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Full text of "Tristan et Iseut, d'après les publications récentes"

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T838 

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Sneyders  de  Vogel,Komelis 

Tristan  et  Iseut 
d'après  publications 
récentes. 


TS'ào 


PRESENTED  TO 

THE    LIBRARY 

BY 

PROFESSOR  MILTON  A.  BUCHANAN 

OF  THE 

DEPARTMENT  OF  ITALIAN  AND  SPANISH 

1906-1946 


NEOPHILOLOGUS 


DRIEMAANDELIKS  TIJDSCHRIFT    VOOR 
DE    WE  rENSCHAPPELIKE    BEOEFENI1 
\A\    LEVENDE   VREEMDE  TALEN   EN  VAX 
HAAR    I  ETTERKUNDE 


Onder  Kodak  tic  van  Prof.  Dr.  J.  J.  A.  A.  FRANTZEN, 
Prof.  Dr.  J.  J.  SALVERDA  DE  GRAVE,  Prof.  J.  H.  SCHOLTE, 
Dr.  K.  SNEYDERS  DE  VOGEL,  Prof.  Dr.  A.  E.  H.  SWAEN 


Sekretaris  der  Redaktie  K.  R.  GALLAS. 


EERSTE  JAARGAXG. 


TWEEDE  AFLEYERING. 


TE  GRONINGEN  BIJ  J.  B.  WOLTERS,   1916. 


X 


WIJZE   VAN    UITGAAF. 

NEOPHILOLOGUS  verschijnt  om  de  3  maanden  tôt  een  omvang 
van  20  vel  druks,  groot  8°  formaat.  —  Prijs  per  jaargang  f  3,50. 
franko  per  post  f  3,80. 

Brieven  en  stukken  voor  de  Redaktie  en  boeken  ter  bespreking 
gelieve  men  te  zenden  aan  K.  R.  GALLAS  te  Amsterdam, 
Palestrinastraat  7. 

I  N  H  O  U  D. 

Dr.  K.  Sneyders  de  Vogel,  Tristan  et  Iseut,  d'après  des  publications 

récentes 81 

P.  Valkhoff,  Louis  Ménard  (1822—1901) 88 

B.  H.  J.  Weerenbeck,   Le  gérondif  français  avec  sujet  sous-entendu?  101 
Prof.  Dr.  R.  C.  Boer,  Over  den  samenhang  der   klankverschuivingen 

in  de  Germaansche  dialecten 103 

Prof.  Dr.  J.  J.  A.  A.  Frantzen,  Romantisches  in  Schillers  Dramen     .  111 

Prof.  Dr.  A.  Kluyver,  Over  het  Spel  Granida 123 

Dr.  F.  P.  H.  Prick  van  Wely,    Holl.-Eng.  raakpunten  en  parallellen  139 

VARIA. 

Prof.  J.  H.  Scholte,  Justinus  Kerner,  Der  reichste  Fiïrst 147 

Prof.  Dr.  J.  J.  A.  A.  Frantzen,  Zu  Geibels  Jugendlyrik 149 

Prof  Dr.  A.  E.  H.  Swaen,  Old  English  Myl 152 

BOEKBESPREKINGEN. 
Prof.  Dr.  J.  J.  Salverda  de  Grave,  L.  Foulet,  Le  Roman  de  Renard    153 
Prof.   Dr.  A.   E.   H.   Swaen,    W.   T.   Young,    A    Primer  of  English 

Literature 155 

Prof.  Dr.  R.  C.  Boer,  J.  P.  M.  L.  de  Vries,  Studies  over  Fœrôsche  Balladen    1 58 

INHOUD  VAN  TIJDSCHRIFTEN. 
Revue  du  XVIe  siècle.  -  Zeitschrift  fur  franzosische  Sprache  und  Litte- 
ratur.  -  Germanisch-Romanische  Monatsschrift.  -  Herrigs  Archiv.  - 
Zeitschrift  fur  deutsche  Philologie.  -  Euphorion.  -  Jahresbericht  ûber 
die  Erscheinungen  auf  dem  Gebiete  der  germanischen  Philologie.  - 
Anglia.   -  Jahrbuch  der  deutschen  Shakespearegesellschaft   ....     159 


Nadruk  der  artikelen  is  verboden. 


In  de  volgende  nummers  zullen  o.a.  verschijnen:  Prof.  Dr.  J.  J.  SALVERDA  de 
Grave,  Observations  sur  le  texte  de  la  Chanson  de  Guillaume  (suite  et  fin); 
Dr.  C.  de  Boer,  Hermioneet  Andromaque;  G.  Kramer,  Œuvres  posthumes 
d'André  Chénier;  Prof.  Dr.  J.  J.  A.  A.  FRANTZEN,  Chrétien,  Kyôt,  Wolfram; 
Dr.  LÉON  Polak,  Zinmelodie  en  Lichaamsreactie;  Prof.  Dr.  J.  J.  A.  A. 
Frantzen,  Ûber  den  Stil  der  Piôrekssaga;  G.  Ras,  Borne  und  Heine 
als  Vermittler  zwischen  deutscher  und  franzôsischer  Kultur;  J.  Kooistra, 
Shelley's  Prometheus  Unbound;  B.  Westerveld,  Georgian  Poetry; 
Prof.  Dr.  A.  E.  H.  Swaen,  Bestaat  Oudengelsch  Cocor  =  zwaard'i 
Prof.  Dr.  A.  G.  van  Hamel,  Gotica;  Dr.  E.  Kruisinga,  Bijdragen  tôt  de 
Engelse  spraakkunst;  Prof.  Dr.  W.  Logeman,  Notes  on  Romeo  and  Juliet. 


i   rz 

T83Ô 

,1:m  487605 

IK'islAN   ET    ISE!    I,  . 

D'API  '^*  *•        "^ 

i  .1  légende  de  rristan  H  Iseut  n<  et  d'inspirer  Ici  artistes 

,.(  i,  le  renottvellemenl  fait  par  Joseph  Bédfer1)  est  n»  l'une 

haute  vtleur  artistique,  qui  i  été  traduite  dam  pluaieun  langues*);  accompa 
de  la  musique,  l'histoire  tragique  des  héros  de  Cornouailk  m  public 

plus  grand  encore  dans  la  Tristan  urul  Isolât  de  Richard  W  'out 

dernièrement  ou  ■  tenté  en  Italie  une  nouvelle  reconstruction,  basée  surtout 
sur  la    Tavota  ritonda 3). 

Les  savants,  eux  aussi,  ont  continué  à  s'intéresser  à  notre  légende.  M 
tandis  que  les  artistes  des  XIX*  et  XX*  siècles,  comme  ceux  du  douzième, 
s'appliquent  à  l'adopter  au  goût  du  public  auquel  ils  s'adressent,  tout  en 
dégageant  du  poème  médiéval  ce  qu'il  contient  d'éternellement  beau,  d'éter- 
nellement vrai  ;  les  savants  essaient,  à  travers  les  adaptations  et  les  renouvel- 
lements, d'arriver  à  la  source  -  perdue  hélas!  -  où  sont  allés  puiser  les 
poètes  qui  ont  chanté  l'amour  de  Tristan  et  Iseut. 

On  sait  que  nous  n'avons  plus  Le  roman  de  Tristan  et  Iseut,  on  n'est 
pas  même  tout  à  fait  sûr  que  ce  roman  ait  jamais  existé.  Ce  qui  est  arrivé 
jusqu'à  nous,  ce  spnt  des  fragments,  des  poèmes  épisodiques,  des  traductions, 
des  remaniements  en  prose,  un  nom  d'auteur,  Li  Kièvre,  cité  dans  le  prologue 
d'un  conte  dévot4)  et  par  le  Roman  de  Renard 5). 

Or,  pour  remonter  plus  haut,  pour  reconstruire  une  forme  plus  primitive 
de  la  légende,  il  faut  de  toute  nécessité  étudier  les  différentes  versions 
et  les  fragments  qui  nous  sont  parvenus.  Et  cette  étude  n'est  devenue  possible 
que  de  nos  jours  après  la  publication  critique  des  fragments  de  Béroul 6) 
et  de  Thomas7)  et  de  quelques  poèmes  contenant  des  aventures  qui  se 
rattachent  à  l'histoire  de  Tristan8),  après  enfin  que  le  roman  en  prose  lui 
aussi  est  devenu  accessible  aux  savants9). 

A  Gaston  Paris  revient  l'honneur  d'avoir  donné  des  bases  solides  à  ces 
recherches  en  mettant  à  l'étude  pour  ses  conférences  de  l'Ecole  des  Hautes 
Etudes  la  légende  de  Tristan  et  Iseut.  Les  volumes  XV  et  XVI  de  la  Romania 
contiennent  une  série  d'articles  de  ses  élèves.  Parmi  eux  J.  Bédier  a  continué 
ses  recherches.  Il  ne  s'est  pas  contenté  de  publier  les  fragments  seuls  de 
Thomas,  en  comparant  les  différentes  versions  et  traductions  qui  dérivent  de 


*)  Le  roman  de  Tristan  et  Iseut,  renouvelé  par  J.  Bédier,  préface  de  O.  Paris,  19e  éd. 
Sevin  et  Rey,  Paris,  1908.  Ouvrage  couronné  par  P  Académie  française. 

2)  e.  a.  en  hollandais:  De  roman  van  Tristan  en  Isolde,  naar  de  bewerking  van  J.  Bédier, 
vertaald  door  Marie  Loke,  1903. 

s)    O.  L.  Passerini,  //  romanzo  di  Tristano  e  Isotta  ricostruito,  Milano,  Trêves,  1914. 

*)    Publié  par  Groeber  dans  Festgabe  Foerster,  Halle,  1902. 

■"•)    éd.  Martin,  II,  93. 

6)  Fi.  Muret.  Le  roman  de  Tristan  par  Béroul  et  un  anonyme,  Soc.  d.  anc.  textes,  Paris, 
1903.  Le  même  savant  en  a  publié  tout  récemment  une  autre  édition  bon  marché  dans  les 
Classiques  français  du  moyen  âge,  Paris,  Champion,  1913. 

i)    Thomas,  Le  roman  de  Tristan,  p.  p.  J.  Bédier,  Soc.  d.  anc.  textes,  I,  1902;  II,  1905. 
Les  deux  Poèmes  de  la  Folie  Tristan,  p.  p.  J.  Bédier,  Soc.  d.  anc.  textes,  1907.  —  Marie 
de  France,  Le  lai  du  Chievrefueil,  éd.  Warnke,  p.  183.  —  Donnei  des  Amants,  p.  p.  G.  Paris. 
Romania.  XXV,  503  et  533. 

'■')  Le  roman  en  prose  de  Tristan  etc.  Analvse  critique  p.  E.  Lôseth.  Bibl.  de  PEc.  d.  H. 
Etudes,  fasc.  82. 

Neophilologus,  I.  6 


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82 

Thomas  -  la  Saga  norvégienne,  Gottfried  de  Strasbourg,  Sir  Tristrern,  La 
Folie  Tristan  du  ms.  Douce,  la  Tavola  Ritonda  -  il  a  réussi  à  reconstituer 
le  poème  tout  entier  de  Thomas  sinon  pour  la  forme,  du  moins  pour 
l'esprit  et  le  contenu. 

Mais  le  roman  de  Thomas  n'est  pas  le  seul  roman  qui  traite  notre  légende. 
Il  y  a  d'autres  versions  représentées  par  la  traduction  d'Eilhart  von  Oberge1), 
le  fragment  de  Bérou'l,  la  Folie  de  Berne  et  certaines  parties  du  Roman  en  prose. 

Or,  M.  "édier,  étudiant  les  sources  de  Thomas,  a  été  tout  naturellement 
amené  à  examiner  les  autres  versions  et  à  se  former  un  jugement  sur  l'origine 
de  la  légende  elle-même,  et  Van  Hamel  a  exposé  pour  les  lecteurs  du  Gids2) 
les  résultats  auxquels  est  arrivé  le  successeur  de  G.  Paris;  le  même  savant 
a  étudié  aussi  le  rapport  entre  le  roman  de  Thomas  et  le  Cligès  de  Chrétien 
dans  un  article  lumineux3),  où,  profitant  des  données  que  Foerster,  l'éditeur 
de  Chrétien  de  Troyes,  lui  fournit,  il  analyse  finement  l'œuvre  du  poète 
champenois. 

On  sait  que  M.  Bédier  combat  l'hypothèse  de  son  maître  G.  Paris.  Celui-ci 
avait  défendu  dans  une  brillante  étude4)  l'origine  celtique  de  notre  légende: 
à  la  base  des  poèmes  français  se  trouvent  des  lais  sur  l'amour  de  Tristan  et 
Iseut,  non  un  poème  unique.  Or,  Bédier6)  nie  la  celticité  de  presque  tous 
les  éléments  que  G.  Paris  avait  déclaré  être  celtiques:  le  rôle  de  la  mer,  le 
séjour  dans  la  forêt,  les  traits  barbares  et  primitifs,  le  milieu  humain  n'ont 
d'après  lui  rien  de  celtique.  Il  n'admet  l'origine  celtique  que  pour  quelques 
traits  :  le  don  d'imiter  les  oiseaux,  l'arc  qui  ne  faut,  le  chien  faé;  quelques 
épisodes:  les  copeaux  jetés  dans  le  ruisseau  qui  traverse  la  chambre  d'Iseut, 
la  scène  Atsfaulx;  Tristan  porcher,  récit  qu'on  trouve  dans  un  conte  gallois  «). 

Ces  traits,  ces  épisodes,  s'ils  sont  celtiques,  ne  touchent  pas  le  fond  du 
récit.  Bédier  ne  nie  pas  qu'il  y  ait  eu  en  Angleterre  des  contes  sur  nos  héros. 
Mais  tout  nous  porte  à  croire,  dit-il,  que  ces  contes  étaient  de  banales  et 
sanglantes  histoires  d'adultère.  Ce  n'est  pas  là  ce  que  nous  appelons  la  légende 
de  Tristan  et  Iseut.  Le  conflit  douloureux  de  l'amour  et  de  la  loi,  voilà  toute 
la  légende.  Celui  qui  a  eu  l'idée  de  faire  de  quelques  données  banales  un 
récit  tragique  et  profond  comme  l'est  notre  Tristan  et  Iseut  est  le  vrai 
créateur  de  la  légende. 

Non,  il  n'y  a  pas  eu  que  des  lais  à  la  base  de  l'évolution,  il  y  a  eu,  dit 
Bédier,  un  artiste  avisé  et  conscient,  qui  a  voulu  donner  corps  à  ce  qu'il 
sentait  en  lui;  il  y  a  eu  un  poème  unique  pénétré  d'un  seul  esprit,  d'une 
seule  idée  dominante.  Cette  idée,  nous  l'avons  dit,  c'est  le  conflit  entre  la 
passion  et  la  loi.  Elle  se  base  sur  la  conception  du  mariage  indissoluble.  Le 
tragique  dans  la  vie  de  Tristan  et  d'Iseut,  c'est  qu'ils  se  sentent  liés  par  une 
loi  qu'ils  reconnaissent,  tout  en  la  violant  continuellement.  Or,  il  est  impos- 


i)  Eilhart  von  Oberge,  hsgg.  v.  F.  Lichtenstein,  Quellen  u.  Forsch.  z.  Sprach.  u.  Cultur- 
gesch.,  XIX. 

")    Middeleeuwsche  Tristan-romans,  Gids,  1905,  477—516. 

3)     Cligès  et  Tristan,  Romania,  1904,  465—489. 

*)  Tristan  et  Iseut,  dans  La  Revue  de  Paris,  1894,  1er  avril,  article  reproduit  dans  Poèmes 
et  légendes  du  moyen  âge,  Paris,  1900. 

5)  Thomas,  le  Roman  de  Tristan,  II,  145  svv. 

6)  Livre  Rouge,  tirade  63,  dans  J.  Loth,  Malinogion,  II,  Appendice. 


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lible  qu'un  *  eltc  lil  eu  l'Idée  de  baser  son  pocme  sur  cette  conception  <lu 
mari  que  i<-  mariage  chez  les  Celtes  -  les  lois  de  Howcl  le  prouvent  - 

pouvait  se  dleeoudre  très  ISacUement  Non,  le  milieu  dans  lequel  notre  légende 
a    pu    naître,   c'eal    la   lOdété   i  lin  tienne  et  française  du  commencement  du 

me  siècle. 

On  peut  même  aller  plus  loin:  il  y  a  dans  toute  la  légende,  à  côté  de 
l'idée  fondamentale  dont  nous  venons  de  parler,  un  autre  élément  qui  relie 
les  différents  épisod  n  accusé  d'adultère  rédame  le  combat  judiciaire, 

convaincu  que  Dieu  l'aidera.  Or,  cette  idée  particulière  de  la  justice,  d'après 
laquelle  ce  qui  importe  n'est  pas  le  fait  lui-même,  mais  l'issue  du  combat 
judiciaire,  remonte  à  une  époque  où  le  jugement  de  Dieu  était  encore  en 
vigueur,  mais  où  pourtant  ou  commençait  déjà  à  admettre  qu'il  ne  couron- 
nait pas  toujours  le  droit. 

Ce  poème  primitif,  M.  Bédier  croit  pouvoir  le  reconstituer,  du  moins  dans 
ses  éléments  essentiels.  Il  compare  ligne  après  ligne  les  versions  existantes.  Toutes 
les  fois  que  deux  parmi  elles  sont  d'accord,  Thomas  et  la  Folie  p.  ex.  contre 
Eilhart,  il  adopte  ce  trait  comme  primitif;  il  le  rejette,  si  une  version  est 
seule  à  le  donner.  Cette  méthode  mécanique  a  donné,  d'après  Bédier,  des 
résultats  surprenants:  l'ensemble  des  passages  qu'il  adopte  forme  un  récit 
merveilleusement  agencé,  chaque  trait  en  forme  un  chaînon  indispensable, 
chaque  épisode  cadre  avec  les  caractères  une  fois  posés  des  personnages. 

Voilà  dans  ses  grandes  lignes  la  théorie  de  Bédier,  telle  qu'il  l'a  exposée  dans 
son  second  volume.  Et  d'autres,  comme  Golther1)  sont  arrivés  à  des  résultats 
semblables.  Lui  aussi,  il  rejette  résolument  l'ancienne  hypothèse  d'après  la- 
quelle notre  roman  serait  une  agglomération  de  lais,  comme  celui  du  Chievrefueil; 
lui  aussi  fait  remonter  toutes  les  versions  conservées  à  un  seul  roman  primitif. 
Sa  reconstruction  de  ce  roman  diffère  pourtant  en  quelques  points  de  celle 
de  Bédier. 

C'est  d'abord  qu'il  croit  que  Béroul  et  Eilhart  représentent  chacun  deux 
versions  indépendantes,  tandis  que  Bédier  est  d'avis  qu'ils  sont  intimement 
liés  et  ont  donc  ensemble  la  même  valeur  que  chacune  des  autres  rédactions: 
Thomas,  la  version  en  prose  et  la  Folie  de  Berne.  Voilà  pourquoi  Golther 
admet  le  récit  donné  par  Eilhart  et  Béroul,  qui  tout  en  disant  que  l'effet  du 
philtre  bu  par  les  amants  se  fait  sentir  pendant  toute  leur  vie,  en  limitent 
pourtant  à  trois  ou  quatre  ans  la  force  irrésistible  qui  les  empêche  de  rester 
séparés  l'un  de  l'autre  plus  longtemps  qu'une  semaine2).  De  même  il  attribue 
à  l'auteur  du  premier  Tristan  le  personnage  d'Ugrin,  l'ermite  chez  qui  les 
amants  se  rendent  avant  leur  retour  de  la  forêt. 

Une  autre  différence  entre  Bédier  et  Golther  se  rapporte  à  la  Folie  Tristan. 
Les  versions  où  est  raconté  le  déguisement  de  Tristan  en  fou  sont  d'abord 
deux  poèmes  épisodiques,  puis  Eilhart  von  Oberg  et  le  Roman  en  prose. 
Aussi  Bédier  admet-il  que  cette  histoire  appartient  déjà  au  Tristan  primitif. 
Lutoslawski,  partisan  de  la  théorie  de  Gaston  Paris,  et  qui  s'était  déjà  occupé 

l)  W.  Golther,  Tristan  und  Isolde  in  den  Dichtungen  des  Mittelalters  und  der  neueren  Zeit, 
Leipzig,  Hirzel,  1907. 

i)  Eilhart,  2279  sw.,  4729  svv.  ;  Béroul,  2133  sw.  Il  est  vrai  que  le  dernier  n'ajoute  pas 
que  l'effet  du  philtre  soit  éternel. 

6' 


84 


de  la  question  ]),  croit  au  contraire  que  la  Folie  a  existé  d'abord  à  l'état 
indépendant,  et  qu'ensuite  la  source  commune  d'Eilhart  et  du  Roman  en 
prose  l'a  introduite  dans  la  trame  du  récit,  mais  à  un  endroit  mal  choisi, 
parce  qu'il  y  interrompt  l'histoire  des  amours  de  Kaherdin  et  de  Gargeolain. 
Golther,  lui  aussi,  suppose  que  le  récit  de  la  folie  a  été  introduite  plus  tard, 
parce  que  Thomas  ne  la  connaît  pas,  mais  cette  histoire  aurait  été  inventée 
seulement  après  que  le  roman  de  Tristan  a  été  composé  et  est  devenu  célèbre. 
On  pourrait  représenter  l'opinion  des  trois  savants  par  les  schémas  suivants  : 


Lutoslawski. 


Bédier. 
(O  =  Tristan  primet) 


Qolther. 


Eilh. 


Prose. 


F.deB.       F.d'O 


F.deB.    F.d'Ô.  Eilh.        Prose. 


F.deB.     F.d'O.    Eilh. 


Prose. 


Je  signale  l'importance  du  problème  que  les  lais  nous  posent: 

La  Folie-  et  les  autres  poèmes  épisodiques  -  appartient-elle  au  roman  primitif 
(Bédier),  ou  bien  a-t-elle  une  existence  indépendante?  et  dans  ce  dernier 
cas,  est-ce  un  conte  inventé  sous  l'impression  du  succès  qu'avait  le  roman 
(Golther),  ou  est-ce  plutôt  un  des  fils  de  la  légende  qui  flottaient  dans  l'air 
avant  qu'un  artiste  les  ait  réunis  pour  en  faire  la  trame  de  son  roman 
(Lutoslawski)? 

Bédier  ne  nie  pas  plus  que  Golther  qu'il  y  ait  eu  des  contes  sur  Tristan, 
antérieurs  au  roman,  mais  ces  contes  ne  constituent  nullement  la  légende  de 
Tristan  et  Iseut.  Il  y  a  eu  un  stade  picte:  Zimmer  a  trouvé  un  Drostan 
mac  Talorg  chez  les  Pietés.  Ce  Drostan,  dont  nous  ne  savons  d'ailleurs  rien, 
doit  être  identifié  avec  Trystan  mah  Tallwch  qu'on  trouve  au  pays  de 
Galles2).  Il  faut  chercher  de  même  Loonois3)  et  la  forêt  de  Morrois  en  Ecosse. 
En  gallois  se  rencontre  pour  la  première  fois  Essylt.  Il  est  vrai  que  Golther 
croit  que  Iseut  est  français  et  que  Essylt  en  est  une  modification  galloise. 

On  voit  donc  que  Bédier  et  Golther  sont  d'accord  en  admettant  un 
archétype,  source  de  toute  la  tradition  sur  Tristan,  et  en  niant  l'importance 
des  éléments  celtiques.  Quant  à  la  date,  Golther  croit  le  Tristan  primitif 
plus  récent  que  Bédier,  qui  le  place  vers  1125;  il  voit  dans  l'amour  de 
Tristan  et  Iseut  une  imitation  des  amours  de  Modred  et  de  Guanhumara 
chez  Gaufrei  de  Monmouth,  dont  YHistoria  regum  Britanniae  date  de  11364). 

Dans  les  dernières  années  on  a  attaqué  de  divers  côtés  l'hypothèse  de 
M.M.  Bédier  et  Golther.  Niant  l'autorité  du  roman  en  prose,  Zenker5) 
n'admet  donc  que  deux   versions  comme  sorties  de  l'archétype;  ainsi,   une 


i)    Romania,  XV,  525. 
î)    J.  Loth,  Mabinogion,  passim. 
3)    Oolther  place  le  Loonois  en  Bretagne. 

*)    Cf.  la  critique  de  O.  Huet  dans  le  Moyen  Age,  1907,  p.  285  svv. 

3)    Die  Tristansage  und  das  persische  epos  von  Wîs  und  Ramîn  dans  Roman.  Forsch.,  1911, 
p.  321—369. 


i, tituii<m  de  l'original  manquerai!  de  base  solide  et  des  argumente  de 
■.  (le  sentiment,  de  logique  décideraient  seuls.  Kek-mina  >)  va  encore  plus 
loin:  il  objecte  à  Bédier  que  ks  différente!  versions  ont  bien  pu  subir  l'in- 
du,-m, •  l'une  de  l'autre;  lui-même,  Il  croil  (pie  la  légende  à  existé  à  une 
époque  prélittéraire  bous  deu  don(  on  retrouve  des  traces 

diun  le  roman  en  prose  n  admet  enfin  l'hypothèse  de  Sttcbler*)  d'après 
laquelle  la  Irt^nde  finissait  pi imitivi-nn-ut  avec  le  retour  des  deux  amants 
leur  séjour  dans  la  I 

M.  J.  Loth*)  et  M"c  0,  Schoepperle4)  ont  étudie  plus  à  fond  qu'il  n'a 
été  possible  jusqu'ici  les  éléments  celtiques  de  notre  légende,  et  ils  arrivent, 
en  partie  du  moins,  à  des  résultats  opposés  à  ceux  de  leurs  devanciers. 

M.  Loth  a  ébranlé  la  pierre  angulaire  même  de  l'hypothèse  de  Bédier, 
qui  avait  dit:  «le  trait  le  plus  singulier  de  la  vie  celtique,  c'est  la 
llité  du  lien  conjugal."  Or  il  paraît  que  M.  Bédier  s'est  abusé  sur  la 
valeur  des  documents  qu'il  cite,  et  qu'en  réalité  l'adultère  était  sévèrement 
puni  chez  les  Celtes.  Il  est  vrai  qu'on  aurait  été  content  de  voir  M.  Loth 
dter  plus  de  textes  qu'il  ne  le  fait  en  faveur  de  cette  assertion. 

«Tristan  et  Iseut  sentent  peser  sur  eux  la  pression  de  la  loi  sociale  qui 
soumet  le  vassal  au  seigneur.  Ils  sont  donc  Français",  dit  M.  Bédier.  «Mais 
le  dévouement  absolu  au  chef  de  clan",  lui  oppose  M.  Loth,  «est  la  loi 
fondamentale  de  la  tribu  et  de  la  famille  celtique",  et  il  en  allègue  une 
preuve  convaincante5). 

Ainsi  le  fonds  sur  lequel  se  base  le  poème  de  Tristan  et  Iseut  peut  être 
celtique  aussi  bien  que  français.  L'étude  des  noms  propres  permet  à  M.  Loth 
de  préciser  et  de  localiser  la  légende  en  Cornouailles,  et  la  valeur  de  cette 
étude  ne  sera,  je  suppose,  appréciée  par  personne  plus  que  par  M.  Bédier 
lui-même,  qui  précisément  par  un  procédé  pareil  à  pu  localiser  les  légendes 
épiques. 

Dans  une  série  de  petites  études,  que  nous  n'avons  pas  la  compétence  de 
juger,  M.  Loth  prouve  d'abord  que  le  stade  picte  de  la  légende  n'a  jamais 
existé:  on  n'a  pas  le  droit  d'identifier  le  picte  Drostan  mac  Talorg  avec 
Trystan  mah  Tallwch,  comme  le  fait  le  celtisant  Zimmer;  la  phonétique  s'y 
oppose  d'une  manière  absolue.  Le  Loonois  n'est  pas  le  Lothian  en  Ecosse6); 
c'est  peut-être  la  région  de  Caerlleon  sur  Wysc.  La  forêt  de  Morrois  n'est 
pas  non  plus  le  Moray  en  Ecosse;  c'est  le  Moresc  actuel,  le  Moireis  (il  faut 
corriger  Morreis)  du  Domesdaybook,  et  il  se  trouve  en  Cornouailles,  de  même 
que  le  Costentin  ">)  que  Muret  avait  identifié  avec  le  Cotentin  en  Normandie. 

Ces  constatatious  amènent  M.  Loth  à  placer  la  berceau  de  la  légende  dans 
la  Cornouailles.  Et  le  fait  qu'on  trouve  dans  nos  poèmes  des  noms  celtiques, 
anglo-saxons  et  français,  confirme  cette  hypothèse.   En  effet,  ni  le  pays  de 


0  Untersuchungen  zur  Tristansage,  Teutonia  16. 

2)  Suchier  und  Birch-Hirschfeld,  Gesch.  der  franz.  Literatur,  Iï,  116. 

3)  Contributions  à  Fétude  des  Romans  de  la  Table  Ronde,  Paris,  Champion,  1912. 

*)  Tristan  and  Isolt,  A  study  of  the  source  of  the  romance,  2  vol.,  Frankfurt  and  London, 

1913.  Cf.  Oolther  dans  Englische  Studien,  XLVIII,  p.  299—306. 

s)  o.  c,  12. 

6)  F.  Lot  dans  Romania,  XXV,  16;  XXVII,  608. 

1)  Béroul,  v.  2386. 


86 

Galles,  ni  la  Bretagne  française  ne  présente  la  fusion  de  ces  trois  éléments; 
il  n'y  a  que  dans  la  Cornouailles  que  s'explique  l'introduction  dans  la  légende 
de  ces  noms  de  provenance  diverse. 

Le  livre  de  Mlle  Schoepperle  contient  une  étude  détaillée  de  chaque  épisode 
en  particulier:  elle  conclut  que  les  versions  de  Béroul,  Eilhart,  Thomas,  la 
Folie  de  Berne  remontent  à  une  seule  source,  mais  que  la  version  en  prose 
et  la  Tavola  Ritonda,  qui  présentent  la  mort  de  Tristan  d'une  façon  tout  à 
fait  spéciale  (Tristan  y  est  tué  par  son  oncle  Marc),  et  encore  le  lai  du 
Chievrefueil  de  Marie  de  France  prouvent  qu'il  circulait  des  contes  sur 
Tristan  et  Iseut  avant  que  le  poète  de  Yestoire  —  c'est  ainsi  qu'elle 
appelle  la  source  de  Béroul  et  des  autres  —  eût  composé  son  poème,  en 
mettant  largement  à  profit  les  données  qu'il  trouvait.  En  effet,  le  Chievre- 
fueil est  une  autre  version,  une  version  plus  primitive  d'après  Mlle  Schoepperle, 
du  récit  d'Eilhart,  où  Tristan,  caché  avec  Kaherdin  dans  le  bois,  prévient 
Iseut  de  sa  présence,  en  tirant  une  branche  à  travers  la  crinière  du  cheval 
que  montait  la  reine. 

Mlle  Schoepperle  nie  donc  l'existence  d'un  archétype,  elle  attribue  beaucoup 
plus  d'importance  aux  éléments  traditionnels  que  ne  le  fait  Bédier. 

Ces  éléments  sont  pour  une  bonne  partie  celtiques.  Si  Bédier  a  nié  la 
celticité  des  traits  allégués  par  son  maître,  Mlle  Schoepperle,  tout  en  rejetant 
même  les  quelques  traits  qu'il  avait  retenus,  reconnaît  une  origine  celtique 
à  nombre  d'épisodes.  On  sait  qu'il  est  difficile  de  décider  si  tel  trait  est 
originaire  de  l'Angleterre  ou  non,  parce  que  les  textes  gallois  ou  comiques 
sont  presque  tous  récents  et  ont  pu  subir  l'influence  française.  C'est  pour- 
quoi Mlle  Schoepperle  a  eu  recours  aux  textes  irlandais  qui  sont  sensiblement 
plus  anciens.  Si  donc  notre  Tristan  contient  un  trait  qui  ne  se  trouve  que 
dans  la  littérature  irlandaise,  ce  trait  est  indubitablement  celtique. 

Un  des  épisodes  les  plus  importants  est  celui  où  est  dépeinte  la  vie  des 
deux  amants  dans  la  forêt.  Or,  tandis  que  dans  la  littérature  française  on  ne 
trouve  rien  de  tel  —  dans  Aucassin  et  Nicolette  et  dans  Guillaume  de  Païenne 
il  s'agit  de  tout  autre  chose  —  la  littérature  irlandaise  nous  donne  plusieurs 
exemples  d'un  pareil  exil.  La  comparaison  avec  le  récit  de  Diarmaid  et  Grainne 
est  instructive  sous  ce  rapport,  puisque  celui-ci  offre  des  analogies  frap- 
pantes avec  notre  roman  :  on  y  retrouve  l'eau  plus  hardie  que  l'amant  et  on 
y  lit  l'épisode  suivant:  quand  Diarmaid  et  Grainne  se  couchent,  ils  se  tien- 
nent éloignés  l'un  de  l'autre,  ou,  d'après  une  autre  version,  Diarmaid  place 
une  pierre  entre  eux  deux.  Cela  nous  fait  penser  à  la  scène  dans  laquelle  le 
roi  Marc  surprend  les  deux  amants,  endormis,  avec  l'épée  qui  les  sépare.  Ni 
Eilhart,  ni  Gottfried  ne  sont  parvenus  à  s'expliquer  ce  trait  que  pourtant  ils 
n'ont  osé  éliminer.  Dans  Diarmaid  et  Grainne  par  contre  le  trait  est  pleinement 
justifié:  le  héros  suit  la  femme  de  son  oncle  contre  son  gré,  et  il  veut  la  lui 
rendre  intacte;  dans  Tristan  et  Iseut  l'épée  reste  inexplicable,  ou  plutôt  on 
ne  saurait  en  rendre  compte  que  par  l'hypothèse  que  l'auteur  du  Tristan  a 
connu  une  histoire  comme  celle  de  Diarmaid. 

Mlle  Schoepperle  trouve  encore  d'autres  points  de  rapprochement  entre  les 
deux  récits,  par  exemple  les  copeaux  que  Diarmaid,  tout  comme  Tristan,  jette 
dans  l'eau. 


87 

i  i.i  con<  lu  Ion  qui,  d'tpi  I  bc  toi .  m  as  it 

concdved,  tnd  conoelyed  In  no  les»  of  tragic  beauty  than  in  the 

tormi  In  whien  wt  nom  hâve  It,  wat  Cdl  n»  Ti   tan  as  we 

bave  it,  In  EJIhart,  In  Béroul,  In  rhomae,  à  French,  and  M.  Bédier,  in  his 

:i  ol  it,    i  tory  M  it  it."  I-a  rédaction  de  XLstoire 

daterait  de  la  Hn  du  x  1 1  ■  tiède, 

I  ii   formulant   cette  OU,   M"e  Schoepperle  se  base  surtout  sur  le 

caractère  de  la  première  partie,  qu'elle  croit  primitive;  elle  néglige  le  reste 

du  poème  qui,  d'après  elle,  est  l'œUVR  d'un  porte  plus  récent1).  Et  pour- 
tant, le  caractère  de  notre  légende  est  précisément  hybride,  si  j'ose  dire;  sans 
les  éléments  contenus  dans  la  seconde  partie  on  aurait  une  autre  histoire, 
intéressante  peut-être,  mais  bien  différente  de  notre  légende.  Non,  l'auteur 
qui  a  composé  THsiaH  d  hait  aura,  certes,  largement  mis  à  profit  un 
route  comme  relui  de  Diarmaid  et  Grainne,  mais  en  y  ajoutant  une  suite, 
composée  d'éléments  et  de  traits  de  provenance  diverse,  il  a  tellement  modifié 
le  conte  celtique  qu'il  a  vraiment  créé  une  nouvelle  légende.  Nous  serions 
donc  porté  à  attribuer  plus  de  valeur  que  Bédier  aux  sources  que  le  poète 
a  mises  à  contribution,  mais  nous  n'allons  pas  jusqu'à  croire  avec  M"e 
Schoepperle  que  notre  poème,  tronqué  des  éléments  les  plus  importants, 
puisse  encore  s'appeler  la  légende  de  Tristan  et  Iseut  "conceived  in  no  less 
of  tragic  beauty  than  in  the  forms  we  now  hâve  it"2). 

Pourrait-on  remonter  encore  plus  haut  le  courant  de  la  légende?  On  l'a 
essayé.  M.  Zenker,  dans  l'article  cité  plus  haut,  a,  après  M.  Ethé3),  relevé 
des  parallèles  intéressants  entre  notre  poème  et  l'épopée  perse  Wîs  et  Ramîn. 
Malheureusement,  il  n'a  pas  connu  l'étude  de  Mlle  Schoepperle,  parue  après 
la  publication  de  son  article;  s'il  y  a  dépendance  d'une  des  deux  œuvres  — 
ce  qui  ne  me  semble  pas  encore  démontré  —  la  question  de  la  priorité  n'est 
pas  encore  résolue,  parce  que  la  source  celtique  de  notre  Tristan  est  très 
ancienne,  plus  ancienne  que  le  roman  perse,  qui  est  du  onzième  siècle  seule- 
ment. Y  a-t-il  eu  des  points  de  contact  entre  la  source  perdue  de  Wîs  et 
Rarnin  d'un  côté  et  la  source  également  perdue  de  Tristan  et  Iseut  de  l'autre? 
Pour  donner  une  réponse  quelque  peu  satisfaisante  à  cette  question,  il 
faudrait  d'abord  indiquer  d'une  façon  plus  précise  les  rapports  littéraires  qui 
existent  entre  la  Perse  et  l'Angleterre,  puis  comparer  avec  l'œuvre  orientale 
des  récits  celtiques  comme  Diarmaid  et  Grainne  ou  Deirdre  et  Naisi. 

Leiden.  K.  Sneyders  de  Vogel. 


li    "This  last  portion  is  the  work  of  a  ver)'  récent  court  poet",  o.  c,  II,  472. 

î)    Cf.  là-dessus  mon  article  Tristan  en  Iseut  dans  un  des  prochains  numéros  du  Giets. 

3>  H.  Ethé,  Verwandte  persische  vnd  occidentalische  Sagenstoffe,  dans:  Essays  und  Studien, 
Berlin,  1872,  et  Die  hôfische  und  romantische  Poésie  der  Persen  dans  Vortrâge  hsgg.  v. 
Viidiow-Holtzendorf,  N.  F.  2,  Hamburg,  1887. 


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verbuiging.  —  De  e-  en  o-spelling.  —  De  geschiedenis  van 
de  geslachten  der  zelfstandige  naamwoorden  in  het  Neder- 
lands.  —  Over  taalfouten  en  nog  wat.  —  Woordorde  en 
buigingsuitgangen.  —  Vreemde  woorden.  —  De  spelling- 
kwestie.  —  De  spelling  van  De  Vries  en  Te  Winkel.  — 
Over  Noord-  en  Zuidnederlands  woordgeslacht.  —  Een 
taaldespoot  uit  de  pruiketijd.  —  Een  bui.  —  Is  bemiddeling 
mogelik?  —  Regels  van  de  vereenvoudigde  spelling.  —  Register 

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