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Full text of "Étude sur le terme dynamis dans les dialgogues de Platon"

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Digitized by the Internet Archive 
in 2011 with funding from " 
University of Toronto | 


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ÉTUDE SUR LE TERME 
ΔΥΝΑΜΙΣ 


DANS 


LES DIALOGUES DE PLATON 


FÉLIX ALCAN, Editeur 


, 


DU MÊME AUTEUR : 


y 


La Notion platonicienne d'Intermédiaire dans la philoso- Ὁ 


phie des Dialogues. 4 vol. in-8, de la Collection Ré # | 
historique des grands philosophes. x 


) 


ÉTUDE SUR LE TERME 


LES DIALOGUES DE PLATON 


PAR 


Josepn SOUILHÉ 


DOCTEUR ËS-LETTRES 


PARIS 
Librairie FÉLIX ALCAN 
108, Boulevard Saint-Germain, 108 
1919 


τ Ξ, ἿᾺ ᾿ 
τς Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation 
réservés pour tous pays 


ἸΟ ELMSLEY PLACE τ 
TORONTO δ, CANADA, 


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CHAPITRE I 


LE TERME δύναμις AVANT PLATON 


ὃ { Le sens primitif et ses dérivés . 


ΕἾΝ ἴδ. Te sens mathématique. . . . . . 
_ S3. La δύναμις chez les médecins et les sophistes . 


CHAPITRE Il 


LA δύναμις DANS LES DIALOGUES 


“ἰὸς RS Tr Ne TT 
. Classification des sens. — Détermination du sens philoso- 
_phique Ἔν QE RE ΟΝ Ὁ τον ΤῊΝ ἐν τος ON NET οὐ 148$ 


CHAPITRE IT δ 


4. Notion voisine de la notion platonicienne. 
43 Notion proprement aristotélicienne . 


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TABLE DES AUTEURS CONSULTÉS 


BExker. Aristoteles graece ex recensione Immanuelis Bekkeri 


edidit Academia regia Borussica. — ὃ vol., Berlin, - 
Reimer, 1851-1870. 

BensELER-BLass. Jsocrates. Orationes. — 23. vol., Lipsiæ, 
Teubner, 1898-1904°. 

BErRGk. Aristophanes. Comædiæ. — 2 vol., Lipsiæ, Teubner, 


19000-19032. 
Brass. Andocides. Orationes. — Lipsiæ, Teubner, 19065. 
—  Aeschines. Orationes. » » 1896. 


—  Demosthenes. Orationes. — 5 \ol., Lipsiæ, Teubner, 
1891, 1903, 19074. 


Burxer. Platonis opera. — ὃ vol., Clarendon Press Oxford, 
1905-1906. 


Ξ- Early Greek Philosophy. — London, Black, 1908. 


Bury. The Philebus of Plato. — University Press Cambridge, 
1897. 
— Δύναμις and Φύσις in Plato. — The Classical Review 


VITE, 7. 1894, p. 297 sqq. 

CAMPBELL. The Sophistes and Politicus of Plato. — Clarendon 
Press Oxford, 1877. 

Caxror. Vorlesungen über Geschichte der Mathematik. — 
Erster Band. — Leipzig, Teubner, 1907. 

Diezs. Die Fragmente der Vorsokratiker. — Dritte Auflage. — 
3erlin, Weidmannsche Buchhandlung, 1912. 

—  Doxographi graeci. — Berlin, Reimer, 1879. 


Diës. La Définition de l'Etre et la Nature des Idées dans le 
Sophiste de Platon. — Paris, Alcan, 1909. 


— Revue critique d'Histoire de la Philosophie antique. 


Il. La philosophie et les Sciences. — Revue de Philo- 
sophie, XXI, 1912, pp. 56-72 et 663-681. 
—  L'’Idée de la Science dans Platon. — Annales de 


l’Institut supérieur de Philosophie, T. ΠῚ, pp. 437-196, 
Louvain, 1914, 


) 


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VIII TABLE DES AUTEURS CONSULTÉS. 


Dixporr. Aenophon. Scripta minora. — 2 vol., Lipsiæ, 
Teubner, 1900 et 19052, 


Dixporr-HExrze. Homerus. Iiade. — 2 vol., Lipsiæ, Teubner, 


19045. 
== — Odyssée. » » » 
19005 et 1906. 
Eiscer. Wellenmantel und Himmelszelt. — München, Beck, 
1910. 
GEMOLL. Nenophon. Expeditio Cyri. — Lipsiæ, Teubner, 1905. 
GizgerT. Nenophon. Memorabilia. » » 1905. 


Gomrerz Tu. Les Penseurs de la Grèce, traduct. de 
Aug. Reymond, T. IL. — Paris, Alcan, 1909. 


Huve. Thucydides. Historiæ. — ? vol., Lipsiæ, Teubner, 1904. 
Huc. Xenophon. Cyropédie. » » 1883. 


Jowerr ET CaMPBELL. Plato’s Republic, — 5 vol., Clarendon 
Press Oxford, 1894. 


KALLENBERG. Herodotus. Historiæ. — ὃ vol., Lipsiæ, Teubner, 
19067. 


KELLER. Nenophon. Hellenica. — Lipsiæ, Teubner, 1904. 
KuuLEWEIN. Hippocrates. Opera omnia. — ? vol, Lipsiæ, 
Teubner, 1894-1902. 


Lirrré. OEuvres complètes d'Hippocrate. — 10 vol., Paris, 
1839-1861. 


Marrix H. Etudes sur le Timee. — 2 vol., Paris, 1841. 
MuLLacu. Fragmenta Philosophorum græcorum. Y. 1. — Paris, 


Didot, 1875. 


Rirrer C. Platos Gesetze. Kommentar zum Griechischen Text. 
— Leipzig, Teubner, 1896. 


— Platon. Erster Band. — München, Beck, 140. 


— Neue Untersuchungen über Platon. München, Beck, 
1910. 


Rivaup. Le Problème du Devenir et la Notion de ia Matière 
dans la Philosophie grecque depuis les origines jusqu'à 
Theophraste, — Paris, Alcan, 1906. 


νὰ TABLE DES AUTEURS CONSULTÉS. IX 


Rouse-Balz. Histoire ües Mathématiques’ 1. Traduct. 
L. Freund. — Paris, Hermann, 1906. 


Rupio. Der Bericht des Simplicius über die Quadraturen des 
Antiphon und des Hippokrates. — Collection des Urkunden 
zur Geschichte der Mathematik in Altertum, — T. I. 
Leipzig, Teubner, 1907. 


Rzac. Hesiodus. Carmina, — Leipzig, Teubner, 1902. 
Taxnery. Pour l'histoire de la Science hellène, de Thalès à 
Empedocle. — Paris, Alcan, 1887. 


Æ Ecphante de Syracuse. — Archiv für Gesehichte der 
Philosophie, XI. 1898, p. 263. 

--- Mémoires Scientifiques, publiés par J. L. Heiberg 
et H. G. Zeuthen. If. Sciences exactes dans l'Antiquité. — 
Toulouse, Privat et Paris, Gauthier-Villars, 1912. 


Taycor. Varia Socratica. First series. — Oxford, Parker 1911. 


TuaLHEIM. Lysias. Orationes. — Lipsiæ, Teubner, 4901. 


Zæeuruex. Histoire des Mathématiques dans l'Antiquité et le 
Moyen-Age, traduct. Jean Mascart. — Paris, Gauthier- 
Villars, 1902. 


ÉTUDE SUR LE TERME 


AYNAMIX 


DANS LES DIALOGUES DE PLATON 


INTRODUCTION 


Le but de ce travail est : [9 de contribuer à la précision du 
vocabulaire et par là du système platonicien: 20 de préparer 
une intelligence plus complète de la théorie aristotélicienne 
de la Puissance. Il ne s’agit done pas d'entreprendre ici une 
étude directe de doctrines philosophiques, mais plus simple- 
ment d’en disposer les matériaux et d'apporter une pierre 
très modeste aux constructions des historiens de la philo- 
sophie. Les recherches lexicologiques de Taylor(1) et de 
C. Ritter(2) ont montré combien il était important de se 
rendre un compte exact du sens et de l’évolution des mots 
employés par un écrivain pour reconstituer sa pensée. L’expé- 
rience qu’ils ont tentée sur εἶδος et ἐδέα aidera très certaine- 
ment à démêler d’une façon plus réelle la véritable significa- 
tion de la théorie des Idées et à la dégager des interprétations 


aventureuses de Natorp ou de Ritter lui-même. 


(1) Varia Socratica. Oxford 1944. The words εἶδος. ἐδέα in pre-Platonte 
Litterature, pp. 178-267. 

(2) Neue Untersuchungen über Platon. Munich 1910. Εἰδος. δέχ und 
verwandte Wôürter in den Schriften Platons, pp. 228-396. 


XII INTRODUCTION. 


Je voudrais ici, suivant la mème méthode, examiner la 
formation et la vie du terme δύναμις qui est un des plus 
importants οἱ des plus riches de la philosophie grecque. Ce 
terme devient chez Aristote le support de la théorie fonda- 
mentale de la Puissance, mais c’est chez Platon que sa signifi- 
cation philosophique se fixe rigoureusementet définitivement. 
Voilà pourquoi je prends comme centre de cette étude : le 
sens du terme chez Platon. Son histoire à travers les diverses 
manifestations de la vie intellectuelle grecque, depuis les 
premiers monuments lilléraires connus, permettra de pré- 
ciser dans quelles lignes, suivant quelles directions, Platon 
a développé l'emploi du mot et comment 1l ἃ pu le transposer. 

Dans les deux premiers chapitres, j'instituerai une enquête 
aussi complète que possible, par l’inventaire des textes, et 
j'essaierai de classer et d'expliquer la filiation des divers 
sens. Un dernier chapitre, comparera l’utilisation du terme 
chez Platon et chez Aristote pour déterminer le point précis 
où le Stagirite se sépare de son maître. C’est sur ce point de 
séparation que je devrai conclure ce travail en me contentant 
d’amorcer une étude de la théorie aristotélicienne de Ja 
Puissance. L’entreprendre ici aurait été dépasser les limites 
et le but de cette simple contribution à l’histoire des idées. 
Je m’estime heureux pourtant, si ces recherches peuvent être 
de quelque utilité pour l'intelligence d’Aristote et si-elles 
apportent quelque lumière aux exégètes de la pensée 


platonicienne. 


CHAPITRE I 


Le terme AYNAMIS avant Platon 


$ 1. LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS 


Le terme δύναμις est relativement peu employé dans les 
premiers monuments de la littérature grecque qui sont 
parvenus jusqu’à nous. On le trouve quatre fois dans l’Iliade, 
cinq fois dans l'Odyssée, avec le sens de pouvoir, puissance, 
mais l’idée semble exclusivement restreinte à la force 
physique, la force des bras ou des armes. 

— Aux encouragements d’Agamemnon, Teucer répond 
fièrement : « Pourquoi m'animer quand je suis plein 
d’ardeur? Je ne m'arrêterai pas, tant que je conserverai 
ma force ». 


» ! et ι΄, ΄ 
. OU μεν τοι, 061) OUVAULS Ÿ€ πάρεστιν 


παύομαι... 


(ILrane, Θ᾽ 295.) (1) 


— Au chant XIII, Pàris promet à Hector de le suivre 
<courageusement, tant qu'il lui restera de force, car c’est un 
terme que nul guerrier, malgré ses désirs, ne peut dépasser : 


L‘4 


- ’ 9 LA] La 
μμεμαῶτες ἅμ ᾿ ἑψόμεθ᾽, οὐδέ τί φημι 


s 1 
σὴ δύναμίς YE πάρεστιν ᾿" 
᾽ 5 


LE] » \ » , 
ιν δ᾽ οὐκ ἔστι καὶ ἐσσύμενον πολέμιζειν. 


(IL. N, 786.) 
— C’est la seule impuissance physique qui arrête Achille et 
l’empêche de se venger de Phoibos : 


+ : Ἃ ͵ » LU ! ! 
n S Œy TITALUTIY, EL Hot OUYAULS Ye TAPELT. 


(IL. X, 20.) 


(1) Les textes de ce chapitre, sauf indication contraire, sont cités d'après 
la Collectio Teubneriana Scriptorum graecorum. Cf. la bibliographie. 
ETUDE. ι 


NE at Tr ‘ 4 ἵ 


Ἰ " Ml 


2 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


— (juand, aux funérailles de Patrocle, Agamemnon entre 
en lice pour lancer le javelot, Achille loue sa force et son 
adresse : 
᾿Ατρεΐδη" [μεν γάρ, ὅσον προύέδηχας ἁπάντων 


ΦΨΌΟ ΜΗ 


ἼΩΝ ὕσσον δυνάμε! RE χαὶ ‘1 μασιν Fe 12 


Les textes de l'Odyssée ne laissent entrevoir aucune 
différence sensible de signification : la δύναμις reste Loujours 
la force matérielle, le pouvoir physique de briser les obstacles, 
de vainere les adversaires. Les formules employées sont 
même en partie analogues à celles de l’/liade. 

— « Moi-même je me défendrais et repousserais l'audace 


des prétendants, s’écrie le jeune Télémaque, si seulement j'en 


avais la force. 


ἢ τ᾿ ἂν ἀμυναίμην, εἴ μοι δύναμίς γε 
(OnYssÉE, 5, 6 
— « Que les dieux me donnent assez de force, répète 


encore Télémaque à Nestor, pour punir lodieuse insolence 
des prétendants! » 


A » \ _ , «at -- 
2 γὰρ ἐμοὶ τοσσηνδε θεοὶ δύναμιν περιθεῖεν 
ΞΡ ανηστῆρας ὑπερ See dE 5 


— Par l’imprudence de ses compagnons, ot sur le 
chemin du retour, doit rentrer hâtivement au palais d'Eole : 
les vents emprisonnés, grâce à la bienveillance du fils 
d'Hippotas, se sont encore déchaines avec furie. Ulysse 
implore de nouveau le secours du roi des vents et de ses 
amis : « Mes compagnons infidèles, dit-il, m'ont perdu, et, 


avant eux, l2 cruel sommeil; mais sauvez-moi, vous en avez! 


le pouvoir. » 
ἀασάν υ᾽ ἕταιροί τε χαχοί, πρὸς τοῖσί τε ὕπνος 


᾿ 
σχέτ τλιος. ἀλλ᾽ ἀχέσασθε, φίλοι : δύναμις γὰρ ἐν ὑμῖν. 
͵ 


(On. : * 69. ) 


— Ulysse prédit au bouvier, qui ne le reconnait pas. son 
prochain retour : « Ὁ étranger, s’écrie alors le bouvier 
attendri, puisse le fils de Kronos réaliser ta promesse! Tu 
verrais ce que valent ma force et mes bras ». 


ORNE ΎὉ 


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LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. ) 


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at γὰρ are? os VE, ἔπος τελέσε 
» Ὺ 


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γνοίης se où | ἐμ bee χα'. * 


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oO 
O 
ἊΣ 
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ς 
La 


Dans les poèmes hésiodiques, le mot est encore plus rare. 
On ne le rencontre guère que trois fois, et le sens ne s’écarte 
pas sensiblement du sens homérique. Peut-être toutefois, 
pourrait-on constater un cerlain élargissement «le l’idée de 
force. La δύναμις n’est pas seulement le pouvoir physique, 
matériel, mais d’une facon générale, quoique vague encore, 
la puissance, la possibilité, dans quelque ordre que ce soit. 

—  Hécate reçoit avec bienveillance les prières de ses 
adorateurs : elle leur accorde des richesses, car elle en à 
le pouvoir : 


= 
δὲ 
-- 
ὯΝ 
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Où 
Ce] 
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» τ Qu Là ’ 
6oy ὁπαζει CS ETTEL OUVIULLS ŸE παρεστιν 


! 
(Γπέοσονιε, 420.) 


— Le prince Ceycès l’emporta ἃ Trachinée par sa puissance 
et le respect qu'il inspire : 
ὃ γὰρ δυνάμει τε χαὶ αἰδοῖ 
l'onyivos προδέθηχε. πὶ 


(Scur. Herc. 354.) 


— Autant que possible, fais des sacrifices aux dieux immor- 
tels, chastement et purement : 


NI mn 


Καὸ δύναμιν δ᾽ Epoerv 
τις. \ 
ἁγνῶς καὶ arcs. 


(Or. ET Dies. 3306.) 


ἐο ἀθανάτοισι! θεοῖσιν 


— 


De bonne heure, cette signification primitive éprouva dans 
le langage courant attique quelques modifications, modi- 
fications, du reste, qui se conçoivent sans peine et ne cansti- 
tuent pas une transformation radicale du terme. Elles en 
sont au contraire le développement normal et logique. ἢ} 
n’est pas nécessaire pour les expliquer de recourir à des 
influences étrangères scientifiques où médicales : la simple 
évolution toute naturelle de la pensée les justifie. La δύναμις 
n’est pas spécialisée, sous la plume des historiens ou des 


(4) Le même vers se retrouve dans Odyssee. © 202. 
(2) Cette partie de la Théogonie a probablement été interpolée. CF. 


Rzach?, p. 62. 


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LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


orateurs de la Grèce, et le sens ordinaire n’est pas celui que 
peu à peu la science ionienne ἃ dégagé, et dont la philosophie 
s’emparera. Les prosateurs, ou les écrivains qui parlent la 
langue du peuple, comme Aristophane, se contentent de 
déterminer et d'étendre l’idée homérique de pouvoir ou de 
puissance. Une ou deux fois, la terminologie technique des 
sophistes ou des médecins ἃ pu s’introduire dans les ouvrages 
de Xénophon, mais c’est à titre exceptionnel. 

Mieux du reste que tous les commentaires, les textes nous 
amèneront à cette conclusion. Nous étudierons ici les prinei- 
paux représentants de la prose attique, historiens ou orateurs, 
en Jeur adjoignant toutefois Aristophane, dont le vocabulaire 
est celui-là même de son entourage, et qui reste trés repré- 
sentatif d’une époque. Nous réservons pour un examen pos- 
térieur les écrits d’Isocrate : ce dernier est un sophiste 
autant qu’un orateur, et les influences scientifiques se mani- 
festent chez lui trop évidemment. 


HÉRODOTE 


— VIII. 440 α. Discours d'Alexandre aux Athéniens : « Vous 
savez quelle multitude comprend une expédition de Xerxès 
et ce qu’elle accomplit. Vous êtes aussi avertis de la force 
armée qui est sous mes ordres, en sorte que si vous triomphez. 
— et vous ne pouvez guère l’espérer, même avec de l'habi- 
leté, — une autre armée encore plus nombreuse se présentera 
contre vous. » εἴδετε μὲν γὰρ τῆς Ξέρξεω στρατηλασίης τὸ 
πλῆθος καὶ τὰ ἔργα, πυνθάνεσθε δὲ χαὶ τὴν νῦν παρ᾽ ἐμοὶ ἐοῦσαν 
δύναμιν... 

— VII. 110 β. Discours d'Alexandre aux Athéniens : 
« … certes la puissance du roi est plus qu'humaine, et sa 
force, considérable... » χαὶ γὰρ δύναμις ὑπὲρ ἄνθρωπον ἣ βασι- 
λέος ἐστι καὶ χεὶρ ὑπερμήχης. 

— ΙΝ. 155. 10. Le bègue Bathus est venu consulter la 
Pythie sur son défaut de prononciation. On lui ordonne 
d'aller en Lybie : « Je suis venu vers toi, répond Batbhus, 
pour obtenir un oracle au sujet de ma langue et tu me dis 
des choses impossibles, m'invitant à prendre demeure en 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. D 


Lybie. Mais avec quelle force, avec quelle armée? » σὺ δέ m0! 
ἄλλα ἀδύνατα χρᾷς, χελεύων Λιδύην ἀποικίζειν. τέῳ δυνάμ.", 
χοίῃ χειρί; 

— II. 142. Le verbe δύναμαι: se trouve avec le sens de valoir, 
être équivalent à (comme nombre) : τρνηχόσιαι γενεαὶ δυνέατα. 
μύρια ἔτεα. 

ΠῚ ἃ également le sens de signifier dans les textes IE. 50 


M 41101 192, VE 86. 3. 


THUCYDIDE 


— Ἰ. 2. Dès que, grace à la fécondité de la terre, quelques 
peuplades avaient augmenté leur force, cette force donnait 
lieu à des séditions, causes de ruine... : διὰ γὰρ ἀρετὴν y 


«Ἱ 
No 

a 

{ἡ — 
LA] 
[or 
< 

. 5 
Al 

O 


at TE δυνάμεις τισὶ μείζ ζους ἐγγιγνόμενα! 5 
ὧν ἐφθείροντο... 

— II. 48. Description de la peste. Je laisse à chacun, mede- 
cin ou particulier, le soin de dire ce qu'il sait de ce fléau, 
d’où l’on peut croire qu’il tire son origine, quelle cause, 
dans une telle révolution de la santé, lui parait avoir Ja 
force de produire semblable bouleversement : λεγέτω μὲν οὖν 


\ » _ € " » ; \ > ’ , ᾽ 
περ". αὐτου ὡς ἕχαστος ARE a XAL "ατρος χα. LOLWITNS AS 
[ῳ ps τ ’ \ A ὦ [4 Fe 
ὅτου ELXOG ΠῚ γενέσθα. αὐτό. χαὶ τὰς αὐτίας ἅστινας νοι ζει 


De 
Si Le 
1 
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en 


τοσαύτης μεταῦο χανὰς EVA! ούναμι'ν [ἐς τὸ μεταστησαι] 
yet. 

— 11.65. Eloge de Periclès. Après la déclaration de guerre, 
on voit qu'il avait prévu la force nécessaire à l'Etat pour la 
soutenir : ἐπειδή τε © πόλε υὸς χατέστη, ὃ δὲ φαίνεται χαὶ ἐν 
τούτῳ προγνοὺς τὴν δύναμιν... 

Ce n’était pas la multitude qui le menait, mais lui qui la 
dirigeait. Car, n’avant pas acquis son autorile par des moyens 
illégitimes, il ne cherchait pas à dire au peuple des choses 
qui lui fussent agréables, mais il conservait sa dignité, osail 
même le contredire et lui témoigner son ressentiment : #2: 
οὐχ Ὁ γῆτὸ οἱ μᾶλλον ὑπ᾽ αὐτοῦ , αὖτ ὃς ἦγε, 0.2 τὸ μὴ χτώμε VO 
ἐξ οὐ προσηχόντων τὴν δύναμιν πρὸς 100v NY τι λέγειν, ἀλλ € ἔχων 
ἐπ᾿ ἀξιώσει χαὶ πρὸς ὀογήν τ'. ἀντειπεῖν 


— ἢΠ. 97. Le tribut des barbares et ἮΝ villes grecques, tel 


COPA TR 


τη 


à αἱ ἡ "* P PACA ΤΡ Ὁ "7 d 
6 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


que le recevait Seuthès qui a succédé à Sitalcés, et qui l'a 
augmenté, pouvait avoir une valeur de 400 talents d'argent, 


en comptant ensemble argent et or : φόρος τε ἐχ πασῆς τῆς 
βαρδάρου καὶ τῶν ᾿λληνίδων πόλεων... τετραχοσίων ταλάντων 


: 
ἀργυρίου | υάλιστα δύναμις, ἃ χρυσὸς χαὶ ἀρ ργυρος TEL. 

— ΠῚ. 57. Discours des Platéens aux PAPERS NC 
« …. Nous sommes repoussés, isolés et sans défenseurs, 
nous, ces mêmes Platéens qui avons montré en faveur des 
Grecs un courage au-dessus de nos forces. » χαὶ περιεὐσμεῆα 
ἐχ πάντων Iarate, οἱ παρὰ δύναμιν πρόθυμο. ἐς τοὺς ἡ Ἕλληνας, 
ἐρήμοι χαὶ ἀτιμώρητοι. 

— ΠΙ. 93. Les Thessaliens étant alors maitres du pays : 
οἵ τε Θεσσαλοὶ ἐν ὃ OUVAULEL ὄντες τῶν ταύτῃ χωρίων. 

— IV. 108. Après la conquête εἰ Amphipolis, les villes 
sujettes d'Athènes veulent faire défection. Elles croyaient 
n'avoir rien à craindre, trompées, sur la force des Athéniens, 
car elles ne la présumaient pas aussi grande qu'elle apparut 
dans la suite : χαὶ γὰρ χαὶ ἀδεια ἐφαίνετο αὐτοῖς, ἐψευσμένοι 
μὲν τῆς ᾿Αθηναίων δυνάμεως ἐπὶ τοσοῦτον ὅση ὕστερον δ'εἐφάνη..... 

— V. 20. Sur la facon de dater la trêve Te. entre 
Lacédémoniens et Athéniens après la première guerre. Il est 
préférable d’avoir égard à l’ordre des temps qu'aux magistrats 
avant rempli quelques charges. Si lon compte, comme J'ai 
fait, par hiver et par été, on verra qu'en supputant ces deux 
moities d'année qui ont lequivalence d'une année entiere, 
cette première guerre à duré dix étés et autant d'hivers : 
κατὰ θέρη ὃὲ χαὶ χειμῶνας ἀοιθμῶν, ὥσπερ γέγραπται, εὑρήσει, 


t 


δ ͵ Ὡς ὦ - \ QU » 
6 τἢ ITELTS ἑχατέρου τοὺ EVILAUTOU τὴν οὐναμον ξχόντος. δέχα 


1e 


υὲν be 9 σους ὃξ χειμῶνας τῷ πρὼτ ῳ πολέμῳ τῷος γεγενημένους 
Le VI. 16. Discours P'ADEAE aux Atheéniens. « … Le 
Grecs, étonnés de Féclat dont j'ai brillé aux fêtes d'Olympie, 


se sont exagéré les ressources d'Athènes... » οἱ γὰρ Ἕλληνες 


\ Ὁ» 1 t » x Ce dur = ET 
XAL UTEO μον ELU) ἡμῶν τὴν πολὶν £VOUNTAY τω ξμῳ 


le) 
Ὡ 
a 
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eo 
:| 
oO. > 


τῆς ᾿λυμπίαζε θεωρίας... 

« La magnificence qu'on déploie en ces occasions inspire 
une grande idée des forces de FEtaL... » νόμῳ μὲν γὰρ τιμῦ τ 
τοιχῦτα, ἐκ DE τοῦ δρωμένου καὶ δύναμις AUX ὑπονοεῖτα'.... 


— VI. 17. « Voilà ce qu'a fait ma jeunesse δὲ cette folie 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 7 


qui semblait être contre nature. Elle a su, à l’aide de discours 
convenables, traiter avec la puissance péloponnésienne » : 
χαὶ TAUTL ἣ ἐμὴ νεότης χαὶ ἄνοια παρὰ φύσιν δοχοῦσα εἶναι ἐς 
τὴν Πελοποννησίων δύναμιν λόγοις τε πρέπουσιν ὡμίλησε... 

— VI. 40. Ruse des Egestains, quand les premiers députés 
d'Athènes vinrent prendre des informations sur leur fortune. 

Is lesavaient conduits à Ervx, dans le temple d’Aphrodite, 
et leur avaient montré les offrandes : vases, aiguières, casso- 
lettes à brüler de lencens, richesses de toute espèce. Tout 
était en argent et offrait à la vue une grande valeur sans en 
avoir beaucoup : ... ἃ ὄντα ἀργυρᾶ πολλῷ. πλείω τὴν ὄψιν ἀπ᾽ 
ὀλίγης δυνάμεως χρημάτων παρείχετο... 

— NI. 92. Discours d'Alcibiade aux Lacédémoniens : 
« N'hésitez point à porter la guerre en Sicile et en Attique : 
dans l’une, avec peu de monde, vous sauverez un grand pays ; 
dans l’autre, vous ruinerez la puissance actuelle d'Athènes et 
celle qu'elle doit acquérir... » … χαὶ ᾿Αθηναίων τήν τε οὖσαν 
xaù τὴν μέλλουσαν δύναμιν καθέλητε... 

— VIT. 66. Discours des généraux et de Gylippe aux soldats : 
« Quand on se voit une fois arrêté là où on a la prétention 
d'exceller, on concoit dès lors une plus faible opinion de 
soi-méme que si l’on avait eu d’abord moins d’orgueil. 
Trompé dans les espérances que donnait la présomption, on 
cède. et l’on ne connait même plus la force qu'on pourrait 
AVOÏr... » .+. σῴσλλομενοι χαὶ, παρὰ lo ÜVITAS δυνάμεως 
ἐνδιούασιν. 

— NII. 77, Discours de Nicias à son armee : « ... Si vous 
pouvez maintenant vous soustraire aux ennemis, VOUS qui 
n'êtes pas citoyens d'Athènes, vous reverrez les objets de vos 
désirs : et vous, Athéniens, vous relèverez la puissance déchue 
de la république. » .… χαὶ οἱ ᾿Αθηναῖοι τὴν μεγάλην δύναμιν 
τῆς πόλεως χαίπεο πεπτωχυΐαν ἐπανοοθώσοντες... 

— VII. 3. Les sujets d'Athènes, même sans consulter 
leurs forces, étaient prêts à se soulever : μάλιστα ὃς οἱ τῶν 
᾿Αθηναίων ὑπήχοοι ἑτοῖμοι. ἧσαν χαὶ παρὰ δύναμιν αὐτῶν 
ἀφίστασθαι... 

— Ce qui inspirait surtout de l'audace ἃ Lacédémone, c'est 
qu'elle allait voir, dés le retour du printemps, s'unir à ses 


LE TERME δύναμις AVANT PLATON. ἡ) δ. :: 


efforts les alliés de Sicile, avee une armée considérable... χαὶ 


Ὧν μάλιστα ὅτ' οἱ ἐκ τῆς Σιχελίας αὐτοῖς ξύμμαχοι πολλῇ δυνάμει... 

ἣ | — Notons enfin que dans Thucydide, comme dans Héro- 
‘ dote, le verbe δύναμα! ἃ aussi le sens de valoir, étre équivalent 

“αν à, V.g. λόγο. ἔργα δυνάμενοι. : des discours valant des actes 
δ (VI. 40); — ou encore celui de signifier, v.g. τὸ νεοϑαμῶδες 

10 δύναται. ἐλεύθερον etvar : le terme νεοδαμῶδες signifie être libre 

4 (VIL. 58.) 

Ὧ 

no” ARISTOPHANE 

È 


— Les Cavaliers. 581. () Pallas, protectrice d’Athenes, 
ne. toi qui règnes sur la cité la plus religieuse, la plus puissante, 


la plus féconde en guerriers et en poëtes, aceours à mon appel. 

pi STAR SAR RE 

M w πολίοῦχε Παλλὰς, ὦ 
ι τῆς ἱεοώτάτης, ἅπα- 

4 σων πολέμῳ TE χαὶ ποιη- 

hi: ταῖς δυνάμει: ῃ ὑπερφεροῦ- 

à ἊΣ σὴς μεοεουσα “ωρᾶας, 

ὀεὺρ ἄφικου. -- 

--- — Les Oiseaux. 162. Ah! j'entrevois un grand projet qui 
+ , É £ 

À donnera la foule puissance aux oiseaux, si vous voulez 
1 me eroire : 

ἮΝ EU φεὺ 

D 1, μεγ᾽ ἐνοοῶ βούλευμ᾽ ἐν ὀονίθων νένε! 

Ἢ  μεῚ £8w bp \E He εν 09V! fever 

10 χαὶ δύναμιν ἣ γένοιτ ἄν, εἰ πίθοισθέ nor. 


Voir encore : Oiseaux 455; Ploutos T4S, avec le sens de 
puissance. 


Ploutos 449. Mais sur quelles armes, sur quelle force, 


4% pouvons-nous nous appuyer ? 

Re. 
6h ποίοις ὅπλοισιν ἢ ὄυνᾶμε, πεποιθότες; 

. 
‘4 — Le verbe δύναμαι signifie parfois : étre utile, servir à, 
ἡ ΑΝ V.g. τὸ τριδών!ιον τ' δύναται : Le vieux manteau à quoi sert-il? 
1 (Ploutos 845. 

ἥ 

: XÉNOPHON 

an ᾿ rune Ἶ 

δος — Mémorables I. 2, 24. — Alcibiade, à cause de son 
? τ influence dans la ville et sur ses compagnons, était amolli par P 
ἫΝ 

dl 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. ge 


un grand nombre d'individus habiles à flatter : ’AA éme 


Lx δύναμιν ὃξ τὴν ἐν robe! Le αἱ τοις συμμάχοις ὑπὸ πολ 
ΩΝ 


À dau διαθβουπτόμενος... 


δυνατῶν [κολαχεύειν. 

— 1. ἃ. 25. Portraits de Critias et d’Alcibiade : pleins de 
suffisance à cause de leur noblesse, exalles par leurs richesses, 
enorgueillis pan leur puissance νος χαὶ ὠγχωμένῳω μὲν ἐπὶ, 
γένει, En ᾿ ἐπὶ πλούτῳ, πεφυση μένῳ Ô ἐπὶ δυνάμε:... 

— 1,7. 4. ΤΙ disait aussi qu'il était tout-à-fait désavan- 
tageux de paraitre riche, courageux ou fort, alors qu'on ne 
Fétait pas. Car alors, on vous commandait des choses 
au-dessus de vos forces : προστάττεσθαι γὰρ αὐτοῖς ἔφη μείζω 
ἢ κατὰ δύναμιν... 

— ΠῚ. 6. 9. Dis-nous d’abord quelles sont les troupes 
d'infanterie et les forces navales de la ville; ensuite, celles des 
adversaires : πρ ὦτον eu τοίνυν, ἔφη, λέξον ἡμῖν τῆς πόλεως 
τὴν τε πεζικὴν χαὶ τὶ nv YAUT ὀύναμιν, εἶτα τὴν τῶν ἐναντίων. 

JT. 3: Son on ἃ Charmide de faire de la 
politique : « Comment done, répond Charmide, as-tu reconnu 
ma capacité pour que tu aies de moi une telle opinion? » 
Any δὲ ἐμὴν δύναμιν, ἔφη ὃ Χαρμίδης, ἐν ποίῳ ἔογῳ καταμαθὼν 
ταῦτα μου χατ αγιγνώσ χεις: 

— IV. 2. 95. Ι faut se connaitre soi-même. Or pour cela. 
on doit imiter les maquignons qui ne pensent pas connaître 
leur cheval avant d’avoir examiné ses qualités, d’avoir vu s'il 
était εὐπειθής ou δυσπειθής, ἰσχυρός où ἀσθενής, ταχύς ou 
βραδύς, en un mot tout ce qui convient où non à un cheval. 
— N'est-ce pas ainsi que celui qui considère ce qu'il vaut au 
point de vue humain, connait sa nature (son caractere. 
l’ensemble de ses qualités)? Il me semble, en effet, que celui 
qui ne connait pas Sa nalure, ne se Connait pas lui-mème : 

. οὕτως ἑαυτὸν ἐπισχεψάμενος ὁποιός ST! πρὸς τὴν ἀνθρωπίνην 


“ρείαν, ἔγνωχε τὴν αὑτοῦ δύναμιν; θύτως ἐ ἔμοιγε DOXE!, ἔφη, ὁ μὴ 
εἰδὼς τὴν αὑτοῦ δύναμιν ἀγνοεῖν ξαυτόν. 

2.97. La connaissance de soi-même est pour les hommes 
une source de grands biens, car ils savent ce qu'ils peuvent 
faire et ce qui n’est pas en leur pouvoir. En réalisant ce qu'ils 
peuvent, ils acquièrent ce dont 15. ont besoin ; en s'abstenant 
de ce qui n'est point en leur pouvoir, ils ne se trompent pas. 


10 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


Ceux qui s'ignorent et se méprennent sur leur nature 
(l’ensemble de leurs qualités), se méprennent aussi sur les 
autres hommes et les choses humaines. Fls ne savent pas ce 
qu'il leur faut, ni ce qu'ils font, ni ce dont ils se servent. Se 
trompant en tout cela, ils sont frustrés des biens et tombent 
dans des maux nombreux : οἱ ὃὲ μὴ εἰδότες, ἀλλὰ ouebeusuevor 
τῆς ἑαυτῶν δυνάμεως πρός τε τοὺς ἄλλους ἀνθρώπους καὶ ταλλα 


» 


͵ « , 7 x - ΟΣ 
ἰνθρώπινα πραγματα ομονὼς οιἰαχειῖνται,. χαὶ OÙUTE WY ὁεόνταὶ 


τς δὲν 


ἢ "» ," 


L4 ; À += 7 ΄ 
ἰσασιν οὔτε O TL πὶ οὔτε τοῖς ” CROVTAL, 4.1.) TIYTU)V 


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τούτων διαμσοτ νον ες τῶν ξ ἀγαθῶν ἀποτυγγά VOUS! χαὶ τοῖς 


“καχοῖς πεοιπίπτουσι, 


Nous traduisons dans ces deux textes le terme ούναμις par 
nature. NH s’agit, en effet, de l’ensemble des qualités qui rendent 
l'individu apte à telle ou telle fonction. Comme le maquignon 
doit apprécier les traits distinctifs qui caractérisent son cheval, 
l’homme, pour se connaitre, doit examiner ses tendances, 
ses inclinations. La somme de ses tendances et de ses incli- 
nations constitue sa δύναμις. — C’est done ici le sens philo- 
sophique qui se glisse dans l’œuvre de Xénophon, mais, 


comme nous l'avons déjà indiqué, à titre exceptionnel et dans 


un passage qui rappelle plutôt la manière de Platon. 

- IV. 9. 35. Plusieurs à cause de la gloire et de la puts- 
sance politique ont souffert de grands maux 1... πολλοὶ ὃὲ διὰ 
δόξαν χαὶ πολιτικὴν ὃ δύναμιν μεγάλα χαχὰ πεπόνθασ'ν. 


- 3. 16. La loi existe partout d’apaiser les dieux par des 


sacrifices, suivant ses moyens (ses ressources) : Νόμος δὲ 


ήπου παντ ταχοῦ ἐστὶ χατὰ δύναμιν ἱεροῖς θεοὺς ἀρέσχεσθα'.. 
— 3. 11. 11 faut rs ne rien négliger, et, suivant ses 


᾿ 


moyens (comme on le peut), honorer les dieux 22, “91, οὖν 


UnÔEY ἐλλείποντα κατὰ δύναμιν τιμᾶν τοὺς θεούς. 


- Économique. VII. 14. La femme répondit : « En quoi 
puis-je collaborer avec toi? Quel est mon pouvoir (ma capa- 
cité)? Tout se trouve entre tes mains. Mon rôle, m'a dit ma 
mère, est d’être modeste et prudente » : Ti δ᾽ ἂν ἐγὼ σοι, ἔφη. 


QU : \ =" ‘ 


δυναΐμη ν συμπρᾶξαι; τι το δ τ Τὶ ἐμὴ ούναμις : CIN δ σοι. TAVTA 
ἃ à 


ἐστίν" Die ὃ’ ἀρὰ ταν ἢ μήτηρ ἔογον εἶναι ἤρα Ὁ 
‘ . 
IX. 3. Ischomaque fait l'éducation de sa femme. — Il m'a 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 11 


paru bon de lui faire comprendre d’abord les avantages de 
notre demeure : tout est organisé dé facon à réaliser le 


ν᾿ Pr 


maximum d'utilité : Τί ὃὲ, et ur, τῆς οἰχίας τὴν δύναμιν ἔδοξέ 


μοι πρῶτον ἐπιδεῖς Zu, αὐτή... τὰ οἰκήματα ῴχοδόμη τοι. χε: αὐτὸ 
τοῦτο ἐσχεμμένα ὅπως ἀγγεῖα ὡς 'συμφορώτατα ἢ τοῖς μέλλουσιν 
ἐν us ἔσεσθαι 

XVI. 4. Pour cultiver un sol, il faut d’abord connaitre sa 


DE M he si, à cause de la paresse des propriétaires, il ne 
. manifeste pas sa fécondite, il sera encore facile de la découvrir, 
et avec beaucoup plus de vérité en interrogeant un sol voisin, 


qu'en s’informant auprès d’un individu : Ἢν δ᾽ ἄρα à! ἀογίαν 


- . ’ ,» \ \ » \ ‘ “" er Ν᾿ - LA 
TOY ΠΝ αυτΊ» μη A" τὴν εαυτὴῆς οὐναυον ἐπιόειχνι ναι, ἐστὶ 
, \ » - - 
χαὶ παρ ὰ y γεΐτ' τόπου πολ axe ἀλ ἡθέστερ 2%. TE! LITTS γνωνα 


“ 5 r , 


͵ 
T παρὰ γείτονος AE του πυθέσθα... 


Helléniques. III. ?. 8. Aussi, disaient-ils, ne s’étonne- 
raient-ils pas si quelque Lacédémonien était envoyé avec des 
troupes pour faire cela : ... ὥστ᾽ ἔφασαν οὐχ ἂν θαυμάζειν, εἰ 


"Ὁ 


χαὶ πεμφθείη, τις Λαχεδαιμονίων ἀπὸ τῆς πόλεως σὺν δυνάμει 
ταῦτ œ πο ἄξων. 

ΠῚ. 5. 9. Discours des légats Thchbains aux Athéniens : 
« Ceux-ci (les Lacédémoniens) après vous avoir constitués en 
ôligarchie et excité la haine du peuple contre vous, sont 
venus avec de nombreuses troupes, comme vos alliés, et vous 
ont livrés à la foule : ἀφικόμενοι 7 Fo) ÀT, OUVAUE! ὡς ὑμῖν 
συμμαγο" 7126007 2V JUS τῷ An θεῖ ξ. 

— JV. 1: 4. Agésilas ‘à: Spithridate :: « Dis-moi, 6 
Spitbridate, ne donnerais-tu pas ta fille à Otxs? — Bien plus 
volontiers qu'il n’épouserait la fille d'un exilé, lui qui 
<ommande à un grand pays et à de nombreuses troupes ». 
Lo Ye, ἔφη, μᾶλλον ἢ ἐχεῖνος ἂν λάδο. φυγάδος ἀνδρὸς 
βασιλεύων τ χαὶ χώρας κα αἱ δυνάμεως. 

— IV. 1. 1. Agésilas conseille à Otys d’épouser la fille de 
PRET : … D'abord elle est très belle. Qu'y a-t-il de 
plus agréable pour un mari? Et puis elle est fille d'un père 
trés noble et dont la puissance est telle, qu'injurié par 
Pbarnabase, il s'est vengé et ἃ exilé de tout le pays son 


ne 


: : , , «> 
adversaire, comme Lu VOIS : ..- πατρὸς 0 SUYÉVETTIAT ON, OUVI UV 


12 "Ε΄ TERME δύναμις AVANT PLATON. 


“ APR) | 


Se Y , Ἂν» > 4 LA 
δ᾽ ἔχοντος τοσαύτην, ὃς ὑπὸ DRE ἀδικηθεὶς οὕτω τιμω- 


ὃ 
ρεῖται αὐτὸν ὥστε φυγάδα πάσης τῆς χῶρας, ὡς ὁρᾷς, πεποίηκεν. 

--ἹἸΝ. 4. ὃ. τῶν ἐν δυνάμε: ὄντων : les magistrats. 

— VI. 1. 4. Je ne doute pas que vous n'ayez entendu le 
nom de Jason. C’est un homme d’une grande puissanre εἰ 
très célèbre : ... 6 γὰρ ἀνὴρ καὶ δύναμιν ἔχε. μεγάλην χαὶ. 
ὀνομαστός ÉGTLY. 


— VI. 1. 9. Presque tous dans ces lieux sont habiles ἃ 


lancer le javelot. Aussi vraisemblablement notre urmve 


abonde en peltastes : ... ὥστε χαὶ πελταστικῷ εἰχὸς ὑπερέχειν 
τὴν ἡμετέραν δύναμιν. 

- Υἱ1.1. 12. Je sais en outre avec quelle armée, soit de 
Cyrus, soit d’Agésilas, le roi en est venu aux dernières extre- 
mités : 004 ὃὲ ὑφ᾽ οἵας δυνάμεως καὶ τῆς μετὰ Küpou ἀναξάσπη 
χαὺ τὴς μετ᾿. ᾿Αγησιλάου εἰς πᾶν ἀφίκετο βασιλεύς. 

— VI. 1. 14. Discours de ἜΣ aux Lacédémoniens : 
Je crois que les choses en sont à ce point que si vous 
envoyez des troupes à mon avis suflisantes, ainsi qu'au juge- 
ment des autres Thessaliens, pour combattre Jason, toutes les 
villes lui feront défection, tant elles redoutent jusqu'où ira la 
puissance de cet homme : ... εἰ μὲν πέμψετε ἐχεῖσε Duvautv, ὡς 

0! 


» \ , 9 Ἃν - ES 
νὴ ἐμοὶ μόνον ἀλλὰ χαὶ τοῖς ἄλλοις Θετταλο 


! ς ἱχανὴν δοχεῖν 


εἶναι πρὸς ᾿Ιάσονα πολεμεῖν, ἀποστήσονται αὐτοῦ αἱ π τόλεις ἢ 
πᾶσαι. γὰρ φοδοῦνται. FEAR ποτὲ προδήσετα! ἡ τοῦ ἀνδρὸς δύναμις. 

— VI, 4. 27. Jason vint à Héraclée et renversa les murailles 
de eette ville, non qu’il redoutàt par cette issue un coup de 
main contre son pouvoir, mais il craignait qu'Héraclee ne 
fût prise par d’autres, et comme elle était située dans un 
espace étroit, qu'on ne l’empèéchàt d'aller en Grece sil le 
désirait : ... δηλον ὅτ' οὐ τοῦτο φοθούμενος, LUN τινες ἀναπεπτα- 
μένης ταύτης τῆς παρόδου πορέύσοιντο ἐπὶ τὴν ἐκείνου δύναμ"... 

— Anabase. |. 5. 12. Cet homme (Cyrus) est precieux 
pour son ami, féroce pour son ennemi. Son armee se 
compose d'infanterie, de cavalerie et de forces navales que 
nous voyons et connaissons tous : … ἔχε: ÔE δύναμ. ν χαὶ. 
πεζὴν καὶ ἱππιχὴν καὶ ναυτιχὴν ἣν. πάντες ὁμοίως ὁρῶμέν τε καὶ. 


ἐπιστάμεθα. ἣ 


τω τος jf 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 13 


- IL 5. 11. Cléarque ἃ Tissapherne : Je vois à présent que 
la puissance de Cyrus et son pays te sont favorables et que tu 
gardes intact ton propre pays. Tu as aussi pour alliée Ia 
puissance royale, ennemie de Cyrus : ... σὲ δὲ νῦν ὁρῶ τήν τε 
Κύρου δύναμιν χαὶ χώραν ἔχοντα χαὶ τὴν σαυτοῦ [χώραν] 
σῴζοντα, τὴν ὃὲ βάσιλέως δύναμιν, ἢ Κῦρος πολεμία ἐχρῆτο, 
σοὶ ταύτην ξύμμαχον οὖσαν. 

— ΠΙ. 2. 9. Après l’éternuement qui interrompt le dis- 
cours de Xénophon : … Puisque l’augure de Zeus Soter 
s’est manifesté tandis que nous parlions de notre salut, nous 
devons, me semble-t-il, promettre par vœu à ce dieu de lui 
sacrifier dès que nous serons parvenus dans un pays ami, et 
promettons en outre aux autres dieux de leur sacrifier 
suivant nos ressources : ... συνεπεύξασβα", 0e χαὶ τοῖς ἄλλοις 
θεοῖς θύσε:ν χατὰ duvauty. 

— III. 4. 5. Quand les Grecs eurent traversé la vallée et s’en 
trouvèrent éloignés d'environ huit stades, Mithridate passa 
aussi avec son armée. Il ordonna à quelques peltastes et à des 
hoplites de poursuivre, ainsi qu’à la cavalerie qu'il excita à 
harceler hardiment l'ennemi, car des troupes en nombre 


süffisant suivaient : ... διέδαινε χαὶ ὃ Μιθριδάτης ἔχων τὴν 


δύναμιν. παρήγγελτο δὲ τῶν τε πελταστῶν oÙs ἔδει: διώχειν καὶ 
τῶν ὁπλιτῶν, καὶ τοῖς ἱππεῦσιν εἴρητο θαρροῦσι διώχειν ὡς ἐφεψο- 
μένης ἱκανῆς δυνάμεως. 

— V. 1. 8. Si quelqu'un des moins expérimentés veut 
tenter une sortie avec les siens, délibérons et tàchons 
de connaître les forces de ceux contre qui ils vont 
… Eupboukstwuey πειρώμενοι εἰδένα!. τὴν δύναμιν ἐφ᾽ οὖς ἂν 
ἴωσιν. ἶ 

— VII. 7.36. Ce n’est pas le nombre qui détermine le plus 
ou le moins, mais les ressources (la fortune) soit de celui qui 


donne, soit de celui qui reçoit : οὐ γὰρ ἀριθμός ἐστιν ὁ δοίζων 


0 


λαμδάνοντος. 


Cÿropédie. — Le sens troupes, armée est ici le plus 
fréquent. Pour ne pas allonger démesurément la liste des 
textes, nous nous contenterons d'indiquer les principales 


᾿ 
a 
À 


14 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


références : IL: 6, 10; 6, 11 ; IT. 1, 4; 1,6; 1ILA, 19; IV°6> 
Sel τ Vi 1,22:2, 6; 2,40: io Ὥ 19: 4, 42: Υ. 5, 96. 


: — 1. 0. 35. Fais en sorte, autant que tu peur, de érbrediie 
les ennemis en désordre avec tes soldats rangés : ... Mryave 


τοίνυν, ἔφη, ὁπόση ἐστὶ δύναμις, τεταγμένοις τοῖς σαυτοῦ 
ἀτ ἄχτους τ ΠΣ: τοὺς πολεμίους... 
— V. 1. 6. Tu ne le cèdes à l’homme, ὦ femme, ni en 


beauté, ni en caractère, ni en talent : νῦν μέντοι. ἐξα! οοῦμεν. 
ἀνδρι Ge, εὖ tb ὅτι, οὔτε τὸ εἶδος ἐκείνου “είρον ὄντι οὐτε τὴν 


you Ὧν οὐτε ὃ ὕναμιν TO ἔχοντι 

. 1. 21. Discours de Cyrus aux Mèdes : « … Je sais que 
ce pas pour de l'argent, mais pour moi que vous avez 
combattu en alliés. Aussi je dois vous en remercier, sinon 


je serais injuste. Pourtant, je ne pense pas avoir encore le 


pouvoir (la faculté) de vous rétribuer selon vos mérites... » Σ 
… ἀποδιδόναι δὲ οὔπω ἀξίαν δύναμιν ἔχειν μο! δοχῶ... 

— VIIL. 1. 34. Certains veulent se faire passer pour plus 
riches qu'ils ne sont; d’autres cachent leurs ressources. 
Tous ont tort... 11 me paraît être d’un homme très simple de 
montrer sa fortune, et, gràce à elle, de se préparer un renom 
de bonté : ἀπλουστάτου δέ pot, ἔφη, δοκεῖ εἶναι τὸ τὴν δύναμιν 


“φανερὰν ποιήσαντα ἐχ ταύτης ἀγωνίζεσθαι περὶ καλοκαγαθίας. 


— VII. 6. 11. Discours de Cyrus aux Satrapes : : «νον Celui 
qui pourra, en proportion de ses ressources ne le plus 
de chars et les cavaliers les plus nombreux et les meilleurs, 
je le comblerai d’honneurs comme un bon allié de guerre et 
un fidèle soutien de l'empire perse et du mien : "Os δ᾽ ἂν 
ἐμοι, ἔφη, χατὰ λόγον τῆς δυνάμεως πλεῖστα. μὲν ἄρματα, 


= - 


αἀποῦςξ' ικνύῃ. τοῦτον ἔγω ὡς 


, 
RE. 


.--. 


πλείστους δὲ καὶ ἀοίστους À ς 
ἀγαθὸν σ σύμμαχον χαὶ ὡς ἀγαθὸν συμφύλαχα ΠΠέοταις TE HA! ἐμόν 
τῆς ἀρχῆς τιμήσω. 

— ΥΠΠ. 8. 14. Jadis les enfants apprenaient à connaitre 
les puissances naturelles (les vertus, les propriétés) des plantes 
nées de la terre, pour se servir de celles qui sont utiles et 
s'abstenir de celles qui sont nuisibles : ... ἀλλὰ χαὶ τῶν 
φυομένων ἐχ τῆς γῆς τὰς δυνάμεις οἱ raides πρόσθεν μὲν ἐμάν- 
θαγον. ὕπως τοῖς μὲν ὠφελίμοις χρῷντο. τῶν de βλαύεοῶν 
ἀπέχοιντο... 


« 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 15 


Ici encore δύναμις est employé au sens spécial de vertu, 
qualité, propriété, et l'influence du vocabulaire technique 
des sciences médicales se fait nettement sentir. 


— Hiéron I. 27... Le mariage avec les grands parait être 
très beau à cause de la richesse et de la puissance : ... Πρῶτον 


x ξικ Γ᾿ na x , 1 \ r = ‘ 
REV γὰρ γάμος ὁ μὲν ἐχ μειζόνων δήπου χαὶ πλούτῳ χαὶ δυνάμει 


FES ΩΝ -- τ 
χάλλιόστος δοχεῖ Eva... 


— Agésilas | 16. Αρόβι]αβ... amenait les He qu'il 
rencontrait sur sa route et soumettait les villes : ... χαὶ τάς τε 
ἐν τῇ πορείᾳ ἀπαντώσας δυνάμεις Dotnet ἢγε χἀὶ τὰς 
πόλεις κατεστρέφετο... 

IL. 5. Le Perse Spithridate sachant que Pharnabase voulait 
prendre pour femme la fille du roi, mais en dehors du 
mariage... considéra cela comme une injure et se livra lui, 
sa femme, ses enfants et sa fortune à Agésilas : … ὕόριν νομίσας 
TOUTO Ἄγησιλ λάῳ ἑαυτὸν καὶ τὴν γυναῖκα χαὶ τὰ τέχνα καὶ τὴν 
δύναμιν ἐνεχείρισε. C 

— Hipparchicus V. 4. Pour ne pas se tromper dans l’art 
de poursuivre ou de fuir, il faut bien connaitre les forces des 
chevaux (leur capacité) : ... τὸ μὲν τοίνυν un σφάλλεσθαι éy-yet- 
ροῦντα διώχειν ἢ ἀποχωρεῦ ἘΞ: α ποιεῖ CRU ουνάμεως. 


Sens de troupes, armée dans VIE T et VIE. 10 et 11. 


— République des Lacédémoniens. I. 9. Les femmes. 


veulent occuper deux maisons et les hommes joindre à leurs 
enfants leurs freres qui participent à la race et au pouvoir 
(gouvernement, administration), mais ne peuvent revendi- 
quer la fortune : ... οὗ τοῦ μὲν γένους χαὶ τῆς δυνάμεως χοι- 
γωνοῦσι, τῶν δὲ χρημάτων οὐχ ἀντιποιοῦνται. 

VIE. 5. Il est vraisemblable que les Spartiates établirent 
d'un commun accord avec Lycurgue cette magistrature des 


\ - 


éphores : εἰκὸς ὃὲ χαὶ τὴν τῆς 


[OM 


200€! ίας δύναμιν τοὺς αὐτοὺς 
τούτους συγχατασχευάσαι... 

— Ils avaient remarqué que l’obéissance est un très grand 
bien dans la ville, dans l’armée, dans la famille. Aussi plus 


46 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


considérable était le pouvoir de cette magistrature, plus, pen- 
saient-ils, grâce à la crainte, on engagerait les citoyens à 
Ne obéir : ... ὅσῳ ne μείζω δύναμιν ἔχει ἡ ἀρχή, τοσούτῳ μᾶλλον 
ΝΠ ἡγήσαντο αὐτὴν καὶ καταπλήξειν τοὺς πολίτας τοῦ ὑπαχούειν. 


Même sens : ΥΠ|. 4; ΧΠ1. 1; XV. 8. 


É - Te 


ΠΝ — De Vectigalibus IV. 1. Si les mines d'argent étaient 
ΠΝ organisées comme elles is l’être, on en tirerait des res- 
πος sources considérables... Je veux exposer à ceux qui l’ignorent 


leur pouvoir productif : -- βούλομαι ÔE καὶ τοῖς μὴ, εἰδόσ!: τὴν 
τούτων δύναμιν δηλ LE ᾿ ταύτην γὰρ γνόντες καὶ ὅπως χρῆσθαι 
4 δεῖ αὐτοῖς ἧε Lvoy ἂν βουλεύοισθε. 

τὰ — IV. 47. S'en aller avec de nombreuses troupes en aban- 
donnant son pays, est une chose difficile : πολλῇ γε μὴν 
‘10 δυνάμει πορεύεσθαι ἐξερημοῦντας τὰ ἑαυτῶν χαλεπόν. 


ἔφ τὸ PR = 


AL sus MT LS 
ἜΣ 


ἵν, Apologie 13. On donne divers noms à celui qui manifeste 
lavenir... Mais moi, j'appelle un tel être « démoniaque », 
et Je crois dire ainsi des choses plus vraies et plus saintes que 
ceux qui attribuent à des oiseaux la science (ou la puissance) 
des dieux : ... ἐγὼ δὲ τοῦτο δαιμόνιον καλῶ χαὶ οἶμαι οὕτως 


| 
᾽ 
" 
ἣν 
| 


5 , \ ᾿ - - » 
| ὀνομάζων καὶ ἀληθέστερα καὶ ὁσιώτερα λέγειν τῶν τοῖς ὄρνισιν. 
11 ἀνατιθέντων τὴν τῶν θεῶν δύναμιν. \ 

1 
0e 
ANDOCIDE 
4 
4 


IL 65. 7. Tout ce qui est arrivé me parait moins digne 


D. d'envie que de pitié J’en suis venu à un tel degré d’infortune, 
"4 tant par ma jeunesse et ma folie, que par la puissance per- 
ΠΝ suasive de Ceux qui m'ont ainsi égaré, qu'entre deux maux 
| très considérables, je dois nécessairement choisir : . ὃς els 


τοσοῦτον nov τῆς Ἐν νὴ δυσῶχ! "μονίας, εἶτε χρὴ εἰπεῖν νεότητί 
TE χαὶ vo! a, εἰτ χαὶ δυνάμει: τῶν πεισάντων UE ἐλθεῖν εἰς 
τοιαύτην συμφο "à τῶν φρενῶν, ὥστ᾽ ἀνάγχην μοι γενέσθαι δυοῖν 
χαχοῖν τοῖν se TOLV θάτερον ἑλέσθαι.. 

‘à — ΠῚ 76. ὃ. Tous ces biens survenus à la ville et la puis- 
sance du RUE athénien sont le fruit de la paix avec les” 
Lacédémoniens : ... [καὶ] ταῦτα ἐκ τῆς εἰρήνης τῆς πρὸς Λαχε- 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 17 


δαιμονίους ἀγαθὰ τῇ πόλει χαὶ δύναμις τῷ δήμῳ τῷ ᾿Αθηναίων 
ἐγένετο. 

— ΠΙ. 78. 12. La paix est pour le peuple son salut et sa 
force; la guerre, sa ruine : τοσοῦτον οὖν ἔγωγε ὦ (ἄνδρες) 
᾿Αθηναῖοι διορίζομαι περὶ τούτων, τὴν μὲν εἰρήνην σωτηρίαν 
εἶναι τῷ δήμῳ καὶ δύναμιν, τὸν ὃὲ πόλεμον δήμου χατάλυσιν 
vint. 

— ΠΙ. 83. 25. Souvenez-vous, Athéniens, de ce jour où 
nous luttions avec les Béotiens pour alliés. Quels étaient alors 
nos sentiments? Ne pensions-nous pas que la force militaire 
des Béotiens unie à la nôtre, était suflisante pour repousser 
tous les hommes? οὐχ ὡς ἱκανὴν οὖσαν τὴν Βοιωτῶν δύναμιν 
μεθ᾽ ἡμῶν γενομένην χοινῇ πᾶντας ἀνθρώπους ἀμύνασθαι ; SE 

— Le sens de force militaire, armée se trouve encore dans 
Π|. 85, 29: — 88, 37; — 89, 39. 

— IV. 96. 14. Insolence d’Alcibiade : οὕτως ὑδριστὴς ἢν... 
Par ses désordres, il oblige sa femme à l’abandonner et à se 
réfugier suivant la loi chez l’archonte. Mais alors surtout se 
manifesta son insolence : avec ses compagnons, il arrache sa 
femme de l’agora et montre à tous qu'il se moque des gou- 
vernants, des lois et des autres citoyens : οὗ δὴ μάλιστα τὴν 
αὑτοῦ δύναμιν ἐπεδείξατο ‘ παρακαλέσας γὰρ τοὺς ἑταίρους, 
ἁρπάσας EX τῆς ἀγορᾶς ᾧχετο τὴν γτο- βίᾳ, καὶ πᾶσιν 
ἐδήλωσε χαὶ τῶν ἀρχόντων χαὶ τῶν νόμων χαὶ τῶν ἄλλων πολιτῶ 


καταφρονῶν. 
LYSIAS 


— II. 11. Les Héraclides sont rejetés par tous les 
Grecs qui redoutaient la puissance d'Eurysthée : ἐξηλαύνοντο 
dE ὑπὸ πάντων τῶν Ἑλλήνων, αἰσχυνομένων μὲν τοῖς ἔργοις, 
φοδουμένων δὲ τὴν ᾿ὐρυσθέως δύναμιν. 

-- IT. 58. La force de la ville est le salut de la Grèce 
ἐδήλωσεν οὐ πολλῷ χρόνῳ ὕστερον ὅτι ἣ τῆς πόλεως δύναμις τῆς 
Ἑλλάδος ἣν σωτηρία. 

— VII 21. Tu te plains, Nicomaque, que nul ne veuille 
témoigner pour toi à cause de ma puissance et de mes 


ÉTUDE. / 2 


18 LE TERME Ούναμις AVANT PLATON. 


richesses : ... χαὶ χατηγορεῖς ὡς ὑπὸ τῆς unis δυνάμεως χαὶ τῶν 


— XII. 46. Peinture des maux auxquels les Athéniens 
furent en proie, après la mort des citoyens dénoncés par 
Agoratus : ... les vaisseaux furent livrés aux ennemis, … 
les Lacédémoniens occupérent l’acropole, ... la puissance 
toute entière de la ville fut brisée : ... ἣ δύναμις ἅπασα τῆς 
πόλεως παρελύθη... 

— X. 7. Nous savons tous qu’il y ἃ synonymie entre 
tuer quelqu'un et être un meurtrier : ... ὅσο. < ἀπεχτόνασί 
τινας, καὶ ἀνδροφόνοι εἰσί, καὶ ὅσο.» ἀνδροφόνο.. εἰσί, καὶ ἀπεχ- 
πόνασί τινας. Ce serait une besogne beaucoup trop consi- 
dérable pour le législateur d'écrire tous les mots qui ont 
la même signification : πολὺ γὰρ « ἂν;» ἔργον ἦν τῷ νομοθέτῃ, 
ἅπαντα τὰ ὀνόματα γράφειν ὅσα τὴν αὐτὴν δύναμιν ἔχει... 

— XXXIII.S. Il ne faut pas attendre que les forces des 
deux armées se tournent contre nous, mais retenir leur 
violence, tant que cela nous est permis : ... οὐδ᾽ ἀναμεῖναι, 
ἕως ἂν ἐπ᾽ αὐτοὺς ἡμᾶς αἱ δυνάμεις ἀμφοτέρων ἔλθωσιν, ἀλλ᾽ 
ἕως ἔτι ἔξεστι, τὴν τούτων ὕόριν κωλῦσαι. 


ESCHINE 


— II. 84. Après ces discours et autres semblables, 
Démosthène eut à remplir sa mission. Tous étaient attentifs, 
s’attendant à des paroles d’une puissance oratoire extraordi- 
naire : ... χαὶ πάντες προσεῖχον ὡς ὑπερύολάς τινας δυνάμεως 
ἀχουσόμενοι λόγων... 

— 11. 73. Tels étaient les périls de notre république chan- 
celante qu'un des amis intimes de Charès, Céphisophon. fut 
obligé de proposer par un décret qu’Antiochos, commandant 
de la marine légère, mit à la voile en toute hâte, cherchât le 
général et son armée : … χαὶ ζητεῖν τὸν στρατηγὸν τὸν ἐπὲ τῇ 
δυνάμει τεταγμένον... S'il pouvait le joindre, il lui dirait : le 
peuple est surpris de voir Philippe marcher contre la 
Chersonèse, colonie d'Athènes, et d'ignorer où se trouvent 
son général et les troupes d'expédition : ... ᾿Αθηναῖοι! de οὐδὲ 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 19 


2 


τὸν. στρατηγὸν ἴσασιν οὐδὲ τὴν δύναμιν, ἣν ἐξέπεμψαν, ὅπου 
ἐστίν. 

— II. 80. Athéniens, il faut juger un député d’après les 
circonstances de sa mission ; un général, d’après les troupes 
qu’il ἃ commandées : ... τοὺς de στρατηγοὺς πρὸς τὰς δυνάμεις, 
ὧν ἡγοῦντο. 

— IL 115. Je lus les serments par lesquels ces anciens 
Grecs s’engageaient à ne détruire aucune ville amphictyo- 
nique, à employer leurs pieds, leurs mains, leur voix, 
leurs forces entières pour punir tout profanateur du trésor 
d’Apollon, tout complice, tout instigateur du sacrilège : 
ον, χαὶ ἐάν τις ἢ συλᾷ τὰ τοῦ θεοῦ, ἢ συνειδῇ τι, Ἦ βουλεύσῃ τι 
χατὰ τῶν ἱερῷ) Y τιμωρήσε!" νχας χει: XAL TOOL χαὶ Οὐ νὴ XAL ποσῃ 
ουναμε!:... 

— ΠΠ. 117. Si envahissant avec une armee, vous appuyez les 
iniquités des Thébains, vous ne ferez que des ingrats parmi 
ceux que vous allez soutenir : .… εἰ δ᾽ ἐπεξελθὼν δυνάμε: βεδαιώ- 
σεις τὰ Θηύαίων ἀδικήματα. παρ ὧν μὲν βοηθεῖς οὐκ ἀπολ ἥψη 
χάριν. 

— II. 190. Vous-mêmes, quels étaient ici en public vos 
sentiments? N'attendiez-vous pas tous l’humiliation de Thèbes 
par un prince témoin de son insolente audace, et peu disposé 
à laisser croitre la puissance de ce peuple perfide : ... οὐ 
ἄντες προσεδοχᾶτε Φίλιππον ταπεινώσειν Θηύαίους, ὁρῶντά 


1 


μ᾿ 


« τ᾽ αὐτῶν τὴν θρασύτητα, χαὶ τῷ μὴ τῶν δύναμιν 
ἀνθρώπων ἀπίστων ἐ ARE αι; 

— ΠΠ. 137. Philippe, à cette vue, ne vous a-t-:1l pas écrit 
pour vous inviter à sortir avec toutes vos forces (votre armée) 
et à défendre les droits de la justice? ... ὑμῖν ὃὲ ταῦθ᾽ ὁρῶν 
οὐχ ἔπεμψεν ἐπιστολὴν ὁ Φίλιππος, ἐξιέναι πάσῃ τῇ δυνάμε: 
βοηθήσοντας τοῖς δικαίοις ;... 

— ΠΙ. 85. En cinq jours, vous avez secouru les Eubéens 
avee vos vaisseaux et votre armée : ... ἐν πέντε ἡμέραι ς ἐδοηθή- 

σᾶτε αὐτοῖς καὶ ναῦσι καὶ πεζῇ δυνάμει. 

1Π. 87. Callias. demanda à Philippe des troupes de 
renfort : … χαὶ παρὰ Φιλίππ ου δύναμιν προσμετ ATEU ἄμενος.. 

— Mème sens ἣν troupes, νὴ ces militaires 9; 96, 08. 
109, 147. 


NE SEE PRET RE OMR) ὧν ΝΕ Τ 


20 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


1Π. 174. Quant à la sagesse et à la puissance oratoire, 
Démosthène est né pour bien dire et mal faire : ... πρὸς 
δ᾽ εὐγνιμοσύγην χαὶ λόγου δύναμιν πῶς πεφύχε; ὃ δεινὸς ἢ λέγειν, 


χαχὸς βιῶναι. 


DÉMOSTHÈÉNE 


Le terme δύναμις déterminé chez les écrivains cités au 
cours de cette étude, ne présente, dans les œuvres de 
Démosthène, aucun caractère particulier intéressant. Pour 
ne pas encombrer inutilement un travail déjà trop aride, 
nous nous contenterons de quelques exemples, spécimens des 
sens divers. 

— XXI. 76. 69. Midias m'a poursuivi, Athéniens, moi qui 
me suis offert pour être chorège, par générosité ou même par 
folie : car il y a peut-être de la.folie à vouloir briller plus 
qu'on ne peut : … μανία γὰρ ἰσὼς ἐστὶν ὑπὲρ δύναμίν τι 


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ποιεῖν. 

— 97. 143. En parlant d’Alcibiade, je ne prétends pas lui 
comparer Midias... je veux seulement vous convaincre que 
naissance, richesse, dl ne sont et ne seront rien. s'ils 
sont unis à l’insolence : ... οὐδὲν οὐτ᾽ ἔστιν οὐτ᾽ ἔσται, οὐ γένος, 


ΚΝ durer ere be tds te Re RE Ἢ Ἢ 


οὐ πλοῦτος, οὐ Sen LE ἂν ὑύρις προσῇ. 

— 119. 224. Et la force des lois, quelle est-elle? Entendent- 
elles vos appels, si on vous fait une injustice? Accourent-elles 
à votre secours? Non. Elles ne sont par elles-mêmes que des 
écritures mortes, dépourvues de toute faculté d'agir. Qu'est- 
ce done qui fait leur andre C’est votre fidélité à les main- 
tenir par l’exécution : ... ἣ ὃὲ τῶν νόμων ἰσχὺς τίς ἐστιν; 


CR τυ RS ARR ME EE DT lee GE à εκ τος 


fes ne mn ὦ» 


ÉaEts + 


4 at »» τῶ «τῶν » 4 cb 

τίς οὖν αὐτῶν ἣ δύναμις [ἐστίν]; ὑμεῖς ἐὰν βεδαιῶτ᾽ αὐτοὺς καὶ 
- ni ! 

παρέχητε χυρίους ἀεὶ τῷ δεομένῳ. 


— XXIIL 180. 104. Afin que ce grand pouvoir de vos 
décrets ne vous étonne pas, je vais vous rappeler un fait dont 


“ 


à . . “ LA \ ’ 1 » » 
vous êtes tous instruits : ... ἵνα 0€ Un Tavu θαυμάζητ εἰ τὰ 


O2 


παρ᾽ ὑμῖν ψηφίσματα τηλικαύτην ἔ ἔχει δύναμιν, γεγονὸς χαὶ 
πᾶντες Reset πρᾶγμ’ ὑμᾶς ὑπομνήσω. 

— 201.171. Charidème... rompt le traité qu'il avait conelu 
avec Athénodore... et en rédige un autre avec Chabrias, 


LE SENS PRIMITIF ET SES DÉRIVÉS. 21 


encore plus révoltant que celui de Céphisodote. Chabrias 
n'ayant pas d'armée, était forcé sans doute de consentir à 


Ξ ἌΝ M + 2 _ = x: ς,» = Υ ᾿Ξ 4] "-Ψ 
tout : ... oux EYOY O EXELYOS OU οὐνᾶμοιν στέργειν ἡναγχαςετο 


PR 
— 203. 179. ... Il n’a cessé de vous flatter et de vous 
amuser tout le temps que votre armée resta dans l’Hellespont. 
Dès que vos troupes furent parties, il chercha à perdre les 
princes, à les déposséder : ... Mer ταῦτα τοίνυν ὅσον μὲν 
χρόνον [ἢ ὑμετέρα] δύναμις παρῆν ἐν ᾿Ελλησπόντῳ, κολακεύων 
καὶ φεναχίζων ὑμᾶς διαγέγονεν ‘ ἐπειδὴ δ᾽ εἶδε τάχιστα τὸν 
Ἑλλήσποντον ἔρημον δυνάμεως, εὐθέως ἐνεχείρει... κτλ. 

— LIX. 321. 94. Les Platéens sont les seuls des Grecs qui 
nous aient secourus à Marathon, lorsque Datis, général du 
_ roi Darius, revenant d’Erétrie après avoir subjugué l'Eubée, 
descendit avec des troupes nombreuses dans notre pays qu’il 
ravagea : ... ὅτε Δᾶτις... dnéôn εἰς τὴν χώραν πολλῇ δυνάμει 
καὶ ἐπόρθει. 


— Si par contre, nous parcourons les fragments des phi- 
losophes qui ont précédé Platon, nous trouverons rarement 
le terme δύναμις employé au sens très général de force ou de 
puissance. On ne pourrait guère citer dans la collection qu’un 
extrait de Melissos-et deux textes de Démocrite. 


Mélissos. L'univers est éternel, infini, un, uniforme... il 
ne peut subir aucun changement. il ne souffre pas, car s'il 
souffrait, il ne serait pas universel; une chose qui souffre ne 
peut exister toujours et n’a pas la même force que ce qui est 
en santé : ... οὐδὲ ἀλγεῖ 0) γὰρ ἂν πᾶν εἴη ἀλγέον (οὐ γὰρ ἂν 
δύναιτο ἀεὶ εἶναι! χρῆμα ἀλγέον), οὐδὲ ἔχει ἴσην δύναμιν τῶι 


ὑγιεῖ... (DieLs, 187. 19.) 


Démocrite. — Celui qui veut vivre content... ne doit rien 
entreprendre au-delà de ce qu’il peut et de sa nature : τὸν 
εὐθυμεῖσθα,, μέλλοντα χρὴ μὴ πολλὰ πρήσσειν, μήτε din. μήτε 

> 


- ! 4 Ἃ ’ € ! Ω - Ν « 4 
ξυνῆ., μτχε ἅσσ ον πρασσΊ)., “περ τε γυναμον αἱρεῖσθαι, τὴν εὠυτου 


χαὶ οὐσιν... 
͵ 


22 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. / 


Qu'il se tienne en garde, si la fortune survient et veut le 
pousser plus haut... qu'il la néglige et ne fasse rien au-dessus 
de ses forces : ... καὶ μὴ πλέω προσάπτεσθα', τῶν δυνατῶν... 
(Dies, I 57 fr. 5: 1 sqq.) 

— Les hommes demandent aux dieux dans leurs priéres 
la santé, et ils ne savent pas qu’en eux ils ont pouvoir sur 
elle : ... ὑγιείην εὐχῆισι παρὰ θεῶν airésvrar ἄνθρωποι, τὴν δὲ 
ταύτης δύναμιν ἐν ἑαυτοῖς ἔχοντες οὐχ ἴσασιν... (θιει.5, II, 101 


fr. 234. 12 544.) 


- La simple lecture de ces documents permet, je crois, de 
constater l’évolution du terme δύναμις dans le langage cou- 
rant. On pourrait la résumer ainsi : 1) l’idée primitive de 
force physique, applicable uniquement à individu qui triom- 
phe de ses adversaires, grâce à ses bras ou à ses armes, se 
généralise bientôt et s’élargit. La δύναμις désigne toute sorte 
de supériorité : on parlera de la δύναμις d’un état, d’un 
prince, d’un pays. Sans doute la notion de force matérielle 
n’est pas absente de cette détermination nouvelle, mais elle 
n’est plus exclusive, et celle d'influence ou d’autorite la com- 
plète. — 2) Bien plus, le terme: s'étend aux êtres inanimés, 
comme la maladie, l'argent, aux êtres moraux qui n’ont 
d'autre force que leur valeur persuasive ou le respect qu'ils 
inspirent : telles la puissance des discours, la puissance des 
lois. — 3) Peu à peu cette qualité particulière et abstraite 
qui réside dans les collectivités finit par représenter ces 
collectivités mêmes, et l’armée, le gouvernement, la fortune 
seront des δυνάμεις, en un mot les êtres concrets qui mani- 
festent en eux cetle supériorité. — 4) Enfin l’idée de valeur 
s’atténue parfois et se réduit à celle de simple pouvoir (non 
plus la potentia, mais le posse). Ainsi s'expliqueraient, en 
dehors des formules χατὰ δύναμιν, εἰς δύναμιν... des expres- 
sions comme : des discours équivalant à des actes, c’est-à-dire 
ayant le même pouvoir que des actes: — le pouvoir significatif 
des mots...; ainsi encore, l’idée de capacité productive dont 
Xénophon nous fournit quelques rares exemples. Mais ces 
divers sens relativement moins fréquents dans la littérature 


LE SENS MATHÉMATIQUE. 23 


qui se tient plus à l’écart du mouvement sophistique, doivent 
peut-être déjà leur origine à cet autre courant qui détourne 
le terme de son acception primitive et le spécialise. 


Μ΄ 


$ 2. LE SENS MATHÉMATIQUE 


Des renseignements, pour la plupart douteux, que four- 
nissent les interprètes anciens du pythagorisme, un des 
moins contestés et des plus généralement admis aujourd'hui 
comme authentique, est celui qui concerne l’organisation du 
nombre et sa formation(1). Or les commentateurs s'accordent 
à reconnaitre que les mathématiciens grecs voyaient dans la 
décade la source et le principe de tout nombre, bien plus, sa 
nature elle-même, φύσις, car les nombres qui dépassent la 
décade se composent de dizaines indéfiniment renouvelées, 
suivant le besoin. Et, ajoutent-ils, les quatre premiers 
entiers, ou la tétrade, constituent la δύναμις de ce nombre 
fondamental : εἶναι de τὴν φύσιν τοῦ ἀριθμοῦ δεκάδα... χαὶ τῶν 
δέχα πάλιν, φησίν, ἣ δύναμίς ἐστιν ἐν τοῖς τέσσαρσι καὶ τῇ 
τετράδι (2). 

Pour déterminer exactement ce que signifie dans ce cas 
le terme δύναμις, il faut tenir compte de deux choses : du 
symbolisme numérique qui semble avoir été pour des mathé- 
maticiens avant tout géomètres, à la base de la spéculation 
arithmétique, et du procédé de développement et de forma- 


(1) Voir, par exemple, J. Burner. Early Greek Philosophy, p. 110 sqq. 

(2) Aer. Plac. 1. 3. 8. Doxogr. 281. Cf. également le commentaire de 
Hiéroclès sur les Vers Dorés attribués à Pythagore, ou plus exactement à 
un pythagoricien de la première époque : ... Τοῦ δὲ ἀριθμοῦ τὸ πεπε- 
βάσμενον διάστημα ἣ δεχάς. Ὁ γὰρ ἐπὶ πλέον ἀριθμεῖν ἐθέλων 
ἀναχάμπτει πάλιν ἐπὶ τὸ ἕν, καὶ δύο, καὶ τρία : “δὴ δευτέραν 
ἀριθμεῖ Sexé ς ὶ 
ΤΌΘ ᾿ 2 ΑΣΑ ΤΙΣ 
ὁμοίως, ἵνα Ho οντα εἰπῇ * χαὶ τοῦτο ἑξῆς, ἕως ἂν δεχάτην 
ἀριθμιήσας δεχάδα εἰς EXATOY προέλθῃ. Καὶ πάλιν ἑχατὸν δέχα 
τὸν αὐτὸν τρόπον ἀρ θμεῖ. Καὶ οὕτω υέχρις ἀπείρου τῷ τῆς 
δεχάδος διαστήματι ἀναχυχλουμένῳ προχώρε!ν δύναται. Τῆς δὲ 


, 


\ 
τὴν τῆς εἰκοσάδος συμπλήρωσιν "POC0L 


-- 


᾿ δεχάδος δύναμις ἣ τετράς. Men Fragm. 1, 464 B. 


hrs de 


τ τ-ππττοτσοσττο-- --- τ ν-- το --.....-----ς-π- τ- τ τὸῶτςτ- τ. 


94 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


FRET πα τ ΤῈΣ: 


tion des nombres, observés d’abord grâce à des expressions 
sensibles qui donnaient à l’esprit par les yeux la connais- 
sance même de ce procédé. Il nous faut donc rappeler iei 
certains principes déjà établis par les historiens de la philo- 
à sophie ancienne, et pour plus de détails nous renvoyons aux 
excellentes études de Burnet(1) et de Taylor (2). 

Le symbolisme numérique parait bien appartenir au 
pythagorisme primitif : les nombres étaient représentés par 
des figures, probablement des points symétriquement rangés 
ἽΝ et disposés suivant des modèles ou des patrons, un peu à la 
manière de nos dés à jouer et de nos dominos(3). Dans une 
série d’entiers, chaque terme de la série peut être ainsi figuré 
par un modèle géométrique : triangle équilatéral, polygone 
régulier, carré... Soit, par exemple, une progression arithmé- 
tique dont la constante est 1 : la somme des termes suecessifs 
de la progression, 1, 2, 3, 4, 5, 6... sera représentée par des 
triangles, et la forme triangulaire caractérisera les séries 1, 5. 
6, 10, 15, 21. Si, au contraire, la RE est ?, la forme 
carrée sera la forme propre des séries 1, 4, 9, 16, 25, 36... (4). 

Parmi ces graphiques, un des plusanciensest, sans conteste, 
la tetractys de la décade, la « sainte tétractys » dont on 
attribue l’origine à Pythagore lui-même. Elle est la source de 
la nature, l’objet sacré du plus formidable des serments(5). 
Son importance provient surtout de la valeur mème de la 
décade, qui est, nous l'avons vu, le principe de tout 
nombre (6). Appeler la tétrade δύναμις de la décade, c’est 


PRE - 
DER 


(4) Bunxer. Early Greek. loc. cit. : 
(2) Taycor. Varia Socratica. The words εἴῦος, ἰδέα... p. 238 566. 
(3) Burner. Early Greek .. P. 111. 
(4) Tayzor. The words εἶδος, ἰδέα... pp. 259-260. 
(5) Πυθαγόρειου à ὡς μεγίστ υ ὅρχου ὄντος τῆς τετράδος : 
οὐ μὰ τὸν ἁμετέρᾳ ψυχᾷ παραδόντα τετραχτύν, 
παγὰν ἀενάου φύσεως δίζωμα τ τ᾽ ἔχουσαν. 
AT. Plac. 1, 3. 8. Πιει.5. Dre 281. 
ταύτην ὁ Πυθαγόρας ἔφη ἱερὰν τετραχτὺν « πηγὴν devaou 
φυ ἡσεὼς δι ζώματα ἔχουσαν.. " 
᾿ HrppoL. ως Philosoph 2 2. 9. Deus. Doxogr. 556. 
(6) … χαὶ ἐχ τούτου τοῦ ἀριθμοῦ πάντας ἔχειν τοὺς ἀριθμοὺς 


ΔΤ τὺ ΤΡ 
réa l ΝΜ 


LE SENS MATHÉMATIQUE. DE, 


affirmer la puissance de développement que renferment les 
quatre premiers entiers groupés et additionnés, la propriété 
constilutive du nombre 10 qu’exprimera de façon évidente la 
surface triangulaire : 


On pourrait, en effet, représenter ce nombre de façons très. 
diverses, au moyen d’une ligne droite, par exemple, ou d’un 
rectangle. Mais sa forme spéciale, caractéristique, est le 

triangle. Seule une semblable figure et une telle disposition 

des points-unités rend compte de la perfection essentielle 
qui réside, suivant Pythagore, dans les quatre premiers. 
nombres et qui permet de former le nombre fondamental. La 
tétrade est δύναμις de la décade, parce qu’elle la constitue, 
parce qu’elle la réalise et l’exprime, ainsi qu’on peut le 
constater dans le triangle équilatéral, parce qu’elle est en 
définitive sa propriété distinctive, son élément primitif. La 
décade n’est, en réalité, qu'une somme des quatre premiers 
entiers : Πρὸ γὰρ τῆς κατὰ διέξοδον τελειότητος τῆς ἐν τῇ δεχάδι, 
ἡνωμένη τις τελειότης ἐν τῇ τετράδι θεωρεῖτα!ι. Κατὰ γὰρ 
σύνθεσιν τὴν ἀπὸ μονάδος ἕως τετράδος, δεχὰς τὸ πᾶν ἀθροισμα 
γίνεται. Α΄ γὰρ, χαὶ β΄, καὶ γ΄, καὶ δ΄, τὴν δεκάδα πληροῖ (1). 

C’est pourquoi les idées de propriete fondamentale ou 
distinctive me paraissent assez exactes pour traduire cette 
δύναμις dont les mathématiciens Grecs faisaient le principe, 
la source de développement des nombres, si l’on peut toute- 
fois généraliser l’exemple très clair de la décade. 


τὴν ἀρχήν ᾿ ὃ γὰρ ἕνδεκα καὶ ὁ δώδεχα καὶ οἱ λοιποὶ τὴν ἀρχὴν 
τοῦ εἶναι ἐκ τοῦ δέχα μετέχουσι. 
Πιρροι,. Philosoph. 2. 9. θεκι8. Doxogr. 556. 

Sur les nombres de la décade et leurs propriétés, cf. le fragment des 
Théologoumènes de Speusippe. Dics : Die Fragmente der  Vorsok. 
I. p. 303. 33 sqq. Tannery en donne une traduction et un commentaire 
dans l'ouvrage : Pour l’histoire de la science hellène, p. 386 sqq. 

(4) HiéROCLES. Comment. in aur. Carm., MuiLacn. Fragm. 1, 465 A. 


ARE τ οὐ ΩΝ ἡ START 
«Ha ΠΝ blé AVE Le ER ND me CR ΗῚ 


26 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


Or en se souvenant de la théorie pythagoricienne qui 
assimile les choses aux nombres, ou du moins fait du nombre 
la condition indispensable de leur connaissance, on verra 
comment peu à peu s’est introduit dans le vocabulaire 
scientifique ce sens spécial de propriété distinctive ou de 
qualité essentielle. Si la δύναμις désigne l'élément qui préside 
à l'établissement des nombres et représente en chacun d’eux 
le groupement des termes qui les constituent, il est facile de 
comprendre que le mot se retrouve avec une acception 
analogue chez des écrivains très au courant des conceptions 
et du langage mathématiques, et pour lesquels l’univers n’est 
qu’un système de figures géométriques et de nombres. 

De fait, Parménide, dont le système cosmologique est 
étroitement apparenté aux spéculations mythiques du pytha- 
gorisme (1), construit le monde au moyen des δυνάμεις qui 
composent la lumière ou la nuit, les deux grands facteurs du 
cosmos. Et ces δυνάμεις ne sont autres que les qualités 
opposées : le chaud et le froid, le dur et le mou, le léger et le 
dense. En vertu de leurs arrangements et de leur aboutis- 
sement définitif aux deux forces organisatrices : le φάος et la 
γύξ, les corps se trouvent constitués : 


αὐτὰρ ἐπειδὴ πάντα φάος καὶ νὺξ ὀνόμασται 

1500 καὶ τὰ χατὰ σφετέρας δυνάμεις ἐπὶ τοῖσί TE χαὶ τοῖς, 
: πᾶν πλέον ἐστὶν ὁμοῦ φάεος χαὶ γυχτὸς ἀφάντου 
ἴσων ἀμφοτέρων, ἐπεὶ οὐδετέρωι μέτα μηδέν. 


(Diezs. Vorsok. I, 189, fr. 9, 10 sqq.). 


— Ce serait bien aussi le sens attribué déjà au terme avant 
Parménide par le médecin de Crotone Alcméon, que l’on 
s'accorde à regarder « comme un disciple de Pythagore et 
4 comme le premier physiologue italique (2) ». Pour lui, la 
ἔπ, santé est un équilibre de qualités, et la combinaison des 
δυνάμεις, humide, sec, froid, chaud, amer, doux, assure seule 
au corps son bon fonctionnement : ᾿Αλχμαίων τὴς μὲν ὑγεΐας 


ἊΝ 2 \ \ » , - o ’ t  p - - 
Ale es ELYAL συνεχτιίχην τὴν LGOYOUL TV τὼν OUYIUEUWY υγϑου ST200 ψυχροῦ 


) Voir là-dessus ΤΆΝννεαυ, Pour l'histoire de la science hellène, p.234sqq. 


(ἰ 
(2) 1βῖν. Id. p. 203. 


τ 
ἼΩΝ 
M" 
ee 
- 
μεν 
{ 
Ἢ 
2 
2 
- 
᾿ 


LE SENS MATHÉMATIQUE τὸ 


ϑερμοῦ πικροῦ γλυκέος καὶ τῶν λοιπῶν, τὴν δ᾽ ἐν αὐτοῖς μοναο- 
χίαν νόσου ποιητικήν... (AET. Plac. V, 30, 1. DieLs. Doxogr. 442.) 

— Enfin les quelques renseignements qui nous’restent sur 
Ecphante de Syracuse, qui fut peut-être un contemporain de 
Platon({), nous rapportent que ce pythagoricien pour qui 
les indivisibles étaient les principes des corps, affirmait de 
ces particules élémentaires trois propriétés : la grandeur, la 
forme et la δύναμις. Et de ces particules sont composés tous 
les êtres sensibles : τὰ μὲν πρῶτα ἀδιαίρετα εἶναι σώματα καὶ 
παραλλαγὰς αὐτῶν τρεῖς ὑπάρχειν, μέγεθος σχῆμα δύναμιν, ἐξ 
ὧν τὰ αἰσθητὰ γίνεσθαι (2). Or le rôle de cette δύναμις est de 
mouvoir les indivisibles, et cette puissance, Ecphante l’appelle 
intelligence, âme : κινεῖσθαι de τὰ σώματα μήτε ὑπὸ βάρους 
UNTE πληγῆς, ἀλλ᾽ ὑπὸ θείας δυνάμεως, ἣν νοῦν καὶ Lo 
προσαγορεύει. Par cette δύναμις, le monde recoit sa forme ; 
grâce à elle, il est sphérique : τούτου μὲν οὖν τὸν χόσμον εἶναι: 
ἰδέαν, δι᾿ ὃ καὶ σφαιδοειδὴ ὑπὸ θείας δυνάμεως γεγονέναι. 

Sans doute, on sera tente de traduire le terme par force ou 
par puissance, et je ne conteste pas que le ton mythique de 
cette cosmologie ne donne quelque droit de le faire. Pourtant 
n’y a-t-il pas lieu de préciser davantage? Si l’on rattache cette 
doctrine à la théorie essentielle du pythagorisme, — théorie 
que doitavoir connue etadoptée Ecphante, puisqu'il appartient 
à l’école, — et à la formule bien connue : « les choses sont 
nombre(3) », ne pourrait-on soutenir que la δύναμις motrice 
des indivisibles qui opère le rapprochement et l’organisation 
des corps, s’identifie à la propriété fondamentale des nombres, 
la δύναμις τοῦ ἀριθμοῦ dont parle Philolaos(4), qui explique 


(4) Sur Ecphante, cf. Tannery. Archiv. XI, 1898, p, 263. 
(2) Hippoz. Refut. 1. 15. DieLs. Vorsok. p. 340. 24 5{{. 

(3) Voir, par exemple, AmistotE. Met. N 3. 1090 A20 — M 6. 1080 BIS : 
τὸν γὰρ ὅλον οὐρανὸν κατασχευάζουσιν ἐξ ἐπ ιθμῶν.... --Α 8, 990 ΑΞἜι’ιἅο 
(4) ἴδοις δέ χα οὐ μόνον ἐν τοῖς ὃαι υονίοις χαὶ θείοις 7 πράγμασ: 
τὸ" τῷ ἀριθὼ φύσιν χαὶ τὰν δύναμιν Fosse ἀλλὰ χαὶ ἐν 
τοῖς ἀνθρωπικοῖς ἔργοις καὶ λόγοις πᾶσι παντᾶ χαὶ κατὰ τὰς 
δημιουργίας Ως τεχνιχὰς πάσας χαὶ χατὰ τὰν ὑμουσικᾶν. (Dies. 

Vorsok, 3138 fr. 11. 17 544.) 
s'appuyer sur ces prétendus fragments qu'avec assez de deliance. Les 


Toutefois, il faut se souvenir qu'on ne peut 


LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


leur représentation graphique. Si le monde pour Ecphante est 
une sphère, c’est-à-dire un nombre sphérique, c’est que préci- 
sément la figure ; géométrique n’est que l'expression de la pro- 
priété spéciale, de la δύναμις qui réside dans ce nombre parti- 
culier, comme le triangle est l’expression géométrique de la 
propriété spéciale ou de la δύναμις qui réside dans la décade, 

Les médecins et les sophistes, s'emparant de la significa- 
tion nouvelle et l’unissant au concept primitif de force, ont 
préparé la fixation philosophique du terme, et nous devrons 
chercher à retrouver cette élaboration progressive que les 
textes laissent deviner. 

Mais il faut dire auparavant un mot du sens plus technique 
que déjà les anciens mathématiciens grecs avaient attribué 
à la δύναμις, et qui par le latin potentia a passé dans notre 
vocabulaire scientifique moderne. 

C'est par métaphore, dit Aristote dans la Métaphysique, 
qu’on parle de puissance en géométrie (1) ». Et il aflirme que 
dans la langue grecque, le mot, avec ce sens particulier, 
est une pure homonymie : « Certaines δυνάμεις, en géo- 
métrie, par exemple, ne sont ainsi appelées que par suite de 
quelque ressemblance. Nous disons les choses possibles ou 
impossibles, parce qu’elles sont ou ne sont pas d’une certaine 
façon (2) ». Paraphrasant ce passage de la Métaphysique, 


textes qui nous sont parvenus sous le nom de Philolaos ont été fort pro- 
bablement remaniés par des écrivains postérieurs. — Voir là-dessus 
Buxer. Early Creek Philosophy ?, p. 326 sqq. 

Aristote attribue aussi aux Pythagoriciens cette théorie des vertus natu- 
relles des nombres qui paraissent groupées en séries suivant les deux 
principes du Bien et du Mal. A la série du Bien, appartiendraient l'unité, 
la lumière, l'impair.….: à celle du Mal, la pluralité, le pair... etc. 
ἐχεῖνο μέντοι ποιοῦσι φανερὸν ὅτι. τὸ εὖ ὑπάρχε: χαὶ τῆς συστουχί ας 
ἐστὶ τῆς τοῦ χαλοῦ τὸ περιττόν, τὸ εὐθύ, τὸ ἴσον, αἱ δυνάμεις 
ἐνίων ἀριθμῶν... Met. N. 5. 1093. Β1 

(1) κατὰ μετὰφ ορὰν ὃξ ἢ ἐν τῇ γεωμετρίᾳ λέγεται ὃ δύναμις. 
(Met. À 12. 1019. B: 38.) 

(2) τούτων δ᾽ ὅσαι μὲν ὁμωνύμως λέγονται δυνάμεις ἀφείσθωσαν. 
ἔνιαι γὰρ ὁμοιότητι τινι λέγονται χαθάπερ ἐν γεωμετρίᾳ, καὶ 
= \ ς 
δυνατὰ HAL ἀδύνατα λέγομε ν τῷ εἶνα! πως Ἢ UT 
1046. À. 6.) 


LE SENS MATHÉMATIQUE. 29 


Alexandre Aphrodisias (1) explique cette ressemblance : si 
une ligne droite est double d’une autre, son carré peut 
réaliser quatre fois le carré de cette autre. En langage 
technique, cette ligne double élevée à la seconde puissance 
(expression qui traduit toute l’idée : ce que vaut, ce que peut 
produire la ligne dont le carré ἃ été formé), est quadruple de 
l’autre ligne, moitié moindre, également élevée à la seconde 
puissance, — ou quadruple de son carré : ... εἰ ἔστιν ἥδε ἢ 
εὐθεῖα διπλασία τῆσδε, καὶ ὃ δύναται τετράγωνον τετραπλάσιόν 
ἐστι τοῦ τετραγώνου ὃ δύναται ἣ λοιπή. Les nombres fourni- 
ront un exemple encore plus clair, et l’on voit comment 16, 
carré de 4, double de 2, est le quadruple du carré de 2 ou #4: 
ὃ γὰρ τέσσαρα διπλάσιος ὧν τοῦ δύο καὶ ἀπὸ τοῦ τέσσαρα. τετρά- 
γῶνον, ὅ ἐστι καὶ δεχαέξ, τετραπλάσιόν ἐστι τοῦ ἀπὸ τοῦ δύο, 
ὅπερ ἐστὶ χαὶ τέσσαρα. Ainsi s’unit par analogie à la conception 
du carré celle de la puissance, car le premier développement 
que subiront soit une ligne, soit un nombre multiplié par lui- 
même, sera précisément la constitution du carré dont ils trou- 
veront la genèse en eux seuls, sans l’aide d’aucun facteur 
étranger. Et la capacité de ce carré, ce qu’il peut exprimer ou 
produire, sa puissance, en un mot, sera un résultat de sa forma- 
tion. Dès lors on comprend que le terme δύναμις en arrive faci- 
lementàsignifieréquivalemmentlaseconde puissance ou lecarre. 

Le même commentateur justifie encore par Ce raisonne- 
ment le nom de ἀνικία que les Pythagoriciens donnaient à la 
πέντας. Dans les triangles rectangles, un des côtés de l'angle 
droit vaut 3, l’autre 4, l’hypothénuse ὃ. Or cette hypothénuse 
a son carré égal à la somme des deux autres côtés, (elle est en 
puissance égale aux deux autres côtés) : … ἣ ὑποτείνουσα ἴσον 
δύναται ἀμφοτέραις ἅμα... Aussi l’appelle-t-on productrice, 
triompbhatrice, tandis que les côtés sont des produits, des 
dominés. C’est pourquoi à est dit invaincu, puisque loin 
d’être surpassé, il surpasse : διὰ τοῦτο ἣ μὲν δυναμένη χαλεῖτα. 
αἱ δὲ δυναστευόμεναι, χαὶ ἔστι πέντε. τήν τε πεντάδα ἀνιχίαν 
ἔλεγον ὡς μὴ νικωμένην ἀλλ᾽ ἀήττητον καὶ κρατοῦσαν(3). 


(1) Scholia in Aristotelem, éd. Brandis ἢ. 777, B41, 
(2) Id. P. 561. Α 44. 


--.... 


30 LE TERME δύναμις AYANT PLATON. 


Que les mots δύναμις, δυναμένη, pour désigner soit le carré, 
soit l’hypothénuse, remontent aux premiers mathématiciens 
grecs, la chose paraît très probable. On constate l'existence de 
δύναμις avec ce sens dans l’œuvre d'Hippocrate que sans 
doute Eudème reproduit directement (1). Pour établir le 
fameux problème de la quadrature des lunules, le mathé- 
maticien de Chios s’appuyait sur cette proposition que deux 
segments de cercle semblables ont entreeux le même rapport 
que leurs bases en puissance, ou les carrés de leurs bases, ce 
qu'il prouvait à l’aide du théorème correspondant sur deux 
cercles : les cereles sont entre eux comme les carrés de leurs 
diamètres (2) : ἀρχὴν μὲν οὖν ἐποιήσατο χαὶ πρῶτον ἔθετο τῶν 
πρὸς αὐτοὺς χρησιμῶν, ὅτι τὸν αὐτὸν λόγον ἔχει τά τε ὅμοια τῶν 
χύχλων τμήματα πρὸς ἄλληλα καὶ αἱ βάσεις αὐτῶν δυνάμει. τοῦτο 
& ἐδείκνυεν dx τοῦ τὰς διαμέτρους δεῖξαι τὸν αὐτὸν λόγον ἔχούσας 
᾿ τοῖς χύχλοις..: 

Le vocabulaire scientifique pourtant a-t-il été bien fixé dès 
l’origine, et ne peut-on constater dans les débuts quelque 
flottement? Certains passages de Théétète, sur lesquels nous 


ς- 
-. 
ῷ. 
€ 
eo 


reviendrons plus loin, tendraient à montrer qu'il y ἃ eu 


parfois confusion de sens entre δύναμις et δυναμένη, et si le 
texte n’est pas corrompu, au lieu de carré, δύναμις signifierait 
racine carrée. Ainsi deux acceptions différentes auraient été 
à peu près simultanément adoptées pour un même terme. 
Toutefois, il faut l’avouer, le cas de Théetète est assez excep- 
tionnel, et nous ne possédons guère, je crois, d’autres 
exemples pour contrôler le fait. D’une façon générale, la 
langue technique des mathématiciens qui ont précédé Platon, 


(1) Le texte d'Eudème est cité par Simplicius. Cf. édit. Rudio : Der 
Bericht des Simplicius über die Quadraturen des Antiphon und des 
Hippokrates, pp. 47, 48. . 

(2) Cette proposition que l’on trouve dans Euclide (prop. 3, livre XII) a 
été probablement découverte par Hippocrate à qui, du reste, on attribue 
un certain nombre de propositions euclidiennes, celles notamment qui 
concernent la géométrie du cercle dont Hippoerate fut le créateur. Sur 
Hippocrate, cf. W. Rouse Bal. Histoire des Mathématiques 3 1, traduct. 
Freund, p. 41 et ZEUTREN. Histoire des Mathématiques dans l'antiquité. 
waduct. Mascart, p. 58. Te 


ιν τεῦ D ΕΝ ΦΙ ΠΥ PT 2) M Ld 
Au PROS Cp it 21)" AT ΩΣ μ ἐς F ' 
ἮΝ ΝΣ, ὙΠ ἀκ GT Ta à 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 37. 


a réservé au carré, et plus exactement peut-être à la seconde / 
puissance du nombre, le nom de δύναμις (1). | 


$ 3. LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS 
ET LES SOPHISTES 


« L'école médicale de Cos, dit Burnet, était très vivante au 
temps de Platon. Elle eut sur ce dernier et beaucoup plus 
encore sur Aristote, une influence considérable (2) ». Taylor 
a vérifié cette affirmation dans son étude sur εἶδος, ἰδέα (3). 
Il a montré que ces termes, employés déjà d’une façon qui 
rappelle étonnament l’usage platonicien, abondaient, sinon 
dans les simples manuels de « médecine empirique », du 
moins dans ceux plus spéculatifs, où la médecine est traitée 
comme une partie de la biologie et de la cosmologie sophis- 
tiques. 11 ἃ constaté particulièrement la présence de ces 
expressions là où se devinent les théories d’Aleméon, 
d’Héraclite, d’Anaxagore, de Diogène, etsurtout d'Empédocle, 
c’est-à-dire là où prédominent des doctrines pythagorisantes, 
et il conclut que la notion d’etèn est dans la médecine, 
comme dans la rhétorique, une importation de la géométrie 
pythagoricienne. Un examen détaillé de certains autres mots 
techniques aboutirait, je crois, au même résultat, et Taylor 
amorce parfois cet examen (4). On voit donc quelle est 
l'importance de ces petits traités médicaux pour qui veut 
remonter à l’origine du vocabulaire philosophique et par 
conséquent de la pensée de Platon (5). C’est pourquoi je n'ai 


(4) Peut-être existe-t-il entre les mots δύναμις οἵ τετράγωνος une 
relation semblable à celle qui existe entre nos expressions : seconde puis- 
sance et carré. L'une se réfère au nombre, l’autre à la surface géométrique. 
Cf. Canror. Vorlesungen. 1. Ὁ. 207. 

(2) Burxer. Early Greek..…, p. 235. 

(3) Varia Socratica, voir spécialement pp. 212, 213. 

(4) Par exemple pour συναίτια, μεταίτια, Varia Socratica, p. 236. 

(3) M. Diès ἃ donné une excellente étude sur l'état actuel de la critique 
au sujet des œuvres d'Hippocrate, dans la Revue de Philosophie. XXI, 1912, 
p. 56 sqq., 663 sqq. On trouvera dans ces articles la bibliographie essen- 
tielle de la littérature hippocratique. 


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ï 


sh? 
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πος τῇ ἝΞ ἥτε τ συν ῇ«φρονν es 


59 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


pas voulu me contenter d'indications sommaires, mais j'ai 
préféré donner la série, à ma connaissance complète, des 
textes hippocratiques concernant la ôvvauts. Je cite, quand 
€<’est possible, d’après l'édition Küblewein; pour les traités 
qui ne sont pas dans ces deux volumes, je me réfère à 
l’édition Littré. 


Περὶ ᾿Αρχαίης ζητριχτς (Ed. KULHEWEIN, ]). 


— 4, 5. Dans les premiers temps, les hommes se nourris- 
saient uniquement de fruits, d'herbe, de foin... Mais ils 


éprouvaient de nombreuses et violentes souffrances à cause 


de cette alimentation rude et agreste, car ils devaient se 
sustenter avec ces mets crus, sans mélange, aux effets trop 
> 


violents : ὡς γὰρ Fo πολλά τε χαὶ δεινὰ ὑπὸ ἰσχυρῆς τε 


χαὶ θηριώδεος ὃ διαίτης ὠμά τε χαὶ ἄχρ ONTX χαὶ μεγάλας ὀυνάυμιας 


ἔχοντα ἐσφερόμενοι | ! 


A l’idée de force exprimée ici par δύναμις se joint encore 


celle de manifestation extérieure ou d’action de ces diverses 


substances sur le corps. Elles sont nuisibles parce que leur 
nature ne s'adapte pas suffisamment au tempérament humain, 
et cette nature se fait connaître par les δυνάμεις qui la 


composent. 


— 4, 99, Les hommes alors ont fait bouillir et rôtir les 


aliments; ils ont fabriqué des mélanges, tempéré par des 


matières plus faibles ce qui était fort et intempéré, se réglant 
en toute chose sur la nature et les forces de l’homme : … 


» ν r° “ L 
ἥψησαν τε καὶ ὥπτησαν καὶ ἔμιξαν, χαὶ ἐκέρασαν τὰ ἐσχυρά TE 


χαὶ ἀχρητα τοῖς ἀσθενεστέροις πλάσσοντες πάντα πρὸς τὴν τοῦ 
ἀνθρώπου φύσιν τε χαὶ δύναμιν.. 

Je traduis ici δύναμις par Dre On remarquera toutefois 
le rapprochement de φύσις et de δύναμις que nous constate- 
rons en maints autres textes de la collection hippocratique. 
Ce rapprochement ailleurs sera plus significatif. Et peut-être 
déjà faudrait-il élargir l’idée de force. La δύναμις ne serait- 
elle pas dans l’homme, comme dans les choses, l'expression 
constatable de la φύσις) 

— 14. 17. Le pain est soumis au feu et à l’eau, et subit 
plusieurs préparations dont chacune a une action (une pro- 


99 


priété active) et une nature particulière : ... ὃ γὰρ χαὶ πυρὶ 
χαὶ ὕδατι δέδοται χαὶ ἄλλοις πολλοῖσι ἤργασται, ὧν ἕκαστον ἰδίην 
δύναμιν χαὶ φύσιν ἔχει.. 

— 15. 4. Il faut en dire autant des préparations de la pâte 
d'orge. Les actions (propriétés actives) de chacune sont 
considérables et l’une ne ressemble en rien à l’autre : ... ὡς 


LA \ \ ι Ὁ , rs ’ 
δ᾽ αὐτῶς χαὶ περὶ μάζης. χαὶ αἱ δυνάμιες μεγάλαι TE ἑχάστου 


) 


= 
καὶ οὐδὲν ἢ ἑτέρη τῇ ἑτέρῃ ἐοικυΐα. 

Dans ces deux textes, où l’on s'occupe des différentes pré- 
parations des aliments, on attribue à chacune de ces prépara- 
tions une δύναμις particulière, une δύναμις caractéristique et 
distinctive, in δύναμις, qui sépareet individue les opérations, 
de sorte que l’une ne ressemble en aucune manière à l’autre. 
Je note tout spécialement cette idée que l’on rencontre ici 
pour la première fois, car elle sera reprise et développée par 
Platon. La δύναμις, principe de distinction des êtres, sera 
précisée, nous le verrons, dans la philosophie des Dialogues. 

— 16. 2. Dans l’homme se trouvent le salé, l’amer, le 
doux, l’acide, l’acerbe, l’insipide, et mille autres substances 
dont les propriétés sont extrèmement variables en quantité et 
en force : ἔνι γὰρ ἐν ἀνθρώπῳ χαὶ ἁλμυρὸν καὶ πικρὸν καὶ γλυχὺ 
χαὶ ὀξὺ καὶ στρυφνὸν καὶ πλαδαρὸν χαὶ ἀλλα μυρία παντοίας 
δυνάμιας ἔχοντα πληθός τε καὶ ἰσχύν. 

— 16. 30. Les aliments ordinaires, comme le pain, la pâte 
d'orge... ne renferment pas de substances intempérées et 
excessives. De ces aliments qui pénètrent dans l’homme, ne 
proviennent nul trouble, nulle séparation des qualités qui 
constituent le corps, mais ils produisent vigueur et accroisse- 

“ment : ... χαὶ ἀπὸ τούτων πλείστων ἐσιόντων ἐς τὸν ἀνθρωπον 
τάραχος χαὶ ἀπόχρισις τῶν ἀμφὶ τὸ σῶμα δυναμίων ἥκιστα 
γίνεται, ἰσχὺς δὲ καὶ αὔξησις... 

-- 17. 13. S'il arrive qu'une substance chaude soit acerbe, 
une autre substance chaude, insipide, une autre encore, 
violemment active, — car il y ἃ une foule de substances 
chaudes qui ont bien d’autres qualités (propriétés) opposées, 
— il faudra cependant donner la substance chaude qui est 
acerbe, ou celle qui est insipide..., ete... : ei δὲ δὴ τυγχάνει 
τι θερμὸν ἐὸν στρυφνόν, ἄλλο dE θερμὸν ἐὸν πλαδαρόν, ἄλλο δὲ 

ÉTUDE, ὃ 


94 LE TERME οὐναμμες AVANT PLATON. 


θερμὸν ἄραδον ἔχον --- ἔστι, γὰρ χαὶ ἄλλα πολλὰ ὁ ϑερμὰ χαὶ ἄλλας 
πολλὰς δυνάμιας ἔχοντα αὐτοῖς ὑπεναντίας... 

— 18. 8. Pour moi, je pense que de toutes les qualités, le 
froid et le chaud sont celles qui influent le moins sur le corps 
humain :. Φὐφιχρότητα δ᾽ ἐγὼ καὶ θερμότητα πασέων ἥχιστα 
τῶν δυναμίων γομίζω" OUVATTEUEL.V ἐν TO σ σώματ τι... 

— 18. 3. Ce n’est pas le chaud qui ἃ l’action δ plus consi- 
dérable, mais c’est l’acerbe et l’insipide.…. et toutes ces 
qualités que J'ai énumérées dans l’homme et hors de l’homme, 
dans ce qu’il mange et ce qu’il boit, dans les substances avec 
lesquelles il se fait des onctions, et dans celles qu’il lui arrive 
d'appliquer sur son Corps : οὐ γὰρ τὸ θερμόν ἐστιν τὸ τὴν 
μεγάλην δύναμιν ἔχον, ἀλλὰ τὸ στρυφνὸν καὶ τὸ πλαδαρόν... 

— 30. 2. Puisque les deux contraires (chaud et froid) se 
succèdent avec tant de rapidité et se neutralisent mutuelle- 
ment (s’enlèvent leur force, leur action), qu’en attendre de 
grand et de terrible? ᾧ οὖν διὰ τάχεος οὕτω παραγίνεται τὸ 
ἐναντιώτατόν τε χαὶ ἀφαιρεόμενον τὴν δύναμιν ἀπὸ τωὐτομάτου, 
τι ἂν ἀπὸ τούτου μέγα ἢ δεινὸν γένοιτο:. 

— 30. 14. Il y a une substance à la fois chaude et amère, 
une autre à la fois chaude et acide, une autre à la fois chaude 
et salée, et ainsi pour une quantité de substances ; il y a de 
même une substance froide avec autant de GONE différentes : 
ἀλλ᾽ ἔστι καὶ πιχρὸν καὶ θερμὸν τὸ αὐτό, χαὶ ὀξὺ καὶ θερμόν, 


γε ψυχρὸν 


καὶ ἁλμυρὸν καὶ τ. χαὶ ἄλλὰ μυρία, καὶ πάλιν 
μετὰ δυναμίων ἑτέρων. 

— 20. 17. Le chaud sans doute est aussi présent (avec 
l'acide, le salé, etc...). Il possède la force suflisante pour 
diriger, activer, augmenter la qualité à lui jointe, mais n’a 
aucune vertu (proprieté active) plus considérable que celle 
qui lui est propre : συμπάρεστι δὲ καὶ τὸ θερμόν, ῥώμης μὲν 
ἔχον ὅσον τὸ ἡγεύμενον καὶ παροξυνόμενον χαὶ αὐξόμενον ἅμα 
ἐχείνῳ, δύναμιν δὲ οὐδεμίαν πλείω τῆς προσηχούσης 

— 22. 15. I1 faut considérer comme cause des maladies 
tout ce qui coexiste avec elles, tout ce qui, se transformant, 
amène leur disparition. Done toute maladie qui procède 
uniquement du chaud ou du froid, sans participation 
d'aucune autre qualite, cesserait par le changement du froid 


en chaud ou du chaud en froid : ... ὁπόσα οὖν ἀπ᾽ αὐτῆς τῆς 
LA » La “ 1> ’ \ Δ. LA A = s 
θέρμης εὐλιχρινέος ἡ ψύξιος γίνεται καὶ μὴ μετέχει ἄλλης δυνά- 


ψϊοὸς μηδεμιῆς, οὕτω παύοιτο ἀν, ὅταν μεταδάλλῃ 
ἐς τὸ ψυχρὸν καὶ ἐκ τοῦ ψυχροῦ ἐς τὸ θερμόν. 

- 22. 20. Sache donc que les autres maladies de l’homme 
proviennent toutes des qualités : ἴσθι τοίνυν τἄλλα ὅσα χαχο- 
παθεῖ ὁ ἄνθρωπος ὡς πάντα ἀπὸ δυναμίων γίνεται. 

— 28. 18. La coction, le changement, l’atténuation, 
l’épaississement jusqu’à former des humeurs, s’opèrent de 
différentes manières. Rien là ne se peut attribuer au chaud et 
au froid... Que devons-nous donc y voir, sinon des mélanges 
d’humeurs qui ont des propriétés diverses les unes par 
rapport aux autres : ... τί γὰρ αὐτὸ φήσομεν εἶναι χρήσιας αὐτῶν 
ἄλλην πρὸς ἀλληλα ἐχούσας δύναμιν ; 

— 24, 1. L'état le meilleur pour l’homme est celui où tout 
reste dans la coction et le repos, quand aucune qualité parti- 
culière ne se manifeste : ... ὅταν “ πᾶν» πέσσηται χαὶ ἐν 
ἡσυχίῃ ἡ μηδεμίαν δύναμιν ἰδίην ἀποδεικνύμενον... 

— 95. 8. En médecine, il faut connaître les relations des 
aliments avec le corps humain, pourquoi certains sont 
nuisibles... Par exemple, le vin pur bu en grande quantité 
affecte l'homme d’une certaine manière. Il suffira d’ouvrir les 
yeux pour voir que précisément tels sont les effets propres du 
vin (son action caractéristique) de causer cet état : οἶνος 
ἄχρητος πολλὸς ποθεὶς διατίθησί πως τὸν ἄνθρωπον * χαὶ πάντες 
ἂν οἱ εἰδότες τοῦτο γνοίησαν, ὅτι αὕτη δύναμις οἴνου χαὶ αὐτὸς 
αἴτιος. 

- 96. 18. Le médecin, me semble-t-il, doit savoir quelles 
maladies proviennent des propriétés et quelles, des figures. 
J'appelle en effet δύναμις les propriétés extrèmes et la force 
active des humeurs ; σχήματα, toutes les figures (ou formes) 
qui se trouvent dans l’homme : ... Δεῖν δέ μοι δοχεῖ χαὶ ταῦτα 
εἰδέναι, ὅσα τῷ ἀνθρώπῳ παθήματα ἀπὸ δυναμίων γίνεται. καὶ 
ὅσα ἀπὸ σχημάτων. λέγω δέ τι τοιοῦτον, δύναμιν μὲν εἶνα. τῶν 
χυμῶν τὰς ἀχρότητας τε καὶ ἰσχύν, σχήματα dE λέγω ὅσα ἔγεστιν 
ἐν τῷ ἀνθρώπῳ... 

— 30. 9. On ἃ déjà parlé des différentes propriétés des 
humeurs et de ce que chacune peut produire, ainsi que de 


| au 2 M) ve ει" Url Me 2 


La 


36 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


laffinité qu’elles ont les unes pour les autres : ... περὶ δὲ 
δυναμίων χυμῶν αὐτῶν τε ἔχαστος ὅ τι δύναται. ποιεῖν τὸν 
ἄνθρωπον ἐσχέφθαι, ὥσπερ καὶ πρότερον εἰρηται, XAL τὴν συγγέ- 
γειαν ὡς ἔχουσι πρὸς ἀλλήλους. 

De ce premier traité, un des plus importants de la collec- 
tion hippocratique pour l'intelligence de la philosophie 
grecque (1), se dégagent déjà quelques conclusions. Sous le 
terme δύναμις se trouvent comprises deux idées qui se com- 
plètent mutuellement, Les substances se manifestent par leurs 
qualités. Les choses sont rendues sensibles par ces propriétés 
telles que le froid, le chaud, l’amer, le 8816..., qui leur 
permettent d’entrer en relation avec les autres corps. Or ce 
sont là autant de δυνάμεις, d’entités distinctes qui constituent, 
pour ainsi dire, l’extériorisation de la substance. Mais ces 
entités elles-mêmes ne peuvent être connues qu’en agissant : 
l’action est comme leur raison d’être, et l’action les carac- 
térise, les individue. Le froid diffère du chaud ou de l’amer, 
ou du salé, parce qu’il produit tel effet déterminé. Il pourra 
se combiner avec les autres qualités, mais il ne se confondra 
pas avec elles, parce que son action ne leur est pas identique. 
Et cette action des qualités, c’est encore leur δύναμις. — 
Le terme désigne donc à la fois leur essence et leur manière 


propre de se manifester. 


Περὶ ἀέρων ὑδάτων τόπων (KULHEWEIN, ἢ). 


33. 9. Qui veut approfondir la médecine doit aussi con- 
naître les qualités des eaux. Si elles diffèrent par la saveur 
et le poids, elles ne diffèrent pas moins par leurs propriétés : 
. δεῖ δὲ καὶ τῶν ὑδάτων ἐνθυμεῖσθαι τὰς δυνάμιας * ὥσπεο γὰρ 
ἐν τῷ στόματι διαφέρουσι καὶ ἐν τῷ σταθμῷ, οὕτω χαὶ ἣ δύναμις 
ου. 
— 68. 5. L'âme des Asiatiques est asservie et ils n’accep- 


(4) Cf. Taylor, Varia Socratica, pp. 215. 216. L'auteur du Περὶ ἀρχαΐης 
ἑητρικῆς paraît être un de ces promoteurs de la médecine empirique qui 
lutte contre l'abus des théories philosophiques dans le domaine médical. 
Il connaît et combat la doctrine des quatre éléments d'Empédocle qui ne 


peut servir de base à la médecine. 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 21 


tent pas volontiers de s’exposer au péril pour accroître la 
HIMSSQUE d'autrui : αἱ γὰρ ψυχαὶ δεδούλωντα!ι καὶ οὐ βούλοντα: 


« ’ 
παρακινδυνεύειν y ἑχόντες εἰκῇ ὑπξρ ἀλλοτριης δυνάμιος 


Προγνωστιχκόν (KULHEWEIN, [). 


— ἴδ. 18. Il faut donc connaître quelle est la nature de 
semblables maladies, combien elles dépassent les forces du 
corps, voir s’il y ἃ en elles quelque chose de divin : ... yvwvat 
οὖν χρὴ τῶν τοιούτων nie τὰς φύσιας, ὁχόσον ὑπὲρ τὴν 
δύναμίν τῳ τῶν σωμάτων.. 

— 83. 4. Il faut penser que la bonne respiration ἃ une 
grande TR sur la conservation du malade : ... εὐπνοιαν 
dE χρὴ νομίζειν χάρτα μεγάλην δύναμιν ἔχειν ἐς σωτηρίην. 

— 107. 19. Celui qui veut donner un pronostie Juste sur 
les malades qui guériront ou ceux qui suecomberont, sur les 
maladies plus ou moins longues, doit juger d’après l’étude 
des signes et en comparant entre elles les diverses significa- 
tions, comme l'indique l’ensemble des descriptions qui en 
sont faites, en particulier celles des urines et des crachats, 
lorsque, par exemple, l’expectoration est à la fois purulente 
et bilieuse... : Χρὴ ὃὲ τὸν μέλλοντα ὀρθῶς τ το ΟὟ 
τὰ σημεῖα ἐχμανθάνοντα πάντα δύνασθαι χρίνειν ἐχλογιζόμενον 


τὰς δυνάμιας αὐτῶν πρὸς ἀλλήλας... 


Περὶ διαίτης ὀξέων (KULHEWEIN, 1). 


— 120. 4. S'il s'agissait des effets qui se manifestent quand 
on mange contre son habitude et en grande quantité de la 
viande, de l’ail, la tige ou le sue du silphium, ou d’autres 
substances semblables douées de propriétes speciales et 
violentes, on s’étonnerait moins qu'il en résultàt pour les 


entrailles plus d’inconvénients que de toute autre chose... : 


7 5" , ς τ ». \  _" 
Kai ὅσα μὲν xper dt πολλὴ παρὰ τὸ ἔθος βρωθεῖσα͵ ποιεῖ ἢ 
σχύροδα ñ σίλῃ LOY ñ ὀπὸς ñ χαυλὸς ἢ ἄλλα ὅσα τοιουτ ὄτροπ τα 


βεγάλας δυνάμιας ἰδίας ἔχοντα, ἥσσον ἂν τις MAR EE El 


τὰ τοιαῦτα πόνους ἐμποιεῖ ἐν τῇσι χοιλίῃσι μᾶλλον ἄλλων... 


γ 
4 


38 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


ΠΕερ' τῶν ἐν χεφαλῇ τρωμάτων (KULHEWEIN, IT). 


— 97. 8. Quant au remède, il faut tenir comple des forces 


du malade : τὸ δὲ gt χρὴ διδόναι πρὸς τὴν δύναμιν τοῦ 
ἀνθρώπου ὁρέων, ὡς ἂν ἔχῃ ἰσχύος. 


Πεοὶ ἀγμῶν (KULHEWEIN, I). 

— 09. 21. Le corps sera atténué proportionnellement à la 
force de la luxation, car parmi ces luxations, les unes sont 
petites, les autres grandes : τὸν ὃὲ ἰσχνασμὸν τοῦ σώματος 
οὕτως ποιεῖσθαι, ὁποίην τινὰ δύγαμιν ἔχει καὶ τὸ ὀλίσθημα... 

— 99. 17. Pour les blessures récentes, à défaut de bandes, 
on peut employer de la laine, mais elle doit être abondante, 
bien travaillée et douce. Ce qui est en petite quantité et de 
qualité médiocre n’a aussi qu’une action médiocre : ... τῶν 
γὰρ ὀλίγων καὶ φλαύρων ὀλίγη καὶ ἢ ὀύναμ!ς. 


Περὶ ἄοθρων (KuLHEWEIN, Il). 

— 183. 5. Quand il s’agit de remettre en place la déviation 
AR ἢ ni la toux, ni l’éternuement n'ont quelque 
action pour venir en aide à la tension : ... ἀλλὰ μὴν οὔτε 
βῆχες οὔτε πταρμοὶ οὐδεμίαν δύναμιν ἔχουσι, ὥστε τῇ κατατάσει 
συντιμωρεῖν. 

— “Opxos (LITTRÉ, IV). 


630. Je dirigerai le régime des malades à leur avantage. 
suivant mes forces et mon jugement : Διαιτήμασί τε χρήσομαι 
ὌΡ ἮΝ | « , ᾿ =: δ ‘ A ᾽ " 
επ ὠφελειῃ χαμνοντων XATA ουνᾶμιν χα! χρισιν ἐμὴν. . 

-— Mème formule p. 6928. 


— Ἐπιδημιῶν τὸ δεύτερον (LITTRÉ, V). 

— 136. Sur la nature : la force la ee grande réside dans 
la mamelle droite, dans l’œil droit : ... Περὶ φύσιος - δύναμιν 
πλείστην ἔχει τιτθὸς, ὀφθαλμὸς δεξίος.. 

— Ἐπιδημιῶν τὸ ἕχτον (LITTRÉ, V). 


— 524. Pour les douleurs, purifier la cavité la plus voisine, 
ouvrir la cavité du sang, cautérisation, incision, application 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 09 


du chaud, du froid, éternuements, sucs végétaux là où leur 
vertu peut se faire sentir : ... φυτῶν χυμοὶ, ἐφ᾽ ὧν τὴν δύναμιν 
ἔχουσι... 


Περὶ Xuuwy ([ττπέ, V). 


— 490. Au sujet des différentes passions, crainte, honte, 
douleur, plaisir, colère..…., l’organe du corps qui correspond 
à chacun de ces sentiments lui obéit, et alors se produisent la 
sueur, les battements de cœur et les autres phénomènes dus 
à ces passions : … ἐν τούτοισιν ἱδρῶτες, xap0ins παλμὸς, καὶ τὰ 


τοιαῦτα τῶν δυναμίων. 


Περὶ τέχνης (LirrRé, VI). 
__ -- 26. La puissance de l’art est plus admirable quand il 
guérit quelque malade atteint d’une affection cachée, que 
lorsqu'il entreprend des choses impossibles : ’Ene! τῆς γε 
τέχνης τὴν δύναμιν ὁκόταν τινὰ τῶν τὰ ἄδηλα νοσεύντων ἀνασ- 
Thon, θαυμάζειν ἀξιώτερον, A ὁχόταν ἐγχειρήσῃ τοῖς ἀδυνάτο'ς. 


Περὶ φύσιος ἀνθρώπου (LiTTRÉ, VI). 


i 


— 34. Pour les médecins, suivant les uns l’homme n’est que 
sang, suivant les autresil n’est que bile, suivant d’autres encore 
il n’est que pituite, et tous tiennent le même raisonnement : 
ils prétendent qu’il y ἃ une substance unique choisie et dénom- 
mée arbitrairement par chacun d’eux, et que cette substance 
change de forme (nature) et de propriété (de facon de se mani- 
fester), sous l'influence du chaud et du froid, devenant de la 
sorte douce, amère, blanche, noire, et tout le reste : ἕν γάρ 
τι εἶναί φασιν, ὅ τι ἕκαστος αὐτέων βούλετα! ὀνομάσας, καὶ τοῦτο 
ἕν ἐὸν μεταλλάσσειν τὴν ἰδέην καὶ τὴν δύναμιν, ἀναγχαζόμενον 
ὑπό τε τοῦ θερμοῦ καὶ τοῦ ψυχροῦ, καὶ γίνεσθαι καὶ γλυχὺ 
καὶ πικρὸν καὶ λευκὸν καὶ μέλαν χαὶ παντοῖόν τι ἄλλο (1). 


(4) Pour le sens de !0£n dans ce passage, cf. Taylor, Varia Socratica, 
p. 228. L'iden représente ici la nature même de cette substance, l'élément 
primitif qui la constitue, tandis que la δύναμις est la propriété manifes- 
tant cette nature, L'auteur du Περὶ φύσιος ἀνθρώπου est, sans doute, un 
de ces physiciens influencé par la doctrine d'Empédocle, Il admet la 


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40 LE TERME OUVAULS AVANT PLATON. 


— 38. La génération prouve que le corps humain n’est pas 
constitué par une seule substance, D'abord la génération ne 
peut se faire par un seul individu... De plus, à moins que 
l'union n’existe entre des êtres de même espèce et de même 
capacité, la génération ne se fait pas, et notre industrie ne 


ε 


\ 


réussit pas à la procurer : ... ἔπειτα οὐδ᾽, ἐὰν μὴ ὁμόφυλα 
ἐόντα μίσγηται. χαὶ τὴν αὐτὴν ἔχοντα δύναμιν, γεννᾷ, οὐδ᾽ ἂν 
ταῦτα ἡμῖν ξυντελέοιτο. 

— Id. Puisque telle est la nature de tous les êtres et de 
l’homme en particulier (de ne pouvoir engendrer que lorsque 
se trouve entre ceux qui engendrent la correspondance 
d’un juste tempérament), nécessairement l’homme n'est pas 
un, et chacun des principes qui concourent à la génération 
garde dans le corps la propriété suivant laquelle il ἃ con- 
couru : ... ᾿Ανάγχη τοίνυν, τῆς φύσιος τοιαύτης ὑπαρχούσης καὶ 
τῶν ἄλλων ἁπάντων χαὶ τῆς τοῦ ἀνθρώπου, μὴ ἕν εἶναι. τὸν 
ἀν Ἰρώπον, ἀλλ᾽ ἕκαστον τῶν ξυμθαλλομένων ἐς τὴν γένεσιν 
ἔχειν τὴν δύναμιν ἐν τῷ σώματι, οἵην περ ξυνεύάλετο. 

40. Il y ἃ principalement santé, lorsque les éléments, 
(sang, pituite, bile jaune et noire) se trouvent bien unis, 
quand leur action est proportionnée ainsi que leur quantité, 
et surtout quand l’ensemble est harmonieusement mélangé : 
“Ὑγιαίνει Ὁ οὖν Βοος a, ὁκόταν μετρίως ἔχῃ ταῦτα τῆς πρὸς 
ἄλληλα χρήσιος χαὶ δυνάμιος καὶ τοῦ πλήθεος. χαὶ μάλιστα 
μεμιγμένα ἡ. 
42. Le sang, la bile, la pituite diffèrent et quant au nom 
et quant à la chose. Ces éléments, en effet, ne présentent ni 


théorie des quatre éléments et il réfute vigoureusement celle qui réduit 
l'univérs à une seule substance. Etendant, en effet, l'hypothèse à la méde- 
cine, il pose l'objection : si l'homme était wn, il n'y aurait qu'une maladie 
et un remède. Si l'homme était un, jamais il ne souflrirait, car où serait 
pour cet être simple la cause de souffrance? Admettant même qu'il souffrit, 
il faudrait que le remède aussi fût un. Or les remèdes sont multiples : 
᾿Εγὼ δέ φημι, εἰ ἕν ἣν ὁ ἄνθρωπος, οὐδέποτ᾽ ἂν ἤλγεεν * οὐδὲ 
γὰρ ἂν ἣν ὑφ᾽ ὅτου ἀλγήσειεν ἕν ἐών : εἰ δ᾽ οὖν καὶ ἀλγήσειεν, 
ἀνάγκη χαὶ τὸ ἐώμενον ἕν εἶναι * νυνὶ δὲ πολλά... ({πτπὲ ΥἹ. 34.) 
N'est-ce pas, jusque dans les expressions elles-mêmes, le contrepied de 
la doctrine attribuée à Mélissos ? (Dies. Vorsok. 187.) 


A 


LA δύναμις (ΗΕΖ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 41 


même couleur, ni même sensation au toucher. Il faut done 
avec une telle dissemblance de forme (nature) et de propriétés 
qu'ils ne soient pas identiques, s’il est vrai que le feu et l’eau 
ne sont pas une seule et même substance : ᾿Αγάγχη τοίνυν, ὅτε 
τοσοῦτον διήλλαχται ἀλλήλων τὴν ἰδέην τε χαὶ τὴν δύναμιν, 
μὴ ἕν αὐτὰ εἶναι, εἴπερ μὴ πῦρ τε καὶ ὕδωρ ἕν τε καὶ ταὐτόν 
ἐστιν. 

— Id. On peut se convaincre que ces substances (bile, 
pituite et sang) ne sont pas en effet identiques, mais que cha- 
cune ἃ une propriété et une nature particulière : donnez à un 
homme un remède producteur de pituite, il vomit de la 
pituite; un remède producteur de bile, il vomit de la bile : 
Γνοίης δ᾽ ἂν toiode, ὅτι οὐχ ἕν ταῦτα πάντα ἐστὶν, ἀλλ᾽ ἕκαστον 
αὐτέων ἔχει δύναμίν τε καὶ φύσιν τὴν ἑωυτέου " Ἦν γάρ τινι διδῷς 
᾿ ἀνθρώπῳ φάρμαχον ὅ τι φλέγμα ἄγει, ἐμέεταί oo φλέγμα, καὶ 
nv διδῷς φάρμαχον ὅ τι χολὴν ἄγει, ἐμέεταί σοι χολή (4). 


Περὶ φυσῶν (LITTRÉ, VI). 


— 94. L'air est le plus puissant des agents ; il vaut la peine 


d’en considérer la force. Le vent est un flux et un courant 
d'air; lorsque l’air accumulé est devenu un courant violent, 
les arbres sont déracinés... la mer se soulève et des navires 
d’une grosseur démesurée sont lancés en haut. Telle est sa 
force en tout cela : Οὗτος GE μέγιστος ἐν τοῖσι πᾶσι τῶν πάντων 
δυνάστης ἐστίν" ἄξιον de αὐτοῦ θεήσασθαι τὴν δύναμιν... Τοιαύτην 


μὲν οὖν ἐν τουτέοισιν ἔχει δύναμιν. 


ε Περὶ παθῶν (Lirrré, VI). 


— 946. Les remèdes qui n’évacuent ni la bile, ni le 
phlegme, doivent manifester leur action dans le corps en 
refroidissant, en échauffant, en desséchant, en humectant, 


ι 
ς τὸ σωμα 


(4) Sur l'importance de tout ce passage pour l'intelligence du Cratyle et 
en particulier de l’antithèse οὐσις- νόμος, ἰδέα- ὄνομα, Cf. Tavror. Varia 
Socratica, pp. 230-231. 


— 


42 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


ἐσέλθῃ, τὴν δύναμιν αὐτὰ παρέχεσθαι. δεῖ n Ψψύχοντα ἮὮ θερμαί- 
γοντα ἢ ξηραίνοντα Ἶ ὑγραίνοντα 7 ξυνάγοντα ἢ διαχέοντα... 
— 956. Les propriétés de chaque aliment doivent être 


déterminées d’après ceux qui ont une action manifeste, 
comme de causer des flatuosités, de lPirritation..., etc... En 


tout cela, l’action produite est très claire : Τῶν σιτίων ἃ δύνα- 
pv ἕκαστα ἔχει, τεχμαίρεσθα! “χρὴ ἀπὸ τῶν φανερὴν τὴν δύναμιν 
᾽ 1 , \ - \ S= _ re 1 D ni ’ ἘΞ." 
ἐχόντων, ὁκόσα ἢ φῦσαν ἢ δῆξιν... παρέχει... καὶ φανερά ἐστιν 


ὅτι ταῦτα ἐργάζεται... 
— 260. Les aliments qui profitent le mieux au corps sont 


‘ceux mêmes qui, pris à contre-temps et avec excès, causent 


des maladies et la mort... Les autres aliments ou boissons 
qui n’ont pas cette propriété (action) sont peu utiles, même 


‘si on en use d’une facon ordonnée... Parmi les aliments ou 


boissons qui possèdent cette propriété se trouvent le pain, la 
pâte d’orge, la viande..., etc... : τὰ δ᾽ ἄλλα σιτία χαὶ ποτὰ ὅσα 
μὴ τοιαύτην δύναμιν ἔχει, σμικρὸν μέν τι ὠφελέει, ἦν τις χα! 
πάντα αὐτοῖσιν ἐν καιρῷ χρέηται... ἔστι δὲ τῶν σιτίων καὶ τῶν 


5 τὸ «a ῬΑ =" A Le Le _ = LA ete ---᾿ L 
ποτῶν ἃ τὴν CUVALV ἔχε: ταύτην, TAHOE, HOTOS, MALA, χρεα... 


Περὶ ἱεοῆς νούσου (LiTTRÉ, VI). 


- 384. Les vents du midi et du nord sont les plus violents. 
Par les luttes qu’ils se livrent et par la force, ils sont les plus 
opposés entre eux : ταῦτα δέ ἐστιν ὅσα τῶν πνευμάτων ἰσχυρό- 
τατά ἐστι καὶ ἀλλήλοισιν ἐναντιώτατα κατὰ τὴν στάσιν χαὶ κατὰ 
τὴν δύναμιν. 

— 392. Le cerveau est l'interprète de l'intelligence. Mais 
le diaphragme a un nom qu'il doit au hasard et à l'usage, 
non à la réalité et à la nature. Je ne vois pas en effet quel 
est son rôle (sa vertu, son influence, son action) dans l'acte de 
la pensée ou de l’intellection : Αἱ δὲ φρένες 2) ws οὔνομα 
ἔχουσι τῇ τύχῃ χεκτημένον χαὶ τῷ νόμῳ, τῷ δ᾽ ἐόντι οὖχ, οὐδὲ 
τῇ φύσει, οὐδὲ οἶδα ἔγωνε τίνα δύναμιν ἔχουσιν αἱ φρένες 


ὥστε φρονέειν TE χαὶ νοέειν. 


Περὶ διαίτης A (LiTTRé, VI). 


— 468. L'auteur d’un bon traité sur le régime doit done 
avoir la connaissance de Ja nature humaine, de sa compo- 


ah ps né an bent νυν ridrie tigre 


ui I Eten ΡΟ Δ ET ST béta 1, VE 
x ᾿ Ἷ eu 


LA Οούναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES 43 


sition. puis celle de tous les aliments et de toutes les bois- 
sons qui constituent notre régime. Il doit savoir quelle est 
leur propriété spéciale, aussi bien celle qui découle de leur 
nature que les propriétés artificielles dues aux efforts de 
l’homme : Ταῦτα μὲν οὖν χρὴ γινώσχειν τὸν ξυγγράφοντα, 
μετὰ δὲ ταῦτα σίτων χαὶ ποτῶν ἁπάντων, οἴπ' οιαιτώμεβθα δύνχιιν 
ἥντινα ἕκαστα ἔγει χαὶ τὴν χατὰ φύσιν καὶ τὴν OU ἀνάγχτν χαὶ 
τέχνην ἀνθρωπηΐην. 

Id. — Il importe de savoir comment pour les substances 
naturellement fortes on enlève cette propriété, comment 
pour les substances faibles on ajoute artificiellement la force, 
selon que les circonstances le demandent : Δεῖ γὰρ ἐπίστασθαι 
τῶν τε ἰσχυρῶν Φύσει ὡς χρὴ τὴν δύναμιν ἀφαιρέε este τοῖσι dE 
ἀσθενέσιν ὅχως χρὴ ἰσγὺν προστιθέναι: διὰ τέγνης, ὅχου ἂν à 
χαιρὸς ἑκάστων παραγένηται. 

— Id. Les aliments et les exercices ont des propriétes 
opposées qui cependant concourent à l’entretien de la santé : 
les exercices naturellement dépensent, les aliments et les 
boissons réparent. On voit donc qu'il faut connaître la pro- 
priété (l’action) des exercices soit naturels, soit forcés... : 
Ὑπεναντίας μὲν γὰρ ἀλλήλοισιν ἔχει τὰς δυνάμιας σῖτα καὶ 
πόνοι, ξυμφέρονται de ἀλλήλοισι πρὸς ὑγείην " πόνοι μὲν γὰρ 
πεφύκασιν ἀναλῶσαι τὰ ὑπάρχοντα " σιτία δὲ καὶ ποτὰ ἐχτελη- 
_posar τὰ χενωθέντα. Δεῖ δὲ, ὡς ἔοικε, τῶν πόνων διαγινώσχειν 
τὴν δύναμιν χαὶ τῶν κατὰ φύσιν καὶ τῶν διὰ βίης γινομένων, καὶ 
τίνες αὐτῶν ἐς αὐξησιν παρασχευάζουσι σάρχας χαὶ τίνες ἐς 
ἔλλειψιν... 

— 472. Tous les animaux et l’homme lui-même sont com- 
posés de deux substances dont les propriétés sont distinctes, 
mais qui toutes deux sont utilisées concurremment, Je veux 
dire le feu et l’eau... telle est la propriete (l'action) de cha- 
cune : le feu peut mouvoir toute chose continuellement, οἱ 
l'eau nourrir tout de la même manière... : Ξυνίσταται μὲν 
οὖν τὰ ζῶα τά τε ἄλλα πάντα χαὶ ὁ ἄνθρωπος ἀπὸ δυοῖν, διαφόροιν 
μὲν τὴν ὀύναμιν, συμᾳόροιν Ge τὴν χρῆσιν, πυρὸς λέγω καὶ 
ὕδατος... Τὴν μὲν οὖν δύναμιν αὐτῶν ἑκάτερων ἔχει τοιήνδε * τὸ 
μὲν γὰρ TUp δύναται. πάντα διὰ παντὸς χινῆσαι, τὸ ὃς ὕδωρ 


’ = \ ᾿ " 
πάντα διὰ παντὸς θρέψαι... 


44 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


— 474. En cet état (le feu empruntant à l’eau l’humide et 
l’eau empruntant au feu le sec), ces éléments (feu et eau) 
secrètent réciproquement en dehors d’eux des corps nom- 
“breux et variés de germes et d'animaux qui ne se ressemblent 
ni en apparence, ni par leurs propriétés : Οὕτω ὃὲ τούτων 
ἔχόντων, πουλλὰς χαὶ παντοδαπὰς ἰδέας ἀποχρίνονται ἀπ᾽ 
ἀλλήλων καὶ σπερμάτων χαὶ ζώων, οὐδὲν ὁμοίων ἀλλήλοισιν 
οὔτε τὴν ὀψιν οὐτε τὴν δύναμιν... 

— 484. C'est le feu qui, à sa manière, dispose tout dans 
les corps. Cette disposition rappelle l’arrangement du 
monde... Le ventre très ample, réservoir pour le sec et 
l'humide, donne à tous et reçoit de tous. Sa propriété (sa 
fonction) est celle de la mer, nourrice des êtres, ses enfants, 
néfaste à tous ceux qui sont nuisibles : χοιλίην μὲν τὴν 
μεγίστην, ξηρῷ χαὶ ὑγρῷ ταμεῖον. δοῦναι πᾶσι χαὶ λαδεῖν παρὰ 
πάντων, θαλάσσης δύναμιν, ζώων ἐντρόφων τροφὸν, ἀσυμφόρων 
δὲ φθορόν... 

— 486. La comparaison continue entre le grand et le petit 
cosmos. Déjà le ventre ἃ été comparé à la mer. Viennent 
divers rapports établis avec la terre, enfin avec la lune et les 
astres : là, le feu organisateur ἃ créé trois circulations du 
feu arrivant l’une à l’autre en dedans et en dehors : les unes, 
vers les cavités des humeurs rappellent la propriété de la 
lune ; les autres, vers la surface extérieure, vers la concrétion 
ambiante, rappellent la propriete des astres; les dernières 
sont intermédiaires allant en dedans et en dehors : Ἔν δὲ 
τούτῳ ἐποιήσατο πυρὸς περιόδους τρισσὰς, περαινούσας πρὸς 
ἀλλήλας καὶ εἴσω χαὶ ἔξω : αἱ μὲν πρὸς τὰ χοῖλα τῶν ὑγρῶν, 
σελήνης δύναμιν, αἱ δὲ ἐς τὴν ἔξω περιφοράν, πρὸς τὸν πεοιέχοντα 
πάγον, ἄστρων “δύναμιν, αἱ ÔE μέσαι χαὶ εἰσω καὶ ἕξω 
περαίνουσαι... 

— 494, La grammaire consiste en ceci : la composition des 
figures, les signes de la voix humaine, la proprieté de rappe- 
ler le passé, de signaler ce qui est à faire : Γραμματιχὴ τοιόνδε " 
σχημάτων σύνθεσις, σημήϊα φωνῆς ἀνθρωπίνης, δύναμις τὰ 
παροιχόμενα μνημονεῦσαι. τὰ ποιητέα δηλῶσαι... 

— 516. Dans les combinaisons où l’action du feu est infé- 
rieure à celle de l'eau, l'âme est nécessairement plus lente, 


ME becs: 


, “ὦ PPS PE Éd hits. τώ 


gen me nd mt 405 rte mmtbththe φῶ ον teinte. 5 panda 


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Le 


LA ούναυις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 


et les gens ainsi doués sont appelés niais : [υἱ δέ τιν! évôees- 
τέρην τὴν OUvauiv τὸ πῦρ λάθοι τοῦ ὕδατος, βοαδυτέρην ἀνάγχη 
ταύτην εἶναι. χαὶ καλέονται. οἱ τοιοῦτοι. ἠλίθιοι. 

— 18 Dans les combinaisons où l’action de l’eau est 
inférieure, si le mélange du feu est pur, dans des corps sains 
réside une àme intelligente, comprenant vite et n'étant pas 
sujette aux fluctuations : Ef δὲ τὸ ὕδωρ ἐνδεεστέρην τὴν δύναμιν 
λαύοι; τοῦ πυρὸς εἰλικρινῆ τὴν σύγκρησιν ἔχοντος, ἐν ὑγιαίνουσι 
σώμασι φρόνιμος ἣ τοιαύτη ψυχὴ χαὶ ταχέως αἰσθανομένη τῶν 
προσπιπτόντων καὶ OÙ μεταπίπτουσα πολλάκις ἐστί. 

— 520. Dans la combinaison où l’action de l’eau est nota- 
blement inférieure à celle du feu, nécessairement l’âme est 
d'autant plus pénétrante qu’elle se meut plus rapidement : 
.… Et δ᾽ ἐπὶ πλεῖον χρατηθείη ἣ τοῦ ὕδατος δύναμις ὑπὸ τοῦ 
“πυρὸς, ὀξυτέρην μὲν τοσούτῳ ἀνάγχη εἶναι τὴν ψυχὴν ὅσῳ 


θᾶσσον χινέεται... 
Περι διαίτης Β (Littré, VI). 


— 532. Des Vents : Par la situation des régions ou lieux 
qu'ils traversent, les vents différent entre eux. Ils sont plus 
ou moins froids, plus ou moins chauds, plus ou moins secs, 
plus ou moins sains..., ete... On peut ainsi déterminer les 
causes qui spécifient chacun de ces vents : l’aquilon est froid 
et humide parce qu’il part de lieux froids et humides et 
traverse aussi des lieux semblables que le soleil ne réchauffe 
pas. De la sorte, il parvient jusqu’à la terre habitée avec 
sa propriété caractéristique, là où cette propriété n’est pas 
altérée par le site local : ὃ μὲν βορέας ψυχρὸς πνέειν καὶ 
ὑγρὸς, ὅτι ὁρμᾶται ἀπὸ τοιουτέων χωρίων, πορεύεται TE διὰ 
τοιουτέων τόπων, οὕς τινας ὁ ἥλιος οὐκ ἐφέοπει... ὥστε παρα- 
γίνεται ἐπὶ τὴν οἰχουμένην, τὴν ξωτοῦ δύναμιν ἔχων, ὅχου 
μὴ διὰ τὴν θέσιν τῆς γώρης διαφθείρεται... 

— 532. Le vent du midi souffle de points semblables à ceux 
d’où part l’aquilon.… Au début 11 ne diffère guère de 
laquilon…. Mais il ne garde pas partout ce caractère. En effet, 
passant par le pays du soleil, son humidité est absorbée par 
l’astre., et il finit par arriver chaud et sec. C’est donc cette 
qualité chaude et sèche qu’il manifeste dans les pays les plus 


46 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


voisins, et précisément en Libye : … Ἐν μὲν οὖν τοῖσιν ἔγγιστα 
χωρίοισιν ἀνάγχη τοιαύτην δύναμιν ἀποοιδόναι θερμὴν καὶ 
ξηρὴν, καὶ ποιέει τοῦτο ἐν τῇ Λιδύῃ... 

— Id. Les proprietés (qualités) des autres vents dépendent 
de conditions semblables : Ὡσαύτως de χαὶ τῶν ἄλλων rveu- 
μάτων αἱ δυνάμιες ἔχουσιν, 

— 534. Tel est le jugement qu'il faut porter sur la nature 
et la propriété de chaque vent : Φύσιν μὲν οὖν χαὶ δύναμιν 
ἑχάστων οὕτω χρὴ γινώσχειν... 

— Id. On peut ainsi apprécier les propriétés de chaque 
aliment et de chaque boisson, soit celles qui découlent de la 
nature même de ces aliments ou boissons, soit celles qui 
proviennent de l’art. Ceux qui ont essayé de traiter en géné- 
ral des propriétés des substances douces, ou grasses, ou 
salées..., ne pensent pas juste. En etfet, les mêmes propriétés 
n’appartiennent ni à toutes les substances douces, ni à toutes 
les substances grasses, ni à aucune autre semblable : il y a 
des substances douces ad relàchent, qui resserrent, qui des- 
sèchent, qui humectent ... : Σιτίων ὃὲ καὶ πομάτων δύναμιν 
ἑχάστων χαὶ τὴν χατὰ ς φύσ'» χαὶ τὴν διὰ τέχνης ὧδε χρὴ γινώσ: 
χειν. ‘Oxocot υὲν οὖν χατὰ παντὸς ἐπεχείρησαν εἰπεῖν περὶ τῶν 
γλυκέων ἢ, λιπαρῶν ἢ, ἁλυχῶν ἢ περὶ ἄλλου τινὸς τῶν τοιούτων 
τῆς δυνάμιος οὐχ ὀρ ῃῶς γινώσχουσιν * OÙ γὰρ τὴν αὐτὴν δύναμιν 
ἔχουσιν οὔτε τὰ pure ἀλλήλοισιν οὔτε τὰ λιπαρὰ οὔτε τῶν 
ἄλλων τῶν τοιούτων οὐδέν * πολλὰ γὰρ τῶν γλυχέων διαχωρέει 
καὶ ἵστησι καὶ ξηραίνει χαὶ ὑγραίνει. 

— 536. Il en est de même des substances échauffantes et du 
reste; les unes ont une propriété, les autres une autre. Il 
n’est donc pas possible de dire en général ce qu'il en est; et 
je les prendrai une par une pour en enseigner la propriété : 
Ὡσαύτως δὲ χαὶ τῶν θερμαντιχῶν καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων ἄλλην 
ἄλλα δύναμιν ἔχει. Περὶ μὲν οὖν ἁπάντων; οὐχ οἷόν τε δυιλωθῆνα! 
ὁκοιῖά τινὰ ἐστι * χαθ᾽ ἕχαστα δὲ ἥντινα δύναμιν ἔχε: διδάξω. 

— 536. Pour refroidir et dessécher, on n'a qu’à se servir 
d'une pâte quelconque faite avec de la farine d'orge : telle est, 
en eflet, la pr opr iete de cette RÉ Ὁχόσα δὲ der ψῦξαι 
χαὶ Enp DNVEL: ἀλφιτα διαπούσ ναι ὧδε χρεομένῳ μάζῃ παντο- 


= L LA 
Οοαπει. δύναμιν O€ TE". r μᾶζα τοιήνδε. 


LA OUVAULS CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. AT 


— 566. Sachant que tous les animaux et les végétaux sont 
composés de feu et d’eau, croissent grâce à ces principes, et 
se résolvent en eux, voici comment il faut diminuer et 
augmenter les propriétés de chacune des substances alimen- 
taires. Pour les aliments forts, on leur ôtera cette propriete 
(qualité) en les faisant cuire fréquemment et en les refroidis- 
sant; pour ceux qui sont humides, on les fera griller et 
rôtir... : Τὰς δὲ δυνάμιας ἑχάστων ἀφαιρέειν καὶ προστιθένα. 
ὧδε χρὴ. εἰδότα ὅτι πυρὶ καὶ ὕδατι πάντα ξυνίσταται καὶ ζῶα at 
φυτὰ χαὶ ὑπὸ τουτέων αὔξεται χαὶ ἐς ταῦτα διαχοίνεται. Τῶν μὲν 
οὖν ἰσχυρῶν σιτίων ἑψῶντα πολλάκις χαὶ διαψύχοντα τὴν 
δύναμιν ἀφαιρέειν... 

— Id. Il faut done connaître non seulement les propriétés. 
des substances elles-mèmes, céréales, boissons, animaux, 


— mais encore leur provenance. Ainsi quand on veut donner au 


corps une nourriture ae forte, on prendra ce qui provient 
des lieux dépourvus d’eau... : Οὔχουν der τὴν δύναμιν μοῦνον 
αὐτέων γνῶναι: τοῦ τε σίτου καὶ τοῦ πόματος καὶ τῶν ζώων, ἀλλὰ 
καὶ τῆς πατρίδος ὁχόβεν εἰσίν. 

— 5714. Les exercices ont des propriétés (des actions) que 
je vais expliquer. Certains sont naturels; les autres, violents. 


Les exercices naturels sont ceux de la vue, de l’ouie, de la 


voix, de la pensée. La propriété (l’action) de la vue est la 
suivante : elle fait que l’âme, s'attachant à ce qu’elle voit, se 


_meut et s'échauffe ; échauffée, elle se dessèche, à cause de la 


déperdition du liquide : Περὶ ὃς τῶν πόνων ἥντινα ἔχουσ! 


δύναμιν διηγήσομαι. Εἰσὶ γὰρ οἱ μὲν κατὰ φύσιν, οἱ δὲ διὰ βίης " 


τ r ᾽ - 7 ΄ - - 

οἱ μὲν οὖν χατὰ φύσιν αὐτῶν εἰσιν ὄψιος πόνος, ἀχοῆς, φωνῆς, 

ερίμνης. Ὄψιος μὲν οὖν δύναμις τοιαύτη * προσέχουσα ἣ ψυχὴ 
᾿ 


΄ , , " ᾿ 
τῷ ὁρεομένῳ HLYÉETAL χαὶ θερμαίνεται “ RE "ομένη, ὃὲ ξηραίνε 


ται, χεχενωμένου τοῦ ὑγροῦ. 

— 516. Les promenades aussi sont des exercices naturels, 
et plus que tous les autres. Voici quelle est leur propriete : 
la promenade qui suit le diner dessèche le ventre et le 


} 


'.. COrps..., etc... : Οἱ de πεοίπατοι χατὰ φύσιν μὲν ν εἰσί, χαὶ οὗτοι 


LA " Α » L4 
ΜΩ͂Ν τῶν λοιπῶν, ἔχουσ! δέ τι. Étarov. Δύναμις dE αὐτέων 


ι 
. ΄ Lan ᾿ ’ , 2 
ἕχάστων ἐστὶ τοιήδε * ὁ ἀπ où περίπατος ξηραίνει τὴν TE 


᾿ χοιλίην καὶ τὸ σῶμα... 


48 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


— 518. Certaines courses... ont la propriété de résoudre la 
chair... elles permettent de digérer la force des aliments qui 
est dans la chair. : καὶ τὴν δύναμιν τῶν σιτίων τὴν ἐν τῇ capx 
χχταπέσσουσι... 

— Id. Les courses en habit ont la mème propriete (que les 
précédentes), mais elles échauffent davantage, rendent le 
corps plus humide : Οἱ ὃὲ ἐν τῷ ἱματίῳ δρόμοι. τὴν μὲν δύναμιν 
τὴν αὐτὴν ἔχουσι, μᾶλλον δὲ διαθερμαίνουσι, καὶ ὑγρότερα τὰ 
σώματα ποιέουσιν... 

— 82. Telles sont les différentes courbatures. (On vient 
d’en indiquer plusieurs : celles qui surviennent aux personnes 
inexercées, OCCasionnées par n'importe quel travail; celles 
qui surviennent aux personnes exercées du fait de travaux 
inaccoutumés ou d’exercices habituels poussés à l'excès). 
Voici leur action (l'effet qu’elles produisent) : les gens 
inexercés dont la chair est humide, s’échauffent quand ils 
travaillent et éprouvent une grande déperdition... : Τὰ μὲν 
οὖν εἰδεα τῶν χόπων τοιαυτά ἐστιν * ἣ δὲ δύναμις αὐτέων ὧδε 
ἔχει " οἱ μὲν γὰρ ἀγύμναστοι ὑγρὴν τὴν σάρχα ἔχοντες, ὁχόταν 
πονήσωσι, θερμαινομένου τοῦ σώματος, σύντηξιν πολλὴν 
ἀφιᾶσιν... 

— 586. (On vient de décrire un traitement pour les cour- 
batures provenant des exercices habituels) : ce traitement a la 
propriété d’humecter sans excès le corps trop desséché 
Δύναμιν δὲ ἔχει ἣ θεραπηΐη τοιήνδε : ἀνεξηρασμένον τὸ σῶμα 
ἐς ὑπερδολὴν ἐξυγρῆναι δύναται ἄτερ ὑπερθολῆς. 


Περὶ Διαίτης Δ (Littré, VD. 


640. Pour les signes qui surviennent dans le sommeil, qui- 
conque saura les discerner avec rectitude, trouvera qu'ils ont 
en tout une grande vertu : Περὶ de τῶν τεχμηρίων τῶν ἐν τοῖσιν 
(4 172 ᾽ - » 1" ν a! LU ᾿ 
UTYVOLOLY οστις ὀρθῶς ξγνὼχε μεγαλὴν EXOVTA OUVAULV £U2TGEL 


πρὸς ἅπαντα. 
Περὶ Νούσων τὸ τρίτον (LiTTRÉ, VIP. 


— 148. Traitement de la pleurésie : on lavera avec beau- 
coup d’eau chaude, selon les forces du malade, excepté la 


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ἢ 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. : 49 


tête : ..… λούειν πολλῷ θερμῷ πρὸς τὴν δύναμιν τοῦ χάμνοντος, 
τολὴν τὴς χεφαλῆς.... 


Περὶ φύσιος παιδίου (LITTRÉ, VIT). 


— d14. L'enfant, dans le sein de la mère, se développe en 
raison des matériaux qui lui sont transmis par la mère. — 
Comparaison avec le végétal : la graine jetée dans le sol se 
remplit de l'humeur qu'il contient... Remplie d'humeur, la 
graine se gonfle et l'humeur force à se condenser la qualité 
qui est la plus légère dans la graine. Ainsi condensée..., la 
quaiite devient feuille et rompt la graine... Les feuilles lèvent 
les premières. puis graine et feuilles font éruption. Forcée 
par les feuilles, la graine envoie en bas, à cause du poids, la 


. partie de la qualité qui est restée en elle : ainsi se produisent 


les racines par l’extension des feuilles : ... txuacos de πλησθὲν 
τὸ σπέρμα φυσᾶται χαὶ οἰδέει. * χαὶ ἀναγχάζεται ὑπὸ τῆς ἰκμάδος 
συστρέφεσθαι ἣ δύναμις, ἥ ἐστι χουφοτάτη ἐν τῷ σπέρματι. 
Συστραφεῖσα δὲ ἣ δύναμις ὑπὸ τοῦ πνεύματος καὶ τῆς ἰκμάδος, 
φύλλα γενομένη ῥήγνυσι τὸ σπέρμα * καὶ ἀνατέλλει ἔξω πρῶτον 
τὰ φύλλα... ῥήγνυται ἐς τὸ χάτω τό τε σπέρμα καὶ τὰ φύλλα, καὶ 
βιώμενον ὑπὸ τῶν φύλλων μεθίησι τῆς δυνάμιος ἐς τὸ κάτω, ἣ ἐν 
αὐτῷ ὑπολείπεται διὰ τὴν βαρύτητα. 

— 516. Le végétal ainsi né d’une graine, c’est-à-dire de 
quelque chose d’humide, tant qu’il est tendre et aqueux.… 
ne peut produire du fruit, car il ne possède pas de qualité 
forte et grasse qui puisse se condenser en graine : ... οὐ γάρ 
ἐστιν αὐτῷ δύναμις ἰσχυρὴ xai πιαρὰ, ἐξ ἣς τὸ σπέρμα 
συστραφήσεται. 

— Le fruit, de petit devient gros, parce que chaque végétal 
attire de la terre une qualité plus abondante que ce qui lui ἃ 
donné naissance : ... ὅτι ἕλχει ἕκαστον τῶν φυομένων ἐχ τῆς 
γῆς δύναμιν πλείονα n ἐξ οὗ ἐγένετο... 

— Id. Emission des racines chez les végétaux venus de 
rejetons.. : D'abord le végétal placé en terre prend de 
l'humeur... Puis le souffle et l'humeur ayant condensé à la 
partie inférieure du végétal la qualité qui était la plus pesante, 
s'échappent par le bas et produisent des racines tendres : 

ÉTUDE, 4 


ῃ Lu “- Α “ ! - L2 - -- 
. τὸ 0€ πνεῦμα χαὶ ἢ ἰκμὰς συστρέψχσα ἐν τῷ χάτω τοῦ φυτοῦ 
1 ΠΡ ι ] 


τὴν δύναμιν, ὅση nv βαρυτάτη, Ep: 

-- δ18. Alors le végétal tire de F ent par la Re. et la 
transmet à la partie supérieure. A son tour cette partie se 
gonfle... et toute la qualité qui dans le végétal est légère, 


s'étant condensée et étant devenue feuille, PS à 


ὀδηξεν ἐς τὸ κάτω. 


καὶ ὅση δύναμις ἐν τῷ φυτῷ χούφη ἔνεστι, ξυστραφεῖσα, φύλλα 
γινομένη, βλαστάνει... 

— Id. La marcotte est comme larbre : la partie située 
au-dessus du sol est considérable, de sorte que cette partie ne 
pourra s’emplir d'humeur, si une force puissante venant 
d’en bas ne transmet l’humeur dans le haut : ... εἰ μὴ ἐκ τοῦ 
κάτω μεγάλη τις δύναμις ἐλθοῦσα τῷ ἄνω éxôWSet τῆς ἰχμάδος. 

— 526. Tant qu'il est très tendre, l’arbre ne porte pas de 
fruit : il n’y ἃ pas, en effet, en lui de qualite grasse et épaisse 
qui soit capable de concourir à la fructification : ... οὐ γάρ 
ἐστιν αὐτῷ πίειρα δύναμις οὐδὲ παχείη, ἥτις ἐς χαοπὸν ξυμύαλ- 


χεσθαι οἵη τέ ἐστιν. 


Περὶ Νούσων τὸ τέταρτον (LiTTRÉ, VII). 


— 544. Comparaison entre la terre et le corps humain. — 
La terre possède des qualités de toute sorte et innombrables. 
Elle fournit à tout ce qui croit une humeur proportionnée et 
conforme à sa nature. Chaque végétal tire du sol un aliment 
semblable à lui-même : le rosier tire de la terre une humeur 
semblable à ce qu'il est lui-même en qualite ; l'ail également. 
en un mot, tous les végétaux prennent à la terre une humeur 
spéciale : Ἔχει γὰρ ὧδε ἣ γῆ ἐν ἑωυτῇ δυνάμιας παντοίας καὶ 
ἀναρίθμους.... τό τε γὰρ ἀν ἕλκει ἀπὸ τῆς γῆς ὑκμάδα τοιαύτην, 
οἰῶν TEQ χα AUTO ουνᾶμει EOTL, XAL TO SXx09000Y £AXEL απὸ τὴς γῆς 
AU τοιαύτην οἷον πεο χαὶ αὐτὸ δυνάμς. ἐστι, χαὶ τάλλα πᾶντ ῸΣ 

à φυόμενὰ ἕλχε: ἐκ τῆς γῆς καθ᾽ ἑωυτὸ ἕκαστον (1). 

546. En ces végétaux (il s’agit de sauvageons qui trans- 


(1, On ne peut s'empêcher en lisant ce texte de songer dès à présent à 
la théorie aristotélicienne de la puissance. Pour l'auteur du Περὶ Νούσων, 
la δύναμις ou qualité, n’est autre chose que cet élément matériel primitif 
qui, par suite de transformations successives, devient ceci ou cela. Les 


LA 


2 


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LA δύναμις (ΗΕΖ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 51 


plantés hors de leur lieu d’origine ne poussent plus), se 
trouvent des qualités plus où moins humides, plus ou moins 
douces, plus où moins sèches..…., etc... Car la terre possède 
ainsi mille qualités. Et c'est à cause de ces genres divers qu’à 
l’origine aucun végétal d'espèce différente ne fut produit 
semblable à l’autre : μυρίαι γὰρ ἐν αὐτῇ δυνάμιές εἰσι, καὶ διὰ 
ταῦτα τὰ γένεα ἐκ τῆς γῆς πρῶτον οὐδὲν ἕτερον ἑτέρῳ ὅμοιον 
ἔφυ, ὅ τι μὴ συγγενές. 

En un mot, la δύναμις, qualité primitive qui se développe 
et se transforme en autant d'organes constitutifs de la plante, 
est ici clairement donnée comme un principe de distinction, 
spécifiant les fruits de la terre. 

— 948. L’humeur tire de la terre l'humeur qui lui est 
semblable, s’en nourrit et, grâce à elle, se développe. Or 


aucun végétal ne puisant une humeur égale ou semblable, 


aucun ne ressemble à l’autre. Quant aux fruits de la terre 
utilisés comme aliments ou comme boissons, chacun prend 
beaucoup de qualités : dans tout, en effet, se trouve un 
élément flegmatique et sanguin : "EÂxer 0e ἕχαστον τῶν 
φυομένων βρωτῶν τε καὶ ποτῶν ἐς EWUTO πολλὰς δυνάμιας ἀπὸ 
τῆς γῆς : ἐν παντὶ δέ ἐστί τι φλεγματώδεος καὶ αἱματώδεος... 

— 552, Les aliments et les boissons contrebalancent 
mutuellement leurs effets. Et il en est ainsi de tout ce qui est 
nuisible : les substances se succèdent dans les intestins; 
l'élément perturbateur est filtré au-dehors par sa propre 
vertu et devient inoffensif : ... οὕτω δὴ καὶ τὰ ἄλλα ὁχόσα 
σινεόμενά ἐστιν, ὑφ᾽ ἑτέρου ἕτερον ἐσπεσὸν ἐς τὴν χοιλίην, τῇ 
ἑωυτοῦ δυνάμει τὸ αἰτίην ἔχον διηθέεται ἔξω, καὶ ἀσινὲς τοῦτο. 


Γυναιχείων πρῶτον χαὶ δεύτερον (LiTrRÉ, VIIT). 


— 996. En tenant compte de la force du sujet, on fumige, 
comme il ἃ été écrit : τὴν ὃὲ δύναμιν τεχμαιρόμενον τοῦ 


« 


σώματος, αὖθις ἀναπυριῆν ὡς γέγραπται... 


textes du Περὶ φύσιος παιοίου que nous avons cités aideront à 
comprendre la notion. Etre δυνάμει rosier ou plante quelconque, c’est se 
trouver réduit à cette qualité primitive qu'une évolution progressive 
développera. 


# 


RER το τ - 


ὦ LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


— 308. Si les règles ne se produisent pas, on donnera ce 
qui les ΕΠ ΡΠ; en tenant compte des forces de la femme : 
Ἢν δὲ un γίνηται, διδόναι ὅ TL χατασπόσει ὁρέων πρὸς τὴν 


δύναμι» ντ τῆς YU ναιχός. .. 


Προῤῥητιχόν, βιόλίον τὸ δεύτερον (LirtRÉ, IX). 


-- 14. Comment on reconnaitra que quelqu'un ne suit pas 
le régime imposé : il faut examiner l'individu chaque jour au 
mème endroit, à la mème heure... On prendra aussi en 
considération la nature de son intelligence et la force de son 
corps : ... Ἐνθυμεῖσθαι δὲ χρὴ χαὶ τοῦ ἀνθρώπου τῆς τε γνώμης 
τοὺς τρόπους, τοῦ τε σώματος τὴν δύναμιν... 


Περὶ Τροφῆς (Lirrré, IX). 


— 98. 2. L’aliment augmente, fortifie, incarne, assimile, 
désassimile les substances diverses qui se trouvent en cha- 
que partie suivant la nature de cette partie et sa propriété 
native : Αὐξει dE καὶ ῥώννυσι καὶ σαρχοῖ χαὶ ὁμοιοῖ καὶ ἀνομοιοῖ 
τὰ ἐν ἑχάστοισι κατὰ φύσιν τὴν ἑκάστου καὶ τὴν ἐξ ἀρχῆς δύναμιν. 

— Id. 3. Cette assimilation, suivant la nature et la pro- 
priété, a lieu lorsque l’aliment est digéré, puis incorporé : 
‘Opouot δὲ ἐς [φύσιν καὶ] δύναμιν, ὁκόταν χρατέῃ μὲν ἣ ἐπεισιοῦσα, 
le ὃξ ἢ προὐπάρχουσα. 

---100. 1. La nourriture (son éfre, considéré plutôt comme 
Dr arrive à l’os et à toutes ses pue, au nerf, à la 
veine... : Δύναμις δὲ τροφῆς ἀφικνέεται χαὶ ἐς ὀστέον καὶ πάντα 
τὰ μέρεα αὐτοῦ, χαὶ ἐς νεῦρον καὶ ἐς φλέδα... 

— 102. 11. Sues divers et par leurs couleurs et par leurs 
propriétés, pouvant nuire, servir..., ete... Χυλοὶ ποικίλοι xai 
χρώμασι χαὶ δυνάμεσι χαὶ ἐς θλάδην à χαὶ ἐς OS ρελείην... 

-- 102, 12. L’aliment sert ou nuit, selon qu'il est bien ou 
mal donné. Il sert et nuit pour la chaleur, de même pour le 
froid et pour la force (?) [du corps ?] : Καὶ πάντων ἐς θερμασίην 
βλάπτει χαὶ ὠφελέει * ἐς ψύξιν βλάπτει: καὶ ὠφελέει * ἐς δύναμιν 
βλάπτει καὶ ὠφελέει. 

— 102. 13. Les natures de la puissance (?) sont diverses : 
Δυνάμιος δὲ ποικίλαι φύσιες. 


DE dE (pe TU USE " 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. D9 


D’après Littré, il serait ici question de la faculté vitale ou 
de la faculté nutritive. Du reste, les aphorismes de ce traité 
sont en général assez obscurs, et il est difficile de déterminer 
très exactement le sens des termes, 

— 108. 27. Variétés de ce qu'on dénomme doux : doux par 
opposition à ce qui est fort, comme l’eau; doux pour ce qui 
concerne le goût, comme le miel : ... γλυκὺ ἐς δύναμιν οἷον 
ὕδωρ, γλυχὺ ἐς γεῦσιν οἷον μέλι... 

— 110. 32. Faculté une et non une par laquelle tout est 
administré. L’une préside à la vie de l’ensemble et des parties; 
l’autre, à la sensation de l’ensemble et des parties : Δύναμις 


ι 


» 


EN χαὶ οὐ pén, À πᾶντα ταῦτα καὶ τὰ ἑτεροῖα διοικέεται, ἢ μὲν ἐς 
ζωὴν ὅλου χαὶ μέρεος, ἣ δὲ ἐς αἴσθησιν ὅλου χαὶ μέρεος. 

La δύναμις désigne peut-être ici les principes organisateurs 
de la vie. 

— 110. 35. C'est une grande affaire d'adapter justement la 
quantité [des aliments?] à la faculté [nutritive?] : Μέγα τὸ 
ποσὸν εὐστόχως ἐς δύναμιν ξυναρμοσθέν. 

— 116. 46. Soit pour les liquides, soit pour les aliments 
solides, la qualité est parfois meilleure que le volume; par- 
fois, au contraire, le volume est De Δύναμις τροφῆς 
χρέσσων ἢ ὄγχος, ὄγκος τροφῆς χρέσσων ἢ δύναμις, χαὶ ἐν ὑγροῖσι 
καὶ ἐν ξηροῖσιν. 

— 118. 50. Quant à ceux qui ont besoin d’être vite réta- 
blis, un remède humide est souverain pour le recouvrement 
des forces : Καὶ ὁχόσοι ταχείης προσθέσιος δέονται, ὑγρὸν ἴημα 
ἐς ἀνάληψιν ὃ δυνάμιος χράτιστον... 

— 190. δά. La puissance assimilatrice du corps (sa propriété 
d’assimilation) est cause de la croissance et du développe- 
ment... : Δύναμις πάντα aUber καὶ τρέφει καὶ βλαστάνει. 


Περὶ Ἰητροῦ (Littré, IX). 


— 918. Les cataplasmes doivent se mettre autour de la 
plaie et non sur la plaie. C’est là, semble-t-il, que la propriete 
des substances agit efficacement sur la plaie, et le linge pro- 
tège… : coxet γὰρ τῷ μὲν ἕλχει βοηθεῖν à τῶν περιτιθεμένων 


or ‘ ©» on” eur 
δύναμις, τὸ δ᾽ ὀθόνιον φυλάσσειν... 


ES À, 


4 


31 LE IERNE ξύναμις AVANT PLATON. Se 

— Id. Pour ἐξ qui concerne... la manière de τἰραιανες 
des propriéiés des remèdes écrits, il n’en sera pas question. 
Πε:ὶ G παρῶν. ἔκθτε τούτοις ἔχέστο:ς χενπτέν ἐστὶ παὶ τὰς, 
Ξυνάμιας ὡς ET τῶν ευξαμηένων πατανανϑᾶνειν. ass 


λε:πτας 3Ξ T2 TETE. 


Ξοῦ Essyrussumz (Lormé, IN). 


— 955. Souvenez-vous bien des remèdes, ainsi que de 
leurs propriirs sumples qui sont mises ΒΕ ΕῚ écrit Ἔστω. 
GE Ξοι εὐτενη εζνειντα τς = zx Grau 5πλαξ χαὶ 
Ξνχγευξαιιξνα.. | 

Nzzreicz (Larreé, IN) ΕΝ 

— 252 Je loue le raisonnement qui se base sur ce 4 
arrive ef conduit la déduction d'apres les phénomènes. Car 
si le raisonnement part des faits, il se trouve appartenir, lui. 
au domainz (à la farulie) de l'intelligence, et l'intelligence - 
recoit des chuses ses éléments : Ξυυσαταινέω uv οὖν χαὶ τὸν 
λογιπιεῶν, AV ἐκ πξοιστώσιος CONTE τῆν ÉCYNV. AE τὴν 4 
ZXTEDUGIY EX Ter DEMVQULEYEN me El: ps 4 
ἐπετελεφκένεν ἣν τὴν ἀςχὴν ποτήσεται ὃ λονισμὸς, ἐν δισνοξης 
ϑυνᾶξιε: πάσχων εὑςίπχετα:. παςαξεγομένης IT ἕκαττα πα-᾿ | 
Dan (4). 2 

— 210. L'artion de läge, mème si le mal n'est pas Cons 
dérable, esi parfors bien puissante : Ἥλεχέη,ς, rase ἐόντος, 


τὸν JEGEELAE VOS GIvaLZ ἔντοτε πάμπτυλως. 


1) Ce tite est ep en resume de ἔσειε méthode péripaiéticiane δ 
é tome mme posture En ke sant on pense axurellement à “δ 
qu'érnivan ser Le meme sujet l'auteur de l'introduction ἃ ltude de 
Madame sxgerumentolr - « Niss ἘΣ mederine srentifque ne peut se Ὁ 
timer sms que Les autres siennes que par ka vose expérimentale c'est 
&re τὰσ lacbrmne mmamadme ἐπ rares du raiscemement aux faits 
que Τρδντ σα ῦδοα δὰ lesgéramestitioe mous fourmissent La méthode expé- à 
rime comséree <a elle-mèime n'es ren zutre chose qu'un raisosse- 
ment à ἴηϑῶς émguel aus soumetions mbodiquement nes idées 3 
Tesgerieare des fsts » CL Benvuns. Infrodection à lélade de Le metiers 
expernmentels Paris, Delerrave, 19457 ge τὶ 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. DD 


a 


Περὶ Κοισίμων (LiTTRÉ, IX). 


— 298. Les malades peuvent réchapper dé la maladie quand 
la fièvre n’est pas absolument contraire à leur nature, « car 
rien de funeste ni de mortel ne survient à 66 qui est conforme 
à la nature », ou encore quand la saison ne se fait pas l’auxi- 

liaire de la maladie, car, en général, la nature de l’homme 
est impuissante à triompher des forces coalisées : ... ὡς γὰρ 
ἐπὶ τὸ πουλὺ οὐ νιχᾷ ἣ τοῦ ἀνθρώπου φύσις τὴν τοῦ ὅλου δύναμιν. 


Dans cet ensemble de textes, je n’ai pas relevé trente cas 
où δύναμις ait été employé au sens courant de force ou de 
puissance (1). 11 est manifeste que dans la langue scientifique, 
16 mot tend de plus en plus à prendre une acception très 


spéciale et les faits permettent, me semble-t-il, de généra- 


liser la conclusion que suggérait déjà le dépouillement du 
Περὶ ἀρχαίης ἐητριχῆς. Dans les traités de la collection 
hippocratique, dans ceux surtout où l'influence des idées 


(1) Force : IL. ’Apy. inte. 4, 22. KuLnew. 1.) 
20, 2? 
Προγνωστιχόν. 78, 18 (K. ἢ. 
IL. τῶν ἐν χεφαλῇ τρωμ. 97,8 (K. I). 
IL. ἀγμῶν. 69,21 (K. I). 
à Ὅρκος. 630 (LurTRé, IV). 
᾿Επιδημιῶν τὸ deux. 136 ΠΡ 
IL. φυσῶν. 94 (2 fois) (L. VI). 
IL. ἱερῆς νούσου. 384 (L. VI). 
I. Νούσων τὸ τρίτον. 148 (L. VID). 
IL. φύσιος παιδίου. 518 (L. VI). 
Γυναιχείων πρῶτον χαὶ δεύτ. 396 (L. VI). 
308 
Προῤῥιητικόν, β..τὸ δεύτ. 14 (L. IX). 
Π. Τροφῆς. 102, 13} (L. IX). 
108, 27? 
118, ξ0 
Il. Κρισίμων. 298 (IX): 
Puissance : Π. τέχνης. 29 (L. VD. 
Influence : Προγνωστιχόν. 83, 4 (K. }). 
Signification : id. 107, 13 


L'ARRUE € 42 PATIO hd LE ANT ἐν 


d6 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


cosmologiques des premiers physiciens est particulièrement 
manifeste, le terme δύναμις désigne la propriété caracté- 
ristique des corps, leur côté extérieur et sensible, celui 
qui permet de les déterminer et de les spécifier. Grâce à la 
δύναμις, la φύσις mystérieuse, l'eèos substantiel, ou élément 
primordial, se fait connaître, et se fait connaître par son 
action. On comprend dès lors comment, surtout dans 
la suite, on ἃ pu passer du connu à l'inconnu, de l’appa- 
rence à la réalité, et combien il a été facile d'établir entre 
φύσις et δύναμις une équation parfaite. Dire la nature d’un 
être ou dire sa propriété revient au même, puisque l’une n’est 
évidente que par l’autre, puisque les deux sont inséparables 
et qu'un véritable lien causal les unit entre elles. Aussi 
parfois la nuance de sens est imperceptible entre les deux 
mots, et la synonymie presque parfaite. Il ne faut pourtant 
pas oublier la distinction qui les sépare et que les textes 
laissent généralement entrevoir. Je la résumerai, pour clore 
cette étude de la littérature médicale, dans une phrase du 
latrica de Ménon, où elle se trouve très nettement exposée 
et attribuée à un médecin encore, contemporain et ami de 
Platon : « Philistion croit que nous sommes un composé de 
quatre corps, c’est-à-dire d'éléments : le feu, l’air, l’eau, 
la terre. Chacun ἃ sa propriété (la qualité qui le caractérise 
et le manifeste) : le feu ἃ la chaleur, l’air ἃ le froid, l’eau a 
humide, la terre ἃ le sec : Φιλιστίων δ᾽ οἰεται x ὃ΄ ἰδεῶν 
συνεστάναι ἡμᾶς, τοῦτ᾽ ἔστιν ἐχ δ΄ στοιχείων * πυρός, ἀέρος, 
ὕδατος. γῆς. εἶναι δὲ καὶ ἑχάστου δυνάμεις, τοῦ μὲν πυρὸς τὸ 
θερμόν, τοῦ δὲ ἀέρος τὸ ψυχρόν, τοῦ δὲ ὕδατος τὸ ὑγρόν, τῆς ὃξ 
γῆς τὸ ξηρόν (1). 


Les auteurs de ces petits traités étaient sans doute des 
sophistes, mais aussi des techniciens. Leur vocabulaire, par 
conséquent, est à la fois plus précis et plus spécial. Pour ce 
qui concerne le mot δύναμις, nous avons vu que ce vocabu- 
laire n'avait guère influencé le langage courant. Toutefois 
les sophistes, rhéteurs ou professeurs d'éloquence, ont adapté 


(1) J'emprunte ce texte à l'ouvrage de Burner, Early Greek, p. 235, n. 2. 


ROC PE 7 0 
PU ἀξ 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. ΟἹ 


cette terminologie, l’ont transposée, acclimatée, et finalement 
ont facilité son introduction dans la philosophie. Nous ne 
pouvons terminer ce chapitre sans vérifier cette affirmation 
chez Gorgias d’abord, mais surtout chez Isocrate. 


GORGIAS 


Gorgias paraît être un disciple d'Empédocle en physique et 
en médecine(1). Il ἃ donc puisé à la même source que cer- 
tains auteurs des opuscules déjà cités qui furent, du reste, 
à peu près ses contemporains. Les particularités de style et 
la terminologie de son maitre se retrouvent chez lui; les 
métaphores empruntées parfois à l’art médical témoignent de: 


- l’effort réalisé pour faire pénétrer dens la langue des rhéteurs 


les expressions des physiciens. 

Le mot δύναμις est employé six fois, si je ne me trompe, 
dans les rares fragments de Gorgias qui nous ont été con- 
servés. Pour trois cas, le sens est ordinaire et ne diffère pas 
de l’acception courante. 


— Apologie de Palamède fr. 112 : ἐγὼ ὃς ποίαι δυνάμε! 
παραλήψομαι Ἕλλην βαρύάρους, εἷς ὧν πολλούς ; (DIELS. 
Vorsok. IT, 258, 13.) 

Il s’agit évidemment ici de la force matérielle. 


— Eloge d'Hélène fr. 11. Gorgias énumère les diverses: 
catégories d'hommes qui ont été séduits par la beauté 
d'Hélène : les riches, les nobles, les forts, les sages (ceux qui 
possédaient la puissance de la sagesse acquise)... : ὧν οἱ μὲν 
πλούτου μεγέθη, οἱ de εὐγενείας παλαῖας εὐδοξίαν, οἱ ὃὲ ἀλχῆς 
ἰδίας εὐεξίαν, αἱ dE σοφίας ἐπικτήτου δύναμιν ἔσχον... (DIELS. 
Vorsok. IX, 250. 20.) Peut-être cependant δύναμις est-il dans 
ce texte périphrastique. On peut ne pas le traduire, et 1] 
désigne l’étre de la sagesse, ou, tout simplement, la sagesse. 


— Id. fr. 11... ὃς εἰ μὲν θεὸς « ὧν ἔχει» θεῶν θείαν 


(1) Cf. Burxer, Early Greek, p. 234. 


58 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


δύναμιν... La θεία ovale est la ΕΊΣ ΙΝ (Diecs. 
Vorsok. IE, 254, D): 


Les trois autres cas où le terme est usité sont plus intéres- 
sants et dénotent une acception déjà plus spéciale 


— Eloge d'Hélène fr. 11. L’incantation magique de la À 
parole ramène le plaisir, chasse le chagrin : sa vertu dans | 


l’âme est de charmer, de persuader, de transformer... : ᾿ 
! A = SP cs AE £ gra + + 

συγγινομένὴ γὰρ τῆι ὁοξηϊ τῆς ψυχῆς ἢ, ούναμις τῆς ἐπωιδῆς 

ἔθελξε καὶ ἔπεισε χαὶ μετέστησεν αὐτὴν γοητείαι. (DIELS. 


Vorsok. I, 252, 1.) 


— Id. On vient d’aflirmer que l’action du discours consiste 
à persuader et à persuader d’une facon tvrannique. Aussi 
Hélène ne mérite-t-elle pas de reproches. car elle est en partie - 
entraînée par cette vertu toute puissante du λόγος. En effet, 
le fait d’obéir à la persuasion est blämable, mais s’il v a con- 
trainte, il ne peut y avoir de bläme, bien que la persuasion 
opère le même effet, conserve la même proprièlé {ait la même 
action) : τὸ ne) τῆς πειθοὺς € ἕξει ὄνειδος * χαίτοι ἧι ἀνάγχη, 
ὄνειδος ἕξοι μὲν οὔ, τὴν dE δύναμιν τὴν αὐτὴν ἔχε: (1). (DIELS. 
Vorsok. IT, 252, 12) 


— Id. L'action du discours sur l'ordonnance de l'âme est 
la même que celle des remèdes sur la nature des corps : les 
différents remèdes expulsent du corpsles differentes humeurs; 
les uns font cesser la maladie, les autres font cesser la vie. 
Semblablement pour les discours : les uns engendrent le 
chagrin, 165 autres le plaisir, d’autres la crainte ou l'audace, 
d'autres enfin, par leur persuasion mauvaise, distillent dans 
l'âme leur poison et l’ensorcèlent : τὸν αὐτὸν dE λόγον ἔχε: ἥ 
τε τοῦ λόγου δύναμις πρὸς τὴν τῆς ψυχῆς τάξιν ἥ τε τῶν φαρ- 


᾿ r \ - ᾿ ᾽ “ ἢ - 
μαάχὼν ταξι προς τὴν τῶν σωματωὼν φυσιν. WITES γῦρ τὼν 


Et 


paouaxwy ἄλλους ἄλλα χυμοὺς ἐχ τοῦ σώματος ἐξάγε!., καὶ τὰ 


(1) Je corrige le texte inintelligible cité dans DieLs par la leçon propusée 
par M. Diès dans Revue de Philologie, Note sur l EAENHY ETKOMION 
de Gorgias, Avril, 1913, p. 192 sqq. 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 59 


\ , , (2 - ῃ \ ὌΧ ἢ 
δεν νόσου τὰ de βίου παύε:, οὕτω χαὶ τῶν λόγων οἱ μὲν ἐλύπησαν, 
€ 
ot 


οἱ CE LUE ἐφόδησαν, οἱ δὲ εἰς θάρσος χατέστησαν τοὺς 
ἀχούοντας, οἱ de πειθοῖ τινι χαχῆ! τὴν ψυγὴν ἐφαρμάχευσαν καὶ 


Vorsoks IE 253,49 
Dans ces trois textes, dans le dernier surtout, le sens du 


ἐξεγοήτευσαν. (DIELS 


terme δύναμις se rapproche beaucoup plus de celui que nous 


avons précisé plus haut à propos des traités hippocratiques. 


Ici la δύναμις est l’action spéciale, la vertu magique du discours 
ou de la persuasion. Cette δύναμις les caractérise, et comme 
la vertu particulière, la propriété des remèdes est de chasser 
telles ou telles humeurs, celle de la parole est de causer 


chagrin ou joie, crainte ou confiance. 


ISOCRATE 
Δύναμις est assez souvent employé au sens ordinaire et 
vague de puissance, ou encore de simple possibilité, ou mème 
de forces militaires. Pour ne pas citer tous les textes, ce qui 
surchargerait trop cette étude, j’indique en note quelques 
références (1), et je passe immédiatement à l'examen des 
passages, déjà nombreux, qui me paraissent plus intéressants. 


Πρὸς Νικοχλέα. 


— 9..ὄ ἢ] faut d’abord examiner quelle est la fonction des 
rois. Car si nous circonserivons bien en peu de mots la nature 
(l'essence) de la chose toute entière, nous pourrons, en y 


(4) Puissance : Πανηγυρ!κός 140. 
Περὶ Éie οήνης 74, 11, 109. 
HaabiNanee 80. 

Possibilité : AY ἰὅαμος 84. 
Πρὸς Νικοχλέα 12. 
(: Forces mililaires : Πανηγυρικός 139, 141, 147, 164. 

Φίλιππος 60, 97, 101, 141, 112. 
υαγόρας 56. 
Παναθηναικός 49, 103, 158, 185, 298. 


Τραπεζιτικός 
[pos Ικαλλίμαγον 


3. 


ὃ. 


00 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


regardant mieux, parler des parties : Πρῶτον μὲν οὖν σχεπτέον, 
τί τῶν βασιλευόντων ἔργον ἐστίν * ἂν γὰρ ἐν χεφαλαίοις τὴν 
δύναμιν ὅλου τοῦ πράγματος χαλῶς περ!λάδωμεν, ἐνταῦθ᾽ ἀποῦλέ- 


ποντες ἄμεινον καὶ περὶ τῶν μερῶν ἐροῦμεν. 


Νιχοχλής. 


— 9%, Nous appelons éloquents ceux qui peuvent parler 
devant une assemblée, et nous considérons comme des 
hommes de bon conseil ceux qui, en eux-mêmes, raisonnent 
sur les affaires avec plus de sagacité. Et s’il faut tout dire en 
un mot sur cet art, rien n’est fait avec intelligence sans le 
secours de la parole : ... εἰ δὲ δε; συλλήόδην περὶ τῆς δυνάμεως 
ταύτης εἰπεῖν, οὐδὲν τῶν φρονίμως πραττομένων εὑρήσομεν 
ἀλόγως γιγνόμενον... 

— 30. Tout le monde avoue, je pense, que la modération 
et la Justice sont les premières des vertus. Elles ne sont pas 
seulement utiles en elles-mêmes, mais si nous voulons 
réfléchir sur la nature, les propriétés, l'usage des choses, nous 
trouverons que celles qui ne participent pas à ces formes 
de vertus sont causes de grands maux; au contraire, celles 
où l’on voit entrer la Justice et la modération sont grande- 
ment utiles à la vie sociale... : οὐ γὰρ μόνον τὸ χαθ᾽ αὑτὰς 
ὠφελοῦσιν, ἀλλ᾽ εἰ ᾿θέλοιμεν σχοπεῖν καὶ τὰς φύσεις καὶ τὰς 
δυνάμεις καὶ τὰς χρήσεις τῶν πραγμάτων, εὑρήσομεν τὰς μὲν μὴ 
μετεχουσας τουτων τῶν LOEWY μεγάλων χαχὼν αἰτιας ουσας, τὰς 
ὃξ μετὰ διχαιοσύνης ai σωφροσύνης γιγνομένας πολλὰ τὸν βίον 
τὸν τῶν ἀνθρώπων ὠφελούσας. 

— 90, Ne pensez pas que recevoir soit toujours un gain et 
dépenser toujours une perte : aucune de ces deux choses n’a 
toujours la mème valeur (la même aftribution;: le mème 
caractère d’ètre gain ou perte ne convient pas toujours, n’est 
pas essentiel au fait de recevoir ou de dépenser), mais celle 
qui se produit à propos et selon la vertu, est utile à ceux qui 
l’accomplissent : ... μὴ τὸ μὲν Aabeïy xéodos εἶναι νομίζετε, 
τὸ δ᾽ ἀναλῶσαι ζημίαν - οὐδέτερον γὰρ τούτων ἀεὶ τὴν αὐτὴν 
ἔχε. δύναμιν, ἀλλ᾽ ὁπότερον ἂν ἐν χαιρῷ χαὶ μετ᾽ ἀρετῆς 


» - \ 


, ET = A 
γυγνηται, TOUT ὁ DEAE TOUS TOLOUYTHS. 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 61 


— 59. Ne pensez pas que le vice soit plus utile que la 
vertu, et que le nom seul soit odieux. Mais sachez que tel est 
le nom de chacune des choses, telles sont aussi leurs propriétés 
(presque leur nature, leur essence) respectives : 
οἴεσθε δύνασθα. μὲν πλείω τῆς ἀρετῆς ὠφελεῖν, τὸ δ᾽ ὄνομα 


UN τὴν κακίαν 
= ἢ "» ».. σ » ΄ el = 
δυσχερέστεοον ἔχειν, ἀλλ᾽ οἵων περ ὀνομάτων ἕχαστον TOY 
, LA U -ἰ ᾿ δὴ s ! L “ὦ 
πραγμάτων τετύχηκε, τοιαύτας ἡγεῖσθε χαὶ τὰς δυνάμεις αὐτῶν 


εἶνα... 


Φίλιππος. 


— 21. Ne penses-tu pas que celui qui ἃ accompli tant et de 
si grandes choses condamnera comme un fou celui qui 
enverra une telle œuvre, et jugera qu’il se trompe grandement 
sur la puissante des discours et sur son propre esprit : ... τὸν 
δὴ τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα διαπεπραγμένον οὐχ otee πολλὴν 
μωρίαν χαταγνώσεσθαι τοῦ πέμψαντος τὸ βιύλίον χαὶ πολὺ 
διεψεῦσθαι νομιεῖν τῆς τε τῶν λόγων δυνάμεως χαὶ τῆς αὑτοῦ 


es ’ 
OLAVOLS ; 
᾿Αρεοπαγιτικός. 


— 14. L'âme de la cité n’est pas autre chose que son 
organisation politique dont la fonction est la même que celle 
de l'intelligence dans le corps. En effet, l’organisation poli- 
tique délibère, garantit les prospérités, écarte les maux... : 
ἔστι γὰρ ψυχὴ πόλεως οὐδὲν ἕτερον n πολιτεία, τοσαύτην ἔχουσα 
δύναμιν, ὅσηνπερ ἐν σώματι φρόνησις. 


Ἑλένη. 


— d4, Hélène participa à la beauté dans la mesure la plus 
complète, la beauté qui est le plus vénérable, Le plus précieux, 
le plus divin des êtres, Et il est facile d’en reconnaitre la 
puissance : ce qui participe au courage, à la sagesse, à la 
justice est honoré, mais certaines choses le sont davantage ; 
sans la beauté, nous ne trouvons rien qui nous charme ; nous 
dédaignons tout ce qui ne participe pas à cette forme, et si la 
vertu est estimée, c’est qu'elle est précisément la plus belle 
des occupations : χάλλους γὰρ πλεῖστον μέρος μετέσχεν, 


τ χα 


62 LE TERME δύναμις. AVANT ΡΙΑΤΟΝ, 


σεμνότατον χαὶ τι ἐμιώτ ατὴν χαὶ es A70Y τῶν ὄντων ἐστίν. 


ι 
Lu 
ον δὲ γνῶναι! τὴν δύναμιν αὐτοῦ. τῶν μὲν γὰρ ἀνόρίας 7. 


OP, ©: 
End 
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μ [ Α r nn LU 
GOZIAS 1 OLXANOGUVTS ἃ μη ΜΕΕΧΟΥΡΟΣ πολλὰ © DAVIITET I! τιμώμενα 


© 


aa). Y 1 τούτων ÉXATTOY, τῶν DE χάλλους ἀπεστερημένων 0 οὐδὲν 


La μὲ 
εἰ οήσομεν d γαπώμενον ἀλλὰ πάντα χατατρονούμενα, πλὴν 03% 
! 


ταύτης τῆς ἰδέας χεκοινώνηχε, καὶ τὴν ἀρετὴν διὰ τοῦτο μάλιστ᾽ 
εὐδοχιμοῦσαν. ὅτι κάλλιστον τῶν ἐπιτηδευμάτων ἐστίν. 

— Bien qu'il ne soit pas dans son entier nécessaire à ma 
thèse, je n’ai pu résister à la tentation de transcrire com- 
plètement ce texte. Il me paraît, en effet, assez significatif pour 
constater que le vocabulaire et même une certaine façon de 
penser que nous retrouvons dans les Dialogues, ne sont pas 
_ chose absolument spéciale à Platon. L'auteur du Symnosion 
trouvait des modèles chez les sophistes, et le discours sur 
Hélène nous le prouve. Le passage cité résume les formules 
de la μέθεξις ou de la κοινωνία des ᾿δέαι, suppose la synonymie 
des ἰδέαι et des ὄντα, affirme la supériorité dans l'échelle des 
êtres de 1 ἰδέα beauté, situe 1᾿ ἀρετὴ parmi les ἐπιτηδεύματα, 
autant d'expressions qui rappellent les développements les 
plus connus du Symposion, du Phèdre, ou de la République. 


Βούσιρις. 


— 14. Les Egyptiens sont parvenus ἃ un tel degré de 
félicité que, par suite de la richesse et de la nature du sol, 
ainsi que de la vaste étendue des plaines, ils jouissent des 
avantages d’un continent; par la facilité d'exportation du 
superflu ou d'importation de ce qui manque, et cela, gràce à 
la nature (ou au caractère, à l’action) du fleuve, ils habitent 
en quelque sorte une île : le fleuve, en effet, entourant le 
pays et le parcourant tout entier, leur assure les bienfaits de 
cette double situation : εἰς τοσαύτην δ᾽ ὑπερύολὴν εὐδαιμονίας 
ἥχουσιν, ὥστε τῇ μὲν ἀρετῇ χαὶ τῇ φύσει τῆς χώρας χαὶ τῷ. 
πλήθει τῶν πεδίων ἤπειρον χαρποῦνται, τῇ ὃὲ τῶν περιόντων 
διαθέσει χαὶ τῇ τῶν ἐλλειποντων χομίδῃ διὰ τὴν τοῦ ποταμοῦ 
δύναμιν νῆσον οἰχοῦσ! " χύχλῳ γὰρ αὐτὴν περιέχων χαὶ πᾶσαν 
1490 Fa πολλὴν αὐτοῖς εὐπορίαν ἀμφοτέρων τούτων πεποίηχεν. 


ῃ | 


. Les Egyptiens placaient les vieillards à la tête des 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 63 


affaires les plus importantes et persuadaient aux jeunes gens 
d'abandonner les plaisirs pour l'astrologie, l’arithmétique, la 
géométrie, sciences dont ils louaient les résultats. les effets, 
sciences utiles, suivant les uns, à bien des LUE souve- 
raines, suivant d’autres, pour arriver à la vertu : ... χαὶ τοὺς 
μὲν T RES OUT ἐρους ἐπὶ τὰ μέγιστα τῶν πραγμάτ τῶν ἔταξεν, τοὺς ÔE 


μοῖς 


ι 


γεωτέρους ἀμελήσαντας τ τῶν N00VWY ἐπ᾽ Roca χαὶ a 
χαὶ γεωμετρίᾳ διατρίύειν ἔπεισεν 
ἔνια χρησίμους ἐπαινοῦσιν. 0 
λομένας ἀπο: οαίνειν ἐπιχειο9 οὔσιν. 

— 30. Busiris établit chez les Egyptiens des pratiques de 
piété nombreuses et variées. Il fit une loi d’nonorer et de 
révérer des animaux méprisés parmi nous, non qu'il ignoràt 
la nature de ces animaux (ce qu’ils sont), mais il croyait 
devoir accoutumer le peuple à s’en tenir à toutes les pres- 
criptions des magistrats... : ... ὅστις καὶ τῶν ζώων τῶν παρ᾽ 
ἡμῖν χαταφοονουμένων ἔστιν ἃ σέδεσθαι χαὶ τιμᾶν ἐνομοθέτησεν, 


οὐχ ἀγνοῶν τὴν δύναμιν αὐτῶν... 


— 2, Nous sommes venus pour délibérer sur la guerre et. 
sur la paix qui ont la plus grande importance dans la vie des 


hommes : ... ἥκομεν γὰρ ἐχχλησιάσοντες περὶ πολέμου χαὶ 
εἰρήνης, ἃ μεγίστην ἔχει δύναμιν ἐν τῷ βίῳ τῷ τῶν ἀνθρώπων... 

— 40. Il existe pour les maladies du corps une foule de 
moyens de guérisons très divers, dont les médecins ont 
trouvé le secret; de même pour les esprits malades, le seul 
remède est une parole qui ose réprimander; de plus, veus 
devez comprendre qu’il est ridicule de supporter les opéra- 
tions médicales par le fer ou par le feu, afin d’être débarrasse 
des plus grands maux, et de rejeter les discours, avant de 
savoir si leur vertu propre n’est pas d’être utile aux auditeurs : 
1... ÉREU0" ὅτι καταγέλαστόν ἐστι τὰς μὲν XAUTELS καὶ τὰς τομὰς 
τῶν ἰατρῶν ὑπομένειν, ἵνα πλειόνων ἀλγηδόνων ἀπαλλαγῶμεν, 
τοὺς ὃὲ λόγου: ἀποδοχιμάζειν πρὶν εἰδέναι σαφῶς, εἰ τοιαύτην 
ἔχουσι τὴν δύναμιν ὥστ᾽ ὠφελῆσα! τοὺς ἀχούοντας. 


— 91. L'exercice de l'autorité légitime ou le pouvoir des 


ΥΩ, VEN TR 


64 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


tyrans sont... deux situations qui paraissent équivalentes, 
bien qu'un intervalle considérable les sépare : ... ἀργεῖν... | 
τυραννεῖν... ἃ δοχεῖ μὲν τὴν αὐτὴν ἔχειν δύναμιν, πλεῖστον δ᾽ 
ἀλλήλων χεχώριστα!... (On pourrait aussi traduire, et peut- 
être plus légitimement, en tenant compte davantage du verbe 
δοχεῖν et de l'opposition entre les deux membres de phrase | 
où la réalité est sans doute opposée à l’apparence : deux  # 
situations qui semblent aboutir au même résultat, produire 
le même effet, mais, en fait, se trouvent séparées par un 
intervalle immense : tandis que les souverains légitimes 
s'efforcent d'augmenter le bonheur de ceux qui vivent sous | 
leurs lois, les tyrans ont l'habitude de se satisfaire eux- 
mêmes, au prix des travaux et des souffrances de leurs 
sujets...). 

104. Beaucoup désiraient le pouvoir, ne sachant pas 
qu'il est difficile d’en user et qu’il fait perdre le sens à ceux À 
qui s’y attachent avec passion. Ils ignoraient que, par sa 
nature, le pouvoir ressemble aux courtisanes qui se font 
aimer et perdent leurs amants. Telle est bien, en effet, 
l’action qui le caractérise (tel est son caractère propre) : on 
peut remarquer que les peuples qui ont goûté au pouvoir 
souverain sont tombés dans les plus terribles calamités, à 
commencer par nous et par Lacédémone : ... οὐδ᾽ ὅτι τὴν 
φύσιν ὁμοίαν ἔχει ταῖς ἑταίραις ταῖς ἐρᾶν μὲν αὑτῶν ποιούσαις, ὦ 
τοὺς ὃὲ TERRE ἀπολλυούσαις. Καίτοι φανερῶς ἐπιδέδεικται À 
ταύτην ἔχουσα τὴν δύναμιν + ποὺς γὰρ ἐν πλείσταις ἐξουσίαις 
γεγενημένους ἴδοι τις ἂν ταῖς μεγίσταις συμφοραῖς περιπεπτὼ- 


, ὦ ’ _ = " 
χότας, ἀρξαμένους ἀφ᾽ ἡμῶν καὶ Λα" ε"αι!μονίων. 


Παναθηναιχός. 


— 99, J'ai la mème opinion sur les hommes capables de « 
haranguer le peuple, ou illustres par les discours qu'ils # 
écrivent, en un mot sur tous ceux qui se distinguent dans les 
sciences, dans les arts, ou par leurs talents : ... ὅλως de περὶ 


\ 


’ “Ὁ ἃ « s L 
πάντων τῶν περ' τὰ τὰ SEE χαὶ τὰς ÉTLITT, μας χα! τὰς δυνάμεις 


ον τὸν gui de 


ἀπ 
δια 
— 134. Il n'existe que trois formes de gouvernements : | 
l’oligarchie, la démocratie, la mona. chie... Toutes ces formes «# 


LA δύναμις (ΗΕΖ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 65 


sont bonnes, si les citoyens placés à la tête des affaires diri- 
gent avec Justice et habileté... Telle est la nature, tels sont 
les caractères des divers régimes... : Αἱ μὲν οὖν φύσεις χαὶ 
δυνάμεις τῶν πολτειῶν οὕτως ἔχουσιν... (1). 

— 138. Texte à peu prés littéralement identique à celui de 
l’Apeorayurtxoc, 14, déjà cité. 

— 169. Adraste, voulant replacer sur le trône le fils 
d'Ædipe, avait perdu un grand nombre d’Argiens et vu périr 
tous ses chefs... N'ayant pu obtenir de trêve ni enlever les 
corps de ceux qui avaient succombé, il conjura Athènes de 
ne pas souffrir que de tels hommes restassent sans sépulture, 
et de ne pas laisser ainsi abolir un ancien usage établi par 
nos pères, suivi par tous les peuples, non comme une insti- 
tution posée par une nature humaine, mais par une puissance 
_(ou peut-être une nature) divine : ... ἐδεῖτο pr περιιδεῖν τοιού- 
Tous ἄνδρας ἀτάφους γενομένους μηδὲ παλαιὸν ἔθος χαὶ πάτριον 
γόμον χατ αλυόμενον, ὦ πάντες ΠῚ; χρώμενοι διατελοῦσιν 
οὐχ ὡς ὑπ᾽ ΠΡ Ε χειμένῳ φύσ σεως ἀλλ᾽ ὡς ὑπὸ δαιμονίας 
προστεταγμένῳ δυνάμεως... Le terme δύναμις étant exactement 
en parallèle avec φύσις, permettrait, je crois, de le traduire 
aussi par nature. 

— 909. Les Barbares apprennent et enseignent même un 
grand nombre de choses découvertes par d’autres hommes, 
tandis que les Lacédémoniens restent tellement en arrière de 
l'éducation commune et de la philosophie, qu'ils ne veulent 
pas apprendre les caractères de l’écriture. Et pourtant cette 
science ἃ pour effet (son action propre est) de faire connaitre 
à ceux qui s’en servent les événements non seulement de leur 
époque, mais encore de tous les temps : ... οὗτοι, de τοσοῦτον 
ἀπολελειμμένοι τῆς χοινῆς παιδείας καὶ φιλοσοφίας εἰσίν, ὥστ᾽ 
οὐδὲ terre μανθάνουσιν, ἃ τηλικαύτην ἔχει ὁ δύναμιν ὥστε 


τοὺς ἐπι σταμένους χαὶ χρωμένους αὐτοῖς un μόνον ἐμπει 00 ους 


() Taylor établit la distinction dans ce texte entre ἰδέα et φύσις. Les 
ἰδέαι τῶν πολιτειῶν sont les formes extérieures et exclusives des 
gouvernements qui peuvent s'adapter à des combinaisons de nature assez 
diverse. L'opposition de tûca et de φύσις est ici celle « de la forme avec 
la substance, de la lettre avec l'esprit ». Varia Socratica, p. 206. 

ETUDE. D 


ho he Le 


66 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


» \ ' - 


γίγνεσθαι τῶν ἐπὶ τῆς ἡλικίας τῆς αὑτῶν πραχθέντων ἀλλὰ χαὶ 


[ὦ 
τῶν Cr Os OTE ? EVOULE VU) y. 


Κατὰ τῶν σοφιστῶν. 


— 10. Les sophistes s'engagent à faire de leurs disciples 
des orateurs tels que dans les affaires rien ne leur échappe. 
Et pour eux, ni l'instruction première, ni le naturel du disciple 
n’ont dans cet art quelque importance. Ils prétendent ensei- 
gner les préceptes de l’éloquence comme on enseigne l’écri- 


A] L 
ture 2 DAS AR ρα τοιούτους ῥήτορας TOUS συνόντας 
ποιήσειν ὥστε μηδὲν τῶν ἐνόντων ἐν τοῖς πράγμασι παραλιπεῖν 


χαὶ ταύτης τῆς ὀυνάμεως οὐδὲν OÙTE ταῖς ἐ 


Γ, - - ss 17 
QUGE! TNT τοῦ μαθητοῦ μεταονοῦσσ".)... 


\ » Le, 
Πεοὶ ἀντιδόσεως. 


— 3. Pourtant je ἢ ἀνὰ }5 jamais repoussé ces or: (des 
adversaires qui critiquent la àx70:6n d’Isocrate), convaincu 
que les vaines paroles de ces sophistes n'avaient aucune 
importance : … ἡγούμενος τὰς μὲν ÉXELVOY € φλυαρίας οὐδεμίαν 
δύναμιν ἔχειν... 

— 10. Jsocrate explique la composition de son discours 
« sur la permutation » : une partie des choses qu'il contient 
peuvent être dites convenablement devant un tribunal; 
d’autres seraient déplacées dans ces sortes de luttes, mais 
s’expriment franchement sur la philosophie et montrent son 
action. (La suite du discours met effectivement en évidence les 
resultats de la philosophie, ce qu’elle produit. L'auteur la 
réhabilite contre ceux qui veulent voir en elle une corrup- 
trice de la Jeunesse) : … 
δικαστηρίῳ πρέποντα ῥηθ 
ἀγῶνας οὐχ ἁρμόττοντα, περὶ 
χα! OEOUNAWXOTA τὴν OUVIULY IUT. 

— 50. Ainsi done, sur ce que vous voulez appeler soit mon 
talent propre, original, soit ma philosophie, soit mes études 
habituelles, vous avez entendu toute la vérité : Περὶ μὲν οὖν 


ς 


τῆς ἐμῆς EUTE βούλε εσῆε χαλεῖν δυνάμεως εἶτε φιλοσοφίας εἰτε 
μων Ε 
οι 


»- - 
ατριθης, ἀκηχόατε πᾶσαν τὴν ἀλήθειαν. 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. ΘθῚ 


— 175. L'avenir de la république dépend de la manière 
dont les jeunes gens sont élevés. et si la philosophie ἃ pré- 
cisément pour effet (si son action est) de corrompre la jeu- 
nesse, il ne faut pas se contenter de châtier celui qu’accuse 
“un de es hommes, il faut expulser tous ceux qui s’adonnent 
à cette étude : ... ἀλλ᾽ εἰ μὲν ἣ Φιλοσοῷ φία τοιαύτην ἔχει δύναμιν 
ὥστε διαφθεί εν ιν τοὺς RÉ οὐ τοῦτον ken À μόνον χολάζειν, 
ὃ ἂν fran τις τούτων, ἀλλὰ πάντας ἐχποῦωὼν ποιεῖσῆαι τοὺς 
περὶ τὴν ὃιατ οιδὴν ταύτην ὄντας. 

— 178. Anton que je le pourrai, j'essaierai d'exposer la 
nature et les effets (l'action) de l’éloquence (μελέτη τῶν λόγων), 
le genre d’étude auquel on peut l’assimiler, l'utilité qu’elle 


offre, les promesses que nous faisons : 0 ᾿ ὅπως ἂν 


ἙΝ τ r s _ L 
OUVOUXL πειράσομαι διελθεῖν τήν τε φύσιν αὐτῆς χα 


TE 
Θ 
ἘΣ VA] 


ἣν ÊyE, x χαὶ ποία τῶν ἄλλων τεχνῶν τ ἧς se χαὶ τί τοὺς 
συνόντας ὦ φελεῖ, χαὶ ποίας τινὰς ἡμεῖς ποιούμεθα ne 
ὑποσχέσεις... 

— 186. Ce n’est pas l’éducation toute seule, mais l’éduca- 
tion surajoutée à la nature qui fait des athlètes ou des orateurs : 
en réalité de semblables talents sont le partage des hommes 
qui se distinguent à la fois par leurs qualités naturelles et par 
le soin qu’ils mettent à les cultiver : ... τὸ δ᾽ ὅλον αἱ δυνάμεις 
αὗτα.. παραγίγνονται τοῖς χαὶ τῇ φύσει χαὶ ταῖς ἐπιμελείαις 
διενεγχοῦσιν. 

Tel est le caractère distinetif de la philosophie (τύπος τῆς 
φιλοσοφίας) Et vous comprendrez mieux, je crois, quels 
sont ses efJets, si je vous expose les promesses que nous 
faisons à ceux qui désirent fréquenter nos écoles. (Or ces 
promesses, c'est de rendre l’homme plus éloquent dans ses 
discours ou plus sage dans ses actions. Telle est donc aussi 
l’action propre, caractéristique de la philosophie, quoi que 
veuillent en penser ses détracteurs. Mais pour aboutir à ce 
résultat, la grande condition est toujours d’unir au travail les 
dispositions naturelles) : ... Ἡγοῦμα! δ᾽ ὑμᾶς μᾶλλον ἂν ἔτ. 
χαταμαθεῖν τὴν δύγαμιν αὐτῆς, εἰ Seb τὰς ὑποσχέσεις, ἃς 
ΟΕ πρὸς τοὺς πλησιάζειν ἡμῖν βουλομένους. 

— 192, Voilà quelles sont mes pensées sur le talent naturel 
et sur le travail. (Chacune des deux choses prise séparément 


68 LE TERME δύναμις AVANT PLATON. 


peut produire un homme distingué, capable de parler et 
d'agir; les deux réunies font un homme supérieur.) Quant à 
l'éducation, je ne puis tenir le même langage. Elle n’a pas le 
même effet, ni un effet approchant : car celui qui aurait 
entendu tout ce que l’on peut dire sur l’art de composer les 
discours, et qui s’en serait pénétré avec plus de soin que les 
autres, écrirait peut-être avec plus d'agrément que la plupart 
des orateurs, mais si, devant le peuple, l'assurance lui man- 
quait, il lui serait impossible de dire un mot : ... περὶ de τῆς 


παιδείας οὐκ ἔχω τοιοῦτον λόγον εἰπεῖν " οὔτε FA μοίαν οὔτε 
΄ δ’, 
͵ 


παραπλησίαν ἔχει τούτοις τὴν δύναμιν. εἰ γάρ τις διακούσειεν 
“ιν LS - sn 
ἅπαντα τὰ περὶ τοὺς λόγους καὶ διαχρ Gwbeir μᾶλλον τῶν ἄλλων, 


λόγων μὲν ποιητὴς τυχὸν ἂν πε γένοιτ 70 τῶν πολλῶν, 
εἰς ὄχλον δὲ καταστὰς, τούτου μόνον ἀποστερηθεὶς τοῦ τολμᾶν, 
οὐδ᾽ ἂν φθέγξασθαι δυνηθείη. 

-- 196. Certains adversaires de la philosophie disent qu'on 
ne peut enseigner cette science, et que ceux-là seuls qui par 
nature sont supérieurs l’emportent sur leurs rivaux; d’autres 
reconnaissent l’avantage de ceux qui se livrent à l'étude, mais 
ils ajoutent qu'ils se corrompent.. et lorsqu'ils ont acquis de 
la capacité, (leur talent) ils l'emploïent pour nuire aux autres : 
ἐπειδὰν γὰρ λάδωσι δύναμιν, τοῖς ἀλλοτρίοις ἐπιδουλεύειν. 

— 209. Les adversaires (16 la philosophie dénigrent l'éduca- 
tion, comme n'ayant aucune utilité, comme un mensonge, et 
pourtant ils veulent que nos disciples soient immédiatement 
supérieurs, qu'après un stage de courte durée ils se montrent 
plus éloquents et plus sages que des hommes âgés et expéri- 
mentés..… Comment ne pas regarder comme des fous ceux 
qui ont l’audace d’exiger d'un art dont ils nient l’existence, 
des propriétés (des effets) qu’on ne rencontre dans aucun des 
arts universellement reconnus, et qui prétendent faire sortir 
de celui auquel ils refusent de croire, plus de résultats utiles 
que de ceux dont ils reconnaissent la réalité :... χαίΐτοι πῶς 
οὐχ ἀφρονας εἶνα! XP ἢ γομίζειν τοὺς τὰς δυνάμεις τὰς ἐν ταῖς 
ὁμολογουμέναις τῶν FRS οὐχ ἐνούσας, ταῦτ ας ἀπαιτ EL) 
μῶντ τας παρὰ ταύτης, ἣν οὐχ εἶναί φασι, χαὶ πλείους τὰς à Re 

ἀξιοῦντας τὐνεοῆ να, παρὰ τῆς ἀπιστουμένης ὑφ᾽ αὑτῶν ἢ παρὰ 


τῶν ἀνριδῶς € εὑρῆσθαι δοχουσῶν ; 


CS 


”..… 


LA δύναμις CHEZ LES MÉDECINS ET LES SOPHISTES. 09 


— 207. Tous les disciples qui ont trouvé un guide sincère et 
intelligent montrent dans leurs discours un talent tellement 
semblable, qu’évidemment ils ont participé à la mème éduca- 
tion... C’est à cette ressemblance qu’on reconnaitra combien 
est grande l’action de l’éducation : ... τὴν ἐπιμέλειαν ὅσην ἔχε! 
δύναμιν... 

— 240, Les adversaires de la philosophie reprochent aux 
Thébains et aux ennemis de la république leur ignorance, et, 
en même temps, ils injurient ceux de leurs concitoyens qui 
veulent s'affranchir de cette infériorité, Une telle conduite ne 
montre pas seulement le désordre de leurs idées, mais encore 
leur mépris pour les dieux, car ils regardent Peitho comme 
une déesse ; chaque année 115 voient notre ville lui offrir des 
sacrifices, et pourtant ils accusent de corruption ceux qui 
veulent participer à la qualité distinctive (presque à la nature) 
de cette déesse : ... τὴν μὲν γὰρ Πειθὼ μίαν τῶν θεῶν νομίζουσιν 
εἶναι... τοὺς de τῆς δυνάμεως ἧς n θεὸς ἔχει το βουλο- 
μένους ὡς καχοῦ πράνματος ἐπιθυμοῦντας διαφθείρ Τὰ ( φασιν. 

— 257. Texte littéralement identique à celui de ἧς 9, 
déjà cité. Δύναμις — art. 

— 258. Pourquoi s'étonner de la conduite de Lysimaque, 
lorsque, même parmi les hommes qui s'occupent de discours 
de controverse, il en est qui calomnient également les 
discours sans valeur et ceux qui sont utiles? Ils n’ignorent 
pourtant pas la vertu de ces discours et les avantages rapides 
qu'ils procurent : ... οὐκ ἀγνοοῦντες τὴν δύναμιν αὐτῶν, οὐδ᾽ ὅτι 
τάχιστ᾽ ἂν oÙtot τοὺς χρωμένους ὠφελήσειαν... 

— 972. Puisqu’il n’est pas dans la nature de l’homme 
d'acquérir une science qui, lorsque nous la possédons, nous 
fait connaître comme on doit agir et ce qu'on doit dire, je 
considère comme sages Ceux qui, grâce aux Opinions, 
parviennent la plupart du temps à découvrir ce qu'il y ἃ de 
meilleur, et j'appelle philosophes ceux qui se livrent aux tra- 
vaux à l’aide desquels ils parviennent le plus promptement à 
ce degré d'intelligence, Quantaux études quionteette propriete, 


, 


je pourrais en parler, mais j'hésite. : ἃ δ᾽ ἐστὶ τῶν ériTndeuua- 


x: V0 


’ ” \ Ὁ’ " \ » 
τῶν TAUT IV ξχοντα τὴν οὐναμον, EXO μεν v ELTTEL ty, ὀχνὼ DE EVE ELY. 


— 9277. Celui qui veut prononcer ou écrire des re 


70 LE TERME OUVZU:S AVANT PLATON. 


dignes d’estime, ne peut pas se proposer des sujets injustes 
ou de peu de valeur. Il choisira les actions les plus nobles et 
les plus utiles... et l’orateur qui sera accoutumé à contempler, 
à juger de semblables actions n’appliquera pas seulement 
cette faculté au discours présent, mais à toutes les autres 
affaires, de sorte que l’art de bien dire et «le bien penser 
deviendra le partage de ceux qui étudient RE € en 
philosophes et avec le désir de se SÉPRSREU . ὁ δὲ τὰς 
τοιαύτας συνεθιζόμενος RE καὶ δοκιμάζειν οὐ μόνον περὶ τὸν 
ἐνεστῶτα λόγον ἀλλὰ καὶ περὶ τὰς ἄλλας πράξεις τὴν αὐτὴν ἕξει 
ταύτ ὯΝ δύναμιν. “. 

La δύναμις τοῦ θεωρεῖν χαὶ δοκιμάζειν, n’esl, en somme, que 
le principe de ces diverses opérations, l'être qui les produit, 
et répond assez exactement à nos facultes. 

— 295. Un fait encore ne doit pas vous échapper, c’est 
que notre ville paraît être l’institutrice de tous les hommes 
capables de parler ou d’enseigner, et c’est avec raison, car on 
la voit établir les plus belles récompenses pour ceux qui 
possèdent cette aptitude (cet art) : ... καὶ γὰρ ἄθλα μέγιστα 


-- " _ a" ! ” 
τιθεῖσαν αὐτὴν ὁρῶσι τοῖς τὴν δύναμιν ταύτην ἔχουσι... 


Cette abondance de textes permet de constater que l’accep- 
tion spéciale du terme δύναμις a passé dans le langage 
technique des sophistes. Avec moins de précision peut-être 
que chez les médecins, mais pourtant encore assez nettement, 
la δύναμις pour Isocrate reste»la propriété caractéristique des 
| êtres, surtoutàl’action particulière qui les spécifie Sl'efet 
propre qu'ils réalisent et qui aide à déterminer leur nature. 
, Parfois aussi, on ἃ pu remarquer qu'une certaine confusion 
semble s'établir entre φύσις et δύναμις. Ainsi s’explique- 
rait ce fait que les objets eux-mêmes dans leur ensemble, par 
exemple les arts, les sciences, s'appellent des δυνάμεις. On ne 
distingue pas entre ce qu’ils sont et ce qu'ils produisent. 

Nous retrouverons ces tendances, et d’une facon générale 
plus accusées, dans les Dialogues de Platon. La transposition 
du mot et son élaboration philosophique se prépare et peu à 
peu se précise, si bien que déjà nous pourrons reconnaitre 
comme en germe la δύναμις aristotélicienne. 


CHAPITRE II 


La AYNAMI dans les Dialogues 


$ 1. LES TEXTES 


Nous entreprenons ici d’abord l'inventaire complet des 
textes où l’on rencontre le terme δύναμις ; nous essaierons 
ensuite de classer les divers sens. Nous laisserons toutefois de 
côté, en indiquant cependant les références, les passages con- 
tenant des formules sans importance, comme χατὰ δύναμιν, 
εἰς δύναμιν. 

Les citations seront faites d’après l’ordre chronologique 
généralement admis, au moins dans son ensemble, tel que 
l’adopte et le justifie Ritter dans son Platon(1). 


LACHÉS 


— 192 B. Socrate veut obliger Lachès à préciser la défini- 
tion du courage. Si quelqu'un me demandait : Socrate qu'est 
donc, d’après toi, ce qui s'appelle en toutes choses (où cela 
se trouve) vitesse? Je répondrais : c’est cette propriété (cette 
qualité) qui en peu de temps manifeste une grande activité, 
et aussi bien en parlant qu’en courant et de même en tout le 
reste. Essaie done, à Lachés, de dire à ton tour quelle est 
cette propriété (qualité) identique que l'on remarque dans le 
plaisir, le chagrin, en un mot dans tout ce dont nous avons 
parlé, et à laquelle on donne le nom de courage? — Cette 
propriété caractéristique, répond Lachès, applicable à tous les 


(4) ἃ, Rarrer., Platon, 1, p. 254. 


12 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


cas particuliers et qui justifie cette dénomination de coura- 
geux, c’est une certaine constance de l’âme : ... Εὐ τοίνυν τίς 
pe ἔροιτο" « Ὦ Ewxo axes, τί λέγεις τοῦτο ὃ ἐν πᾶσιν ὀνομάζεις 
ταχυτῆτα εἶναι ; D εἴποιμ᾽ ἂν ἘᾺΝ ὅτι τὴν ἐν ὁλι ἘΠ χρύνῳ 
πολλὰ διαπραττομένην δύναμιν τα ιχυτῆτα € ἔγωγε 

CR χαὶ περὶ δρόμον χαὶ περὶ TAN À A πάντα. Te ELp 
ὧ Λάχης, τὴν ἀνδρείαν οὕτως εἰπεῖν τίς ἘΣ δύναμις ἢ αὐτὴ 


ἐν ἡδονῇ χαὶ ἐν λύπῃ χαὶ ἐν AT AGLY ο 


+: » EN Frs Ce 
εἰναι, ἔπειτα ἀνδρεία χέχληται. 


— 194 C. Viens donc, ὁ Nicias, au secours d’amis ballottés H 
par les discours et fort embarrassés, si tu en as la force (situ 
le peux) : Ἴθι. δή, ὦ Νικία, ἀνδράσι φίλοις χειμαζομένοις ἐν 1 
λόγῳ καὶ ἀποροῦσιν βοήθησον, εἴ τινα ἔχεις δύναμιν. 1 

| 
; HIPPIAS MINOR | 

— 375 D.— 376 B. La justice est-elle une force de l'âme, ou y 
une science, ou les deux? Si elle est une force, l'âme la plus | 
forte est aussi la plus juste. Si elle est les deux, l'âme qui ὁ 
possède force et science ne sera-t-elle pas la plus juste? Or 
l’âme la plus forte et la plus savante, ne nous a-t-elle pas 
semblé la meilleure, celle qui peut le mieux accomplir bien | 
et mal? Donc, lorsqu'elle fait le mal, elle le fait de son | 
ῬΕΘΡΓΘ mouvement, parce qu'elle sait et qu ‘elle peut : ἣ ὅικαιο À 
σύνη οὐχὶ ἢ δύναμίς τίς ἐστιν ἢ ἐπιστ' in ἢ ἀμφότερα: ... Οὐκοῦν ( 
εἰ μὲν δύναμίς ἐστι τῆς ψυχῆς h δικαιοσύνη, ἡ) δυνατωτέρα Ψυχὴ | 
δικαιοτέρα ἐστί;... Τί δ᾽ εἰ ἀμφότερα; οὐχ ἣ ἀμφοτέρας ἔχουσα, ] 
ἐπιστήμην καὶ δύναμιν, δικαιοτέρα... Οὐχοῦν ἢ δυνατωτέρα ai Φ« 
σοφωτέρα αὕτη ἀμείνων οὖσα ἐφάνη χαὶ ἀμφότερα μᾶλλον δυνα- | 
μένη ποιεῖν, καὶ τὰ καλὰ χαὶ τὰ αἰσχρά, περὶ πᾶσαν ἐργασίαν εἰ Ἷ 
Ὅταν ἄρα. τὰ αἰσχρὰ ἐργάζηται, ἑκοῦσα ἐργάζεται διὰ δύναμιν ἱ 
χαὶ τέχνην. 1 

| 


HIPPIAS MAJOR 


- 


— 985 D. Socrate demande ἃ Hippias qu'est-ce qui plait 
aux Lacédémoniens dans ses enseignements? Peut-être 


Dhs og 1 — ui gone 


LES TEXTES. 13 


leur apprends-tu l’art dans lequel tu excelles, et qui con- 
siste à distinguer la valeur (ou la nature?) des lettres, des 
syllabes, du nombre et de l'harmonie? ᾿Αλλὰ δῆτα ἐχεῖνα ἃ σὺ 
ἀχριδέστατα: ἐπίστασαι. dvfowrov διαιρεῖν, πεοί τε γραμμάτων 
δυνάμεως καὶ συλλαδῶν χαὶ ῥυθμῶν καὶ ἁρμονιῶν ;... 

-— 295 E. La force est quelque chose de beau; la faiblesse, 
quelque chose de laid? Δύναμις μὲν ἄρα χαλόν, ἀδυναμία de 
αἰσχρόν >. 

— 296 C. Un homme ne fait pas ce qu’il ne peut faire, et 
ceux qui font le mal involontairement ne l’âuraient pas fait 
s'ils n'avaient pu le faire. Tout ce que l’on peut, c’est done 
par la puissance qu’on le peut, non par l’impuissance. Or dès 
leur naissance et toute la vie, les hommes font plus de mal 
que de bien et le font involontairement. Quoi donc! cette 
puissance, ce pouvoir d'agir qui sert à faire le mal, l'appelle- 
rons-nous une chose belle ou s’en faut-il de beaucoup que 
nous lui donnions ce nom? ᾿Αλλὰ pévro! δυνάμει γε δύναντα. 
οἱ δυνάμενοι * οὐ γάρ που ἀδυναμίᾳ γε... ταύτην τὴν δύναμιν καὶ 
ταῦτα τὰ χρήσιμα, ἃ ἂν ἡ ἐπὶ τὸ κακόν τι ἐργάζεσθαι χρήσιμα, 
à 


τ La - 10 Ne. “ ss 
αρα φήσομεν TAUTA εἰναι χαλα, ἡ. πολλοῦ OEt :... 


CHARMIDE 


156 B. Socrate propose à Charmide un remède pour calmer 
sa migraine. Charmide promet d’obéir à Socrate et lui montre 
qu’il le connaît déjà de réputation. — Bien, réplique Socrate. 
Ainsi j'aurai plus d’audace pour t’expliquer mon charme. Je 
ne savais trop encore comment t'en faire constater la vertu 
(la propriété caractéristique et active) : ... μᾶλλον γάρ σοι 


AREA 
» 


παρρησιάσομαι περὶ τῆς ἐπῳδῆς οἷα τυγχάνει οὖσα * LOT! ὃ 
ἠπόρουν τίνι τρόπῳ σοι ἐνδειξαίμην τὴν δύναμιν αὐτῆς. 

— 168 B. --- 169 B. La science est la science de quelque 
chose. Elle possède une propricté caractéristique, spécifique 
qui la rend science d’un objet. Comme c’est la propriété d'un 
corps plus grand d’être plus grand que quelque chose. La 
question est de savoir si cette propriété doit être nécessaire- 
ment relative à un autre objet, ou peut avoir pour terme le 


τά LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


sujet lui-même. La science peut-elle être science d’elle- 
même? Si une chose est le double des autres doubles et de 
soi-même, elle sera par le fait double et moitié d'elle-même 
et des autres. Car on n’est double que d’une moitié. Etant 
plus considérable, elle sera aussi moindre ; étant plus lourde, 
elle sera plus légère... voilà autant de contradictions. Ainsi 
tout sujet dont la propriete serait relative à iui-même devrait 


contenir en lui l’essence qui est le terme de la propriété. Par 


exemple : l’ouie est l’ouie de quelque chose, de la voix. Si 
l’ouie est l’ouie d’elle-même, elle devra s'entendre; elle sera 
ouie et voix. Il est donc bien difficile d'admettre que les pro- 
priétes n'aient d’autre terme qu’elles-mêmes. Et il faut un bien 
grand homme pour décider en général si aucun objet ne peut 
rapporter uniquement à soi-même sa propriété, et si cette 
propriété trouve nécessairement son terme extérieurement à 
l’objet; ou si pour certains objets seulement il en est ainsi, 
pour d’autres, non : ... ἔστι μὲν αὕτη ἣ ἐπιστήμη τινὸς ÉTLO- 
τήμη, χαὶ 96 τινὰ τοιαύτην δύναμιν ὥστε τινὸς εἶναι * ἢ γάρ:..- 
Καὶ γὰρ τὸ μεῖζόν φαμεν τοιαύτην τινὰ ἔχειν δύναμιν, ὥστε τιν 
eva! na Os χαὶ εἴ tt διπλάσιόν ἐστιν τῶν τε ἄλλω 
ne χαὶ ds ἡμίσεος δήπου ὄντος ἑαυτοῦ τε χαὶ τῶν 


»»" - 1 EL »” » ’ ᾽ A ἘΝ = 
ἄλλων διπλάσιον ἂν εἴη ᾿ οὐ γάρ ἐστίν που ἄλλου διπλάσιον ἢ 


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THALTE ξος:: . Πλέον δὲ αὑτοῦ ὃν οὐ χαὶ ἔλατ ν ÈS 4 κα! βαρύτερον 


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ὃν χουφό τερον.. . χαὶ τάλλα πάντα ὡσαύτως, bn περ ἂν y τὴν ὦ ξαυτοῦ 
δύναμιν πρὸς ἑαυτὸ ἔχῃ, οὐ καὶ οι FEU 

ἡ δύναμις αὐτοῦ ἣν "εἷς Ὁρᾷς οὖν, © Κριτία, ὅτι ὅσα διελ ee 
τὰ μὲν αὐτῶν ἀδύνατα παντάπασι φαίνεται ἡμῖν, τὰ δ᾽ ἀπιστεῖται 
σφόδραμή ποτ᾽ ἂν τὴν ἑαυτῶν δύναμιν πρὸ 
δ᾽ αὖ χαὶ ὀψις καὶ ἔτι γε κίνησις αὐτὴ ξαυτὶ | 
HAELV, χαὶ TAVT α αὖ τὰ τοιαῦτα τοῖς ς μὲν το νας <av> παρᾶσγο". 
ἴσως δέ τισιν οὐ. μεγάλου δή τινος, ὦ φίλε, ἀνδρὸς Ôs 
τοῦτο χατὰ πάντων ἱκανῶς διαιρήσεται, πότερον οὐδὲν τῶν ὄντων 


DES " 


τὴν αὑτοῦ δύναμιν αὐτὸ πρὸς ἑαυτὸ πέφυχεν ἐχεῖν [πλὴν ἐπιστη- 
uns], ἀλλὰ πρὸς ἀλλο, 


ἢ τὰ μέν, τὰ δ᾽ οὐ... 
Ce passage est particulièrement intéressant et permet 
d’entrevoir déjà les idées de Platon sur la δύναμις. Le terme 


désigne, sans aueun doute, les proprietés des choses, la mani- 


festation de leur activité propre : la vue, l’ouïe, la chaleur, le 


LES TEXTES. JS 


mouvement possèdent des δυνάμεις. Il y ἃ en eux un principe 
d'action qui spécifie leur nature. Et alors la question se pose : 
faut-il considérer ces entités comme des absolus ayant 
leur fin en elles-mêmes, ou sont-elles essentiellement rela- 
tives? L’ouie entend, mais entend quelque chose, la voix, et 
c’est là sa δύνα αις. Ne pas rapporter l’oute à un objet externe, 
c'est prétendre qu'elle se suflit à elle-même, qu'elle trouve en 
elle sa raison d’être et son but; par conséquent, c’est afirmer 
que l’ouïe s'entend, qu'elle se confond avec la voix... et nous 
tombons dans la contradiction. On en dirait autant de la 
chaleur, du mouvement, de la vue... Mais alors, toutes les 
δυνάμεις, toutes les propriétés sont-elles essentiellement des 
êtres relatifs? Platon, semble-t-il, pencherait vers cette solu- 
tion. Il n’ose pourtant se prononcer catégoriquement et laisse 
à quelque grand homme le soin de résoudre la dificulté. 
Nous verrons au chapitre suivant si Aristote ne fut pas ce 
grand homme. 


PROTAGORAS 


— 320 D. Après avoir formé les mortels de feu et de terre, 
et avant de les laisser paraître à la lumière, les dieux ordon- 
nèrent à Prométhée et à Epiméthée de distribuer les qualites 
convenables à chacun... Epiméthée distribue aux uns la force 
sans la vélocité, aux autres la vélocité sans la force... : ἐπειοὴ 
δ᾽ ἀγειν αὐτὰ πρὸς φῶς ἔμελλον, προσέτ 
᾿Ἐπιμηθεῖ. χοσμῆσαί τε χαὶ νεῖμα! δυνά 
πρέπει... 

— 320 E. Epiméthée donna à certains des armes naturelles, 
il dépourvut de ces défenses la nature de certains autres, 
mais leur fournit pourtant quelque moyen de salut (quelque 
pouvoir pour leur salut) ... 11 assigne les antres pour 
retraite à ceux qui ont en partage la petitesse du corps ou 
leur distribue des ailes pour la fuite : ... τοὺς de ὥπλιζε, τοῖς 
ἄοπλον διδοὺς φύσιν ἄλλην τιν᾽ αὐτοῖς Éunyavaro δύναμιν 
εἰς σωτηρίαν. 

— 321 B. Comme Epiméthée n’était pas fort prudent, il ne 
s’aperçut pas qu'il avait dépensé toutes les qualités pour les 


Q st 
76 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 
. 1 . Ἢ [7 δι τ ᾽ , ‘ n [2 
êtres sans raison... : ἅτε ON οὖν OÙ TAVU τι σοφὸς ὧν Ὁ 
᾿Ἐπιμηθεὺς ἔλαθεν αὑτὸν καταναλώσας τὰς δυνάμεις εἰς τὰ 


ἄλογα... 

— 330 A. Chaque partie de la vertu diffère de l’autre. Et 
chacune a-t-elle sa propriété particulière? En est-il comme 
des parties du visage, les yeux, par exemple, qui ne sont pas 
comme les oreilles et ont des propriétés diverses. et ainsi de 
de toutes les autres parties qui ne se ressemblent ni par leurs 
proprièles, ni par quoi que ce soit. Est-ce de même pour la 
vertu ἡ... Les parties diffèrent-elles absolument entre elles, en 
elles-mêmes et par leurs propriétés? Ἢ χαὶ δύναμιν αὐτῶν 


» 


» - . 
ἔστιν ὀφθαλμὸς 


, 


LA » 
ἕχαστον ἰδίαν a Ru ἘΠῚ τὰ ὰ τοῦ προ σώπου. οὐχ 


οἷον τὰ ὦτα, οὐδ᾽ ἣ δύναμις αὐτοῦ ἢ αὐτή * οὐὸξ τῶν ἄλλων οὐδέν 
στιν οἷον τὸ Ho οὔτε κατὰ τὴν δύναμιν OÙTE χατὰ τὰ ἄλλα " 

ἄρ᾽ οὖν οὕτω καὶ τὰ τῆς ἀρετῆς μόρια οὐχ ἔστιν τὸ ἕτερον οἷον τὸ 

τερον, οὔτε αὐτὸ οὔτε ἣ δύναμις αὐτοῦ ;... 

quelque côté au noir, le 
dur au mou, et ainsi de tous les objets qui paraissent abso- 
lument opposés. Ces parties même qui ont, selon nous, des 
propriètés différentes et dont l’une n’est pas comme l’autre, 
les parties du visage, se ressemblent en quelque manière : 


LA » κ x = L 
. χαὶ ἃ τότε ἐφαμεν ἄλλην δύναμιν vie χαὶ οὐχ εἶναι TO ἕτερον 


οἷον τὸ ἕτερον, τὰ τοῦ προσώπου μόρια, ἁμῇ 1 γέ πῇ προσεοιχεν... 
— 333 A. Nous avons convenu que la sagesse est le 
contraire de la folie, et qu’un contraire n'a qu’un contraire. 
Comment nous tirer. de là, ὁ Protagoras? D'un côté nous 
disons qu’un contraire n’a qu'un contraire, de l’autre nous 
avons reconnu que la sagesse est autre chose que la tempé- 
rance, qu’elles sont chacune des parties de la vertu et qu’elles 
sont non seulement différentes, mais dissemblables en elles- 
mêmes et dans leurs propriétés, comme les parties du visage 


. τὸ ἕν ἑνὶ μόνον ἐναντίον εἶναι, Ἦ ἐχεῦ YOY ἐν © ἐλέγ το ÊTE20V 


ET 
ΡΝ 
+ ἃς 
τὶ 
re] 
+ ©- 
DA 
«“] 
«ει 


S € 
ELVAL σωφροσύνης σοφία, 0010Y O€E EXATEIOY AOETI 
4 LA \ » 
! 


\ ’ “ ‘ 
ἕτερ 00Y ELVAL XL ἀνόμοια (αὶ χυτὰ XAL ἃ 


τὰ τοῦ προσώπου | μόρια. 


- 349 Β. La science, “ha tempérance, le courage, la justice, 
la sainteté sont-elles cinq noms pour un seul et même objet, 


a αὐτῶν, ὥσπ Ep 


ou chacun de ces noms désigne-t-il une essence particulière, 


LES TEXTES. TA 


un support qui ἃ ses propriétés bien distinctes? Tu m'as 
répondu que ces noms ne s’appliquaient pas à un seul et 
même objet, mais que chacun servait à marquer une chose 
particulière, et qu’ils représentaient chacun une partie de la 
vertu, non pas comme les parties de l’or qui ressemblent 
toutes au tout dont elles sont parties, mais comme les parties 
du visage... qui sont dissemblables entre elles et possèdent 
chacune leur propriété spéciale : ... σοφία χαὶ σωφρ 


0 
εἰ 
7 
ἐν 


, \ 
σύνη χαὶ 
> © , «τῷ , je , - ! » 
ἀνδρεία χαὶ δικαιοσύνη χαὶ ὁσιότης, π ὄτερον ταῦτα, πέντε ὄντα 

ἢ \ , r “ " - " 
ὀνόματα, ἐπὶ ἑνὶ πραγματί ἐστιν, τ, ἑχάστῳ τῶν ὀνομάτων τούτων 
LA ve 


φ 4 LA “ n 54 
UTROXELTAL τις LOLOG οὐσία χαι T4 Λα ἔχον ἑαυτοῦ OUVIAULY 


avi 

ι 
“ » , e VA NU NET 
£XATTOY.. - EPS σθα οὖν σὺ οὐχ ὀνόματ JL ἐπ᾿. ξνι εἶναι, ἀλλα ἔἐχαστον 


ἰδίῳ πράγματι τῶν ὀνομάτων τούτων ἐπιχεῖσθαι, πάντα ὃὲ ταῦτα 
τὰ τοῦ προσώπου μόρια χαὶ τῷ ὅλῳ 
“ , οι, 

hots ἀνόμοια, ἰδίαν. ἕκαστα δύναμιν 


ἐσρι εἶνα! ἀρετῆς... se 
L \ »" ! 
οὗ υόριά ἐστιν χαὶ αλλῃὴ 


: ἔχοντα. A 


De ces derniers textes, il ressort que la δύναμις est 
toujours une propriété, mais sa détermination se fait encore 
plus nette. La δύναμις se distingue de l’oûstx, du πρᾶγμα qui 
en constituent le support. Elle est leur manifestation et elle 
les caractérise. Chacune de ces essences ἃ sa δύναμις propre, 
et c’est, pour ainsi dire, par cette δύναμις qu’elle s'exprime, 
comme la vue se définit par son action, sa propriété de voir, 
ou l’ouie par sa propriété d'entendre. 

— 351 A. B. Protagoras distingue la δύναμις, vertu acquise, 
de l’isyus, vertu naturelle. Il s’en faut bien que la force et la 
vigueur soient la même chose. La force vient de la science et 
aussi de la colère et de la fureur; la vigueur vient de la 
nature et de la bonne nourriture qu’on donne au corps. C’est 
ainsi que J'ai pu dire que l’audace et le courage ne sont pas la 


. même chose... L’audace, en effet, vient de l’art, et parfois de 


la colère et de la fureur, comme la force; le courage vient de 
la nature et de la bonne nourriture qu’on donne aux âmes : 
--. οὐ γὰρ ταὐτὸν εἶναι δύναμίν τε καὶ ἰσχύν, ἀλλὰ τὸ μὲν καὶ 


! , , " πλιὰ ἢ \ 
πιστημιης γίγνεσθαι, τὴν δύ VU. LV, XL απὸ μαᾶν'αᾶς γε χα! 
4 ! \ » ! - ’ (2 
Ὁ ÔE ἀπὸ φυσεὼς χα! εὖτ +09 2! LAS τῶν σωμάτων. οὐτὼ 
i 
7 ῃ , ee ETES ’ À \ κ᾿ 
οὐ TAÛT ὃν ELYAL 120706 TE XAL IVO2E LV. . θάρσος ! μεν γαρ 


» 


O-7 


χεῖ 0 
\ » Al ! = » 4 4 \ “ \ , 
XAL TO τέχνης γίγνεται ἀνθοώποις χα' απο ES YE XAL AT 


78 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


, 


Là [4 « ὃ: ἃ ᾽ s a 1] ᾽ , 4 
HAVITS, ὠσπερ η OUVIULE, 7.Y02E,T. 0€ ἀπο φύσεως κα! εὐτρύφιας 


τῶν ψυχῶν γίγνεται (1). 

— 356 D. Si notre bonheur consistait à choisir et à faire 
toujours ce qui est plus grand, et à rejeter ce qui est plus: 
petit, qu'est-ce qui nous semblerait être la sauvegarde de la 
vie? L'art de mesurer ou l’apparence (la propriété, l'action 
d’apparaître)?.. τίς ἂν ἥμιν σωτηρία ἐφάνη τοῦ βίου; ἄρα ἣ 


\ 


μετρήτι ιχὴ τέχνη Ἰ Ἦ ἢ τοῦ φαινομένου δύναμις ΟΣ 

— 399 À. Il faut que Protagoras justifie la vérité de ce qu’il 
a avancé d’abord, car il a dit que des cinq parties de la vertu, 
aucune n’était semblable à l’autre, et qu “elles avaient chacune 
leur proprielé distinctive 
μορίων τῆς ἀρετῆς οὐδὲν ἔφη εὖ 


Γι La Sd A: r 
οξ αὐτοῦ EXATTOY ἔχειν © δύναμιν. 


CRITON 


— 46 ὦ. A Criton qui veut le persuader de fuir, Socrate 
réclame des raisons plus convaincantes : Si tu n’as rien de 
mieux à dire, sache bien que je ne consentirai jamais à ce que 
tu demandes, quand même la multitude (littéralement : la 
force de la multitude. Δύναμις est simplement périphras- 
tique) plus nombreuse encore, pour m’épouvanter comme un 
enfant, me montrerait les fers, la mort, la spoliation εις ὍΘΙ 


bAl π᾿ ’ - 


ἂν πλείω τῶν νῦν παρόντ ων ἣ τῶν πολλῶ ων δύ YAULS ὥσπε 


ο παιὸας 
ἡμᾶς ϑορμολυττηται, ὃεσ μοὺς χαὶ θανάτο τους ἐπιπεμπουσα χαὶ 


χρημάτων ἀφαιρέσεις, 
PL 1 ῃ ' 
GORGIAS 


— 447 C. Socrate cherche à connaître l’art de Gorgias : Je 
voudrais apprendre de lui quelle est la caracteristique (la par- 

(1) Schmidt, s'appuyant sur ce passage, distingue ainsi les deux syno- 
nymes δύναμις 6 οἱ ἰσχύς Ξ δύναμις désigne la puissance qui réside dans 
une personne ou dans un objet, puissance pour réaliser une action soit 
immédiate, soit médiate ; ἰσχύς indique plutôt la force physique ou 
matérielle qui se trouve en acte. Synonymuk der griechischen Sprache, WE, 
663. Leipzig 1876-86. 


2 à dé 4. ἃ ιν 
(1-20 #0 us 7 


LES TEXTES. 19 


ticularite) de l’art de cet homme, ce qu’il pECrEl et ce qu'il 
enseigne : ... βούλομαι! γὰρ πυθέσθαι παρ᾽ αὐτοῦ τίς ἡ, δύναμις 
τῆς τέχνης τοῦ ἀνδρός, χαὶ τί ἐστιν ὃ ἐπαγγέλλεταί τε καὶ 
διδάσχει... 

Le contexte montre que δύναμις désigne bien la propriété 
caractéristique de l’art, ce qui le spécifie. En effet, Polos 
répond à la question posée que cet art est très beau. Ce n’est 
point là une définition et Socrate ne se déclare pas satisfait, 
car il n’a pas demandé {6}. est la qualité de cet art, ποίχ τίς 
ἐστι, mais quel il est, τίς ἐστι. (448 E.) 

— 452 E. Pour Gorgias, le plus grand de tous les biens, 
c’est d’être en état de persuader par les discours les juges. 
dans les tribunaux, les sénateurs au sénat..…., etc... Grâce à ce 
pouvoir persuasif, du médecin comme du maitre de gymnas- 
tique, on se fait des serviteurs : ... χαίτοι ἐν ταύτῃ τῇ δυνάμει 
δοῦλον μὲν ἕξεις τὸν ἰατρόν, δοῦλον ὃὲ τὸν παιοδοτρίδην... 

— 455 D. Gorgias à Socrate : Je vais essayer de te développer 
toute l’importance (influence, puissance) de la rhétorique... 
Grâce à elle, les orateurs qui conseillent et dont l’avis l’em- 
porte, influent sur les décisions des chefs d'état. : ‘AV 


ἐγώ σοι πειράσομαι, ὦ Σώχρατες, σαφῶς ἀποκαλύψαι τὴν τῆς 


LI 


ῥητορικῆς δύναμιν ἅπασαν.. 


— 456 A. Socrate : C’est aussi ce qui m'étonne, Gorgias, et 
ce qui est cause que 16 t’interroge depuis si longtemps sur 
l'importance (influence, puissance) de la rhétorique. Elle me 
paraît merveilleusement grande, ainsi considérée : Ταῦτα χυὶ 
θαυμάζων, ὦ Γοργία, πάλαι ἐρωτῶ τίς ποτε ἣ δύναμίς ἐστιν τῆς 
δητορικής... 

Gorgias : Elle réunit sous son sceptre toutes les vertus des 
autres arts :... ἁπάσας τὰς δυνάμεις συλλαῤοῦσα ὑ υφ ᾿αὑτῇ € ἔχει... 

— 456 C. La rhétorique aboutit là où le médecin avait 
échoué : elle persuade aux malades la nécessité de tels ou tels 
remèdes; elle fait préférer un orateur à un homme de toute 
autre profession. si étendue et si puissante est la vertu de 
Cet art : ... ἣ μὲν οὖν δύναμις τοσαύτη ἐστὶν’ καὶ τοιαύτη τῆς 
τέχνης... 

— 457 Β. Si quelqu'un, devenu rhéteur, abuse ensuite de 
la vertu de cet art pour commettre des injustices, il ne faut 


80 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


pas, 16 crois, pour cela haïr et chasser le maître qui l’a instruit : 


1 QU τὸ « τ Ἀπ τῳ -- ῃ 

εαν O€ OLA PT ορικὸς ἡ γενόμενός τις χατὰ TANT, τῇ οὐναμει χαὶ 
, ΚΟ,» 7 ; 

0 


τῇ τέχνῃ ἀδιχῇ, οὐ ΝΕ διδάξαντα DE μισεῖν τε καὶ ἐχόάλλειν 
εχ τῶν πόλεων. 

Le sens de δύναμις ne diffère pas ici de celui que suggère 
tout le contexte et que les passages précédents nous ont 
permis de déterminer. L'expression ταύτῃ τῇ δυνάμει χαὶ τῇ 
πέχνῃ est à considérer simplement comme un hendiadys. 

— 460 Α. Gorgias ne pourrait-il apprendre la rhétorique à 
quelqu'un qui ne sait rien du juste ou de l’injuste, du bon ou 
du mauvais’... Au nom de Zeus, dis-nous, Gorgias, comme 
tu l’as promis HABUÊTE, toute la vertu de la rhétorique : ... χαὶ 


᾽ 


πρὸς Διός, ὥσπερ dot εἶπες, ἀποχαλύψας τῆς Ent 
ποθ᾽ ἡ δύνὰμίς ἐστιν. 

— 467 A. Ce n’est point un bien pour les orateurs ni pour 
les tyrans de faire dans les villes ce qui leur plait. Le pouvoir, 
sans doute, est un bien, comme tu le dis, mais, comme tu 
l’avoues toi-même, faire sans intelligence ce qu’on juge bon 


» 


si L ! A! LA La EL 
est un mal : ... ἣ δὲ δύναμίς ἐστιν, ὡς σὺ φής, ἀγαθόν, τὸ δὲ 


“ LA 
PLANS ET τε τίς 


ποιεῖν ἄνευ νοῦ ἃ δοχεῖ χαὶ σὺ ὁμολογεῖς χαχὸν εἶναι. 

— 469 D. Si, lorsque l’agora est rempli de met je te 
disais, tenant un poignard caché sous mon bras : « Polos, je 
viens d'acquérir un pouvoir merveilleux, égal à celui d'un 
tyran. De tous ces hommes que tu vois, celui que je jugerai à 
propos de faire mourir mourra tout à l'heure... », peut-être 
répondrais-tu en voyant mon poignard : « Socrate, il n’est 
personne à ce compte qui n’eût un grand pouvoir. : Q Πῶλε, 
ἐμοὶ δύναμίς τις χαὶ τυραννὶς ς θαυμασία ἀρτι προσγέγονεν.... 

470 A. POurmis tu me dire pourquoi tu reJjettes un sem- 
blable pouvoir? "Eyers οὖν εἰπεῖν δι᾽ ὅτι μέμφῃ τὴν τοιαύτην 
δύναμιν ;.. 

509 D. E. 510 A. Puisque de ces deux choses, commettre 
l'injustice et la subir. la première est selon nous un plus 
grand mal, la seconde, un moindre. par quel moyen pourra- 
t-on se mettre en état de ne point subir l’une et de ne pas faire 
l’autre? Par la puissance ou la volonté? Je m'explique : sufit- 
il de ne pas vouloir subir l'injustice pour être à l'abri de ses 
coups, ou faut-il acquérir la puissance nécessaire pour l'éviter? 


LES TEXTES. δΊ 


— J1 faut évidemment acquérir la vue nécessaire : … 
ne δύναμιν ἢ βούλησιν... πότερον ἐὰν un βούληται ἀδικεῖσθαι, 
οὐ x ἀδιχήσεται, 7 ἐὰν δύναμιν παρασχευάσηται του UT, ἀρ. ἐχεῖίσνα', 
οὐχ ἀδικήσεται; --- Δῆλον δὴ τοῦτό γέ; ὅτι ἐὰν δύναμιν. 

Et pour ne pas la commettre? Suflit-il de ne le vouloir pas. 
ou faut-il de plus une certaine puissance, un certain art... 
Pour cela aussi, semble-t-il, il faut se RDS une certaine 
puissance et un certain art : ... Ὦ καὶ ἐπὶ τοῦτο δεῖ δύναμίν 
τινα χαὶ τέχνην παρασχευάσασθαι... Καὶ ἐπὶ τοῦτο ἄρα, ὡς 
ἔοιχεν, παρασχευαστέον ἐστὶ δύναμίν τινα χαὶ τέχνην.. 

— 511 A. Celui qui veut imiter le tvran… iinettés en 80] 
le plus grand des maux, car son âme sera malade et gâtée par 
sa ressemblance avec son maitre et par sa puissance : Oüxodv 
τὸ μέγιστον αὐτῷ χαχὸν ὑπάρξει ES cn 26) ὄντι. τὴν ψυχὴν χαὶ 
λελωύη μένῳ διὰ τὴν αἵμησιν τοῦ δεσπότου χαὶ δύναμιν. 

— 513 A. ΠῚ faut voir de quelle sioee S'y Are pour 
passer le mieux possible le temps qu’on ἃ à vivre. Est-ce en se 
conformant aux mœurs du gouvernement sous lequel on vit? 
Il faut donc. s’efforcer de ressembler au peuple d'Athènes, 
si on veut lui être cher et avoir un grand crédit dans cette 
ville... Mais il est à craindre que nous arrive ce que l’on dit 
des Thessaliennes... et que nous ne puissions faire choix 
d’une telle influence (puissance) dans Athènes, qu ‘aux dépens 
de ce que nous avons de DE Cher : --. σὺν τοῖς φιλτάτοις ἣ 
αἵρεσις ἡμῖν ἔσται ταύτης τῆς ὃυ υνάμεως τῆς ἐν τῇ πόλει. 

— 514 A. Efforçcons-nous de rendre meilleurs les citoyens, 
sans quoi tout autre service qu'on leur rendrait ne serait 
d'aucune utilité; à moins que l’âme de ceux qui doivent 
recevoir de grandes richesses, ou un accroissement de leur 
domaine, ou quelque autre genre de puissance, ne soit bonne 
et honnête : ... ἐὰν μὴ χαλὴ χἀγαθὴ ἡ, διάνοια ἡ τῶν μελλόντων 
Ἦ χρήματα πολλὰ λαμόάνειν 7, ἀρχήν τινων ἢ ἄλλην δύναμιν 
ἡντινοῦν.. 


MÉNON 


— 18 B. On a dit que la vertu consistait à vouloir le bien 


et à pouvoir se le procurer. Or tout le monde veut le bien. I] 
ÉTUDE. 6 


82 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


reste done que les hommes seront meilleurs les uns que les 
autres en vertu du pouvoir. Et la vertu, semble-t-il, d’après 
toi, se définit : le pouvoir de se procurer le bien : Tour ἔστιν 
ἄρα, ὡς ἔοικε, κατὰ TOY σὸν λόγον ἀρετή, δύναμις τοῦ πορίζεσθαι 
τἀγαθά. 

— 95 D. Δύναμις se trouve avec le sens de puissance dans 
une citation de Théognis. 


EUTHYDÈME 


— 274 D Socrate assure à Euthydème que tous ont la 
volonté de le prendre pour maitre. Ctésippe donna avee 
ardeur son assentiment, ainsi que les autres. et tous priérent 
les sophistes de leur découvrir la puissance de leur art : 
xal ἐχέλευον αὐτὼ χοινῇ πάντες ἐπιδείξασθαι τὴν δύναμιν τῆς 
σοφίας. 

— 279 B. La noblesse, les pouvoirs, les honneurs dans son 
propre pays, ne sont-ils pas des biens? ᾿Αλλὰ μὴν edyéveuat 
γε καὶ δυνάμεις χαὶ τιμαὶ ἐν τῇ ἑαυτοῦ δηλά ἐστιν ἡγθ ἢ ὄντα. 

- 296 C. Je sais tout, à ce qu’il semble, si l'expression 
« ce que je sais » n’a aueune importance : "Ectxz, ἔφην ἐγώ. 


r , " ων ᾿" “ , . 
ἐπειδήπερ γε οὐδε μίαν EYE. δύναμιν τὸ « ἃ ἐπίσταμαι », πᾶντα 
! 


CRATYLE 


— 593 E. Peu importe qu'on ajoute ou retranche une lettre 
à un mot : il suffit que l’essence àe la chose domine dans le 
nom et y soit manifeste : ... ἕως ἂν ἐγχρατὴς ἡ ἡ οὐσία τοῦ 
πράγματος δηλουμένη ἐν τῷ ὀνόματι (393 D.) Par exemple, 
nous désignons les lettres par des noms, et non par elles- 
mêmes, sauf quatre : E YO ὡς Pour les autres, voyelles ou 
consonnes, nous ajoutons d’autres lettres qui forment les 
noms. Or, tant que nous introduisons la propriété qui mani- 
feste l'essence de la lettre, le nom est excellent pour désigner 
la lettre qu'il représente : ... ἀλλ᾽ ἕως ἂν αὐτοῦ δηλουμένην 
τὴν δύναμιν ἐντιθῶμεν, ὀρθῶς ἔχε! ἐχεῖνο τὸ ὄνομα χαλεῖν ὃ αὐτὸ 


ἡμῖν δηλώσει. 


LES TEXTES. 83 


= - ΤῸ}: NUE ᾧι 


— 394 A. B. On peut varier les syllabes dans un nom, en 
sorte que pour un profane, ce qui est identique semble être 
différent. C’est ainsi que des médicaments diversifiés par la 
couleur ou lodeur paraissent différents, bien qu'ils soient 
semblables. Mais le médecin qui ne considère que la propriété 
essentielle (la vertu) de ces remèdes, les juge semblables sans 
se laisser tromper par les caractères accidentels. De même, le 
linguiste examine la propriété essentielle des noms et ne se 
laisse pas troubler par l'addition, la modification ou la 
suppression des lettres, ou encore si la propriete essentielle du 
nom est exprimée, manifestée par des lettres tout à fait diffé- 


Ὁ - \ -Ὁ ἊΝ 0 ’ \ 
rentes :: WHITE ἡμῖν T4 τῶν ἰχτρὼν ODA χρωμασιν XAL 
ἐδ τ MY 


- = , EE , 4 » - S 
ὀσμαῖς πεποιχιλμένα ἀλλα φαίνεται τὰ αὐτὰ ὄντα, τῷ δέ γε 
L£4 


ἰατρῷ, ἅ 


dd 


€ τὴν δύναμιν TOY φαρμάχων σχοπουμένῳ, τὰ αὐτὰ 
φαίνεται, καὶ οὐχ ἐκπλήττεται ὑπὸ τῶν προσόντων. οὕτω δὲ ἰσως 
καὶ ὁ ἐπιστάμενος περὶ ὀνομάτων τὴν δύναμιν αὐτῶν σχοπεῖ, καὶ 
οὐκ ἐκπλήττεται εἴ τι πρόσχειται γράμμα ἢ μετάχειται ἢ ἀφήρη- 
ται, Ὦ καὶ ἐν ἄλλοις παντάπασιν γράμμασίν ἐστιν ἣ τοῦ ὀνόματος 
δύναμις. 

— 394 C. Les noms Astyanax et Hector n’ont aucune lettre 
commune et pourtant signifient la même chose... On peut en 
dire autant de Agis, Polémarque et Eupolème qui tous trois 
signifient un général. Et nous trouverions encore d’autres 
noms en grand nombre qui, avec des syllabes et des lettres 
différentes, expriment la même chose par leur proprieté signi- 
ficative : ... καὶ ἕτερα ἂν ἴσως συχνὰ εὕροιμεν ταῖς μὲν συλλα- 
θαῖϊς, καὶ τοῖς γράμμασι διαφωνοῦντα, τῇ ὃξ δυνάμει. ταὐτὸν 
φθεγγόμενα 

Dans ces textes, la δύναμις du nôm, c’est l'élément essen- 
tiel, caractéristique qui, au milieu des changements acci- 
dentels, représente la nature de l’objet signifié. Le nom a 
pour but de rappeler la chose, de la rendre manifeste à 
l'esprit, comme la chose dans sa réalité est sensible à la vue. 
Or la chose se fait connaître par ses propriétés. Ce seront donc 
ces mêmes propriétés que le nom devra reproduire autant 
que possible. Plus il réalisera en lui-même ces traits distinc- 
tifs ou cette δύναμις, plus le nom rendra évidente l'essence 
de l’objet, plus aussi il atteindra pleinement sa fin. De cette 


84 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


sorte, semble-t-il, la δύναμις de l’objet on la δύναμις du nom 
sont chose identique. 

— 397 C. Peut-être quelques noms propres ont été formés 
par une puissance plus divine que celle des hommes : tzw 
δ᾽ ἔνια αὐτῶν χαὶ ὑπὸ θειοτέρας δυνάμεως ἢ τῆς τῶν ἀνθρώπων 
ἐτέθη. 

— 399 D. Pour dire ce qui se présente d’abord à mon 
esprit, je crois que telle a été la pensée de ceux qui ont 
nommé l'âme : tant qu’elle est unie au corps, elle le fait 
vivre en lui donnant la puissance (pouvoir physique) de 
respirer : ... ὅταν παρῇ τῷ σώματι, αἴτιόν ἐστι τοῦ Cry αὐτῷ, 
τὴν τοῦ ἀναπνεῖν δύναμιν παρέχον χαὶ ἀναψύχον... 

— 400 B. Selon Anaxagoras, la nature est gouvernée et 
maintenue par une intelligence et une àme... Donc on appel- 
lerait très justement φυσέχη cette puissance qui pousse et 
maintient la nature. On peut aussi élégamment la nommer 
ψυχή: Καλῶς ἀρα ἂν τὸ ὀνομα τοῦτο ἔχοι τῇ δυνάμει ταύτῃ ἣ 
φύσιν dyet καὶ ἔχει" « φυσέχην » ἐπονομάζειν. ἔξεστι dE χαὶ 


i 


« Ψυχὴν » κομψευόμενον λέγειν. 

— ἀρῶ E. {ὐ1ηνοηΐοι du mot Poséidon appela ainsi la 
mer, parce qu'elle le retint, alors qu'il voulait avancer, et 
devint pour ses pieds comme une chaîne. Il ncemma done le 
dieu qui présidait à ce pouvoir Poséidon, c’est-à-dire « chaine 
pour les pieds » : ... τὸν οὖν ἄρχοντα τῆς δυνάμεως ταύτης 
θεὸν ὠνόμασεν « Ποσειδῶνα », ὡς « ποσίδεσμον » ὄντα. 

- 403 B. Je crois que la multitude se trompe de plusieurs 
façons sur la puissance de ce dieu (Adès), et que c’est sans 
fondement qu’on la redoute si fort : [lo}Axy7 ἔμοιγε δοχοῦσιν 
ἅνθρωποι διημαρτηχέναι περὶ τούτου τοῦ θεοῦ τῆς δυνάμεως... 

— 404 E. La plupart redoutent le nom d’Apollon, comme 
s’il exprimait quelque chose de terrible. Or ce nom exprime 
parfaitement les propriétés spéciales manifestant la nature de 
ce dieu : ... To δέ γ᾽ ἐστίν, ὡς ἐμοὶ δοχεῖ, κάλλιστα χείμενον 
πρὸς τὴν δύναμιν τοῦ θεοῦ. 

Comme on le verra par les textes suivants, δύναμις désigne 
ici non pas la puissance d’une façon générale, mais les carac- 
tères particuliers grâce auxquels Apollon est connu des 


hommes. 


LES TEXTES. 82 


— 405 A. Il n’est pas de nom qui puisse mieux rendre par 
un seul mot les quatre attributs de ce dieu (ses quatre 
spécialités, propriétés), en sorte de les embrasser toutes et 
d'exprimer clairement ses qualités de musicien, de devin, de 
médecin et d’archer : ... οὐ γὰρ ἔστιν ὅτι ἂν μᾶλλον ovoux 
ἥρμοσεν ἕν ὃν TÉTTAOO! δυνάμεσι! ταῖς τοῦ θεοῦ. ὦ ὥσ τε πασῶν ἐφὰ α- 
πτεσῦαι χαὶ δηλοῦν τρόπον τινὰ μουσικήν TE χαὶ μαντικὴν καὶ 
ἰατρικὴν καὶ τοξικήν. 

- 405 E. 406 À. Ce nom d’Apollon, quelques-uns, pour 
n'avoir pas bien examiné sa signification, le redoutent comme 
s’il exprimait quelque fléau. Mais tout au contraire, ainsi que 
nous l'avons dit, il s'applique parfaitement aux specialités du 
dieu qui est simple, qui lance des traits toujours sûrs, qui 
préside aux purifications et qui accorde le mouvement du 
ciel et du chant : ... ὅπεο καὶ νῦν ὑποπτεύοντές τινες διὰ τὸ pñ 
ὀρθῶς σχοπεῖσθαι τὴν δύναμιν τοῦ ὀνόματος © φοθοῦνται αὐτὸ ὡς 
σημαῖνον φθοράν τινα : τὸ de [πολὺ], ὥσπερ ἄρτι ἐλέγετο, πασῶν 
ἐφαπ τόμενον χεῖται τῶν τοῦ θεοῦ SR δι 

— 408 A. Il me semble qu'Hermès se rapporte tout parti- 
culièrement au discours. Interprète, messager, voleur, discou- 
reur séduisant, protecteur du commerce, tous ces traits 
supposent la QUES (ou la propriete?) de la parole 
Mel λόγου δύναμιν ἐστιν Fe ie ἢ πραγματεία. 

— 412 Ë, Origine du mot δίχαιον. Ceux qui croient que 
tout est en mouvement supposent... qu'il existe un principe 
qui parcourt sans cesse l’univers... Ce principe est très rapide 
et très subtil... Puisqu’il gouverne toutes choses en les péné- 
trant, il ἃ été très justement nommé « δίκαιον ». Pour 
rendre la prononciation plus douce, le x a été ajouté. 
(Δύναμις est périphrastique et signifie : la qualité, la propriété 


᾽ Un Ἃ 


adoucissante du x) : ... ἐπεὶ δ᾽ οὖν ἐπιτροπεύε. τὰ ἀλλα πάντα 


διχίόν, τοῦτο τὸ ὀνομα ἐχλήθη ὀρθῶς « δίκαιον », εὐστομίας 
ἕνεχα τὴν τοῦ χάππα δύναμιν προσλαῦον... 
— 417 B. κέρδος, si on remplace le à par un ν, montre 
assez ce qu'il veut dire. C’est une autre manière de nommer 
le bien C’est pour exprimer la propriété qu'a le bien de se 
mêler à toutes choses en les pénétrant, qu’on l'a ainsi appelé. 
On à remplacé le ν par le ὃ et on a prononcé χέρδος : « χέρδος » 


ὸ 


. 86 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


ὃὲ νῦ ἀντὶ τοῦ δέλτα ἀποδιδόντι ἐς τὸ ὀνομα δηλοῖ ὃ βούλεται " τὸ 
γὰρ ἀγαθὸν χατ᾽ ἄλλον τρόπον ὀνομάζει. ὅτι γὰρ χεράννυται ἐς 
πάντα διεξιόν, ταύτην αὐτοῦ τὴν δύναμιν ἐπονομάζων ἔθετο 
τοὔνομα * δέλτα «δ᾽» ἐνθεὶς ἀντὶ τοῦ νῦ « χέρϑος » ἐφθέγϑθατο. 
— 420 A. Le mot ἵμερος est donné à cause du flux qui 
entraine l’âme, qui coule en se précipitant. s'attache aux objets 
et ainsi attire violemment l’âme, grâce à son impétuosité: il 
a été appelé ἵμερος à cause de toute cette force : ὅτι γὰρ ἱέμενος 
pet χαὶ ἐφιέμενος τῶν πραγμάτων, χαὶ οὕτω δὴ ἐπισπᾷ σφόδρα 
τὴν ψυχὴν διὰ τὴν ἔσιν τῆς Pons, ἀπὸ ταυτης οὖν πάσης τῆς 
δυνάμεως « ἵμερος » ἐχλήθη. 
422 C. Autant que je pourrai : ὡς ὅσον γε δυνάμεως παρ᾽ 
ἐμοί ἐστιν. 
— 424 B. C. Quelle méthode de division doit suivre l’imi- 
Puisque limitation de 


l'essence se fait au moyen de syllabes et de lettres le mieux 


9 


tateur lorsqu'il commence à imiter ? 


n'est-il pas de distinguer d’abord les lettres, à Pexemple de 
ceux qui étudient le rythme? Ils distinguent en premier lieu 
les qualités des lettres, puis celles des syllabes [c’est-à-dire 
leur proprielé imitatrice, leur aptitude à exprimer telle ou 
telle réalité], et n’examinent le rythme lui-même qu'après ces 
De a avant : ... ἄρα οὐκ ἐπείπερ συλλαύαῖς τε καὶ 
1 
se τὰ Re πρῶτον, ὥσπερ οἱ ἐπιχι 
ῥυθμοῖς τῶν Ἐπ χε τον πρῶτον τὰς δυνάμεις διε 
τῶν συλλαύῤῶν, χαὶ οὕτως ἠδ᾽ 
μενοι, πρότερον δ᾽ οὖ; 
— 125 C. κατὰ δύναμιν. 
427 B. L'auteur des noms semble avoir jugé très propre 
à imiter l’idée de lien et de repos, la propriété compressive du 
ὃ οἱ du τ: τῆς δ᾽ αὖ τοῦ δέλτα συμπιέσεως καὶ τοῦ ταῦ χαὶ 
ἀπερείσεως τῆς γλώττης τὶν δύναιλιν YeT σιμὸν φαΐνεται 
ἡγήσασθαι πρὸς τὴν μίμησιν τοῦ « δεσμοῦ » χαὶ τῆς « στάσεως ». 
— 427 B. Parce que la propriete du Ὑ est d’arrêter le glisse- 
ment de la langue, l’auteur des noms ἃ imite avec cette lettre 
ce qui est visqueux, doux, gluant : ... ἢ de ὀλισθανούσης τῆς 
γλώττης ἀντιλαμύανεται ἡ, τοῦ γάμμα δύναμις, τὸ « γλίσ᾽ σχρον» 


» 


ATEUIUTTATO XIL « γλυχυ » χαὶ « γλοιῶδες ». 


LES TEXTES. 81 


— 435 D. Dis-moi quelle est la propriete (l’action ou la 
fonction) des noms et quel bien nous devons dire qu’ils pro- 
duisent. Leur propriété, leur fonction, répond Cratyle, est 
4 enseigner, et il est vrai d’aflirmer que celui qui sait les 
noms, sait aussi les choses : τόδε δέ μοι ἔτι εἰπὲ μετὰ ταῦτ 
τίνα ἡμῖν δύναμιν ἔχει τὰ ὀνόματα καὶ τί φῶμεν αὐτὰ χαλὸν 
ἀπεργάζεσθαι :... | 

— 438 C. Comment dire que les anciens ont institué les 
noms parce qu’ils connaissaient les choses. alors que nul mot 
n’existant, ils n’en connaissaient aucun, s’il est vrai qu’on ne 
puisse apprendre les choses que par leur nom?... La meilleure 
explication de cette difficulté, répond Cratyle, c’est de dire 
qu'une puissance supérieure à celle de l’homme ἃ donné aux 
objets les premiers noms : … Oluar μὲν ἐγὼ τὸν ἀληθέστατον 
λόγον πε ερὶ τούτων εἶναι, ὦ Σώχρατες, ὑείζω τ ιγὰ δύναμιν εἶναι 


ñ ἀνθρωπ τείαν τὴ» θεμένην τὰ πρῶτ ται ὀνόματα τοῖς πράγμασιν. 


MÉNÉXÈNE 


— 240 D. Il faut se rappeler ces circonstances si l’on veut 
juger quelle fut la valeur de ceux qui soutinrent à Marathon 
le choc (la force militaire) des barbares, châtièrent l’orgueil 
de toute l’Asie, triomphèrent les premiers des barbares et 
montrèrent ainsi aux autres Grecs que la puissance des Perses 
n'était pas invincible : ... οἷοι ἄρα ἐτύνχανον ὄντες τὴν 
ἀρετὴν οἱ Μαραθῶνι. δεξάμενοι τὴν τῶν βαρύάρων δύναμιν... 
ἡγεμόνες χαὶ διδάσχαλοι τοῖς ἄλλοι ς γενόμενοι ὅτι οὐχ ἄμαχος 
εἴη ἢ Περσῶν δύναμις 

— 946 (. Je vous dirai donc ce que j'ai entendu de leur 
bouche et ce qu'ils aimeraient à vous répéter s'ils en avaient 
la possibilité : φράσω δὲ ὑμῖν ἅ TE αὐτῶν ἤχουσα ἐχείνων χαὶ οἷα 


sh 
» 


Lé “- π᾿ “ΜῚἹ = 
νῦν ἡδέως ἂν εἴποιεν ὑμῖν λαθόντες δύναμιν... 


ION 


— 5939 D. E. Ce talent que tu as de bien parler sur Homère 
n’est point un effet de l’art..., mais c'est une vertu divine qui 


te) LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


te transporte, semblable à 6 ἜΝ la pierre qu'Euripide ἃ 
nommée magnétique et que la plupart appellent d'Héraclée. 
Cette pierre non seulement attire les anneaux de fer, mais 
leur communique la vertu de produire le même effet et 
d’entrainer d’autres anneaux, en sorte qu'on voit parfois une 
longue chaîne d’anneaux RE les uns aux autres, et tous 
tirent leur vertu de cette ΤΡ τ : .… θεία δε δύναμις 1 σε χινεῖ, 


[ “ » , 
ὥσπερ ἐν τῇ À λίθῳ ἣν Εὐριπίδης μὲν Μαγνήτιν ὠνόμασεν, οἱ δὲ 


πολλοὶ Home. χαὶ γὰρ αὕτη ἡ Xoe οὐ μόνον αὐτοὺς τοὺς 


Ἃ \ DNS 
δαχτυλίους ἄγει τοὺς σ σιδηροῦς, ἀλλὰ καὶ ὀύναμιν ἐντίθησι τοῖς 
À 


- ᾽ qi = LU « nf 
δαχτυλίοις ὥστ᾽ αὖ δύνασθαι ταὐτὸν τοῦτο ποιεῖν ὅπερ 1 λίθος, 
vs D Cr - ων" . 7 ων ’ - “ιν 
ἄλλους ἄγειν δαχτυλίους... πᾶσι ὃὲ τούτοις ἐξ ἐχείνης τῆς λίθου 


ἣ δύναμις ἀνήοτηται. 

— 534 C. Les poètes excellent dans leur genre particulier 
et sont médiocres dans un autre, parce que ce n’est point l’art 
qui préside à leur travail, mais la vertu divine : ... οὐ γὰρ 
τέχνῃ ταῦτα λέγουσιν ἀλλὰ θείᾳ δυνάμει. 

999 E. Vois-tu maintenant comment le spectateur est le : 
dernier de ces anneaux dont je parlais, qui reçoivent les uns : 
des autres la vertu que leur communique la pierre d’Héraclée : ᾽ 


T2 1% 1 » ’ » , A - s " "ν 
Οἰσθα οὖν ὅτ. οὐ ται ἐστιν ὁ θεατὴς τῶν δαχτυλίων ὃ ἔσχατος, 


ὧν ἐγὼ ἔλεγον ὑπὸ τῆς Ἡρακλειώτιδος λίθου ἀπ᾽ ἀμ λκήλων τὴν | 
δύναμιν λα pas | 

— 536 A. Et le dieu, grâce à tous ces intermédiaires. attire 
l'âme des hommes où il lui plait, faisant passer sa vertu des | 
uns aux autres : ὁ 0e θεὸς ὃὅιὰ πάντων τούτων £hxet τὴν ψυχὴν } 
ὅποι ἂν βούληται τῶν ἀνθρώπων, ἀναχρεμαννὺς ἐξ ἀλλήλων 


ΝΜ sS 1! 
τὴν ὀυναμιν. 


SYMPOSION 


. 


— 183 A. Si un homme, dans le dessein de s'enrichir ou 
d'obtenir quelque commandement ou un pouvoir quelconque, 
avait pour quelqu'un la moindre des complaisances qu'un 
amant ἃ pour ceux qu'il aime... tous, ennemis ou amis, l’em- 
pêcheraient de s’avilir à ce point : ... εἰ γὰρ ἢ χρήματ τα βου- ' 
ΕΣ παρᾶ που λαθεῖν ἢ ἀρχὴν ἃ δὰ 1 τινα ἄλλην δύναμιν Ἶ 


"ἢ 47 ἃ ir enr A S 
ἐθέλοι ποιεῖν οἷάπερ οἱ ἐρασταὶ πρὸς τὰ TALOLXA... 


a 


LES TEXTES. 89 


— 184 À. Il est honteux de céder aux richesses ou aux 
pouvoirs politiques : ... ἔπειτα τὸ ὑπὸ χρημάτων χαὶ ὑπὸ πολι- 
τικῶν δυνάμεων ἁλῶναι αἰσχρόν... 

— 188 D. Ainsi tout amour est puissant, et même sa puis- 
sance est universelle. Mais l'amour qui recherche le bien avec 
tempérance et iustice, qu'il s'agisse des dieux ou de nous, 
possède la puissance la plus étendue et nous procure un 
bonheur EN : … Οὕτω πολλὴν καὶ μεγάλην, μᾶλλον ὃὲ 


tu 


= - ” \ 
πᾶσαν δύναμιν ἔχε! συλλήδδιην μὲν 6 πᾶς SARA δὲ περὶ τἀγαθὰ 
TE 


À 
e “ 
οι χα!οσύνης ἀποτ ελούμενος χα', σο᾿ ἡμῖν 


μετὰ σωφροσύνης HAL ἶ 
καὶ παρὰ θεοῖς, οὗτος τὴν μεγίστην δύναμιν ἔχε"... 

— 189 C. D. Jusqu'ici, me semble-t-il, les hommes ont 
entièrement ignoré la puissance de l'Amour... C’est celui de 
tous les dieux qui répand le plus de bienfaits sur les hommes, 
il est leur protecteur et leur médecin... Je vais donc essayer: 
de vous faire connaître la puissance de l'Amour : ... ἈΠ γὰρ 
δοχοῦσιν ἅνθρωποι παντάπασι. τὴν τοῦ ἔρωτος δύναμιν... ἐγὼ οὖν 
πειράσομαι ὑμῖν εἰσηγήσασθαι τὴν δύναμιν αὐτοῦ.. 

— 202 E. Eros est un démon, c’est-à-dire un intermédiaire 
entre Dieu et le mortel. — Quel est son rôle (son action spe- 
ciale, sa fonction)? D’être l'interprète et le messager des 
hommes envers les dieux ou des dieux envers les hommes : ... 
Τίνα, ἣν δ᾽ ἐγώ, δύναμιν Exee — Ἑρμηνεῦον χαὶ διαπορθμεῦον 
θεοῖς τὰ παρ᾽ A χαὶ ἀνθρώποις τὰ παρὰ θεῶν... 

— 212 Β. En ce moment, je viens de célébrer de mon 
mieux, comme 16 le fais toujours, la puissance et la vaillance 
de l'Amour : ... χαὶ νῦν τε χαὶ ἀεὶ ἐγχωμιάζω τὴν δύναμιν χαὶ 
ἀνδρείαν τοῦ Eowros χαθ᾽ ὅσον οἷός τ᾽ etui. 

— 215 C. Marsyas charmait les hommes par la vertu des 
sons que sa bouche tirait des instruments : ... ὃ μέν γε 02 
ὀργάνων éxnher τοὺς ἀνθρώπους τῇ ἀπὸ τοῦ στόματος δυνάμει... 

— 210 C. Ecoutez-moi encore, je veux vous convaincre de 
la justesse de ma comparaison et de la vertu merveilleuse que 
possède cet homme (Socrate) : ἀλλα 0e ἐμοὺ ἀχούσατε ὡς ὅμοιο 
τ᾽ ἐστὶν οἷς ἐγὼ ἥκασα αὐτὸν χαὶ τὴν δύναμιν ὡς θαυμασίαν ἔχει. 

- 218 E. Mon cher Alcibiade, tu es en vérité bien habile 
si ce que tu dis de moi se trouve vrai, et si 16 possède la vertu 


de te rendre meilleur : Ὧ wie ᾿Αλχιδιχῦη, χινδυνεύεις τῷ OVTL 


x 


90 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES, 


᾽ - + » >». ΩΣ per MR CU ENS, FL] 
οὐ φαῦλος εἶναι, εἶπερ ἀληθῆ Tuyyaver ὄντα ἃ λέγεις περὶ ἐμοῦ, 
χαίΐ τις ἔστ᾽ ἐν ἐμοὶ δύναμις δι᾿ ἧς ἂν σὺ γένοιο ἀμείνων... 


PHÉDON 


— 170 B. Mais cela réclame peut-être quelque explication et 
des preuves solides, que l’âme existe après la mort, qu’elle 
possède une certaine aclivilé (une réalité active, marque 
d’existénce), et qu'elle pense : ἀλλὰ τοῦτο δὴ ἴσως οὐχ ὀλίγης 
παραμυθίας δεῖται καὶ πίστεως, ὡς ἔστι τε ψυχὴ ἀποθανόντος τοῦ 
ἀνθρώπου καί τινα δύναμιν ἔχει χαὶ φρόνησιν... 

— 99 C. Parmi les physiciens, les uns environnent la terre 
d’un tourbillon et la supposent fixe; les autres la regardent 
comme une large huche qui ἃ l'air pour base : mais quant à 
l’activité (la nature active) qui l'a disposée comme elle devait 
être pour le mieux, ils ne la cherchent pas et ne pensent 
même pas qu’elle ait quelque force divine : ... τὴν 0e τοῦ ὡς 


| Cu, IL [2] ἊΝ ,} “ - Qr Led _ “ , 
οἷόν τε βέλτιστα αὐτὰ τεθῆναι ουναμιν οὕτω νυν χεῖσθαι, ταύτην 


οὔτε ζητοῦσιν οὔτε τινὰ οἴονται δαιμονίαν ἰσχὺν ἔχειν... 

— 113 C. Les quatre fleuves du Tartare : ... le quatrième 
tombe d’abord dans un lieu affreux et sauvage. Là 1] forme 
le marais du Styx et, après avoir pris dans ce marais des 
propriétés (propriétés actives) terribles, il se plonge dans la 
terre : ... ὃ δ᾽ ἐμπεσὼν ἐνταῦθα καὶ δεινὰς δυνάμεις λαδὼν ἐν 


- [δι 


τῳ ΟΝ ΝΣ 
RÉPUBLIQUE 


1 328 C. Si j'avais encore la force d'aller à la ville, ce n'est 
pas toi qui devrais venir ici, mais nous irions te trouver : 


,» \ A ν , us ’ + _ LE . 
….. E JE γὰρ ἐγὼ ἔτι ἐν δυνάμει ἡ, τοῦ ῥᾳδίως πορεύεσθα. πρὸς 
1 . 


τὸ ἀστυ 


346 A. B. Chacun des arts est différent des autres, parce 
qu'il possède une propriété spéciale. Par conséquent, chacun 
d'eux procure aux hommes un avantage qui lui est propre et 
qui ne se confond pas avec l'avantage des autres : l'avantage 
de la médecine, c’est la santé ; celui du pilotage, c’est la sûreté 


LES TEXTES. 91 


de la navigation... etc. Et l'avantage de l’art du mercenaire, 

n'est-ce pas le salaire? Car c’est là précisément sa propriété τ 
ia EXAOTI,V με έντοι φαμὲν ξχάστοτε τῶν er τούτῳ ET τέρ αν 
εἶνα!, τῷ ἑτέραν τὴν δύναμιν ἔχειν; … Οὐκοῦν χαὶ ὠφελί 
τούτων ἰδίαν τινὰ ἡμῖν π ou ἀλλ᾽ οὐ χοινήν, οἷον ἐστ cp, 
μὲν ὑγίειαν, χυύερνητικὴ ᾿ σωτηρίαν ἐν τῷ πλεῖν, καὶ αἱ ἀλλα! 
RTE αἰσθωτ ισθόν; αὕτη γὰρ αὐτὴ δύναμις... 

La δύναμις des arts, c’est ra la propriete qui les distingue 
et les spécialise, qui manifeste leur nature eachée par sa 
réalité active. En effet, cette δύναμις est essentiellement source 
d'action : elle produit des avantages, comme dit Platon, ou 
mieux, aflirme-t-il plus loin, des résultats, un ἔργον, et c’est 


ἔρ 
τὶν 
là sa conséquence immédiate : ... χαὶ αἱ ἄλλαι πᾶσαι οὕτως τ 


᾽ 


αὑτῆς ἑχάστη ἔργον ἐργάζεται χαὶ ὠὦφελε 
(346 D.) 

— 351 B. II y ἃ des États qui veulent porter atteinte à la 
liberté d’autres États. Mais cela ne doit arriver, dit 
Thrasymaque, qu'à un État très bien gouverné et qui portera 
l'injustice à son comble. — Je comprends que c’est ton avis, 


> Ἐπὶ ; - 
EXELVO ξῷ ὦ τεταχταῖ. 
i 


répond Socrate. Mais examine ceci : un État qui se rend 
maître d’un autre État, aura-t-il cette puissance sans tenir 
compte de la justice, ou devra-t-il se servir d'elle? πότερον 
ἣ χρείττων γιγνομένη πόλις πόλεως ἄνευ δικαιοσύνης τὴν δύναμιν 
ταύτην ἕξει, n ἀνάγχη, αὐτῇ μετὰ δικαιοσύνης >. 

— 351 E. L'action de l'injustice, son ἔργον. c’est d’engen- 
drer des haïines, des dissensions, partout où elle se trouve... 
Si elle se trouve en deux hommes, ils seront continuellement 
en guerre... Et si elle ne se rencontre que dans un seul, 
perdra-t-elle sa propriété, ou la conservera-t elle? — Elle 
la conservera. — Donc telle est sa proprielé, que si elle se 
rencontre dans un État, dans une armée où dans quelque 
autre société, elle les rend impuissants par les querelles et les 
séditions qu’elle excite : … ἔργον ἀδικίας, μῖσος ἐμποιεῖν ὅπου 
ἂν ἐνῃ... Eov δὲ δή, ὦ θαυμάσιε, ἐν ἑνὶ dou ἀδικία, μῶν μὴ 
ἀπολεῖ τὴν αὑτῆς δύναμιν, ἢ οὐδὲν ἧττον ἕξε. :.. Οὐκοῦν τοιάνδε 
᾿, τινὰ a ἐχόυσα τὴν δύναμιν, οἵαν, ᾧ ἂν ἐγγένηται... πρῶτον 
υὲν ἀδύνατον αὐτὸ ποιεῖν ϊ πράττειν μεθ᾽ αὑτοῦ ) διὰ τὸ στ ασιαζειν 


χαὶ διαφέρεσθαι. | 


92 LA δύναμις DANS LES DIALOGLES. 


que nous aimons pour lui-même; 2) ce que nous aimons 
pour lui-même et à cause des conséquences ; 3) ce que nous 
aimons uniquement à cause des conséquences. Dans quelle 
catégorie se trouve la justice? Dans la seconde, dit Socrate. 
Mais Thrasymaque ἃ soutenu que c'était dans la troisième, et 
voilà pourquoi il loue l'injustice. — Or, reprend Glaucon, je 
ne suis pas absolument satisfait de ce qui ἃ été affirmé de 
part et d'autre pour la justice et l'injustice. Je désire savoir 
ce qu'est l’une etl’autre et quelle est leur propriété speciale 
dans l’âme. Qu'on laisse de côté les récompenses ou les 
suites bonnes ou mauvaises qui y sont attachées : ... érthuuw 
γὰρ ἀκοῦσαι τί τ᾽ ἔστιν ἑχάτερον καὶ τίνα ἔχει δύναμιν αὐτὸ χαθ᾽ 
αὑτὸ ἐνὸν ἐν τῇ ψυχῇ, τοὺς δὲ μισθοὺς καὶ τὰ γιγνόμενα ἀπ᾽ 
αὐτῶν ἐᾶσαι χαίρειν. ' 

— 359 D. Quant au pouvoir que je leur accorde, qu'il soit 
aussi considérable que cette fameuse puissance attribuée à 
Gygès : ... εἴη δ᾽ ἂν ἣ ἐξουσία ἣν λέγω τοιάδε μάλιστα, εἰ αὐτοῖς 
γένοιτο οἵαν ποτέ φασιν δύναμιν τῷ [Γύγου] τοῦ Λυδοῦ γενέσθαι... 

— 360 A. Gygès remarqua que le chaton de la bague 
tourné en dedans de la main le rendait invisible... Avant 
observé cette propriété (cette vertu) de l'anneau, il la vérifia 
par des expériences et il éprouva toujours qu’il devenait 
invisible lorsqu'il tournait le chaton à l’intérieur de la main, 
visible, lorsqu'il le tournait à l'extérieur : ... χαὶ τοῦτο ἐννοή- 
σαντα ἀποπειρᾶσβα! τοῦ δαχτυλίου εἰ ταύτην ἔχοι τὴν δύναμιν, 
καὶ αὐτῷ οὕτω συμόαίνειν. στρέφοντι μὲν εἴσω τὴν σφενδόνην 
ἀδήλῳ γίγνεσθαι, ἔξω ὃξ δήλῳ... 

— 364 A. On dit généralement que les actions injustes sont 
plus utiles que les actions justes: on estime heureux les 
méchants qui possèdent richesses ou autres pouvoirs : ... 
λυσιτελέστερα δὲ τῶν δικαίων τὰ ἀδιχα ὡς ἐπὶ TO πλῆθος 
λέγουσ!. καὶ πονηροὺς πλουσίους χαὶ ἄλλας δυνάμεις ἔχοντας 
εὐδαιμονίζειν .. 

— 901 Βὶ Les devins vont aux portes des riches et les per- 
suadent qu'ils ont, de la part des dieux. le pouvoir, au moyen 
de sacrifices et d’incantations, d’expier leurs injustices ou 


᾿ ΠῚ ᾿ 


celles de leurs ancêtres : ... ἀγύρτα!ι δὲ καὶ μάντεις ἐπὶ TAOU- 


LES TEXTES, 93 


σίων θύρας ἰόντες met ἴθουσιν ὡς ἔστι. παρὰ σφίσι δύναμις ἐκ 
ἕν ἤ ss 


ες 
θεῶν ποριζομ νη θυσίαις τε χαὶ ἐπῳδαῖς, εἰτε τι ἀδίκημά του 
γέγονεν αὐτοῦ 7 προγόνων... 

— 366 C. Après tout ce que je viens de dire, comment se 
peut-il faire, Socrate, qu’un homme possédant quelque supe- 
riorilé soit par son àme (par ses talents), soit par ses richesses, 
soit par son Corps ou par sa naissance, puisse honorer encore 
la justice et ne se moque pas plutôt de celui qui la loue? ἐκ 
δὴ πάντων τῶν εἰρημένων τίς μηχανή, ὦ Σώχρατες διχαιοσύνην 
τιμᾶν ἐθέλειν ᾧ τις δύναμις ὑπάρχει ψυχῆς ἢ χρημάτων 7 
σώματος Ἦ γένους, ἀλλὰ μὴ γελᾶν ἐπαινουμένης ἀχούοντα: ... 

— 366 D. Si quelqu'un blâme l’injustice.., c’est qu’il se 
trouve dans l'impuissance de faire le mal. La preuve, c’est 
que des gens qui sont dans ce cas, le premier qui reçoit le 
pouvoir de faire mal est le premier à commettre toutes les 
injustices qu'il lies 560 τ mine τῶν τοιούτων εἰς δύναμιν 
ἐλθὼν πρῶτος ἀδικεῖ. χαθ᾽ ὅσον ἂν οἷός τ᾽ ñ. 

— 366 E. ΑΙ ici tous ceux qui ont loué la vertu l'ont 
fait en vue des honneurs et des récompenses qui y sont atta- 
chés et ont seulement blämé dans le vice les châtiments qui le 
suivent. Personne en considérant la justice et l'injustice dans 
leur action propre (presque dans leur nature, leur essence, 
mais le texte semble insister surtout sur la manifestation, 
l'expression de cette nature), et dans l’âme du vertueux et du 
méchant, ignorées des dieux et des hommes, n’a sufisamment 
prouvé en vers ou en prose que l'une est le plus grand mal 
de l’âme, l’autre le plus grand bien : αὐτὸ “δ᾽ ἑκάτερον τῇ 
αὑτοῦ δυνάμει τί δρᾷ, τῇ τοῦ ἔχοντος ψυχῇ ἐνόν, χαὶ λανθάνον 
θεούς τε χαὶ ἀνθρώπους, οὐδεὶς πώποτε OUT’ ἐν ποιήσει, OUT ἐν 
ἰδίοις λόγοις ἐπεξῆλθεν ἱκανῶς τῷ λόγῳ ὡς τὸ μὲν μέγιστον 
χαχῶν ὅσα ἴσχει ψυχὴ ἐν αὑτῇ, δικαιοσύνη δὲ μέγιστον ἀγαθόν. 

— 367 A. Voilà, ὁ Socrate, ce que peut-être Thrasymaque 
ou quelque autre aurait pu dire sans doute sur la justice et 
Pinjustice, confondant grossièrement, me semble-t-il, leur 
propriélé (presque leur essence, leur nature) : Ταῦτα, © 
Σώχρατες, ἴσως δὲ χαὶ ἔτι τούτων πλείω Θρασύμαχός τε χαὶ 
ἄλλος πού τις ὑπὲρ δικαιοσύνης TE χαὶ ἀδικίας λέγοιεν ἄν, μετασ- 
τρέφοντες αὐτοῖν τὴν δύναμιν φορτικῶς, ὡς γέ μοι δοχεῖ. 


94 LA ϑύναμις DANS LES DIALOGUES. 


— 571} E Par Zeus. dis-je, nous ἢ ἌΨΟΠΒ5 pas entrepris une 
petite allaire. Ne perdons pas courage pourtant; continuons 
autant que les forces nous le permettront : ... ὕμως de οὐχ 
ἀποδειλιατέον. ὅσον γ᾽ ἂν δύναμις παρείκῃ. 

— HIT. 391 A. Δύναμις au sens de force dans une citation 
d'Homère. 

— IV 493 A. Les Etats différents du nôtre... ne sont pas 
un, mais plusieurs... Si Lu regardes chacun de ces Etats 
comme étant composé de plusieurs, et si tu abandonnes aux 
uns les richesses, les pouvoirs et la personne même des autres, 
tu auras toujours DAEQUE d’alliés et peu d’ennemis : ... ἐὰν 
ὃξ ὡς πολλαῖς, ὃ διδοὺς τὰ τῶν ἑτέρων τοῖς ἑτέροις χρήματά τε καὶ 


, ! 


S 4 ᾿ = ᾿ entire * es -- > Ἐπ ΄ “ 
ὀυνάμεις Ἢ, χαὶ αὐτούς, συμμάχοις UÈV ἀεὶ πολλοῖς χρήσῃ, 


— 420 B. L'Etat est courageux par une partie de lui-même 
en qui réside une certaine vertu (qualité) qui conserve en tout 
temps sur les choses qui sont à craindre, l’opinion reçue du 
législateur : ... Καὶ ἀνδρεία ἀρα πόλις μέρει τινὶ ἑαυτῆς ἐστι, 


ι 
RC 


" ᾿Ν’ 0 € ᾿ , 
διὰ τὸ ἐν ἐχείνῳ CA OUVAULY TOLAUTIY Ὁ OLXL παντὸς σώσει τὴν 


περὶ τ ὧν ὀεινῶν ἣος ξαν. 5... 

— 430 B. Cette vertu là (cette qualite), ce maintien con- 
tinuel de l'opinion droite et légale sur les choses à craindre, 
je l'appelle courage à moins que tu ne or d’un autre avis : 


\ si , ς.» ’ 
τὴν ὃὲ τοιαύτην δύναμιν χαὶ σ CORRE παντὸς δόξης ὀρθῆς 
\ ! "= _ A] = , 
TE χαὶ νομίμου OELVWY TE πέρι, χαὶ μὴ ἀνὸ νόρεια ν ἔγωγε 2410 χαὶ 


τίθεμαι, εἰ μή τι σὺ ἀλλο λέγεις 

- 433 B. Après avoir vu ce qu’est la tempérance, le courage 
et la prudence, la vertu qui nous reste à examiner, c’est celle 
qui donne précisément aux autres le pouvoir d'exister et qui 
les conserve tant qu'elle réside en elles : ... τοῦτο εἶναι, ὃ 


- , SE ! [ » 4 
πασιν ἐχείνοις ς τὴν OUVŒULVY πα as θεν ωστε ἐγγενέσθαι, χα! 
> 


EYYE ενομένοις ς γε σωτὴρ (αν TA ρέχε ἂν, ἕωσπερ ἂν ἐνῇ. 


133 


— 433 D. Cette qualité qui contient APR dans les limites 
de sa propre tâche ne contribue pas moins à la per fection de 
la cité que la sagess , la tempérance et le courage : … Ἔνα- 


Ἂ ” e \ ᾽ \ "Ἃ - 
μιλλον ἄρα, ως co! LRE, προς αοεέετὴν πολεὼς tn TE 002! gra AÛTTS 


4 ἣ 
\ LS ’ » DV 1x 
XL τῇ σ σωφϑοσ uv" A4! τῇ ανοόρξεια ἣ τοὺ EXAGTOY EY AU ὑτὴ τ τὰ αὑτοῦ 


πράττειν δύναμις 


LES TEXTES. 95 


— 443 B. La justice n’est pas autre chose que cette qualite 
qui fait de tels hommes et de telles cités : "Et τι οὖν ἕτερον 
ζητεῖς δικαιοσύνην εἶναι D ταύτην τὴν δύναμιν ἣ τοὺς τοιούτους 
ἄνδρας τε παρέχεται καὶ πόλεις :... 


Ets δύναμιν 497 D. 
Κατὰ δύναμιν 499 


— V, 454 A. Vraiment, mon cher Glaucon, l’art de la 
dispute ἃ un merveilleux pouvoir : Ἢ γενναία, ἣν δ᾽ ἐγώ, ὦ 
Γλαύχων, ἡ δύναμις τῆς ἀντιλογιχῆς τέχνης. 

— 466 B. Si le gardien cherche son bonheur aux dépens 
de son emploi..….; s’il se laisse séduire par des opinions 
insensées et puériles de félicité, au point de faire servir le 
pouvoir dont il est armé à se rendre maître de tout dans la 
cité, il connaîtra avec combien de raison Hésiode a dit que la 
moitié est plus que le tout : εἰ οὕτως ὁ φύλαξ ἐπιχειρήσει. 
εὐδαίμων γίγνεσθαι, ὥστε μηδε φύλαξ εἶναι... ἀλλ᾽ ἀνόητός τε 
καὶ μειραχιώδης δόξα ἐμπεσοῦσα εὐδαιμονίας πέρι ὁρμήσει αὐτὸν 
διὰ δύναμιν ἐπὶ τὸ ἅπαντα τὰ ἐν τῇ πόλει οἰκειοῦσθαι, Ὑνώσεται 
τὸν Ἡσίοδον ὅτι τῷ ὀντι ἣν σοφὸς λέγων πλέον εἶναί! πως 
ἥμισυ παντός. 

- 473 B. Tâchons de découvrir pourquoi actuellement les 
États sont mal gouvernés, et quel changement aussi léger que 
possible les amènerait au régime de république prôné par 
nous ; n’y changeons, s’il se peut, qu'un point onu deux, ou du 
moins un très pelit nombre et dont l’action soit peu consi-. 
dérable (qui ne pronuisent pas «es effels NOTES) DNA 
τίνος ἂν σμικροτάτου μεταθαλόντος Elo εἰς τοῦτον τὸν τρόπον 
τῆς πολιτείας πόλις μάλιστα μὲν ἑνός, εἰ de μή, δυοῖν, εἰ dE μή, 
ὅτι ὀλιγίστων τὸν ἀριθμὸν καὶ σμ'κροτάτων τὴν δύναμιν. 

— 415. D. Siles philosophes ne gouvernent pas, ou si les 
souverains ne SOnL pas véritablement et sérieusement philo- 
sophes, de sorte que le pouroir politique et la philosophie ne 
se rencontrent pas dans le meme sujet, il n’est point de 
remède aux maux qui désolent les États : ’Ev un, ἣν δ᾽ 
ἐγώ, 7, οἱ φιλόσοφοι. βασιλεύσωσιν ἐν ταῖς πόλεσιν ἢ οἱ βασιλῆς 


\ 


τε νῦν λεγόμενοι καὶ δυνάσται φιλοσοφήσωσι γνησίως τε χαὶ 


96 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


, 


ἱκανῶς, χαὶ τοῦτο εἰς ταὐτὸν συμπέσῃ δύναμίς τε 
φιλοσοφία... οὐχ ἔστι κακῶν παῦλα, 

— 477 B. La δόξα est-elle ou non une faculté distincte de 
l’êr: ἰστήμη — Elle est distinete. — Donc δόξα et ÊTLITI LA", 
se rapportent à un objet différent, proportionné à la D 


᾿ 

de chacune : Πότερον ἄλλην δύναμῖν ἐπιστήμης Ὦ τὴν αὐτὴν 
FAR LE Che Ka 

PA NATIVE Ex ἄλλῳ ἄρα τέταχται δόξα χαὶ ἐπ᾽ ΠΤῸ 


» 


LA εἶ \ er . , - 
ἐπιστήμη, χατὰ τὴν OUVAULY EXATÉON τὴν αὐτῆς. 


— 471 C. D. Je dis que les facultés sont un genre d'êtres 


qui nous rendent capables, nous et tous les autres agents, des 


opérations qui nous sont propres. Par exemple la vue, louie 
sont des facultés. Voici mon avis à leur sujet. Je ne vois en 
elles ni couleur, ni forme, ni autre chose semblable qui me 
permette de les distinguer. Je ne considère en chacune d'elles 
que sa destination et ses effets : c’est par là que 16 les 
distingue. J’appelle facultés identiques celles qui ont le même 
objet et la même action, et facultés différentes celles qui ont 
des objets différents et des opérations diverses : Ῥύήσομεν δυνά- 
μεῖς εἶναι γένος τι τῶν ὄντων, αἷς δὴ καὶ ἡμεῖς δυνάμεθα ἃ δυνά- 


“αὖ » ι ι 
ν λένω ὄψιν χαὶ ἀχοὴν 
͵ 


- e! à sr … 
μεθα χαὶ ἄλλο πᾶν ὅτι περ ἂν δύνηται, οἷο 
- [ ' ἮΝ « Len UT 
τῶν δυνάμεων εἶναι, εἰ ἄρα μανθάνεις ὃ βούλομαι λέγειν τὸ 
5x Ὧν ὅ ῃ ‘ » — ΩΣ ᾿ ᾿ 
εἶδος... Ἄχουσον δὴ ὅ μοι φαίνεται περὶ αὐτῶν. δυνάμεως γὰρ 


ἐγὼ οὔτε τινὰ χούαν Le OÙTE σγήμα οὔτε τι τῶν τοιούτων οἷον 
A] “ nn: “"., 
καὶ ἄλλων πολλῶν, πρὸς ἃ ἀπούλέπων ἔνια διορίζομαι παρ᾽ 
\ sn “ - , , - 


ον 
_ \ “ » , Ἀν 
ᾧ τὰ μὲν ἀλλα εἶναι, τὰ de ἀλλα; ὃυ 'ἄμεως δ᾽ εἰς ἐχεῖνο 
LA ? LA A] L 
υόνον βλέπω ἐφ᾽ ᾧ τε ἔστι καὶ ὃ ἀπεργαζέται, καὶ TaUT ἢ ἐχάστην 
, _ st 1" Al \ “ \ 
αὐτῶν δύναμιν ἐκάλεσα, καὶ τὴν μὲν ἐπὶ τῷ αὐτῷ τεταγμένην καὶ 


τὸ αὐτο ΠῚ 


μένην τὴν αὐτὴν χαλώ, τὴν ὃξ ἐπὶ ἑτέρῳ χαὶ 
ομένην ἀλλ Ὧν. 
TD. ; Mets-tu la science au nombre des /acultes ou 


Re un autre genre d'êtres? — Au nombre des farultes : elle 


en est même la plus puissante. — Et la δόξα est-elle aussi une 


faculté, où un autre genre d'êtres? — Nullement : la δόξα 
n'est autre chose que la faculté par laquelle nous pouvons 


’ - sa CE τι LS , . τ , 
δοξαζειν : Δεῦρο δὴ πάλιν, Ἣν δ᾽ ἐγώ, ὦ ἄριστε. ἐπιστήμην 
’ at , \ +7 L 4 LA ’ -- 
πότερον δυναμίν τινα φὴς εἶναι αὐτὴν, ἢ εἰς τί γένος τιθεῖς ; — 
» » - s ᾿ ᾿ Κ᾿» 
Εἰς τοῦτο, ἔφη, πασῶν γε δυνάμεων ἐρρωμενεστάτην. — Τί δέ, 
-ὖ ᾽ ot “ Vs τα » Ὁ" - 
δόξαν εἰς δύναμιν ἢ εἰς ἀλλο εἶδο οἴσομεν; — Οὐδαμῶς, 


CL. δὰ Φ'΄ὰ 


LES TEXTES. 97 


ἔφη * ᾧ γὰρ δοξάζειν δυνάμεθα. οὐκ ἄλλο τι Ἦ δέξα ἐστίν. 
- 418 À. Le γνωστόν est-il identique au ὀοξαστόν ὑ De 
notre aveu, cela est impossible. Si par nature, les facultés 
diverses se rapportent à des objets divers, et si la δόξα et 
lériotrun, comme nous en avons convenu, sont deux facultés 
diverses, il s'ensuit que le γνωστόν ne peut se confondre 
avec le δοξαστόν : ᾿Αδύνατον, ἔφη, ἐκ τῶν ὡμολογημένων ᾿ εἴπερ 
ἐπ᾿ ἀλλῳ ἀλλη δύναμις πέφυχεν, δυνάμεις ὃὲ ἀμφότεραί ἐστον, 
δόξα τε χαὶ ἐπιστήμη, ἄλλη ὃὲ ἑκατέρα, ὥς φαμεν, ἐχ τούτων 
δὴ οὐκ ἐγχωρεῖ γνωστὸν καὶ δοξαστὸν ταὐτὸν εἶνα!. 
479 D. Nous avons déjà convenu que tout ce qui nous 
apparaîtrait ainsi (C'est-à-dire toutes ces ombres qui flottent 
entre l’être et le néant), nous le dirions objet non de science, 
mais de la faculté intermédiaire, la δόξα : [loowuoAcynsaue 
δέ γε, εἴ τι τοιοῦτον φανείη, δοξαστὸν αὐτὸ ἀλλ᾽ οὐ γνωστὸν δεῖν 
λέγεσθα., τῇ μεταξὺ δυνάμει. τὸ μεταξὺ πλανητὸν ἁλισχόμενον. 


εἰς δύναμιν 458 E. 


— VI. 404 C. Dès l'enfance, le futur chef d'Etat (le philo- 
sophe) sera le premier entre tous ses égaux... Lorsqu'il sera 
parvenu à l’âge mür, ses parents et ses concitoyens utiliseront 
ses talents, lui confieront leurs intérêts particuliers et ceux 
de l'Etat. Ils l’aborderont humblement, prévoyant déjà sa 
puissance future et lui faisant leur cour... : ‘Yroxetsoyrat 
ἄρα δεόμενοι χαὶ τιμῶντες, προχαταλαμύάνοντες χαὶ προχολα- 
χεύοντες τὴν μέλλουσαν αὐτοῦ δύναμιν. 

— 497 B. Aucune des cités actuelles n’est digne d’une 
nature philosophique... C’est pourquoi cette nature s’altère 
et se corrompt. Et comme une semence jetée en terre étran- 
gère s’affadit et, vaincue, prend la qualité du sol, la nature 
philosophique aussi perd sa qualité (sa vertu) propre et 
change de caractère : ... οὕτω χαὶ τοῦτο τὸ γένος νῦν μὲν οὐχ 
> ἴσχειν τὴν αὑτοῦ δύναμιν, ἀλλ᾽ εἰς ἀλ)ότριον Ἴθος ἐχπίπτειν. 

— 507 C. N’as-tu pas remarqué que le démiurge des sens ἃ 
fait bien plus de dépense pour la propriété de voir et d’être vu 
que pour les autres sens? Δρ᾽ οὖν, ἣν δ᾽ ἐγώ, ἐννενόηκας τὸν 
ÉTUDE, 7 


98 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


τῶν αἰσθήσεων δημιουργὸν Lo πολυτελεστάτην τὴν τοῦ ὁρᾶν τε 
χαὶ ee OÙ YIULLY ÉONULOUDYNSEY ; 

507 E. Ce n’est pas une réalité méprisable que ce lien 
unissant le sens de la vue et la propriété d’être vu, lien plus 
précieux que ceux des autres sens, si la lumière n’est pas à 
dédaigner : Οὐ σμικρᾷ ἄρα ἰδέᾳ ἢ τοῦ ὁρᾶν αἴσθησις χαὶ ἢ τοῦ 
ὁρᾶσθαι ὃ Aie LS τῶν ἄλλων συζεύξεων τιμι τέρῳ ζυ γῷ ἐζύγησαν, 
εἴπερ μὴ ἄτιμον τὸ φῶς. 

— 508 B. La propriété qu'a l'œil de voir, n’est-ce pas du 
soleil qu’il lemprunte, comme un écoulement qui vient 
jusqu’à lui? Οὐχοῦν καὶ τὴν δύναμιν ἣν ἔχε: x τούτου ταμιευο- 
μένην ὥσπερ ἐπίρρυτον χέχτηται: 

— 508 E. Ce qui donne aux objets des sciences la vérité et 
au sujet qui connaît la faculté de connaître, c’est l’Idée du 
Bien : Τοῦτο τοίνυν τὸ τὴν ἀλήθειαν παρέχον τοῖς γιγνωσκομένοις 
χαὶ τῷ γιγνώσχοντι τὴν δύναμιν ἀποδιδὸν τὴν τοῦ ἀγαθοῦ ἰὄξαν 
φάθι, εἶναι.. 

— ὃ09 Β. Tu diras que le soleil donne aux choses visibles 
non seulement la propriete d’être vues, mais encore la géné- 
ration, la croissance, la nourriture, sans être lui-même 
génération : Τὸν ἥλιον τοῖς ὁρωμένοις οὐ μόνον ofuat τὴν τοῦ 
ὁρᾶσθαι δύναμιν παρέχειν Rue ἀλλὰ καὶ τὴν γένεσιν καὶ αὔξην 
χαὶ τροφήν, οὐ γένεσιν αὐτὸν ὄντα. 

— Id. Les êtres intelligibles ne tiennent pas seulement du 
Bien leur intelligibilité, mais encore leur être et leur essence, 
quoique le Bien lui-même ne soit pas une essence, mais 
au-dessus d’elle en dignité et en puissance : ... οὐχ οὐσίας 
ὄντος τοῦ ἀγαθοῦ, ἀλλ᾽ ἔτι ἐπέχεινα τῆς οὐσίας πρεσδείᾳ καὶ 
δυνάμει ὑπερέχοντος. 

— ὃ11 Β. Conçois à présent ce que j'entends par la seconde 
division de l’intelligible : c’est ce que la raison saisit grâce à 
la faculté de la dialectique : To τοίνυν ἕτερον μάνθανε τ τμῆμα 
τοῦ νοητοῦ λέγοντά με τοῦτο οὔ αὐτὸς ὃ λόγος ἅπτεται τῇ τοῦ 
διαλέγεσθαι δυνάμε'... 


χατὰ δύναμιν 01 A. 


— VIT 517 B. I] faut faire l'application de cette image 
(la caverne) à tout ce que nous avons dit : on peut rapprocher 


LES TEXTES. 99 


le monde visible de la demeure des prisonniers et assimiler 
la lumière du feu qui l’éclaire à la propriete du soleil (ou à 
l’action du soleil) : ... τὴν μὲν δι’ ὄψεως φαινομένην ἕδραν τῇ 
τοῦ δεσμωτηρίου οἰκήσε. ἀφομοιοῦντα, τὸ ὃξ τοῦ πυρὸς ἐν αὐτῇ 
φῶς τῇ τοῦ NA!OU δυνάμε'. 

— 518 C. Le discours présent nous montre que chacun ἃ 
dans son àme la faculté d'apprendre avec un organe destiné 
à cela : Ὁ δέ γε νῦν λόγος, ἣν δ᾽ ἐγώ, σημαίνει ταύτην τὴν 
ἐνοῦσαν ἑκάστου δύναμιν ἐν τῇ ψυχῇ καὶ τὸ ὄργανον ᾧ χαταμαν- 
Gave. ἕκαστος... 

—+ 518 E. Les autres vertus s’acquièrent par l’exercice…., 
mais le savoir paraît spécialement propre à un être plus divin 
qui ne perd Jamais sa faculté : celle-ci devient seulement utile 
ou inutile. selon la direction qu'on lui donne : ἣ δὲ τοῦ 
φρονῆσαι παντὸς μᾶλλον θειοτέοου 


τινὸς τυγχάνει, ὡς ἔοιχεν, 
| οὖσα ὃ τὴν μὲν δύναμιν οὐδέποτε ἀπόλλυσιν... 

— ὃ31 D. Il faut imprimer aux àmes des futurs chefs un 
mouvement qui les élève jusqu’à la vraie lumière de l’être, 
par cette route qu’on appelle la philosophie. Aussi devons- 
nous examiner quelle est parmi les sciences celle qui possède 
une semblable propriété : Oüxcuv der σχοπεῖσθαι τί τῶν μαθη- 
μάτων ἔγε: το'αύτην δύναμιν ; 

— 532 A. Cette science, toute spirituelle qu’elle soit, peut 
être représentée par la faculté visuelle qui, nous l'avons 
montré, s'élève graduellement du spectacle des animaux à 
celui des astres et enfin à la contemplation du soleil même : 
.… ὃν χαὶ ὄντα νοητὸν μιμοιτ᾽ ἂν ἣ τῆς ὄψεως δύναμις, ἣν 
ἐλέγομεν πρὸς αὐτὰ ἤδη τὰ ζῷα ἐπιχειρεῖν ἀποθλέπειν καὶ πρὸς 
αὐτὰ TA ἄστρα τε χαὶ τελευταῖον δὴ πρὸς αὐτὸν τὸν ἥλιον. 

— 532 C. L'étude des sciences dont nous avons parlé a cette 
propriété d'élever la partie la plus noble de l’âme jusqu’à la 
contemplation du meilleur des êtres : ... πᾶσα αὕτη ἣ πραγ- 
ματεία τῶν τεχνῶν ἃς διήλθομεν ταύτην ἔχε. τὴν δύναμιν xai 
ἐπαγαγωγὴν τοῦ βελτίστου ἐν ψυχῇ πρὸς τὴν τοῦ ἀρίστου ἐν 
τοῖς οὖσι. θέαν... 

— 532 D. Dis-nous quelle est la méthode de la faculté 
dialectique, en eombien d'espèces elle se divise et quels 
chemins y conduisent : λέγε οὖν τίς ὃ τρόπος τῆς τοῦ διαλέ- 


PMR ON ΤΕ ΤΥ 


100 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


γεσθαι δυνάμεως, xai κατὰ ποῖα δὴ εἰδη διέστηχεν, χαὶ τίνες 
αὖ 600... 

— 533 A. Il s'agit de prouver... que la faculté dialectique 
peut seule découvrir l’image du Bien à un esprit exercé dans 
. les sciences que nous venons de décrire : .., Θὐχοῦν χαὶ ὅτι ἢ 
τοῦ διαλέγεσθαι δύναμις μόνη ἂν φήνειεν ἐμπείρῳ ὄντ' ὧν vuvoN 
διήλθομεν... 

— 537 D. Après avoir remarqué les meilleurs esprits. 
ceux qui auront montré le plus de constance et de fermeté. 
lorsqu'ils auront atteint l’âge de trente ans, tu les éléveras à 
de plus grands honneurs et tu examineras, en mettant à 
l'épreuve leur faculté dialectique, quels sont ceux qui peuvent, 
sans s’aider de leurs yeux ou des autres sens, s'élever jusqu’à 
la connaissance de l'être : ἐκ τῶν προχρίτων ποοχρινάμενον εἰς 
μείζους τε τιμὰς χαθιστάναι καὶ σχοπεῖν, τῇ τοῦ διαλέγεσθαι 
δυνάμει. βασανίζοντα τίς ὀμμάτων xa! τῆς ἀλλης αἰσθήσεως 


- ᾿ , » , EU \ te | 9) DA , ’ 
δυνατὸς μεθιέμενος ἐπ᾽ αὐτὸ τὸ ὃν μετ᾽ ἀληθείας lévar. 


χατὰ δύναμιν 534 A: 


— VITE. 546 D. S'ils ignorent la vertu du nombre géomé- 
trique, les magistrats feront contracter à contre-temps des 
mariages d'où naïîtront des enfants d’un mauvais naturel. 
Leurs pères choisiront sans doute les meilleurs d’entre eux 
pour les remplacer, mais comme ceux-ci seront indignes de 
la succession, quand ils seront élevés à leurs dignites, ils 
commenceront par nous négliger... : ... ὧν χαταστήσουσι μὲν 
τοὺς ἀρίστους οἱ πρότεροι. ὅμως DE ὄντες ἀνάξιοι, εἰς τὰς τῶν 
πατέρων αὖ δυνάμεις ἐλθόντες, ἡμῶν πρῶτον ἄρξονται ἀμελεῖν 
φύλακες ὄντες... | 

— 567 B. Parmi ceux qui se sont associés à l’usurpation 
du tyran et qui sont au pouvoir, plusieurs, au moins les plus 
courageux, ne se plaindront-ils pas au tyran lui-même ou 
entre eux de ce qui se passe? Oüxouy xx τινας τῶν συγχατασ- 
τησάντων χαὶ ἐν δυνάμει ὄντων παρρησιάζεσθα! χαὶ πρὸς αὐτὸν 
χαὶ πρὸς ἀλλήλους, ἐπιπλήττοντας τοῖς γιγνομένοις, οἵ ἂν 
τυγχάνωσιν ἀνόριχωώτατο: OVTES ; 


— IX. 587 D. L'ombre de plaisir qu'est celui du tyran 


"κὸν ὅρος γεν δοραῖς, μ Ὁ 


Tr 
πὰς ἢ 


ΒΩ 


LES TEXTES. 101 


peut être exprimé par un nombre plan (1). Par le carré et le 
cube, on verra aisément quelle distance sépare du vrai plaisir 
celui du tyran : Κατὰ ὃξ δύναμιν καὶ τρίτην αὔξην δῆλον δὴ 
ἀπόστασιν ὅσην ἀφεστηχὼς γίγνεται. 

— 588 B. On disait que l’injustice était avantageuse au 
scélérat pourvu qu’il passät pour honnête homme... Discutons 
à présent ce point puisque nous avons convenu de la propriété 
respective du juste et de l’injuste dans l’âme : Nov δή, ἔφην, 
αὐτῷ διαλεγώμεθα, ἐπειδὴ, διωμολονησάμεθα τό τε ἀδικεῖν καὶ τὸ 
δίκαια πράττειν ἣν ἑκάτερον ἔχει δύναμιν. 

— 91 A. Comment done, ὃ Glaucon, et pourquoi dirons- 
nous qu'il est avantageux de commettre l’injustice ou de vivre 
avec intempérance, où d'agir honteusement, si d’une part on 
devient ainsi plus méchant, mais si par ailleurs on s’enrichit 
et on acquiert plus de puissance ? In Ôn οὖν φήσομεν, ὦ 
Γλαύκων. χαὶ κατὰ τίνα λόγον λυσιτελεῖν ἀδικεῖν, ἢ ἀχκολασταίνειν 
ἢ τι αἰσγρὸν ποιεῖν. ἐξ ὧν πονηρότερος μὲν ἔσται, πλείω δὲ 
χρήματα T, ἄλλην τινὰ δύναμιν κεχτήσεται ; 


Εἰς ὀύναμι» 590 D. 


— X. 602 C. On vient de dire que l’imitation est distante 
de la vérité de trois degrés. Elle est donc inférieure, elle 
suppose une connaissance superficielle... Mais sur quelle 
faculté humaine exerce-t-elle sa propriété active (son eflicacité, 
sa vertu)? L'art du dessin, l’art des charlatans... utilise les 
illusions des sens... La raison, grâce à la mesure, corrige ces 
illusions... Or il est impossible que la même faculté de l’âme 
porte en même temps sur la même chose deux jugements 
contraires. Done la faculté imitatrice 56 distingue de la 
raison, elle lui est inférieure : Πρὸς ὃὲξ δὴ ποῖον τι ἐστιν τῶν 
τοῦ ἀνθρώπου ἔχον τὴν δύναμιν ἣν ἔχει ; 

(1) L'ombre du plaisir tyrannique est représentée par un nombre plan, 
c’est-à-dire par un nombre qui exprime la surface du carré, ou 3 X 3 ou 9. 
Si on élève ce nombre à sa ὀύναμ'ς. à son carré, on obtient 81. Si on 
l'élève à la troisième puissance ou au cube, on aura 729, ou 3 X 9 X 97 
— 729. Ce dernier nombre est celui précisément qui exprime la distance 


séparant le roi du tyran. Cf. Jowerr et Camper, The Republic of Plato, WI 
p. 433. 


108 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 
PHÉDRE 
— 931 A. Discours de Lysias : ... Ce n’est pas avec 


contrainte, mais librement que ceux qui n'aiment pas 
accordent leurs faveurs suivant leur pouvoir, jugeant ainsi 
qu'ils servent le mieux leurs intérêts : ... οὐ γὰρ ὑπ᾽ ἀνάγχης 
ἀλλ᾽ ἑχόντες, ὡς ἂν ἄριστα περὶ τῶν οἰχείων βουλε ὕσαιντο. πρὸς 
τὴν δύναμιν τὴν αὑτῶν εὖ ποιοῦσιν. ÿ 

— 232 D. Les amoureux sont très susceptibles... Aussi 
interdisent-ils à ceux qu’ils aiment toute liaison avec d’autres 
personnes ; ils craignent d’être vaincus par les richesses de 
l’un, par les talents de l’autre. En un mot, 115 se méfient de 
la supériorité de quiconque possède quelque bien : ... τῶν de 
ἄλλο τι ΧεχτῊ μένων ἀγαθὸν τὴν δύναμιν ἑχάστου € cu} ἀττονται. 

-- 997: C. Premier discours de Socrate : … Quand 
délibère sur quelque matière, il faut d’abord. connaitre 
l’objet de sa délibération. Donc puisque il est question entre 
nous de savoir si l’on doit lier amitié plutôt avec celui qui 
aime qu'avec celui qui n’aime pas, définissons premièrement 
ce qu'est l’amour et quelle est son äction (ce qu'il produit). 
Ensuite nous reportant à ces principes. examinons s’il est 
utile ou nuisible : ... περὶ ἔρωτος οἷόν τ΄ ἔστι χἀὶ ἣν ἔγει. 
δύναμιν. ὁμολογίᾳ θέμενοι ὅρον... : 

Sans doute la δύναμις désignerait presque ici la nature de 
l’amour. Pourtant le contexte permet d'établir une nuance 
entre les deux idées d'essence et d'expression de cette essence. 
En effet, on recherche ce qu'est l'amour (οἷόν τ᾽ ἔστι), sa 
nature, et on le définit un désir. Or tout désir n'est pas 
amour : celui que la raison inspire s'appelle plutôt σωφροσύνη). 
Le désir-amour se manifeste par son action spéciale, sa 
δύναμις qui est un élan instinctif, irrésistible vers le plaisir. 
(C£. 237, D. E. 238, A. B. C.) 

— 246 A. Deuxième discours de Socrate : Pour faire 
connaitre la nature de l'âme... nous l’assimilerons aux forces 
réunies d’un attelage ailé et d’un cocher : ... ἐοιχκέτω δὴ 

He 


συμούτῳ δυνάμει: ὑποπτέρου ζεύγους TE καὶ ἡνιόχου... 


LES TEXTES. 103 


— 946 C. L’âme parfaite et ailée voyage à travers les airs et 
gouverne le monde. Mais quand elle ἃ perdu ses ailes, elle 
" est emportée dans les espaces jusqu’à ce qu’elle s'attache à 
fe quelque chose de solide où elle habite, et prend ainsi un 
[Re corps terrestre. Ce corps semble se mouvoir lui-même à 
cause de la propriété motrice de l’âme : ... ἢ de πτερορρυήσασα 


φέρεται ἕως ἂν στερεοῦ τινος ἀντιλάδηται, οὗ χατοιχισθεῖσα, 
| σῶμα γήϊνον λαδοῦσα. αὐτὸ αὑτὸ δοχοῦν χινεῖν διὰ τὴν ἐχείνης 
δύναμιν... 

— 346 D. La propriété de l'aile est de porter ce qui est 
pesant vers les régions supérieures où habite la race des 
dieux : Πέφυχεν ἣ πτεροῦ δύναμις τὸ ἐμοριθὲς à ἄγειν ἄνω μετεω pt- 
# ζουσα ἧ τὸ τῶν θεῶν γένος οἰχεῖ... 

— 258 C. Quand un orateur ou un roi revêtu de la puis- 
sance d’un Lycurgue, d’un Solon, d’un Darius, est capable de 
devenir dans la ville un logographe immortel, ne se eroit-il 
pa égal aux dieux durant sa vie? ... ὅταν τεῦς τς. δήτωρ 
ἢ βασιλεύς. ὥστε λαθὼν τὴν Λυχούργου n Σόλωνος ἢ Δαρείου 

| δύναμιν ἀθάνατος γενέσθαι λογογρᾶφος ἐν πόλει, 49° οὐκ lodbis ον 
“ἡγεῖται αὐτὸς τε αὑτόν ἔτι ζῶν.. 

: — 265 D. Socrate vient d'appliquer les méthodes d’analyse 
et de synthése à la notion d'amour. Il voudrait en établir à 
présent la théorie générale : ces deux procédés que le hasard 
nous ἃ suggérés sans doute, si on pouvait en déterminer 
techniquement le caractère spécifique (la nature), on ne ferait 
pas œuvre inutile : ... τούτων δέ τινων Ex τύχης ῥηθέντων δυοῖν 
εἰδοῖν, εἰ αὐτοῖν τὴν δύναμιν τέχνῃ λαύεῖν δύναιτό τις, οὐχ 
ἄχαρι. 

— 268 A. Tachons de voir au grand Jour quelle est la puis- 
sance de la rhétorique, et où surtout elle se manifeste. — 
C’est un art tout puissant, ὃ Socrate, du moins dans les 
assemblées populaires : ... ταῦτα 0e ὑπ᾽ αὐγὰς μᾶλλον ἴόθωμεν, 
τίνα χαὶ πότ᾽ ἔχει τὴν τῆς τέχνης δύναμιν. — Καὶ μάλα ἐρρω- 
μένην, ὦ Σώχρατες, ἔν γε δὴ πλήθους συνόδοις. 

— 270 D. Il faut, suivant Hippocrate, connaître la nature 
universelle pour pouvoir se rendre compte non seulement de 
la nature de l'âme, mais de celle du corps... Examine donc ce 


que disent sur la nature Hippoerate et la droite raison... 


104 LA 9JY2u:S DANS LES DIALOGUES. 


D'abord nous examinerons si l'objet que nous voulons étudier 
est simple on composé ; ensuite, s’il est simple, quelles sont 
ses propriétés, comment et sur quoi il agit naturellement, 
comment et par quoi il peut être affecté : … ἔπειτα δέ, ἂν μὲν 
ἁπλοῦν ἧ. σκοπεῖν τὴν δύναμιν αὐτοῦ, τίνα πρὸς τί πέφυχεν εἰς 
τὸ ὅοῶν ἔχον ἢ τίνα εἰς τὸ παῆεῖν ὑπὸ του... ' 
— 271 C. Puisque le propre du discours est de conduire 
les àmes. il est nécessaire que l'orateur sache combien 
il y ἃ d'espèces d’àmes : Ἐπειδὴ, λόγου δύναμις τυγχάνει ψυχα- 
γωγία οὔτα. τὸν μέλλοντα ἑντοοιχὸν ἔσεσθαι ἐνάγχη, εἰδέναι ψυχὴ 
GG EST, DE -- 


ὅπτ, ξκάπτῳ οὐναμις : autant que possible 2535 B 
= εἰς nuetésay δύναμιν : autant que nous avons pu 257 A 
ἐς δύναμιν 23E 


χατὰ δύναμιν 249 C 


THEETETE 


— 147 D. — 148 D. Théétète explique comment. stimule 
par les découvertes de Théodore, il chercha à embrasser la 
totalité des racines carrées sous les deux concepts généraux 
de rationnelles et irrationnelles : Pour l'étude des racines des. 
nombres, comme celles de trois ou de cinq. Théodore nous « 
avait fait des figures, montrant qu’elles n’ont pas de commune 
mesure avec celle de un. et ainsi il prit chaque racine jusqu'à 
celle de dix-sept. Là il s'arrêta. Il nous vint à l'esprit d'en - 
faire autant, puisque les racines semblaient infinies en. 
nombre, et d’essaver de les comprendre toutes sons un mème 
nom. Nous avons divisé tous les nombres en deux elasses ©: 
ceux qui résultent de la multiplication de deux nombres. 
égaux. nous comparions leur figure à un carré et nous Î:s 
appelions carrés ou équilatéraux. — Pour les nombres inter- Ἵ 
médiaires, comme trois, cinq et ceux qui ne sont pas ἰδὲ. 
produit de deux facteurs égaux... nous les représentions par” 
la figure d'un rectangle... Toutes les lignes qui carrent un 
nombre équilatéral ou un nombre plan. nous les définissions 
comme des longueurs: celles qui mesurent le nombre 


| 
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| 


LES TEXTES. 105 


hétéromèque, comme des racines, parce que leurs ἢ ἌΚΟΣ 
n’ont aucune mesure commune avec les premières, mais 
seulement leurs carrés. Cependant, Socrate, je ne pourrai 
sans doute pas répondre à ta question sur la seience, comme 
sur la longueur et la racine... — Courage donc... essaie, en 
prenant pour exemple tes recherches sur les rarines, et comme 
tu les as toutes comprises sous une forme générale, embrasse 
de même toutes les sciences sous une seule définition... : 


Περὶ ὃ ἐμβὰς τ ἡμῖν Θεόθωρος ὅδε εγραφε. τῆς τε τοΐίποοος 


πέρι χαὶ πεντέποδος [ἀποφαίνων] ὅτι μήχει οὐ σύμμετρο. τῇ 
νἕ 4 Η ᾽ r ΄ , r - 
᾿ποῦδιαΐία. χαὶ οὕτω χατὰ μίαν τῳ ARR μέχρι τῆς 


= * L 
ἑπταχαιδεχάποῦος * ἐν ὃὲ ταύτῃ πῶς ἐνέσ ἀπο. ἡμῖν οὖν εἰστιλῆςξ 


= = - € τ“ ; , 
Πειράθηναι συλλαθεῖν εἰς ἕν, ὅτῳ πάσας ταύτας D πος 
τὰς δυνάμεις... Ὅσα: μὲν γραμμαὶ τὸν ἰσόπλευρον καὶ ἐπίπεδον 


Porter lt ous! μῆκος ὡρ'σαμεῆα, ὅσα! ἊΣ τὸν ἑτεοομήχη,. 
δυνάμεις, ὡς LIKE! μὲν οὐ συμμέτρους ἐχείναις, τοῖς ὃ 
ἃ δύναντα:... Καὶ μήν, ὦ Σώχρατες, ὅ ve ἐρωτᾶς περὶ ἐπιστήμης 
οὐχ ἂν δυναίμην ἀποχρίνασθα: ὥσπ περ πεοὶ 
δυνάμεως... Ἴθι. δή — χαλῶς γὰρ 207 ὑφηγήσω -- πειρῶ 
μιμούμενος τὴν περὶ τῶν δυνάμεων ἀπόχοισιν, ὥσπερ ταύτας 
πολλὰς οὖσας ἑνὶ εἴδει πεοιέλαύες, οὕτω. καὶ τὰς πολλὰς 
ἐπιστήμας vi λόγῳ προσειπεῖν (1). 

Le terme δύναμις désigne dans ce texte la racine carrée 
et non plus le carré, suivant l’usage qui paraît le plus 
ordinaire. Le sens classique de racine est plutôt réservé au 
mot δυναμένη. Il est possible qu'au temps de Platon la termi- 


nologie mathématique ne fût pas définitivement fixée et 


(1) Déjà Pythagore avait montré que le rapport de la diagonale d’un carré 
à son côté ne peut être énoncé par le rapport de deux nombres, ou que 1” 2, 
géométriquement figurée comme diagonale du carré, est incommensu- 
rable. C'est peut-être pourquoi Théodore de Cyrène, admettant cela comme 
démontré, a fait porter ses recherches sur d'autres racines comme j/3, 
v’5, 6 … Le mérite de Théétète semble avoir été de généraliser la 
question et de poser en principe l'incommensurabilité des racines de tout 
nombre hétéromèque, c’est-à-dire des non-carrés parfaits ou des nombres 
constitués par des produits de facteurs inégaux. Cf. Tanneny. La Geometrie 
grecque, Paris 1887, pp. 87, 88, 103. 


106 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


restàt encore un peu flottante. Toutefois, Tanrery proposerait 
de substituer dans tout ce passage δυναμένη à δύναμις, Car, 


dit-il, « si la langue technique a subi dans le cours des 
temps plusieurs modifications, celles-ci ont été, en somme, 
passablement restreintes et l'emploi, à la même époque, du 
même terme ‘ans deux acceptions différentes, constitue une 
singulière anomalie dont, en dehors du Théétèle, on ne 
pourrait citer aueun exemple(1) ». 

— 156 A. Théorie du mouvement selon les χομψότεροι : Le 
principe d'où découle pour eux ce que nous venons d'exposer 
est le suivant : tout est mouvement, et en dehors de lui, il n°y 
a rien. Or il existe deux formes de mouvement : chacun de 
ces mouvements est infiniment varié : la propriété de l’un des 
deux est d'agir; celle de l’autre, de subir. De la combinaison, 
de la rencontre de ces deux mouvements naissent des effets 
innombrables, rangés sous deux catégories : le sensible et la 
sensation : ... τὸ πᾶν χίνησις ἦν χαὶ ἄλλο παρὰ τοῦτο οὐδέν, τῆς 


LAS \ ἀ 


dE χινήσεως δύο eton, Are! μὲν ἀπειρον ἑχάτ ερον, δύναμιν ὃξ 
τὸ μὲν ποιεῖν ἔχον, τὸ δὲ πάσχειν. 

— 158 E. Voici les arguments de ceux qui prétendent que 
les choses sont toujours réellement telles qu’elles paraissent 
à chacun... « O Théétète, diraient-ils, est-ce possible qu'une 
chose totalement différente d’une autre ait la même propriété? 
Et il ne s’agit pas d’une chose qui soit en partie semblable, 
en partie dissemblable, mais complètement dissemblable. » 
Il est impossible dans ce cas qu’elle ait rien de commun avec 
. autre, ni propriélé, ni quoi que ce soit : .…"Q Θεαίτητε, ὃ ἂν 

εροὸν ἡ παντάπασιν, μὴ τῇ τινα ΠΕΡ τὴν αὐτὴν ἕξει τῷ 
Lie χαὶ μὴ ἘΣ ας τῇ μὲν ταὐτὸν εἶνα! ὃ ὃ ἐρωτῶμεν τῇ 
de ἕτερον, ἀλλ᾽ ὅλως ἕτερον, »"᾿Αδύνατον τοίνυν ταὐτόν τι ἔχειν 
Ἦ ἐν δυνάμει n ἐν ἄλλῳ ὁτῳοῦν, ὅταν ἡ χομιδῃ ἕτερον. 

Cette propriété spéciale, explique le contexte, cette δύναμες 
qui se trouve dans tous les êtres, se modifiant avec eux et 
caractérisant même ces modifications, n'est autre chose que 
la puissance d'action et de réaction manifestant leur nature. 


1) P. Taxxery. Mémoires scientifiques, IL. Sur la langue mathématique 


de Platon, p. 92 sqq. 


LES TEXTES. 107 


Socrate bien portant et Socrate malade, d’après la théorie de 
Protagoras, sont deux êtres distincts ; leur δύναμις sera donc 
aussi. par le fait, distincte. Quand Socrate en état de santé 
boit du vin, ce vin lui paraît agréable et doux ; mais si Socrate 
se trouve en état de maladie. ce vin paraïtra amer : la δύναμις 
πάσχειν de Socrate diffère dans les deux cas, parce que, tou- 
Jours suivant Protagoras, la nature même de Socrate est dis- 
semblable. Et par ailleurs, étant donnée la relation entre 
l’agent et le patient (157 A), la δύναμις ποιεῖν du vin se modi- 
fiera également. parce que avec l’état de Socrate, la nature 
du vin sera aussi modifiée (159). 

— 184 Κ. L’œil, l’oreille... ne sont que des organes. des 
instruments, et non le principe qui fait voir ou entendre. Le 
principe, c’est l’âme... Ne voudras-tu pas avouer que ce que 
tu sens au moyen d’une faculté, tu ne peux le sentir au moyen 
d’une autre? Par exemple, ce que tu éprouves, grâce à la vue, 
tu ne l’éprouves pas au moyen de l’ouie... : "H'xaœ ἐθελήσεις 
ὁμολογεῖν à δ'᾽ ἑτέρας δυνάμεως αἰσθάνῃ, ἀδύνατον εἶναι δι᾽ ἄλλης 


\ 
“ Ὡ “ 


ταῦτ᾽ αἰσθέσῇα!, οἷον ἃ ὃ. ἀκοῆς, δι᾽ ὄψεως, ἢ ἃ δι᾽ ὄψεως, δι᾽ 
ἀχοῆς; 

— 185 C. Chaque sens perçoit son objet. Si tu as des 
idées sur les objets de ces deux sens, ce ne peut être ni de 
l’un ni de l’autre organe que te viennent ces idées. A l’égard 
du son et de la couleur, tu penses d’abord que tous deux 
existent... qu'ils différent l’un de l’autre et sont identiques 
à eux-mêmes... que pris conjointement, ils sont deux et que 
chacun pris à part est un... tu peux examiner s'ils se res- 
semblent ou non. Or tout cela, par quel sens le conçois-tu ? 
Ce n’est certes ni par l’ouie, ni par la vue... De même, si on 
examinait s'ils sont salés l’un et l’autre ou non, ni la vue, ni 
l’ouïe ne nous le dirait... Non, mais la faculté dont la langue 
est l'organe. — Parfait. Quelle est donc la faculté qui te montre 
les qualités communes de tous ces objets et ce que tu appelles 
en eux éfre et n’étre pas : … εἰ γὰρ δυνατὸν εἴη ἀμφοτέρω σχέ- 
ψασθαι 49’ ἐστὸν ἁλμυρὼ ἢ où, οἶσθ᾽ ὅτι ἕ 


” 


χαὶ τοῦτο οὔτε ὄψις οὔτε dxon φαίνεται, ἀλλά τι ἀλλο. — Τί ὃ 


αμην EN Rire ve nes NAN ΠΣ ΟΝ 
ξεις εἰπεῖν © ἐπισχέψῃ, 


» de (1 Ἂν - \ .΄' χὰ = — “ e 
ου μέλλει, Ἢ γε οἰὰ τῆς γλώττης ὀυναμις; --- Λαλὼς λέγεις. ἡ ὃξ 
Sn 3 \ = 


0 
ss ! os! , ᾽ x 4 \ sh A υ 
ON OLX τινος OUVŒULLS TO T ἐπὶ AOL XOLVOY XAL TO ἔπ', TOUTOLS 


ΓΑΙ νὸς ΠΣ ᾽ῪΕ. ἜΑΡ Or 


Ψ 


108 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


δηλοῖ σοι, ᾧ τὸ « ἔστιν » ete 7 1 « οὐκ ἔστι...» 
— 185 E. Théétète avoue que les objets tels que l’être, la 
ressemblance ou la dissimilitude, le même et l’autre... ne 
peuvent être saisis par d’autre faculté que l’âme... Tu es beau, 
Théétète, reprend Socrate, et non pas Jaid, comme disait 
Théodore, car celui qui parle bien est beau et bon. En outre 
tu m'as rendu service en me libérant d'un long discours, s’il 
te semble que l’âme examine par elle-même certains objets, et 
d’autres, au moyen des ἢ δε pe du corps : ..- πρὸς 
ι 


φαίνεταί σοι τὰ μὲν αὐτὴ CL αὑτῆς ἣ buy érioxonelv, τὰ QE διὰ 
τῶν τοῦ σώματος ὀυνάμεων. 

— 197 C. Certains disent que la science est une ἕξις. Nous 
changeons un peu cette définition et nous disons que c’est 
une χτῆσις. En effet, posséder n’est pas la même chose qu'avoir. 
Celui qui ayant acheté un habit ne le porte pas, le possède, 
mais ne l’a pas. Est-il donc possible de posséder ainsi la 
science sans l'avoir, à la manière de celui qui a chassé des 
oiseaux sauvages, des colombes ou quelque autre espèce sem- 
blable, et les nourrit dans un pigeonnier? Ne dirons-nous pas 
d’une certaine facon qu'il les a, parce qu'il les possède? 
— Par ailleurs, il n’en ἃ aucun, mais comme il les tient 
enfermés dans une enceinte dont il est maître, il a le pou- 
voir de prendre et d’avoir celui qu'il voudra toutes les fois 


qu'il le jugera à propos, et ensuite de le lâcher : .. ὥσπερ et 


» ͵ \ » M = : » 
τις ὄρνιθας ἀγοίας, περιστερὰς ἢ τι ἀλλο, θηρεύσας οἴκο!, χατασ- 
χευχσάμενος περιστερεῶνα τρέφοι, τούπον. μὲν reel ἂν ποὺ τινα 
φαῖμεν αὐτὸν αὐτὰς ἀεὶ ἔχειν, ὅτι ÔT, χέχτηται. ἢ γάρ; -- Na. — 


sn à 


Va, Sr VX FLN " ᾿ , - A 
Τρόπον δέ γ᾽ ἄλλον οὐδεμίαν ἔχειν, ἀλλὰ δύναμιν μὲν αὐτῷ περὶ 


O7 
ΣᾺ 


, \ = , D 1" La . 
αὐτὰς παραγεγονένα', ἐπειδὴ ἐν οἰχείω nb ὑποχειρίους 


ἐπο: ἦσατο, λαύεῖν καὶ σχεῖν ἐπειδὰν βούληται, θηρευσαμένῳ ἣν 


ἂν ἀεὶ ἐθέλῃ. χαὶ πάλιν ἀφιένα".. ἢ 


» \ -", à 
κατ᾽ ἐμὴν οὐναμιν. 168 C 


LES TEXTES. 109 


PARMÉNIDE 


— 133 D. E. Objection de Parménide contre la théorie des 
Jdées : il n’y ἃ aucun rapport entre les Idées et nous; elles 
sont done inconnaissables... Aucune des essences existant en 
elles-mêmes, αὐτήν τινα χαθ᾽ αὑτὴν ἑχάστου οὐσίαν, n’existe en 
nous... Les Idées, relatives entre elles, ont aussi leur essence 
mutuellement relative, αὐτοὶ πρὸς αὑτὰς τὴν οὐσίαν ἔχουσιν, 
mais non relative aux ressemblances qui se trouvent en nous, 
ressemblances dues à la participation de ces Idées et qui nous 
permettent d'en affirmer l'existence, ὧν ἡμεῖς μετέχοντες εἶναι 
ἕχαστα ἐπονομαζόμεθα. Ces participations sont relatives entre 
elles, non aux Idées en soi. Par exemple, si quelqu'un est 
esclave ou maître, ce n’est pas du maître en soi qu'il est 
esclave ou de l’esclave en soi qu'il est maître, mais ces 
rapports existent entre deux hommes. Le despotisme est des- 
potisme relativement à la servitude et la servitude, servitude, 
relativement au despotisme. Mais le despotisme ou la servi- 
tude qui sont en nous n’ont pourtant pas leur essence relative 
à celle du despotisme ou de la servitude en soi : ces Idées 
sont relatives entre elles, et de mème leurs imitations le sont 
entre elles... : αὐτὴ ὃὲ δεσποτεία αὐτῆς δουλείας ἐστὶν ὅ ἐστι, 
χαὶ δουλεία ὡσαύτως αὐτὴ δουλεία αὐτῆς δεσποτείας ἀλλ᾽ οὐ τὰ 
ἐν ἡμῖν πρὸς ἐχεῖνο. τὴν δύναμιν Eye οὐδὲ ἐχεῖνα πρὸς ἡμᾶς, 
ἀλλ᾽. ὃ λέγω. αὐτὰ αὑτῶν χαὶ πρὸς αὑτὰ ἐκεῖνά τέ ἐστι χαὶ τὰ παρ᾽ 
ἡμῖν ὡσαύτως πρὸς αὑτά... | 

_Parménide, après avoir posé en principe que les Idées 
n’ont de relations qu'avec des Idées et les choses sensibles 
avec des choses sensibles, explique la théorie abstraite par 
l'exemple de la δεσποτεία et de la δουλεία en soi, comparées 
à leurs réalisations dans le monde des apparences. Au terme 
οὐσία qui dans l’énoncé du principe représente la nature, 
l'essence même des Idées, αὐταὶ πρὸς αὑτὰς τὴν οὐσίαν ἔχουσιν, 
répond dans 1 ΘΧΘΙΏΡΙ6 le terme δύναμις qui représente à son 
tour la nature, l'essence des êtres contingents, οὐ τὰ ἐν Ἡμῖν 
πρὸς ἐχεῖνα τὴν δύναμιν ἔχει... 


110 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


— 134 D. Dieu qui est la science même ne pourra connaître 
ce qui nous concerne... Car nous avons convenu que ni 
l'essence des Idées n’est relative à celle des choses, ni celle des 
choses aux Idées, mais les Idées ne peuvent être en relation 
qu'avec des Idées, les êtres sensibles avec des êtres sensibles : 
Ὅτι, ἔφη à Παρμενίδης, ὡμολόγητα. ἡμῖν, © Σώχρατες, μήτε 
ἐχεῖνα τὰ εἴδη πρὸς τὰ παρ᾽ ἡμῖν τὴν δύναμιν ἔχειν ἣν ἔχει, 
μήτε τὰ παρ᾽ ἡμῖν πρὸς ἐκεῖνα, ἀλλ᾽ αὐτὰ πρὸς αὑτὰ ἑκάτερα. 

— 135 Β. C. Si on supprime pourtant les Idées... si on 
cesse d’assigner à chacun des êtres une Idée déterminée... on 
ne saura où tourner sa pensée. et c’en est fait de la faculté 
dialectique : ... καὶ οὕτως τὴν τοῦ διαλέγεσθαι δύναμιν παντά- 
πασι διατθερεῖ... 

— 150 C. D. La grandeur en soi ne peut être plus grande 
que par rapport à la petitesse en soi, et la petitesse ne peut 
être plus petite que par rapport à la grandeur en 50]... Done 
les choses ne sont ni plus grandes ni plus petites que l'Un, 
puisqu'elles n’ont ni grandeur ni petitesse ; la propriété de la 
grandeur et de la petitesse elles-mêmes n’est pas de surpasser 
ou d’être surpassées dans leur rapport à l’Un, mais seulement 
dans leurs rapports réciproques : ... οὔτε αὐτὼ τούτω πρὸς τὸ 
ἕν ἔχετον τὴν δύναμιν τὴν τοῦ ὑπερέχειν καὶ ὑπερέχεσθαι, ἀλλὰ 
πρὸς ἀλλήλω... 


SOPHISTE 


— 219 A. Le pècheur à la ligne est-il un artiste ou un 
homme sans art, mais doué de quelque autre aptitude? 
πότερον ὡς τεχνίτην αὐτὸν ἢ τινα ἄτεχνον, ἄλλην dE δύναμιν 
ἔχοντα θήσομεν ; 

- 219 B. Celui qui amène le non-être ἃ l’existence, fait, 
produit, τὸν μὲν ἀγοντα ποιεῖν ; ce qui existe ainsi est fait, est 
produit, τὸ de ἀγόμενον ποιεῖσθαι... Or tout ce dont nous 
avons parlé (agriculture, soins du corps, art de l’imitation…) 
se distingue par cette propriété. Nous pouvons donc réunir 
sous le nom de ποιητική cet ensemble d'arts : ... Ta δέ γε 

SA ME "= ! [4 T » - L « - 
YUYON € > ὀνιήλθομεν ATAVTA εἰχὲν εἰς TOUTO τὴν αὑτῶν 


ούναμιν... 


“αὐ... 7 


LES TEXTES. 111 


La δύναμις de ces différents arts, c’est done la propriete 
qui les sépare des arts d’une autre espèce et qui consiste 
dans le pouvoir de production. 

— 997 B. Il faut réunir sous un nom commun les diffé- 
rentes espèces de purifications.. On distingue les purifi- 
cations des êtres vivants qui se font, soit à l’intérieur du 
corps, grâce à la gymnastique ou à la médecine, soit à 
l'extérieur, au moyen des bains, et les purifications des corps 
inanimés qui relèvent de l’art du foulon, de l’art d’orner 
et d’embellir en général... Notre méthode ne fait pas moins 
de cas de la purification au moyen d’éponges que de la purifi- 
cation par la médecine... Et maintenant, comme tu disais, 
peu importe si le nom que nous donnerons à toutes ces 
opérations (actions) dont l’objet est de purifier les corps 
animés ou inanimés, parait noble ou non : ... χαὶ δὴ χαὶ νῦν, 


— EE 
ARLES USE 28 ἧς ΟΣ né 


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k 
Le 


κει 


ὅπερ ἤρου, τί προσεροῦμεν ὄνομα συμπάσας ὀυνάμεις ὅσαι σῶμα 
εἴτε ἔμψυχον etre ἄψυχον εἰλήχασ' χαβαίρειν, οὐδὲν αὐτῇ διοίσει 
ποῖον T1 λεχθὲν εὐπρεπέστατον etvar δόξει... 

— 232 E. On vient de dire que le sophiste est un disputeur, 
un professeur de contradiction. et l’étranger définit en une 
formule son talent : « L’art de la dispute, ne te paraît-il pas 
se résumer dans un certain pouvoir de mettre tout en diseus- 
sion ? » ... ἀτὰρ δὴ τὸ τῆς ἀντιλογικῆς τέχνης ἀρ’ οὐχ ἐν χεφαλαίῳ 
περὶ πάντων πρὸς ἀμφισθήτησιν ἱκανή τις δύναμις ἔοιχ᾽ εἶναι; 

— 233 A. Mais il est impossible de tout savoir. Comment 
done un ignorant pourrait-il parler raisonnablement en 
contredisant celui qui sait? — Il n’y ἃ pas moyen. — Qu’a 
donc de merveilleux cet art de la sophistique? .. Ti ποτ᾽ οὖν 
ἂν εἴη τὸ τῆς σοφιστικῆς δυνάμεως θαῦμα; 

— 236 B. S'adressant à des personnes qui se trouvent à une 
certaine distance de la vérité des choses, le sophiste est 
capable de donner à ses arguments une apparence de sagesse 
(234 C.). Ce qui parait ressembler au beau, parce que l’on 
contemple non une dérivation du beau lui-même (1), (mais à 


(1) Je suis dans son ensemble l'interprétation de Campbell. Je crois 
aussi que dans l'expression διὰ τὴν οὐχ ἐχ καλοῦ θέαν. il fout maintenir 
la négation οὐχ (contre Schleiermacher, Heindorf). Toutefois, la préposi- 
tion ἐχ n’exprime-t-elle ici que le point de vue ? N'indique-t-elle pas aussi 


112 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


cause de la position défavorable du spectateur), et qui perd 
toute ressemblance avec l'objet dont on le croit l’image, 
quand on ἃ le pouvoir de le considérer plus attentivement, 
comment l’appellerons-nous? Puisqu’il me paraît ressembler, 
sans ressembler réellement, n'est-ce pas un fantôme? . τὸ 


φαινόμενον μὲν OX τὴν οὐκ ἐχ χχλοῦ θέαν ἐοιχένα. τῷ χαλῷ, 


δύναμιν dE εἰ τις λάύοι τὰ τηλιχαῦτα ἱχανῶς ὁρᾶν. τ δ᾽ εἰχὸς © 
φησιν ἐοιχέναι, τί καλοῦμεν; do’ οὐχ ἐπείπερ 
ἔοικε DE OÙ, φάντασμα: 

— 241 D. E. Définition de l’étre contre les materialistes. — 
S'ils veulent avouer qu'il existe quelque être incorporel, si 
petit soit-1l, il suffit. Ils devront définir ce qui se trouve à la 
fois et naturellement dans les êtres incorporels et dans ceux 
qui ont un corps et qui manifeste l’existence des uns et des 
autres... Je dis que tout ce qui possède une propriété capable 
d'exercer conformément à sa nature une action quelconque 
ou d’en subir une, serait-ce la plus petite et de l’objet le plus 
méprisable, serait-ce une seule fois, cela est véritablement. 
Je pose donc en définition que les êtres ne sont pas autre 
chose qu’une propriété : Λέγω On τὸ καὶ ὁποιανοῦν |riva| χεχτῆ- 
μένον δύναμιν εἰτ᾽ εἰς τὸ ποιεῖν ἕτεοον ὁτιοῦν πεφυχὸς EtT εἰς τὸ 
παθεῖν καὶ σμικρότατον ὑπὸ τοῦ φαυλοτάτου, χἂν εἰ μόνον εἰς 
ἅπαξ, πᾶν τοῦτο ὄντως εἶναι : τίθεμαι γὰρ ὅρον [ὁρίζειν] τὰ ὄντα 
ὡς ἔστιν οὐχ ἄλλο τι πλὴν δύναμις. 

— 248 Β. C. On s'adresse à present aux amis des Idées. 
Pour eux, c’est par le corps, au moyen des sens que nous 
communiquons avec la génération ; c’est par l'âme, au moyen 
de la raison que nous participons à l'être réel. — Or qu'appe- 
lez-vous χοινωνεῖν dans les deux cas? N'est-ce pas ce que nous 
disions tout à l’heure?... Une passion ou une action qui 
provient d’une propriété quelconque de la part d'objets en 
rapports mutuels... Mais les amis des Idées ne nous accordent | 
pas la définition donnée aux fils de la terre... Nous avions 


la provenance ? On se trompe, si on prend le φάντασμα pour une image 
du beau. En effet, celui qui contemple ce φαινόμενον ne contemple pas 
un élre qui participe à l'idée de beaute, mais il est mal situé pour juger. 
Cf. CameBELL. Sophistes and Politicus of Plato, p.78, n. 15. 


LES TEXTES. 113 


déterminé les êtres par la propriété d’agir ou de subir, si peu 
que ce soit... A cela, ils répondent que la génération, sans 
doute, participe à cette propriété d'agir et de subir, mais la 
nature d'aucune des deux ne convient à l'être : .. To de δὴ 
χοινωνεῖν... τί τοῦθ᾽ ὑμᾶς ἐπ’ ἀμφοῖν λέγειν φῶμεν; ... To ποῖον ; 
=  Πάθημα ἢ ποίημα ἐκ δυνάμεώς τίνος ἀπὸ τῶν πρὸς ἄλληλα 
συνιόντων γιγνόμενον... Οὐ συγχωροῦσιν Auiy τὸ νυνδὴ δηθὲν 
πρὸς τοὺς γηγενεῖς οὐσίας πέρι. --- Τὸ ποῖον; — ‘Txavov ἔθεμεν 
ὅρον που τῶν ὄντων, ὅταν τῳ παρῇ ἣ τοῦ πάσχειν ñ δρᾶν καὶ 
πρὸς τὸ σμιχρότατον δύνααις: -- Ναί. — Πρὸς δὴ ταῦτα τόδε 
λέγουσιν, ὅτι γενέσει μὲν μέτεστι τοῦ πάσχειν χαὶ ποιεῖν δυνά- 
μεως, πρὸς δὲ οὐσίαν τούτων οὐδετέρου τὴν δύναμιν ἁρμόττειν 
φασίν. 

Dans ce texte, le terme δύναμις est pris dans un double 
sens : 1) il désigne d’abord la source du πάθημα et du ποίημα, 
et tout ce qui possède cette faculté est rangé dans la caté- 
gorie des êtres ; — 2) il s'applique dans la dernière phrase au 
πάσχειν et au ποιεῖν eux-mêmes, indiquant plutôt leur 
essence, leur nature : la nature d'aucun de ces deux termes ne 
convient à οὐσία. 

— 251 E. Contre tous les adversaires de l'être : Supposons, 
si tu veux, qu'ils déclarent d’abord que rien n’a le pouvoir 
d'entrer en communication avec autre chose. Le mouvement 
et le repos participeront-ils en quelque manière à l'essence? — 
Nullement : Kai τιθῶμέν γε αὐτοὺς λέγειν, εἰ βούλει, πρῶτον 
μηδενὶ μηδὲν μηδεμίαν δύναμιν ἔχειν χοινωνίας εἰς μηδέν. 
οὐκοῦν κίνησίς τε χαὶ στάσις οὐδαμῇ μεθέξετον οὐσίας: — OÙ 
γὰρ οὖν. 

— 9592 ἢ. Qu'arrivera-t-il si nous laissons à toutes choses 
le pouvoir de communiquer entre elles? Τί δ᾽, ἂν πάντα 
ἀλλήλοις ἐῶμεν δύναμιν ἔχειν ἐπιχοινωνίας ; 

Le pouvoir de χοινωνία que possèdent les êtres est exprimé 
dans le dialogue par les dérivés de δύναμις : v. g. 253 A. 
δυνατὰ χοινωνεῖν, 253 C. συμμείγνυσθαι δυνατά, 253 D. ἣ τε 
χοινωνεῖν ἕχαστα δύναται... 

— 254 C. On ἃ admis la diversité de χοινωνία des diffé- 
rents genres. Continuons done notre discussion. Nous 
n’examinerons pas toutes les Idées pour ne pas être troublés 
ETUDE. 8 


w 


os 


LP Rd 'E 1:10 à | 
1] 


114 


LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


par leur multitude, mais nous choisirons les principales et 
nous nous demanderons à propos de chacune ce qu’elle est 
en elle-même et jusqu’à quel point elle ἃ le pouvoir de 
communiquer avec les autres : ... ἀλλὰ προελόμενο! τῶν 
μεγίστων λεγομένων ἅττα, πρῶτον μὲν ποῖα ἕκαστά ἐστιν, 
ἔπειτα χοινωνίας ἀλλήλων πῶς ἔχε: δυνάμεως... 

— 265 B. La ποιητική, si nous nous rappelons ce que nous 
avons établi au début, c’est la propriété productive qui cause 
l’existence de ce qui n'était pas d’abord : Ποιητικήν, εἴπερ 
μεμνήμεθα τὰ χατ᾽ ἀρχὰς λεχθέντα. πᾶσαν ἔφαμεν elvar δύναμιν 


17 “ , , - , τ “ , 
ἥτις ἂν αἰτία γνηται τοῖς UN] πρότερον οὔσιν ὕστερον γίγνεσβαι.. 


χατὰ δύναμι» 996 B. 263 A. 


ets δύναμιν 944 Β. 


POLITIQUE 


— 261 C. La science royale ne s'exerce pas sur les êtres 
inanimés, comme l'architecture; mais, plus noble, elle a pour 
objet les êtres animés : c’est sur eux que s'étend son pouvoir : 
οὐν οὐ γὰρ δὴ τό γε τῆς βασιλικῆς ἐπιστήμης ἐστέ πότε τῶν 
ἀψύχων ἐπιστατοῦν, οἷον ἀρχ'τεχτονιχόν, ἀλλὰ γενναιότερον, ἐν 
τοῖς ζῴοις καὶ περὶ αὐτὰ ταῦτα τὴν δύναμιν ἀεὶ χεχτημένον. 

— 266 A. B. La division qui a pour but de rechercher la 
nature du politique a été restreinte aux animaux apprivoisés 
qui vivent en troupes, et on est parvenu à les séparer tous, 
sauf deux espèces : les porcs et les hommes. — Mais comment 
diviser ces deux groupes? — En procédant comme il convient 
que vous le fassiez, Théétète et toi, puisque vous vous occu- 
piez de géométrie. — De quelle manière? — Sans doute par 
la diagonale, et encore par la diagonale de la diagonale. — 
Que veux-tu dire? — La nature humaine, pour ce qui concerne 
la marche, est disposée comme la diagonale dont la puissance 
égale deux pieds (dont le carré — ὃ, sur laquelle diagonale 
peut se construire un Carré de deux pieds). — Evidemment. 
— Quant à l’autre espèce, elle correspond à la diagonale dont 
la puissance est puissance de notre puissance, puisqu'elle 


LES TEXTES. 115 


équivaut à deux fois deux pieds. (En d’autres termes, le 
carré dont cette nouvelle droite constitue la diagonale sera 
le carré du précédent. Le précédent égalant deux pieds, celui- 
ci en vaudra quatre. Or puisque la diagonale du carré est 
V2. celle du carré de γί sera V4) : ... ἀλλὰ τίν: δὴ τὼ δύο 


LS Es * AC) Α =" L , LA “ “ s LA 
οιαίρουμεν οἱ “-τ 2LTE9 χα, OLKALOV ÿe Θεαίτ: τὸν TE HAL CE OLXYE- 


ELV ἐπειδὴ χαὶ “εωμετοία ἅπτεσ dE = To: == Tr δια ἐτρ 
pELY, ἐπειοὴ χα! γεωμεέτοιας ATT ων. D , n 0° μ. τρῷ 
ὧν \ 17 - - - ῃ 2" τ 

οήἥπου και παλιν τῃ τῆς Οἱ χιλέτρου ET τι.-: [os εἰπες , Er 4 


H φύσις, ἣν τὸ γένος ἥμων τῶν CODE, χέχτηται, μῶν ἄλλως 
ἶ ν πορείαν πέφυχεν Ὦἢ καθάπερ ἡ διάμετρος ἣ ἢ δυνάμει 
δίπους: --- Οὐχ pes — Καὶ μὴν À γε τοῦ λοιποῦ γένους πάλιν 
ἐστὶ κατὰ δύναμιν αὖ τῆς ἡμετέρας δυνάμεως διάμετρος, εἴπερ 
δυοῖν γέ ἐστι ποδοῖν δὶς πεφυχυϊα.... 

— 271 C. Ce genre de vie qui se manifesta, selon toi, sous 
le règne de Kronos, appartient-il aux autres révolutions du 


ciel, ou aux révolutions actuelles? … ἀλλὰ δὴ τὸν PH ὃν ἐπὶ 


Σ 


τῆς Κρόνου ς φὴς εἰνα! δυνάμεως, ποτ τερον ἔν ἐχείναις ἦν ταῖς 
τροπο Le Ἢ ἐν Se 
— 272 B. C. Les nourrissons de Kronos jouissant alors de 
tout loisir, avaient la possibilité de converser non seulement 
avec les hommes, mais encore avec les bêtes. Ils usaient de 
tous ces avantages pour l’étude de la philosophie, vivant dans 
le commerce des animaux et de leurs semblables, s’informant 
auprès de tous les êtres de la nature s'ils possédaient quelque 
propriété particulière qui leur fit éprouver des sensations 
différentes pour chacun, afin d'enrichir ainsi leur trésor 
d'expériences. Il est facile de comprendre qu’en ce temps on 
pût goûter un bonheur mille fois plus grand que le nôtre. 

Et μὲν τοίνυν οἱ τρόφιμο. τοῦ Κρόνου. παρούσης αὐτοῖς οὕτω 
πολλῆς 749} ἧς χαὶ δυνάμεως πρὸς τὸ μὴ μόνον ἀνθρώποις ἀλλὰ 


καὶ θηρίοις διὰ λόγων δύνασθαι συγγίγνεσθαι. κατεχρῶντο τούτοις 
͵ Ψ 
᾽ "= , ᾿ , \ ᾽ Ἃ 1" 
σύμπασιν ἐπὶ φιλοσοφίαν, ὑπ τε θηρίων χαὶ μετ ἀλλήλων 
n = \ Al 1 
DRékouyrec. χαὶ πυνθανόμενο! παρὰ πάσης ςύσεως εἴ τινά τις ἰδίαν 


δύναμιν ἔχουσα ἤσθετό τού SM τῶν ἄλλων εἰς συναγυρμὸν 
φρονήσεως, εὔχριτον ὅτι τῶν νῦν οἱ τότε μυρίῳ πρὸς εὐδαιμονίαν 
διέφερον... 

— 980 D. Différentes divisions dans la catégorie de Part 
défensif... Nous avons mis à part la fabrication des a: mes qui 


110 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


est une branche de l’art si vaste et si varié de préparer des 
moyens de défense : ... τήν τε ὁπλοποιιχὴν ἀπετεμόμεθα, 
μεγάλης καὶ παντοίας τῆς προθληματουργιχῆς τμῆμα οὖσαν 
δυνάμεως... 

— 981] B. En dehors de l’art de tisser, bien des opérations 
contribuent à la confection des habits... Tous ces arts dispu- 
teront le soin et la confection des vêtements à l’art du tisse- 
rand ; ils accorderont sans doute la part principale à celui-ci, 
mais s’en attribueront néanmoins une très grande à eux- 
mêmes : ... ᾿Αλλὰ μὴν τῆς ve θεραπείας ἀμφισδητήσουσιν αὗται 


σύμπασαι καὶ τῆς γενέσεως τῆς τῶν ἱματίων τῇ τῆς ὑφαντικῆς 


δυνάμει, μέγιστον μὲν μέρος éxeivn διδοῦσαι, μεγάλα ὃὲ καὶ 1 
σφίσιν αὐταῖς ἀπονέμουσαι. ᾿ 

— 287 E. La dignité royale ἃ été séparée de tous les arts | 
qui s'occupent des troupeaux. Restent, dans l'État, les arts M 


auxiliaires et les arts producteurs qu'il faut distinguer les 
uns des autres... Tous ceux qui fabriquent pour l’État 
quelque instrument doivent être considérés comme des arts 
auxiliaires. Aucun d’eux cependant ne rentre dans la science 
royale... Comment séparer cette dernière? Il semble que 1! 
rien n'existe qui ne soit l’instrument de quelque autre 
chose. Pourtant il est une possession de l’État qui n’a pas 
cette propriété. En effet, elle n’est pas formée comme un 
instrument pour produire, mais pour conserver ce qui ἃ été 
produit : ... Ὡς οὐκ ἔστι ταύτην τὴν δύναμιν ἔχον. οὐ γὰρ ri" 


sr , 


γενέσεως αἰτίᾳ πήγνυται, χαθάπερ ὄργανον, ἀλλ᾽ ἕνεκα τοῦ τ 
δημιουργηθέντος σωτηρίας. 

— 980 À. Diverses espèces de possessions. La possession des 
aliments, et tout ce qui, en se mêlant à notre corps, possède 
la propriété d'entretenir par ses parties les parties de ce corps, 
faisons-en une septième espèce et désignons-la dans toute son 
étendue par le nom de nourriture : ... Τὴν δὴ τῆς τροφῆς 
XTNOLY, XAL OS εις TO σωμα συγχαταμειγνυμενα ξαυτων μεοεσι 
μέρη σώματος εἰς τὸ θεραπεῦσαί τινα δύναμιν εἴληγε, λεχτέον 
ἕόδομον ὀνομάσαντας αὐτὸ σύμπαν ἡμῶν εἶναι τροφόν... 

— 291 B. Le politique est enfin distingué de toutes les caté- 
gories de serviteurs : esclaves, marchands, mercenaires, 
magistrats, devins même ou prêtres, ou encore de ce chœur 


LES TEXTES. 117 


étrange qui s'occupe des affaires publiques et dont Platon 
- esquisse ironiquement le portrait. ΠΠ s’agit probablement des 
Ë sophistes et des rhéteurs :.. C’est un genre très multiple et 
‘4 varié. Beaucoup de ces hommes ressemblent à des lions, à 
« des centaures et autres animaux semblables; un plus grand 
ἔ nombre à des satyres, à des bêtes faibles et rusées. En un 
” clin d'œil, ils échangent mutuellement leurs formes et leurs 
qualités : .… πολλοὶ μὲν γὰρ λέουσι τῶν ἀνδρῶν εἴξασι χαὶ 


ροις, πάμπολλοι dE Σατύοοις καὶ 


ῃ 


Κενταύροις χαὶ τοιούτοισιν Eté 


τοῖς ἀσθενέσι καὶ πολυτρόποις θηρίοις - ταχὺ dE μεταλλαττουσι 


eu 
᾿ 


"Ἃ 


τάς τε ἰδέας χαὶ τὴν δύναμιν εἰς ἀλλήλους... 

— 304 D. À quelle science appartient-il de juger s’il faut 
user ou non de persuasion, dans quel cas et envers qui? — 
A celle qui préside à l’art de persuader et de parler. — Et 
quelle science serait-ce sinon celle que possède le politique? 
Εἴη à’ ἂν οὐχ ἄλλη τις, ὡς οἶμαι, πλὴν ἣ τοῦ πολιτικοῦ δύναμ!ς. 

— 304 E. Que faut-il penser encore de cet art? — Lequel? — 
Celui qui enseigne comment il faut faire la guerre à ceux à 
qui nous voulons la faire. Est-ce un art ou non?.….. Ti δὲ 
περὶ τῆς τοιᾶσδ᾽ αὖ δυνάμεως διανοητέον; Ποίας; — Τῆς ὡς 


ΞΡ CF D LA PUCES 


Ti 


RES 


πολεμητέον ἑχάστοις οἷς ἂν προελώμεθα πολεμεῖν, etre αὐτὴν 
ἄτεχνον εἴτε ἔντεχνον ἐροῦμεν:... 

— 305 Β. C. Considérons la puissance des juges qui rendent 
équitablement la justice... Ils n’ont d'autre pouvoir que 
d'accepter du roi législateur les lois établies. et de juger 
conformément à ce qui ἃ été déclaré juste ou injuste... En 
effet, le pouvoir du juge se réduit à peu près à ce que tu viens 
… de dire. — Nous avons donc trouvé que cette puissance des 
M juges ne se confond pas avec celle du roi : "18: δή, καὶ 
τὴν τῶν διχαστῶν τῶν ὀρθῶς δικαζόντων θεασώμεβα δύναμιν ;... 
᾿Ἀρ᾽ οὖν ἐπὶ πλέον τι δύναται τοῦ περὶ τὰ συμθόλαια πάνθ᾽ ὁπόσα 
᾿ χεῖται νόμιμα παρὰ νομοθέτου βασιλέως παραλαδοῦσα, χρίνειν εἰς 
᾿ ἐχεῖνα σχοποῦτα τὰ τε δίχαια ταχθέντ᾽ εἶναι καὶ ἀδιχα... Οὐκ, 
“ ἀλλὰ σγεδὸν ὅσον εἴρηχας ταύτης ἐστὶ τῆς δυνάμεως ἔργον. --- 
Καὶ τὴν τῶν δικαστῶν ἄρα ῥώμην ἀνευρίσχομεν οὐ 


Ἰ τ 
ΠΕ ουσαν... 


πα ψιὺἰ ΡΨ js 


, + F 1 « 
118 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


art comme dans d'autres passages parallèles du Politique. 

— 305 E. La science qui préside à toutes les sciences 
(énumérées dans les textes qui précédent), aux lois, aux 
intérêts de la cité, qui fait de toutes ces choses un merveil- 
leux tissu, ne résumerons-nous pas sa nature (l’ensemble de 
ses propriétés, de ses attributions) dans une appellation 
commune, et ne l’appellerons-nous pas, à juste titre ce 
semble, politique? Τὴν ὃὲ πασῶν τε τούτων ἄργουταν χα! τῶν 
γόμων καὶ συμπάντων τῶν κατὰ πόλιν ἐπιμελουμένην χαὶ πάντα 
συνυφαίνουσαν ὀρθότατα, τοῦ κοινοῦ τῇ κλήσει περιλαῤόντες τὴν 
δύναμιν αὐτής, προσαγορεύοιμεν διχαιότατ᾽ ἀν, ὡς ἔοιχε, 
πολιτιχήν. 

— 308 C. Est-il quelque science de combinaison qui, de 
propos délibéré, compose son œuvre, aussi vulgaire soit-elle, 
au moyen d'éléments bons et mauvais? Plutôt, toute science 
n’évile-t-elle pas de son mieux les éléments mauvais et ne 
choisit-elle pas ceux qui sont utiles et bons, pour réunir en 
un tout ces parties semblables ou dissemblables et constituer 
son objet un par ses qualités et par sa nature : Et τίς ou τῶν 
συνθετιχῶν ἐπιστημῶν πρᾶγμα ὁτιοῦν τῶν αὑτῆς ἔογων. χἂν εἰ τὰ 

V 
ἢ πᾶσα ἐπιστήμη πανταχοῦ τὰ μὲν μοχθηρὰ εἰς δύναμιν ἀπο- 
θάλλει, τὰ CE ἐπιτήδεια καὶ [τὰ] γρηστὰ ἔλαθεν, x τούτων δὲ 
καὶ ὁμοίων χαὶ ἀνομοίων ὄντων. πάντα εἰς ἕν αὐτὰ συνάγουσα. 
μίαν τινὰ δύναμιν καὶ ἰδέαν δημιουργεῖ. 

Δύναμις représente ici l’ensemble des éléments qui 
constituent l’objet de la science. Ce terme désigne plutôt la 
manifestation extérieure de l’unité réalisée entre les diverses 
parties, tandis que ἰδέα exprimeraït surtout l'essence qui est 
en quelque sorte le support de la δύναμις. 

— 308 E. Il me semble que la science royale qui ἃ le 
pouvoir de commander, ne permettra pas aux éducateurs 
d'établir des exercices peu favorables au mélange qu'elle 
médite : ... ἣ ϑασιλικὴ... τὴν τῆς ἐπιστατιχῆς αὐτὴ δύναμιν 
ἔχουσα... 

— 910 B. La plupart des mariages sont mal assortis aw 
point de vue de la génération... La chasse aux richesses ets 
aux pouvoirs (aux dignités, aux honneurs) en pareille matière, 


DRE ET ER ET 


a pe es 


rer 


LES TEXTES. 119 


mérite-t-elle seulement qu’on prenne la peine de la blämer?.… 
Ta ΜῈ πλούτου χαὶ τς ἐν τοῖς τοιούτοις διώγματα τί καί 


τις ἂν ὡς ἄξια λόγου σπουδαζοι μεμῷ φόμενος: 55:5 


χατὰ δύναμιν 262 À, 269 E, 279 C, 298 D, 300 D, 310 C. 
εἰς δύναμιν 273 B, 300 C, 301 À, 308 Ὁ. 


PHILÈÉBE 


— 24 C. Le plus et le moins se rencontrent toujours dans 
le plus chaud et le plus froid... Et la raison nous montre que 
ces deux choses n’ont pas de terme fixe... elles sont nécessai- 
rement indéfinies. — Très fortement, Socrate. — Tu ἃ5 par- 
faitement compris, mon cher Protarque, et tu me rappelles 
que ce « fortement » que tu viens de prononcer, de même 
que le « doucement » ont la même propriété que le plus et le 
moins. Partout où ils se trouvent, ils ne souffrent pas qu'il y 
ait une quantité déterminée : .... ᾿Αλλ᾽ εὖ γε, ὦ φίλε Ποώταργε, 
ὑπέλαδες χαὶ ἀνέμνησας ὅτι χαὶ τὸ σφόδρα τοῦτο, ὃ σὺ νῦν 
ἐφθέγξω, χαὶ τό γε LU, τὴν αὐτὴν δύναμιν ἔχετον τῷ μᾶλλόν 
τε καὶ ἧττον ᾿ ὅπου γὰρ ἂν ἐνήτον, οὐχ ἐᾶτον ELVAL ποσὸν ἕκαστον... 

— 98 D. ἘΞ que cet univers est gouverné par une 
puissance sans raison et agissant au hasard, ou au contraire, 
comme le disaient nos ancêtres, par une intelligence : 
Πότερον, ὦ Πρώταρχε, τὰ σ σύμπαντ τα χαὶ τόδε τὸ χαλούμενον ὅλον 
ἐπιτροπεύειν φῶμεν τὴν τοῦ ἀλόγου καὶ εἰχῇ δύναμιν καὶ τὸ 
ὅπῃ ἔτυχεν, ἢ τἀναντία, καθάπερ οἱ πρόσθεν ἡμῶν ἔλεγον, γοῦν 
χαὶ φρόνησίν τινα θαυμαστὴν συντάττουσαν διαχυθερνᾶν; 

— 99 B. C. Des éléments de feu, d’eau, d'air, de terre 
entrent dans la composition des corps... Chacun de ces 
éléments se trouve en nous, mais en petite quantité, à l’état 
impur, sans manifester toute sa vertu naturelle. Par exem- 
ple, il y a du feu en nous, comme dans l’univers. Ce feu qui 
se trouve en nous est faible, peu abondant, méprisable, 
tandis que celui qui remplit l’univers est admirable par sa 
quantité, sa beauté et toute l’expansion de sa vertu propre : 


78 Q 4 [7 “ἢ - ; 1 - 
. UE μιχροὸν TE TOUTWY ἐχαστον παρ μιν ξενεστι XUL φαυλον 


5" 


120 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


καὶ οὐδαμῇ οὐδαμῶς εἰλιχρινὲς ὃν χαὶ τὴν δύναμιν οὐκ ἀξίαν τῆς 


φύσεως ἔχον... οἷον πῦρ ἔστι μέν που παρ᾽ ἡμῖν, ἔστι δ᾽ ἐν τῷ 
παντί... Οὐχοῦν σμιχρὸν μέν τι τὸ παρ᾽ ἡμῖν at ἀσθενὲς χαὶ 
φαῦλον, τὸ δ᾽ ἐν τῷ παντὶ πλήθει τε θαυμαστὸν χαὶ κάλλει καὶ 
πάσῃ δυνάμει τῇ περὶ τὸ πῦρ οὔσῃ. 

— 30 D. Donc tu diras qu’en Zeus se trouve une âme 
royale, une intelligence royale, comme l’exige la nature de la 
cause : Οὐχοῦν ἐν μὲν τῇ τοῦ Διὸς ἐρεῖς φύσει βασιλιχὴν μὲν 
ψυχήν, βασιλικὸν δὲ νοῦν ἐγγίγνεσθαι διὰ τὴν τῆς αἰτίας 
sr 
δύναμιν... 

Δύναμις est périphrastique, et on traduirait aussi bien 
comme l'exige la cause. — La nature de ce νοῦς est telle que 
ce vous doit régir l’univers. Il faut donc qu’il soit royal. 

-- 31 À. Ainsi nous avons suffisamment démontré de quel 
genre est le νοῦς et quelle est sa fonction. (Sa fonction est 
d’arranger, d’ordonner les années, les saisons, les mois. 
Cf. 30 ὦ : Νὺν δήπου, ὦ ἑταῖρε, οὗ μὲν γένους ἐστὶ xai 
τίνα ποτὲ δύναμιν χέχτηται, σχεδὸν ἐπιειχῶς ἥμῖν τὰ νῦν 
δεδήλωται. 

— 31 E. La soif est une corruption et une douleur : au 
contraire, la qualité de l’humide qui remplit ce qui est 
desséché est un plaisir : Δίψος δ᾽ αὖ φθορὰ χαὶ λύπη [καὶ λύτις], 
ἡ de τοῦ ὑγροῦ πάλιν τὸ ξηρανθὲν πληροῦ 54 δύναμις ἡδονή... 

— 44 C. D. Devons-nous croire ceux qui nomment plaisirs 
l'absence de douleurs? Non, mais nous devons les écouter 
comme des devins qui rendent leurs oracles sans art, à cause 
de leur caractère morose, non certes sans générosité. Mais 
trop ennemis du plaisir (δύναμις ici périphrastique), 
persuadés qu'il n’y a rien de bon en lui, ils prennent ce qu'il 
y ἃ d’attrayant non pour un plaisir réel, mais pour un 
prestige. Servons-nous d'eux... Ensuite 16 dirai quels plaisirs 
me paraissent vrais, afin qu'après avoir examiné d’après les 
deux opinions la nature du plaisir, nous puissions porter un 
jugement en connaissance de cause... : Οὐχ, ἀλλ᾽ ὥσπερ 
μάντεσι προσχρῆσθα! τισι, μαντευομένοις οὐ τέχνῃ ἀλλά rive 
δυσχερείᾳ φύσεως οὐχ ἀγεννοῦς λίαν μεμιτηκότων τὴν τῆς ἡδονῆς 
δύναμιν καὶ νενομικότων οὐδὲν ὑγιές, ὥστε χαὶ αὐτὸ τοῦτο αὐτῆς 


x » 8 4 » s L LA , \ ὮΝ - 
το ξπαγῶγον γοητευμα. ουχ ἡδονήν. ELVAL. TOUTILS μεν οὖν ταυτα 


LES TEXTES. 191 


ἂν προσχρήσαιο... μετὰ dE ταῦτα αἵ γέ μοι δοκοῦσιν ἡδοναὶ 
ἀληθεῖς εἶναι πεύσῃ, ἵνα ἐξ ἀμφοῖν τοῖν λόγοιν σχεψάμενοι τὴν 
δύναμιν αὐτῆς παραθώμεθα πρὸς τὴν χρίσιν. 

Δύναμις est ici synonyme de φύσις que l’on trouve à 45 C: 
Notre but, disons-nous, est de découvrir la nature du plaisir. : 
γοῆσαι γὰρ δεῖ φαμεν ἥντινα φύσιν ἔχει... 

— 49 Β. N’est-il pas nécessaire que tous ceux qui conçoivent 
sottement d'eux-mêmes cette fausse opinion (il s’agit de ceux 
qui se croient sages), aient en partage, comme le reste des 
hommes, les uns la force et la puissance, les autres, tout le 
contraire ἢ... πᾶντες ὁπόσοι ταύτην ΤῊΝ ψευδῆ δόξαν περὶ ξαυτῶν 
ἀνοήτως δοξάζουσι, καθάπερ ἁπάντων ἀνθρώπων, χαὶ τούτων 
= τατον ἔπέσθα! τοῖς Le δώμην αὐτῶν χαὶ δύναμιν, τοῖς 
ÔE οἶμαι. τούὐύναντ 

49 C. Rs auparavant par concevoir la nature de 
l'envie... Elle consiste dans le sentiment de joie que l’on 
éprouve à la vue des maux de ses amis. plaisir mêlé à une 
douleur de l'âme... : Τὴν τοίνυν τοῦ φθόνου λαύξ δύναμιν 
πρῶτον... 

— ὃδ᾽ E. Si l’on sépare de tous les arts l’arithmétique, la 
métrétique.. ce qui reste ἃ peu de valeur... Il n’y a plus après 
cela qu’à recourir aux probabilités, à exercer ses sens par 
l’expérience et une certaine routine, en mettant en œuvre les 
facultés approximatives de la conjecture que beaucoup 
appellent des arts lorsque elles se sont perfectionnées par la 
réflexion et le travail : To γοῦν μετὰ ταῦτ᾽ εἰκάζειν λείποιτ᾽ 
ἂν καὶ τὰς αἰσθήσεις χατ ταμελετᾶ ν ὑπ χαΐ τινι τριδῃ, ταῖς 


\ 


τῆς στογαστιχῆς προσχρωμένους δυνάμεσιν ἃς πολλοὶ τέχνας 
ἐπονομάζουσ', μελέτῃ καὶ πόνῳ τὴν ῥώμην ἀπειργασμένας. 

— 51 E. Mais, ὁ Protarque, la science de la dialectique 
nous renierait, si nous lui en RARES quelque autre. 
ANT ἡμᾶς, ὦ Πρώταρχε, ἀναίνοιτ᾽ ἂν ἣ τοῦ διαλέγεσθα: δύναμις, 
εἴ τινα πρὸ αὐτῆς ἄλλην χρίναιμεν. 

— 58 D. Nous ne recherchons pas quelle est la science la 
plus utile, mais quelle est celle dont l’objet est le plus vrai. 
S'il y a dans notre àme une faculté dont la nature est d'aimer 
le vrai et prête à tout faire pour le connaitre, après avoir 
scruté ce qu'il y ἃ de pur dans l'esprit et l'intelligence, 


μὰ RS OT TEE CE TR Te 


mais dans un mélange harmonieux, proportionné. Mesure et 


cé 
ΕΣ τς τὴ Liv τ I PERS PACE PUR 


122 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES, k 


voyons si vraisemblablement ces objets purs ne sont pas le 
partage de cette faculté, ou s’il en faut chercher quelque 
autre supérieure : ... ἀλλ᾽ εἴ τις πέφυχε τῆς Ψυχῆς ἡμῶν 
δύναμις ἐρᾶν τε τοῦ ἀληθοῦς χαὶ πάντα ἕνεχα τούτου πράττειν, 
ταύτην εἴπωμεν διεξερευνησάμενοι — τὸ παβαρὸν νοῦ TE χαὶ 

ορονήσεως εἰ ταύτην RES σαι ἐκ τῶν εἰκότων ἐχτήσθχι, φαῖμεν 
ΕΝ 


ἄν Ἢ τινα ἑτέραν ταύτης χυριωτέραν ἡμῖν ἔς τέο 


— 64% E. Le HR AEEe Bien consiste ae un mélange, 


ordre sont les caractères qui donnent à ce mélange toute sa 
valeur... Et ainsi la nature du Bien nous a échappé pour se 
transformer en celle du Beau... : Νῦν δὴ χαταπέφευγεν 
ἡμῖν ἢ τοῦ ἀγαθοῦ δύναμις εἰς τὴν τοῦ χαλοῦ φύσιν. (En 
eflet, la juste mesure et la proportion sont une beauté, 
une verlu.) 

— 67 A. Donc dans ce discours, le νοῦς et l’r2ovn nous 
ont paru incapables de constituer le Bien, car ni Pun ni 
l'autre ne possèdent la plénitude; tous deux au contraire 
sont privés de celte propriété qui consiste à se sufhre à soi- 
même, à être achevé. : Οὐκοῦν παντάπασιν ἐν τούτῳ τῷ λόγῳ 
χαὶ νοῦς ἀπήλλαχτο χαὶ ἡδονὴ μή 10! τἀγαθόν γε αὐτὸ und’ 
ἕτερον αὐτοῖν εἶναι, στερομένοιν αὐταρχείας χαὶ τῆς τοῦ ἱχανοῦ 
καὶ τελέου δυνάμεως :... 

— 67 A. Si nous jugeons d’après notre discours, la nature 
du plaisir (le plaisir : ούνα τις est périphrastique), obtiendrait 
le cinquième rang... : θὐχοῦν πέμπτον χατὰ es χρίσιν, ἣν νῦν 


| 
| 
| 
| 


ὃ λόνος ἀπεφήνατο, γίγνοιτ᾽ ἂν N τῆς ἡδονῆς δύναμις. 


χατὰ δύναμιν 25 Α(). 


εἰς δύναμιν 0.8. 9 Ὁ: 


(1) Tout ce qui nous paraîtra devenir plus et moins, recevoir le fort et | 
le doucement, et encore le trop, et autres qualités semblables, il nous 
faut le rassembler en quelque sorte en un, en le plan dans le genre de < 
l'infini, χατὰ τὸν, ἔμπροσθεν λόγον ὃν ἐφαμεν ὅσα διεσπαστα!, καὶ 
διέσχιστ ται GUVAYAYOVTAS Jen vat χατὰ οὐναμιν μίαν ἐπ τισημαί- à 
νεσθα΄ τινα φύσιν, εἰ μέμνησαι. Les traducteurs se divisent sur = 
l'interprétation de ce membre de phrase. Certains, comme Paley et Jowett, 
rapportent μίαν à χατὰ δύναμιν et donnent alors à ούναμις le sens de 


»»" 
ιϑ9 
CD 


LES TEXTES. 


TIMÉE 


— 24 E. Les écrits disent la grandeur de cette puissance 
que votre ville anéantit, puissance qui s’avançait orgueilleu- 
sement pour envahir à la fois toute l’Europe et toute l’Asie..….: 
λέγε: γὰρ τὰ γεγρσυμμένα ὅσην ἣ πόλις ὑμῶν ἔπαυσέν ποτε 
δύναμιν ὕδρει πορευομένην ἅμα ἐπὶ πᾶσαν ὐρώπην καὶ ᾿Ασίαν... 

— 25 A. B. Dans cette ile de l’Atlantide, la puissance 
des rois était considérable. Elle dominait sur l’île entière et 
sur bien d’autres encore, mème sur des parties de continent... 
Et cette puissance, réunissant toutes ses forces, vint fondre 
sur votre pays, sur le nôtre, sur tous ceux qui sont en deçà 
du détroit, pour les réduire en servitude. C’est alors, ὃ Solon, 
que la puissance de votre ville se fit remarquer par sa valeur 
et par sa force : ... ἐν ὃὲ δὴ τῇ ᾿Ατλαντίδι νήσῳ ταύτῃ μεγάλη 
συνέστη χαὶ θαυμαστὴ δύναμις βασιλέων, κρατοῦσα μὲν ἁπάσης 
τῆς νήσου, πολλῶν dE ὅλλων νήσων χαὶ μερῶν τῆς ἠπείρου... 
αὕτη δὴ πᾶσα συναθροισθεῖσα εἰς ὃ, ἢ δύναμις τόν τε παρ᾽ ὑμῖν 
καὶ τὸν παρ᾽ ἡμῖν καὶ τὸν ἐντὸς τοῦ στόματος πάντα τόπον μιᾷ 
ποτὲ ἐπεχείρησεν ὁρμῇ δουλοῦσθαι, τότε οὖν ὑμῶν, ὦ Σόλων, τῆς 
πόλεως ἣ δύναμις εἰς ἅπαντας ἀνθρώπους διαφανὴς ἀρετῇ τε χαὶ 
δώμῃ ἐγένετο. 

— 28 A. Lorsque le démiurge regarde sans cesse vers ce 
qui ne change pas et reproduit de son modèle qu'il s'efforce 
de copier, la forme et les qualites, ce qu’il fait doit être 
nécessairement beau : ... ὅτου μὲν οὖν ἂν ὃ δημιουργὸς πρὸς 


τὸ χατὰ ταὐτὰ ἔχον βλέπων ἀεί, τοιούτῳ τινὶ προσχρώμενος 


propriété : il faut rassembler les objets séparés et divisés selon leurs 
propriétés particulières et les signilier comme une nature. D'autres, avec 
Bury, préfèrent conserver à l'expression χατὰ δύναμιν son sens habituel 
et rapportent υἱαν ἃ φύσιν. Cette construction me semble beaucoup plus 
naturelle et plus conforme au caractère même de la phrase grecque. On 
traduirait donc ainsi : il faut grouper, réunir autant que possible ce qui est 
divisé, séparé et le représenter comme un objet un par sa nature. CF. Bury, 
The Philebus of Plato, p. A1, n. 10. 


1 


124 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


L » 


παραδείγματι, τὴν ἰδέαν καὶ δύναμιν αὐτοῦ ἀπεργάζητα', καλὸν 
ἐξ ἀνάγκης οὕτως ἀποτελεῖσθαι πᾶ 

Nous avons déjà rencontré de fois dans le Politique 
(291 B, 308 C.) l’union des termes ἰδέα et δύναμις. 
Ici, comme là, ἰδέα. représente plutôt la forme de l’objet ou 
de l'être dans son ensemble, (dans le Politique 291 B, la 
nouvelle forme prise par les animaux fantastiques, ou 308 C, 
l'unité de la science composée d'éléments divers), et δύναμις, 
les propriétés particulières, les qualités qui subsistent dans 
cette forme une(t). 

— 31 C. Lorsque de trois nombres, de trois masses ou de 
trois forces quelconques, ce que le premier est au moyen, 
celui-ci l’est au dernier... etc... il arrivera qu'ainsi tout 
restera le même... : ... ὁπόταν γὰρ ἀριθμῶν τριῶν εἶτε ὀγχων 
εἶτε δυνάμεων ὡντινωνοῦν ἡ τὸ μέσον, ὅτιπερ τὸ πρῶτον πρὸς 
αὐτό, τοῦτο αὐτὸ πρὸς τὸ ἐἔσχατον.. . παν" οὕτως ἐ 
ὰ αὐτὰ εἶναι συμδήσεται.. 

— 32 C. Le démiurge construisit le cosmos au moyen des 
quatre éléments. Il employa tout le feu, toute l’eau, tout 
l'air, toute la terre, ne laissant de côté aucune de leurs parties, 
ne négligeant aucune qualité, dans le but suivant : d’abord il 
voulait que l'univers fût un vivant aussi parfait que possible 
et composé de parties complètes; puis qu'il fût un et qu'il ne 
restât rien d'où pût naître un autre semblable à lui; enfin 
qu'il fût exempt de vieillesse et de maladie. Il savait que les 
éléments chauds et froids et toutes les qualites trop actives 
entourant extérieurement un corps et s’attachant à lui d’une 
façon intempestive, le dissolvent et le corrompeñk par les 
maladies et la vieillesse : ….. ἐχ γὰρ πυρὸς παντὸς ὕδατός TE χαὶ 


᾿ ι 
ος χαὶ γῆς συνέστ σεν αὐτὸν 0 συνιστᾶς, ὑέρος οὐδεν οὐδενὸς 


\ 0 - t 0 
€ δύναμιν ἔξωθεν ὑτ πολ TOY. . X1.71Y0u)Y ὡς συττατῳ TOUATL 


x "» 


\ \ \ ͵ 
θερμὰ χαὶ ψυχρὰ χα' πὰ ανθ᾿ 05% δυνάμ λει ς ἐσ 77 92 οας JE RE2L5TA- 


(1) ἃ. Rirrer. Neue Untersuchungen.… p. 235, rapproche aussi ces textes 
du Politique ou du Timee de celui du PAilébe, 31 À. Je crois pourtant que le 
contexte, comme on a pu le remarquer, ne permet pas de donner au terme 
δύναμις dans ce dernier dialogue le même sens que dans les dialogues 
précédents. 


LES TEXTES. : 195 


\ A , 


ueva ἔξωθεν καὶ προσπίπτοντα ἀχαίρως λύει καὶ νόσους γῆράς τε 
ἐπάγοντα. φθίνειν ποιεῖ. 
38 D. Création des astres par le démiurge pour la 
mesure du temps. Il leur donne des corps et détermine leur 
révolution. Vénus et Mercure accomplissent leur révolution 
dans un temps égal à celle du soleil, mais leur propriete 
motrice est contraire. (Ces deux EE se meuvent en sens 
contraire du soleil} (4) : .… ἑωσφόρον δὲ καὶ τὸν ἱερὸν Ἑρμοῦ 
λεγόμενον εἰς [τὸν] τάχει μὲν ἰσόδρομον ἡλίῳ χύχλον ἰόντας, τὴν 
dE ἐναντίαν εἰληχότας αὐτῷ δύναμιν. 
— 41 C. Le démiurge ordonne aux demi-dieux de fabriquer 
les vivants : Appliquez-vous, suivant votre nature, à la 
non τς animaux, crient ma as ee (mon 


Designs γένεσ ιν. 

45 E. Les dieux ont fabriqué comme sauvegarde de la 
vue les paupières (la nature des paupières) qui, lorsqu'elles 
se ferment, contiennent à l’intérieur le feu (la nature du feu), 
et le feu alors calme et adoucit [65 agitations intérieures. : 
… σωτηρίαν γὰρ ἣν οἱ θεοὶ τῆς ὄψεως pue cer τὴν TOY 
βλεφάρων φύσιν, ὅταν ταῦτα συμμύσῃ, καθείργνυσι τὴν τοῦ πυρὸς 
ἐντὸς δύναμιν, ἢ δὲ διαχεῖ τε χαὶ ὁμαλύνε es ἃς ἐντὸς RE à 

— 40 E. Il faut distinguer les causes intelligentes des 
causes nécessaires. Ainsi nous avons assez parlé des causes 
secondaires, grâce auxquelles les yeux jouissent des propriétés 
qu'ils possèdent. (On ἃ montré 45 B à 46 D la cause méca- 
nique de la vue et comment le feu visuel explique toute 
l’organisation des yeux, ainsi que leur activité) : ... τὰ μὲν 
οὖν TOY ὀμμάτων συμμεταίτια πρὸς τὸ σχεῖν τὴν δύναμιν ἣν νῦν 
εἴληχεν ΠΕ 

— 48 D. Comme je vous l'ai dit au début, je garderai la 
vraisemblance dans mes discours (la nature de discours 
vraisemblables, — δύναμις périphrastique) : ... τὸ de χατ᾽ 
ἀρχὰς ῥηθὲν διαφυλάττων, τὴν τῶν εἰκότων λόγων δύναμιν... 

— 49 À. Description de la “χώρα... Quelle doit done être 


(4) Sur ce passage, cf. H. Mann. Etudes sur le Timée, I, p. 66 sqq. 


. 


120 LA \ δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


sa propriété et sa nature, comment faut-il la concevoir ? Elle 
est, je pense, le réceptacle et comme la nourrice de toute 
génération :... τίν᾽ οὖν ἔχον δύναμιν καὶ φύσιν αὐτὸ ὑποληπτέον; 
τοιάνδε μάλιστα ᾿ πάσης εἶναι γενέσεως ὑποδοχὴν αὐτὴν οἷον 
τιθήνην. 

— ὃ0 B. On vient de donner l'exemple de la masse d’or 
d’où l’on tire différentes formes. Pour pouvoir être toutes 
ces formes, l’or doit lui-même n’en être aucune... I] faut en 
dire autant de la chose qui reçoit tous les corps. On doit 
toujours lui donner le mème nom, car elle ne sort jamais de 
sa propre nalure : elle reçoit tout, en effet, et ne prend jamais 
aucune des formes qui entrent en elle : .... ὃ αὐτὸς δὴ λόγος καὶ 

περὶ τῆς τὰ πάντα ÉTIRRVES σώματά ᾧ φύσεως. ταὐτὸν αὐτὴν ἀεὶ 
προσρητέον * ἐχ γὰρ τῆς ἑαυτῆς τὸ παράπαν οὐχ ἐξίσταται 
δυνάμεως --- δέχεταί τε γὰρ ἀεὶ τὰ πάντα, καὶ μορφὴν οὐδεμίαν 


4 , » 


ποτὲ οὐδενὶ τῶν Ὄσσα, ὁμοίαν εἴληφεν οὐδαμῇ, οὐδαμῶς. 

— 52 E. La nourrice de la génération étant humide et 
ignifiée, recevant les formes de la terre et de lair et 
subissant tous les accidents qui en résultent, offrait un 
aspect extrèmement varié, et comme elle était remplie de 
qualités ou dissemblables ou diversement équilibrées, elle 
manquait elle-même d'équilibre :.... τὴν ὃξ δὴ γενέσεως τιθήνην 
ὑγραινομένην χαὶ πυρουμένην χαὶ τὰς γῆς τε καὶ ἀέρος μορφὰς 
δεχομένην, χαὶ ὅσα ἀλλα τούτοις πάθη συνέπεται πάσχουσαν, 


- 
e 


» εἴ \ LE , Ὁ κι A A] r . IN 4 L δι ᾿ 
ποαντοολπην μεν LOELY φᾶν νεσῇαι., οἷα O€ TO un0 μονῶν OUVAULEUD 4 


μήτε ἰσορρόπων ἐμπίμπλασθα: κατ᾽ οὐδὲν αὐτῆς ἐσορροτπεῖν... 

- δέ B. Prenons deux triangles qui ont formé les corps 
du feu et des autres éléments, l'un isocèle, l’autre dont le 
carré du plus grand côté est toujours le rie du carré du 
plus petit : .… προηρη 15w δὴ δύο τρίγωνα ἐξ ὧν τό τε τοῦ πυρὸς 
καὶ τὰ τῶν ἄλλων σώματα μεμυγχάνηται, τὸ μὲν ἰσοσχελές, τὸ δὲ 

τριπλῆν κατὰ δύναμιν ἔχον τῆς ἐλάττονος τὴν μείζω πλευρὰν ἀεί. 

— 56 C. Organisation et harmonie des corps par leurs 
différentes formes géométriques... Quant à leurs rapports, 
leur nombre, leurs mouvements et les autres propriétés, 
Dieu... ἃ tout réglé avec une parfaite exactitude, il a tout 
proportionné et harmonisé : ... χαὶ δὴ καὶ τὸ τῶν ἀναλογιῶν 


nm 


REPITE T τὰ πλήθη καὶ τὰς κινήσεις χαὶ τὰς ἄλλας ὃ ουνάμε!: ς πανταχῇ 


- 


+ 


“ 


LES TEXTES. 127 


D. κ 9 EN = - 


τὸν θεόν... ταύτῃ πάντῃ ὃ. ἀχριθείας ἀποτελεσθεισῶν ὑπ᾽ αὐτοῦ 
συνηρμόσθαι ταῦτα ἀνὰ λόγον. 

— 60 A. Β. Les quatre espèces de feu... Ce qui réchauffe 
à la fois l’âme et le corps, c’est le vin ; ce qui est lisse, divise 
le feu visuel et à cause de cela parait luisant.. C’est l'espèce 
huileuse, comme la poix, le ricin, l'huile elle-même et les 
autres 5105 qui ont ces proprictes ; tout ce qui peutse dissoudre 
et se mélanger aux substances alimentaires (1), et grâce à 
celte propriélé produit une sensation de douceur, reçoit en 


72 ΄ - A] M Ἅ nd \ ni 

général le num de miel... : :.. To 0ë Aetoy xa! Otæxoitix χὸν 

PA CE - U \ \ , £ ’ 

ὄψεως διὰ ταῦτά τε ἰδεῖν LE μπρὸν καὶ στίλόον λιπαρόν τε 
gr , ’ ᾿ ὙᾺ "» ᾿ 122 

φανταζόμενον ἐλαιηρὸν εἴὸος, πίττα χαὶ HULL χαὶ ἔλαιον αὐτὸ ὅσα 

1 Sal I 2? 


τ᾽ ἄλλα τῆς αὐτῆς νὰν * ὅσον δὲ διαχυτιχὸν μέχ; 
τῶν περὶ τὸ στόμα συνόδων, ταύτῃ τῇ δυνάμε εἰ γλυκύτητα Tue 
μένον, μέλι TO κατὰ AIS μάλιστα πρόσρημα ἔσχεν.. 

— 65 B. Si quelqu'un, dans le Gé de : univers où réside 
spécialement la nature du feu et où se trouve rassemblée la 
masse principale à laquelle ce feu tend à se réunir, placé 

_ au-dessus de cette masse ét possédant la force nécessaire, 
enlevait des parties de feu... etc... : εἴ τις ἐν τῷ τοῦ παντὸς 


τόπῳ καθ᾽ ὃν ἡ τοῦ πυρὸς εἴληχε υάλιστ φύσις, οὗ χαὶ πλεῖστον 
ἂν ἠθροισμένον εἴη πρὸς ὃ φέρεται, cneubae ὁ ἐπ᾿ ἐχεῖνο χαὶ δύναμιν 
εἰς τοῦτο ἔχων, μέρη τοῦ πυρὸς ἀφαιρῶν... χτλ..- 

— 64% B. Comment certaines impressions excitent dans 
diverses parties du corps des sensations. Lorsque ce qui par 
nature est mobile subit la moindre impression, cette impres- 
sion est transmise aux parties environnantes et par celles-ci 
à d’autres, jusqu’à ce que parvenant à la partie intelligente, 


(1) H. Martin explique justement, me semble-til, le texte obscur : 

LA UTLAOV μέχρι φύσεως τῶν περὶ τὸ στόμα συνοῦων. en le rap- 
prochant de ce qui est dit du sel un ne plus loin : εὐάρμοστον ν ἐν ταῖς 
χοινωνίαις ταῖς περὶ τ' ντουστ τος αἴσθησιν. Il fait remarquer que 
plusieurs fois, chez Platon, les mots ANS et sUvoùnc sont employés 
pour « signifier la composition d'un corps par le mélange de plusieurs 
autres », v.g. Timee, 46 À, 60 B, DE, 61 À, C, 89 B; Philèbe, 25 E.... ἢ 
pense donc que l’idée exprimée dans notre passage est celle d’une combi- 
naison, d’un mélange de substances. Etudes sur le Timée, 11, p. 262, 
n. LXXXVIII. 


128 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 

elle manifeste la propriété de l'agent. (On pourrait dire aussi 
sa nalure, mais sa nature plutôt au moyen des qualités, des i 
propriétés actives et révélatrices de l'agent) : τὸ μὲν γὰρ x274 # 
φύσιν εὐχίνητον, ὅταν χαὶ βραχὺ πάθος εἰς αὐτὸ ἐμπίπτῃ, διαδί- LE 


δωσιν χύχλῳ μόρια ἕτερα ἑτέροις ταὐτὸν ὁ ἀπεργαζόμενα, μέχριπερ 
ἂν ἐπὶ τὸφ ἘΠῚ toy ἐλθόντα ἐξαγγείλῃ. τοῦ ποιήσαντος τὴν δύναμιν. M 
— 64 C. Une substance stable au contraire ne donne lieu à # 
aucune transmission circulaire... l’impression ne se commu- 
nique pas... le patient reste insensible... Ce phénomène a lieu  «# 
pour les os, les cheveux... tandis que la transmission se 
produit surtout pour la vue et l’ouïe, car la nature du feu « 
(le feu, δύναμις périphrastique) est en eux très considérable : 
.:2 TO OË “ne, περὶ τὰ τῆς ὄψεως καὶ ἀχοῆς μάλιστα, διὰ τὸ 
πυρὸς ἀέρος τε ἐν αὐτοῖς δύναμιν ἐνεῖναι μεγίστην 
— 65 D. Ce qui est un dépuratif de la langue! a à l'excès, M 
au point de fondre même une partie de sa substance, ettelle 


est la propriété du nitre, on l’appelle amer... : τὰ ὃξ τούτων 


€ \ \ 


- \ \ \ n sd ΝΡ La « 1 
FENETRE XAL πᾶν TO REC! τὴν γλῶτταν ἀποτπιλυνόντα, περα μὲν ᾿. 
= ᾿ 


᾿ 
ἜΤΗ; H ET τρίου TOUTO ὁρῶντα χὰ προσεπιλαμύανόμενα στε ἀπο- 
! 


AU “" ᾿ ᾿ ᾽ 
\ τῶν λίτρων δύναμις, πικρὰ πάνθ 


: 
τήχειν αὐτῆς τῆς φύσεως, 0 ( 


οὕτως ὠνόμασται... - 

— 65 E. Les parties qui s’'échautffent et s’amollissent par la 
température de la bouche, qui la brülent.. qui déchirent 
tout ce qu’elles rencontrent, sont nommées piquantes à 


am, 2 


1 ’ \\ Ὧι LU 
cause de ces propriétés : .-. τὰ δὲ τῇ τοῦ στόματος θερμότητι 
4 ’ . » 0 , ᾿ , 4 
χοινωνήσαντα AL λεαινόμενα ὑπ᾽ αὐτοῦ, ss τεμνοντὰ TE π :vB . 


ἵ 


€ 4 \ Ἂν ᾿ \ s , s ! ᾿ 
ὁπόσοις ἂν προσπιῆπτῃ, OLA ταῦτας τὰς δυνάμεις ὄριμεα TAVTA τὰ 


τοιαῦτα ἐλ EE. 
— 66 D. Quant à la faculté (au sens) qui s'exerce par les Ὁ 
Ἂν Ἵ 

narines, il n’y ἃ pas d’ espèces déterminées : ... περὶ δὲ δὴ τὴν : 


τῶν υμυχτήρων δύναμιν, εἰδὴ υὲν οὐχ ἔνι. 4 

— 71 B. Les dieux composent le foie et le forment dense, 
poli, brillant, doux, mais renfermant de l’amertume, afin 
que la nature des pensées provenant du vous, se reflète en 
lui comme dans un miroir et puisse ou bien l’effrayer.. ou 
bien le réjouir. : … ἵνα ἐν αὐτῷ τῶν διανοημάτων ἣ ἐχ τοῦ 


νοῦ φερομένη δύναμις, οἷον ἐν χατόπτρῳ δεχομένῳ τύπους χαὶ 


5 -- 


᾿ = 
χατιδεῖν εἰδωλα παρέχοντι, φούοι μὲν αὐτό... 


Έ 
ἣν 
᾽ 

| 


LES TEXTES. 199 


— 71 E. Nul homme ne participe à la divination quand il 
a l’usage de la raison, mais soit dans son sommeil, quand la 
faculté de penser est entravée, soit en temps de maladie. : 
οὐδεὶς γὰρ ἔννους ἐφάπτεται μαντικῆς ἐνθέου χαὶ ἀληθοῦς, ἀλλ᾽ ἢ 
χαθ’ ὕπνον τὴν τῆς φρονήσεως πεδηθεὶς δύναμιν n διὰ νόσον... 

— 14 A. Protégeant tout le sperme, il l’enferma dans une 
enceinte pierreuse qu'il eut soin de munir d’articulations : 
il eut recours à la nature (ou à l’action) de l’autre, qu'il plaça 
au milieu de ces articulations, pour produire le mouvement 
et les inflexions : ... χαὶ τὸ πᾶν δὴ σπέρμα διασῴζων οὕτως 
λιθοειδεῖ περιὐόλῳ συνέφραξεν, ἐμποιῶν ἄρθρα, τῇ θατέρου προσ- 
χρώμενος ἐν αὐτοῖς ὡς μέσῃ ἐνισταμένῃ δυνάμει, χινήσεως χαὶ 
χάμψεως ἕνεχα. 

— 14 D. Pour la nature des nerfs, il composa un mélange 
sans levain d’os et de chair et forma une substance inter- 
médiaire par ses propriétés; il ajouta de la couleur jaune. Ce 
qui fait que les nerfs ont une nature plus tendue et plus 
visqueuse que la chair, plus molle et plus humide que les os. 
(Bien que je traduise ici δύναμις par nature, il faut remarquer 
qu'il s’agit plutôt de la nature vue de l’extérieur, c’est-à-dire 
des qualités, des propriétés de tension, de visquosité, de 
mollesse ou d'humidité qui caractérisent les nerfs.) .. τὴν ὃς 
τῶν νεύρων φύσιν ἐξ ὀστοῦ χαὶ σαρχὸς ἀζύμου κράσεως μίαν 
ἐξ ἀμφοῖν μέσην δυνάμει. συνεχεράσατο, ξανθῷ χρώματι προσ- 
χρώμενος. ὅθεν συντονωτέραν μὲν καὶ γλισχροτέραν σαρχῶν, 
μαλακωτέραν δὲ ὀστῶν ὑγροτέραν τε ἐκτήσατο δύναμιν νεῦρα... 

— 15 D. Pour la nature de notre bouche (δύναμις péri- 
phrastique), avec ses dents, sa langue et ses lèvres, elle fut 
ainsi disposée à cause de la nécessité et du bien : ... τὴν ὃὲ 
δὴ τοῦ στόματος ἡμῶν δύναμιν ὀδοῦσιν καὶ γλώττῃ χαὶ χείλεσιν 
ἕνεχα τῶν ἀναγχαίων χαὶ τῶν ἀρίστων διεκόσίμησαν οἱ διαχοσ- 
μοῦντες ñ νῦν διατέταχται... 

— 76 A. Ces sutures (celles du crâne), de formes très 
diverses, résultent de la double action des cercles de l’âme 
et de la nourriture; quand ces deux mouvements se com- 
battent davantage, elles sont plus grandes, et quand ils se 
combattent moins, plus petites : ... τὸ dE τῶν ῥαφῶν παντο- 
δαπὸν ei00c γέγονε διὰ τὴν τῶν περιόδων δύναμιν καὶ τῆς τροφῆς, 


ΗΠ 
ÉTUDE. 9 


δ σον δ di. 
ὰ re ΨῚ 


͵ .* 


130 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


μᾶλλον μὲν ἀλλήλοις μαχομένων τούτων πλείους, ἧττον δὲ 
ἐλάττους... 

— 82 E. Quand la chair se dissout et que par suite la 
putréfaction pénètre dans les veines, un sang très abondant 
cireule avec l’air dans ces vaisseaux; ce sang offre une grande 
variété de couleurs et d’amertume, de qualités aigres ou 
salées, et contient toute sorte de biles, de sérosités et de 
pituites : ... ὅταν te τηχομένη σὰρξ ἀνάπαλιν εἰς τὰς φλέόας 
τὴν τηχεδόνα ἐξιῇ, τότε μετὰ 7 πνεύματο ς αἶμα πολύ τε χαὶ παντο- 
δαπὸν ἐν ταῖς φλεψὶ HS χαὶ Me, ποιχιλλόμενον, ἔτι 

ὲ ὀξείαις καὶ ἁλμυραῖς δυνάμεσ', χολὰς καὶ ἐχῶρας καὶ φλέγματα 
παντοῖα ἰσχει 

— 83 C. Chaque espèce de bile ἃ reçu, d’après sa couleur, 
un nom particulier. La sérosité qui vient du sang est douce ; 
celle qui vient de la bile noire est aigre et acerbe lorsque, à 
cause de la chaleur, elle se mélange à la qualité salée : c’est 
ce qu’on appelle la pituite aigre : - ἰχὼρ δέ. ὁ μὲν αἴματος 
ὀρὸς πρᾷος, ὁ δὲ pe» αἰνης χολῆς Eco ίας TE ἄγριος, ὅταν συμμεις 
γνύητα: διὰ θερμότητα ἁλμυρᾷ δυνάμει : Ras DE ὀξὺ φλέγμα 
τὸ τοιοῦτον. ὙΠ 

— 83 E. Tant que les maladies ne ravagent pas les chairs 
au point de détruire leurs bases, la violence du mal est 
diminuée de moitié, car on peut facilement reconstituer les 
Chairs : διαχρινομένης υὲν οὖν ὑπὸ νόσων τῆς σαοχὸς ἑχάστης, 
μενόντῶν dE τῶν πυθμένων αὐταῖς ἡμίσεια, τῆς συμφορᾶς ἣ 
δύναμις --- ἀνάληψιν γὰρ ἔτι μετ᾽ εὐπετείας ἰσχει... 

— δὸ D. Les fibres sont distribuées à travers la masse du 
sang pour régulariser et proportionner dans le corps lécou- 
lement de ce liquide. Puisque telle est la propriete (l'action) 
des fibres dans la composition du sang, la bile qui par nature 
est du sang ancien et qui y retourne par la liquéfaetion de la 
chair, ne s’y mêle d’abord, chaude et humide, que peu à 
peu, et se coagule grâce à la propriété (à l’action) des fibres ; 
ainsi figée et violemment éteinte, elle produit au-dedans de 
nous le froid et les frissons : ... ταύτην δὴ τὴν δύναμιν 
ἐχουσῶν ἰνῶν ἐν αἵματι χολὴ φύσε. παλαιὸν αἴμα γεγόνυια χαὶ 
πάλιν ἐκ τῶν σαρχῶν εἰς τοῦτο τετυηκυῖα, θερμὴ; χαὶ ὑγρὰ 


D ’ \ _ L Les ΓΝ 
κατ᾽ ὀλίγον τὸ πρῶτον ἐμπίπτουσα πήγνυται διὰ τὴν τῶν ἰνῶν. 
͵ i 


LES TEXTES. 131 


S7 à: LE = ERA 2 4 A ’ + 6 ’ : αἵ -» \ 
F2 ES AE τ γ υμ. εν 0€ XŒL Dia AITAGOEVVUUEVT] χειμώνα KA, 
τρόμον ἐντὸς παρέχει. 

— 89 ὦ. Chaque animal ἃ un certain temps à vivre, réglé 
par le destin, sauf les cas d’accidents.. En effet, les triangles 
en qui réside dès le début la force de chaque animal, sont 
constitués de manière à pouvoir durer un temps limité, 
au-delà duquel la vie ne peut se prolonger : ... τὰ γὰρ τρί- 
γωνα εὐθὺς κατ᾽ ἀρχὰς ἑχάστου ουναμιν ἔχοντα συνίσταται L L 
τινὸς χρόνου δυνατὰ ἐξαρκεῖν, οὗ βίον οὐχ ἀν ποτέ τις εἰς τὸ 


τς 


La 
πέραν ἔτι βιῴη. 


Κατὰ δύναμιν 11 Β, 18 D, 30 A, 38, C, 
Εἰς δύναμιν 26 D, 37 D, 71 D, 89 D. 


E. 


ne 
to 


CRITIAS 


— 109 À. Quant aux Athéniens de cette époque et aux adver- 
saires qu'ils eurent à combattre, il est d’abord nécessaire de 
raconter quelle était leur puissance respective et quelles furent 
leurs institutions : ... τὸ ὃὲ ᾿Αθηναίων τε τῶν τότε χαὶ τῶν 
ἐναντίων, οἷς διεπολέμησαν, DATA κατ᾽ ἀρχὰς διελθεῖν πρῶτα, 
τὴν τε δύναμιν ἕχατ La χαὶ τὰς noel. 

— 113 A. Ne vous étonnez pas de m’entendre souvent 
donner à des barbares des noms grecs... Solon avait l’inten- 
tion de transporter ce récit dans son poème. Il s’informa de 
la signification des noms et trouva que les premiers Egyptiens, 
auteurs de cette histoire, les avaient traduits dans leur 
langue. Alors lui, à son tour, cherchant le sens de chaque 
nom, l’écrivit dans la nôtre : ... Σόλων, ἅτ᾽ ἐπινοῶν εἰς τὴν 
αὑτοῦ ποΐησιν χ “τα βήσαρίαι τῷ λόγῳ, δισπυνθανόμενος τὴν 
τῶν ὀνομάτων δύναμιν, ηὗρεν τούς τε Αἰγυπτίους τοὺς πρώτους 
ἐχείνους αὐτὰ rente εἰς τὴν αὑτῶν φωνὴν μετενηνοχότας, 
αὐτός τε αὖ πάλιν ἑχάστου τὴν διάνοιαν ὀνόματος ἀναλαμόάνων 
εἰς τὴν ἡμετέοαν ἄγων φωνὴν ἀπεγράφετο. 

Δύναμις et διάνοια semblent i ici absolument synonymes et 
sont employés simultanément pour désigner la signification 
» des noms, peut-être aussi, si on se réfère aux théories du 


ὙΠ ΝΣ 


L 
ἢ 


132 - LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


Cratyle AT nous ΠΡ ΚΗΣΤ' plus loin, la pr opr iélé réelle que 
manifestent les noms. 

— 120 D. Telle était la formidable puissance qui dominait 
autrefois dans ces pays et que dieu, selon la tradition, tourna 
contre nos contrées pour le motif suivant... : Ταύτην δὴ 
τοσαύτην καὶ τοιαύτην δύναμιν ἐν ἐκείνοις τότε οὖσαν τοῖς τόποις 
ὃ θεὸς ἐπὶ τούσδε αὖ τοὺς τόπους συντάξας ἐχόμισεν ἔχ τινος 
τοιᾶσδε, ὡς λόγος, προφάσεως... 

— 121 B. Quand la nature divine se fut amoindrie par un 
mélange continuel avec la nature mortelle... les hommes 
dégénérèrent.. Ceux qui savent voir comprirent qu'ils étaient w 
devenus méchants... Mais ceux qui ne peuvent comprendre 
ce qu'est la véritable vie heureuse, se crurent arrivés au faîte 
de la félicité... alors qu'ils étaient remplis du désir 
d’accroitre leurs richesses et leur puissance : τοῖς 0e ἀδυνα- 


= » 4 x ᾽Ν ων, , € — ’ ns: 
TOUSLY ἀκηθινὸν προς Ξνολεμοννῦν βίον ορᾶν TOTE Of μάλιστα 


, ΓΝ, σι ἢ γ Lai 
πάγκαλοι μακάριοί τε ἐδοξαζοντο εἶναι, πλεονεξίας ἀδίκου καὶ 


δυνάμεως ἐμπιμπλάμενοι. 


Εἰς ὃ δύναμιν 115 D: 


LOIS 


ι. 650 ὦ. Cette vertu que Tyrtée ἃ spécialement louée, elle 
est belle sans doute, et le poête ἃ bien choisi son temps pour 
la chanter ; mais après tout, si l’on considère son rang et sa 
valeur, elle ne doit venir qu’en quatrième lieu : ... τετάοτη 
μέντο. ὅμως ἀριθμῷ τε χαὶ δυνάμε!. τοῦ τιμία elvar λέγοιτ᾽ ἂν 
ὀρθότατα. 

— 643 A. Commençons par définir ce qu'est l'éducation et 
quelle est sa propriete... (On définira l'éducation, 643 D. 
comme une discipline dont le rôle est de conduire par l'attrait 
l'âme de l’enfant à aimer ce qui doit plus tard la perfec- 
tionner dans son genre de vie) : ... πρῶτον δὴ οὖν πρὸς τὸν 
λόγον ὁρισώμεθα πα!ιδείαν τί ποτ᾽ ἐστὶν καὶ τίνα δύναμιν ἔχει.. 

- 648 D. S'il existait quelque boisson capable d'inspirer 
le courage, le législateur l’utiliserait pour éprouver l’âme des 


πῶ Α  οΥ ΝΣ VA be LE RP Fe. 


LES TEXTES. 133 


citoyens. Si on s’exercait dans la solitude, on n'aurait qu’à 
se procurer ce breuvage eton serait 5} du succès. De même,… 
si on ne craignait point de s'exercer avee d’autres et de 
montrer devant eux sa force à surmonter les impressions 
fâcheuses et inévitables de ce breuvage... : ... μηδὲν ὀχνοι 
μετὰ συμποτῶν πλειόνων γυμναζόμενος ἐπιδείκνυσθαι τὴν ἐν τῇ 
τοῦ πώματος ἀναγχαία δίας 09% δύναμιν y ὑπ τεοθέων χαὶ χρατῶν.... 
-- 649 Β. L'homme qui boit du vin devient plus gai qu’il 
m'était, et plus il en goûte, plus il est rempli de belles espé- 
rances et de capacité pour porter un jugement : ... πιόντα τὸν 
ἄνθρωπον αὐτὸν αὑτοῦ ποιεῖ πρῶτον ἵλεων εὐθὺς μᾶλλον ἢ πρό- 


e - 


\ , “ L - , , ΓῚ 
τερον, χα. πόσῳ ἂν πλέον αὐτοῦ γένηται, TOTOUTO πλειόνων 


ν 
» "ἊΝ » æ =; 1e , ᾽ ΝΟΣ 
ἐλπίδων ἀγαθῶν πληοοῦσθα! χαὶ δυνάμεως εἰς δόξαν ; 


Κατὰ δύναμιν 637 A, 644 Β. 
72 


Fr ὦ γν" 
» Εἰς ouvaury 635 Β. 
͵ 


— 11. 655 D. La plupart font consister la perfection de la 
musique dans la propriete qu'elle ἃ d’affecter agréablement 
l’âme : χαΐτο", λέ ΤΩΝ γε οἱ πλεῖστοι μουσικῆς ὀρθότητα εἶναι 
τὴν ἡδονὴν ταῖς ψυχαῖς πορίζουσαν δύναμιν. 

— 697 B. Si quelqu'un est assez habile pour découvrir ce 
qu'il y ἃ de parfait dans la musique, qu'il formule là-dessus 
une loi... car cette recherche du plaisir et du chagrin qui 
porte sans cesse les hommes à inventer de nouveaux modes 
de musique, n’aura pas assez de force pour abolir des modèles 
consacrés par l’âge : ... ὡς ἣ τῆς ἡδονῆς χαὶ λύπης ζήτησις 
τοῦ χαινῇ ζητεῖν ἀεὶ μουσικῇ χρῆσθαι σχεδὸν οὐ μεγάλην τινὰ 


' 
δύναμιν ἔχε, πρὸς τὸ διαοθεῖοα. τὴν χαθι ae χορείαν 
» 


L 


ἐπιχαλοῦσα ἀρχαιότητα. 


Εἰς δύναμιν 671 A. 


— ΠΙ. 685 C. Les Doriens se croyaient en état de défendre 
toute la Grèce, si quelque nation barbare osait l'insulter… 
comme venaient de le faire les habitants d’Ilion qui, confiants 
dans la puissance des Assyriens établie au temps de Ninos, et 
pos d’audace, provoquèrent la guerre de Troie :.... x20arep 


noi neo! τὸ Ἴλιον οἰχοῦντες τότε, πιστευόντες τῇ τῶν ᾿Ασσυρίων ' 


Le 


- 


134 LA QUVAULG DANS LES DIALOGUES. 


δυνάμει. τῇ περὶ Nivoy γενομένῃ, θρασυνόμενοι τὸν πόλεμον 
ἤγειραν τὸν ἐπὶ Τροίαν. 

— 686 B. La dislocation de la triple alliance (Lacédémone, 
Argos, Messène) amena la ruine de ces Etats... De toute cette 
puissance, il n’est restée qu’une petite partie, celle de Sparte, 
qui, depuis ce temps jusqu’à nos jours n’a point cessé de faire 
la guerre aux deux autres : tandis que si l’union des pensées 
et des sentiments eût subsisté entre ces trois Etats, leur force 
militaire aurait été irrésistible : ... ἐπεὶ γενομένη γε ἢ τότε 
διάνοια χαὶ συμφωνήσασαι εἰς ἕν, ἀνυπόστατον ἄν τινα δύναμι» 
ἔσχε χατὰ πόλεμον. 

— 686 E. Si l’on voit quelque chose de grand qui possède 
puissance et force, on s’imagine aussitôt que celui-là accom- 
plirait des merveilles et vivrait heureux, qui, en étant maitre, 
s’en servirait comme il faut : ... ἐννοῶ γε μὴν ὡς πᾶς, ὃς ἂν 
ἴδῃ τι μέγα καὶ δύναμιν ἔχον πολλὴν καὶ ῥώμην, εὐθὺς ἔπαθε 


ὶ 


- ” \ , 
τηλιχούτῳ, θαυμάστ ἂν χαὶ πολλὰ χατ τεργάσαμενος 


D ἐπίσταιτο in oe αὐτῷ χρῆσθαι. τοιούτῳ 
ἀπ 


εὐδαιμονοι. 

— 688 E. L’ignorance la plus grande anéantit donc alors 
cette fameuse puissance : Φαμὲν δή νυν, χαθ᾽ ὁδὸν ἰόντες τὴν 
λοιπὴν τοῦ λόγου, τὴν μεγίστην ἀμαθίαν τότε ἐχείνην τὴν 
δύναμιν ἀπολέσαι... 

— 690 D. Examine d’abord avec nous comment et par 
quelles fautes, les rois d’Argos et de Messène ruinèrent leur 
propre puissance el celle des Grecs, alors très florissante : 

. πῶς TE καὶ τί παρὰ ταῦτα ἁμαρτόντες οἱ περί τε ᾿Αργος xal 
Μεσσήνην βασιλῆς αὑτοὺς ἅμα χαὶ τὴν τῶν Ἑλλήνων δύναμιν 
οὖσαν θαυμαστὴν ἐν τῷ τότε χρόνῳ. διέφθειραν. 

— 691 C. D. Si l’on donne à quoi que ce soit une charge 
plus lourde qu'il n’en peut porter, sans tenir compte de la 
mesure, par exemple si on donne à un vaisseau de trop 
grandes voiles, au corps trop de nourriture, à l'âme trop 
d'autorité... tout risque de chavirer.. De mème 1] n'est pas 
d'âme mortelle qui puisse supporter le pouvoir absolu sans 


tomber dans la plus grande des folies, l'ignorance, et devenir … 
odieuse à ses plus intimes amis; ee qui la conduira bientôt ἃς 


sa perte et ruinera toute sa puissance : ... Ἔν τις μείζονα 


Ε 
MP. rail 


- «οὖν... 


den AFS 


LES TEXTES. 155 


r » , (4 \ ! 
που πάντα... Οὐχ. ἔ We τῆς re φύσις ἥτις ποτὲ OUYN- 
σεται τὴν μεγίστην ἐν ἜΤ ΣΣ οἷς ἀρχὴν φέρειν γέα καὶ ἀνυπεύ- 


θυνος, ὥστε μὴ τῆς μεγίστης ν νόσου ἀνοίας πληρωθεῖσα αὑτῆς 
τὴν διάνοιαν, μῖσος ἔχειν πρὸς τῶν ἐγγύτατα φίλων, ὃ γενόμενον 
: ἠφά 


ἘΞ. , - 
ταχὺ διέρ EL "ρξν αὐτὴν χαὶ, πᾶσαν τ \Y δύναμιν ανισὲν αὐτῆς: 


᾿ 
à 


— 691 E. 692 À. Un dieu ἃ are chez vous l’autorité 
royale en instituant la double lignée des rois. Ensuite une 
nature humaine douée de quelque vertu divine (ou : unie à 
quelque nature divine) voyant ce que votre gouvernement 
avait encore de trop violent, mélangea la puissance (l'autorité) 
raisonnable de la vieillesse à la force orgueilleuse de la race, 
et institua les vingt-huit vieillards dont le pouvoir contre- 
balançait celui des rois dans les affaires importantes. Enfin 
un troisième sauveur, jugeant encore le gouvernement 
excessif, lui donna un frein dans le pouvoir des éphores qui 
se rapproche du pouvoir établi par le sort : ... χαὶ μετὰ τοῦτο 
ἔτι φύσις τις ἀνθρωπίνη μεμειγμένη θείᾳ τινὶ δυνάμει, κατιδοῦσα 
ὑμῶν τὴν ἀρχὴν ς où εγμαίνουσαν ἔτι; pet) ἴγνυσιν τὴν χατὰ γῆρας 
σώφρονα δύναμιν = κατὰ γένος αὐθάδει ῥώμῃ, τὴν τῶν ὀχτὼ καὶ 

ΐ 


εἰχοσι γερόντων nooy εἰς τὰ τ τῇ τῶν βασιλέων 


ποιήσασα δυνάμε:. ὃ δὲ τρίτος σωτὴρ ὑμῖν ἔτι σπαργῶσαν καὶ 
θυμουμένην τὴν ἀρχὴν ὁρῶν, οἷον ψάλιον ἐνέδαλεν αὐτῇ τὴν τῶν 
ἐφόρων δύναμιν, ἐγγὺς τῆς χληρωτῆς ἀγαγὼν δυνάμεως. 

— 694 B. Libéralisme des Perses. — Tous ceux qui étaient 
capables de délibérer mettaient en commun leurs facultes 
intellectuelles, car le roi n’en prenait nullement ombrage, 
donnait à chacun le droit de dire son avis, comblait d’hon- 
neurs Ceux qui pouvaient apporter quelque bon conseil 
τος χαὶ εἰ τις αὖ φρόν! μος Ty ἐν αὐτοῖς χαὶ βουλεύειν δυνατός... 


. 
\ \ 
XOLYNY τὴν τοῦ DOOVELY EL ἐς τὸ μέσον παρ ει χε το δύναμιν. 
! Ἧ ! 


Κατὰ δύναμιν 688 D. 
Εἰς δύναμιν 697 A, 709 D. 


— IV. 706 B. Minos, grâce à ses grandes forces navales, 
imposa jadis un lourd tribut aux habitants de l’Attique. Et 
ceux-ci n'avaient point alors, comme aujourd'hui, de vais- 


136 -__ LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


seaux de guerre; ils ne trouvaient point dans leur pays de 
matière suflisante pour en construire, en sorte qu’il ne leur 
était pas facile d’organiser une force navalé... : Μίνως γὰρ δή 
ποτε τοὺς οὐχοῦντας τὴν ᾿Αττικὴν παρεστήσατο εἰς χαλεπή ἘΠΕῚ τινα 
φορὰν 025 UOÙ, δύναμιν πολλὴν χατὰ θάλατταν χεχτημένος, οἱ 
δ᾽ οὔτε πω πλοῖα ἐκέκτηντο, χαθάπερ νῦν, πολεμιχά, οὔτ᾽ αὖ τὴν 
χώραν πλήρη ναυπηγησίμων ξύλων ὥστ᾽ εὐμαρῶς ναυτικὴν 
παρασχέσθαι δύναμιν... 

- 707 A. Les États qui doivent leur puissance et leur salut 
aux forces maritimes, ne distribuent pas les honneurs à ceux 
qui les méritent le mieux : ... αἱ διὰ τὰ ναυτικὰ πόλεων δυνά- 
μεῖς ἅμα σωτηρίᾳ τιμὰς οὐ τῷ χαλλίστῳ τῶν πολεμικῶν 
ἀποδιδόασ!ν... 

— 711 E. 712 A. Il est vrai de dire ἃ l’égard de tout 
gouvernement que lorsque le pouvoir souverain se rencontre 
dans un homme, uni à la sagesse et à la tempérance, alors 
prennent naissance les meilleures institutions et les meil- 
leures lois. Elles ne PERNENS avoir une autre Re à - 
… ὡσαύ ΤῸΝ 0 χαὶ συμπάσ σης δυνάμεως 0 λό 


ὅταν εἰς TL Toy Tu 20 ονεῖν τε χαὶ σωφρον NV l 


αὖ 

- « ῃ 
Ξ' 
φν 


μεγίστη Sie 
ἐν nee συμπέσῃ, τότε πολιτείας τῆς ἀρίστης χαὶ νόμων 
τῶν τοιούτων φύεται γένεσις, ἄλλως ὃς οὐ μή ποτε γένηται. 

— 790 E. Le législateur peut agir de deux manières : ou 
brutalement imposer les lois sans donner aucune raison, ou 
ajouter des motifs, des exhortations.. Comparaison avec les 
deux sortes de médecins : ceux des hommes libres et ceux 
des esclaves. Ces derniers se conduisent en tyrans et d’une 
facon routinière.. Les vrais médecins interrogent leurs 
malades et ne prescrivent de remèdes qu'après avoir persuadé 
par de bonnes raisons leurs clients... Quel est, à ton avis, le 
meilleur de ces deux médecins? Et j'en dis autant des maitres 
de gymnase. Est-ce celui qui accomplit la même fonction de 
deux manières, ou celui qui emploie un seul moyen. et 
encore le moins bon et le plus dur? πότερον οὕτως n ἐχείνως 

ς τε ἰώμενος ἀμείνων χαὶ γυμναστὴς γυμνάζων * διχῇ τὴν 
αἰαν ἀποτελῶν δύναμιν, ἢ μοναχῇ χαὶ κατὰ τὸ χεῖρον τοῖν δυοῖν 
χαὶ ἀγριώτερον ἀπεργαζόμενος ; 

23 A. La formule de loi contient deux choses distine- 


LES TEXTES. 137 


tes : la loi et le prélude de la loi. Cet ordre que nous avons 
appelé tyrannique et comparé aux ordonnances des médecins- 
esclaves, voilà la loi pure ; ce qui la précède et qui ἃ pour but 
de persuader les esprits, produit, en effet, la persuasion et ἃ 
la même propriete (joue le même rôle) que l’exorde dans les 
discours : ... ὃ δὴ τυραννικὸν ἐπίταγμα ἀπειχασθῇ pc 
τοῖς ἐπιτάγμασιν τοῖς τῶν ἰατρῶν οὕς ETOUEY ἀνε eufécous, 
τοῦτ᾽ εἶναι νόμος ἄχρατος, τὸ δὲ πρὸ τούτου δηθέν, πειστιχὸν 
λεχθὲν ὑπὸ τοῦδε, ὄντως μὲν εἶνα! πειστικόν, προοιμίου μὴν 


τοῦ περὶ λόγους δύναμιν ἔχειν. 


Κατὰ δύναμιν 111 C, 724 B. 
Εἰς δύναμιν 716 C, 718 C. 


— V. TM A. O les meilleurs des hommes, ne cessez pas 
d’honorer la similitude, légalité, l'identité, la proportion 
suivant leur nature, ainsi que suivant le nombre et toute 
propriété capable de réaliser la beauté et la bonté des choses : 
Ὦ πάντων ἀνδρῶν ἀριστοι, τὴν ὁμοιότητα καὶ ἰσότητα χαὶ TO 
ταὐτὸν χαὶ ὁμολογούμενον τιμῶντες χατὰ φύσιν UN ἀνίετε κατά 
τε ἀριθμὸν χαὶ πᾶσαν δύναμιν τὴν τῶν καλῶν χἀ αθῶν 
πραγμάτων. 

Ce que le législateur recommande ici de venérer, c’est la 
nature même, la φύσις de la similitude, de légalité, de l’iden- 
tité, de la proportion. Mais cette nature, on la vénérera dans 
ses manifestations, dans ses propriétés, dont le nombre est 
une des principales. Je crois, en effet, suivant l'interprétation 
de Ritter (1). que 1’ ἀριθμός est une δύναμις τῶν χαλῶν.... Cette 
δύναμις est une propriélé active réalisant la beauté et la 
bonté là où elle se trouve, par conséquent pour le cas actuel, 
dans la similitude, l'égalité, etc. On voit done que le génitif 
τῶν χαλῶν χἀγαθῶν... doit être compris comme un génitif 
non subjectif, mais objectif. 

— 747 B. De toutes les sciences qui servent à l'éducation, 
aucune n’a plus de valeur (d'utilité) que celle des nombres 
pour l’administration des affaires domestiques ou publiques 


(4) C. Rirrer. Platos Gezetze. Kommentar, p. 147. 


138 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


et pour la culture de tous les arts : ... πρός τε γὰρ οἰχονομίαν 
χαὶ πρὸς πολιτείαν καὶ πρὸς τὰς τέχνας πάσας ἕν οὐδὲν οὕτω 


δύναμιν ἔχει παίδειον μάθημα μεγάλην, ὡς ἢ περὶ τοὺς ἀριθμούς 


διατριθη,. 
Κατὰ δύναμιν 128'À; 1391. Ἂν ΠΟΘ Κ᾽ 
Εἰς δύναμιν 130 D, 736 C, 747 A. 


— VI. 751 C. Tu vois que pour mériter d’être élevé aux _ 
charges publiques, il faut d’abord rendre un compte suffisant 
de sa propre conduite et de sa famille, depuis sa jeunesse 
jusqu’au moment de l'élection : ... ὁρᾷς γὰρ ὅτι πρῶτον μὲν 
δεῖ τοὺς ὀρθῶς ἰόντας ἐπὶ τὰς τῶν ἀργῶν δυνάμεις βάσανον ἱκανὴν 
αὐτούς τε χαὶ γένος ἑκάστων ἐκ παίδων μέχρι τῆς αἱρέσεως εἶναι 
δεδωχότας... 

— 7153 Α΄. Les Cnossiens... doivent choisir trente-sept per- 
sonnes pour les envoyer dans la nouvelle colonie... Tu seras 


‘de ce nombre, Clinias, et les Cnossiens useront de persuasion 


ou même d’une douce violence pour te déterminer à faire 
partie des dix-huit de Cnosse qui coloniseront : ... τούτους 
δ᾽ οἱ Κνώσιοι τῇ node! σοι δόντων, καὶ αὐτόν σε πολίτην εἶναι 
ταύτης τῆς ἀποιχίας χαὶ ἕνα τῶν ὀχτωχαίδεχα πείσαντες À, τῇ 
ep δυνάμε! βιασάμενοι. 
À 0 i 

δ B. Tous ceux qui servent dans la cavalerie ou 
l'infanterie ou qui ont pris part à la guerre quand l’âge leur 
en laissait les forces, participeront à l'élection des magistrats : 
Πάντες τ χοινωνούντων τῆς τῶν RAP) αἱρέσεως ὁπόσοιπερ 


“ 
TE ζ 
ECS 


χὰ Ἢ 1 
οα!ς 


75 


ἂν ὅπλα (κὰ τιθῶνται χαὶ πολέμου χεχοινωνήχωσιν 


πὶ 
ἐν ταῖς σῷ πο αὐτῶν τῆς ἡλικίας δυνάμεσιν. 
La formule similaire que l’on trouve 755 C éclaireit un peu 
LEP vague ἐν ταῖς σφετέραις αὐτῶν τῆς ἡλικίας δυνά- 
μεσιν, et justifie notre traduction : πάντες οἱ τοῦ πολέμου 
χοινωνοὶ γενόμενοί re ἐν ταῖς ἡλικίαις χαὶ γιγνόμενοι CXAGTOTE. 
— 780 B. Comment les repas en commun se sont introduits 
à Sparte : Ce règlement devint une loi, soit probablement à 
cause de la guerre, soit à cause de quelque autre événement 
du mème genre. (La δύναμις de ce πράγμα, où sa propriété. 
est analogue à la δύναμις où à la propriete de la guerre) : 


LES TEXTES. 139 


LA εἶ [ὦ L ' 
ον πολέμου τινὸς αὐτό, ὥς γ᾽ εἰκός, νομοθετήσαντος ἢ τινος 
᾿ \ 22 -., » , 
ἑτέρου τὴν αὐτὴν δύναμιν ἔχοντος πράγματος... 


Κατὰ δύναμιν : 159 À, 166 À, τ6 8 B, 769 D. 
Etc δύναμιν : 152 D, 154 C, 760 A. B E, 763 C, 768 B, 
170 B, 777 D, 778 À, 783 D. 


— VIII. 791 B. Le mouvement extérieur, opposé aux vaines 
frayeurs, fait renaître dans l’âme le calme et la tranquiliité.… 
Puisque telle est la propriété du mouvement, il est bon de 
remarquer qu'une âme agitée de ces vaines fraveurs des Ja 
jeunesse, en devient susceptible de plus en plus avec le 
temps : Εἰ δέ γε οὕτως τοιαύτην τινὰ δύναμιν ἔχει ταῦτα, ἐννοεῖν 
χρὴ τόδε παρ᾽ αὑτοῖς, ὡς ἅπασα ψυχὴ δείμασιν συνοῦσα ἐκ νέων 
νᾶλλον ἃ ἂν διὰ φο céwy ἐθίζοιτο γίγνεσθαι. 

— 802 B. Pour le choix de chants et des danses. on s’en 
rapportera à des juges qui décideront..., prendront ce qui est 
utilisable dans les anciens poèmes, con ce qui ne 
convient pas, feront les corrections voulues, mais pour cela, 
s’adresseront à des hommes versés dans la poésie et la musi- 
que et se serviront de leurs falents : ... ποιητικοὺς ἅμα χαὶ 
μουσιχοὺς ἀνδρας παραλαθόγτας, γρωμένους αὐτῶν ταῖς δυνά- 
ὑέσιν τῆς ποιήσεως... 

— 814 A. Il faut former les femmes à la gymnastique et 
aux autres exercices militaires,.… afin que si jamais toutes les 
forces devaient sortir de la ville pour combattre, elles fûssent 
à mème de veiller à la sûreté des enfants et du reste de la 
ville : ... ἀλλ᾽ εἴ ποτε δεήσειε πανδημεὶ πάσῃ τῇ δυνάμε. χατα- 
λείποντας τὴν πόλιν ἐξ στρατεύεσθαι, τοὺς φυλάξοντος παϊδάς 


τε χαὶ τὴν AA À y πολ εν ἱχανοὺς εἶναι τὸ YE τοσοῦτον... 


— 814 D. Ce que nous avons dit jusqu’à présent sur l’art 


de la lutte suffit. : Νῦν δὴ τῆς μὲν περὶ παλαίστραν δυνάμεως 
PRE RTE 
τὸ μέχρ'. δεῦρ᾽ ἡμῖν εἰρήσθω... 


Κατὰ δύναμιν : 192 B, 795 C, 817 B. 
Εἰς δύναμιν : 189 Εἰ, 792 E, 793 D, 809 Β, 816 D. 


— VII. 829 A. I faut que la ville vive heureuse. Or pour 
cela, il faut deux choses : ne pas commettre d’injustice et 


»“᾿ πο να, 


110. LA δύναμις, DANS LES DIALOGUES. 


n’en pas subir. Le Re UE n’est pas difbcile, mais 1] 
l’est infiniment plus d'acquérir la puissance nécessaire pour 
n’en pas subir ; on n’y parviendra que si l’on est parfattéinon 
bon : ... τούτοιν dE τὸ μὲν οὐ πάνυ χαλεπόν, τοῦ ὃὲ μὴ durer hu, 
SCIE δύναμιν T2 ΤᾺ επον... 

— 831 D. Raisons pour lesquelles dans nos cités modernes 
on n’institue pas des jeux comme les chœurs, la gymnastique, 
la petite guerre. La première, c’est que l'amour des riches- 
ses occupe tous les hommes et les absorbe, de sorte qu'ils ne 
songent qu'à s'enrichir, On s’adonnera volontiers à tout 
art, à toute science propre à enrichir .. Pour satisfaire ce 
désir insatiable de l'or et de l'argent, on fait volontiers tous 
les métiers... on se porte sans répugnance à toute action 
sainte ou impie et honteuse, pourvu qu’elle procure la possi- 
bilité de manger tout ce qui plait, comme les bêtes, de boire 
de même et de se rassasier des plaisirs sensuels : ... ἐθέλειν 
ὑπομένειν πάντα ἄνδρα, εἰ μέλλει πλούσιος ἔσεσθαι, χαὶ πρᾶξιν 
πράττειν. ὅσιόν τε καὶ ἀνόσιον καὶ πάντως αἰσχράν, UNDEv 
δυσχεραίνοντα, ἐὰν μόνον ἔχῃ δύναμιν καθάπερ θηρίῳ τοῦ φαγεῖν 
παντοδαπὰ HAL πίεῖν ὡσαύτως HA! ἀφροδισίων πᾶσαν πάντως 
παρασχεῖν πλησμονήν. 

— 838 D. À propos des incestes que le sens moral et les dieux 
réprouvent et que la voix publique a toujours blämes : Ce que 
tu dis est parfaitement juste : la renommée est douée d’un 
pouvoir merveilleux, puisque personne n'ose lever le petit 
bout du doigt (mot-à-mot, n’ose même respirer) contre la 
défense de la loi : ... ᾿Ορθότατα. λέγεις τό γε τοσοῦτον, ὅτ! τὸ 
τῆς φήμης θαυμαστὴν τινα δύναμιν εἴλη γεν, ὅταν υτηδεὶς μτηδα- 
μῶς ἄλλως ἀναπνεῖν ἐπιχειρήσῃ ποτὲ παρὰ τὸν νόμον. 

— 840 C. Pour vaincre chez les enfants l’intempérance, il 
faut leur faire comprendre que le bonheur consiste dans la 
maitrise de 50]... Outre cela. la crainte de commettre une 
action impie, n’aura-t-elle pas la force d'obtenir cette victoire 
que d'autres, avec moins de vertus qu'eux, ont remportée ?.…. 
πρὸς δὲ τούτοις ἔτι ς 25606 ὃ τοῦ μηδαμῇ μηδαμῶς ὅσιον αὐτὸ 
εἶναι δύναμιν ἡμῖν οὐκ ἄρα ἕξει χρατεῖν ὧν ἄλλοι χεχρατήχασι 


τούτων ὄντες ς χείρονες: 


— IX. 8170 A. La principale cause des meurtres volontaires, 


LES TEXTES. | 141 


c’est la cupidité, lorsqu'elle s'empare de l’âme emportée par 
les désirs : c’est là surtout que réside pour la plupart le désir 
intense et violent dominé par cette puissance. des richesses, 
source d’appétits insatiables et sans bornes, fruit du carac- 
tère et de la mauvaise éducation : ... τοῦτο à ἐστὶν μάλιστα 
ἐνταῦθα οὗ πλεῖστός τε χαὶ ἰσχυρότατος ἵμερος ὧν τυγχάνει τοῖς 
πολλοῖς, h τῶν χρημάτων τῆς ἀπλήστου καὶ ἀπείρου χτήσεως 
ἔρωτας μυρίους ἐντίχτουσα δύναμις διὰ φύσιν τε χαὶ ἀπαιδευσίαν 
τὴν καχήν. 

— 880 ὦ. Si un étranger ou quelque métèque frappe 
quelqu'un plus âgé que lui de vingt ans ou davantage, la 
même loi aura la même action (c'est-à-dire, s’'appliquera de 
la même manière que pour les délits mentionnés plus haut) 
par rapport à l'obligation qu’elle impose aux passants de 
porter secours : ... ἐὰν δὲ ξένος ἢ τῶν μετοίχων τις τύπτῃ τὸν 
πρεσδύτερον εἴχοσιν ἔτεσιν ἢ πλείοσιν ἑαυτοῦ, περὶ μὲν τῶν 
παραγενομένων τῆς βοηθείχς ὁ αὐτὸς νόμος ἐχέτω τὴν αὐτὴν 
δύναμιν... Ἷ 

Κατὰ δύναμιν : 865 E, 877 E, 881 Β. 
Ets δύναμιν : 856 A, 870 À, 874 D, 876 C. 


— X. 887 C. Ne craignons pas d’allonger le proœmium qui 
s’eflorcera de prouver l'existence des dieux... Sans nous rebu- 
ter, Sans nous presser, mettant en œuvre toute notre puissance 
persuasive pour convaincre de nos raisons, entreprenons un 
développement aussi complet que possible : ... μηδὲν οὖν 
δυσχεράναντες μηδὲ ἐπειχθέντες, ἥντινά ποτε ἔχομεν δύναμιν 
εἰς πειθὼ τῶν τοιούτων λόγων, μηδὲν ἀποθέμενοι! διεξέλθωμεν 
εἰς τὸ ὁυνατὸν ἱκανῶς. 

— 889 B. Théorie des athées : ils prétendent que la nature 
et le hasard sont les auteurs de ce qu’il y ἃ de plus grand et 
de plus beau dans l’univers et que les choses moins considé- 
rables sont produites par l’art... L'eau, le feu, la terre, l'air, 
disent-ils, proviennent uniquement de la nature et du hasard, 
et nullement de l’art... De ces éléments ont été formés la 
terre, le soleil, la lune, les astres, Ces premiers principes 
poussés çà et là au hasard, chacun selon sa propriété, étant 
venus à se rencontrer el à s’harmoniser conformément à leur 


+ Tai δ᾿ Ἣν 


142 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


nature, le chaud avec le froid, le sec avec lhumide, le mou 
avec le dur, de ce mélange de contraires. se sont constituées 
toutes les choses que nous voyons : ... τύχῃ ὃὲ φερόμενα τῇ 
τῆς δυνάμεως ἕχαστα ἑἕχάστων, ἢ συμπέπτωχεν ἁρμόττοντα 
ὃς ὑγρὰ καὶ μαλακὰ πρὸς 


Ὁ 


οἰχείως πως, θερμὰ ψυχροῖς ἢ ξηρὰ π 


σχληρά... “ταύτῃ χαὶ χατὰ ταῦτα οὕτως γεγεννηχέναι τόν TE 
οὐρανὸν ὅλον καὶ πάντα ὁπόσα χατ᾽ οὐρανόν... 

. — 889 D. γῇ ἃ donné naissance à des jouets qui parti- 
cipent à peine à la vérité et ne sont que des images parentes 
entre elles : telles sont les œuvres qu’engendrent la musique, 
la peinture et autres arts du même genre. S'il est pourtant de 
- certains arts dont les productions sont plus sérieuses, ce sont 
ceux qui unissent leur action à la Nature, comme la médecine, 
l’agriculture et la gymnastique : ... af δέ τι χαὶ σπουδαῖον ἄρα 
γεννῶσι TOY τεχνῶν, εἶναι ταύτας ὁπόσαι τῇ φύσει ἐκοίνωσαν τὴν 
αὑτῶν δύναμιν, οἵον αὖ ἰατρικὴ καὶ γεωργικχὴ καὶ γυμναστική. 

— 892 A. Presque tous 665 philosophes semblent avoir ignoré 
ce qu'est l’âme et quelle est sa fonction. [15 n’ont pas vu qu’elle 
est un des premiers êtres qui ait existé... et qu’elle préside 
plus qu'aucune autre chose aux divers changements et combi- 
naisons : ... Ψυχήν, ᾧ ἑταῖρε, ἠγνοηχέναι χινδυνεύουσι μὲν 
ὀλίγου σύμπαντες οἷόν τε ὃν τυγχάνει καὶ δύναμιν ἣν ἔχει... 

— 893 C. Parmi les choses, les unes sont en mouvement, 
les autres, en repos. C’est dans l’espace que se produit ce 
mouvement et ce repos. Mais n’y a-t-il point des corps qui 
se meuvent sans changer de place et d’autres qui en changent? 
— Sans doute, répondrons-nous, par les corps qui se meuvent 
sans Changer de place, tu entends ceux dont la propriété est 
d’avoir le centre immobile, comme l’on dit de certains cercles 
qu'ils sont en repos, quoique leur circonférence tourne? 
… Τὰ τὴν τῶν ἑστώτων ἐν μέσῳ λαμύάνοντα δύναμιν λέγεις, 
φήσομεν, ἐν ἑνὶ κινεῖσθαι, χαθάπερ h τῶν ἑστάναι! λεγομένων 
XUXAWY στρέφεται πεοίιφορα.: 

— 599 A. L'âme peut mouvoir de trois manières : ou elle se 
trouve à l’intérieur du corps sphérique que nous apercevons 
et ordonne le tout, comme en notre âme... ou de l'extérieur, 
l’âme, sous quelque forme corporelle, ainsi que certains le 
prétendent, agit, — ou enfin, dégagée de tout corps, mais 


LES TEXTES. 1453 


douée d’autres qualités (ou propriétés) admirables, elle dirige : 
… Ὦ τρίτον αὐτὴ Ψιλὴ σώματος οὖσα, ἔχουσα δὲ δυνάμεις ἄλλας 
τινὰς ὑπερδαλλούσας θαύματι, ποδηγεῖ. 

— 901 C. Pourquoi Dieu négligerait les petites choses : ou 
parce qu'il regarde comme indifférent à la bonne adminis- 
tration du tout la négligence de ces détails, ou par indolence 
et mollesse. Est-il quelque autre cause de négligence? Car ce 
n’est pas lorsqu'il y ἃ un manque de puissance de la part d’un 
dieu ou d’un homme incapable de peurvoir à tout, qu'on 
peut appeler négligence le manque de soin pour quelque, 
affaire que ce soit : ... οὐ γάρ mou ὅταν γε ἀδύνατον ἡ τῶν 


- ῃ " - - Ἃ , 
ἁπάντων ἐπιμελεῖσθαι, τότε ἀμέλεια ἔσται. τῶν σμικρῶν ἢ μεγά- 


NN 
Φ 
ς 
€ 


λῶν, μὴ ἐπιμελουμένῳ ὧν ἂν δυνάμει θεὸς ἢ φαῦλός τ 
ἐλλιπὴς χαὶ μὴ δυνατὸς ἐπιμελεῖσθαι γίγνηται (1). 

— 901 D. Avouez aussi que les dieux réunissent en eux 
toute la puissance des mortels et des immortels : … Τί δέ; 
δύνασθαι πάντα ὁπόσων αὖ δυναμίς ἐστιν θνητοῖς τε καὶ ἀθανάτοις ; 

— 902 C. Platon veut montrer que les dieux peuvent s'occuper 
des petites choses : Par rapport à l'exercice de nos sensations 
et de nos facultés, n’avez-vous pas remarqué que la facilité et 
la difficulté se trouvent en raison inverse? Il est plus diflicile 
de voir ou d'entendre de petits objets, mais plus facile de 
porter, de gouverner de petites choses : ... To περί τε αἰσθή- 


σεως χαὶ δυνάμεως, ἀρ’ oÙx ἐναντίως ἀλλήλοιν πρὸς ῥᾳστώνην 


D- 


καὶ χαλεπότητά ἐστον πεφυχότε ; 

— 906 B. L'injustice, l’immodération avec l’imprudence 
nous perdent ; la Justice et la tempérance avec la prudence 
nous sauvent, vertus qui habitent dans les facultés de l'âme 
des dieux (ou dans les natures divines?) : ... wleiper dE ἡμᾶς 


(1) Le sens du terme δύναμις ne fait pas de doute dans ce texte. Toute- 
fois il faut avouer, avec Ritter, que tout le passage sur le rôle de la 
Providence concernant les petites choses est passablement obscur. Si la 
conclusion de cette discussion est assez nette : ne disons pas que Dieu 
néglige les petites choses auxquelles il lui est plus aisé de pourvoir, comme 
pourrait faire un ouvrier indolent ou lâche rebuté par le travail (903 A), 
la suite des idées semble parfois manquer de cohérence, et il est fort 
possible que le texte lui-même réclame une sérieuse revision. Cf. RITTER. 
Platos Geselze. Kommentar, p. 310. 


Pt AU REA AA 


144 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


> 1 \ on ‘ ᾽ ῃ " ΟΣ ᾿ ᾿ 

ἀδικία καὶ ὕδρις μετὰ ἀφροσύνης, σῴζει ὃὲ δικαιοσύνη καὶ σωφρο- 
σύνη μετὰ φρονήσεως, ἐν ταῖς τῶν θεῶν ἐμψύχοις οἰκούσαι 
δυνάμεσιν. 


Κατὰ δύναμιν : 888 C, 891 À, 903 D, 905 D. 
Ets δύναμιν : 890 C, 903 B. 


ΧΙ. 918 B. De sa nature, le commerce dans une ville n’est 
_pas fait pour nuire, mais au contraire. Ne doit-on pas regarder 
comme un bienfaiteur celui qui distribue d’une manière 
uniforme et proportionnée aux besoins de chacun ‘des biens 
de toute espèce, divisés sans mesure et sans égalité? Or, 
avouons-le, c’est précisément la propriété (et aussi le rôle, la 
fonction) de l'argent de réaliser cette égalisation : ... πῶς γὰρ 
οὐχ εὐεογέτης πᾶς ὃς ἂν οὐσίαν χρημάτων ὡντινωνοῦν, ἄσυμμε- 
τρον οὖσαν καὶ ἀνώμαλον, ὁμαλήν τε καὶ σύμμετρον ἀπεργάζηται; 
τοῦτο ἡμῖν χρὴ φάναι καὶ τὴν τοῦ νομίσματος ἀπεργάζεσθαι 
δύναμιν... 

— 926 D. Si quelqu'un ἃ sujet de se plaindre des lois 
testamentaires... surtout en ce qui regarde le mariage. 
qu'il aille faire valoir ses raisons devant les quinze gardiens 
des lois... Si l’on croit que c’est attribuer un trop grand 
pouvoir à ces gardiens, qu’on oblige les parties à comparaître 
devant les juges d’élite et à faire régler par eux les différends : 

… ἂν δέ τῳ μείζων δύναμις ἐπανατίθεσβθα! ὃ δοχῇ τοῖς γομο: φύλαξιν, 


Ὁ " 
Ex τὸ τῶν ἐχχοί TOY δικαστῶν διχαστήριον εἰσάγων αὐτοὺς 
A 


διαδιχαζέσθω περὶ τῶν ἀμφισδητουμένων... 

- 997 À. Au sujet de l'éducation des orphelins et du rôle 
des tuteurs qui doivent respecter les volontes des parents morts : 
Je crois avoir dit fort à propos dans mes précédents discours 
que les àmes possèdent encore quelque activité (quelque 
propriété active) ἀμ s'occuper des affaires humaines : ... εἰς 
τινα γὰρ οὖν μοι καιρὸν φαινόμεθα τοὺς ἔμπροσθεν λόγους διεξε- 
λθεῖν, ὡς ἄρα οἱ τῶν περ Mn ἀδων ψυχαὶ δύναμιν ἔχουσίν τινα 
τελευτήσασαι, ἢ τῶν χατ᾽ ἀνθρώπους πραγμάτων ἐπιμελοῦνται. 

— 931 D. Lois sur le respect des parents, respect comparé ἃ 
celui qui est dù aux dieux : Les vieux parents sont de très 
véenérables reliques, chères à la divinité... ce sont les plus” 


LES TEXTES. 145 


puissantes idoles que possédent les maisons... Mettons-nous 
done dans la pensée ce que nous disions naguère, qu’il n’est 
point de statue plus digne d'honneur aux yeux des dieux 
qu’un père et un aieul très âgés ou des mères semblablement 
courbées sous le poids des années (mot-à-mot : ayant la mème 
propriété, c'est-à-dire la vieillesse). Quand on les vénère, Dieu 
se réjouit : Οὐχοῦν διανοηθῶμεν, ὃ σμικρῷ πρότερον εἴπομεν, 
ὡς οὐδὲν πρὸς θεῶν τιμιώτερον ἀγαλμ᾽ ἂν χτησαίμεθα π τρὸς 
χαὶ προπάτορος παρειμένων γήρᾳ καὶ μητέρων τὴν αὐτὴν δύναμιν 
ἐχουσῶν, 0Ùs ὅταν ἀγάλλ n τις τιμαῖς, γέγηθεν ὁ θεός... 

— 938 Β. Contre les rhéteurs qui, sans scrupule, usent 
d'arguments justes ou injustes pour triompher : Si quelqu'un 
veut essayer de transformer en injustice dans l'esprit des 
juges la nature de ce qui est juste..., n’importe qui pourra 
l’accuser d’être un mauvais plaideur ou un mauvais avocat : 
"Δν τις δοχῇ πειρᾶσθαι τὴν τῶν δικαίων δύναμιν ἐν ταῖς τῶν 
δικαστῶν qux αἷς ἐπὶ τἀναντία TRÉTELV... 1 ἀφέσθω μὲν ὁ βουλό- 


ον ! “ 
ξένος αὐτὸν χαχοοίχιας Ἢ 


Ἱζατὰ δύναμιν : 919 (, 924.C, 927 C, 930 A: 
Εἰς δύναμιν : 913 À, 993 C, 924 E. 


— XII. 941 C. Quiconque aura détourné les biens publics, 
soit en grande quantité, soit en petite quantité, doit être puni 
également. Car la médiocrité de la somme prouve non pas 
moins de cupidité dans celui El vole, mais moins de pouvoir : 
… μικρόν τι γὰρ ὁ χλέπτων ἔρωτι μὲν ταὐτῷ, δυνάμει δὲ ἐλάττονι 
— 942 D. E. Les χορείαι doivent servir ἃ habituer aux 
exercices de la guerre. Dans ce but, on apprendra à souffrir 
la faim, la soif, le froid, le chaud, à coucher sur la dure et 
surtout à ne point affaiblir la vigueur naturelle de la tête et 
des pieds en les enveloppant... Ce sont, en effet, les extré- 
mités. Si on les tient en bon état, elles ont la plus grande 
influence sur tout le corps. Dans le cas contraire, cette 
influence est nuisible : ... χαὶ τὸ μέγιστον, τὴν τῆς χεφαλῆς 
χαὶ ποδῶν δύναμιν un διαφθείρειν τῇ τῶν ἀλλοτρίων σχεπασμάτων 

ÉTUDE. 10 


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146 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


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’ \ “ 1 ᾽ , , 
μεγίστ TV δύναμιν πᾶντος τοῦ σώματος χα! τοὐναντίον ἐναντίως... 


- FA - “ » , ΄ " 1 
TPM OAIE TAUTA γὰρ ἀχρ ὠτήρια οντα σῳζόμενα TE Ἐχεῖ 
͵ ΄ 


— 944 D. Inutile de décréter un châtiment contre ceux qui 
jettent leurs armes... Quelle peine convenable pourrait-on 
infliger à celui qui se débarrasse ainsi de ses armes dont le 
rôle est au contraire défensif? … ζημία δὴ, τῷ τὴν τοιαύτην 
ἀυνυντηρίων ὅπλων εἰς τοὐναντίον ἀφέντι δύναμιν τίς “ἄρα 


γίγνοι 
1 


m à ἂν πρόσφορος; 

— 945 Β. Etablissement de censeurs pour surveiller ladmi- 
nistration des magistrats : Quel censeur sera capable de faire 
ainsi rendre compte aux magistrats de leur administration, 
si quelqu'un d’entre eux commet quelque maladresse, aceablé 
sous le poids de sa charge et n’ayant pas la capacité suflisante 
pour la soutenir? ... τῶν δὴ τοιούτων εὖ uv: NE ΞΕ ἱχανός, ἂν 
τίς τί επτ, σχολιὸν αὐτῶν <Nn> xauoûets ὑπὸ β 
ἀῤγχὴν πράξῃ, τῆς ὃ αὑτοῦ δυνάμεως ἐνδείχ 
᾿ - Σ: , 
ἀργῆς αξιᾶν: 

'π- 952 C. Celui qui est allé étudier les mœurs des autres 
penples doit, à son retour, se présenter au conseil des 
magistrats chargés de l'inspection des lois, et fera ses commu- 
nications. S'il ne revient ni meilleur, ni pire, on le louera 
pourtant de son zèle pour le bien publie, S'il revient meilleur, 
on lui donnera de plus grands éloges et, après sa mort, les … 
magistrats (le pouvoir de l'assemblée) lui décerneront les 


honneurs convenables ἀν δὲ πολὺ “βελτίων, πολύ 


τ᾿ ἐπαινείσθῶ “μᾶλλον ζῶν, τελευτήσαντα τὲ τιμαῖς αὐτὸν 
πρ ὁοσηχούσαις ἢ τῶν συλ λεγομένων τι ἱμᾶτ ω δύναμ!ς. 

— 960 D. Les anciens ont appelé la première Parque 
Lachésis, la seconde Clotho et la troisième Atropos... Ce 
dernier nom rappelle la propriété indissoluble qui-caractérise 
l'ouvrage des Parques (1)... Pour nous, semble-t-il, ce qui 
manque encore à nos lois, c’est d'imaginer un moyen pour - 


leur donner aussi cette propriété indissoluble qui convienne 


(1) Je me contente d'indiquer l'idée générale de cette partie du texte. 
Je dois renoncer à préciser davantage le sens de ce passage que les 


diverses corrections apportées jusqu'ici ne sont pas arrivées à élucider, 
οἵ. Rirter, Platos Gesetze. Kommentar, p. 34]. 


ἐκ AN Ne tre νει ne 

ς LES TEXTES. 147 
à leur nature : To DEA μὲν RE πρώτην εἶναι, ER oo δὲ τὴν 
δευτέραν, τὴν "Ατροπον δὴ τρίτην σώτειραν τῶν λεχθέντων, 


La - _ A A! L 
eee τη τῶν χλωσθέντων τω τοῦ" T'Y ἀμετάστροφον 
3 0 
e 1? - ἊΣ » , ᾿ 
db (een) DEV Y OUVIULY. οἷς ἡμῖν Οὐ το ἴχοϊ φαίνεσθα: O0XE 


\ 
τοῦτ ἐλλεῖπον τοῖς νόμοις εἶναι, πῶς χρὴ -τὴν ἀυετάστροφον 
αὐτοῖς; ἐγγίγνεσθαι κατὰ φύσιν δύναμιν. 
— 964 C. I ne suffit pas de savoir le nom de la vertu dont 
les formes sont diverses; il faut en connaître aussi la défi- 
nition (les caractères qui la constituent) (964 A)... Ne faut-il 


done pas que sur tous ces objets (les vertus de courage, de 


. tempérance, de prudence, de justice), les interprètes, les 


maitres, les législateurs, les gardiens des autres citoyens, 
soient plus en mesure que personne d'enseigner à qui veut 
savoir et à qui ἃ besoin d’être corrigé, quelles sont les 
propriétés distinetives de la vertu et du vice : Τούτων δὴ, πέρ! 
τοὺς ἐξηγητας, τοὺς διδασχάλους, τοὺς νομοθέτας, τῶν ἀλλων 
τοὺς φύλακας, τῷ δεομένῳ γνῶναί τε χαὶ εἰδέναι, ἢ τῷ δεομένῳ 
χολαζεσθαί τε χαὶ 2e ἁμαρτάνοντι, πότερον οὐ διδάσχοντα 
ἣν δύναμίν ἔχει καχία TE καὶ ἀρετὴ χαὶ “πάντως. δηλοῦντα 
διαφέρειν τῶν ἄλλων.. : 

— 966 C. Une des plus belles connaissances, n'est-elle 
pas celle qui concerne les dieux et ce que nous avons traité 
avec soin touchant leur existence et leur pouvoir si étendu : 
Μῶν οὖν οὐχ ἕν τῶν χαλλίστων ἐστὶν τὸ περὶ τοὺς θεούς, ὃ δὴ 
σπουδῇ διεπερανάμεθα, ὡς εἰσίν τὲ καὶ ὅσης φαίνονται κύριοι 
ὀυνάμεως... 

— 968 D. Comment constituera-t-on les gardiens des lois... 
ΤΙ faut d’abord dresser le catalogue de ceux qui sont propres 
à la garde de l'Etat, par leur âge. leurs s capacités scientifiques, 
leur caractère et leur conduite : Ποῶτον μὲν δήπου χαταλε 
ἂν Ein χατάλογος τῶν ὅσοι ἐπιτήδειοι τὴ τὴν τῆς ᾿φυλαχ! 


’ " ͵ Α 1 
φυσιν ἂν εἶεν 1 ἡλικίας TE χαϊ μάθη! μάτων ουνάμεσ ιν XAL DE 
! 


" 


» Α 
Ἴθεσιν χαὶ ἔθεσιν... 


Κατὰ δύναμιν : 943 D, 944 Β. 


Εἰς δύναμιν : 947 D, 949 E, 950 E, 956 B. 


148 μὰ δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


$ 2. CLASSIFICATION DES SENS. 
DÉTERMINATION DU SENS PHILOSOPHIQUE 


Le terme δύναμις se trouve 468 fois dans les Dialogues, 
dont deux dans des citations d’Homère et de Théognis. Si 
nous laissons de côté les formules comme χατὰ δύναμιν, εἰς 
δύναμιν qui sont au nombre de 107(1), il nous reste 361 cas 
pour lesquels le sens doit être précisé. 

Pour ces 361 cas, nous établirons d’abord une classifica- 
tion générale : 163 fois, [6 terme est employé suivant l’usage 
courant, tel que nous l’avons déterminé au chapitre précé- 
dent, ou avec la signification mathématique ordinaire à 
l’époque de Platon ; 198 fois, dans un sens plus spécialement 
philosophique. 


Nous résumons dans le tableau suivant les divers emplois 
du terme au sens non philosophique : 

Force (sens matériel, physique) : 24 fois (dont une citation 

d'Homère). 
ὃ fois au sens de forces militaires, armée. 

Puissance, pouvoir (sens moral) : 64 (dont une citation de 
Théognis, 1 cas douteux). 

Puissance, pouvoir (sens physique) : 16. 

Pouvoir (politique, gouvernement) : 17. 

Supcriorité (sens très général) : 2. 

Possibilité (pouvoir) : 3. 

Capacite (soit pouvoir, soit presque synonyme de talent): 5 

Valeur : 3 (1 cas douteux). 

Importance : 1. 

Influence : 2. 


Charge, fardeau : 1. 


(4) 48 fois χατὰ δύναμιν; 1 fois χατ᾽ ἐμὴν δύναμιν ; 56 fois εἰς 
δύναμιν ; 1 fois εἰς ἡμετερὰν δύναμιν ; 4 fois ὅση ἑχάστῳ δύναμις. 


τι Τ᾽ 


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A un ob PE ENS LES LAN 2 TER 


ἐν 


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CLASSIFICATION DES SENS. 149 


Art: ou Science : 1. 
Signification : 2. 

Carré (sens matnématique) : 6. 
Racine carrée : G. 


LE SENS PHILOSOPHIQUE 


I. Au sens philosophique, la δύναμις platonicienne peut 
se définir : la propriété ou la qualité révélatrice de l’être. | 
Cette propriété se manifeste sous quelqu'un de ces deux | 
aspects : elle est soit une activité, ou un principe d'action, | 
de mouvement, soit un état, ou un principe de passivité, | 
de résistance. Mais par l’un ou l’autre de ces aspects, 
parfois, à différents points de vue, par les deux, elle 
dévoile la nature intime et cachée des êtres; bien plus, elle 
distingue entre elles les essences. La δύναμις permet donc 
de donner à chacun des ὄντα un nom conforme à sa constitu- 
tion particulière, et, en même temps, elle les place dans des 
groupes séparés, réalisant ainsi la spécification qui supprime 
toute confusion possible. En un mot, elle est à la fois 
principe de connaissance et principe de diversité. 

Ces traits résument la notion philosophique de δύναμις, 
telle qu’on peut la saisir, me semble-t-il, dans l’ensemble 
des Dialogues, et que nous allons analyser plus en détail. 


1. Une des formes de la Oüvzurs, disions-nous, c’est de 
s’aflirmer comme une propriété spéciale, propriété active qui 
réside dans les différentes natures, à la manière d’une force 
expansive, et qui met en évidence ces natures, en donnant à 
chacune une puissance d’exereice particulière. La plupart des 
êtres, en effet, se manifestent grâce à leur action, et cette 
action permettra de les définir. Mais Je traducteur reste en 
bien des cas hésitant pour faire exprimer au terme la pléni- 
tude de sa notion, car la nuance est parfois imperceptible qui 
sépare la qualité agissante de la réalité elle-même de l’action. 
Les δυνάμεις désignent souvent les entités, origine et source 
des activités diverses, telle la vitesse et la force, ou les pro- 
priétés déterminées expliquant le ποιεῖν spécifique de cha- 


NT ΡΣ, 
ré 


ENS: ὁ ΤΣ 
ee Ὥ 


150 LA δύναμις. DANS LES DIALOGUES. 


cune des essences : telles les vertus des Er Enr ou 165 
δυνάμεις de froid, de chaud, d’humide... qui caractérisent 
des substances opposées; souvent aussi. le terme Oüvzuts 
s'applique au fait d'agir, à l’action. plutôt qu’à son principe, 
et on parlera, par exemple, de la δύναμις ὁρᾶν ou de la 
δύναμις ὑπερέχειν. Le départ entre les deux idées est cepen- 
dant parfois difficile à établir. J'ai essayé néanmoins dans le 
tableau suivant de distinguer les deux sens : 


A, Principe de l’action, qualité qui agit 


LacnÈs 192 B : la vitesse — la δύναμις qui permet en peu de 
temps de réaliser un grand nombre d’actions. 


CHARME 156 B : la vertu ou la propriété caractéristique et 
active des remèdes. 

168 B — 169 B : le principe qui spécifie la nature des 
objets (peut-être aussi l’action qui 
spécifie cette nature, propre à cette 
nature : la δύναμ!ς"» χινεῖν OU χαίςξ.ν...) 


Ρμοταφομαβ 320 D : la force, la vélocité sont des ϑυνά"εις. 


ι 
Gorçras 455 D. 456 A C : Par sa δύναμις, la rhétorique influe, 


agit sur les décisions des chefs 
d'Etat. 


CrarYLE 412 E : la lettre x possède une propriété adoucissante. 
427 B : les lettres à et + possèdent une propriété com- 
pressive; la lettre y a celle d'arrêter le 

glissement de la langue. 


Ιον 533 D E, 535 E, 536 À : Grâce à sa vertu spéciale, la 
pierre magnétique peut entrainer d’autres anneaux. 
Application aux poètes qui peuvent aussi, gràce à la 
vertu communiquée par le dieu, attirer les hommes. 


Puépox 70 B : L'âme, après la mort, possède une certaine 
puissance d'agir. 

RépugLique 1. 351 E : La δύναμις de l'injustice est mise en 

relation avec son ἔργον. Or son ἔογον 


ETS LA υ \ 


CLASSIFICATION DES SENS. 151 


est d'engendrer les haines. Sa δύναμις 
τ est donc cette propriété, cette apti- 
tude qui réalisera de tels résultats. 
IT. 360 A : la propriété de l’anneau de Gygès qui 
est de rendre invisible dans certains 
cas. 
X. 602 C : la propriété active de l’imitation, sa 
vertu. 
PunèprEe 246 C : la propriété motrice de l’äme, source du mou- 
vement du corps. 
246 D : la propriété motrice de l'aile. 

SoPHistE 219 B : la δύναμις productrice de la ποιητική qui 
consiste à pouvoir amener le non-être à 
l'existence. 

265 B : idem. 

PoririQue 287 E : la dignité royale n’entre pas dans la caté- 
gorie des instruments ou des êtres. qui 
possèdent une vertu instrumentale, la 
faculté de produire. 


PuiLèee 29 Β C : Chacun des éléments se trouve en nous, mais 
sans manifester toute sa vertu naturelle. 
31 E : la propriété de l’humide est de remplir ce qui 
est desséché. 


Timée 32 E : les qualités actives des éléments, ou le chaud, le 
froid. 

38 D : la propriété motrice des astres. 
60 A B : les propriétés actives des quatre espèces de feu. 
65 E : la propriété dépurative du nitre. 
66 A : les propriétés piquantes de certaines substances. 
82 E : les qualités aigres ou salées. 
δὸ D : la propriété régulatrice des fibres. 


Lois IE. 655 D : la propriété caractéristique de la musique est 
d’affecter agréablement l’âme. 
V. 741 A : la propriété résidant dans la similitude, l’éga- 
lite, la proportion, et qui est source de la 
beauté et de la bonté. 


152 


LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


X. 889 B : les propriétés actives des premiers éléments : 
le chaud, le froid, le sec, l’humide. 

899 A : les propriétés motrices de l’âme dégagée de 
tout corps. 

XI. 918 B : la propriété spéciale à l'argent qui est de pro- 
duire l’égalisation dans la division des biens. 
927 À : la propriété active de l’âme après la mort. 
: (CE. Phédon 70 B.) 


PHÈDRE 


PARMÉNIDE 


SOPHISTE 


TIMÉE 


Lois 


B. L'Action elle-même. 


RéPuBLiquE Il. 366 E 


V. 4735 B 


VI. 507 C 
237 C. 


: l’action propre de la justice et de 
Pinjustice. 

: pour les transformations à réaliser, 
ne changer autant que possible que 
peu de points et dont l’action ne 
soitguère considérable,qui ne pro- 
duisent pas des effets importants. 

: la δύναμις ὁρᾶν. 


: l’action de l'Amour, cequ'il produit. 


150 C D : la δύναμις ὑπερέχειν. 
997 B : lesactions, les opérations purificatri- 
ces des corps animés ou inanimés. 
41 α΄ : l’action créatrice du démiurge. 
14 À : l’action de l’autre (?) 
16 Α : l’action des cercles de l’âme et de la 


X. 889 D 


nourriture. 


: l’action d’une loi. 


: l’action de certains arts. 


2. A côté de cette δύναμ!ς active, principe de production, se 


trouve une autre forme également caractéristique de l'être, 
car elle se diversifie avec les natures. Ces dernières, en effet, 


dans leur contact mutuel, éprouvent des modifications tres 
distinctes, subissent des impressions ou des passions très parti- 
culières et conformes à leur essence. Leur état, leur attitude 


sera donc encore pour elles un moyen dese manifester, eLpour 


cela, cet état ou cette attitude recevront le nom de δύναμις. 


1 
| 
4 
ὦ 


CLASSIFICATION DES SENS. 153 


Si dans Lachès (192 B), Platon appelle δύναμις la vitesse, 
cette qualité qui est source d’actions multiples en un temps 
restreint, il désigne aussi par le mème terme la vertu de 
courage, c'est-à-dire la fermeté, la constance (χαρτερία) de 
l’âme, la facilité à subir sans défaillance les chocs de la vie. 

A la δύναμις δρᾶν, la République oppose la δύναμις ὁρᾶσθαι; 
à l’action de voir, le fait d’être vu (Républ. VI. 507 C. E, 509 B); 
à l’action de surpasser, δύναμις ὑπερέχειν, Parménide oppose 
le fait d’être surpassé, δύναμις ὑπερέχεσθαι (Parm. 150 C. D.) 

Le Politique (272 B. C) attribue encore à une δύναμις cette 
attitude de l’être qui recoit les sensations et enrichit par là 
son trésor d'expériences. 

Les Lois (XIL. 960 D) parlent de l’état d’indissolubilité qui 
caractérise l’ouvrage des Parques, et cet état ou cette propriété 
est une δύναμις 

Enfin trois dialogues établissent explicitement la théorie 
de la δύναμις ποιεῖν et de la δύναμις πάσχειν que supposent, 
nous venons de le voir, les autres écrits de Platon. 

Le Phèdre (270 D) l’expose comme une doctrine déjà 
ancienne et en fait remonter l’origine à Hippocrate lui- 
même (1). Connaitre un objet, c’est connaitre sa nature, 
c’est, par conséquent, décomposer cet objet jusqu'à ce qu’on 
aboutisse aux éléments primitifs. Mais quand le travail d’ana- 
lyse est terminé et qu'on arrive à ce qui est simple, par quel 
moyen arrachera-t-on à cette essence ses plus intimes secrets? 
Par ses propriétés. On examinera comment et sur quoi elle 
agit, comment et par quoi elle peut étre affectée. Les ètres 

(4) Depuis Galien, on s'est efflorcé d'identifier la fameuse phrase 
d'Hippocrate et de déterminer l'ouvrage auquel Platon fait ici allusion. 
Malgré les savants et nombreux travaux du siècle dernier, l'état de la 
critique reste toujours indécis, et l'on se demande encore s'il faut voir 
dans le texte du Phèdre une doctrine hippocratique très générale plutôt 
qu’une citation, ou si vraiment le principe était énoncé de façon plus pré- 
cise dans quelque traité perdu. Il faut se souvenir aussi que dans la 
manière de citer leurs auteurs, les anciens ne portaient pas, comme 
aujourd'hui, jusqu'au scrupule le souci de lexactitude rigoureuse. On 


trouvera toute l’histoire de cette discussion dans l'étude si riche de 
* M. Diès, déjà signalée. Rev, de philos., p. T0 et sqq. ; 663-675. 


154 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


seront connus grâce à leurs relatiohs mutuelles. Les expé- 
riences permettront de constater de quelle manière ils se 
comportent vis-à-vis les uns des autres, quelles influences ils 
exercent sur tels ou tels, quelles aussi ils subissent, influences 
toujours identiques et absolument personnelles : agir et 
subir, δύναμις... εἰς τὸ δρᾶν. οἱ δύναμις... εἰς τὸ παθεῖν, consti- 
tuent donc les deux termes qui les caractérisent et qui per- 
mettront de les déterminer. 

Dans Théétète (156 A), Platon suit l'hypothèse des relati- 
vistes dont 11 développe les arguments. Tout, disent-ils, se 
réduit au mouvement. Mais le mouvement, dont les espèces 
sont innombrables, se distingue en deux genres : l’un ἃ la 
tv); l’autre, de subir (δύναμις 
πάσχειν). De la combinaison des deux nait une quantité 


propriété d'agir (δύναμις π 


Oo 
pes 
[a] 
.- 


d'effets qui peuvent, du reste, se résumer aussi en deux 
classes : l’objet sensible qui est action; la sensation qui est 
passivité. Mais, on le voit, ces mouvements ne sont connus 
que par leurs propriétés. Et si Platon réfute ensuite l’école 
d’Héraclite, c'est pour sa négation de la permanence, par 
conséquent de l’être, non pour sa théorie de la connaissance 
par la δύναμις. 

Le Sophiste d’ailleurs suflit à le montrer, qui essaie de 
formuler une définition de l'être par la δύναμις (247 ΕἸ : 
« Tout ce qui possède une propriété capable d'exercer confor- 
mément à sa nature une action quelconque ou d'en subir 
une, serait-ce la plus petite et de l’objet le plus méprisable, 
serait-ce une seule fois, cela est véritablement... Les êtres ne 
sont pas autre chose qu’une δύναμις ». Du reste cette δύναμις 
peut exprimer un mouvement physique réel de ποιεῖν et une 
modification également réelle, par conséquent un change- 
ment et encore un mouvement de πάσγειν, explicable unique- 
ment dans un être corporel. C’est pourquoi les matérialistes 
qui ne reconnaissent comme existant que le tangible et le 
visible, accepteront la formule du Sophiste. D'autre part, les . 
termes ποιεῖν et πάσχειν peuvent ne désigner que de simples 
relations qui ne supposent nullement un mouvement physi- 
que. La χοινωνία qui relie entre elles les Idées, ne représen- 
tera pas autre chose que cette possibilité de rapports (rapports 


CLASSIFICATION DES SENS. 155 


1 


de ποιεῖν et de πάσχειν) expliquant la liaison des intelligi- 
bles (1). Ainsi les amis des εἴη recevront à leur tour, sans 
trop de difficultés, la définition proposée. — Mais en tout 
cas, qu'il s'agisse d’action et de passion réelles où métapho- 
riques, ces deux formes de δύναμις constitueront les deux pro- 
priétés ou les deux faces de l’être permettant sa manifestation. 


3. La δύναμις ne se confond pourtant pas absolument avec 
l'être, et ce serait fausser la pensée de Platon que d'expliquer 
par une valeur définitive d'équivalence entre les deux idées 
les expressions suivantes du Sophiste : τίθεμαι! γὰρ ὅρον [opietv| 


ss 


τὰ ὄντα ὡς ἔστιν οὐχ ἄλλο τ΄ πλὴν δύναμις 947 E). Les 
théories fondant sur ce passage une doctrine dynamique de 
l'être ne tiennent pas assez compte du contexte. Il ne faut 
pas oublier que la définition proposée garde un caractère 
polémique. Elle est composée de façon à être rendue accep- 
table à deux groupes d’adversaires différents, mais elle est 
provisoire, et mème est abandonnée dans la suite de la 
discussion (2). 

Platon distingue δύναμις et οὐσία, Le dialogue de Protagoras 
(349 B) reconnait la diversité et aussi le rapport de ces notions 
quand il recherche si science, tempérance, courage, justice, 
sainteté sont les noms d’une essence particulière, d’une οὐσία, 
d’un πράγμα qui possède ces qualités spéciales, Et les textes 
dans ce même dialogue sont nombreux qui établissent nette- 
ment le départ entre la chose elle-même ou sa nature et ses 
propriétés : ... οὔτε αὐτὸ de. δύναμ'ς αὐτοῦ (330 B)... καὶ 
αὐτὰ χαὶ αἱ δυνάμεις αὐτῶν... (333 A) 


Ailleurs encore, on notera, et sans aucun doute possible, 


(4) Dans la Definition de l'Etre..…., M. Diès montre justement l'emploi 
très large des verbes ποιεῖν et 74572! chez Platon. « Action et passion 
sont prises en un sens qui peul indéfiniment s'élargir, jusqu’à ne plus 
désigner qu'une relation ou ce que Platon appelle, d’autres fois, une par- 
ticipation : l'être, quand il est un, éprouve la passion d'unité. Nous 
dirions : il reçoit le caractère d'unité... » p. 29. Cf. les textes du Parme- 
nide cités p. 28 et l'étude sur la χοινωνία p. 116 et sqq. 

(2) Je n'ai pas à revenir sur cette thèse très clairement démontrée par 
M. Diès. La Définition de l'Etre..., pp. 29-35. 


156 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


cette distinction très précise de la nature d’un objet et de sa 
δύναμις. (harmide, par exemple (168 D), affirme que toute 
δύναμις entraine après elle son οὐσία : ... ὅτιπερ ἂν τὴν ξαυτοῦ 
δύναμιν πρὸς ἑαυτὸ ἔχῃ, οὐ καὶ ἐχείνην ἕξει τὴν οὐσίαν, πρὸς ἣν 
ἣ δύναμις αὐτοῦ nv; ... L'une n’est donc pas l’autre. 

La δύναμις que d’après Jon (cf. tous les textes cités p. 87 etsq.) 
la pierre magnétique communique aux anneaux de fer, diffère 
évidemment de la substance même de la pierre ou des anneaux. 

La δύναμις que suivant le Phédon (T0 B) ou les Lois (XI. 
927 A) l’âme possède après la mort, ne peut se confondre 
avec sa nature. 

La République (11. 358 B) ἃ soin de discerner 1᾿ αὐτὸ χαβ᾽ αὑτό 
de la justice et de l'injustice et leur δύναμις. 

La question du Theétète : est-il possible qu’un objet tota- 
lement contraire à un autre, garde quelque δύναμις identique 
dans les deux (158 E), laisse du moins ouverte l'hypothèse 
d’une δύναμις semblable là où l'opposition des objets n’est 
point absolue, et suppose ainsi la non convertibilité de la 
chose et de la δύναμις. 

Mème dans des dialogues postérieurs au Sophiste, des textes 
très clairs attestent cette distinction de la nature ou du fond 
intime de l’être et de la propriété. Par exemple, le Philèbe 
(29 B) : le feu qui se trouve en nous ne manifeste pas toute 
la vertu digne de sa nature : ... καὶ οὐδαμῇ οὐδαμῶς εἰλικρινὲς 
ὃν χαὶ τὴν δύναμιν οὐχ ἀξίαν τῆς φύσεως ἔχον... ; le Timée 
sépare τὴν ἰδέαν καὶ δύναμιν (28 A); les Lois (ΧΠ. 960 D) par- 
lent de la propriété indissoluble que le législateur doit donner 
à ses ordonnances, propriété qui convient à leur nature : … 
τὴν ἀμετάστροφον αὐτοῖς ἐγγίγνεσθαι κατὰ φύσιν δύναμιν. 

C’est pourquoi, je ne puis admettre l'opinion de Ritter(1) 
qui pense, avec Peipers, devoir identifier δύναμις et οὐσία, 
δύναμιν ἔχειν et eva. Il n°v ἃ point parfaite synonymie entre 
les deux membres de phrase dans ces formules assez fréquentes 
des Dialogues, où l’on veut déterminer les divers êtres : τί 
᾿ς ποτ᾽ ἐστὶ χαὶ τίνα δύναμιν Eye... (CF. Républ. IL. 358 B, Phèdre 
237 C, Philèbe 31 À, Lois I. 643 À, X. 892 A.) Sans doute, 


(1) C. Rirrer, Platos Gesetse Kommentar, p. 11 et 12. 


A 
ν᾿ 
Ἧ 
γ 
| 
’ 
τ 
: 


CLASSIFICATION DES SENS. 457 


c'est au moyen de la δύναμις que l’on définira, mais cela 
ne veut pas dire que celle-ci se confonde avec l’ov. L’être ne 
sera saisi et par conséquent connu que par ses manifes- 
tations extérieures, car sa nature intime reste cachée. Or, 
toutes ses relations se réalisent par l'intermédiaire de ses 
propriétés, sources d’action ou de passion. Il est donc naturel 
qu’exprimé par ses propriétés, l'être soit défini par elles. 

Ces formules laissent pourtant entrevoir quels rapports 
unissent l’oÿsix et la δύναμις. Si les deux termes ne sont pas 
de tout point assimilables, ils se commandent cependant de 
telle sorte que l’un suit naturellement l’autre. La propriété 
découle immédiatement de l'être, participe à son évolution, à 
ses vicissitudes, et c’est ainsi qu’à tout changement de nature 
correspond un changement de δύναμις. Ainsi la République 
(VI 497 B) comparant la nature philosophique égarée dans les 
cités actuelles à la semence jetée en terre étrangère, qui 
s’affadit et prend la qualité du sol, déplore la transformation 
analogue de cette nature philosophique et la perte de sa 
δύναμις propre. De même le Politique relie entre elles les deux 
notions : forme de l'être et propriétés, quand 11 admire la 
souplesse de ces sophistes ou de ces rhéteurs qui, semblables 
à des satyres, à des lions, à des centaures... se métamor- 
phosent avec une facilité extrême : ταχὺ de μεταλάττουσι τάς 
τε ἰδέας καὶ τὴν δύναμιν εἰς ἀλλήλους... (4) 

Du reste, la constatation du rapport qui existe entre 
essence et ses propriétés n’est pas absolument personnelle à 
Platon. Les médecins grecs avaient avant lui remarqué l’union 
très intime de ces differents termes et les textes de la collec- 
tion hippocratique confirment notre afhirmation. Je cite, par 
exemple, le Περὶ φύσιος ἀνθρώπου où certaines expressions 
rappellent étonnamment celles mème du Politique que nous 
venons d'indiquer : parmi les médecins, y est-il dit (Littré 
VI. 54), quelques-uns prétendent qu’il y a une substance 
unique... et que cette substance change de nature et de 
propriété sous l'influence du chaud et du froid... : .… χαὶ 


(4) Sur le sens de ἰϑέα, à peu près synonyme de φύσις ou de οὐσία, 
cf, C. Rurrer, Neue Untersuchungen… 


LR dé 7 mt 
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d cd di à dt EE ” dis ) ῥὲ ΤῊ ΤΡ ΣΑΣ ΒΤ: 


158 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


"Ὁ 


τοῦτο ἕν ἐὸν μεταλλάσσειν τὴν ἰδέτν χαὶ τὴν δύναμιν... Je citerai 
encore le Περὶ Νούσων τὸ τέταρτον où se trouve exposée une 
théorie à laquelle Platon fait peut-être allusion dans son 
exemple de la République : la semence jetée en terre étran- 
gère, disait-il, s’affadit et prend la qualité du sol. Le Περὶ 
Nouswy développe longuement cette hypothèse des Suvauer 

(Littré VIT. 544. 546. 548). Il explique que la terre possède 
toutes sortes de qualités qui passent dans les végétaux. C'est 
pourquoi les plantes sont d’espèces différentes. La diver- 
sité des δυνάμεις correspond à la diversité des natures : μυρία! 
γὰρ ἐν αὐτῇ δυναάμιές εἶσι, καὶ διὰ ταῦτα τὰ γένεα EX τῆς γῆς 
πρῶτον οὐδὲν ἕτερον ἑτέρῳ ὅμοιον ἐ ἔφυ, ὅ τι μὴ συγγενές (546). 

Si les relations sont tellement étroites entre l'être el ses 
PIODRUES, on comprendra qu’il soit facile de définir la φύσις 
par la ούναμις, ce qui est caché par ce qui est manifeste, et, 
dans des cas où la rigueur des expressions est moins requise, 
d'employer δύναμις dans un sens presque synonyme de φύσις. 
Je note ici les différents passages où la confusion est possible. 
Π ne me paraît pourtant pas absolument prouvé que la syno- 
nymie des termes soit parfaite. 

Dans Parménide (133 D. E et 134 D), δύναμις est en parallèle 
avec οὐσία et semble avoir à peu près la même signification. 
C’est du reste le seul cas d’un tel PROS de ces 
termes dans les Dialogues. Et encore ici, δύναμις désigne-t-il 
l'essence relative des êtres en aëte de relation. Or tout acte de 
relation suppose une certaine manifestation extérieure qui 
rende le rapport connaissable. Δύναμις exprime done à la fois 
l’essence de ces êtres et leur manifestation au dehors ou leurs 
propriétés. 

Le Sophiste (248 C) appelle une fois δύναμις l'être même, la 
réalité du ποιεῖν et du πάσχειν, mais il l’oppose précisément 
à l'oûsiæ qui, suivant les amis des εἴδη, ne souffre ni action 
ni passion. 

Dans le Politique (305 E), le terme πολιτιχή résume la 
δύναμις de cette science qui commande à une multitude de 
sciences, préside aux lois, aux intérêts de la cité... ete... 
Sans doute, on traduit légitimement le mot par nature, mais 
cette nature est en somme l'expression des divers caractères : 


CLASSIFICATION DES SENS. 159 


analysés par le dialogue et qui constituent la πολιτική, carac- 
tères extérieurs et grâce auxquels cette science spéciale mani- 
feste ce qu'elle est. 
Philèbe s'efforce de découvrir la φύσις des plaisirs (45 C), et 
l'analyse des différents plaisirs permet d'examiner leur δύναμις 
(44 C. D). En constatant leur action, leurs traits distinctifs, 
on peut porter un Jugement sur leur nature. 
49 C : la δύναμις de l’envie consiste dans un mélange de 
plaisir et de douleur. Encore ici. la nature de l’envie est 
définie par sa manifestation. 
64 E : δύναμις est employé parallèlement à φύσις : Nov δὴ 
χαταπέφευγεν ἡμῖν h τοῦ ἀγαθοῦ δύναμις εἰς τὴν τοῦ χαλοῦ φύσιν. 
Mais cette ούναμις est déterminée par les deux caractères qui 
spécitient la bonte et la beauté : mesure et ordre. 
Ailleurs, le mot désigne plusieurs fois sans plus de préci- 
sion l'être dans sa généralité : la δύναμις de la cause (30 D), 
la δύναμις du plaisir (44 C, 67 A). 
Mème emploi périphrastique dans un plus grand nombre 
de textes du Timée : la δύναμις des paupières, du feu (45 E, 
64 C); la ovvau.s de discours vraisemblables (48 D); la δύνα αις 
des pensées (71 B); la δύναμις de la bouche (75 D); la δύναμις 
de l’autre (T4 A). 
Une fois, ούναμις est également employé parallèlement à 
φύσις (50 B). On compare la γῶρα à la masse d’or qui pour 
devenir une multitude de formes doit elle-même n'en être 
aucune. Il en est ainsi de cette zu51 qui reçoit tous les corps. 
On lui donnera toujours le même nom, car elle ne sort 
jamais de sa propre δύναμις. Mais cette δύναμις est précisément 
caractérisée par la propriété de tout recevoir et de ne prendre 
aucune forme particulière. 
Au XIe livre des Lois (938 B) la signification de δύναμις est 
peu précise et l'emploi est plus ou moins périphrastique. 
En somme, si ces textes montrent bien les rapports très 
» étroits qui unissent l'être et ses propriétés, rapports tels qu'ils 
_ permettent de définir les natures diverses par leurs actions ou 
leurs passions et qu'ils expliquent la confusion apparente 
des termes, ils ne sont pourtant pas décisifs pour aflirmer 
absolument l'identité totale de la δύναμις et de "οὐσία. Là, 


ον» 


PT δον χουν ἐς 


100 LA. δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


au contraire, où Platon s'exprime avec plus de rigueur et de 
facon plus explicite, il a soin de distinguer les deux notions, 
tout en montrant dans l’une le fondement de l’autre. 


4. Ces rapports mèmes expliquent pourquoi Platon regarde 
la ὀύναμις comme le principe de spécification des êtres. Si la 
nature reste cachée et ne se fait connaître que par son ποιεῖν 
ou son πάσχειν, On n'établira de différenciation entre les objets 
qu'en examinant leurs propriétés respectives et en concluant 
de leurs relations extérieures à la source de ces relations. 
Nous avons déjà constaté dans les traités hippocratiques ce 
rapprochement continuel de la substance et des qualités qui 
en découlent, ainsi que la tendance des écrivains à distinguer 
précisément ces substances par ces qualités (1). Le Περὶ 
Nouswy τὸ τέταρτον, avons-nous remarqué, établit même très 
clairement que grâce aux δυνάμεις, aucun végétal d'espèce 
différente ne fut produit à l’origine semblable à l’autre (2). 
Cette idée est transportée par Platon dans l’ordre philoso- 
phique, et les Dialogues aftirment maintes fois que la δύναμις 
permet non seulement de connaître, mais encore de spécifier 
les êtres. L’atfirmation est souvent implicite, en ce sens que 
les choses possèdent en fait dans leurs qualités propres, le 
principe qui aidera à constituer parmi elles des catégories : 
le Charmide, par exemple, suppose cette doctrine que si la . 
science ne reste pas indéterminée, mais peut être divisée en 
un certain nombre de sciences particulières, c’est qu'en elle 
se trouvent des δυνάμεις qui la rendent science de tel ou tel 
objet : ... ἔστι μὲν αὕτη ἣ ἐπιστήμη τινὸς ἐπιστήμη, καὶ ἔχει 
τινὰ τοιαύτην δύναμιν ὥστε τινὸς εἶναι... (168 B). De même la 
vertu, et c’est l'hypothèse du Protagoras (349 B), perd sa 
généralité et reçoit différentes dénominations à cause des 
propriétés spéciales, de [ἰδία ôuvauts, qui caractérisent cha- 
cune de ses parties. Α leur tour, les arts sont distingués par 
leur δύναμις. Socrate qui cherche de la rhétorique une défi- 


(1) Αἵ. les textes du Περὶ ᾿Αρχαίης ἑητρικῆς, p. 32 et 544. et notre 
<onclusion, p. 36. 
(2) Περὶ Νούσων, 546. — Voir notre premier chapitre p. 50. 


= - 26 


ΣΙΝ 


CLASSIFICATION DES SENS. 161 


nition vraie, c’est-à-dire qui s'applique à ce seul art et ne lui 
soit pas commune avec d’autres, veut apprendre de Gorgias 
quelle est la δύναμις de la τέχνη qu’il professe(Gorgias 447 C) : 
n'est-ce pas supposer que par cette connaissance on saisira le 
moyen d'établir les spécifications nécessaires ? 

Pour aboutir à une détermination rigoureuse des méthodes 
d'analyse et de synthèse dont se compose la dialectique, le 
Phèdre entreprend une description technique de leur δύναμις. 
(265 D.) 

Le Sophiste groupant les arts par espèces, fonde sa classifi- 
cation sur la δύναμις qui est propre à chacun, et il en réunit 
certains sous le nom de rounzun, en vertu de la δύναμις 
ποιεῖν qui leur est spéciale (219 B). Enfin de façon semblable, 
si le Politique énumère diverses espèces de possessions, il 
distingue l’une d’elles, celle des aliments, par sa δύναμις 
particulière (289 A). 

Ces indices isolés, recueillis dans des dialogues écrits à des 
époques assez distantes les unes des autres, et dont la pensée, 
le style, la methode accusent des changements dans la manière 
et les préoccupations d'esprit de Platon, confirmeraient déjà 
la proposition que nous avons émise plus haut : la δύναμις 
constitue non seulement le principe qui révèle les différentes 
natures, mais encore le principe- qui établit en elles des 
distinctions essentielles. Pourtant, même en dehors de ces 
affirmations implicites, nous pouvons retenir certains aveux 
formels qui nous permettront deconclureavecplus decertitude. 

C’est d’abord le texte de la République qui énonce catégo- 
riquement la thèse et reconnaît que les arts différent les uns 
des autres, parce qu’en chacun d'eux la δύναμις est autre 

EXASTOTE τῶν τεχνῶν. τούτῳ ἑτέραν εἶναι, τῷ ἑτέραν τὴν 
δύναμιν ἔχειν... (I. 346 A). 

C’est aussi la théorie maintes fois exprimée dans les Dialo- 
gues que les objets recoivent un nom conforme à leurs pro- 
priétés. Et tous les développements du Cratyle sur l'utilité des 
noms et leur formation expliquent comment on peut rappro- 
cher cette doctrine du principe que nous essayons de retrou- 
ver dans les écrits platoniciens : la Güvauts est dans les êtres 
l'élément spécificatif. En effet, ce dialogue n’est pas étranger 

ÉTUDE. 11 


102 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


aux spéculations onomastiques en vogue de tout temps chez 
les Grecs, mais surtout parmi les cercles orphiques. [ὄνομα 
possède une vertu mystérieuse ; il réalise l’essence des choses, 
et celui qui arrive à découvrir le nom atteint l'être jusque 
dans ses profondeurs. Aussi à tout changement de nature 
correspond un nom nouveau, et si les dieux se meétamor- 
phosent, d’après Phérécyde, 115 prennent un ὄνομα symbo- 
lique de leur transformation (1). On peut donc dire en 
toute vérité : tel le nom, telle la chose. C’est la théorie même 
exposée dans Cratyle : quand on connaît le nom, on connaît 
l’objet, car le nom est semblable à l’objet : ... ἐπειδάν τις 
εἰδῇ τὸ ὄνομα οἷόν ἐστιν — ἔστι DE οἵόνπερ τὸ πρᾶγμα — εἴσεται 
O1 XAL τὸ πραγμα, ἐπείπερ ομοιον τυγχᾶνε. ον τῷ ονοματι... 
(435 D). Les noms, par conséquent, sont distinctifs des objets. 
Or, ce qu'ils expriment, c’est précisément la δύναμις de ces 
objets, et toute la valeur du nom consiste en ce que ᾿᾿ οὐσία 
τοῦ πράγματος manifestée par sa ouvauts essentielle réside en 
lui et domine (393 D. E). En sorte que Platon fait vraiment 
sien l’aphorisme d’Isocrate que nous citions plus baut 
.. οἵων περ ὀνομάτων ἕχαστον τῶν πραγμάτων τετύχηχε, τοιαύ- 
τὰς ἡγεῖσθε χαὶ τὰς δυνάμεις αὐτῶν εἶναι (2). Et suivant l’occa- 
sion, les différents dialogues rappellent en passant le principe 
ici aflirmé. 

D'abord le Cratyle lui-même a soin d'indiquer dans tels ou 
tels textes comment l'attribution du nom est due à la pro- 
priété des choses signifiées : le nom d’Apollon désigne claire- 
ment les quatre δυνάμεις du dieu (404 E, 405 A. E, 406 A); le 
mot κέρδος qui s'applique au bien, traduit la propriété du bien 
qui est de pénétrer tous les êtres et de se mêler à eux (417 B). 


(1) On trouvera des renseignements intéressants sur la mystique 
ancienne des noms et sur son introduction par le courant orphique dans 
la philosophie grecque chez Eiszer, Weltenmantel und Himmels=elt, spé- 
cialement t. II, p. 703. 

Platon signale déjà chez Homère cette tendance à rattacher les noms à 
la nature même des êtres. Cratyle 391 D sqq. On la retrouve aussi chez 
Phérécyde, Diog. L. 1. 119: chez Parmenide, fr. 8. 38.53. chez Heraclite, 
fr. 32, 48. 

(2) Νικοχλῆς, 59. Voir chapitre I, p. 64. 


-α τις τα, πιτς τ ἔπ LE AE LS RSR SE 
, ἜΝ d 


ver ai 
* d Fr 


RE 


CLASSIFICATION DES SENS. 163 


Semblables indices se retrouvent des premiers dialogues aux 
derniers, dans le Lachès, an des dialogues de la première 
heure, où les noms de vitesse, de courage, de plaisir, de cha- 
grin, sont justifiés par les propriétés respectives de ces entités 
(192 B), et aussi dans les Lois, le grand traité des derniers 
jours, où, par exemple, le nom d’Atropos donné à la troi- 


sième Parque est dit caractériser la δύναμ'ς qui lui convient 


(XIT, 960 D). 

Mais parmi les dialogues intermédiaires, nous pouvons 
encore signaler, entre autres, le Politique, où l’ensemble des 
propriétés spéciales à une certaine science est résumé dans 


VPappéllation commune de πολιτική (305 E), et surtout le 


Timée qui rapproche maintes fois les deux notions d’ovoux 
et de δύναμις : v.g. le nom de miel est attribué à toute 
propriété produisant une sensation de douceur (60 B); toute 
substance dont la propriété est analogue à celle du nitre 
s'appelle amère (65 ΕἾ; les substances qui déchirent ce 
qu’elles rencontrent sont nommées piquantes, à cause de ces 
propriétés (66 A). 

En un mot, il ressort de toute la doctrine onomastique pla- 
tonicienne que. les noms signifiant les objets les distinguent 
entre eux. Mais aussi les noms ne sont que l'expression de la 
δύναμις qu'ils désignent et représentent. La δύναμις reste donc 
toujours dans les êtres le principe fondamental de détermina- 
tion et de spécification. 


ΗΠ. Nous devons encore signaler une nouvelle acception du 
terme δύναμις. Nous n’en trouvons pas de trace avant la 
République. Mais au V° Livre, quand Platon veut faire le 
départ des deux notions de δόξα et 4᾿ ἐπιστήμη, il appuie tout 
son développement sur une signification spéciale et plus 
technique du mot. Δόξα et ἐπιστήμη, dit-il, se distinguent, car 
« elles se rapportent à un objet différent, proportionné à la 
δύναμις de chacune » (478 B). Cette phrase amène une tran- 
sition nécessaire pour expliquer en quoi consiste cette 
δύναμις dont on parle, et pour définir une expression dont 
on modifie le sens adopté jusqu'ici : « Je dis que les δυνάμεις 
sont un genre d'êtres, grâce auxquels nous et tout ce qui les 


104 LA ϑύναμις DANS LES DIALOGUES. 


possède, nous pouvons agir... » (477 C;. Elles ne sont pas 
quelque chose de matériel ayant couleur ou forme qui per- 
mette de les discerner. On les distinguera par leur destination 


et par leurs effets : ἐφ᾽ ᾧ τε ἔστι χαὶ ὃ ἀπεργάζεται... (477 I)).. 


Où les objets sont différents et les opérations diverses, on 


conclura de même à la diversité des δυνάμεις. et c’est ainsi. 


qu'on rangera dans 06 γένος τῶν ὄντων d’une part la vue ou 
l'ouie, de l’autre la δόξα et 1᾿ ἐπιστήμη, c’est-à-dire des fonc- 
tions qui ont leur siège dans le corps ou qui résident dans 
l’âme. | 
D'après cette analyse de la République, le terme désigne à 
la fois ce que nous comprenons aujourd’hui sous le nom de 
sens et de facultés. I] ne faut pas croire pourtant que ces 
notions soient déjà délimitées avec la précision que l’on ren- 
contre dans les écrits d’Aristote. Platon ἃ concu sans doute 
les δυνάμεις comme des puissances ou des capacités de pro- 
duction dont les êtres sont plus ou moins riches et au moyen 
desquelles ils opèrent comme au moyen d'instruments (1). 
Mais ne cherchons pas une détermination bien arrêtée des 
concepts de sens ou de facultés. La δύναμις garde encore une 
signification assez générale, parfois même un peu vague, et 
en tout cas plus large que celle qui lui fut dans la suite 
attribuée par l’école péripatéticienne. En effet, si les divers 
sens : vue, ouie, goût... sont généralement bien distingués 
entre eux, la différence entre la puissance elle-mème, la capa- 
cité d'agir et l’organe, n’est pas toujours aussi nette. Dans 
(4) Les facultés (δυνάμεις) supposent un objet extérieur et un inter- 
médiaire qui leur permet de s'unir à cet objet ou d'entrer en acte. Ainsi 
la vue (ὄψις) réclame nécessairement un objet visible (χρῶμα). mais 
encore un autre facteur : la lumière (φῶς). La δύναμις peut être pré- 
sente comme ὄψις dans l'organe de la vue (1651}}}, comme χρόα dans 
l'objet, mais seulement en puissance. Elle ne se réalisera pas si la lumière 
ne vient l’actualiser. Le sujet essaierait en vain de l'utiliser dans l’obscu- 
rilté. (République. VI. 507 D. E.) Cette distinction nettement entrevue par 
Platon entre la faculté capable d'agir et la faculté agissant fait conclure 
à Bury que l’auteur de la République avait certainement dans l'esprit les 
deux notions de potentialité et d'actualite développées par Aristote. Cf. la 
note de Bury, On the use of δύναμ"ς and φύσις in ΡΙαίο, p. 398. = 


πεν» ἀν 


τι͵ — 


pare ὦ PTS NÉE τσὶ τ US UT 


CLASSIFICATION DES SENS. 165 


un passage de la République, Platon sépare formellement, 
semble-t-il, la ὀύναμις (désignant ici une faculté intellectuelle) 
et son ὄργανον ou l'instrument par lequel s'exerce la faculté : 

… ταύτην τὴν ἐνοῦσαν ἑκάστου δύναμιν ἐν τῇ ψυχῇ καὶ τὸ ὄργανον 
ᾧ χαταμανθάνει ἕκαστος... (VII, 518 C); mais ailleurs le départ 
des deux notions est beaucoup plus confus. Dans l’argumen- 
tation du Théétète où l’on veut démontrer que la connaissance 
s'opère directement par l’âme, non par les sensations, d’elles- 
mêmes isolées et réclamant un centre unificateur, on fonde 


. le raisonnement sur ce fait que chaque organe ἃ sa sensation 


propre. Or ici, ὄργανον et δύναμις sont employés à peu près 
indifféremment et paraissent synonymes. Ainsi : Δεινὸν γάρ 
που, ὦ παῖ, εἰ πολλαί τινες ἐν ἡμῖν ὥσπερ ἐν δουρείοις ἵπποις 
αἰσθήσεις ἐγχάθηνται, ἀλλὰ μὴ εἰς μίαν τινὰ ἰδέαν, εἴτε ψυχὴν 
εἶτε ὅτ ι ÔEL χαλεῖν. πάντα ταῦτα συντείνει, ñ διὰ τούτων οἷον 
ὀργάνων αἰσθανόμεθα ὅσα αἰσθητά (184 ἢ), -- οἱ : Ἢ καὶ 
ἐθελήσεις ὁμολογεῖν ἃ δι’ ἑτέρας δυνάμεως αἰσθάνῃ, ἀδύνατον 
εἶναι δι’ ἄλλης ταῦτ᾽ αἰσθέσθαι... (184 E) ... τούτοις πᾶσι ποῖα 
ἀποδώσεις ὀργανα δι᾽ ὧν αἰσθάνεται ἡμῶν τὸ αἰσθανόμενον ἕχαστα 
(185 ὦ. 

On le voit, l’action de sentir est attribuée aussi bien à 
"ὄργανον qu’à la δύναμις et les deux termes désignent à la fois 
la vue, l’ouie... mais également les veux ou les oreilles 

. σχόπει VAR * Ce ποτέρα ὀρθοτέρα, ᾧ ὁρῶμεν, τοῦτ᾽ εἶναι. 
ὀρθαλμούς, n 0! οὗ ὁρῶμεν, καὶ ᾧ ἀκούομεν, ὦτα, Ὦ δι᾿ οὗ 
ἀχούομεν ; --- Δι᾿ ὧν ἕκαστα ἘΠ ἢ: ἔμοιγε δοκεῖ, ὦ Σώχρα- 
τες, μᾶλλον ἢ οἷς. (184 (. — Voir aussi D. E) ... Ἦ καὶ ἐθελή- 
σεις ὁμολογεῖν ὃ δι᾿ ἑτέρας δυνάμεως αἰσθάνῃ, ἀδύνατον εἶναι δι᾽ 
ἄλλης ταῦτ᾽ αἰσθέσθαι, οἷον ἃ δι᾿ ἀκοῆς, à: ὄψεως, ἢ ἃ δι’ ὄψεως, 
δι’ ἀχοῆς; ... Εἴ τι ἄρα περὶ ἀμφοτέρων διανοῇ, οὐχ ἂν διά γε 
τοῦ ἑτέρου ὀργάνου, οὐδ᾽ αὖ διὰ τοῦ ἑτέρου περὶ ἀμφοτέρων 
αἰσθάνοι᾽ ἀν (185 A). Et plus loin, le sens du goût est nommé 
expressément en fonction de son organe : ... ἥ γε διὰ τῆς 
γλώττης δύναμις (185 C). Sans doute, on pourra dire que la 
préposition instrumentale établit précisément la distinction 
entre la puissance et l’organe. On remarquera toutefois que 
dans tout ce passage de Théëétète et dans les textes que nous 
avons cités, cette même préposition instrumentale déterminé 


166 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


également l’obts ou l'éxon. Du reste, le Timée à son tour 
témoigne de cette confusion que nous remarquons dans le 
Théétète, et il ne sera pas inutile de signaler que là, le sens 
de l’odorat est directement appelé : τὴν τῶν μυχτήρων δύναμιν 
(66 D), la δύναμις du nez. 

Quant aux facultés, nous n’en trouvons pas dans les 
Dialogues une classification rigoureuse. La République distin- 
gue la δόξα ou faculté du sensible, de l’instable, de l'opinion, 
et 1᾽ἐπιστήμη désignant ici non seulement la science objec- 
tive, mais la capacité de concevoir et d'atteindre le réel. 
(V 477 Bet sqq., 478 A, 479 D). Ailleurs, 1᾿ ἐπιστήμη reçoit 
le nom de δύναμις τοῦ διαλέγεσθαι (1) (VI 511 B, VII 532 D, 
533 À, 537 D, Parménide, 135 B. C), δύναμις τοῦ φρονῆσαι 
(VIL 518 ΕἾ, τῆς φρονήσεως (Timée, T1 E), τοῦ φρονεῖν (Lots. 
ΠῚ, 694 B). C’est toujours de 1᾿ ἐπιστήμη qu'il est question 
dans le passage de Philèbe où l’on parle de la δύναμις ἐρᾶν... 
τοῦ ἀληθοῦς, et les expressions employées montrent que celle- 
ci se confond en somme avec la δύναμις τῆς φρονήσεως 

. ἀλλ᾽ εἴ τις πέφυχε τῆς ψυχῆς ἡμῶν δύναμις ἐρᾶν τε τοῦ ἀλη- 
θοῦς καὶ πάντα ἕνεχα τούτου πράττειν, ταύτην εἰπωμεν διεξερευ- 
νησάμενοι — τὸ καθαρὸν νοῦ τε καὶ φρονήσεως εἰ ταύτην μάλιστα 
ἐχ τῶν εἰκότων ἐκτῆσθαι φαῖμεν ἂν ἤ τινα ἑτέραν ταύτης χυριω- 
τέραν ἥμιν ζητητέον (58 D). Dans tous ces textes, il s’agit de la 
puissance proportionnée:aux Idées et permettant à l’homme 
de s’élever vers la sphère de l’immuable vérité que le mortel 
ici-bas contemple si difficilement. Cette puissance réside 
dans l’âme avec son organe et elle détourne l’âme toute 
entière du monde obscur des apparences pour la plonger 
dans la lumière de l’être que les ombres n’offusquent point 
(Républ, VI. 518 C). 


(4) Sur la synonymie de la δύναμις τοῦ διαλέγεσθαι et del ἐπιστήμη, 
cf. par exemple, République ΥἹΙ, AA B : To τοίνυν ἕτερον μάνθανε 
τμῆμα τοῦ νοητοῦ λέγοντά με τοῦτο οὗ αὐτὸς ὁ λόγος ἅπτεται 
τῇ τοῦ διαλέγεσθαι δυνάμει... . et 541 C: ... δοχεῖς γάρ μοι συχνὸν 

EYoy λέγειν. - ὅτι μέντοι βούλει ὃ διορ! ΤῊΝ σαφέστερον εἶναι τὸ 
ὑπὸ τῆς τοῦ διαλέγεσθα! ἐπιστήμης τοῦ ὄντος τε χαὶ νοητοῦ 
θεωρούμενον, ἢ τὸ ὑπὸ τῶν τεχνῶν καλουμένων... 


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CLASSIFICATION DES SENS. 467 


La δόξα est peut-être comprise dans le Philèbe parmi ces 
δυνόμεις... τῆς στοχαστιχῆς qui ont pour objet l’expérience et 
aboutissent à des probabilités (!) (55 E). 

A deux reprises dans les Lois, le terme δύναμις est pris 
suivant une acception beaucoup plus générale. Dans un 
premier passage (X. 902 C), placé à côté 4’ αἴσθησις, il peut 
signifier les sens, tout aussi bien que les facultés. Et encore le 
mot faculté doit être entendu très largement, puisque on 
parle de la faculté de porter, de gouverner... Plus loin 
(906 B), les δυνάμεις désignent les « facultés animées » des 
dieux, où habitent les vertus de justice, de tempérance, de 
prudence. 

Ce sont dans les Dialogues, les seuls indices que nous puis- 
sions relever d’une théorie et d’une détermination des sens 
ou des facultés. Aïlleurs, je le sais, on trouve une autre 
classification qui, en un certain point, nous rapproche 
davantage des doctrines péripatéticiennes, et la distinction 
des trois parties de l’âme, des εἴδη : le λόγος, le θυμός et 
1Ι᾿ἐπιθυμητιχόν, rappelle les analyses d’Aristote sur les puis- 
sances._ Toutefois, remarquons que le terme δύναμις n’est 
pas proprement appliqué à ces en, et peut-être faudrait-il les 
considérer plutôt comme les instruments des fonctions 
d’érisrnun ou de δόξα. Les rapports, en effet, sont très étroits 
entre le λόγος et la connaissance véritable, et par la partie 
logistique de l'âme s'exerce la δύναμις τοῦ διαλέγεσθαι; les 
ressemblances sont également frappantes entre la δόξα et le 
θυμός, comme nous avons eu l’occasion de le remarquer 


(4) Il est curieux de rapprocher ce texte de Philèbe (55 E) de tous ceux 
de la Republique où sont distingués la δόξα et la διάνοια, spécialement au 
livre VII. Si, d'après le Philèbe, les δυγάμεις... τῆς στοχαστικῆς 
aboutissent à des probabilités, elles peuvent pourtant, perfectionnées par 
la réflexion et le travail, μελέτῃ χαὶ πόνῳ, recevoir le nom de τέχναι. 
Or, c'est ce même nom que reçoivent aussi les διάνοιαι, de la République 
supérieures aux ὅόξαι. (Voir, par exemple, VII, 514, C. D.) Elles sont 
comme une transformation de ces dernières, de même que les τέχναι 
du Philèbe ne sont que les δυνάμεις... τῆς στοχαστιχῆς, mais 
possédant une stabilité plus grande. Ceci confirme notre interprétation 
qui assimile ces δυνάμεις à la δόξα. 


168 LA δύναμις DANS LES DIALOGUES. 


ailleurs(1). Aussi dans ce texte de Ja République que nous 
avons cité plus haut (VII. 518 C), on doit entendre par cet 
ὄργανον distinct, semble-t-il, d’une δύναμις de l'âme, le λόγος 
ou le vous. 

Quoiqu'il en soit, de cette théorie embryonnaire des 
facultés, on retiendra d’abord l'adaptation technique du 
terme δύναμις à une idée nouvelle, ou plutôt à un genre 
d'êtres très particuliers, γένος τι τῶν ὄντων, puis, la concep- 
tion de ces ὄντα comme des puissances ou des capacités 
d'action diverses et respectivement proportionnées à un objet 
spécial, à un mode déterminé d'opération. De telle sorte que 
si en elles-mêmes ces δυνάμεις ne se distinguent pas, par 
cet objet et par ce mode d'action, elles peuvent être définies 
et différenciées. 

Hormis ces quelques points, il ne faut pas chercher dans 
les Dialogues de Platon une doctrine plus approfondie des 
facultés. C’en était assez cependant pour qu'Aristote, sur ces 
données, construisit dans la suite un système plus large et 
plus précis. | 


(4) Sur les rapports de la δόξα et du θυμός, cf. notre Notion platoni- 
cienne d'Intermediaire dans la philosophie des Dialogues, p. 97 sqq. 


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CHAPITRE ΠῚ 


Rapports entre la ΔΥΝΑΝΙΣ platonicienne 
et 186. AYNAMIE aristotélicienne 


-- - -φ«οφῳτο-ς---- 


Le but de ce chapitre n’est pas d’élucider la théorie péripa- 
téticienne de la puissance, mais d’en préparer une étude plus 
nette, en essayant de remonter à l’origine de cette théorie. 
Au chapitre précédent, nous avons constaté l’utilisation 
technique par Platon du terme δύναμις et la transposition 
dans l’ordre philosophique d’idées courantes chez les physi- 
ciens et les sophistes grecs. Ici encore, nous voudrions 
distinguer les principales acceptions du mot dans les ouvrages 
d’Aristote, mais surtout, en déterminant les rapports qui 
rattachent entre elles les deux notions platonicienne et 
aristotélicienne de la δύναμις, essayer de définir par où 
Aristote prolonge Platon. par où aussi il le dépasse et le 
complète. 

Nous n'’insisterons pas sur l’emploi du mot fait par Aristote 
aux sens très ordinaires que l’on retrouve dans toute la litté- 
rature courante. Ce serait encombrer inutilement notre 
travaii (1). Il importe surtout d'examiner la transformation 


(4) Au sens ordinaire, δύναμις est principalement usité par Aristote 
avec les acceptions suivantes : 
Force : Porir. ἢ 9, 1329 A. 15. 
Eru. Nicom. x 10, 1180 A. 21. 
Puissance, pouvoir : Pour. 8 7, 1266 B. 15. 
Pouvoir, gouvernement : Pour. Ὑ 15, 1286 B. 28, 33. 
Y 13, 1284 A. 7, 10, 14; 1285 A. 18. 
Force mililaire : Τέχνη Ρητοριχὴ β 39. 4396 A. 9. 
Polit. € 4. 1304 Δ. 24. 
On trouve de nombreux exemples de ces diflérentes significations dans 
Boxrrz, Index Aristotelicus, 207 À. 15 à 38. 


170 RAPPORIS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE, ETC. 


progressive ἀν nee de la δύναμις élaborée par le Stagirite 
et d’entrevoir, s’il est possible, l'influence exercée sans doute 
par Platon sur l’évolution philosophique de ce terme. 


$ 1. NOTION VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE 


1.— En deux passages de la Métaphysique (1), Aristote distin- 
gue minutieusement les diverses acceptions de δύναμες et indi- 
que quelle est, à son avis, l’idée première de la notion : « La 
δύναμις, dit-il, désigne d’abord le principe du mouvement 
ou du changement, dans un autre être, ou dans le même en 
tant qu’il est autre » : Δύναμις λέγεται: ἢ μὲν ἀρχὴ χινήσεως 
ἢ μεταδολῆς h ἐν ἑτέρῳ ἢ ἕτερον... (32). Cette formule résume 
toute une catégorie d'êtres et fixe un concept passablement 
complexe, ou mieux, un ensemble de concepts qui réalisent 
à des points de vue différents la définition. En effet, δύναμις 
s’entend surtout du principe qui produit le changement, soit 
dans un autre être, soit dans le même, mais en tant 
qu'autre(3). Et par là se trouve compris le groupe spécial 
des agents qui possèdent la propriété particulière de modifier 
les êtres soumis à leur action. La δύναμις de construire existe 
non dans le bâtiment qui est construit, mais dans l’architecte. 
Si la δύναμις de guérir peut se rencontrer dans celui qui est 
guéri, ce n’est cependant pas en tant qu’il est guéri, mais en 
tant qu’il est autre, en tant que médecin : ... οἷον ἣ οἰχοδομιχὴ 
δύναμις ἐστιν ἣ οὐχ ὑπάρχει ἐν τῷ οἰχοδομουμένῳ * ἀλλ᾽ ἣ 
ἰατρικὴ δύναμις οὖσα ὑπάρχοι ὃν ἐν τῷ ἰατρευομένῳ, ἀλλ᾽ οὐχ 
ἢ ἰατρευόμενος.... (4). L'analyse de ce principe producteur 
pose done la première catégorie des δυνάμεις ou la δύναμις 
active. Comme Aristote le confirme au Livre IX, ces puissances 
dont toute la nature est d’être l’origine du changement, sont 


(4) Métaph. À 12 et Θ 1. 

(2) 14. À 49, 4049. À 45. 

(3) .… ὁ χύριος ὅρος τῆς πρώτης δυνάμεως ἂν εἴη ἀρχὴ μετα- 
eue ἐν ἄλλῳ ἢ ἄλλο. Mctaph. À 12, 1020 A 4. 

(4) Metaph. À 19, 1019 À 145. 


NOTION VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE. 471 


ainsi dénommées parce que l’être simplement agit : Πάλιν 
δ᾽ αὗται: αἱ δυνάμεις λέγοντα. ἢ τοῦ μόνον ποιῆσαι... (1). 

Mais la définition générale est beaucoup plus large. La 
δύναμις, continue Aristote, n’est pas seulement le pouvoir de 
modifier, d'agir; elle peut consister aussi pour l'être lui- 
mème dans la propriété d’être mû par un autre en tant 
qu'autre : ... ἣ δ᾽ ὑφ᾽ ἑτέρου ἢ ἕτερον καθ᾽ ἣν γὰρ τὸ πάσγον 
πάσχει. τι, ὃτε μὲν ἐὰν ὁτιοῦν δυνατὸν αὐτό φαμεν εἶναι 
παθεῖν... (3). Et cette propriété qui constitue à côté de la 
δύναμις active la δύναμις passive, réalise encore la notion com- 
mune, bien qu’au premier abord elle paraisse la contredire. 
En effet, la puissance de souffrir, d’éprouver est toujours prin- 
cipe de changement dans l’être qui pâtit, principe de change- 
ment causé par l’agent extérieur, mais qui ne se produirait 
pas sans une disposition spéciale de la nature mue : Ἡ μὲν 
γὰρ τοῦ παθεῖν ἐστὶ δύναμις, ἣ ἐν αὐτῷ τῷ πάσχοντι ἀρχὴ μεταῦο" 
λῆς παθητικῆς ὑπ’ ἄλλου ἢ ἄλλο(). Celui qui subit éprouve cer- 
taines modifications et pas d’autres, parce qu'il ἃ en lui un 
principe déterminé, une propriété particulière qui permet ces 
altérations et non celles-là. La δύναμις πάσχειν se confond 
précisément avec cette propriété, avec ce principe de modifi- 
cation conforme à la nature des êtres : Ἣ μὲν γὰρ [δύναμις] 
ἐν τῷ πάσχοντι : διὰ γὰρ TO ἔχειν τινὰ ἀρχήν, χαὶ εἶναι καὶ τὴν 
ὕλην ἀρχήν τινα, πάσχει τὸ πάσχον χαὶ ἄλλο ὑπ᾽ ἄλλου... (4). 

Enfin, là même où l'idée de mouvement, de changement 
parait absente, là où l’on rencontre plutôt, semble-t-il, une 
absence de pouvoir, on trouve une δύναμις. Le terme alors 
exprime un état d’immutabilité, d’impassibilité qui contredit 
en apparence seulement le concept de puissance ou de force, 
car, explique Aristote, « ce qui est brisé, broyé, tordu, en un 


(1) 14, Θ 1, 1046 A 16. 

(2) Id. À 12, 1049 À 20. 

(3) Id. Θ 1, 1046 À 11. 

(41 Id. , id. 4046 A 22, voir comment Aristote s'efforce de ramener à l’unité 
de la définition les deux catégories de δυνάμεις : δύναμις ποιεῖν et 
δύναμις πάσχειν : Φανερὸν οὖν ὅτι ἔστι μὲν ὡς μία δύναμις τοῦ 
ποιεῖν καὶ πάσχειν (δυνατὸν γάρ ἐστι καὶ τῷ ἔχειν αὐτὸ δύναμιν 
τοῦ παθεῖν καὶ τῷ ἄλλο ὑπ᾽ αὐτοῦ). 


112 RAPPORTS ENTRE LA OUYZULS PLATONICIENNE, ETC. 


mot ce qui est détruit, ne l’est pas à cause de sa puissance, 
mais plutôt de son impuissance et de ses déficits. On appelle 
au contraire impassibles les choses qui éprouvent difhicilement 
des modifications, grâce à leur propriété, à leur pouvoir, à 
leur état » : χλᾶται μὲν γὰρ καὶ συντρίδεται καὶ κάμπτεται καὶ 
ὅλως φθείρεται οὐ τῷ δύνασθαι, ἀλλὰ τῷ μὴ δύνασθα. καὶ ἐλλεί- 
πεῖν τινός " ἀπαθὴ ὃς τῶν τοιούτων ἃ μόλις καὶ ἠοέμα πάσχει διὰ 
δύναμιν χαὶ τὸ δύνασθαι χαὶ τὸ ἔχειν πῶς (1). 

Et de mème que la passivité est due à une ούναμις, à une par- 
ticularité de différentes natures, de même aussi l’impassibi- 
lité, la résistance, résulte d’une ἕξις spéciale, d’un état carac- 
téristique de certains êtres (9). 

De cette analyse, il ressort que le sens premier, essentiel 
du terme δύναμες pour Aristote, prolonge l’idée platonicienne 
de propriete. Comme le dit expressément la Métaphysique, 
« Lout ce qui est δυνατόν l’est soit à cause de ce qu’il possède 
en lui, soit à cause de ce dont il est privé. Mais si la privation 
elle-même est une sorte de manière d’être, tout ce qui est 
δυνατόν l’est sans exception par les propriétés qu'il possède » : 
τὲ μὲν δὴ τὸ ἔχειν τ' δοχεῖ, ὁτὲ DE τὸ ἐστερῆσθαι. τοιοῦτον 
εἶναι. Et δ᾽ ἢ στέρησίς ἐστιν ἕξις πως, πάντα τῷ ἔχειν ἂν 
εἴη Tr... (3). 

La δύναμις se définit la propriété caractéristique de l'être, 
le principe source d’action, source de modification, source 
de résistance. Et le terme est souvent employé d’une façon 
très nette dans les ouvrages aristotéliciens, avec cette signi- 
fication identique à celle que nous avons signalée dans les 
Dialogues de Platon. De mème que le Sophiste essayait une 
explication de l'être par la δύναμις ποιεῖν et la δύναμις 
πάσχειν, de mème le de Cælo fait remarquer l'impossibilité 
pour un corps sensible de n'être pas constitué par une δύναμις 


(1) Métaph. À 19, 1019 À 28. 

(2) Metaph. Θ 1 1046 À 11. Ἢ μὲν γὰρ τοῦ παθεῖν ἐστὶ ὄύναμις, ñ 
ἐν αὐτῷ τῷ πάσχοντι ἀρχὴ μεταθολῆς rain ns ὑπ᾽ ἄλλου ἢ 
ἄλλο" ἣ δ᾽ ἕξις ἀπαθείας τῆς ἐπὶ τὸ χεῖρον καὶ φθορᾶς τῆς ὑπ᾽ 
ἄλλου ἢ ἄλλο, ὑπ᾽ ἀρχῆς μεταύλητικῆς. 

(3) Métaph. À 19, 4019 B ὃ. 


2 


1 RS EE ἘΠ Ὁ 
Ξ᾿' 


ΝΌΤΙΟΝ VOISINÉ DE LA NOTION PLATONICIENNE. 173 


ποιητική OU παθητική ὁ et He par les deux : Εν τοίνυν πᾶν 
σῶμα αἰσθητὸν ἔχε: δύναμιν ποιητικὴν Ὦ παθητικὴν ἢ ἀμ: 26), 
ἀδύνατον σῶμα ἄπειρον αἰσθητὸν εἶναι... (1). 

Les ποιητικαὶ δυνάμεις, ce sont les vertus agissantes, les 
principes qui, distribués dans chacun des êtres, distinguent 
leur action spécifique : ainsi 1 ἐργασία τῆς τροφῆς qui est dans 
la bouche, 1᾿ ἐργασία du mouvement qui réside dans les pieds 
ou dans les ailes...(2). Dans le froid comme dans la cha- 
leur, il existe une δύναμις propre, une manière d’être qui est 
une source d'activité. Et grâce à cette particularité, le froid 
refroidit, la chaleur réchauffe...(3). En un mot, les êtres 
agissent en vertu de leurs propriétés essentielles. 

La définition de la δύναμις donnée par la Métaphysique, 
tranche également un doute soulevé par Platon, ainsi que 
nous l’avons vu au chapitre précédent, et il semble que 
dans la solution d’Aristote, nous retrouvions comme un écho 
du Charmide, comme une réponse à la question restée alors 
indécise : toute δύναμις est-elle de nature purement relative? 
Se termine-t-elle à elle-même, ou suppose-t-elle quelque être 
auquel elle doive nécessairement se référer? Il faudrait un 
grand homme pour résoudre le problème : : μεγάλου On τινος, 
ὦ ote, ἀνδρὸς δεῖ, ὅστις τοῦτο κατὰ πάντων bayoe διαιοήσεται, 
πότερον οὐδὲν τῶν ὄντων τὴν αὑτοῦ δύναμιν αὐτ ὃ πρὸς τῦ τὸ 
πέφυχεν ἔχειν [πλὴν ἐπιστήμης], ἀλλὰ πρὸς ἄλλο, 3 τὰ μέν, τὰ 
à οὐ... (4). Aristote ne fut-il pas ce grand homme? Il com- 
prend dans sa notion de la δύναμις l’idée de relation en la 
définissant : le principe du mouvement où du changement 
placé dans un autre être ou dans le même, mais en tant 


(4) De Cœlo T, 275 B 5. 

(2) De Animal. Histor. À 4, 489 A 27. 

ne De Animal. « que 26, 743 A 36. Ἡ δὲ ψύς ις στέρησις θερμότ ητός 
ἐσ | χρῆται δ᾽ ἀμφοτ spots ἣ φύσις ἔχουσ. μὲν δύναμιν ἐξ 
FRE ὥστε TO μὲν τοδὶ τὸ DO τοδὶ ποιεῖν, ἐν ὑέντο. τοῖς 
γινομένοις ἕνεχά τινος συμύαίνει τὸ μὲν ψύχειν αὐτῶν τὸ δὲ 
θερμαίνειν... ἢ 

On trouvera encore de nombreux textes où le terme OUVAULS ἃ celte 
signification très clairement marquée, dans Bonrrz 206 Α 35 à 58. 

(4) Charmide 169 À. 


174. RAPPORTS ENTRE LA δύγαμες PLATONICIENNE, ETC. 


PE etil His sur ce fait que tonte δύναμις suppose un 
terme distinct d'elle-même auquel elle se rapporte : Ἢ μὲν... 
ἄρ᾽ | 7 βεΐαδόλη ἧς N χινήσεως λέγεται δύναμις ἐν ἑτέρῳ ἢ ἕτερον, 
ἣ δ᾽ ὑφ᾽ Er pou ἢ ἕτερον... (1). Cette formule revient constam- 
ment ὯΝ 1 chapitres de la Métaphysique que nous analysons. 
Bien plus, au chap. XV du livre V, on range expressément 
la δύναμις dans la catégorie des relatifs. Reprenant les exem- 
ples mêmes choisis par Platon et qui, du reste, ont déjà servi 
dans les Κατηγορίαι à déterminer ce qu’on entend par rela- 
tion (2), Aristote explique que relatif se dit du double et de 
la moitié, du triple et du tiers, et, d’une façon générale, du 
multiple et du multiplié, de ce qui surpasse et de ce qui est 
surpassé. « Sont encore relatifs, continue-t-il, le corps qui 
échauffe et le corps échaufté, le corps qui coupe et le corps 
qui est coupé, bref, ce qui agit et ce qui subit » : τὰ δ᾽ ὡς τὸ 
θερμαντικὸν πρὸς τὸ θερμαντὸν καὶ τὸ τμητικὸν πρὸς τὸ τιμητόν, 
χαὶ ὅλως τὸ ποιητικὸν πρὸς τὸ παθητικόν... (3). Et plus loin 
« Tout ce qui agit et tout ce qui subit, voilà encore des relatifs 
qui se rapportent à la propriété de faire et de souffrir et ἃ 
toutes les manifestations de ces propriétés » : Τὰ ὃὲ πονιητιχὰ 
καὶ παθητικὰ χατὰ δύναμιν ποιητικὴν καὶ παθητικὴν χαὶ ἐνεργείας 
τὰς τῶν δυνάμεων... (4). Vers la fin du chapitre, il conclut en 
notant même le caractère essentiellement relatif de la δύναμις 
qui à ce point de vue est comparée au nombre, et il généra- 


Soniaranes Des γενικοὰ, Bad armee Nos Ἀν + * 


τσ ρωσνι. 3e 


(4) Métaph. À 19, 1019 À 19. 

(2) Charmide 168 B. C. : Καὶ γὰρ τὸ per ζόν φαμεν τοιαύτην τινὰ 
ἔχειν δύναμιν, ὥστε τινὸς Eva! μεῖζον; . . Οὐκοῦν καὶ εἴ τι 
διπλάσιόν ἐστι τῶν τε ἄλλων διπλασίων χαὶ ἕαυτοῦ, ἡμίσεος 
δήπου ὄντος ἑαυτοῦ TE χαὶ τῶν ἄλλων διπλάσιον ἂν εἴη " οὐ γάρ 
ἐστίν που ἄλλου διπλάσιον ñ ἣμ ἰσεος.. 


Cf. Catégories 6. 7 A 36 : Πρός τὰ δὲ τὰ τοιαῦτα λέγεται, ὅσα αὐτά, 
ἅπερ ἐστιν ἑτέρων εἶναι λέγεται, ἢ ὁπωσοῦν ἄλλως ποὸς ἕτερον 
οἷον τὸ μεῖζον τοῦθ᾽ ὅπερ ἐστίν ἑτέρου λέγεται * τινὸς γὰρ 
λέγεται μεῖζον - καὶ τὸ διπλάτιον τοῦθ᾽, ὅπερ ἐστιν ὲ 
λέγεται: " τινὸς γὰρ διπλάσιον λέγεται. ὡσαύτως δὲ χαὶ ὅσχ ἄλλα 
τοιαῦτα. -- Cf. également Μείαρ]ι. À, 15, 1020 B 90. 

(3) Metaph. À, 15, 1020 B 98. 

(4) Id. id. 1024 A 15. 


NOTION VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE. 175 


lise : « Tous les relatifs de nombre et de puissance sont cons- 
tamment relatifs, car ce qu'ils sont est dit d’un autre, et non 
parce que réciproquement cette autre chose peut leur être 
appliquée » : Τὰ μὲν οὖν χατ ᾿ ἀριθμὸν καὶ δύναμιν Δ πο πρός 
τι πάντα ἐστὶ πρός τι τῷ ὅπερ ἐστὶν ἄλλου λέγεσθαι αὐτὸ ὅ ἐστιν, 

ἀλλὰ μὴ τῷ ἄλλο πρὸς ἐκεῖνο... (1). On ne doit donc pas 
hésiter, et il faut affirmer que la δύναμις est un être orienté 
par nature πρὸς ἄλλο. Il n’y ἃ pas lieu par conséquent de se 
demander, comme Platon, si la science peut être science 
d'elle-même (2). La science, ainsi que la vue ou l’ouïe, 
possède une propriété qui se réfère entièrement à un objet 
distinct d'elle. Sa δύναμις est toute relative : ‘Ouotws ὃὲ χαὶ 
τινός ἐστιν ἣ τ ὄψις, ΠῚ οὗ ἐστὶν ὄφις.. . οἷον ἣ ἰατρικὴ, τῶν 
πρός τι ὅτι τὸ γένος αὐτῆς ἣ ἐπιστήμη δοχεῖ εἶναι! τῷ ν πρός EUX 


2. Puisque la δύναμις est définie comme un principe de l’ètre, 
le terme se trouve souvent uni à ἀρχή, et parfois même avec 
une signification sensiblement identique. Contre les Pytha- 
goriciens qui ne reconnaissent que deux principes dans la 
composition du ciel : la droite et la gauche, Aristote démontre 
la nécessité d’en admettre quatre autres, dont certains même 
sont logiquement antérieurs à ceux des Pythagoriciens : le 
ἄνω et le χάτω, l’éuxoocley et l’ontsfley(3). Les uns diffèrent 
seulement par la δύναμις ou la propriété; les autres, égale- 
ment par la forme. Le ἄνω et le χάτω existent chez tous les 
êtres animés; le δεξιόν et 1᾽ ἀριστερόν manquent dans les 
plantes. Or la partie supérieure, le ἄνω, est la source du mou- 
vement et joue à l’égard des autres éléments le rôle de prin- 
cipe ; il possède relativement à eux une propriété primordiale 
ἀ᾽ ἀρχή : Πρὸς δὲ τούτοις, εἰ τὸ μὲν ἄνω ἐστὶ τὸ ὅθεν h κίνησις, 
τὸ δὲ δεξιὸν ἀφ᾽ οὗ, τὸ δ᾽ εἰς τὸ πρόσθεν ἐφ᾽ ὃ, καὶ οὕτως ἂν ἔχοι 


(1) Id. id. 1024 A 926. 

(2) Charmide 169 À : ... διὸ χαὶ οὐτ᾽ εἰ δυνατόν ἐστι τοῦτο 
γενέσθαι, ἐπιστήμης ἐπιστήμην εἶναι, ἔχω διισχυρίσασθαι... 
CE. 168 D. E, les exemples de la vue et de l’ouïe, sens qui eux aussi sont 
regardés comme des relatifs. 

(3) De Cœlo 6 2 2, 284 B et 285. 


ον ΤΡ Sd li 7: 


176 RAPPORTS ENTRE LA OUVZAULS PLATONICIENNE, ETC. 


τινὰ δύναμιν ἀρχῆς τὸ ἄνω πρὸς τὰς ἄλλας ἰδέας (1). Cepen- 
dant, bien que secondaires, les autres parties n’en demeurent 
pas moins des ἀρχαί, et elles entrent dans la composition: 
du ciel, puisque de telles propriétés sont inséparables de tout 
ce qui renferme un principe de mouvement : Ἡμῖν δ᾽ ἐπειδὴ 
ὥρισται πρότερον ὅτι ἐν τοῖς ἔχουσιν ἀρχὴν χκ'νήσεως αἱ τοιαῦται 
δυνάμεις ἐνυπάρχουσιν, ὁ δ᾽ οὐρανὸς ἔμψυχος χαὶ ἔχε. κινήσεως. 
ἀρχήν, δῆλον ὅτι ἔχει καὶ τὸ ἄνω χαὶ τὸ χἄτω καὶ τὸ δεξιὸν καὶ τὲ 
ἀριστερόν (2). 

Nous citerons aussi un exemple du Περὶ ψυχῆς où la syno- 
nymie des deux termes est peut-être plus accentuée : les 
formes de la vie, explique le chap. I du Livre IF, sont très 
diverses : l'intelligence, la sensation, le mouvement et [6 repos 
local, le mouvement qui résulte de la nutrition, ainsi que la 
décroissance et la croissance, sont des manifestations de la 
vie. Aussi toutes les plantes paraissent vivre. Elles possèdent, 
en effet, une propriété et un principe capable de produire en 
elles la croissance et la décroissance dans les sens les plus 


opposés : ... φαίνεται γὰρ ἐν αὑτοῖς ἔχοντα δύναμιν καὶ ἀρχὴν 
τοιαύτην, δι᾽ ἧς αὐξησίν τε χαὶ φθίσιν λαμόάνουσι χατὰ τοὺς 
ἐναντίους τόπους... (3). 

Et plus loin, pour montrer le rôle essentiel de l’âme, on 
remarque que dans les plantes il n'existe d'autre propriété 
motrice que l’âme. C’est donc par ce principe que la vie est 
communiquée aux vivants : ... οὐδεμία γὰρ αὐτοῖς ὑπάρχει 


5 ! 1 AD 1)" Te To ! Ἐν ὯΝ TEA διὸ _ TA ne 
δύναμιξ ἄλλη ψυχῆς. To μὲν οὖν ζῆν διὰ τὴν ἀρχὴν ταῦτην 


ὑπάρχει τοῖς ζῶσι... (4). 


3. Elant donné que la propriété caractéristique de l'être, 
sa qualité fondamentale, le principe d’un mouvement quel- 
conque donné ou reçu est signifié par cette action propre 
ou cet état distinctif qui est, pour ainsi dire, engagé dans la 

(1) Id.: id. 285 À 22. 

(2) Ιά. ad 3854 97. 

(8) Περὶ ψυχῆς β 3, 413 À 26. : 

(4) Id. id. 413 A 33. Voir encore de nombreux exemples de 
ce rapprochement de la δύναμις et de "ἀρχή dans le De generat. animal. 
Cf. Boxirz, 206 B 5 à 12. 


NOTION VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE. 177 


nature même de l'être, il n’est pas étonnant de rencontrer 
souvent le terme δύναμις en relation avec les notions de eïdos, 
de μόρφη, de λόγος et surtout de φύσις(1). La propriété d’un 
objet manifeste sa constitution, sa nature, sa raison essentielle, 
et pour découvrir celle-ci, on devra passer par la connaissance 
de celle-là. Nous insisterons spécialement sur les rapports qui 
unissent la δύναμις et la φύσις, car nous retrouverons dans 
les idées aristotéliciennes et dans les expressions elles-mêmes, 
des façons de penser chères à Platon. La Politique, par exem- 
ple, place sur un même plan la δύναμις et la φύσις et semble 
donner à ces deux termes une valeur d’équivalence, quand, 
suivant un procédé platonicien, elle cherche à combiner, 
grace à ces concepts, la définition de l’esclave : Τίς μὲν οὖν 
ἣ φύσὶς τοῦ δούλου καὶ τίς ἣ δύναμις, ἐκ τούτων δῆλον * ὁ γὰρ 


(4) Phys. ὃ 1, 208 B 8 : les transports des corps naturels et simples 
comme le feu, la terre... montrent non seulement l'existence réelle du 
lieu, mais ses propriétés constitutives. Si rien ne le gêne, chaque élément 
est transporté dans son lieu : l’un en haut, l’autre en bas. Le haut, le bas, 
ainsi que les six autres dimensions, représentent les parties, les différentes 
formes (ou propriétés) du lieu : "Ext de αἱ φοραὶ τῶν φυσιχῶν σωμά- 
των χαὶ ἁπλῶν, οἷον πυρὸς καὶ γῆς χαὶ τῶν τοιούτων, OÙ μόνον 
δηλοῦσιν ὅτι. ἔστι τι ὃ τόπος, ἀλλ᾽ ὅτι καὶ ἔχει τινὰ δύναμιν. 
φέρεται γὰρ ἕχαστον εἰς τὸν αὑτοῦ τόπον μὴ Ἄν οι τὸ μὲν 
ἄνω τὸ δὲ κάτω * ταῦτα δ᾽ ἐστὶ τόπου μέρη χαὶ εἴδη, τό τε ἄνω 
χαὶ τὸ κάτω χαὶ αἱ λοιπαὶ τῶν ἕξ διαστάσεων. 

De Gen. animal. β 1, 731 B 18 : On ἃ dit plus haut que le mâle et la 
femelle sont les principes de la génération et on a expliqué quelle est la 
DLOPHÈIE et la raison fondamentale, constitutive de leur essence. To δὲ 
θῆλυ χαὶ τὸ ἄρρεν ὅτι μὲν εἰσιν ἀρχαὶ γενέσεως ΠΈΝΗΣ πρότερον, 
χαὶ τίς 1 δύναμις χαὶ ὃ λόγος τῆς οὐσίας αὐτῶν... Cf. 4, 738 
Β 22. 

Polit. ἡ 1, 1323 Β 34 : les vertus de courage, de justice, de prudence 
dans la cité ont la même propriété essentielle, la même forme constitutive 
que celles, grâce auxquelles, les hommes sont dits justes, prudents, 
tempérants : ᾿Ανδρία dE πόλεως καὶ δικαιοσύνη χαὶ φρόνησις τὴν 
AUTIIV ἔχε: δύναμιν χαὶ μορφήν, ὧν μετασχὼν ἕχαστος τῶν 
᾿ἀνθρώπων λέγεται δίκαιος καὶ φρόνιμος καὶ σώφρων. 

ΟἹ. Boxirz, 206 Β 19 à 29. 


ÉTUDE. 12 


178 RAPPORTS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE, ETC. 


un αὑτοῦ φύσει ἀλλ᾽ ἄλλου, ἄνθρωπος δέ, οὗτος φύσει δοῦλός 
ἐστιν (1). 

La synonymie pourtant n’est point complète entre ces 
deux notions, et la Métaphysique les distingue, tout en cons- 
tatant les points de contact qui les relient. Φύσις et δύναμις, 
dit-on au Livre VIIT, appartiennent l’une et l’autre au même 
genre, car elles sont principes de mouvement : Καὶ γὰρ ἢ 
φύσις ἐν ταὐτῷ γίγνεται " ἐν ταὐτῷ γὰρ γένει τῇ δυνάμει: © ἀρχὴ 
γὰρ χινητιχή... (2). La différence provient de ce que la nature 
d’un être est le principe interne qui cause des modifications 
dans cet être lui-même, est la source de ses changements, de 
sa croissance ou de sa décroissance, tandis que la δύναμις 
exprimant une relation, est principe d'activité pour un être 
différent, ou de passivité à l’égard d’un agent distinct 

. ἀρχὴ γὰρ χινητική, ἀλλ᾽ οὐκ ἐν ἄλλῳ ἀλλ᾽ ἐν αὐτῷ ἢ αὐτό(9). 
Toutefois les deux notions se trouvent situées l’une à l'égard 
de l’autre dans une sorte de hiérarchie. La δύναμις suppose 
la φύσις ; celle-ci est comme le support de celle-là, elle con- 
stitue l’essence sur laquelle seule peut se greffer la propriété 
première. Au début du chapitre de la Métaphysique que nous 
avons indiqué (H. 8), Aristote parait opposer la nature à 
l'acte et en faire au même titre que la δύναμις un genre logi- 
quement et substantiellement inférieur à l’évépye:z; il semble 
considérer la nature comme une sorte de puissance. Il n’en 
est pourtant rien si l’on regarde les textes de plus près. Sans 
doute, la nature, en tant que simple principe de mouvement, 
et suivant sa définition abstraite, ne traduit aucune actualité 
et par conséquent peut ne pas exprimer autre chose qu’une 


(1) Polit. à 4, 1254 A 13. 

(2) Metaph. H. 8, 1049 B 8. 

(3) Id. id. Cf. une définition plus complète dans Phys. B.1,192B 13: 
Τὰ μὲν γὰρ φύσει ὄντα πάντα φαίνεται ἔχοντα. ἐν Éaurots ἀρχὴν 
χινήσεως χαὶ στάσεως. τὰ μὲν χατὰ τόπον, τὰ dE χατ᾽ αὔξησιν χαὶ 
φθίτιν, τὰ δὲ κατ᾽ à) λοίωσιν... La notion de φύσις est particu- 
lièrement approfondie dans tout ce chapitre de la Physique. --- Cf. égale- 
ment Métaph. À 4 1014 B et de Cælo, | 2, 301 B 17: ᾿Επεὶ ὃς φύσις 
μέν ἐστιν ἣ ἐν αὐτῷ ὑπάρχουσα χινήτεως ἀρχή, δύναμις δ᾽ ἢ 


ἐν ἄλλῳ ñ ἄλλο... etc. 


κν » EL ὄἄμετος CR LT 


+ de 


ΝΌΤΙΟΝ VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE. 4179 


possibilité. En ce sens, il est exact de la comparer à la 


δύναμις. Au contraire, la φύσις non plus notionnelle,_ mais 
réelle, telle qu’elle existe, et telle du reste qu’Aristote l’entend 
dans la suite du chapitre, est essentiellement une actualite. 
Il n’y a vraiment pas de nature sans la forme, dit la Physique, 
et la forme se confond avec l’acte(1) : ... τὸ γὰρ δυνάμει σὰρξ 
ἢ ὀστοῦν οὔτ᾽ ἔχει πω τὴν ἑαυτοῦ φύσιν, πρὶν ἂν λάδῃ τὸ εἶδος τὸ 
χατὰ τὸν λόγον... “ὥστε ἄλλον τρόπον ἣ φύσις ἂν εἴη τῶν ἐχόντων 
ἐν αὑτοῖς κινήσεως ἀρχὴν ἣ μορφὴ καὶ τὸ εἶδος, οὐ χωριστὸν ὃν 
ἀλλ᾽ ἢ κατὰ τὸν λόγον (23) Et la Métaphysique attribue d’une 
façon spéciale l’actualité à la terre et au feu, à cause précisé- 
ment du mouvement qui les anime et qu’ils possèdent en 
soi et par eux-mêmes, à cause donc de leur nature : Μιμεῖται 
δὲ τὰ ἄφθαρτα xat τὰ ἐν μεταδολῇ ὄντα, οἷον γῆ καὶ πῦρ. Καὶ γὰρ 
ταῦτα ἀεὶ ἐνεργεῖ * καθ᾽ αὑτὰ γὰρ καὶ ἐν αὑτοῖς ἔχε. τὴν κίνη- 
σιν. (3) La φύσις se distingue donc de la δύναμις en ce que, 
contrairement à celle-ci, elle est un acte (4). Or logiquement et 
substantiellement, l’acte est antérieur à la δύναμις, et l’idée 
première de δύναμις suppose un être en élat d'agir, une nature 
à laquelle la propriété soit active, soit passive, puisse s’adapter. 
La δύναμις de construction exige un état proportionné à ce 


/ pouvoir, de même la δύναμις de vision, et ainsi pour tout le 


(1) Metaph. Θ᾽ 8, 1050 B 2. ‘Qste φανερὸν ὅτι ἣ οὐσία καὶ TO 
εἶδος ἐνέργειά ἐστιν. 

(2) Phys. B 1, 193 A 36. 

(3) Métaph. ©. 8, 1050 B 28. 

(4) On pourrait tirer aussi un argument de ce fait que la φύσις 
est assimilée fréquemment par Aristote à "ουσία. Cf. v.g. Phys. Β. 1, 192 
B 32: Φύσιν de ἔχει ὅσα τοιαύτην ἔχει ἀρχήν. Kai ἔστι πάντα 
ταῦτα οὐσία * ὑποχείμενον γάρ τι χαὶ ἐν ὑποχειμένῳ ἐστὶν ἢ φύσις 
del. 

. Δοκεῖ δ᾽ ἡ φύσις καὶ ἣ οὐσία τῶν φύσει ὄντων ἐνίοις εἶναι 
τὸ πρῶτον ἐνυπάργον ἑκάστῳ ἀρρύθμιστον χαθ᾽ ξαυτό, οἷον χλίνης 
φύσις τὸ ξύλον, ἀνδριάντος δ᾽ ὁ χαλκός... 193 A 9. Διόπερ οἱ μὲν 
γῆν, οἱ δὲ πῦρ, οἱ ὃ ἀέρα φασίν, οἱ δὲ ὕδωρ, οἱ δ᾽ ἕνια τούτων, 
οἱ dE πάντα ταῦτα τὴν φύσιν εἶναι τὴν τῶν ὄντων. Ὃ γάρ τις 
αὐτῶν Unéhabe τοιοῦτον, εἰτε ἕν εἴτε πλείω, τοῦτο καὶ τοσαῦτά 


| φήσιν εἶναι τὴν ἅπασαν οὐσίαν... 


’ ας LOS ! τῆ νη), ΤῸΝ 2 
De même, la φύσις est assimilée à la pxopon ou à l'et006, cf. id.: 


480. RAPPORTS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE, ETC. 


reste; ... προτέρα ἐστὶν ἡ ἐνέργεια καὶ λόγῳ καὶ τῇ οὐσίᾳ : 

. Τῷ λόγῳ μὲν οὖν ὅτι προτέρα, δῆλον " τῷ γὰρ ἐνδέχεσθαι ἐνερ- 
γῆσαι δυνατόν ἐστι τὸ πρώτως δυνατόν, οἷον λέγω οἰκοδομιχὸν τὸ 
δυνάμενον οἰχοδομεῖν, καὶ ὁρατικὸν τὸ ὁρᾶν, KA ὁρατὸν τὸ δυνατὸν 
ὁρᾶσθα! (1). Par conséquent, la φύσις, dans sa réalité actuelle, 
se confond avec Ἰ᾿ οὐσία et constitue le substrat essentiel de la 
δύναμις qui en est une détermination (2). Mais, nous l’avons 
vu à propos de Platon, l’être est connu par ses diverses δυνά- 
etc, on le définit après avoir analysé ses propriétés constitu- 
tives; l'extérieur, ou plus exactement l’agere ou le pat, 
révèle la substance. Il n’est donc pas étonnant que l’on trouve 
fréquemment rapprochées la φύσις et la δύναμις, et l’on com- 
prend même que, là du moins où on ne veut pas distinguer 
précisément les deux notions, on désigne la nature des êtres 
par l’un ou l’autre de ces termes : la propriété manifestant 
la nature, on en vient à oublier le support pour déterminer au 
moyen de la qualité. C’est le procédé platonicien que nous 
rencontrons encore chez Aristote. 

Δύναμις signifiera donc parfois la définition d’un objet, son 
essence, ce qui le distingue des autres. Ainsi dans la Poli- 
tique : une fois expliqué tout ce qui concerne l’oligarchie et 
la démocratie, la définition de la πολιτεία deviendra beaucoup 
plus claire. Elle est, en un mot, un mélange d'oligarchie et 


"Eva μὲν οὖν τρόπον οὕτως ἣ φύσις λέγεται. ἣ πρώτη ἑκάστῳ 
pa fes τῶν ἐχόντων ἐν αὑτοῖς ἀρχὴν χινήσεως χαὶ 

μεταδολῆς, ἄλλον ὃὲ τοόπον ἣ μορφὴ καὶ τὸ εἶδος τὸ χατὰ τὸν 
τς 

Et soit Τ᾿οὐσία, soit "εἶδος entrent, nous l'avons vu, dans la catégorie 
de l'acte. — Cf. p. 179, n. 1. 

Evidemment, nous n'entreprenons pas ici une étude détaillée de la 
φύσις et nous sommes obligés de restreindre notre point de vue. On 
consultera avec profit sur cette notion les analyses très fines de M. Rivaun 
dans son Problème du devenir. p. 400 et 544. 

(1) Metaph. ©. 8, 1049 B 11. 

(2) Cf. Rivaur, Problème du devenir. p. 391. Du reste, tout le para- 
graphe, p. 385 et sqq., où est exposée la δύναμις aristotélicienne en 
fonction du changement, est à lire. Très riche en documentation et très 
soigné comme analyse, il sera d'une grande utilité pour une étude 
approfondie de la théorie d’Aristote. 


TPE Sa 


oi dise 


des nu SR 
dis , SL 


τ 


NOTION VOISINE DE LA NOTION PLATONICIENNE. 181 


de démocratie : Φανερωτέρα γὰρ ἣ δύναμις αὐτῆς διωρισμένων 
τῶν περὶ ὀλιγαρχίας καὶ δημοχρατίας. Ἔστι γὰρ ἡ, πολιτεία ὡς 
ἁπλῶς εἰπεῖν μίξις ὀλιγαρχίας χαὶ δημοκρατίας (1). 

De même dans la Poëtique : sur la poésie et ses différentes 
formes, quelle est la notion de chacune, comment il faut com- 
poser les fables... expliquons-nous en commençant par ce 
qui vient naturellement en premier lieu : Περὶ ποιητικῆς αὐτῆς 
τε χαὶ τῶν εἰδῶν αὐτῆς, ἥν τινα δύναμιν ἕκαστον ἔχει, καὶ πῶς 
δεῖ συνίστασθαι τοὺς μύθους... λέγωμεν ἀρξάμενοι. χατὰ φύσιν 
πρῶτον ἀπὸ τῶν πρώτων (3). Et plus loin : certains arts, dit- 
on, réalisent l’imitation grâce au rythme, à la parole, à l’har- 
monie. Ces trois moyens sont parfois séparés, parfois unis. 
Par exemple, l’art de l’aulète et celui du cythariste usent 
seulement de l’harmonie et du rythme, ainsi que tous ceux 
du même genre (de la mème nature) que l’art de jouer de la 
ΕΠ {δ᾽ NA: ἅπασαι μὲν ποιοῦνται τὴν μίμησιν ἐν ῥυθμῷ χαὶ 
λόγῳ χαὶ ἁρμονίᾳ, τούτοις δ᾽ 7 χωρὶς 7 μεμιγμένοις, οἷον 
ἁρμονίᾳ μὲν καὶ ῥυθμῷ χρώμεναι μόνον À τε αὐλητικὴ καὶ h χκιθα- 
ριστική, χἂν εἴ τινες ἕτεραι τυγχάνωσιν οὖσαι τοιαῦται τὴν 
δύναμιν, οἷον ἣ τῶν συρίγγων (3). à 

Souvent aussi, le mot δύναμις désignera l’objet lui-même 
et s’unira au terme exprimé à la façon d’une locution péri- 
phrastique qui pourrait être remplacée par φύσις. Ainsi on 
parlera de la δύναμις des organes, de la δύναμις de la bouche, 
de la δύναμις des narines, pour signifier simplement les 
organes eux-mêmés, ou la bouche, ou les narines(4). Ou 
bien il sera question de la δύναμις du feu, du souffle, du 
nitre, dans un sens analogue à celui que nous avons 
indiqué (5). Tous ces emplois du terme rappellent en somme 
l’usage si fréquent que nous avons pu constater par exemple 


(1) Polit. ὃ 8, 1293 B 32. 

(2) De Arte Poet. 1. 1447 A 9. 

(3) Id, 1. 1441 À 91. — Cf. Bonrrz, 206 B 29 à 38. 

(4) De Resp. 11, 476 À 25. — De Vita et Morte, 3. 469 Α 3. — De Partibus 
animal. À 10. 657 À 3: ... ὦτά TE γὰρ δύο καὶ ὄμματα καὶ ἣ τῶν 
μυχτήρων δύναμις διφυής ἐστιν... 

(3) Metereol, β 3. 359 B 10; 8. 366 B 16 ; 367 B ὅ. --- Βονιτ2, 206 Β 38 à 56. 


182 RAPPORTS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE,: ETC. 


dans le | Timée. Tout en conservant la distinction de la nature 
et de ses propriétés, Aristote, comme Platon, rapproche 
parfois les deux idées, au point de les confondre en apparence, 
là surtout où on ne doit point préciser ces notions. 


4. Enfin, de la définition posée, il ressort que certaines 
entités portent le nom de δύναμις à cause de leur rôle ou de 
leur fonction. Je ne parle pas seulement des sens et des facultés 
ou puissances qui constituent comme des parties de l’âme, les 
principes divers des mouvements vitaux(1), mais aussi 
d'êtres qui au premier aspect ne paraissent posséder aucun 
caractère dynamique : telles les sciences, tels les arts. Nous 
avons vu au chapitre précédent comment Platon désignait 
souvent sciences ou arts par le terme δύναμις. Aristote égale- 
ment fait du mot un usage analogue et il explique la raison 
de cet emploi : établissant dans la Métaphysique la différence 
entre les δυνάμεις ἄλογοι. et les δυνάμεις μετὰ λόγου, c'est- 
à-dire entre celles qui sont déterminées à un seul et même 
effet, et celles qui peuvent produire indifféremment l’un ou 
l’autre des contraires, 11] range les sciences et les arts parmi 
les δυνάμεις μετὰ λόγου. « En effet, dit-il, on peut appeler 
légitimement δυνάμεις tous les arts et toutes les sciences 
pratiques qui possèdent quelque action, qui sont aussi des 
principes de modifications dans un autre... De plus, τέχνα! et 
ἐπιστῆμαι! réalisent la notion de δυνάμεις rationnelles, car, 
au contraire de la chaleur, par exemple, qui ne fait qu'échauf- 
fer, l’art de la médecine s'applique soit à la santé, soit à la 
maladie... » Διὸ πᾶσαι αἱ τέχναι καὶ αἱ ποιητικαὶ ἐπιστῆμαι 


δυνάμεις εἰσίν " ἀρχαὶ γὰρ μεταύλητικαί εἰσιν ἐν ἄλλῳ ἢ ἄλλο καὶ 
αἱ ΒΕ μετὰ λόγου πᾶσαι τῶν ἐναντίων αἱ αὐταί, αἱ δ᾽ ere ia ᾿ 

L A] 
ἑνός, οἷον τὸ ee τοῦ ne μόνον, ἣ δὲ ἰατρικὴ νόσου χαὶ 


(D) Περὶ ψυγῆς β 3.414 À 31: δυνάμεις δ’ εἴπομεν θρεπτιχὸν, 
ὀρεχτιχὸν, αἰσθητιχὸν, χινητικὸν χατὰ τόπον, διανογτικόν. Cf. aussi, 
id. γ 9. 432 À 929 ; 10. 433 B 1 : τοῖς ὃὲ ὃ διαιροῦ ι TO LEON τὴς ψυχῆς. 
ἐὰν κατὰ τὰς δυνάμεις διαιρῶσι χαὶ χωρίζωσι, πάμπολλα Te 
θρεπτιχὸν, αἰσθητιχὸν, νοητικὸν, βουλευτιχὸν, ἔτι ὀρεχτιχόν... — 
De Gener. animal. À 7. 745 B 95. --- Eth. Niçom. C7, 1141 B 28. — Cf. 
BoniTz, 207 À 38 à 207 B ὃ. 


NOTION PROPREMENT ARISTOTÉLICIENNE. 183 


ὑγιείας (1). Et ainsi s'explique l’assimilation si fréquente que 
l’on trouve dans les ouvrages aristotéliciens entre les δυνάμεις 
μετὰ λόγου et les τέχνα. ou ἐπιστῆμαι (9). Très souvent ces 
mots sont synonymes, ou du moins arts et sciences sont 
compris parmi les espèces du genre plus étendu qu'est la 
δύναμις. 


8. 2. NOTION PROPREMENT ARISTOTÉLICIENNE 


L'analyse de la δύναμις relative au mouvement, c’est-à-dire 
qui passe à l’acte, qui est le principe des modifications et des 
changements, amène Aristote à une détermination plus large 
et plus profonde du concept. Si l’idée de changement lui a 
permis de préciser celle de l’acte, celle de l’acte à son tour 
sera le point de départ d’une compréhension plus complète 
de la puissance. Acte et puissance sont deux termes corrélatifs 
qui se supposent et s'expliquent mutuellement, et en affirmant 
l'existence de l’une et de l’autre réalité, le Ve Livre de la 
Métaphysique laisse entrevoir déjà cette théorie de la δύναμις 
qui reste une des conquêtes de la philosophie aristotélicienne. 
« Dire d’une chose qu’elle est, signifie soit un être actuel, 
soit sa possibilité d'existence. Nous disons qu'il voit celui 

qui possède la puissance de voir, aussi bien que celui qui voit 
effectivement. Savoir, c’est pouvoir se servir de la science ou 
s’en servir en fait... » : "Ext τὸ εἶναι σημαίνει καὶ τὸ 0v, τὸ μὲν 
δυνάμει ῥητόν, τὸ δ᾽ ἐντελεχείᾳ τῶν εἰρημένων τούτων. ‘Opwy 
τε γὰρ εἶναί φαμεν καὶ τὸ δυνάμει [ὁῥητῶς] ὁρῶν καὶ τὸ ἐντελεχείᾳ * 
καὶ τὸ ἐπίστασθαι ὡσαύτως χαὶ τὸ δυνάμενον χρῆσθαι τῇ ἐπιστήμῃ 
χαὶ τὸ χρώμενον... (3). Dans le même sens, la statue d'Hermès 
est dans le marbre où elle sera taillée: la moitié, dans la ligne 


(1) Métaph. @ ἃ, 1046 B 2. Voir aussi @ 5, 1048 A. 

(2) Eth. Nicom. E. 1,1129 À 12. — Τέχνη Ρητορική α 2. 1358 A 7. — 
Politica 8 8,1268 B 36; θ 1,1337 À 19. — Topica, 3. 101 B6. — De Gener. 
et Corrupt. 3 9, 335 Β 93. — Metaph. ὃ 12, 1019 A 17. — Cf. Boxrrz, 207 B 
5 à 98. 

(3) Métaph. ὃ 7, 4017 A 35. 


184 RAPPORTS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE, ETC. 


où elle sera prise... La puissance, en mot, comme l'acte, 
exprime l'être. 

Cette distinction entre pouvoir agir et agir n’est pourtant 
pas absolument originale et propre au Stagirite. Ce dernier 
l'avait sans doute entendu développer plus d’une fois par son 
maitre, et du moins il avait dû la lire dans le Dialogue de 
Théétète, où Platon compare 1 ἕξις et la χτήσις, la possession 
actuelle et la possession virtuelle. Posséder, dit-il, n’est pas 
la même chose qu’avoir. On peut posséder un habit, le garder 
soigneusement enfermé; on ne l’a pas, si on ne le porte pas. 
Semblablement, il serait possible de posséder la science sans 
l'avoir (on peut s’en servir, dit Aristote, mais en fait on ne 
s’en sert pas). On ressemble au maitre du pigeonnier qui 
peut à volonté prendre ses colombes quand bon lui semblera 
et les possèdera ainsi d’une certaine façon : ... δύναμιν μὲν 
αὐτῷ περὶ αὐτὰς παραγεγονέναι... il ne les aura en réalité que 
lorsqu'il les tiendra entre ses mains(1). Ces différentes 
comparaisons expriment en somme la distinction de l'acte 
et de la puissance, et si la Métaphysique devait analyser plus 
profondément les deux notions, le Théétète fournissait déjà 
les linéaments de la théorie. 

Il ne faut pas confondre, comme le prétendaient les 
Mégariques, δύναμις et acte. 1] est faux « que l’on n’a de 
puissance absolument qu’au moment où l’on agit, et que là 
où on n'’agit pas, On n’a aucune puissance.….; que celui qui ne 
construit pas ne peut pas construire, mais que celui qui 
construit est le seul qui ait la puissance de construire au 
moment où il construit(2). » Pareille doctrine conduit 
directement au système de Protagoras et réduit toute chose à 
la sensation : ni le froid, ni le chaud, ni le doux, ni quelque 
objet sensible n'existent du moment que nous ne les sentons 
plus; elle supprime le mouvement et la production des 
choses(3)... Il n’en est pas moins vrai toutefois, que, sans 
se confondre, δύναμ!ς et acte se trouvent dans une corrélation 


(1) Théetète 197 C. 
(2) Metaph. À. 3 1046 B 99. 
(8) Id. id. 4047 A 24. 


NOTION PROPREMENT ARISTOTÉLICIENNE. 185 


étroite et se déterminent mutuellement. Un être est dit en 
puissance d’un acte, lorsque, en lui, aucun obstacle ne s'oppose 
au passage à cet acte : Ἔστι δὲ δυνατὸν τοῦτο ᾧ ἐὰν ὑπάρξῃ ἣ 
ἐνέργεια, οὗ λέγεται ἔχειν τὴν δύναμιν, οὐθὲν ἔσται ἀδύνατον (1). 
Par exemple, si quelqu'un ἃ la faculté de s’asseoir, 11 doit n°y 
avoir pour lui aucune impossibilité à s'asseoir... En d’autres 
termes, la δύναμις n’est pas une négation de [᾿ὀΐγθ, elle est 
comme une direction suivant laquelle s’actuera la réalité. 
Loin d’être néant, elle reste engagée dans la substance 
comme une force, non capricieuse et livrée au hasard, mais 
ordonnée suivant un certain sens et un mouvement donné, et 
elle explique le développement et la nature de l'acte. Les 
divers exemples ἐνέργειαι cités par Aristote, permettent de 
se rendre compte de sa signification : « l’acte, c’est, par 
exemple, le rapport de l’ouvrier qui construit effectivement 
à celui qui peut construire; le rapport de l’homme éveillé à 
celui qui dort; le rapport de l’homme qui regarde à celui qui 
ferme les yeux, tout en ayant le sens de la vue..., le rapport 
de l’objet tiré de la matière à la matière elle-même, de ce qui 
est travaillé à ce qui ne l’est pas(2). » Mais pouvoir 
construire, pouvoir regarder, pouvoir produire un objet... ne 
représentent pas de simples négations. De plus, les termes 
exprimés par ces rapports sont étroitement liés entre eux, 
de sorte que ni l’acte ne s'effectuera s’il n’est d’abord en puis- 
sance de se réaliser. ni la puissance ne produira l’acte si elle 
reste indéfinie et ne prépare par sa direction l'apparition de 
tel être distinct. On peut donc définir la δύναμις, la possi- 
bilité d’être d’une façon déterminée, et l’on voit ainsi, comme 
le remarque Aristote, qu’elle n’est pas simplement pour nous 
ce qui naturellement peut mouvoir une autre chose ou être 


(A) Id. id. 1047 A 24. 

(2) Id. id. 6, 1048 À 35. Δῆλον δ᾽ ἐπὶ τῶν καθ᾽ ἕχαστα τῇ ἐπα- 
γωγῇ ὃ βουλόμεθα λέγειν, καὶ οὐ δεῖ παντὸς ὅρον ζητεῖν ἀλλὰ καὶ 
τὸ ἀνάλογον συνορᾶν, 671 ὡς τὸ οἰχοδομοῦν πρὸς τὸ οἰχοδομιχόν, 
χαὶ τὸ ἐγρηγορὸς πρὸς τὸ καθεῦδον, xai τὸ δρῶν πρὸς τὸ μύον μὲν 
ὄψιν ὃὲ ἔχον, καὶ τὸ ἀποχεχριμένον x τῆς ὕλης πρὸς τὴν ὕλην, 
καὶ τὸ ἀπειργασμένον πρὸς τὸ ἀνέργαστον. — Cf. aussi sur les rela- 
tions entre la δύναμις et l'acte, Boxrrz, 207 B 43 sq. 


186 RAPPORTS ENTRE LA δύναμις PLATONICIENNE, ETC. 


τη par elle, mais qu’elle possède une seconde signification : 
Kai γὰρ τὸ δυνατὸν ἅμα δῆλον ἔσται διαιροῦσιν, ὅτι οὐ μόνον 
τοῦτο λέγομεν δυνατὸν ὃ πέφυχε κινεῖν ἄλλο ἢ κινεῖσθαι ὑπ᾽ ἄλλου, 
ἢ ἁπλῶς ἢ τρόπον τινά, ἀλλὰ καὶ ἑτέρως (1). 

Sur cette notion se greffe la théorie de la puissance, et 
c’est le terme que nous devons imposer à notre étude. Notre 
but, comme nous l'avons dit, n’est pas de faire l’exposé et 
d’instituer la critique de cette théorie très délicate et très 
complexe. Il nous a sufli de voir comment elle s’embranche 
sur la conception platonicienne de la δύναμις et comment, 
peut-être, la première idée de cette doctrine existait éparse 
dans quelques textes des Dialogues. Evidemment Aristote a 
perfectionné ces ébauches; il les ἃ enrichies de toutes les 
analyses dues à sa science prodigieuse de la nature et de 
toutes les méditations suggérées, il est permis de le croire, 
par telles pages du Théétète ou du Timée(2). Le germe 
néanmoins se trouvait chez Platon, et sans doute Aristote, en 
construisant son système, a plus d’une fois songé aux leçons 
de son vieux maitre dont il prolongeait encore ici, comme en 
tant d’autres points de son enseignement, la pensée toujours 
infiniment féconde. 


ἜΘ NET pee 

(4) Id. id. 6, 1048 A 27. 

(2) Si nous avions étudié ex professo la théorie de la puissance, nous 
aurions dû signaler et exposer la doctrine de la χώρα dans Timée. Mais 
notre tâche étant de déterminer le sens du terme δύναμις, nous AYONS Cru 
devoir laisser de côté cette doctrine qui n'intéressait pas immédiatement 


notre sujet. 


CRTERSE FC 


RE D 2 


CONCLUSION 


Si Aristote a fixé définitivement le sens philosophique du 
terme δύναμις. Platon en avait déjà préparé l'adaptation en 
précisant le vocabulaire scientifique de son époque. Toute 
l'étude préparatoire à l’examen des Dialogues ἃ pu nous 
permettre de vérifier une fois de plus l’influence considérable 
des physiciens et des sophistes sur la pensée platonicienne. 
Le théoricien des Idées n’est point aussi distant de ses 
contemporains qu'on le supposerait parfois, tant sa person- 
nalité a fini par absorber toute une période d'histoire de la 
pensée ancienne. Mais, en fait, ainsi qu’on l’a remarqué, dans 
toute son œuvre, « c’est la science des apparences qui tient le 
plus de place (1). » Sa méthode philosophique est une appli- 
cation de la méthode mathématique ou des diverses techniques 
vulgarisées de son temps (2). Or cette science des apparences 
à laquelle, depuis Thalès, toutes les écoles de physiciens appor- 
taient leur appoint, ces techniques, en vogue chez les rhéteurs, 
comme dans des milieux plus scientifiques, avaient leur 
terminologie très spéciale. Platon l’emprunte et l’acclimate 
dans les domaines où elle n'avait pas encore pénétré 
domaine moral ou dialectique. 

C’est pourquoi dans les Dialogues, l’acception .du terme 
δύναμις n’est pas très différente de celle que l’on retrouve 
dans les traités médicaux de la collection hippocratique. Là 
comme ici, le mot traduit la propriété qui permet aux êtres 
de se manifester, qu'il s'agisse, du reste, des êtres de la nature 
ou des Idées supérieures à la nature sensible. Chez tous, il v 


(1) Rivaup. Problème du devenir, p. 279. 
(2) Diès. L’Idée de la Science dans Platon, p. 195. 


Γ΄ ν LA” - Ὁ AU 4 ἀξ δὰ; 


188 : CONCLUSION. 


a une réalité incommunicable, inconnaissable directement, 
qui les constitue : c’est leur φύσις, leur εἶδος, leur οὐσία (1). 
Ces mots sont très souvent synonymes et désignent d’une 
façon générale le fond substantiel des objets ou des Idées, 
leur côté interne et absolu, leur noumène. Mais ces êtres, 
étant en relation mutuelle, doivent pouvoir agir ou se 
manifester. Il y a donc en eux un côté extérieur et relatif qui 
les fait apparaître, le phénomène (φαίνεσῆα!) exprimant le 
noumène : c’est la δύναμις. 

Platon a peut-être plus accentué que ses devanciers le 
rapport très étroit qui existe entre cette qualité révélatrice des 
êtres et l’idée de cause. Dans le Philèbe il juxtapose expli- 
citement ces deux notions(?) : les êtres, en effet, se mani- 
festent surtout par leur action, et ce qu’ils produisent fait 
connaitre ce qu’ils sont : le feu brüle, l’œil voit, le médecin 
guérit. Le principe d'efficacité que possèdent ces natures, la 
force mouvante, le pouvoir propre d'expansion qui est en 
elles, permet de les distinguer, de les dénommer, de les 
classer. Leur δύναμις sera donc à la fois source d’activité pour 
elles, et pour l'intelligence qui observe, moyen d'établir les 
distinctions et les classifications scientifiques(3). Aristote 


(1) Pour εἴοος, ἰδέα, cf. l'étude de Ritter dans les Neue Untersuchungen. 
On peut se reporter spécialement au tableau récapitulatif, p. 322. Le sens 
le plus fréquent de ces termes est celui de constitution, état d'une chose ou 
d'un concept, ou bien de réalité objective, fondement de nos représenta- 
tions. Dans ce dernier sens, εἰδος. ἰδέῥέα sont synonymes de ὃ ἔστιν ὄν, 
αὐτὸ χαθ᾽ αὑτὸ ὃν (v.g. Phédon 102 B, 106 D). 

Φύσις est souvent synonyme de οὐσία (v.g. Cratyle 385 E, 386 D. E, 
387 D; Phédre 354 E, 270 D. E, 271 A), parfois de εἶδος (v.g. République, 
V. 476 A. B), mais plus que les autres expressions, désigne ce qu'il y ἃ de 
permanent, de stable, de vrai dans les êtres de la nature, ce qui les cons- 
titue et les caractérise. Cf. Bury, On the use of δύναμις and φύσις 
in Plato, p. 300. 

(2) Philèbe, 30 D : Οὐκοῦν ἐν μὲν τῇ τοῦ Διὸς ἐρεῖς φύσε: βατι- 
λικὴν μὲν ψυχήν, βασιλικὸν dE νοῦν ἐγγίγνετθαι διὰ τὴν τῆς 
αἰτίας δύναμιν. Cf. Bury, On the use... p. 298. 

(3) Voir, par exemple, les théories onomastiques du Cratyle, ou 165 
classifications du Sophiste, v. g. 227 B. 


CONCLUSION. 189 


a développé ce point de vue de son maître, et l’on sait quel 
lien étroit relie puissance et cause(1). Toutes deux sont 
principe de mouvement et de transformation : la puissance 
active n’est qu’une aptitude à donner, une possibilité de 
cause inhérente à telle ou telle propriété fondamentale des ! 
êtres; la puissance passive, une aptitude à être agi, à 
recevoir, une possibilité d’effet. 

De cette étude, il ressort également que s’il y a une 
relation entre la δύναμις et l'être, les deux notions ne se 
confondent pourtant pas. La définition provisoire de l’être 
par la δύναμις, exposée dans le Sophiste, est insuffisante à 
justifier une pareille identification : un examen minutieux 
des textes soit antérieurs, soit postérieurs à ce dialogue, ne 
révèle aucune trace de synonymie entre ces termes. On ne 
peut pas dire : l’être est δύναμις, mais l'être a δύναμις. Il n’est 
donc pas légitime de baser sur ce seul passage une théorie 
des Idées-Ames qui aurait, affirme-t-on, son point de départ 
dans le Sophiste et caractériserait l’enseignement désormais 
transformé de Platon vieillissant (2). Platon n’a pas tenté une 
doctrine énergétique de l’être absolu, ou du moins, si l’on 
veut considérer comme un essai l'argumentation du Sophiste, 
il faut avouer que l’essai ἃ été aussitôt abandonné, puisqu'on 
n’en trouve point d’écho dans les écrits suivants. 

Toutefois, pourrait-on objecter, si la δύναμις est un prin- 
cipe d'action, par conséquent de mouvement et de trans- 
formation, l’Idée qui la possède n’est-elle pas essentiellement 
mouvante et active? N’est-elle pas cause efliciente, et non plus 
seulement cause formelle? À cela, nous répondrons que pré- 
cisément les cas sont extrêmement rares où le terme δύναμις 


(4) Métaphysique À, 12, 1019 A15; 2, 1013 A2 sqq. 

(2) Cf. v.g. Gourerz, Les Penseurs de la Grèce. IL, p. 598 : « En se fon- 
dant sur cette définition, Platon arrache aux « amis des Idées » cette 
concession : que l'énergie et par conséquent aussi le mouvement ne peuvent 
manquer à ces essences suprêmes. Il leur reconnaît de plus vie, âme el 
intelligence — au moyen d'une saute de pensée due à la tendance qui 
domine de plus en plus les œuvres de sa vieillesse, celle de considérer les 
principes primordiaux de l'univers comme psychiques et conscients ». 


δ΄ τἴ 5 


100 ἷ CONCLUSION. - 


est appliqué aux Idées. Sur les 468 exemples relevés dans les 
Dialogues, on ne peut guère citer que deux textes du 
Parménide (134 D, 150 C D), un texte du Timée (28 A) et les 
quelques passages du Sophiste où l’on parle du pouvoir, de la 
propriété des Idées de communiquer entre elles (252 E, 254 C). 
Or dans aucun de ces passages la δύναμις ne signifie une 
action quelconque des Idées, supposant en elles mouvement 
et vie, mais elle désigne simplement le point de vue parti- 
culier qui, dans les différentes relations, manifeste leur 
essence : v.g. la propriété de surpasser ou d’être surpassé 
caractérisera l’Idée de Grandeur ou l’Idée de Petitesse 
(Parménide 150 C D). Les Idées, comme les choses, pour 
devenir objet de connaissance, doivent posséder certaines 
déterminations (leurs δυνάμεις), qui révèlent, au moins par 
quelques côtés, leur nature intime et cachée, mais on n’en 
peut conclure que ces déterminations soient douées d’énergies 
ou de vertus spéciales, à la façon des vivants : du moins les 
textes n’autorisent pas semblable interprétation. 

Partout ailleurs, la δύναμ'ς exprime une qualité propre aux 
êtres de la nature, du monde sensible : elle est donc bien 
plus une notion de la physique que de la dialectique platoni- 
cienne; elle se développe presque exclusivement sur le 
terrain expérimental, et ce fait nous explique qu’Aristote lui 
ait fait un si large accueil dans sa philosophie. 


Index des Noms propres 


Les Dialogues de Platon ont eté compris dans cet Index et 
sont désignés par les caractères en italiques. 


Alcméon, 26, 31. 

Alexandre Aphrodisias, 29. 

Anaxagore, 51. 

Andocide, 16. 

Aristophane, 4, 8. 

Aristote, 27 (n. 3, 4), 28, 
31, 15, 164, 168, 169 et 
sqq. 


Bonitz, 169 (n.1),173(n. 1), 
176 (n. 4), 177 (n. 1), 181 
(n.:3, 5), 182 (n. 1), 189 
(n. 2), 185 (n. 2). 

Burnet, 23 (n. 1), 24, 24 
(n. 1, 3), 27 (n. 4), 31, 
on }». 0, (π:- ἢ, 51 
(n. 1). 

Bury,193 (n. sue 104 (η. 1), 
188 (n. 1, 2). 

Campbell, 101 (n. 1), 111 
(n. 1). 

Cantor, 31 (n. 1). 

Charmide, 73,150,156, 160, 
172,174 (n. 2),175 (n 2). 

Claude Bernard, 54 (n. 1). 

Cratyle, 41 (n. 1), 82, 150, 
161, 162, 162 (n. 1), 188 
{η: 1.9): 

Critias, 131. 

Criton, T8. 


Démocrite, 21. 
Démosthène, 20. 
Diels, 21, 22, 24 (n. 5, 6), 


27,217 (n. 2, 4), 39 (n. 1), 
51, 98, 58 (n. 1), 59. 
Diès, 31 (n. 5), 58 (n. 1),153 
(n.1),155 (n.1), 187 (n.2). 
Diogène d’Apollonie, 34. 
Ecphante, 27, 27 (n. 1), 28. 
Eisler, 162 (n. 1). 
Empédocle, 31, 36 (n. 1), 
39 (n. 1), 51. 
Eschine, 18. 
Euclide, 30 (n. 2). 
Eudème, 30. 
Euthydème, 82. 


Galien, 153 (n. 1). 
Gomperz Th. 189 (n. 2). 
Gorgias, 57, 58 (n. 1). 
Gorgias, 18, 150, 161. 


Heindorf, 111 (n. 1). 

Héraclite, 31,154, 162 (n. 1). 

Hérodote, 4, 8. 

Hiéroclès, 23 (n. 2), 25 
(n. 1). 

Hippias Major, T2. 

Hippias Minor, T2. 

Hippocrate, 31 (n. ὃ), 155. 

Hippocrate (de Chios) 30, 
30 (n. 2). 

Homère, 148, 162 (n. 1). 


lon, 87, 150, 156. 
Isocrate, 4, 57, 59, 70, 162. 


Jowett, 101 (η. 1), 122 (n. 1). 


102 


Külhewein, 32, 36, 37, 98, 
55 (n. 1). 


Lachès Π1: 15 0.159. 109: 

Littré, 32, 38, 39, 41, 40. 
45, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 
D4, 55, 157, 158. 

Lois: 1922517452 “159; 
156, 159, 163, 160 167 

Lysias, 17. 


Martin H. 195 (n. 1), 127 
(n. 1). 

Mégariques, 184. 

Mélissos, 21, 39 (n. 1). 

Menexène, 81. 

Ménon, 56. 

Ménon, 81. 

Mullach, 23 (n. 2),25 (n. 1). 


Paley, 122 (n. 1). 

Parménide, 26, 159, 
155 (n. 1), 158. 

Parmeénide, 109, 162 (n. 1), 
16019074 

Peipers, 156. 

Phédon, 90, 150, 156, 188 
(n°4); 

Phèdre 62, 402, 1451, 152, 
153, 156, 161, 188 (n. 1). 

Phérécyde, 162, 162 (n. 1). 

Philèbe, 119, 151, 156, 159, 
166, 167, 188. 

Philistion, 56. 

Philolaos, 27. 

Politique, 114, 151, 153, 
157, 158, 161, 163, 177. 

Protagoras, 184. 

Protagoras, 75, 150, 
160. 


159, 


VE De. .." ἀν, 
, 


‘INDEX DES NOMS PROPRES. 


Pythagore, 23 (n. 2), 25, 26, 
105 (n. 1). 
Pythagoriciens, 175. 


République, 62, 90,150, 151, 
4159, 453, 1456, 457.108 
161,163.164.165.166,167 
(n. 1), 168, 188 (n. 1). 

Ritter, 71 (n. 1), 124 (n. 1), 
137, 143 (n.1),146 (n. 1), 
156,157 (n. 1), 188 (n. 1). 

Rivaud,180(n.1,2),187 (n.1). 

Rouse-Ball, 30 (n. 3). 

Rudio, 30 (n. 1). 


Schleiermacher, 111 (n. 1). 
Simplicius, 30 (n. 1). 
Sophiste, 110, 151, 152, 
154, 155, 156. 158, 161, 
172, 188 (n. 3), 189, 190. 
Symposion, 62, 88. 


Tannery, 26, (ἃ. 1, 9); ΑἹ 
(n. 1), 105 (n. 4), 106. 
Taylor, 24, 24 (n. 2, 4), 31, 
36 (n. 1), 39 (n. 1), A 
(n. 1), 65 (n. 1). 

Thalès, 187. 

Théétète, 30, 104, 154, 156, 
165, 166, 184, 186. 

Théodore de Cyrène, 105 
(n. 1). 

Théognis, 148. 

Thucydide, à, 8. 

Timee, 1923, 1514, 152, 156, 
159, 163, 166, 182, 186, 
190. 


Xénophon, 4, 8, 10, 22. 


Zeuthen, 30 (n. 2). 


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Hippias Minor(375 D - 316 B - MTS ς | 2 LE  ——_—- ee RC 1 ----- — | Ἔ 
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509 D. E, 510 A, 511 A, | | | 457 B, 460 À | 
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Cratyle 420 À 397C, 399 D, 1008, 4058, 3058. 394.Α.Β. 6, AVE, | 405 E 
| | 403 B, 408 À, 4380 405 A ,406A,412E,417B. | | | 
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Ménéxène 240 D 240 D 5 ἘΞ ΟΝ ss à AG :C "RE à EPA EL DR 5 τ ῥ-. | es | ἘΜ] τ 
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Ν | | +. sas." 15 Re Ὁ AR 2 | 536 À = = HER. «58 | A L 
Symposion | 183 A, 184 A, 188 ἢ, 915 C, 216 C, ASE 202 E | | 
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