Skip to main content

Full text of "Union médicale du Canada"

See other formats


Google 


This is a digital copy of a book that was preserved for generations on library shelves before it was carefully scanned by Google as part of a project 
to make the world’s books discoverable online. 

It has survived long enough for the copyright to expire and the book to enter the public domain. A public domain book is one that was never subject 
to copyright or whose legal copyright term has expired. Whether a book is in the public domain may vary country to country. Public domain books 
are our gateways to the past, representing a wealth of history, culture and knowledge that’s often difficult to discover. 


Marks, notations and other marginalia present in the original volume will appear in this file - a reminder of this book’s long journey from the 
publisher to a library and finally to you. 


Usage guidelines 
Google is proud to partner with libraries to digitize public domain materials and make them widely accessible. Public domain books belong to the 


public and we are merely their custodians. Nevertheless, this work is expensive, so in order to keep providing this resource, we have taken steps to 
prevent abuse by commercial parties, including placing technical restrictions on automated querying. 





We also ask that you: 


+ Make non-commercial use of the files We designed Google Book Search for use by individual 
personal, non-commercial purposes. 





and we request that you use these files for 


+ Refrain from automated querying Do not send automated queries of any sort to Google’s system: If you are conducting research on machine 
translation, optical character recognition or other areas where access to a large amount of text is helpful, please contact us. We encourage the 
use of public domain materials for these purposes and may be able to help. 


+ Maintain attribution The Google “watermark” you see on each file is essential for informing people about this project and helping them find 
additional materials through Google Book Search. Please do not remove it. 


+ Keep it legal Whatever your use, remember that you are responsible for ensuring that what you are doing is legal. Do not assume that just 
because we believe a book is in the public domain for users in the United States, that the work is also in the public domain for users in other 
countries. Whether a book is still in copyright varies from country to country, and we can’t offer guidance on whether any specific use of 
any specific book is allowed. Please do not assume that a book’s appearance in Google Book Search means it can be used in any manner 
anywhere in the world. Copyright infringement liability can be quite severe. 






About Google Book Search 


Google’s mission is to organize the world’s information and to make it universally accessible and useful. Google Book Search helps readers 
discover the world’s books while helping authors and publishers reach new audiences. You can search through the full text of this book on the web 
ai[http: //books . google. com/| 














Google 


A propos de ce livre 


Ceci est une copie numérique d’un ouvrage conservé depuis des générations dans les rayonnages d’une bibliothèque avant d’être numérisé avec 
précaution par Google dans le cadre d’un projet visant à permettre aux internautes de découvrir l’ensemble du patrimoine littéraire mondial en 
ligne. 





Ce livre étant relativement ancien, il n’est plus protégé par la loi sur les droits d’auteur et appartient à présent au domaine public. L'expression 
“appartenir au domaine public” signifie que le livre en question n’a jamais été soumis aux droits d’auteur ou que ses droits légaux sont arrivés à 
expiration. Les conditions requises pour qu’un livre tombe dans le domaine public peuvent varier d’un pays à l’autre. Les livres libres de droit sont 
autant de liens avec le passé. Ils sont les témoins de la richesse de notre histoire, de notre patrimoine culturel et de la connaissance humaine et sont 
trop souvent difficilement accessibles au public. 











Les notes de bas de page et autres annotations en marge du texte présentes dans le volume original sont reprises dans ce fichier, comme un souvenir 


du long chemin parcouru par l’ouvrage depuis la maison d’édition en passant par la bibliothèque pour finalement se retrouver entre vos main: 





Consignes d’utilisation 


Google est fier de travailler en partenariat avec des bibliothèques à la numérisation des ouvrages appartenant au domaine public et de les rendre 
ainsi accessibles à tous. Ces livres sont en effet la propriété de tous et de toutes et nous sommes tout simplement les gardiens de ce patrimoine. 
Il s’agit toutefois d’un projet coûteux. Par conséquent et en vue de poursuivre la diffusion de ces ressources inépuisables, nous avons pris les 
dispositions nécessaires afin de prévenir les éventuels abus auxquels pourraient se livrer des sites marchands tiers, notamment en instaurant des 
contraintes techniques relatives aux requêtes automatisées. 





Nous vous demandons également de: 


+ Ne pas utiliser les fichiers à des fins commerciales Nous avons conçu le programme Google Recherche de Livres à l’usage des particuliers. 
Nous vous demandons donc d’utiliser uniquement ces fichiers à des fins personnelles. Ils ne sauraient en effet être employés dans un 
quelconque but commercial. 


+ Ne pas procéder à des requêtes automatisées N’ envoyez aucune requête automatisée quelle qu’elle soit au système Google. Si vous effectuez 
des recherches concernant les logiciels de traduction, la reconnaissance optique de caractères ou tout autre domaine nécessitant de disposer 
d’importantes quantités de texte, n’hésitez pas à nous contacter. Nous encourageons pour la réalisation de ce type de travaux l’utilisation des 
ouvrages et documents appartenant au domaine public et serions heureux de vous être utile. 


+ Ne pas supprimer l'attribution Le filigrane Google contenu dans chaque fichier est indispensable pour informer les internautes de notre projet 
et leur permettre d’accéder à davantage de documents par l’intermédiaire du Programme Google Recherche de Livres. Ne le supprimez en 
aucun cas. 


+ Rester dans la légalité Quelle que soit l’utilisation que vous comptez faire des fichiers, n'oubliez pas qu’il est de votre responsabilité de 
veiller à respecter la loi. Si un ouvrage appartient au domaine public américain, n’en déduisez pas pour autant qu’il en va de même dans 
les autres pays. La durée légale des droits d’auteur d’un livre varie d’un pays à l’autre. Nous ne sommes donc pas en mesure de répertorier 
les ouvrages dont l’utilisation est autorisée et ceux dont elle ne l’est pas. Ne croyez pas que le simple fait d’afficher un livre sur Google 
Recherche de Livres signifie que celui-ci peut être utilisé de quelque façon que ce soit dans le monde entier. La condamnation à laquelle vous 
vous exposeriez en cas de violation des droits d’auteur peut être sévère. 





À propos du service Google Recherche de Livres 


En favorisant la recherche et l’accès à un nombre croissant de livres disponibles dans de nombreuses langues, dont le français, Google souhaite 
contribuer à promouvoir la diversité culturelle grâce à Google Recherche de Livres. En effet, le Programme Google Recherche de Livres permet 
aux internautes de découvrir le patrimoine littéraire mondial, tout en aidant les auteurs et les éditeurs à élargir leur public. Vous pouvez effectuer 
des recherches en ligne dans le texte intégral de cet ouvrage à l'adresse[http://books.google. con] 

















BOSTON 
MEDICAL LIBRARY 









ASSOCIATION, 


| 19 BOYLSTON PLACE. 


ee me © time ee 








_ — = — ~ 





. 5 ed tee, caries, 









BosTon 
MEDICAL LIBRARY 
ASSOCIATION, 


19 BOYLSTON PLACE. 








+ 


———— a 


= aw RS ie = ergy 





Ce MEVIUALE 


pu 


NADA. 





LCTEUR EN CHER : 
TTOT, M. D. 


ANTS-REDACTEURS : 


ENAIS, M. D. 
SROSIERS, M. D. 











AS 


14 


er ar ae 


COLLABORATEURS 


AU 
VOLUME Il. 


LUNION 


BIBAUD J. G. M. D. 
BOURQUE E. J. M. D. 
BROSSEAU A. T. M. D. 
DAGENAIS A. M. D. 
DEMERS A. Mn. 
DESCHAMPS A. M. D. 
DESJARDINS Ep. M. D. 
DESROSIERS L. $ P. M. D. 
D'ODET D'ORSONNENS ). 
Tus. M. D. 
DUBUC C. M. D. 
FILIATRAULT Cus. Mn. 
FORTIER A. L. M. D. 


MEDICALE 


: GAUTHIER $S. M. D. 


GRENIER G. M. D. 
LARAMÉE A.M. D. 
LAFONTAINE L. D. M. D. 
LAROCQUE A. B. M. D. 


: LAROCQUE J. H. Mn. 


LONGTIN S. A. M. D. 
MOUNT J. W. M. D. 
MOUNT P. E. M. D. 
MOUSSEAU J. O. M. D. | 
PAQUET A. H. M. D. 
RICARD À M. D. 
ROTTOT J. P. M. D. 


e —_—— rT gy 
e 


TABLE DES MATIERES 


CoNTENUES DANS LE 1ER VOL. DE L'UNION-MÉDICALE DU CANADA. | 





Ablation du corps d'une vertèbre cervicale................... ...... 326 
Académie des sciences .................. users nesssscsnesresenses 334 
‘ de médecine de Paris .....................,............ 362 
Acide carbolique dans les maladies des enfants.................,.…. 236 
Acte médical projeté, Dr. L. A. Fortier......................,....… 319 
Acte médical projeté. J. P. Rottot, M. D..... ........ 241, 294, 341 
Accouchement prématuré, Dr. L. A. Fortier... …… 286 
Amputation de la cuisse, A. T. Brosseau, M. D. .................. 111 
co J. P. Rottot. M. D ........ .....,........ 205 
Anesthésie combinée par le chloroforme et la morphine............ 230 
Assemblée des médecins vaccinateurs ...........,....,....,..,...... 68 
Assemblée du Bureau... 255 
Arsenic (de 1’) dans la leucorrhée et la ménorrhagie. ............. 377 
Aspiration (de |’) dans le traivement de la hernie................. 380 
Association médicale canadienne, J. P. Rottot, M. D... se 437 
Bains (des) tièdes dans la petite vérole.............................. 333 
Baume de copahu dans la variole et la scarlatine, A. Rowan, » 
seen esate ncecesserecescecces toeesececessnesteeeescacceeseoeree see 223 
Bibliographie, L. J. P. Desrosiers, M D... 260 
eID Be 
Bromure de potassium (du) dans les hydropisies..............008 376 
Bureau de santé, A. Dagenais, M. D.......................,......,.., 202 
Cannabis Indiica..............cccecsssscscccncscsssescssessecescscsscessenes 56 
Canule à trachéotomie détachée...................,, ,.,..........,... 325 
Cancer (du) comme souche tuberculeuse..................... sescsees 426 
Camphre (du) en poudre dans le phagédénisme des chancres...... 504 
Cataplasmes d’iodure d’amidon ......... ...............,............ 379 
Causes de l’ophthalmie d'Egypte....................................… 506 
Chlorure de potassium... secseesesonsnss 379 
Chloral (du)............cccsececcccscccescscescscscereaceccscscecssceereces 300 
Chronique, L. J. P. Desrosiers, M. D......... ................. 41, 93 
Congrès médical de France......................................... . 364 
Contagion de la variole par le Dr. G. Grenier, Dr. "A Laramée... 381 
Constitution de lair atmosphérique........ aeeecenecescecesaceceeeres 565 
Correspondance Dr. L. A. Fortier................,.................. 17 
‘6 66 Dr. Ricard... nsscssresosoosses e 89 


2 
6 6 Dr. E. Y. Bourque...............,.,............. 
‘e 6 Dr $. A. Longtin.................. esse 114 
“ Dr, A. H. Paquet neeeeeeereeseeeeenee canes eeee eases 147 
“ Dr. C. Dubuc..........................,..,.., cece eens 149 
“6 «€ Dr. L. A. Fortier............... .... ..,........., 151 
fs ‘¢ A. Deschamps, M. D... sosssessessse COR 
‘6 te Parisienne, A. T. Brossewu, M Dunes. 291 
“ C6 nace nereeneneeeeceeneaees 346 
“ de 6 ce EE TETE ET EEE TERRE" 415 
Correspondance de Londres, Dr. Ed. Desjardins.................…, 393 
“© Europénne, ‘A. T. Brosseau M. D... 445 
6 cé ‘4 Dr. Ed Desjardins. ....... ........... 492 
‘Corps étrangers éliminés à travers la paroi abdominale............ 327 
Corps étranger dans la vessie, Dr. S. Gauthier..................... 23 
Courant galvanique comme moyen de résorption (du)............. 319 
Digitale (de la) comme antiaphrodésiaque.....................,,...... Bcd 
Discours prononcé aux obsèques de M. Louis....................... 569 
Dispensaire St. Joseph... 222, 388 
Distribution des diplômes à l'E. de Méd. C. Montréal............. 250 
Diverses formes d’asphyxie.....................,....,...,,...... 422, 463 
Doit-on toujours chercher à guérir la gastralgie..................... 476 
Dystocie, par A. Dagenais M: Dunes à sevetscsseseecsseseeee 533 
Ecole de Méd. et de C. de Montréal DEEE TEECEEPEEETET EEE EEE EETEE 485 
Editorial J. P. Rottot, M. D........:....................... 49, 146, 193 
Effets toxiques de Vhydrate de chloral seca seseeeeeescesseeeesseeesnece 164 
Electroponcture du Cœur (de 1’... 281 
Empoisonnement par les vapeurs de la houille, L. J. P. Des- 
Rosiers, M. D.............................. scnseceseeeeseceencseees {16 
Emploi des greffes épidermiques..…........................ Leseetaseeees 268 
Emploi des injections de morphine dans le tétanos. .............4. 360 
Epoque (de |’) précise où apparait la membrane lamineuse...... 366 
Etude sur le traitement de quelques albuminuries............. 84, 97 
*¢ chimique sur le tabac à fumer................................. 328 
Extraction d'une balle au niveau de la cloison recto-prostatique. 275 
Fièvre puerpérale, (de la)...... ede et cee eeceneteecerecceeesteseeeseness 269 
Gravelle pileuse.........,..................,............. lee ever .. £19 
Greffe épidermique.......................,.............,....,......,.. 280 
Guarana pour le mal de tête............,............,....,,,.....,... 324 
Guérison des ulcères par transplantation.....................,....…. 124 
Hernie étranglée...........................,...,.... Lensesensesessssssee 405 
Hôtel Dieu, J.P. Rottot, M. D........................,.,...,,....... 26 
Huile essentielle de térébenthine dans la péritonite... -. 172 
Hydrophohie spontanée....................................,......... 262 


Importance du lait dans l’alimentation de l'enfance par S. À. 
Longtin, M. D................... eect ese peneeeeeeceseeeaeeseneeass 





8 
Indium (de 1’) par Dr. Odling......................,,,....,.,........ 284 
Influence du défaut de chlorure de sodium........... . 330 
Intervention (de |’) chirurgicale dans la grossesse e extra-utérine. 331 
Kyste ovarique et grossesse avec placenta prævia, A. Laramée, 

M. D... se sossoosese scenenecsccoeeenee os 245 
Lecture sur l'hygiène publique .......................,.... . ..:. . 4066 
Lithotomie, par Dr. Munro..................... Lnnessesscsessesesesee 525 
Loi (la) de vaccination en Europe..................., coseseeeewecees 412 
Lusus natures, Dr. L. D. Lafontaine................................ 222 
Maladies régnantes...........,.......,, serres 240 
Mort du Dr. Spencer Dills......... Less caeeeceseeenereeseresceeesecses 579 

‘¢ du Dr. John Dickson........ bencecsaces get sevececceeesecceseeeees 580 
Mount J. W., M. D., Lecture... .. .................,.......... 37 
Moyen de connaître le sang de l’homme, Dr. S. A. Longtin...... 203 
Moyen de combattre la contraction musculaire........ ............. 327 
Noces d’Or de Mgr. l’évêque de Montréal.......................,..… 573 
Notes sur une épidémie de variole...............,..,................., 335 

sur l’érysipèle..................... ......, seneceeenserseeaes 529, Boe 
Nouveau Bill de Médecine, J. P. Rottot, M. D ...............008. 
Nouveau procédé de dilatation de l'urèthre...…. er 516 
Nouvelles Médicales. .........91, 137, 187, 261, 433, 483, 527, 575 
Nouvelles anti-médicales, Rusticus....cccecesecececesescesssevesseves 54 
Nouvelle Faculté Médicale française ....................,.,.,..,.,,.. 388 
Obsèques de M. Louis..................... ........................... 474 
Observations sur la lithotomie et la lithotritie, par W. H. Hings. 

ton, M. D... caseeseceeeeeesseeees ones 536 
Onguent d’acide benzoique dans la fistule anale .................... 177 
On Protoplasmic life..…............................................ 224 
Upération de la lithotomie, Chs. Filiatrault....................,.,.. 31 

"66 fistule vésico, vaginale, W. H. Hingston, M. D....... 112 
Ophthalmologie, Dr. Ed. Desjardins.................,............... 50 
Opération dans la métro-péritonite, Dr. S. Gauthier............... 156 

se cataracte, Dr. Ed. Desjardins.................,.....,... 116 
Ovariotomie..........,........sssessseseese sosssssssesessesesesee 266 
Pain fait avec l'eau de mer.......................,...,.,..... ss 177 
Pansement à la ouate de M. Alphonse Guérin...................... 166 
Pansement des plaies par occlusiou inamovible................ 383, 396 
Péritonite par propagation..…......................................... 522 
Perforation de la vessie et du rectum.......................,........ 264 
Phosphore (Du) dans les maladies de la peau. sonsssuce + ee 292 
Plaie du genou, Dr. L. A. Fortier.....................,........... . 65 
Pleurésie de (la) et de la thoracentèse ..............,................ 501 
Propriétés (es) 2 médicales de l’arsenic, J. G. Bibaud, M. D... 452 

WIDINE, nes se ere sopososenossnne ocre es een essssecceseeseesseneee es 173 


4 
Réforme urgente (Une) A. Dagenais, M. D......................... 13 
Remarques du Dr. D. Gibb sur r Pépiglotte Late eececeeencersececeeeees 234 
Réponse (Une) J. P. Rottot, M. D... 389 
Saignée (de la) dans le traitement de l’apoplexie, Dr.S. A Longtin 349 
Saveur de l’huilede foie de morue masquée......... ..... .......... 233 
Société de biologie.....................…. Lesesooseesessesese seeseeseenens 279 
Société clinique de Londres............... .............. one M css 234 


Société Medicale de Montréal, Dr. G. Grenier, 32, 70, 131, 178, 
209, 256, 370, 409, 458, 509 


Statistiques (des) A. Dagenais, M. D... so. 62 
Sulfate de fer dans la phlegmasia albadolens... ...+...cs+. s-seve . 375 
Tableau des maladies traitées au Dispensaire de la Providence, 
P. E. Mount, M. D... 190 
ce “ “ “ Dr. G, Grenier. 221 
Tannate (du) et du gallate de quinine.............................. 353 
Thérapeutique de |’ Arsenic .............,....,........,... coseeesens 497 
Températures (des) basses excessives..….....................… 477, 517 
Tétanos traumatique traité par le bromure de potassium, J. P. 
Rottot, M. D...... Lsnssseee coeeatecncesceeeeteeees sescseserosenees 515 
Traitement du bubON......cccccccscsceccsesseesseee eve iso . 321 
66 des condylomes.......................................... 379 
Traitement de la pourriture d'hôpital par le camphre..... ...... 473 
Tumeur pelvienne, J. H. Larocque...............................,.. 28 
Uroscopie....... ..............,....... esse ecesessscerense se 175 
Vapeurs anesthésiques........ TETE PET EREELTE OPERA 325 
LR NE Fe 


l 


Li 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. ("1 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 
Rédacteur on Chef : | { Asistant-Rédacteurs : 














J. P. ROTTOT, M. D. L. D Pa DaShOSIENS, M. D. 
Vol. 1. JANVIER 1872. No. 1. 
PROSPECTUS. 


A NOS CONFRÈRES. 


Montréal, 1er Janvier 1872. 

Nous envoyons aujourd’hui à nos confreres de la Province 
de Québec le premier numéro de L’Union Médicale du Cana- 
da, dont nous avons entrepris la publication. Nous osons es- 
pérer que ce journal de Médecine sera bien regu par tous les 
membres de la Profession. 

Le peu de succès que les publications de ca genre ont eu 
jusqu'à ce jour, doit suffire pour convaincre tout le monde 
que ce n'est pas un motif de spéculation qui noys porte à 
faire cette entreprise. Il est aussi a peu près certain que ce 
travail aurait été entrepris depuis Yongtemps, si on avait pu 
espérer dans l’avenir une rénumération suffisante pour les 
sacrifices qu'il exige. Notre parole ne devra donc pas être 
mise en doute, si nous déclarons que notre seul but, c’est l’inté- 
rèt du public, Pintérét de la science, et nptre unique motif, 
l’accomplissement d’un devoir. 

Ce devoir est loin d’être un plaisir, et nous concevons com- 
bien il devra être pénible pour nous surtout, qui, obligés de : 
nous livrer entièrement à la pratique de nôkre profession, 
avons dû négliger de suivre d’une manière régulière les pro- 
grès que la science médicale a pu faire dams toutes ses bran… 
ches, et avons dû perdre l’occasion d'acquérir, par la pratique, 
cette habitude d'écrire si essentiellement nécessaire au suc. 
cès d’une telle publication. 

Aussi nous aurions été des plus heureux, si ceux qui sont 
si bien connus du public, gt dont la réputation d’habiles 


2 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


écrivains est si bien méritée, se fussent dévoués à cette œu 
vre. Ce n’est donc qu'à la dernière heure, en désespoir de 
cause pour ainsi dire que nous nous imposons cette tâche, 
et que nous nous efforçons de combler cette lacune qui 
existe déjà depuis trop longtemps parmi nous. C’est parce 
qu’une plus longue attente nous exposerait à mériter les re- 
proches qu'on fait si souvent aux Canadiens de manquer d'é- 
nergie, d'esprit d'entreprise. On ne peut pas se défendre 
d’un certain sentiment de malaise, de honte même, en voyant 
qu'il n’y pas un seul journal de médecine en langue française 
dans une province qui compte au-dela de 600 Médecins Cana- 
 diens-Français. Nous sommes pressés, poussés, par un cer- 
tain nombre d'hommes pleins d'énergie et d'amour pour la 
‘ science, qui veulent en suivre les progrès, contribuer même 
à les étendre, par la publication de leurs travaux, l'échange 
de leurs idées, l’encouragement mutuel. Nous voulons faire 
disparaitre cet isolement dans lequel nous vivons les uns vis- 
à-vis des autres, véritable vide qui existe au milieu de nous 
et qui nous prive d’un des charmes de la vie. Nous l’entre- 
prenons parce qu’il y a un bien immense à faire dans ce vaste 
_ champ encore à peine exploré. La carrière que nous avons 
embrassée est vraiment sublime. Nous avons pris pour objet 
de nos études, l'homma, cette perfection sortie de la main de 
Dieu, ce reflet de la divinité elle-eméme. Nous ne nous con- 
tentons pas d’en faire une étude stérile; nous ne cherchons 
pas à connaître simplement quelles sont les qualités, la 
nature, l’essance de son corps et de son âme, nous allons 
plus loin, “bien plus loin. Car l’homme portant en lui- 
même le germe de sa destruction, vivant dans un milieu 
qui quoiqu’absolument nécessaire à son existence, réagit néan- 
moins continuellement contre tout son être, voit bien sou- 
vent dans cette lutte incessante qu'il supporte, son existence 
se briser tout à coup à l’aurore de la vie; ou bien, devenu 
un fardeau pour lui-même et pour les autres, cloué sur son 
lit de misère, il voit les souffrances et les infirmités le con. 
duire lentement vers la mort. 

Or le but que le médecin se propose c’est de prolonger autant 
que possible l'existence de l'homme, c’est de vaincre ces en- 


a — 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 3 


nemis du dehors et du dedans qui lui ravissent les jouissances 
de la vie. C’est d’alléger au moins assez ses souffrances pour 
l’empècher d'appeler la vie un mal. 


Pour cela il faut qu’il ait une connaissance approfondie de 
la structure du corps humain ; qu'il l'analyse jusqu’à ses pre- 
miers principes ; qu'il comprenne la fonction que chacun de 
ses organes remplit. 


Il faut qu’il connaisse toutes les substances organiques et 
inorganiques de la nature. 


Il faut qu'il connaisse ce que l’on appelle les lois de la na- 
ture ; lois qui régissent la vie de tous les éléments, de tous 
les corps, leur action les uns sur les autres, leurs rapports entre 
eux, et qui maintiennent cette sublime harmonie qu’on voit 
régner partout. Etudes immenses, puis qu’elles embrassent 
presque toutes les sciences. Horizons sans bornes qui vont 
toujours s’élargissant à mesure que l’on avance ; travaux que 
par découragement l’on est souvent tenté d'abandonner lors- 
qu'on compare ce que l’on sait avec ce qui nous reste à ap- 
prendre; lorsqu'on voit combien ont été lents les progrès 
qu'on a faits, les obstacles sans nombre qui, à chaque pas, nous 
arrêtent, et surtout lorsqu'on réfléchit à la brièveté de la vie. 


Cependant, messieurs, dans l'intérêt de la science, dans 
l'intérêt de l’humanité, il faut absolument entreprendre la 
lutte ; s'abstenir serait pour ainsi dire un crime. Il faut 
mettre nos idées, nos travaux au jour, les discuter les com- 
menter, et s’efforcer d’éclaircir ces questions obscures qui, 
en trop grand nombre, déparent la science médicale. Il faut 
surtout s'attacher à détruire ces théories nouvelles et fausses 
présentées par des médecins distingués par leurs talents et 
leur position dans le monde, et qui, si elles étaient adoptées, 
non seulement retarderaient les progrès de la science mé- 
dicale, mais encore la ferait rétrogarder jusqu’au temps d’Hip- 
pocrete. | 

Cest dans ce but donc que ce journal a été fondé. Et 
c'est afin qu’il puisse l’obtenir que nous noussommes assuré 
du support de plusieurs médecins distingués, et que les Drs. 
Beaubien, Duchesneau, Peltier, Brosseau,Hingston, Coderre, 


4 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Desjardins, Deschamps, Dubuc, Beaudet, Dugas, Leblanc, 
Mousseau, Bibaud, Ricard, McMahon, Laramée, L. Fortier, De- 
Ronald, Dansereau, Lachapelle, Grenier, D'Orsonnens, Nel- 
son, McDonnell, ont généreusement souscrit un fonds de ga- 
rantie suffisant pour maintenir son existence durant trois ans. 

Cependant, malgré notre bon vouloir, malgré nos efforts, et 
tous ces sacrifices, il est évident que nous ne pourrons pas 
obtenir un succès complet et permanent, si nous n’obtenons 
pas l’appui de la profession en général. 

Ce support nous le demandons donc instamment à tous et 
à chacun des médecins de cette province en particulier, non 
pas par rapport à nous, mais dans l’interêt de la science, dans 
l'intérêt de notre nationalité. 

Nous serions profondément surpris, sice journal n'était 
pas reçu avec le plus grand plaisir par toute la profession, car 
cet isolement dans lequel nous nous trouvons doit peser à tout 
le monde. De plus comme il serait très difficile pour la 
pluspart d’entre nous, de se procurer les nombreux ouvrages 
publiés annuellement sur la Médécine, et qu’il nous serait 
d’ailleurs presqu’impossible de les lire, en égard à nos occu- 
pations, nous devons naturellement désirer une publication 
mensuelle, qui à peu de frais et sans labeur, nous mettra, 
dans l’espace de quelques minutes, au courant des progrès 
de la science. 

D'ailleurs il est bon de ne pas oublier que même dans son 
intérét matériel il est dangereux de rester stationnaire. Plu- 
sieurs l’ont déjà cruellement éprouvé. Ily a encombrement 
dans notre profession. Nous sommes environnés par un grand 
nombre de jeunes médecins actifs, qui nous approchent, nous 
coudoient, et finissent par nous dépasser, Et on s’apper. 
coit, mais un peu tard, que la considération et les succès ne 
s’obtiennent que par le travail et la science. 

Le sentiment d’amour propre national devrait encore étre 
à lui seul capable de nous déterminer à faire les plus géné- 
reux efforts non-seulement pour soutenir un journal de cette 
nature, maisencore pour travailler au perfectionnement même 
de la médecine. Un des plus beaux titres de gloire pour l’Alle- 
magne, la France, l'Angleterre et les Etats-Unis, n’est-ce pas 











L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 5 


cette pléiade de médecins célèbres que l’on voit briller au 
premier rang de l'échelle sociale. 

Pourquoi ne pas suivre leurs traces, pourquoi ne pas 
tenter de les approcher. Certainement nous ne nous 
ferons pas l'injure de croire que nous ne pouvons pas 
monter jusqu'à eux. Nous avons parmi nous des hommes 
de talent : tout ce qu’il leur faut c’est un peu d’aide, un peu 
d'encouragement ; tout ce que nous leur demandons, c'est du 
travail et de la persévérance, et avant longtemps nous les 
verrons parvenir à la célébrité ; et cette auréole de gloire qui 
ceindra leurs fronts, s’étendra sur tout notre Canada. 


Tl est vrai que nous travaillons sous un immense désavanta- 
ge, cara part quelques médecins privilégiés, les autres ne peu- 
vent pas s'imposer de grands sacrifices; ils se doivent tout 
entier à leur pratique, dans l'intérêt de leurs familles. Et vu 
la jeunesse de notre pays, nous n’avons pas encore dans les 
autres classes de la société assez de fortunes indépendantes 
pour espérer comme ailleurs de ces dons généreux en faveur 
des institutions scientifiques, qui leur permettent de faciliter 
aux professeurs les moyens d'acquérir d’abord la science, êt 
de la propager ensuite. 

L'Université Laval cependant fait une glorieuse exception. 
Le pays tout entier lui devra une éternelle reconnaissance 
pour les immenses sacrifices qu’elle s’est imposés depuis un 
nombre considérable d'années, dans l'intérêt de notre profes- 
sion. Le Séminaire de Montréal a dernièrement fait un pas 
important dans cette direction, en établissant une bibliothè- 
que médicale à l’usage des médecins et des étudiants en 
médecine. Messire Martineau dans un discours admirable, 
lors de l'inauguration du Cabinet de Lecture, nous a devoilé 
les motifs qui ont déterminé ces messieurs à s'imposer de si 
grands sacrifices ; 11 nous a fait connaître toute la sympathie 
qu'ils éprouvent pour la jeunesse, et le désir qu'ils ont de 
contribuer autant qu'il leur sera possible à son éducation et à 
son perfectionnement. Mais comme on s’apperçoit à mesure 
que l’on avance dans la voie du progrès, que le bien qui 
reste à faire est beaucoup plus considérable que celui 
qu'on a fait, nous espérons, qu'ils feront avant longtemps 


6 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


quelque chose de plus encore en faveur de la jeunessse et de 
la science. 

Le Gouvernement non plus, n’a pas encore cru devoir don- 
ner à cette branche si importante des connaissances humai- 
nes tout l’appui auquel elle a certainement droit; en contri- 
buant cependant à son perfectionnement, il nous semble que 
ce serait contribuer au bonheur de l'humanité. 

De sorte que nous sommes laissés entièrement à nos pro- 
pres forces. Voilà pourquoi l'union entre nous est si néces- 
saire, si indispensable. Ce journal de médecine sera 
donc le premier pas vers le but que l’on veut atteindre. 
Nous le mettons entièrement sous la protection de la profes- 
sion. Nous sollicitons encore une fois la coopération de tous. 
L'intérêt du journal augmentera en proportion de la variété 
des communications. Quant à nous, tout en laissant dans 
notre journal une large part pour les écrits étrangers, nous 
ferons en sorte que les productions indigènes, obtenues de 
nos hopitaux et de la pratique privée, soient assez nombreu- 
ses, pour qu'il puisse être considéré comme une gazette mé- 
di€ale canadienne dans toute l’acception du mot. 


Janvier 1872. 
J.P. Rorror, M. D. 


A. Dacenais, M. D. 
L. J. P. DesRosizrs, M. D 





Nouveau Bill de Médecine. 


Nous croyons qu’il est très important de commencer, 
dès aujourd'hui, à mettre devant la Profession le nou- 
veau projet de loi préparé par l'Association Médicale Cana- 
dienne. C'est une question des plus importantes, dont les ré- 
sultats devront affecter considérablement l’enseignement 
médical dans toutes les Provinces de l’Union, et surtout les 
membres de la profession de notre Province. Elle mérite 
par conséquent notre plus sérieuse attention. 

Avant d’entrer directement en matière, il sera peut-être 
plus convenable de faire connaître l’origine de l'Association 
Médicale Canadienne, et de donner un résumé de ses tra- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 7 


vaux depuis son organisation jusqu’à sa dernière réunion, au 
moins pour ceux qui n’ont pas assisté aux assemblées. 

Depuis déjà bien longtemps, les médecins de cette province 
étaient loin d’être satisfaits de la loi médicale qui nous régit. 
Tous sentaient la nécessité de l’amender et tous le désiraient, 
mais chacun était arrété par la difficulté de l’entreprise. 

Le 12 Mai 1867, le Dr. Marsden de Québec, à l'assemblée 
semi-annuelle du Collége des Médecins et Chirurgiens du 
Bas Canada, dans un rapport qu'il fit des procédés d’une 
séance de l'Association Médicale Américaine, qui avait eu 
lieu quelques jours auparavant, à Cincinnati, Ohio, et à la- 
quelle il avait assisté comme délégué, entama ce sujet, par 
la @roposition suivante ; qui formait la conclusion de son 
rapport :—En conséquence des changements importants que 
doit subir cet immense pays sous la Confédération, et en vue 
de l'influence avantageuse qu’exerce l’Association Médicale 
Américaine sur les Ethiques médicales des Etats-Unis d’Amé- 
rique, votre délégué suggère humblement la formation 
d’une Association Médicale Canadienne, devant être compo- 
sée de tous les membres de la profession qui occupent une 
bonne position dans la Puissance du Canada, et ce sujet mé- 
rite la sérieuse attention et le concours du Collége. 

Aucune démarche n’ayant été faite à ce sujet par le Collé, 
ge des Médecins et Chirurgiens, la Société de Médecine de 
Québec, prit l’affaire en main, et dans une de ces séances, te- 
nue le 18 Juin 1867, elle adopta le rapport suivant, qui fut 
envoyé à chaque membre connu de la Profession Médicale 
dars la Puissance du Canada, avec la circulaire ci-annexée : 


RAPPORT. 


Attendu, que par l’Acte d'Union des Provinces Britanni- 
ques de l’Amérique du Nord, 1867, proclamant l’Union des 
Provinces du Canada, de la Nouvelle-Ecosse et du Nouveau- 
Brunswick, avec le pouvoir de faire des lois et de les mettre 
à exécution ; et 

Attendu, qu'une connexion plus intime doit nécessaire- 
ment avoir lieu dans toutes les relations de la vie religieuse, 
morale et sociale ; et 


8 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Attendu, qu'un système uniforme de lois dans les Provin- 
ces d’Ontario, de Québec de la Nouvelle-Ecosse et du Nou- 
veau-Brunswick est pourvu dans le dit Acte ; et 

Attendu, que l’uniformité des lois nécessaires au maintien 
de la vie et de la santé, et surtout de celles qui président à 
l'exercice de la Profession Méjlicale, est au premier rang : 

En conséquence, la Société Médicale de Québec,—la plus 
ancienne ville de la Souveraineté du Canada,—croit devoir 
prendre aujourd’hui l'initiative, et a décidé que le moyen le 
plus sûr et le plus équitable d’avoir un système uniforme de 
Législation Médicale est de réunir les Membres de la Pro- 
fession dans une “ Conférence ” qui aura lieu sous le plus 
court délai possible, après la Proclamation de Sa Très Gra- 
cieuse Majesté, la Reine Victoria, mettant en force l’Union 
des Provinces qui constituent la Puissance du Canada. 

Dans ce but, les résoiutions suivantes ont été adoptées à 
l'unanimité, et sont maintenant soumises humblement à la 
considération de la Profession Médicale : 

Résolu, 1. Que dans l'intérêt du public et de la Profes- 
sion Médicale il est désirable que l’on adopte un système uni- 
forme dans la manière d'accorder la licence pour la pratique 
de la Médecine, de la Chirurgie et de l'Art Obstétrique, 
dans la Puissance du Canada. 

"2. Que dorénavant, tous les degrés en Médecine ou diplô- 
mes des Universités, Colléges ou Ecoles n'aient simplement 
qu'une valeur honorifique, et que les licences pour la prati- 
que de la Médecine, de la Chirurgie et de l'Art Obstétrique, 
dans la Puissance du Canada, soient accordées par un “ Bureau 
Central d’Examinateurs, ” devant lequel tous les élèves gra- 
dués et porteurs de diplômes subiront un examen. 

3. Qu'un comité de sept membres soit nommé pour confé- 
rer avec les différentes Universités, Colléges et Ecoles de Mé. 
decine en Canada, au sujet de la formation d’un bureau cen- 
tral d’examinateurs en Médecine, Chirurgie et Art obstétrique, 
devant lequel seront examinés tous les candidats à la licence 
de la pratique de la Méderine dans la Puissance du Canada. 

4. Que la Société Médicale de Québec recommande une 
convention de délégués médicaux des Universités, Colléges, 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 9 


Ecoles et Sociétés de Médecine, etc., dans la Puissance du 
“Canada, devant se réunir en la cité de Québec, le second 
mercredi d'Octobre 1867, dans le but de se concerter ensem- 
ble et d'adopter un système uniforme au sujet de la législa- 
tion médicale, conformément au rapport qui vient d’être 
adopté et touchant la formation d’une Association Médicale 
Canadienne. 


Le tout humblement soumis, 


W. MARSDEN, M. D., 
Président. 


R. H. RUSSELL, M. D., 
Secrélatre. 
Université Laval, 
Québec, 18 Juin 1867. 


Université Laval, 
Québec, 25 Juin 1867. 
A 





Monsieur.—J’ai l’honneur de vous transmettre pour votre 
information le rapport suivant d’un comité de la Société, M6é- 
dicale de Québec, et de solliciter votre assistance et co-opéra- 
tion dans la protection des intérêts, le maintien de ’honneur 
et de la respectabilité, l'avancement de la science, et l’éten- 
due des avantages de la Profession Médicale en Canada. 


Je suis de plus chargé d’inviter toutes les Universités, Col- 
léges, Ecoles et Sociétés de Médecine a envoyer des délégués 
à la Conférence proposée ; et suggère humblement aux cités, 
villes ou comtés, où il n’existe pas de tels institutions, d’orga- 
niser des assemblées des membres de la Profession Médicale, 
dans leurs localités respectives, afin d’élire des délégués qui 
les représenteront aux débats de la Conférence, devant avoir 
lieu à l'Université Laval, en la cité et province de Québec, 
Mercredi, le 9eme jour d'Octobre prochain, et les jours sui- 
vants. 


10 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Je suis de plus chargé de vous informer que tous les délé- 
gués devront être munis des papiers nécessaires attestant 
leur mission officielle à cette conférence. 

J’ai l’honueur d’être, Monsieur, 
Votre Serviteur très humble, 


R. H. RUSSELL, M. D, 
Secrétaire. 


Cunformément à cette invitation, un certain nombre de Mé- 
decins de la Puissance du Canada, au nombre de 164 se réu- 
nirent le 9 Octobre 1867, dans la grande salle de l’Université 
Laval, à Québec, sous la Présidence du Dr. Sewell, Président 
de la Société de Médecine de Québec. Ce fut à cette assem- 
blée que la Profession Médicale du Domaine du Canda se 
forma en association, sous le nom d’Association Médicale Ca- 
nadienne : dont voici le plan d'organisation, tel que rédigé 
par le comité nommé à cet effet. 


PLAN D'ORGANISATION DE LA SOCIÉTÉ MÉDICALE CANADIENNE. 


Considérant que la Conférence de la Profession Médicale, 
tenue en la cité de Québec, en Octobre 1867, a résolu qu'il est. 
expédient pour la Profession Médicale de la Puissance du 
Canada de former une association médicale devant être nom- 
mée “Association Médicale Canadienne ; ” et considérant 
qu'une semblable organisation donnerait fréquemment l’ex- 
pression conjointe et décisive de l'opinion médicale du pays, 
tendrait à propager les connaissances médicales, puis contri- 
buerait à la direction et au contrôle de l'opinion publique en 
ce qui a trait aux devoirs et à la responsabilité des médecins; 
servirait à exciter l'émulation aussi bien que l'harmonie 
dans la profession, à faciliter et encourager les bonnes rela- 
tions parmi ses membres : en conséquence, Il est résolu : au 
nom de la Profession Médicale de la Puissance du Canada, 
que les membres de la Conférence Médicale tenue 4 l'Uni- 
versité Laval, dang la cité de Québec, le 9 Octobre 1867 et 
tous autres qui, en vue des objets sus-mentionnés, veulent 
s'unir avec eux ou les suivre, constitueront l'Association 
Médicale Canadienne. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 11 


Les officiers de l'Association Médicale Canadienne sont un 
Président, quatre Vice-Présidents, (un pour chaque Province) 
quatre assistants Secrétaires, un Secrétaire Général et un Tré- 
sorier. Quant aux règlements ils sont en grande partie 
semblables à ceux de l'Association Médicale Américaine. 

L’Honorable Dr. Charles Tupper, C. B. d’Halifax, Nouvelle- 
Ecosse fut unanimement élu fer Président de l'Association. 

Les autres officiers ayant ensuite été élus, on forma un 
Comité sur les lois, sur Pexamen Préliminaire, sur l’éduca- 
tion, sur l’octroi des licences, sur les Statistiques et l'Hygiène, 
sur l’enrégistrement médical, sur l'Ethique médicale, un 
Comité des impressions, un Comité aes arrangements et un 
Comité des Auditeurs. 

L’association ayant ainsi complété son organisation, l’as- 
semblée fut ajournée au 1er mercredi de Septembre 1868, a 
Montréal. | 

La première assemblée annuelle des Membres de l’Associa- 
tion Médicale Canadienne eut lieu les 2,3 et 4 Septembre 
1868, à Montréal, dans la grande salle du musée d'Histoire 
Naturelle. 

Après avoir discuté certaines questions d’un intéret gé- 
néral, les rapports des Comités sur le plan d'organisation de 
la Société, sur les Statistiques et l'hygiène, sur l’enré- 
gistrement et sur l’Ethique médicale, furent pris en considé- 
ration et adoptés, après avoir été plus ou moins amendés. 
Les rapports sur l'éducation préliminaire et sur l’éducation 
professionnelle furent reçus pour être considérés plus tard. 

Le Dr. Tupper fut de nouveau élu Président ; et l'assemblée 
fut ajournée au 2eme mercredi de Septembre 1869, en la 
Cité de Toronto. 

La seconde assemblée annuelle de lassociation eut lieu 
les 8 et 9 Septembre 1869, dans la Salle de Réunion de l’'U- 
niversité de Toronto. Les affaires furent traitées d’après l’or- 
dre des Procédés. Les rapports des Comités sur l’éducation 
préliminaire et sur l'éducation médicale furent pris en consi- 
dération à cette assemblée, et furent adoptés après avoir été 
modifiés. 

La proposition suivante fut ensuite adoptée : 


12 L'MNION MEDICALE DU CANADA. 


‘ Qu'un comité soit nommé pour préparer un bill à être 
soumis au Parlement de la Puissance après avoir été ap- 
prouvé par cette association, pourvoyant à un système unifor- 
me d'éducation médicale, à des examens en conformité avec 
les vues de cette association, à l’enrégistrement et à l'octroi 
des licences des praticiens en médecine par un bureau cen- 
tral d’examinateurs. 

Le Dr. Tupper fut de nouveau élu Président, et l’assemblée 
s'ajourna pour se réunir de nouveau l’année suivante à Ot- 
tawa. 

A l’assemblée tenue à Ottawa au mois de Septembre 1870,. 
les membres s’occupérent principalement du nouveau Bill 
de médecine qui fut discuté, amendée, et remis à l’année sui- 
vante pour étre de nouveau pris en considération. L’Honora- 
ble Dr. Parker fut élu Président de l’association. 

Les membres de l’Association se réunirent de nouveau a. 
Québec au mois d’Octobre 1871 mais comme le Bill. 
n’avait pas été imprimé et distribué d’avances aux membres, 
tel qu’amendé, il fut résolu vison importance d’en remettre la 
discussion à l’assemblée du mois de Septembre 1872 qui devra 
se tenir à Montréal. L'assemblée fut en conséquence ajournée,. 
après avoir élu le Dr. Sewel, Président. On voit donc que 
quoique lente dans sa marche, l'Association Médicale est sur 
le point d'atteindre son but, et que c’est l'automne prochain 
qu'elle doit adopter ce projet de loi qu’elle a préparé, dans 
le but de le faire accepter ensuite par la legislature et de le 
rendre obligatoire pour toute la Puissance. Il est parcon- 
séquent de la dernière importance que nous l’examinions afin 
de nous assurer s’ils nous convient, si nos intérets et nos droits. 
sont sauvegardés. 

J. P. RoTTor, 
M. D. 
À continuer. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA- 13 


Une réforme urgente. 


Un mouvement remarquable se fait depuis quelques an- 
nées en Canada parmi le corps médical ; il se meut, il s’agite, 
on dirait qu'il sent le besoin d'étendre et d'élever la sphère 
dans laquelle il vit. Le premier résultat de ce mouvement 
a été la formation de l'Association Médicale du Canada. Le 
but principal des fondateurs de cette société était de trouver 
un mode uniforme d'étude et d'enseignement pour tous ceux 
qui aspiraient à devenir membres de la profession ; depuis, 
on a élargi son horizon, et tout ce qui se rattache à la méde- 
cine peut devenir le sujet de ses travaux. 


D’autres sociétés se sont aussi formées dans les principaux 
centres de la Province, toutes fondées dans le même but, l'a. 
vancement et le progrès de la science. Mais toutes ces ins- 
titutions, quoique très utiles, en cimentant l'amitié et en- 
provoquant l’échange des idées entre leurs mem bres respec 
tifs, ne suffisaient pas au besoin actuel ; il fallait un trait d’u 
nion entre ces différentes sociétés et entre tous les membres 
du corps médical qui n’en pouvaient faire partie, il fallait un 
moyen par lequel chacun put fa're valoir ses idées et discu- 
ter celles des autres. Ce trait d'union, ce moyen, les méde- 
cins de Montréal l'offrent au public médical parla fondation 
d’un journal de médecine rédigé en langue française. Car nos 
lecteurs savent tous que la publication de l’Union Medicale 
n'est pas due à notre seule initiative, mais bien plutôt au con- 
cours libéral des médecins de la Métropole du Canada qui 
nous ont généreusement aidés de leur bourse et encouragés 
de leurs conseils. Aussi est-ce pour nous une obligation de 
plus de travailler avec tout le zèle et l'énergie dont nous som- 
mes capables à ce qui peut servir au progrès de la scien- 
ce et aux intérêts de la profession. Cette obligation, nous 
sommes décidés à la remplir, au moins dans la mesure de 
nos forces, ‘et nous ne laisserons jamais échapper l’occasion 
de demander les réformes que nous croirons utiles, et l’aboli- 
tion des abus qui se sont glissés dans l'exercice de ia méde- 
Ciné. | 

Parmi les réformes qui devraient appeler l’attention de nos 


14 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


autorités médicales, il en est une qui nous semble plus urgen- 
te que toutes les autres; nous voulons parler de la qualifi- 
cation des sagefemmes. A voir ce qui se passe sous nos 
yeux, on dirait que la loi est nulle ou presque nulle sous ce 
rapport. Ces accoucheuses fourmillent partout et tous les 
jours il en apparaît de nouvelles qui étalent pompeuse- 
ment aux yeux du public leur enseigne de sagefemme 
approuvée; mais ce qui est pis, c’est que leur ignorance et 
leur incapacité surpassent encore leur nombre. Les sept 
huitièmes de ces femmes ne savent ni lire ni écrire, et vous 
ne pensons pas exagérer en disant qu'il n’y en a peut-être pas 
une sur cent qui connaisse les premiers éléments de l’art 
qu’elle exerce. Combien de mères de famille ont vu s’ou- 
vrir prématurément pour elles les portes du tombeau, laissant 
de pauvres orphelins dans le chagrin et la misère, par li- 
gnorance et l’impéritie des sage-femmes ! Combien de pau- 
vres petits êtres à qui Dieu avait donné la vie et qui n’ont 
jamais vu le jour par la même cause ! 

Nous sommes convaincus que parmi nos lecteurs, il n’y en 
a pas un seul qui n’ait été témoin de quelque malheureux 
cas de ce genre, sans compter les cas encore plus nombreux 
où il n’y a pas eu perte de vie, mais seulement des souffran- 
ces et des maladies qui auraient pu être facilement évitées, 
avec un peu plus de connaissances et d'éducation médicale. 

Nous pensons qu'il est temps que cet état de chose finisse ; 
car le public en souffre et le corps médical aussi. Le public 
en souffre, parce que, confiant dans l'approbation du Collége 
des Médecins et Chirurgiens du Bas-Canada, il mct la vie 
de ses membres entre les mains de personnes ineptes et qui 
ne connaissent pas leurs devoirs. Le corps médical en souf- 
fre, parce qu’il prend la responsabilité de toutes les bévues 
des sage. femmes, en les autorisant ; il en souffre aussi 
dans ses intérêts pécuniaires parce que ces femmes sans 
éducation et sans scrupule, profitant de leur licence, enlèvent 
aux médecins une grande partie des cas les plus rémunératifs 
de la pratique. 

Maintenant y a-til un moyen de remédier à ces abus ? 
Nous le pensons. S'il est impossible de les extirper d’un seul 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 15 


coup, il est du moins possible, par des mesures sages et ap. 
propriées, de les faire disparaître graduellement. 

D'abord, que le Collége des Médecins et Churgiens s’adres- 
se à la législature, pour la passation d’une loi qui impose une 
forte pénalité contre toute sage-femme dont l'ignorance sera 
la cause des accidents dont nous avons parlé. Que cette loi, 
une fois passée, ne soit pas une lettre morte, et que le Bu- 
reau des Directeurs reçoive instruction de la mettre à exécu- 
tion, dans toute sa rigueur. Nous comprenons que cette me- 
sure ne servirait que de palliatif, et qu'elle serait loin de re- 
médier aux maux que nous avons signalés ; aussi avons-nous 
un autre remède à suggérer aux autorités médicales, remè- 
de qui, selon nous, couperait le mal dans sa racine et le gué- 
rirait pour toujours. 

On exige, et avec raison, de tous ceux qui aspirent à la 
noble profession de médecin, de hautes qualifications : pour. 
quoi n’en exigerait-on pas de celles qui doivent les remplacer, 
souvent même dans des circonstances critiques et délicates. 
Pourquoi n’exigerait-on pas des sage-femmes une certaine édu- 
cation qui leur donnerait plus de relief, et leur attirerait l’es- 
time et la confiance du public? Ne pourrait-on pasensuite les 
forcer à suivre un cours d'anatomie au moins pour tout ce qui 
regarde le bassin et les parties génitales ? Ce cours pourrait 
comprendre des leçons sur les premiers soins à donner aux 
nouveaux-nés, et sur tout ce qui regarde le régime chez les 
nouvelles accouchées. De plus, il y a assez d’hospices pour 
les femmes enceintes, dans la province, pour qu'on puisse 
obliger toutes celles qui se destinent à la pratique des accou- 
chements, à suivre quelqu'un de ces établissements pendant 
un certain temps. La théorie serait ainsi unie à la pratique ; 
de sorte que celles qui se seraient soumises à ces conditions 
d'enseignement, sans être des Boivin ou des Lachapelle, 
pourraient rendre des services réels. 

Cette mesure profiterait à tout le monde ; elle profiterait 
aucorps médical, en diminuant le nombre des sage-femmes ; 
elle profiterait à ces dernières, en les rehaussant dans l’opi- 
nion-du public; et elle profiterait surtout a la société qui se 


trouverait à l'abri des nombreux accidents qui surviennent 
2M 


16 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


dans l’état actuel. Nous espérons que le Collége des Méde- 
cins et Chirurgiens du Bas-Canada, prendra nos suggestions 
en bonne part, et qu’il y fera droit, en opérant une réforme 
que la profession désire, que le public demande, et que I’hu- 


manité exige. 
Dr. A. DaGenais. 





——".—"." SG Le GP eo 


Empoisonnement de huit personnes par les vapeurs de la houille. 


Le 4 Décembre, à 7 heures du matin, je fus appelé, en tou- 
te hâte, par Peter Fagan, demeurant au No. 245 de la rue 
Aqueduc, pour porter secours à sa famille qui était empoi- 
sonnée, selon toute apparence. Il était sous l'impression que 
certains biscuits, mangés au souper de la veille, pouvaient 
contenir du poison. Je me rendis promptement à son domicile. 
En entrant, au premier étage, je respirai une forte odeur de gaz 
sulfureux, etje n’eus, dès lors, aucun doute sur les causes de 
l'accident. Un poële rempli de houille de la Nouvelle-Ecosse, 
et trop bien fermé avait rempli la maison de gaz délétères. 
J'en ouvris bien vite la clef, et montai au second étage, par 
un escalier ouvert : toute la famille y couchait dans deux 
chambres sans issue. Une jeune fille de seize ans, 
gisait par terre, privée de sentiment: elle s'était évanouie 
en voulant secourir sa mère atteinte de vomissements, et 
d’une violente céphalalgie. Sur quatre jeunes enfants qui 
habitaient aussi cette chambre, l’un avait des convulsions, et 
les trois autres étaient dans un état voisin de la syncope. 
J’établis aussitôt un courant d’air, en tant les doubles chas- 
sis ; j agitai les enfants, dont deux, ainsi que la mère, eurent 
pendant longtemps des nausées. La jeune fille recouvra 
bientôt ses sens. J’administrai des cordiaux, fis des frictions, 
&c., et les quittai, après m'être assuré que tout danger était 
disparu. A 10 heures, je les revis : un jeune garçon de dix 
ans était seul debout ; les autres, encore au lit, accusaient 
une céphalalgie intense et une prostration extrême. Je 
continuai les stimulants, et fis encore renouveler l'air. Le 
lendemain, toute la famille était debout, mais Madame Fagan 


‘L'UNION MEDICALE DU CANADA. 17 


eut alors un éblouissement subit, en voulant se baisser, et 
faillit tomber la face contre terre. Chose étrange, un enfant 
à la mamelle ne parut point être affecté par cet air empoison- 
né, et échappa complètement à son influence, quoiqu’il fut 
avec sa mère durant toute la nuit. 

J’attribue l'issue des gaz carbonés et sulfurés à l'extrême 
longueur du tuyau, à ses nombreux coudes, à l’occlusion trop 
parfaite de la partie commandée par la clef, et encore à la lour- 
deur extraordinaire de l’atmosphère, pendant cette nuit-la. 
Plusieurs autres logis, à ma connaissance, où l’on avait con- 
servé de la houille en combustion, dans le méme temps, con- 
tenaient, le matin, un air difficile à respirer, l’attraction du 
dehors étant presque nulle. 

On ne saurait trop, selon moi, mettre les familles en garde 
-contre les accidents que peut entrainer la combustion de la 
houille. L’empoisonnement lent par ces gaz est plus com- 
mun qu’on ne le pense généralement parmi le peuple, et tel qui 
se plaint pendant tont Phiver de maux de téte, de palpitations 
de cœur et de prostration continuelle, n’aurait qu’à faire con- 
naître au médecin son mode de chauffage, pour lui rendre le 
diagnostic facile. 

Dr. L. J. P. DrsRosiers. 





CORRESPONDANCE. 


Messieurs les Rédacteurs de l’Union Médicale. 


Esc-il bien vrai que nous allons avoir un journal de mé- 
decine écrit en français ? 

Allons-nous enfin secouer le joug abrutissant de l’apathie 
qui a pesé sur nous jusqu’à ce jour, d’une manière si con- 
tinue ? 

J’en suis ravi, vraiment. 

Saluons avec bonheur le jour qui va nous offrir un hori- 
zon nouveau, souriant, plein d'espérance et de promesses ; 
réjouissons nous sincèrement d’un évènement destiné à ser- 
‘vir nos intérêts, et le plus propre à maintenir, parmi nous, 


18 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


cette communauté de sympathies, d’affections, de bons rap- 


ports qui doivent exister entre tous les membres d’un méme 
corps. 

S’il m'était permis de puiser dans les trésors de l’expression, 
je serais tout orgueilleux de démontrer que, tout en contri- 
buant à enrichir la République littéraire canadienne, notre 
Journal de médecine pourrait assurer, ici, à notre profes- 
sion, ce cachet de noblesse et de vérité, de force et de lu- 
miére qui nous habitueraient à ignorer les honteuses in- 
quiétudes de la jalousie, le tourment de la haine, la bassesse 
de nuire, et qui nous inviterait ou mieux nous obligerait à 
recevoir et donner avec droiture tous les conseils et les juge- 
ments de l’impartialité, à applaudir tout haut aux vrais suc- 
cès, et à ne chercher que le bien, le progrès et l’embellise- 
ment de notre art. 

Pour nous, un journal de médecine, c’est la voix qui fera 
connaître nos espérances ou nos craintes, notre force ou 
notre faiblesse ; c’est la voix qui fera connaître et compren- 
dre nos besoins, qui défendra nos droits méconnus ou mépri- 
sés, et flétrira, sans merci, tout ce qui pourrait être pour nous 
une cause de honte et d’avilissement ; c’est la route couverte 
de fleurs et de fruits laissant échapper les émanations pures 
et suaves de la science : c’est le phare qui pourra, sous cer- 
taines circonstances critiques, nous faire éviter de grands 
périls et nous assurer une route sûre, sans écueils; enfin, 
c'est un des nombreux éléments capables d'assurer notre 
autonomie nationales sur le sol canadien. 

Mais pour assurer à la portion française des médecins du 
Canada tous les avantages liés à l'existence d’un journal de 
médecine écrit en leur langue, il faut que chacun d’entre 
nous livre assaut à cette tendance qui nous porte malheu- 
reusement au far niante littéraire et que nous envisagions, 
tous, sérieusement, les conséquences fâcheuses qu’entraine- 
rait une indifférence coupable. Réparons le temps perdu, et 
attachons nos pensées aux intérêts nationaux, professionnels 
etscientifiques confiés à la mission de notre journal de mé- 
decine. 

Sans parler de nos hôpitaux, qui offrent un champ d’obser- 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 19 


vations immense, la pratique journalière, tant dans nos villes 
que dans nos campagnes, appporte un riche butin à une pu- 
blication médicale ; et la presse médicale étrangère nous 
présente un auxiliaire respectable. Avec tous ces éléments 
de succès, sachons utiliser les enseignements ds la science et 
daignons prendre des notes dans le livre vivant de l'humanité 
souffrante. 

Quelle perspective attrayante et souriante attendrait notre 
journal si la moitié, seulement, des médecins canadiens- 
français de la Puissance faisaient le sacrifice de quelques 
heures de travail dans le cours d'une année, pour fournir à 
leur organe, chacun, un article sur un des nombreux sujets 
qui peuvent intéresser notre art ! 

A l’œuvre, et n'oublions pas que nous sommes les artisans 
de notre prospérité et de notre bonheur, comme nous pou- 
vons être les auteurs coupables de notre propre ruine. 

Sous l'empire de ces considérations, je me donnerai le 
piaisir de parler un langage que j'oublie, me reposant d'avance 
sur la bienveillance de mes confrères, spécialement de ceux 
de nos villes, dont le tympan n'est, peut-être, pas tout-à-fait 
sympathique aux mots : Médecin de Campagne. 

L’isolement scientifique du *nédecin obligé d'exercer son 
art loin des grands centres, le cercle étendu de ses devoirs 
tracé par la main terreuse des maladies, et les longues cour- 
ses qui absorbent les trois quarts de son temps, le condam- 
nent, malgré son bon vouloir, à suivre le progrès d’un pas 
inégal, comme l'enfant suivant son père. Veuillez nous écou- 
ter, bienveillants confrères des villes, avec la permission de vo- 
tre conscience médicale ; écoutez-nous parler sans être pré- 
venus défavorablement par notre style pittoresque et gothi- 
que ; par les attentions que vous nous accorderez, nous vous 
étalerons les trésors de notre expérience avec la bonhomie 
du sauvage apportant au voyageur l'or dont il ignore la va- 
leur. (!) 

Accouchement....—En 1867, dans la nuit du 26 au 27 de 
Mars, j'étais appelé auprès d’une femme en couche, Marcel- 
line Sauvé, femme de Louis Brunette, paroisse des Cèdres. 
D'une constitution et d'un tempérament bien ordinaires, 


20 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


cette femme s'était mariée en 1860, à un âge assez avancé et 
jouissait déjà de la réputation d’avoir des accouchements- 
laborieux. En effet, en 1861 et en 1863, j'avais été appelé au-- 
près d'elle (après la sage-femme du Canton,) et avais été obligé 
d'employer les Forceps dans le premier cas et le Seigle er-- 
goté, dans le second. En 1867, à mon arrivée près de la ma- 
lade, les eaux de l’amnios étaient écoulées depuis plusieurs 
heures, et les douleurs commencées depuis trois jours, d’après 
les déclarations officielles de la sage-femme et de la patiente. 
A première vue, celle-ci qui était de haute taille, ne parais- 
sait pas souffrir, et offrait un abdomen rassurant, sous le rap- 
port du développement ; mais la main appliquée sur la tu- 
meur utérine, me fit constater qu'il y avait contraction de 
l'organe offrant un diamètre transversal qui me mit sur mes 
gardes. L’examen per vaginam me fit connaître un commen- 
cement de dilatation permettant à peine l’introduction de l’in- 
dex qui ne put rien établir ; l'élévation de la partie qui se pré- 
sentait rendant le toucher très difficile. 

Comme la femme n’accusait aucun mouvement de l'enfant 
depuis longtemps, je me confiai à l’expectative, tout en soup-. 
connant une présentation du tronc. La main appliquée, de 
temps à autre sur l'abdomen, rie confirma qu'il y avait contrac- 
tion irrégulière, permanante, de la matrice ; et cependant la: 
femme paraissait calme, et le jour arrivé, elle se mit à faire. 
son petit ménage comme si rien ne fût; il n’y avait que quel-. 
ques contractions des muscles de la face qui me disaient. 
quelquefois qu’il y avait exacerbation des douleurs de l’ac- 
couchement. 

Suivant de près les progrès de la dilatation qui se faisait at-. 
tendre, je pus entre sept et huit heures de l’avant-midi, m’as- 
surer que j'avais affaire à une présentation du plan latéral: 
droit, céphalo-iliaque gauche, l’occiput de l’enfant regardant 
Yaine gauche de la mère, deux heures après, environ, je me 
préparai à faire la version ; car dans le cas actuel il m'était 
défendu de reposer quelque confiance dans les asssertions de 
Denman. 

Pas de version spontanée à espérer. J’introduisis ma 
main droite, secundum artem, que je pus faire parvenir sur le 





2 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 21 


plan antérieur du fœtus, après beaucoup de difficultés de la 
part de l'utérus qui était fortement contracté et de la mère, 
dont les mouvements et les gémissements contrastaient sin- 
gulièrement avec l’état de calme dont elle avait paru jouir 
jusqu’à ce moment-là ; je fis une pause, puis je voulus diri- 
ger ma main vers l'extrémité pelvienne, mais les difficultés 
redoublèrent : sentant bien l'abdomen du fœtus, ma main 
heurtait une cloison faite par une contraction irrégulière de 
la matrice—seconde pause—puis faisant appel à toute mon 
habileté, je tentai l'introduction de ma main dans l’anneau 
que formait l’utérus et qui comprimait le corps de l'enfant 
vis-à-vis la région ombilicale. Vains efforts. Aux prières et 
aux cris perçants de la mère, je retirai ma main que ‘avais pu 
cependant introduire jusqu’à l'articulation des phalanges 
avec le métacarpe. 

N'ayant jamais rencontré un obstacle de cette nature, dans 
les quelques cas de version podalique que j'avais rencontrés 
depuis mon entrée dans la pratique, ma théorie s’embrouilla 
un instant, et je faillis perdre mon sang-froid, (si précieux). 

Après une demi-heure de repos, environ, j'introduisis de 
nouveau ma main jusqu’au détroit utérin, puis, encourageant 
de mon mieux la malade, je tâchai de vaincre l'obstacle ; 
mais il me fallut faire des efforts qui m’étonnérent, et lutter 
pendant longtemps contre la résistance de lanneau, avant de 
pouvoir introduire ma main dans la seconde chambre de la 
matrice, où logeaient l'extrémité pelvienne et le placenta. 

Un rayon d'espérance vint alors me fortifier ; mais, hélas ! 
la paume de ma main sentant bien la cuisse droite de l’en- 
fant était incapable de la saisir, malgré les efforts réitérés et 
consciencieux ; vaincu moi-même par la douleur, je dus reti- 
rer cette main dont les mouvements impuissants m’avaient 
au moins rendu le service de constater que j'avais affaire 
à une singulière présentation du tronc. J’ai dit, tout-a- 
l'heure, que j'avais reconnu la position céphalo-iliaque gauche, 
locciput me regardant ; je n’étais pas dans l'erreur ; mais la 
main en s’acheminant péniblement vers l'extrémité pelvien- 


ne du sujet à extraire eût ta faculté de rencontrer l’ombilic 


et de me dire franchement que ce point regardait le sommet 


22 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


de la mère, et, arrivé à l'extrémité pelvienne elle m'assura, 
sans laisser prise au doute, que les parties génitales et les ge- 
noux de l'enfant regardaient l’aine droite de la mère, de sor- 
te que j'obtins la conviction fondée qu'il y avait une espèce 
de torsion du tronc. 


Je demandai du secours et j’envoyai chercher mon confrère, 
Mr. le Dr. A. Valois, de Vaudreuil, qui, vû le mauvais état 
des chemins, n’arriva qu’au bout de trois heures, pendant les- 
quelles la malade put jouir d’un repos comparativement ré- 
parateur. Mon confrère, dans sa première tentative, ne fut 
pas plus heureux que moi. Nous tinmes conseil : il fut ques- 
tion de saignée ; il fut question de chloroforme (nous n’en 
avions pas) et nous nous déciddmes à administrer une forte 
dose de morphine. Au bout d’une heure et demie, n’ayant 
pu, ni l’un, ni l’autre, opérer la version, nous donnâmes de 
nouveau une dose de morphine plus élevée, convaincus, cette 
fois, que nous réussirions ; car l'anneau utérin était moins ri- 
gide. Me sentant trop abbattu, je priai mon confrère, une 
heüre après cette seconde dose, de terminer l’accouchement ; 
mais la main de celui-ci, étant plus développée que celle qui 
trace ces lignes, réveilla les colères de l'utérus et le désespoir 
de la mère. 


Je dus enfin terminer l’accouchement par la version pel- 
vienne que je pus opérer, sans trop de difficultés, à notre 
grande satisfaction. 


Le calme revenu, nous ne pûmes, mon confrère et moi, ca- 
cher notre étonnement, au sujet de cet accouchement qui ve- 
nait de nous faire constater un véritable enchatonnement de 
l'extrémité pelvienne, et une torsion non moins équivoque du 
tronc de l’enfant, auquel il était encore très facile de faire re- 
prendre la même position, en dehors du sein de sa mère. 
(L'enfant était mort). 


Après avoir réparé nos forces à une table, que nous aurions 
désirée voir chargée des libéralités de la Société St. Vincent 
de Paul, nous nous séparâmes, en rendant hommage, avec 
Boherhave et Sydenham, à l'importance de l’opium et ses 
préparations. 


À 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 23 


Et une semaine après, la mère succombait à une Métrite 


puerpérale. 
Maintenant, liberté a la critique, aux commentaires et aux 


remarques. 


J'ai l’honneur d’être, Messieurs, 
Votre dévoué, 


Dr. LÉONARD AGE. FORTIER. 
St. Clet, 25 Novembre, 1871. 





ge 


CORPS ETRANGER DANS LA VESSIE. 


PAR LE DR. 8S. GAUTHIER, DE MONTREAL. 


Le 6 Juin dernier, je fus consulté par une jeune femme de 
‘24 ans, mariée depuis environ 4 ans, et sans enfants; elle 
-disait avoir une poignée de parapluie dans la vessie. 

Etonné d’une pareille confidence, je lui demandai le détail 
-de son aventure, ce qu’elle fit à peu près en ces termes : 

Mon mari me disait souvent que je ne devais pas être 
‘“ conformée comme les autres femmes, puisque je n’avais 

“ pas d'enfants : cela me fesait de la peine, et je résolus de 
‘t m’enquérir, près des vieilles commères du village, de ce 
“qu'il fallait faire pour avoir de la famille, et comment 
‘ i] fallait s'y prendre. Une d'elles me répondit qu'en effet 
‘ je n'étais pas faite comme les autres, et s’efforça de me 
‘“ convaincre que les enfants se fesaient dans le passage de 
éc Purine. 

‘ Imbue de cette idée, je pris le moyen de découvrir ce 
“conduit : après avoir réussi dans mes recherches, je de- 
‘ meurai convaincue que j'étais une exception à la règle gé- 
‘ nérale. 

‘ Je me decidai à agrandir cette petite ouverture de la ma- 
< niére suivante : je pris une petite bouteille, plus petite que 

mon petit doigt ; j'introduisis, avec douleur, une de ses ex- 
“trémités dans l'ouverture de lurèthre ; j'employai ce 
“€ moyen plusieurs jours de suite, chaque jour avec moins de 
“4€ difficulté, et, à la fin, avec une certaine jouissance. 


24 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


‘ Après avoir dilaté l'ouverture tour-à-tour, avec mes doigts,. 
“ à partir du plus petit jusqu’au plus gros, je résolus d’aug-- 
‘* menter la dilatation, en faisant usage de la poignée brisée 


“d'un manche de parapluie en bois, que j'avais ramasée : 


‘© (sans penser que cette trouvaille me serait aussi funeste) 
“sur le marché de la grande rue St. Laurent, il y a 4 ans. 

‘ Ce corps présentait à sa plus grosse extrémité, des angles 
‘aigus qui pouvait me blesser, je les taillai avee un cou- 
‘ teau ; je commençai les mêmes manœuvres de dilatation, 
‘avec ce nouvel instrument, lui imprimant des mouvements 
‘ circulaires pour suppléer à son manque de volume. 

‘ Mon travail, mes peines arrivaient à leur fin; j'était sur 
‘ le point de dire à mon mari que désormais je serais une 
‘ femme comme les autres, apte à la procréation, quand, dans 
un moment d’excitation, je laissai pénétrer ma pièce en 


‘€ bois trop avant dans la vessie, et elle me glissa des doigts. . 


“Je fis d’inutiles tentatives pour l’extraire, en plongeant 
‘ tout l’index dans mon ventre (dans la vessie) par l’ouvertu- 
‘re que j'avais tant agrandie. 


‘ Je demeurai inquiète et résolus d'attendre l’œuvre de la. 


‘ nature, c’est-à-dire, l'émission des urines ; j'avais l’espoir que 
® cette opération me débarasserait du corps étranger. 
‘*¢ Vain espoir ! les douleurs me rongeaient dans le bas ven- 


‘ tre ; les urines passaient sanguinolentes, goutte par goutte, . 


‘ à chaque instant; mon appétit se perdait ; je n’avais plus de 


“ sommeil ; le cours des matières fécales était complètement . 


“ suspendu. 

‘ Mon mari et moi, nous décidâmes d’aller quérir les soins 
‘ du médecin du village. 

“ Celui-ci, après avoir entendu mon histoire, secoua la tête 
‘et prescrivit quelque chose qui ne me donna aucun soula- 
“gement. Quelques jours après, je le visitai de nouveau ; 
‘ je lui dis que j'allais mourir, s’il ne trouvait pas un moyen 


de me guérir. Il répondit que, n’ayant pas les instruments . 


‘ convenables pour faire l’opération, il me conseillait de me 


‘¢ rendre en ville, où je trouverais des médecins qui feraient. 
‘ l’opération nécessaire. "—Crest le huitième jour, après sax 


mésaventure, que cette dame est venue me consulter. 


À 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 25 


Jugez de son état de faiblesse, et de souffrances ; tous ses 
traits étaient décomposés. 

Ayant à expédier d’autres patients, je du la faire attendre: 
quelques minutes avant de savoir le sujet de sa visite. Pen- 
dant ce court intervalle, elle ne put résister au besoin de ren- 
dre ses urines. 

Ayant des doutes sur la véracité complète du fait relaté: 
ci-dessus, je dirigeai mes examens du côté du vagin et du 
rectum ; n’ayant rien découvert, il fallut bien explorer la 
vessie, et admettre que le corps étranger était logé dans ce 
dernier organe, (comme elle disait dans son langage vulgaire, 
dans le passage de devant.) | 

Le tintement métallique de la sonde, sur un corps dur, ne 
me laissant aucun doute, j'introduisis le long forceps à polype, 
et je saisi le corps étranger par son milieu. 

Il était placé en travers, dans le plus grand diamètre de la 
vessie, sa partie convexe touchant la face interne du pubis. 

Après l'avoir tiré à ouverture de l’urètre, je reconnus. 
aussitôt l'impossibilité de le faire sortir dans cette position ; 
je Pabandonnai pour le saisir par une de ses extrémités ; je 
Yapprochai de nouveau près de Pouverture de l’urètre et 
je le sentis s'arrêter sur le pubis. 

Alors j'introduisis l’index de la main gauche dans la vessie, 
je produisis un mouvement de bascule qui plaça le corps 
étranger dans la direction de l’ouverture : 

Dans cette position, je n’eus plus aucune difficulté d’en 
faire extraction. 

La Cystite aigüe, qui, en outre des symtômes communs à 
cette maladie, était accompagnée d’une éruption pustuleuse 
sur toute la surface de abdomen, céda facilement par le trai- 
tement ordinaire. 

Quelques jours après l'opération, la santé de la femme se 
rétablit, et elle m'a dit depuis, n’ésrouver aucun inconvé- 
nient. 

Mesure de la poignée de parapluie extraite de la vessie de 
Dame XXX. Longueur, 2 pouces, 5} lignes ; Circonférence, 


26 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


2 pouces, 74 lignes ; Grand Diamètre, 11 lignes; Petit Diamè- 
tre, huit lignes. Ce spécimen peut être vu à la Pharmacie 
Française du Docteur S. Gautier, vis-à-vis le Marché, No. 
190. Rue St. Laurent. 


+ D. + 2 ———— 





HOTEL-DIEU. 

L’Hotel-Dieu de Montréal, foudé en 1642, par Melle. 
Jeanne Mance, quoique très modeste dans ses commence- 
ments, est devenu, après des revers successifs, un vaste éta- 
blissement, qui est tout à la foi une gloire pour la religion et 
pour le pays Les malades en grand nombre y viennent 
tous les jours chercher le soulagement à leurs souffrances, et 
leur santé perdue. 

Pour pouvoir apprécier toute son importance, et avoir 
une juste idée du bien qu'il fait, il faudrait connaître le 
nombre de malades qu’il reçoit par année, leurs maladies, les 
opérations qu'on y fait, les guérisons et les insuccès. 

Par les Statistiques de cette année, on voit que depuis le 
mois de Janvier dernier au mois de Novembre, il y a eu 2202 
malades admis à l'hopital sur ce nombre, 1560 furent guéris, 
443 non guéris, 65 incurables, et 135 décès. On a fait un 
nombre assez considérable d'opérations dans cette espace de 
temps ; mais comme jusqu’à présent on n’a pas suivi un sys- 
tème régulier de classification, il est presque impossible d’en 
faire un compte rendu satisfaisant. On peut faire la même 
observation pour es autres maladies: c'est pourquoi je dois 
réclamer l’indulgence de mes lecteurs pour le tableau 
que je présente ci-dessous. J'espère que, malgré son im- 
perfection, il donnera un peu de satisfaction, au moins, par 
sa nouveauté. L'année prochaine il sera plus complet, plus 
régulier. Je suis heureux de pouvoir ajouter, que les Sœurs 
toujours pleine de dévouement, se proposent de donner aux 
Professeurs de l’Ecole de Médecine et de Chirurgie de Mont- 
réal qui ont la direction du département médical de l’Hotel- 
Dieu, toutes les facilités possibles, pour leur permettre de 
placer leur hopital sur un pied qui ne laissera rien à désirer. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


27 


TasLEau des Maladies traitées à l'Hotel-Dieu depuis le mois 
de Janvier 1871, an mois de Novembre dernier. 








= % a 

| aS ; QS 

Maladies. Eo Maladies. gO 

© ® 

Zo 9 

Asthme... cecccces soncnsoce roses 6 |Entropion see seu seosouss = A 
Anasarque....…..... sé sen y cecees cecees D [Ectropion ...... mms memes sense SD 
ASCILS sous ses voonasone vovcovese ave 5 {Erysipèle.. ss. mue e soomesss = 16 
Appoplexie Pull ....0. secs seonceees 2 |Exantheme.…..............…..…. 6 
ADCBS ss ccsees sossosose 26 |Epilepsie…..…....., seccscececorese cee 9 
Angioleucite...... 0.2.0. ses A |Euterite....… mme verse see socse 10: 
Abvés Scrof …............. onnensene 2 |Entero colite. me se venemessss =f 
APPOPIexIS sus sossosose soon 1 |[Engelure (pied)... ses ses 3 
Amenorrhée ses sons or rece 17 |Emphysème pulm ......... ss ~ if 
AMEMIC...... cececcee soconssos severe 33 | Emdocardite .......00.ccoenceeeseeees ~ it 
Amygdalite .......00 css soso 19 |Fièvres …......, ses sovsososo ce une 60 
Arthrite 20... secsccccsccscscncsecceese © | Fièvres tyPhOides .......00 sececece . A 
AIDUGO 0......0cssctercrccse ses ones se A |Fièvres imterm . ........., 10 
Brunchite. ess soso 131 |Fistule ......... 0000. sesceee sos 6 
Bléphenite …..........…., sens 4 |Fistule, V. Vu secvcercecones 1 
Blennorrhée 2.2... 20.200 ceccsesceceee 8 [Fracture ....00 scsceeee eee we 12 
Brülure ............ covceees sssesoresses 11 |Furoncle .......... sececeeee vonosoose … À 
Bec-de-Liévre...... does ceneee soso 2 |Fièvres Scarlat, ss. 1 
Cephalagie ss. cesccsees coorsseee 9 |Gastrite ....... .ercces cesser e pocecees 4 
Cataracte ......cc.ce cescescroceececees 10 |Gastr. Embarras.......... evenoosse . 215 
Cystite... ose sesecs sono sos cvcees 9 [Gangrene P..........00 coseceee souoee 1 
Colite...….... socss ses sososoo se see v eee 1 [Hepatal gic. ...... nu cesser 2 
Cornéite se ose cccees covcsscore 10 | Hépatite ............ ess sossns scenes 13 
Chorée 1...0....0cccen sonone coceee cece 4 |Hyperthropie, Cœur... 7 
Carie ......... ceveee cocvee cevsscscceeses 4 |Hernie ......... us sossse covcee coneee 4 
Cholera (PAYS) se seccceseeconsceee 1 |Hernie étranglée..…. 2 
Cholera (A)... ... 202 sos cesse cnosen 1 |Hydropisie ..........00 ses cesse sous 6 
Cérebrile.. .......000 sosssosse soso ees 9 [Hémorrhoïdes ............ ss 6 
Coqueluche se ses covccsece 1 (Hémoptysie see se soos eus 6 
Coxalgie seu ccccccccecesccecsece 3 [HYStÉTIe nee ose coveccecesses 12 
Ghlorose …... ... secs sonore soooee 7 |HYPOCHOMATIC ss. cevecsves score 1 
Cancer ss coc scoees sono esoosonee one 12 |Herpès..…. We nonone seescssceceee 7 
Cancer, uter.….............…........ 1 |Hémorrhagie ......... ss 1 
Contusion ce oeoes srconmens eo 24 JTritis ue  sssososs sossonoo 0e 3 
Constipation... ss sos 7 |IMpetigO ss. serscsese cocccccerece 6 
COrYZA ss see cvceccccceceses vo 0000 00 3 |Ictère see ensnssrsne 7 
ColiQue ...... sesue secs venons ose sue ve 5 |Ischurie we soo se 2 
Cardite sos sescresce cesses 20 [KySte, Ov sovccccce cocvecceces 4 
Cholérine ............0 vce 10 | LUPUS ss ve «À 
Dyspnée css. . 4 Leucoma ......... sosie ssocoosos eee 1 
Débilité ue soosescovsse cscs 42 |Lumbago .............,. vue sssevvnce ~ 6 
Diarrhée ......0... soceseccsncscsescecsserees 23 |LeUCorrhée ....c0cc0 ss soreseees > 
Dyspepsie se esse 37 [LEPPO ....ccceececese cones D eosous oneces 1 
Dyssenterie...... .. sovsee voscevece 19 |Laryngite oo seeees seenceess eece 1 
Delirium ftrem..…sv 6 [Manie............ cooees te ereees eee: ~ § 
Dislocation es. ososs some © |MONOMANIO .......00 sooee bees eosceeee . © 
Entorse secs se socsee ose see , 2 [Métralgie..... ss se sonsone coves 12 
EEpistaxis...ocsccccscosscserscccesevece 1 |Métrorrhagie ......ceeereene TTT Tee | 





28 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


MYOPIE seu. seccseee mm cove ssrenesene 1 |Prurigo sense seeere conne ee 3 
Méningite. se ceoscense soneevecs - 6 |Pterygium...... encnrenue ceees eseccuce i 
Méningite Spimal.. .......2. css 2 |Polype utérin...… sos socese eens 1 
Métrite .......2. cesses soccccece sessceess 4 |Rhumatisme chro...…...........…. - 84 
N@VIPOSO .... cocececce coccee cocccsces 10 [Rhumatisme aigu ......... sers 6 
NGCrOS0. css sosscssec cesses soceee 3 |Retrov. uter 0.20... sesscecescoceseces 2 
Obite .......00 secscccscccceee sossecece ces 8 [Strabisme ...... secs secoue 2 
Ophtalmie …........... vssse soscse ne AG [Strict. Un. sus esse cones 1 
Orchite ......... ce ceceee sonsccees cecees 3 |Squirrhe ........0000 escscccee acscecsens 4 
OZÈNE ..... soccscvee severe veccceccs see vo 2 [Synovite sus see veces soso vue 2 
Ossifi : arter …....... coscesses seesecees A |Scrofules ss cosoccomnse one oe 3 
Pleurisie....... sessse soosce sececees … 6 [Stomatite................ eesecsececes … 1 
Pleurodynie use ceosssees ce. 9 |Syph. second...... o cecceccee coneccnce 6 
PleuropNOMONIC...... sescss soreosene 9 [Scabies ...... c.sees seceee cecees sensesee 2 
PMCUMONIC....... evo coceeseceeesee 6 JSynov. Chr ......... seacecces coccceess i 
Phthisie...... sonne neces coves secees . 49 Strict. rect.......... o cevece cenccececees 1 
Péricardite ss. sesesees nonssosses 5 |Timea Capitis ss. secccecsesccvees 8 
Paralysie ...... seccerscsces socrcesce oes 19 |Tympanite ..... @ ceccccens coseceen see 3 
Péritonite ...... necesces 000 000000 vence 3 |Torticolis...... ss. coves neve sons 2 
Prolap : Uteri...... ...cccsee cove se 7 | TUMEUT nsc scenes ovseesece 7 
Panaris ...... sescece cocese soveooss ses 7 ITénotomie.... see sonvse cesececes 3 
Paracentese see socseress 3 [Ulcères se ee sons cuve coces . 49 
Psoriasis ....... sesssoos vosesouss wo 5 [Ulcères, Su cccevece coves s =10 
Plaies .......... sscsese vonsecees seve LL |Vieillesge ..... ss secure ss 90 
Polype nasal......... cocses ee. À |Variole ............ ons  cecceccenacs 183 
Phlegmon ss son sees concncees 4 [Vers 20... ccecescsnsesscenses senceres “ 
Para Plogie...... ss seeoscees escerece 6 |Varice . sos ences es... 
Partus....... ee caves conees ccaccccce cess À | VOrtigB.ssss sovces coves sovnes soon … 3d 
Pied bot... leccescensees À 


N. B.—Cette liste n’a rapport qu'aux malades qui, au mois de Novembre, 
ne 86 trouvaient plus sous les soins des médecins. 


J. P. ROTTOT. 
Montréal, Janvier 1872. 


<< oo 


TUMEUR PELVIENNE. 


HOTEL-DIEU.—CLINIQUE DU DR. MUNRO. 


Rapporté par J. H. LaRocque, Etudiant en Médecine. 

Ce cas mérite d’attirer l'attention des médecins sous plu- 
sieurs rapports, mais surtout parce qu'il servira à démontrer 
avec quelle apparence de vérité, les symptômes peuvent si- 
muler une maladie qui n'existe pas le moins du monde, et 
combien il est difficile parfois, sinon impossible de faire un 
véritable diagnostique. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 29 


Une jeune personne du nom de Ada Thibaudeau, âgée de 
vingt ans, était affectée depuis plusieurs années de bronchite 
tuberculeuse et menacée par héridité de phthisie pulmonaire. 
Dans le cours du mois de Juillet dernier, elle se présenta à 
l'office d’un des professeurs de l’Université Victoria, se plai- 
gnant d’une douleu: assez intense qui avait son siége princi- 
pal dans l'articulation coxofemorale, et qui se répandait jus 
que dans le genoux. 

La malade n'avait fait aucune chute, ni reçu aucun coup. 
Se bâsant sur la théorie du tuberculosis, et sur la connais- 
sance qu’il avait de la constitution de ia patiente, le médecin 
crut à l'existence d’une coxalgie déjà passée à son second de- 
gré. La douleur étant très intense, il fit usage de calmants à 
des doses assez élevées et eut aussi recours à l’iodure de po- 
tassium. 

La maladie continuant toujours ses progrès, la patiente se 
décida à entrer à l'Hôtel-Dieu où elle fut reçue le quatre Oc- 
tobre dernier. L'examen du cas fut fait assez succintement, 
car la malade ne voulait se soumettre à aucune opération à 
cause de la douleur intense que lui causait le moindre at- 
touchement. Dirigés aussi par cette prédisposition apparente 
à la phthisie tuberculeuse, et par l’ensemble des symptômes, 
les médecins partagèrent l'opinion de celui qui. le premier, 
avait déjà traité la maladie ; et ils décidèrent que l’on avait 
affaire à un cas de coxalgie. Tous les symptômes généraux 
et locaux venaient en effet à l'appui de ce diagnostic: les 
muscles étaient dans un état de contraction très forte, le 
membre fléchi en dedans, le pli périnéal plus bas du côté af- 
fecté que du côté sain, le pli anal ainsi que l’apophyse épi- 
neuse supérieure antérieure de Vileum étaient dirigés vers 
le côté affecté, la fesse visiblement déprimée, et langle d’in- 
clinaison du bassin beaucoup plus prononcé. La douleur 
très vive s’aggravait encore par le moindre mouvement, la 
moindre pression, cette douleur se transmettait sympathique- 
ment jusque dans l'articulation du genoux par la distribution 
des branches du nerf obturateur. 

Plusieurs jours s’écoulèrent ainsi et la pauvre malade, pour 
<almer ses douleurs, fut réduite à faire usage des calmants 


30 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


les plus énergiques, et à des doses très élevées. Vers les pre— 
miers jours de Novembre, les médecins ne constatant aucun 
changement apparent, si ce n’est, un plus grand état de fai- 
blesse, se décidèrent à faire usage du chloroforme, afin de 
constater plus directement l’existence de la maladie soupcon- 
née et de pratiquer les opérations exigées en pareilles cir- 
constances. 

Mais quelle ne fut pas leur surprise, lorsque tous les mus- 
cles de la vie de relation étant dans un état de relâchement 
parfait, ils purent placer le membre affecté dans sa position 
naturelle, l'étendre autant que l’autre et faire exécuter à la 
cuisse ses différents mouvements. L'examen fut poussé plus 
loin, et bientôt la prétendue coxalgie se changea en une tu- 
meur ferme, immobile, ayant son siége dans la fosse iliaque 
gauche et qui par la pressiou qu’elle exerçait sur les parties 
environnantes, donnait au côté affecté une apparence telle, 
que tout inidqait, comme nous l'avons déjà vu, une coxalgie 
à son second degré. 

Tant il est vrai qu'il ne faut pas toujours se plier aux capri- 
ces des malades, et que l’on doit avoir recours à toutes les 
ressources de l’art afin de bien diriger son diagnostic sans 
quoi l’on s’expose à tomber facilement dans l'erreur. 

Ne connaissant pas de quelle nature pouvait être cette 
tumeur, on eut de nouveau recours à la médication expec- 
tante : les calmants furent continués et l’on tenta les appli- 
cations émollientes pour tâcher d’amener la suppuration. 
Pendant quelques jours, ce traitement fut continué sans 
aucun succès apparent, et alors les médecins décidèrent 
d'explorer la tumeur afin d'en reconnaître la nature: le tro- 
cart fut donc introduit dans la partie affectée et au lieu de 
pus l’on ne vit sortir [de la plaie que des matières sébacées 
de consistance caséeuse, ce qui parut confirmer l'opinion 
émise d’abord que l’on avait affaire à un développement de 
tubercules. Une méche fut introduite dans l'ouverture prati- 
quée sur la tumour, les applications émollientes furent con- 
tinuées ; mais depuis quelques jours, la plaice s’est entière- 
ment fermée, la malade dit que ses douleurs vont toujours 
croissantes, son appétit, son sommeil son nuls: elle dépérit à 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 31 


vu e d'œil; en effet, la fièvre hectique s’est emparée d’elle et 
viendra bientôt mettre fin à ses souffrances ; alors l’autopsie 
nous permettra de vous dire dans un autre numéro, la nature 
de la tumeur, son point d'attache, et la cause des doulenrs 
dans l'articulation et la jambe. 





OPÉRATION DE LA LITHOTOMIE. 


RAPPORTÉ PAR CHS. FILIATREAULT, ÉT. MÉD. 

Le 23 Octobre dernier, notre savant professeur, le Dr. Mun- 
ro faisait, pour la cent cinquantième fois, une de ces belles 
opérations qui lui ont acquis une réputation presque sans ri- 
vale en ce pays. Le nom du Dr. Munro est tellement ident 
tifié aux progrès chirurgicaux des trente dernières années, 
que l’histoire de sa vie serait celle de la chirurgie canadien- 
ne depuis cette date. 

Les professeurs de l’Université Victoria, ainsi que la plupar- 
des élèves, étaient réunis dans la salle d'opération de l’Hôtel- 
Dieu de Montréal, pour assister à l’opération de la taille. 

Un vieillard de soixante-et-dix ans, du nom de Francois 
Chartrand, demeurant au Village St Jean Baptiste, souf- 
frait depuis quatre ans de douleurs très aigües dans la 
vessie. Il dit avoir passé du sang dès les premiers jours de 
la maladie, et, durant les deux dernières années surtout, l’6- 
mission des urines, devenue de plus en plus difficile et dou- 
loureuse, ne s’effectuait qu’à force de manipulations et tou- 
jours en très faible quantité. Las de souffrir, il vint à l’Ho- 
pital, le 22 Octobre dernier, demander à la chirurgie le mieux 
qu’il n'avait pu obtenir d’ailleurs. 

Après un court examen, le Dr. Munro constata la présence 
d’un calcul dans la vessie et annonça qu’il en ferait l’extrac- 
tion dès le lendemain. 

Assisté du Dr. Beaubien, qui tenait la sonde, le Dr. Munro 
pratiqua l'opération latérale, et fit extraction d’un calcul 
pesant une once, long de deux pouces et demi, d’un pouce 


et demi d'épaisseur latérale et de forme ovoide. La difficul- 
3 M 


22 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


té de l'opération, en cette circonstance, consistait surtout dans 
l'épaisseur du périné qui était de plus de trois pouces. Du 
second coup de scapel cependant le chirurgien parvint à la 
vessie ; l'extraction demanda toute la force de ces deux bras. 
Le patient fut ensuite soumis à un régime doux et léger. La 
plaie ne fut assujettie qu'à un pansement simple. Aucun 
instrument ne fut mis dans la plaie pour faire écouler les 
urines, comme cela se faisait autrefois. Coutume rejetée 
comme mauvaise et retardant la guérison ; la compliquant 
souvent par la présence de ce corps étranger, nuisant à l’u- 
nion des bords de la plaie. Les urines reprirent leur passa- 
ge naturel le 17ème jour et continuèrent depuis ce temps, à 
s’écouler par la verge. 

Pendant tout le temps de la convalescence, a part quelques 
petits élencements durant les premiers jours, aucune douleur 
un peu vive, aucune imflamation ne vinrent tourmenter le 
patient, nidéranger son sommeil. Si bien que quatre jours 
après l’opération il demandait a retourner chez lui. Cette 
permission lui fut accordée le 27 Novembre. Alors par- 
faitement guéri, il reprit, alerte et joyeux, le chemin de ses 
pénates, bénissant la mémoire de celui qui l'avait arraché 
à une mort aussi certaine que prochaine. 

Je le rencontrai dans les premiers jours de Décembre, se 
promenant dans les rues du Village St. Jean-Baptiste, et se 
portant, disait-il, mieux qu'il n'avait jamais été. 








Société Médicale de Montréal. 


Nous publions ci-après les rapports des différentes assem- 
blées qui ont eu lieu à Montréal dans le but de fonder une 
Association parmi les médecins parlant la langue française. 
Nous n'avons pas besoin d'ajouter que ce mouvement ren- 
contre toutes nos sympathies comme celles de tous les vrais 
amis de la science. 

Tout ce qui tend à élever le niveau de la Profession Médi- 
cale et à lui faire prendre dans la société la place honorable 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 33 


‘qui lui revient de droit, recevra toujours notre concours le 
plus empressé. Déjà dès les premières réunions convoquées 
dans le but de fonder le journal de médecine, l’idée de for. 
mer une association, avait été émise plusieurs fois et avait 
rencontrée l’assentiment "générale. Après avoir réussi par 
la bonne entente et des efforts généreux à fonder un journal 
de médecine sur des bâses solides, les membres de la Profes- 
sion Médicale se sont réuni de nouveau et ont réusis à fonder 
une société propre à cimenter l’union qui doit exister entre 
eux. Le but de la société tel que développé dans la consti- 
tution est le suivant : 


4°. De cimenter l’union qui doit régner entre les membres 
de la Profession Médicale. 

2. De fournir aux médecins un motif de réunion et l’oc- 
casion de fraterniser et de se mieux connaître. 

30. De s’instruire mutuellement par des lectures, des dis. 
cussions et des conférences scientifiques. 

40, D'engager tous ceux qui en feront partie à pratiquer 
mutuellement tout ce que l'honneur et la fraternité prescri- 
vent aux membres d’une même profession. 

La Société se compose de membres actifs, correspondants 
et honoraires. Tout médecin soit de la ville soit de la cam- 
pagne peut devenir membre actif en faisant présenter son 
nom. La contribution annuelle est d’un dollar. 

Tout médecin résidant en dehors de la ville de Montréal 
peut être admis membre correspondant mais il est tenu avant 
son admisson de faire une lecture ou d'envoyer à la Société 
un travail sur quelque sujet scientifique. Les membres ho- 
noraires et correspondants peuvent assister aux assemblées 
et prendre part aux discussions ; mais ils ne sont pas soumis 
aux contributions et n’ont pas le droit de voter. 

Nous espérons qu'un grand nombre de médecins profite- 
ront des avantages que présente la Société Médicale et se 
feront inscrire comme membres actifs ou correspondants. 
Pour notre part nous comptons enrichir nos pages de matiè- 
res intéressantes fournies par cette Société. Les cas rappor- 
t6s devant l'association se trouvant enrichies par les obser- 
wations des membres de l’assemblée, acquerront par là-même 


34 L'UNION MEDIOALE DU CANADA. 


une plus grande valeur. Nous donnerons aussi le résultat 
des discussions qui auront probablement lieu sur les rapports 
des médecins entre eux, avec les malades et avec le public. 
La diffusion d'idées saines sur ces différents objets ne peut 
que sauvegarder la dignité de la Profession Médicale. 

A une assemblée convoquée dans le but de fonder à Mont- 
réal une association parmi les médecins parlant la langue 
française, et tenue à l'Ecole de Médecine le 5 Octobre 1871, 
furent présents les Drs. J. G. Bibaud, A. Dugas, J. C. Poite- 
vin, A. B. Larocque, J. W. Mount, Edouard Desjardins, A. T. 
Brosseau, C. Dubuc, E. P. Lachapelle, J. P. Rottot, A. Da- 
genais, L. J. P. Desrosiers, L. Quintal, S. Martineau, G. Gre- 
nier. 

Le Dr. J. G. Bibaud fut nommé Président et le Dr. G. Gre- 
nier, Secrétaire. 

Les résolutions suivantes furent adoptées unanimement : 

Proposé par le Dr. L. J. P. Desrosiers, secondé par le Dr. 
A. Dagenais: 

Que les Drs. J. G. Bibaud, Hector Peltier, A. Dugas, Ed. 
Desjardins, J. W. Mount, C. Dubuc, A. T. Brosseau, E. P. La- 
chapelle et Georges Grenier forment un comité pour asseoir 
les bases de la constitution d’une Société Médicale et prépa- 
rer les reglements. 

Proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. C. 
Dubuc : 

Que le comité fasse rapport 4 une assemblée qui sera tenue 
jeudi le 26 Octobre. 

‘Des remerciments sont votés au Président et au Secrétaire 
et l'assemblée est ajournée. 
GEORGES GBENIER, 
Sec. pro temp- 





SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 


A une assemblée de médecins tenue à l’Ecole de Médecine 
le 26 Octobre dernier, dans le but de considérer le rapport 
du Comité nommé à la réunion du à Octobre pour rédiger 
les règlements devant servir de base à la constitution d’une 
association médicale furent présents : Les Drs. Hector Pel- 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 35 


tier, J. E. Coderre, J. P. Rottot, A. P. Brosseau, A. Dagenais, 
A. Ricard, A. B. Larocque, A. Rollin, J. W. Mount, L. J. Des- 
rosiers, C. Dubuc, E. P. Lachapelle, L. A. E. Desjardins et 
Georges Grenier. 

Le Dr. J. P. Rottot fut élu Président et le Dr. Georges 
Grenier, Secrétaire. 

Le Secrétaire donna lecture du rapport du comité relatif 
à la constitution, lequel fut discuté clause par clause et adopté 
avec quelques amendements. 

Les résolutions suivantes furent ensuite adoptées : 

Proposé par le Dr. Hector Peltier, secondé par le Dr. L. A. 
E. Desjardins : 


Que le rapport du Comité soit adopté. 

Proposé par le Dr. L. J. P. Desrosiers, secondé par le Dr. 
E. P. Lachapelle : 

Que la premiére assemblée de la Société Médicale de Mont- 
réal ait lieu mercredi le 8 Novembre prochain, pour l’élec- 
tion des officiers. 

Proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. A. 
‘Rollin : 

Que tous les membres qui auront donné leur nom et payé 
leur contribution annuelle au Sécrétaire avant l'assemblée 
du 8 Novembre soient considérés comme les membres fonda- 
teurs de la Société. 

Proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. A. B. 
Larocque : 

Que ies Drs. J. W. Mount et A. Ricard pour la Division 
Est ; A. B. Larocque et E. P. Lachapelle pour la Division 
Centre ; et A. P. Brosseau et C. Dubuc pour la Division 
Ouest soient nommés pour solliciter l’adhésion des Médecias 
de leur division respective 4 la Société Médicale. 

L’assemblée s’ajourna aiors aprés un vote de remerci- 
ments à Mr. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 


Secrétaire Pro-temp. 


36 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d'une résolution passée à une 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Laracque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P. E. 
Plante, À. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. ~ 

Le Dr. Coderre fut appelé à présider l'assemblée et le Dr.. 
Grenier 4 agir comme secrétaire. 

Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 
et adopté. 

Le Secrétaire donna lecture de la Constitution et des Re- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant été convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l’on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 
J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 
soient nommés scrutateurs. Adopté. 


Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.....2..cccccccccccccsvsscccceccsccecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président... € J. W. Mount. 
2d. Vice-Président... .......... eseees … “ A. B. Larocque. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ ............. ‘ Georges Grenier 
“ C. O. Bruneau. 
‘€ A. Dugas. 
Comité de Régie...  C. Dubuc. 


| ‘© EL. J.P. Desrosiers. 
‘© Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimèrent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont on les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumit alors 
à l'examen de l’assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu’il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. ; 

L’assemblée s’ajourna alors aprés un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procés-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l’observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


oe 4 
7 $ 


38 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


M. le Président et Messieurs, 


Pour me rendre au désir des membres de la Société Médi- 
cale exprimé à la séance du 8 Novembre dernier, je vous don: 
nerai, ce soir, des détails circonstanciés sur le cas rare dont je 
vous ai fait part en quelques mots à cette même séance. Si 
je trouve le cas extraordinaire et intéressant pour moi-même 
et pour plusieurs d’entre vous, ce n’est pas tant par la forme, 
le volume, ou par la nature même de ce produit-modèle, mais 
bien plutôt par le temps qui s’est écoulé depuis sa formation 
jusqu’à son expulsion, et par les circonstances qui l'ont ac- 
compagné. N'ayant pas eu le temps d’examiner d’une ma- 
nière attentive ce produit que j’appellerai en attendant môle 
ou faux-germe, j'ai cru devoir le confier à notre digne Prési- 
dent, pour en faire l'examen et l’exposer à la discussion, à la 
séance de ce soir. Pour le moment, je me contenterai de 
vous en faire l'historique. J. P., épouse de J. F., est âgée de 
30 ans et réside en cette ville. Elle a eu quatre enfants, 
dont trois à terme, et un, le deuxième, à six ou sept mois. 
Dans ce dernier cas, une hémorrhagie assez grave avait pré- 
cédé de trois semaines l'accouchement. Les douleurs ont du- 
ré neuf jours avant l'expulsion d’un fœtus qui a vécu 18 heu- 
res. Cette femme est petite, faible, d'un tempérament lym- 
phatico-nerveux. Elle voyait ses règles tous les mois, excep- 
té quand elle était enceinte et quand elle nourrissait ses en- 
fants. Dans le cas actuel, ses menstrues ont paru pour la der. 
nière fois, le 12 août 1870. 


Quelques jours après, elle ressentait les mêmes symptômes 
de ses grossesses précédentes, tels que : perte d’appétit, nau- 
sées, vomissements, faiblesse, etc. Son corps augmentant gra- 
duellement de volume jusqu’à cinq mois et ne sentant pas 
encore les mouvements de l'enfant, elle s’adressa à moi pour 
en connaître la raison. Ne voyant là rien qui nécessita l’in- 
tervention de l’art, je la tranquillisai, lui dis d'attendre avec 
patience, quebientôt la chose se décidera et toutira pour le 
mieux. À dater de cette époque, elle s'aperçut que son corps 
diminuait de volume graduellement, jusqu’à ce qu’il fut 
presque à l’état normal. Au mois de Mai dernier, faisant à 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 39 


peu près neuf mois après qu'elle se fut crue enceinte, elle 
ressentit de fortes douleurs à l'abdomen, aux reins et aux 

jambes pendant deux jours. Croyant que c'était le retour de 
ses règles supprimées depuis le 12 Août de l’année dernière, 
qui s’annoncait, elle n’a pas cru devoir m'en informer et tout 
en est resté là. 


Ces douleurs passées, excepté la faiblesse et un certain ma- 
laise continuel, elle a continué d’être passablement bien jus- 
qu'au 6 Août dernier où, après de légères douleurs, elle a re- 
marqué qu’elle perdait une eau roussâtre sans mauvaise 
odeur qui a duré pendant un mois. Alors l'écoulement prit 
plus de consistance, ayant le caractère des règles ordinaires, 
et rendant une odeur désagréable qui n’a pris le caractère 
de la putréfaction que six jours avant sa délivrance. A cette 
époque, dans les premiers jours de Septembre ayant remar- 
qué une tumeur dans l’hypocondre gauche suivie quelques 
jours après d’un développement subit et insolite de l’abdo- 
men, elle s’adressa à moi de nouveau. Par le toucher vagi- 
nal, je constatai l’existence d’un corps dur, inerte qui pres- 
sait sur le fonds de la matrice, son col non dilaté, étant re- 
jeté en arrière. Par l'examen externe, j'ai trouvé l’abdo- 
men développé comme chez une femme enceinte de 5 à 6 
mois, mais son état de mollesse accusait plutôt un dévelop- 
pement de gaz, suite d’un certain degré de putréfaction qui 
devait exister à l’intérieur de la matrice. N’apercevant au- 
cun signe de dilatation, et ayant raison de craindre qu’en 
intervenant je pouvais causer un plus grand mal, les symp- 
tômes ne l’exigeant pas, je calmai ses craintes en l’assurant 

. que la nature se débarrasserait tôt ou tard de ce qui lui était 
nuisible. 

Dans la soirée du 4 Novembre, je fus mandé en grande 
hâte auprès d'elle et je la trouvai en proie aux plus atroces 
douleurs. Ces douleurs étant continuelles, et n’apercevant 
encore aucun signe de dilatation, j'ai dû lui donner un cal- 
mant. Pour remédier à l’odeur infecte qui s’échappait alors 
du vagin, j'ordonnai l'injection de substances émollientes, 

aromatiques et désinfectantes. 

Le 5 au matin, les douleurs, après avoir cessé pendant 


40 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


deux heures, ont repris avec la même intensité. Dans. 
Pimpossibilité de produire la moindre dilatation du col utérin,,. 
jappliquai l’Extrait de Belladonne, j’ordonnai un calmant et 
fis continuer les injections. Les douleurs, un peu modérées. 
durant le jour, sont revenues le soir pour durer toute la nuit 
sans amener la dilatation. Cette persistance des douleurs qui 
s'irradiaient dans ses membres, son teint cachectique et la 
présence de cette tumeur que je pouvais sentir à travers les 
-parois de la matrice, me firent craindre que j'avais affaire à 
un cancer de cet organe. 


Dans la journée du 6, j'ai pu constater un commencement 
de dilatation, et l'apparition à ouverture du col, d’un corps 
étranger. Comme la veille, les douleurs avaient en partie 
cessé durant le jour pour reprendre le soir et durer toute la 
nuit. 

Fixé d'une manière à peu près positive sur la nature du 
cas, j'ai pu donner à la pauvre malade l’assurance qu’elle se- 
rait bientôt délivrée de ce qui l’incommodait depuis si long- 
temps et qu’ensuite la santé lui reviendrait. La journée et 
la nuit du 7 se sont passées comme les précédentes, la dila- 
tation augmentant graduellement, mais lentement. J’essayai 
à plusieurs reprises, durant ce temps, de faire l'extraction de 
ce corps étranger, au moyen de la manipulation et à l’aide 
d’une pince à faux-germe, je ne pus en obtenir que quelques 
fragments. Je n’ai pas cru devoirinsister davantage, ie col con-- 
servant encore trop de rigidité Le matin du 8, la dilatation 
du col ayant acquis la grandeur d’une pièce de cinquante 
centins, je réclamai l'assistance de mon ami le Dr. Ricard qui, 
comme moi, constata l’état favorable du cas, et l'expulsion. 
probable du produit morbide dans quelques heures, par les 
seuls efforts de la nature. Les douleurs qui avaient en- 


core en partie cessées durant le jour reprirent avec la plus. 


grandeintensité sur les 6 heures et à 74 heures j'avais la sa-. 
tisfaction d’opérer l’extraction—-la nature en faisant en grande 
partie les frais—de ce produit que j'ai eu l’honneur de vous 
présenter pour examiner à notre séance du 8 Novembre der- 


nier. . Une grande quantité de gaz et de matière sanieuse se- 


sont échappées à la suite de cette expulsion. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 41 


Avant comme après la délivrance, j'ai du tenir cette mala- 
de sous un régime stimulant et tonique pour soutenir ses for- 
ces affaiblies et continuer les injections aromatiques et désin- 
fectantes pour la débarrasser de cette odeur infecte qui au- 
rait pu amener des accidents putrides par son absorption- 
Aujourd'hui, j'ai la satisfaction de vous dire qu’elle est en 
parfaite convalescence. 


J. W. Mount, M. D. 


A continuer. 








CHRONIQUE. 


Faire une chronique médicale peut paraître chose assez 
facile, à première vue : je conseille à celui qui pense ainsi 
d’en essayer un peu. Voilà bientôt dix minutes que je 
chauffe ma machine, sans antre résuitat que dix lignes d’un 
mérite douteux, que je me suis empressé de biffer, plus un 
énorme pâté qui dort sur ma page. 

Je l’avoue de suite, roues et cylindres sont rouillés jusqu’ax 
centre, et je ne suis pas loin de croire que tout cet engin, que 
josais appeler mon appareil littéraire, n’est plus guère bon, 
faute d'usage, qu'à rédiger des formules pour les patients 
qui ont la bonté de s'adresser à ma littérature. Et pourtant, 
il faut une chronique à tout prix ; plusieurs prétendent qu’un 
journal soucieux de son honneur, futil médical, ne saurait 
s'en passer. Qu'est-ce qu'une chronique ordinaire? Un 
babil léger ou sérieux sur les hommes et les choses du jour 
présent, mêlé d’un grain de sel fin, et d’un peu de médisance, 
si c'est possible. Mais une chronique médicale est bien au- 
trement onéreuse : faire descendre les fils d’Hyppocrate de 
leur gravité professionnelle, les forcer à dérider un instant 
leurs fronts solennels, les distraire des hautes préoccupations 
du moment, voilà une tâche capable d’effrayer le courage le 
plus téméraire. 

Si donc je réclâme, pour ces premières lignes, l’indulgente 
bienveillance des lecteurs de l’Union Médicale, je déclare 


42 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


que c'est autant à cause de la haute importance de leur posi- 
tion et de leur caractére que par une juste défiance de mes 
capacités. 


x * 
% 


Les déveioppements immenses donnés aux sciences moder- 
nes ont fait dire à un écrivain que Dieu semblait trouver 
l'homme assez mir, pour lui laisser pénétrer une partie de 
ses secrets. En effet, ce dernier doit se sentir fier en présen- 
ce des conquêtes immenses faites dans le champ de la scien- 
ce, depuis cinquante années. A cette époque, il lui fallait, pour 
se déplacer, se servir de ses jambes, monter en voiture ou 
déployer sa voile aux vents; sa pensée écrite prenait un an 
à faire le tour du monde, le séjour sur la terre et l’eau lui 
était seul connu ; il n’empruntait sa force que de lui-même 
ou à peu près, son pouvoir était borné par mille obstacles en- 
core insurmontés. 

Aujourd'hui, quel changement ! il franchit l’espace plus 
rapide que l'oiseau qui fuit, il s'arrête pour jeter sa pensée, 
comme la foudre, à des milliers de lieues, il parle à l'oreille 
de son semblable d’un coin de l'univers à l’autre, puis il va, 
plus hardi que l’aigle, défier les astres par delà les nuages. Ici 
il combine les éléments, pour en obtenir une force irrésisti 
ble, 1a il imprime sur la toile, dans un rayon de lumière, les 
plus vastes scènes de la création. Sous l'effet de ses puissan- 
tas machines, le cuivre, le fer, tous les métaux se tordent, s’ef- 
filent, se contournent, avec la rapidité de l’éclair. Il lance 
dans les abimes de la mer, le fil qui relie les mondes, il 
dompte locéan, ilse rit des tempêtes, il étend à tout sa 
royauté suprême. 

Mais il est un terrain où il ne marche qu’à pas lents et me- 
surés, où chaque étape est marqué par de penibles e fforts ; 
il s’y avance en tâtonnant, en observant les millions de faits 
de tous genres que la nature lui présente, il les compare 
avec minutie, il les entasse pendant de longues années, pour 
arriver à asseoir une conclusion pratique. Souvent il s’arré- 
te, il revient sur ses pas, il renverse l’échaffaudage élevé à 
grands frais, il déblaie le terrain et recommence la tâche la- 


4 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 43 


borieuse qui doit amener la découverte d’une vérité partielle. 
Ce champ, c’est celui de la médecine. Rien de plus difficile 
que cette science, dans ses applications, rien de plus contro- 
versé que ses affirmations ; el'e procède en tâtonnant, pour 
ainsi dire. 

Pourquoi ? Parce que le secret de la vie nous échappe en 
entier, aussi bien que celui de la mort, parce que la raison 
physiologique de l'existence des êtres organisés sera toujours 
un mystère que le Créateur ne révèlera sans doute jamais à 
lat faiblesse de notre intelligence. Nous ne voyons que les 
effets, sans pouvoir remonter aux causes premières, et, comme 
ces effets sont aussi variés, aussi nuancés que les figures hu- 
maines, et que la moindre nuance produit des résultats tout op- 
posés, delà surgissent nos incertitudes et nos embarras, La sci- 
ence médicale ne peut être autre chose que l'expérience qui en- 
signe, unie au jugementquidiscerne Voilà pour quoi elle est si 
personnelle et si peu transmissible qu’on croirait qu’elle ne 
marche guère. Marche-telle cependant ? Sans doute, puis- 
que beaucoups de grandes vérités sont aujourd’hui hors de tou- 
te contestation et assise sur des bâses anatomiques et physiolo- 
giques qui défient tous les efforts pour les renverser. 


Ne perdons pas courage dans cette grande lutte séculaire, 
qui a pour objet d'étudier l’homme et ses maladies, afin de re- 
tarder sa mort. Travaillons en commun, unissons nos efforts, 
si l'union est la force, elle est aussi le succès. 

La médecine, en Canada, a peu fait encore pour l'instruction 
mutuelle de ses membres, mais le mouvement actuel promet 
bien pour l'avenir. On semble se persuader qu’on a droit 
d’être lu sans être Galien ni Trousseau, et que notre science 
peut bien se passer, à la rigueur, des formes élégantes qui 
sont indispensables à des genres plus légers. En effet, tout, 
ce qu'on peut exiger de la médecine, c’est la correction 
du langage et le respect aux lois de la grammaire. La 
Littérature médicale est encore à créer ici. Occupés des 
moyens d'organiser les études professionnelles sur une base 
solide, et de répondre aux premiers besoins de la jeunesse, 
les hommes voués au professorat n’ont guère pu songer en- 
core qu’à s’assimiler les travaux faits par leurs devanciers 


44 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


d'Europe et des Etats-Unis, en y mêlant le fruit de leur ex. 
périence personnelle. Aujourd’hui que le Canada a sa place 
marquée parmi les nations, que la fortune publique et pri- 
vée se fait plus haute et plus entreprenante, la profession 
sent le besoin de s'affirmer, par des productions indigènes, et 
de prêter la main à la grande œuvre de progrès qui s’opè- 
re dans tous les coins du globe. Nous représentonsla méde- 
cine française en Amérique, et si celle-ci tient une des pre- 
mières places littéraires en Europe, le moins que nous de- 
vions ambitionner, c'est d'élever la nôtre au rang qui lui est 
assigné par le nombre et les capacités de ses membres. La 
création d’un journal comme celui-ci répond donc à un be- 
soin national autant qu’à une légitime ambition. 


x à 


Veut-on savoir quelles sont les alliances du nouveau venu 
qui naît si à propos, et sur quelle protection il peut comp- 
ter ? Trente papas penchés tendrement sur son berceau, et 
dont les yeux jaloux veillent sur ses premiers mouvements ; 
de plus, trois pères nourriciers chargés de lui verser le lait quo- 
tidien, et quantité de parrains et amis qui tiennent à hon- 
neur de soutenir ses premiers pas. Ainsi escorté, il ne peut 
manquer de filer son chemin sans trébucher, et de devenir 
un fier et solide gaillard. Dieu veuille que tant de pères 
communs restent unis par les liens de la plus étroite concor- 
de, et qu’ils puissent voir ensemble le nourrisson parvenir à 
ia plus respectable vieillesse. 


x * 


Un procès remarquable eut lieu en mai dernier à Sher. 
brooke. Andrew Hill fut accusé du meurtre de sa femme. 
Celle-ci avait été trouvée, sans vie, dans son lit. Les Docteurs 
Worthington et Austin trouvèrent, à l’examen, les organes 
de la génération couverts de sang, et, en dedans de la lèvre 
droite, deux plaies dont l’une près du vagin avait un pouce 
et demi de longueur et deux pouces de profondeur. Cette 
blessure était pleine de sang et formait une espèce de poche 
d’une étendue considérable. Le docteur Worthington dépose 
que le tisonnier, trouvé sur le poële, s’adaptait exactement à 
ces plaies. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA 46 


La Couronne tend à prouver que Andrew Hill, ayant sur- 
pris sa femme en flagrant délit d’infidélité, avec un nommé 
Grace, se serait servi de cet instrument, pour lui infliger, 
séance tenante, ces blessures mortelles. Elle prouve, par la 
sœur de la défunte, que des menaces de mort auraient été 
proférées par H1l, à l'endroit de sa femme, dont la conduite 
était fort équivoque. 

Le seul témoin des faits est Mary Hill, fille de l’accusé, qui 
jure qu’elle était seule dans la maison, avec sa mère, lorsque 
l'accident est arrivé ; que la défunte était assise dans le ber- 
ceau, avec un enfant dans ses bras, qu’en se levant, elle fit 
un faux pas en avant, contre un banc, et tomba ensuite en ar- 
rière, sur le plancher, derrière le berceau ; qu’en se relevant 
elle courut à son lit, en disant qu'elle saignait mortellement, 
et d'envoyer au plus tôt Grace, qui était au dehors, chercher 
le médecin, qui, à son arrivé, la trouva morte. 

La défense cherche à établir qu’une tumeur variqueuse ou 
thrombus peut, par sa rupture, dans ces circonstances, avoir oc- 
casionné la mort de cette femme. Le Dr. F. Paré s’appuie, pour 
confirmer cette opinion sur l'autorité de Velpeau, de Churchill, 
de Cazeaux, de Ramsbotham, de Cross, de Dupuytren, de Tay- 
lor, de Bayard, de Samson et de plusieurs autres. Ce sytème de 
défense est habile et fort rationnel. La défunte peut avoir re- 
çu le premier coup en tombant, parce que le poids de son 
corps a pu presser violement la lèvre entre le rameau descen- 
dant du pubis et le pied du berceau. Le résultat d’une telle 
pression a pu être la blessure relativement légère constatée à 
l'entrée de la vulve. Or, suivant Velpeau, un coup de pied, 
un coup sur l'angle d’une chaise ou d’une table sont des cau- 
ses déterminantes du thrombus. Il est possible que la défunte 
en tombant sur l'angle du berceau, ait reçu une contusion 
suffisante pour produire la rupture des veines qui forment 
le plexus utérin, et qui est situé sur les parois du vagin. Le 
sang répandu tout à coup, dans ces parties, a pu former le 
thrombus qui, par sa rupture, a causé la mort. L’appauvrisse- 
ment du sang, constaté chez cette femme, a dû, au reste, con- 
tribuer puissamment à la catastrophe. 


Le Dr. Worthington nie la possibilité de ces faits ; il consi- 


36 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une- 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
Chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P.E. 
Plante, À. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. ° 


Le Dr. Coderre fut appelé à présider l’assemblée et le Dr. 
Grenier 4 agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna iecture de la Constitution et des Rè- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 


Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 


L'assemblée ayant été convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l’on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 


Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 


J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 
Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.....2..ccceccccescsscoscesceseccccecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président... J. W. Mount. 
2d. Vice-Président.........cessses sosceeess ‘ A. B. Larocque. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ .............. ‘ Georges Grenier 
“ C. O. Bruneau. 
‘© A. Dugas. 
Comité de Régie...  C. Dubuc. 


CL. J. P. Desrosiers. 
‘ Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimérent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont ou les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumil alors 
à l'examen de l’assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu’il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L’assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l'observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


: “e 1 { 


36 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’'E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P. E. 
Plante, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. © 


Le Dr. Coderre fut appelé à présider l’assemblée et le Dr.. 


Grenier 4 agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna iecture de la Constitution et des Ré- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant 6té convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l'on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 
J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 

soient nommés scrutateurs. Adopté. 


Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


PrOsident.....2....ccccccccccccsccsccecssccecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président.......cccccsseccccssces «J. W. Mount. 
2d. Vice-Président........scscoees ........ ‘6 A. B. Larocque. 


Pr 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ ............. ‘* Georges Grenier 
“ C. O. Bruneau. 
‘ A. Dugas. 
Comité de Régie... ‘ C. Dubuc. 


| © L. J. P. Desrosiers. 
‘ Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimérent leurs re- 
merciements à l'assemblée pour la confiance dont on les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumit alors 
à l'examen de l’assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu'il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L'assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr.J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l’observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


: ra: ( 


36 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’'E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P. E. 
Plante, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. © 


Le Dr. Coderre fut appelé à présider l’assemblée et le Dr.. 


Grenier à agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna lecture de la Constitution et des Rè- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d'ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant 6té convoquée dans le but d'’élire les 
officiers de la Société, l'on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 


J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 
Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


PrOsident.....2.....0ccccecccsscccscccccceccers Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président...........ssecccesssees sc J. W. Mount. 
2d. Vice-Président... sevens  “ A. B. Larocque. 


2 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ .......,..,., ‘ Georges Grenier 
‘ C. O. Bruneau. 
‘ A. Dugas. 
Comité de Régie... “ C. Dubuc. 


| € L. J. P. Desrosiers. 
“¢ Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimérent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont ou les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumit alors 
à l'examen de l’assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu'il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L'assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l’observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


36 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une- 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P. E. 
Plante, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. ‘ 

Le Dr. Coderre fut appelé à présider l'assemblée et le Dr. 
Grenier à agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna iecture de la Constitution et des Reè- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant été convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l'on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 


J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 
Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.........cccccccessccecsccsccccceccecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président... & J. W. Mount. 
2d. Vice-Président.........ccesese eecsecnes ‘ A. B. Larocque. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ ......scesseees ‘ Georges Grenier 
“ C. O. Bruneau. 
‘ A. Dugas. 
Comité de Régie... ‘ C. Dubuc. 


| ‘© FE, J. P. Desrosiers. 
¢ Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimèrent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont ou les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumil alors 
à examen de l’assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu’il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L’assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l’observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


36 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


A une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P.E. 
Plante, À. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. © 


Le Dr. Coderre fut appelé à présider l’assemblée et le Dr.. 


Grenier 4 agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu 


et adopté. 

Le Secrétaire donna lecture de la Constitution et des Ré- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 


Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant été convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l’on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 


Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 
J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 


Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.....2...c00ccccecsccecssesccccceccecs Dr. J. E. Coderre 
Jer. Vice-Président........ccccsccccecscees cc J. W. Mount. 
2d. Vice-Président... ...... … “ A. B. Larocque. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ …..........., ‘ Georges Grenier 
‘ C. O. Bruneau. 
“A. Dugas. 

Comité de Régie... “ C. Dubuc. 


| ‘ LE. J. P. Desrosiers. 
‘© Arthur Ricard. 


Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimèrent leurs re- 
merciements à l'assemblée pour la confiance dont on les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumit alors 
à l'examen de l'assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérèt qu’il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. : 

L'assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l'observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


36 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


A une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J. C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P. E. 
Plante, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. ‘ 

Le Dr. Coderre fut appelé à présider l'assemblée et le Dr. 
Grenier à agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna jecture de la Constitution et des Rè- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant été convoquée dans le but d’élire les 
officiers de la Société, l’on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 


J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 


Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.....2......ccccccccssscscecsccceccecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président... € J. W. Mount. 
2d. Vice-Président........cscssese cseeee … “A. B. Larocque. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ ..........,., ‘ Georges Grenier 
‘ C. O. Bruneau. 
‘© A. Dugas. 
Comité de Régie... ‘ C. Dubuc. 


Arthur Ricard. 

Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimèrent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont on les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumil alors 
à l'examen de l'assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Tl fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l'intérêt qu'il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L'assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


| © FI, J. P. Desrosiers. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l’observation de ce cas qui donna 
lieu & une discussion 4 laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


at 


36 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 
SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 8 Novembre 1871. 


À une assemblée des médecins tenue le 8 Novembre à l’E- 
cole de Médecine en conformité d’une résolution passée à une- 
assemblée tenue le 26 Octobre dernier furent présents : Les 
Drs. J. Emery Coderre, A. Dugas, J. W. Mount, L. A. E. Des- 
jardins, A. T. Brosseau, C. Dubuc, A. B. Larocque, E. P. La- 
chapelle, Georges Grenier, J.C. Poitevin, Ls. B. Durocher, 
Albert P. O. Vilbon, C. O. Bruneau, A. Rollin, J. P. Rottot, J. 
M. A. Perrin, A. A. Meunier, Luc Quintal, B. H. Leblanc, P.E. 
Plante, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers. ~ 

Le Dr. Coderre fut appelé à présider l'assemblée et le Dr. 
Grenier 4 agir comme secrétaire. 


Le procès-verbal de la séance du 26 Octobre dernier fut lu: 


et adopté. 

Le Secrétaire donna iecture de la Constitution et des Ré- 
glements de la Société Médicale, et les médecins présents ap- 
posèrent leur signature au bas de cette constitution. 

Il fut proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le temps pour recevoir les noms des méde- 
cins désirant faire partie de la Société soit prolongé et que 
tous les médecins qui signeront leur nom au bas de la Cons- 
titution d’ici à la date de la prochaine séance soient considé- 
rés comme les membres fondateurs de la Société. Adopté. 

L'assemblée ayant été convoquée dans le but d'élire les 
officiers de la Société, l’on procéda alors à leur élection au 
scrutin secret. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. L. 


J. P. Desrosiers, que les Drs. A. Dugas et E. P. Lachapelle 


soient nommés scrutateurs. Adopté. 
Le dépouillement du scrutin donna le résultat suivant : 


Président.....2....ccccccessccoossesscccseceecs Dr. J. E. Coderre 
4er. Vice-Président... & J. W. Mount. 
2d. Vice-Président..............., sevens … “ A, B. Larocque. 


«, 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 37 


Secrétaire-Trésorier........ ...........,. ‘ Georges Grenier 
‘ CG. O. Bruneau. 
‘© A. Dugas. 
Comité de Régie...  C. Dubuc. 


‘ Arthur Ricard. 

Les Drs. Coderre, Mount et Larocque exprimèrent leurs re- 
merciements à l’assemblée pour la confiance dont ou les ho- 
norait et promirent le concours cordial de leur bonne vo- 
lonté, de leur expérience et de leurs efforts pour assurer le 
succès de la Société Médicale. Le Dr. J. W. Mount soumil alors 
à l'examen de l'assemblée une pièce pathologique et promit 
de donner à la prochaine séance un rapport du cas tel qu’ob- 
servé par lui. 

Il fut proposé par le Dr. A. Dugas, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle que des remerciments soient votés aux journaux 
la Minerve, le Nouveau-Monde et le Pays pour avoir bien voulu 
annoncer gratis les différentes assemblées et au représentant 
de la Minerve pour l’intérèt qu'il a manifesté à la Société Mé- 
dicale en assitant à toutes les séances. . 

L'assemblée s’ajourna alors après un vote de remerciments 
à M. le Président et au Secrétaire. 


| © L. J. P. Desrosiers. 


GEORGES GRENIER, 
Serrétaire pro-temp. 





SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. Officiers présents : Drs. 
J. W. Mount, A. B. Larocque, O. Bruneau, A. Ricard et G. 
Grenier.—Le procès-verbal de la précédente séance est lu et 
adopté. Le Sécrétaire fait rapport que les Drs. H. Peltier, A. 
Ricard, A. Deschamps, D. Bondy, E. Robillard, de Montréal, 
sont devenus membres fondateurs en se conformant aux 
règlements. 

Le Dr. J. W. Mount met sous les yeux de la société une 
môle et lit en même temps l'observation de ce cas qui donna 
lieu à une discussion à laqu’elle prirent part les Drs. Bru- 
neau, Rottot, Ricard, Larocque, Plante, Brosseau et Grenier. 


60 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


en même temps que le gonflement. Elle avait alors un écoulement jauna- 
tre durant, peut-être une semaine. Gependan!', pendant toute cette période, 
ses règles revinrent régulièrement à leur jour, et elles continuérent ainsi 
jusqu’au 17 Mars dernier, où, n’étant pas bien disposée , elle éprouva, par 
suite d'un iucendie, uue très-vive alarme ; se trouvant alors seule à la 
maison. A partir de ce jour jusqu’au 10 mai, elle continua à être malade, 
tantôt plus tantôt moins. Une partie de la perte sanguine se faisait en 
caillots, et avec de vives douleurs. Le 10 mai, je prescrivis teinture de 
chanvre indien 25 gouttes deux fois par jour. Le 12 l’hémorrhagie était 
arrêtée. depuis lors, la patience alla bien, sauf de la faiblesse, et elle 
partit pour la campagne. Huit jours après, le 4 Juin, le flux reparut, s’ac- 
compagnant de beaucoup de douleurs, et en partie en cailiots, puis il 
s’arrêta au bout de six jours, après une durée normale. Aujourd’hui, 21 
juin, la malade est bien, mais faible ; elle est mise à l’usage du fer. 


Les cas qui précèdent pourraient être considérés comme 
particulièrement appropriés à tous égards pour l’emploi du 
médicament qui nous occupe, la ménorrhagie dans chacun 
d'eux étant purement fonctionnelle, suivant l'expression consa- 


crée, et non sous la dépendance d'aucune affection organique. - 


Mais même dans ces cas où il existe un désordre local sous 
la forme de tumeurs ou de maladies de mauvaise nature, le 
chanvre indien revendique son influence sur la perte sangui- 
ne, mais seulement pour un temps. En résumé, par consé- 
quent, si, le chanvre admunistré à plusieurs reprises, arrétant 
chaque fois la perte sanguine et calmant la douleur, ces der- 
niers symptômes reparaissent quand le médicament est sus- 
pendu, il y a une juste cause de soupçonner l'existence d’u- 
ne affection utérine autre qu’un trouble purement fonction- 
nelle. Ainsi, dans un cas de tumeur fibreuse de l’utérus de 
volume considérable, remontant jusqu’au voisinage de l’om- 
bilic, le flux périodique était considérablement augmenté, 
et par suite la malade se trouvait fort affaiblie ; dans ce cas 
le chanvre a réussi à arrêter la perte, mais non à en préve- 
nir le retour. Dans un autre cas où l’hémorrhagie se mon- 
trait rebelle, on découvrit une petite excroissance polypoide 
dont l’ablation fit disparaître les accidents. Mais peut-être 
l'exemple suivant présente t-il ces traits de manière à les im- 
primer dans l'esprit : 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 61 


Oss. V.—E. M‘*’, âgée de trente-huit ans, mariée depuis sept années, 
n'ayant pas eu d’enfant ; trois fausses couches, toutes vers ls cinquième 
mois de Ja grossesse ; toujours bien portante; mari bien portant égale- 
ment. Après la dernière fausse couche, cette femme fut très-réguhère- 
ment menstruée jusq’à la fin de l’été de 1869, où, sans cause appréciable, 
le flux cataménial commença à devenir plus fréquent et plus abondant, en 
s’accompagnant de douleurs de reins intenses, qui devenaient encore plus 
vives immédiatement avant l'apparition des règles. Le sang, au lieu d’é- 
tre liquide, est expulsé sous forme de caillots, mais sans que leur sortie 
s'accompagne de «| uieurs expulsives. Peu à peu la malade s’est affaiblie, 
et maintenant ell en est arrivé à voir tous les quinze jours, parfois même 
plus souvent. Un traitement fait d’après les avis d’un médecin apporta le 
soulagement des douleurs, mais aucun soulagement en ce qui concerne le 
flux sanguin. C'est alors que cette malade me fut adressée. Je lui prescri 
‘vits le chanvre indien, qui procura rapidement de bons effets, dès la 
troisième ou quatrième dose. Cependant l'écoulement sainguin se repro- 
duisit, et administration du chanvre indien fut reprise, avec les mêmes 
résultats, aux dates, suivantes : — Le 10 Juin, après quatre doses de 20 
gouttes chacune, cession de la perte de sang ; mais elle est remplacée par 
un flux leucorrhéique. Suspension du médicamment, retour du sang. 
Chanvre indien et fer alternativement. — Le 17, sang arrété de nouveau 
sous l'influence du chanvre ; mais prompte et abondante réapparition. 
avec mélange de caillots et douleurs expulsives. Chanvre indien avec 
ergot et fer en alternant. — A cette époque du traitement, soupçonnant 
4uelque chose de plus qu’un simple trouble fonctionnel je pensai qu'il y 
avait lieu de procéder à un examen direct des organes Dès que la perte 
de sang eut été de nouveau arrêtée, grâce à l’action du chanvre. M. le 
docteur Black, accoucheur de l'hôpital de Charing-Gross, voulut bien 
procéder à cet examen, qui fit découvrir une affection de mauvaise nature 
occupant le col de l'utérus et commençant à gaguer la paroi vaginale. 


Ce cas, comme on le voit, peut servir à faire voir que l’on- 
peut compter sur le chanvre indien pour réprimer les hé- 
morrhagies utérines, de quelque nature que ce soit. 


A ma connaissance, un certain nombre de praticiens sont 
dans l’habitude d'employer le même agent, spécialement con 
tre la menstruation douloureuse, la dysménorrhée de cause 
non mécanique. Le docteur Hunt m’assure qu'il l’a admi- 
nistré dans ces conditions plus d’une centaine de fois, et 
qu’il l'a toujours vu, dès la troisième dose, amener le sou- 
lagement de la douleur et du malaise. 


62 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


J'administre le chanvre indien, sous forme de teinture, x 
la dose de 20 gouttes. Il réussit mieux encore, associé à l’es- 
prit aromatique d’ammoniaque. 


Bull de thér. 


Ayant lu la communication ci-dessus relative à une subs- 
tance dont j'ai beaucoup fait usage, depuis un an, à la place: 


du Seigle ergoté, dans les accouchements, ainsi que dans. 


Vhysterie, j'en fis, de suite l’essai dans un cas de ménorrha- 


gie, qui me donnait beaucoup d’ennui, depuis plusieurs mois. . 


La patiente, qui est une femme de 27 ans, d’une constitution 


robuste, mais beaucoup affaiblie par ces déparditions répé-- 


tées, en était arrivée à n’éprouver presque plus d’interrup- 
tion dans l'écoulement cataménial. Le fer, les acides, l’er- 
got avaient fait peu de chose. J’administrai donc 4 grain 


d'extrait gommeux de Cannabis indica, toutes les trois heures. . 


Le lendemain, le flux hémorrhagique était suspendu. II re- 
parut le surlendemain, et céda au même moyen. Alors je 
le continuai pendant dix jours, sans interruption, en admi- 
nistrant concurremement la Tre. de perchlorure de fer. Au- 
jourd’hui, j'ai cessé usage du chanvre indien. Je m'en 
tiens à la midication analeptique, et il m’est permis d'espérer 
une guérison permanente. 

Un de nos confrères, qui a employé le même agent, dans 
un Cas analogue me déclare en avoir obtenu de bons résul- 
tats, quoique non encore décisifs. Son rapport paraîtra pro- 


chainement. Je serais heureux de voir d’autres confrères. 
faire l'essai de cette substance, et en communiquer les résul-- 


tats à la profession. 
Dr. L. J. P. DesRosiers. 
tren Gee 
Des STATISTIQUES. 
Nous avons vu avec plaisir la société de Médecine de Mon- 
tréal s'occuper de l'important sujet des statistiques vitales. 


C'est certainement le moyen le plus sûr et le plus efficace d’ac- 
tiver le progrès de la science parmi nous. Si la médecine a 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 63 


avancé si rapidement depuis un siècle ou Jeux en Europe, on 
doit avouer que ce mouvement est dû en grande partie au 
soin avec lequel on a étudié les statistiques. Tous les hom- 
mes écrivent, toutes les sociétés savantes se sont donné la 
main dans ce but et on peut dire aujourd’hui qu’il y a bien 
peu de questions sur lesquelles nous n’avons pas de données 
précieuses. 

Ce résultat n'a rien qui doive nous surprendre ; car s’il n’y a 
rien de plus brutal qu’un chitfre, souvant aussi, il n’y a rien de 
plus éloquent et plus instructif. Quelques chiffres alignés au 
haut d’une phrase renferment quelquefois plus de renseigne- 
ments et de legors utiles que de longs discours ou de nom- 
breuses pages. Ils possèdent toujours le mérite de la préci- 
sion, de la concision et de la clarté ; qualité que l’on ne ren- 
contre pas constamment même dans les meilleurs écrits. 
On comprend aisément les services que rend la statistique 
quand on réfléchit que cette science nous expose l'origine, 
les causes et la marche de différentes maladies, ainsi que tout 
ce qui peut en augmenter ou en dimunier le nombre et la 
gravité. De plus, non satisfaite de nous renseigner sur les 
forces et les auxiliaires de l'ennemi, elle nous fournit encore 
des armes pour le combattre, en nous faisant Connaitre les 
substances et les mesures qui ont mieux réussi à en arrêter le 
progrès à des époques antérieures. 

Le profession médicale, en Canada, n’a encore rien fait 
jusqu'ici sous le rapport des statistiques vitales, et, véritable 
parasite, eile a toujours vécu du travail d'autrui. Trop dé- 
fiant de nos propres forces, et comptant trop sur celles des 
autres, nous sommes restés en arrière, marchant à la re- 
morque de nos confrères étrangers. Il est temps de nous 
mouvoir et de faire quelque chose, si nous ne voulons pas 
être taxés d’insoucience inexcusable. ‘Les raisons qui peu- 
vaient faire pardonner l'apthie dans laquelle nous étions 
_plongés, n'existent plus. Nous sommes dans des conditions 
plus favorables qu’auntrefois : l'isolement qui faisait notre 
faiblesse a disparu, grâce à la fondation de Sociétés et d’un 
journal de médecine. Maintenant, nous sommes assez forts 

2m 


64 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


et assez nombreux pour nous affirmer et marcher de pair 
avec le corps médical des autres pays. Le nom canadien est 
connu avec avantage dans presque toutes les parties du mon- 
de. Le commerce, l’industrie, le barreau, en un mot, pres- 
que toutes les classes du Canada, ont su percer et se faire es- 
timer de la plus grande partie des nations. Seule, la profes- 
sion médicale n’a pas su prendre le rang qu'elle devait occu 
per. 

Il faut réparer le temps perdu,et ce nest que par des tra- 
vaux incessants que nous pourrons v parvenir. Pour les 
corps comme pour les individus, le travail est un devoir 
dont nous ne sommes pas plusexempts que les autres. Nous 
devons fournir aussi notre contribution pour l’avancement 
de la science ; et les statistiques nous offrent un vaste champ 
encore inexploré pour nos études et nos travaux. Nous pos. 
sédons bien, il est vrai, des données précises sur la plupart 
des sujets importants qui sont du ressort de la médecine, 
mais ces données ne peuvent pas s'appliquer exactement à 
notre pays. Le climat d'une contrée, la constitution, les ha- 
bitudes et le régime de ses habitants ont une influence mar- 
quée sur les maladies, de sorte que leur gravité n’est pas la 
mème partout. Sinous avions des statistiques, il serait in- 
téressant de les comparer avec celles de l'Europe. 

Nous espérons que les Sociétés de médecine, vont prendre 
les moyens, pendant l'épidémie de variole qui sévit actuelle- 
ment en Canada, de donner au monde scientifique des ren- 
seignements exacts sur la marche, la durée et la gravité de 
cette maladie. 

Nous espérons surlout qu'après cette épidémie, nous au- 
rons des notions'certaines sur le plus ou moins d'efficacité 
de la vaccine, telle que pratiquée aujourd’hui. 

Si nous mentionnons la variole en premier lieu, ce n’est 
pas qu'il n’y ait d’autres sujets importants à étudier, mais 
c'est parce que les ravages qu'elle fait actuellement ont attiré 
l'attention publique et surexcité tous les esprits. 

Une autre maladie sur laquelle il serait intéressant d’avoir 
des statestiques est la pthisie pulinonaire qui fait tous les ans 


v 








L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 65 


tant de victimes parmi la population canadienne : elle pour- 
rait jeter du jour sur linfluence des différents climats sur 
le développement de la tuberculose. Toutes les affections 
qui se répandent d’une manière épidémique devraient aussi 
être le sujet d’études sérieuses. 

A l'œuvre donc ; la tâche est immense, mais avec de l’éner- 
gie et du travail nous sommes certains d'avance du résultat. 
Le premier pas est fait, il n'y a qu'à continuer à marcher 
dans la bonne voie où nous a fait entrer la société de méde- 
cine de Montréal. 

Dr. DaGeEnals. 


De 


PLAIE DU GENOU. 


Le 9 d'Avril 1869, Joseph Valade, journalier de notre lo- 
‘calité, étant au bois, reçut de son compagnon bûchant en 
face de lui au pied d’un même arbre qu’ils voulaient abattre 
un coup de hache dans le genou. 

Incapable de faire un pas, il fut transporté dans la maison 
de celui pour lequel il travaillait. Le Conseil de circonstan- 
ce jugea. sans hésiter, qu’il était prudent d'aller quérir le 
médecin, le même jour. 

Je fus appelé. A mon grand étonnement, je vis avec satis- 
faction qu'on avait évité la gaucherie de bourrer la plaie de 
chair de cuir, ou de feuilles de tabac, ou de chaux vive, etc. 
etc. etc ; peut-être avait-on craint de ne pouvoir en mettre 
assez, tant la plaie était grande. 

A mon arrivée, le patient, en proie à la plus vive inquiétu- 
de, était assis sur un canapé, les deux jambes dans l’état de 
flexion naturelle. La jambe droite offrait une plaie béante 
qui laissait voir toute l'articulation femoro-tibiale ; la surfa- 
ce articulaire des deux condyles du fémur et celle du tibia, 
complètement à nu, étaient à demi séchées par l'action de 
l'air; un caillot de sang reposait au fond de l'articulation et 
la rotule fuyait sur le fémur. 

Le membre soumis à l'extension nous montrait la direction 
de la plaie qui était de haut en bas et de dedans en dehors, 


66 . L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


et mesurant trois pouces environ. La hache ayant à peine 
frappé la tête du tibia avait divisé tous les ligaments qui se 
trouvaient sur son passage entre la tète du tibia et le som- 
mét de la rotule. 

Je commençai par faire des sutures en nombre suffisant. 
pour maintenir les lèvres de la plaie en parfaite juxta-posi- 
tion, et les recouvris de bandelettes agglutinatives. 

En face de cette plaie étendue qui compromettait les liga- 
ments, les cartilages, la membrane synoviale et lextrémité 
spongieuse du fémur et du tibia, je formulai d’avance un 
pronostique défavorable. Mon patient, âgé d’une trentaine 
d'années et gagnant péniblement le pain de sa famille à la 
sueur de son front, avait toujours joui d’une assez bonne san- 
té. Craignant d'exposer sa constitution par un traitement 


antiphlogistique énergique, je me bornai aux applications. 


froides, (eau blanche, presqu’a la glace) la jambe étant légère- 
ment fléchie et reposant sur un oreiller placé en dehors, avec 
recommandation de la laisser dans le repos le plus absolu. 
Et je n’appliquai aucun appareil contentif. 

Avant de me retirer, je défendis les stimulants spiritueux 
à mon patient ; mais lui permis de manger et boire ce qu 
lui plairait, c'est-à-dire, de suivre le méme régime qu’aupara_ 
vant. 

Du 9 au 14, dose de morphine au coucher. répétée quel. 
quefois pendant le jour. Renouveler les applications réfrigé- 
rantes. 

Le 14, malgré le mauvais état des chemins, je pus lui faire 
visite ; état général rassurant ; fièvre insignifiante ; genou 
offrant une enflure qui ne monte pas sur la cuisse ni ne des- 
cend sur la jambe, aspect d’une tumeur dure, rouge et n’em- 
brassant pas tout l'espace poplité. Bandelettes renouvelées. 
Je me retirai sans changer en rien le traitement commencé ; 
si ce n’est que j'ajoutai un léger laxatif oléagineux pour pa- 
rer à un inconvénient prévu. 

De cette date, c'est-à-dire, du 14 d'Avril au 15 de Mai sui- 
vant, je fus privé de l'avantage de voir mon malade ; mais 
pendant cet intervalle, j'en reçus souvent des nouvelles par: 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 67 


les voisins dont les informations réglées sur mes recomman- 
dations me permettaient de suivre l’état de la tumeur. Le 
malade ne manqua pas de calmants (opium, morphine, Jus- 
quiame) que je donnai alternativement pour prévenir la to- 
lérance. Convaincu depuis quelques jours que la suppura- 
tion s'établissait, j'avais fait remplacer les applications froi- 
des par les émollients ; et le 15 de Mai on m'apprit que la 
matière sortait un petit brin, par un petit trou en dehors et en 
haut du genou. Je demandai à voir le patient ; mais sur ces 
entrefaites passsa un maréchal (un coupeur de chevaux, en 
tournée) qui prescrivit avec la plus grande assurance des 
douches d’eau courante du mois de Mai; un congrès de com- 
pères et de commères jugea hardiment que ça ne ferait pas de 
mal au malade. Mais le 20, on vint me chercaer en disant 
que le malade rempirait, qu'il affaiblissait et que son enflure 
montait et descendait. En effet, le membre affecté présen 
tait en dehors une tuméfaction extraordinaire, à partir du 
mollet au grand trochanter, avec fluctuation évidente, sans 
le secours du toucher; la peau présentant une dizaine de 
points livides et prêts à donner issue à la matière. Un petit 
-coup de lancette dans l’un de ces points menaçants en haut 
-du condyle externe laissa échapper une quantité prodigieuse 
d’un pus plutôt séreux que plastique. Après avoir vidé cet 
abcès diffus au moyen de la lancette et d’une compression 
modérée au moyen de la paume de la main, j'appliquai le rou- 
leau pour favoriser la réunion des tissus ; et après avoir in. 
séré une tente dans l’ouverture que je venais de pratiquer, 
je recommandai les fomentatiors. 

Il va sans dire, que le patient était sous l'empire d’une 
prostration assez avancée ; en conséquence je recommanda! 
les stimulants, le brandy en particulier, —mais son indigen- 
ce— j'eus recours à la Quinine sans abandonner les cal- 
mants au coucher. Ce traitement fut suivi pendant une dou- 
.zaine de jours, pendant lesquels le malade fut rendu à sa fa- 
mille logeant alors dans une misérable maison où se tenait 
une école. 

Dans la nuit du 2 au 3 de Juin, je fus appelé de nouveau ; 


68 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


mais, cette fois, pas pour ia coupure ; car, à part le genou, 
le membre délivré de toute tuméfaclion, offrait la même 
température que celle de son voisin et pouvant se prêter un 
peu aux mouvements de flexion et d'extension ; la suppura- 
tion était tarie et les forces un peu revenues. Lorsque tout 
présageait un heureux retour à la santé, un rhumatisme ar- 
ticulaire vint, fort mal à propos, tourmenter notre sujet, dont 
la famille commençait à souffrir. 

Sous ces circonstances j’abandonnai les stimulants, mais. 
continuai l'administration de la Quinine {et des calmants, 
comme ci-devant, ces derniers répétés plus souvent, et fis 
rien de plus pour combattre cette affection qui alla jusqu’à 
se permettre une visite dans l’une des cavités splanchniques. 

Pour des raisons hygiéniques et morales, la guérison com- 
plète n’eut lieu que dans la dernière quinzaine de Juillet, 
époque à laquelle mon patient, tout réjoui, put quitter la 
maison pour Continuer son travail de tous les jours, sans. 
éprouver la moindre incommodité dans le membre qui venait 
d'échapper à l’ankylose. 

Dr. L. A. Fortier. 








ASSEMBLEE DES MÉDECINS VACCINATEURS PUBLICS 





Le Bureau des Vaccinateurs Publics s'est assemblé à l’H6- 
tel-de-Ville, à la demande du Bureau de Santé, le 30 Novem- 
bre dernier. 

Etaient présents : Les Docteurs Larocque, Dugdale, F. W- 
Campbell, Ricard, Wm. Mount, Leblanc, N. Robillard, Bour- 
ke, Anderson, et Tracy. 

Le Dr. Selly s’est excusé par lettre de ne pouvoir assister. 

Le Dr. Ricard fut appelé à la présidence. Les officiers de 
de Santé, Drs. Larocque et Dugdale firent connaître le but de 
la réunion. Ils dirent que le Bureau de Santé voyant aug- 
menter le nombre des décès par la variole et redoutant l’in- 
vasion d’une épidémie, désire que les Vaccinateurs prennent 
les moyens les plus efficaces pour prévenir l'extension de la. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 69 


maladie et il leur demande s'ils consentiraient à faire la vac- 
cination 4 domicile afin de mettre, en peu de temps, tous les 
enfants à l'abri. 

Après une longue et sérieuse discussion, il a été entendu 
parmi les Vaccinateurs qu'ils feraient plus qu'ils étaient te- 
nus de faire à cause du besoin urgent de leurs services, 
qu’ils s’'emploieraient de la manière la plus active pour re- 
pousser l'invasion du fléau et qu'ils sont prèts à aller vacciner 
de maison en maison pourvu que pourchaque cas vacciné ainsi 
avec succès la rémunération soit de cinquante centins, com- 
me légère compensation de la grande perte de temps qu'exi- 
gent les visites répétées de la vaccination à domicile. 

L'assemblée, de plus, adopta unanimement les résolutions 
suivantes. 

lo. Que les certificats de décès étant souvent mal remplis 
et n'étant mème pas exigés pour l'enterrement dans un de 
nos cimetières, le Bureau de Santé soit prié de voir à l’exécu- 
tion rigoureuse de la loi exigeant ces certificats. Les offi- 
ciers de Santé et les vaccinateurs pourront ainsi connaître les 
maladies régnantes, la variole en particulier, en combattre 
la cause et en empêcher l’extension, autant que possible. 

20. Considérant que la loi de vaccination ne peut recevoir 
sa pleine et entière application et qu'il est impossible de 
connaitre et de trouver les enfants pour obliger les parents à 
les faire vacciner à l’âge requis, sans le secours d'une loi 
denrégistrement des naissances. Que le Bureau de Santé 
soit prié de préparer et de faire passer au Parlement une tel- 
le loi qui serait obligatoire pour tous. 

Une ville comme Montréal devrait avoir des statisti- 
ques certaines de sa mortalité, sur lesquelleson ne pours 
rait élever des doutes, afin de donner satisfaction au pu- 
blic et de mettre ceux qui sont préposés à la surveil- 
lance de la santé publique en état de bien remplir leur 
charge. Il est loin d’en être ainsi. Si tous les certifi- 
cats de décès étaient donnés par des médecins ils se- 
raient des documents sûrs. Mais malheureusement la 


70 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


loi concernant cette matière, permet à d’autres person 
nes de donner ces certificats quand un médecin n’a pas 
été appelé pour la maladie. On conçoit que, par cette 
application si imparfaite de la loi, les statistiques de la 
mortalité fourmillent d'erreurs. 

Cette clause, permettant aux individus de donner des 
certificats sur une matière dont ils sont ignotants, de- 
mande impérieusement d'être changée. Le meilleur 
mode serait d'exiger, dans de tels cas, le certificat du 
médecin vaccinateur du quartier qui serait tenu d'aller 
constater la mort à la demande des parents.—Comm. 





D -—————— 


SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 22 Novembre 1871. 


(Suite.) 


Dr. Bruneau.—J’ai pris un grand intérêt au rapport du ca- 
que nous venons d'entendre. Le Dr. Mount me permettra ce- 
pendant de différer d'opinion avec lui sur l’époqe qu’il assigne 
au commencement de la grossesse. Je ne puis croire qu’un 
corps étranger puisse demeurer quinze mois dans l'utérus. Y 
aurait-il eu ici grossesse extra-utérine? En calculant que le 
produit de la conception ait pu rester 40 à 50 jours dans la 
trompe, nous gagnerions cet espace de temps. Le fœtus 
transporté dans l'utérus aurait été absorbé et la môle se rerait 
ensuite développée. Peut-être aussi la conception a-t-elle eu 
lieu pendant une aménorrhée. On sait que cette maladie 
amène souvent tous les symptômes de la grossesse. 


Dr. Rottot.—Je pense que, d'après l’histoire du cas, on ne 
peut mettre en doute que cette femme ait porté ce produit 
pendant quinze mois. Les symptômes d'action de lutérus 
vers le neuvième mois, la perte d’eau rousseâtre pendant 
trois mois et les différents autres signes rendent pour moi ce 
fait évident. 

Dr. Ricard.—La cavité que l'on remarque dans cette tumeur 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 71 


a du contenir un fœtus. La membrane lisse qui la tapisse 
en est la preuve. La croissance du fœtus a été arrêtée et il 
s'en est suivi la dégénérescence du placenta et des membra- 
nes. On ne peut expliquer sa rétention au moyen d'une gros- 
sesse extra-utérine, car le fœtus aurait été alors trop volumi- 
neux pour passer par les trompes. Cette môle n'était pas un 
corps étranger, mais elle vivait de la vie dela mère et pou- 
vait ainsi continuer à vivre jusqu'à ce qu'elle fut détachée 
des parois de l'utérus. Alors son expulsion devenait néces- 
daire. 


Dr. Plante.—Au bout de neuf mois, la nature expulse inva- 
riablement le produit de conception, je ne puis croire que ce- 
lui-ci soit resté quinze mois. 

Dr. Larocque—Dans ce cas-ci on ne peut mettre en doute 
qu'il y ait eu grossesse, absorption du fœtus et nutrition des 
annexes. On peut différer seulement sur l'époque de la 
conception. 

Dr. Grenier.—Je suis parfaitement de l'opinion que vient 
d'exprimer le Dr. Ricard. Le produit a pu demeurer dans 
l'utérus pendant neuf mois, parcequ’il ne s’est pas développé 
de la même manière et dans les mêmes conditions qu’un pro- 
duit ordinaire. Il est vrai que dans la plupart des cas, ces 
môles sont expulsées vers le 3ème. ou 4ème mois, ou au 
temps ordinaire de la grossesse, mais rien n'empêche qu’el- 
les ne continuent à se développer lentement et à séjourner 
un temps indéfini dans les organes de la mère. J’ai eu ces 
jours derniers un cas d’avortement où le fœtus était indubi- 
tablement resté quatre mois dans l’utérus après la cessation 
de son existence. J’ai lu des cas où le fœtus mort était resté 
un an et même deux ans dans l'utérus (Ruysch-Phesam. Om- 
nium Max.) Riedlin cite un cas où une môle demeura trois 
ans dans les organes. (Lin. Med. 1695, p. 297) et Zuingen en 
décrit un autre où la môle ne fut expulsée qu’au bout de dix: 
sept ans. (Theatrum Tite Humana, p. 33. Good’s Study of 
Medecine.) 


Sur proposition du Dr. J. P. Rottot, secondé par le Dr. J. 


72 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


W. Mount, ie Dr. O. Bruneau est prié de faire une lecture 
sur le vaccin à la prochaine réunion de la société. 
Puis la séance est levée. 
Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec. Trés. S. M. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 6 Décembre 1871. 


Le Dr. Bruneau lut un travail sur la vaccination. Il en fit 
historique. Constata d’abord que l’inoculation avait été em- 
ployée dans les temps les plus reculés, parmi différents peu- 
ples. Que d’après les statistiques on pouvait se convaincre 
que lorsque les personnes ainsi inoculées étaient atteintes de 
variole, elles n'avaient pour la plupart que des symptômes 
légers, et que cette pratique avait pour effet de restrein- 
dre considérablement les ravages de cette maladie. On 
continua à se servir du virus variolique jusqu'à Jenner 
Malgré tous les avantages que l’on reconnaissait à l'ino- 
culation, il n’en était pas moins vrai, qu'un assez grand 
nombre de personnes mouraient et qu'un plus grand nombre 
encore guérissaient avec des infirmités plus ou moins gra 
ves, pour le reste de leurs jours. Aussi depuis longtemps tous 
les véritables amis de l’humanité faisaient les plus grands ef- 
forts pour trouver un substitut moins dangereux et tout aussi 
efficace que ie virus variolique. Ce fut Jenner qui eut la 
gloire de faire cette découverte. Après plusieurs années 
d'expériences, il fit connaître au monde que le vaccin pris de 
la vache, et inoculé avait pour effet de préserver la personne 
de la variole ; et que cette vaccination était tout à fait inof. 
fensive. 

Les médecins s'empressèrent d’adopter celte pratique, qui 
fut suivie de si heureux résultats, que peu d’années apres, 


Pinoculation fut complètement abandonné. 
Depuis cette époque, la vaccination a régné en souveraine 


maitresse jusqu’à ces queiques années dernières. Aujour- 
d'hui il y a des médecins, qui la considèrent comme tout à 
fait inefficace, et ils regardentson emploi non seulement com- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 73 


me inutile mais même comme dangereux, parce que, disent- 
ils, C’est avec ce vaccin impur qu’on inocule, sans le vouloir, 
et bien souvent, les maladies syphilitiques et autres. 

Le Dr. prouva l'efficacité de la vaccination par des statisti - 
ques prises dans sa propre pratique, et dans les autres pays, 
et fit voir la grande différence qu'il y avait dans le nombre 
de personnes atteintes de la variole avantet depuis Jenner, et 
surtout la différence qu'il y avait dans la mortalité, avant et 
depuis l'introduction du vaccin. Que, quant à l’inoculation 
du virus syphilitique par le vaccin, pour sa part il n'y 
croyait pas. 

Il parla de importance de choisir du bon vaccin, en donna 
la description et les caractères, et dit qu'on devrait vacciner 
de bras à bras. Qu'on ne devait pas ètre surpris si des indi- 
vidus vaccinés étaient atteints de variole, puisque la variole 
elle-même ne protégeait pas complètement contre une nou- 
velle attaque. Il connait une personne qui a eu la variole 
trois ou quatre fois. 

Que la revaccination à des époques détermihées était né- 

Le Dr. Peltier.—Reconnait toute l'importance du travail du 
Dr. Bruneau. Il est en faveur de la vaccination, mais il est 
entièrement opposé à la revaccination. Iln’en voit pas la 
nécessité. Puisque le vaccin est un préservatif contre la 
variole pourquoi dit-il revacciner ? Aussi lorsqu'un homme 
veut entrer dans l’armée, ou qu'il désire faire assurer sa vie, 
on lui demande s'il a été vacciné, mais on né lui demande 
jamais s’il a été revacciné. On juge donc que c’est inutile. 
Maintenant, parmi les Sceurs de charité, parmi les médecins 
et les étudiants ici et a Paris, il n’y en a pas qui ont été re- 
vaccinés, cependant à peine si on en voit un de temps à autre 
avoir la variole. Preuve donc que ia vaccination est une pro- 
tection suffisante contre la variole. 

Le Dr. Dagenais.—Dit qu il n’est pas prét à donner une opi 
nion décisive sur ce sujet. Que certainement l’inoculation 
doit être rejeté complètement. Que, par rapport à la vaccinat 
tion, si on produit des statistiques pour prouver sa vertu, il 
est facile d’en produire d’autres pour prouver son inutilité 


74 L'MNION MEDICALE DU CANADA. 


De ce que les sceurs, leg médecins et les étudiants, ne sont 
presque pas atteints de la variole, il ne s’ensuit pas, comme le 
dit le Dr. Peltier, que ce soit parce qu'ils ont été vaccinés. Ceci 
peut s'expliquer d’une toute autre manière. On sait que la 
variole est surtout une maladie de l'enfance. Les médecins 
et les sœurs étant d'un âge assez avancé, il s'ensuit qu’ils ne 
sont pas si susceptibles à être affectés par cette maladie ; cette 
raison là suffit pour expliquer pourquoi ils n’en sont pas at- 
teints. Dans sa pratique, il a remarqué que la mortalité par- 
mi les personnes vaccinées était très grande. 

Le Dr. Rottot.—Dit qu’il était en faveur de la vaccination et 
de la revaccination. Que le raisonnement du Dr. Peltier con- 
tre la revaccination ne pouvait pas être accepté, parceque les 
statistiques étaient contre ; et que pour venir à l'appui des 
idées émises sur ce sujet par le Dr. Bruneau, il prenait la li- 
berté de lire l'extrait suivant d’un travail fait par le Dr. Bri- 
quet dans la Lancette Francaise du 24 Octobre dernier, sur 
une épidémie de variole qu'il a observé pendant le siège de 
Paris à l’ambulance militaire de la rue Clichy. 

Le nombre des varioleux soumis à l'observation de Mr. Bri- 
quet a été de 504, tous militaires. La moyenne d'âge a été de 
24 ans 1710. Les 9710 avaient été vaccinés ; 126 seulement 
avait été soumis à la revaccination. Chez les 413 sujets pré- 
sentant des traces caractéristiques de vaccine, 252 n'ont eu 
qu'une varicelle légère, 107 une varioloide, 20 une variole 
discréte, 34 une variole confluente. 

Chez les 66 sujets qui ne présentaient pas de cicatrices, 14 
n'ont eu qu'une varicelle légère, 7 une varioloide, 13 une va- 
riole discrète, 32 une variole confluente. 

D'où il résulte que chez les sujets bien vaccinés, les cinq 
huitièmes n'avaient eu qu'une maladie légère, deux huitié- 
mes avaient eu une maladie un peu sérieuse et un huitième 
seulement une véritable variole : tandis qu’au contraire, chez 
les sujets non vaccinés, il y a eu un tiers de cas Jégers et 
deux tiers de cas graves. 

Quant à la proportion relative des décès on trouve que chez 
les sujets vaccinés la mortalité à été d'environ un dixième, 


Li 


| | 
L'UNION MEDICALE DU CANADA. 15 


tandis que chez les sujets non vaccinés elle a été des deux 
tiers. 

Mr. Briquet constate de plus que le nombre des cas de va. 
riole a été régulièrement croissant, à mesure qu'on s’éloi- 
gnait de l’époque de la vaccination. 

Le Dr. Desrosiers—Fait quelques observations pour prouver 
qu'on ne doit pas attacher d'importance à l’objection que l’on 
fait contre le vaccin, parce qu’il ne donne pas une immunité 
complète contre la variole. On remarque la même irrégula- 
rité dans la plupart des faits physiologiques et autres, soumis 
à notre observation. 

Dès lors qu’un agent quelconque vous procure un bien 
réel et constant, on ne doit pas être justifiable de le rejeter. 
Ilse déclare en faveur de la vaccination ; et son opinion est 
formée en grande partie par ses observations personnelles. 

Après quelques mots de la part du Président, le Dr. Co- 
derre, sur l’importance de la question, et sur l'opportunité 
d'en continuer la discussion, à la prochaine assemblée, la 
séance est levée. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 20 Décembre 1871. 
Présidence du Dr. J. W. Mount. 


Officiers présents : Drs. A. B. Larocque, O. Bruneau, A. 
Dugas, C. Dubuc, A. Ricard, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Le Secrétaire donne communication d’une lettre du Dr. S. 
A. Longtin par laquelle il demande son admission comme 
membre actif. 

Le Dr. A. Dugas donne avis qu’il proposera à la prochaine 
séance l’admission comme membres actifs des Drs. Léandre 
Lefebre, de Lachine, Beaudet de Montréal et S. A. Longtin 
de Laprairie. 

Le Dr. P. E. Plante donne avis qu’il proposera l'admission 
du Dr. Jos. Lanctôt de St. Philippe. 

Le Dr. L. À E. Desjardins donne avis qu’il proposera les 


76 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Drs. F. X. Perrault, de la Pointe-aux-Trembles et A. Laramée, 
de Montréal. 

La discussion sur le vaccin, soulevée à la’suite de la lecture 
du Dr. O. Bruneau sur ce sujet, est à l’ordre du jour. 

Dr A. B. Larocque : LA puissance préservatrice du vaccin 
a été amplement prouvée par le Dr. Buneau. 

Nous n’avons pas ici malheureusement de mode efficace 
pour obtenir des statistiques et il faut nécessairement s’en 
rapporter beaucoup à l'expérience des autres pays. Nous 
voyons par exemple qu'en Irlande on a chassé pendant un 
certain temps la petite vérole au moyen de la vaccination. 
Quoique cette maladie sévisse encore en Europe, on y a ob- 
tenu de grands succès. J'ai pris en note quelques considéra- 
tions que je me permettrai de vous lire et qui contribueront 
à prouver l'efficacité de la vaccination : 





VACCINATION. 





Un des plus grands bienfaits qui aient été conférés à l’hu- 
manité est sans contredit la vaccination qui, pratiquée dans 
les conditions adoptées par la science, devient une garantie 
contre le plus affreux comme le plus fatal des fléaux qui dé- 
ciment les populations. Pour s’en convaincre nous n’avons 
qu'à recueillir les faits incontestables, produits par les statis- 
ques qui servent à prouver l'efficacité de ce préservatif dont 
l'immortel Jenner a doté l'humanité en 1798. 

L'inoculation de la matière variolique précéda celle du 
vaccin. Les Circassiens prétend-t-on furent les premiers qui 
s’en servirent, cette pratique fut adoptée en 1673 à Constan- 
tinople. 

Lady Montagne l'introduisit en Angleterre et de là elle se 
répandit dans toute l’Europe. 

L'inoculation variolique tomba bientôt en discrédit et céda 
entièrement à la découverte du vaccin dont le bienfait est 
d'avoir diminué le nombre des aveugles, maintenu la beauté 
des races et accru la moyenne de la vie. D’après Bernouilli 
et Duvillard la moyenne de la vie est augmentée d’au moins 


ee 


es 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 77 


trois ans dans la masse des individus vaccinés peu de temps 
après leur naissance. 

Avant l'introduction de la vaccine on comptait suivant les 
relevés de dix pays de l’Europe 1 décès par la variole sur dix 
morts, depuis la vaccine 1 sur 2378. D'après un rapport de 
l’Institution vaccinale anglaise de 1826, parmi plusieurs mil. 
liers de personnes vaccinées, il n’y a pas eu un seul cas qui 
ait été fatal ; an contraire, quand la maladie apparaissait, c’é- 
tait toujours sous un caractère bénin et très-aisé à traiter. 
Pendant une épidémie qui sévit en Ecosse, le Dr. John 
‘Thompson a pu faire des observations depuis juin 1818 à dé- 
cembre 1819 sur 556 cas, dont 205 avaient été ni vaccinés ni 
variolés. Sur ce nombre 50 moururent de la maladie, c’est-a- 
dire 1 sur 4 ; 40 contracterent la maladie une seconde fois, 
ainsi que 30 autres cas que le Dr. Thompson recueillit ail- 
leurs, faisant en tout 11, dont 3 moururent c'est-à-dire 1 sur 
23, tandis que sur 310 qui avaient été précédemment vacci- 
nés, un seul mourut. 

La population de Marseilies qui en 1828 était estimée a 
40,000 dont 30,000 avaient été vaccinés, 2,000 variolés, et 800 
laissés sans protection. Sur les 30,000 vaccinés, 2000 furent 


attaqués par la variole, 20 moururent, c’est-à-dire 1 sur 100. 


Des 8,000 qui n’avaient pas été vaccinés, 4,000 en furent at- 
teints, et 1000 succomberent, 1 sur 4. Des 2000 variolés, 20 
contraclerent la maladie une seconde fois et 4 moururent 1 
sur 9. 

Le rapport de la société médicale de Philadelphie assure 


authentiquement qu’en 1827 un seul cas de variole causa la 


mort sur 80,000 vaccinés lors d’une épidémie qui avait ce- 
pendant pris la source la plus maligne et la plus mortelle, 
tandis que plusieurs individus perdirent la vie 4 la suite 
d’une seconde attaque de la maladie. 

On peut donc admettre en toute sûreté cet axiome, que 
le vaccin garantit de la mort par la variole. Son bienfait est 


complet et accroit et la valeur et le chiffre des populations. 


Avant Jenner sur 100 cas de cécité, 35 provenaient de la 
variole, la proportion a été réduite à 8 par cent, encore les 


78 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


8 aveugles des Quinze-Vingt, dont l'infirmité a été attribuée 
par le Dr. G. Dumont à la variole n'avaient pas été vaccinés 
d’une manière satisfaisante. Chez les enfants aveugles par la 
variole la proportion n’est que de 3 par 100. Le Dr. Dumont 
constate que le vaccin en France a diminué 4} le nombre 
des aveugles. 

Les faits suivants sont récents et devraient convaincre les 
adversaires les plus obstinés de la vaccination. 

Liépidémie variolique qui sévit actuellement à Londres, 
Angleterre, est de mémoire d’homme une des plus violentes 
et des plus mortelles, 110 en sont morts dans une semaine, 
beaucoup plus en {furent atteints mais ils recouvrirent la 
santé. Il y a un mois 100 parmi la classe pauvre souffraient. 
de cette dangeureuse maladie. Il est mort $ de ceux qui 
n’ont pas été vaccinés, et 1 sur 24 des vaccinés, encore étaient- 
ils la plupart avancés en âge et avaient ainsi perdu l'influence 
protectrice du vaccin qui devrait être inoculé dès l’âge de 
deux à trois ans. 

Un fait digne d’être signalé, c'est que les médecins et les 
nourrices qui sont en service dans les salles les plus encom- 
brées des hôpitaux de Londres, échappent tous à l’épidémie ; 
car tous sont obligés de se faire revacciner avant d’entrer ent 
service. A Liverpool l’épidemie fut une des plus violentes ; 
il est mort une personne sur quatre. 

On voit donc qu’outre une première vaccination on a résolu 
a Londres, et avec sagesse, de revacciner. 

Si on n’a pasencore jugé à propos de mettre en force com- 
me mesure de police sanitaire la revaccination il n’en est pas 
moins prudent toutefois de conseiller officieusement et de 
propager les revaccinations tous les {0 ou 15 ans. C’est une 
loi qui est prescrite dans l’armée. Les recrues des armées 
de Wurtemberg, de Danemark et de Prusse ont donné 30 à 
40 succès sur 100. Bousquet a obtenu kde secondes vaccines 
bien établies. Durant l’epidémie de Provences-Maille il n’a 
pu obtenir de bonnes revaccinations au-dessus de 10 ans, 
mais a constamment réussi à 15 ans de la première vaccine. 

De 721,143 revaccinations faites en Europe et dansles Etats- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 79 


Unis 36 par cent réussirent, tandis que 112,061 cas, chez les- 
quels on pratiqua une seconde revaccination 12 par cent fu- 


rent protégés. 

Nous n'avons souvent pour preuves convainquantes, d’une 
bonne première vaccination que la cicatrice au bras et le 
rapport des vaccinés eux-mèmes, ou des parents des enfants 
en bas âge. Mais après avoir fait une déduction raisonnable 
des cas que l’on croit avoir été vaccinés d’une manière inef- 
ficace : il reste encore un certain nombre (à peu près 33 par 
cent) qu’une première vaccination, quoiqu’ayant été complète 
selon les apparences, faillit cependant par quelques particu. 
larités de la constitution, de les protéger contre le virus 
variolique ; ces individus requièrent d’étre soumis à la 
revaccination dans le but de les mettre complètement à l'abri 
de l'épidémie. 

La revaccination, selon le rapport de l'Academie de mé- 
decine de la Belgique, est l’utile et indispensable complé- 
ment d'une première vaccination non quelle soit toujours 
nécessaire, mais afin de s'assurer que toute susceptibiiité de 
l'économie à contracter la variole soit entièrement éteinte. 

Si la revaccination réussit, la garantie contre le virus est 
assurée. Si elle faillit nous devons cependant la répéter à 
certains intervalles afin de s'assurer par ces épreuves de 
l'entière exemption du sujet. 

Si nous n'avions pour nous convaincre de l'importance de 
la revaccination que les heureux résultats obtenus dans l’ar- 
mée prusienne, ce serait plus que suffisant. 

Quoique cette armée ait été depuis plusieurs années trés-fré- 
quemment exposée à l'influence du poison variolique, elle en 
a cependant entièrement été exemptée. Dans un de ses rap- 
ports on trouve spécialement mentionné que l'influence de la 
revaccination a eu pour effet de diminuer d’une manière 
tout-à-fait étonnante les maladies varioliques dans les diffé- 
rents hopitaux militaires. 

Pendant toute une année il n'y eut que 30 cas, dont 10 
étaient vraiment varioliques, 24 cas de varioloides, 16 de vari- 
celle. Trois patients sont morts, un qui n’avait pas été 

3m 


80 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


vacciné en entrant en service ; son certificat indiquait cepen- 
dant qu'il l'avait été ; le second était un recru qui n'avait pas 
été vacciné ; le troisiéme était un sous-officier qui avait été 
revacciné quelques années auparavant, mais sans succès. 

Avant que l'ordre de la revaccination fut issue, les casernes 
étaient exposées aux maladies varioliques ; depuis elles ont 
entièrement disparu. 


Pendant les 19 années finissant le 31 déc. 1852, le nombre 
de vaccinés qui joignirent l’armée fut de 811,402. La pre- 
mière vaccination réussit dans 414,595 cas, le reste fut revac- 
ciné et 42,984 revaccinations réussirent. 

La vaccine en protégea donc entièrement 457,581 desquels 
pendant une période de 19 ans, 217 furent affectés de vari- 
celle, 191 de varioloide, 113 de variole dont 4 sont morts. | 

Nous devons donc résumer avec les concurrents de l’Acadé- 
mie des sciences de 1845 : 


‘ Que la vertu préservative de la vaccine est absolue pour 
le plus grand nombre des vaccinés, et temporaire pour un 
petit nombre ; ” chez ces derniers même elle est presque 
absolue jusqu’à l'adolescence. 


Que la variole atteint rarement les vaccinés avant l’âge de 
dix à douze ans ; c'est à partir de cette époque jusqu’à trente 
et trente-cing ans qu’ils y sont principalement exposés. 

Outre sa vertu préservative, la vaccine, introduit dans 
l'organisation une propriété qui atténue les symptômes de la 
variole, en abrége la durée, et en diminue considérablement 
la gravité. 

Le cow-pox donne aux phénomènes locaux de la vaccine 
une intensité très prononcée : son effet est plus certain que 
celui de l’ancien vaccin, mais après quelques semaines de 
transmission à l’homme cette intensité locale disparait. 

La vertu préservative du vaccin ne paraît pas intimement 
liée à l'intensité des symptomes de la vaccine ; néanmoins, 
pour conserver au vaccin ses propriétés il est prudent de le 
régénérer le plus souvent possible. 

Parmi les moyens proposés pour effectuer cette régénéra: 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 81 


tion, le seul dans lequel la science puisse avoir confiance 
jusqu’à ce jour consiste à le reprendre à sa source. 

La revaccination est le seul moyen d’épreuve que la science 
possède pour distinguer les vaccinés qui sont définitivement 
préservés de ceux qui ne le sont encore qu'à des degrés plus 
ou moins prononcés. L'épreuve de la vaccination’ ne cons- 
titue pas une preuve certaine que les vaccinés, chez lesquels 
elle réussit, fussent destinés à contracter la variole, mais seu- 
lement une assez grande probabilité que c’est particuliére- 
ment parmi eux que cette maladie est susceptible de se déve- 
lopper. 

En temps ordinaire la revaccination doit être pratiquée à 
partir de la quatorzième année, en temps d’épidémie, il est 
prudent de devancer cette époque. | 

Nous voyons par les données ci-haut que les pays d'Europe 
les plus avancés en science ainsi que les Etats Unis ont tou- 
jours eu recours depuis sa découverte à la puissance préser- 
vatrice du vaccin pour protéger leurs populations du plus 
terrible fléau auquel est sujet l'humanité, son influence bien- 
faitrice maintient aussi l’état sanitaire des armées. 

En 1868, le Bureau de Santé de New-York ayant recu une 
communication des Drs. Whitney, Carnochan et d’autres mé- 
decins éminents dont la confiance dans le virus vaccin avait 
été ébranlée, prit la résolution de présenter au Sur-Intendant 
de la vaccination, le Dr. Loines, les questions suivantes : 

1 Depuis combien de temps pratiquez-vous la vaccination ? 


2 Combien avez-vous fait de vaccination, et quel a été 
votre succés ? 


3 Combien depuis, ont pris la variole ? 

4 Combien ont été affectés de scrofule, de Syphilis et d’au 
tres maladies causés par la vaccination ? 

5 Quel est le meilleur mode de vacciner ? 

6 Que pensez-vous du vaccin de vaches ? 

7 La revaccination est-elle nécessaire ? 

Le Dr. Loines répondit que, pratiquant la vaccination de- 
puis 18 ans, il avait été à même de recueillir de précieuses 
observations sur l'efficacité d’une bonne vaccination. 


82 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Qu'étant depuis 15 ans médecin vaccinateur de plusieurs 
institutions publiques et de la Quarantaine le nombre de 
vaccinés était considérablement au-delà mème de 200,000 et 
que de ce nombre il n’avait pas encore entendu dire qu'un 
seul de tous ceux qu’il prononga bien vaccinés fut affecté de 
variole ou de varioloïde, et qu’il n'avaient pu constater qu'une 
mortalité et sept cas de la maladie parmi ceux qu'il n’a- 
vait pu revoir après une première tentative de vaccination, 
encore dans tous ces derniers cas, l’action étant imparfaite 
ou indistincte, il ne les avait jamais déclarés bien vaccinés. 
La statistique du Dr. Parkinson (mort en 1858) médecin vac- 
cinateur du dispensaire de New-York durant une période de 
46 ans corrobore l’avancé du Dr. Loines. Sur 40,000 vacci- 
nés pas un seul ne pritla variole. Le Dr. Ward, de Londres, 
affirme aussi qu’ayant été vaccinateur de l'établissement na- 
tional de vaccin depuis au-dela 40 ans et qu’ayant pendant 
ce laps de temps vacciné a peu pres 48,000 il est absolument 
convaincu que la vaccination bien faite est un préservatif de 
la variole aussi efficace que la variole elle-même. En répon- 
se a la 4e. question le Dr. Loines assure qu'il n’avait jamais 
pu constater que les scrofules, la syphilis ou d’autres mala- 
dies injurieuses aient été transmises par une bonne vaccina- 
tion. 

Que de plus la question revint, cest-a-dire si la lymphe 
d'une véritable vésicule de Jenner pouvait être le véhicule 
et transmettre aux vaccinés les scrofules, la syphilis ou 
d'autres maladies constitutionnelles, ou si par mégarde un 
médecin instruit pouvait inoculer le virus autre que celui 
qu'il se propose de donner dans la vaccination, ayant été 
soumise à plus de 500 célébrités scientifiques, d'autorités pra- 
tiques. de Bureaux médicaux et corporations, d’hopitaux, de 
médecins d’armées et conseils médicaux des gouvernements 
d'Europe et du monde entier. 

Que tous sans exception répondirent dans la négative et 
furent d’opinion que la vraie vésicule viccurale pouvait étre 
facilement distinguée par un connaisseur d’autres maladies 
cutanées, que par inoculation on ne pouvait reproduire que 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 83 


la maladie inoculée, c'est à dire qu’inoculant la vaccine, la 
vaccine seule était reproduite et que les résultats contraires 
devaient être dus à l'effet d'une décomposition purulente, ou 
d’un empoisonnement de sang analogue à celui produit pas 
des blessures de dissection. Que dans tous les cas malheu 
reux où avait été inoculé quelque virus spécifique et qu’on 
avait soumis à l’investigation on avait pu constater qu'il y 
avait ignorance. 

5e. Réponse.—Que la meilleure méthode de vaccination 
consistait dans l’observation de quatre règles bien simples, 
recommandées par le Dr. Lee, !. Avoir le soin de toujours 
se servir d'un instrument bien net. 2. Ne pas prendre la 
lymphe de la yésicule plus tard que la huitième journée. 3. 
Prendre seulement la lymphe, en ayant le soin de faire at- 
tention que le sang ou d’autres sécrétion ne se mèlent à la 
lymphe. 4. Que la lymphe soit recueillie sur le bras d’un sujet 
en bonne santé. 

6e. Réponse.—Loines confirme l'opinion du Dr. Guérin 
dont les expériences ainsi que les informations réunies de 
plusieurs hôpitaux, et d’un nombre considérable de médecins 
tendraient à faire perdre confiance aux résultats que Mr. De- 
paul, Sur-Intendant de la vaccination à Paris, aurait prétendu 
obtenir de la vaccination animale, car ayant pu observer les 
différentes phase des deux vues. il conclut avec le Dr. Guérin 
et beaucoup d’autres médecins dont l'expérience et la science 
sont indubitables, que le vaccin animal n’est pas aussi régu- 
lier dans son développement, ni aussi durable et énergique 
dans ses propriétés préservatives que le vaccin humain. 

A la dernière question c’est-a dire s’il est nécessaire de re- 
vacciner, si dans l’affirniative, au bout de quel temps après 
une première vaccination, dans quel épidémies et à quel de- 
gré d'exposition à la maladie doit-on revacciner ? La ré- 
ponse du Dr. Loines est que la plupart des vaccinateurs expé- 
rimentés sont d'opinion qu’une première bonne vaccination 
est une aussi sûre garantie contre la variole qu’une première 
attaque de la maladie elle-même que cependant comme il y 
a des exceptions qu’il est impossible de discerner, il est plus 


“ 


84 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


prudent de répéter de temps en temps une opération si facile 
et si inoffensive. 

J'ajouterai que pendant l'épidémie actuelle la plupart des 
cas qui se sont terminés par la mort étaient chez des person- 
nes non vaccinées. J'ai des notes ici sur 2d cas mortels et 
2 seulement avaient été vaccinés. 

Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec. Trés. S. M. 


À continuer. 


ee & 
ROTEL-DIEU.—M. Noet GuÉNEAU DE Mussy. 
Paris, le 17 Octobre 1871. 
ÉTUDE SUR LE TRAITEMENT DE QUELQUES ALBUMINURIES. 





(Extrait de lecons cliniques faites à l'Hôtel-Di’u.) 


L'albuminurie est habituellement consécutive à un état 
congestif des reins. Cette congestion peut être sous la dépen- 
dance de conditions pathogéniques très-diverses : elle peut 
être l'élément essentiel de la maladie, sa seule expression 
anatomique appréciable ; elle peut accompagner d’autres pro- 
cessus morbides ; elle peut dépendre de causes traumatiques 
ou accidentelles ; elle peut être sous la dépendance d’altéra- 
tions profondes de l'organisme qui l’entretiennent et en ag- 
gravent les conséquences. En un mot, l’albuminurie est un 
symptôme comme la congestion est un mode, mais l’une et 
l’autre peuvent traduire des conditions morbides trés-diffé- 
rentes. S'il en est ainsi, il serait absurde de chercher un 
traitement uniforme de l’albuminurie. Dans la même espè- 
ce, la période à laquelle est arrivée la maladie n’a pas moins 
d'importance pour le pronostic et pour le traitement. Une 
fois la substance glandulaire étouffée par les néoplasies mor- 
bides, dégénérée ou atrophiée, toute régression (1) réparatri- 





(1). J'ai toujours protesté contra l'emploi que les Allemands faisaient du 
mot régression. Appliquer le mot régression graisseuse à la stéatose mus- 
culaire, ce serait insinuer que le muscle, dans son évolution, a passé par 
l'état graisseux. Le mot dégénérescence, consacré par Lasnnec, est infi- 
niment préférable. Quand un tissu alt*ré ou moditié revient à l'état nor- 


= 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 85 


ce est invraisemblable, et si les efforts du médecin peuvent 
quelque chose, c’est uniquement pour ralentir les progrès du 
processus morbide, pour combattre les complications, amoin- 
drir les souffrances. Il n'en est pas de méme dans la période 
congestive si la congestion n’est pas subordonnée à une de ces 
affections générales ou locales que nos modificateurs ne peu- 
vent atteindre , si elle est toute la maladie, différents traite- 
ments lui pourront ètre opposés. C'est dans ces cas que l’acide 
tannique, l'acide gallique ont quelquefois réussi, après que 
l'acuité du travail congestif était apaisée ; j'en ai moi-même 
observé une fois les bons effets (2. L’hydrothérapie, entre 
les mains du docteur Fleury, de Becquerel et d’autres méde- 
cins, a obtenu des succes ; les drastiques, les acides miné- 
raux peuvent en revendiquer également.—Je vais citer quel- 
ques observations dans lesquelles, après des symptômes gra- 
ves, jai eu la satisfaction de voir les malades guérir, et in- 
diquer une médication nouvelle peut-être qui m'a, dans plu- 
sieurs cas, donné des résultats satisfaisants. 

Oss, I.—En 1867, je reçus à l'Hôtel-Dieu (3) un homme de 
42 ans, scieur de long ; il avait eu la variole et la fièvre ty- 
phoide ; en dehors de ces deux maladies, il avait toujours 
joui d’une bonne santé. 





mal ou tend à y revenir, il ya véritablement régression. Ce mot s'ap- 
plique encore avec opportunité aux modifications que l’utérus subit après 
l'accouchement. 

(2) Le docteur Gestin, professeur à l'Ecole de santé de Brest, m'a dit 
avoir eu souvent à ss louer de cette médication en portant la dose de ces 
acides à deux et {rois grammes dans les 24 heures. Jé suis heureux de 
pouvoir citer le nom de ce médecin, aussi distingué que modeste, qui, en- 
gagé volontairement dans l:s ambulances de l'armée de la Loire, devint 
le médecin en ehéf du 2le corps. Non content de diriger avec un dévouo- 
ment admirable le service dont il était chargé, il contribua à rallier nos 
troupes surprises à Droué par la trahison des habitants . à Ivré-l"Evéque, 
il recut un éclat d’obus qui lui-coupa le nerf médian et l'artère humérale, 
pendant qu’il ramassait lui-même nos blessés, sur lesquels les Prussiens 
dirigaient le feu de leurs batteries après le combat, comme ils l'ont fait 
en maint endroit, et comme ils se vantent de l'avoir fait à Leipsik. 

(3) Cette observation a été recueillie par le docteur Rathery, interne du 
Service. 


£6 L'UNION MEDICALE PU CANADA. 


Son père est mort Ay-dropique : sa mere est bien portante ; 
il n'a jamais habité de lozement humide, et n'a pas fait de 
grands excès de boissons alcooliques. Il n'a eu ni la syphilis 
mi aucune manifestation rhumatismale. 

Depuis quelques semaines cependant, il éprouvait des ma- 
laises inaccoutumés : quinze jours avant son entrée à l’Hôtel- 
Dieu, il fut pris de frissons avec perte d'appétit et vomisse- 
ments ; les frissons se répétèrent pendant sept à huit Jours 
avec les mêmes symntômes ; sur l'avis d'un pharmacien, il 
prit un purgatif. 

Il s'aperçut alors que sa figure était enflée ; l'enflure, d'a- 
près son témoignage, aurait suivi une marche descendante 
et aurait successivement envahi le ventre, puis les pieds, les 
jambes et les cuisses. La tuméfaction des extrémités infé- 
rieures augmentait pendant la marche ; les vomissements 
continuaient, constitués par de la bile, en partie du moins, 
et accompagnés d’une constipation opiniâtre. 

Le 6 Juillet 11 se décide à entrer à l'hôpital. On constata 
une anasarque généralisée. L'infiltration séreuse n'est pas 
bornée au tissu conjonctif sous-cutanné ; le malade éprouve 
une grande gêne de la respiration, et on constate les signes 
d’un œdème des poumons. Il urine peu; il est tourmenté par 
une soif ardente qui trouble son sommeil ; il est réveillé la nuit 
par le besoin de boire ; il est sans fièvre. 

Les urines contiennent une énorme quantité d’albumine. 

Je prescrivis à ce malade deux fois par jour avant les re- 
pas quatre gouttes de teinture d'iode, récemment préparé, dé- 
layées dans quelques cuillerées d’eau de riz ; la dose fut pro- 
gressivement portée à huit gouttes. Le malade ayant accusé 
quelques douleurs d'estomac, j'y ajoutai une à deux gouttes 
de teinture thébaïque, et ces douleurs cesserent. 

Dès le quatrième jour du traitement, on constata une di- 
minution dans la quantité d’albumine que les urines renfer- 
maient. L'œdème diminua d'abord au ventre, puis à la fa- 
ce ; il disparut en dernier lieu au membres inférieurs ; la soif 
diminua ; les selles devinrent régulières ; une diurèse abon- 
dante accompagni la disparition de l’anasarque. Apres 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA: 87 


trois semaines de traitement, cet homme, complètement 
guéri, quitta l’hôpital le 2 août. 

Oss. II. —Un homme âge de 4! ans, garçon brasseur, entre 
à l’'Hôtel-Dieu le 3 juin 1867. 

Il raconte qu'il y a treize ans, après avoir séjourné dans 
un lieu humide, il fit une maladie dont il ne peut se rappe- 
ler les incidents ni les symptômes, mais qui dura trois mois. 

Il y a onze ans il fut traité, dit-il, pour un hydro-péricarde, 
pendant le cours duquel ses membres inférieurs et ses bour- 
ses se tuméfièrent. A cette époque, ses urines ne furent pas 
examinées. Depuis lors, il est resté sujet à des douleurs ar- 
ticulaires. 

De ces renseignements trés-vagues, il résulte que cet hom- 
me a eu tres-probablement une péricardite rhumatismale. 
compliquée d'æœdème. Les douleurs qu'il n'a cessé d’éprou- 
ver depuis ne laissent guère de doute à cet égard. Il avoue 
s'adonner aux excès alcooliques et s’enivrer trois ou quatre 
fois par mois. 

Il y a sept mois, il s'aperçut, qu'il enflait. 1l entra à l’hô- 
pital Saint-Louis ; il en est sorti sans être guéri ; cependant 
Venflure avait considérablement diminué. Quinze jours 
avant son entrée à l’'Hôtel-Dieu, elke augmenta de nouveau 
sous l'influence d’un refroidissement, s’élevant progressive- 
ment des parties inférieures aux supérieures. 


À son entrée, nous constatâmes une anasarque généralisée. 
La soif était ardente, l'appétit nul. Depuis trois jours la vue 
était troublée, il lui semblait qu'il avait un brouillard de- 
vant les yeux 

Il est sans fièvre ; il se plaint de palpitations cardiaques ; 
on constate dans la région précordiale un souffle au premier 
temps et à la pointe. 

Les artères radiales et fémorales sont dures, bosselées. Les 
urines contiennent une grande quantité d’albumine. 

Je prescrivis deux fois par jour, avant les repas, quatre, 
puis six, puis huit gouttes de teinture d’iode récemment pré- 
paré, délayées dans un petit verre d’eau de riz. 

Jusque-là, ce malade buvait trois à quatre litres de liquide 


88 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


par jour et n'excrétait qu'un litre et demi d'uriue. Sous l'in. 
fluence du traitement, la soif s'apaisa ; il ne buvait plus qu'un 
litre dans les 24 heures, et la quantité d'urine rendue variait 
entre un et deux litres. 

En même temps, lanarsaque diminua tres-rapidement, et 
le 30 juin, le malade voulut sortir. L'œdème avait compléte- 
ment disparu ; à peine pouvait-on découvrir encore quelques 
traces d'albumine dans les urines. 

Dans ces deux cas, la cause de l'albuminurie paraitavoir été 
une congestion rénale, récente dans le premier cas, mais à for- 
me subaigué, sans douleurs vives, sans réactiou fébrile ; dans 
le second, la congestion était plus ancienne ; sept mois aupa- 
ravant l’anasarque avait déjà paru, puis s'était dissipée. Le 
malade ne s'était pas cependant trouvé complétement guéri ; 
il conservait encore un peu d'œdème, il n'avait pas retrouvé 
ses'forces habituelles. Probablement l’albuminurie existait 
à cette époque. Sous l'impression d'un refroidissement au- 
quel sa disposition rhumatismale devait le rendre plus sensi- 
ble, la congestion rénale augmente ; l'anasarque se dévelop- 
pe rapidement. 

La soif, la dyspepsie chez ces deux malades sont avec l'œ- 
deme les phénomènes dominants de la maladie. Chez le 
dernier, les habitudes alcooliques ont pu avec la diathese ar- 
thritique être les coefficients de la cause indéterminée qui a 
produit cette congestion du rein. L’affection du cœur ne pa- 
raissait pas encore arrivée à cette période où elle aurait pu 
être regardée comme l’origine de l’état morbide des glandes 
urinaires. 

Cette appréciation des conditions pathogéniques de ces al- 
buminuries m'a conduit à prescrire la teinture d’iode, que 
j'ai plusieurs fois employée avec succès depuis cing à six ans- 
dans des cas analogues. 


A continuer. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 89 


CORRESPONDANCE. 


Messieurs les Rédacteurs, 

Je vous envoie d'avance le montant de mon abonnement 
pour cette année. Iln’y a pas de douteque tous les confrères 
se feront un devoir d’agir ainsi. La souscription est bien mo- 
dique et vos dépenses sont si grandes que c'est bien le moins 
qu'on puisse faire en faveur d’une œuvre commune, si im- 
portante et si utile. A vous le labeur, le trouble et la perte 
d'un temps précieux ; ‘à nous la jouissance du fruit de vos 
travaux. II est juste que nous vous mettions en état de faire 
face aux premiers déboursés toujours très considérables 
qu'exige une entreprise comme la vôtre. 

Les médecins canadiens ont besoin d’un organe français 
pour leur instruction mutuelle, pour la discussion des matié- 
res qui les concernent et pour être tenus au courant des pro- 
grès de la science en ce pays et ailleurs. 

Vous ne pouvez donc manquer de réussir. Vous avez pris 
généreusement et patriotiquement la charge d'un journal 
qui est pour nous. Faisons au moins quelque chose pour 
vous la rendre moins ardue et moins onéreuse. Puisque 
nous sommes tenus de le faire tôt au tard, payons notre abon- 
nement maintenant, en nous rappelant que: bis dat qui cito 
dat. Nous vous mettrons en état d'augmenter le nombre et 
la variété de vos productions, recevant ainsi au centuple l’in- 
térêt de notre petite contribution envoyée d'avance avec 


bonne grâce. 
A. Ricarp, M. D. 


Nous remercions cordialement M. le Dr. Ricard pour les 
bonnes paroles dont il veut bien accompagner l'envoi de sa 
contribution ; nous espérons qu'elles sont l'écho de tous les 
abonnés de l'Union Médicale. 

La seule ressource qu’il nous soit, en effet, permis d’espé- 
rer, pour alléger la tâche que nous nous sommes laissé impo- 
ser, se trouve toute entière dans l'appréciation de nos sacri- 


fices et le bon vouloir de nos confrères. 
(Rédaction.) 


90 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


MM. les Rédacteurs de l’Union Médicale, 

Depuis nombre d'années, il s’est répandu dans l'esprit d'une 
certaine portion de la population de nos campagnes un préjugé 
incroyable, touchant la manière de se mettre à l'abri de la 
petite vérole. Il est temps plus que jamais de faire disparai- 
tre cette erreur née de l'ignorance la plus coupable, surtout 
dans ces temps si critiques où la variole menace de devenir 
épidémique. 

Voici ce qui s’est pratiqué dans ma paroisse, et l'on pourait 
peut-être en dire autant de plusieurs autres : aussitôt que l’on 
apprenait que la picote faisait son apparition quelque part, 
certaines personnes s’empressaient de se transporter auprès 
du sujet atteint de la maladie, et là recueillaient avec beau- 
coup de soin un peu dela matière fournie par les pustules 
varioliques, pour inoculer ensuite leurs enfants avec ce poi- 
son. 

C'est le meuilleur moyen, disent elles, pour être exempt 
des cicatrices qui sont l’apanage ordinaire de la picote. Pour- 
tant, je pouraits citer les noms de deux familles dont les en- 
fants ont été gratifiés, il vy a quelques années, de la variole 


artificielle, comme on pourait l’appeler, et qui, presq ue tons 
portent les traces indélibiles de cette épouvantable maladie. 


Je m’informai afin de savoir qui avait pu tromper de la sorte 
ces pauvres gens ; on me répondit, chose épouvantable ! que 
c'était un certain médecin des environs, qui tenait fort en 
honneur cette pratique, et qu'il avait, lui-même, fourni le 
pus variolique à l’une des familles citées plus haut. 

Ce préjugé est encore tellement enraciné chez quelques in- 
dividus aveuglés par l'opinion du susdit médecin, qu'ils n’en 
veulent pas démordre. | 

Que l’on juge à présent de l'effet d'une pratique aussi per- 


nicieuse. 
I] suffirait d’une personne imbue de cette fausse idée, qui 


irait ailleurs chercher le poison, pour infester ensuite toute 
une paroisse. 
J'ai l'honneur d'être, 
Messieurs, 
Votre dévoué, 


St. Valentin, 17 Janvier 1872. Dr. E. J. Bourque. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 91 
NOUVELLES MÉDICALES. 


Choléra.—Cette maladie continue a sévir à Constantinople. 
A Haskeni, village voisin, sur 708 habitants qui composent 
la colonie anglaise, trente-trois ont succombé à l'épidémie. 
Elle poursuit ses ravages dans diftérentes parties de l'Arabie. 


Augmentation de la petite vérole à Londres.—Le doute a dis- 
paru sur l’épidémi ile petite vérole à Londres. Le nombre 
total des cas traites à l’Hopital de varioleux de Hampstead 
jusqu'à présent est de 5822, dont 1089 sont morts et 4543 ont 
été déchargés. On craint, d’après ces apparences, que cette 
maladie ne se montre redoutable à l'excès durant l'hiver qui 
commence. 

Il est problable que la revaccination deviendra obligatoire 
dans l’armée anglaise et les familles des soldats mariés. Il 
est bien connu que l'influence de la revaccination, dans l’ar- 
mée prussienne, a été hautement avantageuse. Un ordre 
vient d’être émis par le département médical de l’armée, sta- 
tuant que toutes les femmes manées et leurs enfants au-des- 
sus de 10 ans appartenant au dépot du bataillon général à 
Chatham soient revaccinés. 

La variole fait aussi de grands ravages en Italie. A 
Messine, toute la classe inférieure en est atteinte et un 
grand nombre y succombent. 

Un journal de cette ville fait remarquer que sur 27 décès de 
petite vérole la semaine dernière, à Montréal, 26 sont des Ca- 
tholiques romains. Selon lui cette disproportion serait causée 
par l'indifférence au vaccin professée par les classes illétrées 
catholiques. Que pense-t-on de l’idée ? 


La balle qui a tué James Fisk a été trouvée, à l’autopsie, 
dans la tissu cellulaire qui environne le rein droit. La 
cause immédiate de sa mort serait une homorrhagie interne. 


92 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Calcul salivaire dans le conduit de la glande sous linguale. 
Sous les soins de M Bryant du Guy's Hospital, N. Y—Eliza S. 
figeé de 22 ans, vint sous traitement pour un gonflement dou- 
leureux, sous la langue. A l'examen, on sentit clairement un 
petit calcul occupant l’orifice du conduit de la glande sali- 
vaire sublinguale gauche. Avec l’ongle, M. Bryant réussit 
assez aisément à l’enlever. Tous les symptômes disparurent 
dans une semaine. Le calcul était à peu près de la grosseur 
d'un grain de chanvre. 


Fer dans les injections utérines.—Dans une discusssion sur 
les injections utérines, à une assemblée récente de la société 
obstétrique de New-York, le Dr. Noegerath fnt d'opinion que 
le sulfate de fer était moins dangereux que le sesquichloru- 
re qui occasionna dans un cas une métropéritonite. 

Un grand nombre de médecins anglais distingués ont si- 
gné une déclaration comportant que le fréquent usage des 
boissons alcooliques, dans le traitement des maladies, engen- 
drait les plus funestes habitudes dans la société. Ils con- 
cluent à l'emploi le plus limité possible des spiritueux, don- 
nant pour raison, que tout en soulageant les infirmités hu- 
maines, le médecin ne doit pas oublier qu’un de ses devoirs 
les plus sérieux est de sauvegarder la moralité publique. 


Les Etudiants en médecine de Paris ont été les premjers 
signataires de l'appel au président, pour une commutation de 
la sentence de Rossel. Le premier nom est celui d’un étu- 
diant en médecine et il fut supporté de grand cœur par tous 
ses confrèrs de Paris et de la province. Rossel comptait de 
nombreux admirateurs et s’il n’eût fallu encore cet exemple, 
il eût été sauvé par eux. 


M. le Dr. Rottot qui a été nommé à la chaire de clinique 
médicale à l’Hopital Ste. Famille, a donné sa première clini- 
que le 10 Janvier dernier. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 93 


Mr. le Dr. Brosseau a aussi donné, à la même date, sa pre- 
miére lecture comme professeur de Botanique à l'Ecole de 
Médecine et de Chifurgie de Montréal. 

Il est question d’établir une morgue à Montréal. Cette 
fondation rencontre un besoin senti depuis longtemps déja. 
Il est à espérer que l’étude de l’anatomie, profitera bientôt 
de cette nouvelle création. 

Pourquoi les certificats mortuaires signés du médecin ou 
de deux amis de la famille sont-ils obligatoires pour les ca- 
tholiques de Montréal, en vue des statistiques, tandis que la 
population protestante en est exemptée ou à peu près ? 

Une réponse serait bien venue. 





+ D -+ 


CHRONIQUE. 


Si la pratique de la médecine entraine souvent, pour celui 
qui s’y livre, des inquiétudes et des déboires, elle lui procu- 
re quelquefois, par contre, des succès et des triomphes bien 
propres à ranimer son courage. Le Dr. William Jenner 
ainsi que ses deux savants confrères le Dr. Gull et M. Oscar 
Clayton nous en fournissent présentement une preuve : tous 
trois ont déjà été l’objet de la munificence royale et placés 
au rang des Sauveurs de la patrie. De grands hommes 
qu’ils étaient, ils sont devenus des demi-dieux et n’ont plus 
maintenant qu'à dormir en paix sur les lauriers conquis par 
leur valeur. Qu'il fait bon de compter quelques patients de 
la trempe de Son Altesse daus sa clientèle, surtout s'ils veulent 
bien, de temps en temps, mourir un peu. Ce qu'on peut sou- 
haiter à ces trois magnifiques confrères, c’est une longue vie 
qui leur permette de jouir à satiété de leur bonne fortune, et 
ce que je ne leur souhaits pas, c’est une récidive mortelle de 
Son Aitesse Royale. 

Il paraît bien avéré aujourd'hui que le prince prit le cerme 
de sa maladie dans une visite qu’il fit à lord Londesbo:ough 
à sa villa, près de Scarborough. Le canal des égouts, trouvé 





94 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


insuffisant, en serait la cause. Cette opinion est confirmée 
par le fait qu’un serviteur qui était à la résidence du comte, 
dans le même temps, souffre maintenant, à Londres, de la 
fièvre typhoide. Le duc de Chesterfield, un des invités à 
cette soirée et mort depuis, d’une perforation intestinale, est 
une seconde preuve. On sait, du reste, que l’origine fécale 
de la fièvre typhoïde est trop commune de nos jours, dans les 
classes les plus élevés de la société. Voilà des faits qui de- 
vraient rendre circonspects à l'égard des lieux d'aisance si- 
tués dans l’intérieur des habitations. 


x & 
# 


Le 18 de Juillet dernier, Thomas Talbot, canstable irlan- 
dais, qui s'était beaucoup distingué dans la suppression du 
fénianisme, reçut un coup dé pistolet à la tête, dans une des 
rues de Dublin. John Kelly est le nom du meurtrier fénien. 
Talbot se rendit à l'hopital chirugical de Richmond, où il re- 
çut les soins du Dr. Stokes, junior. La balle paraissait être 
entrée un peu en arrière de l'apophyse mastoide, et avoir 
cheminé vers l’épine dorsale. De concert avec le professeur 
Smith, Mr. Hamilton, Mr. Tufnell, le Dr. McDonnell et le 
Dr. Baxter, le Dr. Stokes procéda à l'extraction de la balle ; la 
blessuré fut élargie, en conséquence. On dut faire des inci- 
sions, Couper deux artères dont l’une considérable, mais sans 
pouvoir atteindre la balle. Vingt-quatre heures après, un 
frisson violent saisit le blessé, puis un délire furieux suivi de 
coma: la mort survint au bout de trois jours. Malheureu- 
sement, à l'autopsie, on ne put découvrir le projectile. 

Que pense-t-on qu'il en advint ? Kelly appréhendé, traduit 
en justice, convaincu du fait, vient d’être acquitté par les Ju- 
rés, sous le motif que la mort de Talbot avait du être causée 
par la tentative d'extraction du Dr. Stokes. Le Juge en chef 
partagea ces vues et sa harangue fut toute empreinte de cette 
idée. Voilà un fénien assez chanceux, je présume. 

Les plus hautes autorités chirurgicales de Londres, telles 
que Cesar Hawkins, Wm. Fergusson, T. B. Curling, James 
Paget, Prescott Hewet, Ashton Bostock, J. E. Erichsen, John 


L'UNION MÉDICALE DU CABAMA. 95 . 


Birkett, George Pullggk ont inscrit leur protét contre ce ver- 
dict et affirmé que la seule cause de la mort de Talbot était. 
la blessure causée par la balle. 

Ce témoignage collectif est sans doute consolant pour la ré- 
putation de M. le Dr. Stokes, mais le fénien, qui rend grâre 
au couteau du chirurgien, est bien autrement consolé, 
n'ayant perdu que sa réputation. 

C'est ainsi qu’une incision profonde près des vertèbres cer- 
vicales peut donner naissance à des soucis inattendus 


* 
+ + 


Les mânes d’Edouard Jenner tressaillent d’indignation du 
fond de l'éternité ; on dit même qu'elles ont obtenu la per- 
mission de venir voltiger la nuit, sombres et menaçantes, au- 
tour de la couche de certains héritiques qui sont en train de 
discréditer la grande découverte qui lui a valu une des pre- 
mières places dans les champs-Elizés. L'homme a des auda- 
ces inconnues jusqu'à ce jour: dire que la vaccine propage 
la variole, oser fournir des preuves sérieuses......, saper enfin 
cette croyance quasi séculaire dans la prophylaxie du virus 
vaccinal, voila ce que font aujourd’hui plusieurs hommes du 
premier mérite en Europe et en Amérique. Les religionss’en 
vont...... Pour ceux qui, comme moi, gardent la foi de leurs 
peres et croient toujours au génie du bienheureux Allemand, 
il y a lieu de vacciner hardiment, sans perdre de temps, car 
la variole nous gagne, elle s’insinue partout et triomphe in- 
solemment dans nos murs. Depuis deux mois 125 victimes y 
ont succombé, sans compter ceux dont elle s’est contenté de 
labourer la physionomie. Le bon Jenner choqué enfin de 
lingratitude des hommes ne serait-il pas la cause de cette 
menace d’épijémie ? Immolons lui une génisse sans tache, 
pour les péchés de nos confréres. 


2 
s % 


Je ne saurais terminer cette petite causerie mensuelle, 
sans jeter un mot de regret et d’indignation sur les assassi- 
nats militaires commis à la Havane, il y a quelques temps. 

4M 


96 L'@NION MÉDICALE DU CANADA. 


Huit étudiants en médecine passés par les armes et 30 dé- 
portés, pour un escapade d’écoliers en bamboche, voilà un 
fait qui a de quoi étonner et terrifier les plus sauvages parti- 
sans de la vengeance personnelle et politique. Ni l’âge, ni 
les regrets, ni la position irresponsable des jeunes et mal. 
heureux étourdis n’ont pu désarmer les farouches soldats 
qui demandaient leur sang. Ces exécutions inqualifiables 
ne serviront certainement pas la cause de l'Espagne, dans ce 
malheureux pays, et les autorités espagnoles recueilleront 
sans doute, comme elle l’ont déjà fait ailieurs, les conséquen- 
ces de ces actes d’aveugle barbarie. Tout le monde civilisé 
n’a eu du reste qu'un cri d'horreur pour flétrir ce fanatisme 
lâche et imp'acable digne des Huns et des Iroquois. 


Da. L. J. P. DesRosiErs. 


——_——_—_e—_—___——- 
NAISSANCES. 


—En cette ville, le 17 Décembre dernier, la Dame de C. Dubuc, M. D., No. 
478, rue St. Joseph, une fille. 


aie * Vaudreuil, le 10 courant, la Dame du Dr. H. A. DesRosiers, une 
6. 


A Lachine, le 18 Janvier eourant, 'a Dame du Dr. Léandre Lefebvre, 
un fils. 


A Montréal, le 25 du courant, la Dame du Docteur Héroux. un fils. 
DECES. 


—Lnndi, ter courant, à l’âge de 18 ans, Dile. Carmelice Bondy, fille ainé 
de D. A. Bondy, M. D., No. 398, rue Ste. Catherine. Ses funérailles eurent 
lieu le 3 courant, à Lavaltrie, lieu de sa naissance. 


A 


AUX MEDECINS. 


L’attention toute spéciale des Médecins est appelée sur les 2 prépara- 
tions suivantes, L’Elixtr de Calisaye Phospho-ferrique, qui est un cordial 
délicieux combinant les effets du Phosphore, du Fer et du Quinquina tout 
en évitant l’amertume et le goût désagréable d’ENCRE qui accompagnent 
généralement les combinaisons tonique de ce genre. L’Hutle de Foie de 
Morue au Quinium el Hyppophosphiles préparée de manière à être excel- 
lente au goût et acceptable à tous estomacs. Cette préparation est cer- 
tainement la meilleure combinaison d’Huile de Foie de Morue qui alt jamais 
été offerte à la Profession. Nous tenons toujours tous les Produits Chi- 
miques, Drogues, etc., etc., de fère qualité et au plus bas prix du marché. 
Aussi— Vins et Eaux-de-vie les plus purs pour l'usage de la médécine, sur 
prescription ou autrement. 

Prescriptions préparées avec soins. PICAULT & FILS, 

75, Rue Notre-Dame—Montréal Pharmacien-Chimistes. 


LIBRAIRIE NOUVELLEII 


ALPHONSE DOUTRE & CIE, 


COIN DES RUES NOTRE-DAME ET ST. GABRIEL, 
MONTREAL! 


Ont constamment en mains les LIVRES de MEDECINE les plus récents 
de France et des Etats-Uuis. 
Se chargent de toutes commandes pour importations de Livres, Instru- 
ments de Chirurgie, etc, à des prix sans compétitions et conditions faciles- 
° Décembre 1871. 


INSTRUMENTS DE CHIRURCIE. 
P. LAPRICAIN, 


No. 302, NOTRE DAME, MONTREAL. 
IMPORTATEUR 


D’INSTRUMENTS DE CHIRURGIE DE S. MATHIEU, PARIS. 


Trousses d’Intruments de Chirurgie et de Dissection, Bolte d’Ampu- 
tation, Forceps Dubois, Scies, Couteaux, Speculums, Seringues, Cada- 
veriques et autres et tous les instruments détachés les plus en usage. 

cembre, 1871. 











UNE CHANCE! 


Un médecin établi depuis une quinzaine d’années dans une des bonnes 
paroisses au Nord du St. Laurent, céderait sa place 4 un confrére qui 
ferait i’ acquisition de l’emplacement qu'il occupe actuellement. 

C’est une propriété bien bâtie et ornée de plantations nombreuses ; la 
maison spacieuse, chaude, est divisée en dix appartements presque tous 
peinturés. Les dépendances offrent beoucoup de commodités. 


A UNE DEMI HEURE DES CHARS RT DU FLEUVE, 


S'adresser à ce Bureau, 
Décembre, 1871. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Etude sur le traitement de quelques Albuminuries (suite et fin). 97 
Le «Condurangon—J. O. Mousseau, M. D........................... 108 
Hôtel-Dieu—amputation de la cuisse par A. T. Brosseau,M.D.. 111 


Opération de la Fistule vesico-vaginale.…............…. ............ 112 
Correspondance Dr. S. B. Longtin................... ........... 114 
Guérison des ulsères par transplantation .........,................... 124 
Rapport de la Société Médicale de Montréal.—Dr. G. Grenier. 131 
Nouvelles Médicales ........ Lee bee secceesceeeecscncessesees eoenescee 137 





AVIS DE L'ADMINISTRATION 


Nous apprenons que les noms de plusieurs de nos confrères ont été 
omis, dans notre liste d'envoi. Nous prions ces Messieurs de croire 
que ces oublis sont tout à fait involontaires inévitables, et de vouloir 
bien nous en donner avis au plustôt. 


On s’abonne a l’Union Médicale au Bureau de La Minerve, Rue 
St. Vincent, No. 16. 
Toute correspondance devra être adressée à l'un des Rédacteurs 
la Boite 942, Bureau de Poste. 














L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


Jus Assistante-Rédactewrs: 
A DAGENAIS, M. D. 
J. P, ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M. D. 





Vol. 1. MARS 1872. No. 3. 


ETUDE SUR LE TRAITEMENT DE QUELQUES ALBUMINURIES. 
(SUITE ET FIN.) 


Voici les motifs qui m'ont poussé dans cette voie ; l’iode est 
éliminé par le rein ; il peut donc avoir sur la texure de cet 
organe une action topique. Dans la congestion extérieure 
à forme subaigué, l’iode a une action résolutive incontesta- 
ble ; il agit sur la circulation capillaire. 


Il ne faut pas l’'employer prématurément, ni à doses telles 
qu'il produise une stimulation trop énergique. 


Chez un adulte, je commence généralement par quatre 
gouttes, en répétant cette dose deux fois par jour, quelques 
minutes avant le repas. Il faut s’assurer que la teinture d'io- 
de est récemment préparée, car sous l'influence de l'air et de 
la lumière, la teinture d’iode donne facilement naissance à de 
l'acide iodhydrique, qui a des propriétés beaucoup plus éner- 
giques, qui est même caustique. Il faut donc s'assurer des 
réactions de la teinture d’iode qu’on emploie ; si elle est aci- 
de, elle produit de la gastralgie, des nausées, des coliques, de 
la diarrhée. 

Pour le mieux faire tolérer, je donne l’iode mêlé à l’amidon 
en faisant tomber la teinture dans un petit verre d'eau de riz. 
La diffusion est instantanée, et le véhicule prend une couleur 
violette, ce dont il faut prévenir les malades. Il m’a semblé 
que, sous cette forme, l’iode était plus facilement accepté par 
les organes digestifs. Si cependant l'estomac lui oppose quel- 


98 L UNION MÉDICALE DU CANADA. 


que répugnance, j'y ajoute quelques gouttes de teinture thé- 
baïque qui en assure la tolérance. 


Chez mes deux malades, l'effet thérapeutique a été rapide- 
ment obtenu. La soif qui était ardente, qui chez le premier 
troublait le sommeil par ses exigences. s’est appaisée ; en mé- 
me temps, la diurèse augmentait aux dépens du sérum infil- 
tré dans le tissu connectif sous-cutané qui était résorbé, et 
l’albumine diminuait pour disparaître dans les urines. 


Je ferai remarquer qu'un de ces malades avait depuis quel- 
que jours de l’amblyopie, et très-probablement les lésions 
rétiniennes qui accompagnent les formes graves de l’albumi- 
nurie. En 1868, j'ai fait connaître ces observations à la So- 
ciété de thérapeutique, et mon ami, le docteur Bourdon, 
ayant essayé depuis, cette méthode thérapeutique dans son 
service de la Charité, m’a dit en avoir obtenu quelque bons 
résultats. Le succès n’est pas assez commun dans cette affec- 
tion pour qu'on doive négliger d'enregistrer ceux qu'on a 
obtenus, et les moyens qui y ont conduit. Je crois impor- 
tant de ne pas oublier dans quelles indications déterminées 
j'ai conseillé cette médication et quelles limites j’ai assignées 
à son opportunité. 


Dans l'observation suivante l’albuminurie s’est montrée 
sous une forme insolite, par l’évolution des phénomènes 
morbides, comme par leurs caractères mêmes, malgré la gra- 
vité et la persistance des symptômes, la terminaison a prou- 
vé que cette albuminurie était liée à une congestion rénale : 
le traitement a présenté des circonstances intéressantes qui 
m’engagent à réunir ce fait aux précédents. 


Oss. III —Une femme de 48 ans, blanchisseuse, et par con- 
séquent exposée fréquemment aux causes qui développent le 
rhumatisme, entra dans mon service au mois de décembre 
1858. Elle est née de parents bien portants. Elle a eu onze 
enfants, dont six sont vivants ; à la suite d’une de ses cou- 
ches, elle a été affectée d'une hémiplégie gauche qui a duré 
deux mois. 


me 








L'UNION MÉDICALE DU CANADA- 99 


Dans les premiers jours de Novembre, elle éprouva des 
malaises. 


Le 3 ses règles parurent et s’arrétérent presque aussitôt, 
sans qu’elle puisse ou qu'elle veuille indiquer 1a cause de 
cette anomalie. Aux époques précédentes d’ailleurs, elles 
s'étaient montrées moins abondantes qu'auparavant ; et son 
âge eût autorisé à voir dans cette apparition incomplète du 
flux menstruel un fait physiologique, si des phénomèngs 
morbides ne fussent venus témoigner que la congestion ca- 
taméniale n'était pas épuisée. 

Cette femme fut prise d’inappétence ; de vomissements 
continuels, de douleurs dans les reins, en même temps elle 
s’apercut d’une enflure, qui se serait d’abord fait sentir à la 
ceinture et aurait envahi ultérieurement les membres supé- 
rieurs, puis les membres inférieurs. 

Un mois après le début de ces accidents, elle entra à l’hô- 
pital présentant un anasarque considérable. Ses urines 
étaient rares, rougeâtres d’aspect, sanguinolentes et ressem- 
blaient à de la lavure de chair. 

Le ventre était tuméfié ; il donnait "partout un son tympa- 
nique ; aucune fluctuation n’y était perceptible, les intestins 
étaient météorisés. 

Mais quand on appuyait le stéthoscope sur la paroi abdo- 
minale, il laissait un relief arrondi, circonscrit par une gout- 
tière circulaire, témoignage de l’æœdème de cette paroi et un 
des meilleurs moyens de l’apprécier. L’anasarque d’ailleurs 
était porté à un degré considérable : la face était bouffe, les 
paupières tuméfiées, les lèvres renversées, le cou élargi sem- 
blait raccourci; partout les saillies osseuses étaient effacées, 
et les membres présentaient un aspect éléphantiasique. 

La peau était pâle, jaune, sèche et retenait l'impression des 
doigts. 

La vue était trouble et, examinés à l'ophthalmoscope par 
le docteur Galezowski, les yeux offraient des exsudats et de 
petites hémorrhagies rétiniennes. 

Le sommet du poumon croit présentait des nuances de so- 


100 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


norité plus aiguë et d’affaiblissement du bruit respiratoire 
qui permettaient d'y soupçonner des indurations du paren- 
chyme pulmonaire. Les artères étaient dures, annelées. Le 
cœur, comme cela a lieu presque toujours, avait participé à 
l’action morbide qui avait amené linduration des parois ai- 
térielles ; un bruit de souffle systolique, localisé à la pointe, 
indiquait une insuffisance de la valvule mitrale. 

Les urines renfermaient une quantité d’albumine ; exami- 
dées, au microscope, le dépôt laissait voir des globules de 
sang très-nombreux, pas de tubuli, ni cylindres protéiques 
(1), quelques cellules épithéliales, et quand elles avaient été 
exposées au contact de lair, elles exhalaient une odeur féti- 
de, et renfermaient des bactéries. 


Ainsi cette femme était atteinte d’une albuminurie héma- 
turique avec les lésions qu’on rencontre dans la maladie de 
Bright avec de l’anasarque, avec des soupçons de tuberculi- 
sation commençante à un des sommets, et enfin avec une lé- 
sion cardio artérielle. Probablement, pour le dire en passant, 
cette lésion avait préexisté à l'hémiplégie dont cette malade 
nous avait fait mention. 


Car les altérations de l'appareil circulatoire sont la condi- 
tion pathogénique la plus active, et la plus commune des af- 
fections cérébrales qui s’expriment par l’hémiplégie. Cette 
femme par son état de. blanchisseuse, avait été exposée aux 
influences extérieures qui produisent le plus souvent le rhu. 
matisme ou en favorisent l’évolution, et ces influences peu 
vent limiter leur action au système circulatoire et y provo- 
quer un travail morbide qui est le plus souvent accompagné 
ou suivi d’autres manifestations rhumatismales, mais qui 
peut aussi en être l’unique expression. 


Le cœur, du reste, ne paraissait pas sérieusement atteint 
dans son tissu musculaire ; il fonctionnait régulièrement ; et 
si nous ne répugnions pas à l’idée que les artères cérébrales 
altérées avaient pu céder à un effort énergique. et permettre 





(1) Concrétions croupales, Reinhard. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 101 


un léger épanchement de sang, nous ne pouvions faire qu'u- 
ne part insignifiante à ces anomalies de l'appareil circulatoi 

re, dans la série de symptômes qui se déroulaient sous nos 
yeux ; tout au plus avaient-elles été des facteurs trés-secon- 
daires des troubles de circulation accusés par l’anasarque. 

Deux symptômes dominaient la scène morbide : l'anasar- 
que et les urines albumineuses. Ces deux symptômes peu- 
vent se montrer indépendants l’un de l’autre ; nos salles nous 
en fournissaient des exemples ; mais leur connexion est si 
fréquente que la manifestation de l’une porte toujours à re- 
chercher l’autre. 

Les réactions chimiques et le microscope nous avaient 
montré la présence simultanée des globules du sang et de 
Valbumine dans les urines. Cette complication n’est pas rare 
au début de la néphrite albumineuse, surtout de celle qui 
succède à la scarlatine. Mais ilest beaucoup plus rare que 
Vhématurie persiste pendant des mois: nous pouvions nous 
demander si l'albuminurie n’était pas sous la dépendance de 
Vhématurie. La présence du sang dans l'urine entraine né- 
cessairement celle de l’albumine, mais le sang n'était pas as- 
sez abondant pour rendre cette explication admissible. L’u- 
rine ne renfermait pas de ces coagulum fréquents dans les 
hématuries rénovésicales et qui varfois passent avec difficul- 
té ou douleur à travers les excréteurs. 

L'anasarque qui s'était montré dès le début, avait pris ra- 
pidement un développement considérable et n’avait rien de 
comparable à cet œdème qui survient quelquefois chez les 
sujets anémiés par des hémorrhagies abondantes et prolon- 
gées. 

D'ailleurs, il y avait chez cette femme un signe presque 
pathognomique de l'albuminurie, c’était la lésion rétinienne. 

L'hématurie peut se lier aux affections organiques du rein. 
Mais outre cette affection de la rétine, qui est une note ca- 
ractéristique et qui dirigeait le diagnostic dans une au’ 
voie, on n’observait chez cette malade ni les douleurs vi 
ni les urines fétides, ni les hémorrhagies abondantes du € 





102 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


cer rénal ; on ne trouvait pas davantage les dépôts mucoso- 
purulents qui accompagnent la pyélo-néphrite tuberculeuse. 

Nous arrivions par élimination à supposer, derrière ce flux 
albumineux sanguin, une congestion rénale analogue à celle 
qui accompagne le premier degré de la maladie de Bright, 
mais empruntant des caractères particuliers aux conditions 
dans lesquelles elle s'est développée. 

L'examen de ces conditions éclairera peut-être la pathogé- 
nie de l'affection que nous avons sous les yeux. 

Par sa profession, cette femme est souvent exposée à l'im- 
pression du froid humide et aux brusques variations de tem- 
pérature : circonstances qui ont été signalées parmi les cau- 
ses les plus actives de la néphrite albumineuse ; en d'autres 
termes, cette femme est placée dans des conditions qui doi- 
vent amener des perturbations fréquentes des fonctions de la 
peau, et nous pouvons, à l’aide des données fournies par la 
physiologie, comprendre les reteutissements que ces troubles 
peuvent produire dans l'organisme et dans l’action des reins 
en particulier. 


La peau n'est pas seulement, en effet, une enveloppe pro- 
tectrice. un organe sensoriel, aboutissant d’un grand nombre 
de nerfs, c’est un appareil sécréteur très-actif, un émonctoire 
trés-important et à produits variés. Ainsi, comme le foie, 
elle sécrète des substances grasses à réaction alcaline ; c'est 
la matière sébacée. Comme le rein, elle élimine par la 
sueur de l’eau, un acide, des matières protéiques ; elle exha- 
le de l'acide carbonique comme le poumon, dont sa trame 
vasculaire est un auxiliaire et comme un foyer de combus- 
tion respiratoire. 


Les fonctions de ce grand organe sont sans cesse modifiées 
et exposées à être troublées par les conditions du milieu dans 
lequel nous sommes plongés ; mais les organes chargés de 
fonctions analogues lui servent de pondérateurs et de sup- 
pléants ; ainsi, lorsque après un temps chaud, l'air devient 
frais et humide, la diurèse augmente ; elle diminue dans les 
conditions inverses. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 103 


Si l'intestin sécrète avec excès, la peau devient sèche : alvus 
larus, cutis sicca. 

Aussi les anomalies de l’action cutanée jouent-elles un rôle 
considérable en pathogénie, et elles fournissent par consé- 
quent des indications très-importantes à la thérapeutique. 


Quand les fonctions de la peau sont suractives, quand sa 
trame vasculaire est turgescente et que tous ses appareils sé 
crétoires sont surexcitées, si une cause extétrieure, le froid» 
vient déterminer une contraction brusque des vaisseaux et 
arrêter, par un choc subit, cette impulsion fonctionnelle si 
énergique, si les éléments organiques n’ont pas cette élas- 
ticité physiologique, si je puis parler ainsi, qui diminue 
avec l’âge et certaines conditions morbides, si les organes 
congénères à la peau n’entrent pas dans un surcroit d’activi- 
té pour suppléer a son inertie, on pourra alors voir survenir 
des troubles graves dans l’économie. 

Dans ce refoulement circulatoire, des congestions peuvent 
se localiser, soit dans les organes sous-jacents : le tissus cel- 
lulaire sous-dermique, la plèvre, le péritoine, soit dans les 
organes chargés si subitement de cette suppléance fonction- 
nelle. 


Et si cette suppléance n'intervient pas immédiatement, la 
composition du sang est modifiée ; des matières protéiques, 
de l’eau, des gaz, qui devaient être rejetés au dehors, restent 
dans le liquide circulatoire, l’altèrent ; et alors celui-ci pro- 
duit sur les organes des incitations anomales qui peuvent se 
manifester d’abord dans les tissus périphériques. Notre ma- 
lade était en outre dans l’imminence de la période mens- 
truelle. Il y a alors un molimen congestif qui doit aboutir à 
l'écoulement menstruel et se limiter dans l'appareil génital, 
mais qui peut très-facilement être dévié et se porter dans 
d’autres organes. Il faut aussi noter que cette femme était 
arrivée à l’âge de la ménopause, où cettte disposition conges- 
tive semble exagérée, comme le prouvent les ménorrhagies 
si communes à cette époque, les bouffées vers la tête, et toutes 
les modalités morhides qui apparaissent si souvent vers cette 


104 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


période de la vie, et dont la congestion est le phénomène 
initial. 

Nous ajouterons enfin que le rein semble être, plus que 
d’autres organes, accessible aux retentissements de la con- 
gestion menstruelle. Dans un travail. sur l’ectopie rénale, 
j'ai montré qu'aux époqnes menstruelles ces reins déplacés 
devenaient quelquefois le siége de congestions périodiques 
très-douloureuses. 

Telles furent les conditions physiologiques et hygiéniques 
qui précédèrent, chez cette femme, l'explosion de la maladie, 
et n’ont probablement pas été sans influence sur son dévelop- 
pement. 

Nous en avons indiqué l’évolution ; le flux menstruel avorte 
après une courte apparition ; lors apparaissent les signes de 
la congestion rénale : douleurs dans les flancs, vomissements, 
urines hématuriques, puis bientôt Panasarque. 

Quoique la présence du sang dans les urines me fit soup- 
çonuer une forme aiguë dans cette affection déjà ancienne, 
je fus conduit à tenter la teinture d’iode par l’apyrexie, par la 
durée de la maladie et par l’opiniâtreté des vomissements, 
me rappelant que ce médicament avait été préconisé dans les 
vomissements incoercibles des femmes enceintes. Cette der- 
nière indication fut remplie ; la malade cessa de vomir, mais 
le caractère hématurique des urines devint plus accentué, et, 
au bout de quelques jours, je cessai cette médication. J’es- 
sayai les astringents : l’acide tannique à la dose d'un gram- 
me, puis l'acide gallique, qui résisterait mieux, dit-on, aux 
actions chimiques du travail digestif, et arriverait au rein 
avec ses propriétés inaltérées. 

Cette médication ne réussit pas mieux que la "précédente ; 
le sang diminua peut-être, mais l’albumine ne diminua pas ; 
Panasarque augmenta, le ventre se tuméfia de plus en plus, 
et la malade, voyant l'insuccès de mes efforts, tomba dans le 
découragement ; alors survinrent des phénomènes de conges- 
tion pulmonaire, qui furent combattus par des vésicatoires. 

N’obtenant rien de la médication topique, car liode, l'acide 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 105 


gallique devaient, dans ma pensée, agir topiquement sur les 
éléments sécréteurs et vasculaires du rein, je réfléchis de 
nouveau aux conditions dans lesquelles la maladie s’était dé- 
veloppée. A ce trouble de la fonction cataméniale, dont le 
molinien congestif augmente et se prolonge quelyuefois bien 
au dela de sa durée habituelle, aux approches de la méno- 
pause, malgré les 48 ans de la malade, et 1e pourrais dire à 
cause de ses 48 ans, je pouvais attribuer à une déviation 
menstruelle l’état congestif durein. Je dressai mes batteries 
dans cette direction ; nous touchions à la période catémé- 
niale ; il fallait tacher de rappeler sur l'utérus cette fluxion 
égarée. L’anémie, l’æœdème énorme des grandes lèvres m’in- 
terdisaient les sangsues. Je n’aurait pas mème osé appliquer 


_des sinapismes sur les membres inférieurs, distendus par l'œ- 


deme, dans la crainte d'y provoquer un érythème ou un éry- 
sipèle ga gréneux. 

Quand j'avais dû opposer un vésicatoire à la congestion pul- 
monaire, je l’avais placé sur la partie antérieure du thorax, 
sur le point le moins œdématié ; je n’avais laissé l’emplätre: 
épispastique en place que pendant quelques heures, et je l’a- 
vais remplacé par un cataplasme amilacé. 

Privé de ces ressources, j'administrai des emménagogurs : 
une infusion de safran en boisson, et, n'ayant pas d’apias, je 
fis donner des quarts de lavemement avec une forte décoc- 
tion de persil, et en méme temps je prescrivis des boissons 
doucement diurétiques et des demi-bains de vapeur aver de 
l'infusion d’armoise, limités à la moitié inférieure du corps 
J'ai peur des bains de vapeur entiers chez les albuminuri- 
ques ; je me rappellerai toujours qu’en 1843, rempiaçant à 
l’'Hôtel-Dieu Magendie, qui avait pour interne, à cette époque, 
Villustre Claude Bernard, je prescrivis un bain de vapeur à un 
albuminurique. A la suite de ce bain, le pauvre malade 
éprouva des accidents de congestion pulmonaire, auxquels il 
succomba. Je l'avais ordonné dans l'espérance d’atténuer la 
congestion rénale, en iucitant la peau, et de ranimer l’activité. 
fonctionnelle de celle-ci, qui paraissait annihilée. 


106 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Chez la malade qui nous occupe en ce moment, en plaçant 
la poitrine en dehors de l’atmosphère du bain, j’espérais con- 
jurer tout danger de cette nature. 

Pas plus que l'utérus, la peau ne parut sentir la stimula- 
tion que je lui adressais ; mais elle retentit sur l'organe sy- 
nergique, et pendant quelques heures la malade éprouva une 
véritable polyurie, avec diminution notable de l’anasarque. 
Les urines étaient beaucoup moins albumineuses ; mais cette 
dimunition, qui pouvait être toute relative, était sans valeur 
pour le pronostic. J’attachais plus d'importance à la polyu- 
rie, que j'avais vue précéder la guérison dans plusieurs cas 
d’albuminurie congestive. 


J’insistai sur cette médication, et ses effets se soutinrent ; 
l’anasarque diminua rapidement et disparut presque entière- 
ment. Mais en méme temps le ventre ne diminuait pas de 
volume, une fluctuation évidente s’y faisait sentir d’un flanc à 
l'autre ; une matité régulièrement limitée des régions décli- 
ves circonscrivait une zone tympanique occupant la partie 
antérieure de l'abdomen ; celui-ci était partout indolent ; la 
palpation n’y faisait percevoir ni tumeur, ni résistance, ni 
empâtement ; les intestins, libres de toute adhérence, se dé- 
plaçaient avec une extrême facilité, et dans le décubitus laté- 
ral le liquide, dont la matité marquait les limites, se portait 
instantanément en masse du côté sur lequel la malade repo- 
sait, et la sonorité intestinale reparaissait immédiatement de 
l'autre côté. 

On voit fréquemment l’ascite survenir à une période avan- 
cée de la maladie de Bright et comme conséquence de l’ana- 
sarque ; il est beaucoup plus rare qu’elle survive à celui-ci, 
et à plus forte raison qu’elle lui succède. J’admets que l’as- 
cite avait commencé avant la disparition de l’anasarque ; 
mais après que le liquide infiltré dans les mailles du tissu con- 
nectif sous-cutané eût été résorbé, non-seulement la collec- 
iton séreuse péritonéale n’a pas diminué, mais elle a considé- 
rablement augmenté. Tandis que l'absorption a été active 
dans la sphère de la veine cave, la circulation de la veine 





CT er = 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 107 


porte semble accuser un trouble exprimé par les progrés de 
lascite. 

D'où vient cette anomalie? Je me suis demandé si cette 
ascite ne pourrait pas étre imputée a une péritonite chroni- 
que. Mais l'absence d’adhérences intestinales, démontrée 
par les signes que je relatais plus haut, c’est-à-dire la délimi- 
tation régulière de la sunorité et de la matité, la mobilité ab 
solue de l'intestin et de la masse liquide ne permettaient pas 
de s’arréter à cette hypothèse ; d'ailleurs, les péritonites tu- 
berculeuses ou cancéreuses sont presque toujours des épiso- 
des d’affections organiques viscérales ; elles peuvent être in- 
dolentes, mais plus souvent leur évolution est accompagnée 
de douleur, de fièvre, de diarrhée s’il s’agit de tuberculose. 
J'ai déjà dit plus haut pourquoi je rejetais toute idée de can 
cer ou de tubercules des reins. ° 


Y avait-il quelque lésion modifiant la circulation de la veine 
porte ? Il n’est pas rare que la cirrhose coincide avec la ma- 
ladie de Bright ; mais le foie avait conservé son volume nor- 
mal; cette complication existe surtout chez les personnes 
adonnées aux excès alcooliques. Dans l’évolution de l’hy- 
dropisie albuminurique, comme dans les caractères de l’al- 
buminurie elle-même, il y avait donc quelque chose d’insoli- 
te. Les urines étaient beacoup moins albumineuses ; j’éloi- 
gnai les demi-bains de vapeur, qui fatiguaient la malade. Je 
lui fis faire des applications quotidiennes de teinture d’iode 
sur la paroi abdominale, pour stimuler la nutrition et l’hé- 
mathose ; je donnai des préparations ferrugineuses, l’ascite 
commença à diminuer, puis disparut avec l’albuminurie ; les 
lésions rétiniennes se dissipérent à leur tour; et quand l’har- 
monie semblait rétablie dans cet organisme si longtemps 
troublé, les règles reparurent. Ce retour de la fonction uté- 
ro-ovarienne mit le sceau à la guérison. La malade avait 
repris de l’appétit et des forces, et elle sortit de l’hôpital trois 
ou quatre mois après y être entrée complètement guérie. 


Nul doute que, comme je l’ai déjà indiqué, la lésion rénale 
ne fit une simple congestion. Les dégénéres:ences et les 


108 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


hyperplasies qui suivent la période congestive ne rétrogra- 
dent pas, et dans ma conviction, nous avons eu là un curieux 
exemple de déviation menstruelle survenue aux approches 
de la ménopause.—{Gazelte des hôpitaux.] 





+ 


LE ‘ CONDURANGO. ” 


Le public médical devra enfin se réjouir de l’arrivée du fa 
meux Condurango, si vanté par certains médecins des Etats- 
Unis et que l’on regarde comme un spécifique sûr contre le 
cancer et ses différentes variétés, et contre la syphilis cons- 
titutionnelle. Au mois de Juillet dernier, si je m'en sou- 
viens bien, quelques journaux de cette cité firent mention de 
la découverte de cette plante, mais ne donnèrent aucun dé- 
tail, vu le peu de renseignements qu'ils avaient eus sur le 
sujet. Aujourd'hui, je suis à même de renseigner le public 
d'une manière plus certaine, plus claire et plus étendue, car 
j'ai reçu une circulaire qui donne toute l'histoire de ce re- 
mède nouveau, grâce à la générosité de MM. Lafon et Ver- 
nier, pharmaciens de cette cité, qui viennent d’en recevoir 
une certaine quantité. Je:traduis : “ Dans le Sud de l’Equa- 
teur, près des bornes du Pérou, et sur le penchant fertile 
des vieilles montagnes des Andes qui environnent la belle 
vallée de la ville de Loja, se trouvent les vignes du Condu- 
rango. Les indigènes de ce pays croyaient que le fruit de 
cette vigne était un poison violent, et, il est parmi eux une 
. tradition qui dit qu’une femme voyant son mari presque aux 
portes du tombeau, par suite d'un cancer qui le faisait souf- 
frir horriblement, lui donna, non dans l'intention de le guérir, 
mais de le faire mourir plus sûrement, de hautes doses de 
décoction de Condurango. Le remède, de fatal qu'il devait 
être, devint bienfaisant, car ce pauvre Indien revint à la vie 
et guérit complètement de son cancer. 

Malgré cette tradition, il paraît que personne, pendant de 
nombreuses années, n'eut le courage de répéter la même ex- 
périence, jusqu'à Ce que enfin, un certain médecin, nommé 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 109 


Eguiguren, frère du gonverneur actuel de la Province de 
Loja, désirant mettre à l’épretive les propriétés de la plante, 
l’administra à plusieurs de ses patients atteints soit de cancer 
ou de syphilis, et obtint d'excellents résultats. Par malheur, 
dans l'intervalle, il fut obligé de quitter la province de Loja 
et alla à Quito pour y occuper une position politique et ne 
pensa plus à son Condurango. Son frère, le gouverneur de 
Loja, qui avait eu vent de cette découverte, voyant un jour un 
pauvre nègre qui souffrait d'un ulcère, se souvint du Condu- 
rango et l’administra au malade qu'il avait fait venir spécia- 
lement à sa maison de Campagne de Malecatos, et le guérit 
complètement dans l’espace de six semaines. Ce bon gou- 
verneur de Loja, fier de son succès, vint, peu de temps après, 
à Quito, emportant avec lui quelque peu de Condurango, et 
les cures merveilleuses qu’il opéra dans les hôpitaux de ce 
pays attirèrent d’abord l'attention du Président de la Répu- 
blique de Quito, Senor Don Garcia Morena, sur ce qu’une 
nouvelle source de revenu pour son gouvernement n’atten- 
dait que sa propre protection pour se répandre par tout l’uni 
vers. | 

Alors, Senor Don Garcia Morena dressa une note qu'il fit 
parvenir à plusieurs autorités des principales villes de l’Eu- 
rope et de l'Amérique, laquelle note était accompagnée d’un 
échantillon de Condurango e! insistait fortement sur l’impor- 
tance de cette plante. Le Département d'Etat à Washington, 
agita aussitot la question, par l’entremise de son ministre à 
Quito, l'Hon. Rumsey Wing et lança dans le monde améri- 
cain une circulaire constatant tout ce que je viens de rappor 
ter sur le Condurango. 


Cette circulaire, tomba entre les mains du Dr. Bliss, de 
Washington, docteur éminent qui avait alors sous ses soins, 
la mère de l'Hon. Scuzler Colfax, vice-président actuel des 
Etats-Unis. Le Dr. Bliss parvint à se procurer, à grands frais, 
il est vrai, une certaine quantité de Condurango et en fit im- 
médiadement application sur son honorable patiente qui souf- 
frait d’un cancer mammaire et laquelle revint bientôt à la 


100 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


norité plus aiguë et d’affaiblissement du bruit respiratoire 
qui permettaient d'y soupçonner des indurations du paren- 
chyme pulmonaire. Les artères étaient dures, annelées. Le 
cœur, comme cela a lieu presque toujours, avait participé à 
l’action morbide qui avait amené | induration des parois ai- 
térielles ; un bruit de souffle systolique, localisé à la pointe, 
indiquait une insuffisance de la valvule mitrale. 

Les urines renfermaient une quantité d’albumine ; exami- 
fées, au microscope, le dépôt laissait voir des globules de 
sang très-nombreux, pas de tubuli, ni cylindres protéiques 
(1), quelques cellules épithéliales, et quand elles avaient été 
exposées au contact de l’air, elles exhalaient une odeur féti- 
de, et renfermaient des bactéries. 


Ainsi cette femme était atteinte d’une albuminurie héma- 
turique avec les lésions qu’on rencontre dans la maladie de 
Bright avec de l’anasarque, avec des soupçons de tuberculi- 
sation commencante à un des sommets, et enfin avec une lé- 
sion cardio artérielle. Probablement, pour le dire en passant, 
cette lésion avait préexisté à l’hémiplégie dont cette malade 
nous avait fait mention. 


Car les altérations de l’appareil circulatoire sont la condi- 
tion pathogénique la plus active, et la plus commune des af- 
fections cérébrales qui s'expriment par l’hémiplégie. Cette 
femme par son état de. blanchisseuse, avait été exposée aux 
influences extérieures qui produisent le plus souvent le rhu. 
matisme ou en favorisent l’évolution, et ces influences peu 
vent limiter leur action au système circulatoire et y provo- 
quer un travail morbide qui est le plus souvent accompagné 
ou suivi d'autres manifestations rhumatismales, mais qui 
peut aussi en être l’unique expression. 


Le cœur, du reste, ne paraissait pas sérieusement atteint 
dans son tissu musculaire ; il fonctionnait régulièrement ; et 
si nous ne répugnions pas à l’idée que les artères cérébrales 
altérées avaient pu céder à un effort énergique. et permettre: 





(1} Concrétions croupales, Reinhard. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 101 


un léger épanchement de sang, nous ne pouvions faire qu’u- 
ne part insignifiante à ces anomalies de l’appareil circulatoi. 
re, dans la série de symptômes qui se déroulaient sous nos 
yeux ; tout au plus avaient-elles été des facteurs très-secon- 
daires des troubles de circulation accusés par l’anasarque. 

Deux symptômes dominaient la scène morbide : l'anasar- 
que et les urines albumineuses. Ces deux symptômes peu- 
vent se montrer indépendants l’un de l’autre ; nos salles nous 
en fournissaient des exemples ; mais leur connexion est si 
fréquente que la manifestation de l’une porte toujours à re- 
chercher l’autre. 

Les réactions chimiques et le microscope nous avaient 
montré la présence simultanée des globules du sang et de 
Valbumine dans les urines. Cette complication n’est pas rare 
au début de la néphrite albumineuse, surtout de celle qui 
succède à la scarlatine. Mais il est beaucoup plus rare que 
l'hématurie persiste pendant des mois: nous pouvions nous 
demander si l’albuminurie n’était pas sous la dépendance de 
l'hématurie. La présence du sang dans l’urine entraine né- 
cessairement celle de l’albumine, mais le sang n'était pas as- 
sez abondant pour rendre cette explication admissible. L'u- 
rine ne renfermait pas de ces coagulum fréquents dans les 
hématuries rénovésicales et qui varfois passent avec difficul- 
té ou douleur à travers les excréteurs. 

L’anasarque qui s'était montré dès le début, avait pris ra- 
pidement un développement considérable et n’avait rien de 
comparable à cet œdème qui survient quelquefois chez les 
sujets anémiés par des hémorrhagies abondantes et prolon- 
gées. 

D'ailleurs, il y avait chez cette femme un signe presque 
pathognomique de l’albuminurie, c'était la lésion rétinienne. 

L'hématurie peut se lier aux affections organiques du rein. 
Mais outre cette affection de la rétine, qui est une note ca- 
ractéristique et qui dirigeait le diagnostic dans une autre 
voie, on n’observait chez cette malade ni les douleurs vives, 
ni les urines fétides, ni les hémorrhagies abondantes du can- 


100 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


norité plus aiguë et d’affaiblissement du bruit respiratoire 
qui permettaient d'y soupçonner des indurations du paren- 
chyme pulmonaire. Les artères étaient dures, annelées. Le 
cœur, comme cela a lieu presque toujours, avait participé à 
l’action morbide qui avait amené linduration des parois ai- 
térielles ; un bruit de souffle systolique, localisé à la pointe, 
indiquait une insuffisance de la valvule mitrale. 

Les urines renfermaient une quantité d’albumine ; exami- 
dées, au microscope, le dépôt laissait voir des globules de 
sang très-nombreux, pas de tubuli, ni cylindres protéiques 
(1), quelques cellules épithéliales, et quand elles avaient été 
exposées au contact de lair, elles exhalaient une odeur féti- 
de, et renfermaient des bactéries. 


Ainsi cette femme était atteinte d’une albuminurie héma- 
turique avec les lésions qu’on rencontre dans la maladie de 
Bright avec de l’anasarque, avec des soupçons de tuberculi- 
sation commencante à un des sommets, et enfin avec une lé- 
sion cardio artérielle. Probablement, pour le dire en passant, 
cette lésion avait préexisté à l'hémiplégie dont cette malade 
nous avait fait mention. 


Car les altérations de l'appareil circulatoire sont la condi- 
tion pathogénique la plus active, et la plus commune des af- 
fections cérébrales qui s'expriment par l’hémiplégie. Cette 
femme par son état de. blanchisseuse, avait été exposée aux 
influences extérieures qui produisent le plus souvent le rhu- 
matisme ou en favorisent l’évolution, et ces influences peu 
vent limiter leur action au système circulatoire et y provo- 
quer un travail morbide qui est le plus souvent accompagné 
ou suivi d’autres manifestations rhumatismales, mais qui 
peut aussi en être l’unique expression. 


Le cœur, du reste, ne paraissait pas sérieusement atteint 
dans son tissu musculaire ; ; il fonctionnait régulièrement ; et 
si nous ne répugnions pas à l’idée que les artères cérébrales 
altérées avaient pu céder à un effort énergique. et permettre 





(1) Concrétions croupales, Reinhard. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 101 


un léger épanchement de sang, nous ne pouvions faire qu'u- 
ne part insignifiante à ces anomalies de l'appareil circulatoi. 
re, dans la série de symptômes qui se déroulaient sous nos 
yeux ; tout au plus avaient-elles été des facteurs très-secon- 
daires des troubles de circulation accusés par l’anasarque. 

Deux symptômes dominaient la scène morbide : l'anasar- 
que et les urines albumineuses. Ces deux symptômes peu- 
vent se montrer indépendants l’un de l’autre ; nos salles nous 
en fournissaient des exemples ; mais leur connexion est si 
fréquente que la manifestation de l’une porte toujours à re- 
chercher l’autre. 

Les réactions chimiques et le microscope nous avaient 
montré la présence simultanée des globules du sang et de 
l’albumine dans les urines. Cette complication n’est pas rare 
au début de la néphrite albumineuse, surtout de celle qui 
succède à la scarlatine. Mais il est beaucoup plus rare que 
l'hématurie persiste pendant des mois : nous pouvions nous 
demander si l’albuminurie n’était pas sous la dépendance de 
l'hématurie. La présence du sang dans l’urine entraine né- 
cessairement celle de l’albumine, mais le sang n’était pas as- 
sez abondant pour rendre cette explication admissible. L’u- 
rine ne renfermait pas de ces coagulum fréquents dans les 
hématuries rénovésicales et qui varfois passent avec difficul- 
té ou douleur à travers les excréteurs. 

L’anasarque qui s'était montré dès le début, avait pris ra- 
pidement un développement considérable et n’avait rien de 
comparable à cet œdème qui survient quelquefois chez les 
sujets anémiés par des hémorrhagies abondantes et prolon- 
gées. 

D'ailleurs, il y avait chez cette femme un signe presque 
pathognomique de l’albuminurie, c’était la lésion rétinienne. 

L'hématurie peut se lier aux affections organiques du rein. 
Mais outre cette affection de la rétine, qui est une note ca- 
ractéristique et qui dirigeait le diagnostic dans une autre 
voie, on n’observait chez cette malade ni les douleurs vives, 
ni les urines fétides, ni les hémorrhagies abondantes du can- 


100 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


norité plus aiguë et d’affaiblissement du bruit respiratoire 
qui permettaient d'y soupçonner des indurations du paren- 
chyme pulmonaire. Les artères étaient dures, annelées. Le 
cœur, comme cela a lieu presque toujours, avait participé à 
l’action morbide qui avait amené linduration des parois ar- 
térielles ; un bruit de souffle systolique, localisé à la pointe, 
indiquait une insuffisance de la valvule mitrale. 

Les urines renfermaient une quantité d’albumine ; exami- 
rées, au microscope, le dépôt laissait voir des globules de 
sang très-nombreux, pas de tubuli, ni cylindres protéiques 
(1), quelques cellules épithéliales, et quand elles avaient été 
exposées au contact de l’air, elles exhalaient une odeur féti- 
de, et renfermaient des bactéries. 


Ainsi cette femme était atteinte d’une albuminurie héma- 
turique avec les lésions qu’on rencontre dans la maladie de 
Bright avec de l’anasarque, avec des soupçons de tuberculi- 
sation commencante à un des sommets, et enfin avec une lé- 
sion cardio artérielle. Probablement, pour le dire en passant, 
cette lésion avait préexisté à l'hémiplégie dont cette malade 
nous avait fait mention. 


Car les altérations de l'appareil circulatoire sont la condi- 
tion pathogénique la plus active, et la plus commune des af- 
fections cérébrales qui s'expriment par l’hémiplégie. Cette 
femme par son état de. blanchisseuse, avait été exposée aux 
influences extérieures qui produisent le plus souvent le rhu- 
matisme ou en favorisent l’évolution, et ces influences peu 
vent limiter leur action au système circulatoire et y provo- 
quer un travail morbide qui est le plus souvent accompagné 
ou suivi d’autres manifestations rhumatismales, mais qui 
peut aussi en être l’unique expression. 


Le cœur, du reste, ne paraissait pas sérieusement atteint 
dans son tissu musculaire ; il fonctionnait régulièrement ; et 
si nous ne répugnions pas à l’idée que les artères cérébrales 
altérées avaient pu céder à un effort énergique. et permettre 





(1) Concrétions croupales, Reinhard. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 101 


un léger épanchement de sang, nous ne pouvions faire qu’u- 
ne part insignifiante à ces anomalies de l’appareil circulatoi. 
re, dans la série de symptômes qui se déroulaient sous nos 
yeux ; tout au plus avaient-elles été des facteurs très-secon- 
daires des troubles de circulation accusés par l’anasarque. 

Deux symptômes dominaient la scène morbide : l’anasar- 
que et les urines albumineuses. Ces deux symptômes peu- 
vent se montrer indépendants l’un de l’autre ; nos salles nous 
en fournissaient des exemples ; mais leur connexion est si 
fréquente que la manifestation de l’une porte toujours à re- 
chercher l’autre. 

Les réactions chimiques et le microscope nous avaient 
montré la présence simultanée des globules du sang et de 
l’albumine dans les urines. Cette complication n’est pas rare 
au début de la néphrite albumineuse, surtout de celle qui 
succède à la scarlatine. Mais il est beaucoup plus rare que 
l’hématurie persiste pendant des mois: nous pouvions nous 
demander si l’albuminurie n’était pas sous la dépendance de 
Phématurie. La présence du sang dans l'urine entraine né- 
cessairement celle de l’albumine, mais le sang n'était pas as- 
sez abondant pour rendre cette explication admissible. L’u- 
rine ne renfermait pas de ces coagulum fréquents dans les 
hématuries rénovésicales et qui varfois passent avec difficul- 
té ou douleur à travers les excréteurs. 

L’anasarque qui s'était montré dès le début, avait pris ra- 
pidement un développement considérable et n'avait rien de 
comparable à cet œdème qui survient quelquefois chez les 
sujets anémiés par des hémorrhagies abondantes et prolon- 
gées. 

D'ailleurs, il y avait chez cette femme un signe presque 
pathognomique de l’albuminurie, c'était la lésion rétinienne. 

L’hématurie peut se lier aux affections organiques du rein. 
Mais outre cette affection de la rétine, qui est une note ca- 
ractéristique et qui dirigeait le diagnostic dans une autre 
voie, on n’observait chez cette malade ni les douleurs vives, 
ni les urines fétides, ni les hémorrhagies abondantes du can- 


116 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Voyons maintenant pour ce qui regarde Van-Helmont. 
Il est né en 1577 ; ses premiers écrits, qui ne parlent nulle- 
ment du lait, sont de 1621; il mourut en 1644, et c'est qua- 
tre ans après sa mort, en 1648, que parurent ses œvres diver- 
ses sous le titre de Ortus Medicine. 

C’est dans cet ouvrage seulement que se trouve le petit 
traité sur la nutrition des enfants, et ot il parle plus particu- 
ligrement du lait. A supposer que lesidées de Van-Helmont 
se soient de suite repandues, et que tout le monde en ait été 
séduit, que les effets s’en soient fait sentir immédiatement, 
il est difficile encore d’expliquer comment une maladie qui 
se repand dans le milieu du 16ème siècle, peut être produite 
par des idées qui ne se répandent qu’au milieu ou vers la fin 
du 17ème siècle. 

Il faut donc, quant à l’origine de la maladie, mettre Van- 
Helmont hors de question, et chercher une autre cause que 
son influence. 

On dit, il est vrai, qu’il a enseigné de bonne heure, dès la 
fin du 16ème siècle. Mais il n’y a aucune trace de son en- 
_seignement sur le lait, avant l’Ortus Medicinz, c'est-à-dire 
avant 1648. 


Bien plus, ce petit traité est à la fin de ses œuvres, et il se- 
rait plus aisé de dire qu'il n’a pu être qu’une œuvre se- 
condaire, laquelle suppose des théories premières qui ne sont 
pas du premier âge. 

Au 18ème siècle Willinghoff imagina que le rachitisme 
n'était point connu dans l’Europe septentrionale, avant l’ex- 
pulsion des Juifs de l'Espagne et du Portugal; et, suivant 
Boerhaave on aurait observé que les enfants des Juifs portu- 
gais, sont les plus sujets à cette maladie. Ce sont là deux 
affirmations sans vaieur par ce que les Juifs étaient repandus 
dans tout l'Occident bien avant le 16ème siècle et qu’il n'est 
nullement démontré que leurs enfants soient plus sujets qua 
d’autres au rachitisme. Il faut encore chercher ailleurs. 

S'il était permis d'ouvrir un avis dans une question aussi 
délicate, et je ne le ferais qu'avec réserve, j’observerais que le 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. ALT 


rachitisme s’est répandu dans les temps qui ont suivi la ré- 
forme, et principalement dans les pays protestants, c’est-a- 
dire dans un temps et dans des lieux où l’ancienne discipline 
ecclésiastique fut mise de côté, où l'on se livra au sensual's- 
me sous toutes ses formes, bien que l’on eût beaucoup de 
misères, où l’on mit de côté l’ancien usage de l’ahstinence et 
du maigre. 

Si comme les expériences de J. Guérin semblent le démon- 
trer, l’abus de la viande est une des causes, et mème, suivant, 
lui, la cause principale du rachitisme, le développement de 
cette maladie au 16ième. siècle recevrait une,explication na- 
turelle dans la remarque que je viens de faire. Mais je le ré- 
pète, on ne saurait donner ces rapprochements que comme 
une vue d'esprit au moins dans l’état actuel de la science et de 
l'histoire. 

Van-Helmont étant disculpé de la grosse responsabilité 
dont on le chargeait, il lui demeure encore celle d’avoir jeté la 
défaveur sur le lait: c'est ce que nous examinerons plus 
loin. 


Prenons d’abord la question actuelle et demandons-nous 
ves deux choses: Est-ce la privation du lait qui fait naître 
le rachitisme, et quels peuvent être les effets de cette priva- 
tion sur la mortalité des enfants ? Ici reviennent les expé- 
riences de J. Guérin, lesquelles démontrent que les petits 
animaux nourris de lait s’élèvént et se développent, que ceux 
nourris de bouillon, de jus de viande et d’amylacées meu- 
rent d'inanition ou deviennent rachitiques. Ces expériences, 
les seules que l’on connaisse sur cette question, ne doivent 
pas être interprétées au-delà de ce qu’elles disent : elles mon- 
trent l'utilité de la lactation; elles montrent l'influence fa- 
cheuse de la nourriture de jus de viande et d’amylacées ; 
elles ne disent pas que c’est la privation du lait qui produit 
le rachitisme, mais bien cette nourriture trop animalisée, 
La distinction est importante. 


Que le lait soit nécessaire, c’est un fait certain : loin de 
nous de nier les bienfaits que nous voulons attester. Mais 


118 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


enfin, ce n'est pas la privation du lait, c'est l'alimentation 
trop animalisée qui, selon les expériences, engendre le ra- 
chitisme ; cette distinction est importante pour l’analyse des 
causes. | 

Or, pourquoi cette alimentation trop animalisée et fécu- 
lente pent-elle engendrer le ratichisme ou faire périr les pe- 
tits animaux d’inanition ? Voiià une première explication à 
rechercher. 

De cela, nous trouvons quatre raisons : 

En premier lieu, l'alimentation étant, principalement une 
destruction de l’aliment par les puissances végétatives de 
l'organisme, il est clair que si vous donnez au jeune organis- 
me des aliments de facile destruction, il exerce, et par cela 
même développe naturellement ses forces, tandis que si vous 
lui donnez des aliments de trop difficile destruction, elles 
s’épuisent à ce travail,et étant ainsi épuisées, ne peu- 
vent plus suffire au second acte de la nutrition, à l’assimila- 
tion qui est minime sans doute, mais nécessaire. Ainsi, 
excès dans la dépense de forces, diminution dans la répara. 
tion : double voie pour aller à uneterminaison fatale. 

En second lieu, les qualités de l’aliment se communiquent 
à l’alimenté ; il est bien clair que cette alimentation de vian- 
de excite les forces musculaires du jeune être, dans un mo- 
ment où les os manquent encore de solidité. 

Il y a ainsi défaut d'équilibre entre la puissance du levier 
et de son point d'appui : les muscles déforment les os qui cè- 
dent à leurs efforts, l’'empâtement se fait dans les jointures, 
les courbures se produisent dans la diaphyse. 


En troisième lieu, les os ne trouvent pas dans l'aliment ce 
qui est nécessaire à la réparation des efforts qu’ils supportent ; 
car le jus de la viande et la viande contiennent surtout de la 
potasse et de la soude, non de la chaux qui serait ici néces- 
saire. L'élément minéralisateur manquant, la végétalité 
de l'os est privée de son objet d'activité, et par cela même 
perd ses forces, à la suite de quoi elle perd sa propre consti- 
tution ; de telle sorte que loin de s’accroitre et de se réparer, 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 419 


l'os abandonne de son calcaire, qui, comme on le sait, rend 
grises et blanchâtres les selles des rachitiques. 

En quatrième lieu, cette alimentation de viande possède 
peu de matière grasse, cette matière qui est l’un des éléments 
nécessaires de l’alimentation, qui a pour rôle, peut-être prim- 
cipal, de fixer précisément l'élément minéralisateur, la chaux 
dans l’économie. , 

Voilà, suivant nous l’explication des expériences faites sur 
les animaux. Mais ces expériences ne sent pas applicables 
dans toute leur rigueur à l'alimentation des enfants, parce que 
tous les enfants qui ne sont pas élevés à la mameile sont élevés 
au biberon ou au petit pot, et le lait est en définitive, la base 
de l'alimentation de tous les enfants. 


Vou'oir expliquer la mortalité enfantine par la privation 
de lait dans l'alimentation, c’est de trop, parce que tous les 
enfants prennent du lait. Là n’est pas lexacte vérité. On 
ne peut expliquer cette mortalité que par l'adjonction au lait 
d'aliment d’éfectueux, ou par le lait défectueux lui-même, 
et c’est en effet ce qu'il faut examiner. 


Tous les enfants prennent du lait ; et pour supprimer la 
mortalité qui pèse sur eux, il ne faut pas dire seulement : 
donnez-leur du lait; il faut dire: donnez leur surtout du 
bon lait. 

Les grands défauts de la nourriture des enfants, c’est ce 
que l’on ajoute au lait, et c’est le mauvais lait Des mères 
veulent sevrer trop vite, ou se débarrasser d’une partie des 
ennuis de la lactation ; et l’on donne trop tôt à l'enfant du 
lait de vache et des bouillies trop fortes Ou bien 
c'est une nourrice qui veut nourrir trop de nourrissons, 
ou encore qui veut continuer de garder un nourrisson alors 
qu'elle n’a plus de lait. 

Ou bien mème encore ce sont des parents imprudents qui 
veulent forcer la nourriture de l'enfant sous prétexte de le 
rendre plus fort avec du bouillon, de la viande, des pâtes 
farineuses. | 


120 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


L'enfant que l’on nourrit ainsi trop fortement, avec des ali- 
ments trop abondants, se trouve dans une situation analogue 
à celle de ces petits animaux nourris de viandes. On lui 
donne des aliments qui épuisent ses forces et des aliments 
trop privés de graisse et de chaux. Et alors les enfants 
dépérissent, la diarhée arrive, les membres maigrissent, 
les os ue prennent pas de forces, tout l'être s’épuise, et la 
moindre fièvre, le moindre accident l'emporte ; ou il devient 
rachitique. 


Une bonne nourrice voilà le fin mot de la question. Car, 
le lait seul est capable de produire tous les désastres, s’il est 
mauvais. Il peut lui-même avoir tous les défauts que nous 
avons indiqués plus haut. 


Beaucoup d'enfants sont abreuvés de lait de vache peu cou- 
pé d’eau de gruau ou d’eau d'orge, et ce lait est trop caséeux, 
trop fort pour l'enfant. Ou bien ce sont des mères, des nour- 
rices, auxquelles on fait manger beaucoup de viandes, sous 
prétexte de leur donner un bon lait : On leur fait un lait trop 
fort qui épuise les forces de l’enfant et rend ses muscles 
trop forts aux dépens de ses os. 


Ou bien c’est un lait qui ne contient ni assez de calcaire, 
ni assez de graisse. 


Tout le monde sait que certains fromages durcissent et 
tournent à la craie, tandis que d’autres sont gras, onctueux, 
et d’autres encore secs ou séreux : Cela dépend de la qualité 
du lait, lequel dépend de la nourriture de animal. Les va- 
ches qu’on nourrit plus particulièrement de betteraves, don- 
nent un lait qui contient plus de lactose et moins de caséum, 
moins de graisse et moins de calcaire que le lait des vaches 
nourries de bons tourrages. De même les femmes qui se nour- 
rissent de beaucoup de végétaux féculents, de patates, etc., sous 
prétexte d'avoir beaucoup de lait, et celles qui se privent de 
matières grasses, parce que cela leur répugne, qui satisfont 
leur gourmandise avec beaucoup de pâtisseries, de sucreries, 
etc., donnent encore un lait détestable. Les mamelles s'em- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 121 


s’emplissent d’un lait maigre en caséum, maigre en globules 
graisseux et presque sans calcaire. 

Notre siècle, plus que tous les'siècles passés ne l'ont fait, 
abuse des substances féculentes et du sucre, et néglige les vé- 
gétaux herbacés. La bonne partie des désastres qu’on observe 
dans la santé publique tient à ce régime. On a cru que la patate 
pour sa fécule et la betterave pour son sucre étaient des trou- 
vailles merveilleuses ; on finira par reconnaître qu’elles ne 
sont bonnes qu’à faire de l’amidon et de l’eau de vie. 

Ine suffit donc pas, comme on le dit, de donner du lait 
aux enfants, il faut aussi ne pas surcharger l'alimentation et 
que le lait aittoutes les qualités convenables ; car le lait 
peut être vicié, nous allons le voir, c’est ce qui explique les 
critiques qu'on en a faites. 

Ici je reviens à Van-Helmont, qu'il ne faut pas, selon la 
jutice, charger plus qu'il ne le mérite, et qui va me fournir les 
dernières questions que je voulais soumettre aux lecteurs de 
votre journal sur ce grave sujet. 

Van-Helmont a parlé du lait dans plusieurs de ses traités. 
Dans un, qui est un de ses vrais titres de gloire, où il démon- 
tre que la chaleur ne euit pas les aliments, que la digestion 
n’est pas une acidification, mais bien l'effet d’un ferment par- 
ticulier qui attaque le verre dans l'estomac des poules, il cons 
tate que c’est d’une altération de ce ferment que dépend, 
dans quelques cas, la mauvaise digestion du vin, du lait ou 
d’autres substances. Dans un traité suivant, il se rit de Pa- 
racelse qui croyait que le sérum est la partie principale du 
lait et préfère le beurre et le caséum ; puis il établit que le 
lait des animaux peut-être un trés-bon médicament ou ali- 
ment, mais non pris seul, et que, pour juger de sa qualité, il 
faut tenir compte de la vitalité de l'animal. Ailleurs encore, 
il soutient que le pain n’est pas l'aliment essentiel, comme 
on le dit, mais secondaire, puisque certaines personnes 
ont vécu longtemps en se nourrisant exclusiment de lai 
que les hommes du Nord réparent promptement leurs fo 
en usant de trefile au lieu de pain. C’est là sans doute 


122 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


très fort paradoxe, que de traiter le pain d’aliment secondaire ; 
mais il ne dit rien de fâchenx contre le lait, et même lui 
rend justice. Il ne semble pas encore avoir de parti pris. 
Enfin, nous arrivons au corps du délit; c’est le traité Infan- 
tis nutrilio ad vitam longam. Crest ici que nous allons voir 
apparaître tout à la fois, il faut bien le dire, le sophiste, l’ob- 
servateur intelligent et le systématique. 

Van-Helmont a inventé systématiquement un aliment pour 
les enfants ; il veut pour le propager, établir que le lait est 
une bonne chose, souvent mauvaise, et qu’on put faire 
mieux. C’est, bien entendu, par un sophismequ’il commence : 
toute erreur commence par là. Il trouve donc que le lait a 
été mis très naturellement âux mamelles des mères, parce- 
que Dieu a choisi un moyen terme qui était d’ailleurs ce 
qu'il y avait de mieux à faire. Ainsi, le lait est une nourri- 
ture ordinaire, mais non un aliment de longévité. La natu- 
re ne voulut pas que la vie se prolongeât pour personne, 
quand elle la vit se multiplier ; de sorte que le lait fut donné 
comme l'aliment commun, et amena dans la nature des dis- 
positions multipliées à la mort pour ruiner les fondements de la 
vie. C'est par le lait cet aliment ravageur, que la nature arrive 
aux fins que son auteur lui a imposées. Mais la doctrine de 
la longue vie est une irrégularité destinée aux enfants chéris 
de l’art divin ; elle ne regarde pas le cours ordinaire de la na- 
ture, c’est une nouvelle pyramide, un nouvel horizon de la 
wie. 

Voila certes le sophiste dans toute la laideur de ses dé- 
tours orgueilleux, et il est bon qu’on le voit dans un exem- 
ple pour ne pas se méprendre a ses copies. 


Mais après cela vient lobservateur. Van-Helmont remar- 
que combien les grumeaux du lait donnent lieu 4 des vomi- 
turitions fréquentes : ce qu’on ne saurait contester chez les 
enfants qui en prennent au delà de leur besoin. Il note 
que le lait produit des vers, des coliques, de la fièvre, des 
diarrhées, des convulsions ; il lui attribue ce qui est trop fort, 
de causer des morts subites. Pour les vers, la fièvre, la diar- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA 123 


rhée, les convulsions, ce sout des effets qu'on ne peut nier 
quand le lait est de mauvaise qualité. 

Ii y ades enfants chez lesquels on supprime un ou plu- 
sieurs de ces accidents par le seul fait de leur faire changer 
de nourrice. Plusieurs anciens auteurs ont noté qu’une lacta- 
tion trop prolongée peut amener des vers, et on en voitsouvent 
des exomples irrécusables De même, il est des enfants 
dont on guérit la diarrhée en les sevrant ou en changeant leur 
lait. Enfin, on a cru,et certains faits m’autorisent à l’ad 
tre, qu’il y a des nourrices dont tous les nourrissons sont 
sujets aux convulsions, parceque que sur plusieurs enfants 
d'une même famille, ceux-là seuls seront atteints qui auront 
sucé le lait de ces nourrices. 

Van-Helmont parle ensuite des vices cachés que le lait 
de la nourrice peut communiquer à l’enfant : ce qu’on ad- 
mettait autrefois très-largement, ce que nos modernes orga- 
niciens ont trop méconnu. Il cite la propgation de la syphi. 
lis par le lait de la nourrice au nourrisson ; la contagion des 
fièvres, des maladies héréditaires, de la phthisie ; des vices 
moraux de toute sorte, de la démence, des états nerveux, etc 
Je n'oublie pas le dépérissement des enfants que les nourri- 
ces mercenaires continuent d’allaiter alors qu'elles sont de- 
venues grosses. 

Malheurement tout cela est vrai pour la majeur partie, si 
non en tout. On l’a nié, parce que le grossier matérialisme 
n’a pu l'expliquer, mais ce n’en est pas moins vrai. 

Et tonte famille soucieuse de ses enfants, tout médecin 
soucieux de sa responsabilité, ne prennent pas au hasard une 
nourrice, et ne lui laissent pas à l'aventure un petit être sur 
qui repose l'espoir de leur vieux jours. 

Van-Helmont n’a pas eu tort de signaler les vices d'une 
mauvaise lactation et d’un mauvais lait, car r’est contre ces 
choses mauvaises que s'élèvent au fond et subsistent encore 
toutes ses critiques. Ses sophismes sur la nature et sur la 
longévité ne pouvaient et ne peuvent encore tromper per- 
sonne. Sa prétendu découverte d’un lait artificiel de longé- 


124 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


vité est tout juste le pendant, an {7ème siécle, de ce que Lie- 
big, le Chimiste, nous a donné il y a quelques années ; dans 
Yun et l’autre cas, ce sont les mêmes folles prétentions. et il 
ne peut y avoir que de bonnes intentions sottes qui y applau- 
dissent. Mais la critique du mauvais lait et de la mauvaise 
pourrice subsiste et subsistera. 

Encore une fois, l'aliment n’est pas une simple combinai- 
son d'éléments chimiques; la chimie n’a rien à faire ici que 
des analyses, et on ne peut lui tolérer la prétention non 
moins dangereuse que vaine de se substituer à la nature. 
L'aliment doit avoir des qualités vitales particulières. Il ne 
suffit pas que le lait possède des éléments nécessaires à sa 
destination, il lui faut encore une somme de vitalité et de 
qualité appropriées à l'enfant qu’il doit nourrir. 

Une mauvaise nourrice et une mauvaise lactation sont 
choses aussi dangereuses qu’une mauvaise alimentation et 
une mauvaise éducation. 

Dr. S. B. Lonatm. 


Lapraizie, 18 Janvier 1872. 





GUÉRISON DES ULCÈRES PAR TRANSPLANTATION. 
PAR LE PROFESSEUR F. H. HAMILTON, M. D. NEW-YORK. 


Dans un rapport de ma clinique, au Dispensaire du Collége 
Médical de Genève, pour Janvier 1847, on cite le cas d'un 
jeune garçon je quinze ans, dont la jambe avait été, en gran- 
de partie, privée de ses téguments, et dont la blessure ne s’'é- 
tait jamais fermée, depuis huit ans. Le rapport dit : Le Dr. 
Hamilton proposa au jeune homme une opération plastique, 
dans le but d’implanter, sur le centre de l'ulcère, un mor- 
ceau de peau nouvelle et parfaitement saine. (Cette propo- 
sition lui avait été faite deux ans auparavant.) Il proposait 
délexciser du mollet de l’autre jambe, non dans le but de cou- 
vrir toute la surface de l'ulcère, mais peut-étre deux ou trois 
pouces carrés, ce qui, pensail-il, serait suffisant pour assurer la 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 125 


ctcalrisation de toute la blessure, dans un court espace de temps 
Le jeune garçon ne corsentit pas à me laisser opérer, et, 
en 1864, il état encore v'vant, avec sa plaie ouverte. 


Ma première opération de ce geure fut faite le 1er Janvier 
1854, sur Horace Driscoll, dans l’Hopital des Sœurs de Chari- 
té, à Buffalo. Driscoll avait perdu une grande partie de la 
peau de sa jambe, par 1a chite d’une lourde pierre en cet 
endroit ; et, après quinze mois écoulés, il devint évident que 
le procédé naturel de réparation était insuffisant. Un rap- 
port complet de cette opération fut publié dans le New-York 
Journal of Medecine de la même année. On peut en trouver 
aussi une copie dans le Buffalo Medical Journal pour Décembre 


1864. 


Le tégument fut pris du mollet de la jambe opposée, mais 
il était tout à fait insuffisant pour couvrir la plaie en entier. 
En quatre-vingt-dix jours, la cicatrisation fut complete, et 
elle l’est encore aujourd’hui. On remarqua que le nouveau 
lambeau de peau s'était élargi de la c'rconférence, dans toutes 
les directions, de manière à atteindre, à la fin, le double de sa 
superficie primitive. 

Dans le journal indiqué, se trouvent les remarques sui- 
vantes : Par ce procédé, j'espère, MM. non seulement four- 
nir une quantité de peau égale à la surface du morceau trans- 
planté, mais encore donner naissance a un noyau auquel 
viendra s'ajouter une peau de formation nouvelle. J'espère 
établir un nouveau centre de vie —un oasis, duquel s’irra- 
diera une vraie et saine végétation qui couvrira, dans toutes 
les directions, le sol épuisé.” 

J'ai établi, de plus, que la greffe, non-seulement croitrait, 
mais qu'elle s’étendrait mème du centre, par la contraction 
des granulations circonvoisines, puisqu'il est reconnu que, 
par la contraction des granulations, la peau, près de l’ulcère, 
est attirée vers le centre. Les axiomes suivants terminaient 
mes remarques : 

10. Les ulcères, accompagnés de perte considérable de té- 


126 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


guments, se refusent généralement à guérir, quelque puisse 
être la santé du corps ou du membre. 

20. L’anaplastie réussira quelquefois à accomplir une cure 
permanente, et spécialement lorsque la santé du corps et du 
membre est bonne, et lorsque, conséquemment, le refus de 
guérir ne peut être attribué qu’à l’étendu de la perte tégu- 
mentaire. 

30. La greffe doit être prise généralement dans uhe partie 
assez éloignée du membre opposé, ou chez une autre per- 
sonne. 

4o. Si la greffe est plus étroite que la brèche qu'elle est appelée 
à remplir, elle crottira, ou donnera naissance a une peau de for- 
mation nouvelle, pour combler ce vide. 

5o. Il n’est pas improbable que la Greffe s'étendra, durant le 
procédé de cicatrisation, à ses marges, mais sur tout après 
que la cicatrisation est complète. (J'ai depuis, pleinement 
vérifié cette proposition.) 

60. En conséquence d’une ou des deux dernières circons- 
tances, ÿ ne sera pas nécessaire de fournir une greffe aussi éten- 
due que la solution de continuilé qu'elle est destinée à remplir. 


En réponse au Dr. Watson, de New-York, qui avait dit que 
Panaplastie pour la guérison des vieux ulcères n'était pas 
nouvelle, et qu’il l'avait pratiquée lui-méme, j'ai écrit dans le 
No. du New-York Journal of Medecine, pour Janvier 1855, qu'il 
avait simplement répété une très vieille opération, qui con- 
siste à trancher dans la peau, et que javais souvent faite moi- 
mème, longtemps avant que ma nouvelle suggestion ne fut 
annoncée. Il n’avait cependant jamais songé à faire le lam- 
beau moindre que l’espace à remplir, et à s’en remettre ensu1- 
te à la croissance et à l'expansion, pour compléter la guérison. 
Tl n'a donc ni adopté mon procédé, ni obtenu mes résultats. 

Depuis la date de ma première opération, je l'ai répétée: 
plusieurs fois, et avec un succès presque constant. L'hiver 
dernier, à l’hopital Bellevue, le Dr. Gouley fit faire à l’opéra- 
tion un pas de plus, en l’utitisant, pour la guérison d’une 
brûlure étendue à la euisse. Avant d'opérer, le Dr. Gouley 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. ‘1497 


me pria de voir le cas, avec lui, et de donner mon opinion 
sur le succès possible de mon opération. Je l’assurai que s’il 
pouvait insérer seulement un petit lambeau au centre de 
yimmense ulcère, il réussirail presqu'indubitablement ; mais 
que, étant obligé de prendre la peau sur la cuisse opposée, 
je craignais qu'il ne perdit la greffe. Il serait plus difficile 
que dans le cas de la jambe, de croiser les membres, de ma- 
nière que le lambeau pédiculé puisse être attaché au centre 
de l’ulcère. Le Dr. Gouley fit l'opération ; et, quoiqu'il ne 
put conserver seulement qu’un petit morceau, le succès de 
l'opération fut presque complet. 

En Décembre 1869, M. Reverdin, interne à la Charité lut, 
devant la Société Chirurgicale de Paris, un travail, sur la 
Greffe Epidermique, qui fut publié dans le bulletin de la so- 
ciété pour cette année, et aussi dans la Gazette des Hopitaux 
pour Janvier 11, et 22, 1870. 

La méthode proposée et pratiquée par M. Reverdin consis- 
te à détacher, avec les sciseaux, ou avec le couteau un tout 
petit morceau de peau ( plus il est petit mieux c'est, est-il af- 
firmé) et de l’enfouir dans le centre de l’ulcère granulé. Par 
ce simple procédé, un nouveau centre de croissance s'établit 
et Pulcére guérit. L'attention des chirurgiens américains 
fut d’abord attirée sur cette intéressante découverte, par les 
expériences de M. Pollock, à Hopital St. Georges, en Mai 
1870 ; et, au mois d'Août suivant, ja commençai une série 
d'observations, dans cette voie, à l'Hopital de la Charité, 
Blackwells Island, où nous avons constamment sous nos 
soins plusieurs centaines de vieux ulcères. Les résultats de 
mes premières expériences furent donnés au public, par mon 
chirurgien interne, le Dr. Williams. Sur cinquante trans- 
plantations faites soit par moi-mème ou par le Dr. Williams, 
£ix seulement réussirent La grande partie des insuccès 
était due au manque de choix des cas, et à la grande variété 
des méthodes adoptées, notre but étant de déterminer l'éten- 
due de son application possible et de s'assurer de quelle ma- 
niére le succès serait le plus certainement atteint Depuis 


128 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


la date de ces opérations, j'ai rarement rencontré un insuc- 
cès, excenté dans les cas où cet insuccès avait 6té prédit, d’a- 
près l'aspect défavorable de l’ulcère, ou les soins incomplets 
donnés par les aides aux pansements. Les remarques sui- 
vantes comprennent les résultats des observations faites jus- 
qu'ici, et qui son confirmées par la presque totalité des ob- 
servations. 

Plus les granulations de l’ulcère sont saines, plus il y de 
chances de succès ; avec des granulations parfaitement con- 
ditionnées, le succès est, on peut dire, certain. Il importe 
peu de quel point du corps le lambeau est détaché, quoiqu'il 
soit plus convenable de le prendre de quelque partie mince 
et flexible. Avec une paire de forceps à dents fines et déli- 
cates, on soulève la peau que l'on coupe avec le couteau ou 
les sciseaux. On considère généralement comme important 
de ne point enlever de tissu aréolaire ni graisseux : je ne 
saurais dire si ce détail est essentiel ou non ; mais il est oer- 
tain que l’exiguité du morceau, si excessive qu'elle soit, n'y 
fait rien ; il n’est pas nécessaire de couper assez profonée- 
ment pour tirer du sang. Ayant excisé un morceau à sa 
convenance, on peut le diviser en plusieurs autres parties, 
sans craindre que les contusions «qu’il subit n’affectent sa vi. 
talité. Après l’essai de plusieurs méthodes, pour insérer les 
fragments, j'en suis.venu à la conclusion que, si les granula- 
tions sont fraîches et vigoureuses, le meilleur moyen est de 
les appliquer simplement sur la surface ulcérée, sans cher- 
cher à les enfouir dans des incisions et sans s'occuper de la 
position de leurs surfaces. Lorsque les particules sont au 
nombre de plusieurs, elles doivent être insérées simultané. 
ment à des intervalles d’à-peu-près un pouce, l'observation 
ayant prouvé que la limite de la croissance de chaque mor- 
ceau n'excède pas, en géneral, un diamètre d'un pouce. Afin 
de les retenir en place, j'ai employé ordinairement Pempla- 
tre adhésif commun, avec quelques tours de bandage roulé. 
Si l'opération du greffage est faite sur les extrémités, il sera 
nécessaire d'imposer au patient un repos absolu, dans la posi- 


>< 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 129 


tion horizontale, surtout s’il s’agit des extrémités inférieures. 

Le pansement doit être maintenu deux ou trois jours, après 
lesquels on peut les enlever, puis nettoyer la plaie‘ avec de 
l’eau tiède et du savon, et subséquement la lotionner avec 
une solution d'acide carbolique et d’eau (4 grs. à l’once). Le 
reste du traitement sera le même que pour un ulcère sous les 
circonstances ordinaires. 


Lorsque les pansements sont d'abord levés, les particules 
paraissent à leur place primitive, ou flottent librement. 
Quelquefois elles semblent avoir disparu complètement. 
On pense que ces points, qui semblent être les greffes sont 
seulement l'épiderme qui s’est détaché du derme absorbé; mais 
je ne saurais rien affirmer de positif la-dessus. Lorsqu'ils 
restent attachés, le procédé de développement sous-jacent ne 
peut être observé avec autant d’exactitude ; mais lorsqu'ils 
ont glissé de leur première position, on peut alors remarquer 
une légère dépression à ce point, laquelle dépression est, 
dans quelques cas, suivie d’une élévation correspondante, 


. quelques jours plus tard. Généralement, je pense, le point 


reste déprimé. En second lieu, vers le septième ou le dixè- 
me jour après le greffage, le centre de la dépression ou de 
l'élévation revêt une teinte d’un bleu opaque, précisément 
comme celle que j'ai décrite ci-devant comme apparaissant 
sur la surface d'un os exposé, lorsque la peau commence à se 
former. Avec l’aide d’une loupe, augmentation de vascu- 
larité et un peu d’opacité peuvent être reconnues, à une 
époque plus rapprochée. Ceci est le commencement du pro- 
cédé de formation de la peau. 


Au même moment, aussi, 14 ou l’on découvre que la trans. 
plantation a été suivie de succès, on verra, au cas où une 
greffe est placée à un demi ou trois quarts de pouce de la 
marge de l’ulcère, que la peau de cette marge se porte vers 
la greffe sous forme d’un petit promontoire, de manière à si- 
muler—si cette figure de discours peut être permise ici—un 
pont dans cette direction, entre l’île et la terre ferme; quel- 
ques jours plus tard, la greffe se perd dans les téguments en. 


120 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


L'enfant que l’on nourrit ainsi trop fortement, avec des ali- 
ments trop abondants, se trouve dans une situation analogue 
à celle de ces petits animaux nourris de viandes. On lui 
donne des aliments qui épuisent ses forces et des aliments 
trop privés de graisse et de chaux. Et alors les enfants 
dépérissent, la diarhée arrive, les membres maigrissent, 
les os ne prennent pas de forces, tout l'être s’épuise, et la 
moindre fièvre, le moindre accident l’emporte ; ou il devient 
rachitique. 


Une bonne nourrice voilà le fin mot de la question. Car, 
le lait seul est capable de produire tous les désastres, s'il est 
mauvais. Il peut lui-même avoir tous les défauts que nous 
avons indiqués plus haut. 


Beaucoup d'enfants sont abreuvés de lait de vache peu cou- 
pé d’eau de gruau ou d’eau d'orge, et ce lait est trop caséeux, 
trop fort pour l'enfant. Ou bien ce sont des mères, des nour- 
rices, auxquelles on fait manger beaucoup de viandes, sous 
prétexte de leur donner un bon lait : On leur fait un lait trop 
fort qui épuise les forces de l'enfant et rend ses muscles 
trop forts aux dépens de ses os. 


Ou bien c’est un lait qui ne contient ni assez de calcaire, 
ni assez de graisse. 


Tout le monde sait que certains fromages durcissent et 
tournent à la craie, taniis que d’autres sont gras, onctueux, 
et d’autres encore secs ou séreux : Cela dépend de la qualité 
du lait, lequel dépend de la nourriture de animal. Les va- 
ches qu’on nourrit plus particulièrement de betteraves, don- 
nent un lait qui contient plus de lactose et moins de caséum, 
moins de graisse et moins de calcaire que le lait des vaches 
nourries de bons tourrages. De même les femmes qui se nour- 
rissent de beaucoup de végétaux féculents, de patates, etc., sous 
prétexte d’avoir beaucoup de lait, et celles qui se privent de 
matières grasses, parce que cela leur répugne, qui satisfont 
leur gourmandise avec beaucoup de pâtisseries, de sucreries, 
etc., donnent encore un lait détestable. Les mamelles s'em- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 421 


s'emplissent d’un lait maigre en caséum, maigre en globules 
graisseux et presque sans calcaire. 

Notre siècle, plus que tous les'siècles passés ne l’ont fait, 
abuse des substances féculentes et du sucre, et néglige les vé- 
gétaux herbacés. La bonne partie des désastres qu’on observe 
dans la santé publique tient à ce régime. On a cru que la patate 
pour sa fécule et la betterave pour son sucre étaient des trou- 
vailles merveilleuses ; on finira par reconnaître qu’elles ne 
sont bonnes qu’à faire de l’amidon et de l’eau de vie. 


Il ne suffit donc pas, comme on le dit, de donner du lait 
aux enfants, il faut aussi ne pas surcharger l'alimentation et 
que le lait aittoutes les qualités convenables ; car le lait 
peut être vicié, nous allons le voir, c’est ce qui explique les 
critiques qu'on en a faites. 

Ici je reviens à Van-Helmont, qu’il ne faut pas, selon la 
jutice, charger plus qu'il ne le mérite, et qui va me fournir les 
dernières questions que je voulais soumettre aux lecteurs de 
votre journal sur ce grave sujet. 


Van-Helmont a parlé du lait dans plusieurs de ses traités. 
Dans un, qui ést un de ses vrais titres de gloire, où il démon- 
tre que la chaleur ne euit pas les aliments, que la digestion 
n’est pas une acidification, mais bien l'effet d’un ferment par- 
ticulier qui attaque le verre dans l’estomac des poules, il cons- 
tate que c’est d’une altération de ce ferment que dépend, 
dans quelques cas, la mauvaise digestion du vin, du lait ou 
d’autres substances. Dans un traité suivant, il se rit de Pa- 
racelse qui croyait que le sérum est la partie principale du 
lait et préfère le beurre et le caséum; puis il établit que le 
lait des animaux peut-être un trés-bon médicament ou ali- 
ment, mais non pris seul, et que, pour juger de sa qualité, il 
faut tenir compte de la vitalité de l'animal. Ailleurs encore, 
il soutient que le pain n’est pas l’aliment essentiel, comme 
on le dit, mais secondaire, puisque certaines personnes 
ont vécu longtemps en se nourrisant exclusiment de lait, et 
que les hommes du Nord réparent promptement leurs forces 
en usant de trefile au lieu de pain. Cest là sans doute un 








120 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


L'enfant que l’on nourrit ainsi trop fortement, avec des ali- 
ments trop abondants, se trouve dans une situation analogue 
à celle de ces petits animaux nourris de viandes. On lui 
donne des aliments qui épuisent ses forces et des aliments 
trop privés de graisse et de chaux. Et alors les enfants 
dépérissent, la diarhée arrive, les membres maigrissent, 
les os ne prennent pas de forces, tout l'être s’épuise, et la 
moindre fièvre, le moindre accident l’emporte ; ou il devient 
rachitique. 


Une bonne nourrice voilà le fin mot de la question. Car, 
le lait seul est capable de produire tous les désastres, s’il est 
mauvais. Il peut lui-même avoir tous les défauts que nous 
avons indiqués plus haut. 


Beaucoup d'enfants sont abreuvés de lait de vache peu cou- 
pé d’eau de gruau ou d’eau d’orge, et ce lait est trop caséeux, 
trop fort pour l’enfant. Ou bien ce sont des mères, des nour- 
rices, auxquelles on fait manger beaucoup de viandes, sous 
prétexte de leur donner un bon lait : On leur fait un lait trop 
fort qui épuise les forces de l'enfant et rend ses muscles 
trop forts aux dépens de ses os. 


Ou bien c’est un lait qui ne contient ni assez de calcaire, 
ni assez de graisse. 


Tout le monde sait que certains fromages durcissent et 
tournent à la craie, tandis que d’autres sont gras, onctueux, 
et d’autres encore secs ou séreux : Cela dépend de la qualité 
du lait, lequel dépend de la nourriture de animal. Les va- 
ches qu'on nourrit plus particulièrement de betteraves, don- 
nent un lait qui contient plus de lactose et moins de caséum, 
moins de graisse et moins de calcaire que le lait des vaches 
nourries de bons tourrages. De même les femmes qui se nour- 
rissent de beaucoup de végétaux féculents, de patates, etc., sous 
prétexte d’avoir beaucoup de lait, et celles qui se privent de 
matiéres grasses, parce que cela leur répugne, qui satisfont 
leur gourmandise avec beaucoup de pâtisseries, de sucreries, 
etc., donnent encore un lait détestable. Les mamelles s'em- 


nn dj 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 421 


s'emplissent d’un lait maigre en caséum, maigre en globules 
graisseux et presque sans calcaire. 

Notre siècle, plus que tous les'siècles passés ne l’ont fait, 
abuse des substances féculentes et du sucre, et néglige les vé- 
gétaux herbacés. La bonne partie des désastres qu’on observe 
dans la santé publique tient à ce régime. On a cru que la patate 
pour sa fécule et la betterave pour son sucre étaient des trou- 
vailles merveilleuses ; on finira par reconnaître qu’elles ne 
sont bonnes qu'à faire de l’amidon et de l’eau de vie. 


Il ne suffit donc pas, comme on le dit, de donner du lait 
aux enfants, il faut aussi ne pas surcharger l'alimentation et 
que le lait aittoutes les qualités convenables ; car le lait 
peut être vicié, nous allons le voir, c’est ce qui explique les 
critiques qu'on en a faites. 

Ici je reviens à Van-Helmont, qu’il ne faut pas, selon la 
jutice, charger plus qu’il ne le mérite, et qui va me fournir les 
dernières questions que je voulais soumettre aux lecteurs de 
votre journal sur ce grave sujet. 


Van-Helmont a parlé du lait dans plusieurs de ses traités. 
Dans un, qui est un de ses vrais titres de gloire, où il démon- 
tre que la chaleur ne euit pas les aliments, que la digestion 
n’est pas une acidification, mais bien l'effet d’un ferment par- 
ticulier qui attaque le verre dans l'estomac des poules, il cons- 
tate que c'est d’une altération de ce ferment que dépend, 
dans quelques cas, la mauvaise digestion du vin, du lait ou 
d’autres substances. Dans un traité suivant, il se rit de Pa- 
racelse qui croyait que le sérum est la partie principale du 
lait et préfère le beurre et le caséum ; puis il établit que le 
lait des animaux peut-être un très bon médicament ou ali- 
ment, mais non pris seul, et que, pour juger de sa qualité, il 
faut tenir compte de la vitalité de l’animal. Aïlleurs encore, 
il soutient que le pain n’est pas l’aliment essentiel, comme 
on le dit, mais secondaire, puisque certaines personnes 
ont vécu longtemps en se nourrisant exclusiment de lait, et 
que les hommes du Nord réparent promptement leurs forces 
en usant de trefile au lieu de pain. C’est là sans doute un 


120 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


L'enfant que l’on nourrit ainsi trop fortement, avec des ali- 
ments trop abondants, se trouve dans une situation analogue 
à celle de ces petits animaux nourris de viandes. On lui 
donne des aliments qui épuisent ses forces et des aliments 
trop privés de graisse et de chaux. Et alors les enfants 
dépérissent, la diarhée arrive, les membres maigrissent, 
les os ue prennent pas de forces, tout l'être s’épuise, et la 
moindre fièvre, le moindre accident l'emporte ; ou il devient 
rachitique. 


Une bonne nourrice voilà le fin mot de la question. Car, 
le lait seul est capable de produire tous les désastres, s’il est 
mauvais. Il peut lui-même avoir tous les défauts que nous 
avons indiqués plus haut. 


Beaucoup d'enfants sont abreuvés de lait de vache peu cou- 
pé d’eau de gruau ou d’eau d'orge, et ce lait est trop caséeux, 
trop fort pour l'enfant. Ou bien ce sont des mères, des nour- 
rices, auxquelles on fait manger beaucoup de viandes, sous 
prétexte de leur donner un bon lait : On leur fait un lait trop 
fort qui épuise les forces de l’enfant et rend ses muscles 
trop forts aux dépens de ses os. 


Ou bien c’est un lait qui ne contient ni assez de calcaire, 
ni assez de graisse. 


Tout le monde sait que certains fromages durcissent et 
tournent à la craie, tandis que d’autres sont gras, onctueux, 
et d’autres encore secs ou séreux : Cela dépend de la qualité 
du lait, lequel dépend de la nourriture de l’animal. Les va- 
ches qu’on nourrit plus particulièrement de betteraves, don- 
nent un lait qui contient plus de lactose et moins de caséum, 
moins de graisse et moins de calcaire que le lait des vaches 
nourries de bons tourrages. De même les femmes qui se nour- 
rissent de beaucoup de végétaux féculents, de patates, etc., sous 
prétexte d’avoir beaucoup de lait, et celles qui se privent de 
matières grasses, parce que cela leur répugne, qui satisfont 
leur gourmandise avec beaucoup de pâtisseries, de sucreries, 
etc., donnent encore un lait détestable. Les mamelles s'em- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 121 


s'emplissent d’un lait maigre en caséum, maigre en globules 
graisseux et presque sans calcaire. 

Notre siècle, plus que tous les'siècles passés ne l’ont fait, 
abuse des substances féculentes et du sucre, et néglige les vé- 
gétaux herbacés. La bonne partie des désastres qu’on observe 
dans la santé publique tient à ce régime. On a cru que la patate 
pour sa fécule et la betterave pour son sucre étaient des trou- 
vailles merveilleuses ; on finira par reconnaître qu’elles ne 
sont bonnes qu'à faire de l’amidon et de l’eau de vie. 


Ii ne suffit donc pas, comme on le dit, de donner du lait 
aux enfants, il faut aussi ne pas surcharger l'alimentation et 
que le lait aittoutes les qualités convenables ; car le lait 
peut être vicié, nous allons le voir, c’est ce qui explique les 
critiques qu'on en a faites. 

Ici je reviens à Van-Helmont, qu’il ne faut pas, selon la 
jutice, charger plus qu'il ne le mérite, et qui va me fournir les 
dernières questions que je voulais soumettre aux lecteurs de 
votre journal sur ce grave sujet. 


Van-Helmont a parlé du lait dans plusieurs de ses traités. 
Dans un, qui est un de ses vrais titres de gloire, où il démon- 
tre que la chaleur ne euit pas les aliments, que la digestion 
n’est pas une acidification, mais bien l'effet d’un ferment par- 
ticulier qui attaque le verre dans l’estomac des poules, il cons- 
tate que c’est d’une altération de ce ferment que dépend, 
dans quelques cas, la mauvaise digestion du vin, du lait ou 
d’autres substances. Dans un traité suivant, il se rit de Pa- 
racelse qui croyait que le sérum est la partie principale du 
lait et préfère le beurre et le caséum; puis il établit que le 
lait des animaux peut-être un trés-bon médicament ou ali- 
ment, mais non pris seul, et que, pour juger de sa qualité, il 
faut tenir compte de la vitalité de l'animal. Ailleurs encore, 
il soutient que le pain n’est pas l’aliment essentiel, comme 
on le dit, mais secondaire, puisque certaines personnes 
ont vécu longtemps en se nourrisant exclusiment de lait, et 
que les hommes du Nord réparent promptement leurs forces 
en usant de treffle au lieu de pain. Cest là sans doute un 


nm 


136 .L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


choisir du bon vaccin. La vaccination a été très négligée 
dans ce pays, à présent on y regarde de plus près. Les gales 
sont à peu près certaines. En France dans les grands centres 
-on vaccine de bras à bras, dans les provinces on distribue la 
lymphe du 8ème jour. Jamais on ne se sert de la gale. Au- 
tour de cette gale peut peut-être se ramasser un autre virus. 
Tl serait nécessaire d'établir ici un autre mode de vaccination. 
On craint la gale, il faudrait donc se servir de la lymphe. 


Mais en attendant que nous l’ayons, il faut vacciner avec la 
gale en prenant toutes les précautions nécessaires. En France 
on sait distinguer le cow-pox. Le vaccin de génisse est très dif- 
ficile à distinguer et on le rencontre rarement. M. Depaul en- 
tretient le cow-pox sur des génisses et s’en sert pour vacciner. 
Lors de mon dernier voyage à Paris je l'ai vu opérer. Ilse sert 
d’une aiguille dite aiguille de Depaul, enlève la pellicule et fait 
trois piqûres. Dans 20 minutes 80 à 100 personnes sont ainsi 
vaccinées. Nous sommes tous d'accord qu'il faut vacciner. On 
a des doutes sur l'efficacité de la gale, il faudrait donc établir 
la vaccination de bras à bras ou avec la lymphe ou peut être 
transmettre le virus à la génisse et opérer avec le vaccin ani- 
mal. Cette dernière pratique éloignerait chez les parents 
toute appréhension au sujet de la syphilis ou autres mala- 
dies. 


Dr. O. Bruneau :—J’aurais désiré voir ici les médecins qui 
ont assité à ma lecture. Il a pu paraître singulier à quelques 
uns que j'ai soulevé la question de l’inoculation, qui peut 
avoir son mauvais effet. Cependant des hommes comme 
Gregory, Sydenham. Baglivi, etc., qui ont eu une grande 
expérience dans l’inoculation du pus variolique, nous disent 
que cette pratique présente peu d’inconvénients. Le Dr. 
Mount a cité un cas ou l’inoculation du pus variolique pris 
chez un sujet qui présentait un seul grain de’picotte, a pro- 
duit une variole confluente. Cependant d’après l’expérience 
du plus grand nombre en choisissant une picotte bénigue, 
on produirait une picotte bénigne. Telles statistiques prou- 
veraient que pendant une épidémie variolique on a diminué 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 137 


la mortalité” par l'inoculation. Cependant je ne donne pas 
comme mon opinion qu’on doit recourir à cette pratique, je. 
voulais seulement savoir pourquoi on s’y opposait. 

Avant de terminer je remarquerai que nous n’avons pas 
ici de Bureau où chacun pourrait puiser les statistiques-né- 
cessaires dans un grand nombre de circonstances. Nous de- 
vons donc donner notre appui cordial au Dr. Larocque, officier 
de santé qui cherche à établir ici un tel Bureau. 

Dr. A.B. Larocque :—L’appui que promet aux officiers de 
santé le Dr. Bruneau sera certainement très apprécié. Je 
n’ai pu encore obtenir toutes les statistiques sur la mortalité, 
les naissances, la population, etc., si nécessaires surtout pen- 
dant un temps d’épidémie. A la prochaine séance, je ferai 
part aux membres de cette société d’un travail sur l'hygiène 
et les statistiques et je les prierai d'examiner les certificats 
afin de trouver le meilleur mode d’obvier aux irrégularités 
qui se glissent dans l'exécution de la loi. 








Et la séance est levée. Dr. GEORGES GRENIER. 
NOUVELLES MEDICALES. 


LOCALES. 


D'après le Canada Lancet, les sage-ffemmes de la province 
d'Ontario ne vaudraient guère mieux que celles de Québec. 
Ce journal rapporte un cas où dans une présentation du tronc 
une matrone a arraché les deux bras, les deux clavicules et 
un omoplate du fœtus. Deux jours après.‘ la mère était 
morte. 


Depuis quelque temps, dans presque tous les numéros du 
Medical News and Library sont rapportés des cas de mort, pro- 
duits par l'emploi du chloroforme. Celui de Janvier dernier 
n'en contient pas moins de cinq. 


Mr. Grantham préconise hautement l'emploi de la vapeur 
d’ammoniaque dans le traitement de la coqueluche rendue à 
sa troisième période, c'est-à-dire, après la troisième semaine. 


138 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Selon lui, cette médication fait disparaître tous les accidents 
. nerveux et guérit entièrement la maladie en trois ou quatre 
jours. Voici comment il procède. Il place au milieu d’une 
chambre un vase ouvert contenant un gallon d’eau bouillan. 
te, dans laquelle il met une once d’ammoniaque liquide fort; 
puis, entretenant l’ébullition au moyen d’une brique chauf- 
fée à rouge, il fait entrer ses patients dans cet appartement. 
—(British Medical Journal). 

VaccINATION.—La question de la vaccination et de la revac- 
cination continue toujours d'occuper la profession médicale 
et le public de Montréal. Chacun sent l’urgence d’une solu- 
tion immédiate qui mette fin aux doutes dont plusieurs sont 
agités et rétablisse l'unanimité de vues si nécessaire à cette 
partie de l'hygiène public. 

PETITE-VEROLE.—Cette épidemie ne parait point en être en- 
core à son déclin. Chaque jour amène plusieurs victimes.— 
Plusieurs paroisses du district de Montréal sont fortement ra- 
vagées ; par contre, plusieurs autres en sont exemptes ou à peu 
près. 

La fièvre typhoïde, ainsi que les fièvres simples continuent 
paraît-il à sévir, en cette ville, d’une manière inaccoutumée. 

DISPENSAIRE 8T. JOSEPH-—Du ier Janvier au 31 Décembre 
1871, 4076 malades ont reçu des soins, dans cette institution. 
De ce nombre, 675 hommes et 3401 femmes. En outre, 1325 
prescriptions du dehors ont été remplies. 

Médecin de service : Dr. L. J. P. Desrosiers. 


DÉPART PROCHAIN POUR L’EuRoPE.—M. le Dr. A. T. Brosseau, 
professeur de Botanique à l’Ecole de Médecine et de Chirurgie 
de Montréal, Université Victoria, se prépare à partir pour 
l'Europe, dans quelques semaines. Son voyage, quia un 
but tout scientifique, se prolongera près d’un an. Ses nom- 
breux amis-confrères seront sans doute heureux de profiter 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 139 


de cette circonstance pour lui demander un escompte sur sa 
bonne volonté et son obligeance bien connues. Nos meilleurs 
souhaits le suivront dans ce voyage d'outre-mer. 





DISPENSAIRE DE LA PROVIDENCE. 


Tableau indiquant le nombre de malades qui ont 6té6 soi- 
gnés au dispensaire de la Providence de la ville de Montréal 
par les médecins «hargés de ce service, depuis l’année 1863 
jusqu'à l’année 1870. 


Résumé. 

1863. 
OrdOnMance.......c0cccccccccccecccssccccccccccccceccccsccsscsseeses 5036 
Visites... ccccecccccccccsccccnsccccss scosccccccccscsccesscecececes 1275 
Malades.......2.scccocccoseccesccccsccscce socscecscccccesece soseccecs 3000 

1864. 

Ordonnances. .....00 vccccccccscccccccecscccccsecccescsccssce secceecs 9545 
Visites... ccccecvccccccscccsseecs lene cccecesceeccscesccscones 1000 
Malades.. ......... aceccceeceesececsceersceecs eeneecesesonet access 6000 

1865. 

Ordonnances .........cccceccccccscecsccceces nsc ceccecvssescececs 9892 
Visites.....ccccccccccccccccccccccccccnscsccccccccscccssccscscssscveceecss 400 
Malades. .......cccceccsscce soccccccescssccceceseccccceoscccescessenes 6039 

1866. 
OrdOnMance.....ccccccccccecceccccecee coccascesceccsccscccseccecss 9620 
ViISiLES.........cccesscccnecccsscccencccscces occcescccsccesccssscascesecs 500 
Malades........ Oe concececcsnucceccecaccescccesccecesesccecssecsee ersace 4300 

1867. 
OrdOMManCes......scsscsscccccccccccscccccccccccesscsecvecesces messes 8230 
Visites... covsccccecccccccacscecctccscccccccescssesseacsceececs 256 
Malades.......... ccscccscrccccccvcccocccoscvsccencese ssascssccsscees 3050 

1868. 
OrdOnMances........scccccerccccecccccsccsscccassccccsevcecccevas ove 11739 
Visits .........cecccccesccccscscscsssvscccesescuccsccceece RARE ENTREE 412 


140 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


1869, 
Ordonnances... snnonsnsone serons oesssee cesssesesaesconsenens .… 14120 
Visites ........... Donne ne sep ones sons s sens vocsnno none o geen cess 682 
Malades........ccccseccscscscecescrsees sossossoses eo novcccceesscccsass 9820 
1870 
OrdOnNane......ccccsccccesceee covescccsesteccesseccescassccageenes 11324 
Visites... sees AUTETT RTS ETEETERRREEEPEETER beseecccscees 400 
MALACEG.....ccrcccsccccrcecseceseeceecsesussencesesese sesenscecssees 7024 


Mont su8iTe.—Un jeune médecin de Québec M, le Dr. 
McGrath, est tombé victime d’une de ces surprises subites et 
foudroyantes de la mort, le 18 Frévrier. 

Il s'était rendu à la basse messe avec sa mère et, après l’of- 
fice divin, il passa à la Pharmacie de M. Burke et pris ensuite 


eons 


tra chez M. Bouchard, hôtellier, à quelques pas de la rue 
Buade. 

M. McGrath se laissa tomber sur un siége en disant : ‘“ Je 
ne sais ce que j'ai, il me semble que je vais m’évanouir. Al- 
lez chercher ma mère. ” : 

M. Bouchard acquiesça à son désir. A peine était-il parti 
que madame Bouchard remarqua que la figure de M. Mc- 
Grath se contractait et allait passer de vie à trépas. Elle lui 
dit : “ Docteur, vous allez mourir, recommander votre âme 


espèce d'étourdissement s’ empara de lui et incontinent il en- 


à Dieu!” Deux minutes plus tard, le malheureux jeune 
homme rendait le dernier soupir. 

Madame McGrath mandée en toute hâte, n’arriva que pour 
trouver le cadavre de son fils. Décrire la ‘scène qui se passa 
alors serait impossible. Cette femme, frappée dans ses affec- 
tions les plus chères, se laissa aller à toutes les démonstra- 
tions de la plus vive douleur. Ce n’est qu'avec peine que l’on 
réussit, après deux heures de sollicitations, à l’arracher à 
cette scène de douleur. 

On croit que M. McGrath a succombé à une syncope. 


° 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 141 


Ce jeune médecin, ancien élève de l'Université Laval, pro- 
mettait de devenir un chirurgien émérite, et un de nos plus 
habile praticiens. Esprit brillant, jugement solide, il possé- 
dait toutes les qualités qui mènent à la fortune et à la dis- 
tinction. 

Cette mort subite a fortement ému et douloureusement 

mpressionné la population. , 

Les funérailles du Dr. McGrath ont eu lieu mardi matin, à 
8% heures, au milieu d’un concours considérables de citoyens. 

Parmi ceux qui étaient dans les rangs du cortège funébre 
se trouvaient le Dr. Sewell, doyen de la Faculté médicale de 
de l'Université-Laval, et président de l'Association Médicale 
Canadienne, ainsi que les professenrs et élèves de la Faculté 
Médicale. Les officiers et membres résidents de l’Assocition 
Médicale de Québec, et de l’Association Médicale Canadienne 
faisaient aussi partie du cortége. 


Le corps a été reçu à l’église Saint-Patrice, par le révérend 
M. McGauran, le service a été chanté par le révérend M. Ne- 
ville et le révérend P. Rousse! a officié au libéra. 

‘Les porteurs du poële ont été les Drs. Patton, Ahern, Brad- 
ley, J. Robitaille, Gauvreau et De Lagrave. 

L’inhumation a eu lieu au cimetière de Saint Patrice. 

Le Dr. McGrath était le seul soutien d’une mère âgée. 

Le verdict du jury du coroner sur la mort du Dr. McGrath 
a été “ mort de syncope. ” 





EUROPEENNES. 


Le médecin en chef de l'Islande prétend'avoir fait dispa- 
raître la petite vérole, importée dernièrement de France, au 
moyen du soufre et de l'acide sulfureux dissous dans de 
l’eau, qu’il faisait boire à ses patients. 





Un médecin écrit dans la Lancette de Londres qu'il guérit 
la gonorchée et la gleet dans l’espace de deux à six jours, en 
faisant des injections composées d’une solution de permanga- 
nate de potasse. Il met cing, dix ou quinze grains pour cha- 





ES = 


142 L'MNION MEDIOALE DU CANADA. 


que once d'eau. Ces injections doivent être répétées au 
moins quatre fois par jour; elles ne causent ni trouble ni 
douleurs. 

ETAT SANITAIRE DE SCARBOROUGH.—Une commission sera ins- 
tituée par le gouvernement anglais pour s’enquérir de la con- 
dition sanitaire de cette ville. 

Le bureau du gouvernement local a été poussé à prendre 
cette mesure en conséquence d’un mémoire dressé par trois 
médecins praticiens de cette ville, établissant qu’une sembla- 
ble enquête était rendue nécessaire par le grand nombre de 
cas de maladies putrides qui existaieut, dans le moment. 





BQ 


NECROLOGIE. 


Vendredi dernier ont eu lieu, à l’église Saint-Sulpice, les 
obséques de M. Paul Dubois, doyen honoraire de la Faculté 
de Paris, ancien professeur de clinique d’accouchement, 
membre de l’Académie de médecine, commandeur de la lé- 
gion d'honneur, etc., décédé, dans le département de l'Eure, 
à l’âge de soixante-seize ans—(Gazette hebdomadaire du 8 Déc. 
1871). 


CONDAMNATION A MORT.—Le procès du Révérend John Selby 
Watson, ministre anglican de Londres, accusé du meutre de 
sa femme, vient de se terminer par un verdict de cupabilité 
et sa condamnation 4 mort. Le Jury le recommanda toute- 
fois à la clémence de la cour, vu son âge de 67 ans et sa po- 
sition : sa sentence sera sans doute commuée en un empri- 
sonnement à vie. Après avoir assommés Madame Watson 
en la frappant à la tête avec un pistolet, le meurtrier cacha 
son cadavre dans sa chambre à coucher pendant plusieurs 
jours : alors il tenta de s’empoisonner avec de l'acide prussi- 
que, ce qui amena la révélation de son crime. La question 
de l’aliénation mentale ne put être maintenue par la défense. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 143 


R&CRUTEMENT DE L'ARMÉE FRANÇAISE.—La France ne peut 
fourair tout au plus que 300,000 hommes par année qui aient 
atteint l’âge d2 20 ans; et de ce nombre il faut déduire au 
moins 48 par cent d’exemptions pour infirmités, défaut de 
stature et autres causes. L’armée ne peut donc recevoir an- 
nuellement que 156,000 nouveaux soldats, et si ceux-ci sont 
retenus au service trois années pour l'instruction militaire, 
l’armée active s’élévera a 468 mille hommes dont il faut dé- 
duire une proportion pour les. morts et les démissions pour 
diverses causes.—(azette Hebdomadaires. 


os © —_______-- 


ERRATA. 


A la quatrième ligne de la page 63 lisez au lieu de “ écrivent ”’ éminents 
Au bas de la même page au lieu de “ apthie ” lisez apathie. 





NAISSANCES. 


—A Montréal, le 7 fevrier, la Dame de Georges Leclair, M. D., un fils. 
—En cette ville, le 20 courant, Madame J. William Mount, M. D., un 
fils. 


—A Chambly, le 13 courant, la Dame de M. D. 8. Martel, M. D. V., une 
fille. 


En cette ville le 23 du courant, la Dame de Luc Quintal, Ecr., M. D. une 
fille. 


À Ste. Ursule, comté de Maskinongé, le 16 ult. la Dame du Dr. Hercule 
Savoie, une fille. 


MARIAGES. 


—A Longueuil, le 12 courant, par Messire Thibault, curé de l'endroit, 
l’'Hon. Léandre Dumouchel, Sénateur de la division des Mille-Isles, à Da- 
me Marie Elizabeth Bauset, veuve de feu Edouard Lespérance, écuier. 

L’Honorable Sénateur J. O. Bureau servait de père à la mariée, et James 
Watts, écr., au marié. 


144 L'UNION MEDICALE DU CANADA; 


—AÀ Lavaltrie, le 5 ult., Siméon Martineau, M. D.. de l’Université Vic- 
toria, à Memoiselle C. C. H. Phebee Morin. de celte paroissr. 


. DECES. ‘ 


A Chambly, le 12 février, dam: Hermine Phébée David, épouse de C. R. 
Lafontaine, M. D. 


—A St. Roch de l’Achigan, le 15 fevrier dernier, Charles Eugène Napo- 
léon Courteau, M. D. 


La mort |’enlva subitement à l’affection de ses amis et à l'estime de ses 
confrères. 


Beaucoup de regrets le suivent dans la tombe. 








AUX MEDECINS. 


nn 


Tout ordre venant des Medecins, sera exécuté avec 
les meilleures DROGUES et aux plus Bas Prix : 
possible. 


Nous désirons en même temps attirer l'attention des 
Medecins sur notre préparation 


D’huile de Hoie:de Morue 
ET D’HYPHOSPHITE DE CHAUX, 


dans laquelle il n’entre que la meilleur huile de foie de 
morue ; l’estomac le plus délicat peut la garder; son 
gout est doux et elle 4 la consistance de la créme, n’ay- 
ant ni l’odeur ni la couleur de l'huile. 


DEVINS & BOLTON, 


Salle d’Apothicairerie, 
MONTREAL. 


te M tes ee pen the mm 


LYMAN CLARE & Cie. 
Whelesale Druggists, 


IMPORTERS OF 


FOREIGN DRUGS: 


Chemical and Druggist Sundries, 


Surgical Instruments &c., Appliances, &c., &c. 


LYMAN CLARE & Co. 
DROGUISTES EN HOS, 


IMPORTATEURS DE 


DROGUES ETRANGERES. 


Produiis Chimiques, etc., eic. 


Instruments de Chirurgie, Appareils, &c., &c. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Editorial .............. Lee doses cesse reseeses os Levees cesser 146 
Correspondaness,—Dr. Paquet, Dr. Dubue, Dr. Fortier. ..... 147 
Nouvelles anti-Médiecales—Ruxtiens. ce sesessssssecessosss LD 
Opération dans la Metro-péritonite — Dr. 8. Gauthier... » Job 


Revu. des Journaux —Teclerches sur la Physiologie du cer- 
volet, Edets toxiques de Vhydrate de chloral. [Les 
pansements à li ouate de Mr. Alphonse Guérin. L'huile 
essentivlle de térébenthine dans la péritonite. Quinine. 
Uroscopie. Onenent benzoïque dims les fistules anales. 


Pain fait avec l'eau de mer..... wee ceccceveccenscccscecee LON À 177 


Rapport de la Société Médicale de Montréal.— Dr. G. Grenier... 178 


Nouvelles Médicales ........ 0... se cencecccccecceces 


esteeseeaevrenvpevness 187 
Tableau des maladies traitées au dispensaire de la Providence. 190 


SCUSHSUSAPRAOSSSHCTARESSSSTAASCESHSRSNSC REEL ASTSECaCuREOSS 


AVIS DE L’ADMINISTRATION 


Nous apprenons que les noms de plusicurs de nos confrères ont été 
omis, dans notre liste d'envoi. Nous prions ces Messicurs de croire 
que ces oublis sont tout à fait involont ures, inévitables, ct de vouloir 
bien nous en donner avis au plustôt. 





On s’abonne a l'Union Médicale au Bureau de La Minerve, Rue 
St. Vincent, No. 16. 


Toute correspondance devra être adressée à l'un des Rédacteurs 
la Boite 912, Burcau de Poste. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 


e eo 








Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


————— - a _— _— 
~ —— —- - —— — TT € 


Rédacteur en Chef : ; | Ansistants-Ri'dacteurs : 


A DAGENAIS, M. D. 
J. P. ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M. D. 





Vol. 1. AVRIL 1872. No. 4. 





Montréal, ler Avril 1872. 

Les mois de Janvier, Février et Mars que nous venons de 
traverser ont fourni, pour cette ville, une somme de maladies 
et de décès qui dépasse de beaucoup celle des mois sorres- 
pondants des années précédentes. Le chiffre de la mortalité 
des enfants s’est élevé au double de celui de l'année dernic- 
re pour les mêmes mois; et celui des adultes a excédé d’un 
liers, donnant, pour ce trimestre, uu excédant de 150. Si 
t'on compare ces statistiques avec celles des autres villes d'A 
mérique et d'Europe on trouve que Montréal occupe une pla- 
ce proéminente dans la lugubre échelle des mortalités, car 
elle égale, sur ce point, les centres les plus maltraités. 

Les maladies typhoïdes, la scarlatine, la rougeole ont sévi 
à peu près au degré ordinaire et produit les mêmes résultats 
que les années antécédentes ; les inflammations érésy pélateu- 
ses ont fait un bon nombre de victimes. La dyssenterie a 
été plus commune que d'ordinaire et les maladies intestina- 
les en général ont pris une place importante dans |: cadre 
des maladies prévalentes. La petite vérole s’est montrée re. 
doutable à l'excès dans certains quartiers, et elle rend comp- 
te presque à elle seule de la mortalité inaccoutumée qui vient 
d’être constatée. La forme confluente et pétéchiale qu’elle 
revêt, la rend rapidement mortelle. C'est le plus souvent 
entre le huitième et le douzième jour que le malade y suc- 
combe, les croûtes se formant à peu près à cette époque. La 
somme de décès par la variole, pour le mois que nous finis- 


146 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


sons, s'élève au-dessus de 130, ce qui prouve la violence de 
l'épidémie et doit faire réfléchir ceux qui voudraient encore 
s’obstiner à n’y voir que des cas isolés. Cette maladie décime 
surtout la population des faubourgs là où naturellement la 
population est plus à Vétroit et où les précautions hygiéniques 
font le plus défaut. 

C'est dans le canton Delisie-Workman qu'elle se montra 
d'asord, à l’ouest de la ville, et c'est là qu'elle sévit encore 
avec le plus de persistance. Un fuit digne de remarjue c’est 
que la population de la campagne qui s'établit en nombre dans 
cette partie est généralement la plus maltraitée. Est-ce dénue- 
ment, est-ce changement d'air et logements comparativement 
trop étroits. Peut-être les deux. Dans tous les cas, il serait 
fort à désirer que la population fut mise au courant de tout 
ce qui concerne les maladies épidémiques, de leurs causes, 
de leurs progrès et des moyens d'en prévenir le développe 
ment. L'iguorance sur ce point est vraiment déplorable par, 
mi la classe illétrée, beaucoup s'imaginant que ces maladies 
out un caractère de fatalité qu'il est inutile de chercher à 
combattre. Au liefi donc de garder le silence et de cacher 
au peuple une partie du mal qui le dévore, de peur de l’ef- 
frayer, il vaut mieux lui en moutrer l'étendue ct lui en faire 
apprécier les causes. 

Les lieux publics, les églises, etc., sont encombrés de per- 
sonnes qui séjournent avec des varioleux, des scarlatineux 
des typhiques sans se douter que tout ce qui émane d'eux 
est imprégné de miasmes contagieux. L’ignorance est si 
grande chez un certain nombre, qu'on en voitne pas crain- 
dre d'exposer leurs enfants dans un lit commun avec des pa- 
tients souffrant de maladies contagieuses. L'éducation, sous 
ce rapport, est certainement tres négligée surtout parmi nos 
nalionaux. Aussi les statistiques nous donnent une propor- 
tion de décès comparativement tres forte parmi les catholi- 
ques. Sans doute il faut faire entrer en ligne de compte, 
comme causes, les positions et les fortunes respectives des dif- 
féreutes dénominations, mais le manque de connaissances 
nécessaires y reste encore pour beaucoup. 


L'UNION MED:CALE DU CANADA. 147 


Après un semblable hiver, que sera-ce de été? Quand 
les décompositions végétales auront saturé de gaz méphiti- 
ques un air déjà si chargé de principes morbides, on peut 
s'attendre à des épidémies plus redoutables encore. 


CORRESPONDANCE. - 


Messieurs les Rédacteurs de l'Union Médicale, 


A Pexemple du Dr. Ricard, je vous envoie, avec mon abon- 
nement, mes félicitations et mes souhaits les plus sincères 
pour le succès de votre publication. 

Je suis heureux de voir que vous ayez eu le courage de 
combler la regrettable lacune qui existait dans la profession 
médicale et je me dis qu’ensemble, nous tous médecins cana 
diens, nous devons travailler à assurer son eristence, et que 
ce serait une véritable honte si, à votre dévoment, nous ré- 
pondions par l’apathie. Pour ma part, Messieurs les Rédac- 
teurs, si je me propose, de temps à autre, avec votre bienviel- 
lante permission, de vous faire part de quelques cas surve- 
nus dans le cours de ma pratique, ce n’est pas par ce que je 
crois mon tour déjà arrivé, mais bien parce que j'espère par 
là démontrer à mes aînés qu’on doit et qu'il faut à tout prix 
rivaliser de zèle et d’ambition pour assurer le succès de vo- 
tre journal. 

Avant d'aller plus loin, permettez-moi d'espérer que tout y 
sera condensé et donné d’une manière parfailement exacte, 
comme Eberle quand il dit: “ Je n'ai pu sauver que 45 cas 
sur 60, ” fait que bien d’autres auteurs n'aiment pas toujours 
à constater avec autant de franchise ; et pratique comme 
Chailly, quand, à propos de la version pelvienne, n’approu- 
vant pas les minutieuses théories et descriptions de tel ou tei 
écrivain, il dit ‘ que de prétendues précisions, que de détails 
inutiles, ” Il n'y a qu'une réponse à faire à tout ceci, c'est 
qu'on saisit les membres conime on peut; qu'on les prend 
tous les deux, ce quiest rarement possible, et que lorsyu’on 
n'a pu en saisir qu’un, ce qui est la règle, on ne sait pas dans 





148 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


la plupart des cas, si c'est le membre antérieur ou postérieur ; 
et quand on le saurait, cela ne changerait rien au résultat, 
il n’en faudrait pas moins tirer sur celui qu’on a saisi et ter- 
miner l'extraction sans se croire obligé d'aller dans tous les 
cas, à la recherche de l’autre. ” 

J'ai fait cette citation d’un auteur faisant autorité dans la 
science obstétrique pour me faire pardonner la liberté que je 
prends d'insister sur la nécessité d’être, avant tout, pratique. 

Maintenant, je vous transmettrai quelques notes sur un cas 
de rétention spasmodique d'urine dont voici les principaux 
détails 

Louis Patry, aet : 45, cultivateur de peu de moyens, jouis- 
sant d’une excellente santé jusqu'à ce moment, me fit appeler 
auprès de lui pour combattre une rétention d'urine. Les 
souffrances étant déjà très vives, je voulus le soulager de 
suite par le cathétérisme ; mais je trouvai à la portion mem- 
brancuse de l’urêtre une résistance telle que je dûs y renon- 
wer. De suite, j'employai la saignée générale, puis les bains, 
Yopium à haute dose, le chloroforme, les injections hypoder- 
miques de morphine l'extrait de belladone, le tartre stibié 
et tutti quanti et cela du mercredi soir jusqu’au dimanche 
matin, période pendant laquelle il put à peine rendre gulta- 
tim deux ou trois onces d’urine. Je le voyais régulièrement 
une et souvent deux fois par jour, essayant chaque fois inu- 
tilement l'application du cathéter. La distention était 
alors extréme et l’état général qui n'avait jamais offert de ten- 
tance phlogistique très prononcée, présentait des symptômes 
typhoides qui menacaient d’emporter rapidement mon ma- 
lade, à part la rupture de la vessie qui me semblait immi- 
nente. Ayant consulté les auteurs de chirurgie que j'avais 
sous la main, je vis que, des deux alternatives qui me restaient, 
la ponction suprà pubienne, ou recto-vésicale, la premiere 
semblait à peu près abandonnée et que la seconde était en 
plus grande faveur. Croyant alors, comme maintenant qu'on 
est quelquefois injustes en discrédilant un mode d'action 
pour le plaisir d’attacher son nom à du nouveau, je résolus 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 149 


de pratiquer la ponction abdominale. Je retirai à l'instant 
une énorme quautilé d'urine fortement amuoniacale et fon- 
cee. Je passai dans la canule du trocart un catheter élasti- 
que que je laissai à demeure apres avoir retiré la canule. 

Je douuai ensuite à mon malade les stimulants, etc., etc. 
que requérait l'état général, veillant attentivement aux sécré- 
tions, etc., et ayant soin surtout de ne jumais permettre la disten- 
sion de la vrssie qui versait au dehors, par le catheler, toute 
l'urine aussitôt que secrétée. 

Pendant 8 jours encore, lPurètre refusa de donner passage 
aux catheter d'ancnne grosseur et ce ne fut que le Je jour 
que je pus arriver à la vessie naturale vid. Alors fut retiré 
le catheter de la plaie et celui de l'urètre maintenu A par- 
tir de ce moment, la convalescence commença et six semai- 
nes apres l'opération, j'eus le plaisir de voir mon malade en- 
terement rétabli, pouvant excréter fa ilement et sans dou- 
leur aucune, le contenu de la vessie, et en somme très bien, 
ce qu'il a continué d'être depuis. 

Veuillez croire, MM. les Ré que je ne prétends pas don- 
ner ce Cas, comin? élant nouveau pour la science ; au con- 
traire, j'ai suivi des sentiers battus, mais dans lesquels la pro- 
fessiou semble maintenant hésiter à passer, en donnant à 
l'autre mode la supériorité et la préférence. 

Voila ce que Je comprends moins et par les résultats obte- 
nus, je n'hésiterais pas du tout, sous les mémes circonstances, 
à adobter le même mode comme plus facile d'exécution et 
moins sujet aux consequences fâcheuses que lautre. 

Croyez moi, MM les Red. 
Avec mes remercimets, 
Votre, ete. 
St. Cuthbert, Fevrier 1872, Dn. A. HL. Pagvuer. 


A. Messieurs les Rédacteurs, de Union Medicale, 
Messieurs, 
Ayant lu dans votre intéressant journal un article sur les 
bons effets du Chanvre Indien, dans les cas de mcnorraagie, 


150 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


je me promis d’en faire l'essai à la première occasion, ce qui 
ne tarda pas. 

William Touchet, rue Workman, vint me consulter le 19 
Janvier touchant la maladie de son épouse. Voici l’h'stoire du 
cas en peu de mots. La personne est âgée de 42 ans, d’un 
tempéramment faible, a eu 9 enfants et 2 avortements à 24 
mois, son dernier enfant a 21 mois, a été sevré à l’âge d’un 
an. Elle eut ses règles deux fois subséquemmen!, puis deux 
mois de retard, suivis d’une perte abondante pendant 5 jours, 
continuée, en moindre quantité pendant 15 autres jours. puis 
encore 2 mois de retard suivis d’une perte abondante qui n'a 
pas discontinuée, pendant deux mois, époque ou je fus consul- 
té. Je lui donnai deux pilules d'extrait de chanvre indien 
d'un 4 gr. chaque, à prendre une soiret malin, lui recomman- 
dant de venir me donner des nouvelles le lendemain soir. Je 
le visarriver le lendemain midi hors d’haleine, me disant que 
sa femme se mourait, qu’elle était paralysée, etc., et qu’elle 
perdait comme d'habitude. Je rétablis le calme dans ses es- 
prits, en lui disant que c'était là l’effet des remèdes et qu’il 
eut à revenir lesoir. Il revint en effet, consolé, me dire que 
la malade était mieux et que la perte était complètement ar- 
rètée. Je lui donnai deux autres pilules à prendre le soir 
seulement. Deux jours après, il m'apprit que la perte n'était 
pas revenue. Alors j’administrai la teinture de muriate de 
fer pendant une ou deux semaines. Hier, 15 Mars, c’est-à-dire 
2 mois depuis l’administration du chanvre indien, ayant eu 
occasion de voir le mari, je lui demandai des nouvelles de 
cette patiente ; il m’apprit qu’elle allait de mieux en mieux, 
que l’appétit et les forces lui étaient complètement revenues 
et qu’elle avait été menstruée deux fois depuis d’une manie- 
re naturelle tant à la durée qu’à la quantité. Je crois que 
ce cas corrobore pleinement l’efficacité et surtout l'efficacité 
presqu’instantanée du chanvre indien, c'est ce qui faisait di- 
re au mari que c'était des pilules miraculeuses, tout en 
avouant franchement qu'il avait cru d'abord que, métant 
trompé de rémède, j'avais empoisonné sa femme. 

Montréal, 16 Mars 1872. C. Dusuc, M. D. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 151 


SCANDALE. 
Messieurs les Rédacteurs, 


On lit en maints endroits qu’autrefois la médecine était tres 
honorée ; qu'il fût un temps où les rois de l’ancienne Grèce 
étaient choisis parmi les médecins devenus prètres ; un temps 
heureux où l’on donna sept villes de la Grèce à l’un des As- 
clépiades ; où Daméte concéda la Chersonèse à Podaligre, à 
titre de dot, en le mariant avec sa fille, qu'il avait guérie ; où 
la ville de Vénise éleva une statue à Fabrice d’Aguapendente 
et lui fit une pension annuelle de mille pièces d'or. L’histoi- 
re fait aussi mention de la libéralité des rois de France qui 
honoraient de leur intimité l'homme qui les approchait pour 
les guérir. 

On lit cela avec plasir ; mais rien de semblable ne s'est vu 
et ne se verra dans notre pays. 

Si la médecine a fait des progrès merveilleux dans le do- 
maine de la science depuis Hippocrate, tout le monde con- 
viendra qu’elle est pitoyablement déchue de son antique di- 
guité. Cet aveu fait d’une manière générale reçoit sa triste 
application dans notre jeune pays où la médecine, semblable 
à une prostituée, appartient à tout le monde, est exploitée 
par le premier venu, par l’éhonté ; jetée sur nos rives, sans 
protection, elle est demeurée au service de la cupidité jusqu’à 
nos jours, sans réveiller l'attention du législateur. Incom- 
prise, mal rétribuée, la médecine croupit dans l'oubli, le mé- 
pris et l’avilissement. 

Il est humiliant, superlativement humiliant d’avoir à cons- 
tater un état de choses aussi affligeant. 

Il est bien vrai que nous avons pour fiche de consolation 
un chapitre très honorable aux médecins dans l’Ecclésiasti- 
que ; il est bien vrai qu’on y voit l’origine divine de la méde- 
cine, la gloire de notre profession et les avantages qu'en reti- 
rent les hommes ; et tout cela sous une pienture qui donne 
une hante idée des services importants que notre art salutai- 
re rend à l’humanité. 

Mais connaît-on généralement cet important chapitre ? A 


152 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


en juger par ce qui se passe autour de nous, on peut répon- 
dre par la négative, et ajouter que dans certains cercles on 
affecte de l’ignorer. Tout le monde fait de la médecine, de- 
puis le mandiant jusqu’an dignitaire ; c’est un véritable dé: 
vergondage. Il n’y a pas jusqu'à la presse qui ne prodigue 
tous les jours son mépris envers les hommes de l'art en pu- 
bliant à profusion des recommandations en faveur de personnes 
étrangères à l’art de guérir. On a vu même de ces recom- 
mandatious dans les colonnes dune certaine presse religieuse 
qui menace de se fanatiser pour un ignoble charlatanisme. 

Il est donc bien facile de faire litière de la morale qui nous 
dit tout droit : ** Medici et alit qui hanc artem (medecinam) im- 
‘* perili exercent, peccant mortaliter tenenturg®e damna ex sud 
‘ imperilià orta resarcire. ” 

Ce n’est pas tout; c'est au milieu de nous que nous voyons 
commettre de ces choses bien propres à jeter notre profession 
dans le discrédit. Ne voit-on nas ceitains médécins, assez 
peu soucieux de la dignité de leur état et de l'honneur du 
corps auquel ils appartiennent, transiger ct capituler avec Pi- 
gnorance pour servir des vues d'intérêt mal éclairées ? Je 
pourrais appuyer cet avancé de plusieurs faits, à ma connais- 
sance ; un seul suffira pour le moment. 

Il n’y a pas bien longtemps, la tendresse paternelle d'un 
riche Monsieur, appartenant à une de nos professions libéra- 
les, fut mise à l'épreuve par une fracture survenue sur un des 
membres de son fils unique, à la suite d’un accident. 

Deux médecins furent appelés, oplimé; mais le démon de la 
souffrance s'étant permis d'arracher quelques plaintes ameres 
au jeune patient, le père tout ému, fit redemander, tour-a- 
tour, les deux médecins ; optimè, encore; mais Ceux-ci sont 
auprès d’autres malades et seront de retour avant longtemps. 
Mais notre riche Monsieur qui croit, dans son exigeante 1m- 
patience, que le monde a dû commencer à son chevet et doit 
finir au pied de sou lit, fit venir le ramancheur du canton. 
Pessimè, pour un homme instruit (') 

Le ramancheur tout rayonnant de joie et d’un légitime or- 


æ 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 153 


gueil, commença par enlever l’appareil pour y substituer le 
sien d’une physionomie plus rustique; puis après avoir fait 
maintes ordonnances il se retira solennellement avec les 
compliments gracieux des personnes du logis! 


Jugez de l'étonnement que dürent éprouver les deux médc- 
cins ; l’un d'eux. adressa sur le champ une petite note au ri- 
che Monsieur pour Pinformer qu'il ne pouvait continuer ses 
visites après un tel témoignage de confiance ; mais l'autre 
médecin, sans froncer le sourcil et sans manifester le moir- 
dre mécontement, but sans facon cette nouvelle coupe, de 
déception et continua ses visites, comme ci-devant. 


Un jour, cependant, sa censcience médicale lui fit rom. 
pre le silence pour modifier le traitement, à ses yeux 
trop empirique ; mais une commere du voisinage, à langue 
bien pendue, lui rappela avec un sans gûne de convic- 
tion que Mr. X., le ramancheur, avait préscrit telle chose ct 
qu'il n’y avait rien de mieux, parce que, dit-elle, elle avait eu 
occasion d’en constater les bons effets, en semblable circons- 
tance, sur un des membres de sa famille (!) Notre malheu- 
reux confrère, à sensibilité émoussée, eut le courage de ne 
point réclamer et se soumit lâchement aux exigences de la 
prétention et il avala, sans nausées, cette seconde avanie ! 


Honte au médecin qui en courtisant ainsi les adeptes de 1’i- 
gnorance flétrit une noble profession ! Son nom, qu’il serait 
facile de donner, tracé en grosses lettres de boue devrait ètre 
connu du monde médical qu’il oublie ; ce serait, peut-être, le 
seul moyen à lui offrir pour lui faire éviter une rechute. 

En attendant ce châtiment, mettous sous les yeux de notre 
malheureux confrère ces paroles sacrées qu'il pourra méditer 
pendant les longs loisirs que lui donne son culte pour les 
charlatans : ‘* Honora medicum propter necessitatem : ete- 
“nim illum creavit Altissimus. 

‘* Disciplina medici exaltabit caput illius, et in conspectu 
“ magnatorum collaudabitur. 


154 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
\ 


 Altissimus creavit de terrd medicamenta, et vir prudens 
‘ non abhorrebit illa. 

« Ad agnitionem hominum virtus illorum, et dedit homi- 
 nibus scientiam Altissimus, honorari in mirabilibus suis. 

‘In his curans mitigabit dolorem, et unguenturius faciet 
 pigmenta suavitatis, et unctiones conficiet sanitalis, et con- 
‘ summabuntur opera ejus. 


 Etenim illum Dominus creavit: et non discedai a te, 
‘ quia opera ejus sunt necessaria, etc., etc., etc.” 
Ecclest. C. XX XVIII. 
Et la réflexion lui fera comprendre que sa corduite provo- 
que le mépris et engendre des préjugés terribles 4 combattre. 
Tout à vous, 
Dr. L¥onanp Acs. FoRTIER. 


ES RS el 


NOUVELLES ANTI-MÉDICALES. 

Le Comté de Vaudreuil a la fortune de compter les médi- 
castres suivants : 

Le Dr. (!) Campeau, cultivateur, qui a fait fureur autrefois 
avec ses racines ; mais dont l'étoile pâlit depuis quelques an- 
nées,—ineapable de se déshabituer à représenter les méde- 
cins comme conspirant sans cesse contre la vie du monde au 
moyen de la potasse et du mercure. Bavard de la pire espèce 
qui réussit encore à faire des dupes. 

C. Diotte, faiseur de bardeaux, chargé d'enfants, se dit ra- 
mancheur, y croit lui-même, n’y entend pas malice; d’une 
réputation pas tout-à-fait solide comme rebouteur. 

Metcalf, du bas de la grande côte de Vaudreuil, maréchal 
populaire ; d'une malpropreté sui generis; ne sachant à qui 
donner la tête dans son taudis, mais trouvant fort bien le 
moyen de glisser un collyre, un purgatif et des amers, etc., 
avec ses fioles de gargling oil, ses condition powders ou son ON- 
GUENT VARTE : reçoit amoureusement les vingt-cinq centins 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 155 


en causant sur les troubles du mauvais mal ; se contente de 
faire de Ja médecine intra muros seulement. 

Sévère Lemaire, ci-devant marchand de Ste. Marthe, pur- 
tant barbe longue et artistement pointue, au regard oblique 
et à l’air grâve, entreprend de guérir radicalement tous ceux 
ou toutes celles qui ont la bonté de se présenter chez lui. 
Muni d’une loupe qui lui rend de grands services pour ar- 
ranger les montres et les horloges qui encombrent son office, 
il examine religieusement boutons, papules, vésicules et ga- 
les ; mème certains liquides.....D'une impudence rare, il va 
à domicile visiter les patients et distribue à deux mains le 
R. R.R.. l'huile de castor, le rognon de castor et force raci- 
nes. Marié depnis peu, le voilà propriétaire, de facto, du 
titre de Docteur que la duplicité et la simplicité lui on dé- 
cerné dans un moment d'entente. 

Je ne mentionnerai pas un nommé Clark, cultivateur, réduit 
à la besace, mais grand joueur de violon, qui, dans l'espoir 
de gober quelques sous précieux, s'est senti tout récemment 
appelé à soulager l'humanité souffrante. 

Je ne dirai rien des marchands du comté qui sunt presque 
tous agents du Radway, du Pain-Killer, du Bon Samaritain et 
de tous les médicaments qui se disputent le patronage de la 
bétise humaine et qui s'entendent 4augmenter le nombre des 
patients. 

Drôle d'institution que celle de laisser vendre des médica- 
ments par tout le monde!!! 

Enfin, ce beau comté possède aussi un médicastre qui fait 
de la spécialité. Cette fois, c'est un révérend monsieur qui 
jouit d’une réputation monstre pour traiter les cancers, les 
chancres |!) Armé d’un emplâtre caustique, il fait une guère 
à tous les clous, toutes les verrues, les gales et les tumeurs 
qui s'amusent à flâner sur le corps des habitants du comté ct 
des alentours. Et j'ai rencontré plus d’une personne exhiber 
complaisamment les cicatrices produites par l’emplätre sacrée 
du révérend monsieur. 

Il y a à parier un contre dix que ce monsieur trouverait à 


me = 


156 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


redire contre le médecin quise permettrait de parler sans 
gène, contre la confession et l’infaillibité. 

Oh!!! C'est drôle, encore. Et tous ces médicastres sont 
autant d'hypothèques sur la confiance die anx hommes de 
l'art. . 

Les choses étant ainsi, il n'y a rien d’élonnant qu'on ait 
vu, dans la premiere quinzaine de Février, une ramancheuse 
depuis peu établie a la ville, être appelée a Vaudreuil pour 
une fracture ! 

Quo usquè landem abutere palientid nostrd......... be tecceneeceeeee 

RusrTicus. 
00 — 


‘ OPERATION DANS LA METRO PÉRITONITE. 


Le neuf Novembre 1871, je fus appelé auprès de Ma- 
dame xxx, jeune femme de vingt ans, d'un tempéramment 
délicat, pour l’assister dans son premier accouchement. La 
maladie se passa de la manière la plus heureuse, sans aucu- 
ne intervention de ma part. Six jours après, elle se plaignit 
de douleurs dans l'abdomen, et d’une grande gène dans la 
respiration. Le pouls était vif, la transpiration abondante, 
le ventre ballonné et très sensible à la pression ; les selles 
tantôt solides, tantôt diarrhéiques. Le diagnostic n'offrait au- 
cune difficulté; j'avais à traiter une métro-péritonite, com- 
pliquée d'une forte congestion aux poumons. Je réglai mon 
traitement sur les symtômes que présentaient ces deux ma- 
ladies. J’appris, par mon interrogatoire, que la patiente avait 
eu une inflammation de poumons deux ans auparavant, 

Les sept jours qui suivirent l'invasion de la maladie, ne fu- 
rent marqués d'aucune amélioration. Les parents alarmés, 
demanderent une consultation ; ils s'adressèrént à un méde- 
cin reconnu comme possédant une vaste expérience dans le 
traitement de ces maladies. Le résultat de la consultation 
fut que la patiente devait succomber avant douze heures. 

Le lendemain, je visitai la malade, car j'avais conservé 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 197 


l'espoir qweile ne mourrait pas aussi vite qu'on l'avait dit: 
en effet, elle semblait éprouver un peu moins de géne du 
côté des poumons ; du côté du ventre, les symptômes étaient 
les mêmes. 

Le onze Décembre, c'est-à-dire trente-deux jours après lac. 
couchement, et vingt-six jours depuis le début de l’inflam- 
mation, je demandai une nouvelle consultation avec le mé- 
me médeci., J'avais constaté un épanchement considérable 
de matière purnlente dans la cavité abdominale. Malgré les 
vomissements, l'odeur insupportable qui empoisonnait la ma- 
lade, la sensibilité extréme des parois de l'abdomen, les 
sueurs abondantes, le médecin consultant ne put être con- 
vaineu qu'il y avait là un épanchement purulent. Je dus, 
en conséquence de cett? opinion contraire, remettre l’opéra- 
lion à plus tard. 

Huit jours après, c'est à-dire quarante jours depuis l’accou- 
chement, je décidai de faire l'opération ; pour cette fin, je de- 
mandai l'assistance du mème médecin qui consentit cette fois 
à opérer. Le gros trocart fut enfoncé à une profondeur de 
deux pouces, sur le trajet de la ligne blanche, à mi-chemin 
entre l’ombélic et le pubis. Le pus, tel qu'on le rencontre 
dans un phlegmon, sortit en abondance ; la quantité équiva- 
lait à deux chopines. 

Quelques jours plus tard, une ouverture se fit à ’ombélic, 
par laquelle il se déchargea encore beaucoup de pus. 

Aujourd'hui, cette femme est parfaitement rétablie; les 
seins ont recominencé à sécréter le lait; elle peut, en con- 
séquence, nourrir son enfant, ce qu'elle n'avait pas pu faire 
pendant l’interval de sa maladie. 

Dr. S. GAUTHIER. 


158 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 
REVUE DES JOURNAUX. 


RECHERCHES SUR LA PHYSIOLOGIE DU CERVELET 
Par le Dr Weir MitTcHELt. 
. Compte rendu par M. H. Garé, interne des hôpitaux de Nantes. 





Le docteur Weir Mitchell (de Philadelphie), membre de 
l'Académie nationale des sciences des Etats-Unis, et si connu 
par ses beaux travaux sur le venin des serpents à sonnettes, 
vient de faire paraitre un mémoire intitulé : Researches of the 
physiology of the cerebellum, dans lequel il essaye de débrouil- 
ler le chaos qui enveloppe encore cette partie de la science 
de la vie. 

Nous allons en donner une succincte analyse et en citer 
quelques passages ; ils feront mieux comprendre encore l’im- 
portance du travail : 

‘6 J'ai. dit l’auteur, enlevé le cervelet plus de 87 fois, fait 
plus de 206 expériences sur l'influence des irritants par rap- 
port à cet organe et aux organes adjacents. Depuis un an 
et demi que j'ai introduit dans ces recherches physiologi- 
ques l'usage du froid excessif, par la méthode de Richardson, 
ÿai ajouté d'innombrables expériences à mes anciennes et ob- 
tenu des résultats qui, s'ils laissent quelque chose à désirer, 
n’en suffisent pas moins pour m’engager à publier, mes con- 
clusions. J’ai enfoncé une alène à travers le crâne, j'ai lié 
l'organe apres m'ètre servi du trépan, ou, chez les oiseaux, 
après avoir enlevé un morceau du crane ; j'ai injecté, dans 
le cervelet, des globules de mercure, avec ou sans perchlo- 
rure de fer pour arréter ’hémorrhagie ; j'ai congelé plus ou 
moins bien l’organe, le laissant ensuite dégeler pour pro- 
duire de la congestion ; enfin, j’ai peint la partie avec de la 
teinture de cantharides ou de tout autre liquide irritant.’ 

Mais de tous ces procédés, celui auquel il donne de beau- 
coup la préférence, c'est la congélation par la rhigoline au 
lieu d’éther, selon la méthode de Richardson : 

‘ La seule grave objection qu'on puisse lui faire, c'es! 
qu’il est difficile d’en limiter les effets.” 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 159 


Les résultats qu’il a ainsi obtenus de ces diverses méthodes 
different peu de ceux qu'ont observés les autres expérimenta- 
teurs. Il n’a jamais noté de trouble intestinal permanent après 
ces opérations ; mais il a vu, dans les graves blessures des ré- 
gions postérieures, chez les oiseaux, un renversement de la 
tête en arrière qui donne à la démarche de ces animaux un 
air de fierté. L'auteur a vu le mouvement en avant et la 
marche à reculons, tous les deux produits successivement 
par une seule et même lésion de la région postérieure du cer- 
velet, contrairement a ce qu’en disent Magendie, Flourens et 
Longet. Il ne pense point que la marche en arrière soit due 
spécialement, chez des oiseaux, à une lésion accidentelle des 
parties subjacentes, ou du moins il pense que certaines irri- 
tations, comme la congestion limitée du cervelet, sont suffi- 
santes pour produire cet effet. D’après lui, chez les lapins, 
le froid appliqué modérément à la moelle allongée à travers 
l'espace occipito-atloidien ne donne lieu qu’à des convulsions 
générales. Le mouvement en avant résultant de l'application 
du froid au cervelet est toujours le premier, et il est vite suivi 
du mouvement de recul : 


On dirait le premier effort d’un animal égaré et qui cher- 
che à fuir. ” 


Tous les phénomènes de cet ordre, il ies rapporte au cer- 
velet, qui dit-il, est capable de les produire directement, et il 
le démontre expérimentalement. Quant aux changements 
dans la nutrition de l'œil, il les a fréquemment rencontrés 
chez les lapins, les cochons d’Inde ; jamais chez les pigeons; 
mais il n'a jamais observé l’amaurose proprement dite, dont 
parlent beaucoup de physiologistes. 

L'auteur entre alors dans le détail de ses expérimentations ; 
il nous apprend qu’il a réussi jusqu'ici à conserver la vie à 
neuf pigeons sur qui l’ablation de larges portions du cerve- 
let avait été pratiquée : 

Un de ces oiseaux est aujourd’hui bien vivant en ma pos- 
session. Quatre qui furent tués de deux semaines à deux 


2m 


160 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


* mois après l’ablation, présentèrent une destruction de l'orga- 
ne que je puis dire complète. ” 

Pour lui, la principale cause d’insuccès apres ces opéra- 
tions, c’est l’abaissement subit de la température Pour le 
neuvième de ses opérés, quatre mois après, il n’y avait pas 
de différence entre lui et ses compagnons, intacts de toute 
lésion : 

Toutefois, dit l’auteur, quand il court autour de la cham. 
bre, il cesse plus tôt que les autres, et quelquefois tout à fait 
subitement, Ce symptôme existe dans beaucoup de cas, 
mais il a d'autant plus de valeur intrinsèque qu'il est vu plus 
tard après l'opération. Le dernier signe de maladresse qu'il 
présenta fut une certaine absence de la faculté de diriger 
son bec. ” 

_ Comme conséquences immédiates de l’ablation du cervelet, 

le savant Américain indique les symptômes de titubation de 
Flourens, en un mot, tout ce qu’on a décrit comme consti- 
tuant l’incoordination. Mais cet‘e confusion dans les mouve- 
ments ne pourrait-elle pas provenir d’actions musculaires ré- 
flexes ? La chose est assez vraisemblable. En effet, ces actions 
réflexes contrebalanceraient complètement, pendant quelques 
temps, l'influence des centres de la volonté, qui sont d’ordi- 
naire tout puissants. 

& IL est à remarquer, ajoute l’auteur, que, pendant la gué- 
rison, les désordres se reproduisent souvent si l’on fait du 
bruit, si l’on fait peur à l'animal ou qu’on le manie brusque- 
ment ; en un mot, il suffit de toute cause qui produise des 
mouvements rapides ou une circulation accélérée.” 

‘ Le seul changement permanent qu'il ait vu est le suivant, 
dont nous avons déja dit quelque chose : 

Tous les oiseaux qui ont survécu longtemps m'ont paru in- 
capables d’un effort aussi prolongé que leurs camarades sains _ 
de toute lésion et m'ont semblé aussi se fatiguer beaucoup 
plus vite... Le vomissement n’est pas rare, mais je ne l'ai ja- 
mais vu plus tard que le second jour, et il est curieux de no- 
ter qu'il ne survint que dans l’un des cas où la survie fut 


Ed 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 161 


d'une semaine. Ce seul fait m'inclinerait à penser qu'il est 
toujours di, quand il se voit, à une lésion des régions sous- 
jacentes au cervelet. 

La nutrition, en général, continue parfaitement bien. 
Quant à la diarrhée, il l'explique par une succession d’irri- 
tations affectant les tissus moteurs du canal alimentaire, 
puisqu'il admet l'intervention constante du cervelet dans 
l’activité motrice des fibres musculaires de la vie organique 

La guérison obtenue, “ le sujet ne peut prolonger ses efforts. 
A part cela, la locomotion est intacte. Dans la région de la 
sensation, aucune altération ne peut être perçue, et dans la 
sphère des activités sensibles, il m'a été impossible de dé- 
couvrir de changement. ” 

Quant à l’activité des organes de la génération après la 
destruction du cervelet, la question a été résolue en hien 
des sens ; mais. pour lui, tout est encore à refaire sur ce 
point, et la difficulté de l’expérimentation est extréme. 

Ici l’auteur récapitule les principaux résultats que l’appli- 
cation du froid lui a donnés. 

Au printemps de 1867, il découvrit que, lorsque la colonne 
vertébrale est gelée en quelque point au-dessus des vertèbres 
dorsales, il s’en suit des résultats curieux. 


‘ Les expériences, dit-il, varient beaucoup; mais, dans un 
grand nombre... tout me représenta à l'esprit les lésions du 
cervelet que j'ai vues si souvent suivies de phénomènes sem- 
blables.... J'ai également remarqué que la congélation du cer- 
velet donne précisément les mêmes résultats. Ensuite, je dé- 
couvris que l'irritation directe du cordon cervico-spinal par 
des irritants occasionne des mouvements en arrière, et que 
l'influence des irritants dure plus que celle du froid.” 

Tous ces phénomènes, il les rapporte à Virritation, la con- 
gestion que le froid produit secondairement : 

Que le froid soit appliqué là (cervelet) ou à la colonne 
vertébrale, les phénomènes du mouvement tardent souvent à 
apparaître une minute ou plus, mais ils vont ensuite en aug- 





162 L'UNION MEDICALE DU CANADA 


mentant d'intensité pendant quelque temps—L’été suivant, 
je fis une très-curieuse découverte : si l’on applique subite- 
ment le froid en des points déterminés de la peau d’un pigeon, 
on a précisément les mêmes mouvements à reculons que lors- 
que l’on congeèle les régions de moelle qui leur correspon- 


dent. 
te Quand je congelais le côté gauche ou le côté droit du ja- 


bot, le pigeon marchait du côté opposé à celui qui était con- 
gelé. Il y avait donc là ressemblance frappante avec les ré- 
sultats des lésions du cervelet. ” 

Enfin, au 1er juillet 1868, l'auteur découvrit, à sa grande 
surprise, que ces pigeons, après avoir perdu une partie ou la 
totalité du cerveletet s'être guéris, étaient encore capables de 
produire dans la perfection des mouvements à reculons, des 
convulsions en arrière et la marche de côté. Dès lors il ne 
pouvait plus rapporter au cervelet ces espèces de spasmes de 
la coordination, toutes les apparences d'équilibre, les convul- 
sions, etc. L'auteur admit donc que les'lésions du cervelet ne 
produisent point le défaut de coordination, lequel est dû à des 
affections mécaniques et intercurrentes des parties voisines. 

‘“ Chez les oiseaux, les lésions et la congestion de la moel- 
le occasionnent d’abord un semblant d’incoordination ou tout 
au moins des phénomenes semblables a ceux qui résultent 
de lésions pareilles du cervelet. Lorsque le cervelet a été 
enlevé, l’irritation de la moelle continue encore à développer 
les mêmes symptômes que quand le cervelet est intact. Ces 
faits prouvent que ces deux organes, chez les oiseaux au 
moins, ont une curieuse communauté de symptômes patho- 
logiques et probablement de fonctions physiologiques. ” 

L'auteur ajoute : “ Supposons que le cervelet soit une gros. 
se masse ganglionnaire qui a les mêmes facultés motrices 
que la substance grise de la moelle et se rattache comme elle 
et par elle aux muscles qui obéissent à la volonté : les irrita- 
tions de son tissu, l’ablation, ou ce qui équivaut momentané- 
ment à une irritation étendue, les congestions provenant de 
application du froid ou d’autres causes, peuvent produire 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 163 


directement, par la moelle, ou indirectement, par réaction, 
sur son tissu, justement la confusion dans les mouvementr, 
l'agitation et les désordres de la locomotion que nous voyons 
actuellement. Si un organe est perdu et qu'aucune fonction 
finalement ne disparaisse, ou bien cet ergane n'en possède 
point, ou bien il en possède une en commun avec quelqu’au- 
tre partie qui reste intacte et capable de suppléer seule le 
jeu des tissus détruits. Pour ces motifs, je suis disposé à re- 
fuser au cervelet une plus large part dans la coordination 
que celle qui appartient à tout ganglion servant au mouve- 
ment volontaire et à lui assigner une puissance qui le ratta- 
che étroitement au cordon nerveux de la moelle. Le cerve- 
let devient donc pour moi un organe puissant de renforce- 
ment capable de servir plus ou moins pour les mouvements 
musculaires soumis à la volonté... L’apparence d’incoordina- 
Lion qui se voit après les sections faites dans les couches les 
plus profondes du cervelet est simplement une confusion des 
mouvements due à l’action réunie de deux causes séparées et 
intercurrentes. Dans la santé, le cervelet est comme réveil- 
lé par la volonté, quand elle a besoin de lui, et agit, à tra- 
vers la moelle sur les muscles. Après Virritation ou l’abla- 
tion (équivalents pour un temps à une irritation étendue), 
nous avons en jeu deux forces opposées : la première, ce sont 
les fibres afférentes du cervelet excitées et blessées, force in- 
constante, irrégulière, involontaire ; la seconde, c’est l’acti- 
vité normale de la volonté qui, en présence de cette premiè- 
re force perturbatrice, s'efforce, mais en vain, de développer 
dans les muscles le mouvement ordinaire et régulier. Le ré- 
sultat genéral, le physiologiste le voit dans l'étrange confu- 
sion de la motilité qui s'offre si souvent à ses yeux. ” 

Mais l’auteur ne prétend point affirmer par là que le cervelt 
n'a pas d'autres usages ; il pose seulement cette conclusion: ci : 
que chez les oiseaux, ‘ la parenté des fonctions entre le cer- 
velet et la moelle est nettement établie” Ainsi chez les oi- 
seaux, pour lui, le cervelet est un grand centre suplémentai- 
re de puissance motrice que la voionté met habituellement 


164 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


en activité et qui coopère avec la substance nerveuse de la 
moelle. Mais ne peut-on pas généraliser cette théorie et l’ap- 
pliquer aux mammifères ? [1 n’y a rien dans les expériences 
du cervelet des mammifères qui puisse l’infirmer. 

‘© Les irritations du cervelet chez ces derniers animaux 
produisent exactement le même genre de troubles de la loco- 
motion et d'irrégularités que chez les oiseaux. ” 

Quant aux symptômes consécutifs à l’ablation, ils sont moins 
concluants, car ils sont trop passagers, l'animal survivant 
très-peu à l'opération. D'ailleurs il ajoute : 

‘ Les expériences comparatives sur des animaux apparte- 
nant à des classes inférieures à celles des oiseaux me sem- 
blent prouver encore avec une plus grande valeur l’idée que 
j'ai déjà démontrée que le cervelet est principalement un ren- 
flement moteur supplémentaire des cellules nerveuses de la 
moelle, comme elle, obéissant à la volonté.” 

Enfin l’auteur cherche, même dans l'étude clinique des af- 
fections du cervelet, les preuves qu'elles peuvent fournir à 
l'appui de sa théorie : 

‘ Luys, dit-il, dans cent observations, a noté quarante-sept 
fois la faiblesse musculaire progressive ; je suis moi-même 
arrivé à peu près au même résultat après avoir étudié d’au- 
tres cas que les siens, et je me crois autorisé à dire que, si la 
démonstration pathologique est peu concluante, il y a plus 
en faveur des idées que j'ai exposées qu’en faveur de toutes 
les théories qui ont précédé. "—{Gazette des hopiteauz.) 


EFFETS TOXIQUES DE L'HYDRATE DE CHLORAL. 
par N.-R. SMITH. 


Depuis que le chloral est devenu l’un des médicaments 
hypnotiques les plus employés, on commence à compter des 
cas d’empoisonnement, et de plus on peut observer des phé- 
nomènes toxiques résultant de l’administrat'on répétée de 
cet agent. Le professeur de Baltimore a eu l’occasion 4’ob- 
server des symptômes qui rappellent ceux qui surviennent 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 165 


à la suite d’un traitement prolongé par (l’ergotine. Son at- 
tention, dit-il, fut éveillée sur ce po‘nt dans une consultation 
donnée à un médecin âgé. Celui-ci présentait une affection 
singulière des doigts, caractérisée par la desquammation de 
l’épiderme, des ulcérations superficielles placées plus spécia- 
lement vers les [bords des ongles. Il éprouvait de la dou- 
leur et une sensibilité exagérée au toucher, en mème temps 
un malaise général et de l'accélération du pouls. Ce méde- 
cin était convaincu que ces troubles étaient la conséquence 
de l’usage, prolongé pendant plusieurs mois, de chloral, em- 
ployé par lui à larges doses comme hypnotique. Des appli- 
cations locales astringentes amenèrent promptement la gué- 
rison ; mais trois semaines plus tard le docteur Smith fut ap- 
pelé prés de ce médecin, atteint d’ure bronchite grave avec 
un pouls battant 140, et affaiblissement extréme des batte- 
ments cardiaques. Le malade en mourut, et, bien que rien 
ne soit plus commun à cet âge que de mourir de bronchite, 
M. Smith ne soupconna par l’usage du chloral comme cause 
de la mort. 

Mais, 4 quelques semaines de distance, le docteur Smith 
fut appelé auprès d’une femme, âgée de vingt-deux ans, qui 
souffrait précisément de la mème affection des doigts, etavait 
pris depuis un mois du chloral comme hypnotique. Cette 
femme, ne souffrait d'aucune affection générale, mais depuis 
dix jours elle présentait de l’anasarque ; les battements du 
cœur étaient très-faibles, le pouls marquant 140. La respi- 
ration était extrêmement embarrassée et l’urine contenait de 
l’albumine. Cette malade guérit par l’usage des stimulants 
et des diurétiques. 

Le docteur Smith a eu connaissance de deux autres cas, 
dans lesquels :a mème affection des doigts suivit l'emploi du 
chloral. Il a également rencontré deux cas de mort par des 
doses exagérés de chloral : dans l’un, une personne qui pre- 
nait habituellement $ drachme (2 grammes environ), mourut 
subitement après avoir pris 3 drachmes (12 grammes environ). 

Dans un autre cas, la malade s’endormit pour ne plus se 


166 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


réveiller. Enfin, chez une femme qui éprouvait des douleurs 
vives avec impossibilité de sommeil a la suite d’une opération, 
1 drachme 172 (6 grammes) fut injecté dans le rectum ; la 
malade tomba aussitôt dans le coma et mourut en trois heu- 
res. 

Ces divers cas suffisent, suivant M. Smith, à établir les ef- 
fets toxiques de cet agent puissant. Il est probable qu'ils se 
produisent de deux manières. Lorsqu'on donne des doses for- 
tes, et surtout lorsque l’économie est en quelque sorte char. 
gée par une administration prolongée du médicament, le 
chloral détruit les forces de la vie et tue brusquement. Lors- 
qu'il est donné à petites doses et continué longtemps, il pro- 
duit une forme d’empoisonnement comparable à l’ergotisme. 

Nous avons déjà cité, dans la GAZETTE HEBDOMADAIRE, des 
cas d’empoisonnement par le chloral. Tout en tenant compte 
de leur petit nombre par rapport à l’usage si étendu du chlo- 
ral, on voit qu’il y a lieu d’en surveiller l’emploi. (Boston me- 
dical and surgical journal et Medical Times and Gazette, 23 sep- 
tembre 1871.—Gazette Hebdomndaire. 





LES PANSEMENTS A LA OUATE DE M. ALPHONSE 
GUERIN, 


par M. Raout Hervey. 


En attendant que nous puissions consacrer à l'étude des 
pansements à la ouate l'espace que mérite cette méthode de 
traitement, dont M. Alphonse Guérin est certainement l’in- 
venteur, malgré quelques revendications dont il a été fait 
prompte justice, nous empruntons au premier travail dans le- 
quel le sujet est complètement traité, des indications générales 
sur ce mode de pansement. 

» pansement que M. Alphonse Guérin a imaginé n'est 
point simplement un pansement des plaies avec de la ouate: 
celle-ci y joue uu véritable rôle, grâce auquel le membre 
amputé ou blessé bénéficie de l'application de plusieurs gran- 
des méthodes chirurgicales qui produisent chacune d’excel- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 167 


lents effets. La ouate est employée dans le but de filtrer l’air 
qui arrivera jusqu'à la plaie ; elle doit donc être appliquée 
en quantité suffisante pour réaliser les qualités d’un filtre, et 
en même temps les couches d’ouate doivent être assez abon- 
dantes pour qu'on puisse soumettre les parties qu’elles recou- 
vrent à la compression élastique. 

Filtration de l’air, compression élastique (Burgraeve), voilà 
ce que doit toujours réaliser le pansement à la ouate. 

‘Voyons comment on y parvient. Nous supposerons qu’il 
s’agit du pansement d'une amputation de cuisse par la mé- 
thode circulaire. Une fois les ligatures principales faites, le 
chirurgien s'applique à faire la recherche des vaisseaux qui 
donnent encore du sang ; il en fait la ligature et détermine 
ainsi l’hémostase aussi complètement que possible. La plaie 
est alors lavée, d’abord avec de l’eau tiède, puis avec un mé- 
lange d’eau et d'alcool camphré, ou d’un liquide antiseptique 
quelconque. Le membre est débarrassé de toute souillure 
et essuyé avec soin. Les fils des ligatures sont coupés ras, 
sauf celui de l’artére principale. On vrocéde alors au panse- 
ment. Et ici nous devons déjà signaler une première pré- 
caution. 

La ouate qui va être employée ne devra pas avoir séjourné 


. dans une salle où se trouvent des malades ; elle devra, pour 


ainsi dire, sortir des mains du fabricant. Afin de l’employer 
vierge, autant que possible, de toute impureté morbide, M. 
Alphonse Guérin veut ouvrir lui même le paquet de la ouate 
destiné au pansement : celui-ci est emmagasiné dans un en- 
droit spécial de l'amphitéâtre d'opérations. 


La manchette du moignon est confiée à un aide, qui la 
maintient tendue en la pressant, entre le pouce et l'index, à 
chaque extrémité du diamètre horizontal de la plaie. Un 
second aide embrasse entre ses deux mains le membre, com- 
me pour le rapprochement des lambeaux. Alors le chirur- 
gien dispose sur le fond de la manchette, par petites couches 
successives, des fragments d’ouate qui adhérent immédiate- 
ment aux tissus humides avec lesquels ils se trouvent en 


168 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


contact. Aucun point n’est laissé exposé. Peu à peu la 
manchette, se remplit d’ouate légèrement comprimée ; enfin, 
elle est comblée. Alors on se sert de lames d’ouate plus ou 
moins étendues, qui, recouvrant par leur centre l'extrémité 
du moignon, sont rabattues par leurs bords sur le membre 
qu’elles enveloppent de plus en plus; puis ce sont de vérita- 
bles bandes d’ouate qui s’enroulent autour de la cuisse, et, 
renversées au pli de l’aine, vont s'appliquer sur le bassin, 
qu'elles entourent complètement. Toute cette ouate est ap- 
pliquée aussi exactement que posible, et quand enfin le 
membre a acquis te triple de son volume au moins, quand il 
estempaqueté comme un objet des plus précieux, auquel on 
voudrait éviter le moindre ébranlement, on commence l’ap- 
plication des bandes. : 

Cette application se fera comme pour la compression élas, 
tique : la constriction sera progressive, elle devra devenir 
aussi énergique que possible à la fin du pansement, égale- 
ment répartie sur le membre et le*segment auquel il est at- 
taché. On maintiendra alors le bandage avec des épingles 
ou mieux en le faisant coudre immédiatement. Après avoir 
dépensé beaucoup de force à faire ce bandage, on sera très- 
étonné de ne pas le trouver trop serré; cette constriction. 
ainsi que l’application de la ouate jusque sur le tronc où on 
la maintient par un bandange aussi énergiquement appliqué, 
sont de la plus haute importance pour obten:r de bons ré- 
sultats. 

S'agit-il, au contraire, du pansement d’un bras, maputé le 
cou et la poitrine devront être ensevelis dans la ouate, afin de 
permettre une compression très-forte au niveau de l’aisselle et 
de la région sus.claviculaire. Pour la jambe et l’avant-bras, 
la perfection de l’appareil ouaté sera bien plus facilement ob- 
tenue lorsque le chirurgien aura le soin de le faire remonter 
jusqu’à la racine du membre. 

Dans les amputations à lambeaux, on interpose de la ouate 
entre eux, comme on avait rempli la manchette de lamputa- 

ion par la méthode circulaire. Dans les résections, on come 


L. 


K 


oo 








L'UNION MEDICALE DU CANADA. 169 


ble de la même façon l’espace occupé par les os reséqués dans 
le fond de la plaie, puis le membre est soutenu dans une es- 
pèce de gouttiére faite avec une lame d’ouate, roulée suivant 
deux de ses boris qui font ainsi office d’attelles. 

Enfin, quelque soit le cas, l’application consiste toujours en 
un enveloppement très-exact, très minutieux, maintenu par un 
bandage solidement compressif. On le voit, avec ce panse- 
ment, jamais de tentative de réunion immédiate ; toutefois, 
nous pouvons dire que M. Guérin, encouragé par les résul- 
tats qu’il a obtenus se propose, à la première occasion, d’es- 
sayer, sans la ouate, cette réunion qu'ilavait toujours recom- 
mandé de tenter jusquici. 

Une fois pansé, l’amputé de cuisse sera porté dans son lit, 
et le membre, soutenu seulement par une alèze pliée en plu- 
sieurs doubles, dans une position presque horizontale. Le 
chirurgien ne devra pas oublier, au moment du pansement, 
la position que devra garder la cuisse-amputée ; aussi, pen- 
dant l’application devra-t-il faire grande attention à ce que le 
membre soit maintenu presque dans l’axe du tronc couché, 
afin que le bandage ne le presse pas ; pour l'y fixer dans une 
position très-relevée le pansement deviendrait rapidement dé- 
fectueux. 

_ Le premier phénomène que remarque le malade, c’est l'ab- 
sence de toute douleur : on l’a transporté, on l’a installé dans 
son lit, sans qu’il ait éprouvé la moindre sensation pénible, et 
cela alors que l'influence du chloroforme a disparu ou n’ex- 
iste pas. 

Pendant les premières heures qui suivent l'opération, s’il 
arrive que le malade se plaigne, c'est d'une douleur très 
supportable d’ailleurs ; tantôt il ressent une cuisson causée 
par Ja détersion de la plaie avec un mélange trop tort d’al- 
cool camphré et d’eau, ou bien c’est une démangeaison, un 
tiraillement produit par lagglutination des poils avec l’appa- 
reil. Daus un cas, la ligature de l’altériole avait compris 
un petit filet nerveux, et tant que la mortification de celui-ci 
ne fut pas achevée, l’opéré accusa des élancements peu in- 


170 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


tenses d’ailleurs, une sorte de battement dans la région opé- 
rée. 

Une analyse précise de la sensalion perçue permettra ordi- 
nairement d'en trouver l'origine. En dehors de ces cas, aus- 
sitôt q u’elle apparaitra, je ne dis pas la douleur, la sensibilité 
du moignon signifiera que le pansement est défectueux, à? de- 
tra étre immédiatement rectifié. Si le malade souffre, c'est que 
Ja compression est inégale quelque part, ou bien c'est que 
lair passe en un point du pansement et arrive directement à 
la plaie. Dans ce cas, les sécrétions de la plaie s’écoulent or- 
dinairement où ce passage a lieu. L’aléze qui soutient le 
moignon révèle de précieuses indications sur ce point: on 
doit [examiner tous les jours. Le pansement, à moins d’im- 
perfections trop grandes, ne doit pas être entièrement défait 
pour être suffisamment réparé. On ajoute, au niveau des 
points défectueux, de nouvelles couches d’ouate, fixées par 
un bandage aussi uniformément serré que nous l'avons re- 
commandé. Immédiatement on verra cesser la douleur. 
Cette sensation douloureuse n'est d’ailleurs pas seule à dé- 
montrer imperfection du pansement : l'élévation de la tem- 
pérature, l'augmentation du nombre des pulsations, attirent 
presque en mème temps l'attention. Dans les premiers jours 
de l'application de l'appareil, le suintement de la plaie for- 
me, avec les couches de la ouate, une espèce de magma, de 
feutrage, qui agglutine et fait adhérer la peau du membre à 
la couche qui l’environne : c’est là une condition très dési- 
rable, car lorsque cette agglutination est complète sur toute 
la périphérie du membre, 4 quelque point de la hauteur du 
segment qu'elle se soit produite, l’air ne peut plus arriver a 
la plaie que filtré, débarrassé de ses agents redoutables ; 
pour y parvenir, en effet, il lui a fallu subir une filtration 
dans la ouate. 


On doit donc favoriser cette agglutination par tous les 
moyens possibles. Pour cela, il faut d’abord recommander 
aux malades d'éviter tout mouvement ; en général, ils souf- 
frent si peu, que cela est plus facile à obtenir d'eux qu'on ne 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA 171 


pourrait le penser. Lorsqu'il s’agira d'une amputation de 
cuisse, surtout on forcera le malade à ne s’assoir sur son séant 
que pour les besoins indispensables ; et ici nous rappelons 
la précaution à prendre au moment de l'application des ban- 
des, de ne point fixer de membre dans une position trop éle. 
vée. Voici pourquoi: bientôt, à cause de la compression mé- 
me, la ouate se tasse, le membre s'abaisse en vertu de son pro- 
pre poids, le bandage n’est plus exactement appliqué, l'air 
peut passer au niveau de l’aine ; si le malade fait un mou- 
vement, ce jeu de l'appareil se produit au pli de la fesse: 
l'insuffisance du bandage augmente ainsi que le passage de 
Yair qui en résulte. Si le pansement, au contraire, a fixé le 
membre dans la position qu’il aura dans le décubitus habi- 
tuel du malade, c’est-à-dire dans la position presque horizon- 
tale, ces inconvénients n'auront pas lieu, et de plus cette po- 
sition est la meilleure à donner à une cuisse amputée pour 
éviter la saillie du fémur. 

Le malade ainsi pansé conserve un état général excellent ; 
on constate, vingt-quatre on trente-six heures après l’opéra- 
tion, les signes de la fièvre traumatique durant deux ou trois 
jours ordinairement. Tant que le malade ne souffre pas, 
tant que le pansement demeure bien fait, on peut le laisser 
en place, mais il est nécessaire, surtout dans les premiers 
jours, de vérifier si la compression est bien maintenue, et au 
besoin, si le pus s’écoule au dehors, d’ajouter des couches 
nouvelles d’ouate et le bandage compressif. Cette 9érifica- 
tion doit étre faite tous les deux jours. En outre, on fait sur 
l'appareil des aspersions d’eau phéniquée ou d’alcool cam- 
phré. Enfin lorsqu'on renouvelle le pansement, le blessé 
doit être transporté hors des salles, précaution à laquelle M. 
Guérin attache, avec raison, une très-grande importance. 
—Archives générales de Médecine, décembre 1871.) 


172 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


L'HUILE ESSENTIELLE DE TÉRÉBENTHINE DANS LA 
PÉRITONITE. 


A une récente assemblée de la “ Société médicale de l’Ho- 
pital de Paris.” M. Vidal prit occasion d'attirer l'attention de 
ses collègues sur la grande valeur de la Térébenthine comme 
application externe daus la péritonite partielle, générale et 
même puerpérale. Trousseau, ayant emprunté d’abord ce 
remède à l'Angleterre, l'employa intérieurement à larges do. 
ses. Dans la péritonite, M. Vidal plonge un morceau de fla- 
nelle dans la térébenthine, et l'ayant appliqué sur une large 
partie de l’abelomen, le recouvre de soie gommée. Il l'y 
laisse jusqu’à ce que la vésication s’y soit produite en plu- 
sieurs points; alors la soie est enlevée afin de permettre l’é- 
vaporation de la térébenthine. Avec ces applications, il a vu 
dans plusieurs cas, des patients qui laissaient peu d'espoir, 
éprouver une amélioration rapide et recouvrer complètement 


la santé. | 
M. Bourdon demanda si dans aucun cas, l’application de la 


térébenthine avait été faite dès le commencement, sans avoir 
été précédé des sangsues et des cataplasmes, car après ces 
remèdes, la térébenthine aurait agi simplement comme un 
contre-irritant ordinaire et il est bien reconnu que dans la 
péritonite avancée, on tire quelquefois de bons avantages en 
recourant aux vésicatoires et au mélange de Todds. 

Il suggéra aussi que la Térébenthine pourrait agir de la 
mème manière que l'huile de castor au collodion, tel qu’em- 
ployé par R. Latour, en empêchant la transpiration et le con- | 
tact de lair. M. Vidal croit cependant que la térébenthine 
n’agit pas de cette manière, mais.comme un révulsif énergi- 
que et diffusible, tandis qu'en méme temps il subit l’absorp- 
tion par la peau et les organes respiratoires. D’abord il ne 
l'employa pas aussi exclusivement, dans la péritonite, qu’il ne 
le fait aujourd’ui, car il employait aussi les sangsues alors. 
Maintenant il a recours de suite à la térébenthine, sans hési- 
tation. Il combine généralement avec elle l'application de 
la glace, ou ce qu’on peut appeler la compression au moyen 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA 173 


de la glace, et, sous certaines circonstances, il emploierait en- 
core les sangsues. M. Moutard Martin, croyant que l’action 
de la térébenthine est seulement locale, demanda si les essais 
comparatifs de la térébenthine et des vésicatoires avaient été 
faits; mais M. Vidal est convaincu qu’elle agit aussi inté- 
rieurement. On voit par l'odeur des urines qu'elle est rapi- 
dement absorbée, tandis que peu après son application, le pa- 
tient semble éprouver les effets d'un cordial, l’état cyanosé 
des lèvres disparaissant bientôt, pour faire place à la couleur 
naturelle 


QUININE. 


Nos connaissances sur les effets physiologiques et thérapeu- 
tiques de ce précieux alcaloide ont reçu dernièrement beau- 
coup @extention par les travaux de Binz, Ranke, Kerner, 
Zuntz, Scharrenbroich et Schulte. Nous donnerons un ré. 
sumé des principaux résultat obtenus. 

Binz trouve que la quinine a le pouvoir d’arréter le pro- 
cédé de putréfaction et de fermentation à un haut dégré, 
et qu’elle est un poison actif pour toute les organisations 
inférieures, soit animales, soit végétales. Suivant les vues de 
Cohuheide, le pus étant surtout une collection de globules 
sanguins blancs, qui ont passé à traver les parois des vais- 
seaux ; de plus, la quinine ayant le pouvoir d'arrêter les 
mouvements des corpuscules blancs, et par la, de prévenir 
leur sortie des vesseaux, l’alcaloïde arrète ou tout au moins 
diminue la formation du pus durant le cours d’une iuflama. 
mation. De plus, elle détruit le pouvoir Ozonisant de certai- 
nes substances ; et comme les corpuscules rouges ont ce pou- 
voir, la quinine, introduite dans le sang,|diminue probable. 
ment l’oxidation des tissus et diminue la production de la 
chaleur. Ranke et Kerner, en effet, ont touvé que la quinine 
à larges doses diminue les changements des tissus, comme en 
le voit par les moindres quantités d’urée et d’acide urique 
excrétées ; etil y a plusieurs observations qui démontrent que 


174 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


dans les fièvres, elle produit une diminution dans la tempé. 
rature. Les expériences de Ranke, et Kerner ne montrent pas 
cependant jusqu’à quel point la diminution de la perte des 
tissus est due à l’action directe de la quinine sur l’oxidation, 
ou à l'action indirecte de l’alcaloïde sur le système nerveux 
Deux méthodes ont été employées pour constater l’infiuence 
directe de la quinine sur l’oxidation. Harley a ajouté de la 
quinine au sang, et trouva que ceiui-ci ainsi traité prenait 
moins d’oxigène et cédait moins d'acide carbonique que le 
sang, pur. Celte méthode est d’une application difficile et 
sujette à erreur. Zuniz se servit des changements dans l’alca- 
linite du sang, pour arriver aux mêmes résultats. Schulte- 
a étendu ces recherchee. Si l’on tire du sang frais. l'acidité 
commence à s’y développer d’abord rapidement, ensuite plus 
lentement, jusqu’à ce que la putréfaction s'y établisse. De 
fait cette acidification dépend de l’oxidation, et la diminution 
de l’alcalinite du sang, produite par là même, fournit une 
preuve de la rapidité avec laquelle l’oxidation procède. 
Schulte a confirmé l'observation d'abord faite par Zuntz et 
Scharrenbroich que la quinine et la berberine diminuent la 
production des acides. Lesobservations de Harley sont ainsi 
confirmées. La Cinchonine produit des résultats semblables 
à la quinine, quoi qu’à un degré inférieur. Le picrate de 
Sodium est presqu’aussi puissant que la quinine. Zuntz 
trouva, comme Ranke et Kerner, que la quinine à la dose de 
dix grains diminue l’excrétion journalière de l’urée d’un 
tiers ou plus. Unruh à constaté que la même chose se ren- 
contre lorsque la quinine est administrée dans les flèvres ; 
mais ses observations sont sujettes à objection. Les expérien- 
ces de Binz sont curieuses et montrent que lorsque des liqui- 
des en putréfaction sont injectés dans la circulation, la tem- 
pérature du corps s'élève, mais si les fluide sont d'abord mélés 
avec la quinine qui arrête ou détrnit le procédé de putréfac- 
tion, ’élévation de la température est ou entièrement préve- 
nue ou considérablement diminuée. Nous pensons que ces 
expériences ont une portée considérable sur la pratiqne, et 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 155 


qu’elles sont d'accords avec les enseignements de l'observation 
clinique. Ila été trop de modede croire que les actions 
thérapeutiques de la quinine sont entièrements différentes 
de ses effets lorsqu’administrée à l’état de santé. Nous com. 
prenons que la vraie méthode de commencer l'étule de l’ac- 
tion des médicaments est d'abord de constater leurs effets 
physiologiques, ensuite d'observer leurs résultats dans la 


maladie. 

Le Dr. Grace Calvert a aussi récemment annoncé la décou- 
verte du pouvoir de la quinine à prévenir le développement 
des fungi. Il parait cependant ignorer la publication anté. 
rieure de ce fait par Binz. —(Med J. Fév. 1872.) 


UROSCOPIE. 


Le dernier numero de la Revue Mdico Chirurgicale bri- 
tunique et étrangère contient un excellent sommaire des 
nouvelles connaissances concernant l'urine, di à la plu- 
me du Dr Karl Hofmann de Vienne. Le Dr. Hofmann est 
l'auteur d’un guide pour l'examen de l’urine et est, sous tous 
les rapports, une autorité de premier ordre sur le sujet. 

Les transformations de l'albumine ont été longtemps et soi- 
gneusement étudiées, mais jusqu'ici sans succès quant à leur 
dernière transition en urée. De fréquentes tentatives ont été 
faites pour produire l'urée de cette façon dans le laboratoire, 
mais toutes ont failli, même celle de M. Bechamps qu'on avait 
récemment déclarée suivies de succès. Les essais pour for- 
mer l’urée par synthèse, out cependant été plus heureux et 
un autre procédé a récemment été inventé par Bazarof. Cer- 
taines recherches faites par Cyon quant à l’origine de l’urée 
dans le système l'ont amené a penser qu'elle est formée en 
partie sinon totalement dans le foie. La question difficile de 
la liaison de l'élimination de l’urée avec la haute température 
du corps est aussi abordée, mais les résultats sont finalement 
contradictoires et nous n’en dirons pas davantage. Mais, 
dans le tétanos, l'élimination de l’urée n’est pas augmentée, 

3m 


176 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


D'un autre côié, il semble clairement prouvé par Sénator que, 
même lorsque la maladie est accompagnée d’une haute tem- 
pérature, et dans les cas qu'il signale la quantité éliminée 
n’est pas plus considérable à la période où les spasmes sont 
le plus sévères ; la Creatinine ne semble pas non plus être 


_ augmentée. 


Des recherches intéressantes ont été faites sur l'urine dans 
l’atrophie aiguë du foie et l’empoisonnement aiguë par le 
phosphore. Dans les cas d’empoisonnement, on nota que, 
vers la fin, l'urée était remplacée pa d’autres matériaux azo- 
tés inconnus et que l’urée apparaissait sous une forme res. 
semblant à la Tyrosine. L'atrophie aiguë du foie donne 
naissance à des changements dans l'urine analogues à ceux 
de l’empoisonnement phosphorique, mais l’urine contient des 
quantités remarquables de leucine et de tyrosine qui se mon- 
trent peu ou point dans cette derniére affection. 

Nous trouvons aussi quelques rapports sur l’urine dans la 
leukaemie. Divers observateurs s'accordent à établir que, 
dans cette condition, la quantité d’acide est notablement aug. 
mentée, quoique l’urée ne soit pas, dans tous les cas dimi- 
nuée. En définitive, toutes les recherches ten lent à démon- 
trer que, quoique les corpuscules du sang soient diminués 
en nombre, le pouvoir d’oxidation du sang n'est pas essen- 
tiellement diminué. 

On y fait aussi mention de la découverte de l’albuminurie 
par l'acide carbolique. Hofmann ne nous donne pas le fruit 
de sa propre expérience, mais nous confessons que la nôtre 
est défavorable. ‘ Il y & des difficultés dans la manière de 
précipiter l’albumine sous diverses conditions, qui deman- 
dent encore des éclaircissements. Ceci est dû sans doute au 
fait que l’aibumine n'est pas invariablement sous la même 
forme. Ainsi Hefsen a montré que sur 31 cas, ila trouvé 
des globulines au lieu de Se rum-Albumen. 

La dernière partie de l’article du Dr. Hofmann a rapport 
à la présence du sucre dans le diabete. Il signale une nou- 
velle méthode inventée par Knapp, ayant le Cyanure de 


ne mm 
+ — 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 477 


Mercure comme réactif. La réaction finit lorsque les liqui- 
des mélangés ne forment plus une tache brune étant exposés, 
sur le papier buvard aux vapeurs du sulphure d’ammonium 
Une autre proposition digne d'attention est d'employer la 
glycerine au lieu du sel Rochelle, dans‘le fluide de Fehling- 
Il restera à savoir comment le nouveau fluide se conservera. 
—Med. J. & Gaz. 





ONGUENT D'ACIDE BENZOIQUE DANS LA FISTULE 
ANALE, 


Le Dr. Gibbs de la marine des Etats-Unis établit que cet 
onguent est spécialement utile dans la fistule inaccessible de 
l'anus. Il l’a employé dans differents cas de fistule commen- 
çante aussi bien que dans d’autres formées plus complèteme- 
nt. Il l’emploie chaque soir en l'appliquant avec le doigt, 
ayant soin d'en recouvrir toute l’ulcération environnante, 
et de l’introduire par la pression dans l'ouverture fistulaire. 
Voici la composition de l’onguent :— la morphine y étant 
ajoutéé pour calmer les contractions du sphycter, &c. Acid 
Benzoic, 2 scrupules ; Acetate de morphine, 4 grains; cerat 
simple, 1 drachm, ramolissant avec la glycerrhine, s’il est be- 
soin. Une sensation immmédiate de soulagement suit l’appli- 
cation, et l’onguent est instamment récommandé à ceux qui 
redoutent lopération, et lorsque le patient peut faire usage de 
son doigt. Dans un mois, une fistule de six mois de durée a 
été soulagée. 





PAIN FAIT AVEC L'EAU DE MER. 


Mr. Rabuteau appelle l'attention sur l'importance de cet 
article. En premier lieu, il est tres agréable 4 manger, aug- 
mentant aussi l’appétit et favorisant la digestion. A bord des 
navires, le pain ainsi préparé a été trouvé trés favorable a la 
santé, durant les longs voyages. Il produit aussi d'importants 
effets médicaux particuliérement dans la dyspepsie. Dansla 
phthisie et la scrofule, l'auteur déclare que c’est un puissant 
auxilliaire.—(Union Médicale.) 

| (N. Y. Med, Record, Nov. 15) 


178 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 
Séance du 3 Janvier 1872. 

Présidence du Dr. J. E. Coderre. 

Officiers présents : Drs. A. B. Larocque, L. J. P. DesRosiers, 
G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. J. M. A. 
Perrin, que les Drs. L. Lefebre, de Lachine, S. A. Longtin, de 
Laprairie, Jos. Lanciôt, de-St. Philippe, F. X. Perrault, de la 
Pointe-aux-Trembles, A. Laramée et A. Beandet, de Montréal, 
soient admis membres actifs. Adopté. 

Le Dr. A. B. Larocque donne lecture d'un travail sur 


L'HYGIÈNE ET LES STATISTIQUES VITALES. 


Pronosé par le Dr. L. J. P. DesRosiers, secondé par le Dr. G. 
Grenier, que des remerciments soient votés au Dr. A. B. La- 
rocque pour son utile et intéressante lecture. Adopté. 

Le Dr. A. T. Brosseau donne avis qu’il proposera à la pro- 
chaine séance l’admission comme membres actifs des Drs. 
D. D. Archambault, S. Gauthier et F. Hamelin, de Montréal. 

Sur proposition du Dr. A. T. Brosseau, secondé par le Dr. 
P. E. Plante, il est résolu de remettre à la prochaine séance 
la discussion sur la vaccination. 

Et la séance est levée. 

Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec. Trés. S. M. 


SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 





Séance du 17 janvier 1872. 

Présidence du Dr. A. B. Larocque. 

Officiers présents: Drs. J. E. Coderre, J. W Mount, C. O. 
Bruneau, L. J. P. Desrosiers, A. Picard, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précéde.ite séance est lu et adopté. 

Proposé rar le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. C. O. 
Bruneau, que les Drs. D. D. Archambault, S. Gauthier ct F. 
Hamelin soient admis membres actifs.— Adopté. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 179 


Le Dr. C. O. Bruneau ayant été appelé à la présidence, le 
Dr. A. B. Larocque donne lecture du rapport du comité sur 
le meilgeur mode de statistiques vitales. 

Voici la formule de certificats de mortalité dont le comité 
recommande l’adoption et dont les détails devraient être ins- 
crits dans le livre d’enrégistrement et de statistique vitale. 

Une colonne devrait ¢tre réservée pour chacun des rensei- 
gnements suivants : 

Date d’enrégistrement ; date de la mort ; nom ; Age ; sexe > 
nationalité ; religion ; occupation ; cause de mort—cause pri- 
maire et secondaire ; place de la mort et résidence ; et place 
de naissance des parents,—hôpital ou autres institutions pu- 
bliques ; depuis quand i's résident dans la cité ;—pour le 
traitement médical ou nou ;—vacciné ou non ;—nom du mé- 
decin ;—quartier ;—autres places en dehors de la municipa- 
lité. 

Mais comme il est impossible de faire une statistique vita- 
le sans connaitre la relation des mortalités ou naissances 
d’une population, ces messieurs recommandent que des me- 
sures soient prises dans le but de se procurer toutes les nais- 
sances de la ville d’après les quartiers et la nationalité. 

Pour atteindre ce but, ils suggèrent donc que des listes im- 
primées sur la formule du livre d’enrégistrement fourni par 
le Comité de Santé à l'Eglise de Notre-Dame, soient remises 
aux divers ministres protestants, avec prières d'enregistrer 
sur ces listes les naissances des enfants appartenant à leurs 
différentes dénominations. 

Outre l'utilité pour la statistique d'un pareil enrégistre- 
ment ils sont d'opinion qu’il servirait de plus à fournir à cha- 
cun des vaccinateurs de la ville une liste des enfants qui nais- 
sent dans leur quartier, afin de les vacciner à l’âge de trois 
mois, tel que voulu par la loi de vaccination. 

Ils considèrent que cette dernière mesure serait le moyen 
le plus efficace de faire face aux épidémies de petite vérole 
qui sévissent de temps à autre avec tant de violence, et font 
surtout des victimes parmi les non vaccinés et les mal vaccinés- 


180 ' L'UNION MÉDICALE D CANADA. 


En terminant, ils appuient sur l'importance d'un tel enré- 
gistrement pour tout le pays. 

Proposé par le Dr. L. J.P. Desrosiers, secondé par le Dr. 
A. Dagenais, que le rapport soit publié et qu’une copie soit 
transmise au bureau de santé.—Adopté. 

Après quelques remarques sur la vaccination par les Drs. 
J. E. Coderre, L. J. P. Desrosiers, G. Grenier, A. Ricard, A. T. 
. Brosseau, J. W. Mount, sur proposition du Dr. A Ricard, se- 
condé par le Dr. L. J. P. Desrosiers, il est résolu de remettre 
a la prochaine séance la discussion sur la vaccination. 

Proposé par le Dr. A. Rollin, secondé par le Dr. A: T. Bros- 
seau, qu’un comité composé des Drs. A. Ricard et A. B. La- 
rocque soit nommé pour s’aboucher avec les autorités afin de 
prendre les mesures les plus efficaces pour empêcher l’exten- 
sion des maladies contagicuses telles que scarlatine, variole, 
rougeole, etc— Adopté. 

Proposé par le Dr. L. J. P. Desrosiers, secondé par le Dr. 
P. E. Plante, que les membres de la société soient convoqués 
aux assemblées au moyen de circulaires.—Adopté 

Le Dr. L. J. P. Desrosiers donne avis qu'il proposera à la 
prochaine séance le Dr. Hurtubise, de St. Henri, comme 
membre actif. | 

Le Dr. J. W. Mount donne avis qu’il proposera le Dr. For. 
tier, de Longueuil. 

Le Dr. A. Dagenais donne avis qu'il proposera le Dr. Napo- 
léon Robillard de Montréal. 

Le Dr. A. Ricard donne avis qu'il proposera le Dr. Edmond 
Mount, de Montréal. 

Et la séance est levée. 

Dr. GEORGES GRENIER, 


Sec.-Trés. S. M. 





SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 
Séance du 31 Janvier 1872. 
Pr J. E. Coderre. 
Membres présents : Drs. H. Peltier, O. Bruneau, F. X. Per- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 181 


rault, A. B. Larocque, P. E. Plante, A. Ricard, A. Dugas, F. 
M. Perrin, A. Dagenais, L. J. P. Desrosiers, B. H. Leblanc, 
C. Dubuc, A. T. Brosseau. J. W. Mount, A. Laramée, E. P. 
Lachapelle, Luc Quintal, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. C. QO. 
Bruneau : 

Que les Drs. Ed. Mount, E. Hurtubise, N. Robillard et Alf. 
Fortier, soient admis membres actifs.—Adopté. 

Le Dr. J. W. Mount ayant été appelé à la présidence, le Dr. 
J. E. Coderre donne lecture de la première partie d'un travail 
sur la vaccination dont l’objet principal est de démontrer I’i- 
dentité du virus vaccin et du virus variolique. 

Ensuite le Dr. A. B. Larocque soumet le rapport qu'il avait 
été chargé de faire de concert avec le Dr. A. Ricard, sur les 
mesures a prendre pour empécher l'extension des maladies 
contagieuses telles que scarlatine, variole, rougeole, etc. 

Le rapport est déposé pour être pris en considération à la 
prochaine séance. 

Le Dr. A. Dugas donne avis qu'il proposera à la prochaine 
séance le Dr. A. Lenoir, de St. Henri, comme membre actif. 

Et la séance est levée. 


Dr. GEORGES GRENIER. 
Sec.-Trés. S. M. 


SOCIÉTÉ MÉDICALE. 


RAPPORT DU COMITÉ NOMME LE 17 JANVIER DERNIER, LU LE 31, ET 
PRÉSENTÉ HIER AU BUREAU DE SANTÉ PAR LES SOUSSIGNÉS. 

Ayant été nommé pour examiner l'article du Medical Re- 
cord de New-York, dont le Dr. DesRosiers nous fit la lecture 
à la dernière séance, et qui traite de certaines mesures de 
préventions adoptées par le Bureau dé Santé de New-York 
contre les maladies contagieuses, telles que la petite vérole, 
la seariatine, la rougeole et la fièvre typhoide. Et ayant 
de plus regu instruction d’en conférer avec le Bureau de 
Santé de la.ville et de r.:ommander l’adoption de telles sem- 


152 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


blables précautions pour empêcher l'extension parmi notre 

population des maladies contagieuses ci-haut mentiounées. 

Nous avons (votre comité) l'honneur de vous présenter le 

rapport suivant : Après avoir fait une étude sérieuse de la 

question, et considérant la continuation de la petite vérole, 
‘nous croyons devoir recommander les mesure sanitaires sui- 

vantes, en conformité avec celles du Bureau de Santé de 
* New- York. 

10. Que chaque médecin soit tenu de faire rapport au Bu- 
reau de Santé de chaque cas de maladie contagieuse sous ses 
soins, ou pour lequel il aurait prescrit, ct ceci, sons les 24 
heures qu il aurait été appeié. 

20. Que toute personne tenant maison de pension, de loge- 
ment, auberge ou hôtel, ainsi que les parents de personnes 
effectées de maladies contagieuses, soient tenus d’en faire au- 
tant. 

Sur ces informations, les officiers de sanlé devront se 
transporter sur les lieux et décider si les malades devront 
être (de leur consentement, bien entendu) transportés à l'hô- 
pital. Dans le cas contraire, de les isoler autant que faire se 
peut. Si le patient va à l'hôpital, qu’un homme de la police 
sanitaire soit chargé de voir à ce que la maison et les effets 
qui étaient au service du malade soient désinfectés. S'il de- 
meure chez lui, l'homme de la police sanitaire devra s’assu- 
rer deux ou trois fois par semaine que les mesures sanitaires 
adoptées dans ces visites soient mises à exécution. Dès que 
le patient laissera sa chambre, on devra immédiatement pro- 
céder à la désinfevter. 

Si la maladie contagieuse est la petite vérole, le vaccina- 
teur du Quartier où réside le patient devra en être averti, 
afin de revacciner tous les membres de la famille, ainsi que 
les voisins de chaque côté de la résidence du patient et même 
sil était nécessaire, ceux du côté opposé, protégeant ainsi 
lous ceux qui auraient pu être directement exposés à Vinfec- 
tion. . 

Les régles auivantes contre la petite vérole, la scarlatine, 


LÉ 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 183 


la rougeole, devraient être en la possession de tous ceux qui 
ont des malades sous leurs soins : 

10. Que le médecin appelé, la nourrice et la mère du pa- 
tient soient les seuls à qui l'on permette d'entrer dans la 
chambre du malade, de toucher aux effets qui servent au pa- 
tient, à moins qu'ils n'aient été désinfectés. 

20. Que tout ce qui ne sert pas au patient soit transporté 
hors de la chambre. Qu'on ne fasse pas usage des effets du 
patient à moins qu'ils n'aient été trempés au moins un heure 
dans la lotion suivante composée de 8 onces de sulfate de 
zinc, une once d'acide carbonique et 3 gallons d’eau, puis la- 
vés à l’eau bouillante. Les lits de plume, matelas en crin. 
flanelles, effets en laine devront être soumis à une complète 
fumigation avant de s'en servir. - 

Les vaisseaux pour recevoir les excrétions du malade doi- 
vent constamment contenir du fluide désinfectant et lavés à 
Peau bouillante chaque fois que l’on s'en sert. Les water- 
closets et latrines devraient être journellement désinfectés 
en y jetant du chlorure de fer dans la proportion d’une livre 
à un gallon d’eau, ayant le soin d’y ajouter une ou deux on- 
ces d'acide carbonique. Les paillasses doivent ètre trans- 
portées par l'homme de la police sanitaire. 

On recommande de se servir au lieu de mouchoirs de mor- 
ceaux de coton ou de toile pour nettoyer les mucosités des 
narines et de la bouche du patient, et de les brûler après 
sen être servi. Aussitôt que le malade a laissé sa chambre, 
les plafonds, les murs, les parties en bois doivent être lavées 
avec de l’eau chaude et du savon. 

Comme la vaccination est universellement reconnue com- 
me étant le seul préservatif contre la petite vérole. Nous 
recommandons que des mesures énergiques soient prises 
dans le but de vacciner tous ceux qui ne l’auraient pas enco- 
re été, et ceux dont la première vaccination serait douteuse, 
et d’après l'autorité du bureau de santé de New-York, de ne 
se servir que de la lymphe prise sur le bras des enfants ah- 
solument sains, —mettant de côté celle qui aurait été recuril 


184 L'UNION MÉDICAL DU CANADA. 


lie depuis 72 heures.—Concernant la valeur de la vaccination 
nous ne pourrions fournir de preuves plus convainquantes 
que l'opinion des médecins vaccinateurs de New-York ex- 
primée dans le paragraphe suivant du Medical Record. 

Comme la traduction. de ce paragraphe pourrait en faire 
perdre de la valeur. Nous l’adjo:gnons tel qu’imprimé dans 
. le Medical Record. 

On conçoit le bien inappréciable que ferait l'homme de po- 
lice sanitaire chargé de faire ces visites de maisons où sévis- 
sent des maladies contagieuses et d'y mettre en pratique les 
mesures sanitaires ci-haut mentionnées. Par ce moyen on 
préviendrait Vextension et la propagation de ces maladies 
contagieuses, car, sur informations reçues, et observations 
faites, nous pouvons constater que ces épidémies originent 
et se propagent a la suite de maladies, dont les miasmes sont 
restés imprimés dans les effets, vêtements du patient, soit 
d’un côté, d'un bas ou d’un haut de maison, transmettant 
ainsi la maladie d’une chambre à une autre et même de fa- 
milles à familles et de maison à maison. Nous considérons 
que ie manque de l'assainissement des appartements, des 
hardes, des effets en laine, etc., ainsi que le manque de dés- 
infectants, sont autant ds causes d’épidémies que ferait dis- 
paraître la police sanitaire en faisant journellement des visi- 
tes à domicile partout où il y a de ces maladies contagieuses. 
Ces hommes de police sanitaire seraient en outre l’intermé- 
diaire des sociétés de bienfaisance, en faisant connaître les 
besoins des pauvres, des délaissés et nous mettant consé- 
quemment en lieu de soulager des misères inconnues, le 
plus souvent la cause des maladies qui déciment notre popu- 
lation. 

Nous sommes d'autant plus confiants dans le succès de res 
moyens que nous connaissons d'avance le bon esprit qui ani- 
me ces hommes spéciaux de la police sanitaire, auxquels on 
pourrait journellement donner des instructions et qui sous 
peu deviendraient tout à fait disciplinés dans l’exercice de 
leurs devoirs. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 185 


Et de plus votre comité ‘recommande que des circulaires 
imprimées selon la formule ci-après décrite, soient ‘déposées 
à l'Eglise Notre-Dame, priant messieurs de la Fabrique d’or- 
donner au bedeau ou au clerc d’enrégistrement des naissan- 
ces, de les distribuer aux parents-des enfants devant être 
baptisés. 

Que les ministres des différentes dénominations en soient 
aussi pourvus avec les mêmes instructions. 

Voici la formule de ces circulaires : 

Par autorité du Conseil-de-Ville, les parents prendront con- 
naissance des obligations suivantes auxquelles ils doivent se 
conformer d’après la loi. 


1o. Ils sont tenus de faire vacciner leurs enfants avant l’4- 
ge de trois mois. 


20. S'il se déclare des maladies contagieuses, telles que va- 
riole, scarlatine, rougeole, fièvre typhoïde, ils sont de mème 
tenus d'en donner avis au Bureau de Santé sous les 24 heu- 
res que ces maladies auront fait leur apparition. 


30. Dans les cas de mortalité, la famille devra avoir un cer. 
tificat de mortalité signé par le médecin de la famille, et si 
ce dernier est absent ou qu'il n’y ait pas eu de médecin ap- 
pelé, par un autre médecin de la ville. 


Dans le but de mettre efficacement en opération les sug- 
gestions de ce rapport, nous recommandons instamment que 
la resolution du Bureau de Santé concernant l'établissement 
d'un Bureau de Santé dans l’Hôtel-de-Ville et passée le 6 
Nov. 1871 soit immédiatement présentée au Conseil-de-Ville 
pour adoption. 


Confiants dans l'esprit de charité dont sont toujours mus 
les membres du Bureau de Santé quand il s’agit de venir en 
aide à la classe pauvre je la cité ; d’ailleurs étant tous soli- 
dairement intéressés à maintenir l’état sanitaire des classes 
inférieures, d’où originent principalement les épidémies, et 
souvent sévissent dans les plus hauts rangs de la société 
Nous espérons que ces mesures de prévention contre les ma- 


186 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


ladies contagieuses seront unanimement adoptées et mises en 
pratique. 

A. B. LARocQue, M. D. 

À. Ricarp, M. D. 


a 


SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 


Séance du 14 Février 1872. 
Présidence du Dr. A. B. LaRocque. 


Officiers présents : Drs. J. E. Coderre, J. W. Mount, A. Ri- 
card, L. J. P. Desrosiers, G. Grenier. 


Le proces-verhal de la précédente séance est lu et adopté. 


Le secrétaire donne lecture d’une lettre du Dr. A. Fortier, 
de Longueuil, promettant son concours cordial pour le suc- 
ces de la Société. 


Le secrétaire présente aussi de la part du Dr. J. W. Chopin, 
du Sault-au-Récollet, une note concernant la vaccination. 

Ensuite sur motion du Dr. A. Ricard, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle, le Dr. A. Lenoir, de St. Henri, est admis mem- 
bre actif. 


Le Dr. J. E. Coderre donne lecture de la deuxitme partie 
de son travail sur la vaccination dont l’objet principal est de 
démontrer les mauvais effets que cette pratique aurait eu en 
Angleterre et les efforts que l’on a tentés dans ce pays pour 
amener le rappel de la loi de la vaccination compulsoire. 
L'auteur annonce que la troisième partie de son travail tendra 
a prouver les mauvais effets de la vaccination parmi nous. 

Il est ensuite proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par 
le Dr. A. T. Brosseau, qu’une séance extraordinaire soit con- 
voquée mercredi, 21 Février courant, afin de clore la discus- 
sion sur la vaccination et d'adopter certaines conclusions à 
ce sujet et que tous les membres de la Société soient particu- 
herement invités à assister à cette séance. Adopté. 

Le Dr. P. E. Plante donne avis qu'il proposera à la pro- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 187 


chaine séance le Dr. J. A. Lapierre, du Village St. Jean-Bap. 
tiste de Montréal, comme membre actif. 
Et la séance est levée. 
Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés., S. M. 


A continuer. 


-———_—_——_- De —— — 


NOUVELLES MEDICALLES. 


UN CHIRURGIEN VENERABLE ET UN DUR PATIENT.—IL y a quel- 
que temps, le Dr Joseph Stevens, maintenant âgé de 82 ans, 
_pratiqna Pamputation de la cuisse, sur un patient de 66 ans, 
pour une ulcération étendue et obstinée du pied et de la jam- 
be remontant à 40 ans de durée! Le second jour de l’opé. 
ration, le patient s’assit sur son lit, se rasa, et, avant la fin 
de la semaine, put se lever de son lit chaque matin, sans 
aide, pour le faire arranger.—Boston Journal, Nov. 21. 


Mr. le Dr. Fortin nous informe que la fièvre suarlatine et 
lu diphthérie ont régné épidémiquement pendant Vhiver sur 
la côte de Gaspé et à la Baie des Chaleurs. Heurensement 
que la forme en est bénigne. 


—\ l'École polytechnique (polytecknicum) de Zurich, 
vingt-quatre femmes suivent en ce moment les cours de mé- 
decine et sept ceux de philosophie. Une dame a élé admise, 
apres examen passé avec succes, à suivre le cours de mécani- 
que. Il y a peu de temps, une Zurichoise a subi avec distinc- 
tion ’examen nécessaire pour être admise à l’Université ; sur 
douze candidats, elle a eu le nol pour les langues anciennes. 


——— 
e 


—-Par les soins de la Société française de secours aux bles- 
sés militaires, un service funèbre a été célébré en l'église 
métropolitaine de Notre-Dame, le 16 janvier 1872, à 11 heures 


188 L'UNION MÉDICALE DU OANADA. 


très-précises du matin, en mémoire des officiers, sous-officiers 
et soldats des armées de terre et de mer, des gardes nationa- 
les mobiles, des gardes nationales et des corps volontaires 
morts pendant la guerre. 

Cette solennité a été présidée par Monseigneur l’Archevè- 
que de Paris. 

Le R. P. Félix a prononcé l'Oraison funèbre. 

Un journal américain contenait dernièrement le rapport 
du transquestionnement du Dr. E. Warren dans le procès de, 
Mlle. Wharton, accusée d’avoir empoisonné le général Ket- 
‘chum. Le Docteur supportait la théorie de la défense qui 
était que le général était mort d’une méningite cérébro 
spinale. La piquante répartie suivante fut faite par le Dr. 
Warren au Procureur-Général Syester : 

Proc. Gén : Un médecin doit pouvoir dunner son oppinion 
sur une maladie, sans faire d'erreur. 

Dr. Warren: Il le peut aussi bien qu'un avocat. 

Proc. Gén: Les erreurs des médecins sont enterrées à six 
pieds sous terre. Celles des avocats ne le sont pas. 

Dr. Warren : Peut-être, mais elles sont quelquefois pen- 
dues à autant de pieds au-dessus de la terre. 


LL nd 


CHAIRE DE PHYSIOLOGIE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS.— 


Pour cette chaire, il y a deux candidats, M. Béchard, bien 
connu par son traité sur la physiologie, et M. Vulpian, le pro- 
fesseur actuel d'anatomie pathologique. Ce dernier candi- 
dat, étant de beaucoup plus jeune, et remarquablement bien 
versé dans toutes les recherches ide l’école moderne, aurait 
probablement les meilleures chances, si la faculté ne s'était 
pas prononcée, il y a quelque temps, par une large majorité, 
contre la permutation des chaires. 


UN SUCCESSEUR AU ZOUAVE JACOB.—M. Strong, américain de 
naissance, vient d'établir un bureau à Marseille, pour les gué- 
risons miraculeuses, comme le Zouave Jacob. M. Strong re- 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. Is 


fuse tout paiement, etson mode de guérison consiste a impo- 
ser les mains, etc. Une procession interminable d’invalides 
vont tous les jours à la villa de M. Strong, sur le bord de la 
mer, et les mécecins ont l'intention de faire une pétition con- 
tre ce qu'ils appellent le Thaumaturge. 


ANTI-VACCINATEURS.—Le Bureau de Santé de Manchester a 
refusé de recevoir une députation d’une assemblée tenue à 
Harparthey, protestant contre la mise en force de l'acte de 
vaccination. Les officiers de Santé répondirent qu'ils n’a- 
vaient rien autre chose à faire que de surveiller l'exécution 
de la loi. 


Dr. Enwanro JENNEX.—Un) me:n2ut9 tres intéressan’ du dé- 
couvreur de la vaccine a été présenté récemment au Collége 
Royal des médecins par sir John Fisher. Il consiste en un: 
corne de vache très bien polie, présentée à Sir W. Fisher, en 
l’année 1813 par le Dr. Jenner et polie par lui-mème. Le don 
fut fait en reconnaissance des services rendus aux enfants 
malades de Jenner par Mr. Fisher’ alors assistant-médical à 
oho. La corne est maintenant montée en argent, et porte une 
inscription appropriée établissant les circonstances sous les- 
quelles elle est présentée au collége. Le Dr. Burrows, le pré- 
sident, en demandant l'acceptation de la corne remarqua qu'il 
était probable, quoiqu'il n’y eut aucun rapport officiel du fait, 
que la corne avait été prise d'une des vaches favorites du 
Dr. Jenner sur lesquelies il fit ses expériences de vaccina- 
tion.— Med. J. et Gaz. 


190 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


TABLEAU des maladies traitées au Dispensaire de !’Asile de la 
Providence, depuis le 15 Décembre 1871 jusqu'au 15 Fé- 
vrier 1872, par le Dr. P. E. Mount. 

994 prescriptions ont été remplies pour les maladies sui- 





vantes. 
fy fa 
Maladies go Maladies. ES 
© © © 2 
ZT. 2 © 
ABLE en seen soso 7 Hernie .. ee ere es | 
Aphonie ...... seceee ss LU ' Herpes ... moore see stenstosesencccess sicssescess À 
AMygdalite sus secs seccereee coe cer de AUTRE EEE TETE PEER 1 
ADCÈS esse cee coveceens sececeseoes Hvpertrophie du ceur ....... we 6 
AVOPteEMeNL....ccce cccececee serons eee 7  Hydropisie snsenssonesnes seeseson conse 2 
Arthropathie .............. cesessesens 1 | Incontinence d'urine... 2 
Amenorrhée . 7 | Leucorrhée ......... seesseee coseeeees ù 
Bronchite légère (Rhumes) .. sure 14 ?| Luxation du bras... su. | 
Brenchite aiguë ......... cece cee vee 21 Mastoite 21... ceeescessesece soceoees 1 
“6 chronique sossssonsocsoe 5 |Menorrhagie .............. coseesceeee 3 
Brûlures or 4} Nephrite aigue .….......... oc cseee 1 
Constipation .. ave 4| Nevrose ...... ..eseseees Coen cove rcaees 4 
Chancres eyphiliti ues . . 3 | Névralgie lumbaire...... .. ......... 4 
Conjonctivite occulaire et ‘pa! pe- Otorrhee 20.0... 1 
petrale .…..........., os ccece coeres 11} Ophthalmi> 2.0... cece cece eee 4 
Cystite aigue ............ $00 one see eee 2| Pneumouie..….......................... OD 
Catharro Vésical ................... {| Paralysie …......,......,....,. socscsees 4 
COTYZR ccsccecee soneoones sovsecseceser see {| Pleurésie ......... .cccce scneesees oe eve 3 
CANCEL ,.. see oncese sonone son sereccees 4! Palpitations du cœur ... vw OO 
Coqueluche ... messes | Prurigo.... ceveee sovcceveccnsces sneeee 0 
Déviation de la matrice .......-.- 4 | Plaies ......... ceceseee ones ve conso serses 8 
Dysménorrhée …....….............. * 5! Phthisie 2.0... ccek ceecee eeneee eecneees 12 
Débilité ....ccccecescsrnseceeeer cesse 8] PANQTIS sn rss cece ene 2 
Diarrhee.. uno | Rupia .. cs | 
D: yspepsie .. mme 24|Rhumatisme articulaire .......... 11 
Engelure (pied) eevecnere tonnes sees … | ‘4 musculaire .......... 2 
Epistaxis .. memes 1 | Rétrécissement de l’Oesophage.. 1! 
Erysipéle ... weooseseresece seeesceee 2] SCOPDIN se sonseeeeces I 
Entorse se rss sus seems 1 | Syphilis second 20... ,.............. 3 
Extraction de dents........... ee 49 | TUMEUPS se. secsccace secs sosooosae ? 
Embarras Gastrique …....... 49] Taies de la coruée .......,........, 4 
Epilepsie. ns... 8 | TiC douiureux............. eeeeeee 1 
Exema ....... ones eete cos os sense ee one EL UICÈTES ne cccceecen costes sosencece ces 5 
FIÈVTE oe .ccceseree sms 15] Vulvite.. corre 2 
Ty phoide (Fièvre) .. ‘uu.  5{ Vomissement de grossesse..." 3 
Gastrite Chr onique .. ms 2 | Vers inteslinaux ..... ss eve 37 
Gengivite.... sense, | Variole ...... essor soon ses so s00 0: 27 
Gastrorrhagie seasensscenen ve cece cece 1} Vaccination... be ceeeeeees 1 
Goitre ses se sesesosse soso one o ove | 








EUR 7 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 191 


NAISSANCES. 


—A Sorel, le 12 Mars, la Dame de J. H. Bélivaux, Ecr., M. D., un fils. 
—A Montréal, le 7 Mars, la Dame de George Leclair, M. D., un fils. 
—En cette ville, le 9 Mars, la Dame du Dr. A. A. Meunier, un fils. 


—A St. Roch de Québec, le 11 courant, la dame du Dr. Alf. Simard, 
une fille. 


—A Oswego, N. Y., le 18 Mars 1872, la Dame de A. A. Desaulniers, 


_Ber., M. D., un fils. 


DÉCES. 
—A. Busserah, Turquie d'Asie, le 28 Décembre dernier, William Logat 
Frazer, Esqr., Chirurgien, 8. S. Ispaham, second fils da William Frazer, 
M. D., de Montréal. 


—A. MasKinongé, le {6 Mars, le Docteur Charles Boucher, fils de feu 
le lieutenant-Colonel Bouches. 


WAR. WARNER & Cte 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules reconbertes en sucre. 


154, Rue North third, 


PHILADELPHIE. 
ÆExpédibes par la malle sur le reçu du prix du cata- 
logue. 
Pilules Iodoform et Ferri de Warner. 


(Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n'ac- 
ceptez aucun substitut de qualité inférieure.) 


Ces Pilules sont un tonique et un alterant puissant, recomman- 
ables surtout dans la 


xo SCROUIE, vane ul NRYRALGIE, LA CHLOROSE, ete. 
repae tar 





PRIX $3.25 PAR "100. 
donnons ci-dessous an court extrait qu, rapport de la société médicale du comté. 
— que publié dans les transactions de la société médiosie de Feasylvaaie cn Soe, 
À l'intérieur, J PAR SE is la quinine et lef pret, ae, ne diate généreuse, cela, J'eus 
besuoou} à obtenir de ‘bonne nature ; elles ‘ten- 
Re ple ot ride. ERA  succesdivomont ‘a pda tonne faa 
et très lents l'à ce 4 


ie mm et la CRU. 

attention fut appa oad 

ES "Reporter, “Fe décida! d'eiayor immédiathmont 1e re: Je discontinual tout autre 
onal ote has trai fle ba out man 

oise fe don tole plains par jour, manutactarées par Wr 


TE ome 
datant de trois et l'autre de quatre ans avec le 
mate de: Fe eid a vainoe noe do et LEE RD, Pré de « 
Expédiées par la malle sur le reçu du prix du catalogue. 


PIL: PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un contième de grain. Bxt. NOIX VOMIQUE un quart de grain. 


PRIX $12.00 PAR CENT. 


its ir its de l'économi male, surtout du 
wood et du estime norveus, Sms cn cme Pater ogy dane ie maities 
lies uc = 








ene ‘étude solgnée 
oe oephore paralt avoir 


oir tet 





A VENDRE EN GROS SEULEMENT PAR 
EBRRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien on Gros.— Montreal. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





, e 
Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 





Bédacteur en Chef: ; {a “rhe IE RS 
. A DAGENAIS, D. 
J. P. ROTTOT, M. D. P. DESROSIERS, M. D, 





Vol. 1. MAI 1872. No. 5. 


to 








Nos lecteurs se rappellent sans doute que nous avions pro-. 
mis, il y a déjà assez longtemps, de publier le Projet de loi 
concernant la profession médicale, préparé par l'Association 
Médicale Canadienne. Il est probable aussi qu'on doit être 
sur le point de nous accuser de négligence. Voici la raison 
qui nous a fait retarder l’accomplissement de notre promesse 

Ce Bill de médecine est très long et sa publication dans no- 
tre journal, nous mettait dans la nécessité de mettre de côté 
Jes communications que nousavions reçues de plusieurs méde- 
cins ; pour éviter cela nous avons prié M. le Dr David, secrétai- 
re de l’Association médicale, qui est chargé de publier ce Bill 
pour la prochaine réunion de Ja dite assemblée, d’en hater la- 
publication, tant dans l’intérét de notre journal que dans ce- 
lui de toute la profession ; le Dr. David se rendit immédiate- 
ment à notre demande, et nous avons aujourd'hui la satisfac. 
tion de pouvoir donner à nos abonnés une copie de ce Projet 
de loi, sans rien retrancher de notre journal. 

Comme son titre Pindique ce n’est qu’un Projet, et qui sera 
loin d'être une loi, même après son adoption par l'Association 
médicale. Cependant, une fois adopté, ce sera l'expression 
de l'opinion du corps médical de toute la Puissance, et com- 
me tel, il devra nécessairement mériter la plus sérieuse atter- 
tion du Gouvernement. Il faut se rappeler que l'association 
médicale a été formée pour mettre la profession médicale sur 


194 L UNION MÉDICALE DU CANADA 


un pied plus élevé, en faisant disparaître les abus de la loi 
actuelle ; que ses travaux, ses efforts tendent tous aux pro- 
grès de la science et au bonheur de l’humanité : il s'en suit 
donc que tout ce qui émanera de ce corps exercera une torte 
impression sur ceux qui sont au Pouvoir, et que tôt ou tard 
ce projet deviendra la loi du pays. C’est ainsi qu’on a fait en 
Angleterre ; et c’est ainsi que l’on fait actuellement aux 
Etats-Unis.‘ Il y a là l'Association médicale Américaine, qui 
embrasse dans sa sphère, toute l’Union américaine : autour 
d’elle est venu se grouper un nombre considérable d’associa- 
tions locales, qui ont adopté ses codes et ses règlements, et 
toutes ensemble elles travaillent pour élever la profession 
médicale, et pour faire disparaître les abus qui règnent là 
comme ailleurs, et peut être plus là qu'ailleurs. 

Notre association a été formée dans le même but, nous tra. 
vaillons pour la même cause. Et comme le disait un méde- 
cin distingué des Etats-Unis à une de nos assemblées, les 
deux pays ont besoin l’un de l’autre, nous devons nous aider 
mutuellement, et. ce n’est que par une telle entente, que 
nous parviendrons au résultat qu'il serait si important d’at- 
teindre. L'Association médicale canadienne a commencé sa 
tâche depuis plusieurs années, et aujourd’hui elle offre à la 
profession, comme fruit de ses travaux, ce projet de loi, pour 
qu’elle l’examine, afin de l’accepter ou de le rejeter si elle 
le trouve convenable ou non. 


La préparation de ce projet de loi a du nécessiter un tra- 
vailimmense. Sa confection avait été confiée à un comité 
composé de plusieurs membres, ayant pour Président le Dr. 
Howard, de Montréal ; nous devons dire que c’est sur le Dr. 
Howard qu'est tombé tout le fardeau, c'est lui seul qui a ac- 
compli ce travail, et qui l’a fait tel qu'il est ; aussi n’est-ce 
que simple justice, quelque soit notre opinion sur sa valeur 
intrinsèque, de lui en accorder tout le mérite. | 

En lisant ce projet, on voit que le nombre et l'importance 
des questions et des résolutions qui ont été présentées et 
adoptées sont une preuvé convaincante de la défectuosité de 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 4195 


la loi qui régit la profession médicale, et de l'urgente néces- 
sité d’y porter reméde. Le nombre considérable de méde- 
cins de toutes les parties de Ia Province qui s’est rendu 
aux diverses assemblées pour travailler à cette œuvre, témoi- 
gne du profond intérêt que notre corps éprouve pour ce mou- 
vement de régénération. Et pour les organisateurs, pour les 
membres de la Société Médicale de Québec, c’est tout à la fois 
un magnifique témoignage d'estime et de considération, et 
une garantie du succès da leur généreuse entreprise. Je dis 
que leur succès est assuré, car nous sommes trop avancés 
pour nous arrêter, il est trop tard pour reculer, Nous arons 
proclamé à la face du pays tout entier que la loi, qui nous 
régit, est défectueuse : nous avons affirmé la nécessité de la 
réformer ; c’est au nom des intérôts bien entendus du corps 
médical, au nom de là science, et du bien public que 
nous avons demandé ces modifications ; il faut donc qu'elles 
aient heu. Et c'est à nous de les faire. En effet, formant 
pour ainsi dire une société à part, occupés d'études spéciales, 
seuls, nous connaissons. nos besoins, ce que nous nous de- 
vons à nous-mêmes et à nos semblables : par conséquent non 
seulement il nous convient, mais je considère que c’est sur 
nous qu’incombe l'obligation de proposer et de faire les rè- 
glements qui doivent régir nos études, nous protéger comme 
corps, et protéger aussi la société en général. 


Mais où donc est le danger qui nous menace? Quelle en 
est la nature ?Est-il vraiment assez grand pour nécessiter un 
tel mouvement parmi nous. De tous côtés on entend dire 
que notre corps commence à être battu en bréche, qu'il se 
commet parmi nous des abus trés graves, qu’un certain nom- 
bre d’individus ont été reçus médecins quoique ne possédant 
pas les qualifications requises, et qu’il est à craindre que ce 
nombre aille en augmentant. 

Voilà le danger. Et il existe, parceque la loi ne nous don- 
ne pas les pouvoirs suffisants pour les combattre, parce que 
les privilèges accordés aux corps enseignants sont trop con- 
sidérables et que’ nous n11vons aucun contrôle sur eux. Il 


£96 | L'UNION MÉDICALE DU CANADA. ‘ 


est danc temps de remédier au .mal, de fermer la porte à 
ceux qui ne désirent le nom de médecin, et le prestige que 
ce titre donne, que pour faire de la profession un métier plus 
ou moins lucratif, une spéculation sur la crédulité et l’hon- 
néteté publique. | | 

Nous pouvons dire, je crois sans inconvenance, que la so- 
ciété médicale occupe une position honorable dans l'échelle 
sociale, qu’elle est entourée d'estime et de respect, que les 
plus petits comme les plus grands: parmi les hommes témoi- 
gnent à ses membres les marques les plus sincères de consi- 
dération, ies sentiments les moins équivoques de confiance, 
de gratitude et d'amitié. 

Ce résultat n’a certainement pas été obtenu par les pompes 
de la grandeur ni l'éclat de la richesse. Et nous devons 
être convaincus que nous ne pourrons conserver cette posi- 
tion que nos devanciers nous ont faite, qu’à la condition de 
la maintenir sur les mêmes bases, c’est-à-dire la science, 
l'honneur et la vertu. Voilà nos seules sauve-gardes. 

Le projet de loi qu’on nous soumet maintenant sera-t-il de 
nature à nous faire obtenir le but que nous nôus proposons : 
c'est ce que nous devons examiner tous ensemble. 


J. P. Rorror. 
Montréal 12 Avril 1872. 
OPERATION DE CATARACTE PAR EXTRACTION 
LINEAIRE COMBINEE AVEC IRIDECTOMIE. 
(PROCECE DE DE GRÆFE.) 


Cette nouvelle méthode opératoire qui a gagné en si peu 
de temps le suffrage de presque tous les opthalmologistes en 
Europe, a été pratiquée plusieurs fois avec succès à l'Hôtel. 
Dieu de cette ville. | 

Comme il serait trop long de publier ici les observations 
faites sur chacune de ces opérations, je ne rapporterai que 
les trois derniers cas opérés d’après cette méthode, depuis le 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 197 


commencement de février. malgré cependant qu'aucun des 
trois n’ait été suivi d’un sucoès tout-à-fait complet pour les 
raisons que mous verrons plus loin. 


Avant de donner la description de ce nouveau procédé 
opératoire, je résumerai en peu de mots les avantages qu’il 
présente sur l’ancienne méthode d'extraction à lambeau : 

10. L’incision se fait à la jonction de la sclérotique et de la 
cornée c’est-4 dire dans un endroit qui présente des condi- 
tions de cicatrisation les plus favorables, comme on a pu s’en 
convaincre em observant'la rapidité avec laquelle s’opérait la 
guérison dans lés cas de blessures ou d'opérations faites dans 
cette partie de l'œil. 


20. La plaie correspondant avec l'équateur du cristallin, 
permel acelui-ci de sortir directement après l’excision de l'iris, 
sans qu'il soit nécessaire de lui imprimer un mouvement de 
bascule en avant, comme dans l'opération à lambeau. De 
plus, à cause de cette section périphérique, on peut exciser 
l'iris jusqu’à son bord _ciliaire, et ouvrir plus largement la 
capsule, ce qui donne une si grande facilité à la sortie du 
cristallin, qu'il devient inutile d'introduire dans l'œil tout 
instrument de traction. Cette large déchirure de la capsule 
permet aussi d’évacuer plus complètement les masses corti- 
cales, qui non seulement exposent l'œil au danger d’une ca- 
taracte secondaire, mais encore sont souvent le point de dé- 
part d’inflammations funeste au succès de l’opération. 


30. La forme presque linéaire de la plaie est déjà par elle 
seule, une cause de supériorité évidente sur l’ancienne opé- 
ration ; en effet, tandis qu’il faut à peu près une couple de 
semaines pour guérir une plaie à lambeau, trois à quatre 
jours suffisent généralement pour la güérison d’une plaie li- 
néaire. 


40. La section s se faisant tout-d-fait en dehors de la circon- 
férence cornéenne, n’est plus une cause aussi fréquente d’as- 
tigmatisme que dans l'opération à lambeau, où la plaie est 
toute entière dans la cornée, et ne se guérit bien; souvent 


198 L'UNION MÉDICALR DU CANADA, 


qu'en altérant plus ou moins da convexité de cet organe, et 
en laisant une cicatrice qui en trouble la transparence. 

50. Malgré les inconvénients optiques et cosmétiques qui 

résultent, de l’excision de l'iris, inconvénients du reste assez 
légers lorsque cette excision se fait à la partie supérieure, 
puisque la paupière supérieure recouvre en grande partie le 
coloboma artificiel, il n’en est pas moins vrai que l'iridgc- 
tomie, outre la grande facilité qu’elle donne à l'expulsion 
complète de la cataracte, comme je l’ai dit plus haut modifie 
tellement les conditions de la circulatiou intra-oculaire que 
les inflammations ultérieures ne sont plus à craindre comme 
autrefois. . 
t Si, depuis à peu près un an que l'opération de de Græfe est 
pratiquée à l'Hôtel-Dieu nous n'avons pas encore perdu un 
seul œil par inflammation subséquente, nous le devons tout 
probablement à l'iridectomie. 

Je passe maintenant à la description du manuel opératoire, 
et Jes précautions qu'il faut prendre pendant ou après l’opé- 
ration; car si l'on veut obtenir les résultats qu'on est en 
droit d'attendre de cette opération, il ne faut négliger aucune 
des règles qui sont données. 


Les instruments nécessaires pour cette opération, sont : un 
écarteur des paupières, une pince à fixation, un couteau long 
et effilé, (couteau de DeGræfe), une pince àiris droite ou 
courbe, une paire de ciseaux fins et coudés, un cystitôme 
coudé et une curette de caoutchouc. 

L'opération se divise en cing temps: 40. Incision périphért- 
que. 20. Iridectomie. 30. Ouverture de la capsule. 40. Extraction 
de la cataracte. 50. Evacuation des masses corticales. 


Premier temps.—Le malade étant couché sur le dos, à une 
hauteur qui permet au chirurgien de rester assis, celui-ci 
se place en arrière de la tête, s’il doit opérer l'œil droit, et en 
avant si c'est l'œil gauche. Apres avoir placé l'écarteur en- 
tre les paupières et fixé l'œil un peu en bas au moyen de la 
pince à fixation, en saisissant un large pli conjonetival près 
du bord inferieur de la cornée, on ponetionne avec de cou- 


L'UWEON MÉDICALE DU CANADA. 199 


tzau, dont le tranchant regarde en haut, la sclérotique à un 


tiers de ligne à peu près de la circonférence cornéenne, et 
deux tiers dé ligne au-dessous de 14 tangente au sommet de 
la cornée. La pointe du couteau une fois entrée dans la 
chambre antérieure est d'abord dirigée vers le centre de la 
cornée jusqu’à uné certaine distance, puis elle est ramenée 
horizontalement et conduite sous le bord sclérotical pour y 
faire là contreponction, laquelle doit être symétrique à la 
ponction. Î.a section est ensuite terminée par en haut, par 
un mouvement de va-et-vient du couteau dont on a le soin 
de diriger la pointe un peu en avant, afin que l’incision puis- 
se longer tout ie temps le bord cornéen. 

Second temps.—On remet la pince à fixation à un aide, et 
de la main gauche, saisissant avec la pince à iridectomie, l'i ie 
ris qui fait généralement saillie dans la plaie, on excise an 
moyen des ciseaux toute la partie herniée, y compris le bord 
pupillaire. Cette excision doit être pratiquée avec beaucoup 
de soin, et autant que possible jusque dans les angles de la 
plaie, afin d'éviter des enclavements iriens toujours nuisi- 
bles au succès de opération; en effet lorsqu'il y a énclave- 
ment de l'iris, la pupille prend une forme irrégulière et est 
attirée en haut ce qui est une circonstance très défavorable 
pour la vision; puis la période de cicatrisation ordinaire- 
ment si prompte après cette opération quand elle est bieu 
faite, se prolonge quelquefois très longtemps et rend l'œil 
beaucoup plus sensible. 


Troisième temps.—On reprend de la main dé l’aide la pince 
à fixation, et l’on introduit entre les lèvres de la plaie le cys- 
titôme en le conduisant à plat le long de la surface interne 
de la cornée jusqu’au bord inférieur de la pupille; et là, 
abaissant légèrement la pointe de l'instrument, on incise la 
capsule jusqu'à l'équateur du cristallin ent longeant le bord in- 
terne de la pupille ; une incision semblable est faite du bord 
externe en partant du méme point, et l’on ramène en haut le 
lambeau triangulaire de la capsule qui résulte de ces deux 
incisions. 


900 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Quatrième temps—On applique sur la sclérotique près du 
bord inférieur de la cornée, le dos dela curette de caoutchouc, 
et l’on comprime légèrement le globe de l'œil à cet endroit, 
ce qui fait entrebailler la plaie et permet à la partie supé- 
rieure du cristallin de s’y engager; il faut alors incliner la 
curette un peu en avant et la promener successivement de la 
partie inférieure de la cornée jusque vers son milieu, comme 
pour repousser le cristallin en dehors. Cette manœuvre qui 
doune généralement une si grande facilité à la sortie du cris- 
tallin a en outre l’avantage de dispenser de l’usage de tout 
instrument de traction, dont l'introduction dans l'œil n’est 
pas sans amener quelqu’inconvénient. Le cristallin une fois 
sortis, on enlève la pince à fixation et ’écarteur des paupiè- 
res, puis l'œil reste fermé pendant quelques instants pour 
donner à l'humeur aqueuse le temps de se reproduire. 


Cinquième temps.—Qn pratique de douces frictions sur la 
paupière supérieure fermée, afin de réunir autant que possi- 
ble dans le champ pupillaire tous les débris de substance cor- 
ticale qui restent dans l’œil en plus ou moins grande quanti- 
té après la sortie du noyau ; puis faisant regarder le malade 
en bas, on presse un peu sur le globe oculaire a travers la 
, paupière supérieure relevée pour faire entr’ouvrir la plaie, 
tandis qu’à travers la paupière inférieure on repousse. ces 
masses corticales vers la plaie pour les faire sortir. On doit 
répéter cet manœuvre jusqu’à ce que la pupille apparaisse 
parfaitement noir. On laisse de nouveau se reproduire l’hu- 
meur aqueuse pour l’évacuer une dernière fois avec le sang 
qui s’y trouve souvent mêlé, et avant de fermer l'œil on ap- 
plique soigneusement le lambeau conjonctival sur la plaie, 
avec le dos dé la curette dé caoutchouc. 


L'opération terminée, on met sur l'œil opéré une rondelle 
de toile, et des plumasseaux de charpie fine en quantité suf- 
fisante pour remplir la cavité oculaire formée par l'arcade 
sourcilière et le nez, et le tout est maintenu par une bande 
de flanelle assez longue pour faire cing à six fois le tqur de 
la tête. Ce bandeau contentif est ordinairement relevé tou- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 201 


tes les 24 heures jusqu’au quatrième jour, où il est remplacé 
par tin carré de soie flottant. Il est bon d’instiller dans l'œil 
quelques gouttes d’atropine (2 à 2 grs par once d’eau) chaque 
fois que l’on renouvelle le bandeau. Le malade doit rester 
couché environ quarante huit heures. Au bout d’une cou- 
ple de semaines on peut le laisser sortir en lui recomman- 
dant de porter des lunettes bleues. 


Ossenvarion I.—Joseph Jeannotte, dgé de 59 ans, demeurant Rue Jac, 
ques Cartier, est admis dans le service du Dr. Rottot vers la fin de Jan. 
vier. Ila perdu l'œil droit depuis une couple d’années à la suite d'une 
opération pour cataracte, son œil gauche lui permet à peine de se condui- 
re. L'examen fait reconnaitre une cataracte dure non encore rendue à 
maturité, mais comme le malade veut absolument en être débarrassé, M. 
Rottot se décide de l’opérer le fer. Février. L'opératiou ne présente au- 
cune particularité dans les quatre premiers temps, seulement après la sortie 
du cristallin comme la pupille apparait noire, le bandeau contentif est ap- 
pliqué de suite sans procéder à l'évacuation des messes corticales. 2 ÿ#- 
vrier. Le malade n'a éprouvé aucune douleur, la conjonctive est légère- 
ment injectée, la cornée parfaitement transparente et la pupille q une for- 
me régulière. . Renouvellement du bandeau avec instillation d’atropine. 
3 Février. Pas de douleur, même apperence de l'œil, à l'éclairage latéral 
on remarque dans le champ pupillaire un peu de substance corticale. Le 
lambeau est appliqué de nouveau avec atropine. 4 Février. La plaie est 
à peu près cicatrisée. Le bandeau est remplacé par le carré do sore flot- 
tant, Je revois le malade le 20, l’œil.est guéri, la substance corticale pa- 
rait s'être absorbée tant soit peu, et malgré la présence de ces masses cor- 
ticales dans le champ pupillaire, le malade distingue sans lunette à peu 
près tous les objets qui se trouvent dans la chambre, mais un peu difficile. 
ment et avec le verre biconvexe 2% il parvient à lire le No. 20 de l'échelle 

typographique. 

OssERvATION II.—Elizabeth Bourgoin, âgée de 57 ans, demeurant à l’Azile 
Nararette de cette ville, a aussi perdu l’œil droit, il ya six ans, 4 la sui- 
” te d’une opération par abaissement, elle est complètement aveugle de l'œil 
gauche depuis à peu près cinq ans. A ]’examen'je reconnais tme cataracte | 
corticale complète. L'épreuve visuelle étant satisfaisante, je pratiqué l'opé- 
ration, le 6 Février. Au moment où je fais l’excision de l'iris, le corps vi- 
tré commence à s'échapper de la plaie, ce qui m'oblige à terminer l'opéra- 
tion au plus vite et à laisser de côté les manœuvres nécessaires pour refou- 
ler l'iris dans l'œil afin d'empêcher qu'il y ait enclavement. J’applique de 
suite le lambeau contentif. Six heures après, je revois la malade, elle se 
plaint de douleurs lancinantes dans l’œfl, je renonvelle le bandeau en ins- 


202 L'UNION MBDICALE DU CANADA. 


tiant quelques gouttes d’une solution d'atropine (3 gr. par once d'eau}. 7 
février. La malade n’e pas souffert depuis hier soir ; la cornée est parfai- 
tement-trapsparente, la pupille très dilatée et irrégulière et. la canjonctive 
injectée. Renouvellement du bandeau avec instillation d’atropine. 8 Fé- 
vrier. Pas, de douleur, aucun changement dans l'œil, à l'éclairage lateral 
je remarque un peu de sang dans la chambre antérieure. 9 Février. 
Même apparence dé l'œil; comme la phaie ne’ paraît pas bien réunie, je 
continue l'emploi du bandeau contentif avec instillation d'atropine, encore 
une couple de jours. 20 Février. La plaie est guérie, la. cicatrice laisse 
voir une petite ligne noirâtra due à la présence de pigment irion, il y a en- 
clavement du lambeau externe de l'iris et le pupilleest attirée en haut ; je 
ne vois plus de trace de sang dans la chambre antérieure. La malade 
peut sans lunette dire l’heure à ma montre, elle distingue tous les objets 
qui l'entourent ; avec le verre biconvexe No. 10, elle lit aisément le No. 
7} de l'échelle typographique et parvient à lire.le No. 5. 

Ossgavarion IIL--Philomène Poirier, âgée de 28 ans, se présente dans le 
service du Dr. Rottot au commencement dePévrier, sa vus est très impar- 
faile, mais Jui permet cependant de se conduire. A l'éclairage latéral, on 
reconnait dens les deux yeux une cataracte corticate demi-molie. ..M.. Rot- 
tot pratique l’opération sur l'œil droit le 12 Février. La malade miso sous 
l'influencé du chloroforme, s’éveille au milieu de l'opération et fait de mou- 
vements qui dbligent l'opérateur de hâter la sortie du cristallin sans pou- 
voir évacuer complétement les masses corticales. - 


Le teridémain-et les jours suivants, l'œil suit à peu près la même mar- 
che que dans les deux cas précédents ; le quatrième jour la plaie est guérie. 
20 Février.—Il n'existe plus aucune trace d’inffammation dans l'œil, la 
pupilie est irrégulière, et adhérente par son bord interne à la substance 
corticale qui s'est amassée tout autour; laissant au milieu une ouverture 
parfaitement transparante. Sans luaotte, la malade voit assez distincte- 
ment de loin, et avec le verre biconvexe 4, elle lit avec facilité le’No 5 de 


l'échelle typographique. 

Si cette correspondance n'était pas déjà trop longue,. je se- 
rais entré dans quelques détails sur les nouvelles méthodes : 
d'extraction de,cataracte de MM. Liebreich et Landr6, pour 
lesquelles ce deux chirurgiens réclament ta supériorité sur 
l'opération de de Grafe, mais je me contenterai de citer les 
quelques lignes suivantes qui feront connaître l'opinion à peu 
près générale des ophthalmologistes sur cette question : 
(« Les défenseurs de l'extraction à lambeau ont toujours été 
« obligés de reconnaître que cette méthode n’est pas applica- 








L'UNION MEDICALE DU CANADA. . 203 


“ ble dans certains cas... La méthode de de Grafe 
‘ ne connait pas même ces exceptions, et nous. sommes.con- 
‘ vaincus qu’elle s'affirmera chaque jour davantage comme 
‘ méthode générale, surtout lorsque la pratique journalière 
“ aura démontré à tous les chirurgiens que c'est le procédé 
“ qui donne le plus grand nombre de succès et permet de 
‘ rendre les opérés plus vite à leurs travaux. ” 

Dans un autre endroit, le mème auteur dit: “ Le chiffre 
“ des résultats publiés permet incontestablement de rem- 
‘* »lacer tous les autres procédés d'extraction linéaire par ce- 
‘€ lui de M de Grafe, (Meyer-Tiailé des opérations qui se pra- 
tiquent sur l'œil. Edit : 1871.) 

“ Que les adhéremts des différentes méthodes d'extraction 
“ne s’étonnent pas si, jusqu’à preuve du contraire, l’immen- 
“ se majorité des oculistes continuent à préférer l’opération 
‘ avec ouverture de la capsule, et en particulier, à cultiver 
l'extraction linéaire de de Grafe, car elle a en sa faveur les 
“ plus belles s’atistiques opératoires qui aient jamais été pu- 
“ bliées.—{Annales oculistiques. Livraison de Mai et Juin 1871.) 

Montréal, 21 Février 1872. | 

Dr. Ep. DESJARDINS. 


hee 


‘MOYEN DE DISTINGUER LE SANG DE L'HOMME. 
PAR CASANTI. (1) 

Il emploie une solution d'acide pliosphorique d’ane densité 
de 1,18 ; il dessèche le sang par évaporation, le réduit on pou- 
dre fine, puis verse sur cette poudre une certaine quantité 
d'acide phosphorique; il fait enfin le mélange intime avec une 
baguette de verre 


Est-ce du gang numain, celui-ci se. gonfle d’abord, se ramollit, | 


forme bientôt un tout adhésif, une masse brillante, de la cou. 
leur du foie, de la consistance d’un extrait très dense, très 
plastique. En comprimant la masse avec un tuba de verre, 





(1) (Jpmynal de Chimie Médical 3e. Série, Tom 1V, page 673), 


204 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


elle cède à la pression sans‘se diviser et devient au contraire 
plus homogène et plus cohérente. | 

Fait-on la même expérience avec du sang de bœuf, de veau, 
de mulet, de cheval, de jument, de porc ou de chevreuil, 
voici comment les choges se passent. Les molécules sangui- 
nes pénétrées par l'acide se gonflent et se ramollissent d'a- 
bord ; mais au lieu de se réunir pour former une seule masse 
homogène, elles se forment en divers grumeaux de la couleur 
du foie, très durs et très brillants, qui refusent obstinénient 
@adhérer entre eux ; pressés par la baguette de verre, ils pa- 
raissent peu cohérents, peu tenaces et se divisent de plus en 


plus. 
Le sang des gallinacés ne se prend nullement en masse co 
hérente; quand au sang du chat, il se comporte d’abord 


comme celui de l’homme, mais il offre moins de densité et de 
cohérence. 


Cette étude sur les caractères distinctifs du sang humain 
nous rappelle une célebre parole de l’apôtre St. Paul, dans 
une de ses épitres immortelles, lorsque parlant aux Corin- 
thiens il leur dit: ‘ Non omnis caro eadem caro alia quidem 
“hominum, alia vero pecorum, alia volucrum, alia autem 
“piscium,” ch. 15. V. 39. (Toute chair mest pas la même 
chair ; mais autre est celle des hommes, autre est celle des 
bates, autre est celle des oiseaux, autre celle des poissons. 

Oui, la chair de l'homme est différenta de la chair de l'a- 
nimal ; oui, cette chair coulante qu’on appelle le sang estdif- 
férente ; et. cependant jusqu’à ces dernières années on les a 
confondues! Il a fallu les travaux d’un grand nombre de 
savants et particulièrement de ceux d’Isidore Geofroy Saint- 
Hilaire, pour faire, non point encore accepter, mais bien pro- 
posér en histoire naturelle un quatrième règne : le règne hu- 
main, distinct de celui des mammifères. oo 

Et cependant il y avait plus de 1800 ans que la parole chré 
tienne l’avait révélé au monde! 

Qu'on ne vienne donc plus nous parler de religion comme 


L'URION MÉDICALE DU CANADA. 205 


d'un joug qui doit faire rétrograder la science: qu’on ne : 
vienne plus dire que ces deux termes science et religion, doi- 
vent être absolument séparés, qu’ils “ hurlent d’efftoi de se 
voir accouplés” Non, il n’en .est.point ‘ainsi. Quels que 
soient les efforts des ennemis de Dieu, le progrès:se fait et se 
fera par le Christianisme. Un grand Médecin dont je ne puis 
me rappeler le nom, disait vers le miliea de notre sociacle : 
Votre devise doit être : Instanrare ornnia in Christo. -Le 
dogme n’a point banni la sciemce, loin de là, c’est lui qui la 
sauva dans les âges de ténèbre, en. là conservant à l'ombre 
des monastères C'est lui qui l’encourage etla guide dans 
nos âges de tristesse et de lutte. L'ordre surnatarel soutiétit 
l’ordre naturel, loin de jui nuire, il lui communique la vie, et 
si d’une part la foi semble limiter notre raison en lui pro- 
posant d'emblée certaines vérités indémontrables, ces nou- 
veaux axiomes, au lieu d'être ug obstacle spnt le point d’ap- 
pui tout-puissant qui manquait à Archimède pour soulever le 
monde. La foi nous le donne, et jette la science humaine. 
dans un progrès sans bornes, dans une carrière sans Limite, 
en lui communiquant l’idée de l'infini : _ . 


Dr. S. A. Bond 

Laprairiv. 42 Avril 1872. | 
AMPUTATION DE LA CUISSE. 

. ' | HOTEL-DIEU DE. MONTREAL: ot 


t° 
+ 


Mr. X. âgé dé 69 ans, se présenté À l'hopital avec une ul 
cération considérable ‘de la: partie moÿénne de la jambe: 
droite. La plaie a à peu prés-6 pouces de long sur'4 de large, 
etitrès profoude ; le tibia est non seulement déñndé et nltéré, 
mais sa padre moyenne est entièrement disparue par. Yab, 
sorption, les: bords de la plaie sont renyensés.en dehors et 
forment tout autour un bourrelet très épais. L’odeur est in 
fecte. La jambe jusqu'au genou est tuméfiée: - Les douleurs 
sont atrgces, Le malade.est faible, il.a perdu considérable: 


206 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


ment de son embonpoint et s'aperçoit que ses forces dimi- 
nuent plus vite depuis quelque temps. Son pouls est maturel- 
Aucun autre orgaue n'est affecté, mais il a une ancienne her- 
nie très considérable. Cette plaie est le résultat d’une can- 
tusion ‘produite sur la jambe, il y a à peu près trente 
ans ; il fut obligé alors de garder le lit pour quelques semai- 
nes: puis il reprit ses occupations avant sa guérisun com” 
plète. Il resta un petit ulcère qui pendant 25 ans ne prit 
point d'extension, et na lui causa presque pas d’inconvénient. 
C'est depuis 1867 que la plais commença à s’enflammer et à 
s'agrandir,et aujourd'hui elle présente tous jes caractères 
d’un ulcère cancéreux. 

Les médecins da lhopital furent d’opiaion que l’amputa- 
tion seule pouvait donner au malade une chance de lui 
sauver la vie. 


Le 1er. Janvier 1872 il fut mis sous l'influence du chloro- 
forme, et assisté des médecins de l'Hôtel-Dieu, je fis l’ampu- 
tation de la cuisse à son tiers inférieur, par lambeau -anté- 
rieur et postérieur. 

Le Dr. Beaubien fit la compression de l’artère pendant l'o- 
pération, le malade ne perdit pas une once de sang; une li- : 
gature en fil fut mise autour de l'artère ; les bors de la plaie 
furent réunis par des points de suture en soie, puis le bandage 
roulé. Le malade supporta l'opération très bien. 


En examinant ensuite Ia jambe amputée on trouva les os 
ramollis dans toute leur étendue, la moëlle laissait échapper 
un liquide huileux, le cartilage seul était intacte. 

Le soir de l’opération je fis donner au malade une dose de 
jusquiame, il passa une bonne nuit. Le lendemain il fut assez 
bien, sans douleur dans la cuisse. 

Le ier. Février, le pouls est vite, langue sèche, la | peau 
chaude. Prs : quinine 1 gr. 3 fois par jour, vin, bouillon, etc, 
traitement stimulant La plaie présente néanmoins une 
bonne apparence ; ce traitement fut continué tout le temps 
de la convalescence qui fut très longue, car la plaie ne.fut 
entièrement guérie que dans les premiers jours d'avril. Mon 


L'UNION MÉPIQARE DU CANADA. 207 


‘ inadvertance en ne faisant pas prendre une position inclinée 
au moignan durant lea premiers jours après l'opération fut 
probablement ia cause. d’une guérison si lente... Après ces 
amputations, les muscles élèvent le mambre, de sorte que ja 
matière s'accumule et forme des trajets fistuleux ; c'est ce 
qui arriva dans ce cas ; je fus obligé de faire une gontreou- 
verture et dp faire une large incision dans le bord inférieur 
de la plaie qui était déjà unie-par première intention, afin 
d'obtenir une libre sortie pour lé pus; tout en'faïsant prendre 
en mème temps, au membre une position convenäblé pour ob- 
tenir cet-effet. J'appliquai aussi le bandage serré afin de 'te- 
nir les parties en juxta-position. Les symptômes Ccomments- 
rent ensuite à s'améliorer, et aujourd'hui le malade est com- 
plètement guéri. Ala suite de ce compte rendu, je crois 
qu'il sétait ‘intéressant de faire connaître la modification | 
que‘l'on propose pour ces sortes d'opérations. 


Je prends cela dans un rapport publié par le département 
de Ja guerre, des opérations faites dans l'armée des Etats- 
Unis depuis l’année 1865 à 1871 et dont une .capie nous a été 
envoyée au mois de Février dernier. C'est un recueil des 
plus important et des plus instructif. Cette modification est 
praposée par le Dr. McGill. Elle consiste à. conserver agsez 
de périoste pour recouvrir l'extrémité de l'os après l'amputa- 
tion. Voici comme il procède. Après ayoir fait Jeg lam- 
beaux, vous retractez les muscles sans toucher le, périoste 
avec le couteau. Puis avec votre couteau vous faites una in- 
cision, dans le périoste pour obtenir un lambeau anisrieur 
large et assez long pour couvrir la substance médullaire. Ce 
lambeau est soulevé par décollement, il doit être intact Le 
périoste retracte plus que la peau. L'os est ensuite scié avec 
précaution, parcequ’on doit éviter de laisser venir en contact 
avec la partie interne du Lérioste aucune particule osseuse 
séparée du reste de l'os. On laisse ensuite tombr le lambeau 
sur l'extrémité de l'os, il le. zecouvre et y adhère sans qu'il 
soit nécessaire de l'y fixer d'aucune manière, ce qui d’ail- 
leurs pourrait se faire facilement. Les résultats obtenus par 


208 L'UNION MEDIGALE DU CANADA. 


lui et par d'autres médecins de l’armée américaine ont été 
assez satisfaisants, pour l’autoriser à recommander fortement 
cette modification à l'attention de la profession. Pourquoi 
dit-il la substance de l'os ne requerrait-elle pas son envelop- 
pe naturelle c'est-à-dire le périoste, pour pouvoir vivre, com- 
me les muscles et les autres tissus requérent la peau. 

Dr. J. P. Rorror. 


A i. le Dr. L. J. P. DesRosiers, 

Monsieur,—Les éloges que vous nous fites dernièrement du 
Canabis Indica excitèrent ma curiosité, et, dès lors, je dési- 
rai beaucoup un cas qui me fournit l'occasion d'essayer ce 
grand remède. Le destin m’a favorisé, car, peu de jours 
après votre communication, une dame qui souffrait depuis 
longtemps d’une ménorrhagie assez grave vint me consulter. 
Elle me dit avoir ét6 traitée par plusieurs médecins, mais 
sins succes. Comme vous le savez, cette indisposition, sans 
être le désespoir est au moins l'ennui des disciples d’Escula- 
pe. Aussi, peu confiant dans mes forces, j'aurais probable- 
ment pâli en face de la lutte qui m'était offerte, mais, encou- 
ragé par vos succès, je promis à tout hasard, une guérison 
compléte et rapide 4 mon inquiéte patiente. Je dois vous 
dire qu’elle parut me trouver téméraire ; néanmoins elle pro- 
mit de se soumettre 4 mon traitement. Alors je lui admi- 
nistrai le Canabis Indica à la dose de deux grains par jour ; 
et, aprés trois jours de médication, je constatai, avec un indi- 
cible plaisir, que j'avais maitrisé la maladie. Je vous ferai 
remarquer que, chez cetta dame, le Canabis Indica ne pro- 
duisit aucun de ces effets nerveux qui effraient tant d’ordi- 
naire les parents. 

Si je ne me trompe, personne n'avait encore expérimenté 
ici ce précieux remède (nouveau quant à son application) et 
dont la profession, à mon sens, peut tirer de grands avanta- 
ges. 





J’ai l'honneur d’être, 
” Votre obt. 
A. Descrawrs, M. D. 


| L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 209 


SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. © 
: Séance extraordinaire du 21 Février 1872. 
| Présidence du Dr. J.-E. Coderre.. | 


‘Membres présents : Drs. J. W. Mount, A. B. Larocque, A 
Ricard, O. Bruneau, L: J. P: Desrosiers, J. P. Rottot, F. X. 
Perrault, A. P. Brosseau, J. M. A. Perrin, Ed. Mount, P. E. 
Plante, A. Desjardins, A. Rollin, A. P. N. Vilbon, 8. Gauthier 
E. Hurtubise, @. Grenier. :- 


Le procès-verbal de. la précédénte séance est lu et adopté, 
La discussion sur la vaccination est à l’ordre du jour. 


Dr. A. B. Larocque :—Comme vaccinateur public et offi- 
cier de santé, j'ai fait desvvisites dans les maisons où la petite 
vérole avait fait des victimes ou sévissait encorefet j'ai obser- 
vé que chaque fois qu’une bonne marque était apparente, le 
vaccin faisait preuve de son efficacité, car les personnes ou 
ne prenaient pas la maladie oun avaient qu’ une variole béni- 
gne. Mon confrère, le Dr. Dugdale qui,m ‘accompagnait cor- 
robore mes avancés. Nous avons cependant trouvé peu de 
bonnes marques, mème chez les enfants que l’on nous disait 
avoir été bien vaccinés. Le nombre extraordinaire de succès 
que l’on obtient dans les revaccinations prouve aussi que le 
mode de vaccination actuel laisse à désirer. Il serait préféra- 
ble de se servir de la lymphe. — 


Dr. F. X. Perrault.—J’ai beaucoup vacciné, le plus souvent 


‘avec succès, et j'ai observé qu'en temps d'épidémie les per- 


sonnes vaccinées ont été préservées. 


Dr. J. W. Mount—Quelques-uns préconisent le vaccin en 
tubes ou la lymphe, je préfère la gale qui en sèchant devient 
imperméable et conserve ses propriétés plus longtemps. Je 
crois qu’il est impossible de dire combien de temps la vertu pré- 
servatrice peut durer chez quelques-uns 2 ou 3 mois peut-être, 
chez d’autres toute la vie, aussi je recommande la revaccina- 


_ tion chaque fois qu’une personne est plus directement expo- 


sée à contractor la maladie. 


210 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


A Acton Vale, il y a quelques années, j'ai fait une expé- 
rience décisive en faveur de la vaccination. Une épidémie 
de variole comrhengaït. à sévir d'une manière alarmante, 
lorsque je me dévouai pour aller vactiher de maison én mai- 
son. J'avais à peine terminé ma rude. besogne que l'épidé- 
mie avait complètement disparue, Dans.ma pratique, je re- 
vaccine 25 anglais contre 4 à 5 canadiens, et je crois que 
l'indifléreuce ou les préjugés qui existent parminos compa- 
triotes à cet égard sont une grande cause de la mortalité con- 
sidérable que l’on observe chez eux., 

Dr. A. T. Brosseau :—J'ai remarqué à l'Hôtel-Dieu et dans 
ma pratique que la mortalité était plus grande chez les non- 
vaccinés et que la variole éjait plus confluente. 

Dr. A. P. V. Vilbon.—J’ai eu ? cas de ‘varioles confluentes 
chez des personnes qui avaient déjà eu la thaladie et qui ont 
succombé à la seconde attaque. La vertu préservatrice du 
vaccin est pour moi douteuse. oo 

Dr. J. M. A. Petrin :—Peu de conflance dans la vaccine. 

Dr. Ed. Mount :—Je considère le vaccin comme un préser- 
vatif, mais malheureusement il n’est pas toujours bon. Tl 
serait préférable d'adopter la vaccine animale. 

_, Dr. P.E. Plante.—J'ai observé 23 cas, 4 non. vaccinés. À 
variole confluente, 2 cas morts vaccinés. © 

Dr. E. Hurtibise :—En faveur de la vaccination. ' 

Dr. S. Gauthier.—J’ai vacciné un grand nombre et aucun 
de ceux-là à ma connaissance n'a pris la variole, cependant 
je ne crois pas que la vaccine soit un préservatif stir. {] vaut 
mieux expérimenter sur les nouveaux modes de vactination, 
voir par là le meilleur et attendre le résultat de l'expérience. 

Dr. L. A. E. Desjardins.--En faveur de la vaccination, 

Dr. L. J..P. Desrosiers,—Je distingue trois. espèces de vac- 
cin. Lebon dont la vertu préservatrice est prouvée par les 
bons résultats que l'on obtient, le faux qui ‘he prend ‘pas et 
le mauvais ou virulent qui produit des'escharres et quelque- 
fois la mort. Je me suis bien trouvé de la lymphe. | 

Dr. J. P. Rottot—Je n'ai jamais tenu de statistiques, j'ai 


LL 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 211 - 


remarqué cependant que les vaccings avaient souvent une 
variole discrète, les autrés une variole confluente. Dans les 
premiers temps, la vaccine donnait une immunité complète, 
aujourd’hui le vaccin est.dégénéré, il faut le renguveder. . 

DrA. Ricard : Jusqu'à présent.tous sont en faveur. de la 
vactination, mdis.beaueoup pensent'que les. gales.ne présen- 
tent pas les garanties nécessaires. Il faut avoir du cow-2ox. 
Si la vaccine était réellement la petite vérole transmise à la 
vache, au moyen de régénération it serait bon d’ingculer la 
variole à ess animaux. ‘Mais dans tous les cas lp premier pas 
à faire serait de vdccineriavec la lymphe avec le vaccin ani- 
mal ou de bras à bras. Cependant le cow-pox est quelquefois 
très mal supporté, produit une forte Bévre, mème des conrur 
sions. 

Cherchons. le meilleur mode de vaccination. Quang, bien 
méme cela prendrait du temps et de l’argent, il s'agit de pré. 
server de.la maladie ta. plus. affreuse eton ne: doi pas comp 
tor nos peines. E 

Dr. J.G. Bibaud : Le bon vaccin ancien donnait une immu- 
nité presque complète. Le vaccin animal est plus fort, peut-être 
trop fort méme‘et produit plus de fièvre. Le vaccin: ‘est dégéné- 
ré, vicié par d’autres maladies. J'en af eu une triste expérience 
par la perte d’un de mes enfants vacciné avec du vaccin ga- 
ranti bon par un pharmacien qui disait l'avoir importé de 
Londres. Quoique j j'eusse pris toutes les précautions requises, 
me servant d'une lancette à ce seul usage, une éruption suivie 
du cholera infantum amena la mort Nous sommes si peu 
prudent ici en Canada, pour collecter notre vaccin qu’il est 
vraiment surprenant que des cas de ce genre n’arrivent pas 
plus souvent. Chez un enfant ayant une éruption il est dif- 
ficile de produire une bonne vaccination. Une éruption ne 
s'implante pas sur une autre éruption. Les personnes bien 
vaccinées ont presque toujours eu une variole modifiée. La 
revaccination avec.du bon virus produira de bons effets. Re- 
vaccingz Mpniréal aujourd’hui et vous verrez .la variole dis- 
paraitre. On congait l'effet de la crainte dans la propagation 


212 L'UNION MÉDIOALE DU CANADA. 


des maladies, la revaccination a en outre l'effet de rassurer 
l'esprit, ce qui est déjà beaucoup. Il faut donc vacciner et 
revacciner avec du bon vaccin. 

Dr. O. Bruneau :—Les cas que j'ai rencontré dans ma pra- 
tique depuis ma première lecture m'ont prouvé la vertu pré. 
servatrice du vaccin. Je pencherais pour l'adoption de la © 
lymphe comme règle générale. 

Dr. J. E. Coderre :—Pour moi la vaccine n’est pas un pré 
servatif de la. variole. C’est une maladie du cheval trans- 
mise à la vache, et de la vache à l'homme, maladie d’un ca. 
ractére virulent et gangréneux. Chez deux enfants non 
vaccinés que je soigne en cs moment un a une variole dis- 
crète, l’autre confluente. Les cas de variole qui se sont ré- 
pétés une seconde fois chez le même individu se sont très. 
souvent présentés à ma connaissance : sur 71 variolés à 
l'Hôtel Dieu, 53 avaient 6té bien vaccinés, 17 sont morts par- 
mi lesquels 11 vaccinés. Je suis loin de vouloir adopter 
une mesure quelconque en faveur de la vaccination. 

Le Dr. Ricard, secondé par le Dr. A. B. Larocque propose 
ensuite la résolution suivante : 

D'après l’histoire et l'expérience ‘depuis J enner jusqu'à 
nos jours on reconnait que la: vaccine est le préservatif de la 
variole. 

Une discussion s'élève sur cette motion ‘et la séance est 
ajournée. 

Dr. GEORGES GRENIER. 


= «Ulett 


Société MÉDICALE DE MonNTRÉAL. 
| Séance du 28 Février 1872. 

Présidence du Dr: 3. E. Coderre. 

Membres présents :—Drs. A. B. Larotque, A. Ricard, C. 
Dubuc, O. Bruneau, F. X. Perrault, J. M. A. Perrin, Ed. 
Mount, B. H. Leblanc, A. Dagenais, G. Grenier, J. P. Rottot, 
A. T. Brosseau, L. Lefebvre, A. Déchamps, P. E. Plante. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et ‘adopté. 


4 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA: 213 


Le Secrétaire donne lecture d’une lettre du Dr. F. L. Ge- 
nand (de St Jacques de PAchigan) accompagnant l'envoi 
d’un travail sur les “ Effets pernicieux du tabac.” 

Il est ensuite proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le 
Dr. J. M. A, Perrin, que le Dr. J: A. Lapierre soit admis 
membre actif. Adopté. 

Le Dr. J. E. Coderre donne lecture de la troisième partie 
de son travail sur la vaccination dont l’objet principal est de 
démontter les mauvais effets de cette pratique en Canada. 

Je ne prétends pas dit-il en résumé, convertir mes confrè- 
res à mon opinion, mais j'ose espérer que plus tard ils vor 
ront comme moi. J'ai donné des autorités pour établir Vi 
dentité du virus variolique et du virus vaccin. Devergie, 
Depaul, Piorry, Bouillaud et un grand nombre d’autres sont 
de catte opinion. J'ai cité leurs faits et leurs expériences. 
Là maladie, adoucie dans les premiers temps, reprend sa vi. 
rulence et alors on voit les mauvais résultats. J’ai cité dés 
médecins comme Epps, en Angleterre, qui après avoir vacci- 
né 120,000 personnes considère le virus vaccin comme un 
poison, Pierce a vacciné pendant 20 ans des milliers de per- 
sonnes à Londres ce qui n’a pas empêché que plusieurs 
soient morts de la petite vérole, En présence de ces fai!s nous 
somme forcé d'admettre que la vaccine ne préserve pas. Le 
Dr. Chopin, du Sault au Récollet, nous a cité 4 cas-vaccinés 
avec le même vaccin dont 1 a suivi les phases ordinaires et 
3 autres ont 6t6 suivis d’ulcéra, gangréneux et de scarlati- 
ne. Pourquoi exposer ainsi la vie de nos malades ? 


Tout le monde n’est pas destiné à prendre la petite vérole, 
alors si la vaccine n’est pas un préservatif sûr, pourquoi faire 
courir de tels risques pour empécher l'invasion d’une mala- 
die que peut-être l’on n'aurait jamais contracté ? Je ne sais 
si c’est la vaccine ou la prédisposition des enfants, toujours 
est-il qu'on voit survenir souvent de très mauvais effets. 
mais on met tout sur. le compte du mauvais vaccin. Du mo- 
ment que les épidémies se déclarent, on vaccine et les épidé- 
mies se généralisent. On introduit dans une constitution saine 


a14 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


une maladie virulente et pourquoi ? Peut-Atre cet individu 
v’aurei jamas pris la maladie. Un tel n’a pas pris la variole, 
dit-on. Est-ce l'effet préservatif du vaccin ? Non, on ne peut 
Passurer. Je n'ai jamais prétendu dire que le vaccin donnait 
la syphilis par lui-méma, majs si on-ne vaccinail pas an .n'au- 
rait pas ces accidents à redouter. Co 

Le vaccin peut praduire des affectians tuberçuleuses, : scyo- 
fuleuses, cancdreuses, syphilitiques, etc. Depuis l’introduc- 
tion de cette pratique la.diphtérite, le choléra, le typhus, l'a- 
liénation mentale ont pris une-extension.funesle. 

Jenner n’a vacoiné qu’un de ‘ses fils qui est mort de con- 
somption. Sur la fin, Jenner voulait vacciner tous les ans, 
preuve de son peu de confiance dans la vaceination. En 
Chine la variole s’est déclarés après l'introduction du vaccin. 
Bn ‘Suède parmi une popülation que lon dit être bien vacci- 
née, 2000 personnes sont montes et un an de là.petite vérole. 
J'espère que dans 25 -ans cette pratique sera: complètement 
abandonnée. : LS 

Dr. J. P.'Rottot -—H-mie serhible que le Dr. Coderré n’a: pas 
traité son sujet commie fl'deväit le faire. Ta mis d'un côté 
toutes les obsèrvations qu'il d pu recueillir contre ja ‘vaccina- 
tion et n'a cité audutne de ‘belles qui sont favorables à cette 
pratique. Le moins qu'il aurait pu faire, aurait été de citer 
les expérientes en faveur. Un tel dit-il, a été bien vacciné et 
a pris la varidle : Cela'ne suffit pas. A:-til été bien vacciné ? 
Avaitil une bonne maïrque? Qui nous dit que le vaccin ‘était 
parfait ? Tous les-cas que le docteur wa pas suivi lui-même 
pendant la péridde de vaccination sent incertdins..il faudrait 
prouver d'abord que le vaecig était bon. Jusqu'à cette année, 
j'avais fait pou d'observations sur la marche: naturelle de la 
vaccine’ei je crois qu’un grand nombre de mes confrères sont 
dans: le méine cas. Avant ds; proclamer la vaccination non 
efficace: il faudrait avoir l'observation du médecin qui pour- 
rait certifier que la maladie a pareouru toutes ses phases, 
Souvent il ne se dévelopfe ga’an petit bouton qui n’a pas la 
werta de présérver ét les parents comptent leurs enfants 


L'UNION - MEDICALE DU CANADA, . 245 


comme bien vaccinés. ‘Ow si.on: lewr demande.si leurs enfants 
ont été vaccinés, ils répondent dans ‘affirmative quoiqu’en 
les questionnant'de neuveRu, où s' sasure que le vacçin n'a 
pas'pris du tout, ,. ‘11 :'. 


Après dvbir: vacoiné -éf' suivi la maladie ches : uk grand 
nombre ét s'êtrb assuré que ‘ia vaccine h’a' pds préservé cos 
individus, on pourrait venir alors ‘contester ses -dfféts, mais 
aussi longtemps que ‘les observations -ne seront pus faites'de 
cette manière, on' he doit'pas en faire de cas: En -Eurepe on 
a fait de vastes opérations. Dans tous les‘pays, dans tous les 
temps, on’ a vu la vatüihe -préserver d’ane manière presque 
complète : par toute’ L'Europe ln variole était presque-dispa- 
rue. Alors on:s’e4) voldehs, on à ‘négligéiles précautions re- 
commandées pottiobtenir-dti bon vaccin, on a reconnuque fe 
vaccin ne préservait plis, par conséquent dégéniérait et we don- 
nait qu’une inimurité telatéve. On s'est alors remis À vacci- 
ner aveé du cow-pox, oh ia revadciné et on a réusal à’artêter - 
de nouveau des 6pidémies par toute l’Europe. Dans une 
ville, dans un: viHagé on aréussi de même à arrêter des épi. 
démies par la mêmé méthode et cela non pas une seule fois, 
mais un grand nombre de fois. ct! a 


Il est impossible de croire que des fâits semblables op | 
tés plusieurs fois se soient présentés par pur accident. ‘Loin 
de propager les épidémies, comme le prétend le Dr. Coderre 
on a réussi à les arréter de cette manière.” On a de plus i ino- 
culé ensuite chez de¥ personnes bien vaccinées Ie virus va- 
riolique et ce dernier n’a pas pris. Comment le Dr. Codérre, 
en face de faits semblables peut-il affirmer qué la vaccine ne 
préserve pas? Tout au plus aurait- il pu exprimer un doute 
quoique pour moi co doute ne soit ‘pas raisonnable. Ceci 
n’est pas une question que l'on peut décider par le raisonne:’ 
ment, mais bien une question de faits. Avant de pouvoir 
détruire lés expériehces qui ont été faites, le Dr. Coderre doit 
en amener qui prouvent le contraire. Cost ce qu il na pas 
fait. 

Dans une question aussi finportante ‘pour We public, quand 


216 ‘ .__ L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


il s'agit de ptéserver vos semblables de la plus affreuse ma- 
ladie, il faut y regarder.A deux fois avant de semer dans le 
public des préjugés contre le seul moyen de préservation 
que nous connaissions. Cette maladie n'existe pas seule- 
ment dans l'imagination des gens effrayés, comme parait le 
faire croire le Dr. Goderre, car nous avons malheureusement 
trop de faits sous les yeux.. Certainement tout le monde 
n’est pas destiné à prendre la maladie, mais cela doit-il nous 
empêcher de prendre les précautions convenables, surtout 
quand le moyen préservatif est aussi innocent que la vacri- 
nation ?. Le Dr. Coderre affirme l'identité du virus vaccin et 
du virus variglique. C'est ce qn'en-effet'plusieurs ont essayé 
de prouyer, Mais on a prouvé au contraire que le vaccin don- . 
nait toujours de la vaccine et le virus variolique la variole. Ce 
qui a trompé certains observateurs, c’est qu’ils n’ont pas poussé 
leurs expériences assez loin. Après avoir inoeulé Ja vache 
avec la varigle, ils ont obtenu une pustule dont la matière 
transmise à l'enfant a produit une seule pustule. Mais s'ils 
avaient continué l'expérience comme d'autres l'ont fait, c’est- 
à-dire transmettre la matière prise sur cet enfant, à un, au- 
tre, ils auraient vu qu'elle produisait un plus grand nombre 
de pustules, si bien qu’à la troisième ou quatrième trausmis- 
sion on produisait une variole confluente. La variole trans 
mise à la vache ne perd donc ses propriétés virulentes que 
pendant un certain temps. Au contraire on a inoculé ‘la 
vache avec le .vaccin, et jamais on n'a pu obtenir une 
variole avec la lymphe provenant de. la vaccine. La 
vaccine est donc une maladie différente. Les cas de vacci- 
nation suivis d’une attaque de variole, cités par le Dr. Co- 
derre ne prouvent rien. Il n'y a rien d’ étonnant surlout 
dans un temps d’épidémie que la variole et la vaccine se dé- 
veloppent simultanément, Ce sont deux maladies différen- 
tes et ce n’est pas la vaccine qui donne la variole. , La vac- 
cine, dit le Dr. Coderre, cause d'autres maladies. On a en- 
core fait des expériences sur ce point. 


Jamais la lymphe prise au 7ème ou 8ème jour n'a dogné 


L'SNION MÉDICALE DU CANADA. 217 


d’autres maladies. Si vous prener de la syphilis et que vous 
l’inoculiez, alors ce n’est plus du vaccin. Depuis l’introduc- 
tion du vaccin, dit encore le Dr. Coderre, la mortalité par le 
choléra, le typhus, l’aliénation mentale, etc., est augmentée. 
Pourquoi ne pas dire de suite que le vaccin peut produire 
des fractures. Mais dans tous les cas en admettant ce fait, 
cela prouverait que le vaccin pratège, que la variole en un mot 
fait moins de ravages Car les enfants n'étant pas décimés par 
la variole, un plus grand nombre se rend, à un âge plus avan- 
cé, de sorte qu'ils seront nécessairement plus exposées à mou- 
rir de phthisie par exemple, ou d'autres maladies. Le typhus, 
la diphthérie existaient avant la vaccination. 


Le cas d'hydrophobie produit par la. vaccination et cité par 
le Dr. Codérre n’en est pas un. 


Un cas de rage se terminant par un abcès ‘et la guérison au 
bout de quelques jours est fort suspect. C'est affaiblir sa thè- 
se que de rapporter des observations semblables. Je ne puis 
donc contourir-&ans les opinions du Dr. Coderre, ‘j'ajouterai 
même qu'après avoir enteridu sa lecture, j je suis plus convain- 
cu qu'auparavant de l'efficacité de la vaccine comme préser- 
vatif de la variole. 


Dr. A. Ricard : L'immense majorité des médecins répu- 
dient les avancés du Dr. Coderre. Les quelques médecins 
qu'il a cité en sa faveur, peuvent avoir eu des motifs person- 
nels de jalousie ou autres causes dans leurs localités respec- 
tives pour s'opposer à la vaccination. La statistique de la 
paroisse Notre-Dame citée par le Dr. Coderre est nulle. Le 
bedeau demande aux parents si leurs enfants ont été vacci- 
nés sans senquérir si fe 3 vaccin a pris ou non. Je m ‘ensuis 
assuré en allant visiter quelques familles qui avaient donné 
leurs enfants comme vaccinés et chez lesquels le vaccin n’a- 
vais pas pris. S'il y a nn bon nombre de mortalités parmi les 
vaccinés, on doit l’attribuer à notre mauvais système. La 
lymphe peut protéger plus longtemps que la gale. Les cas 
vaccinés prenant la variole prouvent la nécessité de Ia revac- 





218 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. ' 


cination. Les cas d'érysipèle auratent pu & arrivor tout ABS 
bien par uñe piqûre quelconque. 


Dr. L. Lefebvre. Je crois au bon effut du vatcin. Potthant 
plusieurs années, aux Etats-Udis, j'ai retharqué que les cas 
de variole confluente survenaient ‘chez les non-vaccin6s ot'la 
variole discrète chez les vaccin6s. °° ‘" © cui ° 


Di. G. Grenier : En venant à la ‘conclusion que la vaccins 
est le préservatif de. la variole, j je ne m'en rapporte pas ‘seule- 
ment à mes expériences personnelles, mais bien surtout aux 
expériences.que l'on a faites en Europe et ailleurs. Quelques- 
uns sont disposés à rejeter toutes les autorités età né gen 
rapporter qu'à leur exprérience personnelle. S'il fallait adop- 
tor''ce. principe dans Soutes les questiohs qui regardent. la 
médecine, la science serait encore dahs sow enfance, chr! 
nous n’aurions pu profiter des admirables découvertes qui sont 
venues l’enricHir. Majs c’est en vain que ces, personnes cher- 
chent à se: soustraire à l'autorité. LL 


pa tt Û 


Malgré eux le. prestige du talentet. de. la sciencé leur on ima. 
pase, at ils.cherchent envain à échapper a-cette loi de. Jaaatu, . 
re. Lorsque des hommes bien mieux placés que Reus pour gb- 
server, nous affirment certains faits, au moins doit-on avant 
de récuser leur tèmoignage se placer dans les mêmes condi- 
tions at faire les mêmes expériences. En cé qui regarde * la 
vaccination, peut-on affirmer que nous aÿôns pris en Canada 
les mêmes précautions. que dans d'autres pays et particutiè- 
rement en Europe ? Chacun $ait le'contraire et avant qué la 
profession médicale ici cherche à contredire les facultés des 
autres pays, il faut opérer dans les conditions reqüises. ‘Il 
est évident que le vaccin que nous avons quoique bôn jusqu'à 
un cértain point a dégénéré. Par exemple, pourrions. -nous, 
comme on l’a fait dans les premiers. temps de la vaccination, 
vacciner des villages entiers ét quelque lem ps après inoculer 
les mêmes” ‘personnes avec du virus variolique et obtenir ‘le 
méme résultat, c'est à-dire que pas une de ces personnes pren- 
drait la maladie ? Crest ce que lon a vu bien des fois pourtant 
en Europe. L'aptitude à prendre la vaccine diffère chez üiffé- 


e 


LURION MÉDIOAES DU CANADA. 249 


rétites persontiew St'on re peut 6blénir chez quelques-unes 

qu'une’ pukiturlé | 'itpparfaite. ‘Gependant ici on kés ‘vaccine 
tous, faibles CHE, seefaletix ét sany trop choisie on trans- 
met te méme vacdin' à d'autres: Plus on vaccine ainsi, plus 
le vaccin perd de sa forte. En'vaecinant en méme temps'ure 
personne avec du vacgin ordinaire et du cow1pox, yous obser- 
vez que cette dernière donne une pustule plus parfaite que 
l'autre. Le vaccin a donc dégénéré, il faut le renouveler, 
non ‘pas’ le proscrite conime certains médecins voudraient le 
fairé eh seinütit parmi “notre popülation ° canadienne dés pré- 
jugés dangereux contrd une pratique aussi utile ét auséi avan- 


lageuse que l'est la vaccination. DE 


Dr. A. B. Larocque : : Môme comme on la pratique ici, ‘Ja 
vaccination est efficace jusqu'à un certain point. Les enfants 
présentant une bonne marque ont été saufs ou ont eu une va- 
riole mitigée. La grande majorité des mortalités pendant l’6- 
pidémie actuelle est survénue chez des enfante'non vaccinés. 
Dans 4 cas seulement sûr 55 j'ai ‘des raisons de croire que le 
väccin a Bien pis. ‘La grande questioh dans ce’ tas est de 
s'assurer si la vactine'a suivie toutes’ ses phiises.” | | 


Dr. F. X. Perrault : Je suis plus convaincu que ‘jamais de 
Pefficacité d'une bonne vaceination. -Mais’ à cause de notre 
négligének à avoir du bon vaccin, le vaccin a dégénéré. Il 
faut secouer cette paresse. Nos anciens professeuis aensdon- 
naignt exemple, ainsi l'ancien, Robert Nelson receuillait la 
lymphe aveç.sain et ne se servait. jamais de la gale. . 


Nous encourrons un rôgroche mérité bi connaissarit Pefi- 
eacité supérieure dejla lymphe, nons ne faisons pas tous nos 
efforts pour l'introduire dans la pratique. 


Dr. A. T. Brosseau : Le résultat de cette discussion ototive 
que le vaccin n’a pas préservé autant ici que dans les pays 
étrangers. On donne 80 pour cent ailleurs comme exempts ; 
ici nous n’en comptons peut-étre pas vingt. Mais nos expé- 
riences ne sont pas assez nombreuses et n’ont pas 6t6 con- 
duites avec assez d’avantages pour les opposer à celles faites 





220 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


à Paris, à Londres, à New-York. Avec les données que nous 
avons nous ne pouvons entreprendre de contredire ces faits 
observés dans des circonstancas plus favorables que celles 
que nous avons ici. Changeons notre mode de vaccination 
et faisons des expériences à notre tour. 


Les résolutions suivantes sont ensuite adoptées à l'unani- 
mité. 


Proposé par le Dr. A. Ricard, secondé par le Dr. A B. La- 
rocque, que d'après l’histoire et l'expérience depuis Jenner. 
jusqu’à nos jours on reconnait que la vaccine est le préser- 
vatif de la variole. 


Proposé par le Dr. J. P. Rottot, secondé par le Dr F. X 
Perrault, que la Société Médicale est.d’opinion que c'est à la 
corporation qu'incombe le devoir de fournir aux médecins 
vaccinateurs lesmoyens de se procurer du bon vaccin. 

Proposé par le Dr. A. T. Brosseau, secondé par le Dr. O. 
Bruneau, que fa Société Médicale est d’opinion que le meilleur 
moyen d’avoir du bon vaccin est de sa procurer du cow-pox, 
de Phumaniser et de continuer ensuite les vaccinations de bras 
4 bras et avec la lymphe, 


Sur motion du Dr. A. T. Brosseau, secondé par le Dr. Ed. 
Mount, des remerciments sont votés au Dr. J. K. Coderre 
pour sa lecture. 


Proposé par le Dr. O. Bruneau, secondé par le Dr. P. E 
Plante, que l'on considère à la prochaine séance le sujet du 
tarif et de l'étiquette médicale. Adepté. 

Le Dr. X. P. Perrault donne avis qu’il proposera à la pro- 
chaine séance le Dr. F. L, Genand comme membre corres- 
pondant de la Société. 

Et la séance est levée. 


Dr GEORGES GRENIER. 


L'UNION MÉDICALE DU OÀNADA. 


221 


“TasLeau des maladies traitées au Dispensaire de l’Asile de la 
Providence, depuis le 15 Février 1872, jusqu’au 15 Avril 
de la même année, par le Dr. Georges Grenier. 








e Z e 
® @ © 
MALADIES. _# | . MALADIES, ps 
+ L o - . + 6 © 4 7 € of 
- AIDUMINUIIO .......c0cesessersscouse À | Irritabilité de la vessie... 1 
Aménorrhée ... ceoseonse: CTI LUE cnessece . Hera CIN ass serrer 00 a 0090 TT ; 
Am alite, 0660008 4080610 @mogtose n te. 00 COO OEE 2000000089 poe OO 
Ye ‘6 chronique. ceses 1 pan eee seedesege 6 94 00 HOC ES e 12 
ANÉMIB sue ccessseee ve decease eqeescees Q | Lichen mn mms. vee A 
Angine pharyngée esecenes o seeeeees ~| Lumbago ........- esse ce JB 
© QTANUICUSE mn severe 4 | Luxation de hams se me à 
Ascite ...... eeacecee soseseses à sencenceee 2 Ménorrhagie..... oes messes À 
Asthme o......ccceceees sens soeees sevens 21 Migraine su sucres esoomeomenneossse À 
Blépharite aigü@ sers ore ; NÉPMrit® ..scccsce son mravemme ses sooveuee 2 
ac + a chronique 00068 90070000 ° Neévralgie......0... Ces 95g 6600 Sse ete 12 
Bronchite..., seen evscncces cecees soneas 18% | Opthalmie scrofuleuse.......... © 
“ Cc ronique srecccoee sevens 1} Olite aigiie..........0. sos rn | 
Bronchocèle … seeenece eos agase pesecacs î 46 GRPONIQUE sue cccsreccernecee 2 
FÜIUTES secs sos ooososooo ee see Ozène ......00 none coecesanecs: ss À 
Cancer ss leceedese sasesesess woe 4 | Palpitations du cœur... 2 
Catarrhe .....00. @ soseceece ves sos esse 2} Panaris...cc. .secesees coocsecee ce. 5 
CéphAlRIgiB ee rss avvue cee. 9 | PATAPIÉRIO eu. ner os. 2 
CHIOPOSO ue nn nue neuves coseeeeeese ‘ D | Parotidite sn. rss esse course 1 
Congestion cérébrale ........2sce0 2 | Périostéite ns san. À 
Congestion du foie....s.cccccceccee À | PRIEGMON ..cccscs sssssrereee coreeeeee + D 
Conjonctivite cs co svoe 00000 000000 8 Phthisie ss sssees soso os ce 58 
Contu on O6ened bae 068 essbes core eae te . Pleurésie ebencaace esse Dons sure scveve 14 
Convuisions….. esse cossoeses 1] Plourodynie ui nee À 
Gouueha tion. so nees see cee one coccee sence » 12 | Pneumonia ns sense ccsveeeee 3 
velucne eve steses see eet Plaie. ETS PIVTTITTINIT TT osvtenses se cf 
Cor ysa . opess vegepesee ss.pse cspeseascesse, 1 Prolapsus ani. Cho edees Deo oes ane oes asde 1 
Couperosa esecseeee sececene  seeeeeecenes FY Prurlgo..cccs ne nn soveee soon 13 
Debits. Coceed chdeodevnes eee eodoenetes 3 Psoriasis e beoces cess docuuse 2 
1 1 09 GOCaSH Seakes FOShOS 00051000 ura Ov eveceen veeees oovese goeeroose Ld 
Diarrbée....... ns 8 yrosis so eee eesseesce senses oe seeseeees 3 
Dyspepsie … seseceeccs see cod oss secs 411 Rhumatisme musculaire. ecscsesees OO 
DySMENOrrhée...s.000 cersererecccere 4 ‘articulaire aigiie.. we 2 
Dyssenterte... sensor Ô ‘4 chronique... 8 
“6 chronique... ee s#eeesess ‘ 2 Rhumatisme noueux..…. 6 2089066206 ” 1 
Embarras BASIQUE .4...00c0cecerece - 3 Rougeole bosse coseseses geases seaes . 2 
CZOMA sono cocvescns voeses cece eee UPIA ..ccecece sovcevese socsesces concesse 1 
Emphysbme pulmonaire... edd Odd owe se * 4 Scabies...... COP eHoVeED -eTessEee CHOOeTER®E £2 
pl epsie Ron acsase codes posessse se. 2 Scarlatine COLLECTE PET CELCLILELE CEE 5 
mot eine se rene sscvcvccece — DL SCLOLUTES. se cesvcccoe vovves conse d 
Si 6 CB 860 600006 SCHOO De Des en sse 15 Stomatite. escucoce eeceee CL, 112 des 1 
F vre simple continue ....... sv. 18 |S uerpurgation .. Rs es l 
“ remittente abdominale des SYNOVILE sd esvue covevcccsscevesescecene À 





322 L'UNION: MÉDICALE DU CANADA, 


enfants ages @ ye 200 Cee 200 roy) ¢ 00g rences ll Syphilis. cvs ee onrre ose COCRne eee Bapese 3 
Flatulence ......0 segs ang eise 2 6 secondaire... cose epee 17 
Fongus vee céder wae cob nde EeSubeced codes 3 Finck capitis.. dose wee woes beleovodvee 6 
Furoncle . © Yon dep Rasguc Desave aoe sys ape Cu 91 Joux nerveuse... evge 0006 sop de © ongrace i 
Gastralgie .. ons sen see Tumeurs eoo000 coceee sooee 2 
Gerçures aux seins . sonne messes 2 UFICBLOS...000 cesccccse veces coves sosoee 4 
Hémorrhoïdes ...... 00... 00+ se... 4 Urticaire oeevee consonnes sooseuees soenes i 
Hépatite chronique . Re | “chronique .......00 eee0ee 1 
Hornie omhilitela’a:.....:. we Variole ssssesse etes anecemecscesoeecons 25 

ds .. soe cones rennes 2 | Vertiges... ne sens sos. 4 
Herpès tonsurant... sees . 1! Vers intestinaux …................. …. 45 
Hydrocéphale chronique. CUS à | 
HY CYOtHOLdX nn ue sous oo pe 141 1547 prescriptions ‘dnt été rémplies 
Hypertrophie au COTE or 10 | pout’ ‘lës maladies ‘ci-dessus, ropré- 

"AUDI pe de ‘#4 /|isentatit 911 mialadés, dont 714 ap- 
“de la la grande parbtide 2| partichmunt ‘au sexo féminin, et 197 
Hystérie”. dose nee cesse ces is 10! au sexé ttiasCufih: ‘Sur ce nombre, 
Impétigo": vescascomsesecsssseene 1 | 86 trouvent ‘164 enfants au-dessous 
Inedntinente “Sling sense …..…  2|de 0 ans.7"25 personnes ont été vi- 
Induration glanwlaire … oe 2 | sitées’& domicile. | 
a eee 


DisPENSAIRE ST. JOSEPH. Bu 4er,.Janvier au si Mars der- 
nicr 1012 patients reçurent ‘des. soins à cette institütiou. De 
ce nombre.-245- hommes et 459 femmes. . Les prescriptions 
remplies. ÿ 'pleverent du nombre de 356. 





 LUBUS NATURA 


+. e@eens 
ss... 


pénis. Entre le onbis et lombilic, il y ‘aun’ vagin” par où 

s'écoulent les urines... Ge vagin est.recouvert. d’une.espèce de 
vulve qui, fermée, ne ‘présente aucune étévation: “Les dis- 
positions.de detenfaut sont celles du sexe masculin..J’ai assie- 
té lamère, lors de son accouchement et je te déclarai être un 


petit. garçon. Son père est aoe et culivateur, l'enfant 


sos soonest 


annee en Ras sen 8e 


pient qui se. “srdecalana, à sans | dou, c'est. que le. menton, à 


vingt ams; sera couvert de bafbe. oy _ 
—}——— 








L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 223 


BAUME DE COPAHU DANS LA VARIOLE ET LA | SCAR- 
LATINE. 


—_—_ 


(Lettre du Dr. A. Rowan à PEditeur du Midica Times and 


Gazette), _ 
Monsieur,—Vous m’obligerez en insérant dans votre journal, 


les remarques suivantes, relativement au traitement de la pe- 
tite vérole et de la scarlatine, par le baume de copahu. 

D'après nos connaissances des effets de ce baume sur la 
peau et les membranes muqueuses, j'ai été conduit à essayer 
à la dose de 4 ou 5 gouttes mélées à ii de sirop et ii de mu- 
cilage de gomme arabique, trois ou quatre fois par jour, dans 
un cas de variole confluente chez une personne qui .n’avait 
jamais été vaccinée. Il ne causa aucune nausée, mais, au 
contraire, donna beaucoup :d’appétit jusqu’à complet recou- 
vrement. Il ne resta aucune empreinte quoiqu’aucune ap- 
plication ne fut faite, qu'un peu d'eau et de glycérine. J'ai 
essayé le même mélange days la fièvre scarlai:ne avec les 
résultats les plus satisfaisants. Avec son usage, la langue et 
la gorge s’améliorerent rapidement, l’appétit s'établit et on 
n’observa aucune des conséquences ordinaires. La sécrétion 
de l’urine fut copieuse et commença à augmenter après 
deux ou trois doses. D’abord elle était de la couleur de la 
bière at légèrement caargée, mais après trois. jours, entière- 
ment nette et normale. Ma théorie sur l’action du remède 
est qu'il altare ou détruit le caratère du virus et l’élimine 
surtout par la peau et le rein’; car le recouvrement a été ex- 
traordinairement rapide. Dans tous les cas, j'ai prescrit le 
lait, Le. bouillon, le vin, etc. selon les besoins. 


‘ Je suis, etc., 
oO A. Rowan, M. D. 


Médecin et Chirurgien visiteur à Hôpital de Marine etc 


Qaébec, 6t Rue St. Louis 
26 Janvier 1872. 


224 L'UNION: MÉDICALE DU. CANADA. 


Ox PRoToPLasmtc Lave ‘nr PF. Galice CALVEnT: LONDON, 
PRINTED FROM CHEMICAL NEW4 1871, 1n-12, 18 paGes.—Sous le 
titre de : On protoplasmic life, M. F. Grace-Calvert, a présen- 
té à la Société royale de Londres, une série‘de méinoires qui 
ont été depuis insérés dans The Chemical News, juillet, sep- 
tembre 1871. 


Ces mémoires présentent u un intérét assez sérieux pour 
que I nous croyions devoir en donner une analyse succinte : 

Les intéressantes recherches du docteur Tyndall, sur I’a- 
bondance des germes. vivants répandus dans latmosphère, 
et la difficulté de détruire ces germes, aussi bien que des 
travaux analogues publiés par d'autres savants, avaient sug- 
géré à l'auteur l’idée de rechercher si les germes vivants 
existants, ou produits dans un liquide ‘en état de fermenta- 
tion ou de puiréfaction pourraient être transportés dans d'au- 
tres liquides également susceptibles dé fermenter ou de se 
putréfier, et quoique les résultats de ces recherches ne lui 
aient pas paru encore assez complets pour pouvoir être pu- 
bliés, il en est résulté cependant un certain nombre de faîts, 
que M. Calvert a cru devoir faire connaître au public. Pour 
se mettre à l'abri des difficultés nombreuses qui entourent 
ces ‘expériences, et notamment de celles qui dépendent du 
rapide développement dans les liquides en: expérience, des 
germes vivants contenus daus l'atmosphère, l’auteur a été 
conduit à employer de l’eau distillée par une méthode parti- 
culière'qu'il ‘décrit longuement, et dont une des conditions 
est le déplacement de l'air dans l'appareil. au moyen d’un 
courant d'hydrogène. Cette méthode a ‘permis d'obtenir de 
l'eau parfaitement pure et qui est restée dépourvue de ger- 
mes vivants pendant plusieurs mois, grace ala précaution de 


ne la retirer de. l’appareil distillateur qu’au fur et à mesure 
des besoins. 


Une certaine quantité d'eau distilléé le 20 novembre fut 
introduite le 7 décemdre dans :douze petits ‘tubes et laissée 
exposée à l'air pendant 15 heures; après quoi, les. tubes fu- 
rent soigneusement fermés. Quelques-uns de ces tubes fu- 


L'UNION. MÉRICALE, DE CANADA. 225 


rent quverts quinza, jours après, ils ne, cantenaient, aucun 
germe vivant. Le: Vingtinpisieme jour, même résultat néga- 
tif Heu. tite. 

Le 2 janvier 1874, £! eat àdire; 24 jours aprés. la fermeture 
des tubes, chacud des: “tubes ouverts à celte épogue, présen- 
tait à l'examen micrascopiqué deux on.troissvibrions noirs. 

‘Pensant que ce minee'résultat $epait, à la faible quantité 
de germes vivants 'rèpanüus dans Patmosphère. par le froid 
rigoureux de cette saison de l'ainée, M. Calvert recammen- 
ça son expériencele 4 janvier, en ayant saia-d'exposer , pen- 
dant ? heures ses tubes remplis d'eau distillée parfaitement 
pure au contact. de 1a wiahdo puttéfidea, at six jours après. on 
trouvait dana-chadgite, tabé:quverts:doux .ou:.$rais, vibrions 
noirs ; deux mois âprès, dans des.£ubes, de ‘la, même, série, 
on constathit le méme tréeullat sans accroissement ; ‘ainsi 
Pexpositien dés tubes au contact d'une source. abondante de 
germes proto-plasmiques avait eu pour: xésultat un dévelop- 
pement plus rapidé:.de.ces..germés, 6 jonmsiau.Hien de 24, 
commie dans la précédente expérignce :; mais le reraté. de ces 
proto-organismes semblait démontrer égalemnnt que leur re- 
production ne peut se faire dans l'eau. distilléa::parfaitement 
pute fauté d'éléments nécessaires À. leur coexistence. Une 
troisième série d'expériences. vint confirmer cette hypothèse 
de la manière la plus positive, en. introduisant 100 grammes 
d’albumine liquide d’un œuf frais dans 10:qnoes d'eau distil, 
lée et en éxposant pendant: huit heures. au.: contact de l'air 
ce mélange dans des tubes ouverts, puis -edigneusement fer- 
més, on vit dès le ‘cinquième joûr des traces distinctesde vie 
embryonnaire dans les premiers tubes ‘examinés,.et dès le 
dixième jour un acctoissément très nptable de:ces proto-orga- 
nismes ; preuve évidente que la présence de. palbamnine, avait 
favorisé.la multiplication des germes. _ sh . 

L'auteur fait observer avec ‘raison, combien ses expérien. 
ces sont défavorabies à là: théorie de 14 génbration: spontanée, 
car il a toujours été nécessaire d'exposer au contact. de l'air 
ou dans le voisinage d'une sonrce de vie proteplasmique les 


998 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


liquidés ¢ en Expérience ‘pour ¥ voir développer des’ prote-orga- 
nismes, tandis qu'il n'y a jamais eu la moindre trace de vie 
embryonnaire dans les liquides soigneusement renfermés 
dans des vases à l'abri de ce même contact. ° 

Ces éxpéziences répétées en remplaçant. l’hydrogène dans 
l'appareil distillatéur par de l'oxigène pur,.ont présenté à peu 
près les: mémes résultats, sans peut-être un développement plus 
notable des proto-organisriies dans les tubes ; mais, circons- 
tance: iiporlante, la reproduction de ces mêmes expériences 
par uñe température plus chaude, alors que l’atmdsphérs est 
pour ainsi. dire imprégnée de germes vivants, a été suivie 
” d’un accroissement si considérable dans le nombre des proto. 
organising développés dans les tubés, qu'il ne peut être attri- 
bué qu'à l'introduction plus nombreuse des germes de l'at. 
mosphère ét non & leur multiplication dans les tubes. 

IT—Action de la chaleur sur la vie protoplasmique-—Les par. 
tisans de la génération spontanée ayant avancé qu'une tempé- 
rature de 212 Fart., c'est-à-dire le point d’ébullition des liqui- 
des en éxpérience, était suffisante pour détruire toute vie pro- 
toplasmique, et que les organismes observés postérieurement 
dans ces liquides y avaient pris naissance spontanément, M. 
Calvert institua un certain nombre d'expériencés dans le but 
d'éclairer cette question, et on peut dire qu’il y a réussi par- 
faitement et qu’il ne petit rester aucun doute sur la fausseté 
de la proposition précédente. 

Voici comment l’auteur procéda à cette recherche : 

Il institua. quatre séries d’expériences : la première avec 

une solution sucrée, ta deuxième avec une infusion de foin, 
Ja troisième avec une solution de gélatine, la quatrième avec 
de l’eau mise au contact de la viande putréfiée. 
: En décrivant succinctement les procédés employés dans la 
première série d'expériences on aura donné une idée exacte 
de Ia manière de faire de l’auteur, et il suffira de donner les 
résultats obtenus dans les autres séries. 


Uné solütion sucrée fut préparée en dissolvant üne‘partie 
de sucre dans 10 parties d'eau commune, et ensuite exposée 





L'UNION MÉDICALR DU CANADA. 227 


tonte la nuit au contact de l'air libre, de façon à ce qu’une 
grande quantité de germes vivants pit s’y introduire. Cette 
solution ainsi préparée, le 1er novembre 1870, fut versée le 2 
novembre dans des tubes de verre épais et. soigneusement la- 
vés ;.puis les tubes, hermétiquement fermés enveloppés de 
gaze métallique pour prévenir tout accident d’explosipn, fu- 
rent placés dans un bain d’huile et graduellement chauffés à 
la température requise, et maintenus pendant une demi-heure 
à cette température. 

Le contenu de chacun des tubes ne fut examiné au micros- 
cope que 24 jours après avoir été fermés et chauffés. . 

. Douze de ces tubes avaient été gardés sans être chauffés, 
douze furent chauffés à 202 F., douze à 300° F., douze autres 
à 400° F., douze enfin à 500° F. 

Voici résumés les résultats de cette expérience + …., 

Solution sucrée non chauffée : Environ 30 animaloules sur le 
champ. du microscope, principalement de courts vibrions 
noirs, 2 ou 3 microzymas nageant faiblement autour, 3 ou 4 
vibrions ordinaires et quelques bactéries. 

Solution chauffée à 2120 F. pendant une demi-heure: La vie a 
disparu dans une large mesure ; plus d’animalcules naggant. 
Mais tout n’est pas détruit : 4 ou 5 courts vibrions noirs se 
meuvent énergiquement, ça “et là, 2 ou 3 vibrions ordinaires, 
animés de mouvement rapides, mais sur plate, Cestà. dire 
sans nager, | 

Solutian chaufée à à 300° F. : Le sucre est légèrement char- 
bonné, mais toute vie n’est pas détruite, 1:ou 2, vibrions ordi- 
naires et 1 ou 2 courts vibrions. noirs se meuvent sur le champ 
du microscope, 

Solution ‘chauffée à 4000 F.: Le sucre est presque entière 
ment decomposé : pas de traces de vie. 

Solution chanffée à 500 F. : Pas de traces dev vie. 

Les vibrions noirs dont il est quéstion ont. une téinte. plus 
foncée que les autres, ils sont importants à connaître parce 


qu'ils résistent mieux que les autres à une température élevée 
et à l'action des agents chimiques. 


228 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Les “rébultdts ci-déseus obtenus he différent pas-sensible: 
ment dans tes autres séries’ d’éxpériences, et elles s'accordent 
à démontrer: te que Ta: ‘vie pibtoplasmique nest que faible- 
ment atteinte pat ‘uhe témpérätaré de 242 F.; 2 qu'à 300 F. 
on én trouvé encore’ des traces ‘apréciables, sauf dans la solu- 
tion de gélatine, où ‘elle’ a tout à fait disparu à cette tempéra- 
ture; 3¢ qu'il fitit! en. général une chaléur de 4000 F., pour 
éteindre toute Vie organique’; 4° enfin que .lés résultats pro- 
clamés par les partisans de la génération spoñtariée ‘sont enta- 
chés d'erreurs, puisque dans aucune de leurs expériences ils 
n’ont atteint ou excédé là température de 300° F. : 

Comme appendice à ces expériences sur les effets des hau- 
tes températures sur Ia vie protoplasmique, M. Calvert sou- 
mit pendant vingt heures des liquides ‘contenant des proto- 
organismes à l’influenceé de fa congélation” et d'un froid al- 
lant jusqu'à 17° Ÿ. au-dessous-du poirit de congélation, ‘il vit 
alors ‘les animalcules: devenir languissants et perdre leur 
puissance de locomotion ; mais deux Heures après la fonte 
de la glace, ces mêmes aniinaledies dvaient repris toute’ leur 
vigueur: : ‘ Ait vis 

TT. — Des ! Teis de la chidjeur sur les prold- sorgditlines préala- 
blement desséchés. Dans: yn troigiéme mémoire qui porte le 
titre ci-dessus, l'auteur à recherché si les animalcules micros- 
copiques préalablement desséchés, sdit à l'air, soit à l’étuve, 
résisteraient sans être détruits 4 une température. plus élevée 
que ceux qui, dans les expériences’, précédentes, avaient Eté . 
chauffés avec lès Jiquidés duns lesquels ils vivaient. Les 
températures ont varié de 100 à 600° F. , et dans toutes ces 
expériences le résultat a été le mê pe C 'est-à-dire, qué la vio 
s'est conservé jusqu’à la. ‘température ‘de 300° LR plus ‘ou 
moins languissante, il èst vrai, mais qu au-delà, elle a été fa- 
cilement déttuite, les Hduides ‘edx-mémes. étant plas ou 
moins rédüits en masses charboaneuses ou semblables à une 
sorte de ‘gomme. ir 

IV. — Dans un Guätridihie mémoire, jétitulé : Aétion. de ‘la 
chaleur sur la vie proto-plasmique desséchée dans ‘les fabriqués 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. | 229 


de coton, M. Calvert rend comple duirésultat de. l'application 
des expériences précédentes à l’asaginiasembnt des fabriques 
da: cotan: on de vêtements covafeictionnés et den essais qu'il a 
tentés'daus:lo-buxé d'arriver à'augiprimerta coiitagion. par las 
germes vivants répandus profusion dans ces: fabriques. 

Le proaédé:de Hauteur consiste à décotiper une pièce: d’é- 
toffe en petits fragments, à la nettoyer avec-sdin dé façon 
à la débarrasser de tout apprét et à la plonger dans une 
solution d’albumine ou de viande putréfiée contenant une 
grande quantité d’animalcules microscopiques ; puis à des- 
sécher ces fragments, soit 4 Yair libre, soit à l’étuve avant 
de les enfermer dans des tubes hermétiquement fermés ; 
ces tubes sont enveloppés ‘da: gaze: métaillique, portés dans 
un bain d'huile et successivement chauffés à des tempéra- 
tures variant entre 100 et 600» F. 

Mémes résultas à peu. près que dans Jes sxpériences 
relatées plus haut. Le ren 


. Toujours la, vie cellulaire résiste à des, températures qui 


| ne dépassent pas 300° FF, quelquefois même à 400 on en a 


encore des traces :appreciables, au-delà de 400° toute vie a 
disparu; mais le. résultat industriel est.tout à fait nul, l’é- 
toffe de coton qui jusqu'à. 200° -F conserve ses qualités, 
commence à sjaltérer ap- delà, et à 3000 F. est tout à fait 
perdue pour l'usage; à 400, elle. gst devenue presque. noire ; 
et se réduit en poussière quand: on leg fratte entre les doigts ; 
à 500°, elle est à peu près. complètement carbonisée et le 
tube contient une jgrande quantité. de.gaz hydrogarbonés ; 
à 6000 l'étoffe. est: tout à fait, réduite en charbon. . IL n’y a 
done, jusqu'à présent aucun -bénifice.à attendre de l’applica- 
tion d’études -pourla désinfection et l'assainissement - des 
fapriques; telle eat la conclusion des rpcharghes.r, : :.. 

"En terminänt ce qomptd-rendu, dèj4 bien longs des diffé- | 


- rents mémoires de M:: Calvert, nous ferons remarqüer.que 


nous avons di en retrancher faute d’espace une foule de 
détails:intéressants:@% qui se ‘prêtent mal à l'andlyse : aussi 
engageonsnôus les:lecteurs à recourir: au travail original 


230 L'UNION MÉDICALE DU CANADA: 


‘afin d’avoir une idée plus complète des expériéncès de l'au- 
teur et des conclusions"qu'il en a tirées. 

En ce moment où l’Acadénrie des sciences retentit des 
débats contradictoires sur le rôle de l'air ou plutôt .des ger- 
mes.qu’il contient, sur tes fermentations, peut-être ces expé- 
riences devront-elles entrer en ligne de compte comme con- 
firmatives des idées soutenues: par M. Pasteur. 


Dr. P. Mevnet 
a — Lyon Medieal. . 
| he 
L'ANESTHÉSIE COMBINEE PAR LE CHLOROFORME 
ET LA MORPHINE. 


Nous donnons au compte rendu de l’Académie des Sciences 
l'analyse de deux communications fort intéressantes au 
point de vue de la pratique chirurgicale et de la physiologie. 

MM. Labbé et Guyon viennent de faire une application 
des observations de M. Claude Bernard sur l’anesthésie ob- 
tenue au moyen de laction combinée de Ia morphine et du 
-chloroforme: Nussbadm le premier avait tenté sur un 
malade'ce mode d’anesthésie, et nous parlerons plus loin du 
résultat de ses observations ; MM. Labbé et Guyon, encoura- 
gés par des essais récents de MM: Rigault et Sarazin, viennent 
.de démontrer que des opérations graves peuvent être tentées 
par ‘lanesthésie combinée. Ces quatre faits sont très-en- 
courageants, puisqu ils ajoutent une démonstration expéri- 
mentale .sur des opérés aux considérations théoriques ou 
empruntés à l’expérimentation : chez des animaux, et autori- 
sent à établir cetie conctosion importante : que l'injection 
préalable de morphine à petites doses permet d'obtenir, avec 
des quantités de chloroforme bien plus faibles que celles 
qui sont employées d'ordinaire, und 'anésthésie trée-prolon- 
. gée. 

. La démonstration semblera plus complète encore si l'on 
ajoute à ces. faits les observations de Nussbaum, qui sont 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 231 


plus nombreuses qu'on ne le croit généralement. Puisque 
la question vient d’être soulevée, il n’est pas sans intérêt de 
rappeler ses essais. 


Nussbaum, en pratiquant l'ablation d’un cancer du cou 
volumineux chez un homme de quarannte ans, eut l’idée 
d'injecter de l'acétate de morphine pendant que le malade 
était encore sous l'influence du chloroforme ; le but du 
chirurgien était d'épargner au malade les douleurs consécu- 
tives à l'opération. Le sommeil anesthésique fut ainsi prolon- 
gé pendant douze heures. Nussbaum a employé les injec- 
tions de morphine dans seize autres cas, l’injection sous-cu- 
tanée étant pratiquée pendant la narcose due au chloroforme. 
Dans tous ces cas, les résultats obtenus ont été excellents, 
c'est-à dire que la douleur aété supprimée pour un temps 
fort long ; dans quatre cas seulement on a observé un som- 
meil aussi profond, avec anesthésie aussi complète, que dans le 
précédent, mais le sommeil n'a duré que deux, trois, cing et 
huit heures. Une remarque analogue a été faite par Von 
Pitha dès l’année 1861 : ce’ chirnrgien avait employé les 
lavements avec l'extrait de belladone chez un malade qui 
était réfractaire à l’anesthésie par le chloroforme. A la 
suite des lavements le malade put ètre anesthésié et le 
sammail fut profond et prolongé. 


‘On remarquera que Nussbaum faisait les injections de 
morphine perdant l’anesthésie : MM. Labbé et Guyon em- 
ploient la morphine avant l’anesthésie ; le but qu’ils se pro- 
posent est différent, puisqu'ils cherchent non pas à empé- 
cher les douleurs consécutives à l'opération, mais bien à 
faciliter l’anesthésie et à en diminuer les dangers par l'émploi 
d'une quantité moindre de chloroforme. 


Nous savons qu'il faut, être trésréservé quand ils: agit de 
juger du degré d’innocuité des anesthésiques ; mais il est utile 
que des expérimentateurs prudents poursuivent le.perfection- 
nement. des procédés anesthésiques.— (Gaz. Hebdomadaire,) 


‘ EL * costumes , 





282 L'UNION MÉDICALE DE CANADA, 


Do PHOSPHORE DANS DES LES MALADIES DÉ LA PEAU, par 16 doc- 
teur Eames.—Le Lyon Médival a d6jà ‘dénné "un ‘résuiné: des 
recherches de M. Broadbent sur ce sujet; les: essais ds M. 
Eames confirment pleinement les résultats obliges “par ce 
médecin. 


‘L'auteur emploie’ une solution de 50 centig: ida ‘phosphore 
dans 32 grammes d'huile d'olive, et il donne de ring à dix 
minimes da cette solution trois fois par jour; :larèque la:pré- 
paration; huileuse cause des nHusées, il 1A .remplace pér-des 
capsules'contenant un:dixième, un douzième. où un trbimème 
de grain de phosphore. chacune. : pet 

Sous l'influence de ce traitement, ila obtenu des éffets 
très-satisfaisants dans diverses maladies ontanées. Ure acné 
éndurataide la face, par exemple, datant de quatre: ans, ‘fut 
guérie.en six semaines. Trois cas de lupus furent aussi très- 
heureusement influencés. Dans le premier, il y avait déjà 
une amélioration marquée au bout de quinze jours de traite- 
ment, le malade continua cependant encore l’huité phéspho- 
rée pendant neuf mois, à la dose de dix minimes Dans le 
second cas, la guérion survint après cinq mois de traitérhent : 
elle se maintenait encére dix-huit mois apres. Dans le troi- 
sième, Phuile fut administrée pendant neuf semaines, mais 
avec des interruptions nécessiléés par rintencitrrenee: de 
symptômes de dyspepsie. 

Dans un cas dé scrofulo-dermie, l’engorgement glandulaire 
disparut en six semaines; dans un autre cas, La guérison 
avait liea en trois semaines. | 


Le psoriasis cède aussi très- promptement au médicament ; 
dans un cas le phosphore provoquant là’ dyspepste, ob dut le 
remplacer par l'acide phosphorique. 

Des cas de pemphigus et d’evtéme furent aussi très-Heu- 
reusdment influencés par le médicament. 

* L'auteur attire l'attention ’ sur IPappatence argéhtéé que 
prend la langue après l'üsage un peu prolongé: du rétnède ; 
il signale aussi la dyspepsie comme pouvant être produite 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA: 233 


par da médicatjon ; bn'Fastféterfasilament eh remplagant le, 
phosphore par l'açide .phosphorique pendant quelqus..temps] 
La discussion qui suivit la lecture ilu. travail de’ M; Eames 
à la Medical Society of the -Gollege of the phisicians of Ire- 
land, cbnfirmalet faits avanidés' par l'auteur. M. Quincaix 
emploi avec ‘grand atantage'le phophore ‘comme: tonighe 
exditant, dais un tettain nomitire de maladies, daûs la pneu- 
monib, par’sxemple ; it sa: trouve bien dela combinaison:du 
quind'avec Pacide phosphorique étehdu’; il sé sert quelgne. 
fois du phosphore rouge ou-amorphe. ' Le docteut : YancrEn 
a essdyé la ‘sdlution alevolique,; et elle a répondu à sdn at- 
tente. Lè.doetéur. Kewkeny ‘vante, contre le lupus, deux 
moyens qui lui ont souvent réussi ‘10. l'application d’un 
cautère'; 20 l'aninistration de l'écorce d’orme. (The British 
medical journal Ù 9 décembre 187 J | 





LA SAVEUR DE L HUILE, DE FOIE DE MORUE MASQUEE PAR L’ES- 
SENCE, D'RUCALYRTUS @hOBULYS.7— IL résulte des recherches de 
M. Duquesnel, pharmacien, que des mélanges d'huile de foie 
de morue blanche ou brune, avec des quantités variables, 
mais toujours très petites, d'essence deucalyptus, facilitent 
l'admiaistration de Phuile-de foie de morue. La nouvelle 
forme qu'il propose de donner à ce médicament est très-facile 
à exécuter et peu coûteuse : 


Huilé de foie de morue blanche"o ou ambrée..... sde 400 gr. 
Essence d’eucalyptus …...........… sevecsdvccencedsdsesesecded’ BTy 


Mélez, Ayez soin de tenir le flacon bien béuché: 


. L'huile aromatisée avec cette propôrtion a’ essonce ne pos- 
sède ni l'odeur ni la saveur de Fhuile de foie de morte. 
Elle est ingérée avec facilité, ne laisse dans l’arridre bouche 
et sur la langue que le goût ‘de l'essencé qu'elle corifient , et 
de plus ies éructations ‘odpriférantes,. si: désagréables lorst 
qu’eles:se produisent. avec. hub de, foie de. MOTE, son- 
complètement modifiées, 

Pour les huiles brunes, on peut augmenter la: proportion 


234 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


d’essence d’eucalyptus, puisque, d’après les expériences faites 
par Gimbert (de Cannes ) sur lui-même, on. peut da donner à 
la dose de 1, 2 et même 4 grammes.—Lyon Medical. : 





Un chirurgien anglais, M Duncan Gibb, a fait cette sin- 
guliäre: remarque, que l’épiglotte, ce gartilage mobile situé 
dans l’arriere-gorge, occupe Ia position verticale chez les 
personnes au-dessus de 70 ans, et que l’affaissoment de coe 
cartilage peut être considéré comme le signe que l'individu 
ue parviendra pas à un âge avancé. 

- L'observateur anglais assure avoir examiné cing mille 
personnes bien portantes. Toutes les personnes qu’il a exa- 
minées et dont l’âge était aussi entre 70 et 95: ans, avaient 
Vépiglotte verticale. Il cite en exemple plusieurs hommes 
d'Etat bien connus, lord Palmerston, lord Lyndhurs, lord 
Campbell, et lord Brougham. IL cite aussi plusieurs 
vieilles dames, encore vivantes, dont l’âge est de 72 et 90 
ans, et dont l’épiglotte est verticale. L'examen le plus 
rémarquable est celui d’un homme de 102 ans, qui vit enco- 
re, chez qui ce cartilage occupe toujours la même position. 
Il résulte de là qu’on ne peut atteindre la longévité au- dela 
de 70 ans, si on a l’épiglotte pendante. 

M.. Duncan Gibb résume ses idées dans les conclusions 
suivantes : 

4° C’est une règle que personne ne peut dépasser 70 ans, 
avec une épiglotte pendante ; si quelques personnes y arri- 
vent, c’est.un fait exceptionnel. 

20 L’affuissement de l’épiglotte amène la fin de la vie vers 
l'âge de 70 ans ; c’est là la limite naturelle de la vieillesse. 


ge Au contraire, une épiglotte verticale donne les meil-. 


leures chances pour atteindre une. extrême limite de lon- 
gévité.—Lyon Medical. 


si 





 SocrÉTÉ CLINIQUE DE LONDRES.—M. Cooper Forster lit untra. 
vail sur deux cas d’anévrysiid poplité : dans le premier cas, 
homme de 35 ans, buveur; traitemennt par compression mé- 
canique et la flexion petdant cinquante-cinq jours: on fait 


a? 


L'UNION MÉDICALE D :CANADA. ' 285 


ensuite des kéahbéé de quatre à mbuf: herirës, le malade ch)p- 
roformisé : le sac devient plus petit et plus dur, cessation des 
pulsations le 23 décembre, sortie de l'hopital le 3 janvier. 
Dans ie second caë, homme de 34 ans, anévrysme poplité du 
volurhe d’une orange ; Ia compression mécanique n'ayant rien 
produit, on eut recours à la compression digitale, et l’on eut une 
guérison complète au bout de trois heures et de mie. M. Fors- 
ter pense que, pour arrivet aw suocès, il faut suspendre ‘com- 
plètement le cours du sang, ce qui est en opposition avec la 
manière dé voir de Bellingham’; i croit que dans tous les 
cas on doit essayer d’abord de Ja compression et ne jamais 
employer d'emblée la ligature.—Dans la discussion: qui sui- 
vit, M. Barwell émet l'idée qu'une guérison trop rapide peut 
être dangereuse, au point de vuede la gangrène consécutive, 
et que le malade court alors les mêmes risques qu'après liga- 
ture’; à l'appui de cette manière de voir, M Hulke rapporte 
un fait dans lequel, après une guérison rapide, il y.eut sup- 
puration du sac suivie de mort. M. Hart affirme que le pre- 
mier objectif du chirurgien doit être de suspendre complete- 
ment la circulation, que la doctrine qui fait traiter les ané- 
vrysmes de manière à avoir des couches successives de lym- 
phe est sans fondement, et que c’est une illusion à perdre ; 
que si les chirurgiens irlandais laissent persister un faible 
courant, c'est pour éviter au’ malade la douleur tausée par 
l'interruption totale de la circulatipn, douleur que l'on peut 
éviter au moyen du chloroforme. ——- 


MM. Hutke et de Morgan, ayantrecu d'un chirurgin améri. 


‘cain un échantillon de condurango, l'ont expérimenté à Mid- 


dlesex hospital; M. Hulke a complètement échoué dans deux 
cas de cancer du sein et dans un cas d’épithélium de la face ; 
M. de Morgan n’a pas eu ‘plus -de-succés en ‘face de deux can- 
cers du sein et d’un cancer utérin. Ces nouveaux essais con- 
firment complètement:les résuitats ‘négatifs obtenus ‘par M. 
Hulke en aoûtet septembre 4871, et son opinion que le‘con- 
durango’ n’aaucune action sut le cancer. (Séances du 26 
janvier ét du 9 février).—Lyon Medical. 


236 L'ENIOM (MEDICALE :DÙ CANADA. 


L'AGIDE 'CARBOLIQUE DANS": LES. MALADIES ‘DES 
bt ae get ‘4 ENFANTS: (bee 8! 
. oth pt. pARON B. DAVIS, Mé.D:;.dmeadd. f° es 
: Depuis deux ant, f'ai-presorit l'aciderchrbolique. très sou- 
vent et dans an grand nombre de conditions morbidés. :Dans 
différents! états d'irritation ou.de sensibilité maladive ‘des 
membranes muqueuses du canal alimientaire, spécialemont 


chez lés enfants, je' lui ai recenna beaucoup de. valeur, La. 
relation dé quelques cas servira mieux que tout autremoyen 


à en faire appréciar les effets dans les maladies intestinales des 
enfants. ° "0 

er Cas/:A.’B., enfant. hgb-de hüit inois, nôn vré. Les 
intestins avaipnt 406 légèrement : reldchés : pendart trois ou 
quatre jours, les évacuations plus aqueuses et plus nauséa- 
bondes que d'habitude, mais répétées seulement:itrois fois 


par jour, jusqü'aû 3 Jufllet 1870. Alors il s'établit une diar- — 


rhée active, les selles étant très claires et d’une couleur ver- 
dâtre, accompagnées du voMissement immédiat de toutes les 
matidtes introduites dans l'estomac. Ce’h'était pas le vomis- 
sement actif d’un choléra-morbus grave, mais cette sensibilité 
morbide de l'estomac qui cause la rejection des tngesia et une 
sérieuse diarrhée. Il n’y avait pas de réaction fébrile, mais 
plutôt unepdleur et un refroidissement de la surface. Je 
conseitlai à la mère d’allaiter l'enfant plus souvent, mais peu 
à la fois et de ne lui donner aucun brevage excepté une ou 
deux cuillerées à thé à la fois d'eau froide ét de mucilage. 
Je lui donnai l'ordonnance suivante : t 

_ Acide carbolique cristallisg 3 grains. | 

_ Glycerrhine.. eee, UN demi once 

: Tre. ‘ORM Campy semer UN demi once, 

Eal}....escoseceaisancnpseraeges TOUTE deux ances. ro 

| Administrez 20 gouttes toutes les 2 heures, insqu'à. ce que 
l'estomac. et les intestins soient apaisés. 
Lorsqu' iln’y aura pas eu d'évacuations: ni par haut. ni 

par bas pendant douze. heures, alors allongez a. trois heures 
les intervalles entre les doses. Sous l'effet de oe.traitement, 


æ 


LUNION MÉDICALE DU CANADA. 937 


le vomtissémentcessa durant les. premibres douz6 ‘heures, 
mawane diétrHég modérée continus, ev de médicament fut 
continué à trois heures d'intervalle: Le troisième jour après 
té éémmeéntemient du: traitenbent, il n'y avail plus de vomisse- 
rhént bt seulement deuk évacuations intestinales par jour, 
mais d'un éatadtère plus naturel... Le- même médivarnent 
fut continué pendant trois jours de ‘plus, alors l'enfant parut 
bien et le traitement fut diseontinué. Durant l’6t6 de 4870, je 
traitai plus de-soixante-dix cas semblables à celui gui vient 
d’être rapporté, vonprenant des enfants de’six rois À deux ans 
avec la môvie formulé: ét néufsur dix recouvrèrént prompte. 
ment. . Lev'enfants qui ayaidnt été sevrés furént nourris 
avee des quantités minimes et fréquemment répétées'de bouil- 
lie elaire faite de lait doux:et de. farine ae froment. . Dans 
quelqués cas, le médicament parut n’exercer aucune iffluen- 
ce sur le vomissement et la diarthée, et d’autres remèdes eu- 
rent du succès. On se rappellera que les cas auxquels on fait : 
ici allusion étaient récents et sans complications. Les données 
suivantes signaleront une autre-classe de cas d’une plus 
grande sévérité et d’une occurrnece très fréquente, durant 
les. mais de Juillet, Août et Spotembre. vo 


Qnd. Cas. 27 Juiliet. Appelé pour voir l'enfant de C. D. 
âgé de 15 mois et non encore sevré. L'enfant. avait conmen- 
cé par avoir une diarrhée modérée, ou ‘“ maladie de l'été ” 
comme on l'appelle, durant la première semaine de Juillet, 
laquelle avait .coutinué, seulement avec quelques vomisse- 
ments, après réplétion excessive, jusqu'au,?4. Il était deve- 
nu pâle et amaigri, mais cependant, la plupart du temps 
joyeux, et la mère, comme: c'est ordinairement Je:cas, attri- 
buant ia diharrhée à la dentition, a’avait employé aucun re- 
mède excepté une ou deux doses d'huile da, castor. Durant 
Je nuit du 24, l'enfant devint plus agité, les éyaouations in- 
tesnales ayant lieu toutes les. deyx, on: trois heures, et rejet- 
tant promplement tout aliment quelconque, -Les selles étaient 
très aqueuses, jaunes .et nauséabandes. . Le. jour suivant, un 
méderin fut appelé qui prescrivit des doses convenables de 


1 


238 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


poudres altérantes et anodynes, des cataplasmes sinapisés sur 
l’épigastre, et la jour suivant quelque médicament laxatif 
pour mouvoir les intestins. Cependant presque. chaque dose 
de médicament fut rejaté par le vomissement et les symp- 
tômes-continuèrent sans diminuer. Lorsque je fus appelé le 
27, l'enfant était inès émacié, l'œil hagard, les extrémités 
froides, le pouls. vif et faible, des parpxymes d’agitation ex 
trème suivie de somndlence. Presque chaque paroxysme se 
terminait par une évacuation intestinale d’une couleur ver- 
dâtre presqu’aussi claire que de l’eau, avec quelques traces de 
mucus. Hy avait vomissement assez uniforme quelques mi- 
nutes après l’ingestion d’une nourriture quelponque, la sé- 
crétion urinaire était de beaucoup diminuée, Je prescrivis 
à la mère d’allaiter l'enfant peu à la fois, mais fréquemment 
et de ne lui donner pour tout breuvage que quelques cuillerées 
à thé d’eau à la glace qu'il avalait avidement. Je prescrivis 
l'ordonnance suivante : 
. Cristaux d’acide carbolique 3 grs. 
Glycerrhine...........…. és un demi once 
Bau.....csecosceessectonncspecsenee GeEUX OnCES gt demi. 

A donner une demi-cuillerée à thé chaque heure, jusqu’à 

ce que le vomissement cesse, et que. le lait maternel soit 


bien gardé. Deplus: . 
ther nitr. un demi once 


Tre. d’opium Co un demi once 

Donner 20 gouttes dans une demi-cuillerée à soupe d'eau 
sucrée, toutes les héures, pour soulager Virritabilité des in- 
testins et promouvoir la sécrétion des reins. 

Juillet" 28. Le vomissement avait presque cessé, les 6va- 
cuations intestinales sont‘ moins fréquentes, mais presque du 
mème céräctèté, et les urines augmentées légèrement en 
quantité. Les deux ordonnances ‘continuées, mais la solu 
tion d’acide carbolique seulement toutes les trois ‘heures, la 
faisant alterner avec le paregotique et l’ether nitreux. . 

29. L'enfant tête bien et-retient tout ce qu il prend ; conte- 
‘nance améliorée, urines plus abondantes, imais les évacua- 
tions intestinales continuent toutes les trois ou quatre heures 


’ 
— 


L'UNION MEDIOALE: DY CANADA. 239 


et sont claires et -aggas ‘abondantés, Jeipréscrivis la conti: 
nuation de la solution d’acide carbolique toutes les six heures, 
et, dang l'intervalle, ung des poudres Suivantes I 
4, + Subnik. Bismuth gs. Kal. 
Pulv. rad. Géranii ges. iv ; Fa 
Pulv. Doveri:....…gr.+ : 
‘ Div. en six poudres. 
| Sous l'influence de .ca traitement, les Néorétidns intetinales 
s’améliorèrent rapidement, et, le ler. Août, l'acide carbolique 
fut continué, et uge poudre seutement fut administrée soir 
et matin. Après trois.jours, tout traitement cessa, l'enfant 
se portant très-bien. Comme, je l’ai remarqué, ce. cas réqu- 
me un. grand nombre d’autres qui furent traités de Ja mème 
manière et qui presque tous reçureut de grands eerviças de 
l'acide carbolique, en apaisant l'irritation gastrique et la.vo: 
Basement ; mais. dans, presque tous aussi l’action d'autres 
inédicantents fut requise pour ramener les intestins à leur 
condition ‘ormale. Dans la première période du choléra. 
niotbas, actif, chez les enfants comme chez les adultes, 
j ‘ai pl usiéurs fois arrété promptement les symptômes actifs 
par la formule suivante: | 
“Acide carbolique cristallisé........ six grains. 


‘Glycerrhine............. penenseneseos + un demi once 
‘fre. Opium camph ner cer un once et demi 
Eau... ..cccercsesesepecerpecencctececvecs , deux onces 


Donner aux adultes une cuillerée à thé toutes les demi-heu- 
res ou toutes lès heures, jusqu’à ceque les symptômes soient 
soulagés. Aux enfants, donuer des doges proportiénnelle- 
ment moindres. 

Dans la dyssenterie active: ou dans l’inflammation aiguë 
d'aucu e partie d de la membrane muqueuse du canal alimen- 
tire, J'ai tiré. peu d'avantage de l'acide carbolique ; mais 
dans plusieurs cas de dyssentetrie chronique accompagnée 
de flatulence et d’irritabilité gastrique, il procura beaucoup 
de soulagement, administré avec du paregorique, comme dans 

à dérnibté forth ule’ piétitée, et‘repétée Ghaque trois, quatre 
ou six heures.—(Chicago Médical Examiner.) 


240 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


MALADIES REGNANTES. 

La variole continue toujours à sévir parmi nous. La Cor- 
poration de la ville parait vouloir s'en occuper un peu. On 
a accepté, la semaine dermière, les propositions des Sœurs de 
l'Hôtel-Dieu, offrant de mettre une de leurs grandes salles au 
service seul des picotiés, moyennant 50c par jour pour cha- 
que malade. Naturellement il n’est nullement question de 
rénumération pour le 6u les médecins qui seront chargés de 
les soigner. D’un autre côté on a remercié les médecins 
vaccinateurs, parce que ça coûte trop cher. 


De sorte que les Drs. Larocque et Dugdale seront seuls 
chargés d’aller de maison en maison pour s’assurer si les en- 
fants ont été vaccinés, et pour les vacciner, dans le cas où 
tls né l’auraient pas été. Jolie besogne pour une ville dont la 
population dépasse 100,000 âmes. II faut avoutr que c'est 
prendre les choses tranquillemént, surtout, lorsque les rap- 
ports nous font voir, qu'il meurt au-delà de 50 personnes par 
semaine de la variole, et que la maladie va en augmentant. 
Notre ami le Dr. Coderre, qui'affirme que c'est nous qui pro-” 
pageons la variole avec notre vaccine, doit être souveraine- 
ment satisfait dé ces dernières mesures, car comme il ne 
reste plus que deux vactinateurs, l'épidémie va maintenant 
diminuer, ét disparaître promptement, 

Les âutres maladies’ qui règnent ensuite en plus grand 
nombre sont les fièvres scar latines, Ja phthisie, les catarrhes 


et quelques cas de pneumonie. a a 





NAISSANCE. 


- En cette ville,’ le 11 Avril dernier, la Dame ‘de 'L. J.P. ‘DeaRosters, 
Ecr., M. D: ; Rédactenr-conjoint de l’Union Médicale, ün als. 





DÉCÈS. 


—A Rigaud, je 15 Mars dernier, André Séguin, Ecr. M. D. à l'âge de 56 
ans. 











TABDE,DES MATIÈRES. 


Editorial. —Nos lecteurs, J. P. Rottot.,................... 193 
Opération de cataracte, etc., Dr. Ed. Desjardins ............ 196 
Moyen de distinguer le sang de l'homme, Dr.S. A Longtin 203 
Amputation de la cuisse, Dr. J. P. Rottot..:.........06 bonne s 205 
A Mr. le Dr. L. J. P. DesRosiers, A: Deschamps, M. D...... 208 
Société Médicale de Montr éal.. grows ececenee dese tenscnveeserereesens 209 
Tableau des maladies, &c. y RCL, acerrreas sntpecsessesersenrstene 221 
Dispensaire de St. Joseph Lice eeseeececceeeseeescnsecscesececerevess 222 
Lusus Nature...v..ss..eeeee. sev secesencelech denned lesceseses 222 
Baume de Copaha, &c., A. ‘Rowan, M. D wv eeececesecece ERREURS 223 
On protoplasmic, Dr. P. a 224 
Lanesthésie ........0..0008: occ encgnecceas cosereceacscsccacncncssosesens 230 
Du phosphore... .........,..... nee 232 
La saveur de l'huile........................... sesnscassenerccescennes 233 
Un chirurgien anglais... ssssesssssssssoe 234 
Société clinique de Londres............. coe. sensor 234 
' L’acide carbolique, N. 8. Davis, MD. Chicago... sonsensssss ee 236 
Maladies PEGMANtEB....-eceseceeseee sie ssstesescceserseeees vee ee 240 





AVIS DE L’ADMINISTRATION 


Nous apprenons que les noms de plusieurs de nos confrères ont été 
omis, dans notre liste d'envoi. Nous prions ces Messieurs de croire 
que ces oublis sont tout à fait involontaires, inévitables, et de vouloir 


bien nous en donner avis au plustôt. 








On s'abonne a l’Union Médicale au Bureau de La Minerve, Rue 
St. Vincent, No. 16. 
Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à le Boite 942, Bureau de Poste. 





VIN DE QUININE 


Be EVANS, MERORR et CIE.” 





Ce VIN justement célèbre à cause de son arôme et de son goût ex- 
quis, ést très recommandé par ut grand nombre de médecins éniit 
nents. | ” 

. C'est le meilleur tonique gacore offert au pnhlic; il donne dp ton 
aux nerfs, active la digestion, donne de l'appétit, et fait dis aitre 
la débilité générale. Ses qualités sont vraiment inestimables, Prépas 
dans lé’ laboratoire dé “Evans, Mercer & Cie., Pharmaciens en Gros, 
Montréal, et vendu par tous les pharmaciens. | i 





_... REMEDE DU Dr. BIRNBAUM. 


. La Faculté de Médecine de Montréal, particulièrement. les médecins su 


es Vreosssteoéemsrassessr.s ess. ve 


de la Puissance. nn 
''«¢ Le REMÉDE-‘du Dr. BIRNBAUM pour le RHUMATISME et. le 
GOUTTE,’ est. recommandé pourde Rhumatisme, la Goytte, la N ovrnlgio, 

Mal de Reins, la Goutte volante, et les autres douleurs, Pinflexibilité a 

embres et des ‘jointures, les: -Enterses,. l'Engourdissemant, les Bbfurdd 
&c., &c,, et est le remèdele.plus efficaca.et le plus sir qui soit connu pour 
ces maladies. ak - tr BJ: 

En vente par touslés Pharmaciens. SE 

CHARLES MARTIN, 


DUO ue ue, i "+ fee 130, Carré Viatoria; Montréal, 
. i, ,Seml Agent pear la Puissance dy Canada ef les Etats-Unis, = 


ety ge ' ‘QUELQUES OERTIFICATR 7...  ., 


of :: Motiteeal, ler Févsies : ve 

Par les ersais que j’ai fait dans ma pratique du Reméde du Dr. Birnbaum ° 
pour le Rhumatisme et la Goutte, et par ce que je sals de sa composition, je suis 
rsuadé ane son usage sera de beaucoup oO re pour Iés iiderents bute Par 
leacipele 1 os diqué. ca. : tral pue rpe es ces- 
e. Ce ont tede eee pectatheten la cottanca 6e 1 Faditelee je ‘puis le 
recommander fortement au public comme étant un re e Peis et etjoace 
ur exterminer les douleurs et les enflures. ** ° M D..)” 
rofessept dp Chirurgie et de Chirurgie Ulinigue à PHOtel-Dieu de Montréal 

Pons tg the yt . a ee es ae ; ' à ‘ 


* fags Vtt ° J 
Mr. Ghs. Martin. 

Monsteur,—Ayant pris connaissance desi4uÿrédients du He phate 43: Dti A 
haum, pour le Rhumatisme et la Goutte, et sachant bien l’action thérapeutique 
de ces composés comme agent de guérison jéprouve beaucoup de plaisir de con- 
firmer les vues de mes confréres qui ont dé certifié son utilité et son action sa- 

utaire. HE HK PELTIER, M. D. 

Montréal, 6 Mars 1872. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


Rédacteur en Chef: ; { Assistants- Rédacteurs : 


A DAGENAIS, M. D. 
J. P. ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M. D, 





Vol. 1. JUIN 1872. No. 6. 


L’ACTE MEDICAL PROJETÉ. 





Lorsque nous avons vu l’Association Médicale prépa- 
rer une nouvelle loi de médecine, nous avions tous rai- 
son de croire que son Bill ferait disparaître les défec- 
tuosités de l’ancienne loi, fermerait la porte aux abus, 
mettrait la profession sur un pied plus élevé, et, tout 
en sauvegardant plus efficacement qu'à présent les in- 
térêts de ses membres, donnerait en même temps plus 
de satisfaction et plus de garantie au public. Je crains 
bien que ce projet de loi qui nous est maintenant sou- 
mis ne puisse réaliser ces espérances; et j'avouerai pour 
ma part que sa lecture m'a laissé dans l'esprit une im- 
pression défavorable. 

D'abord, ce Bill pourvoit à l’établissementd ‘un systè- 
me uniforme d'études classiques et médicales. Voilà 
certainement une idée à laquelle j'applaudis de tout 
cœur: C'est pour ainsi dire ta pierre angulaire sur la- 
quelle ce Bill doit étre élevé; sans elle il nous est im- 
possible d’atteindre notre but ; sans elle, par conséquent, 
point de succès. Mais en même temps il faut avouer, 
que dans un pays composé de différentes nationalités, 
et toutes jalouses de conserver intacts, leurs droits, leurs 
langues et leurs croyances religieuses, il est extrême- 


242 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


ment difficile de confectioner une loi qui puisse donner 
satisfaction à tous. 

C’est certainement l'obstacle le plus sérieux que l’on 
avait à rencontrer, mais on a pas su le vaincre. 

Pour s’en convaincre, examinons d'abord la IVème 
clause de ce Bill : on y voit que le Conseil Général sera 
composé de 80 membres, 

dont 10 représenteront Ja Province d’Ontario 


“ 10 se se « de Québec 
se 5 se «6 “ de la N. Ecosse 
“ 5 se ‘6 “ du N. Brunswick. 


Combien de membres pourrons-nous envoyer à ce 
conseil ? Cinq ou six, tout au plus. | 
Nous nous trouverons dans une très grande minorité, 
entièrement sous la dépendance de nos confrères d’On- 
tario et des Provinces d’en Bas. Je veux bien croire 
qu'ils n abuseront pas de leur puisance. Mais enfin ce 
n’est pas une position satisfaisante, ni même convenable.’ 
Si encore le conseil n’avait que des pouvoirs limités : 
mais il est indépendant, sans contrôle, tout-puissant. 





Ainsi, la 24me. clause lui donne le pouvoir de nommer #. } 
un Bureau d’examinateurs, dont le devoir sera d’exami- ‘s 
ner et de s'assurer des connaissances professionelles de | 
tous les candidats pour l’enregistrement en conformité 4 
aux règlements du conseil général. = 


La XXVIme. clause lui donne le {pouvoir de nommer 
des examinateurs pour instituer et conduire l'examen 
des étudiants en médecine sur leur éducation prélimi- 
naire ou générale. De plus il est pourvu par cette mé- 
me clause qu'aucun gradué dans les arts d'aucune Uni- 
versité dans les possessions de Sa Majesté ne sera requi 
de passer un examen relatif à l'éducation générale. he 
sorte qu'un gradué quelconque, fut-il d'Afrique ou de | 
. la Chine sera admis à l'étude de la médecine, simple- 
ment sur présentation de son diplôme, tandis que nos 
jeunes compatriotes, après avoir reçu dans nos colléges | 
une éducation, pour dire le moins, aussi bonne que celle 
donnée dans les Universités anglaises seront obligés de se 
soumettre à un examen avant d'être admis à létude de 
la médecine. Ces Messieurs paraissent vraiment avoir 
une petite opinion de nos maisons Fear 





#‘ 





fi | 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 943 


La 27ème. clause donne au conseil le pouvoir de fixer 
et de déterminer un cours d'étude à être suivi par les. 
étudiants en médecine. | 

Par la 28ème. clause on voit que le conseil ne sera pas 
tenu de reconnaître aucune école de médecine qui 
sera pas cn opération lors de la passation de cet acte.Ue 
qui veut dire, si je comprends bien, que si, plus tard, dans 
la Province de Québec on croyait nécessaire d’établir 
une nouvelle école de médecine canadienne, il nous fau- 
drait avoir recours au bon plaisir du conseil gén 

La 29ème. clause donne de plus au conseil l'autorité 
de faire de temps en temps des règlements pour guider 
le Bureau des Examinateurs et pourra prescrir Tes su- 
jests et le mode d'examen, eic., etc. 

Voilà les pouvoirs que possède le conseil général, 
pouvoirs d'autant plus à craindre pour nous, que vu 
notre petit nombre il nous sera impossible de le contré: 

er. 

De plus, on reprochait, et avec raison, à loi actuelle 
de donner des pouvoirs trop considérables aux Univer- 
sités ; on disait que les abus qu'on avait à déplorer, 
étaient dûs aux priviléges possédés par ces institutions. 
Et voilà que lon commet exactement la même faute ; 
On investie le nouveau corps, qui doit nous régir, d'une 

‘s autorité encore plus grande que celle dont jouissent les 4, 
: ‘ Universités. I] n’y a certainement pas ici d’améliora- 

. ection ;c’est tout simplement un déplacement de pouvoir, 

Wk avec peut-être moins de garantie pour l'avenir : c'est 

Pierre qui dit à Paul, tu as abusé de tes privilèges, c’est . 

_. pourquoi je te les ôte, mais je les garde pour moi. 
Pourquoi ne commettrait-on pas des abus plus tard : 

ils ne seront pas il est vrai, de même nature que les au- 

tres ; mais ils pourraient fort bien être plus grands. Ces 

raisons la seraient seules suffisantes je crois pour nous 

déterminer à ne pas accepter ce Bill. Mais il y en a d’au- 

tres. 


On dit que le niveau de la profession médicale va 
continuellement s’abaissant par l’admision d’un nombre 
considérable de personnes ne possèdant pas une éduca- 
tion classique et médicale suffisante. Puis on nous don- 


{ 
Le 


244 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 
ne ce projet de loi comme devant remédier à ce mal, et 
mettre notre profession sur un pied plus élevé. 

Il me semble que pour obtenir ce résultat, il fallait 
d’abord nécessairement commencer par exiger des aspi- 
rants à étude de la médecine une éducation classique 
plus compléte que celle requise par la loi actuelle. 
Comparons donc les clauses de l’un et de l’autre Bill con- 


cernant ce sujet, afin de s’assurer si on l’a fait ou non. 


La loi actuelle exige le cours sui- 
vant : 

—A l'examen préliminaire le can- 
didat devra fournir la preuve qu'il 
jouit d’une bonne réputation morale, 
et qu'il possède une connaisance 
suffisante du latin, d'histoire, de 
géographie, de mathématiques et de 
physique, et il devra aussi avoir une 
connaissance générale des langues 


Le projet de loi statue ce qui suit. - 
XX Vime. clause: 

Voici quels seront les sujets pour 
tel examen préliminaire jusqu’à ce 
que le conseil juge à propos de les 
mouifier. 

Compulsoire: Langue francaise 
ou anglaise, selon la nationalité de 
l'étudiant, y compris la grammaire 
et la composition ; histoire, géogra- 


phie ; arithmétique, y compris les 
fractions vulgaires et décimales, y 
compris l'algèbre, les équations sim- 
pies; géométrie, les deux premiers 
livres d’Euclide ; latin, traduction et 
grammaire : et un des sujets suivants, 
au choix, le grec, le français ou 
l'anglais suivant la nationalité de 
l’etudiant, l'alemand, la philosophie 
naturelle y compris la mécanique 
l'hydrostatique et la pneumatique. 
Ce tableau nous prouve qu'au lieu d'entrer dans la 
voie du progrès, on fait plutôt un pas en arrière; car la 
loi actuelle rend compulsoire l’étude des langues an- 
glaise et française ainsi que de la physique ; tandis que 
par le nouveau Bill, l'étudiant ne sera obligé d'étudier 
w’une seule de ces trois branches, qu'il pourra lui-même 
choisir. 
Il y avait cependant une lacune à combler ; le cours 
a étude exigé par la loi actuelle n’est pas même suffi- 
sant. Nil y a une classe d'hommes pour qui de bonnes 
études classiques sont nécessaires c'est certainement la 
nôtre. Lascience médicale est si vaste, les questions 
qu'elle traite sont si nombreuses et si variées, qu'elle 
se trouve, pour ainsi dire, en contacte avec presque 
toutes les autres sciences. De sorte qu'on peut dire que 
sil était possible de parcourir le cercle immense des 


anglaise et française. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 245 


connaissances humaines, c'est surtout le médecin qui 


devrait le faire. Nous devons néanmoins nous borner tout 
simplement à ce qui nous est le plus nécessaire. Mais 
voilà justement où réside la difficulté. 
Quel est le cours d'étude qui convient le plus aux 
médecins ? 
J. P. Rorror. 


À continuer. 





CAS RARE. 
KYSTE OVARIQUE ET GROSSESSE AVEC PLACENTA PRÆVIA. 


MM. les Rédacteurs, —Veuillez insérer, dans votre journal, 
Ja présente communication qui pourra offrir quelqu’intérêt à 
vos nombreux lecteurs, et spécialement à ceux qui en sont à 
leurs premiers pas dans la carrière médicale. 

Le 30 Septembre dernier, je fus consulté par une femme de 
35 ans, d’un tempérament lymphatique, mariée depuis dix- 
sept ans, et n'ayant eu, dans ce long intervalle, qu’un enfant 
qui compte aujourd’hui quinze ans révolus. 


La malade me dit que, depuis deux mois, elle urinait diffi- 
<ilement et peu à ld fois, mais que depuis dix-huit heures, 
Vexcrétion urinaire était complètement impossible. Elle ac- 
cusait beaucoup de ténesme vésical, des douleurs vives et un 
sentiment de pesanteur dans la région abdominale qui pré 
sentait un développement considérable. Le pouls était un peu 
plus rapide qu’à l’état normal, et la peau, couverte de sueurs, 
exhalait une odeur urineuse. La malade était en proie à une 
grande anxiété et me pressait de lui porter soulagement au 
plus tôt. D'abord, je vous avouerai que je crus avoir à lutter 
contre une simple rétention d'urine, die à une paralysie es- 
sentielle de la vessie, quoique cet accident soit rare chez une 
personne aussi peu avancée en âge ; et sans pousser mon in- 
vestigation plus loin, je rassurai ma malade. L'introduction 
du cathéter favorisa l'écoulement d’une quantité abondante 
d'urine fortement ammoniacale. Ce procédé causa un soulage- 
ment notable ; mais, à mon grand étonnement, la distension 


246 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


abdominale resta très prononcée. J’appris alors que cette pro- 
tubérance datait de plusieurs années : de six à huit ans 


La tuméfaction avait commencé par occuper l’hypochondre 
droit, puis allant en augmentant jusqu'à la ligne blanche ; 
elle avait fini par envahir toute la région abdominale. La 
progression ;cependant était plus sensible depuis quelques 
mois. Sur cette information, je soupçonnai l'existence d’une 
tumeur ovarienne, et je procédai immédiatement à la palpa 
tion et à la percussion, ce qui me procura le moyen de cir- 
conscrire la tumeur et de bien constater le ballonnement ain- 
si que la fluctuation ; en appuyant la paume de la main sur 
une paroi du ventre et en exerçant la percussion sur la paroi 
du côté opposé, je sentais distinctement limpression‘particu- 
lière fournie par la fluctuation, et de plus, la tumeur me parais- 
sait être déplacée in globo. Ce dernier caractère, joint aux 
signes déjà mentionnés, me fit conclure un kyste ayant eu son 
point de départ dans l'ovaire droit. Le volume du ventre 
avait un peu l'aspect de celui qu'on observe dans une gros- 
sesse de huit mois. 


En poussant plus loin mes questions, j'appris aussi qu'il y 
avait longtemps que les fonctions da la vie végétative étaient 
troublées, par suite sans doute, de la compression mécani- 
que sur les viscères abdominaux et thoraciques ; les vomisse- 
ments alternaient avec la constipation, et les coliques avec 
la dyssenterie. Les poumons, refoulés en haut parla tu- 
meur, fonctionnaient difficilement ; la malade éprouvait des 
étouffements, surtout aprés les repas. Depuis trois mois, les 
menstrues, jusque là plus ou moins régulières, étaient sup- 
primées entièrement. Je dois vous dire aussi qu'à venir 
aux deux mois précédents, les fonctions urinaires n'avaient 
jamais été interrompues. | 


Après l'examen que je venais de pratiquer, je laissai entre- 
voir à ma patiente qu'il faudrait en venir à une opération- 
Je songeais à la ponction, dont jelui donnai une courte 
explication ; et pour la rassurer davantage, je lui dis que je 
ne voulais rien faire avant d’avoir le conseil d’un confrère. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 247 


Alors, elle m’avoua qu'elle avait déjà consulté M. le Dr. 
Grenier qui lui avait proposé la même chose ; mais, comme 
elle ne voulait pas consentir à l'opération, elle avait décidé 
de recourir à d’autres avis, dans l'espoir qu'il n’en serait 
nullement question. Je cherchai à lui faire comprendre 
qu’elle serait obligée d’en venir la; mais, elle m’objecta, 
pour toute réponse, qu'elle préférait mourir. Durant les 
trois semaines qui suivirent, il fallut recourir au cathéter ré- 
gulierement, matin et soir, puis à la fin de ce terme, je fus 
consulté pour un.accident d’un autre genre qui venait de se 
déclarer. Il était survenu un prolapsus utérin qui faisait une 
saillie considérable nors!de la vulve. Ce prolapsus se réduisait 
presque complètement lorsque la malade gardait le repos, ou 
prenait la position horizontale, mais reparaissait dès qu’elle 
voulait se livrer au moindre exercice. 


Après avoir ordonné le repos le plus absolu, je quittai ma 
malade, en lui enjoignant de me donner de ses nouvelles le 
lendemain. 

Je restai plusieurs semaines sans néanmoins en entendre 
parler, et je crus qu’elle s'était adressée ailleurs. Mais au 
commencement de Février, elle vint elle-même m’annoncer 
qu’elle était enceinte, qu’elle en était d'autant plus certaine 
qu’elle sentait les mouvements de l'enfant. J’appris aussi, en 
même temps, que toutes les difficultés de la vessie était dis- 
parues et que le prolapsus avait cessé un peu après elles. 


Les mouvements du fœtus se faisaient sentir sous l’hypo- 
chondre gauche, et à l’auscultation, j'entendis distinctement 
les bruits du cœur. En percutant cet espace, je trouvai une 
matité complète et le doigt donnait la sensation d’un corps 
dur et bosselé. Je supposai que l’enfant était placé de telle 
sorte que son dos regardait la paroi abdominale de la mère, 
ce qui rendait les mouvements .plus sensibles et les bruits 
cardiaques plus distincts. | 

Je vous avouerai que ces divers signes joints à l’augmen- 
tation continuelle de l’andomen, étaient de nature à me faire 
craindre une grossesse extra-utérine avancée et je me sentais 


248 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


d'autant plus enhardi à adopter cette opinion, que les auteurs 
nous disent, que dans la grossesse abdominale, les mouve- 
ment de l'enfant sont superficiels, toujours du même côté, 
plus facilement perçus par la mère, et, de plus, que les formes 
sont quelquefois distinguées. Cependant, l'évènement prou- 
va que la grossesse était bien utérine. 


Le 16 du même mois, je me rencontrais avec M. le Dr. 
Grenier auprès de la patiente pour une hémorrhagie utérine, 
qui s'était déclaré ex abrupto et qui avait plongé la malade 
dans une grande faiblesse. Je dois vous dire que cet écou- 
lement n'était accompagné d'aucune douleur. A l'examen 
vaginal, nous crimes toucher quelque chose qui ressem- 
blait à une portion placentaire, mais, je vous avoue que nous 
étions loin d’en être sùrs. Du reste. le toucher était difficile 
et le doigt ne faisait qu’efleurer le museau de tanche ; dans 
la crainte de réveiller l’hémorrhagie nous n’os4mes répéter 
l'examen. 


Après avoir administré des hémostatiques et recommandé 
la tranquillité, nous quittâmes la pauvre femme, nous pro- 
mettant bien de recourir aux lumières de nos devanciers. 
Le hazard nous favorisa, car nous venions à peine de sortir 
que nous eùmes l'avantage de rencontrer M. le Dr. Rottot, a 
qui nous fimes part du cas que nous venions d'observer 
Mr. le Dr. R. nous dit qu'en effet il y avait des symptômes 
annopçant une grossesse abdominale ; cependant, M. le Dr. R. 
voulut bien se rendre chez la malade, et après quelque dif- 
ficulté, réussit à introduire le doigt bien avant dans le col 
de la matrice et nous dit qu’il croyait avoir atteint la ‘ête du 
fœtus in utéro. Il diagnostiqua aussi kyste ovarique Le 
surlendemain le mari vint me quérir, me disant que sa fem- 
me commençait à sentir les douleurs de l’enfantement et 
qu'elle perdait en abondance. Je me dirigeai en hâte chez 
la malade ; mais, en passant, j’eus la bonne pensée de recou- 
rir au conseil de M. le Dr. D’Orsonnens, qui voulut bien me — 
préter le secours de son expérience. A notre arrivée, la per- 
te était arrêtée ainsi que les tranchées. M. le Dr. d’Ors., après 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 249 


avoir surmon‘é les difficultés du toucher, diagnostiqua gros- 
sesse utérine avec insertion placentaire sur le col et fut 
d'avis aussi qu’en laissant la nature achever son œuvre 
on se risquait à déplorer une double mort, vu que la 
malade était extrêmement affaiblie par cette dernière 
hémorrhagie, et que, au moins pour sauver le vie de l’en- 
fant, il était d'opinion qu’i: fallait pratiquer l’accouche- 
ment forcé. Aussi, sans balancer, nous adoptâmes ce 
dernier parti. L'ergot fluide ayant été administré, M. 
le Dr. D’Ors., après des efforts soutenus, réussit à extraire, 
avec les forceps, du détroit supérieur, un enfant de huit 
mois donnant à peine quelques signes de vie; cepen- 
dant, après deux heures de soins nécessaires, cet en- 
fant commença à revenir et, à l'heure où je vous écris, il 
jouit d'une bonne santé, mais la pauvre mère expira trois 
heures après lui avoir donné le jour. 


A l’autopsie, qui fut pratiquée le lendemain par M. Gre- 
nier, on trouva attaché, par un fort pédicule à l'ovaire droit, 
un kyste dont le poids total, contenant et cdntenu, était de 
25 livres. Le volume était celui d’une masse arrondie et sil- 
lonnée de lignes bleudtres ressemblant a des veines. La 
grande circonférence mesurait 43 pouces et la hauteur 6 à 7 
pouces. A la ponction, le kyste laissa échapper un liquide 
d’une couleur citrine et assez abondant pour remplir un 
vaisseau de trois gallons. On trouva aussi, dans la tumeur, 
trois autres petits kystes remplis d’un liquide semblable. 


L’utérus était naturellement dans un grand relâchement 
et présentait encore une forte portion de placenta fixée dans 
la partie supérieure du col. 

Tel est ce cas, que j'ai cru rare et intéressant ; voila pour- 
quoi j'ai pensé qu'il serait utile de le faire connaître à l'U- 
nion Médicale. 


Votre très humble, 
ALFRED LaRAMÉE, M. D. 


250 L'UNICN MEDICALE DU CANADA. 


DISTRIBUTION DES DIPLOMES A LA FACULTE DE 


MÉDECINE DE L'UNIVERSITE VICTORIA. (Ecole de 
médecine et de chirurgie de Montréal.) 





Lundi 13 Mai eut lieu, dans la Salle de lecture de la facul- 
té médicale de l’Université Victoria, l'examen des thèses et 
la réception des degrés, conférés par l'Université de Cobourg. 
Cette séance était la première du genre pour cette institution, 
car on sait que jusqu’aujourd’hui les élèves ayant subi leur 
examen devant la Faculté, étaient tenus d’aller à Cobourg 
recevoir leur Diplôme universitaire. Par une nouvelle fa- 
veur accordée à la faculté de médecine, celle-ci peut désor- 
mais sans déplacement, donner à ses élèves ce diplôme, après 
avoir rempli les formalités nécessaires. Ce fut donc lundi le 
13 Mai que ces diplômes furent conférés. M. le Dr. Beaubien 
présidait, entouré de tous ses collègues. 

Après quelques remarques préliminaires de M. le Président, 
on procéda à l'examen et à la discussion des thèses qui furent 
celles-ci : 


Noms. Thèses. 
Dr. À. Dagenais....ceveecscsceceseeseccees Traitement de la variole. 
Dr. L. J. P. Desrosiers.........00s.0088 . Syphillis et Scrofule. 
N. Desmarteau..............,............ Chlorose. 
L. M. A. Roy....... be receee veccnceesesecees Métrite. 
J. Bte. Laporte... Hémorrhagie puerpérale. 
0. Larue..…......... ss seeeeeens Cataracte. 
J. Paquet... Le Croup. 
N. Gosselin... Erysipèle phlegmoneux. 
C. M. Filiatrault.......................... Rhumatisme articulaire. 
P. Carrière... nssssesessese see Maladies des nerfs. 
H. Larocque..…......................... = Scarlatine. 
U. Gaboury..…...ss ss sos Fièvre intermittente. 
Ch. Faffard.…............................. | Fièvre Typhoide. 
R. D. McDonell................. osescecees Pneumonie. 
V. Laurin...ssss ses Soins à la première enfance. 


À. Simard......ccccccccccscccecscccssecces . Les abcès. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 251 


C. J. Coulombe..................... see Pneumonie. 
H. Héroux........ sons sete seesscaacees Hépatite. 
P. Meunier... . Asthme. 
F. Dufort..…...................... oe Hémorrhagie utérine. 
P. Cartier.............. ns seeeeeesesecenees te 

F. Demerse............0000 oe eeseeeeen cease Blenorrhagie. 
P. Trudel......................…. sossssesee _ Hystérie. 
F. Patoël..................... see ecnceeeees Onanisme. 
Z. Rouleau... Fièvre typhoïde. 
Z. Dupuis. ................,,......., scene Chlorose. 
Z. Mignault..…...............,.......... L’Inflammation. 
L. Beaupré..........ccccscscees seceencscuees Le Chloroforme. 


Ces thèses ont été soutenues avec succès par tous les aspi- 
rants dont plusieurs se sont particulièrement distingués. On 
s'accorde à dire que la classe des éléves en médecine qui 
viennent de terminer leurs cours cette année est relativement 
très forte de talents et d’études, et peut servir à prouver que 
la diligence et l’amour du travail sont loin de se ralentir 
dans cette institution. 

Après ces procédés, M. le Président fit la distributions des 
diplômes au nombre de 39 en accompagnant chaque présen- 
tation de quelques mots bien appropriés, puis termina par 
une petite allocution pleine de bons conseils et de franche 
sympathie pour ceux qui laissaient la vie joyeuse et insou- 
ciante de l'étudiant pour entrer dans la vie réelle et positive. 

Mr. le Dr. Peltier voulut bien dire aussi un dernier mot à 
ses élèves et le fit avec cet entrain charmant que chacun lui 
condait et que ses disciples n’oublient jamais. 

La séance allait finir lorsqu’un des gradués se leva pour 
remercier au nom de ses jeunes collègues les professeurs 
qu'ils quittaient à regret, dit-il, et avec lesquels il voulait con- 
tinuer de communiquer par les rapports d'affection et de pro- 
tection, qui ne devront jamais cesser d'exister. 

Il est probable que l'obtention des diplômes universitaires 
à Montréal va engager plusieurs confrères de l’Ancienne 
Ecole de Médecine et de Chirurgie à imiter l'exemple de 


252 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


MM. les Drs. Dagenais et Desrosiers et à profiter d'un pri- 
vilége qui met à la portée de chacun d’eurx le titre de Docteur 
en Médecine. 


DU BUREAU DE SANTE. 


La variole qui 2 fait de si grands ravages dans notre 
ville, pendant l'hiver, commence à diminuer ; et nous 
avons lieu de croire, qu'avant longtemps, le terrible 
fléau aura entièrement disparu. Nous espérons que la 
terreur et les angoisses que cette épidémie a causées 
parmi notre population, ne seront pas inutiles, et qu’el- 
les serviront à ouvrir les yeux de nos autorités munici- 
pales sur l’organisation défectueuse du département de 
santé. Car il faut bien l'avouer, ce département n'est 
pas ce qu'il devrait être ; il péche sous plus d'un rap- 
port, et la preuve de ce que nous avançons, se voit 
dans le complet désarroi où il se trouve à l'invasion de 
quelque maladie contagieuse. On attend pour faire des 
règlements que l'ennemi soit dans nos murs; dans le 
trouble du moment, voulant aller trop vite, on ne fait 
rien, et l’on commence par où on anrait da finir. C’est 
ce qui est arrivé dans la présente épidémie, et c'est ce 
qui arrivera toujours, tant que nous n’aurons pas un dé- 
partement de santé organisé sur des bases stables et 
permanentes. 

Nous avons bien, il est vrai, un comité et un bureau 
de santé ; mais les honorables Messieurs qui font partie 
de ce comité et de ce bureau ne peuvent pas s'occuper 
d'une manière efficace de tout ce qui touche à l'hygiène 
publique, et cela pour plusieurs raisons. D'abord ils 
n’en ont pas le temps : tous ces messieurs sont des gens 
d’affaires, dont les occupations particuliéres remplissent 
la plus grande partie du jour, et il ne leur reste que peu 
d'heures à consacrer au service du public, qui ne peut 
exiger d'eux qu'ils sacrifient entièrement leurs affaires 
personnelles, dans son intérêt. De plus, malgré la bon- 
ne opinion que nous avons de l'intelligence et du méri- 
te des membres du bureau de santé, nous ne pensons 
pas qu'ils ,soient compétents pour diriger entièrement 


T fu: 


de Dr: 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 253 


un département comme celui qui nous occupe. Pour 
faire des lois et des règlements sur l'hygiène publique, 
et les faire exécuter, il faut des connaissances spéciales. 
qui ne s’acquièrent que par de fortes études. On peut 
être un bon notaire, un avocat habile, un marchand con- 
sommé dans les affaires, et cependant, ignorer une fou- 
le de choses qui se rattachent à l’état sanitaire d'une 


‘ville. 


En troisième lieu, les changements qui se font pres- 
que tous les ans dans la composition du bureau ajou- 
tent encore à son imefficacité. Les membres n'ont pas 
le temps d'acquérir les connaissances nécessaires au bon 


fonctionnement des lois de l'hygiène, et le peu de durée 


de leur service ne leur permet pas de suppléer aux étu- 
des spéciales par l'expérience. 

Nous avons aussi deux officiers de santé: il serait 
peut-être aussi bon de ne pas en avoir du tout. (Car, 
depuis bientôt trois ans que cette charge existe, on est 
encore à se demander, quel bien il en est résulté. Loin 
de nous, de vouloir jeter le blâme sur les deux Messieurs 
qui occupent cette position ; nous voulons simplement 
constater un fait et en découvrir la cause. Or la cause, 
suivant nous, du peu d'efficacité de la charge d'officiers 
de santé, ne se trouve pas dans ces derniers, mais bien 
plutôt dans les condKions dans lesquelles ils ont été 
nommés. 

Le conseil de ville en appointant des officiers de santé 
sans leur donner les moyens et le pouvoir de faire exé- 
cuter les mesures sanitaires, qu'ils jugeraient à propes 
de faire, devait s'attendre à ce résultat. Il aurait été 
surprenant qu'il en eut été autrement. De plus, le sa- 
laire étant tout-à-feit insuffisant, on ne pouvait pas con- 
venablement exiger de ces Messieurs, une somme de 
travail qui aurait absorbé tout leur temps. :À propos 
du salaire, nous avons vu dernièrement dans un journal 
quotidien une curieuse note d’un ex-conseiller. se plai- 
gnant de ce que les officiers de santé ne remhplisaient 


_ pas mieux leurs devoirs, quoiqu'ils fussent grassement 


payés. Sice Mr. trouve que cinq cents piastres suff- 
sent amplement à payer les services d'un médecin pen- 
dant une année, nous aimerions à savoir, si lui-même se 


254 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


contenterait d’un pareil, salaire, quoique ses occupations 
ne demandent pas autant d'étude et de travail. 

Le bureau et les officiers de santé ne pouvant pas 
comme nous venons de le voir, remplir toutes les exi- 
gences que réclame la salubrité publique, la population 
en souffre nécessairement et il faut trouver un remède 
à ce mal. Le meilleur remède, d’après nous, serait la 
création d'un département de santé distinct de tous les 
autres, avec un chef, un assistant et des employés subal- 
ternes en nombre suffisant. Nous avons déjà les dépar- 
tements de l'eau, du feu et de la police qui fonctionnent 
admirablement bien; nous ne voyons pas pourquoi 
nous n’en aurions pas un de santé. Ce ne serait pas le 
moins important ; s’il est bon de protéger la propriété, 
il doit l’être encore plus de protéger la vie. 

Jusqu'ici, on s'est trop peu préoccupé de la santé pu- 
blique ; lorsqu'on avait fait des canaux dans les rues, et 
nettoyer les cours au printemps, on croyait avoir tout 
fait, et on se croisait les bras. (Cependant ceci ne com- 
prend que la plus petite partie de l'hygiène. A part les 
canaux des rues, il faudrait exiger strictement que cha- 
que maison eut un égoût pour rejoindre celui de la rue ; 
et il est à notre connaissance qu'un grand nombre de 
propriétés n’en ont pas. L’inspection des viandes, du 
pain, des boissons devrait attirer aussi la plus grande 
attention. La construction des édifices publics qui a 
été si négligée sous le rappoit de la salubrité, devrait 
être sous la surveillance du département de santé. Nous 
sommes convaincus que, si lors de l'érection du palais 
de justice, on avait consulté un officier de santé capa 
ble, Messieurs les juges et les avocats s’en trouveraient 
bien mieux aujourd'hui. Ilen de même de plusieurs 
autres bâtises publiques. 

Si on avait eu un service de santé bien organisé, on 
aurait pas eu à déplorer, ces années dernières, les tristes 
accidents causés par la vente de substances vénéneuses 
dans les pharmacies ; car l'officier de santé aurait obligé 
les propriétaires de ces établissements à tenir à l'écart 
toutes les matières dangereuses. 

La vente du lait devrait aussi exiger une surveillance 
spéciale, parcequ’il est certain qu’une grande partie des 


gaa 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 7 955 


maladies des enfants provient de la mauvaise qualité 
de cet aliment. Il ya encore une foule d'autres rai. 
sons qui militent en faveur de l'établissement d’un bu- 
reau de santé permanent et effectif ; et nous croyons en 
avoir suffisamment démontré la nécessité. Que l'on 
choisisse un homme compétent pour mettre à la tête de. 
ce département, qu'on lui donne un salaire convenable, 
qu'on lui fournisse tous les assistants nécessaires, et la 
ville s’en trouvera bien. Avec une bonne organisation 
sanitaire, si une épidémie vient encore nous visiter, 
nous ne serons pas pris au dépourvu, et nous aurons les 
moyens de la combattre, au moins dans les limites du 
possible | 
À. DAGENAIS, M. D. 





ASSEMBLÉE DU BUREAU. 


L'assemblée semi-annuelle du Bureau des Gouverneurs du 
‘Collége des Médecins et Ghirurgiens du Bas-Canada eut lieu 
le 14 Mai dernier, dans les Salles de la Faculté de Médecine 
de l’Université Victoria. 


Furent présents : Messieurs les Drs. Scott, Wilbrenner, Rus- 
sel, H. Blanchet, Rottot, Tessier, Peltier, Howard, Small- 
wood, G. E. Fenwick, Robillard, E. Landry, Jackson, J. Bte. 
Blanchet, Michaud, Boudreau, Marmette, Dubé, Brigham, 
Duchesneau, Gibson, A. G. Fenwick, Worthington, Hamilton. 
Gilbert. 


La licence du Collége fut donnée aux Messieurs suivants, 
sur présentation de leurs diplômes. 


B. Desrochers, M. D. L. F. Demers, M. D. V. 
G. A.Turcot, M. D. L. T. Trudel eV. 
T. A. Dufort, M. D. V. L. M. A. Roy “ v. 


N. Desmarteau “ 
C. Fafard sc 
C. J.'Coulombe “ 
N. Gaboury “ 
P. Cartier se 
J. Gagnon o ce 


J. G. Sheppard ” V. 
P. Meunier “ V. 
George A. Stark, M. D, McGill 
L. Marcaau 6 McGill 
J Morrisson ce McGill 
P. McLaren &e McGill 


S<ss4<45 


256 L'UNION MÉDICALE DE CANADA. 


J. Paquet ce V. A. A. Brown 6 McGill 
H. Larocque “ V. F. Patoël,C. M. M. D. 

J. Dupuys eV. P. A. Désilets, C. M., M D. 

A. Mathieu eV. P.E. A. Lanouette, C.M., M. D- 
A. Simard c y. W. Nelson C. M., M. D. 

Z. Mignault “ V. H. S. Cunningham, C.M., M. D. 


Les Messieurs suivants furent admis à l’étude de la Méde- 
cine après un examen satisfaisant. 


A. Brodeur, X. Auger, A. Champagne, 

P. Allard, O. Gervais, F. Trudel, 

C.J. J. Valentine, J. Roy, P. M. Annet, 

E. Brun, H, Desrosiers, J. A. S. Brunelle, : 
L. Poirier, E. Michon, E- Larocque, 

L. Burroughs, O. Martineau, A. Tessier, 
_G. Lachaud, E. Latraverse, A. Létourneau, 

B. Pinsonnault, E. Proulx, L. A. Goulet. 

B. Descaries, P. Brossard, 

S. Larose, V. Bilodeau, 





SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 


Séance extraordinaire du 24 Avril 1872. 
Présidence du Dr. J. E. Coderre. 
Officiers présents :—Drs. J. W. Mount, A. B. Larocque, L. J. 
P. Desrosiers et G. Grenier. 


Je procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. L. J. P. Desrosiers, secondé par le Dr. J. 
C. Poitevin, que le Dr. J. O. Mousseau, de Montréal, et J. 
Beaudin, de Hull, soient admis membres actifs—Adopté. 

D'après une résolution passée par le Comité de Régie, la 
question du vaccin étant de nouveau mise à l’ordre du jour, 
il est proposé par le Dr. S. Gauthier, secondé par le Docteur 
F. Hamelin : 

Que la Société Médicale de Montréal à sa séance du ?8 fé- 
vrier dernier, en adoptant les résolutions suivantes : 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 257 


‘ 40 Que d’après l’histoire et l'expérience depuis Jenner jus- 
qu’à nos jours on reconnait que la vaccine est le préservatif 
de Ja variole ; 

‘ 20 Que la Société Médicale est d’opinion qu’il incombe à 
la Corporation de fournir aux médecins vaccinateurs les 
moyens de se procure du bon vaccin ; 

‘ 30 Que la Société Médicale est d'opinion que le meilleur 
moyen d'avoir du bon vaccin est de se procurer du cow-pox, 
de ’humaniser, et de continuer ensuite les vaccinations de 
bras à bras et avec la lymphe,” n’a pas affirmé par ces réso- 
lutions que le vaccin que nous avons soit bon; il a été dit, 
au contraire, que le vaccin tel qu’employé aujourd’hui par la 
plupart des vaccinateurs est mauvais et n’offre aucune 
protaction contre la variole. 

Le Dr. H. Peltier propose en amendement, secondé par 
le Dr. L. J. P. Desrosiers, que ia Société Médicale, tout en 
reconnaissant que l’on doit s’efforcer d’avoir du vaccin 
plus efficace, reste cependant d’avis que l’on doit conti- 
nuer de vacciner avec le vaccin actuel tel qu’employé par 
nos confrères d’après leur jugement. 

Après discussion, l'amendement est mis aux voix et adopté 
sur la divison suivante : 

Pour : Drs. H. Peltier, L. J. P. Desrosiers, J. C. Poitevin, J 
W. Mount, J. P. Lachapelle, A. B. Larocque, P. E. Plante, G 
Grenier. 

Contre : Drs. 8. Gauthier, F. Hamelin, A. Vilbon. 


Proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. A. B. 
Larocque, que dans le but de donner une plus grande satis. 
faction au public, la Société Médicale est d'opinion qu'il se- 
rait expédient que le Bureau de Santé nommât une commis. 
siou composée de quatre médecins expérimentés qui seraient 
chargés de visiter de temps en temps les enfants vaccinés 
par les médecins vaccinateurs afin de s'assurer si le vaccin 
employé par eux possède les qualités requises. Adopté sur 
division. | 

Le Dr. $. Gauthier donne avis qu’il proposera à la prochai- 





258 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


ne séance le Dr. A. Archambault (de St. Antoine) comme 
membre actif. 


Et la séance est levée. 


DR. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 


Séance du 13 Mars 1877. 

Présidence du Dr. J. W. Mount. Membres présents : Drs. 
C. O. Bruneau, A. Dagenais, A. T. Brosseau, P. E. Plante, J. 
M. A. Perrin, F. X. Perrault, Ag. D. Bondy, J. C. Poitevin, A 
A. Meunier, L. Quintal, A. Ricard. G. Grenier. Le procès- 
verbal de la précédente séance est .u et adopté. | 

Proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. F. X. 
Perrault que le rapport des délibérations de la Société soit 
publié dans les journaux quotidiens d’une manière succinte 
aussitôt que possible après chaque séance. Adopté. 

Proposé par le Dr. F. X. Perrault, secondé par le Dr. J. M. 
A. Perrin, que le Dr. F. L. Genand (de St. Jacques de l’Achi- 
gan) soit admis membre correspondant. Adopté. 

La discussion sur le tarif et l'étiquette médicale est à l’or- 
dre du jour. 

Un projet de tarif soumis par le Dr. C. O. Bruneau est dis- 
cuté article par article et il est décidé de le prendre de nou- 
veau en considération à la prochaine séance. 

Le Dr. J. M. Perrin donne avis qu'il proposera le Dr. P. E, 
V. Mignault (d’Acton Vale) comme membre actif. 

Et la séance est ievée. 

Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 


Séance du 27 Mars 1872. 
Présidence du Dr. A. B. Larocque. Membres présents . 
Drs. UO. Bruneau, A. T. Brosseau, A. Dagenais, J. Perrin, P. 
E. Plante, Ed. Desjardins, S. Gauthier, J. W. Mount, F. Ha- 
melin, L. J. P. DesRosiers, G. Grenier. 
@ Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 
Proposé par le Dr. J. M. A. Perrin, secondé par le Dr. A. T 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 259 


Brosseau, que le Dr. P. E. V. Mignault (d’Acton Vale) soit ad- 
mis membre actif. 

Le projet de tarif, soumis à la dernière séance, est alors de 
nouveau discuté article} par article et finalement adopté sur 
motion du Dr. O. Bruneau secondé par le Dr. S. Gauthier 

Il est ensuite proposé par le Dr. A. Dagenais secondé, par 
le Dr. Ed. Desjardins et résolu ; qu’un comité composé des 
Drs. O. Bruneau, S. Gauthier, P. E, Plante, du moteur et se- 
condeur soit chargé de prendre les moyens de faire adopter 
+e tarif par la législature. 

Le Dr. L. J. P. DesRosiers donne avis qu’il proposera à la 
prochaine séance le Dr. J. N. Chopin (du Sault-au Récollet) 
comme membre correspondant. 

Et la séance est levée. 
Dr. GEORGES GRENIER. 
Sec.-Trés S. M. 


Séance du 17 Avril 1872. 
Présidence du Dr. J. E. Coderre. 


Membres présents: Drs. H. Peltier, A. Dagenais, O. Bru- 
neau, L. Quintal, A. Meunier, J. Perrin, P. E. Plante, J. W. 
Mount, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. H. Peltier, secondé par le Dr. O. Bru- 
neau, que le Dr. J. N. Chopin (du Sault-au-Récollet) soit ad. 
mis membre coriespondant. Adopté. 


Le sujet de l'étiquette médicale étant à l’ordre du jour est 
discuté par plusieurs membres. 


Proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. A. ° 
Meunier, que le règlement de la Société n’autorisant qu’une 
séance mensuelle depuis le mois d'Avril jusqu’au mois d’Oc- 
tobre, une séaace spéciale soit convoquée mercredi 24 cou- 
rant pour l'adoption d’un code d’étiquette médicale. Adopté. 

Le Dr. A. Dagenais donne avis qu'il proposera à la prochai- 
ne séance le Dr. J. Beaudin (de Hull) comme membre actif. 


960 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Le Dr. J. Perrin donne avis qu’il proposera le Dr. J. O. 
Mousseau (de Montréal). 
Et la séance est levée. 
Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 





BIBLIOGRAPHIE. 

Traité des maladies de l'Enfance. —Seconde édition, agran- 
die et complètement revisée. Par J. LEWIS SMITH, M. 
D. curateur à l'hôpital des enfants en nourrice, New- 
York ; médecin à l'hôpital des enfants à Wards, Island ; 
médecin consultant dans la classe des maladies des enfans, 
au département externe de l'hôpital de Bellevue; lectu- 
reur clinique sur les maladies des enfants et professeur au 
collège médical de l'hôpital de Bellevue, New-York, 
HENRY O., Editeur, Philadelphie. 

Ce traité est appelé à rendre de grands services à la profes- 
sion, car les travaux spéciaux sur les maladies des enfants 
tirent leur prix de leur rareté relative autant que de l’impor- 
tance même du sujet qu'ils traitent. On peut dire que 
. cette partie si pratique des sciences médicales est trop sou- 
vent négligée ou mal interprétée, parce que le praticien se 
‘ trouve obligé de recourir à des auteurs qui n’ont pas en 
cette matière, toute la compétence désirable. L'ouvrage 
du Dr. Smith combie largement ce vide en fournissant à 
la science un traité complet des maladies de la première et 
de la seconde enfance. L'expérience consommée et le ta- 
lent bien connu de l’auteur donnent à cette œuvre- une au- 
torité de premier ordre. Placé à la tête d'un des plus 
grands hopitaux d'enfants de N.-York, ayant en outre à ré- 
pondre à une des plus nombreuses clientèles consultante de 
cette ville, professeur habile et estimé, il unit à une science 
éclairée. la pratique la plus étendue et la plus variée : son 
livre se recommande par là même sous le double rapport 
du style et des idées. 


Je viens de lire les trente pages qui traitent de la Scarla- 
tine : rien n’y manque, clarté, sobriété et concision du style, 


/ 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 261 


richesse des détails, nouveauté de vues, discussion impartia- 
le et judicieuse des opinions étrangères, traitement formulé 
avec soin et précision ; tout y révéle un talent d’élite traitant 
ua sujet dont il est un des meilleurs maîtres. Ce livre a sa 
place marquée dans la bibliothèque du praticien commedans 
celle de l'étudiant. L’encouragement et l'appui qu’a reçu la 
première édition doubleront sans doute pour la seconde et ré- 
compensera le zèlé professeur pour les services qu’il rend avec 
tant de distinction à la profession médicale.—L’ Union médi- 
cale accuse avec gratitude réception d’un exemplaire de 
cette édition et souhaite au bienveillant auteur la continua- 
tion de ses succès. 

.* L. J. P. Desrosiers, M. D. 


Rens 


NOUVELLES MEDICALES. 


RECHUTES DANS LES FIEVRES TYPHOIDES.—Les rechutes dans 
ces fièvres ont presque toujours lieu parcequel’on donne au 
malade des vivres solides trop vite, c'est-à-dire avant que les 
ulcères de l’Ileum soient guéris. 


Nous avons cependant le thermomètre pour nous guider 
infaiblement dans ces cas là. 


Si la température du malade demeure deux jours de suite 
à son état normal, ou entre 98° et 99° Fahr :, à 8, a m. et a 6, 
p. m., on peut donner ensuite des vivres solides aux malades, 
sans danger, mais pas avant celà. La langue peut être claire 
et humide, l’apétit extrême, si la température n’est pas cons- 
tament à 98° les ulcères ne sont pas encore guéris. 
(Dr. P. W. LATHANI. 


COLLAPSE DANS LE CHOLERA.—Nitrite d’Amyl.—Il est à pré- 
sent à peu près prouvé que le collapse du choléta est du à un 
obstacle 4 la circulation dans les poumons par la contraction 
des fibres musculaires des petites artères pulmonaires. Le ni- 
trite d’amyl est justement propre à combattre cet état là. Il 
donne un soulagement instantané dans le collapse asthmati- 
que, son administration augmente invariablement les pulsa- 


262 L'UNION MEDICALE DU CANADA 


tions cardiaques, dilate les petites artères, ramène la chaleur 
du corps, le sang à la figure et produit la transpiration. IE 
n’a pas encore été employé dans le choléra, mais d’après ce 
que l’on connait de ses effets dans d’autres maladies, il est pro- 
bable qu’il nous sera d'un grand secours pour celle-là. 
(Dr. T. JONES, BRIT. MD. J.) 

MAL DE DENT.—Quelques grains d’hydrate de chloral soli- 
de, mis dans la eavité d’une dent cariée, font presque toujours 
disparaitre la douleur trés promptement. On peut recourir 
à une deuxième ou une trosiéme application, s’il est néces- 
saire. (Dr. D. PaGE.) 





EMPOISONNEMENT PAR LA STRYCHNINE.—Feéve de à Calabar et 
chloroforme.—Le Dr. John White, de Glasgow, rapporte un cas 
d’empoisonnement par la Strychnine où on avait pris 34 grains 
avec l'intention de causer la mort. Le traitement qu’on adop- 
ta, fut Pinhalation du chloroforme afin de réprimerla sévé- 
rité des spasmes, et l'administration de la fève de Calabar 
Le chloroforme fut administré largement, et produisit un 
très bon effet, mais on ne donna que deux doses de l'extrait 
de la fève de Calabar, d’un demi-grain chacune. Il n’y a pas 
de traitement qui parait être plus convenable que celui-ci : 
la fève de Calabar diminue directement et puissament l’exci. 
tabilité réflexe de la moële épinière, tellement qu'il est ex- 
trémement difficile d’exciter aucun mouvement reflex sur une 
grenouille empoisonnée par cettesubstance. Elle est sous ce 
point de vue trés supérieure, au Curare, a la Belladonne, et au 
Tabac. (Dr. WuiTE Glasgow, Journal Médical.) 





HYDROPHOBIE SPONTANEE. 

L'automne dernier, M. Guillery relata un cas très intéres- 
sant d’hydrophobie spontanée, à l’Académie de médecine 
belge, lequel est reproduit dans le huitième numéro de son 
bulletin pour cette année. 

Un vieillard vigoureux de 71 ans, tailleur de son métier et 
qui avait toujours joui de la meilleure santé, fut attaqué, le 5 


2. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 263 


Février 1871, à la tête, au cou et à la région temporale, d’une 


douleur qu'il atribua au froid. Il y fit d’abord peu d’atten- 
tion, jusqu'à ce que, le soir, en plongeant dans l’eau ses 
mains pour les laver, il fut saisi d'un spasme violent et dou- 
loureux du gosier et une grande répugnance à répéter l’im- 
mersion. Se sentant altéré, il essaya de wboire de l'eau, 
du thé et du café, mais à chaque tentative le spasme 
revint et l’en empécha. Cet état de chose se continuant, M. 
Guillery fut appelé le 7 et le trouva parfaitement calme, par- 
lant de sa maladie plutôt comme d’une curiosité que comme 
d’une souffrance. Jl avala de la viande sans difficulté, mais 
n’osa pas appaiser sa soif ardente. L'introduction d’un liqui- 
de dans la bouche, sans le voir, au moyen d'un tube, avait 
aussi amené des spasmes. Persuadé d’essayer, il réussit, par . 
un immense effort, à avaler deux cuillerées à thé de café, 
mais il déclara qu’il préférait endurer la soif plutôt que de 
répéter ce douleureux essai. La simple vue d’un liquide 
amena des spasmes accompagnés d’un paroxisme de frayeur 
intense et prolongée. 


Le liquide éloigné, il discourait avec calme sur son étran- 
ge maladie. Sa douleur à la tête était disparue, il n'y avait 
ni fièvre ni accélération du pouls, et sa langue était seule- 
ment blanche. Le 8, les symptômes décrits s’aggravérent, de 
cruelles souffrances se produisirent à la tentative de laver 
ses mains. La seule substance que le patient put ingérer 
était quelques morceaux de pain trempés dans le vin, et pré- 
sentés de derrière, de manière à en éviter la vue. 


A cette époque, la seule vue d’un verre d’eau produisit un 
spasme effroyable. Il mourut une heure après, déclarant que 
cette dernière tentative l'avait tué. 

L'examen post-mortem ne fut pas fait. Il est parfaitement 
sûr qu’il n’a été mordu par aucun chien. 


—Med. T. & Gaz. 


264 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


PERFORATION DE LA VESSIE ET DU RECTUM PAR 
UNE BALLE, SUIVIE DE GUERISON. 


Le trajet qu’a suivi la balle dans le cas que nous venons de 
rapporter est celui que suivent très-souvent ces projectiles lors 
qu'ils viennent à pénétrer à travers les organes pelviens jus- 
que dans la vesgie. Ce rapprochement et la coincidence d’un 
fait de plaie pénétrante de la vessie, suivi de guérison, que 
M. Redard a eu l’occasion d'observer dans la même ambulan- 
ce, lui ont fourni le texte de quelques considérations sur ce 
sujet, qui trouvent ici leur place naturelle. 

Dans un mémoire très-intéressant communiqué dans le 
temps à l’Académie de médecine, M. Demarquay a montré que 
les blessures de la vessie, très fréquentes par les armes à feu 
en temps de guerre, sont loin d’être toujours aussi graves 
qu'on se le figure, et il a fait voir comme Roux l’avait avancé 
d'ailleurs avant lui, que le pronostic était en raison de la ré- 
gion lésée, que la partie antérieure de la vessie et son bas- 
fond, par exemple, peuvent être blessés sans que le péritoine 
le soit aucunement et sans entraîner la mort. 

M. H. Larrey, dans le rapport qu'il fit à cette époque sur le 
mémoire de M. Demarquay, rapportait à l'appui plusieurs 
observations de plaies dz la vessie par armes à feu, suivies 
de guérison. 

Voici l'observation nouvelle du même genre, recueillie 
dans les services de l’ambulauce de Longchamp, où M. Re 
dard a pu suivre le blessé. 


Nous laissons la parole à notre confrère : 


‘(E..., âgé de 27 ans, soldat au 90e de ligne, fut blessé le 30 
septembre au soir, au combat de la redoute du fort Bicétre, 
par une balle entrée par la fesse droite et qui perfora le 
rectum et la vessie, en sortant par la partie postérieure et 
moyenne de la cuisse gauche, formant un premier séton de 
la fesse droite à la cloison recto-vésicale, par où l’urine sort 
en abondance, et un second séton du rectum à la partie 
moyenne et postérieure de la cuisse gauche par où les matiè- 
res fécales sortent aussi. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 265 


Le blessé avait eu une hémorragie assez grave sur le 
champ de bataille, et il avait perdu connaissance lorsqu'on le 

ransporta dans le service de M. Demarquay. 

Le malade éprouve des dguleurs intolérables ; il est pris 
d’une soif très-ardènte, et la fièvre ne tarde pas à devenir vi- 
ve. Ses urines et ses matières fécales mélées sortent par les 
deux plaies ; il y a du ténesme et des douleurs de plus en 
plus violentes, s'étendant jusqu'aux reins en même temps 
qu'aux deux cuisses et jusqu’à la jambe gauche. L’explora- 
tion, pratiquée par l’anus, indique la communication de la 
vessie et du rectum. D'ailleurs, le malade rend ses urines 
mélées aux matières fécales par l'anus. 

Le malade va très-neu à la selle et urine très peu par le 
méat urinaire. . 

Le 28 octobre, le malade ne va guère mieux; il souffre 
toujours beaucoup Une purgation est administrée, et bien- 
tôt on passe une sonde ; la vessie esten proie à des contrac- 
tions tres-vives. 

Pendant les huit jours derniers, les contractions puissantes 
et fréquentes de la vessie ont été continues. Des gaz sont 
mélangés aux excrétions, et l'urine est rendue avec ce bruit 
particulier que M. Ricord a appelé bruit perle. 

La suppuration devient bientôt meilleure, et les trajets fis- 
tuleux semblent vouloir s’oblitérer On laisse une sonde à 
demeure. 

Le 30 octobre, on ouvre quelques abcès qui se sont formés 
au bras droit et au creux poplité de la jambe gauche. 

Malgré ces accidents, dès la première semaine de novem- 
bre, le malade se lève et marche avec des béquilles. Il dort 
mieux, souffre moins dans la journée et dans la nuit ; les 
trajets fistuleux se cicatrisent et ne laissent passer que peu 
de liquide. 

Le 15 novembre, le malade reste ‘levé une grande partie 
de la journée, descend les escaliers et a un excellent appétit. 

A partir du ter décembre, il entre en pleine convalescen- 
ce. Les fonctions de la vessie et du rectum s’accomplissent 


266 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


encore avec quelques difficultés, mais nous assistons à une 
amélioration progressive jusqu’au jour où le malade sort en- 
tièrement guéri de lhôpital. 

Les faits de ce genre ne paraigsent pas très-rares ; le chi- 
rurgien McCormac, dans un ouvrage récent intitulé : Notes et 
recollections of an ambulance Surgeon, 1871, cite quelques cas 
où, malgré une perforation de la vessie on du rectum, le 
malade a parfaitement guéri (cas XXVI, XXVII: cas de 
double fistule fécale, XX VII). Ila vu aussi, à l’ambulance 
belge, deux cas de fistule urinaire sans aucun symptôme 
alarmant. M. Larrey pense, du reste, que si les plaies de la 
vessie par armes 4 feu sont moins graves que celles par ar- 
mes blanches, cela tient à l’attrition immédiate : le gonfle. 
ment et l’escharrification de ces tissus, causée par les pro- 
jectiles empêchant l'issue de l’urine hors de la vessie. On 
le voit, le pronostic est loin d’être toujours fatal, et nous 
sommes loin, dans tous les cas, de prononcer, avec Hippocra- 
te, cette sentence de mort : Cui persecta vesica lethale."—\Gaz. 
des hdpitauz.) 


OVARIOTOMIE. 


A la séance du-7 Février 1872, de la Société de Chirurgie 
de Paris, M. Panas a rapporté les deux observations d’ovario- 
tomie suivantes. Ce chirurgien attribue le succès obtenu au 
mode de suture qu’il a employé, c'est-à-dire à la suture pro- 
fonde comprenant largement le péritoine ; et de plus à ce 
que les malades ont été opérées dans des chalets établis 
d’après la méthode prussienne. Chaque chalet contient 
deux lits, mais un seul est occupé. M. Panas n'a jamais 
vu de cas heureux d’ovariotomie dans les salles ordinaires 
des hopitaux. 


Oss. I— Adèle D..., vingt ans, piqueuse de bottines, réglée 
à quatorze ans, mariée à vingt et un ans, elle a eu deux en- 
fants ; n’a jamais été malade. Il y a dix-huit mois, douleurs 
dans l’hypochondre droit où l’on découvre une tumeur. La 
malade entre dans mon service le 2 octobre 1871. L’abdomen 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 967 


mesure alors 1m, 30 de circonférence ; tumeur déjetée à gau- 
che. Bruit de cuir neuf en pressant sur les parois. Col de 
l'utérus remonté et déjeté à gauche. Le 6 octobre, douleurs 
vives dues à la distension de la tumeur ; une ponction soula- 
ge la malade. Cette ponction, faite avec un trocart Capillaire, 
donne 300 grammes d’un liquide colloïde filant, composé sur- 
tout de matières albuminoïdes d’après l'examen microscopi- 
que. 


L'opération fut pratiquée le 17 octobre comme il suit : 
Chloroformisation ; incision sur la ligne médiane depuis le 
pubis jusqu’à trois travers de doigts de l’ombilic. On arrive 
sur la surface du kyste qui est immédiatement ponctionné. 
Trois grands kystes sont ouverts successivement laissant écou- 
jer plusieurs litres d'un liquide jaunâtre. Quoique réduite 
des deux tiers de son volume, la tumeur ne montre aucune 
tendance à se porter au dehors, ce qui s'explique par la con- 
sistance charnue du reste de la tumeur, et surtout par son ad- 
hérence. Il s’agit d’un kyste proliférant développé dans l’o- 
vaire droit, et qui, en refoulant les deux feuillets du ligament 
large, a rempli de sa massse toute l'excavation pelvienne. L’u- 
térus et la vessie, refoulés à gauche, sont directement appli. 
qués sur la tumeur, de sorte qu’il n’y a point de pédicule en- 
tre celle-ci et l’utérus, et que pour l’en détacher il nous a fal- 
lu raser le bord latéral de cet organe. Du côté externe ou 
iliaque, la tumeur, intimement adhérente à la fosse iliaque, 
recevait l'artère et la veine ovarique contenues dans un repli 
du péritoine. Enfin, la tumeur offrait une adhérence avec le 
pavillon de la trompe opposée avec l’épiploon. 


Voici ce que nous fimes pour la mobiliser ; un double fil 
très-fort est passé au ras du bord latéral de l’utérus entre ce 
lui-ci et le kyste ; puis, en serrant isolément les deux anses 
de fil en haut et en bas, on pédiculise la tumeur de ce côté. 
On détache ensuite les adhérences épiploïques et la trompe 
gauche dont le pavillon adhèrent à la masse a dû être retran- 
ché. Pour détacher la tumeur du bassin, il nous a fallu 
d'arracher du tissu cellulaire sous-péritonéal et à inciser le 


268 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


péritoine à l'endroit des vaisseaux ovariques après y avoir 
appliqué une forte ligature. L'opération avait duré plus 
d’une heure et demie. Le 24 novembre, la malade quitte 
l'hopital parfaitement guérie. 

Oss. 2nde.—D...(Sophie), placière, quarante-deux ans ; mal 
réglée jusqu’à dix-huit ans ; mariée à vingt ans. Deux en- 
fants accouchements faciles. Il y a six ans, la malade s’aper- 
çoit d’une tumeur siégeant à gauche et dont le volume croit 
de jour en jour. * Prolapsus de l'utérus à travers la vulve, 
datant de la première couche. Le 5 octobre 1871, la malade 
entre à l'hopital Saint-Louis. Tumeur déjetée à gauche, ab- 
domen mesurant 86 centimètres. Fluctuation. Opération le 
25 octobre ; cette opération n’a duré en tout que vingt mi- 
nutes. Le 8 décembre, la malade ‘sort parfaitement guérie 
Il s'agissait d’un kyste muqueux contenant à son centre un 
kyste dermoïde. Depuis l'opération, la chute utérine n'a 
point reparu. 





EMPLOI DES GREFFES ÉPIDERMIQUES PRATIQUÉES AVEC DES LAN- 
BEAUX DE PEAU DE LAPIN, POUR LA GUÉRISON DES PLAIES REBELLES. 
—A la séance du 26 Février 1872 de l'académie des sciences, 
M. Larrey a présenté au nom de M. Coze un mémoire sur ce 
sujet “ L'auteur, dit M Larrey, rappelle d’abord le travail lu 
à l'Académie des sciences, en novembre 1871, par M. le doc. 
teur L. Reverdin, sur les greffes animales étudiées expéri- 
mentalement au collége de France. 

‘© M. Coze rapporte ensuite trois observations de sa pratique 
à l'hôpital militaire de Perpignan, à l'appui des expériences 
de M. Reverdin. 

“ La première de ces observations est relative à une plaie 
ancienne et fistuleuse de la cuisse, par un éclat de bois; la 
deuxième à une plaie ulcérée du genou, compliquant une 
fracture de rotule, par coup de pied de cheval ; et la troisiè. 
me à une plaie par éclat d'obus, de l'extrémité inférieure 
de la jambe. 

‘ Ces trois observations, recueillies avec soin, dans tous 
leurs détails, sont suivies de remarques pratiques sur les 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 269 


opérations d’anaplastie, et de conclusions précises en faveur 
de la transplantation d’un lambeau cutané du lapin, sur une 
plaie ulcérée ou difficile à guérir chez l’homme. 

Le mémoire de M. Coze mérite d’être transmis à la com- 
mission des prix de médecine et de chirugie. 





OBSTÉTRIQUE. 

DE LA FIÈVRE PUERPÉRALE.—Le professeur F. MarTIN, de 
Berlin, a lu devant la Société de médecine de cette ville un 
mémoire sur la fièvre puerpérale, dont nous reproduisons 
les points saillaints. 


Depuis l'épidémie qu'il a eu occasion d’observer en 1860, 
l’auteur enseigne que la fièvre puerpérale consiste dans un 
processus diphtheritique des organes génitaux de la fem- 
me, et toutes les investigations qu’il a faites depuis l’ont con- 
firmé dans sa manière de voir. 


D’après lui, on range généralement un peu trop au hasard 
dans les relevés statistiques toutes les affections fébriles des 
femmes en couche sous la rubrique: fiévre puerpérale. Il 
faut bien se représenter que chez les femmes en couches 
comme chez les autres peuvent éclater différents états fébri- 
les tenant, soit à des phlegmasies de tel ou tel organe, soit à 
des maladies infectieuses spéciales (variole, scarlatine, etc.) 
maladies qui n’ont rien à voir avec la puerpéralité. Bien 
plus, des mouvements fébriles peuvent se développer chez 
les femmes en couches à la suite d’inflammation des organes 
génitaux, sans que cependant on ait affaire à la fièvre puer- 
pérale dans l’acception vraie et redoutable du mot. 


Chez les femmes en couches, une mastite, une métrite, une 
vaginite traumatique, un épanchement sanguin dans le tissu 
cellulaire pelvien, un abcès ou une ulcération quelconque 
peuvent déterminer une fièvre violente, sans que ni les 
symptômes, ni la marche, ni la terminaison ne rappellent ce 
qui se passe dans les processus diphtéritiques. C’est la diph- 
thérite des parties génitales de la femme encouches que. Martin 


970 ® L'UNION MEDICALE DU CANADA 


regarde comme constituant essentiellement la fièvre puerpé- 
rale. Mème la thrombose des sinus utérins ne doit pas être 
prise sans plus ample examen comme la caractéristique de la 
maladie puerpérale ; elle se rencontre maintes fois comme 
fait isolé et indépendant, quoique presque toujours elle ac- 
compagne ou suive la diphthérie 


Quant à la nature de celle-ci, on l’a surtout étudiée dans 
d'autres régions, notamment sur le pharynx 


Letzeritch a montré que la pharyngite diphthéritique est 
due à une espèce particulière de champignon dont les spores 
traversent la muqueuse, pénètrent dans les tissus et dans le 
sang et déterminent ainsi les accidents généraux. Martin 
avoue qu'il ne peut pas encore présenter des faits aussi pré- 
cis et aussi concluants à l'appui de sa diphthérite des organes 
génitaux. Des végétations cryptogamiques se rencontrent 
normalement dans le vagin des femmes tant enceintes qu’à 
l'état de vacuité et sans que leur présence entraine le moin- 
dre inconvénient. La fièvre puerpale est-elle due à un 
champignon différent ? ou bien le mycoderme est-il simple- 
ment le porteur d’un contage particulier ? M. Martin se pose 
toutes ces questions sans en résoudre aucune. 


Voici les faits anatomiques positifs, mais purement micros- 
copiques, sur lesquels l’auteur base l'édifice de sa théorie. 

Dans la majorité des cas de fièvre puerpérale, on trouve 
sur les parties génitales externes ou à l'entrée du vagin des 
plaques grisâtres correspondant aux déchirures ou éraillures 
si nombreuses de la muqueuse. Le pourtour de ces plaques 
est le siége d'un empâtement plus ou moins considérable. 
Dans quelques cas bénins tout se borne à ces accidents 
locaux ; la couenne diphthérique est éliminée sans fiévre 
et avec fort peu de réaction. Mais le plus souvent le pro- 
cessus diphthérique envahit tout le vagin, l’échancrure du 
museau de tanche, la cavité cervicale et méme celle du 
corps de lutérus, surtout au niveau de l'insertion placen- 
taire. Souvent même l'utérus seul est malade, les parties 
accessibles à la vue restant indemnes. La diphthérite 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 971 


utérine se reconnaît par l'expulsion spontanée ou au moyen 
d'injections, de flocons caractéristiques et de lambeaux da 
muqueuse. . 


Des parties génitales, le mal irradie et s'étend rapide- 
ment plus loin. Il gagne rarement la peau des fesses ou des 
cuisses, où il détermine des érythèmes, qu'on a quelquefois 
faussement interprétés comme scarlatine puerpérale, ou 
mème des ulcérations. Plus souvent il envahit la muqueuse 
uréthrale où anale, où il peut même naître tout d’abord. 


Mais le mode de propagalion le plus fréquent est le sui- 
vant: le processus gagne le péritoine soit par l’intermédiai- 
re dutissu connectif qui enveloppe l'utérus et le vagin, 
soit directement par la muqueusé des trompes ; ou bien en- 
core il se généralise par les veines ou les lympathiques ; 
ces trois modes peuvent, du reste, coexister et se combiner. 


Dans le premier cas, le tissu cellulaire du petit bassin 
présente une infiltration séreuse, trouble, caractéristique 
(truserose infiltration.) Le péritoine de la région est généra- 
lement recouvert d’une exsudat plus ou moins abondant. 
Cette infiltration du tissu conuectif peut envahir toute l’at- 
mosphere celluleuse rétropéritonéale jusqu’aux-reins, au foie, 
et méme jusqu’a la plévre et au poumon ; si elle en a le temps, 
elle se termine par suppuration. Beaucoup d’auteurs ont 
considéré infiltration du tissu connectif pelvien comme le 
fait essentiel de la fièvre puerpérale, qui pour eux, n'était en 
dernière analyse qu'un phlegmon périutérin et péri-vaginal : 
ils ont négligé le point de départ, la diphthérite de la mu. 
queuse génitale. 


Le poison se propage plus rarement par la muqueuse des 
trompes ; alors on trouve la facejinterne de la matrice tapis- 
sée par un enduit sanguinolant et puriforme ; les trompes 
(quelquefois une d’elles seulement) sont hypéremiées élar- 
gies et remplies de pus, les frauges notablement gonflées et 
recouvertes d’un exsudat fibrino-purulent. Ordinairement, 
dans ces cas, la douleur péritonéale, localisée souvent dans 


272 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


une fosse iliaque, éclate brusquement vers le troisième jour 
de l'accouchement. 


Le troisième mode de propagation se fait par les lympathi- 
ques utérins qu'on rencontre distendus par une masse blan- 
châtre à demi coagulée. Généralement, les deux ovaires 
ou un seul sont infiltrés et parcourus par des lympathiques 
charriant des coagulums fibrineux. La cavité péritonéale 
est généralement recouverte d’exsudats. Le plus rarement, 
l'infection diphthéritique se fait par les sinus veineux, qui 
sont alors remplis de caillots thrombosiques. 


Bientôt les viscères abdominaux, les reins, le foie, la rate 
se prennent et présententgune inflammation parenchyma- 
teuse ; il n’est pas rare de trouver une infiltration séro-puru- 
lente des lobes inférieurs du poumon et de l’épanchement 
dans la plèvre. Enfin, il arrive que le poison diphthérique 
se localise du côté du tissu connectif sous-cutané ou donne 
lieu à des abcès articulaires, périarticulaires ou musculaires, 
à l’inflammation de glandes mammaires ou parotides. C’est 
précisément la grande variété de ces localisations et leurs 
combinaisons multiples qui constituent le caractère de la 
flèvre puerpérate ; et telle ou telle de ses localisations venant 
à s’accentuer danvantage, il en résulte que, pour les uns, ça 
été la péritonite, pour les autres, la phlébite ou la lymphan- 
gite, qui a été prise pour le point de départ de la maladie gé- 
pérale. 


Quant aux causes qui favorisent la production du ferment 
morbide, M. Martin insiste surtout sur la décomposition des 
débris de l’œuf et des caillots sanguins dans l’intérieur de la 
matrice.—Il y a certainement des causes prédisposantes 
Aussi l’auteur a observé que les accouchées atteintes de blen- 
norrhagie aiguë étaient particulièrement prédisposées aux 
affections diphtériques, et par conséquent, à la fièvre puer- 
pérale. Mais la cause la plus importante de toutes est la 
transmission du virus d'un sujet malade à un sujet sain, la 
contagion. Elle a lieu le plus souvent pendant l’accouche- 
ment, plus rarement pendant les couches, plus rarement en- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 273 


core avant l’accouchement. Ce qui le prouve, c'est ce fait, 
si bien constaté à Vienne, où on a établi, d’après une très 
grande statistique, que la flévre puerpérale est excessive- 
ment rare chez les femmes qui entrent à la Maternité, après 
avoir accouché inopinément dans la rue (Gassengeburten), et 
qui, par conséquent, n’ont pas été soumises aux explorations 
et aux manœuvres habituelles du travail. Il est donc proba- 
ble que le virus est introduit par le doigt explorateur du mé- 
decin, de la sage-femme ou de l'élève, souillé, malgré une 
propreté en apparence irréprochable, de substances septiques 
Des éponges, des linges, des sondes contaminées sont aussi 
souvent le véhicule du contage ; c’est ainsi que les épidé- 
mies se produisent dans les hôpitaux et en ville. 


La durée de l’incubation de la malade, ainsi transmise, 
serait, d’après Veit, de 27 et 28 heures. 


La diphthérite des parties génitales ne règne pas exclusi- 
vement sur les femmes en couches, quoique celles-ci y soient 
particulièrement disposées. IL y a 40 ans déjà, Paul Dubois 
a observé qu’en temps dépidémie de fièvre puerpérale, les 
jeunes sage-femmes de la Maternité étaient quelquefois, Lors 
de la menstruation, atteintes d’une affection fébrile analogue 
à celle des malades auxquelles elles donnaient des soins. M. 
Martin a observé des faits semblables et notamment le sui- 
vant : Une femme de 52 ans entre à son service pour une 
métrorrhagie ; on l’examine et on voit, faisant saillie à tra- 
vers les lèvres du col, un magma volumineux. On détache 
la tumeur au moyen de l’écraseur, et on en pratique l’ex- 
traction à l'aide du forceps. Le pédicule est cautérisé au 
fer rouge. Apparemment le forceps avait servi à accoucher 
une femme contaminée et n’avait pas été suffisamment net- 
toyé, car l’opérée fut atteinte de diphthérite des parties géni- 
tales et mourut au bout de 15 jours, présentant toutes les 16- 
sions anatomiques de l'infection puerpérale. Du reste, la 
maladie qui nous occupe n’épargne même pas toujours ies 
nouveau-nés, comme Lorain déjà en a rapporté des exemples 
Cependant, c’est chez les femmes en couches qu’elle trouve 


974 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


son véritable terrain et qu’elle évolue le plus rapidement et 
avec le plus d’intensité. 

Symptomatologie.—Les syptômes caractéristiques, d'après 
Martin, sont, une température oscillant d’une façon continue 
entre 39° et 40°, le pouls de 100 à 120. L'état général est peu 
inquiétant au début, mais bientôt arrivent, chez beaucoup de 
malades, les pressentiments sinistres ; l'intelligence reste 
nette jusqu’à la fin ; quelquefois, cependant, il y a du délire 
et des accès de manie aiguë. Quand au processus diphthéri- 
tique en lui-même, on le constate de visu à la vulve et dans 
le vagin jusqu'au museau de tanche ; il trahit sa présence 
dans l’utérus par un écoulement lochial fétide ét par l’expul- 
sion de débris de fausses membranes diphthériques. 

Presque toujours l’utérus est douloureux à la pression. 
Inutile d’insister sur les autres symptômes, l’inflammation si 
fréquente de la vessie, du rectum, la péritonite, la pleurite, 
les phlegmons, etc. 

Pronostie.—En faisant abstraction des cas de diphthérite 
tout à fait locale, le pronostic est grave. La mortalité est de 
4 sur 3. La mort a généralement lieu du 5e au 11e jour ; il 
est des cas qui durent des semaines et des mois. 


Traitement. —Veiller surtout à la prophylaxie. Les mains, 
les vêtements de l’accoucheur, les éponges, les sondes exigent 
la plus grande propreté. Ne pas abuser des explorations in- 
ternes (toucher), surtout en temps d’épidémie ; habituer les 
élèves à tirer un meilleur parti de lexploration externe (pal- 
pation et auscultation). 


Quant à la thérapeutique, elle est purement symptomati- 
que et s'adresse surtout à la fièvre (digitale, quinine, bains). 
L'auteur insiste sur le traitement local (injections vaginales 
désinfectantes et injections utérines au moyen de la sonde à 
double courant). 


Ces leçons de M. Martin ont eu un certain retentissement 
en Allemagne. Somme toute, l’idée d'attribuer les accidents 
puerpéraux à une infection zymotique ; à la pénétration dans 
l'organisme de ferments et de mycodermes, cette idée est loin 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 275 


d'être nouvelle. Martin l’amplifie et identifie le processus 
puerpéral avec celui de la diphthérite, si bien étudié par Let- 
zerich. Mais, nous le répétons, les faits anatomiques directs, 
la description exacte et la recherche scrupuleuse du micro- 
phyte, les essais de culture, les transplantations artificielles, 
bref, les épreuves et les contre-épreuves, tout cela fait défaut 
et tout cela cependant serait nécessaire pour donner à l’hy- 
pothèse de M. Martin une base et une portée vraiment scien- 
tifique. (Allgemeine medizinische Zentrnlzeitung, 9. und. 12. 
Aug. 1271.—Medizinische Neuigkeiten, 19 Aug. 1871, et Gaz. 
méd. de Strasbourg, n° 11, 1871.)—Lyon Medicla 





EXTRACTION D'UNE BALLE AU NIVEAU DE LA 
CLOISON RECTO-PROSTATIQUE. 


Le fait suivant, que nous communique M. le docteur Paul 
Redard; paraîtra intéressant non seulement en raison de sa 
rareté, mais surtout à cause du résultat heureux de lopéra- 
tion chirurgicale qui a été miseen pratique en temps utile. 

Le nommé B..., soliat du train, se présenta le 23 mars à 
l'ambulance de Longchamp, pour une blessure qu'il venait 
de recevoir au moment où il chargeait des sacs d’avoine sur 
une voiture ; son corps se trouvait dans la demi-flexion- 

La balle qui l’a frappé a pénétré dans la région fessière, 
un peu en arrière du grand trochanter. Le blessé ne perçut 
pas d’abord une grande douleur, l'hémorrhagie était nulle 
et il put mênte marcher pendant quelque temps. 

Voici ce qui fut constaté à son entrée dans l’ambulance : 
B.... ne semblait pas très-effrayé de sa blessure, l’hémorrhagie 
était nulle et la température était presque normale (on verra 
plus loin les motifs de importance attachée à ce fait); le 
pouls était normal. L'ouverture d’entrée de la balle est à 
quelques centimètres en arrière du grand trochanter ; elle 
continue par un trajet fistuleux très-sinueux, remontant de 
haut en bas dans la direction de la vessie. Un stylet, 
introduit trés-profondément, ne donne aucune notion utile, 
et il est impossible de se rendre compte de la profondeur du 


276 * L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


trajet, et par conséquent des désordres que la balle peut avoir 
produits en cheminant à travers les organes aussi importants 
que ceux vers lesquels elle semblait s'être dirigée. 

On fait uriner immédiatement le malade et on constate un 
signe de fâcheux augure, la présence du sang dans les urines. 
Il y a, en outre, un peu de rétention d’urine, une douleur 
recto-prostatique très -vive et un sentiment de pesanteur vers 
le rectum. Les selles sont régulières etne présentent rien 
d’anormal. 

En pratiquant le toucher rectal au niveau de la prostate, 
on reconnaît l'existence d’une tumeur dure, très résistante, 
et l’on éprouve exactement la sensation perçue lorsqu'il exis- 
te une hypertrophie de la prostate, avec cette différence que 
la résistance rencontrée présente la sensation de dureté mé- 
tallique. C'était là qu'était évidemment la balle, en partie 
surtout sur ia ligne médiane. Il s'agissait de l’extraire 
L’extraction a été faite le 28 Mai, par M. Ricord. Voici de 
quelle manière : 

Ce chirurgien s’est servi d’un bistouri à lame cachée qu'il 
a pu ainsi porter à couvert jusque sur le point à inciser et di- 
riger dans le rectum. L’incision fut faite sur la ligne médiane 
de la cloison recto-prostatique, afin d'éviter les gros troncs 
vasculaires. La balle fut dès lors mise à nu, et après quel- 
ques tentatives assez laborieses, elle put être saisie avec les 
pinces. 

Le malade éprouva sur-le-champ un soulagement tres- 
marqué, l’hémorrhagie par le rectum fut nue. On pres- 
crivit des lavements émollients. 

Le lendemain, les urines ne contenaient plus aucune tra- . 
ce de sang ; l'ouverture d’entrée donne issue à une quantité 
assez considérable de pus de bonne nature ; on prévoit que 
l'os iliaque a pu être fracturé, mais ce fait ne peut être cons- 


taté d’une façon directe. | 
Une certaine quantité de matières fécales s'écoule aussi par 


cette ouverture. Le malade a de la diarrhée. De grandesir- 
rigations sont pratiquées matin et soir dans le trajet fistuleux, 
et des lavements émollients sont administrés. 


L UNION MEDICALE DU CANADA. 277 


Le jour suivant, il existe un peu de fièvre ; la température 
est 380,3. Les selles sont diarrhéiques; pas de sang dans les 
urines. Les matières fécales s’écoulent par la vlaie. 

Bientôt (6 jours après), un mieux marqué se produit. Les 
matières fécales ne s’écoulent plus par la plaie ; la suppura- 
tion est toujours tres-abondante ; la diarrhée continue ; ce- 
pendant les urines sont normales l'appétit est excellent. 

Au bout d’une vingtaine de jours environ, le malade ayant 
exprimé le désire de retourner au camp est autorisé à quitter 
Pambulance. 

Quelques jours aprés sa rentrée au camp, M. P. Redard, 
étant allé le visiter, est douloureusement surpris de voir que 
le pus s’écoule encore en grande quantité par louverture ex- 
térieure, et qu’unepartie fuse méme le long des muscles de la 


cuisse. 
Le malade en paraît considérablement affaibli ; son appétit 


est en partie perdu. 
En présence de ces accidents, M. Redard place la cuisse 


dans la demi-flexion, et la fixe à l'aide d'un bandage ouaté as- 
sez épais, de façon que le coton, prenant et comprimant les 
interstices musculaires, empéche le pus de s’accumuler vers 
les parties déclives. | 

Nonobstant ces précautions, il ne tarda pas à se former 
une tuméfaction assez volumineuse dans l’aine gauche, tu- 
méfaction dure d’abord et qui devint bientôt fluctuante. Il 
fallut ouvrir cet abcès, qui avait décollé ‘les muscles dans 
une étendue assez considérable. IL n'y avait d’ailleurs aucu- 
ne communication entre l’ouverture externe (ouverture d’en- 
trée de la balle) et l'ouverture artificielle pratiquée pour l’6- 
coulement du pus, L'ouverture d’entrée de la balle était en 
outre notablement agrandie, et on put alors, en introduisant 
le doigt très profondément de bas en haut, constater une 
fracture de l'os iliaque qui semblait, comme dans la plupart 
des cas de ce genre, du reste, être régulière et à emporte-piè- 
ce, index s’engageant dans une excavation osseuse parfaite- 
ment limitée. 

A partir de ce moment, le malade va de mieux en mieux ; 


278 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


la diarrhée cesse, la suppuration diminue. Le trajet fistu- 
leux bourgeonne et la prolifération s'empare à son tour des 
parois de l’abcès qui s’accolent. Il n'existe plus bientôt 
qu’une suppuration abondante par l’ouverture d’entrée de la 
balle.; l'appétit redevient excellent et le malade marche à 
grands pas vers sa guérison ; mais il reste une émaciation et 
une atrophie excessives de tout le membre inférieur, avec 
persistance, toutefois, des mouvements. Malgré une petite 
vérole que le blessé a eue à subir intercurremment, la gué- 
rison a marché rapidement. (Ce blessé est aujourd'hui en 
convalescence à l'hôpital du Gros-Caillou.) 

M. Redard signale, dans cette observation, plusieurs faits 
dignes d'attention. Et, d'abord, il nous fait remarquer la ra- 
reté d’une blessure de la cloison recto prostatique. “ Il est cu- 
rieux, en effet, dit-il, que la balle se soit arrêtée dans cette 
cloison, résistante il est vrai, et l’on ne peut s'empêcher de 
songer aux accidents plus graves qui auraient pu survenir 
si la balle avait continué sa marche et perforé la vessie. 
Nous avons cherché dans les traités de chirurgie militaire, 
et nous n'avons retrouvé aucun fait semblable. 

‘ L'intervention chirurgicale a été, dans ce cas, trés-utile 
et des complications graves seraient survenues si M. Ricord 
n'avait pas pratiqué immédiatement l'extraction. Le puocédé 
dont s’est servi ce chirurgien était très-simple et a été cou- 
ronné de succès ; il est vrai qn’on aurait pu, suivant le pro- 
cédé de M Demarquay pour les abcès péri-prostatiques, inci- 
ser au devant de l'anus ou sur les côtés du raphé, et l’on se- 
rait probablement arrivé au même résultat.” 

On aura remarqué, en outre, ia durée extrêmement longue 
de la suppuration, qui doit trouver son explication dans la lé- 
sion osseuse constatée après coup. Toutes les fractures des 
os, et en particulier celles des iliaques, donnant lieu à des 
suppurations très-prolongées. on ne doit pas s'étonner, dès 
lors, d’avoir assisté ici à une suppuration de six grands mois, 
sans que le traitement institué ait paru produire quelque effet. 

Si l’on se reporte aussi au commencement de cette obser- 
vation, on verra que l’on s'est préocupé, avant de se livrer à 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 279 


un examen complet du malade, de la température. ‘ Nous 
trouvions, ajoute M. Redard, une température presque nor- 
male, et partant de ce fait, avant de constater la situation de 
la balle, nous pouvions affirmer qu'il n’existait pas de plaie 
pénétrante grave de l’abdomen, qui nous aurait donné cette 
température hypo-physiologique de l’étranglement que nous 
avons observée fort souvent. 

‘ On comprend l'importance de ce fait, si nous n'avions pu 
constater la présence de la balle, qui se traduisait par la ré- 
sistance métallique reconnue a lexploration. Là encore se 
montrait importance de la thermométrie que M. Demarquay 
nous a faitétudier et qui nous a conduit à d'heureux résultats. 
—(Gazette des Hopitaux.) 





SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE.—M. Brown-Sequard, revenant sur le 
rôle que paraissent jouer les lésions du grand sympathique 
dans la production expérimentale de l’épilepsie, présente un 
cochon d’Inde qui a eu le grand sympathique coupé dans l’ab- 
domen et qui est devenu épileptique. En irritant la zône épi- 
leptogène, M. Brown-Sequard provoque immédiatement 
chez cet animal plusieurs attaques bien caractérisées. Mais 
il fait observer à ce propos que le point épileptogène n'est 
pas toujours facile à trouver, qu'il varie selon les individus, . 
et même quelquefois chez le même individu, d’où il suit que 
l'existence de l’épilepsie peut être souvent méconnue. 

—M. Brown-Sequard présente les pièces pathologiques re- 
cueillies sur un cochon d’Inde chez lequel une double pneu- 
monie s’est produite à la suite de la section d’un seul pneumo- 
gastrique ; il constate, en outre, l’existence d’une névrite du 
bout central du pneumogastrique sectionné ; il ne doute pas 
que la double pneumonie ne soit due, dans ce cas, 4 un effet — 
réflexe. . 

M. Vulpian a souvent observé des lésions pulmonaires dou- 
bles à la suite de la section d’un seul pneumogastrique : les 
deux poumons sont habitueilement engoués, mais la lésion 
est ordinairement plus marquée dans le poumon correspon- 
dant au pneumogastrique sectionné. 


280 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


—M. Bourneville donne lecture d’un travail sur des obser- 
servations thermométriques faites comparativement dans l’u- 
rémie et dans l’éclampsie puerpérale, observations desquelles 
il résulte que tandis que la température s'élève considé- 
rablement dans l’éclampsie, elle s’abaisse d'une maniere non 
moins remarquable dans l’urémie. 


M. Charcot fait ressortir tout l’intérèt qui s'attache à ce tra- 
vail, non-seulement au point de vue du diagnostic, mais en- 
core relativement à la nature des deux maladies dont il s'agit 
et qui se trouvent ainsi séparées par un caractère de grande 
importance. 


—Des expériences nouvelles faites par M. Bert il paraît ré- 
sulter que l'oxygène introduit à une certaine dose dans l'or- 
ganisme y joue le rôle d'un poison énergique. L’animal en 
expérience meurt au milieu de crises convulsives de moins 
en moins fortes et de plus en plus rapprochées. (Séance du 3. 
février In Revue scientifique.) 


GREFFE EPIDERMIQUE. 


Le Dr. Thomas B. Clark, officier de santé de la Salle-des- 
Métiers de Leicester, dans son rapport pour l’année dernière, 
dit qu’un grand nombre de cas d’ulcères à la jambe ont été 
admis pour le traitement. Dans l'espoir d'opérer plus effica- 
cement leur guérison et d'en prévenir le retour, plusieurs 
patients ont été persuadés de subir volontairement la nou- 
velle opération de la greffe épidermique. Environ vingt-cinq 
patients y ont été soumis ; plusieurs d'entre eux furent ainsi 
opérés deux ou trois fois successivement avec les résultats les 
p'us satisfaisants. Le progrès du recouvrement a été remar- 
quablement accéléré, et la perspective du retour de l’ulcéra- 
tion grandement diminuée. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 281 


DE L’ELECTRO-PUNCTURE DU CŒUR COMME MOYEN 
DE TRAITEMENT DANS LA SYNCOPE PAR LE 
CHLOROFORME. 


Par le docteur STEINER (de Vienne). 


L'emploi du galvanisme et des courants contin us contre la 
syncope par le chloroforme n’est pas une nouveauté, et l’on 
doit avoir encore présentes à la mémoire les discussions aux- 
quelles a donné lieu, de la part de Duchenne, Abeille, Legros 
Onimus, Liégeois, la publication des expériences faites par 
Legros et Onimus. Actuellement, on est loin d’étre d’accord 
sur le choix du mode d’applicationet méme du lieu d’appli- 
cation de l'électricité. Le docteur Steiner croit pouvoir 
proposer un moyen plus énergique encore, c’est-à-dire l’é- 
lectro-puncture du cœur. On trouverait facilement cette 
proposition déjà formulée et même des exemples d’électro- 
puncture du cœur non suivis du retour à la vie ; mais ce 
n’est pas fap titre de conception originale que nous analy- 
sons ce travail. L'auteur s'est appliqué à réunir tous les 
arguments, qui peuvent établir que l’électro-puncture est 
inoffensive en mème temps qu'elle agit efficacement. 


Parmi les questions principales qui devaient être exami- 
nées, celles qui se présentent le plus naturellement sont les 
suivantes : La piqûre du cœur avec l'aiguille est-elle dan- 
gereuse ? Quel est le point le plus convenable pour la 
piqûre ? L'emploi de courants électriques faibles à travers le 
cœur est-il dangereux ? Quelle est la meilleure méthode d’é- 
lectro-puncture ? 

Sur le premier point, l’auteur a pu trouver.une démorstra- 


tion clinique dans une étude historique sur les plaies du 


cœur par instruments piquants, dont on connait un nombre 
de guérisons suffisant pour montrer que le tissu du cœur 
n’est pas doué d'une sensibilité extrême à l'égard {des piqù- 
res. Aux expériences déjà connues, l’auteur a ajouté une 
série de recherches dont les conclusions peuvent se résumer 
ainsi qu'il suit. | 


282 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


La piqûre avec une aiguille pratiquée dans une partie 
de la paroi ventriculaire sans produire la perforation n'offre 
pas de danger. Lorsque l'aiguille pénètre dans le ventricu- 
le, il n’y a pas d'accident si l'aiguille est retirée rapidement. 
Il ne se produit ni cardite ni péricardite lorsque par des 
mouvements ou le séjour prolongé de l’aiguille, le trajet de 
la piqûre n'est pas irrité. La pipôre des oreillettes est dan- 
gereuse, elle a pour résultat ordinaire l'écoulement de sang 
pendant là systole et la diastole. 


Pour la détermination du point le plus favorable à la ponc- 
tion, l’auteur s’est inspirè de recherche cadavériques faites 
par Luchka et donnant des indications intéressantes sur 
l'épaisseur des diverses parties du cœur. Le point d'élection 
pour la piqüre est la pointe du cœur, car c'est la partie où, 
grâce à l'épaisseur des parois, et à l'éloignement des artères 
coronaires, on a les meilleures chances. Extérieurement, 
la piqûre sera pratiquée au millieu du cinquième espace 
intercostal gauche. à trois centimètres en dehors du bord 
sternal ; la piqûre doit être perpendiculaire et pénétrer 
à trois centimètres de profondeur ; mais chez les individus 
fortement musslés, on peut pénétrer de 1 cent. à 1 cent et 
demi. Il faut d’abord explorer Ja région pour reconnaitre 
les changements pathologiques pouvant exister. IL faut 
éviter toute manœuvre inutile, tout ébranlement donné à 
l'aiguille. 

L'auteur a multiplié les expériences destinées à étudier 
les effets du galvanisme sur le cœur, chez des animaux tués 
par le chloroforme ; elles ont donné des résultats qui vien- 
nent à l'appui de la théorie qui admet comme cause de 
mort l'arrêt de l’activité cardiaque, et elles montrent que 
l'excitabilité du cœur est très-rapidement éteinte dans la 
mort par le chloroforme. 

Les conclusions de ces recherches. par rapport à l’électro- 
puncture du cœur, sont résumées par l’auteur en une série 
de propositions. 

L’électro-puncture du cœur est une opération qui ne pré- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 283 


sente aucun danger. Après s’arrèt du cœur dans la syncope 
par le chloroforme, l'emploi de l’électro-puncture n’est pas un 
moyen certain de résurection, parce que par l’action du chlo- 
roforme, la perte de l’excitabité du muscle cardiaque est dé- 
truite avec une promptitude extréme. La galvanisation du 
cœur doit être préférée à la respiration artificielle lorsque l’ar- 
rèt du pouls et le collapsus font craindre la perte d’irritabilité 
du cœur. Les cas heureux dans lesquels l'emploi de la res- 
piration artificielle a ramené la vie, s'expliquent par la persis- 
tance de l’irritabilité cardiaque, et parce que la respiration 
artificielle a été accompagnée d'irritation mécanique du 
cœur. 


Le courant électrique employé doit être très faible ; l’au- 
teur s’est servi d’un élément de Smée avec un appareil d’in- 
duction ; le courant doit toujours être transmis par voie indi- 
recte, le pôle positif sera porté dans le cœur par l'aiguille 
à électro-puncture, le pôle négatif sera placé sur le côté gau- 
che de la poitrine, dans la septième espace intercostal. La 
galvanisation du cœur n’est pas seulement le moyen le plus 
actif de excitation de la force cardiaque, mais elle agit éner- 
giquement sur les mouvements respiratoires. Lorsque, pen- 
dant la gelvanisation du cœur, il survient passagèrement un 
mouvement dans l'aiguille, des mouvements respiratoires, et 
la réapparition du pouls, il faut continuer la galvanisation 
tant que les mouvements du cœur ne sont pas redevenus 
rhythmiques et forts ; mais à cette période, les mouvements 
la respiration artificielle sont un bon moyen complémer- 
taire. Lorsqu’au bout de quinze minutes, la galvanisation 
n’a produit aucnn effet, l’irritabilité du muscle cardiaque 
est à jamais complètement détruite et toute tentative pour la 
rétablir reste inutile (Archie fur Klinische Chirurgie, 120 Bd 
3. H., 1872.)—Gaz. Hebdomad. 


284 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


ENTRETIEN DU DR. ODLING SUR L’“ INDIUM,” A 
L'INSTITUTION ROYALE. 


Vendredi soir, le 19 Janvier, le Dr. Odling fit un discours, 
à l ‘Institution Royale ” sur I’ “ Indium ”. Ce ne fut qu’au 
temps de Lavoisier, dit-il, qu’on établit le fait que la couche 
extérieure de la terre peut se résoudre en plusieurs éléments 
indépendants, parfaitement distincts les uns des autres, par 
leur nature, et incapables d’être changés ou transformés 
d'aucune manière. Avant la découverte de l'hydrogène, 
vingt-quatre de ces éléments étaient connus aux chimistes, 
et, depuis cette découverte, trente quatre nouvelles subtances 
ont été ajoutées à la liste à différents intervalles. Dans les 
cinquante dernières années, il y a eu, en moyenne, un élé. 
ment nouveau découvert tous les quatre ans ; mais les inter- 
valles sont très irréguliers. Le dernier découvert fut l’In- 
dium, qui fut trouvé par MM. Reieh et Richter, dans l’année 
1863, et il est conséquemment temps que quelque nouvel élé- 
ment apparaisse. La liste des subtances élémentaires est, 
selon toute probabilité, capable d’une extension indéfinie ; 
mais ilne me semble pas probable qu'aucune substances 
de fréquente occurrence ne vienne à notre connaissance. 
Toutes les substances qui ont été découvertes dans ces der- 
nières années sout d’une extrême rareté, et 'étant d’une faible 
valeur commerciale sont considérées plutôt comme des curiosi- 
tés chimiques qu'autre chose. Mais quoique rares, il ne 
s'ensuit pas que ces corps ne soient pas distribuées largement. 
Comme c’est le cas pour l’Iode et pour plusieurs autres, leur 
présence peutétre constatée dans beaucoup de corps, mais 
en quantité si minime que leur rareté reste laméme. Les 
quatre derniers éléments qui ont été ajoutés à la liste, savoir : 
le Casium, le Rubidium, le Thallium et l’'Indium sont remar- 
quables pour avoir été découverts pour la première fois au 
moyen du Spectroscope. Il est bien connu que différents 
corps lorsqu'ils sont chauffés à la flame de la lampe de Bun- 
sen, pour la vaporisation, produisent des rayons lumineux 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 285 


de diverses couleurs. Le Lithium donne un rayon rouge, le 
Barium un vert, le Strontium un cramoisi; et lorsque des 
éléments simples sont seuls présents, il est assez aisé de dé- 
cider quel est cet élément, par l’apparence de la flamme à 
l'œil nu, mais lorsqu'il y a une combinaison d'éléments, il 
devient nécessaire d’uscr d’autres moyens. Le plus parfait 
de ces moyens est l’usage d’un prisme, par lequel les rayons 
sont mis en évidence et placés par ordre devant l’observa- 
teur, selon leurs différents dégrés de réfraction. Ce fut par 
le moyen du prisme que Bunsen découvrit le Casium et le 
Rubidium en l’année 1859, tandis qu’il examinait les eaux 
minérales de Dürkeim. Ayant remarqué dans le spectre de 
la flamme des lignes brillantes données par les sels de ces 
eaux, il en réduisit une quantité énorme et réussit à isoler 
ces deux nouvelles substances alcalines. On trouve main- 
tenant qu'elles sont largement distribuées en quantités ex- 
cessivement petites, mais le Casium n’a pas encore été trou- 
vé dans les cendres d'aucune matière végétale. Elles se 
rencontrent en rapport presque le même avec le potassium, 
que le strontium et le Barium vis-à-vis du Calcium. 


_ Le Thallium fut l'élément dont la découverte suivit celles- 
ci. Ce corps fut d’abord remarqué par M. Crookes en 1861, 
tandis qu’il examinait les dépots impurs de Selenium prove- 
nant des montagnes de Harz. Le Thallium est remarquable 
pour la belle ligne verte produite dans le spectre de sa flam- 
me. Sa vraie position est encore une matière à controverse, 
puisqu'il ressemble à l’argent, à lor, au plomb, au potassium 
et à d’autres métaux par quelques-uns de ses caractères, mais 
il diffère encore de chacun d’eux par certaines propriétés 
particulières. 

Le dernier nouveau métal est l’Indium. Il fut découvert 
par MM. Reich et Richter, de Freiberg, dans l’année 1863, 
dans quelques minerais de zinc des montagnes de Harz. Son 
spectre contient seulement deux lignes d’une couleur indigo 
prillante, une située dans la partie bleue, l’autre da ns la par- 
tie indigo du spectre. Quant à la couleur, ce métal est très 


286 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


blanc en apparence! avec une teinte de couleur de bismuth. 
A l'exposition à l’air, il se ternit rapidement et présente une 
ressemblance exacte au plomb terni, mais diffère du plomb 
en ce que la couche terne peut s’enlever aisément avec un 
linge, contrairement à celle du plomb. Comme le plomb, 
l'indium est très compact, et très mou, comme il fut démon- 
tré par la conversion en fil d’un morceau en très peu de 
temps. Son poids ressemble à celui de Vétain. La gravité 
spécifique de l’étain est 7.3, l'indium est de 7.4, le plomb, 11.9. 
Sa fusibilité est très remarquable ; il peut être fondu dans le 
spermaceti chaud, à une température de 176. cent; l’étain 
peut être fondu à 228. cent, et le cadmium à 278 cent. La 
proportion de combinaison de l’indium est de 38 et son poids 
atomique est 71.84. 

Ce discours fut accompagné de quelques beaux spécimens 
2es plus rares métaux, tels que le Tellurium, le Zirconum, 
l’'Ystrium, le Berylium, le Lithium, le Selenium et Pacide 
vanalique. Le spectre du Sodium fut montré et la lumière 
êlle-mème fut répandue, avec son effet, ordinaire sur l’assis- 
tance. Les spectres du thalium et de l’indium furent aussi 
montrés à l’aide de la lumière électrique.—WM ed. T. & Gaz. 





ACCOUCHEMENT PRÉMATURÉ. 

Dans la nuit du 3 au 4 d'Avril dernier, M. Angèle Rouleau, 
femme de J. Bte. Sauvé, à St. Clet, s'éveilla toute baignante 
dans son sang. Robuste, de haute taille, d’une santé par- 
faite, âgée de 25 ans et approchant lbs 170 en pesanteur cette 
femme était enceinte pour la deuxième fois et dans le sep- 
tième mois de sa grossesse. 

Je fus appelé : la personne envoyée pour me quérir me 
disant que la malade était sans connaissance. En effet, à 
mon arrivée auprès d'elle, je fus effrayé de la quantité de. 
sang perdu et de l’état de prostration dans lequel elle était ; 
elle me dit qu'elle n'avait pas de douleurs à part un chawfe- 
ment de reins. 


= epee 2 ee ee 


LURION MÉDICALE DU CANADA. 287 


L'examen m'offrit un col effacé, résistant, permettant, tout 
juste, lintroduction du doigt Je constatai de suite que 
j'avais affaire à une présentation du placenta, centre pour 
centre. Pas moyen d’hésiter. 


La main gauche appuyée sur le fond de l’utérus et la 
droite dans le petit bassin, je commençai la dilatation for- 
cée du col qui consentit, au bout de 15 à 20 minutes de di- 
gitation difficile, à me permettre l'introduction libre et fran- 
che de deux doigts que je réussis à faire passer à travers le 
placenta directement ; je santais la membrane amniotique, 
mais comme il n’y avait pas de contraction, elle était molle 
et fuyait les doigts qui voulaient la perforer. 

Heureusement qu’un membre que je pus sentir fut avide- 
ment saisi et entrainé à travers l'ouverture que je venais 
de pratiquer à travers la substance du placenta ; à ce moment 
du travail forcé, les eaux de l’amnios s’échappèrent ; c'était 
le bras droit que je venais d’entrainer (tune baptizavi secun- 
dum, Benoit XIV.) Je me reposai un instant, tout en conti- 
nuant la traction sur le membre sorti du fœtus, et je pus ad- 
ministrer une bonne dose de secale avec du brandy. 

Ensuite, je refoulai dans ia cavité utérine le petit bras qui 
m'avait rendu un fameux service et continuai la dilatation 
du col qui prit un long quart d’heure avant de me permettre 
l'introduction pénible de la main ; le sang ne coulait plus et 
pour cause ; la version pelvienne fut opérée sans trop de diffi- 
culté et l'enfant extrait mort, la tête ayant éprouvé un peu 
de gène à franchir le détroit créé par le placenta. 

La délivrance fut aisée ; il n’y eut pas d'hémorrhagie subsé- 
quente ; mais il y eut tintements d'oreilles, vertiges et vomis- 
sements répétés immédiatement après. 


Je rappelai la chaleur aux extrémités par les moyens ordi- 
naires et je quittai la malade calme et sans douleurs, et de- 
puis elle n’a éprouvé aucun accident; sa figure atteste seule- 
ment aujourd’hui que quelque chose d’extraordinaire a ébran- 
16 sa belle et puissante constitution. 


Dr. LÉéonaArD AGE FORTIER. 


288 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


NAISSANCE. 


ASt. Jacques L'Achigan, le 13 Avril, la dame du Docteur T. C. F. Pa- 
toël, une fille. | 


MARIAGE. 


—A Laprairie, le neuf Avril dernier, par le Révérend Messire Isidore 
Gravel, curé de l’endroit, Je Dr. P. H. d'Artois de West Farnham, à Demoi- 
selle Lucrèce Philomène Bourassa, troisième fille de Hubert Bourassa, 
Ker., de Laprairie. 


tm 


DECKS. 


—A St. Paul l'Er mite, le 2 de Mai, à l’âge de huit mois et demi, Rosario 
enfant du Dr. Alphonse Gervais. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


SU 
rr mn 


Rédacteur en Chef: } | Assisiants-Rédacteurs: 


A DAGENAIS, M. D. 
J. P. ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M. D 





Vol. 1. JUILLET 1872. No. 7. 


M. LE Dr. BROSSEAU. 


Les colonnes de l’Union Médicale s'ouvrent avec plaisir à la 
correspondance d’un de ses meilieurs amis M. le Dr. Brosseau 
qui, comme on le sait, a quitté le pays il y a deux mois pour 
aller visiter les principaux hopitaux de Paris et de Londres. 
M. le Dr. Brosseau visite régulièrement dans le moment les 
hopitaux de Paris en mème temps qu’il suit plusieurs cours 
et cliniques donnés par les célébrités d2 cette ville, entr’au- 
tres les professeurs Dolbeau, Gosselin, Duplay, Broca qui 
s'occupent de chirurgie. Ilsuit aussi le grand oculiste Wec- 
ker. On voit qu'il ne perd pas son temps et qu’il n’aura pas 
à regretter les sacrifices qu’il s'est imposés. Voici la com- 
munication qu'il nous envoie : 


À MM. les Rédacteurs de l'Union SMédicale. 


Habitant Paris depuis un mois ef demi, suivant scrupuleu- 
sement tous les jours ses hôpitaux, je croirais manquer à mon 
devoir, si je ne faisais part à vos lecteurs, des innovations 
dont je suis témoin. 

Pour aujourd’hui, je me contenterai de vous décrire le 
‘ Pansement Guériu ou Pansement ouaté. ” 

Qu'est-ce que le pansement Guérin ? 





292 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


Dans quels cas s’emploie-t-il ? 

Quels en sont les avantages ? 

Je vais essayer de répondre aussi catégoriquement que pos- 
sible à ces trois questions. 

M. Guérin, chirurgien de l’Hôtel-Dieu est l'inventeur du 
pansement qui porte son nom, je l’ai vu appliquer plusieurs 
fois, par M. Guérin lui-même et par d’autres chirurgiens. 

Voici comment on procède dans une amputation de la jam- 
be, par lambeaux par exemple: Aussitôt l’amputation termi- 
née on met entre les lambeaux un tampon de ouate de la 
grosseur du poing d’un adulte, on ramène les lambeaux par. 
dessus autant que possible, puis on enioure le membre de 
couches de ouate superposées, jusqu’à une épaisseur de 4 ou 
9 pouces. Cette ouate est maintenue en place et comprimée 
par des bandes circulaires au nombre de 3 ou 4 aussi 

superposées. Un point important est de bien serrer ces ban- 
des de coton, de manière qu’en percutant l'appareil il rende 
un bruit sonore. 


On doit laisser l'appareil én place durant 15 ou 20 jours. 
On ie défait alors pour le remplacer immédiatement par un 
autre en tout semblable, excepté cependant le tampon entre 
les lambeaux qui est supprimé. On laisse ce deuxième ap- 
pliqué sur le moignon encore 10 ou 15 jours. 


M. Guérin a d’abord employé la ouate dans les amputations, 
ensuite pour les tumeurs blanches et les arthrites chroni- 
ques; d’autres chirurgiens l’emploient dans les fractures 
compliqués et les ulcères chroniques et indolents. 

Durant la guerre, ce procédé à été employé sur une assez 
grande échelle, mais la mortalité déterminée par les priva- 
tions et l'encombrement dans les hôpitaux n’a pas permis de 
faire des comparaisons décisives. Aujourd'hui les chirur: 
giens sont divisés, mais je crois que la majorité est en faveur 
du pansement ouaté dans les amputations. 

Il ne faut pas oublier que l’union par première intention 
est impossible dans les hôpitaux de Paris, cette raison milite 
fortement en faveur de ce nouveau pansement. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA, 293 


Le but que cherchent à atteindre les partisans du panse- 
ment ouaté, c’est d’exclure l'air des plaies en suppuration ou 
au moins de filtrer cet air avant qu’il arrive à la plaie, et dans 
le cas de tumeurs blanches ou d’arthrites chroniques, c'est de 
faire une compression molle et élastique. 

La ouate est bien propre à remplir ces buts. 

Je dois faire remarquer que les malades soumis à ce trai- 
tement s’en trouvent trés- bien. 

Les amputés mémes n’éprouvent aucune douleur. L’odeur 
nest pas considérable. 

Ce pansement devra être d’un immense avantage en temps 
de guerre où les employés manquent et où les malades sont 
trop nombreux pour que les pansements quotidiens soient 
faits régulièrement. De plus il forme un excellent coussin 
qui permet de transporter les blessés à une grande distance 
sans injurier les moignons. 

Ce pansement fait aussi les délices des internes des hôpi- 
taux, une amputation n’exige d'eux qu’une heure de travail 
en tout. 

Dans toutes les tumeurs blanches où les arthrites, on l’ap- 
plique de la manière suivante: On entoure le membre (quel- 
quefois l'articulation affectée seulement) d’une épaisseur de 
ouate qui, comprimée, doit avoir un pouce d'épaisseur puis on 
la recouvre de bandes trempées dans une solution de dextrine 
ou de silicate de potasse qui se durcissent dans l’espace d’une 
demi-heure et le membre mollement comprimé par la ouate 
se trouve de plus dans un appareil snamovible. On laisse in- 
définiment ces appareils sur les tumeurs blanches et les ar- 
thrites chroniques. 

Vous conviendrez avec moi qu’il y a loin du Pansement 
Guérin à l’Acupressure, dont le but est comme vous le savez 
d’obtenir une union par premiére intention méme dans les 
amputations de la cüisse. . 

Si j'ôsais me permettre une apréciation, je dirais que le pan- 
sement ouaté est une découverte très-importante, destinée à 
rendre en temps et lieu d'immenses servicés à la chirurgie. 
C'est l’opion d’un très-grand nombre de chirurgiens de Paris. 


294 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Il faut nous attendre à des insuccès tant que nous n’aurons 
pas une indication précise de l'emploi de ce traitement. 
Dr. A. T. Brosseau. 
Paris, 28 Mai 1872. 


L'ACTE MEDICAL PROJETÉ. 
Jer. Juillet 1872. 


L'éducation, comme toutes les autres choses de ce monde, 
est reiative. Pour être bonne, il faut qu'elle soit en rap- 
port avec le but que nous nous proposons. Il faut qu’elle nous 
serve de point d'appui, qu’elle soit pour nous un aide, plus 
tard dans la ‘echerche de vérités plusabstraites et plus cachées 
De sorte que la même éducation donnée à des hommes de. 
vant suivre des carrieres différentes, sera excellente pour 
quelques-uns, et presque nulle, pour les autres. Les sciences 
qui développent l'intelligence, qui l'ornent de connaissances 
utiles'et variées, qui la fortifient, par l'exercice de ses diverses 
facultés, sont donc celles qui doivent faire l’objet spécia 
des études de celui qui veut embrassser la carrière médicale. 

Celles qui paraissent être les plus importantes pour lui 
sont, l’histoire, les mathématiques, la géographie, la botani- 
que, la chimie, la physique, et par-dessus tout, la philoso- 
phie, la connaissance de l’âme, de ses facultés, de cette ad- 
mirable union de l'esprit avec la matière, formant un seul 
tout, et produisant cette série de phénomènes qui consti- 
tuent la vie; la connaissance des devoirs de l'âme envers 
nous-mêmes, envers nos semblables, et envers Dieu ; voilà 
le couronnement d’une bonne éducation pour le médecin. 
L'étude et la connaissance du corps oumain ne peuvent êlre 
complètes, sans l'étude et la connaissance de l'âme. 


Ces deux substances, quoiqu'entièrement distinctes, sont si 
intimement unies, leur action réciproque l’une sur l'autre 
est tellement active, incessante, qu’on ne pourra comprendre 
un grand nombre de maladies, ni la manière de les traiter, 
sans connaitre les propriétés respectives de l’une et de l’au- 
tre. On rencontre souvent de ces cas, où l’âme plus malade 


L'UNION MEDICALE DU CANADA, 295 


que le corps, exigent de la part du médecin une connaissan- 
ce approfondie du cœur de l’homme ; où il a besoin d’appe- 
ler à son aide toutes les ressources de son intelligence pour 
adoucir et faire disparaitre ces souffrances intellectuelles, 
qui mettent le trouble dans tout l'organisme. Comment le 
médecin pourra-t-il réussir si cette connaissance lui fait dé. 
faut. Cependant je vois que cette partie la est complétement 
mise de côté dans le programme qu'on a fait. On dit que la 
science médicale ne fait pas autant de progrès que les au- 
tres. La cause ne réside-t-elle pas dans l'insuffisance de 
l'éducation classique de ses membres. Dans nos colléges ne 
donne-t-on pas même à ceux qui font leurs cours complets, 
que quelques mois de leçons sur la botanique, la physique, 
la chimie et la philosophie ; tandis qu'on leur fait étudier 
durant plusieurs années le français, l’anglais, le latin et le 
grec. Quel rapport y a-t-il entre la connaissance de toutes 
ces langues et la science médicale. Est-ce que le nombre de 
nos idées. est-ce que nos connaissances augmentent en pro- 
portion des langues qu'on apprend ? Nullement. 

Les langues ne sont que des sons, des signes diversement 
modifiés par convention, pour se communiquer les uns aux 
autres nos pensées, nos connaissances respectives. Connai- 
tre une langue c’est donc tout simplement savoir que tel si- 
gne ou tel son représente telle ou telle idée. Quand mème 
on connaîtrait toutes les langues du monde, nos idées, nos 
connaissances n'en seraient donc pas, par là, augmentées. 
Nous saurions représenter ia même idée par un plus grand 
nombre de sons et de signes, voila tout. La connaissance d’une 
Jangue n'est donc pas directemeut la science ; c'est le moyen 
de l'acquérir. Il est vrai, qu’outre la satisfaction que la con- 
naissance de plnsieurs langues doive nous faire éprouver, 
c’est le moyen le plus facile de s'instruire ; de sorte que, sous 
ce double rapport, il serait à désirer et trés-avantageux de les 
connaître mème toutes, si on pouvait les apprendre prompte- 
ment, et si une fois apprises, elles restaient pour toujours gra- 
vées dans notre mémoire. Mais nous savons tous la difficul. 
té que nous éprouvons, pour la plupart, d'apprendre une lan- 


296 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


gue étrangère, ie temps considérable qu'il faut sacrifier pour 
cela, et l'étude continuelle, nécessaire ensuite, pour ne pas 
l'oublier. De plus la brièveté de la vie, la nécessité de se li- 
vrer à d’autres travaux beaucoup plus importants sont au- 
tant de raisons qui doivent exempter le médecin d’une telle 
étude. D'ailleurs la facilité avec laquelle on peut se procu- 
rer, presqu’aussitét qu'ils paraissent, les écrits des divers au- 
teurs, traduits dans notre langue maternelle, suffit pour nous 
convaincre que la connaissance de toutes ces langues, qui peut 


étre si avantageuse pour d’autres, est presque nulle pour le 
médécin. 


On dit encore, il est vrai, que si le niveau de la Profession 
Médicale baisse, ce n'est pas parceque le cours d'étude classi- 
que ou médical méme exigé par la loi actuelle est insuffisant, 
mais tout simplement parceque les institutions enseiguantes 
ne l’exigent pas de leurs élèves, et que le nouveau Bill remé. 
die à ce mal, parcequ’il ôte aux Universités le privilége d’ex- 
aminer les aspirants à l'étude et à la pratique de la médecine 
et qu’il le transmet au Conseil Général. 


Il y aici deux questions ‘importantes, examen classique 
et l'examen médical. Voyons s’il est dans l'intérêt de la 
profession et du public que ce droit d'examen soit plutôt en- 
tre les mains du Conseil Général, que des Universités. 

Prenons d’abord l’examen classique. 


Pour ma par}, je crois qu'il est absolument nécessaire que 
le Conseil Général ait seul le droit d'examiner les élèves, et 
de les admettre à l'étude de la médecine. C'est ce pouvoir 
qui donnera au conseil le contrôle sur les personnes qui 
veulent faire partie de notre corps ; qui lui donnera les 
moyens de faire observer les règlementsqu'il pourra formuler. 
C'est la clef de la porte qui doit s'ouvrir devant les aspirants 
à l'étude de la médecine, et c'est le conseil qui doit la garder. 
Qu'un autre en effet la possède, c’est abandon de son droit ; 
c'est le premier pas vers les abus ; c'est un pouvoir érigé 
-au-dessus de lui. 


De sorte que ses réglements pourrout facilement être élu- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 297 


dés, et qui que ce soit pourra être admis à l'étude de la mé- 
decine puis à la pratique, si c’est l'intérêt particulier d’une 
institution de le recevoir. Si je crois devoir accorder au con- 
seil seul le droit d'admettre les élèves à l'étude de la méde- 
cine, ce n’est pas que je veuille dire que ses membres seront 
plus compétents ou plus justes ; c’est tout simplement parce 
que leur ligne de conduite sera modifiée par la différence de 
leur position. Placés en effet, en dehors des intérèts univer- 
sitaires, qu'ont-ils à craindre ou à espérer de la part des élè- 
ves, que leur fait le moins ou le plus grand nombre d’étu- 
diants. [Leur unique but, leur seul intérêt, c’est d’avoir des 
hommes instruits, capables plus tard de faire honneur à la 
profession. Ayant pour la plupart déjà parcouru une bonne 
partie de leur carrière, c’est leur devoir de songer à leur ssuc- 
cesseurs, et de faire en sorte qu'ils soient dignes de les rem- 
placer. Ils sont obligés de prendre les intérêts de la science, 
et par conséquent de n’admettre que des hommes capables 
de la faire progresser, d'en reculer les bornes et de la rendre 
de plus en plus certaine. Leur conscience les oblige de pen- 
ser aux populations futures, et de leur donner des hommes 
d’une éducation solide et éclairée. Voilà leur position et les 
motifs qui doivent influencer et guider leur jugement. 


Mais est-ce que ces motifs n’existent pas pour les professeurs 
des Universités, et ne doivent-ils pas avoir sur eux la même 
influence. Pourquoi donc, ne pourrions-nous pas espérer les 
mémes résultats ? J'avoue que ce sont les mêmes hommes, 
doués, si l'on veut, de toutes les qualités de l'esprit et du 
cœur ; mais leur nouvelle position a fait surgir d'autres inté- 
réts, qui doivent nécessairement avoir leur part d'influence et 
agir plus ou moins fortement sur leurs actes. 


Animés des pluslouables motifs, ces Messieurs ont voulu se 
consacrer à l'éducation, et initier les jeunes gens aux secrets 
de la médecine. Sans doute, qu’excités par une honorable 
ambition, c’est à qui produira les élèves les plus instruits, 
les plus capables de faire honneur à leurs institutions respec- 
tives : mais enfin, ces institutions ne sont pas le corps médi- 


298 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


cal lui-mème ; elles n’en sont qu’une partie; elles ont une 
vie à part, complètement distincte, des intérets tout particu- 
liers et tout à fait différents. Pour les professeurs un grand 
ou un petit nombre d'élèves fait une différence énorme. 
Si le corps médical doit prospérer, il faut que leur corpora- 
tion prospère aussi; et elle ne le peut qu’en autant que les 
étudiants sont nombreux. D'un côté il y aura pour agir sur 
eux, les intérèts généraux de la science, ceux du corps mé- 
dical, et du public ; les sentiments de justice, de générosité et 
de désintéressement ; de l’autre, les intérêts de leur Univer- 
sité, la question pour elle de vie ou de mort, la crainte d’une 
institution rivale, les intérêts persounels de chacun des pro 
fesseurs, la nécessité de se procurer les moyens de satisfaire 
aux besoin réels ou aux comforts de la vie: car il ne faut 
pas croire que c’est le dévouement seul qui porte ees Mes- 
sieurs au professorat ; la question de rénumération y entre 
peut être pour plus de moitié. 


' Si cette considération d’argént les a influencés à leur dé. 
but, croyez-vous qu'elle agira moins fortement sureux à me. 
sure que les années de travail se succèderont, à mesure que 
les besoins de la famille deviendront plus pressants. Et 
sans vouloir inculper la bonne foi de qui que ce soit, nous 
pouvons dire que malgré nos meilleures intentions, notre ju. 
gement pour ainsi dire nous fait défaut, s’obscurcit et que 
nous voyons les choses d’une manière toute différente lors- 
que notre intérèt se trouve compromis ; de sorte que, croyant 
agir d'une manière au moins non repréhensible, on fait ce 
que l’on n'aurait jamais fait si l’on eut été placé dans d’au- 
tres circonstances. C'est ainsi que tous les ans on voit gra- 
duellement augmenter le nombre des élèves incapables. No. 
tre histoire et celle d’autres says sont là pour prouver cette 
vérité. | 


Le nouveau système que l'on propose est-il de nature à 
faire disparaître ces abus. Pour obtenir ce résultat, il fau 
drait que l’examen se fit en présence du Conseil, par ses pro- 
pres membres ou par des personnes nullement en rapport 


è 
L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 299 


officiel avec les Universités. Est-ce là ce que l’on propose 
de faire dans le nouveau bill. 

Voici ce que dit la XVIe clause. Le Conseil Général aura 
le pouvoir et l'autorité de nommer des examinateurs pour 
instituer et conduire l’examen des étudiants en médecine sur 
leur éducation préliminaire ou générale, et de faire des rè- 
glements pour déterminer l'admission et l’enrôlement des 
étudiants, et les examinateurs seront des personnes engagées 
dans l’enseignement général et en rapports officiels avec les 
Universités, Colléges ou Séminaires de la Puissance. On 
voit donc que les examens ne se feront pas par le Conseil, ni 
mème en sa présence. Le Conseil Général, placé à la tête de 
la profession médicale pour veiller à ses intérêts, abandonne 
immédiatement son droit le plus important pour en investir 
une ou plusieurs personnes qui devront agir entièrement à 
son insu, hors de son contrôle. Le conseil sera obligé de re- 
cevoir comme élèves en médecine tous ceux que les examina. 
teurs jugeront qualifiés. Notre Bureau actuel n’est pas sa- 
tisfait, parce que les examens ne sont pas faits par ses mem. 
bres ; ne sera-ce pas la mème chose avec le nouveau Bill. 
On dit que le corps médical, et le public ne sont pas proté- 
gés a présent parce que les médecins qui examinent leurs 
eléves sont trop intéressés. 


La protection sera-t-elle plus grande à l'avenir. Les exa- 
minateurs ne seront pas des médecins, il est vrai, mais ils 
seront toujours en rapports officiels avec les Universités. 
N'est-ce pas la mème chose, puisqu'ils appartiennent tous au 
même corps, ayant tous les mêmes intérets. De sorte qu'a- 
proprement parler il n'y a pas de changement à l’état ac- 
tuel ; aujourd'hui ce sont des membres universitaires qui 
font les examens préliminaires, et par le nouveau Bill les 
examens seront encore faits par des membres appartenant au 
même corps. Je ne vois pas pourquoi on aurait plus de 
confiance aux examinateurs nommés par le conseil, qu'aux 
examinateurs nommés par l’Université même. 


Dr. P. RoTrot. 


6 
300 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


DU CHLORAL. 


Rapport fait à la Socrété de médecine de Lyon, au nom d'une Commission | 
chargée d'examiner les mémoires envoyés au concours de 1871 : 
Par M. DescRaxces, rapporteur. 


La Société de médecine, dès les premières publications sur 
le chloral, comprenant l'importance que ce produit pouvait 
prendre en thérapeuthique, jugea convenable d'y attirer l’at- 
tention et d’en faire le sujet d’un concours 

L'espoir de la Société n’a pas été déçu ; deux mémoires ont 
répondu à son appel ; preuves que les travaux scientifiques, 
momentanément suspendus chez nous, reprennent leurs 
cours, malgré les perturbations jetées dans le pays. Deux 
mémoires, C'est peu quant au nombre; c’est beaucoup s'ils 
ont de la valeur. 

Or, sur ce point, que la Socié!é se rassure ; les travaux 
qu’elle a reçus sont remarquables et dignes de récompenses. 

Mais je dois dire tout de suite que le mémoire No. 1, avec 
cette épigraphe : ‘“ La scierice procure à l’homme les satis- 
factions les plus vraies et les plus nobles, ” doit être mis hors 
de concours. Les auteurs se sont fait connaître par la pré- 
sentation de ce travail à l’Institut et sa publication dans le 
Journal d'anatomie et de physiologie du professeur Robin. (Ne 
6, Novembre et Décembre 1871, page 570.) 


Le manuscrit et la publication sont une œuvre unique ; 
mêmes idées, mêmes recherches, mêmes phrases : tout se re- 
trouve dans le journal, sauf quelques détails d’expériences 
retranchés probablement par la rédaction. 

Tl est donc démontré que MM. Byasson et Follet, de Paris, 
sont les auteurs du mémoire No. 1 ; par conséquent, le débat 
ast fermé pour eux avant d'avoir été ouvert. C'est dommage, 
car ce travail se recommande par une science de bon aloi, 
et l'intérêt qu'il inspire est soutenu par l'étude comparative 
de quatre composés voisins : le chloral, le trichloracétate de 
soudë, le chloroforme et le formiate de soude. 

Est-ce par inadvertance que MM. Byasson et Follet ont pu- 
blié un mémoire adressé à votre compagnie ? Dans cette hy- 


L'UNION MÉDICALB DU CANADA, 801 


pothèse, hous n’avons rien à dire. Si, au contraire, la com- 
munication à sInslitut n'a eu pour objet qu'un plus grand 
retentissement, sans égard à la déférence légitimement due à 
la Société de médecine de Lyon, nous ne craignons point 
d'affirmer que ces messieurs ont manqué aux convenances 
académiques les plus élémentaires. 

Dans tous les cas, que l’auteur du No. 2 se console de res- 
ter seul en lice. Le mémoire No. 1 n'aurait pu lui disputer 
le prix : à l’unanimité la commission l’a déclaré d’un mérite 
bien inférieur. 

Je vais essayer, Messieurs, de vous faire connaître le mé. 
moire No. 2, afin de vous mettre à même de ratifier, avec 
connaissance de caüse, les décisions de votre commission des 
prix, composée de MM. Arthaud, Lacour, Rollet, Perroud, 
Ferrand et Desgranges, rapporteur. 

I 

Le mémoire commence par une étude chimique du chloral. 
D'abord l’auteur nous rappelle que ce composé fut découvert 
par Liébig, en 1832; qu'il fut étudié en 1834, par Dumas, 
qui en démontra le dédoublement en chloroforme, sous l'in- 
fluence des alcalis ; mais que le mérite de l'avoir fait connai. 
tre, en 1869, comme agent anesthésique et somnifère, appar- 
tient à Oscar Liebreich, de Berlin. 


L'étude des propriétés du chloral est faite avec méthode ; 
ela discussion des modes de fabrication est approfondie et con- 

duit à adopter le procédé de Dumas, qui donne du chloral 
pur, à l'exclusion de celui de Roussin, qui ne fournit que de 
Yalcoolate de chloral. C'est avec le plus grand soin qu'on 
nous expose les réactions du chloral, le moyen, par consé- 
quent, d’être édifié sur la pureté du produit. 

Un expérimentateur qui se met ainsi en garde contre une 
grave cause d'erreur doit donc inspirer la plus grande con- 
fiance, le soin qu’il-prend de s’éclairer nous engage à le sui- 
vre. 


Le chloral préparé par Liebreich, de Berlin, ne laisse rien 
à désirer ; seul, il est mis en usage dans le cours du travail. 


302 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Enfin, il est bien entendu qu'il s’agit toujours de l’hydrate de 
ehloral, quelle que soit la dénomination employée. 
| II 

La deuxième partie du mémoire éveille le plus vif intérét. 
Vous y trouvez le récit des travaux antérieurs ; l'exposé d’ex- 
périences personnelles et l’histoire des effets physiologiques 
du chloral sur les animaux et sur l’homme. 

Liebreich, le premier, fait sur les grenouilles les expérien- 
ces qui l’édifient sur la propriété du chloral. 

En août 1869, une commission de savants, sous ia prési- 
dence de Richardson, étudie le produit et conclut qu'il pro- 
voque le sommeil, diminue la respiration, abaisse la tempé- 
rature, mais ne vaut pas le chloroforme pour obtenir l'anes- 
thésie. 

Au mois de Septembre de la même année, M. Demarquiy 
arrive à des couclusions notablement différentes. Pour lui, 
le chloral amène le sommeil, la résolution musculaire, pro- 
duit une injection palpébrale et auriculaire, mais provoque 
une véritable hyperesthésie caractérisée par des mouvements 
désordonnés quand on pince l'animal. 

Ainsi le chloral, loin d’être un anesthésique, est un agent 
hyperesthésique, malgré le sommeil q’uil procure. 

Le chloral, sous l'influence des sels alcalins du sang, ne se 
dédoublerait pas en chloréforme, attendu que l'air expiré ex- 
hale une odeur de chloral et non de chloroforme. 

Pour MM. Krishaber et Dieulafoy, le chloral est hyperes: 
thésique a faible dose et anesthésique, 4 dose massive. Son 
action se déroule em deux périodes : l’une d’excitation, l’autre 
de résolution. Au milieu d’un sommeil plus ou moins pro- 
fond, on constate des troubles dans le rythme du cœur, un 
ralentissement de la respiration, ainsi qu’un abaissement de 
la température. 

MM. Labbé et Goujon déclarent le chloral anesthésique, 
sans période d’excitation, moins hypnotique sous la peau 
qu’injecté dans le sang, et assez stable pour ne point se décom- 
poser en chloroforme dans le système vasculaire sous l’in- 
fluence des alcalis. 


CERTA 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 803 


Les expériences prédédentes et d’autres encore que je pour- 
rais citer prouvent que la science n’est pas faite sur ce point 
et que le champ reste ouvert à ceux qui désirent explorer A 
quoi tiennent ces divergences d’opinions ? Trés certainement 
à la variabilité du composé. 


Le chloral employé n'était pas pur; et cette hypothèse est 
fondée, puisque les expérimentateurs ne disent pas un mot. 
pour affirmer la bonté de leurs subtances et ne semblent pas 
connaître les réactions propres à en déceler les vices. Ilest 
permis de supposer qu'ils se sont servi d’acélute ordinaire ou 
d'alcoolate de chloral au lieu d’hydrate de chloral bien préparé ; 
erreur bien facile à commettre, 4 raison des analogies chi- 
miques de ces trois corps. 


Quelle idée faut-il donc se faire des propriétés physiologi 
ques du chloral! Nous lapprendrons bientôt si nous suivons 
l’auteur ou peut-être les auteurs, car un travail qui se distin 
gue autant par les études faites sur les animaux que par 
l'observation clinique semble être la résultante des efforts 
combinés de la médecine humaine et de l’art vétérinaire. 

Les sujets d'expériences sont le chief et le cheval, pris dans 
des conditions diverses d'âge et de taille. Les voies d’intro- 


duction de l’agent chimique sont: l'estomac pour une série, 


la veine jugulaire pour une autre, le tissu sous-cutané pour 
une trosième. La dose de ia substance est calculée d'après 
Ja force de l’animal et selon la voie de pénétration. 


Cette manière de concevoir l'expérimentation physiotogi- 
que a été bien appréciée par la commission. Tous les membres 
ont loué l'ampleur d’un pareil plan, l'importance des docu- 
ments qu’il fournit et la logique des conclusions qu'il donne. 

Ici les auteurs ont fait plus que de suivre une bonne voie 
pour une étude particulière, ils ont mis en évidence la mil. 
leure méthode applicable à tout médicament nouveau, et le 
choix qu'ils ont fait de grands animaux leur a donné, dans 
les résultats, une netteté, une évidence qu'ils auraient vaine. 
ment demandée aux animaux inférieurs. 


Les phénomènes physiologigues du chloral, chez les animaux 


804 L'UNION MEDICALE DU CANADA, 


varient suivant la taille et suivant l’âge : les chiens âgés ré- 
sistent moins que les jeunes et les adultes. Ils varient aussi 
avec les races: Je chien de chasse et l'épagneul sont plus sen- 
sibles que le bouledogue et le terrier. 

Par la bouche, quatre à cinq gramm2s de chloral dissous 
dans quinze à vingt grammes d’eau produisent des effets au 
bout de dix à quinze minutes tandis que dans le tissu cellu- 
laire il en faut quinze à vingt, alors que la même dose 
injectée dans les veines agit immédiatementet peut devenir 
mortelle. 

Le chloral injecté sous la peau détermine une inflamma- 
tion localisée qui peut aller jusqu’à la formation d’une es- 
chare. Par la bouche, l’âcreté du contact produit volontiers 
des vomissements et provoque toujours une hypersécrétion 
salivaire. 

Les phénomènes généraux peuvent se résumer ainsi : loco- 
motion irrégulière, progression brusque, saccadée, oscilla- 
tion latérale du tronc, marche titubante. L ‘animal tombe, 
les membres flasques, la tête inerte, les mâchoires sans cons- 
triction, les muscles en complète résolution. 


La sensibilité s'émousse, puis disparaît. D'abord, l'animal 
sent les piqûres, les brûlures ; il grogne et s’agite sous l’in- 
fluence de la douleur ; plus tard, il devient tout à fait insen- 
sible ; mais, à ce moment, la vie est en danger. 


La peau et les muqueuses s'injectent. A l’autopsie, les - 
vaisseaux du mésentère, les capilaires du cerveau sont gor- 
gés de sang. 

Les pupilles se resserrent ; le cœur se ralentit ; la respira- 
tion devient irrégulière et, par moments, laborieuse ; enfin, 
la température s’abaisse de un à deux degrés. | 


‘Un chien de taille moyerne, sous l'influence de 4 à 6 gram- 
mes de chloral, peut avoir 4 heures de sommmeil. 

D'après le tableau précédent, est-fl possible de saisir l’ac- 
tion du chloral, sur le système nerveux ? Oui, répond l’au 
teur. 

Remarquez que les premiers phénomènes apparaissent 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 305 


dans la locomotion; que la sensibilité s'émousse en second 
lieu ; puis qu’on observe le resserrement des pupilles, les con- 
gestions capillaires, pour arriver aux troubles cardiaques, à 
la pâleur, aux perturbations respiratoires, concurremment ‘ 
avec un abaissement de la température. 

Les troubles de la musculation indiquent une action de l’a- 
gent sur la moelle ; de mème que l’insensibilité démontre 
une influence secondaire sur le cerveau. Le resserrement des 
pupilles, les congestions capillaires prouvent une sorte de pa- 
ralysie du grand sympathique, puisque ce système tient sous 
sa dépendance les fibres radiées de l'iris, c’est-à-dire les fibres 
dilatatrices, et qu’il fournit aux vaisseaux l'incitation motri ice 
indispensable à à la régularité de la circulation. 

L'action du chloral continue à s'étendre, le plexus cardia- 
que est atteint, le cœur se ralentit, le poumon fonctionne mal 
et la température s’abaisse. 

La preuve de cette action élective du chloral sur les gan- 
glions cardiaques est donnée par Liebreich de la manière sui- 
vante : “ Si l’on coupe, dit-il, le ventricule au-dessous du siè- 
ge des ganglions, il se contracte immédiatement, et tout at- 
touchement provoque une nouvelle contraction. ” (Liebreich. 
— Hydrate de chloral.—Paris 1870.) 


Au reste, quelle que soit la confiance que l'on attache à l’as- 
sertion de Liebreich, il n'en demeure pas moins parfaitement 
clair que la mort arrive par les centres nerveux. 


Chez l’homme, les phénomènes physiologiques suivent les 
mêmes phases, avec cette particularité que la conjonctive est 
la première anesthésiée et que la pituitaire résiste plus long- 
temps que les autres membranes. 


IL 


Que devient le chloral une fois arrivé dans le torrentcircu- 
latoire ? Sur ce point les opinions varient. D'une part, plu- 
sieurs médeggs, MM. Demarquay, Krishaper et Dieulafoy, 
Labbé et Boon. d'après l’observation des phénomènes pny- 
siologiques, pensent que le chloral reste fixe et se manifeste 
suivant son action propre ; d’autre part, des chimistes de pre- 









306 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


mier ordre, MM. Liebreich, Personne, Roussin affirment le 
dédoublement en chloroforme et en acide formique. 

Il était donc intéressant pour l’auteur du mémoire de re- 
chercher par lui-même la vérité de ce fait. 

Ici encore, nous avons à constater des connaissances chi- 
miques élevées ; preuve nouvelle, s'il en était besoin, de la 
force que se donnent les sciences lorsqu'elles s’appuyent en 
tre elles. 

Or, sans entrer dans les détails techniques de l'analyse, 
qu’il suffise de dire que le chloral chauffé à 40° dans un bal- 
lon est stable ; ses vapeurs, conduites dans nn tube de por- 
celaine rougi, puis reçues dans une solution de nitrate d’ar- 
gent ne donnent pas de précipité. 

Ajoutez, au contaire, à la solution de chloral un peu de 
carbonate de soude, et l'opération, conduite de la même ma- 
nière, donne un précipité dé chlorure d'argent insoluble dans 
l'eau, dans l'acide nitrique et soluble dans l’ammoniaque. 

Ce n'est pas tout : du chloral mélangé avec du sang dans 
un ballon et chauffé à 40°, se dédouble en chloroforme ; et 
encore, le sang d’un animal chloralisé, s'il est chauffé de la 
même façon, doune la réaction du chloroforme, réaction 
autant plus prompte que l'acalinité du sang est pius pro- 
noncée, par conséquent, plus évidente chez le mouton, le che- 
val et le bœuf que chez le lapin et le chien. 

Enfin, chose remarquable ! tout le chloral charrié dans le 
sang est transformé en chloroforme et en acide formique. La 
démonstration de cette particularité est fournie de la manière 
suivante : Le sang de l'animal mis en expérience est traité 
suivant les règles posées ; la réaction du chloroforme sé mon- 
tre au bout de quelques minutes ; puis, lorsqu’elle reste sta- 
tionnaire, on ajoute à ce sang du carbonate de soude, par pe- 
tiles fractions. 

Or, comme dans ces nouvelles conditions le précipité n’aug- 
mente pas, on en déduit logiquement que tout le chloral s'est 
dédoublé. 

La conclusion de ce chapitre intéressant est donc que le 
chloral, dans l'économie, sous l'influence des alcalis du sang, 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 307 


se dédouble en chloroforme et en acide formique, lesquels se 
convertissent ultérieurement en chlorure de sodium et en for- 
miale de soude, pour être, en definitive, éliminés par la voie 
rénale. 
Les différences physiologiques du chloroforme et du chlo- 
ral peuvent se résumer ainsi : pour le chloroforme, les e Tets 
anesthésiques l’emportent sur les effets hypnotiques ; l'&es- 
thésie complète n’est pas dangereuse ; pour le chloral, l’avp- 
notisme prédomine sur l’anesthésie ; et celle-ci, quand elle 
existe, annonce un danger imminent. 
Le sommeil du chloroforme est court, celui du chloral est 
prolongé. 
L’action du chloral peut être comparée à la chloroformisa- 
tion.la plus lente qui se puisse imaginer ; elle n’a de limite 
que l’épuisement du chloral introduit dans le sang, attendu 
que la régénération des alcalis du sang (Liebreich) rend in- 
cessante la décomposition du produit étranger, jusqu’à sa 
disparition totale. D'ailleurs, comme preuve confirmative, 
on n’a jamais trouvé du chloral libre dans le système circu- 
latoire. 
_ Mais si le chloral, en définitive, tire du chloroforme, qu'il 
produit la cause initiale de ses propriétés, d’où vient donc la 
différence d'action entre ce chloroforme développé dans le 
sang et celui qui est absorbé par la voie pulmonaire ? 

Elle git tout entière, suivant l’auteur, en ce que le chloro- 
forme issu du chloral agit à l’état naissant, au lieu que celui 
des inhalations est à l'état ordinaire. 

Le premier aurait des propriétés chimiques et physiologi- 
ques exaltées, son énergie, ses affinités seraient plus déve- 
loppées que celles du second, qui pénètre tout formé dans le 
sang. En faut-il une preuve nouvelle ? la voici: le chloro. 
forme par inhalation est sans puissance sur les sujets soumis 
à l'influence du chloral, alors que le chloral a dompté des 
sujets réfractaires au chloroforme. 

Cette théorie, si séduisante qu’elle soit, éveille cependant 
quelques doutes. 

L'état naissant du chloroforme est-il bien la seule raison à 


4 


308 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


invoquer ? Ne convient-il pas de tenir grand compte de la 
. production lente, à faible dose, mais incessante du chloro- 
forme, tant qu'il y a du chloral dans le sang ? On accumule 
ainsi du chloroforme, dans les vaisseaux et, lorsqu'on touche 
à l’anesthésie, il y a saturation en quelque sorte et danger 
d'intoxication. Le péril vient de ce que l’on ne peut pas ar- 
rêter la production du chloroforme tant qu’il reste une par- 
celle de chloral, contrairement à la possibilité de suspendre 
l'inhalation aux premiers signes inquiétants. Ne pourrait- 
on pas dire aussi que le contact du chloroforme sur les radi- 
cules du pneumo-gastrique trouble médiatement la sensibilité 
célébrale, par opposition à ce qui arrive lorsque le chlorofor- 
me, en proportion relativement forte, touche directement les 
centres nerveux ? 


Cet état naissant du chloroforme, qui a frappé l’auteur, 
avait déja été pris en considération par un de nous, dans un 
travail sur le chloral, communiqué à la Société de médecine. 
Annales de la Société de médecine de Lyon, 1869, tome XVIIe, 
2e série, page 92). 

Notre collègue explique le sommeil du chloral, à la fois 
léger et durable avec de faibles doses, par la lenteur de léli- 
mination, et le danger des fortes doses par l’accumulation 
d’un composé chimique à l’état naissant. (Ferrand—Du 
chloral. Données théoriques et pratiques.—Lyon médical, tome 
IV, page 99.) 

Au reste, la théorie du chloroforme naissant a trouvé des 
adhésions au sein de la commission ; adhésions que je dois 
signaler après avoir mentionné les réserves faites par un des 
représentants les plus autorisés, parmi nous, de la chimie 
organique. | 


Quelle que soit finalement l’idée qu’on se fasse de l'action 
intime du chloroforme dans le système circulatoire, l’auteur 
n’en mérite pas moins les plus grands éloges, autant pour la 
maniére savante dont il a dirigé ses expériences que pour la 
méthode qu’il a suivie pour arriver aux conclusions: 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 309 


IV. 


Après ces recherches préliminaires, arrive naturellement 
l'étude clinique du chloral, partie importante du mémoire, 
où se déroulent des applications nombreuses et variées. 
Faits antérieurs, observations personnelles, mode d’adminis. 
tration, effets thérapeutiques, toxicologie : tel est l’ordre adop- 
té dansl’exposé des documents de ce vaste travail. 

Parmi les faits antérieurs, on voit deux ordres d’applica- 
tions : les unes chirurgicales, les autres médicales. 

Ainsi, Liebreich propose le chloral pour de petites opéra- 
lions douloureuses ; Langenbeck s’en sert avant de cautéri- 
ser un lupus ; Marjolin le donne contre les douleurs de la 
brûlure et Richardson en tire profit dans le taxis d’une her- 
nie étranglée. 


De Graefe l’administrait apres l'opération de la catarac- 
te ; Giraldès, Demarquay le conseillent pour combattre les 
douleurs qui suivent immédiatement les opérations. 

Contre le délirium tremens, il s'est montré efficace ; mais 
contre le tétanos les chances sont variables : aux succès de 
MM. Verneuil et Dubreuil il faut opposer des insuccès au 
moins équivalents.  - 


En médecine, le chloral a été essayé, avec des résultats très di 
vers et souvent contestables, contre la chorée, la coqueluche, 
l'asthme, la colique hépatique, l’éclampsie, les convulsions 
infantiles, l'agitation et l’insomnie des aliénés ; contre les 
douleurs du zona, du rhumatisme, du cancer et de l’accou- 
chement. Mais toutes ces tentatives ne fournissent point 
des déductions pratiques définitives ; l’art n’est point encore 
fixé ; il est donc intéressant de voir quelles lumières jaillis- 
sent du mémoire que j’analyse. ; 


- Les premières observations personnelles nous montrent, 
l'efficacité du chloral, en topique, contre les douleurs insépa- 
rables des arthrites suppurées, des tumeurs blanches, de la 
nécrose invaginée, etc., dans des cas où le même médicament, 
à l’intérieur, était resté impuisant, et la morphine, en injec- 
tions complètement inerte. 


® 
300 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


DU CHLORAL. 


Rapport fait à la Société de médecine de Lyon, au nom d'une Commission | 
chargée d'examiner les mémoires envoyés au concours de 1871 : 
Par M. Descrances, rapporteur. 


La Société de médecine, dès les premières publications sur 
le chloral, comprenant l'importance que ce produit pouvait 
prendre en thérapeuthique, jugea convenable d'y attirer l'at- 
tention et d’en faire le sujet d'un concours 

L'espoir de la Société n’a pas ét6 déçu ; deux mémoires ont 
répondu à son appel ; preuves que les travaux scientifiques, 
momentanément suspendus chez nous, reprennent leurs 
cours, malgré les perturbations jetées dans le pays. Deux 
mémoires, c'est peu quant au nombre; c'est beaucoup s'ils 
ont de la valeur. 

Or, sur ce point, que la Socié!é se rassure ; les travaux 
qu’elle a reçus sont remarquables et dignes de récompenses. 

Mais je dois dire tout de suite que le mémoire No. 1, avec 
cette épigraphe : “ La scierice procure à l’homme les satis- 
factions les plus vraies et les plus nobles, ” doit être mis hors 
de concours. Les auteurs se sont fait connaître par la pré- 
sentation de ce travail à l’Institut et sa publication dans le 
Journal d'anatomie et de physiologie du professeur Robin. (No 
6, Novembre et Décembre 1871, page 570.) 


Le manuscrit et la publication sont une œuvre unique; 
mêmes idées, mêmes recherches, mêmes phrases : tout se re- 
trouve dans le journal, sauf quelques détails d'expériences 
retranchés probablement par la rédaction. 

Tl est donc démontré que MM. Byasson et Follet, de Paris, 
sont les auteurs du mémoire No. 1; par conséquent, le débat 
ast fermé pour eux avant d’avoir été ouvert. C’est dommage, 
car ce travail se recommande par une science de bon aloi, 
et Pintérét qu'il inspire est soutenu par l'étude comparative 
de quatre composés voisins : le chloral, le trichloracétate de 
soude, le chloroforme et le formiate de soude. 

Est-ce par inadvertance que MM. Byasson et Follet ont pu- 
blié un mémoire adressé à votre compagnie ? Dans cette hy- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 801 


pothése, nous n'avons rien à dire. Si, au contraire, la com- 
raunication à :Inslitut n'a eu pour objet qu’un plus grand 
retentissement, sans égard à la déférence légitimement due à 
la Société de médecine de Lyon, nous ne craignons point 
d'affirmer que ces messieurs ont manqué aux convenances 
académiques les plus élémentaires. 

Dans tous les cas, que l’auteur du No. 2 se console de res- 
ter seul en lice. Le mémoire No. 1 n’aurait pu lui disputer 
le prix : à l'unanimité la commission l’a déciaré d’un mérite 
bien inférieur. 

Je vais essayer, Messieurs, de vous faire connaître le mé. 
moire No. 2, afin de vous mettre à même de ratifier, avec 
connaissance de caüse, les décisions de votre commission des 
prix, composée de MM. Arthaud, Lacour, Rollet, Perroud, 
Ferrand et Desgranges, rapporteur. 

! I 

Le mémoire commence par une étude chimique du chloral. 
D'abord l’auteur nous rappelle que ce composé fut découvert 
par Liébig, en 1832 ; qu'il fut étudié en 1834, par Dumas, 
qui en démontra le dédoublement en chloroforme, sous l’in- 
fluence des alcalis ; mais que le mérite de lavoir fait connai- 
tre, en 1869, comme agent anesthésique et somnifère, appar- 
tient à Oscar Liebreich, de Berlin. 


L'étude des propriétés du chloral est faite avec méthode ; 
-la discussion des modes de fabrication est approfondie et con. 
duit à adopter le procédé de Dumas, qui donne du chloral 
pur, à exclusion de celui de Roussin, qui ne fournit que de 
Yalcoolate de chloral. C’est avec le plus grand soin qu'on 
nous expose les réactions du chloral, le moyen, par consé- 
quent, d’être édifié sur la pureté du produit. 

Un expérimentateur qui se met ainsi en garde contre une 
grave cause d'erreur doit donc inspirer la plus grande con- 
fiance, le soin qu’il-prend de s’éclairer nous engage à le sui- 
vre. 

Le chloral préparé par Liebreich, de Berlin, ne laisse rien 
à désirer ; seul, il est mis en usage dans le cours du travail. 


e 
300 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


DU CHLORAL. 


Rapport fait à la Socrété de médecine de Lyon, au nom d'une Commission 
chargée d'examiner les mémoires envoyés au concours de 1871 ; 
Par M. DESGRANGES, rapporteur. 


La Société de médecine, dès les premières publications sur 
le chloral, comprenant l'importance que ce produit pouvait 
prendre en thérapeuthique, jugea convenable d'y attirer l’at- 
tention et d'en faire le sujet d’un concours 

L'espoir de la Société n’a pas été déçu ; deux mémoires ont 
répondu à son appel ; preuves que les travaux scientifiques, 
momentanément suspendus chez nous, reprennent leurs 
cours, malgré les perturbations jetées dans le pays. Deux 
mémoires, c'est peu quant au nombre; c’est beaucoup s'ils 
ont de la valeur. 

Or, sur ce point, que la Socié!é se rassure ; les travaux 
qu'elle a reçus sont remarquables et dignes de récompenses. 

Mais je dois dire tout de suite que le mémoire No. 1, avec 
cette épigraphe : “ La scierice procure à l’homme les satis- 
factions les plus vraies et les plus nobles, ” doit être mis hors 
de concours. Les auteurs se sont fait connaître par la pré- 
sentation de ce travail à l’Institut et sa publication dans le 
Journal d'anatomie et de physiologie du professeur Robin. (Ne 
6, Novembre et Décembre 1871, page 570.) 


Le manuscrit et la publication sont une œuvre unique ; 
mêmes idées, mêmes recherches, mêmes phrases : tout se re- 
trouve dans le journal, sauf quelques détails d’expériences 
retranchés probablement par la rédaction. 

Tl est donc démontré que MM. Byasson et Follet, de Paris, 
sont les auteurs du mémoire No. 1 ; par conséquent, le débat 
ast fermé pour eux avant d'avoir été ouvert. C’est dommage, 
car ce travail se recommande par une science de bon aloi, 
et l'intérêt qu'il inspire est soutenu par l'étude comparative 
de quatre composés voisins : le chloral, le trichloracétate de 
soude, le chloroforme et le formiate de soude. 

Est-ce par inadvertance que MM. Byasson et Follet ont pu- 
blié un mémoire adressé à votre compagnie ? Dans cette hy- 


L'UNION MÉDICALB DU CANADA. 301 


pothèse, nous n’avons rien à dire. Si, au contraire, la com- 
rounication à i’Inslitut n’a eu pour objet qu'un plus grand 
tetentissement, sans égard a la déférence légitimement due a 
la Société de médecine de Lyon, nous ne craignons point 
d’affirmer que ces messieurs ont manqué aux convenances 
académiques les plus élémentaires. . 

Dans tous les cas, que l’auteur du No. 2 se console de res- 
ter seul en lice. Le mémoire No. 1 n’aurait pu lui disputer 
le prix : à l’unanimité la commission l’a déciaré d’un mérite 
bien inférieur. 

Je vais essayer, Messieurs, de vous faire connaître le mé. 
moire No. 2, afin de vous mettre à même de ratifler, avec 
connaissance de cause, les décisions de votre commission des 
priz, composée de MM. Arthaud, Lacour, Rollet, Perroud, 
Ferrand et Desgranges, rapporteur. 

' : I 

Le mémoire commence par une étude chimique du chloral. 
D'abord l’auteur nous rappelle que ce composé fut découvert 
par Liébig, en 1832 ; qu'il fut étudié en 1834, par Dumas, 
qui en démontra le dédoublement en chloroforme, sous l’in- 
fluence des alcalis ; mais que le mérite de l’avoir fait connai- 
tre, en 1869, comme agent anesthésique et somnifere, appar- 
tient 4 Oscar Liebreich, de Berlin. 


L’étude des propriétés du chloral est faite avec méthode ; 
-la discussion des modes de fabrication est approfondie et con- 

duit a adopter le procédé de Dumas, quidonne du chloral 
pur, à l’exclusion de celui de Roussin, qui ne fournit que de 
l’alcoolate de chloral. C’est avec le plus grand soin qu'on 
nous expose les réactions du chloral, le moyen, par consé- 
quent, d’étre édifié sur la pureté du produit. 

Un expérimentateur qui se met ainsi en garde contre une 
grave cause d’erreur doit donc inspirer la plus grande con- 
fiance, le soin qu’il-prend de s’éclairer nous engage à le sui- 
vre. 


Le chloral préparé par Liebreich, de Berlin, ne laisse rien 
4 désirer ; seul, il est mis en usage dans le cours du travail. 


e 
300 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


DU CHLORAL. 


Rapport fait à la Société de médecine de Lyon, au nom d’une Commission - 


chargée d’examiner les mémoires envoyés au concours de 1871 ; 
Par M. DescrancGEs, rapporteur. 


La Société de médecine, dés les premiéres publications sur 
le chloral, comprenant l'importance que ce produit pouvait 
prendre en thérapeuthique, jugea convenable d’y attirer l'at- 
tention et d'en faire le sujet d’un concours 

L'espoir de la Société n’a pas 6t6 déçu ; deux mémoires ont 
répondu à son appel ; preuves que les travaux scientifiques, 
momentanément suspendus chez nous, reprennent leurs 
cours, malgré les perturbations jetées dans le pays. Deux 
mémoires, c'est peu quant au nombre; c’est beaucoup s’ils 
ont de la valeur. 

Or, sur ce point, que la Société se rassure; les travaux 
qu’elle a reçus sont remarquables et dignes de récompenses. 

Mais je dois dire tout de suite que le mémoire No. 1, avec 
cette épigraphe : ‘“ La science procure à l’homme les satis- 
factions les plus vraies et les plus nobles, ” doit être mis hors 
de concours. Les auteurs se sont fait connaitre par la pré- 
sentation de ce travail à l’Institut et sa publication dans le 
Journal d’anatomie et de physiologie du professeur Robin. (Ne 
6, Novembre et Décembre 1871, page 570.) 


Le manuscrit et la publication sont une œuvre unique ; 
mêmes idées, mêmes recherches, mêmes phrases : tout se re- 
trouve dans le journal, sauf quelques détails d'expériences 
retranchés probablement par la rédaction. 

Tl est donc démontré que MM. Byasson et Follet, de Paris, 
sont les auteurs du mémoire No. 1; par conséquent, le débat 
ast fermé pour eux avant d’avoir été ouvert. C’est dommage, 
car ce travail se recommande par une science de bon aloi, 
et l'intérêt qu’il inspire est soutenu par l'étude comparative 
de quatre composés voisins : le chloral, le trichloracétate de 
soude, le chloroforme et le formiate de soude. 

Est-ce par inadvertance que MM. Byasson et Follet ont pu- 
blié un mémoire adressé à votre compagnie ? Dans cette hy- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 801 


pothèse, hous n'avons rien à dire. Si, au contraire, la com- 
raunication à ’Inslitut n’a eu pour objet qu'un plus grand 
retentissement, sans égard à la déférence légitimement due à 
Ja Société de médecine de Lyon, nous ne craignons point 
d’affirmer que ces messieurs ont manqué aux convenances 
académiques les plus élémentaires. 

Dans tous les cas, que l’auteur du No. 2 se console de res- 
ter seul en lice. Le mémoire No. 1 n’aurait pu lui disputer 
le prix : à l’unanimité la commission l’a déciaré d’un mérite 
bien inférieur. 

Je vais essayer, Messieurs, de vous faire connaître le mé. 
moire No. 2, afin de vous mettre à même de ratifier, avec 
connaissance de caüse, les décisions de votre commission des 
prix, composée de MM. Arthaud, Lacour, Rollet, Perroud, 
Ferrand et Desgranges, rapporteur. 

I 

Le mémoire commence par une étude chimique du chloral. 
D’abord l’auteur nous rappelle que ce composé fut découvert 
par Liébig, en 1832 ; qu'il fut étudié en 1834, par Dumas, 
qui en démontra le dédoublement en chloroforme, sous l’in- 
fluence des alcalis ; mais que le mérite de l'avoir fait connai- 
tre, en 1869, comme agent anesthésique et somnifère, appar- 
tient 4 Oscar Liebreich, de Berlin. 


L’étude des propriétés du chloral est faite avec méthode ; 
-la discussion des modes de fabrication est approfondie et con- 

duit à adopter le procédé de Dumas, qui donne du chloral 
pur, à l’exclusion de celui de Roussin, qui ne fournit que de 
l’alcoolate de chloral. C’est avec le plus grand soin qu'on 
nous expose les réactions du chloral, le moyen, par consé- 
quent, d’étre édifié sur la pureté du produit. 

Un expérimentateur qui se met ainsi en garde contre une 
grave cause d’erreur doit donc inspirer la plus grande con- 
fiance, le soin qu’il-prend de s’éclairer nous engage à le sui- 
vre. 


Le chloral préparé par Liebreich, de Berlin, ne laisse rien 
à désirer ; seul, il est mis en usage dans le cours du travail. 


316 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


‘ Attendu qu'il est expédient que les personnes requérant 
4 l’aide médicale puissent distinguer les praticiens qualifiés 
‘de ceux qui ne le sont pas, et que les lois et règlements 
« pour l'éducation, l'examen et l’enrégistrement des prati- 
‘“ ciens en Médecine, Chirurgie et Accouchements, soient uni- 
‘ formes et semblables dans toute la Puissance du Canada ; 
‘ en conséquence, Sa Majesté, &c., &c., &c. 

XXVI ‘ Le conseil général aura le pouvoir et l'autorité 
‘“ de nommer des examinateurs pour instituer et conduire 
l'examen des étudiants en médecine sur leur éducation 
“ préliminaire en générale et de faire des règlements pour 
‘“ déterminer l'admission et l’enrôlement des étudiants : et 
‘ les examinateurs seront des personnes engagées dans l’en- 
‘ seignement général et en rapports officiels avec les Univer- 
‘ sités, Collèges ou Séminaires de la Puissance. Voici 
“ quels seront les sujets pour tel examen préliminaire 
jusqu'à ce que le conseil juge à propos de les modi- 
“ fier. Compulsoire : Langue française ou anglaise, selon 
Ja nationalité de l'étudiant, y compris la grammaire et la 
‘ composition ; histoire, géographie, arithmétique, y compris 
‘* les fractions vulgaires et décimales ; y compris l'algèbre, 
‘© les équations simples ; géométrie, les deux premiers livres 
‘ d'Euclide ; latin, traduction et grammaire ; et un des su- 
“jets suivants au choix: ie grec, le français ou l'anglais, 
“ suivant la nationalité de l'étudiant, l'allemand, la philoso. 
‘ phie naturelle, y compris 12 mécanique, l'hydrostatique et 
‘ Ja pneumatique. 

‘ (2) Aucun gradué dans les Arts d'aucune Université dans 
‘© les possessions ‘de Sa Majesté, ne sera requis de passer un 
“examen relatif à l'éducation générale.” | 


Le préambule ne dit pas expressément que l’uniformité 
des lois et règlements pour l'éducation, l'examen et l'enrégis- 
trement des praticiens en Médecine, Chirurgie, &c., &c., sera 
appticable à l'Éducation préliminaire ou classique des aspi- 
rants à l'étude de la médecine ; mais nous arrivons prompte- 
ment à la conviction de la chose en lisant la XX VIe. clause 
où nous voyons minutieusement détaillés les nombreux su- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 317 


jets qui feront la matière des examens que devront subir les 
aspirants à l'étude de la Médecine. Ne devient-il pas par- 
faitement établi par l'esprit et la lettre de cette disposition de 
la loi projetée que le Conseil général aura la haute main sur 
nos institutions classiques, puisqu’il aura le pouvoir de modi- 

~ fier quand il le jugera à propos, les sujets qui feront la matière 
de l'examen préliminaire ou classique des candidats à l'étude 
de la Médecine. 

Sous l'empire de cette conviction, allons-nous, nous, Cana- 
diens-français, ébranler ou plutôt détruire d’une main cou- 
pable, la base de notre nationalité pour nous reposer aveu- 
glément sur la bonne foi et la générosité d'une majorité hos- 
tile, mais obligée de nous respecter par nos habitudes de 
loyauté et de patriotisme ? Allons-nous mépriser les leçons de 
l'histoire qui nous trace la meilleure voie à suivre ? 

Lequel d’entre nous est prét à donner le premier coup? 

Si nous paraissons généralement avoir peur de déplaire, il 
n’est pas hors de propos de se rappeler que cette habitude chez 
nous a accrédité en certains lieux plus d’audace que l'igno- 

_rance et la légèreté. Mais qu’on ne confonde pas notre con- 
descendance avec la lâcheté ou l’indifférence ; la distance qui 
les sépare pourrait étonner. 

Un égoïste calcul et l'astuce pourront se liguer de nou- 
veau pour nous violenter dans cet amour pur et inaltérable 
que nous conservons pour tout ce que nous ont légué nos ancé- 
tres, mais nous ne consentirons jamais à laisser déchirer dans 
la boue de l’indifférence les lambeaux précieux de notre na- 
tionalité. Jamais!!! 

Et personne ne songera, pas même nos ennemis, à traiter de 
manie Ja liberté que nous avons de penser, réfléchir et de 
choisir les moyens les plus propres à nous protéger. 

Sous les circonstances actuelles, sans être nombreux, nos 
moyens de protection nous offrent une pleine et entière sé. 
curité contre les pièges qu'on veut nous tendre. Un Tiens 
vaut infiniment mieux que deux tu l'auras ; eh bien, gar- 
dons-nous de donner entre les deux, tête baissée et le reste 
en lair; car ce serait un exercice gymnastique qui provo- 


318 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


querait une trop grande hilarité chez nos ennemis et qui 
nous exposerait à un mouvement fluxionnaire qui nous enlè- 
verait, à coup sir, .a faculté de mesurer le danger. Res- 
tons dans notre position normale et demeurons fermes, iné- 
branlables et serrés autour du Tene quod habes que nous 
offre la constitution de notre récent régime politique. Oui, 
bienveillants confrères, hommes éclairéset patriotiques, 
vous savez tous que l’Acte de l'Amérique Britanique du Nord, 
1867, destiné à consolider l'Œœuvre de la Confédération, a su 
dans la distribution des pouvoirs législatifs, confier aux lé- 
gislatures provinciales le pouvoir exclusif de décréter des 
lois relatives à l'éducation, pourvu que ces lois n’affectent 
pas les droits des minorités ; le gouvernement fédéral 
n'ayant la liberté d'intervenir que dans le cas d'appel (en 
cette matière) d'une province pour réparer un grief infligé 
par une majorité injuste. Impossible de voir ailleurs dans 
l'acte constitutionnel de la Confédération quelque chose qui 
puisse autoriser le gouvernement Fédéral à l’égislater en 
matière d'éducation, ou qui laisse entrevoir que ce dernier 
est accessible en ce sens par la voie ordinaire des requêtes. 

Et après cela nous irions sciemment, en prètant notre con- 
cours à un ennemi toujours jaloux de nos immunités, hâter 
notre dissolution et opérer une absorption qui a résisté peu- 
pant plus d’un siècle au travail continu du contact immé- 
diat!!!! Allons, réfléchissons sur ce qui s’est passé, il n’y a 
pas longtemps, au Nouveau-Brunswick, et rappelons-nous 
avec un regret amer l'interprétation forcée de la loi donnée 
par le ministre de la justice à Ottawa : interprétation arra- 
chée pour flagorner le fanatisme d’une majorité toujours la- 
mème envers une minorité ayant le tort de chérir ce e qu ’ab- 
horre la première. 


L’équité naturelle, cette vraie lumière qui éclaire tout 
homme venant dans ce monde, étant éteinte chez cette ma- 
jorité de plus en plus égoïste, ne devient-il pas obligatoire 
pour nous que nous soyons toujours prèts à déjouer la ruse, 
l’artifice et à repousser des attaques sans cesse se renouve- 
lant. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 319 


Ne mettez en commu avec un égoiste, dit Latena, dans son 
beau livre sur l'homme, que les choses dont vous serez décidé 
à lui faire un complet abandon. 
EXCELLENT ! 

L'égoïisme, dit le mème, est de tous les sentiments le moins su- 
jet à l'inconstance, parcequ’il a dans l'homme-même, sa source et 
son objet. 

PENSÉE ÉTONNANTE DE VÉRITÉ. 

Et comment aurions-nous le courage de nous allier à des 
ennemis connus, inévitables, actifs et tenaces pour aller as- 
siéger un pouvoir supérieur de demandes dont il ne doit pas 
s'occuper ? Allons, ne faisons point assaut au sens commun. 

Et dans quelle singulière position ne mettrions-nous pas 
nos institutions enseignantes, en poursuivant l'adoption du 
Bill en question ! Ne serait-il pas permis au Barreau de s’or- 
gapiser d’après le mème mode que celui sur lequel on veut 
nous lancer, et de se créer un Conseil Général qui aurait, 
aussi lui, la haute-main sur les institutions classiques, &c., 
&c., par la liberté qu’il.aurait de prescrire la nature de l’édu- 
cation préliminaire des aspirants à l’étude du droit ? Et ain- 
si de suite pour tout autre corps de la société canadienne, au- 
quel il prendrait fantaisie de s'organiser. 

ADMIRABLE ! 


Pleins de crainte pour l'avenir, mais toujours fidèles à no- 
tre passé, montrons-nous dignes de nos ancêtres, en conser- 
vant pur et intact le dépôt sacré qu’ils nous ont confié. 


Dr. LéonarD AGE. Fontien. 
ST. CLET, Mat, LE 25, 1872. 





Du COURANT GALVANIQUE COMME MOYEN DE RÉSORPTION, par le 
docteur Lupwic SeecEr. Lyon Medical—On sait que le courant 
galvanique a une action évidente sur la circulation capillaire 
de la peau ; une minute après l'application du pôle zinc, on voit 
par exemple la cyanose cutanée faire place à Lne hyperhémie 
plus ou moins intense ; il est probable que cet effet de l’élec- 
tricité sur la circulation doit se faire sentir sur les tissus pro- 


320 L'UNION MEDICALE DE CANADA, 


fonds et peut influencer la nutrition @es parties voisines de 
manière à provoquer la résorption des tissus, si l'action élec- 
trique est souvent répétée. Guidé par ces considérations, 
l'auteur a pu faire résoudre assez rapidement par le courant 
électrique certaines néoformations qui avaient résisté à d’au- 
tres moyens. Il applique habituellement le pôle zinc sur la 
partie au moyen d’une brosse métallique, qu'il fait alterner 
avec un électrode ordinaire ; l’autre pôle est appliqué sur le 
plexus ou sur ie point du système nerveux qui anime la par- 
tie malade. Chaque application ne dure que ‘quelques mi- 
nutes Voici deux faits qui montrent les heureux résultats 
de cette méthode : 


10 Jeune femme de 22 ans, atteinte de périmétrite avec 
albuminurie ayant débuté par une vive douleur à gauche de 
l’hypogastre bientôt suivie d'une tuméfaction douloureuse 
de la grosseur d’un œuf vers l'anneau abdominal gauche; 
urines très albumineuses. Les applications froides, les cata- 
plasmes, la quinine, le fer, l’iodure de potassium ne dimi- 
nuèrent pas‘la grosseur de la tumeur ; au moment ou l’on 
eut recours à l'électricité, elle s’étendait le long du ligament de 
Fallope, à partir du mont Vénus, obliquement en haut et en 
dehors, et en dedans sous le carré des lombes ; la cuisse était 
fléchie sur le bassin à 45°; la malade ne pouvait se mouvoir ; 
peau transparente et rouge en quelques points avec une légè- 
re élévation de température. 


Le courant galvanique fut appliqué tous les deux jours, le 
pôle positif sur la colonne spinale et sur le sympathique, le 
négatif sur la tumeur ; infusion de quina en même temps. 

Au bout de la troisième application, soulagement de la 
douleur, la malade peut se tourner seule sur le côté gauche. 
Quinziéme application : la tumeur a lrès-notablement dimi- 
nué ; la malade peut se lever sur son séant. Trentième ap- 
plication : pas d’albumine dans l'urine ; la malade meut son 
membre très-librement ; elle peut faire quelques pas à l’aide 
de béquilles. Quarantième application: on ne sent plus au- 
cune tumeur ; une forte pression réveille seulement un peu 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 321 


de douleur ; la malade marche sans support. Cinguanie 
deuxieme application : guérison complete. 

20. Jeune homme de 17 ans : fièvre scarlatine grave suivie 
de pneumonie ; vive douleur en urinant, en même temps 
gonflement douloureux et élastique le long de l’uréthre et au 
périnée, Dix jours ensuite douleur et tension au dedans de 
la cuisse droite, grande" sensibilité du scrotum et engorge- 
ment inflammatoire des glandes inguinales superficielles et 
profondes. La douleur et le gonflement de l’urèthre et du 
périnée disparaissent, mais l’engorgement inguinal augmen- 
te ; amaigrissement, perte des forces, poulx à 140. Traite- 
ment: applications froides, fer, iodure de potassium, glycé- 
rine. Ces moyens ont peu d'effet sur la tumeur. 


Au moment où l’on a recours à l'électricité, la tumeur est 
dure, douloureuse, non mobile, elle occupe la face interne 
de la cuisse droite jusqu’à la partie moyenne de la face anté- 
rieure ; la peau est saine, la température esl un peu élevée ; 
le membre a 9 centimètres de circonférence de plus que ce- 
lui du côte opposé ; les mouvements actifs sont impossibles 
et les mouvemeuts communiqués entrainent le bassin avec 
la cuisse. - 

Le pôle positif est appliqué sur la colonne vertébrale et le 
négatif avec l’électrode en brosse métallique est appliqué er 
la tumeur. Dixième application: la circonférence de la 
cuisse a diminué de 3 centimètres, la longueur de la tumeur 
a diminué elle-eméme de 5 centimètres. Le malade se sent 
mieux, ses mouvements sont moins difficiles. Vingtième ap. 
plication : diminution très grande de la tumeur, le malade 
peut faire quelque pas avec des béquilles. Vingt neuvième 
application : latumeur n'est plus visible, le malade marche 
sans soutien, il se sent très-bien. Le traitement par l’électri- 
eité a duré sept semaines. (The Medical World, octobre 1871.) 





TRAITEMENT DU BUBON.—Dans une lecture publiée dans le 
Wiener. Med. Wochenschrift, mars, 9, le Professeur Zeissl, de 
Vienne, énumère les grands avantages qu'il a obtenus de ce ° 

3 


322 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


qu’il appelle le traitement abortif et méthodique du bubon et 
des autres gonflement aigus et sous aigus des glandes de lai. 
ne et de la cuisse. Chacun de ceux, observe-t-il, qui ont eu 
beaucoup à faire avec cette maladie connaissent les difficul- 
tés et quelquefois mème les dangers auxquels elle peut don- 
ner naissance et ne peut que désirer un moyen qui pourrait 
prévenir la suppuration et ses ennuyeuses conséquences. En- 
gagé dans la division Hebra de l'hôpital pendant plus de vingt 
ans, le Dr. Zeissl rechercha toujours ce moyen et tira des 
avantages remarquables de l'application de l’acétate de plomb, 
comme recommandée par Behrend et Cooper. En 1869, il fut 
mis à la tête des Salles Syphillitiques dont quelques-unes 
avaient la reputation d’être tenues dans des conditions très 
saines. . 

Il ne fut pas longtemps à s’appercevoir que ces conditions 
hygiéniques agissaient d’une manière très funeste sur les 
bubons ouverts qui devenaient affreusement gaugréneux. 
La proximité de ces salles de celle des morts semble être une 
cause de leur insalubrité ; et afin d'éviter le contact des sur- 
faces blessées avec l'atmosphère infectée, on tenta l’expérien- 
ce d'ouvrir les bubons sous l’eau et ensuite de, les fermer 
avec un bandage hermétique. Dans quelques cas l'union 
primaire eut lieu, mais dans plusieurs autres la cavité se 
remplit et la peau couvrant l’abcès devint si mince, en dépit 
de toutes les mesures préventives, qu’à la fin il fallut y faire 
encore une ouverture considérable, soit par des instruments 
tranchants ou par des caustiques. Ni l'attention portée à la 
propreté et à la ventilation, etc., ni l'application de l’acide 
carbolique suivant le plan de Lister ou d’autres ne réussi- 
rent à amener la cicatrisation prompte de tels ulcères. 

L'auteur u’entreprenait plus aucune opération sur ces 
glandes enflammées sans crainte et tremblement, tellement 
qu’à la fin il prit la résolution de traiter ces bubons avec le 
plomb qu'il avait trouvé si utile dans la pratique privée, et 
de ne les ouvrir qu’exceptionnellement. Ce traitement a 
maintenant ét6 poursuivi pendant deux ans de la manière 
" suivante : Lorsque, au premier examen du patient, on peut 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 323 


espérer de conserver la peau intacte, oa la nettoie. soigneu- 
sement et on la rase. On met alors le patient au lit et on 
applique sur la tumeur une compresse imbibée d’une solu- 
tion d’acétate basique de plomb, en la renouvelant aussitôt 
qu'elle devient sèche. Au bout de trois ou quatre jours la 
peau couvrant la glande malade devient plus épaisse et plus 
ferme. 

La fluctuation qui était d’abord perceptible a un examen 
attentif ou a disparu entièrement ou est devenu moins per- 
ceptible ; et, en pressant la tumeur avec les doigts elle don- 
ne déjà une sensation pâteuse. Si la fluctuation au com- 
mencement du traitement est très marquée, ou le devient, on 
doit faire une ponction perpendiculaire, avec un bistou 
pointu, dans la plus mince partie de la peau, ayant soin que 
la ponction ne devienne pas une incision et soit seulement 
assez large pour assurer la décharge graduelle et contenue 
du pus, ce qwon obtiendra à l’aide de la pression modéré- 
ment ferme d'une compresse trempée dans le plomb et sur 
lequel on applique un rouleau. Le bandage aussi amène 
la peau excavée en contact avec les parties sous jaceutes 
et favorise leur union. Le remplacement des contenus 
purulents, qui s’écoulent quelques jours après l'application 
du bandage, par un fluide plus séro lymphatique est tou- 
jours une circonstance favorable. 


On doit avoir soin de prévenir l’entrée du linge du panse- 
ment dans ouverture, car une irritation répétée de cette 
espèce peut aisément convertir une simple ponction en ulcère. 
Si le gonflement consiste en un bubon multiple et qu’une rup- 
ture spontanée ait déjà eu lieu en un ou plusieurs points, 
l'emplâtre d’Iode suivant peut être avantageusement substi- 
tutué aux compresses de plomb. Plump. Iod. 1 drachme, 
Extr. Belladon. 2? scrupules, Empl. diach c. 1 once. Ung. 
ilemi q. s. ut f. emp! molle. 


Tant que seulement un fluide semblable à la lymple se 
déchargera par les ponctions ou les ouvertures spontanées, 
et qu'aucun symptôme d’inflamraation renou velée ne se pré- 


324 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


sentera, et plus encore si l’érysipèle prévaut, on doit s'abs- 
tenir d'entamer la peau. Mais si une ou plusieurs sources 
de pus existent profondément sous les fascia superficiels, la 
cavité de l’abcès doit être ouverte, employant la pâte de 
Vienne ou le couteau avec les précautions ordinaires. 


Dans plusieurs cas, une simple incision de la peau suffira ; 
et l’auteur en a rencontré d’autres dans lesquels l’excava- 
tion de la peau occupait plusieurs pouces d'étendue, don- 
nant à croire qu'elle devait périr ; et cependant l'application 
du plomb l’a conservée et a conduit à sa solidification. 


Ainsi, dans plus de cent cas de bubons indolents et aigus, 
soit provenant de l'infection ou d’un simple catarrhe, l’au- 
teur est parvenu à prévenir la suppuration et à obtenir, 
très-souvent sansaucune ponction, l'absorption de leur con- 
tenu dans le cours de six à dix semaines. Les tumeurs 
glandulaires gangrèneuses sont maintenant très-rares à l’ho- 
pital, à moins qu'elles n'aient été admises dans cet état. 
Les aides ont maintenant beaucoup moins de temps à passer 
auprès de ces cas. Le! professeur Zeiss! est donc très-dési- 
reux de faire mieux connaître son mode de traitement, non 
qu'il croie avoir fait aucune découverte, puisque les mêmes 
moyens ont été employés par Wallace, Cooper et autres. 
Une particularité qu'il réclame est celle de ne pas borner ce 
traitement au simple bubon indolent mais de l’employer 
aussi dans le bubon vénérien aigu et sous-aigu. (Lond. Med. J.- 





GUARANA POUR LE MAL DE TETE.—Le Dr. Wilks, de Guy's Ho- 
pital, attire attention des médecins sur le guarana comme 
reméde pour le mal de téte ; et prie ceux qui s’en sont servi, 
de faire connaitre les effets qu'ils ont obtenus. Lui-méme 
ne connait ce remède que depuis deux ans; après la publi: 
cation de ses lectures sur le mal de tête, M. Helmcken, de ia 
Colombie Anglaise, lui envoya deux poudres, qu'il assurait 
pouvoir guérir cette maladie. Le Dr. H. Pemploya, et le re- 
commanda à plusieurs de ses amis et de ses parents. Dans 
presque tous les cas'le remède a paru produire les meilleurs 


‘L'UNION MEDICALE DU CANADA. $25 


effets. Le Dr. Wood, de Montréal, qui l'employa pour lui-mé- 
me le recommande aussi fortement. Cetle substance est 
connu depuis longtemps, mais ne parait pas avoir été géné- 
ralement employée. Elle provient des graines du Paullinia 
sorbilis, arbre qui croit au Brésil. Ces graines sont mises en 
poudre et contiennent un alcololoïde que l’on dit être iden- 
tique à celui que l’on trouve dans le thé et le café. 





La DIGITALE COMME ANTI-APHRODISIAQUE.—D'après Mr. Gour- 
vat, la digitale ou la digitaline administrée pendant quelque 
temps affaiblit les pouvoirs sexuels, diminue graduellement 
la sécrétion de la liqueur séminale et la fait méme disparaitre 
complétement. Chez les femmes, la digitale produit de fortes 
contractions utérines, et arréte la metrorrhagie : c’est pourquoi 
ce remède est employé pour causer l’avortement. Il est pro- 
bable que chez la femme il agit aussi comme anti-aphrodi- 
siaque, en empêchant le dévoleppement des vésicules de 
| Graaf.—( Bost. Med. J.) 





VAPEURS ANESTHESIQUES.—On voit dans le Med. and Surg, 
Rep. que le comité de l’Association Medicale Américaine sur 
les substances anesthésiques, recommande comme étant très- 
supérieur à l'éther, ou au chloroforme, le mélange suivant : 
Une partie d'alcool, deux parties de chloroforme, et trois 
parties d’éther. Ce mélange a éte employé, dit-on, avec les 
plus heureux résultats. . Ses avantages sont, la rapidité de son 
action, la petite quantité requise pour produire l'anesthésie, 
peu ou point d'action stimulante ; point de mauvais effets 
après son emploi ; l'absence de danger (jusqu’à présent on a 
eu aucun cas de mort) de plus l'odeur piquante et désagréable 
de l’éther et du chloroforme se trouve considérahlement 
diminuée. 


CANULE A TRACHÉOTOMIE DÉTACHÉE DE SON PAVILLON ET TON- 
BEE DANS LA TRANCHÉE ; EXTRACTION PAR AGRANDISSEMENT DE 
LA.PRENIÈRE OUVERTURE, par M. Hoctaouse. (The Lancet, 27 
jauvier 1872.)—The Lancet se félicite de pouvoir rapprocher 
ce fait du précédent et profite de l’occasion pour recomman- 


326 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


der aux fabricantsd’instruments de profiter de la leçon et de 
faire à l'avenir de la canule et de son pavillon un tout «un 
et indivisible. » 


Homme de 45 ans, laryngotomisé par M. Morell Makenzie 
en 1868, le 14 février, et portant sa canule depuis lors ; le 
16 novembre 1871, comme il prenait son thé, il fut pris d’un 
violant accès de toux ; la canule s’était brisée à sa jonction 
avec le pavillon et était tombée dans la trachée. IL vint im- 
médiatement à Westminster Hospital. 


A l'entrée, dyspnée extréme, disparaissant dans le décu- 
bitus dorsa: ; à ’auscultation, murmure respiratoire à peine 
appréciable à gauche, exagéré à droite, sonorité des deux 
côtés. M. Holthouse agrandit l’incision faite à la membrane 
crico-thyroïdienne en divisant avec des ciseaux le cartilage 
cricoide et les trois premiers anneaux de la trachée ; ce temps 
fut difficile, à cause de ossification de ces cartilages. Un 
stylet, introduit dans l'ouverture, rencontra la canule à l'o- 
rigine de la bronche gauche. On essaya alors dé saisir avec 
de longues‘pinces la canule, mais on n’y réussit pas et on ne 
fit que provoquer un violent accès de toux. On coucha alors 
le malade sur le ventre, la partie inférieure du tronc élevée, 
et l’on donna de fortes claques sur le dos ; on déplaca ainsi 
la canule, qui fu’ amenée à l'ouverture trachéale, où on put 
la saisir et l’extraire avec des pinces à polype. Quinze jours 
après le malade quittait l'hôpital avec une nouvelle canule. 





CAS DE GUÉRISON COMPLETE APRÈS ABLATION DU CORPS D'UNE 
VERTEBRE CERVICALE, par W. OGLe. (The Lancer, 20 janvier 
1872.)—IL s’agit d’un homme qui, souffrant de la gorge de- 
puis plusieurs mois, se présenta à la consultation de St. Georges 
Hospital ; on trouva en l’examinant une portion osseuse à nu 
au font du pharynx: mais il en souffrait si peu qu'on ‘ne 
put le décider à entrer à l'hôpital. Néanmoins, son atten- 
tion une fois attirée de ce côté, il prit l'habitude de remuer 
ce séquestre avec les doigts ; il finit par l'ébranler ; puis par 
l'enlever luiméme- Après macération, on reconnut que la 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 327 


pièce osseuse éliminée était formée par le corps d’une ver- 
tèbre cervicale et une petite portion du corps d’une seconde. 

Après être venu plusieurs mois à la consultation, le mala- 
de se décida à entrer à l’hôpital ; on le plaça sur le .dos, la 
tète maintenue fixée, et on lui fit conserver cette position 
pendant six mois. Dans cet intervalle, il expectora à plu- 
sieurs reprises des parcelles osseuses et des portions de fibro- 
cartilage. On obtint une cicatrisation complète, et aujour- 
@hui, au bout de deux ans, cet homme supporte les plus ru- 
des travaux de la vie de ferme. Il n’y a pas la moindre dé- 
formation du cou et il n’y a aucun autre symptôme anormal 
qu’un peu de raideur dans la rotation de la tête. 





Corps ÉTRANGER ÉLIMINÉ A TRAVERS LA PAROI ABDOMINALE.— 

M. LUND a présenté à la Société médicale de Manchester, 
dans la séance du 6 décembre 1871, un couteau à dessert 
long de six pouces qui avait été avalé par une dame pendant 
un accès d’alcoolisme, et qui s’est éliminé neuf semaines 
après par un abcès de la paroi abdominale. Il sortit au ni- 
veau de l’ombilic, à un pouce à sa'droite ; la pointe du cou- 
teau était dirigée en avant, en bas et à droite. La lame était 
recouverte d'une incrustation noiratre, et il y avait un peu 
de matière glutineuse à l'endroit où avait di être le manche. 
La cicatrisation fut rapide.—Brit. Med. Journal, 3 fév. 1872. 





MOYEN DE COMBATTRE LA CONTRACTION MUSCULAIRE DANS LES 
TENTATIVES DE RÉDUCTION DES FRACTURES ET DES LUXATIONS.— 

Tout le monde connait la résistance que la contracture 
musculaire apporte a la réduction des luxalions et des frac- 
tures avec déplacement des fragments. Pour éviter les diffi- 
cultés qui proviennent de ce fait, on a conseillé d’opérer la 
réduction le plus tôt possible, pour profiter de l'état de 
stupeur où se trouve l'économie aux premiers moments après 
l'accident. C'est pour venir à bout de cette contracture 
qu'on a recours à l’anesthésie. M. Broca a imaginé un 
moyen qui n’a pas les inconvénients de l'éthérisation, c'est 
la compression de l'artère principale du membre lésé. En 


328 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


bien des circonstances l’arrêt de la circulation dans l’'humé- 
rale ou dans la fémorale empêche de se contracter les muscles, 
qui se trouvent ainsi privés de l’afflux du sang artériel néces- 
saire à l’exereice de leur fonction ; et, grâce à cette pratique, 
M. Broca a fu maintes fois éviter d’en venir à l'anesthésie. 





ÉTUDE CHIMIQUE ET PHYSIOLOGIQUE SUR LE TABAC A FUMER, Par 
les docteurs Vout, ET. EULENBERG.—A quel principe doit-on at- 
tribuer l’influence fâcheuse du tabac sur la santé ? Est-ce à: 
la nicotine, comme le veut une opinion généralement ré- ~ 
pandue. Telles sont les questions que le travail de MM. 
Vohl et Eulenberg est appelé à résoudre. Ces physiologistes 
ont, dans une première partie, déterminé la composition 
chimique du tabac à fumer et du tabac à chiquer et à priser ; 
dans une seconde partie, ils ont recherché quels sont les pro- 
duits de la combustion du tabac à fumer, et dans la troisième 
partie, ils ont décrit les effets physiologiques produits sur les 
animaux par les bases qu'ils ont trouvés dans la fumée du 
tabac. Voici le résulat de ces recherches. 

Le tabac. à fumer contient toujours de la nicotine, quelque: 
fois jusqu'à quatre pour cent et plus; les tabacs à chiquer et 
à priser ne contiennent que des quantités extrêmement faibles 
de cet alcaloide, de sorte qu’il est très-douteux que ces deux 
dernières espèces de tabac puissent empoisonner par la nico- 
tine. On ne connaît, du reste, aucun exemple d’empoisonne- 
ment par cet agent. 

Parmi les produits fournis par la combustion de cigares et 
d’urr bon tabac à fumer, les auteurs ont trouvé de l'oxygène, 
de l'azote, du gaz des marais, de l'acide carbornique, de 
l'hydrogène sulfuré, de l'acide cyanhydrique et parfois de 
l’acide sulfocyanique, di à l’action de l'hydrogène sulfuré 
sur l'acide cyanhydrique.—Au nombre des corps non gazeux, 
ils trouverent de l'acide formique, de l'acide acétique, méta- 
cétique, butyrique, valérique et phénique, de la créosote, 
peut-être aussi de l'acide caprylique et de l'acide succinique, 
ce dernier provenant de la fermentation de l'acide malique, 
bien connu pour exister dans la plante verte du tabac, Ils 


- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 329 


trouvèrent aussi un produit hydrocarboné solide ayant pour 
formule C 19 H 18 et un produit hydrocarbonné liquide de 
la série des benzols. Le principal intérét des travaux de 
MM. Vohl et Eulenberg réside dans les substances basiques 
qu’ils obtinrent par la distillation du tabac à fumer. Ils ne 
trouvèrent aucune trace de nicotine ; ainsi furent confirmées 
les expériences de Zeise et infirmée l'opinion presque clas- 
sique qui attribue à la nicotine les effets physiologiques de 
la fumée de tabac. 

= En dehors de l’ammoniagque, les principes basiques en 
question appartiennent tous aux séries du picolin ou du py- 
ridin, substances qui se forment pendant la distillation du 
bois et de divers végétaux. Ces bases forment des séries 
homologues bien définies dont voici quelques termes : pyri- 
din C 5 H 5 Az; picolin C 6 H 7 Az; lutidin C 7 H 9 Az; 
collidin C 8 H 11 Az. Ces substances ont été rencontrées en 
quantité assez considérable dans les produits de la distilla- 
tion du tabac ; en moindre quantité les auteurs ont trouvé les 
composés suivants : parvolin C 9 H 13 Az ; coridin C10 H 15 
Az ; rubidin C 11 H 17 Az ; viridin C 12 H 19 Az. La mé. 
thylamine ne figure pas au nombre des substances trouvées 
par MM. Vohl et Eulenberg ; ils n'ont trouvé l'éthylamine 
qu’en tres-petite proportion. 

Les recherches physiologiques que les auteurs ont entre- 
prises avec les différentes bases de la série du pyridin ont 
démontré que parmi ces bases cellesdont le point d’ébulli- 
tion est au dessous de 160° €. tuent les pigeons en provo- 
quant chez eux des spasmes tétaniques et des convulsions, et 
que celles dont le point d’ébullition est entre 160° et 250° c. 
produisent sur les pigeons et les cochons d’Inde de l’irrégu- 
lari‘é des battements du cœur, des spasmes toniques et clo- 
niques, des convulsions et la mort. Des résultats tout à fait 
semblables ont été obtenus au moyens des mémes corps alors 
méme qu'ils provenaient d’une autre source que de la distil- 
lation du tabac. Ainsi, les effets de la fumée du tabac doi- 
vent être attribués, non à la nicotine, mais au pyridin et aux 
différentes bases de cette série. 


330 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


De mème, ce n’est pas à la daturine qu’il faut attribuer les 
effets de la fumée du datura stramonium ; les auteurs aussi 
sont portés à attribuer les pernicieux effets de la fumée de 
l’opium, non à la morphine, mais au pyridin et au picolin, 
que l’analyse démontre dans les produits de la distillation de 
l’opium ainsi qu'aux différentes bases de ces séries.—{#edical 
Times and Gazette, septembre 1871.) 





INFLUENCE DU DÉFAUT DU CHLORURE DE SODIUM DE L’ATMOS- 
PHÈRE SUR LE DÉVELOPPEMENT ET LA PROPAGATION DU CHOLÉRA, 
par le docteur S. WarEermaN, de New-York.—-L’auteur pense 
qu’une certaine quantité de chlorure de sodium dans l’atmos- 
phère est nécessaire à la vie, que les propriétés antiseptiques 
de ce sel sont bien faites pour prévenir la contamination des 
différents milieux (eau, terre ou air.) et qu’un défaut dans 
les proportions de cette substance normalement répandue 
‘dans l'atmosphère doit favoriser le développement et la pro- 
pagation des maladies infectieuses, telles que le choléra, le 
typhus et autres affections contagieuses. . 

Le docteur Peters conteste ces assertions ; il fait remarquer 
que :e choléra traverse la mer en dépit de leur atmosphère 
fortement chlorurée ; il fait observer aussi que l'épidémie ne 
respecte pas non plus certains points de la Russie, les bords 
de la Mer Noire, par exemple, où abondent des limons salés 
et où le sel de cusine est entassé en amas de plusieurs mil- 
liers de quintaux, 


Le docteur Waterman répond a ces objections dans le tra- 
vail que nous analysons; il maintient sa thèse première et il 
fait remarquer à l’appui de son dire que, pour agir avec effi- 
cacité, le chlorure de sodium doit être non pas réuni en 
grandes masses, comme dans les limons salés dont on a par. 
lé, mais réduit en fines particules et répandu en fines pous- 
sières dans l'atmosphère. En cet état, il suffit à empêcher 
l’éclosion du choléra, car si l’on a vu le choléra traverser 
les mers ou les pays russes en compagnie de charretiers char- 
gés de transporter les sels, jamais on ne l’a vue naître sur 
mer ou prendre naissance dans les pays à marais salées. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 331 


Enfin, il faut savoir que les heureux effets des atmosphéres 
salés peuvent étre contre-balancés et méme détruits par diver- 
ses causes d’insalubrité ; c'est ainsi que la malpropreté, l’en- 
combrement et la saleté de certains ports de mer expliquent 
l'invasion de la maladie, malgré les conditions favorables 
que leur crée le voisinage de la mer et son chlorure de so- 
dium ; c’est ainsi encore qu’il n’est pas rare de voir le cholé- 
ra éclater dans certaines localités après les périodes plu- 
vieuses, c’est-à-dire lorsque l’atmosphère a été fortement la- 
vée par les pluies et débarrassée du sel de cuisine qu'elle 
renfermait et qui, jusqu'alors, avait été un préservatif suffi- 
sant. | 

L'analyse spectrale, en permettant de reconnaître la ri- 
chesse d'une atmosphère en chlorure de sodium, est donc ap- 
pélée à rendre de grands services à l’hygiéniste ; elle le ren- 


seiguera sur le dégré plus ou moins élevé des propriétés 
anti-fectieuses de cette atmosphère. (The Medical Record, 15 


janvier 1872.) 





DE L'INTERVENTION CHIRURGICALE DANS LA GROSSESSE EXTRA} 
UTERINE.—Une discussion intéressante a eu lieu sur ce sujet 
à la Société obstétricale de Londres, séance du 6 décembre, 
à l'occasion du fait suivant, rapporté par M. AcrRED Mgapows. 
Il s’agit d'une femme de 21 ans, entrée dans son service à 
l'hôpital des femmes, pour une grossesse lextra-utérine qui 
avait été précédemment diagnostiquée : l'abdomen était au 
moins aussi volumineux qu’au terme d’une grossesse ordinai- 
re, bien que celle-ci ne fût encore qu'à six mois et demi ; on 
attendait les bruits du cœur foetal. Une semaine après son 
entrée, la femme présenta tous les symptômes de collapsus 
qui accompagnent une hémorrhagie interne, et mourut. Le 
fœtus fut trouvé libre dans la cavite abdominale ; il était 
simplement uni par le cordon ombilical à une masse placen- 
taire insérée sur l’orifice frangé de la trompe. Au sujet de 
ce fait, M. Meadows propose d’avoir plus souvent recours à 
la gastrotomie dans des cas de ce genre, moins dans le but 
de sauver l'enfant ou de secourir la femme quand le collap- 
sus est produit, que dans le but de prévenir le collapsus, et, 


332 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


en somme, de faire l’ablation de la tumeur aussitôt qu'on aura 
pu arriver à porter le diagnostic exact Il pense que, dans 
des cas analogues à celui qu'il vient de relater, et dans cer- 
tains autres peut-être, il ne serait pas nécessaire d'enlever la 
masse placentaire, celle-ci pouvant être résorbée consécutive- 
ment. | 

Dans la discussion qui suit, M. Protheroe Smith se dit par- 
tisan de la gastrotomie dans des cas de ce genre, mais insiste 
sur la difficulté du diagnostic ; voyant que presque toujours 
la grossesse extra-utérine est suivie de mort il pense que, 
même dans la grossesse tubaire à ses débuts, toute interven- 
tion opératoire qui donnerait quelque chance de sauver la 
vie de la mère devrait être regardé comme un devoir. M. 
Graily Hewett croit que la gastrotomie doit être faite quand 
lhémorrhagie par rupture menace d'amener la mort; mais 
il rappelle la grande difficulté du diagnostic, et fait observer 
qu'un certain nombre de grossesses supposées tubaires sont, 
comme l'a démontré Kussmaul, des grosseses développées 
dans un utérus bicorne, et que ces cas abandonnées à eux- 
mémes out souvent une terminaison favorable. 


M. Spencer Wells établit, au point de vue des indications, 
une différence entre les cas où une femme est menacée de 
mort par une hémorrhagie dans le péritoine et ceux où la vie 
n'est pas en danger immédiat, bien que l'existence d’une gros- 
sesse extra-utérine ne soit pas douteuse : dans le premier cas, 
le devoir du chirurgien est de tout essayer pour sauver sa 
malade ; dans le second, il faut tenir compte de ce fait que la 
terminaison spontanée de la grossesse extra-utérine n’est pas 
très-rare ; le produit de la conception peut séjourner pendant 
plusieurs années dans l’économie sans nocuité, ou bien être 
éliminé par le rectum, le vagin ou la paroi abdominale. M. 
Greenhalg partage l'opinion de M. Meadows sur l'utilité de 
la gastrotomie, et pense qu'elle jprocurera souvent plus de 
chances favorables à la malade, que si, en laissant se déve- 
lopper le fœtus et ses enveloppes, on l’expose à la rupture du 
kyste et à une hémorrhagie interne, qui peut-être fatale. M. 
Braxton Hicks fait observer de son côté que le plus souvent 





L UNIOY MEDICALE DU CANADA 333 


on ne diagnostique la grossesse extra-utérine qu'après l’appa- 
rition de symptômes graves, et que, si l’on veut relire les faits 
publiés, on verra quelles difficultés on a rencontrées en ten- 
tant l’ablation du fœtus par la gastrotomie : adhérences de tou- 
tes parts, développement considérable du système vasculaire 
et hémorrhagies graves et difficiles à arrèter qui en décou- 
lent. (Med. Times and Gazette, 6 janvier!872), 





EMPLOI DES BAINS TIÈDES DANS LA PETITE VEROLE—par le pro- 
fesseur SToxes, de Dublin.—L’auteur conseille l'emploi pro- 
longé du bain tiède dans ces cas de varioles confluentes qui 
s’accompagnent de larges décollements épidermiques avec 
odeur fétide et état général grave ; c'est, suivant lui, un 
moyen souvent héroique auquel beaucoup de malades ont 
dù la vie. Voici un cas qu'il cite à l’appui : 

Il s’agit d'un homme atteient d'une variole extrêmement 
confluente presque sur toute l'étendue du corps ; la surface 
cutanée n'était plus qu’une plaie comme une large brûlure 
ulcérée ; en quelques points la peau avait un aspect noi. 
râtre di à des suffusions sanguines : la variole était hémor. 
rhagique et l'odeur était extrêmement fé¥de et repoussante ; 
le pouls était rapide, faible et intermittent, et depuis plusieurs 
jours le malade était condamné. C’est dans de pareilles con- 
ditions que le bain tiède fut essayé. Le sujet y fut maintenu 
dans la position couchée, au moyen d’oreillers. L'effet pro- 
duit fut instantané et merveilleux. Le délire cessa d’une 
manière magique et le malade exprima avec transport le 
bien-être qu’il éprouvait en demandant pourquoi on n'avait 
pas employé plus tôt ce moyen. La fétidité disparut complè- 
tement, si bien qu'en entrant dans la salle on ne se serait 
pas douté qu’il y avait là un varioleux. 


On laissa le patient sept heures au bain, temps pendant 
lequel on lui administra du brandy jusqu'à commencement 
de quelques symptômes cérébraux. Au sortir du bain, la 
peau était propre et les ulcérations d’un bon aspect. Les 
choses fureut répétées le lendemain, et alors, pour la pre- 
mière fois, le malade put dormir tranquillement. A partir 


334 L'UNION MEDICALE DU CNADA. 


de ce moment la guérison s'établit progressivement, enrayée 
seulement par des abcès et de grandes douleurs dans les pieds. 

M. Stokes dit que, pour tout médecin un peu versé dans 
le pronestic de la variole, ce malade était mort sansle bain 
tiède ; il recommande donc fortement ce moyen 3 il est inof- 
fensif et les services qu’il rend sont indubjtables. Hébra, à 
l’hôoital de Vienne, a prolongé chez certains sujets le bain 
tiède pendant une centaine d'heures d’une manière continue | 
et avec les meilleurs résultats. 

Le Dr Stevens, de Plymouth, conseille aussi le bain tiède, 
mais il le rend désinfectant en y ajoutant du chloralum 
(chlorure d’aluminium) ; il y laisse les varioleux un quart 
d’heure pendant trois jours de suite, et il emploie ce moyen 
après la guérison au moment où les malades vont quitter 
l'hôpital, dans le but d'empêcher qu’ils ne transportent la 
maladie avec eux et ne la répandent au dehors. . 

Le médecin de l’hôpital de Plymouth emploie beaucoup 
aussi les désinfectants comme moyen curatif ; il donne à 
l'intérieur le sulfate .de soude toutes les quatre heures, et à 
l'extérieur il fait des lotions au chloralum, puis à l'huile d’o- 
live phéniquée ; ces onctions, outre léur action désinfectante, 
ont aussi un heureux effet contre les démangeaisons et une 
action adoucissante sur les parties enflammées de la peau.— 
(British méd. Journal, févr. 1872.) 


ACADÉMIE DES SCIENCES.—M. Feltz établit par de nouvelles 
expériences que par l'intermédiaire du tissu médullaire des 
os on peut introduire à volonté toute espèce de substance 
liquide ou en suspension moléculaire dans le système vei- 


nex, 
Les substances septiques et les alcaloides toxiques, injectés 


dans le tissu spongieux des os sur le vivant, sont absorbés et 
agissent aussi viteque si on les introduisait directement dans 
les veines. 

Le pus, le lait et les poussières fines, de quelque nature 
qu’elles soient, organiques ou autres, passsent dans le sang 
et les organes splanchniques aussi facilement que si on les 
injectait directement dans le système veineux. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 235 


L'examen anatomique et l'étude histologique des pièces dé- 
montrent, suivant M. Feltz, que les lacunes osseuses du tissu 
spongieux des extrémités articulaires des os longs et de la 
substance intertabulaires des os plats sont en connexion 
directe avec le système veineux, et que le tissu spongieux 
pourrait être considéré comme un tissu de sinus caverneyx 
à parois solides. 





NOTES SUR UNE ÉPIDÉMIE DE VARIOLE ; PAR M. BLANCHARD, 1N- 
TERNE DES HOPITAUX.—Dans les premiers jours du mois de 
janvier dernier, j'arrivai à Boudry, dans le canton de Neu- 
châtel (Suisse). La ville est peuplée de 1,500 habitants envi- 
ron, dont la plupart sont cultivateurs ou propriétaires de vi- 
gnobles ; les habitations sont peu élevées et ne contiennent 
en général qu’une famille—Au printemps de 1871, comme 
dans toute cette partie de la Suisse, la variole fut apportée à 
Boudry par l’armée de l'Est, et y fit de nombreuses victimes ; 
dans cette épidémie, les complications graves avaient été 
très-fréquentes, sans que le nombre total des cas eût été con- 
sidérable (15 à 18). 


Depuis plusieurs mois, aucun cas ne s'était déclaré ; mais 
dans les vallées du Jura, et surtout dans le val de Travers, 
la variole continuait à sévir, sans cependant prendre une 
grande intensité. —Au milieu de décembre 1871, un ouvrier 
descendit de Noiraigue (val de Travers) et vint travailler à 
Boudry, où il ue tarda pas a succomber à une variole hé- 
morrhagique. Quelques jours plus tard, la fille d’un de ses 
compagnons de travail, puis le père de cette jeune fille furent 
atteints, et, à mon arrivée (9 janvier), les varioleux de la lo- 
calité étaient au nombre de six. Du 15 au 20 janvier, onze 
nouveaux cas furent constatés, et la commission de salubrité 
publique, effrayée par cette rapide extension, prit alors les 
Inesures prescrites par la loi (1). Cette commission est nom- 





(1) Conseil d’Etat du canton de Neufchâtel, loi du 23 mai 1871 ; elle 
était dirigée contre l'épidémie de variole qui venait alors d’éclater ; elle 
se compose de vingt articles renfermant des détails nombreux et très-mi- 
nutieux relatifs à la prophylaxie de la maladie. 


336 L'UNION MEDICALE DU CANADA, 


mée par le gouvernement cantonal et chargée, de conce x°£ 
avec l'autorité locale, de faire exécuter les mesures de police 
sanitaire, spécialement dans les cas d’épidémie de variole. 

Ces mesures sont : 1° la séquestration comglète des habz— 
tants de la maison infectée. Sur la porte, on place un écri— 
taux portant les mots : pelile vérole,— et toutes les personnes 
qui y séjournent ne peuvent avoir avec les autres habitants 
que les rapports indispensables. Les enfants de la maison 
cessent de fréquenter l’école, et les adultes quittent momen- 
tanément les ateliers où ils travaillent. La séquestration 
n'est levée que sur une déclaration du médecin constatant 
que l'individu est désormais incapable de devenir un agent 
de contagion ; 


20 La création d'un lazaret est nécessaire pour assurer, 
dans tous les'cas, l'isolement des varioleux ; on y transporte 
les malades qui, dans leur logement, re pourraient être soi- 
gnés convenablement ou suffisamment isolés ; 


80 La vaccination ou la revaccination est prescrite à tous 
les habitants d’une maison infectée, s'ils ne prouvent avoir 
été vaccinés avec succes dans les sept années précédentes ; 

40 Après la guérison du malade, il prend des bains ou au | 
moins fait de nombreuses lotions au savon.—Les vêtements, 

Jes pièces de literie sont soigneusement lavés et désinfectés ; 
les murs de l'appartement sont blanchis, les boiseries et les 
planchers lavés avec un liquide désinfectant ; 





5° Tous les soins à donner aux varioleux doivent, autant 
que possible, être confiés à des personnes à l'abri de la con- 
tagion.—La commune supporte les frais et les pertes que ces | 
mesures occasionnent aux indigents, 


Grâce à la stricte exécution de ce règlement, l'épidémie ne 
tarda pas à décroître, et tous les cas nouveaux qui survinrent 

éclatèrent dans des maisons déjà infectées, —quatre, dans des | 
logements peu salubres qui avaient à peine été nettoyés 

après la guérison d’un premier varioleux. 

| 

| 


L’épidémie s’était étendue en dehors de la ville, dans quel- 
ques hameaux voisins et dans des fermes isolées ; mais j'ai 


Cry” 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 337 


spécialement étudié, jour par jour, sa marche dans un quar- 
tier de la ville où se manifestérent 29 cas de variole.—et c’est 
seulement à cette fraction de l'épidémie que se rapportent 
les chiffres que je cite dans ces notes.—Tous les individus 
avaient été vaccinés, à l'exception d’un seul; presque tou- 
jours, j'ai pu reconnaître la source de la contagion : en gé- 
néral, le sujet atteint avait séjourné plus ou moins longtemps 
dans un cabaret auprès de quelque individu fréquemment 
en rapport avec un malade. Aussi, 18 fois sur 29. le sujet 
fut-il un homme adulte, et 4 fois seulement une femme, fut 
elle frappée la première dans une maison jusqu'alors indem- 


ne. 


Sur les 29 varioleux. 5 furent atteints de variole hémor- 
rhagique : deux d’entre eux succomberent au quatrième 
jour de l’éruption, et un troisième le premier jour, Chez ce 
dernier, les prodromes furent fort graves et à marche insi- 
dieuse ; puis, quand apparurent les premières papules, toute 
la surface de la peau se couvrit de pétéchies excessivement 
confluentes ; dans les conjonctives survinrent de larges. suf- 
fusions sanguines, et par l’urèthre se fit une hémorrhagie 
assez abondante ; la mort survint dix heures plus tard.— 
Deux autres varioleux présentèrent les phénomènes hémor- 
rhagiques ; l’éruption avait les caractères d’une varioloïde 
très confluente, les pustules avaient un aspect acnéiformes, 
étaient petites, entourées d’une auréole d’un rouge sanglant, 
et se desséchaient très rapidement ; des hémorrhagies exces- 
sivement abondantes se produisirent par le nez et par les 
bronches ; —ces derniers malades guérirent. 


Six fois la variole fut très confluente, et l’un des malades 
non vacciné, âgé de 72 ans, succomba ; un enfant de dix ans, 
sur lequel six ans auparavant on avait pris du vaccin pour 
l’inoculer à d’autres enfants (inoculations suivies de succès), 
présenta une éruption confluente de larges pustules varioli- 
ques, ombiliquées, dont quelques-unes avaient presque un 
centimètre de diamètre. 


Trois fois avant l’apparition des papules varioliques, j'ai 
4 


338 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


observé une éruption anormale, scarlatiniforme (rash), qui 
disparut rapidement pendant la période d’éruption réelle. 

Enfin, trés-souvent, dans les cas graves, j'ai vu sur les 
membres inférieurs un certain nombre de pustules se rem- 
plir d’un liquide hémorrhagique, et même parfois se réunir 
pour former une large bulle violacée,—sans cependant que la 
terminaison dit être fatale. 

Cette épidémie a donc présenté certains caractères parti- 
culiers : sa naissance et son extension, dues uniquement à 
la contagion ; —une grande diversité dans la forme de l’é- 
ruption ; —un nombre de cas graves assez considérable pro- 
portionnellement à l'étendue de l'épidémié et au nombre des 
malades vaccinés (28 sur 29) ; —une mortalité supérieure à 
la moyenne (13 pour 100). 

Enfin, un fait m'a semblé digne de remarqne : c'est la ra. 
pide extinction de l'épidémie sous l'influence de la séques- 
tration absolue et des revaccinations ; en effet, le premier 
cas se déclara au millieu de décembre et contagionna 28 
personnes d'une manière plus ou moins directe, et, le 24 
février, il restait dans la ville un seul varioleux en voie de 
guérison. 





NAISSANCE. 
A Laprairie, le 25 juin, la Dame du Dr. S. A. Longtin, un fils. 


TABLE DES MATIÈRES. 


Mr. le Dr. Brosseau.......…...... .....… eme secceaeeseerecescseeees 291 
L'acte médical projeté, Dr. J. P. Rottot.......... eocccvessceees 294 
Du chloral.........c.cssccccssssvessssssessssssssssecesceeeessseves woeees 300 
L'acte médical projeté, Dr. Léonard Age. Fortier .......... 319 
Du courant galvanique comme moyen de résorption...... 319 
Traitement du bubon se eccceesceerecsens sateeeeseeeeeneee fesseeens vee 921 
Guarana pour la mal de tête... eve esascoscesonse en 324 
La digitale comme anti-aphrodisiaque..............csseecseeee S20 
Vapeurs amestésiques.......... .….............. Lesososoes eoeeee eos. 329 
Canule à trachéotomie détachée........ so eceeecncersenccesceseencs 325 
Cas de guérison complète après ablation du corps, etc.... 326 
Corps étrangers éliminé, etc.............seccsscssceees sons oo. 327 


Moyen de combattre la contraction musculaire............... 327 
Etude chimique sur le tabac à fumer... 328 
Inflnence du défaut du chlorure de Sodium, etc ............ 330 


De l'intervention chirurgicale, etc ........... PETEDETE TETE EEE . 331 
Emploi des bains tièdes dans la petite vérole................. 333 
Académie des sciences... seserees ms. 334 
Notes sur une épidémie de variole............ RE 335 





On s’abonne a l'Union Médicale au Bureau de La Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


WM.R. WARNER & Cie. 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules reconbertes en sucre, 


154, Rue North third, 
PHILADELPHIE. 


Expédiées par la malle sur le reçu du prix du cata- 
dogue. . 
Pilulesilodoform ét Ferri de Warner. 


Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n'ac- 
De q ceptez aucun substiut de qualité inférieure.) 


Pilules sont untonique ct an’ siterant uissant, recommau- 
Ces Pilul Stoniq: P 


SCROFULE, L'ANEMIE LA ETRE ul 





Nous faisons une mention spéciae de cox Pitules ag not nôtre mat , 
lounge feria it ut ea oni cate tise 7 hala 


™ bague bo eee Diane ia formate el la dose. Il n'y a rien de secret. 
PRIX 33 25 PAR 100. 


dessous a court extrait d'un rapport de le société médicale à 
Le" dPnROES SNS dans Les transactions di sb aut ge ect cin on DTA 


wat Sa aa 
ile gtnkonre males cle jé: 
DER PET 
rile ue 
io 3 tord 
ea aan ve 
se aC Ber anaes 
br ia patiente 
a gas cone DE 
A et l'autre de quatre ans aves le 
— feo, Prés. du Comité de Senté. 


Expédites par la malle sur le reçu du prix du catalogue. 
PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centième de grain. Ext. NOIX TOMIQUE un quart de grain, 


PRIZ $2.00 PAR CENT. 








~ gartout ae 
hes 


18 forme 46 


aolgriée 
Perou 
radmin 
gin pope 
Terre 


A VENDRE EN GROS SEULEMENT PAB 
&EERRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien en Gros.—Montreal. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 





Rédacteur on Chef: | { Assistonts-Rédacteurs: 
A DAGENAIS, M, D. 
J. P. ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M. D 





“Vol. 1. AOUT 1872. No. 8 








L'ACTE MEDICAL PROJETÉ 


L 1er. Août 1872. 

M'étant élevé si fortement contre le pouvoir que possèdent 
les Universités d'examiner les aspirants à l'étude de la méde- 
cine, il semble tout naturel que je doive aujourd’hui m'op- 
poser au privilége qu'ont ces mêmes Universités d'examiner 
les aspirants à la pratique de la médecine, et de leur accorder 
un diplôme qui leur donne droit à la licence du Collége des 
Médecins et Chirurgiens : car s’il n’est pas prudent de laisser 
l'examen classique entre les mains des professeurs, il ne doit 
pas Pétre plus de leur laisser examen médical. Dans l’un 
comme dans l'autre cas on doit croire, au moins à première 
vue, que la Société Médicale et le public sont exposés aux 
mêmes dangers et doivent avoir les mêmes craintes. 


Je crois cependant que si l’on réfléchit un peu, si l’on exa- 
mine la question avec attention, on doit arriver à une con- 
clusion toutà-fait différente ; on devra se convaincre qu'il 
est, au contraire, de l'intérêt de la science, du corps médical, 
et du public, de laisser aux Universités le droit d'examiner 
leurs élèves sur la science médicale et de leur conférer un 
diplôme qui leur donne droit à la licence sans autre examen. 


342 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Le problème que lon a à résoudre dans ce moment, c’est 
d'élaborer une loi de médecine qui puisse faire disparaître 
les abus de l’ancienne, et mettre la profession sur un pied 
plus élevé, sans nuir le moins du monde aux intérêts des 
Universités. 

D'abord, qu'est-ce que l’on doit considérer comme étant 
absolument nécessaire, indispensable, pour relever le niveau 
de la Profession Médicale ? C'est certainement l'éducation. 
Ce que l’on doit craindre le plus, ce que l’on doit chercher à 
éviter à tout prix, c'est l'ignorance. Voilà pourquoi il est si 
important de priver les Universités du droit de faire l'examen 
classique des aspirants à l’étude de la médecine. 


L'expérience en effet nous a démontré que cet examen est 
loin d’être sérieux ; que bien souvent même, on a permis aux 
élèves de commencer l'étude de la médecine, on leur a 
laissé compléter leur cours, et on ne leur a fait subir leur 
examen classique que quelques instants seulement avant leur 
examen médical : Véritable farce, tour-à-fait indigne d’un 
oorps enseignant. Ce privilège, en donnant aux Universités 
la faculté de se faire des élèves, laisse la profession tout-à- 
fait sans protection. Mais en donnant au corps médical seul 
le droit d'examiner les élèves sur leur éducation préliminaire 
et de les admettre à l'étude de la médecine, nous nous assu- 
rons Ja protection la plus ample possible, sans mettre le 
moiadse obstacle à la prospérité des Universités. 


Neus pourrons être certains, qu’à l'avenir, nous n’aurons 
pour médecins que des hommes possédant une bonne éduca- 
tion classique. Mais l'éducation classique seule ne suffit pas ; 
il faut de plus une bonne éducation médicale ; et me dira-t- 
on, ne serait-il pas plus logique, afin de rendre notre protec- 
tion plus complète, de nous réserver encore le droit d’exami- 
ner les élèves sur la médecine. Cet examen est très impor- 
tant. Pourquoi les Universités n’en abuseraient-elles pas 
comme de l’autre. N’avons-nous pas raison de craindre qu’elles 
accorderont leurs diplômes à des hommes ne possédant pas 
les connaissances médicales suffisantes ? Je ne le crois pas 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 343 


Si on laissait aux Universités le droit d'admettre les élèves 
à l'étude de la médecine, je comprends qu’il serait extrême. 
ment dangereux de leur donner le droit de les admettre à la 
pratique ; on peut être convaincu que pas un seul ne serait 
refusé quelque fut son incapacité. Mais si on leur enlève 
le premier périvilge, je ne vois pas à quel grand danger on 
s'expose en leuxlaisant le second. Il n’est pas probable en effet, 
que ies jeunes gens instrr'its, en état de comprendre toute la 
beauté, et tout ‘importance de la science médicale, capables 
d'apprécier la position honorable que cette profession devra 
leur procurer dans le monde, abandonneront, tout à coup 
leurs anciennes habitudes de travail, et leur amour pour la 
science. Ceci est à craindre seulement pour ceux qui n’ont 
pas une éducation suffisante. Et si l’on interrogeait les Pro- 
fesseurs, ils seraient unanimes à nous dire qu’ils n’éprouvent 
du désagrément dans ces examens qu'avec ceux dont l'édu- 
cation première fait défaut; que ceux qui on fait un cours 
d'étude complét ne se présentent jamais sans être bien pré- 
parés, et leur examen leur cause toujours beaucoup de satis- 
faction. Au reste, s’il y avait malheureusement quelques 
rares exceptions, le mal ne serait pas sans remède ; car il 
sera toujours facile pour un homme instruit de compléter plus 
tard son éducation médicale, que les égarements de la jeu- 
nesse lui auront fait négliger. De plus il ne faut pas oublier 
que le Bill nous donne le droit de faire les règlements rela- 
tifs à l'instruction médicale. Nous devrons par conséquent 
avoir un contrôle sur les Universités, nous pourrons exiger 
qu’elles donnent le nombre de lectures et de cours voulu, 
qu’elles possèdent des bibliothèques, cabinets de physique, 
hôpitaux, enfin tout ce qui est absolument nécessaire pour 
donner aux élèves une éducation médicale aussi complète 
que possible. Nous pourrons par conséquent toujours refu- 
ser notre licence, s’il y a lacune quelque part, c’est-à-dire, si 
ces Institutions ne remplissent pas les devoirs que la loi leur 
limpose. De sorte que le danger de ce côté, s’il existe, est 
réduit à une si petite proportion que nous n’avons pas la 
moindre raison de le redouter 


344 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


La réaction qui se fait en ce moment contre les Universités 
ne doit pas aller trop loin. Sous le ‘prétexte qu’elles sont 
trop puissantes, il ne faut pas les mettre complétement sous 
la dépendance d’une autre institution, elle-même tout-à-fait 
indépendante et irresponsable. Rappelons-nous que ce qui 
arréte toujours le progrès, ce qui tue en tout et partout, c’est 
cette concentration extraordinaire de pouvoirs dans un corps 
sans contrôle, c'est ce cercle dans lequel°on enferme les 
hommes, cercle que l’on ne peut pas franchir, qui va conti- 
nuellement se retrécissant, et qui finit par vous étouffer. 
Nous devons tâcher de donner à chacun en particulier, à cha- 
que corpora‘ion, une juste proportion de pouvoirs et de pri- 
viléges afin que dans leurs sphères respectives,tous aient assez 
de liberté pour employer leurs talents, leur énergie au déve- 
loppement des arts et des sciences. 

Nous avons parmi nous plusieurs Universités, toutes éta- 
blies dans le but d’être utile à l'humanité. Elles forment 
des sociétés privées, ayant chacnne une existance à part, 
indépendante. Elles passèdent cet esprit de corps, ce senti- 
ment si naturel à l’homme, qui fait désirer la distinction, la 
gloire, elles font les plus grands efforts pour faire briller 
leurs institutions, pour les élever au premier rang. 


Mais pour faire apparaitre cette gloire, pour la faire voir 
au public, au monde ; pour lui donner un coprs, si je puis 
m’exprimer ainsi, il leur faut un symbole; et ce symbole 
c'est leur diplôme. C’est ce diplôme qui, rehausé encore par 
les talents de celui qui le possède, sera dans tous les temps 
et dans tous les lieux la preuve de leur existence, de leur 
mérite, et de la sceince éminente de leurs Professeurs. Pour 
l'élève, ce diplôme est encore quelque chose de plus: c’est 
la preuve de ses succès passés, c’est la couronne si bien mé- 
ritée, ce fut la cause d'une des plus pures jouissances de sa 
vie, c’est le talisman qui devra lui ouvrir l'entrée du monde, 
et le protéger dans sa nouvelle carrière ; relique sacrée qui 
établit entre lui et l'Université un lien indissoluble, qui les 
fait participer l’un et l’autre aux avantages et à la gloire de 
Pun et de l’autre : et vous briseriez tout cela? Non. Nous 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 345 


devons notre protection aux Universités. Les priver du pou- 
voir de donner des diplômes, c’est faire disparaître une des 
principales causes de leur émulation. Mais, dit-on, on ne 
veut pas leur enlever ce droit, on veut tout simplement que 
leurs élèves, après avoir reçu leurs diplômes subissent devant 
le conseil un nouvel examen pour obtenir leur licence. 


Suivant moi ceci revient au mème. Car à quoi sert un 
diplôme, si vous proclamez qu’il est sans valeur. Quel res- 
pect, quelle considération, les Universités étrangères auront- 
villes pour ce diplôme, quand vous-mémes vous le considérez 
si peu, que les élèves qui le possèdent ne sont pas jugés par 
vous dignes de votre licence. C’est mettre bien bas dans 
l'opinion publique les Professeurs de ces Universités. Croyez- 
vous maintenant qu’elles en distriburont beaucoup de ces 
diplômes ? On attache du prix à une chose qu’en proportion 
de sa valeur, qu’en proportion des avantages qu’on peut 
en retirer. Croyez-vous alors que les élèves se fatigueront à 
faire des thèses, subiront les inquiétudes d’un examen pour 
un diplôme qui sera mis de côté comme s’il n'existait pas. 
D'ailleurs pourquoi mettre votre licence au-dessus du diplô- 
me. Etes-vous un corps enseignant ? Est-ce vous qui avez 
pris ces jeunes gens par la main et qui leur avez fait parcou- 
rir le champ des connaissances médicales ? Vous ne les con- 
naissez seulement pas, vous ne les recevez même pas en corps. 
L'examen devra se faire par un comité de trois membres, 
payés pour cela. Vous vous en rapportez à leur opinion. 
Pourquoi un tel examen nous donne-t-il plus de garantie que 
lorsqu’il est fait en présence de tous les Professeurs d’une 
école Si les Universités ont le mérite de former des hom- 
mes utiles à la société, elles ont droit à la récompense et à 
l'honneur qui en découlent. 


Mais ce qni mie parait étrange, c'est qu'on accorde aux 
Université étrangères ces mêmes privilèges qu'on refuse aux 
nôtres : la XX XIIIe clause donne au conseil le droit d'accor- 
der la licence du collége aux élèves de ces institutions. sans 
examen. Nous devons penser que c’est par inadvertance 


346. LUNION MED:CALE DU CANADA. 


qu’on a poussé la générosité si loin; personne ne voudra 
croire qu'on désire favoriser ces Universités au dépens des 
nôtres. 

J. P. Rorror. 


CORRESPONDANCE PARISIENNE. 


Permettez MM. les Rédacteurs que je vous transmette une 
copie fidéle des observations que je recueille journellement 
dans les hépitaux de Paris ; si vous jugez 4 propos d’en faire 
part à vos lecteurs, j'en serai honoré. 

Je me plais à reconnaitre que les médecins et chirurgiens . 
des hôpitaux portent une attention particulière aux étrangers, 
ils s'empressent de répondre à leurs questions et même de 
leur donner des explications étendues touchant les cas les 
plus intéressants. 

Il y a continuellement ici un grand nombre d’Américains, 
de Grecs, d’Espagnols, d’Anglais, etc. auxquels les médecins 
et chirurgiens français donnent généreusement le fruit de 
leurs labeurs 

Je commencerai par l'Hôpital Larivoisière qui est le plus 
nouveau {il n'a été achevé qu’en 1853) il se compose de dix 
pavillons parallèles autour desquels sont des jardins où les 
malades peuvent se promener. 

Cet Hôpital est di à la générosité de Madame de Lariboi- 
sière qui lui a donné son nom. 

Les salles sont vastes et bien aérées. Le chauffage et la 
ventilation s’y font d’après les systèmes modernes. 

Cet hôpital contient 432 lits de médecine et 204 de chirur- 
gie. 


Les malades en chirurgie sont complétement séparés des 
malades en médecine ; ici les fonctions des médecins et des 
chirurchiens, sont aussi complétement distinctes. 


Le chirurgien qui soigne les malades dont je vais vous 
rapporter les observations est Mr. Verneuil, professeur à l’E- 
cole de médecine. (Ca M. vient d’être nommé professeur de 
clinique chirurgicale à l'hôpital, Ja Pitié ”). 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 347 


1ÈRE. OBSERVATION.—Un jeune homme de 25 ans est entré 
à l'hôpital il y a deux mois avec un testicule d’un volume 
considérable. Les antécédents de ce jeune homme, la forme 
et la consistance de cette tumeur rendaient le diagnostique 
difficile. Aussi ce n’est pas s’en hésitation que M. Verneuil 
déclara que c’était un testicule vénérien. Il le traita d’abord 
avec l’iodure de potassium, mais l’amélioration se faisait très 
lentement, l'association du mercure au premier médicament 
amena une diminution rapide du gonflement, et ce jeune 
homme sort ce matin de l’hôpital parfaitement guéri. M. 
Verneuil fait observer aux élèves que dans les cas de ce genre 
il faut tout essayer et avec persévérence avant d’ea venir à 
la castration. 


28ME. OBSERVATION.—Dislocation du pied, avec plaie et pro- ° 
trusion de l’astragale. 

La réduction ayant été essayée, sans succès, M. Verneuil se 
décida 4 faire la résection de cet os afin de conserver le pied 
du malade. 


Cette opération a réussi à merveille. Le pied n’est presque 
pas difforme et l'articulation tibiotarsienne jouit d’aumoins 
la moitié de sa mobilité normale. Il y a deux mois que ce 
malade est à l'hôpital. 


3ÈME OBSERVATION.—Extirpation de l'extrémité inférieure du 
rectum. Maladie epithelioma. 

Ce malade est aujourd’hui guéri, il ne lui reste localement 
aucune trace de son affreuse maladie. 

M. Verneuil fait remarquer aux élèves qu'il ne faut faire 
cette extirpation qu'avec l’Ecraseur de Chassagnac ou le gal- 
vano-eaustique, afin d'éviter les hémorrhagies si fréquentes 
lorsque l’on se sert d’instruments tranchants. 

De plus le malade résiste d'autant mieux à l'infection pu- 
tride et à l’érésipèle qu'il perd moins de sang. L’anus est 
remplacé par une large ouverture. 

4ME. OBSERVATION—Ablation du sein. M. Verneuil a fait 
dans ce cas une nouvelle application du pansement ouaté, 
(l'opération a eu lieu il y a à présent huit jours.) La plaie 


348 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


est remplie de granulations vermeilles, il n’y a eu ni inflam- 
mation ni douleur consécutives. 

A propos du pansement ouaté, M. Verneuil dit: ‘ Je consi- 
dère ce nouveau moyen de traiter les amputations dans les 
hôpitaux et surtout sur les champs de batailles comme un 
bienfait. Avec ce pansement nous pourrons en temps de 
guerre envoyer nos blessés à des distances considérables sans 
aucun inconvénient. 

5ME. OBSERVATION.—Coxalgie ancienne. Le membre est 
dans une position qui ne permet pas la locomotion. M. Ver- 
neuil fait le redressement et l’allongement forcés. Une frac- 
ture du col du fémur se produit (ce dont M. Verneuil avait 
prévenu les assistants). Le malade est mis dans l'appareil de 
M. Bonnet, de Lyon, qui donne aux articulations coxofemo- 
rales une immobilité complète. 


Apres deux mois, le malade se lève, il a une ankylose com- 
plète, pas de déviation, pas de raccourcissement du membre- 


6ME. OpsERVATION.—Fistule vesico-vaginale. Les chirurgiens 
ici opèrent ces fistules par la ‘ méthode américaine ” c’est-à- 
dire qu’ils font une ouverture longitudinale taillée en biseau 
et qu'ils évitent de perforer la muqueuse vésicale avec le fil 
métallique. 


Dans le cas actuel l'union des lèvres de la plaie n’a pas eu 
lieu parce qu'il est survenu un érésipèle et des ulcérations 
vaginales. L'opération sera recommencée dans quelque 
temps. 

La visite des malades terminée, M. Verneuil fait à l’amphi- 
théâtre, en présence des médecins étrangers et des élèves, les 
opérations suivantes : 


10. Un enfant de 6 ans avec un testicule tuberculeux. Ce 
testicule est au moins quadruplé de volume, il suppure de- 
puis quelques mois. 

Traitement local. M. Verneuil plonge dans ce testicule des 
fers rougis, qu'il laisse pour ainsi refroidir dans l'organe, il 
fait ainsi trois trous à 2 centimètres de distance les uns des 
autres. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 349 


Le but de ces cautérisations profondes est de déterminer 
une suppuration abondante et de débarrasser l'organe de la 
matière tuberculeuse qu'il renferme, ce qui vaut mieux que 
Ja castration. 

Traitement général, iodure de fer, huile de foie de morue. 

20. Un homme avec des fistules multiples à la région péri- 
néanale. Les unes communiquant avec le rectum, les autres 
s'étendant à la face interne et postérieure de la cuisse. 

M. Verneuil fait la section‘ de la principale fistule rectale 
avec l’écraseur de Chassagnac, puis il fait communiquer tou- 
tes les autres fistules externes avec l'extrémité inférieure de 
la première. Aussitôt ces trajets fistuleux ouverts avec le bis- 
touri et la sonde cannelée, il les cautérise profondément au fer 
rouge, afin de faire fondre la substance indurée qui les en- 
toure et aussi dans le but d’arréter l’'hémorrhagie. Après ces 
deux opérations il y avait dans l’amphithéâtre une odeur de 
chair brûlée très prononcée. 

30. M Verneuil enlève une tumeur fibreuse située en-des- 
sous de la paupière inférieure. Dans le but d'empêcher l’ec- 
tropion que causera la rétraction cicatricielle, il ravive le 
bord libre des paupiéres, les unit par des sutures. 

Aussitôt la plaie bien guérie, il divisera union temporaire 
des paupières et le patient sera guérie sans ectropion. 

J'ai aussi ce matin assisté à la ligature de l'artère fémora- 
le par M. Cusco pour un anévrisme: 

Paris, 25 Juin 1872. 

A. T. Brossza. 
DE LA SAIGNÉE DANS LE TRAITEMENT DE L’A- 
POPLEXIE. 


MH. les Rédacteurs, 


Veuillez insérer, dans les colonnes de votre intéressant 
journal, les quelques mots qui suivent, sur les inconvénients 
des émissions sanguines dans le traitement da l’apoplexie. 

Lorsque le médecin est appelé auprès d’un individu qui 
vient d’être frappé d’apoplexie, il ne lui est pas toujours fa- 


350 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


cile de diagnostiquer sur-le-champ la lésion qui produit l’at- 
taque. Est-ce une simple congestion, une hémorrhagie ? 
Est-ce un ramollissement du cervau, une névrose, une em- 
bolie ? Dans ces derniers cas, la déperdition de sang doit 
avoir les conséquences les plus déplorables, elle peut tuer le 
malade. Quelle prudence il faut donc au praticien dans son 
intervention thérapeutique ! 

Admettons une hémorrhagie. C'est une blessure du cer- 
veau ; l’'épanchement de sang dans la substance cérébrale ne 
diffère guère de l’épanchement de sang dans le tissu d’un 
autre organe, par exemple, dans le tissu cellu'aire sous-cuta- 
né. Dans une ecchymose 4 la peau, ne regarde-t-on pas les 
émissions sanguines comme inutiles et méme nuisibles? Ne 
laisse-t-on pas à ’organisme le soin d’opérer la réformation 
du sang. 

Pourquoi agirait-on autrement dans ces ecchymoses du 
cerveau ? D'ailleurs, quand le médecin est appelé, il se 
trouve en présence du fait accompli, l'accident s’est produit, 
un corps étranger a pénétré dars le cerveau. 

Que pourront donc saignées et sangsues ? 

On voudrait diminuer, enrayer la congestion sanguine. 
Mais nous savons que, malgré les émissions sanguines, la 
congestion n'en continue pas moins de procuire ses effets. 
Les recherches modernes sont là qui prouvent cette asser- 
tion. Magendi, Marshall, Hall, J. Vogel, Schneider, Andral, 
Gaverret, Charles Robin, ont démontré par des expériences 
physiologiques : 10. que les saignées ne peuvent rien contre 
la congestion, rien contre Phémorrhagie ; 20. que plus un ma- 
lade perd de sang, plus le pouls devient fort, plein, dur, plus 
les battements de cœur sont vioients, désordonnés, à ce point 
qu’une espèce de fièvre survient ; 30. que les saignées agis- 
sent plus particulièrement sur le système nerveux et la vita 
lité pour les débiliter. 

Appelons-en surtout à l'expérience clinique. Recueillons 
les aveux de quelques princes de la science. 

Hippocrate a dit, et, après lui, Galien a répété que si, daus 
Yapoplexie, la saignée ne soulage pas le malade, elle le tue. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 351 


« J'ai vu, dit Cruveilhier, (dictionnaire de médecine et de chi- 
rurgie pratiques, page 209,) j'ai vu bien des attaques d’apo- 
plexie sur la marche funeste desquelles la saignée n’a aucu- 
ne espèce d'influence et qui se sont renouvelées à de courts 
intervalles, comme si aucune d’éperdition sanguine n'avait eu 
lieu, il semblait même, dans quelques cas, que le mal croissait 
en proportion de la s1:ynée. ” 

Andral écrit sur le même sujet: “ Vainement, dans cer- 
tains cas, multiplie-t-on les pertes de sang, les signes de con- 
gestion ne s'évanouissent pas ; plus d’une fois même on les a 
rendus plus forts à mesure qu’on a, par des saignées répétées, 
affaibli les individus. ”—(Clinique Médicale, t. V. p. 293.) 


Et ailleurs: ‘ Le traitement antiphlogestique le plus actif, 
bien qu’il soit employé dés le début de la maladie et dans les 
circonstances les plus favorables, reste trés-souvent sans effet. 
Dans certains cas, non-seulement aucun soulagement ne suit 
la saignée, mais elle produit dans l’économie une perturba- 
tion telle que, sous son influence, les simples signes de con- 
gestion se transforment en ceux d’une véritable apoplexie. ” 


Pour mon compte, j'ai noté une fois ce déplorable acci- 
dent dans le cours de mes quelques années de pratique ; 
sous le coup de la lancette, j'ai vu la congestion crécrale se 
changer en apoplexie. 


C'était en 1869. Une femme un peu au-dessus de la cin- 
quantaine, d’une constitution sanguine, au cou court Je 
la vis immédiatement au début de l'attaque. La face était 
vultueuse, gonflée, la tête embarrassée, la parole bredouil- 
lante, les membres se mouvaient encore, mais ils étaient 
lourds et engourdis, ni la langue, ni la commissure des lè- 
vres n'étaient déviées ; le pouls était large, dur, lent. Je 
saignai. Vers la fin d'une saignée de 12 à 14 onces, le côté 
gauche se paralysait, la bouche était déviée. La saignée 
terminée, la malheureuse était frappée dhémiplégie. Elle 
mourut au bout de trois jours et demi. 


Dans d’autres cas, j'ai vu mes malades pris ‘d'accidents 
beaucoup plus graves immédiatement après une saignée 


352 L'UNION MÉDICALE DE CANADA. 


Et cette triste expérience n’a pas peu contribué à me faire 
prendre les saignées en horreur. 


Trousseau rapporte l'observation suivante : 


“Il y a peu de temps, un médecin de mes élèves était 
mandé auprès d’un magistrat qui venait d’être frappé d’une 
hémorrhagie cérébrale. Il constatait une hémiplégie très- 
prononcée avec distorsion du visage et embarras de la paro- 
le ; l’intelligence était parfaitement conservée. 


‘ Quoique dans son opinion, il crut devoir s'abstenir de la 
saignée, il fut contraint de céder devant l'avis d'un confrère 
qui avait sur lui l’ascendant de l'âge, et plus encore, d’une 
haute position scientifique. La saignée fut pratiquée ; mais, 
quelque prudence qu'on mit à la faire petite, 100 grammes de 
sang ne s'étaient pas écoulés, que le malade, qui, aupara- 
vant, dans toute la plénitude de ses facultés intellectuelles, 
s’entretenait tres-librement avec son entourage, tombait dans. 
un état de résolution complète, dont il ne sortit plus jusqu'à. 
sa mort, qui survint quelques jours après.” 

C’est à cet éminent professeur, si justement regretté, que 
Yon doit une véritable croisade contre l'abus de la saignéé 
dans l’apoplexie. Depuis longtemps il avait proscrit cette 
médication violente et perturbatrice dans los attaques ap: 
poplectiques, 4 quelque degré qu'elles se manifestassent, 
Son expérience lui avait appris que les malades s’en trou- 
vaient mieux et se guérissaient plus rapidement. ‘ Au lieu 
de les saigner, de les mettre à la diète, de les tenir au lit, je 
m'abstiens de leur tirer du sang, je les alimente, je recom- 
mande de les faire lever quand la chose est possible, ou tout 
au moins de les faire rester assis. J’ai la conviction que cet- 
te médecine est de beauconp préférable à l'intervention plus 
active dont on semble ne pouvoir se passer. ”—Clinique Médi- 
cate, -t. If, p. 12.) 


Le professeur Monneret suit également la même ligne de- 
conduite dans ‘e traitement des hémorrhagies cérébrales 
lon de prescrire aux malades un traitement débilitant, il les 
atimérite et les stimule en leur donnant du:vin. | 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 353 


Cette pratique tend de plus en plus à se répandre parmi les 
médecins ; un grand nombre, et des plus instruits et des plus 
hauts placés, s’abstiennent de la saignée ; et l’on en trouve- 
rait encore d'avantage, vil n’y avait pas à lutter contre la 
routine, l’opinion et les préjugés des gens du monde. 

Ainsi d'après mon humble opinion, dans aucun cas d’apo- 
plexie, pas de saignées. Conservons au malade toutes ses 
forces, toute son énergie vitale, pour iutter contre la maladie. 

Le sang est notre existance, notre vie ; il ne se répare que 
tres-lentement, et son émission au dehors laisse le corps hu- 
main dans un état de faiblesse et d’anémie qui doit nécessai- 
rement préparer ou faire éclore toutes les maladies qui sont 
la suite ordinaire du défaut d'énergie, de l’affaiblissement 
général de l'être. 

Votre très-humble serviteur, 
Dr. S. A. Lonetin. 


Laprairie, 22 juin 1872. 





SUR LE TANNATE ET LE GALLATE DE QUININE.—On l’a rap- 
pelédans la dernière séance de l’Académie de médecine, le 
tannate de quinine n’est pas un agent nouveau en thérapeu- 
tique. Ilya vingtcinq ans déjà, on l’employait dans les 
fièvres intermittentes, et des rapports avaient été faits, des- 
quels il résultait que ce médicament était moins actif que le 
sulfate de quinine, qu’il n’agissait pas aussi bien que ce der- 
nier dans les fièvres pernicieuses, mais qu’il guérissait néan- 
moins aussi bien que lui l’intoxication paludéenne. On 
avait remarqué en outre qu’il ne fatiguait pas l'estomac, qwil 
était utile surtout dans les fièvres accompagnées de sueurs et 
lorsqu'il existait de la diarrhée ; il faisait disparaître cette 
dernière, tandis que le sulfate de quinine la produit parfois. 

Après la lecture d’un rapport fait par M. Hérard'süï un mé- 
moire présenté par un médecin qui, à la suite dé 500 dbser- 
vations, s'était cru autorisé 4 avancér que le tannate dé quinine 
était le meilleur remède de la diarrhée cholérique, il s’est 
élevé, dans l'Académie de médecine une discussion qui n’est 
peut-être pas terminée encore. Le tannate de quinine a été 


354 L’UNION MEDICALE DU CANADA. 


d’abord déclaré une substance inerte : il a été poursuivi, 
proscrit au nom de son insolubilité, et aussi au nom de la 
théorie ; car il est des écrivains qui ont fait beaucoup de mal 
à la chimie physiologique et à la thérapeutique. en écrivant 
beaucoup et n’expérimentant pas. Mais, M. Vulpian ayant 
- démontré que l’on pouvait provoquer dans l’urine la réaction 
de la quinine, après l'administration du tannate, la discus- 
sion est devenue plus animée. 

Afin de mieux mettre le lecteur au courant de la question, 
nous avons cru devoir la lui présenter d’une manière expéri- 
mentale. 

Nous avons donc voulu voir par nous-méme ce qu'il en 
était. Comme on a dit que le tannate de quinine présentait 
une composition variable, et comme on ne spécifie pas assez 
en général les caractères des substances sur lesquelles on 
fait des recherches, nous #vons eu soin de préparer nous- 
mêmes le sel dont nous avions besoin. Ceux qui voudront 
opérer comme nous arriveront, de cette manière, aux mêmes 
résultats que nous. En procédant ainsi, on observe plus ces 
désaccords qui sont inévitables lorsqu'on ne se place pas 
dans les mêmes circonstances. Après avoir parlé du tannate, 
nous dirons un mot du gallate de quinine, dont l'étude se 
rattache intimement à celle du premier composé. 

Nous avons précipité une solution de bisulfate de quinine 
par une solution de tannin, et nous avons obtenu une subs- 
tance d’un blanc jaunâtre qui a été lavée à l'eau froide sur 
un filtre, puis desséchée. Elle avait, après la dessiccation, 
une coloration plus jaunâtre que lorsqu'elle était humide. 
Nous l'avons lavée à l’eau froide avant de la dessécher, parce- 
que le tannate de quinine, mis dans l’eau bouillante, se ra- 
mollit, forme une masse poisseuse avant de se dissoudre. 
La partie qui ne s’est pas dissoute présente l'aspect indiqué ; 
mais, par le refroidissement, la masse devient fragile et fa- 
cile à réduire en cette poudre jaunatre, état sous lequel se 
présente le tannate de quinine. 

On est étonné de la quantité de ce sel qu’on peut obtenir 
avec un poids donné de sulfate de quinine du commerce, 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 355 


transformé préalablement en hisulfate. Ainsi, avec 10 
grammes de cp sulfate, nous ayons eu 34 grammes de tan. 
nate, et ce nombre est un peu trop faible, car nous négli- 
geons les pertes que nous avons éprouvées par Je lavage du 
précipité ; pertes que nous pouvons évaluer peut-être à 2 
grammes. Ce résultat, important à noter, tient à ce que, le 
poids moléculaire du tannin étant très élevé, la molécule de 
tannate de quinine doit peser bien plus que celle du sulfate 
de cette base. D’aprés la quantité de tannate obtenu, nous 
voyons que la molécule de ce sel pèse approximativement 3, 
5 fois autant que la molécule de sulfate de quinine, et Ton 
arrive, par le calcul basé sur les poids atomiques ou snr les 
équivalents, à trouver que le tannate de quinine est formé 
par union de deux molécules de tannin avec une seule mo- 
lécule de quinine. 

On ne saurait trop appeler l'attention sur cette circonstan- 
ce lorsqu'on veut comparer les effets du tannate de quinine à 
ceux du sulfate. On voit que, pour obtenir théoriquement 
avec le tannate les effets produits par 1 gramme de sulfate, 
il faudrait en employer près de 4 grammes M. ‘Lambron 
et, en dernier lieu, M. Vuipian avaient déjà noté qu'il fallait 
prendre en considération cette même circonstance dans l'ap- 
préciation de l’action physiologique et thérapeutique du tan- 
nate de qainine. Toutefois, lors même qu’on en tient comp- 
te, on n’observe pas sous l'influence de ce sel les effets éner. 
giques du sufate de quinine, comme nous l'avons pu vérifier 
nous-môme dans l'expérience suivante : 

ont avons pris 3 grammes de ce sel vers dix heures du 

Cotte. quantité ae correspondait pas tout-à-fait à 1 
gramme de sulfate de quinine ; toutefois, elle aurait été pufli- 
sante pour produire déjà les effets de l'ivresse quinique, si le 
tannate agissait comme le sulfate de cette base. Or, nous 
n’avons pas ressenti, ni deux heures, ni même cing heures 
après ingestion de ce médicament, le moindre bourdonne- 
ment d'orgilles, la moindre incertitude des mouvements. Il 
n’en avait pas 6t6 de même dans,une expérience faite il y a 
quatre ans bientot, et dans laquelle nous avions pris 1 gram- 


356 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


me de sulfate de quinine (Gozette hebdomadaire, 6 novembre 
1868) Nous avions donc un terme de comparaison. 


Mais le fait le plus important, celui qui avait 6té le plus 
combattu à l’Académie de médecine, c'était le passage de ce 
sel ou, du moins, de la quinine dans les urines. M. Briquet 
avait dit qu'après avoir donné 4 à 8 grammes de tannate, il 
n'avait pu retrouver un atome de quinine dans les urines. 
D'un autre côté, M. Mialhe, se fondant sur des aperçus théo- 
riques, comme, à notre sens, il l’a fait trop souvent, affir- 
mait, vu l’insolubilité du tannate de quinine, que se sel était 
une matière inerte. Or, M. Vulpian était arrivé à des résul. 
tats opposés ; il avait fort bien remarqué que si les effets de 
l'ivresse quinique n'avaient pas été perçus par ses malades, 
le passage de la quinine dans leurs urines pouvait être cons- 
taté à l’aide de l’iodure de potassium ioduré. 


Nous avons donc cherché la quinine dans nos urines. Or, 
le liquide qui fut recueilli le matin, neuf heures après l’in- 
gestion du tannate, donna un précipité abondant après l’ad- 
dition d'iodure de potassium ioduré. Ainsi nous avions la 
preuve que le tannate avait été absorbé, ou que, du moins, 
une certaine quantité de quinine avait passé dans le torrent 
circulatoire. Le précipité était faible quinze heures après 
l'ingestion du médicament ; enfin cinq heures plus tard, il 
était à peine manifeste. ; 


Pour expliquer ‘es résultats positifs au point de vue de 1’é- 
limination du tannate de quinine, remarquons que ce sel 
n’est pas complètement insoluble. Divers expérimentateurs 
ont insisté déjà sur ce fait. Nous avons vu nous-mêmes que 
notre tannate se dissolvait très notablement dans l'eau bouil- 
lante, car ce liquide chargé de tannate, et tout à fait limpide 
est devenu aussi opalescent que le lait à la température de 8 
degrés. Nous avons trouvé, par l’un des procédés usitéspour 
déterminer la solubilité des sels, que mille parties d’eau 
bouillante dissolvaient 7 parties du tannate que nous avions 
préparé, et que 1000 parties ° d’eau à 8 degrés en dissolvaient 
1,2 parties. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 357 


Comment se fait absorption du-tannate? On ne peut in- 
voquer maintenant l’insolubilité de ce sel surtout à la tempé- 
rature de 37 à 38 degrés ; car M. Regnauld s’est assuré qu’à 
cette température le tannate était notablement plus soluble 
qu’à froid. D’un autre côté, ce sel était. il plus soluble dans 
le suc gastrique que dans l’eau ? | 


Pour répondre à cette question, nous avons mis un excès 
de tannate de quinine dans du suc gastrique de chien re- 
cueilli et filtré depuislune demi-heure, et nous avons mis éga- 
lement un excès du même sel dans une quantité d’eau exac- 
tement égale à celle du suc gastrique. Or, après quinze heu- 
res, ces deux liquides avant été filtrés et analysés, nous avons 
constaté que le premier contenait à peine un peu plus de sel 
quinique que le second. 

Nous avions donc la preuve que le tannate de quinine n’é- 
tait guère plus soluble dans le suc gastrique que dans l’eau. 

Ce résultat faisait exclure la pensée que cette substance 
pourrait se transformer dans l'estomac en gallate, sel beau- 
coup plus facilement ‘absorbable que le tannate. Toutefois, 
nous avons voulu voir si les acides ne pourraient pas opérer 
cette transformation. 

Nous*avons mis un peu de tannate en suspension dans de 
Peau, dans deux vases séparés, et nous avons ajouté à l’un 
deux quelques gouttes d’acide sulfurique et 4 l’autre quelques 
gouttes d’acide chlorhydrique. Or la dissolution ne s’est pas 
mieux opérée que dans un autre vase contenant uns égale 
quantité de tannate en suspension, et dans lequel on n’avait 
pas mis d'acide. Ayant porté alors à la température de l’é- 
bullition le contenu de chacun de ces vases, nous avons vu 
que la dissolution se faisait dans les trois cas, mais que cha- 
cun des liquides devenait opalescent par le refroidissement. 
Ainsi, même à chaud, le tannate ne s'était pas transformé en 
gallate, ou,du moins la transformation avait dû être bien 
faible, car si le gallate avait remplacé le tannate, la liqueur, 
à cause de la solubilité du gallate, serait demeurée limpide 
malgré l’abaissement de la température. 


358 L'UNIOR MEDICALE DU CANADA. 


Ces expériences nous ont conduit naturellement à nous de- 
mander quels seraient les effets du gallate de quinine. : 

Afin d’ôtre certain de cé que nous faisions et n'ayant pas 
d'ailleurs touvé ce. sel dans le commerce, ndus eù avons pré- 
paré nous-mème. 

Ce sel est, de même que le tannate, soluble dans l'alcool, 
mais il s'en distingue nettement par sa grande solubilité dans 
l'eau bouillante. L'eau froide en dissout également une 
quantité considérable, de sorte que, pour l'obtenir, on con- 
seille de précipiter par l'acide gallique une solution concen- 
trée d’un sel de quinine. Nous l’avons préparé de la manière 
suivante, qui nous a donné de bons résultats : Nous avons 
dissous ensemble de la quinine et de l'acide gallique dans 
l'acool bouillant ; 5 puis, après avoir évaporé, nous avons traité 
le résidu par l'eau bouillante, qui a laissé déposer du gallate 
de quinine’ par le refroidissement. On dit que ce sel ne se 
cristallise pas; cependant le produit obtenu, qui paraissait 
amorphé, s’est présenté au microscope formé de cristaux pris- 
matiques d’une grande netteté. 

Si Yon admet que le gallate de quinine présente une com- 
position analogue à celle du tannate, c'estädire qu'il soit 
formé par la combinaison de deux molécules d'acide gallique 
avec une molécule de quinine, on trouve que le poids molé- 
culaire de ce sél supposé anhydre est seulement 564, celui du 
sulfate ‘ordiriaire étant de 446. On voit donc que, toutes 
choses égales ‘#ailleurs, le gallate de quinine déväit être 
beaucoup plus actif que le tannate, et Pon pouvait supposer 
que son ‘attivité devait se rapprocher de celle du sulfate de 
quinine. Mais pour élucider la question il fallait recourir à 
l'expérience. ° 
_ Nous avotis doric pris 1 gramme de gallate de quinine, 
quantité qui devait correspondre approximativerhent à 80 
centigrärtihes du sulfate. La solution de ce sel, qui fut opé- 
ré dans 150 grammes d'éau, était très-amète, prete antant 
que celle dit bisulfate dissous, Ala méme, dosé;] dans une 
égale quantité de véhiculé avueur. Nos urines, éxaminéés 
trois heures après l’ingéstiôri ue ce m4dicament, précipitèrent 


L'UNION MÉDICALE DU SANADA. 359 


abondamment lorsqu'elles furent traitées par l’iodure de po- 
tassium ioduré ; par conséquent, nous avions la preuve que 
le gallata de quinine avait été absorhé avec facilité En 
même temps nous éprouvions les symptômes que nous avions 
ressentis après avoir pris 1 gramme de sulfate de quinine, 
mais ils étaient infinimert moins margnés. Nous avons obte* 
nu encore un très léger précipité par l'iodure de potassium 
ioduré vingt-quatre heures après l’ingestion de ce sel. 


Nous ajouterons que nous avons constaté non-seulement 
l'élimination de la quinine; mais celle de l’acide gallique. 
En effet, après avoir ajouté de l’'ammoniaque aux urines, nous 
avons remarqué bientôt une coloration brune générale et de 
stries noires vers la partie supérieure du liquide exposé à l'air. 
Or, ayant ajouté de l’acide gallique à des urines normales, 
puis les ayant additionnées d’ammoniaque, nous avons obser- 
vé la même chose. Nous proposons ce moyen pour recon- 
naitre l’acide gallique dans les urines. On obtient d’ailleurs 
une coloration rouge, puis noire, lorsqu'on verse de l’ammo- 
niaque dans une solution de cet acide. 


Le gallate de quinine est donc un sel qui est absorbé rapi- 
dement, aussi facilement que le sulfate ; un sel qui contient 
une quantité très considérable de quinine, et malgré cette 
double condition, est loin de produire, à un aussi haut degré 
que le sulfate, les accidents incommodes qu’on éprouve après 
l'administration de ce dernier, tels que le bourdonnement 
d'oreille, le serrement des tempes, l’incertitude de la marche. 
Est-ce à dire que cet agent nouveau, du moins en thérapeu- 
tique, ne. serait pas actif dans les fièvres ? Nullemeni, puis- 
que le tannate a été reconnu efficace. Il y a' donc des re- 
cherches, des expériences à faire, des observations; à recueil- 
lir. Le quinquina était saul employé contre les flèvres avant 
la découverte de, Ja quinine et de son sulfate. et il réussissait 
sans produira ces accidents bizarres, cette ivresse qu'on res- 
sent après . l’ingestion de ce dernier, médicament. Sans 
doute, celui-ci méritera toujours la préférence dans un cas 
de fièvre pernicieuse ; mais il est certain qu’on rendrait ser- 


360 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


vice à la science thérapeutique si l’on trouvait un sel quini- 
que trés absorbable et aussi curatif que le sulfate de quinine 
et n’en présentant pas, au même degré, les inconvénients. 


Dr. RABUTEA. 
(Gazette Hebdm.) 





DE L'EMPLOI DES INJECTIONS INTRA-MUSCULAIRES DE CHLORHY- 
DRATE DE MORPHINE DANS LE TRAITEMENT DU TETANOS.—Vers la 
fin de l’année dernière, M. Demarquay a fait connaître quel- 
ques résultats heureux qu’il a obtenus de l'emploi d’injections 
intra-musculaires d’une solution de morphine dans le traite 
ment du tétanos traumatique. Deux circonstances l'avaient 
porté à reprendre, mais dans des conditions un peu différentes 
et avec quelques modifications que nous allons faire connai- 
tre, la méthode des injections sous-dermiques. déja préconi- 
sée et employée même dans le traitement de cette affection. 
C'était, a’ane part, l’insuccès constant qu'avait eu entre ses 
mains, pendant le siége, où les cas de tétanos ont été si nom- 
breux, l'emploi des médications par la voie stomacale, quelle 
qu’ait été la substance ingérée et à quelque dose élevée 
qu’elle ait été administrée. C'était d’autre part, la-considéra- 
tion des faits suivants qu’il a eu plusieurs fois l’occasion 
d'observer : : 


1o Les sujets tétaniques sont très-sensibles au froid : sous 
l'influence d’un air un peu frais, les contractures deviennent 
souvent plus douloureuses et plus intenses ; 

20. Les contractures et le trismus doivent souvent attirer 
J’attention du médecin : 10. à cause de la douleur qui peut 
déterminer la mort par épuisement nerveux ; 2 à cause de 
la gêne apportée à la nutrition du malade. 

On ne sait point encore si le tétanos traumatique est ou 
non symptomatique d’une lésion du système nerveux. Mais, 
en attendant, il incombe au chirurgien d’agir sur le phéno- 
mène apparent, la contracture, et de la combattre : 

10. En mettant le blessé dans des conditions favorables ; 

20. En agissant sur les nerfs et les muscles eux-mêmes. 








L'UNION MÉDICALE DU CANADA. : 361 


La première des conditions est remplie en plaçant le ma- 
lade dans une chambre bien aérés et à température constante 
de 18 à 20. 

Quant à la seconde, voici de quelle manière M. Demar- 
quay y satisfait ; il fait, dans l’intérieur du muscle contrac- 
turé et autant que possible à l'émergence du nerf qui l’anime 
une injection de vingt à vingt-cinq gouttes de la solution 
suivante : 

_ Chlorhydrate de morphine... 1 gramme. 
Eau distillée......................… 90. — . 

Voici ce qu’on observe à la suite d’une injection faite dans 
les masséters par exemple. Quelques minutes après une in- 

‘jection faite profondément dans l'épaisseur des masséters, on 
voit la contracture cesser en même temps que la douleur. 
Le malade peut avaler du bouillon, de l’eau rougie, en un 
mot se nourrir et-étancher la soif qui le tourmente. 

M. Demarquay a déjà rapporté deux cas de guérison de té- 
tanos traumatique aigu, obtenus par ce mode de traitement: 
le premier, chez un soldat ayant une blessure grave, par éclat 
d’obus à la jambe, avec déchirure profonde des muscles du 
mollet et fracture du péroné, et qui fut pris de tétanos à la 
suite d’un transport pendant lequel il eut froid ; le deuxième, 
chez un autre militaire, amputé de la jambe à la suite d’une 
blessure avec grand fracas du membre, et qui avait été éga- 
lement exposé au froid quelques jours après l’opération. 

Voici l'observation d'un nouveau cas de guérison—mais 
celui-ci de tétanos chronique—que nous devons, ainsi que 
les considérations qui Paccompagnent, à une communication 
obligeante de M. J. Girard, interne du service.  ‘ 

M. X...,35 ans, entre à a maison de santé le 21 février 
1872. 

Il présente tous les symptôrties du tétanos : trismus, con- 
tracture des muscles ducou, du tronc, des membres inférieurs. 

Antécédents: Le 13 janvier, cé malade tombe db:voiture ; 
plaies peu graves sur le dos du pied droit .et au milieu de la 
partie interne et supérieure de la jambe gauche. Panse- 
ment simple. 


362 L'UNION MEDICALE DU CANADA: 


Le 21 janvier, il prend froid, et présente peu après des 
symptômes tétaniques. Pendantquinze jours, dit le malade, 
je n’ai pu desserrer les dents, la tête renversée en arrière ; 
la base de la poitrino'était le siége de contractions horrible- 
‘ment douleureuses. 

Les membres ‘inférieurs étaient raides, tous les mouve- 
ments déterminaient des douleurs vives; enfin l’insomnie 
était complète. ’ 

Traitement : laudanum à hautes doses ; alcool, café. 

"Le mieux était peu marqué, les douleurs intolérables, 
quand le malade quitte son département (Seine-et Marne) et 
entre à la maison de santé. 

A son arrivée, il se plaint surtout de crampes dans les 
membres inférieurs. Les muscles grands droits de ’abdomen 
sont contracturés et forment saillie sous la peau. 

Le trismus permet un écartement des mâchoirs de 1 centi- 
mètre à f centimètre et demi. Le pouls est normal. Le ma- 
Jade est inquiet ét abattu. 

91 féviier, M. Demarquay ordonne: Chambre à tempéra- 
ture constante, 18 à 20°. Injection de 1 centigramme et demi 
de morpnine dans chacun des masséters : boissons chaudes. 

Visite du soir: sudation modérée. Le malade ouvre plus 
facilement la bouche, il se trouve mieux. (Injection dans les 
droits de l'abdomen, au niveau de leur tiers supérieur). 

Le 22, nouvelles injections dans les muscles contracturés, 
grands étroits, muscles de la cuisse, masséters. 

Le 23, les symptômes locaux s’amendent; les symptômes 
généraux sont trés-modifiés ; l'abattement a disparu. Le ma- 
lade a retrouvé le sommeil.et mangé deux degrés. 

Nouvelles injections le 24 et les jours suivants. On pour- 
suit les contractures partout où. elles se montrent : muscles 
de cuisge,-du dos, du ventre, 

Après dès injections, woicL ce: qu’on observe: En 

Au bout dé deux à didq: tninates, la dbuleur 'cesse, puis la 
contractute, ét-quelqukefois {a ‘peau environnant la piqûre se 
couvre de sueur. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 363 


Le groupe de muscles auquel appartient celui qui a été 
injecté, reste de une demi-heure à cing ou ‘six heures avant 
de présenter de nouvelles contractures, 

Enfin ces injections produisent les effets de l’opium à 
haute dose ; sudation abondante et excitation de la peau. 

L'état général se modifie de plus en plus ; le malade repose. 
digère bien, n’a pas de fièvre. 

La température n’a jamais dépassé 380. 

On a fait, en vingt-quatre heures, jusqu’à huit et dix injec. | 
tions de un centigramme et demi de chlorhydrate de morphine. 
Elle n’ont amené aucun foyer purulent {dans l'épaisseur des 
muscles injectés. 

ler mars. Le malade se lève durant la journée, mange 
trois portions. Dès cette époque, à part quelques recrudes- 
cences, imputables presque toujours à des refroidissements, 
le malade s’achemine vers la guérison, et quitte la maison de 
santé le 17 mars. 

On pourra obfecter à ce fait que c’est un cas de tétanos chro- 
nique et que la guérison est habituelle On pourrait dire 
aussi que les deux cas de tétanos aigu, traités et guéris par 
M. Demarquay, se seraient peut-être terminés d’une façon 
chronique, quand bien même ‘on n’eût pas employé ce trai- 
tement. 


Mais ces trois observations prouvent néanmoins : 


1° Que les injections intra-musculaires de chlorhydrate de 
morphine font cesser non-seulement la douleur, mais encore 
la contracture ; 


90 Qu’elles permettent de nourrir le: malade, en faisant 
disparaitre le trimus pour un certain temps. 


Et comme la mort dans ie tétanos arrive : 10 soit par un 
accès tétanique violent, qui interrompt subitement et d’une 
manière absolue tout mouvement resviratoire : 20 soit par 
épuisement, conséquence de l’activité musculaire continue 
de la douleur; de l'impossibilité de prendre des aliments, de 
l'empoisonnement lent par l'acide carbonique (gêne respira- 
toire}; il sera trèsutile d’avoir a sa disposition un médica- 


364 L UNION MÉDICALE DU.CANADA. 


ment qui fera disparaître, même momentanément, la douleur 
et la contracture dans un certain groupe de muscles (masti- 
cateurs, respirateurs), et qui permettra au malade de s’ali- 
menter et de respirer. 

La lésion anatomique du tétanos n’est point connue, mais 
l'observation des symptômes démontre deux faits : 

10 La surexcitation:du pouvoir excito-moteur de la moelle ; 

20 La mise en jeu de cette propriété exctto-motrice par cer- 
tains agents, dont les principaux sont le froid et la douleur. 

La contracture détermine la douleur, s’est dit M. Demar- 
quay ; la douleur provoque une excitation de la moelle, dont 
le résultat est la production de nouvelles contractures. C'est 
comme on le voit un cercle vicieux. 

Les injections de morphine agiraient en faisant disparaitre 
la douleur, et partant préviendraient de nouvelles contrac- 
tures. 

Le curare produit le méme résultat, par une autre voie ; 
au lieu de s’attaquer à la douleur, il empéch les contractu- 
res par son action sur les plaques terminales motrices. 

Pas de contractures, pas de douleurs, et par conséquent 
pas d’excitation de la moelle par cet agent. 

En résumé, la température élevée et censtante, les injec- 
tions de chlorhydrate de morphine combattent deux des 
éiéments qui mettent en jeu la surexcitation excito-motrice 
de la moelle, le froid et la douleur. 

(Gazette des Hôpitaux.) 





CONGRES MÉDICAL DE FRANCE. 
STATUTS ET PROGRAMME. 


Art. 1er—Un congrès médical sera ouvert 4 Lyen, le 18 
Septembre 1872. 

Art. 2.—Le Congrès sera scientifique et professionnel : il au- 
ra une durée de neuf jours. 

Art. 3.—Le congrès se composera de membres fondateurs 
et de membres adhérents. 

Seront membres fondateurs les docteurs en médecine, les 


L'UNION MÉDIOALE DU CANADA. 305 


pharmaciens, les médecins vétérinaires diplomés de Lyon et 
des autres départements, qui en feront la demande à la com- 
mission d'organisation. Le prix de la souscription est fixé à 
15 francs. 

Seront membres adhérents les docteurs en médecine, phar- 
maciens, vétérinaires, étrangers au corps médical lyonnais, 
qui enverront leur adhésion à M. le secrétaire général ( M. le 
docteur Dron, 5 rue Pizay, à Eyon).—Ils seront exonérés de 
toute rétributio: pécuniaire. | 

Art. 4.—Les travaux du congrès se composeront : 

10. De communications sur des questions proposées par la 
commission ; 

20. De communications sur des sujets étrangers au pro- 
‘gramme. 

Art. 5.—La commission a arrêté le programme suivant : 

L—Des épidémies de variole. 

II.—Des plaies par armes à feu. 

III.—Des ambulances en temps de guerre. — 

IV.—De la peste bovine ou typhus contagieux du gros bé 
tail. | 

V.—Des causes de la dépopulation en France et des 
moyens d’y remédier. . 

VI.—Du traitement de la syphilis. 

VII.—De la réorganisation de l’enseignement de la méde- 
cine et de la pharmacie en France. 

VIII.—Des moyens pratiques d’améliorer la situation du 
médecin et de la rendre en harmonie avec le rôle qu'il est 
appelé 4 remplir dans la société. 

Art. 6.—Ces questions seront traitées dans l’ordre de leur 
inscription au programme. Ainsi : 

La ire. question du programme sera traitée le mercredi 
18 ;—la 2e. le 19 ;— la 3e. le 20 ;—la 4e. le 21 (1) ; —la Se. le 
lundi 23 ja 6e le 24 ila 7e. le 25 la 8e. le 26. 


(1) Le Congrès ne tiendra pas de séance le dimanche, à moins que l’im- 
portance des travaux à l'ordroe du jour ne le nécessite. — 


366 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Art. 7-—Les membres fondateurs ou adhérents qui désire- 
ront faire une communication sur une des questions du pro- 
gramme ou sur un autre snjet sont invités à adresser leur 
travail 4 M. le secrétaire général au moins une semaine (10 

« septembre) avant l’ouverture du Congrès. La commission 
décidera de l'opportunité des communications et de l’ordre 
suivant lequel elles seront faites. 

Art. 8.—Les séances du Congrès seront publiques, mais les 
membres fondateurs ou adhérents auront le droit de prendre 
part aux discussions. 

Il y aura une ou deux séances par jour, suivant le nombre 
et l'importance des travaux. 

Art. 9.—Chaque question n’occupera qu’un jour, et l’ordre 
du jour sera ainsi réglé : 10. Lecture sur les questions du 
programme ; 20. Discussion ; 30. Si le temps le permet, com- 
munication des travaux laissés à l'initiative individuelle. 

Art. 10.—Le temps accordé pour chaque lecture sera limité, 
s’il y a lieu en vue de donner accès à un plus grand nombre 
de travaux. | 

Art. 11.—A l'ouverture de la première séance, le Congrès 
nommera son bureau, composé d’un président, de viee-pré- 
sidents, d’un secrétaire-général, de secrétairres des séances, 

Art 12.—Tous les mémoires lus au Congrès seront déposés, 
après chaque séance, entre les mains du secrétaire-général ; 
ils sont la propriété du Congrès. 

Les travaux du Congrès seront publiés en: totalité ou en 
païtie par les soin de la commission d'organisation. 

Le président, P. DImarT 
Le secrétaire général, AcHILLE Dron. 


 ACADEMIE DE MÉDECINE. 


Séance du 26 Mars 1872 
Présidence de M. Barth. 


RECHERCHES SUR L'ÉPOQUE PRÉCISE -OU APPARAIT La: MEMBRANE 
LAMINEUSE DANS LE PLACENTA HUMAIN.—M. JOULIN fait sur ce’ 
sujet la lecture suivante : 

J’ai présenté en 4865, à l'Académie, un mémaire ayant 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 367 


pour titre : Recherchés anatomiques sur la membrane lamineuse 
‘l'état du chorion et la circulation datis le placenta à terme. Ce 
mémoire avait surtout pour but d'établir que, à terme, le cho- 
rion a disparu comme membrane continue de la face fwtale 
du placenta ; de plus, que le tissu gris&tre et résistant qui 
forme la charpente du placenta, et dans lequel rampent les 
gros vaisseaux de sa surface fœtale, n’est nullement le cho- 
rion, mais bien une membrane de nouvelle formation qui 
s'est substituée au chorion, et à laquelle j'ai donné le nom de 
membrane lamineuse. 

Mon étude avait exclusivement porté sur lorganb à tarme, 
mais il me restait à éclaircir un point: obscur de son, évolu- 
tion. 

Je disais, page 10 de mon mémoire : “Je ne quis pas en 
mesure de déterminer exactement l’époque où disparaît le 
chorion comme membrane continue de la surface placentaire. 
Ii me faudra, pour cela, étudier une série de placentas aux 
différents âges de leur développement” . 

Je viens aujourd'hui combler cette lacune de l'histoire de 
la membrane lamineuse. Jé ne dirai rien des résultats né_ 
gatifs obtenus sur des œufs trop jeunes ou trop avancés. Mes 
recherches ont été complètes sur un œuf intact parvenu à la 
dixième ou onzième semaine de ‘son développement ; il était 
distendu par le liquide amniotique, et j'ai pu faire toutes 
mes préparations en conservant son intégrité. 

Je préparai les pièces en enlevant des débris de caduque et 
toutes les villosités, qui recouvraient plus des deux tiers de 
l'œuf, de façon à laisser le chorion à nu dans toute son éten. 
due. A travers cette membrane, parfaitement transparente, 
on voyait le foetus, son cordon et les vaisseaux qui en émer- 
geaint. 

À cette époque de la gestation, le chorion n’a point subi [a 
dépression qui précéde sa disparition ; sa surface est lisse et 
unie Sans pénétration dans la masse villeuse, -exeepté sur 
quelques points ¢irconscrits que je vais décrire, et qui cons 
tituent les pretniers rudiments de la transformation du cho- 
rion et de l’évolution de la membrane lamineuse. 


368 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Dans.la voisinage du point où le Cordon atteint les mem- 
branes, on constate la présence de bandes grisâtres légèrement. 
opaques, d’une longueur de cinq à huit millimètres, et au 
nombre de six.à sept. Elles servent de gaines aux plus gros 
vaisseaux qui. sortent du cordon, et dont la direction est la 
même qu’on observe à terme à la surface fœtale du placenta. 

Ces bandes sont situées entre le chorion et l’amnios ; on 
les isole de ces membranes avec une certaine facilité, en les 
soulevant sur un fin crochet. Ce sont les premiers rudiments 
de la membrane lamineuse. 


Sur le trajet de ces.bandes, on observe des renflements cir- 
conscrits, de même substance, dont l’opacité est plus pronon- 
cée. Il en existe une douzaine de volumes Mégaux, et fai- 
sant dans la masse. villeuse qu'ils pénètrent une saillie de 
trois à huit millimètres. 


Ces renflements entraînent avec eux le chorion qui les re- 
couvre, et constituent les premières traces de la déformation 
et de la disparition du chorion comme membrane continue. 
au niveau du placenta. 


Ce travail de transformation et de substitution commence 
donc de la dixième à la onzième semaine, pour se compléter 
progressivement vers Ja fin de la gestation. 


Ces reuflements, très-consistants, ne peuvent être enlevés 
que par la section ; ils donnent insertion aux bouquets vas- 
culaires que j'ai signalés dans mon précédent mémoire, et les 
villosités qui s’implantent sur ces points sont plus touffues et 
plus vigoureuses que sur les autres parties de l'organe. 

Les bandes opaques sont réliées entre elles par destissus de 
mème nature, mais en couches beaucoup plus minces et qui 
donnent à la région une teinte opaline. La teinte opaline 
ne se voit que dans le voisinage des bandes opaques et s'efface 
à mesure qu'elle s'éloigne de leur trajet. 


La membrane lamineuse se forme donc tout d'abord sur le- 
trajet des gros vaisseaux, puis g'étend progressivement à tou. 
te la surface du Placenta. Sur les œufs plus jeunes on n'em 
trouve pas de trace. - 


Fr, + ° 
are oe ‘y 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 309 


L'examen microscopique de ce tissu. m’a fourni les mêmes 
éléments que dans la membrane lamineuse à terme; cepen- 
dant, avec les petites différences qui peuvent exister entre 
les deux phases d’un tissu en évolution et à l’état parfait. 


A terme, la membrane lamineuse est constitnée par des fi- 
bres lamineuses en lames, formant des faisceaux parallèles 
qui parfois s’entrecroisent. On note, par places, des fibres 
isolées plus volumineuses ; de la matière amorphe remplit 
l'intervalle des faisceaux. Enfin on observe quelques vési- 
cules graisseuses. 


Je la dixième à la onzième semaine, on trouve également 
des fibres lamineuses, mais elles sont à tous les degrés d’évo- 
lution ; beaucoup de cellules embryoplastiques, des granula- 
tions gtaisseuses et du tissu amorphe. : A 


Dans mon précédent mémoire, j'avais signalé |’allantoide 
comme l'élément régénérateur de la membrane lamineuse. 
J'ai enlevé le chorion sur un point éloigné des bandes Opa- 
ques, et j'ai trouvé entre cette membrane et l’amnios ce qui 
reste de l’allantoïde sous forme d'une membrane d’une té 
nuité et d'une transparence extrêmes ; elle n’avait rien de 
l'aspect que présente l’allantoïde (magmaréticulé) des pre” 
miers temps. Les éléments microscopiques étaient de même 
nature que dans les bandes opaques, seulement à un degré 
d'évolution encore moins avancé. Les fibres lamineuses ne 
constituent plus de faisceaux ; -elles sont isolées, rares et en- 
trecroisées en divers sens, quelques-unes encore fusiformes. 
On voit également des noyaux embryoplastiques, du tissu 
amorphe et quelques granulations graisseuses. 

Il est presque inutile de faire observer que ces éléments 
diffèrent tellement de ceux qui appartiennent aux autres mem 
branes de l'œuf, qu'on ne peut faire aucûne confusion entre 
eux. 

La séance est levée à 5 heures. 


370 L'UNION MEDICALE DU CANADA 
SOCIÉTÉ MEDICALE DE MOMTREAL. 


Séance du 19 juin 1872. 
Présidence du Dr. Ricard. 

Officiers présents: Drs. J. W. Mount, O. Bruneau, G. 
Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Sur proposition du Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. E. 
P. Lachapelle, le Dr. A. Archambault, de St. Antoine, est ad- 
mis membre actif. 

Le sujet de l’Ethique Médicale étant à l'ordre du jour, le Se- 
crétaire donne lecture du code adopté par l’Association Mé- 
dicale Canadienne, lequel est discuté article par article. 

Il est ensuite proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par 
le Dr. O. Bruneau, que le code d'Ethique Médicale de l’Asso- 
ciation Médicale Canadienne, soit celui de la Société Médicale 
et que tout membre qui y contreviendra soit sujet à être cen- 
suré ou expulsé de la Société, suivant la gravité de l’offence. 
—Adopté. 

Proposé par le Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. Ed. 
Desjardins et résolu, que le Secrétaire soit chargé de fournir 
à chacun des membres de la Société une copie du code tel 
qu'adopté. 

Sur proposition du Dr. E. P. Laçhapelle, secondé par le Dr. 
A. Laramée, il est résolu de convoquer la prochaine assem- 
blé le 3ème mercredi de juillet, 424 heures, p. m., dans les 
salles de l'Ecole de Médecine. 

Le Dr. A. Laramée donne avis qu’il proposesa, à la prochai- 
ne séance, le Dr, W. H. Hingston, de Montréal, et le Dr. G. 
Leroux, de St. Marc, comme membres actifs. 

Et la séance est levée. ; . 

, _ Dr. Gronaxs GRENIER, 
| | Sec.-Trés. S., M. 


+ +» Séance du 17 juillet 1872. 
Présidece du Dr. J. W. Mount. 


Officiers présents :—Dre. C..Q. Bruneau et G. Grenier. 
Le procès verval de la précédente séance est lu et adopté. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 371 


Proposé par le Dr. A. Meunier, secondé par le Dr. P. E. 
Plante, que les Drs. W. H. Hingston (de Montréal) et G. Le- 
roux (de St. Marc) soient admis membres actifs.—Adopté. 

Le comité nommé aune séance précédente pour prerdre 
les moyens de faire adopter un tarif par la Législature, pré- 
sente le rapport suivant: 

Votre comité, nommé lé 27 mars 1872, pour faire rapport 
sur le tarif, a l'honneur de vous soumettre respectueusement 
qu’il approuve le tarif adopté à la dite séance, sauf la classi- 
fication qui est basée sur le chiffre des revenus. Votre co- 
mité suggère qu’au lieu de déterminer ce montant, il serait 
yréférable de laisser subsister la tére, 2de et 3me classe, lais- 
sant au jugement d’un chacun de classifier ses clients. De 
plus, votre comité est d'opinion que la Société Médicale de- 
vrait inviter les médecins de la campagne à faire connai- 
tre leur opinion sur le tarif qui leur conviendrait, et ce d'ici 
au premier de septembre prochain. 

C. O. Bruneau, M. D., président, A. Dagenais, M. D. Séra- 
phin Gauthier, M. D., P. E. Plante, M. D., secrétaire. 

Le Dr. C. O. Bruneau donne ensuite lecture du tarif sui- 
vant adopté par la Société Médicale à sa séance du 27 mars 
dernier. 

TARIF MÉDICAL. 
fre. 2nd. 3me. 
classe classe classe 
10. Pour une visite de 7h. A. M. à 8h. P.M. $2.00 150 1.00 
20. Avis au Bureau du Médecin............ 2.00 1.00  .50 
30. Visite de 8h. P. M. à 10h. P. M........ 3.00 150 41.00 


40. Visite de 10h. P. M. à 7h. A. M........ « 500 3.00 2.00 
50. Détention pendant une nuit............ 20.00 12.00 6.00 
6o. Consultation avec un médecin ou 

ChiTUrgien sos cecscecseeevenes … 20.00 10.00 5.00 


70. Chaque consultation subséquente..... 10.00 5.00 2.00 


80. Consultation par lettre entre méde- 
CIMB.......ccccccees cocccee. OCC0OOC cecoccces 1 0.00 5.00 1 .00 


90. Certificat de santé—Avis par écrit... 10.00 5.00 2.00 
3 


372 L'UNION MEDIOALE DU CANADA. 


100. Certificat de décès... ccc. ceeseeo ens 2.00 . 1.00 
110. Accouchement ordinaire... 20.00 10.00 
120. “avec une sage femme...... 20.00 10 00 
130. Version ou application du forceps.... 30.00 18.00 
140. Extraction du placenta. ................ 20.00 15.00 
150. Vaccination... 2.00 1.00 
160. Ablation des amygdales................. 20.00 10.00 
170. Opérations mineures au bureau (Pe- 

tite chirurgie)... 2.00 1.00 
180. Prescription ordinaire ................… 2.00 1.00 
190. € extraordinaire.......... .. 10.00 5.00 
200. Introduction du cathéter fer........... 10.00 5.00 
210. ce 6 On... eee 6.00 3.00 
220. Lithotomic...........sssssceecscceseeseeerseeee000 00 200.00 
230. CAtALACte.....ccscscsccccsscscscscsvecscsevenss 250.00 100.00 
240. Pupille artificielle..…..................…... 100.00 50.00 
250. Réduction fracture de la cuisse....... 60.00 30.00 
260. ‘6 ‘jambe et bras........ 30.00 20.00 
270. Luxation de la cuisse ..….................. 60.00 30.00 
280. * ‘jambe et bras............ 20.00 10.00 
290. Réduction hermie par taxis ............ 20.00 10.00 
300. Opération hernie étranglée............ 500.00 200.00 
310. Amputation de la cuisse..............… 200.00 100.00 
320. ce ‘‘ jambe et bras......... 100.00 50.00 
330. Amputation doigts et ablation de pe- 

tites tumeurs.......................... 20.00 10.00 


9.00 


Proposé par le Dr. F. X. Perrault, secondé par le Dr.J. 
Lauctôt, que le rapport soit adopté et que les médecins de la 
campagne soient invités à préparer d'ici au premier de sep- 
tembre prochain, un taux de tarif qui leut conviendrait, dans 


le but de le faire adopter par la législature. Adopté. 


Proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. A. Meu 
nier, qu'un comité composé des Docteurs J. E. Coderre, A. 
Dagenais, S. Gauthier, O. Bruneau et G. Grenier, soit formé 
pour s’enquérir et faire rapport sur les plaintes contre les 
membres qui enfreindront les règles de l'étiquette et du tarif 


médical. Adopté. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 373 


Proposé par le Dr. F. X. Perrault, secondé par le Dr. J. 
O. Mousseau, et résolu que les membres de la société médi- 
cale ont appris avec regret le décesdu Dr. A. Beaudet de 
cette ville, un des membres de cette société. 

Proposé par le Dr. O. Bruneau, secondé par le Dr.S. A. 
Longtin, et résolu qu’une copie de cette motion soit transmi- 
se à sa famille. 

Sur proposition du Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. A. 
Vilbon, il est résolu de convoquer une séance spéciale le 
Jer. mercredi du mois d’août pour la discussion du bill mé: 
dical projeté. 

Le Dr. A. Dagenais donne avis qu'il proposera à la pro- 
chaine séance les Drs. L. A. Fortier (de St. Clet) et F. Filia- 
trault (de St. Alexandre) comme membre actifs. Et la séan- 
ce est levée. 

Dr. G. GRENIER, 
Sec. Trés. S. M. 


ACADÉMIE DE, MÉDECINE DE PARIS.—M. le professeur Verneuil 
lit une Note sur la Traehéotomie pratiquée avec le galvano- 
cautére. Jl s’agit d’un homme de trente-huit ans, phthisique, 
menacé de suffocation par un rétrécissement laryngien. La 
trachéotomie fut résolue, mais l’état d’affaiblissement et d’a- 
némie profonde du malade rendait périlleuse la moindre perte 
de sang, et ’hémorrhagie, si fréquente dans cette opération 
délicate, fit choisir l'emploi du couteau-cautère pour l’éviter 
plus sûrement. Cette nouvelle tentative opératoire réussit 
parfaitement. Le couteau porté au rouge-sombre pénétra 
dans la peau et en pratiqua la section complète dans l'étendue 
de trois centimètres environ. L’incision n'avait pas moins 
de deux centimètres de profondeur. Le premier anneau tra- 
chéal étant sectionné avec un bistouri boutonné, il fut facile 
d'introduire la canule, et l'opération fut ainsi complétée sans 
donner issue à plus de 40 à 50 goutes de sang. (Rév. scientif.) 

M. Le docteur Joubert, dans une lettre adressée à l’acadé. 
mie, réclame pour M. Amussat la priorité de ce nouveau 
mode opératoire. 


374 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Le 13 Avril 1870, M. Amussat pratiqua une trachéotomie 
au moyen de la galvano-caustique thermique sur un enfant 
de treize ans, ayant depuis plus d’un mois un petit caiilou 
dans la trachée-artere. 


Le chirurgien traversa les téguments et la trachée avec 
une aigüille courbe portant un fil double de platine, de ma- 
niére à comprendre dans l’anse métallique 2 centimètres en- 
viron du tube aérien. Après avoir enlevé l’aiguille, il saisit 
l'un des fils avec deux pinces en communication avec une 
pile, et fit la section des tissus dans l’anse, sans écoulement 
sanguin. La trachée ouverte, l'enfant dans un accès de toux 
expulsa le corps étranger. Le 21 Mai, la plaie était cicatrisée 
et l'enfant guéri de l’inflammation pulmonaire occasionnée 
par la présence du corps étranger. 

—M. Béhier fait une communicatien sur la thoracentèse. 
Ayant d'une part obtenu toujours d'excellents résultats de 
son emploi dans le traitement des épanchements pleuréti- 
ques, et d'autre part pleinement convaincu de sa par faite ino- 
cuité, il cherche par tous les moyens possibles à vulgariser, 
à généraliser cette méthode, déjà préconisée par Trousseau. 
M. Béhier a essayé les divers appareils aspirateurs, tels que 
ceux de Dieulafoy, Regnard, Castiaux, Thénot, et donne la 
préférence à la canule seringue de M. J. Guérin. Il termine 
en donnant le résumé de cinq observations dans lesquelies il 
a pratiqué la thoracentése avec un plein succès. 


On a fait observer et non sans raison que le trocart de 
Reybard, muni de sa baudruche ou le trocart capillaire 
conseillé par Blachez constituent une instrumentation suff- 
sante pour les cas ordinaires et ont immense avantage d’être - 
dans la trousse de tous les praticiens. 


—M. Tillaux lit le résumé d'un mémoire intitulé : Recher- 
ches cliniques et expérimentales sur les fractures malléolaires. 


1° On comprend à tort sous le nom de fractures du péro- 
né un certain nombre de désordres résultant d’un mouve- 
ment anormal du pied qui peuvent porter sur la malléole in- 
terne et sur le corps du tibia lui-même. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 375 


2° Ces désordres doivent être réunis sous le nom généri- 
que de fractures malléolaires. 

3° [es fractures malléolaires se produisent presque tou- 
jours dans un mouvement d’adduction ou d’abduction du 
pied, mouvement qui ne saurait exister sans un degré de 
projection de la pointe du pied en dedans ou en dehors. 

4° Le mouvement d’adduction forcé du pied peut produire: 

a Liarrachement de la malléole externe seule : 

b Cet arrachement avec éclatement de la malléole interne : 

c Ce même arrachement avec fracture sus-malléolaire 
tranversale du tibia La luxation de la téte du péroné peut 
se substituer à l’arrachement de la malléole externe pour 
produire cette fracture transversale. 

5° Le mouvement d’abduction produit : 

a. L'arrachement, soit des ligaments latéraux internes, soit 
de la malléote elle-même ; 

b. Consécutivement la fracture du péroné avec plus ou 
moins d’intégrité des ligaments péronéo-tibiaux inférieurs. 

6° De l'intégrité de ces ligaments péronéo-tibiaux inférieurs 
ou de leur arrachement du tibia résulte le degré de luxation 
du pied en dehors. 

70 Le péroné ne peut céder dans les fractures par abduc- 
tion que si les ligaments internes ou la malléole interne ont 
été préalablement brisés.—(Séances des 16 et 23 avril.) 





DES APPLICATIONS DE SULFATE DE FER DANS LA PHLEGMATIA ALBA 
DOLENS, par le docteur W. Cricuton.—Ce sont les succès que 
Velpeau a obtenus du sulfate de fer dans le traitement de l'6- 
rysipèle qui ont encouragé l'auteur à essayer le médicament 
dans la phlegmatia alba dolens. Voici comment il procède : 

El fait, sur le membre malade, des applications aussi chau- 
des que le patient peut les supporter d’une solution de sulfate 
de fer de un gramme à un gramme et demi dans une once 
d’eau ; il emploie dans ce but des éponges imbibées de solu- 
tion et maintenues lachement fixées autour du membre au 
moyen de rubans de fil. Ce traitement externe est aidé d’un 
traitement interne qui consiste d’abord dans l'administration 


376 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


d’un purgatif, et ensuite dans l’usage de la teinture de chlo- 
rure de fer, soit seule, soit associée à la quinine. 

Dans tous les cas soumis aux moyens précédents, c’est-a- 
dire chez cing ou six malades, ‘la guérison fut heureuse et 
rapide ; dans un seulement, vers le dixième ou douzième jour, il 
restait encore de la dureté des troncs veineux superficiels ; les 
parties reprirent bien vite leur état normal sous l'influence 
d’un liniment avec parties égales de belladone et d’iodure de 
potassium. 

M. Crighton pense que les sels de fer agissent comme an- 
tiseptiques en neutralisant l'infection de l’économie produite 
par l'entrée de matériaux nuisibles dans le torrent circula- 
toire ; à cette action générale vient s'ajouter une action loca- 
le sur les parois vasculaires, par diffusion du médicamment 
a travers la peau et les tissus sous-jacents jusqu'aux veines. 
Cette action, suivant l’auteur, est probable, si l'on songe que 
la phlébite commence toujours, ainsi que l’a démontré Ar- 
nolt, par l'extérieur du vaisseau, alors même qu'elle est pro- 
voquée par un corps irritant placé à l’intérieur. 


Quoi qu'il en soit de cette explication, les faits de M Crigh- 
ton sont à ajouter à ceux qui montrent l’heureux parti qu’on 
peut tirer de l'application externe des médicaments; on 
peut rappeler à ce propos que le docteur Christison a pu faire 
résorber complètement des ascites et des anasarques, dans 
l'affection de Bright, par l'application sur les parties malades 
de compresses imbibées d’une décoction de trente grammes 
de poudre de feuilles de digitale sur six cents grammes d’eau 
bouillante. (British médical journal, octobre 1871.) 


EMPLOI DU BROMURE DANS LES HYDROPISIES, par le docteur J. 
G. Tromas.—Comment les bromures agissent-il dans ces cas ? 
L'auteur ne le sait ; il constate seulement qu'ils augmentent 
la sécrétion de Purine et qu'ils font rapidement disparaitre les 
effusions séreuses. M. Thomas a pu s'assurer du fait dans 
un grand nombre d’hydropisies de nature différente. Dans 
plusieurs cas d’ascite avec anasarque, il a vu la résorption 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 377 


se produire en un très-court espace de temps et la même ob- 
servation a souvent été faite par plusieurs de ses confrères 
qu'il avait engagés à expérimenter le médicament. 


Voici un exemple de ces heureux effets du bromure: 


Pendant l'hiver de 1869-70, l’auteur eut à soigner dans son 
service de l’hôpital de Savannah, un jeune homme de 27 ans, 
d’une bonne constitution et atteint de maladie de Bright ; il 
avait commencé à perdre ses forces et son embonpoint six 
inois auparavant, et il y a un ou deux mois que les pieds et 
‘l'abdomen avaient commencé à s’infiltrer. A son entrée à 
l'hôpital, Phydropisie était général ; les poumons étaient œdé- 
matiés ; il y avait de l'oppression, et l’état était si grave que 
la mort paraissait imminente. Comme tous les moyens ten- 
tés jusqu'alors avaient échoué, M. Thomas songea à essayer 
le bromure de potassium, sur l'avis de son assistant, le doc- 
teur Newman; 50 centig furent ordonnés toutes les trois 
heures jusqu’à effet sensible. 


Dèsla première dose un mieux se manifesta, et, peu de 
jours après, le malade se levait et se promenait, les jambes 
étaient presque complètement revenues à leur état normal, 
et l'abdomen avait très sensiblement diminué. L'usage du 
bromure fut continué pendant plusieurs semaines, et le pa- 
tient fut renvoyé très-amélioré, sinon completement guéri. 
L’urine n’était presque plus albumineuse et ne contenait plus 
de cylindres, ni de débris épithéliaux. (The Medical record, 15 

janvier 1872.) 





DE L’ARSENIC DANS LA LEUCORRHEE ET LA MENORRHAGIE, par le 
docteur J.-H. AveLiNc.—L'arsenic était employé comme mé 
dicament par les Grecs, les Romains, les médecins arabes et 
mème les Chinois ; cependant son usage en Angleterre est 
de date récente ; c'est Fowler (1786) qui en a vulgarisé l'em- 
ploi. Depuis, Hill (1809) a écrit sur cette substance, mais son 
administration dans les cas de leucorrhée et de ménorrhagie 
est plus récénte. 


En 1834 et en 1838, le docteur Henri Hunt vit la liqueur 


378 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


arsenicaie diminuer les douleurs du cancer de l'utérus ; plus 
tard sir Charles Locack ayant vu une ménorrhagie guérie 
par l’arsenic chez une femme qui avait pris ce médicament 
pour des troubles du nez. et le docteur Hunt ayant constaté 
le même fait chez une jeune fille qui prenait de l’arsenic 
pour une affection cutanée, on eut l’idée d’administrer ce re- 
mède dans les cas de leucorrhée et dans ceux de règles 
profuses 


Parmi les gynécologistes qui suivirent cette pratique, on 
peut citer Courty, Begbie (1858), sir James Simpson, Hardy, 
Barnes, Tilt, Wells, etc. L'auteur adopte complètement cet- 
te manière de faire ; il pense qu’il vaut mieux administrer 
arsenic à petites doses et en continuer longtemps l'usage, 
comme le veulent Huntet James Simpson, que de donner 
d'emblée de hautes doses sans prolonger i'emploi du remède, 
comme le recommande Aran. Voici comment procède M 
Aveling : il se sert de la liqueur de Fowler ou des granules 
d’acide arsénieux, à un milligramme ; il commence par trois 
granules par jour à prendre au commencement des repas ou 
par deux ou trois gouttes de liqueur. Il est bon, ditil, de 
suspendre de temps à autre la médication pendant un court 
espace de temps et de ne la cesser que progressivement. Tant 
que le médicament est toléré, on le continuera en augmentant 
légèrement les doses de un à deux milligrammes tous les 
quinze jours ; comme le premier symptôme de l'intolérance 
est un certain degré d’irritation des conjonctives, c'est sur la 
présence ou l'absence de ce signe qu’on se guidera pour sa- 
voir si l’on doit continuer à augmenter ou arrêter l’adminis- 
tration de l’arsenic. 


L’arsenic parait agir comme tonique excitant deg vaso-mo- 
teurs ; c'est donc un anticongestif, il décongestionne les vais- 
seaux de l'utérus, aussi doit-il être employé surtout contre les 
leucorrhées et les ménorrhagies qui sont dues à un état hy- 
perémique de l'organe ; dans ces cas l’utérus est augmenté 
de volume, il est ramolli, habituellement il est plus sensible 
au toucher, sa couleur est d’un rouge plus foncé qu’à l'état 


RER ES ' 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 379 


naturel et à l’autopsie ses vaisseaux sont dilatés, et l’aspect 
rouge de l’organe disparait facilement par le lavage. 

Le premier effet du médicament est de rendre plus longues 
les périodes intermenstruelles. Les malades sont réglées 
moins souvent et moins longtemps. Bientôt aussi la quanti- 
té de sang perdu diminue et les menstrues se régularisent 
comme quantité et comme durée. Les effets de l’arsenic sur 
la leucorrhée ne sont pas moins évidents, et comme celle-ci 
s'accompagne habituellement d’un certain degré de conges- 
tion utérine, il est probable que c’est en décongestionnant 
l'utérus que le remède ici agit encore. L'auteur rejette donc 
l'opinion de Courty, qui veut que l’arsenic ne rende des ser- 
vices dans les affections utérines que dans les cas d’herpétis- 
me.—(The British medical journal, janv. 1872.)—Lyon Médical. 





CHLORURE DE POTASSIUM.—Le docteur LANDER emploie ce 
sel à la place du bromure de potassium dans l'épilepsis ; fl 
lui trouve les avantages d'être plus actif, de coûter six fois 
moins et de ne pas avoir les inconvénients des effets secon- 
daires du bromure de potassium. Il commence par de peti- 
tes doses, mais il a pu continuer sans fâcheux effets le médi- 
cament pendant plusieurs mois, à des doses quotidiennes va- 
riant entre 3,50 et 5 grammes 50. Suivant l’auteur, le bro- 
mure de potassium se transforme en chlorure dans l'estomac; 
c'est une raison de plus de l’admiuistrer d'emblée sous cette 
forme.—L. M. 





CATAPLASMES D'IODURE D’AMIDON.—Ces cataplasmes ont de 
très heureux effets sur les ulcères de mauvais aspect ; on les 
prépare de la manière suivante : prenez deux onces d’amidon, 
délayez avec six onces d’eau bouillante, de manièré à faire 
une gelée ; ajoutez alors, avant le refroidissement, une demi- 
once de teinture d’iode ; on peut alors s'en servir. —L. i. 

\ 





TRAITEMENT DES CONDYLOMES—Le docteur Boise détruit ces 
petites tumeurs avec l'acide carbolique pur liquide ou en so- 
Jution très-concentrée ; Il étend le caustique sur le néoplasme 


380 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


avec un pinceau, en ayant soin de ménager les parties voisi- 
nes ; souvent, après un seul attouchement, la tumeur devient 
dure et blanchAtre ; elle se momifie dans toute son épaisseur 
et elle tombe sans laisser d’ulcération. Ce mode de traite- 
ment est presque indolent ; il ne produit aucune inflamation 
si les parties voisines ont su étre préservées, et la guérison 
ainsi obtenue est radicale. 





M. DEMARQUEZ SUR L’ASPIRATION DANS LA RE. 
DUCTION DE LA HERNIE. 


A l’Assemblée de l’Académie de Médecine du 21 mai, Mr, 
Demarquez présenta un homme âgé de 21 ans, chez lequel il 
avait réduit une hernie inguinale congenitale étranglée au 
moyen de l'aspiration. Le 5 mai une tumeur parut dans 
laine gauche accompagnée de douleurs sévères et de vomis- 
sements qui persistèrent le jour suivant. 

Au bout de vingt quatre heures, il fut amené à la maison de 
santé de Paris, où on employa le taxis sanssuccès. On appliqua 
de la glace pendant les 12 heures qui suivirent, et c’est alors 
que M. Demarquez vit le patient. Ses traits avaient subi une 
grande altération et la fièvre s'était allumée. On constata une 
hernie inguinale congénitale étranglée d’un fort volume et 
M. Demarquez songea à d’autres moyens qu’à l'opération, 
n'ayant jamais réussi par ce dernier procédé dans cette forme 
de hernie. Il employa d’abord soigneusement le taxis, après 
avoir mis le patient sous l'influence d’un profond sommeil et 
s'étant persuadé de l'inefficacité de ce moyen il se détermina 
à essayer la sortie des liquides intestinaux au moyen de l’as- 
piration. Un fin trocard fut introduit dans le centre de la 
tumeur et, par le moyen de l'aspirateur de Potain, on tira ‘à 
peu près 120 grammes de liquide intestinal. La tumeur dis- 
parut complètement et, le trocard ayant été enlevé, on laissa 
écouler quelques minutes sans toucher à la tumeur, afin 
d'observer si de nouveaux liquides ou gaz entreraient dans 
l'intestin étranglé. La tumeur ne se reproduisit plus et une 
très légère pression d’en haut suffit pour amener le retour de 


a 


L UNION MEDI CALE DU CANADA 381 


Wintestin dans la cavité abdominale. Le patient fut tenu en 
repos, à une diète sévère, en lui administrant de petites doses 
d’opium. Aucune mauvaise conséquence ne s’en suivit. M. 
Demarquez regarde ce cas comme frappant et il propose d’ap- 
pliquer ce nouveau mode de traitement. 10. A toutes les 
‘hernies congénitales et à toutes les hernies récentes qui s’é- 
tranglent au moment de leur formation. 20. Aux vieilles 
hernies qui étaient parfaitement réductibles quelques jours 
-avant leur strangulation et dans les larges hernies ombilica- 
les qui ont été récemment étranglées. 30. L’aspiration qui a 
pour objet de faciliter l'emploi du taxis doit être employée 
seulement dans la première période lorsqu'on est certain que 
l'intestin est encore inaltéré et capable de reprendre ses fonc. 
tions.—Lond. Med. J. 


CONTAGION DE LA VARIOLE. 


_ Lecture faite devant l'Union Catholique (Séance du 19 Mai 
1872) par le Dr. Ceorges Grenier, licencié du Collége des Méde- 
<ins et Chirurgiens de la Province de Québec, ex-président 
de l’Institut Médical, Médecin de l'Hôtel-Dieu et du Dispen- 
saire de la Providence, démonstrateur d'anatomie à l'Ecole 
de Médecine et de Chirurgie (Faculté de Médecine de l’'Uni- 
versité Victoria, Montréal), auteur du Mémorial Thérapeuti- 
que du “ Guide Pratique des Sœurs de Charité ”, etc., in 18, 
pp. 56.—Montréal, Typographie Le Nouveau-Monde. 

Ce travail lu devant l’Union Catholique a été publié sous 
es auspices de cette Société qui a cru rendre un service à la 
population, en mettant les excellentes idées qu'il renferme à 
la portée de tous. 

Après avoir parlé des ravages exercés par cette redoutable 
épidémie depuis plusieurs mois, l’auteur commence d’abord 
par prouver le caractère contagieux de la variole et cite de 
nombreux evemples pour démontrer qu'elle se communique 
de toutes manières : par inoculation, par simple contact, par in- 
halation. Il énumére les circonstances qui favorisent la 
transmission du virus varioleux et insiste particulièrement sur 


882 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


les dangers des concrétion varioliques qui se forment sur 
la surface de la peau, lors de la dessication des pustules, et 
qui sont les véhicules les plus puissants pour propager la ma- 
ladie. 


Tl examine la nature intime du virus et cite les différentes 
théories qui attribuent les maladies contagieuses 4 des subs- 
tances organiques altérées, à des ferments ou à des germes vi- 
vants suspendus dans l'atmosphère. Puis, touchant la par- 
tie pratique, il recommande, comme moyen préservatif, la 
vaccination. ; 


I] appuie spécialement sur les moyens hygiéniques à adop- 
ter dans l’intérieur des familles lorsque la maladie s’y décla- 
re : l'isolement du varioleux, l'enlèvement des meubles super- 
flus, les précautions à prendre par les garde-malades et la pros- 
cription des visites inutiles. Ensuite, il recommande l’usa- 
ge des désinfectants tel que le chlorure de chaux, l'acide car- 
bolique, etc., mais il prise hautement les deux agents les plus 
efficaces : l’air et l’eau, la ventilation dans le but d'empêcher 
la contagion chez les autres et de contribuer à la guérison du 
malade lui-même, et les bains tièdes, pendant Ja convales- 
cence, pour débarrasser la surface de la peau des concrétions 
morbifiques qui y sont attachées. Il recommande aussi, en 
s'appuyant sur de grandes autorités, le traitement réfrigérant 
de la variole. | 


Il termine en faisant un appel à l’action individuelle néces- 
saire pour mettre un terme à l'épidémie. 


Nous devons féliciter M. le Dr. Grenier sur l’excelleuce de 
son travail, et nous avons la certitude que catte lecture 
portera ses fruits et qne les excellentes suggestions qu'elle 
renferme auront un retentissement profitable è la population 


Les travaux de ce genre doivent être bien accueillis par les 
médecins, car, en détruisant les préjugés qui existent dans 
le publique, ils facilitent leur tâche auprès des malades. 


Dr. LaRAMÉE 


yr 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 383 


THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE. 


OU PANSEMENT DES PLAIES PAR L’OCCLUSION INAMOVIBLE, PAR 
M. VIENNOIS. 


#Soxmarne.—De l'occlusion inamovible, ou de la combinaison de l'inamovibi- 
lité et de l’occiusion pour obtenir la cicatrisation des plaies.—Impor- 
tance de l’immobilisation des pansements ouatés dans de vastes ban- 
dages silicatés.—L’immobilité des moignons ou des parties lésées ne 
peut être complète ue dans des appareils inamovibles.—Effets de 
l'inamovibilité sur !:: proeessus de réparation des plaies récentes et 
des collections purulentes aiguës ou chroniques.—Son utilité pour ob- 
tenir la réunion immédiate, pour calmer les douleurs et pour diminuer 
la suppuration.—Cicatrisation sous—crustacée de certaines plaies trai- 
tés par l'ocelusion inamovible. 


Dans une première note insérée dans la Gazette Hebdoma- 
daire du 22 décembre 1871 sur les pansements isolants et an- 
tiseptiques, j'ai fait connaître les modifications que M. Ollier 
a apportés au pansement ouaté de M. Alphonse Guérin et qui 

consistent principalement dans l'aidition de l’inamovibilité 
à Yocclusion. Cette méthode de pansement, que M. Ollier 
appelle occlusion inamovible, et dont il a exposé les principes 
le 12 février dernier à la Société de médecine de Lyon, a 
fourni déjà de si heureux résultats que je crois utile de les 
faire connaître dès aujourd’hui. Appliquée aux plaies d’am- 
putations, aux traumatismes graves des membres, aux plaies 
articulaires et aux diverses plaies en général, elle nous a 
paru non-seulement avoir les avantages que M. Alponse Gué- 
rin a si justement attribués au pansement ouaté, mais encore 
des avantages spéciaux que l’immobilité absolue de la plaie 
peut seule réaliser. Ayant pu suivre quarante et quelques 
plaies traitées par cétte méthode, nous croyons pouvoir dire 
que, grâce à la combinaison rationnelle de l’occlusion ouaté 
et des appareils inamovibles, le pronostic des plaies, notam- 
ment de certaines plaies graves des membres, et surtout des 
plaies d’amputation dans les millieux infectés, nous paraît 
devoir changer complètement. Les chirurgiens des hôpitaux 
peuvent éviter dorénavant ces accidents, qui ont 6té jusqu'ici 
leur terreut et les ont souvent empêchés d'exécuter dans les 


384 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


millieux hospitaliers les opérations les plus rationaelles d’ail-- 
leurs (4). 

L’occlusion inamovible repose sur deux principes essentiels: 
et d’égale importance : 1°. l’occlusion par le coton, telle que 
l'a préconisée M. Alphonse Guérin, pour mettre les plaies à. 
l'abri des germes infectieux ; 2° l’immobilité complète, abso- 


lue, permanente de la région blessée dans un bandage silica- - 


té enfermant toutes les parties dont les mouvements peuvent 
influer d’une manière quelconque sur les tissus divisés. Les. 
magnifiques succès qu'a obtenus M. Alphonse Guérin dans 
ses amputations, pendant le deuxième siége de Paris, ont 
montré toute la valeur de la ouate comme moyen d’occlusion,. 
En parlant d’occlusion ouatée, nous allons contre la théorie 
de M. Alphonse Guérin, qui considère la ouate non pas com- 
me une barrière à l'air, mais simplement comme un filtre de 
ce fluide. Nous n’avons pas l'intention d'aborder ici la dis-- 
cussion théorique, mais quelque incontestables que soient. 
les faits expérimentaux (Pasteur, Pouchet, Tyndall) sur les- 
quels s’est appuyé M. Alphonse Guérin, nous ne comprenons. 
guère la filtration de l’air à travers des couches de coton. 
très serrées et épaisses de 8 à 10 centimètres. Nous insiste- 
rons d'autant moins sur le côté doctrinal que la théorie de 
l’occlusion explique les faits chirurgicaux d’un2 manière sa- 
tisfaisante, et que malgré les objections théoriques que sou- 
lève l’idée de la filtration de l'air, et le rôle des germes infec- 
tieux dans la production de certains accidents des plaies, les 
faits cliniques n’en subsistent pas moins. Quelques précau- 





(1) Je crois devoir rectifier une faute d'impression dans mon premier ar-: 
ticle, relative aux proportions d'huile et d'acide phénique pour les bains 
ou les irrigations Fuileuses. On me fait dire que la proportion d’acide phé- 
nique est de 50 pour 100, c'est, 50 pour 1000 qu'il faut lire ; et, comme cette 
proportion est notablement différente il est utile de corriger une erreur que 
pourraient commettre ceux qui seraient dans l'intention de répéter ces es- 
sais. Cette erreur est d'autant plus importante que nous publirons bien- 
tôt des obse: vations et des expériences démontrant les dangers de l’acide- 
phénique en application sur la peau saine ou employée dans le pansement 
des blessures. . 





i 
1 
{ 
| 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 389 


tions que l’on prenne, on enfermera toujours quelques ger. 
mes entre le coton et la plaie : l’air pur des hautes monta- 
gnes lui même ne serait pas à l'abri de tout reproche contre 
la présence de certains germes. Mais cette privation abso- 
lue des germes ne nous paraît pas indispensable ; l'important 
est qu’il ne puisse pas s’en développer par l’abord incessant 
de l’air vicié, et sous ce rapport le bandage ouaté, quand on 
a eu soin de désinfecter la ouate par les vapeurs phéniquées 
ou par l’interposition de quelques couches imbibées d’une so- 
lution phéniquée, nous parait réunir des conditions suffisan- 
tes de succès. 

Quelque soit du reste la théorie véritable, l’idée d’envelop- 
per les membres dans d2s couches d’ouate très épaisses, ra- 
rement renouvelées, et qui appartient à M. Alphonse Guérin, 
nous permet de réaliser la première indication fondamentale 
dans le pansement des plaies. Quant à la seconde indication 
qui consiste à immobiliser le membre ou la région malade 
d’une façon aussi complète que possible, elle ne peut être 
réalisée que par l'appareil silicaté, ou tout autre appareil fa- 
cilement solidifiable. M. Ollier préfère le silicate de potasse 
à cause de la commodité de son emploi et de sa légèreté ; on 
le manie plus facilement que le plâtre, et il immobilise tout 
aussi bien. Avec le plâtre, on serait obligé de faire des ap- 
pareils monstrueux. L’enveloppe silicatée fait par-dessus la 
ouate une nouvelle couche occlusive ; mais comme cette oc- 
clusion a l'inconvénient de maintenir une humidité trop 
grande autour de certaines régions, en em péchant l’évapora- 
tion des liquides de la plaie, il est bon, si l’on a lieu de soup. 
conner la production abondante de sérosité et de pus, de le 
perferer en divers points après sa dessication, sans toucher à 
la couche ouatée. L'immobilité n’en subsiste pas moins aver, 
tous ses avantages et le coton reste sec au-dessus. M. Ollier 
recommande ces perforations depuis qu'il a trouvé des moi. 
sissures dans un bandage resté trente-deux jours en place ; la 
plaie fut trouvée très belle, mais la peau saine du pourtour 
de la plaie était excoriée et comme macérée sur une certaine 
étendue. a | 


386 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Par l’occlusion inamovible, la chirurgie des champs de ba- 
taille nous paraît devoir être considérablement modifiée. 
Avec de la ouate et des bandes solidifiables, on pourra faire 
la plupart des premiers pansements qu’exige les plaies des 
membres par armes à feu. On s’en servira pour transporter 
dans les hôpitaux fixes les amputés et les blessés à indication 
douteuse pour lesques il n’est pas nécessaire d’intervenir im- 
médiatement. Tous ceux qui ont pu voir dans la dernière 
guerre les difficultés de ce servicè des ambulances volantes, 
se rendront compte du changement que l'occiusion inamovi- 
ble pourra apporter dans la chirurgie d’armée, dès que les 
fourgons d’ambulance seront garnis d’une grande quantité de 
coton suffisante. C'est dans des cas semblables que l’immo- 
bilité joue le principal rôle, et comme elle est sans danger, 
grâce à l’épaisse couche d’ouate que contient l’appareil ina- 
movible, elle devra être employée, pour peu qu’il reste des 
chances sérieuses de conserver le membre. Il ne faut pas 
oublier toutefois que les plaies par armes à feu, et surtout 
par les gros projectiles, quand elles s'accompagnent de con- 
tusions profondes et étendue, sont exposés à la gangréne hu- 
mide et à la septicémie aiguë, et que l’occlusion inamovible 
ne pourrait pas prévenir ces terribles accidents ; ce n’est que 
pour les écrasements des doigts de la main ou du pied qu’on 
pourrait sans danger courir les chances de la mortification. 


Nous avons vu récemment dans le service de M. Ollier des 
écrasements de la main qui semblaient devoir exiger l’ampu- 
tation au moins partielle de cet organe. Les os brisés, les ar- 
ticulations ouvertes se sont couverts sous le bandage d’une 
couche granuleuse, sans qu'il se soit produit des fusées et de 
Parthrite purulente. Les articulations et les gaines .se sont 
oblitérées, et, ce qu'il y a de plus. important au point de vue 
des plaies contuses, les portiens de doigts et les fragments 
d’os mortifiés ont pu rester un mois sous le bandage sans oc- 
casionnner d'accidents, et au premier examen de la plaie on 
les retrouvait presque complètement détachés. des parties sai- 
nes, Mais sans décomposition putride. Elles exhalaient seu- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 387 


lement une odeur faisandée très prononcée, très-désagréable 
mais différente de celle de la putréfaction à l’air libre. 

L’immobilité nous paraît surtout avantageuse pour calmer 
les douleurs, limiter la supuration des plaies et prévenir les 
décollements des parties voisines. C'est à ce point de vue 
que la supériorité de l’occlusion inamovible nous parait incon- 
testable. 


Si l’on se contente d’enfermer certaines plaies et les divers 
moignons dans des masses de coton entourées de bandes sou- 
ples, les malades accusent toujours quelques douleurs. Ajou- 
tez un bandange silicaté et les douleurs cessent, et cessent 
définitivement, lorsque le bandange est sec, si le bandage a 
été bien fait et embrasse une partie du corps suffisante pour 
rendre la plaie absolument immobile. Dans les amputations 
du membre supérieur, il faut prendre l'épaule dans le ban- 
dage et le bassin, dansles amputations du membre inférieur; 
même pour les amputations de la main et du pied, il faut 
prendre la partie correspondante du tronc. 


Nous avons vu il y a quelque temps combier cette immo- 
bilité était nécessaire. Plusieurs malades, qui se trouvaient 
un mois après leur opération en assez bon état pour que M. 
Ollier crût pouvoir se dispenser de renouveler le bandage 
silicaté, ont reclamé au bout de deux ou trois jours une nou- 
velle immobilisatiou avec l'appareil silicaté. 


Parmi les faits qui ont pu nous permettre d'apprécier exac- 
tement la valeur de limmobilisation, nous citerons celui 
d’un amputé de cuisse où l’épreuvre et la contre-épreuve ont 
pu être faites avec toute la rigueur nécessaire. Ce malade, 
âgé de cinquante et un ans, atteint d’une ostéo-arthrite du 
genou, miné par la fièvre hectique et des douleurs incessan- 
tes, avait 6té opéré dans les plus mauvaises conditions. Pen- 
dant quatre semaines après son opération, il avait goûté un 
bien-être qui lui était inconu depuis longtemps. Au bout de 
quinze jours il avait pris de l'appétit et se refaisait à vue 
d'œil. 

A continuer. 


‘388 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


DISPENSAIRE SAINT JOSEPH. 


11 Juillet 1872. 


Du ter Avril au 31 Juin dernier 1004 patients reçurent des 
soins à cette institution. De ce nombre 156 hommes et 486 
femmes. Les prescriptions remplies s’élevèrent au nombre 
de 362. 


Les NOUVELLES FACULTÉS MÉDICALES FRANCAISES.—Selon le 
journal La France, le ministre de l’Instruction Publique est à 
préparer un Bill pour la réorganisation complète de l’éduca- 
tion médicale. Il se proposera de maintenir les présentes fa- 
cultés médicales à Montpellier et à Paris, donnant quelqu’ex- 
tension à cette dernière et créant de nouvelles facultés à 
Bordeaux, Lyon, Nartes, Lille et Nancy.—Gaz. Méd. 25 Mai, 





NAISSANCE. 
A Rigaud, le 18 juillet, la dame de G. Madore, M. D., un fils. 





MARIAGE. 


A Müuskinongé, le 18 Juin par le Révd. J. Agapit L-gris, Secrétaire du 
diocèse des Trols-Riviéres, et frère du marié, Charles Henri F, X. Legris, 
Ecr., M. D., de Ste. Monique, à Delle. Marie Philomène Philie Giroux, de 
Maskinongé. 





ASSOCIATION MEDICALE CANADIENNE. 


LA CINQUIEME ASSEMBLEE ANNUELLE de l'ASSOCIATION 
MEDICALE CANADIENNE aura lieu MERCREDI, le ONZE SEPTEM- 
BRE prochain, dans la cité de Montréal. Le Président prendra le fauteuil 
à 10 heures, A. M. 

A. H. DAVID, M.D. Gd. D.C.L., 


Secrétaire-Général. 
Montréal, ler Août 1872.—di 


TABLE DES MATIÈRES. 


L'acte médical projeté, J. P. Rottot.......... deceeceeecscevesees 341 
Correspondance parisienne, A. T. Brosseau..…................…. 346 
De la saignée dans le traitement de l’apoplexie, Dr. S. A. 
Longtin .........ccececececececescencsescescseseecnessseecccerenss . 349 
Sur la tannate et la gallate de la quinine....... oes easceaeeees 393 


De l'emploi des injections intra-musculaires de chlorhy- 
drate de morphine dans le traitement du tétanos...... 360 


Congrès médical de France... .......cccececsccesccssoccesscenseeens 364 
Recherche sur l’époque précise où apparait la membrane 
lamineuse dans le placenta humain... 366 
Société Médicale de Montréal... 370 
Académie de Médecine de Paris...... Pevccacccecsscscesscseeceeecs 373 
Des applications de sulfate de fer dans la phlegmatia 
alba dolens .........cccccesessseececscesesecssecseesessssenceesees 375 
Emploi du bromure dans les hydropisies ..................... 376 
De l’arsenic dans la leucorrhée et la ménorrhagie......... 377 
Chlorure de potassium... 879 
. Cataplasme d'iodure d’amidon ..….....................,...,.., 379 
Traitement des condylomes ss. 379 
Mr. de Marquez sur l'aspiration dans la réduction de la 
hernie... sise sscsesoseneseesssescesess ee 380 
Les nouvelles facultés médicales francaises........ renessnes 381 
Dispensaire de St. Joseph .............sscescccccescceasccecenerens 381 


Thérapeutique chirurgicale ...........cccccsscscccsscessevecsceseee 381 





tt 


On s’abonne a l’Union Médicale au Bureau de La Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs. 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


Wu.R. WARNER & CIE. 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules recoubertes en sucre. 


154, Rue North third, 


PHILADELPHIE. 


ÆExpédiées par la malle sur le reçu du prix du cata. 
logue. 





Pilules Iodoform et Ferri de Warner. 
{Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n'ac- 
ceptez aucun substitut de qualité inférieure.} : 


Ces Pilules sont an tonique et un alterant puissant, recomman- 
dables surtout dans Ia 





tBoryaleass ope 
Chaque bout 
PRIX $3.25 PAR 100. 
Nous di ns ci-dessous un court extrait d'un rapport de la société médicale di 
Equish a ane pubilé dans les transaouions de la sockets médicale de Pansyivante ea Sin 

















A l'intérieur, Je vis la quinine et le fer et une diète gènéreuss, malgré cela, J'e 
bond de SUR LES  obtentr des granuistions de Donne néiuce’t alice ent font 
À devenir piles et livides. J'emayal Sucaessivement un grand nombre daltsrants, 





dance re 
onttautres Tiogure de potassiam et ia chaux. Le cas ft des progrès tres lente JG à estate 
fon ajepion fa apoego aris pistes ® Yogoform et te or gar un ardele du Modul aud 
Surgical Reporter’ "Yo désiaal dessayer Immédiatament le remdie, Je disconuinual etant 
tralfement constiiationnel ete donal trole pilules trois ols par jour, manu/acuurées par Wr 
iE Warner & Gade Ja. J'eus blentot ta satisfaction de rois un progres rapid Lo 
Membre dont elle avatt soufort no ta trouble plus du tout; ies granulaclons devinrent pine 
abondantes et d'une meilleure nature, et Je puls voir maintenant ma patiente vaquor à ted oo. 
‘patos journals On ne Deut apperezeotr aucune trace de la maladie at fa petlen jon 
ns sont) parle. 

Den aay tte deux autres ces, l'an datant de trois et l'antre de quatre ans avec le 

meme résuliat. Je suis convaincu de l'eicacité da remède. 
P, L. BIOHARD, Prée, du Comité de Santé. 


Expédiées par la malle sur le reçu du prix du catalogue. 
PIL: PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centième de grain, Ext. NOIX VOMIQUE un quart de grain. 
PRIX $2.00 PAR CENT. 

Le phosphore constitue un des éléments importants de l'économie animale, surtout du 
cerveau et du système nerveux, et on le regarde comme un remède précieux dans les maladies 
de ces organes, telles que : perte de mémoire, ramollixsement du cerveau, dépression nerveuse, 
Dithiatesparaivaie ce mpulseance. Le phospaote s'atminisire plus aisément sou forine a 

‘il s'y trouve dans un état parfait de subdivision étant dissous dans In glycerine. 
Dr. G. Dujardin Beaumetz, de I'Hopltal de la PIs, à Paris, après- une étude soignée 
sar Peotion du phosphore dans raiaxe locrmtrice conclut: 10. que fe Phosphore pasalt svotr 
ne inauence favorvble dans cette maladie 0, Que ve. phosphore agit comune datent et 
sème netveus, on iurrendant uo Élément indisperussie. do, Que Tadiainiss 
shore doit se faire à petites doses, un miiligramme, (environ 1-60 de grain.) pour 
Sommencer; mats on peut Vaugmenter graduellement, “Sou adininistraton’doltGure eres 
quand {| survient des troubles du côté des organes digestifs. (Bulletin général de shérapeu- 
ique, Jan. 15 Fév. 20 Mars 13, 1863 


A VENDBE EN GROS SEULEMENT PAR 


KERRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien en Gros.— Montreal. 









































L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


ee — _ ee ae a —— — 
| — ——— + — TT en 





Rédacteur en Chef: ; (. DAGENRIS nur: 
D. 
J. P. ROTIOT, M. D. TL P. DESROGIES, M. D. 
Vol. 1. SEPTEMBRE 1872. No. 9. 


— ERS Ge ete ee ee 
ee ee ——— ee ey 
Se a -_ = rr 


UNE REPONSE. 


Il parait que mon appréciation de l'acte médical en projet 
ne plait pas à tout le monde. Mes remarques ont surtout af- 
fecté d’une manière très désagréable le système nerveux de 
l'éditeur du Canada Medical Journal. Dans un article du mois 
dernier, le Dr Fenwick se sert à mon adresse d’un langage 
qui frise l'impertinence. J'en suis d'autant plus surpris, 
qu’une telle conduite est contre ses habitudes. Libre à lui 
de continuer sur ce ton-là ; pour moi je ne le suivrai pas. 
Celui qui dans ces sortes de luttes remporte la palme, ne peut 
pas à la fin se glorifier d’une grande victoire. 


J'ai fait qnelques observations sur le bill de médecine, 
principalement pour provoquer la discussion sur une ques- 
tion si importante et si compliquéc. Dans le cours de mes 
remarques j’ai évité toute personnalité, je ne me suis occupé 
que de la question elle-même, je ne me suis pas servi d’une 
seule expression blessante contre qui que ce soit. Je savais 
bien que mes opinions étaient en opposition directe avec 
celles de quelques-uns de mes confrères: mais je croyais 
avoir la liberté, le droit de les exprimer sans craindre de 
leur part aucune remarque offensante. Le docteur Fen- 
wick lui-même, déclare que la discussion du Bill est ab- 


390 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


solument nécessaire ; il la demande avec instance ; mais il 
faut dit-il, qu'elle soit faite d’une manière calme et sans pas- 
sion Le Dr Fenwick est comme les Puissants da la terre ; 
ils font des lois pour les humbles mortels, mais il est toujours 
entendu que Ça ne les regarde pas du tout. 


Pour moi, je continuerai a suivre ma même ligne de con- 
duite, et je vais aujourd'hui m’efforcer de prouver au Dr. 
Fenwick, aussi poliment que possible, qu’il a une fausse idée 
de la question qui nous occupe, et qu’il n’a pas compris le 
sens de mes remarques. 

Dans le mois de Juin dernier j'écrivais : qu’il était très dif- 
ficile, dans un pays composé de différentes nationalités, cha- 
cune jalouse de conserver sa langue, ses lois et ses croyances 
religieuses, de faire une loi qui fut acceptable pour tous.—Le 
Dr Fenwick prend occasion de cela pour me dire qu’il est 
simple et ridicule d'amener ces considerations-la de lavant 
dans la discusion dece projet de loi; que la religion n’a 
rien à y voir ; que la colique fait souffrir un Catholique au- 
tant qu’un Protestant ou un Juif, et que le traitement est 
toujours le méme. 


Je croyais tout bonnement, moi, qu’une loi de médecine 
était une chose tout à fait différente de la science de la mé- 
decine, que l’une ne devait pas entrer dans le domaine de 
l’autre. Je ne me serais jamais imaginé qu’en faisant une 
telle loi, on devait se proposer d'enseigner aux Elèves, com- 
ment il fallait tratter un mal de ventre. J’ai toujours cru 
de plus que l'éducation était une des choses les plus impor- 
tantes pour un peuple ; que c’est elle qui, contribue le pius 
aassurer sa prospérité, son avenir. J'ai toujours cru aussi, 
qu'il ne pouvait pas y avoir de bonne éducation sans reli- 
gion: qu'on ne pouvait pas enseigner les sciences, la 
médecine surtout, sans parler de religion : que les ques- 
tions religieuses en rapport avec la science médicale, é- 
taient loin d'être traitées de la même manière par les Protes- 
tants et par les Catholiques : et que pour ces diverses 
raisons-là, nous ne devions pas renoncer au privilège 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 391 


que la constitution nous accorde, de diriger nous-mémes no- 
tre système d’éducation. Il me semble, qu'il n’y a pas la de 
simplicité, ni d'étroitesse d’esprit. C'est, je crois, traiter la 
question sous un point de vue aussi large, et sussi élevé que 
que possible. Si le Dr. Fenwick n’a pas vu cela, c’est proba- 
blement, par ce qu'il se sera, par hasard, placé lui-même trop 
bas. Je lui conseillerais donc de monter un échelon de plus. 


Dans le même écrit, je disais que la XX Vme clause ne 
rendait pas justice à nos maisons d'éducation. Le Dr. Fen. 
wick n’a pas pu comprendre cela. Voyons ce que pourra fai- 
re une séconde explication. 


La XX Vme clause pourvoit à ce que tout aspirant à l'étu- 
de de la médecine, porteur d'un diplôme de Maitre-és-arts, 
soit admis sans examen. 


Où est l'injustice, demande le Dr. Fenwick. Les Cana. 
diens ne sont-ils pas traités comme les Anglais. Qu'un élè. 
ve de l'Université Laval vienne devant le Bureau ou devant 
nous, avec son diplôme de Maitre-és-arts, il sera admis à 
l'étude de la médecine sans examen ; mais nous ne pouvons 
pas faire la même faveur aux élèves sortant d'aucune de 
nos écoles publiques, porteurs d’un certificat qui n'est pas 
un diplôme Universitaire. Voila exactement où est lin- 
justice. Le Dr Fenwick met nos premières maisons d’édu- 
cation, telles que les Jésuites, le collège St. Hyacinthe, de Ni- 
colet‘ de Montréal, etc, sur le mème pied que leurs écoles pu- 
bliques. IL ignore que l'éducation donnée par :es maisons, 
est tout aussi bonne et aussi complète que celle donnée par 
les Universités, et qu’un bon certificat d'études complètes de 
l’une ou de l’autre de ces institutions équivaut à un diplôme 
de maître-es-arts, parce que leurs élèves suivent le même 
cours qui est enseigné par les Universités. Ces jeunes gens 
étant donc aussi instruits que les autres, devraient jouir des 
mêmes privilèges. C’est ce que j’appellerais justice égale. * 

Le Dr. Fenwick cherche ensuite à faire de l'esprit au su- 
jet de mes remarques concernant la 28ème clause. A l’en- 
tendre, nous sommes toujours dans des trances affreuses, 





392 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


l'ombre même d'un Anglais nous fait peur ; bien loin de re- 
poser la moindre confiance en eux, nous les croyons conti- 
nuellement occupés à tramer des complots qui tendent à rien 
moins, qu'à la destruction de notre nationalité, de notre lan- 
gue, et de notre religion : sans espoir eux-mèmes d’être sau- 
ves, ils veulent nous conduire au diable avec eux. Par 
rapport à cette dernière remarque, il pourrait bien se faire 
après tout, qu'il n'aurait pas tort, et que sans le vouloir, il 
aurait dit une grande verité. C'est probablement ce qui nous 
arriverait, si on voulait les suivre ; heureusement, qu’on y 
voit des inconvénients. 

Il me semble pourtant, que nous avons de bonnes raisons 
pour nous opposer à cette 28ème. clause. Elle donne vérita- 
blement trop de pouvoir au conseil ; car elle pourvoit à ce 
que le conseil ne soit pas tenu de reconnaître aucune école 
de Médecine dans la Puissance du Canada, qui ne sera pas en 
opération lors de la passation de l'acte médical. Quand on 
possède un tel pouvoir, il n’est pas impossible qu'on en abuse. 
N'a-ton pas raison de le craindre ? Quel crime commet-on 
lorsqu'on cherche à se protéger. N'est-ce pas ce que font 
toutes les minorités dans les pays mixtes ? C’est pour ainsi 
dire un droit. Et Messieurs les Anglais en usent largement, 
chaque fois que l’occasion se présente 


D'ailleurs je m'opposerais à cette clause, quand même nous 
ne formerions qu’un seul peuple ayant la même langue et la 
mème religion. Le gouvernement seul devrait avoir le droit 
de reconnaitre ou de permettre la formation d’une école de 
Médecine ; parceque dans cette question il n'y aura que le 
bien public qui pourra l'influencer. Ce sysième, ditle Dr. 
Fenwick a été la cause de beaucoup d'abus : c'est grâce a 
lui si l’on a vu en Angleterre se former un si grand nombre 
d'écoles de Médecine, et si elles ont tant abusé de leurs pou- 
voirs. Il est évident que la cause du mal ne réside pas dans 
le pouvoir qu'a le gouvernement de permettre l'établissement 
des Ecoles de Médecine ; elle réside plutôt dans la défec- 
tuosité de le loi de médecine elle-même. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 393 


Rendez cette loi plus sévère. Exigez plus de garantie de 
la part des écoles. Obligez-les de posséder tout ce qui est 
néressaire pour donner une bonne éducation médicale. Eta- 
blissez un pouvoir qui puisse les contrôler jusqu’à un certain 
po:nt, et voir à ce qu’elles remplissent exactement les exigen- 
ces le la loi. Vous n'aurez plus ensuite d’abus à redouter 
de ia part du gouvernement. Vous n’aurez pas même à 
craindre l'établissement d’un trop grand nombre d’Ecoles. 
Elles ne se formeront que lorsque le bien public le re- 
querra. En voulant éviter un mal, il faut prendre garde 
de ne pas tomber dans un autre plus grand. S'il n’est pas 
bon d’avoir trop d'écoles, il est peut-être plus mauvais de ne 
pas en avoir assez. Ja rivalité, en médecine comme ailleurs - 
est souvent la plus puissante cause de l'émulation et des pro- 
grès. 

Je termineraien priant les Médecins de se rappeler que 
l'Association Médicale s’assemble le 11 de ce mois. Cette 
session devra nécessairement être très importante. Le projet 
de loi sera de nouveau pris en considération, et probable- 
ment pour la dernière fois. Si nous ne voulons pas qu'il soit 
adopté sous sa forme actuelle, c’est notre devoir de nous rendre 
a cette convocation et de proposer les modifications que nous 
croirons convenables et justes. 

Septembre 1872. 

Dr. J. P. Rorror. 


a 


CORRESPONDANCE. 
Mr. le. Rédacteur, 
Je vous envoie les quelques lignes qui suivent pour l’Union 
Médicale, si vous y trouvez de l'intérêt pour vos lecteurs, pu- 
bliez- les en tout ou en partie comme il vous plaira. 
J’ai l'honneur d'être 
Votre etc., 
Dr. Ed. DEsJarDins. 


Je suis tout-à-fait enchanté de mon séjour à Londres. Cet- 
te ville offre en effet, à celui qui veut s'occuper de maladies 


394 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


d’yeux, le plus vaste champ d'observations qu’il soit possible 
de rencontrer. L'on compte ici cing hôpitaux exclusivement 
consacrés aux affections oculaires, de plus, la plupart des 
grands Hôpitaux ont un département spécial pour ces affec- 
tions et dans chacune de ces institutions où se fait régulie 
rement un service journalier. les malades viennent toujours 
en grand nombre; ainsi, à Moorfield’s Ophthalmic Hospital, 
plus de trois cents malades se présentent chaque matin a la 
consultation. 

Les Hôpitaux que je suis plus particuulièrement sont, dans 
l’avant-midi: Moorfield’s, qui est sous la direction des pre- 
miers oculistes de Londres, tels que MM. Bowman, Critchett, 
Sælberg Wells, Lawson, &c., et dans l'après-midi : Wvustmins- 
ter Ophthalmic et St. Thomas, dont le service opthalmique est 
confié a M. Leibreich. 


Les cliniques oculaires sont de ce temps-ci encore plus in- 
téressantes qu’à l'ordinaire, à cause de la présence d’un grand 
nombre d’oculistes des plus distingués venus de presque toutes 
les parties du monde, pour assister à une réunion du Congrès 
International d’Ophthalmologie qui a eu lieu ici la semaine 
dernière. MM. lés oculistes anglais, pour faire plaisir à leurs 
confrères étrangers, et un peu aussi, je suppose, dans le but 
de montrer leur habileté en chirurgie oculaire, ont conservé 
pour eette occation leurs plus beaux cas d'opérations ; aussi 
depuis une couple de semaines, il ne se passe peut-être pas un 
seul jour, sans que nous soyons à même de voir pratiquer 
quinze à vingt opérations importantes. 

J’aurai occasion, probablement plus tard, de vous parler 
de ce Congrès d’ophthalmologie, dant j'ai eu l’honneur de 
faire partie ; je me contenterai cette fois, de vous donner un 
résumé de qnelques unes de mes notes prises dans les différents 
hôpitaux que j'ai suivis. 

Une des questions qui préoccupent le plus les ophthalmo- 
logistes, c’est de savoir s’il ne serait pas possixle de perfection- 
ner encore le mode opératoire pour l'extraction de la cata- 
racte. On est satisfait jusqu’aujourd’hui des résultats obte- 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 395 


nus par l'opération de de Graefe, mais on trouve que ce pro- 
cédé est difficile, qu’il expose bien souvent au danger de per- 
dre de l'humeur vitrée, &c., malgré cela, ce procédé me paraï 
être employé par la grande majorité des oculistes, beaucoup 
en suivant exactement les préceptes de l’auteur et d'autres 
en y apportant quelques modifications dont la meilleure à 
mon avis est celle de M. Critchett. Cette modification con- 
siste à faire la ponction et la contreponction, à environ un 
tiers de ligne plus bas qne ne l’indique M. de Graefe, et à 
terminer l’incision complètement dans la cornée, au lieu de 
la faire à la périphérie. On conçoit, que par ce changement 
dans la situation dela plaie, le corps vitré est beaucoup moins 
exposé à faire hernie que dans la méthode de de Graefe, où 
l’incision étaut toute entière en dehors de la circonférence 
cornéenne, se trouve, après l’iridectomie, en face de la mem- 
brane hyaloïde, qui n'ayant plus de point d'appui se rompt 
avec la plus grande facilité, pour peu que le chirurgiens hésite 
dans son opération. 


J'ai vu M. Critchett opérer plusieurs fois, et jamais cet ac- 
cident ne lui est arrivé ; je puis dire la mème chose des au- 
tres chirurgiens qui ont opéré d’après ses indications—j'ert 
conclus que cette modification de M. Critchett est récllemen’ 
aventageuse, même en admettant que la plaie ne se guérisse 
pas aussi vite que dans le procédé de Graefe, et que la sortie 
du cristallin soit un peu plus difficile, à cause du mouvement 
de bascule en avant qu’: faut lui imprimer. 


La méthode de discission connue sous le nom de Bowman's 
two-need le opération, est bien souvent employée ici et avec 
succès: dans les cas de cataractes secondaires où la capsule 
est très épaisse et fortement adhérente à l'iris. Cette méthode 
consiste d’abord à introduire dans la cornée près de sa circon- 
férence, une aiguille que l’on pousse jusque dans le centre 
de la capsule, puis une seconde aiguille du côté opposé, que 
Yon conduit aussi jusque dans la capsule au mème point on 
se trouve la première. Ces deux aiguilles une fois bien en- 
gagées dans la cataracte, sont ensuite écartées de chaque côté 





396. L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


de la pupille ; la capsule se déchire et laisse une espèce d’ou- 
verture où le corps vitré se précipite et maintient séparés les 
débris de la cataracte. C'est par cette ouverture devenue 
transparenle par la présence du corps vitré, que les royons 
lumineux peuvent entrer dans l'œil. Pendant Vopération, il 
faut avoir soin de ne pas trop tirailler l'iris, ce qui pourrait 


amener dessymptômes inflammatoires plus ou moins facheux. . 


Les aiguilles dont on se sert, sont les mêmes que celles em- 
ployées pour la discission ordinaire. 

Je vous dirai en terminant, qu'ici, on ne fait presque pas 
d'opérations dans l'œil, sans endormir lesmalades. L’anesthé- 
sique le plus souvent employé est le Bichlorure de Méthylène- 
parcequ’il agit plus promptement que le Chloroforme, et 
que son effet dure moins longtemps. ,Ces deux préparations 
se ressemblent beaucoup quant à leurs qualités physiques, 
elles s'administrent de la même manière, et les malades pren- 
nent l’une ou l’autre indifféremment. Cependant quand il 
s’agit de faire une longue opération, on donne de préférence 
le chiorofomre ; ou bien, l’on commence avec le Méthylène 


pour anesthésier de suite le malada, et l’on continue ensuite 
avec le Chloroforme. 

Pour ceux qui ont à faire plusieurs opérations à la fois 
l'emploie du Bichlorure de Méthyléne est certainement avan- 
tageux parcequ’il sauve beaucoup de temps. 

Londres 9 Août 1872. 

Dr. Ep. Drsyarprns. 


Se ee 


THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE. 


DU PANSEMENT DES PLAIES PAR L'OCCLUSION INANOVIBLE, par Mr. 


Viennois. 
(Suite et fin.) 


Au trente-deuxieme jour, M. Ollier crut pouvoir se 
dispenser de l'enveloppe silicatée, et dès le lendemain le ma- 
lade accusa de la douleur ; la température avait augmenté 
dès le soir, le moignon devint douloureux et le malade perdit 





æ 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 397 


l'appétit. Au bout de cing jours il y avait un petit décolle- 
ment à la face inférieure du moignon. Cette fois encore on 
fit le simple pansement onaté, sans bandage silicaté ; le ma- 
lade continua à souffrir, et quatre jours plus tard on constata 
un décollement plus grand. Alors le chirurgien eut recours 
au pansement complet, c'est-à-dire à l'occlusion inamovible, 
ct une fois l'appareil silicaté sec, les douleurs disparurent. 


Nous attachons donc une importance capitale à l'immobili- 
sation, soit pour soulager le blessé, soit pour favoriser l’ac 


-complissement lent et régulier des processus réparateurs, soit 


enfin pour obtenir dans certains cas la réunion immédiate 

M. Ollier est tellement persuadé de l'importance de l’im- 
mobilisation, que dans les cas où un abcès ossifluent doit 
s'ouvrir et menace de perforer la peau, il immobilise préa- 
lablement la partie dans un bandage silicaté. Ce mode de 
traitement des abcès ossifluents ou des suppurations articu- 
laires est trop important pour que nous n’en dissions pas 
quelques mots. On sait combien sont graves, dans les ser- 
vices de éhirurgie, les ouvertures spontanées ou accidentelles 
des abcès par congestion ou des abcès provenant des grandes 
articulations, comme la hanche ct l’épaule. Ces dangers 
viennent de deux causes : de l'air qui pénètre dans le foyer 
et de l’'inflammation du foyer par les mouvements. Les 
mouvements sont cause de la pénétration de l'air ; il est donc 
important de les supprimer complètement au moment de 
l'ouverture des abcès. En ouvrant ainsi ou en laissant s’ou- 
vrir sous le bandage inamovible des abcès dont l'ouverture 
à l'air libre, spontanée et surtout artificielle, est suivie des 


accidents les plus graves, on prévient mieux la pénétration 


de l'air que par tous les autres procédés de pansement. Si 
Vabces est considérable, on le vide avec l'aspirateur Dieula- 
foy et l'on se hâte de recouvrir d’ouate la partie correspon- 
dante à la fenêtre de l’appareil.. Après avoir vu ouvrir de 
cette maniere certains abcès ossifluents, nous avons été éton- 
né de la faible quantité de pus qui s'en écoulait consécutive- 
ment sous le bandage tant que l’occlusion inamovible était 


398 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


maintenue; malheureusement il est des cas nombreux 0ù 
l'abondance de la supuration force à faire des pansements 
fréquents; mais on les fait sous le bandage qui maintient 
toujours l’immobilité. [articulation doit ètre ainsi immo- 
bilisée pendant plusieurs mois, s’il le faut, jusqu’à la cicatri- 
sation du trajet. 


Quand on examine le pus des plaies traitées par l’occlusion 
inamovible, on trouve qu’il a des propriétés différentes de 
celles du pus exposé à l’air libre ; il est devenu acide, comme 
on peut s’en assurer en y trempant un papier bleu de tourne- 
sol. Cette acidité tient probablement à la sueur qui se mêle 
au pus sous le bandage. 


Dans ie numéro de décembre 1871 des ARCHIVES GÉNÉRALES 
DE MÉDECINE, M. Hervey signale le résultat de quelques ob- 


servations de M. Hayem, d’après lesquelles des globules de : 


pus seraient peu nombreux et mal formés dans l’intérieur des 
bandages ouatés tels qu’on les pratique à Paris. Dans les dif- 
férents pus que nous avons examinés, nous avons treuvé des. 
vibrions d'autant plus nombreux que les bandages étaient 
plus ancièns. 


Dans deux cas où le bandage a été enlevé au bout. 
de dix et treize jours, nous avons observé peu de pus, 
mais des cristaux abondants d'acide stéarique. Nous n'avons 
pas fait les mêmes observations que M. Hayem relativement 
à la quantité des globules du pus; nous avons trouvé le plus- 
souvent des globules du pus très-abondants, ratatinés, obscur- 
cis par des granulations, mais qui deviennent très-apparents 
lorsqu’on ajoute une certaine proportion d’eau. Le pus du 
reste, quel que soit le temps qu’on attende pour eniever le 
bandage, ne subit pasles modifications qu’on observe dans les. 
pansements ordinaires, il n’a pas d’odeur sulfhydrique. L'o- 
deur en est d’abord fade, désagréable. puis analogue à l’odeur 
exagérée de certains fromages, mais sans rapport avec les pro- 
duits de la putréfaction du pus exposé a l’air libre. Cette 
odeur fade commence lorsque la partie liquide du pus vient. 


L UNION MÉDICALE DU CANADA 399 


‘à traverser le bandage silicaté, et elle devient de plus en plus 
forte à mesure que la supuration s’accumule. 


Daos la plupart des faits dont nous avons été témoins, cet- 
te odeur n'était pas franche, elle était mêlée à une odeur 
phéniquée, résultat de | uuile ou de l'alcool phéniqués dont 
on avait arrosé certaines parties du bandage, soit préventive- 
ment, soit pour les désinfecter, lorsque l’odeur en devient in- 
commode pour le malade ou ses voisins. Dans le cas où ce 
bandage vient à ètre traversé, on le renforce, comme le fait 
du reste M. Alphonse Guérin, par quelques plaques d’ouate, 
mais on y ajoute en outre une bande silicatée. Mais ce qu'il 
faut en général éviter et reculer pour les dix premiers jours 
usqu'à la dernièré extrémité, c'est la destruction du banda- 
ge silicaté ; il ne faut l’enlever que si le malade souffre et si 
Yon craint un gonflement inflammatoire qui pourrait devenir 
dangereux. À ce sujet, .nous dirons que l’occlusion inamo- 
vible doit être tout particulièrement surveillée après les ré- 
tections articulaires faites pour des lésions chroniques, pour 
des arthrites fongieuses surtout. Le gonflement du mem- 
bre qui survient inévitablement, rend ces cas beaucoup 
moins favorables que les opérations jamputations ou résec- 
tions) pratiquées sur des tissus sains et non encore enflam- 
més. Dans les cas de résection du coude et de l'épaule pour 
lésions anciennes etavancées, M. Ollier préfère le pansement 
qu’il emploie depuis plusieurs années, et qui consiste dans 
un appareil silicaté, largement fenétré pour ètre prêt à tout 
évenement. Il faut alors de ’immobilité, mais de l’occlu- 
sion temporaire seulement ; une occlusion trop complète et 
trop prolongée lui parait pouvoir favoriser les fusées puru- 

lentes au milieu des tissus déjà altérés. 


Jes considérations dans lesquelles nous sommes entré s’ap- 
pliquent surtout aux amputations et aux diverses plaies des 
membres, car pour les plaies du tronc et de la tête les condi- 
tions anatomiques sont telles, que l’occlusion inamovible 
n’est pas applicable, ou du moins ne l’est que d’une manière 
imparfaite. Pour les plaies du rein, par exemple, l’occlusiou 


400 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


est difficile à cause de la configuration des parties, et l’im- 
mobilité est impossible à cause des mouvements respiratoi- 
res. On ne peut pas empécher l'air d'arriver à la plaie au 
bout de quelques jours, et les malades sont du reste incom- 
modés de l'odeur qu’exhale le pansement. M. Ollier préfère 
pour ces cas-là le pansement ouaté simple. qu'il renouvelle 
tous les trois ou quatre jours, suivant l'abondance de la sup- 
puration. | 

Le maintien du membre dans sa premivie position est un 
point très-important ; les mouvements imprimés à la partie 
malade occasionnent toujours dans la plaie des tiraillements 
qui produisent la rupture des petits vaisseaux el des adhé- 
rences déjà faites. el par cela même amèneront une prédis- 
position aux dérollements et ouvriront une voie aux fusées 
puruientes. 

Nous avons cité un fait qui montre la part de Vimmobilité 
dans l’occlusion inamovible ; nous avons vu la température 
s'élever, les douleurs revenir, les dérollements se produire 
quand on ne faisait que l’occlusion simple ; nous avons vu et 
nous avons constaté le retour du calme et un nouvel abaisse- 
ment de la température dès que l'inamovibilité est venu s’a- 
jouter à l’occlusion. Nous pourrions citer, si besoin était, 
d’autres exempies qui'démontrent la nécessité de l’inamovi- 
bilité pour arrêter les douleurs et régulariser les processus 
réparateurs. 


Nous admettrons donc que l'immobilité absolue du moi- 
gnon est de la plus haute importance, et s’il faut mettre des 
couches épaisses de ouate et faire des pansements rares, c’est 
autant pour ne pas imprimer des mouvements au membre 
blessé et ne pas déranger la cicatrisation que pour empècher 
l'arrivée des germes infectieux. L’occlusion inamovible n’a 
. pas la même importance à toutes les périodes du travail de 
cicatrisation. C’est pendant la premiere période, période de 
granulation, c’est-à-dire pendant que se font à la surface de 
la plaie les processus oblitérants, qu'il est indispensable de 
soustraire les parties divisées au contact des germes infec -, 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 401 


tieux. L’occlusion et l’immobilité sont alors indispensabtes.: 
Plus tard, lorsque la couche granuleuse est formée, l'occlu- 
sion n’est plus nécessaire, l’immobilité suffit: M. Ollier ap- . 
plique alors des appareils silicatés tant que les plaies sont 
douloureuses et que les tissus sont exposés à des décolle- 
ments préjudiciables, mais ces appareils sont fenètrés au ni 
veau de la plaie pour permettre les pansements appropriés. 


D'une manière générale, la plaie est déjà recouverte au 
bout de dix jours environ d'une couche de granulations, et 
si la suppuration est abondante, il est utile de changer le 
bandage à cet époque pour éviter la macération des tissus. 
Pour les amputations, c’est en moyenne au bout de trois se- 
maines qu'il est bon de le renouveler. La plaie est assez 
oblitérée pour qu’un nouveau pansement soit sans inconvé- 
nient. Le malade, débarrassé du pus, toujours plus abondant 
à la première période. se trouve mieux dans un nouvel ap- 


. pareil. L’occlusion sera plus ou moins longtemps nécessai- 


re, suivant la salubrité du milieu, et l’immobilité sera tou- 
jours utile. Ces deux idées du reste ne doivent pas être sé- 
parées, et quel que soit le milieu dans lequel se trouve le 
blessé, elles sont simultanément applicables. Que le malade 
soit à l'hôpital ou à la campagne, que l’on soupçonne des ger- 
mes infectieux ou non, la couche épaisse d’ouate rendra tou- 
jours un immense service comme coussin protecteur ; l’im- 
mobilité aura les mêmes avantages dans un milieu salubre, 
et elie aura plus de chances encore de nous permettre de re- 
courir à la réunion immédiate dont nous allons nous occu- 
per maintenant. 

Depuis notre dernière note, nous avons suivi une tentative 
de réunion immédiate que M. Ollier a faite après une ampu- 
tation de l’avanf-bras chez un jeune homme qu'il n'aurait 
peut-être pas osé amputer alors qu’il n’avait à sa disposition 
que les moyens usuels de pansement. Ce malade, âgé de 
vingt-huit ans, avait depuis un mois des crachats sanguino- 
lents; on entendait des craquements humides aux deux som- 
mets. Il était atteint d'une arthrite suppurée du poignet, oc- 


402 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


casionnant des douleurs incessantes dues à la formation de nou- 
velles fusées dans la région palmaire ; il y avait une fièvre 
continue et des sueurs nocturnes très-abondantes. C'est dans 
ces conditions que fut pratiquée l’amputation, à la réunion 
du tiers inférieur avec les deux tiers supérieurs de l’avant- 
bras, et le moignon fut traité par l’occlusion inamovible. Le 
bandage resta en place quinze jours, mais à partir du surlen- 
demain de l'opération la temparature avait baissé sensible- 
ment (380,6). La plaie avait été suturée avec des fils métalli 
ques. On n’avait pas mis de mêche, mais on avait fait sortir 
en des points différents les bouts des trois fils qui avaient 
servi aux ligatures, pour qu’ils permissent au besoin au pus 
qui se produirait de s’écouler au dehors. Au bout de quinze 
jours, quand on défit le bandage ; il n’y avait pas de gonfle- 
ment; la plaie était réunie dans la plus grande partie de son 
étendue; on l'aurait dite même complètement réunie sous 
les petits trajets des points de suture, qui tombèrent du reste 
au moment du pansement. La pression sur tout le pourtour 
du moignon fit à peine sortir deux ou trois goutteleltes de 
pus. Cette suppuration insignifiante par la quantité continua 
encore quelques jours. Bien que la réunion par première 
intention n'ait pas été complète, nous croyons de voir citer 
ce fait comme un exemple de ce qu’on peut obtenir, même 
chez les sujets les plus défavorables. Il ne faut pas sillu- 
sioner du reste sur ce que les chirugiens partisans de la réu- 
nion immédiate dans les amputations, entendent par un suc- 
cès. Après les grandes amputations, il y a toujours un petit 
trajet purulent venant de l'os, et qui ne se ferme que plus 
tard. C’est surtout au point de vue de la réunion immédiate 
que l'addition de l'inamovioilité au pansement ouaté nous 
parait d’une absolue nécessité ; le moindre mouvement, le 
plus petit tiraillement dans la plaie empéche les surfaces sai- 
gnantes de s’unir et d’adhérer. Il faut donc réaliser autant 
que possible une immobilité absolne. Nous rappellerons du 
reste à ce sujet les cas que nous avons cités dans notre pre- 
miére note, relatifs à des amputations des doigts ou des abla 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 403 


tions de tumeurs des membres, après lesquelles: M Oliier 
avait obtenu la réunion immédiate en plaçant: les parties 
dans le bandage amidoné. Nous ajouterons seulement un 
fait récent, dans lequel nous avons ,constaté la réunion par 
première intention d'un genre de plaie qui amène toujours 
une suppuration plus ou moins abondante : il s'agit d’une 
fracture par arme à feu survenue pdr la dècharge atcidentel- 
le d’un pistolet tiré presque à bout portant. La balle vint 
frapper la première phalange de l'index gauche et le fractu- 
ra tout près de l'articulation métacarpo-phalangienne; Elle 
sortit par ricochet en agrandissant l'ouverture d'entrée, de 
manière qu'il n’y avait qu’une seule plaie. Quand on eut 
exploré la plaie et qu’on eut acquis la certitude que la balle 
était ressortie, on mit le membre dans un bandage onaté sili- 
caté remontant jusqu’à la moitié du bras. Le membre ainsi 
pansé fut soutenu par une écharpe. Le malade ne gouffrit 
pas du tout etle membre fut maintenu pendant dix-sept 
jours dans l'appareil. Après cette époque il fut enlevé, et 
M. Ollier trouva une couche de coton sèche et adhérente à 
la plaie. Pas de trace d’inflammation, pas de suppuration, pas 
de douleur. Il ne toucha pas à la plaie, ne fit aucune tenta- 
tive pour arracher le coton. Nous réappliquâmes uri nouvel 
appareil ouaté silicaté ; douze jours après, nous défimes de 
nouveau l'appareil ; même absence de suppuration. Nous 
enlevâmes alors la croûte de coton qui recouvrait la plaie et 
nous constatâmes qu'il n'y avait pas l’ombre de suppuration, 
que la plaie s’était épidermisée sous la couthe protectrice 
d’ouate sans donner lieu à une suppuration appréciable: Ce 
fait, qui n'aurait rien que db très ordinaire pour’ une plaie 
des parties molles, est digne d'atteritiün dès qu'il Fagit d'une 
plaie avec fracture: | 7 | 


Ce. fait nous conduit à examiner uhe autre particularité 
äes'plaies: traitées 'par l'occlusion inamevible, qui est aussi 
intéressante que la réunion immédiate, et qui dppartient du 
reste au: môtne principe physielogique ; c’ést Zdbéence de: eup- 
par siion appréciable dans certaines: plaies  nbn réuniés: et re- 


404 L'UNION MEDICALE DU. CANADA 


couvertes de coton. Nous avons vu plusieurs fois, et entre 


autres, aprè l’ablation d'une tumeur de la paume de la main, 
après des plaies contuses avec amputation des doigts, le coton 
parfaitement sec au bout de quinze jours, ou du moins imbi- 
bé de sang et de pus desséchés et intimement adhérent à la 
plaie. La suppuration ne s'était pas établie d’une manière 
appréciable sous le bandage inamovible, on aurait dit!mém e 
au premier abord qu'aucun travail ne s’était}Jaccompli depu is 
le moment de la blessure, mais le travail, quoique masqu é 
par la couche de coton, ne s’en était pas moins accompli. Il 
s'était fait une couche granuleuse sous-crustacée qui dev e- 
nait apparente quand on eherchait à enlever le coton durci 
par le sang et le pus desséchés. On trouvait alors une cou- 
che granuleuse rose, vermeille d’un très bon aspect, avec 
tendance à une cicatrisation rapide, et, sur les*bordsune épi- 
dermisation assez avancée qui s'était opérée sous la couche 
de coton. Dans les cas de plaie de moyenne étendue, cette 
cicatrisation sous-crustatée peut se produire et, en enlevant 
la croûte formée par la ouate desséchée, on observe non- 
seulement une couche granuleuse de nouvelle formation, 
mais encore une surface recouverte d’une petite couche épi- 
dermoïdale, comme on l'observe habituellement'pour les 
écorchures ou les petites plaies. 


Cette diminution et dans quelques cas cette absence de 
suppuration sont un des résultats de l’immobilité absolue ; 
Bonnet l'avait déjà signalé à propos de cautérisation qu'il 
pratiquait sous le bandage amidonné. Certaines eschares se 


détachent alors sans suppuration appréciable. Quan& on met 


simplement le coton attour d’une plaie, quelque épaisse que 
soit la couche, la plaie est à l'abri de l'air et l’on prévient les 
accidents infectieux ; mais on n'obtient pas cette réunion im- 
médiate ou cette cicatrisation sous-crustacée qui simplifie Ia 
réparation des plaies et sont la meilleure garantie contre 
leurs complications ultérieures. Pour les grandes amputa- 
tions.on n’obtiendrait pas certainement des résultats aussi sim- 
ples ; il y'aura toujours une collection de pus plus ou moins 


. 
po 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 409 


abondante, mais on limitera toujours la suppuration, soit 

qu’on cherche à l’éviter par la réunion immédiate, soit qu’on 

bourre :a plaie de.coton pour en laisser les bords écartés. 
Les procédés de pansements des plaies appliqués par cer- 


_ tains peuples primitifs, et en particulier par les Arabes, pré- 


sentent quelquefois des résultats analogues. Ces pansements, 
bizarres quant à leur composition, dangereux surtout dans 
leur application empirique, formés de substances emplastiques 
et solidifiables, font à la fois, dans une certaine mesure l’oc- 
clusion et l’immobilité. C’est 4 ce titre que nous les signalons 
ici; il faut seulement aujourd’hui substituer a des procédeés 
empiriques et dangereux des pratiques rationelles. Mettre a 
l'abri de lair et immobiliser sont les deux indications essen- 
tielles du traitement des plaies: la pratique de M. Ollier n’est 
que l’applicatior rationnelle et méthodique de ces deux idées. 

Nous conclurons en disant qu'il nous parait de la plus 
grande importance d’ajouter l’inamovibilité au pansement 
ouaté, si l’on veut remplir toutes les indications que réclame 
le traitement des plaies. Malgré l'épaisseur de la couche 
d’ouate et la constriction des bandes, le pansement de M. Al- 
phonse Guéria ne peut pas suffisamment immobiliser les 
piaies ; il faut le compléter par un appareil inamovible. Si 
lon veut donc mettre les plaies dans les meilleures conditions 
de c&atrisation ,il ne faut pas se contenter de l’occlusion simp- 
il faut faire Ge l’occlusion inamovible. . 


Gazette Hebdomadaire. 


OPÉRATION DE HERNIE ÉTRANGLEE.—LIQUIDE 
INTESTINAL LIMPIDE, DÉLIRE GUERI PAR 
LES ALCOOLIQUES. 


» Qand nous étudierons l’action de l’alcool dans la pneuno- 
nie, nous aurons à nous demander jusqu’à quel point cette 
action dépend des habitudes alcooliques du sujet. 

La même question se présente lorsqu'il s’agit d’un accès de 
délire que l’alcool a pu calmer, comme c’est le fait chez une 


406 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


malade opérée dernièrement par M. Richet pour une hernfe 
étranglée. 

Voici ea peu de mots l’histoire de cette malade, qui a pré- 
senté des particularités curieuses à connaître pour le prati- 
cien. 

Elle était entrée dans le service pour une hernie crurale 
du côté gauche datant déjà d’un certain temps, qu’elle conte- 
nait habituellement avec un bandage, et qui s'était récem- 
ment étranglée. Du volume d’un œuf, marronnée et dure, 
cette hernie ne put être réduite par le taxis, et M. Richet 
allait procéder à l'opération, lorsqu'on lui proposa d'essayer 
l'effet d’une ponction aspiratrice à l’aide de l’appareil de M. 
Dieulafoy. Comme ce genre de ponclion a peu d’inconvé- 
nients, et comme on en a récemment venté les grands avan- 
tages, M. Richet consentit à en faire l’essai. 


Une aiguille creuse fut enfoncée dans la tumeur, et elle 
donna d’abord issue à quelques gouttes de sérosité sanguino. 


lente, provenant évidemment du sac herniaire ; puis quand . 


cet écoulement fut tari, en faisant pénétrer l'aiguille un peu 
plus loin, on retira, cette fois, un liquide bien différent du 
premier, filant et poisseux, semblable par la consistance à du 
sirop de sucre, assez limpide et absolument sans odeur. 


Ces caractères empéchérent, au premier instant, M Richet 
de croire que ce liquide pit provenir de l'intestin, et, assez 
intrigué, il laissa cette malade, après avoir prescrit quelques 
cuillérées d'eau de Sedlitz à administrer de temps en temps 
pour provoquer des contradictions intestinales, et après avoir 
fait, dans le même but, recouvrir de glace la tumeur herniai- 
re. Il espérait que cette tumeur, dent le volume avait dimi- 
nué de beaucoup par la ponction aspiratrice, pourrait peut- 
être rentrer d'elle mème, et sachant que le taxis réussit rare- 
ment dans les hernies crurales, il avait d'autant moins de 
tendance à insister sur cette pratique, qu'il voulait lâisser’ aux 
piqûres possibles de l'intestin le temps de se reférmet com- 
plétement avant de soumettre cet organe à une preéssidd un 
peu forte. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 407 


La hernie ne se réduit pas, les vomissements fécaloides per- 
sistérent, et le lendemain matin il était évident que l’opéra- 
tion devenait urgente. 


Avant de la faire, M. Richet dit aux assistants que, après y 
avoir réfléchi, il s'était persuadé que le liquide filant, extrait 
en second lieu la veille par la ponction aspiratrice, était un li- 
quide intestinal. 


L'absence d’odeur fécaloïde, la limpidité relative, ne pou- 
vaient prouver le contraire, car dans une anse intestinale iso- 
lée du tube digestif par un étranglement qui l'aurait surprise 
alors qu’elle était complètement vide, il devait se faire, sous 
l'influence de lirritation, une sécrétion qui, n'étant nulle- 
ment mélangée avec les détritus de l'alimentation, ne devait 
ressembler en rien aux matières fécales. 


Sil en était ainsi, rien ne devenait plus facile à expliquer 
que la succession de deux liquides : l’un contenu dans la ca- 
vité du sac herniaire et qui avait un aspect sero-sanguino- 
lent ; l’autre renfermé dans la cavité de l’anse intestinale iso- 
lée par l’étranglement, et qui était filant et onctueux comme 
une sécrétion glandulaire ou muqueuse. 


Que faudrait-il supposer autrement ? La préexistence d’un 
kyste ? Mais la malade s’en serait sans doute apergue, et puis 
aux dépens de quoi ce kyste se serait-il développé ? D’un gan- 
glion lymphatique ? Dans l'espèce, c'était chose assez peu 
probable. | 

Tout conduisait donc à admettre que la ponction, en dave- 
nant un peu plus profonde, avait pénétré dans la tumeur in” 
testinale et l'avait vidée. 


Il y aurait eu peut-être quelque chance de faire rentrer 
l'intestin si on eût pratiqué le taxis avec une certaine force 
immédiatement après la ponction, alors que la tumeur était 
réduite au plus petit volume. Mais maintenant il ne s’agis- 
sait plus que d'opérer sans aucun retard. — 

M. Richet saisit cette occasion de bien faire comprendre 
des élèves chacun des temps qui se succèdent dans l’opéra- 


408 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


tion d’une hernie crurale étranglée. Voici le résumé de sa 
démonstration : 


* On ne sait jamais d'avance, en pareil cas dit-il, à quel ni- 
veau siége l’étranglement ; si c'est au niveau du fascia cré- 
bririforme ou du ligament de Gimbernat. Peu importe, du 
reste, puisque le principe est de débrider sur le point qu’on 
trouve étranglé, quel qu’il soit. On n’est pas, non plus, bien 
certain d'avance de trouver un sac proprement dit. L’impor- 
tant est donc de procéder avec assez de prudence pour ne pas 
s'exposer à blesser l'intestin. La peau doit être soulevée en 
un large pli, et ce pli doit être traversé à sa base par le bis- 
touri, dont le tranchant regarde en haut, de telle sorte que la 
section de la peau soit achevée de la face profonde a l’exté- 
rieur. Lorsque la tumeur est ainsi mise à découvert, il faut 
examiner avec soin Ce qui se présente. Ici, ce n’est pas l’in- 
testin, mais la paroi du sac. Un point de cette paroi étant 
soulevé avec des pinces el fendu, on passe une sonde canné- 
Jée par cette ouverture, qui livre passage 4 un peu de sérosité 
sanguinolente, semblable a celle qui s'écoula en premier lieu 
par la ponction aspiratrice avec l'appareil Dieulafoy. Main- 
tenant que le sac est divisé dans toute sa longueur. nous 
sommes en présence de dl’anse intestinale étranglée, dont la 
surface est d’un rouge violacé. Sur cette surface, on remar- 
que un point qui ressemble à une ulcération superficielle ; 
c'est sans doute par là que l'aiguille a pénétré hier. Il s’agit 
à présent de trouver le point où siége l’étranglement. Il est 
assez superficiel. Nous débridons largement en bas, et, après 
ce débridement, l’nuverture se trouve assez large pour qu'il 
soit possible d’introddire par là le doigt dans le ventre. Pour- 
tant comme l'intestin est un peu altéré et qu'il est bon de ne 
pas avoir 4 le presser beaucoup, nous débridons également 
en haut, et lintestiu-rentre sans peine. Il ne reste plus qu'à 
rapprocher les bords de la plaie externe par quelques éri- 
gnes.” 


Les suites de l'opération furent très-heureuses : les vomis- 
sements cesserent, les matières fécales reprirent leur cours. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 409 


Mais, le lendemain, il s'était produit une complication qui 
effrayait beaucoup les personnes de service : la malade était 
en plein délire ; cependant le pouls était calme, la'peau frat- 
che ; et, constatant qu'on obtenait encore des réponses sen- 
sévs par des questions courtes et précises, en un mot qu’on 
avait affaire à une forme de subdélirium qui d’ordinaire ne 
se rencontre pas dans le délire inflammatoire. M. Richet fit 
mettre cette malade au vin opiacé, convaincu qu’elle devait 
avoir des habitudes alcooliques. 

Le vin opiacé calma le délire ; mais la femme nie énergi- 
quement qu’elle soit adonnée à l'usage des liqueurs fortes. 
Jamais, dit-elle, elle n’a bu d’eau-de-vie, m d'alcool sous au- 
cune forme, à péine lui arrive-t-il de boire un verre ou deux 
de vin par mois. 

Est-ce néanmoins le cas de répéter lé vieil adage : Naturam 
morborum ostendunt curationes. 


Dr. Vicror REVILLOUT. 
Gazette des Hôpitaux. 


# 


SOCIÉTÉ MÉDICALE DE MONTRÉAL. 


Séance du 7 Aout 1872. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. A. Meunier, secondé par Île Dr. P. E. 
Plante. que les Drs. L. A. Fortier, (de St. Clet) et F. Filiatrault, 
{de St. Alexandre) soient admis membres actifs.—Adopté. 

La discussion de l’acte médical projeté étant à l’ordre du 
jour, les Drs. J. P. Rottot, H. G. Bibaud, L. A. Fortier et au- 
tres y prennent part. 

Il est ensuite proposé par le Dr. J. P. Rottot, secondé par 
le Dr. F. Perrault, que la Société Médicale est d'opinion que 
le principe de l’acte médical projeté tendant à mettre l’éduca- 
tion classique et médicale sous le contrôle du gouvernment 
fédéral doit être rejeté.—Adopté à l'unanimité. 


410 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. L. 
Quinta], qu'un comité, comppsé des Drs. J. P. Rottot, F. X. 
Perrault, G. Grenier, du moteur et secondeur, soit formé 
pour préparer les amendements nécessaires pour rendre 
l'acte médical projeté acceptable à la province de Québec. 
—Adopté. 

Sur proposition du Dr. A. Meunier, secondé par le Dr. A. 
Laramée, il est résolu de convoquer une séance spéciale, 
mercredi, le 14 août, à 8 h. p.m, pour recevoir le rapport du 
comité chargé de l'examen de l'acte médical projeté. 

Le Dr. L Quintal donne avis qu’il proposera à la prochai- 
ne séance les Drs. F. L. Palardy, (de St. Placide) et C. Fafard 
(de Montréal) comme membres actifs. 

Le Dr. A. Laramée donne avis qu’il proposera les Drs. J. G. 
Bibaud et A. B. Craig (de Montréal) comme membres actifs. 

Et la séance est levée. 


Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 


Séance du 14 Aout 1872. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. 

Officiers présents : Drs. J. W. Mount, O- Bruno, L. J. P. 
Desrosiers, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. À Laramée, secondé par le Dr. Ed. 
Mount, que les Drs. J- G. Bibaud, et A. B. Craig, de Mon- 
tréal, soient admis membres actifs.—Adopté 

Sur proposition du Dr. L. Quintal, secondé par le Dr. P. E 
Plante, les Drs. F. L. Palardy, de St. Placide, et Charles Fa- 
fard, de Montréal, sont admis membres actifs. 

Le Dr. J. P. Rottot présente le rapport du comité nommé 
à la séance précédente pour préparer les amendements 
nécessaires, afin de rendre l’acte médical projeté, accepta- 
ble à la Province de Québec. Plusieurs clauses de ce rap- 
port sont prises en considération, discutées et adoptées 
avec quelques amendements. 








un — 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 411 





Sur proposition du Dr. L. J. P. Desrosiers, secondé par le 
Dr. F. X. Pernault, il est résolu de continuer à la prochaine 
séance l'examen de ce rapport. 

Et la séance est levée. | 


Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 


Séance du 21 Aout 1872. 


Présidence du Dr. J. G. Bibaud. 

Officiers présents : Dr. A. Ricard, C. Dubuc, G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Le Dr. J. P. Rottot continue la lecture du rapport du co- 
mité chargé de préparer les amendements nécessaires afin 
de rendre lucte médical projeté acceptable à la province de 
Québec. Toutes les clauses de ce rapport sont prises en con- 
sidération, discutées et adoptées. 

H est ensuite proposé par le Dr. A. Ricard, secondé par le 
Dr. A. Laramée, et résolu qu’une séance spéciale soit convo- 
quée jeudi le 5e jour de Septembre prochain à 2 h. p. m., 
dans les salles de l’école de médecine, pour la considération 
finale des amendements proposés à l’acte médical projeté et 
que, vi l'importance du sujet qui affecte les intérêts de tous 
les membres de la profession médicale de la province de 
Québec, tous les médecins de la ville et de la campagne ne 
faisant pas partie de la Société soient instamment priés d’as- 
sister. 

Le Dr. A. Laramée donne avis qu’il proposera à la pro- 
chaine séance le Dr. J. M. LeCavalier (de St. Laurent) comme 
membre actif. 

‘Et la séance est levée. 

Dr. GEORGES GRENIER, 


Sec.-Trés. 8. M. 


412 L'UNION MEDICALE DU CANADA 


LA LOI DE VACCINATION EN EUROPE. 
| (Du Lond. Med. Times.) . 


Le débat de mercredi sur la question de la limitation des 
amendes, pour négligence ou infraction a la loi de la vaccina- 
tion compulsoire, attirera encore l'attention publique sur la 
question de l’opportunité d’infliger une amende et un empri- 
sonnement, pour négligence de la vaccination. On se rap- 
pellera que dans ce journal, le principe de la vaccination 
compulsoire a toujours été admis; mais nous avons pensé 
qu'il est de notre devoir de supporter le système de vaccina- 
tion compulsoire plutôt en créant des disqualifications sur les 
non vaccinés qu'en recourant au mode plus rude de l’inflic- 
tion pénale. Le premier mode de promouvoir la vaccina- 
tion ne porte aucune ressemblance avec la persécution, le 
second le fait. Le premier fournit un thème aux agitateurs 
et aux demagogues ; tandis que personne ne peut se plaindre 
que des individus qui ne possèdent aucune immunité contre 
la petite vérole, et qui peuvent la communiquer aux autres, ne 
soient pas tolérés dans les écoles, dans les services publics 
ou dans les professions, les fabriques ou les ateliers. 

La négligence du système d’instituer des disqualifications 
politiques et sociales pour les personnes non vaccinées met 
le gouvernement dans la nécessité d’avoir recours au sys. 
teme pénal, et conséquemment les lois anglaises sur la vacci- 
cination égalent en sévérité celles d'aucun autre code étran- 
ger. De fait, le témoignage d'efficacité de tout système de 
législation, ce sont ses effets pratiques ; et si l'évènement 
prouve que le système pénal est celui qui confère le plus 
<’immunité contre la variole, aucun doute que tout autre 
doit être mis de coté et qu'il doit être adopté. Mais si une im- 
munité égale peut être obtenue par le système des disqualifi- 
cations, ou par un système mixte, comme en Prusse où les dis- 
qualifications sont le premier engin coércitif, et où les péna- 
lités sont rarement mises en vigueur, jamais, et disons nous, 


_ —— 


SE _ceerer  , _ 5 cel eee ee 


— “er 


LA 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 413 


excepté dans le cas de petite vérole chez un enfant non vac- 
ciné le système coércitif ne doit avoir le pas sur le système 
de compulsion indirect par disqualification. 


Il n’y a aucun doute qu’en Angleterre le moyen de faire 
naître une secte est de poursuivre à son égard, un plan qui 
puisse être stigmatisé comme une persécution ; et c'est par 
ce que nous pensons que la vaccination est un grand bien- 
fait pour l'humanité et doit être universelle, que nous crai- 
gnons l'effet d’un trop grand zèle dans la voie des punitions. 


Afin de mettre devant nos lecteurs un rapport fidèle de l’é- 
tat de la vaccination dans les pays étrangers, nous nous som- 
mes mis en communication avec les représentants de la plu. 
part des gouvernements européens, et nous avons obtenu 
d'eux des informations contenues dans ces notes. Nous 
avons beaucoup de plaisir à accuser réception des informa- 
tions précises, touchant les lois de la vaccination en Allema- 
gne, du Dr. Muller, directeur-général de la vaccination à 
Berlin, et nous procèderons maintenant à reproduire la subs- 
tance de ses communications. 

Suivant la loi prussienne, les enfants doivent être vaccinés 


‘dans leur première année. La pénalité dans le cas de con- 


travention est appliquée seulement lorsque les enfants, qui 
n'ont pas été vaccinés dans leur première année, sont attaqués 
de petite vérole. 

Les directeurs des écoles, les chefs d'ateliers, les manufac- 
turiers et les autres employés sont requis d'obtenir des preu- 
ves, que les personnes qui se présentent à eux pour l’éduca- 
tion, ou pour entrer à leur service ont été vaccinés. 

Les personnes qui recherchent pour leurs enfants, ou pour 
ceux qui sont confiées à leur soin, l’admission dans aucune 
institution publique, rencontrent un refus s'ils ne peuvent 
fournir des preuves que ces jeunes gens ont été vaccinés. 


La vaccination est sous les soins et le contrôle des autorités 
municipales ; et personne, excepté les médécins et chirurgiens 
licenciés comme praticiens généraux, n'ont droit de vacciner, 
et ceux-ci ne peuvent le faire qu’en suivant strictement les 


414 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


indications publiées, lesquelles indications leur enjoigneut de 
ne prendre la matière vaccinale que chez les} enfants parfai-. 
tement sains. Les médecins sont obligés de fournir à la po- 
lice, à chaque quartier, une liste soignée des noms de ceux 
qu’ils peuvent avoir vaccinés dans leur pratique privée. 


. Pour pourvoir à la vaccination des individus qui sont re- 
connus non vaccinés, une vaccination publique générale a | 
lieu, chaque année, ou plus souvent, si les circontances le 
requièrent, dans les différents districts provinciaux, et spé- 
cialement dans ceux où la vaccination n’est pas continuelte- 
ment pratiquée. Si, nonobstant ceci, les enfants demeurent 
non vaccinés jusqu’à la fin de leur première année, sans. 
Cause raisonnable, et qu'ils soient ensuite atteints de petite- 
vérole, leur parents ou tuteurs, en conséquence du danger 
d'infection ainsi causé, sont sujets à une pénalité pour leur 
négligence. La pénalité est une amende dont le montant est. 
laissé au jugement des autorités de police. 


La petite-vérole se déclare-t-elle dans une maison, une en- 
quête soigneuse est faite pour s'assurer s’il n’y a là aucune 
personne sujette à l'infection et s’il y en a, elles sont vacci-. 
nées aussitôt que possible. Dans le cas d’une plus grande: 
extention de la petite-vérole, tous les autres habitants sont 
prévenus du danger et requis de faire vacciner le plus tot 
possible tous ceux qui, étant dans leur dépendance, sont su- 
jets à l'infection ; à laquelle fin, des arrangements nécessai- 
res sont pris par le département médical de la police ; et lors- 
que requise, la vaccination compulsoire est effectuée. 


L'opposition à la vaccination est rare en général et est fai- 
te seulement par les partisans de l’homéopathie. Lorsque la. 
vaccination est négligée, la chose est due ordinairement au 
manque de soin de la part des parents. Les lois de la vacci- 
nation diffèrent légèrement dans les différents Etats d’Alle- 
magne, mais, pour la plus grande partie, elles sont essen- 
tiellement les mêmes qu'en Prusse. Seulement en Bavière 
la loi est plus sévère. | 

La revaccination n’est pas prescrite par la loi, mais les ré- 


L'UNION MÉDICALÉ DU CANADA. 415. 


glements gouvernementaux la recommiende et dans les pen- 
sions qui sont liées avec les institutions d'éducation publique. 
jes élèves ne sont admis qu’à la condition d’avoir été vacci- 
nés depuis deux ans. [1 revaccination des soldats, en en- 
trant dans l’armée, est coupulsoire. ; 
Aucun cas d'enfant vacciné forcément contre le gré de ses 
parents n’est venu à la connaissance du Directeur-Général ‘ 
de la vaccination ; et le Dr. Muller dit qu’il est rarement pos 
sible qu'il puisse y avoir aucun adulte en Prusse qui n'ait 
pas été vacciné. D'un autre côté, il arrive souvent que les 
enfants demeurent non vaccinés jusqu’à l’âge où ils sont en- 
voyés à l’école, de la moitié de ceux qui meurent dans les 
épidémies de petite-vérole sont des enfants non vaccinés. 





CORRESPONDANCE PARISIENNE. 


HOTEL-DIEU DE PARIS. 
. Get hôpital a été fondé en 660 : ses dimensions ontété aug 
mentées à diverses époques suivant les besoins de la popula 
tion. 

Il contient aujourd’hui 834 malades auxquels huit méde- 
cins et trois chirurgiens donnent leurs soins, régulièrement 
tous les jours. 

il y a clinique chirurgicale à l'amphithéâtre ‘ous les mardis 
jeudis, samedis, et clinique médicale tous les lundis, mercredis 
et samedis,. Ces cliniques sont données sans interruption 
durant toute l’anñée. Dans les quinze autres grands hôpitaux 
de Paris il y a chaque semaine une ou deux cliniques: 

De plus tous les médecins et chirurgiens font aux lits des 
malades des observations cliniques d’une très-grande impor- 
tante pratique, que les élèves s’empressent de recueillir et 
d’annotter | 

Dans chaque service de chirurgie; il y a 3 et même 4 inter- 
nes et autant d’externes. | 

Les devoirs de ces MM. sont de remplacer leurs chefs 


416 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


dans les cas pressants, tels que hémorhagies, fractures, disloca— 
tions, et toutes les complications qui demandent une inter- 
vention prompte. 

De plus ils ont à faire tous les jours le pansement, les ap- 
plications d’appareils, à prendre la température et l’état du 
pouls des malades, aux diverses heures de la journée. 

Les internes et les externes changent d'hôpital une ou 
deux fois par année, de sorte qu'ils profitent ainsi des leçons 
de plusieurs chefs. 


Ces places d’internes et d’externes ne s’obtiennent -que par 
concours. Pour ceux qui veulent, un jour, parveuir au pro- 
fessorat, le concours à l’externat est le premier d'une série 

de concours dont le dernier n’a lieu qu’apres dix ou quinze: 
années d’un travail iucessant. 


Étant données de telles épreuves, il est facile de se faire 
_une idée de la somme de connaissances que possèdent ceux 
qui parviennent. Iln’y a quelquefois que 3 ou 4 candidat 
pour chaque place vacante, d’autres fois il y en a une dizaine. 
M. Le professeur Richet est aujourd’hui arrivé à l’apogée 
des honneurs comme chirurgien. Après avoir passé par 
plusieurs hôpitaux, il occupe actuellement la chaire de clini- 
que chirurgicale de l’Hotel-Dieu. Il possède à fond son ana- 
tomie, il a un œil exercé, une main sure, un jugement sain, 
il réunit en un mot toutes les qualités qui font le vrai chirur- 
gien. M. Richet est l’auteur d’un “ traité d'anatomie médico- 
chirurgicale ” que doit étudier tout homme qui s'occupe de 
ehirurgie. | 
Permettez, MM. les rédacteurs, qu'après ces quelques ob- 
servations, je vous donne un compte rendu de la elinique et 
des opérations faites le 18 juin par M. le professeur Richet 
Un homme de 40 ans à tempérament sanguin, est apporté 
à l'hôpital avec une fractnre compliquée des deux os de la 
jambe gauche. Vu le gonflement considérable du membre, on 


le met sur un coussin résistant et on applique autour un ban-. 


dage compressif au moyen de la ouate et des bandes de 
caton. 





L UNION MÉDICALE DU CANADA. 417 


. Malgré une hémorrhagie assez forte survenue immédiate- 
ment après l'accident, M. Richet prescrit cependant une sai- 
gnée abondante, dans le but d'empêcher les complications 
d’érésipéle et d’angioleucite si fréquentes et si fatales dans 
cet hôpital à la suite des factures de ce genre ; il fait obser- 
ver que, règle générale, les chirugiens néglignent trop les 
saignées. 

On ne se hâte pas ici d’appliquer les appareils à fracture, 
on attend même souvent jusqu’au huitième jour c’est-à-dire 
jusqu’à ce que les premiers symptômes enflammatoires aient 
disparu. 

M. X, âgé de 50 ans, a subi en février dernier 2 ou 3 séan- 
ces de lithotritie. Les calculs étaient tres difficiles à saisir, 
car la vessie présentait des colonnes charnues entre lesquel- 
les les pierres étaient comme cachées. Il fallait pour les 
saisir mettre le malade sur le côté. 


L’urine était retenue dans la vessie de ce malade par la 
valvule vésicale très développée et tirée en haut par les co- 
lonnes charnues ; inutile donc de faire de nouvelles séances 
de lithotritie puisque le patient ne pourrait expulser les frag- 
ments de la pierre. 

A la suite de la lithotritie il s'est développé un cystite ai- 
gue, puis des douleurs, des contractions, des spasmes, et il est 
impessiblè de différer plus longtemps l'opération Je la taille, 
sans exposer ce malade à des complications qui pourraient 
amener sa mort. 

Je ferai, dit M. Riehet, la taille bilatérale 1°. afin de diviser 
la prostate sur deux points, et 2. afin de diviser en même 
temps la valvule qui fait obstacle au passage de }’srine. 


Je ferai à 6 qu 7 millimètres en avant de l'anus une inci- 
sion demi aourbe que je prolongerai jusqu’au bec de la pros- 
tate en avant de laquelle je perforerai l’urêtre. 

L’'index de la main gauche doit être introduit et maintenu 
dans le rectum durant tout le temps de l'opération... 

Le pouce gauche suit le bistouri dans la plaie. C'est M. Né- 

laton qui a indiqué et mis en usage ce procédé opéritoire, 


418 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


aussi on lui a donné le nom de taille prérectale de Nélaton. 
Le grand avantage de ce procédé opératoire, c'est de se tenir 
à la distance voulue du rectum et de plus, d’évitr sûrement 
le bulbe de l’urètre. | 


Chose étonnante, Dupuytren ignorait l'extrême importance 
de ne pas blesser le bulbe et d'éviter par cette précaution les 
dangers de la phlébite et de l’infection purulente, etc., etc. 

Le lithotome double de Dupuytren ne doit pas être ouvert 
à plus de 30 millimètres, afin de ne pas dépasser les limites 
de la prostate et de ne pas blesser les plexus périvésicaur et 
prostatiques. Après avoir ainsi rappelé aux élèves quelques- 
unes des règles les plus importantes à observer pour bien 
faire une l’ithotomie, M. Richet procède à l'opération de la 
taille bilatérale, mettant strictement en pratique les préceptes 
qu'il vient de donner. 


Il retire trois pierres grosses comme des noisettes. 

La vessie présentait en outre plussieurs incrustations cal- 
caires, que l'opérateur se donna bien garde de toucher, de 
peur de déterminer de l’inflammation. 


Après l'opération de la taille, M. Richet enlève une tu- 
meur du sein. Il fait de longues incisions ; obéissant aux 
règles de la prudence, il enlève plus que moius des tissus en- 
vironnants. M. Richet introduit dans un vaste kiste du foie 
un tube de près d’un pouce de diamètre. Une quantité con- 
sidérable d’un liquide infecte sort par ce tube, ae plus de 
large grumeaux, même des membranes qui tapissaiént évi- 
demment les parois de cette cavité. Grâce à cette interven- 
tion énergique et hardie, ce malade guérira très probable- 
ment d’une maladie qui devait le conduire à la mort. 

Les diverses thoracentèses que j'ai vues fdive, deux plaies 
pénétrantes de l'abdomen avec herniës du grand: kiste 
épiploon qui sont guéries, cette ponction du: kiste du foie prou- 
ve que, dans les cas graves, il ne faut pas trop craindre de 
pénétrer dans ces grandes cavités, pour chercher à sauver la 
vie des malades. 

Relativement à la lithotomie je crois devoir ajouter que, quoi 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. | 419 


que la taille prérectale soit adoptée par presque tous les chi. 
rurgiens des hôpitaux de Paris (je l’ai vue pratiquer trois fois 
dans la même semaine par trois chirurgiens différents) cepen- 
dant M. Dolbeau, professeur de chirurgie à l’école de méde- 
cine, se sert d’un procédé qui est. peut-être destiné à renver- 
ser tous les procédés en usage aujourd’hui. 

Ce procédé consiste à faire dans la portion membraneuse de 
l'urètre, une simple ponction, et ensuite à dilater, au moyen 
d’un instrument inventé à cet effet, la portion du canal qui 
conduit à la vessie. 

En un mot, à faire chez l'homme comme on fait chez la 
femme, lorsqu'on extrait les calculs par l’urètre dilatée. 

Si l’on tient compte de la facilité avec laquelle on brise à 
présent les pierres avec les instruments perfectionnés, ainsi 
que de l’innocuité d’une simple ponction du canal de l’urètre, 
sans toucher le col de la vessie ni la prostate, excepté avec le 
dilatateur, on sera tenté de croire que cette méthode prévau- 
dra avant longtemps, du moins pour l'extraction de certains 
calculs. L'expérience aura bientôt décidé la question. 


A. T. BRossEAu. 


GRAVELLE PILEUSE. 

M. le docteur Debout nous transmet deux ebservations très. 
intéressantes de gravelle pileuse qu’il a recueillies à Con. 
trexéville, et qui, ainsi qu'il le dit justement à la fin de sa 
communication, apportent des éléments à l'étude d’un phé- 
nomène pathologique qui attend encore son explication. 

Voici la note de notre confrère : 

Les faits de gravelle pileuse sont rares, et quoique depuis 
Hippocrate bien des auteurs aient parlé du trichiasis des voies 
urinaires, aucune théorie n’est encore admise pour expliquer 
la présence des poils expulsés avec l'urine. En effet, si 
Rayer, dans son mémoire présenté à la Société de biologie 
en 1850, conclut à l'existence du trichiasis, M. le professeur 
Broca explique un nouveau fait présenté per lui le 17 juin 


42 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


1868 à la Société de chirurgie par un kyste fetal en commu- 
nication avec les voies urinaires an exprimant un doute sur 
l'existence du trichiasis et en se demandant si tous les cas 
du mème genre ne son pas des pilimictions fœtales. 

Nous pensons que les deux faits qui vont suivre ne peuvent 
pas permettre une pareille interprétation, et sans vouloir en 
donner une explication que, dans l’état actuel de la science, 
il nous serait impossible de fournir, ‘nons allons les relater 
en mentionnant toutefois vréalablement l'opinion de Bichat, 
qui dans son Anatomie générale, dit ceci : “ Quelquefois, it 
se forme des poils à la surface interne des muqueuses. On en 
a vu dans la vessie, l'estomac et les intastins. J'en ai trouvé 
sur des calculs du rein. 


OBs&RvATION 1. —M. G..., homme de 52 ans, vigoureux et 
hien constitué, vient à Contrexévile, en 1870, pour la première 
fois. Ce malade se plaint de maux de reins datant de deux 
ans et devenus presque continuels. Il expulse avec les urines 
du sable urique mélé à des poils de grosseur et de couleur 
variables. Contrairement aux cas cités par Rayer et à celui 
qui va suivre, l'acide urique n'adhère pas à ces poils. Le 
malade, qui a été frappé de ce dépôt, en a recueilli une assez 
grande quantité, en petits paquets séparés, et nous les pré. 
sente avec la date de l'émission des produits pathologiques. 


Soumis à l'usage progressif de l'eau de Contrexéville en 
boissons, en bains, puis en douches rénales, il expulsa, pen- 
dant les huit premiers jours de son séjour dans cette station 
une certaine quantité de poils mélés à de l'acide urique que 
nous pumes facilement recueillir. 

Après ces huit jours, les poils disparurent, ainsi que les 
maux de reins, et le malade, qui appartenait à l’armée, ne 
revint plus à Contrexéville depuis cette époque. 

Nous avons, ainsi que plusieurs de nos confrères, examiné 
les poils rendus par ce malade ; ils étaient pourvus de leur 
bulbe et ne présentaient rien de particulier. 


OssBRvATION II.—-M. C..., âgé de 46 ans, homme nerveux 
et bien constitué, est venu, il y a 14 ans, à Contrexéville pour 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 491 


Ja première fois à la suite de plusieurs crises néphrétiques.et 
de quelques légers accès de goutte articulaire. Ily suivit 
pendant quatre années, un traitement hydrominéral, et ex. 
pulsa, sous l'influence de sa dernière cure, une petite masse 
dure du volume d'un poids formé d’un magna de poils et de 
sable urique, Il avait antérieurement rendu, avec le sable 
qui abondait dans ses urines des poils isolés, mais n’y avait 
point fait attention, pensant que ces poils venaient du pubis ; 
mais alors que son attention eut été éveillée par l'expulsion 
de la petite boule Jont nous venons de parler, il remarqua 
que les poils du pubis flottaient sur l'urine, tandis que les 
noils de la vessie étaient déposés au fond du vase. IL ne 
nous a pas été donné de vérifier cette assertion du malade. 


A la suite de ces quatre saisons, le malade passa sept années 
sans ressentiment de goutte ni de coliques néphrétiques : il 
émit cependant encore du sable, et avec ce sable quelques 
poils dans les urines. 


Revgnu à Contrexéville en 1869 pour y rétablir sor esto- 
mac, qui, depuis la mort de sa femme, survenue en 1866, 
était affectée de dyspepsie, et sur lequel, lors de ses premiè- 
res visites, l’eau du Pavillon avait eu un offet salutaire, il y 
obtint le résultat qu'il désirait et partit guéri : mais, au bout 
de quatre mois, le mal revint. Après une deuxième cure 
faite en 1870, dix mois se passérent sans souffrances, malgré 
._ les pénibles émotions qu’amenérent la guerre et l'oécupation 
de sa résidence. Une troisième saison, en 1871, laisse espé- 
rer une guérison définitive. ° 

Les coliques néphrétiques n’ont plus reparu ; le malade a 
toujours continué. à rendre, de loin en loin, un peu de sable 
et quelques poils. Une fois entre autres, le malade expulsa, 
non sans une vive douleur dans lecanal, un poil qui présen- 
tait, dit-il, l'aspect d’un chapelet dont les grains étaient for- 
més d’acide urique. 

Tels sont les faits qu'il nous a été donné d'observer, et, 
nous le répétons sans pouvoir en donner lexplication, nous 
doutons fort que selle de M. le professeur Broca, la pilimic- 


422 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


tion fœtale, et mème l'opinion de Bichat, la formation de 
poils sur les muqueuses, puissent, dans ces deux cas, expli- 
quer cette émission abondante de poils avec les urines. Aus: 

si nous sommes-nous simplemént proposé d'apporter des élé- 
ments à l'étude d’un phénomène pathologique qui attend 
encore une interprétation salisfaisante. 


(Gazette des hôpitaux.) 


DES DIVERSES FORMES D'ASPHYXIE. 
AU POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE ET PATHOLOGIQUE- 
Par M. le docteur LEvEN 


I 


Nous avons pubhé, il y a un an, quelques résultats de nos 
expériences sur la ligature de la trachée, et nous en avons 
fait le sujet d’une communication à la Société de biologie. 

Nous nous proposons aujourd’hui de reprendre ce sujet et 
de publier les applications de ces études physiologiques aux 
diverses questions de l’asphyxie par pendaison et par submer- 
sion, en même temps que nos expériences sur l’action du gaz 
acide carDonique dans le sang. 

Nous avons, dans notre premiére publication, dit que si on 
applique un fil autour de la trachée d’un animal, et qu’on le 
serre très légèrement, sans gêner le passage de l’air et des 
gaz exhalés par le sang, on observe immédiatement une di- 
miaution du nombre des mouvements respiratoires, et que: 
ce nombre baisse de 60 à 45 par minute par exemple. 

kt nous avons observé sur plusieurs animaux, des lapins et 
des cochons d'Inde, qu’en serrant brusquement la’ trachée 
avec un fil de manière à l'oblitérer on peut produire la mort 
immédiate, précédée de deux ou trois secousses convulsives, 
seulement généralisées. Cette expérience ne réussit pas tou- 
jours ; nous avons constaté le même fait en essayant d’intro- 
duire dans la trachée une canule trop étroite ; la trachée en 
se rompant brusquement, était la cause de la mort immédiate 
précédée de quelques mouvements convulsifs. 


ee =e So 
a 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 423 


J'ai essayé de reproduire les mêmes expériences en sec- 
tionnant au préalable les deux nerfs pneumogastriques et en 
liant ensuite la trachée. Dans ce cas, la mort ne survient 
que peu à peu, par le fait de l’empoisonnement du sang par 
l'acide carbonique. L'animal s'asphyxie peu à peu, les bat- 
tenrents du cœur se ralentissent, les muqueuses noircissent, 
et l'animal ne sudombe qu'au bout d’une minute environ. 


Dans ce dernier cas on peut même, quand il est frappé de © 
mort apparente le faire revenir à la vie en déliant la trachée. 


Dans la première série des expériences, lorsque le pneu- 
mogastrique était respecté, la ligature de la trachée détermi- 
nait une mort irrévocable. Après Ja section du pneumogas- 


trique, je pouvais le ressusciter en déliant la trachée. 

La diminution dans le nombre des mouvements respira- 
toires lorsqu'on serre faiblement la trachée au moyen d’un 
fil, la mort immédiate que l’on voit survenir quelquefois par 
une ligature forte, me paraissent devoir s'expliquer par l’ex- 
citation faible ou forte de la périphérie du nerf paeumogas- 
trique. 

Ces expériences donnent des résultats qui ont de grandes 
analogies avec ceux de l'électrisation du bout central du 
pneumogastrique. 

Une électrisation faible du bout central du nerf pneumo- 
gastrique détermine un ralentissement de Ja respiration et 
non une accélération, comme le disait Traube. Une électri- 
sation forte peut tuer l'animal sur le coup en arrétant la res- 
piration et les battements du cceur. Dans ces divers genres 
de mort, le poumon et le cœur conservent leur couleur rose. 

L'influence sur la respiration de la ligature de la trachée 
est indépendante de tnute émotion ou excitation cérébrale 
due à l’expérience ; car si on serre le fil enroulé autour de la 
trachée assez pour que l'échange des gaz soit profondément 
troublé et que animal tombe dans le coma produit par une 


asphyxie incomplète, on peut diminuer ou augmenter instan- 


tanément le nombre des mouvements respiratoires en serrant 
légèrement la ligature ou en la dessemant ; on peut même 


424 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


arrêter la respiration et les battements du cœur tout dun 
coup en serrant la ligature brusquement, de manière à ebli- 
térer la trachée. 


II 


Ces expériences peuvent nous rendre compte de phénome- 
nes qui accompagnent la mort par pendaison. 

On a publié des autopsies d’individus et d’animaux qui ont 
été pendus (t). La mort par pendaison peut être déterminée 
par luxation des vertébres cervicales; elle peut étre due a 
Yempoisonnement par l’acide carbonique ; mais les faits qu: 
rapporte Brown-Séquard ne rentrent pas dans ces catégories. 

Les poumons et le cœur avaient leur coloration rosée et ne 
ressemblaient en rien à ce que l’on trouve dansles cas d’as- 
phyxie par acide carbonique. La mort paraît se rattacher 
alors aux mêmes causes qui, dans nos expériences, l'ont ame- 
née à une ligature forte de la trachée. 

Nous avons vu, chez les animanx tués par ligature, que le 
cœur et les poumons avaient une coloration rouge. 

‘La mort chez les paralytiques qui succombent durant un 
repas peut être rangée dans la même gatégorie. Duchenn> 
(de Boulogne) nous a dit avoir vu mourir de la même manié- 
re des individus atteints de paralysie labio-glosso laryngée. 

Les morts subites survenues durant l'opération de la tra- 
chéotomie (et les auteurs en ont signalé un certain nombre) 
méritent également d’être rappelées. 

Lorsqu'on plonge des animaux comme le cabiai sous l’eau. 
et nous avons répété cette expérience plusieurs fois, ils ne 
meurent pas empoisonnés par l’acide carbonique, si on a soir 
de les tenir sous l’eau ; on voit que les animaux ne font que 
que deux ou trois respirations et meurent ensuite. 

L’autopsie permet de constater que les poumons et le cœur 
ont conservé leur coloration rose. 

Beau avait déjà fait cette observation. 


mt 


(1) T. I, Journal de physiologie. Brown-Séquard, no. 822. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 425 


Si, au contraire, l'animal peut remonter de temps en temps 
au-dessus de l'eau pour respirer de lair, il absorbe de l'oxy- 
gène, la respiration continue, ainsi que le battement cardia- 
que ; mais il s'asphyxie peu a peu par l’acide carbonique ; la 
mort arrive progressivement, et le cœur et les poumons de- 
viennent noirs par l'acide carbonique en excès. 

La submersion parait donc comme la pendaison, pouvoir 
déterminer la mort par syncope, comme le montrent les pre: 
mières expériences, ou bien par empoisonnement du sang, 
l'animal ne reste pas plongé sous l’eau. 

On a signalé des individus noyés qui ont pu être rappelés 
à la vie un grand nombre d'heures après la noyade ; d’autres 
qui meurert rapidement après la submersion. 

N'est-ce pas à ces diverses causes physiologiques de la 
mort qu’il faut rapporter ces différences dans les résurrections ? 

Comment expliquer. la syncope dans la submersion des 
animaux que l'on tient sous l’eau ? 

Pourrait-on dire que l'oxygène ne pouvant plus pénétrer 
dans les organes respiratoires, le bulbe cesse d’être excité se 
. paralyse, et de là arrêt du cœur et des poumons ? 

Et dans les cas de ligature forte de la trachée, n'est-ce pas 
‘excitation trop forte de la périphérie du pneumogastrique 
qui se transmettant au bulbe, le paralyse ? 

Ea résumé, la mort par asphyxie comprend plusieurs or- 
dres de causes ; tantôt elle est due à des phénomènes pure- 
ment nerveux, et alors elle peut ètre censidérée comme mort 
par syncope ; d’autres fois elles est due à Jes actions chimi- 
ques, à l'empoisonnement par les acides carboniques. 

On comprendra qu'il importe, pour- le pronostic et le trai- : 
tement de ces divers genres d’asphyxie, de bien en connaître 
la physiologie pathologique. 


596 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


LE CANCER COMME SOUCHE TUBERCULEUSE: M 
BURDEL. 


Paris, le 18 Juillet 1872. 


La publication (1) que M. le docteur Burdel a récemment 
présentée à l'Académie est le complément d'un travail sur 
lequel Vigla avait fait en 1870 un rapport qui montrait l’im- 
rortance des documents recueillis par l’auteur. 

La méthode adoptée par M. Burdel et l'originalité des con- 
clusions qu'il a déduites de ses recherches persévérantes, 
nous imposent le devoir de consacrer à ce petit livre une 
analyse dont nous ne regretterons pas l'étendue, si elle con- 
tribue à provoquer des recherches analogues à celles dont 
l’auteur offre un modele 

Le docteur Burdel, étudiant à Vierzon l'étiologie de la 
phthisie chez ses malades, a été frappé de la fréquence de 
l'existence du cancer chez les parents non tuberculeux ayant 
donné naissance à des enfants tuberculeux. Poursuivant ses 
études pendant vingt-sept années de pratique dans un pays 
où il succédait à son père, et pouvant établir rigoureusement 
les antécédents des familles, il est arrivé à des résultats re- 
. marquables, autant par la précision des observations que par 
les conclusions qu'il en a déduites.—Nous examinerons d’a- 
bord les faits tels qu'ils ont été présentés par le docteur Bur- 
del. 

Sur plus de 100 familles cancéreuses, 73 ont fait souche de 
phthisiques, 79 cancéreux ont produit 237 tuberculeux. 

32 observations citées comme exemple montrent avec quel 
soin l'auteur a suivi l’histoire de ces familles. Nous les 
avons toutes lues, étudiées, résumées, classées, de diverses 
façons, et comparées entre elles, ce qui nous permet d’en 
présenter les résultats sous une forme trés-sticcincte. 

32 cancéreux, constituant 32 familles, donnent naissance 4 


(1) Le cancer constiéré comme souche luberculeuse, par le docteur E. 
Burdel.—G. Masson. Paris, | 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 427 


18 cancéreux, 61 tuberculeux et 31 individus exempts de l’une 
-ou l'autre de ces diathèses ; sur les 18 cancéreux nés de la 
première généralion, 15 reproduisent 36 tuberculeux, 2 can- 
céreux et 14 individus indemnes. En réunissant les deux 
générations, on arrive à ce résultat que 32 cancéreux produi- 
.sent 20 cancéreux et97 tuberculeux et 45 individus indemnes, 
ou en d’autres termes à la première et à la seconde généra- 
tion, les descendants en ligne directe des cancéreux compren- 
nent : cancéreux, 12 pour 100 ; tuberculeux, 59 pour 100 ; in- 
demmes 29 pour 100. A la troisième génération on trouve 
-seulement 4 cancéreux, dont’ deux sont nés de mère ou père 
-cancéreux, un troisième de père tuberculeux, celui-ci ayant 
eu un frère et son père cancéreux, le quatrième né d’un père 
tuberculeux, mais ayant eu une grand'mère tuberculeuse et 
cancéreuse. Ces chiffres sont fort remarquables, mais ils 
prennent une valeur plus considérable lorsqu'on les compa- 
‘re aux Chiffres approximatifs de la fréquence du cancer et 
-du tubercule. Il est sans doute regrettable que nous ne con: 
naissions pas pour Vierzon, ou au moins pour le Berry, la 
proportion habituelle des décès par cancer et par tubercule 
parce qu’il semble, à considérer les résultats précédents, que 
ves diathèses sont plus développées dans le Berry qu'en d’au- 
tres parties de la France. Nous devons nous contenter des 
chiffres approximatifs admis pour la France en général, ou 
au moins pour les parties de la France où le cancer et le tu- 
bercule sont fréquents. 


M. Broca a montré que, dans des calculs de ce genre, on 
-peut considérer que sur 26 individus il existe, suivant les 
probabilités, 1 cancéreux ; appliquant cette proportion aux 
432 enfants issus des 32 cancéreux, la probabilité serait de 
& cancéreux au lieu de 20 cancéreux, d’une part ; en admet- 
tant, d'autre part, la moyenne de 10 pour 100 de décès de tu- 
berculeux par rapport à la totalité des morts, le nombre des 
tuberculeux par rapport à la totalité des morts, ne devrait être 
que de 16 environ, au lieu de 97. Il faut donc conclure, 
pour les deux cas, à l’exisbence d’une cause particulière. 


428 L'UNION MEDICALE DR CANADA. 


Pour le cancer, l’hérédité semble ici démontrée dans la 
premiére génération, et cette influence héréditaire explique 
fort bien le chiffre obtenu. Mäis pour la tuberculose, quelle 
est la cause de cette proportion si remarquable ? En faisant 
la part de l’analogie de conditions dans lesquelles ont vécu 
ces diverses familles, en supposant méme l'action de la cort- 
tagion entre les enfants de la même famille, on est encore 


loin de s’expliquer ce nombre considérable de phthisiques is-_ 


sus de cancéreux, nombre qui est porté à 73 pour 100 de tu- 
bercoleux nés de cancéreux par les autres observations de M. 

Burdel. Doit-on admettre ici une de ces coïncidences que 
peut présenter toute statistique qui ne comprend pas une 
population étendue ? M. Burdel ne le croit pas; il conclut 
que le cancer peut être considéré comme une source de tuber- 
culose ; il établit une loi de transmission héréditaire et expo- 
se une théorie complète. Cette théorie s'appuie sur les précé- 
dents, sur des expériences et sur des arguments tirés de l’é- 
tude générale des diathèses. Nous exminerons sucessive- 
ment ces diverses parties. 


Les chiffres présentées par M. Burdel sont tout à fait excep- 
tionnels ; ils ne tendent à rien moi:s qu’à prouver que la pro- 
portion de phthisiques nés de cancéreux est supérieure à cel- 
le des phthisiques nés de phthisiques telle que l’indiquent les. 
statistiques les plus étendues (celles de Walshe, de Cotton et 
de Smith n’offrent qu’une moyenne de la moité des phthisies. 
ayant une origine héréditaire.) 


Pour juger de la valeur de ces proportions, il faudrait pou- 
voir les comparer avec d’autres statistiques ; or, l'étude des 
rapports de la tuberculose avec le cancer ne nous donne mal- 
heureusement pas de renseignements pouvant par leur pré- 
cision être :opposés aux résultats de M. Burdel. Cette étude, 
comme nous l’avons montré ailleurs (article Carcinome du Di- 
tionnaire encyclopédique), a subi des phases intérèssantes à sui- 
vre ; on a commencé par croire à l’antagonisme du cancer et 
de la tuberculose mais on a trouvé dans quelques cas la coin- 
dence des deux produits diathésiques, tubercules et cancer, 


L'UNION NÉDIOALE DU CANADA. 429 


et l’on en est arrivé à montrer que les rapports des deux dia- 
thèses étaient assez intimes pour que, suivant Cooke et Si- 
bley, on trouve des antécédents de vhthisie chez le tiers des 
cancéreux environ. Enfin, des statistiques plus étendues de 
Holden, portant sur plus de 7000 individus, nous donnent la 
proportion des cancéreux chez les individus à antécédents tu- 
berculeux, un peu inférieure à celle qu’on observe chez les 
" individus sans antécédents tuberculeux reconnus. 


Tous ces travaux aboutissent donc à ce résultat, que ia 
tuberculosé n'influe pas sur le développement du cancer. 
Malheureusement jusqu'à présent personne n’a dirigé les re- 
cherches dans le même sens qne M. Burdel, de sorte que 
pour le sujet qui nos occupe ces statistiques démontrent 
‘ simplement qu'il y a souvent coincidence de cancer et de tu- 
berculose dans les mèmes familles, et que les auteurs de ces 
recherches n'ont pas été frappés des rapports que M. Burdel 
a découverts. Ses chiffres restent comme un appel forcé à 
des statistiques recueillies avec le même soin, et tant qu’elles 
ne seront pas établies, ilne peut y avoir vis-à-vis de M. Burdel 
qu'une argumentation prenant ses movers dans l'étude des 
diathèses. 

Admettant théoriquement l'influence héréditaire du cancer 
par rapport.au tubercule, on est obligé pour en expliquer la 
cause de'pénétrer au fond des problèmes les plus complexes 
de la pathogénie des diathèses. En effet, il faut admettre que 
la diathèse cancéreuse peut se transformer ‘par hérédité en 
diathèse ‘tuberculeuse, ou tien que la diathèse cancéreuse 
est une des causes qui prédisposent à la diathèse tuberculeuse. 

Sur le premier point, nous aurions longuement à discuter 
sinous voulions passer en revue les doctrines qui ont éte 
soutenues, en particulier par MM. Badin, Gigot-Suart, Pidoux, 
Luys, Morel, Moreau, la multiplicité seule des théories qui 
ont élé proposées, nous conduirait à cette conclusion que 
dans l’état actuel de la science la:mutabilité des diatheses est 
un problème qui n’a pas ercore été résolu par des démons- 
trations rigoureuses. La possibilité de la transformation des 


430 L'UNION MÉDICALE DE CANADA 

produits diathésiques les uns dans les autres serait une dé- 
monstration péremtoire, mais les données de l’anotomie pa- 
thologique, quant à présent, sont en opposition complète 
avec la probabilité d'existence d'un pareil phénomène ; M. 
Burdel cite bien quelques expériences où le cancer inoculé à 
des lapins aurait produit des tubercules, ou des abcès caséeux, 
mais nous savons avec quelle sévérité on doit éviter de con- 
clure d'expériences de ce genre, surtout lorsqu'elles sont à 
l'état de faits isolés. 


Dans les faits présentés par M. Burdel, nous trouvons pour 
presque tous les cas la manifestation de la diathèse turber- 
«uleuse apparaissant chez l'enfant avant que le père ne pré- 
sente ia manifestation du cancer sous forme de tumeur ou 
de lésion organique des viscères ; et, dans tous les cas, la 
manifestation cancéreuse chez les parents est postérieure à 
la naissance des turberculeux. C’est donc la diathèse cancé- 
reuse en tant que prédisposition, et non la diathèse con- 
firmée par le produit pathologique qui se transformerait en 
diathèse turberculeuse. M. Burdel répondrait sans doute 
que cette même prédisposition diathésique produit chez un 
certain nombre d'enfants la diathèse cancéreuse, chez d’au- 
tres la diathèse tuberculeuse. 


La discussion porterait ainsi sur deux états également in- 
connus, sur deux diathèses qui ne se sont pas manifestées : 
quelles seraient alors les bases d'un raisonnement pouvant 
produire des conclusions précises ? M. Marchal (de Calvi), en 
admettant la période amorphe pendant laquelle la germina- 
tion cancéreuse resterait latente et comme endormie, consta- 
te plutôt qu'il n’explique ce fait que dans le cancer la mani- 
festation se produit ordinairement à un âge avancé, ou que 
la transmission héréditaire peut laisser une génération in- 
demne et se propager du grand-père au petit-fils ; M. Bur- 
del ajoute à la période amorphe, la période larvée diathésique, 
celle qui précède la manifestation de la diathèse dans la- 
quelle l'organisme est troublé plus ou moins profondément 
dans aon état général, cette période correspondrait à la fer- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 431 


mentation des troubles organiques dans laquelle ‘ on sent. 
que sous cette perturbation un orage organique se prépare 
en grondant sourdement, sans qu’on sache ni comment ni 
quand il doit se manifester”. Eh bien, nous l’avouons fran- 
chement, quand la méditation doit s'élever dans les régions 
où les comparaisons sont les bases du jugements, nous som- 
mes conduits à conclure qu'il faut attendre pour se pronon- 
cer que la science ait dégagé des phénomènes plus saisissa- 
bles en d’autres termes, avant d'admettre la mutabilité de 
deux prédispositions qui ne sont pas manifestées, nous vou- 
drions être mieux renseignés sur les caractères mème de ces 
prédispositions. ° 

S'il était démontré, comme lont avancé MM. Bazin et 
Gigot-Suard, que le cancer est précédé de manifestations 
herpétiques et que le cancer est lui-même l'expression la 
plus dégénérée, la plus avancée de l'herpétisme, on pourrait 
alors concevoir les moyens de mieux définir les périodes de 


la diathèse dans lesquelles se prépare la manifestation ulti- 


me, mais M. Burdel lui méme, ne nous donne pas de rensei- 
gnements précis à cet égard. En somme, avant d’admettre la 
transformation des diathèses par hérédite, nous croyons 
prudent d'attendre que nous connaissions mieux les condi- 
tions de l'hérédité pure et ample des diathèses. 


Ces termes n’expriment pas un decouragement qui rejette- 
rait bien loin toute discussion, car il est permis d’espérer 
qu’on arrivera à conraitre ces prodromes de la manifestation 
diathésique, puisqu'on est obligé de les admettre à titre 
d’hypothèse. Ainsi que l’a dit M. Reynaud, il est évident 
qu'on ne peut donner que ce que l’on a et si la fille.d’une en- 
gendrée avant l’existance du cancer chez la mère, cancéreuse . 
devient cancéreuse elle-même, c'est qu'il ya eu transmis- 
sion de quelque chose de plus qu'une simple prédisposition. 

Il nous reste à examiner la seconde hypothèse, à savoir, 
que le cancer est une des causes qui prédisposent à la tuber- 
culose. 

Cette hypothèse peut étre émise sous des termes très varia- 


432 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


bles ; ainsi, on dira avec Vigla, ‘“ qu’il ne répugne pas 
d'admettre que la résistance organique, comme l’entendait 
Bichat, une fois attaquée dans une famille, des dégénéres- 
cences diverses, suivant les aptitudes individuelles, vien. 
dront à se produire, ici le cancer, là le tubercule. On ad- 
mettra, en appliquant les doctrines de M. Pidoux, que le 
“ancer est une des origines multiples de cette maladie com- 
mune, sorte de caput mortuum, qui, sous le nom de phthisie, 
termine la série des maladies chroniques. Mais encore, si 
l'on veut trouver des bases solides à cette théorie, il faudra 
découvrir et monirer ce qu'est cette prédisposition spéciale, 
diathèse protéique ou indifférente, sans manifestations appa- 
rentes jusqu'au moment où elle se convertit, par l’héréditè, 
soit en tubercule, soit en cancer. 


Dans cet ordre d'idées, on a plusieurs fois cité la remarque 
faite par M. Béhier, que le cancer de l’æsophage prédispose 
à la phthisie, nous comprenons que laffaiblissement, les 
troubles nutritifs chez ces cancéreux soient favorables au 
développement de la phthisie, et d’ailleurs C. Moore a ren- 
vontré chez des cadavres de cancéreux la phthisie dans la 
proportion de 34 pour 100 ; mais ici on trouve anatomique- 
ment des produits diathésiques superposés, distincts ; la 
tuberculose est, suivant nous, dans ce cas, une coincidence 
ou une complication en quelque sorte cachectique. Or, 
your l’hérédité ilen est autrement, et nous ne voyons pas 
comment un homme de vingt ans qui deviendra cancéreux 
a cinquante ans, est déjà assez profondément troublé dans 
sa nutrition pour transmettre le tubercule qu'il n'a pas et 
n'aura pas. : 


De sorte que la seconde hypothèse n’est. au fond, qu'une ex- 
nression particulière de la première hypothèsè, nous dirions 
presque un pléonasme, puisqu'on y admet que la prédispo- 
sition à une diathèse peut se transmettre héréditairement. 

Pour terminer cet examen des faits ét de la théorie pré- 
sentés par M. Burdel, nous constatons que la théorie. com- 
porte comme arguments réellement importants les faits de 





CL DS 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 433 


‘transmission observés par Lotre confrère. Nous reconnais- 


sons qu’ilsont une grande valeur, qu'ils sont de nature à pro- 


voquer la méditation et la discussion, mais nous ne les con- 
sidérons pas comme ‘ricluants, parce que, malgré leur 
nombre, ils ne compren:ient pas des données assez étendues 
au point de vue d'une statistique générale. Dans tous les 
cas, M. Burdel peut à bon droit demander qu'on lui en oppose 
de contradictoire, et l'exemple qu'il donne est de tous points 
un modèle àsuivre. S'il est démontré ainsi que M. Burdel 
a été égaré par une coincidence trés-singuliére, il lui restera 
comme consolation le mérite d’avoir provoqué des recher- 
ches qui seront certainement fécondes en documents, sur la 
question si importante de la transmission du cancer et du tu- 
bercule, question à laquelle est lié le problème de la pro- 
phylaxie des deux diathèses les plus meurtrières entre toutes. 
Il s’agit ici d’un sujet de recherches qui appartient surtout 
qux praticiens, et plus encore à nos confrères qui, exerçant 
dans des centres reslreints, peuvent seuls poursuivre des in- 
vestigations complètes. prolongées, persévérantes, minutieu- 
ses ct exactes dans l’histoire des familles. 


Gazette. hebdomadaire 


NOUVELLES MEDICALES. 

Sous le titre de “ Travaux à consulter ” la Gazette Hebdo- 
amadaire rapporte les faits suivants : 

Du CANCER DES AMYGDALES, PAR M. le docteur A. PoLanp.— 
—La localisation du cancer aux amygdales est relativement 
rare, et les observations publiées sont très communes ; l'au- 
tour a recueilli dans son mémoire les faits connus, ou consi- 
gnés à titre de souvenirs dans divers auteurs. Les cancers 
primitifs sont plus fréquents que les cancers secondaires, 
dont l’auteur cite quatre cas. A ces observations on peut 
ajouter un fait publié dans la GAZETTE HEBDOMADAIRE, 1855, 
p- 786, qui peut être discuté, mais qui a été rapporté comme 
un exemple de l’action thérapeutique de la liqueur de Fow. 


434 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


ler. La monographie de M. Poland renferme des documents. 
iptéressants sur la question. (The British and foreign medico- 
chirurg. Review, avril 1872.) 

CANCROÏDE DU LARYNX. TRACHEOTOMIE, par M. le docteur B. 
Lauy.—On avait diagnostiqué chez une malade, à l'Hôtel- 
Dieu de Nantes, une laryngite tuberculeuse ; la malade était 
grosse, et fut prise d'un accès de suffocation qui nécessita la 
trachéotomie. L’hémorrhagie fut tellement abondante que 
la malade tomba dansle coma. On fit l'opération césarienne 
aussitôt après la mort, mais le fœtus était mort depuis plu- 
sieurs heures. On suppose qu’il y a eu entrée de lair dans 
les veines. A l’autopsie on trouva dans le larynx des végéta- 
tions épithéliales. (Journal de médecine de l'Ouest, t. vi, 1872.) 


GUÉRISON D'UN ANÉVRYSME POPLITÉ PAR LA FLEXION, par M. le- 


docteur Hozues.—Il s'agissait d’un anévrysme de la grandeur 
d’une noix pour lequelle on fit faire le traitement par le ma 
lade lui-même ; il maintint la flexion pendant trente-six heu. 
res, mais de temps en temps 11 étendait la jambe. Au bout 
de vingt-quatre heures, le bruit de souffle disparaissait, et, 
au bout de trente-six heures, il n’y avait plus de pulsations 
- dans la tumeur, qui était devenue solide ; le malade est sorti 
de l'hôpital quatorze jours après l'entrée, la guérison parais- 
sant complète. (British Medical Journal, 6 avril 1872.) 


NÉCROSE DU TIBIA, PYOHÉMIE AVANT L’OUVERTURE DE L’ABCES, 
par M. le docteur EricHsen.—Ce fait, qui, à proprement par- 
ler, est un exemple de d’ostéo-périostite, est intéressant parce 
qu'il démontre que la pyohémie a pris naissance avant toute 
action de lair sur le pus ; l'infection directe par des produits. 
inflamatoires a produit l'infection purulente. Il y avait, à 
Pautopsie, des abcès métastiques dans les poumons et une 
péricardite purulente. (Hfcdical Times and Gazette, 20 janvier 
1872.) 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 435 


INCUBATION DE LA VARIOLE DANS L'UTÉRUS, par le docteur T} 
Sutton TownsenD.—L’auteur rapporte un fait qu’il conside- 
re comme démontrant la possibilité de l'infection variolique 
du fætus sans affection de la mère. 

Dans ce cas, il s’agit d'un enfant de dix-huit jours, atteint 
de variole et qui à cette époque présentait une éruption 
analogue aux éruptions du neuvième au dixième jour. M. 
Townsend, se basant sur les renseignements donnés par la 
mère et sur l’éruption, conclut qne, en admettant l’incuba- 
tion'de quatorze jours, et, à la rigueur, une incubation de 
plus de quatre jours, l'enfant a dù contracter la variole alors 
qu'il était encore dans l’utérus. ll rapproche ce cas des faits 
analogues rapportés par Jenner, Pearson, et Mortimer. Chez 
cet enfant, l’éruption était apparue cing jours après la nais- 
sance. Ja mère avait été vaccinée, avait eu une varioloide, 
mais aucune éruption, de ce genre pendant la grosesse. Ce 
fait par lui-même pourait prouver aussi bien que l’incubation 
peut être très-courte chez le nouveau-né, plutôt qu'il ne 
prouve réellement la variole contractée à la vie intra-utéri 
ne. (Medical Times and Gazette, {er juin 1872.) 

Du TRAITEMENT DES MALADIES AIGUES PAR LE FROID, par le 
docteur C. Lasèqur.—Revue critique des travaux de Lieber- 
meister et Hagenbach, de Ziemsen Immermann, d'Otto Catz 
et de Wilson Fox, démontrant que la médication à l’eau froi- 
de est une heureuse et puissante addition à la thérapeutique. 
{Archives générales de medecine, mai 1872.) 

TÆNIA SOLIUM COMPLÈTEMENT DÉVELOPPÉ CHEZ UN ENFANT DE 
ciNQ Jours, par le docteur C. AnMon.—Cette observation est 
remarquable au point de vue du développement du tenia, 


L’entozoaire n’a pu être entièrement expulsé. La mère était . 


également atteinte de tænia. Davaine rapporte des observa. 
tions d’entozoaires chez des enfants à la mamelle, mais jus. 
qu'à présent nous croyons le fait du docteur Armor unique 
en son genre, et d’ailleurs il a eu pour témoins les collègu 


436 L'UNION MED:CALE DU CANADA. 


de ce médecin à Long Island hospital. Comment s'est intro- 
duit le tænia qui certainement s'es: déve'opp$ pendant la vie 
utérine ? C'est ce que l’on expliquera difficilement. (New-Yors 
Medical journal, décembre 1871.) 


NOUVELLE MÉTHODE DE DESTRUCTION DES CILS DANS LE CAS DE 
TRICHIASIS OU DE DISTRICHIASIS LIMITÉ, par le docteur P. J. 
Hayes.—L’auteur, aux nombreux procédés connus, mais trop 
souvent impuissants, ajoute le suivant : à l’aide d’une serin- 
gue à injection hipodermique il injecte immédiatement au- 
dessus des culs-de-sac ciliaires quelques gouttes de perchlo- 
rure de fer. L'inflamation localisée et modérée par l’applica- 
tion de catapiasmes détermine l'élimination des cils et des 
folliculles. Ce procédé a été tenté deux fois, mais ces obser- 
vations ne sont pas assez nombreuses pour nous assurer com- 
plètement la localisation des phénomènes inflammatoires pro- 
duits par le perchlorure. (The Dublin Journal of medical Scien- 
ce, mars 1872.) 

RéSECTION DU COUDE ET DE L’EPAULE SUR LE MEME BRAS, 
POUR DES PLAIE3 PAR ARME A FEU, par le docteur Mac-Con- 
mac.—Ce fait, tres-probablement unique, de la résection des 
deux articulations principales d’un membre, a été présenté à 
la société médicale et chirugicale de Londres, et l’auteur a pu 
y soutenir, sans soulever de vives discussions, que le membre 
du blessé était, malgré la double opération, devenue réelle- 
lement utilisable pour divers mouvements. (The Lancet, 23 
mars 1872.) ° 


ee (jm 
DECES. 


—À Berthier, le 4 Août, à l'âge de cinquante quatre ans, Louis Joseph 
Moll, M. D. Il pratiquait la médecine dans cette ville depuis près de 
trente ans. 

—A Rigaud, le 31 Juillet, à l'âge de 14 jours, Joseph Raoul Kildare, 
enfant de G. Madore, M. D. 





TABLE DES MATIÈRES. 


mn 


Une réponse, Dr.-Roltot.......... bee tecsceceeessacsceersctssencececs 389 
Correspondance de Londres, Dr. Ed. Desjardins ............. 393 
Thérapeutique chirurgicale (suite et fiu)..................….. . 396 
Opération de hernie étranglée, etc... 405 
Société médicale de Montréal... cesses . 409 
La loi de vaccination en Europe... 412 
Correspondance parisienne, A. T. Brosseau. ................. 415 
Gravelle pileuse............ ....cscscsesecencencecccrsseserecsceeareces 419 
Diverses formes d'Asphyxie..................................... 422 
Le cancer comme souche tuberculeuse.......................…. 420 
Nouvelles médicales ............-cccccceccceccessccccnscccscecsceecce 433 


ASSOCIATION MEDICALE C iNADIENNE, 


LA CINQUIÈME ASSEMBLÉE ANNUELLE de l'ASSOCIATION 
MEDICALE CANADIENNE aura licu MERCREDI, le ONZE SEPTEM- 
BRE prochain, dans la cité de Montréal. Le Président prendra le fauteuil 
à 10 heures, A. M. 

A. H. DAVID, M.D. Gd. D.C.L., 
Secréteire-Général. 
Montréal, ler Août 1872.—di 





On s’abonne a l'Union Médicale au Bureau de La Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


WMR. WARNER & CIE. 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules recoubertes en sucre. 


154, Rue North third, 


PHILADELPHIE. 


Expédites par la malle sur le reçu du prix du cata- 
logue. 
Pilules Iodoform et Ferri de Warner. - 


(Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n'ac- 
- ceptez aucun substitut de qualité inférieurv. 


Ces Pilules sont un tonique et un alterant puissant, recomman- 
dables surtout dans la 


SCROPUIR, L'ANRMIS LA NEYRALGR, LA CHLOROSE, ete. 


Nous faisons nne mention spéciale de cos Pilules de notre manufacture, parce que tous 1e 
Journaux de mé tecine du pays, sur la fui de correspondante respectables, repporteat doe 
‘ervellicuss opérées ar elles” ft oa tous les autres temédes avaient fall, de dl 
‘Chaque doutelile contient ia formule et ia dose. Tl n'y a rien de secret, 


PRIX $3.25 PAR 100. 
Nous donnons ci-4essons un court extrait d’un rapport de la société médicale dt té de 
M tel que pubilé daus les trausacuions de la voclété médicale de Pansyivanie. cu Juin, 


À l'intérieur, Je prescrivis la quinine et le fer et une diète généreuse, malgré cela, J'eus 
ce PE IE ln On D LS ARE, malgré cel, Jens 
Saone ME à PAIE daz ren Rs ug one, natare ee araleay anh tea 
ange A den De ot les, Pers Res en deg no re dtrants, 
gntrautres Mogure de plain ie NA Ho gant des Bropr ir ent QU en qua 
Burgioal Reporter. Je décldai d'essayer immédiathment le remade, Je discontinual teut autre 
agit Report, de dés ane Im ans rame, fe dioontinnat fo autre 
walters ne on er pis fe RE Par fog, manataciares par 
re Ci de Plate 2 ea PET las da tats 1s gonna Pres telat De 
ree oe NT ER A Pci CU ADP ER M p 
Enpations journals, On me pent appéroaroir aucune trace de te maladie a Le patlente jouit 
po paral 
Sn Pa an autres ca. l'an datant de trte ot Tantra de quatre ans aves le 


jesuls convaincu de l'emcaclté du remère, 
même Fésultat, Jesuls convaincu de l'emeacité du rende ns 


Expédiées par la malle sur le reçu du prix du catalogue, 


PIL: PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centième de grain. Ext. NOIX VOMIQUE un quart de grain. 


PRIY $2.00 PAR CENT. 

La phosphore constitue un des éléments Importants de l'économi e animale, surtout du 

cerveau et du svstame nervon, et on le reganle comme un reméde précieux dans les maladies 
Ge cesursanes. telles que : perte de mémoire, ramoliicsement du cerveau. dépression nerveu 













































A VENDRE EN GROS SEULEMENT PAR 
KERRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien en Gros.— Montreal. . 





L'UNION MEDICALE 
DU CANADA. 


D- 





Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. , 











A DAGENAIS, M. D, °° 


Rédacteur en Chef: \ { Assistants-Rédactewrs : 
L. J. P. DESROSIERS, M. D. 


Vol. 1. OCTOBRE 1872. No. 10. 


L'ASSOCIATION MEDICALE CANADIENNE. 


CT EEE 


fé 





Nous donnons plus bas un résumé des procédés de l’Asso- 
ciation Médicale lors de sa réunion le 11 Septembre dernier. 

Quoique l'assemblée ne fut pas aussi nombreuse qu’on au- 
rait pu le désirer, on y voyait néanmoins des médecins de 
toutes les parties du Canada. 

La principale question qu’on avait à traiter était l’acte 
médicale projeté. Cette question était importante en elle. 
même d’abord, et ensuite parce qu’elle tendait à établir un 
principe en opposition directe avec les privilèges que l'acte 
de la Confédération nous a accordés ; car, ce bill statue que 
l'éducation classique et médicale sera sous ie contrôle du 
gouvernement fédéral. ; 

Tont en désirant une modification à la loi actuelle, tout en 
désirant une loi plus en conformité avec nos intérêts et ceux 
du public, nous ne pouvions pas cependant consentir à ache- 
ter ces avantages au prix d’autres droits d’une importance 
plus considérable. 

Les membres canadiens presqu’a l'unavinulé protestèrent 
donc contre ce principe, et malgré que nous fussions en mi- 
norité, le Dr. Howard déclara qu'après l'expression d’une 
telle opinion de la part de ses éompatriotes d'origine française, 


438 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


ilcroyait de son devoir de retirer ce projet de loi, et pria 
l'assemblée de décharger le comité qui l'avait préparé. 


L'Association, autant pour payer un compliment bien mé- 
rité au Dr. Howard, président de ce comité, que pour ne pas 
se dessaisir de cette question et fermer la porte aux réfor- 
mes dont le besoin se fait si vivement sentir, ne voulut pas 
obtempérer à la demande du Dr. Howard, mais préféra re- 
mettre la discussion du bill à deux ans ; dans l’espérance que 
l'on pourra, dans l'intervalle, trouver les moyens de rallier 
toutes les opinions. - - 

Les membres se livrèrent ensuite avec empressement aux 
autres travaux qui sont le véritable but de Jl Association : 
car, la loi médicale n’est qu'une question incidente. Ce que 
l’Association a principalement en vue, c’est le progrès de la 
science médicale. Et durant plusieurs heures, l'attention 
des membres de l'assemblée fut captivée par la lecture et la 
discussion de plusieurs sujets de médecine et de chirurgie. 

L'offre généreuse d’une médaille d’or par le président Dr. 
Grant et le Dr. Worthington pour le meilleur essai sur les 
maladies zymotiques du Canada, devra nécessairement don- 
ner une forte impulsion à l'Association dans la voie du 
progres. Il faut espérer que les compétiteurs ne manque- 
ront pas. Voilà la véritable lutte qui doit se faire entre nous : 
qu’elle soit bonne, sérieuse. Que la gloire pour le vainqueur 
ne soit pas encore tant la possession de la médaille, que la 
victoire sur ses rivaux. : 

Il n’est peut être pas hors de propos de dire que le 11,à8 heu- 
res, P. M., les membres de }’Association et Son Honneur le Mai- 
re de Montreal prirent part à un somptueux diner donnné 
par les médecins de Montrèal, au St Lawrence Hall: On 
mit de côté, pour quelques heures, la gravité habituelle du 
médecin. La gaieté la plus franche régna toute la soiréé. 
Les médecins se firent un devoir de prouver qu’ils savaient 
eux aussi dans l’occasion faire honneur à un repas. 

Il y eut du vin, des santés et des discours à profusion ; le 
tout entremélé de délicieux morceaux de musique exécutés 
pas de véritables artistes. On ne se sépara qu’à minuit. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 439 


ASSOCIATION MEDICALE CANADIENNE. 





L’assemblée annnelle de l’association médicale canadienne 
eut lieu le 11 Septembre dernier, dans les salles de la Société 
d'Histoire Naturelle. Membres présents : 

Les Drs. Poitevin, Chamberlin, G. E. Fenwick, Rottot, 
Craik, Marsden, Tessier, Hamilton, Dagenais, Schmidt, Scott, 
Bell, Picard, Larue, Warthington, Trenholme. Hingston, 
Beaubien, Davii, Robillard, Grenier, Bourque. Freeman, 
Proulx, McDonnell, Laramée, Lachapelle, Craig, Botsford, 
Archambeault, Hamilton, Howard, Alloway, Peltier, DeBo- 
nald, F. W. Campbell, G. W. Campbell, Bhoyken, Cheva- 
lier, Gauthier, Vilbon, McCalium, Rinfret, Boissy, Grant, Gird- 
wood, Gilbert, Rousseau. Wright, Godfrey, Perrin, Fuller. 


Le Dr. Sewel, de Québec, président de l’Association étant 
absent, l’assemblée fut présidée par le Dr. Hamilton. du 
Nonveau-Brunswick, un des vice-présidents. 

Le Dr. McNab, du New-Hampshire fut prié de prendre un 
siége à côté du Président. 

Le premier ordre du jour étant la réception des nouveaux 
membres, un certain nombre de médecins furent proposés et 
admis membres de l'association. 

Les minutes de la dernière assemblée furent. ensuite lues 
et adoptées. Le secrétaire, Dr. David lut une lettre du 
Dr. Sewell exprimant son regret de n’avoir pas pu se rendre 
à cette assemblée. 

- Le discours que le Président est tenu de faire à l'expiration 
de son terme d'office fut lu par le Dr. Marsden, de Québec. 
Comme ce discours doit être publié par l'Association médi- 
cale, je me bornerai ici à en faire un court résumé. Le Dr. 
Sewell s'occupe principalement du Bill de médecine projeté ; 
J'éducatinn médicale, dit-il, est une des plus importantes ques- 
tions qui puisse venir devant cette association ; c'est pourquoi 
il prie instamment les membres de s'occuper de ce projet 
de loi et de le discuter en mettant de côté toute considéra- 


440 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


tion, tout intérêt personnel ; ce que l’on doit avoir en vue 
c'est l'intérêt de tous, c’est le perfectionnement de l'éducation 
médicale dans ce pays. Il attire aussi l'attention des mem- 
bres sur plusieurs questions importantes, entre autres, sur 
les cours de clinique, leur importance et la nécessité pour 
les élèves de les suivre ; sur les médecins internes de nos 
hôpitaux ; sur le cours d'étude que l'élève en médecine est 
obligé de suivre ; sur l'établissement d'institutions pour le 
traitement des personnes adonnées à la boisson ; sur la loi 
concernant les aliénés épileptiques, etc. Le Dr. Sewell fait 
sur chacun de ces sujets des remarques et des suggestions 
qui ont été très bien goûlées par l'assemblée. 


Le Dr. Howard, président du Comité nommé pourpréparer 
le nouveau bill de médecine, fait quelques remarques sur 
les différentes phâses que l’acte médicale projeté a parcouru 
‘depuis son origine jusqu’à ce jour; il attire l'attention des 
membres sur les clauses qu’il considère comme les plus im- 
portantes, et comme devant être seules discutées dans ce mo- 
ment. Il espère que l'Association voudra bien se mettre sé- 
rieusement à l’œuvre aujourd’hui, afin d’en finir avec cette 
question qui occupe notre attention depuis si longtemps. 
Il propose donc, secondé par le Dr. Hingston, que l’Assemblée 
se forme en comité pour procéder à la discussion dn bill. 
Cette motion est acceptée. 


Le Dr. Marsden est nommé Président du Comité, et aussi- 
tôt après, le Dr. Botsford propose que la discussion du bill 
soit ajournée sine die. Le Dr. Marsden, après une discus- 
sion assez prolongée sur cette motion, la déclare hors d'ordre ; 
puis l'assemblée s’ajourne jusqu’à 2 h., p. m. 

A 24h. l'association étant de nouveau réunie, le Dr. De 
Bonald lit un ouvrage sur l'extinction Je la syphilis. Des 
remerciments lui furent votés sur une proposition du Dr. 
Tessier, de Québec. 

Le Dr. F. W. Campbell présente le rapport du comité sur 
la Nécrologie Médicale Canadienne. La mort a enlevé deux 
membres proéminents de cette association dans le cours de 


L'UNION MÉDIOALE DU CANADA. 44 


l’année dernière, le Dr. M. Fraser, de Montréal et le Dr. 


“Jean-Baptiste Blanchet, de Québec. 


Le Dr. Howard propose ensuite que l'assemblée se forme 
en comité pour examiner le bill de médecine. 7 

Le Dr. Botsford propose en amendement secondé par le 
Dr. Trenholme, que l'Association ne doit pas employer son 
temps à la discussion du bill de médecine. Après une discus- 
sion assez vive sur cet amendement, il tut mis aux voix et 
perdu. : 

La motion principale fut adoptée. L'assemblée se forme 
en comité, avec le Dr. Marsden pour président. 

Le préambule et la première clause du bill ayant été lus 
par le Dr. Howard ; le Dr. Rottot propose em amendement, 
secondé par le Dr. Mount : —que cette association, tout en. 
désirant que les lois et règlements concernant l'éducation, 
l'examen et l’enregistrement des médecins soient uniformes 
et semblables dans toutes les provinces du Canada, rejette 
cependant le principe de l’acte médical projeté tendant à à 
mettre l'éducation classique et médicale sous le contrôle du 
gouvernement fédéral. Une discussion s’éleva sur cette 
question, à laquelle prirent part plusieurs membres, puis 
elle fut mise aux voix et perdue, 11 pour, et 17 contre. 

Le préambule fut adopté, et l'assemblée s’ajourne à 6 
heures. 7 

Le lendemain, l'association se réunit de nouveau a 10 
heures, A. M. 

Sur une proposition faite par le Dr. Marsden, il fut unani- 
mement résolu que lassemblée prochaine de l'Association 
Médicale Canadienne se tiendra a St. Jean Nonveau-Bruns- 
wick. 

Le Dr. Tremholme, secondé par le Dr. Marsden, propose que 
cette assemblée ait lieu ie second mercredi de Juillet. . 

Le Dr. Hingston propose, secondé par le Dr. Gilbert, que la 
prochaine assemblée ait lieu dans la premiére semaine du 
mois d’Aout. Adoptée. | 

Le Dr. Botsford présente le rapport suivant du comité de 


442 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


nomination. Le comité de nomination a l'honneur de faire 
rapport qu'il recommande à lunanimité le Dr. Grant, M. P, 
comme Président de l’association. 
Le Dr. McDonald, de Hamilton, Vice-President pour On- 
tario. 

Le Dr. W. Marsden, Vice-Président pour Quebec. 

Le Dr. C. G. Hamilton, V. P. pour la Nouvelle-Ecosse. 

Le Dr. Steves, V. P. pour le Nouveau-Brunswick. 

Le Dr. Peltier, Secrétaire-général. 

Le Dr. Berryman, Secrétaire pour Ontario. 

Le Dr. H. Blanchet, Secrétaire pour Québec. 

Le Dr. Gordon, Secrétaire pour la Nouvelle-Ecosse. 

Le Dr. Carle, Secrétaire pour le Nouveau-Brunswick. 

Le Dr. Robillard, Trésorier. 


COMITÉ SUR LES CONCOURS D’ESSAIS. 
Drs. Hingston, Hodder, Bayard, Larue, Yates et Reed. 
COMITÉ SUR L'ÉDUCATION MÉDICALE. 


Drs. Howard, Rottot, Worthington, Sewell, Canniff, Ogden, 
Dickson, McGellivray, Botsford, Earle, Tupper, Parker. 


COMITE SUR LA LITTERATURE MEDICALE. 


Drs. Black, Fenwick, Dagenais, Marsden, Larue, Bethune, 


Mcintosh, Fulton, Oldright, Freeman, G. Hamilton, et Wick- 
wire. 
COMITE SUR LA NECROLOGIE. . 
Drs. F. W. Campbell, Workman, Larue, DeWolff et 
Harding. 
COMITE DE PUBLICATION. 

Drs. David, Robillard, F. W. Campbell, Trenholme, Dage- 
nais, Hingston, Peltier. - 

Auditeurs :—Dre, Fenwick, Peltier, Scott. 


J. B. Botsrorp, 
Président. 


L UNION MEDICALE DU CANADA. 443 


Ce rapport est unanimement adopté par l’assemblée. 


Le Dr. Trenholme présente ensuite à l’assemblée plusieurs 
nouveaux instruments employés pour le traitement de cer- 
taines maladies des femmes. 

Le Dr. Howard, secondé par le Dr. Hingston, propose que 
le comité qui avait préparé l'acte médical soit déchargé et 
que la discussion du bill soit completement abandonnée. Il 
dit qu'après le vote qui avait été pris hier sur la motion du 
Dr. Rottot, il ne croit pas devoir continuer comme président 
de ce comité ; la motion, il est vrai, avait été perdue, mais 
elle était supportée par presque tous les membres canadiens- 
français présents, et il ne se croirait pas justifiable de pres- 
ser l'adoption d'un bill qui ne serait pas acceptable à ses 


compatriotes. 


Le Dr. Hingston dit qu'il seconde la motion du Dr. Howard 
avec peine ; il croit qu’on devrait plutôt remettre la discus- 
sion du bill à plus tard; dans l'intervalle les difficultés 
pourront s'applanir. 


Le Dr. Rottot approuve la conduite du Dr. Howard ; c'estun 
acte de délicatesse de sa part, et en même temps la meilleure 
ligne de conduite qu'il avait à suivre. Quoiqu'opposé au 
principe du bill, il n'est pas opposé au bill lui-même, il au- 
rait voulu le voir présenté sous une autre forme. La loi ac- 
tuelle est défectueuse. Il en veut une qui puisse mettre la 
profession médicale sur un pied plus élevé, et il aurait dési- 
ré voir le Dr. Howard continuer ses travaux avec le comité 
dans ce sens-là. Le Dr. Rousseau exprime les mêmes vues. 
Le Dr. Hamilton propose alors que la discussion de ce bill 
soit remise à deux ans. ‘Adopté 


Le Dr. Rousseau secondé par le Dr. Worthington propo- 
se un vote de remerciment au Dr. Howard pour avoir prépa- 
ré le bill de médecine sous discussion. Adopté. 


Le Dr. Marsden annonce à l’assemblée que les Drs. Grant 
et Worthington offrerit une médaille d'or pour le meilleur 
essai sur les maladies zymotiques du-Canada. Cet essai 
devra être envoyé à un comité nommé à cet effet par l'as- 


444 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


sociation, sans signature, avec un motto approprié, avant le 
1er. de Juillet 1873, pour être présenté à l'assemblée pro- 
chaine de l'association. (Applaudissements) 


Séance de l'après midi. 


Le Dr. Marsden donne avis de motion qu’à la prochaine 
assemblée il proposera, qu'à l'avenir la souscription soit de 
$4.00 | 

Le Dr. Howard lit un travail sur la pleuresie de la scarla- 
tine. 

Le Dr. Fenwick lit un travail sur l'opération de la taille. 

Et le Dr. Hingston sur la la lithotritie. 

Ces ouvrages donnèrent lieu à des remarques très inté- 
ressantes de la part des membres présents, et il fut voté des 
remerciments à chacun de ces messieurs. 

Le Dr. Marsden, secondé par le Dr. Hamilton, propose qus 
le comité sur le concours pour la médaille d’or soit com- 
posé des Drs. David, Howard, Fenwick, Rottot, Peltier. 
Adopté. | 

Le Dr. Campbell, secondé par le Dr. Fenwick, propose que 
les Messieurs suivants soient priés de présenter un travail à la 
prochaine assemblée, sur les sujets suivants : Médecine—Dr. 
Howard ; Chirurgie—Dr. Hingston ; Accouchements —Dr. 
Hodder, de Toronto ; Hygiéne—Dr. Botsford. Adopté. 

Des remerciments furent votés aux officiers sortant de 
charge, principalement au Secrétaire, le Dr. David, ainsi 
qu'à la Société d'Histoire Naturelle. 

Avant de clore l'assemblée le Dy. Grant dit qu'il voulait 
offrir ses plus sincères remerciments à l'association pour 
l'honneur qu’on venait de lui faire, en l’élisant Président. 
IL ne s'attendait. certainement pas qu’un si grand honneur 
lui aurait été décerné. Il aurait preféré qu’on eut choisi 
un autre plus capable que lui de remplir les fonctions de 
Président. Cependant, que quoique jeune il ferait tous ses 
efforts pour mériter la confiance que l'association plaçaitl 
en lui. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 445 


Qu'il était heureux de voir la part proéminente que les 
médecins de ce pays cherchaient à prendre dans la pro- 
fessron médicale ; et que leurs travaux tendraient non seule- 
ment à faire prospérér cette association, mais qu'ils ten- 
draient de plus 4 prouver aux médecins des Etats voisins, 
que nous sommes aussi un peuple de progrés, au moins 
quant à ce qui regarde la médecine, et que nous sommes dé- 
terminés de ne pas nous laisser arrièrer. 

Qu'il espérait qu'avant peu, nous serions un corps uni, non 
seulement dans toute l'étendue de cette Puissance, mais en- 
core aux Etats-Unis et en Angleterre, afin de pouvoir pren- 
dre la position à laquelle notre profession a droit, d’un bout 
de l'univers à l’autre. | 

Le Président nomma ensuite les Drs. Hingston, Marsden, 
Campbell, Trenholme et Hodder, députés à l'association des 
Etats-Unis. Puis l'assemblée fut ajournée. 


J. P. Rorror. 
Montréal ler Octobre 1872. 


CORRESPONDANCE EUROPEENNE. 


VISITE DES HOPITAUX (Suite. 


L'hôpital St Louis a été fondé en 1604 par Henri IV et des- 
tiné au traitement des maladies cutanées. 

Les malades affectés de ces maladies viennent de tous les 
quartiers de Paris, à cet hôpital où ils peuvent prendre des 
bains de tous genres. 

Disons de suite, que l'hôpital St Louis n’est pas exclusive- 
ment consacré aux affections cutanées, mais à toutes les ma- 
ladies en général. 

Il contient 800 lits, plus 25 chambres pour les malades qui 
peuvent payer. Il est situé dans un des quartiers les plus 
populeux de Paris. 

Il y a régulièrement à la consultation deux ou trois cents 
malades par jour. 


446 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


(On appelle ici ‘“ malades de la consultation,” ceux que les 
Anglais appellent ‘ outdoors patients. ”) 

Outre les médecins qui s'occupent spécialement des mala- 
dies de la peau, l'hôpital St. Louis compte plusieurs chirur 
giens, au nombre desquels est M. Tillaux, professeur agrégé 
à l'Ecole de Médecine, surintendant des travaux anatomiques 
à Clamart, etc. 

M. Tillaux n’a pas encore 40 ans. 

La haute position qu'il occupe déjà dans l'Ecole de Méde- 
cine, sa réputation comme opérateur brillant, ses profondes 
connaissances anatomiques font présager que, dans un ave- 
nir prochain, il sera un digne successeur de ceux qui ont il- 
lustré la chirurgie française. 

Il est très affable, et très complaisant pour les étudiants et 
. les médecins étrangers, il leur doune avec empressement 
toutes les explications qu’ils désirent. Aussi y a-til toujours 
foule à ses opérations. 

Une qualité précieuse que je me plais à reconnaître chez ce 
jeune professeur, c'est qu'il possède le véritable talent de l'en 
seignement : son style est aisé, ses explications sont lucides ; 
il fait avec habileté des diagrammes qui facilitent beaucoup 
l'intelligence des démonstrations, etc. 

M. Tillaux, comme la plupart des jeunes chirurgiens ac- 
tuels, a eu l’avantage de se former à l’école de MM. Velpeau, 
Nélaton, etc. 

Après ce préambule, permettez, MM. les Rédacteurs, que je 
communique à vos lecteurs quelques observations qui pour 
raient les intéresser. 

Torsion de l'arière fémorale. 


Le 20 mai, un jeune homme de 16 ans est apporté à l'hôpi. 
tal St. Louis, les deux cuisses et le bras droit fracturés. 

L'accident avait été causé par une roue de machine à va- 
peur. 

La jambe droite était tellement fracassée que M. Tillaux 
dut faire l'amputation immédiate de la cuisse, (avec torsion 
de l’artère fémorale.) 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 447 


Malgré que l'articulation du genou gauche fut ouverte et 
les condyles du fémur endommagés, M. Tillaux crut pouvoir 
conserver ce membre vu que les nerfs et les artères étaient 
intacts, et il fit la résection du genou. 

Le pansement ouaté fut employé pour ces deux opérations. 

Du 20 au 30 le pouls du malade a varié entre 130 et 135 
pulsations. La température s’est maintenue à 40°. Après cette 
date, sa condition, s’est sensiblement améliorée ; il paraissait 
même en pleine voie de guérison lorsque dans la nuit du 25 
il fut pris d’hémorrhagie (non par l'artère fémorale tordue) 
mais par les petites artères du genou réséqué. 

Quoique ce patient fut dans les conditions les plus critiques, 
que la mort même fut imminente, le chirurgien se trouva 
dans la triste obligation d’amputer l’autre cuisse, tant pour 
prévenir une seconde hémorrhagie, que pour enlever les tis- 
sus sphacélés et le foyer: purulent qui environnaient les os 
réséqués. 

La moindre perte de sang eut causé la mort immédiate de 
ce malade : cependant M. Tillaux fit encore la torsion de l’ar. 
tère fémorale, tant il est convaincu, que la torsion bien faite 
oblitère surement les artères. 

Le jeune homme est mort 36 heures après l'opération, mais 
sans hémorrhagie. 

La pince dont se sert M Tillaux a des mors longs et larges, 
l'extrémité supérieure terminée en un verrou au moyen du 
quel l'artère est fermement saisie. Il va sans dire que la 
forme de l'instrument n’y est pour rien dans le succès de l’o- 
pération, mais seulement, elle la rend plus facile. 

Tl faut saisir environ un centimètre de l’artére, un peu 
obliquement puis faire lentement la torsion (sans se régler sur 
le nombre de tours) mais jusqu’a ce que le bout saisie se dé- 
tache du tronc principal. 


Réductian de la hernie étranglée par la ponction avec 
l'aspirateur. 


-Le 20 Juin deraier M. L. Labbé, chirurgièn des hôpitaux, 
professeur agrégé de l’école de médecine etc., fut appelé auprès 


448 L'UNION MEDICALE DE CANADA: 


d’un homme d’une soixantaine d'années, qui, aprés un violent 
accès de toux, avait éprouvé une forte douleur dans la région 
enguinale droite, des nausées, des vomissements, etc., on fit 
l'examen et on constate la présence d’une hernie intestinale 
étranglée. 

Le taxis fut essayé a plusieurs reprises et avec beaucoup 
de soin, mais sans aucun résultat. 

. L'étranglement n’existant que depuis une dizaine d’heures, 
les lésions pathologiques de l'intestin ne pouvaient en empé- 
cher la reintroduction dans la cavité abdominale. 

Sous ces circonstances M. Labbé se décida sans hésitation, 
à avoir recours à la ponction avec l'aspirateur afin de dimi- 
nuer le contenu de l’anse intestinale étranglée et d’en obtenir 
ainsi la réduction. II introduisit l'aiguille trocart No. 2 dans 
la tumeur et en retira deux ou trois drammes d’un liquide 
jaunatre, plus, une quantité de gaz difficile à mesurer. 

La tumeur diminua immidiatement de volume, et une lé- 
gère pression exercée sur le col du sac fut suffisante pour la 
réduire. 

Le patient se sentit immédiatement soulagé ; les nausées et 
les vomissements se prolongèrent encore quelques heures ce- 
pendant. On administra au malade de faibles doses d’opium, 
souvent repétées, afin de maintenir les intestins dans un re- 
pos parfait, el tous ces symptomes disparurent. 

Huit jours après l'opération, cet homme put vaquer à ses 
occupations. 


Autre cas de hernie étranglée réduite par l'aspirateur. 


Le 15 Juillet Mme. P. se présenta à l'Hôpital St. Louis avec 
les symtômes suivants, nausées, vomissements, douleurs in- 
testinales, plus une tumeur dans le canal crural : on constata 
sans difficulté une hernie fémorale, qui selon toute probabi- 
lité était étranglée depuis deux jours et demi. 

Le taxis futessayé à plusieurs reprises, mais sans succès ; 
alors, on se hata de faire la ponction avec l'aspirateur de 
Dieulafoy et on retira comme dans le cas précédent un liquide 
jaunâtre et des gaz, après quoi la réduction fut facile. 


ae 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 449 


Deux jours après l'opération, abdomen était légèrement 
gonflée, il y avait un peu de tympanite, de la fièvre, l'appétit 
presque nul. Les intestins cependant fonctionnaient assez 
bien... 

Il est imposssble de prédire aujourd’hui quel sera le résul- 
tat de cette opération il ; est même à craindre que la malade 
ait attendu trop longtemps avant d’avoir recours au chirur- 
rien. 

Le principal fait à constater c'est que la réduction a été 
facile et complète après la ponction avec l’aspiratéur. 

Les résultats obtenus par ce nouveau traitement de la her- 
nie étranglée doivent encourager les chirurgiens à y avoir 
recours avant d’en venir a l'opération si dangereuse du débri- 
dement. 

J'oserais même dire que la ponction devrait être employée 
plutôt qu’un taxis forcé et prolongé. 

Ce traitement n’a pas encore reçu la sanction de l'expé- 
rience, il est aujourd’hui à l'épreuve ; espérons qu’il sera fé- 
cond en bons résultats, et que ceux qui l'ont imaginé et pro- 
pagé auront la satisfaction d’avoir grandement simplifié et 
amélioré le traitement de la hernie étranglée. 


Toutes les cavités anatomiques ont, aujourd’hui, été ex- 
plorées avec les trocarts des appareils aspirateurs. Exemple : 
Le thorax dans la pleurésie, l'intestin dans les hernies, la 
vessie pour l’obstruction du canal de l’urètre (j'ai vu un ma- 
lade qui a subi 15 fois la ponction de la vessie, sans aucun 
accident). On a même souvent ponctionné, les grandes ar. 
ticulations telles que, le genou, le coude, &c. 

Le plus grand de tous les avantages qu’offrent ces appa 
reils, c’est de pouvoir pénétrer dans une cavité sans aucun 
danger d'introduction d'air. 

L'appareil de Dieulafoy se compose d'un corps de pompe 
muni de deux robinets dont l'un sert à faire l'aspiration et 
l’autre l’expulsion des liquides. 

Celui de Potain se compose d’un bocal en verre épais, au’ 
quel sont adaptés deux tubes, l’un sert à faire le vide l’autre 


450 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


l'aspiration. Les fabricants parisiens modifient et améliorent 
continuellement ces instruments. 


Traitement de l’hydrocèle par les injections a l'alcool. 


Un grand nombre de chirurgiens des hôpitaux de Paris, 
emploient actuellement l'alcool pur, comme traitement cura- 
tif de l'hydrocèle. 


Le procédé consiste à injecter dans la tunique vaginale 40 ou 
50 gouttes d'alcool et de renouveler ces injections, tous les 
quinze jours durant un mois ou deux si la guérison n’a pas 
lieu avant. J’aivu deux cas d’hydrocéles, contenant 150 à 200 
grammes de liquide, guéris dans 24 heures et par une seule 
injection d'alcool. Mais, règle générale, il faut répéter les in- 
jections quatre ou cinq fois. Il n’est pas nécessaire de retirer 
le liquide avant d’injecter l'alcool, M. Monod, médecin doc- 
teur de Paris qui a été le propagateur de ce mode de traite- 
ment, prétend guérir non seulement les hydrocèles, mais 
aussi les hydropisies locales telles que les kystes séreux du 
cou, les hydarthroses, etc. Il vient de lire à la société de 
chirurgie un travail sur ce sujet. 


Emploie des attelles cilicatées ou platrées dans les fractures. 


Au nonbre des rares avantages quirésultent de la guerre, 
‘ doivent être classées les améliorations chirurgicales. 


La dernière campagne a fourni un vaste champ d’expéri- 
mentation. | 

Vu qu’il est très difficile à la plupart des chirurgiens de se 
procurer pour toutes les espèces de fractures des clisses con- 
venables, en bois ou en métail, je me permettrai de faire con- 
naitre aux lecteurs de l’Union Médicale celles employées 
par Mr. Tillaux durant la dernière guerre et que je lui ai vu 
appliquer plusieurs fois à l'hôpital St. Louis. 


Ces attelles sont d’une application facile et peuvent s’adap- 
ter à toutes les variétés de fracture. 

40. On prend du tarlatan, du vieux linge ou encore du coton 
commun, on le ploie sur lui-même 12 ou 15 fois, de manière 


La 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 45 


à former une bande large de trois ou quatre travers de doigt 
et de la longueur exigée par le cas à traiter. 

20. On dissout du plâtre de Paris dans de l’eau froide. 

La proportion est un verre de plâtre pour un verre d'eau, 
on fait ainsi la quantité que l’on veut et en dernier lieu on 
ajoute un verre de plâtre en plus et une légère poignée de sel 
ordinaire. 


30. Aussitét ce mélange préparé, il faut se hâter d'y tremper 
les bandes de tarlatan ou de coton et de les appliquer sur la 
membre fracturé. | 


Pour ure fracture de la jambe par exemple voici comment 
on procide : On met d'abord une bande (hien imbibée de la 
solution) à la partie postérieure du membre, qui, partant du 
creux poplité descend au talon puis remonte sur la plante du 
pied jusqu'aux orteils, 

On prend alors une seconde bande, duuble en longueur à 
la première, on l’applique sur un des côtés du genou. on le 
fait descendre jusqu'en dessons de la plante du pied, puis re- 
monter jusque sur le côté oppusé du genou. 

Pour que ces clisses moulent bien ‘sur le membre, on 
applique, pendant quelles sont encore molles un bandage 
circulaire, que l’ou enlève aussitôt que la dessication est com- 
plète. 


Afin de maintenir ces atelles durcies en bonne position on 
les cercle de deux ou trois bandes de diachylon. 

Régie générale, il ne faut pas appliquer ces attelles lorsqu'il 
y a beaucoup de gonflement, car aussitôt ce gonflement dis- 
paru, elles ne s’adapteraient plus, excactement à la forme 
du membre. 

On peu également se servir du silicate de potasse au lieu 
du plâtre. 

On fait dissoudre ce selicate de potasse dans de l’eau 
chaude, on ajoute du silicate tant que cette eau n'a pas acquis 
une consistance sirupeuse. puis on y trempe les bandes et on 
procède comme avec le plâtre de Paris. 


À. T. BrossEau. 
Paris, 15 Août 1872. 2 





de 
2e 
A 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


/ 


CONSIDERATIONS SUR LES VERTUS MEDECINALES 
DE L’ARSENIC ET SON EMPLOI. 


Par J. G. Bibaud, M. D., Prof. d’Anatomie, G. M. et C. M., Méd. de 
l'Hôtel-Dieu. 


Messieurs les Rédacteurs, 


La communication “ De l’arsenic dans la leucorrhée et la 
ménorrhagie ” que vous empruntez au Lyon Medical m'a sug- 
géré de vous offrir quelques observations théoriques et prati- 
ques sur ce précieux remède, sur lequel le célèbre philoso- 
phe et médecin arabe Avicenne a attiré l'attention des hom- . 
mes de la science. 

Dès mon entrée en pratique (1842) j'employai les prépara- 
tions arsénicales comme antipériodiques, névrosthéniques et 
altérantes (désobstruantes) sans avoir aucunement à m’en 
plaindre, ni cesser de leur accorder confiance à l’égal des 
meilleurs agents de cette catégorie. Je dus aux préceptes et 
à l'exemple de mon savant patron et oncle, J. B. C. Trestler, 
M. D., de n'avoir pas redouté ses propriétés toxiques à raison 
desquelles bon nombre de praticiens le négligent, faute, sans 
doute, de données et d'observations suffisantes. (*) 

Essayons d’abord de nous rendre compte de l'efficacité de 
l’arsenic dans le traitement de la leucorrhée et de la ménor- 
rhagie. 

Dans le fait, ces désordres ne sont-ils pas, le plus souvent, 
non pas des maladies per se mais bien des symptômes et des 
signes diagnostiques d’une condition atonique et anémique 
de l’économie entière? d’une perversion des fonctions de 
l'hématose et de la nutrition intime ? Dans de telles condi- 
tions systémiques, rien de plus commun que des congestions, 





(*) Avant la formation de l'ancien Bureau Médicale les .examens peur 
licence se faisaient par des magistrats. 

Tl advint un jour que l'un de ces juges demanda au candidat. s'il 
emploierait jamais l’arsenic comme remède. Sur sa reponse affirmative, 
on lui signifla que l'on ne recevait pas d’empoissonneurs comme médecins. 








L'UNION MEDICALE DU CANADA. 453 


des phlogôses, que l’on voit se porter tantôt vers l’un, tantôt 
vers l’autre des viscères contenus dans les cavités splanchni- 
ques : congestions qui entraînent parfnis, à leur suite, des 
épanchements séreux ou sanguins d'autant plus redoutables 
qu'ils n’ont point d'issue au dehors. Je ne prétends pas 
qu’on ne doive les étudier avec intérèt, pour leur opposer au 
besoin un traitement qui leur enlève toute gravité ; mais je 
régarde eomme symptômes critiques, plutôt favorables qu’au- 
trement, les écoulements quels qu’ils soient, qui se manifes- 
tent au dehors dans ces conjonctures. Je n’excepterai pas 
plus les hémopthisies, les hypersécrétions intestinale, hépa- 
tique, rénale, que la leucorrhée et la profusion des règles, 
car il y a des congestions et des effusions, encéphalique car- 
diaque, pleurale et péritonéale où les dangers sont bien an- 
trement graves et la médication impuissante. 


Si dans ces cas où la cacoémie et l’ataxie jouent leur rôle, 
vous employez des remèdes propres à ramener l'équilibre en- 
tre les systèmes vasculaire ct nerveux, les organes se décon- 
gestionnent, par le fait que la circulation capillaire se rani- 
me et s'égalise par toute l'économie. 


J ai vu disparaître des ménorrhagies et des leucorrhées 
sous l'influence des préparations arsénicales ; maïs je n'ai 
pas pensé à m’en rendre compte qu’en vertu de leur effet to- 
nique stimulant des capillaires, et secondairement désobs- 
truant ou décongestionnant. 


Sans me ranger absolument à l’opinion de Courty et autres, 
je suis porté à croire que ces affections utérines cèdent plus 
facilement à l'emploi de l’arsenic, lorsqu'elles se ralient à la 
condition herpétique—ayant plus souvent fait usage de ce 
médicament dans'les maladies chroniques de la peau, accom- 
pagnées de l’un ou de l’autre dérangement. 


‘Comment expliquer cette vigueur nouvelle du système 
musculaire, cette très grande aptitude à la marche dont parle 
Tronsseau, qu'amène l'usage de l’arsenic, sans l’attribuer à 
son action spéciale sur la moëlle épinière et les nerfs vaso- 
moteurs, comme excitant et névrosthénique ? 





454 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


. Je m'en suis bien trouvé dans le traitement de la chorée, 
de l'hystérie avec dérangement des fonctions utérines ; contre 
l’hémicranie (migraine), le rhumatisme chronique muscu 
laire et fibreux et autres maladies périodiques. Je n'en ai 
pas fait l'expérience dans les quelques cas de fièvres intermit- 
tentes périodiques que j'ai rencontrés, non plus que dans 
celles qui avaient été contractées dans les endroits où elles 
sont endéniques. Je m'en suis tenu à la quinine, et dans 
un cas au sel de table (chlorure sodique). Mais nous n’igno- 
rons pas que de bonnes autorités placent l’arsenic au second 
rang, après la quinine et que plusieurs en font son égal et 
même son supérieur dans la cure de la fièvre intermittente 
franche. II peut être employé, dit-on, durant les paroxismes - 
comme durant les intermissians, avantage que ne compor- 
te pas la quinine. La solution arsénicale se prescrit ici à 
plus forte dose que dans le traitement des affections cutannées ; 
de 10, 15 à 20 gouttes, 3 fois par jour, selon le type des fièvres 
et la tolérance des malades. 


Mais il est une névrose contre laquelle toute médication 
vient échouer le plus souvent; pour laquelle, cependant, 
les composés arsénicaux ne laissent pas que d’avoir de bons 
effets. Je veux parler de l’épilepsie centrique et excentrique, 
congénitale ou acquise, dont ils enrayent les paroxismes, 
les éloignent et peuvent dans quelques cas rares amener une 
guérison. | 


Précédés de vomitifs et administrés pendant une eertaine 
période de temps, ils m'ont valu d'améliorer la condition des 
épileptiques, et dans un cas où la cause excentrique ex- 
istait à l'estomac d'obtenir une cure radicale. 


Le sujet était un jeune homme cordonnier, que son métier 
et un mauvais régime avaient rendu très dyspeptique. 


Les dérangements fonctionnels et organiques des viscères 
chylopoiétiques et génito-urinaires sont de fréquentes sour- 
ces d’épilepsie ; je dirais mieux peut-être, de convulsions épi- 
leptiformes ; et çà sera dans ces formes surtout, lorsque les 
lésions organiques sont à peine appréciables, que nous pour- 


~ 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 455 


rons compter des succès par la médication arsénicale. Chez 
plusieurs, la thérébentine, les ferrugineux, la quinine en re- 
haussent l'efficacité. 


Les dermologistes sont unanimes dans leur appréciation de 
l'arsenic comme Vantipsorique par excellence. Dans celle-ci 
et les autres affections chroniques, squammeuses ou dartreu- — 
ses-psoriasis, pityriasis, herpes, etc., ses effets sont si supé- 
rieurs à ceux de tout autre agent qu’on lui a opposé jusqu'à 
ce jour, qu’on ne peut lui refuser, à part son action désobs. 
truante, une influence toute spéciale sur le tissu d’ermoide. 
Suivi avec persévérance, il est encore efficace contre les di- 
verses formes de l’acné (couperdse) l’eczéme, le lupus, etc. 


Les seules préparations dont je me suis servi jusqu’a pré- 
sent sont la liqueur de Fowler et les pilules asiatiques ; en y 
joignant le fer, dans les cas anémiques, la quinine et la thé- 
rébentine dans les névroses et les névralgies. Je n'ai appor- 
té de changement au régime alimentaire que d’une manière 
incidente. D'ailleurs l’appétit se conserve et les forces mus- 
culaires augmentent on se récupérent chez les individus sou- 
mis à ce traitement. L'abstention des liqueurs fermentées 
et excitantes; les ablutions et les bains au chlorure de so- 
dium, ou carbonate de soude ou de potasse ont été les adju- 


vants. 


Mais voici que je me trouve en présence d’un dilemme lors- 
que je passe auxphénomènes physiologiques qui se manifestent 
sous l'influence de l’arsenic. Devergie nous dit que dans les af- 

sctions squammeuses, de rouge qu’était la peau dans les points 
malades, elle devient brune et lisse ; et pour lui cette colora.: 
tion brune est, en quelque sorte, le cachet de l’action du mé- 
dicament, la mesure de la quantité nécessaire pour parvenir 
ala guérison. C’est bien jusque-la. Mais comme premier effet 
général, dit-il, se présentent l'amaigrissement de tout le corps 
et celte coloration plombée du visage, qui font que les sujets 
qui sortent (de l'hôpital ?) bien portant d’ailleurs, ont l'appa- 
rence d'individus qui seraient convalescents d'une grande 
maladie. Dans ces circonstances l’émaciation ferait présu- 


456 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


mer une action modificatrice particuière sur la formation et 
la sécrétion de la graisse. 


Pour mon propre compte, j'ai fait usage de la solution. de 
Fowler, pendant plusieurs mois, sans m'être apperçu ni de 
l’un ni de l’autre de ces effets généraux. Le bien que j'en ob- 
tins fut l'augmentation de mon appétit, le retour de mes for- 
ces et la guérison d’ulcères chroniques aux jambes, résul- 
tant de furoncles négligés. Ne voulant pas-paraître enthou- 
siaste ni optimiste, disons que le bandage roulé a du être 
pour quelque chose dans le résultat. 


J'ai de même, administré ce remède pendant d’assez lon- - 
gues périodes, chez des personnes ayant de lembonpoint, 
particulièrement des personnes du sexe, sans remarquer cet 
amaigrissement et cette teinte plombée que je serais porté a 
regarder comme faisant exception à la règle. Autrement i] fau- 
draient tenir comme controuvés, les écrits et les rapports de 
médecins (dignes de foi, fussent-ils mème tombés dans l’exa- 
gération) qui nous parlent d’arsénicophages de certaines pro- 
vinces de l’Autriche, qui font un usage habituel de l'acide 
arsénieux pour se fortifier, se donner un air frais et de l’em- 
bonpoint. Il nous manque des données sur ia signification 
de ces faits contradictoires, en apparence, et nous aimerions 
à être édifié sur les causes constitutionelles, topagraphiques, 
hygiéniques, &c., dont la connaissance nous conduirait à une 
appréciation plus pratique de ces différences individuelles. 


Mais pendant son emploi comme remède il s'offre des mani- 
festations physiologiques ; si nous ne pouvons dire sympto- 
_ mes ; qui demandent plus spécialement et plus tôt, toute l’atten-- 
tion du médecin. D'abord, parce qu'elles dénotent la satura- 
tion arsénicale, avant même l’action thérapeutique commen. 
cée ;ensuite, parce qu'elles nous avertissent qu'il est temps 
d'en diminuer les doses, ou d'en suspendre momentanément 
l'administration, jusqu'à leur disparition. 10. après trois, qua. 
tre, six semaines ou plus, survient l'injection de la conjouc- 
live, avec sensibilité de la vue, lacrymation, œdème des 
paupières, ete, 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 457 


20. Des symiômes gastralgiques que n’ont pas suflisam- 
ment appréciés quelques auteurs modernes. Tels seront, une 
certaine défaillence stomacale, des brûlements, des tiraille- 
ments quelquefois des crampes à la region épigastrique, 
résultant, selon nous, de l'influence de l’arsenic sur la fonc 
tion réflexe de la moëlle épinière, et probablement aussi sur 
celle du système sympathique. 

Un prurit général peut accompagner l'une et l’autre série 
de phénomènes. 

Inutile de dire que le patient est alors rendu à ce degré 
de tolérance au-delà duquel on ne peut s'attendre qu'à des 
effets toxiques en continuant le traitement. 


Pour assurer le succës, dans les maladies cutanées spéciale- 
ment, il est quelques préceptes qu'on doit exactement rem- 
plir, car c’est pour y avoir manqué que l'arsenic n’a pas tou- 
jours réussi et qu’ila mème, quelquefois, produit des accidents 
graves, 

10. On ne doit jamais le prescrire dans la période aiguë et 

flammatoire, si l'on ne veut voir les symtômes s'aggraver. 

Qo. Pour qu’il ait une action durable, il ést indispensable 
de l'employer avec régularité, jusqu'à ce que la maladie dis- 
paraisse, et d'en continuer l'usage plus longtemps mème, afin 
de prévenir les récidives : sans préjudice à sa suspension tem- 
poraire dans les circonstances plus haut mentionnées. 

30. IL faut éviler de donner l’arsenic à jeun, mais mêlé 
aux boissons et aux aliments, autrement les symplômes gas 
triques et l'intolérance se manifesteront plus tôt. 

40. La dose doit ttre exactement déterminée et donnée trois 
ou quatre fois par jour. 

Je prescrivais d’abord la liqueur de Fowler en augmentant 
les doses de 3 à 4, 9 goutteset plus ; mais je m'en suis tenu 
plus tard à l'opiniou de Devergie qui ne.croit pas nécessaire 
d'aller au delà de trois minimes, prises dans de l’eau, ou 
autre véhicule, au sortir de table. 

J'emploie aussi les pilules d'arsenic composées ; une, matin, ~ 
wid) et soir, immédiatement apres les repas. 


458 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Je lis dans Wood et Bache, “ Les soi-disant pilules asiatiques 
sont composées d'acide arsénieux et de poivre noir, dans les 
proportions de 1 à 80 parties.” La formule suivante me pa. 
rait plus conforme à l'originale. 


Pr. Acide arsénieux grs ii 
Poivre noir CO x 
Poudre d’acacia “ XX 
Faites 32 pilules. Une jusqu'à deux, après les repas, selon 
la tolérance. 


ass ee} 


SOCIÉTÉ MEDICALE DE MONTREAL 


(Séance du 5 septembre 1872.) 


Présidence du Dr. J. W. Mount. 

Officiers présidents : Drs. A. Ricard et G. Grenier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. A. Laramée. secondé par le Dr. E. P. 
Lachapelle, que le Dr. J. M. Lecavalier, de St Laurent, soit 
admis membre actif. Adopté. 

Le rapport du comité nommé à une séance précédente 
pour préparer Jes amendements nécessaires afin de rendre 
l'acte médical projuté acceptable à la province de Québec 
est à l’ordre du jour. 

Toutes les clauses de ce rapport sont prises en considé:a- 
tion, discutées et adoptées avec quelques amendements. 

Voici le rapport tel qu’adopté : 

Rapport du comité nommé par la Société Médicale de 
Montréal pour préparer des amendements à l'acte médical 
projeté. | 

Votre comité à l'honneur de faire rapport, que le principe 
du bill tendant à mettre l’éducation classique et médicale sous 
le contrôle du gouvernement fédéral doit être rejeté. 

Votre comité est néanmoins d'opinion que les lois qui doi- 
vent régler l'éducation classique et médicale des aspirants à 
l'étude, et à la pratique de la médezine, ainsi que les intérêts 
des Universités et des médecins en général, soicnt unifor- 


L 2 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. — 459 


mes pour toutes les Provinces de la Puissance du Canada, et 
que l'association médicale, doit faire tous ses efforts pour 
élaborer un bill de médecine qui soit acceptable pour toutes 
les Provinces : chaque province devant ensuite veiller à Vex- 
écution et au fonctionnement de 1a loi dans leurs limites res- 
pectives. 


Comme l'acte médical projeté ne rencontre pas les vues 
d'un grand nombre de membres de Ja profession médicale, 
votre comité présente à votre considération les résolutions 
suivantes, comme devant servir de bâse à un nouveau bill 
de médecine : 


to. Que dans l'intérêt du public et de la scierice médicale, 
il est expédient que les lois et les réglemeuts concernant les 
aspirants à l'étude et à la pratique de la médecine de la chi- 
ruigie et-des accouchements, ainsi que les règlements con- 
cernant l'enregistrement et l'administration en général des 
intérêts des médecins, soient entièrement sous le contrôte du 
corps médical de chaque Province. 


20 Que la profession médicale co mposée de toute personne 
possédant actuellement, ou qui plus tard, deviendra en pos. 
session d'une licence, pour pratiquer la médécine, la chirur- 
gie et l’art obstétrique, soit incorporée sous le nom de Collége 
des Médecins etChirurgiens de la Province de Québec. Cha- 

que menbre sera tenu de payer une contribution annuelle de 
| , Sous peine de perdre ses privilèges comme médecin. 

30. Que le collége ait un sceau collectif et que ses affaires 
soient conduites par un bureau de gouverneur, élu par le 
collége, de la manière ci-après indiquée. 


40. Que le bureau ait seul le droit d'admettre les élèves à 
l'étude de la médecine : et que personne ne puisse être con- 
sidéré comme étudiant en médecine, s’il n'a préalablement 
obtenu du bureau un certificat d'admision à l'étude de la 
médecine. 

90. Que ce certificat d'admission à l’étude de la médecine 
ne sera accordé à l'élève qu'après un examen satisfaisant de- 
vant le bureau, sur les branches suivantes : L’Anglais, le 


480 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Français, le Latin, l'Histoire, la Géographie, les. Mathémati- 
ques, l’Algèbre, la Géométrie, la Physique et la Philosophie. 

(Proviso.}—Le bureau aura le droit d’exempter de l'examen 
classique tout individu présentant un diplôme de Iupitre- 
ès-arts, ou un certificat prouvant qu'ila suivi avec ‘succes 
dans une bonne maison d’éducation un cours d'étude com- 
prenant les sujets ci-haut mentionnés. 


60. Que personne ne pourra pratiquer la médecine, etc. 
sans une licence du Collége des Médecins et Chirurgieps de 
la Province de Québec. 


70. Que personne ne pourra se présenter pour obtenir la 
licence du Collége, s’il n’a suivi durant quatre années con- 
sécutives, (à commencer depuis la date de son admission à 
l'étude de la médecine) daus une université, collége ou école 
de médecine canadienne incorporée : deux cours de six mois 
d’Anatomie et Physiologie; do d’Anatomie, pratique ; ; do de 
Chirurgie ; do de Théorie et pratique de médecine ; da d'Ac- 
couchements, maladie des femmes et des enfants : da de 
Chimie ; do de Matière médicale et pharmacie. Un cours de 
6 mois d’Institutes de Médecine ; un cours de 3 mois de Juris- 
prudence médicale et Toxicologie ; un cours de 3 mois de 
Botanique ; 6 mois de Clinique médicale : 6 mois de Clini- 
que chirurgicale ; 3 mois de Maternité ou un certificat prou- 
vant qu'il a eu 6 cas d’accouchements ; un cours de 3 mois 
d'Hygiène ; .do de Chimie pratique ; do de Chirurgie prati- 
(Que. | 

80. Que la licence du collége ne sera accordée à aucun 
élève qu'après avoir subi devant le bureau un examen suatis- 
faisant sur les différentes branches mentionnées dans la clau- 
se précédente ; proviso. Le bureau devra accorder sans exa- 
men une licence à tout individu porteur d'un diplôme d'une 
Université ou Ecole Canadienne incorporée. 


90. Que les corps enseignant la médecine, etc.. seront tenus 
d'avoir à la disposition des élèves, un hôpital d'aumoins 50 
lits, une maternilé d'aumoins 25 lits, une bibliothèque, un ci- 
linet de physique, d'histoire naturelle, de batanique, compre- 


L'UNION MEDICALE DU GANADA. 461 


nant tous Jes instruments et objets jugés nécessaires, par le 
bureau, pour faciliter et illustrer les enseignements dounés 
par les professeurs. 

10°. Que le bureau devra être représenté par quelques-uns 
de ses membres aux examens des diverses universités, afin de 
s'assurer si les dip.dmes sont accordés d'après le mérite des 
élèves et si les exigences de la loi sont satisfaites. Et il aura 
le droit, s’il y a contravention, de refuser la licence aux élèves 
de ces institutions. 


1to. Qu’aucune Université, Collège ou école de Médecine 
incorporée, n'aura le droit de recevoir un élève d’une institu- 
tion étrangère pour compléter ses cours, s'il n’a préalable- 
ment obtenu du bureau un certificat d'admission à l’étude 
de la médecine en conformité avec les dispositions de cet acte. 
L'Université pourra ensuite lui faire suivre le nombre de 
cours qu’elle jugera nécessaire pour compléter ses études 
médicales, et lui donner un diplôme si elle Pen juge digne. 

‘120. Que le Burean n'aura pas le droit d'accorder, une ii- 
ceuce à un porteur de diplôme étranger à la province de Qué. 
bec, avant qu'il ait obtenu le diplôme d’une Université ou 
Ecole canadienne incorporée. | 

130. Que tout licencié, d'aucune des provinees de la Puis- 
sance qui adopteront et suivront ces lois et règlements, pour: 
ra pratiquer dans chacune de ces provinces en se faisavt eu. 
registrer en icelle. 

[40. Que les sages-feinmes devront subir un examen devant 
le Bureau pour obtenir une licence. Le Bureau pourra, 
quand il le jugera convenable, exiger de ces femmes, un 
cours d'acouchement théorique et pratique. 

loo. Que chaque médecin en pratique après la sanction de 
cette loi, sera tenu de ce faire enregistrer dans l'espace d’un 
an, moyennant une somme de——, sous peine d'une amende 
de———, payable tous les ans jusqu'à ce qu'il se soit confor- 
mé à la loi, et sous peine d2: 9erdre ses droits de médecin. 
Le Registre fera foi devant les cours de justice de la qualifi- 
cation des médecins, 


462 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


160. Que le Collége aura le droit de faire des règlements 
pour l'exécution et le fonctionnement de cette loi, sujets à 


l'approbation du Gouverneur en Conseil. 


170. Que le Collége pourra former une société d'assurance 


sur la santé et sur la vie. 


Montréal, 5 Septembre 1872. 
Le tout respectueusement soumis, 


J. B. Rorror, M. D. 

F. X. Prrravutt, M. D. 
P. E. PLanTe, M. D. 

L. QuinraL, M. D. 

G. GRENIER, M D. 


Sur proposition du Dr. A. B. Craig, secondé par le Dr A. 
Dagenais, il est résolu que tous les membres de la Société 
Médicale soient instamment priés de se rendre à la réunion 
de l'Association Médicale Canadienne qui aura lien mercre- 
di, le 11 courant, à 10 hs. a. m., efin d'assurer l'adoption d’un 
projet d’acte médical basé sur les principes du rapport adopté 
par la société. 

Sur proposition du Dr. L. A. Fortier, secondé par le Dr. J. 
N. Chopin, il est résolu de convoquer la prochaine séance, 
mercredi, le 18 courant, afin de prendre en considération les 
différents taux de tarif préparés par les médecins de la cam- 
pagne dans le but d’en faire adopter un par la législature. 

Le Dr. A. Ricard donne avis qu’il proposera l’amendement 
suivant à l’article premier des règlements de la société : Les 
réunions de la Société auront lieu le {cr et le 3me samedi de 
chaque mois. 4°24 hs. p. m., depuis le ter du mois d'Octobre 
jusqu’au fer d'Avril, et le 3me jeudi de chaque mojs depuis 
le ter du mois d'Avril, jusqu'au 1er du mois d'Octobre. Si 
le jour désigné est un jour de fête d'obligation, la réunion a 
lieu le même jour de ia semaine suivante. 

Et la séance est levée. 


Dn. GEORGES GRENIER, 
Sec. Trés. S. M. 


4 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 463 


DES DIVERSES FORMES D’ASPHY XIE. 
AU POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE ET PATHOLOGIQUE- 


Par M. le docteur LEVEN 
III 


Ces études nous ont conduits à reprendre la question de 
Vasphyxie par l'acide carbonique, en observant d’abord les 
actions physiologiques de ce gaz en excès dans le saug. Nous 
rappellerons rapidement les résultats que nous avons obtenus, 

Nous avons eu soin de mettre les animaux dans une atmo- 
sphère d’acide carbonique pur ou mélangé à lair, et nous les 
laissions respirer librement. 

Ce que nous avons constaté d’abord sur les divers genres 
d'animaux, le cabiai, le chat, le lapin, c’est qu'en leur faisant 
respirer le gaz par la bouche ou par la trachée au moyen 
d’une canule, rien n’était changé dans les effets : c’est que si 
on mêle à l’acide des proportions variées d'air, les phénomè- 
nes physiologiques sont les mêmes ; il r’'y a de différence 
que dans la rapidité de leur production. 

Ce que nous avons encore observé dans nos expériences, 
c’est que l'acide carbonique ne détermine aucune excitation - 
aucun mouvement convulsif, et que les animaux meutent 
tranquillement. 

Dès qu'ils commencent à respirer le gaz, les mouvements 
du cœur se ralentissent, le nombre des respirations diminue, 
la sensibilité et la motilité se paralysent, l’animal tombe 
dans le coma et meurt dans une immobilité complète, si on 
l'abandonne à lui-même. 

C’est là la physionomie générale de l'empoisonnemnt par 
le gaz carbonique, mais poussons plus avant dans l'analyse 
des faits physiologiques. 

10. Cœur—Si l'on plonge le cœur d’une grenouille dans 
une atmosphère d’acide carbonique, il passe immédiatement 
de la couleur rouge au noir, et les battements s’arrétent- 

Que l’on coupe ie cœur en morceaux et que l’on jette une 


464 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


de ces parcelles dans le même gaz, on observe le mème chan- 
gement de couleur et l’arrêt des mouvements vermiculaires 
dont était doué chacun de ces morceaux. 


Le changement de couleur se rapporte sans doute à une 
modification chimique de la fibre cardiaque, qui est le point 
de départ probable de la modification physiologique. 

Ces modifications ne sont pas profondes si le contact de 
l'acide carbonique n’a pas été trop prolongé. Il suffit alors 
de plonger la parcelle cardiaque dans de l'air ou dans de 
l'oxigène pour lui rendre sa coloration et sa contractilité. 

‘Qn, Sang g—L'acide carbonique n’a aucune action sur les 
globules du sang, ce que l’on sait depuis longtemps. Dans 
un seul cas, nous avons trouvé dans le sang des cristaux 
d'hématocristallin. 

Si l’on place sous le champ du microscope la palte d’une 
grenouille empoisonnée, on voit la circulation se ralentir à 
la périphérie d’abord, puis dans les vaisseaux d'un calibre 
moyen. Ce ralentissement ,ne > paraît dad qu’à la paralysie 
progressive du cœur. 


3°, Respiration—Les mouvements respiratoires se ralen- 
tissent progressivement, puis s’arrétent comme ceux du cœur. 
Les animaux respirent le gaz jusqu’à la mort, sans trquble du 
rhytme respiratoire. 


40, Système nerveux.—Il suspend les fonctions cérébrales, 
anéantit l'intelligence, le mouvement et la sensibilité. Il 
anémie le cerveau plutôt qu'il ne le conjestionne ; c'est ce 
que nous'ont montré les autopsies. 

Il respecte les propriétés de la moëlle, des nerfs, et la con- 
tractilité musculaire. 


50. Nutrition.—Si on ne provoque l'asphyxte ¢ que fentement 
en méiant de Pair à Vacide carbonique, et si la mort n’arrive 
qu’au bout d’une demi-heure, par exemple, 14 température 
de l’animal s’abaisse d'un degré etdemi à deux degrés. On 
trouve dans le sang, dans Îles viscères, 1 une grande quantité 
de sucre 

Dans les urines, également du sucre. 


i. L’UNION MEDICALE DU CANADA. 465 


Nous avons trouvé 10 grammes de sucre environ par. hitre 
chez; le:lapin: 

L'analyse du sang du foie, a été faite par M. Duquesnel, 
et-ce chimiste a employé le procédé qui suit : 

Il a conpé le.foie par.petits morceaux, a ajouté de l'alcool 
concéntré, qui précipite et élimine les matières albuminoides.. 
Après quelques heures de macérasion, il a filtré et évaporé à 
siccité. on . D 

Le yfaidu, repris par ume petite quantité . d'eau distillée, 
précipitait la liqueur de Fehhng. 

Le gang frais, additionné d'alcool très-fort et iraité comme 
cidessus, donne une liqueur. qui précipite la liqueur de 
Fehling.. 

On peut suposer que l'extrait alcoolique repris par Veau con- 


tient d’autres corps susceptibles de réduire la liqueur cupro: | 


potaggique ; mais des expériences comparatives, ‘faites avee lp 
foie d'animaux marts sans poison, ont donné des résultats 
négatifs, a, aes 

Les onganes ont été ahalysés rmmédiatement après la mort. 


En résumé, l'intoxication par le gaz carbonique ne débute 


pas pariung période d'excitation et ne détermine pas de mou 
vements convulsifs. 

Dès qu'il est respiré, le cœur est frappé le premier ; celui- 
ci Je lance dans le torrent circulatoire ; le cerveau se paralyse, 
le bulbe également, et les diverses fonctions sous leur dépen- 


dance sa suspendent, mais les propriétés réflexes de la moéile, : 


du nerf et du muscle sont respectées. 


Si l'action stupéfiante est réelle, comme nos expériences 


nous lont démontré, comment admettre (1) que le gaz carbo- 


nique puisge rendre les tissus aptes à entrer en action, tandis . 


que l'oxygène ne servirait qu'à les nourrir, que le gaz carho- 
nique, entretient les mouvements de la respiration et de la 
circulation ? | 





rt 


(1) Bert, bhsclonnaire de médieine el de chirurgie, t. THY, 1865. Brown- 
Sequard, t. I, 1858, Journal de phystologée. 


466 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


Comment admettre cette division des fonctions d'un gaz 
chargé d'alimenter le tissu et d’un autre qui ne servirait 
qu'a éveiller son activité, alors que nous avons monté que 
chaque parcelle du cœur de la grenouille jetée dans l'acide 
carbonique perd sa contractilité. ? Comment admettre des 
propriétés vivifiantes pour un gaz qui ne se manifeste phy- 
siologiquement que par des propriétés toxiques ? 

Ces hypothèses ne nous paraissent pas d'accord avec l’ex- 
périmentation, et, du reste, pourquoi. distinguer dans le tis- 
su ce qui le nourrit et ce qui 18 rend apte à entrer en action. 

Est-ce que le muscle, qui a son aliment chimique, n'est 
pas susceptible d'entrer en action spontanément en vertu 
de la propriété de contractilité qui lui est inhérente ? Est ce 
que le bulbe, quand il regait l'orygène de lair, ne peut pas 
fonctionner immédiatement ? 

Il n'y a, selon nous, dans le sang, qu'un seul gaz chargé 
d'entretenir les tissus ainsi que leur activité “vitale : l'oxy- 
gène. Il excite les contractions cardiaques, rougit les glo- 
bules et le sang. C'est lui qui cumule les fonctions que Bert, 
Brown-Sequard,,.Thiéry. et Traube, veulent partager entre 
l'oxygène et l’açide carbonique, Ce dernier n'est qu'un gaz 
toxique.—(Gazelte des Hôpitaux). 





LECTURE SUR, L'HYGIENE PUBLIQUE. 


FAITE AU GOLLÉSE MÉDICAL DB L'AOPITAL BELLEVUR PAR LE PRO- 
FESSEUR WILLIAM HamMonND, M. D. 


Messieurs, 


Je désire, dans cette lecture, mettre devant vous certains faits 
importants d'hygiène publique. Je m’occuperai surtout des 
principes généraux, vous laissant le soin d’en faire l’applica- 
tion dans les détails, et je m’efforcerai d'appuyer mes remar- 
ques par des expériences et des exemples familiers. II existe 
peu de sciences plus importantes pour l'homme que l'hygiène, 
et cependant, chose étrange, c'est une science qu'il regarde 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 467 


avec très peu d'intérêt, jusqu'à ce que quelque terrible épidé- 
mie le pousse à quelque tentative spasmodique pour dimi- 
nuer la sévérité de la punition que des soins opportuns au- 
raient pu lui faire éviter entièrement. Pour une violation 
des lois de la santé, il n’y a pas de pardon. . | 


Le péché est commis et l'expiation suit avec une certitude 
rigoureuse et un degré d’énergie exactement proportionné à 
l’offense. Regardez la négligence criminelle des premiers 
principes de la science sanitaire montrée par ceux qui gou- 
vernent la ville : voyez les masses de matières animales et vé- 


‘gétales en décompositon qui sont entassées dans chaque rue, 


les occupations nuisibles à la santé qu’on permet dans les lo- 
calités encombrées ; les constructions défectueuses de nos 
habitations et des égouts qui charroient les excrétions de la 
population, et dites alors qu'il est surprenant que pendant 
des semaines les morts excèdent les naissances. Les réfor- 
mateurs mêmes pensent que l'hygiène est un sujet d’une lé- 
gère importance, car, dans la charte récemment soumise à la 
législature par un corps de citoyens censés bien instruits, on 
a établi un bureau de santé dont aucun membre n’est tenn 
d'être médecin Que penser d'un marchand choisissant un 
commis qui ne connait rien des chiffres, ou de ce même co- 
mité de soixante et dix négligeant de veiller à ce que les 
juges soient instruits dans la loi, et vous n'aurez pas un exem- 
ple plus frappant de la folie criminelle de celui que je viens 
de citer. Cependant le temps viendra probablement où ces 
choses seront traitées différemment et où le principal devoir 
du médecin sera d’enseigner à ses patients et au public en 
général non pas la manière de guérir leurs maladies, mais 
le moyen de les éviter. 


Le cours restreint de lectures que j'ai l'intention de vous 
donner sera destiné aux rapports sanitaires de l'atmosphère 
que nous respirons, de l'eau que nous buvons et que nous 
employons pour divers usages et au sol sur lequel nous vi- 
vons. Ces matières constituent, il est vrai, à peine la moitié 
du sujet de l'hygiène publique ; mais ils ne le cèdent certaine: 


C 


468 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


ment à aucune autre partie en importance et forment la bâse 
de la science. Avec une bonne connaissance de ces sujets et 
de leurs divers rapports hygiéniques vous ferez certainement 
des médecins plus utiles, quand même vous ne seriez pas ap- 
pelés à agir comme membres des bureaux de santé. 


L’air existe dans deux conditions distinctes. Il entoure la 
terre comme un gaz d'une densité variable, et il est dissout 
dans l’eau qui constitue une si grande portion de la surface 
de notre globe. Il est nécessaire à la vie de tous les êtres or- 
ganisés que nous connaissons. [1 s’étend au-dessus de la ter- 
re à une hauteur de près de quarante cinq milles, et au ni- 
veau de la mer, exerce une pression d'environ quinze livres 
sur chaque pouce carré de surface. Pour des causes diver- 
ses cette pression est sujette à des variations considérables, et 
la plupart des grands principes de la météorologie terrestre, 
sont bâsés sur ce fait. En mesure, cent parties d'air atmos- 
phérique contient 20.8 d'oxygène et 79.2 de nitrogène mélés 
mécaniquement et conséquemment ne constituant pas un 
composé chimique fixe et défini. Dans toutes les circons- 
tances il contient de petites quantités d’acide carbonique, 
d’ammoniaque, d'acide nitrique et d’iode' lesquelles sont su- 
jettes à variation suivant les localités. Lair contient aussi 
d’autres substances d’origine et de distribution locale dont 
quelques-unes sont plus ou moins délétères pour la santé de 
ceux qui sont forcés de le respirer. Ces matières viennent 
des décompositions animales ou végétales et sont produites 
par les diverses industries qui occupent l'homme, ou bien 
sont des organismes vivants d’origine animale’ ou végétale. 
Leur nature, les conditions sous lesquelles leur évolution a 
lieu, le degré de danger qui accompagne leur inhalation et 
les moyens d'éviter ou de neutraliser leur influence perni- 
cieuse, tout cela constitue une des parties les plus importantes 
de la science de l'hygiène publique. 


Plusieurs de ces émanations sont d’une odeur excessive- 
meut désagréable tandis que d’autres ne révèlent leur exis- 
tence que par les maladies qui en sont la suite. Ces derniè- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 469 


res sont conséquemment plus insidieuses que les premières, 
et, on a raison de le croire, beaucoup plus dangereuses. 

En effet, quant aux premières, on ne manque pas d'opinion 
et de faits pour prouver que leur influence pernicieuse non- 
seulement à 6t6 exagérée, mais qu'au contraire elles sont uti- 
les à la santé. Parmi les principales sources d’émanations 
sont les boucheries, les fabriques de. calle, les tannerias, les 
établissements ou l'on boit la graisse et le savon, les mar- 
chés, les étables, les fabriques de poudrette, &c. Je me pro- 
pose, dans cette lecture, d'examiner cette question : Jusqu'à 
quel point les émanations de tels lieux sont-elles nuisibles ? 
D'abor je rappellerai quelques-uns des exemples les plus re- 
marquables et qui paraissent avoir le plus de portée sur le su- 
jet qui nous oceupe ; je déduirai ensuite les conclusions qui 
paraitront devoir être établies, et finalement ferai quelques 
expériences pour confirmer les principes énoncés. 


Durant la guère de la Péninsule espagnole, les malades 
dans les hôpitaux de Ciudad Rodrigo furent affectés de dys 
senterie, de gangrène des hôpitaux et de tétanos à un degré 
extraordinaire di, comme on le pensa, à l'inhumation de 
plusieurs milliers de cadavres dans les limites dé la ville peu 
de temps avant, sa transformation en siège d'hôpital. 


Ce fait a été cité souvent comme un argument tendant à 
prouver la théorie de l'influence nuisible des miasmes prove. 
venant de toutes les matières animales ; et cependant lors- 
que le typhus sévit à Paris en 1814, les patients afféctés de 
cette maladie qui furent placées dans l'immense abattoir de 
Mont-Faucon recouvrirent la santé beaucoup plus rapidement 
et plus sûrement que ceux traités dans les hôpitaux régu- 
liers. Les bons résultats, dans ce cas, peuventcependant avoir 
été dis au fait que le lieu est remarquablement bien aéré et 
salubre sous tous les autres rapports. 


En l’année 1828, une commission fut nommée par le Gou- 
, vernement français pour s’enquérir des relations sanitaires 
des grandes savonneries de Paris. 


On trouva que tous les hommes, femmes et enfants atta. 


470 L'UNION MEDICAL® DU CANADA. 


chés à ces établissements étaient remarquables pour l’excel 
lence de leur santé et leur apparence rude et vigoureuse. 
Les travailleurs généraiement étaient des vieillards et olu- 
sieurs d’entre eux avaient atteint un âge extrèmement avancé. 
On constata aussi que les personnes qui résidaient dans le voi- 
sinage de ces lieux jouissaient d’une santé peu commune. 
Les flèvres épidémiques semblaient impuissantes à attaquer 
les personnes engagées dans des occupations qui les forçaient 
d'être exposées constamment aux émanations nauséabondes 
venant des nratières animales, et même le choléra les épar- 
gna. Dans tout le cours de leurs examens, les membres de la 
commission fûrent incapables d'obtenir la moindre preuve 
tendant à démontrer que les odeurs dégoutantes produites 
dans les établissements en question furent jamais une cause 
de mauvaise santé. De ces faits et de plusieurs autres qu'il 
y ajouta, Parent Du Chtâelet établit sans hésiter sa convic- 
tion que les émanations venant des tissus animaux en décom- 
posilion ne sont pas préjudiciables’a la santé. 


Patissier (Traité dés maladies des artisans. Paris 1829, 
p. 105 et seq.) prétend que les émänations des matières anima- 
les putrides ne sont pas très délétères, à moins qu’elles ne 
soient confinées dans des limites étroites et ainsi absorbées 
dans le système sous une forme excessivement concentrée. 
Les vidangeurs et les fabricants de poudrettes, provenant des 
excréments humains sembleraient être partculiérement sujets 
à certaines maladies, comme les inflammations gastro-intesti- 
nales, le charbon et la gangrène. En même temps il déclare, 
ce qui, je pense, est généralement admis, que les bourhers 
sont de tous les plus robustes et les plus vigoureux. Il at 
tribue leur bonne condition au fait que les molécules nutri- 
tives dégagées de la chaire et du sang qui les retenaient sont 
absorbées en abondance dans leur système. Durant l'été ils 
sont, d’après son opinion, sujets aux flavres malignes et pu- 
rides, à cause de la putréfaction qui a rapidement lien, 
dans leurs abattoirs. 


Londe ftablit que, tandis que les émanations du sang et 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 471 


des chairs saines ne sont pas nuisibles, celles provenant des 
mêmes substances en décompositin exercent une infiuence 
décidément contraire. Lorsque le nettoyage des abattoirs 
est négligé:et, comme conséquence, que la putréfaction s'é- 
tablit dans les débris qui: y sont amassés, les bouchers, dit-il, 
sont sujets à des inflammations viscérales, à. l’'authrax à. la 
pustule-maligne, etc. 


Les salles de dissection ne sout pas des lieux malsains 
lorsqwils sont bien ventilées et lorsque les cadavres sont dans 
un bon état de conservation. [1 est bien connu que les subs- 
tances animales putrides introduites, dans le sang produisent 
un grand dérangement constitutionnel et souvent la mort. 
Il est certainement raisonnable de supposer que de telles ma- 
tires, gagnant la circulation par la respiration doivent être 
également délétères. Un exemple de.ce genre donné par 
Londe, est si frappant et si plein d'enseignement que j'en 
fournirai les détails. 


Le Dr. Chambon fut demandé, sc'on Percy, pour démon: 
trer l’anatomie du foie et de ses appundices, au temps de sa 
licence, par la faculté de Paris La décomposition était fort 
avancée dans le cadavre employé pour la démonstration et 
Chambon appela l'attention sur ce fait, mais nonobstant ses 
objections et celles des professeurs, l’obstiné doyen insista 
pour qu'on fit usage du sujet. Un des quatre candidats saisi 
par les émanations putrides qui s'échappèrent du corps aus- 
sitôt qu’il fut ouvert, tomba en syncope, fut rapporté chez lui 
et mourut dans soixante et dix heures. Un autre, le célèbre 
Foucroy fut attaqué d’une grave éruption exanthémateuse. 
Les deux autres, Lagnerenne ‘et Dufresonay demeurèrent 
longtemps dans un faible état de santé dont ce dernier ne re- 
couvra jamais entièrement. 


Quant à Chambon, excité à la colère, par l’obstination du 
doyen, il demeura ferme à sa place et termina sa lecture 
tandis que ceux qui l’entouraiént tâchaient de mitiger l’o- 
deur affreuse par des mouchoirs saturés de parfums. Sans 
aucun doute il dut son salut à l'excitation mentale qui, après 


472 LUNION MEDICALE DU CANADA. 


une légère fievre, se termina par une transpiration abon- 
dante. 


Pringle attribue la production; des fièvres malignes et de la 
dyssenterie aux émanations venant des égouts, des abattoirs 
et Jes matiéres animales en putréfaction généralement. 


Monro adopte les vues de Partius, de Ramazini et d’autres 
écrivains qui attribuent l’origine des maladies putrides aux 
miasmes et aux effluves qui s’élévent des déjections de l’hom- . 
me et des bêtes. ainsi que des cadavres d’hommes, de chevaux 
et d’autres animaux gissant à découvert dans le voisinage des 
camps. 


Desgenette a reconnu que l’insalnbrité des ambulances 
était beaucoup augmentée par leur voisinage des localitès 
entourées de cadavres dont plusieurs étaient à peine recou- 
verts de terre. 


Hennen appelle l'attention sur le fait que l'hôpital d’A- 
brantès en Espagne était situé sur le rivage Alentejo du 
Tage, sur un terrain bas, plat et humide, qui de temps en 
temps était inondé par le fleuve. Dans le voisinage était 
le grand dépôt du commissariat, où de grandes quantités de 
bestiaux étaient tués tous les jours, et le sol du voisinage 
était converti en une boue épaisse, par le passage continuel 
des animaux qui laissaient de l’ordure mélé à leur nourritu- 
re, et souvent à du biscait gâté, le tout exposé à un soleil 
ardent. Dans cet hôpital la gangrène règnait à un degré 
extraordinaire. 


Le Dr. John Bell dit que M. G. A. Walker a fréquemment 
démontré qu’une seule inhalation du produit de la putréfac- 
tion humaine a, dans des exemples nombreux, soit indivi- 
duels soit collectifs, détruit la vie tout à coup; dans d'autres 
cas, elle a donné naissance à la consomption galoppante, au 
thyphus, à la scarlatine et à d’autres maladies, et de plus 
produisant un état de santé permanemment mauvais. 


Le Dr. Bell signale alors uf cas rapporté par M. Chodwick, 
dans lequel ce mousieur, tandis qu’il marchait avec lo profes- 


L UNION MÉDICALE DU CANADA. | 473 


seur Owen, rencontra un boucher qui, sur enquète de l’état 
de sa santé, établit les particularités suivantes : 

Cet homme avait vécu longtemps dans Bear Yard, prés.de 
Clare Market où il était exposé à deux influences: délétères : 
les vidanges d'un côté et un abattoir de l’autre. Son atten; 
tion à sa santé affaiblie, sous de telles circonstances fut éveil. 
lée davantage par l’observation qu'il lui était impossible d'y 
garder des oiseaux dont il était. très amateur. Ce qui l'en- 
nuyait le plus, dans ce mélange d’odeurs était les vapeurs sor- 
tant de la graisse dans le procédé de la préparation de l’esto- 
mac de bœuf. Quelque temps auparavant il avait occupé 
une chambre dans la rue Portugal dominant une cour em- 
combrée d’où il vit souvent sortir une vapeur dense qui avait 
ine odeur très nauséabonde. Les oiseaux du boucher mou- 
rurent là en peu de temps et le bonhomme ne put conserver 
de nouveaux achats qu'en transportant ses quartiers dans la 
rue Verre, hors de l'atteinte des émanations délétères. 


sn 


POURRITURE D'HOPITAL TRAITÉE AVEC SUCCÈS 
PAR LA POUDRE DE CAMPHRE, 


(Par M. A. Netter, qui produit quatre observations.) 


L'une de ces observations conduit l’auteur à conclure que, 
dans la pourriture d'hôpital, lorsque l’emploi de la poudre 
de camphre n’est pas suivi d’une amélioration immédiate, 
en quarante huit ou soixante heures, la cause de l'échec se 
trouve dans des complications coexistantes, ou dans des par- 
ticularités anatomiques de la région atteinte. Dans le cas 
dont il s'agit, la pourriture survenue à la suite d’une blessu- 
re au bras, produite par une balle, a été suivie, après quatre 
jours d'application de la poudre de camphre, d’une inflam- 
mation violente, retentissant jusque dans l’aisselle : l'aspect 
de la blessure était extrêmement inquiétant. Après avoir 
appliqué des cataplasmes par-dessus la poudre, on vit l’in- 
flammation diminuer en vingt-quatre heures ; mais la suppu- 
ruion, toujours extrèmement abondante et tachant les linges 


474 L'UNION MEDICALE DU CANADA 


en bleu, ne pit être arrêlée qu’en enlevant avec des ciseaux 
les parties mortes et en pratiquant des fentes dans l’aponé- 
vrose, avec les branches d’une piuce, de maniére à faciliter 
l'action du camphre. Enfin une complication nouvelle, sur- 
venue au bout d’une quinzaine de jours, fiuit par disparaître 
entièrement par l'application de la poudre de camphre, em- 
ployèe en quantité énorme, laissée et introduite avec un espa- 
tule sous les bords de la plaie. Lorsque les pansements de- 
vaient être renouvelée, on s’abstenait de toute espèce de lava- 
ge, et l’on se bornait à ajouter du camphre, pour remplacer 
celui qui avait été dissous ou entrainé par le pus ; au bout 
d’une semaine, la plaie a commencé à marcher vers la cicatri- 
sation, et les bourgeons charnus se sont produits de la façon 
la plus satisfaisante. 


eee 


OBSEQUES DE M. LOUIS. 


‘Une des plus grandes, des plus dignes, des plus nobles 
figures médicales de notre temps vient de disparaitre. Char- 
gé d'années (86 ans), mais de beaucoup moins d’honneurs 
qu’il n’en méritait, M. Louis avait conservé dans sa verte vieil- 
lesse et jusque dansses derniers mois une vigueur peu ordinaire. 
Une atteinte jugée d’abord légère sur les organes génito-uri- 
naires a pris peu à peu la plus grande gravité, etaprés des 
souffrances cruelles, a conduit au tombeau cet illustre mat. 
tre, ce confrère excellent, qui ne laisse parmi nous que le 
souvenir pur et austère du travail, de l’honorabilité profes- 
" sionnelle, de la dignité de la vie publique et privée, des ser- 
vices considérables rendus à notre science et à notre art. 

Ainsi s'éteint tous les jours cette forte génération médicale 
au millieu de laquelle M. Louis a brillé du plus vif éclat et 
sur laquelle il a exercé, pendant un demi-siècle, une influen- 
ce qui s’est étendue dans le monde médical tout entier ; car 
la célébrité de M. Louis avait franchi Paris et la France, 
ses élèves répandus en Angleterre, en Amérique, partout, 
y ontintroduit sa méthode d'observation rigoureuse et les 
procédés numériques dont il a fait une si féconde application. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 475 


M. Louis a eu, en effet, l'honneur et la gloire de faire école, 
et. pour apprécier cette école, il n’est besoin que de citer 
quelques noms des médecins morts ou vivants qu'elle a pro-. 
duits : Grissolle, Valleix, Marc d’Epine, Carth, Fauvel, Bar . 
thez, Depaul, Gallard, Woillez, Lediberder, Rufx de Lavison, 
Amédé Fontan et tant d'autre dissiminés dans le monde sa- 
vant. De tels disciples disent: ce que fat la maître. Et 
cela— encourageant exemple pour ly jeunesse laborieuse— 
par un enseignement libre et spontané, par une clinique 
officieuse ouverte à tous, car M. Louis n’a appartenu à aucun 
degré à l’enseignement officiel, et les rares honneurs qu'il 
a reçus sont venus le trouver dans la modestie et la simpli- 
cité de sa vie. | 


Les obsèques de M. Louis ont eu lieu samedi dernier au 
millieu d'un concours aussi nombreux que possible, dans 
cette saison de vacances, de confrères et d'amis.  L'’académie 
de médecine, dont M. Louis était ün des membres les plus 
anciens, était surtout largement représentée par de nombreux 
collègues, à la tête desquels marchait M. Barth, président. 
Les coins du poéle étaient portés par M. le président de l'Aca- 
démie, par M. Fauvel, par M. Devinck, l’un des plus. intimes 
amis du défunt, et par M. Barthex. Nous avons remarqué 
dans l'assistance MM. Bouillaud, Briquet, Henri Roger, Bou- 
ley, Husson, Bouchardat, Buignet, Demarquay, Jules Guérin, 
Hervez de Chégoin, Rufz de Lavison, Woillez, Parmentier, 
plusieurs ecclésiastiques, un général dont on n'a pu nous 
dire le nom, et un grand nombre d'autres personnes distin. 
guées. 

Le deuil était conduit par M. Abel Hugo, fils, neveu par 
alliance de M. Louis. | 

Après une messe basse mêlée de chants admirablement 
exécutés par la maîtrise de la Trinité, les dépouilles mor- 
telles de M. Louis ont 6t6 portées au cimitière Montparnasse 
et déposé dans le caveau de famille où repose son fils, dont 
la mort a empoisonné les dernières années de son père et où 
repose aussi Valleix, le disciple bien-aimé de M. Louis. . 


476 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


M. Barth, au nom, et comme président de l’Académie de 
médecine, a prononcé avec une grande émotion etun pro 
fond attendrissement, ui discours que nous nous empresse- 
rons de reprüduire dprès qu'il aura été communiqué à l'A. 
cadémie.—L’ Union médicale 





DOIT-ON TOUJOURS CHERCHER A GUERIR LA 
GASTRALGIE ! ? 


Et d’abord il importe de’ ne pas confondre la gastralgie 
avec la dyspepsie douloureuse. La gastralgie est lanévralgie 
de l’estomac caractérisée pdr des accès dont la durée est li- 
mitée et que séparent des intervalles de santé parfaite. Le 
gastralgique pur n’est pas dyspeptique en dehors des accés 
et quelquefois méme pendaut las accès, la digestion s'opère 
très-bien. aussi l'état général du malade est-il excellent, il ne 
maigrit pas, son teint reste bou et ses forces intactes, sur- 
tout si les accès sont séparés par d'assez longues intervalles. 


Cette distinction a con importance pratique. Dans la vé- 
ritablé gastralgie, les-eaux bicarbonatées sodiques, fortement 
minéralisées, réussissent très-bien. Dans la dyspepsie dou- 
loureuse, au:contraite, elles augmentent la douleur et don- 
neräierit, si‘Pon nt¥ prend garde, un caractère inflammatoi- 
re : il faut débuter par une dlcaline presque indifférente et au 
besoin même la couper avec du laitou du sirop quelconque. 

Cela étant établi, cette question se pose tout d’abord : Doit- 
on toujéurs chercher à guérir la gastralgie ? Mr. Bourgare! 
répond : non. Toute affection de nature névralgique lors- 
qu'elle est trop brusquement supprimée par une médication 
imprudente, ou qu'elle disparaît elle-même subitement, est 
souvent remplacée pat une affection de même nature ou de 
nature différente axant pour siège le même organe ou un 
organe plus‘ou moins éloigné :.et souvent le malade ne ga- 
gue pas au changement. 

L'auteur : cite plusieurs exemples à l'appui de celle asser. 
tion : "5 


a” 


L UNION MÉDICALE DU CANADA 477 


io, Une vieille femme souffrait horriblement d'une névral- 
gie faciale gauche: des applications calmantes enlévent la 
douleur, mais il survient de violentes palpitations, de l’op- 
pression, un sentiment d'angoisse extréme et l'état de la ma- 
lade devint trés-alarmant. Tous ces accidents disparurent 
en méme temps que revint la névralgie lorsqn’on eut cessé 
les pansements calmants. 

20, Un homme souffrait depuis sa jeunesse d’une gastral- 
gie qui fut entièrement guérie au bout de deux saisons pas- 
sées à Vichy ; mais bientôt survint une dyspepsie intestinale 
très-grave qui céda à un traitement institué à Vals, pour être 
remplacée par une gastrorrhé sans gravité, mais désagréable. 

3°, Une dame de trente-cinq ans souffrant d'une vive gas- 
tralgie fait disparaître plusieurs années de suite sa névralgie 
stomacale, mais chaque fois la voit remplacée soit par de vio- 
lents accès hystériques, soit par une névralgie de la face ou 
une névralgie de la grande branche abdominale du plexus 
lombaire droit, et surtout du rameau pubien de cette bran- 
che.—{Marseille Medical.) 


SÉMÉIOLOGIE. 


DES TEMPÉRATURES BASSES EXCESSIVES. LEÇON FAITE A L'HO- 
PITAL DE LA PITIE, par MICHEL PETER. 


Souuaire.—Refroidissement extrinsèque, ou par rayonnement, et refroidis- 
sement intrinsèque ou spontané.—L'abaîssement de la température, dans 
le premier cas, peut êlre beaucoup plus considérable que dans le second, 
saus que mort s’ensuive nécessairement.—[mportance de l'intégrité de 
l'organisme sur Je retourà la santé.—Émaciation et refroidissement 
parallèles par l’inanitiation.—Températures basses do la convalescence, 
du sclérènie, des affections chroniques, de l’uriném'e, de la lypémanie.— 
Conséquences pratiques diverses. 





Messieurs, nous avons vu, dans ma dernière leçon, que la 
chaleur, ce signe si particulièrement caractéristique de la vie 
qu'on l'a appélé chaleur vitale, ne pouvait pas s'élever au cela 
d'un certain degré, sans por'er atleinte à l'existence, par 


. 478 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


enroidissement des muscles ou peut-être autrement ; nous 
allons voir aujourd’hui que cette même chaleur vitale ne 
peut pas non plus s’abaisser au delà d’an certain degré, sans 
que la vie soit compromise. Cependant, un fait assez étrange, 
qui a prèté à des interprétations différentes de la mienne et 
que vous avez pu observer comme moi dans ce service, prouve 
que l’abaissement de la température au-dessous de 37 degrés 
peut être beaucoup plus considérable que l'élévation sans que 
mort s’ensuive ; mais cela, je vous le dis par avance, pourvu 
que l'organisme soitsain, c’est-à-dire apte à refaire du calorique, 
les conditions de réfrigération ayant disparu, en d’autres ter- 
mes les conditions de réfrigération étant extrinsèques. Au 
contraire, j'espère vous faire voir que quand ces conditions 
sont tntrinséques, c'est-à-dire quand c’est l'être vivant qui se 
refroidit par lui-même, en raison de l’altération même de son 
organisme, l’abaissement de la température, précurseur de la 
mort, est beaucoup moins considérable que l'élévation. 


Le matin du 3 mars 1869, on apportait dans mon service 
de la salle Saint-Charles une femme gelée pour ainsi dire, 
Ses jupes étaient en partie roidies par l’eau glacée qui les 
imbibait, son haleine était froide, et le contact de sa peau 
donnait la sensation du marbre. En réalité, la température 
périphérique semblait être celle du milieu ambiant, qui était 
de 8 à 10 degrés. 


Elle était absolument sans connaissance, la tète renversée 
en arrière, les yeux roulant dans leurs orbites et son corps, 
dans l’exteusion de l’opisthotonos, était secoué de temps à au- 
tre par des convulsions des membres supérieurs et inférieurs. 
Le simple attouchement suffisait pour provoquer ces convul- 
sions qu’accompagnaient alors des cris plaintifs. 

La peau était complètement décolorée, le pouls régulier 
cependant, quoique moins fréquent qu'à l’état normal; la 
respiration lente mais régulière. 

J’appris de ceux qui apportaient cette femme à l'hôpital, 
qu'on l'avait trouvée le matin, vers sept heures, dans un 
fossé de la route, près d’lvry. Les voisins avaient entendu 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 479 


jusqu’à une heure assez avancée de la nuit une personne er- 
rant par les chemins et criant, mais ne s’en étaient pas autre- 
ment préoccupés; puis le silence s'était fait vers les trois 
heures du matin. 


Or, il y avait eu cette nuit-là une véritable tempête; il 
était tombé de la neige, puis du verglas, et c’est dans ces con- 
ditions qne la pauvre femme avait passé plusieurs Heures le 
corps plongé dans un fossé à moitié plein de neige fondante 
et d’eau glacée. 


Frappé de ces circonstauces, et ne doutant pas que la tem- 
pérature centrale ne fit très-basse, je fis prendre immédiate- 
ment la température simultanément dans le vagin et dans 
l’aisselle ; elle était dans les deux cavités de vingt-sir degrés 
seulement, c'est-à-dire de onze degrés plus basse que la tem- 
pérature normale ! 


Je crus qu’un tel refroidissement était incompalible avec 
la vie et que cette femme allaitmourir. Néanmoins, je la fis 
mettre dans un lit bassiné (au n°. 14); je la fis entourer d’une 
dimi douzaine de boules d’eau chaude et couvrir d’édre- 
don. 


Je lui fis donner, en outre, tout lesquarts d'heure environ, 
et par petites tasses, du thé bien chaud additionné de rhum, 
comme on faitaux cholériques et pour les mêmes raisons. 
Il était alors dix heures et demie. 

À onze heures, une demi-heure après le commencement de 
ce traitement pour ainsi dire physique, la température s'était 
d'éjà élevée de près d’un degré : elle était dans l'aisselle et 
le vagin, de 26°,8. 

La température s’éleva graduellement ainsi jusqu’à quatre 
heures et demie du soir, où elle atteignit sa hauteur presque 
normale 360,3. Aïnsi, en six heures, cette femme avait 
gagné plus de dix degrés de chaleur. 

Voici d’ailleurs la gradation ascendante de la température 
recueillie avec le plus g gtand soin par un élève zélé du service, 
M. Hirne : 


480 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Vagin. Aisselle 
11h.,20... 27,9 970,9 
12h15... 280,7 280,6 
12h.,45... 300,4 300,0 
1h.,15... 300,9 310,1 
2h00... 310,6 320.4 
3h15... 340,4 34,3 
4h..30.... 360,3 360,3 


Vous pouvez voir, par ces chiffres, que si la température 
s'éleva graduellement, elle ne le fit cependant pas d’une façon 
régulière, puisque l'élévation de la température fut de : 

0,8 en 30 minntes. 


14 — 30 — 
O8 — 45 — 
10,7 — 30 — 
05 — 30 — 
07 — 45 — 
208 — 75 — 
109 — 75 — 





Total....10°,3 en 6 heures. 

‘ A mesure que la température s'élevait, dit M. Hirne, qui, 
pendant tout ce temps, ne quitta pas cette femme, la malade 
recouvrait ses sens; à onze heures quinze elle était redeve- 
nue tout à fait calme ; les yeux étaient immobiles, mais non 
plus égarés, elle était dans un grand état de prostration. 


“ Vers trois heures, elle éprouva un grand frisson qui dis- 
parut à quatre heures, et la malade put alors dire qu’elle se 
nommait Joséphine Kicher, et qu’elle était née à Colmar. ” 


On apprit ainsi qu'elle était âgée de trente-huit ans, que sa 
santé était parfaite et qu’elle n'avait pas d’antécédents alcoo- 
liques. 


Elle raconta encore que la veille, profitant de l’absence de 
son mari, qui ne devait rentrer qu’à dix heures du soir, elle 
avait, malgré sa défense, été diner chez une compatriote ; 
qu'après un repas copieux et accompagné de maintes libations, 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 481 


elle partit à huit heures, afin de rentrer avant son mari; 
mais qu’à peine sortie et troublée par l'ivresse, elle ne recon- 
nut pas son chemin, le demanda, fut trompée et s'égara de 
plus en plus. Puis, qu'après deux heures environ de cette 
marche au hasard, elle finit par tomber dans pu fos:é où elle 
perdit connaisance. 


L'état Je cette femme alla s'améliorant graduellement jus- 
qu’au lendemain matin. La température, revenue à 370,4, 
resta à ce niveau, et le matin du 5 mars, deux jours après son 
admission à l'hôpital, elle sortait complètement rétablie. 

‘ Ainsi, dit encore M. Hirne, dont je tiens à citer les pa- 
roles, cette femme avait résisté au refroidissement causé par 
une nuit passée dans un fossé plein d’eau glacée, et pendant 
une violente tempête qui eut lieu cette nuit-là même. ” 


Vous croyez peut-être comme moi que chez cette fenime 
le refroidissement a été tout extérieir ef dd à ce que son 
corps est resté plusieurs heures immobiles dans un fassé demi 
plein d’eau et au milieu des circonstances atmosphériques si 
remarquables qui viennent d'être rapportées, $.qu'ainsi il y a 
eu perte graduelle de calorique par rayonnement. Eh bien, 
telle n’est pas l'interprétation que quelques-uns ont donnée 
de ce fait. Je sais qu’il en est parmi vous qui voient surtout 
dans ce cas un refroidissement par intoxication alcoolique, et 
qui le rapprochent volontiers des expériences faites sur les 
animaux et où l’on voit, la température s’abaissant de 4 à 6 
degrés seulement, la mort en résulter. 


Je vous ferai remarquer que notre malade a pu perdre 11 
degrés de sa chaleur normale et cependant revenir à la santé. 
C'est que, dans l’intoxication alcoolique, il y a une action 
matérielle exercée par l'alcool sur les centres nerveux. et les 
organes de l’hématopoiése et de la calorification (foie, rate, 
reins, etc.) : qu’ainsi il n’y a pas intégrité des organes, tandis 
que dans le refroidissement par le fnoid extérieur, les orga- 
nes n’étant imprégnés d'aucune substance toxique, sont à ce 
point de vue absolument ivitacts. De sorte que si, chez notre 
malade du No. 14 de la salle Saint-Charles, l'opisthotonos et 


482 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


les couvulsions démontraient l'existence d’une congestion in- 
dubitable de l'axe cérébro-spinal, par refoulement du sang de 
la périphérie vers le centre, ainsi que je l’ai maintes fois ob- 
servé chez les noyés saisis pat le froid de l’eau, néanmoins, à 
cela près de trop de sang dans les vaisseaux encéphalo-rachi- 
diens, la pulpe nerveuse 6tait intacte ; d'où la possibilité du 
retour à la vie et à la santé. 


(A continuer.) 


EXCUSE ET REMERCIMENTS. 

Nous désirons offrir aujourd'hui nos excuses à deux de nos 
abonnés, pour une faute que nous avons commise à leur 
égard il y a déjà bien longtemps. 

Les Dames de l'Hôtel-Dieu et le Dr. Santoire nous firent 
parvenir, dès le commencement de l’année, le prix de leur 
abonnement, plus, und somme de $7.00 chäcun d'eux, com- 
. me don, pour te succès de notre journal. 


Nous fûmes d'autant plus surpris de cette générosité, que 
nous n'avions pas la moindre raison pour l'esptrer. Aussi, 
nous résolûmes de faire part immédiatement, par lettre, à 
ces Dames etau Dr. Santoire, de notre satisfaction et des 
sentiments de reconnaissance, que leur conduite généreuse 
avait fait naître en nous. Mais pour des raisons que nous ne 
voulons pas même donner nour excuse, nous nous sommes 
rendus jusqu'à ce moment, sans lavoir fait. Afin de nous 
faire pardotiner, autant que possible, notre négligence, nous 
avons cru devoir donner à nos lecteurs connaissance de ces 
f.$ts, et offtir publiquement aux Dames de l’Hôtel-Dieu et an 
Dr. Santoire nos plus sincères remerciments pour leurs dons 
généreux, ainsi que pour lour sympathie, et leurs bons sou- 
haite pour ta prospérité de notre entreprise. 

| So J.P, Rorror. 


L'UNIUN MEDICALE DU CANADA. 483. 


NOUVELLES MEDICALES. 


TROIS CAS DE GOITRES EXTIRPES AVEC succes, par le docteur 
Warren Green.—L’ablation de la glande tyrohidienne hy- 
pertrophiée est en général considérée comme une de ces 
opérations qui ont pour conséquente immédiate de prouver 


la hardiesse du chirugien plutôt que la préoccupation de 


pratiquer une opération dont l'utilité puisse compenser les 
dangers. Cependant en Amérique et en Allemagne,. 
quelques chirugiens ont cherché à la remettre en honneur. 
Lucke, sur 9 cas, a compté 8 succès ; cette fois le docteur 
Green rapporte 3 cas heureux. Le docteur Brière d’tverdon, 
dans sa thèse (Lausanne, 1871), réunit la statistique de 73 
cas : 90 guérisons, 23 morts. L’ablation du goitre peut donc 
être considérée comme une opération moins extraordinaire 
qu'on ne le suppose généralement, et elle peut désormais 
être acceuillie par les chirugiens entreprenants, sans qu’on 
soit en droit de les considérer comme les plus audacieux. 
(American Journal of médical Science, avril 1871.) 


SYSTÈME MUSCULAIRE DES RAMIFICATIONS BRONCHIQUES, par le: 
docteur RinpFieiscu.—L’auteur décrit avec détails une 
couche de fibres musculaires lisses dans les dernières rami- 
fications bronchiques ; ces fibres musculaires forment une: 
sorte de sphincter à l'entrée de l’infundibulum, et s'étendent 
en forme d’anses autour et sur le fond de l’infundibulum. 
Dans la carnification ou indufération ou induration brune du 
poumon, ces éléments musculairés sont hypertrophiés et très- 
facilement reconnus. (Centralblatt, 3 février 1872.) 


HYPERTROPHIES CONGÉNITALES DE LA LANGUE, par les docteurs 
ARNOST et CLARKE,—Deux cas de cette affection peu commune, 
communiqués à la Société de pathologie de Londres; dans- 
Pun, opération suivie de mort; dans l’autre, guérison. 
(The Lancet, 3 mars 1872.) 


484 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


: CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L’ECLAMPSIE PUERPERALE. AMMO- 
NIAQUE DANS LE SANG, par le docteur Orro SPIECELBERG.—L'au- 
teur adopte la théorie de Frerichs, qui considère l’éclampsie 
comme liée à la présence dans Le sang de carbonate d’ammo- 
niaque ; il s'appuie sur l'analyse du sang d’une malade at- 
teinte d’éclampsie puerpérale dans laquelle la quantité d’urée 
contenue dans le sang était environ cinq fois plus considéra- 
ble qu’à l’état normal ; en outre, l’auteur, injectant chez des 
animaux du carbonate d’ammoniaque, a reproduit les symptô- 
mes de l’éclampsie. (Archiv fur Gynekologie, 1er Bd, 3e 
Heft ) 

La PELLACRE DES PETITS ENFANTS, par le docteur ANT. Maria 
Ceyma.—La pellagre des enfants à la mamelle et dans la pre- 
mière enfance n'est pas rare en Espagne et en Italie, l'auteur 
en fait une étude complète, historique et clinique. (Gazette 
medica italiana Lombardia, n° 44, 1871.) 


OUVERTURE DES COURS.—Les cours commenceront à l'école 
de médecine de Montréal, Mardi le 1er. d’octobre. Au col- 
lege McGill, Mardi le 1er. d'octobre. Au Bishop’s college, 
Mercredi le 2 d’octobre. . 


La Profession Médicale sera représenté à la chambre des 
Communes de la Puissance par -16 membres : Drs Bergin, 
Brouse et Grant, d'Ontario Drs. Paquet, Robitaille, Fortin, 
St. George, Fiset et Lacerte, de Québec ; Drs. Tupper, Forbes 
et Almon de la Nouvelle-Ecosse ; Drs. Schultz et Lynch, de 
Manitoba—#ed. Record. 


en) —— 


DECES. 
—A St. Laurent, le 28 Aout, à l’âge de 11 mois et 13 jours, Marie- 
Ernestine-Thérèse-Azélie enfant du Dr. J. J. LeCavalier. 


. .. TABLE DES MATIÈRES. 


L'Association médicale Canadienne, (J. P. Rottot)........... 437 
Correspondance Européenne, A. T. Brosseau.........seeeees 445 
Considérations sur les vertus Médicales de l’Arsenic et 

son emploi, J. G. Bibaud, M. D....................... 452 
Société Médicale de Montréal.......................... ..... bosses 458 
Des diverses formes d’'Asphyxie............,.…................ 463 
Lecture sur l'hygiène publique... ..........:escceecscnseeees . 466 
Pourriture d'hôpital traité avec succès par la poudre de 

Camphre.....................ss ses 47 
Obsèque de M. Louis. ..….......................,.,,.,.,.,,.,,,..... 474 
Doit-on toujours chercher à quérir la gastralgie ?.......... 476 
Séméialogie.....................,.,... ss 477 


Nouvelles Médicales... ess toveeccvceres 483 


On s’abonne a l’Union Médicale au Bureau de La Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


WMR.WARNER& Ce 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules reconbertes en sucre. 


154, Rue North third, 


PHILADELPHIE. 


Exptdites par la malle sur le reçu du prix du cata- 
logue. 
Pilules Iodoform et Ferri de Warner. 


(Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n'ac- 
ceptez aucun substitut de qualité inférieure; 


Ces Pilules sont un tonique et un alterant puissant, recomman- 
dables surtout dans la 


SCROFUIB, L'ANEMIE LA NEVRALGE, LA CHLOROSE, etc. 


Nous falsons one mention spéciale de ces Pilules de notre manufacture, parce que tons le 
Journaux de médecine du pays, sur La fol de correspondants respectables, rapportent des cures 
merveilleuses opérées par elles LA on tous ios autres remèdes avaient faillt. 

tient la formule et la dose. 11 n'y a rien de secret. 


Chaque boutell 
PRIX $3.25 PAR 100. 


donnons ci-dessous un court extrait d'un rapport de la société médicale di té 
LU LI NS 














PÉDALES 
tres. its, 


is par jour, manufacturées par W. 

Ph grès rapide. LS 

Membre dont elle avalt souffert ne la trouble pl sons devinrent plus 

Pondantes et d'une melileure nature, et Je puis voir malnteuant ma patiente, vaquer à ses oc- 

Gupationsjournallres On ne peut ppuromolr aucune trace de Le maladie ot la patois font 
"une À 

ne Pal tpaité deux autres cas. l'an datant de trois et l'autre de quatre ans aveo le 


même résuléat. Je suis convaineu de Vemonctes RD ete. du a 
Expédiées par le malle sur le regu du prix du catalogue. 


PKL: PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centiéme de gran. Ext, NOUX VOMIQUB un quart de grain. 


hore constitue un des éléments importants de l'économie animale, surtout du 
ve oa précieux dans ioe maladies 

















. $0, Que l'adminis- 
(environ 1-60 de grain.) pour 
iininistration doit être cessée 
(Bulletin général de shérapeu- 





tonique sur le 
tration du ph 








A VENDRE EN GROS SEULEMENT PAB 


KERRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien en Gros.— Montreal. 


L'UNION MEDICALE 


DU CANADA. 





D © 


Revue Medico-chirurgicale paraissant tous les mois. 


ps 


oo qq 


Rédacteur on Chef: Assistante-Rédacteurs : 


A DAGENAIS, M. D. 
J. P. ROTTOT, M. D. L. J. P. DESROSIERS, M, D. 


Vol. 1. | NOVEMBRE 1872. No. 11. 


eS ee 


ECOLE DE MEDECINE ET DE CHIRURGIE DE 
MONTREAL. 





(Faculté de l'Université Victoria.) 


Mardi le 1er. Octobre dernier, à 3 heures, p. m., cette an- 
cienne et prospére institution, ouvrait la trentiéme session de 
ses cours, par la lecture d’introduction, donnée par M. le Dr. 
D’Orsonnens, professeur de Chimie. 

Outre MM. les professeurs, nous avorts remarqué les Drs. 
Archambault, Meunier, Plante, Boissy, Desjardins, Quintal, 
Carrière et autres. | 

Mr. le Dr. d’Orsonnens s'exprima ainsi : 

Messieurs, 

Nous ouvrons aujourd'hui les portes de notre école, pour 
sa trentiéme session, et nous voyons encore, au milieu de nous 
un de ses illustres fondateurs dans la personne de notre esti- 
mé collègue, l'habile chirurgien Munro. Six des autres pro- 
fesseurs, MM. les Drs. Bibaud, Peltier, Coderre, Beaubien, 
Trudel et votre humble serviteur, comptent déjà au-delà d'un 
quart de siècle de Professorat, chacun dans la branche qu’il 


486 .L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


ens¢igne actuellement encore. C'est vous dire, en un mot, 
tout le travail que nous nous sommesimposé, en même temps 
que l'expérience que nous y avons acquise. Aussi, en jetant 
un regard en arrière, oublions-nous avec plaisir nos luttes 
passées, de tous les jours, et reposons-nous avec complaisan- 
ce nos yeux sur nos anciens élèves. Partout, pour la plupart, 
les voyons-nous posés sur le premier échelon comme hommes 
de science et bons praticiens. Quelques-uns même sont ve- 
nus grossir nos rangs, témoins M. le Dr. Rottot et M. le Dr. 
Brosseau. 

Jusqu'à l’année dernière, Montréal ne comptait que deux 
Ecoles Médicales, celle de l'Université du Collége McGill et 
la nôtre, ou celle de l'Université du Collége Victoria. Cette 
concurrence n’a pas amené pour nous d'autre rivalité que 
celle dictée par une noble émulation, un sentiment national 
élevé et un véritable patriotisme. Aujourd'hui l’Université 
de Lennoxville ou Bishop’s College a doté notre ville d’une 
troisième Ecole de Médecine. Qu'elle soit encore la bienve. 
nue ! Car elle sera probablement un nouvel aiguillon, conti- 
nuellement appliqué sur les flancs des deux premières, pour 
les empêcher de se ralentir, et elle-même devra s’empresser 
de travailler pour prendre son rang avec elles, ou plutôt cha- 
cune de ces Ecoles devra désormais faire des efforts inouis 
pour occuper la première place dans l'estime de la Société, 
par la supériorité des élèves qu’elle lui donnera. 

Nous espérons avoir cet honneur, Messieurs, grâce à l’édu- 
catian classique si supérieure que reçoivent nos jeunes com- 
patriotes dans nos excellentes maisons d'éducation religieu- 
ses. En effet, là plus que partout aileurs, dans le silence et 
la retraite, sous des maîtres habiles, éloignés de la contagion 
de tous les vices, avec l'exemple des plus belles vertus, pen- 
dant huit années d’études sérieuses, si bien suivies, si bien 
dirigées l'élève se forme l'esprit et se prépare à surmonter les 
plus grandes difficultés, comme son cœur s’y remplit des sen- 
timents les plus nobles et les plus élevés ; aussi à sa sortie 
d’un de ces colléges, est-il apte à entreprendre l’étude si dif- 





L'UNION MEDICALE. DU CANADA. 487 


ficile et si vaste de notre profession! C'est ici, Messieurs, 
dans notre enseignement que nous pouvons juger véritable- 
ment de l'effet de cette éducation et c'est presque toujours, 
par la différence des nuances qu'elle nrésente, que nous pou- 
vous elasser immédiatement nos élèves et prévoir leur avenir ! 
assis en effet sur des bases si solides que ne peuvent-ils pas 
faire avec une ferme volonté et un travail assidu ? Je le ré- 
pète donc Messieurs, nous espérons remporter la palme de la 
victoire dans cette belle et grande lutte du Professorat médi- 
cal, grâce à l'excellence de votre éducation classique, pourvil 
toutefois qu’à cette bonne éducation se joignent, dans vos 
cœurs, ce sentiment national, ce vrai patriotisme qui doi- 
ve diriger vos pas dans cette école assise désormais sur des 
bases stables et assurées, par ces nobles vertus pratiquées, 
pendant trente ans par quelques uns de vos compatriotes 
pour votre avantage et celui de la jeunesse instruite à venir, 
ou plutôt devrais-je dire pour le bien de Ja société entière ! 

Mais pourquoi invoquer le sentiment national et le patrio- 
tisme ? Votre intérét seul même ne doit-il pas conduire vos 
pas dans cette enceinte dans laquelle seulement vous pou~ez 
entendre parler votre laugue maternelle ! et n’aurez-vous pas 
assez d'aucres difficultés à surmonter sans y ajouter encore 
celle d'apprendre en même temps une langue à peu près en- 
tièrement étrangère à la plupart d’entre vous ? Mais laissons 
encore de côté cette raison, regardons-la même, si vous vou- 
lez, comme parfaitement futile et ne cherchez que l’excel- 
lence de l’enseignement. Eh bien! je vous le demande, où 
ont étudié et appris leur profession ces cing à six cents mé- 
decins Canadiens-Français, disséminés par tout le pays, et 
pour le plus grand nombre si avantageusement connus ? Ici, 
avec les mémes Professeurs que vous pouvez y rencontrer ; 
mais depuis, ces mèmes professeurs ont encore vieilli en tra. 
vaillant toujours, en se perfectionnant sans cesse ; car comme 
je vous le disais au commencement de cette lecture, sept 
d’entre eux comptent déjà plus d’un quart de siècle de Pro- 
fessorat, chacun, dans la mème branche qu'il enseigne au- 


488 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


joud’hui ! Quelle Ecole de Médecine dans le pays peut en 
dire autant ? 

A cet avantage de l'expérience du côté des Professeurs 
viennent s'ajouter de plus grandes facilités pour les élèves 
d'aprésent. La maternité vous est ouverte tous les jours de 
l’année et non-seulement on vous y montre les cas les plus 
importants, mais on est mème parvenu jusqu'a vous y faire 
pratiquer les accouchements ! Deux Dispensaires encore 
vous permettent d'aller seuls voir leurs malades à domicile 
et deprescrire pour eux ! Daplus le nouvel Hotel-Dieu, beau- 
coup plus vaste que l’ancien, contenant un plus grand nom- 
bre de lits et par conséqnent plus de malades vous offre tous 
les jours le spectacle des maladies vénériennes, comme celui 
des maladies contagieuses, surcroit d'avantages dont n'ont 
pas joui vos prédécesseurs ! On y fait aussi maintenant 
beaucoup plus Anatomie Pathologique et un très-grand 
nombre d'opérations, ce qui est dû à ce que, toutes les cam- 
pagnes environnantes et même les plus éloiguées dirigent 
leurs malades sur l'Hôtel-Dieu pour y consulter et s’y faire 
opérer, et cetétablissement vous est aussi ouverttoute l'année. 
Vous y aurez donc continuellement de magnifiques clini- 
ques médicales et chirurgicales, et seuls les élèves de notre 
École ont droit d’y avoir accès ! C’est cet avantage qui, joint 
à un enseignement tout-à-fait pratique, rend les élèves de cette 
Ecole généralement si capables. En effet, l'excellence de l’édu- 
cation médicale puisée dans notre maison a été bien prouvée, 
tout le temps de nos luttes'avec les Universités Laval et McGill, 
car alors nos’ élèves “ seuls” avaient à subir leur examen de- 
vant un bureau composé principalement des Professeurs de 
ces mémes Universités, et toujours on les a vus sortir avec 
honneur de cette épreuve, souvent mème forcer leurs exami- 
nateurs à féliciter et complimenter de ce succès les quelques- 
uns de nos Professeurs qui pouvaient aussi se trouver sur ce 
même bureau !! Et fait remarquable que je me plais à répé- 
ter, jamais dans cette circonstance un seul de nos élèves y a été 
renvoyé ! ! Quel beau résultat ! quand on réfléchit surtout sur 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 489 


la part qu'il faut faire pour la différence des talents parm un 
si grand nombre d'élèves et la période de temps “ un quart de 
siècle ” pendant laquelle ‘se renouvela annuellement le même 
prodige. 7 . 
Puisque le sentiment national, puisque le patriotisme, puis- 
que votre langue, puisque votre intérét méme pour la scien- 
ce et jusqu’à l'espérance de fonder votre: succés à venir doi- 
vent vous faire choisir "Ecole de Médecine canadiene, pour- 
riez-vous donc avoir quelque autre motif pour aller dans l’une 
ou l'autre des institutions de nos compatriotes de race étran- 
gère ? Non! Le motif qui pouvait être invoqué autrefois par 
ceux qui vous ont précédés, n'existe plus. Je veux parler des 
degrés universitaires. Combien alors ont reaoûcé à cet 
honneur et ont préféré notre Ecole ? Pour.eux, ce n'était pas 
tant le titre de Docteur en Médecine, que la science de la 
Médecine qu'ils recherchaient ; aussi sont-il sparvenus à leur 
noble but, et aujourd’hui ils peuvent obtenir de l'Ecole elle- 
même ces degrés qui alors leur faisaient défaut et ce, sur la . 
simple présentation d'une thèse. Plusieurs de nos anciens élè- 
ves ont déjà profité de cette facihté et sont venus ainsi res- 
serrer les liens qui les unissaient à notre maison. 

Nous sommes donc parvenus, sons ce rapport, à nous met- 
tre sur un pied d'égalité avec les autres Universités, en deve- 
nant la Faculté de Médecine de l’Université du Collége Victo- 
ria,a Montréal. Mais ce n’est pas tout, j'ai une nouvelle agréa- 
ble à vous annoncer, nous aussi nous allons avoir bientét un 
édifice, et un bel édifice pour notre Université, grâce au gé- 
néreux concours des Révérendes Dames de l'Hôtel-Dieu, qui 
outre l'argent nécessaire pour le bâtir, nous laissent encore 
avoir un vaste et magnifique terrain tbut'visà-vis' la porte 
d'entrée de leur Hôpital. Nous allons de'suite nous occuper 
à faire construire sur les plans les plus convenables une mai- 
son digne enfin de l'Institution que notre travail et nos‘sacri- 
fices pendant plus de vingt-cinq ans semblent enfin avoir as- 
sise sur des bases stables et solides ! Alors fixés d’une maniè- 
re permanente, il ne nons restera plus qu'à remonter notre 





490 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


laboratoire, notre cabinet de physique et notre bibliothèque ; 
après le pas immense que nous venons de faire, la chose me 
parait facile et le succès assuré! Par ce voisinage immé. 
diat avec l'Hôtel-Dieu, notre Ecole ne sera-t-elle pas, sous ce 
rapport beaucoup plus privilégiée qu'aucune autre; n'ayant 
que la rue à traverser, quelle facilité pour vous montrer à 
tout instant du jour ou de la soirée les cas de chirurgie ou 
de pathologie les plus importants ! ! Quelle facilité encore 
pour l’anatomie pathologique !! Et ces avantages sont d’au- 
tant plus certains que maintenant il y aura toujours un mé- 
decin interne à PHotel-Dieu qui pourra et devra nous aver- 
tir au moment voulu. Tout désormais va donc dépendre de 
nous ! Professeurs et élèves, comprenons bien notre position ; 
acceptons cette rivalité, cette concurrence ; mais avec cet es- 
prit droit, ce juste sentiment d’orgueuil national, de vérita- 
ble patriotisme, qui nous poussant à une noble émulation 
stimulent notre ardeur et notre assiduité au travail. 
Etudions donc de plus en plus, nous, vos Professeurs, pour 
vous instruire, vous. Messieurs les Elèves, pour nous rempla- 
cer. Nos cheveux blancs, après un si grand nombre d’an- 
nées de professorat nous avertissent que bientôt nous allons 
disparaître ; aussi avons-nous déjà prévu en partie à notre 
remplacement par la nomination de professeurs suppléants, 
les désignant d'avance pour leur donner le temps de se pré- 
parer. Deux déjà sont passés en Europe et sont occupés à 
suivre séparément les grands maîtres, dans la Chirurgie, 
et dans l’ophthalmologie dont on vient d'établir un ser- 
vice dans nôtre Hôpital ; les professeurs suppléants, je n'ai 
pas besoin de le dire, sont des élèves de notre école, qui 
étant Canadienne-Frangaise, restera Canadienne-Frangaise 
ei qui seule comme telle, doit renfermer dans ses murs tous 
les vrais Canadiens-fiançais qui veulent se livrer à l'étude de 
la Médecine. Le patriotisme et le sentiment national nous 
en font à tous une loi, un stricte devoir !! Vous, Messieurs 
les Elèves, vous devez encore étudier surtout pour vous-mé- 
‘mes, pour pouvoir assurer votre avenir. Le nombre des mé- 


L'UNION MÉDICALE DU OANADA. 491 


decins augmentant tous les jours, ce n’est que par votre 
science en théorie et en pratiqueque vous pourrez lutter 
avantageusement et honorablement avec tant de confrères 
instruils ; et c’est ici, ne l’oubliez point, que vous vous faites 
connaître avantageusement on désavantageusement. En ef 
fet toute la génération médicale de votre époque est zci, elle 
a constamment les yeux sur chacun de vous, et l'impression, 
le souvenir que vous vous laissez les uns aux autres, dans 
votre passage sur les bancs de cette école, sont tout aussi inef- 
façables que l'impression et le souvenir du collége, qui, 
comme vous le savez, ne s’effacent jamais ! 

De plus, rappelez-vous, que si vous suivez mon conseil, 
votre travail, votre succès et la perspective pour vous assu- 
rée d’une brillante carrière, seront pronés avant mème votre 
réception, vous feront connaitre avantageusement d'avance et 
vous faciliteront ainsi le moyen de réaliser toutes vos plus 
chères espérances ! Deplus, vous serez par là même la gloire 
de vos Professeurs qui disposeront immédiatement de tout 
leur patronage en votre faveur; vous serez donc pour ainsi 
dire déjà tout récompensés et une fois lancés dans l'exercice 
de votre profession votre conscience ne sera pas bourrelée 
de ces remords qui doivent sans cesse torturer celui que ia 
paresse tient dans l’ingnorance ; je le répète encore, étudiez 


donc tous, avec courage, avec assiduité, livrez-vous tout en- 


tiers à votre profession ; vous, surtout qui commencez, em- 
ployez bien le temps dès votre début, ne perdez pas Vhabi- 
tude du travail que vous avez contractée au collége ; en le 
faissant, vous pourrez briller dans votre examen primaire et 
vous préparer ainsi de nouveaux lauriers pour votre examen 
final. Avec une étude régulière et sontenue dès le commen- 
cement de votre carrière médicale, tout se coordonnera faci- 
lement dans votre esprit, tout sera apprécié, à sa juste valeur, 
par votre jugement, et il en résultera pour vous ce tact exquis 
qui fait le véritable médecin. Permettez-moi de vous suggé- 
rer encore d'éviter soigneusement tout ce qui peut vous faire 
dévier de votre devoir, habitnez-vous, dès à présent, à cette 


492 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


vie d'abnégation et de travail continuel qui est celle du mé- 
decin et vous trouverez en vous-même cette satisfaction de 
l'esprit et du cœur qui constitue le véritable bonheur!!! 

M. le Professeur ayant terminé sa lecture, le Président M. 
le Dr. Beaubien fut appelé à prendre la parole, ce qu'il fit 
en termes appropriés, ainsi que les Drs. Munro, Peltier, Bi- 
baud, Rottot et autres. Et la séance fut levée au miheu de 
nouveaux applaudissements. 





CORRESPONDANCE EUROPÉENNE. 


M. le Rédacteur, 


Dans ma dernière correspondance, on me fait dire à propos 
de l'opération de De Greefe que : “ l’incision étant toute en- 
tière en dehors de la circonférence cornéenne, se trouve apres 
l'iridectomie en face de la fnembrane hyaloïde, ” tandis que j'ai 
di écrire : presqu’en face de la membrane hyaloïde. J’avoue 
bien que cette expression n'est même pas très-exacte, mais 
comme je n'avais nullement besoin de faire une lecon d’ana- 
tomie à vos lecteurs, j'ai cru au’avec le mot presque, il n'était 
pas nécessaire de mentionner la zonule de Zinn et la capsule, 
lesquelles, en réalité, se trouvent interposées, après l'iridecto- 
mie, entre la plaie scléroticale et la membrane hyaloide, 
mais ne sont pour cette membrane que d'une bien faible pro- 
tection, surtout après la sortie du cristallin. | 

Cette mème correspondance me fait rappeler que j'ai pro- 
mis de vous parler du Congrès opththalmologique de Lon- 
dres ; il faut vous dire que je comptais alors sur le rapport 
officiel des séances, dont je voulais faire une analyse pour 
votre journal, et malheureusement ce rapport ne sera pas 
terminé avant trois ou quatre mois. Je suis donc forcé de 
m’exécuter avec le seul secours de mon cahier de notes et de 
mes souvenirs. J’ai pu cependant me procurer le discours 
d'ouverture du Président que je reproduis plus bas textuelle- 
ment. , 

Les séances de ce Congrès, qui en est rendu à sa quatrè- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 493 


me session, ont eu lieu, les trois premiers jours du mois 
d’Août derhitr, dans une des‘salles du Royal College of Phy- 
sicians. ‘Près de 100 membres y asssistaient, venus de tontes 
les parties de l'Europe, des Etats-Unis, du Brésil, etc. 

' M. Critchett, après nous avoir adressé le campliinent de 
bienvenue dans nn jolie petit discours français, proposa d'é- 
liré par atclamation, M. le professeur Donders, d'Utrecht, 
comme Président, MM. Warlomont, de Bruxelles et Williams, 
de Boston, comme Vice-Présidents, et MM. Soelberg Wells, de 
Londres, et le professeur Zehender, de Kostack, comme Se- 
crélaire. Toutes ces nominations furent: accueillies avec ap- 
plaudissements. 

M. Londers ouvrit alors cette quatriéme session du Congres 
par le discours suivant : 

‘ Messieurs et chers collègues, 

‘ C’est un moment solonnel que celui où des hommes d'é- 
“ lite, accourus de toutes les parties du monde civilisé, s’as- 
‘ semblent, inspirés des mêmes sentiments’ de confrater- 
“ nité, guidés par les mêmes aspirations. C'est à eux, et au 
‘ nom de ses compatriotes, que notre honoré confrère et 
*‘ amis, M. Critchett, vient d'adresser avec la cordialité que 
‘ nous lui connaisons, le compliment de bienvenue sur le 
‘ sol hospitalier de l’Angleterre. 

Votre cœur s’élance au-devant de celui de vos confrères, 
votre esprit cherche à augmenter et à élargit ses connais- 
“ sances, et vous êtes aussi prêts à donner que vous êtes ati- 
‘ des de recevoir, sans autre ambition, ni sans autre but que 
 l’intérêtde l'humanité. Or ce but est noble et grand. : 

“La branche qui fait l'objet de nos travaux est belle, tant 
‘ sous le rapport de la science que sous celui de l'art. Dans 
‘ aucune partie de la médecine, on ne les trouve aussi inti- 
‘¢ mement unis que dans l’opthalmologie. C'est le secretde sa 
“ perfection relative et de son incontestable supériorité. Le 
“célèbre Helmholtz a consacré cette vérité, quand il a dit 
‘“ que l’ophthalmologie moderne est, par rapport aux autres 
4 brahches des sciances médicales, ce qu'était naguère l’astro- 


494 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


‘ nomie à l'égard des sciences physiques: le modèle auquel 
‘° elles.ont à se conformer. Soyons-en fiers, MM. et tout en 
‘€ offrant le tribut de notre reconnaissance, tant:à l'illustre 
‘ savant qui nous a donné, dans Vopthalmoscepe, l’instru- 
$‘ ment du progrès, qu’au maitre immortel, doat le génie a 
‘ répandu sur toute l'étendue de notre domaine, son suffle ré- 
générateur, n'oublions pas que npblesse oblige. C'est à nous, 
‘ MM. de conserver à Popthalmologte ce cachet d’exactitude 
‘* qui fait sa gloire. 

 J'insisterais d'avantage sur ce point, si je n'étais convain- 
‘“ cu qu'en écartant toute observation superficielle, toute re- 
‘“ cherche dépourvue de méthode, toute assertien vague et 
‘ gratuite, ce Congrès va prouver que? nous sommes tuus du- 
: ment pénétrés de ce devoir. 

‘ MM., le but du Congrès dont j'ouvre en ce moment la ses- 
‘ gion, sera atteint si en nous séparant, nous constatons que 
‘ notre branche a fait quelques progrès essentiels, que le ca- 
‘© dre de nos connaissances s'est élargi, et que nous ressen- 
‘ tons le besoin de nous serrer cordialement la main, empor- 
‘ tant la conviction d’avoir contribué au bien-être de l;huma- 
‘t nité. | 

‘ Puissent y tendre et aboutir tous nos efforts.” 

| "s 

En taminant son discours, il nomma comme Présidents ho- 
noraires MM. Critchett, Bowman et W. Cooper, de Londres ; 
Giraud-Teulon, de Paris, Quaglino, de Milan; Hesse, de Mayen 
ce, et Cervera, de Madrid. 

Les membres inscrits pour prendre la parole sont ensuite 
appelés à tour de rôle et donnent lecture de leurs Communi- 
cations. Les séances ont été presque toutes absorbées par ces 
entretiens scientifiques et par les discussions auxquelles plu- 
sieurs ont donné lieu. 

Voici les paincipaux sujets qui ont été traités dans ce Con- 
grès, je ne fais que les énumérér pour cette fois, dans un pro- 
chain artiele, je reviendrai sur quelques-unes de ces commu- 
nécations : Tatouage dela carnée dans les opacités centrales, M. Ba- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 495 


der, chirurgien, oculiste de Guy’s Hospital. Modification dans 
la méthode de Grœfe pour l'extraction de la cataracte, M. Bribo- 
sia, directeur de l'Institut ophthalmique de Namur. Mécanis- 
me dé l'xccommodation, M. Dudgeon. Ophthalmoscope à plu- 
sieurs observateurs, M. Brudenell Carter, chirurgien, oculiste de 
St. George’s Hospital. Atrophie du nerf optique, M. Jabez 
Hogg, de Westminster, Ophthalmic Hospital. Amaurose céré- 
brale, M. Hunt de Manchester. 10. Opération de Passavant ; 
20. Emploi de léther comme anesthésique dans la chirurgie ocu- 
laire. M. Joy Jeffries, de Boston. Transplantation de la cor- 
née, M. Power, chirurgien en chef de Westminster, Ophthal- . 
mic Hospital. Sclérotomie dans le traitement du glaucôme, M. 
Quaglino. Nouvelle méthotle de faire l'Iridectomie dans Vope- 
ration de de Grofe.M. Taylor, de Nottingham. Tumeurs du 
gtobe oculaire, M. Vernoy. Traitement du Symblepharon par la 
transplantation, M. Bridgin Teale, de Leeds. Ophthalmoseopie 
binoculaire, M. Schroeter, de Leipzig. Nouvelle méthode de sec- 
tionner la cornée, dans l'opération de cataracte, et dans l'Iridec- 
tomie, M. Streatfield, de Moorfield’s Hospital. Kyste dermoide 
intra-orbitaire, M. Spencer Watson, de Central Ophthalmic 
Hospital. 10. Traitement chirurgical de la névrite optique, 20. 
De la greffe dermique én chirurgie oculaire, M. Weeker, de Paris. 
10. Ophthalmie sympathique. 20. Nouveau procédé d'extraction 
de la cataracte, M. Warlomont. Cataracte traumatique, M. 
Wolfe de Glasgow. Cas d'iridéremie unilatérale, M. Argyil 
Robertson d’Edinburgh. Emploi du systéme métrique pour le 
numérotage des verres de lunettes, M. Javal, de Patis. 10. Nou- 
velle méthode de sectionner l'iris, et d'exciser les strictures de la 
rébion pupillaire, 20. De quelques instruments nouveaux pour le 
traitement des obstructions des voies lacrymales. 30. De l'emploi 
de la tréphine oculaire dans le kératacône, M. Bowman. A la 
fin de la dérnière séance, M. Donders fit la démonstration 
d’un nouvel optométre dont il est l’auteur, et réfuta une as- 
sertion publiée dernièrement par le Professeur Foerster, qui 
prétendait que l’accommodation existait toujours dans l'œil 
malgré Pabsence du cristallin. 


4Ÿ6G : L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


Avant de se séparer, comme il fallait déterminer le lieu de 
la prochaine réunion du Congrès, MM. les oculistes améri- 
cains et espagnols présentèrent chacun une proposition, les 
premiers : pour que la prochaine gegsion fit tenue à New- 
York; et les seconds: à Madrid. Après une assez longue 
discussion, la majorité se déclara en faveur de New-York. Le 
prochain Congrès se réunira donc dans cette ville, en 1876. 
On ne pouvait mieux choisir, parceque dans cette mème année 
aura lieu la célébration du centième anniversaire de la Décla- 
ration d’Indépendance des Etats-Unis, et nous serons témoins 
en mème temps, des grandes fètes que se proposent de faire 
les Américains pour célébrer dignement ce centenaire. 

Vers 7 heures du soir, nous nous réunissions au Palais de 
Crystal pour le banquet des adieux ; un splendide diner nous y 
attendait, organisé par M. Soelberg Wells. -Au dessert, MM. 
Critchett, Williams, Delgado et Noyes prirent la parole pour 
porter divers {oasis et M. Warlomont qui était chargé de 
présenter la santé de M. le Président du Congrés, prononça un 
discours éloquent, où rappelant les progrès de lophthalmo- 
logie moderne, il en attribua une large partà M. Donders, 
et fit en mème temps un éloge pompeux de M. de Græfe et 
de sea admirables travaux, qu’une mort prématurée est 
venue interrompre trop tôt, aux grands regrets de tous les 
savants qui avaient eu l'avantage de connaitre et d'apprécier 
cet homme illustre. 

. Vers minuit, nous nous séparions en nous disant, au revoir 
a New-York, dans quatre ans. 

En dehors de la partie sérieuse du Congrés, nous avons eu 
aussi ce que je pourrais appeler, la partie amusante ; MM. 
Critchett et Bowman s'étaient surtout chargés de cette dernié- 
re, le premier en nous donnant une magnifique soirée musica- 
le et le second.en nous réunissant chez lui pour une conversa- 
sione, où nous avions le plaisir de rencontrer les premières 
célébrités scientifiques et: médicales de l'Angleterre. 

Paris, 20 Septembre 1872. _ 
Dr Ep. Dessanpins. 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 497 


-THERAPEUTIQUE. 


NOTE SUR L'EMPLOI DE L ARSENIC DANS CERTAINES AFFECTIONS 
‘ DOULOUREUSES DE L’ESTOMAC ET DES INTESTINS. 


‘Par M. Learep, méd. au grand hôpital de Londres. 


La douleur à la suite des repas est un symptôme très-com- 
mun de dyspepsie, et dans beaucoup de cas il semble à lui 
seul constituer toute la maladie. Cette douleur, ordinaire- 
ment, cède à un traitement médical et à un régime appro- 
prié. Mais il existe un autre genre de douleur gastrique 
beaucoup plus intense et plus pénible que celle qui suit les 
repas et que ne soulagent pas les remèdes ordinaires. J’ai 
déjà fait connaître de quelle manière on peut se rendre mai- 
tre de cette douleur et la faire disparaître (1), mais la ques- 
tion m2,semble.d’un assez grand intérêt pour donner lieu au- 
jourd’hui à de nouvelles remarques. | 

Quand elle a son siége dans l’estomac,la douleur dont nous 
nous occupons se produit, chez le même individu, tantôt 
dans l’état de plénitude, tantôt dans celui de vacuité. Mais 
il est des cas où la présence d'aliments dans l'estomac en est 
manifestement la cause excitante. Le cas type est celui dans 
lequel il existe une douleur indépendante de l'acte de la di- 
gestion. Dans cette forme, elle saisit communément le pa- 
tient au milieu de la nuit sans être précédé ni suivie 
d'ancun symptôme dyspeptique. La douleur, dans ces 
cas, qui heureusement ne sont pas très-communs, est d’une 
int nsité excessive el s'accompague d'une prostration alar- 
mante,d’une diminution de l’action du cœur, de päleur et de 
sueurs froides. L’eau-de-vie et d’autres stimulants procu- 
rent quelque soulagement, mais bien peu marqué, et après 
une période d’angoissse qui dure parfois plusieurs heures, l’at- 
taque cesse aussi soudainement qu’elle a commencé. 





(1) Notes sur l’efficaeité de l'arsenic dans certaines espèces de gastral- 
gies,t. LX XVI, p. 49, du Bulletin de thérapeutique, 


498 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


Les personnes d'âge oyen qui ont subi des chagrins et se 
sont trouvées sous l'influence de causes qui’peuvent exercer 
une action déprimante sur le moral, sont particulièrement 
sujettes à cette affection de l'estomac à l’état de vacuité. Le 
docteur Budd a également noté les troubles intellectuels 
comme une des causes excitantes de ce genre de désordre, . 
et il ajoute “ qu’il est étroitement allié au pyrosis.” C'est 
là une manière de voir que je ne saurais partager, car, sans 
entrer dans la question difficile de la nature du pyrosis, il 
suffit de dire qu’un remède particulier qui guérit l’une de ses 
affections, se montre nuisible dans l’autre. 

Une expérience plus récente m’a enseigné que les intestins 
et spécialement l'intestin grèle,sont susceptibles d'être le sié- 
ge de ce mème genre de douleur. Je ne comprends pas la- 
dedans, bien entendu, les coliques causées par des effets du 
plomb ; mais dans plus d’un cas,des douleurs prises pour des 
attaques de cette affection, se présentant sans causes appré- 
ciables à des intervalles plus éloignés ou plus courts, sont 
dues à la mème cause. Car, que la douleur s'attaque à l’es- 
tomac ou aux intestins, sa nature est la même ; elle est es- 
sentiellement névralgique. C’est de cette circonstance que 
dépend le succès du traitement qui fait l’objet de la présente 
note, lequel consiste dans l'emploi judicieux et méthodique 
de Parsenic. | | 

Comme on peut le supposer, il existe parfois d'assez grandes 
difficultés de diagnostique entre la forme névralgique et les 
formes les plus communes de douleur gastro-intestinale. La 
meilleure règle de pratique consiste quand la douleur gastri- 
que ou intestinale résiste à tous les traitements ordinaires,et 
‘qu'elle ne peut être attribuée ni à des calculs biliaires ni . 
aucun point de départ organique, consiste, dis-je à essayer, 
à titre de pierre de touche, quel effet pourra avoir sur 
elle l’action du remède que nous croyons devoir recom- 
mander ici. Grâce à cette méthode, j'ai réussi à obtenir plu- 
sieurs guérisons. Par contre, le traitement arsénical s’est 
trouvé en défaut dans deux cas où, d’après le diagnostique 


L'UNION MÉMCALS DU CANADA. | 499 


que j'avais cru pouvoir admattre, il aurait dit réussir. Dans 
ces deux cas, les malades étaient des femmes ayant dépassé 
lage moyen, de constitutign robuste, mais qui faisaient un 
usage trop peu modéré.des expitants alcaaliques. 

C'est dans les cas de douleur paroxystique intense que les 
effets curatifs de l’arsenic se montrent le plus frappants, tan- 
dis que son efficacité devient douteuse à proportion que le 
cas se rapproche davantage de ceux où la doujeur,moing vive, 
péut être rapportée à l'influence des alimynts. Lorsqu'il s’a- 
git de déterminer si un cas comporte l'indication du traite- 
ment arsénical, il est des circonstances qui peuvent grande- 
ment venir en aide. La maladie est-elle survenue à la suite 
d'une secousse morale ou d'une 4preuve pénible ; le patient 
a-t-il été, sans qu’il puisse y avoir d'erreur sur ce point, affec- 
té antérieurement de n’évralgie ; a-t-il vécu dans une contrée 
marécageuse ; plus particulièrement, a-t-il été sujet à la mi- 
graine ou à la flavre intermiftente ; en sus de l’existence de 
l'une ou de plusjeurs de ces circonstances, la douleur s’est- 
elle manifestée sous forme d’accés, on sera presque certain 
de la voir céder à arsenic. Mais, ainsi qu'il a déjà été dit, 
il est d’autres cas appropriés au traitement ef ce ne sont pas 
les moins nombreux, dans lesquels la douleur ressemble de 
très près à celle qui accompagne la dyspepsie. Il est quel- 
quefois d’une extrème difficulté d'établir le diagnostique en- 
tre les douleurs névralgiques de l'estomac ou des intestins et 
celles que déterminent les calouls biliaires, Je me suis ef- 
forcé de donner dans mes articles précédents les moyens d’é- 
viter une telle erreur, et cé sara d'ailleurs au praticien, aver- 
ti, de faire ses efforts pour n’y pas tomher . 

Il suffira de peu de mots ralativement à la préparation par. 
ticulière d'arsenic à laquelle il convient de recourir et aux 
limites dans lesquelles il en fant renfermer l'usage. Dans la 
plupart des cas, la liqueur arsénicale (Fowler) répond à toutes 
les indications et à tous les besoins ; mais quand l'organisme 
est plus sensible que dans. les cas ordinaires à l'action de cette 
substance, la liqueur d’areéniale de soude (Pearson) parait 


500 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


être moins irritante, tandis que dans d'autres cas, peu nom- 
breux, c'est à la solution d'acide arsénieux qu'il faut donner 
la préférence. Quelle que soit la préparation dont on ait fait 
choix, elle doit toujours être prise immédiatement après le 
repas, et, ‘encore bien qué l’action avantageusé puisse s’en 
manifester auparavant, il convient néanmoins d’en continuer 
l'asage jusqu'à la production bien marquée des effets consti- 
tutionnels connus Malgré tout ce qu'on a pu dire dans le 
sens contraire, -je ne pense pas que l'emploi bien dirigé de 
Yarsenic à dose médicamenteuse soit jamais suivi d'aucun 
dommage pour l'organisme. 

Les courtes notes qui suivent mettront en lumière l’atilité 
du traitement arsénical dans les cas où la douleur se trouve 
accrue par l’ingestion des aliments, ainsi que ses effets ‘dans 
ceux où ce sont les intestins. qoi sont lu siége de l'affection : 

Une dame, âgée de quarante ane, qui avait éprouvé des re- 
vers de fortune à la suite de la mort de son mari, deux ans 
auparavant, me fut adressée, en janvier 1869, par son méde- 
cin qui me dit avoir épuisé tous les moyens ordinaires, v 
compris les régimes lacté et farineux, avec abstinence com- 
plète de viande, mais sans réussir le moins du monde à sou. 
lager cette malade de ses souffrances. Celles-ci consistaient 
en une douleur constante dans la région gastrique, s’éten- 
dant, en vontournant le côté gauche, jusqu’à la partie médiane 
du dos. Cette douleur'était accrue par les repas, spéciale- 
ment par le déjeuner et le thé, et parfois elle allait jusqu’à 
une angoisse extrême. Assez soûvent il survenait des vomis- 
sements, et dans ces cas il y avait à la suite quelque soulage- 
ment. Ilexistait en même temps un état do flatulence très- 
prononcé, une sensation d’oppression épigastrique et une 
constipation opiniâtre. La patiente, qui était naturellement 
d’une assez forte corpulence, avait perdu plus de 50 livres de 
son poids. Elle fut ‘immédiatement mise au traitement par 
l‘arsenic, et il.s’ensuivit une prompte amélioration. On conti- 
nud le. traitement à.doses croissantes; jusqu’à l'apparition 
bien nettément accusée des effets physiologiques du médica- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 501 


ment (dans ce cas démangeaison des paupières et sensibilité 
de la plante des pieds avec éruptidn‘rouge surleurs bords). 
A cette époque la cure pouvait êtré considérée comme com- 
plète ; la malade, guérie, reprit rapidement son embonpoint 
- et ses forces, et depuis la santé est restée satisfaisante. 

Les symptômes chez le sujet dont il vient d’être question, 
ressemblaient à ceux de l’ulcère de l'estomac ; mais ce fait 
due le régime lacté et farireux, les augmentait au liea de les 
diminuer, se trouvait en contradiction avec cette hypothèse. 

Un monsieur, âgé de vingt-huit ans, engagé dans des spé- 
culations commerciales importantes, vint me consulter vers 
‘le commencement de cette année. Il était sujet depuis long- 
temps à une douleur sourde et cependant très pénible dans la 
région ombilicale, douleur qui revenait deux heures envi- 
ron après le repas. Pendant les trois semaines précédentes, 
elle s'était manifestée quotidiennement après chacun des trois 
repas de la journée. Les liquides, même l’eau pure, la faisaient 
naître encore plus qué les aliments solides. Il n’y avait nifla- 
tulence ni autres troubles dans l'estomac, et les gardes-robes 
étaient régulières. Plusieurs traitements avaient été con- 
tinués sans amener aucune amélioration. II est à noter que 
le malade avait eu, deux ans auparavant, une névralgie tem- 
porale du côté droit. Deux jours après le commencement de 
Yemploie de la liqueur de Fowler, il y avait déjà un notable 
soulagement ; le même moyen fut continué trois semaines en- 
core, jusqu’au moment où les effets physiologiques se mani- 
festèrent du côté des yeux, et à cette époque la maladie avait 
complètement disparu.—{#éd. Times and Gas.] 


ns me mm) 


MÉMOIRE SUR LA PLEURESIE ET LA .THORACEN- 
TÈSE ; 


PAR M. LEREBOULLET.—RAPPORT FAIT A LA SOCIÉTÉ MÉDICALE D’É- 
MULATION, DANS LA SÉANCE DU 6 JUILLET 1872, par M. WIDAL, 
MEDECIN-MAJOR DE re. CLASSE. 

M. le docteur LerebouHet, répétiteur à l'École de médecine 
militaire a présenté, à l'apphi de sa candidature au titre de 


502 L'UNION MÉDICALE DE CANADA. 


membre correspondant de la Société médicale d’émulation, 
un mémoire imprimé intitulé : Plewrésie et thoracentése. 

.Ge mémoire, en raison des débats dont la thoracentèse est 
l'objet en ce moment, tant à l’Académie de médecine que 
dans la Presse médicale, offre un véritable intérêt d'actualité. 
M. Lereboullet, s'appuyant sur ses propres observations et 
sur celles qu’il a recuillies ailleurs, formule ses opinions 
dans uu certain nombre de propositions que nous ne pou- 
yons que résumer ici. 

Dans les formes héuignes de la pleurésie, dit l’auteur, l'é- 
panchement peut se résorber rapidement, sans l'intervention 
de la thoracentèse et disparaitre avec la chute de la fièvre. 
Aussi ne doit-on pratiquer la ponction qu’une fois l’apyrexie 
bien établie. Tant que Ja fièvre dure, l'épanchement qui pa- 

Fait être sous sa dépendance peut augmenter. Nous avons 
pu vérifier nous-même ce fait, ces jours derniers, à la suite 
d'une thoracenthèse, pratiquée pendant la durée de la fièvre. 
Celle-ci n’a été nullement enrayée par l'opération, contraire- 
ment à l’assertion de certains observateurs ; le liquide est re- 
monté rapidement à san niveau primitif, et ce n’est qu'après 
labaissement du pouls et de latempérature que sa résorption 
a commencé, 

Pour M. Lereboullet, l'indication de pratiquer la ponction 

. du thorax existe non-seulement dans les cas où la vie du ma- 
lade est mise en danger par une dyspnée excessive ou des 
menaces de suffocation, mais encore dans les cas où l’épan- 
chement trés abondant ne détermine pas ces troubles fonc- 
tionnels. Non-seulement la ponction met fin aux menaces 
d’asphyxie, mais elle hâte la résorption de l’épanchement, ré- 
sorption qui demande généralement un temps trés-long. M. 
Lereboullet cite plusieurs observations où la guérison a été 
radicale après la tharacenthése. Tout le monde en pourrait 
faire autant ; mais les cas de guérison, très-lents après une ou 
plusieurs ponctions, ne sont pas moins commune, et peut-être 
la conclusion de l’auteur est-elle trop hâtive et repose t-elle 
trop exclusivement sur les faits beureux qu'il lui a ét6 donné 
d'observer. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 503 


Pour lui, la thoracentèse est toujours sans danger, et l’in- 
troduction accidentelle de quelques bulles d'air dans la plb- 
vre n'offre rien d’alarmant. Cela est .vraï en: général, mais 
nous avons été maiheureurxement témoin d’un'faitoù Fépan- 
chement est devenu purulent à la suito de l'entrée d'une très- 
faible quantité d'air dans la poitrine, On ne saurait donc 
s’entourer de trop de précautions. Le procédé de Reybard 
est, selon M. Lerebouillet, supérieur à tous les autres, et d’a- 
près les faits qu'il a recueillis, la reproduction de l'épanche- 
ment serait plus commune après le thoracéntése capillaire et 
l'aspiration, qu'après le procédé ordinaire. On comiprénd 
difficilement cette différence et les faits ailégués par l'auteur 
ne nous paraissent pas assez nombreux pour justifier sa qar- 
clusion, si timidement qu'elle soif préseritée. 

Les pleurésies lutentes, auquelles l’auteur consacre un cha- 
pitre spécial et très intéressant, ne.se caractérisënt, sekon: lui, 
que par la lenteur avec laqueHe se produit et se. résorbe. le 
liguide épanché La pleurésie latente est; le plus souvent, 
une pleurésie chronique d'emblée, dont le liquide -est très- 
limpide et difficilement coagulable à lair. Ges pleurésies se 
reproduisent par poussées successives, et parfois s’accompa- 
guent de fièvre hectique, sans être purulentes. Toutes récla- 
ment la thoracentése, et plus tôt elle sera pratiquée, plus 
grandes seront les chances de guérison, et moindres celles 
d’une tuberculisation ultérieure. Mais lorsque les tubercu- 
les existent en même temps que l'épanchement, faut-il ou 
non ponctionner le thorax ? L'auteur, sans doute, faute d’ob- 
servations personnelles, ne s'occupe pas de cetté question 
qui a son intérêt et qui a été si diversement résolue. 

Pour ce qui est des épanchements purulerits, M. Lereboul- 
let ne les croit pws susceptibles d’un mode de traitement 
unique et toujours fe même. Les ponctions successives, 


_ comme Pempyeme et le drainage, ont leurs indications spé- 


ciales, mais aucune des deux méthodes ne saurait être em- 
ployée exclusivement. Ces indications, dit l’auteur avec 


raison, doivent être tirées de l’état anatomique du poumon, 


504 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


état qui dépend de l’ancienneté de l'affection. Si le poumon 
est rendu imperméable par une longue compression, l'em- 
pyème, aidé du drainage, devient évidemment nécessaire 
et le traitement est celui d'un abcès où l'accès de l'air ne 
saurait offrir de grand danger. Si, au contraire, apres une 
première ponction on constate que le poumon se dilate et 
qu'il n’est pas bridé par des adhérences, on peut refermer la 
plaie et recourir à des ponctions ultérieures faites à l'abri 
de l'air. 

Tels sont les principaux faits coutenus dans la brochure 
de M. Lerebouillet. Ce mémoire, écrit dans des vues pure- 
ment pratiques, dénote chez son auteur de l'expérience jointe 
à un jugement sain, s'azpuyant sur des observations con- 
sciencieuses et sur de nombreuses lectures. M.Lerebouillet 
est d’ailleurs un des médecins les plus distingués et les plus 
laborieux de l'armée et, quoique jeune encore, il est l’auteur 
de plusieurs travaux originaux de physiologie. A tous ces 
titres, il se recommande à la bienveillance de la Société 
qui trouvera en lui un coloborateur aussi intelligent que 
2616.—L’ Union Médicale, (France). 


TRAITEMENT DU PHAGEDENISME DES CHANCRES 
PAR LE CAMPHRE EN POUDRE. 


Nous venons de recevoirde M le docteur Baudouin, de 
Rennes, la lettre et le petit travail qui suivent : 





Monsieur et très honoré confrère, 


Je prends la liberté de vous envoyer une petite note conte- 
nant trois observations très succintes sur le traitement du 
chancre phagédénique par la poudre de camphre en panse. 
ments. Cette méthode m’a été inspirée par l'emploi que fait 
de cet agent contre la pourriture d'hôpital, et cela avec le 
plus grand succès, M. le docteur Netter, médecin principal à 
l'hôpital militaire de Rennes. Jusqu'à présent le succès a 
répondu outre mesure à mon attente, et je crois dans l’intérût 
de l'humanité, utile de propager autant que possible cette 


.L'UNION MEDICALE DU CANADA. 50a 


méthode de traitement, si.simple, ai. facile à appliquer et sur- 
tout si efficace, étant plus que tout autre, à Rennes, à même 
de voir un nombre considérable de ces affections. Je Çomp- 
te poursuivre avec persistance ces observations, et, méme ap- 
pliquer ce mode de traitement aux ulcérations primitives 
non phagédéniques. Si.vous le désirez, je vous ferai part de 
mes observations et si vaus les jugez dignes de paraitre dans 
votre excellent journal, je vous prierai de leur y trouver une 
toute petite place. Les trois observations que je vous envoie 
aujourd'hui ont un caracière d'actualité incontestable ; car 
M. le professeur Gosselin fait en ce moment à l'hôpital de la 
Charité des essais sur la poudre de camphre contre la pour- 
riture d'hôpital, d’après la méthode de M. Netter, et déjà ila 
obtenu des succès remarquables. Vous seriez bien aimable 
de vouloir bien publier ces observations dans votre prochain 
numéro de l’Abeille Médicale. 

Veuillez, j je vous prie, agréer, etc. 

Voici maintenant les observations : 

fo. En février dernier, j'avais déjà trailé un chancre pha- 
gédénique par toutes sortes de moyens (vin aromatique, pom- 
made de calomel, solution de tartrate de fer et de potasse, 
cautérisalion avec le nitratre d'argent, pommade au stéarale 
de fer préconisé par M. Ricord, un excellent maître, avec trai- 
tement général approprié). Cependant Vulcération ne ces- 
sit de suivre depuis cinq semaines sa marche envahissantr, 
quand j'entendis parler de l'emploi de la poudre de camphare, 
par M. Netter, contre la pourriture d'hôpital : j'eus l’idée d’es- 
sayer celte médication contre les chancres phagédéniques. 
Les pansements furent faits quatre fois par joar ; ils consis- 
taient en une couche aussi épaisse que possible de poudre de 
camphre, appliquée sur l’ulcère et recouverte d'un plumas- 
seau de charpie fine. Or, dès le surlendemain de la première 
application, toute douleur avait cessé, l'inflammation était 
tombée et des bourgeons charnus apparaissaient au milieu de 
la matiére grise. Huit jours après, la plaie était compiète- 
ment à la période de réparation. 


506 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


20. Dans le mois d'avril, j'eus à traiter un vénérien qui 
était dans un état horrible ; gland triplé de volume, entiére- 
ment recouvert jusque derrière la couronne de matière grisA- 
tre avec suintement fétide et sanieux, — prépuce énormé- 
ment œdématié et parsemé de petits ulcères également phagé- 
déniques, mais séparés entre eux par de la peau saine. —Cet 
état qui s'’aggravait tous les jours durait depuis environ un 
mois. Or, ici encore, une modification rapide de l’ulcère a 
été obtenue dans l’espace de cinq jours avec le simple panse- 
ment à la poudre de camphre, à la grande satisfaction du 
malade si heureusement délivré de douleurs insupportables : 
quinze jours après la guérison était complète. 

30. Enfin je viens d'obtenir un succès du même genre chez 
M. X..., officier d'artillerie, arrivé de Paris le 11 du présent 
mois, après y avoir été traité depuis le 27 Juin par les 
moyens ordinaires ct variés, mais sans succès. À son arrivée 
à Rennes, le 11 Aout, la plaie était de la grandeur d'une 
pièce de cing francs en argent avec les caractères les plus 
tranchés du phagédénisme, et aujourd'hui, 14 août, la trans- 
formation obtenue est déjà telle, que non seulement toute 
trace d'état pultacé a disparu, mais encore le bourgeonne- 
ment s’est fait si rapidement qu'aujourd'hui, après 9 jours de 
traitement, la plaie se trauve réduite aux dimensious d'une 
pièce de cinquante centimes. 

C'est véritablement merveilleux. 


Renne 18 Août 1871. 


Dr. Baunouix. 


PATHOLOGIE ET THÉRAPEUTIQUE. 


CAUSES DE L’OPHTHALMIE D'ÉGYPTE. 


Les médecins qui ont eu l’occasion de visiter l'Égypte au- 
ront été sans doute, comme je l’ai été moi-même, frappés pé- 
uiblement de voir la multitude d'aveugles qu’on rencontre à 
chaque pas, surtout au Caire, et qui rappelant à l'esprit la 
conjonctivité purulente décrite dans les livres classiques, 


L'UNION MÉDIÜALE DU CANADA. 507 


porte nécessairement à réfléchir sur Ia climatologie de ce 
pays et à chercher les causes d’un mal si funeste. 

Qu'y a:t1l de particulidr au voisinage du Nil pour rendre 
endétniqué cette forme d’ophthalmie, aves une fréquence et 
ane intensité qu'on ne trouve pas ailleurs ? 

Tous les auteurs, dans Pincertitude ou l’obscnrité où ils se 
sont trouvés à ce sujet, 'ont accusé à la fois ia réverbération 
du soleil, sa vive réflexion par an sol sablonneux et nu de 
végétation, les nuages de poussière soulevés par les vents du 
désert, ainsi que lu grande chaleur du jour et la fraicheur 
de lanuit. Et cependant, ni l'intensité de la lumière, qui 
agit seulemeut sur la rétine. ni la poussière ou le sable qui 
accidentellement s'élèvent dans l'air, ne suffisent à expliquer 
l'apparition d’une conjonctive aussi grave, et qui est méme 
contagieuse et fréquemment ‘éprdémique. 

C'est pourquoi je l'avais attribuée exclusivement au froid 
des nuits ({) dû au fort rayonnement de la chaleur par le 
défaut des nuages, en l’assimilant ainsi aux catarrhes, à 
cette classe d’affections qui reconnaissent pour cause un 
refroidissement, la supression de la transpiration. J'avais 
été conduit à cette opinion par les. faits que voici: M’étant 
appliqué à observer de la terrasse de l'hôtel les constellations 
visibles au Caire (c'était au mois de juin 1868), j'avais bien: 
tôt commenté A sentir aux yeux une ardeur qui évidemment 
était due à l'influence de l'air et aon pas à la lumière. 

La même chose arriva à mon compagon de voyage, qui eul 
la conjonctivite déclarée le lendemain ; et cependant nous 
n’avions rien éprouvé à cet égard pendant la journée, malgré 
a chaleur, la réflexion du soleil et la poussière qui nous incom- 
” modaientdans nos excursions. D'un autre côté, l'observation 
démontre que les personnes qui dorment dans ces lieux à Ia 
belle étoile subissent presque infailliblement l’ophthalmie, à 
moins qu'elles ne prennent la précaution de se bien couvrir la 





(1) Voy. mon Viaje de América à Jérusalem, tacando en Paris, Londres, 
Lorelo, Rome y Egiplo’ Paris, 1869. 


508 L'UNION MEDICALE DU CANADA. ‘ 


figure, pour empècher que le serein ne pénètre dans les yeux. 
Un vieux moine des religieux de Jérusalem, qui a parcouru 
les déserts d'Afrique couchant sans tente, de crainte d'être dé- 
couvert et enlevé par des Bédouins, me parlait de la mauvai- 
se influence du serein sur l’ophthalmie, et de la nécessité de 
se bander les yeux, comme de choses très-connues. 

J'ajouterai, en outre, qu'obligé de continuer notre voyage 
quelques jours après, aussitôt que mon camarade fut asser 
soulagé, quoique ayant encore les conjectives un peu injec- 
tées, nous marchâmes peudant la nuit, pour éviter le soleil, 
ce qui exaspéra certainement plus la maladie que si nous 
avions voyagé le jour. 

Cependant, moi-mème je n'étais pas très-satisfait de cette 
explication, et en réfléchissant, j'ai à la fin changé d'opinion. 
Pourquoi dans les plateaux élevés des Andes, à Bagota, par 
exemple, où le rayonnement nocturne de la chaleur fait 
descendre le thermomère mème au-dessous de zéro, de telle 
sorte que les récoltes gèlent parfois, ne voit-on pas cependant 
l'ophtalmie dont nous parlons ? Ce n'est donc pas le froid, 
soit la difference de température entre le jour et la nuit, qui 
peut faire de l'Egypte un foyer spécial de cette maladie. 

Continuant à considérer lair de la nuit, ou plutôt le se- 
rein comme la cause réelle de cette affection, je crois à pré- 
sent que ce n’est pas par le froid qu'il agit, mais parce qu'il 
contient quelque chose de particulier, quelque principe qui 
lui est propre dans ces contrées. Et quel peut être ce prin- 
cipe ? Aujourd'hui que la doctrine des germes organiques, 
des infiniment petits, comme on les à appelés, considérés 
comme causes de maladies, est à la mode en patüologie ; 
aujourd'hui que les bellas observations de MM. Pasteur, 
Tyndall, Hallier, Werthein, Zurn et Salisbury ont démontré 
l'existence de spares microscopiques dans l'air, dans les ma- 
tières altérées, dans divers virus et dans certains liquides 
excrétés par l'économie ; aujourd’hui, dis-je, c'est l’idée qui 
s'offre naturellement à l'esprit quand on pense à lopthalmie 
purulente endémique. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. - 509 


Telle est en définitive mon.opigion. Je crois que l’atmos- 
phère de ces localités où l'on observe l’ophthalmie endéu:.- 
que, doit tenir en suspension des cellules végétales, distinctes 
de cellas des. Palmelle qu'on a trouvées dans les émanations 
paludéennes, et que ce sont-elles qui, en se précipitantle soir, 
entrainées par l’humidité qui se condense ei qui leur ‘sert de 
véhicule, vont se déposer sur la conjonctive pour y germer, 
constituant ainsi la maladie. Ajusi s’expliquerait lendémi- 
cité de celle-ci, et son caractère contagieux. D. 

J'engagerais les médecins de l'Egypte à faire quelyyes re; 
cherches.dans ce sens, à mettre dehors, le soir, quelques car- 
reaux de verre. placés harizontalement comme l'a fait Salis- 
bury; ou bien des ballons contenant} de la glace, ou simple- 
ment de l’eau froide, pour recueilbr le serein ou l'humidité 
qui se dépose à la surface, afin de. l’examiner au microscope, 
et, surtout, d’expérimenter ses effets, en l'instillant dans les 
yeux de quelques animaux. 


Dr. A. Posapa-Araneaq. 
(Abeille Médicale.) ; 


SOCIETE MEDICALE DE MONTREAL. 


SÉANCE DU 29 SEPTEMBRE 1872. 


Présidence du Dr. J. W. Mount. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté 

Proposé par le Dr. J. G. Biband, seaqudé par le Dr. A. Da. 
genais : que le Dr. L. Brossard (de Laprairie) soit admis 
membre actif. Adopté. 

Proposé par le Dr. A. Laramée, secondé par .le Dr. L. 
Quintal : que le Dr. Boissy (de Memramoook, N..B.) soit ad- 
mis membre actif. Adopté. 

Le Comité nommé à la séance précédente pour prendre les 
moyens de célébrer l’anniversaire de la fondation de la So- 
ciété Médicale fait le rapport suivant : 

Votre Comité, nommé le 48 Septembre 1872, pour faire rap. 


e 


510 ‘L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


port sur les moyens à prendre pour célébrer l'anniversaire de 
la fondation de la Société Médicale, s’est assemblé, au com- 
plet, le même jour et a résolu de proposer un banquet en s'as- 
surant des conditions auprès de l’hôtelier et du concours des 
membres de la Société. Subséquemment, le 23 courant, à la 
demande du Dr. J. G. Bibaud, le comité s’est réuni de nouveau 
et convaincu de l'impossibilité d'obtenir ce concours unanime 
en est arrivé à la conclusion de renvoyer à une époque ulté- 
rieure la célération de l'anniversaire de la fondation de la So- 
ciété Médicale. 

Furent présents : les Drs. J. G. Bibaud, A. Dagenais, L. J. 
P. Desrosiers, F. X. Perrault et A Laramée, secrétaire. 

Proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. F. X. 
Perrault que le rapport soit adopt. 

Cette proposition 6tant mise aux -voix, l'assemblée se divise 
également. Le Président appelé à donner sa voix. prépondé. - 
rante se prononce en faveur de la motion. 

Le Dr. L. Quintal donne avis qu’il proposera à la prochaine 
séance le Dr. J. A. Tramblay (de Malborough Mass. E. U,) 
comme membre actif. 


Et la séance est levée. 
Dr. GEORGES GRENIER, 


Sec. Trés. S. M. 


SÉANCE DU 9 OCTOBRE. 


Présidence du Dr. J. E. Coderre. 

‘Officiers présents : Drs. J. W. Mount, O. Bruneau, G. Gre- 
nier. 

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 

Proposé par le Dr. L. Quintal, secondé par le Dr. A. Meu- 
nier, que le Dr. J. A. Tremblay (de Malborough, Mass E. U.) 
soit admis membre actif.—Adopté. 

Le Secrétaire donne lecture du rapport annuel du Conseil 
de la Société Médicale. 

Votre Conseil, pour se conformer aux règlements, a l’hon- 
heur de vous soumettre son premier rapport annuel, com- 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 311 


me résumé des travaux de la Société et comme renfermant 
une appréciation de sa marche et de ses progrès durant l'an- 
née 1871-72. 

Lors des réunions préliminaires pour la fondation d'un 
journal de médecine, quand l’idée fut émise de former une 
association parmi les médecins parlant la langue fran- 
çaise, tous comprirent l'importance et la nécessité d'une pa- 
reille institution et les heureux résultats qu'elle pourrait 
produire en élevant le nivedu de la profession médicale dans 
ce pays. Cette idée aceueillie avec empressement fut aussi. 
tot réalisée par la fondation de la Société Médicale. 

Votre Conseil est heureux de constater que la plupart des 
médecins de la ville et plusieurs de nos confrères de la 
campagne ont voulu profiter dds avantages que présente 
votre Société. © Vingt-sept médeciris se sont inscrits. com- 
me membres fondateurs. Dane le courant de l'année, 
trente nouveaux noms sont venus augmenter notre liste et 
-perter le nombre tetal des membres actifs à cinquante-sept. 
Sur ce nombre trente-sept résident à la ville et vingt sont des 
praticiens de la campagne. Em'outre, deux membre coyrres- 
pondants ont été admis selon lés dispositions de l’article onze 
des règlements. Si les circontances ont pu empécherquelques- 
uns des membres de la profession én cette ville de ge joindre 
à nous durant l’année dernière, nous espérons pouvoir les 
compter bientôt au nombre des membres actifs de la Société. 
En recrutant nos membres parmi les médecins parlant la 
langues française, nous n'entendons pas affirmer en principe 
que la science reconnaisse des distinctions de nationalité, 
mais nous constatons seulement, ce qu'une expérience anté- 
rieure nous avait démontré, savoir : l'impossibilité de faire 
fonctionner avec succès une institution comprenant des mem- 
bres s'exprimant dans un langage différent. Aussi en cons- 
tatant les succès obtenus jusqu'à présent par votre Société, 
sommes-nous heureux de voir que sa fonddtiog na sui en 
aucune manière au fonctionnement de la Société Médico- 
Chirurgicale et nous ne doutons pas que tous les membres 


512 L'UNION MÉDICALB DU CANADA. 


de la Société Médicale ne fassent des vœux pour la prospé- 
rité de cette association qui poureuit le méme but que la 
votre. 

Le Conseil'est heureux de constater que toutes vos réunions 
ont été bien remplies. 

Comme le veut la constitution, les séances | ont eu lieu 
tous les quinze jours en hiver, et tous les mois en été En 
outre, la multitude et l'importance des questions soumises 
àvotre examen ‘ont nécessité la convocation de plusieurs 
séances extraordinaires, ce quien porte le nombre total à 
vingt-deux. 

{} serait trop long d’énumérer tous les sujets qui vous ont 
occupés durant l’année dernière, il suffit de mentionner ici 
l'observation médicale du Dr. 3. W. Mount, la lecture du Dr. 
O. Bruneau sur le vacein, celle du Dr. A’ B. :Larocque sur 
l'hygiène et les statistiques vitales, les trois lectures du Dr. 
J.E. Coderre sur la vaccination et les intéressantes discus- 
sions qui ont eu lieu sur ces différents sujets ainsi que sur 
l'éthique médicale, l'acte médical projeté et.le tarif. 

Nous avons adopté l'excellent code d'éthique médicale de 
l'Association Médicale Canadienne et pris les moyens de ja 
mettre-en vigueur parmi nous. Nous sommes heureux de 
constater qu'aucune contravention n’a été signalée et nous 
espérons que la conduite des membres de 1a sociéte sera tou- 

-jours marquée par cette adhésion qu'ils semblent donner 
anx règles du Code d’Ethique Médicale. 

En nous fournissant un motif de réunion et l'occasion de 
se mieux Connaître, la Société a servi à cimenter l'union qui 
doit exister entre les membres de la profession médicale. 
Souvent des malentendus s’élévent entre les membres de la 
profession qu'une explication franche et sincère peut faire 
disparaître facilement. Rien n’est plus propre que nos réu- 
nions à atteindre ce résultat désirable ét par snite à empé- 
cher ces récriminatiôns qui jettent du diserédit sur leurs au. 

tears en réjeillissant, sur la profession elle-même. 

Nous avons aussi discuté pendant ‘plusieurs séances le pro- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 513 


jet d'acte médical et les amendements proposés par le .Dr. J 
P. Rottot et nous sommes heureux de vous apprendre que 
l'opposition que nous avons soulevée contre l'action médical 
projeté a contribué au rejet de cette mesure. 

. Quoique opposés à ce projet, nous avons reconnu l'urgence 
d'améliorer l’état de choses actuel etnous sommes convaincus 
que la sociétés cherchera pour’sa part les moyens: d'amener 
cet heureux résultat. 

Nous avons adopté un tarif pour les médecins de la ville 
dans le but de le faire adopter par la Législature ; nous tra- 
vaillons, en ce moment, avec l’aide de nos confrères résidant 
en dehors de la ville au tarif des médecins de la campagne et 
nous espérons que la société continuera à poursuivre ce but. 

Tout en cherchant par l'élaboration de ces différentes me- 
sures à améliorer l’état actuel de la profession médicale nous 
espérons que les membres se feront un devoir, durant l’année 
que nous inaugurons, de préparer des travaux sur des dujets 
scientifiques. En étant soumis au creuset de la discussion, 
ces travaux acquerront une plus grande valeur et contribue. 
ront plus efficacement au progrès de la science. 

Dans une prochaine assemblée, vous serez appelés À discu- 
ter un bill concernant l'anatomie que le Dr. L. D. Lafontaine, 
M. P. P., a bien voulu soumettre à votre examen. Nos lé- 
gislateurs ayant reconnu que les études anatomiques étaient 
nécessaires et indispensables à la pratique de la profession 
médicale, doivent chercher les moyens de procurer aux étu- 
diants en médecine les sujets dont ils ont besoin pour se mettre 
d’accord avec la loi et de faire disparaître ainsi le malaise créé 
par Pétat de choses actuel. Vous aurez bien’ mérité de la 
profession et du pays en général si vous trouvez ies moyens 
de régler cette question délicate et importante d'une manière 
juste et équitable pour tous. DES 

Il serait peut-être aussi à propos de discuter l'idée émise par 
le Dr. A. Dagenais d'ouvrir un concours pour le meilleur ou- 
vrage sur un sujet médical. 

Un sujet d’une grande importance, qui devrait attirer l’at- 


614 L'UMION MÉDICALE DU CANADA. 


tention de la Société serait l'établissement d’une caisse d’E- 
pargnes pour la profession médicale de la province de Québec. 

Nous sommes heureux de vous apprendre que les finances 
de la société sont dans un état prospère, et nous vous réfé- 
rons au rapport du Secrétaire-Trésorier, ci-joint, pour plus 
amples détails. | 

Nous ne pouvons terminer ce rapport sans offrir nos re- 
merciments les plus sincères aux professeurs de l'Ecole de 
Médecine, pour la libéralité avec laquelle ils ont mis leurs 
salles à la disposition de la société. 

En résumé, les résultats obtenus pendaat notre première 
_ année d'existence, sont des plus satisfaisants. Après avoir 
jeté un coup d'œil en arrière sur les travaux accomplis, nous 
sommes d'opinion que la position actuelle de la société, l’a. 
venir qui lui semble réservée et le bien qu'elle est appelée a 
produire réalisent l'espoir de ses fondateurs et doivent enga- 
ger tous les membres à travailler avec un redoublement de 
zèle pour assurer le succès et en aocroître la prospérité. 

Le Secrétaire donne ensuite un état des recettes et des dé- 
penses pour l’année 1871-72, 

Sur motion du Dr. J. W. Mount, secondé par le Dr. E. 
Boissy, les deux rapports sont adoptés 

Les électians des officiers de la Société étant à l’ordre du 
jour, les Drs. H. Peltier et F. X. Perrault sont nommés scru- 
tateurs sur motion du Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. C. 
M. Filliatrault. 

Le dépouillement du scrutin donne le résultat suivant : 

Président, Dr. J. G. Bibaud ; ler. Vice-Président, Dr. J. P. 
Rottot; 2nd. Vice-Président, Dr. F. X. Perrault; Secrétaire- 
Trésorier, Dr. G. Grenier. | 

Comité de Régie.—Drs. A. B. Craig, J. E. Coderre, H. Pel- 
tier, J. W. Mount, A. Dagenais. . 

Des remerciments sont vetés aux officiers sortant de charge, 
et particulièrement au Secrétaire-Trésorisr, pour l’habileté 
et le zèle déployés dans l’accomplissement de leurs. devoirs. 

Des remerciments sont également votés aux journaux la 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 515 


Minerve, le Nouveau-Monde, le National et l'Union Medicale, pour 
avoir bien voulu publier les rapports de la Société. 

Le Dr. J. P. Rottot.donne:avis qu'il proposera à la prochai- 
ne séance le Dr.: W. H. Mondelet, (de Montréal.) comme mem- 
bre actif. ' : | 

Et la séance est lévée. 

Dr. GEORGES GRENIER, 
Sec.-Trés. S. M. 


TETANOS TRAUMATIQUE TRAITÉ PAR LE BROMURE 
DE POTASSIUM. 


Par le Dr. J. P, Rattot. 


P. L... âgé de 13 ans, d’une constitution lymphatiqre mais 
jouissant d'une bonne santé, en jouant dans un moulin à 
scie, eut la main droite. écrasée par un rouleau, le 29 d’Août 
dernier. 

Je fus appelé immédiatement, et voici dans quel état je 
trouvai le malade. ‘La peau de plus de Ja moitiée de la main 
et du 3e. 4e. et 5e. doigt était complètement enlevée : elle 
ne tenait à l'index que par une bandelette d’environ un pou- 
ce de largeur. Les phalanges de ces trois doigts étaient 
fracturées. Ne pouvant déterminer immédiatement jusqu'à 
quel point la vitalité des parties lésées avaient été affectée 
par la forte prersion à laquelle elles avaient été soumises, 
je crus devoir donner à ce jeune homme la chance de con- 
server le plus possible: de ses doigts. Je ramenai donc la 
peau dans sa position naturelle, la fixant au moyen de quel- 
ques sutures'; je clissai les doigts : j’enveloppai la main avec 
de la ouate, et j’appliquai un bandage aussi lâche que possible. 

Au bout de trois jours, une odeur désagréable commen. 
cant à se faire sentir, je défs l’appareil, et je vis que la peau 
loin d’avoir contracté des adhérences, avait entièrement per- 
du sa vitalité : il y avait aussi mortification des doigts. J’en- 

3 


516 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


levai donc la peau, et je désarticulai les doigts ; la main était 
considérablement tuméfiée et sensible. 

La santé générale du malade était assez bonne ; il avait 
peu de fièvre, son appétit était assez bon, et ses souffrances 
assez légères ; il n’avait eu besoin d'aucun calmant, mème 
pour dormir. Il continua dans cet état jusqu'au 13ème. jour ; 
comme la plaie avait bonne apparance, et que tout allait bien, 
je m’absentai pour deux jours. A mon retour, je fus des plus 
surpris du changement qui était survenu. Mon malade avait 
les mâchoirs serrés, le cou roide, la téte rejetée en arrière ; 
c'était avec difficulté qu'on pouvait l’asseoir et le tenir dans 
cette position. Il ne pouvait pas manger et ne dormait plus ; 
il avait des soubresauts douloureux, surtout dans son bras 
malade ; ces symtômes avaient commencé l'avant veille et 
s'aggravait comme on le voit, rapidement. J’avais donc à 
combattre maintenant une maladie des plus graves, le tétanos 
traumatique. Je me rappelai que le Bromure de Potassium 
avait été donné avec succès dans un ou plusieurs cas sem- 
blables. Je résolus donc d'employer ce remède immédiate- 
ment. 

Je prescrivis gr. X de Brom. de Pot. toutes les deux heu. 
res, jusqu'à ce qu’un mieux sensible se fit sentir. Le malade 
dormit assez bien cette nuit-la ; et à son réveil il se sentit sou- 
lagé. Je continuai le remède à la même dose, mais le lende- 
main les symptômes parurent s’aggraver. J’augmentai la do- 
se alors à 20 grs. toutes les deux heures. Le résultat fut des 
plus satisfaisants ; le malade dormit d’un bon sommeil pres- 
que toute la nuit, et le lendemain il se trouva beaucoup mieux. 
Je continuai néanmoins le remède à la même dose, éloignant 
ou rapprochant les intervalles, selon que les symptômes dimi- 
nuaient ou augmentaient. Au bout de quelques jours le 
jeune homme put manger avec assez d’aisance, et se tenir as- 
sis sur son lit Aujourd'hui, 15 octobre tous les symptômes 
de sa maladie sont pour ainsi dire disparus ; il a un très bon 
appétit, ses forces reviennent, et sa plaie est en grande partie 
cicatrisée ; il ne prend maintenantdu Brom. de Pot. que de 


| 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 517 


temps à autrelorsque le sommeil lui fait défaut. Comme ap- 
plication locale, j'employai l'acide carbolique en solution, puis 
Yonguent simple, et la charpie. 





SEMEIOLOGIE. 


DES TEMPERATURES BASSES EXCESSIVES. LECON FAITE A L'HO- 
PITAL DE LA PITIÉ, Par MICHEL PETER. 


Suite. 


On ne peut donc comparer le cas de cette femme à celui 
d’un chien ou d’un lapin auquel on ingère de l'alcool ou de 
l'eau-de-vie, d’abord parce que, pour ces animaux qui n’y sont 
nullement habitués, ces substances sont de véritables poi- 
sons ; ensuite parce que cette femme avait bu surtout du vin 
à son repas, ce qui est déjà bien différent ; enfin, parce qu'’el- 
le l’avait bu non tout d’un coup, mais par intervalles plus ou 
moins éloignés, ainsi qu'il arrive dans tout repas. 

D'un autre côté, cette femme avait marché plusieurs heu- 
res après ètre sortie du la salle du festin, elle n’était donc 
pas ivre-morte. De sorte qu’il faut admettre que c’est un 
assez long temps après l’ingestion de subtances alcooliques 
que celles-ci auraient produit un refroidissement si considé- 
rable et tel qu’on n’en a jamais observé de semblable chez les 
animaux empoisonnés par l’alcool dans les expérimentations. 

Si, au contraire, nous nous plaçons dans les vraies condi- 
tion du fait, nous voyons une femme en léger état d'ivresse, 
qui, saisie par le froid extérieur, fatiguée par une course inu- 
tile, doublement émue par la crainte de son mari et le fait 
d'être égarée eu pays inconnu, tombe épuisée physiquement 
et moralement, et perd connaissance dans un fossé où elle se 
refroidit graduellement en cédant de son calorique à la neige 
qu'elle fait fondre. 

C'était douc là, je le répète à dessein, un refroidissement 
tout physique, par rayonnement, et non dynamique, par in- 
toxication. Aussi n’hésitai-je pas à la traiter par le calorique 


518 L'UNION MÉDICALE DU CANADA 


intus et extra, et à stimuler son système nerveux par le rhum 
ajouté au th6 chaud. 
Vous avez vu le résultat de ce traitement. 


Je comparerais volontiers ce cas aux faits si lamentables 
de congélation observés dans la campagne de Russie. Avant 
d'arriver à 0 degré et au-dessous, les malheureux soldats 
avaient nécessairement di passer par la température de 26 
degrés, de sorte que, avec ses 26 degrés, cette femme était en 
voie de congélation ; quelques heures encore et sa tempéra- 
ture centrale serait graduellement descendue à 10 degrés, à 8 
degrés et même au-dessous, et la mort s’en serait suivie. 

Mais comme ces chiffres extrèmes n'ont pas été atteints, 
l'organisme qui était sain de toules parts ne demandait qu’à 
revivre, et voilà pourquoi cette femme que je croyais devoir 
mourir est si énergiquement revenue à la santé (1). 





(1) Dans un cas récemment observé par M. Bourneville, on a été moins 
heureux et le malade a suceombé. Il s'agissait d'un homme apporté à la 
Pitié, le 2 janvier 1871, à onze heures du soir, dans un état de contracture 
partielle. On l’avait trouvé couché tout nu sur le parquet desa chambre, 
dont la fenêtre était ouverte : et l'on était en janvier! Il avait 27°,4 dans 
le rectum. On essaya de le réchauffer avec des boules d’eau chaude et du 
vin chaud sucré. La température ne s’éleva que 0°,6 (à 28°,2) au bout 
de deux heures. La mort eu lieu le lendemain matin à huit heures et 
demie. Cinq minutes après la mort, la température rectale était de 36°, 2. 
M. Bourneville ne dit pas ce qu’elle était peu avant la mort ou au moment 
même de celle-ci. Ainsi, le malade s'était -échauffé pendant la nuit, de 
manière à revenir presque au chiffre normal de 37°, et néanmoins il n'avait 
pu revivre. J'ai observé à l'hôpital Saint Louis deux faits analogues chez 
des noyés : je réussissais à les réchauffer mais non à les empêcher de mou- : 
rir. Dans ces cas, on trouve une énorme congestion des méninges encé- 
phalo-rachidiennes et le malade succombe par son système nerveux. Dans 
le fait de M. Bourneville, on trouva pour toute lésion ‘ une assez grande 
quantité ds liquide céphalo-rachidien. ” 

M. Bourneville atribue très-jadicieusement ce refroidissement excessif à 
l’action du froid extérieur ; il rejette non moins judicieusement toute inter- 
vention de l'alcoulisme (je suis absolument de son avis), et croit que “ l’ac- 
tion du froid, qui était très-intense à cette époque de l’année, a été favori- 
sée par une dépression antérieure du système nerveux. ” (On voulait incor- 
porer de force ce malheureux dans les bataillons de marche de la garde na. 
tionale, il en était résulté chez lui « une grande irritation, un changement 
de caractère très-marqué, aussi le considérait-on comme ayant le cerveau 
dérangé ”.) (Communication à la Société de biologie— Gazette médicale, 6 
janvier 1872). 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 519 


Nous allons voir qu'il n’en est pas et n'en saurait être ainsi 
dans les cas où i'organisme est lentement altéré, et où, gra- 
duellement et parallèlement à l’altération organique. la tem- 
pérature s’abaisse. 

Tel est le cas des animaux inanitiés par Chossat. Cet ha- 
bile observateur a, en effet, obtenu d'expériences remarqua- 
blement conduites ce résultat constant, à savoir que l’inani- 
tiation faisait baisser graduellement le poids et la tempéra. 
ture. 

La plus frappante et la plus utile relation que donne l’éma- 
ciation résultant de l’inanitiation est que : « un animal périt 
lorsqu'il a perdu les 4710 de son poids normal». L’obésité 
peut augmenter cette perte de 17106 : ainsi un animal gras ne 
meurt que lorsqu'il a perdu les 5710es ou la moitié de son 
poids normal ; ce fait a une importance pratique qui ne vous 
échappera pas. Dans tous ces cas, il s’agit d’un animal adul- 
te: «le jeune âge, au contraire, abaisse cette résistance à la per- 
te de poids et la porte de 4710es à 27106 ; ainsi un jeune animal 
meurt quand il a perdu les 27106: de son poids » : ce qui rap- 
pelle l’aphorisme d’Hippocrate : «Ce sont les vieillards qui 
supportent le mieux l’abstinence ; viennent ensuite les per- 
sonnes dans l’âge mir; les jeunes gens la supportent tres. 
mal ; les enfants moins que tous les autres. » (Aph. 13e. édit. 
de Daremberg.) 

‘ En nourrissapt un animal d'une manière insuffisante, 
continue Chossat, au lieu de le priver totalement d'aliments, 
on retarde plus ou moins l'époque de la mort, mais on n/al- 
tère en rien la loi d’après laquelle la mortarrive. Dans l’un 
ou l’autre cas l'animal meurt dès que son poids a atteint 
la limite de diminution compatible avec la vie. ” 

Au point de vue de la température, l’inanitiation produit 
des effats qui different selon qu'il y a privation absolue de 
nourriture ou seulement ration insuffisante, l'animal maigrit 
mais si on lui donne de la nourriture il revient à la santé : 
sil y a privation absolue de tout aliment solide et liquide, il 
y a émaciation rapide et la température s’abaisse d’autant 


520 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


plus rapidement que l'émaciation est plus grande et que l'a- 
nimal est soumis depuis plus longtemps à l'expérience. 

Chossat a constaté que chez un homme sain il y a oscilla- 
tion diurne de latempérature, la température s'abaisse pendant 
la nuitet s'élève pendant le jour, loscillation est de 0,74 à l'état 
normal; lorsqu'un animal est soumis à l'inanitiation, cette os- 
cillation est en moyenne de 39,28. et elle est d’autant plus 
grande que l’émaciation fait plus de progrès. Ainsi pour un 
pigeon soumis aux expériences, l'oscillation diurne, qui était 
de 1°,6 le premier jour (de 420,8 à 44,2). est de 40,5 le seizie- 
me jour (de 39,5 à 35 degrés). 

 L'abaissement nocturne, dit Chossat, se prolonge d’au- 
tant plus avant dans la matinée et commence d’autant plus tôt 
dans l'après-midi, que l'animal se trouve déjà plus affaibli 
par la durée préalable de l'inanitiation. ” 

Ainsi, la résistance au froid diminue par l’inanitiation. 

_ Le refroidissement successif et journalier moyen prend 
subitement le dernier jour de la vie un accroissement coosi- 
dérable. 

‘ Ainsi, dans les derniers jours de la vie, la chaleur ani- 
male en moyenne a baissé quarante-sept fois plus rapide- . 
ment que dans chacun des jours précédents. Et telle est la 
rapidité de ce refroidissement qu'il est en moyenne de 0°,94 
par heure pour le dernier jour de la vie. ” 

La chaleur minima observée au moment de la mort a été 
de 18,5 (chez un pigeon), et la chaleur maxima 349,2 (chez 
une corneille) La mort peut donc avoir lieu chez les ani- 
maux inanitiés entre 18 et 35 degrés. Chossat a donc dé- 
montré qu'aux trois genres de mort admis par Bichat, mort 
par le cerveau, par le poumon ou par le cœur, il en faut 
ajouter un quatrième, la mort par le tube digestif. | 

Ainsi, dès que l’alimentation est diminuée, la question d'i- 
nanitiation se soulève et l’inanitiation complète n'est plus 
qu'une affaire de temps. 

Puis donc que la mort peut arriver par le tube digestif, le 
médecin ne devra pas s'associer à la maladie en maintenant 


L'UNION. MEDICALE DU CANADA. 521 


trop longtemps la diète, surtout chez les enfants, qui n'y ré- 
sistent pas plus que les jeunes animaux de Chossat. 

Les expériences de Chossat démontrent qu’un organisme 
primitivement sain ne s’altère que graduellement par l’ina- 
nitiation, que la résistance au refroidissement décroit pro- 
gressivement et non proportionnellement à la durée de l’ex- 
périence, c’est-a-dire a la déchéance du sujet dont la perte de 
calorique est ainsi beaucoup p.us considérable dans les der- 
niers jours de l'expérience que dans les premiers ; qu’enfin la 
mort n'arrive qu’au bout d’un assez long temps et après une 
grave altération de l'organisme. 

Ces expériences peuvent être utilisées dans la pratique, bien 
qu'il n'en faille pas exagérer l'importance. Il s’agit dans ces 
recherches d'animaux sains, or, chez l’homme malade d’une 
affection aiguë, l'alimentation insuffisante ne produit qu’un 
de ses effets, l’émaciation ; mais l'organisme résiste si bien 
au refroidissement, qu’au contraire la température s'élève. 

Vous savez quelle réaction judicieuse et bienfaisante s'est 
opérée dans les esprits à propos de l'alimentation dans les 
fièvres graves. A la doctrine de Broussais qui n’admettait 
que la diète et les émissions sanguines, Trousseau, Monneret, 
Graves, ont substitué une doctrine moins débilitante, et ils 
ont alimenté leurs malades. C'est la une bonne opération 
thérapeutique. 

Mais que de gens en sont encore à la doctrine de Broussais ! 
Un très-judicieux médecin de la Côte-d'Or, le docteur Simon, 
me disait avoir été appelé auprès d’un jeune homme, qui, au 
quarantiéme jour d’une fièvre typhoide, n'avait encore pris 
aucun aliment. Il était guéri de sa fièvreetse mourait du 
traitement. Avec la meilleure intention, mais la plus grande 
ignorance, le médecin qui le soignait avait renouvelé sur son 
malade l'expérience de Chossat sur les animaux.—{Gaz. Heb). 


522° LUNION MEDIGALE DU CANADA. 


PERITONITE PAR PROPAGATION A LA SUITE D'UN 
ABCÈS PÉRINÉAL. 


Observation recueillie par M, A. Well, interne du service de l'hopital 
Rothschild. 


Jacques L...., homme de peine, âgé de 36 ans, se présente 
à l'hôpital le 29 novembre au soir. Depuis. cing jours, il 
souffre à l'anus, au périnée'et jusque dans le rectum, de 
douleurs qui, faibles et modérées d’abord, ont pris depuis 
deux jours une intensité extrême avec moments paroxistiques 
de tiraillements et d'élancements tout à fait insupportables. 
Depuis deux jours aussi, il y a constipation et retention d’u- 
rine absolue. Pas d'accélération du pouls ni élévation de 
température ; l'appétit est conservé ; le sommeil est bon, si 
les souffrances le permettent. Il n’y a pas d’antécédents hé- 
morroidaires ; il n’y a eu ni chute ni violence extérieure 
d'aucune sorte sur la région affectée. 

Un premier examen fait découvrir à la marge de l'anus, à- 
gauche et s'étendant à 1 ou 2? centimètres le long du repli ano- 
scrotal, un point d’induration très sensible à [a pression. Une 
sonde introduite dans la vessie, après une vive douleur cau- 
sée à son passage dans la portion prostatique de l’urèthre, 
donne issue à une quantité d'urine considérable, n’offrant 
rien de particulier comme coloration et comme composition 
chimique. 

Frictions d’ongueut mercuriel belladone et cataplasme sur 
le périnée : une pilule d’extrait thébaique de quinze centi- 
grammes. 

30 septembre.— A la suite du cathétérisme le malade à uri- 
né plusieurs fois dans la nuit, facilement et sans souffrances. 
Le toucher rectal, assez douloureux, ne présente de marquant 
qu'une augmentation de volume de la prostrate. L’indura- 
tion à la marge de l’anus s'est étendue et a fait place à de !’em- 
pâtement sans fluctuation. Un coup de bistouri en fait sortir 
quelques gouttes de sang, mais pas de pus. Le malade se 
trouve notablement soulagé dans la journée. 





L'UNION: MÉDICALE DU CANADA. 593 


er. octobre.—La constipation persisié. Ahdrexie; la lan- 
gue est blanche. et'chargéa, le pouls s'accélère. Un lave- 
ment purgatif étant resté sans effet, on prescrit une bouteille 
d’eau de Sedlitz pour le lendemain matin. 

2 octobre.—Pas de garde-robe. La fièvre est plus vive au- 
jourd’hui ; plusieurs frissons répétés dans la journée. Le 
soir, la‘ température est. montée à 406 et le pouls est à 124. 

3 octobre.—Trente grammes d'huile de ricin pris le matin 
amènent plusieurs selles ; mieux sensible le soir. Néan- 
moins le pouls et la température sont les mèmes qu'au ma- 
tin. 

4 octobre.—Le ventre est peu bailonné. Douleur vive à 
la pression, principalement dans la fosde iliaque droite ; vé- 
sicatoire sur cette région. 

P. M. 96. S. 104. T. 39. 2. 40. 

5 octobre.—Tout l’apoareil de la péritonite aiguë généra- 
lisée : la face grippée, les yeux enfoncés et cerclés de noir, 
hoquets, vomissements porracés, ventre fortement météorisé 
et très douloureux partout ; respiration courte et anxieuse, 
pouls fréquent, petit et dépressible à 120, T. 40, matin et soir. 
La miction pourtant est toujours faaile depuis le premier 
jour ; des traces J’albumine dans l'urine. Rien de particu- 
lier dans le thorax. | 

On prescrit : onctions.mercurielles sur le ventre ; boissons 
glacées ; quinze centigrames d’extrait théhaique en potion. 

6 octobre.—Méme état. 

7 octobre.—Matin, T. 39.2. P. 96. Dans la journée, tous. les 
symptômes s’amendent. Les vomissements cessent ; le ven- 
tre s’affaisse un peu. Le pouls, en mème temps qu'il perd 
de sa fréquence, réprend de l’ampleur. Du pus en assez 
grande quantité sort par la petite incision faite au périnée il 
y a quelques jours Il existe là un trajet fistuleux de 3 à 4 
centimètres de long, dont il est impossible de trouver une is- 
sue en dedans ou une communication quelconque avec un 
des organes du bassin. 

S. P. 92. T. 38.6. 


524 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


8 octobre.—Malgré la rémission de tous les symptômes 
aigüs, et principalement la disparition de la tuméfaction et 
de la sensibilité du ventre, le malade semble s’affaiblir beau- 
coup. 

P. M. 8°, 8. 88, T.. 370, 6, 38°. 

9 octobre.—Rougeur fortement érysipélateuse dans la fosse 
illiaque gauche. Par la petite plaie, sort, en même temps 
que du pus, un liquide incolore d’odeur forte et pénétrante 
de la nature duquel on n’a pas pu se rendre compte. Est-ce 
de l'urine ? Est-ce un liquide fécaloïde ? Provient-il d'un lave. 
ment qu'on vient d’administrer ? Est-ce une sérosité d’une 
origine toute particulière ? Le ventre est de nouveau ballon- 
né davantage ; les douleurs spontanées et à la pression rede- 
viennent plus violentes ; depuis quatre jours il n’y a pas eu 
de selles. Les bords de la petite plaie sont de nouveau pius 
indurés et sensibles. 

P. M. 100, S. 104 ; T. 370, 376¢. 

Prescription. Larges onctions mercurielles sur le ventre ; 

calomel à l’intérieur, dix centigrammes en doses fraction- 
nées. 
10. octobre.—Agitation et souffrances extrêmes ; un peu 
de delire. Pas de selles par le calomel ni après un lavement 
simple donné encore le soir. Les urines continuent d’être 
faciles et abondantes ; plus d’albumine. 

P. M. 108, S. 120, T. 3708, 3802. 

11 octobre.— L’agitation a fait place à une adynamie pro- 
fonde qui s’accuse de plus en plus. 

Prescription. Potion de Todd. Diz centigrarnmes de calomel 
restent encore une fois sans résultat. 

12 octobre.— Un lavement purgatif a produit une diarrhée 
qui devient bientôt une véritable incontinence de matières 
fécales. Le ventre s'est un peu excavé, mais les fossesilliaques 
offrent toujours de la tuméfaction et une grande sensibilité. 
Le pouis devient de plus en plus fréquent et petit ;ilne des- 
cend plus au-dessous de 120. Il n’a plus été possible de 
prendre la température à cause de l'agitation du malade, 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA 523 


13 octobre,— La diarrhée continue ; l’état général empire : 
constamment. 

14 octobre.—La diarrhée s’est arrêtée, mais l’urine s'écou- 
le spontanément. Souffrances excessives. Pression tres- 
douloureuse dans les fosses illiaques et au périnée, surtout à 
lentour de la petite plaie, à bords très indurés. Les tégu- 
ments de la fosse illiaque gauche ont repris leur coloration 
normale, mais la rougeur érysipélateuse revient à droite. 

15 octobre.—Cette coloration est encore plus prononcée, 
en mème temps que l’empâtement qu’on constatait déjà hier. 
Incontinence d'urine et de matières fécales. Le pouls, tout 
à fait filiforme, bat 144 fois par minute; l’amaigrissement 
est arrivé au dernier degré. 

16 octobre.—Après une agonie de plusieurs heures, le ma- 
lade s'éteint dans le coma, à deux heures de l'après-midi. 

L’autopsie, faite dans les quarante-huit heures après la 
mort, n’a porté que sur les organes de l'abdomen. Toute la 
région sus-ombilicale est parfaitement saine et sans altéra- 
tion, mais, dans la région sous-ombilicale, on constate toutes 
les lésions pathologiques de la péritonite ; la séreuse est 
molle et se déchire facilement : il existe de nombreuses faus- 
ses membranes ; les intestins sont agglutinés entre eux et 
descendus dans le bassin, où l’on trouve une quantité assez 
forte d’un liquide toute à fait purulent. La vessie et le rec- 
tum sont sains ; il en est de même de la prostate, qui n’est que 
fortement hypertrophiée. Quant au tissu cellulaire sous-pé- 
ritonéal qui entoure les organes du bassin, il ne consiste 
plus qu’en une vaste nappe de pus qui baigne les parois mus- 
culaires, qui sont mème comme macé-és en plusieurs endroits. 
Il n’a pas été possible, plus que pendant la vie, de découvrir 
une communication entre le trajet fistuleux du périnée et le 
bassin avec ses organes.—{Gazette des Hôpitaux]. 


OPÉRATION DE LA TAILLE PAR LE Dr. MUNRO. 


Mardi le 10 septembre, nous avions l'avantage d'assister à 


526 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


une de ces opérations comme sait si bien les pratiquer notre 
professeur de chirurgie le Dr. Munro. Le sujet opéré était 
un enfant de cing ans ; après avoir mise petit sous l'influence 
du chloroforme, administré par le Dr. Coderre, les médecins 
présents procédérent à l'examen, et diagnostiquèrent le calcul 
de la vessie, après quoi le chirurgien commença l'opération 
ayant pour but de débarrasser la vessie du corps étranger 
qui jetait un trouble si cruel dans l'économie de l'enfant. 
Le chirurgien introduit l'index de la main gauche dans le 
rectum, où il est maintenu tout le temps de l'opération, fait 
une incision sur la ligne médiane, divise les tissus jusqu’à la 
prostrate qu'il dilate graduellement avec l'index de la main 
droite, fait pénétrer celui-ci dans la véssie, d'où il le retire 
avec un calcul de la grosseur d’une noix de galle. L’opéra- 
tion pratiquée en cette circonstance est l'opération d’Alarton, 
ou opération de Marianus modifiée. C'est l'opération média- 
ne moderne, elle a quelque ressemblance avec l'opération 
bi-latérale de Dupuytrin ;-c'est une opération par dilatation, 
elle a cet avantage qu’elle peut être pratiquée sans hémor- 
rhagie, le chirurgien n'a aucune suture à faire. 


A. Demers, Etud. en Méd. 


BIBLIOGRAPHIE. 


Lectures sur les principes et la pratique de la médécine faites au 
Collége Royal de Londres, par Sir Thomas Watson, Bart. M. 
D. F. R. S., medecin ordinaire de la Reine; Hon.L. L. 
D. Cambridge ; Hon. D. C. L. Oxford, membre et ex-pré- 
dent du Collège Royal du’ Roi des Médecins de Londres ; membre 
honoraire du Collège du Roi des Médecins d'Irlande ; autre- 
fois à l'hôpital de Middlesex, membre honoraire du Collège 
St. Jean, Cambridge ; cinquième édition anglaise revisée ; pu- 
*liées avec des illustrations nombreuses, —par Henri Carts- 

orne A. M. D, professeur d'hygiène à l'université de Pennsyl- 
any, &c. 
iée de publier sur le continent les ouvrages les plus 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 527 


précieux et les plus célèbres de l'Europe est une coutume 
dont on ne saurait trop louer ceux qui l’ont introduite et po- 
pularisée aux Etat-Unis. Elle met à la portée de tontes les 
bourses les ouvrages du plus grand prix et rend ainsi à la 
science des services réellement importants. Sous le rapport 
médical, M. H. C. Lea, de Philadelphie, tient une des places 
les plushonorables par son esprit d'entreprise, sa libératité et 
la facilité offerte par lui aux publicistes. Nous venons de rece- 
voir la cinquième édition du traité de Sir Watson sur la pra- 
tique de la médecine publié par le Professeur Hartshorne et 
imprimé par M. Lea. Cet ouvrage qui est un des plus connus 
dans le monde médical n’a pas besoin déloges ni de réclame, 
car sa valeur ne fait doute pour personne. M. le professeur 
Hartshorne en commentant et illustrant de nombreuses gra- 
vures cette cinquième édition lui donne un nouveau titre à 
la considération de la profession. Nos remerciements à qui 


de droit. 


NOUVELLES MÉDICALES. 


—DisPENSAIRE SAINT JOSEPH 11 Octobre, 1872. Du ler. 
Juillet au 30 Septembre dernier, 924 patients recurent des 
soins & cette institution. De ce nombre 100 hommes et 379 
femmes. Les prescriptions remplies s'élèvent au nombre 


de 445. 


ANÉVRYSME DU TRONC CŒLIAQUE TRAITÉ PAR LA COMPRESSION, 
par le docteur T. Bayant.—La compression a été faite au 
moyen du tourniquet abdominal de Lister. Elle fut mainte- 
nue douze heures, supprimée pendant douze heures, réappli- 
quée pendant quatre heures. Le malade est mort de périto- 
nite. Le docteur Bloxam a rappelé à ce propos un cas d’ané- 
vrysme de l'aorte abdominale traité par la compression et 
qui a été suivide mort par embolie, (The Lancet, 20 avril 1872). 


528 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


CAMPHRE BROME. (Deneffe)—Un nouveau sédatif du système 
nerveux vient d’étre employé par le professeur Deneffe : c’est 
le camphre bromé, obtenu pour la première fois par l’infor- 
tuné Laurent. M. Swartz, de Gand, en a fait un corps cris- 
tallisé, qui est le camphre monobromé, ne différant du cam- 
phre ordinaire qu'en ce qu'un atome de brome s’est substitué 
à un atome d'hydrogène. 

Donné en pilules, à la dose de 3 à 4 grammes dans les vingt- 
quatre heures, pour un cas de delirium tremens, il a produit 
très-rapidement une sédation manisfeste Le regard était 
moins brillant, la parole moins rapide, et, sans beaucoup plus 
de sommeil, les visions étaient moins pénibles et moins fré- 
quentes. 11 suffit de continuer l'usage de ce médicament pour 
amener une guérison parfaite.—{Presse médicale belge, 1871.) 


RÉACTIF TRÈS-SENSIBLE DE LA STRYCHNINE. (Wenzel.}—L'auteur 
recommande, pour reconnaitre des traces de strychnine, une 
dissolution de 1 p. de permanganate de potasse, dans 200 p. 
d'acide sulfurique. Suivant lui, cette réaction serait bien 
plus sensible que le bichromate de potasse solide préconisé 
par M. Otto. (Zeitschrift fur analitische chemie.) 


SUR LA RECONNAISSANCE DES TACHES DE SANG. (W. Gunning et 
Van Genus.)—On sait depuis longtemps que les taches de sang, 
même très-anciennes sont facilement enlevées par une solu. 
tion d’iodure de potassium. Les solutions ainsi obtenues ne 
peuvent servir à la préparation des cristaux du sang, mais en 
les traitant par l’acétate de zinc, les auteurs ont reconnu 
qu'on précipitait complètement la matière.colorante du sang, 
car la liqueur est tout à fait incolore. On lave par décanta- 
tion le précipité floconneux qui se dépose assez rapidement, 
on le place sur le porte-objectif du microscope et on le laisse 
s'y dessécher. Par l'addition de quelques gouttes d’acide 
acétique (procédé de Teichmann), on obtient de beaux cris- 
taux d’hématine. (Zeitschrift fur analytische chemie.) 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 529 


ABSENCE DE CHAUX ET D ACIDE PHOSPHORIQUE DANS L'ALIMENTA- 
TioN.—[e doctenr WEISKE, poursuivant ses expériences sur 
les effets qu'on produit dans l'organisme en retirant de l'ali- 
mentation certains principes constituant du corps vivant, a 
nourri une chèvre avec des aliments completement privés 
de chaux et d'acide phosphorique. Les résultats de cette ex- 
périence sont remarquables. L'absence de ces aliments est 
nuisible à l'animal et peut, en définitive, amener la mort ; 
mais, à l'examen cadavérique, aucun changement ne peut 
être reconnu dans la composition des os, qui n’en sont pas de- 
venus plus friables. (The Lancet, févr. 1872.) 

SUR L'EMPOISONNEMENT PAR LE PHENOL ; DOSES ET CONTRE-POI 
sons. (Husemann). —L'emploi du phénol en médecine a don- 
né lieu à un certain nombre d’empoisonnements dont quel- 
ques-uns suivis de mort. L'auteur a cherché à déterminer la 
quantité de phénol nécessaire pour tuer quelques animaux : 
pour les lapins, il faut 35 centigrammes (en solution aqueuse 
très-concentrée) par kilogramme ; pour les chats, il suffit de 
15 centigrammes par kilogramme pour amener la mort. 

M. Calvest a recommandé les huiles grasses (d'olives, d'a- 
mandes) comme antidote du phénol, mais l’auteur les a trou- 
vées inefficaces. Au contraire, le sucrate de chaux luia 
donné de bons résultats. (Pharmaceutische Zeitschrift fur 
Russland.) 


NOTE SUR L’ERYSIPELE. 
(Lue à la Société de Chirurgie dans la séance du 24 Juillet 1872, par 
M. CHASSAIGNAC. 


La discussion, qui touche à sa fin, a eu déjà ce très-grand 
avantage, qu'elle a nettement dessiné la position respective 
des diverses opinions qui se sont produites dans cette encein- 
te, touchant la question si ardue et si controversée de l’éry- 
sipéle. 

Deux courants d’idées sont aujourd'hui bien reconnus: 


530 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


l'un qui admet l'identité entre l’érysipèle et l’angioleucite ; 
l’autre qui se prononce formellement pour la différence ré- 
elle entre les deux maladies. Il y a aujourd’hui, si l’on peat, 
en pareil sujet, employer dé. pareilles expressions, ‘des unicis- 
tes et des séparatistes ou dualistes. 

On peut étudier des points trés-intéressants de l’histoire de 
l'érysipèle ; les approfondir isolément, comme l'ont fait 
plusieurs des honorables argumentateurs qui ont successi- 
vement captivé votre attention. Mais il y a des vues d’en- 
semble sur lesquelles il me parait bien difficile de ne pas 
prononcer aujourd’hui. Sous peine de perpétuer une confu- 
sion fâcheuse et de donner lieu à bien des malentendus, on 
ne peut pas s'abstenir de se prononcer sur celte question. 
Admet-on l'identité des deux maladies ou la repousse-t-on ? 
Il est grand temps de devenir catégorique à cet égard, si l’on 
ne veut pas tourner longtemps encore dans le même cercle 
sans faire un pas en avant. | 

Il y a plus de douze années [1], j'ai énoncé que l'angioleuci- 
te est inflammation du réseau lymphatique sous-épidermique; 
que l’érysipèle est l’inflammation des réseaux sanguins sous- 
épidermiques. 

Quoique constituant des maladies différentes, ces lésions 
s'accompagnent toutes les deux de l'engorgement des trajets 
et des ganglions lymphatiques dépendants de la région topo- 
graphique aui leur a servi de berceau ; de la même manière 
qu’un impétigo, un ecthyma, un ulcére syphilitique, un can- 
cer du sommet de la tête, tout en constituant des maladies 
essentiellement différentes, s’accompagnent d’un engorge- 
ment des cordons lymphatiques et des ganglions de la région 
du col. | 

La différence de l’angioleucite réticulaire et de l'érysipèle 
ne se trouve donc ni dans les cordons lymphatiques, ni dans 
les ganglions ; l’engorgement de ces organes est un: phéno- 





(1) Traité de la Suppuration, 1859, t. fer. Traité des opérations chirur 
. gicales, 1861, t. ler. 








L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 531 


mène commun mais très-distinct des maladies considérées en 


ellesmêmes. A-t-on jamais songé à confondre l’érysipèle 


avec un engorgement ganglionnaire ou avec un engorgement 
trajectif ? La différence caractéristique des deux maladies se 
trouve dans les réseaux lymphatiques sous-épidermiques com- 
parés aux réseaux sanguins sous-épidermiques. 

Là, les différences sont saisissantes et nombreuses. Les 
voici telles que je les ai fait connaître (T. 1er, de la Suppura- 


tion, et t. 1er, des Opérations chirurgicales) et telles que je les- 


maintiens aujourd'hui. 

Mais avant de résumer de nouveau ces caractères, il me pa- 
rait presque indispensable de décrire, le plus sommairement 
possible, le spécimen d’une observation d’angioleucite réticu- 
laire généralisée. Ce que je vais dire ne s’applique à aucun de 
mes honorables collègues de la société Je chirurgie, mais j'ai 
acquis la certitude que quelques auteurs de notre temps ne se 
font aucune idée de ce que c’est qu’un angioleucité réticulaire. 
Ils peuvent en parler par oui dire ; mais à peine ont-ils dit 
quelques mots, qu’on s’apercoit tout d’abord qu'ils ne se dou- 
tent pas de ce que c’est, qu'ils n’en ont jamais vu d'exemples 
ou que s'ils en ont vu, que ce n’est que d’une manière in- 
consciente, sans les soumettre à ce qu’on appelle une observa- 
tion sérieuse. Ce qu’ils ont pris pour des angioleucites réti- 
culaires, ce sont des rougeurs cutanées de toute autre nature, 
celles, par exemple, qui apparaissent à la surface d’un abcès, 
lequel, placé sur le trajet des grands cordons lymphatiques, 


se prépare pout une ouverture prochaine à la peau. 
ette erreur tient à une double cause : 


10. L’angioleucite réticulaire généralisée et parcourant suc- 
cessivement toutes les régions du corps est une maladie peu 
commune et qu’un observateur inattentif laisse échapper fa- 
cilement, la mettant sur le compte d’une altération insolite 
d’une forme aberrante de Pérysipéle ou de toute autre mala- 
die cutanée intercurrente, et il commet cette méprise parce 
qu’on n’a pas pris soin de lui faire connaître l’aspect varac- 
téristique et pathognomonique de cette forme de l’angioleu- 
cite. 


532 L'UNION MÉDICALE DU CANADA, 


Il est très-admissible que toutes les angioleucites, les tra- 
jectives comme les ganglionnaires (hors le cas d’empoisonne- 
ment par une matière directement vénéneuse et où il y a ab- 
sorption directe sans phlegmasie préalable ou concomittante}, 
sont précédées d'une angioleucite réticulaire. Comment 
donc se fait-il qu’on observe si rarement l’angioleucite réticu- 
laire par plaques? Cela tient à plusieurs causes : 

10. D'abord la blessure, l’écorchure qui amène l’angioleu- 
cite, ne fait souvent apparaître qu'une angioleucite réticulai- 
re très circonscrite, et rarement par larges plaques, de sorte 
que très-souvent on prend à peine garde à cette rougeur. 

20. La génération chirurgicale de l’époque qui nous a précé- 
dés n’ayant point été dressée au diagnostic des plaques réti- 
culaires de l’angioleucite, les voit sans les regarder suffisam- 
ment. Trés-souvent même, au cours d’une angioleucite da. 
tant de plusieurs jours, comme presque toutes celles qu’on 
amène au chirurgien, et à l’époque où on les lui amène, la 
plaque réticulaire a disparu, et l'observateur ne se doute 
même pas de son existence déjà effacée. 


(A continuer.) 
———!0:—— 


MARIAGE. 


A St. Thomas de Johette, le fer. Octobre, Louis Luc Voligny, Ecr., Méde- 
cin, de St. Jean de Matha, conduisait à l’autel, Melle. Maria Eliza Del- 
fausse, troisième fille de J. B. Delfausse, Ecr., Agent des Terres de la Cou- 
ronne pour le district de Joliette. La bénélliction nuptiale a été donné par 
le Révd. Messire A. Grand, Curé de St. Jean de Matha. 





Nous espérons que nos abonnés se feront un devoir de payer leur 
contribution avant que l’année soit expirée. Les dépenses qu’exi- 
ge la publication du journal sont très considérables. Il s’en faut 
de beaucoup que nous ayons reçu assez pour les rencontrer. Nous 
prions donc Messieurs les retardataires d’y mettre un peu de bon- 
ne volonté, et de nous faire parvenir aussi vite que possible le 
montant de leur abonnement, 





TABLE DES MATIÈRES. 


en ’ 


Ecole de Médecine et de Chirurgie de Montréal... 485 
Correspondance européenne, Dr. Ed. Desjardins............ 492 
Thérenpeutique............... essscecscscscseccsccsscncscecccccssnececs 497 
Mémoire sur la Pleurésie de la Tharacentése................. 901 
Traitement du Phagédénisme des chancres par le cam- 

phre en poudre... soscecsecscscecscscenes 504 
Pathalogie et Thérapeutique—Cause de l’apthalmie d’E- 

gypte...... rss sesenensse se sosssccsssnsesee 906 
Société Médicale de Montréal... 909 
Tétanos traumatique traité par le Bromure de Patassium, 

Dr. J. P. Rottot...................... ss © . 515 
Séméiologie...................…. CELL ET TEE TE TETE EETETEEE EEE SEE TERE 517 


Péritonite par propagation a la suite d’un abcés périnéal. 522 
Opération de la taille par le Dr. Munro, A. Demers, Et. en M. 525 


Bibliographie... se e See. 026 
Nouvelles Médicales... 527 
Note sur l’érysipèle.................................s 929 








On s’abonne a l’Union Médicale au Bureau de La Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondance devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


~ WMR.WARNER& Cir. 


MANUFACTURIERS DE 


Pilules recoubertes en sucre. 


154, Rue North third, 


| PHILADELPHIE. 
ÆExpédiées par la malle sur le reçu du prix du cata- 
logue. 


Pilules Iodoform et Ferri de Warner. 
(Voyez à ce que chaque bouteille porte notre marque de commerce et n’ac- 
ceptez aucun substitut de qualité inférieure.| 
Ces Piluies sont un tonique et un alterant puissant, recomman- 
dables surtout dans Ja 


SCROPUIR, L'ANEMIE LA HEYRALGE, LA CHLOROSE, ete, 


Nous faisons une mention spéciale de ces Pilules de notre manufacture, parce que tous les 
guna dem aye gis fo core nr ep moore deo cree 
fae boeualife contient ia formale et tadose: Iin'y & rien de secret, 
PRIX $3.25 PAR 100. 
Nous donnons ci-dessous un court extrait d'un rapport de la société médicale di 
Applet at que PE dans lo tanaszons de so medal de Ponsylvasie. en Jan 


A l'intérieur, je -rivis la quinine et le feret une diète généreuse, mal cela, Jens 
beau p ete tés À obtentr des grantulations de Donne natures elica aratest ass Lane 
dance à devenir piles et livides. J’essayal successivement un grand nombre d’altérant 
Suuautres Fodure do potassium: st Le coax. scan ft de progras tre lewis Joaquin 08 
mon attention fut quel lée sur les pilules “ Iodoform et de fer” par un article du Medioul and 

i ap Miecldal d'esayer immédiathment le reméde, Je discontinual tavescane 
Palau sonstivntionnelet fe dona trots pilules trois fois pat jour, manutasuurdes war we 

ans dede Philedelphie. deus bleu la aatistaction de volun promise nelle ve 
Blombre dont elle avait souder no la trouble plus du touts les granulatlong devinrent plie 
abondantes et d'une meilleure nature, et Je pule volr maintenant ma patients vaquer a tay oe 
Eupations journalières. On ne peut apperosvoir aucune trace da la maladie et la patients red 


parait, 

a, Sal traité deux autres cas. l'un datant de trois et l'antre de quatre 

meme Pitt, ‘Jesuls convainou de l'emcacité du remede + 00 quatre ans avec to 
P. L. RICHARD, Pré. du Comité de Bentl, 


Expédiées par la malle sur le reçu du prix du catalogue. 


PIL: PHOSPHORUS COMP. 


CONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centième de grain. Ext. NOIX VOMIQUE un quart de grain, 
PRIX $2.00 PAR CENT. 

Le phosphore constitue un des éléments Importants de l'économie animale, surtout de 
cerveau et du système nerveux, et on le regarde comme un remède précieux dans les maladies 
Serenorsanee elles que! pertzde DO PE ramolfisgement du cert ean dépens Dans 
piithite:paraiyele‘et Inpulosance, ‘Le phosphore saduiniette plus aisemeut sove Pme 
pilules ; ify troave duns un état parfall de subdivision étant dissous dans la glycérine. 

Le Dr. G. Dnjardin Beaumetz, de l'Hôpital de la Pitié, à Paris, après une étude ac 

sas Hatin ca plone dare tant fosotmouieg conclu to, que ie phosphor parle seat 

une influence favorable dans cette maladie. 20. Que le P hore comme stimulant et 

tonique sur le système nerveux, en lui rendant un élément indispensable. 30. Que l'adminis- 

tration du ohosph re doit se falre à petites doses, un miiligramme, (environ 1-60 de grain.) pour 

cammencer De on peut fang fate ratsaienen on aainuatajog dot Ee teats 
and Wsurvient dee tou: leet cot dde organs digestif. (Bulleuin’ general de shecapose 
jque, Jan. 15 Fév. 29 Mars 18, i860 


"A VENDBE EN GROS SEULEMENT PAR 
KERRY, FRERES ET CRATHERN, 
Pharmacien en Grov.— Montreal. 








Chaque 






































L'UNION MEDICALE 
DU CANADA. | 


= 








Revue Medico-chirurgicale paraissant tous lesmois. 


A DAGENAIS. M. D. 


Hédacteur en Chef: ; {a Assistante-Rédacteurs : 
P. DESROSIERS, M. D. 


Vol. 1. DECEMBRE 1872. No. 12. 


— eo 
DYSTOCIE. 
(Par A. DAGENAIS, M. D.) 


Le 26 Octobre dernier, à une heure du matin, M. Z. G...,de 
la rue Visitation, vint me demander à la hâte, pour sa Dame 
qui était malade depuis le jour précédent. Arrivé là, je trou- 
vai le Dr. Robillard qui me dit être auprès de la malade de- 
puis dix heures du soir, et qu'après beaucoup d'efforts pour 
faire la version, ses forces étant épuisées, il avait demandé 
l'assistance d'un confrère. Le Dr. Bondy, que le mari alla 
chercher, après avoir fait un examen, se sentant indisposé, 
fut obligé de partir, et Mr. G.... vint chez moi. 

Le Dr. Robillard me donna de plus les renseignements sui- 
vants : Madame G..., qui était à son second enfant, était en- 
enceinte depuis sept mois. Elle avait commencé à perdre de 
l’eau depuis vingt jours, à la suite d’une peur qu'elle avait 
eue, mais les douleurs ne s'étaient fait sentir que le vingt- 
cinq au matin. Elles avaient continué toute la journée, pas 
assez fortes cependant pour requérir l’assistance du médecin. 
Le soir, le mal augmentant, on était venu le demander. En 
arrivant, il reconnut une présentation du bras, et le col de 


534 L UNION MÉDICALE DU CANADA. 


l'utérus étant dilatable, il s'était mis immédiatement en de 
voir de-faire la version. Comme les contractions étaient for. 
tes, et qu’il n’y avait plus d’eau dans la matrice, il eut beau- 
coup de difficulté à introduire la main; il y parvint cepen- 
dant, et commença à faire des tractions pour amener les pieds. 
à la vulve. Il fut obligé, à cause de la grande résistance 
qu'il rencontra, de saisir fortement !es pieds et de tirer avec 
plus de force ; mais les os étant très-fragiles, ne purent résis 
ter. Il y eut fracture des deux jamhes, et même un des pieds 
lui resta dans la main. Il essaya encore pendant quelque 
temps à extraire le foetus, et dans ces derniers efforts, il sépara 
un bras du tronc. Ce fut alors qu’étant rendu à bout de for- 
ces, il demanda un confrère. - 

Aprèsavoir reçu ces renseignements, je fis un examen qui me 
convainquit de l'exactitude du rapport du Dr. Robillard ; il y 
avait présentation du plan latéral droit; en montant un peu, 
on sentait les pointes aigües des os d’une jambe, et on ren-. 
contrait l’autre jambe à laquelle le pied n’adhérait que par 
les parties molles. Vi la presqu’impossibilité de la version 
podalique, je tentai la version céphalique ; mais après beau- 
coup d'efforts, je dis y renoncer, les contractions de l’utérus 
ne me permettant pas de saisir la tète d’une manière suffi- 
sante pour la faire descendre. J’empoignai ensuite les ge- 
noux, dans l'espérance de les tenir assez fortement pour opé- 
rer la version podalique ; ce fut encore inutile; à chaque 
traction, les membres du fœtus me glissaient dans les mains. 
Ne pouvant réussir par ce moyen, je passai une jarretière en 
nœud coulant, autour de la jambe qui avait encore son pied, 
et je fis quelques tractions ; cette manœuvre n'eut pour ré- 
sultat que la séparation complète du pied d’avec la jambe. 

. Convaincu plus que jamais de l'impossibilité d'extraire le 
fœtus par les membres inférieurs, je dûs recourir de nouveau 
à la partie supérieure. Ne pouvant, comme je l'ai déjà dit, 
saisir la tête dans la position où elle était, j’essayai de la faire 
descendre un peu. Dans ce but, je pris le crochét aigü de 
mon forceps et l’enfongai dans une épaule ; mais les chaire 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 535 


étaient si peu résistantes, qu’elles se déchirérent aux premiè- 
res tractions. 

Ayant échoué dans toutes ces tentatives, je résolus de faire 
un supréme effort. Jintroduisis la main gauche jusqu'au 
cou du fœtus, en passant derrière lui; puis, je fis glisser le 
erochet sur mon bras jusqu’à ce qu'il fut rendu à la hauteur 
du cou, que je parvins, non sans beaucoup de difficulté, 4 
placer dans l'angle du crochet. Ce moyen me réussit, et je : 
pus au bout de quelques instants, extraire l’enfant tout mu- 
tilé et à moitié décomposé, une heure et demie après mon 
arrivée. Le placenta suivit de près le foetus; il n’y eut pas 
d'hémorrhagie. Une demi-heure après l'accouchement, je 
laissai la malade très-souffrante, mais rien ne me faisait pré- 
sager une fin prochaine; cependant, le lendemain, on m’ap- 
prit qu’elle était morte deux heures après mon départ. 

J'ai cru devoir rapporter ce cas parce qu’il m’a paru inté- 
ressant sous un double point de vue. D'abord, il semble en 
résulter que dans les cas d’avortement où la version est né- 
cessaire, on doit préférer la version céphalique, quand elle est 
posible, surtout quand le foetus est dans un état de décompo- 
sition avancée. Car dans la version céphalique, les tractions 
portent sur la colonne vertébrale, qui résiste beaucoup mieux 
que les membres inférieurs. 

En second lieu, il me semble que dans les ‘accouchements 
laborieux, on n’églige trop l'emploi du chloroforme ; pourtant 
on fait très-souvent usage de ce médicament dans des opéra- 
tions chirurgicales beaucoup moins douleureuses. Pour moi, 
je suis convaincu, qu’avec le chloroforme, la femme dont je 
viens de parler ne serait pas morte, au moins aussi prompte- 
ment Ce qui l’a fait mourir. c’est la douleur ; douleur qui a 
tellement ébranlé son système nerveux, qu’elle n’a pu résis- 
ter au choc. Je ne vois pas d'autre explication raisonnable 
d’une mort aussi prompte. 


536 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


OBSERVATIONS SUR LA LITHOTRITIE ET LA LITHO- 

TOMIE PAR WILLIAM H. HINGSTON, M. D. L. R.C 

CHIRURGIEN DU DEPARTEMENT St. PATRICE, 
HOTEL-DIEU. 


LU DEVANT L'ASSOCIATION MEDICALE CANADIENNE, A SON ASSEMBLEE 
A MONTREAL, SEPTEMBRE, 1872. 


Messieurs, — Depuis quelques années, les calculs vési- 
caux sont devenus, je crois, quelque peu fréquents dans no- 
tre société, et souvent, pour les enlever, on a recours 
aux moyens chirurgicaux. L'art, maintenant, est si sou- 
vent mis en réquisilion, que l'intérêt de ce sujet doit s’ac- 
croître plutôt que diminuer; vii que nous avons beau- 
coup plus de facilité à présent d'étudier les causés qui dé- 
terminent la fréquence de cette maladie, depuis que les lois 
hygiéniques sont mieux comprises, et de diriger notre at- 
teation vers les meilleurs moyens de débarrasser les victimes 
des calculs vésicaux de cette pénible et dangereuse mala- 
die. La première partie seule de ce sujet prendrait plus de 
temps que nous n’en avons à notre disposition ; qu'il suffise 
de dire que les calculs urinaires, sont causés par la précipita- 
tion des constituants de l’urine die à la perte de la propriété 
dissolvente des liquides urinaires; soit (1) par un accès de 
toute substance que les liquides doivent dissoudre ; ou (2) par 
la présence des’ liquides nécessaires à la dissolution de cette 
substance ; ou (3) par la présence ou l’absence d’une troisième 
substance quelconque; enfin, le dépôt peut se former d’un 
centre de sa propre substance ; ou peut s’amasser autour d’un 
corps étranger qui alors formerait un noyau distinct. Ces 
conditions se rencontrent-elles plus fréquemment ici, que 
dans les autres parties de la Puissance ? Je ne saurais le dire; 
mais il est certain que des cas de calculs vésicaux sont 
beaucoup plus fréquents dans cette partie de la Puissance qu’à 
la Nouvelle-Ecosse et au Nouveau-Brunswick d’un côté, (où la 
maladie est presque inconnue ;) ou d’un autre côté, autant 
que je puis le savoir, dans la partie occidentale de ce pays ; et 
que cette maladie est beaucoup plus commune dans cette 


L'UNION MEDICALE DU CANADA . 537 


ville que dans les autres de cette province ; et encore dans 
certains quartiers de cette cité que dans d’autres. 

Tandisque la partie ouest de Montréal est comparativement 
hors des atteintes de cette maladie, les quartiers Ste. Marie, 
St. Jacques et la partie est du quartier St. Laurent et ses 
aboutissants, le village St. Jean-Baptiste et la Petite-Côte, ont 
fourni un contingent plus considérable. De plus, cette ma- 
ladie nese manifeste pas en proportion égale chez les An- 
glais et les Francais. Je n'ai pas de statistiques publiées 
pour me guider, mais ma propre expérience, et le témoignage 
verbal d’autres, me portent à croire que tandis que «es Franco- 
Canadiens sont plus sujets à certaines maladies et les Anglo- 
Canadiens à d’autres, parmi les premiers on rencontre un 
nombre beaucoup plus considérable de cas de calculs urinai- 
res. Le Dr. Robert Nelson, pendant son séjour à Montréal, 
a fait l'opération environ soixante-cing fois, la plupart des 
cas étant ceux de Franco-Canadiens: Le Dr. Beaubien a vu 
quinze cas, tous parmi des Franco-Canadiens. Le Dr. Camp- 
bell a opéré sur vingt-cas, dont quinze pour cent étaient aux 
Franco-Canadiens. Le Dr. Munro a opéré quanrante-cinq ou 
cinquante fois, et il me dit qu’il ne se souvient pas si parmi 
ce nombre il y en avait un qui ne fut pas Franco-Canadien. 
Le Dr. Fenwick qui a fait l’onération de la taille pendant ces 
dernières années dans seize cas, et avec un succès très-satis- 
faisant, en a eu sept parmi les Anglais, et neuf parmi les 
Français, et tous, à l’exception d’un seul, était natif du Canada. 
Parmi ceux sur lesquels j'ai pratiqué ‘la Litbotritie et la Li- 
thotomie, vingt-cinq par cent étaient des Franco-Canadiens. 
Je n’ai pas eu le temps de faire une statistique des opérations 
de ceux de mes confrères qui ont fait une ou deux opérations. 
Ainsi la statistique du Dr.Campbell, montrant un plus grand 
nombre de cas chez les Anglais, peut être facilement con- 
trebalancé par l’ensemble des statistiques données par le Dr. 
Fenwitk et par moi-même, accordant la majorité des cas aux 
Franco-Canadiens ; tandisque les statistiques des Drs. Nelson, 
Beaubien et Munro n'ont pas d’équivalents parmi les Anglais. 


538 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Quelque soient les influences qui s’allient pour rendre les cal- 
culs urinaires plus fréquents chez les résidents de cette Pro- 
vince, que chez ceux des autres nations ; et particulièment par- 
mi nos concitoyens d'origine française, il m'est guerre possible 
de faire des conjectures, Des différences dans le sol, l’eau, 
etc., et d’autres influences climatériques, pourraient donner 
une explication de la plus grande fréquence de cette maladie 
chez nous; mais il faut avoir recours à des hypothèses pour 
expliquer sa fréquence relative chez les individus d'une na- 
tionalité. Autant, Messieurs, ai-je à vous dire sur la forma- 
tion de la pierre, et sur la fréquence relative de ces cas ; et 
maintenant parlons des moyens de l'enlever. Et je doisavouer 
que j'hésite à donner une opinion quand il me serait mieux 
d’en demander une. Cependant on doit se former une opinion, 
et on doit recourir à des opérations, et il est souvent difficile 
pour un chirurgien, qui n’a pas de parti-pris d'avance, de sa- 
voir quelle opération,—la Lithotritie ou la Lithotomie— est 
plus convenable au cas. J'avais fait l'opération de la Litho- 
tomie cinq fois, et chaque fois avec succès avant d’avoir fait 
ma première opération de Lithotritie, mais depuis, je n'ai fait 
l'opération de la Lithotomie que trois fois, (*) préférant plu- 
tôt la Lithotritie dans chaque cas où son emploie n’était pas 
clairement contre-indiqué. L'expérience que j'ai ainsi acquise, 
limitée, il est vrai, est celle-ci : que dans le cas d’un adulte, 
la dureté, la dureté seule, offre un obstacle à l’emploie de la 
Lithotritie, ; et que ni la grosseur, ni le nombre des pierres, 
ni même la condition des voies urinaires, ne devraient-être 
un empêchement à l'opération de la Lithotritie, quand bien 
même cette opération serait préférée à sa rivale, plus bril- 
lante, plus rapide et même plus dangereuse, —la Lithotomie. 
Il est a regretter que la statistique ne nous présente pas 
tous les côtés de la question en autant qu’on y trouve une 
comparaison générale entre les deux opérations ; et pour les 





(") 13 Novembre.—Une opération aujourd’hui même (lithotomie) sur un 
cas congénital d'un enfant de cinq ans, change ce nombre à quatre. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 539 


raisons suivantes : pour le succès de la Lithetomie, on doit 
supposer que nécessairement la pierre doit être d’une gros- 
seur moyenne, isolée, et pas trop dure, etque les voies urinai- 
res soient saines. J’ai dit supposer comme nécessaire, car 
dans quelques cas que j'ai rencontrés, tes pierres étaient 
grosses; dans quelques autres cas il y avait plusieurs pierres ; 
et, dans plus d’un cas, les organes étaient loin d’être sains.Si, ce, 
pendant, nous admettons la statistique telle qu’elle nous est 
donnée par ceux qui pratiquent les deux opérations, la litho- 
tritie est une des plus satisfaisantes. Civiale, que j'ai vu opé- 
rer plusieurs fois, et dont j'ai admiré la délicatesse et l’habileté 
en se servant de son instrument, dit que sur 59! opérations 
il n’a constaté que quatorze mortalitées, ou une en 42.2. C’é- 
tait dans sa propre pratique ; tandis que la Lithotomie, jusqu’à 
récemment, donna une dans 7.9. La statistique que nous four- 
nit la Grande-Bretagne n’est pas étendue. Il ya vingt-cinq 
ans, on envoyaitde là, fréquemment, des cas au grand lithotri- 
tiste de Paris, Civiale, mais Brodie, Ferguson, Keith et Thomp- 
son apprirent bientôt à retenir dans la Grande-Bretagne des cas 
qui autrement auraient été envoyé en France. Brodie perdit 
neuf cassur cent-quinze et sur ce nombre cinq seulement suc- 
combèrent à l'opération. Ferguson perdit douze cas sur 109, 
et Keith 7 sur 129. Sir Henry Thompson a eu 84 cas et sur 
ce nombre quatre de fatals, d'après sa première statistique. 
D’après ses statistiques plus recentes, sur 184 cas il en sau va 
93 par 100. Omettant cinq morts di à d’autres causes, la 
mortalité s'élevait seulement à 4 par 100. Je puis dire main- 
tenant, dit Sir H. Thompson, “ que les mortalitées provenant 
de toutes causes pendant ou après le traitement, sur 204 cas, 
de patients âgés en moyenne de 61 ans étaient de 13, ce qui 
donnerait une proportion de guérison de 93$ par 100. Mr. 
Crichton sur 122 cas n’eut que huit morts, ou moins que 
un sur quinze. En considérant, dit un auteur, la mortalité 
relative des deux opérations, qui parle si fortement en faveur 
de la Lithotritie, la faible proportion des cas soumis à cette 
opération semblerait à peine croyable. Mais un écrivain plus 


» 


940 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


moderne, Sir H. Thompson lui-même :—dit : ‘ quoique la pro- 
portion des pierres écrasées, maintenant, rar la plus part des 
chirurgiens soit plus grande que celles soumises au couteau, 
(knife) j'ose considérer la Lithotritie, règle générale, appli- 
quable à cing cas sur six parmi les adultes, et la‘Lithotomie 
ne doit étre employée que par exception.” 

Messieurs, je dois vous demander pardon, si je joins ma sta- 
tistique à celle que je viens de vous lire. Il m'en faut encore 
trois (*) pour faire une vingtaine de cas de Lithotomie et de Li- 
thotritie combinées,huit des premiers,maintenant accru aneuf, 
et neuf des derniers. Mais comme dans un cas de Lithotomie, 
j'avais auparavant lithotrisé le patient ; et comme dans un des 
cas de Lithotritie le patient avait subi antérieurement l’opé- 
ration de la taille, quoique ceci ne diminue pas le nombre de 
cas, il diminue a la vérité le nombre des patients. J’ai très peu 
à dire des cas de Lithotomie. Ils n’offrent guère d'intérêt, cing 
étaient des enfants. L’opération latérale fut faite dans tous 
les cas, à l'exception d’un, où l'on suivit la méthode d'Allar- 
ton. Les opérations furent toutes faites avec succès. Un en- 
fant, cependant, à qui l'opération fut faite il y a quatre ans, 
et à qui j’enlevais une pierre pesant trois drachmes et qua- 
rante neuf grains, souffre encore, et probablement souffrira 
toujours d’incontinence d'urine. Le nombre des calculs dans 
chaque cas fut d’un seul, sauf un cas. J’enlevai, à un mala- 
de à qui je fis l'opération de la taille, vingt-cinq calculs ; cepen- 
dant, en moins de six mois, je l'ai lithotrisé, de nouveaux cal- 
culs s'étant formés dans l’intervaiie. Des neuf cas de Litho- 
tritie, six recouvrirent parfaitement, et sans rechute de la ma- 
ladie ; Pun fut opéré pour la seconde et dernière fois il y a 
plus d’un an ; et des cas inachevés, l’un, entreprit à une époque 
critique, fut abandonné ; et un fut partiellement broyé par 
la Lithotrite, mais un replis de la vessie renditla Lithotomie 
nécessaire. 

La vessie ne fut lésée dans aucun cas où la Lithotrite fut 





(*) 13 Nov. Deux—Voir page 538. 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 541 


employée, et mème (cela a été observé par d'autres) lorsque 
Virritabilité était considérable avant l'opération, cette irrita- 
bilité fut diminuée avant l'enlèvement des débris. Je nepuis 
me rappeler au juste la moyenne du nombre de séances ; 
autant que je m'en rappelle, seize fut le maximum, et trois le 
minimum. 

Les auteurs chirurgicaux sont habitués à donner certaines 
règles pour guider leslithotritistes, qui me paraissent quelque 
peu défectueuses. Je ferai allusion à quelques-unes d'elles : 

10. Quant à l’usage de chloroforme. Le chloroforme devrait 
être administré. Il fut donné dans tous les cas, à l'exception 
d’un seul, et fut rendu nécessaire par l’état nerveux du mala- 
de, et l’irritabilité de la vessie. 

20. On recommande de vider la vessie et de l’injecter d’eau 
tiède jusqu’à ce qu’elle contienne cing ou six onces du liquide. 
Je regarde ce procédé comme pernicieux au plus haut degré, 
car l'injection d’eau chaude est plus douloureuse, et peut-être 
plus dangeureuse, en occasionnant des spasmes de la vessie, 
que l'introduction du Lithotrite ; et tous les chirurgiens con- 
naissent bien la difficulté de retenir un liquide ainsi introduit. 
’ 30. On recommende de ne pas Lithotriser à moins que le 
patient ne puisse retenir son urine au moins quatre heures. 
Quoiqu'il soit très-désirable, comme preuve de l’absence de l'ir- 
ritabilité de la vessie, que le patient soit capable de retenir 
son urine pendant un temps aussi considérable, dans un de 
mes cas les mieux réussis, (un Monsieur de Québec) l’uri ine ne 
pouvait être retenue autant de minutes, et filtrait dans un 
sac de caoutchouc placé pour la recevoir. 

40. Tous les Lithotomistes sont d'accord sur la difficulté 
pour trouver quelquefois la pierre. Souvent la même diffi- 
culté se présente pour la saisir. L’instrument, dont je me ser- 
vais dans mes cas, était français, introduit du côté gauche du 
patient (qui était sur le dos) l'instrument étant tenu perpendi- 
culairement pendant qu'il passait à travers la partie membra- 
neuse de l’urèthre, et s’introduisait par son propre poids. Les 
lames n'étaient ouvertes que lorsqu'ils avaient atteint le centre 


549 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


de la vessie, et tel que recommandé par Civiale ;.aucune dépres- 
sion ne fut faite, et on ne s’efforça pas de faire tomber la pierre 
dans l'instrument (tel que recommandé par Brodie, Hurteloup, 
Crampton et autres), mais je fa saisissais là où ie la trou vais, 
souvent sans toucher, encore moins sans lacérer, les parois de 
la vessie avec les lames de l'instrument. 

Dans un seul cas, le patient se plaignit de douleurs, après 
que l'influence du chloroforme fut passée. 

Un de mes patients, un cordonnier, éprouva si peu de 
douleur par l'opération, qu’il perdit à peine quelques heures de 
travail s'en allant gaiement se coucher quelques minutes 
après-midi en chantant la « Marseillaise, » et se réveillant à 
temps pour retourner en ville et reprendre son travail à une 
heure. Ce patient fut lithotrisé quinze fois en tout, onze fois 
la première séance et quatre fois à la seconde, lorsque les cal- 
culs furent reformés après un intervalle de plusieurs mois ; et 
souvent il déclara devant les étudiants qu'ilne sentait rien. 
Il avait plusieurs gros calculs dont les plus gros débris seuls 
pouvaient remplir une boîte de deux onces. 

‘ Voyant la facilité avec laquelle les calculs furent broyés 
dans les quelques cas que j’employai la lithotritie, et le peu 
de malaise qui suivit et accompagna cette opération, je suis 
d'avis que chez l'adulte : 

10. Quand la pierre est petite, on doit la broyer. 

20. Quelque grosse qu’elle soit, sf elle est friable, broyez.-la. 

30. Sil y en a qu'une, broyez-la. 

40. Sil y en a plusieurs, broyez-les. 

90. Quand la pierre est grosse et dure, soit qu'il y en ait 
une, ou plusieurs, il faut avoir recours au couteau. 

60. Et dans tous les cas, chez les enfants, qu’elle qu’en 
soit la grosseur, le nombre, ou la consistance du calcul, il 
faut préférer la Lithotomie. 

N. B.—Tandis que cette esquisse, courte et imparfaite,— 
écrite principalement pour ajouter un peu à l'intérêt de l’as- 
semblée de l’Association Médicale Canadienne, en cette ville, 
—est sous presse, je parcours pour la première fois l’admira 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 543 


ble ouvrage de Sir H. Thompson “ Practical Lithotomy ang 
Lithotrity.” Quoique plusieurs des observations de Sir Hen- 
ry sont comprises dans Holmes, Gant, Erichsen et d’autres au- 
teurs de chirurgie systématique, l’excellence de son ouvrage 
ne peut-être apprécié qu'après une lecture attentive. Beau- 


‘coup de ce que j'ai écrit est amplement et habilement traité par 


Sir Henry, et jesuis flatté de voir que plusieurs des conclusion; 
auxquelles je suis arrivé, par l'étude de ces peu de cas de ce 
côté de l'Atlantique, sont l'écho des conclusions plus péremptoi- 
res du plus savant lithotriste du jour, par-lobservation de cas 
douze fois plus nombreux. 

Note 2.—Le Dr. Godfrey a eu l’obligence de me faire parve. 
nir au moment actuel (novembre 14,) les détails de neuf cas 
de pierre où il a pratiqué la lithotomie. Sept étaient chez les 
Anglais et deux chez les Canadiens. Et je profite de cette 
note pour ajouter un cas de plus de lithotomie que j'ai pra- 
tiquée dernièrement avec succès chez un enfant de 
cing ans qui souffrait presque de naissance. L'enfant (cana- 
dien) des Tanneries des Rolland (ouest,) est le premier qui 


m'est arrivé de ce quartier-la. Ww. H'Hincsron. 
IMPORTANCE DU LAIT DANS L'ALIMENTATION DE 
L'ENFA ANCE. 


Massieurs les Rédacteurs, 

L'étude particulière que je fais de cette question si négligée 
parmi nous, et mes quelques années d'expériences, m'ont 
montré l'influence déplorable de l'alimentation prématurée, 
et J'ai constaté que ce vice de l'hygiène a causé la mort à un 
grand nombre d'enfants, et j'ai remarqué, ce qui est plus 
triste encore, que ce sont des médecins, qui, par suite d’idées 
fausses et érronées, ont répandu ces doctrines semblables aux 
paysans de LaFontaine, ils ont voulu faire mieux que Dieu 
et ils ont doté nos générations d'une maladie nouvelle : 
rachilisme. 


Afin d’être plus précis dans mes observations, je me don- 
nerai deux questions à résoudre. 


544 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


La nutrition de l'enfant peut-elle s'opérer par l'ingestion 
du lait seul pendant les premiers mois de la vie ? 

Tout autre substance seule ou ajoutée au lait dans cette 
période peut-elle remplacer l'allaitement ? 

La réponse à la première question est affirmative: le lait 
seul fournit à l’enfant récemment né l'élément de sa nutri- 
tion. 

En effet à défaut de l'expérience, l’anatomie est la qui nous 
montre que chez le petit enfant le tube digestif ne peut pas agir 
sur les substances alimentaires comme celui de l'adulte, pour 
leur faire subir les transformations qui les rendent propres à 
sa nutrition. Il y a absence de dents, état rudimentaire des 
glandes salivaires et de la plupart des glandes annexées à la 
muqueuse intestinale qui est blanche, molle et inerte, les 
villosités à peines apparentes, les valvules conniventes non 
formées. 

De cette imperfection anatomique découle l’imperfection 
des sécrétions et surtout du suc gastrique, aussi la nature 
prévoyante a-t-elle donné à l'enfant une nourriture toute 
digérée, pouvant être absorbée sans travail digestif préalable : 
le lait. Il se rapproche du chyle par son aspect et son état 
physique. L'enfant le préfère à tout. L'analyse chimique 
nous montre que cette préférence lui: est due. En effet, ul 
renferme du caséum, principe nutritif par excellence puisque 
c’est la seule substance qui peut nourrir les animaux à l'ex- 
clusion de toute autre, des principes, graisseux et sucrés né- 
cessaires à la respiration, des acides, des sels, surtout du phos- 
phate de chaux nécessaire au squelette. 

Voici de plus ce que nous dit l'expérience scientifique. 
M. Guériu prend des nouveaux nés des mammifères, les 
alimente avec du lait : ils vivent et se développent. 

Il donne à d’autres des bouillons, jus de viande, des amyla- 
cées et supprime le lait : tous meurent en peu de temps avec 
les symtômes de la mort par inanition. 

Une troisième catégorie est soumise à une alimentation 
mixte composée des substances précédentes, avec plus ou 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 545 


moins de lait. Si ce dernier est en petite quantité, l'animal ‘ 
meurt ; si elle est plus forte, il vit, mais présente les signes 
du rachitisme. 

L’alimentation mixte ou prématurée, si l'enfant est près 
du moment de sa naissance, amène des accidents cholérifor- 
mes qui l’emportent. Sil est plus âgé, il continue à vivre 
mais un état maladif se déclare. Il est caractérisé par de la 
diarrhée, de l’amuigrissement. Vers le septième ou le 
huitième mois, on constate l’engorgement du foie, de la rate, 
des ganglions mésentériques, qui amène la proéminence du 
ventre avec une forme particulière, les fontanelles restent 
ouvertes, les dents ne se montrent pas ; l'enfant ne peut 
rester assis, il est affaisé, sans paiété, l'empreinte de la souf- 
france sur la figure. | 

A cette dernière période succède l’altération des os qui cons- 
titue le rachitisme propre à l'enfance, celui qui a été décrit par 
Glisson. Cette seconde période se manifeste entre le neuviè- 
me et le vingt cinquième mois dans la période qui fait suite 
à l'allaitement. Les cellules osseuses s’agrandissent, leurs 
porois perdent leur solidité ; un liquide spécial les baigne ; 
un tissu nouveau spongieux se produit ; l'os perd de sa soli- 
dité ce qui amène sa déformation. 

A-part quelques cas rares qui forment la consomption ra- 
chitique, lorsque la maladie est arrivée à ce point, elle s’ar- 
réte. Au travail de ramollissement et d’imbébition du tissu 
osseux, succède celui de consolidation qui, dépassant le \but, 
donne aux os la solidité et la dureté de l’ivoire. — 

Lexplication de ces faits est très-simple. Au début de la 
vie, la nutrition s'était altérée sous l'influence de l’alimenta- 
tion vicieuse, l’ossification, a été atteinte, enfant grandit, ses 
organes digestifs se développent, se complètent, la nutrition 
se régularise, l’altération des os s'arrête, il se forme un tissu 
de nouvelle formation qui peut être comparé à celui des cica- 
trices, le tissu éburné. 

Cette guérison peut avoir lieu spontanément. On com- 
prend facilement que la maladie sera plus fréquente dans les 


546 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


climats où l'individu se forme tard, que dans ceux où la for- 
mation est plus rapide, chez les enfants issus de parents faibles 
que chez ceux qui proviennent d’une race énergique et bien 
constituée, mais toujours la cause premiere se trouvera dans 
l'alimentation prématurée. 
Laprairie, 7 Novembre 1872. 
De. 8. A. Loxemix. 


THERAPEUTIQUE CHIRURGICALE. 


NOUVEAU PROCÉDÉ DE DILATATION DU RETRECISSEMENT DE L'URÈ- 
THRE, par M. Coze, ancien professeur à la faculté de méde- 
cine de Strasbourg, médecin principal de deuxième classe 
auxiliaire à l'hôpital militaire de Perpignan. 


Les rétrécissements organiques du canal de l’urèthre peu- 
vent être traités par trois moyens chirurgicaux : 10. la dila- 
ation; 20. la cautérisation ; 30. l’uréthrotomie. 

Incontestablement, lorsque le rétrécissemént est très.diff- 
cile à franchir, le chirurgien commence par essayer la dila- 
tation du canal, qui, dans bien des cas, sera l’unique traite. 
ment et, dans des circonstances différentes, permettra de 
mettre en usage les autres procédés curatifs: 

Les moyens ce dilatation actuellement consacrés par la 
pratique sont les bougies, les sondes et quelques instruménts 
spéciaux. 

Les Chirurgiens savent combien grandes sont les peines 
que leur donnent les rétréciesements très-étroits lorsqu'il 
s’agit de les franchir avec des bougies filiformes. 

Le procédé de thérapeutique chirurgicale que je vais faire. 
connaître pourra rendre service même aux spécialistes dont 
l’habileté reconnue a été plus d’une fois mise en défaut. 

il m'a été démontré dans plusieurs circonstances que l’em- 
ploi d’une pression liquide suffisante favorise d’une manière 
remarquable l'introduction de bougies que quelques instants 
auparavant on n'avait pu faire pénétrer, et que l’on peut ar- 
river ainsi à une dilatation relativement très grande sans dé- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 647 


terminer ni douleur ui érosions, et par conséquent en évitant 
le cortège assez habituel des complications qui accompagnent 
les procédés ordinaires. 

La nouveauté du moyen de dilatation que je propose ne 
consiste pas seulement dans l'emploi de l’eau, mais dans l’as- 
plication d’une pression réglée. Amussat avait essayé dans 
le temps les injections forcées et, si ma mémoire me sert 
bien, les accidents qui se développèrent en firent abandonner 
l'usage, et je constate qu'il n’en est fait aucune mention dans 
le TRAITÉ DE MÉDECINE OPÉRATOIRE de mon savant collègue le 
professeur Sédillot. Dans un ordre d'idées à peu près ana- 
logue, Ducamp (Traité de médecine opératoire, par Sédillot et 
Legouest, p. 628; Paris, 1870) a proposé un instrument au- 
quel était adapté une poche de baudruche que l’on insuffle 
d'air ou que l’on remplit d'eau. Sans discuter la valeur de 
l'instrument de Ducamp, on comprend que pour en faire l’ap- 
plication il faut avoir préalablement draté le canal dans une 
certaine mesure. 

A l'aide de l'appareil dont je recommande l'emploi aus 
chirurgiens, je prends le rétrécissement dans son étroitesse 
presque extrême, et je rends assez rapidement possible le : 
_ passage d’une bougie de très-mince calibre, que l'application 
répétée de l'appareil permettra bientôt de choisir de plus en 
plus grosse. 

L'observation suivante va nous montrer la mise en prati- 
que du procédé : 

OssERVATION.—M. X..., lieutenant de cavalerie, entre à 
l’hôpitai militaire de Perpignan le 13 septembre 1871, atteint 
d’une grande difficulté dans l'émission de l’urine, causée par 
des rétrécissemeuts anciens du canal de l’urèthre. 

Quelques jours avant l’entrée à l'hôpital, Purine, au dire 
du malade, sortait péniblement et presque goutte à goutte. 
Cette grande gêne mettait M. X... dans un état d'angoisse 
qu’augmentaient encore de vives douleurs du bas-ventre 
dues à la distension de la vessie. Le cathétérisme était de- 
venu impossible avec une sonde de très-petit calibre. Le 


548  Elunron ménicAzk bY CANADA: 


médecin du corps, qui avait eu recours à une bougie filifor: 
me, engagea le malade à se faire transporter à l'hôpital. 

Antécédents.—A la suite de plusieurs blennorrhagies, M. X.. 
fut atteint de deux rétrécisssements, qui, en 1867, amenè- 
rent des accidents semblables à ceux qui se présentent 
aujourd’hui. Traités alors par la dilation forcée et successive, 
les rétrécissements cédèrent, et après un traitement long et 
excessivement douloureux, M. X.... se vit en situation de 
pouvoir uriner assez facilement. Pendant et après la guerre, 
l'introduction des bougies fut négligée, et petit à petit, sous 
l'influence de nouvelles blennorrhagies, les rétrécissements 
se resserrèrent et déterminérent enfin les accidents relatés 
plus haut. | 

Examen local— Avec une bougie filiforme en queue-de-rat, 
je parvins avéc beaucoup de peine à franchir les deux rétrécis- 
sements et à pénétrer dans la vessie ; il s’écoula un peu 
d'urine le long de la bougie. Le premier rétrécissement est 
situé envirou à 4 centimètres du méaturinaire. Le second 
placé beaucoup plus bas, en est distant de 13 centimètres ; il 
se trouve donc à peu près à l'entrée de la partie prostatique du 
canal. Ces mensuratons prises plusieurs fois, la verge éten- 
due et à l’état de flaccidité, ont donné à peu de chose près 
les mêmes résultats. Je crus reconnaître que ces rétrécisse- 
ments étaitent de simples coarctations fibreuses, que je ne pus 
franchir qu'en imprimant à s'instrument un mouvement de 
vrille. L’urine s’écoulant d’une manière coutinue le long de 
la bougie, cet instrument fut laissé en place jusqu’à la nuit. 
Le malade prit un bain prolongé et des boissons émollientes 
en petile quantité. | | 

Le lendemain, 14 septembre, j’essayai de passer une bougie 
no 1 de la filière métallique (173 de millimètre de diamètre). 
Je pus à grande peine frauchir le premier rétrécissement ; 
la bougie était tellement serrée par les tissus indurés que je 
pouvais soulever la verge avec l'instrument engagé ; il me 
fut impossible de traverser le deuxième obstacle, et je fus obli- 
gé de recourir à la bougie filiforme qui m'avait servi la veille. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. b4ÿ 


Un bain fut de nouveau prescrit, Nourriture légère : peu 
de boisson, | 

Je fis, le troisième jour, la même tentative que la veille 
sans obtenir de meilleur résultat. La sensibilité de la mu- 
queuse uréthrale était très-vive et le malade redoutait extré- 
mement le traitement par dilatation, fait en 1867. 

J'eus alors la pensée de mettre en pratique une idée que 
j'avais eue depuis longtemps ; je songeai à créer avec une 
colonne d’eau un moyen nouveau de dilatation. 

L'appareil dont je donne la description plus loin fut éta- 
bli au-dessus du lit du malade et, le 17 septembre, j'en fis la 
première application. La pression aqueuse, maintenue pen- 
dant quatre à cinq minutes, je pus à mon grand étonnement, 
franchir avec la bougie n°.1 de la filière les deux rétrécisse- 
ments : le premier fut traversé avec facilité ; le deuxième, 
avec plus de peine et avec cette circonstance que la bougie- 
était retenue par le canal, comme elle l’avait 6t6 précédem- 
ment dans l'essai du passage du premier obstacle. Enfin l’ins- 
trument arriva trés-bien dans la vessie et quelques gouttes 
d'urine apparurent. 

Cependant, pour ne point fatiguer le canal, je remplacai la 
bougie n° À par la bougie filiforme, qui ayant passé avec la 
plus grande facilité, permit à l’urine, additionnée de l’eau de 
l'appareil, de s’écouler peu à peu. (Bain de siège ; émulsion 
d'amandes ; régime léger.) 

Le 18 septembre, application de la pression ; passage facile 
des deux rétrécissements avec la bougie no 1, qui est laissée 
à demeure pendant deux heures Le soir, à la contre-visite, 
nouvelle application de pression ; la bougie n° 1 est gardée 
encore pendant deux heures. Le malade urine sans bougie 
avec un peu plus de facilité. (Même prescription.) 

Le 19 septembre, après l'application de la pression, la bougie 
n° 3 (1 milimètre de diamètre) passe les rétrécissements. Le 
malade applique lui-même la pression en dehors de la visite 
et se sonde lui-même. 

Le 20 septembre, n° 5 (t milimètre 273). 


580 L'UNION MEDICALE DU OANADA, 


Le 21, no 7 (2 milimètres 173). 

Les 22, 23, 24et 25 septembre, le malade avait été pris de 
diarrhée (épidémique alors dans la garnison, l'hôpital et la 
ville) ; un traitement approprié modifia rapidement cet acci- 
dent qui ne fut que passager. 

Le 26, reprise de la dilatation par l’eau ; passage de la bou. 
gie n° 7. \ 

Le 27, dilatation par l’eau ; bougie n° 9 (3 milimètres de 
diamètre). ; 

Le 28 et 29, même numéro. 

Le 30, aprés application de la pression, bougie n° 12 (4 mi- 
limètres de diamètre). Il est inutile de dire que depuis quel- 
ques jours le malade urine avec facilité et qu’il n’a jamais eu 
ni écoulement sanguin, ni déchirure, ni fausse route; la 
douleur a été à peu près nulle. 

Les ler, 2et 3 octobre, continuation de la dilatation etde l’u- 
sage de la sonde n° 12, qui deux fois par jour est maintenue 
dans le canal pendant un certain temps. Le malade, satisfait 
du résultat, désirait vivement quitter l'hôpital. 

Le 4 octobre, je décidai M. X... a rester encore quelques 
jours. Je passai, apres pression, une bougie n° 14 (4 milimé- 
tres 273 de diamètre). Pour diminuer la rapidité d’écoule- 
ment de l’eau de l'appareil dans la vessie, on comprimait le 
canal aussi bas que possible ; mais il est bien entendu que 
l’on ne”put comprimer au delà du deuxième rétrécissement. 

Pendant quelques jours, M. X... passe lui-même, après di- 
latation et même sans dilatation, la bougie n° 14, et, pressé 
de reprendre son service, il quitte l'hopital. Le jet d'urine 

avait repris une ampleur qu'il n'avait plus depuis longtemps. 

J’ai revu plusieurs fois M. X...depuis sa sortie. La dilata- 
tion du canal se maintient bien, et aujourd’hui, 5 Décembre, 
M. X...urine avec la plus grande facilité, et avait tout récem- 
ment encore passé la bougie n° 14, se promettant bien, en cas 
de besoin , d'organiser lui-méme un appareil à pression. 

L'observation que en vient de lire démontre la facilité 
avec laquelle à l’aide du procédé nouveau, on parvient à 
franchir et à dilater des rétrécissements très-étroits. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 551 


La dilattion par l’eau étant très-peu douloureuse enlève 
aux procédés de dilatation ordinaires des éléments de com- 
plication quelquefois très graves. C'est un moyen théra- 
peutique mixte en ce sens que la pression aqueuse dilate, 
puisqu'elle facilite le passage de la bougie maintenue tem- 
porairement dans le canal prolonge et assure peut-être la di- 
latation. 

Destription de l'appareil.—L'appareil, très-afcile à organiser 
et à monter, donne une pression d’eau représentée par une 
colonne de liquide de diamètres variés et d’une hauteur de 
2m. 40. | 

Il se compose: d’un entonnoir de fer blanc adapté à un 
tuyau de caoutchouc ayant environ 1 centimètre 172 de dia- 
mètre ; à ce tuyau est fixé un robinet de cuivre ; au robinet 
fait suite un petit tuyan de caoutchouc dans lequel est inséré 
à frottement un tube de verre effilé et à bords mousses. 

Les dimensions de ces diverses parties, adaptées l’une a la 
suite de l’autre, sont les suivantes : 





Entonnoir ; longueur... cee ec es ose 0,22 
Grand tuyau de caoutchouc ; longueur:... 1™,63 ~ 
Robinet (partie visible)............ rere 0™,06 
Petit tuyau de caoutchouc... , +. 0m,15 
Tube de verre (partie visible)............ sos Om 34 

\ 2m 40 


L'appareil ainsi établi et d’une construction, comme on le 
voit, très-simple, est hissé au plafond à l’aide d’une corde lé- 
gère roulant sur une poulie ; suspendu au-dessus du lit du 
malade, on le descend facilement pour le remplir d’eau ; il 
contient environ 750 grammes de liquide. 

Précautions à prendre dans l'application.—L'eau que l’on em- 
ploie doit avoir une température de 25 à 27 degrés C. ; j'ai 
toujours eu la précaution de demander de l’eau ayant bouilli, 
afin d'éviter autant que possible l'introduction dans la vessie 
de germes ou de ferments dont la présence pourrait, jusqu’à 
un certain point, être nuisible. 





552 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


Avant d'introduire dans le méat urinaire la partie effilée 
du tube de verre, un aide ouvre le robinet de manière à faire 
arriver l’eau à l'extrémité du tube et constituer ainsi en en- 
tier la colonne de pression. 

Cela fait, le chirurgien, tenant le gland de la main gauche 
introduit et maintient de la main droite le tube de verre de 
manière qu’il ne s'écoule aucune poriion de liquide au de 
hors. La pression s'opère. Le liquide passe, et lorsque l’on 
s'aperçoit que lair remplace l’eau au haut du tube de verre 
le robinet est fermé et l’on enlève l'appareil. Daus certains 
cas, comme je l’ai dit plus haut, on peut prolonger le con- 
tact en interceptant. par la compression du canal, le cours 
du liquide. Ce robinet scra ouvert au début avec précau- 
tion et en partie, la : ression pouvant être quelquefois diffi- 
cilement supportée par le malade. 

L'appareil eulevé, le chirurgien fait les essais d’applica- 
tion des bougies. 

Un malade intelligent peut lui-même appliquer la pres- 
sion trois ou quatre fois par jour. 

Conclusions.—1o. Une pression d’eau convenablement appli- 
quée dilate les rétrécissements très-étroits et permet de les 
franchir avec facilité. 

20. Ce procédé de dilatation a l’avantage de ne déterminer 
ni douleur ni aucun des accidents qui accompagnent habi- 
tuellement l’emploi des autres moyens de dilatation. 

3°, La dilatation obtenue par l’eau est continuée et main- 
tenue par l’usage de bougies à demeure temporaire. 

(Gazette Hebdomadaire.) . 


NOTES SUR L’ERYSIPELE. 
(SUITE ET FIN) 
Angioleucite réticulaire généralisée. 
M... (Prosper), 26 ans, domestique, rue Saint-Lazare, 54, 


entré à Lariboisiére, salle Saint-Augustin, No. 5, le 19 août 
1858. | 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 553 


C'est un ancien malade du mois de janvier; il était venu 
pour se faire soigner d’une chute faite dans un escalier. 

La partie moyenne de la cuisse droite avait porté sur une 
marche. Une inflamation assez considérable s'était déclarée, 
et avait été combattue par les antiphlégistiques. Il était sor- 
ti parfaitement rétabli. Ultérieurement, la fatigue avait 
amené une recrudescence d’inflammation ; car aujourd’hui 
la partie inférieure du fémur a pris un accroissement de vo. 
lume qui remonte jusqu'à la partie moyenne de l'os. Le ma- 
lade peut à peine marcher ; il accuse une douleur très-vive à 
la partie postérieure de l’os, un peu au-dessus des condyles. 

On croit sentir de la fluctuation, on redoute une inflamma- 
tion de l'os, on fait une ponction ; issue d’un peu de sang. 

Dans la crainte ‘que linflammation ne se propage à l’arti- 
culation du genou, on fait une forte application de sangsues. 
Le lendemain 15, on la renouvelle. 

Les jours suivants, un peu de mieux. L’'incision paraît 
avoir dégorgé les tissus. 

Mais, le 28, le malade ressent un frisson prolongé. Sulfa- 
te de quinine. 

Le 24, pas de fièvre. 

Le 25, une angioleucite réticulaire, limitée, bien caractéri- 
sée par sa couleur, ses bords déchiquetés, l'absence de tout 
bourrelet et de phlyctènes, se déclare autour de la plaie et 
sur la partie anterieure du membre, au-dessus des condyles, 
et s'étend dans une dimension de la largeur de la main. 

A partir de ce moment, on assiste à une série de phénomé- 
nes des plus curieux. 

L'angioleucite devient ascendante et envahit toute la cuis- 
se, arrive à la hauteur de la hanche, d’où l’on voit les trajets 
rouges des lymphatiques ; on en peut compter de cinq à six, 
montant verticalenent pour se rendre à l’aisselle. Amidon en 
poudre sur les parties malades. 

Le 31 août, Pangioleucite trajective s’est transformée en 
angioleucite réticulaire ; elle s'étend vers la partie médiane 
du tronc en avant, passe sur le côté droit, couvre le dos et 


654 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


vient apparaître à gauche en trajets rouges se rendant à l’ai- 
ne gauche. 

8 septembre.—Toute la poitrine, le dos et le cou par la par- 
tie postérieure sont pris. 

‘La coloration a pâli sur la cuisse droite. 

4 septembre.—L’angioleucite continue ses progrès sur le 
cou; passe en avant, envahit les deux bras à la fois, après 
avoir passé sur les épaules en manière de bretelles. 

9 septembre.—Le malade maigrit. La coloration rosée di- 
minue là cu elle existe encore. Les douleurs diminuent éga- 
lement. La joue gauche est envahie la première. 

10 septembre.—Sur les bras, l’angioleucite arrive aux poi- 
gnets et s’y arréte. 

11 septembre.—L’angioleucite est arrivée au front. Peu 
de rougeur, mais douleur à la pression. 

La première plaie faite au genou est cicatrisée. 

13 septembre.—L’angioleucite a envahi toute la tête. 

15 septembre—La rougeur disparait sur tous les points. 
Appétit. 

21 octobre 1858.—Guérison complète. 

Chez ce malade, dans un espace de deux mois et un jour, 
Vangioleucite réticulaire, sans jamais rien perdre de ses ca- 
ractères propres et sans emprunter un seul instant les carac- 
tères de l’érysipèle, la bordure festonnée, le bourelet, les phiycte- 
nes, a successivement parcouru de proche en proche toutes 
les parties du corps, précédée, d’une région à l’autre, par des 
trainées rouges et accompagnée d’un léger engorgement gan- 
glionnaire. 

Voici maintenant le résumé des caractères distinctifs:  : 

10. Le bord de l’érysipéle est toujours festoné ; le bord de 
l’angioleucite toujours dentelé, déchiqueté, semblable aux con- 
tours géographiques des îles représentées sur nos cartes. 

20. L’érysipèle a une teinte rouge foncée ; Pangioleucite of- 
fre une teinte beaucoup plus claire. 

30. L’érysipéle se présente avec une rougeur qui est habi- 
tuellement tout d’une pièce, l’angioleucite offre le phénomè- 


L'UNION MEDICALE DU CANADA. 555 


ne dé la diaprure ou de la marbrure, c’est à-dire que sur un 
ou plusieurs points de la surface rouge, on trouve des espa- 
ces dans lesquels la peau conserve sa coloration normale. 
On ne rencontre jamais dans l’érysipéle ces petits îlots ou 
espaces insulformes, d'aspect blanchatre. 

lo. L’érysipèle offre toujours sur ses bords un bourrelet, 
une petite élevure parfaitement appréciable au toucher; l’an- 
gioleucite réticulaire présente un nivellement parfait avec la 
peau qui l’environne. 

En d’autres termes, l’érysipèle fait gonfler la surface de la 
peau ; l’angioleucite ne donne lieu à ‘aucune tuméfaction, à 
aucun relief. 

50. L’érysipéle a presque toujours, ou du moins très-sou- 
vent, des phlyctènes ; l'angioleucite n’en présente jamais. 

60. L’angioleucite réticulaire est, primitivement, une ma- 
ladie toute locale. Elle n’est pas l'indice d’un trouble géné- 
ral de l’économie ; elle n’est jamais mortelle. 

J'ai vu des angioleucites réticulaires parcourant d’une ma- 
uière successive toute la surface du corps et pésentant une 
grande intensité, sans avoir jamais causé la mort. | 

L’érysipéle implique toujours l'existence d’un trouble géné- 
ral de l’économie ; les cas où l’érysipèle cause la mort ne 
sont pas rares. 

80. L’angioleucite n’est jamais contagieuse ; l'érysipèle, 
pour beaucoup de médecins et de chirurgiens, est réputé con- 
tagieux ou du moins transmissible de l’homme à l’homme. 

90. L’angioleucite n’est jamais épidémique ; un grand nom- 
bre de médecins admettent l’épidémicité de l’érysipèle. 

100. L’élévation de la température dans l’érysipèle est sen- 
siblement supérieure à celle que présente l’angioleucite. 

110. L’érysipéle est une capillarite, ou inflammation du 
réseau sanguin sous-épidermique, et l’angioleucite est une 
capillarite, ou inflammation du réseau lymphatique sous-€pi- 
dermique. 

120. La déambulation comparée de l’érysipèle et de l’angio- 
leucite réticulaire, présente uu caractère différentiel impor- 


556 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


tant. L’angioleucite réticulaire est généralement convergen- 
te vers les régions ganglionnaires ; la direction de son pro- 
grès peut être tracée à l’avance, par les notions anatomiques. 
Il y a mème ceci de particulier que, dans les cas très-excep- 
tionnels où la plaque angioleucitique est récurrente et sem- 
ble rétrograder, elle reste toujours fidèle au tracé des lym- 
phatiques. 

L’érysipéle offre une déambulation tout à fait irrégulière 
et marche dans des directions qu’on ne saurait prévoir. En 
outre, il offre le phénomène du saltus érysipélateux, qui con- 
siste dans l’apparition inattendue, sans communication aucu 
ne-avec une plaque érysipélateuse existante, et même à une 
grande distance de celle-ci, d'un érysipèle qu’on appelle tan- 
tôt ambulant et tantôt métastatique. 


L’angioleucite a toujours une propagation continue sur le 
tracé des cordons et ne donne jamais que l’idée d’une migra- 
tion de proche en proche. Jamais d'apparition soudaine sur 
un point éloigné rien qui puisse se rapporter à l’idée d’une 
sorte de transportation. L’angioleucite marche toujours en 
ligne continue et jamais entrecoupée. . 


130. La marche de la suppuration, le siége des abcés, leur 
nombre (l’homme aux 21 abcès), leur époque d’apparition au 
cours de la maladie et non à sa fin, tout cela offre des diffe- 
rences marquées. Impossible d’y insister en ce moment. 


Ii n'y a peut-être pas dans l’économie un autre exemple 
dans lequel, avec un siége aussi rapproché, puisque ce ne 
sont pas autre chose que des réseaux vasculaires superposés 
et juxtaposés l’un à l’autre, il y ait un aussi grand nombre 
de différences et d’oppositions caractéristiques et signalétiques 
qu'on ne peut compter entre l’érysipèle et l’angioleucite ré- 
ticulaire. 

Nous arrivons maintenant à des caractères différentiels dis- 
cutables, qui, à nos yenx, ont une valeur réelle et significa- 
ve, mais qu’il nous sera peut-être plus diffcile de faire admet- 
tre par les partisans de l’unicité des deux maladies. 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 557 


Nous voulons parler des caractères différentiels provenant 
de l’étude étiologique. ° 

Si, du point de vue de la non-identité des deux maladies, 
nous examinons le côté étiologique de la question, nous sai- 
sissons entre les causes habituellement provocatrices soit de 
l’angioleucite, soit de l’érysipèle, cette différence, que dans 
l’angioleucite les blessures sont généralement plus superfi- 
cielles et ne font pas saigner, tandis que dans l’érysipéle, il y 
a presque toujours une cruentation, qui témoigne d’une attein- 
te directe portée aux réseauxsanguins. La différence du frô- 
lement à l’écorchure. 

Nous croyons même que J’écrasement linéaire qui, géné 
ralement ne fait pas saigner les tissus. doit à cette circons- 
tance de ne jamais, ou presque jamais, causer l’érysipèle. 

La détermination étiologique respective est difficile à éta. 
blir, parce qu’il y a des causes qui sont communes aux deux 
maladies. Mais si vous voulez trouver la solution étiologi- 
que, faites ceci : mettez en regard de chaque lésion détermi- 
née, d’un côté l’angioleucite, de l’autre l’érysipèle, et compa- 
rez les deux tableaux. 

Prenons, par exemple, les amputations, et voyons le nom- 
bre respectif des angioleucites et des érysipèles à la suite des 
amputations. ° 

Voici ce que vous trouvez : sur vingt amputations, presque 
jamais d’angioleucite, et au moins un ou plusieurs érysipèles. 

N’est-il pas reconnu que l’amputation est une cause notable 
d’érysipele et une cause presque nulle d’angioleucite ? 

Dans l’ablation des tumeurs, c’est la mème chose. 

Passez successivement en revue toutes les causes trauma- 
tiques, il vous sera répondu que les causes d’érysipéle inté- 
ressent constamment les réseaux sanguins, qu’elles font sai- 
gner les tissus et qu’elles agissent plus profondément que les 
causes d’angioleucites. 

On pourra m'objecter que l’érysipèle n’a quelquefois pour 
origine qu’une cause, en apparence légère, qu’un simple bou- 
ton. Mais prenez bien garde que ce bouton, tout bouton 


558 L'UNION MEDICALE DU CANADA. 


qu'il est, a été mis en sang par une de ces attractations telles 
qu’en provoque le prurit, et que dès lors il y a eu accès direct 
aux réseaux sanguins. 

Une simple pustule vaccinale peut devenir l’origine d’un 
. érysipèle. Mais la piqûre vaccinale at-elle fait saigner ? Est- 
elle restée exempte de tout saignement ? C’est là une distinc- 
tion de première importance. Si l’inocula‘ion a été faite avec 
la pointe d’une épingle et par simple rayure non sanglante, 
je doute fort que vous puissiez montrer un érysipèle prove- 
nant de pareille source. Si elle est faite avec un instrument 
piquantet tranchant à la fois comme l'est la lancette,alorstout 
s'explique. Les réseaux sanguins ont été directement intéres- 
sés. 


SEMEIOLOGIE. 


DES TEMPERATURES BASSES EXCESSIVES. Leçon faite à l'hôpital 
de la Pitié, par Micaez Peter. 


SOMMAIRE. — Refroidissement extrinsèque, ou par rayorne- 
ment, et refroidissement intrinsèque, ou spontané. —L’a- 
baissement de la températeure, dans le premier cas, peut 
être beaucoup plus considerable que dans le second, sans 
que mort s’ensuive nécessairement. — Importance de l’inté- 
grité de l’organisme sur le retour à la santé. — Émacia- 
tion et refroidissement parallèles par l’inanitiation. — Tem- 
pératures basses de la convalescence, du sclérème, du 

* choléra, des affections chroniques, de l’urinémie, de la 
lypémanie. — Conséquences pratiques diverses. 





Maintenant il est un état de l'organisme qui se rapproche de 
celui qu’entraîne l’inanitiation, c’est la convalescence. Alors, 
en effet, les individus sont émaciés comme les animaux de 
Chossat, et comme eux ils présentent une basse température. 

Les convalescents ont encore cela de commun avec les 
inanitiés que parfois leur estomac est devenu incapable, au 
moins momentanément, de reprendre ses fonctions. Vous 
savez, en effet, par l’observation des naufragés de la Miduse, 


L'UNION MEDICALE DU CANADA, 559 


tecueillie par de Savigny, comme par les expériences de 
Chossat, qu'aux bout de quelques jours de privation absolue 
d'aliments non-seulement l'appétit se perd complètement, 
mais encore l'aptitude digestive est à peu près totalement 
abolie. La vue mêmedes aliments n’excite plus de désirs et 
leur ingestion imprudente est bientôt suivie de vomissements. 
L’estomac a participé à la déchéance générale ; il est revenu 
sur lui-même, s’est anémié et ne sécrète plus, ou ne secrète 
qu'en insuffisante quantité le suc gastrique ; c'est ce qui 
résulte d'observations directes’ faites sur des chiens à fistule 
épigastrique. 

Dans ces cas, il importe de venir au secours de l'organis- 
me par une alimentation réparatrice ; mais parfois vous ne 
pouvez le faire que par des voies indirectes. 

Indépendamment, en effet, de cette faiblesse radicale de 
l'estomac, il peut survenir chez certains convalescents de 
fièvre continue une telle irritabilité du viscère que l’alimenta- 
tion semble imposible et contre-indiquée ; ils vomissent dès 
qu'on essaye de les alimenter, ont de la douleur à l’épigastra 
et une petit fièvre reparaît. Vous entrevoyez alors vaguement 
le fantôme de la gastrite. Tel étaitle cas d’un convalescent de 
fièvre typhoide que j'avais dans mon service à la Charité, alors 
que je suppléais le professeur Monneret. Eh bien, malgré les 
vomissements, la douleur épigastrique et la petite fièvre, 
je résolus de l’alimenter, persuadé que j'étais qu’il n’y avait 
pas là d’inflammation de la membrane muqueuse, mais une 
simple intolérance. par hyperesthésie. En vue de combattre 
celle-ci, je fis appliquer un vésicatoire à l'épigastre et donner, 


immédiatement, avant chaque petit repas, une solution mor- 


phinée (2 à 3 milligrammes chaque fois). Les aliments 
furent supportés, les vomissements cessèrent, la flèvre dispa- 
rut et le malade guérit. Je crois qu’en pareille circonstance 
une injection hypodermique de morphine eût rendu les 
mèmes services, et que le vésicatoire n’était pas indispensable. 

Mais revenons aux basses températures, et, àce sujet, par- 
lons du scléréme des nouveau-nés, 


560 L'UNION MÉDICALE Dv GANADA, 


C'est un état morbide qui rappelle les expériences de Chos: 
sat. Dans ce cas, en effet, il y a également inanitiation, 
car les malades sont ou des avortons incapables de se nour- 
rir, ou de malheureux enfants qu'ont abandonnés leurs 
mères. Mais, indépendamment de l’absence de nourriture 
ou de l'insuffisance de celle-ci, il y a, comme l'a très bien 
fait remarquer M. H. Roger (De la température chez les 
enfants à l’état physiologique et pathologique, 1844), l’interven- 
tion du froid extérieur, car on observe surtout le sclérème 
dans les hospices d'enfants trouvés et alors que les enfants 
ont été abandonnés pendant Vhiver. De sorte que le cas se 
rapproche tout a la fois de celui de notre femme du numé- 
ro 14, qui, elle aussi, s’était refroidie par rayonnement pen- 
dant une nuit du mois de mars, et de celui de certains ani- 
maux inaniciés par Chossat : je veux dire les très-jeunes ani- 
maux que ce physiologiste a vus résister moins longtemps à 
l'inanitiation et se refroidir beaucoup plus vite. 

Dans le sclérème, ou œdème des nouveaux-nés, que M. H. 
Roger propose judicieusement d'appeler @déme algide, pour 
bien en préciser fles deux éléments morbides, cet habile 
médecin a.vu la température s’abaisser jusqu’à 25 degrés, 
230,5, 220, 5 et mème 22 degrés, c’est-a-dire dans ce cas jus- 
qu’à 15° au-dessous de la température normale. Ce qu'il y a 
de remarquable dans cette maladie c'est que le refroidisse- 
ment continue jusqu’à la mort. Ainsi, dans la premiere 
observation de M. Roger, en quatre jours la température 
axillaire baisse de 32 degrés à 22 degrés, c’est-à-dire de 11 
degrés (la température extérieure étant de 16 degrés le 
dernier jour de la vie). 

Quant à l’autre élément morbide, l'’ædème, M. Roger se 
demande s’il précède ou suit le refroidissement, et il est assez 
disposé à croire que le refroidissement est l'acte pathologique 
initial. Il y a d’ailleurs corrélation entre ces deux faits, de 
sorte que de l'intensité du refroidissement on peut conclure à 
l'intensité et à l'étendue de l’endurcissement. 

Deux fois seulement sur 29 cas, M. Roger a vu les nou- 


| 
| 


| 
i 


L'UNION MÉDICALE bt CANADA: 561 


Velu-nés atteints de sclérème revenir à la santé: chez l'un le 
thermomètre était descendu jusqu'à 33 degrés, chez l’autre 
jusqu’à 329,5. Ainsi un nouveau-né peut, sans en mourir, 
avoir quelque temps une température de 4 à 5 degrés au-des. 
sous de la normale 

Dans ces conditions, pour rappeler le malade à la vie, il ne 
suffit pas de le réchauffer artificiellement, il faut encore es- 
sayer de l’alimenter. Dans les expériences de ranimation de 
Chossat, dés qu’on cessait de chauffer les animaux ils per- 
daient leur calorique avec une vitesse presque double de ce 
qu'ils perdaient dans tes heures voisines de la mort (5 degrés 
par heure). Au contraire, en joignant l'alimentation au 
réchauffement artificiel, sur six expériences Chossat a obtenu 
trois rétablissements. Ainsi ce que le réchauffement ne fait 
pas la digestion peut le faire; elle sollicite la spontanéité 
calorifique, ou, en d’autres termes, elle provoque les actes 
thermogènes du foie, des reins et des autres organes sécré- 
teurs, qui, faisant de la chimie vivante; font par cela même 
de la chaleur animale. 

Après le sclérème, le choléra indien est l'affeection aiguë 
dans le cours de laquelle s’observent les températures mor- 
bides les plus basses. Cependant la divergence d’assertions 
commence quant à la période où le refroidissement est le 
plus intense. Les uns, avec Barensprung et Doyère, ont dit 
que c'était dans la période algide, les autres, avec presque 
tous les médecins des hôpitaux de Paris, que c'était dans la 
période typhique ou de réaction. Cela tient, dit M. Hirtz 
(Chaleur dans ls maladies, in Nouv. Dict. de méd. et de chir. 
prat., 1867), au lieu et au moment de l'application du ther- 
momètre ; dans l'anus il donne la température centrale, qui 
peut être en excès, dans l’aisselle et surtout dans la bouche, 
il indique la réfrigération périphérique, qui est tres-réelle. . 

Je vous ai dit, dans une leçon précédente, comment, dans 
cette affection où s’observent en réalité les températures les 
plus basses, on peut, au moment où la vie va finir, constater 
de très-hautes températures centrales : le mème fait se mon- 


562 L'UNION MÉDICALE DE CANADA: 


trant également dans le cours de l’algidité, ce n’est qu’une 
affaire d'asphyxie terminale ou momentanée. Si la tempéra- 
ture axillaire ou rectale est plus basse dans la réaction que 
dans l'algidité, c'est qu’alors l’hématose recommence à se 
faire mieux et que la réfrigération pulmonaire est moins in- 
complète. 

Mais, comme I’ont dit quelques auteurs, le choléra asiati- 
que est-il la maladie où la chaleur descende le plus bas ? Ou 
bien n'y a-t-il qu'une absence de déperdition du calorique, 
qui n’arrive plus à la surface par suite de la cessation du cours 
du sang aux extrémités, comme l’a récemment soutenu M. 
Marey. ° 

Déjà M. H. Roger avait fait observer « qu'il n’y a pas dans 
ces cas distribution inégale de la chaleur animale, mais dime- 
nution simullanée de la température intérieure comme de la 
température externe » (Recherches expérimentales sur l'abaisse- 
ment de la température dans le choléra, in Actes de la Soc. méd. 
des hôp. de Paris, 1850), et ce savant observateur, ayant pris 
simultanément la température dans la bouche, aux mains, 
aux pieds, dans l’aisselle, a trouvé que le thermomètre placé 
dans la bouche ou daus l’aisselle a accusé une diminuton de 
Ja chaleur interne, de même que, enfermé dans la main, il indi- 
quait un refroidissement dela surface et des parties éloignées 
du centre circulaire. « Il y avait, dit-il, refroidissement géné- 
ral ; cette réfrigération étant du reste moins marquée à l’ais- 
selle, plus prononcée dans la bouche, à son summum aux ex- 
trémités. » 

M. Lorain, dont les idées théoriques ne s’éloignent pas no- 
tablement de celle de M. Marey, a fait cependant sur les tem- 
pératures comparées dans le choléra des recherches qui, en 
confirmant celles de M. Roger, ont montré que la tempéra- 
ture du rectum est toujours supérieure à celle de l’aisselle et 
souvent supérieure à celle de l’état physiologique. “ Ainsi 
(sur 74 malades ) le thermomètre ne s’est abaissé à 34 degrés 
(dans le rectum) que dans 1 cas, à 35 degrés dans 2 cas, et il 
n’est monté à 40 degrés que dans 5 cas. C’est entre 37 degrés 





| 


t'untoN MÉDIOALE pt CANADA, 663 


et 38 degrés qu'a lieu Yoscillation dans l'immensé füâjorité des 
cas. Ainsi, dit encore M. Lorain, la températüté centrale 
tend à rester constante ” (Études de médecine clinique ; le cho- 
léra observé à l'hôpital Saint-Antoine.) 

M. Lorain a encore trouvé que quand la chaleur du tectum 
vient à baisser, aussitôt celle de la bouche baisse das deg 
proportions énormes. Lorsque, au contraire, la courbe des 
températures du rectum se relève et se hausse au-dessus de la 
moyenne, la courbe des températures de la bouche se haussé 
tout près de la première et reste haut. ” Cette dépense (de 
calorique par la bouche) fait baisser le niveau. ” ( Lorain, 
Om cit.) 

De tout ceci on peut conclure qu’il n’y a pas dans le cho- 
léra concentration de la chaleur vers les organes internes, 
mais bien réellement abaissement de la température géné- 
rale. La soif vive invoquées comme preuve par M. Marey me 
semble peu probante quand à cette concentration de calorique 
à l'intérieur, attendu qu’elle s'explique parfaitement, cette 
soif, par l'énorme spoliation de liquide résultant de la diar- 
rhée, des vomissements et des sueurs cholériques. lly a là 
un fait analogue à la soif ardente consécutive aux vastes hé- 
morrhagies : de part et d'autre, perte de liquide par l’orga- 
nisme et besoin impérieux de le recouvrer. 

En résumé, le choléra asiatique est bien et dûment une 
maladie algide, qui entraîne un abaissement considérable de 
la température à la périphérie, un abaissement moindre mais 
réel à l’intérieur, et où le calorique ne s’accumule centrale- 
ment que d’une façon accidentelle et par le fait de l’asphyxie 
momentanée ou ultime. 

Cela dit, quels sont les chiffres les plus intéressants ét les 
résultats les plus pratiquement. utilisables obtenus par les 
auteurs ? - . 

Czermak a, vu la température des extrémités osciller entre 
23 et 29 degrés ; H. Roger a trouvé une fois 21 degrés dans 
la main (3 degrés 172 au-dussus de la température ambiante). 

Le refroidissement des extrémités, et en particulier du nez, 


864 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


de la langue, des oreilles, n’est pas dans la proportion de 
Yabaissement de la température générale; il va bien au delà. 

Au point de vue pratique, M. H. Roger admet que dans le 
choléra le thermomètre peut servir au pronostic : ’abaisse- 
ment étant synonyme de danger. Dans toutes ses observa- 
tions, sauf une seule, la mort eut lieu lorsque le thermomè- 
tre avait marqué moins de 32 degrés dans la bouche et moins 
de 23 degrès dans la main. Il y eût comme exception le fait 
d’une jeune fille dont la bouche marqua 24 degrés un jo ur, 
860,5 le lendemain et qui guérit. 

Dans ses recherches si bien conduite, "M. Lorain est arrivé 
à cette conclusion que, dans le choléra, des courbes de tem- 
pératures uniformément descendantes sont signes de mort, et il 
rapporte deux observations dans la première desquelles on voit 
en cing jours la température de la bouche baisser de 59,1 (de 
360,6 à 310,5) celle de l’aisselle de 3,2 (de 37,2 à 34 degrés, 
et enfin celle du rectum de 2,8 (de 38 degrés à 350,2 Dans 
la seconde observation, en huit jours, la chaleur de la bou- 
che tomba de 3,6 (de 34 degrés à 300,4), celle de l’aisselle de 
30,2 (de 350,2 à 32 degrés), et celle du rectum beaucoup plus, 
de 5 degrés de 370,8 à 320,8). [1 y eût mort dans les deux cas. 
L’abaissement de la température du rectum, dit à ce propos 
M. Lorain, est un phénomène d’une extrême gravité lorsqu'il 
se maintient. 

Inversement, et d'après le même médecin les courbes de 
température uniformément ascendante marquent la tendance à 
la guérison. Ainsi, dans deux cas terminés par la guérison, 
on voit chez un malade, la température de la bouche s'élever 
graduellement de 20,6 (de 34 degrés à 36,6), celle de l’aissel- 
le de 10,6 (de 35°,6 à 370,2), et celle du rectum de Ce,7 (je 360,4 
à 38 degrés) chez l'autre malade, la température de la bouche 
s'élève de 20,6 (de 350,8 à 380,4), celle de l'aisselle de 2,1 (de 
360,3 à 380,4), et celle du rectum de 10,7 (de 379,6 à 390,3). 

Ainsi le choléra est, de toutes les affections aiguës, celles 
où la température peut s’abaisser le plus sans: que mort s’en 
suive ; ce qui tient vraisemblablement, suivant moi, à l'inté. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 563 


grité relative de l’organisme. - Mais dans aucun cas nous ne 
voyons, sans que la morten soit la suite, la température 
baisser autant que chez notre malade du numéro 14 de la 
salle St. Charles (26 degrés dans le vagin), laquelle a cepen- 
dant guéri ; et il nous semble n’y avoir d’autre raison de ce 
fait que l'intégrité absolue de l'organisme. Cette femme n’a- 
vait rien perdu que du calorique, tandis que les cholériques 
subissent des spoliations excessives et ne sont pas moins épui- 
sés dans leur innervation par l'intensité de leurs douleurs 
et de leurs crampes. 
(A continuer.) 





LA CONSTITUTION DE L'AIR ATMOSPHÉRIQUE A- 
T-ELLE VARIÉ ? —INFLUENCE DU SOL ET DE 
LA CULTURE SUR L'ETHNOLOGIE. 

Nous croyons que nos lecteurs liront avec intérêt l'extrait 
suivant d’une conférence faite dernièrement par M. le pro- 
fesseur Ville, au champ d'expériences de Vincennes, et que 
nous empruntons à la Revue scientifique. 

Si je vous disais—et si je faisais mieux,—si je vous prou- 
vais que l’air qui compose notre atmosphère n'avait pas, aux 
premiers âges de la terre, la même composition que de nos 
jours, qu’il contenait, à ces époques reculées, plus d'acide 
carbonique et un composé azoté, l’ammoniaque, qu'il a perdu, 
vous trouveriez peut-être cette prétention bien téméraire, et 
vous auriez hâte de connaître les éléments sur lesquels on 
peut fonder une pareille démonstration. 

Vous savez, Messieurs, que la houille a pour origine les 
végétaux des premiers âges, qui appartenaient tous à la grande 
famille des criptogames vasculaires. 

Or, ces végétaux, nous le savons par leurs restes fossiles, 
offraient deux caractères dans leur organisation : des feuilles 
aux dimensions colossales ; une racine pivotante extrème- 
ment réduite. Ce contraste entre deux systèmes d'organes 
également essentiels indiqueque ces plantes puisaient beau- 


866 DENON MnioAid bt 8aNAbA, 


coup dans l'air et fort peu daris le sol. Elles acquéraient des 
dimensions colossäless Eh bien, les plantes de l'époque ac- 
tuelle qui reproduiserit l’organisation des lépidodendrons et 
des calamites appartiennent à la classe des plus humbles : ce 
sont les préles et les lycopodes, qui atteignent à peine un mè- 
tre de hauteur. 

Pour qu’un pareil changement ait pu se produire dans les 
dimensions de ces végétaux, il faut qu’un changement corres- 
pondant ait eu lieu dans la nature des millieux au sein des- 
quels ils vivent, que les conditions qui ont du présider au 
développement des calamites et des lépidodendrons, ne soient 
pas celles qui agissent aujourd’hui sur les prêles et les lycopo- 
des. 

Or; quelles pouvaient être ces conditions ? 

Au premier chef, une atmosphère chargée d'acide carboni- 
que et d’ammoniaque. 

En effet, placez une plante a grand feuillage, un caladium, 
par exemple, que, pour rendre votre démonstration plus com- 
pléte, vous aurez cultivé dans le sable calciné ; placez, dis-je, 
une telle plante dans une atmosphère riche en acide carbo- 
nique et en ammoniaque, et vous lui verrez acquérir sou- 
dain un développement énorme : les feuilles auront plus de 
deux métres d’envergure ; l’activité du développement dé- 
passera tout ce qui vous environne ; vous croirez assister à la 
résurrection d'un monde nouveau. 

Or, de la similitude des effets, ‘vous êtes bicn autorisés à 
conclure à la similitude des causes. 

Aux premières époques du monde, la terre était formée d’é- 
léments minéraux ; il n’y avait de détritus d'aucune nature, 
comme dans notre expérience. Or, puisque dans un tel sol 
il est possible d'imprimer à la végétation une activité dévo- 
rante à l’aide de quelques traces d'ammoniaque, il fallait 
donc que l’atmosphère des premiers âges contint un compo- 
sé azoté qui a maintenant disparu ; mais ce n'est pas tout. 

Depuis un demi-siècle, un sentiment timide, plus intuitif 
que raisonné, devenu maintenant une doctrine qui s'affirme 


é 





L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 567 


au grand jour, porte les esprits à rattacher les aptitudes des 
peuples, les vicissitudes de leur histoire, à l'influence des 
conditions matérielles au sein desquelles ils ont vécu. 

Entre divers résultats obtenus, je puis vous signaler les 
sulvants : 

1o. Les terrains primitifs sont décidément défavorables a 
lessor de la vie et à l’épanouissement des facultés morales et 
intellectuelles. Les races qui se fixent sur ces terrains y dé- 
génèrent, et, pour peu que le climat ajoute par un excès de 
chaleur et d'humidité son influence défavorable à celle du 
sol, les races s’y dégradent. 

20. Les terrains déposés au sein des eaux pendant la pério- 
de diluvienne offrent sur les précédents une grande supério- 
rité. 

30. Mais les plus favorisés sous le rapport des conditions 
d'existence, ce sont les terrains d’alluvion de formation ré- 
cente, les alluvions de la période actuelle (1). 

A ces faits, l'observation des historiens en a ajouté certains 
autres, —par exemple, que les régions où l'intelligence hu- 
maine a atteint son plus complet développement sont com- 
prises dans les zones où les céréales sont cultivées, —et, parmi 
‘les ‘céréales, on peut encore faire une distinction entre le 
froment, l’orge et le seigle dont les effets se répercutent sur 
l’organisation des populations. 

Ces aperçus, qui donnent un cadre nouveau à l’histoire, 
ne seront susceptibles d'applications pratiques et positives 
que le jour où l’on pourra les formuler en termes plus pré- 
cis ;—les champs d’expérience, grâce aux indications certai- 
nes qu'ils nous fournissent sur la richesse ou la pauvreté du 
sol, permettent de combler cette lacune. 

J e puis vousen citerun exemple qui nous touche, car il 
s'est passé sous nos yenx : 

Dans le Département de l'Aveyron, la moitié des terres se 
compose de schist, de gneiss, de micachiste. L'autre moitié 





(1) Trémaux, Origine el transformalion de Phomme, 1865. 


568 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


qui lui est contiguë en beaucoup de points se compose de 
terrains jurassiques : de là deux contrées aux physionomies 
les plus diverses, appelées : :a première segata, terres à seigle 
et la seconde causse, de calz, chaux. | 

Les habitants du ségala, les ségalins, sont chétifs, maigres, 
anguleux, petits plutôt laids que beaux ; les animaux y sont 
eux-même, de taille réduite. 

Les habitants du caussenards sont amp'ement charpentés, 
grands, plutôt beaux que laids. 

Les animaux domestiques participent de ces mêmes con- 
trastes : on élève dans le ségala, et l’on engraisse dans le 
causse. 

Livrez la terre de ces deux régions à l'analyse du chimiste, 
et demandez-lui comment il est possible de l'améliorer. 

Réduit à ses seules lumières, il ne saurait vous répondre. 

Ayez recours à quelques modestes champs d'expériences, 
ils vous diront que la terre, dans le ségala, manque d'azote 
et de phosphate ; que, dans le causse, c’est la potasse et la 
matière azotée qui font défaut. Hâtez-vous de suivre ces 
prescriptions : répandez l'azote, le phosphate, la potasse et la 
chaux, et, soudain, vous verrez la culture de seigle se res- 
treintre, celle de l'orge s'étendre, et bientôt le froment succé- 
der à l'orge. Lorsqu'on ne cultive qu’avec du fumier, des ef- 
fets de cet ordre ne sont pas possibles ; le fumier conserve 
fatalement la tache indélébile de son origine : si la terre qui 
l’a produit manque de phosphate, lui-même en sera naturel- 
lement dépourvu. 

La terre a seigle restera toujours terre à seigle, l’homme 
qui l’habite, toujours un ségalain, à la taille petite; son ex- 
istence et ses facultés subiront le joug d’une puissance qui 
l'étreint, l’enlasse et l’asservit, et à l’action de laquelle il ne 
saurait se soustraire. 

Aux lumières de la science ce servage ne peut subsister. 

Maître des conditions qui commendent à la vie des plantes, 
l'homme peut détourner, non sans lutte, non sans efforts, mais 
il peut changer le cadre qui l’oprime et changer le cours de 











L'UNION MEDICALE DU CANADA. 569 


sa destinée en modifiant l’organisation des plantes et des ani- 
maux destinés à le nourrir. Au sol qui manque de phospha- 
te et d’azote, il apporte le phosphate et l’azote, et, au lieu de 
vivre de pain de seigle, il-vit de pain de froment. Par cette 
substitution, après deux, trois ou quatre générations, il s’élé- 
ve d’un degré dans l'échelle biologique, son organisation se 
perfectionne, ses'facultés s'étendent, et ses conquêtes sur les 
infériorités natives de race, cette conquête, il la doit toute 
entière aux inductions de la science, et à énergie nersévéran- 
te de sa volonté. 

Voyez-vous, Messieurs, lorsqu'on soulève un coin du voile 
qui nous cache encore les lois qui règlent l'essor de la vie, on 
se sent comme ébloui ; entre l’homme et la création, il y 
avait, autrefois, une barrière infranchissable ; nous sentons 
intuitivement, nous faisons plus, nous affirmons que cette 
barrière ne peut susbsister. En pénétrant le jeu des effets 
de la vie, l’homme s'en rend maitre, comme il a fait de la 
vapeur, de l’électricté, des vents, de la foudre, et, par elle, il 
réagit sur ses propres conditions d'existence, et, en équilli- 
brant mieux, il rend aux nations, cette fusion des âmes qu'un 
mot magique exprime : LA PATRIE | 

Les sociétés sont de vaste arènes où {deux puissances enne- 
mies sont éternellement aux prises : la vie et la mort. 

Les forces productives du sol sont-elles accrues, les condi- 
tions de la vie s’améliorent, et la population s’accroit en pro- 
portion. La loi de restitution est-elle enfreinte, le sol mis à 
un régime épuisant, un effet inverse se produit : la population 
rétrograde, la mort l'emporte sur la vie.—Malheur aux peu- 
ples où ces vérités sont méconnues.—Revue Scientifique. 


BULLETIN 
SUR LA SÉANCE DE L’ACADEMIE DE MÉDECINE. 
Voici le discours qui a été prouoncé par M. Barth, aux ob- 
sèques de M. Louis : 
Messieurs, 
C'est une belle et noble existence qui vient de finir. La 





570 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


médecine contemporaine voit disparaître en M Louis un de 
ses plus glorieux représentants, et l’Académie perd en lui un 
de ses membres les plus illustres et les plus justement aimés. 

Par un rare privilége, Louis réunissait en sa personne tout 
ce qui inspire l'attachement et commande le respect : il était 
à la fois le parfait modèle du savant et de l'homme de bien. 

Ses travaux scientifiques sont universellement connus ; il 
serait superflu de les rappeler, et ce n’est point ici le lieu d’en 
faire l'éloge. Qu'il suffise de dire qu'ils sont tous non pas le 
produit de conceptions plus ou moins ingénieuses, mais le 
fruit des recherches les plus patientes et de l'observation la 
plus exacte. Il s'ensuit que, s'ils n’ont pas l'éclat des œuvres 
de l'imagination, ils ont cette solidité et ce cachet de vérité 
qui les feront vivre encore lorsque bien d’autres productions 
plus brillantes seront tombées dans l'oubli. 

Ce qui sera pour Louis un titre de gloire supérieure encore 
à celui de ses écrits, c’est d’avoir été l'âme et l’initiateur con- 
vaincu d’une méthode scientifique qui consiste à tenir peu de 
compte des assertions sans preuves, à se défier de l'hypothèse, 
et à ne considérer comme vrai que ce qui découle rigoureu- 
sement d’un nombre suffisant de faits bien observés et soi- 
gneusement analysés, méthode ardue, mais sûre, qui peut 
seule donner à la médecine l'exactitude qu’elle comporte et 
la faire avancer incessament dans la voie du progrès. 

C’est à ce titre surtout que Louis laissera dans l'histoire de 
notre art une renommée impérissable ; et ce qui justifie cette 
appréciation, c'est que la méthode dont il a été l’ardent pro- 
pagateur, a rapidement prospéré etque parmi les élèves qui 
sout sortis de l’école de Louis, nous retrouvons une foule 
d'hommes distingués qui, sur tous les points du globe, ont 
conquis les positions les plus élevées et jouissent de la plus 
légitime réputation. 

Le maître vénéré n’a pas eu seulement de nombreux élè. 
ves ; mais il a eu de plus ce rare bonheur que ses élèves sont 
devenus ses amis. 

C'est que Louis avait des qualités du cœur et de l’âme qu'on 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 571 


ne devinait guère, au premier moment, sous cét abord un 
peu froid et cet aspect tant soit peu austère. 

Ceux qui ont pénétré dans sa vie intime savent ce que cette 
réserve et cette apparente froideur cachaient de vives et ten- 
dres affections. 

C'est dans ses affections que Louis a été frappé pour la 
première fois, mais d’une manière cruelle, au milieu de sa 
carrière jusque là si heureuse. 

Il avait un fils unique qu'il aimait passionnément et sur 
qui se concentraient toutes ses joies dans le présent, toutes 
ses aspirations pour l'avenir. Ce fils, qui donnait déjà les 
plus grandes espérances, lui fut enlevé à l’âge de 18 ans. 

Le coup fut terrible. Louis resta inconsolable : ; noluit con- 
solort. 

Sa douleur immense s’atténua peut-être en se transformant 
en une espèce de culte pour l’enfant qu'il avait perdu ; et, 
tant que ses forces le lui ont permis, il est venu tous les jours 
s'incliner sur la tombe de ce fils bien-aimé. 

Ce malheur irréparable modifia la vie de Louis. Le chéne 
avait été profondément entamé par le coup qui venait de 
trancher le rejeton. 

Peu a peu Louis s’éloigna de la clintèle et il prit sa retrai- 
te de l’'Hôtel-Dieu avant que l'âge lui en eût fait une nécessité. 

Pendant toute sa carrière de praticien et de médecin d’hô- 
pital, il avait été l’homme du devoir. L’accomplissement du 
devoir était sa règle, sa devise et sa préoccupation dominante. 

Retiré de la vie active, il resta l'homme de bien, fidèle à 
ses affections. Un ami était toujours assuré de le voir ac- 
courir, au premier appel à son lit de souffrance ; il était tou- 
jours sûr aussi de trouver en Louis un conseil, un appui. 

Dans sa retraite, Louis ne restait pas inactif ; il occupait 
son intelligence en s’enquérant de toutes les publications re- 
latives à la science, qu’il avait si fructueusement cultivée, et 
il récréaii son esprit par la lecture des bons livres. 

Il était devenu un centre où se réunissaient tour à tour ses 
amis les plus intimes ; et il était beau de voir ce vieillard 


572 LUNION MEDICALE DU CANADA. 


toujours bon, toujours bienveillant et heureux de l'affection 
qu’on lui témoignait. 

Sa conversation avait le charme que devaient avoir les en- 
tretiens de Socrate. 

Dans ces réunions, il s’occupait surtout de ce qui intéres- 
. sait ceux qu'il aimait. 

Sa belle âme s'élevait quelquefois aussi duns des sphères 
plus hautes. 

En coutemplant les merveilles de la nature et l'harmonie 
de l’univers, il lui était imposible de ne pas reconnaître Dieu 
dans la grandeur de ses œuvres, et ilne pouvait admettre 
que le Créateur de toutes ‘choses n’eit laissé à l'homme qu’u- 
ne amère déception en faisant naître en lui, dans tous les 
temps et chez tous les peuples, le sentiment intime de Pim- 
mortalité de l’âme. 

Cette existence dura ainsi dix-huit années partagée entre 
les doucés et nobles jouissances de la lecture et l'amitié. On 
eut dit que le Destin retardait pour Louis ses arrêts et voulait 
le laisser plus longtemps dans ce monde comme le plus par- 
fait modèle de ’honnéte homme. 

Mais tout ici bas doit avoir une fin : le 9 juin fut pour Louis 
un jour fatal ; il venait d’étre frappé irrémédiablement du 
mal qui l'a emporté après soixante-quinze jours de souffrances 
stoiquement supportées. 

A la première nouvelle de sa maladie, ses amis accoururent 
près de lui ; et, durant ces longs jours de douleur, c'était un 
touchant spectacle de les voir autour de son lit, associant 
leurs soins à l’assistance dévouée d’un fidèle serviteur et sou- 
tenant de leurs sympathies la pieuse sollicitude de la noble 

compagne de sa vie. 

Avec quelle effusion de cœur il exprimait à tous ses affec- 
tueux remerciments ! et, quand ses forces défaillantes ne lui 
permirent plus de parler, une pression de main leur témoi- 
gnait encore sa reconnaissanse. 

Ah ! si les vœux les plus ardents avaient pu retarder le 
terme fatal, Louis vivrait encore. 


L'UNION MÉDICALE DU CANADA. __. 573 


Mais son heure était venue : il la voyait approcher sans 
crainte, n'ayant d'autre regret que de quitter ceux qu'il aimait. 
Il est mort comme le sage antique, riche d'années et comblé 
des preuves de la plus vive affection. 

Son départ laisse un grand vide dans la corporation qu'il a 
servie et illustrée, et ses élèves qui ont eu le bonheur d’être 
admis dans son intimité restént comme des orphelins qui 
auraient perdu le meilleur des pères. 

Mais s’il n’est plus personnellement au millieu de nous, sa 
noble image survivra dans le cœur de ses amis, sa mémoire 
restera chère à ses collègues de l’Académie, et le beau, nom 
de Louis laissera dans l’histoire de la médecine d'impérissa- 
bles souvenirs.—{L'Union Médicale, France.] 





LES NOCES D'OR DE MGR. L'ÉV. DE MONTRÉAL. 


À une assemblée des Médecins de cette ville, tenue le 16 
octobre, dans les salles de l'Ecole de Médecine, sous la pré- 
sidence du Dr. J. G. Bibaud, les résolutions suivantes sont 
adoptées : 

Proposé par le Dr. J. P. Rottot, secondé par le Dr. J. C. 
Poitvin : qu'une adresse de félicitation soit présentée à sa 
Grandeur Monseigneur Ignace Bourget à l’occasion du 50ème 
anniversaire de son ordination comme prètre. 

Proposé par le Dr. P. E. Plante, secondé par le Dr. A. Meu- 
nier : qu nn comité composé des Drs. J. G. Bibaud, J. P. Rottot 
et G. Grenier soit chargé de rédiger cette adresse. 

Proposé par le Dr. A. Dagenais, secondé par le Dr. J. W. 
Mount : que les Drs. A. Munier, L. Quintal, E. Boissy pour 
la Division Est ; E. P. Lachapelle et A. Laramée pour la Divi- 
sion Centre; E. J. Bourque et H. Desjardins pour la Division 
Ouest soient chargés de faire signer l’adresse et de recevoir l’of- 
frande qui devra l'accompagner. 

‘ Proposé par le Dr. A. Meunier, secondé par le Dr. L. Quinta! : 
qu'une assemblée soit convoquée mardi 22 courant, à 8 h., P. 


574 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


M., dans les salles de l'Ecole de médecine pour recevoir le 
rapport du comité chargé de la rédaction de l'adresse. 

Et l'assemblée est ajournée. 

Dr. GEORGES GRENIER, Secrétaire. 
A une assemblée des médecins de cette ville, tenue le 
22e. jour d'Octobre dans les salles de l'Ecole de Médecine, le 
Dr. J. G. Bibaud est nommé Président et le Dr. G. Grenier, 
Secrétaire. Les Drs. E. P. Lachapelle, E. J. Bourque, A. Meu- 
nier font rapport des noms des médecins qui ont signé l’adres- 
se et du montant de la souscription. 

Le Dr. G. Grenier lit le rapport du Comité chargé de rédi- 
ger l'adresse à Mgr. de Montréal. 

Sur proposition du Dr. O. Bruneau, secondé par le Dr. P. E. 
Plantes, les rapports sont adoptés. 

Proposé par le Dr. A. Meunier, secondé par le Dr. E. P. La- 
chapelle : que le Dr. J. G. Bibaud soit chargé de présenter l’a- 
dresse et que les médecins de la ville soient invités à se ren- 
dre en corps auprès de Mgr. de Montréal en cettte occasion. 
Adopté. 

Dr. GEORGES GRENIER, Secrétaire. 

Vendredi le 25 oct., les médecins de cette ville ont présen- 
tés à Sa Grandeur Mgr. de Montréal, par l’organe de J. G. Bi- 
baud, Ecr., M. D., Président de la Société Médicale, l'adresse 
suivante : ‘ 
Monseigneur, 

La Société Médicale et les médecins de cette ville sont heu- 
reux de pouvoir féliciter Votre Grandeur à l’occasion de sa 
cinquantième année de sacerdoce. 

Nous croirions manquer à notre devoir, Monseigneur, si 
nous n’ajoutions pas notre tribut de respect et de reconnais- 
sance à ce concert de louanges qui s’élève en votre honneur de 
toute la population catholique de votre diocèse. 

Comme catholiques et comme Canadiens, nous voyons avec 
plaisir que vous vous êtes rendu digne de ces louanges, non 
seulement, parceque dans tout le cours de votre longue car- 
rière, vous avez toujours donné à tous l’exemple des plus belles 





tlonrOR Mébidath bt CANADA: 575 


Veltus chrétiènnes, mais encore, parceque votre sollicitude s’6. 
tendaht à tout ce qui pouvait contribuer au bien-être et au 
boiiheur du peuple confié à votre garde, vous avez fait acconi- 
plir de grandes choses aux diverses classes de la société aitisi 
qu'aux communautés religieuses, en les guidant fermement 
dans la voie du progrès. 

Qu'il nous soit permis de témoigner particulieurement à 
Votre Grandeur notre reconnaissance pour le concours et 
l'appui qu'elle a accordés à nos Institutions pour l’enseigne- 
ment de la médecine et pour la libéralité dont elle a fait 
preuve, en dirigeant les nombreuses Institutions de charité 
sous son contrôle, de manière à contribuer non-seulement 
au soulagement des misères humaines, mais de plus au pro- 
grès de la science médicale en ce pays. 

Monseigneur, la postérité en contemplant vos œuvres, en 
foyant les nombreuses institutions que vous avez formées ou 
développées pour l'honneur de la patrie et la gloire de la 
religion, dira comme nous avec vérité : Il a passé en faisant le 
bien. 

Puisse Dieu, Monseigneur, vous laisser vivre assez long- 
temps pour parachever le temple magnifique que vous élevez 
à sa gloire et pour nous permettre de payer la dette de recon- 
naissance dont nous vous sommes redevables pour l'intérêt 
spécial que vous avez toujours porté à notre profession. 

Dans sa réponse, Monseigneur, remercia les médécins des 
marques de symathie dont il était l’objet de leur part, leur 
promit de nouveau son concours, tant pour rehausser aux yeux 
de tous les importantes fonctions du médecin, que pour met- 
tre la à disposition de la science tous les moyens dont il pour- 
ra disposer pour son progrès et ajouta d’autres paroles pleines 
d’Apropos dans la circonstance. | 





NOUVELLES MÉDICALES. 


DU CHLORURE D'ÉTHYLE COMME ANESTHÉSIQUE, par le Dr. 
STErren, de Settin (Berliner, klinische Wochenschrift, 5 février 


576 L'UNION MÉDICALE DU CANADA. 


1872.) —L'auteur a employé ce composé une. vingtaine de 
fois sur des enfants à l'hôpital des enfants de Settin, et une 
fois sur l'adulte ; il a pu constater que le chlorure d’éthyle 
(aethylidenchloride) est aussi facile à administrer en inhala- 
tion que le choloroforme ; il est même accepté beaucoup plus 
facilement par les enfants, parce qu’il est d’un contact moins 
irritant et parce que son odeur est plus douce et plus agréa- 
ble. Pour atteindre aussi rapidement que possible l'effet 
voulu, il faut, dès le début, inhaler le plus possible du médi- 
cament. 

Les enfants tombent dans l’anesthésie la plus parfaite en 
deux ou trois minutes au plus, et l’on a pu alors pratiquer 
sur eux plusieurs opérations de la face sans la moindre 
douleur. Les malades présentent pendant cette anesthésie 
toutes les apparences d’un sommeil paisible ; le pouls est 
calme, la respiration est peu influencée, surtout si les sujets e 

n'étaient pas agités avant l’opération. 

Les effets du chlorure d’étyle sont de plus courte durée que 

ceux du chloroforme ; il est donc nécessaire, lorsque l’opération 
doit se prolonger, de maintenir l’anesthésie par de nouvelles 
inhalations aussitôt qu’il y a des signes de retour à la cons- 
cience. Chez les enfants, pour des opérations de courte durée, 
3 à 4 grammes sont bien suffisants ; chez une femme cepen- 
dant, opérée d’un cancer de mamelle et chez laquelle cette 
ablation fut très-laborieuse, on dut employer 30 grammes de 
l’anesthésique. 

Les effets du chlorure d’éthyle passent très-rapidement ; les og 
malades, dès qu'ils sont revenus à eux, n’éprouvent aucun 
malaise ; les enfants demandent ordinairement aussitôt à 
manger ; ce n’est que très-rarement qu'ils présentent ¢ du 
vomissement, pendant ou après l’inhalation. 

M. Steffen préfère le chlorure d’éthyle au chloroforme ; ; il 
trouve qu’il agit plus promptement etqu’ilest moins dange- 
reux, parce qu'il n’affecte pas le jeu du ceuret celui de la 
respiration, comme le chloroforme ; de plus, ses effets sont 
plus passagers ; les malades rensrent vite dans leur état nor- 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 577 


mal après l’anesthésie, sans avoir à supporter ce cortège 
de phénomènes désagréables que la chloroformisation cause 
habituellement après elle. Le chlorure d’éthyle, il est vrai, 
est d’un prix élevé ; mais on peut espérer que son prix bais- 
sera quand il sera plus employé. (The Clinic, mars 1872.) 





INJECTIONS SOUS-CUTANÉES D'ERGOTINE CONTRE LES VARICES) 
par le docteur Paul Vocr, de Greifswald.—Encouragé par les 
heureux résultats que les injections sous-cutanées d’ergotine 
ont données entre les mains de Langenbeck, de Schneider, 
de Dutoit, dans des cas d’anévrismes, l’auteur a eu l’idée d’em- 
ployer ce moyen contre les varices des membres inférieurs. 

Le premier malade soumis à cette méthode thérapeutique 
fut un homme de 60 ans qui depuis plusieurs années était 
atteint de varices très étendues de la jambe. M. Vogt se servit 
d’une solution de deux grammes d’ergotine, dans l'esprit de 
vin et glycérine sept grammes et demie de chaque. Une 
quantité de cette solution représentant 12 centigrammes 
dergotine fut injectée vers l'extrémité d'une varice qui avait 
l'épaisseur du petit doigt et une longueur de plus de deux 
pouces, et qui siégeait sur le tibia. 

L'opération fut répétée tous les deux jours. Au huitième 
jour on n’apercevait plus la varice et au bout de six semaines 
toute trace de celle-ci avait disparu. Pendant le traitement, le 
malade se promena comme d'habitude. 

On traita de la mème manière une autre varice de la gros- 
seur d’une noisette et siégeant sur le mollet. Le résultat fut 
également heureux. Il se manifesta, au point où l’on fit l’injec- 
tion, un peu d'infiltration circonscrite qui disparut progressi- 
vement. 

Plusieurs autres malades, dont quelques-uns atteints de 
varices volumineuses, furent soumis aux injections sous-cuta- 
nées d’ergotine à l’hôpital de Greifswald ; le succès chez tous 
fut surprenant. 

M. Vogt pense que l’ergotisme agit en diminuant l'abord du 
sang dans le vaisseau malade ; suivant lui, elle provoquerait 


578 tiunton MipidaL® bt CANADA, 


la coritractiod des parois des petites artères ainsi que celles dé 
la veine ; la légère infiltration qui suit l'injection agirait dans 
le même sens par compression. (Berliner Klin. Wochenschr. 
et Brinish med. journal, avril 1872). 

DE L’HUILE DE TÉRÉBENTHINE DANS LES AFFECTIONS AIGUES DE 
L'OREILLE MOYENNE, par le docteur Weser. de Berlin —Depuis 
deux ans l’auteur emploie à l’intérieur l’essence de térében- 
thine dans le traitement des affections aiguës et douloureuses 
de l'oreille moyenne ; les succès qu’il a obtenus de ce médi- 
cament sont si encourageants qu’il regarde la térébenthine 
comme une sorte de spécifique dans les cas que nous venons 
d'indiquer. 

M. Weber donne l'essence de térébenthine à toutes les 
périodes de l’otite aiguë moyenne ; mais pour être efficace le 
remède droit être pris à dose assez forte. L'auteur en prescrit 
habituellement une petite cuillerée à thé deux fois par jour 
et une cuillerée plus pleine dans la soirée. Si la térébenthi-. 
ne produisait des nausées et des vertiges, comme cela arrive 
quelquefois, on diminuerait les doses de la journée, tout en 
administrant intégralement la dose de la soirée. Dans !e plus 
grand nombre des cas, le malade dort dès la première nuit 
de l'emploi du médicament, lors même que depuis des 
semaines l’intensité des douleurs aurait rendu le sommeil 
impossible. 

M. Weber trouve que les heureux effets de l'essence de 
térébenthine sont beaucoup plus frappants dans lotite moy- 
enne aiguë, de cause rhumatismale que dans celle qui 
survient par propagation à la suite d’un catharre aigu nasal ; 
dans ce dernier cas il fait faire au malade de largesinhalations 
de vapeurs de thé de camomille additionné de substances 
balsamiques. | 

Lessence de térébenthine peut, suivant l’auteur, faire 
avorter l’otite aiguë, quand la maladie est traitée dès le début ; 
et peut rendre des services mêmes dans les cas d’otite trauma- 
tique ; dans la ténotomie du muscle tenseur du tympan, ce 





L'UNION MEDICALE DU CANADA. 579 


médicament peut par exemple être donné avec avantage, 
mnéme avant l'opération, comme prophylactique. 

Il faut noter que M. Weber pratique des insufflations dans 
l'oreille moyenne en mème temps qu’il donne la térébenthine ; 
il faut donc tenir compte, dans les succès qu'il a obtenus, de 


la part qui revient à cette pratiqué thérapeutique. (The clinic., 
24 févr 1872) _ oN 


La Société nrédicale de Montréal vient d'être saisie d'un 
projet de loi anatomique dont le besoin se fait sentir depuis 
bien tongtemps. 





MORT DU Da. SPENCER DILLS. 


“aii 


Monsieur le Rédacteur, 


Veuillez censacrer une page Ge L'Union Médicale, à la mé- 
moire d’un de nos coufrères de Toledo, qui vient de mourir 
: “victime de son Géveuement et de sa fidélité à ses devoirs pro- 
“essionnels. 

‘Le Dr. Spencer Dills, né dans le comté de Warren, India- 
Ma, Etats-Unis, fut gradué à l'Université du Michigan. Qi 
vint se fixer à Toledo au printemps de 1871. Nommé méde- 
“Cin des pauvres, avec un traitement bien minime, il se dé- 
‘voua de tout cœur au soulagement de ces infertunés. | 

Derniérement, il eut à denner ses soins à un malade attcint 
‘d’une variole confluente. Ilne négligea rien peur. assurer 
fla guérison de son patient, qui, en effet, receuvra la santé. 

Le Dr. Dills avait été vacciné lorsqu'il était enfant ; en lui 

‘conseilla de se faire revacciner avant de se mettre en contact 
| avec ce malade. Il négligea de te faire, et, Le 46 du courant, 
il fut etteint lui-même de la petite vérole -dans.sa forme la 
plus makgne, ‘et mourut dans un état comateux dés que |’é- 
ruption eut commencé à paraitre Pour mettre le comble à 
sa charité, il avait voulu lui-méme être transporté à la mai- 
son des pestiférés, afin d'éviter 4 sa Dame et à son enfant les 
dangersde la contagion. La profession médicale lui fit de pom- 
peuses obsèques le 21 courant et votades secoursà sa veuve. 

Toledo, Ohio, 23 Octobre 1872. Zé». Roureav, M. D. V. 


580 L'UNION MEDICALE DU CANADA 
MORT DU Dn. JOHN DICKSON. 


Crest avee regret que nous apprenens la mort du Dr. J- 
Dickson, fils du Dr J R. Dickson, de Kingston. 

Ce jeune homme, après de brillantes études médicales fut 
nommé assistant-chirurgien dans un régiment de l’armée ar 
glaise stationé 4 Allahabad, aux Indes 

Le 4 Aout dernier, le choléra attaqua les soldats de son ré- 
giment, le If il ressentit lui-même les premiers syrsptômes 
de la maladie, et le 13 il expirait loin de ses amis, loin de 
ceux qui auraient pu adoucir Fes derniers moments de sa vie. 


BIBLIOGRAPHIE. | 





A practical treatise of the diseases of women—By T. GaiKard 
Thomas, M. B 

Tek est le titre d’un ouvrage que nous venons de recevoir. 
Après l’avoiy pareonru, nous sommnes demeurés convaincus 
que son titre re disait rien de trop ; eest réellement un livre 
qui peut guider le praticien dans tous les cas difficiles que 
présentent les maladies des femmes Tout y est bien coor- 
dormé, et chaque sujet est traité d’une mamere claire, mette 
et précise. 

set onvrage em est rendu à sa troisième édition et renferme 
deux cent quarante six magnifiques gravures. 

Publié par Henry C. Lea, Philadelphie. 

JOBRNAUX REÇUS PENDANT LE MOIS.—6asctle des Hépitaur, Ga- 
selle Hebdomadaire, Lyon Medical, Canada Lancet, Canada Medi 
cal and Surgical Journal, Canada Medical Record, The Ameriear 
Journa fof the Medical Sciences, The Medieal and Surgical Repor- 
ler, The Journal of the Gynecologicak Sosiety of Boston, The 
Boston Medical and Swrgical journal, The Mediead Times and Ga- 
zele. 

——:0:— 
DECES. | 

—A Toledo, Ohio, Etats-Unis, ke #7 Octobre [872, Louis, Gasten, Zé- 
phirin Rouleau, enfant de Zep. Rouleau, M. D. V. 

Il n’s va qu'un printemps 
Et déjà il n’est plas. 

A Allahaboot, dans FInde le 13 du mois d'Aout dernier le lieutenant 
chirurgien Major Dickson ffls du Dr. John R. Dickson de Kingston. I] 
est mort victime du choléra, quivenait de se déclarer dans le régiments 
auquel id était attaché. 








TABLE DES MATIÈRES. 


Dystocie, par A. Dagenais, M. D... ..-.cccccsscssceercecsvese 033 
Observations sur la Lithotritie et la Lithotomie, par Wil- 
liam H. Hingston, M. D., L. R. C. S.................. 036 
Importance du lait dans l'alimentation de l'enfance, par 
le Dr. S. A. Longtin......... ss. sereescerecsceeres 543 
‘Thérapheutiqne Chirurgicale.........ccccssssssesersossscsseeenes 546 
Notes sur l’Erysipèle, suite ef fin... sees 902 


Séméiologie ee se rnssseosesenesssscososemncocosee DOG 
La constitution de l’air atmosphérique a-telle varié ?— 


Influerce du sol et de Ia culture sur l’Ethnologie..... 265 
Bulletin sur la séance de l'Académie de Médecine ......... 069 
Les Noces d'Or de Mgr. l’'Evèque de Montréal............... 973 


Nouvelles Médicales... 575 
Mort du Dr. Spencer Dills..…............,........................…. OF 

Mort du Dr. John Dickson....................................... 980 
Bibliographie rss vos vosssssieses JOO 


On s’abonne a FUnion Médicale au Bureau de Lu Minerve, Nos. 
212 et 214, Rue Notre Dame coin de la Rue St. Gabriel. 


Toute correspondanee devra être adressée à l’un des Rédacteurs 
à la Boite 942, Bureau de Poste. 


Wa. R. WARNER & Cie 


MANUFAOTURIERS DE 


Pilules recoubertes en sucre. 


154, Rue North third, ‘ 


PHILADELPHIE. 


ÆExpédiées par la malle sur le regu du prix du cata 
logue. 


Pilules Iodoform et Ferri de Warner. 


\Voyez à ce‘que’chaque bonteitle porte notre marque de commerce et n'ac- 

ceptez aucun substitut de qualité inférieure. 

Ces Pilules sont un tonique et un alterant puissant, recomman- 
dables surtont dans la 


SCROFOIE, L'ANBMIE LA NEVRALGE, LA CHLORBSE, ete. 


Nous faisons une mention spéciale de ces Pilules de notre manufacture, parce que tops les 
Joumaux de mélpcine du pays, aur la fol de correspondants respectables,rapperceat des cures 
‘Mervellieuses opérées par elles, là ou tons Yes autres reinèdes avaient fill. 

"Chaque boutellle contient ia formule et la dose, Ti n'y a rien de secret. 


PRIX $3.25 PAR 100. 
Nous dc ci-dessous un court extrait d'un rapport de la société médi 
Late tel que pui dan lee transactions dela RÉ mbdtate de Peyiranie, ou Jain, 


À l'intérieur, je prescrivis La quinine et le foret une diète gènéreuse, malgré cela, eu: 
pe huh Di de patates a ban ae hee aeaeeg Len 
RE SL Bonne Rte le rae a LED 
Gutrautres Modure de polascium et la chaux. Le cas At des progrès tres lena Juequ'à ce QUE 
RO At fC appege eur et Blues * Hot et de er er da ari du ‘Medion! amt 














i} 












Reporter, Je décida 'esayer Immédiathment Le remBde,, Je dlecontinual tout ange 
traltement constituiion: donaal trols pilules trois fois par jour, manüfacturées par M. 
R. Warner & Cie da J'eus bientôt la satisfaction de volr un progrès rapide. Le 





mbre dont elle avait souffert ne la trouble plus du tout; les granulations devinrent plus 

abondantes et d'une meilleure nature, et Je puis voir maintenant ma patiente vaquer Ages Oc 

Ggpations Journallres. On né pou &pperomoir aucune trace de la maladie o la patente jou 
une 


paie. 
Depuls, ral traité deux autres cas, l'an datant de trois et l'autre de quatre 
meme Posuliat, Je suis convaincu de l'emeacllé du remède. quatre ans avec le 
PL. RICHARD, Prés, de Comité de Santé. 


Expédiées par la malle sur le reçu du prix du catalogue. 
PIL: PHOSPHORUS COMP. 


GONTENANT CHACUNE 


PHOSPHORE un centième de grain. Ext. NOIX VOMIQUE un quart de grain. 
PRIX $2.00 PAR CENT. 





Lo phonphote 
cerveau et du ays 








tonique sur le système nervi ex, eu lu rendant un able. 30. Que l'admini 
£ration du ohosph -re doit sc faire à petites deses, un mliligramme, (environ 1-60 de grain.) pORT 

‘on peut l'augr ‘nter graduellement. Son administration. dolt être ceasée 
quand ll survient des trou'tesdu cdl des urgames dires. (Buleun général de shérapeu~ 
que, Jan. 13 Fév. 29 Mars 18, $y 


A VENDRE EN GROS SEULEMENT PAR 
KERRY, FRERES ETCRATHERN, 
. Pharmacion en Gree.— Montreal,