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iiiiiniuii
60Û096064V
-^
ETUDE
SUR LA
PRONONCIATION
DE LÀ
LANGUE LATINE
AU SIÈCLK D'AUGUSTE, '
Pae a. RISPAL,
Ancien Élève de l'École Normale Supérieure : Agrégé de l'Université ;
Secrétaire-Général de la Société Havraise d'Études Diverses ; Membre
honoraire du Cercle pratique d'Horticulture ; Membre correspondant
de la Société d'Émulation de Moulins (Allier), etc., etc.
PARIS
DEZOBRY, F" TANDOU & C'*,
Libraires-fiditeun, Gonmisswiiuires, 78, roe des Ecolts.
1863.
^^/: ^ ^S-
J
Htvre — Iiup. Lopellelit-r, pi. Lonw-Pliilippe.
ÉTUDE
SUR LA
PRONoran M u Lim lm
il.u siècle d'il.ii§^ete9
CHAPITRE PREMIER.
PROLÉGOMÈNES.
Vouloir, d*après des tén^ignàges.^cnt^ et que n'anime
plus aucun souffle vivant, restituer ja. prononciation d'une
langue éteinte de[)uis des siècles, est évidemment une en-
treprise au-dessus des forces humaines.
Si récriture peignait rigoureusement la parole, si tout si-
gne graphique représentait une articulation ou un son inva-
riable, et, réciproquement, si tout son et toute articulation
de la bouche humaine n'avait qu'une seule expression écrite,
le problème serait peut-être moins difficile à résoudre.
Malheureusement il n'en est point ainsi ; les langues se-
- 4 -
mitiqueS) elles-mêmes, dont les consonnes ont tant de
fixité, n*ont pu complètement échapper à cette mobilité qui
esty après tout, le propre de la nature humaine. Le Kaleb
(chien) hébraïque devenu Kelb chez les arabes, se prononce
Tchelb à la côte d'Afrique ; et cependant l'orthographe n'a
pas varié. Ghebel (montagne) s'est transformé en Djebel qui
a donné naissance au mot Mœitc Gibellino sous lequel les
Siciliens,par souvenir des anciens maîtres du pays,désignent
le mont Etna.
Un semblable phénomène, mais sur une bien plus large
échelle, s'est produit dans nos langues modernes. Le carac-
tère C varie de prononciation selon les nations, les provinces
et même selon les mots.
Devant a, o, u, il a, presque partout, la valeur de K ou
de Q; devant e, i, les italiens le prononcent tch; les alle-
mands, les polonais, ts et les français, s.
Si, de nos jours, quelques langues , telles que l'Allemand,
l'Italien, l'Espagnol et le Russe, ont réussi à produire une
perfection relatiye, en sorte que les signes ne varient de pro-
nonciation que selon certaines règles fixes, en est-il de même
^hez les autres nations de l'Europe ?
Et, sans parler des trop nombreuses irrégularités ortho-
graphiques de notre français, nous voyons, à côté de nous,
une nation grande et intelligente, où ces irrégularités dépas-
sent tout ce que peut imaginer l'esprit le plus bizarre.
Il serait étonnant qu'il en fut autrement. Les lettres, on
le sait, sont d'antiques hiéroglyphes, qui ont fini par perdre
leur signification primitive pour devenir phonétiques. Elles
furent créées, non par la réflexion, mais avec une sorte de
spontanéité. D'abord elles présentaient à l'œil un dessin
grossier de l'objet qu'on voulait exprimer. Par quel procédé
ont-elles pu, du symbole des objets, passer au signe des sons?
C'est un point sur lequel l'histoire n'a rien appris.
— 5 —
Plus tard les peuples voisins, soit par le commerce, soit
par la conquête, ou mieux encore, par la religion, reçurent
des caractères créés par un peuple qui avait des habitudes
fort différentes d'intonation et d'articulation. Principalement
lorsque, environ huit siècles avant l*ère chrétienne, Finvasion
phénicienne, personnifiée sous le mythe de KADMUS, apporta
l'écriture aux Grecs, les lettres sémitiques purent difScile-
ment exprimer les sons de l'organe amn, auquel rien n'avait
pu d'abord les approprier.
Sans prolonger cette revue qui ne se rattache qu'indirec-
tement au sujet que je me propose d'eflDieurer, i^evenons à la
langue latine.
Chaque peuple moderne, possédant des habitudes diffé-
rentes d'orthographe , prononce à sa façon les langues
mortes. Déjà les Italiens, les Espagnols, les Français et les
Allemands ont quelque difficulté à se comprendre, quand ils
emploient la langue de Cicéron. Mais l'intelligence mutuelle
devient radicalement impossible, quand on l'entend pronon-
cer par un Anglais. Il semble que ce peuple défigure à
plaisir l'un des plus harmonieux langages qu'ait parlés l'hu-
manité. Par exemple , il détruit parfois la prosodie en
faisant d'une voyelle, brève chez les Latins, une diphthongue
qui chez eux était très longue. Pourquoi i résonne-t-il aë dans
une bouche anglaise ?
Je m'arrête, car je ne veux ici faire le procès à aucun
peuple. Mon but unique est d'essayer de retrouver quelques-
uns des sons perdus de cette belle langue latine qui a bercé
notre enfance et qui console notre âge mûr dans les décep-
tions de la vie
Je veux chercher dans les travaux des anciens eux-mêmes,
dans les règles bien connues de la prosodie, enfin dans
l'onomatopée, les quelques vestiges épars qui peuvent nous
donner une faible idée de ce langage si riche, si sonore et si
admirable dans sa phrase synthétique et concrète.
CHAPITRE II.
DE l'accent tonique EN LATIN.
Le point le plus essentiel du langage parlé, l'âme, pour
ainsi dire, du discours, ce qui lui donne une harmonie
saisissante, un sens expressif et vivant, c'est l'accent to-
nique.
Cet accent était riche et varié dans labelle langue d'Ho-
mère; il faisait hausser ou baisser, musicalement, la voix
d'une tierce ou d'une quinle ; il produisait à l'oreille, cette
divine mélodie qui fait dire 'h Horace :
Grsecis dédit ore rotundo
Musa loqui.
Il n'est plus le même dans la langue de Virgile. Le grec
moderne est, sous ce rapport et sous bien d'autres, fort infé-
rieur au grec ancien. Nous retrouvons cet accent, semblable
k celui du latin, dans presque toutes les langues néo-latines ;
plus nuancé dans les dialectes méridionaux, plus faible en
français, où, pour jouer un rôle moins important, il n'en
tient pas moins une place nécessaire.
L'accent tonique a pour effet d'élever la voix sur certaines
syllabes, tandis que sur d'autres on l'abaisse ; c'est ce que
les Grecs et, à leur imitation, les Latins appelaient : thesis et
arsis,
Quando dicimus natu^ elevatur vox et est arsis in tu ; quando vero ra^
depremitur vox et est thesis.
Cette phrase de Priscien nous apprend qu'il faudrait dire
natûra où plutôt natoûra et non point naturâ, selon la déplo-
rable habitude des Français.
- 7 -
Mon projet n'est point ici de faire un traité sur Taccent
tonique en latin ; il a déjà été fait par le savant Quicherat (à
ta suite de son remarquable traité de versification latine,
onzième édition, 4847) et je m'étonne seulement de le voir
si peu connu, si peu suivi.
Je ne veux que protester un instant contre nos usages si
funestes à Tharmonie d'une belle langue et à Fétude philolo-
gique des dérivations.
Nos écoles, sur ce point, sont restées fort en arrière des
écoles étrangères. Les Anglais, bien qu'ils défigurent d'une
façon barbare la prononciation des lettres, du moins accen-
tuent bien ; et cela leur est facile, car leurs livres élémentaires
indiquent par un signe écrit, la position de l'accent tonique.
Au lieu de cette mode absurde et ridicule, usitée chez
nous, de désigner les adverbes et les ablatifs par des accents
qui ne servent à rien qu'à induire en erreur sur la vraie pro-
nonciation, ne serait-il pas mille fois préférable de ne rien
mettre, ou mieux encore, de placer sur les voyelles, le véri-
table accent tonique et d'exercer les commençants à élever la
voix sur la syllabe accentuée?
Les bienfaits de celte ^méthode ne tarderaient pas, d'ail-
leurs, à se faire sentir, L'étymologie se découvrirait plus
facilement, nous connaîtrions mieux les origines de notre
langue que les élèves de nos lycées ignorent, en général, si
profondément.
Est-ce donc en vain que M. Egger, obéissant aux sages
prescriptions des nouveaux programmes, a rédigé un livre
savant et simple, sous le titre de : Notions élémentaires de
grammaire comparée, pour sertir à l'étude des trois langues
classiques ?
Est-ce en vain qu'il y a démontré que le peuple, se confor-
mant naturellement aux sons qu'il entendait et ne savait
— 8 —
écrire ni lire, a reproduit fidèlement l'accent tonique dans
les mots anciens de Tusage vulgaire ; tandis que les mots
d'origine moderne, venus par le canal des poètes et des
savants qui ignoraient, presque toujours, les règles de l'ac-
cent, ont perdu toute similitude de prononciation, tout en
gardant une ressemblance apparente dans les caractères
écrits.
« Remarquons^ à ce sujet, que, dans raltération séculaire des
mots, la syllabe accentuée est toujours celle qui résiste le plus ; les
autres, précisément parce que la prononciation en est moins forte,
tendent à s'affaiblir encore ou même à disparaître : or, Taceent latin,
ne portant pas d'ordinaire sur les dernières syllabes, elles étaient
plus exposées à cet affaiblissement. De là dans les langues dérivées
du latin, tant de voyelles sourdes à la lin des mots, comme Yo dans
cammino (qui même devient eàmmin) en italien et Ye muet, en fran-
çais ; de là aussi, la disparition de tant de finales, qui semblent
absorbées par la force prédominante de la syllabe accentuée : città
en italien et ciudad, en espagnol, pour civitdtem ; péril, en français
pour periculum, etc .»
(ËGGER, Notions de Grammaire comparée. Gh. U, page 4 3).
Les peuples qui nous ont précédés sur le sol Gaulois,
soumis à la domination romaine, forcés par les vainqueurs
de parler une langue étrangère et barbare (^) à leurs oreilles,
n'entendaient bien nettement que la syllabe où s'appuyait la
voix et ne reproduisaient guères que celle-là.
Aussi les terminaisons ont-elles été fort abrégées, quand
elles n'ont pas disparu totalement.
Môbilis
est devenu :
meuble
. Pâpulus
—
—
peuple
Fabula
—
—
fable
Lâbrum
—
—
lèvre
Léporis
—
—
lièvre
Cumulus
—
"~"
comle
{}) Barharu^ bis ego sum quia non intelligor illis. (Ovid. de Ponto.)
- 9 —
et par suite de Tattraction des lettres, si nécessaire dans les
langues Indo-Ëuropéennes : comble.
Le nom propre :
Sdnctiis
Mâximm,
a fourni d*abord:
Sainct
Maixme,
puis, plus tard :
Saint
Même.
Avec cette restitution de Taccent, les mots latins conser-
veraient un rapport plus naturel avec les mots français qui
en sont dérivés.
Rasa et rose ont plus de ressemblance que rosâ et rose.
Vînum est presque le français vin, beaucoup plutôt que
vinum prononcé par nous : vinômme.
Ainsi rintroduclion de ce genre d'intonation serait d'un
grand avantage pour saisir les analogies des deux langues,
dissimulées parfois sous un luxe de lettres parasites.
Peut-être pourrait-on objecter à cette méthode l'habitude,
la routine acquise, et Tétrangeté qu'elle offrirait d'abord.
Mais cette étrangeté n'est qu'illusoire. Le chant de nos églises
a consacré précisément cette intonation.
On rirait, si le prêtre, au lieu de :
DôminiLS vobîscum
prononçait, ainsi que nous : Dominés f)obiscûm. L'ablatif de
ce mot. Domino, nous le prononçons comme le jeu de dominos,
bien qu'il n'y ait aucune analogie dans la signification des
deux vocables.
Et cependant, l'accent y est si puissant, que, dans un de
nos chants d'églises, il a fait disparaître Yi :
jûbe benedicere, Damne pour Domine.
De là est venu le titre de Dom accordé aux moines, et le
Don espagnol, et le Donna italien, et le Dame français.
- 40 -
Les nouveaux livres d*église, imprimés conformément au
rituel romain, portent ces accents marqués, presque partout,
à leur place réelle. Il n*y a donc aucune impossibilité à intro-
duire cette notation dans nos éditions classiques et Thabi-
tude, qui devient bientôt une seconde nature, se généralise-
rait en peu d'années.
La connaissance de la quantité et des règles de la prosodie
gagnerait beaucoup à cette mesure.
Tout mot de deux syllabes, dit Quicherat, porle l'accent sur
Vavant'dernière,
Si toutes deux sont brèves, cet accent est aigu) si la der-
nière est brève et Favant-dernière longue , cet accent est
circonflexe.
exemple :
Nominatif :
terra
rasa
Ablatif:
terra
rasa
Si le mot contient plus de deux syllabes, Taccent reste sur
la pénultième quand elle est longue et il remonte sur Vanté-
pénultième, quand la pénultième est brève.
Exemples :
âmbitus
intrigue,
ambîtus
entouré.
éducat
il élève.
edûcat
qu'il emmène.
Que de temps épargné aux jeunes élèves et qu'ils perdent
à feuilleter les gradus !
Que d'équivoques même et de contre-sens évités !
ôccidit
il tombe
occîdit
il tue.
mdlus
méchant
mâlus
mât ou pommier.
âcer
érable
âcer
acre.
frétum
détroit
frêtum
(neutre de frBtus)
palus
marais
palus
pieu,
et une foule d'autres qu'il serait trop long de citer.
— 11 -
Dans des cas extrêmement nombreux, il serait facile de
distinguer des temps de verbes confondus par l'orthographe :
vénit il vient vênit il vint,
légit il lit lêgit il a lu, etc.
Je ne pousserai pas plus loin ces citations, déjà trop mul-
tipliées peut-être. Elles sont d'ailleurs connues, répétées par-
tout, et il semble qu'on les ignore ou qu'on ne daigne pas en
tenir compte.
Cependant les avantages de cette réforme, que nous appe-
lons de tous nos vœux, sont immenses. Outre ceux que nous
venons d'énumérer, nous pouvons en signaler encore
d'autres. La langue française n'est pas la seule qui ait con-
servé l'accent des Latins. L'italien, l'espagnol, en général
tous nos patois méridionaux, débris de l'ancienne langue des
troubadours, ont conservé cette harmonie et n'en sont que
plus faciles à comprendre pour celui qui connaît l'accent des
Latins.
facile vient de fâcilis
mobile — môbilis
fiûme — flûmen
Dire contracté de dicere, antique mot italien, identique au
latin.
Almay chez les poètes, venu du latin dnima que l'on trouve
encore dans là prose ; l'absorption de l'i, a produit, par
euphonie, la transformation de la nasale n en dentale L Ainsi
au lieu de (kima trop dur pour l'organe délicat du Toscan, on
a dit : âlma»
Ce mot, beaucoup plus harmonieux, se retrouve également
dans la prose espagnole.
Cette dernière langue, plus énergique que l'italien, a perdu
— 12 —
des voyelles et gardé des consonnes. Du latin amâbilù, elle
tire amâble semblable au français aimable.
Du verbe latin fabulâri elle a pris hablâr que nous avons
transporté chez nous avec un sens ironique sous la forme
de hâbleur.
Il serait facile de multiplier les exemples ; mais je ne veux
point abuser. Je me résume donc en disant que la restitu-
tion des accents dans nos livres élémentaires et l'établisse-
ment d'une intonation conforme n'offriraient presque pas de
difiScultés. D'ailleurs les avantages qui doivent découler de
cette mesure sont tellement nombreux et tellement évidents
qu'ils compensent largement les obstacles. .
Ainsi nos enfants apprendraient mieux la langue des Latins,
source de jouissances pour le reste de la vie, mère, ou mieux
sœur aînée de toutes les langues de la moderne Europe
(excepté toutefois Vidiôme basque) ; ils feraient moins
d'erreurs, connaîtraient mieux les origines de leur langue
maternelle, et parviendraient plus vile à bien prononcer les
langues étrangères qui jouent aujourd'hui un si grand rôle
dans toutes nos relations commerciales, littéraires et scien-
tifiques.
CHAPITRE III.
DES LETTRES LATINES, EN GÉNÉRAL.
Avant de rechercher la prononciation des divers caractères
dont se servaient les Romains pour représenter les sons de
leur langue, il ne serait pas inutile de "chercher quelles
furent les origines de la langue latine et à quelle époque
s'introduisit l'écriture en Italie.
Les origines du peuple latin, malgré les fables deTite-Live
et des poètes, sont assez peu connues. Que quelques colonies
— 13 —
•
grecques ou troyennes aient abordé aux rives du Latium,
le fait n*a rien d'improbable. D'ailleurs, comme les Grecs et
les Romains, lesTroyens appartenaient à la grande race indo-
européenne. Outre les preuves déjà données par les divers
auteurs, nous pouvons apporter celle-ci. Le mot nepydciiov, qui
désignait la citadelle de Troie, n'a rien de sémitique. 11 se^
rattache à la racine arienne Berg qu'on retrouve en Allemand
avec le sens de montagne ; Burg^ en la même langue, désigne
un château-fort placé sur le sommet d'une montagne, ainsi
que le grec iwpYoç.
Les recherches de la linguistique ont éclairé d'un jour tout
nouveau les ténèbres qui environnaient le berceau de ce
peuple, destiné à devenir un jour si grand. Les travaux des
Klaproth, des Mérian, des Ëichhoff et surtout de Bopp, ont
restitué à la race latine son origine commune avec celle de la
grande race, improprement appelée caucasienne, et que la
philologie désigne aujourd'hui sous le nom d'indo-euro-
péenne.
La forme générale des traits, la conformation du corps,
en un mot tous les caractères physiologiques attestent leur
parenté avec les autres races qui, à diverses époques, sorti-
rent des déserts de l'Asie ; de cette mystérieuse Arie, ombilic
du monde^ selon les Orientaux, située dans la grande Mésopo-
tamie qui s'étend entre le laxarte et l'Oxus, sur le plateau de
Pamir, auprès des monts Bolor.
Or les études philologiques, dans de savants travaux,
couronnés par toutes les Académies de l'Europe, ont dé-
montré l'unité de cette langue qui, conservée sous son plus
harmonieux modèle dans les livres sacrés de l'Inde Brahma-
nique, a, sous mille formes diverses, transporté sa grammaire
et ses racines dans les parties les plus reculées du monde
civilisé.
Le remarquable ouvrage de M. Am. Thierry, les travaux
de M. Henri Martin ont prouvé que l'antique race des Gaulois
- u —
f
ou Keltes a peuplé Tltalie longtemps avant que Rome eûl un
nom. Les recherches de Legonidec, de Pictet, et de tant
d'autres, ont montré les affinités du latin avec les idiomes
celtiques.
Le latin lui-même se rapproche beaucoup, et pour la
grammaire et pour les racines, de l'ancien Parsi ; de cette
branche des langues ariennes connue sous le nom d'ira-
nienne et dont la forme la plus antique et la plus pure se
retrouve dans le Zend-Avesta, œuvre de V apocryphe Zorodstre,
si bien interprétée par les modernes exégètes. Les restes de
cet idiome, peu altérés encore, se retrouvent dans le Sc/ia/i-
Nameh (Livre des Rois) de Firdomsiy avant que cette belle
langue eut été corrompue par l'indigeste mélange du turk
et de l'arabe ; en sorte que le dialecte moderne, sous une
grammaire indo-européenne, enferme des vocables d'origine
tartare et de source sémitique.
Quoiqu'il en soit, .la langue latine est bien une sœur de
l'antique persan ; du reste, toul prouve que les migrations
pélasgiennes ont dû se faire par le Caucase à des époques
qui se perdent dans la nuit des temps. Le latin, sous sa
forme antique, ne présente aucune trace d'hellénisme ou de
sémitisme ; c'est seulement alors que la littérature ou la
conquête eut amené les Romains à Athènes pour y étudier
les lois du goût et de l'harmonie ; alors seulement que la
langue latine prit cette forme souple et expressive qui brille
avec tant d'éclat dans Virgile, mais qui, dans Horace, pré-
sente déjà le caractère d'un idiome surchargé d'héllénismes.
Nous ne saurions pousser plus loin ces considérations,mal*
gré leur importance et leur grandeurrla science des origines est
encore entourée de trop d'obscurités pour que nous puis-
sions y asseoir des conjectures solides ; nous conclurons de
tout cela, que le latin est un mélange des anciens idiomes du
pays latin, dont le principe était le gaulois, mêlé à des
patois d'origine iranienne et ayant reçu quelques légères
influences du dialecte dorien parlé dans la Sicile.
- 15 -
En conséquence, dans les cas embarrassants, nous ne
pourrons que nous référer aux lois générales d'euphonie qui
régissent toute la famille et qui nous suggéreront quelques
inductions là où les preuves positives feront défaut.
Un plus puissant secours, malheureusement trop rare,
nous sera fourni par Tonomatopée.
Enfin les règles de la quantité, soumises chez les Latins à
une prosodie si régulière, nous donneront des rensei-
gnements utiles.
Quand aucun fil ne nous guidera, nous reconnaîtrons notre
impuissance et laisserons pendants des problèmes qui exi-
gent de nouvelles connaissances pour être résolus ; si toute-
fois il est possible aux modernes d'arriver jamais à une
certitude mathématique dans un sujet aussi délicat.
CHAPITRE IV.
DES VOYELLES.
Les signes usités en latin sous le nom de voyelles sont au
nombre de huit :
a, e, i, 0, u, y, œ, œ.
Les deux dernières sont improprement appelées diphthon-
gues. Nous exposerons plus loin la raison qui nous les fait
ranger parmi les voyelles simples.
1 . A. — La première de toutes, a, nous semble avoir eu
le même son que chez les Français. Nous la retrouvons em-
ployée dans tous les mots destinés à représenter un son
éclatant. Le fameux taratantara (') , par lequel Ennius
(^) At luba terribili sonitu taratantara dizit.
- 16 —
exprime le son de la trompette, nous paraît une des preuves
les plus convaincantes de ce que nous avançons.
D'ailleurs a est un des sons les mieux caractérisés de For-*
gane arien. Dans l'écriture déwanagari, chaque lettre porte
implicitement en elle le son de a. Pour donner à la consonne
un son pur, destitué de toute voyelle, il faut placer au-dessous,
un petit signe convenu, assez semblable à notre chiffre 7
penché vers la gauche.
Cette règle se retrouve dans plusieurs alphabets copiés sur
le sanskrit.
Nous ajouterons que toutes les nations de l'Europe
momsrne ont gardé cette lettre avec cette prononciation pure,
sauf toutefois la langue anglaise ou les sons représentés
par un même signe graphique varient d'une façon tout-à-fait
anormale.
Nous ne pouvons cependant affirmer que cet a> quel-
que peu altéré par l'organe populaire, n'ait eu parfois,
dans l'antique Latium même, des sons assez variables, mais
toutefois peu écartés du son pur de cette voyelle si naturel-
lement émise par l'expiration de l'air contenu dans la poi-
trine humaine et qui a donné aux Indiens le monosyllabe an,
dans le sens de respirer ; d'où les Grecs ont tiré leur avéjjLoç et
les Latins anima ou animus et, par combinaison, an-helare,
an-helUm.
2. B . — La voyelle e nous présente plus de difficultés. La
prononçait-on comme notre e ou comme notre i ? Avait-elle
un son intermédiaire analogue à Yi des Anglais ?
L'orthographe variable des mots latins , aux diverses
époques, nous laisse dans le doute. Les éditions de Salluste,
qui affectait la forme archaïque, portent is pour es dans les
cas pluriels en es de la 3« déclinaison. Sa conjuration du
Catilina commence par omnts et même omneis au lieu du
pluriel normal omnes*
- n —
L'inscription de la colonne rostrale, qui rappelle la vic-
toire du consul G. Duilius sur les Carthaginois, et que Ton
fait remonter à Fan 493 de la fondation de Rome (260 ans
avant J.-C.) écrit toujours par eis les pluriels qui, plus
tard, se terminèrent en es. Très souvent, même en d'autres
cas, elle remplace i par e; ainsi : obsedeone pour obsidione,
exemet pour exemit, cepet pour cepit, etc.
Si nous consultons les transcriptions syriaques, nous y
trouverons que Ye latin est rendu par Yi ; ainsi le nom pro-
pre Clemens y devient Klimis ; Félix se transforme en Filix,
Cornélius en Kornilios, etc.
Mais cette métamorphose ne prouve rien. Car, selon la
judicieuse remarque de M. Renan, ces mots ont passé dans
le syriaque par la voie du grec où ils étaient représentés
par KX7i(iîiç, *îiXiÇ et KopviQXtoç ; et Ton sait que la prononciation
orientale du grec était entachée du défaut appelé iotacisme
et qui a fini par prévaloir dans le grec moderne ; au point
que l'orthographe y est devenue fort incohérente ; i» v, t], ei, oi,
s'y prononcent tous les cinq avec le môme son, celui de Yi
français.
Toutefois il ne faut point oublier qu'Athènes ne fut jamais
entachée de ce défaut bizarre, car Aristophane y représente
le cri du mouton par ^•
Ce qui tendrait encore à nous faire supposer, avec quel-
qu'apparence de raison, que la prononciation iotaciste avait
peu de crédit à Rome, c'est que l'orthographe de is pour es
ne se rencontre que dans Salluste, et que Varron, pour ex-
primer le cri de la brebis, se sert du verbe belare, dont le
son n'est qu'une véritable onomatopée tout-à-fait identique
à celle du verbe français bêler.
Nous ajouterons, pour conclure, qu'en se rapprochant du
siècle d'Auguste, la consonnance de e dut se faire de plus en
plus différente de celle de * ; car la preuve, selon nous, est
- 18 -
dans les futurs de la 3* conjugaison qui, autrement, se
seraient confondus avec les présents. Il fallait distinguer
legit de legety dicit de dicet, etc. Enfin les ablatifs de la troi-
sième déclinaison, terminés parfois arbitrairement en i ou
en e, présentent cette différence que le i est long tandis que
le e est bref; exemple : ave, avi, etc.
3. I. — Le son de la voyelle i ne nous semble pouvoir
soulever aucune discussion. Le verbe pipilare (^), employé par
Catulle pour exprimer le cri du moineau, est assez imitatif
pour dispenser de tout autre examen. Nous y pouvons encore
ajouter le mot tintinnabulum, clochette, dont le son onoma-
topique a même origine que le verbe français tinter,
4. 0. — La lettre o ne nous arrêtera pas non plus long-
temps. Gomme a c'est un des sons les plus éclatants de
Torgane arien.
Il est vrai que sa présence sur la colonne rostrale, dans
l'inscription rappelée plus haut, pour remplacer le u des
accusatifs en um pourrait faire penser qu'elle avait le son
de Yu latin ; cette lettre s'y trouve aussi dans le mot hovehos
pour bovibusy macestratod pour maglstratu^ etc. Toutefois
nous pensons que om et um se prononçaient exactement
comme le on français, et nous espérons l'établir plus loin.
Quant aux autres mots, comme le u n'y était pas dans la
syllabe accentuée, le son en devait être tellement sourd que
la différence entre o et ou était certainement peu sensible.
Nous voyons la même confusion se faire chez les Grecs,
quand certains dialectes prononçaient Xvxcoi; pour Xuxovi;. De
mêmes confusions ont lieu chez nous dans la bouche du
peuple qui dit souvent bounne pour bonnes etc. Mais, Irès^
(*) Ad solam doroinam usque pipilahat. (Luctus in morte passerisr
Carmen HL)
— 19 —
certainement, dans la bonne société le son devait être celui
d'un très pur et très ouvert.
Festus exprime le cri de la grenouille par coax^ et Suétone
présente le verbe coaxare pour coasser, Groâre, dana Plante
et dans Apulée, exprime le cri du corbeau, que nous rendons
par le verbe croasser, enfin dans Pétrone, on rencontre
cocococo pour représenter le cri de la poule.
5. Y et U. — Nous avens réuni ces deux lettres, et parce
qu'elles présentent quelques difficultés à résoudre, et parce
que souvent les auteurs les ont confondues. Au temps
d'Ennius on les écrit Tune pour Tautre, ou, plus exactement,
le caractère y n'existe pas, et partout on trouve u. Gicéron,
dans son De Oratore, indique qu'Ennius écrivait Fruges pour
Phryges, Burrhus pour Pyrrhus; plus tard, Salluste, le
célèbre amateur des archaïsmes, met SuUa pour Sylla; il va
même jusqu'à écrire maxumus, minumus, pulcherrumus, etc.
La réponse à ces difficultés nous semble très heureuse-
ment donnée par M. E. Renan , dans son remarquable
opuscule que nous avons mis à profit tant de fois, et qui a
pour titre : Eclaircissements tirés des langues sémitiques swr
quelques points de la prononciation grecque, « Denys d'Hali-
carnasse,» — dit-il dans une note de la page 20, — « distingue
r^ fort précisément le son de v du son de i, et ce qu'il dit
» de la première de ces voyelles se rapporte fort bien au
» son u,
> nepl avcà Ta xei\v\ dUffToXYiç yivo|i.6vyi<; àÇioXéyov itvCyerat, xaî orevàç
Les lèvres se contractent d'une façon remarquable, et il en
tombe un son grêle.
Il résulte de cela que les Orientaux, incapables de repro-
duire le son de Vu français qui n'existe pas dans leur langue,
le remplaçaient par i qui a quelque analogie avec lui, ainsi
— 20 -
que le témoigne la prononciation moderne de beaucoup
d'Allemands. La lettre û qui doit sonner comme notre u, et
qui sonne ainsi dans le pur saxon, est prononcée i par un
grand nombre des habitants de cette vaste contrée.
Les Latins, avant d'avoir suffisamment fréquenté les Grecs,
remplaçaient le « de ces peuples par leur u et, tout naturel-
lement, le prononçaient ou, à la mode de leur pays ; mais,
plus lard, quand leurs poètes et leurs savants allèrent étudier
aux écoles d'Athènes, ils rapportèient à Rome un caractère
nouveau Y, et lui conservèrent la prononciation athénienne
semblable à celle de notre u français.
Toutefois il est à présumer que le peuple continua de
prononcer ou, peut-être i, confondant parfois les deux sons
dans le même mot, et disant ou SouUa ou Silla pour essayer
de mieux reproduire le son que son oreille avait entendu.
Relativement à Vu latin, il sonnait certainement ou; le mot
cuculm est trop imitatif pour qu'on puisse l'avoir prononcé
autrement que coucoulous en trois brèves et en élevant for-
tement la voix sur la première syllabe. C'est ainsi qu'en
français, nous désignons le même oiseau par son cri :
coucou.
Plutarque transcrit, presque toujours, le u long des noms
propres, par ou ; ainsi il dit : BpoûTO(;jovXia.louvto(;, pour Brutus,
Julia et Junius. Souvent il supprime le u bref, que sa langue
ne pouvait reproduire avec exactitude, puisque en grec, le
son ou formé de deux caractères est nécessairement long
d'après les règles de la prosodie. Ainsi, il représente Lentulus
par AévTXo;, Catulus par KoctXo;. Pour un seul nom il remplace
le u long des Latins par eu ; il écrit AeuxouXXoi; au lieu de Lucul-
lus. Cette orthographe vient-elle d'une erreur de copiste ou
est-elle due à une prétendue élymologie qui eut fait remonter
ce mot à la racine Xeuxo?^ nous l'ignorons.
6. iE, Œ. — Les deux derniers caractères qu'il nous reste
- 21 -
i\ examiner, œ, œ, ne sont pas d'origine latine. Ils ont été
créés pour reproduire le ai pu le oi des Grecs. Aussi leur pro-
nonciation doit-elle peu diflférer de celle qui était usitée en
Grèce. On sait que «i se prononçait alors, comme encore
aujourd'hui, avec le son de Vai français, dans le prétérit de
nos verbes : j'aimai, je chantai. Nous en avons pour preuve
un jeu de mots de Plutarque qui raconte de l'un de ses héros
qu'il appelait ses compagnons des autres lui-même, étepouç
âxmsp ^Tttipéuç IxaXeiTO.
Au reste, cette façon de prononcer est déjà fort ancienne.
On la trouve dans les Védas; la règle du Sanskrit, par laquelle
la voyelle a, en s'adjoignant un i, prend le son ê, s'appelle
gouna. Cette contraction sert même à fondre en un seul
deux mots différents ; par exemple, abhibhdshya idam, en
disant cela, devient ahhibkdshyêdam.
La prononciation de l'oi des Grecs a été fort inexactement
représentée par les diverses langues qui ont cherché à la
reproduire ; tantôt il est remplacé par i, tantôt par o et en-
fin par ou. Les anciens latins employaient parfois œ comme
équivalent de ot ou de u des Grecs. Dans les chants saliens
on trouve lœber pour liber ; pœnire, analogue de pœna, pour
punirese rencontre dans Plante. Cicéron, dans son delegibus,
a recueilli de nombreux exemples de cet archaïsme : anus
pour unus; œsus pour usus; cœrare pour curare, etc. Cette
incertitude et cette variété dans les interprétations prouvent
bien que ce son était particulier aux Grecs et n'existait pas
chez les peuples voisins. Les auteurs même, indiquent que
ce son différait peu de celui de l'upsilonn. Nous sommes donc
conduits, avec le savant auteur, M. Renan, à penser que ce
son était l'analogue de Vô des Allemands ou de eu français.
Les deux derniers sons, qualifiés improprement de diph-
thongues, sont donc des voyelles simples représentées par
deux caractères unis dans l'écriture latine ou française, mais
séparés en allemand où l'on écrit, arbitrairement, ae ou à ; oe
ou e, bien qu'on prononce toujours é et eu.
— 22 —
7. AU, EU. — 11 nous reste à parler de deux diphthongues
réelles, au, eu qui, très certainement, dans la plupart des
cas, se prononçaient aoii^ eou, ainsi que, encore aujourd'hui,
elles sonnent dans beaucoup de langues modernes.
Toutefois, il faut remarquer que au prenait parfois le son
de notre ô français ; Tonhographe du nom de Claudius qu'on
trouvQ souvent écrit Glodius, et beaucoup d'autres cas ana-
logues tendent à le prouver. Parfois même il sonne ou, le
mot cludere pour claudere et ses composés recludere, includere,
concludere, l'annoncent assez clairement.
Dans beaucoup de cas, comme encore aujourd'hui chez
les Grecs modernes et les Italiens, il sonnait av. On connaît
la célèbre équivoque à laquelle donna lieu le cri du marchand
de figues de Gauneutn, à l'époque de la funeste expédition
où Crassus devait perdre la vie. Cauneas, figues de Caunewm,
cri du marchand, fut interprété par Cat'n'eas, prends garde
d'aller ; on en tira, après l'événement toutefois, une indica-
tion de présage funeste. Cette anecdote nous autorise à
penser que la prononciation des deux vocables était presque
identique et que le cri du marchand devait sonner : Cauneas
ou cafneas.
Du reste, on trouve partout cet échange de au pour av et
réciproquement :
Cavere donne cautu>s,
Lavare — lautus et lotits.
Le français dit : Saurai pour yavrai, du verbe avoir; je
sau/rai pour jesaurat du verbe savoir ; etc.
Relativement à la diphthongue eu, une semblable discus-
sion établirait qu'elle sonnait tantôt eou, ev ou ef, selon la
lettre suivante; parfois même ou par contraction, comme
Proteus, Orpheus prononcés dans Virgile et dans Ovide Protous,
Orphous, de manière à transformer le dactyle en spondée.
Le mot evangelium pour euangelium, les noms propres
Evergetes, Evhemerus, sont la preuve de cette variété de
prononciation qui se retrouve d'une façon si complète dans
le grec moderne qui dit : efsëvis pour eOffe&^ç, efcarpos pour
svxapiro;, CtC.
8. AM, EM, IM, UM. — Pour terminer cette longue
discussion il nous reste à parler des quatre voyelles nasales
am, enij im et um.
Nous appelons voyelles ces quatre signes composés, car
évidemment ce n'étaient que des voyelles, puisque devant un
mot commençant par une voyelle ou un h ils disparaissaient
de la façon la plus complète.
IW etiam pour illum etiam.
Les accusatifs de la troisième déclinaison sont parfois in-
différemment terminés en im ou en em.
On dit : naf>em ou nammy
turrem ou turrim.
Ce qui nous induit à penser que la vraie prononciation,
identique dans les deux orthographes, était :
Nâvin et toûrin^
lout-k-fait à la manière française.
De même um et om, se substituant Tun à Tautre dans la
vieille orthographe, ne peuvent indiquer qu'une grande
ressemblance de son oun et on qui se confondaient à peu
près dans la bouche du peuple. Le son on, plus doux, moins
sourd, aura dû survivre, et plus tard on a dit dominon ce
que nous prononçons dominomme.
Par la même analogie am se sera prononcé comme le an
des Français,
D'ailleurs ce son n'est pas étranger à la langue celtique,
- 24 —
une des mères du latin, on le retrouve dans le gaulois
moderne, ou bas-breton qui l'a donné aux Français et aux
Portugais, colonie où domine l'antique langue des Gaëls,
ainsi que l'indique le nom du pays Porto-Gallo, port Gaulois,
et le voisinage de la Galice et les souvenirs des Celtibères,
peuples mêlés de Keltes et d'Ibériens.
Enfin le Sanskrit lui-môme, qui offre tant d'affinités avec
le latin, possède ces nasales dans un cas analogue à l'accu-
satif des Latins :
Civas heureux, Civan ;
Kaois, le poète, Kavin ;
Pitâ, le père, Pitaran ;
Ndus, le navire, Nâvan ;
Saptan sept, en latin : septem qu'on prononçait sêptin.
Ainsi donc :
am = an français
em = im = in id.
um = om = on id.
Comme résumé nous pouvons affirmer que la lettre a avait
le même son qu'en français ; il en était de même de i,
presque toujours de e et de o.
Vu sonnait toujours ou, le^ comme Vu français, du moins
dans la bouche des gens instruits.
Le œ se prononçait exactement comme en français; œ
sonnait eu comme en français dans œil, cœur, etc.
Les diphthongues au, eu, se prononçaient conformément
aux lois de l'euphonie, tantôt en faisant sonner la seconde
lettre comme ou, tantôt comme v ou /*, selon les circonstances.
Enfin les voyelles suivies de m, à la fin des mots, prenaient
un son nasal semblable k celui que produit n en français,
dans les mêmes circonstances.
- 25 -
TABLEAU DE LA PRONONCIATION DES VOYELLES LATINES.
A comme en français certain.
E
presque toujours
•id.
I
toujours
>
id.
id.
id.
u
comme
ou
id.
Y
id.
u
français
très présumable
M
id.
é
id.
certain.
Œ
id.
m
id.
très probable.
AM
id.
an
id.
id.
EM = IM
id.
in
id.
id.
UM
id.
on
id.
id.
ENFIN LES DIPHTHONGUES I
AU aou, av, af, et même ô.
EU eou, et), ef, et môme où.
CHAPITRE V.
DES CONSONNES.
De toutes les races humaines, celle à laquelle nous appar-
tenons, la famille indo-européenne est celle qui possède
le plus riche assortiment d'articulations. L'antique Dewana-
gari en contient trente-trois. D'autres familles voisines sont
bien moins partagées à cet égard. Les Gliinois ne connais-
sent point les lettres b, d, r. Les Arabes ignorent lep; ils
n'ont que l'aspirée f de cette lettre. Parmi les peuples sortis
de cette mystérieuse Arie, à des époques anté-historiques et
dont le souvenir s'est perdu, on voit se faire un partage
d'articulations. Les Grecs n'ont pas conservé, même de nos
jours, le b et le d. Lorsqu'ils veulent représenter ces deux
consonnes, pour traduire en leur langue un mot étranger,
ils se servent des signes composés : jwr = &, vt = d ; par
exemple le mot français bouteille devient chez eux botilia et
s'écrit jÂioTiXia.
— 26 —
Lorsqu'au ix® siècle, Cyrille (Constantin) et son frère
Méthode donnèrent aux Russes une religion et un alp])abet
tiré principalement du grec et des langues orientales, ils con-
servèrent au B le 'son V usité chez les Grecs ; pour repré-
senter le B que possédaient les Russes, ils durent créer un
nouveau caractère ; ce fut ce même B privé du demi-cercle
supérieur.
De même les Italiens, les Espagnols, les Allemands n'ont
pas notre; français, pas plus que nous ne possédons le ch des
Allemands, la jota des Espagnols ou le X des Grecs, trois sons
identiques, figurés de diverses façons.
Une autre difficulté est causée par la haute antiquité des
migrations. II est certain que ces diverses nations se sont
séparées de la souche primitive bien longtemps avant que-
récriture fut inventée. L'origine de l'écriture est connue chez
tous les peuples modernes. On sail que les Grecs anciens,
environ huit siècles avant l'ère chrétienne, la reçurent des
Phéniciens ou du moins des peuples sémitiques, situés à
l'orient de leur pays. Le mythe de Kadmus suffirait à le
prouver, quand bien même toutes les traditions ne seraient
point d'accord sur l'origine sémitique de l'écriture.
On trouve dans la Genèse le mot de Olp ou Kadem pour
signifier l'Orient , on sait que la forme antique de ces langues
inclinait vers l'Aramaïsme qui aimait les séries de consonnes
sans voyelles et prononçait Kadm. De là au nom de Kadmus
il n'y a d'autre diftérence, que la terminaison os, caractéris-
tique de la langue grecque.
Quand les Latins, à leur tour, reçurent-ils l'écriture et de
qui î La forme des caractères indique l'origine grecque ; il
est certain qu'on devait les connaître vers l'époque de Numa,
tout au moins ; l'histoire des livres sibyllins le fait présu-
mer. De cet alphabet sont sortis tous les alphabets
modernes de l'Europe, qui se sont approprié les diverses
lettres selon le génie de leur langue. Au reste, partout on
retrouve l'ordre et le nom, peu altérés, des caractères
27
hébraïques. Ce sont d'anciens hiéroglyphes dont la significa-
tion a pu se perdre dans le passage de récriture idéogra-
phique à récriture phonétique. Cette fusion, qui commence à
paraître dans le chinois, est devenue complète dans le japo-
nais. Elle a été retrouvée par Champoilion sur les monuments
égyptiens et, tout récemment, le savant M. Oppert, dans ses
remarquables travaux sur les caractères cunéiformes, re-
cueillis dans FÂsie-Mineure, l'a reconnue dans les inscrip-
tions de la troisième espèce.
Il ne nous paraît pas inutile ici, pour satisfaire la curio-
sité des lecteurs, de donner le nom des lettres hébraïques
avec leur signification dans cette langue.
1. Aleph
=
A
signifie
: bœuf et chef.
2. Beith
=
B
id.
maison , tente.
3 Ghimel
==■
G
id.
chameau.
4. Daleth
=
D
id.
porte.
5. Hè
=
H
id.
interjection.
6. Vau
=
V, ou
id.
crochet.
7. Zaïn
=
Z
id.
splendeur.
8. Kheth
=
X grec
id.
briser.
9. Theth
^
6, th anglais
id.
boue.
10. lod
=
I
id.
main.
U. Kaph
=
K
id.
paume de la main
12. Lamed
=
L
id.
savant.
13. Mem
=
M
id.
eau.
14. Noun
=
N
id.
poisson.
15. Samek
=
S
id.
supporter.
16. Ain
=
Aspiration dure (') id.
œil.
17. PéûuPhê =
P.F
id.
bouche.
18. Tsadé
=
Ts
id.
flanc.
19. Qof
=
Q
id.
guenon.
20. Resh
=
R
id.
tête.
21. Shin
=
Ch français
id.
dent, ivoire.
22. Tau
=:
T
id.
signe.
(^) Vox est vituli matrem vocantis.
(Meninski, gram. Arab.)
On reconnaît à première vue l'analogie avec les noms des
lettres grecques ; les deux premières aleph et beith sont
devenues alpha, héta, d*où vient notre mot alphabet.
De ce qui précède, il résulte que Tordre est complètement
arbitraire et ne saurait donner la moindre indication sur
la véritable prononciation ; car, d'ailleurs, les langues sémi-
tiques articulent très fortement les consonnes et ne précisent
point les voyelles, tandis que le contraire a lieu dans pres-
que toutes les langues de la famille arienne.
Les anciens grammairiens indous ont fait, en grammaire,
preuve d'un esprit d'analyse que les modernes sont bien
loin d'avoir surpassé, sinon même égalé.
Dès les temps les plus reculés, ils ont classé les caractères
de leur langue selon l'organe buccal auquel ils se rapportent.
Gutturales :
K,
kh;
G,
gh;
NG.
Palatales :
TCH,
TCHH,
DJ,
djh;
; DJN
Cérébrales :
T,
th;
D,
dh;
N.
Dentales :
T,
th;
D,
dh;
N.
Labiales :
P,
ph;
B,
BH ;
M.
Semi-voyelles:
Y,
R,
L,
V.
Sifflantes :
Ç,
SH,
S,
H.
On remarquera, avec admiration, l'étonnante régularité
de cette classification. Les Indous débutent par les gutturales,
c'est-à-dire par le fond de la gorge [guUur en latin), par A; et
ses analogues ; puis ils passent aux palatales*^ tch, etc. ; de
là aux cérébrales, ces lettres que l'Européen peut si diffici-
lement articuler, et qui se prononcent en repliant la pointe
de la langue vers le milieu du palais ; de Jà ils passent
naturellement aux dentalè§, qu'on articule en frappant les
dents avec la langue ; puis le souffle arrive et vient résonner
sur le bord des lèvres, labiales (en latin labium, en persan
lab).
- 29 —
On remarque encore, dans le sens horizontal, une autre
classification très nette. Le grammairien débute par les
lettres qu'on appelle improprement faibles et que M. Four-
cade a si heureusement caractérisées en disant qu'elles sont
produites par un simple souffle buccal ; puis on passe à la
même lettre accompagnée d'une apiration ; de Ik on arrive à
celles qu'on nomme ordinairement les fortes et où le môme
observateur, déjà cité plus haut, constate une voix produite
par une légère contraction du larynx et qui se vient mêler à
l'émission du souffle buccal ; on termine ensuite par la
lettre nasale analogue.
Il était impossible de mieux classer les diverses notes du
clavier de la bouche humaine.
Malheureureusement, le fil conducteur, interrompu pen-
dant de longs siècles, n'a jamais été renoué. Les Sémites ont
passé par là et nous ont donné des lettres admirablement
appropriées aux besoins de leurs langues, mais fort peu à
nos habitudes. On va même jusqu'à prétendre qu'ils auraient
prêté leur écriture aux Indiens et engendré le magnifique
alphabet Déwanagari CDewa Dieu, nagari écriture) ce dont,
avec beaucoup d'auteurs, nous douterons jusqu'à preuve du
contraire.
Il résulte de tout ce qui précède, que rien, dans l'antique
Orient, ne paraît devoir nous guider dans nos recherches.
La variabilité des caractères latins, chez toutes les nations et
môme chez un seul peuple, semble un obstacle invincible.
Toutefois, comme précédemment, l'analogie, l'onomatopée
et la quantité, seront pour nous, parfois, des guides presque
certains, et nous fourniront au moins de précieuses indica-
tions.
CHAPITRE Vr.
DE l'articulation DES CONSONNES EN LATIN.
Nous suivrons l'ordre si bien indiqué par les Indous, et
nous commencerons par les gutturales.
- 30 —
SECTION 1 : gutturales.
On en compte cinq en latin :
c, qu, ch, h et g,
f. C. •— La prononciation du c devant a, o, u, œ et œ, est
incontestable ; une preuve manifeste a été donnée quand
nous avons cité le nom du coucou, cuculus. Dans les vieilles
inscriptions nous le voyons remplacé par k, lettre empruntée
au kappa des*Grecs ; ainsi kalendœ est souvent écrit pour
calendœ, ortliographe postérieure. On le trouve substitué
au A; grec dans les mots empruntés à cette langue ; calamus
de xàXa(u>c, commun avec lé sémitique kalam; calyx de
xàXu^ etc.
Mais lorsque cette lettre précédait i et e, la solution de la
question nous semble plus difficile. Bien que Plutarque
représentât Cicero par Kixépwv, rien ne prouve qu'autrefois les
Grecs n*aient point altéré le son du k dans les mêmes cir-
constances que les Romains ; d'ailleurs, est-il bien certain
que Plutarque ait pu ou voulu reproduire, avec exactitude,
la prononciation de cette lettre avec les caractères de sa
propre langue.
Sur diverses inscriptions, les Grecs anciens ont représenté
par G le caractère qui, plus tard, muni d'une sorte de cédille,
comme en français, p, s'est rattaché cette cédille pour devenir
la lettre c connue sous le nom de sigma; ce qui explique
pourquoi le demi-cercle inférieur est plus petit que le supé-
rieur. Les Latins ont emprunté aux Grecs la forme de ce c
antique; ils ont dû, dès lors, lui conserver une prononciation
analogue, peut.-étre le son de s français ou grec ; peut-être le
son de c/» français.
Ce qu'il y a de certain, c'est que tous les peuples modernes,
sans exception, ont emprunté les lettresjatines et que tous,
dans les mêmes circonstances, modifient le son du c. L'italien,
qu'on est naturellement porté à croire très voisin du latin,
— 31 —
prononce tch en faisant peu sentir le t. L'Allemand, le Polo-
nais prononcent ts ; TËspagnoI articule en pressant la langue
contre les dents supérieures, à peu près comme le th anglais;
enfin, les français prononcent comme n.
Nous avons déjà vu les Arabes de la côte d'Afrique trans-
former le k originel en Uh ; kelb (chien) y devient tcheW, Il
semble donc qu'un besoin naturel à l'espèce bumaine, ait
amené cette modification de la gutturale en chuintante alors
qu'elle précède les sons i,e. A quoi attribuer cette variation ?
Le fait existe, la cause nous est cachée. Toutefois, il est pro-
bable que la même altération avait lieu chez les Romains.
Cependant le choix est douteux entre toutes les articu-
lations. Nous croyons l'italien plus voisin que les autres ;
mais nous ne pouvons admettre complètement l'exactitude
de sa prononciation. En effet, en latin, toute voyelle suivie de
deux consonnes est invariablement longue ; et, quelque légè-
rement qu'on articule le t dans tch ou ts, il n'y en a pas
moins deux articulations. Or, en latin, beaucoup de voyelles
sont brèves devant un c.
Dans les mots suivants, a est bref :
Acer
érable
A des
pointe
Acerhus
acerbe, etc.
Il ne reste plus qu'à ïaire un choix entre s et ch. Nous
penchons pour le dernier ; ce qui nous y conduit c'est l'ana-
logie avec le tch italien ; de plus un grand nombre de mots
sont passés du latin au français avec le changement du
c en ch :
Caballus cheval
Canis chien, etc.
et dans nos langues du midi, toutes descendues de l'antique
latin qu'on parlait dans la Provence, le son de c est, plu»
souvent encore qu'en français, remplacé par ch.
- 32 -
On pourrait peut-ôtre admettre les deux solutions ; Tune
des prononciations s*appliquant au langage du peuple ,
Fautre à celui des gens bien élevés. Il en est de môme en
France^ où le paysan normand dit : cha pour ça ou cela, etc.
2. QU. •— Si nous adjoignons immédiatement le double
caractère quk couk Tantique k, c*est qu'ils avaient le môme
son.
La discussion suivante va l'établir sans aucune contestation
possible.
Devait'On prononcer kou, à la mode française et italienne,
kv, à la façon allemande ou simplement A; comme nous le
faisons parfois en français et comme le font toujours les
Espagnols ?
La prononciation allemande kv est immédiatement à reje-
ter ; car, si aqua eut sonné akva, jamais le premier a n'eut
été bref, suivi de deux consonnes.
Nous en disons autant de l'articulation italienne et de la
prononciation française ; dire akoua, c'est allonger la seconde
syllabe qui devient alors une diphthongue ; or, on sait qu'en
latin, toute diphthongue est nécessairement longue.
Ce double caractère n'est que le simple succédané du k ou
du c dur ; ainsi, les manuscrits écrivent indifféremment quum
ou cum, lorsque ; le génitif du pronom qui est écrit tantôt
quujus ou môme quojvs et tantôt cujus; il en est de môme du
datif écrit par cui et quoi» Dans les anciens môme, cui était
dissyllabique : cuï.
D'ailleurs le nominatif qui est .trop ressemblant au grec
t(; d'où on le fait dériver (par le changement de t en k, si fré-
quent dans nos langues et dans la bouche du peuple, où ciii-
quième sonne cintième, pitié devient piquié, etc.) pour admet-
tre qu'on ait pu dire kuï, comme nous, plutôt que ki, ainsi
que nous prononçons le relatif français qui. Enfin, en persan,
— 33 -
langue dont nous avons constaté les nombreuses analogies
avec le latin, le relatif se prononce et s'écrit siniplement ki,
Priscien cite l'archaïsme quur pour cur, dérivé d'ailleurs
de quare.
Il est vrai que Festus écrit quaxare pour coaxare. Mais
cet exemple servirait tout au plus à prouver que la pronon-
ciation kou pouvait être employée dans certaines circon-
stances, comme encore aujourd'hui, en espagnol. Toutefois
cette articulation était impossible après ou avant une brève,
pour les raisons exposées plus haut.
On peut ajouter à tout cela que le qu des Latins, comme le
kappa des Grecs, est rendu, dans les transcriptions syriaques
par le kouph, caractère identique au go/* des Hébreux qui a,
d'ailleurs, la forme d'un q retourné de gauche à droite. (Voir
Chap. V. Kadmus). Ainsi le mot latin quœstionarius y devient
kestounoro, etc.
Il résulte évidemment de toute cette discussion que le qu
latin se prononçait comme notre A;, et exprimait, par un
double caractère, une articulation gutturale très simple ; il
servait de remplaçant au c quand celui-ci ne devait pas
s'adoucir devant e ou i.
Aqua
prononcez :
aka.
Equus
—
ékous.
Qui
_
ki, elc
3. CH, H. - Lorsque le c était accompagné de h, il
s'aspirait très fortement et prenait une articulation fort ana-
logue au X des Grecs, au ch des Allemands ou à la joia
espagnole.
Comme preuve à l'appui, nous pourrions citer la grande
quantité de mots grecs transportés en lalin, et dans les-
quels le X est remplacé par ch :
— 34 '
Charta = x*ptt,s
Chorus = xopoç, etc.
Une raison plus solide encore nous prouve combien le h
était aspiré. C'est l'épigramme 84 de Catulle :
DE ARRIO.
Ghommoda dicebat si quando commoda yeilet
Dicere, et hinsidias Arrius insidias.
Hoc misso in Syriam, rcquierant omnibus aures,
Audibant eadem hœc ieniter et ieviter.
Quum «ubito affertur nuntius horribilis :
lonios fiuctus, postquam illic Arrius isset,
Jam non lonios esse, sed Hionios.
« Arrius prononçait khommode quand il voulait dire :
commode et hembûches pour embûches, ,
» Lorsqu'on Teut envoyé en Syrie, toutes les oreilles jouis-
saient de la tranquillité ; elles entendaient prononcer ces
mots avec douceur et légèreté.
» Quand tout-à-coup arrive une effroyable nouvelle ; la mer
Ionienne, depuis l'arrivée d' Arrius, n'est plus la mer Ionienne,
mais la mer Hionienne. »
Cette citation prouve et la prononciation du ch et T aspira-
tion de h qui n'était point nulle, comme en français, en
italien et en espagnol, mais sonnait comme en allemand et
en anglais.
4. G. — Le g dans les mêmes cas que le c devait conserver
sa prononciation ; toutefois nous pensons que gu, d'une
façon semblable à qu, avait été inventé pour conserver au g
le son dur devant e, i.
Si, par exemple, on eût prononcé langouet le verbe languety
- 35 -
il eût été impossible d'abréger la terminaison devenue
diplithongue ; il fallait dire : langhet, à peu près comme nous
prononçons le mot : languette.
Toutefois comme aucun mot latin ne présente une brève
devant gu comptant pour une seule articulation, on ne sau-
rait affirmer positivement qu'il n'ait pu être prononcé gv,
comme l'écrivent du reste les manuscrits et les inscriptions.
L'analogie nous conduit à lui appliquer la même pronon-
ciation que nous avons démontrée appartenir à qu.
Lorsque le g précédait i ou e, il devait avoir un son mitigé
analogue peut-être, selon M. Renan, h notre y, ou au son
que, dans pareille circonstance, lui donnent les Allemands.
Du reste : « le moyen-âge prononçait loïca et loïci les
mots latins logica et logici et l'italien a conservé cette forme
ainsi que eneria pour energia. » (Ern. Renan» même opus-
cule que ci-dessus).
Nous ne sommes pas ici de l'avis du savant auteur. L'ins-
cription de la colonne rostrale, déjà citée plus haut, (Ch. IV,
n® 2) ne présente nulle trace du g, partout on trouve c.
Cartacinienseis pour Carthaginienses,
Cerens — Gerens,
Cocnatos — Cognatos,
Exfbciunt — Exfugiunt, etc.
Ces exemples tendent à indiquer une grande analogie
entre le son du c et celui du g.
Si donc nous adoptons pour ce, ci la prononciation se, si^
il faudra prendre pour ge, gi la prononciation zé, zi. Si, au
contraire, comme plus haut, nous prononçons : celare
comme chélaré, il faudra prononcer : gerere tout-à-fait à la
façon des Français.
Du reste ces deux articulations offrent tant d'analogie que
— 3G —
les enfants et les gens peu instruits les confondent. On dit :
ajeter pour acheter, et d'autres analogues.
SECTION II : palatales, cérébrales.
Ces lettres sont inconnues aux Latins.
SECTION m : dentales,
La langue latine connaît quatre dentales :
t, dj n et th.
Les trois premières avaient, très probablement, le même
mode de prononciation qu'en français. Toutefois, avec M. E.
Renan, nous pensons que le t, entre deux voyelles et devant
un i suivi d'une autre voyelle, prenait, comme en français, le
son de c. Plotianus dans les transcriptions syriaques est
rendu par Plocianos.
Le mot déjà cité plus haut (page 33} hestounoro pour
quœstionarius nous induit à penser que, ainsi qu'en français,
le t gardait sa valeur quand il était précédé d'un s: question,
digestion.
Le th, créé pour reproduire le e des Grecs avait, au moins
dans la bouche des lettrés, le son de cette lettre, tout sem-
blable au th dur des Anglais.
Cependant, les mots vulgarisés par l'usage commun, per-
daient souvent le h et, par suite, gardaient l'articulation du
t latin.
SECTION IV : Labiales.
Le latin compte six labiales :
P* ph, f, b, V et m.
1 . P, PH, F. — La première de ces deux lettres sonnait
-^ 37 -
comme en français ; le verbe pipilare de Catulle, déjà cité
(Ch. IV, n® 3) le prouve avec évidence.
Quant au ph, c'était la transcription latine du 9 grec ; il
était tout-à-fait semblable à f. Toutes les analogies tendent à
prouver que ph sonnait comme le f des modernes.
En effet, on trouve indifféremment dans Térence : phy, fy,
phi, fi, comme interjection vulgaire exprimant Tétonnement.
Le mot grec 90x0; est représenté dans Pline par phycos et
dans le latin commun par fucus.
Le mot grec 91/)^ a donné le latin : fama.
Le verbe ç^pco a engendré /ero, etc.
2. B. — Le b chez les Grecs modernes se prononce v, ainsi
que nous le savons déjà. Chez les Grecs anciens, il avait la
même prononciation, ainsi que Ta prouvé M. Renan.
Nous pensons que, à l'exemple des Grecs, le b latin, sinon
toujours, du moins très fréquemment, s'articulait comme
notre t?, ou peut-être comme le b espagnol, par un son inter-
médiaire entre b et v.
Sans parler de la grande quantité de mots latins qui ont
transformé leur 6 en u dans l'italien et le français, comme :
caballus, cavallo, cheval et cavale, sans parler des fréquentes
permutations du 6 en 1? chez les Latins eux-mêmes, tel que
febris venu de ferrere, nous pourrions citer les nombreux
exemples où les Grecs ont remplacé le v latin par leur 6 :
Severus, leêyjpo; ; Verus, BYipo;, etc.
La preuve qui, de toutes, nous semble la plus authentique
est le verbe baubari employé par Lucrèce pour imiter le cri
du chien ; et qui, sous peine de ne pas le reproduire, ne
pouvait autrement sonner que : vàouvari.
3. V. — Cette consonne (jui, dans les inscriptions, se
- 38 -
confond, par la forme, avec u, devait probablement résonner
comme celle lettre. D'ailleurs elle jouait allcrnativement le
rôle de voyelle ou de consonne.
Nous voyons les poètes prendre à volonté : evolvisse ou :
evoluïsse.
Toutefois, dans un grand nombre de circonstances, le
son devait plus se rapprocher de celui du v français que de
ou ou du w anglais. Par exemple, si Ton eut prononcé oui-
dere pour videre, comment la diplithongue oui eut-elle élé
brève, contrairement à toutes les lois delà prosodie ?
Dans l'inscription de la colonne rostrale, déjà citée plu-
sieurs fois, le nom du consul Duilius est écrit Bilios. Cette
orthographe nous fait penser que la vraie prononciation
était Dvilious; ce dr, assez dur, a perdu la dentale d, dans
les bouches populaires et est devenu t, écrit sous la forme
du b ; ainsi Bilios se prononçait Vilios,
Le môme phénomène apparaît dans biSj deux fois, que les
Latins prononçaient vis pour dvis (forme que du reste on
trouve dans Plante, avec l'orthographe duis) ; ce qui montre
la parenté avec duo prononcé ou : dou ô en deux syllabes
brèves, ou dvo en une seule syllabe longue. Du reste en
sanskrit le mot deux = dvi.
La même analogie exprime l'apparente irrégularité du
mot viginti.
Tous les noms des dizaines, en latin, sont dérivés du nom
des unités simples, accompagné de la terminaison ginta (ou
ginti forme masculine) analogue au grec xovTa.
tri-ginta, quadra-ginta, quinqua-ginta, etc.
Pourquoi n'en serait-il pas de môme du premier nom des
dizaines ?
On a évidemment dit ; dui-gintiy puis, par contraction,
dvi-gmti d'où : vi-ginti.
- 39 —
On trouve de môme en sanskrit: 2(^ = dvmçati = vinçati.
Les exemples de cette variation d'orthographe sont assez
nombreux.
Dans Horace môme, on trouve encore duellum (^) pour
bellum ; qu'on peut expliquer ainsi :
hélium = dtellum =- duellum
mots qui se prononçaient :
vêllon, dvêllon, douêllon,
d'où l'on voit aisément l'analogie de prononciation.
Varron présente duini pour bini; duigœ pour bigœ.
La conclusion à tirer de tout cela, c'est que, dans les cas
où nous prononçons v, les Latins aussi faisaient entendre le
son du V.
4. M. — Point d'observation particulière ; excepté lorsque
c^e lettre termine une syllabe. (Voir plus haut, Ch. IV, n° 8).
SECTION v: semi-voyelles.
L, R. — Il peut sembler étrange k un Français que l'on
considère ces deux lettres comme des voyelles. Cependant
il suffit de se rappeler les incroyables du Directoire.
De plus, en anglais, dans la bouche des gens qui parlent
bien, ces deux lettres s'articulent à peine et sont presque
(*) GroDcia barbariae lento collisa duello.
CLiB. I. Epist. II. Vers. 7.)
etnlias : Epist. II, 1, 25i — Od. III. 14, 18 — Od. III. 5, 38 —
Ep. II, 2. 98 — Od. IV, 15, 8.
— io-
des voyelles. Il en était de même dans Tantique Sanskrit. Il
y existe un caractère spécial pour r et l voyelles, puis un
autre pour r et l plus fortement articulés et devenus presque
consonnes.
Il en était de même h Rome. En effet, on sait qu'une
voyelle brève devenait longue quand elle était suivie de deux
consonnes. Cependant, si la seconde est un r ou un l, les
poètes ont la faculté do laisser brève ou d'allonger la voyelle.
Natum ante ora patris patremque obtruncat ad aras.
(ViRG. iEN. Lie. II).
On trouve dans Horace la première syllabe de lacryma
allongée une seule fois (»).
Cependant la lettre r, surtout dans les mots empruntés
au grec, était fortement articulée, au commencement des
mots où elle était surmontée de l'esprit rude ; et dans ce cas,
les Latins la font suivre ordinairement d'un h. Il est à présu-
mer que, chez les Grecs, dans les temps héroïques, la lettre
T était plus fortement articulée que plus tard, lorsque, par
les progrès de la civilisation, la langue eut usé une grande
partie de ses aspérités. Jamais Homère ne se permet de laisser
brève la syllabe que suit une consonne et un r ou un L
Cette licence est au contraire fréquente dans Sophocle.
Tandis que chez les Romains le contraire a lieu ; la syllabe
reste toujours brève en prose, et si les poètes allongent, c'est
seulement par licence.
La même observation peut s'appliquer k m et à n où, par-
fois les Latins, à l'imitation des poètes grecs de la période
athénienne, abrégeaient rarement la voyelle précédente.
i}) licct illi plurima manet
Lacrymn^
F.risT. LiB. I. Carm. XVII Vers. 59-00}
— 41 —
Douutura cycni, si libeat, sonuni.
(HoR. Od. Lie. IV, Carm. UI, Vers. 20).
Le poète a abrégé y de cycni pour terminer le premier
dactyle d'un vers asclcpiade.
Ovide, dans ses Métamorphoses, abrège également o dans
Procne et y dans Polymneslor,
SECTION VI : y. s, X, X,
Les quatre lettres qu'il nous reste à examiner ne pouvant
rentrer dans la catégorie d'aucun organe spécial, il nous a
paru nécessaire de les examiner séparément.
1 . J. — Cette lettre, dans l'ancienne écriture, avait la forme
de I, et, probablement, dans beaucoup de cas, se confondait
avec cette voyelle. Ainsi eliam composé de et et de jam
semble indiquer pour ce dernier mot la prononciation iayi,
Bentley, dans sa préface de Térence, veut (juo cette lettre
ait été prononcée comme le y des Anglais.
« Notum est eruditis coiisonaiilcs i et u, apud Latiuos, eodeni fuisse
sono et potestate quo hodie y et w. »
Nous avons répondu plus haut à son opinion sur ii.
Il veut que dans ce vers de Virgile :
. . . Seclaque intexuut abiete coslas
(iEN. LiB. 11.)
où le poète fait un dactyle de abiete, mot ordinairement de
quatre syllabes : a-bi-e-te, brèves toutes les quatre, on ait
prononcé : abie-te. Qui ne voit l'invraisemblance d'une sem-
blable hypothèse. Ab fut demeuré bref, ie, diphthongue, fut
devenu long.
L'adjonction de i à 6, peut seule expliquer l'allongement
de a et laisser e bref.
abiete
— 42 —
Mais peut-on prononcer abi en une seule syllabe ? Il fallait
dire alors aby ou abj ; peut-être dj, comme les Italiens pro-
noncent le g ; nous l'ignorons. Toutefois nous penchons pour
le son du ; français et nous adoptons Torthographe usuelle
de nos livres classiques : abjete.
On remarquera que ; jouait certainement le rôle d'une
lettre double, car jamais une brève suivie dej ne restait
brève. Ainsi dans rejicerela. première syllabe, naturellement
brève, se confond avec le j et devient longue.
Cela s'explique bien dans la double hypothèse de rei-icere
ou de redj'icere; au reste il serait impossible, dans le verbe
simple : jacere, jacio qu'on eût prononcé: ia; car alors la
diphthongue eût empêché la première syllabe d'être brève.
Tout ce qui précède démontre, avec la dernière évidence,
que I ou J était, dans beaucoup de cas, une véritable con-
sonne ; et le son était alors ou j français ou dj italien.
2. S. — Cette lettre ne nous semble pas offrir de difficultés.
Le mot imitatif : susurrus, le mot sibilare indiquent un son
semblable au se français.
Au reste il remplace, dans les mots latins, le ç des Grecs,
qui lui-môme se transforme en s dans les transcriptions
sémitiques.
Rien ne nous induit à penser qu'il ait pu sonner z entre
deux voyelles, comme chez nous.
3. X. — Cette lettre a certainement pu, comme l'indiquent
de nombreux exemples, représenter le ç grec, et se pro-
noncer ks ou gs. Une foule de noms propres l'attestent.
Xanthus de SàvBo;.
Xerxes de SépÇri;, etc.
D'ailleurs le nominatif d'un grand nombre de mots de la
-- 43 -
troisième déclinaison indique que x remplace tantôt es,
tantôt gs.
Gén. facis Nom. facs = fax.
Gén. régis Nom. regs = rex, etc.
Cependant, dans l'ancienne orthographe, et sa forme
Tatteste, il a dû correspondre au X des Grecs, et prendre le
son guttural de la jota espagnole, que Ton trouve écrite en
cette langue sous la forme de x avant la réforme orthogra-
phique.
Exército pour Ejército.
Xeres pour Jeres.
Mexico pour Mejico, etc.
Ce qui tend à le prouver ce sont les curieuses étymologies
que donne Cicéron, dans son De Oratore.
Mâla, mâchoire, vient, selon cet auteur, de maxilla, qui se
prononçait d*abord : makhilla avec une aspiration très dure,
puis, par adoucissement, mahilla, et enfin, par contraction
et perte de toute aspiration : mâla.
De même âla, aisselle, vient deaxilla, diminutif de axis.
Axilla i= akhilla = ahilla = ailla =■ dla.
Le son de cette lettre, du reste, n'était point plus fixe
qu'en français: il est certain que, parfois, elle représentait
deux s.
Nous avons déjà vu, plus haut, coaxare pour imiter le
coassement de la grenouille. Le grec lui-même, chez Aristho-
phane, écrit : xoàç qu'on a dû évidemment prononcer coass,
puisqu'il s'agit d'une scène do comédie où l'on imite le cri
de ces animaux; et il est certain que les grenouilles, depuis
Aristhophane, n'ont pas modifié leur langue.
Nous voyons, dans les auteurs anciens, Ulyxes pour Ulysses
du grec : 'Oôvj/reO;. Mixtus pour mistus de miscere.
- 44 —
Dans les inscriptions de la basse latinité, vixit est écrit
bissit; ce qui fournit une nouvelle preuve à Tappiii delà
prononciation semblable du v et du b.
Les Arabes, empruntant le mot calx aux Latins, l'écri-
vent kels.
Chez nous on prononce Brmselks bien qu'on écrive
Bruxelles; Ausserre, bien qu'on écrive Auxerré^ etc.
La conclusion est que a; avait trois prononciations distinctes:
Kh dans les temps anciens ;
Ks, gSf ss pendant toute la durée de la langue latine.
4. Z. — La dernière lettre z était double ; car, devant elle,
toute voyelle brève devenait longue ; on cite, comme excep-
tion, le
. . . . Nemorosa Zacynthos
de Virgile, et on l'attribue à une licence indispensable pour
introduire dans un hexamètre le mot Zacynthos^ composé
d'une brève et d'un trochée.
Il correspondait au c2j?é^a des Grecs; équivalent àsaou au aS
des Doriens, chez lesquels (jvpCÇto devient <yypC<r8a). La pronon-
ciation du 8 était, comme on sait, celle du th doux des
Anglais dans l'article the. Il est donc aisé d'expliquer la
confusion de l'ordre des deux sifflantes faite par les Doriens.
Les Latins qui n'avaient pas cette prononciation spéciale
devaient prononcer dz^ comme nous le faisons en lisant le
grec. Du reste le d de ce dz devait être faiblement articulé ;
car on voit, chez Lactance, le mot diabolus remplacé par
ZaboluSy à l'imitation du dialecte éolien qui dit : ^aBéXkiù
pour SiagàXXo).
CHAPITRE VII.
CONCLUSION.
Les études précédentes nous portent à conclure que, dans
— 45 -
un certain nombre de cas, nous avons pu restituer, avec
quelque certitude, la prononciation exacte des lettres latines.
Il ne faudrait pas croire, malgré tout cela, que nous puissions
arriver à reproduire cette prononciation avec exactitude.
Outre le son propre aux lettres, il fallait faire entendre les
brèves et les longues, dans leurs différents degrés et Taccent
tonique. Nous savons que le peuple romain avait Toreille
tellement sensible que, à Tépoque de Scipion TAfricain, il
hua un acteur qui avait fait une légère faute de quantité. Le
grec n'était pas moins sensible à l'accentuation.
On connaît l'anecdote relative k Théophraste. Il habitait
Athènes depuis trente ans, pariait et écrivait admirablement
bien le dialecte atlique. Cependant une marchande de légumes
le traite d'étranger. Il s'étonne et s'offense ; il lui demande
la raison de cette épithète : elle lui répond qu'il a été trahi
par un accent mal placé.
Ajoutez à tout cela le timbre spécial de voix particulier,
non seulement à une nation, mais à chaque classe de la
nation et h, chaque individu, selon son éducation et son intel-
ligence ; et vous aurez un des éléments les plus animés du
langage, qui descend dans la tombe avec lui et qu'aucun
signe écrit ne peut représenter.
Gomme résumé des précédentes études, nous'allons ter-
miner en donnant le tableau des prononciations des con-
sonnes latines.
TABLBAU DE LA PRONONCIATION D£S CONSONNES LATINES.
Lettres latines. Prononciation.
1. C k devant a, o, u, œ, œ certain.
s devant i, o, peut-être ch ?
2. QU comme en français, k certain.
3. CH comme le c/i allemand id.
4. H comme en anglais id.
5. G commeenfrançaisdevantajO;W,œ,œ id.
devant e, i peut-être g français.... probable
- 46 —
G. 6U comme en français dans guide,
guérir probable
7. T. comme on français certain
devant ia, ié, etc, s très probable
précédé de s comme en français :
question id .
8. TII comme le th dur de Anglais certain
9. P comme en français id.
10. PH id. id.
11. F id. id.
13. B comme r français id.
13. V parfois om, plus souvent comme
en français id.
14. M initial comme en français id.
15. L,R comme en anglais id.
16. J peut-être 1/ français
peut-être ;,
peut-être dj ?
17. S comme en français certain
18. X tantôt kh id.
plus souvent ks,g8 id.
et enlin ss id.
19. Z comme dz assez probable
IlaTre — Imp. I.epelletier. |-1. T^oois-Philippe, 12.
TABLE DES MATIERES.
Chap. I. — Prolégomènes 3
Chap. il — De Taccent tonique en latin 6
Chap. 111. — Des lettres latines en général 12
Chap. IV. — Des voyelles 15
1. k 15
2. E 16
3. 1 18
4. 18
5. Y, U 19
6. JE, (E 20
7. AU, EU 22
8 AM, EM, IM, UM 23
Tableau de la prononciation des voyelles latines 25
Chap. V. — Des consonnes 25
Chap. \I. - De l'articulation des consonnes en latin 29
Skct. I. — Gutturales : c, qu, ch, h, g 30
1. C 30
2. QU 32
3. CH, H 33
4. G 34
Sect. II. — Palatales, Cérébrales 36
Sect 111. — Dentales : /, d, n, ih 36
Sect. IV. — Labiales : p^ph, f, h, v,m 36
1. P, PH, F 36
2. B 37
3. V 37
4. iM 39
Sect. V. — Semi-voyelles a 39
L, R 39
Sect. VI. — j, s, x, z..'. 41
1. J 41
2. S 42
3. X 42
4. Z 44
Chap. VIL — Conclusion 44
Tableau de la prononciation des consonnes latines 45
-o-
I
f
V.
'■* i
■ -^i
À
' •; .