit d’assigner à quelle classe 
ou à quel ordre d’animaux il doit appartenir ; quel- 
ques-uns le regardent comme une larve d’insecte, 
d’autres le confondent avec le gordius aquaticus. 

Les défenseurs de la première opinion prétendent 
qu'un insecte dépose, dans quelquet cas, son œuf 
sous les tégumens sans que l’on s'en apercoive, que 
sa larve y éclot, et qu’elle y parvient à une longueur, 
sans parler de la grosseur , qui diffère totalement de 
celle des larves d'insectes. 

L'on pourrait objecter à cette opinion , 

1°. Que personne n'a encore vu l'insecte qui, 
comme on le suppose, pourrait donner lieu à la for- 
mation de pareilles larves, et si cette supposition 
était fondée, nous serions encore obligés de croire 


sur ce ver, et un jeune nègre sentit de pareils mouvemens pro- 
venant de la portion de ver qui était restée dans l’intérieur de son 
pied. Voyez Journ. de phys., chimie , etc, , par M. Ducrotay de 
Blainville, Août 1818, p. 155 (Br.). 


206 SUR LES VERS INTESTINAUX 


qu'il y aurait autant d'espèces de ces insectes qu'il y 
a d'espèces de filaires. 

Du reste, il n’y a aucune raison plausible pour ad- 
mettre que les filaires qui séjournent dans lesanimaux 
n'aient pas la même origine que celui de l’homme. 

Nous en rencontrons dans toutes les classes du 
règne animal. Dans les singes nous observons sou- 
vent des filaires qui ressemblent beaucoup à celui de 
l’homme. On en trouve également dans les cochons, 
les chevaux, les cerfs et les bœufs ; l’on remarque des 
filaires assez souvent dans la cavité thoracique et ab- 
dominale des oiseaux de proie, et dans plusieurs es- 
pèces de corbeaux. Ils sejournent sous les tégumens 
dans le tissu cellulaire du rollier (coracias garrula , 
L.), et chez d’autres oiseaux dans d’autres endroits 
de leur corps. On en voit également dans les gre- 
nouilles, les serpens et les poissons, comme par 
exemple dans le cyprinus gobio et dans le cyprinus 
phoxinus ; ils entourent le foie de ces poissons; 1l 
n’est pas même rare d’en rencontrer dans les insectes 
et leurs larves. Tous ces filaires forment des espèces 
distinctes , et s'ils n'étaient originairement que des 
larves d’insecte, il faudrait alors admettre , comme 
nous l'avons déjà démontré, qu'il y aurait autant 
d'espèces de ces insectes qu’il y a d'espèces de filaires, 
et comme les animaux chez lesquels on les rencontre 
vivent les uns dans l’eau et les autres dans l'air, nous 
devrions par conséquent trouver également ces in 
sectes dans ces deux élémens, car sans cela les pois- 
sons et les oiseaux ne pourraient pas être incommo- 


DE L'HOMME. 207 


dés des mêmes vers en même temps. Mais jusqu’à 
présent nous n'avons pas encore rencontré cet insecte 
ni dans l’un ni dans l’autre de ces élémens ; par cette 
raison il est bien permis de douter de l'existence 
d’un insecte dont le ver de Médine serait la larve. 
2, Chaque insecte dans l’état libre ne dépose ses 
œufs que dans un endroit où sa larve trouve non-seu- 
lement une nourriture convenable, mais aussi l’oc- 
casion d'arriver facilement de là à un endroit dans 
lequel elle puisse attendre son développement com- 
plet. Les oestres ( oestri) nous fournissent une preuve 
remarquable de cela ; leurs larves , comme quelques 
autres insectes ( par exemple les pous et les puces), 
ne peuvent conserver leur existence qu'aux dépens 
d’autres animaux. Les oestres, par cette raison, dé- 
posent leurs œufs dans différens animaux, mais les 
individus de chaque espèce d’oestres déposent seule- 
ment leurs œufs dans les animaux de tel ou tel genre; 
ils placent leurs œufs dans des endroits differens , 
mais toujours dans ceux d’où leurs larves peuvent ai- 
sément , avant de se changer en chrysalides , parvenir 
dans la terre pour y passer à cet état , et par suite ac- 
quérir leur développement complet *. Mais cela se 
passe tout autrement chez les filaires. Un individu 
de cette espèce n'est jamais sorti spontanément du 
corps de l’homme, et ceux qui en ont été extraits vi- 
Vans sont morts bientôt après. Du reste, nous ne 
connaissons aucune observation qui puisse nous 


* Voyez Bracy Clarck. 


208 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mettre en droit de présumer que ces prétendues 
larves se changent en chrysalides dans l’intérieur du 
corps animal (comme par exem ple les larves d’ichneu- 
mon), et qu'elles ne le quittent que sous la forme 
d’insecte parfait. Les larves elles-mêmes n’existent 
que momentanément sous cette forme. Ilsuitde là que 
le mode de génération des oestres ne peut pas être 
appliqué aux filaires , et que le corps humain ne peut 
pas être regardé comme l'endroit que la nature au- 
rait assigné à ces insectes pour le développement de 
leurs œufs; car sans cela leur espèce aurait dù être 
détruite déjà depuis long-temps. 

3°, Si même l’on pouvait croire que ces insectes 
fissent une exception, en supposant qu'ils prépare- 
raient, pour ainsi dire, un sort incertain à leurs des- 
cendans, en déposant les.œufs dont ils devraient pro- 
venir, ou dans des endroits qui nous sont inconnus 
jusqu’à présent, ou bien, par une sorte de caprice, 
dans un corps animal où ils devraient être nécessai- 
rement détruits comme larves; l’on ne concoit pas 
alors pourquoi chaque espèce de ces insectes choisi= 
rail toujours pour y placer ses œufs une espèce par- 
ticulière d’arimal qui servirait de tombeau à sa race. 
S'il était une fois décidé que l'insecte dût périr 
comme larve, il devait être alors indifférent que 
cela arrivât dans un mammifere ou dans un o1- 
seau. L'opinion que les filaires proviennent de larves 
d'insectes n’est par conséquent appuyée sur aucune 
preuve valable. 

J'ai été obligé de m’arrêter plus long-temps que je 


DE L’HOMME. 209 
ne le voulais à réfuter cette hypothèse, parce qu'on 
ne l’a pas encore tout à fait abandonnée. 

Brera est encore incertain sur ce qu'il doit en 
croire , et il termine sa definition, an haeruca ? | 
Jcoerdens combat l'opinion de ceux qui regardent le 


- dragonneau comme une larve d’insecte, mais il croit 


que ce ver est identique avec le gordius aquaticus , L. 
Joerdens explique l'introduction de ce ver dans le 
corps animal d’une maniere peu intelligible, comme 
Sci ? Au L , à 
on peut le voir par le’ passage suivant". « Je regarde 


-comme plus probable l'opinion de ceux qui confon- 


dent le gordius aquatique avec le filaire, qui le font 
vivre dans l’eau, maïs qui ne le font cependant pas 
arriver par la bouche dans le corps animal. Des natu- 
ralistes prétendent aussi que ce ver s’introduit, étant 
très-petit, et non complétement formé, sous la peau 
pendant que l’on se baigne ou que l’on entre seule- 
ment dans l’eau les pieds nus, et qu’il y parvient à ha 
longueur extraordinaire qui lui est propre; car il 
n’est pas probable qu’un ver aussi long, c’est-à-dire 
complétement formé, puisse s’introduire sans causer 
des douleurs, et sans que le malade s’en aperçoive , à 
travers les tégumens et les muscles, et avec une assez 
grande rapidité pour qu’on ne püt le saisir et l’ex- 
traire sur-le-champ. Il doit être extrêmement fin à l'é- 
poque à laquelle il pénètre; l'extrémité antérieure 
ne doit pas être obtuse, mais au contraire capillaire, 
afin qu’elle puisse s’'introduire dansles pores dela peau 


? Ouvrage cité , p. 99- 


14 


210 SUR LES VERS INTESTINAUX 


d’une maniere insensible. Cette introduction doit 
avoir lieu dans un terrain sablonneux ou dans la 
poussière, mais non pas dans l’eau, car les mouve- 
mens de cette dernière ne permettraient pas à un 
corps aussi léger de s'attacher à la peau. » Jœrdens 
paraît avoir oublié à la fin du paragraphe ce qu'il 
a dit au commencement; du reste l'on ne con- 
coit pas de quelle manière les jeunes ou bien les pe- 
tits de ces animaux aquatiques pourraient arriver 
dans du sable sec. 

Outre Joerdens, il y a encore plusieurs autres per- 
sonnes qui regardent le ver dont nous nous occupons 
comme identique avec le gordius aquaticus, et qui 
croyent qu'il arrive dans l'animal avec l’eau qu'il boit 
ou lorsqu'il se baigne. 

Leefler, qui a habité les contrées de l'Afrique dans 
lesquelles les hommes sont incommodés par ce ver, a 
pris des informations exactes à ce sujet, et 1l n’a ja- 
mais appris qu'on l'ait observé dans l’eau. 

Liod, qui a eu aussi l’occasion d'examiner l’eau de 
ces contrées , n'y a jamais vu de traces de ces vers ni 
de leurs œufs. 

Pallas” a rapporté qu'il n’a rencontré nulle part 
une aussi grande quanuté de gordius aquaticus , que 
dans le lac de Waldei. «Gependant je n'ai jamais pu 
apprendre (ce sont les paroles de:cet auteur), que 
l'on ait trouvé de ces vers sous les tegumens de 


l'homme. » Si, par conséquent, l’on ne trouve pas le 


2 Reisen durch Russland , ı. s. 3. 


’ DE L'HOMME. 211 


dragonneau dans l’eau des régions où les hommes en 
sont incommodés, et si d’un autre côté les hommes 
ne sont pas non plus incommodés par ce ver dans les 
endroits où les gordius aquatiques se trouvent en 
grande quantité, il résulte de là que ces deux vers ne 
peuvent pas être identiques. Nous sommes alors obli- 
ges d'admettre que le dragonneau se forme de la 
même manière que les autres vers intestinaux , c’est- 
à-dire spontanément, dans le corps animal , et qu’il 
faut le regarder comme un ver sui generis, qui peut 
seulement se reproduire dans le corps de l’homme. 

On remarque cependant une particularité tou- 
chant la génération de cet animal. D'abord on ne le 
rencontre pas dans toutes les contrées, ni dans toutes 
les parties du monde; ensuite ce ver n’incommode 
pas seulement les natifs des contrées dans lesquelles 
il séjourne, mais encore les étrangers qui y arrivent, 
de quelque nation qu'ils soient. 

Il ne se produit jamais spontanément en Europe, 
mais on a souvent remarqué que les Européens qui 
revenaient de ces contrées l'en ont apporté. Le dra- 
gonneau ne se montra chez Cromer’ qu'après qu'il 
fut de retour en Suisse, de ses voyages. 

La zone torride est, d’après Kunsenmüiller, la véri- 
table patrie de ce ver , cependant on ne le rencontre 
pas dans tous les pays situés sous le tropique. Il 
se trouve principalement dans l’Arabie Pétrée, sur 
les bords du golfe Persique , de la mer Caspienne, 


* Voyez Wepfer, dans les Eph. nat. cur. 


212 SUR LES VERS INTESTINAUX 
du Gange , dans la Haute-Egypte, en Abyssinie, et 
en Guinée. 

D’apres Loeffler on le trouve le plus souvent en 
Afrique dans les colonies anglaises et hollandaises. 
Cet auteur-ajoute que cette fréquence n’est pas la 
même partout. Parmi deux cent vingt esclaves que l’on 
avait achetés à Capmonte, à Messerade et à la Hou, 
il ne s’en trouva qu’un seul qui eùt un dragonneau 
dans le gros orteil; et parmi six cents esclaves afri- 
cains achetés à Angola, il n’y en avait aucun qui en 
füt incommode. 

Sloane prétend également que les nègres qui arri- 
vent à la Jamaïque d’Angola et de Gamba ne souf- 
frent jamais de la présence du dragonneau. 

D'après Bosmann, on l’observe sur toute la côte de 

“Guinée, mais principalement à Cormantiaet à Apam. 

D’après Linchot on le rencontre dans l’ile d’Or- 
mus et surtout dans le château de Mourre, 

D’après Lachmund et Arthus, on le trouve rare- 
ment a Acra. Dans le château appelé Joris de Minna 
et aux environs, il est tellement commun, que Hem- 
mersan dit en plaisantant, que l’on éprouve déjà des 

‘ démangeaisons sous la peau lorsqu'on ne fait que de 
passer à la voile devant ce château. Mais d’après Ar- 
thus on ne connaît pas cet animal vingt-cinq lieues 
plus loi du côté du nord. 

D’apres Gregor , le quatre-vingt-sixieme régiment 
anglais n'avait pas un seul homme incommode de ce 
ver avant qu'il arrivat à Bombay en septembre 1780. 
Il en fut de même jusqu'à l’époque où règne la 


DE L'HOMME. 213 


mousson; mais alors trois cents soldats en furent at- 
teints. Le quatre-vingt-huitième régiment, qui avait 
‘campé sur l'ile de Coulabah depuis le mois de juin 
1799 jusqu’au mois d'octobre 1800, n’en fut nulle- 
ment incommodé. Cette île n’est cependant éloignée 
que d’une lieue anglaise de Bombay, et ce n'est qu’a- 
près avoir remplacé le quatre-vingt-sixième, qui 
était en garnison dans cette dernière ville, qu'un 
homme en fut atteint. À près un séjour de deux mois 
dans ce dernier endroit, le régiment fut embarqué, 
et ce n’est qu'à celte époque que cette maladie se de- 
clara d’une manière extraordinaire; parmi trois cent 
soixante hommes, cent soixante-un en furent incom- 
modés. Le séjour de Bombay paraît principalement 
donner lieu à cette maladie. Le vaisseau sur lequel 
Paton se trouvait, avait fait voile, le 15 août 1804, de 
celte dernière ville pour se rendre en Chine; pendant 
la traversée, un homme fut incommodé d’un dra- 
gonneau ; le 5 janvier le malade fut mis à terre. Le 
vaisseau partit le même jour de Canton, et des ce mo- 
ment personne de l’équipage ne mit pied à terre jus- 
qu’à l’arrivée du vaisseau à Sainte-Hélène, qui eut 
lieu le 2 avril; le ver se montra alors pour la pre- 
miere fois, le trente mai, chez un homme qui n'avait 
jamais débarqué. Cet animal n’est pas connu dans 
celte île , et sur les bätimens qui y mouillaient alors, 
ıl n'y avait personne qui en füt attaqué. Parmi deux 
cents hommes qui formaient l’équipage , vingt-six en 
furent incommodés successivement. Il me paraît pro- 
bable qu'ils avaient gagné cette maladie à Bombay. 


214 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Le dragonneau règne d’une manière endémique au 
Sénégal , à Gabon, etc. , rarement à Gongo , d’après 
Peré; il se répand d’une manière endémique, d’a- 
près Dubois, dans les Indes-Orientales, et quelque- 
fois, surtout dans les mois de novembre , décembre, 
janvier , la moitié de la population d’un village en est 
attaquée à Latimunculum et dans le district de Kar- 
natık et de Madura*. 

Sloane remarque qu'il se montre plus souvent 
dans une année que dans une autre, et Kæmpfer dit 
que plus il fait chaud , plus il y a de ces vers. D’après 
Niebuhr‘, le dragonneau est tres-commun à Jemen, 
dans la presqu'ile de l’Inde, et à Gambron ou Bender 
Abbas, en Perse. 

En A mérique il ne se montre que parmi les nègres, 
qui ne font que d’y arriver de l'Afrique. L’ile de Cu- 
racao fait cependant exception; car d’après Dampier, 
les blancs et les noirs en sont indistinctement atteints. 

Le feu baron de Jaquin m’a également assuré que 
l’on peut admettre que le quart de la population de 
cette île, tant noirs qu’indigenes , en souffre. 11 m’a 
dit aussi que deux de ces vers s’étaient développés 
chez un de ses compagnons de voyage, qui était Eu- 
ropéen, et qui n’avait jamais été auparavant ni en 
Asie ni en Afrique; il a ajouté que le dragonneau 
est inconnu dans les îles environnantes. 


: Dans l'ouvrage cité il y a Madéra; ce que je dois regarder 
comme une faute d'impression, car Karnatik est bien dans le voisi- 
nage de Madura, mais non pas de Madéra. 


DE L'HOMME. 215 


Les naturalistes ont des idées ıres-differentes sur la 
nature de cet animal, ou plutôt sur les causes de sa 
formation. 1 

Plusieurs croient que la mauvaise qualité de l’eau 
favorise son développement; Bernier , Bruce, Char- 
din, Dampier, Dubois, Galandat, Linchot, Lister 
et Niebuhr sont de cette opinion; ce dernier raconte 
que lon fait filtrer l’eau a Jemen à travers de la toile 
afin de s’en garantir. 

Arthus remarque que les habitans de Pile d’Ormus 
font par cette raison puiser l'eau de mer à dix-huit 
toises de profondeur, et Galandat prétend que ceux 
qui ne boivent pas d’eau en Guinée ne sont pas alla- 
qués par ce ver. D’autres attribuent les causes de sa 
formation à l'usage du vin de palmier, de certains 
poissons, du froment de l'Inde, du pain que les 
Iudiens appellent kauhkiens, ou bien à un exercice 
immodéré de l'acte de la génération ; d’autres regar- 
dent le vent ou les rosées du pays comme causes de 
sa formation. Mercurialis croit qu’on le gagne eu 
mangeant des sauterelles. Le docteur Kier est de 
l'opinion que ces vers sont introduits dans le corps 
animal au moyen des vents et de la pluie, mais 1l 
n’explique pas de quelle manière leurs ceufs ont pu 
arriver dans l'air ou dans la pluie. 

Ce médecin, ainsi que les docteurs Heath et An- 
derson observent que les ofliciers, qui ne se prome- 
nent ni ne se couchent pas sur la terre, les pieds et 
les bras nus, n’en sont pas affectés. 


Quelques personnes regardent celte maladie comme 


216 SUR LES VERS INTESTINAUX 


contagieuse , et Lind conseille aux Européens de ne 
pas fréquenter les nègres qui en sont attaqués, et de 
ne pas coucher dans la même chambre. 

Grégor et Ninian Bruce sont également portés à 
croire que celte maladie est contagieuse. L’on peut 
très-bien expliquer pourquoi, dans l’exemple cite 
plus haut, elle ne se fit pas voir aussi souvent sur le 
vaisseau, après que l’on eut séparé les malades de 
ceux qui se portaient bien, car cette maladie s’était 
déjà déclarée chez la plus grande partie de ceux qui 
l'avaient gagnée à Bombay. 

Les faits suivans prouveront quel peu de cas lon 
doit faire des causes que l’on a regardées comme pré- 
disposantes de la production de ce ver. 

Arthus raconte que quelques personnes quiavaient 
évité soigneusement ces causes, en furent néanmoins 
atteintes, tandis que d’autres qui s’y exposerent har- 
diment ne le furent pas. 

Anderson ' a prouvé à Dubois que les hommes qui 
demeurent le long des rivières en sont aussi bien at- 
taqués que ceux qui boivent de l’eau provenant des 
citernes. 

Lorsque le baron de Jaquin arriva à Curacao ‚on 
l'informa que l’on gagnait ce ver par l’usage de l’eau: 
tres-bien, répondit le compagnon de voyage dont nous 
avons parlé plus haut, je promets de n’en pasboire une 
goutte; et, malgré qu'il ait tenu parole (ce qui ne 
lui a pas coûté beaucoup, comme on le prétend ), ila 
été le seul qui en ait été atteint , tandis que Jaquin, 


* Voyez l'ouvrage de Dubois. 


DE L'HOMME. 217 


qui n'était pas accoutume aux boissons spiritueuses , 
et qui par conséquent était obligé de s’en tenir à l’u- 
sage de l’eau , ne le fut pas. 

Cromer, qui attribue la production de ce ver uni- 
quement à un air malsain , fait mention d’un général 
hollandais qui demeurait à Angola‘, et qui ne put 
s'en garantir, malgré qu'il'ne fit usage que d’ali- 
mens et de boissons provenant de l'Europe. 

Chardin, qui a parcouru cinq ou six fois les ré- 
gions de la Perse où l’on rencontre souvent ce ver, 
n’en a jamais été affecté. 

Ninian Bruce dit par conséquent avec raison que 
son origine est encore couverte d’un voile épais. 


Description du dragonneau. 


L'on ne peut pas ajouter grand’chose à la defini- 
tion que nous avons donnée plus haut de ce ver, à 
cause de l’extrême simplicité de sa conformation. Je 
crois que mes lecteurs pourront s’en former une idée 
exacte par la figure 1, pl. 8, qui est une copie fidele 
d’un dragonneau très-petit que M. Rudolphi a fait 
dessiner d’après nature. 

Notre collection en possède un individu que Fer- 
ger, professeur de Copenhague, a eu la bonté de 
nous envoyer, mais Vesprit-de-vin l’a tellement rem- 
bruni, qu'il n’était pas propre à être dessiné. 


: Ce général a dü auparavant s'arrêter à une autre place de dé- 
barquement , car on n’observe pas de dragonneaux, d’après le 
témoignage de Loefller et de Sloane, à Angola. 


213 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Ce ver est d’une couleur blanche et presque d’une 
égale grosseur d’un bout à l’autre, si ce n’est à son ex- 
trémité postérieure, qui est plus amincie et un peu 
recourbée. 

Kæmpfer observe que sa tête est pourvue d'une 
petite trompe, qui est appelée par les Perses la barbe, 
et qui, examinée au microscope , semble, à ce que 
l'on prétend, être formée par de petits poils. 

Fermin , Hemmersan et Lachmund disent avoir 
observé à l'extrémité de la tête deux filamens que l’on 
pourrait appeler ‚selon eux ‚des poils ou des antennes. 
Mais ces filamens provenaient peut-être d’une lésion 
du ver, ou bien n'étaient que des restes d’un peu 
de ussu cellulaire. Il arrive en effet souventquele ver 
étant déchiré, se montre de nouveau dans un endroit 
assez éloigné de celui où il a d’abord paru. Ne pour- 
rait-on pas alors croire que la fin de la queue ait pu sor- 
tir la première dans quelques cas, et que ces deux 
filamens n’étaient rien autre chose qu’un double pénis. 

Le cas observé par Kæmpfer, et dans lequel le 
dragonneau se faisait voir au creux du jarret, quoi- 
qu'il eut son point d’adhérence au gros orteil > paraît 
venir à l’appui du cette supposition. 

Andry et Galandat se sont assurément trompes en 
supposant que ce ver élait pourvu d’une tête à chaque 
extrémité. 

Les auteurs ne sont pas non plus d'accord quant à 
sa longueur. 

Albucasis dit qu'il y a des individus de trois, dix, 
jusqu’à vingt pieds de long. 


x 


DE L'HOMME. So 


Barère prétend que sa longueur est quelquefois de 
six aunes. 

Dampier observe qu’elle est de cinq à six verges- 

Dubois en a vu qui avaient plus d’une aune de lon- 
gueur et qui étaient gros comme le Za d’un violon. 

Louis Franck indique sa longueur de quatre à six 
pieds, Gallandat de huit à douze, Gmelin de plu- 
sieurs aunes, Hemmersan d’une aune el demie, tan- 
1öt gros comme un fil, et quelquefois aussi gros 
qu’une ficelle. Celui que Gründler a reçu de Malabar 
avait trois pieds et demi ; il était de la grosseur d'une 
ficelle et d’une couleur jaunätre qui provenait peut- 
être de l’esprit-de-vin dans lequel il était conservé. 
Celui qu'Isert possède a deux aunes de longueur , 
et il est de la grosseur d’un fétu de paille. 

Kunsenmüller n’a jamais vu de dragonneaux dépas- 
ser la longueur de deux pieds. 

Heath a observé soixante-quatorze malades qui en 
étaient incommode&s, et 1l rapporte qu'il y en avait 
parmi eux plusieurs qui avaient deux, trois, quatre 
même cinq vers , dont la longueur la moins considé- 
rable était de neuf pouces, et la plus grande de qua- 
rante-deux. 

Bajon a vu un ver de six aunes de longueur, et 
Bruce dit qu'il est rare d’en voir au-dessous d’un pied 
et demi et au-dessus de six. Cromer, dans l'ouvrage 
de Wepfer, indique sa longueur de deux aunes, Labat 
de six, et Lister de six à sept aunes. 

D’apres Scheeler, il ne dépasse jamais la longueur 
de deux à trois aunes. 


220 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Hutcheson et Forbes en ont d’abord extrait à un 
malade trois aunes et demie (mesure anglaise ) pro- 
venant d’une tumeur, et dans l’espace de huit se- 
maines plus de trente aunes provenant de plusieurs 
autres tumeurs. 

Arthus prétend qu’un second ver se présente sou-. 
vent dans le même trou aussitôt que le premier en est 
sorti. 

M. Rudolphi, en indiquant la longueur du ver de 
deux, huit et douze pieds, observe qu'il est possible 
que l’on ait mesuré plusieurs individus ensemble. 

Cependant, si l’on juge d’après l’analogie , il est 
concevable que ces vers puissentatteindre la longueur 
la plus considérable dont il a été fait mention par les 
auteurs ; car nous possédons des filaires provenant de 
petites sauterelles qui sont de la longueur de quinze 
pouces *. 

Ce ver séjourne ordinairement dans le tissu cellu- 
laire, au-dessous des tégumens. M. Rudolphi pré- 
sume cependant qu'il pourrait bien aussi se montrer 
dans l’intérieur du corps, comme cela arrive pour 
l'espèce de filaire que l’on rencontre quelquefois dans 
la cavité abdominale des singes. Cette supposition, 
qui n'est pas dépourvue de probabilité, n’a cepen- 
dant pas encore été prouvée par aucune observation. 

Onrencontre le dragonneau le plus souvent auxex- 
trémités supérieures et inférieures , surtout aux infé- 
rieures , entortillé autour des malléoles; mais toutes 


* Je possède maintenant un filaire provenant d’une sauterelle , 
qui est d’une longueur de trente pouces. (Br.) 


DE L'HOMME. 221 
les autres parties du corps peuvent également en 
être affectées. 

Kæmpfer l’a extrait vivant deux fois, d’une seule 
‘traction , du scrotum. 

Baillie * a vu un testicule sur lequel il y avait une 
petite tumeur qui contenait un de ces vers. 

Peré Ya rencontré à la tête, sur le cou et au tronc. 

Bajon l’a vu deux fois sous la membrane externe 
du globe de l'œil, et il est heureusement parvenu à 
Vextraire en totalité au moyen d’une incision. 

Le ver que Mongin a reuré de l'œil d’une né- 
gresse, moyennant une incision, paraît, d’après la 
description de ce médecin, avoir été un filaire. 

Gregor a publié un recueil de cent quatre-vingt- 
une observations sur le dragonneau. Cet animal s'est 
montré dans®e nombre cent vingt-quatre fois aux 
pieds, trente-trois fois aux jambes, onze fois aux 
cuisses, deux fois au scrotum et deux fois aux mains. 

Quelquefois il est placé assez superficiellement, 
et on peut alors aisément le sentir par le toucher, 
mais quand cela a lieu, il arrive bien souvent que 
l'on se trompe dans le diagnostic, et qu’on le prend 
pour un vaisseau variqueux; quelquefois il est caché 
plus profondément entre les muscles. 

Cromer, en faisant des autopsies cadavériques, a 
observé qu'il entourait les nerfs et les tendons. Il est 
très-souvent contenu dans un tres-pelit espace, con- 
tourné en forme de cercle à la manière des serpens. 


Cela a surtout lieu lorsqu'il entoure les malléoles; 


* Ouvrage cité, p. 439. 


222 SUR LES VERS INTESTINAUX 
quelquefois on le trouve allongé le long des bras et 
des cuisses. 

Peré l’a vu s'étendre en forme de serpent sous les 
tégumens de l'abdomen, et en partie sous ceux du 
thorax. 

Kæmpfer a observé un cas où il se présenta au 
creux du jarret. Ghaque traction que l’on exercait sur 
lui mettait le grand orteil en mouvement, comme s’il 
eùt été tiré par une ficelle, ce qui causait des dou- 
leurs tres-fortes Il se forma par la suite de la sup- 
puration en cet endroit, d'où le ver sortit en effet. 

Chez un autre malade, il s'était creusé une route à 
travers le mollet, et entourait la malléole avec le 
milieu de son corps; l’autre extrémité s'était frayé - 
une issue à travers la plante du pied. 

Chardin assure qu’il n’a jamais entébdu dire que 
Von puisse être incommodé de plusieurs dragonneaux 
à la fois ; cependant tous lesautresauteurs affirment le 
contraire; Bajon a dit même qu'il est rare de n’en 
rencontrer qu'un seul à la fois dans le même indi- 
vidu. 

Bosmann raconte que leur nombre se monte quel- 
quefois à neuf, à dix; et Arthus cite des cas dans 
lesquels il en a souvent vu dix à douze réunis, et qui 
se présentaient dans différens endroits du corps. 

Andry* a fait mention d’un cas où il y en avait 
vingt-trois chez le même individu. 

Un cuisinier qui se trouvait sur le vaisseau de 


" Ouvrage cité ; p. 94. 


DE L'HOMME. 223 


Hemmersan en avait trente, dont trois ou quatre 
sorlirent toujours à la fois. 

Poupée Desportes ' a vu un exemple où il y en 
ayait jusqu’à cinquante. 


Du diagnostic de l'existence du dragonneau dans 
l’homme. 
” 

Gallandat, un des meilleurs auteurs qui aient 
écritsur cesujet, s'exprime en ces termes. « Aussitöt 
que quelqu’un se plaint (dans le pays où ce ver sé- 
journe), d’une démangeaison désagréable sur une 
partie quelconque du corps, surtout aux pieds, l’on 
peut déja présumer la présence du dragonneau. 
Cette supposition gagne encore en probabilité s’il se 
forme une tumeur qui prend les caractères d’un fu- 
roncle. » 

Cependant ıl peut rester long-temps caché dans le 
corps sans causer la moindre incommodité ; le ma- 
lade éprouve tout au plus la sensation d’un corps qui 
rampe sous la peau. 

La présence de cet animal ne se déclara chez Dam- 
pier qu’au bout de cinq à six mois, et chez Isert 

qu’au bout de huit mois après qu’ils eurent quitté le 
pays dans lequel le dragonneau se trouve. Ni l’une 
ni l’autre de ces deux personnes n'avait éprouvé la 
moindre incommodité avant ce temps-là. 

Arthus, Bernier et Labat prétendent que cet ani- 


* Voyez Kunsenmüller, sur les maladies de Saint-Domingue. 


224 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mal peut rester caché un an et même quinze mois 
sans donner le moindre signe de son existence, comme 
cela paraît avoir eu lieu chez le malade dont Paton 
fat l’histoire. 

Cromer fixe cette époque à plusieurs années. 

Kæmpfer cite un exemple où le ver ne se montra 
qu'après un espace de trois ans, sans que le malade 
eût éprouvé la moindre incommodite pendant ce 
temps-là. 

Cependant il n’en est pas de même chez tous les 
malades. 

D'après Peré ils meurent souvent cachectiques , 
sans cependan. éprouver ni fièvre ni perte d’appetit 
jusqu’au dernier moment de leur existence. 

L. Frank dit également que quelques personnes 


meurent d’epuisement , si l'on ne vient pas à temps 


à leur secours. 

Bajon prétend qu’il n’a observé aucun deperisse- 
ment chez les malades. 

Peré cependant appuie son assertion sur une ob- 
servation dont nous parlerons plus bas, et qui met 
la chose hors de doute. Cela est également demon- 
tré par la maladie dont Drumont fut atteint. Il 
s'exprime en ces termes : « Je sentis, à la fin de no- 
vembre 1791, une roideur et un peu de douleur à la 
partie inférieure des jumeaux de la jambe droite, à 
l'endroit où les tendons de ces muscles se réunis- 
sent pour former le tendon d'Achille. Cette douleur 
n’était jamais très-considérable , et elle ne me genait 
pas en marchant. Quelques jours après, j'observai à 


1 


DE L'HOMME. 295 
cette partie une tumeur qui cependant n'était accom- 
pagnée ni de changement de couleur à la peau , ni de 
douleur. Quelques jours après l’apparition de la tu- 
meur , il se montra, à la partie interne de la jambe, 
à peu près un pouce au-dessus de la imalléole du 
même côté, et à la partie musculaire de la jambe, 
derrière le tibia, une petite pustule rougeätre, avec 
un point noir au milieu. Je sentis en même temps, 
tres- distinctement , sous la peau, une substance 
compacte et cylindrique, et il m'était facile de suivre 
avec le doigt, sur un trajet assez considérable, la po- 
sition de l'animal, qui s’etendait obliquement, et en 
serpentant, derrière la partie supérieure et postérieure 
de la jambe. Quoique je reconnusse alors la nature 
de cette maladie , je ne crus pas cependant nécessaire 
d'employer quelque chose contre elle, pour empé- 
cher ses progrès, ou plutôt pour détruire le ver; 
mais , je l'avoue, je ne connaissais pas non plus un 
remède capable d’atteindre ce but. Je pensai que le 
ver chercherait un jour à sortir , et qu’il était plus pru- 
dent de ne pas le tourmenter. Dans la nuit du 17 dé. 
cembre, quelques jours après l'apparition de la pus- 
tule, et après m'être couché bien portant, je me ré- 
veillai à deux heures du matin, éprouvant sur tout le 
corps une démangeaison insupportable, qui me for- 
cait de me gratter d’une maniere extraordinaire. Je 
sentis bientôt après une forte chaleur à la figure ; je 
m’apercus aussi, en me regardant dans une glace, 
que mon visage était d’un rouge foncé , et que les 
muscles étaient gonflés et dans un état convulsif. En 


15 


226 SUR LES VERS INTESTINAUX 


touchant avec les doigts les parties de mon corps, 
qui me démangeaient beaucoup, je découvrais un 
Epaississement, comme s’il était dans la peau même, 
et il me semblait qu’elle était remplie de nodosi= 
tés. Pendant que je réfléchissais pour m'expliquer 
ces. accidens sur lesquels je n’avais aucune connais- 
sance, je fus atteint de coliques violentes ; je fis des 
efforts pour vomir , et je finis par le faire et par aller 
à la selle. Je rendis, par haut et par bas, de la bile 
et une matière acide, mais en si petite quantité, 
que je croyais que les accidens que j'éprouvais ne 
pouvaient pas avoir éLé provoqués par la présence de 
ces humeurs. Les vomissemens durerent, autant que 
je me le rappelle, plus d’une demi-heure, sans pres- 
que discontinuer ; ei pendant tout ce temps, les dou- 
leurs continuèrent avec une égale force. Ces acci- 
dens furent suivis d’un froid tres-violent qui dura 
pendant plusieurs heures, et qui ressemblait au fris- 
son, d’une violence peu commune , que l’on éprouve 
dans les fievres intermittentes. Lorsque les vomis- 
semens eurent cessé, je me couchai, et l’on me cou- 
vrit de plusieurs couvertures de laine. Je com- 
mencçai à me réchauffer peu à peu, et je m’endormis. 
Je craignais que le froid ne füt suivi d’une chaleur 
extraordinaire ; mais cela n'eut pas lieu, et en me 
réveillant le matin, je ne trouvai qu’un peu de 
moiteur aux pieds. La pustule avait crevé pendant 
la nuit, et il parut une substance dure et blanche; 
mais elle était tellement profonde, qu’on ne pouvait 
pas la saisir. L'animal avait changé de position pen- 


DE L'HOMME. 227 


dant Ja nuit, et il s'était glissé sous les muscles à une 
profondeur assez considérable, de manière que lon 
ne pouvait plus le sentir avec le doigt. Je pouvais en- 
core le distinguer le 17 par le toucher ; mais il avait 
disparu entièrement le 18. L'accès éprouvé dans la 
nuit m'avait un peu affaibli; mais je ne fus nulle- 
ment incommodé le jour suivant, et jen’eus pas même 
de rechute dans la nuit du 18; cependant il s'était 
formé une inflammation très-considérable autour 
de la malléole , ce qui m’empêcha de marcher le 19; 
et je fus même obligé de garder une position hori- 
zontale. Le 22, je passai, à travers la plaie résultant de 
l'ouverture de la pustule, un fil, afin d'atteindre, par 
ce moyen , une des extrémités de?’animal , qui était 
ires-dure au toucher, et fortement implantée dans 
les chairs. L’irritation provoquée par l'opération 
occasiona une évacuation considérable d’une hu- 
meur aqueuse; il resta une plaie très-douloureuse à 
l'endroit de la pustule, avec un écoulement de ma- 
tieres ichoreuses et teintes de sang. Cet état de choses 
dura jusqu’au commencement du mois de février 
1792, époque à laquelle la plaie se cicatrisa, sauf 
une très-petite ouverture. L'animal se montra alors 
de nouveau , et je fus assez heureux de pouvoir le 
saisir à l’aide d’un fil. Quelques autres personnes et 
moi nous roulâmes le ver sur une baguette, et nous 
exercämes deux fois par jour des tractions à la ma- 
nière accoutumee. Apres l'espace de vingt jours, 
nous parvinmes à l’extraire complétement. Le ver 
avait plus de deux aunes de long, et sa grosseur 
15. 


228 SUR LES VERS INTESTINAUX 


égalait celle d’une plume de corbeau. Après que 
nous en eùmes retiré la moitié, sa grosseur dimi- 
nua peu à peu. Je remarquai que l'application de 
feuilles d’aloës , aussi chaude que je pus l’endurer, 
sur la partie dure, douloureuse et gonflée du pied, 
facilitait sa sortie. Les frictions fortes produisaient 
le même effet. Pour pouvoir les supporter plus 
long-temps, et avec moins de douleur, je me fis 
frotier avec un corps gras; le ver s'était entortille 
dans plusieurs endroits du pied en forme de pe- 
tits pelotons, sur lesquels nous dirigeämes surtout 
les frictions. Il m'a paru que l'emploi de feuilles. 
d’aloes, et surtout les frictions, causèrent une ir- 
ritation au ver, et le forcerent à quitter plus vite 
sa place, qu'il n'aurait fait sans cela. L’applica- 
tion de la chaleur sur la partie souffrante a dü oc- 
casioner une accumulation d’humeurs autour de l’a-- 
nimal, ce qui sans doute facilita sa sortie. Je suis 
porté à croire, continue Drumont, que les accidens 
extraordinaires que j’eprouvai dans la nuit du 17 de- 
cembre provenaient d’un changement de position de 
l'animal. Peut-être aurait-on pu prévenir ces acci- 
 dens , si l’on avait fait une incision à la partie saine 
de la peau , sous laquelle le dragonneau se trou- 
vait; et, en le saisissant à l’aide d’un fil, on aurait 
alors pu l’extraire tres-probablement, sans le moindre 
danger , en entier, ou au moins une grande partie de 
son corps. » 

Quand le ver est prêt a sortir (ce sont les paroles dé 
Dubois } ‘il se forme une petite pustule, souvent sans 


DE L'HOMME. 229 


le moindretaccident antécédent, à l'endroit par ou 
il veut se frayer une issue; mais quelquefois le ma- 
lade sent, plusieurs jours avant la formation de la 
pustüle , un malaise , des maux de tête, des maux 
d’estomac , des nausées , et la douleur devient fixe, 
un à deux jours auparavant , à l'endroit par où le ver 
doit sortir. Il se forme en même temps de petiles vé- 
sicules qui causent de fortes démangeaisons : elles 
sont surtout tres-vives à la place ou l’animal perce 
la peau, et la douleur devient à la fin conuinuelle. 
La partie affectée se gonfle quelquefois tres-forte- 
ment; elle s’enflamme, et passe à la suppuration. Si 
cela a lieu , le ver se présente aussitôt que la suppu- 
ration est établie, ou bien il ne se monire que 
quand la suppuration est sur le point de cesser. La 
partie au-dessous de laquelle le ver se trouve, se 
gonfle quelquefois et forme une espèce de poche, qui 
est remphie d’une humeur transparente; mais, dans 
d’autres cas, on ne sent, à cet endroit, qu’une du- 
reté qui n’est pas même aecompagnee d’une inflam- 
mation considérable, 

D’après Kaempfer, la formation de la pustule est 
précédée d’une fièvre ordinairement éphémère ; mais 
plus souvent elle dure pendant trois jours. Si le ver 
est placé au-dessus d’une articulation, comme, par 
exemple, quand ıl s’étend de la cuisse à la jambe, 
‘en passant au-dessus du genou , les mouvemens de 
eette articulation deviennent quelquefois très-péni- 
bles et même impossibles. 

Ce sont à peu pres là tous les aceidens qui arrivent 


230 SUR LES VERS INTESTINAUX 

quand le ver veut se frayer un chemin au dehors. Du 
reste, comme les accidens qui ont lieu pendant la 
durée de cette maladie dépendent plus ou moins du 
mode de traitement que l’on emploie contre elle, 
j'ai trouvé plus convenable de parler en même temps. 
et des accidens et du traitement de cette maladie. 


Des accidens qui arrivent pendant la durée de la ma-= 
‚ladie occasionée par la présence du dragonneau , et de 


© son traitement. 


Quand, après l’espace de deux ou trois jours , le 
pus s’est accumulé dans la pustule , elle crève sou- 
vent d'elle-même; mais ordinairement on l’ouvre au 
moyen d’une lancette ; il en découle alors du pus teint 
de sang, ou une matiere ichoreuse très-liquide ; 
et l'extrémité céphalique du ver, avec deux ou trois 
pouces de longueur de son corps, sortent en même 
temps au dehors. On doit alors saisir la tête , et exer- 
cer sur elle des tractions lentes avec beaucoup de 
précaution ; souvent, par ce moyen, on en fait 
encore sortir quelques pouces de plus; mais, dans 
le cas où le ver ne cède pas facilement, l’on doit bien 
se garder d'employer la force, de peur de le déchirer, 
ce qui peut occasioner des suites tres-fächeuses. On 
roule la partie sortie autour d’un petiteylindre detoile, 
ou bien autour d’une baguette de bois mince, et on 
la fixe avec une bandeletie d’emplätre agglutinauf, 
ou à l’aide d’une compresse , au-dessus de la plaie, 
Avenzoar, Rhases et plusieurs autres roulaient la 


DE L'HOMME. 231 


partie sortie autour d’un morceau de plomb du poids 
d’un gros; mais Paul d’Egine avait déjà désapprouvé 
ce moyen , parce que la pesanteur de ce métal était 
cause que le ver se déchirait facilement. On peut 
encore se servir, dans le même bui, d'un morceau 
de bois fendu à Fune de ses extrémités, avec lequel 
on serre le ver. 

Velsch a proposé un appareil très-compliqué pour 
Vextraction de cet animal. Cet auteur a même donné 
la figure de cet appareil: mais un petit cylindre de 
toile est suffisant pour obtenir ce résultat. On con- 
seille en général de faire deux tractions lentes par 
jour sur le ver, jusqu’à cé qu'il soit entièrement 
enlevé. On ne peut pas déterminer au juste l’espace 
de temps qu'il faut employer pour atteindre ce but. 

Kaempfer est parvenu , dans deux cas differens, 
à l’extraire en totalité du scrotum d’un seul coup. 

Dubois remarque également que lon trouve le 
dragonneau, dans quelques cas, en enter dans la 
plate. 

Isert en fut entierement débarrassé dans l'espacé 
de huit jours, quoique le ver für de la longueur 
de deux aunes et de la grosseur d’un fétu de paille. 
Le même auteur rapporte que l’on est, en Afrique, 
souvent plusieurs mois avant d’obtenir la guérison 
de cette maladie. Dans le plus grand nombre de cas, 
on obtient sa terminaison dans l’espace de trois où 
quatre semaines; mais, quand il y a plusieurs vers 
dans le même individu, le’ traitement peut alors 


durer plusieurs mois. On panse la plaie qui reste 


23a SUR LES VERS INTESTINAUX 

apres l'extraction de l’animal, comme une plaie 
simple, et elle guérit ordinairement tres-vite et sans 
difficulté. 

Loefller a souvent suivi un autre mode de traite 
ment : il consistait à faire une incision au milieu de 
l'endroit où le ver était perceptible au toucher, ce 
que Schoeler n’a jamais pu remarquer, afin de le 
mettre à nu. Loefller plaçait la partie du corps qui 
se présentait, dans un morceau de bois fendu à l’une 
de ses extrémités, et il exerçait ensuite des tractions 
tantôt sur l’une, tantôt sur l’autre moitié du corps de 
l'animal ; et, par ce moyen, il est parvenu à le faire 
sortir une fois plus vite que s’ilavait suivi la méthode 
ordinaire. 

Gregor rapporte que les médecins indiens em- 
ploient le même mode de traitement. N. Bruce et 
Peré le recommandent également. Ce dernier fut 
un jour chargé d’examiner à à Saint-Domingue un bä- 
timent qui venait de Guinée; il trouva sur ce bäti- 
ment un jeune nègre de dix à douze ans, qui était 
tellement maigre et affaibli, qu'il ne pouvait pas se 
tenir sur ses jambes. Apres un examen attentif, il re- 
marqua que cet enfant était incommodé par un dra- 
gonneau qui était perceptible au toucher, non-seu- 
lement sur presque toute la surface du bas-ventre, 
mais encore sur une grande partie de la poitrine. Le 
chirurgien du bâtiment avait pris les protubérances 
que l'animal formait à l'extérieur, pour des veines 
superficielles ; cependant ces protubérances prove- 
naient de la position du dragonneau. Le chirurgien , 


DE L'HOMME. 233 


après avoir employé inutilement toutes sortes de-re- 
medes pour opérer la guérison , abandonna à la fin 
cet enfant comme un malade étique et incurable. Il 
est à remarquer que le petit nègre avait toujours con- 
servé son appétit pendant la durée de la maladie. 
Peré l’acheta, pour une bagatelle, dans l'intention 
de le débarrasser de son ver, sil était possible. Il 
commenca , à l’aide d’une pince à disséquer , à sou- 
lever la peau à l’endroit où il presuma que le ver 
pouvait avoir le milieu de son corps. Il pratiqua une 
incision de quatre lignes sur cette partie de la peau 
soulevée. Après avoir disséqué et écarté les lèvres 
de la plaie , il vit un corps blanc de la grosseur du 
la d’un violon, sur lequel , en exerçant une traction 
lente, il donna lieu à la formation. d’une espèce 
d’anse. Quand le ver ne voulut plus céder à la trac- 
tion qui était exercée sur lui d’un côté, le médecin 
le faisait tenir par un aide, et il essayait de urer sur 
l’autre bout. Il ordonna en même temps au malade 
de se tenir dans une position convenable, afin que les 
parties qui environnaient le ver se trouvassent dans 
un état complet de flexion ou de relâchement, de 
manière que la tension des muscles n'empêchät pas 
les mouvemens du ver, et par conséquent sa sortie. 
En moins de quatre heures, ce médecin fut assez 
heureux pour l’extraire entièrement. Le malade ne 
sentit aucune douleur pendant cette opération , et il 
voyait sortir le ver avec le plus grand sang-froid ; il 
se rétablit ensuite à vue d’eeil, sans prendre de medi- 
camens et il devint tellement gras ct robuste, que 


234 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Peré put le vendre douze cents francs trois mois plus 
tard, époque à laquelle il fut obligé de revenir en 
France. | 

Ces deux méthodes simples suffisent, dans les cas 
ordinaires, pour obtenir la sorte du dragonneau , 
et l'on n’a besoin d’employer de médicamens ni à 
extérieur , ni à l’intérieur ; mais, quand le ver est 
placé dans des parties tres-musculeuses; quaud il a 
déjà causé dans ces parties ; avant son apparition , une 
forte inflammation , une tuméfaction et de la dou- 
leur ; ou bien quand il ne veut pas céder aux trac- 
ions que l’on exerce sur lui, ou ehfin quand il 
s'est déchiré, c’est alors que le secours de la mé- 
decine devient nécessaire. J’ındıquerai brièvement 
les médicamens que les médecins tant anciens que 
modernes ont employés dans le but d’accélérer la 
guérison. | 

Les médecins arabes et beaucoup d’autres recom- 
mandent en général les fomentations, les saignées ; 
et, parmi les purgaufs, les myrobolans, et prineipa- 
lement l’aloës, tant à l'extérieur qu’à l’intérieur, et 
quelques onguens. 

Anderson a dernièrement recommandé de nou- 
veau l’aloës ; ıl s'exprime ainsi à ce sujet : « Dans ma 
pratique, je n’ai rien trouvé de plus efficace que les 
cataplasmes préparés avec l’aloë littoralis. Ce médica- 
ment m'a été communiqué par un Indien: sa qualité 
savonneuse paraît prévenir la gangrène , en ramollis- 
sant les tegumens enflammés, et, par conséquent, 
faciliter la sorue du ver. » 


DE L'HOMME. 235 


Aëuus” recommande, pour empêcher la rétro- 
gradation du ver, la ligature du membre dans lequel 
il se trouve ; outre cela, il conseille l'emploi des fo- 
mentaiions faites avec une infusion de graines de 
laurier dans l'huile. 

Bajon propose des frictions mercurielles et des ti- 
sanes amères. Au cas que le ver ne cède pas facıle- 
ment aux tractions, quand on a à craindre sa rupture 
et sa putréfaction , il conseille alors d’arroser la plaie 
à plusieurs reprises dans la journée avec des liqueurs 
spiritueuses, comme, par exemple, avec de la teinture 
de myrrhe, d’aloës, ou avec de l’eau vulnéraire. 

Bancroft a indiqué le mode de traitement suivant 
comme le meilleur : il conseule d’abord d’appliquer 
sur la tumeur un cataplasme fait avec des oignons, 
de la mie de pain et suffisante quantité de lait ; toutes 
ces substances doivent avoir bouilli ensemble. Sitôt 
qu’on aperçoit la tête du ver, on l'enveloppe avec du 
coton, maissansexercer detractions. Le malade doiten 
ouire faire usage du mélange suivant : prenez poivre 
noir en poudre, ail pilé, fleurs de soufre, de chaque 
une once; rhum, une bouteille ; mêlez et er. une 
demi-tasse matin.et soir. Un ou deux jours après l’em- 
ploi de ce médicament, on trouvera le ver contourné 
de diverses manières au-dessous du cataplasme. 

Griffith Hughes, qui avait déja proposé les mêmes 
remèdes que nous venons de mentionner, est telle- 
ment convaincu de leur bon effet, qu'il dit, que 


? Tetrabibl,, Quart. serm. Il, cap. LXXXV , pP. 904. 


236 SUR LES VERS INTESTINAUX 


quand même un homme aurait un millier de dra- 
gonneaux, il en serait débarrassé d’une manière cer- 
taine. Par ce procédé, chaque ver se contracte, se 
pelotonne et meurt; une tumeur se forme et perce 
par la suite. 

Hillary vanteles bons effets d’une composition sem- 
blable. La voici : Prenez soufre et ail, de chaque une 
once; poivre noir, une demi-once; camphre , deux 
gros; vinaigre, deux livres. Mêlez, faites digérer et : 
passez dans un linge : à prendre deux cuillerées à 
bouche , deux ou trois fois par jour. 

Barère recommande un liniment composé de feuil- 
les brülées de cotonnier melees d’un peu d’huile 
d’aoüara, que l’on extrait d’un palmier de ce nom. 

Cet auteur rapporte encore que quelques person- 
nes croient pouvoir faciliter l’extraction du ver en 
faisant tomber sur la plaie du jus de tabac provenant 
des pipes à fumer. 

Dampier , qui avait vers la malléole un dragon- 
neau , dont il avait déjà extrait un morceau de deux 
pieds de longueur, alla consulter , accompagné d’un 
de ses amis, un nègre qui traitait le cheval de ce der- 
nier. Le nègre examina la malléole, la frotta dans 
différens sens, et appliqua ensuite une poudre que 
Dampier présume être celle de tabac. Le nègre lui 
ordonna de n’enlever l’appareil qu’apres trois jours; 
mais le jour suivant, comme il s'était détaché , on vit 
que le ver était déchiré et la plaie cicatrisée. Dam- 
pier craignait des suites fâcheuses, qui cependant 
n’eurent pas lieu. 


DE L'HOMME. »37 


On s’est convaincu en Europe (ce sont les paroles 
de M. Louis Frank) par des expériences faites pour. 
l'extraction du dragonneau, que la fumée de tabac 
souflée dans la plaie causait la mort de l’animal. | 

Un médecin indien a communiqué le remède sui- 
vant à Dubois : on prend sept panamdör, pesant à 
peu près trois quarts d’une pagode, d’assa fœtida 
d’une bonne qualité , puis le fruit tres-connu dans 
toutes les Indes sous le nom de Aatricahe par les 
Tamuls, et de beringelle ( solanum melongena, L.) par 
les Portugais, et enfin de l’huile de sésame, appelée 
par les Tamuls halla venie, en suffisante quantité 
pour frire le fruit du solanum. 

On pile l’assa fœtida, et après avoir divisé le be- 
ringelle en trois portions, de manière qu’elles soient 
encore adhérentes au pédoncule, on introduit dans 
chaque portion un tiers d’assa fœtida; puis on entoure 
le fruit d’un fil, et on fait frire le tout dans de l’huile 
de sésame. 

Le malade doit manger une portion avant de se 
coucher , une autre dans la matinée du jour suivant, 
et la troisième le surlendemain au soir. La partie du 
corps où se trouve le ver doit être frottée trois fois 
par jour pendant trois jours consécutifs avec l’huile 
dans laquelle on a fait frire le fruit chargé d’assa fœtida. 

Ces moyens employés dans le commencement de 
la maladie empêchent le développement du ver, et 
celui qui est déjà complétement formé sort bientôt 
apres. Dans tous les cas , ils calment la douleur dans 
l’espace de trois ou quatre jours. Mais si la maladie 


. 238 SUR LES VERS INTESTINAUX 


est ir&s-opiniätre, on est obligé de recommencer l'u- 
sage de ce moyen, etilestrare qu'il ne soit pas efficace. 
Pour engager à son emploi, Dubois remarque que 
les Bramines qui assaisonnent très-fortement leurs . 
mets avec de l’assa fœtida ne sont jamais incommodés 
par le dragonneau. | 
Gallandat croit qu’il y a plusieurs indications à 
remplir dans le traitement de cette maladie ; il con- 
seilleaux malades, dans le but de faire cesser l’inflam= 
mation, chose essentielle pour prévenir toute suite 
fâcheuse ; 1° de se faire saigner plus ou moins copieu- 
sement, selon la violence des symptômes inflamma- 
ioires , afin de diminuer l’afllux du sang vers la partie 
affectée ; 2° de boire des tisanes rafraichissantes, 
avec addition d’un peu d'esprit de nitre, ou bien 
d’esprit de vitriol dulcifié , et de faire diète; 3° de se 
purger, selon les circonstances , plus ou moins co- 
pieusement; 4° d'appliquer trois ou quatre fois par 
jour, sur la partie affectée, des cataplasmes émolliens 
et calmans, afin de diminuer la douleur et d'accé- 
lérer la suppuration; 5° après l'ouverture de l’ab- 
ces, et après avoir roulé le ver à la manière accou- 
tumde, on doit exercer une legere pression, afin 
d’évacuer le pus, panser la plaie avec de la char- 
pie trempée dans du miel rosat , et la couvrir avec 
un emplâtre; 6° dans le cas où l’on aurait à craindre 
une nouvelle inflammation, ou bien dans le cas où le 
ver offrirait trop de résistance, il faut alors continuer 
l'usage des remèdes, tant internes qu’externes, déjà 
mentionnés ; en outre, on doit souvent arroser la 


DE L'HOMME. 239 


< 


parue affectée avec du miel rosat, faire deux trac- 
üons par jour sur le ver, et panser la plaie autant de fois. 

Tout en faisant l'observation que des pilules mer- 
curielles administrées jusqu’à exciter une salivation 
complete n’ont pas contribué à faciliter sa sortie, 
et qu’apres cinq ou six semaines d’autres vers se sont 
présentés de nouveau ; et ont donné des signes evi- 
dens de vie, Gallandat prétend que l'usage du su- 
blimé corrosif, dissous dans de l’eau-de-vie à la ma- 
niere de Van Swieten , contribue, 1°. à faciliter la 
sortie du dragonneau ; 2°. à diminuer la douleur et 
linflammation ; 3°. à empêcher que le ver ne se dé- 
chire ; 4°. à faire terminer le traitement avant le ving- 
tieme jour ; 5°. à causer la mort de l'animal. 

Gregor croit que des frictions avec des onguens, 
et surtout avec longuent mercuriel, devraient être 
d'une grande utilité. 

Des étincelles électriques dirigées à travers la par- 
tie affectée , n’ont produit aucun effet utile. 

Hemmersan rapporte que les nègres se guérissent 
eux-mêmes; leur méthode est la suivante : Sitôt que 
le ver est sorti de la longueur d’un doigt , ils le cou- 
pent ; ils frottent ensuite la plaie avec de l'huile de 
palmier , et mettent quelques feuilles vertes, au lieu 
d'un emplâtre, sur la partie malade: ils ouvrent la 
tumeur, en font découler le pus et lavent la plaie, 
dans l'intention de causer une irrltation, avec de 
Veau dans laquelle ils ont fait infuser du poivre et 
d’autres plantes ; ils calment ensuite cette irritation 
par l'emploi de l'huile de palmier et de quelques 


2/0 SUR LES VERS INTESTINAUX 


feuilles vertes. En général les nègres guérissent toutes 
leurs plaies avec ces derniers remèdes. 

Isert croit pouvoir attribuer sa prompte guérison 
aux grands mouvemens qu’il se donnait, quoiqu’aveë 
peine, pendant la durée de cette maladie, et à un grand 
usage des bains. 

Dans le cas où le ver ne cède pas aux tractions (ce 
sont les paroles de Kæmpfer), et que le malade 
éprouve de la douleur à l'extérieur, dans un endroit 
éloigné de celui ou le dragonneau se présente ‚on doit 
le laisser en repos et abandonner la guérison à la na- 
ture ; il arrive ordinairement que le ver se fraye un 
chemin vers cet endroit. Kæmpfer ne desapprouve 
pas la méthode proposée par quelques personnes, 
et qui consiste à faire des affusions fréquentes d’eau 
froide sur les parties saines, dans l'intention de les 
garantir de la corrupuüon, de diminuer l’accumula- 
tion des humeurs , et d'empêcher la formation d'un 
ulcère ; méthode qui doit très-bien trouver son ap- 
plication dans les climats chauds. Du reste cet auteur 
conseille de faire évacuer le malade au commence- 
ment de la maladie , et de lui faire observer un ré- 
gime sévère pendant sa durée, afin que la plaie ne 
prenne pas un mauvais caractère, ce qui arriverait 
si on n’empechait pas l'accumulation des humeurs 
vers la partie affectée. Kæmpfer avertit en même- . 
temps , que l’on doit éviter l'emploi des corps gras, 
par la raison qu'ils amenent facilement la gangrène 
dans les pays chauds. Cet auteur regarde les cata- 
plasmes comme trés-eflicaces. Il rapporte encore; 


DE L'HOMME, 2/41 
que le bas peuple n’a recours pendant Ja durée de 
cette maladie, qu’à l’usage d'oignons rôtis ; méthode 
qui n’est pas à mépriser. 

Linschot conseille l'application de beurre, et Lei- 
ter celle d'oignons et de feuilles de riz bouillies dans 
du lait. 

Lœffler prétend que les frictions mercurielles 
sont plutôt nuisibles qu’utiles, par la raison qu’elles 
augmentent la douleur et la tumeur. Le liniment vo- 
latil avecaddition de laudanum liquide lui paraît plus 
convenable. Le sublimé corrosif, recommandé par 
Gallandat, ne s’est pas montré efficace dans ses expé- 
riences. Les esclaves, qui en avaient fait usage, per- 
datent l'appétit, et ils maigrissaient. I] rapporte que 
Valoös ne s’est pas non plus montré efficace, et que 
l'usage des purgatifs légers paraît produire de meil- 
leurs effets. 

Paul d’Egine recommande seulement des fomen- 
tations chaudes; et, d’après toutes les recherches 
que j'ai faites sur le traitement de cette maladie, ıl 
résulte que les fomentations chaudes doivent être re- 
| gardées comme le remede le plus convenable pour 
faciliter la sortie du dragonneau. Dans le cas où cet 
animal n’occupe qu’une petite place, comme par 
exemple une des malléoles, qu'il entoure souvent 
eirculairement, l'emploi de l’aloës et des oignons rô- 
tis peut être trés-uiile; car ces deux substances faci- 
litent la suppuration. Dans les deux cas cités par 
M. Larrey les dragonneaux étaient probablement dans 
une semblable position; et c'est sans doute la raison 

16 


jh SUR LES VERS INTESTINAUX 


pour laquelle ce médecin a pu détruire ces animaux 
à l’aide de la suppuration et sans avoir bésoin de les 
extraire, Il est aussi possible que M. Larrey n’ail 
eu à traiter que de simples furoneles, car on ne rén- 
contre pas le dragonneau dans la Basse-Egypte. Du 
reste il n’est pas non plus constaté que cet animal , 
dans le pays où il séjourne, doive se trouver dans 
chaque faroncle. Kæmpfer rapporte que les bar- 
biers et les hommes ignorans causent souvent beau- 
coup de mal, par la raison qu’ils ouvrent la pustule 
en général trop Löt, et qu'ils saisissent , dans beau- 
coup de cas, quelque tendon au lieu du ver. Le 
même auteur raconte en effet, qu'il a connu deux 
personnes qui ont été estropiées par suite d'une bé- 
vue pareille. Dans les pays où l’on est accoutumé à 
rencontrer des dragonneaux dans l’intérieur des pus- 
tules , il doit aussi arriver quelquefois que Von pré- 
sume la présence de ces vers dans des tumeurs où 
il n’y en a réellement pas. 

D'après ma manière d'envisager la nature de cette 
maladie, il me semble que l’on ne peut pas beaucoup | 
se promettre de l'emploi des remèdes internes; leurs 
effets doivent se borner, à ce que je crois, à dimi- 
nuer la trop grande tension des fibres. Je regarde 
l'assa füetida comme'un remède préservatif plutôt que 
curatif. I me semble aussi que l'on ne doit'pas avoir 
besoin , au moins dans beaucoup de cas, de recourir 
à la saignee ; ‘elle pourrait cependant être indiquée 
dans celui où plüsieurs vers semblerarent sortir -eh 
méme temps, et quand l'inflammation menacérait de 


DE L'HOMME. 243 


dégénérer en gangrène. Du reste le médecin doit 
diriger son traitement selon la constitution du malade, 

Il me reste encore quelque chose à dire sur les 
accidens qui arrivent après la rupture du ver; elle 
est ordinairement occasionée par une manœuyre 
trop brusque, ou bien par des tractions trop violentes. 
Cependant le ver se déchire dans quelques cas, mal- 
gré les plus grandes précautions possibles. Les suites 
en sont souvent bien malheureuses, et, quoique le 
malade, d’apres le témoignage d’Avenzoar, n’en 
meure pas subitement, les cas ne sont pas cependant 
rares, comme cela a été attesté par Bancroft, Chardin, 
Gallandat, Labat et Lister , où cette rupture a causé 
la gangrene, et même la mort. Dubois n’a jamais vu 
arriver la gangrène dans ce cas, mais il a observé que 
des raccourcissemens et des difformités des jambes 
en étaient quelquefois la suite. 

Quoiqu'il soit prouvé que la mort n'arrive que 
rarement après la rupture du ver , néanmoins la plu- 
part des auteurs conviennent que cet accident con- 

 tribue à compliquer la maladie, à la trainer en lon- 
gueur , et à donner lieu à des fistules tres-difficiles à 
guérir. 1l résulte de là, que l’on fait toujours très- 
bien d’eviter, autant qu'il est possible, la rupture de 
cet animal. Le célébre voyageur James Bruce, à l’é- 
poque de son retour au Caire, fut atteint de cette 
maladie; malheureusement on ne connaissait pas 
alors dans cette ville le mode de traitement que l’on 
doit employer dans ce cas. Les medieamens qu’on 
lui administra restèrent sans eflet; enfin on se dis- 
16, 


ah SUR LES VERS INTESTINAUX 

posa à faire l'extraction du ver, et en effet on par- 
vint à faire sortir dans l’espace de huit jours trois 
pouces du corps de cet animal ; cette opération ne 
caasa à Bruce ni douleur ni fièvre. Ce voyageur s’em- 
barqua alors pour la France, et confia son traitement 
au chirurgien en chef du bâtiment. Ce chirurgien 
déchira un jour le dragonneau par une traction trop 
forte ; il survint alors une inflammation tres-violente 
avec tuméfactiou, et la gangrene était à craindre; le 
chirurgien en second du bâtiment effectua plus tard 
la guérison par le débridement de la plaie. La ma- 
ladie de Bruce a duré cinquante deux jours, et il 


éprouva pendant trente-cinq les douleurs les plus 
atroces ; pendant une année entière, il se sentit tres- 
faible , et il ne fut entiérement guéri qu'après avoir 
fait usage des bains de Poretta, situés dans les monta- 
gnes du Bolonnais. | 

Rhazès avait déjà recommandé le débridement de 
la plaie après la rupture du ver; Gallandat est d’un 
avis contraire, et il regarde cette opération, non-seu- 
lement comme inutile, mais encore comme dange- 
reuse. L'expérience a prouvé, selon ce dernier, que 
cette opération augmente l'inflammation, la tumé- 
faction., et donne lieu à la gangrene. 

Une femme, habitante de l'Afrique , avait un dra- 
gonneau au coude (ce sont les paroles de Gallandat ); 
ce ver se déchira malgré toutes les précautions pos- 
sibles , et il survint une inflammation accompagnée 
de fièvre et de délire. La malade était dans le plus 
grand danger ; l'usage des cataplasmes emolliens, les 


DE L'HOMME. 245 
saignées et de légers purgatifs firent cesser ces accı- 
dens, et le ver se fraya une autre route pendant 
Vemploi de ces medicamens. Dans un autre cas ou 
un dragonneau avait également été déchiré, le res’e 
de Panımal, quinze jours aprés, put aussi prendre 
une nouvelle direction, sans causer cependant d’in- 
flammation ; plus tard on réussit à l’extraire en tota- 
lité, et Gallandat vit clairement des mouvemens à l’une 
de ses extrémités. Cette observation sert à réfuter une 
assertion que cet auteur à avaucée plus haut; il rap- 
porte, «que les malades sont dans le plus grand danger 
quand le ver reste vivant après s'être déchiré ,» et ıl 
ajoute : « Quand le ver meurt après sa rupture, ıl ne se 
forme par la suite qu'une fistule, que l'on parvient à 
guérir peu à peu.» Hunter prétend le contraire ; et il 
s'exprime ainsi : « Si long-temps que le ver vit, 1l ne 
cause que peu d’embarras, mais lorsqu'il est mort, 
il irrite comme tout autre corps étranger , et la sup- 
puration s'établit dans tout l'espace qu'il occupe. 
Gallandat rapporte encore un troisième cas, dans le- 
quel la mort survint à la suite de la rupture d'un 
dragonneau, qui séjournait dans le serotum. 

Hemmersan raconte qu'il a été incommode par 
trois dragonneaux pendant son séjour dans le pays 
où cet animal se trouve : deux individus étaient pla- 
ces à la jambe droite et le troisième à la jambe gauche. 
Celui qui était à la plante du pied droit l'empêéchait 
de marcher. Cet animal se déchira. Le second se fit 
sentir sous le calcanéum (c'était peut-être la conti- 
puation du premier ), et il se fit une ouverture à l'or- 


246 SUR LES VERS INTESTINAUX 


teil; des ulcères se formèrent en cet endroit, et 
Hemmersan ne fut guéri qu'après avoir éprouvé 
beaucoup de douleur ; le troisième dragonneau parut 
sous le calcanéum du pied gauche. Après que cet 
animal en fut sorti de la longueur d’un quart d’aune, 
‘| se déchira et s’enfonca dans la jambe, ce qui 
occasiona une tuméfaction considérable dans cette 
partie. Hemmersan souffrit pendant quatre mois 
consécutifs. 

Lister a été également incommodé par un dra- 
gonneau qui ; pendant quarante ou cinquante jours; 
Sortait par petites portions, sans causer beaucoup 
d’embarras. Quand cinq quarts d’aune de cet animal 
furent extraits, il se dechira par suite d’une trop 
forte traction; il s’enfonca alors plus profondément, 
et produisit au mollet une tuméfacuon tellement 
considérable, que l’on craignait la rupture de la 
peau à cet endroit. Lister avait en même temps des 
insomnies accompagnées d’une forte fièvre, et il fut 
obligé de garder le lit pendant trente jours. Le dra- 


gonneau se montra dans différens endroits du pied ; 


son chirurgien appliqua des remèdes qui causèrent 
probablement Ja mort du ver, et la guérison eut 
heu. 

Cromer éprouva, après la rupture d’un dragon- 
neau, des douleurs tellement violentes, qu'il fut 
obligé de garder le lit pendant quatre semaines, Sans 
pouvoir dormir et sans pouvoir éteindre une soif 
extraordinaire dont il était tourmente. 

Ces cas prouvent, d’une manière suffisante, que 


DE L'HOMME. 247 
la rupture du dragonneau n’est pas une chose de peu 
d'importance. 

Avant de terminer ce chapitre, je suis obligé d’a- 
jouter encore une remarque. N’ayant pas eu occasion 
de recueillir moi-même sur les lieux les observa- 
tions que je rapporte sur ce ver, j'ai lu à son sujet 
tous les auteurs qu’il m’a été possible de me procu- 
rer; cependant je n’aı pu faire mention de tous ceux 
qui sont cités par Joerdens dans sa description du 
dragonneau; la raison en estque plusieurs de ces au- 
teurs n’en ont parlé que vaguement; plusieurs autres 
sont bien entrés dans quelques détails à son sujet ; 
mais , comme ils ne connaissaient pas cet animal, par 
des observations qui leur fussent propres, ils se 
sont bornés à copier les auteurs qui out écrit sur 
celte matière ex professo ; plusieurs autres enfin ont. 
passé le dragonneau entièrement sous silence, ou bien 
ils n’ont fait que de le nommer. Voici les noms des 
auteurs que l’on trouve dans l'ouvrage de Joerdens : 
Actuarius, Blumenbach , Borelli, Castel, Doe- 
vern , Fallope , Freind , Corræus, Gruner : ce der- 
nier a seulement tâché de prouver l'identité de la 
veine de médine (vena medinensis) et du dragonneau 
(dracunculus); Heurnius, Ingrassias , Klein , Lange, 
Léoni, Lesser, Linné (Amenit, academ.), Lorrey : la 
description que cedernier a donnée du dragonneau est 
assez complète , mais elle a é/é faite d'après celle de 
Kæmpfer ; Manardus , Mad ( Onomatologia, hist. 
nat.), Pollux, Sauvages, Schenk , Veiga, Vogel, 
Woyt. Les auteurs suivans ont entierement passé le 


248 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dragonneau sous silence , ou bien, je le repete,, n’ont 
fait que de le nommer. Voici leurs noms : ı°. Bauhin; 


cet auteur entend sous le nom serpigo des vers sous-. 


cutanés (vermes subcutaneï ); 2°, Constantini : il parle 
d'un petit et d’un grand ver sous-cutane, dont le 
premier n’était qu’un herpes miliaris, et le second 
n’était qu’un erysipelas exulceratum ; 3°. Donat : 1l rap- 
porte qu’un homme a rendu , en urinant, un dragon 
ailé; 4°. Ettmüller : cet auteur remarque que Velsch 
a également écrit une dissertation sur les masclous, 
et que cette dissertation a été ajoutée, par ce der- 
nier, à son rapport publié sous le titre Exercitatio 
de vend medinensi ; 5°. Hannow a fait plusieurs re- 
cherches sur le gordius aquatique; 6°. Hassel- 
quist parle d’un zenia solium , qui a été appelé , daus 
les annonces de Goettingue, nestelwurm; 7°. Joel dit 
expressément que les vers sous-cutanés (vermes sub- 
cutanei ) n’ont rien de commun avec le ver nommé par 
Paul d’Egine ( dracunculus ); 8°. et 9°. Le Genüil et 
Olendorp parlent du pulex penetrans (Linn.); 10°. Pa- 
racelse dit seulement qu'il y a des vers où ıl ya 
des apostemes, et vice versä; 11°. Plater' fait men- 
tion, à l'endroit cité, de pustules (phlictæna) , et cet 
auteur ne parle nulle part de filaires; 12°. Scholz rap- 
porte seulement quil a vu des enfans incommo- 
dés par des masclous; 13°. Schwenkfeld confond 
le dragonneau avec le gordius aquatique; et14° Spie- 
gel raconte qu'il a trouvé, sous la peau de la hanche 


4 Praxcos „ Lom. Hi. 


DE L'HOMME. 249 


d’un chardonneret, un dragonneau d’un pied de long, 
et qui était roulé en forme de serpent. 

Brera : prétend à tort que Soemmerring a trouvé 
un filaire de Médine chez un mouton d’origine arabe. 
Sœmmerring?, à l'endroit cité, rapporte seulement 
qu’ilarencontre, dans l’estomac d’un mouton arabe,un 
ver qui ressemblait à un dragonneau; mais je réponds 
à cela qu’un ver qui ne faitque ressembler à un autre 
n’est pas pour cela de la même espèce. Brera, dans ses 
mémoires ?, a encore cité et tronqué un passage de 
Pline, comme cela se voit quand on confronte le texte 
latin avec les paroles de Brera. Pline dit : Vascuntur.... 
sicut intra hominem teenie tricenium pedum , aliquando 
et plurium longitudine. Brera Va traduit : Welle opere 
di Plinio trovasi pure fatio cenno di alcune sottili tinee , 
ö meglio tenie della lunghezza di tre pedi. Brera a re- 
tranché vingt-sept, mais il a ajouté, au contraire , 
quelques mots dont Pline n’a nullement parlé : Che 
in alcuni pæsi penetrano la pelle degli uomini. 

Il me semble avoir assez parlé de semblables cita- 
tions infidèlement rapportées. J’ai encore ajouté cette 
dernière, afin d’avertir mes lecteurs de ne pas ajouter 
foi trop légèrement aux citations, et de les engager 
à confronter toujours le texte des auteurs dont on 
prétend les avoir extraites. Du reste, il me paraît 
probable que Brera a été induit en erreur par Kun- 


* Memorie , p. 249. 
2 Ballie, p. 103, note 218. 


3 Memorie, s. 241. 


250 SUR LES VERS INTESTINAUX 


semüller, qui a également rapporté le passage men- 
tionne de Pline. Néanmoins, Brera a 1âché de ra- 
conter, d’une manière élégante, l'introduction des 
tæuias sous la peau, manière qui convient bien à un 
poëte, mais nullement à un naturaliste. 


VII HAMULALRE. 


Iamularia : subcompressa ( en allem. der fülhwurm) , pl. 01 , fig. 2. 


HAMULARIA : subcompressa , anlice atlenuala. 

Treuiler, Auctuar. , p. 10-13, tab. 11, fig. 3-7, Ham. lym- 
phatica. 

Joerdens, Hekninthol., page 31, tab. vi, fig. 9-12, ham. lymph. 

Zeder, Naturgesch, s. 45, Tentacularia subcompressa. 

Brera, Memorie, p. 225, tab. IV, fig. 1-3, amularia linfalica. 

Rudolphi, Entoz., t. It, part. 1, pag. 82, Ham. subcomp. 

De Lamarck, Anim. sans vert., tom. 311, pag. 216 , l’hamulaire de 


l’homme. 


En disséquant ‚en 1790, le cadavre d’un homme de 
vingt-huit ans, qui était né avec une predisposiuon 
héréditaire à la phthisie et à l’hydropisie, et qui 
s'était épuisé par la masturbation , par les plaisirs 
vénériens et par un usage démesuré du mercure, 


Treutler trouva, dans les glandes bronchiales d’un 


volume contre nature, des vers dont les uns avaient 
plus d’un pouce, et les autres beaucoup moins. Ces 
animaux étaient allongés , arrondis, un peu com- 
primés des deux côtés , de couleur noire brunätre, 
parsemée en partie de taches blanches, un peu amin- 
cis vers l'extrémité antérieure, à moitié transparens 


DE L'HOMME. 251 


vers l'extrémité caudale, et recourbes (après leur 
mort) aux deux extrémités. 

On remarqua sur la tête, qui était peu distincte, 
et qui se terminait en une pointe obtuse, deux cro- 
chets proéminens, qui pouvaient être soulevés par 
l'animal. L’extrémité caudale était également obtuse 
et peu distincte. Excepté les deux crochets, on ne 
voyait , sur touté la surface de ces animaux, aucune 
trace d’autres organes. 

Ces vers, étant différens, selon l’opinion de Treu- 
tler ; de ceux que l’on trouve dans les bronches des 
putois et des rénards; cet auteur en a formé un nou- 
veau genre, sous le nom d’hamularia , dont il a donné 
les caractères suivans: 

Corpus lineare, teretiusculum, éaput obtusum, infra 
duobus hamulis prominentibus instructum. 

La figure 2, qui représente ce ver huit fois” plus 
grand que nature, est une copiede Treutler.La figure 
2b représente l'extrémité de la tête encore plus grossie 
que dans la précédente. 


J’ai déjà remarqué, quand j'ai parlé de l’indica- 
tion des caractères des genres de vers , que ce genre 
me paraît douteux, et je le répète encore une fois 
ici, Zeder compte cependant des vers provenant de 
la cavité thorachique de la pie-grièche rousse (Zanius 
collurio, L.), comme de ce genre. Mais ceux que 


* Ce n’est pas ma faute si cette figure, grossie huit fois , ne 
s'accorde „as avec la mesure naturelle indiquée plus haut, 


252 SUR LES VERS INTESTINAUX 


j'ai trouvés moi-même dans cet oiseau appartenaient 
aux filaires. Quant aux vers provenant des gros intes- 
ins des poulets, et que Rudolphi range encore dans 
ce genre , ce sont assurément des capillaires. Excepté 
Treutler, personne n’a encore trouvé ces vers dans 
les bronches de l’homme; cependant Brera prétend: 
que Vercelloni et Bianchi en ont fait mention; mais, 
comme Brera n’indique pas en quel endroit de leurs 
écrits ,nous laisserons cette assertion dans le doute. 
Comme Treutler n’a trouvé ces vers qu’une seule 


fois, il est, par cette raison, possible qu'il se soit 


trompé, et qu'il ait pris l'extrémité caudale pour 
l'extrémité antérieure , et que ces deux crochets 
(hamuli) ne fussent qu'un double pénis, ou bien 
peut-être des viscères qui pendaient au dehors. 
Treutler dit lui-même que ces vers étaient telle- 
ment implantés avec leurs trompes dans les mem- 


branes , qu'il n’en a pu extraire presque aucun 1n- 


dividu , sans déchirer ses trompes. Cette circonstance 
sert à augmenter la probabilité que ces vers apparte- 
naient à ceux que l’on rencontre assez souvent dans 
les bronches et les poumons des animaux du genre 
mustela , et dont Rudolphi , Olfers, Leuckart , Nat- 
terer et moi, n’avons non plus pu parvenir à extraire 
un seul individu entier des masses qu'ils forment, 
et c’est aussi la raison pour laquelle leur genre n’a 
pas pu être déterminé jusqu'à présent. Rudolphi 


n’est pas tres-porte à croire que ce fut de véritables 


ı Memorie, s. 226. 


DE L'HOMME. 253 


glandes dans lesquelles Treutler prétend avoir trouvé 
ces animaux. 

Du reste, nous pouvons en toute confiance ad- 
mettre que Treutler aeffectivementrencontré des vers 
dans des capsules particulières, et qu'il ne nous a 
rapporté que ce qu’il a réellement vu; mais comme il 
ne parle pas de leur structure interne, il serait à 
désirer que Brera eût la bonté de nous dire de qui 
il a appris que ces vers, trouvés dans l'homme seu- 
lement par Treutler , et décrits par lui seul, ont un 
système nerveux composé de ganglions *. 


VII. STRONGLE GÉANT. 
Sirongylus gigas, R., (en allem. der pallisadenwurm) , pl. UE, fig. 3. 
STRONGYLUS : capite obtuso, ore papillis planiusculis sex cincto , 
bursa maris truncata integra, cauda feminæ truncaia. 
Rudolphi, Ento=., 1, ı,p. 210, tab. 11, f. 1-4. 


Cuvier, Règne animal, tom. !v , p. 34 , Le strongle géant. 
De Lamarck, Anim. sans vert. , t. 111, p. 202 , le strongle des reins. 


Ce ver séjourne dans les reins et peut-être aussi 
dans les muscles qui les environnent. 


DESCRIPTION. 
Les strongles que M. Rudolphi a trouvés étaient 


* Memorie, p. 32. Ne’ gordi e nell’ amularia linfatica si vsserva 


pure questo sistema nervoso ganglionico , colla differenza che à ganzlı 


254 SUR LES VERS INTESTINAUX 


de la longueur de cinq pouces à trois pieds , et de la 
grosseur de deux à six lignes. M. Cuvier a eu la 


bonté d’envoyer à notre collection un strongle qui. 


est de la longueur de trente pouces et de la grosseur 
de quatre lignes, et qui provenait du rein d'une 
fouine. Les vers de cette espèce, que l’on rencontre 
dans les reins des animaux tués depuis peu , sont 
aussi rouges que du sang; mais ils perdent bientôt 
cette couleur, quand on les nret dans de l’esprit- 
de-vin. 

Le mäle est plus petit que la femelle, et il est 
aminci vers ses deux extrémités; sa bouche est circu- 
laire (Por. fig. 3a)et pourvue de six petites papilles ; 
son corps, composé; pour ainsi dire, d’anneaux, 
offre plusieurs depressions longitudinales; sa queue 
(Voy. fig. 3b) forme à son extrémité une vessie par 
laquelle sort un pénis extremement fin. Cette espece 
de vera cela de particulier, que sa vessie est entiere 
(integra) ; mais elle est, au contraire , bifurquee et 
formée de différentes manières chez tous les autres 
strongles. 

La femelle est plus grande ; la fin de sa queue est 
droite et obtuse : on remarque à cet endroit un anus 
longitudinal. L'entrée du vagin est éloignée, selon la 
différente longueur du ver, d’un ou de plusieurs 


sono piu piccioh ; et p. 228 : Ho già falto rimarcare , che ganglionico 
ne é pure il cordone nervoso , che nel suo interno scorre dall’ altra es- 
iremitü, al pari di quello del lombricoide, colla sola differenza, che 
piu piccioli ne sono i ganglj nell’ amularıa. 


| DE L'HOMME. 255 


pouces de l'extrémité de la queue. M. le professeur 
Otto croit avoir observé un système nerveux chez les 
strongles. 

Ces vers , dont Brera et Jœrdens ne font mention 
qu'en passant , ont été souvent trouvés dans des 
fouines , des chiens, des loups, des bœufs , des che- 
vaux et des phoques. 1] paraît qu’on les rencontre ra- 
rement dans l’homme. 

11 faut bien se garder de vouloir compter, comme 
appartenant à ce genre de vers, tous les corps que 
les hommes ont rendus, ou que l’on suppose avoir 
été rendus par ces derniers en urinant; car ces corps 
ont été souvent qualifiés à tort, par les médecins, du 
nom de vers : ce n'étaient souvent que des larves 
d'insectes , qui n'avaient pas été réellement évacués 
par l’urètre, mais s’étaient introduits sans doute, par 
hasard, dans le vase de nuit des malades. 

Dans le cas où il y a adhérence entre le rectum et 


| la vessie, avec complication de sinus fistuleux, il est 


possible que des vers intestinaux aient pu être éva- 
cués par P’uretre. Il arrive encore que des femmes 


| rendent des.oxyures avec l’urine; mais cela n’a rien 


d'étonnant ; car nous savons que ces vers, après avoir 
quitté le rectum, s'introduisent souvent dans le va- 
gm, d'où ils sont rejetés en urinant. Il est de fait 
que l’on a regardé, dans bien des cas, des concré- 
tions polypeuses et membraneuses, à cause de leur 


_ forme arrondie , comme des strongles. C’est aussi ce 


que Grimm a observé chez un homme qui avait 
des pierres dans les reins et dans la vessie ; il croit 


256 SUR LES VERS INTESTINAUX 


que ces faux vers prennent leur forme arrondie en 
passant dans Vuretre. 

Le ver dont parle Tulpius' n’était assurément rien 
autre chose que du sang coagulé, par la raison que 
ce prétendu ver se dissolvit entièrement. Je doute 
aussi des cas rapportés par Paulin et Barry. 

Decerf raconte le cas suivant : Un homme âgé de 
cinquante ans, avait eu souvent dans sa jeunesse des 
hémorragies violentes, qui cessèrent à l’âge de vingt- 
cinq ans , époque à laquelle il commença à ressentir 
des douleurs dans l’hypochondre droit; on présuma 
que ce mal siégeait dans le foie : tous les remèdes 
employés restérent infructueux ; cependant quelque 
temps après , le malade sentit une diminution de 
douleur ; il s'y accoutuma à la fin , etsuspendit l'usage 
des médicamens. Le 15 juillet, il fut incommodé par 
une violente hémorragie de l'urètre, qui était accom- 
pagnée de douleurs horribles dans les cuisses et dans 
la vessie. L'application des sangsues ; l'usage des 
bains et des boissons mucilagineuses , furent sans 
succès ; le malade maigrissait à vue d'œil ; on con- 
sulta quelques médecins de Paris; ils ordonnerent | 
des médicamens , mais qui ne produisirent aucun 
effet. Dans les premiers jours du mois de septembre; 
le malade , après avoir éprouvé une hémorragie sem- 
blable à la précédente, accompagnée des même dou= | 
leurs et d’un accés léger de fièvre, rendit en urinant | 
un ver enduit de sang. Le ver était de la grosseur 


» Ouvrage cité, chap. 49, P- 172: 


DE L'HOMME. - 25% 
d’un tuyau de plume, et de la longueur de quatorze 
pouces et huit lignes. Il est à regretter que cet ani- 
mal ait été jeté. Immédiatement après sa sortie, le 
malade se sentit soulage , les douleurs cesserent 
subitement, ainsi que l’hémorragie. A dater du 15 
septembre jusqu’au 2 décembre, il évacua par l’u- 
retre au moins cinquante vers de différentes formes 
et grosseurs. La plupart de ces prétendus animaux 
étaient de la grosseur d’un tuyau de plume, de la 
longueur de six à huit pouces, et ressemblaient aux 
ascarides , surtout l'échantillon dont Tulpius fait 
mention : ; d’autres n’ayaient que dix-huit lignes de 
longueur , et ressemblaient plutôt aux filaires. Leur 
corps aplati se terminait par une queue allongée et 
très-fine. Il est à remarquer que le malade de Decerf, 
qui s’est trouvé parfaitement guéri, n'aurait rendu 
que des vers morts. 

Lors de mon séjour à Paris, en 1815, je me suis 
entretenu , au sujet de ces vers, avec M. Duméril, 
J'ajoute ici, par parenthèse, que ce professeur a 
eut la bonté de mettre sa bibliothèque à ma disposi- 
tion à toutes les heures de la journée, et que j'y ai re- 
cueilli beaucoup d'observations qui se trouvent rap- 
portées dans ce traité. M. Duméril eut la complaisance 
d'écrire à M. Decerf, et de le prier de vouloir bien 
nous communiquer quelques échantillons ; nous en 
recûmes en effet six : deux avaient bien l’air d’avoir 


* Jai déjà remarqué plus haut que l'existence de ce ver ne me 
paraît pas avoir été constatée d’une manière suffisante. 


#1 


258 SUR LES VERS INTESTINAUX 

été séparés et de n'avoir formé auparavant qu’un seul 
et même morceau. Nous nous sommes convaincus , 
après un examen soigné, que ces prétendus vers 
n'étaient que des concrétions Iymphatiques, parmi 
lesquelles il n’y en avait pas deux qui se ressemblas- 
sent, ce qui aurait dû avoir nécessairement lieu, si 
cela avait été de véritables vers. L’un de ces échan- 
tillons était mince et long; un autre était deux fois 
plus gros à l'une de ses extrémités que dans le reste 
de son étendue , et son extrémité opposée était tout à 
faitamincie; un troisième échantillon était obtus à ses 
deux extrémités, ete. Il est possible et même pro- 
bable que le premier corps rendu par ce malade fut 
un strongle , et qu'après sa sortie tous les symptômes 
cessérent. 

Un cas semblable, observé par Barnett et rapporté 
par Lawrence , augmente la probabilité de mon opi- 
nion, que tous les autres morceaux, à l'exception 
du premier peut-être, que ce malade avait rendus, 
n'étaient que des concrétions lymphatiques. 


Lawrence raconte qu’une femme, existante en- 
2 


core, fut incommodée , pendant plusieurs années, par 
des douleurs violentes dans les cuisses et la vessie; 
elle eut aussi une rétention d’urine. Apres avoir en= 
duré toutes ces souffrances , elle commenca par ren 
dre des corps vermiformes; et, dans l’espace d'un an 
environ , elle en évacua à peu près huit cents ou 
mille. Barnett a envoyé à M. Rudolphi plusieurs de 
ces prétendus vers, et ce dernier a eu la bonté de 
n'en céder deux échantillons.-Ni M. Rudolphi, mi 


DE L'HOMME. 259 
Moi , ne sommes portés à les regarder comme de véri- 
tables vers, quoiqu’ils se ressemblent davantage entre 
eux, sous le rapport de la forme exterieure ,que ceux 
recueillis par Decerf. La forme allongée des corps 
dont parle Lawrence a dù provenir, dans ce cas- 
ci, d'après mon opinion, plutôt des uretères que de 
Vurètre, par la raison que ce dernier n’a que très-peu 
d’étendue chez les femmes. ll est vraisemblable que les 
concrétions Iymphatiques trouvées par Decerf ont 
pu recevoir leurs différentes formes, pendant qu'ils 
traversaient l’uretre. On voit sur la planche 9, fig. k 
une figure pliée en deux; elle est de la longueur 
de cinq pouces, amincie dans son milieu; à partir 
de la, elle devient plus grosse, et elle est pointue 
à ses deux extrémités. Cette figure a été faite d’a- 
près une copie de la figure originale de Barnett, et 
elle m’a été envoyée par Nasse, conjointement avec 
son explication , qu’il a bien voulu extraire du jour- 
nal anglais ( Medico-chirurgical transactions), par la 
raison que ce journal ne se trouve pas à Vienne, 
M. Rudolphi m'a envoyé également , à la même Epc= 
que, un extrait du même journal anglais. Cette fi- 
gure s'accorde assez bien avec mes échantillons, 
cependant je ne remarque rien de dentelé dans les 
depressions longitudinales ; ils ne sont pas non plus 
aussi régulièrement pointus que cela se voit sur la 
figure, et ils ont l’air d’avoir été déchirés ; en un mot, 
il leur manque le caractère de l'intégrité. 
Ce pseudohelminthe est représenté de grandeur 
naturelle, et Barnett assure qu'il n’a pu découvrir 


I7. 


260 SUR LES VERS INTESTINAUX 

sur lui aucune trace d'organisation, ni à l’aide du 
scalpel, ni au moyen du microscope. La même per- 
sonne de laquelle provenait ce pseudohelminthe a 
rendu une autre fois plusieurs petits vers qui ne res- 
semblaient pas à ceux d’une dimension beaucoup 
plus considérable, qu’elle avait évacués antérieu- 
rement. Ces petits vers ont vécu dans de l’eau tiède 
pendant quarante-huit heures. M. Rudolphi en a recu 
six individus , et il a bien voulu m’en céder deux. 
On les trouve représentés de grandeur naturelle 
( Voyez pl. 3, fig. 4 et 5) et l’un d'eux tres-grossi, 
même planche, fig. 5a; la fig. 5 5 indique la tête, 
et la figure 5c, la queue encore plus grossie que 
dans la figure précédente. Ces vers, immédiatement 
après avoir été rendus, étaient transparens; mais ils 
sont devenus opaques dans l’esprit-de-vin. Barnett 
assure qu’il les a examinés plusieurs fois à l’aide d’un 
microscope , mais qu’il n’a rien pu découvrir de leur 
structure particulière. Néanmoins, l’on ne peut pas 
nier. que ce soient de véritables vers; en effet, on 
n’a qu'à les regarder pour en être convaincu ; mais il 
n’est pas prouvé pour cela qu'ils appartinssent aux 
strongles dont nous nous occupons ; il est cepen- 
dant possible que ce fussent de jeunes strongles qui 
peut-être s'étaient formés spontanément peu de 
temps avant d'avoir élé évacués, quoique leur struc- 
ture extérieure ne vienne pas à l'appui de eette 
supposition; toutefois, M. Rudolphi remarque tres- 
justement, dans une lettre qu'il m’a adressée, que 
les petits provenant des autres espèces de ce genre 


DE L'HOMME. 261 


de vers, diffèrent beaucoup de ceux qui sont com- 
plétemient formés. Nous n’avons pas encore observé 
jusqu’à présent les petits du strongle péant. Il 

Doit p 13 8 € géant. I se 
pourrait donc que les vers vus par Barnett fussent de 
ces petits ; ce qui confirme encore cette Opinion, 
est que l’on remarque sur la figure 5 quelque chose 
qui ressemble assez à une ouverture de bouche cylin- 
drique pourvue de papilles. Cette bouche se présente 
en biais; mais cela peut provenir d’un effet de l’es- 
prit-de-vin. L’on remarque encore sur la figure 5c, 
au milieu de l’extrémité caudale, une petite vessie 

. \ A 
quiressemble un peu à la fig. 3c, même planche; car la 
membrane détachée, que l’on voit sur les côtés de l’ex- 
trémité caudale, n’est pas la véritable vessie de la 
queue, ce n’est que l’épiderme décollé ou bou rsouflle, 
comme cela se remarque encore sur plusieurs autres 
endroits de la figure 5c. L’epiderme des individus 
5 r 
morts de plusieurs espèces de nématoïdes, se décolle 


| facilement quand on les laisse trop long-temps dans 
| l’eau. 11 résulte de ces réflexions, qu’il n’est pas im- 


possible que ces petits vers dont nous venons de 
parler fussent de jeunes strongles. Mais on me fera 
la question : où étaient donc leurs parens ? Je re- 


 ponds à cela que je n’en sais rien ; mais Je puis ce- 
pendant m'expliquer là dessus : D'abord, 10. il n’est 
pas du tout nécessaire qu'il existe en même-temps 
| des vers tout à fait développés, où l’on remarque des 


| Petits, car ces derniers peuvent rovenir d'une for- 
D P 


 mation spontanée et récente; 2°. il est aussi possible 


que les parens de ces petits vers fussent déja morts ; 


262 SUR LES VERS INTESTINAUX 


et qu'ils eussent été rendus conjointement avec ces 
concrétions ; 3°. l’on peut aussi supposer que leurs 
parens sejournaient encore, lors de leur évacuation, 
dans les reins de la personne citée par Decerf, par 
la raison que cette dernière, d’après le rapport de ce 
médecin, se trouvait bien un peu soulagée , mais 
qu’elle n’était pas encore tout à fait guérie *. 

Les cas que je vais maintenant citer doivent être 
regardés , ce me semble, comme ceux dans lesquels 
on a réellement observé des strongles plus ou moins. 
grands , et dont les uns séjournèrent dans les reins 5. 
et les autres’ avaient été déjà rendus par Vuretre. 

ı°. On a trouvé une pierre et un ver dans les 
reins du grand-duc Ernest d'Autriche , qui mourut 
en 1595 dans les Pays-Bas, où il fut gouverneur: 
Hugo Grotius rapporte que ce ver était encore vi= 
vant lorsque lon eut ouvert le corps de ce duc, et 
que cet animal avait rongé les parties environnantes» 

2°, Ruysch*, qui a souvent observé des strongles 
chez les chiens, trouva un jour un ver de cette es: 
pèce dans les reins d'un homme. | 


2. Blasius raconte qu’il n’a remarqué qu’une seule, 
fois, dans les reins d’un vieillard, deux vers rouges, | 
de la longueur d’une aune , et il ajoute que l’on ren, 
contre Souvent ces vers chez les chiens. | 


4°. Rhodius a connu un homme, atteint d’une | 


2 Rudolphi (Synops. , p- 250 ) fait mention des petits vers dont | 
il vient d’être question sous le nom de spiroptera hominis. (Br.) 
2 Ouvrage cité , 64°. observat. 


IN 


DE L'HOMME. 263 


fievre maligne , qui avait rendu, en urinant, le cin- 
quième jour de sa maladie , un ver vivant, de forme 
ronde et d’un pied de longueur. Cet homme n’a ja- 
mais éprouvé de difficulté à uriner, ni avant ni après 
la sortie du ver. | 

5°. Albrecht fait mention d’un soldat qui avait 
éprouvé , depuis sept ans, une difficulté d’uriner, et 
qui en fut entièrement débarrassé aprés qu'il eut 
rendu par l’urètre un ver de la longueur de trois 
doigts et de la grosseur d’un tuyau de plume. 

6°. Raisin rapporte qu’un homme de cinquante 
ans était incommode, depuis deux ans, de coliques 
néphrétiques; son urine était sanguinolente et noi- 
rätre. Tous les remèdes que l’on avait employés 
étatent restés infructueux. Un jour cet homme rendit 
en urinant un ver de la longueur de trois pouces ; 
après quoi l’urine reprit sa couleur naturelle, et le 
malade guérit. 

7°. Duchäteau cite une observation semblable, 

8°. Le cas le plus remarquable a été communiqué 
par Monblet : Un enfant de dix ans, du sexe mascu- 
lin , à qui ce médecin avait déjà fait l'opération de la 
taille à l’âge de trois ans, éprouvait des douleurs 
très-fortes à la région lombaire, et ıl s'y développa 
une tumeur. L'enfant était en même temps incom- 
mode d’une rétention partielle d'urine. La tumeur 
fut ouverte, 1l s'en écoula beaucoup de pus, et la 
plaie guérit. Une nouvelle tumeur, accompagnée de 
violentes douleurs, nécessita une seconde ouver- 
ture. Pendant trois ans, celle tumeur souvrait et 


264 SUR LES VERS INTESTINAUX 


se fermait alternativement. A la fin, il parut, dans 
la plaie, un ver de la longueur de cinq pouces, et de 
la grosseur d’un tuyau de plume, qui fut bientôt suivi 
d’un second de même forme : sa longueur était de 
quatre pouces. Peu de temps après la sortie de ces 
deux animaux, la rétention devint complète, et la 
vessie fut très-distendue , accidens que cet enfant n’a- 
vait pas encore éprouvés. Tout à coup un troisième 
ver, semblable aux deux précédens, sortit, et il fut 
bientôt suivi d’un quatrième. Après l'évacuation des 
quatre vers, la santé du malade commença à s’ame- 
liorer. On employa un traitement convenable, et cet 
“enfant guérit complétement. 

Chapotain , Monceau, Holler et Renner font éga- 
lement mention de vers que des hommes avaient 
rendus par l’uretre. Schenk cite des exemples sem- 
blables. 

Le ver qui a été trouvé dans la cavité thorachique 
d’un homme par Hiehne, était aussi très-probable- 
ment un strongle. 

Mes lecteurs devineront facilement la raison pour- 
quoi je ne suis pas entré dans plus de détails, dans 
ce chapitre, sur les causes particulières qui favo- 
risent la formation de ces vers; ıls sentiront éga- 
lement pourquoi je n’ai rien dit sur les symptômes 
à l’aide desquels on peut reconnaître l’existence de 
ces animaux, et pourquoi je n'ai pas fait mention 
des remèdes propres à les expulser. Le fait est que 
nous n'avons pas encore de données certaines sur 
tous ces points. Du reste, les personnes versées 


| 
} 


| 


| 


| 


DE L'HOMME. 265 


dans l’art de guérir ont sans doute remarqué que 
les symptômes qui ont précédé l'évacuation de ces 
vers avaient pu être attribués aussi bien à d’autres 
maladies des reins et de la vessie, qu’à la présence 
de ces animaux; et, quand on n’est pas au fait du 
diagnostic d’une maladie, il est alors bien difficile ou 
plutôt impossible de proposer un plan de traitement 
rationnel. 

Les trois espèces de vers dont nous venons de 
nous entretenir, et qui séjournent hors du canal in- 


 Mestinal de l’homme , appartiennent tous au premier 
| 


ordre des entozoaires, c’est-à-dire à celui des né- 


| matoïdes. Des vers provenant du second ordre, c’est- 
_à-dire des acantocéphales , n’ont pas encore été trou- 
| vés dans l’homme, commenous l'avons déjàremarqué. 


M. d’Olfers ‚ pendant son séjour au Brésil, a ren- 


| contre des échynorhynques chez un singe. 


Jusqu'à présent on n’a encore découvert dans 
l'homme que deux espèces de vers de l’ordre des 
trématodes; et encore les rencontre-t-on très-rare- 
| ment : ce sont la douve du foie et le polystome pin- 


| guicole. 
IX. DOUVE Du FoïE. 


Distoma hepaticum ( en allem. der leberegel) ‚pl. 1x, fig. 1-16. 


| Distoma : obovatum , bi collo subconico , brevissimo , ports 
| orbicularibus , ventrali majore. 

| Gmelin, Syst. nat. » P. 3085 , n°. 2, fasciola humana. 

 Joerdens, Helminth., s. 64, tab. VU, fig. 13 et 14, der leber- 
 blattwurm , fasciola hepatica. 


266 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Brera, Memorie , p. 92, tab. r, fig. 22 et 23, fasciola epalica.. 
Rudolphi, Entoz., vol.1t1, p. 352, Distom. hepatic. 
Cavier, Règne animal, tom. IV, p. 41, douve du foie. 
De Lamarck, Anim. sans vert. , t.111, p. 182, fasciole hépatique. 

Ce ver porte les noms vulgaires suivans : les Allemands Pap- 
pellent das leberdoppelloch, der leberwurm , schafegel, die egelschnecke, 
les Hollandais Zeverworm , botten, les Danois faarefly nder , ikte , 
igler, iiler , souaegler , souigler , les Suédois Zever-mask , les An- 
glais Ihe liver fluke , les Italiens bisciuola , les Espagnols caracolil- 
los, serillas , pujarıllos. 


La douve du foie sejourne dans la vesicule du fiel, 


ou peut-être aussi dans le foie de l’homme. On la | 


rencontre également dans le foie des moutons, des 
bœufs , des cerfs , des gazelles , des chèvres , des cha- 
mois, des cochons, des chevaux; des lièvres, des 
kanguroos, etc. 

DESCRIPTION. 


Les vers de cette espece sont de la longueur d’une 
à quatre lignes , et de la largeur d’une demie , jus- 


qu’à une ligne; ils ont la forme d'une lancette, et ıls 


sont obtus à leurs deux extrémités. L'ouverture anté= 
rieure est ordinairement dirigée obliquement en de- 
dans , le cou esi un peu arrondi , et d’un blanc jau= 
nâtre ; l'ouverture postérieure ou ventrale est un peu 


- 


proéminente ; sa direction n’est pas toujours la même. 


Un peu plus bas l’on remarque quelques taches d'un 
blanc opaque et un paquet de vaisseaux ou de tubes 
d’une couleur jaune ou brune; ce sont probablement 


les oviductes. Les vaisseaux qui se trouvent le long 


DE L'HOMME. 267 


de deux cötes paraissent former les tubes alımen- 
taires. On ne remarque pas les oviductes sur tous les 
individus, comme cela est démontré par les figures 
1a et IC. 

M. Otto croit avoir observé sur ces vers un système 
nerveux, ce que cependant Gædde ne veut pas ad- 
metire. 

La description que nous venons de faire de cette es- 
pèce de vers se rapporte aux douves du foie, quel’on a 
trouvées jusqu’à présent dans la vésicule du fiel de 
l'homme. Les douves que l’on rencontre souvent 
dans le foie des animaux cités ci-dessus, sont ordi- 
nairement beaucoup plus grandes; leur longueur est 
d’un pouce à peu près, et leur largeur de quatre à 
six lignes. Ces animaux sont d’un jaune sale, ou bru- 
nätre, et l’on ne peut que tres-diflicilement disun- 
guer quelque chose de leur structure intérieure ; 
leur peau est aussi plus compacte; cependant l'on 
rencontre souvent chez les animaux des petites dou- 
yes conjointement avec les grandes, et Zeder a 


prouvé d’une manière suflisante, que les douves 


d’une dimension moins considérable ne sont que les 
jeunes ou les petits des autres, et qu’elles ne for- 
ment nullement une espèce particulière ; on est d’au-. 
tant plus en droit de le croire, que l’on a trouvé chez 
les grandes des œufs tout à fait développés :. 

Zeder° a rencontré dans le foie d’un lievre, no- 


* Voyez sur ce sujet, Nau neue entdeckung , etc. , s. 40. 
> Erster Nachtrag, s. 167. 


268 SUR LES VERS INTESTINAUX 


tamment dans un des conduits biliaires, des vers 


de cette espèce, qui étaient de la longueur d’une 


ligne et un quart jusqu’à sept lignes et demie ; ces ani- 


maux étaient placés, dans cet organe, dans un ordre: 


en rapport avec leur grandeur, c’est-à-dire que ceux 
de la longueur d’un quart de ligne, et ceux d’une 
demi ligne se trouvaient réunis. 

Mais comme les petites douves, que l’on a obser- 
vées dans l’homme jusqu’à présent ressemblaient tout 
à fait aux petits, ou aux jeunes douves que l’on voit 
souvent dans le foie des moutons et dans celui d’autres 
animaux, nous sommes alors également portés à croire 


que les douyes que l’on trouve dans l’homme ne 


sont que des petits ou des jeunes individus de vers 
de cette espèce. Il paraît du reste , qu’on ne les ren= 
contre que tres-rarement; car les prétendus vers que 
des médecins assurent avoir remarqués dans le foie de 
l'homme n’appartenaient pas, pour la plupart , à l’es- 
pece dont nous nous occupons à présent. Cependant 
il n’y a pas de doute que Malpighi savait déjà que l’on 
rencontre des douves du foie chez l’homme et chez 
les animaux; mais il n’est pas démontré d’une manière 
suffisante, que les vers dont parle Bauhin ' fussent de 
véritables douves du foie. 

Bidloo *, qui connaissait quel dérangement ces 
vers peuvent occasioner dans le foie des animaux, en 
a réellement observé dans celui de l’homme. 


* Voyez Boneli sepulchret. 
2 Clerici hist. , la'ı lumbr. , p. 119. 


DE L'HOMME. 269 


Wepfer' raconte qu'il a souvent vu le canal he- 
patique rempli de vers, qu’il a appelés sangsues (hi- 
rudines. ) 

Pallas rapporte: qu’il a trouvé des douves en dis- 
sequant à l’amphithéâtre anatomique de Berlin; ces 
animaux étaient comme enclavés dans le canal hépa- 
tique d’une femme. 

Chabert en a fait rendre à une fille de douze ans 
(a laide de son huile empyreumatique) une quan- 
tite innombrable; ces animaux étaient de la longueur 
d’une ligne et demie jusqu’à trois lignes. 

Bucholz a trouvé une grande quantité de ces vers 
dans la vésicule du fiel d’un forcat mort d’une fièvre 
putride. | 

Brera nous assure qu’il en a également observé 
dans le foie d’un homme mort à la suite de séorbut 
compliqué d’hydropisie. Cet auteur remarque que 
| ces vers étaient d’une dimension beaucoup plus con- 
‚ siderable que ceux trouvés par Bucholz. Je ne 
| doute nullement de la vérité de ce fait, mais je ne 
puis pas m'empêcher d’avouer que je ne concois pas 
pourquoi Brera ne les a pas fait dessiner d’après na— 
ture, et pourquoi 1l a préféré copier la figure tout à 
fait inexacte de Jœrdens; car les circonvolutions des 
oviductes représentées sur cette figure sont d’abord 
tout à fait mal dessinées, en outre il y manque les 


? Dans les Ephem. nat. cur. 
® De infest. vivent. , p. 252 et 270. 
? Rudolphi, Bemerk. , auf einer Reise 11, 5. 37. 


270 SUR LES VERS INTESTINAUX 


deux sucoirs caractéristiques du genre, que lon 
découvre à l’aide d’une simple loupe jusque sur les 
plus petits individus. On les voit même sur mes fig. ı 
et 1a, pl. 9, qui représentent animal de grandeur 
naturelle, et je dois faire remarquer que les indi- 
vidus qui ont servi de modèle avaient la même ori- 
gine, ou mieux, provenaient du même endroit que 
ceux de Joerdens. 

Lorsque son altesse royale le grand duc de Wei- 
mar visita notre collection en 1814 , je lui montrai le 
désir d’avoir quelques individus des douves du foie, 
que Bucholz avait recueillies, et qui se trouvent à 
Jena. A peine quinze jours s'étaient écoulés, que j'en 
reçus une grande quantité de la part du professeur 
Lenz. Le cabinet impérial d'histoire naturelle de 

- Vienne envoya en revanche à l’université de Jena 
cent six vases remplis de vers intestinaux de tous les 
ordres, genres et espèces. 

Je fais mention de cette circonstance; uniquement 
afin de prévenir les médecins qui voudront bien nous 
envoyer des objetsrares concernant l’helminthologies 
trouvés par eux dans les cadavres de Phomme, que 
nous serons toujours disposés à leur prouver notre 
reconnaissance. 

Brera parle avec beaucoup d’eloge de la figure de 
Jœrdens et l'appelle eccellente figura ; il désapprouve 


au contraire celle de Bidloo copiée par Leclerc. Les. 


figures de Bidloo, représentant des vers grossis, ont 
en effet un air un peu singulier, mais celles faites de 


D 


«randeur naturelle ne sont pas mal dessinées. Il me | 


| 


| 
Il 


|} 


N 


| 


DE L'HOMME. a7i 
paraît du reste, que Brera a regardé les vers recueil- 
lis par lui-même d'une manière bien superficielle, 
car sans cela il aurait dü remarquer que les sucoirs 
manquaient à la figure de Jaerdens. 

Les exemples mentionnés ci-dessus de douves du 
foie trouvées chez l’homme, sont les seuls qui soient 
venus à ma connaissance ; cela prouve qu’on les ren- 
contre bien rarement. Cependant il est possible 
que l’on ne reconnaisse pas toujours leur existence, 
ainsi que les désorganisations qu’elles produisent dans 
quelques cas dans le foie. Je n’ai jamais eu occasion 
d'observer cette espèce de vers chez les hommes ; 
mais chez les animaux j'en ai rencontré bien souvent. 
Les douves siégent ordinairement, chez ces derniers, 
dans les conduits biliaires. Ces conduits s’élargissent 
quelquefois d’une manière extraordinaire, leur paroi 
interne est enduite d’une mucosité épaisse, d’un 
brun noirâtre , et leurs membranes s’epaississent for- 
tement. Cette mucosité se durcit avec le temps et se 
change en une véritable substance osseuse. Quand on 
voit des inégalités sur la surface d’un foie, on peut 

‘presque assurer d'avance quelle espèce de désorga- 
nisations il a subies, et quand on entend une crépita- 
tion en pressant l’organe, crépilation qui provient du 
brisement des lames osseuses , on est alors sûr que 
ce foie contient, ou bien qu’il a contenu des douves 
hépatiques. L’incrustation est quelquefois tellement 
forte, que l’on peut obtenir, par la dissection, de 
véritables tubes osseux. 

Le docteur Freese de Meklembourg a rencontré, 


272 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dans un foie de bœuf, une pareille desorganisation 
des conduits biliaires, qui avait presque la forme 
d’une main d'homme. 

Quand ces conduits se trouvent désorganisés à ce 
point , alors les douves meurent peu à peu. 11 peut 
bien se faire que l’on remarque dans un foie de sem- 
blables altérations, qui provenaient originairement 
de ces animaux, sans cependant, dans bien des cas, 
y trouver de ces derniers. 

Je n’ai aucune notion certaine provenant de ma 
propre experience, ou de celle des autres sur l’ori- 
gine et sur le diagnostic de cette espèce de vers dans 
l'homme; Brera a indiqué une asthénie générale 
comme la cause predisposante à leur formation : mais 
qu’entend-il par là ? il me semble que cette explication 
est peu satisfaisante. 

Si l’on était cependant convaincu de leur presence, 
je „ne saurais proposer rien de plus efficace que 
l'huile empyreumatique de Chabert, et l'inventeur 
de ce remède a réellement eu occasion de se con- 
vaincre de son efficacité dans des cas semblables. Je 
suis également persuadé que ce remède doit être d’une 
grande utilité pour les moutons, qui sont bien sou- 
vent incommodés par des douves qui les font quel- 
quefois périr par milliers. 


X. POI YSTOME PINGUICOLE. 


Polystoma pinguicola ( en allem. das vielloch) , pl. 1X, fig. 2. 


PoLysToMA : Depressum oblongum , antice truncatum ; postice acu= 
minatum : poris sex anticis lunatim positis . 


ne ie 


| que ses bords étaient repliés. On voit 


| cette raison, de toute autre description. 


copiés fidèlement d'après ceux de Treutler 


DE L'HOMME. 273 
Treutler, Auctuar., p. 19-20, tab. 111, fig. 5-11, 
pinguicola. 
Joerdens, Helminth., p.66, tab. ı, fig. 3-5 , der fettblatiwurm. 
Zeder, Naturgeschichte, p. 230 , n°. 2, polystom. pinguicola. 
Rudolphi > Entoz. IT, part. 1, p. 458, poly st. pinguicola. 
Brera , Memorie, P- 100, tab. 1, fig. 28, tab. ır, fig. ı 


tiridio pinguicola. 


hexaihyridum 


-2, exa= 


De Lamarck , Anim. sans vert. ‚tome II; ,p. 174, da linguatule 
des ovaires. 


En disséquant le cadavre d’une jeune paysanne de 
vingt ans , qui avait succombé à la suite d’un accou- 
chement ır&s-laborieux, Treutler a trouve, dans la 
graisse qui entouraitl’ovaire gauche (à Pendroit où le 
ligament large de la matricecom mence), un engerge- 
ment dur, a peu pres de la grosseur d’une forte 
noisette et de couleur rouge. Cet engorgement était 
fixé légèrement dans le tissu ecllulaire, de manière 
que l’on pouvait le faire glisser dans tous les sens. Ce 
corps étranger n’était qu’un paquet de graisse en- 
durcie, creux à l’intérieur, et contenant un ver libre 
semblable à celui qui est représenté tab. 9, fig. 2 
La figure 2a fait voir le ver isolé > et notamment par 
le côté où l’on ne peut remarquer les sucoirs 


> parce 
> au contraire 
trés-clairement, ces organes, fig. ab. Ces dessins , 
> pour- 
ront suflire, ce me semble > pour donner à mes lec- 


teurs une idee claire de ce ver. Je m’abstiens > pour 


Il est trés-probable que les vers vésiculair 


18 


es ou 


374 _ SUR LES VERS INTESTINAUX 


hydatides existent depuis aussı long-temps que les 
diverses maladies auxquelles le genre humain est as- 
sujéti. Les plus anciens médecins en font en effet 
déjà mention ; mais ils ignoraient alors, presque tout 
à fait, que ces vers, OU, si l’on veut mieux, ces ves- 
sies remplies d'eau, fussent d’une nature animale, 
ou bien qu’elles fussent douées d’une vie indivi- 
duelle. 

- Aretée' observe seulement que l’ona souvent trouvé 
de ces vessies dans la cavité abdominale de l’homme , 
et qu’elles obstruent, dans quelques cas, louver- 
ture que l’on pratique quand on fait la paracentèse ; 
mais cet auteur ne s’explique pas sur leur origine, ni 
sur la cause de leur formation. 

PA près cet auteur, les médecins émirent différentes 
opinions sur ce sujet : Pison croyait que ces vessies 
se forment , dans un endroit quelconque, par le mé- 
lange du serum avec de la mucosité, ou plutôt par 
le mélange d’une matiére purulente. 

Ruysch paraît avoir eu sur la nature des hydatides 
diverses opinions à différentes époques: tantôt en effet 
il les a regardées comme des glandes*, tantôt comme 
les extrémités de vaisseaux sanguins , qui auraient 
changé de nature’, et tantôt il croyait qu’elles se for- 
maient par le tissu cellulaire qui se trouve entre les 
vaisseaux , et dans lequel ıl s’amasse de Yeau dans un 


: Ouvrage cité, p. 51. 
2 Obs. anat. XXX!M. 
3 Advers. anat., decad. :, p- 8. 


DE L'HOMME. 275 


état contre nature. Cette eau, selon son idée, com- 
prime les vaisseaux environnans, de manière à faire 
disparaître leur capacité , et à les oblitérer entière - 
ment '. 

Grashuis était aussi de l’opinion que les hydatides 
se forment dans le tissu cellulaire, et principalement 
dans la tunique adipeuse. 

Aucun de ces auteurs n’est entièrement dans l’er- 
reur dans sa maniere d'envisager ce sujet, notamment 
quand il ne parle qu’en général, de ces changemens 
morbifiques qui s’operent dans le corps humain , et 
auxquels on donne ordinairement le nom d’hyda- 
tides; en effet, ce sont tamtôt des vaisseaux san- 
guins et Iymphatiques varıqueux, tantôt des disten- 
sions du tissu cellulaire, et tantôt une toute autre 
désorganisation , qui produisent cette forme. vési- 
culaire. 

Le docteur Rust m’envoya, il y à quelque temps, 
un testicule avec le cordon spermatique, qui étaient 
gonflés d’une manière extraordinaire, et qui étaient 
remplis de semblables distensions vésiculaires. 

Le docteur Schiffner a trouvé, dans lecadavre d’une 
femme , les deux reins gonflés d’une manière contre 
nature ; 1] n’y avait plus de trace de la véritable sub- 
stance des reins : l'un et l’autre ne formaient qu'un 
aggrégat de cellules ou de capsules, qui contenaient 
une matière gélatineuse de différentes couleurs. 


* Thes. anat. sext., N. x1, not. 1. Ibid. , N. cıv, not. — 44. 
anal. , dec. IL, p. 24. 


18 


276 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Le chirurgien Rollet, à Paade , a observé une 
semblable difformité dans les reins d'une femme 
que l'on avait trouvée morte dans Ja rue. Excepie 
la desorganisation des reins, il n’y ‘avait aucune 
autre anomalie sur le reste du corps ; il n’y avait 
non plus aucune trace de lésion à l'extérieur. 

Cependant ni les distensions vésiculaires dans le 
testicule et le cordon spermatique , nı celles des 
reins , dont nous venons de parler, n'étaient de vé- 
ritables hydatides ; car elles étaient fortement adhé- 
rentes à l'organe, ce qui n'a pas lieu pour les vers 
vésiculaires. On en a réellement trouvé dans le plexus 
choroïde dn cervean; mais, d'un autre côté , 1l faut 
remarquer que l’on a aussi très-souvent pris des vais- 
seaux lymphatiques variqueux pour des hydaudes , 
ce que Baillie a déjà justement remarqué. 

Notre collection possède deux semblables plexus 
variqueux. 

J'ai trouvé ‚il y a quelque temps, un véritable cys- 
ticerque dans le plexus choroïde d'un singe ( simia 
cephus). | 

Le nom d’hydatide devrait seulement être donné, 
dans mon opinion, à une vessie (n'importe dans 
quelle partie du corps animal elle se trouve) qui 
est remplie d’un liquide aussi limpide que l'eau, 
ou bien d'une matière plus épaisse, complétement 
enfermée dans une capsule ; mais où elle se trouve 
librement, C'est-à-dire sans avoir aucune adhérence 
avec les parois internes de la capsule. Cette dernière 
forme une partie intégrante de l'organe dans lequel 


DE L'HOMME. >= 


7 
elle est placée, de la même manière que le cristallin 
Vest daus sa capsule. 

La nature animale de ces hydatides enfermées dans 
des capsules particulières , comme nous venons deles 
décrire , a été découverte, vers la fin du dix-septieme 
siècle, par Hartmann , Malpighi et Tyson’. L’on peut 
ires-bien accorder à tous les trois l'honneur de cette 
découverte ; car il est très-probable qu'aucun de ces 
trois auteurs n’avait eu connaissance de la découverte 
des deux autres. Les mouvemens de ces vessies, ob- 
servés par ces trois naturalistes, les avaient conduits à 
penser que c’etaient des vers ou de véritables animaux 
doués d'une vie individuelle. Cependant ils n'avaient 
pas découvert leur extrémité céphalique. 

Ce sont Pallas et Goeze qui ont les premiers dé- 
montré d’une manière évidente l'existence de la tête 
de ces animaux. Nous devons également à ces deux 
auteurs une description claire, non-senlement des 
cysucerques, ou des hydatides ordinaires , mais en- 
core des polycéphales (cenurus, Rud., polycephalus, 
Zed.) et des échinocoques. 

Les hydatides sont ordinairer- «nt remplies d’une 
liqueur limpide, mais elles contiennent aussi, daus 
quelques cas, une matière plus épaisse , et se trans- 
forment même quelquefois en une substance com- 
pacte; quand cela a lieu, on doit alors regarder l’hyda- 
tıde transforméecomme étant dans un état morbifique. 
J’ai eu souvent occasion d’observer dans les visceies, 


* Lumbric. hydropic. 


4 


278 SUR LES VERS INTESTINAUX 
principalement dans le foie des animaux bisulques, 
les désorganisations graduelles des hydatides , des 
cysticerques et des échinocoques. Ces désorganisa- 
tions s’operent de la manière suivante. 

D'abord le liquide limpide commence par per- 
dre sa transparence, et la vessie, auparavant très 
distendue, s’affaisse; le liquide s’épaissit de plus en 
plus, il devient jaunätre et ressemble à du fromage 
mou. La vessie se ride, enfin la substance ancienne- 
ment liquide se durcit complétement. Quand on ob- 
serve une semblable dégénération dans son origine ; 
l'on trouve encore quelques traces ou parcelles de la 
vessie ridée. A la fin elle disparaît, et l’hydatide se 
transforme entièrement en une masse calcaire, que 


l’on peut quelquefois détacher, aussi facilement que: 


l'hydatide saine, de l’organe danslequelelle se trouve. 
Cette masse calcaire est aussi recouverte d’un épi- 
derme particulier. 

J'ai souvent rencontré dans le foie des bœufs à côté 
des hydatides complétement développées et saines ,. 
tous ces degrés de désorganisation. L’hydatide same, 
remplie d’un liquide limpide, forme à la surface de 
l'organe dans lequel elle séjourne , une protuberance 
convexe et élastique; mais si au contraire cet animal 
s'est déjà changé en une masse ossiforme, l’on trouve 
alors une dépression entourée de rides. | 

Ruysch avait déjà connu toutes les désorganisa- 
tions dont cette espèce de vers est susceptible, et 
cet auteur ne doutait pas que ces animaux ne pus- 


DE L'HOMME. 279 

sentse changer en athérome, stéatome , et meliceris'. 

- J'ai toujours pensé, avant de connaître l’opiuion de 

Ruysch, que les athéromes n'étaient que des hyda- 
tides désorganisées *. 

Dehaen*? a trouvé dans une glande thyroïde d’un 


volume énorme, à côté d’hydatides véritables, diffé- 


rentes espèces d’engorgemens. Je présume que ces 
derniers n'étaient que des hydatides dégénérées , 
comme j'ai eu souventoccasion dele voir, je le répète, 
chez les animaux. Les obstructions au foie observées 
par Mekel devaient aussi sans doute leur origine à des 
vers de cette espèce. 

Les dissertations de M. Laënnec et de Ludersen 
sur ces animaux méritent d’être lues. M. Duméril a 
eu la bonté de me prêter la dissertation du premier, 
lors de mon séjour à Paris; j'en ai extrait plusieurs 


notes; les ayant perdues en grande partie, je ne 


* Dilucidat. valv. in vas. Iymph., Obs. XXY, p. 29. 

2 Dans le Journal de médecine de M. Horn ( Archiv für med. Er- 
Jahrung , julius und august 1821 ), il est fait mention d'une obser- 
vation très-remarquable d’une Ossification de l'ovaire ; c'était le 
docteur Belniz ; à Lignitz, en Silésie, qui l'avait communiquée, La 
personne dans laquelle on avait trouvé cette désorganisation avait 
reçu de fortes contusions sur le bas-ventre à l’âge de douze ans, 
néanmoins elle a vécu jusqu'à l’âge de soixante-quatre ans. Les 
prétendues dents que l’on a trouvées dans cet ovaire ossifié me pa- 
raissent être des hydatides dégénérées. Voyez également The ame- 
rican. medical recorder , vol. 11, p. 491-498 ; le même Journal, 
p- 371. Le ver dont il y est question n'était sans doute qu'une 
larve de mouche. ( Br.) 

3 Ratio medendi , VI, p. 131. 


280 SUR LES VERS INFESTINAUX 

pourrais en aucune manière m’en servir avec cer- 

utude. 

La dissertation de Ludersen m’a été communiquée 

par Osiander. 
Jusqu'à présent l’on n’a trouvé dans l'homme que 

deux espèces de vers vésiculaires, savoir les cysticer- 

ques (cysticercus), etles échinocoques (echinococcus).. 


XI. CYSTICERQUE DU TISSU CELLULATRE. 


Cysticercus cellulosæ, R. (en allem. die finne oder der blasenschwanz),, 
pl. VEIL. 


CYSTICERCUS : capite tetragono ; rostello terete uncinato , collo brevis- 
simo,; corpore cylindr:co longiore, vesica caudalı elliptica, transversa. 

Gmelin, Syst. nat. p. 3059, n°. 6., tenia cellulosæ ; p.. 3063 , n°. 
27, tanıa finna. 

Jœrdens, Helminih., s. 57, t. V, fig. 12-16, tzenia muscularis , 
seu finna humana ; der muskelblasenwurm, s. 39 , t. V, fig. 17-21. 
tænia pyriformis ; der birnfærmige blasenwurm , 5. Gr, tab. v, fig. 
1-2 , tœnia albopunctata ; der weisspunctirte blasenwurm. 

Brera , Vorlesung., s. 14, tab. 4, fig. 89, tab. ırı, Blasenwurm. 
Memorie du même, p. 130, tab. it, fig. 5, fischiosoma glo-— 
boso *; p. 138 , fischiosoma pyriforme ; p. 1 53 „tab. 11, fig. 11-13, 
tab. 10, fig. 6-10 , fina muscolare. 

Zeder , Anleitung , p. 4.07 , n°. 2, cystic. finna; p. 414, n°. 6 , cys- 
tic. pyriformis ; p. 42, n°. 21, cystic. albopunctatus. 

Rudolphi, Entozoolog. p. 226 , cystic. cellulosæ 

De Lamarck, Anim. sans vert., t. 111, p. 154 , hydatide lanceole. 


Ces vers séjournent dans le tissu cellulaire des 


muscles et du cerveau ; on les observe souvent dans 


ı Ce dessin n’est qu'une copie de la vingt-septième figure de 


Hartmann. 


EUR EEE SE ES SEEN ER EN FEN N BIER BZ SSR sus 


DE L'HOMME. 281 
les cochons, mais non pas dans les sangliers. On les 
trouve rarement chez l'homme; on les a également 
rencontrés dans les singes. 

J’ai déjà remarqué que j'ai trouvé moi-même un 
cysticerque chez un animal de ce genre. 
Comme j’ai fait dessiner un de ces vers avec la plus 


grande exactitude, non-seulement dans sa position et 


sa grosseur naturelles , mais encore sur une échelle 
beaucoup plus considérable que nature; il m’a sem- 
blé qu’une explication détaillée des figures serait plus 
instructive que toute autre description qui en serait 
privée. La figure 14 représente un morceau de mus- 
cle dans lequel la capsule contenant le eysticerque 
est fixée. La figure 16 représente un petit morceau 
de graisse sur lequel le ver est placé ‚et la figure ıc 
fait voir le ver avec sa capsule. Cette dernière n’a pas 
appartenu , d'aprés mon opinion, ‚au ver, mais bien 
à l'organe dans lequel il avait séjourné; car on ob- 


| serve des vaisseaux qui passent à la surface de cette 


capsule. En général, on ne peut en effet séparer cette 


dernière qu’apres avoir coupé ou déchiré les fibres 
qu ap 


| par lesquelles elle est fixée à l'organe ou aux muscles 


qui l’entourent. | 

La formation de la capsule s’opere probablement 
par lirritation que la presence du ver cause à l’en- 
droit de l’organe dans lequel il se developpe. Cette 
formation de la capsule par l'irritation du ver (sup- 


posé qu’elle se développe ainsi) ressemble à celle de 


la noix de galle. 
En ouvrant la capsule, le ver, qui y est placé li- 


282 SUR LES VERS INTESTINAUX 


brement, se présente, comme cela se voit dans les 
figures 1det 1e. L'intérieur de la capsule est lisse et 
contient un peu de liquide. Aussitôt que le ver se 
présente hors d’elle, il rétracte ordinairement la 
tête , le cou et même le corps dans la vessie. L'on re- 
connaît le siége de ces parties par une tache qui est 
blanche comme du lait , opaque et un peu dure au tou 
cher. En pressant la vessie avec les doigts ou au moyen 
de l'instrument de Goeze, dont je ne me suis jamais 
servi, l'on peut forcer le corps , le cou et la tete à 
sortir de la vessie ; mais, en employant ces moyens; 
on déchire toujours la vessie du cysticerque ; car ce- 
lui-ci, en se retractant, prend une forme plus ou 
moins ovalaire , et les différentes parties de son corps 
occupent alors le diametre transversal de la vessie 
(Voyez figure 1f). Pour éviter cet inconvénient, On 
fera mieux de mettre les vers extraits de leur cap- 
sule dans de l’eau tiède, et en tâchant d’entretenir ce 
liquide , pendant quelque temps , à la même tempe- 
rature , il arrive alors que l’un ou l’autre de ces cys- 
ticerques fait sortir spontanément la tete et le cou; 
comme cela se voit sur la figure 1g. Lie ver représenté 
sur la figure ı f avait déjà le cou allongé; mais aussi- 
tôt que l’eau commengca à se refroidir , ıl se rétracta: 
Les personnes qui ont la vue bonne remarquent; 
même à l'œil nu (sur un individu complétement de- 


veloppé, et tel qu’il a été représenté fig. 18)» la têtes 


le cou très-court, le corps ride et la partie impropre= | 


ment appelée vessie transparente. Je dis impropre- 


mentappelée , par la raison que ce n'est en effet qu'une | 


DE L'HOMME. 283 


| continuation distendue du corps ride, ayant la forme 
| d’une vessie. Cela peut surtout clairement s’aperce- 
voir dans le cysticercus fasciolaris* provenant du foie 
des souris, et qui a probablement donné lieu à la de- 
nomination de tout ce genre de vers. Ce ver vésicu- 
 laire, souvent de la longueur de quatre à cinq pouces, 
et de la largeur d’une à deux lignes , est presque ride 
d’un bout à l’autre , et pourvu d’une trés-petite vessie 
à l'extrémité postérieure. Quelquefois cet animal est 
| tellement aplati, et les rides sont souvent rapprochées 
‚les unes des autres si régulièrement, que l’on serait 
porté de regarder ce ver comme étant réellement ar- 
ticulé , si l’on ne voyait pas quelquefois, même au 
milieu de cesarticulationsapparentes, desendroits qui 
| sont tout à fait boursoufflés, et qui servent en même 
temps à prouver que la vessie et le corps sont formés 
| de la même membrane. Cette circonstance est cause 
que Brera a entièrement rejeté la dénomination de 
‚eysticerque. Je l’ai conservée 1°. parce que les meil- 
leurs helminthologues lont adoptée ; 2°. parce que 
‚on doit avoir différentes dénominations pour indi- 
‚quer divers genres; 3°. parce que la dénomination de 
‚fischiosoma proposée par Brera s’adapte aussi bien que 
celle d’hydatis à toutes les hydatides; et 4°. parce 
qu’elle désigne l’ordre et non pas le genre. Le tablearı 
‚stivant prouve que Brera s’est servi de la denomina- 
tion fischiosoma , aussi bien comme nom d’ordre que 
comme nom de genre?. 


* Himly l’a appelé faussement douve du foie. 
* Memorie , p. 8. 


284 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Ord. IT, Fischiosomi ( vermi vesicolari ). 
Gen. I, Eremitr. 


Spec. I, fischiosoma globoso. 
Spec. II, fischiosoma piriforme. 
Spec. Ill, ditrachierosoma. 


Gen. Il, socali. 
Spec. , fischiosoma policefalo. 
Gen. I, capsoları. 


Spec. I, fina muscolare. 
Spec. Il, fina epatica. 

Spec. LE, fra viscerale. 
Spec. IV , fina idaloide. 


U 


Il résulte de ce tableau qu'il y a, selon Brera, huit | 


différentes espèces d’hydatides dans le corps humain: 
Cependant, dans la grande quantité d'animaux de 
différentes classes, ordres et espèces examinés par 


moi, je n'ai peut-être pas trouvé en tout autant d'esz 
pèces d’hydatides, différentes les unes des autres par 
des signes caractéristiques paruculiers ; aussi je prends ! 


la liberté de douter de l’énumération de Brera. 


L'on peut clairement voir, sur la figure 1h, les dif: ! 
férentes parties de l'extrémité céphalique tres-groS- | 


sies. Au-dessus de quatre sucoirs, sort une protubé- 


rance tantôt plus courte, tantôt plus longue ou plus 


ou moins conique , selon qu’elle est plus ou moins 
étendue. Cette protubérance est pourvue, dans son 


milieu, d’une double couronne de crochets. L’on 


DE L'HOMME. 285 


voit un de ces derniers considérablement grossi dans 
la figure 17; le cou et le corps, de même considéra- 
blement grossis, sont représentés sur la figure 1. 
La figure 13, qui fait voir la vessie caudale dans 
sa grosseur naturelle, est dessinée de maniere à 
donner une idée très-claire de cette partie du ver, et 
il m'a semblé inutile de la faire représenter sur une 
plus grande échelle que nature. 

A l'exception de Treutler et Brera, aucun des au- 
teurs qui ont donné une description de ce ver, n’a 
fait dessiner en entier, autant du moins que je me le 
rappelle , la vessie de la queue ; et ce que Zeder dit, 
8 366, corfternant les hydatides, est tellement obscur 


et inintelligible, que celui qui n’a pas étudié lui- 


. même l’économie de ces animaux pourrait être porté 


à croire que le ver est attaché à la capsule par la vessie 


de sa queue ; cependant cela n’a pas lieu, et le ver, Y 


compris sa vessie, se trouve au contraire libre 


dans la capsule. Les passages suivans, que l’on trouve 
dans l’ouvrage de Zeder, comme, par exemple, 
| «les vers s’enfoncent dans la vessie», ou bien «les vers 


sortent de la vessie de la queue », n’ont nullement 
un sens clair, parce qu'ils peuvent donner lieu à faire 
croire, à un homme peu instruit sur cette matière, 
que le ver et la vessie sont deux choses différentes. 


| Quaud on veut parler des mouvemens de cet animal N 
‚Al faut s'exprimer ainsi : La tête et la partie anté- 


rieure du ver se rétractent dans la vessie caudale ; 
car la vessie elle-même appartient au corps de l’ani- 


mal, et en effet on voit seulement qu'une partie du 


286 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ver s'enfonce ou se rétracte dans l’autre. Cette con- 
traction s'opère de la manièresuivante:le pointle plus 
saillant de la protubérance, qui se trouve au milieu 
de la couronne de crochets, s’affaisse en premier lieu; 


la couronne de crochets suit après; les sucoirs ren= 


trent plus tard, et à la fin toute la partie ridée du corps; 
de maniere que lorsque celui-ci est entièrement con- 


tracté, la tête est la partie qui se trouve la plus pros | 


fondément située dans la vessie caudale. Quand 
la tête veut sortir, les parties mentionnées se prés 
sentent dans un ordre inverse. Les plis du corps 
paraissent d’abord ; viennent après les sucoirs, la cou: 
ronne de crochets, et à la fin la protubérance co= 
nique , qui, quand elle n'est pas entierement sortes 
a souvent l'air de former une fossette. La figure 1f 


donne une idée assez claire de la contraction et de | 


l'extension du ver. Du reste, le mécanisme de la cons ! 


traction du ver ne peut être mieux comparé qui laı 
rétroversion d’un doigt de gant, où la partie pointue | 


se trouve rentrée la première; et, en la repoussant, 
elle sort la dernière. 

Les cysticerques, observés chez les cochons de- 
puis long-temps , ont été découverts dans l’homme; 
pour la premiére fois, par Werner :. Il les a ren- 
contrés dans le cadavre d’un soldat de quarante ans; 
qui avait péri dans l’eau. Cet auteur rapporte que 
presque tous les muscles de cet homme contenaient 


de ces vers. 


2 Verm. intest., cont. IL, p. 7. 


DE L'HOMME. 387 


Fischer * , aprés Werner, en a trouvé vingttrois 
dans les deux plexus choroïdes du cerveau d’un jeune 
homme. Ces vers étaient fortement attachés à ces 
plexus, et Fischer prétend qu'il n’a pas observé sur 
eux de vessie extérieure. M. Rudolphi a répondu à 
cela que le ussu cellulzire est extrêmement fin à 
l'endroit où ces animaux se trouvaient , et c’est pro- 
bablement la raison pour laquelle Fischer n’a pas 
remarqué la vessie extérieure. 

Quant à moi, je suis de l'opinion que les vers, 
ayant été mis dans l’eau tiède, se seront gonflés au 
point de faire crever la vessie, probablement très- 
fine, et qu’elle se sera rétractée ensuite de manière à 
ne pouvoir plus être apercue. 

Cependant il est de fait qu'il y a quelquefois des 
cysticerques qui se trouvent placés librement dans 
de grandes cavités du corps animal, comme j'ai eu 
occasion de l’observer dans la cavité thorachique des 
campagnols. 

Dans le cadavre d’une femme morte par suite 
d'une hydropisie , Treutler” a remarqué dix-sept 
eysticerques dans les plexus choroïdes , quinze d’un 
côté et deux de l’autre, Cet auteur les appela tænia 
albopunctata, et ıl croit qu'ils différaient, par leur 
structure, de ceux rencontrés par Werner et Fis- 
cher. Cependant M. Rudolphi pense, et même avec 
raison, que c’étaient des vers de la même espèce ; 


* Ten. hydatig. , p. 28. 
? Ouvrage cité, p. 1. 


288 SUR LES VERS INTESTINAUX 


du reste, il n’est pas probable que ceux trouvés par 
Treutler n'eussent qu’un seul sucoir et qu’une cou- 
ronne simple composée de six crochets. I] paraît plu- 
töt que leur tête n’était pas entièrement développée : 
cette seule observation, par conséquent , ne nous 
mettrait pas en droit d’admettre qu’il ya dans le cer- 
veau une seconde espèce de cysticeraues d’une struc- 
ture différente. | 

Brera a également trouvé des individus de cette 
espèce dans le plexus choroide, et Steinbuch en a 
rencontré vingt-cinq dans les muscles du cou et du dos. 

Loschge a encore observé quelques individus dans 
le plexus choroïde du même cadavre que Steinbuch 
avait déjà examiné. 

Isenflamm a remarqué un individu de cette espece 
sous l’aisselle d’un autre cadavre.” 


Himly a rencontré des cysticerques non-seulement 


dans les muscles, mais encore dans plusieurs viscères 
d'un cadavre humain ; 1l y en avait en effet à la sur- 
face du cerveau , quelques-uns étaient suspendus à la 
pie-mère , et enfin d’autres étaient enfermés dans le 
cerveau lui-même; un seul individu fut remarqué 
dans les poumons: le foie, la rate etles autres viscères 
n’en contenaient point. Le même Himly a encore 
trouvé des cysticerques sur quelques muscles d’un 
autre cadavre. 

M. Kudolphi m'a fait savoir , par une lettre qu'il 
m'a adressée , que jusqu'ici, chaque hiver, il a ob- 
servé quelques vers de cette espèce a l’amphitheätre 


de Berlin. 


DE L'HOMME. 289 

J’ai fait mes cfforts depuis dix ans, mais en vain, 
pour m'en procurer dans le grand hôpital de Vienne 
et dans l’amphitheätre anatomique de la même ville, 
Notre collection doit plusieurs individus à la bonté 
de M. Rudolphi. 

Les observations qui ont été faites jusqu’à présent 
sur les cysticerques ne nous ont pas encore fourni de 
certitude sur les symptômes d’après lesquels on peut 
présumer leur présence, et elles ne nous ont pas fait 
connaitre non plus les accidens qu'ils peuvent oc- 
casioner pendant la vie. J'indiquerai ici brièvement 
LAURE renseignemens que l’on a recueillis sur cette 
espèce de vers. 

Werner raconte que le sujet dans lequel il en a 
trouvé était un homme fort et robuste. 

Fischer * rapporte qu’un de ses amis, mort par 
suite d’une fièvre maligne, était tres-porte à la mé- 
lancolie; quelques années avant de mourir, il se 
plaignait souvent d’une fatigue et d’une pesanteur 
dans les membres; et quoique Fischer ne veuille pas 
décider que ces accidens aient été réellement occa- 
sioués par la présence des cysticerques, il remarque 
cependant qu'il les a justement trouvés dans les par- 
lies qui avaient fait le plus souffrir cet homme pen- 
dant sa vie, 

Treutler a examiné le cadavre d’une femme qui 
avait succombé par suite d’une hydropisie, et qui 
avait éprouvé , pendant long-temps, beaucoup d’ac- 
cidens très-graves. On était d’ayis qu'ils provenaient 


WConst. It, p. 47. 


19 


290 SUR LES VERS INTESTINAUX 


d’une affection de la tête. Outre les cysticerques que 
l’on a trouvés dans les plexus choroïdes, on a remar- 
qué dans le cerveau une désorganisation d’une élen- 
due considérable ; il y avait en même temps des ex- 
croissances osseuses d’un volume énorme à la base 
du crâne. 

Brera a observé des cysticerques dans le cadavre 
d’un homme de cinquante-cinq ans, mort par suite 
d’aploplexie; les ventricules du cerveau étaientrem- 
plis d’une sérosité sanguinolente. 

Treutler en a rencontré dans le cadavre d’un homme 
de soixante-cinq ans, qui était mort de consompuon. 

Les cysticerques décrits par Himly provenaientdes 
muscles, du cerveau ‚et des poumons d'un homme qui 
avait succombé à la suite d’un cancer au visage; ce- 
pendant cet auteur a examiné d’autres cadavres de 
personnes mortes de la même maladie, mais elles . 
n'avaient pas de traces d’hydatides. Gelles que Himly 
a vues dans une seconde observation provenaient 
d’une personne qui n'avait pas non plus succombé 
par suite d'un cancer, mais bien par celle d’une toute 
autre maladie ; et les accidens qu’elle avait éprouvés 
avant de mourir ne pouvaient pas être attribués , avec 
certitude , à la présence des hydatides. De 

Le singe dont j'ai parlé plus haut, et dans leque 
j'ai rencontré quelques vers de cette espèce, avait 
souvent des accès convulsifs , et mourut un jour su- 
bitement. 

Comme on sait si peu de choses sous le rapport de 
l'étiologie, de la pathologie et du diagnostic sur les 


DE L'HOMME. 291 


cysticerques, on peut encore moins dire quelque 
chose de positif sous le rapport thérapeutique. 

Les eysticerques, dans Je premier cas observé par 
Hinily, se sont fait remarquer , à l'extérieur, sur la 
poitrine et le bas-ventre, par des espèces de Bou he 
de la grosseur d’une lentille. 

Si un homme se présentait chez moi avec de sem- 
blables boutons, je tächerais d’abord de m’assurer , 
par une incision, si J'ai réellement à combattre de 
véritables eysticerques. Convaincu de leur ee, 
je m’ordonnerais cependant rien autre chose qu'un 
changement de régime : ; car j’ai raison de croire que 
ces vers se détruisent souvent d'eux-mêmes. La dé- 
génération d’hydatides dont j'ai parlé plus haut, me 
le fait également presumer; car on peut très-bien 
conclure de l’étendue des rides du foie qui entourent 
les cysticerques transformés en une masse calcaire ; 
que le volume de ces animaux a dû égaler au moins 
celui d’une noix, à l’époque de leur distension la plus 
considérable. Cette dégénération du ver, qui est sou- 


* Je crois que ce serait ici le cas d'employer les vermifuges à l’ex- 
térieur sous forme de frictions. En effet, l'expérience ayant prouvé 
que ces médicamens administrés de cette manière agissent sur les 
vers qui séjournent dans le canal intestinal, à plus forte raison 
doivent-ils se montrer encore plus efficaces sur ceux qui se trouvent 
sous les tégumens. Il me paraît que les huiles empyreumatiques , 
par exemple, employées en frictions, devraient être d’une grande 
utilité ; il serait seulement à craindre que leur mauvaise odeur 
ñ'empêchât beaucoup de personnes d’en faire usage. ( Note du tra- 
ducteur. 


» 19. 


202 SUR LES VERS INTESTINAUX 

vent telle qu'il se trouve réduit, probablement au 
moyen de la résorplion ,àn’avoir plus que la grosseur 
d'un pois, nous meten droit de croire que tout le reste 
de cette masse calcaire peut étreentiérement résorbé. 

Le fait suivant vient encore à l'appui de ma sup- 
position, que les eysticerques disparaissent quelque- 
fois d'eux-mêmes. 

Pour obtenir ces animaux en grande quantité , 
dans le but d'étudier leur Ecopnomie aussi exacte- 
ment que possible, on avait donné ordre aux experts 
pour la vente des animaux, il y a à peu près quinze 
ans, d'acheter , pour le compte du cabinet impérial 
d'histoire naturelle, un cochon qui se trouverait 
rempli de cyslicerques; en effet on nous envoya un 
individu qui avait été censé en contenir une grande 
quantité. Avant de faire tuer cet animal, nous le nour- 
rimes pendant quelque temps (probablement avec 
des substances autres que celles qu’il avait mangées 
auparavant) dans l'intention de faire augmenter le 
nombre de ces vers; mais nous fümes trompés dans 
notre attente, car au lieu d’en rencontrer un nombre 
considérable, nous ne trouvâmes que douze ou quinze 
individus. 

El reste à savoir si les experts ne s’étaient pas trom- 
pés, et si cet animal en avait réellement un grand 
nombre ; ou bien si les cysticerques n’avaient pas dis- 
paru spontanément, peut-être par le changement de 
nourrilure. 

Outre le cysticerque dont nous venons de parler , 
Gmelin (Syst. nat., p. 5059, n°. 5, tenia visceralis ); 


LA 


DE L'HOMME. 29 
Treuuler ( Observat. path.-anat. ; pag. 14, fig. 1et4), 
Jœrdens ( Helminth., pag. 56, tab. v, fig. 8et 11), et 
Zeder (Anleit., s. 418, n°. 11), font encore mention 
de cysticerques viscéraux. M. Rudolphi remarque 
trés-justement que les observations de ces auteurs 
se rapportent ou aux hydatides en general, que l’on 
a trouvées dans les animaux, ou bien à d’autres vers, 
que l’on doit compter parmi les échinocoques. 

La fina epatica de Brera est peut-être , d'a pres mon 
idee, un eysticerque viscéral, si toutefois c'est au- 
tre chose qu’un cysticerque celluleux. M: Rudolph: 
ne veut pas cependant nier l’existence d’un eysli- 
cerque viscéral dans l’homme, etje n’ar rıen non plus 
à objecter contre elle. J’engage les naturalistes, en cas 
qu'ils aient occasion d'observer un de ces vers, à 
indiquer exactement les caractères par lesquels ıl se 
distingue, principalement à l'extrémité cephalique, 
des autres espèces de ce genre; car tous les eysticer- 
ques se ressemblent surtout par la forme de la tete, 
qui est constante; Ja forme de la vessie eaudale n’est 
qu’accidentelle, par la raison que sa structure dépend, 
dans mon idée, de l'organe dans lequel le ver se de-- 
veloppe. 


XIE ECHINOCOQUE DE V'HOMME. 


Echinococcus hominis (emallem. der hülsenwurm), pl. vaxt, fig. 2-2 


Joerdens , Helminih., s. 62 , tab. vir, fig. ar et 23, der menschen 


vielkopf,, polycephalus hominis. 


294 SUR LES VERS INTESTINAUX 
Zeder, Anheitung ,s. 431 , n°. 2, tab. ıv ‚fig. 7-8 , polyceph. hu- 


manus; 5.432 , n° 6 , polycephal. echinococcus. 

Brera, Memorie, p. 149 , fischiosoma policefalo ; p. 164, tab. 1, 
fig. 1-3, fina idatoide. 

Rudolphi, Entoz., 11, 2, p. 247, tab. x1, fig. 4 , echinococcus 


humanus. 
De Lamarck , Anim. sans vert., tom. 11, p. 157 , l’échinocuque de 


l’homme. 


M. Rudolphi distingue les hydatides en vivantes et 
en non vivantes ; il regarde l’échinocoque provenant 
des intestins des bisulques (echinococcus vetcrinorien ) 
comme une hydatide vivante, par la raison que l’on 
trouve dans le liquide qu’elle contient les Echino- 
coques proprement dits, c’est-à-dire de petits corps 
microscopiques, pourvus de quatre sucoirs et d’une 
couronne de crochets. Ainsi il paraît que Rudolph 
ne regarde pas la vessie dans laquelle ces pelits corps 
sont contenus comme un véritable animal; à plus 
forte raison il ne doit pas non plus regarder toutes 
les autres vessies, qui ne contiennent point de pe- 
tits corps pourvus de sucoirs et de couronnes de 
crochets, comme de véritables animaux; cependant 
comme ces vessies ressemblent, sous tous les rap- 
ports , aux échinocoques, je me crois pour cette 


raison en droit de regarder aussi comme de veri- . 


tables anımaux toutes les hydatides qui, selon la 
definition ci - dessus établie, sont contenues libre- 
ment dans des capsules particulières, sans être adhé- 
rentes ni à celles-ci, ni à l'organe dans lequel elles 
se trouvent. 


DE L'HOMME. 295 


Home croit que l’hydatide sphéroïdale est j'animal 
le plus simple, et qu’elle est pour ainsi dire tout es- 
tomac. 

Himly est l’auteur dont la manière de voir à ce su- 
jet me paraît atteindre le plus directement le but. 
Voici ses propres expressions : « On irouva des vesi- 
cules isolées ( hydatis simplex) flouantes et libres : 
plusieurs médecins les regardèrent comme de simples 
dilatations de vaisseaux lymphatiques. Cette hydaude 
est en effet un être extrêmement simple et peut-être 
le plus simple de tous les animaux ; je dois cependant 
la considérer comme un animal parce qu’elle vit, 
puisqu'elle ne pourrit pas et qu’elle n’a aucune ad- 
hérence avec le corps de l’homme ou de l'animal dans 
lequel elle s’est produite : ainsi les humeurs n'étant 
pas douées de vie, elle doit être regardée comme un. 
être vivant individuellement, et par conséquent 
comme un animal particulier. On ne doit pas s’at- 
tendre à ce qu’elle soit pourvue de tête, de bouche 
ou de quelque organe analogue, et encore moins 
qu’elle soit douée d'intelligence. La lymphe épan- 
chée entre deux parties d’un animal, par exemple 
entre les surfaces enflammées , et par conséquent plus 
activement productrices du poumon et de la plevre, 
recoit aussi bien des vaisseaux sanguins que les par- 
ties avec lesquelles s'établit Vadherence , tandıs que 
la même substance animalisée sans communication 
ou adhérence avec les parties du corps dans lesquelles 
elle s’est produite, et par conséquent individuelle, 
n’a pas la nature des animaux parfaits à sang chaud , 


296 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mais constitue un animal aquatique’. Ces hydatides 
sont, lorsque leur enveloppe est un peu épaisse, 
d’une substance semblable à celle du cristallin, et 
lorsqu'elle est plus épaisse, elles présentent alors l’as- 
pect d'une membrane cartilagineuse , transparente et 
incomplétement incolore, tirant un peu sur la cou- 
leur de l’opale, et qui s’affaisse quand on vient à l’in- 
ciser. Par l'analyse chimique elles se comportent 
complétement comme les substances animales ; ainsi 
ce sont des individus particuliers vivans qui n'ont 
rien du tout de commun avec les plantes, ce qui nous 
oblige de les regarder comme des animaux, d’où ré- 
sulte que la definition ordinaire de l'animal, urée de 
la présence d'une bouche et de la faculié d’y intro- 
duire la nourriture, de son propre mouvement*, est 

1 « Le développement de la vie individuelle dans ce cas-cı n’est 
pas pour nous un plus grand problème que le développement de 
la vie en général, qui restera toujours pour nous insoluble. Je 
prie de croire que je n’ai pas la prétention de vouloir le résoudre ; 
j'observe seulement que l’on ne doit pas s’imaginér être beaucoup 
avancé dans son explication en admettant que la vie se développe 
par le moyen d’un œuf. Je suis étonné de ee que M. le professeur 
Oken , qui n’aime pas cependant à être gêné par des entraves quel- 
conques dans sa manière de penser , ait pu, dans son ouvrage sur 
la génération (die zeugung) , revenir surlesmonades , qui ne seraient 
pour ainsi dire que des œufs primitifs , ce que l’on n’a pas besoin 
d'admettre , à moins qu’on ne veuille supposer que l'esprit pris 
mitif soit mort, et qu'il ne vive que par ses créations. » x 

? Blumembach dit seulement dans son ouvrage ayant pour 
titre : Handbuch der Naturgechichte te auflage, Geettingen, 1807, 


, 


. 

DE L'HOMME. | 297 
beaucoup trop restreinte. Quelques-unes des hyda- 
tides sphéroïdales contiennent encore une autre mem- 
brane plus mince qui offre épars ca et la, et le plus 
souvent par groupes, des corpuscules d'une apparence 
glanduleuse ; enfin ıl esi des hydatides sphéroïdales 
qui en renferment d’autres plus peutes, et qui ainsi 
réalisent, pour ainsi dire, le systeme d’emboite- 
ment. Toutes, contenantes et contenues, se sont-elles 
formées à la fois ? ou bien la plus grosse a-t-elle pro- 
duit la plus petite ? ou peut-être enfin les corpuscules 
d'apparence glanduleuse se comportent-1ls comme 
les gemmules sphéroïdaux de la conferve des fontai- 
nes, qui se détachent et vont former de nouvelles con- 
ferves. » 

Cette dernière opinion me paraît la plus probable, 
comme il résullera encore davantage, à ce que je 
crois, de l'explication des figures; les hydatides re- 
présentées dans la planche 8 provenaient toutes de 
Ja même poche d’un volume énorme qui s'était for- 
mée dans le foie d’une femme que l’on avait amente 
mourante à l’hôpital de Vienne. Toutes les hydau- 
des se trouvaient placées hbrement dans cette poche, 
très-lisse dans son intérieur. La figure 2a représente 
une des petites hydatides, mais non pas la plus pe- 
te, et les figures 2 et 2e représentent deux indivi- 
dus un peu plus gros. En regardant la figure 2e on est 


p. 36, « Ces animaux paraissent avoir tous une bouche.» Mais 
comme il admet à la même page une excention nour les infuseires 
FAC 1 7 


les hydatides ne peurraient-elles pas être regardées comme tels? 


298 SUR LES VERS INTESTINAUX 


porté à croire qu'un peut ver est contenu dans un 
autre plus grand. Cependant il n’en est pas ainsi ; Car 
la membrane interne du ver (cet animal est composé 
de deux membranes) s'était seulement détachée et 
rétractée de l’externe; cela est prouvé par les deux 
figures 2 et 2e, qui ont été faites d’après le même 
échantillon. La figure 2 fut dessinée aussitôt que le 


ver eut paru hors de la poche; il fut placé dans l’eau, ; 


eu le lendemain matin la membrane interne s'était 
détachée, comme cela est indiqué dans la figure 2e. . 


Ces vessies avaient l'air d’être couvertes de granula- 
ions très-fines qui, représentées sur une échelle 
plus grande que nature, ressemblaient à de petites 
boules transparentes (Voy. fig. 2c ). Quelquefois les 


petites boules contenues dans celles d’un plus grand | 


volume sont assez volumineuses pour être aperçues 


à l'œil nu , comme cela se voit dans la figure 22. La. 


[4 Al hd 
figure 2c en représente une très-grossie. En suppo- 


sant que l’hydatide représentée dans la fig. 2 était | 


deja le produit d’une autre hydatide plus grosse el 


plus ägde, comme je vais le démontrer tout à l’heure,: 


il faudrait par conséquent considérer les petites boules 


contenues dans l'hydatide ( fig. 2c) comme provenant 


de la troisième génération, etcelles représentées dans 
la figure 25 comme provenant de la quatrième gene- 
ration, à partir de l’hydatide primitive *. 


| 


: Voyez Meckels, Archiv. für physiologie , vol. vi, heft. 2. Et 


was über den echinococcus , Bud. par le docteur Bremser; voyez 


Meckels, Archiv. , VE, heft. 4. Jægers Beobachlung über den hülsen- | 


wurm. ( Br.) 


DE L'HOMME. 209 


J’ai remarqué plus haut que les échinocoques de 
Vhomme ressemblent , sous tous les rapports, à ceux 
que l’on rencontre dans les intestins des bisulques. 
Je vais maintenant tâcher de prouver cette assertion. 
L'on observe souvent, surtout dans le foie des bi- 
sulques, des échinocoques tres-volumineus, qui 
ont quelquefois une forme irrégulière. Ces animaux 
sont remplis, dans l’état sain, d'une liqueur limpide, 
qui dépose cependant une matière trouble. Si l'on 
place une goutte de cette matière sous un microscope, 
on y voit nager une grande quantité de petits corps 
de différentes forme et structure; 1l y en a qui sont 
ronds, ovalaires, presque cylindriques, cordiformes, 
 claviformes, et d’autres semblent être divisés en deux 

parues d’une structure différente. L’on remarque 
clairement sur quelques-uns de ces corps quatre su- 
coirs et une couronne de crochets. On voit encore 
| nager dans cette matière une grande quantité de pe- 
‚tits crochets détachés , absolument de la même forme 
| que celui représenté dans la figure 17 et qui provient 


| d’un cysticerque. Ces faits nous prouvent jusqu’à l'é- 
| vidence , que les crochets se détachent. Les sucoirs 
disparaissent également, et les petits corps de tant de 
formes différentes prennent avec le temps celle de pe- 
tits globules lisses. J’en possede, qui sont de la gros- 
 Seur des graines de coquelicots. Aussi long-temps 
que les choses restent dans cet état, la mère hyda- 
tide se laisse encore facilement séparer du sac dans 


| lequel elle est contenue; ou plutôt elle sort d’elle- 
même sı on fend ce dernier avec précaution au moyen 


300 SUR LES VERS INTESTINAUX 
d’une incision d’une étendue convenable ; mais quand 
cesanimalcules, transformés eux-mêmes enhydatides, 


commencent à se développer davantage , ’hydatide | 
primitive devient adhérente au sac dans lequelelle est | 
contenue, et elle ne s’en laisse plus séparer ; en ous ! 
vrant un de ces sacs on voit sortirlibrement au dehors à 
ces petites hydatides , et on trouve déjà dans leur ine) 
iérieur les animalcules de différentes formes, dont 
nous venons de parler; mais comme leur nombre | 


dans une vessie est très-considérable, 1ls n’y trouvez 


raient pas assez de place, si tous arrivaient à leur de- 
veloppement complet; il me paraît alors probable, | 
que les animalcules développés en premier lieu doi- ! 
vent empêcher complètement , ou au moins en par- 
tie, l'accroissement des autres; aussi voyons-nous | 
également un grand nombre de ceux-ci dans un éLat 

de difformité. La figure 2d nous en fournit un exenl- | 
ple; on y reconnaît facilement la forme sphérique l 
primitive, et il est très-probable qu'une hydatide 
voisine volumineuse a empêché son développement | 
complet. Dans quelques cas on n’observe pas dans les 


vessies une accumulation considérable de ces animal | 


cules ; dans d’autres, au contraire , ceux-ci se mulu=\ 


plient probablement trop tumultueusement, de ma- 
nière que Ja mère hydatide tombe dans un état ma- 
ladif, ou même finit par en mourir; si cela a lieu, 
elle est alors soumise à tous les changemens men- 
tionnés plus haut, et elle se desseche à la fin en une 
masse dure et calcaire. 


in. 


La même chose s’opere chez les hydatides que Von 


DE L'HOMME. 5ot 
rencontre dans l’homme; à l'exception que l'on n'a 
trouvé jusqu'à present, dans leur intérieur, que de 
petites boules lisses , etnon pasencore des petits corps 
pourvus de sucoirs et d'une couronne de crochets. 
J'avoue que je ne me fie pas entièrement à l’observa- 
tion faite par Goöze', qui prétend avoir observé chez 
les hydatides que Meckel lui avait communiquées, de 
petits corps de forme olivaire, pourvus d’une simple 
couronne de crochets. Je crois que l'instrument de 
compression dont il se servait volontiers dans les ob- 
servations de ce genre, a été cause de quelque illusion 
d'optique. J’ai ECHO trouvédes corps d’une forme 
olivaire, dans des hydatides qui provenaient d’un 
homme *; mais ces corps n'étaient point pourvus 
d’une couronne de crochets : je dois ces hydatides à la 
bonté de M. Soemmerring. 
. Néanmoins ces petites vessies se développent, 
quoiqu’elles n'aient de communication directe avec 
aucun autre corps, absolument comme les hydatides 
des bisulques, et elles sont aussi sujettes aux mêmes 
 désorganisations ; nous devons, par cette raison, ran- 
‚ger les hydatides de l'homme et celles des bisulques 
‚ dans le même genre. Peut-être trouvera-t-on les cou- 
| ronnes des crochets et les sucoirs, quand l’occasion 
| serprésentera d'examiner une hydatide primitive. Ce 
| qui m'a surtout engagé à ajouter foi à cette supposi- 


* Zeder nachirag , s. 310. 
2 De hydatidibus in corpore humano ,presertim in cerebro repertis ; 
| Diss. auct. Car. Rendtorff. Berolini, 1822 , in-8°. ( Br.) 


3v2 ' SUR LES VERS INTESTINAUX 


tion , dest la circonstance que les petits vers prove= | 
nant des échinocoques des bisulques de la seconde et : 


troisieme generation, perdent plus vite leur forme 


particulière, et s’approchent de la forme globuleuse. ; 
Il me paraît également qu’aussitöt que l'acte de la : 


génération se trouve une fois bien en vigueur chez 


ces animaux , le développement des petits de la troi- 
sième et quatrième génération s'opère plus vité 


5 
Toutes les hydatides de l’homme, examinées par 


moi , provenaient, pour le moins, de la seconde CTP 
nération. Je n’ai pas encore rencontré, dans les ca- 


davres d'hommes , des hydatides primitives , c’est-à= 


dire où une seule hydatide volumineuse remplissait | 
un seul sac, ce que j'ai observé très-souvent chez 


: 


les bisulques. 


Il est probable que Félix Plater’ a vu des hyda 


. .. . \ % 
tides primitives dans le foie et dans le mésentère d’un | 


homme ; car 1l fait mention de vessies remplies d'une 


cau claire , qui étaient de la grosseur d’une pomme: 

L’hydatide dont parle de Haen * était aussi cerlai- | 
nement une hydatide primitive. Cet auteur rapporte W 
que le foie tres-volumineux d’un homme de vingt- 
quatre ans, était rempli de tumeurs qui ressem= | 
blaient à des squirres. On fit une incision sur une | 


de ces tumeurs, et il en sortit environ une pinte de li= 


quide; après sa sortie, on put facilement extraire la | 


vessie affaissée ; car elle n’avait pas la moindre adhé= 


! Obs., lib. 111, p. 617. 


2 Ratio medendi, v!!, p. 125. 5 


DE L'HOMME. 303 
rence avec la concavité dans laquelle elle se trouvait; 
ainsi l'hydatide primitive, dans ce cas, était la seule 
qui S'y trouvât dans un état sain. Plusieurs des 
autres tumeurs en contenaient beaucoup, de gros- 
seur différente; d’autres étaient remplies d’une ma- 
tiere grasse (crassa et pinguis amurca), ei d’autres 
enfin contenaient une matière qui semblait être sa- 
blonneuse au toucher; il y avait par conséquent dans 
le même organe une mere hydatide, beaucoup d’in- 
dividus de la seconde génération, et quelques-unes 
qui étaient désorganisées. 

J’ai observé, ıl y atquelque temps), absolument la 
même chose dans le foie d’ur chameau ( camelus bac- 
trianus , L. ) 

Comme on n’a pas encore constaté d’une manière 
positive la présence d’une couronne de crochets chez 
les échinocoques de l’homme, il me semble par con- 
séquent, que le nom d’échinocoque n’est pas bien 
choisi pour cette espèce , en ce que ce ver est plutôt 
un liocoque (Ziococus ); mais si l’on choisit cette der- 
mère dénomination , on ferait alors des échinocoques 
de l’homme un nouveau genre, ce qui cependant ne 
conviendrait pas; je propose par conséquent d’ap- 
‚peler le genre splanchnococcus , une des espèces echi- 

natus, et une autre lævis, jusqu’à ce que l’on ait dé- 
‘couvert les couronnes de crochets chez les individus 
de ce genre. M. Laënnec appelle le ver dont nous 
nous occupons maintenant, acephalocystis. 
| Excepté dans le canal intestinal, on a rencontré 
des hydatides dans tous les organes de l’homme; ce- 


304 SUR LES VERS INTESTINAUX 
pendant il est de fait, que beaucoup d’auteurs ont cru 
avoir observé ces animaux, et que ce n’était pas de 
véritables hydatides, je n’escepte pas même le cas 
observé par Kelch, et rapporté par Lüdersen. Parmi 
toutesces hydatides, il paraît qu'il n’y en avait qu'une 
seule adherente au foie, qui méritât d’être qualifiée 
comme telle. Je prie de croire que je n'ai pas re- 
levé cette erreur de Lüdersen dans l'intention de! | 
nuire à sa mémoire. Cet auteur a travaillé avec um | 
zèle extraordinaire, et il a recueilli tout ce que les 
médecins ont publié sous le nom d’hydatıs : dureste, | 
dans sa classification des hydatides, 1l s’est ample= | 
ment justifié de sa manière d'envisager ce sujet. 
Les cas observés par Persius et Goiter', où tous les 
organes de la poitrine et du bas-ventre étaient cou= 
verts d’hydatides , doivent être regardes comme con 
formes à la vérité. | 
Morgagni, dans son ouvrage (De caus. et sedib. 
morb. ), rapporte qu'il a rencontré des hydatides dans | 
le cerveau , dans la moëlle épinière, et leurs mem- 


branes ; cet auteur a également trouvé cette espèce de 
vers dans d’autres cavités et d’autres parties du corps | 
humain; plusieurs de ces animaux appartenaient | 
sans doute au genre cysticerque; Je possède aussi! 
quelques Echinocoques provenant de la glande pitui- 


1 

= . . . D . 19 
taire (glandula pituitaria) que je dois à la bonté de! 
M. Soemmerring; ces vers sont encore plus petits que | 
les graines de senevé. | 


1 
l 
. | 


1 Buneli sepulchret. , Nb. 112 . sect. XXXT, obs. 21,, 867. | 


DE L'HOMME. 305 


Morrach rapporte qu’une fille de seize ans avait 
toutes les trois semaines deux accès de syncopes tres- 
violens ; à la fin , elle perdit l’ouie, la vue et l’odo- 
rat; elle devint ensuite paralytique de tout le côté gau- 
che; huit mois après, à compter de la premiére syn- 
cope , elle mourut d’une apoplexie; on trouva dans 
Phemisphere droit du cerveau une hydatide de la 
longueur de trois pouces et de la largeur de deux. 

Adam Schmidt a observé une hydatide dans la 
glande lacrymale. 

Morgagni’ a trouvé un de ces vers d’un volume 

très-considérable , qui était adhérent au cœur. Le 
même auteur’ cite encore de semblables observations 
faites par Cordæus, Fontanus, Persius, et Ballonius. 

Geoffroi rapporte qu’il a trouvé dans la cavité tho- 
rachique deux hydatides d’une grosseur extraor- 
dinaire. | 

Collet raconte qu’une femme de quarante-sept ans 

avait évacué, en toussant, depuis le 6 septembre 1771 
jusqu’au 1° janvier 1772, cent trente-cinq hydatides 
de la grosseur d’un pois, jusqu’à celle d’un œuf de 
poule ; toutes ces hydatides étaient déchirées. Cette 
femme avait également une tumeur dans la région du 
foie ; ıl est possible que ces vers provinssent de cet 
endroit. 

Le Journal de médecine publié à Edimbourg * fait 


= De causts et sedibus , XXV , 13. 
? Ibid., xxx VIN, 35. 
3 The Edinburgh medical and surgical Journal, vol. vır, 18:1 > 
p- 490. 
20 


306 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mention d’une femme de vingt-quatre ans, qui avait 
évacué, en toussant, après avoir éprouyé une inflam- 
mation des poumons, une grande quantité de mem- 
branes, que l’on a dü regarder, d’après leur structure, 
comme des dépouilles d’hydatides. 

Monro rapporte un cas où la famée du tabac faci- 
lita l'évacuation d’hydatides qui siegeaient dans les 
poumons. 

Nous avons déjà fait mention plus haut de l'hyda- 
tide que Dehaen a rencontrée dans la glande thyroïde. 

M. le professeur Kern a extirpé, il y a quelques 
années, une tumeur qui était placée au-dessus du ster- 
num et qui contenait plusieurs hydatides ; M. Kern 
a eu la bonté de me les communiquer. 

Ruysch: a examiné un foie qui ne consistait, pour 
ainsi dire, qu’en hydatides, et qui contenait une Ma-. 
tière sablonneuse transparente; l’on ne voyait plus 
dans ce foiela moindre ramification provenant de la 
veine porte ni de la veine cave; les conduits biliaires 
avaient disparu ainsi que les artères du foie. 

Veit a observé un abcès entre la dixième et la 
douzième côte du côté droit, par lequel plusieurs cen- 
taines d’hydatides de la grosseur d’un pois, jusqu'à 
“elle d’un œuf de pigeon, étaient sorties dans l'espace 
de quatre à cinq jours. 

Pemberton a trouvé sur l'épiploon un de ces vers 
le cinq pouces de diamètre; le même auteur a vu 
ju foie un abcès qui s'était étendu jusqu'aux pou- 


ı Thesaur. I, n. xU. 


DE L'HOMME. 307 


mons, et qui contenait au moins cinq cent soixante 
hydatides d’un diamètre de deux pouces et demi jus- 
qu’à celui d’une tête d’epingle. Le même auteur a 
observé dans le parenchyme de la rate deux hydatides 
globuleuses de trois pouces de diamètre chacune, qui 
contenaient une liqueur très-limpide , dans laquelle 
nageaient de petites hydatides'. 

Lüdersen a examiné le cadavre d’un homme de 
quarante ans, mort d’hydropisie; la rate de cet indi- 
vidu s'était transformée en un sac d’un volume énorme, 
et qui contenait une quantité extraordinaire d’hyda- 
tides ; la plus volumineuse était de la grosseur d’un 
citron, et pesait à peu prés trois onces; les plus 
petites étaient de la grosseur des graines de moutarde. 

Boudet* a rencontré entre les muscles abdominaux 
et le péritoine, un sac qui contenait à peu prés quatre 
mille vessies remplies d’eau. 

Maclay raconte qu’il se forma dans le mésentére 
d’un homme, dans l’espace de dix-huit mois, une 
tumeur énorme, qui occupait toute la capacité du 
bas-ventre, et qui contenait à peu près trente-cinq 
pintes d’hydatides, parmi lesquelles il y en avait plu- 
sieurs de la grosseur d’une orange. 

Lecat a publié une observation semblable. 

M. Cullerier a rencontré dans le tibia une conca- 


© 1 David Price a trouvé des hydatides dans la substance du cœur 
chez une personne morte subitement. Voyez Med. et chir. Trans. , 

vol. xt, p. 1. (Br.) 
2 Giornale di medicina pratica compilato da V. L. Brera, v. ı1, 


Padua, 1812. 
20. 


308 SUR LES VERS INLESTINAUX 


vité de la longueur de trois pouces , et de la largeur 
d'un pouce et demi, qui contenait une bydatide de 
plus d’un pouce de diamètre, et dans laquelle il yavait 
d’antres petits vers semblables. 

Il me serait facile d'augmenter d'une cinquan- 
ane le nombre des observations que Von a faites 
sur ce sujet, si je ne craignais pas de fatiguer mes 
lecteurs. J'avoue qu'il serait beaucoup plus satisfai- 
sant pour mot, el beaucoup plus interessant pour mes 
lecteurs, si je pouvais indiquer quelque chose de 
certain concernant le diagnostic de l'existence decette 
espèce de ver dans Fhomme, ou bien concernant les 
causes prédisposantes de sa production , et un mode 
de traitement propre à la combattre. 

Lassus nous a indiqué les symptômes suivans, par 
lesquels on peut, selon lui, présumer l'existence des 
hydatides dans le foie; il dit que les personnes qui 
en sont incommodées ont le teint pâle, mais non pas 
jaune ou bilieux; elles éprouvent de temps à autre 
des douleurs violentes au foie et de Ja constipation ; 
le bas-ventre est cependant souple. Elles ont des nau- 
ses et vomissent quelquefois ; elles croyent qu'elles 
seraient débarrassées de la sensation de pesanteur 
dont elles sont incommodées, si elles pouvaient 
vomir fortement; la région épigastrique Se gonfle 
un peu, et elle est presque toujours douloureuse ; 
les malades éprouvent à cel endroit une sensa- 


tion de pesanteur, qui les menace d’étouffement ; 


cette sensation rend leur respiration difficile et pro- 


voque une LOUX sans expectoralion ; Ces malades sont 


DE L'HOMME. 309 

à peu près incommodes des mêmes symptömes qu'é- 
prouvent les asthmatiques; à la fin il se forme peu à 
peu ala région épigastrique une tumeur un peu elas- 
tique avec une surface inégale; son volume augmente 
insensiblement; et l’on y sent plus ou moins disuinc- 
tementune fluctuation ; les malades ne peuvent pas fa- 
cilement rester couchés sur le dos , ils se reposent de 
préférence sur le côté droit, surtout quand !’hydatide 
a son siége dans le grand lobe du foie , et ils ne peu- 
vent pas être assis sans se courber en avant. En ge- 
neral Lappetit manque , la digestion est mauvaise , la 
langue est pale sans être chargée. Cependant cet au- 
teur a observé quelques malades, également INcom- 
modés par des hydatides, qui avaient conservé leur 
appétit jusqu’à la mort, leurs pieds ne se gonflaient 
que dans le cas où ıl y avait complication d’ascite et 
vers la fin de la maladie. L'on ne remarque pas non 
plus, d’après cet auteur, des signes d’une inflamma- 
tion précédente ni de suppuration; le pouls , qui 
windique point l'existence de la fièvre, est lent , 
petit et tendu. 

J'avoue franchement. que je ne regarde pas le ta- 
bleau de ces symptômes comme très-exact : je crois, 
du reste, que Lassus les a puisés dans une observa- 
tion faite par Roux ’; mais, dans le cas rapporté 
par ce dernier, ıl y avait non-seuleisent des hydatides 
au foie, mais il y avait aussi des desorganisations 


dans le cœur et les parties environnantes, désorga- 


* Journal de Médecine , octobre 1774, p. 514. 


310 SUR LES VERS INTESTINAUX 


nisations qui ont pu facilement causer des acces 
d'asthme , et à la fin une mort subite. 

_ Malgré le grand nombre d'observations recueillies 
par moi sur les hydatides, il me serait réellement 
impossible d'indiquer les symptômes par le moyen 
desquels on peut reconnaître, avec certitude, l’exis- 
tence de cette espèce de vers. Il me serait également 
aussi difficile de dire quelque chose de satisfaisant 
sur les causes qui favorisent leur formation. Cepen- 
dant , je ne puis passer sous silence que l’on a souvent 
trouvé des hydatides justement dans des organes qui 
avaient éprouvé auparavant des contusions. Les sep- 
tième er huitieme observations de Lassus font mention 
de deux filles qui avaient recu en tombant de fortes 
secousses sur la région épigastrique. 

Corvisart et Leroux ont rapporté l’histoiré d’un 
cordonnier qui avait également reçu un violent coup 
dans l’hypocondre droit; cet homme éprouva, par 
suite de cet accident, une douleur tres-forte, qui 
cependant se dissipa peu à peu entierement; trois ou 
quatre mols après , le malade remarqua un léger gon- 
"flement du bas-ventre et surtout à l’endroitou il avait 
reçu le coup; cette tumeur augmenta pendant six ans 
de plus en plus, de manière à le forcer d'abandonner 
entièrement ses travaux. 

Le malade dont parle M. Cullerier avait également 
recu un coup sur le tibia, en montant à une échelle. 

En supposant que des violences dirigées à l’exte- 
rieur de notre corps favoriseraient le développement 
de l'espèce d’hydatide dont nous nous occupons ; 


DE L'HOMME. Sr 


il serait alors également pérmis d'admettre que toute 
autre commotion violente, comme par exemple un 
saut d’une hauteur considérable, une touxtrès-grave, 
des dternuemens violens, etc., pourraient avoir les 
mêmes résultats. Cette supposition ne me parait pas 
dépourvue de bon sens ; car s’il est de faitqu'une com- 
motion violente sur la colonne vertébrale peut oc- 
casioner une hydropisie dans les ventricules du cer- 
veau, ne serait-il pas aussi bien admissible qu’une 
goutte de substance plastique et vivante, sortie de 
la circulation, püt être épanchée dans un tout autre 
organe , et que cette goulte se formät subitement en 
un tout individuel ? Ce tout prendrait alers la forme 
primitive de tous les corps organisés (c’est-à-dire 
la forme sphéroïdale), se développerait par la suite 
aux dépens de l'organe ; et finirait par jouir d’une vie 
indépendante. 

Aussi long-temps que le diagnostic et l’étiologie de 
ces parasites seront couverts d’un voile aussi épais, on 
ne pourra pas établir une thérapeutique rationnelle. 

Lassus est de l’opinion que l'ouverture de ces sacs 
ou bien des hydatides a toujours Ele suivie de mort; 
mais il cite cependant lui-même un cas ' tiré de l’ou- 
vrage de Guattani, où un semblable sac s’ouyrit spon- 
tanement, et duquel sortirent plus de trois cents hy- 
datides ? ; il resta une fistule pendant six ans, qui se 


: Quyrage cité, p. 137. 
3 Rheinische Jahrbücher für med. und chır. , v. Harles. Bd. 11, st. 
1 , blasenmolen. ( Br.) 


312 SUR LES VERS INTESTINAUX 


cicatrisa à la fin, et le malade guérit. La personne 
dont il est question dans la première observation, 
faite par Lassus, vécut encore pendant une année, 
après que l’on eut pratiqué une ouverture dans la 
tumeur. 

L'yson ‘parle d’une femme, chez laquelle il fit pra- 
tiquer , dix ans auparavant, une incision au Géfaut des 
côtes; ilen sortit unegrande quantité d’uneeauclaire, 


et plus de cinq cents hydatides, dont la plus grande’ 


partie étaient entières et remplies d’un liquide lim- 
pide; les plus grosses, qui ne pouvaient pas passer à 
travers l’ouverture, furent déchirées, A près l’évacua- 
tion de ces animaux, cette femme se porla mieux 
qu'avant. ” 

On a aussi des exemples que des hydatides ont été 
quelquefois évacnées par le canal.intestinal. 

Bidloo * fait mention d’une observation semblable ; 
il est probable que le sac qui entourait les hydatides 
était dans ce cas-ci adhérent aux intestins , et qu'après 
la rupture du sac ces animaux s'y sont épanchés ; car 
l'on conçoit aisément que ces vers n’ont pas pu se pro- 
duire et se multiplier dans le canal intestinal. 

1 faut que je fasse encore ici mention d’une es- 
pece d'hydatide, qui diffère, sous plus d’un rapport, 
de l’échinocoque , je veux parler des hydatides qui 
se forment souvent dans la matrice, soit seules ou 
conjointement avec un fœtus, ou bien seulement 


* Lumbricus hydropicus. 
* Ouvrage cité, p. 28. 


} | 


| 


DE L'HOMME. 313 
dans le placenta, et qui ont été appelées par Weiss- 
mantel kydrometra hydatica. 

Le docteur Helm a eu la complaisance de m’en 
envoyer un échantillon avec l’histoire de la maladie 
que je vais rapporter ici. 

Barbe St. était, dès son enfance, d’une constitution 
faible et maladive; elle était sujette aux engorgemens 
glanduleux et aux maladies de la peau; ses règles se 
montrèrent dès sa neuvième année, et toujours tel- 
letient aboudantes, qu’elle les gardait chaque fois 
une quinzaine de jours. Elle éprouva plusieurs ma- 
ladies, entre autres une blennorrhagie, dont elle 
fut guerie, et le flux menstruel diminua; elle se maria 
à l’âge de vingt-deux ans, dans le mois de juin 1815; 
ses règles cesserent au mois d'octobre, et plusieurs 
symptômes firent présumer une grossesse. 

. Cette femme fit appeler le docteur Helm le 7 jan- 
vier 1816; elle se plaignit de fortes douleurs dans 
les reins , qui duraient déjà depuis un mois; elle per- 
dait en même temps par le vagin une plus où moins 
grande quantité de sang noir; du reste , cette per- 
sonne assura à Helm que tous ces accidens n’in- 
fluaient pas trop sur sa santé; quelle n'avait pas 
beaucoup d’appetit, mais une grande soif. 

. L'on pouvait facilement sentir au-dessus du pubis 
la matrice qui était distendue. La moindre pression 
que l’on y exercait causait une douleur violente. 

Les médicamens qu'on lui avait ordonnés firent 
cesser l’hémorrhagie; mais, après l’espace de quel- 
ques jours, elle reparut conjointement avec les dou- 


314 SUR LES VERS INTESTINAUX 


leurs de reins ; à dater de cette époque, elle se porta 
tantôt assez bien , et tantôt plus mal. 

Le 30 janvier, elle fut de nouveau incommodee 
par de grandes douleurs, et elle éprouva en même 
temps une hémorrhagie par le vagin. 

L’orifice de la matrice, que l’on ne pouvait pas at- 
teindre auparavant, était dilaté, mais il était impos- 
sible de sentir la présence d’un enfant. À neufheures, 
les douleurs devinrent violentes, et une mole, de la 
grosseur d’une tete, sortit; elle &ait entourée d’une 
membrane , que la sage-femme déchira, et quelques 
milliers d’hydatides se presenterent. 5 

Deux jours après, cette femme fut atteinte d'une | 
fièvre , ses seins se gonflèrent, et il en sortit du laits | 
un traitement convenable a promptement produit la 
guérison complette : dans la même année, cette femme | 
devint de nouveau enceinte, et accoucha d’une fille 
saine et bien conformée. : à 

Je recus, le lendemain de leur sortie, les hydatides 
observées par M. Helm; elles étaient attachées, au 


moyen de pédoncules , à une espèce de placenta; les 
plus volumineuses étaient de la grosseur d’une nOi= | 
sette , et les plus petites de celle de grains de chene- 


vis : elles étaient transparentes et remplies d'un lı- 
quide limpide. Je versai sur-le-champ, sur une partie | 
de ces vers, de l’esprit-de-vin , pour mieux conserver | 
cette espèce de placenta, qui semblait devoir se dis- | 
soudre facilement dans l’eau. Ces vessies prirent! 
bientôt une couleur rouge. La même chose arriva | 
pour celles qui se trouvaient dans l'eau , conjointe= | 


DE L'HOMME. 315 
ment avec les annexes sanguinolentes, et elles ne se 
decolorerent que peu à peu. 

Il paraît résulter de là que les hydatides sont réel- 
lement douées d’une vie individuelle, et qu’elles for- 
ment des animaux particuliers. Gette supposition 


west nullement réfutée par la circonstance qu’elles 


se trouvent implantées , au moyen de pédoncules , 


sur un corps commun, ou bien qu’elles sont adhe- 
2 


rentes et placées les unes sur les autres; car il ya 
dans le grand règne aquatique un nombre infini d’a- 
nimaux qui ont le corps ainsi fixé. En outre la cır- 
constance que pendant leur vie elles n’admettent dans 
l'intérieur de leur corps que la quantité nécessaire 
d’un liquide convenable, tandis que ce n’est qu'après 
la mort que peut y pénétrer celui qui les entoure, 
estencore en faveur de leur vie individuelle. La même 
chose a lieu pour les échinocoques , quand on les met 
dans un liquide coloré. Une môle en forme de grappe 
ne peut pas être regardée comme une simple disten- 


| sion ou boursouflement des vaisseaux lymphatiques, 


ou d’autres vaisseaux , par la raison que les pédoncules 


| mesont pas creux. On peut se convaincre de ce fait, 


sion remplit de mercure une de ces vessies un peu 
 volumineuse, dans laquelle d’autres plus petites se 


trouvent placées plus profondément; ce liquide ne 
pénètre pas dans ces dernières. 

Je ne prétends cependant pas que l’on doive ran- 
ger dorénavant ces vessies, d’après ma seule autorité, 
parmi les vers intestinaux; c’est par cette raison que 
je fais placer la figure qui représente une petite par- 


316 SUR LES VERS INTESTINAUX 
tie de la môle, examinée par moi, parmi les pseu- 
dohelminthes (Yoy. pl. 9, fig: f)- 

Une semblable môle, assez bien dessinée, se trouve 
dans Bidloo :. 

Clarke cite un cas qui paraît tout-à-fait semblable 
à celui rapporté par Helm; il s'était également formé 
du lait, dans une circonstance pareille, dans le sein 
d’une femme, de manière qu’elle aurait pu alaïter un | 
enfant. 

Moreau rapporte un cas analogue. 

Watson raconte le suivant : « Une femme de qua- | 
rante-huit ans, quiavait eu plusieurs enfans, se crut de 
nouveau enceinte dans le mois de novembre; depuis 
le mois de février jusqu’à la fin du mois de mars, elle 
eut chaque nuit des pertes de sang par le vagin. Ce: | 


pendant, comme elle ne remarqua pas un gonflement 
du ventre, ni des seins, elle simagina qu’elle était arr 
rivée à l’époque où elle perdrait tout-à-fait ses règles; 
elle rendit, le premier avril, après avoir éprouvé au- 
paravant de fortes douleurs de reins, beaucoup d’hy- | 
datides, qui étaient de la grosseur d’une noix muscade | 
jusqu'à celle d’une tête d’epingle; quelques-unes 
étaient remplies d’une lymphe transparente , et d’au- | 
tres d’une lymphesanguinolente ;peu de temps après» | 
elle fut complétement rétablie. » | 

Mougeot a aussi écrit sur ce sujet; mais les obser- 
vations qu’il rapporte ont été faites par M. Percy. | 
Ce dernier regarde également les bydatides comme | 


* Ouvrage cité, tab. 2. 


DE L'HOMME. 317 


des animaux vivars , et il ajoute qu’on les rencontre 
souvent dans le placenta et qu'on les observe presque 
toujours dans les animaux ruminans. Il établit les 
Doom suivans , comme ceux d’après lesquels on 
peut présumer une grossesse d’hydatides. Les femmes 
éprouvent souvent de petites pertes de sang ou de 
glaires, à dater du second mois jusqu’à Vaccouche- 
ment. L’orifice de la matrice est toujours dilaté, et il 
ne change presque pas de forme n1 de place; le bas- 
ventre est en effet gonflé, mais il est plutôt souple 
que dur. | 

L'époque de l'accouchement des hydatides n'est 


| ii fixe ; leur sortie a lieu quelquefois dans le tro1- 


sieme mois, et quelquefois dans le dixième, mais 


rarement plus tard. 


Pour accélérer la sortie de ces animaux, Percy 
conseille de faire des injecuions d’eau de mer, ou 
d'une dissolution saturée de sel marin, avec du 


vinaigre. 


Une seconde observation que nous allons rap- 
porter a prouvé à ce médecin qu’une semblable 


| formation de möles peut avoir lieu dans l’état de 


| Virginité. 


" Une chanoinesse de vingt-six ans éprouva un re- 


| tard de règles dans le mois de juiilet 1788; son 
ventre se ballonna, etc. Le 5 avril 1789, elle rendit 


par le vagin deux pots de chambre d’eau, conjointe- 


ment avec des hydatides, qui étaient en partie entières 


eten parlic déchirées. 


318 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Le docteur Guillaume Schmidt a rapporté trois 
cas semblables. 
Dans le premier, les hydatides ressemblaient tout- 


à-fait à celles que le docteur Helm avait examinées; | 


dans les deux autres cas, qu'il a eu occasion d’obser- 


ver plus tard, les boules ou vessies étaient beaucoup | 
. vn, , \ CEE L 
plus petites, et en général d’une grosseur tres-ıme- 


gale; elles se trouvaient entassées par-ci par-la dans 
une substance gélatineuse, qui ressemblait beaucoup 
au frai des grenouilles. Toutes ces vessies étalent cou- 
vertes d’une membrane qui avait la consistance du 
chorion. | 

Ne pourrait-on pas supposer que les hydatides, 
dans ces deux derniers cas, se trouvaient dans un 
état maladif ? | 

Plusieurs naturalistes parlent de l’evacuation de 


vers vesiculaires, sans cependant nous faire savoie 


s'ils avaient été réunis par le moyen de pédoncules: 
Ne pourrait-on pas admettre que les hydatides se 
séparent, avec le temps, de leur pédoncule, de la 


même manière que les œufs se séparent de l’ovaire 


de la poule? 


Je crois la chose possible, et elle me paraît même | 
très-probable ; justement au moment où cette feuille | 
allait être livrée à l'impression, je reçus de M. Brera! 


2 Tabula anatomico-pathologica ad illustrandam historiam vermium 
in visceribus abdominis degentium , hydropem ascitem , vel gravidita- 
tem simulantium, cum epierisi , auctore Valeriano Aloysio Brera , 
D. M. Viennæ Austriæ, 1818, ın-4°. 


DE L'HOMME. ng 


une petite dissertation, accompagnée d’une grande 
planche , où se trouvent représentées de semblables 
hydatides. 

Autant que je puis en juger par le texte, elles 
étaient placées entre les muscles abdominaux et le 
péritoine. La plus grande partie consistent en vessies 
isolées plus grosses et tout à fait libres. Dans trois 
différens endroits, se trouvent cependant plusieurs 
hydatides beaucoup plus petites, qui ont l'air d’être 
unies les unes aux autres par le moyen de pédoncules. 


SECTION IM. 


Des pseudohelminthes, ou des corps, animaux ou non, 


regardés à tort comme des vers intestinaux. 


. Je donne cette dénomination a tous les corps étran- 
gers, soit qu'ils aient appartenu au règne animal 


jou à tout autre, que des hommes ont rendus, ou bien 


ue l’on a trouvés dans les cadavres, et que les mé- 
„erg 


| decins ont regardés Atortcomme des vers intestinaux. 


f 


Cependant, je passerai seulement en revue quelques- 


uns des pseudohelminthes , que les auteurs moder- 


nes nous ont fait connaître; car si je voulais m’oc- 
euper de ceux qui sont cités par les anciens méde- 
eins, et qui en général ne sont rien autre chose que 
des insectes ou leurs es, je pourrais remplir un 
volume en entier. 

On trouvera un catalogue tres-détaillé de sem- 


blables observations dans l'ouvrage de Brera, sous 


320 . SUR LES VERS INTESTINAUX 


le titre de vermi metastatici, notamment dans lase- ! 
conde section , où cet auteur traite des insectes. | 

Je ne crois pas que beaucoup de personnes ajou- 
tent foi à ce que cet auteur a avancé sur Îles vers 
accessoires, vermi accessori. Il y est fait mention, 
entre autre choses, d’une femme qui aimait beaucoup 
la viande de mouton, et qui a rendu un tænia que 
l'on ne trouve que dans cet animal; ıl y est encore 
question d’un homme qui faisait un grand usage dé 
viande de porc, et qui a rendu un échynorhinque 
géant que l’on ne rencontre que dans cet animal; 


mais je reviens à mon sujet. 
1. DITRACHYCÈRE RUDE. 


Ditrachyceros rudis( en allem. das rauhe doppelhorn ), pl. ıx , fig: 3. 


X 


Karl Sulzer’s Beschreibung eines neu-entdeckten Fingeweide-wurms 


im menschlichen Korper. mit drei kupfertafeln. Strasburg und Pa- 


ris, 1802. | 
Bi | 
Zeder , Anleitung , s. 421 , cysticercus bicornis. 

a u : | 
Rudolphi, Entoz., 11,2, p. 288, tab. xu1, fig. 5, dieerasrud. » 
Brera, Memorie , p. 140, tab. ut, fig. 11-ı3, ditrachiserosoma. 

De Lamarck, An. sans vert., t. HE, p. 190, le bicorne hérissé. 


De Blainville, Die. des Sc. Nat., tom. xut, p. 369. 


Une demoiselle de vingt-six ans, qui avait déjà 
éprouvé plusieurs maladies, fut incommodée un 
jour d’uneesquinancie ; le huitieme jour de cette ma- 
ladie, elle prit un purgatif, composé de manne et de 


| 


DE L'HOMME. 321 


sel de Glauber, qui lui fit rendre pendant deux jours, 
conjointement avec les matières fécales, une quantité 
extraordinaire de petits corps, que Sulzer regarda 
comme des animaux. | 

Apres avoir fait usage des amers pendant quelque 
temps, cette demoiselle évacua de nouveau plusieurs 
corps semblables , mais qui n'étaient pas entiers. 

On envoya tous ces échanullons, conservés dans 
Vesprit-de-vin, a Sulzer, qui, après les avoir exami- 
nés tres-soigneusement, publia une description de- 
taillée , accompagnée de plusieurs dessins, sur une 
échelle très- grande, qui représentaient non-seule- 
ment le ver en entier, mais également plusieurs de 
ses parties. Un de ces échanullons est figuré de 
grardeur naturelle, fig. d, pl. 9. Les antennes re- 
courbees, qui avaient l’air d’être velues sous le mi- 
croscope, n'avaient pas Ja même direction dans tous 
les échantillons. Parmi la grande quantité de ces 
corps, 1l n’y en avait que quatre qui fussent pour- 
vus de ces organes. Cependant on voyait nager plu- 
sieurs de ces derniers dans l’esprit-de-vin. 

Sulzer a rangé ces petits corps parmi leshydatides. 

Zeder ne veut pas les reconnaître pour telles. 

M. Rudolphi est de l’opinion qu’on devrait plutôt 
les ranger (supposé qu'ils fussent de véritables vers, 
ce qui lui paraît encore douteux) parmi les acanto- 
céphales, et qu'ils devraient former un genre parti- 
culier , sous le nom de dirhynchus. Quant à moi, je 
ne me suis pas encore inquiété quelle place ils doi- 
. vent occuper dans un systeme d’helminthologie; car je 


2, 


352 SUR LES VERS INTESTINAUX 


n'ai pas encore pu me convaincre que ce fussent de 
véritables vers; il me paraît plus probable ( je puis 
cependant me tromper) que ces corps n’etaient rien 
autre chose que des graines d’une plante que cette 
demoiselle avait avalées ; mais je ne puis pas dire de 
quelle plante ıls provenaient. Les antennes de ces 
corps, telles qu’on les voit représentées dans les figu- 
res de Sulzer , ont l’air de n’être que les germes de 
ces graines. Ceux qui ont lu avec attention tout ce 
que cet auteur a dit sur leur structure extérieure et 
intérieure, et ceux qui ont bien examiné les figures 
qu'il en donne, seront peut-être de mon opinion. 


Il. ASCARIS STEPHANOSTOMA. 
(En allem. das kronenmaul) , pl. IX, fig. e. 


Jœrdens, Helminth. ‚5.29 , tab. vu, fig. 5-8. 
Brera, Memorie, p. 189, tab. lt, fig. 14-17, ascaride stepha- 


nosloma. 


III. ASCARIS CONCSOMA 
(En allem. der kegelwurm ) , pl. xt, fig. e. 


Joerdens , helminth. , s. 30 , tab. vit, fig. 9-12. 


Brera , Memorie , p. 193; tab. IX, fig. 18-21, ascaride conosoma. 


Je réunis ces deux vers ensemble, parce qu'ils 
proviennent de la même source, et qu'ils appar- 
tiennent à Ja même famille. 

Quelques médicamens ordonnés par le professeur 


DE L'HOMME. 323 


Bretsthneider, de Jena, à yn jeune homme, firent 
rendre à ce dernier les animaux dont nous nous oc- 
cupons maintenant. Bretsthneider , voyant que ce 
n’était pas des oxyures, les envoya au professeur 
Lenz; ce médecin donna aux plus considérables le 
nom de stephanostoma , et il appela les petits conosoma. 
11 communiqua quelques échanullons à Jærdens, 
qui les rangea dans le genre ascaride. 

M. Rudolphi s'exprime à ce sujet en ces termes * : 
« Joerdens a décrit et dessiné, sous le nom d’as- 
caris stephanostoma et conosoma, des corps qui ne 
sont rien autre chose que des larves de mouches. 
Après avoir examiné la description et les figures de 
cet auteur, je conclus sur-le-champ qu'il ne s’agis- 
sait ici que de larves d'insectes. Cependant je priai 
le professeur Lenz de me communiquer quelques- 
uns des échanullons de Joerdens, et, en effet, ıl 
eut la bonté de m’en envoyer. Je me trouvais à cette 
époque à Berlin, qui possède un grand nombre 
d’entomologistes tres-habiles. Je leur fis voir ces 
prétendus vers, et ils les regardérent également 
comme des larves. 

« On devrait supposer qu’un homme qui s’est dé- 
cidé à publier une helminthologie du corps humain, 
serait en état de distinguer une larve de mouche 
d’un ver; je ne concois pas comment Jeerdens put 
adapter à ces deux larves les signes caractéristiques 
propres au genre ascaride. En général, cet auteur n'a 


2 WW iedemanns archiv., 11, 2, 8. I. 


324 SUR LES VERS INTESTINAUX 


jamais fait attention aux caractères dans ses obser- 
vations ; tout son ouvrage porte le caractère de l’igno- 
rance et de la légéreié ; il a même ignoré que son 
prétendu ascaris conosoma se trouve dessiné dans 
l'ouvrage de Phelsum, qu'il a cité cependant quel- 
quefois. 

«Il est arrivé assez souvent que des larves de mou- 
ches ont séjourné dans le canal intestinal de homme. 
Acrel, Osiander et beaucoup d’autres en citent des 
exemples; mais il est assez étrange, et cela mérite 
d’être relevé sévèrement, qu’un helminthologue du 
dix-neuvième siècle ait regardé des larves comme 
des oxyures. » 

Brera, qui a également reçu, par la bonté de 
M. Gautieri, quelques-uns des échantillons dont 
nous venons de parler, les regarde aussi comme des 
larves de mouches, et il désigne même l'espèce à 
laquelle èlles appartiennent. Il a attribué les pre- 
mières (stephanostoma) à la musca carnaria, et les au- 
tres à la musca domestica; mais néanmoins il leur a 
assigné une place parmi les ascarides, sans doute par 
la raison qu'il ne voulait pas contredire un autre 
naturaliste, qui les avait rangées avant lui dans ce 
genre. C’est pousser, réellement, la condescendance 
un peu trop loin, etelle est cèrtainement tres-mal 
placée dans un cas pareil. 

La figure c, pl. 9, représente le stephanostoma ; 
et la figure e, même planche , le conosoma. 


DE L'HOMME. 325 
IV. CERCOSOMA, pl. IX, fig. 2. 


CERCOSOMA : species nova ; capile distincto ; labio amplissimo , qua- 
dricuspidato , quatuor papillis insignito ; corpore oblongo , subde- 
presso , nodoso , spiræ adinstar fibroso ; retrorsum caudato ; mar- 
gine superiori ac inferiori dentritico; dorso punctato ; poro caudalı ; 
cauda longissima ,tereti , subeirrosa. Habitat in vesica urinaria. 


Brera, Memorie , p. 106 , tab. 1, fig. 26-27. 


Nous devons au professeur Canalı de Perouse la 
découverte de cette nouvelle espèce d’un prétendu 
ver intestinal qui, étant encore vivant, a été rendu par 
une femme pendant qu'elle urinait ; je crois que l’on 
aurait dü plutôt dire, que l'on a trouvé dans le pot 
de chambre d’une femme. 

Après que ce ver eut été examiné et disséqué avec 
soin , on en fit une description détaillée que l’on en- 
voya à Fabbroni à Florence, qui la fit insérer, par 
les soins de M. le professeur Gatteschi, dans le Gior- 
nale litterario de Pise. Brera a eu le bonheur d’enri- 
chir sa collection de cet échantillon rare et unique; 
quant à moi je n'en suis pas envieux, et je crois que 
mes lecteurs ne le seront pas nôn plus, quand ils en 
auront vu le dessin (Voyez fig. b, pl. 9). Tous les 
entomologistes sans exception, ce me semble, re- 
garderont sur-le-champ cet animal comme une larve 
d’insecte ; cependant, pour lever tous les doutes sur 
la nature de cet animal , je consultai mon collègue 
M. Ziegler, et voici la réponse qu'il m'a faite : Cet 
animal n’est qu’une larve d’éristale, et très-probable- 
ment de l’eristalis pendulus, Fabrie. (Syst. Entliat., 


326 SUR LES VERS INTESTINAUX 


n°.7, p.233); car les autres espèces d’éristales connues 
eu Europe sont plus petites, et par conséquent leurs 
larves doivent être également moins grosses; la re- 
marque ajoutée par Fabricius à la description qu'il a 
donnée de cet animal parait confirmer encore davan- 
tage celte ‚supposition ; ‚il s'exprime ainsi : « Habitat 
in E uropæ aquis stagnantibus larva tubo filiformi respira- 
torio suspensa. » 

Brera a regardé également cet animal dans le com- 
mencement comme une larve de syrphe, dénomi- 
nation synonyme de celle d’eristale ; mais en l’exa- 
minant au microscope , il trouva que les signes ca- 
ractéristiques propres à ces larves manquaient au 
cercosome; il ajoute que les caractères qu'il avait 
observés sur cet animal appartenaient au contraire, 
selon lui, au genre Zinguatula ou polystoma ; mais je 
crois que personne, excepté cet auteur, ne trouvera 
de semblables caractères sur une larve d’éristale. L’on 
ne peut pas s'expliquer comment Brera a vu au mi- 
croscopeautre chose que cequ’il aval aperçu si exacte- 
ment auparavant à l’œil nu ; je présume que cet auteur 
a encore, dans ce cas-ci, adopté par condescendance 
l'opinion des trois autres médecins, qui avaient mal 
observé, ou qui avaient pour le moins mal envisagé 
le sujet en question. Cependant une chose essentielle 
manque à ce fait, c’est-à-dire la preuve que la femme 
ait réellement rendu cet animal en urinant; quant à 
moi , je ne puis pas m’imaginer qu'il provenait de la 
vessie, il est plutôt probable qu'il était tombé par 
hasard dans le pot de chambre de cette femme. 


DE L'HOMME. * 397 


V. HEXATHYRIDIUM VENARUM. 


(en allem. der venenblattvurm ) , pl. 1x, fig. u. 


HEXATHYRYDIUM : corpore depresso lanceolato , poris anticis sex in- 
. ira labium. 

Treutler , Auctuar. , p. 23 , tab. IV, fig. 1-35. 

Joerdens , Hehninth., s. 67 , tab. vi, fig. 6-8 , der venenblatiwurnr. 

Zeder, Anleit. , s. 231 , n°. 4 , polysioma venarum. 

Rudolphi , Entoz. IT, 1, p. 456, n°. 6, pol. venar. 

Brera, Memorie , p. 101 , tab. 11, fig. 3-4 , exatiridio sanguïcola. 

De Lamarck , Änım. sans vert. , tom. 111, pag. 174 , lingualule des 

veines. 


De Blainville, Dictionn. des sciences natur. , tom. XXL, pag. 144. 


Cet animal doit être placé sans contredit parmi 
les vers ; mais il est encore bien douteux si on doit le 
ranger parmi les vers intestinaux. 

Treutler avait à traiter un jeune homme de seize 
ans qui, d’après ce qu'il croyait, était tourmenté par 
des oxyures. Gomme ce jeune homme était extrême- 
mentmalpropre , Trentler lui conseilla de se baigner 
souvent dans la rivière ( frequenti lavatione in flumine 
-uti admonitus est); ce sont les paroles de ce médecin. 

Un jour ee jeune homme entra lentement dans 
l’eau (cum aliquando pedetentim aquam tntrasset); à 
peine y était-il depuis une minute, que la veine 
saphène du pied droit se rompit subitement et spon- 
tanément (sponte rupta est vena). 1 s’ensuiv:t une 
hémorrhagie qui s'arrêta et se renonyela de momens 


à autres. Des remedes stypliques et une forte ligature 


328 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ne purent pas la faire cesser entièrement. Treutler, 
qui fut appelé, vit sorur de la plaie une substance un 
peu compacte, qu'il prit au commencement pour du 
sang coagulé, mais un examen plus exact le convain- 
quit que c’etaient deux animaux vivans, qu'il enleva 
sans peine, et l’hémorrhagie cessa. Cependant la 
plaie ne se cicatrisa que trois semaines aprés. Le ma- 
lade se sentit un peu soulage, mais il retomba bien- 
tôt après dans sou ancien état maladif. Les meilleurs 
vermifuges furent vainement employés, aucun ver 
ne fut rejeté, et Treutler conclut de là que les ac- 
cidens que ce jeune homme continuait à éprouver , 
provenaient sans doute des vers quiséjournaient dans 
les vaisseaux sanguins. 

On aurait tort de douter un instant de la vérité du 
fait rapporté par ce médecin; cependant il n’est pas 
prouvé que ces vers provinssent réellement de l’in- 
térieur d’un vaisseau sanguin; Rudolphi et Zeder ne 
le croyent pas. Ces deux auteurs sont plutôt portés à 
regarder ces vers comme des planaires (plañaria) qui 
vivent dans l'eau , et qui peuvent facilement s’attacher 
à notre corps et causer une hémorrhagie. 

Si ces vers étaient venus réellement de dedans au 
dehors, il me paraît qu'ils auraient dü en premier 
lieu présenter la tête et une petite partie du corps; 
mais sortis de cette manière, ils n'auraient pas pu 
long-temps se soutenir au dehors; car leur tête une 
fois passée à travers les tégumens ( comme elle est 
chez ces animaux le seul organe avec lequel ils peu- 
vent s’accrocher), leur corps aurait dû être entrainé 
par l’eau ou bien par l’écoulement du sang. 


DE L'HOMME. 329 


Brera rapporte aussi cette observation, mais il s’est 
permis de le faire avec quelques changemens afin de 
pouvoir mieux l'adapter à sa théorie des vers dans le 
sang. Ii raconte que le malade de Treutler a pris un 
bain tiède, et qu’il s’est ouvert une veine avec une 
esquille en entrant dans la baignoire. 

J'ai rapporté plus haut les propres paroles de 
Treutler, afin de pouvoir les mettre en comparaison 
avec la traduction de Brera, dans laquelle il cite 
exactement les pages de l’ouvrage de cet auteur « Un 
giovane............ entrato essendo in un bagno caldo 
urto col piede destro in una scheggia del recipiente, che 
era de legno , rimasse ferito nella saffena anteriore, etc.» 

En lisant cette traduction , comment peut-on ajou- 
ter foi aux paroles d’un homme qui se permet de dé- 
naturer ainsi les observations faites par d’autres au- 
teurs; que doit-on penser des observations qu’il cite 
comme siennes et sur lesquelles on ne peut pas le con- 
trôler ? L’on ne s’étonnera pas alors, si je ne crois 

pas, entr’autres , à celle qui a été rapportée dans le 
commencement de ce traité, où ıl nous raconte que 
des milliers d’oxyures se sont développés dans la ca- 
vité abdominale d’un chien, dans laquelle il avait ın- 
troduit, au moyen d’une incision, dix prétendus @uls 
de vers. Ces œufs, grossis dix fois , selon cet auteur, 
et copiés d’après sa figure, se trouvent représentés 


dans notre pl. 9, fig. i. 


330 SUR LES VERS INTESTINAUX 
VI. DIACANTHOS POLYCEPHALUS , pl. 1x , fig. 9: 
Meckels, Deutsches archiv. für die phy siologie. bd. 111 , hefl. 2. s. 174- 


Le docteur Stiebel avait à traiter un enfant de 
onze ans, du sexe masculin, qui avait déja éprouvé, 
des l’âge de deux ans, des accés spasmodiques. Ces 
accès étaient d’une nature tout-à-fait singulière, et 
méritent d’être connus. Un jour, en se frappant 
vers la région épigastrique, cet enfant s’écria : « com- 
ment une aussi petite chose me peut-elle tant tour- 
menter ?» Une autre fois il dit : «quand viendra done 
le vrai remède qui pourra m'en débarrasser ? » Le 
lendemain il ne se rappelait rien de tout ce auwıl 
avait dit pendant la nuit. Les symptômes cesserent 
tout-à-coup le premier novembre, et le lendemain 
il rendit un petit animal particulier enduit de mu- 
cosités ; dès ce moment, cet enfant fut complétement 
guéri. 

Cet animal se trouve représenté de grandeur natu- 
relle sur notre planche 9, fig. 9. 

Stiebel a fait dessiner différentes parties de ce pré- 
tendu animal sur une échelle très-grande, parnu les- 
quelles on peut voir des tentacules, armés de griffes 
cornées, des lèvres pourvues de petits crochets, des 
trompes susceptibles d’être alongées et rétractées. 

L’original a été communiqué à Blumenbach. 

Stiebel a regardé ce corps comme le tronc ( stamm) 
d’un ver intestinal. Je n’ai jamais été de cette opinion, 


DE L'HOMME. 331 
et j'ai cru, au premier abord, que cet échantillon n'é- 
tait rien autre chose qu’un tronc d’artere, provenant 
d’un petit animal, d’un oiseau peut-être, avec des 
ramifications rongées ou déchirées: de semblables 
échantillons, auxquels on avait donné le nom de vers, 
m'ont été déja communiqués bien souvent ; cepen- 
dant les parties dures que l’on a observées sur l’e- 
chantillon en question , m’ont convaincu que cela ne 
pouvait pas être un tronc d’arlere. M. Rudolphi me 
fit part, dans une lettre datée du 18 juillet 1818, que 
l'animal nommé par Suebel diacanthos polycephalus ‘, 
n’était rien autre chose qu’une petite tige de plante, 
peut-être celle d’une grappe de raisin. Rudolphi 
ajouta qu'il était allé voir lui-même Blumenbach ‚qui 
possede ce pretendu animal, dans l'intention de l’exa- 
miner. « Je ne l’avais jamais regardé ni comme un 
animal, ni comme un ver intestinal de l’homme (ce 
sont les paroles de Rudolphi); je l'avais pris pluiôt 
pour la depouille d’une larve d’insecte ; mais un exa- 
men particulier me fit voir qu'il tirait son origine 
d’un végétal , et, au moyen d’une petite incision , J'ai 
trouvé même les vaisseaux spiraux. » ; 

Nous voyons par là que Stiebel s'était trompé, 
comme il peut arriver à tout le monde, et ıl est à 
présumer que ce médecin a été induit en erreur par 
la cessation subite des souffrances au moment où cet 
enfant avait rendu ce corps ; il est également possible 


: Journal complémentaire du Dictionaire des sciences médi- 
cales, tom. ı, cah. 2, 1818. (Br.) 


332 SUR LES VERS INTESTINAUX 


que ce dernier se füt fixé à un endroit tres-sensible ; 
et qu’il ait occasioné les accidens mentionnés. 

Je saisis ici l’occasion d’observer que l’on m’a déjà 
envoyé souvent des restes non digérés de tendons, 
de membranes, de ligamens, de vaisseaux , des fibres 
de plantes quelquefois provenans des asperges et 
des champignons, etc., substances auxquelles on 
avait donné le nom de ver. 

Il est souvent très-facile de reconnaître la verita- 
ble nature d’un pseudohelminthe ; dans d’autres cas, 
il est très-diflicile , même impossible de la deviner; 
car l’homme se nourrit de tant de substances diffé- 
rentes, que l’on ne peut pas savoir de laquelle il a fait 
usage en dernier lieu. Je ne puis pas non plus m’em- 
pecher d’avertir ici mes collègues que le microscope 
composé , dont on se sert en général pour faire des 
recherches, peut très-facilement induire en erreur, 
si l’on n’a pas l’habitude de s’en servir. Le micros- 
cope simple offre moins d’inconveniens, etil montre 
les choses sous un point de vue plus vrai. Cependant 
il y a beaucoup de cas dans lesquels on ne peut pas 
se passer du premier. 


VII. DES VERS DES DENTS. 


Je puis bien présumer qu’il n’y a pas un de mes 
lecteurs qui n’ait déjà entendu dire que l’on rend 
quelquefois avec la salive des vers, après avoir fait 
usage de certaines fumigations, vers que l’on prétend 
provenir des dents creuses; mais, d’un autre côté, il 


DE L'HOMME. 333 


est aussi de fait que tout le monde ne sait pas ce que 
l'on doit penser de cette assertion. 

Il y a quelques années qu’un médecin présenta à 
notre société de médecine le couvercle d’une taba- 
tiere noire, sur lequel on avait desseché des prétendus 
vers, qu’un homme avait rendus aprés avoir fait des 
fumigations préparées avec les semences de jus- 
quiame. Ce médecin était présent lorsque le malade 
les avait rendus, et il a également observé qu'ils se 
remuaient dans l’eau. 

Nous n’avons pas douté de la vérité du rapport de 
ce médecin; mais nous avons seulement présumé 
qu'il avait mal observé, et qu'il avait regardé à tort 
les mouvemens de ces corps comme des mouvemens 
 spontanés d'animaux vivans. Nous avons également 
présumé , et avec raison, que ce médecin était en- 
core dans l’erreur, en supposant que ces corps étaient 
| de véritables vers sorus des dents de son malade. 
| Les prétendus vers des dents ne sont rien autre 
| chose que les germes des BR avec lesquelles on 
| prépare les fumigations. 

Au moment où on jette la graine sur des charbons 

rouges, sa capsule crève, et le germe saute loin 
d'elle. S'il tombe dans l’eau, il s'opère , à cause des 
contractions inégales des fibres , un mouvement cir- 
culaire, que l’on peut regarder aisément, mais à 
tort, comme un mouvement volontaire. 

Il y a à peu près un demi-siècle que Schaeffer a déjà 
| donné des éclaircissemens sur ce sujet, et ıl a même 
publié une dissertation sur les vers imaginaires des 
dents. 


33, SUR LES VERS INTESTINAUX 

Chacun de mes lecteurs peut préparer à volonté 
ces prétendus vers, au moyen des graines de jus- 
quiame. Pour les obtenir , on n’a qu’à mettre une 


petite barre de métal, rougie ou très-chaude , au- 
dessus d’un vase rempli d’eau ‚et poser sur cette barre | 
une petite quantité de ces semences. Cela fait, on | 
couvre le vase sur-le-champ avec un entonnoir. En | 
l’ötant un moment après, on verra nager dans l’eau | 


les germes de ces graines. Ces germes se heurtent en 
sautant contre la paroi de l’entonnoir, et retombent 


dans le liquide. 


Schaeffer a prétendu à tort que cette expérience | 
ne réussit qu’avec le fruit nommé alkehengi ou co- 
queret, et après avoir enduit ces semences de cire: | 


La fig. k,pl. 9, est une copie de la figure de Schaef 


fer, elle représente les germes de ce fruit. La fig. 4, 
fait voir les germes de graines de jusquiame que! 


jai obtenus moi-même par le même procédé. 
APPENDICE. 


Le chapitre précédent peut servir à prouver à 


mes lecteurs que l’on ne doit pas regarder trop pré= | 


cipitamment les corps que les hommes rendent, 
ou que l’on suppose avoir été formés dans leur in- 
iérieur, et évacués par eux conjointement avec les 


| 


déjections, pour des nouvelles espèces de vers intes- | 


tinaux. Avant de porter un jugement dans un pareil | 


cas , il faut examiner soi-même les objets avec beau-| 


coup de soin, ainsı que les circonstances qui les ont 
accompagnés; Car il arrive souvent que des per- 


sonnes, guidées par des intérêts particuliers , veulent 


DE L'HOMME. 335 


faire croire des choses qui n’ont pas réellement existé. 
Si je voulais citer tous les récits mensongers de cette 
nature qui sont venus à ma connalssance, je pourrais 
facilement en remplir des feuilles entières; cepen- 
dant, qu'il me soit permis de rapporter le suivant. 
Une femme d’une quarantaine d’années éprouvant 
des indispositions de toute espèce, on présuma qu’elle 
avait le ver solitaire, et l’on employa des vermifuges. 
Apres lavoir fatiguée par beaucoup de médicamens 
pendant six semaines, cette femme éprouva une 
nuit,une oppression violente, accompagnée de nau- 
sées, etc. En effet, elle vomit quelques matières, 
dans lesquelles se trouvait un petit crapaud et des 
membranes. Apres cette évacuation, tous les symp- 
tômes qui avaient précédé le vomissement cessèrent 
sur-le-champ; mais, du reste , il ne s'était opéré au- 


 cune amélioration dans sa santé. 


Ce crapaud , y compris les membranes, furent 


| communiqués à M. le baron de Türkheim, et c’est 


chez lui que j'ai vu, quelques joursMäprès , ces ob- 


| jets conservés dans de l’esprit-de-vin. 


C'était un crapaud ( rana bombyna var., Linn., 


 Gmel. ; bufo igneus, Daud.) qui avait les pattes deder- 


‚ Tiere cassées. Il y avait également quelques mem- 
| . ’ . x 
J branes, qui cependant n ont pas pu appartenir a cet 


animal; car elles étaient d’une texture très-com- 
Pacte , ce qui n’est pas du tout propre aux membranes 


des crapauds. 


Pour découvrir la vérité de ce fait, j'ai pris toutes 
les informations possibles; je me suis adressé à cette 


336 SUR LES VERS INTESTINAUX 


femme elle-même; mais comme elle était trop obsti- 
née ettrop réservée dans samaniére de se prononcer ; 
je n'ai pu ürer d'elle rien de satisfaisant. Son mari 
m'inspirait trop de confiance pour ne pas ajouter foi à 
ce qu’il me disait; ilassura que sa femme avait réelle- 
ment vomi, en sa présence, un crapaud dans une 
cuvette vide. Je ne savais que dire à cela; cependant, 
il ne paraissait pas du tout probable que cette femme 
eût pu avaler cet animal en buvant de l’eau sans s’en 
apercevoir, ou bien que ce crapaud fût arrivé dans 
l'estomac, sous forme de tétard , ou bien sous celle 


de frai, et qu'il s’y für développé peu à peu. Je fus 


fiché de n'avoir pu découvrir le fond de la chose; 


mais j'avais cependant l'espoir que le temps dévoi- 

lerait cette énigme. En effet, cela est arrivé comme 
H 3 

je l'avais présumé. On s’apercut un jour que celte 


femme avait, de temps à autre, des accès de folie, | 


et on a même été obligé de la mettre plus tard dans ! 


une maison d’aliénés. Avant de devenir tout-à-fait 
folle, elle aväit encore quelquefois des intervalles 
lucides. Dans un de ces derniers, elle avoua à quel- 


ques personnes de sa connaissance qu’elle avait avalé | 


ce crapaud, venimeux, selon son idee, entouré 


d’une membrane, qu’elle avait ramassée dans une 


boucherie, dans l’intention de mettre un terme à sa | 


vie, dont elle prétendait être lasse. 


Son estomac supporta tres-bien ce prétendu poison 


pendant toute la journée jusqu’à minuit, heure ala- 


quelle elle vomit ce crapaud, conjointément avec la 


membrane, qui était déjà à moitié digérée. 


DE L'HOMME. 337 


AT 


ER EL EU AR AU LU UE VUE TREE AU N A CUVE Ban 


DEUXIEME PARTIE: 


CHAPITRE QUATRIEME. 


Des causes de la formation des vers dans le canal intes- 


tinal de l'homme. 


Si nous admetions comme prouvé que les vers in- 
testinaux n'arrivent pas du dehors dans le corps de 
l’homme, qu'ils n’y sont pas innds, et qu'ils doivent 
par conséquent leur existence à une formation primi- 
tive’, nous ne pouvons chercher ailleurs la cause 
première de leur production, que dans une altéra- 
ion de la nature et du mélange des substances 
propres à l'entretien ou à la nutrition du corps en 
général, ou bien dans une surabondance de ces sub- 
stances , auxquelles les vers intestinaux doivent pro- 
bablement aussi souvent leur production qu’à toute 
autre cause. Cependant la cause première d’une pa- 
reille altération de la nature, ou bien de la dispro- 


: Dans toute cette seconde partie il n’est question que des es- 


» pèces de vers qui séjournent dans le canal intestinal de l’homme, 


et non de ceux qui se trouvent dans quelques autres parties , les - 


- causes de leur formation , leur diagnostic et leur traitement étant 


trop obscurs pour pouvoir donner lieu à des généralités » Ont été 
rapportées à chacun d’eux en particulier. 

2 Woyez Mémoire de Robert Knox inséré dans l’ouyrage de 
Froriep , ayant pour titre : Notizen etc. , n°. 8, 1821, p. 121. 


3 
D. 
A2 


338 SUR LES VERS INTESTINAUX 

portion des substances propres à lanutrition du corps 
ne peut provenir que d’une faiblesse relative des or- 
ganes en particulier, et non pas d’une faiblesse 
générale de tout le corps; car cette faiblesse, généra- 
lement parlant, peut être regardée aussi peu comme 
une maladie que comme une cause de la production 


des vers, quand du reste lharmonie existe entre 


toutes les fonctions. Une maladie ne résulte que d'un 


défaut d'harmonie dans les fonctions des organes. Un 
semblable état a lieu sans doute quand des vers doi- 
vent se former; car, par exemple, 1°. s'il ne se pré- 
pare, par le moyen des alimens arrivés dans l'estomac, 
ni plus et ni moins de substance nutritive qu'il n’est 
nécessaire pour le remplacement des humeurs exere- 
tées, pour la conservation et pour l’accroissement 
du corps; 2°. s’il ne s’auimalise pas dans le même or- 
gane plus de substances que les vaisseaux lympha- 
tiques ne peuvent en absorber, ou qu'ils en absor- 
bent réellement ; et 3°. s’il ne se secrete pas de la part 
du corps animal plus d’humeurs provenant de sa 
propre masse, qu'il n’est nécessaire pour animaliser 
ou pour organiser les substances qui se trouvent dans 
l'estomac, alors la production des vers ne pourra 
pas se faire dans le canal intestinal. S'il existe au 
contraire une disproportion , c'est-à-dire s’il s’anıma- 
lise plus de substance qu’il ne peut en être absorbé, 
alors rien n’est plus facile que cette production. C’est 
pour cette raison que nous observons souvent des 
personnes qui paraissent parfaitement saines et ro- 
bustes, et qui ont néanmoins des vers dans le canal 


DE L'HOMME. 339 


intestinal. Ici 1l paraît que l’estomac et les intestins, 
ou, si l’on aime mieux, les premières voies, se trou- 
vent dans un état d’activite vitale plus grand qu'il 
n’est réellement nécessaire à la conservation du corps, 
et que l’activité des vaisseaux lymphatiques qui ab- 
sorbent seulement autant qu'il faut pour réparer la 
perte des humeurs, se trouve en disproportion avec 
celte activité vitale, et que par conséquent l'appareil 
alimentaire animalise plus de substances que les vais- 
seaux lymphatiques ne peuvent en absorber ; ensorte 
que la substance animalisée ici stagnante est déter- 
minée à se transformer en un fout existant par lui- 
même , ou bien en un ver; c’est pourquoi la prédis- 
position (opportunitas ) à la formation des vers, ainsi 
qu'à beaucoup d’autres maladies, peut être hérédi- 
taire innée ou bien acquise. On explique même par là 
pourquoi les enfans sont plus disposés que les adultes, 
les femmes plus que les hommes, à la formation des 
vers; car le système lymphatique des enfans et des 
femmes se trouve en général dans un état particulier 
de faiblesse. On observe souvent que des enfans, sur- 


tout quand ils ne sont pas nourris par le sein de leur 


mère, se développent tres-lentement, malgré la quan- 
tité d’alimens qu'on leur donne. Cela ne dépend pas 
ordinairement du peu de substance nutritive contenue 
dans ces alıınens, mais bien de la mauvaise élabora- 
tion de ceux-ci et du chyle qui s’en sépare, et qui 
n'est pas absorbé en suffisante quantité. Chez les 
enfans scrofuleux et atrophiés, la circulation libre 
dans les vaisseaux destinés à absorber les substances 


197 


340 SUR LES VERS INTESTINAUX 
nutritives, estinterceplde ou au moins Lres-gende; 
une grande quantité de suc nutritif reste par consé- 
quent en stagnation dans le canal intestinal. Je com- 
prends sous le nom de suc nutritif non-seulement 
celui qui s’est formé dans l'estomac aux dépens des 
alimens, mais encore son mélange avec les humeurs 
propres du corps, en un mot un suc déjà animalisé, 
qui se prête facilement à la formation des vers, si 
toutefois ıl n’est pas rejeté par les selles conjointe- 
ment avec les substances quine sont pas propres à la 
nutrition; aussi ces enfans scrofuleux et atrophiés 
sout-ils tres-souvent , comme lexperience nous le dé- 
monire, sujels aux vers. 

Cette manière d’envisager le mode de formation 
des vers intestinaux me semble s’approcher un peu 
plus de la vérité que l'opinion des Aëtius', des Paul 
d’Egine, des Riolan et des Gabucinus; ces auteurs 
croyaient que le ver solitaire n’était autre chose que | 
la membrane interne détachée des intestins greles et 
transformée en un corps vivant. On rencontre encore 
aujourd’hui des hypothèses de la même force. 

Sı cependant les vers intestinaux se produisent 
fréquemment dans les conditions que nous venons de 
mentionner ; il ne suit nullement de là qu'ils doivent 
se former absolument partout où ces conditions se 
trouvent réunies. Une pareille assertion aurait même 
l'expérience contre elle, car toutes ces circonstances 
ont quelquefois lieu, ıl y a même encore souvent 
tous les symptômes par lesquels on se croit ordinai- 


* Tetrabibl. WI, serm. 1, cap. XL, p. 597. 


DE L'HOMME. 341 
rement en doit de pouvoir présumer la présence des 
vers, et cependant il n’y en a point. 

_ Pour que la génération primitive des vers ait lieu, 
1] faut admeitre l’action de deux agens ( factor), l'un 
que nous pouvons concevoir, on peut appeler 
agent matériel, et l'autre dont nous ne pouvons pas 
nous faire d'idée, que nous ne connaissons pas, et 
qu’en attendant je demanderai la permission de nom- 
mer agent spirituel. La coopération simultanée de ces 
deux agens est absolument indispensable lorsqu'il 
doit se développer, de la matière animalisée sans 
forme, un nouvel animal. Vouloir approfondir la na- 
ture du second agent, qui n’est autre chose que l’es- 
prit vivifiant de l’univers qui domine déjà dans la 
substance animalisée amorphe, mais pas encore au 
degré de tension nécessaire au développement de Ja 
vie individuelle, serait une vaine entreprise pour 
l'espèce humaine tant qu’elle restera ici bas. Nous ne 
connaissons sa présence que par ses effets, mais nous 
savons qu’elle donne lieu à des conditions sans les- 
quelles, quoique l’autre agent puisse exister, la ma- 
tiere animalisée ne peut s’individualiser, et c’est 
probablement le cas dont nous venons de parler, 

Nous pouvons compter parmi les causes éloignées 
qui favorisent la formation des vers, une vie seden- 
taire et inactive, une habitation humide et non aé- 
rée, une nourriture de laquelle se prépare un chyle 
trop nutriuf, l'usage des corps gras , des farineux, du 
laitage ‚etc. 


Feuiliée croit pouvoir attribuer la fréquence des 


342 SUR LES VERS INTESTINAUX 
vers chez les sauvages de l'Amérique méridiouale à 
un trop grand usage du sucre. 

La vie sedentaire des femmes est probablement 
une des causes éloignées pour lesquelles elles ont plus 
souvent des vers que leshommes. j 

Un sejour prolongé dans une habitation humide 
( où la sappression de la transpiration agit indirecte- 
ment d’une manière nuisible sur les fonctions du sys- 
ième lymphatique propre au canal intestinal) aug- 
mente la disposition à cette maladie. Si de plus les 
alimens sont d’une nature à favoriser la production 
des vers, il y a alors tout ce qu'il faut du côté de la- 
gent matériel pour faciliter la formation de ces animaux. 

Il est connu que le pâturage dans des endroits ma- 
récageux détermine souvent la formation des douves 
du foie chez les moutons; c’est pour celte raison que 
dans les établissemens bien administrés, on rend les 
bergers responsables des ravages que cette maladie 
fait dans un troupeau, car on peut alors presumer, 
presqu’avec certitude, que l’on a fait paître ces anı- 
maux dans des lieux marécageux, et qu’on leur a 
donné, surtout en hiver, des fourrages humides et 
malpropres ; ıl arrive cependant dans des années plu- 
vieuses que la maladie vermineuse fasse de grands 
ravages parmi les moutons, sans que cela soit par la 
faute des bergers; l'emploi prompt de substances 
amères et fortifiantes, comme par exemple la gen- 
tiane, le calamus aromatique, etc., peut encore arre- 
ter dans quelques cas les progrès de cette maladie. 

De même que des maladies vermineuses peuvent 


DE L'HOMME. 343 
régner d’une manière épizootique chez les ani- 
maux (car, outre la douve du foie, nous voyons 
souvent que les strongles (strongylus filaria, Rud.), 
qui séjournent dans la trachée-artère et ses ramifica- 
tions chez les moutons, agissent également dans 
beaucoup de cas comme une cause de maladie, et 
font périr une grande quantité de ces animaux, ainsi 
que j'ai eu occasion de l’apprendre très-souvent 
d'agriculteurs); de même, dis-je, ces maladies peu- 
vent se montrer d’une manière endémique et épidé- 
mique chez les hommes; car si par exemple une dis- 
position particulière de l'atmosphère peut contribuer 
et même occasioner , dans quelques contrées, à cer- 
taines époques, des fièvres bilieuses ou d’autres 
maladies non contagieuses, nous pouvons également 
admettre avec juste raison, que la formation des vers 
et des accidens qu’ils font naître peuvent être occa- 
sionés dans quelques cas par des causes générales, 
ou bien par des causes qui agissent d'une manière 
endémique ou épidémique : les épidémies vermi- 
neuses par conséquent ne doivent pas être regardées 
comme des chimères, 

Marie a observé à Ravennes et aux environs une 
épidémie de ce genre qui fut tres-remarquable, et 
durant laquelle tous les malades rendaient des vers 
par haut et par bas. 

Cependant il ne faut pas regarder toutes jé mala- 
dies que l’on a qualifiées de vermineuses comme de 
véritables épidémies. Je ne puis pas non plus m'i- 
maginer que la présence des vers ait pu occasioner 


344 SUR LES VERS INTESTINAUX 
des fievres putrides régnantes d'une manière épidé- 
mique, comme Bernard est porté à le croire. Il me Pe 
rait plutöt probable quejla maladie vermineuse aregne 
quelquefois d'une manière endémique dans les con- 
trées qu'il habitait, et qu’elle s’est montrée conjointe- 
ment avec une fièvre putride à l’époque dont il parle. 
Bonnevault a donné sans doute à tort à une fièvre 
putride ordinaire le nom de fièvre putride vermi- 
neuse épidémique, par la seule raison que quelques. 
personnes qui en étaient atteintes rendaient des 
vers. Ou observe avec juste raison, dans le Journal 
de médecine de Paris, où il est encore question 
d’une semblable maladie décrite par Dufour, que 
l’on aurait dû plutôt la désigner sous le nom de 
fièvre avec complication vermineuse. Les épidémies 
vermineuses ne PHARES par conséquent se montrer 
que dans les contrées où les vers doivent être regar- 
dés comme appartenant à une constitution Epide- 
mique ; l'expérience nous prouve même qu'il ya 
réellement des pays dans lesquels on observe des 
vers intestinaux beaucoup plus fréquemment que 
dans d’autres. Daquin prétend que l’on pourrait dif- 
ficilement s’imaginer un pays où il y ait une plus 
grande quantité de vers intestinaux qu'en Savoie, 
auprès de Chambéry; et, d’après ce qu'il assure, on 
n'y observe pas seulement ces animaux chez les 
pauvres, mais encore chez les riches, et on ne peut 
par conséquent regarder dans ce cas-cı la mauvaise 
nourriture comme ayant favorisé la formation des. 
vers; aussi Daquin ne sait à quoi on pourrait Paltri- 


DE L'UOMME. 345 
buer. Outre les habitans de beaucoup d’autres con- 
trées, on regarde surtout Ceux de la Hollande et de 
la Suisse comme trés-sujels aux vers intestinaux: 
L’explication de ce fait n'est pas facile chez les habi- 
tans de ce dernicr pays; on ne peut gucre en eflet 
V’attribuer à la disposition de l'air atmosphérique, 
qui du reste, dans ce pays montagneux, diffère tout 
x fait de celui de la Hollande. On ne peut pas non 
plus l'attribuer à la qualité des alimens ; car la ma- 
nière de vivre, au moins celle des grandes villes, ne 
diffère pas essentiellement de celle des pays limi- 
trophes; peut-être doit-on attribuer la fréquence des 
vers intestinaux à l’usage du fromage, et principale- 
ment à celui du lait, non-seulement par laraison qu'on 
en boit beaucoup, mais parce qu'il est d’une sı bonne 
qualité dans ces deux pays, et qu’on le vend sans 
être mélé avec de l’eau ? J’ai dit peut-être, parce que 
je regarde cette idée comme conjecturale, etje l’a- 
bandonnerai volontiers si quelqu'un pentm’expliquer 
d’une manière plus satisfaisante la fréquence des vers 
intestinaux chez les Suisses, et surtout celle des bo- 
_thriocéphales, que l’on ne remarque presque jamais 
chez les habitans des pays voisins. 

Parmi les Allemands et la plus grande partie des 
habitans de la France, chez les Italiens et même chez 
les Tyroliens, on n’observe en général que le tænia, 
tandis qu’un véritable Suisse, c’est-à-dire celui qui 
est né d’une mère suisse, n’a peut-être jamais été in- 
commodé par cette espèce de ver. En Russie et en 
Pologne on ne rencontre que le bothriocéphale, et 


346 SUR LES VERS INTESTINAUX 


M. Radolphi assure qu’il n’a recu que des tænmias de 


la Suede. Cette derniere circonstance pourrait bien 


être attribuée à une certaine particularité de nation, 
ou bien à la différence d’origine qui existe entre le 
peuple russe et celui de la Suede. Mais d'où vient 
que les Suisses et les Russes sont sujets aux mêmes 
vers? c’est un problème qui probablement ne sera 
pas résolu de long-temps. 

Chez les Hollandais on pourrait peut-être avec rai- 
son attribuer la fréquence des vers à la disposition 
particulière de Pair atmosphérique et du climat, qui 
ont déjà une si grande influence sur le tempérament 
de ce peuple , mais on aurait tort de vouloir Pattribuer 
à l'usage fréquent du poisson. D’après M. Rudolphi, 
d’autres habitans des côtes mangent également beau- 
coup de poisson , et ils ne sont pas extrêmement su- 
jets aux vers. 

Feu le professeur Reinlein * a été pendant dix 
ans médecin de chartreux, qui ne mangent ni viande 
pi lait, et qui se bornent en général à l’usage du pois- 
son; cependant il n’a vu aucun de ces moines être 
incommodeé par le bothriocéphale. Les plus anciens de 
ces peres ne se rappelaient pas non plus avoir connu 
un de leurs confrères attaqué par un ver de cette es- 
pece; du reste la qualité de la nourriture peut assuré- 
ment contribuer beaucoup à la formation des vers; 
Reinlein a même rapporté quelques faits tres-remar- 
quables sur ce sujet: voici ses paroles * : «J'avais à 


: Ueberseizung , p. 25. 
2 Ibid., p. 21. 


DE L'HOMME. 347 
traiter, il y a quelques années, un céhbatare de 
soixante-quatre ans, qui menait une vie très-régulière: 

"aussi avait-il fort bonne mine, et il jouissait d’une 
santé parfaite. Lorsque je fus appelé chez lui, sept 
mois s'étaient à peu près écoulés depuis l’époque à la- 
quelle un de ses amis Ini avait donné le conseil, bien 
mal à propos à la vérité, dechanger sa manière de vivre, 
vu son âge avancé , et de faire usage de laitagede préfé- 
rence à toute autre chose. Ce vieillard suivit ce con- 
seil, et supporta même pendant plusieurs semaines ce 
changementdenourriture sans en éprouver lemoindre 
malaise; maïs bientôt après il commenca à senur, 
surtout après le diner , une plénitude dans le bas-ven- 
tre, une gêne vers la région précordiale, des palpita- 
tions de cœur , et une diminution d’appetit; sa mine 
ordinairement bonne s’altera, et il éprouva en outre 
souvent des nausées. En arrivant chez ce vieillard, on 
m’informa de tout ce qu’il avait éprouvé depuis son 
changement de nourriture. Je trouvai les hypochon- 

_dres et la région ombilicale très-tendus. Je conclus 

alors de la que j'avais à combattre un embarras gas- 
trique, et je prescrivis par conséquent une mede- 
cine composée de cinq onces de la potion purga- 
tive ordinaire de Vienne, avec addition de six gros 
de tartrate de soude. Le lendemain j’allai le voir de 
nouveau. Le domestique qui servait déjà depuistrente- 
deux ans ce vieillard, m’attendaitavec impatience pour 
me faire voir la grande quantité d’excrémens , mêlés, 
selon lui, de graines de citrouille ou de melon, que 
son maître avait rendus. Je demandai à ce domes- 


318 SUR LES VERS INTESTINAUX 
tique s'il en avait déjà observé une autre fois dans les 
déjecuons. Il me répondit qu'il n’y avait trouvé rien 


de semblable depuis un grand nombre d'années, 


excepté il y avait deux ou trois semaines, époque à 
liquelle il en avait vu des traces par-ci par-la. 

«Je dirigeaien conséquence par la suite mon traite- 
ment contre le tænia, et je fus assez heureux pour le 
faire évacuer entièrement au bout de sept jours. Ce 
vieillard a repris depuis son ancienne maniere de 
vivre , et il jouit maintenant d’une santé parfaite. 
Peut-on s’imaginer , continue Reinlein, que le germe 
de ces vers ait pu rester plus de soixan:e ans dans le 
corps de cet homme avant de se développer ? » 

Le même auteur m'a communiqué une observa- 
tion non moins intéressante sur ce même sujet. La 
voici : «Je connais une dame (ce sont les paroles de 
Reinlein) depuis plus de trente ans, qui a encore 
fort bonne mine, et qui a mis au monde douze enfans, 


dont six du sexe masculin, et six du sexe féminin. | 


Chaque fois qu’elle fut enceinte d’une fille , elle 
Eprouva toujours une envie irrésistible de manger de 
la crème et des alimens farıneux, mais chaque fois 
elle fut aussi incommodée par les symptômes qui 
indiquent ordinairement la présence des vers, etelle 
évacua réellement des ascarides de temps à autre 
jusqu’à la fin de la gestation. Les mêmes symptômes 
n'avaient pas lieu lorsquelle était enceinte d’un en- 
fant mâle ; elle avait alors au contraire le plus grand 
dégoût pour les alimens que nous venons de mention- 
ner. Six accouchemens terminés avec de pareilles cir- 


DE L'HOMME. 349 


_ constances Jui avaient appris à prédire exactement le 
sexe du fœtus qu’elle portait dans son sein dans les 
grossesses suivantes. » 

Quoique ces deux observations pussent nous en- 
gager à regarder un trop grand usage du lait et des 
farineux, comme une cause prédisposante à la forma- 
tion des vers, nous ne pouvons cependant considé- 
rer ces substances que comme un des agens, où 
plutôt que comme la moitié de lun des agens, c'est 
à dire du matériel; mais il reste encore à considérer la 
constitution du corps; car ce m'est que lorsqu'elle 
existe à la fois avec une cause prédisposante que la- 
gent matériel peut être complet pour la production. 

Un plat de pois ou de lenulles avec lequel un ou- 
vrier assouvit sa faim , ne donne pas moins lien aux 
flatuosités , que la purée de pois ou de lentilles de la- 
quelle un hypocondriaque ne fait que goûier ; cepen- 
dant le premier supporte ces substances sans éprouver 
le moindre dérangement, tandis que le dernier en est 
tellement incommodé, par le développement de quel- 
ques pouces cubiques d’air, qui par hasard ne trou- 
vent pas aisément une issue, qu'on croirait quil 
va rendre l’ame. En général les alimens agissent de 
même sous le rapport de la production des vers, c’est- 
à dire que leurs effets sont différens sur différens in- 
dividus. Les paysans du Tyrol ne souffrent pas sou- 
vent de la présence des vers, autant que je me le 
rappelle, et cepeudant ils ne mangent de viande 
que quatre ou cinq fois dans toute l’année. La nour- 
riture des forcats dans la maison de correction de 


350 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Vienne consiste en farineux et légumes secs, mais ces 
hommes sont en même temps obligés de travailler 
constamment, souvent en plein air, et du reste on 
a toujours soin de faire renouveler l'air, autant que 
cela est possible, dans les lieux qu’ils habitent. M. dé 


Guldener, qui fut médecin en chef de cette maison. 


pendant quatorze ans, m'a assuré que ces hommes 
étaient très-rarement incommodés par des vers intes+ 
tinaux. | 

Le lait et ses préparations , telles que le beurre, 
le fromage , etc: , seraient alors, comme nous l'avons 
remarqué, les seuls alimens que l'on pourrait con 
sidérer, de préférence, comme cause occasionelle, 
ou bien comme offrant plus de matière propre à 
la formation des vers que beaucoup d’autres; mais 
le lait doit être aussi regardé, parmi les alımens pro- 


venant du règne animal ou végétal, comme celui 


qui contient je plus de substance nutritive. La for- 
mation si subite de vers dans le fromage paraît venir 
à l'appui de cette opinion, que je ne regarde, du 
reste, que comme une supposition, et non pas comme 
une preuve de ce que je viens de dire. 


Je suis cependant convaincu que l’usage d’alimens 


qui ne contiennent pas beaucoup de substance nu- 


tritive, ne favorise pas la production des vers viscé= 


raux, encore moins celle des vers intestinaux, et je 


suis érstisdé que ceux-ci se trouvent fort mal dans 


un corps animal qui 5 e un manque d’alimens. 
Nous avons examiné pres de deux cents carpes 
(cyprinus carpio, L.), et à peu près cinq cents tan- 


| 


DE L'HOMME. 351 
ches (cyprinus tinca, L.); ce ne fut que dans six de 
ces dernières que nous avons rencontré des vers. 

Nous en avons bien également observé dans des 
carpes, mais ce n’élait que dans celles qui nous étaient 
parvenues directement du lac Neuside , dans lequel 
on les avait pêchées depuis peu , tandis que les car- 
pes provenant du Danube n’en avaient point. Les 
tanches et les carpes qui servent à l’approvisionne- 
ment de Ja ville de Vienne sont élevées dans les étangs; 
mais, avant de les porter au marché, on les conserve 
pendant long-temps dans des réservoirs placés dans 
le Danube, afin que ces poissons perdent le goût 
bourbeux occasioné par l'eau dans laquelle ils avaient 
vécu auparavant. Ces animaux manquent de nourri- 
ture pendant qu'ils sont enfermés dans ces réser- 
voirs, c’est pourquoi l’on ne trouve souvent dans 
leur canal intestinal pas même de trace de cette mu- 
cosité sı abondante dans d’autres individus de lenr 
espèce. Leur canal intestinal est comme lavé, tandis 
qu'il est, dans les poissons fraîchement péchés dans 
le Danube , comme, par exemple, le barbeau ( cypri- 
nus barbus, L.), fortement enduit de mucosités ; mais 
aussi ce canal est-il souvent rempli de vers. On a con- 
serve, 1l y a plusieurs années, quelques dorades de la 
Chine (cyprinus auratus, L.), provenant d’un réser- 
voir de Scheenbrun, dans des bocaux de verre rem- 
plis d’eau pure. La plus grande partie de ces animaux 
mourut au bout de quelques jours. Chez un individu 
de ces derniers, un &chynorhinque (echinorh. clavi- 


ceps, Rud.) s'était frayé une route, non-seulement à 


352 SUR LES VERS INTESTINAUX 


travers les parois du canal intestinal, mais encore à 
travers les muscles et les tégumens. Ge ver, après la 
mort du poisson dans lequel il séjournait , aura voulu 
sans doute se procurer de la nourriture au-dehors; 
mais, ne trouvant pas dans l’eau ce qu'il Jui fallait , et 
voyant qu'il était arrivé à la limite de son propre PA 
monde, il se décida, probablement pendant que la 
partie postérieure de son corps était encore fixée dans 
celui du poisson, à y rentrer denouveau ; car on voyait 
qu'il avaitessayé à se frayer un chemin du dehors dans: 
une autre partie du corps que celle d’où il était sorti: 
Cet échynorhinque estconservé ainsi attaché à lasur- 
face du poisson dans notre collection. Chez d’autres de 
ces poissons morts ; des vers delamémeespèce avaient, | 
seulement perforé le canal intestinal, et ıls se trou 
vaient implantés aux parois internes de l’abdomen, 
ou bien à la surface extérieure des intestins. Dans le 
cabinet impérial d'histoire vaturelle de Vienne , on 
nourrit, pendant toute l'année, beaucoup d'oiseaux | 
de differens ordres et espèces , dans le but de cher- | 
cher particulièrement des, vers. Il est rare de trouver 
dans ces oiseaux, surtout dans ceux qui ont été en 


fermés pendant loug-temps, un ver intestinal, etce- | 


pendant, malgré la peine que l’on se donne, on ne | 
peutpas procurer } ces animaux une nourriture sem- | 
blable à celle qu'ils trouvent en état de liberté. | 

On dit ordinairement que la production des vers | 
est causée par l’usage d'alimens d’une mauvaise quas | 
lité. Je ne veux pas nier celte assertion, mais je me | 
permets seulement d'observer ici que l’on regarde | 


DE L'HOMME. 353 
souvent à tort des alimens comme mauvais, tandis 
qu'ils sont réellement bons; et, en effet, une subs- 

tance peut être excellente pour l’un, et être très- 
mauvaise pour l’autre. Par exemple, les légumes secs 
et les farineux, qui conviennent en général si bien 
à la classe laborieuse , causent souvent toutes sortes 
de malaises, et favorisent même, dans quelques cas, 
la production des vers chez les personnes qui mènent 
une vie sédentaire, ou bien qui ont les voies diges- 
tives très-faibles ; je crois aussi que les écolés moder- 
nes ont avancé à tort que les alimens tirés du règne 
végétal contiennent moins de substance nutritive 
que ceux tirés du règne animal. Les Tyroliens, race 
_ d'hommes extrêmement robustes , qui ne se nourris- 
sent, comme nous l'avons déjà remarqué, que de 
végétaux, et qui ne mangent dans toute l’année que 
quatre ou cinq fois de la viande , lévent tous les dou- 
tes à ce sujet. 

On a encore faussement prétendu autrefois que 
les œufs des vers étaient introduits dans le corps de 
l’homme et dans celui des animaux, par l'usage des 
fruits véreux, parce qu'on supposait que les excré- 
mens déposés dans ces fruits par les larves qui y sé- 
journent, étaient les œufs de ces animaux. Un pareil 
préjugé n'a pas besoin , ce me semble, d’être réfuté 
de nos jours. 

Une fois que les vers se sont formés spontanément 
dans un corps animal, ils peuvent alors se régénérer 
et se multiplier par l'acte de la génération, quand 
même les causes qui avaient favorisé leur développe- 


23 


354 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ment auraient cessé, par la raison que les véritables 
vers intestinaux sont tous pourvus d'organes sexnels : 
néanmoins, il faut que les circonstances soient favo- 
rables à cette génération ; car nous voyons, par exem- 
ple, que les vers qui avaient auparavant résisté à 
l'emploi des meilleurs remèdes, disparaissent spon- 
tanément chez les enfans, quand ils arrivent à un 
âge mûr; ces animaux disparaissent aussi dans beau- 
coup de cas chez les hommes adultes, quand ils 
changent de climat ou de régime. 1] arrive également 
quelquefois que certaires maladies de l’homme dé- 
terminent la mort des vers, comme nous aurons oC- 


casion de le montrer plus loin par des exemples. 


AAA UE EE ELU EUUEUUVE VV VUS VU AAA VEUVE LUTUS LUAU LUR TR 


CHAPITRE, CINQUIEME. 


Du diagnostic de la présence des vers dans le canal in- 


tinal , et des derangemens qu'ils peuvent occasioner. 


On reconnaît en général la présence des vers intes- 
tinaux aux signes suilvans : 

Le visage des personnes qui en sont affectées est 
change; elles sont ordinairement trés-pâles, leur 
teintest même plombé, cependant leur figure sanıme 
souvent tout à coup, et on croit encore avoir observé 
que la rougeur se borne à un seul côté; les yeux per- 
dent leur brillant, ils deviennent ternes, la pupille 
est élargie et les paupières inférieures sont ceruées 


par un cercle bleuätre. 


DE L'HOMME. 255 

Les malades ont le nez souvent enflé ; ils y éprou- 
vent une démangeaison presque continuelle, et telle 
qu'ils ne peuvent s’empêcher de le gratter ou de 
le frotter ; ils saignent souvent au nez, et ils éprou- 
vent de temps à autre un mal de tête accompasné 
d'un bourdonnement d'oreilles. LA langue est char- 
gée; ıl s’accumule souvent beaucoup plus de salive 
dans la bouche que dans l’état naturel. L’haleine 
est féuide , surtout à jeun. " 

L’appetit est très-variable ; tantôt il a l'air d’avoir 
disparu entièrement, et dans un autre moment les 
malades sont comnie affamés. On observe encore chez 
eux des nausées ou des envies de vomir, et même 
des vomissemens d’un liquide aussi limpide que 
l’eau ; des coliques souvent très-violentes: , et princi- 
palement dans la région ombilicale ; des excrétions 
alvines glaireuses, et souvent teintes de sang ; une 
urine trouble , sedimenteuse ou ressemblant à du lait 
étendu d’eau ; un ballonnement et une dureté du bas- 
ventre; un amaigrissement général du corps. Le 
sommeil est troublé, et souvent accompagné de grin- 
cement de dents. Les malades sont en général pa- 
resseux , tantôt de bonne , et tantôt de mauvaise 
humeur. 


"Vai traité des personnes incommodées par des vers intestinaux 
qui éprouvèrent de temps à autres des coliques tellement fortes 
qu'elles se roulaient par terre; l'emploi des vermifuges efficaces a 
fait cesser cet état de choses et aidé à ramener la santé. (Note du 
traducteur. ) ; 


? Jai remarqué dans ma pratique particulière que des attaques 


23. 


356 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Courbon Perusel croît avoir observé que lapho- 
nie est souvent causée par la présence des vers, et Gi- 
randy nous assure que la cecité, la surdité, et le dé- 
lire dérivent dans quelques cas de cette même cause. 

On remarque enfin plus rarement dans les matie- 
res vomies, mais plus souvent dans les matieres ster- 
corales, des morceaux de vers ou m&me des vers en- 
tiers. Je ne crois pas avoir besoin de faire observer à 
mes lecteurs, questous ces symptômes ne se trouvent 
que très-rarement réunis dans un individu ; il me 
semble aussi inutile de remarquer qu'aucun de ces 
symptômes, à l'exception du dernier, n'indique réel- 
lement et infailliblement l'existence des vers, et que 
chacun de ces symptômes peut aussi bien faire pré- 
sumer d’autres affections, comme par exemple l’hy- 
drocéphale, maladie qui se caractérise également par 
une pupille élargie, par des envies de vomir, par un 
abattement d’esprit, etc." Quand cependant plusieurs 


de nerfs, des syncopes et la diarrhée avaient été provoquées par la 
présence de vers intestinaux ; les enfans qui en étaient incommodés 
se réveillaient en sursaut en poussant en même temps de grands 
cris. Des oxyures qui se trouvaient en grand nombre dans le rectum 
de trois hommes âgés de dix-huit , vingt et quarante ans, cause- 
rent non-seulement des démangeaisons très-fortes à l’anus , mais 
encore firent naître les désirs vénériens jusqu’à porter ces hommes 
à se masturber. L'auteur, en parlant des oxyures , cite des cas où 
ces vers, qui s'étaient introduits dans le vagin, excitèrent égale- 
ment des désirs vénériens à un tres-haut degré. Avis important 
pour le médecin. ( Note du traducteur. ) 

1 On conçoit aisément que des médecins peu versés dans l’art de 
guérir aient pu se tromper dans le diagnostic de l’hydrocéphale 


DE L'HOMME. 357 


de ces signes se trouvent réunis, et quand on n’a du 
xeste aucune raison de les attribuer a une affection 
idiopathique de la tête, mais plutôt à un dérangement 
dans les fonctions des organes du bas-ventre, on se 
trompera rarement si l’on en conclut l'existence d’une 
maladie vermineuse' ; et même dans le cas où une 


chronique , et le regarder comme une maladie vermineuse , à cause 
de la ressemblance de quelques symptômes qui sont propres aux 
deux affections; mais il est inconcevable que des praticiens aient 
pu confondre , comme on en connaît des exemples , l’hydrocéphale 
aiguë (encephalitis exudatoria , hydrocephalus aculus) avec une fièvre 
nerveuse ou bien avec une affection vermineuse. Mon ancien ami 
et professeur le docteur Wendt s’exprime sur ce sujet (Voyez son 
ouvrage ayant pour titre : Die kinderkrankheiten s ystematisch dar- 
gestellt, Breslau, 1822, p. 197.) de la manière suivante : « La fa— 
culté de porter un diagnostic médical juste est un don d e la nature 
celui qui n’en a pas été doué sera toujours embarrassé dans ses 
jugemens , et les meilleures monographies des maladies ne peuvent 
pas non plus suppléer à ce défaut. Je ne peux m’imaginer comment 
un médecin habile peut confondre l’hydrocéphale aiguë avec une 
maladie de nerfs ou bien avec les accidens occasionés par la pre- 
sence des vers intestinaux; et, comme cela a été rapporté par 
Henke , il est possible que quelques médecins aient pu commettre 
de semblables erreurs de diagnostic, mais on peut présumer avec 
raison que ces médecins n’etaient pas très-familiers avec les symp- 
tômes qui caractérisent si bien l'affection imflammatoire du cer— 
veau. Je ne puis nullement concevoir comment la marche toute 
différente d'une maladie de nerfs , ou bien les accidens causés par 
des vers , accidens qui ne sont jamais ni aussi violens ni aussi con- 
tinus que ceux occasiones par l’existence d’une hydrocephale aiguë, 
pourraient être confondus avec celle-ci. » (Note du traducteur.) 

* Si dans un cas douteux pareil le praticien ne prescrit à son ma- 


358 SUR LES VERS INTESTINAUX 

affection de latête ne pourrait pas être méconnue, on 
fera toujours très-bien d'avoir égard au bas-ventre 
c'est-à-dire aux derangemens probables dans les fonc- 
tions de ses organes; car j'espère qu'aucun médecin 
ne me contredira, si je prétends que les affections 
de la tête sont occasionées dans beaucoup de cas 


par les affections ou dérangemens des vicères du bas- 


ventre , et vice versa. Mais est-on toujours en état de 


désigner exactement quelle est l'affection primitive ? 
Quand même cela serait déterminé, nous sommes 
néanmoins toujours obligés d’avoir égard aux deux 
affections, à cause des rapports mutuels qui exis- 
tent réellement entre elles. : | 

Je n’ai parlé jusqu’alors que de la maladie vermi- 
neuse et non pas des vers, par la raison que, mal- 
gré l’existence de presque tous les symptômes rap- 
portés ci-dessus, malgré l'emploi continu de vermi- 
fuges les plus efficaces, on a vu des cas où l’on n’a 
pu faire rendre aucune trace de vers ni même en 
trouver dans le canal intestinal ouvert apres la mort. 
J'entends, sous le nom de maladie vermineuse, un dé- 
rangement ou bien une disproportion dans les fonc- 
tions des organes destinés à la digestion et à la nu- 
triion; pendant la durée de ce derangement il se 
produit ou bien il s’accumule dans le canal intestinal 


lade que des purgations douces, assurément on ne pourrait pas 
blâmer son plan de traitement. Il n’en serait pas de même s’il ordon- 
nait au hasard des drastiques ou bien l’huile empyreumatique de 
Chabert, dans le cas surtout où le canal intestinal se trouverait 


dans un état inflammatoire, (Note du traducteur.) 


| DE L'HOMME. 359 
des substances à l’aide desquelles ıl peut se former, 
dans des circonstances favorables , des vers; mais ce- 
pendant il n’y a pas nécessité absolue que cette for- 
mation doive en résulter. L’accumulation de ces 
substances, en pareil cas, ne constitue que l'agent 
matériel propre à la production des vers; l'existence 
de ces animaux dans le canal intestinal ne forme pas 
par conséquent une maladie primitive; ıl ne fant pas 
même les regarder comme constituant une maladie 
( excepté dans quelques eas dont nous parlerons par 
la suite ); ils sont plutôt un produit de Pétat maladıf 
des organes propres à la digestion et à la nutrition , 
ou bien ils sont le produit d'un derangement de l'é- 
quilibre et de l’activité réciproque de ees organës, 
ce qui peut alors occasioner tous les symptômes rap- 
portés plus haut, sans que pour cela la présence des 
vers doive avoir nécessairement lieu. L'expérience 
a démontré en effet fréquemment qu'une maladie, 
n'importe laquelle, ne.se développe pas toujours 
dans un corps animal, quoiqu'il y existe des vers; ce 
fait n’est pas seulement démontré par l'évacuation de 
ceux-ci chez des hommes se trouvant bien ', mais ıl 
est encore constaté, principalement par l'existence 
d'une grande quantité de vers dans le canal intesti- 


: Il faut soigneusement distinguer se trouver bien ou plutôt se 
sentir bien, d'être bien, car tres-souvent les anomalies ou l’état 
maladif des organes ne sont nullement senties. Par cela je ne veux 
rien dire de nouveau aux médecins qui ont fait beaucoup d’autop- 


sies cadavériques. 


360 SUR LES VERS INTESTINAUX 


nal des animaux qui ne sont pas morts par suite de 
maladie, mais bien qui ont été tués d’une maniere 
violente ; et cependant on ne remarque pas pour cela 
chez eux un changement contre nature dans les or- 
ganes, et ils n’ont pas non plus l'air de s’être trouvés 
dans un état de dépérissement pendant leur vie, ce 
que du reste nous avons déjà remarqué dans le pre- 
mier chapitre de ce traité. Cependant il pourrait pa- 
raître à quelques personnes que je suis icien con- 
tradiction avec moi-même, car d’un côté j'attribue la 
cause de la production des vers à un dérangement 
dans les fonctions des organes précités, et dé l’autre 
je suis obligé de convenir que l’on remarque sou- 
vent des vers où l’on n'avait pas observé aupara- 
vant de dérangemens dans les fonctions. En réponse 
à cela, je commence par dire qu'il existe souvent 
dans le corps animal des lésions ou des dérangemens 
beaucoup plus considérables que ne sont ceux qu'y 
occasione la production des vers, et cependant 
ces dérangemens ne se font pas apercevoir claire- 
ment par une sensation désagréable ou maladive. 
Cet état de choses dépend, dans beaucoup de cas, 
de la constitution particulière, ou plutôt du degré 
d’irritabilité de l'individu; le cas suivant peu ser- 
vir à confirmer cette assertion : J’ai soigné pendant 
plusieurs années un homme qui mourut par suite 
d’une paralysie des poumons. Je fis l’autopsie ca- 
davérique, et je trouvai dans le rein gauche une 
pierre d’une grosseur considérable, et cependant sa 


DE L'HOMME. 361 


presence ne s’élait fait remarquer par aucun symp- 
ıöme pendant la vie. Tous les anciens praticiens peu- 
vent citer de semblables observations. 

Mais la circonstance, que des vers sont fréquem- 
ment rendus sans avoir causé auparavant des déran- 
gemens , et que, d’un autre côté, la production des 
vers fait néanmoins toujours présumer un état contre 
nature, quoiqu'il ne soit pas toujours senti, a en- 
gagé quelques naturalistes d'admettre que les vers 
sont quelque chose de salutaire, et qu’ils sont desti- 
nés à se nourrir des substances qui surchargert ou 
incommodent le canal intestinal. 

Goeze était de cette opinion. Cet auteur s’est cru 
encore obligé de prouver que chaque être était d’une 
utilité plus ou moins directe pour l’homme, ou, plu- 
tôt, que tous les êtres avaient été créés seulement à 
cause de lui. Cependant cette assertion serait bien dif- 
ficile à prouver ; car nous trouvons toujours dans le 
canal intestinal, conjointement avec les vers , une su- 
rabondance de glaires, etilest même tres-probable 
que la sécrétion des mucosités est augmentée par l’ir- 
ritation que ces animaux y causent. 

Abilgard presume bien que la production des vers 
s'opère originairement par suite d’une inertie ou 
inactivité du canal intestinal, mais d’un autre côté il 
croit que ces animaux réagissent d’une manière salu- 
taire sur ce canal, en ce qu’ils augmentent ses mou- 
vemens par lirritation produite par leur succion. 

Gauthieri * affirme même que la ( prétendue ) 


? Ouvrage cité , p. 66. 


362 SUR LES VERS INTESTINAUX 
consommation des glaires est la moindre des uulités 
que le corps humain tire de la présence des vers- 
D'après cet auteur, les mouvemens de ces animaux 
aident à mieux développer les poumons et à déprimer 
les intestins du bas-ventre; il ajoute que les enfans 
qui ont des vers se grattent souvent le nez, et provo- 
quent par cela assez fréquemment des éternümens, 
moyen tres-eficace, selon lui, au développement des 
poumons, à la dépression des intestins , à la descente 
des testicules, à l'évacuation de l’urine, des matières 
stercorales et même des vers. Lorsque Gauthiéri écri- 
vit cela, il paraît qu'il n’avait pas réfléchi que st, 
dans sa supposition , la présence des vers dans le tube 
intestinal était réellement aussi avantageuse, l’évacua- 
tion de ces animaux ne devrait pas par conséquent 
être regardée comme quelque chose d’utile. 

Quand même les vers, considérés comme un pro- 
duit vivant et individuel provenant d’une activité ano- 
male, ne devraient pas être regardés comme aussi di- 
rectement favorables au corps animal, on acependant 
tort de les considérer comme des êtres des plus mal- 
faisans , et comme les plus grands ennemis de la 
santé de ce corps, ce que Fortassin a cherché à 
soutenir dans sa dissertation. D'après ce médecin, il 
n’y a pas une maladie qui ne puisse être provoquée 
par ces animaux ; il les considère en effet comme la 
cause des affections du cerveau , des ophtalmies, des 
maladies de poitrine, des vomissemens, des nausées, 
des éructations, de la gangrène, de la paralysie, etc. 
Ce médecin prétend également que les vers peuvent 


DE L'HOMME. 363 
devenir une cause prédisposante des maladies pério- 
diques et spasmodiques, en un mot, si l'on en croit 
M. Fortassin, il n’y a rien au monde de plus nuisible 
et de plus pernicieux que les vers intestinaux. 

Marteau de Grandvilliers les regarde aussi comme 
la cause des apoplexies, des sueurs colliquatives, etc. 

Beaucoup de médecins accusent encore ces ani- 
maux d'être la source d’un grand nombre d’autres 
maux ; On ne rencontre guère, par exemple, d’épilep- 
tiques ou d'hommes affectés de la danse de Saint-Guy 
ou d’autres maladies nerveuses, maladies pour les- 
quelles la médecine théorique el pratique éprouve 
si souvent des échecs , auxquels les médecins n%ient 
pas donné quelquefois des vermifuges'. Si un de 
ces malades rend un ver, on peut dire dans quel- 
ques cas pour son malheur, un morceau detænia, ou 
s’il en a rendu seulement dix ans auparavant , on re- 
garde exclusivement les vers comme étant la cause de 
la maladie, et très-souvent on ne se donne plus alors 
la peine d'examiner si elle a été réellement déterminée 
par la présence des vers où non. 


* Ce n’est pas déjà si mal agir que d’avoir recours dans des cas 
pareils aux vermifuges, après que d’autres moyens therapeuti- 
ques ont été inutilement employés , quand même l'indication à 
l’emploi de ces remèdes ne paraitrait pas établie d’une manière 
suffisante , car la présence des vers , comme il a été déjà démontré 
plus haut , a souvent lieu sans que l’on s’en aperçoive, et occasione 
maintes fois toutes sortes d’accidens plus ou moins graves. Un pa- 
reil plan de traitement dirigé avec prudence, loin de pouvoir être 
nuisible aux malades, peut au contraire étre couronné dans bica 
des cas d'un plein succès, ( Note da traducteur. : 

= 


364 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Je citerai ici, dans le but d'éclairer cette mauére; 
quelques cas, les uns observés par d’autres médecins 
et les autres par moi-même, cas où il est au moins 
très-problématique si ces animaux avaient été en effet 
la cause de la maladie ou même de la mort, 

Courbon Perussel a rapporté dans le Journal de 
médecine de Paris plusieurs cas analogues : je me 
bornerai à citer les suivans. Le premier a été publié 
sous le titre : « Rapport de l’ouverture du cadavre 
d’un homme que l’on croyait avoir élé assassinée, 
mais dont la mort a été probablement occasionée par 
la présence des vers intestinaux. » Un homme de 
vingt-cinq ans et d’une bonne constitution, fut battu 
le 13 mars; les coups ne parurent pas avoir dérangé 
sa santé, car il continua ses travaux jusqu’au 19) 
jour où il commença à se sentir malade. Le 21 Cour- 
bon fut appelé : le malade, qui était au lit, avait perdu 
la parole, mais il conservait sa connaissance ; ıl s'était 
plaint (comme on le rapporta à ce médecin ) depuis 
le 19 et les jours suivans, d’un grand mal de tête et 
d’envies de vomir; l’on ne voyait à l'extérieur aucune 
lésion sur la tête. Courbon lui ordonna une tisane ra- 
fraîchissante. Le troisième jour le malade mourut 
sans avoir repris la parole. Le cadavre fut examiné 
le 24. Excepté quelques légères contusionssur le dos, 
l'on ne trouva aucun dérangement ni à l’intérieur ni à 
l'extérieur de la tête ; les poumons et le cœur étaient 
sains ; les intestins du bas-ventre paraissaient égale- 
ment être dans l’état naturel. En ouvrant le canal in- 
testinal, on vit beaucoup de vers longs et gros ; ils 


DE L'HOMME. 365 


étaient entortillés ensemble dans un endroit où 1ls 
semblaient avoir obstrué le canal intestinal; Cour- 
bon en retira quarante-deux ; la mauvaise odeur l’em- 
pêcha de pousser ses recherches plus loin ; l'estomac 
n’en contenait cependant aucun, et il n’y en avait que 
trés-peu dans les gros intestins, qui, du reste, n'é- 
taient nulle part enflammés. 

Courbon avoue, dans une note ajoutée à ses 
observations, qu’il n’a jamais examiné, dans les cas 
qu’il rapporte, la moelle épinière, et qu’il n'avait pas 
même ouvert les ventricules du cerveau du cadavre 
dont nous venons de parler. 

Une autre observation du même médecin est inti- 
tulée : « Rapport sur l'ouverture d’une femme que 
l'on croyait avoir été assassinée par son mari, mais 
dont la mort paraît avoir été occasionde par la pré- 
sence des vers. » Le cadavre de cette femme, âgée de 
vingt-un ans, avait quelques écorchures légères à la 
partie antérieure du cou, et une petite excoriation à 
la joue droite. La tête fut rasée, et l’on trouva le 
crâne, le cerveau et ses membranes sans lésions; les 
poumons et l’estomac étaient sains; ce dernier con- 
tenait des alimens à moitié digeres; le duodénum 
était également sain, mais le jéjunum était rempli de 
vers; dans plusieurs endroits ils étaient réunis en 
forme de peloton, et paraissaient obstruer le canal 
intestinal ; Courbon en retira cent quatre; les autres 
intestins n’en contenaient point; aucune membrane 
n'avait l'air d’être dans un état inflammatoire. Cour- 
bon finit par conclure que la mort avait été causée par 


366 SUR LES VERS INTESTINAUX 


la présence des vers, et il présume que les excoria- 
tions que l’on remarquait sur la figure et sur le cou 
avaient été probablement faites sur la femme par elle- 
mème dans des mouvemens convulsifs. L'on observe 
encore cependant dans ce rapport que cette femme 
avait prié le juge de paix, quelque temps ävant sa 
mort, de faire enfermer son mari parce qu’il la mal- 
traitait. Le juge de paix lui ayant refusé sa demande, 
elle s’en alla fort tristement en disant qu'elle serait 
assassinée sous peu, Ne pourrait-on pas croire, ajoute 
Courbon, que l’état maladif de cette femme ait pu 
influer sur son imagination ? Je le présume, dit-il, et 
ma supposition se base , du reste ‚sur l’axiome d’Hip- 
pocrate : Ubi aliqua parte dolent ; neque dolorem sentiunt 
iis mens ægrotat. Quant à moi, je doute très-fort qu'un 
tel rapport de médecine légale ait pu engager un juge 
criminel à regarder les vers comme cause de la mort 
de-ces deux personnes. | 

Je ne crois pas non plus que beancoup de mede- 
cins soient tout à fait de l’avis de Courbon dans le 
cas suivant, qu'il a publié sous le titre de: « Mort su- 
bite probablement causée par la présence des vers. » 
Une jeune fille de dix-neufans, bien portante et non 
menstrude , jouissait encore d’une bonne santé le 5 
aviil, comme dans les jours précédens ; le 6 avril, à 
onze heures, elle fut saisie de frissons et commença à 
vomir; à midi elle perdit la parole et la faculté d’a- 
valer. Courbon alla la voir à sept heures du soir : le 
pouls n’était pas trop fréquent, pas trop faible, et 
était assez régulier ; la pupille était élargie et ne se con- 


DE L'HOMME. di 367 
tractait presque pas à l'approche d’une lumière. La 
Malade ne parlait pas etne répondait à rien. On voulut 
lui faire prendre une cuillerée d’une potion éthérée, 
mais sitôt qu’ellé sentit le liquide dans la bouche, elle 
s’agita avec violence, fit entendre quelques plaintes, 
pendant lesquelles elle semblait faire beaucoup d’ef- 
forts. Courbon ordonna un bain et des vermifuges, 
sitôt que la malade serait en état d’avaler. La malade 

| ne prit pas de bain et elle mourut à neuf henres du 
soir, c’est-à-dire dix heures aprés le commencement 
| de la maladie. Courbon pensait que cette fille avait 
succombé à une maladie vermineuse. 

Un cas à peu près semblable a été rapporté par 
| Krause '. « Une fille de treize ans, après avoir été 
| guérie d’une gale six mois auparavant, se plaignit 
qu’elle rendait de temps à autre des vers, et qu'elle 
‚se trouvait un peu incommodee. On lui administra 
des vermifuges pendant quelque temps, et un jour 
elle mourut subitement à midi pendant qu’elle était 
occupée à coudre. À l’exception d’une faiblesse de la 
vue, elle n’avait éprouvé la veille de sa mort aucune 


incommodité allarmante. » 

M. Serres a publié une observation sous le titre : 
‚Affection vermineuse simulant la rage. Un enfant 
de treize ans, du sexe masculin, fut mordu par un 
chien enragé; six mois après, le 2 septembre, tous 
les symptômes de l’hydrophobie se déclarèrent, et il 
mourut deux jours après. L’autopsie cadavérique 
prouva que le cerveau , la moelle épinière, les pou- 


| * Voyez préface, à l'ouvrage de Vandævern. 


368 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mons et le larynx étaient dans un état sain , l'estomac 
ne contenait rien d’extraordinaire , mais les intestins 
greles étaient remplis d’ascarides qui obstruaient tout 
À fait leur cavité. Le nombre de ces animaux était 


très-considérable. MM. Serres et Bosquillon presu- 


ment que l’on doit attribuer la maladie et la mort de 
cet enfant à la présence des vers et non pas à la mor- 
sure du chien. Ces médecins remarquent encore que 
l’hydrophobie se montre souvent peu de temps avant 
la mort. 


Geischlæger rapporte qu’un enfant scrofuleux ren- . 


dit deux ascarides peu de temps avant de mourir. Ce- 
pendant cela ne prouve pas, ce me semble, que ces 
vers aient été la cause de la nialadie et de la mort. 

Quoique je sois tres-peu porté à regarder les vers 
dans les différens cas que je viens de citer comme 
ayant causé la mort, je ne puis cependant pasnier que 
ces animaux ou bien la maladie vermineuse n'aient 
souvent déterminé ou n’aient au moins beaucoup 
contribué à causer des accidens graves et même tout à 
fait extraordinaires. 

Krause rapporte le cas suivant : « Je fis connais- 
sance , il y a quelques années , d’un homme de trente- 
un ans, d’une constitution robuste, qui était trés: 
souvent obligé, depuis plusieurs années, et même 
encore à l'époque où je le vis pour la première fois; 
de rire aux éclats ( cachinnum) malgré lui ; il Eprou- 


vait en même temps à chaque accès un malaise dont! 


ıl ne pouvait se soulager qu’en se couchant à plat 
ventre dans son jardin. 


| u 


—_—— u ne 


- | DE L'HOMME. 369 
Les medecins qu'il avait consultés jusqu'alors n'a- 
vaient pas supposé qu'il eut des vers, c'est pour- 
quoi les medicamens qu’on lui avait ordonnés res- 
ièrent sans éffet. Cet homme me demanda mon avis. 
Apres lui avoir adressé plusieurs questions , je lui fis 
entendre que je présumais chez lui la présence des 
vers; son teint était en effet pâle, et ses yeux étaient 
ternes. Sa réponse fut qu'il n'avait pas été seulement 
incommodé par des vers dans sa jeunesse, mais qu'il 
en avait encore rendu il y a quelques années. L'usage 
de vermifuges tres-eflicaces l’a au moins débarrassé 
alors de tous ces accidens désagréables; mais je ne 
peux pas dire avec certitude s’ıl n’en a pas été incom- 
modé de nouveau, A je n’ai pas reçu de ses nou- 


velles; il habitait en ellet une ville assez éloignée de 


celle où je résidais. 

Parmi plusieurs observations tres-curieuses ciiées 
par Girandy, la suivante mérite surtout d’être rap- 
portée : Un jeune homme de seize ans avait, entre 


autres accidens tres-singuliers, cela de partieulier, 


qu'il lui était impossible de marcher sur un corps 
quelconque, füt-ce même une feuille de papier. 
Chaque fois qu'il voulait vaincre ceite difiiculté, il 
tombait en syncope; des vermifuges qu’on lui admi- 
nistra opererent l'évacuation de plusieurs vers, et la 


guérison en est résultée. 


M. Hufeland ' rapporte le cas suivant: Un homme 
tourmenté par les vers voyait, étant à jeun, pen- 
dant des quarts-d’heure entiers, tous les objets en 


" Journal Baad, 1\ , p. 252. 


b2 
EN 


370 SUR LES VERS INTESTINAUX 


jaune ; cependant il n'avait aucun symptöme de jau- 
nisse , et ses yeux élaient dans un état sain, Le malade 
fut débarrassé de cet accident par l'évacuation des vers. 

Ackard a publié une dissertation (que je n’ai pas 
pu me procurer } où il est question d’an homme chez 
lequel la présence des vers provoquait une véritable 
ruinminalion. 

Delisle fait mention d’une jeune personne qui ren- 
dit spontanément pendant une année entière des as- 
carides et des morceaux de tænia; pendant tout ce 
temps elle ne pouvaitsupporter de musique ni vocale 
ni instrumentale. 

Désarneaux rapporte l'observation suivante : « Un : 
jeune homme éprouvait des gonvulsions horribles , 
qui continuérent jusqu'à sa mort; il avait été égale- 
ment incommodé par des vers. Un jour un accés con- 
vulsif fut par hasard calmé par de la musique vocale, | 
et plus tard on s’est convaincu que ses convulsions 
diminuaient chaque fois qu’on jouait du violon. » 

D’après Hannæus , une petite fille de quatre ans, 
qui avait perdu la faculté de voir et de parler, fut 
rétablie par l'usage des vermifuges ; et Hannes rap- 
porte qu’une jeune fille de onze ans, qui ne pouvait 
plus parler ni marcher, fat guérie par l'usage du 
tartre stibié, qui produisit l'évacuation de vers in- 
iestinaux. 

Marchal de Rougeres a publié six observations de 
maladies vermineuses tres-compliquees. Je prie mes 
lecteurs de 1âcher de se procurer l'ouvrage dans 
lequel ilen parle, et d’en croire ce qui leur plaira. 


DE L'HOMME. 371 


Un malade qui a fourni matière à une de ces ob- 
servations , éprouva les symptômes suivans : douleur 
insupportable et engourdissement de tous les mem- 
bres, difficulté de parler et d’avaler , mal de tête vio- 
lent et beaucoup de fièvre. Une saignce calma un 
peu le malade, mais bientôt après tous les acc!dens 
se renouvelèrent avec plus de violence, et ils furent 
même accompagnés de convulsions. On pratiqua une 
seconde saignée sans en tirer aucun avantage ; le ma- 
lade ne guérit complétement qu'après l'usage du 
tartre stibié ordonné par Marteau de Rocquemont. 
Ce médicament fit évacuer beaucoup de bile et plus 
de trente vers, tant par haut que par bas. 

Remer a guéri deux personnes attaquées d’une 
amaurose, par l'évacuation des ascarides , et Rosière 
de Lachassagne a débarrassé un homme d’un étour- 
dissement subit, qui avait augmenté pendant trois 
jours , par l'emploi d’une infusion purgative, com- 
posée de follicules de séné et de tamarın; elle fit éva- 
cuer au malade par la bouche deux ascarides, et tous 
les symptômes cesserent sur-le-champ. 

Kichard fait mention d’une diarrhée occasionée 
par la présence d’un tænia. L'usage des purgatifs, de 
la fougère mâle et de l’éther sulfurique a produit la 
guérison. 

Thomassen à Thuessink , a guéri une petite fille 
scrofukeuse, de six ans, de la danse de Saint-Guy, par 
des remèdes qui firent évacuer beaucoup de glaires 
et de vers. 

Le même a observé, chez un canonnier de vingt 

ah. 


372 SUR LES VERS INTESTINAUX 


ans, la métamorphoseremarquable d’une fievre quo- 
tidienne en une Epilepsie. Il présama chez cethomme 
la présence de vers intestinaux, et ordonna l’électuaire 
vermifuge de Stoerk, qui en eflei fit rendre par haut 
_des paquets de vers, des glaires, et par bas beaucoup 
de matières glaireuses, après quoi la fièvre reprit son 
ancien Lype; mais comme elle était toujours accom- 
pagnée de légers accès d'épilepsie, Thomassen or- 
donna de nouveau un purgatif, quelque temps apres 
une infusion de geoffrea , et à la fin du quinquina en 
poudre. L'emploi de ces médicamens produisit une 
guérison complete. 

Thomassen citeencore le cas suivant: « Un homme 
robuste er sanguin, âgé de vingt ans, avait des accès 
de manie, que ce médecin qualifie du nom de manie 
vermineuse. La mère de ce malade était également 
folle et elle a continué de l'être jusqu'à sa mort. Ce 
jeune homme fut guéri par l'usage de la belladonne 
en poudre, dont il prit d’abord deux grains matin et 
soir, et plus tard jusqu’à huit grains.» Thomassen ne 
dit pas que son malade ait rendu des vers, el ilne 
s'explique pas non plus sur ce qui lui a fait présu- 

. mer que leur présence fût réellement la cause des 
accès de manie. 

Le docteur Suck, à Wolmar en Livonie, a ob- 
servé une rétroversion du globe de l’œil causée par l'ir- 
rilalion des vers; une jeune paysanne âgée de douze 
ans, fut tout à coup atteinte de maux de ièle très-vio- 
lens; cinq heures après elle tomba dans un délire 


furieux accompagné de convulsions qui semblateut 


DE L'HOMME. 373 
devoir mettre fin à ses jours. Elle se réveilla, vingt- 
quatre heures apres, débarrassée des douleurs; les 
cavités orbitaires étaient comme remplies de chairs 
crues (rohem fleische ) et la pupille avait disparu; le 
globe de Peeil s'était contourné de bas en haut, de ma- 
niere que les parties qui reposent sur l’orbite étaient 
tournées , conjointement avec les muscles, par devant 
entre les paupières ; la cornée et la pupille étaient en- 
tiérement cachées sous la voûte orbitaire. On présuma 
que Ja présence des vers était cause de ces accidens, 
et on administra des vermifuges conjointement avec 
des purgatifs. Apres en avoir fait usage pendant trois 
jours consécutifs, la malade commenea à rendre quel- 
ques oxyures; elle en évacua encore davantage le 
quatrième jour, époque à laquelle les yeux éprou- 
verent des contractions convulsives, et l’on apercut 
de temps en temps une petite partie de la conjoncuive; 
le sixième jour elle ne rendit pour ainsi dire que des 
vers; aprés celte évacuation extraordinaire , les yeux, 
reprirent leur position naturelle et la vue futrétablie. 

A près une évacuation semblable, d’à peu pres trois 
cents vers, Sylvestre a vu cesser entièrement des con- 
vulsions violentes, qui ressemblaient à la danse de 
Saint-Guy. 

Dufau a également guéri cette même affection par 
l'usage des purgatifs, qui firent rendre beaucoup de 
vers par haut et par bas; cependant ıl faut remarquer 
que cette maladie avait déjà cessé une fois d’elle- 
même à une époque antérieure, 

Moœnnich a traité un enfant de deux à trois ans, 


374 SUR LES VERS INTESTINAUX 
qui,ayant auparavantl’aır robuste el bien portant , fut 
atteint tout à coup d'une paralysie des extrémités 1n- 
férieures, il était en même temps strabite de l’œil 
gauche, et toute sa figure était décomposée; après 
l'emploi de vermifuges, il rendit dix-huit ascarides 
avec une grande quantité de glaires, et sa santé se ré- 
tablit. 

Delacroix a vu disparaître un vomissement pres- 
que continuel accompagné de hoquets et de convul- 
sions , après que le malade eut rendu par la bouche 
sept ascarides très-longs. 

J'ai observé moi-même lesdeux cas suivans : On me 
présenta, en 1816, un enfant de neuf ans, du sexe 
masculin, qui avait depuis deux ans des accès très- 
violens et très-fréquens d’épilepsie, il rendait .en 
même temps des morceaux de tænia. Je fus assez 
heureux pour le débarrasser du reste de l’animal, et 
dès ce moment il n’eut plus d'accès d’épilepsie*. 

Une jeune fille de onze ans était tourmentée par 
une toux sèche et presque continuelle. Ayant observe 
qu’elle rendait des articulations de tænia, on Jui fit 
faire usage d’anthelmintiques; elle évacua un grand 
morceau de l'animal, et la toux se calma pendant deux 
mois, époque à laquelle elle reparut de nouveau. Une 
nouvelle évacuation d’un morceau de iænia eut lieu, 
et latoux cessa encore une foismomentanément. Cette 
fille éprouva encore par la suite les mêmes accidens 
trois ou quatre fois, jusqu à ce qu’enfin je parvins, ıl 

: Le même enfant est venu me voir le 4 février 1821 ,1l a tou- 


jours joui, depuis mon traitement , d’une santé parfaite. (Br. ) 


DE L'HOMME. 375 
y a à peu pres huit ans, à détruire complétement son 
tænia , et depuis ce temps la toux n’a plus reparu. 

Lepelletier attribue les accidens suivans à la pré- 
sence des vers : « Une femme de trente-six ans , d’une 
constitution cachectique, fut subitementatteinte d’une 
douleur violente au côté gauche , accompagnée de 
toux sèche, d’une forte oppression , d’une soif exces- 
sive ,,de maux de tête et de fièvre; sa figure était en 
même temps trés-animée ; on lui fit une saignée, puis 
on administra un vomiuif et un purgatif qui lui firent 
rendre par haut quelques ascarides. C'est pourquoi on 
employa des purgatifs et des vermifuges d’une nature 
huileuse, qui firent encore évacuer quelques vers 
avec beaucoup de matière glaireuse , et la santé se re- 
tablit. » Je pense qu’on aurait dû appeler cette mala= 
die pneumonie et non pas maladie vermineuse. 

Sumeire attrıbua aussi la cause d’un point de côté 
à la présence des vers, par la raison que la mousse de 
Corse en avait fait évacuer quelques-uns ; ce méde- 
cin remarque cependant qu’on avait fait précéder de 
quelques saignees lPusage de ce médicament; en 
outre il observe dans son rapport que la mousse de 
Corse est souvent tres-eflicace dans le cas de coliques 
subites, quoiqu'il n’y ait pas de vers. 

Il me serait facile d'augmenter le nombre des ob- 
servations de ce genre ürces des ouvrages tant anciens 
que modernes, mais toutes ces observations reu- 
nies ne prouveraient pas davantage que celles que 
je viens de rapporter, Vinfluence nuisible des vers 


376 SUR LES VERS INTESTINAUX 

sur le corps animal; d’autre part, tout médecin im- 
partial conviendra que dans ces exemples une ac- 
cumulation de glaires et de matières fécales dans le 
canal intestinal, en un mot un derangement dans ses 
fonctions, ou bien une disproportion de son activité, 
relativement à celle des autres organes, a pu donner 
heu, aussi bien que l'irritation appelée vermineuses 
aux symptômes les plus singuliers. 

Les faits que nous venons de rapporter parlent en 
faveur de cette supposition. Nous avons d’abord vu 
qu'une grande quantité de vers séjourne quelquefois 
dans le corps animal sans se faire sentir enaucune ma- 
nière. D’un autre côté , nous avons remarqué que tous 
lés symptômes à l’aide desquels on suppose ordinaire- 
ment l’existence des vers, se trouvent souvent réunis 
sans cependant qu’on puisse en découvrir. Ces ani- 
maux sont eux-mêmes le produit ou bien le résultat 
d'un état morbide! ou contre nature. Ainsi done tout 
ce qui peut contribuer à la production des vers peut 
également devenir la cause prédisposante des accidens 
les plus extraordinaires. Combien de fois n’arrive- 
t-il pas que la manie, ’hypocondrie et d’autres affec- 
tions mentales sont le résultat d’un derangement dans 


* Nathaniel Ramsey cite des cas par lesquels il paraît démontrer 
que quelques personnes sont en meme temps incommodées de 
vers intestinaux et de crachemens de sang. Le même auteur re- 
marque qu'il est probable que ces deux affections sont dans un 
rapport mutuel. Voy. Medic, chir. transaci. of London , vol. IX, 
part, ir, 1818 , n°. D, (Br.) 


DE L'HOMME. 37 
les fonctions des organes du bas-ventre, maladies 
que nous parvenons cependant, dans quelques cas, 
à guérir par la méthode évacuante, sans que nous 
| voyons de traces de vers; quoiqu'il soit arrivé dans 
plusieurs des cas cités que l’évacuatuion de quelques 
vers füt suivie d’une diminution des symptômes gra- 
ves, il ne résulte nullement de là que la présence de 
ces animaux fût la seule cause de ces symptômes. Le 
cas observé par moi-même ne fournit pas non plus 
une preuve suHisante quele tænia fut la cause première 
de l’épilepsie; car ce ver fut détruit par un usage 
continu de mon buile anthelmintique, composée en 
grande partie d'huile de térébenthine , substance 
qui en effet a die employée par les médecins anglais 
Percival, Latham et Philipps dans plusieurs cas avec 
le plus grand succès contre Vepilepsie, non compli- 
quée de maladie vermineuse. 

Quand il s’agit de déterminer la cause d’une mala- 
die, j'engage les praticiens à ne pas attacher trop 
d'importance , sauf quelques exceptions, à la présence 
des vers et encore moins à une évacuation de ces ani- 
maux à une époque très-éloignée. 

Lorsque j'étudiais à Jéna, feu mon ami le docteur 
Schleussner me fit faire la connaissance d’une femme 
hystérique qui avait rendu un jour, je peux dire pour 
son malheur, un tænia; elle avait déjà consulté 
beaucoup de médecins qui ayant tous dirigé leur 
plan de traitement contre ce ver, avaient employé 
inutilement toutes les méthodes connues pour le faire 


évacuer ; elle me fit même voir un verre de mercure 


378 SUR LES VERS INTESTINAUX 
coulant qu’on lui avait administré dans le même bat ; 
et qu'elle avait rendu par bas. Je plaignis beaucoup 
cette pauvre femme, et je fus étonné de ce que l’on 
n'eut pas pu parvenir, après l'emploi des médicamens 
les plus eflicaces, à la débarrasser de son ver. Mainte- 
nant que Jai appris à envisager un peu mieux celte 
matière, jai raison de la plaindre encore davantage, 
et je ne m'étonne plus pourquoi les remèdes quelle 
avait pris n'avaient pas opéré l’évacuaton d’un tænia; 
car je suis presque convaincu qu’elle n’en avait pas. 

Je connais quelqu'un à Vienne qui ayant rendu un 
wenla vingt-cinq ans auparavant, sans avoir éprouvé 
le moindre dérangement de santé, en fit part un jour 
à son médecin; celui-ci regarda cela comme une 
chose d’une haute importance, et il Jui annonca 
qu'il voulait le soumettre à un traitement complet, 
afin de le débarrasser entièrement de son ver; ce 
dont cet homme n'avait ni le temps ni l'envie. Le 
traitement fut par conséquent remis à un autre mo- 
ment. Le malade recut tout-à-coup ordre de se rendre 
à l’armée dans les Pays-Bas ; pendant son absence de 
Vienne, qui a duré plusieurs années, il n’a plus 
pensé à son tænia, et 1l n'en a pas même vu la moin- 
dre trace; il faut avouer que ce fût un vrai bonheur 
pour lui d'avoir pu se soustraire à la guérison que 
son médecin lui avait promise avec tant d’empres- 
sement. 

Le cas suivant mérite encore d'être cite. Je fus 
consulté par écrit, il y a trois ou quatre ans, sur lé- 
tat de santé d’un prêtre qui habitait la Moravie. H 


DE L'HOMME. 379 
était dit dans le rapport, que cet homme avait LOL - 
jours joui d'une santé parfaite, jusqu'au momeul où il 
avait rendu un tænia il y avait trois ans. Depuis ce 
tempsilavait essayé tousles remèdes connus proposés 
par des médecins et par des charlatans pour se de- 
barrasser de son ver, mais aucun de ces remèdes n’en 
avait pas même fait rendre un seul morceau. Il était 
également dit dans ce rapport, que cet homme, jadis 
robuste, avait tellement maigri, qu'il ressemblait à un 
squeleue couvert de la peau, et que sa faiblesse était 
telle qu'il pouvait à peine se tenir sur ses jambes. 

Je lui conseillai, comme on peut bien se l'imagi- 
ner, de s'abstenir sur-le-champ de toute espece de 
vermifuges , étant convaincu que son Mauvais état de 
santé ne provenait pas de la presence d’un tzenlay, 
mais bien de l’abus de vermifuges drastiques. Je ne 
puis pas dire si ce prêtre a recouvré la santé, n'ayant 
pas recu depuis de ses nouvelles. 

Quoique la présence des vers ne cause dans 
beaucoup de cas que très-peu ou même point de dé- 
rangemens (ce sont les paroles de quelques méde- 
eins ), nous ne devons cependant pas mer d’un autre 
côté qu’une grande quantité de ces animaux ne puisse 
obstruer d’une manière mécaniquele canal intestinal, 
et causer par cela des coliques mortelles ; voilà ce dont 
on se plaint, et dont nous avons même déjà rapporté 
quelques exem ples, c'est-à-dire où l'on se croyait en 
droit de présumer que les vers avaient réellement 
causé de pareils accidens : en voici quelques autres. 


380 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Daquin nous a communiqué lobservation sui- 
vante : « Un enfant du sexe masculin ; de dix à douze 
ans, fut amené à l’hôpital le 14 novembre. Il s'était 
déjà plaint de coliques depuis plusieurs jours ; on lui 
administra une potion huileuse vermifuge, qui lui 
fit rendre des matières glaireuses et jaunâtres par 
hautet par bas. Le 15 les coliques étaient augmentées 
de beaucoup, il vomissait tout ce qu'il prenait ; il n’y 
avall pas de traces de hernie : le bas-ventre était souple 
et aplati. Le malade sentait une douleur violente 
audessous de la région du foie, quand on y exer- 
call une pression. L'huile d'amandes douces, qu'on 
lui avait ordonnée, fut vomie. sur-le-champ, et les 
souffrances du malade continuèrent. Dans l'apres- 
midi il avait l'air d'avoir perdu complétement la rai- 
son; 1] sauta de son lit, Ota sa chemise et se roula à 
terre, etc.; il ne pouvait rien garder dans son corps. 
Le 16 il était sans pouls, sans connaissance, dans 
un état comaleux et complétement amaurotique. Il 
succomba à une heure après midi. Son corps était 
desséché ; l’epiploon avait presque entièrement dis- 
paru. On trouva dans l'estomac un ascaride très- 
gros, de la longueur de l’avant-bras ; une des extré- 
mités de cet animal se trouvait bien haut dans P’oeso- 
phage, tandis que l’autre était descendue très-bas 
dans le duodénum. Cet intestin, ainsi que les autres 
intestins greles et le cœcum, étaient tellement remplis 
de vers, qu'ils paraissaient y avoir été mis par force; 
l'on en trouva également quelques-uns dans les gros 


DE L'HOMME: 38: 
intestins. Malgré la présence d’une si grande quantité 
de vers, iln’yavaiı pas de traces de phlogose dans le ca- 
nal intestinal. La tête decetenfantne fut pas ouverte. » 

Au premier abord on serait tenté de croire que 
Vobstruction causée par cette grande quantité de vers 
fut l’unique et principale cause de la mort de cet en- 
fant , mais l’on doit prendre en considération que ces 
vers n’ont pas pu se produire pendant une nuit, et 
‚sı nous voulions même admettre que celà ait eu lieu, 
‚ces animaux n'auraient pas pu, dans tous les cas, at- 
teindre leur développement complet assez subite- 
ment pour obstruer totalement les intestins. Du reste, 
si l’obstruction avait été la principale cause de la 
mort, chose que nous ne pouvons admettre, par la 


raison que cet enfant avait encore eu une évacuation 


le 14, une inflammation et la gangrène auraient dü 


alors avoir lieu auparavant, comme on le voit en 


pareil cas, mais ıl n’y avait pas même Ja moindre 
trace d'inflammation dans les intestins du cadavre. 
Pendant la vie, cet enfant pouvait en outre suppor- 
ter une pression sur le bas-ventre, qui était méme 
aplatı, par conséquent les intestins étaient suscep- 
tibles d’une distension beaucoup plus considérable. 

I] résulte de l’ensemble de cette histoire, que ni la 
grande quantité de vers existant sans doute depuis 
long-temps dans le corps du malade, comme cela 
paraît être prouvé par son extrême maigreur, ni en- 
fin Vobstruction apparente des intestins, attribuée à 
la présence du grand nombre de ces animaux, ne peu- 


vent être regardés avec certitude comme la cause des 


382 SUR LES VERS INTESTINAUX 


accidens et de la mort de cet enfant. Il me paraît trèss 
probable que le ver que l’on a trouvé dans l'estomac a 
provoqué les vomissemens; cependant il reste en- 
core à savoir si ce ver n’avait pas pris la position 
dans laquelle on l’arencontre seulement après la mort 
de l'enfant ou peu de temps auparavant; je me plais à 
admettre cette supposition par la raison que cet anı- 
mal aurait dù être déplacé et arraché de sa position par 
les efforts que l'estomac fait ordinairement en pareil 
cas dans le vomissement. Du reste, je ne concois pas 
comment la presence d’un seul ver dans l’estomac 
aurait pu irriter cet organe au point de causer une 
mort subite; il est toujours à regretter que l’on n’ait 
pas ouvert la tete du cadavre. 

Le cas suivant, rapporté par Campedon, paraît 
prouver davantage qu'une mort subite peut être OC- 
casionée par une très-grande quantité de vers. « Un 
homme succomba après avoir éprouvé pendant vingt- 
quatre heures des coliques violentes. L’autopsie ca- 
davérique fut faite , et l'on trouva l'intestin cœcum et 
une partie du colon rem plis et entièrement distendus 
par un peloton d’ascarides (il y en avait trois cent 
soixante-sept de la longueur de cinq à six pouces ); 
de manière que ces intestins ont dû s’enflammer et 
tomber en gangrène. » 

Les observations suivantes prouveront cependant 


te) 
le caval intestinal sans causer des accıdens graves. 


qu'une grande quantité de vers peut séjourner dans 


J’ordonnai un jour à un bonnetier d’A polda (à trois 
lieues de Jena) l'électuaire vermifuge de Stoerk; 


DE L'HOMME. 383 
quelques jours après je fus le voir, et il me conduisit 
dans son jardin afin de me montrer les matières ster- 
corales qu’il avait rendues et auxquelles était mêlée 
une quantité extraordinaire de vers. Si je ne les avais 
vus de mes propres yeux, je n'aurais jamais cru qu’un 
aussi grand nombre ait pu se trouver à la fois dans le 
corps d’un homme, et cependant le malade, autant 
que je me le rappelle, n’en était pas très-incommodr. 
Si, à cette époque, il avait succombé par hasard à la 
suite d’une colique violente occasionde par le refroi- 
dissement, par l’usage d'une mauvaise bière, etc., 
on aurait, sans le moindre doute, regardé les vers 
comme la cause de sa mort. 

Dall’ Olio raconte qu'il a rendu par la bouche, dans 
l’espace de quinze jours, quatre cent cinquante asca- 
rides qui étaient de la longueur de la main’. 

Marteau de Grandvillers a connu un soldat de 
vingt-trois ans qui a évacué trois cent soixante-sept 
ascarides dans l’espace de six jours. 

Il résulte de ces faits, que si l’on trouvaitune grande 
quantite de vers réunis dans une partie quelconque 
du canal intestinal, l’on porterait un jugement an 
moins très-hasardé, en les regardant comme ayant 
été réellement la cause de la maladie ou de la mort. Je 
crois aussi que les accidens observés par Muralto sur 
une femme en couche attaquée d’un iléus violent pro- 
venaient de sa hernie ombihcale et crurale, et non 
pas de vers intestinaux. Cette femme se trouva soula- 
gée après qu’elle eut fait usage de bains tiedes, et 


" Memorie, p. 215. 


384 ° SUR LES VERS INTESTINAUX 
immédiatement après elle rendit plusieurs vers par 
haut et par bas. | 

L'on ne peut pas nier que les vers ne deviennent 
beaucoup plus incommodes quand ils sortent du lieu 
que la nature leur a assigné, et quand ils se rendent 
dans d’autres organes. Dans le cas où les ascarides , 
par exemple, qui, chez l'homme, vivent dans les in- 
testins grêles, se portent à l'estomac, ils y causent 
alors beaucoup d’accidens désagréables , lesquels 
continuent jusqu’à ce que l'estomac, par un eflort 
considérable, les ait rejetés. Dans plusieurs des cas 
ci-dessus rapportés, il y avait des vers dans l'estomac, 
et il est très-vraisemblable que Palmer se trompe en 
croyant qu'ils peuvent séjourner daus l’estomac long- 
temps sans donner lieu à des accidens. 

Désarneaux a observé un accès Ires-grave d’épi- 
lepsie qui, d’après la relation de get auteur, avait LÉ 
produit par un seul ascaride qui s'était glissé dans 
l'estomac. 

Cependant il n'est ici question que des vers intes- 
tinaux de l'homme , car il y a chez quelques animaux 
des vers que l’on rencontre toujours uniquement 
dans l’estomac; il est très-probable qu'ils s'y dé- 


5 Dr. Joseph Klapp Ueber die Würmer des magens. Voyez The 
American recorder Philadelphie, vol. XX, n°. HH, april 1820. Ibid., 
Haguer , Würmer , in der leber einer wahnsinmuigen (vers trouvés 
dans le foie d’une femme aliénée). Cette femme avait également 
Ges hydatides dans le plexus choroide et d’autres désorganisaiions 
dans le cerveau. Voyez Zeitschrift fur physische Aerzte von Nasses 
4 tes heft:1818, Leipzig, page 514. ( Br.) 


DE L'HOMME. 385 


veloppent aussi, et qu’ils ne causent en cet endroit 
pas plus de gêne que les autres vers dans les intes- 
tins, si long-temps qu'ils ne quittent pas l'endroit 
que la nature leur a assigné. Il vit en effet dans l’es- 
tomac de la souris un ascaride assez gros, et j’en ai 
trouvé une fois vingi-trois réunis, une autre fois 
vingt-quatre qui, mis dans l’eau, et conservés après 
dans l’esprit-de-vin, causent l’étonnement de tous 
ceux qui les voient, parce qu’on ne pent pas com- 
prendre comment tous ont pu trouver place dans une 
cavité aussi petite. 


Quand les vers se portent d’un endroit du canal 


intestinal dans un autre, ou, pour mieux dire, quand 


ils changent leur siége naturel, il est à présumer 
qu'ils ont été forcés à se déplacer par des cireonstan- 
ces extérieures indépendantes de leur volonté. 

Quand les sucs contenus dans le canal intestinal, 
dont ces animaux se nourrissent, changent de nature, 
quand les intestins se contractent spasmodiquement, 
il est probable qu'ils ne se trouvent pas à leur aise, 
et qu'ils tâchent alors de découvrir un endroit qui 
leur soit plus convenable. S'ils se portent par hasard 
de bas en haut, ıls arrivent, à leur grand desavan- 
tage , dans l'estomac ; car cet organe n’étant pas accou- 
tumé à la présence d’un corps de cette nature, fera 
tous ses efforts pour le rejeter au dehors. 

Mais on a certainement tort d'admettre qu'ils per- 
forent les intestins, et que par là ils causent la mort. 
Felix Plater aîné, dont les idées sont conformes aux 
nôtres sur la formation des vers intestinaux, a déjà 


29 


386 SUR LES VERS INTESTINAUX 


douté de ce fait, par la raison qu'il faudrait des or- 
ganes particuliers , tels qu'une trompe pointue ou 
bien des dents , organes qu'il n’a pas pu remarquer 
sur ces animaux , pour opérer une semblable perfo- 
ration, et il ajoute qu’une simple succion ne peut pas 
l’effectuer. 

Bianchi et Wichmann ' sont de la même opinion, 
et le dernier range les lumbrici effractores parmi les 
fables de Ta pathologie. M. Rudelphi, qui a fait des 
recherches très-étendues à ce sujet, a prouvé que les 
vers intestinaux de l’homme ne peuvent pas perforer 
les intestins ni les tégumens en général, et il remarque 
que tout homme impartial peut se convaincre qu'ils 
manquent des organes nécessaires pour le faire. Il a, 
qui plus est, démontré que des espèces de vers 
étrangères à l'espèce humaine, comme les acanthocé- 
phales , qui peuvent parvenir à perforer l'intestin, ne 
produisent pas même d’inflammation dans cet or- 
gane, sans doute à cause de la lenteur avec laquelle 
la perforation a lieu ?. 

Cependant ‚comme on parle souvent de semblables 


* Ouvrage cité, p. 84. 

? On ne doit pas regarder l’exemple cité par moi plus haut con- 
cernant les dorades (cyprinus auratus ) comme une preuve contre 
cette assertion. Quoiqu'il y soit dit que l’on a trouvé dans le bocal 
plusieurs de ces poissons morts etperforés par des échynorhinques ; 
car on ne peut pas admettre que ces poissons soient morts par 
suite de cette lésion , je crois plutôt qu'ils avaient succombé, ainsi 
que les échynorhinques mêmes, par le manque total d’alimens , 
ce qui met une fin naturelle à la vie dans tous les animaux. | 


DE L'HOMME. 38- 


perforations, je vais citer seulement quelques exem- 


/ 


ples (car si je faisais mention de tous je remplirais 
un volume) afin de mettre mes lecteurs à même de 
juger quel degré de confiance ils méritent. 

Gramann raconte le cas suivant: Une femme sentait 
une tumeur de la grosseur d’une noix dans la région 
inguinale; un chirurgien y appliqua pendant quinze 
jours des émolliens ; à la fin la tumeur s’ouvrit, des 
matières fecales sortirent d’abord, et un instant apres 
cinq vers de forme ronde, qui furent suivis successi- 
vement de beaucoup d’autres. Gramann, que l’on 
avait appelé en consultation, déclara sur-le-champ 
cet accident comme étant le résultat de la perforation 
des intestins causée par les vers intestinaux. L'emploi 
des amers produisit, dans l’espace de quatre jours, la 
sortie de plus de cent vers de la longueur d’un pied, 
et pour chacun d’eux la malade éprouva dans la plaie 
une sensation semblable à celle d’une morsure ; néan- 
moins elle fut complétement guérie dans l’espace de 
trois semaines. Gramann remarque qu'il avait déjà 
observé un cas analogue, mais où il ne sortit que 
trois vers. 

Vollgnad rapporte l'observation suivante : Une 
femme qui avait déjà éprouvé des symptômes qui 
avaient fait presumer la présence des vers, et dont . 
elle avait en effet vomi quelques-uns, fut tout à 
coup effrayée par une sensation douloureuse, qu'elle 
éprouva en tendant fortement le bras en haut, pen- 
dant qu’elle travaillait; il lui sembla que quelque 
chose s'était détaché de l’ombilic, et s’était porté vers 

2 


388 SUR LES VERS INTESTINAUX 
la région inguiuale. Cette femme fut obligée de garder 
le lit, et elle s'apercut bientôt qu'il se formait à ce der- 
nier endroit une tumeur quiaugmenta peu à peu jus- 
qu'à la grosseur du poing. Les douleurs étaient con- 
tinuelles et semblables à la sensation qu’on éprouve 
quand on est pincé. Elle croyait aussi remarquer 
d'une manière distincte que quelque chose de vivant 
seremuait. La tumeur creva le troisième ou quatrième 
jour, et il sortit une grande quantité d’une matière 
rès-fétide dans laquelle se trouva nn ver qui res- 
semblait à un lombrie (Zumbricus), d’un pied de 
long, et pourvu d'une trompe. Pendant trois semaines 
beaucoup de matière purulente s’Echappa de la plaie, 
et la femme succomba.» Cependant je ne pense pas 
que sa mort puisse être attribuée à la présence du ver. 
Schelhammer tâche de réfuter l'opinion de Plater, 
dont ıl a été fait mention plus haut, par l'observation 
suivante : Une paysanne de quarante-six ans avait 
éprouvé depuis long-temps des coliques violentes. II 
se forma dans un de ses hypocondres une tumeur qui 
s’enflamma et tomba en gangrene. Apres la rupture 
de Ja tumeur il en sortit d'abord du pus tres-féude, 
et, ensuite, c'est-à-dire dans l’espace de huit jours, 
vingt-quatre ascarides plus ou moins gros. Quelques- 
uns de ces vers se présentérent par la teie, d’autres, 
étant ployés, se montrerent par le milieu du corps, ce 
qui permit de les extraire avec quelques précautions 
dans la forme qu'ils avaient. De l'huile que l’on avait 
aonnee à boire à cette femme sortit peu de temps 
après par l'ouverture. La plaie se cicatrisa bien une 


DE L'HOMME. 389 


u 


premiere fois, mais elle s’ouvrit de nouveau, et lors- 
que Schelhammer fit la connaissance de cette fenıme, 
cet état de choses avait déjà duré dix-huit ans. 

Sı Schelhammer conclut de tout cela qu’il y a cu 
réellement dans ce cas-cı perforation des intestins, 
personne ne pourra nier ce fait, mais il n'a pas 


prouvé que cette perforation avait GLE produite par les 


vers que la malade avait évacués, et la circonstance 
rapportée par lui-même, que ces animaux s'étaient 
présentés par le milieu du corps, prouve plütöt contre 
que pour son assertion. 
Tous mes lecteurs approuveront sans doute Marcus 
d'avoir voulu garantir une femme malade, atteinte de 
S b) 


| Ja danse de Saint-Guy, du soupçon qu’onavait qu’elle 


était possédée du diable; mais e’est une chose qui 
restera toujours problématique, de savoir si les qua- 
rante-un ascarides qu’elle avait rendus en partie avant 
de mourir, et dont le reste fut trouvé dansıles intes- 


| tins sphacélés, avaient été la cause de sa maladie ct 


| de sa mort. 


Lüdücke donne, à tort, ce me semble, à un cas 
particulier qu'il cite, la dénomination de perforation 


des intestins causée par des vers; car depuis plusieurs 


| mois la tumeur avait déjà ereve dans la vegioningul- 


pale, et ce ne fut que douze jours avant la mort de 


Yindividu qu'un ver apparut dans la plaie. 
M. Godot me paraît avoir commis une erreur de 
meme sorte, Un abcès considérable au foie fut ou- 


Vert; au huitiéme pausément on apereut dans la plaie 


un ascaride qui fut suivi de quelques autres. Godot 


' 390 SUR LES VERS INTESTINAUX 


croit que ces vers avaient perforé l'estomac; mais il 
est plus vraisemblable que c'était le N qui avait 
causé cette perforation. 

Hünerwolf a publié l'observation suivante sous 


le titre : De ileo lethali a vermibus. Une femme de. 


trente ans vomit, après avoir éprouvé de fortes coli 
ques, seize ascarides fort gros, et mourut bientôt 
après. Les intestins grêles étaient sphacélés et percés 
à plusieurs endroits. On ne dit cependant pas dans 
l'histoire Que l’on y ait trouvé des vers. 

Dans le cas rapporté par Fischer‘, où un ascaride 
fut trouvé dans la cavité pelvienne, mais où un autre 
pendait à moitié hors du eoecum, il y avait également 
inflammation des intestins, et les trous dans l'intestin 
avaient été probablement causés par la gangrène dont 
celte partie se trouvait déjà frappée. 

Wichmann affirme en effet qu’il a souvent trouvé 
des trous d’une forme ronde dans les intestins de vieil- 
lards chez lesquels il ne s’était pas manifesté de traces 
de vers ni pendant leur vie, ni après leur mort. 

J'ai prévenu mes lecteurs dans le commencement, 
que je me bornerais à leur faire connaître un petit 
nombre des cas dans lesquels on a cru pouvoir at- 
tribuer la mort à la perforation des intestins par les 


vers; les personnes qui voudront prendre connais= | 


sance de plusieurs autres cas semblables peuvent les 
trouver dans les ouvrages de Lebeau, Borellus, Gi- 
rard, Goekel, Heister, Marteau, Moulenq , Offred, 
Schmidt, Tulpius, etc. , et j’abandonne à leur juge- 


» Poen. hydatig. , p. 40. 


DE L'HOMME. 391 
ment à décider si c’est avec raison que l'on a regardé 
les vers dans les cas cités comme ayant causé la mort. 
Cependant je ne puis m'empêcher de rapporter ici les 
propres expressions d’un célèbre médecin allemand ‚* 
Baldinger ; elles servent de complément à l’histoire 
d’une maladie rapportée dans son Journal‘, etqui ne 
diffère de celles que nous venons de citer que par une 
plus grande complication; les voici : « On me com- 
muniqua l'histoire de cette maladie afin d’avoir mon 
avis. Malgré toute l’exactitude avec laquelle elle a été 
rédigée, j'ai pu seulement reconnaître que la fistule 
en question descendait obliquement entre les muscles 
abdominaux. Il me paraît probable que lPintestin se 
trouvait dans le commencement etrangle dans Panneau 
inguinal , et que le chirurgien appelé en premier lieu 
aura pris unehernie pour un abces, ce qui arrive assez 
sauvent, et ce dont Heister cite plusieurs exemples. 
L’intestin par conséquent fut frappé de gangrene, 
et des ascarides sortirent alors par l’abces, ce qui a 
été déjà observé un grand nombre de fois. 

Hirsch , dans ses remarques faites sur un cas rap- 
porté par lui-même , et qui est semblable à ceux que 
nous venons de citer, ne croit pas que les vers pro- 
vinssent du canal intestinal. Voici ses propres expres- 
sions : « En considérant l'amas énorme de vers qui 
s'était accumulé dans cette femme, surtout à l’e- 
poque de la grossesse, où leur contact avec les parois 
du canal intestinal a dü être favorisé par la pres- 
sion de la matrice, et ou, par Ja double ırritation 


3 Neues magazin für aerzte | bd.6, st r , s. 75. 


392 SUR LES VERS INTESTINAUX 


des vaisseaux lymphatiques, leur activité fut augmen- 
Lee, 1l paraîtra concevable que!’ absorption de la ma- 
tière plastique de ces zoogénites ait pu avoir lieu par 
les vaisseaux éphaititée des intestins. Lorsque la 
substance absorbée par les plus fins de ces vaisseaux 
arrive promptement à sa formation, elle agit aussi 
d'une manière destructive sur eux, et parvient après 
leur rupture dans des cavités qui différent du séjour 
ordinaire des vers, c’est-à-dire hors desintestins. Les 
larves de ces animaux se nourrissent, dans l'endroit 
où elles se trouvent déposées, de la vapeur animale 
et de l'humeur exsudée par les vaisseaux lymphati- 
ques; elles parviennent bientôt, à l’aide de cette 
nourriture , à se multiplier, et elles forment alors un 
amas qui doit réagir d’une manière anomale sur les 
parties environnantes. » 

Cependant M. Hirsch n'aurait pas eu besoin d’a- 
voir recours à cette explication hasardée pour démon- 
ter comment les vers auraient pu arriver dans la plaie, 
s’il n'avait pas mis trop d'importance à la circonstance 
qu'il ne s'était pas formé à l'endroit affecté un anus ar- 
uficiel, qu’ilregarde comme une suite certaine dans le 
cas d’une perforation de l'intestin. Des guérisons , à la 
suite de hernies étranglées compliquées de gangrène, 
ne sont pas du toutimpossibles. J’ai observé moi-même 
un cas semblable étant encore étudiant en médecine. 
Voici le fait : Une femme à Apolda avait une hernie 
qui s’étraugla un jour et tomba en gangrène; des ma- 
iéres stercorales (qui cependant ne contenaient pas 
ide vers), sortirent par Ja plaie. Comme cependant 


DE L'HOMME. | 303 
ces matières ne pouvaient s’écouler par l’anus qu'à 
l’aide de lavemens, je me proposai, secondé par deux 
de mes amis, de fixer l’intesuin au péritoine , ou bien 
aux autres tégumens, afin de prévenir l'épanche- 
ment de ces matières et de conserver la vie de cette 
femme, düt-elle même garder un anus contre na- 
ture. Cependant l’essai échoua, et nous ne pümes 
parvenir, malgré la dilatation de l'ouverture de Ia 
plaie, à saisir Y’intestin déchiré. 

* Qu'arriva-t-il alors ? la nature, si puissante dans ses 
effets, effectua spontanément une cicatrice, et la 
femme fut rétablie sans avoir d’anus aruficiel. 

Ces cas sont, à la vérité, très-rares : en voici 
encore quelques autres. 

Needham , médecin a North-Wolsham, a rap- 
porté l’observation suivante très-remarquable : Un 
enfant de treize ans, du sexe masculin, fut renversé 
par une voiture qui lui passa surle corps; une grande 


partie des intestins et du mésentère était sortie par le 


réctum, et bientôt après la gangrène s’y déclara. 
Needham enleva une longueur de cinquante-sept 
pouces d’intestins sphacélés, et le malade guérit. 
Borell et Marteau parlent de hernies ombilicales , 
et Goeckel et Moulenq, de hernies inguinales, où 
les plaies se cicatrisèrent entierement sans laisser ni 


fistule, ni anus artificiel. 


Roudier rapporte aussi un cas de hernie étranglée 
avec complication de sangrene; il se forma à Pendroit 
. » , . . A 
affecté une ouverture de laquelle sorurent dix-neuf 


ascarides et toutes les matières stercorales; Pexcré- 


394 SUR LES VERS INTESTINAUX 
tion par l’anus avait entièrement cessé: nonobstant 
le malade guérit. 

Baillie fait également mention dé plusieurs exem- 


ples d’anus artificiels par suite de gangrène, qui ont 
été guéris. 


Nous ne nous tromperons par conséquent pas, _ 


si nous admettons que les vers, dans l’observation 
citée par Hirsch , provenaient également du canal in- 
testinal, dont ils sortent en pareil cas, et qu’ils n’a- 
vaient eu aucune part à sa rupture. Cependant celte 
dernière assertionn’est pas généralement admise, et si 
l'on ne peut pas accuser ces animaux de la perforation 
des intestins, puisqu'ils ne sont pas pourvus d’or- 
ganes propres à l'effectuer, on les regarde au moins 
comme une cause d’etranglement de hernie. 

Richter comprend les vers intestinaux parmi les 
causes qui peuvent produire cette espèce de mala- 
die. L’explication de la manière dont il conçoit 
que cela puisse s'effectuer, s'accorde avec celle de 
Wedekind; ce dernier a même publié une disserta- 
tion sous le titre des étranglemens de hernies occasionés 
par les vers. 

Wedekind admet bien plus que l’on doit attribuer 


les cas très-multipliés, et presque endémiques de her- 


nies avec complication de vers dans le comté de 
Diephols, où il était autrefois médecin en chef, à 
cette cause, et à la manière de vivre des habitans de 
ce pays. D’après cela, il cherche à démontrer avec 
beaucoup de sagacité, comment les vers peuvent 
produire de deux manières ces étranglemens. D'a- 


DE L'HOMME. 395 


bord, notamment par irritation consensuelle ( étran- 
glement spasmodique), et puis par obstruction ou 
compression des intestins contenus dans le sac her- 
niaire. Le premier genre d’étranglement, d’après 
lui, est une suite d’irritaion vermineuse. Mais 
qu'est-ce que l'irritation vermineuse ? un terme 
de médecine, comme beaucoup d’autres, par les- 
quels on s’imagine avoir désigné quelque chose, 
sans cependant pouvoir en rendre compte ni à SOI- 
même ni à d’autres. Comment et de quelle manière 
irritent les vers, surtout les ascarides, car ce sont 
sans doute eux dontil est ici exclusivement question? 
J'avoue que je ne saurais l’expliquer. 

Tous les ascarides que j'ai rencontrés dans des 
animaux fraîchement tués se trouvaient libres, isolés, 
ordinairement enveloppés de mucosités dans l’intes- 
tin, et ils étaient loin de toucher sa tunique mu- 
queuse (tunica villosa). Places de cette maniere, je 
ne concois pas comment ils peuvent causer une irri- 
tation semblable à celle dont parle Wedekind; la sen- 
sation, comme s’il rampait quelque chose dans le 
corps, dont les malades se plaignent assez souvent, 
est aussi illusoire que celle des femmes hystériques, 
qui croyent bien des fois que la matrice se porte réel- 
lement vers la gorge. | 

J'ai traité depuis plus de dix ans plusieurs cen- 
taines de malades tourmentés par des vers, ou qui 
croyaient l'être, et j'ai toujours remarqué que ceux 
qui en avaient réellement dans leur canal intestinal, 


366 SUR LES VERS INTESTINAUX 


se plaignaient le moins de ces sensations singulier es, 
surtout lorsqu’on ne les avait pas encore fatigués de: 
beaucoup de vermifuges ; mais les personnes au con- 
traire qui avaient rendu un jour des vers, et dont il 
ne restait probablement plus de traces depuis un long 
espace de temps, ou enfin celles-auxqueiles les mé- 
decins avaient mis dans la tête qu'elles en étaient in- 
commodées, se plaignaient en effet que les vers les 
pincaient, ls mordaient, les sucaient ou les fatiguaient 
par leurs mouvemens, etc. 

Quand on examine de pareils malades , ils nous di- 
sent souvent qu'ils sentent les vers tantôt dans le duo- 
dénum , et tantôt dans lestomae, dans le jéjunum , 
dans le rectum, dans la gorge, dans les épaules, etc. 
Qui voudrait admettre qu’un ver intestinal , naturel 
lement très-lent dans ses mouvemens, puisse par- 
courir aussi promptement le canal intestinal, si long 
et si 1ortueux ? qui pourrait encore croire, que les 
mouvemens d’un tel animal, si souple, seraient sen- 
us plus distinctement que, par exemple, le roulement 
d’un noyau de cerises, dont plusieurs centaines par- 
courent souvent le canal intestinal, sans cependant se 
faire remarquer par une sensation quelconque ? 

Aucune de semblables sensations morbides ne 
nous autorise par conséquent à conclure la pré- 
sence des vers ; il nous est seulement permis de soup- 
conner une maladie vermineuse, généralement par- 
lant , si toutefois les circonstances mentionnées plus 
haut ont réellement lien; car, je le répète , il ya des 


DE L'HOMME, 397 
hommes qui ont souvent une tres-grande quantité de 
vers dans le corps et qui cependant ne se plaignent 
jamais d’aucune de ces sensations. 

On m’objectera sans doute que ceue assertion peut 
être vraie seulement dans le cas où les vers séjourne- 
raient dans un canal intestinal parfaitement sain, mais 
non pas dans celui qui se trouverait dans un état d'ir- 
ritation contre nature. Mais alors la cause de la ma 
ladie ne doit pas être directement attribuée à la pré- 
sence des vers, qui existaient peut-être déjà 1c1 depuis 
des années, mais bien à quelque autre chose (peut- 
être aux remedes employés contre les vers) qui a pro- 
duit cette irritatıon considérable du canal intestinal. 

Le second genre d’étranglement de hernies, d'après 
Wedekind, est celui que les vers occasionent, ou 
par une obsirucuon, ou bien par une pression des 


aAntestins contenus dans le sac herniaire. Ce médecin 


raisonne là-dessus de la manière suivante; «les vers, 
en obstruant le canal intestinal, peuvent donner lieu 
au zmiserere (ou bien au vomissement de matières 
stercorales), par conséquent ils peuvent bien plus 
facilement produire cette maladie, quand ils se 
trouvent placés dans le sac herniaire.» Mais je ré- 
ponds à cela : l’antécédent de cette couclusion n’est 
que présumé et nullement constaté (je renvoie mes 
lecteurs aux réflexions que j'ai faites plus haut sur les 
obstructions du canal intestinal causées par la pré- 
sence des vers); quant à la conclusion elle-même, 
elle doit être naturellement inexacte. 

- Cependant Wedekind défend son opinion comme 


398 SUR LES VERS INTESTINAUX 

de coutume, avec beaucoup d’esprit, et il prétend 
que les vers contenus dans le sac herniaire provo- 
quent d’abord, par leur irritation, une contrac- 
tion de l'intestin, et il ne regarde l’etranglement que 
comme une suite de l’inflammation. Il tâche de prou- 
ver son assertion en disant, que la douleur dans la 
hernie précède toujours l'inflammation. 

En admettant , même pendant un moment, la pos- 
sibilité de ce fait, il me semble cependant que les an- 
técédens ne sont pas établis d’une manière tout à fait 
exacte ; car les ascarides, conformément à la struc- 
ture de leurs organes destinés à recevoir la nourri- 
ture , peuvent toutau plus s'implanter dansla tunique 
muqueuse des intestins. (Jen’admets cela que comme 
une chose possible, car je viens de remarqüer que je 
n’ai jamais rencontré un ascaride qui fût implanté 
dans cette tunique , et encore moins dans la tunique 


appelée nerveuse); mais il ne me paraît nullement 


probable que cela pourrait produire dans lVintestin, 
supposé même qu’un, deux ou trois vers s'y trou- 
vassent implantés , une constriction capable de faire 
naitre un ıleus. 

J’ai tropd’exemples à ma disposition pour être con- 
vaincu du contraire. Les échynorhinques s’accro- 
chent quelquefois par centaines sur les intestins des 
poissons , des oiseaux aquatiques et même des pores, 
et tellement profondément, que l’on peut reconnaître 
le siége de chaque ver par une petite protubérance 
sur la paroi externe de l'intestin. Dans la cigogne se 
trouve un distome qui se forme des excavations très- 


DE L'HOMME. 399 


profondes dans les parois du canal intestinal : nous 
voyons souvent dans les intestins des brochets une 
quantité enorme de tricuspidaires, qui s’y implantent 
également profondément : chaque endroit où un in- 
dividu avait été accroché est marqué par une protu- 
bérance papilliforme qui est creusée par une conca- 
vité dans son milieu. 

Le docteur Gelis a bien voulu me céder un jour 
le cadavre d’un enfant mort rachitique et par suite 
d’une carie presque générale des os, dans les intestins 
duquel j'ai trouvé un tænia vivant fortement implanté 
par son orifice buccal à la paroi interne de l'intestin ; 
mais il n’y avait ni constriction, ni inflammation, 
ni aucun autre changement morbide. I] en est tou- 
jours de même pour les animaux cités plus haut, 
Comment, par conséquent, les ascarides , qui sont jus- 
tement les moins propres a s’accrocher, pourraient-ils 
causer tant de dérangemens. N’expliquera-t-on pas le 
fait rapporté par Wedekind beaucoup plus naturel- 
lement en regardant la circonstance, qui, d’après 
l'opinion de ce médecin, donne lieu à la fois à Ja 
production des vers et à la formation des hernies, 
comme la cause primitive des coliques et de l’étran- 
glement ? Du reste, il me paraît qu’une hernie conte- 
nant un ou plusieurs ascarides vivans devrait toujours 
être plus facile à réduire qu’une autre qui nt renfer- 
merait que des matières stercorales endurcies. Le ver 
comprimé par les doigts que le chirurgien emploie 
pour opérer le taxis, se détachera non-seulement 
( chose que je suppose, mais que je n’admets pas) et 


400 SUR LES VERS INTESTINAUX 


levera par là la cause de l’etranglement; mais encore 
il s’en ira par Je chemin par où ıl est venu. Cela fait, 
la circulation libre du chyle et des matières fécales 
sera retablie , si toutefois aucun autre obstacle ne s’y 
oppose. 

Des vers morts offriront à peu près autant d’obs- 
tacles que des matières stercorales endurcies; cepen- 


dant ceux-là, à cause de leur superficie lisse et de 


leur structure cylindrique „qui se termine. en cône 
aux deux extrémités, seront toujours plus faciles à 
éloigner que celles-c1. 

Mais à quoi bon poursuivre plus long-temps la 
défense de ces animaux : tout homme qui a la ceru- 
tude d’en avoir désire d’en étre débarrassé ; c’est pour- 
quoi nous avons indiqué dans le chapitre suivant les 
moyens thérapeutiques propres à les combattre. 


AA US LU LULU TUE LEUR 0010028 4 7 


Unna 


CHAPITRE SIXIEME. 


« sir: r « x 
Du traitement hygienique ettherapeutique contre les vers. 


intestinaux. 


SECTION I. Des remèdes en général. 


L'espèce humaine est sujette à peu de maladies pour 
lesquelles on ait proposé autant de remèdes que pour 
les affections vermineuses. Cette observation en don- 
nera sans. doute, une idee très-défavorable en réflé- 


DE L'HOMME. :- hot 
chissant que ce sont en général les maladies les plus 


incurables, telles que la phthisie pulmonaire, les 
scrofules, etc., contre lesquelles on cherche encore 


. \ 
‚tous les jours des remèdes plus efficaces que ceux que 


lon connaissait et que l’on avait d’abord regardés 
comme infaillibles, tandis que le traitement de la pé- 
ripneumonie, par exemple, est aussi simple dans le 
dix-neuvieme siècle qu’il Petait du temps d’Hippo- 
crate. Ce n’est cependant pas l’opiniâtreté avec la= 
quelle les vers résistent aux remèdes dont l'expérience 
a sanctionné l'efficacité, qui est la canse principale 
que ces remèdes ont été rejetés pour être remplacés 
par d’autres, qui souvent même ne jouissaient pas de 
la propriété vermifuge; cela tient à plusieurs autres 
raisons. 

D’abord avec l'emploi de ces remèdes on n’a pas 
eu égard à la cause déterminante de la formation des 
vers, et par conséquent à son éloignement, en sorte 
que toutes les fois ou, après l'emploi efficace d’un 
médicament, les vers ont reparu, on en a substitué 
un autre; ajoutons que l’usage du premier a pu aussi 
n'être pas continué assez long-temps. C’est ainsi que 
Dianière, dans un cas qu’il rapporte, où tout semblait 
indiquer lexistence de vers intestinaux, et où des 
vermifuges administrés deux ou trois fois conjointe- 
ment avec des purgatifs , n'avaient déterminé la sortie 
d'aucun de ces animaux, ayant trouvé à l’ouverture 
du corps un grand nombre d’ascarides réunis par pe- 
lotons dans différens endroits du canal intestinal, en 
conclut un système particulier pour le traitement de 


26 


402 SUR LES. VERS INTESTINAUX 
l'affecuon vermineuse. L'administration des vermi= 
fuges doit être, suivant lui, continuée long-temps et 
avoir lieu deux ou trois fois par jour , immédiatement 
avant ou après le repas, afin, dit-il,«que les vers affa- 
mes se jettent sur ces substances avec plus d’avidite. 
Il faut leur associer des matières sucrées et propres 
à rendre le poison plus agréable; enfin le traitement 
doit être termine, lorsque toutefois rien ne dénote 
plus la présence des vers, par l'emploi des purgaufs ; 
car dans le cas contraire on doit recommencer le 
même système de traitement qui, abstraction faite de 
l’idée d’affamer les vers et d’Edulcorerles vermifuges, 
n’est pas à dédaigner. 

Une autre raison pour laquelle on a quelquefois 
eu recours à de nouveaux vermifuges, c’est que leur 
emploi est souvent déterminé par l'existence de quel- 
ques symptômes généraux qui ont pu induire en er- 
reur, comme nous l'avons démontré plus haut, et 
sans avoir des preuves. certaines de l'existence des 
vers, ou bien qu’apres l'évacuation de quelques-uns 
de ces animaux on a continué de leur attribuer des 
accidens dont la cause réelle aurait dû être cherchée 
ailleurs. | ; 

Les deux observations que j'ai rapportées plus 
haut, savoir l’histoire de la maladie de la femme 
de Jena et celle du prêtre de la Moravie viennent à 
l'appui de ce que je vieus de dire. 

I est aussi arrivé que l’on a attribué la propriété 
vermifuge à des substances qui ne l’out réeilement 
pas, au moins d’une manière directe. Ainsi, par 


DE L'HOMME. 403 
exemple, si pendant le traitement d’une maladie 
quelconque, le malade a rendu des vers, il est sou- 
vent arrivé que l’on a attribué cette évacuation à Ja 
substance médicamenteuse qui venait d’être employée 
et qui dès-lors a été vantée comme un vermifuge in- 
faillible ; mais dans ce cas et dans d’autres semblables ” 
les vers ont pu être évacués accidentellement ‚comme 
cela arrive souvent; ils ont pu être ne par un 
effet même de la maladie, ce qui donne l’ explication 
du grand nombre de fievres épidémiques dites ver- 
mineuses, dans des pays où les affections de ce genre 
sont véritablement endémiques, et où les vers dis- 
paraissent naturellement par la corruption des hu- 
meurs contenues dans Je canal intestinal; enfin ce 
médicament a pu faire cesser entièrement à disposi- 
tion inorbide {opportunitas ) qui avait favorisé la pro- 
duction des vers; ceux qui se trouvaient alors dans le 
canal intestinal ont été rendus, et il ne s’en produisit 
plus d’antres. Ainsi, par exemple, Vandævern a 
placé, page 329, l'écorce de simarouba parmi les 
vermifuges, parce que Hempel, qui l'avait employée 
contre une diarrhée chez un malade attaqué depuis 
quinze jours de la petite vérole, avait observé une 
évacuation considérable d’ascarides. | 
. Ona donc pu croire que les derniers remèdes em- 
ployés dans un traitement quelconque fussent de ve- 
ritables vermifuges ; cependant il n’en est pas tout à 
fait ainsi, car 1l faut faire une distinction importante 
entre les remèdes qui produisent l'évacuation des vers 


26. 


hof SUR LES VERS INTESTINAUX 


existant dans le canal intestinal, et ceux qui empe- 
chent la formation de nouveaux vers, parce qu'ils 
font cesser la cause essentielle et primitive de leur 
reproduction. À 

Un médecin, dont le nom m'est échappé, demeu- 
rant à Brünn, m'a raconté qu’il avait administré plu- 
sieurs fois, pendant un assez long espace de temps, 
des vermifuges et des purgatifs, sans cependant pou- 
voir effectuer une évacuation de vers qui n’eut lieu 
que lorsqu'il eut ordonné le fer et d’autres médica- 
mens fortifians. 

Cependant je me croirais aussi peu engagé par 
cette observation à commencer le traitement d’une 
affection vermineuse avec le fer ou autres remèdes 
semblables, dans un cas où le canal intestinal se trou- 
verait chargé de glaires et de vers, qu’à employer 
dans le commencement d’une inflammation des pou- 
mons le polygala sénega on le camphre. 

En soumettant les vers intestinaux hors du canal 
intestinal à l’action de différens remèdes, on s’ima- 
gina que ce serait le meilleur moyen de connaître 
ceux qui causeraiert la mort la plus subite à ces ani- 
maux. Redi fut le premier qui fit des expériences de 
cette nature ; elles ont été répétées par Baglivi, An- 
dry, Torti, Goulet, Aruemann et Chabert; cepen- 
dant toutes ces expériences n’dtaient pas propres à 
conduire à un résultat certain; car il faut considérer 
que la plus grande partie des vers intestinaux meu- 
rent tres-vite quand ils se trouvent éloignés du lieu 


a 


DE L'HOMME. 405 
de leur séjour naturel, quoiqu'il y ait quelques 
exceptions , le spiropiere' (spiroptera cystidicola , 
Bud.) qui provient de la vessie abdominale de la 


. truite se conservant vivant dans l’eau froide pendant 


huit jours au moins. Exposés à l'influence de l'air at- 
mosphérique, les vers intestinaux meurent tous sans 
exception très-promptement ‚et ils se contractent. 

Les expériences que l’on fait sur les vers intesti- 
naux de l’homme sont encore moins exactes, par la 
raison que l’on ne peut employer que des vers rendus 
avec les matières stercorales, et par conséquent déjà 
affaiblis, ou bien parce qu’on se sert de ceux que l’on 
a recucillis dans I. s cadavres. Dans le dernier cas on 
peut, généralement parlant, présumer que leshommes 
avaient succombé par suite d’une maladie qui a éga- 
lement pu agir sur les vers d’une manière nuisible ; 
comme d’ailleurs nous pouvons rarement ouvrir des 
cadavres avantque vingt-quatre heures ne soient écou- 
lées, à compter du moment de la mort, il est alors 
permis d'admettre que les vers commençaient aussi à 
perdre la vie. 

Enfin il faut considérer que les remedes adminis- 
trés à intérieur passeni d’abord ‚ avant d’être en con- 
tact avec les vers, par l'estomac, où ils subissent de 
grands changemens, de manière que ceux qui sont 
contenus dans l’intesuin ne sont jamais directement 
soumis à leur iüfluence, ce qui au contraire a lieu 
quand on emploie les remèdes sur ces animaux hors 
du canal intesunal. 

’ Nouvear genre créé par M. Rudolphi. 


+ 


406 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Ces remarques, au premier abord de peu d’ımpor- 
tance, méritent cependant d’être prises en considé- 
ration, quand on veut faire des expériences de ce 
genre; du reste celles de Redi et d’Arnemann nous 
ont appris que les huiles grasses n’agissent pas sur les 
vers intestinaux d’une manière aussi nuisible que lon 
s'était cru en droit d'admettre , d’après l'influence dé- 
létère que ces huiles ont sur les insectes, et surtout 
sur leurs larves. Ce fait est facile à expliquer : l'huile 
bouche, chez les insectes, les organes respiratoires, 
ce qui n'a pas lieu pour les vers intestinaux, qui 
n’ont pas ces organes. 1] résulte encore des expérien- 
ces d’Arnemann que l'huile dericin, si vantée comme 
agissant d’une manière délétère contre le tænia, n’a- 
git réellement que comme un purgatif, en même 
temps qu’elle rend le canal intestinal glissant; car 
des ascarides, provenant des cochons, mis dans cette 
huile, ontconservé la vie pendant trente-six heures, et 
des ascarides provenant de l’homme, depuis quarante- 
quatre jusqu’à quarante-huit heures. Dans aucune 
autre huile, à l'exception de l’huile d'amandes dou- 
ces’, les vers w’ont vécu aussi long-temps. 

Les expériences ont appris que la manière la plus 
prompte et la plus sûre de causer la mort aux vers in- 
testinaux consiste à les soumettre à Pinfluence du 
froid, de l’esprit-de-vin ou d’autres liqueurs spiri- 
tueuses et des huiles empyreumatiques. 

1 Je n’aı pas lu l’ouvrage d’Arnemann Mona de olcis un- 
guinosis, Gœtiing., 1789, sect. IV, et j'ai tiré ce que je viens de 
rapporter de Rudolphi, Entoz., vol. I, p. 487 et 488. 


DE L'HOMME. 407 

L’emploi du froid et des liqueurs spiritueuses sur 
les hommes offre souvent, comme on peut bien se 
l'imagiuer, beaucoup de difficultés, mais il n’en est 
pas de même de celui des huiles empyreumatiques ; 
on peut en faire usage très-facilement , et leur utilité 
a été déjà souvent constatée par l'expérience, comme 
nous le verrons par la suite. 

Prenons maintenant en considération les remèdes 
que l’on a essiyés ou employés contre les vers sur 
l’homme vivant. On peut, ce me semble, les diviser 
d’après leur mode d’action 1°. mécanique, 2°. spéci- 
fique , 3°. purgatif, 4°. forufiant. 


I. Des remèdes qui agissent sur les vers d'une manière 


mécanique. 


Le zınc, tant sous forme de limaille qu’en grains, 
occupe le premier rang parmi ces médicamens. Il a 
été d’abord recommandé par Alston, et, plus tard, 
par Pallas’ et Bloch‘. 

Le zinc doit être pur, c’est-à-dire débarrassé de 
tout alliage de plomb et d’arsenice ; ıl agit d’une ma- 
nière purement mécanique; cependant ıl se montre 
beaucoup plus actif contre les vers, sous forme de li- 
maille, que sous celle de grains; mais la limaille ir- 
rite trop le canal intestinal, c’est ponrquoi Pallas a 
préféré l'usage du zinc en grains. | 


Nous ferons encore une fois mention de ce médi- 


2 Nord. beitr., st. 55. 


? Preisschrift , s. 56. 


u 


408 SUR LES VERS INTESTINAUX 
cament quand nous indiquerons les méthodes de 
traitement spécifiques recommandées par divers au- 
teurs contre les cestoïdes. « 

Le STIZOLOBIUM, appelé communément dolichos 
pruriens, a été beaucoup vanté par Chamberlaine , et 
M. Rudolphi a remarqué que les huit espèces de ce 
genre de plante sont douées des mêmes propriétés. 

L’on se sert seulement des petits poils qui se 
trouvent à lextérieur des gousses dans lesquelles les 
graines sont contenues. Ces poils appliqués sur la 
peau de l’homme occasionent une démangeaison in- 
supportable, cependant dans les Deux-Indes lon 
s'en sert déjà depuis très-long-temps comme d'un 
vermifuge , sans que l’on ait vu en résulter le moindre 
accident. Toutefois , on a soin de donner ce re- 
mede dans un véhicule mucilagineux, ou bien dans 
un sirop épais, qui, conjointement avec les mu- 
cosités de l’estomac et des intestins, mitige singu- 
lierement l’action mécanique de ces poils. Ce se- 
rait A tort cependant, si l’on croyait que les vers 
vivant dans ces mucosités sont garantis également 
de l’action mécanique de ce remède, puisque, d’a- 
pres les nombreuses expériences de Chamberlaine 
et l’assertion de beaucoup d’autres médecins, il fait 
évacuer des vers toutes les fois qu'il en existe dans le 
canal intestinal. Cet effet avantageux s’étend surtout 
aux ascarides; car, d’après ce qu’en dit Chamber- 
laine, il ne s’observe pas d’une manière aussi satifai- 
sante, lorsqu'il s’agit de combattre le tænia. 

C’est de ces poils, dont il n’indique point la pro- 


EE > 


| 


DE L'HOMME. 409 
poruon, qu'il fait faire, avec suflisante quantité de 
sirop commun , un électuaire dont il ordonne matin 
et soir une cuillerée à café aux enfans de six à buit 
ans, une petite cuillerée aux enfans de huit à quatorze 
ans, et une cuillerée à bouche à tous les individus 
au-dessus de quatorze ans. Ce médecin administre 
en outre tous les trois ou quatre jours un purgatif. 

Palmer a également vanté ce remède, notamment 
comme agissant d’une maniere purement mécanique ; 
quant à moi je n'ai aucune expérience personnelle à 
cet égard, attendu que les autres vermifuges m'ont 
toujours paru suflisans. 

Cuargon PuLVÉRISÉ. Suivant Pallas' cette subs- 
tance est employée en Islande comme vermifuge, et 
il dit avoir opéré par ce moyen l'expulsion d'un long 
morceau de tænia. 

Les carottes jaunes, que l’on räpe, et que l’on mange 
le matin à jeun, constituent un autre vermifuge dont 
on fait usage dans plusieurs contrées d'Allemagne. 

Il est hors.de doute que les remèdes qui n’agisseut 
que mécaniquementirritent les vers, et les disposent 
à quitter le corps dans lequel ils sont renfermés; c’est 
ainsi que l’on trouve souvent des vers dans le canal 
intestinal des oiseaux, qui en été se nourrissent d'in- 
sectes, au lieu qu’en automne, où ces oiseaux se 
nourrissent de graines mêlées de sable , leur canal in- 
testinal ne présente aucune trace de vers. Cette cir- 
constance semble faire croire que l’on pourrait encore 


employer comme vermifuges agissant d'une maniere 


“ N.n., beitr., 1, s. 64. 


N 


410 SUR LES VERS INTESTINAUX 


mécanique , une foule d’autres substances , dont 
cependant il faut s'abstenir, à cause de l'effet nui- 
sible qu'elles pourraient produire sur la santé du 
malade. Toutefois, je dois faire remarquer qu'il. 
n’est nullement nécessaire de recourir à l'usage de 
substances dont l'effet se borne à éloigner le produit 
de la maladie en laissant subsister la maladie elle- 
même. Quant à moi, je n'ai jamais eu recours à de 
tels moyens malgré le grand nombre d'individus 
affectés de vers que j'ai eus à traitér dans l'espace de 
plus de dix ans. 


ll. Des remèdes qui agissent d'une manière spécifique 


contre les vers intestinaux. 


Eau FROIDE. Rosenstein et Pallas ont recommandé 
emploi de ce liquide. ll est certain que l'impression 
du froid agit d'une manière très-nuisible, et même 
délétère, sur les vers intestinaux. C’est pourquoi, 
s’il y avait possibilité de faire arriver l'eau à une tem- 
pérature très-basse jusqu'au séjour des vers, ce 
moyen devrait être regardé comme étant à la fois 
très-simple et très-cfhcace pour opérer leur expulsion ; 
mais il est à remarquer que ces animaux sejournent 
chez l'homme dans les intestins, et non pas dans l’es- 
tomac, et quand même on boirait Peau à une tempé- 
rature tres-basse , elle se réchaufferait déjà dans cet 
organe, ein’arriverait par conséquent pas assez froide 
jusqu'au séjour du ver. Cependant comme il est cons- 

‘talé par l'expérience que l’eau prise à froid, et sur- 


DE L'HOMME. his 


tout en grande quantité, a opéré bien souvent, non- 


seulement lévacuation des ascarıdes, mois encore 


| 


celle des tænias, M. Rudolphi s’est Frame d’expli- 
per, bien ingénieusement à la vérité, de quelle 
manicre elle agit. 1 croit que ! a a faite par 


ce kanide sur l'estomac s'étend jusqu’aux intestins; 


1l s’ imagine en outre que l'eflet de cette impression 


doit consister en une espece de commotion violente. 


| Puis il remarque que les vers qui se trouvent pour 


ainsi dire incndes par F Lu: d’une grande quantité 


d’eau , doivent facilement être entraînés avec elle, par 


a raison que ces animaux, mis dans l'eau, en absor- 


bent une plus ou moins grande quantité, ce qui les 
gonfle , et les rend presque roides; et que réduits à 
cet état, ils ne peuvent plus résister à l'affluence de 
ce SAS 

L'eau salde agit encore d’une manière plus efficace. 
Pallas® raconte, qu'il y a à St.-Chat, petit village 
pres de Londres, et pas loin de Sadlerswell, un 
hôtel et un jardin publics, dans lesquels il se trouve 
une source uommée Battelbridge- Wells, conteuant 
une eau chargée d’un peu de sulfate de soude. Cette 
eau est regardée comme un remède très-efficace con- 


tre le ver solitaire. L’on fait voir dans cet hôtel une 


l collection de plus de cinquante bocaux remplis de 


tænias de différentes espèces, surtout provenant de 
l'espèce large et membraneuse, qui onvété rendus en 


| entier par l'usage de cette eau. 


Cependant l'histoire de la maladie d’une dame, 


je EN. n. beitr. , I, s. 64. 


FE 


412 ‚SUR LES VERS INTESTINAUX 

rapportée par Rosenstein, prouve que les eaux miné- 
rales froides ne doivent pas être regardées comme un 
remède souverain contre les cestoides; car quoi- 
que cette dame eüt déja fait usage de l’eau de la 
source, dont il vient d’être parlé, pendant plusieurs 


années consécutives , elle rendait toujours des mor- | 


ceaux de tænia. 

Van Swieten ' croit que des lavemens d’eau froide 
doivent être tres-utiles contre les oxyures , et Loef- 
fler conseille d’avaler de petits morceaux de glace, 
dans le cas où l’on supposerait des vers dans l’estomac. 


VALERIANE (valeriana sylvestris ). La racine pulve- | 


risée de cette planie doit être regardée comme la 
substance la plus active contenue dans l’électuaire 
vermifuge de Stoerk , dont voici la formule: : 

À. salis polychrest., pulv. rad. jalapp, , valerian. sylv., 
de chaque 3j; oxymel scillit., Zi, m. s. Les adultes 


en prendront une demi-once quatre fois par jour, et 


les enfans depuis un jusqu’à deux gros. 
Dans le mode de traitement proposé par Lagene 


comme infaillible contre les cestoïdes, c’est aussi la | 


valériane qui est le médicament principal, car le 
reste n’est composé que de purgatifs. 

Tous les médecins connzissent les grandes vertus 
de cette plante; elle mérite d’être employée surtout 
dans les maladies vermineuses ; en effet elle agit d’a- 
bord , à cause de son odeur spécifique, comme un 
bon vermifuge, et ensuite comme combattant avec 


* Comment. , t. XVI! , $ 1371. 
2 Ann. med. , 1, p. 103, 162, 228 et 386. 


DE L’ECMME. 413 


beaucoup d'efficacité les symptômes nerveux qui ac- 
compagnent ordinairement la présence des vers. 

= Oùcnon ( allium cepa) et A1L ( allium sativum). Ces 
deux substances sont employées depuis long-temps 
contre les vers. 

Rosenstein a obtenu, même dans deux cas, l’éva- 
‘euation d’un tænia par l’usage d’une gousse d’ail prise 
ajeun et legerement mâchée. Ce médecin observe ce- 
pendant que cette substance n’agit contre les vers que 
dans le cas où l’on n’en aurait pas mangé habituelle- 
‚ment auparavant. 

| Cranz a au contraire attribué la grande quantité de 
vers qu'il a trouvés dans les intestins d’un homme, à 
l'usage immodéré que cet individu avait fait de l'ail 
pendant sa vie. Cependant Émbard a justement ré- 
futé cette assertion. On administre aussi souvent du 
lit dans lequel on a fait bouillir de l'ail, comme un 
reméde contre les vers. 

Embard rapporte que Binninger l'a également 
employé dans ce but sur un homme qui était, pour 
ainsi dire, à l’agonie , et qui, après avoir rendu des 
‚vers, se trouva soulagé. 

Baglivi' a connu un jeune homme de vingt ans, qui 
était chargé un matin de couper de l'ail; tout à coup 
odeur de cette substance l’incommoda tellement, 
qu'il manqua d’étouffer; quelques minutes après il | 
commença à vomir d’une manière violente, et rendit 
un ver rond, de trente aunes de longueur, et qui 
* était contourné en forme de peloton. 


! Ouvrage cité, p. 696. 


414 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Dans ma jeunesse j'ai été également obligé de boire 


pendant long-temps du lait chargé d’ail, mais la rai- | 
son pour laquelle ce remède ne me débarrassa pas de 
mes vers, doit être attribuéeà la manière irrégulière 
dont je Vai pris; en effet, au lieu de le boire, je me suis 
permis bien souvent de le jeter, ayant toujours eu 
une repngnance extraordinaire pour lail. Je fais 


mention de ce fait seulementafin que l’on ne regarde 
pas tout de suite un bon vermifuge comme inefli- 
cace, quand il n’opère pas l'évacuation de quelques 
vers, et afin que l’on s’informe d’abord si le malade 
l'a regulierement pris ; car les ordonnances que nous 
prescrivons contre les vers sont en général suivies 
d'une manière tres-inexacte : cela dérive ordinaires 
ment de ce que les vermifuges ont presque toujours 
un très-mauvais goüt, et de ce que les malades, qui | 
ne croyent pas leur vie en danger, se permettent d’au- 
tant plus volontiers quelques neglıgences. | 
> Lorsque je me fus décidé à employer l'huile em- 
pyreumatique de -Chabert contre le tzenia, je prépas | 
rai ce médicament moi-même, et je le distribuä | 
gratis. Plusieurs de mes malades n’en ressentirent | 
ancun effet, par la raison toute simple qu’ils ne Pa= | 
vaient pas pris; cependant tout cela s'explique assez | 
facilement. D'abord les remèdes qui ne coûtent rien | 
n'inspirent pas beaucoup de confiance à certaines! 
personnes, el puis elles se disent: si nous avouons 
‘que le remède a manqué son effet, le médecin nous en, 
donnera bien unautre qui sera peut-être d’un meil- 
leur goût. Depuis que ce sont les apothicaires qui 


DE L'HOMME. 415 
fournissent l'huile de Chabert à mes malades, et que 
beaucoup d’entre eux ne veulent pas avoir inutile- 
ment dépensé leur argent, ils la prennent régulière 
ment et ils guérissent. Mon ami le docteur Albert 
doit se rappeler encore qu’ilatrouve un jour, lors de 

5 re a ‚ . . 1 . = 
son séjour à Jena, trois pots remplis d’électuaire de 


Stoerk sous le lit d’un jeune homme qui était soisné 


aux frais de la clinique. Je demande pirdon à mes 


lecteurs pour cette digression, mais l’occaßion en était 
bien naturelle. 

Le SEEN tonTRA ( artemisia judaica, L., semen 
santonici, semen cinæ), et les graines ou plutôt les 
fleurs bien développées de la ranaısıE (tanacetum 
vulgare). 

Le semen contraesteonnu depuis long-temps comme 
un remède contre les vers, surtout contre les asca- 
rides ; cependant il peut très-bien être remplacé par 


| Ja tanaisic. 


Avant d’administrer l'une ou l’autre de ces plantes, 
il faut être sûr de leur bonne qualité ; en effet, quand 
on les prescrit telles qu’elles se trouvent ordinaire- 
ment dans les pharmacies, c’est-à-dire tres-finement 


pulvérisées, peut-être conservées depuis plusieurs 


mois, et par conséquent dépourvues de leur odeur 
spécifique, on en obtiendra bien pew d'effet. 


J : > ; ER 
en al pris, etant enfant, une grande quantıic, 


| mais aussi je ne fus pas débarrassé de mes vers. J’en 


| 
.: 


. 
: 
| 


fus encore incommodé à l’âge de treize ou quatorze 
ans, et on aitribua la päleur de mon teint à la pré- 
sence de ces animaux ; cela m’engagea à les combattre 


416 SUR LES VERS INTESTINAUX 


de nouveau, et en effet j'avalai, tous les matins à 
jeun , autant que le creux de ma main en pouvait con» 
tenir, de semen contra , après l'avoir légèrement mä- 
ché. L'effet a répondu à mon attente, je fus entiere- 
. ment et assez promptement guéri, sans éprouver de 
rechute. Il est cependant également possible que le 
changement dans ma manière de vivre ou bien la pé- 


riode de la vie à laquelle j’arrivais alors aient contri-, 
bué à ma guérison. En conséquence de cela, je ne 


prescris le semen contra jamais autrement que gros- 
sierement pulvérisé, et je présume qu'il agit sous 
cette forme à la fois d’une manière spécifique et me- 
canique. 

Je ne crois pas que les graines confites de celte 
plante ( confectio semen-cinæ ) soient tres-eflicaces : 
prises à fortes doses, elles agissent alors, dans mon 
opinion, plutôt comme un remède mécanique que 
spécifique; car la chaleur à laquelle elles sont sou- 
mises dans la chaudière pour les enduire de sucre, 


doit leur ôter leur odeur particulière, et en outre 


après que le sucre s’est dissous, la graine restée en- | 
tière se comportera comme telle, et sortira de même 


entière par l'anus. 
La mousse DE Corse (helminthocorthon) appelée 
conferva helminthocorthos ou corallina corsicana ; c'est 


une espèce de conferve provenant de la Corse. 


D'après Sumeire un Grec nommé Stephanopoli, 


fut le premier qui apporta ce remède de la Corse, et 
il le publia en 1777 dans un mémoire. Depuis, la 
mousse de Corse, connue dans le pays de ce nom 


DE L'HOMME. 417 
depuis tres-long-temps comme un bon remède contre 
les vers et surtout contre les ascarides, est devenu le 
remède. favori des médecins francais. On peut l’ad- 
ministrer en poudre à la dose d’un scrupule jus- 
qu’à un demi-gros ; mais on la donne plus volontiers 
en decoction à peu pres à la dose d’une demi-once, 
bouillie dans suffisante quantité d’eau, jusqu’à ré- 
duction de quatre onces, et que l’on fait prendre 
dans la journée. On peut aussi l’administrer sous 
forme de gelée. L'efficacité de cette plante dépend 
peut-être du sel marin dont elle est imprégnée. 

CHENOPODIUM ANTHELMINTICUM. Les semences 
de cette plante sont, d’après ce que l’on dit, souvent 
employées en À mérique contre les ascarides'. 

ÜORTEX ANGELINE. L’on fait bouillir ane once de 
cette écorce dans trois livres d’eau, jusqu’a reduction 
d’une livre, et les malades en prennent une à deux 
onces ious les matins. On prétend que ce remède 
cause des coliques, mais provoque l'évacuation des 
ver s 

GRANA TIGLIE (croton uoglium ou ricinoides ). Ces 
graines devraient plutôt être placées parmi les purga- 
ufs que parmi les vermifuges proprement diis®. 

SPIGELIA ANTHELMIA et SPIGELIA MARILANDICA. 
L'on se sert depuis long-temps en Amérique de la 
première de ces plantes ; Bergius regarde la seconde 
comme beaucoup plus efficace : l’une et l’autre ont 

: Brera, Vorlesung, s. 97. 

2 Même ouvrage, s. 03. 

3 Vandæœvern, s. 299. 


27 


418 SUR LES VERS INTESTINAUX 


une propriété narcotique, et; prises à grandes doses, 
elles causent des vertiges, troublent la vue et excitent 
des mouvemens convulsifs dans le globe de l'œil, 
c’est pourquoi nous devons être circonspects dans leur 
emploi. 

Van Swieten les a regardées comme trèés-veni- 
meuses, et rapporte que les Français appellent le 
spigelia Brainvilliers ; nem d'une empoisonneuse très= 
connue. Ce médecin a remarqué que ce remède cause 
des évacuations très-fortes par haut et par bas, et 
qu'il fait rendre les vers d’une manière certaine. 

D’après mon idée, on pourrait très-bien se passer 
de cette plante. . 

Non-seulement les feuilles , mais encore les racines 
de la spigelia sont employées tant sous forme de 
poudre, à la dose de dix grains pour les enfans, que 
sous celle d’infusion à la dose d’un demi-gros. 

Browne conseille de faire bouillir deux poignées 
de cette plante dans deux livres d’eau, jusqu’à ré- 
duction de la moitié; il y fait ajouter suflisante quan- 
té de jus de citron et de sucre pour rendre la décoc- 
tion plus agréable au goût. Les malades doivent en 
prendre deux; trois, jusqu’à quatre onces, toutes les 
six à douze heures, pendant trois jours consecuufs; 
Browne ordonne ensuite un purgatif. 

Je ne sais pas pourquoi ce médecin administre ce 
dernier, puisque, d’après Van Swieten, la spigelia 
jouit elle-même de vertus purgalives itres-fortes. 

Rosenstein‘ recommande également ce remede; 


T4 dé, 
: Ouvrage cité , p- 564. 


DE L'HCMME. kıg 


quant à moi je n’ai pas eu occasion de Pemployer. 

GEOFFREA SURINAMENSIS. On emploie l'écorce de 
cet arbre. 

Bondt, Eggert et Schwartze ont publié des disser= 
tations sur sa propriété vermifuge. 

Je ne possède que la dissertation du dernier, que 
je dois à la bonté de M. Osiander : les observations 
qu'elle renferme concernant l'évacuation du tænia 
opérée par cette écorce, ne me paraissent pas suffi 
santes ; Schwartze l’ordonne de la manière suivante : 

R. Pulv. gross. cort. geoff. sur. , une. ij, infund. ag. 
Font. comm., Nbr. 1j, spir. vin. rect., unc. iv; stet. vase 
clauso in digest. per sex dies ; dein coque lent igne donec 
post colaturam remaneat libr.]. A prendre pendant 
deux jours à jeun deux cuillerées toutes les heures, 
pendant trois heures consécutives; le troisième jour 
on doit boire le reste par verres, et le quatrième on 
se purge avec du calomélas et du jalap. 

Cévanirre (semen sabadilli.) Les semences, y 
compris les capsules de cette plante pulvérisées, sont 
employées depuis trés-long-temps contre les poux: 

Seeliger a administré ces semences avec succés 
contre le tænia, à la dose d’un demi-gros par jour , 
avec addition d’une conserve convenable et de sufi— 
sante quantité de miel pour en former un bol, et tous 
les einq jours il faisait interrompre l'emploi de cette 
substance par un drastique. 

Comme les graines de cévadille ont elles-mêmes la 
propriété drastique, il faut les employer avec une 
grande circonspecuon , et 1] me semble qu'il ne fau- 


om 
2 © 
d 


420 SUR LES VERS INTESTINAUX 
drait pas en donner aux enfans plus de trois ou quatre 
grains à la fois. 

Ce remede a été également recommandé en lave- 
ment contre les oxyures; mais même employé de certe 
manière, il cause des nausées et des vomissemens. 

Ceux qui désirent avoir des renseignemens plus 
étendus sur l'emploi de ce médicament, doivent lire 
l'ouvrage de Schmucker :. 

JucLans REGI1A. On ordonne le brou de noix non 
mûres en infusion, ou bien on en prépare un ex- 
trait, que l’on fait prendre dissous dans une eau aro- 
malique. 

Hippocrate et Dioscoride avaient déjà remarqué 
que l'usage de ce remède agissait sur le tænia; Andry 
l'a surtout beaucoup recommandé. 

Rosenstein? conseille de faire dissoudre deux gros 
de l'extrait de cette substance dans une demi-once 
d’eau de canelle et d'en donner cinquante gouttes 
pendant six jours aux enfans de deux ou trois ans. 
Il les purge ensuite, du sixième au huitième jour, 
avec suffisante quantité de pilules mercurielles. 


Assı retına ( /crula asa fetida). Ce remède est 


ires en usage contre les vers, probablement parce 
qu'il sent mauvais. Je l'ai vu souvent employé sans 
succès contre le tænia. Mellin?, cependant, rapporte 
qu’il s’est montré efficace contre ce ver. 

On administre ordinairement J’assa fœuda sous 


ı Vermischte chir. schrift. Bd. 111. 
2 Ouvrage cité, p. 236. 
3 Materia medica , s. 90. 


RE 


DE L'HOMME. kan 
forme de pilules. Rosenstein en fit préparer du poids 
d’un grain, et en donna cinq à un enfant toutes les 
trois ou quatre heures pendant deux joursconsécutifs, 
et le troisième jour il le purgea avec suffisante quan- 
une de rhubarbe. 

D’autres médecins prescrivent lassa fœtida con- 
jointement avec des purgatifs. Leclerc l'employait 
dissous dans du vinaigre ou dans l’eau. 

Campure ( camphora ). Baldinger, Leclerc, Hirs- 
chel, Mœbius, de Pauliz, Prange , Zacharias Vogel, 
Wedel vantent beaucoup les vertus vermifuges de 
ce remède. 

D’après Brera * , le célèbre Moscati préfère en ge- 
neral le camphre à tous les autres vermifuges, sur 
tout quand il s’agit de faire évacuer des ascarides. 

Rosenstein? s'exprime sur ce remède de la ma- 
niere suivante : « Comme les vers ne peuvent pas sup- 
porter le camphre, et que ce remède, avec addition 
de vinaigre , est très-eflicace contre les fièvres mali- 
gnes, la potion suivante peut être employée avec 
avantage dans ces affections. 

«Pr.camphre, un gros ; esprit-de-vin; quinze gout- 
tes; mêlez, broyez, et ajoutez vinaigre d’une bonne 
qualité, cinq onces ; sucre en poudre, une demi-once ; 
melez avec soin. À prendre une cuillerée à bouche 
toutes les heures ou toutes les deux heures °. » 


ı Vorlesungen, s. 99- 
? Ouvrage cité, p. 971. 
3 Je ne crois pas que beaucoup de praticiens se décident à 


mettre en usage à la leitre l’ordannance de Rosenstein. Une: si 


422 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Cependant Arnemann présume'que l'évacuation 
des vers dans le cas des fièvres malignes doit être at- 
tribuée plutôt aux accès de ces fièvres qu’à l'usage du 
camphre. 

Fouckre MALE ( polypodium filix mas.). Galien' et 
Pline? connaissaient déjà les vertus vermifuges de 
cette plante , qui est encore actuellement employée, 
et qui entre dans presque toutes les compositions 
contre les cestoïdes. C’est en effet un excellent re- 
mede contre le bothriocéphale, mais non pas contre 
le véritable tænia; cartout en provoquant l’evacua- 
tion de quelques morceaux de ce dernier, elle ne 
cause pas sa destruction, et on apercoit ordivaire- 
ment de nouvelles traces de ce ver trois mois après. 
Cependant on peut administrer la fougere comme 
remède indicateur contre le tænia, dans le cas où 
l'on n’a pas des preuves évidentes de sa présence, 
et où l’on voudrait acquérir une certitude sur ce 
point. Dans ce but je fais prendre au malade, dans 
la matinée, à jeun, deux ou trois gros de la racine 
pulverisde , et quelques heures aprés un léger purga- 
tif, n'importe lequel, mais on doit avoir égard aux 
deux circonstances suivantes : 

1°. 11 faut que la racine de fougere soit saine , que 
Von ait coupé la partie inférieure trop vieille et la 


grande quantité de vinaigre , tel qu’on le trouve à Paris, par 
exemple, causerait sans doute de violentes coliques. (Note du 
traducteur.) 

ı De simplic. medicam. facult., Gb. VIH, p. 512. 

s Lib. XXVIX, cap. IX, p. 490. 


DE L'HOMME. 423 
partie supérieure encore verte. Il faut, en outre , que 
l’on enlève l'écorce avant de la piler, et que l'on 
n'emploie pour l'usage interne que de la fougère frai- 
chement pulvérisée. 

2°. L'expérience peut facilemeut tromper, si peu 
de temps auparavant le malade avait rendu spontané 
ment , ou bien après l’usage de vermifuges , plusieurs 
aunes de tænia pourvues de la tête ou seulement d’ar- 
ticulations voisines de cette dernière. Dans le cas où 
les intestins n'auraient contenu qu’un seul ver de cette 
espèce , le malade n’en rendra pas même de traces, et 
cependant il est possible qu'il évacue de nouveau 
spontanément quelques articulations de tænia deux 
ou trois semaines après. La raison en est facile à 
concevoir; mais si l’on ne trouve pas, pendant deux 
mois ou plus, des traces de ce ver dans les matières 
stercorales que le malade rend journellement, et s'il 
éprouve , après cet espace de temps quelque nou- 
velle incommodité qu'il pourrait attribuer à la pré- 
sence d’un tænia, on peutalors, à l’aide dela fougere, 
mettre le malade au fait presque d’une maniere cer- 
taine , si ses inquiétudes sont réellement fondées ou 
non; car si, après l'emploi de ce médicament , ıl ne 
rend pas des morceaux de tzenia, on peut alors parier : 
dix contre un qu'il en estentiérement débarrassé. 

Les anciens n’osaient pas administrer cette plante 
aux femmes, parce qu'ils croyaient qu'elle provoque 
l'avortement en cas de grossesse, ou bien quelle 
leur ôte la faculté prolifique. Quant à cette dernière 


1 Sans doute avant de la dessécher. ( Note du traducteur.) 


424 SUR LES VERS INTESTINAUX 
assertion , Spiegel avait déjà démontré d’une manière 
évidente qu'elle n’est nullement fondée. 

J’ai ordonné moi-même la fougere à une jeune 
femme qui, sans le savoir, était enceinte, pour la 
première fois, de deux mois, et qui était en même 
temps incommodée d’un bothriocéphale. L’emploi 
de ce médicament n’a pas agi sur elle d’une manière 
nuisible, car elle accoucha à terme d’un enfant bien 
développé. 

L’ACIDE PRUSSIQUE a Été également employé contre 
les vers”. 

PETROLE (petroleum). Leclerc, Rosenstein, We- 


del et beaucoup d’autres médecins l’ont recemmandé | 


surtout contre le tzenıa. 

Lors de son séjour en Égypte, et notamment au 
Caire (où le tænia est tellement fréquent, que lon 
peut admettrequeles trois quarts deses habitans , sur- 
tout les juifs et le bas peuple, en sont incommodes), 
Hasselquist? a vu chez un chirurgien français nommé 
Foumace, trois morceaux de tæmia qu'il avait fait 
rendre à différentes époques à une femme à l’aide du 
pétrole. Un de ces morceaux était de la longueur de 
quarante pieds français, un autre de quinze, et le troi- 
sième de dix ; ils étaient de la largeur du petit doigt. 

On fait prendre ce médicament à la dose de vingt à 
trente gouttes pendant trois jours consécutifs, et le 
quatrième on purge le malade. 


ı Brera, Nuovi commeniatori di med. et chir., 1818, semestro se- 
cundo , p. 199. (Br.) 


2 Ouvrage cité, p. 587. 


a 


DE L'HOMME. 425 

Le cas de la femme traitée par Foumace prouve 
que le pétrole ne détruit pas le tænta entierement. 

Quelques médecins donnent le pétrole conjointe- 
ment avec l'huile de térébenthine. 

Huize DE TÉRÉBENTHINE (oleumterebinthine). Les 
Anglais recommandent beaucoup cette huile contre 
les cestoïdes , et surtout contre le tænia: 

Fenwik l’emploie à jeun, à la dose de deux onces, 
et en cas qu’elle ne produise pas de selles, il en fait 
prendre encore une à deux onces ; il n’a jamais vu 
arriver d’accidens fâcheux après l’usage de cette 
huile, et dans six cas elle a fait évacuer très-promp- 
tement le tænia. 

11 est de fait que l'évacuation de ce ver peut être 
aussi bien effectuée par de fortes doses d’huile de 1é- 
rébenthine et de pétrole que par celles de fougère ; 
mais ıl n’est pas encore constaté par l'expérience 
qu’un traitement terminé aussi promptement puisse 
pour toujours débarrasser les malades de leur tænia; 
car dans toutes ces observations on rapporte bien 
combien d’aunes de ce ver ont été rendues dans 
l'intervalle de tant et tant d'heures, mais on a 
toujours négligé de nous faire savoir si les malades 
n’en ont pas été incommodés de nouveau deux ou 
trois mois après; cependant on nous a rapporté 
qu'un boucher de Duraham avait évacué, quatre 
mois après avoir fait usage d'huile de térébentbime, 
des morceaux de tænia. Un cordonnier a été obligé 
de reprendre cette huile à quatre époques différentes. 
Le troisième malade du docteur Osann s’est vu éga- 


426 SUR LES VERS INTESTINAUX 


lement dans la nécessité de prendre ce remède trois 
fois. Les deux autres observations rapportées par 
le même ne prouvent pas non plus en faveur de ce 
médicament; et quoique des doses aussi grandes de 
cette huile n’aient pas produit de suites fächeuses 
pour l’état de santé des personnes qui étaient incom- 
modées par des vers, elles ont néanmoins donné lieu, 
comme ıl résulte de plusieurs rapports, à un ma- 
laise general, à des douleurs dans le bas-ventre, à 
des ‘étourdissemens , à des nausées, à des vomisse- 
mens, à une chaleur dans l’uretere et dans le rectum. 

L’HUILEDE CAJEPUT (oleum cajeput ) a été recom- 
mandee par M. Rudolphi. 

Huise ANIMALE DE Dipper ( oleum animale Dip- 
peli)". Dans un des cas rapportés par Moutin, et dont 

1 Je dois à l’huile empyreumatique de Dippel que j'ai prise pen- 
dant six semaines, matin et soir , à la dose de cinq jusqu’à quinze 
gouttes , d’être entièrement débarrassé de mon tænia, après en 
avoir été affecté pendant vingt-deux ans consécutifs. Le médecin 


qui était chargé de me soigner dans mon enfance , m’a fait prendre 
le remède de madame Nouffer , dans l’espace de dix ans , pour le 


moins une vingtaine de fois , sans pouvoir détruire ce ver. Fatigué 


par tant de remèdes, surtout par l'usage des drastiques , auxquels 
j'attribue en grande partie l’état de faiblesse dans lequel je me 
trouve actuellement, j'ai renoncé pendant une douzaine d'années 
d'autant plus volontiers à l'usage des médicamens, que mon tænia 
ne m’a jamais incommodé le moins du monde. Arrivé à Päge de 
trente ans , et voyant toujours des traces de ce ver, je me décidaï 
à le détruire à l’aide du remède déjà mentionné, dont les grandes 
vertus anthelmintiques m’etaient connues , et je fus assez heureux 
pour atteindre mon but; car depuis huit à neuf ans il n’a plus re- 
paru. ( Note du traducteur. ) 


nn. az 


DE L'HOMME. kon 


| nous avons fait mention plus haut, l’usage de cette 
huile continué pendant long-temps a produit de 
| bons effets, et M. Rudolph: qui, à défaut d'huile de 
- Chabert, employa celle de Dippel trois fois par jour, 
à la dose de cinq à dix gouttes mélées dans une lasse 
| de bouillon, obunt non-seulement l'expulsion d’as- 
h carides, mais encore celle de quelques longs mor- 
| ceaux de tænia. M. Rudolphi regarde cependant le 
| médicament suivant, c’est-à-dire l'huile de Chabert, 


| comme plus efficace. 
| HvıLE EMPYREUMATIQUE DE CHABERT ( oleum em- 
| pyreumaticum Chaberti ). L’inventeur de ce remede a 
| indiqué la manière suivante pour le préparer : 
| Pr. huile empyreumatique de corne de cerf, une 
| partie ; huile de térébenthine, trois parties; melez. 
Au bout de quatre jours on fait distiller ce mélange 
au bain de sable dans une cornue de verre, et on en 
retire les trois quarts. Le liquide qui se trouve trans- 
| vasé doit être employé à l’usage interne. 
| Lecontactdel’air rend cette huile noirätre, épaisse 
| et plus degoütante à prendre, c’est pourquoi on fait 
bien de la mettre dans de petits flacons (contenant 
une once ou bien une once et demie) bien bouchés 
et coiffés avec des morceaux de vessies de cochon. 
Nous parlerons plus loin des vertus et de l'emploi 
| de cette huile. 
| MERCURE COULANT ( mercurius vivus). L’eau dans 
! Jaquelle on a fait bouillir ce métal a été regardée 
depuis long-temps comme ayant des vertus vermi- 


428 SUR LES VERS INTESTINAUX 


fuges ; c'est dans ce but que Baglivi' conseille de faire 
infuser une once de mercure coulant dans trois onces 


d’eau de chiendent, et dans autant d’eau de pour- 


pier, de remuer ce mélange et de le d&canter ensuite. 

Ce liquide forme, d'après le témoignage de George 
q P gras 

Bateus, un vermifuge très-eflicace. 


Cependant il est prouvé que ce métal, étant bien. 


purifié, n’est pas susceptible de dissolution dans 
l’eau; il faudrait alors seulement attribuer la pro- 
priété vermifuge au mercure, tel qu’on le trouve 
dans le commerce, et qui n'ayant pas été prealable- 
ment purifié, contient du plomb; mais comme la 
quantité de ce dernier métal contenu dans le mercure 
ne peut pas être calculée au juste, ce remède doit être 
regardé comme tout à fait incertain. 

Du reste, l'expérience a prouvé que le mercure 
n’agit pas sur les vers intestinaux d’une manière spé- 
cifique ; on a même des exemples que des personnes 
l'ont pris jusqu’à salivation, et que cependant elles 
n’ont pas été débarrassées de leurs vers. 

Scopoli croit que l’on ne peut guère rencontrer 
une plus grande fréquence d’ascarides que chez les 


ouvriers qui travaillent à Idria dans les mines de vif 


argent. 

Ce médecin employait bien aussi le mercure pour 
faire évacuer les vers, mais il ne se servait de ce 
métal que comme purgatif; envisagé sous ce point 
de vue, il en sera fait mention encore une fois plus 


* Ouvrage cité, p. 49. 


DE L'HOMME. 429 
Join ; mais de vouloir administrer du sublimé-corro- 
-sifcontreles vers, c'est réellement plus qu’imprudent. 
| Le MÉCONATE DE BARYTE agit, comme ıl résulte 
des expériences de M. Sertuerner a Einbeck, contre 
les vers intestinaux de l’homme et des animaux ; mais 
comme l'acide méconique est un poison ds plus 
violen:, il ne sera PAPE jamais placé parmi 
es vermifuges; il en est de même de la solution ar- 
senicale proposée par Hill. 
. Plusieurs des médicamens dont nous venons de 
#4 ont été employés extérieurement et même avec 
succès dans le but de faire évacuer des vers; mais ilne 
| faut pas s’imaginer qu'étant, ce que l’on croit à tort, 
l implantés dans les parois des intestins, ils aient eie 
forcés par ce moyen de s’en détacher. Quant aux as- 
N carides ; il est prouvé 10. qu'ils ne s’accrochent pas 
| Aux intestins, au moins Se plusieurs milliers de 
| vers de cette espèce que j'ai observés dans les cada- 
| vres de l’homme et surtout dans ceux des animaux 
| récemment tués, je n’en ai rencontré jamais un seul 
| ainsi implanté. Ce fait a été également constaté par 
| M. Rudolphi. 2°. On trouve souvent d’autres néma- 
 toïdes, plus particulièrement encore des échynorhin- 
ques , ainsi que des trématodes et des cestoïdes atta- 
| chés fortement aux intestins des animaux ,quelquefois 
| même avec perforation ‚chez lesquels on n’a pas pu 
| apercevoir, pendant leur vie, le moindresigue de dou- 
leur. Le tænia même, propre à l’homme, s'implante 
| aussi dans les parois desintestins, comme j'ai eu occa- 
- sion de le remarquer dans des autopsies cadavériques ; 


430 SUR LES VERS INTESTINAUX + 


mais parmi des centaines de personnesattaquées de ce 
ver et traildes par moi, je ne me rappelle pas en avoir | 
rencontré une seule qui se soit plaint de douleurs. 
que l’on aurait pu attribuer à la succion du tænia. Il! 
est encore de fait que l'on ne rencontre dans. le ca- | 
nal intestinal de l’homme qu’un, deux, ou tout au 
plus trois tænias à la fois, et comme ce ver peut seu- 
lement s’accrocher par son extrémité céphalique très- | 
petite, la douleur résultant de la succion devrait! 
toujours partir d’un seul point, mais , je le répète, 
je wai jamais entendu porter une plainte semblable. w 
Ceux de mes malades qui étaient dans un état de 
souffrance se plaignaient des accidens généraux dont! 


| 


nous avons parlé plus haut; plusieurs autres n'é-! 


Le nn en 2 au 


prouvaient aucun malaise, et comme on peut bien | 
supposer que leur tænia se sera également attaché ou | 
accroché aux parois internes de leurs intestins, ON 
a raison, ce me semble, de présumer que cette | 
succion ne doit pas causer de douleurs aussi atro- | 
ces que celles que l’on remarque dans le cas de co=| 
liques ou de spasmes dans le bas-ventre. Enfin il est) 
encore de fait, et comme cela a été également remar- | 
qué par M. Rudolphi, que les vers qui se trouvent | 
accrochés aux parois des intestins ne s’en détachent | 
pas même, du moins pour la plus grande partie, aprés | 
avoir été tués dans l’esprit-de-vin. Notre collection ! 
possède plusieurs morceaux d’intesuns et d’esto- 
macs, qui prouvent ce fait d’une manière incontes= 


table. | 


Le bien qui résulte de l'emploi externe des reme- | 


DE L'HOMME. 431 


| des, dans des cas de pretendues coliques vermi- 
| meuses, doit être ordinairement attribué à l’influence 
| que ces remèdes exercent sur le système nerveux en 
général, et surtout sur celui du bas-ventre en parti- 
| culier ; c’est pourquoi l’évacuation de quelques vers, 
| qui aurait lieu, après avoir administredes vermifuges 
| en fricuons, ne peut pas servir de preuve que ces ani- 
: maux avaient été réellement la cause des souffrances. 
Al est cependant possible que les médicamens em- 
 ployés ainsi , aient agi contre les vers, et qu'ils aient 
en effet provoqué leur évacuation; car nous connais- 
| sons beaucoup de medicamens, qui, administrés à 
| l'extérieur, montrent leur efficacité aussi bien que 
| si on les avait fait prendre par la bouche. 

| L'application des vermifuges à l’extérieur est sur- 
| tout à recommander dans les cas où les malades ne 
"sont pas disposés à les prendre à l’intérieur; c’est 
pourquoi je vais indiquer quelques formules de ver- 
| mifuges vantés par des auteurs, comme se prêtlant 
! facilement à l'emploi externe. 

. M. Rudolphi recommande contre les coliques, 
‘dites vermineuses, des fricuons avec l'huile de caje- 
put, et l’usage de bains tiedes; du reste ce médecin 
‚ne s'inquiète pas s’il y a, en pareil cas, réellement 
présence de vers ou non, et je crois qu’il a parfaite- 
ment raison. 

»  Rosenstein conseille de frictionner le bas-ventre 
‚avec du pétrole mélé d'ail, à l'endroit où les vers, 
d’après son idée, veulent perforer le canal intestinal. 


= 


432 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Mellin fait encore entrer dans ce même mélange du 


fiel de bœuf récent. 


D'après Crato de Kraftheim, Jean Næsius s’est 


servi avec succès contre les vers d’un onguent com- 
posée d’une once de pétrole noir mêlé avec un gros 
et demi de cire nouvelle. 

Lower etSchenk vantent, contre les prétendus vers 
du cœur, l'ail à l'extérieur , sous forme de cataplasme, 
dans lequel ils font entrer la linaire, la tanaisie et 
Vabsinthe. Le tout doit être bouilli dans du vinaigre: 

Vandævern conseille l’usage de l’onguent nommé 
unguentum Agrippæ , et celui appelé unguentum Ar- 
thanithe, sive de cyclamine , mélés ensembles à par- 
ties égales, et employés en frictions'. 

Brera propose, dans le même but, les deux formu- 
les suivantes” : 


1. Pr. Fiel de bœuf ,un gros ; savon de Venise, au= 


tant; mélez et faites, avec suffisante quantité d’huile 
de tanaisie, un liniment. | 

1. Pr. Fiel de bœuf, deux onces ; aloës en poudres 
pulpe de coloquinte préparée, de chaque une demi- 
once; faites digérer dans un endroit chaud * pendant 


vingt-quatre heures dans suffisante quantité de suc 
: Ouvrage cité, p. 3/45. 
x . 


3 
» Vorlesung, p. 129 


3 On trouve dans la traduction allemande : faites digérer dans 


de l'huile chaude. Je regarde cela comme une faute d'impression ; 


je n’en suis cependant pas sür, n'ayant pas eu l'original italien à | 


ma disposition. 


1 — 


DE L'HOMME, 433 


gastrique ou de salive, et ajouter à la fin suffisante 
quantité de graisse purifiée, pour former un on- 
guent. 

Le même auteur a encore fait connaître une for- 
mule pour préparer un esprit d’ail, avec lequel on 
peut rendre les deux linimens précédens plus ac- 
ufs, ainsi qu'une autre formule pour la préparation 
d’un emplätre; les voici : 

I. Pr. Ether sulfurique, six onces; ail pilé, une 
once; camphre pulvérisé, un gros ; mélez avec soin. 

IL. Pr. Assa foetida, emplätre de céruse, cire jaune, 
de chaque, parties égales ; galbanum purifié, la moi- 
tie autant ; faites selon les régles un emplätre. 

On emploie aussi sous forme de lavemens plu- 
sieurs des remedes que nous venons d’examiner. 
Nous aurons encore occasion d’en parler, quand 
nous indiquerons les modes de traitement qu'il faut 


employer pour combattre chaque espèce de vers en 
particulier. 


III. Des remèdes purgatifs. 


Quand on est parvenu à faire périr les vers avec les 
remèdes que nous venons de mentionner, il est alors 
nécessaire , si toutefois ces remèdes n’ont pas déjà 
produit d'augmentation dans la sécrétion du canal 
intestinal, que l’on tâche de faire évacuer non-seule- 
ment les vers morts , car ceux-ci s’en vont naturel- 
lement , mais encore les glaires qui se trouvent pres- 
que toujours en pareil cas en grande abondance. 
Pour atteindre ce but, l’on doit avoir recours aux 

28 


434 SUR LES VERS INTESTINAUX 

remèdes qui jouissent de propriétés purgatives, tels 
que, par exemple, les sels neutres dont on emploie 
de préférence, en pareil cas, le sulfate de potasse et 
le sulfate de soude, de même que les caux minérales 
contenant beaucoup de ce dernier sel. Weigel vante 
même le sulfate de soude comme un remède presque 
infaillible contre letænia. Nous ferons connaître plus 
loin la méthode que cet auteur emploie contre cette 
espèce de ver. 

Lr seL MARIN, pris à fortes doses, et dissous dans 
l'eau , agit de la même manière, comme cela ré- 
sulte d’un cas tiré des dissertations de médecins de 
Londres , et rapporté par Mellin:. Le voici : « Un 
homme qui se plaignait depuis quatre ans d’une gêne 
dans le bas-ventre, et qui maigrissait à vue d'œil, 
prit, par le conseil d’un de ses amis, deux livres de 
sel marin dissous dans deux pintes d’eau de fontaine ; 
il s’en suivit une forte oppression dans la poitrine, 
et à la fin il rendit par haut et par bas beaucoup de 
glaires et de vers. La grande soif et la dysurie, qu'il 
éprouva en même temps, furent calmées par l’usage 
d’eau pure, et par celui du lait de beurre, et peu de 
temps après la santé fut rétablie. » Ce même homme 
prit encore une fois trois ou quatre jours avant la 
nouvelle et la pleine lune, ce sel comme remede pro- 
phylactique, à la dose d’une demi-livre. 

Le TARTRE STIBIÉ a été surtout recommandé par 
Mellin* contre les maladies vermineuses, et il rap- 

1 Ouvrage cité , p. 99. 

» Ouvrage cité, p. 20. 


LE DE L'HOMME. 435 
porte que Ludovici a fait évacuer par hasard un tæ- 
nia à l’aide de ce remede. 

Après avoir employé inutilement beaucoup de 
médicamens , Marci a guéri avec le même remède 
une jeune fille de onze ans, atteinte d'une maladie de 
nerfs très-violente, qui avait été occasionée par la 
présence d’un ver solitairé. Brouset et Hirschel font 
aussi mention de cas semblables. 

Scheid raconte qu’Aulbert administra un jour, 
avec le plus grand succès, un remède ( composé d’un 
grain et demi de tartre stibié, d’un peu de résine de 
jalap et de cinabre ) à un enfant de onze ans, du 
sexe masculin, affecté d’epilepsie causée par la pré- 
sence d’ascarides. 

Dans le cas de complication de maladie vermineuse 
avec l’Epilepsie, Armstrong et Tode préférent le 
tartre stibié à tout autre remède. 

Muteau de Rocquemont, Lepelletier et beaueoup 
d’autres médecins francais se servent exclusivement 
de ce médicament contre les vers. 

D’après notre manière d’envisager les épidémies 
dites vermineuses , l'emploi du tartre stibié nous pa- 
rait, du moins dans beaucoup de cas, très-conve- 
nable; car dans ces épidémies, ou plutôt dans ces 
fièvres , il y a toujours en même temps un embarras 
gastrique , que nous devons combattre par la méthode 
évacuante. Le tartre subié remplit très-bien ce but, 
car il provoque à la fois par haut et par bas des excré- 
tions qui entraînent souvent les vers avec elles. 

Quant au mercure doux donné souvent contre les 


28. 


436 SUR LES VERS INTESTINAUX 

vers , il est très-vraisemblable qu’il n’agit que comme 
tout autre purgatif, toutes les fois qu'il détermine 
l'évacuation des Yers. Glossius dit expressément qu’il 
s’est convaincu, par des essais réitérés, de linefli- 
cacité des remèdes mercuriels dans le cas de maladies 
vermineuses. Ce médecin pense qu’un usage continu 
de ces médicamens, à petites doses, par lesquelles 
la sécrétion des intestins ne serait pas augmentée, 
produirait plutôt la salivation que la destruction des 
vers intestinaux. Cependant il arrive quelquefois que 
des enfans scrofuleux rendent des vers après l’usage 
du calomélas; mais on aurait tort si on voulait attri- 
buer directement l’évacuation de ces animaux à la 
propriété vermifuge de cette substance, car cela peut 
aussi bien être attribué à un effet du hasard, ou bien 
à ce que la constitution deces enfans s’était améliorée, 
et que les vers ont disparu naturellement, comme 
cela a lieu en pareil cas. 

En outre, comme nous devons également Adasanige 
que la vie des vers intestinaux doit avoir un terme, 
quand il sera atteint, le corps de ces animaux sera 
alors rejeté conjointement avec les matières fécales. 
Si dans ce moment, par hasard, le canal intestinal 
n’a plus la disposition à la formation de ces parasites, 
alors l’homme n’en aura plus. Presque tous les mé- 
decins connaissent des hommes qui, ayant été incom- 
modes, dans leur enfance, d’ascarides, n’en ont plus 
offert de traces dans un äge mür, sans cépendant 
pouvoir dire avec certitude à quelle époque les der- 
niers de ces animaux ont été rendus, ou à quel re- 


DE L'HOMME. 435 
mede on doit attribuer leur destruction. Quand un 
médecin parvient à guérir une maladie scrofuleuse, 
il ne manque pas non plus, du moins, dans beaucoup 
de cas, de débarrasser en même temps le malade de 
ses vers, n'importe quels remèdes il aura employés. 
Ce que je viens de dire s'applique, ce me semble, au 
muriate de baryte, proposé comme un bon vermi- 
fuge par Hufeland', Willis, Bucholz, Stark, Müller 
et Sulzer. 

Huires orasses. Passerat de la Chapelle est le 
premier quiait recommandé l’HuILE DE No1x comme 
un remede certain contre le tænia; il conseille de 
prendre à jeun, pendant quinze jours consecu- 
ufs, cinq onces de ce liquide, et de boire, deux 
heures et demie après, quatre onces de vin d’Ali- 
cante. Binet a confirmé par sa propre expérience les 
bons effets de ce traitement. Je ne crois pas qu'il 
puisse obtenir une grande faveur parmi les Alle- 
mands : d’abord le prix élevé du vin d’Alicante offri- 
rait déja beaucoup d’obstacles; mais, ce qui est plus 
essentiel, je crois que beaucoup d’estomacs ne sup- 
porteraient pas une aussi grande quantité d'huile. 
Postel de Franeiere, qui a du reste des idées très-er- 
ronées sur la nature et le séjour du tænia, n’envisage 
cependant pas trop mal la maniere dont ces deux 
liquides agissent; voici ses. expressions : « l’huile 
obstrue les sucoirs des vers (ce qui reste encore à dé- 
montrer ), elle rend le canal intestinal glissant , et, 
prise à aussi grandes doses, elle agit comme purga- 


* Ueber die salzsaure schwererde , s. 89, ff, 
x 


438 SUR LES VERS INTESTINAUX 


uf. Le vin d’Alicanıe sert à corriger leflet nuisible 
que l'huile produit sur l'estomac, et en outre le vin 
est, en pareil cas, un remede préservatif contre la re- 
production du ver solitaire. » 

L'uuie DE Rıcın (oleum ricini ) est plus souvent 
employée dans ce but que l'huile dont il vient d’être 
question. Dunani et Odier sont les premiers qui ont 
recommandé et administré l'huile de ricin contre le 
iænia , en place du bol drastique de madame Nouffer. 

Il est cependant de fait que c’est Odier qui l’a em- 
ployée le premier contre le tenia, et Dunant n’a fait 
que devancer ce médecin dans la publication de ce 
remède, ce qu'Odier n’a pas non plus passé sous 
silence. | 

On ne devrait pas se servir de l'huile de ricin, telle 
qu'on la trouve dans le commerce, par la raison 
qu'elle est presque toujours rance où qu’elle le de- 
vient bientôt, surtout lorsqu'elle n’a pas été préparée 
de la manière la plus convenable ; celle-ci consiste à 
enlever aux graines , avant deles exprimer à froid, la 
pellicule externe , qui est d’un goût tres-äcre et mor- 
dant. La grande quantité de substances mucilagi- 
neuses et aqueuses contenues dans cette huile, est 


x MM. Boutron-Charlard et Henri fils, dans un mémoire qu'ils 
ont lu à l'Académie royale de médecine, le 17 avril 1824, com- 
battent par des expériences positives les opinions de certains au- 
teurs qui attribuent à l'embryon et à la partie corticale l’âcreté 
qu’on remarque dans l'huile de ricin. Nous croyons devoir trans- 
crire ici les principales conclusions de leur intéressant mémoire : 

1°. Que l'enveloppe corticale ne contient aucun principe capable 


DE L'HOMME. 439 


cause qu’elle se gäte très-facilement; c’est pourquoi 
on devrait la faire préparer nouvellement autant de 
fois que l’on en aurait besoin. Une huile faite de cette 
manière agit comme un purgatif tres-doux, et sans 
causer les moindres coliques. 

Cependant les expériences du docteur Arnemann 
ont prouvé que cette huileïn’a pas de vertus spécifi- 
ques contre les vers; c’est pourquoi l’on pourrait la 
remplacer par l’huile d'amandes douces ou par toute 
autre huile grasse dans laquelle on aurait dissous 
un peu de résine de jalap. Au reste, quand il ne s’a- 
git que de faire évacuer des vers, je me sers de pré 
férence, pour atteindre ce but, de follicules de séné et 
du jalap. J’ordonne plus volontiers les follicules de 
séné en substance, c’est-à-dire sous forme de poudre, 


de pouvoir communiquer à l’huile de ricin une saveur äcre et de- 
sagréable. 

20, Que l'embryon ou germe, qui jusqu’à ce jour avait été re- 
gardé comme le siége d’un principe âcre et vénéneux , ne renferme 
au contraire qu’une huile douce ayant un goût agréable analogue à 
celui du café vert. 

30. Que le périsperme est la partie du ricin qui contient le prin- 
cipe purgatif. 

4. Que les procédés par la chaleur développent dans l’huile de 
ricin une Âcreté qui n’existe pas dans celle préparée à froid et par 
expression. 

5°, Enfin que l'huile de ricin préparée à froid et par expression 
étant la plus pure, est la seule qui doive être employée en médecine. 

L'huile de ricin extraite à froid peut se conserver fort long- 
temps sans être susceptible d’altération ni de rancidité. (Note 
- du traducteur. ) 


430 SUR LES VERS INTESTINAUX 

qu'en infusion, parce que je crois qu’une partie de la 
poudre peut arriver dans le canal intestinal sans avoir 
été entièrement digérée, et qu’elle agit alors, par 
son goût äcre, plus directement sur les vers que si 
on l’avait administrée en infusion. 

LA RACINE DE JALAP est sans contredit, dans le 
cas de maladies vermineuses , in des meilleurs pur- 
gaufs, et qui peut-être possède en même-temps plus 
de vertus anthelmintiques que tous les autres. 

Wepfer: vante cette racine comme un vermifuge 
excellent. Van Swiéten? l’a également employée avec 
succes contre le tænia. 

Je ne me sers jamais de la résine de jalap, quoique 
ÂArnemann* la regarde comme agissant plus eflica- 
cement que la racine de cette plante; ce médecin 
prétend qu’en donnant une dose de la racine, l’on 
ne sait pas au juste, n'étant pas sûr de la quantité de 
résine qu’elle contient, combien on a administré de 
celle-ci. Cependant le raisonnement de ce médecin 
n'est pas propre à me convaincre que la résine doit 
être préférée à la racine; car, toute réflexion faite, 
on ne sait jamais au juste, à l’avance , combien de ré- 
sine tel ou tel canal intestinal peut supporter ; mais 
en administrant avec circonspection Ja poudre de 
jalap , il peut tout au plus arriver qu'elle n’agisse pas 
au degré que l’on s'était proposé, et l’on peut fa- 
cilement remédier à cet inconvénient, si c’en est un, 

: Cicut. aquat. hist., p. 224. 

» Loco citato , $ 1372, p. 54o. 

3 Ouvrage cité, p. 476. 


DE T'HCMME. Ahı 
en donnant la racine à plus forte dose. Il n’en est 
pas de même avec la résine; car si, par hasard, cette 
substance s’est précipitée dans un seul endroit de l’es- 
tomac ou des intestins, ce qui peut arriver par une 
faute dans Ja diète, ou par l'emploi d’une boisson très- 
froide , le malade éprouvera de fortes coliques qui, 
quoiqu’elles ne soient pas toujours accompagnées de 
suites graves, peuvent néanmoins beaucoup inquié- 
ter et le médecin et le malade. 

Pour faire rejeter les vers hors du canal intestinal, 
je ne me sers jamais d’aloës, non plus que de gratiole 
ni d’ellébore, de gomme-gutte , de scammonée, ni 
d’autres drastiques semblables. 

J’ordonne cependant bien souvent l’aloës, mais 


| seulement à la fin d’un traitement, à des doses très- 
| peutes, et plutöt comme tonique que comme purgatif. 


Werlhof et d’autres médecins regardentla gomme- 
gutte comme un remède spécifique contre le tænia. 

Bissetsurtoüt vante beaucoup ce médicament, mais 
je ne sais pas trop pour quelle raison, car il l’admi- 
nistra un jour à un marin à des doses très-fortes, qui 
firent en effet rendre quelques morceaux bien longs 


| de tænia, néanmoins ce ver se montra de nouveau au 


rue 3 
bout de quelques mois, c’est pourquoila gomme-gutte 


fut employée de nouveau, et même à plusieurs re- 


rises; cependant les résultats furent toujours les 
; ) 


 memes; enfin Bisset l’ordonna encore une fois à son 


malade au mois d'octobre ; et, à dater de cette époque 
jusqu’au 18 décembre, comme il résulte de l’histoire 
de la maladie, le ver n’a plus reparu ; mais il reste à 


hie SUR LES VERS INTESTINAUX 


savoir sile malade n’en aura pasrendu d’autresmor- , 
ceaux le mois suivant. 


IV. Des remèdes fortifians. 


‘A près avoir détruit et fait évacuer les vers à l’aide 
des vermifuges et des purgaufs convenables, il est sou- 
vent d’une grande utilité d'employer des médicamens 
fortifians afin de prévenir une nouvelle production 
de ces animaux; j'avoue cependant, que la méthode 
que j'ai suivie jusqu’à présent contre les affecuons 
vermineuses, m'a presque toujours dispensé d’avoir 
recours à ces remèdes. 

Ce sont ordinairement les amers et le fer que l’on 
emploie en pareil cas ; ce dernier peut être adminis- 
tré , tant sous forme métallique que sous celle d’oxide 
et de sel neutre. On peut également se servir dans 
le même but des eaux minérales ferrugineuses. 

Werlhof rapporte une observation où il administra 
4 une femme, deux fois par jour, de la limaille de 
fer, qui lui fit rendre beaucoup d’ascarides (c’étaient 
probablement des oxyures); plus tard elle fit usage 


d’eau de Pyrmont,qui produisit. d’abord l'évacuation | 


de quelques morceaux de tænia, etenfin un tænia 
entier; après quoi elle fut débarrassée, comme par 
enchantement, de toutes ses souffrances. 


I 


Je crois inutile de parler ici en detail de l'emploi 


des remèdes fortifians, car je dois presumer que, 


tous les médecins, à l'usage desquels cet ouvrage a 
été écrit, connaissent la manière de les administrer. 


DE L'HOMME. 443 


Les remèdes dont nous venons de parler jusqu'à 
présent doivent être regardés , généralement parlant, 
comme les meilleurs que l’on doive employer contre 
les vers. Les personnes qui désirent en connaître da- 
vantage, n'ont qu’à lire les ouvrages de Vandævern 
et de Leclerc; mais comme probablement peu demes 
lecteurs possèdent l'ouvrage du dernier, c’est ce qui 
m’a décidé A leur donner un petit échantillon de l’ar- 


senal vermifuge de ce médecin. 
Medicamenta simplicia adversus lumbricos petila ex animalibus. 


‘Alcis ungula. 
Anseris adeps. 
Apri urina. 
Avium quarumcunque pennarum combusiarum cinis. 
Dezoar. 
Bovis talus ustus, ejus et siercus ustum cum castoreo suffitum. 
Butyrum. 
Caprinum siercus , aridum tritum , ex melle potui daium tineas om- 
nes radicitus eximit. (Plin. Valer.) 
Caseus veteratus. 
Castoreum. 
Cantharides. 
Cervi cornu et medulla. 
Ebur. 
Fel variorum animalium. 
Gallinæ adeps , item ejus ovorum putamen contritum. 
Hominis urina , et ossa , præsertim combusta. 
Ichneumonis pilorum suffitus. 
Lumbrici terreni. 
Lumbrici intestinorum human. exsiccali , contriti , ore assumpti. 
Mel. 
Monocerotis et rhinocerolis cornua. 


444 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Muris stercus , triduo bibitum. 
Pisces , muria conditi. 

Secundiñæ mulieris primiparæ pulvis. 
Scorpiones. 

Vermiculi spongiæ bedesar. 

Viperæ. 

Mon recueil vermifuge tout entier ne consiste pas 
dans la moitié des remèdes que l’on voit rapportés 
dans ce tableau, qui ne contient cependant que ceux: 
tirés du règne animal, 


SECTION II. Du traitement particulier qu'il faut employer 
contre chaque espèce de vers ’. 


Nous passons maintenant à l'indication du traite 
ment ou des moyens que l’on doit employer contre 
chaque espèce de vers intestinaux en particulier, où 
nous devons ajouter ce que l’on peut dire des signes 
par lesquels on peut reconnaître la présence de telle 
ou telle espèce de vers. 

Le TRICHOCÉPHALE (trichocephalus dispar) séjourne 
principalement dans le cœcum , mais on le remarque 
aussi dans les autres grosintestins. Je ne connais réel. - 
lement aucun signe par lequel on puisse soupçonner 
sa présence , et néanmoins on le rencontre dans pres- 
que tous les cadavres de l’homme , comme Wrisberg? 
l'a aussi remarqué; le plus souvent on ne trouve qu'un 
peutnombre d'individus de cette espèce dans le même 
cadavre ; cependant M. Rudolphi en atrouvé une fois 

* Felix Pascal. Voyez Nouveau Journal de médecine , rédigé par 
Beclard , Chomel, etc. Mars 1818. 
? Dans la préface ajoutée à l’ouvrage de Rœderer et Wagler. 


DE L'HOMME. 445 


_ plus de mille dans celui d’une femme. On en observe 
au contraire quelquefois une quantité extraordinaire 
dans les intestins de quelques bisulques , comme par 

exemple dans ceux du chamois et du mouton. 

Aucun médecin, autant que je me le rappelle, n’a 
encore observé qu’une personne ait rendu le tricho- 
| céphale pendant la durée de sa vie, ce que cependant 


j'ai eu occasion de remarquer une fois dans Le cas 
| suivant : 


: J’aitraié,ilyaà peu pres dix ans, une petite fille 
| de six ans qui était affectée du tænia. Pendant l’em 
| ploı des médicamens que je lui avais ordonnés, elle 
rendit à plusieurs reprises des ascarides et des Oxyu- 
res, et une seule fois un trichocéphale. 
Cependant comme on trouve ce ver, je le répète, 
| dans presque tous les individus de l'espèce humaine, 
| et que cependant la plupart ne s'étaient jamais plaint 
| d’avoir étéincommodés par les vers, il résulte delà que 
‚les trichocéphales doivent rester dans le cœcum sans 
| déterminer aucun accident , de manière que l’ou n’a- 
| pas besoin de s'occuper de leur expulsion. 
| Sicependantune personne en rendait, et s’il yayait 
des symptômes que l’on püt attribuer à leur pré- 
sence , je conseillerais d'employer les mêmes remèdes 
que Jindiquerai tout à l'heure contre les oxyures. 
ÖXYURE VERMICULAIRE (oxyurisvermicularis). Les 
oxyures séjournent ordinairenrent dans le rectum 3 
Cependant j'en ai rencontré même dans le cœcuin. 
: Ilest de fait que les vers de cette espèce incom- 
modent les malades plus que tous les autres, et 


416 SUR LES VERS INTESTINAUX 
sans excepter même le tænia, car il reste encoré 
à savoir s’il donne réellement lieu aux accidens que 


Von se plaît à lui attribuer, mais au contraire on né 


peut nier que les oxyures n’incommodent maintes | 


fois les hommes à un très-haut degré. Il y a cepen- 
dant des cas où il existe dans le même individu des 
milliers de ces vers, sans qu’ils annoncent leur pré» 


sence par aucun symptôme désagréable. J'avais à | 
traiter, il y a quelques années, un jeune homme | 
de douze ans, atteint d’une fièvre nerveuse : un la= 


vement que je lui avais ordonné fit rendre une quan 
tité considérable d’oxyures, et cependant le malade 
n’en avait jamais été incommodé : il en fut de même 
après son rétablissement. Mais dans beaucoup de cas 


les oxyures ne se comportent pas d’une manière aussi | 


indifférente; ils se tiennent, il est vrai, ordinaire 


ment assez tranquilles pendant la journée, mais à. 


l'approche de la nuit ils commencent presque tous 
jours à causer des démangeaisons insupportables 
dans le rectum ; il paraît que la chaleur du lit er !ele= 


vation de la temperature du corps animal les excitent | 
considérablement. On les rencontre le plus souvent 


chez les enfans, cependant les adultes n’en sont pas 


toujours exempts. J'ai connu un vieillard de quatre= 


vingts ans qui en rendit jusqu'à sa mort. Les déman:! 
geaisons auxquelles ces animaux donnent lieu provo- 


quent souvent, chez les enfans , des convulsions qui 
ressemblent à l’éclampsie. Les oxyures s’introduisent 


aussi dans le vagin, et ils excitent alors les femmes à | 


la masturbation ;je connais même plusieurs exemples 


[ 


DE L'HOMME. 4 


ou ilsavaient presque causé une veritablenymphoma- 
nie. Scharf rapporte une observation ou les oxyures 
qui s'étaient introduits dans le vagin d’une femme 
de cinquante ans, produisirent dans cette partie pen- 
dant long-temps une démangeaison et une chaleur 
trés-vives. Elle rendit en effet, à plusieurs reprises, 
une quantité extraordinaire de ces vers. 

Becker a observé le même accident chez une femme 
de soixante-dix ans: les démangeaisons qu’elle éprou- 


.vait dans le vagin firent naître en elle certains désirs 


à un tel point, qu’elle renouvelait presque les tur- 
pitudes de Messaline '. Des injections composées de 
plantes ameres dirigées dans le vagin firent évacuer 
beaucoup d’oxyures , et tous les symptômes cessérent 
sur-le-champ. 

Dans le traitement des affections des parties sexuel- 
les chez les femmes, les praticiens feront bien de se 
rappeler les cas que nous venons de rapporter. 

Cette espèce de vers n’est pas seulement, je le ré- 
pete, la plus incommode pour l'espèce humaine, mais 
elle est aussi la plus difficile à combattre ; car on a beau 
faire évacuer des milliers de ces animaux, il en reste 


toujours dans les replis des intestins, et comme ils se 


‚regenerent avec une rapidité étonnante, les mêmes 


inconvéniens ne tardent pas à recommencer. 
Les vermifuges ordinaires pris par la bouche per- 


1 


Et resupina jacens mullorum absorbuit ictus. 


Et lassala viris, sednon satiala recessit. JUVENAL. 


448 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dentdans l'estomac et les intestins grêles, du moins en 
grande partie, leur propriété essentielle; c’est pour- 
quoi, en arrivant dans les gros intestins , séjour natu- 
rel des oxyures, ils agissent d’autant plus faiblement ; 
que cesanimaux se trouventtoujours entourés de beau- 
coup de matières fécales. Les vermifuges administrés 
sous forme de lavement opèrent bien sur les oxyures 
qui séjournent dans le rectum, mais non pas sur 
ceux qui siégent dans le cœcum; c’est pourquoi le 
but que l’on s'était proposé n'est pas complétement 
atteint. 

Quoique leur destruction totale ne puisse être ob- 
tenue que trés-difficilement par des médicamens, car 
dans l’âge adulte les oxyures disparaissent souvent 
naturellement, il faut cependant employer quelques 
moyens contre eux, ne füt-ce que pour soulager mo- 
mentanément les personnes qui en sont incommodées. 

La méthode que j'ai mise en pratique contre ces vers 
jusqu’à présent avec plus ou moins de succès est la 
suivante : Je commence par faire prendre, maun et 
soir, une cuillerée à café de l’électuaire n°. 1 (in- 
diqué dans la dernière section ) dans l'intention de 
forcer les oxyures qui se trouvent le plus rapprochés 
des intestins grêles à descendre plus bas ; j'ajoute vo- 
lontiers à cet électuaire le jalap à une assez forte dose 
pour causer une légère évacuation. Outre cela, j'en= 
gage les malades à prendre par jour deux petits lave- 
mens composés de plantes amères (on peut suivre la 
formule n°. 2, qui se trouve aussi dans la dernière 
section). 1l est à remarquer que le malade ne doit 


DE L'HOMME. 449 
prendre le lavement qu’apres avoir été à la selle, et 
dans ce cas on peut ‘espérer qu’il restera pendant 
quelque temps dans le canal intestinal, condition 
essentielle pour qu'il puisse produire de l'effet. Chez 
les personnes peu irritables, je fais ajouter quelque 
fois aux lavemens une cuillerée de fiel de bœuf frais, 
Les malades doivent faire usage des médicamens que 
je viens d'indiquer pendant plusieurs semaines con- 
sécutives , après quoi ils resteront souvent pendant 
long-temps en repos, et se trouveront même quel- 
quefois radicalement guéris. Un lavement d’huile 
grasse’ fait souvent cesser su r-ie-champ les déman- 
geaisons insuportables causées par les oxyures?. 

Pallas? à vu employer dans le même but ; avec suc- 
ces, la fumée de tabac. 

Van Swieten conseille les lavemens d’eau froide. 

Le meilleur moyen pour débarrasser les femmes 
des oxyures qui se seraient introduits dans le vagin, 
consiste dans une injection d’eau froide, avec addi- 
tion d’un peu de vinaigre. 

Le docteur de Vest, de Gratz, m'a assuré qu’il 
n’emploie contre les oxyures que les fleurs de soufre, 


* M. Soemmerring a également employé avec succès l'huile d’c- 
live en lavement à la dose de deux ou trois onces. ( Br.) 

» Une dame de vingt-cinq ans, qui était tourmentée de ces vers 
depuis son enfance , s’en debarrassa à la fin en prenant deux fois 
par semaine (mercredi et vendredi ) une botte d'ail coupée menue 


. dans une demi-tasse d’huile d’olive. (Br.) 


> De infest. viventib., p. 258. 
=g 


550 SUR LES VERS INTESTINAUX 


à la dose de dix à quinze grains. Ce médicament doit 
être pris à jeun , et pendant un certain temps. 
Depuis re M. de Vest m'a fait connaître ce re- 
mede, je n’ai eu occasion de l’administrer qu'à une 
seule per sonne, mais l'ayant perdue de vue, je ne puis 
dire quel effet il a produit. J' ai engagé un jour le 
docteur Fechner à le donner à un de ses malades, chez 
qui il avait déjà essayé inutilement beaucoup de re- 
mèdes pour le débarrasser des oxyures; mais ce mé- 
decin m’observa que son malade avait déjà fait usage 
pendant long-temps de fleurs de soufre mêlées avec de 
la crême detartre, pour combattreune autreaffection ; 
cependant les vers n'avaient pas été détruits pour cela. 
Il ajouta qu'il employait ordinairement avec succès 
contre les oxyures des lavemens composés d’une infu- 
sion de plantes ameres avec addition d'huile empyreu- 
matique. Je crois en effet que ce mélange doit être 
très-actif. L'huile de Chabert' ne pourrait guère être 
employée en lavemens’,a cause de l'huile de térében- 
thine dont elle est en grande partie composée, néan- 
moins on pourrait fort bien ’administrer par la bouche 
en même temps qu’on employerait les lavemens dont 


* M. Rollet, chirurgien à Baade, a employé avec succès l’huile 
de Chabert en lavemens , à la dose de deux cuillerées à café mê- 
lée avec une décoction de graines de lin ou une toute autre décoc- 
tion mucilagineuse. ( Br.) 

2 Je ne concois pas pourquoi U er a pu hésiter un moment 
d’administrer cette huile en lavement, tandis qu’il la donne à si 
larges doses par la bouche. Je m'étendrai dans une note plus loin 


sur ce sujet. (Note du traducteur. ) 


| 
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| 


DE L'HOMME. 45 


nous venons de parler, afin d'augmenter leur effet. 
Je me suis aussi proposé de donner l'huile de Cha- 
bert, si efficace contre le tænia, dans le but de com- 
battre des oxyures; mais excepte la personne chez 
laquelle j'ai essayé les fleurs de soufre, 1l ne s’en est 
pas présenté d’autre qui en füt incommodée. En oé- 
néral on s’en plaint dans ce pays-ci beaucoup plus 
rarement que des ascarides et des tænias. 

Les AscaRiDES ( ascaris lumbricoïdes ) sejournent 
dans les intestins greles, cependant ils se glissent 
aussi quelquefois dans l’estomac, où ils donnent lieu 
à des accidens plus cu moins graves. L’estomac, ir- 
rité par la présence de ces animaux , fait ordinaire- 
ment beaucoup d’efforts pour les rejeter prompte- 
ment au dehors. Dans les commentaires de Leipzis : 
on rapporte un cas où trois de ces vers s'étaient in- 
troduits dans la vésicule du fiel par le canal cho- 
lédoque. 

Cependant je dois remarquer ici que ceux des nd- 
matoides d’une forte taille que l’on a souvent trou- 
vés dans les reins, ou que l’on a vu sortir par l’ure- 
tere n’appartiennent pas au genre d’ascarides dont il 
est question ici, mais bien à celui des strongles. 

Les ascarides font soupconner leur présence par 
les symptômes décrits plus haut; on peut les com- 
battre par tous les remèdes que nous avons aussi déjà 
indiqués comme les meilleurs vermifuges, et parmi 
lesquels chaque médecin pourra choisir suivant sa pre- 


* Commentarii de rebus in scientia naturali et medicina gestis. Tom. 
XIV , Lipsiæ, 1767, p. 664. (Voyez la note. ) 


29. 


453 SUR LES VERS INTESTINAUX 


dilection. Nous avons rapporté à quelle dose et sous 
quelle forme on doit les administrer ; du reste, en 
cas de besoin ! on n’a qu’à consulter les matières me- 
dicales. Aucun de ces remèdes n’est absolument à 
rejeter. La chose principale consiste toujours, dans 
le traitement contre les ascarides , à avoir non-seule- 
ment égard aux vers, mais encore aux Causes qui 
avaient favorisé leur production. 

Ma méthode d'agir contre les ascarides est 1res- 
simple. Si l'on me présente un enfant chez lequel 
on remarque plusieurs des signes pathognomoniques 
qui caractérisent ordinairement la maladie vermi- 
neuse, je lui ordonne l'électuaire n°. 1’, à la dose 
d’une cuilleréeà café, matin et soir, peu m’im- 
porte que cet enfant eùt réellement rendu auparavant 
des vers ou non; après un usage de ce médicament 
continué pendant trois ou quatre jours, les excré- 
lions alvines commencent à devenir plus copieuses 
et plus liquides, elles sont presque toujours chargées 


de glaires, et quelquefois de vers. Dans le cas où cet 


@lecinaire ne produit pas cet effet, je V’administre à 


plus forte dose. Pendant l'usage de ce médicament, si 
toutefois on ne s'était pas trompé dans le diagnostic, 
et si la maladie était réellement le résultat d’un dé- 
rangement, ou plutôt d’une inaction dans les fonc- 
tions des intestins, le rétablissement du malade s’o- 
père à vue d'œil. Cela se caractérise surtout par le re- 


1) 
La formule de cet éleciuaire et des autres médicamens nume- 


rotés est indiquée daus la dernière section. 


DE L'HOMME. 453 


tour de la gaite, que l’on remarque ordinairement 


= 


chez les enfans bien portans. 
Si la premiere portion de cet électuaire n'était pas 
suffisante pour rétabli la santé, Jen ordonne nne 
f F \ . 1 1 
seconde, en réglant toujours la dose de maniere 


qu'elle augmente l'évacuation des matières fécales 


et des glaires, mais qu’elle ne provoque pas d’excré- 


tions aqueuses ou séreuses. 
Dans le cas où les circonstances paraîtraient exi- 


ger que le malade soit purge , je préfère de suspen- 


‘dre l'usage de V’eleciuaire et jordonne à sa place la 


poudre purgative n°. 3; car, en ne purgeant le 
malade qu’une seule fois, cela ne peut pas autant af- 
faıblır le canal intestinal que sil se faisait pendant 
plusieurs semaines une perte continuelle des hu- 
meurs nécessaires à une bonne digestion. Je ne me 
rappelle pas avoir eu besom d'employer plus de 
deux portions de lélectuaire pour faire disparaître 
tous les accidens. 1] m'est du reste indifférent si, pen- 
dant ce traitement, le malade rend des vers ou non; 
j'ai remarqué quelquefois que les malades n'avaient 
évacué quelques ascarides qu’apres un rétablissement 
complet. 

Si j'ai a traiter une personne d’une constitution 


lymphatique, jordonne pendant quelque temps lu- 


sage des gouttes n°. 4, pour prévenir les rechutes. 

. A l'égard du régime que l’on doit observer pen- 
dant le traitement, je défends l'usage des farineux, 
des légumes secs et des substances grasses ; j'engage 
également les malades à ne pas manger trop de pain. 


454 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Je ne me suis jamais trouvé dans le cas d’avoir be- 
soin de recourir à d’autres moyens pour combattre 
les ascarides. 

Le BOTHRIOCÉPHALE (bothziocephalus latus), et le 
TÆNIA ({ænia solium. ) 

Je suis obligé de parler de ces deux genres de vers 
à la fois, parce que les praticiens, en indiquant les 
remèdes propres à les combattre, n'ont pas eu égard 
à la grande différence qui règne réellement entre ces 
deux animaux. L’un et l’autre séjournent dans les ın- 
testins grêles, quoique Postel de Francière prétende 
qu’ils ne séjournent que dans le coecum. Cette asser- 
tion a valu à ce médecin une dispute savante avec 
MM. Robin et Binet. 

La presence de ces deux animaux dans le canal 
intestinal n’est pas caractérisée par des signes parti- | 
culiers et qui ne puissent aussi bien indiquer l'exis-. 
tence des ascarides. Mais les tænias s’annoncent, 
dans beaucoup de cas, plus aisément que ceux-ci 
par l'évacuation de quelques articulations ; au moins 
cela a lieu pour le véritable tzenia : quant au bothrio- 
céphale, je ne puis rien dire avec certitude, faute 
d’une expérience suffisante. Celui-ci ne se découvre 
pas ordinairement par la sortie de petites parties d’ar- 
ticulations détachées, mais bien par celle de mor- 
‘ceaux d’une certaine longueur. 

Comme ces deux espèces de vers ne cedent pas 
en général à l'emploi des vermifuges ordinaires , et 
quoiqu'ils soient quelquefois rendus spontanément, 
beaucoup de médecins et de charlatans ont proposé 


DE L'HOMME. 455 
plusieurs remèdes, en général très-compliqués, qu'ils 
out tenus ordinairement secrets pendant long-temps, 
et qu'ils ont vantés comme de vrais spécifiques. 

Afin de ne choquer personne, nous allons faire 
connaître, par ordre alphabétique, les différentes 
méthodes proposées jusqu’à présent contre le tænia, 

SECTION LL Des différentes méthodes de traitement contre 
le tænia 

Miruope D'ALSTON. « Après avoir purge le ma- 
lade, un jeudi avant le changement de lune (ce sont 
les paroles d'Alston), avec suffisante quaauté de fol- 
licules de séné et de manne (substances que j'ai fait 
infuser dans une décoction de racine de chiendent), 
je lui donne, le vendredi suivant , une once de zinc 
pur (passé au tamis), dans quatre onces de sirop 
ordinaire * ; le samedi, une demi-once de zinc dans 


deux onces de sirop, et autant le dimanche ; le malade 


doit être purgé le lundi avec la même médecine. 
Quoiqu'il soit probable que le jour et l’époque à la- 
quelle on doit administrer ces médicamens n’influent 
pas sur leur eflicacité, je me suis cependant tenu 
strictement à la prescription proposée par un charla- 
tan, et comme l'emploi de ces remèdes avait ré- 
pondu à monattente, je n’ai rien voulu changer à son 
mode de traitement. » 


LL 
* Common treacle ne peut signifief rien autre chose dans ce cas-ci 
que du sirop hollandais et non pas de Ja ihériaque , comme on le 
Louve indiqué dans la traduction allemandi # = l’ouvrage d’Alston 
et dans la Matière médicale de Mellin ; car üne pareille dose de 


thériaque causerail la mort d'un homme. 


456 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Pailas l’approuve beaucoup, cependant il a vu un 
cas où 1l n’a pas répondu à son attente. 

A vant de mettre ma méthode actuelle en pratique, 
j'ai essayé celle d’Alston sur plusieurs de mes malades 
incommodés du tænia;maisaucun n'aété radicalement 
guéri : tous sont revenus, après un espace de trois 
mois, se plaignant de l’inefficacité des remèdes qu’on 
‘leur avait administrés, car le tænia s'était montré de 
_ nouveau. 

Méraope pe Beck. Nous en devons la publica- 
tion à M. Lange’. En voici l'exposé : 

Re. Mercurii dulcis , scrupulum unum ; cornu cervi usli , cinnabaris 
an'imonü , ana grana decem ; m. , f. pule. d. s. (A.) 

Rc. ol. amygdal. dulc., uncias duas , d. s. (B.) 

Re. radic. filicis mar. , drachmam unam ; jalapp. , gummi-gulte , 
Lerb. cardui benedict., eburis usti, ana drachm. semis., m., f. pub. sub- 
1rliss. divide in ii) part. æq. d. s. (C.) ou spécifique. 

Le malade tourmenté par le tænia commence par 
prendre, à Fe ou cinq heures de l'après-midi, la 
poudre marquée À dans une cuillerée d’eau com- 
mure, où bien dans une cuillerée d’eau de gruau; 
je soir, après avoir mangé un potage, il doit boire 
deux onces d'huile d'amandes douces; le matin sui- 
vant, il prendra un des trois paquets de la poudre du 
spécifique marqué G, dans un peu de thé édulcoré 
avec une cuillerée de sifop de fleurs de pêcher. Cette 
poudre détermine ordinairement, dans l'espace de 
deux heures, deux ou trois vomissemens; le malade 
peutalors faire usage d’un peu de thé. Tout ce qu'il a 


1 Hufelands Journal, t. XVH, st 2, p. 123. 


DE L'HOMME. 457 


rendu par le bas, pendant la nuit et dans la matinée, 
doit être examiné, et si le tænia ne s’y trouve pas 
en entier, on doit administrer au malade un se- 
cond paquet, c’est-à-dire deux heures après avoir 
pris le premier, et enfin le troisième : dans le cas où 
ces remèdes ne produisent pas l'effet désiré, on fait 
passer un lavement , composé d’une decoction de 
plantesameres et d’une suffisante quantité desulfate de 
magnesie, et, si le ver n’est pas évacué par ce moyen, 
on donnera alors au malade, dans l’espace de trois 
heures, la poudre suivante, divisée en trois paquets. 

Re. pub. radic. jalapp., drachm. unam; herb, gratiolæ , scrupul. 
unum; m.,f. dos.tres. (D.) 

Cette niéthode peut être uule contre le bothriocé- 
phale, mais non pas contre le véritable tænia. Le 
mélange de la racine de fougere mâle avec les pur= 
gatıfs n’est point du tout convenable. 

Méruons pe Bucuanan. Buchanan a recu du 
docteur Roussel la formule de ce remède indien. 
L'on fait bouillir une demi-livre d’écorce fraiche de 
la racine de grenadier, dans trois pintes d’eau com- 
mune , jusqu'a réduction de deux *. Outre cela, l’on 
fait un mélange de graines pulvérisées de seca dana 
(convulvulus nil), avec celles de putas papara (erythrina 
monosperma ), de chaque substance, un demi-gros. 
A près avoir fait fondre un peu desucre dans la bouche, 


* Breton (Voy. med. chirur. transact., vol. X1, part. 11) fait 
bouillir deux onces de cette racine fraîche dans une pinle et demie 
d'eau jusqu'à réduction de moilie ; il en donne un verre toutes 
les demi-heures. ( Br.) 


438 SUR LES VERS INTESTINAUX 

on avale cette poudre, et on boit par dessus une tasse 
de la decoction précédente pendant qu'elle est encore 
chaude; on doit en faire usage à des intervalles très- 
courts, jusqu’à ce qu’elle soit entierement prise. Ces 
médicamens produisent des évacuations par haut et 
par bas. 

Les graines de seca dana et celles de putas papara 
sont ordinairement employées comme purgatifs par 
les médecins de l'Inde. Buchanan regarde la decoc- 
tion comme le remède le plus actif de ce traitement. 

Méruone pe CLossius. Ceite méthode a été dé- 
crite en premier heu dans les Annales de Fritze. Le 
fils de Clossius l’a publiée de nouveau dans le Ma- 
gasın de Baldinger, telle qu'il lavait apprise de feu 
son père, qui l'avait découverte par hasard. Voici 
comment 1l s'exprime : « Mon père avait à soigner 
une dame en Hollande, qui était malade depuis long- 
temps, et qui avait en même temps le ventre extré- 


mement‘ballonné ; il lui ordonna , je ne me rappelle 


plus po’s quelle raison , de la térébenthine de la ma- 


nière suivante : 

Re. terebinth. Venet., drachm. j ; sol. in vitell. ovor. q. s.; add. 
az, menth. piperit., unc. iv, S., à prendre peu à peu. 

Il fut appelé tout à coup le soir, et on lui dit que 
la malade était expirante. En effet, il la trouva sans 
connaissance , el le front couvert d’une sueur froide. 
Enfin , elle se remit peu à peu, et lui dit qu'elle 
éprouvait une sensation semblable à quelque chose 
qui descendait dans le ventre, et qui lui donnait en 
même temps envie d'aller à la selle; une évacuation 


1 
| 
) 
| 


DE L'HOMME. 459 
de matières stercorales eut réellement lieu , ce qui 
produisit l’affaissement presque complet du bas- 
veutre. L'on vit dans les LR un paquet blanc, 
an n'était autre chose qu’un bothriocéphale, mais qui 
n'était pas pourvu de trompe. Quelque iempsapres, 
le ventre se ballonna de nouveau , et presque aussi 
fortement que la première fois; il ordonna alors son 
drastique (que nous ferons connaître plus bas ), qui 
fit évacuer le ver en entier , et il n’a plus reparu. 

« Depuis ce temps , mon père ädministra à tous les 
malades qu'il croyait affectés du tænia , son remède 
explorateur, c’est-à-dire de la térébenthine, en ré- 
glant toutefois les doses selon l’âge, l’irritabilité, etc., 


1: desindividus. Apres s’elre convaincu par cemoyen de 


l'existence du ver, il commencait par faire observer 
aux malades un régime particulier ; ils étaient obli- 
gés de ne manger, pendant un mois, que des choses 
piquantes et salées, comme, par exemple, du fro- 


_ mage, du poisson salé, du saucisson , de la viande 
SC P > , 


silée, du jambon, etc. En outre, ils devaient aussi 
boire plus de vin que d'habitude; quelques jours 
avant de faire usage de son drastique, il administrait 


aux malades, tous les soirs, un grain d'opium , ou 


| bien un peu de laudanum hquide de Sydenbam. En 


suivant cette méthode, il m’assura qu'il avait été 
obhgé, dans bien des cas, de ne donner qu’une 
seule dose de son drastique pour faire évacuer le tæ- 
Dia en entier. Voici la formule du drastique et des 
autres médicamens dont il se servait dans le cours du 
traitement. 


460 SUR LES VERS INTESTINAUX 

Re. mercurü duleis , gr. xij; lap. canc. ppt. , gr. xij ; specif. cephal. , 
M. gr. vj; m. ‚f. pule. S. (N°. 1.) | | 

Re. ul amygdal. dulc. unc. Ss: 5. (N°. 2.) “: 

Re. g.-guttæ, gr. xxxvj , rad. angel. , gr. vüij, pub. card. bened. , 
pulv. epileps. , ana serup.j, m. , f. pule. subtiliss. div. in 1] p. æq. S. 
(N°.3.) 

« Le malade prend, à quatre ou cinq heures de 
l'après-midi, la poudre prépafatoire marquée n°. 1, 
mélée dans une cuillerée d’eau; ıl doit souper res 
gerement, et boire, avant de se coucher, à la dose 
prescrite le remède n°. 2. Le malin suivant, le malade 
étant encore au lit, ou levé (l’auteur préfère cepen- 
dant qu'il soit couché, comme on peut le conclure 
d’après ses remarques), doit prendre une dose de 
la poudre marquée n°. 3, dans une petite tasse de 
thé ou d’eau tiède, ou bien, s'il le prefere, ıl peut 
l'avaler enveloppée dans du pain à chanter. Cette dose 
occasione ordinairement , dans l’espace de deux 
heures, deux ou trois vomissemens et quelques sel- 
les. L’on peut faciliter ces évacuations par l'usage de 
bouillons légers, ou de quelques tasses de thé faibles 
deux heures après on examine les excrémens , et si le 
ver ne s’ytrouve pas encore enentier , le malade ava= 
lera une seconde dose de la même poudre. Si deux 


heures et demie après le ver n’est pas encore évacué, le 
malade doit faire usage de la troisième dose. Cette der- | 
nière ne manque jamais de faire sortir le ver en entiers | 
qui, s'il est rendu de bonne heurele même jour, don= | 
nera des signes de vie; daus le cas contraire on letrou- 
vera mortle lendemain dans les déjections du malade. » 


DE L'HOMME. 46: 
L'auteur de cette méthode ajoute encore dans ses 
remarques, qu'il ÿ a des malades auxquels cesremedes 
| me causent ni vomissemens ni selles, et qui cepen- 
dant rendent le ver dans l’espace de vingt-quatre 
| heures par une selle naturelle. Gette remarque ne 
m'étonne pas, car je crois avoir observé que de très- 
peutes doses d’aloës et de remèdes drastiques en ge- 
néral produisent une plus grande abondance d'excré- 
tions alvines aqueuses on séreuses , que des doses 
plus fortes de ces médicamens”. ; 

J'ai copié textuellement, non-seulement les ordon- 
nances, mais aussi toute la méthode de traitement de 
Clossius, parce que, dans l'emploi de médicamens 
| aussi héroïques, il importe beaucoup d'être informé 
| de toutes les mesures de précautions que l’on doit 
prendre , et dont la négligence pourrait mettre la vie 
du malade en danger. 

+ En général, quand il s’agit de donner son avis sur 
| l'efficacité ou la non efficacité d’une méthode curative 
quelconque, je crois qu’il faut la suivre telle que sou 
inventeur l’a proposée; mais’ ordinairement on se 
permet de la modifier, de la moderniser, pour ainsi 
Mdire, de manière qu'il ne reste à la fin qu’une sorte 
| de squelette. £ 

Nous devons sans doute aux progres de la chimie 
| qu'il n’y a plus de médecins aujourd’hui assez igno- 


ı J'avoue avoir observé constamment le contraire de ceque l’au- 
| teur avance concernant les effets de l’aloës et des autres drastiques. 


( Note du traducteur.) 


462 SUR LES VERS INTESTINAUX 

rans pour prescrire ensemble le tartre vitriolé, l’ar- 
canum duplicatum et le sel nommé sal polychrestum 
Glaseri, parce que ce serait indiquer la même 
chose sous trois noms différens. Mais il y a des 
composés d’autres substances médicamenteuses qui 
ne forment pas exactement un tel'coniresens chi- 
mique (chemisches neutrale), et qui dans leur com- 
position agissent d’une maniere toute différente que 
chacun des composans pris à part; aussi différente 
est Yaction des sels neutres de l’action des acides 
et des alcalis, dont ils sont composés; aussi diffé- 
rente est, parexemple, l’action de l’opium et celle 
des acides minéraux quand On les donne mêlés en- 
semble ou bien chacun séparément. La même chose 
doit avoir plus ou moins lieu pour d’autres mélan- 
ges moins hétérogènes. C’est pourquoi les médica= 
mens indigènes que nous voulons substituer aux 


exoliques se montrent si peu efficaces. On ne cherche 


ordinairement l'efficacité d’un médicament que dans 
sa propriété la plus saillante. Si l’on trouve par hasard 
cette même propriété dans une autre substance indi- 
gene, on s’imagine qu’elle peut remplacer l’exotique, 
mais on n'a pas égard au mélange d’autres parties 
constituantes, par la raison qu’on ne les considère pas 
comme essentielles , tandis que ce sont peut-être elles 
qui modifient justement le remède de manière quil 
produise tel effet et non pas tel autre. 

La vanille, le poivre, la canelle, sont connus sous 
le nom d'épices; mais qu’elle est grande la difference 
de leur action seulement pour le goût, faculté inhe- 


DE L'HOMME. 463 
rente à notre individualité; peut-on douter que ces 
trois substances n’agissent pas aussi d’une manière 
toute différente sur la totalité de notre économie ani- 
male. Quelle substance pourrait remplacer , par exem- 
ple, le gingembre ? je n’en connais aucune , et cepen- 
dant on se permet souvent de le retrancher dans la 
préparation de l’elixir acide anglais. 

Méruope pe Desauzr. M. Brera s'exprime à ce 
sujet de la manière suivante : « Le fameux docteur 
Desault avait observé à Bordeaux que les tænias (sans 
doute ceux qui sont armés ) s’attachent souvent aux 
parois des intestins, de manicre que leur expulsion 
est trés-difficile à obtenir; cela lui fit naître l’idée 
aussi spirituelle que hardie d’administrer alternative- 
ment aux malades incommodés du tænia, des frictions 
mercurielles sur le bas-ventre, et deleur donner un re- 
mede purgatif chargé d’une forte dose de calomélas. » 

. D'après mon idée, cette méthode n’est rien autre 
chose qu’une méthode évacuante et qui n'offre aucun 
avantage réel en pareil cas; car j'ai déjà dit avoir vu 
des personnes qui avaient fait un usage meme immo- 


| dere de préparations mercurielles sans avoir pu se 
1 ‚ . 
| débarrasser de leurs tænias. e 


M£rTnope ve Rıcuarv DE HavTtessıerck. 1 pro- 


| pose les remèdes su:vans pour détruire le tænia. 


Bolus summi-gutiæ. — Ke. gummi-gutie, gr. x; semin. colocynth., 


| n°. ii), cum amygdal. amar. n°. 1. > triturentur et cum syrupo ab- 


ı ynih. f. bol. ij. 


* Vorlesungen, p. 118, où il cite Venel (Précis de matière mé- 


464 SUR LES VERS INTESTINAUX 
. 4 it à 
Le malade doit prendre ces deux bols en une fois , 
et réitérer leur usage tous les huit jours. 
= Pilule felide. — Re. aloës soccotrinæ , asæ fœtidæ , ana unc.j" 
salis absynthii, semi-unc. ; olei roris marini, drachm. 1j; cum elix. 
ppt. f. piles ST: X) pund. S. ; à prendre matin et soir deux pilules, et 
boire par dessus six onces d’une décoction de fougère mâle. 
Oprata jovialis. —Re. stanni purissimi, mercurii pivi , ana um. | 
stanno liquefacto, adde argentum vivam , pos!quam mizxtura refrixe= 
rit , in pulverem cum concharum ppt. unc. j, redigatur. } 
Rec. hujus pulveris, conserv@ absynthil, ana une.1) , cum syrupo ab- 


synth. f. opiata ; à prendre deux gros dans la journée. 


il est à remarquer que le gros en France contient 


soixante-douze grains , c’est pourquoi ıl faut toujours 
rétrancher un sixième du poids, si l'on veut que la 
dose des médicamens corresponde à la mesure alle- 
mande. u | 

Mivnone DE HERRENSCHWAND. Après avoir fait 
un secret de sa méthode pendant long-temps et dans 
des intentions qui ne sont pas très-louables, Herrens- 
chwand la communiqua enfin à plusieurs médecins; 
maisles différentes formulesqu'ilen a données ne s’ac- 
cordent pas très-exactement entre elles. Pallas assure 
que l'examen chimique que Yon avait fait à Péters= 
bourg des remèdes anthelmintiques ‘de Herrens- | 
chwand a fait voir qu'ils conteuaient non-seulement du 


mercure, mais aussi de l’arsenic et une terre absor- 
bante. Herrenschwanda indiqué le traitementsuivant | 


dicale , augmenté de notes , eic., Par Carrere. Paris, 1718, 1.15 
p. 337-) 


DE L'HOMME. 455 


dans sa dissertation , et en ces termes : « Le moyen le 


plus efficace qui soit venu à ma connaissance pour 


| 
| 


expulser les deux espèces de tænia et qui agit sans 
nuire à la santé, consiste à prendre, supposé que 
l'estomac soit en bon état, pendant deux jours consé- 
culifs, et à deux reprises, c’est-à-dire le matin à jeun, 
et le soir , après avoir soupé légèrement, un gros de 
fougere mâle pnlvérisée, délayée dans de l’eau ou 
enveloppée dans du pain à chanter. Faute de fougere 
mâle , on peut se servir de l’autre espèce de fougere, 
mais il faut qu’elle ait été cueillie en automne, et 
qu’on l'ait fait sécher à l'ombre. Ge remède provisoire 
ne cause que peu ou point de gêne. Le troisième jour 
le malade doit prendre à jeun la poudre suivante : 

Rec. gummi gutlæ gr. xij; sal. absinth. neutr. gr. xxx; sapon. 
Siarkei gr. ij; misce intime , d. ad. chart. 

Cette poudre excitera, pendant l’espace de deux ou 
trois heures, un ou deux voriissemens, et produira 
autant de selles, On peut faciliter ces evacuations en 
buvant, après chacıne, un verre d'eau tiede ou 
quelques tasses de thé. Trois heures après le malade 
doit faire usage d’une tasse de bouillon, dans lequel 
on aura versé une once d'huile de ricin provenant de 
l'Amérique, qui vaut beaucoup mieux que la nôtre; 
cependant l’on peut également se servir de la der- 
nière, faute de l’autre. Une heure après ie malade 
prendra de nouveau une même dose de cette huile, 
et si, après un intervalle de deux heures, le ver 
n’était pas encore rejeté, le malade sera obligé d’a- 
valer une troisième dose. Ce remède purge très- 

30 


466 SUR LES VERS INTESTINAUX 


doucement, et le ver ne tardera pas à être évacné; 
mais en cas que cela n’ait pas lieu, on doit adminis- 
trer vers le soir un lavement composé de parties 
égales d’eau et de lait, avec addition d’huile de ricim, 
qui fera rejeter le ver en entier. » 

Dans cette prescription il n’est question ni de la 
gratiole, ni du mercure doux, ni de la scammo- 
née, etc. , quise trouvent cependant dans les prescrip- 
tions publices par l’auteur antérieurement. Il paraît 
résulter de. l'emploi de medicamens si variés, que 
toutes les méthodes lui ont paru insuffisantes contre 


le véritable tænia; c’est sans doute la raison pour la- : 


quelle il a eu aussi recours à l'huile de ricin propo- 
see par Odier, mais cette huile n’a pas non plus, 
comme cela a déjà été observé plus haut, de vertu 
spécifique contre celte espèce de vers. 

Méruope pe Hurerano. M. le professeur Hufe- 


land a publié sa méthode dans son Journal de méde- 


cine (vol. x, cah. 3, p- 178). 11 fait boire aux malades, 
tous les matins à jeun, une d&coction d’ail dans du 
lait, et il leur administre dans la matinée , dans l’a- 
pres-midi et le so!r, une cuillerée à bouche d’huile de 
ricin. Outre cela les malades doivent prendre jour- 
nellement une demi-once de limaille de zinc mêlée 
avec de la conserve de rose, et faire plusieurs frictions 
avec du pétrole sur le ventre. Le soir on doit admi- 
nistrer du lait en lavement. Les malades sont en outre 
obligés de ne manger que des substances salées et 
äcres. Cette méthode doit être continuée pendant 
plusieurs semaines conséeutives, et même plus long- 


DE L'HOMME. 46; 
temps, jusqu’à ce qu’enfin la tête du tiemia ait été 
rendue. Dans le cas où cela n’aurait pas lieu , les ma- 
lades sont alors forcés de prendre de nouveau les re- 
medes déjà cités, mais à plus fortes doses. Ce méde- 
cin conseille également l'usage de l’eau de Pyrmont 
et de Driburg. 

Nous ignorons si cette méthode a été souvent em- 
ployéeavec succès ,néanmoins nous pouvonsconclure 
de la durée du traitement, que M. Hufeland n’a pas 
une grande confiance aux remedes que l’on dit expul- 
ser le tænia au bout de trois heures ; et nous croyons 
qu'il a parfaitement raison. 

Méruope ve Lacene. L'auteur assure, dans une 
letire adressée à M. Minaur, qu'il n’a jamais fait un 
secret de son remede contre les cestoïdes. Il re- 
garde, comme contraire aux devoirs d’un médecin, 
de tenir un remède caché quand il peut être utile à 
l'humanité souffrante : son mode de traitement contre 
ces espèces de vers est le suivant. Le malade com- 
mencera par prendre, avant de se coucher, un lave- 
ment fait avec une décoction de figues; le matin sui- 
vant, à jeun, il fera usage de la poudre suivante dé- 
layée dans un ver de vin blanc: 

Re. Radic. valerian. s. recent. pulv. drachm. j ; putamin. ovor. cal- 
cinat. et ppl. gr. xx; misce. 

Le malade restera couché et se couvrira bien; il s’o- 
pere alors ordinairement une douce transpiration. On 
ne donne au malade, pendant trois heures, ni à boire 
ni à manger; ensuite ıl lui est permis de prendre un 
potage ; en général, il est obligé d'observer un régime 


30, 


466 SUR LES VERS INTESTINAUX 


sévère pendant tout le temps du traitement. Le ma- 
lade doit prendre la même poudre pendant trois jours 
consécutifs, et le quatrième jour le purgauf suivant : 

Re. mercurü dulcis gr. x; panac. mercurialis gr. iv; diagrydié 
sulfurat. gr. xij; syrupi flor. persicor.g. s.ut fiat bolus. d. s.; à prendre 
à jeun. 

Deux heures après le malade boira un verre de la 
Lisane suivante : 


Re. fol. senn. mund. une. semis ; infund. in aq. fervid. libr. 1; 


adde salis tartarı fixi gr. vüj; diger. per noct. et col. ad usum. 


Une heure après on lui donnera un bouillon. L’u- | 


sage de cette tisane doit être continué ou suspendu , 
selon qu’elle purge plus ou moins fortement ; dureste, 
on gouvernera le malade comme quelqu'un qui a 
pris médecine. Le soir on lui administrera de nou- 
veau un lavement composé de la manière déjà citée 
plus haut. Si l'on a à traiter des personnes robustes, 
ou d’autres, qui ont la langue chargee, et chez les- 
quelles se remarque un embarras gastrique , ON com- 
mencera par les faire vomiravec le tartre stibié donné 
en lavage, c’est-à-dire étendu dans une grande 
quantité d’eau. Je fais, dit Lagene, répéter ordinai- 
rement l’asage de la poudre vermifuge pendant trois 
jours, et j’ordonne ensuite la poudre purgative; il 
m'est arrivé, ajoute-t-il, plusieurs fois d’être obligé 
de revenir sur l'emploi de ce remède une troisième 
fois; mais ces cas sont très-rares. La dose des re- 
mèdes est calculée pour une personne adulte, et on 
la varie selon l’âge et les circonstances. 

Je ne doute pas que, par ce traitement, on ne 


DE L'HOMME. 469 
fasse souvent évacuer les deux espèces de cestoides; 
mais il ne me paraît pas certain que les malades en 
soient radicalement guéris. 

- M&£Truope ve Lievraup. M. Reinlein' l’a fait con- 
naître telle qu’elle se trouve indiquée dans le Précis 
de matière médicale de Lieutaud. ( Voy.t.1,p.432.) 
Elle consiste dans l’emploi des remèdes suivans: 

Re. diagryd., cremor. tartar., ana scrup. semis. ; antimonü diaph. 
gr. xij; pulv. rad. filic. mar. , mori fructu nigro , ana drachm. semis ; 
m. f. pub. d. s.; à prendre à la fois. 

Re. pule. sabin. , semin. ruth., ana gr. vu)’, mercurii dulcis gr. iv; 
olei essent. lanacet. guti. x); m.f. cum syrupo persicor. bolus. s., à 
prendre à la fois le matin, et boire après un verre d’une infusion 
vineuse de noyaux de pêches. 

Méruope pe Marmieu. Ellea été long-temps tenue 
secrète jusqu’à ce que S. M. le roi de Prusse l’acheta ; 
elle fut publiée d’abord dans les éphémérides de 
Formey, et, plus tard dans le journal de Hufeland. 
Voici de quoi elle se compose. 

A. Re. Zimat. stann. anglic. pur. une.) ; rad. filicis mar. drachm. vj; 
pul. semin. cinæ unc. dimidiam; pule. rad. jalapp. resinos., salis 


polrièrest., ana drachm. j; m. f. cum mellis communis sufficiente 
quanlitate electuarium. 

B. Rc. pue. rad. jalapp. resinos., salis polychrest. , ana scrup. ij; 
scammon. Alepp. scrup.j; gummi gullæ gr. x; m. f. cum melli com- 


mune electuarium. 

Avant de faire usage de ces remèdes , le malade est 
obligé d'observer un régime sévère pendant plusieurs 
jours. Il se tiendra à l’usage de choses salées, comme 
des harengs , etc., d’un potage de pain léger et de 16- 
&umes d’une facile digestion. On commence le traite- 


* Ueberseizung , p. 179. 


470 SUR LES VERS INTESTINAUX 


J 
ment par l’électuaire A, à la dose d’une cuillerée à 
café toutes les deux heures, pendant deux ou trois 
jours consécutifs, et même plus long-temps, jus- 
qu’à ce que le malade sente les mouvemens du ver 
dans les intestins. Lorsque cela a lieu, il doit alors 


faire usage de l’électuaire purgatif marqué B, à la : 


inême dose que le précédent, et dans les mêmes 1n- 
tervales de temps jusqu’à l'évacuation du ver. Dans 
le cas où cette évacuation tarde trop à s'effectuer , 
on donne au malade quelques cuillerées d'huile de 
ricin fraîchement préparée, ou bien on lui administre 
cette huile en lavement. On doit varier la dose de 
ces medicamens selon l’âge, le sexe et la consti- 
tution. 

11 me semble que cette méthode ne valait pas beau- 
coup la peine d’être tenue secrète. * $ 

Miruove pe Nourrer. Madame Nouffer , demeu- 
rant à Morat, dans le canton de Berne, a fait beau- 
coup de bruit pendant vingt ans consécutifs avec un 
remède contre le ver solitaire, dontelle avaithérité de 
son mari, et qu’elle a administré à beaucoup de per- 
sonnes qui s’etaientrendues auprès d’elle pour se faire 
guérir. Pour le bonheur de cette dame il se trouva 
dans ce nombre un prince russe nommé Baratinski, 
qui rendit, après avoir fait usage de son remède, 
quatre aunes de bothriocéphale ; cependant ce ver 
reparut six mois après : le prince, qui se trouvait 
alors à Paris, invita cette dame à venir le trouver, ce 
qu'elle fit en effet, et elle fut assez heureuse pour Jui 


* Mongany et Ritter. Voyez Rust magazin für die gesammte heil- 


kunde. 8ter band , 2tes heft 1820 , p. 352. ( Br.) 


CRE CRE RE RE RE EE TEEEEEEEETEEEEE ones 
ae 


DE L'HOMME. 471 
faire évacuer un ver d’une longueur de huit auncs. 
Plusieurs autres personnes furent encore traitées par 
elle avec un égal succès. Ces cures si heureuses firent 
grand bruit et parvinrent même jusqu'aux oreilles du 
roi, qui convoqua une commission dans le but d’exa- 
miner le remède de madame Nouffer. Sur le rapport 
que fit la commission , le roi l’acheta une somme de 
dix-huit mille livres Madame Nouffer indiqua à 
MM. Lassonne, Macquer; Couriez de la Motte, 
A.-L. de Jussieu, J.-B. Carburi et Cadet, membres 
de la commission, la manière de préparer son re- 
mede et le mode d'emploi suivant, que nous allons 
rapporter dans ses propres termes”. 

« Les malades n'ont besoin d'aucune préparauon 
particulière jusqu’à la veille de l’administration du 
remède. Ce jour ils doivent se priver de tout aliment 
après le diner, et prendre seulement, sur les sept ou 
huit heures du soir, la soupe (n°. 1); un quart- 
d'heure après je leur donne un biscuit et un gobe- 
let ordinaire de vin blanc, pur ou détrempé avec de 
l'eau , ou méme de l’eau toute pure à ceux qui ne sont 
pas habitués au vin. Sile malade n’a pas été à la garde- 
robe ce jour-là, ou qu'il soit échauffé ou sujet aux 
constipations, ce qui est rare quand on a le ver plat, 
je lui fais prendre le lavement simple (n°.2), quil 
doit garder le plus long-temps qu’il pourra, ensuite 
il se couchera et reposera de son mieux. 

* Voyez Traitement contre le tænia ou ver solitaire , pratiqué à 


Morat, en Suisse, examiné et approuvé à Paris, publié par ordre 
du roi. Paris, 1776, de l’infprimerie royale. 
5 17795 y 


472 SUR LES VERS INTESTINAUX 

«Le lendemain de grand matin, environ huit ou 
neuf heures après la soupe, ıl prend dans son ht le 
spécifique (n°. 3), et pour faire passer les nausées 
qui viennent quelquefois à la suite, il mäche du ci- 
iron ou autre chose semblable, ou se gargarise la 
bouche avec quelque liqueur’, sans rien avaler , ou il 
se conteute de respirer du bon vinaigre. Si, malgré 
ces précautions , les nausées sont trop fortes, si les 
efforts du malade pour garder le spécifique sont im- 
puissans, il en reprendra une nouvelle dose dès que 
les nausées seront passées, et tächera de s’endormir 
aussitôt apres. 

« Au bout de deuxheures, ıl se levera pour prendre 
le bol purgauf(n°. 4) en une ou plusieurs prises, et 
boira pardessus une ou deux tasses de thé vert peu 
chargé; ıl se promenera ensuite dans sa chambre. 
Lorsque la purgation commencera à faire eflet, ıl 
prendra de temps à autre une nouvelle tasse de thé 
léger jusqu’à ce que le ver soit rendu; alors, et pas 
avant, je lui donne un bouillon qui est bientôt suivi 
d’un autre ou d’une soupe, si le malade la préfère; il 
dine comme on fait un jour de purgation; après le 
diner 1l se repose sur son lit, ou va faire un tour de 
promenade , se conduisant tout ce jour avec ménage- 
ment, soupant peu et évitant les alımens indigestes. 

« La guérison est alors parfaite, mais elle ne s’opere 
pas avec la même promptitude dans tous les sujets. 
Celui qui n’a pas gardé tout le bol, ou que ce bol ne 


: Les médecins de Genève et de la Suisse française ordonnent , 


pour aiteindre le même but, une tasse de café à l’eau bien chaud. 


DE L'HOMME. 473 
purge pas assez, prend , au bout de huit heures , de- 
puis deux jusqu’à huit gros de sel de Sedlitz, ou, à 
son défaut , de sel d’Epsom dissous dans un petit go- 
belet d’eau bouillante. On varie la dose selon le tem- 
pérament et les circonstances. 

«Si le ver ne tombe pas en peloton, mais qu'il file 
(ce qui arrive particulièrement quand le ver est en- 
gagé dans des glaires ienaces qui ont peine à se déta- 
cher), le malade doit rester à la garde-robe sans le 
tirer j et boire du thé léger un peu chaud. Quelque- 
fois cela ne suffit pas, et l’on a recours à une dose de 
sel de Sedlitz, sans changer de position jusqu’à ce que 
le ver soit rendu. 

« 1l est rare que les malades qui ont gardé le spe- 
cifique et la purgation ne rendent pas le ver avant 
l'heure du diner : ce cas particulier a lieu lorsque le 
ver tué reste en gros pelotons dans les intestins, de 


facon que les matières, ordinairement plus claires 


“sur la fin de la purgation, passent au travers et ne 


V’entrainent pas. Le malade peut alors diner, et l’on a 
observé que le manger, joint à un lavement, con- 
courait à la sorue du ver. 

« Quelquefois le ver sort par l’action seule du spé- 
cifique, avant qu’on ait pris le bol, alors on ne lui 
donne que deux uers de celui-ci, ou on lui substitue 
le sel. 


? Sitôt que le tænia paraît hors du recium, il faut plonger sur- 
le-champ la partie sortie dans du lait ou de l’eau tiède; ce seul 
moyen suffit souvent, dans le cas où le ver jouit encore de la vie, 


Pour opérer promptement la sortie du reste. ( Note du traducteur.) 


454 SUR LES VERS INTESTINAUX 

« Les malades ne doivent pas s'inquiéter des cha- 
leurs et des malaises qu'ils éprouvent quelquefois 
pendant l’action du remède avant ou après une forte 
évacuation, ou lorsqu'ils sont prêts à rendre le ver; 
ces impressions sont passagères et se dissipent d’elles- 
mêmes, ou à l’aide du vinaigre respire par le nez. 

« Ceux qui ont vomi le spécifique et le bol, ou qui 
n’en ont gardé qu’une partie, ne rendent quelquefois 
pas de ver ce jour-là; je leur fais reprendre le soir la 
soupe (n°. 1), le biscuit, la boisson, et, suivant les 
circonstances , le lavement (n°.2). Si le ver ne sort 
pas dans la nuit, je donne , le lendemain de bon ma- 
tin, une nouvelle dose de spécifique, deux heures 
après six à huit gros de sel, et je dirige du reste mon 
malade comme le jour précédent, à l’exception du 
bol , que je supprime. 

« J’ai remarqué queles grandes chaleurs diminuent 
un peu l’action de mon remède, aussi j'ai toujours 
préféré de l’administrer dans le mois de septembre. 
Quand je n’avais pas le choix de la saison, et que je 
me suis vu obligée de traiter des malades dans les 
jours les plus chauds de l’été, je donnais le spécifique 
de très-grand matin. Avec cette précaution je n'ai re- 
marqué aucune différence dans les effets ni dans les 
suites, » 

Le ver solitaire: est le seul sur lequel le remède de 
madame Nouffer a une action certaine, quoiqu’elle le 

: Les membres de la commission ont appelé de préférence le 


bothriocéphale ver solitaire , pour le distinguer du ver cucurbi- 
tain, nom qu'ils ont appliqué au tenia solium. 


CREER 


DE L'HOMME. 475 
regarde aussi comme trés-utile contre le véritable tæ- 
nia ; elle avertit pourtant que ce dernier est beaucoup 
plus difficile à déraciner , et que, pour en guérir , ıl 
faut répéter le traitement plus ou moins souvent. 

Apres cette déclaration ‚il fut décidé que le 23 juin 
on procéderait aux premières experienges qui de- 
va'ent constater la bonté du remède demadame Nouf- 
fer. Cette dame, de concert avec M. Mottet (ancien 
conseiller secret et chirurgien de la ville de Morat, 
et depuis environ huit ans confident de sa mé- 
thode de guérir cette maladie), administra, en pré- 
sence des membres de la commission, suivant le 
procédé indiqué, la soupe, le lavement, le spécifique 
et le bol purgatif à cinq sujets différens, en pré- 
venant qu'un seul avait décidément le ver solitaire, 
et qu’elle ne proposait que celui-là pour l'essai de 
son remède. Le second et le troisième malades étaient 
incommodes du véritable tænia, et les quatrième et 
cinquième étaient seulement soupconnés d’être affee- 
tés de vers. 

Ce premier essai ayant prouvé que le remède pro- 
posé était efficace dans le premier cas, et en général 
nullement dangereux , les membres de la commis- 
sion jugerent qu'il convenait de répéter eux-mêmes 
les expériences sur de nouveaux sujets, et pour les 
mettre à portée de les faire, madame Nouffer leur 
donna les recettes suivantes : 

Ne. 1. La soupe. Prenez une livre et demie d’eau ordinaire , deux 


à trois onces de bon beurre frais et deux onces de pain coupé en 
petits morceaux , ajoutez-y la quantité suffisante de sel pour l’as- 


476 SUR LES VERS INTESTINAUX 


saisonner , cuisez le tout à bon feu , en le remuant souvent jusqu'à 
ce qu'il soit bien lie et réduit à une bonne panade. 


N°. 2. Lavement. Prenez feuilles de mauve et de guimauve , de 
chacune une petite poignée, faites-les bouillir dans suffisante 
quantité d’eau , mêlez-y une pincée de sel ordinaire, et après avoir 
coulé, ajoutez deux onces d’huile d’olives. 

N°. 3. Speafique. Prenez deux ou trois gros de la racine de fou- 
gère mâle, cueillie en automne et réduite en poudre très-fine, 
donnez cette poudre dans quatre à six onces d’eau de fougère ou 
de fleurs de tilleul. Il faut que le malade passe deux ou trois fois 
de cette même eau dans son gobelet, et qu'il la boive après s’en 
être rincé la bouche , pour n’y rien laisser *. 

N°. 4. Bol purgatif. Prenez panacée mercurielle sublimée qua- 
torze fois, résine de scammonée d’Alep bien choisie , de chacune 
dix grains? ; gomme gutte bonne et fraîche, six à sept grains ; ré- 
duisez chacune de ces substances en poudre fine, ensuite vous les 
mêlerez ensemble pour en faire un bol avec de la bonne confec- 
ton d’hyacinthe. 


J’ai rapporté la méthode de madame Nouffer dans 
toute son étendue, parce qu’on la trouve souvent de- 
naturée dans les ouvrages qui en ont fait mention. 
Les membres de la commission font la remarque, 
que la fougère mâle, comme nous le savons tous tres- 
bien, est connue depuis très-long-temps comme un 
bon remède contre les cestoides, et que beaucoup de 


: L'eau de tilleul ou celle de fougère ne sont pas absolument 
nécessaires et peuvent être remplacées par l’eau simple. Madame 
Noufler ne regardait pas cette différence comme fort importante. 

2 Dans quelques prescriptions l’on trouve indiqué douze grains 
au lieu de dix ; cela provient , comme nous avons déjà remarqué , 
de la différence qui existe entre la mesure allemande et la mesure 


française. 


DE L'HOMME. 477 
inedecins célèbres l’ont recommandée de temps à au- 
tre ; ils ajoutent que ce remède est tombé dans lou- 
blı, comme beaucoup d’autres, parce qu'il n’a pas 
toujours répondu à l'attente que l’on s’en était pro- 
mise, ce qui a pu bien provenir de ce qu’on n’avait pas 
bien décrit la manière et le mode de son emploi, ou 
bien que l’on s’était écarté de la route prescrite, dans 
le but de faire de prétendues améliorations. 

Je crois plutôt que cela dépendait de ce que lon 
ne savait pas toujours distinguer les deux genres de 
vers, comme cela arrive encore tres-souvent aujour- 
d'hui. 

Cette remarque ne peut cependant pas atteindre 
messieurs les membres de la commission, qui ont 
observé très-expressément , à la fin de leur rapport, 
que l’on a fait différens essais de ce remede , et même 
à plusieurs reprises, sur des personnes incommodées 
par le véritable tænia, et qu’il a toujours manqué son 
effet. 

Néanmoins, beaucoup de médecins allemands 
administrent encore actuellement le reméde de ma- 
dame Nouffer, quoiqu'ils n’aient en général que le 
véritable tæwia à combattre. Il n’y a pas même long- 
temps, que l’Observateur autrichien nous a fait con- 
naître en entier comme un secret nouvellement de- 
couvert, après qu’un charlatan francais venant de 
Pétersbourg l’eut débité pendant quelque temps à 
Vienne, le mode de traitement de cette dame, à la 
différence près, que ce charlatan employait l'huile 
de ricin au lieu du bol purgatif. Il est bien vrai qu'au 


478 SUR LES VERS INTESTINAUX 


grand étonnement de tout le monde, ce prétendu 
médecin fit évacuer plusieurs fois, dans l’espace de 
quelques heures, des morceaux de tænia plus ou 
moins longs , mais avant que trois mois fussent écou- 
les, les malades en rendirent spontanément de nou- 
veaux. Plusieurs personnes qui avaient pris le remède 
jusqu'à deux ou trois fois sans. être guéries, se sont 
par la suite adressées à moi. 

Quoique quelques malades nt O du bo- 
_thriocéphale n’aient pas été entièrement guéris après 
avoir fait usage du remède de madame Nouffer , 
comme par exemple le prince Baratinsky , et une au- 
tre personne observée par Odier, néanmoins il faut 
avouer que ce remède est efficace dans le plus grand 
nombre de cas, si toutefois on l’administre exacte- 
ment selon les prescriptions ci-dessus indiquées; car 
c’estatort, (comme cela a été justement remarqué par 
messieurs les membres de la commission) que l’on a 
coutume de donner des purgatifs conjointement avec 
la fougère. Celle-là doit d’abord détruire le ver, ou 
le forcer à se détacher des parois des intestins avant 
de l’expulser. En joignant ces deux remèdes ensem- 
ble, le purgatif entraîne le vermifuge avant que ce- 
lui-ci puisseagir efficacement contre le ver. Sennert* 


* Ideoque fortioribus medicamentis opus est, ut interficiantur (sc. 
Zlumbrici lati) quapropter etsi in terelibus purgantia cum interficientibus 
commode admisceantur : præstat tamen , nulla its purgantia primum 
admiscere, cum purgantia non sinant medicamenta vermes interficentia 
diu in intestinis hœrere , sed ea citu per aleum secum educant. Si vero 


prius exhibeantur medicamenta , que ipsum debilitant, totus rotundus 


DE L'HOMME. 479 


avait déjà fait cette observation. Si l’on donne au con- 
traire le purgatif plus tard il entraînera facilement le 
ver tué, ou qui, s'il est encore vivant, se sera pour 
le moins déja détaché des parois des intestins, si 
toutefois on a tâché auparavant de rendre le canal 
intestinal glissant. Cela s'opère ici à l’aide de la pa- 
nade grasse , qui offre encore, dans mon opinion, 
Vavantage que le bol drastique n’irrite pas trop les 
intestins; car les membres de la commission ont 
remarqué qu'ils n’ont jamais observé de suites fä- 
cheuses après l'emploi de ces remèdes, et que les 
malades étaient bien portans le jour suivant. Ces mé- 
decins n’avaient pas donné, dans les premiers essais, 
le bol en entier, ce qui avait retardé beaucoup son 
effet, de manière que le ver ne fut évacué que dans 
la nuit ou même le lendemin. Le bol, administré 
entier, l’expulsa tres-vite, et sans danger pour le 
malade. 

Méruone Dp'Opter. Cette méthode ne diffère de 
celle de madame Nouffer, qu’en ce que M. Odier 
prescrit, en place du bol purgatif, trois onces 
d'huile de ricin, dont il fait prendre une cuillerée 
à soupe, de demi-heure en demi-heure dans un 
peu de bouillon. Avant la publication du remède de 
madame Nouffer, Odier avait déjà employé l'huile 
de ricin avec quelque succès contre le bothriocé- 
phale; mais il n’en fut pas de même contre le tænia 
solium. 


Jactus ad pile figuram exil et homo sanus evadit. Voyez ouvrage cité, 
p- 420. On oublie avec le temps de pareilles règles. 


480 SUR LES VERS INTESTINAUX 
METHOoDE DE RATHIER. 


Rec. pulo. herb. sabin. gr. xx; semin. ruth. gr. xv ; mercurit dulcis 
gr. x; olei dest. tanaceti gr. xij ; syrup. flor. persicor. qu s; ul f. mass. 


ex qud form. bol. n.ij. 


Le malade prend un de ces bols le matin etun le 
soir, mêlé avec un peu de sirop de fleurs de pêcher. 
Une demi-heure après il boit un verre de vin, dans 
lequel on a fait infuser vingt noyaux de pêches pen- 
dant douze heures. | 

Cette méthode est la même que celle de Licutaud, 
à la différence près que les doses sont plus fortes. 

Miéruope DE Scumucker. Ce médecin s'exprime, 
sur l'emploi des graines de cévadille contre les vers, 
de la manière suivante: 

«1°. Je fais réduire en poudre très-fine les cosses 
jaunes et oblongues de cévadille, avec les graines 
d’une forme pointue et d’une couleur noirätre. 

«J'en prends cinq grains dont je fais faire, avec 
suffisante quantité de miel, une grosse pilule. De cette 
manière je sais au juste la quantité que jordonne au 
malade. Je désigne ces pilules sous le nom de pilules 
vermifuges. 

«Je commence par purger le malade avec une sut 
sante quantité de poudre de rhubarbe et de sel de 
Glauber, en réglant toutefois la dose selon läge et 
la constitution. Le jour suivant j’administre aux 
individus d’un âge adulte, surtout au moment où 
ils se plaignent de beaucoup de nausées, un demi- 
gros de poudre. de cévadille mélée avec une égale 


quantité d’olæosacharum de fenouil, aprés quoi il doit 


DE L'HOMME. 481 


boire d’abord une à deux tasses d’une infusion de fleurs 
de camomille ou de fleurs de sureau, et une heure 
après une tasse d’eau d'orge. » 

« Si l'estomac contient des vers, ceux-ci, irrités par 
Ja poudre de cévadille, se meuvent LE qe 
ment; ils augmentent par là les nausées etle vomisse- 
ment, et ils finissent par être rejetés. Les ascarides 
et les lombrics ordinaires, vivans, soumis à l’action 
immédiate de cette poudre, se tordent aussi d’une 
manière convulsive , el meurent tres-promptenient. » 

« J’ordonne le jour suivant une même dose de cé- 
vadille qui provoque également des vomissemens; 
quand le malade ne rend plus de vers, il ne doit 
prendre les troisième et quatrième jours, matin et 
soir , que six grains de ce remède, et il se purgera le 
cinquiemie jour dans la matinée avec un demi-gros de 
rhubarbe et huit grains de résine préparée, ce qui 
produira l’évacuation de vers morts ou vivans. Si les 
matières fécales ne contiennent pas de ces animaux, 
elles seront néanmoins chargées de beaucou p de glai- 
res, ce à quotil faut faire attention. Le sixième jour, 
le malade ‘doit prendre, matin et soir, trois de nos 
pilules vermifuges , et boire après une tasse d’une in- 
fusion de fleurs de camomille ou de fleurs de sureau ; 
Je huitieme jour il se purgera de nouteau avec le re- 
mede deja indiqué ; dans le cas où les matières fécales 
seraient encore chargées de beaucoup de glaires, le 
malade sera obligé de prendre, les jours suivans, trois 
pilules vermifuges matin et soir, et il continuera 
ainsi jusqu’à ce que les glaires aient disparu, et jus- 

51 


182 SUR LES VERS INTESTINAUX 

qu'à ce que les matières fécales aient repris leur aspect 
naturel; en un mot il continuera l'usage de ces pilules 
jusqu’à ce qu'il ne soit plus incommodé par les mémes 
accidens qu'il éprouvait auparavant. J’airété oblige 
dans quelques cas de continuer les mêmes moyens, 
vingt jours de suite, avant de faire disparaître entiere- 
ment les glaires. Pendant la durée du traitement, le 
malade ne doit presque pas manger de viande ; il doit 
au contraire se nourrir de légumes et de laitage. » 

« La dose des médicamens dont nous venons de 
parler convient seulement aux personnes de l’âge de 
vingt ans et au-dessus; pour les enfans de l’âge de 
deux à quatre ans, je réduis la poudre de cévadille, 
à la dose de deux grains.» 

Smucker prétend avoir obtenu l'expulsion des tæ- 
nias à l’aide de son remède, je ne Pa jamais employé. 

Miéruone pe WeıczL. L'on fait dissoudre une 
demi-once ou tout au plus une once de sel de Glau- 
ber dans deux livres d’eau de fontaine , et l’on en boit 
tous les soirs une tasse; le malade prend, outre cela, 
dans la journée, deux fois trente gouttes de l’élixir 
vitriolique de Mynsichtou dix gouttes del’élixir acide 


de Haller, dans une demi-tasse d’eau commune, ou 


bien d’eau sucrée ; l’on continue , selon les circons- 
tances , pendanit plusieurs mois, l’usage de ces médi- 
camens, et l'expérience a prouvé qu'ils avaient été 
efficaces dans plusieurs cas. 

Kortum a rapporté une observation où l’usage du 
lait de jument a effectué l'évacuation d’un tænia; une 
paysanne conseilla à une demoiselle de trente à qua= 


DE L'HOMME. 483 
rante ans, qui avait un dégoût contre toute espece de 
médicament , de boire de ce lait. En effet elle en fit 
usage pendant quelque temps quoiqu'il lui causät de 
fortes coliques, et enfin elle rendit un tænia à moitié 
pourri. Cette seule observation, ce me semble, ne 
doit pas nous engager à substituer ce lait à d’autres 
vermifuges plus actifs. 

Le journal intitulé Allgemeiner „Anzeiger der deut- 
schen, année 1817, n°. 295, p. 3332, fait mention 
d’un nouveau remède anthelmintique que l’on avait 
tiré d’un journal de Londres intitulé the News, du 5 
octobre. 

Un jeune homme , qui était souffrant depuis long- 
temps, et qui avait déjà fait usage inutilement de 
beaucoup de remèdes, but tous les matins, par le 
conseil d’un maréchal-ferrant, une certaine quantité 
d’eau dans laquelle on avait fait infuser du lin vert 
pendantune dixaine de jours, et peu de temps apres il 
rendit un tænia d’une longueur de huit pieds et demi. 

Cependant toutes les méthodes dont nous avons fait 
mention jusqu’à présent sont insuflisantes pour dé- 
truire entièrement le véritable tænia, eteneffet l’on est 
encore à la recherche d’un moyen plus efficace : >, 

En Suisse personne ne se donne plus la peine d’es- 


* Le docteur Kipke, à Breslau, vient d'inventer un nouveau 
remède tres-efficace contre le tænia : il y a lieu de croire que ce re- 
mède sera publié sous peu par ordre du gouvernement prussien. 
. (Note du traducteur.) 

? Voyez Notice sur une nouvelle plante de la famille des rosa- 
cées, employée avec le plus grand succès en Abyssinie contre le 


31: 


484 SUR LES VERS INTESTINAUX 


sayer contre le bothriocéphale un autre remède que 

celui de madame Nouffer,, etapres l'avoir pris tout au 

plus deux fois, on se trouve ordinairement guéri. 
Quoique je regarde ces différentes méthodescomme 


tænia et apportée de Constantinople par Brayer, D. M. P.; c’est 
M. le professeur Kunth , botaniste célèbre, qui s’est charge d’exa- 
miner cette plante, presque réduite en poussière. À force de pa- 
tience il a reconnu qu’elle appartient à la famille des rosacées, 
et qu’elle en forme un nouveau genre. Je joins ici la description 
qu’il en a donnée, et dont il a fait lecture à la société d'histoire 
naturelle , il ya environ quinze mois. 


« M. Brayer , médecin distingué , a apporté de Constantinople 
les fleurs d’une plante originaire d’Abyssinie, vantées dans ce 
pays-la comme un spécifique certain contre le ver solitaire. Il a été 
lui-même témoin de ses prompts et heureux effets dans un cas ex- 
trêmement opiniätre. Il a eu la complaisance de me remettre des 
fragmens de ces fleurs ; j'y ai reconnu la structure suivante : 


» Quatre fleurs pédiceliées, entourées d’autant de bractées mem- 
braneuses. Calice tubuleux, persistant, rétréci à son orifice; 
limbe à dix lobes , dont les cinq extérieurs plus grands. Cinq pé- 
tales très-petits, linéaires , insérés au limbe du calice. Etamines, 
12 à 21 , insérées au même endroit, filets libres. Antheres bilocu- 
laires. Deux ovaires attachés au fond du calice, parfaitement libres, 
uniloculaires , monospermes. Ovule pendant. Deux styles termi- 
naux. Stigmates élargis , légèrement lobes. Fruit point observé. 

» D’apres ces caractères , cette plante doit être rapprochée du 
genre Agrimonia, dont elle ne diffère que par son limbe double, 
par ses pétales extrêmement petits, et par ses stigmates élargis, 
différences qui suffisent pour constituer un genre distinct. Le fruit 
doit être semblable à celui des agrimonia. 


» Je propose de donner à ce nouveau genre le nom de Brayera , ' 
en l'honneur de M. Brayer , à qui nous devons la première con- 


DE L'HOMME. 485 


plus ou moins insuffisantes contre le tænia, ncan- 


moins je les ai rapportées toutes, d’abord pour com- 


naissance de cette plante. Le nom spécifique de anthelmintica doit 
rappeler ses propriétés anthelmintiques. 


BRAYERA (Kunth ). Genus novum ex rosacearum familid, agri-- 
moniæ proximum , distinctum : calycis limbo duplici, utroque 5-par- 
tito; petalis parvis, squamæformibus ; sligmatibus peltato-dilutatis et 
inflorescentia ramosa. 

Species unica (Prayera anthelmintica ). — Descriptio. — Calyx 
persistens; tubus turbinatus , exierne sericeus , interne glaber et de- 
cemnervius ; nervi lacinits oppositi ; limbus decempartitus , membra- 
naceus , paiens ; laciniæ quinque exteriores magnæ , oblongæ , venosæ, 
quinque interiores cum exterioribus alternantes üsque duplo triplove 
brevicres, spatulatæ , trinerviæ ; faux conico-prominens , membrana- 
cea , apice pervia, glabra. 

Petala 5, imæ basi limbi imposita , cum lacınits interisribus aller- 
nantia üsque triplo breviora , squamæformia , linearia , glabra , æqua- 
La , decidua. 

Stamina 12, 13, 18, 21, ıbıdem inserta, subæqualia, pelalis 
Breviora. Filamenta linearia? libera, glabra. Antheræ subrotunde , 
didyme , bilocslares , glabræ , longitudinaliter dehiscentes. 

Ovaria duo, in fundo calycis sessilia, libera , lineari-oblonga , apice 
pilosa et in stylum desinentia , unilocularia. Ovulum solitarium (in 
unico ovario vidi ocula duo apposita) , angulo central affızum, pen- 
dulum , ovato-oblongum , glabrum. Styli tot quot ovaria , exserti , gla- 
bri. Stigmata magna , subpeltata , crenato-lobata et undulata , carnosa 
et papillosa. 

Fructus. .... 

Arbor. Pedunculi ramosi , tereies , molliter pilosi, flexuosi, brac= 
teati; ramis alternis. Bracteæ solitarie, integræ. Pubes simplex. 
Flores quaterni , pedicellati, bracteis quatuor involucrati. Bracteæ sub- 
rotundo-ellipticæ , oblusæ , concave ; tenuiter membranateæ. 

Flores in Abyssinid contra teniam adhibentur. (Note du traduet.} 


436 SUR LES VERS INTESTINAUX 


‚ . A 
pléter mon ouvrage, ensuite pour empêcher quele pu- 
blic neselaisse tromper et »’achète un anthelmintique 


secret, prétendu nouveau, connu peut-être depuis. 


long-temps, et enfin pour donner aux médecins la fa- 
cilité de pouvoir choisir l’un ou l’autre remède, en cas 
qu’ilsrencontrent des malades quise refuseraient à em- 


ployer ceux que je vais indiquer ci-après, et comme 


cela m'est arrivé dans la personne d’un médecin, qui 
préféra expulser quelques morceaux de son tænia 
tous les trois mois, à l’aide de la fougere et de huile 
de ricin, que de prendre de Fhuile empyreumatique. 


SECTION IV. Méthode de traitement de l’auteur, » 


Jen’aieuàtraiter que trois personnes incommodees 
par le bothriocéphale; la premiere était une femme 
suisse que j'ai guérie radicalement à l’aide de l'huile 
vermifuge de Chabert, quoique lon n'ait trouvé 
aucune trace de ce ver dans les matières stercorales. 
La seconde était une femme de Pétersbourg, qui vint 
me consulter en 1812. Je lui administrai la fougère et 
l'huile de ricin , afin d’expulser son bothriocéphale 


entier, ce qui eut lieu en effet. J’ai déjà fait mention 


plus haut de la troisième personne à laquelle j'ai éga- 
lement fait rendre un ver de celte espèce. 

Je puis assurer avoir traité plus de cinq cents per- 
sonnes de différens âges et sexes, même deux enfans 
de l’âge d’un an et demi, incommodées par le véri- 
table tænia. Parmi cette grande quantité de malades, 
il ny en a eu que quatre qui furent obligés de 
prendre l’huile de Chabert une seconde fois, savoir 


né 


DE L'HOMME. 487 


trois dans l’année 1814, et le quatrième dans l’année 
1817. 1] se présenta en outre, il y a plusieurs années, 
yn cinquième malade qui, après en être resté délivré 
pendant deux ans, fut de nouveau incommodé par le 
tænia ; mais cette personne n'en a plus remarqué de 
traces depuis qu’elle a fait de nouveau usage du même 
remède ; tous mes autres malades, autant que je le 
sache , n’ont pas eu de rechutes depuis le traitement 
que je leur ai fait subir. 

L'on me demandera peut-être si j'ai eu occasion de 
m’informer auprès de toutes ces personnes, au bout 
de trois ou quatre mois, si elles n'ont pas rendu de- 
puis le traitement quelques morceaux de tænia. Je 
suis obligé d’avouer franchement de n’en avoir vu à 
cette époque, et encore toujours par pur hasard , que 
le plus petit nombre; mais on me demandera encore : 
d’où savez-vous qu’elles soient restées débarrassées ? 
Je le sais, 1°. par la raison qu’elles ne se sont pas fait 
voir chez moi; car un homme soulagé de souffrances 
doit à son médecin de la reconnaissance , mais en gé- 
neral on aime assez à pouvoir s’en dispenser. Si un 
malade au contraire est inutilement tourmenté par les 
médicamens que son médecin Jui a prescrits, il ne 
manque jamais de lui dire, avec une espèce de satis- 
faction : vous m’aviez promis de me guérir el vous 
n’avez pas tenu parole, ce qui m'est arrivé en effet 
bien souvent aussi long-temps que j'ai suivi la me- 
thode d’Alston. 2°. Je conclus du nombre assez con- 
sidérable de malades que j'ai eu souvent occasion de 
revoir depuis letraitement, aux autres que j'ai perdus 


483 SUR LES VERS INTESTINAUX 


de vue , et de la santé desquels je recois maintes fois 
des nouvelles par de nouveaux malades qui m'ont été 
adressés par eux. 

Je commence le traitement par l’électuaire n°. 1 '; 
je le donne de la manière? que j'ai indiquée lorsque 
j'ai parlé du traitement qu’il faut employer contre les 
ascarides. Sitôt que la première portion de cet élec- 
tuaire est finie, je commence l’emploi de Fhuile em- 
pyreumatique de Chabert, à la dose de deux cuille- 
rées à café matin et soir, mélée avec un peu d’eau. Ce 
médicament a une odeur que beaucoup de personnes 
n'aiment pas; cependant son goût ne me paraît pas 
désagréable: je conseille aux personnes qui, après en 
avoir fait usage, veulent se débarrasser de son odeur, 
d’avaler quelques gorgées d’eau avec un certain effort, 
et je leur conseille en outre de ne pas se rincer la 
bouche; car il pourrait arriver alors que quelques 
parcelles de ce médicament fussent poussées dans les 
fosses nasales, et l'on ne serait pas alors quitte de long- 
temps de sa mauvaise odeur. 

Pour corriger le goùt désagréable de ce médica- 
ment, l’on fera bien de mâcher, après son usage, un 
peu de canelle ou un clou de gérofle ; mais que l’on 


se garde bien de manger quelque chose qui causerait- 


des renvois, comme par exemple des pastilles de 
menthe et d’autres choses semblables, car on aurait 


1 Voyez la cinquième section, qui contient la formule des mé- 
dicamens employés par l’auteur. ( Note du traducteur. ) 

a C'est-à-dire à la dose d’une cuillerée à café matin et soir. 
{ Note du traducteur. } 


DE L'HOMME. 489 


le désagrément de renouveler le goût de ce médica- 
ment avec chaque éructation. 

La dose de deux cuillerées à café deux fois par jour 
est en général supportée très-bien par des personnes 
de tout âge’; il est cependant des personnes qui ne 


* I! me semble que l’auteur emploie ce médicament , notamment 
dans le commencement , à des doses trop fortes. Toute réflexion 
faite , il est beaucoup plus prudent, et on ne s’exposera pas à faire 
naître d’accidens fâcheux, surtout chez les enfans, si on com- 
mence l’usage d’un médicament aussi violent à petites doses, que 
l’on est toujours & même d'augmenter quand on voit qu’elles ne 
causent aucune incommodité au malade, 

Dansle seul but de savoir quel effet cette huile produirait sur mon 
corps , je m'étais décidé, il y a à peu près unan , à la prendre de la 
manière prescrite par l’auteur , quoique je prévisse, et avec raison, 
comme On verra par la suite, qu’elle ne me conviendrait pas. Je 
dirai, par parenthèse, que l'huile de Chabert dont je fis usage 
avait été préparée avec le plus grand soin par M. Faguer, très-ha- 
bile pharmacien à Paris. A peine en avais-je pris deux cuillerées à 
café, que je sentis un grand malaise qui fat suivi de coliques , de 
nausées ei d’éructations fréquentes, symptômes qui ne cessèrent 
que peu à peu vers le soir. Je m'étais proposé de répéter cette ex- 
périence le lendemain , mais je me trouvai trop fatigué , et je la 
remis au surlendemain. Quoique je n’eusse pris ce jour-là qu’une 
cuillerée à café de ce remède, cependant les mêmes symptômes, 
quoique moins violens, se renouvelèrent, ce qui m'engagea à 
ne faire usage , le quatrième jour, que de la moitié d’une cuillerée 
à café , et cette fois je fus quitte pour quelques éructations qui me 
rappelèrent le goût et l'odeur détestables de ce médicament. J'ai 
rapporté ce fait, non pas dans l'intention de faire croire que 
V’huile de Chabert, à la dose que je l’ai prise , causerait à tout le 
monde les mêmes accidens , une telle assertion aurait les expé— 
riences multipliées de M. Bremser contre elle: mais ce fait prouve 


490 SUR LES VERS INTESTINAUX 

peuvent pas prendre une aussi forte dose de ce médi- 
cament sans éprouver une grande irritation et même 
de légers étourdissemens ; en pareil cas on diminue 
un peu la dose. Ces accidens n'arrivent souvent qu’au 
commencement, et le malade supporte par la suite le 
remède plus aisément. Quelques personnes peuvent 
le prendre très-facilement à jeun, mais celles aux- 
quelles il causerait des nausées feront bien de n’en 
faire usage qu’une heure et demie après avoir dejeune. 
Il est des cas où ce remède cause aussi une chaleur 
dans les voies urinaires et dans les intestins; quel- 
ques verres d’orgeat ou quelques cuillerées d’une 
émulsion huileuse , font assez facilement cesser ces 
accidens. 


cependant que j'aurais agi beaucoup plus prudemment et que j'au- 
rais probablement évité tous les accidens , sij’avais commencé par 
ne prendre que la moitié d’une cuillerée à café. | 

Qu'il me soit encore permis une remarque. Je ne puis pas 
croire que l’huile de térébenthine ajoutée à l'huile animale de 
Dippel (mélange qui forme l’huile de Chabert) puisse augmenter 
de beaucoup les vertus vermifuges de cette dernière, qui, prise 
seule, agit dejà d’une manière si efficace contre toute espèce de 
vers. Ce qui paraît confirmer mon opinion, ce sont les cas rap— 
portés par plusieurs médecins , où l'huile de térébenthine donnée, 
même à la dose de plusieurs onces , n’avait pas opéré la destruc- 
tion des vers. Du reste Chabert , comme je viens de l’apprendre de 
M. le docteur Schwediaur, n’a ajouté l’huile de térébenthine à 
celle de Dippel que dans l’intention de rendre le goüt de cette 
dernière un peu moins mauvais, et de former par ce melange un 
médicament à la fois purgatif et vermifuge. ( Note du traducteur. ) 

: Ces accidens prouvent assez que nous devons être circons— 
pects dans l’emploi de cette huile. (Note du traducteur.) 


DE L'HOMME. 4ox 

Apres que le malade a pris deux onces et demie ou 
trois onces de cette huile, ce qu’il peut faire à peu près 
dans l’espace de dix à douze jours, je lui ordonne un 
léger purgatf, par exemple les poudres n°. 3; en- 
suite il doit recommencer l’usage de l'huile. J’en 
fais prendre ordinairement quatre à cinq onces dans 
le cours d’un traitement ; mais dans le cas où le ver 
aurait déjà résisté à beaucoup d’autres medicamens, 
j'emploie six à sept onces de l'huile empyreumatique. 
J'avoue que le traitement est un peu long, mais son 
résultat est certain; il ne cause aucune incommodité, 
et n'offre pas le moindre danger. Du reste, il paraît 
constaté par l'expérience qu’il faut toujours continuer 
le traitement pendant long-temps, si l’on veut entiè- 
rement débarrasser quelqu'un du tænia. 

Lengsfeld et Geischlæger, médecins de Vienne, qui 
avaient gardé leurs vermifuges secrets , les donnaient 
à leurs malades pendant un mois consécutif; Dya- 
niere a également observé que l’usage des vermifuges 
doit être continué pendant long-temps, sı on veut ; 
obtenir la destruction entière des vers intestinaux. 

Le mode de traitement des deux médecins de 
Vienne m’a déterminé à administrer pendant long- 
temps et à petites doses l'huile anthelmintique de Cha- 
bert. Il est possible que, par ce moyen, la disposition 
pour la formation des vers soit entièrement détruite. 
Mais il est aussi possible que ce remède n’agisse pas 
sur les œufs des vers qui se trouvent dispersés cà et là 
dans la mucosité du canal intestinal ; de même que le 


492 SUR LES VERS INTESTINAUX 

suc gastrique n’agit pas non plus sur une graine en- 
tiere, c’est-à dire sur celle qui n’a pas été attaquée 
par l’ébullition, et qui est rendue sans être digérée. 
En ne donnant qu’une seule fois, mais à forte dose, 
l'huile anthelmintique, il se pourrait donc bien 
que cela ne produisit que la destruction des vers et 
non pas celle de leurs œufs; en continuant au con- 
traire l'usage d’un remède vermifuge pendant long- 
temps, les vers sortiront ,sur cesentrefaites, des œufs, 
et le remède agira alorseflicacement sur eux, du moins 
cela ne me paraît pas impossible. Ma méthode d'agir 
contre le tænia n’a pas ordinairement besoin d’être 
suivie d’un traitement secondaire; c’est seulement 
dans le cas où il y a prédisposition à la formation des 
glaires, et par conséquent à celle des vers, que jad- 
ministre pendant quelques semaines la teinture forti- 
fiante marquée n°. 5. 

Je ne soumets pas mes malades pendant le traite= 
ment à un régime particulier , et je ne les force pas 
non plus à faire usage de harengs ou de viandes sa- 
lees, etc.; cependant je les engage à ne pas faire abus 
de fariveux, de légumes secs et de viandes grasses ; je 
leur conseille en général d'éviter tout ce qui favorise 
la formation des glaires et des vers. 

11 faut que je fasse encore une remarque. Après 
l'usage des anthelminthiques ordinaires, vanles sOU- 
vent à tort comme très-eflicaces , on est accoutumé de 
voir sortir le tænia par longs morceaux. Je préviens 
que cela n’arrive que rarement après l'usage de l'huile 


DE L'HOMME. 493 


de Chabert. Son efficacité consiste à détruire le ver 
et à empêcher qu'il ne s'en forme de nouveau; c'est 
pourquoi il est rendu pendant les premiers jours, à 
moitié ou même entièrement digéré, de manière que 
l’on a souvent beaucoup de peine à reconnaître dans 
les déjections des traces de sa forme primitive. Du 
reste, quant à la tête de l'animal, peu m'importe de 
savoir si on l’a trouvée ou non dans les matières éva- 
cuées; car deux ou même trois têtes peuvent avoir été 
rendues , et les malades n’être pas débarrassés pour 
cela de leur tænia, par la raison que plusieurs peu- 
vent se trouver à la fois dans le canal intestinal. 

Le seul indice certain que le malade en est entière- 
ment débarrassé, consiste à savoir qu’il n’a pas rendu 
dans l’espace de trois mois des traces de ce ver. Si on 
voyait de nouveau, deux ou trois ans après, des 
traces de tænia, elles proviendraient alors bien cer- 
tainement d'individus nouvellement formés, qui ce- 
pendant ne doivent pas être regardés comme les pe- 


tits de ceux contre lesquels on avait employé le re- 
mède. 


SECTION V. Des formules de médicamens de l’auteur. 


N°. 1. Re. Semin. cine. S. tanacet. rudit. contus. ; zB; pul. va- 
lerian. 5. , 31) ; jalapp. 3jß-3ij ; tartar. vitriolat. > 38-31); Oxy- 
mel. scillit. ,q. s., ut f. electuar. d. S : à prendre deux ou trois cuil- 
lerées à café par jour”. 


* Cet électuaire , ainsi que l’huile empyreumatique de Chabert, 
sont sans doute les meilleurs vermifuges que nous connaissions, 


mais ils offrent l'inconvénient d’être d’un tres-mauvais goüt, ce 


494 SUR LES VERS INTESTINAUX 


Je me sers de cet électuaire depuis plusieurs an- 
nées avec le plus grand succès contre toutes les es- 
pèces de vers intestinaux. Cette composition me 
paraît une des plus convenables, sauf meilleur avis, 
pour atteindre le but que l’on se propose pendant le 
traitement de la maladie vermineuse. 

Le semen contra, ou en sa place les graines ou plu- 
tôt les fleurs bien développées de tanaisıe, ont tou- 
jours été regardées comme de bons vermifuges. Le 
semen contra , tel qu’on le trouve ordinairement dans 
les pharmacies, c’est-à-dire très-finement pulvérisé, 


qui fait que beaucoup de personnes, et surtout les enfans, ne 
veulent pas les prendre. Pour le premier de ces médicamens, on 
peut remédier à cet inconvénient en donnant la dose prescrite par 
l’auteur , qui est de deux cuillerées à café (environ deux gros pe- 
sant ) par jour sous forme de pilule. Quant à l’huile de Chabert, 
elle ne peut guère être employée sous cette forme; d’abord elle 
s’evaporerait à la longue entièrement ; en outre il faudrait une trop 
grande quantité de masse pilulaire pour absorber les quatre cuil- 
lerées à café formant la dose à consommer dans une journée. Ne 
connaissant aucun moyen propre à administrer cette huile d’une 
manière plus convenable , je me suis adressé à M. Page, pharma- 
cien distingué (successeur de M. Faguer). Après plusieurs essais 
qu'il a eu la bonté de faire, il a trouvé que deux parties de sirop 
de limon ajoutées à une d'huile empyreumatique, corrigeaientassez 
bien son goût désagréable. Un autre moyen que M. Page m’a in- 
diqué , atteint plus directement le but que je m'étais proposé; mais 
il est un peu plus embarrassant dans l’exécution ; il consiste à ajou- 
ter à l'huile empyreumatique, au moment où on veut en faire 
usage , suffisante quantité d’une poudre vermifuge , de manière à 
former une espèce d’electuaire qui , divisé par petits bols , pour- 
rait être pris dans du pain à chanter. (Note du traducteur. ) 


DE L'HOMME. 495 


conservé depuis long-temps et privé par conséquent 
en grande partie de son odeur et de son goût parti- 


_culier, n'est pas un remède très-actif. Je n’emploie 


ces graines que légèrement concassées, et, données 
sous cette forme, je m’imagine qu’elles ne sont pas 
tout a fait décomposées dans l'estomac , et qu’elles 
agissent par conséquent sur les vers d’une manière 
mécanique. Supposé même que cela ne se passe- 
rait pas ainsi, il est toujours permis de présumer 
que des graines ainsi préparées auront encore con- 
serve, en arrivant dans les intestins greles (séjour des 
ascarides et des cestoïdes ) une bonne partie de leur 
vertu spécifique. 

La valériane n’est pas seulement connue comme un 
excellent vermifuge, mais aussi comme un des meil- 
leurs antispasmodiques ; ajoutez à cela que son em- 
ploi offre si peu de contre-indications. Comme du 
reste le système nerveux est ordinairement plus ou 
moins affecté dans les maladies vermineuses, je crois 
que personne ne voudra retrancher la valériane de 
cette formule. | 

Le jalap donné avec les précautions convenables 
est, ce me semble, parmi tous les purgatifs, celui 
qui affaiblit le moins le canal intestinal , et il mérite- 
rait même qu'on l’appelät un purgatif tonique. Le 
jalap est, en un mot, un des remèdes les plus propres 
à dissoudre et à expulser les glaires et les matières f€- 
cales stagnantes. 

Le sulfate de potasse occupe depuis long-temps 
une place parmi les meilleurs purgatifs. Je le préfère 


496 SUR LES VERS INTESTINAUX 


à tous les autres, parce qu'il se dissout très-diffcile- 
ment, ce qui est la raison pour laquelle il agit d’une 
manière plus lente, mais d’autant plus certaine. Le 
sulfate de potasse doit être regardé comme un remède 
qui dissout les glaires tenaces et qui provoque, en 
irritant le canal intestinal, des excrétions séreuses à 
l'aide desquelles les glaires détachées et atténuées sont 
entraindes. Du reste, en l'administrant à une dose 
aussi petite que celle indiquée dans la formule, on 
n’a pas à craindre qu'il produise des selles aqueuses 
qui affaibliraient le malade. 

L’oxymel scillitique n’a pas été choisi non plus au 
hasard comme véhicule. Cette substance est connue 
depuis long-temps comme un excellent dissolvant, 
mais elle est encore douée de propriétés à l’aide des- 
quelles elle se montre ici utile d'une manière indi- 
recte. L’oxymel scillitique augmente, comme nous 
le savons, la sécrétion des reins, de la peau et des 
poumons. À mesure que ces organes opèreront une 
augmentation dans la sécrétion des matières qui mo- 
lestent le corps animal, les intestins en seront d’au- ! 
tant moins chargés, par conséquent il s ’accumulera 
non-seulement dans ceux-ci une moins grande quan- 
tité de mauères qui peuvent contribuer en partie à la 
production des vers, mais encore lechyle provennuf 
des alimens serä alors aussi plus pur et plus propre à 
rétablir les forces physiques et l'harmonie dans les 
fonctions. 

Il est possible que ma manière d'envisager l'action 
de chacun de cesmédicamens en particulier ne soit pas 


DE L'HOMME. 497 


tout-à-fait exacte, mais je puis toujours assurer que 
le remède, tel qu’il a été indiqué, ne m’a jamais 
trompé dans mon attente. 


N°. 2. Re. herb. absinthi, rad. valerian. S., ana unciam unam ; 
semen. tanacet. , cortic. aurant., ana unciam dimidiam, c. c, m. d. S! 
On verse sur deux cuillerées à bouche pleines de ces substances À 
une livre d’eau bouillante ; cela fait , on couvre le vase , et on laisse 
infuser ces substances pendant une nuit; ensuite passez, exprimez 
etemployez l’infusion pour deux lavemens. On ajoute à chacun une 
cuillerée d'huile empyreumatique de corne de cerf. 


N°. 3. Rec. pub. rad. jalap., scr.j ; fol. senn., drach. dimidiam ; 
tartar. vitriol, drach. unam ; m. f. pulo. divid. in ti] vel iv part. æq. 
d. 5. Prendre toutes les heures un paquet, ou toutes les demi- 
heures un demi-paqnet, jusqu’à ce que cette poudre opère. 

N°. 4. Huile anthelmintique. (La manière de la préparer a été 
indiquée page 427.) 

Ge remède a été inventé par Chabert, qui l’a 
souvent administré avec succès aux animaux, dans le 
but de les débarrasser des vers de toute espèce; il a 
également fait rendre, à l’aide de cette huile, des 
douves du foie à une petite fille de douze ans, comme 
cela a été rapporté par M. Rudolphi. (Foy. Voye ge, 
vol. 11, p. 37.) 

Goëze avait déjà recommandé cette huile aux mé- 
decins , afin de la soumettre à un examen particulier. 
Il en est de même de Brera’, et Rudolphi° la re- 
regarde comme le vermifuge par excellence. 

Chabert a bien indiqué à quelle dose il faut la 

Vorlesungen, p. 111, 

2 Entoz. 1, p. 493. 

32 


495 SUR LES VERS INTESTINAUX 


donner aux animaux, mais personne n’a encore in- 
diqué jusqu’à présent celle qu’on peut administrer 
aux hommes. À yant grande envie de la faire prendre 
à mes malades , sans cependant vouloir les exposer à 
des accidens qui auraient pu me mettre dans l’embar- 
ras, je me suis décidé à l'essayer d’abord sur moi- 
même, quoique je ne fusse pas incommode de vers. 
Je commencai par en prendre de très-petites doses, 
que j'augmentais peu à peu ; le goût et l'odeur de ce 
remède n’ont rien de désagréable pour mol. Voyant 
qu'ilne me causait pas la moindre incommodité, je 
l'ai ordonné à mes malades, et je n'ai jamais remar- 
que qu'il ait causé d’accidens fâcheux, si toutefois ıl 
avait été administré avec les précautions convenables. 
Une cuisinière s'avisa d'en boire un flacon entier, 
c’est-à-dire plus d’une once dans une nuit, ce qui lui 
causa en effet des coliques assez violentes, qui se dis- 
sipèrent cependant entièrement vers le soir, après 
l'usage d’une émulsion huileuse. 

No. 5. Teinture fortifiante. — Rec. tinctur. alves compos. pharm 
ausir., drach. unam; tinctur. martis pomat. , unciam unam ; elix. Di 
triol. anglic. pharm. Lond., unciam dimidiam , M. d. $.; à prendre 
dix, vingt, trente et plusieurs gouttes, trois à quatre fois par 


jour dans un peu d’eau ou de vin. 


Le remède connu sous le nom de tinctura aloes com- 
posita , est le même que l'on appelait autrefois elixi- 
rium proprietatis dulce ; ıl est com posé d’aloes, de 
myrrhe et de safran ; et, donné à petites doses, il agit 
comme un excellent tonique, et tient le ventre hibre- 

Le fer, surtout lesulfate de fer, a été placé par 


DE L'HOMME. 499 
plusieurs médecins parmi les vermifuges ; mais nous 
avons déjà fait remarquer qu’il mérite seulement ce 
ütre, en tant qu’il empéche, par le rétablissement 
des forces physiques et du mélange convenable des 
humeurs, la production des vers; mais en pareil cas 
1l se montre comme un remède des plus exquis, si 
toutefois le canal intestinal avait été préalablement 
débarrassé de glaires tenaces et épaisses. 

L'élixir connu sous le nom d’eixirium vitrioli an- 
glicanum porte également celui d’elixirium vitrioli 
Mynsichti. Je le fais toujours préparer d’après la phar- 
macopée de Londres, et non pas d’aprés celle d’Au- 
triche. 

Je me sers de ces gouttes fortifiantes que l’on peut 
sans doute appeler un remède trés-compliqué non- 
seulement à la fin d’un traitement contre les vers; 
mais je les administre aussi avec beaucoup de succés 
dans les cas de chlorose , de blennorrhagie etde ma- 
ladies semblables, bien entendu lorsqu'ik y a indi- 
cation. 

Afin qu’un critique n’ait pas occasion de m’objec- 
ter que la teinture appelée tinctura martis Pomata se 
trouve décomposée dans le mélange ci-dessus indi- 
que, je dois le prévenir que je le sais tres-bien, et 
| que je le savais déjà lorsque je l'ai employée pour la 
premiere fois. J'avoue cependant n'avoir Pas encore 
cherché à savoir combien de fer se trouve transformé, 
par l'acide sulfurique contenu dans l'élixir anglais , 
en sulfate de fer, et combien de malate de fer se pré- 


37. 


5oo SUR LES VERS INTESTINAUX 


cipite dans ce mélange. Tout ce que j'ai appris par 
l'expérience, c'est que l'emploi convenable de ces 
gouttes change la couleur pâle des lèvres en rouge, et 
donne au teint une couleur plus animée, rend les 


muscles plus vigoureux, en un mot forufie tout le 


corps, et cela me sufht. 


RU EL UT LUEUR LULU DUBAI VERRE LEVEL URL LES 


“ APPENDICE 
PAR M. H.-D. DE BLAIN VILLE. 


L'OUVRAGE de M. le docteur Bremser „dont nous venons de 
donner la traduction aussi littérale qu’il a été possible au docteur 
Grundler , a été apprécié comme il devait l’être par les journaux 
de médecine de presque toutes les nations européennes, et tous 
en ont fait un éloge mérité ; un seul peut-être en a donné une cri- 
tique évidemment passionnée : et t'est en Italie, dans ce pays où 
toutes les connaissances humaines ont repris naissance, où l’hel- 
minthologie a évidemment commencé , comme le prouve le Traité 


de Redi, que cette critique a été publiée ; elle a été ensuite répandue 


avec profusion en France, en Angleterre et même en Allemagne ; 
mais ce n’est que dans ces premières contrées que , par un abus 
blämable , elle a passé dans les journaux de médecine en extrait et 
sans en indiquer la source. C’est M. Raickem qui la traduite en 
français en Italie, sans doute sous les yeux de son auteur , en pas- 
sant sous silence plusieurs passages de l’analyse italienne, qui lui 
ont avec raison paru peu convenables ; et il l’a introduite dans le 
Nouveau Journal de médecine de Paris , octobre 1820. Un extrait de 
cette même critique a été inséré dans le Medical Journal de Londres, 
novembre 1820 et janvier 1821 ; en eflet il est sans nom d’au- 
teur, il contient les mêmes objections , fausses ou vraies, et, 
bien plus, les mêmes inexactitudes et oublis, comme l’a démontré 
clairement M. Bremser, dans un article en réponse à cet ex- 
trait du même journal anglais. M. James est le seul qui ait pris la 
peine , bien inutile à ce qu'il nous semble , d’en faire une refuta— 
tion qui aurait pu aisément être plus vigoureuse. Nous ne nous 
arreterons pas à relever nous-mêmes les nombreuses imputations 
erronées qu’elle contient , et entr’autres , que M. Bremser re— 
garde le cinquième chapitre de son ouvrage comme un chef- 


502 APPENDICE. 


d'œuvre; car dans tout le livre cette expression n’est employée 
qu’à l’occasion de l’homme, qu’il appelle le chef-d’ceuyre de la 
création ; nous nous bornerons à dire que, quoique fort longue , 
puisqu’elle contient soixante-dix-neufpages d’une justification in-8° 
assez serrée, nous l’avons lue avec toute l’attention que méritaient 
son objet et son titre : Analisi ragionate delle opere recentamente pu- 
blicate sui vermi del corpo umano e degli animali dai chiarissimi si- 
gnori dottor Bremser di Vienna ei cons. Rudolphi di Berlino, mais nous 
n’yavons rien trouvé de cette critique éclairée et de la bonne foi 
qui devraient guider tout homme qui s’est arrogé à lort ou à raison 
le droit de juger et de porter publiquement un jugement sur les 
ouvrages d'autrui. Nous croyons au contraire y avoir remarqué 
presqu’à toutes les pages les indices d’un amour-propre blessé 
qui se regimbe contre la vérité des observations critiques que 
MM. Bremser et Rudolphi ont faites sur beaucoup de points de 
l'ouvrage de M. Brera sur les vers intestinaux *. L’analyste tâche 
en effet de défendre plusieurs des opinions de ce dernier , et il 
V’exalte presque constamment aux dépens des heiminthologues alle- 
mands. Nous n’y avons au reste trouvé qu’un très-petit nombre 
d'observations justes dont nous ayons pu nous servir dans cet ap- 
pendice , où nous allons successivement passer en revue chacun 
des chapitres de l’ouvrage de M. le docteur Bremser , en y ajoutant 
ce qui nous a paru plus convenable, ce qu'il nous a indiqué lui- 
même pour le rendre plus complet, ce que nous avons puisé dans 
une excellente analyse de l’ouvrage de M. le docteur Bremser par 
feu le docteur Albert , inséré dans la Gazette de Salzbourg (n° xx 
et 12, février 1820), eten proposant quelque doute sur ce qui 
nous semblera plus ou moins erroné. 


Sur la formation des vers intestinaux. 


La question de physiologie générale que traite M. Bremser, dans 
le premier chapitre de la première partie de son ouvrage, ne doit 


1 Au sujet de ces critiques, nous sommes cependant obligés de souscrire 
au jugement de l’auteur de l’Ælgmeines repertorium , qui dit que celle de 
M. Bremser est mordante, et que le style dans lequel elle a été conçue 
manque souvent de noblesse. 


_ APPENDICE. | 503 


pas être placée au nombre de ces questions oiseuses qu'il imporie 
fort peu d’envisager. En effet, quand même on ne parviendrait pas 
à résoudre complétement le problème qu’elle renferme , il est aisé 
de voir que la formation spontanée des vers intestinaux dans l’être 
vivant qui les nourrit doit avoir une influence considérable sur les 
moyens thérapeutiques propres à les combatire, puisqu’il ne suf- 
fit plus, comme on l’a fait long-temps, de chercher à détruire le 
ver lui-même; mais qu'il faut essentiellement combattre la dia- 
thèse vermineuse , ou l’ensemble des causes de leur reproduction. 

Malgré l'importance de cette question, et malgré les argumens 
négatifs et positifs apportés dans sa discussion par M. Bremser , il 
faut convenir que la génération spontanée d'animaux aussi com-- 
pliqués que l’ascaride lombricoïde, où les sexes sont distincts sur 
des individus séparés , est quelque chose qui paraît répugner à la 
raison, surtout lorsqu'on croit que la génération par l’accouple- 
ment d'individus semblables soit plus aisée à comprendre. 

En étudiant l’histoire de l'esprit humain sur ce point, nous 
irouvons que, comme dans tant d’autres , il oscille perpétuelle- 
ment d’une opinion à l'opinion opposée. Les anciens physiolo- 
gistes, et Aristote à leur tête, admirent la génération spontanée 
pour un très-grand nombre d'êtres organisés. La combinaison de 
l'humidité , de la chaleur et du limon leur paraissait suffisante pour 
former de toutes pièces non-seulement des vers, mais des insectes ; 
mais comme ils avaient compris dansle nombre des animaux qui se 
reproduisent spontanément des êtres dont la génération n’est 
nullement équivoque, comme les mouches, il fut aisé à Redi, 
par des expériences positives, de renverser l’opinion d’Aristote; 
mais, comme il fut aussi entraîné trop loin , il conclut absolument 
l’opposite de l’opinion d’Aristote, et tout animal fut déclaré pro- 
venir d’un animal semblable à lui et d’un œuf. Cependant, les 
observations s’accumulant , s'appliquant à un plus grand nombre 
d'êtres, la plupart des physiologistes prirent dernièrement une 
opinion intermédiaire , et semblèrent admettre qu’à l’origine de la 
série animale il y a des générations spontanées; enfin aujourd’hui 
plusieurs personnes pensent et commencent à professer l’opinion 
que toute génération est spontanée, Comment concevoir autrement 
la production des animaux microscopiques, que l’on voit pour ainsi 


504 APPENDICE. 


dire naître sous le champ du microscope dans les infusions végé- 
tales ou animales ? mais dans cette opinion on a été encore beau- 
coup plus loin , en prétendant que des mélanges de gai pouvaient 
donner naissance , en les exposant, dans un ballon bien fermé, à 
la chaleur d’un fumier , à des animaux , et même à des animaux assez 
élevés , comme M. Frey l’a soutenu dans un ouvrage publié une 
première fois en Allemagne , et depuis peu d'années à Paris. Quoi- 
que les physiologistes ne passent certainement pas adopter les faits 
qui y sont rapportés, cependant comme ils semblent appuyés par 
des expériences et sur l'autorité imposante , sous tous les rap- 
ports, de M. Berthoilet, nous devons dire que ce savant même les 
regardait celles-là comme complétement inexactes. 

Avant d'établir sa manière de concevoir le mode de genera- 
tion des vers intestinaux , opinion qui s'accorde parfaitement bien 
avec ce que dit à ce sujet M. Treyiranus dans le second volume de 
sa Biologie, M. Bremser passe en revue et réfute d’une manière 
assez sévère, souvent même trop aceıbe , mais irrécusable , les 
opinions des auteurs qui l’ont précédé. Etablissant ce dilemme, 
admettant ce principe rigoureusement vrai, que ces vers ne peu— 
vent provenir que de deux sources où extérieure ou intérieure , il 
combat successivement l'opinion de ceux qui veulent que les vers 
intestinaux proviennent : 

10. De vers de terre ou d’eau qui se seraient introduits dans le 
corps animal, en supposant que les vers intestinaux se trouvent 
également dans l’eau ou dans la terre. 

0. De vers de terre et d’eau, mais ne prenant la forme spéci- 
fique des vers intestinaux qu’en arrivant dans le corps animal , opi- 
- nion qui est celle de M. Brera, et qui se réfute presqu’avec autant 
de facilité que la première; 1°, car s’il est quelques vers intestinaux 
qui pourraient laisser quelques doutes , comme les nématoïdes et 
les trématodes , il est évident qu’il n’y aura plus de doute pour les 
échinorhynques , les cestoïdes et les cystoïdes, dont la forme et 
la structure n’offrent rien de comparable avec ce qui existe dans 


les autres animaux; 2°. plusieurs animaux ont des vers qui leur 


sont propres, quoique bien certainement il y ait des espèces com- 
munes à plusieurs animaux ; 30, on trouve des entozoaires dans 


toutes les parties de l'animal les plus éloignées du canal intestinal ; 


CE 


APPENDICE. 505 


je ne vois cependant pas qu’on en ait encore trouvé dans le canal 
médullaire des os, ni même dans le canal vertébral ; 4°. certains 
genres et certaines espèces d’entozoaires ne se trouvent jamais 
que dans les mêmes parties et dans les mêmes organes du corps 
animal; 5°. tous les entozoaires meurent plus ou moins vite quand 
on les a retirés du lieu où ils vivaient et se multipliaient, tandis 
que les insectes qui y subissent une partie de leur développement 
sont forcés d’en sortir pour le reste, et, à plus forte raison, ne 
peuvent y multiplier ; 6°. il existe souvent une grande quantité 
d’entozoaires dans un animal, sans que sa santé en souflre; 7°. on 
a découvert des entozoaires dans des fœtus nouvellement nés. 

Les entozoaires ne sont donc pas des animaux extérieurs qui 
auraient pénétré accidentellement dans le corps animal, ou qui y 
auraient subi des changemens dépendans des circonstances nou- 
velles dans lesquelles ils se seraient trouvés. 

Mais quelle est leur origine ? 

Ont-ils été communiqués à l’état parfait ou à l’état d'œufs d’un 
animal à l’autre, par les alimens solides, liquides ou aériformes ? 
ce qui au reste ne ferait que reculer la question. 

Cette opinion , soutenue surtout par Pallas, nous paraît soli- 
dement réfutée par M. Bremser ; cependant l’auteur de l'analyse de 
l'ouvrage de ce dernier inséré dans la Gazette de Salzbourg pense 
qu’elle n’a pas été suffisamment développée. Ne serait-il pas pos- 
sible, dit-il, que les œufs des entozoaires , ainsi que les graines 
de quelques végétaux pussent rester dans des circonstances parti- 
culières pendant un long espace de temps sans se développer, 
comme les expériences de Leuwenceck , Spalanzani , Fontana, etc. , 
l'ont prouvé pour le rotifère. L’analyste aurait pu ajouter le gordius 
aquatique , comme je l’ai observé moi-même, et surtout les œufs 
de la limace agreste, d’après les expériences de M. Leechs, sans 
que cela rendit l’opinion de Pallas plus admissible, puisque dans 
toutes ces expériences il y avait dessiccation préalable , ce qui ne 
peut avoir lieu quand l’œuf ou le germe du ver est dans le corps 
animal. Quant à la confirmation qu’on pourrait tirer de l’observa- 
tion rapportée par M. John Miller Barry, dans les Transactions 
des médecins du collége du roi et de la reine en Irlande, vol. x 


DES) 


1818, qu'une famille dans le voisinage de Macrony en Irlande, 


506 APPENDICE. 


avait été tellement tourmentée par les ascarides provenant de l’eau 
d’une source dont elle faisait usage , il paraît qu’elle peut encore al- 
ler avec les autres observations analogues rapportées par M. Brem- 
ser, puisqu'il résulte du récit que ce n’étaient que des larves. 
Ainsi, après avoir successivement montré que cette communica- 
tion ne peut avoir lieu par les alimens* ni par la boisson, M. Brem- 
ser a recherché si cela ne pouvait pas avoir lieu par l’air ; et pour 
réfuter cette opinion, il ajoute que cela ne pourrait se faire que dans 


le cas où les œufs seraient extrêmement desséchés , et alors pour- 


raient-ils conserver leur faculté de se développer? Oui, d’après 
les expériences de Leechs ; mais cela ne fait rien à la force des rai- 
sonnemens de Bremser. 

Si donc ce n'est par aucun des alimens que les germes des vers 
s’introduisent dans le corps animal , ce ne peut plus être que par 
la transmission des parens, soit dans l’acte de la generation, soit 
par la nutrition dans le sein de la mère, soit par l’allaitement. Or 
il n’est pas difficile à M. Bremser de jeter à bas tous les raisonne- 
mens qu'on a employés pour soutenir cette hypothèse; car il 
prouve que des enfans ont eu des vers, ce que leurs parens n’a- 
vaient pas, et que l'explication de Brera est bien gratuite. 

Il prouve que les germes n’ont pu être introduits par le sperme 
du mâle, qu’ils n’ont pu l’ötre par la circulation dans la mère, et 
qu'ils ne peuvent l’être davantage par l'allaitement. 

Ainsi ayant rapporté successivement les preuves que les ento- 
zoaires ne peuvent provenir du dehors dans le corps animal , reste 
par voie negative qu’ils proviennent de l’intérieur , qu’ils y nais- 
sent ; en un mot leur génération spontanée. 


1 ]] admet cependant que quelquefois une espèce introduite avec un 
animal maugé peut vivre quelque temps, mais non se reproduire, et l’ex- 
périence de Pallas , du développement d’œufs d’un ver propre à une es- 
pèce, quand on les a introduits dans un autre individu de la même espèce, 
lui semble plutôt à l’appui de son opinion que contraire. C’est à ce sujet 
qu’il réfute avec vigueur, d’une manière irréfragable , un fait cité par 
Brera, dans lequel il est question de prétendus vers, qui n’etaient qne des 
graines de fraises, et qui cependant introduites dans la cavité abdomi- 
nale d'un chien, ont donné naissance à des milliers de petits vers que 
celui-ci regarde comme des ascarides vermiculaires, quoiqu’ils n’en eus- 
sent aucun des caractères. 


APPENDICE. 509 


Ici l'auteur , pour faire mieux concevoir son idée ou la manière 
dont il conçoit la chose, remonte à la formation du globe, etnous 
aurons peut-être besoin de nous faire excuser d’avoir traduit tout 
ce chapitre , qui n’est qu’une pure hypothèse , et qui contient même 
quelques erreurs ; comme celle-ci, que, danses terrains de transi- 
tion , il existe peu de traces de corps organisés; car on y connaît 
maintenant beaucoup de végétaux, des coquilles, des trilobites, 
et même un grand nombre de poissons , etc. ; mais nous avons saisi 
cette occasion de faire connaître en France la manière de philoso- 
pher de l’école allemande, et nous convenons même que ce n’a 
pas été sans quelque peine que M. le docteur Grundler et moi 
sommes parvenus à bien saisir le sens de l’auteur , et à lier ses 
idées dans notre langue. Il se pourrait même que nous n’eussions 
réussi qu’assez incomplétement, ce qui nous forcerait dans ce cas 
de prier M. Bremser de ne pas trop nous en vouloir. 

L'auteur expose d’abord comment il conçoit la formation de la 
terre. 

C’etait au commencement une masse liquide sans forme , mais 
vivifiée, c’est-à-dire , douée de l'esprit vivant ou de l'esprit uni- 
versel ; peu à peu il se développa un noyau et les terrains primi— 
tifs : la cause principale de cette formation du noyau n’est pas dans 
une force morte inhérente à la matière ou gravitation, mais bien 
dans l’esprit même, dans sa tendance à dominer la matière et à 
former par sa liaison intime avec elle des iouis clos existant par 
eux-mêmes, Alors l’esprit sépara d’abord la matière brute et la re- 
jeta au centre , d’où les terrains primitifs ; après que la plus grande 
partie de la matière la moins propre à la matière fut cristallisée x 
Pesprit fut plus libre. Il y eut alors une révolution ou fermentation 
dans toute la masse, et les terrains de transition se déposèrent en 
un grand nombre de fois ; il n’y avait cependant pas encore de vie 
particulière. 

Ce ne fut qu’à cette époque qu’elle commença. Une nouvelle 
fermentation eut lieu ; la première création fut détruite; la terre 
fat peuplée de nouveaux animaux. Sans pouvoir estimer le nombre 
de ces révolutions , chaque précipitation fut suivie d’une nouvelle 
création , et l’homme fut le produit de la dernière, c’est-à-dire , 
l'être où l'esprit domine le plus la matière, 


508 APPENDICE. 


D’après cela, M. Bremser ne peut admettre que les espèces ani- 
males soient provenues les unes des autres par des perfectionne- 
mens successifs ; mais bien qu’elles ont été créées d’un seul jet, et 
sans doute à l’état complet, du moins sous le rapport des organes 
nutritifs. Ne serait-il pas plus rationnel de penser que ce ne sont 
pas les animaux eux-mêmes qui se forment spontanément , mais 
seulement leurs œufs et leurs germes? Il y aurait plus d’analogie 
avec ce qui existe dans la reproduction des animaux les plus élevés. 

Cela posé, notre auteur divise les substances dont se compose 
en ce moment notre terre, en 

10. Corps morts inorganiques (minéraux ) ; 

2°, Corps vivans organisés (végétaux et animaux ) ; 

3°. Corps sans forme , sans limites (air et eau). 

Les minéraux ne peuvent être considérés comme absolument 
privés de vie; elle est seulement chez eux à un degré de tension 
très-faible. 

C’est au sujet des corps vivans qu’il recherche ce que c’est que 
la vie, et il la trouve dans ce qu’il a nommé l'esprit. 

D’après cette idée, que la totalité de la terre.existait à état 
amorphe avant l'existence des corps organisés, et que ceux-ci se 
sont développés successivement de la même substance également 
à l’état amorphe, il ne doit pas paraître étonnant que la même 
chose se reproduise encore aujourd’hui, et que partout où il se 
trouve de la matière animalisée, ou à l’état sans forme, il se de- 
veloppe de nouvelles vies individuelles ou bien de nouvelles or- 
gauisations ; et si une de nos infusions ne Hot pas des baleincs 
ou des chênes , cela tient, dit notre auteur , à ce que la masse en 
fermentation est infiniment petite comparativement avec ce qu’elle 
a dû être à une époque ancienne de l’état de la terre. 

Il n’y a pas de véritable mort dans le règne organique , la mort 
n'étant que le passage à une nouvelle vie. 

Convaincu par les observations et les expériences de Treviranus 
sur la génération spontanée des infusoires, il conclut que, s’il est 
évident que la moisissure et des infusoires peuvent se former 
par le moyen de corps organisés privés de vie, cela peut encore 
plus aisément avoir lieu dans les organisations vivantes. 

Dans les organisations vivantes ; le nouveau produit est tou- 


APPENDICE. 509 


jours déterminé par la nature de l’organisation de laquelle il a 
été formé; ainsi, des lichens et des mousses croissent sur les 
plantes , des vers intestinaux, des poux et des cirons dans le corps 
animal. 

Mais comme on pourrait douter que les poux pussent aussi se 
reproduire spontanément, étant des animaux déjà élevés dans 
l'échelle, M. Bremser rapporte quelques faits à l’appui de son 
opinion, soit pour les poux, soit pour l’acarus de la gale. 

Au reste, aux personnes qui, disent-elles, ne peuvent pas con- 
cevoir la génération spontanée des vers intestinaux et des cirons, 
il demande si elles concoivent mieux celle par la succession des 
parens, qu’il montre avec raison être tout aussi spontanée, 
avec la seule différence que c’est dans un lieu déterminé de la 
mère. C’est ce qu'il fait voir surtout pour l’oiseau chez lequel 
l’œuf se produit dans la capsule de l'ovaire sans communication 
réelle avec lui. Quant à ce qu’il ajoute, que le jaune et le blanc 
sont également produits par cet organe, il se trompe. Le dernier 
n'est qu'une excrétion de l’oviducte à mesure que l’œuf le traverse 
et constitue ce que j’ai nommé les membranes adventives. 

Après cette démonstration indirecte, M. Bremser se voit pour 
ainsi dire forcé de conclure que les vers intestinaux se forment 
spontanément ; alors, appliquant ici sa théorie générale de la for 
mation des individualités du globe terrestre, et admettant que 
dans chaque organisation animale il existe une fermentation cont’- 
nuelle, pendant laquelle de nouvelles substances sont admises , 
précipitées , appropriées , dissoutes , décomposées et excrétées: et 
réfléchissant à la grande quantité de substances animalisées sans 
forme qui se trouvent dans chaque animal, il ne lui paraît pas 
étonnant qu'il puisse se former de l’excédant de ces substances à 
sa nutrition, ou même de celles qui n’y sont pas propres, un tout 
existant par lui-même ou un ver, comme dans le monde se forma 
autrefois le ver de terre : parmi ces vers offrant toutes les espèces 
de génération. comme les animaux extérieurs, il s’en trouvera 
qui, étant pourvus des deux sexes, pourront se reproduire en— 
suite par l’acte de la génération; mais cela ne devra jamais avoir 
lieu que dans le même individu; dans chaque animal nouveau 
ıl y aura une nouvelle génération spontanée, et cette production 


510 APPENDICE. 


pourra différer non-seulement suivant les espèces, mais encore 
suivant l’âge du même individu. En effet , les ascarides et les 
oxyures sont plus communs dans le jeune âge, et les cestoïdes 
dans l’àg e adulte. 

A toutes ces preuves négatives ou analogiques en faveur de 
son opinion, M. Bremser en ajoute encore de directes en rap- 
portant les observations curieuses qu’il a eu l’occasion de faire 
sur le développement des géroflés dans les poissons , en sorte qu’il 
reste bien convaincu que les vers intestinaux ne pouvant provenir 
de l'extérieur, se forment de toutes pièces dans les différentes 
parties de l'animal, en sont pour ainsi dire le produit, comme 
dans les mammifères et les oiseaux le fœtus est le produit de 
Vovaire. La formation spontanée des vers intestinaux s’opère donc 
probablement de la même manière que celle des infusoires dont 
l’origine, pendant la fermentation des substances organiques, a 
été mise hors de doute par les belles expériences de Treviranus , 
l’organisation d’une plante ou d’un animal retombant pour ainsi 
dire ici en plusicurs organismes. 

Cette théorie de la formation spontanée des vers intestinaux 
paraît si peu extraordinaire aux physiologistes allemands, que 
M. Oken, dans la Chronique de la litierature autrichienne , 
n°. 9, nov. 1819, dit que M. Bremser aurait pu tirer des preuves 
plus concluantes en sa faveur de la formation de l’organique de 
Vinorganique, puisque, dit-il, il aurait pu démontrer par des 
faits qu'il se forme avec de la chaux, du charbon , du sel et de 
l’eau de la mucosité qui est déjà, eo ipso, un animal qui sesdivise 
en globules et en infusoires. 


Sur la distribution systématique des vers intestinaux. 


M. Bremser , ayant démontré que les entozoaires ne peuvent 
être rapportés à aucun des animaux extérieurs , en a conclu trop 
=: dore suivant nous qu’ils doivent former un type parti- 
culier; car c’est un principe de toute classification zoologique , 
que le séjour ne doit avoir aucune influence sur la place d’un 

animal dans la série , mais seulement l’ensemble de son organisa- 
tion. Or; comme il est évident que celle d’un ascaride est extrê- 


APPENDICE. 5ıı 


mement différente et supérieure à celle d’un échinoccoque sous 
tous les rapports , il en résulte que, dans un système général de 
zoologie, ces animaux ne doivent pas même appartenir à la même 
classe, et doivent au contraire être répartis dans des types diffé- 
rens, par conséquent étre entremêlés avec des animaux extérieurs, 
comme l’ont fait MM. Oken, de Lamarck » Cuvier , et encore plus 
M. de Blainville. 

Le système de distribution des entozoaires de M. Bremser est 
calqué exactement sur celui de M. Rudolphi , qui n’est lui-même 
qu’une imitation de celui de Zeder , comme nous l'avons déjà dit, 
en grécisant les dénominations allemandes que celui-ci avait don- 
nées. Avant Zeder cette distribution éta’t presque nulle. 

M. le professeur Oken, dont le Manuel d'histoire naturelle a 
paru à Leipzick en 1815, à ajouté peu de choses à la distribution 
systématique des vers intestinaux du premier ouvrage de M. Ru- 
dolphi; mais, par une singularité assez remarquable , son système 
différe sensiblement dans le corps de l'ouvrage, de ce qu'il est 
dans le tableau analytique qui est au commencement : comme nous 
présumonsque celui-ci est postérieur à celui-là, nous allons com- 
mencer par son analyse. 

Dans l’ouvrage les vers intestinaux forment le premier ordre de 
la quatrième classe, ou mieux le dernier, à cause de l’ordre de 
composition croissante que suit M. Oken, entre les beroès qui 
commencent la cinquième, et les mollusques acéphales qui ter- 
minent la troisième, et ils sont entremélés de plusieurs genres 
d'animaux extérieurs. Il suit ici le système de divisions ternaires, 
c’est-à-dire, que cet ordre est partagé en trois tribus divisées cha- 
cune en trois familles contenant chacune trois genres. 


TRIBU PREMIÈRE. 


Fam.T.  Echinoccoque, cœnure > eyslicerque. 
— ll. Tania, bothriocephale , rhytis. 
— III. Ligule, tricuspidaire , prionoderme. 


TRIBU SECONDE. 


Fam. ı. Polystome , scolex , distome et planaire. 
— Il. Porocephale , tetrarhynque , echinorh ynque. 
— II. Phyline, schisture , lernée. % 


UT 


12 APPENDICE. _ 


TRIBU TROISIÈME. 


Fam. 1. Hamulaire, liorhynque , cucullan. 
— IL Gordius, trichocéphale , oxyure. 
— Ill. Strongle , ophiostome , ascaride. 


Dans le tableau analytique , les vers intestinaux forment les trois 
premières tribus de la première division de l’ordre des vers, qui 
est le premier de la quatrième classe, comprenant tous les animaux 
articulés , en sorte qu’ils sont avant les sèches, qui commencent 
la classe -des mollusques , et après les chétopodes ou vers à sang 
rouge de M. Cuvier, qui forment les premières tribus du même 
ordre. Une autre différence, c’est qu'ici M. Oken adopte le sys- 
ième quartenaire. En voici le tableau. à 


TRIBU PREMIÈRE. 


Fam.I.  Echinoccoque, coenure. 
— II. Cysticerque, cysture* , pesicaire?. 
— III. Halysis, tœnia ou bothriocéphale , fümbriaire°. 
— IV. Tricuspidaire , rhytis #, ligule. 


TRIBU SECONDE. 


Fam.L.  Scokex, caryophyllée. 


— II. Monostome, amphistome ou strigée, distome ou fas- 
ciole , festucatre*. 

— II. Polystome ,linguatule. 

— IV. Porocephale®, heruque , tétrarhynque , echynorhynque. 


1 Nouveau genre établi avec le cysticercus ‚fasciolaris de Rudolphi, et 
qui correspond au genre hydatigère de M. de Lamarck. 

2 Nouveau genre établi avec le cysticercus lucii de M. Rudolphi. 

3 Nouveau genre établi pour le tænia malleus de M- Rudolphi. 

4 Nouveau genre adopté pour quelques espèces de bothriocéphale, et 
entr’autres pour le bothriocephalus solidus. 

5 Genre adopté de Shrank pour le distoma trigonocephalum , qui paraît 
n'être qu’une espèce de monostome. 

6 Genre adopté de M. de Humboldt, pour un animal qui paraît être 


une espèce de polystome de M. Rudolphi, ou de linguatule de M. de La- 
marck. 


APPENDICE. 513 


TRIBU TROISIEME. 


Fam. I. Prionoderme*, schisture?. 
— I. Filaire?, capsulaire #, hamulaïre 5, biorhynque. 
— IM. Capillaire , trichocéphale, oxyure. 


— IV. Cucullan, strongle, ophiostome et fusaire ou ascaride. 
Pr 


Ainsi, dans cette nouyelle classification des vers intestinaux , 
les lernées, les planaires, les gordius en ont été retirés. 

La distribution de M. de Lamarck est un peu différente. 

Les entozoaires , qui terminent la division des animaux apathi- 
ques, sont tous compris dans la cinquième classe du système des 
animaux sans vertèbres, entre les ascidies et les diptères; mais 
ils n’en constituent que les deux premiers ordres , sous le nom de 
vers mollasses et de vers rigidules , le troisième et dernier étant 
formé par les vers hispides , qui sont des animaux extérieurs. Voici 
le tableau de la distribution des genres. 


ORDRE PREMIER. 


Vers nus , d’une consistance molle, sans raideur apparente, di- 
versiformes , et la plupart irréguliers. 


PREMIÈRE SECTION. — Les Vésiculaires. 


Leur corps est vésiculaire , ou se termine postérieurement par 
une vessie, ou adhère à la vessie qui le contient. 


Proposé par M. Rudolphi, mais qu’il a reconnu depuis être établi sur 
son polystoma tænioides. 


| ? Genre fort douteux établi par M. Rudolphi sur un animal incomplé- 
tement décrit par Redi. 


5 Genre de Zeder, peu ou point distinct des véritables filaires. 
| 4 Cest le genre trichosoma de M. Rudolphi. 
N 5 Genre établi par Treutler sur un animal décrit à l'envers et supprimé 


par M. Rudolphi. (On peut voir ce qu’en dit M. Bremser, p. 250.) 
33 


| 
| 
| 
| 
| 
| 
VERS MOLLASSES. 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
| 
1} 


Sad APPENDICE. 
Bicorne’, hydatide*, hydatigere?, cœnure , échinoccoque. 
DEUXIÈME SECTION. — Les Planulaires. 


Leur corps est toujours aplati. 


Tania, bothriocéphale , tricuspidaire , ligule , linguatule #, polys- 
tome 5, fasciole®. 


TROISIEME SECTION. — Les Hetéromorphes. 


Leur corps est tantôt aplati, tantôt cylindracé, et souvent dif- 
forme. 

Monostome , amphistome , géroflé7, iötragule®, masselle 9, tenta- 
eulaire*°, sagittule **. 


ORDRE DEUXIÈME. 
VERS RIDIGULES. 


Îls ont un peu de raideur, ce qui les rend presque élastiques, 
et sont nus, cylindracés , filiformes, la plupart réguliers. 


a. intérieurs. 


Porocéphale, échinorhynque , strongle , cucullan, fissule *?, oxyure, 
trichiure , ascaride , hamulaire, liorhynque , filaire. 


E 


b. extérieurs. 
Dragonneau. 


ı Genre fort douteux établi par Sulzer sous le nom de ditrachyceros 
pour des corps de la nature animale desquels M. Breinser parait peu per- 
suadé (Voy. p. 320). 

2 Ce sont les eysticerques de M. Rudolphi. 

3 Genre distinct que M. de Lamarck forme avec les espèces de cysli- 
cerque à corps allongé. 

4 C’est le genre polystome de Rudolphi. 

5 M. de Lamarck a adopté ce genre de Delaroche ; il est établi sur un ani- 
mal de la famille des sangsues, suivant nous. 

6 C’est le genre distome de Rudolphi. 

7 Caryophyliæus. 

8 Ce genre , admis de M. Bosc, est établi suivant nous sur le polystoma 
serratum de Rudolphi, linguatule de M. de Lamarck. 

9 Scolex. 

10 Tetrarhynchus. . 

11 Nouveau genre dent nous parlerons plus tard. 

12 Cest le genre ophiostome de M. Rudolphi. | 


APPENDICE. 515 


M. G. Cuvier fait des vers intestinaux la deuxième classe de ses 
zoophytes , et les place après les échinodermes, entre ses échino- 
dermes sans pieds ou siponcles, et les actinies > qui commen- 
cent sa classe des acalephes; il y réunit plusieurs genres d'animaux 
extérieurs. Sa distribution est la suivante : . 


ORDRE PREMIER. 
INTESTINAUX CAVITAIRES. 


Qui ont un canal intestinal flottant dans une cavité abdominale 
distincte, une bouche et un anus : ce sont les E. nematoidea de 
M. Rudolphi. 

T'laire, hamulaire , trichocéphale , oxyure, cucullan , ophiostome , 
escarıde, strongle , prionoderme*, lernée » némertes ?. 


ORDRE DEUXIÈME. 
INTESTINAUX PARENCHYMATEUX. 


Dont le corps renferme dans son parenchyme des viscères mal 
terminés et ressemblant le plus souvent à des ramifications vascu- 
laires, ne s’apercevant même quelquefois pas du tout. 

Cet ordre comprend les quatre derniers ordres de M. Rudolphi. 


PREMIÈRE FAMILLE, — Les Acanthocéphales. 


Echinorhynque. 
Héruque?. 


DEUXIÈME FAMILLE. — Les Trématodes. 
Douwve. 


Festucaire (monostoma, R.) , strigée ( amphistoma , R.), géro— 
Îlé, poly stome #, tristome 5. 
Planaire. 


* C’est le genre polystome de M. Rudolphi, linguatule de M. de La- 
marck. 

* Genre ronveau établi pour un ver marin ‚que M. Oken avait déjà dis- 
tingue sous le nom de Borlasia. 

3 Genre adopté de Gmelin, pour un ver que M. Rudolphi confond 
parmi les echinorhynques. RE 

3 Sous ce nom M. Cuvier réunit les polystomes de Rudolpbi et le po- 
lystome de Delaroche. 

5 Nouveau genre que M. Bosc avait nommé câpsule pour un animal 


3% 


516 APPENDICE. . 


'TROISIEME FAMILLE. — Les T'œnioïdes. 
Ternıa. 


Tricuspidaire , bothriocéphale , floriceps ', tétrarhynque, cysticer- 


que „ cœnure „ échinoccoque. 


Scolex. 
QUATRIEME FAMILLE. — Les Cestoïdes. 
Ligule. 


M. de Blainville regarde les vers intestinaux comme appartenant 
à différens degrés d'organisation, et par conséquent à différens 
types de la série animale ; aussi dans son système général de z00- 
logie en place-t-il une partie parmi les entozoaires, une autre 
dans le sous-type des sub-annelidaires , intermédiaire au type des 
animaux articulés et à celui des rayonnés ; enfin, en admettant que 
les acéphalocystes soient de véritables animaux, ıl en fait un genre 
d’amophozoaires. Voici le tableau de ses divisions, et comme il y 
distribue les genres. 


CLASSE DES ENTOMOZOAIRES APODES. 
ORDRE 1. — Les Polyporides. 


Le corps court, déprimé, irès-contracüle, pointu en avant, 
élargi en arrière et garni au-dessous de son bord postérieur de 
plusieurs paires de pores contenant chacun un ou deux crochets; 
bouche à l'extrémité pointue du corps ; une ouverture abdomi- 
nale pour l’appareil générateur. 

Hexathiridium”. 


parasite sur les branchies des poissons, que je regarde comme de la fa- 
ınille des sangsues. 

ı Nouveau genre nommé anthocéphale par Rudolphi, établi par M. Cu- 
vier pour un ver intestinal que M. Bremser pense n'être qu’un degré de 
développement d’une espèce de bothriocéphale. 

2 Je doute beaucoup que ce genre puisse être regardé comme véritable- 
ment intestinal; il est extrêmement rapproché du polystome de Delaroche : 
aussi pensais-je qu'il a été décrit à l'envers, ce que l’on voit dans ma dé- 
finition des caractères de l'ordre, 


APPENDICE. Sir 
ORDRE II. — Les Onchocephales. 


Corps peu allongé, sub-cylindrique , sub-articulé ; canal intes- 
tinal complet; bouche orbiculaire inférieure , pourvue de chaque 
côté de deux crochets cornés , recourbés, dirigés en arrière et 
rétractiles chacun dans un tubercule ; anus terminal et postérieur ; 
sexes distincts. 


Linguatule. 


EZ 
Linguatule, pentasiome*‘ , tétragule, porocephale , prionoderme , 
cucullan ?, nettorhynque ?, caryophyliee 4. 


ORDRE III. — Les Oxycéphales ou Ascaridiens. 


Corps médiocrement allongé, élastique, cylindrique , atténué 
aux deux extrémités , sans presqu’aucune trace d’articulations ; ca- 
nal intestinal complet; bouche terminale orbiculaire > nue ou 
pourvue de quelques tubercules radiairement disposés : anus plus 
ou moins terminal; sexes séparés. 


a. Bouche en suçoir , à lèvres simples ou tuberculeuses. 


Filaire, trichosome , oxyure , trichocéphale „ ophiostome , pleuro— 
rhynque°, physaloptere , spiroptere , liorhynque®. 


' Je prefere, pour réunir les cinq premiers genres, qui n’en sont évi- 
demment qu'un, la dénomination de linguatule à celle de pentastome, qui 
donnerait une idée fausse. 


? Ce genre est trop mal connu pour assurer sa place. 


3 J'établis ce genre avec un ver intestinal observé par Paisley, et dont 
il sera parlé plus loin. 


4 C’est encore un genre trop mal connu pour juger ses rapporls na- 
turels. | 


> Ce genre est établi par M. Nau pour une espèce d’ophiostome , ©. 
spherocephalum. | 


5 C’est encore un genre bien douteux. 


518 | _ APPENDICE. 
b. Bouche close etarmée de nodules ou d’espèces de dents radiaires. 
Capillaire *, fusaire*, ascaris , thélazie ?, strongle , sclérostome = 
selerotrique°. 2 
CLASSE DES SUB-ANNELIDAIRES ou GASTRORHYZAIRES. 
oRDRE I. — Les Porocéphales. 


Corps très-mou, sans traces d’articulations , très-déprimé ou 
cylindrique , avec un ou deux grands pores medians , l’un anté- 
rieur , le plus souvent terminal, et l'autre plus ou moins reculé 
en arrière , servant de ventouses ; canal intestinal incomplet , vas- 
culaire, commençant par un très-petit orifice percé dans le fond 
de la ventouse antérieure ; sexes réunis sur le même individu ; l’or- 
gane femelle se terminant dans la ventouse postérieure; l'organe 
mäle saillant en avant sous forme d’un tentacule. 

Hypostome °, festucaire?, fasciole , alaire®, hirudinelle®, lobos- 
tome 20, echinostome *', strigée ou amphiosiome , holostome '?. 


ı J'appelle capillaire les trichocéphales qui ont trois nœuds ou tuber- 
cules à la bouche, comme le tricocephalus nodosus, Rud. 
2 Ce sont les filaires, dont la bouche est pourvue de tubercules, comme 
le F. coronuta, R > 
3 Genre établi par M. Bose (Journ. de phys., 1819), pour une très- 
etite espèce d’ascaridiens trouvée sur la cornée d’un bœuf, et qui serait 
P D 2 à : re ; a 
fort remarquable, si en effet elle offrait l’organisation qu'on lui assigne. 
> & Cv sont les strongles beaucoup moins allongés et plus raides que les 
autres, et dont l'extrémité antérieure un peu renflée ou tronquée carré- 
ment, est armée d'une sorle de couronne cornée divisée en six parties, 
comme le strongle du cheval. 
5 J'admets ce genre avec M. Rudolphi pour la singulière espèce de tri- 
chocéphale, qu’il a nommée 7". echinatum. 
6 C’est un genre bien douteux, peat-être un degré de développement. 


7. Ce sont les monostomes cyliadriques et à bouche terminale de M. Ru- 
dolphi. . 

8 Je propose de rétablir ce genre pour quelques espèces de fascioles 
cylindriques, avec une assez longue queue , et qui ont des espèces d’ailes 
de chaque côté du corps:jen ai décrit une trouvée dans le pancréas du 
Simia maimon de Linné, à l’art. fésciole du Diciionn. des sciences nat. 

9 J'admets ce genre pour les fascioles cylindriques qui ont quelque res- 
semblance avec les sangsues , el entre autres le füsc. clavata, Lin. . 

10 Ce sont les fascioles cylindriques dont la lèvre de la ventouse anté- 
rieure est lobée, comme le dist. Jaureatum de Rudolph. 

ir Ce sont les espèces de fascioles cylindriques qui ont des crochets vers 
le pore antérieur, comme le distoma echinatum , Rud. ; 


12 Nouveau genre établi par Nitzsch (Encycl, Halensis, pour les am- 


APPENDICE. 57 


ORDRE II.—Les Acanthocephales. ; 


© 


Corps plus ou moins sacciforme , peu ou point articulé, obtus 
aux deux extrémités; l’antérieure avec une. sorte de renflement 
céphalique ou de trompe céphaloïde garnie d’aiguillons recourbés 
et percée d'un pore médian extrêmement petit; la postérieure 
percée par un orifice médian également terminal, souvent très- 
petit; canal intestinal ? sexes séparés ? 

Heruque , échinorhynque. 


ORDRE Ill. — — Les Bothriocéphales. 


Corps de forme tres-variable, avec un renflement céphaloïde, 
sans bouche proprement dite, mais pourvue de quelques organes 
saillans et surtout de fossettes disposées à sa circonférence et sub- 
radiairement; canal intestinal nul ou subyasculaire; sexes non 
distincts; tous les individus semblables. 


FAMILLE I. — Les Polyrhynques. 
a. Le corps court et sacciforme. 


Dibothriorhynque‘, gymnvrhynque , tétrarhynque , hépatoxylon , 
anthocéphale. 


b. Le corps tres-long, tænioïde , articulé. 
Rhynchobotris ?, onchobotris °, tricuspidaire 4, 


phistomes à Lête non distincte de Rudolphi, et les d. alatum et excavatum 
du même. . 

! J'établis ce nouveau genre pour un ver intestinal trouvé dans les intes- 
tins du poisson appelé sabre ou ceinture d’argent sur nos côtes (lepido- 
pus Guanii) , attaché en assez grand nombre à des paquets de cellulosites 
renfermant des filaires. Il est caractérisé aisément, parce que son corps 
court, sacciforme, porte en avant une sorte de renflement céphaloïde 
allongée, de chaque côté dugqnei est une longne fossette , un peu bipar- 
lite en arrière ; à la partie antérieure est en outre de chaque côté un tu- 
bercule rétractile, pédiculé, sphérique , ga ni de petitsaiguillonsrecourbes. 
Cettecombinaison de deux suçoirs ou fossetteset de deux trompes;n’existant 
dans aucun groupe de cette famille, méritait d'être distingnée. 

? Section génériqueétablie pour le 8. corollatus de Rudolphi. 

3 Division des Lothriocéphales, les 5. uncinati, et, entre autres, lg b: 
ceoronalus. 

4 Je place ici ce genre, parce que je suppose que les dents tricuspides 
sont les analogues des trompes aiguillonnées des genres précédens. 


520 APPENDICE. 


= 
FAMILLE II. — Les Siéphanorhynques. 


a. Le corps très-long, tænioïde , articulé. 
Alyselminthe*, halyse?, tenia, hydaligere. 
b. Le corps court , hydatoïde. 


Cysticerque , ceenure „ échinoccoque °. 
FAMILLE III. — Les Céphalorhynques. 


a. Quatre fossettes ou appendices nus. 


Scolex , tentaculaire , tétrabotris 4. 


b. Deux fossettes sans appendices ni trompes. 
Bothridium®, rhythis®, ligule. 
CLASSE DES MONADAIRES. 
Acéphalocy ste , hydromètre. 


Quant au genre schisture, dont il n’est pas question dans ce 
tableau, et qui est établi sur une description et une figure tres— 
incomplettes d’un animal trouvé par Rédi dans le canal intestinal 
d’un tétraodon mola, ne serait-ce pas le singulier siponcle dont 
M. Rolando a fait son genre Bonellie ? 


» Les tenias sans trompe ni couronne de crochets, comme le £. plicata, R. 

2 Les tænias à trompe non armée, comme le £. farciminula, Lin. 

3 J'avoue que, malgré les nouveaux détails que nous a donnés M. Rent- 
dorf sur ce singulier animal, je ne conçois pas trop comment la vessie qui 
contient les individus en fait réellement partie. 

4 Je réunis dans ce genre les espèces de bothriocépale qui ont quatre 
fossettes bien distinctes, que le corps soit articulé ou non, comme les 
b. auriculatus et macrocephalus de Bremser. 

5 Je donne ce nom générique à un ver tænioïde bien régulièrement ar- 
ticulé, à articulations droites, serrées, nombreuses, comme dans le i@- 
nia plicata, et dont l'extrémité antérieure ovale est formée par deux 
fossettes, ou mieux par deux espèces de petites capsules ouvertes en 
avant seulement par un orifice arrondi ; il provenait d’uae grande espèce 

e.serpent du genre pithon, qu’on montrait vivant à Paris en 1823. 

5 Je réserve ce nom aux bothriocéphales qui n’ont que deux fossettes 
jeu marquées, comme le b. de l’homme (tenia lata). 


. 


Se 


SG 


APPENDICE!: - 521 
Sur la description des vers intestinaux propres à l'espèce humaine. 


Les descriptions que M. Bremser donne des différentes espèces 
d’entozoaires qui ont été observées jusqu’aujourd’hui dans le 
corps de l’homme ne sont pas toujours très-étendues, mais elles 
sont cependant presque constamment suffisantes , quoi qu’en ait dit 
son critique italien , surtout accompagnées qu’elles sont d’excel- 


_ lentes figures originales détaillées. On pourrait plus justement lui 


reprocher de n’avoir pas parlé de l’organisation. Cela me semble 
une véritable lacune qui nuit à la conception de tout ce qu'il dit 
sur la formation de ces animaux. 
Parmi les espèces qui séjournent dans le canal intestinal, 
M. Bremser décrit et figure successivement : 
1°. Le irichocéphale de l’homme. 
20, L’oxyure vermiculaire. 
3°. L’ascaride lombricoïde. 
4°. Le bothrioc£pbale large. 
5°. Le tænia de l’homme. 
Et parmi celles qui se trouvent hors du canal intestinal : 
6°. Le ver de Médine. 
7°. L’hamulaire subcomprime. 
8°. Le strongle géant. 
9°. La douve du foie. 
10°. Le polystome pinguicole. 
11°. Le cysticerque du tissu cellulaire. 
12°. L’echinoccoque de l’homme. 
Nous n’ayons rien à ajouter à ce qu’a dit M. Bremser sur les 


| espèces de vers qui vivent dans le canal intestinal de l’homme ; 


nous nous bornerons seulement à faire remarquer que c’est aux 
observations assidues et délicates de l’auteur que la zoologie doit 
être éclairée sur la véritable place de l’oxyure vermiculaire et du 
bothriocéphale large, dont on faisait jusqu'ici du premier un as- 
caride sous le nom d’ascaride vermiculaire , et du second un tæria 
“sous la dénomination de tænia large ou à anneaux courts, et qu'il 
a aussi observé le premier le mâle de l’oxyure vermiculaire *. 


! Nous devons cependant dire que M. Hippolyte Cloquet a figuré 
dans sa Faune des médecins un ver intestinal qu’il regarde comme ap- 


522 APPENDICE. 


Nous ajouterons cependant à ce chapitre Pindication d’un ver 
intestinal auquelnous ayons donné le nom de nettrorhynque , et qui, 
quoique observé depuis longtemps, a été passé sous silence par 
les meilleurs helminthologues modernes. C’est dans le tome II des 
Mémoires de la Société de médecine d’Edimbourg qu'il en est 
question dans un mémoire intitulé ‚Description d'un ver extraordi— 
naire , par J. Paisley , chirurgien à Glasgow. Ce ver était fort con— 
siderable , puisqu'il avait deux pieds six pouces de longueur sur un 
pouce et demi de diamètre; il était formé de plusieurs grands an- 
neaux semblables à ceux du ver de terre; les intervalles entre ” 
chaque articulation étaient de couleur brune, les articulations 
mêmes de couleur de chair livide. La tête, beaucoup plus petite 
qué le corps, quoique formée également d’anneaux, ressemblait 
beaucoup au bec d’un canard , étant aplatie en dessus. La bouche 
était triangulaire comme celle d’une sangsue. Ce ver fut rendu par 
l'anus avec une très-grande quantité de sang. Le malade en ren- 
dit un second encore plus gros , mais par morceaux. Le premier 
fut dessiné en présence de plusieurs docteurs de l'université. Il 
était d’abord beaucoup plus gros ; mais, aussitôt que le malade l’eut 
rendu à l’aide d’une personne qui le lui tira en partie du corps, 
un assistant plongea un ou deux fois un canif dans le ver, et il en 
sortit une immense quantité de sang. “| 

Nous en donnons la figure , planche I, de l’appendice , fig. 1 et 
2, copiée de l'ouvrage cité. 

Quant aux entozoaires qui vivent hors du canal intestinal, nous 
allons joindre quelques observations à celles de l’helminthologue 
viennois. 


partenant au genre ophiostome, et qu'il nomme ophiostome de Pon- 

tier, O. Pontieri, da nom du médecin qui le lui a envoyé. Ce serait 

donc la première fois qu’un ver de ce genre aurait été découvert dans 

l'espèce humaine, Il avait été rendu par le vomissement provoqué par 
Vellebore dans une épilepsie désignée sous le nom de vermineuse. Ce, vers 
grosseur d’une corde à violon; à 
l'une de ses extrémités était une petite tête garnie de deux m ächoires, dit 
Vobservateur original. Ne se pourrait-il pas que ce für un gordius aqua- 
tique, auquel tous ces caractères conviennent assez bien ? Nous devous 
aussi dire que le même médecin , M. Cloquet, annonce avoir observé une 


avait neuf pouces de longueur et la 


APPENDICE. 523 


Ver de Médine ou dragonneau. Je possède dans ma collection un 
individu de cette espèce qui n’a été envoyé par M. Delorme, au- 
quel nous devons les observations dont M. Bremser a parlé, 
page 204, dans la note. Quoique bien évidemment différent du 
gordius aquatique par sa longueur ei sa grosseur.* , on ne peut 
nier qu’il soit d’un genre bien voisin. Mais est-il absolument cer- 
tain que cet animal ne provienne pas de l'extérieur. M. Bremser 
combat fortement cette opinion. Certainement ce ne peut être 
une larve d’insecte; car, comme nous le ferons observer plus loin, 
une larve d’hexapodes , seuls insectes qui éprouvent de véritables 
métamorphoses, n’a aucune ressemblance avec ce ver. C’est ce- 
pendant l'opinion d’un médecin praticien anglais, le docteur Chi- 
solm, qui l’a émise d’abord dans la préface de son ouvrage inti- 
tulé : Essay on the malignant pestilentiel fevers introduced in to west 
indian Islands from Boullan on the coast of Guinea as it appeared 
in 1793-1796; 2° édit., Londres, 1801, mais plus particulière 
ment dans un mémoire inséré dans l’Edimbursh-medical and sur— 
gical journal, 1815, vol. 15 , pag. 145-164. Ce médecin , qui se 
vante d’avoir traité dans l’espace de trois ans plus de mille ma- 
lades attaqués du dragonneau, pense que l’on pourrait admettre , 
mais seulement comme une hypothèse , que ce ver est introduit 
dans le corps par le moyen des œufs que l’insccte a déposés sous 
la peau , ou qu’on a gagnés en buvant de l’eau, et que dans ce 
dernier cas les œufs avalés sont conduits par les organes de la 
sécrétion dans les interstices de la peau et des muscles, 

Un auire auteur de la même nation , Thomas Heath, dans un 
mémoire inséré dans le même journal ( Observations on the gene- 
ration of the Guinea Worm), vol. 12, pag. 120 , réfute l’opinion 
de la contagion par l’eau , et croit que le ver s’introduit dans la 
peau pendant qu'il est encore très-jeune ou à l’état d’embryon. 

Hamulaire subcomprimé. Cet animal, dont le seul Freutler a dé- 


. espèce nouvelle d’hamulaire qui avait déterminé des accidens nerveux 
» trés-graves. Or nous avons vu que ce genre est bien douteux. 

|" T0 L > A & ; 
M. Bremser possède cependant aujourd’hui un filaire provenant d'une 
| sauterelle, qui a trente pouces de longueur. Tous les gordius que j'ai vus 
ont l’extrémité antérienre divisée en forme de pince, ce qui n’a pas licu 
dans les filaires. 


524 APPENDICE. 


couvert deux seuls individus dans l’intérieur d’un vaisseau Iym- 
phatique de la glande bronchiale d’un homme, est décidément 
reporté par M. Rudolphi dans son synopsis parmi les trichosomes, 
admettant que les deux crochets (hamuli‘) , décrits par Treutler , 
comme servant à l’animal pour se cramponner et sucer sa nour- 
riture, ne sont que les organes mâles. 

Comme MM. Bremser et Rudolphi n’admettent pas l'existence 
de ce ver comme distinct des irichosomes, et que le premier a 
paru douter qu’il eût été vu anciennement par deux médecins ita— 
liens, Vercelloni et Bianchi, ainsi que le dit M. Brera, et en- 
core plus que celui-ci ait pu en faire Panatomie , le critique ita- 
lien, en répondant à ces doutes de M. Bremser, cite de Vercel- 
loni la dissertation intitulée : De glandulis esophagis conglomeratis, 
succo vero nutritivo et vermibus. Cestæ , 1711, in-8°., et la page 349 
de l'ouvrage de Bianchi, De naturali in humano corpore vitiosa , 
morbosaque generatione , et ajoute que la description extérieure 
et anatomique de Brera est faite sur ’hamulaire cylindrique 
commun dans les pies-grièches , et qu’il regarde comme au moins 
du même genre que l’hamulaire lymphatique ou subcomprimé : 
mais, en admettant ce rapprochement, il est assez difficile de penser 
qu’on ait pu voir le système nerveux ganglionique ou non sur un 
. animal aussi grêle. 

Sirongle géant. J’ajouterai à ce que dit M. Bremser sur cet en— 
tozoaire, ce que j'ai vu sur un individu trouvé par moi dans le 
rein d’une marte et à peine mort, lorsque j’en fis la description 
et la figure. Le corps presque cylindrique et s’atténuant insensi- 
blement , mais très-peu jusqu’aux deux extrémités fort obtuses , 
avait une largeur totale de vingt-neuf pouces trois lignes , sur 
deux lignes et demie de largeur dans son plus grand diamètre. Sa 
couleur était d'un brun-clair tirant sur le jaunätre, parsemé d’une 
très-grande quantité de taches jaunes oblongues ou transverses. On 
remarquait dans toute la longueur du corps huit stries étendues de 
la bouche à l’amus, dont quatre alternativement plus grosses et 
quatre plus petites. Celles du dos et du ventre paraissaient faire 
des espèces de circonvolutions, mais peu profondes. Les deux la- 
térales offraient chacune une série régulière de petits tubercules 
percés à leur sommet, au nombre de quinze à seize par pouces 


ke - 


IE 
| 


APPENDICE. 525 


L’extrémité antérieure ou buccale était un peu plus étroite, un 
peu plus atténuée que la postérieure. La bouche était entourée 
de huit tubercules tres-courts portés sur un anneau glanduleux. 
L’anus , au contraire, formait une ouverture coupée obliquement 
et assez large. Le canal intestinal, vu à travers la peau de l’animal, 
m'a paru libre et s'étendant d’une extrémité à l’autre sans cir- 
convolutions. On ne voyait aucune trace des organes de la gé- 
nération , comme cela a lieu dans les ascarides. 

Le rein dans lequel était contenu te ver beaucoup plus gros que 
l’autre dont la longueur était de vingt lignes , sur neuf de largeur, 
était réduit à une minceur d’une demi-ligne environ , et n’offrait 
plus aucun indice de son organisation normale. 

Polystome pinguicole. C’est encore à Treuiler que nous devons 
la connaissance de ce singulier entozoaire dont il n’a vu qu'un 
seul individu , trouvé dans la graisse qui entourait l’ovaire d’une 
jeune paysanne , et qui n’a été observé par aucun autre natura- 
liste. J’ai dit plus haut que je soupgonnais fortement que cet ani- 
mal a été décrit à l’envers, et que ce pourrait bien n’eire autre 
chose que le polystoma integerrimum trouvé dans le poumon et la 
vessie urinaire d’une grenouille, que je suis tenté de regarder 
comme une espèce de sangsue; mais comment s’est-il trouvé si 
profondément dans le corps de la jeune fille de Treutler ? 

Echinoccoque de l’homme. Au moment où M. Bremser écrivait 
son ouvrage , il paraît qu’il n'avait pas encore eu l’occasion d’ob- 
server rue l’échinoccoque de l’homme , puisqu'il dit, 
page 303 qu’ on n’a pas encore constaté, d’une manière positive, 
une couronne de crochets chez ces animaux; depuis ce temps il 
a été plus heureux, et M. Charles Rendtorff, dans sa thèse inti- 


‘tulée : De hydatidibus in corpore humani præsertim in cerebro repertis, 


u 


nous a donné une description et des figures qui laissent peu de 
chose à désirer. Nous allons rapporter ici la traduction de ce qui 
regarde l’animal que les figures sa, 10, ıc de noire planche x 
représentent. 

Le sac qui contenait toutes les hydatides était d’un blanc de 
lait, semblable à de la lymphe plastique, pellucide et de l’epais- 
seur d’une demi-ligne environ. Il ue renfermait rien autre chose 
que de Peau avec les vésicules, et remplissait tout le ventricule 


Hab APPENDICE. 


droit du cerveau qu'il avait dilaté , au point que la matière céré- 
brale qui le recouvre n’avait plus que lépaisseur d’une demi- 
ligne. Le nombre des hydatides extraites du ventricule latéral était 
de soixante-onze ; elles n'avaient elles-mêmes aucune odeur, et 
différaient beaucoup de grosseur. Quelques-unes avaient un dia- 
mètre d’un pouce et démi; les autres étaient plus petites , la plu- 
part égalant la grosseur d’un grain de raisin de Malaga. Elles 
étaient globuleuses, ovales ou pyriformes. Toute la masse des hy- 
datides avec le sac qui les contenait pesait deux livres trois gros 
(poids médicinal ) ; et la plus grosse des hydatides deux onces 
deux gros. Les plus petites vésicules avaient leur enveloppe un 
peu plus épaisse que les grosses. Elles étaient toutes indépendantes 
les unes des autres, sans ancune trace de vaisseaux , de fibres ou 
de ligamens qui les réuniraient. Le fluide qu’elles contenaient 
était limpide et pellucide. La face interne ne paraissait pas partout 
de la même couleur , quelques parties étant blanchâtres et celles 
qui élaient couvertes par des échinoccoques tout-à-fait blanches. 


En agitant un peu les hydatides , les petits animaux se detachaient - 


de la membrane interne et se répandaient dans le fluide. 

Csuantä la structure de ces animaux , M. Rendtorff ne nous four- 
nit presque que ses figures. On voit que’ les peliis vers sont épars 
d’une manière fort irrégulière dans l’intérieur de la vessie, et que 
chacun d’eux en forme de petit corps ovalaire est un peu attenué 
aux deux extrémités et renflé au milieu. L’extrémité céphalique est 
armée d’une couronne de crochets. Mais il ne paraît pas qu'il y 
ait de sucoirs, comme dans les coenures, du moins d'après la fi- 
gure. Quant aux rapports des animalcules avec la vessie, M. Rend- 
torff dit positivement : Mihi autem animalcula, qui propriam desunt 
yılam , neque vesiculæ partes habenda videntur , et parait n’avoir 
pas entendu M. Bremser , lorsqu'il ajoute, page 22, chap. 10: 
Hos quidem vesicæ quam habitant parliculas existimat esse; car 
celui-ci, dans une lettre qu’il nous a écrite, assure n’ayoir pas 
dit un seul mot de cela , ni dans les Archives de Mekel , ni dans 
sen livre, où il s’est exprimé clairement. Il entend, sous le nom 
d'échinoccoque, les petits corps pourvus de quatre sugoirs et 
d'une couronne de crochets, qui nagent librement dans l'hyda- 


tide. À mesure que ces petits corps microscopiques grossissent ;. 


4 


APPENDICE. 527 


ils prennent peu à peu la forme sphérique , les crochets se déta- 
chent, et il se produit de nouveaux échinoccoques dans ces petits 
corps changés eux-mêmes en hydatides. Les nouveaux échinoc- 
coques sont des petits fils de l’hydatide primitive, qui ne fut elle- 
même probablement d’abord qu’un corps microscopique semblable. 
Cœnure cérébral. Puisque je viens de parler de ce singulier ani- 
mal, j’ajouterai ici une explication des figures qu’en a données 
. M. le docteur C. Fischer de Vienne dans sa dissertation De ento- 
zois sive vermibus intestinalibus, dont nous avons parlé déjà plus 
haut, et qu’à cause de leur beauté nous avons copiées dans notre 
planche 10, 2a, 25, 2c, et des observations faites par moi sur 
un chamois , né et élevé au Jardin du roi, et mort du tournis. 
Son abdomen contenait plusieurs eyslicerques , mais son cerveau 
surtout renfermait une tres-grande quantité de coenures. Les ves- 
sies de grosseur très-variable, ainsi que de forme, étaient remplies 
d’un fluide séreux, plus ou moins enfoncées dans la substance du 
cerveau, et quelquefois même encore recouvertes de cette sub- 
stance, ce qui prouve qu’elles se développent de dedans en dehors. 
Il yen avait surtout une fort remarquable occupant l'extrémité 
antérieure de l’hémisphère gauche, et qui semblait avoir rongé la 
table interne de la partie de los frontal qui répond aux sinus 
… frontaux, en sorle qu’ii n’y avait qu’une simple membrane entre 
h les deux cavites. 

Les animaux composans étaient irrégulièrement répandus sur 
ces vésicules et réunis par groupes plus ou moins considérables ; 
mais il n’y avait nullement de rapports entre leur nombre et la 
grosseur de la vessie commune. A l’œil nu, ils ressemblaient à de 
petits points carlilagineux qui commenceraient à se développer à la 

* surface de la membrane externe d’un organe. Mais au microscope, 
ils formaient de petites têtes blanches, en partie rentrées ou sor- 
tes, portées sur un cou plus ou moins long, et pourvues d’une 
couronne de crochets terminale et de quatre sucoirs arrondis. On 
voit dans la figure 22 un cœnure avec un grand nombre de têtes 
5 disposées par petits groupes subréguliers ; ; 2b en est un autre 
E beaucoup plus petit trouvé dans la substance du cervelet ; 2c offre 
deux têtes grossies, dont l’une est rentrée et l’autre sortie. 
Sur les hydatides en général. Luedersen,, en envisageant son 


528 APPENDICE. 


sujet d’une manière complète, et plutôt, il est vrai, pathologique 
que zoologique, partage les hydatides en sept groupes distincts : 

so. Les vésicules ayant des corpuscules saillans pourvus d’or- 
ganes de differentes sortes, contenus quelquefois dans une cap- 
sule externe. LR 

20, Les vésicules uniformes, globuleuses, complétement libres, 
et entourées d’un sac extérieur. 

30, Les vésicules adhérentes à une partie du corps, le plus sou- 
vent petites, et contenant de petits vers sans aucune connexion 
avec elles. 

4». Les vésicules simples, de structure variable , adhérentes à 
une partie grande ou petite du corps sans capsule externe. 

50, Les vésicules réunies entre elles en séries continues, et se : 
terminant pour ainsi dire par un filet au moyen duquel elles sont 
attachées au corps. 1 

Go. Les vésicules de forme variable adhérentes au corps par un 
pédoncule , et réunies en grappes. 

7°. Les vésicules irrégulières, simples ou celluleuses, adhe- 
rentes au corps d’une manière si forte, qu'on ne peut les en deta- 
cher sans dilacération. 

M. Rudolphi a traité ce sujet un peu plus zoologiquement; il 
divisait en effet d’abord toutes les hydatides en deux ordres, les 
unes inanimées et les autres contenant des animaux. Dans le pre- 
genres , suivant que l’hydatide est solitaire, ou 
qu’elle est groupée, ou enfin qu’elle est contenue dans un sac; 
dans le second il y en avait cinq, suivant que l'animal contenu 
dans le sac était un strongle, un tricuspidaire, une fasciole, des 


mier étaient trois 


échinoccoques, ou enfin un ou plusieurs tænias; mais dans son, r 
dernier ouvrage, admettant en principe que les vessies pleines 
d’eau que l’on rencontre souvent dans l’homme et les animaux 
ne sont pas du domaine de la zoologie , il réunit dans le même 
ordre (eystici) toutes les hydatides et les partagé en quatre genres, 
anthocéphale, cysticerque, coenure el échinoccoque , division 
que nous avons vue adoptée par M. Bremser, mais qui pourrait 
bien être fort peu naturelle , puisque les anthocéphales paraissent 
n’etre que de jeunes echinorhynques ou bothriocéphales , et que 
les echinoccoques different beaucoup .des coenures. 


APPENDICE. 529 


On a pu voir, en lisant ce que dit M. Bremser des hydatides 
en général, et avant de traiter particulièrement des cysticerques 
et des échinoccoques de l’homme, depuis la page 273 jusqu’à la 
page 280, que, contre la manière de voir de M. Rudolphi, il re- 
garde comme une hydaiide animale toute vessie pleine d’eau 
qui est renfermée, mais complétement libre, dans une capsule 
faisant partie intégrante de l'organe dans lequel elle est, ce qui 
comprend évidemment les acéphalocystes de M. Laënnec; mais 
alors il me semble que ces animaux ne pourront être rangés, ni 
avec les tænias hydatigères, ni avec les cœnures, ni même avec 
les échinoccoques , mais qu’ils devront être rapprochés des mo- 
nadaires dans le type des amorphozoaires, quoiqu’ils puissent par- 
venir à une bien plus grande taille. 

Comme M. Bremser n’a pu parler du travail de M. Laënnec, 
parce qu’ilne l’avait pas en sa possession, nous allons y suppléer en 
donnant l'extrait du mémoire de celui-ci sur les vers vésiculaires - 
et principalement sur ceux qui se trouvent dans le corps humain, 
qui fut lu à la Société de l'Ecole de médecine en 1814. Il y dis- 
tingue, comme nous l’avons déjà dit, les corps organisés dont il 
estquestion, sous le nom générique d’acéphalocystes, en les regar- 
dant comme de véritables animaux, et il en caractérise trois es— 
pèces : 1°. l'A. A ŒUFS, A. ovoidea. À. pyriformis , simplex, vesi- 
cularis , corporibus ovalis prædita intus ; 2°. A. A BOURGEONS, A. 
surculigera. A. pyriformis, simplex, vesicularis, surculis predita 
intus; et 3°. A. A GRAINS, A. granulosa. A. pyriformis, simplex, 
vesicularis , granulis intus predita. Ainsi ces trois espèces ne diffe- 
rent que parce que la première offre dans ses parois de petits 
corps sphériques, blancs, opaques, peu adhérens, et souvent 
creux dans le centre; que la seconde présente à ses deux surfaces 
de petits bourgeons d’une forme très-irrégulière et très-variée, à 
peine visibles , ou de la grosseur d’un grain de chenevis , et enfin 
que la troisième est parsemée intérieurement de granulations trans- 
parentes de la grosseur d’un grain de millet. Quoiqu’en apparence 
peu différentes, ces trois acéphalocystes ne se trouvent jamais 
dans le même kyste. Logées dans le tissu des parties, elles sont 
enfermées dans des poches dont les parois les isolent absolument 
du parenchyme de l'organe; celles-ci sont de nature fibreuse, sou- 


DW) 
>4 


530 APPENDICE. 


vent avec quelques points cartilagineux et même osseux , el leur 
surface interne est tapissée par une sorte de fausse membrane. Le 
liquide dans lequel nagent les acéphalocystes est souvent sem 
blable à de l’eau; mais quelquefois il est plus ou moins épais ; 
Quant à celui de l’acéphalocyste elle-même, il est presque tou-— 
jours parfaitement transparent. Ces kystes augmentent quelque- 
fois de manière à contenir plusieurs pintes de liquide ; il paraît 
qu’on en trouve dans presque toutes les parties du corps de 
l’homme, mais surtout dans le foie, le rein, les poumons, etc. 

M. H. Cloquet, dans l’article de sa Faune des médecins, qu'il 
à consacré à l’histoire de ces animaux douteux sous bien des rap- 
ports, a proposé d'ajouter aux trois espèces de M. Laënnec une 
quatrième sous le nom de A. GRANULEUX , A. granulosa, pour des 
granulations lenticulaires , hydatiformes , trouvées dans la capsule 
du tendon du grand fessier. 

Sagittule. Adoptant la manière de voir de M. Bremser, qu'il se- 
rait inutile de parler de tous les corps que les médecins ont re- 
gardés à tort comme des vers intestinaux, je me bornerai à donner 
l'histoire du prétendu ver intestinal, dont M. de Lamarck a fait 
son genre sagittule. C’est un médecin italien, M. le docteur Bas- 
tiani, qui a induit en erreur le célèbre zoologiste francais , dans 
un mémoire assez étendu, intitulé : Historia medica illustrata 
con reflessioni sopra un animale bipede evacualo per secesso in cardial- 
gia verminosa , et inséré dans le tome VI, page 241 des Actes de 
l'Académie de Sienne, avec figures, pl. xx, fig. 3-4. Le malade 
était un ecclésiastique de cinquante ans , qui était réellement tour- 
mente par des ascarides lombricoïdes , et qui rejeta, avec quel- 
ques-uns de ces animaux et les matières stercorales, un corps 
que tous les médecins et naturalistes de l’Académie, après un 
examen attentif extérieur et intérieur, regardèrent à l'unanimité 
comme un nouveau ver intestinal. Cependant il est aisé de s’as- 
surer, par la description comme par la figure, que ce n’était que 
l'appareil hyolaryngien tronqué de quelque oiseau. La trompe n’est 
sans doute qu’un reste de la langue ; la bouche , l'ouverture de la 
trachée , dont le docteur Bastiani décrit même les cartilages ary- 
thénoïdes, les ailes ou nageoirss cariilagineuses, les dentelures de 
la base de 1a langue, le fémur, le genou, le tibia, les cornes de 


APPENDICE. 531 


l’hyoïde ; et enfin la queue, probablement un reste de la trachée- 
artère. Ce prétendu animal était percé d’outre en outre par un 
canal qui ne contenait aucun viscère, et en effet c’était la trachée- 
artère. Voy. sa figure, pl 1 de l’Appendice, fig. 14. 


“ 


Sur les pseudo-helminthes. 


Dans cette section de son ouvrage M. Bremser s’est borné, 
comme il a soin d’en prévenir ses lecteurs, à parler des principaux 
faits apocryphes rapportés par les auteurs, et qui deviennent de 
moins en moins nombreux à mesure que l’helminthologie fait plus 
de progrès ; mais il n’a pu entrer dans son plan d’analyser et de 
critiquer tout ce qu’on trouve à ce sujet dans les recueils d’obser- 
vations de médecine. Les exemples qu'il a choisis suffirent sans 
doute pour faire que les médecins se tiennent dorénavant sur 
leurs gardes. On y voit que le plus souvent ce sont des larves 
d’hexapodes, comme pour les prétendus ascarides stephanostome, 
conosome, cercosome, ou des animaux que l’on peut tout au 
plus rapprocher des entozoaires, comme le ditrachycéros de 
Sulzer que M. Bremser paraît regarder comme une graine, mais 
réellement sans en donner de preuves, comme me paraît justement 
le lui reprocher le critique italien, l’hexathyridium des veines qui 
pourrait bien n’être qu’une espèce de planaire ou de sangsue, ou 
enfin quelques parties de plantes, comme le diacanthos polyce- 
phalus de Stiebel, qu’on est étonné de trouver dans le savant 
recueil de physiologie de M. Meckel, ainsi que dans le Journal 
complémentaire des sciences médicales , t. 1, cah. 2, 1818, et qui 
n’était qu'une rafle de raisin, comme l’a montré M. Rudolphi, 
et les prétendus vers des dents dont M. Bremser donne une étio- 
logie hors de doute, en faisant voir que ce ne sont que des germes 
de graines d’alkekengi ou de jusquiame. 

M. Bremser joint à ce chapitre comme appendice quelques ob- 
servations sur les corps que peuvent rejeter les individus de 
l'espèce humaine, et sur la grande attention que l’on doit apporter 
à leur examen, avant de décider que ce soit une nouvelle espèce 
de ver intestinal. Nous allons nous-mêmes y joindre quelques 
considérations propres à rendre cet examen plus facile. 


ra 


I: 


532 APPENDICE. 


Il faut d’abord faire la plus grande attention à la source ou à 
l'endroit d’où est sorti le corps, regardé à tort ou à raison 
comme un entozoaire, savoir s’il n’y a pas quelque plaie simple ou 
fistuleuge; ainsi le critique allemand de l'ouvrage de M. Brem- 
ser rapporte le cas d’un paysan-qui a rendu pendant plusieurs 
années consécutives et de temps à autres des larves d'insectes avec 
beaucoup de difficulté, par le canal de l’'urètre, et l’on trouve 
dans les recueils médicaux une foule d'exemples semblables. 

On devra ensuite, avant de soumettre le corps rendu à un 
examen attentif, le suspendre dans une assez grande quantité d’eau, 
pour le laver et le débarrasser des matières qui pourraient l’en- 
- velopper et pour permettre son extension complète : alors on 
pourra avoir égard aux observations suivantes. 

Les corps rendus par l'espèce humaine avec les évacuations na- 
sales, salivaires, pulmonaires, stomacales, duodénales, alvines 
ou uretrales , peuvent être de deux natures très-différentes, ve- 
gétale ou animale. 

Dans le premier cas, la structure seule du corps rejeté doit suf- 
fire pour reconnaître sa nature , surtout si l’on joint à cela la con- 
sidération de la forme extérieure, qui ne peut être régulière ou 
symétrique si ce n’est pour les fleurs, tandis que dans un ento- 
zoaire comme dans tout autre animal, elle l’est constamment. 

Dans le second cas, ce sont des produits animaux, des parties 
d’animaux , ou enfin des animaux tout différens des entozoaires. 

Quand ce sont des produits animaux, comme ce qu’on nomme 
des concrétions lymphatiques , la structure non celluleuse et seu- 
lement gélatineuse, ainsi que le défaut de symétrie dans la forme, 
ne peuvent laisser longtemps dans le doute un observateur de 
bonne foi; mais, pour en faire l’examen , il faut mettre le corps dans 
l’eau, 

Des parties d'animaux sont encore peut-être plus aisées à re- 
connaître, pour peu qu’on ait quelques connaissances grossières 
d'anatomie , et l’on est réellement étonné de voir que le docteur 
Annibal Bastiani et le corps tout entier des médecins et des natu- 
ralistes de l’académie de Sienne, devant lequel en fut fait, en 
1777, l'examen extérieur et intérieur, n’ait pas reconnu que son 
prétendu animal bipède n’était autre chose que l’appareil hyola- 


APPENDICE. 533 


ryngien d’un oiseau, quoique le secrétaire de ceile académie, 
dans une note ajoutée au mémoire de Bastiani, ait dit: E provato 
abbaitanza essere il verme vero , verissimo animale vivente. 

Si ce sont des animaux plus ou moins tronqués , un peu de sa- 
gacité et quelques bonnes figures d’animaux devront suffire pour 
reconnaître aisément l'erreur. 

Enfin, quand ce seront des animaux complets , quelques con- 
naissances de zoologie, et surtout pour les médecins qui en man- 
quent, ce quiest malheureusement trop commun, de bonnes 
figures d'animaux faciliteront la reconnaissance. 

Ils auront aussi bientôt reconnu si c’est un animal vertébré, et 
par conséquent une supercherie ; car, quoi qu’on en ait dit, il n’est 
guère admissible que même un reptile, lézard ou couleuyre, ou 
un amphibie, grenouille , crapaud, ou salamandre eût pu s’intro- 
duire dans le canal intestinal d’un homme, par accident, et sans 
que celui-ci s’en füt aperçu. 

Si c’est un animal articulé exterieurement, ce qu'il est fort aisé 
de voir , on pourra se guider d’après la distinction du nombre des 
articulations, et l'existence ou nôn des appendices sur leurs côtés. 

Tous les entozoaires connus jusqu'ici ont les articulations de 
leur corps peu ou point marquées, mais toujours fort nombreuses 
et sans traces d’appendices locomoteurs ; par conséquent on ne 
peut les confondre ni avec les myriapodes, ni avec les chétopodes 
ou néréides qui, ayant des articulations très-nombreuses, les ont 
très-distinctes, et pourvues d’appendices complets ou incomplets. 
Par la même raison ils ne peuvent l’être avec les larves ou vers 
d’hexapodes qui , si quelquefois leurs articulations sont peu mar- 
quées et sans pattes , n’ont jamais des premières au-dessus de qua- 
torze, ni des secondes au-dessus des trois paires. 

On ne peut cependant nier qu’il soit à peu près impossible de 
ne pas confondre plusieurs entozoaires avec plusieurs animaux ex- 
térieurs , par exemple les filaires avec quelques gordius, certaines 
fascioles avec des planaires, et peut-être même quelques siponcles 
avec plusieurs ascarides. Il n’y a peut-être alors que la couleur 
presque constamment blanche, du moins à l’extérieur , qui puisse 
servir à assurer qu’un de ces animaux similaires présenté à l’exa- 
men d’un médecin soit un ver intestinal ou non. 


534 APPENDICE. 


La question des véritables hydatides n’est peut-être pas 
moins difficile à résoudre, à moins que d'admettre la definition 
tranchée de M. Bremser , ce que je suis assez porté à faire. Ainsi, 
toutes les fois que, dans une partie quelconque de l’homme, on 
trouvera une ou plusieurs vessies pleines d’eau, de forme ou de 
grosseur variable, libres et flottantes dans une sorte de vessie ad- 
hérente au reste de la partie, et en continuité de substance avec 
elle, on pourra les regarder comme des hydatides simples ou des 
acéphalocystes ; mais, s’il y avait une adhérence quelconque vas- 
culaire ou celluleuse entre la vessie et le kyste, ce ne serait plus 
une véritable hydatide animée. On conçoit cependant que, par 
suite de la mort d’une hydatide simple et de sa désorganisation, 
l’adhérence puisse avoir lieu. C’est peut-être ainsi qu’ii faut con— 
sidérer les hydropisies enkystées de l’ovaire, à moins que de 
croire que les espèces de kystes qu’on remarque souvent dans ses 
parties, et surtout dans les vieilles filles, ne soient dues au déve- 
loppement contre nature des calices des germes qui n’auraient 
pas pu suivre leur accroissement normal par défaut d’action du 
fluide spermatique. 

Quant aux hydatides en grappe de l’utérus , s’il n’y avait point 
de continuité de substance avec les parois de cet organe, et s’il y 
avait seulement adhérence, on pourrait croire que ce serait le 
germe ou le fœtus lui-même, ou son placenta, qui se serait pour 
ainsi dire développé en hydatides simples. 

Au sujet de cette singulière espèce d’hydatides qui se forment 
souvent dans la matrice, tantôt isolées, tantôt avec adhérence avec 
le fœtus ou avec le placenta, et que M. Weismansel a nommé 
hydrometra hydatica , il est très à regretter, dit le critique alle- 
mand, que M. Bremser n’ait pas connu l'excellent mémoire de 
Gregorini : De hydrope uteri et de hydatidıbus in utero viris aut ab eo 
exclusis, Halæ, 1794 ; car il en aurait au moins fait mention dans 
sa bibliographie. La figure qu’il cite de Bidloo n’est pas à compa- 
rer avec celle de Gregorini, qui représente une tres-grande möle 
vésiculaire dans laquelle est contenu un fœtus, et qui existe dans 
la collection de M. Meckel. Quoique Gregorini ait pu recueillir 
toutes les observations qui ont trait à son sujet, il en a omis lui- 
même un très-grand nombre, comme M. le professeur Sprengel 


APPENDICE. 535 


l'a fait voir dans un mémoire ex professo sur cetle matière, Le der- 
nier cas de ce genre se trouve consigné dans un article de M. Le- 
mon, dans le vol. x1, p. 96-100 de l’Edimburgh medical and sur- 
gical Journal, et qui a pour titre : Case in wich a mass ressemblins 
a placenta without a fœtus, was discharged from the womb. 

M. H. Cloquet a aussi rapporté dans sa Faune des médecins, 
p. 133, un cas analogue; il y figure , pl. IV, la masse d’hydatides 
sous la dénomination d’acéphalocyste en grappes, acephalocystis 
racemosa. Dans ce même ouvrage M. Cloquet a recueilli avec soin 
toutes les observations qui ont un rapport plus ou moins immé- 
diat avec son article 111 des acéphalocystes , qu'il envisage d’une 
manière assez complète. 


Des causes de la formation des vers intestinaux. 


Dans ce chapitre , qui commence la seconde partie de son ou- 
vrage, M. Bremser ne parle que des vers qui séjournent dans le 
canal intestinal ; les causes de la formation , de même que le dia- 
gnostic et le traitement de ceux qui vivent ailleurs paraissant jus- 
qu'ici beaucoup trop obscurs. 

Sans admettre la théorie de notre auteur , qui du reste n’est que 
le développement de la manière dont il conçoit la génération des 
entozoaires en général, on ne peut nier qu’elle ne se trouve assez 
bien concorder avec les faits et les lier d’une manière ration- 
nelle et fort satisfaisante ; par conséquent elle mérite d’être prise 
en considération. Quelques personnes ontcependantregardé comme 
peu vraisemblable que des vers puissent se former des humeurs 
versées à la surface du canal intestinal ; et l’auteur de la Chronique 
autrichienne, qui admet cependant bien complétement la généra- 
tion spontanée des entozoaires, pense que ce sont les parties 
même de l'intestin, comme son tissu cellulaire , ses villosités qui 
s’allongent , et qui jouissent peu à peu d’une vie indépendante ; en 
sorte qu’il voit dans cette transformation une ramification de l'in- 
testin , comme chez les polypes. Les hydatides ne sont très-proba- 
blement, suivant lui, que du tissu cellulaire pourvu de suçoirs. 

On a pu voir, p. 349, que M. Bremser paraît assez porté à 
croire que l'usage du lait peut contribuer à la formation des vers 


536 APPENDICE. 


intestinaux. Le critique allemand de la gazette de Salzbourg , trou- 
vant que cette assertion n’est pas dépourvue de vraisemblance, 
cite.à l'appui l'observation , quela plupart des enfans des paysans 
de la contrée qu’il habite sont très-tourmentés par les vers, et 
qu'ils se nourrissent principalement de pain de seigle, de pommes 
de terre, et surtout de lait, dont ils boivent régulièrement trois 
fois par jour. 

Une autre opinion de M. Bremser, que la nourriture maigre, 
composée de substances peu nutritives, n’estpas propre à favoriser 
la formation des vers intestinaux proprement dits, et que leur plus 
grand ennemi est la faim de l'animal dans lequel ils séjournent, 
s'accorde parfaitement avec l'expérience du même critique, qui 
pense même que l’on peut en tirer l’explication, pourquoi surtout 
les ascarides sortent par les deux orifices du canal intestinal de la 
personne malade, qui n’avait encore pris aucun médicament. Il se 
pourrait aussi que certaines maladies déterminassent la sortie na- 
turelle de certains vers ; par exemple, il paraît que le iænia ne 
peut rester dans le canal intestinal des personnes affectées de fièvre 
intermittente, et que les ascarides lombricoïdes sortent de celui 
des enfans atteints de fièvre intermittente ou plutôt encore du ty- 
phus, ce qui a porté quelquefois à penser que c'étaient ces vers 
qui avaient occasioné ces maladies. 


Du diagnostic de la présence des vers intestinaux. 


Quoique l’auteur de l'analyse italienne citée plus haut ait forte- 
ment critiqué M. Bremser au sujet de cette partie de son ouvrage, 
qu’il regarde comme fort incomplète, en la comparant avec ce . 
qu'a dit M. Brera sur le même sujet, il est évident qu'elle est bien 
suffisante , et qu'aucun des symptômes importans n’a été oublié. 

Après avoir donné tous les caractères qui indiquent la diathèse 
vermineuse en général, il rapporte successivement ceux qui peu- 
vent faire présumer la présence de telle ou telle espèce de ver in— 
testinal. Nous n’avons done que très-peu de chose à ajouter à ce 
que dit M. Bremser, surtout parce que M. le docteur Grundler l’a 
fait au fur et à mesure que s’en est présentée l’occasion. 

Nous allons nous borner à rapporter quelques faits qui sem- 


. APPENDICE. 537 


blent prouver que les ascarides lombricoïdes peuvent percer le 
canal intestinal , et pénétrer dans la cavité péritonéale. 

A ce sujet M. Bremser , adoptant la manière de voir de M. Ru- 
dolphi, pense que c’est certainement à tort que l’on admet que les 
ascarides lombricoïdes perforent les intestins , et par la causent la 
mort (p. 385). La preuve tirée de ce que ces animaux n’ont pas 
d'organes propres à effectuer cette perforation n’est pas tout-à- 
fait irrécusable ; car , sans admettre avec Jacopi, comme le fait le 
critique italien, que la bouche de ces animaux est armée de trois 
pointes cornées, formant par leur réunion un instrument tres- 
aigu , il est cependant vrai que les espèces de valvules qui l’entou- 
rent sont assez dures et même un peu tranchantes, du moins à 
leur bord. D'ailleurs les vers de terre qui ont leur bouche encore 
moins armée que les ascarides, ne percent-ils pas la terre, il est 
vrai humide, par la forme pointue et l’espece d’erection dont 
l'extrémité antérieure de leur corps est susceptible; les lombri- 
coïdes ne pourraient-ils pas en faire autant , surtout si les parois 
du canal intestinal étaient préalablement ramollies par la suite de 
quelque inflammation, ou mieux peut-être si le ver a introduit 
l'extrémité de son corps dans quelque orifice des glandes de Peyer, 
qui sont le plus souvent les parties qui s’enflamment les premières 
dans les affections du tube intestinal, et lorsque la maladie dont le 
sujet est atteint force ces animaux de désirer un séjour qui leur 
convienne davantage ? 

Le critique italien cite, à l'appui de son opinion contraire à 
celle de MM. Rudolphi et Bremser , des observations de M. Gau- 
tier de Claubry , insérées dans le Nouveau J ournal de médecine 
de Paris , juillet 1818, où celui-ci, en rapportant plusieurs exem- 
ples de perforation del’estomac occasionée par des ascarides , 
conclut que chaque ver effectue une ouverture particulière , et 
que jamais deux individus ne passent par la même; que les bords 
de ces orifices tombent en suppuration et en gangrène, et que 
par là ils arrivent dans la cavité abdominale, où l’on en rencontre 
d’une grosseur extraordinaire , puisqu'il en a vu qui avaient de six 
à onze lignes de circonférence. 

Il aurait pu citer également le fait observé par M. Fischer et 
inséré dans sa Dissertation sur l’hydatide du plexus choroïde, d’une 


538 APPENDICE. 


vieille femme de soixante ans, qui s'était laissée mourir de faim, 
et sur le cadavre de laquelle il trouva le cœcum percé de deux 
trous ronds assez grands, dans l’un desquels un ascaride avait 
son corps à moitié engagé, tandis qu’un autre individu, qui sans 
doute avait passé par l’autre trou, était déjà dans la cavité abdo- 
minale. 

Il aurait troavé contraire à cette manière de voir l’observation 
faite sur l’évacuation des lombricoïdes à travers les tégumens de 
l'abdomen par Mécanly, et qui a été publiée daus le tom. rır, 
p- 491-498 de I’ American medical recorder. 

Nathaniel Ramsey cite plusieurs cas qui prouvent que des vers 
et des hématodes ou pierres de sang (concrétions sanguines en- 
durcies sans doute } peuvent se trouver en même temps dans les 
intestins, et il ajoute qu’il est probable que ces deux affections 
sont en rapport entre elles. Voy. Medico-chirurgical transactions de 
Londres, vol. 1x, part. II, 1818.) 

On trouvera une dissertation particulière sur les vers de l’es- 
tomac par le docteur Jos. Klapp, dans le journal de Philadelphie 
intitulé The American medical recorder, vol. II, n°. I, 1820 , où 
le diagnostic de cette maladie est analysé. 

Quant aux vers trouvés dans l’estomac d’une maniaque dont 
parle Hagner, dans le journal intitulé Zeëstchrift für psychische 
aerzie von Nasse. 4% heft, 1818, Leipzig, p. 514, il faut remar- 
quer qu’il y avait aussi des hydatides dans le plexus choroide ei 
et d’autres anomalies dans le cerveau. 

Quoique M. Bremser , dans ce chapitre, n’ait parlé que des vers 
qui séjournent dans le canal intestinal, nousallons donner l’histoire 
des phénomènes qu’a présentés la malade sur laquelle M. Rent- 
dorff a observé les echinoccoques, et dont nous avons parlé plus 
haut, parce qu’elle nous a paru aussi complète que curieuse. 


Historia morbı. 


Guilelma Ohle, Berolinensis, anno ı811, parentibus, bona 
valetudine gaudentibus, nata est. Partum difficilem , et forcipe 
absolutum esse commemorare non alienum existimavi. Puella, 
matre affırmante, tenerrima state bona, si nonnullas levioris mo- 


APPENDICE. 339 


menti ægritudines excipias, valetudine gravisa est. Quinto et sexto 
ætatis anno bis terve laborabat capitis impetigine, quæ, nullo 
curante medico, paulo post sponte evanuit. Mense julio anni 
proximi ægrota, septem annos nata, febre corripiebatur vario- 
losa, quæ cum graviora non præ se ferret signa, matri adeo vide- 
batur benigna, ut medico opus ‘non esse existimaret. Decimo 
quarto morbi die puella convalescens vehementioribus ita vexa- 
batur subito convulsionibus, ut mentis impos fieret. Neque de 
hoc morbo mater consuluit medicum, quia convulsiones, quæ 
primo quidem die , quo videbantur , ter, altero totidem redierant, 
proximis omnino remiserant. Eodem anno ægrota, e mensa pr&— 
cipitata , tam vehementer in occipite offendebatur , ut totum caput 
doleret; qui casus, doloribus postero die cessantibus, sympto- 
ınata nulla reliquit. Quod ad animi puellæ indolem pertinet, us- 
que ad annum zetatis octavum satis exculta videbatur. Ab*hoc 
autem tempore filiam initio minores , postea nullos in iis, quibus 
puellæ institui solent, progressus fecisse mater animadvertebat 
Puella usque ad octayum annum ita robusta et sana erat, ut op- 
tima eam gaudere valetudine dixeris; post sæpe laborabat levioris 
momenti ægritudinibus ; alvus ei plerumque vel oppressa, vel, si 
ducebatur , pituitosa erat, ejusque ventriculus interdum adeo ex- 
pletus sordibus, ut he vomitu sponte redderentur. Mense aprili 
anni abhinc proximi puella, octo annos nata, valde refrigerata , 
hora præterita tam vehementes pede sinistro sentiebat dolores, ut 
claudicare cogeretur. Qui, cum per quatuor hebdomades duras- 
sent, etiam brachium sinistrum capiebant, ut ad nullum officium 
perficiendum idoneum remansisset. 

Quæ cum esset morbi conditio, ægrota die VII mensis juli 
anni præteriti medici auxilium in instituto polyclinico, quod viro 
perill. C. W. Hufeland rectore hac urbe floret, quæsivit; et conti- 
git, ut curatio morbi ejus mihi committeretur. 

Quamquam morbi conditio, qualis sit, jam ex relatis cognosci 
potest, oportet tamen , ut etiam horum faciam mentionem; pul- 
sus paululum frequentior , in utraque arteria radiali idem sentieba- 
tur, tussis nulla , respiratio bona, caput non affectum , pro totius 
quidem corporis ratione paululum justo majus , oculorum pupillz 
naturali conditioni convenientes, visus et auditus sani, functiones 


54o APPENDICE. 


intestinorum non læsæ, dolores abdominis nulli, vermes denique 
nunquam erant excreti. Itaque morbus hemiplegia rheumatica no- 
minandus, et usum eorum postulare videbatur remediorum , qua 
oppressam cutis functionem restituerent, nervosque incitarent. 
Quæ ut amoverem indicia , ægrotæ rationem vivendi morbo aptam 
commendavi, præter hoc eam infuso flor. arnic., rad. valerian. 
min. cum spirit. sulph. æth. et syrup. simp. uti jussi; simul pul- 
veres, ex calomel. , sulph. antim. aur. et extr. aconit. paratos, su- 
mendos ei dedi, neque alienum existimavi partes doloribus affec- 
tas unguent. nerv., cui tinct. canth. admixta esset, bis quotidie 
perfricare, et emplastrum vesicatorium in scapula sinistra ponere. 

Tribus præteritis diebus , medicamentis bene adhibitis , morbus 
in melius mutatus videbatur , dolores remiserant, corporis partes 
afflictæ facilius poterant moveri; neque erat, quod remedia, qua 
adhibenda præscripseram , cum aliis mutarentur. 

AÆgrotam die XII mensis julii aggressus, eam pedem quidem 
facilius movere, brachium autem minime posse observavi. Alvus 
ei erat oppressa, quamobrem , ut duceretur, enéma injici Just. 

Sequentibus quatuor diebus ægrota bene , si hemiplegiam ex- 
cipias, se habebat; quinto autem die cibum assumptum unacum 
magna pituitæ copia bis sponte vomens excernebat ; frequenter 
laborabat ructibus, cupiditate edendi carebat, linguam ostendebat 
pituita obtectam, ejusque pulsus frequens et durior febrieulam 
adesse indicabat; de capitis autem doloribus filia non querebatur. 
Hæc cum animadvertissem symptomata, ægrotæ vomitorium , 
quo ventriculus sordibus liberaretur, sumendum præbui, quod 
sumptum quater excitabat vomitus, quibus magna pituitæ copia 
ejiciebatur. 

Postero die ægrota melius se habebat; pulsum ejus condition: 
normali convenientem, linguam minus, quam pridie, sordidam 
observavi, et alvum satis frequenter- ductam esse mihi denuntia- 
batur ; ab omnibus igitur eam remediis internis abstinere, externis 
autem continuo uti jussi. 

Die XIX mensis julü egrota , lectulo affixa, quinque conyulsio- 
nibus vehementer vexabatur, quæ maxime brachium et pedem 
sinistrum corripiebant, et quarum quisque impetus per horæ qua- 
drantem durabat; pollices in volam flexi, animi defectus , magna 


APPENDICE. hr 


_ denique corporis lassitudo et sopor, quemque impetum secuti, 
epilepticas eas fuisse perspicue probabant. Palsus inzequalis erat 
et parvus, urina tenuis et alba. Vespere, convulsionibus remit- 
tentibus , puella ter sponte vomebat, dolorem in regione cardiaca 
sentiebat , linguam habebat flavescentem, pituita obtectam. Vomi- 
torium igitur præscribendum videbatur. 

Postero die ægrota, quæ vomitorio sumpto ter vomuerat , de- 
nuo conyulsionum impetu concutiebatur , qui binis interpositis 
horis, quater redibat. Pulsus vespere erat frequentior , inzequalis , 
debilis. Paralysis pedis sinistri, cum valde remisisset, puella am- 
bulare, simul brachium sinistrum melius movere potuit. Edendi 
cupiditas erat depravata, lingua albescens , urina ex albo flaves- 
cens , alvus adstricta, quare solutionem ex elect. lenit., tartaro 
tartaris. cum vino stibiat. paratam sumendam dedi; præter hoc 
partes resolutas ung. nervin. cum tinct. canth. perfricari, et ulceri 
arte effecto ung. irrit. quotidie imponi jussi. 

Die XXII mensis julii puella, quæ nocte præterita bene dor- 
mierat, et mane alvum bis duxerat, melius se habere et hilaris 
videbatur ; pomeridiano tempore denuo corripiebatur convulsio- 
nibus , quæ per decem circiter sexagesimas horse durantes , minus 
antecedentibus erant vehementes. Vespere doloribus partium re- 
solutarum auctis, ægrota, neque manum sinistrum ad caput mo- 
vere , neque meare potuit; quamobrem cruri etiam emplast. vesic. 
imponebatur. Coeterum morbi conditione non mutata, non erat 
quod remedia præscripta mutarentur. Cum convulsionum causa 
nondum remota videretur , intestinorum functio kesa, et oculo- 
rum pupillæ dilatatæ essent, eam vermibus , qui intestina occupa- 
rent, tribuendam suspicans, puellæ, pulvere ex rad. jalapp. et 
hydrarg. muriat. mit. composito , purgatæ , decoctum, ex semin. 
santon. cum tart. tartaris. paratum , sumendum præbui. 

Die XXIII mensis juli ægrota, convulsionibus non vexata, 
meliori gaudebat valetudine, caput ei non dolebat, et cibum as- 
sumere cupiebat ; lingua quidem pituita erat obtecta , et alvus, bis 
quotidie ducta, nullos excreverat vermes. 

Tribus diebus sequentibus morbus melior videbatur ; partes 
hemiplegia affectæ facilius poterant moveri, stercoris parum , id- 
que mucosum, vermes nulli dejiciebantur. 


54a APPENDICE. 


Itaque die XX VII mensis julii , ne convulsiones redirent, solu- 
tionem e sale mirab. Glaub. et elect. lenit. paratam sumi, simul 
partes resolutas bis quotidie ungi, et ung, irrit. ad ulceris suppu- 
rationem sustentandam adhiberi jussi. 

Proximis ad secundum usque mens. august. diebus, valetudo 
puellæ, si hemiplegiam excipias, in melius convertebatur ; caput 
non dolebat, et cerebri functiones, linguæ color, appetitus 
edendi, pulsus , alvus denique naturali conditioni convenientes 
videbantur. 

Die XVI mensis augusti puella magnam pituitæ copiam ter 
sponte vomebat, linguam ostendebat muco obtectam , et ructibus 
frequenter vexabatur ; quamobrem emeticum aptum existimavi, 
quo sumpto, melior valetudinis conditio efficiebatur. Morbus se- 
quentibus diebus non mutatus , nullam mutandorum medicaminum 
causam afferebat. 

Die XXV mensis augusti paralysis partium correptarum tanta 
erat, ut ægrota neque brachio, neque pede sinistro uti posset, 
simul de visu hebetiori querebatur , et pupillæ oculorum luce al- 
lata non diminutæ erant. Per quinque igitur hebdomades remediis 
accurate adhibitis, morbus tamen gravior, quam ineunte cura- 
tione exardebat. Quare de alia, quam initio, causa, quæ morbum 
sustineret, suspicatus, et alvum frequenter adstrictam, capitis 
magnitudinem pro corporis ratione paululum majorem respiciens ; 
in opinionem discessi, ab hydrope cerebri interno morbi sympto- 
mata esse deducenda. Iterum,, iterumque, quibus causa morbi 
detegi possit, ex ægrota quæsivi, nihil autem investigare potui. 
Morbum , quo se conversurus esset nullis remediüis sumptis, per 
nonnullos dies observarem , necesse existimans, ægrotam omni- 
bus antea adhibitis abstinere jussi; ut autem amblyopiæ, quæ fre- 
quenti asu florum arnic, fortasse affecta esset , mederer , camphor. 
cum gumm. mim, et acet. vin. illi præbui. 

Primo die mensis septembri puella, cum nonnullis diebus ante 
refrigerata esset, et ciho se obruisset , febre corripiebatur gas- 
trica , quæ ex nausea , lingua flavescente , pulsu frequenti et pleno, 
urina crocea cognosei poterat. Itaque vomitorium præscribebatur , 
et postero die, excrelis sordibus gastricis, febris symptomata 
mitigata observabantur. Tunc, ut alyus duceretur , solutionem , 


APPENDICE. 543 


ex elect. lenit. cum tart. tartaris. paratam præbui ægrotæ, quæ 
proximo die, febre omnino liberata , melius se habebat. 

Cum remedia bene quidem, sed frustra essent adhibita , et am- 
blyopia aucta, morbi symptomata ab hydrope cerebri interno esse 
deducenda certior eram factus ; aliam igitur curandi methodum , 
qua serum, præter naturam in cerebro accumulatum resorbere- 
tur, inire mihi proposui; et ægrotam pulveres ex hydrarg. mu- 
riat. mit., herb. digit. purp. flor. arnic. et sacch. alb. compositos 
sumi jussi, simul in scapula sinistra et in crure sinistro emplastrum 
vesicat. perpetuum ponere,, et resolutas partes ung, nervino cum 
linct. canth. quotidie perfricare non alienum putavi. 

Quam quam ægrota die III mensis septembri, quod ad morbi 
naturam , bene se habuerat, postero tamen vehementer quater cor- 
ripiebatur couyulsionibus epilepticis, et, cum remisissent, sopore 
tenebatur, vehementer stertebat, pulsus ei debilis erat, inæqualis 
et parvus. Præterea urina pallida erat, et alvus per biduum op- 
pressa, quare clyster injiciebatur , et inf. fol. sennæ cum sal. mir. 
Glaub. et vino stibiat. sumebatur. Postero die, purgataægrota denuo 
ter vexabatur convulsionibus, quibus cessantibus , morbus multo 
gravior factus videbatur ; paralysis enim gravior etamblyopia utrius- 
que oculiaucta erat,, urina insciente ægrota excernebatur , et tanta 
ipsi erat virium debilitas, ne lectulo se surgere posset, 

Die IV mensis septembri convulsiones plures faciebant impe- 
tus, singulum quemque priori minus vehementem. Paralysis par- 
tium aucta videbatur, urina ægrota inscia reddebatur , lingua erat 
sordida , alvus oppressa ; quamobrem medicamentum purgans adhi- 
bendum erat. 

Septimo mensis septembri et sequentibus diebus ægrota indies 
paululum melius se habebat, incontinentia urinæ omnino remise- 
rat, alvus quotidie ducebatur, et partes resoluta facilius moveri 
poterant; visus autem non melius videbatur. Usa tunc erat pulve- 
ribus ex hydrarg. muriat. mit. , floribus arnic. et herb. digital. purp. 
compositis; simul partes resoluiæ unguent. neryin. cum tinct. 
canth. ungebantur, et ulcera continuo suppurabant. 

Die IV et sequentibus mens. octob. diebus ægrota, quamquam 
meliuscule se habebat, nullam tamen conyalescendi spem præbuit. 


41 APPÉNDICE. 


Utebatur tune infus. flor. arnic. cum spirit. sulph. æth. et syrup. 
simpl., simul pulveribus ex hydrarg. muriat. mit., herb. digit. 
purp. camph. et sacch. alb. paratis. 

Die XV mens. octob. ægrota epilepticis subito härtiebare 
convulsionibus , quibus cum hora præterita ter sponte vomuisset , 
liberabatur ; alvum, per duos dies oppressam, ut duceret, infus. 
fol. sennæ cum tartar. tartaris. sumebat. Postero die alvus bis du- 
cebatur , neque convulsiones redibant. — Quæ cum ita essent, 
omnibus, excepto unguenti, quo coitus materiæ ex ulceribus 
fieret, usu , medicamentis puella per nonnullos dies abstinebat. 

Die XVIII mens. octob. ei proximis morbus, quamquam con- 
vulsiones non redierant , multo gravior videbatur ; pulveres igitur 
supra laudati denuo , et majori quidem portione sumebantur, et 
alyus clysteribus adhibitis sæpe erat ducenda. 

Die XX VI mens. octob. die ægrota adeo erat debilis, ut per se 
neque stare, neque in lectulo recta sedere posset, caput enim 
dextrorsum in pulvinar recidebat. Urina plerumque, excrementa 
alvi interdum inscia puella reddebantur ; amblyopia adeo creverat, 
utamaurosin eam dixeris, cum clarior etiam lux percipi vixposset; 
caput frequenter scabebat ægrota; sopor gravior et animi lenti- 
tudo aucta videbantur. Ne re negligeretur, occiput tonsum un- 
guento, e tartar. stibiat. drachmis duabus et axungiæ porcin. uncia 
ddr parato , quotidie perungebatur. Quo ide per quinque 
dies adhibito , pustulæ , pure repletæ , neque dolentes , nasceban- 
tur; morbus tamen nullo modo levior, neque amaurosis sublata 
videbantur. 

Die XXXI mens. octob. die præter morbi signa, quæ antea 
fuerant, oscitationes frequentes , respiratio bach et stertens , 

pulsus intermittens et frequens observabantur. Oculi et os ægrotæ 
AR late patebant ; lingua ei muco erat obtecta, appetitum 
ciborum ipsa non habebat, et ructibus frequenter vexabatur. Vo- 
mitorio sumpto melius se habebat. 

Primo die mens. novemb. nulla de morbo removendo spes ade- 
rat; excrementa enim dejiciebantur insciente »grota, oculorum 
bulbi erant collapsi , cutis coloris pallidi, et rerum memoria tra 
ditarum postera die puella erat immemor. 


APPENDICC. | 545 

Die XIV mensis septembri amblyopia valde erat progressa, 
pupille non nisi clariori luce incitante, paululum tantum, con- 
trahebantur ; oculi speciem propriam, quam amauroticorum so- 
lent, pr se ferebant; paralysis lateris sinistri eadem remanserat, 
memoria ita imbecillis videbatur, ut puellarum sodalium æorota 
vix recordari posset. Symptomata morbi respiciens, magnam fluidi 
alicujus copiam in cerebro esse accumulatam et pessimum illius 
exitum exspectandum existimabam. Ut vitam, etsi bona non erat 
recuperanda valetudo, quam diu fieri posset, sustentarem, ad 
methodum roborantem et incitautem adhibendam confugi. Itaque 
puellam alimenta facilia concoctu et nutrientia sumere, præterea 
decoctum rad. arnic. cum rad. valerian. minor. et extr. aloes aquos. 
haurire, porro pulveres ex hydrarg. muriat. mit., herb. digit. 
purp., camph. et sacch. albo paratos adhibere , denique in cervi- 
cibus emplast. vesicat. ponere, et cæteris remediüs iternis continuo 
uti jussi. 

Die XVI mens. septemb. et sequentibus diebus conditio morbi, 
remediis bene adhibitis , indieis pejor fiebat; ægrota res minutas 
oculis oblatas non cognoscebat, lecto semper affixa tenebatur , 
caput dextrum sæpe scabebat , de doloribus ejus autem non quere- 
batur, solito magis dormiebat, olfactus et auditus hebetiores erant, 
matris amorem et curam lente accipiebat, et de appropinquante 
morte haud evitanda sæpius loquebatur. Pulsus plerumque erat, 
satis frequens , debilis, maxime in membris sinistris, vicesimus 
quisque intermiltebat, partes resolutæ paulisper erant sanis frigi- 
diores , alvus, quotidie ducta , stercora magna muci copia obtecta 
excernebat. Cum in curandi methodo nihil mutandum videreiur à 
vivendi ratio et remedia, quæ præscripseram, continuo adhibe- 
bantur. 

Die Ill mens. octob. gravior , quam præterito, videbatur mor- 
bus, cujus rei causa detegi non poterat. Lethargus et animi lenti- 
tudo valde erant aucta , pulsus frequens, parvus et intermittens, 
cutis arida , lingua ex albo flavescens , urina pallidı, ejusque copia 
satis magna , alvus denique per biduum oppressa. Quare injicie- 
batur clyster, et cum remediorum adhibitorum optima viderentur 


vesicanlia, ulcera, ut suppurarent, unguent. cantharid. irrita- 
bantur. 


35 


546 APPENDICE. 


Die ll mens. noyemb. ægrota, sponte vomens , jus sumptum 
reddidit. 

Die VI mens. novemb. convulsionum impetu corripiebatur, 
et per horam dimidiam mentis non erat compos. Facultas loquendi 
sublata videbatur, interrogata enim non nisi signis datis respon- 
dere studebat ; adeo difficile audiebat,, ut clariorem tantum vocem 
excipere posset; me jubente linguam, non nisi maxima opera, 
porrigebat. Amaurosis ad summum usque erat aucla , membrana 
conjunctiva bulbi inflammata. Partes sinistræ corporis non nisi 
vehementiori digitorum vellatione afficiebantur dolore, et mox 
calidæ erant , mox frigidæ , plerumque tamen cæteris frigidiores ; 
multum sudorem tenacem et odoris acidi emittebat, scabebat se- 
pius caput dextrum, pulsus ei debilis erat , inæqualis et frequens, 
duodevicesimus quisque intermittebat, spiritum illa stertens et 
difficilius reddebat ; excrementa insciente ipsa excernebantur. Quæ 
cum esset morbi conditio pulveres, ex calomel., florib. arnic., 
herb. , digital. purp., camph. et sacch. alb. parati, sumebantur ; 
simul ulcera in occipite , cervicibus, scapula et crure arte effecta 
irritabantur. 

Die VII mens. novemb, ægrota mane per horam dimidiam con- 
vulsionum impetu concutiebatur , quem gravis sopor sequebatnr; 
vespere et postero die convulsiones multo leviores antecedentibus 
redibant. De vehemente siti ducta, multa bibebat, brevi post au- 
tem evomebat ; interrogata non voce , sed signis respondebat, Al- 
vus per biduum oppressa clystere injecto ducebatur. 

Die IX mens. novemb. ægrota mane vexabatur convulsio- 
nibus , quæ postero die denuo faciebant impetum. Morbi conditio 
quam maxime pessima erat, pulsus parvus , inæqualis, intermittens 
et tardus ; urinam et stercus inscia excernebat ægrota ; moribunda 
in inferiorem lectuli partem prolabebatur, dentibus sæpe frende- 
bat, spiritum stertens trahebat, potum vix devorare poterat, 
omnia mortis instantis signa præseferebat. Vespere puella levio- 
ribus iterum corripiebatur convulsionibus, quibus remittentibus 
facultatem loquendi recuperabat ; morbum suum brevi transactum 
fore æquo animo profitebatur, et matri interruptis verbis valedi- 
cebat. Haud multo post sopore tenebatur, et secunda hora post 
mediam noctem convulsionum impetu correpla, animum eddidit. 


APPENDICE. 5! 


_ 
1 


De üs que in funeris capite dissecta observata sunt. 


Die altero post mortem cerebri conditionem , præsente viro cl. 
Busse, medico aulico , et assistentibus viris doct. Otto,M.DR 
et Grape M. D D. ut morbis causa cognosceretur, dissecando in- 
vestigavi. — Priusquam autem de iis agam , quæ in cerebro nobis 
apparuerint, de corporis symptomatibus nonnulla dicenda viden- 
tur. Membra totius corporis rigidissima , vix flecti poterant. Volæ 
manuum et ungues coloris erant cærulei. Digiti manuum pedum- 
que , przecipue pollices valde erant flexi. Integumentum abdominis 
maculis non erat obductum ; partes, quibus nisum jacebat corpus, 
imprimis ex scapularum , coccygis et natum , ut solent,, fuso san- 
guine observabantur repletz. — De capitis magnitudine jam supra 
mentionem feci. Integumenta ossium cranü integra reperiebantur. 
Fonticuli omnino erant clausi; suturæ calvariæ nihil præsefere- 
bant, quod naturali conditioni non convenisset. Cranium serra 
‚circumfissum adeo adhærebat duræ matri, ut ab hac vix sejungi 
posset , ipsum miræ erat tenuitatis et levitatis, crassioribus parti- 
‚bus lineæ fere et dimidiæ, tenuissimis vix dimidiæ. — Cerebrum 
paulisper erat sueto firmius, coloris flavescentis , pallidi, et vasis 
sanguiferis repletum. Hemisphærium cerebri dextrum propemo- 
dum tertia parte sinistro majus animadvertebatur. Cum dura mater 
latere dextro incisa et remota esset, cerebri partem, quæ ventri- 
culum lateralem tegebat , crassitudinis invenimus lineæ tantum di- 
midiæ ; hac parte remota , tanta hydatidum copia in conspectum 
nobis veniebat , ut ventriculi cavum mire esset dilatatum , neque 
cornu ejus anterius discerni posset. Omnis hydatidum copia tunica 
propria erat circumdata , quæ ob tenuitatem suam una cum hydati- 
dibus e ventriculo tollinon poterat. Omnibus remotis hydatidibus, 
cerebri , pars, qua ventriculum dextrum constitueret, propemo- 
dum omnino deesse videbatur, ipsa enim ad latus utrumque cras- 
situdinis erat linearum trium usque ad quatuor , et in fundo mem- 
branam tendineam æquabat. — Uterque plexus choroideus coloris 
pallidi, et sanguine carens reperiebatur; dexter autem multo erat 
sinistro major. Nuspiam vasa cerebri sanguine valde impleta, ne- 


85: 


548 APPENDICE. 


que sanguis ex vasibus progressus videbatur. — Ventriculus late- 
ralis sinister aquæ continebat circiter unciam ; etiam ex medullæ 
spinalis canali aqua profluebat. — In basi encephali nervi optici, 
acustici , trigemini , olfactorii a eonditione naturali non cedebant. 
— Glandula pituitaria, quam in epilepticis mortuis majorem se 
reperisse contendit Wenzel, integra videbatur. — Glandula pinea- 
lis nullum continebat acervulum , qui in hominum ætate provec- 
tiorum cadaveribus plerumque reperitur. — In cerebello nihil 
notatu dignum observabatur. Neque thoracis , neque abdominis 
viscera dissecari permittebat mater. 


Traitement hygiénique et thérapeutique contre les vers intestinaux. 


Les considérations de notre auteur sur les moyens hygiéniques 
ct thérapeutiques propres à combattre la diathèse vermineuse en 
général , et les vers en particulier , sont en rapport avec l’etiolo- 
gie de la maladie ; M. Bremser insiste avec grande raïson , ce nous 
semble , sur le principe qu’il est moins important de combattre les 
vers actuellement existans, que les causes qui peuvent en deter- 
miner la formation ou la reproduction, et sur cette observation 
que, très-souvent , les remèdes inconsidérément administrés sont 
plus nuisibles au malheureux malade que la présence des vers in- 
testinaux regardés comme les plus dangereux. Dans un cours spé- 
cial sur les vers intestinaux , que nous fimes en 1813 à la faculté 
des sciences , nous avions été assez heureux pour être conduits aux 
mêmes résultats, beaucoup plus, il est vrai, par la théorie que par 
la pratique. Au reste, on ne peut guère nier que M. Brera n’ait 
admis à peu près les mêmes conséquences , quoiqu’iln’ait pas suivi 
la même division des médicamens vermifuges. 

Dans ce chapitre, M. Bremser parle successivement des diffé 
rentes espèces de remèdes qu’on a proposés successivement contre 
les vers , en les partageant suivant leur mode d’action ; après quoi 
il rapporte avec toute la bonne foi convenable les systèmes de irai- 
tement que les médecins ont employés contre telle ou telle espèce 
de vers. 

On peut sans doute trouver quelque chose à reprendre dans sa 


APPENDICE. 549 


classification des remèdes vermifuges , parce que dans la nature 
3 n’y a rien d’absolu ; et il a pu en oublier quelques-uns , parce 
qu’un ouvrage hnmain ne peut être parfait. 

Il est évident en effet, comme le fait justement remarquer le cri- 
tique allemand, que M. Bremser range à tort les carottes, mangées 
crues ou räpees, comme un remède dont l’action est mécanique , 
puisque le suc de cette racine agit également comme vermifuge , et 
que d’ailleurs des pommes et autres substances mangées crues 
devraient agir d’une manière mécanique aussi bien que les carottes. 

Il ne paraît pas probable, ajoute ce même observateur, que la 
propriété vermifuge de l’helminthgcorton , ou mousse de Corse, 
dépende du sel marin qui s’y trouve adhérent ; car il y en a en si 
petite quantité, que c’est à peine si on le sent au goût. 

Le camphre lui semble un excellent remède contre les ascarides, 
car on-observe qu’ils sont évacués chez les enfans auxquels on ad- 
ministre cette substance. 

Le même critique a employé souvent avec le plus grand succès 
l’huile de térébenthine contre le tænia. Il est vrai cependant que 
cette espèce de vers reparait souvent après l’emploi de ce remède; 
mais ne peut-on pas faire la même objection pour beaucoup d’au- 
ires vermifuges. 

Il ne partage nullement l’opinion de M. Bremser , suivant lequel 
le mercure doux ne serait qu’un simple purgatif privé de véritables 
propriétés vermifuges ; car il a observé que de très-petites doses de 
ceite substance qui n'avaient pas d’action purgative ont cependant 
produit l’évacuation d’ascarides. Il cite, à l'appui de cette manière 
de voir, la grande confiance que les médecins anglais , et spéciale- 
ment le célèbre docteur Latham , ont dans le calomélas employé 
comme vermifuge, comme le prouve le mémoire de celui-ci 
intitulé : Some observations respecting the medicines usually given in 
worm cases, with remarks upon the collateral advantages some times 
derivedfrom them in cases ofepilepsy (Médical. trans. , Lond., 5° vol.) 

Nous venons de dire que, sans aucun doute, parmi un si grand 
nombre de substances réputées vermifuges, M. Bremser a dû en 
oublier quelques-unes, comme le lui reproche amèrement le cri- 
tique italien. En effet, on trouve qu'il a passé sous silence l'huile 
essentielle d’ail, les graines du papayer (carica papaya, L.), le 


550 APPENDICE. 


deléa officinale, le lonicere , le tabac, la noix vomique , le phel- 
landrinm aquatique, le psoralier , le diagrede sulfuré , le muriate 
d’ammoniaque, l’antimoine , le sulfure d’etain d’apres le procede 
d’Alemanni , le zinc, le soufre , les eaux sulfureuses; substances , 
il est vrai, assez généralement peu employées, ou dont le mode 
d'action rentre dans celui de plusieurs des médicamens dont 
M. Bremser a parlé. 

Quant à l’étain , que le critique italien dit aussi avoir été passé 
sous silence , il est certain que M. Bremser en a parlé à l'article de 
la méthode d’Alston, p. 455. 

L’acide prussique a été également oublié. Voyez à ce sujet Brera, 
Nuovi commentari re medic. et chir., ann. 1818, sem. seg., p. 195. 

Il paraît qu’il n’a pas non plus rapporté absolument toutes les 
méthodes de traitement qui ont été proposées contre les vers. Du 
moins, le critique italien lui reproche d’avoir oublié celles de Ro- 
senstein et Meier, dont Brera a parlé, qui consistent, l’une à faire 
avaler au malade une grande quantité d’eau froide après un purga- 
üf (ne vaudrait-il pas mieux que ce fût avant ?), et l’autre à donner 
toutes les heures une cuillerée à café de carbonate de magnésie, et 
aussitôt après une autre cuillerée de tartrite acidule de potasse. 
Quant à l'oubli de l'emploi de l’huile de ricin si vantée par 
Odier, M. Bremser en a réellement parlé à l’article de cette 
huile, en rapportant la méthode de ce médecin, p. 479. 

On pouvait sans doute aisément allonger beaucoup la liste des 
méthodes de traitement et des médicamens proposées contre les 
vers en général, et contre chaque espèce de ver en particulier 
qu’a donnée M. Bremser ; mais , comme cela serait sans beaucoup 
d'avantages, nous nous bornerons à ajouter quelques-unes de 
celles qui nous sont presque tombées sous la main. 

Colin Makensie, dans un ouvrage anglais intitulé Operative cy- 
clopedia, qui contient cinq mille procédés ou recettes , annonce 
qu’un médecin, d’une grande autorité en Italie, a donné avec le 
plus grand succès l’essence de bergamotte à la dose d’un ou deux 
gros mêlée avec du miel ; il ajoute que ce remède agit plus ef 
cacement que l’essence de térébenthine et que le naphte dans le 
traitement contre le tænia ou telle autre espèce de ver que ce soit. 


| 


APPENDICE. 551 


On trouve rapporté dans le même ouvrage, que le docteur 
Mongeny , médecin de l’hôpital de la colonie Ferdinéenne à Pile 
de Cuba, a administré avec un succès étonnant , contre le tænia , 
les feuilles d’une plante aromatique très-commune dans le pays et 
eonnue sous le nom de baume. On les réduit en pâte, fraîchement 
eueillies; l’on en prend à jeun trois onces, en y ajoutant une cer- 
taine quantité de miel : une heure après on avale deux onces de 
miel pur, puis d'heure en heure une once de la même substance ; 
au bout de six à sept heures le tzenia est expulsé. 

D’après ce que M. lé comte de Champigny a dit à M. le docteur 
Grundler, il paraît que ce baume de Cuba n’est rien autre chose 
que la menthe poivrée (mentha piperata, L.) ; mais il est plus pro- 
bable que c’est la balsamite odorante, dont les feuilles et les grai- 
wes sont vermifuges ; car la menthe poivrée est d'Europe. 

Bourdier , médecin de l'Hôtel-Dieu de Paris, faisait usage avec 
succès, comme nous en avons élé plusieurs fois témoin, de l’éther 
sulfurique dans un verre de décoction de racine de fougère mâle à 
jeun; cinq minutes après il faisait prendre un lavement de. la 
même décoction, contenant deux gros d’ether, et une heure 
après il administrait deux onces d'huile de ricin et une once de 
syrop de fleurs de pêche. Il continuait ce traitement pendant trois 
Jours. 

Enfin, pour ne rien oublier, nous citerons encore le moyen 
annoncé dans les journaux par M. de La Bernardière , naturaliste- 
voyageur , et qui consiste à avaler dans l’espace d’une heure une 
livre et demie d'huile d'olives ou d'amandes douces. 


Traitement particulier de l'auteur. 


Nous n'avons pas grand’chose à dire sur la dernière section de 
l'ouvrage de M. Bremser, dans laquelle l’auteur détaille la méthode 
de traitement qui lui est particulière, d’autant plus que M. le doc- 
teur Grundler a parlé dans ses notes des précautions à prendre 
dans l’administration de l’huile empyreumatique de Chabert , dont 
la dose indiquée par M. Bremser serait trop forte chez nous, de 
la manière de la préparer , et d’en former un médicament moins 
répugnant aux malades, etc. Voyez en effet p. 426 et 489. Nous 
allons nous borner à rapporter textuellement les observations 


552 APPENDICE. à 


faites par le critique allemand, parce que, comme toutes les 
autres , elles sont marquées au coin du savoir et de la bonne foi. 

M. Bremser n'avait hésité d'employer l'huile empyreumatique 
de Chabert en lavement , qu’à cause de l’huile de térébenthine 
qu’elle contient ; mais cette hésitation a dû être détruite par les 
expériences des médecins anglais qui ont administré cette dernière 
huile en lavemens dans plusieurs maladies, et entre autres dans un 
cas de trismus, rapporté par le docteur Phillips dans le vol. v, 
p. 65-72 des Transactions medico-chirurgicales de Londres. Le 
critique ne sait cependant pas qu’elle ait été employée comme ver- 
mifuge, 

M. Bremser donne dans certaines circonstances un purgatif; le 
critique allemand lui conseille très-expressément d’employer alors 
le calomélas comme le font les médecins anglais, non pas comme 
simple vermifuge , mais comme faisant cesser le plus sûrement l’état 
morbide des intestins qui a lieu dans la maladie vermineuse. 

Quant à la précaution que prenait M. Bremser de donner l’huile 
vermifuge à pelites doses pendant long-temps, parce qu'il lui sem- 
blait que de grandes doses tuent bien le ver, mais ne détruisent pas 
ses œufs ; il pense à présent qu’il serait au contraire possible que les 
vers sorlissent à la longue pendant un usage prolongé du medica- 
ment, et que ce soit pour cela qu’il se montre efficace dans ce 
mode d'administration. Le critique M. Albers pense que l'emploi de 
l'huile de térébenthine , continué de même pendant long-temps à 
petites doses, produirait absolument lemême résultat que l'huile 
empyreumatique ; et, en effet, il est bien convaincu d’avoir entière- 
ment guéri plusieurs personnestourmentées de tænias par l’usage de 
cette substance , en imitant les expériences multipliées des Anglais 
sur ce remède, qui ont été rapportées dans leurs différens jour- 
naux de médecine, comme dans l’Edimburgh medical and surgical 
journal; London medical repository ; London medical and physical 
journal, etc. 


Fisures. 


© La plupart des figures que donne M. Bremser sont originales et 
faites avec le plus grand soin sous ses yeux. Tout le monde est 
d'accord pour les regarder comme excellentes et comme tres-supé- 


APPENDICE. 553 


rieures à ce que nous avions déjà à ce sujet; aussi Le critique ita- 
lien ne pouvant sans doute y trouver à redire , puisqu'il les déclare 
nitide , venuste e chiare , s’est borné à ajouter que le mérite en était 
au dessinateur et au graveur ; que la manière de rendre les vers en 
blanc sur un fond noir n’est pas de l'invention de M. Bremser; ce 
qui est sans doute vrai, puisque Gaspard Asello avait déjà fait 
ainsi représenter, quoique grossièrement , les vaisseaux lactés, et 
surtout que Hopper ( Robert) avait employé le même moyen pour 
les planches figurant les vers intestinaux dans son mémoire inti- 
tulé Observations on human intestinal worms, etc. ; Mem. of medic. 
soc. of Lond., vol. v, Londres, 1799, in-8°, comme le fait juste- 
ment observer le critique italien ; mais cela n'empêche pas que les 
figures de Bremser ne soient bien plus exactes même que celles de 
Joerdens, ce qui est ici la chose importante. Nous ne pouvons en 
dire positivement autant des planches de Hopper, quoique nous 
soyons fortement portés à le croire, parce que nous n'avons pu 
trouver à Paris les Mémoires de la Société médicale de Londres, 
pas plus que M. Bremser n’a pu le faire à Vienne , quoique le cri- 
tique italien ait écrit que l’on sait (si sappia ) qu’ils existent dans 
la bibliothèque impériale et royale de cette ville, en luireprochant 
amèrement de n’ayoir pas cité le mémoire de Hopper. 

J’ai fait copier avec soin les figures de M. Bremser , et j'ai em- 
ployé pour cela la lithographie ; j'espère qu’on n’en sera pas trop 
mécontent : il n’en existe certainement pas de meilleures dans aucun 
ouvrage français sur les vers intestinaux. 

Dans le but de rendre cet ouvrage plus complet et plus utile aux 
médecins qui ne peuvent pas toujours aisément recourir aux Ou- 
vrages de zoologie, j'ai cru devoir ajouter aux neuf planches co- 
piées du Traité de M. Bremser , non-seulement la planche x, qui 
renferme la copie des bonnes figures de coenure et d’echinoccoque 


.donnée par MM. Fischer et Rentdorff, mais encore deux planches 


de supplément ou de l’appendice : j’y ai représenté une espèce de 
chaque genre d’entozoaires, en sorte que les praticiens qui ren- 
contreraient une espèce qu'ils croiraient nouvelle, pourront s’ai- 
der de nos figures pour les rapprochemens et la description qu'ils 
en feront; c'était d’ailleurs une conséquence de Pexposition du 
système de classification des entozoaires de M. Bremser ei du mien. 


AA VU VU EU LUE LU VUE UL LU UUE LU RU RL URL EUL EURE LULU LS VU MURS UE LEVRETTE 


TABLE 


ALPHABÉTIQUE 


DES NOMS DES AUTEURS 


CITÉS DANS CET OUVRAGE. 


Je n’ai pas lu ceux désignés par un astérisque. 


AvıLDGAARD (P.-c.), Allgemeine Betrachtungen über Eingeweidewür- 
mer. In den Schrifien der naturforschenden Gesellschaft zu Copenha- 
gen, B. I, Abtheil. I. a. d. Daen Copenh. 1773 , in-8°. 8. 24, etc. 

ABYNZOAR, ÄBHUMERON, Taerzie ; in-fol. Venetiis, 1497, lib. IT, c. 20. 

Ackırn, præside Goldhagen ; Dissert. de ruminatione' humana , singu- 
lari quodam casu illustrata ; Halæ , 1785. z 

Acruarı (10.) Methodi medendi libri sex; in-4°. Yenetüs, 1554, lib. IV, 
p- 199. 

Azrır Tetrabilos; in-fol. Lugduni, 1549. Tetrabili quartæ, sermo II, 
cap. 85, p. 904. De brachiorum ac crurum Dracunculis Leonide. 

Auseechr, Die Wurmkrankheiten ; in-8°. Hamburg und Altona, Ohne 
Jarzahl. 

-- Jon. Prr., Vermis per meatum urinarium exclusus. Ephem. nat. cur. , 
dec. II, ann. I, p. 183, obs. 77. 

Auzucasıs Methodus medendi; in-fol. Basileæ, 1541, c. 91, P- 162. De 
extraclione ven® eruris. 

Auprovanoı (ulyss.), Serpentum et draconum historia; in-fol. Bono- 
nie , 1640, lib. II, p. 328 et 329. 

ALSAHARAvIL Liber theoricæ necnon practicæ ; in-fol.‘ Aug. Vindel., 
1519, tr. 1,28, c. 12, fol. 118. De passione venæ exeuntis. 

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zen von S. rh. Sœmmerring; in-8°. Berlin, 1794. 


BALDINGER (Ernest-cotifr.), Neues magazin fuer Aerzte ; in-8°. Leip- 
zig, 1784, b.6, st. 1, s. 57, contient une histoire d’un abcès au bas- 
ventre, avec complication de lombrics perforans. 


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Lisez, page 


ERRATA. 


LE 
26, ligne 24, fig. ?, au lieu de fig. 1. 


47» 


20, capsules au lieu de apsules. 
30, lucio perca au lieu de perca lucio, L. 

8, fig. 3-4, au lieu de 3-3. 

8, lumbricoides au lieu de lombricodes. 

10, fig. 4, au lieu de fig. 3. 

8, anleitung , au lieu de anheïtuug. 

11, the broad tape au lieu de the broadt ope. 

8, fig. b, au lieu de c. 

5, fig. c, au lieu de d. 

12, pl. 4, au lieu de pl. 5. 

16, ce qui a paru avoir lieu au milieu de toute la 
longueur de l'animal, au lieu de ce qui a pu 
avoir lieu dans toute la longueur. 

3, pl. 4, au lieu de he 
13, fig. d, au lieu deh. 
16, pl.f7, au lieu de 6. 

1, fig. g, au lieu de f. 

18, dans toute la longueur d’un côté, au lieu de 
au bord d’une articulation. 

19, fig. h, au lieu de k. 

19, pl. 3, au lieu de pl. 8. 

17, fig. 5a, au lieu de 5c. 

16, fig. 1e, au Lieu de Lf. 

26 , fig. 2a, au lieu de 2e. 

15 , fig. 2d, au lieu de 2b. 

18, fig. 2b, au lieu de 2c. 

19, fig. 2d, au lieu de 2. 

14, fig. d, au lieu de fig. 3. 

2. fig. a, au lieu de fig. u. 

reti8, fig.g, au lieu de fig. 9. 


note 3, wahnsinnigen, au lieu de wahnsinmuisen. 


30, visis au lieu de viris. 
Il est question de crachemens de sang et non 
q 5 
pas d’hématodes, comme au reste cela a 


déjà été dit, p. 376, dans la note, 


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Les Tresmatodes et les Pseudehelinintkes. 


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Luh. del Malaneau,rue Tlaxarite,n"hz 


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