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Full text of "Étude critique sur l'origine du st. suaire de Lirey-Chambéry-Turin: With ..."

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ALVMNVS BOOK FVND 





BIBLIOTHEQUE LITURGIQUE 

TOME CINQUlfeME -^ 2° LIVRAISON 



fiTUDE CRITIQUE 



SUR L ORIGINE DU 




PAR 



< Le Uhanoine Lrrr:?5E{cHEYALIER 

Correspondant de VInstitut 



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PARIS 
ALPHONS& PICARD, LIBRAIRE 

82, RUE BONAPARTE 



1900 



ETUDE CRITIQUE 
suR l'origine du 

S* SUAIRE DE UREY-CHAMB£RY-TUR1N 



BIBLIOTH&QUE LITURGIQUE 

TOME CINQUlfeME — 2* LIVRAISON 



£tude critique 



SUR L ORIGINE DU 




PAR 



Le Chanoine Ulysse CHEVALIER 
Correspondani de VInstitut 




PARIS' 

ALPHONSE PICARD, LIBRAIRE 

83, RUE BONAPARTE 
1900 



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Imprimatur. 
Valentin, die ,8. ,u„ii ,900. 
L. Chosson, vie. gen. 



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S' Sifaire de Lirey-Chaiiib^ry-Tiirln "" 



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Veritas nihil erubescit, nisi solummodo abscondi. 

(Tertullibn). 

a On sait que le culte des reliques, grave et respectueux dans 
Tantiquite, prit insensiblement, chez nos ancdtres a demi barbares, 
un tout autre caract^re. Le d^sir de poss^der des reliques s'exag^ra 
chez eux jusqu'^ Ik passion, et finit, disons le mot, par d^g^n^rer 
en d^oience. La discipline s^v^re qui avait et^, jusqu'a un certain 
point, la sauvegarde de Tauthenticit^ des reliques, tomba entidre- 
ment. Ce fut k qui poss^derait les plus extraordinaires et les plus 
pr^cieuses ; et I'ardeur qu'on mit k se les procurer, fit n^gliger, la 
plupart du temps, les lois les plus ^l^mentaires de la prudence. 
11 ^tait trop naturel qu'il se trouvat des hommes sans conscience 
pour exploiter pareille situation. Les reliques devinrent objet de 
commerce, et Ton eut recours aux moyens les moins avouables 
pour satisfaire a la demande, toujours croissante, des prdats et 
des peuples. L'ambition des ^glises particuli^res de se distinguer 
par quelque insigne relique, fut Toccasion de plus d^une manoeu- 
vre criminelle, dont une pi^t6 trop confiante se fit souvent com- 
plice. A partir du 1X« si^cle surtout, les Revelations et les Inventions 
se multiplient d'une fafon inqui6tante et amdnent au jour des 
reliques que raniiquite avait toujours ignor^es, qu'elle aurait 

(i) Ce m^moire a ^te lu k la Sorbonne, au Congr^s des socidt^ savantes, 
section d'histoire et de philologie, le 6 juin 1900. 






6 iTUDE CRITIQUE SUR 

m6me repouss6es avec horreur, tant rimagination surexcit^e se 
donna de licence. 

c Insensiblement les fausses reliques se mM^rent aux vraies 

dans une confusion d^concertante, et un inventaire m^thodique- 

'.toeot dr^^;<%St leeSques conservees dans les ^glises vers la fin du 

moyen |ig[e^po'urrait ,seul donner une juste id^e des abus accumul^s 

/•dja}'iu>t*.^$^i^(;(e;^^'-et.^ontre lesqueis le Concile de Trente s'61eva 

avec vigueur. 

« Dans un grand nombre de cas, il n'est nuUement difficile de 
montrer qu'il y a eu supercherie ou erreur grave k Torigine du 
culte de certaines reliques, et Ton ne prit jamais au s^rieux ce 
docteur aux abois qui pronon9ait le mot replication lorsqu'on lui 
montrait le chef de S. Jean-Baptiste dans plusieurs ^glises. De 
m^me, ceux qui pr^tendent possdder un bras de S. Pierre ou le 
chef de S'* C^cile, ne seront pas crus sur parole ; tout le monde, 
avec raison, exigera la preuve de leur affirmation et un authen- 
tique incontestable. 

« La question est 6galement facile a Fdgard de certaines reliques 
trop ^videmment invraisemblables, trop peu d^centes mdme, que 
la simplicity de nos anc^tres acceptait sans difficult^, et que nous 
rejetons sans h^siter. Pour celles-1^ on n*a aucune peine k avouer 
que leur authenticity ne repose sur aucune preuve s^rieuse. 

« La difficult^ commence lorsque Fob jet en litige est v^n^rable 
de sa nature, et ne se heurte, en apparence, a aucune impossibilite. 
On croit n'avoir aucune raison de s'en defier. Pourtant, la plupart 
des reliques extraordinaires, qui, sans attestation ant^rieure, 
paraissent au jour en un endroit d^termin^, durant la pdriode du 
IX« au XV* si^cle, ne sont point dans de meilleures conditions. 
Alors que, vu les circonstdnces od elles ont ^t^ produites, elies 
doivent nous paraitre suspectes, et exigeraient des garanties dou- 
blement sdrieuses, nous irions nous contenter de la possibility 
d'une tradition ant^rieure, dont personne n'est capable de signaler 
la trace ? Ce serait manquer de logique et de prudence dans une 
mati^re si grave, sans avoir Texcuse de la simplicity dont peuvent 
ben^ficier nos anc^tres » (i). 

(i) Analecta Bollandiana^ 1900, t. XIX, p. 46-7, k propos de la relique du 
sang de N.-S. J.-G. que S. Longin aurait apport6e k Mantoue. 



LE SUAIRE DE TURIN. 7 

Ces paroles graves, s^v^res m^me, ^manent du college des 
Bollandistes de Bruxelles, tribunal critique d*hagiographie et de 
lipsanographie le plus competent qui existe en Europe. Elles 
trouveront leur confirmation dans Texamen auquel je vais sou- 
mettre une relique insigne, dont on fait grand bruit, depuis deux 
ans, dans la presse religieuse. L'assentiment des Bollandistes est 
acquis d'avance aux conclusions de cette ^tude. Je le sais, car un 
premier essaisur ce sujet d^licat (i) a obtenu leur approbation (2). 
Une mince brochure a suscit^ la contradiction dans divers rangs 
de la society eccl^siastique. Le pro-vicaire general de Turin a cru 
de son devoir de contredire ma th6se au sujet de Tdpoque r^cente 
que j'avais assignee au Suaire honors dans sa ville (3). Trois 
mois apr^s, un lalque de Paris est entr^ en lice, appuyd sur un 
argument, tir^ de Tart photographique, qui lui parait ineluc- 
table (4). Des ^vfiques (5), des archevSques (6), des cardinaux (7) 
m^me ont accorde a mes contradicteurs Tappui de leurs hautes 
approbations. J'estime qu'il est imprudent de consid^rer Tensemble 
des traditions comme un bloc intangible, k la conservation int^- 

(i) Ulysse Chevalier, Le saint Suaire de Turin est-il Voriginal ou une 
copie ? itude critique, dans.^/^m. et doc. publ. par la Societe Savois. d'hist. et 
d'archioL, 1899, ^* s^^., t. XIII, p. io5-33; Chamb^iy, V^« Menard, i899,in-8<> 
de 3i p. 

(2) Analecta Bollandiana^ 1900, t. XIX, p 215-7. 

(3) De V authenticity du saint Suaire de Turin, observations de Mgr Emma- 
nuel CoLOMiATTi, pro-vicaire general de Turin (R^ponse k une brochure 
publi^e par M. i*abb6 Ulysse Chevalier, sous ce titre : Le saint Suaire de 
Turin est-il Voriginal ou une copie ?) ; LiUe, H. Morel, 1899, in-8® de 35 p. 

Ulysse Chevalier, Reponse aux Observations de Mgr Emmanuel Colomiatti, 
pro-vicaire general de Turin, sur la brochure Le saint Suaire de Turin est-il 
Voriginal ou une copie? ; Paris, Alph. Picard, 1900, in-8* de 8 p. 

L*attaque et la riposte ont 6galement paru dans la Revue des sciences 
ecclisiastiques de Lille (nov.-d6c. 1899, janv. 1900}. 

(4) Le Portrait dt JV.-5. Jisus-Christ d'apris le saint Suaire de Turin, avec 
reproductions photographiques, par Arthur Loth,...; Paris, H. Oudin, s. d., 
gr. in-8» de vi-64 p., 4 planches. 

(5) D'Annecy (Isoard), de Montpellier (de Cabriires) et de Versailles (Goux). 

(6) D'Alby (Mignot) et de Chambiry (Hautin). 

(7) De Rennes (Laboure) et de Turin (Richelmy). — - Voir leurs lettres dans 
le journal parisien La Virit€ des 28 et 29 mars, 4, 6 et 10 avril derniers. 



8 &TUDE CRITIQUE 6UR 

grale duquel tous les catholiques seraient gravement int^reta^s ; 
on se fait un point de conscience d'en conserver intact le d^pd^ 
et de n'en laisser dissiper la moindre parcelle, k Tinstar d'u^ 
capitaliste qui, faisant le bilan de sa fortune, oublierait d'en d^fal- 
quer les valeurs d^pr^ci^es k la bourse. 

J'avais provoqu^ mes adversaires k exhumer des documents 
in^dits en faveur de leur th^se; ils n'en ont pas produit une ligne. 
Plus heureux, j*en ai trouv6 une trentaine, dont je puis attester 
Tauthenticit^ : on en trouvera le texte en appendice k ce travail. 

Pour proc^der avec m^thode, il y a lieu de rechercher d'abord 
tous les anciens textes relatifs k des Suaires qui ont une attache 
avec la Palestine ou Constantinople, puis de faire Thistoire de 
celui de Lirey^ Taide des documents et das chroniqueurs contem- 
porains ; aprds avoir ^tabli que, d^s son origine, par prescription 
des 6v6ques et des papes, il fut montr^ aux fiddles comme une 
simple peinture, je suivrai la faveur progressive du culte qui lui 
fut rendu et prouverai en terminant que I'op^ration photographic 
que, dans laquelle on a cru voir un t^moignage irrecusable de son 
originality, n*est pas concluante et tendrait au contraire a etablir 
qu'on a bien k faire k une copie. 

Si je ne m'abuse, la certitude des conclusions permettra de faire 
justice des proc^dds de discussion historique employes dans cer- 
tains milieux du monde religieux. 



I 

D'apr^s un t^moin oculaire, I'dvangeliste saint Jean, le Sauveur 
fut enseveli suivant la coutume des Juifs (i): on sait qu'elle se 
rapprochait beaucoup de celle des Egyptiens. On fermait d'abord 
les yeux et la bouche du defunt; sauf aux condamn^s, on coupait 
les cheveux ; puis venait la lotion et Tonction du cadavre ; enfin, 
on enveloppait le corps d'un linceul et on Tattachait avec des 
bandelettes. Ces derni^res particularit^s sont saisissantes dans 
le r^cit de la resurrection de Lazare. 

(i) S. Joannes, c. xix, v. 38-42. 



LB SUAIRE DE TURIN* 9 

L^8 ^vang^listes synoptiques (i) ne parlent q.ue d'un suaire 
(sindon), achet6 par Joseph d'Arimathie. Apr^s la resurrection du 
Christy saint Jean vit dans le s^pulcre des linceuls (linteamina) 
et, pU6 k part, le suaire (sudarium) qu'on avait mis sur la tdte 
de J^sus (2). 

Recherchons tout d'abord dans Tantiquit^ les documents qui se 
referent k ces reliques, en nous attachant exclusivement k celles 
qui, de Palestine ou de Constantinople, purent dtre transferees en 
Europe. 

1 . Le plus ancien t^moignage est celui d'Arculphe, evdque (de 
P^rigueuz !) sacre en France, qui visita longuement la Terre- 
Sainte vers 670. II n'a pas r^dige lui-mdme le r^cit de.son p^le- 
rinage ; mais, jete par «ne tempdte sur les cdtes de TEcosse, il 
fut accueilli dans le monast^re de Hy (lona), dont Fabbe Adamnan 
nlit par ^crit, plus ou moins sous sa dict^e, ses souvenirs de 
Palestine. Le xi* chapitre du !•' livre a pour objet : De sudario 
ilio^ quo Domini caput sepulti contectum est (3). 

2. Cinquante ans plus tard (vers 720), le venerable Bdde, anglo- 
saxon, dontTEglise vient tardivement de rendre le culte universel, 
redigea un Libellus de locis Sanctis, qui n'est point un simple 
abr^ge d*Arculphe ; toutefois le chapitre iv : De sudario capitis 
Domini^ n'a rien d'original (4). 

3. Troissiedes et demi s^parent cette description de la Chanson 
du Voyage de Charlemagne d Jerusalem, M. Gaston Paris, qui 
en place la redaction au commencement du dernier quart du XI* 

(i) S. Matthjeus, c. xzvii, v. 58-6o ; S. Maacus, c. xv, v. 43-6; S. Lucas, 
c. xxiii, V. 52-3. 

(3) « Eq comparant tous les passages oH il est parl6 des linges qui senri- 
rent k ensevelir le corps du Sauveur, il paroit qu*il y avoit un linceul... et 
outre cela des bandelettes... ; et enfin un suaire, ou un linge particulier dont 
la t6te du Sauveur 6toit enveloppee » (D. Calmbt, Comment, litteral sur la 
Bible, 1726, t. VII, p. 789). 

(3) ToBLBR (Tit.), Itinera et descriptiones Terrcs sanctcs (Genevae, 1877), 
pp. 1 33-6 et 2o5-6 (redaction abr6g6e de Cadouin), cf. p. xzz-iij. 

(4} Op. cit^ p. 219-20, cf. p. xxxiy*viij. Cf. Baronius, Ann, eccl., a. 678, 
n* 14. 



10 ETUDE CRITIQUE 8UR 

si^cle (vers lo/S) (i), a montr^ qu'elle reflate avec exactitude ]es 
rapports des pterins contemporains. 
L'empereur demande des reliques au patriarche, qui lui r^pond : 

169 c Durrai vus tels reliques, meillurs n'en at suz del : 
Del sudarie Jesu que il out en sun chief, 
Cum il fut al sepulcre e posez e culchiez, 
Quant Judeu le guarJdrent as espies d*acier » (2). 

4. La lettre soi-disant adress^e de Constantinople, au printemps 
de 1093, par Alexis I*' Comndne, cmpereur d'Orient, k Robert le 
Prison, comte de Flandre, renferme un catalogue de reliques, qui 
est ind^pendant de son authenticite ; on ytrouve: « Linteamina, 
post resurrectionem ejus [Domini] inventa in sepulcroB f3). 

5. Vers 1140, Pierre diacre (du Mont-Cassin) reproduit tex- 
tuellement Tabr^g^ du v^n^rable B6de (4). 

6. Au canevas d'un Sermo ad Jherosolimitas (vers 1146) on a 
ajoute un catalogue de reliques, qui concorde assez avec la lettre 
prdcddente : 9 In Constantinopoli habentur reliquie pretiosissime 
Domini ; Linteamina, post resurrectionem ejus in sepulcro 

(i) Contre le sentiment de L^on Gautier, qui Tattribuait au premier quart 
du XII* si&cle (Epopees Franfaises, 1880, t. Ill, p. 371). 

(3) MiCHBLANT et Raynaud, Itineraires d Jerusalem (Gendve, 1883), p. 5 
(lextc de Koschwitz, revu par 0. Paris), cf. p. xj-ij. D*apr&s ies Annates 
d'EciNHARD (an. 799) : « Monachus quidam de Hierosoiyma veniens, bene- 
dictionem et reiiquias de loco resurrectionis dominicae, quae patriarcha regi 
miserat, detulit » (6d. Tbulbt, t. \, p. 343-4) La tradition de la Chanson est 
reproduite dans la Chronique rimie de Philippe Mousk^s, trourire de Tournay 
(vers 1 341): 
1 1430 « £t le suaire Jhesu Christ 

Ki viertus et miracles fist, 

Dont il ot la face couverte, 

Aporta il, c'est cose apierte » (ed. de Reiffenberg, i836, t. I, p. 441). 

(3) Riant, Exuvice sacrce Constantinopolitance (Genevae, 1878), t. II, p. 308^ 
cf. t. I, p. ccij-v; le meme, Alexii I Comneni Romanorum imperatoris ad 
Robertum I Flandrice comitem epistola spuria (ibid., 1879), PP- '7» ^^ ®^ ^7* 
cf. pr6f. ; le meme, Invent, critique des lettres histor. des croisades (Paris, 
1880), p. 71-89. 

(4) Gamurrini (Joh. Frand.), S. Silvice Aquitance peregrinatio ad loca sancta, 
1888, p. 119-30. 



LE SUAIRE DE TURIN. 1 1 

inventa » ; et plus haut : « Apud Compendium est Sudarium 
Domini » (i). 

7. Vers 1 1 5o un pterin anglais joignit a ses notes de voyage 
le catalogue des reliques conserv^es dans la chapelle de Tempereur 
a Constantinople : « He sunt relliquie que apud Constantinopo- 
lim, in capella imperatoris, monstrantur. » La 4* est: « Sudarium, 
quod fuit super caput ejus » (2). 

8. Peu aprds, en 11 67, un b^n^dictin, Nicolas Soemundarson, 
abbe de Thingeyrar en Islande, dressa, k la suite de son itin^raire 
en Terre-Sainte, le catalogue des reliques constantinopoliiaines ; 
il mentionne en islandais : « Likbloejur med Sveitadtik ok B16di 
Crists », ce que le comte Riant traduit en latin : « Fasciae cuni 
Sudario et Sanguine Christi » (3). 

9. A Tannde 1171, Guillaume de Tyr (Historia belli sacri^ 
XX, 23) mentionne une ostension des reliques de la chapelle des 
Blachernes, faite par Tempereur Manuel au roi Amaury ; I'^nu- 
m^ration comprend: « ... Syndonem... » (4). 

10. Dans un inventaire du trdsor de la chapelle de Bucoleon, 
dressd probablement par un pdlerin de la troisidme croisade (vers 
1 190, mais pouvant remonter au milieu du XI I« sidcle), figure: 
« Item pars Linteaminum, quibus crucifixum Christi corpus 
meruit involverc.. Arimatensis Joseph, in supradicta imperiali 
capella continetur ». II ajoute immediatement : « Syndon enim..., 
ex Karoli Calvi dono, habetur Carropoli Gallie » (5). 

(i) Riant, Alexii I Comneni... epistola spuria, p. 47-8, cf. p. Ixxiv-vj. 
(3) Riant, Exuvia sacrce Constantinop,, t. II, p. 211, cf. t. I, p. ccv. 

(3) Riant, op. cit., t. II, p. 214, cf. t. I, p. ccv-j. 

(4) Riant, op. cit., t. 11, p. 216. 

(5) Riant, op. cit., t. II, p. 217, cf. t. I, p. ccvj-ij. — Dans ma prcmidre 
brochure I'avais signal^ Tindex des Exuvice sacrce CPolitance du comte Riant 
comme pouvant mettre sur la vole de documents concemant les Suaires. 
M. Loth ne cite pas cet ouvrage, mais renvoie aux sources indiqu^es en t6te 
des documents qui y sont reproduits ; ce proced^ l*a expos6 k des m^prises. 
Pour Guillaume de Tyr, il renvoie au livre xxii qui concerne Baudouin, 
tandis qu'il s'agit d'Amaury et du livre xx (c. 25, 6d. Migne). En note (p. lo-i) 
il mentionne la Descriptio (n© 10), mais, comme elle ^tait inddite, il vise les 
manuscrits de Rome et de Paris, qu'il n'a silrement pas collationn^s : ce n'est 
pas k TEcole des Chartes qu'on apprend k demarquer ainsi le linge d'autrui. 



la iruDE cmnouE sur 

11. En i2o3, nous trouvons mentionn^ de nouveau le linceul 
conserve k Sainte-Marie des Blachernes par Robert de Clary, 
dans son Estoires de cfiiaus qui conquisent Constantinoble ; « ... Et 
entre ches autres en cut j[un] autre des moustiers, que on apeloit 
medame Sainte Marie de Blatcerne, od li Sydoines, \k oti Nostre 
Sires fut envolep^s, i estoit, qui cascuns devenres se drechoit tous 
drois, si que on i pooit bien velr le figure Notre Seigneur ; on ne 
sent on onques, ne Grieu ne Franchois, que chis Sjdoines devint, 
quant le vile fu prise » (i). 

1 2. Parmi les reliques de BucoUon dont Tempereur Baudouin II 
fit Tabandon, par un chrysobulle dat^ de Saint-Germain-en-Laye, 
en juin 1247, au roi saint Louis, figure: «... partem Sudani quo 
involutum fuit corpus ejus [D. N. J. C] in sepulchro » (2). 

1 3. Durand de Mende (mort en 1296) t^moigne, dans son Ratio- 
nale divinorum officiorum^ avoir vu de ses yeux dans la Sainte- 
Chapelle du roi de France, le titre de la vraie croix: «... cum 
Sindone, qua corpus fuit involutum... » (3). 

14. De \k^ nous descendons jusqu*en 145 1. Dans une de ses 
^pltres h^rolques (en vers), Antoine Astesan fait la description 
des reliques de la Sainte-Chapelle : 

De plus, comme les hagiographes de vulgarisation aiment les dat6s precises, 
il la met k 1 190, sans tenir compte du c. (circiter) qui pr6cdde le milUsime : 
il fallait lire la preface. Pourquoi arreter la citation au mot « contineiur » 
et omettre le paragraphe suivant, relatif au Suaire de Compidgne ? sans doute 
pour ne pas nuire k celui de Turin, que les textes citis (p. 10) ne concer- 
nent pas avec plus de certitude que les autres. 

' (i) Riant, op. cit., t. II, p. a 32, cf. t. I, p. cciz. — II est k remarquer 
qu'aucun Suaire ne figure dans la description des sanctuaires de Constanti- 
nople et de ses alentours, r^dig^e en laoo par Antoine, futur m^tropolitain 
de Nowgorod. Le linteum » pris dans ce document pour un suaire par M. de 
DoBSCHl^Tz (p. i45*)6tait le linge dont J.-C. se ceignit k la derni^re c^ne. Par 
contre, il d^crit le vase de la C^ne (Riant, op. cit., t. II, p. 319), qui fut 
envoy^, peu d'ann^es aprds, par Teveque de Troyes, Gamier de Trainel, au 
tr6sor de sa cath6drale (Ch. Nior^, Inventaire des princip, iglises de Troyes^ 
1893, t. I, p. cviij ; le meme, Le vase de la Cine dans Vancien Msor de la 
catMdrale de Troyes^ Troyes, 1896, gr. in-8® de 39 p.). 

(3) Riant, op. cit., t. II, p. i35, cf. t. I, p. cixxK>j. 

(3) Riant, op. cit., t. II, p. aSo, cf. 1. 1, p. ccxiij. 



LB SUAIRE VK TUXIIf. 1^ 

« Illic esse ferunt etiam Sodaria sacra,, 
Ilia quibus Christum tumulandum, impulsus amore, 
Involvit Joseph, partem aut (ne fallar) eorum » (i). 
La poursuite de ces diverses reliques dans ieurs peregrinations 
successives et leur identification actuelle ne sont point chose 
facile. Voici les principes qui guidaient le comte Riant, aussi bon 
Chretien (2) que grand savant, dans cat ordre special de recherches : 
« Tout en ne professant pas certaines doctrines ind^pendantes 
sur I'histoire des temps apostoliques, tout en s'inclinant, sans 
discussion, devant les traditions I6gu6es par les premiers Chretiens, 
tout en reconnaissant pour authentiques les reliques que tenaient 
pour telles, sans preuves ^crites, les P^res de TEglise, il me sem- 
ble que I'on peut faire passer au second rang, pour les temps 
post^rieurs et dds que commence la s^rie continue des t^moigna- 
ges historiques Merits, la tradition orale, e^demander que Tauthen- 
licite d*une relique de premier ordre, solennellement ofiTerte k la 
veneration des fiddles, soit etablie pas une chdine non interrompue 
de temoignages Merits, recueillant directement I'heritage de la 
tradition des temps apostoliques, pour nous la transmettre sans 
lacune... J'ajouterai qu'une rigueur encore plus grande dans la 
continuite des preuves ecrites, me semble naturellement n^ces- 
saire, lorsqu*il s'agit ... d'une relique multiple, c'est-a-dire d'un 
objet sacre partageant avec plusieurs autres le nom sous lequel ils 
sont tous egalement veneres et lorsque, par consequent, Ton peut 
craindre qu'etablir rauthenticite de I'un de ces objets, aboutisse 
infailliblement a rendre plus que suspecte celle de tous les 
autres » (3). II est facile de prevoir que ce minimum de ti'adition 
exigee sera neanmoins fatal k bien des reliques. 

Dans son Mimoire sur les instruments de la Passion de N.-S. 
J.'C.^ plus remarquable par la reproduction des monuments que 

(i) Riant, op. cit., t. II, p. 357. 

(3) Le Memento imprime k sa mort ^num&re les a Sanctuaires ou le comte 
Riant se transportait tous les soirs par Tesprit en r^citant chaque pri^re de 
son chapelet » (66) et les « Litanies des saints que le comte Riant a v6ner6$ en 
d^couvrant Ieurs reliques ou Ieurs tombeauz pu en parlant de leur vie » (43). 

(3) Revue des questions historiques, 1870, t. VIII, p. 33 x. 



14 irUDB CRITIQUE 8UR 

pour les recherches historiques, Ch. Rohault db Flbury donne 
des renseignetnents sur les saints Suaires de Besan9on, Cadouin, 
Cahors, (Carcassonne), Compi^gne etTurin^ outre Tindication de 
divers fragments ou linges (i). Plusieurs d'entre eux ne peuvent 
6tre que des suaires b^nits, que les pMerins rapportaient d'Orient, 
apr^s leur avoir fait toucher le saint sepulcre et qui ^taient r6put6s 
avoir acquis par ce contact la vertu de faire des miracles : on les 
nommait aussi Sanctuarium ou Brandeum (2). D*apr^s T^rudit 
qui le premier a tent^ d'approfondir la mati^re, le m^decin Jean- 
Jacques Chifflet (3), le Suaire achet^ par Joseph d'Arimathie 

(i) Paris, 1870, in-4% p. 334-43. 

(3) Voir Baromius, MariyroU Roman., Dote a du i5 juin, et ses Annaies 
eccUsiast,, an. 55, n® 13 ; et aussi Du Gangs, Glossar, latin,, v" Brandeum i* 
et Sanctuarium 5*. ' 

(3) Voici, pour ne pas la disperser dans les notes de cette dtude, la biblio- 
graphie surtout ancienne du Suaire de Turin, pour laquelle j'ai mis k contri- 
bution, outre ma propre bibliothdque, les collections de la Biblioth. nation, 
de Paris, le catalogue du British museum et celui du comte Riant. 

Phi lib. PxNGONii Sabavdi, Cvsiac^n. baronis, Sindon evangelica^ access, 
Hymni aliquot, insignis Bulla pontiflcia^ elegans Epist, Franc. Adokni les. de 
Peregrinatione memorabili ; Avgustae Tavrinorvm, i58i, in-4» de 4 f.-88 p., 
pi., iigg. ; rdimpr., ibid., la mdme ann^e et en 1777, in-4*. '— Sur Pingone 
et ses ouvrages, voir Tart, du comte Mareschal de Luciane, dans Mint, 
de Vacad, de Savoie, 1893, 4* s6r., t. IV, p. 467-76. 

Esplicatione del len^volo oue fu inuolto il Signore, e delle piaghe in esso 
impresse col suo pretioso sangue, confrontate con la Scrittura, Profeti e Padri^ 
con la notitia di molte piaghe occulte & numero de* chiodi, e con pie medita- 
tioni di dolori delta B. Verg^; dell' Alfonso Palbotto; Bologna, 1598, in-4* 
de 16 f.-i46 p.-3o f., 3 pi.; E. d, sacro I. ovefv t. il 5. et d.„ Padri, con p. 
m, de* d, d, beata.,, Verg^, da.. A. P., ibid., 1599, in-4* de *7 f«-'44 P«-«9 
f., 3 pi. 

La sacra historia delta santissima Sindone di Christo Signor nostro, raccolta 
in compendio da graui auttori per Prosp. Bonafamiglia ; Roma, x6o6, petit 
in-80 de 56 p., fig. 

Jesv Christi crvcifixi Stigmata sacrce Sindoni impressa ab Alph. Paljeoto... 
explicata, melliflvis elvcidationibvs, vt rerum copia vheri amplissimis, ita his- 
toriarum varietate priscce vetustatis multiptici, & eiudita sacrarum Scriptura- 
rum enucleatione conditis, quibus vniuersas Christi Seruatoris nostri acerbis- 
simce Passionis series, eiusdemq ; mysteria, necnon sacerrimce virginis Deiparce 
agones declarantur,.,, quam plvrimis qvoestionibvs vt valide pijs, ita & h ne- 
mine,,, pertractatis.,, exomata,,,^ auctore f. Dan. Mallonio... ; Venetiis, 1606, 



LE 8UAIRE DE TURIN. 1 5 

servit exclusivement k recevoir le corps du Sauveur k la descente 
de la croix (a Turin) ; il serait done different de celui dans lequel 

in-49 de 16 f.-a94p.-i9 f., pK; (m6me titre impr. ; grav^] Historia admiranda 
de lesv Christi stigmatibvs sacra Sindoni impressis, ab Alph. Paleoto... 
explicatay figuris ceneis, qvcestionibus, contemplationibus et meditationibus 
pijssimis illiutrata, cum universa Passionis serice, mysteriis et sacraiissimce 
Virginis Deiparce agonibus.,,^ avctore Dan. Mallonio, Duaci, 1607 (a la fin 
1606), in-4* de 16 f.-428 p.-aS f., figg. ; Augustas Vindel., 1607, in-4®; Ant- 
verpiae, 161 6, in-4*, pi. ; Duaci, 1646, in-4*. 

Tabieav de mortification, tir6 sur VHistoire miraculeuse des Stigmates de 
lesvs Christ marque^ au S. Suaire, descrite par AIph5se Palbot... et depuis 
enrichie par F. D. Maillon de belles explicatios des mysteres plus remarquables 
de la Passion de nostre Seigneur crucifie et de la Vierge nauree du glaiue de 
douleur, et finalement traduicte et ampliflie de plusieurs conceptions prises de 
VEscriture saincte, par N. I[avpitrb] S. Destiollbs ; Paris, 1609, in- 12 de 
6-597-3 f., figg. 

Beschreibung der Leinwath oder Grabtuchs Christi, teusch durch C. Sten- 
gel; 8. 1. n. d., in-4®, figg. [traduct. de Paleotti]. 

L'histoire sacree du tris- saint Suaire de N.S. Jesus Christ, inestimable tresor 
de la maison de Savoye, auquel est contenu en bre/, comme il a ete conserve 
depuis quHl fut achepte par Joseph d'Arimathie, jusques a prisent, recherche 
de diuers hauteurs (tant italiens que Francois) par Nicolas du Moinb et mis en 
rime par lui-mesme; Turin, 1623, pet. in-8*'de 85 p. 

Ragionamenti sopro la sacra Sindone di N. S. Giesv Christo, fatti da f . 
Cam. Balliani...; Torino, 1610, la parte; ibid., 1618, 2a p.; ibid., 1624, 3a p.; 
novamente ristampati, accrescivti e diuisi in tre parti ; ibid., 1624, pet. in-4* 
de 10 f. 280-8 p.-4 f.-(28i-) 618 p., figg. (m6dailles]. 

lo. lac. Chifflbtii De linteis sepvJchralibvs Christi Servatoris crisis histo- 
Pica ; Antverpiae, Plantin., 1624, in-4« de 8 f.-288 p.-7 f., pi., figg. ; 2a edit., 
ibid., 1688, in-4* (exempl. aux arch, du Doubs); f^impr. dans Ugolinus, 
Thesaurus antiquitatum sacr., Venet., 1767, t. XXXIII, c. dccczix-dccccxlviij, 
figg. — Hierothonie de lesvs-Christ, ov discovrs des saincts Svaires de Nostre 
Seignevr, extrait et traduit du latin de lacques ChifHet, par A. D[uchb8ne] 
C. P. ; Paris, i63i, pet. in-8* de 8 £.-240 p., figg. — Une autre paraphrase 
fran^aise forme la i'* partie du ms. i33 du fond Chiflet k la biblioth. de 
Besanfon (54 p.). 

Sindone evangelica, historica e theologica, di... Agaffino Solaro de conti di 
Morbtta; Torino, 1627, in-4* de 4 f.-2i8 p.-3 f. 

Histoire ov bref traiti dv S, Svaire de N. S. lesvs Christ, pretievse reli- 

qve de la maison de Sauoye, qui se garde a Turin, ville capitale du Piemont, 

par Francois Victon [publ. par Hilarion de Costs] ; Paris, 1634, in-8* de 

4 f.-84 p. 

Histoire trH^remcf qvable dv sainct Svaire qvi est a Tvrin, contenant quel-. 



r6 trvuE critique sur 

J^sus fut mis an tbmbeau (k Besan^on), distina lui-mtm^e decelai 
de la t6te (ACadouin); \tperi\oma (i) serait ik Aiz-la-Chapelk : 

ques miracles et meditations denotes sur la Passion de Nostre Seigneur^ 
traduite de ritalien en fran^ois par le s' Fournybr; Paris, 1641, in- is* de 
4 f.-93 p. 

CAPRi (Franco. Traits du Saint-Suaire de Turin ; Turin, 1654, fol. ; repro- 
duit k la fin de son Traiti historique de la <lhambre des comptes de Savoie 
justijli par titres, statuts, ordonnances, Edicts et autres preuves tiroes des 
archives^ Lyon, i66a, in-4*, 143 grav. 

Compendia istorico della Santa Sindone (fatto dal P. D. Vltt. Amad. 
Baralis) ; Torino, 1685, in-8®. 

Ctpriamus (E. S.) et Schmidt (Job. Andr.), Sudaria Christi ; Helmstadii, 
1698, 4^ ; ibid., 1726, in-4* de 38 p. 

ViGus (Job. Bern.),*.. De Sindone Taurinensi libri duo; Augustae Tauri- 
norum, 1768, in-4». 

AvoNDo (Franc), Disserta^ione sopra la ss. Sindone esposta al pubblico cut- 
to.,,; Torino, 1775, in- •. 

Vassalli (M. A.)> Discorso sopra la sacra Sindone di GesU Cristo ; Parma, 
1787, in- •. 

Commentarii critico-archeologici sopra la ss, Sindone de N, 5. Gesii Cristo 
venerata in Torino^ del P. Lazz. Gius. Piano... ; Torino, i833, 3 vol. in-4^ 
de 440 et 469 p., 3 port., 3 pi., fig. 

Moroni (Gaet.), Di^ionario di erudi^ione storico-ecclesiastica ; Venezia, i854, 
t. LXV, p. 188-95. 

Storia della arte cristiana nei primi otto secoli della Chiesa, scritta dal P. 
Raff. Garrucci e corredata della coilezione di tutti i monumenti di pittura e 
scultura incisi in rame... ed illustrati; Prato, 1876, gr. in-fol, t. III. (al. 11), 
pi. 106, n** 4-5. Aprds de vains efforts pour obtenir une pbotograpbie, rdduit 
k Paleotti, Cbifflet et Piano, ^met des conjectures erron6es. 

Lalorb (abb^ Ch.), Historique de Vimage du 5. Suaire de Jisus-Christ^ 
primitivement h Lirey (Aube) et maintenant h Turin^ dans Revue cathol. du 
dioc.de Troyesy 9 et 16 mars 1877; reproduit dans ses Milanges liturg. 
relat. au dioc. de Ttvyes^ 1895, t. II, p. 66-73 ; et dans ma i'* brochure, 
p. 9-39. J'en ai conserve quelques passages (entre guillemets) dans la pr^sente 
6tude. 

ChristusbildeTy Untersuchungen s^ur christlichen Legende, von Ernst von 
DobschQtz (Texte und Untersuchungen jftir Geschichte der altchristlichen Lite" 
ratury herausgeg. von Osc. von Gbbharot u. Ad. Harnack) ; Leipzig, 1899, 
p. 73-9 et p. 143-6*. Ce livre, dont on a fait grand ^tat, est d*une insuffisance 
notoire en ce qui concerne le Suaire de Lirey : ses sources se r6duisent k 
Cbifflet et aux Exuvia. 

(i) Ce n'est pas le lieu d*approfondir la question, de savoir si le Christ en 
croix avait un linge autour des reins : Salmeron et autres pieux commentateurs 



LE SUAIRE DE TURIN. I7 

il ne faut voir Ik qu'un effort pour faire cadrer les reliques exis- 
tantes avec le tcxte 6vang61ique (i). 

Le Suaire de Cadouin a ^t^ transf^r^ dans une nouvelle chdsse 
le 5 septembre 1866. La ftte a 6t6 racont^e par M. Delpit(2) et 
I'histoire de la relique par Tabb^ Carles (3), dans un petit liV're 
a oh il n*est arrive qu'^ compromettre, par des proc^d^s d'argu- 
mentation tr^s discutables, la thdse si brillamment et si solidement 
soutenue par le vicomte de Gourgues » (4). Le comte Riant, au- 
quel j'emprunte cette appreciation (5), a montr^ qu'en Tabsence 

i'affirment contre Lorin, Gretser, Suarez, Jans^nius, etc. Dire, avec Mgr Co- 
LOKiATTi, qu'il n'en est pas fait mention dans TEvangile (p. 3i), c'est s'exposer 
k recevoir en r^ponse que celui-ci ne mentionne pas non plus Pempreinte 
que le corps du Sauveur aurait laissee sur les Suaires. Le plus piquant est^ 
que Chifflet, pour s'autoriser k difiF6rencier le Suaire de Besan^on de celui 
de Turin, afiErme que celui-ci porte le peri^oma tandis que Tautre ne Ta pas 
(p. 195-8 et la grav.) : en r(ialit6 les deux images ^talent semblables. Au sur- 
plus, ChifRet s'en est rapport^, pour le Suaire de Turin, aux renseignements 
fournis par sonfrdre, le j^suite Pierre-Franfois, qui y r^sidait alors (p. 123), 
(i) Cette identification fantaisiste, imagin^e par Pingone, Paleotti et leurs 
copistes, avait pour but de r6pondre k une objection : on faisait remarquer 
que rimpression du corps du Christ sur le suaire ne pouvait comprendre la 
tete, envelopp^e directement dans un linge particulier. La buUe de Jules II 
(du a5 avril i5o6) n'a pas laiss6 d'ailleurs de les embarrasser, le pape affir- 
mant que le suaire {sindon) de Chamb^ry ^tait celui « in qua ipse Dominus 
noster Jesus Christus in monumento positus involutus fiiit » (Pingonb, p. So). 
Comme les apologistes ont reponse k tout, Qhifplbt (ou son fr^re le j^suite) 
a cm s'en tirer en disant que Jules II n'a rien tranche, mais s'est exprim6 
suivant le sentiment du vulgaire (p. 147). — Ce serait le lieu de reproduire 
les savantes et judicieuses remarques de rabb6 Martigny sur I'horreur des 
premiers Chretiens contre I'idol^trie et les arts qui I'entretenaient (Diction. 
des antiq, chr^t.^ 1877, p. 386-7]; les juifs convertis hdritaient de leur pre- 
miere religion une repulsion instinctive contre les reliques. 

(2) Relation de la fete de la translation du saint Suaire ; Perigueux, 1866, 
in-8». 

(3) Histoire du saint Suaire de Cadouin ; Perigueux, 1868, in-32 de viij- 
104 p. ; Paris, 1875, in-8» de 370 p. 

(4) Le saint Suaire ^ suivi d'un Essai sur les pilerinages d Jerusalem avant 
les CroisadeSy par Delpit; Perigueux, 1868-9, in-8* de 288 p., pi. Les ouvra- 
ges ant^rieurs sont indiqu^s dans ma Topo-bibliographie, c. 539. 

(5) Exifin^ sacrof Constantinopolitance^ 1. 1, p. ccxx, n. 4 ; cf. p. clxvij, n. 3. 



1 8 tnjDR CRITIQUB SUR 

de tout t^moignage interm^diaire, rien ne prouve que le sudarium 
Yu par Arculphe au VII* sidcle et le suaire qui parvint k Cadouin 
vers 1 2 10 soient une seule et mdrne relique (i). Longp^rier conve- 
nait que Vaspect de la relique permet de Tattribuer au P' sidcle. 
EUe mesure 2*8 1 sur i"i3. Ses f6tes au deuxidme dimanche apr^s 
Pftques et au 8 septembre n'ont pas de t^moignage ancien (2). On 
peut lui rapporter les n*' i, 2, 3, 5 et 7 ci-dessus. 

Des fragments de suaires (sudarium) se conservaient au moyen 
fige k Clermont, Corbeil, Halberstadt, V^zelay (3), Reims (4), 
Troyes (5) et Zante (6). 

Compidgne poss^dait un suaire, d6nomm^ le saint Signe, et 
beaucoup de bandelettes. De la chapelle de Bucol^on, ce suaire 
serait pass6 au pouvoir de Charlemagne, qui le donna k Aix- 
la-Chapelle (7), d'oti Charles le Chauve le fit porter en 877 
k Tabbaye de Saint-Corneille de Compidgne (n^ 6 et 10). II fut 
conserve dans un vase d'i voire jusqu'au jour de sa translation 
dans une chlisse, enrichie d'or et de pierres pr^cieuses, don de 
Mathilde, reine d*Angleterre ; la c6T6monie se fit le dimanche de 
Loetare^ qui resta fix^ pour la f6te. Le tout est attest^ par un di- 
pl6me du roi de France, Philippe !•% de Tan 1092. Une ostension 
solennelle fut faite, le 21 octobre i5i6, par I'^vdque de Soissons, 
Foucaud de Bonneval (8). Je donne en note le texte du chroni- 
queur Richard de Poitiers qui concerne ce suaire (9). Un de mes 

(i) Revue des questions historiques, 1870, t. VIII, p. 330-7. 

(2) Riant, Exuvice s, Constantinop.^ t. II, pp. 298 et 3o2. 

(3) Voir les sources dans Riant, op. cit., t. II, p. 39o». 
{4) Voir notre Bihliothique liturgique, 1900, t. VII, p. xix. 

(5) NioRi, op. cit., t. I, p. c; t. II,.pp. 3 (n® 9), i3 (n* in) et 272 (n« 2322). 

(6) E. von DoBscHUTZ, Christusbilder, p. 326, n. 3. 

(7) Un inventaire des reliques conserv^es k Aiz-la-Chapelle, du temps de 
Charlemagne (804), mentionne express^ment : « Sudarium Domini » (O. Gre- 
nier, Coll. de Picardie, t. LXXVI, p. 96; F. db Mbly, dans Revue archiolog,^ 
1899, t. II, p. 394). 

(8) Chifflet, op. cit., p. 151-60. Voir Topo-bihliographiey c. 76a. 

(9) c Carolus Calvus post mortem fratrum suorum regnat super Francos 
annis xxix. et nobilem ecclesiam apud Cbmpendium de novo construxit, 
multisque reditibus et praediis illam ditavit, insuper reliquiis quas de Jeroso- 
lymis et ConstantinopoH advexerat eamdem insigniyit ; inter quae pretiosis- 



LE SUAIRE DE TURIN. I9 

amis m'a ^crit que la pr^cieuse relique s'est fondue dans I'eau 
bouillante, oix la servante de I'un des pr^d^cesseurs de Tarchiprdtre 
actuel Tavait plong^e pour lui rendre sa puret6 primitive. Cette 
version est un peu diff^rente de celle qui a 6t€ recueillie par I'au- 
teur du M^moire sur les instruments de la Passion (i). 

Le suaire conserve, depuis saint Louis, dans la Sainte-Chapelle, 
provenait des Blachernes {ti^ 12 k 14). La f<§te s'en cdldbrait le 
3o septembre avec celle des autres reliques (2). 

Un autre se conserve encore k Rome. On le regarde comme au- 
thentique, parce qu'il avait support^ T^preuve du feu : or on voit, 
dans le Voyage de Marco Polo, que c*6tait une ceinture de poll de 
salamandre (d'amiante) que le grand Khan avait envoy^e au 
pape (3). 

Des fragments de linceuls (sindon) dtaient anciennement con- 
serves k Clairvaux, Narbonne, Soissons et TolMe (4). 

A Cahors, on v^n^re la sainte Coiffe, et k Carcassonne, le saint 
Cabouin. Restent les suaires de Besan9on et de Turin, qui peu- 
vent se rdclamer des n<* 4, 6, 8 ^ 1 1 , sans qu'aucun d'eux puisse 
justifier d'une filiation. 

Celui de Besan9on, auquel Chifflet a consacrd la majeure partie 
de son livre, ^tait v^n^r^ le 3 mai et le 11 juillet (5). La tradition 
en faisait un don de Tempereur Th^odose, qui Taurait envoys 
avec le bras de saint Etienne (6). II dut parvenir k Besan^on en 

simum sudarium Christi Domini, quod in sepulchro habuit, in praefata 
ecclesia reposuit, quod usque hodie ibidem consenratur » (Martbnb, Vet, 
script, etmonum. coll., 1729, t. V, c. 1166). 
(i) RoHAULT DE Flburt, op. cit., pp. 24 1 et 327. 

(2) Riant, Exuviae s, Constantinop.^ t. IT, pp. 48 et 298. 

(3) F. de M^LY, dans Journal officiel, 7 juin 1900, p. 3579. 

(4) Riant, op. cit., t. II, p. 388. — L*inventaire des reliques dont on fit la 
translation k Saint-Trophime d' Aries, le 29 septembre 1151, mentionne : 
c Quidam pannus lineus..., qui est sutus cum quodam panno aureo, in quo 
panno lineo fuit D. N. Jhesus Christus involutus » {Gallia Christ, noviss,^ 
Aries, 1900, c. 1046). Nul doute que des recherches dans les inventaires par- 
ticuliers des ^glises qui en possident encore, ne fissent ddcouvrir d'autres 
reliques analogues. 

(5) Riant, op. cit., t. II, pp. 294 et 296. 

(6) Jnles Gauthhk, Notes iconographiques sur le saint Suaire de Besan^ 



20 irVDE CRITIQUE 8UR 

1208 (i). Son authenticity a 6x6 d6fendue par Gollut (2), Fran9 
d^Orival (3), Chifflet, Duchesne, son traducteur, et Dunod(4); 
elle a ^t^ attaqu^e par Baillbt(5), dom Calmbt (6) et Beroier (7). 
Ce suaire mesurait 2"6o sur i"3o. Sa trace est perdue & partir 
' du 34 mai 1794, jour oix il parvint k la Convention ; d'apr^s le 
Journal de Paris du lendemain, cette assembl^e aurait ordonn^ 
d'en faire de la char pie (8). 

La tradition du suaire de Besan^on remontait peut-6tre au XIII* 
si^cle : on ne saurait en direautant de celui de Turin, dont 11 
nous reste k faire Thistoire, d'apr^s les nombreux documents heu- 
reusement retrouv^s k son pays d'origine et ailleurs (9). 

fo», dans Acadimie des sciences ... de Besangon^ 1883/4, p. 289. D'apr^s 
M. Tarchiviste du Doubs, la plus ancienne mention qui s'en rencontre dans 
les registres capitulaires est du 27 mars i523, k Toccasion de la representa- 
tion du mystire de la Resurrection, dont il ^tait Taccessoire (p. 290) ; les 
mots « ostendendo Sudarium seu Sindonem ostendi consuetum, prout moris 
est a cetero, » donnent k entendre que cette coutume n'^tait pas r^cente. Le 
travail de M. Gauthier a ^t^ tird k part, Besanfon, in-8% 4 pi. 

(1) Le comte Riant se demande s*ii ne faut pas « rapporter aux bons offices » 
de Ponce de Lyon (de ia maison de Ghaponay ?), agent financier de Tempe- 
reur Henri, Tarriv^e en France du saint Suaire de Besan^on et de certains 
reliqoaires de Troyes (op. cit., t. !••, p. clxiij). 

(2) M^moires historiques de la Ripublique Sequanoise, iSgS, liv. I*% c. 26. 

(3) Le sainct Suaire de Besanfon, antiquiU, miracles et vin&ations dHce- 
luy, 161 o, in-4« de 41 p. (Arch, depart, du Doubs, n^ 45). Une copie 8*en 
trouve dans le ms. 4 du fonds Chiflet k la biblioth. de Besan^on, f^ 168 ; voir 
encore le ms. 5o, f* 2. 

(4) Histoire de Viglise de Besangon^ ly^o, t. !•', p. 401-25. 

(5) Histoire des festes mobiles dans VEglise^ 1703, t. !••, p. 523-4. 

(6) Dictionnaire historique de la Bible^ ^l^o, t. Ill, p. 596. 

(7) Dictionnaire de thiologiey Lille, 1844, t. Ill, c. 798-9. D'apris Bergier, 
k repoque ot. s'introduisit la coutume de repr^senter des mystdres dans les 
egiises, le jour de P&ques, arrive au mot sudarium de la prose Victims pas^ 
chalij on montrait au peuple un linceul empreint de la figure de Jesus-Ghrist 
enseveli : c'6tait un tableau parlant. 

(8) ^ies des saints de Franche-ComtS, i856, t. IV, p. 5x8; Rohault db 
Fleury, ouvr. citd, p. 3 10. 

(9) II est tristement curieux de voir comment on sait supplier, dans cer- 
taines feuilles pieuses, k I'absence des documents et au silence de Thistoire 
pour teconatituer sans lacunes les annates d'une relique. Sans s'en douter, 



LE 8UAIRE DE TURIN. 21 

II. 

Le 20 juin i353, GeofiFroy I" de Charny, seigneur de Savoisy 

leurs redacteurs sont de I'ecole de Renan, pour qui I'histoire est le ricit, non 
des choses qui ont 6x6, mais a d'une des manidres dont les choses ont pu 
6tre. » Voici Thistoire du Suaire de Turin jusqu'aux Croisades, tracie dans 
la Semaine religieuse du dioc, de Camhrai (34* an., p. 149) par son directeur, 
le chanoine Delassus : 

« Ce linge precieux fut certainement recueilli par les Apdtres et par Marie- 
Madeleine apr^s la Resurrection de Jesus-Christ. Transporte en lieu siir, 
peut-£tre dans la demeure de Joseph d'Arimathie, il dut etre I'objet de soins 
religieux de la part de ces amis du Sauveur, qui tenaient k garder avec 
amour et k transmettre aux generations futures les reliques de la Passion 
du Maitre. On raconte, en effet, que Nicod^me, disciple cach6 de J6sus, k 
peine eut-il re^u de Joseph d'Arimathie ce tresor pr6cieux que Ton croyait 
plus en sillretd chez lui, le tint longtemps cache jusqu'au moment oil, reconnu 
comme disciple de Jesus-Christ, et, k ce titre^ condamn^ k mort, il se r6fu- 
gia dans une viile situ6e k quelques milles de Jerusalem, aupr^s d'un de ses 
oncles appele Gamaliel. Nicodime avait emporte avec lui le Saint-Suaire. 
Quelques ann6es aptr^s, lui et Gamaliel furent admis k I'honneur du martyre ; 
les Chretiens s'empress^rent alors de sauvegarder le Saint-Suaire, pour le 
remettre bientdt k saint Jean TEvang^liste, qui le confia k son tour k saint 
Simeon, second ev6que de Jerusalem. 

« Quand les Romains assiegdrent la Ville Sainte, les Chretiens se repan- 
dirent dans les alentours, emportant avec eux toutes les reliques de la Pas- 
sion de leur divin Mattre, e^en particulier le Saint-Suaire, pour les d6poser 
en une cachette qui les protege&t contre toute profanation. 

« Le jour ou Constantin eut donne la paix k TEglise, les reliques purent 
6tre de nouveau exposees au grand jour et k la veneration des fiddles; et 
nous savons par saint Jean Damascene qu'au vii* siScle le Saint-Suaire 6tait 
gard6 avec honneur dans TEglise patriarcale de Jerusalem, ot il demeura 
trois slides, jusqu'au jour oCl, publiquement et avec la plus imposante so- 
lennitii, il fut port^' au-devant des premiers Crois^s commandos par le pieux 
Godefroy de Bouillon qui, le premier, avait eu le bonheur et la gloire d'arra- 
cher la Terre Sainte aux Musulmans. » 

Le texte all6gue de saint Jean Damascene est fort problematique : dans son 
iiomelie pour le Samedi-Saint, il n'y a qu'un mot (n* 29) sur le suaire 
(aiv^dvc xoOopa) ; dans le traite de la foi orthodoxe, il relate seulement la 
tradition (rtc ifftopte) touchant le portrait du Sauveur envoye k Abgar 
(1. IV, c. 16). — En face de I'esqulsse ci-dessus, combien sont plus exacts 
Baillet {Histoire des festes mobiles dans VEglise, lyoS, t. !•% p. 5 1 8-23) et 



22 irUOB CRITIQUB 8UR 

et de Lirey (i), fondait, sp^cialement en Thonneur de I'Annon* 
ciation, une ^glise coll^giale pour six chanoines k Lirey, petite 
locality sur la Mogne, k 6 kilom. de Bouilly et 19 de Troyes 
(Aube) (2). II obtint, au inline temps (3), du roi pour cette fonda- 
tion ramortissement de 120 livres de rente, lesquelles furent 
augment^es de moitid en juillet i353. On sollicita Tapprobation 
du pape pour le nouvel ^tablissement ; Innocent VI I'accorda par 
bulle du 3o Janvier i354. Par trois autres bulles donn^es au mois 
suivant, il le constitua d'une mani^re definitive et Tenrichit de 
droits et de privileges (4). L'ann^e m^me de sa mort (i356), le 20 

le continuateur de Flburt {Histoire ecclisiastique, 1737, t. XXII, p. 577-9), 
sans excursions, il est vrai, dans la p6riode pr6historique. Le Dictionnaire 
critique Ues reliques et images miraculeuses de Collin de Plancy (1822, t. Ill, 
p. 100-2) leur est inf6rieur. 

(i) II d6buta dans la carridre des armes comme bachelier sous le comte 
d'Eu, conn6table de France, en 1337; il 6tait chevalier le 2 aoi!it 1346. Fait 
prisonnier par les Anglais, le i*' Janvier i35o, k Calais qu'il voulait repren- 
dre sur eux, il dut payer une forte ran^on. Le 25 juin i355, le roi de France 
lui conf6ra la charge de porte-oriflamme ; il I'exer^ait k la bataille de Poi- 
tiers, oi!l il fut tu6 (19 septembre i356). II fiit enseveli, aux d6pens du roi, 
dans rdglise des C^lestins de Paris (Nic. Camuzat, Promptvarivm sacr. anti^ 
qvitatvm Tricassinas dioscesis^ Trecis^ 1610, (^410-1; Chipflbt, op. cit., pp. 
95-9 et 142-4; Anselmb, Hist, giniaL de la maison de France, 1733, t. VIII, 
p. 201-3; Sim. Lues, dans son 6dit. de Froissart, t. IV, p. xxxj, n. 2). 
Geoffroy de Chamy est Tauteur de trois ouvrages sur la chevalerie, deux en 
prose et un en vers, conserves k Bruxelles et ailleurs (Arthur Piaobt, Le 
livre messire Geoffroi de Chamy^ dans Romania^ 1897, t. XXVI, p. 394-411). 
— F. DB GuiLHBRMY a pubHd les inscriptions des dalles fun6raires de la 
femme et de la fille (Marion) de Robert de Chamy ; elles provenaient de 
Tabbaye de Saint-Pierre de Lagny et appartenaient k la premiere moiti^ du 
XlVsiicle (Inscriptions dela France^ 1879, t- ^V, p. 522-3, fig.). Les armoi- 
ries (un lion) sont differentes de celles de Geofiroy (de gueules, k trois 6cus- 
sons d'argent, 2 et i). 

(2) Archives de TAube, fonds de Lirey. Le texte de Tacte se trouve dans 
Camuzat, op. cit., fo 412-20. — Le mobile aurait hti Taccomplissement d'un 
voeu fait durant sa captivit6 , pour obtenir son ^largissement (Chifflbt , 
p. 98-9) : il n*en est nuUement question dans Tacte. 

(3) Anselmb (op. cit., p. 202) dit a au mois de juin 1343 » ; tout me porte 
k croire qu'il y a une l^gire erreur et qu'il faut lire « i353 ». 

(4) Arch, de I'Aube, fonds de Lirey (Lalorb, Milanges liturg,, t. II, p. 66). 



LE SUAIRE DE TURIN. 33 

(lire 23) mai, k Paris, Geoffroy ajouta deux clauses, relatives k la 
fondation de pr^bendes par des etrangers et a la nomination du 
doyen (i); la mSme semaine, le 28, son pieux dtablissement fut 
confirm^ avec doges par T^v^que de Troyes, Henri de Poi- 
tiers (2). II est k remarquer que ces sept documents primordiaux 
ne parlent pas de la relique insigne qui vint bientot augmenter la 
dotation et valoir a la jeune coU^giale une certaine c6l6bnt6, Ce 
point est important : il montre que cette coll^giale n'a point ^t^ 
fondce comme une sorte de Sainte-ChapelJe pour y d^poser le 
Suaire, mais que celui-ci fut adventice. C'est par les actes subsd- 
quents que nous serons fixds sur sa nature et son origine. 

L'ostension du saint Suaire donnd par Geoffroy (3) attira bientdt 
de partout les foules et les aumdnes. L'dv^que de Troyes, dont on 
avait oublid de demander Tautorisation, tint conseil k ce sujet : 
des thdologiens lui firent remarquer que les evangdistes n'auraient 
pas manqud de mentionner Tempreinte du Sauveur sur le Suaire 
dans lequel il avait 6x6 enseveli, si elle s'^tait produite, et qu'un 
fait de cette importance n'aurait pu d'ailleurs rester jusqu'ici 
ignore des evdques : tout ce mouvement devait fitre attribu^ a la 
cupidity du doyen, qui, pour accrottre Tempressement des fiddles, 
avait fait colporter le rdcit de faux miracles, soi-disant obtenus 
par des gens soudoyds (4) ; on finit d'ailleurs par obtenir la con- 
fession du peintre qui avait artistement confectionn^ le Suaire (5). 

(i) Camuzat, op. cit., f* 420 vo-2 r«. 

(2) Camuzat, £• 422 v*. Henri ne prend que le titre de « Dei et apostolicae 
sedis gratia electus confirmatus Trecen. » : ii n'^tait pas encore sacr^, bien 
qu'ayant dejk occup^ le si^ge de Gap pendant pr^s de quatre ans (Albanjcs, 
Gallia Christ, noviss., Aix, 1899, c. 498-500). 

(3) a Olim genitor ipsius Gaufridi [le fils], zelo devotionis accensus, quan- 
dam figuram sive repraesentationem Sudarii Domini nostri Jesu Christi, sibi 
liberaliter oblatam, in ecclesia Beatae Mariae de Lireyo, diets [Trecensis] 
dioecesis, cujus ipse fundator extitit^ venerabiliter collocari fecerat » (Appen- 
dice K). 

(4) « Ad ipsos alliciendos populos, ut subtili ingenio aurum extorqueretur 
ab eis, inibi confingebantur miracula mendaciter certis hominibus, ad hoc 
pretio conductis, qui se sanari fingebant in ostensione dicti Sudarii » (Me- 
moire de Pierre d'Arcis, Append. G). 

(5) a Reperit fraudem et quomodo pannus ille artificialiter depictus fuerat, 
et probatum fuit ctiam per artificem qui ilium depinxerat » (Ibid.) 



J4 trVDE CRITIQUB 8UR 

II n'en fallait pat d'aranuge pour convaincre le prdat que ce ne 
pouvait £tre Foriginal : il n'b^sita plus k interdire rexhibition de la 
relique. Elle fut enlev^e du tresor de I'^glise et remise sans dome 
au donateur (i), qui la conserva durant cette p^riode od la Cham- 
pagne fut afBig^e de la guerre et de la peste. Pendant trente-quatre 
ans il n'en est plus question (2). Geoffroy II, qui avait succ6d6 a 
son pdre en i356, profita du passage du cardinal de Sainte-Su- 
sanne, Pierre de Thury, envoys au d^but de 1389 (3) comme 
Ugat dans lia province de Sens (dont Troyes d^pendait) par le 
pape Clement VII au roi Charles VI, pour en obtenir Pautorisa- 
tion de replacer son Suaire dans I'^glise de Lirey et de Ty exposer 
de nouveau k la v^n^ration des fiddles, sans avoir k solliciter 
d*autre permission (4). L'indult obtenu fut mis k execution et 
Geoffroy se pourvut, sans doute par I'entremise du cardinal, de 
lettres confirmatives de Charles VI (5). Ces manoeuvres ^murent 

(0 « Quandam figuraxn sive repraesentationem Sudani D. N. J. C, quae in 
ecclesia Beatae Mariae de Lireyo, dictae [Trecen.] dioec, antea venerabiliter 
collocata et demum, ex certis causis, ad alium locum translata et custodita 
cxtitcrat » (Append. N). 

(3) D*apr^8 une tradition recueillie par Chipflbt (p. 107), on I'exposait 
chaque ann^e en dehors du bourg de Saint-Hippolyte, ftur la rive du Doubs, 
dans un pr^ qui consenrait de \k le nom de Domini pratum ; il mentionne 
d*autres souvenirs dans I'^glise de Saint-Hippolyte et k Villersexel. 

(3) II etait k Avignon en i388 (Baluzb, Vitce papar. Aven., t. I*, c. i35o). 
Ses pouvoirs de 16gat dat^rent du 1 1 Janvier 1 389 ; il fit sa premiere entree k 
Notre-Dame de Paris le 6 avril et fut de retour k Avignon le 19 juin (No&l 
Valois, La France et le grand schisme d'Occident, 1896, t. II, p. 144, n. i). 

(4) « Cum dudum dil. fil. n. Petrus, tit. Sanctae Susannae presb. cardi- 
nalis, quern tunc ad... Carolum regem Francorum... destinaveramus,... per 
Senonen. provinciam, de qua dioecesis Trecen. existit, transitum faciens,... 
nob. Gaufrido, domino loci de Lireyo, dictae dioec, ut ipse quandam figuram 
sive repraesentationem Sudani D. N. J. C... in dicta ecclesia Beatae Mariae 
poni et collocari facere posset, per suas litteras indulsisset » (Append. N). 
«... Congruo honore et decenti loco poni et collocari facere posses, dioece- . 
sani vel alterius cujuscumq. non petita vel obtenta licentia... » (Append. O). 
— L'enqufite faite k Chimay en 1449 (Append. U) donne k entendre que I'in- 
dult du cardinal pr^cisait que ce linge n'^tait point Toriginal du Suaire, mais 
une peinture figur^e ; voir d'ailleurs TAppend. G. 

(5) Chifflet, op. cit., p. loi. ' 



LE SUAIRE DE TURIN. ^5 

le nouvd 6v«que dc Troyes, Pierre d'Arcis ; il n*eut pas de peine k 
constater la nulHt^ de I'induit, comme obtenu subrepticement ; 
de plus les chanoines ne se contentaient pas de tenir le Suaire en 
un lieu decent, comme lis y avaient 6t^ autoris^s, mais en faisaicnt 
I'ostension solennelle. En consequence de la prohibition lanc^e 
par son pr6d6cesseur, il d^fendit en plein synode {i) k tons cur6s 
de son diocese et prddicateurs de parler ni du Suaire de J.-C, ni 
de son image, soit en bien, soit en mal ; puis il interdit au doyen 
de Lirey, sous peine d'excommunicatibn, de montrer cette figure 
ou representation a qui que ce fut (2). Le doyen de Lirey en 
appela de cette prohibition au Saint-Si^ge et continua d'exposer 
solennellement Timage en question (3). 

<c Le messager qui avait 6t6 d^pSche k la cour d' Avignon par le 
chapitre de Lirey, rapportait bientdt un rescrit de Clement VII 
k Tadresse de Geoflfroy de Charny. Le pape confirmait la permis- 
sion donn^e par le l^gat Pierre de Thury et autorisait les chanoi- 
nes a exj)oser publiquement la representation du saint Suaire, 
malgre la defense de Tev^que de Troyes ; de plus le pape imposait 
a reveque « perpetuum silentium j> sur cette question (4). » Peu 

(i) Le Chan. Lalorb nc fait pas mention de cette assemblee de iSSq dans 
son opuscule : Les synode s du diocdse de Troyes^ 1867, p. 1 1. 

(2) « Postmodum venerabilis frater noster Petrus, episcopus Trecensis, ex 
hujusmodi indulto commotus in sua synodo ultimo celebrata rectoribus par- 
rochialium ecclesiarum ac aliis quos , proponere contingeret verbum Dei, ne 
de Sudario Jesu Christi, figura seuque repraesentatione ipsius in suis eccle- 
siis aut sermonibus sive in bono sive in malo aliquam mentionem facerent, 
ac demum dilecto filio decano ecclesiae Beatae Maris praedictae, ne sub ex- 
communicationis poena dictam figuram seu repraesentationem alicui osten- 
deret, inhibuerat » (Append. K). 

(3) « A qua quidem inhibitione eidem decano facta, pro parte dicti decani 
fuerat ad Sedem apostolicam appellatum » (Append . K) . 

(4) « Et quia dicta figura sive' repraeseatatio, post appellationem hujusmodi, 
populo publice exhibita extiterat et ostensa, nos indultum praefatum ex certa 
scientia, auctoritate apostolica confirmavimus et nihilominus eidem decano 
et .. capitulo dictae ecclesiae Beatae Mariae concessimus quod, inhibitione hujus- 
modi non obstante, figuram seu repraesentationem eandem populo publice 
ostendere et ostendi facere valerent, quotiens foret opportunum, eidem epis- 
copo super inhibitione praedicta perpetuum silentium imponendo » (Appen- 
dice K). 



26 irUDB CRITIQUE 8UR 

apr^s, une nouvelle buUe r^glait les conditions dan$ lesquelles 
devait se faire I'ostension de la relique (i). 

Pierre d*Arcis ne se tient pas pour battu : il 6crit k Charles 
VI. A la cour de France, I'affaire prit bien vite une autre tournure: 
au regu de la requite de T^v^que de Troyes, le roi r^voqua, le 4 
aoAt 1389, la permission accord^e k Geoffroy de Charny et au 
chapitre de Lirey {2). Comme consequence/ en vertu d*une com- 
mission ^manant de la cour du Parlement de Paris, le bailli de 
Troyes signifia au doyen et aux chanoines de Lirey d'avoir k 
lui livrer le SutAre (drap), pour le transporter k Troyes: ceux-cis'y 
refus^rent et inter jetdrent appel au Pape (3). N^anmoins leSuaire 
fut declare mis sous la main du roi (4). 

R^duit k rimpuissance de ce cdt^, I'^v^ue s'entoure d'une 
commission de thdologiens et r^dige un m^moire explicite sur la 
question : d'un cdt^, il 6tablit que le Suaire de Lirey n*est pas le 
vrai Suaire de J^sus-Christ, mais qu'il en est seulement une image 
ou representation et qu'il a 6t6 peint de main d'homme ; d'un 
autre c6te, il montre que toutes les c^r^monies qui accom- 
pagnent Tostension de ce suaire exposent les &mes faibles et 
ignorantes au p^ril de Tidoldtrie (5). Ce m^moire dm parvenir k 
Clement VII vers la fin de Tann^e 1389 (6). 

(i) « Subseqaenter, circa modum ostensionis hujusmodi certos modos et 
formam statuendos duxerimus et etiam ordinandos » (Append. N). Voir en 
outre TAppend. U. 

(3) Appendice, lettre A : Le Suaire de Lirey 6tait c quidam pannus manu- 
factus et in figuram vel similitudinem ac commemorationem aacri Sudani, 
in quo pretiosissimum corpus Domini nostri Jesu Christi salvatoris, post 
ejus sanctissimam passionem involutum fuerat, artificialiter depictus ». 

(3) Appendice, lettres B et D. Le r6cit de cette sommation est Curieux k 
lire ; les subtilit^s k Taide desquelles le doyen dejoue la mission du bailli font 
plus d'honneur aux ressources de son esprit qu'k sa veracity : on peut y re- 
lever plus d'une restriction mentale. - 

(4) Appendice, lettre B. 

(5) Chifflet, op. cit., p. 10 1. Les chanoines de Lirey, outrepassant les termes 
de rindult du ligat Pierre de Thury, qui permettait « repraesentionem seu fi- 
guram Sudarii dominici in dicta ecclesia vel alibi in loco honesto ponere » 
(Append. J), exposaient le Suaire a cum solemnitate maxima et majori quam 
ibi ostendatur Corpus Christi » (Ibid.). 

(6) Capital dans la question et precieux k plus d'un titre, ce document his- 
torique m^rite d'etre lu int^gralement. Son authenticity est hors de doute, 



LE SUAIRE DE TURIN. 7^ 

De son cot^ Geoffroy avait signals au pape les difficult^s que 1'^- 
vdque suscitait de la part du roi et de ses gens (i). Pour mettre fin 
k cette contestation, qui ne pouvait manquer de diviser les esprits 
dans le diocese, Clement VII fit expddier simultan^ment, le 6 Jan- 
vier iSgOy quatre buUes dont on trouvera le texte en appendice. 
La premiere, adperpetuam reimemoriam^ relate la plupart des faits 
pr6c6dents et conclut k la l^gitimit^ de Tostension du Suaire, 
mais interdit les c^r^monies incrimin^es par T^vSque ; de plus 
celui qui fera Texposition devra proclamer k haute et intelligible 
voix que cette image ou representation n'est pas le vrai Suaire 
de N.-S. J.-C, mais seulement une peinture, un tableau qui le 
figure ou repr^sente (2). La deuxidme, adress^e k T^y^ue de 

puisque j'cn ai retrouv6 la minute, distraite jadis des Archives de V6Y&ch6 de 
Troyes. Pour bien etablir i'homog^n^it^ des copies qui en subsistent, j'ai 
donne, avcc le texte original, la collation rigoureusc d*une transcription con- 
temporaine (Appendice, lettre G) et reproduit une analyse (App. H) et deux 
sommaires (App. I et J) conserves en divers lieux. II porte en 4ui-m6me des 
preuves intrins^ques de sa v^racite. L'^vdque reprend la fraude des chanoines 
k son origine et relate tous les incidents qui ont signale I'ostension du 
Suaire sous son predecesseur, Henri de Poitiers. II 6tablit qu'il est libre de 
toute passion dans cette controverse, ne poursuivant qu'un but, sauvegarder 
la foi du troupeau confie k sa charge. La presomption doit 6tre en sa faveur: 
jamais il ne lui viendrait k la pensee de s'opposer k une devotion discrete et 
bien ordonnee. II s'etonne k bon droit des obstacles qui, de toute part, cons- 
pirent pour Tempdcher de remplir les fonctions de son pouvoir ordinaire, 
alors qu'on devrait Tencourager. Loin d*avoir int^rdt k combattre Tauthenti- 
cite du Suaire, il eut ete tout fier que son diocese possed^t une relique de 
premier ordre. 

(i) a Sicut exhibita nobis pro parte dicti Gaufridi petitio continebat, tu 
adversus praemissa nonnulla impedimenta perRegem... et ejus gentes opponi 
feceris et etiam procurari » (Append. N). 

(2) « Ostendens dictam figuram, dum major ibidem convenerit populi multi- 
tudo, publice populo praedicet et dicat alta et intelligibili voce, omni fraude 
cessante, quod figura seu repraesentatio praedicta non est verum Sudarium 
Domini nostri Jesu Christi, sed quaedam pictura seu tabula facta in figuram 
seu repraesentationem Sudani, quod fore dicitur ejusdem Domini nostri Jesu 
Christi ft Appendice, lettres K et M. — M. Loth met en note : a Voir la buUe 
de C16ment VII, Apostolicce Sedis, du 6 Janvier iSgo, dans Chronicon Cornelii 
Zantfliet, ad ann. 1449, ou k la Biblioth. nation, de Paris, fonds latin, ms. 
104x0, f* ii3 ». S'il avait travaille autrement qu*i I'aide du labeur d^autrui, 
il aurait constate que la bulle du ms. 104 10 est diff^rente de celle de Zant- 



^ irVOZ CRITIQUE lUR 

Troyei, resume les monies faits et lui interdit, sous peine d'ex- 
communication^ de s'opposer k Tostension de la relique, pourvu 
que les conditions sp^cifi^es dans une buUe pr6c6dente soient 
inviolablement observ^es (i). La troisidme, k noble Geoffroy sei- 
gneur de Lirey, relate la petition qu'il a adress^e au Saint-Sidge, 
les obstacles qui ont entrav^ une premiere concession et Tautori- 
sation definitive qui lui est accord^e (3). La quatri^me, aux offi- 
ciaux de Langres, Autun et Ch41ons-sur-Marne, les charge de 
publier les decisions du Pape k regard du Suaire de Lirey et de 
les faire observer (3). 

Cette s^rie de pieces contradictoires nous permet d'etre d*s 
maintenant fixes sur la nature de cette relique. Peu de choses sur 
son origine : d'apr^s Texpos^ par lequel debute la premiere bulle, 
Geoffroy II disait simplement que cette image ^tait un cadeau fait 
k son pdre {sibi liberaliter oblatam). C'^tait une representation par 
la peinture : ces textes et ceux qui suivent ne permettent aucun 
dome, aucune hesitation k cet egard. Les chanoines de Lirey 
redamaient la liberie de Texposer dans leur eglise, mais ne soutin- 
rent jamais que ce f(!it Toriginal. S'il en eiXt 6x6 autrement, les 
buUes en auraient fait mention, car on salt Phabitude de la chan- 
cellerle pontificate, de relater exactement tous les dires des parties. 
Les eveques de Troyes s'opposerent avec perseverance a Tostension, 
parce que les ceremonies dont on Taccompagnait etaient de nature, 
par leur somptuosite, k faire croire au peuple qu'il y avait autre 
chose qu'une peinture (4). Or, on sait si la masse des fideles est 

fliet, Tune commenfant bien par Apostolicce sedis providentia^ mais Tautre par 
Ttue devotionis sinceritas (Append. O). 

(i) Appcndice, lettre N. 

(a) Appendice, lettre O., 

(3) Appendice, lettre P. 

(4) Cette prohibition radicale est a rapprocher de celle que promulgua 
rev^que de Grenoble, Laurent Allemand, durant une visite pastorale, le 4 
juillet 1488, k Echirolles, dont Teglise paroissiale avait pour vocable Tapdtre 
saint Jacques (ou Jesme) : il fit ouvrir son pretendu tombeau, ou Ton trouva 
les restes d'un corps gigantesque {magncs longitudinis et grossitudinis)^ et, 
comme il ne constait ni de la vie ni des miracles pretendus (assertis) de ce 
saint, ni mfime de son nom, il defendit de I'honorer et d*en faire I'office 
jusqu'k ce que le Saint-Si^ge en eut informe {Visites pastor, et ordinations 
des eveques de Grenoble de la maison de Chisse^ 1874, p. xviij-ix). 



LE SUAIRE DE TURIN. 29 

cr^dule et exag^re facilement. Une tradition est vite ^tablie: il 
serait facile d'en citer des exempies pris k notre ^poque. 

A ces documents qu'a-t-on r^pondu ? rien contre leur authenti- 
city, du moins depuis ma premiere brochure. Chifflet se plaignait 
(c'^taijC dans son rdle) que des exemplaires de ces bulles eussent 
6t6 r^pandus en France et en Bourgogne (i). Celui de la premidre 
reproduit par Piano (2) provenait d'une lettre du comte Vernon au 
marquis del Borgo (11 Janvier 1723). J'ai dit ailleurs qu'il a faliu 
a cet auteur, ppur I'arguer de faux, « I'aplomb et les subtilit^s dont 
ses cong^ndres sont coutumiers dans la defense des bulles de la 
plus insigne fausset^. » J'ajoutais : « L'histoire des fabrications de 
faux est aujourd'hui mieux connue: dans I'esp^ce, on en cr^ait 
pour ^tablir I'authenticit^ d'une* devotion et non pour la nier ». 
Depuis que la minute de la seconde buUe a 6x6 retrouvde dans les 
archives du Vatican, on a change detactique, v^rifiant ainsi le mot 
de TertuUien : « Quibus fuit propositum aliter docendi, eos neces- 
sitas coegit aliter disponendi instrumenta doctrinae ». Mgr Colo- 
miatti s'est bien gard^ de r^voquer en doute Tauthenticit^ de ces 
bulles, mais pour lui ce n'est que « Toeuvre d'un simple particulier, 
Robert, des comtes de Geneve, qui s'est arrog^ (!) la dignity 
papale ; cette lettre est de nuUe autorit^ pour les catholiques » 
(p. 1 5). Et « si Ton trouve ces actes dans les archives du Vatican, 
cela ne veut pas dire qu'ils ont 6t6 reconnus comme legitimes, 
mais qu'ils sont conserves comme documents historiques, comme 
beaucoup d'autres documents contraires k I'enseignement de 
I'Eglise » (p. 17). On croit rdver enlisantde pareilles affirmations; 
j'y avals repondu d'avance en disant : « Les faits qui ressortent de 
r^tude plus complete du XIV« si^cle eccl^siastique ne concordent 

(i) Op. cit., p. iSy. Dans son livre, Chipflbt a promis k plusieurs reprises 
de router la bulle de Clement VII : il a oubli6 de le faire, car dans son 
chap. XXIII : a Aliquid pro veritate Sindonis Taurinensis, contra sententiam 
iniquam dementis antipapae » (p. 137-43), il n'ya que des railleries et des 
injures k Tadresse des detracteurs anciens et modernes du Suaice : rien de 
sp^ifique contre la bulle. Si le P. L. db Grandmaison Tavait lu, il n'aurait 
pas dit a que Chifflet combat ce jugement de Tantipape » {Etudes publ, p, la 
Comp. de Jisus^ 1899, t. LXXIX, p. 660). 

(3) Op. cit., t. II, p. 377-86. 



30 iTUDE CRITIQUE 8UR 

pas toujours avec les id^es qui ont cours vulgairement. A T^poque 
dont il s'agit, il n'y avait pas un pape vrai et un ou plusieurs anti- 
papes. Chacun des pontifes opposes ^tait consid^r^ comme le pape 
veritable dans son obedience, et celle de Clement VII n'^tait pas 
moins considerable que celle de Boniface IX. La papaut^ conserve 
pr^cieusement dans les archives du Vatican aussi bien les minutes 
ou copies des bulles des pontifes d'Avignon que de ceux de Rome. 
On a compt6 des saints dans toutes les obediences ; il est m^me 
remarquable que Louis Aleman, seul archev^que d'Arles pendant 
une partie du schisme^ excommunie par Eugdne IV, a 6x6 beatific 
par Clement VII (de Rome) en 1527. De chaque cdte on etait 
fermement persuade de la legitimite exclusive du pape auquel on 
obeissait ; on affectait de reiterer cette declaration dans son tes- 
tament ». 

Le pro-vicaire general de Turin ajoutait : < Tous les actes des 
antipapes sont done sans autorite dans TEglise, quand ils n'ont pas 
ete ratifies par les papes legitimes ». (ibid.) J*ai fait observer 
qu* « une regie eiementaire en histoire est de juger des faits d'une 
periode, d*apres les idees ayant cours k cette epoque, et non 
d'apres celles de notre temps ». De nos jours, malgre des recher- 
ches approfondies dans les documents, on hesite k se prononcer 
sur la legitimite de Teiection d'Urbain VI. F(it-elle incontestable, 
les principes de la critique historique, non moins que la loyaute, 
exigeraient de juger d'apres les faits ce qui se passait au point de 
vue de I'autorite souveraine ecciesiastique dans le diocese de 
Troyes. Quand Geoffroy de Charny et le chapiire de Lirey voulu- 
rent en appeler de Tinterdiction prononcee par Tordinaire, ce 
n'est pas k Boniface IX, alors residant k Rome, qu'ils s*adresserent, 
mais k son competiteur Clement VII, k Avignon. On ne voit pas 
que personne ait refuse de se soumettre k sa decision : il etait done 
considere k Troyes et k Lirey comme le pape legitime (i). 

(i) Au surplus, k la fin du grand schisme^ pour donner une paix complete 
k TEglise, on r6integra chaque dignitaire dans ses b6nefices et on confirma 
les actes des papes des diverses ob6diences : faire le contraire 6tait impos- 
sible, sous peine de tout remettre en discussion et de bouleverser de nou- 
veau TEglise. 



LE SUAIRE DE TURIN. 3-{ 

I 

Nous allons voir si l*histoire subs^quente du Suaire donne un 
dementi ^ cat ensemble de faits concordants. 

« Apr^s ces d^bats, la devotion k Fimage du saint Suaire dut 
s*affaibUr rapidement en Bourgogne, et les p^lerins oublidrent 
sans doute ie chemin de Lirey. Pendant vingt-huit ans, la nuit se 
fait autour de cette controverse. 

« Nous sommes en 1418. La France est ddsol^e par I'invasion 
6trang6re et par la guerre civile ; le parti bourguignon et $on chef 
Jean sans Peur avec Isabeau de Bavidre dominent k Troyes ; des 
pillards, gens de sac et de corde, parcourent les campagnes et 
jettent partout Teffroi. Dans ces conjonctures, les chanoines de 
Lirey confient ce qu'ils ont de plus pr^cieux dans le tr^sor de leur 
dglise k Humbert, comte de la Roche (i), seigneur de Villersexel 
et de Lirey, gendre et successeur de Geoffroy II de Charny. Le 
6 juillet, le comte Humbert d^livrait » aux chanoines un regu, dans 
lequel figure au premier rang : a Ung drap ou quel est la figure 
ou representation du Suaire Nostre Seigneur Jesucrist, lequel est 
en ung coffre armoy^ des armes de Charny » (2). Ces termes sont 
tr^s formels et ne permettent aucune ^chappatoire. II ne s'agit pas 
dans cet acte de complaire a un ennemi de Tauthenticit^ de la 
relique, I'^vfique de Troyes ou tout autre: en des circonstances 
p^nibles on ne cherche pas a faire de la diplomatie; on d^crit 
rapidement les objets comme ils sont et tels qu'on les croit. Pour 
le petit-fils du donateur et pour les chanoines, le Suaire de Lirey 
^tait done Men une copie et non I'original. 

« Humbert mourut sans avoir rien restitu^ a ses commettants. 

a Vingt-cinq ans s'^taient ^coul^s depuis que I'image du Suaire 
avait quitte » le tr^sor de Lirey. Apr6s Tavoir vainement reclame 
k Marguerite de dharny, veuve de Humbert (3), les chanoines 

(i) VHistoire 4u comU de la Roche et de Saint-Hippolyte, sa capitale^ a 
6t6 6crite par rabb6 Lots (Montb^iiard, 1888, in-i8 de 463 p.); ce m6moire 
a ^t^ appr^ci^ par le chan. Suchet dans les travaux de VAcadimie de Besan^ 
fon (1887/8, p. i32-8), qui Tavait couronn^. 

(3) Appendice, lettre Q. 

(3) Marguerite avait d'abord ^pous6, en 1400, Jean, seigneur de Baufifre- 
mont et de Charny^ qui fiit tu6 k la batailie d*Azincourt (a 5 octobre 141 5); 
eUe se remaria peu apr^s avec Humbert de la Roche. II sera question plus 



33 ETUDE CRITIQUE 8UR 

assign^rent celle-ci au parlement de Ddle. Le 8 mai 1443, Pierre 
Sauvageot, doyen, Evrard des Champs et Nicole de la Rothidre, 
chanoines de la colUgiale de Lirey, s'y pr^sentdrent pour r^clamer 
^ Marguerite c plusieurs reliques et aornemens d*6glise », qui 
avaient 6x6 confi^s k son mari d^funt en 141 8. Avec une subtilit^ 
toute feminine, elie fit remarquer que le regu de son mari ne Teno- 
gageait pas en ce qui concerne le « sainct Suaire, lequel pieca fut 
conquis par feu messire Geoffroy de Charny, mon grant pere » (i); 
et que, au surplus, les reliques en question ne seraient pas en 
sQret^ k Lirey, attendu que ce « lieu n'est pas ancor bien appaisi6 
des guerres et tribulations de France ». On transigea, pour ^viter 
les frais d'un procds. Marguerite remit incontinent aux chanoines 
toutes les reliques, k Texception du Suaire, qu'elle fut autoris^e k 

loin de son frire et de son h^ritier. — Comme specimen des inventions aux- 
quelles les historiens du Suaire se sont livr6s, il faut lire la page consacr^e 
par PiNGONB k Marguerite : originaire de I'lonie ou de I'Eolide, descendue 
des rois de Jerusalem, elle fut mari6e k Hector de Lusignan, etc.; il ajoute 
triomphalement : « quibus omnibus tempora conveniunt » (p. 17). 

(i) Cette assertion, jet6e comme au hasard, est en contradiction avec ce 
que nous avons lu plus haut (liberaliter oblatam)^ bien que M. Loth ne trouve 
aucune difference entre les deux affirmations (p. i a). On salt d'ailleurs que 
Geoffroy I** passa sa vie k guerroyer contre les ennemis de la France et de 
TEglise. Si Ton tient k ce que le Suaire ait ^t^ apport6 d*Orient, je r^vilerai, 
k la suite de M. N. Jorga {Philippe de Mi\iireSf la croisade au XIV* sUcle^ 
1896, p. 56), que son donateur accompagna le dauphin Humbert II k la croi- 
sade de 1346. La chevalerie de la Passion de Jhesu Crista de Philippe ok 
MaiziArbs (ms. de TArsenal 3a5i, f* ia-3)^ le cite parmi les combattants qui 
furent vainqueurs des Turcs pr^s de Smyme, le 14 juin, d'apr^s mon Itini- 
raire des Dauphins de la 3* raofi (1887, p. i5). ^ D*apr^s une notice histori- 
que sur la colMgiale de Lirey, ^crite apris i525 et ins^rde dans la Collection 
De Camps (v. 124, f^' 21 3-6; copie dans la Coll. de Champagne, v. i54, 
f^* 1 33-6) ff Geoffroy de Charny, chevalier, comte dud. Charni et seigneur de 
ce present lieu de Lirey, descendus des anciens ducz de Bourgoigne et des 
seneschaulx de Champaigne, baronie de Joinville », re^ut du roi Philippe de 
Valois, en recompense desavaillance, c le S* Suaire de Nostre Seigneur, sau- 
veur et redempteur Jesuchrist, avec une belle portion de la vraie Croix et 
plusieurs autres relicques et sanctuaires, pour estre mis et coUocquez en 
Teglise qu'il esperoit et proposoit bastir, ediffier et doter en Thonneur de la 
glorieuse vierge Marie ». Cette version semble conforme k celle du fils du 
donateur. 



LE SUAIRE DE TURIN. 33 

garder trois ans durant, sauf k payer annuelletnent a la coUdgiale 
1 2 francs, pour compenser les a biens faiz et aulmosnes que pour 
occasion dudict precieulx jouyaulet sainct Suaire pourroicnt venir 
et escheoir a ladicte ^glise de Lirey », et 3o francs comme indem- 
nity des frais. Toutefois, elle s'engageait k devancer ie d^lai de la 
restitution, au cas od Fran9ois de la Palud, dit de Varambon, k 
present comte de la Roche, serait possesseur du lieu de Lirey k la 
Saint-Jean prochaine. Marguerite remit en outre aux chanoines 
divers ornements dMglise. Son frdre, Charles de Noyers, se consti* 
tua garant de ses promesses (i). 

Le lendemain, la cour rendit une ordonnance au nom du due 
Philippe le Bon. Le proems avait commence le i^ mars prdc^dent. 
Avec Marguerite figurait, comme partie principale, Fran9ois de la 
Palud, h^ritier d'Humbert de la Roche. Conform^ment k un ordre 
de la cour, elle avait apport^ les « reliques et joyaulx » qu'elle 
d^tenait en vertu de I'acte de 1418 ; ils furent d^pos^s dans T^glise 
Notre-Dame de Dole. La cour d^cida, malgr^ I'opposition de 
Fran9ois, que les chanoines enverraient une procuration k la fdte 
de Pentecdte pour donner d^charge k Marguerite, k Frangois 
de la Palud et k sa femme, Jeanne de la Petite-Pierre, h^ritiers 
d'Humbert; que jusque-lil le Suaire demeurerait entre les mains 
de Marguerite et les autres reliques en d^pdt dans I'^glise des 
Franciscains (2). 

Malgr^ les provisions. Marguerite resta (et restera toute sa vie) 
dame de Lirey. Elle laissa m6me passer le dOlai de trois ans 6x6 
pour la restitution du Suaire. Apr^s avoir pris patience plus de 
deux mois, les chanoines I'assigndrent devant Tofficial de la cour de 
Besan90n. Le 18 juillet 1447, Marguerite y comparut, assistOe de 
trois « pleiges et principaulx rendeurs », ainsi que le doyen Pierre 
Sauvageot et le chanoine de la Rothi^re. Marguerite fit valoir de 
nouveau a que pour fortune de guerres de France qu*avoient long 
temps estOes empr^s TOglise de Lirey, icelle estoit venue en telle 
ruine que le sainct Souaire seurement ne se pourroit guerder en 
icelluy lieu » ; pour ce motif elle hdsitait k s'en dessaisir. Les cha- 

(i) Appendice, lettre R. 
(3) Appendice, lettre S. 



34 iTUDB CRITIQUE SUR 

noines, toujours cr^dules k ses promesses (ils le seront longtemps), 
consentirent un nouveau ddai jusqu'il la ttxt des apdtres Simon et 
Jude (38 oct.) de Tan 1449; et d'ici lors, comme « recompensation 
des aulmones et bien faictz qui se pourroient faire en lad. ^glise a 
Toccasion dud. sainct Souaire », Marguerite leur payera chaque 
ann^e i5 francs, plus 5o pour les < fraiz, missions et despens » 
qu'elle avait occasionn^s, soit 20 francs comptant et 3o k la Purifi- 
cation (3 f^vr.). L'acte ne porte pas quittance (i). 

Comme on Va compris et comme la suite le montrera, ce zMe 
pour la conservation du Sualre n'6tait pas d^sint6ress6 et la dame 
de Lirey trouvera le moyen d*duder ind^finiment ses promesses, 
malgr^ la « bonne et souffisante caution » qu'elle fournit. 

Avant I'expiration du ddai, mais en cette m^me annee 1449, 
nous trouvons Marguerite en Hainaut. Le chroniqueur, qui va 
nous renseigner sur ses faits et gestes, est Corneille Zantfliet (ou 
de Santvliet), bto^dictin del'abbaye de Saint-Jacques k Lidge, puis 
doyen de Stavelot, mort vers 1462, contemporain par consequent 
et tenu comme trds v^ridiqne et digne de foi (2). Elle arriva k 
Chimay, portant dans son bagage un linceul (linteum), sur lequel 
6tait admirablement peinte (miro artificio depicta) la forme du 
corps de N.-S. J.-C, avec les moindres traits (Uneamentis) des 
membres» les plaies du cdt^, des mains et des pieds sanguinolentes 
comme si les blessures ^talent r^centes. Pour augmenter la devo- 
tion populaire et stimuler la g6n6rosh6 des fiddles, certains affir- 
maient que ce Sualre etait v^ritablement celui dont Nicodeme et 
Joseph d'Arimathie avaient envelopp6 le corps du Sauveur dans 
le s^pulcre, etc. {et ccetera ialia). II se faisait un concours ^norme 
de gens de tout sexe, accourus des provinces voisines. Le bruit de 
cette exhibition arriva jusqu'aux oreilles du v^n^rable ^v^que Jean 
de Heinsberg, qui occupait le sidge de Lidge depuis quarante ans. 
Emu des sentiments opposes qui divisaient k ce sujet les fiddles 
cpnfies k sa charge pastorale, il del^gua deux renommds professeurs 
en theologie, le cistercien Thomas, abbe d'Aulne (3) et maitre 

(i) Appendicc, lettre T. 

(3) Voir Paquot et les autres sources indiqu^es dans mon Ripertoirt, 

(3) Gallia Christiana nova^ t. Ill, c. 1018. 



LE SUAIRE DE TURIN. 35 

Henri Bakel, chanoine de sa cath^drale. Apr^s s'^tre livr^s k une 
consciencieuse enqu^te [diligentes investigationes)^\\sAtm9itiA^xexit 
k Marguerite, generosa mairona^ de leur montrer les indults ou 
bulles qui I'autorisaient k exhiber ainsi cette peinture [effigiem] ou 
linceul {linteum) et qui confirmaient ses dires. Ainsi accul^e (in 
arcto) et n'osant r^sister, elle fit voir trois bulles du pape Cle- 
ment VII et un indult du cardinal l^gat Pierre de Luna (sic)^ qui 
t^moignaient expressdment que ce linge n'^tait pas le vrai Suaire 
de J.-C, mais une representation ou figure (dumtaxat reprcesenta- 
tionem aut figuram). Zantfliet a donn^ le texte complet (sauf la 
finale} de Tune de ces bulles (Append. O) : elle est parfaitement 
conforme k celles que nous avons recueillies dans d'autres manus- 
crits^ et certifie k la fois la parfaite authenticity de tout le dossier 
et la cr^ance que m^rite le chroniqueur si intimement mt\h k cette 
affaire (i). 

Le terme du 28 octobre 1449 est pass^. La comtesse de la Roche 
est peut-dtre encore en Hainaut: il lui importe de ne point se 
laisser « ex^cuter ». Son frdre, Charles de Noyers, seigneur de 
Watefale et Seigny-le-Petit, est charge de la repr^senter devant le 
pr^vdt de Troyes; quatre chanoines de Lirey, dont le doyen 
Pierre Sauvageot, sont presents avec lui le 6 novembre. II recon- 
natt que sa soeur aurait dti rendre k la coU^giale le Suaire, qui 
« est le plus notable joyau d*icelle ^glise » et qu'elle d^tient depuis 
longtemps, et aussi lui payer certaines sommes, « dont elle n'ait 
riens faict». Les chanoines consentent it un nouveau sursis de trois 
ansy Marguerite leur promettant de faire construire « une forte 
place audict Lirey, pour tenir seurement leditt Suaire et autres 
choses » ; elle s'oblige, ou plutdt son frdre pour elle, k verser entre 
leurs mains 5o livres par an, qui seront employees k r^parer les 
edifices de I'^glise et les maisons canoniales : comme ces refections 
sont urgentes, la comtesse s*engage ^ anticiper le versement des 
deux premieres annees et k faire remettre le montant k THdtel des 
c Mores » k Troyes, k la fete des Rois (6 Janvier). On a soin de 
stipuler que, s'il y avait anticipation dans la restitution du Suaire, 
la rente cesserait par le fait meme (2). 

(i) Appendice, lettre U. 
(a) Appendice^ lettre V. 



36 iTUDB CRITIQUE 8UR 

Le Suaire avait quin6 la Bourgogne : il ne devait plus y revenir. 
Pour quels motifs Marguerite se rendit-elle en Savoie, k la cour 
du due Louis I*' et de sa femme Anne de Lusignan? ChifBet 
incline k croire que ce fut pour obtenir par leur entremise la 
d^livrance de Th^ritier de son mari, Francois de la Palud, qui 
^uit all6 guerroyer contre les Turcs (p. 109). J'ai cru inutile de 
faire de longues recherches sur ce point de detail (i) : il y a peu 
de faits certains k extraire des historiens du Suaire de Turin. Tous 
affirment que Marguerite fit don de sa relique aux souverains 
Savoyards, par acte du 22 mars 1452, k Chamb^ry (2). On cher- 
cherait vainement chez les auteurs les plus prolixes, comme Piano, 
le texte de ce document capital et aucun ne semble embarrass^ de 
son absence (3). Tous, par contre, s'^tendent longuement sur les 

(i) II n'en est pas question dans les auteurs qui ont pari^ de Francois de 
la Palud : S. GuichbnoN) Hist, de Bresse et de Bugey^ i65o, 3* part., p. 292; 
le mCme, Hist, ginial. de Savoiey t. II, pp. 83, 86, 89 ; Cronica latina Sabau- 
di£e, dans Mon, hist, patriof^ t. I*', pp. 621 et 639; Costa, Families hist, de 
Savoie, 1844, pp. 49-3 1 et 36-9. D'apr&s l'abb6 LoYK(ouvr. cit6, anal. p. i35), 
c Francois de la Palud, devenu comte de la Roche, fiit fait prisonnier dans la 
croisade pour Jean II, roi de Chypre, et dilivr6 miraculeusement par la pro- 
tection de Notre-Dame de Consolation ». 

(2) Leur seule autorit^ est cette note marginale de Pingone : « Ex dona- 
tionis tabulis actis Camberij 22. Mart, anno 1432 » (Pingonii Sindon, p. 17}. 
— Je me suis assure aupris du surintendant des archives royales de Turin, 
M. le baron Bollati di Saint-Pierre, qu'il n'existe point parmi les documents 
confi6s k sa garde et dont j'ai eu nagu&re le plaisir d'admirer le classement 
parfait. Dans leur Histoire de la commune de Flumet, Aug. Dupour et Fran9. 
Rabut ont public le texte de I'acte d*inf(6odation du chAteau, bourg et man- 
dement de Flumet accord^ par le due Louis k sa parente Marguerite de 
c Cherny », comtesse de la Roche, sa vie durant (k Chamb6ry, le 1 1 avril 
1433), en compensation de pareille infeodation du ch&teau, ville et mande- 
ment de Miribel, qu'il lui avait pr^c^demment octroyee par lettres dat^es de 
Geneve le 22 mars 1433 (en tomes lettres) et dont il Tavait ensuite destitute 
{M^m, et doc.pubUp, la Societe Savoisienne d'hist. et d'archioLy 1867, t. XI, 
p. 73-8). GrAce k M. di St-Pierre, je sais que I'acte de 1433 ne parle pas plus 
du Suaire que celui de 1433. 

(3) M. Loth dit que Marguerite ceda le Suaire « par lettres authentiques 
du 22 mars 1432 » (p. i3) : pour 6tre autorise k s'exprimer ainsi, il faudrait 
6tre en mesure d'en indiquer un texte original ou contemporain, une copie 
quelconque au moins. 



LE SUAIRE DE TURIN. 37 

miracles qui se seraient produits et en particulier sur celui qui 
aurait fix^ I'indecision de la comtesse de Charny (i); tous aussi 
reproduisent ou d^crivent les m^dailles qui auraient 6x6 frapp^es 
a cette occasion ou post^rieurement par les dues de Savoie en 
Thonneur du Suaire (2). 

Les chanoines ne connurent pas tout de suite la perte irrepara- 
ble que leur coll^giale venait de subir. Quand le bruit en vint k 

(i) P1N6ONB, p. 19; Chifflbt, p. 108; Piano, t. I", p. 307-8. La bdte de 
somme (mulus clitellarius) chargee de la relique refusa obstin^ment de sortir 
de Chambery ! Miracle pour miracle, je comprendrais mieux que la Provi- 
dence etit pouss6 le mulet k reprendre le chemin de la Bourgogne, pour res- 
titucr leur bien aux chanoines de Lirey. 

(2) PiNGONE, pp. 19, 30 et a3 ; Chipplet, p. 119-20; Piano, t. I", p. Syo, 
pi. Inutile aux partisans du Suaire d'en faire 6tat. D^s 1869, A. de Jussieu 
s'exprimait ainsi k leur sujet dans son m^moire sur La Sainte-ChapeUe du 
chateau de Chambery : « ... II paraif d^montr^ aujourd'hui qu'elles sont apo- 
cryphes. C'est du moins I'opinion de M, le chev. Dominique Promis, conser- 
vateur du cabinet de S. M. le roi d'ltalie, que nous avons consultd k ce sujet 
et dont Fopinion doit faire autorit6 en cette mati&re. Le savant numismate 
pensQ que si les pieces, signalees par Pingon dans son Traite du Saint- 
Suaire et dont il n'a jamais rencontrd un seul exemplaire, ont r^ellement 
existe, ce n'etaient ni des monnaies ni des jetons, mais des medailles frap- 
p^es du temps de Charles-Emmanuel P' ou d*Emmanuel-Philibert, c'est-&- 
dire bien posterieurement k la date qu'elles portent » {Mimoires de VAca- 
dimie,, de Savoie^ 3* s6r., t. X, p. 119). — Par contre, une enseigne de 
p^lerinage du XVI* sidcle, trouv6e par A. Forgbais en i 85 5 au Pont au Change 
k Paris, semble avoir txi attribuee k tort au Suaire de Besan^on [Numisma-' 
tique des corporations Parisiennes, mitiers^ etc, d'apris les plombs histories 
trouves dans la Seine, 4* s^r., n* io5) et devoir etre restitu6e k celui de Tu- 
rin. Ce plomb « repr6sente un suaire ^tendu, support^ par deux'personnages 
vetus de chapes, et portant I'empreinte antdrieure et postdrieure du corps du 
Christ. Des deux c6tes sont des contreforts ajourds, au bas un medallion cir- 
culaire contenant un tombeau vide, sur lequel est plantee une croix qui sup- 
porte une couronne. A c6t6 de ce tombeau deux ecus, k gauche Charny 
(trois ecussons pos^s deux et un [cf. p. 22, n. i ]}, a droite trois quinte- 
feuilles posees deux et une dans une bordure (?} » (Jul. Gauthier, dans 
Acad, d, scienc. de Besangon, 1883/4, P* 397-8). L'attribution erron^e de 
cette enseigne au Suaire de Besan^on a 6x6 reproduite par Fouray (Mireaux 
FranC'Comtois, pi. xiv, n*" i); mais on est en droit de se demander si la 
presence des armes de Charny n*oblige pas k la faire remonter avant le 
transfert de la relique k la maison de Savoie. 



38 irUDE CRITIQUE 8UR 

leurs oreilles, on chercha sans doute k les rassurer ; mais un jour 
il fallut se rendre k la certitude des t^moignages et k T^vidence. 

Le ddai pour la reintegration du Suaire k Lirey etait passe 
depuis longtemps (diu est profteritum). Dans rintervalle, deux des 
cautions de Marguerite, Jean de Pierre-Fontaine et Charles de 
Roussans vinrent k mourir. Les chanoines n'avaient re9U ni Suaire 
ni argent ; ils craignirent de se trouver sans garantie. Toujours 
hemes depuis prds d*un demi-sidcle, ils finirent par perdre patience 
et recoururent au moyen supreme, alors en usage, pour contrain- 
dre les dehiteurs recalcitrants. lis s^adressdrent k la metropole de 
Besan9on, dont Tofficiali aprds avoir vainement enjoint k Margue- 
rite de Charny et k son secretaire, Philihert Thihaud, d'avoir k 
restituer le Suaire (sanctum Sudarium seu Sanctuarium) (i) de 
Lirey et payer deux termes arrieres de la rente, fulmina contre eux 
une sentence d'excommunication (2). 

Marguerite ne tint aucun compte de ces censures et ne semhle 
pas meme avoir essaye de se justifier, en pretextant I'alienation de 
la relique au due de Savoie. Le 29 mai 1457, elle etait depuis 
longtemps (diu) privee de la communion de TEglise, animo nequi- 
ter indurato, Le ch&timent devant fitre proportionne k la malice 
du pecheur (crescente ipsius malitia, merito crescere debeat et 
pamajy le meme official mande k tous les cures de I'archidiocese de 
Besan^on de prononcer aggravation des censures contre elle les 
dimanches et fetes ; au cas oti Ton constaterait sa presence dans 
une eglise ou dans une localite, on devrait cesser tout office 
divin (3). 

Le lendemain, 3o mai, le meme juge ecciesiastique s'adressa a 
ses collegues de Lyon et de Troyes, pour les prier de faire pro- 
mulguer cette excommunication par les cures de leurs diocdses 
respectifs (4). 

(i) Voir, 8ur la signification de ce mot, qui n'implique pasle sens d'origi- 
nal, la n. 2 de la p. 14. 
(3) Dans Tacte du 3o mai 1467 (Append. X). 

(3) L'aggravation, outre la privation des biens spirituels, interdisait le 
commerce de la vie civile ; elle se publiait au son des cloches, des cierges 
allumes dans la main, que Ton jetait ensuite k terre et foulait aux pieds. 

(4) Appendice, lettres W et X. 



LE SUAIRE DE TURIN. 3g 

Marguerite resta endurcie jusqu'ft sa mort. EUe consentit bien 
encore a trailer avec ies chanoines de Lirey, mais d^cid^e k ne 
jamais tenirses promesses oudu moins empfich^e de lefaire. Par 
contre, Ies membres de la coU^giale feront jusqu'au bout preuve 
d'une mansu^tude, qu*on serait tent^ de qualifier de simplicity. 
Un nouveau traits fut bientdt pass^, sous le seel de la pr^vdt^ de 
Troyes. Marguerite de Charny, comtesse de la Roche et dame de 
Lirey^ s'y engagea k payer au chapitre 800 ducats d'or, repr^sentant 
la valeur du « sainct Suaire de Nostreseigneur Jhesucrist, lequel 
est le plus bel et notable joyau de la dicte ^glise et qui long temps 
a fut prins ... par lad. dame... et depuis par elle ali^n^ » (i). De ce 
jour Ies chanoines furent fixes sur la perte irremediable de leur 
reliqueet tomes leurs n^gociations, pendant vingt-cinq ans encore, 
se borneront k obtenir une compensation. 

Le nouveau traits ne fut pas mieux execute que Ies. precedents 
par la noble dame, qui demeura sous le poids de I'excommunica- 
tion. Les chanoines Tassigndrent de nouveau devant le pr^vdt de 
Troyes. lis comparaissent devant lui,toujours les m6mes, le doyen 
Pierre Sauvageot, Evrard des Champs et Nicole de la Rothiere, le 
19 Janvier 1458 (1459 n. St.). Charles de Noyers, seigneur de 
Watefale et de Seigny-le-Petit, se pr^sente au nom de sa soeur, 
Marguerite de Charny, dame de Lirey. Les promesses ne lui coil- 
tent pas plus qu'k elle. II s'engage done, en son nom personnel, k 
payer au chapitre k la Saint- Remy, « chef (c'est-k-dire i^) d'octo- 
bre », les 800 ducats d'or promis pr^cedemment, plus 3oo livres 
pour interdts et frais de justice; il se charge aussi de procurer aux 
chanoines des buUes du pape les autorisant k aligner le Suaire et 
le consentement de Tevfique de Troyes, k Teffet de les mettre k 
Pabri de tout reproche de la part de leurs successeurs. De leur 
cdte ils n'ont pas de peine k reconnaitre que le Suaire est passe en 
de telles mains (pas un mot du due de Savoie) qu'il leur est impos- 
sible de songer a « jamais le recouvrer j». Les sommes promises 
seront employees k reconstituer les revenus et k reparer les edifices 
de la coliegiale, ruinee par les guerres « qui long temps ont couru 
en ce royaulme » ; d'autre part, ils ne sauraient oublier que les sires 

(i) Dans Tacte du 19 Janvier 1458/9. (Append. Y]. 



40 iTUDE CRITIQUE 8UR 

de Charny sont les fondateurs de leur ^glise et que les bto^fices en 
3ont k la collation de Marguerite. lis ne voient aucun avanuge k 
la maintenir excommuni^e pour des dettes auxquelles ils la savent 
incapable de satisfaire ; ils consentent done k ce que les censures 
soient suspendues jusqu'A la Saint-Remy et que, au payement des 
sommes stipul^es, elle et ses cautions en soient d^finitivement rele- 
v6es (i). 

Vaines promesses I Les chanoines de Lirey ne re9urent pas un 
ducat de Charles de Noyers et Marguerite mourut I'ann^e sui- 
vante, le 7 octobre, apr^s avoir c^d^ sa terre de Lirey k son cousin 
et fiUeul, Guerry des Essars, et institu^ pour h^ritier partesument 
Guillaume de Roussillon, seigneur du Bouchage (2). Toujours 
sous le coup de Pexcommunication, elle devait 6tre fig^e de plus 
de soixante-quinze ans, son premier mariage datant du commen- 
cement du XV* si^cle ou, pour parler plus exactement, de la der- 
ni^re ann^e du XIV*. Elle nous apparait surtout besoigneuse ; k cela 
il y a une explication naturelle : les guerres, qui de son temps rava- 
gdrent la Bourgogne, durent singuli^rement diminuer ses rerenus. 
Elle r^it^ra sans fin des promesses toujours plus on^reuses, sans 
avoir jamais de quoi les tenir. On salt que rien ne rend malhonnSte 
et de mauvaise foi comme les dettes. 

D^9us du cdt^ de Marguerite, de ses cautions et de son frdre, les 
chanoines de Lirey se retourndrent naturellement vers le d^tenteur 
actuel de leur Suaire, ie due de Savoie. lis profitdrent de son 
s^jour en France, oh il ^tait venu soUiciter I'appui de son gendre 
Louis XI contre son propre fils Philippe, pour lui d^pficher des 
a orateurs ». Leurs confreres, Nicole de la Rothidre et Jean Larre- 
cier, arrivdrent k Paris, munis de pouvoirs sufiisants, certifies par 
Fevfique de Troyes, Louis Raguier, et son official, en trois lettres 
authentiques. lis obtinrent de lui une charte solennelle, dat^e du 
6 ftvrier 1464 (Nativ.), dont le pr^ambule relate Thistoire du 
Suaire (sacratissimum Sudarium^ ^ffigi^wi Salvatoris et RedemptO" 
ris nostriJhesu Christi reprofsentanSy plus loin sacratissimum reli- 

(i) Appendice, Icttrc Y. 

(3] Anselkb, ouvr. cite, t. VIII, g. 2o3 ; Ern. Petit, Histoire des dues de 
Bourgognej t. 11, p. 448. 



LE 8UAIRE DB TURIN. 4 1 

quiarium)yXellt que nous la connaissons^ depuis Torigine de la col- 
l^giale. On aurait souhaitd que le due nous apprtt k quelles condi- 
tions il lui avait ^t^ c^d^ ; il se borne k des termes assez vagues:... 
dom. Margareta apud nos transtulit.,., ... ob remissionem seu 
translationem... nobis factam,..; k notre sens, ils sont cependant 
assez clairs pour indiquer une cession k titre on^reux. II n'y eut ni 
donation ni vente, mais transfert ; Marguerite re9Ut en ^change 
le chateau de Miribel (1453)^ puis celui de Flumet (1455), com- 
me on Ta vu plus haut : on ne saurait trouver une autre cause 
a ces inf^odations. Les chanoines avaient supplid le due de leur 
restituer I'image v^n^r^e ou de leur donner une compensation. De 
la premiere hypoth^se il ne semble pas avoir ^t^ question ; mais le 
prince, mil de piti^ sur les pertes [damna et reddituum attenuatio) 
que la coU^giale avait subies, leur assigna une rente de 5o francs 
d'or petit poids, monnaie de Savoie, payables. & la Saint- Andr^ 
(3o novembre), k toucher sur les revenus du ch&teau Gaillard (a 
une lieu Est de Gendve), sous I'obligation pour les chanoines de 
cd^brer au grand autel^ tons les mois, une grand'messe du Saint- 
Esprit pendant la vie du due et de Requiem apr^s sa mort (i). 

Les chanoines de Lirey avaient ^t^ si souvent dup^s qu'ils n'at- 
tach^rent qu'une mediocre confiancc k la pancarte ducale, en 
6change de laquelle ils avaient abandonn^ tous leurs droits sur le 
Suaire : les revendications qu'ils auront encore k faire valoir, mon- 
treront que leur defiance ^tait justifi^e. lis refusdrent done de 
consentir k Tabsolution de Philibert Thibaud, jadis secretaire de 
Marguerite, et ne se gfindrent pas pour d^biter que cette dame 
restait elle-mdme, aprds sa mort, sous le coup des censures qui 
Tavaient frapp^e. Le due leur 6crivit encore de Paris, le 23 mai 
suivant, comme k ses « tresehiers et espeeiaulx amys », pour leur 
demander de renoncer k poursuivre des foudres de I'Eglise les 
d^funts au del^ de la tombe et de mod^rer leurs expressions a 
I'endrolt de Marguerite (2]. 

(i) Appendice, lettre Z. Les chanoines se firent d^Iivrer une expedition 
authentique de cette charte le 5 d^cembre 1467 (Camuzat, f^ 413 r«; Chip- 
FLST, p. III). Pietro Datta en aurait r^yoque en doute Tauthenticite k l*aca- 
d6mie des sciences de Turin le 4 f^vrier i8ai (Piano, t. I, p. a55-6o). 

(3) Appendice, lettre AA. 



43 trUDE CRITIQUE 8UR 

La cb«rit< prit-elie le pas sur I'int^rtt dans I'fime des bons cha- 
noinet? nous ne savons. Ce qui est sAr, c'est qu'en 1473 huit ans 
s'^taient ^coul^s sans qu'ils eussent refu un sol de la rente du- 
cale (i). Louis ^tait mort k Lyon le 29 Janvier 1465, laissant pour 
successeur son fils aln^, le bienheureux Am^d^e IX, d€c€d6 lui- 
mSme JiVerceil, le 3o mars 1473. Le fils de celui-ci, Philibert le 
Chasseur, d^buta sous la r^gence de sa m^re Yolande, fille du roi 
Charles VIL Le 14 mai de I'ann^e suivante, les chanoines de Lirey 
lui d^put^rent Marc de Vaudrey, de la maison de Saint-Phal, proto- 
notaireapostoliqueetarchidiacrede Besan9on, et Hugues Mergey, 
maltre ^s-arts, pour lui r^clamer quoddam jocale pretiosissimum 
vocatum sanctissimum Sudarium nostri Salvatoris et Redemptoris 
Jhesu Cristi, qui ^tait entre ses mains (in cujus tnanibus et potes-- 
tate est et evenit)^ et les arr^rages pour huit ans 6coul^s de la rente 
de 5o francs par an promise par le due Louis (2). 

Quel r^sultat obtint cette deputation de gens qualifies ? nous 
rignorons. C'est notre dernier document. II est k croire que les 
chanoines de Lirey se lassdrent de r^clameren vain capital etint6- 
r6ts. La th^orie de la force qui prime le droit est de tons les temps. 
Les rois d*Italie ne laisseront pas plus contester leur possession 
du Suaire que celle de Rome capitale. Les d^uils de procedure que 
j*ai d^roul^s devant les yeux du lecteur ont pu lui paraltre par ins- 
tant fastidieux : ils ^talent n^cessaires pour ^tablir, par une chaine 
non interrompue de documents, que les annales du Suaire de 
Turin sont une longue violation des deux vertus si fr^quemment 
recommandtes dans nos saints Livres, la justice et la v^rit^ (3). 

(i) On pourrait conjecturer qu*une annuity arait 6t6 payde, la premiire 
solution ayant dt 6tre faite le 3o novembre 1464. 

(a) Appendice, lettre BB. 

(3) Ces scrupules n'arrdtent pas Chifflbt. II remarque agr^ablement que, 
du jour 01^ les chanoines de Lirey n'avaient pas voulu reconnattre dans leur 
Suaire Toriginal, il s'^taient rendus indignes de le conserver (p. 119]. Ceci 
n*est gatrc exact : Topposition k cette pretention ezag^ree vint surtout des 
^vdques et du pape. Le dernier acte des chanoines a d'ailleurs un tout autre 
ton (Append. GG). La Constance de leurs reclamations devant toutes les juri- 
dictions pourrait sembler elle-m6me une preuve de leur ardente conviction 
en Tauthenticite : ils constataient simplement les benefices que Marguerite 
tiraity k Taide de sa relique, vraie ou fausse, de la cridulit^ publique. 



LE SUAIRE DE TURIN. 43 



III 



II n*entre pas dans le cadre de cette ^tude de poursuivre en detail 
I'histoire de la fameuse relique k partir de son arriv^e k Chamb^ry. 
Je lA tracerai k grandes lignes, m'arrdtant seulement aux faits et 
aux documents dont on croit pouvoir s'autoriser pour ^tablir sa 
quality d*original. 

Le Suaire de Lirey fut d^pos^, d^s I'abord (en 145 3), dans 
r^glise des Franciscains de Chamb^ry. En 1466, Am^d^e IX, qui 
ne semble pas s'dtre jamais pr^occup^ de faire servir leur rente de 
5o francs aux anciens propri^taires de la relique, faisait construire 
dans la forteresse de Chamb^ry une somptueuse chapelle, destin^e, 
dans la pens^e constante des souverains de la Savoie, k servir de 
cath^drale et de sidge a un archev6ch6. C'est Ik qu'en attendant 
cette creation, on conserva et v^n^ra Timage du Suaire. Pour 
commencer, le due soUicite du Saint-Si^ge I'^rection de cette cha- 
pelle en coU^giale. Par buUe du 21 avril 1467, Paul II autorise le 
due Am^d^e et la duchesse Yolande de France k 6riger dans leur 
chateau de Chambery une chapelle, qtue collegiata sit et capella 
ducalis nuncupetur^ oh ils se proposent de conserver de fort pr^- 
cieuses reliques (pro conservatione quarumdam pretiosissimarum 
reliquiarum) qu'ils possddent (i). Cette pidce, dont on a le texte 
complet d'aprds les archives de Turin, est absolument muette k 
regard du saint Suaire (2). Rien non plus de I'insigne relique dans 
les buUes de Sixte IV des i5 septembre et i« octobre 1472 et du 
21 mai 1474, qui concernent les dignit^s de la nouvelle fonda- 

(i) GuicHEKON, Histoire genealogiqve de la rqy, maison de Savoye, 1660, 
t. II, p. 671-4; M^. de VAcad, de Savoie, 2* sdr., t. X, p. 333-9. 

(3) Mgr CoLOMiATTi a un mot d^licieux k ce sujet : « Le nom du Saint 
Suaire, il est vrai, ne se trouve pas dans le rescrit, ... mais ce nom est cer- 
tainement dans la demande qui a provoqu^ le rescrit » (p. 19-30). Le texte 
de la supplique n'existe nulle part et mon contradicteur ne Pa si^rement pas 
vu. A la fin de ses Observations, il m'assure du concours de ses priires pour 
m'obtenir c Tintelligence de la vraie science » (p. 35). Je n*ose prier pour sa 
conversion : prendre le faux pour le vrai et vice-versa, n'est-ce pas une pre- 
destination k I'impdnitence finale... scientifique ? 



44 ^TUDE CRITIQUE 8UR 

tion (i). Elle figure au premier rang dans VInventaire des reliqueSy 
meubles et omements de Viglise dt la Sainte-Chapelle du chateau 
de Chambiry^ dress6 le 6 juin 1483 : « Primo quidem, sanctum 
Sudarium, existens in una cassa coperta velluto cramesino, munito 
cum clavis argenteis deauratis ; quod quidem Sudarium est in dicta 
capeilasancta castri Chamberiaci » (2). 

De nouvelles bulles des papes Sixte IV (1480), Jules II (8 Janvier 
et 25 avril i5o6)et L^on X (7 aoilt 1 5 1 8) enrichirent d'induigences 
le pHerinage, la confr^rie, TofEce et la f6te (4 mai) en Thonneur 
du saint Suaire, successivement ^tablis dans la Sainte-Chapelle de 
Chamb^'ry (3). La tradition d'un culte public et autoris^ s'affirma 
bientdt et alia d^s lors en s'accentuant (4) ; celle qui pr^yaut actuel- 
lement ne saurait remonter plus haut : les documents cit^s le lui 
interdisent. Elle ne remplit done en aucune fafon les conditions 
indiqu^es par le comte Riant pour qu'une relique insigne de la 
Passion puisse 6tre qualifi^e originale et authentique. 

(i) Mim. de VAcad. /fe Savoie, 2* sdr., t. X, p. 339-46, d'apr&s les c Archi- 
ves du s^nat de Savoie ». -— Encore simple cardinal (Francois de La Rovere), 
ce pape avait exprim^, au sujet du Suaire de Chamb6ry, un sentiment que 
rimpartialit6 me faisait un devoir de rechercher : M. Charles Sustrac Ta 
d^couvert dans un incunable de la Biblioth. Nation, et on en trouvera le 
. texte dans TAppendice CC. 

(3) Mim, cit^s, p. 348 ; A. Fabrb, Trisor de la chapelie des dues de Savoie, 
1868, p. 46. 

(3) Chifflet, p. 1 30-1. — On trouvera dans TAppendice EE le texte complet 
de rOfficeduS. Suaire accord^ par Jules II; ce document liturgique peutdtre 
consid6r^ comme in6dit, malgr6 une Edition faite par Guigand KOln k Geneve : 
Officium Sancte Syndonis cum missa ejusdem, Festum dicti sancti Sudarii ; 
s. d., pet. in-8* goth. D'apr&s les recherches de M. Th^oph. Dufour [Notice 
biohliogr. sur le catechisme et la confession de foi de Calvin, 1878, p. 67-78), 
Wigand Koeln, franconien, exer^a Timprimerie k Geneve de iSsi k i535. 

(4) On tirera peut-6tre avantage de ce que la bibliographie doim^e plus 
haut ne mentionne aucune attaque contre Tauthenticit^ du Suaire ; on 
s'6K>nnera du moins que le souvenir des contradictions qu'il dut subir n'ait 
laiss^ aucune trace. II est k croire que Calvin ne fut pas le seul k faire les 
reflexions qui 6maillent son Traite des reliques (Appendice FF). Qu'on y rc- 
fl^hisse toutefois : aux si^cles passes, I'auteur qui, k Chamb^ry ou k Turin, 
aurait par ^crit 6ieve des doutes sur la sainte relique n'eut jamais obtenu de 
Tautorit^ eccUsiastique la permission indispensable pour se faire imprimer, 
et son obstination lui aurait k coup sillr procure le d^sagr^ment de faire 
connaissance avec les prisons ducales. 



LE SUAIRE DE TURIN. 45 

Le 1 1 juin i5o2, on transf^ra en grande solennit6, de T^glise des 
Frdres-Mineurs dans la Saintc-Chapelle, sacrosanctum Sudarium 
(supplier in quo) sanctissimum ac pretiosissimum Redemptoris nos^' 
tri Jesu Christi corpus ^postqmtn a salutif ere cruets patibulo depo* 
situm exstitit^ sacra involutum fuisse testantur eloquia..,^ in quo 
non solum eminent vulnerum et plagarum^ ac ipsius pretiosissime 
(sans doute pretiosissimi) sanguinis vestigia^ sed et totius corporis 
sanctissimi effigies. Ce futT^v^quc de Grenoble, Laurent AUcman, 
qui fit la c^r^monie, entour^ d'un grand nombre de prdtres, en 
pr6sence du due Philibert, de la duchesse Marguerite d*Autriche, 
sa femme, du prince Charles de Savoie, son frdre, de Francois de 
Luxembourg, du mar^chal de Savoie Hugues de la Palud, de 
personnages distingu^s et d'une foule de fiddles. Le suaire fut 
plac^ in quodam armario in ipsa capella et infra menia ipsius 
econtra ipsum magnum altare constructo,.. valvis ferreis et quatuor 
seris quatuor clavibus munitis clauso ; le due garda deux de ees 
clefs, remit la troisidme aux chanoines et la quatridme au president 
de la Chambre des comptes (i). 

Le Suaire devint dds lors comme It palladium des princes de la 
maison de Savoie: ils s'en firent aeeompagner dans leurs peregri- 
nations. D6s Tann^e suivante il quitta Chambery ; du chateau de 
Pont-d'Ain il fut port6 k Bourg-en-Bresse, lors du passage de 
Philippe le Beau, archidue d'Autriche, beau-frdre du due de 
Savoie ; la cour des deux princes le v^nera le 14 avril i5o3 et on 
possdde depuis quelque temps, sur cette c^remonie, le recit d'An- 
toine de Lalaing (2]. Du chateau de Billiet le Suaire ne revint k 
Chambery qu'en 1 5o6. 
On attribue au roi Frangois !«' un voeu, a la journ^e de Mari- 

(x) M4m. de VAcad. de Savoie , 2* s^r., t. X, p. 281-4. Avant de me pro- 
noncer sur I'absolue authenticite de cette pi^ce, qui commence ainsi : « Etsi 
Olympi rector inclitam, antiquissimam et illustrissimam domum Sabaudie... 
decoraverit... dignum est tarn divas reliquias... », j'avoue sentir la necessity 
d'en examiner Toriginal, conserve aux « Archives de Turin » . M. Loth par- 
tage mes scrupules (p. 14-5). 

(2) Voir le texte dans I'Appendice, lettre DD, et sur Tauteur du document 
Le Mystire des trois DomSy 1887, p. 697, n. 2. On peut rapprocher cc qu'il 
raconte de Tdpreuve de Teau et du feu qu'on aurait fait subir au Suaire, 
d'une Ugende analogue rapport^e par Chifflbt (p. 92). 



46 irUDE CRITIQUE 8UR 

gnan, de faire k pied le pMerinage du Saim-Suaire. Le Journal de 
sa mdre^ Louise de Savoie, est precis quant k rez6cadon : c Le 28 
de may i5i6, environ cinq lieures apr^s midi, mon fils pardt de 
Lyon pouraller k pi^ au Saint-Suaire de CliamMry » (i). Chorisr 
ajoute que le roi ^tait « vfttu d'une aube de toile blanche, comme 
le sont les confreres du Gonfalon » (2). 

Un violent incendie, qui ^clau le 4 ddcembre i532 dans ies 
stalles des chanoines de la Sainte-Chapelle, manqua ddtruire la 
pr^cieuse relique ; le d^vouement d'un gentilhomme la sauva de 
la destruction. Des doutes circuldrent ndanmoins sur Tidentit^ du 
Suaire pr^sentd ensuite k la d^vodon des fiddles. A la demande du 
due Charles III, le pape Clement VII commit, le 8 avril i534, son 
l^gat, le cardinal Louis de Gorrevod, pour proc^der k la verifica- 
tion du pannum^ sindon nuncupata Salvatoris nostri Jesu Christie 
ut pie creditur ; la reconnaissance eut lieu le i5 suivant (3). 

Le m6me due, menace en 1 5 36 par les Franfais, les Bernois et 
les Genevois, se retira k Verceil, emportant aveclui le saint Suaire, 
qui le suivit Tann^e suivante k Nice (4). Charles repartit pour Ver- 

(i) MicHAUD et PouJOULAT, Nouv. colL d, MimoireSf 1866, t. V, p. 90^. 
(3) Histoire gener, de Davphini^ 1672, t. II, p. 5i5; cf. Guichxnon, op. cit., 
1778, t. II, p. 198. 

(3) L£on BoucHAGS, Le saint Suaire de Chambiry a Sainte-Claire en ville^ 
dans Congris des sociMs savantes Savoisiennes^ 1891, xx* s^r., p. a8i-a. — 
Si on en croit mattre Francois Rabblais, la destruction du Suaire fiit com- 
plete. Avant M. de M61y, personne n'ayait songi k recueillir sur ce fait le 
t^qioignage de Tauteur de Gargantua^ liv. I**, chap, xxvii : « Comment ung 
moyne de Seville saulra le dos de Tabbaye du sac des ennemis... Les ungs 
crioient : Saincte Barbe... Les ungs se yoOoient k sainct Jacques ; les aultres 
au Sainct Suaire de Chambery : mais il brusla trois mois apres, si bien 
qu*on n*en peust saulver ung seul brin. Les aultres k Cadotlin... » (^d. Le 
Duchat, 1 741, t. I**, p. 1 11; ^d. Marty-Laveaux, 1868, t. I*% p. 107). On sait 
que 4a premiire Edition du I** livre en 56 chap, est de i535 (Brunbt, 3/antte/, 
i863, t. IV, c. 1043); la date de Tembrasement de la Sainte-Chapelle de 
Chambery ^tablit qu'il n'a pu 6tre rddig^ avant la fin de i53a. 

(4) On posside, sur son s^jour dans cette ville, un double t6moignage d'Al- 
phonse Salmbron : « Sindon etiam munda, qua fuit sepeliendus Dominus 
et involvendus k Josepho ab Arimathia, quae etiam hodie Nic« ostenditur, 
reliquit integram Ghristi figuram, in qua tam pars anterior Domini quam 
posterior ostendit hujus veil signa apertissima » {CwnmenU in evangel. 



LE SUAIRE DE TURIN. 47 

ceil en 1541, avec la pr6cieuse relique, laquelle ne fut rdm^gr^e 
dans la Sainte-Chapelle de Chamb^ry que vingt ans aprds, en 
vertu de lettres-patentes du due Emmanuel-Philibert, en date du 
1 5 avril i56i. 

Lorsqu'en iSjS on apprit que saint Charles Borrom^e allait 
quitter Milan pour venir k pied v^n^rer I'image miraculeuse du 
Suaire de Chambdry, Emmanuel-Philibert et sa femme, Margue- 
rite de France^ voulurent lui ^pargner la moiti^ de ce voyage 
fatigant (i). Le due ^crivit k Pierre de Lambert, ^vdque de Mau- 
rienne et doyen de la Sainte-Chapelle, pour faire transporter la 
relique k Turin, avec promesse de la renvoyer aprds qu'elle aurait 
satisfait la devotion des villes du Piemont. Le pr^lat finit par y 
consentir et le Suaire fut remis, par deliberation capitulaire, au 
chantre Neyton ; accompagn^ d'un autre chanoine, il la porta au 
due et en retira un charge : c*etait le 14 septembre. Mais 11 etait 
eerit que la fameuse relique serait sans cesse un motif k reclama- 
tions. Malgre les instances du pr^vdt, le due refusa de priver 
Turin de ce joyau^ « sous pretexte qu'il ne serait pas assez en 
surete k Chamberi », et il y est reste (2). 

histor,^ 161 3, t. X, p. 394^}. c ... In duplicato linteo effigies Christi induti 
emersit, et anterior et posterior. Hanc autem dux Sabaudiae in civitate sua 
ducali, Yulgo Zamberic, prius habuit, deinde vero propter bella in Nicseam 
Provincial civitatem transtulit ; ubi in die Sabbati sancti yenerabiliter toti 
populo spectanda proponitur. Altera pars sindonis hujus, mazime quae refe- 
rebat anteriorem partem, in Besantio civitate Burgundies religiose conspl- 
cienda exhibetur » (/6ti., p. 40 1»). 

(1) La lettre du j6suite Francois Adorno, de Gtoes, 01^ il raconte le p^leri- 
nage de saint Charles, n*a pas 6te publi6e dans son original italien. EUe a 
ete traduite en latin par Jean-Ant. Guarnbrio et imprim^e k Bergame en 
1579 (la s* et la 3* 6dit. de la Biblioth, des PP. de Backer disent i57i» ce 
qui est une grosse erreur) sous ce titre : Epistola, qua peregrinatio ab illnw 
cardinali Sancti Praxedis suscepta exponitur^ cum ad inuisendum sacrum 
Linteum Augustam Taurinorum se contulit (Calvi , Scritt. Bergam,^ 1664, 
p. aao); Pingone Ta reproduite deux ans aprds, op. cit., p. 65-85 (p. 57-73 
de la reimpression de la mdme annee et dans P6dit. de 1777). Chifplbt a 
reproduit uiie partie de la trad. lat. (p. 89-93). 

(3) Bbsson, Memoires pour Vhistoire ecclesiastique des diocises de Geneve^ 
Tarantaisef Aoste et Maurienne,.,^ ^1^9y iQ'-4S P* ^i^- Les pages qui pr6ci- 
dent (3 1 4-6) sont un extrait du Traite sur le saint Suaire de Turin^ par 
Fran(. Cape^ (voir p« 16, n.). 



48 irVDE CRITIQUB 8UR 

Avant d*aborder le dernier argument, d'ordre purement scienti- 
fique, invoqu^ en favear de rauthenticit^ du Suaire de Turin, je 
croit devoir faire une double obtenration au sujet des miracles et 
des documents post^rieurs dont on s'autorise. 

Faisons d*abord remarquer que, si les auteurs parlent tous de 
miracles, aucun n'en donne de proc^s-verbal en rdgle. Quant k 
ceux dont ils auraient 6ti tdmoins, en admettant leur parfaite v6ra- 
cit^, ils ne sauraient £tre invoqu^s comme preuve de Foriginalitd 
du Suaire. La question vient d*6tre I'objet de deux articles et j'ai 
lieu de croire que ma premiere brochure n*y a pas M ^trangdre ( i ). 

(i) [PouDOu], Se una reliquis fotse ftlsa ? an po' di teologia per mtti, 
dans CiviltA eattolica^ 1900, sen xyn, t. V, p. i8-33 ; Boudimhok (A.)« Et si ce 
n'^tait pas yrai?, dani Revue du elergi FranfaiSf 1900, t. XXII, p. 341-63. — 
L'article de la revue des J^suites est une r6ponse & celui du d' P. Caviglia 
ins^r^ dans une feuille bimensuelle de Rome, Presente e awenire (i** sept. 
1898, t. I*, p. i36*4o) : c La santissima Sindone, appunti critici e ricerche 
sperimentaii. » Le R. P. se borne k r^pondre k la 3* partie, c critica teolo- 
gica », qu'il prend facilement en d^faut, mais laisse yolonuirement de c6t^ 
la I**, « critica storica », bien plus ^tendue. Panant de ce fait psychologique, 
que rhomme parle yolontiers des choses qui frappent viyement son imagi- 
nation, le d' itaiien se demande comment les ^ang^listes auraient omis de 
mentionner Timpression^aiss^ par le corps du Sauyeur sur le suaire, an 
cas oii elle se serait produite ; le silence des Pires de TEglise et des &ri- 
yains eccl6siastiques k cet ^gard lui paratt ^galement inexplicable. II fait 
facilement justice de Tinsuffisance du liyre du chanoine (aujourd'hui monsi- 
gnore) Giov. Lanza, cappellano di S. M., La santissima Sindone del Signore 
che si venera nella r. cappella di Torino^ iiofLfte e c(msidera:(ioni (Torino, 
1898, pet. in-8« de4 f.-i66 p., figg.)» dont il m'a paru inutile de charger la 
bibliographie du Suaire (p. 14-6, n.). II faut en dire autant des pages con- 
sacr6es k ce sujet par Gius.-Isid. Arniudo, dans sa Torino sacra (ibid., 1898, 
in-80, p. 381-95, figg.)> approuy^e par le chan. Emm. Colomiatti; etd'autres 
brochures de circonstance, comme : Chiuso (Tom.)» La ss. Sindone di N. S, 
Gesii Cristo venerata nella real cappella in Torino (Torino, s. d. [approb. 
i885], in-i6 de 144 p., fig.); Rahbllo (Guil.)> De sancta Sindone evangelica 
quae in regio sacello apud ecclesiam metropolitanam Taurinensem servatur et 
colitur^ dissertatio historica et critica (Augustae Taurinorum, 1898, gr. in-8* 
de 40 p., pi.) [reproduction de TAppendice k la 3* part, de VUniv, catholicae 
doctrinae exposition explicatio atque defensio de I'auteur] ; Vomaggio dei 
secoli alia sacra Sindone evangelica venerata nella chiesa metropolitana di 
Torino, studio storico critico (Torino-Roma, 1898, in-8* de 60 p., pi.) [tra* 



LE SUAIRE DE TURIN. 49 

« La correlation entre le miracle et rauthenticit^ d'unerelique(ou, 
si Ton veut, avcc la v^ritd d'un fait historique) nc se presume pas, 
mais elle est r^gulidrement exclue par la manidre dont les choses 
se passent.... Les miracles reldvent uniquement de la bont^ de 
Dieu et de Tefficacit^ de la pridre ; ces deux causes sont ind^pen- 
dantes de Tauthenticit^ d'une relique, tout comme des apparitions, 
cause premiere des pdlerinages. On devra done, en rdgle g^n^rale, 
^carter la pr6tendue preuve tir6c des miracles de toute controverse 
relative k Tauthenticit^ d'une relique, k la v6rit6 d'un fait d'histoire 
religieuse ». Je n'aurais pas mieux dit. 

En second lieu, TEglise a s'efforce de garantir les fidMes contre 
toute erreur et supercherie en mati^re de reliques ; mais... elle ne 
jouit, sur ces questions, d*aucune infaillibilit^, d'aucun privildge. 
Les moyens qu'elle emploie pour s*assurer de Tauthenticit^ des 
reliques, sont les critdres ordinaires que tout le monde emploie 
pour contrdler les faits historiques... L^ se borne son role et son 
action, et sa responsabilit^ ne s'^tend pas plus loin... » Dans Tes- 
p^ce, comme j'ai eu I'occasion de le dire, a les bulks des papes, 
dont on voudrait s'autoriser, sont toutes post^rieures au XV* si^cle ; 
adress^es aux souverains du Pigment, k leur demande, elles repro- 
duisent la teneur de leurs suppliques et on ne saurait leur donner 
une port^e historique ; il n y a pas trace de discussion critique k 
cet 6gard et de refutation des documents ant^rieurs ». Malgr^ la 
colossale reputation de Benolt XIV et de son tcaite De servorum 
Dei beatificatione et canoni^^atione, je n'hesite pas k dire que ses 
affirmations ne constituent pas un jugement de TEglise : n'est-il 
pas m^me k croire que la lecture de la pr^sente etude edi modifie 
ses affirmations qui concernent le Suaire de Turin ? 



IV 

Sans contester Fauthenticite et I'importance des documents que 
j'avais tout d*abord fait valoir, M. Loth a cru trouver dans la 

duction du prec6dent] ; Didibr (Fr. M.), Le saint Suaire h Chambiryet h Tu^ 
ririf par le d' T. Chiuso, traduit de I'italien (Bruges, 1900, in-8* de yj-63 p., 
5 planches). 

4 



50 irUDB CRITIQUB 8UR 

photographie un argument qui ies r^duisait k n6ant et prouvait 
d'une manidre irrefutable roriginalit^ du Suaire de Turin. J'ai 
imerrog^ k cet ^gard un de mes amis, qui £ait de la photographie 
et de la peinture depuis trente*cinq ans et pour qui ces deux arts 
n'ont pas de secret. Voici, sans autre pr^ambule, sa rdponse, 
p^remptoire k son tour : 



Monsieur le Chanoine, 

J'ai lu la brochure de M. Arthur Loth, Le Portrait de N.'S. 
Jisus-Christ cTapris le Saint'Suaire de Turin, que vous m'avez 
remise, en me demandant de vous donner mon avis sur des ques- 
tions photograph iques qu'il y traite et dont il fait, k Texclusion des 
textes, le pivot de sa th^se, pour prouver que le Suaire de Turin 
est certainement Toriginal et non une copie ; qu'il n'a pu Stre peint 
de la main des hommes et que la photographic le prouve a'une 
fa^on p^remptoire. 

Je ne suis pas du tout de son avis et voici pourquoi : M. Loth 
^crit bon nombre de pages pour ddmontrer que la photographie 
donne toujours, sur la plaque sensible expos^e devant robjectif, 
une image negative, soit Timage inverse de i'objet reproduit. Cette 
affirmation est trop absolue. 

Si M. Loth avait dit d'une manidre plus precise: Ies plaques 
sensibles au collodion ou a la gelatine, employees d'habitude dans 
la photographie, donnent, traitdes par Ies rdactifs en usage, une 
image negative, ou mieux encore, relativement negative, ce serait 
la v^rite ; mais soutenir que Tdpreuve obtenue directement a la 
chambre noire d'un objet positif ne peut pas ttre un positif, voila 
oil est Terreur, et il a tort de vous accuser de n'^tre pas tr6s fort 
en photographie quand il fait lui-mdme preuve d*une si profonde 
Ignorance. 

Oui, on peut obtenir directement k la chambre noire une dpreuve 
positive et, pour s'en convaincre, il n*a qu'a lire dans le Bulletin 
de la Societe franqaise de photographie^ n® de novembre iSSg, la 
communication que ht, a ce sujet, Poitevin a cette Socidtd. 11 y 
trouvera toutes Ies formules a employer et Ies manipulations, du 
reste assez simples, a faire et^ s'll le veut, pourra trds facilement 
rdpdter lui-m6me Texp^rience. 

Quelques mois aprds, en f^vrier i860, Poitevin pr^senta, a la 
mdme Society, une s^rie d*6preuves st^reoscopiques positives par- 
faites, obtenues directement a la chambre noire par ce mSme 
proc^dd. 

Ce proc^de est bas^ sur Ies diverses reactions chimiques de 



LE SUAIRE DE TURIN. 5 I 

racide gallique, pyrogallique ou du sulfate de protoxyde de fer, qui 
ne donnent des noirs par continuation qu^avec le chlorure, Tiodure 
ou le bromure d'argent influences par la lunii^re, en presence d*un 
oxysel de la mdme base, le nitrate d^argent, par exemple. 

On pent done obtenirune image photographique positive directe 
a la chambre noire, quoi qu'en dise M. Loth, et la plaque pr^par^e 
par M. Pia, par un proced6 de son invention, dont M. Loth ne 
donne pas la formule, ne pouvait-elle lui rdserver pareille surprise, 
puisque c'est par hasard ^galement, en experimentant les proc^d^s 
de pnotographie sur gelatine, que Poitevin decouvrit son proc^d^, 

Cette m6me surprise m'a 6x6 ofiferte k moi-mfime dans la prepa- 
ration de n^gatifs speciaux pour la production d*6maux limousins 
et je crois avoir trouv6 la raison de ce ph^nom^ne dans Texplica- 
tion qu'en donnent Bareswil et Davanne, dans leur Chimie photo^ 
graphiquCy sous le nom d'image amphitype, 

M. le docteur Sabatier donne le proc^de suivant, q^uipermet de 
reproduire ce phenomdne a volonte et d'obtenir ainsi imm6diate- 
ment des images positives k la chambre noire : il suffit, aprds un 
premier d^veloppement ordinaire tr^s l^ger, de laver la plaque, la 
couvrir d'une solution d'argent a reaction alcaline, ou mSme d'une 
faible solution alcaline quelconque et de recommencer le develop- 
pement. 

II y a lieu de croire que lorsque ce ph^nomdne se produit acci- 
dentellement (c'est mon cas), on doit en rechercher la cause soit 
dans le manque d'acidite de I'azotate d'argent, soit dans Talcalinite 
passagdre des eaux de lavage. 

Autre erreur : M. Loth dit (page 39) : « Le terme de n6gatif 
s'explique, si Ton consid^re que toutes les parties blanches ou 
Claires du sujet photographic viennent en noir sur la plaque, tan- 

dis que les parties noires apparaissent en blanc II est 

clair que le dessin^btenu sur le papier, sera A son tour le contraire 
de la plaque » : cela, oui. « Ce sera le positif, et par suite la 
reproduction exacte du sujet photographic. » Ceci, non, pas tou- 
jours. Ce sera la reproduction exacte, quant k la forme, mais pas 
quant aux valeurs colorCes, a moins qu'on ait employ^ des plaques 
Cgalement sensibles k tons les rayons colorCs. 

Or, tout le monde sait que les plaques employees ordinairement 
en photo^raphie ne sont pas Cgalement sensibles k toufes les cou- 
leurs ; et il n'est pas un photographe, si peu versC qu'il soit dans 
la pratique de son art, qui ne sache que s41 photographie, par 
exemple, une fleur Jaune sur un fond bleu, mfime foncC, il Cprou- 
vera k Toeil, en regardant le sujet, la sensation d'une fleur tris 
Claire sur un fond sombre; c'est cette mSme impression de fleur 
claire sur fond noir qu'il aura par transparence sur la plaque nega- 
tive, alors que I'epreuve positive, sur papier, lui donnera finaic- 
mcnt une fleur sombre sur un fond clair, c'est-&-dire le contraire 
de la rdalitC. 



53 irUDE CRITIQUE 8UR 

Mais tout cela, Monsieur ie Chanoine, n'est que redire du tr^s 
connu. J'admets parfaitement que la plaque de M. Pia a donn^ un 
n^gatif du saint Suaire, et comme ce n^gatif «st lui-m6me une 
image positive, cela prouverait simplement que, pliotographique- 
ment parlant, le saint Suaire est une image negative. 

Mais cela ne prouve pas du tout que le Suaire n*ait pas ^t^ peint 
par la main des hommes. A cela, M. Loth r^pond que le Suaire 
n*a pas ^t^ peint en n^gatif, et qu'aucun artiste, si habile qu'il eUt 
€t€, n*aurait pu le faire. Quant k cette dernidre assertion, ie ne suis 
pas de son avis et je suis intimement persuade que dans les condi- 
tions de facture aussi sommaires que celles donn^es par la repro- 
duction, un artiste aurait facilement pu le faire, mais il serait telle- 
ment absurde et incomprehensible qu'il Vedt fait, que je dis qu'il 
ne Ta pas fait. 

M. Loth fait rhypothdse d*une impression dectrioue. II me 
semble que des lin^es imbibes d'aromates ne sont pas d'excellents 
conducteurs du fluide. C'est se lancer dans un tel vague que cette 
supposition semble ^chapper k tout examen scientifique et ne devoir 
pas 6tre prise au s^rieux. 

N^anmoins, pour ne pas parattre rejeter cette supposition sans 
examen, voyons la fa90n dont cette impression aurait dt se pro- 
duire. 

Je ne vols pas de milieu entre ces deux hypotheses : ou I'effet 
sera produit au dehors en dedans, de Pext^neur k rint^rieur ; ou 
de dedans en dehors^ de Tint^rieur k Fext^rieur. 

Par la premiere supposition^ en admettant que les rayons flui<- 
diques, ^lectriques ou autres inconnus, soient panis d^un point 
perpendiculaire au plan form^ par le corps de Notre-Seigneur 
envelopp^ dans le Suaire, ils auraient dd, si on s'en rapporte aux 
effets naturels, donner d*abord, en traversant le Suaire, une 
impression sur le corps, du treillis, du quadrillage de I'^toffe, et 
ensuite traversant le corps donner sur Tautre partie del'dtoffe Tim- 
pression de la silhouette du corps, mais sans en reproduire les 
effets picturaux donnas par la photographie de M. Pia, effets pic- 
turaux qui sont trop ceux que donne la main de Tartiste, qui pro- 
c^de par masses, pour donner Teffet cherch^ et qui ne sont pas 
ceux de Texactitucie donn^e par la photoffraphie ou tout autre 
moyen de precision absolue. En tout cas, fl ny aurait eu qu'une 
image: i® de la face antdrieure du corps^ si les rayons fluidiques 
^taient partis de bas en haut, soit de la terre vers I'espace ; 2® de la 
face post^rieure, si les rayons fluidiques ^talent dirig^s de haut en 
bas, soit de I'espace k la terre. 

Or, il y a deux images. C'est ce qui aurait dd arriver en admettant 
que les rayons fluidiques soient partis de I'int^rieur k I'ext^rieur, 
soit du corps lui-m6me au Suaire et ensuite dans Tespace. Mais 
c^uels pourraient bien 6tre ces rayons? S'ils avaient laiss^ une 
impression sur I'^toffe du Suaire, cette impression aurait produit 



LE SUiURB DE TURIN. 53 

un d^veloppement de Tiinage et non une silhouette, puisqu'il est k 
croire que toutes les parties du corps auraient 6mis les mdmes 
rayons et I'image aurait ^t^ la indme que celle qu'aurait produite 
I'impression par contact du corps lui-mdme, soit une figure 
Strange, trds 61argie, ce qui n'a pas eu lieu. 

Inutile d'insister, je pense. 

Reste une dernidre hypoth^se, que je crois s6rieuse. L'image du 
Suaire a-t-elle pu fitre peinte positive, c'est-i-dire a-t-elle pu 6tre 
peinte par un artiste habile du XIV* sidcle (le caract^re de i'image 
photographique semblerait lui assigner cette 6poque) en couleurs 
vraies, repr^sentant Timage de Notre-Seigneur, comme on Taurait 
fait sur un tableau de l'6poque? et cette image alors positive a-t-elle 
pu devenir negative, c'est-^-dire prendre, comme couleur, une 
valeur telle, qu'elle ait pu impressionner en positif la plaque nega- 
tive de M. Pia? 

Je crois que c'est trds possible et mdme trds probable, et voici 
pourquoi. 

La couleur chair a pu se peindre en m6lan^eant du blanc, qui 
est ff^n^ralement un oxyde de plomb ou de zinc, avec des rouges 
(sulfure de mercure), des ocres, ou des terres naturelles color^es ; 
les ombres ont pu fitre faites avec du noir, les mfimes ocres et terres 
naturelles ou calcin^es, ou enfin du bitume. 

Les parties claires, chairs ou autres, sont plus empfit^es et les 
ombres sont peintes plus l^g^rement, pour leur donner de la pro- 
fondeur. Peint dans ces conditions, qui sont les conditions habi- 
tuelles, le saint Suaire a dH traverser des p^riodes critiques, comme 
I'incendie de la Sainte-Chapelle en i532, par exemple, oil la cons- 
titution de ses couleurs aurait ^t^ profond^ment modifi^e. Les 
oxydes de plomb formant les clairs ont pu dtre intimement sulfur6s 
par les rouges ou par des Emanations ext^rieures, comme on le 
voit presque toujours dans les peintures anciennes ; les terres natu- 
relles ont pu dtre EcaillEes par la chaleur ou le bitume br<il6, Eva- 
porE etdisparaltre; tout cela est possible. 

Alors que serait-il restE aprEs Tincendie ? 

Une image oti les clairs et toutes les parties plus ou moins mE- 
langEes de blanc seraient devenues proportionnellement noires, ou, 
sans dtre compldtement noires, absolument antiphotogEniques ; et 
des parties plus ou moins ddnudEes, oti I'Etoffe aurait conserve 
une puissance photogEnique supErieure et d*une valeur photogEni- 
que Egale k celie du fond oti le Suaire n'a pas 6x6 peint, comme le 
montre TEpreuve photographique. 

Cette difference photog^nique, certainement insensible k I'oeil le 
plus exerce, doit 6tre relativement considerable pour la plaque 
sensible. 

Done rien de bien etonnant que cette peinture, comme toutes les 
peintures de son epoque, ait pu, par telle ou telle circonstance, en 



54 iruDB CMTiQuc Sim . 

Tespace de trois on quatre si^cles^ se modifier au point de donner, 
sur le n^gatif photographic|ue, avec les plaques ordinaires, k Pin- 
yerte de ce qui se produit d'habitude, une image positive. Les 
aoteurs photographiques, pour la plupart praticiens tr^s habiles, 
nous disent tous que la reproduction des tableaux et surtout des 
tableaux anciens, est sans contredit celle ^ui offre les plus grandes 
difficult^s. On ne pern mtme pas savoir par Tinspeaion d'un 
tableau, si la reproduction en pnotographie sera bonne ou mau- 
vaise, sans avoir fait au pr^lable un essai ; car telle couleur qui k 
Poeil paralt tr^s claire et brillante, pent ttre d'une nature peu pho- 
tog^nique et devenir noire, tandis qu'une autre, dont Taspect est 
beaucoup plus sombre, se traduira au contralre en une nuance 
uds claire, donnant alors k la reproduction un aspect tout different 
de celui du tableau. 

Que sera-ce done lorsque le tableau ne donne pas d'image 
appreciable k I'oeil ? 

Je sais bien que diverses substances permettent de rendre les 
plaques ordinaires sensibles k certains rayons normalement peu 
pbotog^niques et mtme k tous les rayons, mais il eOt 6x6 n^cessaire 
de faire plusieurs experiences avec aes plaques ainsi pr^par^es et 
k travers des ^crans color^s de nuances approprides; la plaque 
alors aurait probablement donn^ le n^^atif normal et la th^se de 
M. Loth en serait tealement ddtruite, puis^ue dans ce cas le Suaire 
ne serait pas lui-meme un n^^atif, mais bien un positif peint dans 
les conditions habituelles, mais dont les valeurs color^es se seraient 
renvers^es, comme nous I'avons vu tout k Theure. 

Je me resume : 

Toute la brochure de M. Loth est ^crite pour dire ceci : 

De textes, point n'est besoin. 

La photographie explique tout. 

L'epreuve photographique obtenue par M. Pia aurait dH nices-- 
sairement dtre negative ; mais elle est positive, done le Suaire est 
lui-mdme un n^gatif, done nous avons la certitude absolue qu'il 
est authentique. 

Inutile de nous arrfiter k I'absurdite de ce raisonnement, puisque 
nous savons que : 

I® On pent, quand on le veut ou k son insu, produire directe- 
ment un positifa la cbambre noire. 

3® On obtient souvent^ k cause de la couleur photog^nique des 
objets photographies, un n^gatif qui donne I'impression d*un posi- 
tif, comme la fleur jaune sur foncl bleu* 

3^ Les valeurs pbotpg^niques d'une peinture peuvent, pour une 
cause ou pour une autre, se renverser, sans que ce renversement 
soit appreciable pour un oeil mtme experimente, et produire un 
positit sur la plaque, alors que primitivement elles eussent produit 
un negatif. 



LE SUAIRB D« TURIN« 55 

4^ En employant les preparations panchromatiques connues et 
les ^crans colords n^cessaires, la plaque aurait pu donner un n6* 
gatif. 

Que conclurc de tout ceci ? 

Que, contrairement aux assertions de M. Loth, la pbotographie 
n'a rien prouv^, absolument rien, et que le parti le plus sage est, 
quoi qu'il en dise, de s'en rapporter aux textes. 

Vous me dites que plusieurs ^vfiques ont donn^ leur approbation 
k M. Loth : je ne puis le croire. 

Revenons aux textes ; les documents sont votre affaire, Monsieur 
le chanoine, a vous de nous faire voir clair avec eux, apr^s quoi 
toute pol^mique me semble inutile. 
Je vous prie d*agr6er, etc. 

Hippolyte Chopin. 
Ginissieux^ 20 mai igoo. 



Je n'ajouterai qu'un mot k cette dissertation apodictique : si, au 
lieu de s'adresser k des photographes amateurs, comme son fils et 
I'abbe Raboisson, M. Loth avait soumis le cas k des sp6cialistes et 
k des praticiens, il aurait 6yit6 d'etre complice d'une immense 
mystification, qui a fait des victimes dans Pdpiscopat lui-m£me et 
dont les Sal^siens de don Bosco se sont faits — malgr^ mes aver- 
tissements — les propagateurs dans les deux mondes, avec les 
encouragements des autorit^s. J'ai soumis k Paris les conclusions 
de M. Chopin k un physicien hors ligne, M. Gabriel Lippmann, 
membre de I'Institut (acad^mie des sciences) : elles ont obtenu 
son plein assentiment (lettre du 16 juin 1900) (i). 

Au point de vue archdologique, le Christ du Suaire n'a ni le galbe 
du !•' sifecle, ni le type oriental. Les proportions du corps ne 

(i) M. Loth Youdra sans doute dire au public qui m'a sugg^r6 de prendre 
M. lippmann comme arbitre. Acceptera-t-il son jugement ? P^riodiquement 
on voit annoncer dans les feuilles religieuses, sous la rubrique : Clergi et 
science, que M. Tabb^ X. ou M. le chanoine Y. ou le R. P. Z. vient d'etre cou- 
ronn^ pour tel ouvrage par Tln^titut de... ou TAcad^mie de..., qui lui a attri- 
bn^ le prix... Suit une note bien sentie sur les m^rites scientifiques du clerg6 
s6culier ct r^gulier. Port bicn fusqu'ici. Mais qu'un mcmbrc dc cet Institut ou 
de cette Acad6mie, competent d*ailleurs et bon catholique, s'inscrive en faux 
contre une erreur populaire ou une fausse devotion, son t^moignage sera r6- 
cus^ ou on Tenterrera dans le silence. 



56 iTUDB CRITIQUB SUR 

r^pondent pas k Viquation du beau^ trac6e par le g^nie de Michel- 
Ange. C'est le type du XIV*si^cle, tel qu'on Tadmire dans le beau 
Dieu de la cath^drale d'Amiens. Sous la main de quelques artis- 
tes, Tart avait atteint k cette ^poque un haut degr6 de v6rit^ : les 
musses de TEurope en offrent des t^moignages convaincants. 

Comme contrdle k ma th^^e, j'ai demand^ qu*on soumette le 
Suaire k une experience chimique. L'application de divers r^actifs 
permettrait de faire ressortir soit des traces de peinture, soit des 
taches de sang. On ne Pa pas tent^e et, je le crains, on ne la tentera 
pas. On salt cependant que Mgr I'^vdque de Versailles s*est pr^t^ 
k pareille experience pour la Tunique d'Argenteuil. On sait aussi 
que les experts choisis ne Tout pas conduite avec la precision que 
permettent les d^couvertes de la chimie. Deux professeurs de la 
facuhe de m^decine de Lyon Tont d^montre (i) : s'il leur parait 
tem^raire de nier la presence du sang sur la Tunique, il ne Test 
pas moins de Taffirmer jusqu'^ nouvelle et concluante experience. 

C'est le sort des reliques fausses de s'appuyer sur une tradition 
denude de preuves documentaires ou bas^e sur des pieces apocry- 
phes. Le Suaire de Turin nous fait assister a un spectacle nouveau : 
on maintient la verite de cette relique k I'encontre de tout une 
serie de documents in(jiscutables et concordants. Ce comble est 
digne de notre fin de sidcle, oti la piete consiste, moins dans la 
pratique des vertus evangeiiques et des conseils de perfection, que 
dans la cr^ance, le fideisme aux choses les plus merveilleuses, k 
celles qui deroutent la raison en se pla^ant au-dessus d*elles, aux 
saints les plus extraordinaires, les plus contestables : il y a dans 
certain milieu une orientation constante vers le miracle (2). 

(i) La Tunique d'Argenteuilf etude midico-legale sur son identiti^ par les 
docteurs Flokbncs et Lacassagne ; Lyon et Paris, 1895, gr. in-80 de i f.-43 p. 

(2) M. Tabbe Raboisson va nous donner le diapason auquel op pent monter 
dans cet ordre d'idees. II examine « Thypoth^se de Tintervention de la main 
humaine » dans la peinture du Suaire de Turin : « La possibility de Taction 
humaine ici devrait etre repouss^e comme en opposition ayec les lois psy- 
chologiques de FAme chr^tienne, telle que nous la montre I'histoire de tons 
les si^cles. S41 est une chose ^tablie, c*est que le g^nie chr6tien fut toujours, 
en tons les temps, absolument respectueux de Tauthenticitd, de la Y^rit6, de 
rinviolabilit^ de ses reliques r^v^r^es. Quelle qu*ait £t6 parfois Tindiscr^- 



LE SUAIRE DE TURIN. >7 

A la fin de 1898, la plupart des |Ournaux et surtout des feuilles 
religieuses annonc^rent la d^couverte par M. Boyer d'Agen, chez 
un marchand de bric-lt-brac du Campo dei Fiori k Rome, d'une 
mddaille en cuivre k l^gende h^bralque, reproduisant Teffigie de 
N.-S. J^sus-Christ et remontant aux premiers sidcles : comme dans 
le Suaire on aurait un portrait authentique. Un industriel s'em- 
pressa d'en faire des reproductions en bronze et en argent. Mis en 
6veil, les arch^ologues n*eurent point de peine k d^montrer que la 
pi^ce n*^tait pas d'une insigne raret^ : elle aurait ^t^ model^e et 
coulee par Jean-Antoine Rossi, sous le pontificat de saint Pie V, et 
distribute aux juifs convertis (i). Ce sentiment n'a point, il est vrai, 
converti tout le monde, surtout le ddcouvreur (2). La m^daille en 

tion de la pi6t6 k entourer d'ornements excessifs... des vestiges... — voire k 
en multiplier des copies, jamais les Chretiens n'en eussent toUr£ des altera- 
tions ou des contrefa^ons, et la pi6t6 indiscrete qui eflt os^ tracer sur le 
linceul de Fensevelissement une image du Sauveur aurait 6x6 honnie comme 
la plus ttodraire, la plus abominable des impi^t^s, Timposturel d'autant 
plus ez^rable qu*elle se fClt exerc^e sur I'objet le plus r6n€r€. Un tel atten- 
tat eiit soulev^ des temp6tes dont le retentissement aurait traverse lea 
sidles. » Cest h61as I le contraire de la v£rit£ historique. Dans cette mani- 
festation de la figure divine, Tauteur voit « le dogme integral de la foi catho- 
lique, dans son bloc, confirm6 avec le fait de la resurrection du Sauveur, 
de I'union hjpostatique, de la diviniti de Notre-Seigneur J^sus-Christ », et 
salue en terminant « Taube d*un Age Chretien ! » {La Viriti, 38 juil. 1899). 

(i) H. DE La Touk, dans Bulletin de la Saciiti des antiquaires de France, 
1898, p. 384-6; Dbsnotbrs, dans Bulletin de la Sociite archioL et histor. de 
VOrlianais^ 1899, t. XII, p. 308-14; H. C, dans Revue Suisse de numisma- 
tique^ 1899, t. VIII, p. 353-4, cf. IX, 340. — La Ga3[ette numismat, de Bruxelles 
s'est demand^ (1899, t. Ill, 4* livr.) s'il n'y avait pas identity entre la m£- 
daille en cuivre de M. Boyer et le medallion en plomb d^couvert k Sainte- 
Livrade, qu'une note de M. G. Tholin a d6crit dans le meme Bull, de la Soc, 
des antiq, de France (p. 375-81). II n'y a qu'H comparer le dessin de celui-ci 
(p. 376-7) avec une reproduction de la m^daille romaine [JLa vie illustrie^ 
1898, t. I*, p. 83) pour constater la parfaite identity des deux 16gendes 
h^braiques. II faut done qualifier de purement fantaislste la traduction faite 
par M. Bruschon, doyen de la faculty de Montauban, qui a lu le nom d' t Isaie 
Malar » et attribu6 k un protestant un medallion oti figure un christ k nimbe 
crucif dre. 

(3) BoTER d'Agxn, Notice sur la midaille dv Campo dei Fiori; Paris, [1899], 
in-8* de 34 p. et 3 planches. 



58 trVDE CRITIQUE 8UR 

question avail d^jll attir^ I'attention des collectionneurs : en 1819, 
le R^v. Walsh en fit I'objet d'une communication k I'acad^mie 
royale d'Irlandeeten signals buit variantes. line neuvidme semble 
reside inconnue : c'est pr6cis6ment le premier historiendu Suaire 
de Turin qui la possddait. Avec sa cr6dulit^ habituelle, Pingone la 
tenait pour tr^s anciennc [numismata antiquissima) (i). Ce petit 
^v^nement numismatique me servira seulement k montrer avec 
quel empressement on accepte comme authentique la moindre 
decouverte qui se r^fdre auz origines de PEglise : ceuz qu'elle inte- 
ressait k ce point de vue se sont bien gardes de faire part k leur 
public des justes scrupules de la science. « Qui parum sciunt, pa- 
rum dubitant », disait le jdsuite BoUand. 

L'^tude que je termine offre un exemple sans lacunes de ce qu*on 
appelle la vie d'une I6gende. Nous assistons k la fondation de la 
colUgiale de Lirey et k celle de la Sainte-Chapelle de Chambery 
sans qu'il soit question du Suaire. A Lirey, il est officiellement 
tenu pour une reproduction par la peinture, mais par I'^clat dont 
ils entourent son ostension, les chanoines laissent d^velopper dans 
le vulgaire la cr^ance k son originalite. Les ^vdques et le pape rea- 
gissent contre cette l^gende : aucune opposition n*est faite contre 
la decision du Saint-Sidge. Revenu, k Toccasion des guerres, en 
d^pdt entre les mains des h^ritiers du donateur, le Suaire est 
transport^ au loin et offert k Tardente devotion de populations cr6- 
dules. Enfin il devient ill^gitimement la propridte des dues de 
Savoie et, un demi-si^cle aprds, personne ne r^voque en douteson 
authenticity. Je crois avoir fait justice des proc^d^s mis en ceuvre, 
de nos jours, pour la d^fendre. Aprds avoir pr^cis^ le minimum 
de preuves qu'une insigne relique doit fournir, j'ai prouv6 que, 
dans I'esp^ce, il n'y en a aucune. Appuy^es sur une s^rie de docu- 
ments authentiques, mes conclusions n'auraient qu'une chance 
d'etre fausses, c*est qu'il y ait eu, au d^but de Tapparition du 
Suaire, complot contre la vdrite : or, rien n'autorise pareil soup9on. 

(i) Reproduite p. 14 de son Sindon; elle semblerait identique k celle de 
M. Boyer et au n* i de Walsh, n'^tait la tttt tourn^e k droite (peat-6tre par 
erreur de gravure). 



LE SUAIRE DE TURIN. Sq 

La contradiction ne pouvait manquer de faire produire les docu- 
ments qui auraient constat^ Tantiquitd dc la relique : il n'y en a 
aucun. ' 

Ce n'est point sans de longues hesitations quo j'ai entrepris ct 
que je poursuis, seul, cette campagne contre une errcur qui en auto- 
rise d'autres. L'^rudition est « une mani^re trfes humble, et par Ik 
mfime d'autant plus m^ritoire de servir la v^rit^, non enim possu- 
inus aliquid adversus veritatem » (i). EUe « est peut-Stre la meil- 
leure 6cole d'humilit^ et de respect par laquelle on puisse passer ; 
ces deux vertus... sont Tame de loute recherche » (2). Transformer 
Tauthenticite pr^tenduc d'une relique en v6rit6 dogmatique et se 
borner, d^pourvu de tout document, k faire des objections, n'est 
point 6crire de Thistoire ni servir la v6rit6. Suivant la parole d'un 
saint : Christus non dixit: Ego sum traditio, sed dixit: Ego sum 
Veritas (3). 

On Ta dit depuis longtemps : les haines th^ologiques sont impla- 
cables ; celles qui surgissent a Toccasion du culte des reliques ne le 
sont pas moins. Accuser ses adversaires de manquer « de raison, de 
logique et de critique », quand on en est soi-m6me m^diocrement 
pourvu, est de la suffisance et non de Thumilit^. Les traditions 
sont respectables quand elles sont vraies, mais c'est un devoir de 
conscience de les d^poss^der de la place qu'elles ont usurp^e dans 
Vkme du public quand elles sont fausses. Quoi qu'enait dit S. E. le 
cardinal de Turin, il n'y a rien de commun entre mon travail ct 
« le intemperanze della critica moderna ». Ce serait une grandevic- 
toire que la critique historique, telle que Tout faite Mabillon et ses 
successeurs, vint reprendre, « tranquille, r^solue, bien accueillie de 
tons », la stalle que la cr^dulite s'est appropri^e dans le choeur de 
TEglise (4). Ne d^sesp^rons pas d'assister un jour a ce triomphe et, 
ftit-il reserve a d'autres de le voir, ne regrettons pas nos efforts 
pour le rendre prochain : Scribantur hcec in generatione altera, 

(i) Sabatier (Paul), Fratris Franc, Bartholi de Assisio Tractatus de induU 
gentia S. Maries de Portiuncula; 1900, p. ix. 
(3) Ibid,, p. X. 

(3) Ibid., p. XXX. 

(4) Jbid.f p. xxxj. 



'M^^lei' 






APPENDICE 



4 aoOt 1389. 

KAR0LU8, Dei gracia Francorum rex, baillivo Trcccnsi aut ejus 
locuntenenti, salutem. Curie nostre Parlatnenti die date pre- 
scncium ej^oni fecit dilectus et fidelis consiliarius noster, Trecensis 
cpiscopus, quod in ecclesia coUegiata Beate Marie de Lireyo, in 
Campania, diocesis Trecen., erat quidem^ pannus manufactus et in 
figuram vel similitudinem ac commemoracionem sacri Sudarii, in 
quo preciosissimum corpus Domini nostri Jhesus Xpisti salvatoris, 
post ejus sanctissimam passionem involutum fuerat, artificialiter de- 
pictus, et quod ad predictam ecclesiam pro dicto panno adorando 
populares Campanie et patriarum circumvicinarum , ydolatriam 
committere non verentes, omni die affluebant habundanter; necnon 
ct quod dilectus et fidelis noster Gaufridus de Charniaco, miles, vir- 
tute cujusdam salve gardie nostre se manuteneri et conservari fecerat 
in possessione et saisina exhibendi aut exhiberi faciendi dictum 
pannum dictis popularibus ac ceteris ibidem profiscici volentibus, 
cisdem inhibendo, sub certis magnis penis nobis applicandis, ne 
dictum militem in premissis perturbarent aut impedirent quoquo- 
modo. Quo facto, dictus mile^ predictum explectum eidem episcopo 
in personam sui oiScialis notificari fecerat; et deinde predictum 
pannum cum torcheis accensis et presbiteris indumentis sacerdotali- 
bus inductis, ac si esset verum Xpisti Sudarium, omnibus et singulis 
illuc accedentibus et propter solennitatem pretactam erronee verum 
esse Xpisti Sudarium credentibus ostendi fecerat ac ostendere non 
cessabat, in sancte matris Ecclesie ac fidei orthodoxe iliusionem et 
irreverenciam, animarum eciam ibidem affluencium periculum ac 
ydolatriam commictendo, ut dicebat dictus episcopus, supplicans 
sibi de remedio provideri. Quocirca nos, animarum talium persona- 
rum periculis obviare cupientes, vobis commictimus et mandamus, 

a. Lir$ quidam. a 



II iTUDB CRITIQUE BUR 

quatinus dictum pannura, ubicumque ilium reperire poteritis, ad 
manum nostram realitcr et de facto ponatis, et sub eadem manu 
nostra in altera ecclesiarum ville Trecensis aut alibi in certo loco 
tuto et honesto custodiri et conservari faciatis, quousque per nos 
super hoc fuerit aliud ordinatum, et tali persone seu talibus personis 
ejusdem panni gardiam seu custodiam commictatis, que de ipso 
respondere ac ilium restituere teneatur seu teneantur, ubi ac dum et 
quociens dicta curia hoc duxerit ordinandum. Si vero super hoc 
debatum oriatur, dicto panno in et sub dicta manu nostra posito ct 
in eadem remanente, partibus ipsis auditis exhibeatis justicie com- 
plementum ; ab omnibus autem justiciariis et subditis nostris vobis 
ac deputandis a vobis in hac parte pareri volumus et intendi. Datum 
Parisius, in parlamento nostro, quarta die mensis augusti, anno 
Domini millesimo trecentesimo ottogesimo nono et regni nostri nono. 
Per cameram, JouvENCE. — Lecta... — Au revers : Ponant, Troyes. 

Paris, Biblioth. Nation., Collection de Champagne, v. 164, f* 138, original 
parch , le sceau pendant sur queue coupi ; au do6 : « Lictere regie tangentes 
Sudarium de Lyreyo, d*— XIIJ ». — Ibid., Collection De Camps, v. 134, £• 
333 (14.7), copie de 161 6. 

B 

15 aoOt 1389. 

ATOus ceulx qui ces presentes lectres verront et orront, Jehan de 
Venderesse, sire de Marfontainnes, chevalier, bailli de Troyes, 
salut. Saichent tuit que le dimenche xv« jour du mois d*aoust, jour 
de feste de TAssumpcion Nostre Dame, Tan mil CCC quatre vins ct 
neuf, nous, a la requeste de reverant pere en Dieu mons. Tevesque 
de Troyes et par vertu de certainnes lectres royaulx a nous adress^e 
et presentees par le dit reverant pere, pass6es par la court de Parle- 
ment, dont la teneur s'ensuit : « Karolus... {Append.A).,, nono ». Sic 
signatis: « Per cameram, Jouvence ». Nous transportasmes es villes 
et eglise collegial de Nostre Dame de Lirey, ou diocese de Troyes, 
et illuec trouvasmes ou jub6 de la dite eglise le doyan et aucuns 
chanoinnes d'icelle, estansen ycellui jub6; lesquelx se ordonnoient, 
si comme il semhloit, pour monstrer au peuple qui estoit dehors la 
d. eglise le drap dessus dit, et nous demanderent pour quoy nous 
estions monstez audit lieu : aux quelx nous respondismes que c estoit 
pour veoir ledit drap; et ycilz nous dirent, tant que nous feussions 
illuec, ilz ne montreroient point ledit drap, mais senous voulions aler 



LE SUAIRE DE TURIN. Ill 

dehors avec ledit peuple, nous le verrions assez tost. Et pour ce que 
nous estions informez par aucuns que ledit drap estoit audit reli- 
quiaire et que nous veismes les torches que on vouloit alumer pour 
le monstrer, si comme on disoit, et que le peuple dessus dit se 
actendoit de incontinent le veoir, et que par la situacion du lieu, se 
nous feussions yssus et alez dehors, en peust avoir destournd ledit 
drap, nous ne voussismes partir dudit lieu. Et lors presens lesdiz 
doyan et chanoinnes et auxin pluseurs autres personnes, Huguenin 
de Nantuse soy portent procureur dud. mons. Tevesque, fond6 de 
procuracion dont il nous apparut prumptement, nous presenta dere- 
chief les dites lectres dessus transcriptes et nousrequist instamment 
Texecucion et accomplissement d'icelles par pluseurs foiz ; par vertu 
des quelles lectres dessus transcriptes nous feismes commandement 
de par le Roy nostres. audit doyan, qu'il nous baillast et delivrast le 
drap qui estoit en ycelle eglise et dont les dites lectres font mencion. 
Le quel doyan nous respondist qu*il n*estoit pas en sa poissance de 
nous baillier le dit drap ; et pour ce que^ au debout dudit jub6, a ung 
petit retrait que Ten appelloit ung tresour, fermant a pluseurs clefs, 
au quel lieu en a acoustumd de mectre les reliques, vestemens, 
aournemens et livres de la dite eglise, ou quel lieu le procureur de 
mon dit seigneur Tevesque disoit et afifermoit estre ledit drap, et le 
dit doyan opposoit le contraire, disant que nous gardissiens que 
nous ferions et que dedans le dit retrait avoit pluseurs reliques, les 
vestemens et aournemens, livres, argent et pluseurs autres choses 
appartenans a la dite eglise, du quel tresour, qui estoit fermez de 
pluseurs clefs comme dit est, ycilz doyans ne avoit que une clef tant 
seulement et pour ce ne le pouoit ouvrir ou desfermer ; le dit procu- 
reur, ou nom que dessus, nous, requist par pluseurs fois que ledit 
tresour fust desferm6, rompu et brisi6 a force, et disoit que nous le 
deviens ainsin faire, et le dit doyan d*autre part disent le contraire 
et que ledit drap n y estoit point, et ledit procureur ades au con- 
traire. Pour le debat des quelles parties et auxin qu'il estoit midi et 
temps de disner, pour doubte que, pendent le temps que nous 
seriens au diner, le dit drap ne fust par lesd. doyan et chanoines 
destourn6 et port6 hors, aux requestes dudit procureur nous seellas- 
mes Puis dudit tresour de nostre seel, et avec ce furent par nous 
commis deux sergens royaulx pour garder que ledit seel ne fust 
rompu, c'est assavoir Adenot d*Aubruissel et Jehan de Beaune, qui 
pendent la dite heure de disner demourerent en la dite eglise pour 



IV iTUDB CRITIQUE 8UR 

garder ledit huis de nostre comtndement et a la requeste dudit 
procureur. Et apris ce, environ heure de vespres, ledit doyan nous 
requist instamment par pluseurs foiz qu*il nous pleust a desseeller 
ledit tresour, pour ordonner et mectre en sauf, comme il appartient, 
les dites reliques, vestemens et autres choses de ladite eglise, 
et auxin pour avoir de Targent et autres besoingnes dont ilz avoient 
grant besoing et necessity pour la dite eglise, et que le dit drap n'y 
estoit point ; avec ce que ycilz doyan et chanoinnes estoient en plu- 
seurs appellacions au Saint Siege de Rome a Tencontre dudit mons. 
Tevesque pour ceste matiere, si comme il disoit, en nous requerent 
ades Touverture estre faicte, a quoy le procureur dudit mons. Teves- 
que s*opposa tousjours au contraire, pour et ou nom dudit mons. 
l*evesque ; et disoit que point ne devpns oster notre seel du dit 
tresour se !e dit doyan ne le desfermoit et ouvroit a plain, le dit 
doyan affermant que desfermer ne le pourroit tout seul, car il 
n*avoit tant seulement que une clef du dit tresour et les gens du 
seigneur de Lirey avoient Tautre, sans lesquelx il ne pouoit des- 
fermer ne le pourroit tout seul. Nous li ofifrismes et respondismes 
que, s'il vouloit envoier querir ou faire que Ten eost Tautre clef, 
nous feriens attendre deux sergens pour garder ledit seel jusques 
a tant que Taustre clef fust apporti&e, et lors nous osteriens nostre 
seel du dit huis ; a quoy le dit doyan nous respondi qu il ne savoit 
quant ne a queie heure devoit venir cellui qui avoit la garde de 
Tautre clef pour le dit seigneur de Lirey, et requeroit ades que 
ledit seel fust ostez. Neantmoins pour le debat des parties nous 
deismes que nous auriens nostre advis jusques au lendemain ; et 
pour ce que ycilz doyans se santoit estre grev6, si comme il disoit, 
de ce que le dit tresour estoit et demouroit seell6 et que nous li 
avions dit par avant que par contreinte nous mettriens le temporel 
de Teglise en la main du Roy nostres., se il ne nous bailloit ledit 
drap, ycilz doyan appella de nous et auxin firent les chanoinnes 
d'icelle eglise qui estoient present tout conjointement avec le dit 
doyan, pour et ou nom de doyan et chanoines de la dite eglise ; pour 
occasion de la quelle appellacion ainsin interject6e, nous ne proce- 
dasmes plus avant en ce fait, mats surseismes du tout en tel estat. 
Donn6 soubz le contreseel dudit bailliage, Tanet le jourdessus diz, 

Paris, Bibl. Nat., Coll. de Champagne, v. 154, f« i3o, original parch., a eu 
sceau sur repli ; au dos : « Pour le fail dou Suaire. — BB b (Append. D). — 
Ibid., Coll. De Camps, v. 134, f* 333 (147}, copie de 16 16. 



LE SUAIRE DE TURIN. T 

c 

15 ao&t 1389. 

ATOUS cculs qui ces presentes lectres vcrront, Jehan dc Vcndc- 
resse, seigneur de Marfontainnes, chevalier, bailii de Troyes et 
commissaire du Roy nostre seigneur en ceste partie, salut. Savoir 
faisons que, avecques Texploit et choses contenues en nos autres 
lectres esquelles ces presentes sont fich6es, nous par vertu des 
lectres royaulx transcriptes en nos dictes autres lectres, le jour de la 
date de ces presentes, meismes verbaulment en la main du Roy 
nostredit seigneur, le drap dont lesdictes lectres font mencion, en la 
presence de messire Nicole Martin, prebtre, doian de Teglise de 
Lirey, mess. Jehan Boygncy, mess. Jaque Colardot et mess. Thie- 
baut Goutey, eulx disens chanoines ou chappellains et vicaires de 
ladicte eglise de Lirey. Lesquelles choses nous par inadvertance 
avions obliges a mectre en nos dites lectres. Et ce nous certifions a 
tous a qui ce pourroit toucher par ces presentes. Lesquelles en 
tesmoin de ce nous avons seell6es du contreseel dudit bailliage. 
Donne le xv* jour d'aoust, Tan mil trois cens quatrevins et neuf. 

Paris, Bibl. Nat. Coll. de Champagne, v. 154, f* 139, original parcb., sceau 
sur repli disparu.—- Ibid., Coll. De Camps, v. 134, f* 334 (148) v*, copie de 
1616. 



Item littera baillivi Trecensis, in qua inseritur commissio a curia 
Parlamenti emanata, directa baillivo, in vim cujus dictus baillivus pre- 
cepit decano et canonicis de Lireyo sibi tradi Sudarium sive repre- 
sentationem Domini nostri Jhesu Christi ad ipsum transferendum 
Trecis, prout mandabatur ; a quo quidem expleto dicti decanus et 
capitulum appellaverunt ad dictam curiam Parlamenti. Cui littere 
infixe sunt tres alie littere, negocium dicti expleti continentes. Quot- 
tata BB. 

Archives de TAube, G. 15, f* 19 ▼•-30 r*. 

B 

5 septembre 1389. 

JEHAN de Venderesse, sire de Marfontainnes, chevalier, bailly de 
Troyes, au premier sergent du Roy nostre sire dudit baillage sur 
ce requis, salut. A la requeste de reverend pere en Dieu, M*^ Tevesque 



VI iTUDE CRITIQUE 8UR 

de TroyeSy nous vous mandons que le conteuu en nos autres lettres, 
esquelles ces presentes sont fich^es, vous S]gnifi68 et faictes scavoir a 
messire Nicole Martin, prebtre, doyen de Teglise de Lirey, messire 
Jehan Boygney, messire Jacques Colardot et messire Thiebault 
Goutey, chanoines ou vicaires et chappellains de ladicte eglise, et a 
tous autres dont vous serez requis de par ledit reverend, affin qu*ii 
n*en puissent ou doient pretendre ignorance, en faisent relation, si 
mestier est, de ce que faict en aurez ; de ce faire vous donnons 
pouvoir, mandons et commandons a tous les subjectz dudit ballia^e 
que a vous obeissent en ce faisant. Donn6 soubzle contrescel dudict 
balliage, le v* jour de septembre, Tan mil trois cens quatrevingt et 
neuf. 
Paris, Bibl. Nat., Coll. De Camps, v. 134, f* 234(148) v*, copie de 1616. 

F 

5 septembre 1389. 

A NOBLE homme et sage, mon trescher seigneur mons' le bailiy 
de Troyes, Jehan de Beaune, sergent du Roy nostre sire en la 
prevost6 de Troyes, a le vostre honneur, service et toute obeissance. 
Mon trescher seigneur, plaise vous scavoir que, par vertu de vos 
lectres de commission, esquelles ceste moye relacion est annex6e, et 
a requeste de reverend pere en Dieu mons' Tevesque de Troyes 
nomm6 en icelle, je le jourd*uy, en la ville de Lirey, la justice de ce 
lieu appell6e et presente, ay signifi6 a messire Nicole Martia, 
prebtre, doyen de Teglise dudit Lirey, messire Jacques Colardot et 
messire Thiebault Goutey, nommis en vosdictes lectres, a leurs 
personnes le contenu en vos autres lectres, esquelles vosdites 
lectres de commission sont fich6es, lesquelles je leur ay exib6es 
et monstr6es, et a eulx expose le contenu en icelles faisent 
mention que le drap dont elles parlent estoit par vous mis verbaul- 
ment en la main du Roy nostre sire ; et pareillement ay ce signifii en 
la fort maison dudit Lirey a noble homme Monsieur Geufroy de 
Chamy, chevalier, seigneur dudit Lirey, a la personne de Jacquemon 
dc Montfort, escuier et soy disant familier dudit chevalier, et luy ay 
command^ de le faire scavoir audit chevalier, ladicte justice presente 
a ce. Et ce je vous certifie par ceste moye relation, donn6e soubs 
mon seel, le cinquiesme jour de septembre, Tan mil trois cens quatre 
vingt neuf. 

Paris, Bibl. Nat., Coll. De Camps, v. 124, f*.335 (149), copie de 1616. 



LB SUiUM DB TURIN. VII 

a 

Fin 1 389. 
Veritas panni db Lireyo, qui alias et Dtu est 

OSTENSUS FUERAT ET DE NOVO ITERUM FUIT OSTENSUS, 

SUPER QUO INTENOO SCRIBERE DOMINO NOSTRO PaPE, 

IN FORMA SUBSCRIPTA ET QUAM BREVIUS POTERO. 

SEiPSUM ad devota pedum oscula beatorum, cum omni prompti- 
tudine debite servitutis. Beatissimc pater, quia majores cause, 
quibus presertim de pericuio agitur animarum et quibus propter 
potenciam aliquorum non potest per inferiores commode provided, 
sunt ad Sedem sanctam apostolicam referende, cujus provisione 
provida cuncta salubriter disponantur, ad Dei laudem et subditorum 
salutem. Eapropter factum quoddam periculosum exemploque per- 
niciosum, quod nuper contigit in Treccn&i diocesi, duxi v[estre] 
S[anctitatis] auribus intimandum, ut ejusdem S[anctitatis] providen- 
cia, que subditorum^ commodis invigilare eorumque periculis obviare 
solicite non desinit, ad Dei laudem, honorem Ecclesieet subditorum 
salutem celeri remedio succurratur. Siquidem, beat, p., dudum in 
diocesi Trecen., cujusdam ecclesie collegiate decanus, videlicet de 
Lireyo, dolose et inique, avaricie et^ cupiditatis igne succensus, non 
ad tinem devocionis, sed questus, quemdam pannum artificiose depic- 
tum in sua ecclesia procuravit habere, in quo subtili modo depicta 
erat duplex^ effigies unius hominis, videlicet tarn a parte anteriori 
quam posteriori, falso asserens et confingens iilud esse proprium 
Sudarium quo Salvator noster Jhesus Xpistus in sepulcro fuerat 
involutus, et in quo effigies tota ipsius Salvatoris, cum vulneribus 
que pertulit, remanserat sic impressa ; quod fuit, nedum per regnum 
Francie, sed quasi per totum mundum adeo divulgatum, quod de 
universis mundi partibus populi confluebant. Et ad ipsos alliciendos 
populos, ut subtili ingenio aurum extorqueretur ab eis, inibi con- 
fingebantur^ miracula mendaciter certis hominibus ad hoc precio 
conductis, qui se sanari fingebant in ostensione dicti Sudani, quod 
Domini Sudarium ab omnibus credebatur. Quod aitendens bo[ne] 
me[morie] dom. Henricus de Pictavia, tunc Trecensis episcopus, 
multorum prudentum persuasione pulsatus, prout eciam sibi ex 

a. B subditos. — 6. B ac. ^ c, B dupplex. — d, B configebantur. 



VllI AtUDB critique 8UR 

officio poteslatis ordinarie incombebat, solicite investigare curavit 
hujus negocii veritatem : multis theologis et aliis prudentibus viris 
asserentibus quod hoc revera dominicum Sudarium esse non poterat, 
quod ipsius Salvatoris effigiem habebat impressam, cum de bujus- 
modi impressione sanctum euvangelium nuUam facial mencionem, 
cum tamen, si vcrum esset, non est verisimile quod fuisset per sanc- 
tos euvangelistas taciturn vel obmissum,ncc usque ad hoc tempos 
celatum vel occultatum. Et tandem, solerti diligencia precedente et 
informacione super hoc facta, finaliter repent fraudem et quomodo 
pannus ilie artificialiter depictus fuerat, et probatum fuit eciam per 
artificem qui ilium depinxerat, ipsum humano ope factum, non 
miraculose confectum vel concessum. Et propterea habito cum 
multis prudentibus tam theologis quam jurisperitis maturo consilio, 
quod hoc nee sic dimitterre nee dissimulare debebat vel poterat, 
cepit ex officio procedere contra decanum predictum et suos com- 
plices, ad extirpandum errorem predictum. Qui videntes detectam 
ipsorum maliciam, dictum pannum occultarunt et suppresserunt, 
ut per ipsum ordinarium reperiri non posset ; et depost ipsum 
semper tenuerunt suppressum per xxxiiij*' • annos vel circa, usque 
ad presentem annum. Nunc autem, fraude premeditata, ad finem 
questus modemus decanus dicte ecclesie, ut dicitur, suggessit dom. 
Gaufrido de Charny, militi, domino temporali loci, ut procuraret 
diet, pannum in ecclesia predicta reponi, ut peregrinacione rcnova- 
ta, dicta ecclesia de proventibus ditaretur. Qui miles, ad dicti decani 
suggestionem, sui predecessoris vestigia imitantis, accessit ad dom. 
cardinalem de Thureyo, in partibus Francic v. S. nuncium et 
legatum, et tacito quod dictus pannus tempore supradicto assere- 
batur fore Sudarium Salvatoris, et quod effigiem Salvatoris haberet 
impressam, et quod ordinarius prosecutus fuerat hujusmodi factum, 
tendens ad extirpacionem erroris inde exorti, et quod metu ipsius 
ordinarii fuerat predictus pannus suppressus, ymo extra diocesim, 
ut dicitur, deportatus ; prefato dno cardinal! suggessit diet, pannum 
fore Sudani representacionem seu figuram, ad quam multi devocione 
ducebantur, qui alias in dicta ecclesia fuerat in veneracione multa 
habitus et cum devocione maxima frequentatus, scd propter gucrras 
regni et alias causas, et^ de mandato ordinarii loci fuerat diu in 
custodia tutiori positus et servatus ; supplicans ut dictam ^ Sudarii 
representacionem seu figuram, ad quam multi ex devotione ferc- 

e. B triginta quatuor. — f. B ac. — g. B dicti. 



LE SUAIRE DE TURIN. IX 

bantur et earn videre cupiebant, in dicta ecclesia sibi liceret ponere, 

ut ibi posset populo exhiberi et ostendi et a fidelibus venerari. Qui 

dom. cardinalis, non in totum annuens supplicacioni, sed verisimi- 

liter ex certo proposito et quo ad hoc prudenter concessit suppli- 

canti apostolica auctoritate quod, non petita licencia ab ordinario 

loci vel quocumque alio, hujusmodi representationem seu figuram 

Sudani dominici in dicta ecclesia vcl alibi in loco honesto ponere 

vel collocare valeret. Quarum licterarum pretextu dictus pannus 

fuit in dicta ecclesia populo exhibitus et ostensus in solennitatibus 

et festis frequenter et alias manifeste, cum solennitate maxima et 

majori quam ibi ostendatur Corpus Domini nostri Jhesu Xpisti, 

videlicet duobus sacerdotibus albis indutis cum stolis et manipulis, 

quamplurimum reverenter, accensis torchiis in loco eminenti et 

alto ad hoc solum et specialiter fabricato ; et licet in publico non 

asseratur esse verum Xpisti Sudarium, in occulto tamen asseritur et 

predicatur, et sic a multis creditur,.ex eo maxime quod alias, ut 

premissum est, Xpisti verum Sudarium dicebatur, et quodam modo 

loquendi conficto nunc in dicta ecclesia, non Sudarium, sed Sanc- 

tuarium nuneupatur, quod idem sonat in auribus populi talia minime 

discementis ; confluitque inibi multitudo populi, quotiens ostenditur 

vel ostendi speratur, credentis, ymo verius errantis, quod sit verum 

Sudarium ; curritque £ama in populo quod sit per Sedem apos- 

tolicam approbatum per licteras prefati dom. cardinalis. Porro, 

p[ater] be[atissi]me, ego videns tantum scandalum in populo reno- 

vatum et errorem hujusmodi succrescere in periculum et deceptionem 

animarum, attendens quod decanus dicte ecclesie non erat terminis 

licterarum dom. cardinalis contentus, que tamen per veri suppres* 

sionem et falsi suggestionem fuerant^ impetratte, ut est premissum, 

volens occurrere pro posse periculis animarum et errorem hujusmodi 

detestandum a grege michi credito tollere et extirpare, prchabito 

eciam super hoc multorum prudentum maturo consilio, inhibui 

dicto decano, sub pena excommunicacionis eo ipso late, ne dictum 

pannum populo exhiberet vel * ostenderet donee super hoc esset 

aliter ordinatum ; sed ipse inobediens ad appellacionem convolans, 

contra inhibicionem veniens, ut prius perseveravit ostendendo ; ipse 

eciam miles, negocium hujusmodi sustinens et defendens, quadam 

die solenni propriis manibus dictum pannum tenens et populo 

h. B faerunr. 



X irUDE CRITIQUB 8UR 

publice ostendens cum solennitate supradicta, per uoam salvam- 
gardiam regis se fecit teneri in possessione et saisina ipsum pannum 
ostendendi et ipsam saivamgardiam michi significari : sicque, tarn 
sub umbra appeilacionis quam dicte salvegardie, error iste defen- 
ditur, tenetur et invalescit, ia contemptum Ecclesie et populi scan- 
datum ac periculum animarum, quibus non possum, premissrs 
obstantibus, providere, ymo in opprobrium prefati predecessoris 
mei, suo tempore factum prosequcntis, et meum, qui eciam pro 
modulo providere circa hoc consulte desidero, hoc proth dolor! 
sustinetur et defenditur ; quinynto sustinentes hoc seminar! faciunt 
in populo quod, tum propter invidiam, tum propter cupiditatem et 
avariciam et ut ipsum pannum habeam, hoc prosequor, prout impo- 
situm fuit alias prefato predecessori meo ; nonnulis eciam dicentibus 
quod nimis tepide in hoc procedo et quod magna' dcrisio hoc sit 
tolerari. Et licet cum instancia et humilitate diet, militem sommari 
fecerim et requiri, ut ad tempus cessaret et supersederet ab osten- 
sione dicti panni, donee v. S. super hoc consuleretur et ordinaret, 
ipse hoc facere non curavit, quinymo me ignorante eidem S. fecit 
exponi id quod exposuerat dicto dom. cardinali, quodque licteris 
ipsius dom. cardinalis obtemperare recusans nee appellacionibus 
deferens, procedcre non cessabam ad inhibiciones et excommunica- 
cionis sentencias contra ostendentes ipsum pannum ac contra popu- 
los locum ilium frequentantes ad diet, pannum venerandum. Sed, 
salva reverencia exponentis, quia procedendo contra ostendentes 
modo premisso ilium pannum et ipsum venerantes, nullatenus 
attemptavi contra licteras quamquam surrepticias^ prefati dom. car- 
dinalis, quibus minime concesserat quod posset populo ostendi vel 
eciam venerari, sed dumtaxat quod posset in dicta ecclesia vel alibi 
in loco honesto reponi vel collocari. Et quia non contenti conces- 
sione prefati dom. cardinalis, idcirco contra eos ordinario jure pro- 
cess!, non sine magno consilio, prout michi incombit ex officio, 
ad toUendum scandalum et errorem hujusmodi extirpandum, credens 
non sine grandi culpa fore si conniventibus oculis talia pertransirem; 
sed et michi prospiciens in hoc facto, semper consilio fretus pruden- 
tum, ad auxilium brachii secularis neccessitatus tamen recurrens, 
potissime attento quod ipse miles inceperat causam ponere in 
manu secularis potestatis, sc, ut premissum est, faciendo teneri 
in possessione et saisina ostendendi diet, pannum et populo exhi- 

t. B surrectidaft. 



LE 8UAIRE DE TURIN. XI 

bendi per dictam salvamgardiam regis, quod videtur absurdum 
satis<^, ipsum pannum in manu regis ponendum procuravi, semper 
ad ilium finem tendencjio, ut saltern dum facti seriem ad v. S. noti- 
ciam deducerem, interim supersederetur ab ostensione predicta, 
quod leniter et sine difiScuItate quacumque obtinui cum tota curia 
Parlamenti regis, de supersticiosa invencione hujusmodi Sudarii et 
ejus abusu, ac de errore et scandalo predictis sit pleniter informata. 
Miranturque universi scientes merita facti, quod impedior per 
Ecclesiam in prosecucione hujusmodi, qui deberem viriliteradjuvari, 
ymo puniri graviter si in hoc * essem negligens vel remissus. 
Sed tamen miles prefatus, me preveniens et ut premictitur que 
superius premissa sunt exprimens, tandem a v. S. licteras repor- 
tavit quibus narratur in effectu, licteris prefati dom. cardinalis et ex 
certa sciencia confirmatis, dicto militi conceditur quod non obstan- 
tibus inhibicionibus et appellacionibus quibuscumque, liceat diet, 
pannum populo exhiberi et ostendi et a fidelibus venerari, michi 
perpetuum silentium imponendo, prout fertur, quia ipsarum lictera- 
rum copiam habere nequivi : cum tamen michi precipiatur a canone 
ne variis figmentis aut documentis falsis paciar aliquem decipi propter 
questum, sed certus quod per falsi suggestionem et veri suppressio- 
nem impetrate fuerunt, et quod alias non fuissent tales obtente, me 
non vocato nee audito, maxime cum pro me debeat esse presumpcio 
quod sine causa negocium hujusmodi impedire non vellem aut ali- 
quem in devocione discreta et bene ordinata aliqualiter perturbare. 
Confido firmiter quod S. v. equanimiter tolerabit si dicte ostensioni 
resisto, premissis attentis, donee ab ipsa S. v. veritate facti plenius 
informata aliud habeam in mandatis. Dignetur igitur, p. b°^', S. v. 
sue consideracionis aciem ad premissa dirigere et circa ea taliter 
providere, quod error et scandalum hujusmodi et supersticio detcs- 
tanda tam ex facto quam ex modo ejusdem S. providencia radicitus 
extirpentur, ita videlicet quod pannus ille nee pro Sudario nee pro 
sanctuario, nee pro representacione vel figura Sudarii dominici, cum 
Sudarium dominicum tale non fuerit, aut alio quovis exquisito modo 
vel nomine exhibeatur populo aut eciam veneretur ; sed in signum 
dampnate supersticionis publice condampnetur*, licteris surrepticiis^ 
de quibus premittitur revocatis, ymo nUUis verius declaratis, ne forte 
dicant emuli persecutores Ecclesie et invidi detractores contra regi- 
men Ecclesie irreverenter obloquentcs, quod promptius remedium 

;*. B satis absurdum. — k. B conbmatur. — LB subrepticiis. 



XU irUOB CRITIQUE SUR 

«t 8tlubriu8 reperitur in foro secular! quam"*eccie8iMttco adversus 
•candala et errores ^. Paratum enim me offero hie in promptu per 
famam publicam et alias de omnibus supra' per me pretensis suffi- 
cienter informare et indubitanter ad eicusacionem meam et ezone- 
racionem consciencie circa factum hujusmodi quod michi est valde 
cordi, necnon ad meam querimoniamP pro modulo proponendam 
in propria ad ipsius S. v. presentiam personaliter accessissem, si 
valitudo corporis permisisset, arbitrans quod non plene aut satis 
sufficienter possum scriptis ezprimere gravitatem scandali, oppro- 
brium Ecclesie et jurisdictionts ecclesiastice, ac periculum anima- 
rum : facto tamen quod possum, ut merear excusari principaliter 
apud Deum, relinquens residuum disposicioni v. S. prefate, quam 
feliciter et longeve conservare dignetur Omnipotens utilem et nec- 
cessariam ad regimen Ecclesie sue sancte. Scriptum 

Paris, Biblioth. Nation., Collection de Champagne, ▼. 154,^* i38, minute 
originale sur papier ; au dos : c Copia licterarum domino nostro pape per 
episcopum Trecentem transmissarum, super facto Sudarit de Lyreyo, — F 
▼• » (Append. J). (Af. — Ibid., mdme vol., f 137, mise au net de la prdc^d. 
sur papier, avec titre (de la main de r^vdque ?) ; au dos : « Magistro Guillelmo 
Fulconis. — De panno sepulture dominice — NNN t (Append, i). {B), — Ibid., 
Coll. De Camps, ▼. 134, f** 239-33 (143-6), copie du XVI* s. 



H 

Fin 1389. 
Extrait que fay fait d'unepi^ce laiint sans datU 
qui est(i) une lettre ou requeste d'un iveque de Troyes (a) i un pape. 

IL dit que les grandes affaires qui concement le p6ril du salut des 
&mes doivent estre port^es au St-Siige, que c*est ce qui Tobiige 
d'informer sa Saintetd d*un fait arriv6 depuis peu dans le dioctee de 
Troyes et dans T^glise coll^giale de Lyrey, scavoir que le doyen de 
cette 6glise « dolose et inique, avariti» et cupiditatis igne succensus, 
non ad finem devotionis, sed quacstus, quemdam pannum artificiose 
depictum in sua ecclesia procuravit, in quo subtili modo depicta erat 
duplex effigies unius hominis, videlicet tarn a parte anteriori quam 

m. B ajoute in. — n. Dans A tout U passage Ne forte a iti cancelU et on a 
mis au^dessus Va-cat ; en U relisant Vivique ne Vaura pas trouvi asset respectueux 
vis-^'Vis du pape. — 0. B omet. —p.Bq.m. 

(i) On a rayi paroit estre. 

(a) On a rayi ou aatre eccldsiastiqae. 



LE SUAIRE DE TURIN. XIII 

]>osterion, falso asscrens et confingens illud esse proprium Sudarium 
quo Salvator noster Jesus Christus in sepulcro fuerat involutuSy et 
in quo e£Bgies tota ipsius Salvatoris quae pertulit, remanserat sic 
impressa » ; ce qui avoit 6t6 divulg[u]6, non seulement dans le 
royaume de France, mais encore dans touttes les parties du monde, 
et y avoit attird un grand concours de peuple, < et ad ipsos allicien- 
dos populos et ut subtili ingenio aurum eitorqueretur ab eis, inibi 
confingebantur miracula mendaciter certis hominibus ad hoc pretio 
conductis, qui se sanari fingebant in ostensione dicti Sudarii ». II 
ajoute que ut ayant excitd Tattention de Henry de Poitiers (i), 

alors 6v6que de Troyes, il consulta plusieurs thdologiens, qui d6ci* 
dirent que ce ne pouvoit estre Timpression de Teffigie du Sauveur, 
puisque aucun des Evangdlistes n^avoit fait mention de cette efiSgie, 
ce qails n*auroient pas omis et ce qui ne seroit pas restd jusqu'alors 
inconnu aux 6vdques ; qu^ensuite cet 6v6que ayant fait faire touttes 
les informations ndcessaires, en avoit decouvert la fraude « et quo- 
modo pannus ille artificialiter depictus fuerat, et probatum fuit etiam 
per artificem qui ilium depinxerat. » Ce qui ayant obligd le meme 
6v£que de procdder contre le doyen et ses complices, ils avoient 
cacb6 ce Suaire, affin qu*on ne put le trouvec ; en sorte qu*il avoit 
6t6 suprimd pendant 34 ans, mais que dans Tannde dont Tdcrivain 
parle, un nouveau doyen de la mdme ^glise, excite par Geofroy de 
Charny, seigneur de Lirey, dlssimulant ce qui seroit pa^se autrefois, 
8*6toit adress6 au cardinal a de Thureyo, » nonce et 16gat de sa 
Saintet6 en France, et luy avoit expose que ce saint Suaire avoit M 
autrefois en grande vdndration dans Teglise de Lirey, mais que les 
guerres et d*autres accidens ayant obligd de le tenir cachd, et le 
supplioit de luy permetre de Texposer k la ddvotion des fiddes : sur 
qooy le 16gat avoit ordonnd qu^avec la permission de Tordinaire, le 
Suaire seroit mis dans un lieu decent ; que sous le prdtexte de cette 
ordonnance du 16gat, le Suaire avoit et6 plusieures fois expose au 
peuple les jours de festes solemneles et autres, et avoit dt6 plac6 
dans un lieu 61ev6 de T^glise par deux prestres avec leurs orncmens 
et avec des torches allum^es, sans assurer ndanmoins en public que 
ce fut le vrai Suaire de Notre Seigneur, mais en le r^pandant en 
secret et en ajoutant qu*il etoit approuvd par le Saint-Si^ge et par 
les lettres du Idgat, en sorte que leur fraude attire un grand concours 
de peuple. C est pour cela (continue Tdcrivain en son nom) que d6si- 

(1) En inUrligff de Pictavia. 



XfV irUDE CRITIQUE 8UR 

rant selon mon pouvoir arrester ce scandale dans le troapeau qu 
m'est confi6f j*ay defifeodu k ce doyen sous peine d*ezcoininunica- 
tton d^exposer ce Suaire jusqu*& ce qu*il en ayt 6tt autrement 
ordonnd. Mais ce doyen d^soMissant, ayant appel6 de mon ordoa- 
nance et obtenu des lettres du roy qui le maintient dans sa posses- 
sion, il continue d*exposer ce Suaire avec solemnity, k quoy je ne puis 
remddier, quoyque ce soit k i*opprobre de mon pr6d£cesseur ; n^n- 
moins plusieurs me reprochent que je n*agis pas avec assez de 
fermet6 dans cette affaire et que c'esi une dMsion de tol^rer ce 
scandale. Cependantce m6me seigneur de Lyrey c^est adress6 k mon 
insceu k votre Saintetd, pour demander la confirmation des lettres du 
cardinal 16gat, quoyque subreptices et par lesquelles il n*a point 
permis d*ezposer ce Suaire k la v6n6ration du peuple, mais seulement 
de le placer dans un lieu ddcent ; et ce seigneur a obtenu des lettres 
de votre Saintet6, qui permettent d'exposer ce Suaire k la pi6t6 des 
fidties, et nonobstant toutes deffenses ou appellations, en m'impo- 
sant silence k cet 6gard. Mais comme il m^est de£fendu par les 
canons de 8ou£frir une semblable superstition et que ces lettres ont 
6x6 obtenues sur un faux expose et sans que j*aye6t6 entendu, j*ay 
une enti&re confiance^ue votre Saintet6, apr&s avoir 6tt sufisamment 
informde de ce fait, arrestera un pareil scandale et une semblable 
superstition, en ordonnant que ce Suaire ou sanctuaire [sic] ou 
representation de Notre Seigneur ou sous quelqu 'autre nom que ce 
soit ne pourra estre expose k la v6n6ration des fidiles, et que pour 
rdparer mon honneur et justifier de la r6gularit6 de ma conduitc k 
cet 6gard il sera inform^ de la subreption des lettres pr6cedentes. II 
finit en disant qu*il auroit 6x6 luy-m6me vers sa Saintetd si sa sante 
avoit pu le luy permectre. 

Paris, Biblioth. Nation., Collection de Champagne, t. i8» p. 69. En marge: 
« Extrait sur le manuscrit dans le 4* recueil de M. de P. » 



Item copia rescriptionis episcopi Trecensis ad dominum Papam 
super abusu. decani et canonicorum de Lyreio, super dolosa pictura 
Sudani Domini nostri in ecclesia dicti loci de Lireyo reposita. Quot- 
tata NNN. 

Archives ddpartem. de TAube, G. 1 5 : Inventarium privilegiorum, cartarum, titu- 
lorum et aliorum documentorum in thesauro episcopatus repertorum, inceptum die 
vicesima prima mensis junii, anno Domini millesimo quingentesimo decimo nono, 



LE SUAIRE DE TURIN. XV 



Item copia in papiro litterarum domino nostro Papc per episcopum 
Trecensem, super facto Sudani de Lireyo transmissarum. Quot- 
tata Fv. 

Archives dc TAube, G. 15, f« 48 v* -49 r«. 



6 Janvier 1390. 

CLEMENS, etc., ad futuram rei memoriam. — Apostolice Sedis 
providencia circumspecta non nunquam concessa per earn 
modificat, ac circa ilia statuit et disponit prout rerum et temporum 
qualitas exigit, etid conspicit in Domino salubriter expedire. Dudum 
siquidem pro parte dilecti filii nobilis viri Gaufridi, domini loci de 
Lireyo, Trecensis diocesis, nobis exposito, quod nuper dilecto filio 
nostro Petro, tituli Sancte Susanne presbitero cardinali, pro parte 
ejusdem Gaufridi exposito, quod olim genitor ipsius Gaufridi zelo 
devocionis accensus, quandam figuram sive representacionem Su- 
dani Domini nostri Jhesu Christi sibi liberaliter oblatam, in ecclesia 
Beate Marie de Lireyo, dicte diocesis, cujus ipse fundator extitit, 
vcnerabiliter coUocari fecerat, et quod demum, Domino permictente 
partes illas guerris et mortalitatum pestibus graviter concuti, figura 
sive representacio A, eciam ad mandatum ordinarii loci et ex aliis cer- 
tis causis, de dicta ecclesia Beate Marie ad alium tu(i)tiorem locum 
translata et decenter usque tunc recondita extiterat et venerabiliter 
custodita; et quod idem Gaufridus ad ecclesie predicte decorem, 
devocionem populi et cultus divini augmentum cupiebat prefatam 
figuram sive representacionem in ecclesia predicta reponi, idem 
cardinalis, quem tunc ad carissimum in Christo filium nostrum Ca- 
rolum, regem Francorum illustrem , pro certis nostris et predicte 
Romane ecclesie negociis destinaveramus, quique faciendi, gerendi 
et exercendi, hujusmodi negociorum prosecucione durante, in civi- 
tatibus et diocesibus ac provinciis, per quas eundo et redeundo ^ et 
in quibus moram trahere ipsum contingeret, omnia et singula que 
Romane ecclesie cardinalis legacionis fungens officio infra sue lega- 
cionis terminos facere, gerere et exercere potest a nobis fadultatem 

a. B C P ajouUnt hujusmodi. -^ b, B C P ajoutent transire. 



XVI irVDE CRITIQUE 8UR 

habebat ; quique per Senoncnsem provinciam, de qua dicta dioccsis 
Trecensis eztstit, transitum fecerat, eidem Gaufrido, hujusmodi 
negociorum prosecucione durante, ut figuram seu reprcsentacionem 
predictam in prefata ecclesia Sancte Marie congruo, honorabili et 
deceati loco poai et coUocari facere posset, diocesani vel alterius 
cujuscunque non petita vel obtenta licencia, per litteras suas indul- 
serat; quodque dicta figura sive representacio, hujusmodi indultt 
vigore, in dicta ecclesia Beate Marie reposita fiierat decenter ; et 
quod postmodum venerabilis frater noster Petrus, episcopus Tre* 
censis, ex hujusmodi indulto commotus, in sua synodo ultimo cele- 
brata rectoribus parrochialium ecclesiarum ac aliis quos proponere 
contingeret verbum Dei, ne de Sudario Jhesu Christi, figura seuque 
repreaentacione ipsius in suis ecclesiis aut sermonibus, sive in bono 
sive in malo aliquam mencionem faccrent ; ac demum dilecto filio 
decano ecclesie Beate Marie predicte, ne sub excommunicacionis 
pena dictam figuram seu representacionem alicui ostenderet, inhi- 
buerat; a qua quidem inhibicione eidem decano facta, pro parte 
dicti decani fuerat ad Sedem apostolicam appellatum, et quia dicta 
figura sive representacio, post appellacionem hujusmodi, populo 
publice exhibita extiterat et ostensa, nos indultum prefatum ex 
certa sciencia, auctoritate apostolica confirmavimus; et nichilominus 
eidem decano et dilectis filiis capitulo dicte ecclesie Beate Marie 
concessimus, quod, inhibici6ne hujusmodi non obstante, figuram 
seu representacionem eandem populo publice ostendere et ostendi 
facere valerent, quociens foret oportunum, eidem episcopo super 
inhibicione predicta perpetuum silencium imponendo, prout in 
nostris inde confectis litteris plenius continetur. Nos igitur circa 
modum ostensionis hujusmodi, ad omnem erroris et ydolatrie « ma- 
teriam submovendam, de opportuno remedio providere intcnden- 
tes ^, volumus et tenore prescncium auctoritate apostolica statui- 
mus * quod, quocienscunque dictam figuram seu representacionem 
deinceps populo ostendi contigerit, dccanus et capitulum predicti et 
alie persone ecclesiastice hujusmodi figuram seu representacionem 
ostendentes et in hujusmodi ostensione presentes, quandiu ostensio 
ipsa durabit, capis, supcrpelliciis, albis, pluvialibiis vel aliis quibus- 
libet ecclesiasticis indumentis seu paramentis nullatenus propterea 
induantur, nee alias f solempnitates faciant que fieri solent in reliquiis 

c, Var, idololatrie. — d, B C P curantes. — e. B C P afouUnt ct ctiam ordi- 
namus. ^ f. B C P nmplaunipar nuUat tout le passage pricidtnt d§puis quandiu. 



LE SUAIRE DE TURIN. XVII 

ostendendis, quodque propterea torttcia, facule seu candele minime 
accendantur, nee eciam propterea luminaria quecunque ibidem 9 ad- 
hibeantur ; quodque ostendens dictam figuram, dutn major ibidem 
convencrit * populi multitudo •, publice populo predicct et dicat aha 
et intelligibili voce, omni fraude cessante, quod figura seu repre- 
sentacio predicta non est/ verum Sudarium Domini nostri Jhesu 
Christi, sed quedam pictura seu tabula facta in * figuram seu repre- 
scntacionem ' Sudarii, quod fore dicitur ejusdcm Domini nostri Jhesu 
Chris ti. •"Prefatas litteras nostras et earum efFectum et voluntatem 
ac statutum et ordinacionem nostram hujusmodi non servaverint 
carere viribus decernenles... NuUi ergo, etc. hanc pag. nostre vo- 
luntatis, statuti, ordinationis et constitutionis infring.... — Datum 
Avinione, viii idus januarii, anno xii. 

Paris, Biblioth. Nation., foods latin, ms. 10410, f* 113 {A)* Longue bande de 
papier de la fin du XIV* siicle, comprenant les Append. K, P et N, les deux derniers 
au V* ; en tfttc : « Copia » ; entre P et N : a XXJ » (App. L). — Ibid., Collection 
de Champagne, t. 1 8, f* 70. Double exemplaire d'une copie notarise, faite k Troyes 
le 15 oct. 1636, d*un vidimus ex^cutd le 16 juin 1390^ indiction i3, an la de 
Clement VII, « in villa de Sinemuro [Semur], Eduensis diocesis », sur requftte de 
Nicolas Martin, doyen de Lirey, par « Adam Panri, de Maceyo super Thiliam », 
notaire, et collationn6 le 25 juin suivant, k la requftte de Nicolas Martin et d'an 
autre chanoine (B). — Mdme Collection, y. 154, f^ 14 1-5, copie du mftme vidimus^ 
confront^e sur Texempl. des archives dpiscopales, k la requftte du chanoine Nicolas 
Camusat, secretaire de Tivftque Rend de Bresley, le 15 oct. 1626 (C) ; voir Ap- 
pend. M. — Ibid., f<* 139, copie du XVI* sifccle (D). — Piamo, op. cit., t. II, p. 

377-81 rp;. 



Item copia papirea cujusdam bulle dementis pape, facientis men- 
tionem de pictura sive representationem Sudarii Domini nostri Jhesu 
Ghristi existentis in ecclesia Beate Marie de Lireyo, de modo et forma 
ct seric observanda in ostensione dicte representate. Quottata XXI. 

Archives de PAube, G. 15, f» 18 r*. 

g. B C n*ont que min. propt. ; P min. propterea ad solemnitatem aliquam ace. 
ncc lum. q. i. propterea. — h, P concurrent. — 1. B C P ajoutent aliquoties 
saltern, dum sermonem ibidem fieri contigerit. — /. A omet ; B C P figuram s. 
r-onem p-am n. ostendunt ut. ^ k, B et P sed tanquam. — /. B C P r. dicti. — 
m. P Eos qui (?). 



XVIII iTUDE CRITIQUE 8UR 



Item instrumentum sub signo publico Ade Parvi, publici auctori- 
tate apostolica et imperiaU notarii, confectum, continens builam 
dementis pape scptimi per quam apparet de modo et forma osten- 
dendi pannum vocatum Sudarium Domini nostii Jhesu Christi in 
ecclesia de Lireyo existens, et quod non accendantur cande[le], facule 
nee torticia aut alia ad ostendendum dictum pannum, et quod etiam 
illud ostendendo, dum populus in eadem ecclesia congregatus fuertt, 
dicatur quod non ostendunt dictum pannum ut verum sudarium 
Christi, sed tanquam figuram et representationem dicti sudarii 
Domini nostri Jhesu Christi, ne populus pro vero sudario eum ado- 
raret. Quottatum F vi. 

Archives de TAube, G. 15, f* 49 r*. 

N 

6 Janvier 1390. 

CLEMENS, etc., venerabili fratri Petro, episcopo Trecensi, salutem, 
etc. — Cum dudum dilectus filius noster Petrus, tituli Sancte 
Susanne presbyter cardinalis, quem tunc ad carissimum in Xpisto 
iSlium nostrum Carolum, regem Francorum iilustrem, pro certis 
nostris et ecclesie Romane negociis destinaveramus, habens a nobis 
faciendi, gerendi et excercendi, hujusmodi negociorum prosecutione 
durante, in civitatibus et diocesibus ac provinciis per quas eundo 
et redeundo transire et in quibus moram trahere ipsum contingeret, 
omnia et singula que Romane ecclesie cardinalis fungens legationis 
officio infra sue legationis terminos facere, gerere et exercere potest 
facultatem ; ac per Senonensem provinciam, de qua diocesis Tre- 
censis existit, transitum faciens, dilecto filio nobili viro Gaufrido, 
domino loci de Lireyo, dicte diocesis, ut ipse quandam figuram 
sive representationem Sudarii Domini nostri Jhesu Xpisti, que in 
ecclesia Beate Marie de Lireyo, dicte diocesis, antea venerabiliter 
coUocata et demum ex certis causis ad alium locum translata et 
custodita extiterat, in dicta ecclesia Beate Marie poni et coUocari 
facere posset, per suas litteras indulsisset ; dictaque figura, hujus- 
modi indulti vigore, in eadem ecclesia, sicut accepimus, reposita 
fuisset decenter. Nosque postmodum indultum hujusmodi ratum et 



LE SUAIRE DE TURIN. XIX 

gratum habentes, illud ex certa scientia confirmaverimus ac dilectis 
filiis dccano et capitulo dicte ecclesie concesserimus quod figuram 
eandem, tua inhibitione contraria non obstante, populo publice 
ostendere et ostendi facere valerent, quociens foret oportunum. Et 
subsequenter, circa modum ostensionis hujusmodi.certos modos' et 
formam statuendos duxerimus et eciam ordinandos, prout in diversis 
nostris inde confectis littcris plenius continetur. Et quia ^ sicut 
exhibita nobis pro parte dicti Gaufridi petitio continebat, tu adver- 
sus premissa nonnuUa impedimenta per regem predictum et ejus 
gentes opponi feceris et eciam procurari ; nos volentes ut concessio 
ac statu tum et ordinatio nostra hujusmodi suum debitum sorciantur 
effectum, fraternitati tue presentium tenore et sub excommunica- 
tionis pena, quam si secus feceris incurrere « te volumus, expresse 
mandamus quatenus impedimenta predicta, dummodo in ostensione 
hujusmodi statutum et ordinatio nostra predicta inviolabiliter obser- 
ventur, facias et procures realiter et cum effectu penitus amoveri. — 
Datum Avinione, viii. idus januarii, anno duodecimo. 

Archives da Vatican, Reg. Avign. 361 {coi6 au dos : Clemens VIL An. XIL 
Part, IL Tom, LVII), f» 337 : « Littere de indultis, privilegiis et dispensiis dni 
Clementis pape Vllmi. Anni duodecimi. Q. I. » {A), — Paris, Bibl. Nat., ms. 1. 
10410, f» 113 ¥• (B), 



6 Janvier 1390. 

CLEMENS, episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio nobili viro 
Gaufrido, domino loci de Lireio, Trecensis dioecesis, salutem 
et apostolicam benedictionem. — Tuas devotionis sinceritas, quam 
erga Deum et nos, ac Romanam ecclesiam gerere nosceris, prome- 
retur utpetitionibus tuis, illis praesertim quasdivini nominis honorem 
et gloriam respiccre dinoscuntur, favorabiliter annuamus. Exhibitae 
siquidem tuae peti[ti]onis series continebat, quod nuper dilecto filio 
nostro tituli Sanctae Susannas presbytero cardinali pro parte tua* 
exposito, quod olim genitor tuus zelo devotionis accensus, quamdam 
figuram sive repraesentationem Sudarii Domini nostri Jesu Christi 
sibi liberaliter oblatam, B. Mariae de Lireio, Trecensis dioecesis, cujus 
fundator extitit, venerabiliter collocari fccerat ; et quia demum, 
Domino permittente partes illas in guerris et mortalium pestibus 

a. B modum. — b, A omet, -^ c, B secus incurrens. 
a, Chron, sua. 



XX AtUDE critique 8UR 

graviter concuti, figura'sive repraeaentatio hujusmodi, etiam ad tnan- 
datum ordinarii loci et ex aliis ceteris causis, de dicta ecclesia B. Ma- 
ris ad alium tutiorem locum transiata, et dcccnter usque tunc recon- 
dita extiterat et venerabiliter custodita ; et quod tu ad ecclesiae 
prsdictae decorem devotionemque populi etcultusdiviniaugmentum, 
cupiebas pracfatam figuram sive repraesentationem in ecclesia prae- 
dicta reponere ; idem cardinalis, quern tunc ad christianissimum in 
Christo filium nostrum Carolum, regem Francorum illustrem, pro 
ceteris nostris et Romanac ecclesiae negotiis destinaveramus, quique 
faciendo, gerendo, exercendo, hujusmodi negotiorum prosecutione 
durante, in civitatibus et dioecesibus ac provinciis, per quas eundo 
et redeundo transire, et in quibusmoram trahere ipsum contingeret, 
omnia et singula, quae Romanae ecclesiae cardinalis legationis fungens 
officio, infra legationis suae terminos facere, gerere et exercere potest 
a nobis facultatcm habebat. Quique per Senonensem provinciam, de 
qua dicta dioecesis Trecensis existit, transitum fecerat, tibi, hujus- 
modi negotiorum prosecutidne durante, ut figuram seu repra&sen- 
tationem praedictam in pra&fata ecclesia S. Mariae, congruo honore 
et decenti loco poni et coUocari facere posses, dioscesani vel alterius 
cujuscumque non petita vel obtenta iicentia, per litteras suas indul- 
sit ; quodque dicta figura sive repraesentatio hujus indulti vigore, in 
ecclesia dicta B. Marias reposita fuit decenter ; et quod postmodum 
vcnerabilis frater noster Petrus, episcopus Trecensis, ex hujusmodi 
indulto commotus, in sua synodo ultimo celebrata, rectoribus paro- 
cbialium ecclesiarum ac illis quos proponere contingeret verbum Dei, 
ne de sudario Jesu Christi, figura sive repraesentatione ipsius in suis 
ecclesiis aut sermonibus, sive in bono sive in malo, aiiquam mentio- 
nem facerent; ac demum dilecto filio decano ecclesia^ B. Mariae 
praedictae, ne sub excommunicationis poena dictam figuram seu reprae- 
sentationem alicui ostenderet, inhibuit. A qua quidem inhibitione 
eidem decano facta, pro parte dicti decani fuit ad sedem apostolicam 
appellatum. Et quia dicta figura sive repraesentatio post appellationem 
hujusmodi populo publice exhibita extitit et ostensa ; nos igitur tuis 
in hac parte supplicatiouibus inclinati, indultum praefatum ratum et 
gratum habentes, illud, prout superius enarratur, ex certa scientia, 
auctoritate apostolica confirmamus, et praesentis scripti patrocinio 
communimus ; et nihilominus eidem decano et dilectis filiis capitulo 
dictae ecclesias B. Marias, prassentium tenore concedimus, quod, 
inhibitione hujusmodi non obstante, figuram seu reprttsentationem 



LE 8UAIRE DE TURIN. ZXI 



eamdem publice ostendere et ostendi facere valeant, quoties fuerit 
opportunum; eidem episcopo super inhibitione praedicta perpctuum 
silentium imponentes. NuUi ergo hominum liceat, etc. 

Ins6r£es k la suite de PAppendice U. Cf. TAppend. K. 



6 Janvier i ^90. 

CLEMENS, episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiis Lingonen., 
Eduen. et Cathalaunen. officialibus, salutem et apostolicam 
benedictionem. — Dudum pro parte dilecti fiiii nobilis viri Gaufridi, 
domini loci de Lireyo, Trecensis diocesis, nobis exposito, ut in alia 
usque decernentes, prout in aiiis nostris litteris plenius continetur. 
Nos itaque cupientes ut voluntas ac statutum et ordinacio nostra 
prcdicta inviolabiliter observentur, etc., mandamus qualinus vos vcl 
duo aut unus vestrum per vos vel aiium seu alios voluntatem, statu- 
tum et ordinacionem prefata, ubi et quando expedire videritis, 
auctoritate nostra solemniter publicantes, faciatis ilia auctoritate 
prcdicta per censuram ecclesiasticam firmiter observari, contradic- 
tores, etc. Non obstante si eisdem decano et rapitulo ac personis 
vel quibusvis aliis communiter vel divisim a Sede apostolica sit 
indultum quod interdici, suspendi vel excommunicari non possint 
per litteras apostolicas non facientes plenam et expressam ac de 
verbo ad verbum de indulli hujusmodi mencionem. — Datum Avi- 
nioniy viii idus januarii, anno xii. 

Paris, Biblioth. Nation., fonds latin, ms. 10410, f^ 1 13 v». — Cf. Piano, op. cit., 
t. II, p. 386-7. 

Q 

6 juillet 1418. 

Lectres contenant la reception en garde dudict sainct Suaire de Nostre 
Saulveur Jesuchrist, a cause des guerres regnans pour lors en 
Francey etplusieurs autresjoyaulx. 

HOMBART*, conte de la Roche, seigneur de Velar Cessey et de 
Lirey, scavoir faisons a tous que, pour la guerre qui * a present 
est et pour la doubte des gens de male voluntd <», avons reccu par la 

a. B Hambart. -^ b. C E que. — c. B voulant^t 



XXII ETUDE CRITIQUE 8UR 

main de noz amez chappelains, doyen et chappitre de Nostre Dame 
dudict Lirey, des joyaulx et sanctuaires ^ de ladicte eg)ise, les choses 
qui s'ensuivent : premierement, ung drap, ou quel est la figure ou 
representation du Suairc Nostre Seigneur Jesucrist, lequel est en 
ung cofiFre armoyd des armes de Charny... — Lesquelz joyaulx • et 
reliquiaires ^, pour la seurtd d^estre bien et seurement gardez, en 
nostre chastel de Montfort avons prins' etreceuz* en garde desdictz 
doyen et chappitre de nostredicte eglise, et promectons en bonne 
foy, pour nous et les atans* cause de nous, de les restituer et bailler 
a ladicte eglise, toutesfois que la tribulation qui a present est en 
France sera fin6e, et nous en serons requis de par nosdictz chap- 
pelains. En tesmoing des choses dessusdictes, nous avons seel6 
ces presentes lectres de nostre propre seel. Faictes.et donndes Ic 
vj- jour de juiUet, Tan mil III J* et XVIII / . 

Archives de J'Aube, 9 G. 4, <• a {A) et 2 v» (B). 

Charl. Lalori, Inventair$s des principalis 4glis§s de Trayes, 1893, t. II, p. 
283-5. Ce cahier 9 G. 4 in-4*' contient 24 feuillets de papier, cotds 2 ^ 25. En 
haut du I*' : a Manque ici au moins un feuilleC en 1727 ; Tai cott6 le tout et 
comenc^ par 3 » ; le texte debute par : « Item, vng ymage de sainct Jefaan Bap- 
tiste » (Lalori, Invent*, n^ 2230). Au verso du dernier : CoUatio facta est de 
preinserta copia ad originalia ejusdem per nos notarios publicos, curie Trecensis 
tabelliones subsignatos, anno Domini mill^^ quingentesimo decimo nono, die quarta 
mensis octobris. N. Venel, Guille ». Au dos (6crit en 1727): « Cecy est vne 
coppie de toutes les autres pieces estantes en parchemin, ou il y manque quelques 
feuillets au commancement; et sert pour faire foy desdis originaux. » Le texte A est 
insiri dans un vidimus d61ivr6 k « Troyes le mardi vij* )our d'aoust Tan de grace 
1442 ». — Paris, Bibl. Nat., Coll. de Champagne, v. 154, f* 146 : « S'ensuiveni 
plusieurs coppies de certainnes lectres ou enseignemens du tressacr^ et precieux 
sainct Suaire de Nostre Seigneur Jhesus Christ appartenant k Teglise coUegial de 
Nostre Dame de Lirey, ou diocese de Troyes, estant de present en Savoye ; icelles 
coppies extraictes k la diligence de venerable et discrette personne mons' maistre 
Jehan Huyart^ prebtre, chanoine des eglises de Troyes et doyen de lad. eglise » 
(C D). — Ibid., Coll. De Camps, v. 124, f* 217 (131), copie p08t6r. du mftme 
dossier (E F), 

d. C D sainctuaires. — e. i4 juyaulx. -^ f, C D reliquaires, E F relicquaires 
— g. B C E. prinses. '— A. B receu. — t. C-F ay ans. — ;. B quatre cens dix 
huit. 



LE SUAIRE DE TURIN. XXIII 



R 

8 mai 1443. 



Sommations sur cefaicteSy contenant certain accord faict entre 
lesd, venerables el lad, dame Marguerite, 

EN nom dc Nostrc Seigneur, amen. Nous Pierre Sauvageot, 
doyen, Euvrart des Champs et Nicole de la Rotiere, tous prestres 
ct chanoines de Teglisc collegial de Nostre Dame de Lirey, ou dio- 
cese dc Troyes, tant en noz propres et privez noms, comme nous 
faisans fors et promectans de faire ratifier, se mestier est, pour tous 
les autres conchanoines, chappelains et clercs desservens en icelle, 
d'une part, et dame Marguerite de Charny, vesve de feu noble et 
puissant seigneur mess* Hambart, jadiz conte de la Roche et sei- 
gneur de Velar Cessey, d*autre part. Savoir faisons a tous ce qui ces 
Icctres verront et oirront que, comme debat, controversie et different, 
question et proems feussent mehuz et plus grand esperez de mouvoir 
en la court du noble parlement de Dole, entre nous lesd. parties, de 
et sur ce que nous lesd. doyen et chappitre querelions et demandions 
a lad. dame plusieurs reliques et aornemens d*eglise, que nous 
disions et maintenons estre et appartenir a nostred. eglise de 
Lirey, et pieca avoir estd mises en depost es mains dud. feu mess* 
Hambert, lequel en son vivant congnut et confessa les avoir en garde 
riere ly de lad. eglise, comme peult apparoir par sa lectre en laquelle 
sont exprimdes et declardes icelles reliques, de laquelle lectre la teneur 
s'ensuit : « Hambart (Appendice Q).., dix huit. » Et je ladicte dame 
disoye et maintenoye du contraire, c'est ascavoir que ladicte lectre 
cy dessus transcripte ne m*estoit et ne m'est en riens prejudiciable, 
du moins au regard dud. sainct Suaire, lequel pieca fut conquis par 
feu messire Geoffroy de Charny, mon grant pere ; disoye aussi que, 
vchuc lad. lectre, je n'estoie point tenuc de rcndre lesdictes reliques 
et sainct Suaire, actendu que le lieu de Lirey n*est pas ancor lieu 
appaisid des guerres et tribulations de France ; et mesment que le 
chastel d'illec n estoit pas bien fort ne sehur, pour y tenir lesd. reli- 
ques et sainct Suaire. Ainsi est que finablement, pour bien de paix 
etpour entreteniret nourrir amour entre nous lesd. parties, et aussi 
pour eviter plait et procis, et les fraiz et missions qui en pourroient 
sordrc et s en ensuyr, d'icculx debatz et proems avons traictd et accor- 
ds en la maniere que s*ensuit. C*est a scavoir que je lad. dame Mar- 



XUV l^TUOB CRITIQUB 6UR 

■N, 

guerite ausd. doyen et chappitre, auxpersonnesdesd. messire Pierre 
Sauvageot, doyen, Euvrard des Champs et Nicole de laRotiere, dc- 
vant nommez chanoines de ladicte eglise de Lirey, presens, agreans, 
traictans et stipulans pour eulx et leurs conchanoines, chappelains et 
clercs desservans en iceile,... comme la plus saine partie de lad. 
eglise..., ay rendu et restitu^, au jourduy datte de cestes, reaulment 
et de faict toutes lesd. reliques specifi^es et declair^es cy dessus, 
reserve tant seulement ledict sainct Suaire, lequel par accord et con- 
sentement de nous lesd. chanoines... demeurra 6s mains et en la 
puissance d*icelle dame Marguerite de Charny, pour le temps et 
terme de trois ans, se tant ly plait de le garder, commencans aud. 
jour duy... et finissans a tel jour lesd. trois ans revoluz. Duquel 
joyaul precieux du sainct Suaire je lad. dame suis, seray et demourray 
tenue et obligee bien et songneusement garder durant le temps et 
terme desd. trois ans, et au chief d*iceulx ou pendent led. terme, se 
bon me semble et en anticipant icelly, le reporter ou faire reporter et 
remectre seurement et saulvement en lad. eglise de Lirey, a mes 
propres coustz, fraiz, missions et despens. Et d'en payer pour la 
garde d'icelly, au proffit de lad. eglise pour la fabrique et reparation 
d'icelle, chacun an d*iceulx trois ans, douze francs, pour et en lieu 
des biens faiz et aulniosnes que pour occasion dud. precieulx jouyaul 
et sainct Suaire pourroient venir et escheoir a lad. eglise de Lirey, 
iceulx trois ans durans; et moyennant aussi la somme de trante 
francs, que nous lesd. chanoines... en avons eu et receu realment et 
de faict de lad. dame Marguerite, pour noz fraiz et missions ; pourveu 
toutesvoies et parmy ce que, s'il estoit diet el declard deans la feste 
de la Nativit6 Sainct Jehan Baptiste prochainemcnt venant, la ville 
dudict Lirey appartenir a noble et puissant seigneur mess* Francois 
de la Palu, dit de Varambon, a present conte de lad. Roche, en ce 
cas je lad. dame suis et seray tenue de rendre led. sainct Suaire ausd. 
doyen et chappitre de Teglise de Lirey. deans trois sepmaines apr^s 
lad. declaration, et de le reporter... a mes missions et despens... Et 
en oultre et pardessus lesd. reliques et le contenu es lectres dud. 
feu mess* Hambart, je lad. dame Marguerite ay rendu et delivre aux 
devant nommez chanoines deux chasubles, Tune de satin blanc 
renforcid et ung osfroy de drap d'or, Tautre de drap d'or vielz, 
ensemble la tunique, deux amys, une estolle et trois aulbes de lin, 
pardes de mesmes. Et avec ce, en faveur et pour contemplation de 
lad. eglise, ancores et d'abondant, je lad. dame Marguerite, de ma 



LB &UiaRB OB TURIN. XZV 

science ccrtainc, bon propos, franchc ct liberalc voulcnte, ay confcrmc 
et conferme par ces presentes les donations, aulmosnes et biens faiz 
par mes predecesseurs et ancesseurs donnez et octroiez a lad. eglise... 
Et parmy ce toutes lectres que nous Icsd. doyen et chappitre avions, 
pourrions et debvrions avoir a cause des choses avant dictes et d'une 
chascune dHcelles, sont et demeurent vaines, nulles et cass6s et de 
nul effect et valeur dts maintenant... Et affin que ce soit chose plus 
fcrme et plus estable et aussi scure pour iceulx doyen et chappitre 
dud. Lirey, je Charles de Noyers, frere de lad. dame Marguerite de 
Charny, me suis constitud et estably plesge et principal rendeur, se 
mestier est, defaire, parfaire, tenir, entretenir, payer, rendre, restituer 
et acomplir toutes les choses avant dictes. .., soubz Tobligation de 
mes biens... Promectans en bonne foy... par noz seiremens pour ce 
donnez aux sainctes Euvangiles de Dieu, aussi nous lesd. chanoines... 
in verbo sacerdotali, en mectant la main aupictz... Et avons renonce 
et renoncohs..., mesment je lad. dame... a la loy de Julian du senat 
consul, du fonds dotal non aliener, a Texpitre de dan Adrian, a 
Tautentique Si qua mulier,,.; et nous lesd. doyen, chappitre et cha- 
noines... especialment slu droit disant general renonciation non valoir 
si Tespecialne precede... Nous... soubzmectons... aux juridictions.. 
des cours de mons*" Ic due et conte de Bourgongne, de mons' ToflScial 
de Besancon... En tesmoins desquelles choses, nous les parties 
devant nommdes... avons... faict mectre a ces presentes lectres le 
seel duquel on use en la court et tabellionnage de mond. s' a Gray, 
ensemble et avec le seel de mond. s*" I'official de la court de Besan- 
con... — Et nous oflScial dessus diet, es prieres et requestes desd. 
parties..., avons faict mectre le seel de nostred. court de Besancon... 
a cesd. presentes^ par lesquelles... nous... enjoingnons ausd. parties 
et sur ce de vive voix par nostred. jur6 les avons amonnestez et mes- 
ment lad. dame Marg. principale et led. Charles son frere, plaige et 
principal, qu'ilz paient... lad. somme de douze francs... Faictes et 
passees a Dole, en presence de honor, homme et sage m* Jehan de 
Salme, clerc, licencic en loix et bachelier en decret, Regnault de 
Myon, escuier, Guillemin Richard, clerc, dcmorant a Salme,... le 
huitiesme jour du mois de may, Tan mil IIIJ* quarante trois. Ainsi 
signe : P. Anarechier, G. Alart et Re. Pureceti. 

Archives de I'Aubc, 9 G. 4, !•• 2 v-7. — Paris, Bibl. Nat., Coll. de Champagne, 
V. 154, f* 147 V*. — Ibid., Coll. De Camps, v. 124, f« 218 (13^). 



TX91 iTUDS CRITIQUE 8UR 

8 



9 «M «441. 



Arrest ou appoincti bailU ou parUment de Dole 
le Undemain enpris led. accord. 

PHELIPPB, par la grace de Dieu due dc Bourgongne, de Lothier, 
dc Brabant, de Lembourg, contc dc Flandrcs, d'Artois, dc 
Bourgongne, palatin de Haynnau, de Hollande, dc Zellandc ct dc 
Namur, marquis du saint empire, seigneur de Frise, de Salins ct 
de Malines, savoir faisons a tous que, comme en certaine cause 
naguieres pendant en la court de nostre present parlement de Dole, 
qui commanca le premier jour de mars dernier pass6, entre'lcs 
doyen ct chappitre dc reglise de Lirey, pr^s dc Troycs, impctrans 
ct demandeurs, d*une part, ct nostre am^ ct feal chevalier messirc 
Francois de la Paluz, conte de la Roche ct seigneur de Villarsaxel, 
heritier de feu mess* Humbert de Villarsaxel, jadiz conte dcia Roche 
ct seigneur dud. Villarsaxel, defendeur, ct dame Marguerite de 
Charny, contesse ct dame desd. lieux, vesve dud. feu mess* Hum- 
bert, appell6e a garend par icelluy mess* Francois, d'autre part ; 
il ait est^ appoinct6 que lad. dame apporteroit dedans certain jour 
ja pass^ Ics reliqucs ct joyaulx qu'elle avoit ct povoit avoir de cculx 
contenuz ct declarez es lectrcs dud. feu mess* Humbert, jadiz conte 
de la Roche, exhib^es judicialement en nostred. court par lesd. 
doyen ct chappitre, ct en icelle leues et publiecs publicqucment, 
deans Quasimodo derrcnicrcment passd, lesquelles seroient mises 
en garde en Teglise de Nostre Dame dudict Dole jusques autrcment 
en feust ordonn6 ; et le lundi lendemain dud. jour de Quasimodo 
lad. dame viendra proccder ct defendrc avec led. mess* Francois a 
ce que lesd. de chappitre leur vouldront demander touchant lesd. 
reliqucs et joyaulx. Depuis Icqucl appoinctcment faict et donne lad. 
dame Marguerite a apportd pardevcrs lad. court, pour obeir ct 
obtempcrer a Tordonnance d*icelle, lesd. reliqucs et joyaulx ; et de 
ce que lesd. doyen et chappitre luy quercloyent ct demandoient 
touchant ce que diet est, ont eonvenu transiger, pacifi6 et aecordd 
avec clle, ainsin comme lesd. parties comparens au jourd*uy, dattc 
de cestes, judicialement en nostred. court. C*est a scavoir, lesd. 
doyan ct chappitre par messirc Pierre Sauvageot, doyen de lad. 
eglise, tant en son nom comme pour et ou nom dud. chappitre, 



LE 8UAIRE DE TURIN. XXVII 

d'une part, ct lad. dame par Phillebcrt Thibault, son procurcur, 
d*autre part, ont humblement exposd a nostred. court, requerant 
humblcmcnt a iccUc led. accord, Icquel dc leur conscntcment a cstd 
mis et redig6 par escript et Tont apport6 judicialement, estre receu 
par nostrcd. court, ct que a icelluy fussent mis et intcrpos6 Taucto- 
ritd et dccrct d'iccUc court. Oye laquelle requeste, oy aussi Pierre 
Fcvre, procurcur dud. mess* Francois, contrariant aud. traictc pour 
certaines causes, nostred. court a ordonnd et ordonne que de la 
partie desd. doyen ct chappitrc sera apportd dcvers nostred. court, 
deans la feste de Penthecouste prochainemcnt venant, procuration 
d'eulx trois iensemble faicte en leur chappitre comme il appar- 
tiendra, par laquelle ceulx qui passcront de par eulx led. accord 
ayent puissance de prandre et recevoir lesd. reliques et joyaulx, de 
faire et passer led. accord, faire quictance vallable d*icelles reliques 
et joyaulx a lad. dame Marguerite et aussi aud. conte de la Roche, 
et a dame Jehanne de Petite Pierre, sa femmc, hcritiers dud. feu 
mess® Humbert, jadiz conte de lad. Roche, a laquelle quictance 
soient mis et interposez lesd. auctoritez et decret de nostred. court, 
jusques auquel jour de Penthecouste le sainct Suaire estant es 
mains de lad. dame Marguerite, luy demorra en garde et les autres 
reliques demorront jusques alors en Teglise des Freres Mineurs 
dud. Dole. Donnd judic[ialement] en nostred. court de parlement, 
soubz le seel d'icelluy, le neuf* jour dc may Tan de grace mil 1III« 
XLIII. Ainsi signe : Par mess'* tenant le parlement et P. Borrclicr. 

Archives de TAubc, 9 G. 4, f» 8-9 r«. — Paris, Bibl. Nat., Coll. de Champagne, 
V. 154, f» 154. — Ibid., Coll. De Camps, v. 124, f» 223 (139) v«. 



18 juillet 1447. 

Lectres de la court de mons^ de Besancon^ contenant la promesse et 
obligation de rendre et restituer led, sainct Suaire j et la reprinse d'icelle 
jusques a trois ans apres ensuivant. 

Nous, official dela court de Besancon, faisons savoir a tous... que, 
pardcvant Esticnne Pepol, dc Fontenoy, clerc notaire de nos- 
tred. court de Besancon, nostre commandenxent especial, ...; par- 
dcvant nostred. juri en lieu de nous personnellcment cstablis et 
ad ce espccialment venant noble et puissant dame Marguerite de 



XZVIll iTUDB CRITIQUB SUR 

Charny, vesve de feu noble et puissant seigneur mess* Humbert, 
jtdiz conte de la Roche, seigneur de Villersexel, principal, noble 
homme Jehan de Pierre Fontaine, escuier, messire Charles de 
Roussans, prestre, et Phillebert Thibault, clerc, pleiges et princi- 
pauU rendeurs...; et venerables et discretes personnes messires 
Pierre Sauvageol, doyen, et Nicole de la Rothiere, prestres, cha- 
noines de Teglise coUegiale de Lirey, au diocese de Troyes, tant 
en leurs noms comme procureurs... des autres chanoines..., d'aultre 
part. Lesquelles parties ... ont faict, inhis, traict6 et accordd les 
pactions, traictiers, accords et convenances qui s*cnsuigant. Sans 
vouloir aucunement ni en aucune manicre innover certaines lectres 
ne les choses contenues en icelles lectres, aultresfois par lad. dame 
et certains ses pleiges au proffit et utiiit6 desd. doyen et chappitre 
de et sur la restitution du saint Souairc que tient pardcvers elle lad. 
dame Marguerite, lou^s et passdes le huitiesme jour du mois de 
may Tan mil IIII<' quarante et trois, lesquelles lectres, ensemble tout 
le contenu en icelles demeurent... en leur force et vigueur, nonobs- 
tant quelzconques choses cy apr^s accord^es, pass^es, louch^s ou 
consentement de relaxation desd. messires Pierre et Nicole donnes 
ou a donn^. Et en oultre ont traictd et accord^ lesd. parties... que 
led. sainct Souaire, dont debat est entrc les parties, pour ce que 
lesd. doyen et chanoines disoicnt qu*il estoit a leur eglise et en 
queroicnt avoir restitution pour le remectre en leurd. eglise, comme 
faire se devoit. Lad. dame disoit et affermoit que pour fortune de 
guerres de France qu*avoient long temps est6es empr^s la dessusd. 
eglise de Lirey, icelle eglise estoit venue en telle mine que led. 
sainct Souaire seurement ne se pourroit guerder en icelluy lieu ; 
pour ce prioit icelle dame, pour la conservation dud. sainct Souaire 
lesd. doyen et chanoines dessus nommez... que led. sainct Souaire 
demorast ancores arrier icelle dame Marguerite comment avoit 
paravant par plusieurs annees, pour le garder sehurement au proffit 
d'icelle eglise de Lirey, soubz les promesses, obligations et poins 
contenuz es lectres aultresfois louhdes et passdes par lad. dame et 
ses plaiges au proffit de lad. eglise de Lirey, jusques a certain 
terme qui seroit lors advise par les parties, soy o£Frant lad. dame 
donner bonne et souffisante caution ausd. doyen et chanoines..., avec 
telle que desj^ paravant estoit donnde par elle pour faire restitution 
dud. sainct Souaire deans certain temps qui seroit advisd par icelles 
parties. Lesquelles choses considcrdes par lesd. doyen et cha- 



LE SUAIRE DE TURIN. XXIX 

noines..., par Tad vis et deliberation de plusieurs notables gens qui 
dc ce sont entrenus iceulx doyen et chanoines..., ont voussu et 
consentu, veullent et consentent,... pour la sehurte dud. sainct 
Souaire, que icelluy sainct Souaire demeure es mains et en la garde 
de lad. dame Marguerite, ainsi que paravant avoit demeur6, et 
soubz les obligations, promesses et poins contenuz esd. lectres, 
jusques au jour de la feste Sainct Symon et Sainct Jude qui sera en 
Tan mil quatre cens quarante et ncuf prochainement venant ; deans 
lequel jour lad. dame Marguerite a de rechief promis et promect de ^ 
rcndre et rcstitucr ausd. doyen et chappitre en lad. eglise de Lirey, 
a ses propres missions et despens, led. sainct Souaire, a la caution 
des dessus nommez Jehan dc Pierre Fontaine, Charles de Roussans 
et Phillebert Thiebault, ...; lesquelz..., mesment lesd. plaiges..., 
ont promis de rendre et payer ausd. doyen el chappitre... chascun 
an de cy aud. terme, pour la fabrique et refection de lad. eglise et 
pour aucune recompensation des aulmones et bien faictz qui se 
pourroient faire en lad. eglise a Toccasion dud. sainct Souaire, se 
mis et assis estoit en lad. eglise, la somme de quinze francs mon- 
noye ; et aussi traict^, inhis et accorder entre les parties... que pour 
tons fraiz, missions et despens, que pourroient avoir suobtenus et 
incouruz lesd. doyen et chappitre a Toccasion de la recuperation 
dud. sainct Souaire, que icelle dame Marguerite... rendra et payera 
ausd. doyen et chappitre... en leurd. eglise de Lirey... la somme de 
ctnquante frans monnoye, dont icelle dame paiera incontinent apr^s 
la date des presentes... la somme de vingt francs monnoi^e, et les 
autres trante frans deans la feste de la Purification Nostre Dame 
prochainement venant , moyennant laquelle * somme icelle dame 
Marg. demeure quicte envers lesd. doyen et chappitre... pour tout 
le temps pass6 et aussi de toutes sommes d^argent contenues esd. 
principalles lectres. Promect'ans lesd. parties... par leurs sermens 
pour ce donnez et touchans corporelment..., tenir, entretenir et 
garder fermement et inviolablement observer toutes et singulieres 
les choses dessusdictes... ; vuillans... iceulx principal et plaige estre 
contrainctz et compellez par Tune et Tautre de noz cours et jurisdic- 
tion ecclesiastique et temporelle..., toutes exceptions... non obstant ; 
soubmectans... leurs biens... a la compulsion et contraincte de 
nostred. court de Besancon et de toutes autres...; renoncans... a 
toutes exceptions... Et nous, official dessusdict, oyes les confes- 
sions desd. plaiges et principal..., a iceulx... avons enjoingt et 



ZZX iTUDB CRITIQUE SUR 

enjoingnons. .. de rendre et rcstituer ausd. doyen et chappitre de 
Lirey en lad. eglise, par la forme et maniere que dessus et au terme 
que dessus led. sainct Souaire, et... rendre et payer les sommes 
d*argent dessusdictes... En tesmoins de laquelle chose nous official 
dessusd. avons faict mectre en ces presentes lectres le seel de 
nostred. court de Besancon. A la fealle relation de nostred. jure, 
faictes et donnees le mardi xviij* jour du mois de juillet, apr^s heure 
de prime, Tan Nostre Seigneur courrant mil quatre cens quarante 
sept, presens honnorable et discrete personne maistre Jehan Baro- 
nelet, licenci^ en loiz, Othenin Mallefer et Richard Sixsoiz, clercs 
notairea jurds de la court de Besancon... Ainsin sigtU : E. Pepol. 

Archives de TAabe, 9 G. 4, f* 9-13 r*. — Paris, Bibl. Nat., Coil, de Champa- 
gne, V. 154, f* 155 ▼•. — Ibid., Coll. De Camps, ▼. i34» f* 234 (138) v«. 



De quodam linteo habito pro vero Christi sudario. 

ANNO DominicsB Incarnationis MCCCCXLIX. qusdam generosa 
matrona de territorio Tricassino venit ad oppidum Hannoniae 
dictum Cimai, deferens secum quoddam linteum, in quo egregie 
miro artificio depicta fuerat forma corporis Domini nostri Jesu 
Christi, cum omnibus lineamentissingulorummembrorum, tamquam 
ex recentibus vulneribus et stigmatibus Christi pedes et manus ct 
latus videbantur rubore sanguinolento intincti. Asserebatur autem 
a quibusdam, ob devotionem populi augmentandam et multiplicis 
lucri gratiam, hoc linteum esse sudarium cui involutum erat pretio- 
sum corpus Domini nostri, dum reclinatum fuerat in sepulchro per 
Nicodemum et Joseph de Arimathia, et cetera talia. Cumque id veri- 
simile videretur, fiebat illic ingens concursus hominum utriusque 
sexus de circumjacentibus provinciis. Tandem etiam fama volitantc 
per ora multorum, dumque diversimode inde opinantibus, dominus 
Johannes de Heinsberch, venerabilis Leodiensis episcopus, in cujus 
dioecesi praedictum oppidum situm est, volens de hac materia 
certitudinem habere plenissimam, nee patiens sui juris Christi fideles 
in hujus rei credulitate longius fluctuare, duos illic destinavit egre- 
gios sacras paginas professores, videlicet dominum abbatem de Alna, 
Cisterciensis ordinis, et magistrum Henricum Bakel, canonicum 



LE SUAIRE DE TURIN. XXXI 

Leodiensem, qui super sibi commissis diligentcs facientes investiga- 
tiones ct scrutinium dcbitum, petierunt a supradicta matrona et 
suis auctoritate domini Leodiensis exhiberi sibi litteras aut bullas, si 
quas haberent, quarum auctoritate praedictam audebant e£5giem aut 
linteum ostendere, et vera esse quae praedicabant comprobarent. Ula 
se in arcto comperiens, nee tamen valens reniti, ostendit eisdem tres 
bullas a domino Clemente VII. pro tunc in Avinione residente, nec- 
non et Petro de Luna, pro tunc cardinali et legato sed is apostolicac, 
suis praedecessoribus concessas, in quibus continebatur expresse 
dictum linteum non esse verum sudarium Jesu Christi, sed ejus 
dumtaxat repraesentationem aut figuram ; quarum unam ex tribus 
hinc inserere curavi de verbo ad verbum, ut rei gestae Veritas com- 
prohclur (Appendice 0). 

Chronicon Cornelii Zantfliet, S. Jacobi Leodiensis monachi, dans Marteni et 
DuRAND, VeUr. scriptor. et monum, coUecUo^ '739, t. V, c. 461-3. — Suivent les 
Idgendes recueillies par Zantfliet : « De sacro sudario Christi a transport^ de J6ru- 
•alem c ad plagam pelag^ Lunensis » (c. 463), « De Veronica » (c. 464) et sur 
« Alia Tultus Christi effigies » (c. 465). 



6 novembre 1449. 

Obligation a rencontre de noble homme Charles de Noyers, 
frere de lad, dame Marguerite de Charny, 

ATOUS ceulx qui ces presences Icctres verront, Anthoine Guerry, 
escuier, licentid en loix, prevost de Troyes et garde du seel de 
lad. prevost^, salut. Savoir faisons que, par devant Nicolas Guidier 
et Jehan du Lutel, clercs notaires, jurez et cstabliz a ce fere aud. 
Troyes de par le Roy nostre sire, furent presens venerables et dis- 
cretes pcrsonnes messire Pierre Saulvageot, doyen, Jehan Crespelor, 
cur6 de Chaource, Nicole de la Rotiere, cur6 de Sainct Jehan de 
Bonnevau, et Evrard des Champs, curd de Moncey, tous prestres, 
chanoines de I'eglise Nostre Dame de Lirey, ou diocese de Troyes, 
poureulx et pour messire Jehan Pauche, curd de Brenon, leur con- 
chanoine en lad. eglise, faisans et representans tout le chappitre de 
lad. eglise, d'une part ; et noble homme Charles de Noyers, seigneur 
de Vvatefale et de Seigney le Petit, pour et ou nom et comme soy 
faisant fort en ceste partie de noble et puissant dame ma dame Mar- 



UZJI ^TUDB CRITIQUE 8UR 

guerite de Charny, contesse de la Roche r.t dame dud. Lirey, sa 
seur, pour laquelle il a promts faire, tenir, enteriner et acomplir les 
choses qui s*ensuivent et en bailler lectres soufBsantes d*elle ausd. 
veaerablcs, ou les pater fournir et fere valoir pour elle par led. escuier ; 
et recogQurent de leurs bonnes voulent6s que, combien que par 
autre traicti^ et autres lectres icelle dame ait promis rendre, resti- 
tuer et remectre a ses propres coustz et despens, dedans le jour de 
feste Sainct Simon et Sainct Jude derrenier pass6 dedans lad. eglise 
de Lirey le sainct Suaire de Nostre Seigneur Jhesucrist, estant par- 
devers elle d^s longtemps a, lequel est le plus notable joyau d'icellc 
eglise, et que aultresfois fut prius en icelle eglise par elle ou de par 
elle, et de payer certainnes sommes et a certaines peines contenues 
esd. lectres et en aultres sur ce faictes, dont elle n'ait riens faict. Tou- 
tesvoies iceulx venerables, pour consideration et en entention que 
icelle dame fera une forte place aud. Lirey, pour tenir seurement led. 
Suaire et autres choses en apris escriptes, ont voulu, consenty et 
acord^... que led. Suaire soit et demore encor pardevers elle, 
depuis led. jour de Sainct Symon et Sainct Jude derrenier pass6 jus- 
ques a trois ans apr^s ensuivant, sans prejudice ou innovation desd. 
aultres lectres et du contenu en icelles et sans ce que a Toccasion de 
ceste dilation ou prorogation icelle dame ou aultre se puisse excuser 
de faire lad. restitution ne de faire et acomplir les autres choses...; 
et pour aucune recompensation des oblations et biens qui pourroient 
estre faiz en icelle eglise, si led. sainct Suaire y estoit, icelle dame 
sera tenue, et led. escuier la promis pour elle, de rendre et payer 
ausd. venerables en la villede Troyes, pour chascun desd. trois ans, 
cinquante livres Tournois pour tourner et convertir ea la reparation 
des edifices de lad. eglise et des maisons des chanoines d*icelle aud. 
lieu de Lirey, pour iesquelles reparations fere et communcier icelle 
dameanticiperale payementdes deux premieres ann6es, qui montent a 
cent livres t., et sera tenue de icelle somme de cent livres t. faire appor- 
ter a ses despens en Tostel des Mores a Troyes es mains dejaqumot 
de Ponan, diet Poche, seigneur dud. hostel, dedans le jour des Roys 
prochainement venant, pour icelle somme de cent livres t. bailler 
ausd. venerables. Et s'il advenoit que icelle dame anticipast le temps 
desd. trois ans et restituast led. sainct Suaire en lad. eglise, elle 
demeureroit quicte de ce qui resteroit a payer de lad. somme de cent 
livres t. au jour qu'elle feroit lad. restitution pour rate de temps. Et 
lesd. venerables seront tenuz de bien et loyaument emploier lesd. 



LE SUAIRE DE TURIN. XXXIII 

deniers esd. reparations, si comme lesd. recognu disoient, dontilz se 
tinrent pour bicn contents ; et promistrent lesd. parties chacune en 
droit soy, par leur foy donn^e en presence desd. notaires, soubz Tobli- 
gration..., sans aucun default..., sur peine... renoncans... En tesmoing 
de ce nous avons seell6 ces lectres du seel et contreseel de lad. pre- 
vost6, par le rapport desd. noteres, avec leurs signetz et seings manuelz, 
Ce fut faict le six* jour de novembrcj^ Tan mil quatre cens quarante 
neuf. Ainst signS : J. du Lutel et N. Guidier. 

Archives de TAubc, 9 G. 4, f» ai-a, copie de 15 19. — Paris, Bibl. Nat., 
Coll. de Champagne, v. 154, f* 170. 



29 mai Y457. 
Aggravement envoyi aprhs Us dessusdictes lectres a I'encantre 
de lad, dame Marguerite de Charny, 

OFFiciALis curie Bisuntine capellanis universis Bisuntin. diocesis, 
ad quem seu quos hec nostre presentes littcre pervenerint seu 
presentate fuerint exequende, in Domino salutem. Quia nobilis 
domina dom. Margareta de Charny, relicta defuncti nobilis et potentis 
domini dom. Humberti, quondam comitis de Ruppe et domini de Vil- 
lario, excommunicationis sententiam in eam latam auctoritate nostra 
pro re confessa, ad instantiam venerabilium et discretorum virorum 
dom. decani et capituli ecclesie collegiate de Lireyo, Trecen. diocesis, 
videl. pro defectu traditionis et restitutionis sancti Sudani, alias per 
dictos dom. decanum et capitulum dicte dom. Margarete in fideli cus- 
todia traditi et expediti, nullatenus, ut asseritur, dictis dom. decano et 
capitulo per dictam dom. Margaretam restituti, diu sustinuit et adhuc 
sustinet, animo ipsius nequiter indurato; et cum crescente ipsius 
malicia merito crescere debeat et pena. Hinc est quod vobis capellanis 
pred. mandamus quatinus ipsam, quam nos inhiis scriptis aggrava- 
mus, excommunicationem et aggravationem publice nuncietis in 
ecclesiis vestris singulis diebus dominicis etfestis feriiset non feriis, 
quibus vos divina contingent celebrare. Et dum ipsam in ecclesiis 
vel civitatibus vestris presentem esse sciveritis, cessetis penitus a 
divinis. Datum iij* kalendas junii, anno Domini miiro CCCCo quin- 
quagesimo septimo. R[eddite] licteras. Impetrans venerabilis et 
discretus vir dom. Petrus Savageti, decanus dicte ecclesie. Sic »- 



voir iruPB ceitiqub sur 

gnaium : j. Bonirelli (i). Et au dos desd. lectres esi escript : Ezecutum 
est presens mandatum per me curatum de Villacaprioly ut infra con- 
tinetur, teste signo meo sic posito, die sinodi mail, anno infrascripto. 
Stic signaium : Johannes Descuvilly. 

ArehiTM de TAube, 9 G. 4, ^ 15 ▼«-i6, copie de 1519 (A). — Paris, Bibl. Nat., 
GoU. de Ghampagne, t. 154* f* i6| (B). 



30 mai 1457. 

Lectres contenant excommuniment a Tencontre desd, dame Morgue^ 
rite et ses pleges^ obstant le delay de lad. restitution d'iceUe sainci 
Suaire et le payement des sommes devantdictes. 

ViRis venerabilibus et discretis dnis officialibus Lugdunen. et 
Trecen., officialis curie Bisuntin., salutem et sinceram in Do- 
mino caritatem. Cum alias, videl. die martis decima octava mensis 
julii, post horam prime, anni Domini millesimi CCCO quinquage- 
simi (a) septimi ultimo preteriti, ex certis pactionibus, tractatibus, 
conventionibus et concordiis inter nobilem et potentem dominam 
dom. Margaretam de Chamy, relictam defuncti nobilis et potentis 
domini dom. Humberti, comitis quondam de Rupe et domini de 
ViUario Sexel, tanquam principalem debitricem, nobilem virum Jo- 
hannem de Petra Fonte, domicellum, dom. Carolum de Roussans, 
presbiterum, et Phillebertum Thiebauldet, loci de Villariocexel, cleri- 
cum, tanquam fidejussores et principales redditores dicte dom. 
Margaretc; qui quidcm fidejussores... rcnunciaverunt cxceptioni de 
principali prius conveniendo, monendo seu excommunicando, ex 
una ; et venerabiles et discretos viros dom. Petrum Savageti, deca- 
num^ ct Nicoiaum de la Rotiere, presbiteros, canonicum ecclesie 
collegiate de Lireyo, Trecen. diocesis, tam eorum propriis nominibus 
quam etiam tanquam procuratores... et se fortes facientes de aliis 
dom. canonicis de capitulo dicte ecclesie..., ex alia partibus; factis 
initis et habitis...<iicta dom. Margarcta et supradicti sui fidejussores... 
inter cetera promiscrunt ct convenerunt, fide et stipulatione dccenti- 
bus, rcddere et restituere dictis dom. decano et capitulo... sanctum 
Sudarium seu sanctuarium dictis dom. decano et capitulo competens, 
spectans et pertinens, alias per dictos dom. decanum et capitulum 

(i) B Bonrelli. — (3) Lir4 qvadragesimi (P9ir Fappiudice T), 



LB SUAIRB 0B TURIN. ZXZY 

dicte dom. Margarete ad presenrandum et fideUter custodiendum 
traditum et expeditum, et adbuc penes eamdem dom. Margaretam.., 
existens, ad seu infra festum beatorum Simonis et Jude apostolorum 
quod esset et fuit in anno Domini mill'o quadringentesimo (i) qua- 
dragesimo nono tunc proxime venturum et nunc diu est preteritum. 
Et ulterius dicta dom. Margareta et sui supranominati fidejussorea 
promiserunt... predictis dom. decano et capitulo singulis annis..* 
usque ad diet, terminum... pro fabrica et reparatione dicte ecclesie 
collegiate de Lireyo et pro aliquali recompensatione elemosinarum et 
benefactorum qui in dicta ecclesia, dicto termino durante, fieri pos- 
sent si iddem Sudarium seu sanctuarium in ipsa ecclesia foret seu 
existeret repositum, dare tradereque et solvere sommam quindecim 
francorum monete ; et insuper promiserunt... eisdem... etiam dare 
tradereque et solvere summam quinquaginta francorum monete pre-^ 
tacte pro missionibus et expensis... factis et sustentis occasione recu- 
perationis dicti sancti Sudarii seu sanctuarii pro tempore tunc 
preterito; premissaque..* dicta dom. Margareta et sui.. fidejussores 
inter cetera confessi fuerunt fore et esse vera... Ea propter nos 
officialis curie Bisuntinepred., audita confessione dicte dom. Marga* 
rete et suorum pred. fidejussorum..., injunxerimus... ut ipsa dom. 
Margareta etprenom. fidejussores... restituerent... predict, sanctum 
Sudarium seu sanctuarium, necnon... solverentpro duobus annis... 
sommam triginta francorum..., ac etiam... solverent... sommam quin- 
quaginta francorum monete pred. : prouthec inter cetera... laciud con- 
tinentur... in., licteris originalibus... super hoc... confectis... Unde, 
cum dicti Johannes de Petrafontc et dom. Carolus confidejussores, 
sicut Domino placuit, viam universe carnis fuerint ingressi et sint 
ingressi et dies suos clauserint extremos, relictis et supers titibus ac 
etiam in humanis agentibus dictis dom. Margareta, principali debi- 
trice, et Philliberto confidejussore, non sitque vel fuerit dictum 
sanctum Sudarium seu sanctuarium eisdem dom. decano et capitulo 
restitutum, nee de dicta somma triginta francorum monete, que sol- 
venda erat eisdem dom. decano et capitulo per dictam dom. Marga* 
retam, Johannem de Petrafonte, dom. Carolum, dum viverent, et 
Phillibertum, fidejussores, pro duobus terminis in quibus et per 
quos ipsa domina habuit et tenuit predict, sanctum Sudarium seu 
sanctuarium, in aliquo satisfactum, prout ex parte diet. dom. decani 
et capituli nobis extitit intimatqm. Hinc est quod vos in juris Subsi- 

(i) Ce mot a iU barri par §rr$ur en A. 



tXXVl . iTUDE CRITIQUE 8UR 

dium requirimus et rogamus, quatinus ipsam dom. Margaretam, 
principalem, debitricem, et Philibertum confidejussorem, superstites, 
insolidum obligatos, jam excommunicatos virtute diet, licterarum ori- 
ginalium inunctis, monitis et excommunicatis, excommunicatos ob 
hoc auctoritate nostra, ad instantiam diet. dom. decani et capituli, 
tam ob defectum traditionis et restitutionis dicti sancti Sudarii seu 
sanctuarii quam ob defectum solutionis diet, triginta francorum 
mon.,... publice nunciari facialis, si placet, et mandetis per capella- 
num seu capellanos vobis subditum aut subditos, ad quern vel ad 
quos pertinere noveritis; tantum inde super premissis pro nobis 
&eientes, quantum veiletis nos pro vobis fore facturos in casu simili 
vel majori. Datum Bisuncii, sub sigillo nostre curie Bisuntine, die 
lune post festum Ascensionis ejusdem Domini millesimo quadrin- 
gentesimo quinquagesimo septimo. Reddique faeiatis et mandetis, si 
placet, presentes licteras earum portitori executioni demandatas. 
Impetrans prefatus dom. Petrus Savageti, decanus diete eeelesie de 
Lireyo. Sic signate: P. Bonirelli (i). 

Et au doi desd. Uctres est escript : Executum est presens manda* 
tum per me Jo. de Cubry Veluti, mandat (a), teste signo meo ma- 
nuali sic (3) apposito, die ultima mcnsis maii, anno Domini millo 
CCCC^ quinquagesimo septimo. 

Archives de TAube, 9 G. 4, f* 13-5, copie de 1519 (^4). — Paris, Bibl. Nat. 
Coll. de Champagne, ▼. 154, (^ 160 (B). 

(1) B Bonnelli. — (a) B mandatur. — (3) B hie. 



19 Janvier 1458/9. 

\Obligation soubz ce mesme seel 
et a rencontre dud. Charles de Noyers, subsecutive de la precedente, 

ATOus ceulx qui ccs presentes Icctres verront, Anthoine Guerry^ 
escuier, iicencid en loix, prevost de Troycs et garde du seel 
de lad. prevost6, salut. Savoir faisons que, pardcvant Jehan du 
Lutel et Jehan Thevemin, clercs, notaires jurez et establis a ce faire 
en lad. prevost6 de par Ic Roy nostre sire, furent presens pour ce 
faire especialment venerables et discretes personnes messires Pierre 



LE SUAIRE DE TURIN. XXXVII 

Sauvajot, doyen, Evrard des Champs, cur6 de Moussey, et Nicole 
de la Rotiere, curd de Sainct Jehan de Bonnevau, tous prestres, 
chanoincs de Teglise Nostrc Dame de Lirey, au diocese de Troyes, 
faisans et representans les doyen et chappitre de lad. eglise, comme 
ilz disoient, et assemblez ensemble pour faire, consentir, accorder et 
promcctre ce que cy aprds sera cscript ; et ancor led, messire Nicole 
dc la Rotiere, ou nom et comme procureur dcsd. doyen et chappitre, 
deuement fondd par lectres de procuration d'iceulr doyen et chappi- 
tre, faictes et pass6es soubz leurs seaulx..., ayant par icelles puissance 
de faire et passer, consentir et promectre ce qui s'ensuit...; parmy 
lesquelles lectres de procuration les lectres de noble seigneur Charles 
de Noyers, seigneur de Vvatefale et de Seigney le Petit, cy aprds 
nomm6, semblables a ces presentes, sont infichdes, d'une part, et led. 
Charles de Noyers, d'autre ; et recognurent lesd. parties et chacune 
d*elles avoir faictz entre elles accords, convenances, promesses, 
traictiers et obligations qui s'ensuivent. C*est a scavoir que, moyen- 
nant et parmy ce que led. Charles de Noyers, en son propre et priv6 
nom a promis, doit et sera tenu de payer et bailler ausd. venerables 
doyen et chappitre ou leur certain commandement pour eulx, dedans 
la Sainct Remy, chef d*octobre prochainement venant, en la ville de 
Troyes, la somme de huit cens ducas d'or bons et suffisans ou la 
valeur d*iceulx en bonne monnoye qui les vaille ; lesquelz aultresfois 
avoient est6 promis payer ausd. venerables par noble et puissant 
dame ma dame Marguerite de Charny, contesse de la Roche et 
dame dud. Lirey, suer dud. Charles de Noyers, avec autre somme 
de deniers par certain autre traictid touchant le sainct Suaire de 
Nostreseigneur Jhesucrist, estant jadiz pardevers elle, lequel est 
le plus bel et notable joyau de lad. eglise et qui, long temps a, fut 
prins en lad. eglise par lad. dame ou de par elle, et depuis par elle 
alien6, dont iceulx doyen et chappitre querrent restitution, et Teust 
lad. dame promis restituer a certaines peines dedans certain temps 
pass6, dont elle n*eust rien faict ; et pour leurs interestz et dommages 
leur eust icelle dame promis payer certain autre somme de deniers. 
Et de ces choses eust faict et passdes lectres au proffit desd. venera- 
bles, soubz le seel de lad. prevoste et autrement, et en eust estd et 
soit ancor a present icelle dame excommunide ; et avec ce payer et 
bailler par ledict Charles de Noyers ausd. venerables en lad. eglise, 
dedans le jour de Sainct Remy, en lad. ville de Troyes, la somme 
de trois cens livres t. monnoye courrant a present, tant pour Tinterest 



txmu Atudi ciutiqub sur 

que lad» e^ise a eu en ce que, a Toccasion dud. sainct Suaire noii 
estant en lad. eglise, lea oblations d*iceUe egliae en ontest^maindres 
et dont autreafois avoir est6 promts payer certaine somme d*argent, 
eomme pour les fraiz de justice et autres fraiz a poursuir contre 
lad. dame par lesd. venerables ; faire aussi avoir ausd. venerables 
lectresetbulles de nostre sainct pere le Pape, contenant son autorit6 
et consentement de povoir aliener ledict sainct Suaire, et le con-- 
sentement de reverend pere en Dieu monseigneur I'evesque de 
Troyes, ordinaire dead, doyen et chappitre, sur le contenu esd. 
bulles, affin que les successeurs d*iceulx doyen et chappitre ne autres 
ne leur en puissent ou sachent valablement aulcune chose reprocher 
ou reclamer ores ou pour le temps advenir. Et aussi que toutes les 
lectres, obligations, executions, tant de court laye comme de court 
d*eglise, qui obtenues ou levdes sont par lesd. venerables et a leur 
profit contre lad. dame et ses pleiges, tant led. Charles de Noyers 
comme autres, demorent et demoreront en leur force et vertu jusques a 
plain payement et acomplissement des choses dessusd... et sans au* 
cune innovation ou adnullation...; et que led. Charles a consenty... 
pour lors estre admonest6 de Tauctoritd de monseigneur TofiBcial de 
Troyes vioa voce^ ou cas qu*il n*aroit acomply et faict ceque diet est. 
Iceulx venerables recongnoissans et mesmement led. mess* Nicole 
dela Rotiere..., considerans qu'il est a eulx impossible de jamais 
recouvrer ne avoir led. sainct Suaire, et que lesd. sommes de huit 
cens ducas d*une part et trois cens livres d*aultre, ainsi promises 
et accord^s par led. Charles de Noyers, seront emploi6ea au plus 
profitablement que faire ce pourra en rentes et rcvenus pour lad. 
eglise, et les reparations et ouvrages necessaires a faire es heritages 
el edifices d*icelle eglise qui sont bien ruyneulx^ a Toccasion des 
grans guerres qui long temps ont couru en ce royaulme, et aussi 
en £aveur de ce que lad. dame et ses predecesseurs sont fondeurs 
de lad. eglise, et les benefices d'icelle a la collation et disposition 
totalle d'icelle dame, et que iceulx doyen et chappitre ne pourroient 
gueresproffiter a la tenir excommuni^e touchant led. joyau et autres 
promesses par ellefaictes, a quoy elle ne puet ne pourroit bonnement 
satisfoire, ont voulu, consenty, accord^, octroy^ et promis, veulent, 
consentent, accordent, octroyent et promectent aud. Charles de 
Noyers que, en faisant par iuy et acomplissant tout ce que dessus 
est diet, icelle dame sa seur et ses plaiges et cautions touchant les 
ezcomunimeos, en quoy ilz eatoient et povoient estre encouruz 



LB SUAIRE DB TURIN. XXXIZ 

«oient relachez et tenuz en suspens jusques aud. jour de Sainct Remy 

prochainement venant, et desmaintenant pour lors en faisant et 

acomplissant ce que dessus est diet, consentent a leur absolution, 

et si sont mis au neant desmaintenant pour lors et deslors pour 

maintenant, en faisant ce que diet est, tout proems de court deglise^ 

executions, monitions et toutes autres lectres, traictiers et obli- 

^tions qui sont et peuent estre faictes et pass6es... touchant led. 

sainct Suaire et les dependances ; et seront rendues aud. Charles de 

Noyers... lesd. lectres, obligations et tous aultres explois... comme 

vaines, cass^es, nulles... Et demourent desmaintenant pour lors lesd. 

dame et sesd. pleiges, en faisant par led. de Noyers ce que diet est, 

quictes et deschargez entierement dud. sainct Suaire... ; et promis- 

trent icelles parties..., c'est a scavoir lesd. venerables par leur foy 

donn6e en parole de prestre, lamainmiseaupectz..., etled. Charles 

de Noyers par sa foy donn6e es mains desd. notaires... ; sur peine 

de tous coustz et dommages..., renoncans... En tesmoins de ce 

nous avons seelld ces presentes lectres du seel et contreseel de lad. 

prevost6, par le rapport desd. notaires, avec leurs signetz manuelz. 

Ce fut faict le dixneufiesme jour de Janvier, Tan de grace mil quatre 

Cens cinquante et huit. Ainsi signi : J. du Lutel et J. Tbevemin. 

Archiirei de TAube, 9 G. 4, f* 93 ▼•-35. — Paris, Bibl. Nat., Coll. de Cham- 
pagne, ▼. 154, f* 131, copie n6gUg6e du XVI* s. 



6 fi&mer 1464.. 

Lectres de treshault et puissant prince mons^ le due de Savoye, par 
laquelle faict assignation ausd, venerables de cinquante francs sur le 
chastel Gaillard. 

LUDOVicus, dux Sabaudie, Chablaysii et Auguste, sacri Romani 
imperii princeps vicariusque perpetuus, marchio in Italia, 
Pedemontium princeps, Gebennensis et Baugiaci comes, baroque 
Vaudi et Foucigniaci, ac Nicie, Vercellarum, Friburgique dominus, 
universis modernis et posteris, rei geste noticiam cum salute. Oblata 
nobis supplicatio pro parte venerabilium oratorum nostrorum de- 
cani et capituli ecclesie collegiate Beate Marie de Lireyo, Trecensis 
diocesis, in effectu continebat, quod pridem agente in humani$ 



XL iTUDI CRXTIQUB 8UR 

spectabili milite dom. Jofiredo de Charny, domino de Savoisi et 
dicti loci de Lireyo, ipse apectabilia miles pia devotione molus, inter 
alias reliquias per eum tunc coUatas ipsi ecclesie, dedit et largritus 
est quoddam sacratissimum Sudarium, effigiem Salvatoris et Re- 
demptoris nostri Jhesu C[h]risti representans , per decanum ct 
capitulum ipsius ecclesie per eum fundate, tunc et in futurum exis- 
tentesy custodiendum, pro devotione et salute animarum ipsius, ac 
benefactorum ecclesie predicte ; etiam ut ex illius custodia ecclesia 
ipsa frequentius et libentius a Xpisticolis visitaretur, et ipsorum 
deemosinis divinus cultus uberius augeretur. Quod quidem devo- 
tissimum et colendum Sudarium, metu guerrarum tunc ibidem 
vigentium, per decanum et canonicos ipsius ecclesie pro tunc, repo- 
situm extitit custodiendum in manibus ct potestate quondam spec- 
tabilis militis dom. Humberti, comitis Ruppis et domini loci predicti 
de Ureyo ; qui morte preventus, illud spectabili domine Margarete 
de Cbamy, ejus quondam uxori, reliquit ; quod exinde dicta dom. 
Margareta apud nos transtulit. Subjungentes prefati decanus et 
capitulum, eorum predictam ecclesiam varia damna et reddituum 
attenuationem ex hoc sustulisse, et presentialiter sustinere ; suppli- 
cantes hoc ideo, ut premissorum consideratione ipsum devotis- 
simum reliquiarium sibi restituere, aut saltem oculos nostros pie et 
misericorditer erga eos divertere dignaremur. Pro qua re nobiscum 
tractanda, concordanda et pa8ci[s]cenda ac condudenda, impre- 
sentiarum ad nos specialiter transmiserunt venerabiles viros dom. 
Nicolaum de la Rothiere et Johannem Larrecier, presbyteros, dicte 
ecclesie concanonicos, a decano et toto capitulo prementionato 
sufficientem potestatem circa hec habentes, confirmatam et obser- 
vari promissam per reverendum in C[h]risto patrem et dominum 
dom. Ludovicum, modernum Trecensem episcopum, ejusque offi- 
cialem, constantibus tribus publicis licteris, signatis et debite sigil- 
latis, de quibus promptam et validam fidem fecerunt, easque penes 
nos reliquerunt. Nos itaque dux prefatus, audita eorum supplica- 
tione predicta, cupientes eosdem graciis et favoribus amplecti, ut 
perinde suas solitas orationes et deprecationes valeant continuare, 
3rmo etiam augmentare, in honorem sanctissime et individue Trini- 
tatis, et gloriosissimc Virginis Marie, ad cujus exultationcm ecclesia 
predicta fundata extitit, ut premictitur, et ne ob remissionem seu 
translationem per ante latam quondam dom. Margarctam, de dicto 
sanctissimo Sudario, ut prefertur, nobis factam, jacturam patiantur, 



LE SUAIRE DE TURIN. XU 

pioque et sincero devotionis zelo, aliis etiam multis laudabilibus 
considerationibus animum nostrum quoad bee moventibua, et quia 
sic fieri volumus et nobis placet, dictis decano et capitulo ecdesie 
prcdicte collegiate de Lireyo, seu prenominatis dom. Nicolao et 
Johanni, nunciis et procuratoribus eorum propterea ad nos specia- 
liter transmissis, hec omnia, nomine quo agunt, evident! utilitate 
dicte ecclesie pensata, acceptantibus et recipientibus, et sic agen- 
tibus et fieri assentientibus, ex nostra certa scientia, motu proprio, 
ac pro nobis et nostris heredibus et successoribus universis, damns, 
donamus, largimur, conferimus, et in elemosinam ac honorem 
C[h]risti omnipotentis, proque salute et remedio animarum illus- 
trium progenitorum, nostrique et nostrorum perpetuo successorum, 
concedimus et erogamus per presentes quinquaginta francos auri 
p[arvi] p[onderis] monete nostrc Sabaudie annuales, deinceps per 
dictos decanum et capitulum, seu eorum procuratores legitimos, ac 
eorum in dicta ecclesia successores, annis singulis imperpetuum 
ievandos et percipiendos in quolibet festo sancti Andree apostoli, 
primo solutionis termino in instanti dicti beati Andree apostoli 
festo incipiente; in videlicet et super preysiis, exitibus, valoribus 
et aliis quibuscumque emolumentis castri nostri Gailliardi prope 
Gebennam, et mandamenti ejusdem, quos, quas et que dictis 
decano et capitulo, et suis imperpetuum successoribus propterea 
specialiter et expresse, ac pro nobis et nostris predictis heredibus 
et successoribus, seu causam habentibus, obligamus et ypothe- 
camus per presentes. Et hiis mediantibus, dicti decanus et 
capitulum, amodo inantea celebrare tenebuntur et sui in dicta 
ecclesia successores, in magno altari dicte ecclesie, pro salute et 
remedio animarum illustrium progenitorum, nostrique et nostrorum 
successorum predictorum, quolibet mense quamdiu fuerimus in 
humanis unam altam missam de Spiritu Sancto, et post hujus 
carnis humane nostrum egressum de mortuis, cum coUectis 
solitis et debitis. Et ita facere promiserunt et convenerunt prefati 
nuncii et procuratores, nomine quo supra, tactis Evangeliis sacro- 
sanctis, in presentia consiliariorum nostrorum subscriptorum, sine 
omissione aliquali, conscientias suas et suorum in dicta ecclesia 
successorum propterea onerando. Mandantes idcirco castellano 
nostro dicti castri Ga[i]lliardi et mandamenti, presenti et qui pro tem- 
pore fuerint, seu ipsorum locatenentibus, sub pena quingentarum 
marcharum argenti pro quolibet, quatenus prementionatos quin- 



XLO trvm ouTiQui sur 

qaaginta francos aari p. p. dicUs decano et capitulo, seu ipsorum 
legitimis procoratori aut procuratoribus, amodo inantea singulis 
annis imperpetuum , in festo predicto sancti Andree apostoii 
soWanti liberent et realiter ac integraliter expediant, in et super 
preysiis, exitibus et aliis proventibus dicti castri nostri Gailliardi, 
et mandamenti ejusdem ; sic quod merito babeant contentari, reci- 
piendo tamen per ipsos castellanos, a prefatis decano et capitulo, 
seu procuratoribus eorumdem, in prima solutione, cum copia pre* 
sentium debite tabellionata» licteram quictationis ; in aliis autem 
sequentibus soluttonibus, confessionem de recepta duntaxat oppor- 
tunam. Et nos hujusmodi quinquaginta francos, quos ut premittitur 
annuatim persolverint, eisdem castellanis suis in computis propterea 
reddendis, per dilectos fideles consiliarios, presidentem et magistros 
camere computorum nostrorum predpimus et jubemus indifficiliter 
allocari, sine exceptione et di£BcuItate quibusvis, premissa sic fieri 
et observari volentes, pro nobis et nostris predictis heredibus, 
successoribusque seu causam habentibus ; quibuscumque regulis, 
statutis et constitutionibus dicte camere, oppositionibus, exception 
nibus, assignationibus etassignationuminterruptionibus,licterisque» 
mandatis et aliis omnibus in contrarium forte facientibus, et imper- 
petuum inadvertenter concedendis, sub quacumque verborum forma 
et intellectu, rejectis penitus et non obstantibus. Quibus omnibus 
ex nunc prout ex tunc, ac pro nobis et nostris predictis, sub quorum 
onere hujusmodi largitionem nostram remictimus, post nostrum 
decessum predictum, protinus omnino et expresse derogamus, et 
derogatum fore volumus per presentes. Datum Parisius, die sexta 
februarii, anno Domini millesimo quatricentesimo sexagesimo quarto 
a Nativitate sumpto. Sic signatum : J. Bolomyer, Gyport ; et in 
capite : Loys ; et in infimo diet, licterarum scribitur : Per dominum, 
presentibus dominis Aymerico episcopo Montisregalis, B. episcopo 
Niciensi, Jobanne de Compesio, cancellario Sabaudie, Anthonio de 
Flisto, apostolico prothonotario, Amblardo de Viriaco, abbate Habun- 
dantie, Anthonio Piocheti, cantore Gebennensi, Urbano Bon[i]vardi, 
priore Sancti Victoris, Jacobo Richardi, presidente, Humberto 
Vellueti, presidente Gebennensi, Jobanne domino Bastite, magistro 
hospicii, Anthonio Campiois et Johanne Maleti, thesaurario. 

Archive! de l*Aube, 9 G. 4, f» i6 v*-i8. — Paris, Bibl. Nat., CoU. de Champa- 
gne, V. 154, ^ 164 ; Coll. De Camps, ▼. 124, f» 336 (150)1 vidimus du 5 d^c. 
1467. — Gamuzat, op. cit., f* 433 ; Chifplit, op. dt., p. 111-7 i Puno, op. cit., 
1. 1, p. 243-9, ^^* P* 350-60. 



It 8UAIRE DB TURIN. SUtt 



AA 

33 mai 1464. 



Aultres lectres dudict prince^ au dos desquelles est escript : 
A venerables noz trescbiers et especiaulx amys les doyen et 
chappitre de Teglise de Lirey. 

VENERABLES^ trcschiers et especiaulx amys. Nagueres, ainsi que 
savezy en recompense du sainct Souaire, lequel feue dame 
Marguerite de Charny nous a bailld, vous avons assign^ certaine 
somme d*ai*gent perpetuelle, laquelle voulons entierement estre 
observ6e» car ainsi est nostre vouloir. Et ce non obstant, ainsin que 
avons entendu, n*avez voulu consentir a Tabsolution d*un nommd 
Pbillebert Tbibault, jadiz secretaire et serviteur de lad. dame Marg., 
lequel avoit pieca pleigd icelle dame envers vous a rendre led. sainct 
Souaire ; et d*autre part aucuns de vous publiez que ladicte dame est 
excommunide, dont nous sommes bien merveilieux, actendu les pas- 
cbes derrenierement entre vous et nous sur ce faictes. Sy vous prions 
bien afifectueusement que dorenavant de telles cboses vous veuillez 
abstenir et consentir a Tabsolution dud. Pbillebert et aussi de lad. 
dame Marg., se mestier seroit. Et en ce faisans, vous ferez vostre 
debvoir et a nous tressingulierement service et plaisir. Et quant 
aucune cbose vouldrez, nous le ferons de bon vouloir. Aydant le 
benoist sainct Esperit, venerables, trescbiers et especiaulx amis, qui 
vous ait en sa saincte garde. Escript a Paris, le xxiij* jour de may, 
mil IIIJ^ LXIIIJ.ilinst signi-: Le due de Savoye ; et au bos est escript: 
Latour do (al. Latoryer). 
Archives de TAubc, 9 G. 4, f* 19 r*. — Coll. de Champagne, ▼. 1549 ^ 167. 



BB 

14 mai 1473. 

Procuration passie par les subsequent doyen et chanoines^ affin d'aller 
pardevers ma dame la duchesse de Savoye, vesve dud, prince. 

IN nomine Domini, amen. Per hoc presens publicum procurato- 
rium instrumentum cunctis pateat evidenter et sit magnifestum, 
quod anno ejusdem Domini mill'o quadringentesimo septuagesimo 



XUT AtUOS CRITIQUI 8UR 

lercio, indictione sezta, mensis vero maii die decimaquarta, pontifi- 
catus sanctisaimi in Xpiato patris et domini nostri dom. Sixti, divina 
proyidentia pape quarti, anno aecundo. In nostrum notariorum... 
preaentia propter hoc peraonaliter constituti venerabiles et discreti 
viri domini et magiatri Jacobaa Martin, decanus, Evrardus de Cam- 
pi8| Jacobus Dorey, in legibus iicentiatus, Johannes Larrecier et 
Nicolaus Mergey, presbiteri, canonici ecclesie collegiate Beate Marie 
de LireyOi Trecen. diocesis, capitulum suum tenentes et represen- 
tantes in ecclesia Trecensi, ex eorum certa scientia..., dilectos suos 
et fideles, venerabiles et discretos viros dominos et magistros Mar- 
cum de Vaudrey, presbiterum, in decretis licentiatum, prothono- 
tarium domini nostri pape canonicumque et archidiaconum ecclesie 
Bisuntinen., et Hugonem Mergey, in artibus magistrum, eorumque 
quemlibet insolidum, latorem seu exhibitorem presentis publ. pro- 
curatorii instrumenti, ... suos fecerunt, constituerunt, vocaverunt, 
nominaverunt, ordinaverunt et elegerunt... procuratores generates 
et nuncios speciales, scilicet specialiter et expresse ad, nomine diet, 
constituentium et pro ipsis, accedendum ad illustrem et excellentem 
principem dominam ducem Sabaudie, in cujus manibus et potestate 
quoddam jocale preciosissimum vocatum sanctissimum Sudarium 
nostri Salvatoris et Redemptoris Jhesu Christi, ad dictam ecclesiam 
de Lireyo spectans et pertinens, est et evenit, eidemque domine 
illud preciosissimum jocale petendum et requirendum et possetenus 
recuperandum» necnon ad petendum, requirendum, habendum et 
recipiendum nomine diet, constituentium et pro ipsis ab ipsa excel- 
lenti domina aut aliis quibus decebit, sommam quinquaginta fran- 
corum auri p[arvi] p[onderis] monete Sabaudie, anno quolibet per 
nunc defiinctum illustrissimum et nobilissimum dominum dom. 
Ludovicum, dum viveret ducem predicte Sabaudie, eisdem consti- 
tuentibus et eorum ecclesie de dicto Lireyo assignatos imperpetuum 
annis singulis, levandos et percipiendos in festo beati Andree apos- 
toli in et super preysiis, exitibus, laboribus et aliis quibuscq. emo- 
lumentis castri Gaillardi prope Gebennam, prout latius in licteris 
dicti defuncti dom. Ludovici, nuper ducis dicte Sabaudie, super hoc 
confectis, dictis constituentibus et eorum ecclesie concessis, conti- 
netur ; necnon etiam petendum arrcragia per ipsum defunctum dom. 
Ludovicum et suos heredes debita, ex et pro causis predictis, pro octo 
annis nunc finitis. Ipsamque illustrem et excellentem dominam et 
suos heredes... de eadem summa quinquaginta francorum auri... per 



LE 8UAIRE DB TURIN. XLV 

eosdem procuratores... recepta et habita recipiendum, quictandum 
et se ab eisdem pro contentis... levandum et habendum ; Ucterasque 
quictancie validas, utiles et opportunas... passandum et conceden- 
dum; et generaliter... ; promitentes dicti constituentes... per fides 
suas propter hoc in verbo veritatis et sacerdocii, manibus pectoribus 
suis corporaliter prestitas ac sub hypotheca... se ratum etgratum 
habituros... quicquid per dictos procuratores... erit actum, dictum, 
gestum, factum, receptum, quictatumve... De et super quibus... 
petierunt.. sibi fieri atque tradi publ. instrumentum... Acta fiierunt 
hec Trecis, in ecclesia Trecensi... Et ego Stephanus Seguini, 
Trecen. clericus, publicus auctoritate apostolica notarius curieque 
Trecen. tabellio,... presens... fui..., ideo presens publ. procurato- 
rium instrumentum, alia manu fideliter scriptum, me alias legitime 
impeditum manu mea propria subscripsi signoque meo publico et 
fieri consueto... signavi, in fidem et testimonium premissorum... 
Et deinde sequitur : Et ego Johannes Vitot, clericus Trecen., publ. 
auctoritate apostolica curieque Trecen. notarius juratus, ... hoc 
presens publ. instrumentum inde confectum manu mea propria 
fideliter scriptum signo publico et subscripttone meis... subscripsi 
et signavi... 

Archives de TAube, 9 G. 4, f* 19 v* -ai r*. — Coll. de Champagne^ ▼. 154, 
f> 167 ▼•. 



GC 

Cardinalis de la Rovere, De sanguine Ckristi. 

Consimilis etiam ratio adduci posset de Sudario in quo Christi 
corpus fuit circumvolutum, cum fuit e cruce depositum, quod est 
apud duces Sabaudie magna cum devotione custoditum, quodque 
est Christi sanguine rubricatum. 

Argument enfaveur de la proposition suivante : Non fuit necessa- 
rium neque congruum ut totus Christi sanguis efifusus in passione 
ipsius ab eo resurgente reassumeretur. 

Romee, per Philippum de Lignamine, 1473 (voir le Regisirum k la fin du D§ 
poUntia Dei) ^ a mazime » r« (Bibl. Nat., D. 48a). 



JJUfl AtUOX CRITIQUI 8UR 



DD 



Voyage de tarchiduc d'Auiriche^ Philippe le Beau^ 
par Antoine de LAXjaNO, seigneur de Montigny. 

Le jour du sainct et graadt venredi [14 avril 1503] hx presch^e 
la passion en la cbappelle de Monaigneur [Philippe le Beau], par son 
confesseur, oyans lui, le ducet la ducesse. Puis all&rent en grande de- 
votion aux hallesde laviUe[deBourg-en-Bresse],oi!i ungtrte grandt 
peuple escoutoit preschier la passion par ung Cordelier. Apr&s quoy, 
trois ^vesques monstr&rent publicquement le sainct Suaire de nostre 
Signeur Jhesu Crist ; et apr&s le service, fu monstr6 en la chapeUe de 
Monsigneur. C'est, ce me samble, entre les choses devotes, la plus 
devote et comtemplative chose qui soit sur terre. C*est le rice 83rndont 
et noble Suaire achetd par Joseph d*Arimathie, long de seize a dix- 
sept pieds, large de sept pieds ou environ, od il Tensepvelist avec 
Nycodesme quand iU le eurent ostet de la croix. On le voidt cl6re-* 
ment ensanglent6 du tr&s precieux sang de Jhesus, nostre R6demp« 
teur, comme se la chose avoit est6 faicte aujourd*hui. On y voidt 
rimprimure de tout son tris sainct corpz, teste, viairc, bouce, yeulx, 
nezy corps, mains, pieds et ses chincq playes : esp6cialement cdle 
du co8t6, longue environ d'ung bon demi piedt, est fort ensanglent6e; 
et de Tautre part, comme il estoit convert et redoubl6 dudict linchoel, 
on voidt le vestige et figure de son dos, teste, chevelure, coronne et 
espaules. Et pour esprouver se c'est le mesme, on Ta boulit en huille, 
boutd en feu et buet par pluseurs fois ; mais on n'a pent effachier 
ne oster ladicte imprimure et figure. 

Chap. ziY, dans CoUecHon d$$ voyagu des Souviraim d$$ Pt^t'Beu (Bmzellea, 
1S76), 1. 1, p. aS6. 

EE 

Tenor officii sanctje Sindonis Jesu Christi. 
Ad VesperaSf supra Psalmos, antiphona, 
Gaude, felix laeta Sabaudia, 
Sindonis dabis mundo gaudia ; 
Gaude, tota mater Ecclesia, 
Novas laudis agens solennia. Alleluya. 

Cceteroe antiphonce accipiuntur in Laudibus. 



LE 8UAIRB DE TURIN. ZLVII 

Psalmi Vesperorum. Credidi. Ad Dominum. Eripeme. Domine, 
damavi. Voce mea. 

Capitulum. Acceperunt Joseph et Nicodemus corpus Jesu, et 
ligaverunt illud linteis cum aromatibus, sicut mos est Judaeis sepe- 
lire. Deo gratias. 

Hymnus. 

GAUDE, mater Ecclesia, Aurum in petra latuit, 

La&tam agens memoriam, Ut sol fiilgens sub modio, 

Quae Sindonis solennia Christus jacuit triduo, 

Mittis ad coeli curiam. Sic involutus Sindone. 

Joseph, relicto palio, Lectus regis Salomonis, 

Liber fugit ; nova arte (i), Ceila plena aromatum, 

Derelicto jam linteo, Vellus fusum Gedeonis, 

Christus surrexit a morte. Hortus clausus carismatum. 

Tempore Paschali. Tempore Ascensionis. 

QuassumuSy auctor omnium. Memento nostrum. 

Vers. In hac sancta Sindone adoramus te, Domine, alleluya. 

Resp, Tuam gloriosam recolimus passionem, alleluya. 

Ad Magnificat, Pontifex sacerdos maximus, super cujus caput 
fusum est unctionis oleum, et cujus manus in sacerdotio consecrates 
sunt, vestitus est Sanctis vestibus, alleluya. 

Oratio. Omnipotens sempiteme Deus, qui in memoriam passionis 
Unigeniti filii tui, sanctam ejus Sindonem, cum expressa ipsius effi- 
gie, venerandam reliquisti in terris : tribue quaesumus nobis, ut per 
virtutem ejusdem sanctas Sindonis, faciem tuam contemplari merea- 
mur in coelis. Per eundem Dominum. 

Ad matutinas, Invitatorium, Christum regem, in sepulcro involu- 
turn Sindone, venite adoremus, alleluya. Psalmus. Venite. 

Hymnus, ut in Vesperisi Gaude mater. 

In prima nocturno. Antiphona. Rebecca colli Jacob nuda contexit. 
Virgo filium pannis inrolvit, alleluya. Ps. Cum invocarem. 

Ant. Rahab sub ligno explorantes abscondit. Plebs fidelis Christi 
effigiem linteo impressam suscepit, alleluya. Ps. Domine quis habi- 
tabit. 

Ant. Samuel accinctus Ephot lin(t)eo, ante faciem Domini minis- 
trabat. Christus pra&cinctus linteo discipulorum pedes lavabat, alle- 
luya. Ps. Conserva me. 

(i) D*aprte V Errata il faut lire a arte nova t, contraire h la rime. 



XLVUl irUDB CRITIQUE 8UR 

V«r«. In hac sancta Sindone adoramus te, Domiae, allduya. 

Rnp, Tuam fl^oriosam recolimus passionem, allduya. 

Sanctus Thomas db Aquino, super quatuor Evanoeustis, ex 
variis ecclxslb sacri8 doctoribus. 

LeUio prima. Postquam Evangelista Matheus (ut gloaa ait) retulit 
ordinem Dominican passionis et mortem, nunc agit de ejus sepul- 
tura, dicens : Cum autem vespere factum esset, venit homo quidam 
dives ab Arimathia, nomine Joseph, qui et ipse discipulus «rat Jesu. 
Ut autem Rhemigius super Matheum ait, Arimathia ipsa est civitas 
Samuelis, qus sita est in regione Chana(ma)nea, juxta Diespolim, 
qam secundum Hieronymum super Marcum, interpretatur depo- 
nens. De qua fuit Joseph, qui venit ad deponendum corpus Christi 
de cruce. Hie autem, teste Rhemigio, secundum seculi statum, 
magns fuit dignitatis, sed multo majoris meriti apud Deum fuisse 
laudatur, Siquidem Justus fuisse describitur. Decebat quippe eum 
talem existerei qui corpus Domini sepeliret, quantus per justitiam 
meritorum dignus esset tali officio. Et secundum Bedam, super 
Marcum, per nobilitatem potential secuiaris, facultatcm posset obti- 
nere ministrandi. Ideo dicitur quod crat nobilis decurio, expectans 
regnum Dei. Decurio autem vocatur, quia sit de ordine Curiae, et 
officium Curiae administraret. Non enim quilibet ignotus, aut me- 
diocris, ad praesidem Romanae potestatis accedere poterat, et Cruci- 
fixi corpus impetrare. Ut autem in alio Evangclio ait Hieronymus : 
Joseph iste Boulites appellatur, id est consiliarius, sive vir magni 
consiliiy quia non acquievit Judaeorum pravo consilio, de quo qui- 
dem putant primum Psalmum fuisse compositum : Beatus vir qui 
non abiit in consilio impiorum. Tu autem, Domine. 

Resp. Mulier sapiens operata est opere manuum suarum, digiti 
ejus apprehenderunt fusum, Sindonem fecit et vendidit, allcluya. 

Vers. Hanc Justus Joseph ab Arimathia mercatus est Sindonem, 
quam fecit. 

Lectio secunda. Marcus provide in evangclio ait : Joseph autem 
mercatus est Sindonem, et deponens eum involvit in Sindone. Su- 
per quae Hieronymus in Omclia ait : Pretiosum^ corpus, prctiosc 
sepeliens, cum esset discipulus Domini, sciebat qualiter corpus 
Domini honorari dcberct. Idem vero super Marcum : Ex simplici 
sepuitura Domini, ambitio divitum condemnatur, qui nee in tumulis 
quidem possunt carere divitiis. Possumus autem juxta intelligcn- 
tiam spiritualem et hoc sentire, quod corpus Domini non auro, non 



LE SUAIRE DE TURIN. XLIX 

gcmmis, non serico, sed linteamine puro obvolveadum sit, quam- 
quam et hoc significat, quod ille in Sindone munda involvit Jesum, 
qui pura mente eum susceperat. Vel alitor, secundum Remigium, 
quia Sindon lineus pannus est, linum autem ex terra procreatur, et 
cum magno labore ad candorem perducitur, quo designatur quia 
corpus illius, quod ex terra, id est ex Virgine sumptum est, per 
laborem passionis pervenit ad candorem immortalitatis. Tu autem. 

Resp^ Noe nudatus jacuit, quod cum vidisset Cham, patrem deri- 
dens, nunciavit fratribus suis, Sem et Jaffet, qui palio operuerunt 
eum, alleluya. 

Vers. Quem Judasi nudaverunt, Joseph et Nicodemus in Sindone 
munda involverunt. Qui palio. 

Lectio III, Hinc autem (ut Rabanus ait) Ecclesiae mos obtinuit, 
ut sacrificium altaris, non in serico, neque in panno tincto, sed in 
licio terreno celebretur, ut a beato papa Silvestro legimus esse sta- 
tutum. Secundum autem Hilarium, justiciar Joseph apostolorum 
habet speciem, hie in munda Sindone corpus involvit quidem, in 
linteo reperimus, de coelo ad Petrum, universorum animantium ge- 
nera submissa : ex quo intelligitur, sub lintei illius nomine, conse- 
peliri Christo Ecclesiam. Ut autem ait Origines, non fortuito scrip- 
turn est, quoniam involvit corpus in Sindone munda, et posuit in 
monumento novo, et advolvit lapidem magnum, quoniam omnia 
qutt sunt circa corpus Jesu, munda sunt et nova, et omnia magna 
valde. Tu autem. ' 

Resp. Cecidit super Petrum mentis excessus, et vidit coelum aper- 
tum, et descendens vas quoddam, velut linteum magnum quatuor 
iniciis submitti de coelo in terram, alleluya. 

Vers. In hujus quippe lintei nomine, Christo consepelitur Eccle- 
sia, alleluya. Vers. Gloria Patri, alleluya. 

In secundo noctumo. Antiphona. Posuit Moyses velamen super 
faciem suam. Milites vero velaverunt faciem Christ!, et conspuentes 
colaphis eum ceciderunt, alleluya. Ps. Domini est terra. 

Antiphona. Samson viros vestibus spoliavit. Joseph vero ab Ara- 
mathia Christum in Sindone munda involvit, alleluya. Ps, Dominus 
illuminatio. 

Antiphona, Tulit mulier velamen, et posuit super os putei. Joseph 
vero advolvit saxum magnum ad ostium monumenti, alleluya. Ps. 
Exaltabo te Deus. 

Vers. Joseph et Nicodemus acceperunt corpus Jesu, alleluya. 



L ^TUDB CRITIQUS SUR 

Re$p. Et ligaverunt illud linteis, cum aromattbus, alidttya. 

Lectio IV. Sequimr in Evangelio Marci : Et posuit cum Joseph in 
moQumento, quod erat excisum ia petra, et advolvit lapidcm ad 
ostium monumenti. Unde (ait Hieronymus) sepoltura Christi, resur- 
gimus decensione ejus ad Inferos, nos ascendimus ad Coolos; huic 
enim (ut in libro Judicum dicitur) invenitur mel in ore leonis mortui. 
Theophilus vero vos (t) admonet, dicens : Incitemus in nos Joseph, 
recipientes Christi corpus per unitatem, et ponamus iilud in«moau-* 
mento exciso de petra, in anima memorante, et non obliviscente 
Deum. Ilia enim anima ex petra excisa est, id est ex Christo, qaas 
continet firmitatem. Involvere etiam dd>efflus ipsum in Sindone, id 
est in corpore puro su^cipere. Sindon namque est corpus, quod est 
corporis indumentum : decet enim non solum puram animam cor- 
pus Christi suscipere, sed ia corpore puro. Involvere autem oportet, 
sed non aperirei nam secretum dausum est et occultum. Tu autem. 

RMp* Daniel levavit oculos suos^ et ecce vir unus vestibus lioeis, 
et renes ejus accincti, alleluya. 

Vers. Hunc Joseph et Nicodemus ligaverunt lintris, cum aroma- 
tibus, sicut mos est Judasis sepelire. Et renes. 

Lectio V. Quia vero (ut ait Cbrisostomus) brevitate temporis 
urgebantur, nona enim hora, mortuo Christo, deinde accedentibus 
ad Pilatum et deponentibus Christi corpus, vespera imminebat, ideo 
posuerunt eum in proximum monumentum. Unde subditur : Erat 
autem in loco ubi crucifixus est hortus, et in horto monumentum 
novum, iti quo non[dum] quisquam positus fuerat, quod divina dis- 
pensatione factum est, ne alterius alicujus qui cum eo jaceret, exis- 
timaretur resurrectio facta esse : sicut etiam (ut ait Augustinus) in 
Maris virginis utero, nemo ante ilium, nemo post ilium susceptus 
est. Per hoc etiam (secundum Theophilum) quod novum fuit sepul- 
chrum, datur intelligi, quod per Christi sepulturam, omnes inno- 
vamur, morte, corruptione destructa. Attende etiam eum abundan- 
tiam pro nobis suscipere paupertatis, nam qui in vita domum non 
habuit, post mortem quoque in alieno sepulchro reconditur, et k 
Joseph operitur. Tu autem. 

Resp, Sapientia stragulatam vestem fecit sibi, bissus et purpura 
vcstimcntum ejus ; Sindonem fecit et vendidit, et angulum (a) tradi- 
dit Cananeo, alleluya. 

Vers, Joseph dcponens eum involvit SindonCf et posuit in monu- 
mento. Et angulum (2). 

(1) Lire not. — (a) Uu cingulum. 



LE SUMRE D£ TURIN. LI 

Lectio VL Postea sequitur : Ibi, ergo, propter Parascevem Judaeo- 
ram, quia juxta erat monumcntum, posuerunt Jesum. Ubi Augus- 
tiaus ait, acceleratum, vult iatelligi sepulturam, ac vesperasceret, 
quando jam propter Parascevem (quam coenam Judaei, Latini coavi- 
vium vocant), facere aliquid non licebat; propiaquum autem (secun- 
dum Chrisostomum) fuit sepulchrum, ut^iscipuli possent; cum 
facultate accedere et consideratores fieri eorum, qus fiitura erant in 
resurrectione^ et non solum ipsos, sed ut etiam inimid tunc testes 
sepulture essenty custodientes sepulchrum, et ut falsus ostenderent 
is, qui erat de furto sermo. Justitias autem Joseph, apud Bedain 
apt6, interpretatur per acceptlonem boni operis : quo monemur , ut 
corpus Domini dign^ percipere mereamur . Hinc Tlieophiius ait : 
Tunc etiam quodammodo Christus apud avaros mortificatur in pau- 
I>ere fiamem patiente. Es1k> ergo Joseph, tcgt Cfaristi nutlitalem noti 
semel, sed in tuo tumulo spirituali considerando reconde et cooperi, 
ct misce mirrham et aloem amaricantia, considerando vocem iUam : 
Ite maledicti in ignem sternum^ quia nihil amarius existimo. Tu 
autem. 

Re^. Quis est iste qui venit de Edon, tinctts vestibus de Bosra, 
sicut calcantium in torculari > Iste formosus in stola sua, gradiens 
in multitudine virtutis suas, alleluia. 

Vers. Milites exuerunt ilium purpura, quem Joseph et Nicodemus 
sepdierunt in Sindone munda. Iste formosus. Gloria Patri, alleluya. 

In teriio nocturno, Antiphona. Apprehcnderunt Philistini Sanson, 
et vinctum catenis clauserunt in carcere* Quem Joseph et Nicode- 
mus ligaverunt lintels, et posuerunt in monumento, alleluia. Psal. 
Deus in nomine. 

Antiphona. Rex Babilonis Sedechiam regem vinxit compedibus, 
et posuit in domo carceris. Pilatus autem ait: Ite, custodite sicut 
scitis^ alleluia. PsaL Notus in Judaea Deus. 

Antiphona. Missus est Hieremias caesus in carcerem. Abientes 
autem principes Sacerdotum, miserunt, sepulchrum signantes cum 
custodibus, alleluia. Ps. Domine Deus salutis. 

Vers, Joseph, accepto corpore, involvit illud in Sindone, alleluia. 

R€sp. Et posuit illud in monumento suo novo, q4K>d exciderat in 
petra, alleluia. 

Lectio VII. Secundum Joannenu In illo tempore, rogavit Pilatum 
Joseph ab Arimathia, eo quod esset discipulus Jesu, occultus autem 
propter metum Judaeorum, ut toUeretur corpus Jesu* et pennisit 



UI irUDE CMTfQUB 8UR 

Ptiatus, et reliqua. Ezposmo Evanobui bz varus Ecclesle sacris 
DocTORiBUs. Ut enim Chrisostomus in Omelia ait : Existimans Jo- 
seph extiactum esse Judsorom furorem, Christo cracifixo, cum 
fiducia accessit ad Pilatum, ot deponendum funus procuraret, eo 
quod esset discipulus Jesu, non ex daodecim, sed ex septuaginta. 
Sed quomodo nullus ex duodedm, et si timorem Judsorom quis 
pro caosa assumpserit, hie eodem detinebatur timore, unde didtur : 
occultus autem propter timorem Judsomm. Ut autem Graecus super 
Lucam, fuerat quandoque Joseph occultus Christi discipulus, deni- 
que vinculum timoris rumpens ferventior factus Dominicum corpus, 
turpiter pendens, k ligno deposuit, comparans pretiosam margari- 
tam, verborum modestia. Et secundum Marcum : Audacter introi- 
vit ad Pilatum, et petiit corpus Jesu. Super quo Theophilus ait : 
Audet ausum laudabilem, non enim excogitavit : a divitiis deddans 
et expellar a Judaeis, si corpus petam ejus, qui est blasphemus con* 
demnatus. Hinc et in Omelia Hieronymus : Inspice hujus viri forti- 
tudinem, in mortis enim periculum se tradidit, inimicitias omnes 
assumens, propter benevolentiam Christi ; et non solum audet coi> 
pus Christi petere, sed et sepelire ; unde sequitur : Et accepit corpus 
Jesu, et involvit eum in Sindone munda. Augustinus vero de con- 
cordantia evangelistarum ait : In extremo illo offido funeri exhi- 
bendo, minus curavit de Judsis, quamvis soleret in Domino 
audiendo, eorum inimicitias devitarc. Hinc Beda in Omelia ait : 
Sedata quacunque Judaeorum s»vitia,eo quod se advcrsus Christum 
praevaluisse gaudebant, corpus Christi petiit Joseph, quoniam non 
videbatur causa discipulatus, sed pietatis venisse, ut fiineris offidum 
impenderet, quod homines non solum bonis, sed etiam malis solent 
impendere. Tu autem, Domine. 

Resp. Videntes Joseph fratres ejus, nudaverunt eum tunica talari 
et polluta (i), quam in sanguine hoedi tinxerunt, miseruntque in 
cisternam. Alleluia. 

Resp. (a) Erat autem tunica inconsutilis, desuper contexta per tO" 
turn. Miseruntque. 

Lectio VIIL Adjungitur autem ipsi Joseph , secundum Bedam , 
Nicodemus ; unde sequitur : Venit autem et Nicodemus, qui venerat 
ad Jesum nocte primum, ferens mixturam mirrhas et aloes, quasi 
libras centum . Ubi Augustinus ait : Non ita distinguendum est, 

(i) Lift polimita. — (3) Lire Vers. 



LS 8UAIRE »E TUIUN. LIU 

ut dicamas primum ferens mixturaai mirriis» sed ut quod dictum 
est primum ad superiorem sensom pertineat* Venerat enim ad 
Jesum Nicodemus nocte primum : quod idem Joannes narravit in 
prioribus Evangelii sui partibus, hoc ergo intelligendum ad Jesum, 
non tunc solum, sed tunc primum venisse Nicodemum, venisse 
autem postea ut fieret audiendo discipulus ; fuerunt autem pigmenta, 
quas maxime ad corpus apta sunt, quae plurimum conservare solent 
et non permittere cito subjici corruptioni ; adhuc entm ut de nudo 
homine disponebant, sed tamen nuUam dilectionem demonstrabant. 
Tu autem. 

Resp. David accinctus Ephor (i) lineo, obtulit holocausta coram 
Domino et pacifica, quem Micol filia Saul humilitatem prospiciens 
despexit. Alleluia. 

Vers. Praetereuntes blasphemabant cum, moventes capita sua. 
Quem Micol. 

Lectio 8 (2]. Sequitur autem, ut Evangelistaait : Acceperunt ergo 
corpus Jesu et ligaverunt eum linteis, sicut mos est Judaeis sepelire. 
Super quo Augustinus ait : Evangelista admonuit in hujusmodi 
officiis, qu» mortuis exhibeatur, morem cu)uscunqae gentis esse 
servandum : erat autem iliius gentis consuetudo ut corpora mortuo^ 
rum variis aromatibus condirentur, ut diutius servarentur illaesa. 
Hinc idem de concordantia Evangelistarum ait : Neque autem hie 
Joannes aliis repugnat, neque enim illi qui Nicodemum tacuerunt, 
affirmaverunt a solo Joseph Dominum sepultum, quamvis solius 
commemorationem fecerunt ; aut quia ilia una Sindone a Joseph 
involutum dixerunt, propterea prohibuerunt intelligi, et alia lintea 
potuisse afferri a Nicodemo et superaddi, ut venim narret Joannes, 
quod non uno linteo, sed linteis involutus sit quamvis et praeter 
Sudarhim, quod capiti adfaibebatur, et instrtas fuisse quibus corpus 
totum alligatum esset, et quia omnia de lino erant, etiam quod 
vere Sindon ibi fuit, veracissime dici potuit : ligaverunt linteis; 
lintea quippe generalxter dicvatur, quas lino texuntur. Tu autem. 

Rap. Ingressns Aaroo tabemaciilom, ot olocausta offerret super 
altare Domini pro peccatis fiUomm Israel, tunica lioea indut«M est* 
Alleluia. 

Vers. Christus sacerdos in astemum, secundum ordinem Melchi- 
sedech. Tunica linea. Ven. Gloria Patri. AHeluia. 

Te Deum laudamus. 

(i) Lire ephod. — (a) Lire nona. 



•UV iftTUDB CRITIQUE 8UR 

Vert. Tuam sanctam Sindonem adoramus Domine. Alleluia. 

ReMpan. Tuam gloriosam recolimus passtonem. Alleluia. 

InJaudibuM^ Anti^unta. Adsont honeste Siudonis l«ta solennia, 
pulsu Psalterii plaudat Eccieaia. Alleluia. Psal. Dominua regnavit. 

Aniiphona. In Heliae pallio, et Sanaonis spolio, Sindon demons- 
tratur. Alleluia. Ps* Jubilate. 

Antiphona. Bias! stola cingitur, Christus lino tegitur, sepulchro 
locatur. Alleluia. PsaL Deus Deus meus. 

Antiphona. Aurum latet occultatum, sidus jacet obumbraium, 
granum tegit palea. Alleluia. PsaL Benedicite. 

Antiphona. Veste nudum crucifigunt Judaei, quem sepeliunt 
Joseph et Ntcodemus. Alleluia. Psalmus. Laudate Dominum de 
coelis. 

Capitulum. Acceperunt Joseph. 



H 



Hymnus. 

YMNUM nov» l«titi«, Concha plena aromathum, 

Dulci productum cantico, Testa nardi concassata, 

Chorus depromat hodie Latet sidus obumbratum, 

[In] linteo Dominico. Margarita concultata, 

Petra in petra latuit, Oranum mundum a palea, 

Vermis fuit et non homo, Corpus jacet examine, 

Leo prostratus jacuit, Vellus siccum in area, 

Christus repostus in humo, Cadit Deus pro homine. 

Tempore Paschali. Quaesumus. Tempore Ascensionis. Tu esto. 

Vers. Introivit Petrus in monumentum, et vidit linteamina posita. 
Alleluia, Alleluia. 

Resp. Et Sudarium quodfuerat super caput ejus. Alleluia, Alleluia. 

Ad Benedictus. Antiphona. Heliseus in sepulchro mortuum susci- 
tavit, Christus sua morte hominem k peccati morte liberavit^ 
Alleluia. PsaL Benedictus Dominus Deus Israel. 

Oratio, ut in Vesperis. 

Ad Primam. Antiphona. Adsunt honestae Stndonis. 

Ad Tertiam, Sextant et Nonam, Antiphone Laudum, 

Ad Tertiam. Capitulum. Acceperunt Joseph. 

Resp, Tuam sanctam Sindonem adoramus, Domine, Alleluia^ 



LE SUAIRE DE TURIN. LV 

Alleluia. Vers, Tuam gloriosam recolimus passionem. Resp. Alle- 
luia, Alleluia. Vers. Gloria Patri. Resp. Tuam sanctam. Vers, 
Joseph et Nicodemus acceperunt corpus Jesu, Alleluia. Resp, Et 
ligaverunt illud linteis cum aromatibus, Alleluia. 

Ad Sextam, Capitulum. Accepto corpore, Joseph involvit illud in 
Sindone munda, et posuit illud in monumento suo novo, quod 
exciderat in petra. Deo gratias. 

Resp, Joseph et Nicodemus acceperunt corpus Jesu. Alleluia, 
Alleluia. Vers, Et ligaverunt illud cum aromatibus. Resp, Alleluia, 
Alleluia. Vers, Gloria Patri. Resp, Joseph et. 

Ad Nonam, Capitulum. Joseph autem mercatus est Sindonem, et 
deponens eum involvit Sindone, et posuit eum in monumento, quod 
excisum erat in petra. Deo gratias. 

Resp, Joseph, accepto corpore, involvit illud in Sindone munda. 
Alleluia, AUe. Vers, Et posuit in monumento suo novo, quod exci- 
derat in petra. Resp, Alleluia. Vers, Gloria Patri. Resp, Joseph, 
accepto. Vers, Introivit Petrus in monumentum, et vidit linteamina 
posita. Alleluia. Resp, Et sudarium quod fuerat super caput ejus, 
Alleluia. 

Ad Vesperas, cAntiphone Laudum, Psalmi et HymnuSj ut in primis 
Vesperis, 

Ad Magnificat, Antiphona, Cum mortuus fuerit Sacerdos magnus, 
tempore illo revertetur fugitivus, et ingredietur civitatem et domum 
suam, de qua fiigerat. Alleluia, Psal, Magnificat. 

Oratio. Omnipotens sempiterne Deus. 

Miss A SANCT£ SiNDONIS. 

Introitus. Respice, Domine, de excelso in faciem Christi tui, sancto 
velatam Sudario, et non recedant ab oculis cicatrices ejus in perpe- 
tuum, qui sibi obediens factus est usque ad mortem. Vers. Signatum 
est super nos lumen vultus tui Domine ; dedisti lastitiam in corde 
meo. Vers. Gloria Patri. 

Oratio. Omnipotens sempiterne Deus ut supra. 

Quinta Lectio libri Genesis. In diebus illis, tulerunt tunicam 
Joseph fratres ejus, et in sanguine hoedi, quern occiderant, tinxerunt, 
mittentes qui ferrent earn ad patrem, et dicerent : Hanc invenimus, 
vide utrum tunica filii tui sit, an non > Quam cum agnovisset pater: 
Tunica filii mei est, fera pessima comedit eum, bestia devoravit 



Lvi irvDB curnQUB tuB 

Joseph ; scissis v^stibva, indutut est cOicio, iogeas filium multo 
tempore* congregatisqae cunctis liberis ejus, ut deiiairent doiorem 
petris, noluit consolationem accipere, descendam ad filium meum 
Ittgeus in infernum. 

Re»p. Mulier sapiens Sindonem fecit et vendidit, qaam JosepH 
ab Arimathia mercatus est. VtrB. Venit Nicodemns cum aromatibas 
mirrhe et aloes, et sanctum sancto recluserunt sepulchro. Alleloia. 
Vers, Adoramus in nomine tuo, Christe, tnae victorioss crucis 
vexillum, tuum diadema spineum, tuam sanctam Sindonem, tuos 
rubentes sanguine clavos, ac tuo sacro lateri immersam lanceam. 

Tempore Paecalu Alleluia. Vers. Surrexit Christus de sepulchro, 
derelicto Sudario, qui pro nobis pependit in ligno. 

Tempore Asceneionis, Alleluia. Ascendens Christus. 

Tracius in Septuagesima. Ego dizi : in dimidio dierum meorum» 
vadam ad portas inferi. Vers. Qussivi residuum annorum meorum, 
dixi non videbo Dominum Deum in terra viventium. Vers. Non aspi- 
dam hominem ultra, et habitatorem quietis. Vers, Generatio mea 
ablata est, et convoluta est a me, quasi tabernaculum pastorum. 
Vers, Praecisa est velut a tezente vita mea, dum adhuc ordirer, 
succidit me, de mane usque ad vesperam finies me. Vers. Sperabam 
usque ad mane, quasi leo sic contrivit omnia ossa mea. Vers, De 
mane usque ad vesperam finies me. Sicut pullus hirundinis, sic 
clamabam, meditabar ut columba. 

PROSA. 

PLAUDAT cceli ierarchia, In Hellis pallio, 

Nova sonet harmonia, Et Sansonis spolio^ 
Pulsa millenario. Sindon prsmonstratur. 

Hinc concordet in hac via Bissi stola cingitur, 

Nostri chori melodia, Christus lino tegitur, 
Pro sacro linteamine. Sepulchro locatur. 

Joseph fratrcs devestitum Esk ctbus de edcale^ 

Veo dunt, asttunt in M^fftamL, Faviis mellift de )aceftte, 

Pt0 aommi eaoBftine. Et dulcedd de forti. 

Ltt^et ,^Kob devetatiun^ Rahab sub lino abscondtt, 

Gersena J<m^ vosHioieiilnai, Qisem viogo paiuMS invoLviA, 

TinctoMn Jioedi sanguine, Gfaristum tradeadum morti • . 



LE SUAIRE DE TURIN. 



LVII 



Tegunt patrem Sem et Jafet, 
Quern Cham ridet, 
Dum sic jacet, 
Condat Noe racemus. 
Veste nudum crucifigunt, 
Judaei quern sepeliunt 
Joseph et Nicodemus. 

Sindon per quam gaudia 
Foelix jam Ecclesia 

Sumens exaltatur : 
Montem nubes operit, 
Deum Sindon contegit. 

Homo sublimatur. 

▲urum latet occultatum, 
Sidus jacet obumbratum, 

Granum tegit palea. 
Radix Christus dum marcessit, 
Ramus homo tunc virescit, 

Salva Dei idea ; 



Oaude, foelix Sabaudia, 
Gaude, tota Ecclesia, 

Novae laudis gloria. 
Artus fracti solidantur, 
iEgri currunt, et curantur, 

Virtutum frequentia. 

Rea, pete suffragia, 
Clama, voca auxilia 

Plebs nimis egena. 
Ei^o laudes pro linteo 
Christi demus vestigio, 

Idque voce plena. 

Tua morte suscitatos, 
Bone Jesu, et redemptos, 

Prece serva sedula. 
Apud thronum Dei Patris, 
Cum precibus tuae Matris, 

Commenda per sascula. Amen. 



EvANOEuuM secundum Joannem. In illo tempore, rogavit Pilatum 
Joseph ab Arimathia, eo quod esset discipulus Jesu, occultus 
propter metum Judaeorum, ut toUeret corpus Jesu, et permisit 
Pilatus. Venit ergo, et tulit corpus Jesu ; venit autem et Nicodemus, 
qui venerat ad Jesum nocte primum, ferens mixturam mirrhas et 
does quasi libras centum ; acceperunt ergo corpus Jesu, et ligaverunt 
eum linteis cum aromatibus, sicut mos est Judasis sepelire. Erat 
autem in loco ubi crucifixus est, hortus, et in horto monumentum 
novum, in quo nondum quisquam positus fiierat ; ibi ergo propter 
Parascevem Judaeorum, quia juxta erat monumentum, posuerunt 
Jesum. 

Offertorium. Ingressus Aaron tabernaculum, ut holocaustum 
offerret super altare Domini, pro peccatis filiorum Israel, tunica linea 
indutus est. Tuam clementiam Jnvocantibus, Domine. Prjefatio. 
Qui salutem. 

Secreta. Accepta tibi sunto, Domine, virtute sanctae Sindonis haec 
munera, cui pro mundi salute, accepta extitit filii tui passio gloriosa, 
per eumdem Dominum nostrum. 



Vna iTUDS CRITIQUS SUR 

CoMMumo. Aecepto corpore, Joseph tavolvk in Sindone munda, 
et posuit in monumento soo novo, quod ezciderat in petra, 

PosTCOMMUNio. SatiMti, Domine, in via familiam tuam mune- 
ribus sacrit : quJMumua, ut per virtutem sanctae Siodonts £aae tua 
in patria noa aatiare digneria. Per Dominum ooatrum. Deo gratM. 

i 
PiMOOHB» SJniofi 9VMngdic^ p. 59-64. — Get office a pour aiUeor le domiaicaia 
Antoine PimriT, dont rezemplaire de prdteatadon au due de Sayoie, Charles II, 
est eontenr^ k la biblioUi^oe de rumverait^ de Tarin* aeoa la cote E. (V. i ^ 
(aae. F. III. 9). Oa ea treafora la deecriptioa dans Pasimvs, Codd. mm. kihiiotk. 
r.Tmurin. Mtk§nam, 1749, 1. 1, p. 69 (cod. 339). La page initiale est reproduiie en 
photographte, avec uoe courte notice, dans Lamza. (op. cit., p. 84-5) et dans les 
Manum, faUiogr, sacrti des objets exposte k Turin en 1898 (pi. lzx, n* 2). 



FF 

TraM dn R^liqtms, par Jean Calvw. 

11 eat temps de traiter du Suaire, au quel ils ont encores mieuz 
monstrd tant leur impudence que leur sottise. Car outre le suaire 
de la Veronique, qui se monstre k Rome en Teglise de Sainct Pierre, 
et le couurecbef, que la Vierge Marie, comme ils disent, mit sur les 
parties bonteuses de nostre Seigneur, qui se monstre a sainct Jean 
de Latran ; lequel aussi bien est derecbef auz Augustins de Carcas- 
sonne : item, le suaire qui fut mis sur sa teste au sepulcbre, qui se 
monstre U mesme : il y a une demie douzaine de villes^ pour le 
moins, qui se vantent d*avoir Ic suaire de la sepulture tout entier : 
comme Nice, cclui qui a est6 transport^ Ik de Cbamberi. Item, Aix 
enAlemagne; item, le Traict; item, Besanson; item, Cadoin en 
Limosin ; item* une ville de Lorraine, assise au port d'Aussois : 
sans les pieces qui en sont dispersdes d*un costd ct d'autre : comme 
k Sainct Saluador en Hespagne et aux Augustins d'AIbi. Jc laisse 
encores un suaire entier qui est k Rome en un monastere de fcm- 
mes : pour ce que le Pape a defendu de le monstrer solennellcment. 
Je vous prie, le monde n*a il pas esti bien enragd, de trotter cent 
ou six vingts lieues loin, avec gros frais et grande peine, pour voir 
un drappeau, duquel il ne pouuoit nuUement estre asseur6 : mais 
plustost estoit contraint d*en douter > Car quiconque estime le suaire 
estre en un certain lieu, il fait faussaires tons les autres, qui se van- 
tent de Tauoir. Comme, pour exemple, celuy qui croit que le drap* 



LE SUAIRE DE TURIN. UK 

peau de Ghamberi soit le vray suaire : ce&tuy la condamne ceux de 
Besanson, d*Aix, de Cadoin, de Trier et de Rome, comme menteors, 
et qui font meschamment idolatrer le peuple en le seduisant, et lui 
faisaiit accroire qiu^un drappeau prophane est le linceul oil fiit enve- 
lopp6 son Redempteur. Venons maintenant k TEvangile: car ce 
seroit pen de chose quails se desmentissent Tun Taiitre , mais le 
S. Esprit leur contredisant k tons, les rend tons ensemble confon- 
dus, autant les uns que les autres... 

Adviftissement ires utile du grand profit qui reviendroU d la Chrestienti s*U u 
faisoit inventaire de tons les corps saincts et reliques qui sont tant en Italie qu'en 
France^ Allemagne^ Hespagne et autres royaumes et pays (titre coiirant : Traiti 
des reliques); Geneve, 1563, in- 1 6, p. 39. Les variantes de Tidition de 15999 
rdimprim^e par les soins de E. Revilliod el E. Fick, ne concernent qut la poac- 
tuation (Commanication obligeante de M. H.-V. Aubert). 



OG 

Habuimus verum (quod dolenter refero), postea amisimus sanctis- 
simum ejusdem Domini Sudarium, candidissimum scilicet sindonem, 
in qua idem Dominus de cruce depositus in gremio pientissimae 
Matris suae reclinatus involutus fuisse dicitur ; quo quidem Sudario 
(ut testantur qui viderunt) totius corporis ipsius lineamenta omnia 
divinitus impressa adeo clare cernuntur, ut nemo ipsum intuitus 
non plurimum admiretur lacrymeturque ; quod post obitum nobilis 
memoriae domini Gauffridi, qudndam Charneii comitis ac Lireii 
domini, illustris fundatoria^ nostri, a quo tantum munus cum pleris- 
que aliis recepimus. Cum post regis Francorum Johannis captivi-' 
tatem turbata essent omnia, passimque ac diu per regnum grassa- 
rentur Angli, omnia incursionibus ac rapinis foedantes, 
decanus et canonici hujus ecclesiae, ne ab hoc inermi et immunito loco 
dominicum pra&dictum Sudarium vi inimica manus auferret, no* 
bili ac potentissimo domino, domino Humberto de Rupe et dominae 
Margaritas Charneii comitissae ac Lyreii dominae, ipsius Humbert! 
uxoris, filiae vero domini Gauffridi comitis, superioris Gauffiridi 
fundatoris nostri filii, tutius servandum, donee pacatura redirent 
tempora, commendarunt ac pra&dicto Humberto, pra&stito prius ab 
CO Sacramento de praedicto Sudario huic ecclesiae restituendo, nee 
non super hoc ipsius Humbert! chirographo confecto et eis tradito, 



IX irvDm critiquk sur lb suaim dk turin. 

confidenter dederant. At Humberto de humams sublato, Margarita, 
prsdactorum boaorum omnium hsres et domina, depoaitum hu)U8 
ecdeais dacano et canonicta reddere negavit et ad se pertinere, 
utpote domins Lyreii ac veiot inter prstiosam patris ac Humberti 
pnedicti conjugia soi aupellectilem repertum, perperam affirmavit. 
Verum post multoa ac vanos ad earn discuraua (nam in Burgundia 
morabatur) et diutumoa iitiam anfractua, quoa taediosum asset 
prsaeoti lectioni inserere, prsdictum Domini Sudarium duci Sabau- 
di» Ludovico perfida fcemina tradidit et, ut dicunt, vendidit, a quo 
in Camberiaco castro ducali sacello honorifice reconditum ac sedulo 
hactenus observatum, ab incolis visitatur et religiose colitur. 

Parisy BibUoth. Natioa.t CoUoctioa de ChtrnpAgae,. ▼. la, p. 68 (toitnre de la 
fin da XVI* oa da commeacemeot do XVII* titele). Aa-deooot du titre : « ISrty^ 
S*-8oain t, oa a rsyi : t Tirt do 4* reeoeil de M. de P. » 




Du meme Auteur 



HIBLHlTHeQr^E LITliHaiQUE 



-. Pjiri*, A. I*k«rd; Ly<>n» E» Vine, 1893, gmnd in-^ d' 
9 l»L efi pholoiypic* 

— II. IH?*»*« htuf^t^itt iradiiionnetU dt tEflUe ctfMo%»« m Otdd^nr ot 

fittlft Jm liiim»hi it iy ^fitiet» — Tourtiijf Denclof. Lvffbxrt et C . 
11*9^, in*S* ti« l4viii-a88 p., illuntr, . , , * . * . ^ 

— Ill, Rtptttorinm hymn^hf^icum. C^iihgut d$* ckantit hymttes^ f^roxe^, 1- 
fuenetit ir<fpti f/i u^agt tXimt VE^t%*§ iaitnt ^epuh iet originti fui^\i r.o 
/oiiff. — Louviirri, Lflttver, i89(o-)4, ttimc h% A-K (n" i-99|aj» gf. m-h- 
dc rttj*toi p ,,,.*.-,♦.,,. *9 f* 

— rV. Mftme ouvrage. — Ibi^i.* I*olktir»isci Ceuicnck, t89(4*)7^ tome II, L*/. 
(n" 990~aaiitj, gr, k*S* do 1 r-766 p» *.*..,, 2i (. 

-^ V* i'* Un ProsQlarium ecU^Ua* Amci^nct*. Office en ven d4 la CincHCt^ 
iion rfrftii (EgU&e du Puy* — Valcdcc, j. C^fts, 189^, iii-*f dc 6^ p. 2 f. 

iuivje dc dcjcumonu madiis et de I'Oflice du Si-Suaire, — Pani, A. Pt 
1900, m-8" d« 59-J* p* , ' . * . , 

i# diux Mniirti liiurgi^uti^ pubha^ d'tiprfc* IcB m«tiii§crits origiotym, 
PaHa, A. Pkard, ttg;, gr. irr-S** dc illij-^og p.^ i pL tn phoiolypk )n 

— VIL Sj4;r^meiiri«tre «i Marly tifiogi Jt i*abbay€ Jt Saini-Remy, M^rtyf 
Calmdrier, OrdinairM it Prm^iri di k mitrcpoU Ji RMtnts {Vflt-:.,., 
tiichsh pubh^s d/apri* lea maouserits de P*ifi«* Londrcs* Reims, ci Aatiac — 
Paris^ A, Picardi igootgf in-t^de Uxtj-^iS p., 10 planchca , . lO tq 

— VI 11. Ordinairts di rEglm cjlhidtsU d€ Bayeux (XIH* ^idde), pubtH 
d'aprfea tcs onginaajt du chapiire de Baycust (bqij* pFcsue). 

— IX, InitituiiQm Hturgifues d^ i'Egtise dt Marssitk {Xiit *rci./«:,> puf 
d'apris Ic manu&cril origmiiU sutviee de dottiments sur la lilurgie e: 
biblioLhitjucs Proven gales (sous pressc). 

— X. TropiiUi>*Ptosairt d£ tabtaye SniHt-Mdirim de MonUurml (dioUit d« 
M9iitauh^n)t piibtie d'aprta Ic manuscHt original et annoie par I'abb^ C l)«ii* 
(sous presse). 



V^LEMec, Imp. J. CfAK & Bla, 



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