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DIVERSES.
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D I VER SES
DE
MONSIEUR PELLISSON
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L'ACADEMIE FRANÇOISE,
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TOME TREMIBR.
A PARIS,
Chez D I D O T , Qbay des Augtiftini , ptés ïà
Pont Satm Michel, â la Bible d'oï.
M. D ce. XXX V.
\ .
AFPRO BATION.
* É
t
J' A> I lA par ordre de Monseigneur le GatcU
des Sceaaz , Let Oeuvrer Svtrfit it Mim*
fieut Pettijfbn de PAeïïdemh Franç^fi ; Bc je ne
doute point que le Public ne les reçoive ^rec
plaifir, A Paris ce quatre luUlet mil £^ an%
crente^qaaere.
EAVrCBLOré.
•. f • . . . •
LO U I S\ ^ix là grâce ic Dieu , R07 de*
France 8c de Navarre: A nos amez & féaux
Confeillers les.Gens tenans iios Coari de Par*
lement, Maître^ des Requècefr ordinaires de no«^
cre H&el , Grand (j^éfifeii, '^CYÔt de Paris ^
Baillifs y Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils 8c
autres nos Juftîciers quiii appartiendra , SAttyr»
Notre bien amé Frawç ois D^ioot, I^«
Braire à Paris, Nous ayant fait remontrer qu'il
lui auroit été mis en main , Let Afnufiminr
iu Cœur tjr de tEJMr , Ouvrage^ Pïfioàque-p
Oeuvrer Dherfeï du fiu Sieur P ti i-s s o ir^
Gemme mfUes dû- Cde 8% **♦, qu'il fouhaite-
roit faire imprimer 8l donner au Public , s^l
Nous plaifolt de lui accorder nos Lettres dje
Sôvilege ftr ce ntc^Smu % ofiîant pour c9L
\
^ d^ je les bitt imptixaet en bon pàpkt ^
kaux i^raf^ijes , fuiyant la feuille imprimée
ëc attachée pour modèle fous le contrefcel des
Préfenets, A Ç B9 ^c Ail 9 a » , voulant traiter
favorablement ledit Ezpofant y Nous lui avonr
^I«i9|iia*& jKiffmei^POs par cçs j?£^piw 4e Êuse
i^illirijKiar i^&j^ts Imçfi (i^ffuis. fpp^ifiee en
m <m f^H&m» ^«Mpa^ » t^o^jQ^maicnt ou^
Xkf^nmkt j u ^(Kâtti^ ifitoisq^ hojx loi fem*^
M^«« fuf Sf pi^f 4 ^s^^ces cpnfbfmes à h*
dite feuille imprimée & attachée {qh^ notredie
contrefcel y & de (les yendre , faire Tendre > 6&.
j^Wtt pprtcpitaifltre Rojaume , pendant le
temps de fix années conlécutives , à compter
du jour de la date defdites Prefentes. Failons
*^ é éfenfes 4 «fiâmes fojMs 4a ptifonncs .ic^ucU
que qpalité & condition qu*elles foiene y d'en
intcedttii» d*knpceffion 'éttangtfre dans aucun
lieu de notre obéiflànce : Comnve aufC à tous
jl^ifeçi^res , {fnpi;iQ(VWS 9i auiy^cs , d*impi?imcr,
(f^ ifiEkffiaiçf, vendre , fixité voyiclre , débiter
.fli oçdsitfeSf^tfi Içfdits Jiyte? .çi-dçffus fpe.cifieî ,.
. ^^ ^«t ni ,an paKfe , lû d'«ii fake j^mqhus
Ittft'^its foq^^/tj^elqu^prétcfcteq^-^c foie, d'asj^
f mpntatÎAa ^ cpcfcd^ion , chaingçiOi^t de ^it<c
g^t écait. d*^t ÇxjKirvi^ , ^tt.dç cpux q^i .%U-
«>nt itf^ jjp li|i ., 4 pj^inc^Ç cqnfifta^ioii dfs
Jbffimfkbâres contredits ^ de trois nfiille livres
.. 4'iuiaâii^ cpn^ vohaqiHi dc^ .^oi^r^ei^^nis >
jfcnttun- liffs à.î*pu5, un tiw àFH^çel-fl^u
«»us déftefts ^.dooMîiges ^ imér^ ; à la char ^
^e que cqs gréfyn^s ,&tpnt. eai^giftrées xpi^t
libraire»^ Tm|dniei|rs ic Pa)ris , éani' tm^
mois de la date dlcelles -y gne i'knpfeffoiv de*
ces ti^te» fe;^ faite dan» notce H^yaume 4c
noo sîUeOiC^ , & que llmpétiomt £ë coafyaoc^
jca en toac aax Kéglemenî de îiiBibraine , tfc
notamment àceluidi» dix Avtô 1715 ; a&qtt<^
Tant^uc dfi Içs «j^fe; en yeote ^ je$ Ma^iuT-^
Giits ou Imprimez (pi asrqnt fcrri éeÇofifi
à fim^te^on ^{^its liiT^res , foont xeqûs dana
le oième *£tàt otî les Afpiobaticms y .aurour
été données c» ipakts oe noji;re txAs - chet 9ç
fieal Cfaeraliet Carde des Sceaux de fiance le
Sêur. C 1^^ ^^j^ l'i^yit qu'il fin fera enfiiite
ternis deux Exemplaires de ehacondans no-
tre Biblioteque , on dans .celle de notre Châ-
feaa^Xottwce^ 4^ jin wdaosxclle jie jiaue icèi-
cher & féal CkevaUer Garde des Sceaox de
F^nce le $içutCiPrAiiY«%< fi f le tout à
peine de njaUité içs Ptéfentes. Db contenu des-
quelles vous mandons ^ 'en j^ignon^ de £iire.
jouir TExpofant ou Tes ayans eauTe y pleine-^
ment 5c paifiblemenc ^ &ns feufFrir qu*il leur
{bit fait aucun trouble ou empêchement* Vou«
Ions que k Copie defdices Préfentes qui fera
imprimée tout long', au commencement ou a
la nn de£iks Livres y foit tenue poux duement
£gni£ée ^ & qu*aux Copies collationnées par
l*un de nos amez & féaux Confeiller» Se Se«
cretaires , foi foit ajoutéie comme à roriginalr
Commandons au premier notre Huiflier ow
Sergent y de faire pour l'exécution d'icelles r
tous ades requis> & necelfaires ,.fans demander
autre permiflîon ^ 8t nonobââtnt Clameur de-'
Haro , Charte Normande &ù Lettre» à. ce eon-
iffg^rçs i Cii& tel elL notre glaifir» Don ma*'
Il Veille) te fçkiémç |oQr ie |uillec , ràn dTd
f^t^çç mil fept; cent trente- quatre , & 4c no-
.W R^gwe le djj * neuvième. Par le ÀO Y
«n j[bn Çpn^eil ^ 3 A 1 1^ s # n» £c fcellé du
^r^4 S«au (iç W j^une..
R^0réfur k Kt^fire FUI. * & C&w-
f ff fiWtffe ^fi tibrma & ImpHmturs de ^4^,
fis, 2^.7j;. JPp^- 73 J. fQtfçrmémm ^^fx en^
çiens Reçfemm corifkméi par celui du %i Ffr
Wfief 17*}^ Ji Paris U X7, JuUkt ^7J4» ,
F«titf ^ <9n%^ <j<a;r^ V^bmt.
IRErACm
T R E F J C É
de rEditeun
H 'Empressement tou^
H jours nouveau avec Ic-
1 quel on <lemande les
i Ecrits de M. Pelliffoii,
m'a perfuadé que le Public rece.
vroitavec quelque -facisfadion fcs
Oeuvres diverfes.
C'eft dans .cette idée que j'ai
parcouru tous les Recueils du
temps î & que j'ai -confiilté \ts
P^rfonnes qui pouvoïent ou m'in-
diquer de nouvelles fources , ou
■éclairer mon choix, J'-ai fait plus}
Tomel. . a
îj 1? R E FA C B.
j'aî confulté les originaux mêmes,
M. TAbbë du Terrail , entre les
mains de qui ils avoîent paffé ^[a)
ii*a pu voir d*un œil îndifFérent ,
qu'on en publiât tous les jours
quelque partie fans fon aveu j il
sj'eft déterminé à me les commu-
niquer. Je les ai examinés avec
foin 5 J'ai comparé à ces originaux
les pièces qui avaient déjà paru ,
& j'en aï tiré pour l'impreffioa
celles qui reftoîent à paroitre.
Il étoit feulement à defirer que
3*eu{Iè pu rendre à ^Auteur le
même tribut qu'il avoît paye
dans une occafion toute fembla-
ble à un illuftre Ami. {b) Maia
Itcureufement jl n'a pas befoin de
mes éloges 5^ ceux qu'il ji reçus
pendant fà vie , & qui lui ont été
continués depuis fa mort l'hono-
rent aflex , & fuffifenc au public»
( a ) Après la mort de M. TAbbé de S. Vivant
neveu de M. TAbbé de Ferâès, cou(ia gertnain
dcM. Pdlifion.
{b)lA. Sara&i»
^ ^
JP^KEF A C E. iif
Je tne bornerai donc à rendre
un compte fimple & précis des
Ouvrages que j'ai raflemblés , &
qui compr^ennent dans les trois
clafTes ou je le^ dîftrîbue , /«.
Voefes , les Difcours ^ &, les MiJ
moires ou ProduBicms. Enfuîte ^
pour faire connoître PAuteur
tout entier , je parlerai des Ou-
vrages qui n'ont pu entrer danf
ce Recueil.
Je commence par les Poefies?
que j*aî partagées en cinq Livres,'
luivaht leur étendue , ou leur
caraftere.
POESIES,
La poefie Dramatique eft preC
que la feule qui foît en honneur
aujourd'hui. Les autres genre;;
font entièrement négligés , com-
me s'il n'y avoir des lauriers â
cueillir que fur la Scène, Eft- ce
la faute des Poètes , ou celle des
Ledeurs ? Et le goût a-t-il chàm
aij
îv P Z E lA C E,
gé feul, ou le changement des
inœurs n'a-t-îl point amené le
changement du goût?
Nos Perçs ont loue les Sairafins
4Bf les PellifTons, en même-temps
qu'ils applaudiflbîent aux Cor-
neilles , & aux Racines. Il fuffifoic
alors que Tiuiitation fut parfaite
en ion genre , pour être admiré i
proportion de la nobleflç , ou de
la difficulté du genre même.Tous
les Poètes qui ont honoré Pan-
cienne Rome , ne furent pas des
Virgiles j cependant le teadre
Tibulle , & Wngénîeux Ovide
trouvèrent auffi des admirateurs :
nouveau trait au parallèle du
fiéclc d*Augufte avec celui de
Louis le Grand.
On dçvîne fans peine à quoi
aboutît ce préambule. M. Pelliiïbn
n^â^uere laiflc quç de pptits poè-
mes , quoîqu^il jfe foit montré ca-
pable de la poefîe Lyrique, &
|)eut-être de l'Epopée j roaîs ce^
PUÉ FA CE. if
fetîts poèmes contribuèrent à lâ^
laute réputation dont îl jouît eni
core. On y admira fùr-tout Tin-
ventîon quîrend elle-même k
poefie fi admirable, & cette heu-
reufê facilité qui çâraûérifç leS
génies excellens;
Sans parler its poefies chré-
fîepnes , dont prefque tous les {n^
jets lui font propres , ou d'Eurî-
médon , poème en cinq Chants ,
parce que j'en parlerai dans un
article exprès : quoi de |ilus ingé-
fiîeux & de plus nouveau que le
Capri€e contre l'Eftinte ? Daris l'âge
d'or , Tamitié régnoit feule fur les
cœurs j TEftime ne vit le jour que
dans l'âge fùivant. A fon maintien
homiê te , à fes difcours affcÀueux^r
à (hs louanges , à fes égards , vous
la prendriez pour l'amitié. Mais
fi la Calomnie vous déchiré j l'Eir
ftime, plutôt que dé fe tourmerc
ter à vous dérendre , parlera de
vous comme la Calomnie. Si fEn^
• • •
a 11]
V] r REFAC E.
vie vous pourfuît , & menace votre
tête y rEftîme demeurera tran-
quille fans penfer à vous fecourîr.
Si quelque maladie vous afflige ,
Jî vous y fuccombez j TEftime n'en |
fera point touchée : elle eft fille
de rindîfFérence. Où tend cette
iîftion ? A montrer combien il
eft imprudent de s*appuyer (ur
Teftime des hommes. Mais outre
ce but général, le Poète s'en eft
toropofé un particulier j il a voulu
mfpirer des fentimens' plus vifs,
& donner en même temps des
louanges plus délicates à la mo-
derne Sapno {a). Toute la Cour
vous eftimej maïs qui pourroît
ibufFrir de la voir fé parer toujours
par le plus étrange caprice ks
Dienfaîts de fes louanges , lui dît-
îl ? pjîs il demande en finiflant (î
elle ne répondra jamais que par
de Teftime à toute fa tendrefle.
Quoi de plus nouveau encore
(a) Mademoifclle de Scudery»
P RM FJCE. vîj
^e cette ingénîeufe Requête c^'ii
compofa jdans ik prifon , & qu'il
adreflc aux Seigneurs de la pofté-
rîté comme Juges des Rois ? Sî
Louis (^) ne le rétablît Quel-
que jour dans jfon premier état ,
il les fupplîe ces Juges équitables,
d'efïacer de la vie de ce Prince,
pour le punir, une partie de fcs
exploits & de ks vertus j & de
faire défenfe à tous Malherbes &
Bejtfauts, d tous Marots ôc Voî.
tures,à tous Sarafîns & Peilîflbns,
de rendre à Tavenir pafTé mille
ans, aucun hommage à Ton grand
nom.
Quoi de plus nouveau enfin ,
que le Dialogue d'Acant?e (^) &:
de la Fauvette^ & que cet autre
Dialogue , où il loue le même
Prince avec tant de finefle fur (es
conquêtes? Pour le /ùîvre il înipIoL*
re le fecours de Pcgufe. Pégafc
(4f)'Louis XIV.
\b)M. PellKTonfous k nom d'Acance*
a ni j
.y
tîîj PRÉFACÉ. '
rèpond qu'il ne peiÀ v fuffire luîl '
même quoiqu'il ait mivî dans le^
cours de leurs exploits Achille,
'Alexandre ôcCçfar. Mais Achille
ne prenoit qu'une ville en dîxr
ans 5 Cëfar s'amufoit quelquefois
auprès de Cléopatre 5 Alexandre^
ctoit plus vite qu'un tonnerre j
mais il s'enivroit , on pou voit le:
xejoîndre, quand on l'a voit perdu.
Je t'entens, dit le Poete.Qui pour^-*
roit fuivre un Roi que rien nfer--
rête, ni carme, ni orage, ni plai-
ûïs , ni douleurs t
L'auteur qui ctoit chargé d'é-
crire l'hiftoire du Roi , avoit- ob*
tenu la permîffion de le fuivre
dans fes campagnes. Un jour îl"
manqua de voiture j & cette uni-
que circonftance donne lieu à
toute la fidîon. Un pareil jeu d'ef-
prit ne vaqt^îl pas un panégyri-
que da^s les formes ? Et n'eft-ce
pas la tirer fa matière de fon pro-
pre feii) ?.
<■' .
Pour la facilité, j'entens cette
manière d'écrire qui n*à rien que
de libre & de naturel, elle n'é-
clata jamais plus que dans lesr
Poefics de M. PelHflon. Si on ex-
cepte quelques inverfîons qui fen-
tiroient plutôt la négligence que
Pétude , on n*apperçoit dans fès
vers ni contrainte ,. ni art. Les
traits les plus heureux ne luî coû-
tent aucun^ effort 5 ils viennent*
comme s*ofFrîr d'eux-mêmes à fon
pinceau : & de là ces grâces qur
î>ous plaifent autant que la per.
feftion , fi elles nq. font pas la per-
feftîon même.
Je n*attens pas que les /eéla-
teurs du goût moderne foîent de^
mon avis, eux qui n'eftîment que
ce qu*îls appellent des vers forts /
^es vers bien frapés , des vers qui
renferment , pour ainfl dire, plus
^penfces que de mots. Ils igno-
rent que cequi eft fuffifâmment
achevé dans fon efpéce, a tout«L
s: 'PREFACE.
la force qui convient, & qu*efl
général un Ecrivain a de la force ^
Jorfqu'îl conçoit les chofes telles
qu*elles font , & qu'il les peint de
leurs véritables couleurs. lis ne
fentent pas que ces vers qu'ils
nomment forts, le paroitroîenc
fouvent moins s'ils avoient plus de
facilité 5 & qu'excepté le genre dî-
dadique , où pour exceller , il fuf»
fit de joindre à l'agrément la clar-
té bc la préciflon: dans les autres
genres, on ne peut réufïîr qu*en
donnant aux réBexions ou aux
fentîmens , une certaine étendue.
Auffi qu'arrive-t-il ? leurs poè-
mes n'étant pour l'ordinaire qu'un
tiflli de Madrigaux ou d'Epigram-
nies, ils peuvent bien aller à t'eC
prit , mais ils ne remuent point le
cœur , parce qu'il faut pour le
toucher , lui préfenter au moins
ÀQs objets qui l'intereflènt. Et
tftndîs que les ouvrages où régne
la facilité ont toujours un nouvel
PREFACE. xj
attrait, leurs com positions au con-
traire nous inquiètent, & nous
fatiguent malgré nous. On diroît
volontiers avec cet excellent Pein-
tre de rantîquîtë : voilà qui eft
beau j ç'eft dommage que les grâ-
ces y manquent , ces grâces qui
donnent un fi grand prix à toutes
les productions de Tart.
Mais il efl temps de venir au
détail des poefies qui compofent
ce Recueil.
Le premier Livre comprend \q$
pièces qui ont pour ptijiet la Reli-
gion j elles font au nombre de
dix-fept 5 il y a des Stances , des
Odes, des Sonnets. On y voit
par^tout de la nojblefle , & de la
dîgnî.té ; tcmoîri.ces vers.
Fax toi l'air efi (çreiii , & lu terre féconde , ^
Grand Ditu ! c'e(^ toi qui fais endépicdes hivers
Retourner fur fes pas la jeuneilè du monde,
Et renaître à no$ ^euz Tcclaç de l'univers.
pt ces autres où , après avoir peint
/on propre cœur comme le champ *
301 TKnTACE.
4e bataille de deux puiflSms ennr-^
2nis , il ajoute ;
H y va de mon bkn, il y va de ta gloire ,
Dompte par ton efprit mon e(prit obftiné.
.Ton triomphe cftlc mien ^ je gagne en di
yid^oire«r
Quand tu feras vainqueur , je ferai couronner
Quelfe idée il donne ailleurs de Ta
Toute-puîflànce 5 pour înfpîrer i
Vimpîe une terreur Salutaire r
En quel lieu fuirez- vous ? ou fera le refuge
Contre un fî puiflant Juge ,
Si d'un juflc courrouT fon cœur cft enflammé ?
Qliand fà main ouWiroit rufagc de la foudre ^c
Comqie en un feul motnenc fa voix a tout
formé, •<
Sa voix en un moment peut tout réduire ea
poudre»
Voilà des vers qurpnt dé l'a force;
uî font frapés, puîfqu'îl fautufer
e ce mot; mais à la différence
de ceux que j*ai blâmés ^ ils n'êtf
font ni moins harmonieux \ nf
moins faciles 5 & voilà en mêmer
temps ce qui en fait la beauté* j
3
PREFACE. xïî j
Earimédon ^ poème ^n cinq
chants , ^ d'environ quinze cens
vers occupe le fécond Livre tout
entier. .
Quoi qu'il y ait de belles chofês
4ans ce poème, je fuis bien éloi-
gné de le donner pour un ouvra-
ge où toutes les régies de Tart
fclent obfervées. Le zèl^ d'Edî-
*teur ne ui'aveugle pasjiifqu*i<!e
point. Ma,i^ quand on f^aura que
rAuteurétoità laBaftîlle ( ^) lorf-
^u'il en forma le planj qu'il y
travailla dan^sle tems même qu'on
Knterrogeoît -, que fon objet pref.
qu'unique , étoît d'icaçter les oa-
nuis iniepi^rabies d'une rigouteuie
prifpn } ifi que pour écrire il n*â-
volt de réflburce que dans le
plomb de fes vîtres ^ & le pa-
pier blanc qu'il arracboit àfi (t%
fivres : on i(era peut^tre itonnjé
:(«) Il foc arrêté aa mois de Sq>teinbre i4€i j
patcequ'il avoit M attaché i M, Foocqiiet, ca
qualité de premier Commis. Il ne foriit de la
BaftUle que vers la fin de x^^/ , ou au coflou;
jnenccmcm de u^éf.
xw PR£ PAC K
(due , tout innocent qu'il étoît ,
il ait pu en de fî trîftes cîrcon-
ftances exécuter un pareil deflein.
Ceft dans ce point de vue que
tout Leâieur équitable doit fe
1>lacer en lîfant Eurîmédon. Voici
a fidion du Poète.
Près du Mont Pierîe en Macé-
doine , eft un Temple confacré à
Diane , & fervi par fîx jeunes filles
du fang d'Endymion.Un ferment
Inviolable les attache aux autels
pour iîx années. Tous les ans elles
le montrent , dans une chafle fo-
lemnelle , aux îlois qui viennent
xechercher leur alliance j car les
Hois feuls ont droit d'y préten-
dre. Chacun des Rois , félon qu'il
eft dîverfcment frapé, préfente
aux Nymphes une rofe nouvelle j
& la fîxîém.e année au retour de
la fîxîéme chaflè , les plus heu-
reux obtiennent de Diane elle-
même les fîx Nymphes.
En un jour Jfemblable , Eurî-
!> R E FACE. X5^
fflëdon avoît vu Artelîce. Deur
fois il ravoît honorée de lâr' r ofe
nouvelle , 6e deux ans ils avoient
vécu fans amour. Mais depuis
deux ans ils iê juroient une mu-
tuelk ardeur, lorfque la Grèce en-
tière , dont ce jeune Conijuerant
avoît exciné la jaloufie; arme con-
tre luL AuffitôtEurîmédon quitte
fa capitale , & va prendre congé
d-Artelîce. La Nymphe lui fait
un préfent qui leur fera funefte j
c-efc nne magnifique écharpe , où
fur un débris de cafques & de
lances paroiflent les traits de 1*A»
jîiour couronnés de rofes.
Déjà les deux armées font dans
le3 plaines de Pharfale , partagées
en trois corps j & déjà ceux a A-
thénes & de Gorînthe ont fubi
là loi d*Eurimédon , lorfqu*oû
vient Tavet" tir que fes Macédo-
niens qu'il avoir oppofés aux Spar-
tiates commencent à plier. Il vole
où le péril Tappelle , Çc renverfe
?Kyj PRJEFAClî.
tout ce qui s'oppôfe à fon paflage;
Tandis qu*il reipîre , & que
|>ortant fes regards fur la brillance
ècharpe , il renvoyé à Artelice
rhonneur de la vidoire , trois cens
Spartiates ramment le combat»
Il marche contr* x avec trok
rens des fîens feulement, & jure
<ie les immoler tous à la Prîncefle ,
3uand Mars lui-même les défea-
roît.
Mars que l'echarpe -avoîc déjà
blefTé s*irrîte de ce difcours: il
appelle les Pureurs , la Dîfcorde ,
Je Defefpoîr , la Terreur , & les
charge du foin de Ùl vengeance.
Cependant Eurimidon attaque
les ccoîs ctr^s. Envain la Terreur
5*offre à fes yeux -, il pénétre les
rangs: rien ne lui xefîfte} mais
comme il efl abandonné des fiens^
il tombe enfin ^ouvext de l)lellu-
jres.
En portant de Larifle , on ren-
jcontre un vieux château , dont
huit
T RJEFAC E. xvif
Êuît touris font un ovale impar-
fait ) & dans ces tours qui lonc*'
inégales^ cent grilles forment cent
noirs cachots. C'eft là qu'Eurimé.
don , captif dans fes propres Etats ,
eft concluît ef>:^trîomphe : malheu-
reux den*y ^voir pas même un
fervîteur fidèle, plus malheureuse
encore d'ignorer ce que penfè Ar-
teh'ce ! Il etoit prêt de fuccomber j
lorfqu'un billet de la Nymphe qui'
lui ordonne de vivre & de fe fou-
venîr qu'il eft aimé-, lui rend fà
première vertu.
Du haut de TOlympe ^ Jupiter
voit l'invincible conftance d^u-
rîmédon j il l'admire , & la fait re-*^
marquer aux dîeux qui fe faifdienc'
alors des mifères^ humaines un-
agréable fpeftaclc G*eft moi , dir
L'Amour , qui foutîens la vertu
chancelante du Héros, quand-
Mars & la Fortune confirent à-i
L'accabler. Lès dieux négiîgçpt ccr
dîfcours'y l'Amour s'ea: ofFenie ^
xvîîj PREFACE.
& pour montrer fon pouvoir , il
fait qu*Amphîanax brûle pour Ar^
telice. En même temps , il féduîc
cent langues menfongeres qui po*
blient le mariage de la Nymphe
avec Amphianax. Un garde Nu-
mide trompé lui-même par ces
bruits trompe Eurimédon j il lui
annonce que le Roi de Corînthe
eft aimé d' Artelîce , & que Diane
jui confent à leur Hymen a rendu
on oracle avant le temps. Ce n*eft
>a$ tout , une iî funefte nouvelle
ui eft confirmée par un fèrviteur
qu*il croit dans fes intérêts.
Alors n'écoutant plus que /on
defefpoîr , Eurimédon s^élance
par une brèche. L^Amour furprîs
4k touché tout à la fois le change ,.
dans^ chute , en une fleur , &
lui donne le nom de Ciris ^ nom
lefpedé à Sparte même.
On s'apperçoît aifément que le
Poète a dépeint ks propres aven-
tures, fous le nom de fon Héros.
l
r RE FA Ce. xîx
Earimëdon irritant le dieu Mars
par un difcours téméraire, puîs^
vaincu & mené en triomphe dans
les Tours de Larifle j c'eft l'Auteur *
envelopé dans la dîfgrace du Sur-*
intendant ,& conduit à la Baftille.
Amphianax qui brûle pour Arte-
lice, c'eft M. Conrart (a). Ar-
telîce eft Mademoifelle de Scu-
dery. Et ces mots fi confblans 5
î) Vivez , cher Prince , & fçachez
» qu'on vous aime , ^ mais qui ne
lui viennent que par les détours
•d'un fentier inconnu , rappellent'
(^) » M. PelIiiTon donna de la jaloufîe à
» M. Conrart, au fajet de Mademoifetle de
«Scudery, qui m'avoua elle- môme, en lui.
3y pariant un jour de leur mefintelligence, que
« c'en étoit la véritable caufe. Elle ne pût s*cn:\-
>9 pêcher de déclarer a M. PelIiiTon la pafllon
o Gu*cUc avoît pour lui , pat ces vers qu'elle fie.
9> lar le champ. » C'eft M. Ménage qui parle
dans le Menagiana y Tom, II, pag, 3 )i«
Enfin , Acantc , il faut fe rendre.
Votre e(prit a charmé le mien. ^
Je vous fois citoien de Tendre;
Maïs de ffr:cc n'en'dite^ rien*
bij
XX PU B FACE.
à l'efprît un artîfièe de là gcné-
reufe Amie que je viens de nom- -
mtT.[a)
L'Auteur , à rèxemple de Vir-
gile , voulut brûler ton poème.
JM. Bofiùet lui en déroba une co-
pie j & cet îlluftre Prckt qui nous-
a laifTé des écrits fî admirables ^
De dédaignoit pas de lire quel-
quefois Eurîmédon. {h)
J'av/oue que ce poème n'eft pas^-
Ikns défaut du coté de la confti.
tution ^ mais qui peut nier , que
dans le détail il ne renferme de'
grandes beautés ?
Comment: eft dévelopc le ca-.
\
f «) Dans la penféé que M. Pdliflbn jeman-
<4eroit un Ramoneur , parce que Tes yeux foi-
Mes f& malades ne pouvoienc foucenir la fu-
mée, Mademoifti)^^ ^^ ScUdery tenta cette voye .
psQux lui écrire } & fà lettre , malgré les bar-
rières & les verroux lui fut heurcuiement ren-
due : tant la iîncére amitié eft ingénieufè !
Epctratt (fun Mémoin prouvé dans ks f^pi^s-
de M. PeWpn.
(b)l\ lelifoit tous les ans , s'il faut ajouter^
foi au Mémoire que je viens de citer» .
P KJE FA CE. xxf.
raétére du Héros également fen-
fîble à ràmour & à la gloire ? Otk^
vïèxic avertir Eurîmédon , que:
trois cens Spartiates veulent roou-^
rîr, ou triompher y
Mourir , ou triompher l ^Adorable Ârtelice « .
Die- il , je vous le dois ce fanglant facrifiçe;
Le ciel me le fournit* Je vous Tavois pjomis. • ;
Je vais vous immoler ces trois cens ennemis.
Qgand Mars lis défendroit , ces vaillans témé»»
raires ,
Ils -mourront •, ou (eront vos , captifs volon-
taires.
Tant de morts pour la gloire f & pas un feuf
pour vous l * \ , /
J*éû rougis i 8c mon bras a konte de fes coups^-
Quoi de. plus, heureux pour la»,
grandeur & pour la juftefle des/
images, que cet endroit où le mê-
me Eurîmédon eft peir^t renver>%
lant le brave Alcidas, puis tom-
feantluLmême couvert de bleO.
fiires !
Telle dans lin Filais. là bombe renfermée
Rtoiplit tour de terreur ^ de flamme & de
' ÉinaSe,,
xxi] PREFACE.
Brife , fracaflc , abat, & de chaque cité
D'un obftacle nouveau Toit fon cours limité ,
Puis rouc-i>coup de feux & de poudre épuifée ,
Par un dernier effort en éclars dlvifée.
Tombe fans mouvement ^ fans force, fans
ardeur 3
Et lalflê les enfans mefurer fa grandeur.
Tel , &c.
Avec quel art eft relevée en-
fuîtè la fermeté du Héros ? C'é-
toît peu que le Poète l'eût repré-
fente dénantie deftîn 5 il feint que
Jupiter lui-même eft étonné de fa
conftance , & que la faifantremar-.
quer aux dieux , il leur dît :
Oui, j'ofe Tavouer , au milieu de Tes chaines «
Je crains que nos plaifirs ne vaillent pas (çx
peines ;
Et je n'aurois point eu de plus grands fênti^
mens ,
Si le ciel fût tombé fous TefFort des Géans,
De quelle manière eft traitée dans
les vers fuîvans la fituatîon d'un
Amant qui croît fa flamme trahies
PREFACE. xxn|
Et qui ne feroit attendri par des
plaintes fi touchantes & fi natu-
relles ?
Tu le vois , Titarefe ? Et ton lâche murmure
N'implore point les dieux pour Tcnger ce
parjure!
Et ton onde infidèle écoute tous les jours
De ces jiouveoQz Amans les perfides diicours S
Et ces fiots qui dévoient d^une foudaine €oar(è ^
Quand elle changeroit , temancer rcrs leur
fource ,
Coulent encor de même , & ne font point
allés
Repréfentcr au Styx les fermcns violés !
Si quelqu'un sMmagînoît que c'eflk
ici une (impie copie, ou une imi-
tation de M. Quînault , îl ne fe-
roit pas attention que fon premier
Opéra parut feulement en 1672,,
& que par là même il doit être
poftérîeur de quelques années au
poème d'Eurimédon, qui fut conv
pofé comme je Taidît, à la Ba-
ftîlle , & fini avant 1665.
j'ai placé dans le troifîéme
xxîv P H^B FA C E.
Livre les Poefies Morales. A la
têce de ces poefies , eft une Epitre
à M. Conrart, fur la folie des-
hommes, qui vivent prefque tous
miférables vîdîmcs de la gloire^
ou de Tavarice j puis vient un
poème où font frondés ces prêt
tendus fentîmens ^ qu'on appeller
eftîme , & qui ne produifent ja^
mais d'autres fruits que de vains^
dîfcours. Et ce poème eft faîvi de
quelques Stances fur le Ver àr
toye , & de trois Sonnets en par-
ticulier qui n'avoient point encore-
paru.
. Le quatrième Livre contient'
les poefies galantes , qui ëtoient:
répandues en diffërens Recueilsy>
M. Pelliffon en avoir fans doutç^
compofé uft plus grand nombre 5.
mais depuis qu'il fe fut livré à>
des études plus férieufës ^ il mé-
prifa & les poefies de ce caradére,
& leur genre même où il avoie
excellé, autant pâ^r la délicateife
des-
des fentîmèns ^ que par la fagefle
& la facilité de l'expreffion.
Je ne parlerai point en détail
de toutes ces Poefies, ni de celles
que }*aî raflemblées dans le cîn^
quiéme livre fous le titre de Poe-
fies diverfes.
. Que diroîs-je qui ne fut fuper-
flu , & de cette Idylle gui a tou-
jours paflé pour un chef-d'œuvre
en fon genre {a) & de cette Imi-
tation de Catulle, où les grâces-
de l'Original font rendues , fi elles
ne font pas furoalTées ^( ^ ) 5 & de
ces Dîàlbgueç dont la fidion n'eft
pas moins ingénteufe, que le tour-
en eft délicat ( r ) > ^
Je parlerai feulement d'une
( if ) La grotte de Vcrfeiîles. •
(i) Imitation du petit Poème quî com-
mence par ces mots : Vivamus meaLeJbia, Elle
fut lue dans VAcàdémie Fran^oife en préfencc
de Chriftinc Reine de Suéde.
( c ) Dialogues d'Acante 8c d« la Faurette ;
d*Acaxtte & de Pégafe y de la Tourterelle & d«
f afiànt , &c«
Tome I^ c
l^x^4 P ^ ^- ^^ C JE,
Elégie composée à la BaÂîlle. Uâ
Miniftre dont h nom ne m^ourra.
jamais , ^ crut défîgné dans cette
^Icgie ^A t l^s JPourmis^ qu'adomnk
les Indiew y & f^^i t^tntaffentks^
p-éforSy que fo»r»n àeroher l^ufàyf^
aux Indiens^ même. Il ç'ofl^iça cjx
trait doQt il j(è faâfoie rapplica^
tîon ^ & depuis îii 64c auffi oppoie
à M» Pellîlïoe, qw/îlavoît paru d.'a*
bord lui être wsvoriïble (^), Ma-.
4ame PellifToiib s'apperçut bîencôji;
qu*îl avoit change ^ lorfque de-
mandant que ibn fils pat avoir de
l-encreSc du papi^^ ceMinîftre
lui répondit; iiè ^ M^àame il^
tC écrit que trop^ faîfani: allufiioia à
TElégie dont jç patrie } & peutêtre
â des ouvrages plus férîeux qu'il
compofoit dans ta prîfon 5 car oii
eût dît que 1^ &aftîlle çtoit deve.
.{à) AiafiM. de-j^rrey étolt mal informé ,
lorfqu'ila dit dans Ton Ffiftokedfi Louis XIV*
fous rftitnée i6éi \ que ce Miniftçe n'avoir riea
ovUté pouf s'atucb^ M| PcUi^n» AfffiffHf€
■ J
nue ^bur lui ièul une douce Ôc
aimable fôlicude {a).
DISCOURS;
On trouvera dans les ouvragej
que j*aî recueillis fous ce titre gé-
néral , àts modèles pour TElo-
quende de pur appareil, & pour
celte dui eff propre aux affaires^
Les dîfccnirs prononcés en dïfl
férentes.occafions fervirpntoour
îe premier genre j & les defen,.
fes de M. Foucquet pour le (e.
cond. '
Les dîfcours font remplis dé peit-
ces brillantes ;, & de tours agréa-
bles. Les défehfes vont moins a
fraper l'efprit par Içs ornemens,
qu'a le convaincre par la raifon^j
maisÇc dans les dilcours ^ 8c darrs
lès défenfes régnent également là
bîenféance K là vérité. Loin de
vouloir împofer par la pompe de^s
(if } M* de Fénelon » depuis Archevêque de
CainbritT', dans Ton Difcours à TAcadéiiuc»
eu
■I
Héclamatibn j ou.par^i^e licençç
d'expreflîori qui corromt aujour.
d'hui nbufe'^lQqifeôdbî^M. Pel-
liflon ne s'at^ash^ ^!^ .p^rqlç^ue
tipur éxp^nmer les:,j.,^nrees-,.^4
^ — ^loye quç les t^ '
l'uiàge ordma
3u'ir en tkît^
esTmaees r
Le premier (V.|çjQi;rs tut .pro^
nonce dans t'AcàdemiéiFrapçqUç
par M. Peilîflbn , lorfqu'îl y entr^
pojar .la premîçre-fo^ eniqljailité
de -ijj'rnumeriii:ç C^jJj.Qn ï^it
^ [^f
titre
pïemiçré place i qu î :y,4,aueroip ^ ^^
'mf'eil ^attendant ,. o|i iu^ ^pQrîwt
ij^âffifter aux àiîèiîxblêe^.-^.javeç
ççtte claufc, fingufieré « que li
Sj même grâce né pourroît plus
', («I jo Décembre ,i^;i,. \ * ^
que CiJrfficîciation que 'ce fur. <l
• . •. I, .' ' •
^ • I *
. ;:Le fecotid ^'difcolif si«ft uti- hbûi
veau remerdment à la mêmt ^câi
demie j^ conime^pôupîteie^e.éoÀdp
réceprion (^)i Et'ce àifcôurs efl
fùîvî d'un compliment à M. lé
Gh$incelîer Segtiîer, à ifui iei
^çeakx.veûdieocrd^êèé^Wfadî«*<«5)J
dîfcours furjCHt cpfnpoféi i ja Bâ:x
ftîUe pour k défenjre^dçM.Fpuc^
girêt (f J^^DàS) on
de vinà Siçnt^c ^e MyF<ï^^^Oti eb
ëtcwt l!Aj^WHf. ;^c>^f 'jJon^îroflwiF
le déceler, la fc^encç dtt proie '&
des Finances qgi '^clftt;^ partbuii
dans ces ^i^çouf? v >A*ii$ ^lusîenw
corç* ipette facilité ;.pj^ttetinfimMuî
tîon , ces tours ingénieux qui lui
(4) 17 Novembre i^fj.
7^)6 J;>nvier i^f6; ' ; *' ' '
(c) En iê6u
•• •
cnj
« «
çtoxent propres [j$)yhLi\m pa-
xoiUbient moins en lui un effet de
l*art, ou même un fruit de /es
çtu4esr) qu'un don de k natu-
re {h ).
, On diront <}u'en répondaM
dans le iecond difcours à ceoic
qui ipour affcnblir Je premier, fei-
gnoienç de ne le trouver qu^'^io*
2aeiaç , il k /oit pdnt iuLmême^
ins le vouloir. Après avoir xiît
qu!îl ^roit lïop^heureux d'acque-*
3ar avec fi peu de talens & de mé-
râcejiin tîtr^ auffi précieux, auffi
rare «me oel^uî d'éloquent , il fait
de t'Ëiôqu&nceufie ncînrareaçhë-
*éeî il oarle tfl m^tre dès ei^ts
de Part, ^ par la manière donp
ii s'exprime , 8 devient lui-même
un modék. C'eft en ces termes
Wmremarqimbles qu'il continue:;
• • % ■ • t ' . . . .'
(tf) M. de Fénelon depuis Archevêque de
Cambray dans fon Jifcours à TAcadémie.
( b ) C'eft ce que Qiûntilien a die quelque
paît de Cicéron.
Qn^ils içaclieiit^oncces inauh <«
vais Juges de l'a foUilîtc & de «
Tcloquence , qu*fls ne cormoîf- ««
fènt ni renie rri Ta^rre^ quand c<
par uneconfëquence ridicule ils <i
Veulent faire baâfèr |)oar incom. <<
patlbles & fëparér fi cruelle-^
tiient deuic chofes que le ciel & «^
qu& la nacurë <ixit jointes en- ««
tenable : qd^on ne touche preC «
que poiât &As inftruixe ^ que ««
réloqucnce h'eft elle - raênae <«
qu'une forte & folîde raifon «
tellement accommodée au iëns ci
fénéral &: aux divers goâts des <<
omsnes, qu'elle entre dans tes «
efprîts ^ ïfiaîgré qu*on eh ait. En «
vain vous lui fermeriez une por- w
te , elle s'en ouvre cent à la fois ^ «
& fe montrant premièrement «
claire ^ nette & (împlie à la par- ^
de fupérieure & intelligente de c<
Tame^ elle necefle point qu*elle **
n'ait enfin pénétre toutes les w
autres ) fous toutes les formes & ^
( • • ■ •
C 111]
xxxîj PREFACE.
» les figures dîverfes dont elle a
» befoîn 5 rempli Phomme tout
»ï entier 5 excite en lui ce degré
» de chaleur que la paflîon ajoute
15 au jugertkent, & fans lequel il
» ne rëfout, ni s'exécute prefque
M rien au monde. Mais de pen-
*> fer qu'elle puîlle fubfîfter ja-'
>3 mais féparée de cette folidîté ,
>j oui cft fon ame , fa vie , fôn
M fondement : je croîrdh pîd-
M tôt que fans magie on bâtiroît
13 un palais en Tair j on feroit
j> marcher & refpîrer une peîntu-
M re j.on gucrîroit un grand mai
M avec des paroles, qui quelque
>3 choîfîes , quelque nobles , quel-
M que riches qu*elles foîent : en
13 quelque belle cadence qu'on lès
« puîffe faire tomber : fans cet ef-
n prit intérieur de la raîfon né
M font qu'un vain bruit, que des
w impertinences harmonieufes ,
w capables peutêtre d'éblouir &
M pour un moment le peuple ,
quand elles font foutenues des a
charmes de Ta^kion , de la vo^x, «
du gefte , des regards , & de^s ce
mouvemens duvîfage: maïs în. «
capables d*împoier au public «
dans une froide & firaple lefturè. u
Voilà en efFet cjuelle.cft la vërL
table éloquence. Telle nous l'ont
laiflce les Denaofthénes, les Ci-
cérons, le^ BoflUèts , les Bburdà*^-
loues , cbacun. dans le caraâere
qu'ils s'écoîent formes 5 & telle on
la trouvera danis les défcnfes de
M. Foucquet.
l,e ♦ Rpi * lut ces niênies dëfeh*^
fes j il admira Jes talens , la fèr-c
tùetç, la recx)nftojjQance dé M.:
Pelliiibn. Il en fut touché -, mais-
il fut ëmû for-tout à ce bel en-^
droit ôi\ en s'adreflànt au Roi \\iu
même , M. P. dit : n il n'eft pas «•
jufqu'aux loix , Sire, qui toutes ^c
înfènfîbles' toutes inexorables «*
qu'elles font de Icvir nature , ne «*
*LooisXIV.
t«tw PUM FAC È.
n fe f cjouîfent , lorfqiie «e poU^
» vanc fe Béckîr elles-mêmes ,
ff elks fe laiâ^ât fléchir par \jmt
f> main touce puiflame ^ teHe <}i3€
» ta main éc Votre MajeAe , *n
«i faveur des hommes dont é^le^
19 chercbetit toujours le ik4i9t, k>f s
f> même qu^'eiles lèmbkiyc de^
n mander leur nûiie. Le ^its
M iâge^le plus julb it^^me^des ».oî^
1^ crie imcore à V« M. c^mme à
tf tous Jes Kois ^ la ^erre: !^^
f^ foyez^pàim fi ji^ts . , . Si la dé-
i> mence n*offre pas un Temple à
»*V* Jtf.eHe lui promet à\à radius
»» l'empiœ des cœux^s , oà Diett
99 rbême defîi^e de réégner , St en
n frit touie ia gloke. . . Ccmrez
M liardiment , Sire , dans une fi
» belle carrîéîe, vous n'y trouve-
♦» rc2 que des Rois ^ comme Ale^
n xandre le fouhaitoit , quand on
»lm parla de courir aux jeux
«Olympiques. •. S'il y a tant de
n loîx de juftice pi y a du moins
JP K. î y A C M. xxxir
pour y^ M. une iaifice Loi de «
clémeiQce qu^dle ne peut vîo. «<
1er ^ parce 4}u'elle l'a rake elle* et
même , comme le Jupiter èits €<
Fables faifok la^eftinée, com «
ineie:v]raî Jupiter fe les loîxîn^ «
variables du monde, je veaDct«
dire en la p^ononçaot. . • <•
Qodées peintures fak enfuite
ÎOrateur x Quede vie & de moit-
Yemeot xians cet endroit où H
lappelieim Roi les paroles iiu'â
proféra ^ns lacérëmocdedefon
Sacrei
En cet bcuf^ÊUï jôâr qui açhe- ci
va ide nous donnai- un grand n
Roi. . » £ri ^e jour , 6 kte , avant ic
que V. M. re<;ût Ponction 3îvî.t«
ne . . . avant qu'eUe eût pris de ci
TAutel, c'eft-Ldîre de 4a propre ce
main de Dieu , ctit^ Couronne , et
ce Sceptre , cette main de Tuf- h
tice y & cet anneau qui faifott ^
llndîflblublc mariage de V. M. «*
& de ion Royaume. «, nousc<
>y yxrtïçs , 410US >eBt:endiinjé/ Vi-Nf .
>3 enyîrDacëçdes Pairs & dics pt^e-
>3 mieres dîgnîoés de l'Etat ^ • au
,)3 milieu;des prières^ entre ics bc-
ty nédidipns^Le^ cantiques ) à là
M jfax:e. des Autels iptûfercr'de:ià
V bouche facrée cesibelks Âcima^
» gnifîques paroles , dignes d^être
M gravées fur le bronze^ mais^lus
>> encore jd^ps^ le çceoc. dîud >'fi
;» grand Rqî : Je jure & je pnomets
w dç garder- & Êiî^è ^rdferîi'cx
»> quîté & mifëricorde en tous ju^
M gemens , afin que Dieu dément
n fc n>îféjrieprdi^qg5:i rdpwdé
>? moi éc ïUr vpiïs fà milericôrde:
, J'ai sdéja dit. queoks^-jâéfeHfefc
furent compofé^ à Ja'Baffiiirj
niais je ne dois pas. omettre . ici
comment elles paflerent dans le
Public y malgf.4 toutes lés. battriez
res qui feimbloient devoir l'en^ê'^
cher. -^ ; , ' . ": .' *
Un Gafcon très fpiritùel avoîc
été au fervice de M. PeUiflbo. Il
-PRBJP'ACE. ixbncvfl
(f^volc par experiehcè' combien
cet anjàen maW ctoit iibéral.-
Dè|S ;qn'i^ .-le £çut .arrêt© /.il vinc
ogliirîjès ierv»:ie&ii Madame PeU'
MÇ<^v--:qm!dans.liM)e;accajfioti fi.
tn%-&yQïtffaâèmblé fês meilleurs
amfs pour . délibérer far le parti-
qu'il y avoir à prendre. On fut d'av
ï«'d-li«*56ptei?'i6ryofFrei dti . ÇzC
!^o|}< Qf»>ca»m8i^9a'par le^h^rgei*)
<iW..ifett^^ii«>arjlç Surintendant"
<}ii'Q5.amenaît alors de Nantes h
Paris. Non feulement il rendit la
lettrç,, màâs il prit encore la ré-
poAfc '(.;«f ^ . . Puis îil' . s* enrôla. ' fous
[ tf ) Voici le .fti;atagêirie doftul uû. U cn^.
"•a tn qualité Se CuiBniç/dans une des Ho-
ttUcrics oûrMi Foucqu« clcvoît loger. Le foir
en le fcryant il fit un faux pas , & répandit
a deflein le petagè qu'il tenoit dans fcs mains
iw ah dèfif Gardes.' Tandis que celui ci mur-'
inQroit,& que les a^itres Gardes' ay oient les'
yeux.sttachël ' fer Im:^- \t Gafcon fît eatcndre^
par an coup d'œil au Surintendant que le faux^
pascôQVroit quelque myftere. M .-Foucquct fei-
gnit un befoin. Le faux Cuifihier prit un flam-
oeau pour conduire ce Mjniftre, laiflTa près du
«tabcau la. Wkrc yè^- papier ^li ne ^critoircV
« vint cnfuitc chciclxcr la rçponfc.
XXKTÎij J^ RE FA CE.
prétexte de ièrvip^à la Baftitfe^
mais en eflSst ponr donner cette
jséponfe i M. PelUiTon , qtn par
îsm moyen entredac au dehors ,
& fur.tDut:avecMademc|î(e]te'de
Scudery des liaifons fi cachées,
qu'elles ne furent jamais décou-^
vertes {a).
Aprjbs les défenfts deJtft Fotic.'
2 net y j'aîi placé , en èàwùt' l*or^
re des t3emps , un Eloge d'Aimé
d'Autriche qui coudent en j>eu de
lignes tous les traits de fa vid ;
puis ce Panégyrique célèbre que
M. .Peiliâbn prononça . daps 1*A.
cadémîe Françoife, à l'honneur
dfe Louis XIV \b) , & qui a
été traduit en Ladn par M. Dou.
( 4 ) M. l'Abbé d'Oliver raconte auttemenc
ce fait dans Ùl condnuarion àt Thiftoire tic
l'Académie Françoife, mais j'ai fuiTi le mé-
moire que j'ai crouré dans lev papiers de.rAuo
teur.
( 6 ) Trois Ferrier 16-71 , jour auquel fut reçu
M« de Chanvaion Archevêque de Rouen , de
nommé à l'Archevêché de Paris , & non pas
M. TalcMi, comme l'a éccic i'Aïueitf des M&i
FR E WA t B. xxxlx
M- i'Al)bc &egnier , en. Artois
par un An^nysaie , & a>^e en
Arabe paf »n P atitar cbe éà }Aixax^
J'ai entendu quelquefois rr^
prochçr a ce Panégyrique Tcxcès
(tes figures & iiir-ûout des hyper^
bolesi. Mon; deflèîo n-eft p^s . dô
jiftifier la; pxéjïiQiïe daHcros^
elle n*a pasi^ befoift d'apolbgk^
Maïs , poiir ne parler qwe de VQ^
meur : q4jej: genre d*^loquence
comporte lesJ^uj?€sbwilanees, il
ce n'eft le Panëgyr în^e t Oà fkuc«
ij employer Iès riche^s & la poni«*
pe dç Tare , i> pp le^ nient comme
moires du temps , Uâduits de TAngloîs, im-
F-m&eix 1701 à Amfterdafxi.fl n'eft pas &r«^
pi:enanc4ue rAtumirrde cçis Mémvipe;» qui écoÎD
un réfugié aitvtrouyé ^frÀy^erfco/^l, J« ^7(»ga.
^«5r , dtrifuanges bk/phématoires dans le Pau'
^cgxiâ<juc de Lq a » s XI V. Ccft un DécJa-
matear ^ & non pas un liiftorieis» Aufli n^dk^
ce point luiqiicj*ai eu en vue dans ce qui fuic^
(a) On conlerve à k Bibliothèque du &oi^
x\ P RÈFAC E.
en rcferve , lorfqull s'agit de
louer ? Aîmeroît-on mieux que M*
Peiliflbn eût donné de fimples an*
nales , fous prétexte que les faits
louent les Héros ? Maïs il fçavoît
trop qu'on attendoît de lui un à\ù
cours éloquent , & qu'il devoit
faire . dans les circonftances où il
fe trouvoît , le perfonnage d'O^
rateur. Il l'a fait j & s'il i, employé
dés figures brillantes , fa pratique
eft juftifiée par l'exemple des plus
grands orateurs qui dans le- même
genre fe font permis dès figures'
encore plus hardies.
Le Panégyrique dont je viens
de parler , eft fuîvî d- une haran-
gue ( ^ ) au Roi fur les événement
glorieux de l'année de 1 67 y 5 &
des trois éloges du même Prince
qui terminent les tjroîs premiers
{a) Cette Harangue fut pronorjcée le ts
Juillet , après le retour* de L o^u i s' u!^ I V. qui
venoit de prendre Condé , Bouchain, &c. M.
PelHfTon portoit la parole pour l'Ac^adémie
f cançoife dont il étoit alors Direftenr.
volumes
vôtumes dé Pbuvrage liir les diY-'
férefpds de k Religion.
. La Harangue & lés Eloges
furent è«t^énieme;rit applaudis:'
mai^ ce* qd^l ^ eut dè*iin^alîér|
pairtrappbrt' aux- derniers ^' c*e{t
qu*îls excitèrent une dîfpute qu?
tourna toute entière à la gloire'
de Mv I^eliiflbïî rpuî^ùif s'agî0ôir
, uniquénvènt 'ëiitre' lés' diftereriV
EcrivaTris> îquî JpHrèn^- pSaî-tî dans'
la quôrelle, de juftifiér leur decî-'
fioiT- , ou plutôt la préférence
qu'ils dorinoîent chacun fuîvant
leur goût particulier 5 à l*un des
ticfis xlbges. Au rdfté , ïî on ne les;
avoir déjà plus dVne fois împrî-
niés féparément , peut-être n'au-'
rois -je pas pfé 4e^, déjt^chçr.d®
1 ouvrage ou 1 Auteur les avoit
. ..L^ 'partît dpM^ je f éhs* cbriiptel
eft- terminée par le difcours fur
les œuvres de M.' Saràfîn , dif-
cours. qm a ' toujours pàffél pour'
Tome /* d
xlîv PREFACE.
La première regarde la fëcula^
rîfacîon de ce Prieuré , auquel M*
Pelliflbn n'avoir alors aucun inté-
rêt^ ne pouvant prévoir qu'il tom-
heroic entre fe$ mains . comme il
arriva depuis.
Les Religieux produifoîent des
Lettres de fécularifation; Et M.
ï^ellifTon fc propofe de montrer
par une connoifl^nce fommaire
prife de la datte &i du contenu
de ces lettres , qu'elles font atten-
tatoires , iurprifes , nulles , & de
nul effet. . ^
"'Eniuîte, pour établir le droit
fous', Içquel nous vivons â cet
égard , il entre dans le détail de
toutes lés conditions qui doivent
fe réunir ^ pour opérer une légi-
time féc^larifation.
C'eft comme le dernîôr & le
plus grand effort de la fouve-
raine puiïTance-Eccléfiaftiqufe &
civile, fur- tout lorfqu'il faut rele-
ver unç Commiaïauté nombreu-
w
: ,. • •'*
k des vœux folemnellement faits
& prononcés devant Dieu 3 Se
chaiteer Tétat d*une maifon Reli-
gieufe , contre tout ce q\ie fes fon-
dateurs en ont ordonné ^ & qui a
été exécuté diurant plufieurs lié-
des.
Il ne fuffit pas que des Reli-
gieux le défirent par un efprit de
libertinage 5 il fout qu'il y ait eu
dans leur Communauté un temps'
prefque immémorial de relâche-
ment j qu'on ait eilayé d*y remé-
dier par toute forte de voyes , fur.
tout par Tautorité naturelle du'
Supérieur. Il faut , s'il y a dans
le même Ordre des Religieux
plus réformés, qu'on les introduis
iè dans cette maifon pour -réfor- '
mer le refte j . que s'il n'y en a ;
point, on y en introduife. d'une'
autre Congrégation; fi cela' eft
împoifible ,ou inutile , s'il le joint '
ad ipirituel des difficultés infur-
montables :au temporel : il fauç
3
^ue 4es Reiigieax s!asdreflrac à
leurs Supérieurs, qu'ils obtJen^
nent leur cojBi&nceiiisnt iisifôcu-
lari^ion avec celui du Sopétieur
immédiat j que fur ces conrente*-
oiens^ &L fur les faits expûfés , le
Roi demande la féculariiatîon aa
Pape 5 que le Pape donne des
Gofriuiimires iùr les IkuK pour
informer de la vérité de ces^ mits ^
ue fuffif^mment inftruît ilaccôr-
e iks Bulles^ qiie ces Bulles
fbiene encore fulminées & exécu-
tées en counoiflànce decaufe par
cdiui à qui elles font adrefT^,
^ec le Supérieur majeur , le Su^
përieur immédiat, & toutes les
parties intéreflees« Quand tout
cela eft (sm à*\m confèncemënt
unanime , & non pas auparavant ,
le Roi , pour le confirmer , donne
f^s Lettres Patentes , & les fiait
regiflrer , en connoîf&nce de eau-
fe encore, dans les compagnies
cjpx on» droit d'en connûkre^ ap-
péUëstousc^jc qui ont droit d'y
accfbieicer , ou de s'y oppofer.
^ La féconde partie regardé le
règlement de Juges iiir la x^ue-
(tiem-du Poâefïoirej & la troifië-^
me contient tout ce cpii a été fait
devant les CommifTaires arbitrés
fiir le fonds , ou la maintenue.
M. PelliflTon , dans un Avertîil
arment qirïl fît exprès ; répond â
ceux qutraccufoient d'avoir feu«
tenu &n droit avec trop de cha^
leur, & rappelle tous les moyens
qa'iL avoit inutilement employés^
pouf gagner fur M. d' Auch * quil
vopMt yen étoni&r une fèmbla^
blea^re.
C'efl comme AdminHkateur
dé' 1? Abbaye de Cluny <|yie M.
Peilififon étoit intervenu , à la ré^-
3aifitîon du' Chapftire général ^^
ans i'affiûre de la féculàri'&don.
Mais ^utre cet Economat , &
ceux de Saint Germain àts Prex^
5 Mé de la Motte-» Hpod^utcoom ^
>
de Siînc Denys^& dtt)Ticrs de: 1^
Régaie temporelle aâeâé à la
fubfiftance des nouveaux Conver-
tis ^ il obtint .encore \ l'admtnîf^^'
«on , & iTiênae le d0n des :i:ev(e^
âus tempoffek-.qui d^pêndoîenc
des bénéfices fitués en Francbe-
Comcé ^&poflcdés:par éds fujets
da ^pi d-Efpagïie. * . _
On conçoit atTéo^âOt qne céé
différent .emplctis lui âttiœrent
des afEiîres confidérables-, & que
joignant , comme il faifbtt, le zcie
à rhabileté , il n^emprunta point
de ^uQie étrangère pour fes pro-
du^ioQS au ; Cpinièilt. J*auxoîs:pu
en donner un grand nombre!,'
eelles par 'çx^piç^ qui ont pdur
pl^et un droit jd-indemnitequ?il
df ^landpit e;^ qnalitaé d'ËQQQÔinë!
d^ ^int Qermaio'jau; (ujet dèia?
fondation du Collège) M^zairin. i
Mais j'ai crû qu'il falloit faire
^ * On en trouvera la preuve immédiaccmeiic
tvanc les divers Eloges, p^.^^« ci
un
V
PRE FA C É. xlîx
un choix j & j'ai feulement ajouté
aux premières produdions deux
Requêtes qui concernent la Ré-
gale ^ non en général , mais celle
de PEvêehé de S. Brieux.
Le Chapitre de cette Eglîfe
précendoît que les Dîxmes , quoi-
qu'elles faflènt une grande partie
des revenus de TEvêché^ne tomJ
boienc point en Régale j mais leur
appartenoient pendant k vacance
comme chofes fpîricuelles, ôc non
à TEvêque futur , ni à ceux à qui
le Roi peut les donner,
M/ Pellilïbn combat leur pré-
tention par ces principes: que la
Régale appartient au Roî comme
un droit de fa Couronne 5 d'où il
réfulte que cp droit eft uniforme
dans toute l'étendue de fa domîî
nation. Que dans tous fes Etats
les Dixmes comme faifant partie
du revenu temporel font çompri-
fes dans la Régale temporellei
Que cedroit étant inaliénable ^
Tome /• e
l PRMFAÇJB,
împrefcriptible , une pofleffioii
contraire, quelque longue qu'elle
fiit , n'en peut dépouiller le Prin-
ce. Enfin qu*il n'en peut être pri,
vé par les conceflîohs de ks pré-
décefïèurs j concevions- qui iur ce
.même fondenient ont été revo-
guées , hors celles qui font à titre
onéreux , & cela paT une Décla-r
ration expreflè regîftrée au Par^
lemenc de Paris, auquel feul ap-
partient la connoi^ancç çie la
Régale,
Les^deux Requêtes qui termi-
nent ceRecueîl n*a voient point en-
core paru. L'impreflîonétoîtpreC.
que nnîe, loriqu'elles font venues
à ma connôîflance 5 & de là vient
qu'elles p*occupent point lç\ leur
place naturelle.
Ces deux pièces , où eft examL
née Timportante queftion , fi les
Chanceliers font au-defTus de tou-»
te récufàtion en matière crimi-
nelle y contietinept des faits iln^
PRE FAC E. \\
gulîers, & font admirables en leur
genre. Ort y reconnoit le carade-
re de TAuteur , je veux dire un
cœur fcnfibleaux bienfaits, & ce
tour infînuant qui règne dans tous
iks Ecrits.
Mais comme TOrateur , quel-
3u*éloquent qu'il fbit , ne perfua-
e pas toujours : M. Pelliflbn eut
ce dcplaîfîr qu'on loua ks Re-
quêtes , fans y avoir égard. L'il-
luftre Magîftrat qu'il vouloît ré-
cufer , fît valoir auprès du Prince
le privilège de fe dignité , & loin
de s'abftenir de juger , il pronon-
ça le jugement.
Il me refte à parler des ouvra-
ges , qui par différentes confîdé-
rations ne font point entrés dans
ce Recueil.
I. Telle cft premièrement la
Paraphrafe fur les InfiitutionS de
I^ Empereur Juftinien , parce qu'il y
en a déjà deux éditions dans le
Public y & que je n*aî point trouvd
eij
Jîj PREFACE.
le refte de l'ouvrage dans les pa.
pîers de T Auteur, quoiqu'il Tèûç
. cerraînemenc achevé. Il n'avdîç
que vingt ans ïôrfqu'îl en publia
le premier livre y mais ce livre
fumroît feul m pour faire dourei'
M que ce pût être Pouvrage d'un
M jeune homme , fi la date de Tini-
M preffiôn n'en faîfoît pas" foi. *
I L L^ Relation contenant l'Iiu
fioirk de ^ Acaà^jmie Fran^qife ^ qui
parut pour la première rois en
1653 , & dont il y a eu depuis
un fî grand nombre d'éditions.
^ Un bel efprit , qwi de Ton au-
torité privée a prétendu changer
tous les rangs que le Public avoit
marqués fur le Parnafle , «^ par^
donne pas à M. Pelliflbn d*avoic
dit yavemcnt bien des puérilités
dans cette hiftoire/ Il foutîenc
qu'elle eft remplie de minuties \
. I' M. l'Abbé <l*01ivec dans fa continiiatioa
4e l'Hiftoirc de rAcàdémie Françoife. M. PcIt
liflbii croit ne en i^*4, & ce premier MvfÇ
PRBFAOE. Jiij
icrite languijfamment ^fanS efprit.
Tous ceux , ajoute-t-il ^ qui lîfenc
ce livre ians prévention , font bien
étonnés de la rc put ution qu'il a eue.
Ce n^eft pas ainfî qu'en ont jut
gé nos meilleurs Ecrivains. Si on
en croit le Père Bouïiours, c'eft
un ouvrage où Iç bon fens & la
polîtefle^ où Texaclitude & la fa-
cilité régnent également. Si on
. écoute. M. de Féneion , rien n'eft
plus ingénieux , ni plus élégant^
Les faits y foht racontés avec un
tel choix de cîrconrtances , avec
une il agréable variété ,. avec un
tour fî propre ôifî nouveau j ili
font d^ailleurs enchaînés avec tant
aart, qu'on s'oublie dans le doux
tiffu des narrations. M. Bayle en
parle avec éîoge dans fes penfées
iur la Comète, & M. Sprat qui
a écrit rhiftoîre de la Société de
Londres , n^envîe à rAcadémiè
Françoîfe que l'honneur d'avoir
eu un ièmblable Hiftorien. Mais
en]
lîv PREFACE.
quoi de comparable au jugemenc
de l'Acadcmie entière , qui, en
violant Tes propres loix pour l'Aur-
teur , s'engagea i ne les plus vio-
ler jamais en faveur de perfonne ? ,
Si tant de jugemens ne peuvenc
balancer la cenfure du nouveau
critique : du moins parraport aux
minuties qu'il reproche à l'ouvra-
Îre , on lui répondra que M. Pel-
lilbn donna Ion hifloire en forme
de Lettre , qu'il y parle à un de
fes parens , & non pas au Public,
que de fon propre aveu il em-
ployé , à la faveur du titre , de
petites circonftances qu'il auroit
bmifes , s'il s'ctoît érigé en Hîfto-
rien j & que la fortune ne donnant
aux gens de Lettres ni armées À
conduire, ni républiques à gouver-*
ner, on ne doit s'attendre a trou-
ver dans leur vie aucun de ces
grafids événemens qui frapent
•'imagination.
On ajoutera qu'à l'égard des
FXÈFACIE. Iv
tailleries;, par lefquelles on repro-
choit à Voiture la badefle de (a
nalflance, l'Auteur ne fait fîmple-
méat que le$ raporter, ians les don-
ner ^ comme on le prétend , pour
des railleries ingénieufes. Et ce
qui fait honneur au caradere de
M. Pelllflbn qui ctoît né dans
la magiftrature ^ c'eft . la réfle-
xion dont il accompagne ces
traits i que , fuîvant Ton fentiment,
fi ceux qui naiflènt plus nobles
font plus heureux, ceux qui mé-
riteroîent d'être nobles font plus
lauablcsu . - .
r;
I Lï. Les Réflexions fur les dif-
férends delà Religion. Je comprens
fous ce titre général les Réfle-
xions mêmes imprimées en I 68 6j
hs Réponiês aux qbjeâîons en
1687 j' les chimères de M. Jurîeu
en 1690 -, & Touvrage fur la To-
lérance des Religions en 1692.
Si M. Pelliffbn a donné dans
• • ••
euij
Jvj yHEFACE.
ces différens Traités l*exent|>le
d'une modéradocL qui lui a mérîc<t
les éloges de (qs propres Adver-
saires ^ il n'a pas moins fait écla-
• jer l'étendue de Tes talens , & foft
zèle ppur la Religion ou'îl avoh:
eu le bonheur d'embrafleri
Lesjournaliftes de Leîpfick (*)
.& çeuîc de Hollande kiî rendirent
juftiçe 3 du moins ilis louent (a ma-
nière, s'ils renvoyent aux Théo-
logiens la difcuiîion du fonds.
Voici de quelle manière s'ex-
prime M. de Leibnitz dans une
lettre qu'il écrit à un Ami qui lui
avâît envoyé la cpntinuation des
Réflexions : » Je trouve ce livre
M excellent , &* tout d'une autre
M forme que beaucoup de livres
w qui nous viennent de France de-
n puis quelque temps... Il y aicî
( * ) Libdlum rarum , & laudabiU Spechnen
Jervata in vabis modevathms ^fineifitrttrii pra»»
judicio, . . ObjeBor delc5tatus mafcula & efficace
Fellijfonii eloquentia doBtina & ingenii ubiqut
velut iummibus illufirat^, A(^ Leipfic. num.^«
r F REFACE. Ivîj
de l'érudition , & de la médita- «
tion tout enfemble , & de plus <<
ce beau tour qui rend les pen- «
ii^ fenfibles & touchantes. . . «<
La réputation de M. Pelliflbn «
m'a engagé dans cette leAure, «
& je ne m'en -fuis point repenti, w
je voudroîs pouvoir fatisfaire *<
à mes obj étions ^ mais je vous <>
laiflè à juger s*il ne faut pas«
avoir ^ l'érudition , & la force «<
d'efprît de M. PelliiTon. Auflî«
peut-ôn tout efpérer d*un fie*
;rand génie, s*il n'eft împoffi- «<
>le. J'honore (î parfaitement «
l'efprit de M. Pellîflbn , que je ««
crains de pafler pour vouloir"
l*engager dans une longue dif- w
pute -, ce qui feroît abufer de «
ion temps. . . Il régne fans doute <<
dans (on;ouyrâge ce beau tour , w
cette netteté , & cette force qui u
lui eft ordinaire. On y fait tou- «
jours fon profit , tantôt en ap- «
prenant quelque chofe j tantôt «
îvîîj PRMFJCÉ.
13 en fe fentanc touché des bonnes
^3 chôfes qu'on fçavoît àé]^.
Il eft rare que les Ecrivains fe
tendent aînfi jufticé ^ fur-tout
lorfqulls font de dîfîerente corn-
munion ^ mais, il n'eft pas moins
rare de trouver dans un même
fiécle deux hommes tels que M.
Pelliffon & M. Leîbnki:.
r Lts Théologiens de Hollande
ne furent ni fi modérés , ni fi équi-
tables. Louis XIV. avoit chargé
M. Pelliflbfi de répandre (ts libé-
ralités fur les nouveaux Conver-
tis 'y ces Théologiens en prirent
occafion de le traiter de Conver^
tiffeur y comme s'il avoit réelle-
ment acheté des converfions.
Mais ces difcours , & d'autres
femblables ne fèrvirent qu*à faire
éclater les regrets qulls avoienc
de l'avoir perdu.
I V. Le Traité de 1^ Euchariftie ,
ouvrage pofthume^ & publié paf
M. l'Abbé de Ferries.
PRIE FA CE. \ix
Oeft ici aue T Auteur s*eft com-
me furpàfle lui-même) il n*a ja^
mais rien travaillé avec tant de
foin 5 la charité , dît M. Boffiiet,
y marche par- tout avec la vérité ,
èc l'onâion avec la lumière.
Mais des trois parties que de-
voît avoir ce Traité , TEdîteur
n*en fit imprimer que la première
& la féconde qui comprennent
pourtant les quatre premiers fié-
cles de rEglîte , & quelques en-
droits des plus iniportans du cin-
quième. On donnera au Public la
troîûéme partie, lorsqu'on aura
raflemblé les dîfférens paflages
qui fervent de preuves , & dont
la plupart ne font quindiqués
dans le texte, ou du moins ne
font pas raportcs dans la langue
originale.
V. Je réunis dans cet article ,
& les courtes Prières Jurant la
Mejfe^ qui ont eu un fi prodigieux
I
Ix > PRÉ FA G Ê.
fuccès j & les Prières au Saint Sa j
cremeiit de l'Autel , dont on fit
deux ëdîtions Tannée dernière 5
& les Prières fur les Epitres S' f^^
les Evanples , qui ont paru au
commencement de cette année
pour' la première fois.
V I. Les Lettrés Hifio,riques en
trois volumes , qui toutes font
adrefleesà Mademoifelle de Scu-
dery , & qui dans la vue de l*Au-
teur, n'étoientque les matérîaujc
du grand ouvrage qu*il médîtoit,
& dont je vais parler dans Tartî-
clè fîiîvant.
VIL Hîftoîre de Louis XlV-
.M. Pellïflon avoir obtehu de ce
Prince la permîffion de le {uîvre
dans fa première conquête de la
Franche^Comtè (*). Il en fît une
Relation qui fut très applaudie.
Le Roi fur-tout en fut tellement
fatîsfait , quil nomma peu de
temps après M. Pellïflon pour
(*) En U^8.
PREFAC E. Jxj
écrire fon Hiiloire, & qu*îl lui
donna avec les çntrpes une pen-
fion dç fix raille livres , qui lui fuï
continuée jufqu'à fa mort.
On ignore en quel temps fut
préfenté le plan que j'ai rangé
dans le fécond volume j mais j*ea
ai un poftérîeur qui eft bien plus.
étendu, & qui comprend en aDré,
é tous les événemens que rhî-
orien fe propofoit d'écrire. Il eft
de fa main -, on y lit en apoftille :
Ciflanfutdreffe à Bontel^ eniéji ^
far ordre du Roi ^ ^ qui il fut en fuite
lu é' expliqué.
M. Peilî/Ton s*étoît renfermé
enrve la paix à^s Pyrénées , 6c
celle de Nîmégue : qui eft dit-
il, au commencement de fon ou-
vrage, un efpace de dix-huit ans;
mcié cle tant d'évenemens remar-
quables \ qu'il femble n'y rien
manquer ni pour inftruîre, nî pour
)laire. Il trouve dans fon propre-
iijet en trois intervalles prefqu'ç-
Ixîj P REFACE.
;au3ç trois révolutions différentes :
îix années de paix , où Tîntérieur de
l'Etat prit une face nouvelle , avec un
éclat , & une réputation au - deliors
qui excita premièrement Tattemion,
puis la jaloufie de toutes les nadons
voifines. Six années enfûite où la guerre
foudainement allumée entre la France
& TEfpagne , & qui pat fes premiers
f)rogrcs lembloît déjà embraler toute
a terre , s'appaiie néanmoins tout-à-
coup , mais pour en préparer une plus
grande entre tous les Princes chrétiens
par tout ce que l'intérêt, ou la défiance,
& la bonne ou la faulîe politique font
capables d'infpirer^ Six dernières an-
nées enfin , où toute l'Europe eft en
armes , mais avec un (uccès qu'elle eût
eu peine à attendre , & une fin toute,
fois plus heureufe qu'elle n'eût ôfé Tef-
pérer. Et ce qui lui femble plus impor-
tant , c'eft qu'on pourra obferver dans
cet efpace de temps deux changemens
généraux , Tame de tout le refte : l'une
en la manière de gouverner ; l'autre en
la manière de faire la guerre.
Telle eft l'idée que M. PellMTon don-
ne lui-même de fon travail. Il en avoit
connu tout le péril : il avoit fentî que
dans cette entrepiife il avoit toujours à
PREFACE. Ixlîj
maceher iîir des cendres couvertes d'un
£eu mal éteint {a). Cependant, lorC
qu'on aura publié cet ouvrage , ou plû«
tôç les fragmens , à la vérité coniidé-
rabies qu'on a recouvrés , & qui avec
l'hiftoire de la conquête de la Franche*^
Comté déjà imprimée (^} , font la
meilleure partie de l'ouvrage entier ;
on verra que M, Pelliflbn n'a pas don*.
né dans l'écueil de ces miferahles EerU
vains qui s'étant mêlés du même tra-p
vaîl , nom donné ijue de fadçs extraits des
guz.Htes [c).
Comme l'hiftoire de L o u i s X I V,
devoît être , félon lui , celle de toute
TEurope durant fon fiecle , & que fon
ambition étoit de bâtir de marbre , pour
ufer de fon expreflion , il employa un
temps infini à chercher, à tirer, & k
jcailler ce marbre , dont les meilleures
carrières lui avaient été ouvertes.
Il eft curieux de voir M» Bayle don*
ner , dans fes penfées fur la Comète , des
[a) Per 'ignés fuppojitof ùntrï doîofo ; Ccft
ainfi qa il s*exprime dans une lettre à M. de
Leibnitz , du lé Juin 16^)1^
(^) Dans le Tome VII. des Mémoires de
Littérature & d'Hiftoire. Paris i^^i.
( c ) Lettre de M. Valincourt dans la conti<*
nuation de rhiftoiiç de TAcadcmie , f0g. ) Ht
de Pin'49^
Ixîv TRBFAC E.
iwxs à M. PellifTon , fur la manière dont
il devoir écrire cette hiftoire. Il eft ,
dit- il , un de ceux qui en attendent le
plus de merveilles ; mais il veut qu'on
î^vertifle THiftoricn qu'il gâtera ion
ouvrage, s'il n'y fait attention , par Ces
liaifbns avec les converti ffeur s. C'eft
que M* Bayle étoît alors plus zélé , qu'il
ne Ta été depuis , pour la R, R.
Au refte , fi l'ouvrage n'eft pas entière-
ment achevé , il faut s'en prendre à la
fanté toujours foible , & aux grajndes
occupations de l'Auteur , plus encore au
déplaifîr qu'il eut de voir nommer pour
le même travail deux autres Ecrivains.
. Un Mémoire que j'ai cité plus d'une
fois m'apprend que Madame de M* '^ *
^ qui le Roi avoir accordé je ne fçaî quel
droit fur les boucheries de Paris , fut
piquée que M. Pelliifon qui avoir rap-
porté l'affaire au Confeil, lui eûtfait
perdre fon procès , & que par une efpé-
çe de vengeance naturelle au fexe , elle
fit nomnqer M. Defpreaux & M. Racine
pour écrire la même Hiftoire ( * }.
Voilà Je compte que j'avoîs promis
des ouvrages de M, Pelliffbn. Il me re-
fteroit encore de donner fa vie ; mais
comme j'ai employé dans la Préface
\TR^FACE. IxiP
tous. les fait&.qui étoîent moins connus.,
j'aî crû qu*il valoît mieux reprcfenter
ici fon caradére , tel qu'il eft peint dans
Clelie \ & y ajouter enfuite les divers
éloges qui ont déjà paru , & qui la plu-
part ayant été faits dans le temps même,
auront plus de poids & plus d'agrémens,
que Ç\ je leur prétois mon ftile
Comme ( * ) Herminius n'eft pas de ces u
gens qui montrent toutes leurs richef- tt
les dès le premier moment qu'on les «
voit, je dirai en deux mots que cetcc
homme illuftre qui parle quelquelÊois «
fort peu parle pourtant très agréa- c*
blement quand il veut , & qu'il parle «
même avec autant de force & d'auto- «
rite , quand Toccafion s'en préfente , »
qu'il parle galament & flateufement «
en d'autres rencontres, «
Pour le cœur , il l'a grand , noble, c*
tendre , & généreux ; il a de la probité «
& de la bonté -, il eft naturellement li- c«
béral & jufte , &c pour tout dire en peu, ce
de paroles , Herminius a toutes les «
vertus., & ne connoit pas un feul vice, cr
On lui reproche quelquefois d'être c«
opiniâtre , & un peu colère : mais en «
( * ) M. Pelliifoti fous ce nom, dans Clélic}
partie x*
Tome /. f
V
Ixvj PRE VA C B.
» mon particulier je ne Im ai gaeres
» vu donner de marques d'opimâcrecé
j> qu'on ne pût raifonnablemenc appeU
»> 1er fermeté. Aînfi on peut dire qu'il
v eft opiniâtre de bonne foi , puifqu'il
» ne Teft que lorfqu'il croit avoir raiibn.
» Pour la colère , il eft certain que , s'il
» ne fe contraignoit , il paroitroit queU
4» quefois un peu trop fenfible y mais
»> pour fon efprit , de quoi n'eft-il pas
99 capable \ »
« En effet il n'eft rien qu'Hermînius
I) ne fade admirablement ^ il écrit en
M profe & en vers également bien ^ il
» fait des ouvrages Içavans & férieux
» qui ont toute la magnificence nécef-
M fairaaux fujets qu'il traite \ il en fait
«d'autres de raillerie & d'enjoument
M qui ont toute la galanterie, toute la
» juftefTe , & toute la naïveté imagina^
» blés 'y il en fait auflî d'amour , qui ont
« un caractère fî paiïïonné , qu'on con-
» noit aifément qu'il eft très fenfible à
3> la paflîon dont il parle ; ^ ce qu'il y a
w de merveilleux , c'eft qu'il ne marche
» point for les pas de^ autres. Au con-
*> traire il fè fait un chemin à part fan^
>» s'égarer , comme font d'ordinaire
« ceux qui veulent chercher des fentiers
n détournés. Car comme il a autant de
. PRlfAÛE. IxviJ
IttgKîmeDt quedefpric, toutes fes in- «
ventions font également galantes & <*
judicieufes ; & il eft capable de tant «
de chofès difFérentes que ^e lui ai vu <c
f4ire en un mêncie jour de^ harangues , ce
des lettres d'affaires , des billets ga^ h
lans^des chanfons, des vers héroïques, «
& des vers d'amour j mais, avec une «
telle facilité, que quand la fanuifie lui «
en prend, il fait à l'înprovifte des vers «
au m jolis. Se auflî juftes , quexreux qui %e
en font le mieux en pourroieiit faire «
en y penfant avec beaucoup de loîiïr. c*
Il les fait même dans le tumulte d'une m
grande compagnie , il les fait comme ^
s'il n'y fongeoit pas. . . On ne trouve .c<
guère de gens qui ayent l'avantage «
,qu'a Hermînius, de ne dire jamais €«
rien que de raifonnable , même aux «c
endroits où fou efprit brille moin^ ç«
qu'ailleurs, & d'écrire avec une cer- ««
taine politeife , qui n'ayant rien que ce
de ju(le , a pourtant un caraâere na- «
turel , galant & facile , qui met un <•
xharme fecretà tous fes ouvrages , que cr
tout le monde n*eft pas capable de c»
connoitre^Quel qu'inlenfiWe qu'ilpa- c«
roille il a pourtant le cœur très fen- «^
fible à la gloire , à i'amîtïé , & même <•
àTamourr.. Amant ou Ami il eft éga- vi
îxvîij . PRIB fA CJB.
7f Lemerxt libccal 6c généreux. Jl eS êâ
9} général le plus officieux de tous les
9» hommes. . • & fi la fortune avoit fait
9f pour lui ce qu'elle a fait pour beaucoup
3> d'autres , il n'y auroit point d'honnc*
» tes gens miicrables qui'fudent de /a
99 connoidànce.
M Au refte du côté du fçavoir , il eft
3> certain qu Herminius a refprit fort
99 univerfel , & qu'il a un difcernemenc
♦f fort jufl;e, Iprfqu'il s'agit de choifir
%> les phas beaux endroits d'Hefiode ,
f> d'Homère , & de Sapho, . . S'il a quel-
» quefois entrepris de parler en public
•> (ans y être préparé, il l'a fait avec
y» tant de juftefle qu'on l'eût pu foupcon-
19 ner d'impofture , fi l'on n'eût pas été
» afluré qu'il n'avoir pu prévoir l'occa-
« fion qui l'avoît obligé à parler, 4 . Il a
9»*une mémoire fi admirable qu^on lui a
h VU retenir des vers en aflez.grand hom-
*> bre pour les avoir lus une fois ou deux
V feulement. . • Herminius a de plus un
j> difcernement auflî jufte pour les gens
w que pour les ouvrages . • Il eft fi recon-
j> noiflant des moindres offices, qu'il les
»> rend avec ufure. Et ce qu'il y a de plus
99 rare, eft que cet homme capable de
99 tout & qui ne trouve point de bornes à
'» rétendue de fon efprit ^ a de la modef-
'tîe au delà de tout- ce qu'on eti peut ^
penfer... Maïs ce quej'eftîme encore a
tort en Herminius c'eft au'il eft înca- m
pable d'envîe & de médiiance. .. Et ce et
que j'admîre le plus , c'eft qu*il a natu- ci
rellement l^efprit fî grand > que quand m
il n'auroît rien lu , il feroît capable w
par {es propres lumières de penfer ce <i
que les autres ont penfé avant luî. j«
Voich la Pièce que fai promifeklafagi '
xlviîj.
LOVÎS TAR tA GRACE DE DlElT
Roi de France et de Navarre:
A tous -Gouverneurs , Lîeutenans Géné-
raux de nos Provinces , Intendans de Tu.
fiice , Baillifs , Sénéchaux , Juges ou
leurs Lieutenans , 6c cous autres pos Jo-
fticiers & Officiers qu'il appartiendra,
chacunen droit foi. Salut. Ayant efti-
mé à propos de pourvoir à l'adipinîftra-
tion & régie des fruits & revenus tem-
porels qui font dans les terres de notre
obéiflance , dépendans des Abbayes ,
Prieurés Se autres Bénéfices (itués dans
la Franche- Conité ^ 8ç poffédés par des
fujets du Aoî d'Efpagne , lefdits fruits &
revenus à Nous acquis & confifqués au
moyen de la Décoration de la guerrç
encre les deux Couronnes ; Nous avoitf
crû ne pouvoir pour ce faire un meiUemr
choix que de notre amé & féal le Sieur
PelIiiTon Confeiller en nos Conieils , ôe
Maître des Requêtes ordinaire de iK>crc
Hôtel y tant pour les bonnes qualités qaî
(e trouvent en fa perfonne , que pour la
confiance que nous prenons en lui. A
CES CAUSES , & autres à ce Nous mou^
vans , Nous avons icelui Sieur Pelliflbn
commis , ordonné & député , commet-
tons, ordonnons & députons par ces pré-
fentes fignées de notre main , pour tant
& fi longuetnent que la guerre contre
l'Efpagne durera, avoir Vadminiftration
& régie defdîts fruits & revenus tempo^
tels qui font dans les terres de notre
t)béiflânce , Se dépendons des Abbayes »
Prieurés 8c autres Bénéfices fitués en
f ranche- Comté , & pofTédés par des
fujets du Roi d'Erpagnè : Et defquels
fruits & revenus Nous avons fait & faî-
fons don audit fieur Pelliffbn pour en ,
jouïr dorénavant comme de chofe à lui
appartenante ; & ce, comme dit eft, tant
que la guerre contre TEfpagne durera :
A la réferve toutefois des fruits & reve-
nus du Prieuré dejaflèron fitué^n Breflè,
annexe de l'Abbaye de Saint Claude en
Franche-Comté , qmnoas avons dUde.'
vaut accordé à Jean Boyer par lettres pa^
tentes du )o Décembre dernier ; comme
aufE des Fruits & revenus temporels
des Prieurés de Divone & Sefty fis au
pays de Gex: enfemble de ceux des
Prieurés de Joyeux & Lîmonin fitués
en Lyonnois , & des dixmes de Dortais^
Vezîat , Montîgna , Condeifliat , & Sr
Maurice de Château, le tout fituéen
France : dépendans de l'Abbaye de S»
Claude en Franche-Comté , que Nous
avons pareillement accordés au Père
Chaftilion Religieux dudît S. Claude,
par lettres patentes du 14 Décembre
dernier. S x vous mandons à chacun de
vous ainfi qu'il appartiendra^ que du
contenu en cefdites préfentes ^ à la ré-
ferve cî-deffus , vous ayez à faire jouïr
& ufer pleinement & paifiblement ledit
Sieur Pellidon fans aucune reftriâion ni
modification , ceffans & faifant ce(Ièr
tous t^ubles & empêchemens au con«
traire ; contraignant & faifant contrain-
dre les Fermiers & Receveur? defclites
Abbayes , Prieurés & biens Ecclefiaftu
ques , & tous autres que befoin fera ,
de mettre Ie(dits biens en évidence , &
de remettre audit Sieur PellîfTon les ti-
tres & contrats qu'ils peuvent avoir en
leurs mains \ ou copie due ment colla^»
.Ixxîj /PJ^iyACE.
tionnée , cnfemble de leurs baux à f^^
nie *y même au payement des fommes
qu'ils doivent & devront ci-après du
prix de leurfdites fermes , pat toutes
vcyes dues & raîfonnables , & comme
pour nos deniers & affaires , nonobftam
oppontions ou appellations quelcon-
ques , pour lefquelles ne voulons êcre
difFéré \ faîfant pleine & entière main-
levée des fàifîes faites ou à faire defdics
fruits & revenus temporels , & en rap-
portant par lefdits Fermiers ^Receveurs,
ou autres qui auront vuidé leurs mains
en celles dudit Sieur PellilTon , cefdites
préfentes ou copie duement collation-
née , avec reconnoilïàncè dudit Sieur
PelIifTon de la jouiflance dudit préieiic
don fur ce fumifante. Nous voulons
qu'ils en foient & demeurent valable-
ment quittes & déchargés par tout oi\
il appartiendra. Vous mandons ainfi
le faire fans difficulté. Car tel eft no-
tre plaifir. Donne' àVerfailleJ le lo
jour de Février , l'an de grâce i ^74 ,
^ de notre régne le 3. i . Signé , Louis.
Et plus bas^, par le Roi , Ph£i.ypeai;x.
DIVERS
DIVERS ELOGES
D E
M. PELLISSON»
JExtmitdu Mercure y ^.Février .
• ^ ^
1.693.
<*)T Ej de cemoîs^PAca^
>1 y demie Françoîfe fie une
perce très confîdérable en la per-
fbnne <Ie M. Pelliflbn Fontanîer^
Makre des Requêtes , & Tun des
Quarante dont eft compofée cette
illuflre Compagnie. Il ctoit né â
Caftres en i ^24 ; & fa naiflànce
répondoît à fbn mérite. Son père
ctoit Confeiller en la Chambre
de l'Ëdit de Languedoc , fon
grand père ConfeîUer au Parle-
ment de Touloitfe , & fon Bifayeul
Premier Préfident au Parlement
( "^ ) Par MaJemoiTelk de Scqderjr*
Tome J. g .
âxxîv Divers Eloges
'de Chambery , auparavant Maî-
tre des Requêtes, Ambaflàdeur
^n Portugal ^ & Commandant
pour le Roi en Savoye , quand
François I. s*en rendît maître.
N*ayant pas encore pluis de treize
ans , il prit des dégrés en TUnî-
vcrfité de Cahors ^ où il ^e fie
diftînguer d'une manière fi fort
au^deflus de fon âge ^^qu^il fut rçjçu
ijivec àts applaudiflecnens extra^
i>rdinaires.
Il fut Secrétaire du Roî en
1652 , premier Commis de M.
Fouquet en 1657 , & deux ans
après on Je reçut Maître des
Comptes à Montpellier , après
Iu'il eut négocié le rétablîflement
e la Compagnie qui avoit été
interdite-
En. 1^70 il abjura à Chartres
la Religion Proteftante. Uannée.
fuivante il fut Maître des Requê-
tes. En 1 6 74 Econome de Cluny.
Eu 1 675 Econome de Saint Gèr-
i
1)X Mr PEL1.ÏSSÔN. Ixxv
main des Prez, En 1 6 7 6 prépofé
. pour radmînîftrâtîon du tiers des
Economats^ & en 1^79 Econo-
me de Saint Denys.. Sur le pro^
:grcs des converfions par l'emploi
. aQs deniers des Economats qu'il
^t voir au Roi en 1 6b i , il porta
Sa Majefté à augmenter le fonds
,de ces deniers , de ceux même de
fon épargne. On peut dire de iuî
à le regarder par raport au mon«
^e, qulla été bon parent , maî-
tre lioéral , ami fîdcle , ierviteur
incorruofîble , ;courti(an dtoît ,
/ujét zélé. Sa fortune changea
plufîeurs fols , mais fonccéur de^
,meura toujours leanême. Ce qui
peut abbattre, ce qui peut cor-
rompre hii laiffa touie ia fermeté ^
toute fa droiture. Il avoit de ht
complaifance fins flateric. 11 fça-
voic obliger j mais.il ne fçavoîc
point nuire j incapable de s'avan-
cer aux dépens de fon honneur ,
: : ^gij
4xxVj DiviEm:s ELbciBsr
'& d*aba^r ks autres pour s'éleJ
ver for leurs ruinés. Célébrer di.
.gnement les aâions de fon Prince,
aimer fa perfonne d'une tendreC
**fe vive Se rcfoeftueufe , le fèrvîr
'autant partnclînation que par de-
'Voir , c*ctoit fa paffion domin^ui-
te , & ion occupation la plus
'chere , après Taffaire importante
du falut.
Si on le conjfîdére du côté des
Belles-Lettres, combien d'efprics
•difFérens lui trouvera t^n i Le
Droit , la Poefie , PElpquence,
THifloire, les Langues, tDUt lui
ëtoit familier. Il avoit en un mê-
toe^égrc le don de bien parler,
& celui de bien écrire. Il aimoit le
, travail , il en infpiroit l'amour
<aux autres , for-tout quand ce
travail regardoit la gloire du Roî,
Le&prix de rAcàdéraîe Françoife
dont il fît la dépenfo, en font une
.preuve auffi bien que Pctablîflè-
ment de TAcadémie de Soiiîb s
XD<E Mv P E L t r S SON. Ixxvîj
(-^ ^auquel il contribua autant que
perfbnne^
Pour les affaires une application
fbrte aux dépens de fa fan té mè^
me, beaucoup de netteté, de de«-
iîntéi::efiement , de pénétration ;
une équité parfaite , un abord fa-
cile , des maniéreshonnêtes , nulle
prévention,* nulle préférence de
perfbrine : voilà fon portrait.
A Pégârd de la Religion , il refu-
fk d*entrer dans la voye du Ciel
par des vues terreftres quelqu'é-
datantes que fuflent celles qu'on
cherchoit à lui donner , il ferma
Toreille aux tentations delà fortu^
De , & il ouvrit fon cœur aux inf^
pirations de la grace^ Les fuites
oe fa converfîon qui fut le fruit
d'une étude longue & appliquée
de l'Ecriture & des Pères, <ju'il fît
devant fa détention à la Bàflille ,
( * ) UAc^itnieàùSoiShns établie fôUs IsL^tO'
ttâion de M ^ le C^rdiiu^l dr*fi(lrées., par Lctctis^
Patentes du Roi données^au camp de Dole^
Jnin i^74,regiftrées au Paiement 17 Juin 1^7 S*
l^XVÎÎÎ I>I V E-R: S- E L O G E $« -
He démentirent point les coitr-^
mencemens. Il quitta tout-â-faic
IfiL Poefie ^ & n'écrivît plus que
pour Dieu & pour le Temple du
Seigneur, & il- y alla Ibuvent
marquer fa fei pour le myftére
qui en avoic été long-tems le plus
grand obftacle,. Tous les ans îl
célébroit le jour de fa réunion à
TEglife y en s'approchant des Sa^
cremens. Il les recevoît auffi d*or-
diiiaire à toutes les grandes fêtes ^
& fàifoit des retraites fréquentes^
Modèle , recueilli ^ proftemé, îl
afCftoit chaque jour au Saint Sa^
orifice avec la (Implicite de la
Colombe , & non pas avec la pru*
dence du Serpent. Au milieu mê^
me de (qs infirmités , îl ne fe àiù
penfa pas de ce devoir Sachante
pour le procha^in égaloit fà fidélir
té pour Dieu. Depuis fa fortîe de
la Baftille , il ne laiilà pas paiTer
d'années fans délivrer quelques
prjfonniers. Il étoît le père dej
Orphelin; } le foutien des foibleSî^
DE M. Pellisson. bcxîx
W protedeur du mérite oublie on
inconnu ^ Taille aflùrë de tous les
malheureux. Eclairé par k vérité^
il ne cachoit pas la lumière ibu$
le boiileau. Il la mit hr le chan*
délier. Il tâcha de faire pour les
Jiommes ce que Dieu a voit fait
jpour lui î il écrivît , il foUicita y
il redoubla la force de fêsfbllicî-
tarions & de Tes écrite par fcs pieu-^
&s libéralités^
M. Pellîflbn ayant tant de bon-
nes qualités y n'euj: pas; de peineâ
s'attirer Teftlme glorîeufe^ & les
prctieufes bontés du plus grand
des Rois y ni à acquérir pour amis
l'élite de k Cou^ ^ & ce 0ue k
ville , la province , le monde fça-
vant eut de plus poli , de plus rai-
fbnnable , de plus éclairé.
Ses Ouvrages de Poefie font
Quantité de pièces excellentes
ontil y a peu d'imprimées , tou-
tes ou. Galantes, ou Morales Sç
.€hréti€nnes , ou Héroïques. Ën«
Ixxx Divers Et o c e s
tre ces dernières ^ le î?oeme d^Eur-
rîmédon de plus de treize cens
vers , où lé Roî eh «n petit nom-
bre eft loué d*une manière drgne
de lui , tient le premier rang. Le
même hômrate qui* divertit & qui
plaît, înftruît, édifie , & ne fçaît
pas moins furprendre & enlever.
Ses ouvrages de Proie font la
'Paraphrafe de Jufiinien quil fît à
l'âge de 1 7 ans , où les Sçavàns
trouvent à^ apprendre , & les Da-
fnes à.fe dîvqrttréfa; s'înffrùîfant.
L'Kîftoîre de l'Académie Fraîiçor-
fe qui liiî pracuia Centrée dans
cette îlluftre Gartipagnîelorfqu'îl
te*y avok pefînt d^ place vacante.
îte'Pani^riqm'âk Roi prononcé
dans la même Académie, qui fut
il généralement eflîmé , qu'il a
été traduit en Eifpagnol , en Ita-
lien, en Latîn, en Angloîs, &
ihêmeen Arabepar le Patriarche
é}x MôntXîbaii ', dont PoHginaî
^(l dans le Cabinet dé S. M. L'ad^
i$E M. Pelxisîon. Ixxxj
fnîràble Préface des Oeuvres de
feu M.' Sarafiïï fôn îndme amî^
& plùfieùrs pièces détachées qui
ne font pas d'un moindre goût j
ks Rèfièxions fur les différend^
de la Religion en 4 W. où la Con-
troveriefeft traitée fans emporte-
ment .j fans fécherefle , & où l^on
voit des Eloges du Roi il parfaits,
qu'étant charmé de tous^ on a
{►eine .à convenir lequel méricb
a préférence. Les courtes friéres
dùrarit \Zr Sainte Meffè^ où Ton
trouve une onâîon qui ne peut
venir que. du fonds d*un cœur pé-
nétré de la foi la plus vive. Quel-
ques ouvrag]ps à la gloire du Roi
qoî^oe font pas finis 5 & un Traité
de l'Eiichariftie qiïll achevoit ,
lorfqu'au milieu die quelques in-
comtnodîtés qui ne l'em péchaient
ni de fe lever, nf d'agir ,.& qu'il
ne^ crOypît pas dàngereufes , il flit
fïiirpris d'une mort qu^on appelîe-
roic fubîte j s'il ne s*y étoit pas
V.
Ixxxîj Divers ê^loge^^
difpofé depuis long-tems pak* V(
xerçîce de la. plus parfaice chau
jritë , par une piété fïncére , par
un atcachemeût inviolable à fes
<ievoirs , & par un zèle ardent de
infatigable pour la Religion*
. h >l I ■ ' I Il I I ■ ! ■ « — *— ^M^W^Ml— — I I
• \
"V ,
^JSjçttait du Journal des St^avans ,
9. Mai 169.3.
( * ) ¥ A République des Let-
I j très a perdu depuis qucU
^uçs mois un de ies^ principaux
ornemens en la periônne de. MeC
fire Faul PelliiQ&n Fontanîer y.
Chevalier ConfeîUer du Roi en
les Confêils^ Sktatre des Requê-
tes ordfnaîre de fbn Hôtel .,
Tundes Quarante de T Académie
Françoife.
Il étoit né à Bezièrs en 1 6 24;.
mais originaire de Cadres , &
cPune famille très difUnguée dans
la Robe. Le célèbre Raimoni
(l' \ PaiNL l'Abbé BbfqmlloB.
«
iMt M. P Ë L T rs 5 o a. Ixxxîi|'
Pellîflbn fon Bifayeul ,. après avQÎJ?
ëtc Maître des Requêtes ^ Am-»
bafladeur en Portugal , & Com-
mandant ea Savôye pour le Roî
Fcançois L.lorfoue ce Prince s-ea
rendît maître ,fcit Premier Préiî*
dent au Parlement deChambery^
Son Ayeul fut Confeiller au Pa,r*
lement de Touloufè j. & fbn Père
Confeiller en la Chambre de VE^
dit de Languedoc. r
Le dernier de ces Meflîeurs^V
aui abrégea avec beaucoup de
fuccès le gr.o& volume. d'Arrêtj
recueilli par Geraud Maynard ,,
cà prefque toute la jurîfprudence
de la Province de Languedoc eft
contenue ,, eut deux, fils & deu,s:.
filles.
Celurquî fait le fiijet decec ai^
ticle étoit le cadet des garçons*
Madame, fa Mère qui Soit de-
meurée veuve jeune ,,Péleva dans
la ReligîonProteftanteoùilétoit
oé , auflibiéxi que (es fœurs & foA.
Ixxxiv Divers Eloôés v
frère guî avok comme lui beau^
coup d*erprîc ^ maîs*d'tin caraâére
Vtmt difFërent.
Il étudia à Caftres les Huma*
nités & la Rhétorique fous un
fçavant Ecoflbîs nommé Morus,
dont le fils a été Minîftre de Cha*
ïenton.
^ Enfuîte il fut envoyé à Mon-
tauban à Page de douze ans , pour
y fake fon cours de Phîlofophîe.
De Montauban îl paflà à Tou-
foufe , où îl apprît à monter i
cheval, & étudia en Droit
Par tout fa probité le fit eftîmer
des plus honnêtes gens ^ fon ef
)rît le fit admirer des plus habî-
es. L'amour des lettues &-cçlui
de la vertu régn oient également
dans fbfi cœur j & dès ks pre-
mières années toutes Ces paroles,
toutes fes a&îons étoîent pleines
de vivacité & de droiture. Former
avec fès compagnons tantôt une
€fpéce de Cour de Juftîce, où Ton
r,
DE M. Pellissok. Ixxx\r
pUidoît- & où ^ron décidoic det
caxt&s ^ tamCot àcs manitéres d' Â^
cadémiç où l'on s'accootunioic à
penfèr avec jagemenc , à s'expri-
mer avec politeilè , i prononcer
avec grâce, ce fat les jeuk de fon
enfance.
Le bon goût fembloît être né
avec lui. Etant fraîchement forti
da Collège , on lui prëfentoît je
^e fçai combien de pièces non*
velles, dont, tout jeune qu*il ctoir,
il ne laifToit pas de fe moquer,
retournant toujours à fbn Cicéron
.& à fon Térence , qu'il trouvolt
bien plus, raifonnabies. Enfin il
lui. tomba prefqu'en même t«mps
quatre livres François entre les
mains , qui furent les huit Orai«.
ions de Cioéran y le Coup d'Etat
Je M. Sirmond i' le quatrième vô-
Junie des Letcnes de M. de Balzac
que Ton vcnoît d'imprimer j 6c
les Mémoires de la Reine Mar-
guerite, qu'il lut deux fois depuis
îxxxv) . D I vxu s El o xî e $
un bouc jufqu'à Tautre pendaitt
une feule nuit. Des lors il com-
jmença non iëulement à ne plus
méprîièr la Langue Fran^oîfe,
mais encore a l'ainier paffionné-
> jmenc , à Tëtudier avec foin , & i
croire qu'avec du génie, du temps,
& du travail on poûvoit la rendre
capable de toutes cho&s.
L^application qu'rl donna à notre
larngue ne luliît négliger nî la La-
tine, ni la Grecque, & ne Tempê-
^cha pas d'apprendre ritaliennb
>& TEfpagnole. Il lut tous les bons
Auteurs des unes &: des autres.
Les études agréables ne ralenti-
j:«nt point les études folides. A
.dix- neuf ans il fit la Pàraphrafé
jdu premier Livre des Inftiçutes de
Joftinien , qui fut imprime en
Ji 645 , & qui n*a rien de là jew-
nèfle de fôn auteur ., que Pagr^é-
«lent,
S'étant mis à^ivré le Barreau
à Caftres , il en devint bientôt la
iî>E M. Pbllissôn. licxxvq
gioîre^ mais lorfqu'îl y brilloic le
plus^ il lui tomba une û cruelle
nuxion fur le vifage , qu'elle l'o-
blîgea <le fe retirer à la campagne
avec un de (es amis nommé M.
de Breffieu, p§ur qui il eut la corn-
plaifance de traduire la p^lus gran-
de partie de VOdySie d^Homére^
on ce bon homme-croyoit trouver
le fècret de U pierre philofophàlei
j^. Pelliflbn fit pluûeurs voya-
;es à Paris avant que de s'y ëta-
Air , & il y fut connu de ce quil
y avoit de ge^s du plus grand
^nërite y qui l*y attirèrent enfin
tout-à-faitr
En changeant de climat, il né
changea point d*încliûations. Lt
mérite lui devint p4us cher en kî
devenant plus fomîlier. Se trou;,
vant au centre* du bq» gbût, il
cultiva les Mufes avec plus de loînj
te coniêrva parmi le tumulte
de la Capitale du Royaume ces
^xnrurs douces èc innocente^ qui
Tavoient rendu fi aima^kdaas la
vie tranquille de la Provwce.
Il prie une charge de Secrétaire
du R.oi en 1 6 5 z ) & s'actachatel'
iement au Sceau , qu'il y acquit
une par^i^e connoiuaace des af-
faires du Conieîl , qui lui fer vit
beaucoup dans la fuite.
Cette mêcoe année, T Académie
Françoîfe ayant defîrc d'entendre
en pleine affcmblçe la lefture . de
fon hîftoire , qu'il avoît faîte à la
follicitation des plus illuftres Aca-
démicîens , qui ctoîent.fes amis ,
jk pour iacisfaire Ta louable curio-
.fite d'un de Cgs procW pj^ngns ,
^llefut iî contente <ie cet ouvrage
x}ui n'étoit encore que manufcrit,
& qui fut: imprimé T^pée fuir
yante,* qu'elle ordonna de ^feîa
Îiropre i^çuvemcnt en favçur de
'Auteur , que la première .place
4ui vaqueroit dans le Corps lui
ieroit deftinée , & que cejiendant
^lauroit droit d'affiiter aux aflfem-
blces.
DE M. PEttltfSÔ^f. ÎXXXIX
blées , & d Y opiner comme Aca- •
démicictt't^vec cette claufe^ quç
la mêitie grâce ne pourvoit plus
être faite à perfonne, pour quel-
que confîdérattôn que ce ftir. Il
en remercia^ cette célëfere Com-
pagnie le 3 o Décembce , & par
ce remercîment juftîfii^ encore
mieux ce qu'elle avoir iait pour
lui.
Six jouifs après it complimenta
pour elle M. le Chancelier Se-
guîer , à qui les Seaux venoient
d'être rendus.
Qûoiq^ll fe fâc dcckré haute-
ment contre les Préfaces , il ne
iaiâa pas d*entreprerîdre celle que
Ton a tant admirée à la tête des
Oeuvres de M. Sarafin fon ami ^
împrrmëes en 1 6 5 é , & difdt pour
fe juftifîer , qu'on p<»ivoit appli-
quer à ces^ fortes de chofes , ce
qu'un grana homme a dît autre-
rois de& pompes funèbres & àes
devoirs de la fépulture : qu'il eft
Tome Jr h
xc I>i VER S El o g ï s
honnête d'en prendre beaucoup
de foin pour autrui , & de ne s^cn
mettre nullement en peine pour
foi-même.
En I ^ 57, ayant ctc choifi par
M. Foucquet pour fon premier
Commis, il conferva dans les Fî-^
nance$ toute la droiture de fon
cœsir^iç tous les.agrémens do
fonëfprit: incapable de s'abàn^
donner à un jtmour fordide des
rîchefles, & de renoncer à une
louable in^UtKition pour les belles
cbofes.
En I î6 5 9 N, il fut reçu Maître
des Comptes à Montpellier, après
avoîrr négocié, le retabliflement
de. la Compagnie qui avoit été
interdite. Sa réception futaccom^-
pagnée dç beaucoup de circon-
ftances^rès glorieufesquife liront
d^ns fa vie ( * ) qu'une .fça vante
rnain nous prépare.
( '^ ) C*e(t Mademoifclle <ie Seaicrj morte
Sgée de $s ans en 170 1 que TAuteur a en vue,
On a tout lieu de pcnfcr que cet ouvrage nia
ja^awis éti,qu'ébaucbé. .
CE M. PELLissaM. xq
Comme il avoît beaucoup de
parc à la confiance de Ton Maître,
il en eut aufli beaucoup à fà difl
grâce. Il fut arrêté & conduit à
la Baftilte au mots de Septembre
1661 ^ & n'en fortît que plus de
quatre ans après. Il employa ce
loifîr forcé à Tétude de PEcriture
Sainte & des Pères. Les lumières
de la véritable foi commencèrent
à réclairer dans Pobfcurité de la
prifon • & tandis qu'il y ctoitren*
fermé de corps , la grâce déga-
eeoît infenfiblement ion efprit des
liens de l'erreur dans laquelle il
étoit né. Pour fe délafler d'une '
occupation fi férieuie , il s'amu-
(bit quelquefois à faire des vers , ,
ou chrétiens , ou moraux , . ou
héroïques , qu même enjoués. U
^'fbit ce qu il avoit fait toute £1
vie 'y il fe divertilïbit- innocem-
ment j il dèmcuroit ferme dans '
iôn devoir j il béniflbit Dieu -, il »
lèuoît le Roi. Ce grand Prince-*
Bij,
eft peut-être mieux loué en qua-
torze vers du poème d'Eurîmédoii
qui en contient plus de treize
cens y & qui eft du nombre des
pièces dont on vient de parler ,
quil ne Pa été quelquefois en de
longs ouvrages. Le prîfonnier
n'ayant ni papier y. ni plurnes , ni
encre , coupoit de petits mor-
ceaux de plomb de fès vrtres qu'il
taîlloît , &rHont il ëcrîVoit fur les
jnarges des livres que Tonluilaîfl
foît 5 ce qui marquoit la tranquil-
lité de fon ame , & fon innocen-
ce. On en étoît fi perfuadé, &
îl étoît fî confîdére des honnê-
tes gens au milieu de fes mal-
heurs , que le fameux M. le Fevre
de Saumur , père de Pîlluftre
Madame Dacîer, lui dédia fon
iiicrece avec des Notes latines ^
& fon traité de la Superftîtîon ^
traduit de Plutarque ," pendant h
détention à là Baftille j & que le
pur qu'il fut permis de l*y voir ,
ôB M. Peliissîow. xciïjf
M, 1^ Dtic de Monrauder qui
avoir été reçu le marin au Parle*
menti , M. le Duc de Saint Agnan-,
k une foale de perfannes diftin-
guées allèrent lui rendre vifite.
Etant jfbrti de prifon , & h fèn-
tant convaincu de lès erreurs ^
il ne pouvoit néanmoins & rëfbu^
dre à tes abjurer. Cen'^^oit pour-
tant pas une mauvais honce qui
le retenoit ^ mais cotmme il^ n'a4^
voit plus de bien^ îl craignoit
toujours que les mouTemens de
la grâce ne fuflent des mouve-
mens de Pimcrêt , &: qu*une le-
crecte envie de changer la face
de fês af&ires , ne lui infpîrât ce
changement de Religion. Lorf--
qull ëtoit agité de ces incertitu-
des & de ces craintes ^ le Roi eur
la bonté de lui aâurer une pen*
fion de deux mille écus , &c Sa
Majefté en lui faifânt Phonneur
de le retenir pour être à elle , y
joignit celui de lui donner les en-
xcîv . ï>nr.EKS Exoges-
ttécs. Âinfi les défiances que k
manque de bien avoît jettées dans
{on efprit n'ayant plus de lieu , il
alloic enfin quitter^ fans fcrapule
la Gommunfon Proteftante. Dans
cette, conjonfture, comme M. le
Préfîdent de^Perigni étoit déjà
prefijue compte pour mort à cau-
ierde fes grandes infirmités, M. le
Duc de Montaufier die à^^Made-
moîfcllerde Scudery que fî fon
ami étoit Catholique ^ ilfeferoit
un plaifîr de le propofer au Roi
pour être Précepteur de Moin
feigneur le. Dauphin. . Un Tien
qui avit été prêtent à cet entrer
tien , crut rendre un fort grand
fervice à Mi Pèllîffon enluiallanc
redire ce qu'il a voit entendu. Mais
une ouverture fi avantageufe , au
lieu de hâter fa réunion à TEglifè,
là recula ^j & ne voulant pas que
Ijon put le foupçonner de s'être
pidtôt laifle. éblouir & entraîner
j^Ja fortune , qu'éclairer & con-
duire par la vérité, il demeurai
encore captif dans Bàbylone, pour -
retourner plus libre dans JéruÉu
lem.,
M. de Pcrîgnî mourur au com*-
mencement de Septembre i 670.
Lefijavant M. Bofïuet nommé à
l!Evêché de Condom entlra pref-
que auffitôt auprès du jeune Prin^^
ce avec rapplaudiflèmenc détour
te.la Gour. Alors M. PellîfTon ne
différa plus d'entrer dans la voyc
qui mené à la vie , & fit abjuration
dans TEglife fôuterraîne de Char^
très le 7 d'Oftobre , entre les
mains de l'illuftre Gilbert de
Ghoifeul du Pleffis - Praflaîn , .
alors Evêque-de Gomminge.
Ce queje viens dé dire du de^
lîntéreflfement 6c de, la- fincérité
de fit converfion , eft peint au na-
turel dans une lettre qu'il prit la
liberté; d'écrire au Rx)î le. jour
même qu'il abjura. Gomme elle
eft auffi courte que belle.,, jei!ia^
fcrer ai jd. •
«CVJ DïVEJLS ËLOGESr
SIRE,
Quelque ftvfond que fait tnan
refpefi pour Votre Majeftè y fai
an devoir faire fans eÙe la feule
chofe du, monde qtCil ne faut froint
faire pour lui obéir ni pour lui plaire,
JDieu a voulu toutefois qii après Uti
Votre Majsfié y eàt la première
fart. Sept ans de prière ^ £ étude
avoient éclairé ^ eonvaincu Tna
raifàn. Le feul état d'infortune ^
de dijgrace oà \je me trouvois y 7ne
rendoit fufpeBes toutes les lumières
et' les infpirations du Ciel ^ quoi
que vives é^ fortes, /la plu à Votre
JMtajefté de rite tirer de cet état il y
a neuf mois. Qt^elU compte donc ^
s'il lui plaity déformais entre les
yaces que foi reloues de fa bonté y
ér dont fe lui, dois être étemeBement
ebli^éy celle qui e fi fans comparai-
fon la plus grande y ^ qu^eUe ne
fenfoit pas m'an^oir faite y je veux
dire tout ce que les hommes pouvoient
contribuer
1. 1
DE'Mr PïLLISSON. XCVÎJ
toiktrihuer à ma converfion ^ à mon
falut: ér qu^tr^e fait bien prfuadèè
é^pffîqiCon ne f eut être avec f lus de
vénération y f lus de z^le , ^ flus dt
reconnoiffance que je le ferai toute
ma vie ^ SiR £, de K. M.
Ze tirés Jjumbk ^ (^v^
Xe jour d'après qu*il eut ccric
cetxe Lettre , il fe retira à TAb-.
baye de la Trappe^ & mena du-
rant dix jours dans ce defert li
vie dure & mortifiée des Sainte
Anacoretes qui ^l*iiabitent. Le
grand homme qui les tonduîc
aflîire qu*il leurpariit fi pénétré
de la grâce que Dieu lui avôît
fâîte^ quïl les. remplit d'cdîfica-
tîon.
'Purifié par la pénitence , à fon
retour de la folitude il reçut
dans TEglife des Pères <le la Do-
é^fine» Chrétienne la Confirma-^:
tîon & TEuchariftie des mains dti
même Prélat qiii avoir reçu fon
Tojne I. i
xcvîîj DjtvBiLS E&a<»B« -
abjuration j <Si!;,îl fie ces deux gr^n^^
des adîons. ayeç tant de fimpUci-
i^^dQ dévofîon^ & d'îiumilîcé^
qu'il charma un nombre infini de
pêrfpnnes qui Cfi furent témoins,
* Tous les ans il cëlëbroit fa fbr«.
tie de là Baftille en délivrant quel-
ques {>rifonniers. Il faiibit aufiî du
jour de ùu réuniQU à TEglifë un
jour de fête y oh il si'approchoîc^.
des Saçremens,, où il ne s'occu^.
ppit que des affaires de r£ternité:
& depuis cet heureux temps il
h'écriyit plus que. pour Dieu U
pour le Roi.
te 3, Février 1671, Meflhre
Fjrg^nçois de Harlay de Chavalon
Ajrçhevêque de Rouen ^ nommé
par Sa Majefté à P Archevêché, de
Parjfft, a;y^t été reçu A l'Acadé-
mie Fi^ançafe, 8( a^yant remçr-.
cié la Compagnie par unOtfçours,
très éloquent , M* Pelliflbn qui en
croît alors Pir^SteuTi répondit à
ce grand Prélat j &çe fixt en cette
X) » M. -P-E X 1 1 s S^ON. XCÎX>
mCcafïon- qu'il fkce- Panégyrique
<iu Roi qui a. été tradtiit en tanc
4e Langues diâOéreates r^ en Latin ^
en Efpagiiiolr , en Italien , en An^
gjois, & même en Aratte par un
Patriarche du Monti-Liban ^donc
l\>rîginal eft dàtns lé cabinet de
Sa Majeftë. Gecte -pièce mérite
|[àns doute. lUionneur que Ton: lui
a fait 'y mais elle eût été encore
toute- autre , (b l'auteur: avoît . eu
l^IoFs à nokeetre e^r oeuvre cette
fuke incro^ble de miiraclesxjue la
val^uf dcUiagèfle du Bsn ont fait
depuis admirer au monde.
Le 1 * Miars fintratA^M. Pelliflbii
porta* encore la parole, avec fucr
çès'pour:l*Ac?ademiè Fjrançoî/ê^'
iorfqu'élle ; alkt complimenter le
0^me Meffire Françoîtsxie^arlay
de Clianvalon daiis . fon. PaUis
Ai^chiépifcopal fur fonr ihftallà^
don en rArchevêché de Paris.
Il fît peu de temps après une
.belle inlcriptloj3dLâi:ii3e*pou
c* DivEns 'Eloges '^
demi lune de Toupnayj car cîe
l'aveu des plus grands Maîtres , il
içcrivoic en cette langue avec la
jpureté du fiécle d*Augufte,
t.Xa même année il fut pourvu
d'une ckarge de Maître des Re-
quêtes , où il s'eft diftîngué ex-
craordinairement par fon équité ,
fa pénétration, &: {es manières
honnêtes. -
r II fe jôigtlit auffi à deux autres
Académiciens , pour donner de
deux ans en deux ans^fans iè faire
jDonnoitre , un prix de la valeur
de trois cens livres ail Poète qui
au jugement de l'Académie Fran-
^oîfe^ fè trouveroît avoir le mieux
réûffi à célébrer «en une pièce de
cent vers au plus , quelqu'une des
^grandes aâîons de Sa Majefté.
S^épuîs4a mort de ce« deux Mef-
£éurs il a continue feul la même
dépenfè jufqu'À la fin de fa vie.
r îa guerre ayant commence de
i^'allumer en i ^71 , il commenta
ï>E M. Pelitisscn. a|
de fuîvre le Roî dans fes glorien-
ies campagnes j ce qu*il fit tou-
jpurs depuis , horrdans quelques-
unes des dernières.
• è
; A celle de Maftreîk eri.i 675^,
,c«î lui vola une nuit cinq cens pi-
ûoles dans fa tente. Sa- Majeftc
Payant fçu le jour d'après , lui
^donna des marques de la bonté
qu'elle avoît pour lui, en le gra-
tifiant fur le champ d'une pareille
fbmme.
Les aâions éclatantes & in-
Gjrayablès dontJl écoic témoin i
tous moment ,r lui infpirerenc le
ïioble deflein d'écrire la vie dû
P^ rince incomparable-quiles fai.
Toit. Mais voyant bien que la car^-
Vîére étoît trop; vafte pour qu'uni
feul Ecrivain la pût fournir toute
entière, il fe renferma entre 1^
paix des Pirénées & la paix de
Nîmegue*^ & n'a pas même eu U
fâtisfa<îUon d'achpver cet o^vraj.
I^e, dont ilVéft pourtant trouvé
iîij
«ne partie confiderable parmi {c9
'papiers.
' ^ En I ^74, îi recueillît le fniâr
de (es foins ofScieux pour TA-
<<^démie de Soiâbns , & il xvtc
le plaifir de voir le Roî fîgncr
les lettres d'établiflèment de cet-
te Compagnie au Camp dovanc
Dole.
En I é 7 é , il harangua à la tête
de i*Acadcmie Françoîfë ce Mo-
narque vidorieux fur fesrapîdesf
-& importantes- conquêtes. Cette
iiarangue quîeft imprimée, fit
dire que ]■ Orateur ctoît digne du
Héros.
En 1 ^j , ^rendft publiques;,
•à la^Hîdcatîon d'unixomme de
«qualité & de^pFété de fes amîs^
les côurtes^ prières durant la Hiinte
Mefle, qu'îlaroît faîtes pour fon
«fàge particulier. Les Libraires
^durent que depuis ce* temps îb
en ont vendu cent mille exem-
plaires. Par là on peut aifémen»
»£ IMt. Pellissoïj. cîf/
|uger de la bonté de ce livre plein
d'onâion.
M. Peiliflbn ayant ërë fait Eco-
nome de Cluny en 1 674, de faint
GeiHiain des Prez on 1675,^
ayant été prëpofc en 1 6'j6 pour
Padmînîftration duTîei;? des Eco-
BÔmats , fut encore nôttimé en
1^79 Econome de fàînt Denys:
& enfin fur le /progrès des Con-
verfions par remploi des deniers
des Economats , en 1 6 8 r , îl porta
Sa Majefté d augmeriter le fond,
de ces deniers de ceux mêmes de
ion cp^argne.
En 1682 , il fît TEpîtaphe
de Madame Marie - Êiconor de
Robàn Abbcfïe de Màlnoue , qui
nousa laifTé une fi bellel^araphra-
fe des livres de ^àteinôn , & qui,
^konoroit de foti'amîtic. Cette
Epîcaphe qiïi fe voit gravée fur le
tombeau de cette adWitàbiePrin-
cefle , a été trarduîte en Latin par
feu M; TEvi&que de Toûrnây , ea
iutj
ciy DiTEH-s ExacEs»
Italien par le célèbre Auteur dô
tZT^ Congiura di RaffaiUo délia,
Torre , & imprimée. trpi$ ou qua-
tre fois.
En 1 6 y 5 , la révocation dû
TEdît de Nantes ayant fait re-
tourner en foule les troupeaux
€rrans au faint bercail de l'Eglîfe j.
Î)our leur diftinguér les pâturages
àlutâîres d'avec les- Iverbes em-
poifonnées, il s^ofFrît de lui-mcv
me à foulager nos Pafteurs vig£«
làns & éclairés , qui acceptèrent
fes offres avec, joye, perfuadés
ou'avec fon defîntéreffement &i
ffes lumières iileur fetoit d*un txcs
grand fecovirs.^ ^
. Leurs efpérances ne furent pa«
l^ainès. On vie paroître aa^com-:
jbiiencement; de ij68é la premîérçr
partie de fes Réflexions fur les^
différends de laKeligionJl dormaj
ta féconde, l'année luivante, pour:
répondre aujc objedions d'Angle-.
tjerre & de HplUnde. Gç fut k\
]» £ M. F*E L 1 1 S-S©^. Or
feul livre que le Cardinal Otto-
boni emporta; pour s'entretenir
dans la foiitude* du Conclave où
il fut élevé au Pontificat: Lâ^troi^
fieme fuivît en 1 6&9 fous le titre
des Chimères de M. Jurieu^ La
quatrième , à laquelle le fçavdnc
& fage M. de Leibnitz.a jdonné
lieu ^ & qui traite de la tolérance
des Religions, fut miCe au jouif
en 1 6 9 1 . Dans^ tous- ces Ouvrai
ges on crottve beaucoup de £olidu
té , de : netteté , ,âc^ jiiftèfie j uw
2.êle fans arnfertunibe', une co&tro^
yerfe qui n'a rien «de fec ^ une chai
rite cclairce qui arrache & qui>
plante , q^î reriverfe,&;qm'ëdîneji
On y voie auffi -des Eloges du Rot
quîon<:|3^iPiné touf le. monde, 8t
<îui ont été le ftjet. id!une agréa-
ble difpute entre quelques-uns des/
meilleurs Ecrivains du fiëcle , qui:
en ont même donné: leur ienti-:
lûent dans des lettres qui pour-l
ront être imprimées. . >
*vj ©rvBRS Ezùotf
Ce ttonvesLu Paul autrefois Jî
oppcfé à PEglîfe , en étoîr devenu
un des plus zélés défenfeurs, &
depuis qu'un fecond Ânanie avoic
fait tomber les écailles de fês
yeux , îl ne cefibit point de tra*
tailler pour deffiiier ceuic de fts
Frères. Maiis afin que les ofSces
de £3L charité ne l^emnêchad&nt
point de remplir les devoirs de
Iks emplois (kns toute leur éten-
due , il fe déipobôît fou vent le re-
pos de la nuit 'pour ^flur^r aux
autres le repos du jour éternel.
Lorfqu'il commença d'être în*^
commode au mois de Janvier der-
nier , il travailloit aduellement
contre Âubertlti à un traité de
l'Ëuchariftie , ^que Ton a trouvé
fort avancé , & quil efpéroîc
poufler jttfqu'à la démonftration ,
ne fouhaitant la prolongation de
fa vie, que pour donner encore à
TEglife ce nouveau témoignage
de fa foi.
^^
»
Comme il avoit beaucoup ëe
courage , & que fss infirmités rie
lui ôtoient |K>int le rommeil, hi
lie lui do«iiioie»t point de fièvre,
ilne'ies croyoitpas dângereuies^
& lesuégligeoic. 11 voulut eneote
afHfteraux famts Myftéres léDî-
.manehe pferaîer de î^evrîer , & le
jour de la Purification j & fur ee
que M. l'Evoque de Meauxs*yop-
4)ofoît, il répcHidît en riant à ce
vénérable Prélat , qu'il n'étok
Ks liaturel que ce fôt lui qui
mpêchâc d'aller à k Mefle- '
Le Mardi, le Mercredi & le
Jeudi , il continua de s'hâBiller de
d'agir à fbn ordinaire , paroîflànt
tantôt un peu mieux , & tantôt
un peu plus mal. lie Vendrc<fi
étant-averti par (es aniîs que fes
maux pouvoient le tromper , il ie
difpofa à recevoir les Sacremens,
iiont il s'^prochoit à toutes les
grandes fêtes ,^ qu'il avoît reçti
a Noël dans l'Abbaye defaint
fevîîj P-iyEKS Elo';gjs-$ '
;Germaîn des Prei, & même en:
core depuis ^ à ce qu*on afïùre. Il
remît leulemenc au- lendem^n
pour s* Y préparer davantage. Mais
il fut privé de cette confolation
λar une défaillance fubite qoi
'emporta le Samedi au matin à
fept heures & trois-quarts 3 .& le
Dimanche, au foir fon corps fut
inhumé dans l'Ëglife de la Paroifiè
,de Verfaille^ ^ où fon Epkaphe fera
mife.»
Le faux 2^e*, le libertîoagcî,
Si rhéréfîe ont employé avec em-
preflfement leurs n&irs^ aïtîfites ,
pour accommoder cette furprife
félon leur go4t. Mai« les-J^omies
aâîons du mort racontées fimple^
xnent par la;vérké , leur ont fcr^
mé auintôt la. bouche 5 & il ne
leur refte pour tout fruit de leur
déteilable calomnie , que la hontie
de l'avoir enfantée^ & le defcf-
ppir de la voir détruite.
Aiûfi M^ Pelliflbn , après avoir
D i "M. Jhti L I s s o M^ chc^
eu pour amis ^ en France. & . dans
les pays étranger^ tousiceux qui
rétoienc de la probité, du fça>
voir , de la politeflè ; de la piëté^
après avoir été eftimé , chéri du
fige Montaufiei*; cet excellent
juge du vrai mérite. ^ après avoijf
reçu mille marques de diftindion
4e l^lncomparaole Chriftine dé
Suéde: mettons le. comble à ûi
louanges ^ après avoir «été liono^
ré des bontés ineftimables dé
Louis le Grand, a été défendit
morravecle même^êle^la même
juftice ,ie même fuacès qu!il dé^
fendoic vivant la véritable Kelî^
gîon,
. Sa première Amie , quil a louée i .^
fi Ingénieusement dans le poème L:;'' 1>>^
d'Eurimédpn qui lui eft adreiré,
eft la feule perifonne xhe^; qui fe
trouvent tous {qs ve^s ingénieux:
car pour lui 3 les négligeoit j
quoi que par la nobleflë & la fa^
<Hlité du tour , par, l'agrément iSe
la nouveauté., dé&peofees ; par la;-
variété. é£s fujets:: &.d:es^caraâ:d.
Ks, ils fuflentdoxfaarme dci*Hd.
t#LdfiRAmboiullec,.&:de tous les
œns de. bon. goât.: lï fcroki
touhaiter^qo^eile violât rëpandre
dans le Public jdefi précieux tré-
ùiTs. Ils fer viroieiit: avec, les ou^.
vrages dé lirait ^ d'Eloqœnce ,
d'Hiftodre , £c^ cte Ccxitroyerfe
dont j*ai < parlé V &L avec xpielv^ues
autres^ n^ font pas moins dî<-
gnes de leup au|:eur., i Eure voir
qu'il avoiccînq^oafixieiprits au
lieu dîun , tous déiicajcs , toc^ |u^
Oies.) tous
■«•■f*'^"ii^**T"""*'^*"*'"'<
Msctrait des Hommes Ittufires fat.
M^ JTfrrault..
|rjjA u jLi PdrUffon . F.oota nitf r. ;
\. t»si»X AiBézlers enrraanée;
^^l4i SosLipere étoie CpnfeiUeri
à la;.Clmmbie de T^Ëdit de Lan^
^edoci Son grandpere Conièiir*
Xi^ JM. P E I. & t s s^ov. czî
lerau parlement de Touloufe ^ ^
fon fiifàyeul Premier Préfident an
Parlçmenc de Chambéry , après
avoir été Maître des Xequ^ces f
Amba^deur en Portugal , ^
Commandant poiiir le BLoî en SaJ
voye , quand Fr^m^ois I« s'en ren^
die Iç: maître.
M. Pelliilbn avoir un fi beait
oaturei pour Téloquence & pour
k pôefîe 9 qu'il furpaâà aifémenc
tous les compagnons de (es ëtu«
àt$, Bft coHune iTn'étoiit pas noffi<9 4
ble qu'un auffibc^i) génie &a'au£t
fi ^rander étendue demeurât en«c
fermé dans une ville de Province^
il viat à Paris ^ d^$ qu'il en put cb^
tenir la penniâi.oiiidie &s parens;^
& fit conno[fl^t|ce a^c touc.cA
3u'il y avoît alors de; perfonnes
iftinguées par la beauté de lewL
erprit , xm par la profondeur de
leut fdence^ Des anài^tes domefti-.
ques l'obligèrent de retourner »
Cadres , d'où il revint peu da
*^.....
temps après, maïs fi défiguré pâ*
fe petite vérole 5^ par une Au-
kîon maligne qui hiî tomba fiir le
viiagê, que fes amis eurent delà
peine à le recohnokre, -Cepen-
dant comme Ton efpm n*etok
point changé^ *& que même le
temps y avoît encore ajouté de
la vivacité & delà force, il li'en
fot pas moins çonfidéréiii recher-
ché de toutUmondèi'Lfeiîîérîte
deMademoifelié dé Scudery déjà
connu par (es ^Ouvrages , quoi-
qu'elle neî lés âvôUât pas,&: qui
âCtirôit Tàdmiration dô tout lé
monde, malgré tous les voiles
dont fa modefl;ie tâchdt de le ca-
cher ^ le toucha particulièrement,
fie Ittî fit (buhàkér avec ardeur
d'avoir fdn'eftime &*la bîenveîL
Mnce. Ce foùhait fut réciproque ,
& ils ont confervé jufqu'à la mort
une amitié l'un pour l'autre , qui
«'a guère d'exemple pour fâ du-
^sée, &,pour /à folidité. Dans- les
premières
DE M. Pelxis'so-n. exi^
premières années de fk jeunefle^
il compofa un nombre prefqû'ih*
fini de pôefiés agréables , & de
petîtespiéces en prôfé les plus în-
génîeuies, qu'on ait jamais vdes,
qui ont fait les délices de Paris ;
& de toute la France pendant, un
fort long- temps. >
II compofa eiïtr^aûtres chbiè^
i'Hiftoire de l!Acadéraîè Françôii
k d!un Aile éont on nepœt traj^
louer laîufte{Ie'& lai^rîéveté dans
un temps où i'onétoit ordinaire^
ment diffiis, Gette:Hiftoîfe eflrutf
modëken^ce genre dfécrirç. L*A^
cadémiie toucliée de ; rhontieii^
qu'il lui faifoit, lui~ donna uiie<^
place dans fonGorps^ quoiqu'il
n'y en ^eât point de vacantes fa-
veur quin'àv^irpbint d'excmpie^
& qui apparefntfi^t: n'en: aura>
plus, etâHit difficile iqu^iHï/âutr&
homme-^ fàflfe à; raarettîjr:-qttel-^
que choie - pour elle qui- 'méricê^
CSCÎV DiVElLS ;EioGES
)Foucquet Procuttur Général ^ fif
Surintendant des Finances , fort
ieniîble aux talens de Pefpfît , &
aUi lui connoiâbîc 4in^ grand fond
e bon kns ^ voulut l'avoir auprès
de lui y & l'employa dans les aâai-
fes. Ladîfgrace de M. Foucquet
étant arrivée peu de temps après
canfa fz ruine entière, & le fit
mettre a la Baftille. Ses amis re-
gardèrent comme un très-grand
jnalheur ce terrible changement
de. fortune^ quoiqu'ils ne doutât
fsat point de fon innocence ; &
HSl ne pouvoient trop déplorer (a
captivité qui dura plus de cinq
années. Cependant ce kng féjour
dans une prifon a été toute la
faurce de fon boniieur ; & l'on ne
£çauroit trop adnjtîrer k conduite
de Dieu fur lui. La providence
qui vouloir le convertir , & enfuite
en former un xies plus forts & des
plus folîdes défenfeurs de la Foî
dtiioHque y après lui avoir donné
le teiftps de fe former uh excellent
ftîle dans Pëtude des Lettres hu-
maiaies^& dâtis Téxeircke deTE-
loqaence \ te mk dans cette folî-[
tude pour toi feîre faire les rcBe-^
xionS) les îeébures Bc les études
nccellaîres à un ^empîoî fi impor-
tant. Il y lut ïiôn feulement toute
PEcrîwtfe Sainte' ^vec fes Corn-
menmijres , mètîs tous lés Pères
ded'Eglife. IlîiSt jauffi f^refque^
t^us res livres dé coniroverfe.
Pour fe dëlaâèr , il compofa un'
poème de plus de t^eixè tens
vers fous le tîtfé d'Âldmcdpn '*^
& çoïttiftê ît n*àVôît ni papier , nî^
encre i il récrivît tout entier fur
des marges de Livres avec de pe-
tits morceaux de plbmb qu'il preu
nctft aux vttréis de là chambre.
LoTfeu'il eut rècôuvrè fa liber--
té ^ il abjura ion héréfîé dans TE-
glife de Chartres , & fe donna
tout entier à compofer àts ouvta-
CKVJ -D I V-E HrSi Et 6 ES ^
ges pour la converfion dé fes frères
crrans. Le Roî qui a voit toujours
eu beaucoup d'eftîme pour lui,
voulut qu'il s'attachât auprès de
fa perfonne j & conôQÎfiànt la:
beauté & la dëlicateflë àé fa plu-
me, le chargea. d'écrire J*Jiîftoîre
de fon régne. Ceux qui ont lu ce
qu'il en a CQmpofé, affurent que
rien n'eft plus beami<iapsceî genre
là'éçrire. Il fiit-reçte Maître \àts
Comptés i Montpçllîçi: en t6 55 ,
après avoir négocié le rét^iiite-
jnent de cette Gohîp^ignîc qui
avoit étéintei^ilfiftP'Ji^jOi II fe
fit Maître des Reqjrôtés en- 1 674^
Il fut nornmé Econome. de Cluny
éi de Saint. Germain des Pxexen»
ii.i575. En i^76;,il ^fepréporéi
radminîftraçi9p'^ii;t4fjt/d<f« Eco-
nomats 5 &r|3ji- i ^j75 j-î^ftit -fait
Econome de Saint Denys. Sa for-'
t^e change^ plufîeurs fiois-V niais>
fctfi .^ coeur ^ demeura v toujours : le;
lîîêoie.Ce qui peut abbattreaçe^ui ;
ï> E M. P Ê K L'T S ^S O N . 'CXViJ ;
^uc corrompre lui loifia; toute fk
fermeté & toute ùl droiture. Ge fut
lui qui pour iàtisfaire d^lâ. paffîot»
qu'il avoit pour krgloîrc du Koi ^ '
propoia à rAcadëmie.Françoife
de donner un prix jde poeâe à ce-i
liiî dont rouvrageren vers âuroîÉ
le mieux célébré: les louanges da
îd.oî. Ce prix eft une médaille d'or
de 3;OQ libres ^.dontiliàiidit lé
dcpenfe V -& qwe. Mdaxlémîe a'
continué: dé faire; après îÉi *mort;
Il fît dçs pf éfen^ confîdérables
à diyerfes EgUfes , pour marquer
fa foi fut le.myiVére de^ UËùcha-A
rîftie , ^quî aroic. «té:.iopg46mp&
le plus grand obftacle dC'^ con-^
yerfion , entr*aucrès d'anè lampe
d^r^ent de 2 o oxd Itv. qti'îi donna-
ajix ïiites/tle la;Yifitacionî d&kf
r^ Ç.jAntoinê , poaiNcclaîrer^iâ^
ô^ijour: devant JeS^SacrementJ Ct^
don n'a été fçu qu'àprits ïâ roorti*
Tous lès ans il ^éléoroit le jour
dcia j'éunion à t£glife en s'ap-^-^
^
f
exvîtj DivBiLS ElogesV
prochant des Sacremecis 5 & àei
Euis Ùl fortie <le la fiaftîlle , il ne
iUSai point pafler d^année , (àn^
délivrer quelque prifontiier.
Ses principaux ouvrages de Pro^
fe , font THiftoire de TAcadéime
Fran^iie*, un Paivigyrrqae èa
Roiproncmccdansla même Aca-
démie, lequel ar été traduit en
Latin ) en É^iagnol, en Italien,
en Angkns &: même en Arabe ,
Ear le Patriarche du Mont-Libau;
i Pré^sLce des œuvres de Sarafin ^
les Réflexions fur les différends
delà Keligton en quatre volumes,
^ une jefpéce de Manuel de cour-
tes Priiéres pour dire pendant la
Me0è« U travailloit à un Traité
fur r£uchariftîe , quand il fut pré-
venu de k mort le 7. Février
1693, De &rte qu'on peut dire
qu'il eft mort en combattant pou^
la Ejeligion.
m
»£ M. Pellisson. cxîx
^mmmm
Extrait des CaraSiensfarM.de
la Bruyère.
CO M M £ ^Ignorance eft un
état paîfîble , & qui ne coûte
aucune peine , on s'y range en
foule , & elle forme a la Cour &
à la: ville un nombreux parti qui
remporte for celui des Sçavaris,
S'ils allèguent en leur faveur les
noms d'Eftrées , de Harlay , Bof-
fuet , Seguîer 5 Montaufîer. . . PeL
lîflbn. . . On ne feint point de leur
dire que cç font des exemple^
iiiiguliers.
■ i> ■ »
Extrait du Difamrs fronmcè pat
M. tAbbé^ de Fénelùn , depuis
Archevbipii Hue de Cansbray ^
dans l* Académie Fran^oife ^ le
jour de fit réceptiên , le 3 1 Mars
1697.
J'AuROis befoîn, Meffieurs,
de fiiecéder à Tçloquence de
M. Pellîflbn aufli bien qu*à fa pl^
\
ce y pour vous remercier de Thon»
joeur que vous me fakes aujour-
d'hui y & pour réparer dans cette
Compagnie la perte xL'un homme
il eftîmable.
Dès fon enfance , îlapprît d*Hor
mère en letraduifantprefque tout
entier , à mettre dans les moindres
'peintures, 5i delà vie, & de la
grâce. Bientôt il fit. fur la Jurif^
prudence un ouvrage y où l'oa ne
trouva d'autre, défaut que^ celui
4e n'être pas conduit jufqu'â fa
fin. Par dé jG beaux, eflàis il fehâ-
toit-, Meflîeurs , d'arriver à. ce qui
paila pourf o n c h ef ^'osuvre , jas
veux dire l'Hiftoixe de.rAcadc-
mie. Il y montre fon caraâére
qui ëtoit la iaollité , l'invention ,
jt'ëlëgance, l'infinuation, laia-
fteflè, le ^tour ingénieux/ Il ofoîc
heureufement,pour parlercomme !
Horace -. Ses mains: faifoi^ic naî- i
tre les fleui:s de tpuscôc^s^ çduc
Desi
D E M. PeLLISSON, CXXj
I^es plus viles herbes des champs ,
il fçavGÎt faire des couronnes pour
les Héros } & la règle fi nëceflàire
aux autres de ne toucher jamais
ce qu'on ne peut orner , ne lem-
bloit pas faite pour lui. Son ftile
noble & léger reflembloit à La
démarche des divinités fabuleu^
fes qui coûloient dans hs airs ,
fiins pofer le pied fur la terre. Il
racontoît y vous le fçavez mieux
que moi, Meffieurs, avec un tel
choix des circonftances , avec une
fi agréable variété , avec un tour fi
{>ropre & fi nouveau jufques dans
es choies les plus communes ^
avec tant d*îndufl:rîe poqr enchaî*
ner les faits les uns dans les autres,
avec tant d'art pour tranfporter
le Leâeur dans le temps où les
choies s'étoiènt paflëes , qu'on s'i-
magine y être , & qu'on s'oublie
dans k doux tifiu de (qs narra-
tions. •♦
Tout le monde y a lu avec plaî-
Tome I. 1
çsxîj DivESLS Elogbs
ûx la naiiTaoce de rAcadéqtiie*
Chacun pendant cette ki^vre
^roît être dans la maîfon de M,
Gonrart, qui en fot comme le
berceau j cHacun fe plaît à remar-
quer la fimpjîcîté , l'ordre , la po-
il tefle, Pélegancc qui rëgnoienc
d^ns les premières aflèmblées ^ &
qui attirèrent les regards d'un
fmîflant Mîniftre : enwite les \9r
Qufies & les ombrages qui trou-
|)lerent ces beaux commence-
înens 5 enfin l'éclat qu*eut cette
Compagnie par les ouvrages des
premiers Académiciens. . .Un Mi-
nîftre attentif à attirer à lui tout ce
qui brilloit, Tenleva^ux lettres »
ôc le jetta dans les affaires. Alors
quelle droiture, qtielle probité,
quelle reconnoîflance confiante
pour fon bienfaf^cur > Pans un
emploi de confiance il ne fbngea
qu'a faire du bien , qu^à découvrir
le méritô,,& à le mettre en œuvre.
Pour montrer toute fa vertu, il ne
D.l M. P E ivis 5 o N. cxxiij
Ivd manquoît que d'être malhe»-
4rettx. Il le fut ,Meflîeurs. Dans fit
.prifon éclatèrent fan innocence
kc fon courage. La BaftîJIe devint
une douce iolitude ou il faifbit
fleurir les lettres.
Heurcufe captivité Vlj^s fiilu,-
taires qui réduinrent enfin fous le
joug de la foi cet efprit trop in^
dépendant. Il clierclia pendant
xe loîfir dans les fourcçs de la Tra-
ditioti de quoi combattre la véri^^
té : mais la vérité le vainquit 8c
fe montra à lui avec tous les char-
mes. II fortit de fa prifan honoré
de reftime & di^s bontés de fou
Roi } mais ce qui* ei^ bien plus
^r^nd , il en fortit étant déjà dans
ton cœur humble enfant dç PE-
^life. La fincérit^ & le defînté.
refîèroent de fa converfiop lui en
firent retarder la cérémonie, de
peur qu'elle ne fi&t récompenfée
par une place que fts talens pou-
voient lui attijei , & qu'on jiutr^
cxxîv Divers £lo<»£s
moins vertueux que lui auroic re^
cherchée. Depuis ce momenc il
ne ceffk de parler, d'écrire, d'a-
gir, de répandre les grâces du
Prince pour ramener Ces frères
errans. Heureux fruit des plus fu«
neftes erreurs ! il faut avoir fend
par fa propre expérience tout ce
qu'il en coûte dans ce paflàgç des
ténèbres à la lumière, pour avoir
la vivacité , la padence , la ten«
drefle , la délicateflè de charité
i]ui éclatent .dans fes écrits de
controverfe. ♦
Nous l'avons vu malgré fa dé-
faillance fe traîner encore aux pies
des Autels jufqu'à la veille de fa
mort , pour célébrer, difoît-îl , fa
fête , & l'anniverfaire de fa con-
verfîon. Helas, nous Tavons vu
féduit par fon xêle & par fon cou-
rage , nous promettre d'une voix
mourante qu'il acheveroit fôn
grand Ouvrage fur l'Euchariflîe.
Oui, je l'ai vu, les larmes aux
V
DE M. PiLLISSbîï. cxxv
yeux , je l'aï entendu , îl m'a dit
tout ce qu'un Catholique nourri
depuis tant d'années des paroles
de la foi , peut dire pour fe pré-
pà,rer à recevoir les Sacremens
avec fetveur. La mort , îl eft vrai ,
le furprît venant fous les appa-
rences du fomiiieil i mais elle le
trouva dans la préparation des
vrais fidèles.
Au refte , Meilleurs , ks tra-
vaux^our la mâgîftrature& poirr
les anàires de la Religion que le
Roi lui avoît confiées , ne l'en^-
péchoient pas de s'appliquer aux
Belles-Lettres , pour lefquelles il
étoit né. Sa plume fut d'abord
choifie pour écrire le régne pré-
fcnt y &c.
^
I ♦<*
CXXVJ DiVBKr EtOÔES'
JExtrait du JDifcours prononcé far
M. Bergère t dans VAcadémk
Fran^oife ^ le jour que M. tAbhe
de Fénelon y fut reçu ^ le ^i
Mars 169^3.
LE Public qui fçak combla
rAcadémîe FraïKjôîfe à per»
du à la mort de M. Pelliflbn n*i
pas plutôt ouï nommer 1c fuccef.
leur qu'elle lui donne ^ qu*eft mê-i
me temps il l*a louée de la jt^ftice
de Ton choix ^ &c de f<^avoir fi hed^
rcufement réparer. &5 pjus gratis
des perte».
Celle-ci ri'eftpas ufiô perte pâr^
tîcûliére qui^é regarde que nous.
Toute la République de* Lettres
y eft intéreflee, & nous pouvons
nous afiurer que tou$ ceux qui les
aiment regretteront notre îlluftre:
Confrère.
Les Ouvrages qu'il a faits en
quelque genre que ce foît^ ont:
DE M. PELltSSOlï. CXXViJ'
toujours eu l'approbation publî-
cjue qui n'eft point fujette à la fld-
cerîe , 8c qui ne fe dôùht qu'iatt
jnaérîte.
Ses poefibs , foît galantes ^ fok
itiorales ^ fbît héroïques^ , foie
chrétiennes , ont chacune le ca-
iradére naturel qu'elles doivent
avoir , avec un tour & tin agrë-
ment que lui iêûl peu voit îeut
.«loAiier. . . •
Tout ce quil a ëcrît en proie
£ir les madères ks plus diffëreii-
tes ) a été gétïéralemént dlimé.
lL*hîftoîfe de rAcadëmîfc Fran-
çoîie par où il a ceitimencé , laifle
^ans refprft. de tous c^ux qui lâ
lifcnt , un defir de voir celle du
Roi qu'il a depuis écrite^ & que
dès lors ©li le jugea capable d'é-
crire.
Le Panégyrique du Roi qu'A
Îirononça dans la place où j'ai
'honneur d'ôtre^^ fut auffitôt tra-
<iuît en plufieurs Langues, à l'hon-
neur de la nôtre, Hiij
«xxvîîj Divers El ô gt s^
. La belle & éloquente Préfa
3u'ilami{eà la tête des Oeuvres
e Sara (in , fi connue & fi eftîméo,
a paflepourun chef-d'œuvre en
ce genre-là.
, .Sa Paraphrafe fiir les Inftîtuts
de Juftinîen, eft écrite d'une pu-
reté Se d'une élégance ^ dont os
ne croyoit pas jufqu'alors que
cette matière fut capable. . •
' Il y a dans les prières qu'il a
faitesy pour dire pendant la Meflè^
un feu divin , Se une fainte on-
âion y qui marquent tous les fen*
tipiens d'une véritable piété.
Ses ouvrages de controverfe
éloignés jie toute forte d^erapor-
tement , ont une certaine tendref-
ie qui gagne le cœur de ceux dorit
il veut convaincre l'efprit, &la
foi y eft partout inféparabfe de la
citarité. ...
Le plus grand honneur que l'A-
cadémie lui pouvoît faire , après
tant de réputation qu'il s'eft ao
BE M. P£L LISSOIR. CXxix
quifè , c'étoît , Monfieur , de vous
nommer pour être ion iuccefleur;
Se de faire conooicre au Public
que poyr bien remplir la place
d'un Académicien comme lui ^^
elle a jugé qu'il en faloit un conu
me vous. ^ ;
— ■ -^ — -^'
Bxtrait du Songe de E oc ace y ira*
duit de ^Italien, jimft. 1702.
ACantb écoit un galant
homme dont le mérite &
refprit ont fort brillé dans le
monde. Dieu lui fit la grâce de
lui ouvrir les yeux fur les erreurs
d'une fèâe dans laquelle 11 avoit
été nourri. Sa converfion fut (îi^
cére : il quitta la bagatelle , &
n'employa plus fes tàlèns qu'à la
gloire de Dieu ^ & à celle de fon
Roi. Il conferva juCqu-au dernier
foupir l'attachement qu'îh avoit
eu toute fa vie pour Sapho ^ dont
Uk vertu a toujours été fi généra-
«kxx D I V 1 m Et oc e«>
lement connue , que l'on n*a jl«
mais douté de Pinnôcence de l^ut
commerce. Âcance fut furpr is par
h mort. Il avoît fait Tes dévo-
tions la yeilie qu'il décéda , & ne
croyant pas être (î proche de {iêl
dernière heure ^ il expira iàni
Q^yoir pu recevoir le Viatique»
L'envie quijait fouvent parler
pour deâ crimes les malheurs qui
affivôrlt aux plus honnêtes gens,
pubHa qu'Acante' t^k fini Tes
|t>urs comme uù t^i'ouvé. La
Sénéreufe Sapho fit ManqUâ ptis
e donner en cette oc^^afioa det
narques de fon bon cotnr.
METAMOUPHÔSÊ
b^AcANTE EN Or ANGERS
. Os^mabhss comréeSj où régné
k Rhôite lor%i'il va mêler fet
•lides avec le5 âot$ de là mer-, vi-
vent autrefois naître un* Berger
^ni fut l'hoaneur dé <fon pay^ , &
i^amottr d«s Nyti^^ûei de (qa
^ »E M. P E Ë t f y^ Ô ÏT. CiXJ^J?
i^nps. Elles ëtôient charmées dè^
fbn efprk & 4e fou chant y & brï-
guoienc avec foîtt l'honneur d'a-
voir part à fes chaàfëfts. Mais
^eomnie le di/cerfteméttt d'Acânte
s'a^vc»! pas rnoliis de jufteflè que
& voix , dès quil coilhttt là Njtti^
fhe Sapfaoy il méprîfk toutes le)s
autres. Sa Mtifettehicunîqtieitieïït
€m|d:oyée à cclëbrei* les louanges -
de cette merveille, de fon Êëcie'^,
de à châAter les douceurs d'atie
amitié k plus pui'e^ k plus folii.
de / de k plus fidélt qui fut ja.<
Sbais.
Ji^îter jaloux dé voir d^àlitt-eS.
autels que les Getis ^ parfumés
d'un encens fî délicat & fi exquis-^ .
entreprit d'attirer à lui-feulPhom-
mage d'un fi agréable cul te. Il al-
luma émi k cœur d'Acantè ûti
êxà^nt amour pour ùl divinité
êspptêmc i & le Berger auffitôt
4sonâu:ca fès veilles & fa Mtifè à
ia gloiœ. dé. ce^ maki^e de l'Uni-
2
cxxxij D I ▼ E in s E L Ô CE s
vers , & à celle d'un Prince qtn
en eft la plus parfaite image.
Enfin après avoir compofé éL^s
Cantiques inimitables^apr es avoir
vaincu par ion éloquence des
monftres plus dangereux que ceux
^ue vainquit Hercule , & mérita
ônÂpotnëofe par mille faits écla.-
tans yCQ grand j^omme fut appelle
fur rOlvmpe } fon efprit s'envola
dansle fein de Jupiter, & fon corps
fut mëtamorphofë en Oranger ^
afin que des reftes fi précieux fu£
iènt honorés fous la figure du plus
précieux de tous les arbres j &
d'un arbre qui refïèmble fi par-
ÎFaitement au Berger que nous re-
gretons. ^^
Eli efFet îl eft , comme étoît
Acante^ agréable & utile. Son
odeur l'emporte fur Todeur des
autres fleurs. Il eft propre à cent
ufages difFérens. Il a des vertui
fccrctes , ou plutôt une vertu uni
verfelle. AufE le deflin pour çon^
JDE M. Pellisson. cxxxîîJ
ferver cette plante heureufe, or^
donna qu'elle fût confiée à Sapho
qui la défendra de la.fixreur de|
Vents & de h malignité des In-
feÀes.
Vers de Sa? ho.
La Mecamot^hofè Galante
. Qoi cliange en Oranger Acanee •
Au Pjtrnaflè va tout changer.
£r cepx qui par leurs Vers fjauront charmer èe
plaire.
Au lieu de Laurier ordinaire
Seront couronnés d'Oranger.
«
Extrait de fHift. de Louis XIV.
Par M. de Larrey. an. i dé i .
JE ne puis quitter le chapitre de
Fpucquct , fans p,arler de fon
Î principal Commis Pèllîiïbn, que
on érudition & ià poIitçAç ont
rendu fi célèbre. Il ne le fut pas
moins par fa fidélité pour Ion
Maître. 11 n'avoit pas peu contrî-
&tié à fa réputation par la beauté
iCxxxÎT D 1 y E us El o g es
de fpn ftile qu'il lui avok frété
fQvtr écrire les Lettres impoir^n-
tes ^ à cpoi fës grands emplois Ta-
:htigedient , £j; dont il kiuoit faire
la minute à un Secrétaire qui fça-
voit fi bien s'exprimer. Il ne con-
tribua pas mdios à ^d juftifiçation
4ans le temps de ià difgrace , &
il travailla avqc la même force &
^1^ même éloquence à ia défenfë
durant Tinflrudion de fon pitacès.
Il ne craignit point d'offenfer
Colbert j & il faut donner cette
louange au dernier , ( * ) qu'au lieu
de »1f rîter de ks écrits tout brii-
làns d'efprît & de bon fçns , il en
/ut charmé, & voulut Retirer aur
pr^s de, iul un homme d\in fi
frand nié«te , & qui avoît été fi
déie à fon maître dans fà maur-
*aîfe fortune. Pellîflon fe l^iiflà
^gncr , fans fe lalfler corrompre^
& ne pouvant pkis être mtite au
«
(*) Mt dj5 Urrey s'cft trompa, vojizJa
Préféice pag, xxvj
©« M. Pexlîssok. cxxxV
premier , il s'engagea avec l'autre
i^Qur lequel il eut la même fîdé-
ké. Mais s'étant fak Catholi<^ue
il fe fît convcrtifTeur , & les Proce-
4ftan5 luîxeprochentrînfâme com-
merce qu41 faifoit des coiïver-
iions à prix d'argent, *
îxtraitdff U memei Hifi. an. i ^ 9 5 ,
JE ne fçâî fi de cette promotîoa
( de^ Chevaliers de S, Louis ) ^
}e puis paâer à uoe autre. . . afTez
illuftre pour n'être pas indigne
de la majefté de Thîftoîre. Ce fut
la réception qui fe fit dans ce
temps^a de l'Abbé Fënelon à l'A-
cadémie prançoifè ^ en (a place
de Pelliflbn. . . j'ai p^rîé en plus
d'un endroit des belles qualités
de celui-ci , qui le firent admirer
pendant fa vie. Je ne puis pour-
tant m 'empêcher d'en donner uo
racourcî , avant que de parler de
fa mort , qui eut aufiî des circon-
* Voyez k Note de la page çtiyx 1 .
cxxxvj Divers Elocei
ftances fort, firiguliéres. Il fut atni
ifîdcle , fervîteur incorruptible,
dont il donna des preuves dans la
dîlgrace du Surintendant Fouc-
3uet : courtifàn dévoué , mais
roic , fujet zélé j fa fortune chan-
gea plufîeurs fois , mais ion cœur
pour Tes amis & pour les honnê-
tes gens fut toujours le même;
les qualités de Tefprit répon-
doîent à celles de l*ame. Il par-
loit & écrivoit mieux que perion-
ne , & les ouvrages qu'on a de lui
en profe & en vers font admirés
de tous les connoiileurs U lus de
tout le monde avec plaîfir. Ne
Proteftant il fut eftîmé & chéri
de ceux de cette rehVion, tant
<5u11 la profeiïà j & le célèbre
Morus Miniftre de Charenton lui
donna une illuftre marque de Ton
eftîme & de fon aflfèdion , lorf-
qu'en mourant il lui légua comme
à la plus belle ame qu'il eue ja-
mais connue ^la chaîne d'or dont
le
s.
SB M: P E Lt'I S S O N. CXXXVlj
le sénat de Venîfe lui avait fait
préfent , en reconnoilTance du
Poème qu'il avoît compofë enî
Thonneur de cette République.
Il perdît l*amitié des Proteftants ,
lorfqu'en 1670% il quitta leùf
communion , & fè mît à faire le
métier de convertiflèur : îl gagna
par là les bonnes grâces du Roi
qui l*honora d*une charge de
Maître des Requêtes , & qui lui
confia l'Economat de trois des
plus riches bénéfices du Royau-
me« La manière dont il mourue
en refuiant , ou éludant de rece-*.
voir les Sacremens de TEglife Ro-
maine , lui fit perdre j'eftime des
Catholiques (*). Quel qu'opinion
qu'on ait de fa religion , les Belles-
Lettres perdirent en lui un de
leurs plus grands ornemens.
{ * ) On fent que c'cft un Protc ftant qui par-
le 5 & la mémoire de M. PcUiiTon a été pleine^ *
mène jttftifiée à cet égard.
Tome /•. I»
y
çxxjcviij 01 r E n^s El o c * 5
^' ' ■ " I II ■■ I i I ,1 • 1 1 ^^i,^^^
extrait dû la Préface dei Oewvres
de M. de Toiirreil^far li/t.
tAhU Uà$eux
\ • .- .
ON ccmmence à tsrotevejr qae
\t% ouvrage* de nôis èxeel-
léns Ecrivains loftt trop fiiimles ,
trop uniformes ^ trop ûé^gés.
On abandonne les beauté» natu-
reliés qui faifoient tciut Tobjêlt de
leurs foins j & Pôft ne court'«u*a-
près des ornemens réftierdbcsi
On ^'éloigne de lear f^le pério-
dique & riombreu* ^ pour fe jetter
dans^'unUile Co^pé, & dépourvu
d'harmonie. Aux irrégularités
heureufes qu*îls laiflbîent â è^î-
feîn dans leurs écrits, & qui en
effer coiitribuônt beaucoup a don-
ner de l'énergie .& de la' vivacité
au dîfcours , on fubftîtue une trifte
.exadîtude qui ne fait Qu'énerver
la dîdion , & que la rendre moin^
rapide. Qu'arrivert-îl de. toutes
DE M. P B L L I S S b M. C3C*3fî*
ces nouveautés ? que notre Proie
n'a plus les grâces dé celle des
Voitures, des Sarâfios, des Pel-
liCon«.
[ 1 1 • I ir • t' t ni I I I g I I ^
Extrait de t Eloge de M. Zeiéniti^
par M. de FonteneUe.
IL parut îcî en 1692 un Livré
întîtulé de ia Tolérance des JRt^
lipîffts. M. LÉÎbnîtz la fbuteilbît
eomfé feti M. Pellîffôti , deventi
avec fuccès Théologien , & Coni
troverfifte. Ils dîfputoiçtit paf let-
tres, & avec uûe pèlîtèflè éxem-
plaîre. Le catâûeire dd M. Leîb-
nîtz le portoît à cette tolérance,
que lés^efprîts doux rouhaîtèroîêhc
d'établir , mais dont après cela Us
iuroîertt âflez de peine à marquer '
les bornes , & à prévenir les mau-»-
vais effets. Malgré la grande eftî^-
ftie qu'oti avoît pour lui , on îm -^
prima cous fes râîfonnemèns avecf
privilège : tant on fe fioit aux Réi
gonfes de M. FelliflTon. ^
mîjt
' 1,'
■ » • ■ .
cxl DivFR,s Eloges
Extrait du/Jarpentariana.
L'AGREABLE efpiic que M.
Pelliflbn ! Il écrit fort bien
en vers Se en profe. Il fçaii: du
Grec & du Latin , deJltalicn &
de TECpagnol. Il juge fort bien
des ouvrages jileft très galant dans
ià con vermtion , & dans ies écrits.
Quoi qu'il foit extrêmement dif-
forme , il ne laifle pas de ie ÊMre
aimer j & quelqu'un luia applique
ces vers d'Ovide :
Non focmofus crac, Ctà erat facuncla^Uljâèsi
£c camen aequoccas tq^fic amore dcas.
extrait itune lettre de M. Arnaud
à M. PeUiJfon.
E viensvde recevoir , Monfieur,
vos excellentes Réflexions fut
[es deux Mémoires de M. Leib-
nîtz. . . if y a long-^temps qjie je n ai
rien lii qui m*ait plus fatisfait. J'y.
ai admiré ce que tout le monde
admire dans vos ouvrages , une
BE M. Pellisson. clî^
netteté merveiHeufe , des raifbn- "
neniens forts juftes, & des rëpou-
fes très fblides â des objeâions
propofées d*une manière aflèz enu
barraflante. J'ai Krouvé fur-tout
que vous détruîfîez parfaitement
bien ce pernicieux fentiment qu'il
n'y a qu'un point fondamental qui
eft l'amour de Dieu, & notre unîoii
avec luij & que vous avez eu graiv.
de raifbn de ne vous point lervir
de la diftinâion des Hérétiques*
matériels & formels , puifqu'il n'y
a rien dont on abufe davantage ,
quand on ne la renferme pas dans
fes juftes bornes j & de les récufer
pour Juges dans ce point fiir lequel
vous étiez en dffFerend avec M.
Leîbnitz, Car il n'^y a guère d'ex-
cès fur ce fujet que ces nouveaux
auteurs n'ayent autor?fé en fouler
Et ce feroît mal défendre TEglife,
que d'entreprendre de les expli-
quer & de les excufer , comme fî
la caufe de rEglife^épendoit de
Clxîj GlVlSkS ÉLOGES'
rfik
Extrait de tHijloire dt P Acadé-
mie Fran^oije. a , p. far M,
UAbhèiOlivet.
PO ù K oariei: exaûemeot de
M, Peiliffon , reprêttoàs les
chôfès de plus iiaut , St n'oublions
pen de ce qui peut ûotis fervîr i
bien connoître un de ces hommes
fài-es dont là mémoire intéi'éflè
lès honnêtes geflfs. . , .
Il fît k% Humanîtcs à Caftres,
Et Phîloffôphîe à Montauban , &
ion droit à Touloufe^ où a peint
fcut-îl donné quelques moîsiPé-
^ude^qulî entreprît de pâraphra^
fer les Inftitkts de juftînîen, A la
vérité il n'en publia que îe premier
livre y mais ce premier livre fuffi-
itoît pour nous faire dbtiter que ce
gât être l'ouvrage d'un jeune
omme, fîlà date de l'impreffiori
n'en faifoit pas îo\...Il abufoity
dit-on , de la pemiijffîon qu^ont les
hommes dètre laids i maïs avec tou^
te Û, laideur , il n'avoît pour pkîrè
qu'à parler. Son cfprit lui krvôit
non pâs à en montrer , tùiiis à en
donner 5 & l'on fortoîr d'avec lui y,
non pas perfoadc qu'il eût pAs>
d'efprît qu'un autte 5 maïs fe flâ-
»nt d'en ayoir pour le moiiis au-
tant que lui : tàfît il avoît l'art ât
fè proportionner à toute forte de:
€aradëres; . •
Au refte , il n*avôît pas moîris -
Pefprit dè^ affaires que celui dê$
lettres ; & lors même qu'il âvoîè
paru faire fbn capital de la Pôe-
lîe , & d'autres femblables amufe-
mens, il n*avoît pas làîfîë en mê-
me temps de fè htire uiï fôfids dé
connoiffimces utiles , qui le ren-
doient propre â toute forte d'em-
ploîs.
Tant dé talens réunis, St dans ua
fi haut degré , lûî attirèrent Te-
ftîme de M. Foucquet Surinten-
dant des Finances, qui le fit en
1-6 5 7. fon premier Commis,, &
/
\
cxlîv Diy. Elog.mM.Peel:
bientôt fon confident. Quatre an^
nées pafTées tranquillement dans
cet emploi , lui firent goûter le
plus doux plaifîr d'une grande
aipe , le plaifir de faire du bien. . .
Un grand ouvrage qu'il a voie
prefque fini, & dont jufqu'à pré-
lent on n'a publié que des fra-
"gmens , c'eft l'Hîftoire de Louis
X I V. à la prendre depuis la paix
des Pyrénées jufqu'à celle de Ni-
mégue. Témqîn oculaire de ce
qui s'étoit paflë ^ & aufiî grand
maître qu'il l'étoit dans l'art d'é-
crire l'hiftoire , il pouvoit donner
un Tite-Live*à la France, conïme
elle a un Sophocle Se un Euripide»
On ne donne ce morceau que par
extrait y parce que l'hiftoire de iA-
cadèmie Fran(^oife eft entre les mains
de tout le monde y ^ qu'il eji facile
de la conjûlter.
POESIES
POESIES
D E
M. P E L L I S S O N.
LIVRE PREMIER.
POESIES CHRETIENNES.
STANCES.
S.AND Dien,par'qiielencciu,6c
pai quelles viâimes
Pourai-je découiner ton courroui
que je crains i
j'ai mériié la morr , Se pour de
moindres crimes
le monde a tù tomber la foudre de tes mains.
L'excès de tes bornés augmente mon offenlè \
Tu me conciles de biens , au lieu de me punir % .
Et l'on Toii , 6 prodige ! une égale conftuice ,
En moi pour t'ofiènfer, en toi pour me bénir.
2^
Il eft Trai » mon Sauveor , mes fautes fonc
• mortelles j
Toujours ma paffion s*oppofeà tes projets :
Mais, hélas ! Si tu perds tous ceux qui (ont rdielles^
En quel lieu de la terre auras tu des fujess >
D*uncôté mon péché provoque ta jufticej
De Tautre ta bonté demande mon pardon ;
As-f u mops de bonté que je n*ai 4e malice }
£erai-je plus méchant que tu ne feras bon >
L*hivcr accompagné des vents 5t des orages
Vient de quitter la place à la belle faifon,
Iz terre eft fans glaçons , le ciel eft fans nuages^
L'un montre fon azur , l'autre fon verd gazon»
ï>arroi Tair eft fcrein Se la terre féconde :
Grand Dieu ! c'eft toi qui fais^en dépit des hivers^
Retourner fur fes pas la jeuneffe du monde ,
Et renaître à nos yeux Véclat de TUniveis»
S'il eft ainfi, de grâce , arrête le tonnerre^
Épargne- ton ouvrage , 6 Dieu mon Créateor l
Tu fais un nouveau ciel , une nouvelle ^crre 5
Feus- tu pas dans mon corps former un nouveau
. cttur ?
CH Itl T II 11 H ES. I
V ^ Je fensdéux forts partis combattre en mes en«
traiiles. «
L'un m'entraîne aux enfers , l'autre m'élève i toi,
Sans détruire , grand Dieu i le champ de leur^
batailles ,
Fai vaincre le parti qui combat pour ta Loi.
II 7 va de mon bien , il y va de ta gloire : .
'Domte par ton efprit mon cfprit obftiné.
Ton triomphe cft le mien , je gagne en ta vî^
âoire i
Quand tu feras vainqueur, je ferai couronné. •
STANCES
Tirées du Pfeaume ^6. [
VO I s • T n ces hauts palais , ces pompeux
édifices ,
Que Tinjufte a bâtis du fang des innocens ,
Ou nageant nuit & jour au milieu des délices ,
Sans peine & fans douleur il voit couler (es ansf ^
Tidéle , accens un peu ; ne porte point d'envie
hvL bonheur de fa vie :
L'hêrbc des champs s'élève , & fleurit comme lui ^
Mais fon brillant éclat peu de temps lui demeure |
On J'admiroit n'aguere , on la fauche aujour-.
d'hui.
Et TouY^age d'an an périt en moins d'une heure*
AiJ
J^aàStAk «€s méciiana donc h ckate cft ftoi
chaîne : • '
Ne fouille point ton coeur de leurs faîes defîrs.
Ton bonheur «^ certain , ne t'en mets point en
peine.
Cieu te tient lico de biens , rflaçnnçûf s & de
pUiûrs.
Quand un homme ri;onore,«c n'a nulle efpéranoc
Qu'en fa haute puiiTance ,
pans les troubles du monde , il jouit de la pajic j ,
Il n'eft point inquiet , fon ame cft fatisfaite i
Il ;i'a plus que le (bia de faite de* fouhaics.
Et le Ciel accomplit ce que fon cœur fouhaite;
Le pcoplcalors radmirc,& connaît qu'ikft fagÇi
Il reflemble au foleil tel que nous le vojons.
Quand vainqueur des brouillards, ou d'un épâ^
: nuage ,
Droit deffus notre tête illancc fe* ra/»fis»
On YOtt s'épanouir au point de & nûffiince
La nuit & le fîknce.
S éclaire , il échauffe en mille endtpits divers ;
Et de quelque côté que fc tourne fa vàe 9
Il voit chaque climat de ce grand Unhrçrs
•Languir à fon départ , r'^vivre à fa venue.
' 'itjjcîqueîois des méchans la brutale inlolencC
De cejui qui craint Dieu vient le repos troubler.
%iàls <jue peùvént-ils Faire ? Il a pdurfkdéfenfc
Un bras dont un knûmf ks peut tous accabler.
CitirsTîiK^fls; f
I^iéu qui peut à Ton gré leur arrachet la yIc»
Rit de leur folle envie,
14 fçait jufqu'ou s^étendleur pluffanglant effort «
Et du trône écerneL où fa vertu domine,
Son œil qui tout pénétre, 8c qui jamais ne dote',
Voit venir à grands pas leur dernière ruine. .
Quel pKiifir , è grand Dieu ! de voir par t^
- ' puiffiince
TTn jufteprofpérer plus que mille mondains,'
Et tes mains ert fectet répandre l'abondance
Qu'on impute fans caufe au travail de fes maihsV
It nourrit l'indigent , il répare la perte
Qùp^on frère a foufFcrte.
ftx tout temps la mifcre éprouve fon {êçours ;
£t bien loin que fes dons fa fortune détruifent ,
Elle devient meilleure , & s'accroît tous les jours^
Comme ces fources d'eaux qui jamais ne s'é-
puifent* ^^^
Mais vous qui méprifez & ràoioor & la iiaiiif
De l'auteur tout-puilTant des âmes 8c des corps.
Vous périrez , ingrats , & n* aurez que la peine
D>ntaflèr yaincment tiéfor» dcflos tijéfofSv
Eh quel lieu fuirez- vous ) oà fera k refuge
Contre un fi puiiTant Juge ^
èi d'un jade courroux (on cœur ell enflammé ?
Quand ià main oubliroit Tufagc de la foudre, •
Comme en un fèul moment fa voix a tout f«r m^
Sa voix en un moment peut tout réduire en
ppudre, A iij
F o I 5 j a f
STANCES.
VOos n*ëtes que poQToir, je ne fois que.
foiblefTe,
Mon Dica mon Créateur j '
Je vous trouve partout , éternclJe Tageflêy
Toujours devant mes jeux , & jamais dans mon
coeur.
Arbres, fleurs, & ruifleaux, dévote fblitude.
Vous m'en dites aflfés pour des fiécles d*étttder
Ces Rameaux toujours Terds que l'Automne
révère
Me prêchent mon devoir:.
Tel ferai- je , il Ta dit , fi je cherche à lui plaîtc»^
Ah ! qui me donneroit pour un fi hautelpoir,
Arbres, fleurs, & ruifleaux, votre douce innocence
Qui le loue en tout temps , & jamais ne Tofienfc*
Qui tous mène à la mer, belles & claires ondes?
Et vous charmantes Fleur*,
Oi\ ptenez-vous cet ambre, & ces tiges fécondcj,
Et ce divers feuillage, 5c ce$ riches couleurs ?
Arbres , fleurs, & rûilTeaux , dévote folitude,
Vousnn'en dites affés pour des fiécles d'étudfcw
CHUlTIBHilBS;
itfbMk^ai^AM
^^PARAPHRASE EXACTE^
Du Pfeawne i^i.
QU*f L eft beau, qu'il eft doux de célébrer ta
gloire,
De la main, de Tarctiet^du fouffle, de la voiz^
Mon Dieu le Roi des Rois,
Etd'unefidelle mémoire •
Chanter au point du jour ta rojFale bonté ^
"" Chanter , quand la nuit vient , ta ferme vérité (
Les œuvres de tes mains feront toute ma joye;
Tes miracles divers y mon Dieu mon feul defir ^
Feront tout mon plaifîr.
Qai 1« comprend, bien qu'on les voye?
.Que ta (àgeûfe eft haute aux œuvres de tes mains !
Que tes penfers font loin de nos penfers Kumaiqis!
Le fou n'y connoit rien } Tignorant le» ignore
Qui voit croître & fleurir comt^ Therbe des
champs
Les ingrats, les méchans,;
Et ne découvre point encore
m C*e(l-à.dire que j*ai pris gatde de fort prêf à ne me
pa^ écartée da feBs, & que j'ai preCqae traduit partj^uc
mot pour mot fans paraphrafcr que par néccflîté ^ & en-
cote aux chofes moins importantes qui ne fon^ que rem«
plir , fans faire aucun fens elles-mêmes, Ge qui eft fort
peu obfervé dans une grande partie des Paraphrafes d*au«
iourd'hai»
A inj
4 Poisris^
Qn*une mort éternelle attend leur yanké ^
Que l'Empire éternel n*eft qu'à ta Majefté.
Je voi tes ennemi», en ce régne fans bornes,
Jc^oi tes ennemis diflîpés devant toi -,
Moi-même je me voi
Pareil aux fuperbes licornes
Marcher la tète haute . & le front couronné
De ton lyiile célefte inceûfanunent QtnL\
Ceux qu'on voit m'attaqucr d'une haine obitinée^
iDes lâches ennemis à mes maux infuleans^
Mes yeux alors contiens
Verront leur trifte deftinée^
« JKt Fetïrs maux redoublés vdlahs par l'univers '
Plateront mon oreille en cent récits Hivers.
f^
ia pa!me phis d%ti ficelé & forte &flori(rante>.
Xt céitt da Liban G. feftile en rameaux
Inccflfammcnt nouveaux,
Seront fa peinture vivante
Des juftes bienheureux plantés en tàmaifon /
Verds, croiffans , floriffans en Tarriére-faifon.
On verra leurs vieux troncs ccejeukis jUlquauz
nues
Couverts de fK>aveaax fruits comme en Icftrs
jeunes ans,
De tes lieux triomphans
Parer les longues avenues ^
Et prêcher, d'âge en âge à la ^ftérité '
Tajuftice fans tache & fans impureté.
SITR UN VER LUISANT
Ç; R A I G N B 2 au Dieu très-haut lecourrôur
^^ furieux ^
W qui n-étes que boue , & qui faites les Dieux. .
Ainfi les Vers luifahs , tains aftres de la Terre
Aux feux, du Firmament femblcntÊure la «icrre
Percent de faux rayons l'épaiffe obfcuiité '
De leur corruption empruntent leur clarté.
Attendez un moment j leur gloire infortunée
Dcpoudre.qu'eUe fut »,en poudre eft retournée.
O D E, ,
T^ O V $ revenez, aimables fleurs^r.
Sans que de mes longues- doulcars
Vous trouviez Ja courfe bornée :
Je yis fous une dure loi ,
It voici la féconde année
Qu'il n'eft plus de printemps pour moi.
w
la même Sageffe profonde
Qui vous été , & vous rend au monde
Me cache en cet obfcur tombeau 5
?t peut en dépit de Tenvie
Remettre en tin éclat nouveau
Ma fombre & l^nguilTante vie.
!<► P o JB s I fi r
AdoroBS' ce Dieu fouverain t
Comme vous fa puiirante maia
Me forma de poudre & de boue ;
Cent maux peuvent m*environncr •
Mais quoi ! je Taime & je le loue ;
* Il ne me peut abandoniier*
mte
O D E.
DE quoi viens-tu m'cntretenîr ,
Vain fantôme de Tavcnir ?
Celui dont mon corps cft Touvrage^
Celui dont mon âme eft Timage
f^eft-il donc plus pour me bénir
Tout bon y tout-puiifant , Se tout (âge >
W
L'impénétrable obfcurité
Dont il couvre Tordre arrêté
' Des peines & des récompcnfes.
De nos biens 8c de nos (buffrances ,
Condamne de témérité
Nos crùntes Se nos efpérancesr.
• W
Il rit de nos fages difcours ;
Il tient le compte de nos jours ^
■■■ Il a nos fortunes tracées $ -
Et J30S inutiles penfées «
N*en fçauroient détourner le cours ^
Non plus que des chofes pafifées.
m
C R & fi T I 1 N NT'S S. tt
S*il parle, la manne 4 nos yeux
Dans les defcrts tombe des Cicux
les rochers «'ouvrent en fontaines ,
les mers nous deviennent des plaines ;
Et de Tennemi furieux
Noyent les troupes inhumaines.
w
•Confcrvons-cn le fouvenir î
Fuyez , fouci de l'avenir : '
Ce Dieu dont mon corps eft l'oavrage;
Ce Dieu dont mon ame eft rimage ,
Sera toujours pour me bénir
Tout bon, tout-puiffant, & tout /âge.
ODE
Durdfft un grand vent à ta BaflilU.
"¥^ O u s ne battez que ma prifon ,
^ Rudes vents ^ terribles orages^
Qiand fur la mer avec raifon
On craint les plus craels naufrages, -
Tu me l'apprens , célefte Foi,
Dont l'ardeur m'élève & m'enflamme x
Ce foible corps n'eft pas à moi ^
Cril la demeure de mon ame.
^Qu'un autre avec quelque raifon
Craigne les plus cruels naufrages t
Vous . ne battez que ma prifon ,
Rudes vents , terriWes orages.
>•
6 D E.
JE te toi, Soleil , je tevoi
Marcher avec réclatd'un Roi ;
Mais quand ma iruc en cft blefl?e.
Un autre objet plus grand que toi -
Occupe toute ma penfée. ^
Je le fens \ il eft dans mon eœtit }^
t\ ternit ton éclat trompeur ^
Près de Tes metYcilles fans nombre»
Ta flamme e(l moins qu'une yapeur p
Et ta lumière moins qu^une ombre.-
* Par lui je vis , pat îuî tu cours,
fit formes les mx}c9'& lés jÀutsi
Va , Wei! , où fa voix t'appelle j
Je n*ai ni rejgards , rii éi Arotirs
Q«c pour fa lumière imhiortelte; '
i^wB^^^^tff
*c A N T I a tr B.
Ti/t ^ ^ I^icti, je yoùs di fâçhé^ ;
•'•'^-■'M'engageaai.dansle péché;
Mfiis woQ câenr brMaRTvpmif vôidj
Attend plus/xle votre graoc . ^' ^
Qa'il ne craint votre courxoui»
C Hr * 3I- r 1 »»rN %t. fif
^e jptécens bien <lé(br loais
Ne vous^ irriter j*niai$.
.Mais quoi ? faôs votf e Ceamrt
Je prév^i que ma foiUdTe
Vous irriterajuMijouis» .
j€ ne fuis qu'impureté •
Vous n'êtes que faintcté : ,
Et ce que vous ordonnez
Ôû le trouver en moi-même,
Si vous ne çie le donnez >
Dieu des Dieux, & Roi des Rois!
On TOUS a TÔ fur la Croix
Mourir pour des ennc-mis ,
JEt porter k dut fupplicc
Des maux qu'ils avoient comnais.
Quand nous vous pfeicionj îe ibae
Vous nous donniez votre fâng»
Et notre inhumanité
En vous raviffant la vie
S'acquérait l'éternité.
O merveille de pitié !
^O merveille d'amitié r
IMeu R terrible , & fi doux !
'Dieu fi bon , & fi (evére,
.^e nous fofnmes loin de vous ?
mskê
»4 F O 1 s f B s
Quand la chair en donteroit^
Quand TEnfei en gionderoit ,
Un pécheur non obftiné
Qai vous craint Se vous adore ,
Ne fera point condamné*
♦ SONNET.
LE monde plus trompeur que les flots de Nep«
tnne
Promet de riches biens Se d*illaftres emplois }
Mais que fert d'obéir à Tes injuftes loiz ?
TALLiMANT,«de Dicu <*eul dépend notre fortune»
Heureux qui ne fuie point cette foule impor«
tune,
Que traînent après eux les Princes Se les Rois j
Et pleurant fes péchés à l'ombre de la Croix,
Evite des pécheurs la ruine commune*
Penfons au trifte fort de tous ces criminels
Expofés fans relâche à des feux éternels ,
Dont la brûlante ardeur pcclcçute leurs âmes»
Souvent leur défefpoir ks voudroit fecourir,
Mais parmi les horreurs de ce torrent de flâmeS
Us défirent la mort, & ne peuvent mouriç
n M. TAbbé Tallcman^ de rAcademie Fiaocoif^
CHUITI BNMBS.
*<»^
^ A V T R E.
F Lb T o N s-noos , mon ame, au-deflîis de la
•^ terre 5
Ne legaidons jamais cespxophanes mortelf.
Dont l'orgueil in£delle au culte des Autels ,
Contre le Rbj des Cieux ofe faire la guerre*
Leur foUe vanité dans leur cœur fe reflerre
Pour y former toujours mille vœux criminels ,
S'ils ne dévoient fouffrir des tourpiens éternels |
Dieu leur auroit déjà fait fentir fon tonnerre.
Mais regardons les Saints , dont la longue fer<i
veur ,
imitant les travaux du çélefte Sauveur ,
Entretint leurs efprits de faintes efpérances»
Pnifgu'en fe propoGint Tobjet de leurs defirs , *
Ils fe trouvoient heureux au milieu des fouf*
frances, • , .
Qsl^'ûs doivent icre heureux au milieu des plai&s S
P o s s X s «
5^A U T R E.
L*£xsuPLB deGoDiAutf ma fait xi«îcr«
l'envie
De confacrcr à Dieu mon c(pcit Se ma voix.
■Que fert d'importuner les échos de nos bois ^
Ou du nom de Philis , ou du nom de Silvie »
Je voi mille Sçavans de qui Tame ravie
Suie d'un art (buverain les glorieufes Loif •
Leurs Vers ont le pouvoir de régner fur les Rois,
Et malgré le uépas éternifènt leur vie*
Leur ciiatme doux & fon bannit Tadverfité i
tls fe font même entendre à la poftéricé ,
£t par des tons hardis furmontent le tonnerre*
Mortels qui pofféde^ ce talent précieux >
Vous avez trop flatc les Princes de la terre ;
Commencer à louer le Moaarqfie des cieur.
s M. Godeaa £vê^ue de Grafie»
A'Jn^.
C R 1. B T T 8 N M I S»
*7
*A U t R É.
r\ Esu A«.iT8 « , qtii reflens une c^tefte flâme^;
*-' Et que la verta régie à Coii juftc compts ,
Ta haute piété par fés divins appas
Te couronne de gloire , & nous courre ie blâmei
Je renx me retirer de cette route înÊme/
Ou les triftes pécheurs précipitent leurs jpas,
ftdifpofant ma vie à fouf&ir le trépas ,
Confecrcr tous mes foins au falut de n\on amCt -
Quefertde tant former d*inutilcs defîrs ,
Pour les vaines douceurs des profanes plàifîr^'
Dont la foif nous tourmente , & Texcès nous âC-!
cable 2
Enfin je reconnoisleur charme dangereux y
Qaand on les veut chercher on fe rend miffrabfe,
Qiiand on les a trouvés , an eft plus malheureuXt
' \Ja des premiers Académiciens,
T$m€ I,
B
tf . V O M s l 9 9
\
VAUTRE.
V,
D A M s le fombre chaos de la mailè premiéir
Une (unefte noie régnoic confafément,
Lorsque du Créateur le prompt commandement
jDe cenc obicotité fit fortir la lumière»
C'eft par Tordre de Dieu que rhumide Coor^
riérc ,
Quand fon frère eft couché , pare le Firmament^
Et que rAftrc des cicux fournit fi conftammcnt
L'invariable tour de fa longue carrière»
les flots impétueux n'écoutent que fa voix}
J.e feu , la terre , & Fair fe règlent par fes loix^
Et tout le monde enfin reconnoit fa puiflance»
rroi qui Tas outragé par cent crimes divers,:
Rebelle , fors des lieux de fon obèiffance ,
Et var-t'cn , fi tu peux j, dans un autre UniterJ;;
«i
Chretibmnss* i^
*A U T R E.
H R s't I z N s , il faut borner toutes nos
avanturcs ,
Et fouf&tr que le vent nous jette dans k port ^
Il ^ut enân tomber au fond des fépultures , ' .
Après avoir long-temps chancelé fur le bord.
c
Vous regardez toujours de flateufcs peinturey ;
Qui changent vainement un fi fragile fort j
Le Démon vous abufe , & par fes impoftures^
Eloigne de vos yeux Tirnage de la mort*
Rompez Penchant^iment de votre erreur pro«
fonde.
Ou penfez-vous entrer au fonir de ce mond^^^
InTenfibles efprics , cœurs de bronze & de fer ?
'Si malgré tant de maux qui vous livrent U
guerre ,
Vous préférez au ciel le fôjour delà tcrre^
Kc lui préférez pas k féjour de Tenfer»
Bij
!•
poESiis Chritihnnes,
*S T A N C E s.
AIMABLES Roflignols qui toutes les années
Revenez chanter dans ces bois ,
Confacrez vos charmantes voix ,
A la gloire de Dieu qui vous les a données»
Brillantes Fleurs de la faifon nouvelle ^
Ceflcz de paroître à mes yeux 5
Vous rendez la Terre trop belle.
Je ne veux aimer que les Cieux,
Kofes que les Aftres jaloux
Se repentent d'a*voir fait naître.
Vous mourrez bien-tôt ; mais peut-être
Je dois mourir plutôt que vous.
Le bel Aftre que nous voyons
'Attire notre amour par un charme invincible j
Rendez, mon Dieu , votre beauté vifiblc,
Et terniffez Téclat de fes raïons.
. Il efl: temps de brûler d'une plus belle. flâmCi
Ta Bergère cft mortelle , & d*un fexe léger i
Alexis, fais régner un objet dans ton «ne.
Qui ne puiilè jamais ni n^urir ni changer»
POESIES
D E
M, P,ELLISSON.
LIVRE SECOND.
EURYMEDON.
POEME.
MOnsiiur. Pellisson com-
M pof» ce Pocme,étanc à la Ba.
^ ftille ; il en forma le deiïèin ,
Il dans le temps même qu'on
^rincerrogeoitjpcrfuadé qu'il
ne pourroit écarter que par une grande
contention d'efprît les ennuis qui font
^ïpleparables d'une rigoureufe prifon.
L'Auteur voulut depuis brûler ce Pocme ;
mais il en fut empêché par M. de Meaux,*
qui lui en arracha une Copie , & qui le
lifoit exaâicment tous les ans.
• M, BelTuci Evfque ^ Ucmc.
%% EuRYM^DOIf
^ ^ E U R Y M E D O N.
CHANT PREMIER.
SA P H o , « qui confolez mon txifte éloigne-
ment,
Et de ces triftes âears faites^ votr^ ornement i
Ecoutez leur difgracc , Bt leur gloire paffée;
Souffrez que je retrace une hiftoire efiàcée.
Amour en fut auteur. Amour félon mes Yoeui
La rendit mémorable à nos derniers neveux.
Qa*un autre plein de force , autant que de
« courage
Chante d*un ton plus haut dans un plus long oii'
vragCi
"Je dirai cependant les combats difputés ,
La fortune changée Se les I>ieuï irrités j
Ce que peut un Héros que le malheur accable ,
Et combien aux mortels Amour cft redoutable,
Par qui ce Héros même au-deâiis du malheur
Succombe au défefpoir , 8c n'eft plus qu'une fleun
Pilles de Jupiter , do<ae & célefte bande !
C'cft au nom Je 5apho que je vous le demande j
llcmpliflcz fon attente, & joignez dans mes Vers
Aux myrtes amoureux les lauriers toujpurs verds»
M Mademoifelle de Scadcr^
P O B M I. Z-}
}^onîoih da beau Tempe , Thonneur it Thefla**
lie ,
Où le fameux Penée au Pamii[e s'allie,
Regnoit Eurymédon, délices de fa Cour ^
Egalement chéri de Mars & de TAmour ,
Er qui le front orné d'une double vidoire
Aimoit également Artelice & la gloire :
La divine Artelice à qui mille autres Rois
Préfentoient leur hommage , & demandoient
des loiz ,
Attendant Theureux jour que Diane elle-même
la fera des Autels paffer au diadème y
Mais dure à leurs tourmens , infenfible à leurs
feux y
Au fcul Eurymédon elle arrête fes vœux,
la fiére Macédoine, & la vaillante Epire .
De ce jeune vainqueur reconnoiifoient TEm^
pire ,
Et déjà rOrient en fon bord écarté
Connoît fon nom fameux, & fon cœur indonué,.'
•Craint d'être fa conquête, & de ne point attendre,:
l'oar tomber fous le joug , le ûécle d'Alexandre*.
Partout ht Renommée annonce ùl grandeur.
Tout chante fes combats, tout vante fon ardeur.
Tout tremble en^ l'Univers. Mais la Grèce alla&r
méc
Oppofe à Ces projets une effroyable armée»,
le Ciel eft obfcurci de lances & de dards.
^ marchent à la fois fous divers étend^ts ^ .
^4 E a Y M X ir e N "
Tàebcs, Pjles , Elidc, & Corinthe , & Mjcéncj;
Et SpanclavaiUantc, & la fçavante Athènes,
Mcflcne, SiGyone,%Agm€, Hélice, Argos^
Crète , Rhodes, Milet, Salamine , Satnos.
Telle on vk autrefois cette Grèce outragée
Avec nulle yaiûTeaax voulant être vengée.
Dans les âamtnes de Ttoyc^Sc d*an vafte pais
Purger Tindigne af&onc des flammes de Paris.
. Le Héros à ce bruit abandonne Larifle »
Avec joye & douleur prend congé d'Artclice.
Vous (èule à qui mon cœur pouvoir être foiunis,'
Ne craignez point , dit- il , ces vailUns ennemis.
En augmentant leur nombre , ils augmentent
ma joye.
Achille mon ayeul les fauva devant Troye;
Je r^aurai bien les perdre. Ainset-moi fealement.
Sans penfêr aux dangers , pcnfez à vot;:e amant.
Tant que vous m*aimerez, ricane m'cft impofG-
blCi
Soyez fidèle enfin , & je fuis invincible. '
O Dieux ! s*écria-t-eile , encor que vos «•
ploits
Doivent ranger un jour l'Univets fous vosloii,
Vous êtes moins vaillant , que je ne fuis fidèle.
•Allez, partez, vainquez. La gloire vous appelle,
Elle vient m'enlever mon efclavc & mon Roi i
lEt ma rivale enfin vous fépare de moi»
Je l'aime cependant 5 une fi belle flâmc
A dipity j'en fuis d'accord^ de partager votre ame>
Mais
P O I M B. 1|
Màvs qu'elle en foit contente , & laifle à ramitiî
Dans-cette ame û grande une jofte moitié $
Qu'au milieu des combats Artelice & fes larmes
Arrêtent quelquefois la fureur de vos armes j
Quand ce cœur généreux dans fes ardents tranC*.
ports
Ne craindra fer , ni feu , ni bleflùrçs , ni morts ,
Dices-luî que malgré fa magnanime envie
Artelice ne vit qu'en votre feule Vie.
A ces mots , étouffant le trouble de fon coeur;
D'onc fuperbe écharpe elle orne fon vainqueur.
L*or éclate partout j & fon rare artifice
Tait connoîtrc & Tamour & la main d' Artelice,
Les vidoires d'Amour s'y montrent en centlieur,
Et les Dieux pour la terre abandonnent les cieux.
Surtout brille un monceau de cuiraflcs froifTées,
De cafques fracaflcs ^ êc de lances briféesj
Et fur ce beau débris ^ fanglant de toutes parts,
Tragique monument de la fureur de Mars ,
Paroiircnt, mais en pompe & couronnés de toCcs
Vives , pleines d*éclat , nouvellement éclofes ,
Ces traits par qui l'Amour eft le maître des
cœurs.
Et ces mots pour devife : Au Vainqueur oss
Vainqueurs j
Pour avertir le Prince au fort dé la vi^ire.
Qu'il penfat à la vie 9 en penfant à la gloire.
O vaine prévoyance i O malheureux humains \
Q (àgefle nuifibk l O cpnCeils incertains !
Tome U C
pfttDLeik prefcnt i Que tes fleurs,q,uc.tescharma«
jV ces jeune» aoiaas arracheront de larmcs-j
.Déjà taut retentit du» tumulte de Mars.
:Dcja les deux partis aux .campagnes cpars,
jyunc pareille ardeur, d'une allegreffe,:ég5»lc.;
Inondent à Tenyi les plaines de Eharfak,
Ou par fort, ou p;»: choix, i>u par Tordre d««
Cieux,
Et du cruel Démon qai préfide à ces lieux,
•Démon qui de.tout/temps fc repaît de beatailks ;
De carnage, d'horreur , de grandes funérailles.;
Attendant quelque jour les combats plus qu^u-
.mains.
Et 1<|3 Cipglans deftjns des derniers des Romains.
En trois, immenfes corps la Grèce partagée
•Se montre la première, en bat;aillc rangée.
Trois pcuplesplusÉwjaeuxçominandentiestrois
corps.
^On drrdit qucleÇielpar devfccrets.reflbrts
les fange en même plac;^,>Vec même fagefle,
i^Qu'onies trouve marqués dans les cartes <k Grèce,
A.théQesà la droite a pris le preniier lieu ;
Sparte eft à Taile gauche, & Corinthe au milieu.
LeHéxos y conférât , & fon de(|in lui donne
^om ce triple combat une triple CQuronne.
De troispeuplQpii ^s^trtrois granck corps d^Serenf
Sous trois cliefs qu'il choifk entre les,plus vaillans»
Lui, fans prendre de charge , ^ de place cectaine.
Partout kïsi (olMt^ ^ f9^^ çi^mn£i>
I.
Il
A Tes Theflkliens , vieux foldats agoerris
11 ordonne pour chef un de fes farvoris.
Artdide eft fon nom ; du beau fang d*Artelice|}
A^droit à la barrière , à la courfè , à la lice.
Il mène la bataille , & joint à la yaleuc .
Ce que donne d*éclat la naiflante faveur.
Le fidèle Megate , aufli vaillant que ^ge;
Qui du Prince a formé Tefprit & le courage ,
Conduit la Macédoine, & de doâes leçons
L*ébranlant , l'arrêtant en cent & cent façons,
£n bataillons ferrés la difpofe , & la range :
D'où vint long-cems après l'invincible Phalange»
U choifk pour l'Epire , & fes forts combattans
Eubule le plus fort des Héros de Con tems.
Qui , fi rhiftoire eft vraie, & fi je l'oJfe dire ,
Pend de fes feules mains les chênes de l'Epire;
Cependant occupé d'un tranquille fouci ,
De tout en tous endroits il veut être éclairci.
Il vifite les corps , pafie de bande en bande ,
Redreflc, raffermit , flate , exhone, commande }
Aux uns montre la gloire, aux autres le butin,
£t qu'en leurs feules mains confifte leur dcftin.
Du contraire parti les troupes conjurées
Xc remarquent de loin à fes armes^ dorées ,
A fon cafque ombragé d'un grand pannachc
n<Jir, . -
Mais qui dans fa noirceur vcMilant fe faire voir ^
Se peint de tous côtés de la couleur ardente ,
£c jjBttC agios iKMiillons un^flâme ondoyai&te»
cq
it E t7 p. T M £ D O M
D*un poil aprement noir Ton beau chcFal paie
Sous un riche harnois mâche le frein doré.
fie fier de fes beautés , de Con crin , de fa taille ,
Saute , écume , hennit , demande la bataille ;
Souple à fon jeune Roj , rude à fes ennemis
Contre qui fon caprice eftime tout permis j
Et de ce beau cheval la race fans égale
Donna Ion g-tems après lorgueillcux Buccphalc.
Lc^ fiens à cet afpe^ (entent croître leur cœur;
Vun admire fa taille, Se f autre fon ardeur j
L'autre fa vigilance à toute heure occupée.
L'autre en fes fortes mains fa triomphante cpéc;
Ouvrage de Vulcain, dont Achille autrefois
Aux bords du Simois fit de û. grands exploits^
Et que la Grèce entière , ou faveur ou jaftice,
Rcmk après fa mort a l'éloquent Uïjtk.
Ajax en la perdant voulut perdre le jour.
Ft ûx luftres enfin accompliflbient leur tour,
XJuand Pyrrhus que ies vents ponerent dans
Ithaque
Comme un riche prefent l'obtint de Tcîeau-
que.
D'or en eft la poignée , &'la garde en cft d'or,
Marquée en deux endroits du fkng même d'He-
âor,
X^i pour niieux honorer cette infigne vidoiiC
Se répandit encor fur le fourreau 'd'ivoire.
Tel à fes combattans fe montre le héros*
pais , guandil a ^out vS, pasbuKtnpçji de W^
Irivincihl« vieillards , âohiTàhte' jeuheflb ,:
A qui le ciel profinçt rempire de la Grèce,
Sans difcours fiiperllus , imitez votre Roi j
Ce fer, dit-il, ce fer paxlera rhieux que moi.'
U finit s & fuivanc fa guerrière faillie
Va fondre fur Corimhe avec fa Theflalie,
Corinthe qui triomphe en riches étendards'.
Eu armes où l'or brille, en pannaches épars ;
Superbe de (es biens ^ plus fuperbe peut-être
Du jeune Amphiailai qui lui jredonne un maî-
tre.
Amphianax paroît le plus beau des humains,
A (on port, à fa taille, à ià tète , à Ces mains, .
A la fleur de (on teint, à famine hautaine.
Piris fut moihs aimable aux ycva. mimes d'H^
lêhe.'
Sdfthéne le vieillard fe montre auprès dé lui ,
En guerre comme en paix (on plus (blide appui ,
Qui depuis quarante ans a forcé cent murailles^
Pluslnftruit cependant aux fîéges<ju*aux batailles.
Du choc impétueux leur bataillon troublé
Se montre dès Tabord vivement ébranlé}
Puif lâche, puis fe rompti En vain le vieux Sô-
fthéne
Prie, exhorte , rallié , 6c fe met hors d'haleine j
ifépouvante a faiiï ces (bldats orgueilleux,
£t lui-même ciiip^xté cède & fuit avec eux.
. Ainû fuit devant Taigle & fon aile intrépide
JDes oi(èanx éperdus la cbIi(A:te timide
Cnj
I^> Exj ZTU 1 i> on
Qui n*âgu£re au retour dr la belle faiTon ,
Quittant les fpmbres toits cle leur tiède rnaiion^
Sur le haut d'une teur , ou rémail d'an rivage
Aux rayons du foUil ctaloient leur plumagcw
Artelide êc les ûens de confus bataillons
jonchent toute la plaine^ & confient les filions»
Le Prince les méprifc : allez y dit-41 y. infâmes,
Citoyens, non fbldats, & moins hoaunes que
femmes ,
Greques plutôt que grecs. Un ennemi ikns coeur
Communique fa honte à fbn propre vainqueur.
A ces mots, fè tournant, il voit au corps d'Acheoes
D'un combat obftind les marquas trop certaines»
Tout retentit du bruit. On voit briller le fer ,
Puis de noirs tourbillons la poudre offiiJLqaant ïm
Fuir tantôt vers la Grèce , & tantôt vers UEpirc,
Suivant que chaque corps s!avancç ^ ou (e retinu
Il accourt , & déjà diftingue dans les rangs
Les pitoyables voix des bleiTés , des mourans»
L'un renverfé par terre à fon fecours appeUlP
A cris foibles & longs fbn ami peu fidèle.
L'autre couvert de fang , étouffé du harnois,
Trois fgis fe veut lever , & retombe trois foi$#
L'autre qui fènt manquer & fa force, & fa vie,
Tait de trifles adieux à fa chère patrie ,
Rendl'ame enfbupirant, & dansfes derniers mocs^
Il fe fouvient encor d'Athènes & d'Argos.
£i(bule eft eh tous lieux,ilpa(Iè comme un foudre.
Aux plusfiers combattans il fait mordre Jiapoadie»
Tout tombe finis fcscotips.Megafippe, Anténôr,
Ophite, Iphis, Argatc, Se ceht autres cncor
Témoignent à la Grèce étendus fnr le fjWc
Ifc fa pcfanté matn la forcé inévitable.
Tout fuit'à (on afped. Et les Chefs plus adroite
Commandent aut Archers de Taccablerde traits ,
Remarquable à Tes coups, remarquable àfatailky
"Et prcCjue féparé de toute là baitaiHe.
D'une gr^le de traits , ûi lui percent le flanc ,
Et font couler autant de longs ruiiTeaux de faifg.
H demeure immobile, & d'une voix plus forte ,
Malgré le foin des fiens,il défend qu'on TcmporrCj
Et couché contite un arbre entre les étendards»
Combat îencor du cœur , du gefte & des regarda i
Lbrfijucle Prince arrive , & d'une voix humaine
Le flatte , le confole , & partage (k peine.
Grahd Pifince; lui diVil, ces Soldats en vîieur
lAe déroboientl'honneur de mourir à vos yeux.
Adieu vivez, régnez.' A Tinftant fa paupière.
Four ne la plus revoir, fe ferme à la lumière.
Le Héros en eémit, & fon bras valeureux*
gè venge d*une tnort fur mille malheureux.
Tout fuit, tout s*épouvàntc. Se la troupe ctédulc
pïend ce nouveau vainqueur îpour le démon d*Eu-
bule,.
Qui jaloux de fa gloite , & defcendu des cieut -
Vient aflbuvir de fahg fcs maries glorieux.
La mort le fuit partout en cent formes errante.
là tombent à fcs pies Iphiaatc & Dorante ,
C' • • ...
iii; ,
JX EORYMEDON
Et Nyfc, & Folynice, •& Calippe^ & PhoAas,
Et le vaillent Agis fameux par^cent combats ,
Qui laiflant fon pays juroit avec tendrelTe
De reyoir dans trois mois fa nouvelle maitrc&,
I^t les bords du Céphife, 8c le mont Cithéron ^
Mais le Prince l'envoyé aux bords de TAchéron.
Là petit Lygdamis qui joint à la vaillance
Le noble art de prédire , & la haute nailTance ;
Et fuit aivec honneur Tune & Tautre Pallas*
Son père vient d*Orphée & fà mère d'Atlas,
O mortels infenfês ! Sortant de Cheronee
Lui-même ilprédifbit* fon heure infortunée j
Mais l'amour de la gloire , & fon puiflant deftsa
Far de décrets reflbrts Tentrainoient à fa fin* •
Le combat fe ranime ^ & la fleur de la Grèce
Suit Phalaiîte leur chef plein de coeur,& d*adrefic^
Mais la fagclfe helas ! la rufe , la valeur
Sont un foible iccours contre un puiifant malheur.
Le Héros pourroit vaincre hommes. & dieux en-
fèmble».
A fes terribles coups l'air bruit , la terre trcnAle,
Et le brave Phalante abandonnées (iens
Tombe lui-même enfin en d'indignes liens.
Le Héros l'apperçoit. Son ame gcnéreufc
Veut révérer en lui la vertu malheureufe ,
Quand un nouvekavis, non fins quelque douleur,
A de nouveaux efforts appelle fa valeur,
Dorylas avoir fait une courfe forcée j
Il arrive éperdu. L'aile droite cft percée
On difpme le champ front à front , pas i pas;
Et Sparte & Macédoine ont d*horribles combats ç
Megate en chef prudent voit que le corps chan-
celé.
Et lîenvoye à fin Prince en porter la nouvelle.
CHANT S E C O N D.
A LLOI7S, dit le Héros , mais en marchant,
•^*^ di-moi
Quel' homme , quel démon , quel Général , qud
Roi
Trouble la Macédoine, étonne fon audace ?
Sparte, dit Dorylas, & fa vaillante race.
Inférieurs en nombre, ils font plus valeureux,
Et peuvent tc^t ofer fous leur chef généreux ,
Le terrible Alcidas, dont le fer homicide
Montre mieux que fbn nom qu'il vient du fàng
d'Alcide.
Mais un nouveau ficoufs renforce leur valeur.
Et de nos combattans fait le plus grand malheur:
Pirithc un defcendant de Tami de Thefée ,
Pifithe eft arrivé. Sa lance étoit brifce 5
Parmi ceux de Corinthe il avoit combattu •-
Mais lorfqueîeur foiblefiè a trahi fa vertu,
Maudiifant la fottune, 8C fa lâche patrie ,
Sur nous il eft venu décharger fa furie,
Le lion fanguinaire au milieu des troupeaux,
Les vents inptpetueus fur Ten^ire des eaux,,
14 ËUHTKSDOir
£t la fdudie qui cooibe au plus fort de l'orage
Atoc moins de fracas font un moindre rarage.
Mais déjà le Héros yoit de fes propres yeux
Les Morts même de Sparte, & leurs faits glorieux,
Sparte refpire encore en leur noUe préfence-
Et (ûnout de Lycas éclate la vaillance ,.
Du généreux Lycas, qui fans perdre fon rang,
Mort y eft encor debout , & portant dans le flanc
Quatorze javelots en quasôrzé ouvertureSy '
Démeure (butenu par fes propres bleflures.
te Prince en eft ému de joye 8c de courroox.
Voici des ennemis qui font'dighes de nous,
Dit-il , donnons, amis ; 8c (a trenchante ipét
Frape, taille, renverfe au carnage occupée.
Jamais aux champs de Troye , Achilk & d
douleur
Ne la firent agir avec tant de valeur;
& jamais fous fès coups plus effiroyable nombre
£n foule ne pafTa dans le royaume fombre.
Vous à qui la patrie 8d fon fatal amour
Sous la main du Hérosr a fait perdre le jour,
Magnanimes Guerriers ! c'cft avec violence
Que je paffe vos nom^ fous un ingrat filence.
De vos vertus encor vivroitle fouvenir.
Vous pafferiez entiers aux fiecles avenir,
Si le cruel deftin à vos vceûx moins contrairt
Vous eût fait rencontrer la plume d'un HomérCi
lie temps vous a fait tort. Je dis de boiine foi
Ceux -que la xenommée a portés jufqu^â mou
. P O B M s» S/v
s.
Parmi tant d*ennemi$ , à ùl fuxeixr acdeAte
Au milieu du combat Arbafe fe prcièate ,
Arbafe & fes ti:pi$ fils ,, trois iUuftres guerriers %
Dont le plus vieux à peine a cinq luftres entiers» •
Pleins d'émulation dans leurs âmes bouillantes -
Us s*arment àTcnvi, mais d'armes diiFerentes.
L'un eft blond , Taut^e eft brun , & le plus jeune -
eft noirj
Mais fans les reconnoître on ne les fçauroit voir r
Taiitla fage nature en formant les trois frères
Les fit en mêtne tcn>s femblablcs &'Contraires,
Ainfi que trois marteaux fur Tenclume battans^^
Tous trois fur le Héros fxapoient en mènxe tcm^^
Quand le pUis i)çau de tous,..raimabié Sofidiée ■
P'anfurprenant revers eut là tête emportée.
Le vaillant Alphenor quivient à fon fecours
Pci4 un bras, puis fon caique^^c puis fiiûtfcs jours; ^
Le noir Arbafidés en écume de rage, .
Fait tout c& que peut faire un généreux courage;
Mais enfiwte percé de trois coups prefqu'égaux
Tonibe fins mourement fous les pics des chevaux.
I^epcrc malheureux, helas ! il n'eft pluspcrc ,
S'arme dans £a douleur d'impuiflante colère,
Ht d'une main tremblante il s'adreffe au Héros,
Wais le Héros s'éloigne , 8r lui tien t ce* propos,-
Déplorable ennemi , j*excufe ton envie.
Ucs mains en ont trop fait : je te laifle la vie , .
^^ 5'il m'étok permis , touché de tes vieux ans , .
I^ te rendcois encoc tes snalhcuxeux enfans*
f4 Eu AT M B t> 6 M
Confole tes ennuis , & fçaclie pour leur' gloire
Qu'Eury medon lui-même en obtient la vidlbire. *
Aces mots il s*écane , & d'une haute yoix,
Pyrrhite à moi , Pyrrhite à moi , dit-il trois fois.
Ceft Pyrrhite qu'il cherche , & fa valeur s'irrite
De ne point rencontrer le foudroyant Pyrrhite.
Il (ùry ient à fa droite , & Con bras fans repos
Portoit un coup nnonel fur le front du Héros.
Artelide étoit la, dont' la vaillante adxeflè
Rehverfoit par'monceaûit lès enfans de la gréce^
Il (e met audevant, & fait tomber fur'fbi
Ce grand coup que le fort deftinoit à (on Roi.
O généreux fujet, digne 4e cent couronnes!
Le coup que tu reçois palfë ceux que tu ddnnes*
On l'emporte blefTé. Le Prince (bupifant
Se jette fur Pyrrhite en lion dévoralxt.
Que de bruit ! que de coups ! que de monets
vacarmes
Donnent aux deux partis de contraires allannes !
Le cafque du Héros de coups eft fracafl'é,
Pyrrhite en deux endroits légèrement bleflc ,
Et voyant à tous coups fon adreffe trompée,
Furieux , à deux mains il hauife fbn épée,
De la tête du Prince attaque le fommet j
Mais le coup va glilTant-fut un reile d'anxiet,
* Imhi it Virg, vSutid. /. x. v,' 819. ■
Hoc tamen j infeh'x ^ miferam fûlabere moitemï
Aacz magnl 4eicta cadU.
. P O B M s. • ^j
Ef par la devenu plus doux, plus fiipportablc
Retombe cependant fur foh bras-indomtable "
Rpnipt tpvite ÙL défenfe , & partant jufqu'aux os
Fajjccouleri bouillons, le beau fang du Héros.
Obras^troppareffeux! dit^il, avec juftiqc
Tu fubis aujolird*hui cet .indigne fupplicci
Puis lui - même à deux mains fur le fier com-'
battant
Hauflc.rhor^;ible fer. Pyrrithe en faitautant.
Vxx fer un autre touche en. (on bruyant partage j.
Mais de.celui d* Achille on connoit Tavantage.
Il brife fpn contraire, & d*un choc furieux
L'envoyé en cent éclats vers la voûte des cicux^
P^ tombant fur Pyrrithe , & fon épaule forte ,
La défarme, l'entame , & la tranche^ & remportai
Ses yeux font obfcurcis d'une éternelle nuit.
Et du coup effroyable il tombe. Tout s'enfuit, , '
Tput idqknge à la retraite^ Se djcja la viâoire
Ceint le front du Héros d'une éclatante gloire.
Les ennemis rompus s'écartent dan&les champs s
Des dix mille de ,Sparte.on n'en voit que trois
cens.
Quand le fier Alcidas que la douleur tranfportc
D'un,ton impérieux leur parle de la forte :
Toût.nous laiiTe 5 tout fiiit ; tout s'éloigne dlici.
JEt vous , mes compagnons , me Uiiflèz - voitf
auflî?
Allez , dites à Sparte , en fuprimant le refte ,
XJuc ie Jfettl Ateida? , japûycllp trop fiinçftç.
-jf E'tj r y m b d © k
A fçu mourir en homme , & n'a point jémentf
Sa nailTance , fon nom , fà ville & i(bn pani.
tJn murmure confus ^ans la troupe vaillante
Se forme en tm inftant,en un inftant s'augmente,
•Eclate en une voix , mais pleine de courroux:
"Nous mourrons, difent-ils, nous mourrons avec
vous ; .
Et malgré la fortune, & le nombre inutile.
Trois cens effaceront la honte de dix mille.
Tous jurans de mourir;, ou bien de triompher,
En un feul peloton (errent fer contre fer.
Ainfi le Hcriflbn qui tantôt fur le iàbic.
"Kcfpiroit étendu la fraicheur agréable.
Au feul bruit (c reffcrre , & rond de toutes paKf
"Ne préfènte au padlànt qu'épines & que dards.
Le Prince cependant au milieu de fa joye,
S'informe d'Artclide, ordonne qifon le voyc;
Qu'on cherche à fa bleflure un premier appareil,
, Br le fage Hébion petit fils du Soleil ,
Par qui du corps humain les langueurs différentes
Cèdent à la vertu des métaux & des plantes.
Puis donnant quelque trêve aux durs travaux
de Mars^-
Sur la^brillante écharpe il porte fes regards.
J'ai triomphé par vous ^ adorable Artclicc,
Dicil , a vos autels je dois un facrifice.
Yjous feule & vos préfens, au milieu des com-
bats,
lLedo}d>liez mon courage, de renlotciet itton brai.
I! qu'il cft doux deyaiiuxellcfi'Eeftdour
encore
>e penfcr en vainquant à celle qa*oa adore !
A ces mots Stenelée en des ternieç preilkns
Ai revient annoncer la.fureur des trois cens;:.
£ar cœur eil po0èdé d'une^bnitale enrie -,
h n'acceptent , Aix^H , mi liberté , ni vie |
îa un fèul peloton ferrant fer contre fer,
Is yeulent en un mot mourir ou triompher,
Vlourir ou triompher , adorable Artelice,
Dit-il i Je VOUS' le dois ce fanglant facri^ce.
Le Gel me le fournit. Je vous Tayoïspromis^
[avais vous immoler ces trois. cens ennemis*
Quand Mars les défendroit , oes vaillans témé-
raires^.
Ils mourront, pu (èront tos captifs yolontaires.
Tant de morts poi^ la gloire ! de pas unfeul
pour youst
Jen rougis , & .mon bras a honte de Ces coups.
Il dit, & choi£0ant parmi la foule errante
Trois cens de £cs foldats que k fort lui préfente^
II écarte le refte , & d'une haute yoix.
Gardez yotre yaleur pour de plus grands exploita^
Dit-il, en cet exploit lagloire eft trop petite.
Pour être partagée à tant dfC gens d*élite»
Oi yas-tu , cher Héros ? ton bras yidorieasr
Peut dompter lès mortels» Il doit céder aux dieux»'
(îuand Mar& les défendroit! O di&ours témérairei
D Prince là Ciel, ô Macs \ ô owppromptc «elérrl
* 4
43 Ehrymsdon
Tek]u*unRoitout-ptti(rant de fes plus cheisfajets
£n tire un favori qu'il comble de bienfaits;
Puis, s*il paroit trop grand,' fbudain^n fencou-
tagc
Forme un obicur deflèin contfe fbn propre oq-
vrage.
Et renvcrfe , & détruit aux yeux des counifans
D*un moment de courroux la faveur de vingt ans.
Tel ce dieu trop<îhàngeant , dieu de fang, dieu
de larmes
Du jeune Eurymcdon a fait régner les armes,
Defes fanglantes mains l'a couronne cent (bis ;
Puis jaloux defon nom, honteux de fes exploits,
Il craint que ce moncl n*ait fa gloire effacée.
Il fe repent enfin de (à faveur pajfée.
<Ce difcours trop hautain , mais trop peu (e-
rieux ,
Pardonnable à l'orgiicil d'un bras vi<ftorieuxî
Cette écharpe ondoyante eu tant d'ampar édi-
te,
Tout bleflc fa colère & fiere & délicate.
Tout redouble Taigreur de fencfprit jaloux^
jBtd'un cri menaçant il appelle en courroux
La.t£OUpedes Fureurs autour de lui volante,
La Colère terrible, & la Mort violente,
La confiifc Difcorde , & Tincertaine Erreur,
Le fanglant Défefpoir , & la pâle Terreur.
Ce. mortel infolent, dit -il, de queHc audace
n méf rife les dieiuc , les far^ve , Içs menace !
Pcrdons-lCj
ITo £ M Ê« 4t
p€Eclons4e , cet ingrat , fans cCp^ii: de retour ,
Qui pone aux champs de Mars ces triomphes
d*amour.
Toi monftre fans raifon, mais de qui lapuillànce
Pailè tous les efforts de Thuittaine vaillance ,*
Teirrible Défefpoir ! remplis fes ennemis :
CJû'ils ne craignehr jplus rien ; - que tout leur (bit
perhiis.
Et toi , pâle Terreur, caufe dei funérailles,
Qui feule mets en fuite, & gagnes les batailles ! .
Fantôme inépuifàblie en Fantômes errans ,
Et qui des moindres nains fçàis faire des gcans !
Arrache à fes foldats Thonneur de la vidoire ,
^t qu'il ait la 4ouleur de furvivre à fa gloire î
Pouxfiiivez ce delfein , que le fort foit changé ,
Qu*Eurymcdon uiccombe,& que Mars foit venger
il finit i 8c déjà la dctcftable bande
Courr,vole avec* ardeur à tout ce qu'il comtriandc.
Tels que les Aquilons dans leur groce enchaincs ,
£t par un long féjour rendus plus forcenés ,
A la moindre ouvenure , au premier mot d*Eoîe,
Volent impétueux de Tun à Tautre pôle ,
Enmponent , brifent tout, rèmpliflcnt Tuniveri
De bruit , d'horreur , de morts , de naufrages di*
vers.
Tels font le Défefpoir, la Terreur, la Colère,
La Dilcorde , 1 Erreur , & la Mort fanguinaire. *
4ls volent eatous lieux ,.& font en un momeoc
Sut la {cène de Mars un cruel changement.
TMie I. l>
41; I 9 HT MI o a N
CHANT TROISIEME.
T E Prince cependant , d*une atdeur obftinée
•^-^ Attaque les trois cens. Telle eft fa deftincc.
Son bras du fang qu*il perd fenible plus farieuz»
Si l'afFreufc Terreur fe préfente à fes yeux ,
Elle Tattaque enyain^ Se fa valeur extrême
Peut remplir de terreur la Terreur- elle-même.
Ce que le Défe^ir à Con puisant efFon
Oppofe d'ennemis en reçoivem la morr.
Il fe fait jour partout j xe ne font que miracles.
Spane ni Ùl fureur pour lui n*6nt point d'obfb^
des..
Il pénétre les rangs. Mais ou font {èsfbldatsl
Lâches , un fculde vous n*a-t-il fuivi fes paj ? •
Je ne voi que Megate au fort de la mêlée.
. Lcreftemeurt^ou fuir. Et la troupe ébranlée,
Quand le fort eft changé , rt'a plus en même tcms
La magnanime ardeur de ces fiers cofmbatans.
Les triftes fpciClateurs que leur devoir appelle
En vain codent à lui d*ûne amitié fidèle.
Que feroient des mortels par-un dieu^terraffés !
Ei que peuventifes mains , quand les. cœurs fonr
glacés !
Us choquenf les trois cens d'unemollefecoufle»
Comme un âot écunieux qu'on dur roches i^
pouâè..
P O Jl M B* 43
A lents jtsxx étonnés ce n*eft plus des kiutuins :
Leurs armes font de feu , la foudre eft en leifrs
niain&
Ombres, mancs , dénions , Qieâres, lai;yes, fu,-^
ries ,
Chacun voit dans leurs rangs fes propres râVeriec
Là Difcorde & TErreur d'un efprit in(ènfé
Agitent ce grand corps. Anelide eft bledc.
Megate fuit le Prince. On fçait la mort d*£ubule;
£t fans Chef & fans ordre on arance, onretule.
Nul né veut ob^eii : tous veulent commander.
Aucun ou prcfqu'aucun n'ofe fe hazarder.
Les ennemis rompus reviennent file à file.
Et déjà les trois cens font' plus de douze mille*
Piialàiité eft délivré. Softhene d!àutre part
Avec Amphianax conduit un étendard.
Et d*un cri redoublé fait retentir les plaines :
A nous foldats a nous, Sparte, Gorinthe,Atli6ncjî.
De vaiilans ennemis le Prince environné,
CbnnoilTantle péril n'en eft pas étonné.
Sa vertu fc redouble 3 & d'un ferme courage.
Sans hommes & faiis dieux , il fait tête à l'orage.
Lé Ciel ouvrant les yeux fur un fi grand malhci^r
r
Eft ravi de fcs coups , charmé de fa valeur 5
Ei liars enfin lui - même en fon courroux tct-
rible
Une fois à fes maux alloit être fenfible ,
Si la fatale écharpe en ce même moment
H'cttt x^Xivitnt l'ardeur de fon rciTcntimcnt.
Dij
44 Eo&YîîiooK
Deux neveux d*Alcidas d'une intiepide sxiiscc
Attaquant le Héros font tombés for la place.
Six autres renverfés fous leurs chevaux tremblans
D'hommes & d'animaux ont &if des monts (an-
glans,
n s*approche, & du moins s'en &it une bamcre.
Le noir Hippoleon , pour reiTource dernière,
Le noir Hippoleon , fon cheval généraux ,
Lui tient lieu de foldats , & de Chefs valeurcnx.
Cent fois dans les combats il fit le même office,
Et vainqueur fut flatc de la main d' Artelicr.
Mais avec le péril augmente fa fureur;
S'il doit perdre (on maître , il fera (on vengeur.
Il choque , il me , il mord , il faute dans la prcfr j
On diroit que lui feul va défaire la Grcce.
Tant de fes quatre pies lancés en même tems
11 écarte l'orgueil àcs plus fiers combatans!
Mais déjà l'ennemi commence à le connoîtrc ,
Et tirant au cheval donne relâche au maître.
II porte dans les flancs une forêt de dards.
• Son fang à gros bouillons jaillit de toutes parts.
^jr On le voit s'affbiblir , & fa noble manie
i^ découle à chaque infiant avec fa belle vie.
^ Cent pitoiables cris de douleur fans effroi ,,
• • Préfagcs de fa fin , l'annoncent à fon Roi.
Mais prêt de fuccomber , il veut encore attendre
XJue fon maître ait trouvé le loi/îr de dc(ccndrc,
Puis tombe fatisfàit 5 & mort , comme vivant^
,5ert cncor le Héros , de fon corps le défcni
De fon crift noir; af&cux, pldn de potitefait-
glantc
Tous les' autres" chevaux cncoïe il épouvante.
Nul n'ofe en approcher. Et le Grec animé
Entre ces deux remparts voit le Prince enfermé^
Qui méprife le nombre , & d'une main guerrière
Aux plus déterminés fait mordre la pduffiere ,'
Quand on Tattend le moins , fait un plus gtinA
effort , '
Sort , frape , tue , aflfomme , & regagne fon fort.
Mais quel trifte fpedacle aies yeux fe préfente r
iSiegate au bras trop foible , à Tame trop con-
fiante y
Malgréfon corps uf? > malgré fes cheveux bfancs^
Déjà pour Te rejoindre a percé quatre rangs.
Trois en rcftoient ericor , & d'un ferme langage.
Courage , difôit-il , ô mon Prince , courage.
Lors que d'un javelot qui lui perce le fein
La mort vient travcrfer (on généreux delïêin,
Megate attens, dit- il, attens, je vais tefuivrc j
Tu m'apprens à mourir , fi tu m^appris à vivre*
Trois fois d'un air tranquille il appelle Alcidas 5
On croit qu'il veut fe rendre , & ces braves foidats
S'entrouvrent un moment. Chacun cri€& fe prelTç
D'appeller Alcidas pour l'honneur de la Grèce,
<îénéreux Alcidas ^ dit alors le Héros ^
Après tant de travaux je cherclie le repos.
je ne puis cependaiit renoncer à la vie ,
Si ic plus nobles mains elle ne m'eft ravie»
/
CKi ta tie en un mot , ou ma yie , ou les deoi'
Doivent enfin borner ce coinbac faazaideiix.
Telle dans on palais la bombe renfermée
Remplit toat de terreur, de flâme, & defumée^
firife, &aca(&, abbat, & de chaque côt£
I>*ùn obftack nouveau voit fon cours limité $
Pois tout a coup de poudre, Se de feux épuifce,
Pir un dernief eflbn en éclats divifce
Tombe fans mouvement , -fans- force, fans ar-
deur, <
Et laiflè les enfans mefiirer (à grandeur.
Tel malgré tous les uaitS'dont Tennemi Tac*
cable,
Lt Héros va fràper uncoûp plus redoutable, -
n attaque Alcidas y le renverfe àfindant ,
Et triomphe à la fin de ce fier combatant.
Mais iltombe lui-même, êc couvert de blcifares
Semble avoir terminé fes hautes aventures.
On l'emporte pour mort. Tous les fiens étonnés ■
Du Ciel & de la terre alors abandonnés
Perdent touteefperance: ils prennent toiis la fuite,
f t le Grec rallié fc met à leur poiirfuite.
Tout reçoit le vainqueur, tout cède a fes ex-
ploits.
Et Larifie elle-même eft déjà fdtis fes loix.
Au fbrtir de fes murs , fur la porte rojalè,
Paroit d*un vieux château la mafle fans, égale. *
Pendant que Profcrpine , & les traits de l'amour
Domptoient le noir tyran de Tinfernale cour>..
*"U'Baftiile. '
A r'envï de Neptune, & des hauts mms de Troyc^ ..
Platon que tranfponoit une maligne jojc
Fonda ce vieux château chef d'œuirre de CH-^
mains,
Spedbàcle formidable aux malheureuic humain^
De rondeur, de grofletir, de diflance inégale
Huit tours dtt bâtiment font Timparfait ôv«le* -
Cette fille du Ciel qui captive les yeux^.
L'aimable fymmétrie abandonna ces lieux»
Les foâes redoublés en leur vafe écumeufe
Imitent d'Acheron Tonde fale Se bourbeufè/
Cent grilles dans ces- tours, ..cent portes , cent '
vcrrour ,
Fbrmcnt de noirs cachots^, Remettre des hiboux, .
De hauteur , .xi'épaiiTeur panout démefurée ,
Les murs^au Soleil m&meen défendent TenfrcCr
Tel fur ramufement de ce dieu ténébreux*.
Il s*admira lui-m^me en Ton travail af&euxy. '
Sourit en regardant Touvrage épouvantable,
Et douta fi Tenfer étoit moins agréables
En ces (ombres prifpns le Prince infortuné , r
Captif dans Tes Etats en triomphe eft mené,
Sansfceptxe, fansfujets, fans fetviteurs, fidèles^ .
Sans force , fans vigueur, fans elpoir , fans'nottr
vellcs 5
Et pour comble de maux en ce trifte ftjour.
Il ne peut être encoi: fans vie & fans amour«
Qui pourroit retracer les cruelles tortuj^s '
Raj; qgii Tait inhumain irrite fc& blcflures ^ : ^ «
Ct le mortel dépit dont il eft combaca.
De joindre tant de maux avec tant de Terta ?
Son grand cœur lutte en yain, & cherche' à Ct
défendre 3
Ce magnanime cœur étoit prêt de fe rendre,
Qùlhd par les longs détours d*un fencier inconnu
A fa vigueur éteinte un (ècours eft venu.
Ces mots , » Vivez cher Prince', ^ fçacbez qu'on
3> vous aime; *
De ces mot^ ravilfans lé pouvoir eft'extfcm^.
Tel qu*à des ifratn: anciens un malade arraché
Far un charfne puifTant à fon bras attaché
Débile, mais ravi d'une telle merveille.
Doute fi c*eft un fonge , & s'il dort , ou s'il véiiîç.
Tel eft dans fa douleur l'infortuné Héros,
Il ne' ceflc de lire , & relire ces mors.
En flate (es ennuis, en remplit fa mémoire.
Les oppofe aux regrets de fa première gloire.
Dans fon cœur amoureux ces beaux mots font
gravci:
Vivez & l'on tous aime , an vous aime , vivez.
Vivons, s'écrioit-ir, Artèlice Tofdonnt.
Mais quoi ? vivre pour elle,& vivte fans courohncl
Qù'Eurymedon fuCcombe àfon miortel ennui J
Ou qu'il aie un deftin digne d'elle & de luL
Alors une autre fois à fon ame flotante
D' Artèlice en courroux l'image fe préfente 9
♦
* Aflufion à une iercre que Mademoiretle^de Souckrf
eut l'adrciTc de faire tenir ài MiMiilei» f elliîroa d»B»U
SaUille,
Telle
Telle que fiir TOlympc il la vit autrefois^
'Avec l'arc & la flèche , & le riche carquois ,
\jc& bras à demi nuds , en habit de guerrière ^
Au(G fage que belle ,au(Ii douce que fiere.
Ses y eux noirs. Tifs, perçans & plus beaux qot
- . . le jour
Brillent également de courage & d*ainour.
Me faut-il donc un cœur d'une trempe com^T
mune,
Qai cède indignement aux coups de la fortune^
Dit- il ?v Vik fentimens éloignez -vous de moi {
Oui , fervir ma Déefle eft plus que d'être Roi.
Et l'amant fortuné qu'elle eftime , & qu'elle aime
De rUnivers entier attend le diadème,
La fortune eft changeante, & fon feul change^
ment
Ne laifTant rien durer dure éternellement,
A ces mots confolans dans fon ame abbatuâ
L'efperance renaît, la douleur diminue.
Le courage s'augmente 3 &: le Ciel envieux
Voit le tendre Héros encor vidorieux ;
Tel que l'a vu Pharfale en fa force indomtée
Exterminer des grecs la troupe épouvantée ,
Tel on le voit encore écarter fes malheurs ,
Et difliper enfin fes mortelles douleurs.
Cent fois l'ingenieufe , & conftante Artelicc
D'an foio Çl généreux lui rend le même oflficc ,'
Confole à chaque inftant fes plus cruels ennuis;
Et^hange en jours £er«ûlis iès plus obfcures nuit$«'
1^ fio&rMc^^N
X) nuits , diy&uces ninls ^ dont lt0aret fiemê
.Cache de tant d*amoiB: ladoiiccTioleficc^
Vices-TDus pmais lien dtns Vempkc ^maasCOÊ.
f>\i de plos fiirpfeaanc, ou de p las génézeax!
Stt Tâti cent ^emz ouvecc^ font la garde fans ccSti
Povir endormir Argus , Mercuce m ^oins dV
dreâê^
fit k HMicn des dieux, e&lavede r^ytnovr ,
^Abandonnant la foudre , & l'imnAortel féjouTy
l^rend loinde &J«AOft Ii«#isi6 dt feannesmiBV^ileÉ^
Qaan4:4ttx yeux t» moitels il trompe tes mot*
idies,
Aigle , Cygne , Twmci»^ lPé« , Setpem , Pucicvii
.Ou qu*en cidie métal il diibiiiedes cieuç.
par fon aiâiTicé la gcn^raufe Amanxe
£tonne le Héros , furpaife Ton attemce ,
SoUiciiDe lAciSe exsàor f&ine d*effi:oi^
fintretieat dans le$ <}OBttrs limage de teia Hoi,
Tache d'anmr VSpsc^ de pour comble d^oidfiio^
Appette à fon feçouîts i'Illyirie.& ia Thrace.
Le Prince en eft confitt ; d: dans ces dont trinf*
ports y
O m^veille ^ dit*ii ^ de refprit & 4m «irp^
Ceft «rdfp fut VG^re A^siatit remporter d*«f âa«r'
«ige 5
Ah ! éà moins 'ki(fèt-ku la gloire da cbonge.
Que d» t. je i trimtpitkes. Ceft aâi^ pou nom
1^ |i'4r»ir jamais ea.qi»'uit£dig«ii? VàjÈOOfimè
y
P O t H Sr ft
CHANT QUATRIE'ME.
MIT s E s , c*eft trop de fang , trop de bruk ,
trop à'ailarmes :
Ne paffons point encor à de nofcrveffes larmes.
Montrèï-moi potir tiû tems le Héros gétiéreta
Au mrlîeti de fes ffers heureint fe malheureut ,
Et qu*an jotit , qaatnd tnes Jours comme vaine
fttmée
N*autom laiffê de moi qtfrni p6u (h rtfftcrmMéc;
Aux folitaites bords dMn rivage dhàtmaitt ,
BlelTés d*un même trait la maitreflc & Tamant ^
Di&nt avec pitié , peutètre avec envie :
Sous le nom du Héros il dépeignoit fa vie ,
Et les douces erreurs qui firent tàftt de fois
Unfrifte prifonnier plus content que les îlois.
Le Héros s^élèvant audeflus du tonnerre,
1^râhquille voit de loin lès fureurs de îa terre. "
En cent nobles travaux , en cent àmùfèmens j^
En tendres fouVenirs , dHicès àts Âmam ,
Il trompe la longueur <ic fes ttîfttt journées ;
Peut tbof atitre que lui bien çlus ihfiMtaftêc^t
Tantôt avidement 4c refait «t été yô«tt
il i^evoit des Héros te eftf^ut» ^glotieoit ,
S*arrète à chaqtie cffi)9S dcleiir voktnr eaàtttmi^ à
Sonde fim propre c«ur , s^teiroge lui*.inÊjitfc ;
lît feHl «vtc plttilff , malgré fim long ctinmi >.
Xi^i0ÊÊssm dt-kttGsentloto e^dBt i»iédrit& Àc l^
•^ir * ÎJ H TU S D O «
. Tant6croiîl attentif fur les tabksfçaTantes;
ïl voit des nations les bornes diflFercntcs ,
Pais d*an fabtil pinceau les peint de cent co^
leats 9
Comme un riche paxtene à grands carreaux dç
fleurs.
]Ayec étonnement il voit la mer profonde,
Et joindre & féparet les deux ides du mond^
, ^'ane p^e pour f^ble , & les doâes écrits
En parlent rejettes des vulgaires efpritsj
J^*autre déjà connue , ou Tart huniain s^^pplique^
Paroît fous trois grands noms Afic^ Europe^ A&i-
.que.
Ici Taimable Afie, & Ton climat riant
Etend Ton long ovale , & gagae TOrient
Pepuis Tantique Troye^ _& la mer Ùl voifine,
Jnfqu*aux bords reculés de la famcufe Chine ,
Fameuiè de nos jours, Se fameufe autrefois,
M^is cjiangeante en fes nom^ de même qu'en (a
. ).oix. '
Eien moindre ^n jfa largeur , TilluAre part in
monde
Sjt refierre à defTeii^, ^eyeut pasifetrctfonde,
Et fçmble redouter les excès violens
Et des climats gelés, & des climats brûJ^uis.
Là briUe le pais de la tojibn dorée ,
Et Diane la grande çn Ephéfe adorée i
Ida y le mont Caucafe, 6c celui de Latmo$
i)à dort Exxijioioa d'x^nji profond i^go^f
ii celai' qui plus fier de fa longue étendue
Sous le nerti d*un Taureau fe cache dans la nue*'
Ici Myrrha,qUoiqu*arbre y accoucha d'AdonisV
Là du vafte Orient les peuples infinis , . >
Divcr'S'en langue^en mœursy ne regardent qu'un' •
chiône,'
Ht révèrent tremblans les murs de Babylône.
Il voijs remarque aufli , Padole aux flots dorés f -'
Et vous Inde , & vous Gange aux flots démefurés!
£t vous ,; monts d'Arménie ou tant de gloire*'
éclate ,^
Ou le Phafe,& le Tygr^;& rArâxe,& rÈuphraté,^
Branches d'un même ûronc , rapides vont cherw
chant-
le Nord & le Midi, l'Aurore & le Couchann
tin bruit quoiqu'inçertain,. dont lafourcc eft fa^
crée,»
L'oblige'df cvérer cietté aimable contrée ^
Ôjï,, (ous un âge d'or-, les mortels innocenf . . l
Virent le premier monde ,& les (leçles naiflans»
Encore en- la quittant , erre eh fa fantaifie
le beau nom d'Orient, la gloire de l'Afîe*
O s'il pouvoir un jour , vainqueur des nations^ .
Voir fleurir fous fes loix ces belles régions !
L'Afrique quiles joint en monftres fi fertile
Semble par cent ef&rts vouloir n'être qu'une*
iflej.
Mais de Ton grand triangle , encore l'un des bords
Veh ù fin feulement réfide à Tes efforts.
£uj
54 Eti|i#Mi]>ô^N
li fe iHMirTf nt As loin les hamet p]i!ratt|tdef ,
lerBMHiTanccs Ckéi desineoiiftam Nmnides^
Le pamà Temple d^Âunoa» k Eibiii««z Atlas,
Qui (uppofte le Ckl de la ttce ft des bra»,
Beaa lot^ AccomMU , dont k contpnr obli^
En tant de régions a partagé l'Afrique,
AfaisfiMisdcsiwmsdiTsrsftioajcafsglorienar, |
TamAs laonnt de là Lone^ at tamAr char Jes
Dieux,
B'oi prefijo^à chaque iaAaae k campegM dar-
mée
Voit fimir ks éckirs , la ftaimme , 8i la Aimée.
IcHéros w>it encor deux ie«««s clairs & longs
De la brûlante Afrique inonder les fâblbns ;
Le W! fi Mnoimné de qui fonde divine
Etdbtnt fil iBSim cache Qaa osigino ^
Et fon noble rival , le malheureux^ Niger,
En facouffe plu» longue égakmenc kger.
Non moins fieond psmltre , de pbs pt efend en-
corew
L'injufte Mfiemmée oas^en taîr, oa Ngnorc.
Il s'en eacho dishofHSb , de ^n cours dlttourné
Poste vess l*Occidene fon Bot infortuné.
Que Toi-j^ vers le Nord, od la doâe pelnjcnrc
Rend dNin Dragon votant k terribk figuse!
CtA 1% fupefbe Europe, amour dSe Jupiter ,
Qui déjà triomphante efpere de dompter
les'peupks du Midi, comme ceux deTAurore;
£c robfcitt OiKÎdeBf que FUnivers ignore»
15^ qafi nepoiucoiu point (b ctAn$ ctdtaués ^
Elle tremble fous l'OusTo , •& liimde fes cAcés .
Scti^^fes^m milieu, pfiii sfédiaufia,- & pd&r
Sur ]fi iéaoit Êuncuk d<;s célamnies (tilercidi.
Xi de mecs & de moats Tibère eftrempàié }
Pni» TÎefit la. fieie Gaiile m cliitiafi tempeié,'^
Qui regttsde AUMoh coùvene de ténèbres
JùCqoL^Mk pfetniec C^&f, &: fes armes célcbreSé
Puis cinq peuples divers fous le nom de Ger-
mains,'
GfoflierSy-mais innocèns , bons, généretU) ha«r
mains,
. iHiîsIegeléSarmatê, & les peuples de VOsak^
'C^des manai de l'Eorope cft la&taie fovuree»
... >
O malheureufe Europe ! 6 peuples reculés.
Tels qe» es âecs tensens aa pcintems diegelés i
Oè ira* de ^te explok » ^ fimefte ravage ?
Il<;pipliAt ronmrsdefaitg Si de carnage.
Renverfet, )!y eèn&AS , te^ thiÀne d^s Cé&Ff,
Mais épargne! dtt moins Ira lettrés Si les Arcs.
le HéDOfr mépf ifânt Vsût tobare radeflfe
Revient à l'Illyrie , i la Thrace , à H Grèce
(^i voit d'un oÉit jalova te» rivages Latins ,
Et la noble Italie aux fortunés dbfttns ;
La,&conde en Ravoir , k première en courage.
Que la Mer enrit^XHiO, 8c TApennin partage.
Le Prince voit encor les fleu!ve9 plus fameux,
tanais , Boryfténe , Ifttaau iots^ écumeux^
Eiii]
'5^ Eu RTM tX^CM
£c le RhSnf, & leRhln, qui voifins en leur {cmrce
Prennent de deux cètés une contraire courfb)
JSt le large Erjdan aux triomphantes^ eaux ;
Et le Tjbre, & la Seine alors obfcurs ruifTeaox ;,
PuiS' ks Golphes^ divers , retraite de Nerée 3
£t du yafte Océan la largeur ignorée ^
Ou le fameux Génois , après cent maux divers
Trouva pour nos ayeux un fécond Univers^
Grand , riche y. aimé du ciel ^.fertile^n choies za^.
res.
Malheureux feulement aux vainqueurs trop bar-i
hares»
Là le Héros s'arrête ^ St plus audacieux
A la terre , à la mer il veut joindre les cienx ,'
Voit fur Tairain mouvant les deux pôles du moi^
dey ^
£t les cercles divers de la machine ronde,'
Et les jeux deTOlympe incefTamment ouverts
43ouveruer,ou dur moins éclairer rUîiiversj.
L'invariable accofd des étoiles confiantes^
Et les juftes erreurs des étoiles errantes.
Qui fait croître, & décroître , ou mourir a nos
yeux
La Lune , quand en croit qu'elle defcead des
cieux.
Quelle hâte û grande , au décKn de l'imnéc^
Emporte tout-à-coup la , rapide journée ;
Et par quel artifice en fes douze maifôns^
{«'Auteur de la lumière^ & Père des faifbns,;
Qttï fc montre & fe cache à divers intervalles^
Qui fait inceffammcnt à courfes inégales^
Avare & libéral de £bs riches clartés ,.
Ici de longs hivers , & là de longs étés.
Par tout également au bout de fâ carrière
A fait fîx mois de nuit , & fix mois de lumière^
Ainfî diverfement s'occupe le Héros ,
ît trouve en (es ennuis un tranquille repos;
La Lyre 5 & du craïon l'imparfaite peinture,
Qui-de bîanc & de noir fait toute la nature 5 -
TJne forêt mobile & d'arbres , & de fleurs
Lui6>m< même à leur tour oublier fes douleurs.
Maisenfin qu'il s'occupe , ou qu'il fe divertifle ,'
Rien ne» lui fait jamais oublier Artelice.
O beau lait de Junon ! 6 beau fang de Vénust
Rofès & lys , dit-il , foyez les bien venus.
Hyacintheau teint vif, Hyacinthe au teint blêmel
Toi Narcifle moins beau, mais trop beau pour tpi-
même r
Toi fleur de Meléagre r & toi fleur du Solefl !
Toi charmant Adonis' en beauté fans pareil ,
Maintenant Anémone au moindre vei^t trem-
blante r
Et toi Tulippe cnCbr , noble & belle incon-
ftantcr^
• • • »i
Qui vrai Caméléon entre les autres fleurs
Fais gloire fi fbuvent de changer de couleurs !'
Fleur* d'Orange , Jafmins , Grenades ou s'étale'
Le fojal diadème, & là pourpre royale t.
Il fane bien tous aimer. L'objet de meaimovr
VoQs aime y8c àcùs maîa» y^oos cueille tour i
tour.
Mais , Dieui:> que iffQ» hfmuH ioûoent mal kt
Ghannc$'
Quic;an&nt tout eofiroiblc ^ 9c coxiToleac mei
lanscs:!
AijA£ l*amaut poui: lut fi: tonconve «a «9111
lieux ^
n le voit fur la tcxit ; il le ydit dans les dieux.
Si rhiftoire l'anite ; eh I quel cotui: nugiuainK;
Dit-il, fut âns^moD];, 8c ne bx&Uiâiascr-imel
Si toL)ve te channe , ^ (u dadescban^&na»
Appolloi>a0H)Ufeu^c»in?eiira«l« iôii^
S'il peint i à f<m efpcit A^tikt cftpréfenbi»
Sides afticfi il yrù^ H t^mac briftan^ 1,
^combamia,^ dii-iil^» l^onâm imfotMM
QB>: di^ofe i ib» sib6 di(, aAMfr «$4iffw»
Aflres qui prefque tous , quand og^ mi fç^it Thi-
ftbirt ,
Oht tipfdc ft$feiii(UiirtHiinm|c teof glM^?
S*ii^ voit* dc$. njtfions. k^ clioaatfi ^Skmm i.
lÀ les hommes font nains, ^t-i) , ki géans :
I& li^'oAt 1» qu'un g7:«ud o^ i0ins u« aftcim n-
fagc:
Ceux-ci flfianqiieiM; ^b«9<^ % 41 n^ont piwt k
liJ'bomme inange Fiioaunr m rega^ inira$miiis*
U vit làfm eiptit „ ÙMglokc^ùWk dftflKm >
V
Là yCvj^ ait» & &ns fer, & fans connoim esKore
Les £çrtiks moifTons donc la plains f<i doicc»
La, plu$ (lapide encor , & moins digne d\i jouCy
S^s Iqx^ , fam Rois^y fkxis tt>ics, mai$ jaiiuds.
fans amour»
O toutpuiâws aituaux ! o di^occ, ôoendr^flamw
Slw ^ pourroit jamais te bannk de Sm nmt t
Au terrible château, furies foUde$ tours
S'élève «ne te^aiOb en obliques détouts ,
Dont l'extrême hauteur voifine de te nue
Laide libre aoac regards toute leur étendue.
Là, ^ graceiibavenc le Héro$ glorieux
Refpireiiaaix gh» libre , fit pks proche des cieux;.
Grâce (^x^nomcHc en Êiififtepenfée
bs*- jflos facheax^bjf «s dofvt Con, aotie efrhleffîe,
LarilTe eft à fes pies , mais non comme autrefois
Qçf^k xenoir eaiouU j. seceyoir des io»w
Il 1» TpiJ^ i xeg^ cette &e¥W des léHeft
Qui porte dans fon fèin deux âmSanscs Ifles*
Le.Sa)â&«rgextf4 ksbwe defecsos.
L'iioe. (nrtk Cnpexht en bâmwnciuDttveaiiii.
Du Tea^ det Théfi»»hi.&cGade eft <»n^ ,
Sli du pli» bcaa des ^^nts & longoeor eft h^tniek
Akandre fàge Roi , grand ^ magndnime , ha-
nmBy
X ikoAk ceipiserenâi maffir d*aiiain*
Puis d'un t^^Afrim kai hantes galeries,
£t d*unTafte jardin les campagne$^lk»tici
éW^ EtJ Rï' MB do'»
Que dès arbres coufFus ceignent de rouées pâtttf^
Bordent le beau rivage,& gagh'ent les remparts ,
Suivis d'arbres égau^ en longues avenues ,
Dont rimage efl dans Tonde , & fè peine dant
les nuesr
D'un foin laborieux l'Étranger étonné.
Et fur fès propres pas mille fois retouirné
Compte huit Pôrifs , dix Ponts,, trente' Placcy j
vingt Portes;
Cent mille Combatans font (es Tours les plo^
fortes.'
En fei:^ Régions fes peuples divifés
De trente fôuttês d'eau font encore arrofés«;
En-dnquàtîtfe Palai« s'élève la jeuneffe^
Aux Arts ou triompha l'ingenieufe Grèce,
Detuc cbns Temples ouverts , & plus de mille
Autek
Célèbrent jour & nuit l'honneur dès Immortels,
tes Palais font fans nombre j & l'on croit à tou-
te Heure'
Des Rois , ou^ des Gëans voir la haute demeure.
En mille endroits divers à grands flots inégaux
lloule Tamas confus d'hommes & de chevaux,
Aojf Temples , aux Jardins ,. aux Places , aux
'Théâtres,.
Aux portes des plus Grands dont ils font idolâtres.
D'âge, de moeurs , de langue, & de fort differens^
Bs courent agités de foucis dévoràns^
P O E M f • ^j-
£t tous , ou prefque tou^ à foibleÛTe importune f
Exaltent le bonheur, & bjâment l'infortunç.
Que ce trifte fpedacle , hélas non attendu , '
Montre bien au Héros tout ce qu'il a perdu |
Accablé quelquefois de douleurs inhumaines;
Il détourne fcs yeux aux campagnes prochaines*'
Là , paroiflent de loin les fepulchres ^çs Rois 5 {4)
Uiy les fuperbes arcs élevés autrefois
Pour conduire à Larifle en routes différentes (1^
Captives .dans le plomb les fontaineis errantes^
Là, le fameux Penéeen fon paifible cour$
D'q.n tortueux Serpent imite les détours,
Jci la longue plaine eft à demi déferte.
Là, de jaunes épies la Campagne eft couverte.
Ici de Pampres verds , là de noirs Gerifiers 5
Là , pour toute moiffon , d*agreables Rofiers j
Et plus loin un vallon qui fe cache à fa vue ^
De joye & de douleur rend fa grande ame émue.
Non loin du mont Olympe au fommet élevé ^
Où le fouffle des vents n'eft jamais arrivé.
Et plus près cependant du mont de Pierie,
L'aimable Titarefe .( c ) arrofe une prairie ,
Puis va dans le Penée , où d'un foin curieux
Il ne confond jamais fon iïot impérieux ,
Comme branche du Styx, dont les ondes facréef
Des hommes & des Dieux ont été révérées.
A fa large embouchure", au milieu de fcs flots
yéleve un riche Temple ; on le nomme Delos^
Ji») S. Denis, (b ) Aqueduc d^Arccueil, ( () U M^af^
Uftoifiine figure, flamème Dédk.
En imcbre Parien Citant fen tdreSè
Corinthe mdnftrtciiz avec étonnem^nt
A la nMt gtftiidciir joint k àoâeîMnement.
StM filles «L'on &al ÎAng , jeime^ , nobles, ^
beUcs
T fiaient Its Autels anxïètes felemnetki^
Race d'Enditnyon , R07 d*Elide aotrefois^
Qgi & mêla depuis ao iàng de mille Îl6xs»
TeUe eft la loi du Ciel pbttr la xate (âcrée ,
Nul fang , sll n*eft royal , A'7 peut avcnt ehtré&
Kulle*filk à TH^^men ne peut tlûttner fk foi,
Si des mains de Diane cite n*tc<x!ptc tm iloi.
Attoisloftrespaflës, la dtarmante jeundTe
S'engage pour fiz ans à fêrrir la Dceflc.
Elle en jure fiz fois par ces âocs immortds »
Au bord duTitarefe, aux pies de ûx Aûxdi^
Par qui le Roi des Dieux , père 4e la Nanue
N'ofe njême jurer , ou n*ole être parjure.
Et du Ciel oucragé le courroux yékcment
Puniroic de la foudre un rémérure Ainanc,
Qui d'un amour indigne , ou d -un deik pvo&Hf
Oferoit e£snfer les filles de Diane«
Pour elles les Roisfeuls, ju miUeu de leurs tobo^
.Ont droit de fbupirer de legitinvfô -feuac^
Au retour du Printems ^ <}uand déjà la couoée
De noureUe verdure & de âeurs eft parée.
Au Temple renommé s'aflemblent tous lestas
Hois ^ Princes^ & Sujets de climats diâS^rensî
Svûx. abUiesckcTauz les Roy^ts PrètiafTefi^
Pareils i Di*ae ^ tû N)riâ{»hes chtifléteSes,
Se monttteiit à ItckadSc , $c cexit moindres encor'^
Msàs ieor axe eft d'argent» Leis fix k portant d^oi:»
Des cent chevaux tous noirs lanoi2;c^r eft extra*
Eties 4ix en blandieiir po(&nt la neigé même.
La haaSk tnt&è^ pourpre $ en perles toi» autour
Parole Tare de Diane avec Tare de ;l'Âmour»
L*or fc mêle par tout» Rois , Princes , Populace
En.tç^s çotps feparés {îiivent la noble ckadb^
Qui vers les AdOnts-rai^ns gagne le fiort des feoisi^
OaI>iaReeU&-mèi»e apparoir quelquefois,
CeUvte.to^t de fagl<airc^ 9c de fesmaios putfltOr
tes
^meences tendres cGsutscoK lasttoiissin]^
centes« '
la cha(iè & relire 9 de les ^oiê au recoiUc \
Divec^nent touchée ou d'efttme, ou d'amôtt^
Cbacun fiiivant fes ^'^^uz, d'une <so& nouVisEe
Des Ûics d^ Diane i^enôre -la plus belle 4
Et la Rofe en valeur paâ&nt Iëss diamans
Montre en leurs beUes n^ain^i k »jMob)it des ^
mans*
A 1à fiziéme ckafle , on k fi^iétiie atlnte
farcit des Rois amans la «oupe infortunée ^ -
Tous aux pies des Autels , pourfinkteurseraVMn^
Cî^iSHid'd^n ancre pn^oad «otonsam i'nn é».
La péeflê deux fois loi dit : Je vous la donae ;
£t ces mots (ont fuivisd'ane tiçhe^CQuroime,
•Qui fur r Autel pofSe attend la fainte voix
Pour livrer chaque Njmphe au plus heureoides
&ois;
Et jamais la Déefle , à leurs defirs contraire
Ne les blcfle d'un choix qui puifle leur déplaire.
En un femblable jour , l'infortuné Héros
Vit Tobjetde fes vœux, {ans perdre le repos.
Deux fois il l'honora de la rofè nouvelle 5
£t Ces yeux feulement la crurent la plus be^e»
J»f ais fa fiere railbn fe rendit à f on tour.
Deux ans leurs jeunes cœurs ont vécu fans amoor^
Deux ans leurs co^rs touchés ont vécu d'efpe-
rance j
Deux ans reftoient encore à leur longue (bof-
france.
Aimable Titaréfe aux rivages charmans !
jiélas , combien de fois ces malheureux Amans
Par d'amoureux fermens,& d'amoureufes plaintes
T'ont-ils dit le fecret deleucs âmes atteintes?
Par c«s eaux, difoit-il , redoutables aux Dieu;
Vous fetfle avez mon cœur, & plaifez àmesycui..
Par ces eaux, diibit-elle, aux Dieux fi redoutables,
Vous feul avez pour moi des qualités aimables.
Avant, dit-il, avant que je cefle d'aimer,
Ces beaux fiots cefferont de courir à la mer.
Avant que de changer , d*une foudaine courfe
Je les Terrai, dit-elle, allei; droit à kUr fource.
Hâtc-toJ :
P 0,£ Kl ï. fj;
ftite-toî, difoit-il, ardent perc in jour. »,
Non, arrête j je voiTobjet de mon amour*
Je vous hais , difoit-elle, ô cruelles années !
Non , tant qu'il m*aimera , vops ferez form-i
nées.
. Un tendre fouvenir de ces tems trop heureux*
BlefTe , & flate auffîtot le Héros anioureuz.
Comment fe confbler privé de ce qu'il aime !
Comment perdre courage ! Artelice eft la même;
Son amour àrinftantdiffipe fes douleurs.
Comme un brillant Soleil les épaifles vapeurs*
La-jpye eft en fes yeux j & rompant le filence ,
Si la valeur,, dit-il , fi la noble clémence ,
Si la (àinte équité, refte du fiécle d'or ,
Faifbient régner les Rois , je regnerois encor.
Mais, malgré vos rigueurs , malgré votre inju«
ftice ,
Geftins! jç règne encor dans le cœur d'Artélice* •
GHANT CINQjlïCÉ'MH.
DA N s le Ciel cependant tous les Di<ux a&
femblés,.
D'une éternelle joye inceflanMnent comblés , ,
Sur de hauts tihrônes d*or encore afCs à table.
Se faifoient de nos maux un fpedacle agréable*'*
Rien n'égale à l^ur gré les erreurs des mortel», •;
Vnxh de Ton ÉicriJegç élcv« des Autels, , >
U E V %t M E BON
Sans parole , (ans fioi , (ans bonté ^ fans juâice;
Mais tcms tes joars aux Dieux il (an un iàaifice ,
£c déguiiàne en vain fimcceuff malicieux
Ke trompe cependant ks hommes , ni ks
Dieux»
L'autre eft Weux, (ans en&nr» 1^ Imier}
qu^îl aime ,
Et de fe9 propres biens it & pri^e Iti-mètne.
l'autre d^m vain éclat faiHuit fa p^on,
Dans le rapide cours de (on ambition ,
Lacondamnant toujours, ne ceffe de la foivrc,
Meurt enfin, fans jamais troonrcr le tcms éen^st*
Cet autre chimérique en immortalité
Quitte pour bien écrire êr repos & famé,
Et malgré fes ef&ns a le trifte avantage
l>e fùryiyre lui-même a fcm péniUe ourrage*
Lun dans les dignités n*a(pire qu*à monter.
L'autre ftr le fbmmet ne peut fe contenter.
Et paxmi tant d'erreurs y les Amans, miferablcf
Aux yeux des Immortels Cont les plus pardon*
naliieî.
L*endroit bien ridicule eft aux plus importans ,
Kt les fôux fbnt moins fbuxque lt$ (âges êxx tems»
Momus de qui Tadreflè eft toujours fans égale,
Et qui ffeuî vaut d*Aéteurs une txoupe Royak,
Ouvrant une fenêtre audevant de nos coeurs
les joueen cent façons, en cent gefèes moqocuisi
L*Avarc ambitieux, le Pollwon téméraire,
Xe FouqueI\nicroitfige,&kFou qmaoitphirCi
P O E M E* ^y
J^*JtMiçiont\ qui fe meuçt^ l'Heureux iiifi^funç^
L*Efclav€ fur le thrônc, ou le Roi gouverné,
Bt cent autrqs ençgr qu/ç Ton dode artifice
Ne faii: que ç<çi« fiv notre humî?in çagrige,
Qo^bA le. haw; J^çiter > d*u.a wi |itas. feiçm^
La vertu, qepçiwlâiv des. Iv>avnç5 Éûf-dcs Dieux »^
Dit-il, v^misle fça^z^, àmagnawmç: He.?pftlej^
Qui djè^ loi;$, mépxilànt la trQi^pe. ridicule , .
A cem nobles travaux pprtai;u vq9 fpne;s mait^^
Vous tirâtes du rang des malheujeux humains.
Vojes d^Eurymédon laCQnftancâ iavincibiâ ^
Plus digne c{u*oa Tadmiie en un coçux fliibi^
fible.
Il brave la fortuite , & Çoï^ adverfltç^
Sans Sceptre , fans grandeur y mên^e fanalib«9;t^
Oui , }>fè l'avouer, aiu milieu 6& fes.cbsunçs,
Je crains que nos plaifîrs ne vaillçi;^ pas fes pei«
^ nés }
Et je n'aurois point eu de plus grands fentimens,
Sx k Ciel fût tombé fous Teffors: djos Gé^iM*
L'Amour en cet inftan$, q«li > comçne ea&iie
folâtre,
JStt cent veraweUlîCs flfîcus.paflànt 4Qfr4pig($ f al-
bâtre,
JL^s formoit en feftQn<9, Bc d'un fqia curi^UJ^
£n vpoloi; Q^uroonor ^ Péeflfes $ Di^ax ;
Grani £H<ia \ c'eft URoi, dit-il , ^ Qia vertu pwf:
iantQ
Qui foutiej)^ 4^ ii4cQ$ ta v^ta cl^mpelant^ ^
rij
^ Eu 11 r M I o o )r
QbandlaForrane Se Macs cédant à leorcoun:
* roux.
Mais feiblesconcre moi,raccablent de leurs coujfs^
La troape dTmmortds de Neâar arrofëe.
Néglige fbn dilconrs, ou le tourne en rifîe».
Il part impétueox , Brûlant de faire voir
Ckmibien fur le Héros fbn bras a* de p^iyoir.-
Puis il fera^connoître, en ion courroux terrible,,
l^ombien aux Ihunortelsce bras mèmeeft (ènfi^
blè.
Il defcend , conune ancrait, ducélefte fëjour^
X'airde feux embraS ne retire qu'amoun
Il eft en un montent dans l'aimable Lariflè».
U fait qu* Amphiànax broie pour Artelice $ ;
Tuis fiibtil aniiàn deniTftéres douteux
Sémc de Tains fbupçons contre ces^nouveauc;
fcur,
Séduit pour ion deflèin-cent langues menfbnge*
rcs-,.
Et jette cent erreurs dans les efprits vulgaires,^
On parle d'untraité, puis d'un enlèvement ,
£nfin d\in mariage, &-d'un confémement.
Cepend^it'le Héros ,dans fon malfaeur çztr&
me,.
Ke itoit nên,n'apprend riende cet objet qu'il aimti.
£t déjà vingt Soleils ont achevé leur tour. ,
Qt^^il doute de fil vie, & non de ton amour;
On l'aura mife aux fers ,*& d'une main pj^efanc^
€>a<am:2^ violé Us autek de Diaa«».
éCtmoî , dit-il , c'eft moi qui caufè fonmalliear: r
ce mortel furcrotcmanquoic à ma douleur.
ommes ,JDieux ^Jèc deftins i s*il faut que je p4r-
riffe,,
ue vous a fait , .cruels , rinnocente Arteliee l '
De fbucis dévx)rans on le voit fe ronger ,.
uand un garde Numide à l'accent étranger,'.
u poux lui rendre office ,, ou bien dans fanxw-
deife,
[ontranr qu'il fçait parler comme Vcnx parle cHv
Grèce,,
tipenfant Tamufer d'un innocent difcours,,
ui vient d'Àmphianar raconter les amours»-
Tout change, lui dit-il. Prince, prenez côutage,',»
t toujours le beau tems revient après rorage.
/aimable Amphianax , le plus beau des humains,%
)' Arteliee naguère éprouvoir les dédains;
i^ongtems à fbn amour elle : a fait :refiftance ,
it couvert fa pudturdîlmr peu de violence,
^ais enfin ellea pris des-fçntimcns plus dotiTi »
ît ce Roi de Gorinthe en doit être répoux*
•a DééfTe y confentSC d'un nouveau miracle^',
\vant lé tems fatal a rendu fon oracle ;
ît ce jour remarquable aux Princes amoureut>^
Dff pltis infortune fcr^ le plus heureux.
Moi-mêrnc,3}oute un autre, en*lâ plice d'AçhîlIfc-*
iîès dû Temple d'Hymen j'ai vu' là longue file '
^sPiïêttescouronnésqui-inenpient aux Autelt
^^H«cato«;d>e jQu;iée à tous les IfflOffîUih -
f(k Ë tl a T'iit B']> O' R
Les ^èt» ies Tauf eaxur de^ fefton^ (bot paiées*.
Chaque Qeniffe bkmeliie a tes cotnes doiéfls»
QoeU mots pour li» Hécos .^ peut-il Ie$ écoitttt ^
Croira-t-il ce di&ours ? A-t-il lieu d*cn douter?
Mais voici de fi>n coeur le plus cruei fiipplice,
Hélas ! en cet iiiftant T Amour en eft cooiplice ,
Alfinte^*tm des fiem^ & riuide&plii&s^l^ »
Pat trois mots avec peine entre fes makks coolés^
Trop crédule fujet , ferviteur trop fidèle ^
Liiicon&rixie à fi>n toux la fonefte nouvelLe*
Ceft alors qu*àccâblé des injures àvt fort ,
SoQcœar,pouttQikeierpoic^ne- foi^ qu'à tamem
Tu n'es plus ma doiskor , è TuperberLanSe i
Ilétoit fut tes tours (fera&eux éd^ee^
Le Ciel , dit-il , le Ciel a ciijingc çaes ti:^»rauz ,
Et ttt&is aujoAud^kut le moindre demeç maoïit
Tu le vois y Titaréfe i 8c ttmt lâ^te morim^ue
N^ijnpiare point ks^Diêus^poftr vc^ageàr Qe^f^fjote!
£t ton oft(k infîdelle éeou^ t^vis les^ jours
De ce9 nouveâ»» Am^nsrks perfides difiïowrs !
Et tes flots qui dévoient d*une foa<laine coatfè ,
Quand ellechaRgei-oif , remonter vers leur fource,
Coulent encor de mè9ke , & i^ font pokit allés
Ktfs&fwzer au $îfx les ièrnaens violés.
O Diane, 6 Dî^ma y à mon atnoor contraire }
Qi'aihje dit ^ qu'ai-je fait qui te puiilb dcplaixe ?
loiir^promeflTes, autel«^ délais, fermens, r^i vœui;
N^tatd»ni>ajaewpOQfVCHjifq\ie peur tes inathc!a?
rcuxi
Bai MB, pf.
Deftixis^ fi. quelquefois U voix des miicrabk^
A Ces txiftes acjcejos vous trouva pitoiables,
Si vousêtçs teuchcs de mon cruel t.ourusejnXj^
Ecoutez mes (buhaits « rendcz^moi fculexuent^,
Pour Sceptre, pout Graj*d&ur„ pour: Fuii&uce
RiOxale, .
Le lâche Amphi^n^x aux plainçs (le.Phafj&k.
Qu'il vainque , ou que jç v. io^ue , fc que peiuUnt^
le jour
Je perde, s'ille faut, refperance&ram^Uï !
Bras trop infortunes ^ & vous armes d' Achille >
Vanter-moi defbonais la valeur inutile»
Au lieu de ta»tdc fang vainement répand» ^
Il falloir perdre alors celui qui na'a perdu»
Il faut le perdi?e encor. Mais )e parle aux murailles.
Et ce. n'eft point ici qu*on donne des batailles,
A CCS mots ^ il s'égare j & d*un air furieux
&ur la brillante éch^pe il arrête fes ycxu»
Et toi , dit-il encor , & toi de qui la vue
Me ciuiouoit auuefois , ^ maintenue me tue !
Trop aûudbtie pveKênt ^ quand les. Dieux Tont
permis».
Aujourd'hui le plus grand de tous mes ennemis'.
Sois témein dema pêne* Aht bouche criminelle,
}'ctois bien moina vaillant que vous n'étiez fiéelle!
Il falloir auji CQO^hats » mp diâe^t-vous alors ^
De nmon cœui^ uop ardent retenir les trajiipQtts I
Vous ne viviez , jbélas , que de ma fçuk vie î
Vous la reodes hçaiiettijb ^ eUe eft diguç d'envie.
^
G'eft dinfi que vos mains la Revoient coorohnef.
Je vous l'ai bien gardée -, il'faat v6as la donner,
Ingrate. En ce moment'une tendreflè extrême
Luifait'apprehender de bleflèr ce qu'il aime.
Il la révère ehcoï toute ingrate qu'elle eft.
Il l'aime en cet inftant -, en cet autre il la haïr»
Il s'attendrit encor ; St Coh cœur ihifèrable
A prefque deviné qu'elle n^eft point coupable.
Mais un moment après, tout ce qu'il a d'ennui,
Ce qu'il fut autrefois , ce qu'il eft aujourd'iui ,
De*fes foibles amis la lâche ingratitude ,
De fa noire ptifoh Tafireufe folitude ,
Fineftes confeillcrs d'un violent effort; ,
Viennent l'entretenir des douceurs delà mort;
Je ne fçai quoi dé grand éclate en fbn vifage,
Etfbndéfefpoir même eft rempli décourage.
Trois fois il voit là terre exec table à fesyeux;
Et trois fois fe$ regards fe tournent vêts le$
Cieut.
O qui que vous foyez , qui gouvernez lé monde;
Soit ay eugle Caprice , ou 'Sagefle profonde ,
Dit-il, Dieux, ou Deftins, héjas trop rigoureux 1 •
Vous avez lé fecret de faire un malheureux;
Je me irens j & mon cœur vous cedélà vrâoirft
Je voi ce qui vous manque en cette haute gbirci
JSurymcdon vivant vous eft tropodicur.'
Attendez un momcntt Voiez , Deftrns, ou Dîinix;
Et vous à mon amour moins juftè, &'pliis craell^
SI j'aTois soèmi d'aimer unç inSâtlki
I
Toi m. 7j;
H&'ySc toHtà coup, & fans plus balancer.
Par unCfbréchc ouvette on le voit s*élancct.
Les Gardes effrayés accourent àfonàidc^
Mais en vain , & le mail eft déjà fans remède,
L'Amour en eft furpris j & touché dedoukur;
Au milieu de fa chuce^ il en fait une fleia;
Son teint pâle & défait , fon édiarpe dotée
Ont d'un jaune brillant (k feuille colorée.
Ses amoureux lôupirs y && -mourante ardeur
Se changent au/Ctôt en agréd>le odeur.
O trop fidèle amant ! ô fujet trop fidèle!
Je te perds, dk TAmour^ & toadeflin t'appelle;
Ce (ont mes traits cruelsrqui te percent le flanc.
Je demandois des pleurs ^ tu me donnes du fkng ^
Mais apprend quelle gloire enfin ic*eft re&rvée*
La première des ûçms , ^ la plus élevée^
Tu viendras annoncer fur le plus haut destoors
Le retour du Primtems , le règne des amours.
Ciris * fera ton nom, nom qu*à Sparte on révère
Pour Taimable Adonis^ la doukur de v^ mere^
Et pat ce nom fatal, des.peuples infinis
Confondront ton hiftoire ^ & celle d'Adonis.
MaTs , malgré les erreurs àfi la troupe ignorante ,
Ta gloire quelque joqr fera plus éclatante.
Desfiicles paflcrontj & la Grèce À fon tour.
Barbare , ignorera lettres , armes, amour.
♦ V. Hcfychloi au mot Kie#i : ce mot cft gre«, fc ^-^
gniHe Siiim^r ♦ T^gy i )« LacedemonicBs appeUwew
j^^ Adonis.
71 EfîftTftIBOOM
CencS.oian6ferieiiz, cent CoiiqvéMmcâAMr
Ne fenonc plus que poodcc^ ic qa^épaîdcs
bres,
Qiiani nnRoy («) bien {tes grand, qv ta
, fi» jamais ,
illoftred^ns la gnecre, illndte dam la pair^'
Vainquent des fiocs matins^ ^ malgié te
pètes,
Poormoifeiil arrêtant ie cours de fei cangiÉtieiy
JLeqoatorcîénieennom, le premier en giandoiz^
Hemplira TUnivers de (a Tire iplendeor.
Sosafim Seepcrepstfam les ietcres ft les amoer
partageront les carats amonrooz de toaa chac-
mes*
D6f9k ^ quoique de loin , dn milieu des beaux anf
Une grande lumière â^ouît mes regards $
iJnefilfetelatame» {k) au fcrtus phisqu^ba-
ntatneSy
A qui doiveftit céder 8c Grequês flt RoÉnaines^
Mete de cent Héros ^{€) plus héroïque encor ,
Qui chérira ton ombre , &ton feuillage d*or , .
Et par qui mon grand nom étendra (on empîie.
Du Levant au Couchant , (ùr tout ce qui repaie»
Un Chantre de (bn tems , Se non pas le dernier ,
Cooimé toi malheureux , comme toi prifennier^
Efclaye comme toi d*AmoQr 8c de laGloîte ,
En vers dignes de vivre écrira ton hiftoire^
U} Loalt XIV. (^} MadcmoiC de Scuderf. {è
f o n u Mi ^^
Uns Ces iBaalheuc», ^v^c ^pd^éUâi^
9 .... I ' f ■ %
$a c^eUe doulau: ^ e: fon «rifte. k>i£r^.
Et s'il Êiut te le dire , Artelicc eft fidèle ,
Et doit oi«irir poaï coi, coiarne ta SM^m pWi
elle.
. Ainfi patloit Amoiju: ^ ^ k nourdULe Ae^^ ^ ;
Prend a ces derniers mots une vive coalear.
De Cou nouveau ddlîM ]^eit êtlç CoeDem^^' - -?
Et feoible le marquet par faicuilk trfemblaûtc^ •
Tel fut d'Eurymédon le tt^pas gloriemsi
Il ne fi^t que trop grand , & trop é^l aux Biam
Tel fut de fa grandeur le rigoureux fupplice. ♦
Que devint à fon tour la conftantc Artclice ?
Quelfift fon défefpoir ! (juel fon ftnportement^
En voyant au tombeau fon malheureux Amant î
Les Mufes me l'ont dit 5 mais ce récit faneftç
N'cff déjà que trop long , lans y joindre îc refte.
Pour un têms plus heuréui réfervons fcs malheu'rç
Et pour un nouveau cbant de notirellôs doulèuri»
• O fille irfcbmparabley en vertus éclatante.
Qui de rhoanite amour étiez la Jionguç attente^
Merveille de notre âge, adorable en bontez),
Vous me verrez un jour , & vous le méritez ,
Plein 4ei do^s traxifpo.rts de Rome , ^ d& la
Grèce,
Dépeupler de bouquets les vallons du Permefle ,
Et joignant un beau dioir-au plus noble liazard
lafttreoràradxeflê , âclaïutureàrart ,
^Doqroiu)^ ?<iiiVeinis deceiK fleacsunniQrteilâ^
^Qa*an fiécle laiffis à l'aatre égalemene nourelles.
^^is vemixt^tfuc'lc tems , trop long tàon-oof
YOtUXy
VLtWûBéntz pas lenti un ddtin.plus kenreuc^
^Aimez, aûnez Acante, * & Eûtes vos éelices
PecM iencs qtt*ii vous cuipMle au bord des pf^^
^ipices ;
40a dans ion infemine il fera yoir an jour
<Qjie>la cendre amitié ne dok rien à Tamoar^
jEc (bceombant enfin à ù, douleur profonde^
phmû nomrellp flcor il ornera le monde^
t t,*Auu!ax,
f i
^j ttàctâ fimt meacamhta , vel Ula foU
00km ffferm qus jam mea miU praèuf
Pana j
^n Ula nonpvotanHat / ^tdâ tfi quodamP^
POESIES
M. PÈLLÏSSOlSf,
LlfSB tliO IS 1 É'MB,
POESIES MOR-ALES.
È PITRE
A M. conrart;
|Onrart, jefensiiuverTe, ft-
Ift'Huliè m'inlpire'
[Je ne (fû (picUe hwneui d'Epîtffr'
[. Où de 5atirff.-<
t^iMA'moiie^tKe, & pour qœlqiies momenK
Qi^tte livc», unis,. lettres ,& ooittptiinena
LcCielqui voit la terré aa. Tice«tMndonnée,'
tcî monflies ador^, la-vcrta détidnée.
Même aa pied des Autels t^ner l'im^cté ,•
Bt^anni' les-huoajfu um d'inhumanité^.
Giij
1^ oofi^mne kUbasà vieillir pour leurs crimes,
Pé la^loire , ou de Tor mi&rables vidimes.
iQjlclnues^nhs (aïkmeiu fes plus ckcrs (^voris ,
Bons cîtoiens , bons fils , bons frètes » bQO& xxiarit
Comme toi, cher Conrut , francs déboute autre
enxift,
Ontloifir de goûter les.plai£rs de la vie.
Les beaux jours du Priatems, T Automne arec
feBfrute,
Secourt des mois,desàns,& desjours,& des nuir%
lia fraichens des vallons^ l^abondancc des plaines ,
Le (oufBedes Zephirs, le doux bruit des fontaines,
Des okeauz améuteux ks mignardes chanfons,
Tout Wniv^s Cf^tm, npus crie çn cent façons ;
Vivez & benitfez celui qui vous fait vivre.
Mais nontD^n Utonssifin -, itvaur Qciieiix faire un
Hvrc^
n vaut mieux t'cniichii: s nos parens , nos nereox
Nous auront dans la bouche , & nous croiront
heureux/
l'un compoft unRoman,un P6cme,»ne Hiftoii*;
Cherchant de tous côtés le chemin de la gloire :
En vain , car fes écrits meurent fans Êiire bruit ;
9cB detems les a faits , peu de tems les détruit.
L'autre, qvà plus (ènlè n'entreprisnd qu'un ou-
vrage,
Choifit 0iot après tMt , revoit page après page ;
A toutp henrs^en tous lieux rumine fondeflein,
Le ImC) k polk f en retirek main ,
M 6 M A t s t. i4'
Pfiis l'y met âc nouYeau : tel que 1* Aflxé 4ii tmad^
Qm fin le dos voûté de la madbitie soiodo
Kepaflanc mille fois 8c mille fois encor
4 ,)
l>u plomb fait de Targent, du cuivre fait de l'or/
Le voilà fur les pas de Virgile Se d^Hoface*
Oui fbn nom fiefpedable ira de race en race;
Mais cependant 6 fiécle! ô fort trop inhamaîn S
Un ouvrage immortel le fait mourir de faim.
Tel qui fait , fans penfer à ces races futures ,
Au lieu de bons écrits , de gc<4&s écrilur^s
Qu'on achète par rôle, & td de qui l'emploi
Confifte à bien voler le Fublic ^ le Roi,
Ont bien plus de profit,font bien plus à leur ai&.
Mais, Mq&, qil'as-tadit ? Mnik > ne t'en^déplaife,
Prens l'éponge à la main , efface tous ces mots,
Car tu viens ié patkr comme parlent les fots.
Quoi ? font-ils à leur ai& , eux de qui l'abondance
N'e(l,pe«ir en bien pârler,qu'ûne baute indigence.
Qui demandent toujours , qui jufques au trépas
Méprifent ce qu'ils ont, cherchent ce qu'ils n'ont
pas ? ■ ^
Ce fou voit tout à lui, tout le monde lui donnCé
Un peuple de valets nuit & jour l'environne 5
Et fa vafte maifon d'un & d'autre coté^
Ceinte de grands jardins réfpire en libçrté^
Cependant tout lui nuit, lui déplaît, l'importune;
Impudent , ofes-ttf t'en prendre à la fortune î
Toi qui dans ton palais es fîbryi comme un Roi ,
Et de qui les cochers font mieux vêtus qûê moi ?
G 111;
Scais^ta ce (fOL^'û te £iat, dans rennai qai te pxSfy
UnpeaaioiiisdefbtUè^aapeaiiioins^eTichd'e.
CAPRICE
CONTRE L'E S T I MB
A S A P H O.
«
DO>?c^ ne dois plus prétendre
D*arriTet an jour a Tendn:
Donc jamais fans être aûné ,
}e ne ferai qa'eftimé !
Sapha ,. je veiix que ma rîaïc
Berne cette vaine eftime ,
Monftre auffi lâche qne fin^
Qai cache £>n ncnr venin
Soos on nom an peu moins tnic
Que celai dfingratitode..
A vous feule je prétens
D'en donner le paflètems:
Bcoutez, fille divine.
De ce monftre Torigine»
En ce fiecle bienheareax».
Où vivoicnt les Demi-dieux^
L'eftime étoit inconnue ^^
Et l'amicic toute nue ,
Seule maitrefle des cûcurs^;
Lç$ çombloit de fes douceurs ;
^
tAo % A L B S. %i
r
0tund^ la foi , qaahd les pandeé
Furent de vaines Idoles ,
l'Eftime , en ce changementy
Pour père dit le complimentj^.
Vont nier< rindif£:renoe,^
€^i Ibi donnèrent naiflanc^
Je yais d'un coup de pinceau
Vous peindre un* couple £ beau*
Pour' la prude indifierence ^
Vous la' connoiifez, je penfe^'
Êt-peutêtre un peu trop bien.
Plût à Dieu qu'il n'en fut rien >
Cette* belle ,. gjorieufe ^
Inïperieufe^ rieufe,.
Croit l'amour une chanfom-
Elle a pour cœUr un glaçon ^ -
Et d'une façon hautaine
Suit le plaifîr,. fiiit la peine 3^
Mais dait^ feS foiblés defirs-
N'a que de foibles plàifirs.^
Ainfi le deftin aâemble
Le bien 8t lé mal cnfèmBle»
Son bon atni compliment
Eft ùtt bon Seigneur Normand ,
Grand, bien fait, de bonne mine,.
Dont le' poil à la blondine ^ .
Bouclé, poudré, pommadé,, ^
Crache on vifage fardé»*
fi 1^ o t s ï is
Ses pas font des révérences y
IX a mille complaifances :
Toujours ptêt à cajoler 5
Se piqaant de bien parler
Et même de bien écrire.
Mais fujet à^ fe dédire.
f^our TOUS le dire eh un mot*:.
Un peuple nombreux, mais fot,^
L'eftime bu grand perfonnag^'
Un petit peupk , mais fage
Ne Teftime qu'un grand fot ,
Qu'un Lanternicr, qu'un Falot ;
Qui pouf ame , & peur courage,'
N*a que vent , & que langage.
Or, comme il ialloit un jour
En cent lieux faifant ùl cour,-
F^ROUt fcmànt fes fleurettes.
Pour attraper des coquettes ^
Ou dupant les Apprentift
ï*âr de longs fuperlatifsj
Il rencontra pax le mènde''
L'indifférence la blonde.
Nymphe véritablement
Digne d'un fi noble AmantV
Ils fc virent , ife s'aimértnt ';
Enfin ils fe marièrent:'
# de leurs froides Amour*
Naquit , non pas un g<and Ours,
V,
M O IL A t ^ s. gj
Non pas un Lion fauvagc.
Terreur de fon voiiîn^gçj
Mais un monftre apprivoiff ;
Qui va tou^aurs déguifé
D'un habit de DamoiicUe, .
Et qu'Eft ime Ton »p|>çlk*
A fon honnête maiac^eay
A fon modèle entreii^,
A fes paroles de foye^
A voir avec quelle joyc
Elle vient vous vifit*;
Qu'elle ne pieut vous quitter 5
Que yous o.'avçz rien d'ai:miablc,
Riea de boa , rien de paflaUc '
Dont fon difcours avec art
Ne faflè un. chapitce à pan :
Qu'en tout jce qui vous o^^fç
Elle garde le filcnce.
Même avec plus de bonté ,
Que ne veut la charké 5
Ne diriez vous pas qu'elle aimc
Son prochain comme ^e-no^me } «
Mais , Hélas ! 6 fiéde , ^ moeurs !
Que les fignes font; . tfpinpeurs l
Après cette maCcarade,
Que vous deveniez malade ,
Jufqu'à fouf&ir W trépas ,
I-*Eftime n'en, pleure, pas •
Qoe la* mMifânte Envie
Parle mal de-rocre vie :
Plutôt que de difpatery
Se- de s'aller tDarmeatèf;
Pour tâches de vous défendiez
£'Eftiiiie en- dit pis que pendre»*
Qu'un Tyran addacieuz^
Qu'un voifin malicieux
A voul ruiner s'aprêtej-
Ou moiisux iN>cre tète
Par des crimes fuppoflEs :*
L'Eftime a les bras croiflEs.
Qu'il vous Êulle pour féflburcé'
Un pt&mpt (êcoïHrs de (a bburcc-'
Dans quelque péril' urgent :'
f'Eftime n'a point d'argent
&iile <fn toute là' Natdt-
Cette fotte créature'
Ne fe lailTe point chataicf
Au divin plaifir d'aimer;
fit ni vèrtd , ni' mérité,
^ lïe touchent ccttt Hypocrite.-
Sapho ,^ (ans aller plus loin,^
Je vous en' prfcns^à témoin ,•
Vous «c votre eictllent ïrcrcj-
Mais j'en cïévc de'colcrè.
Qi^et Ecrivain aujourd'hui^
S^£.ellt comparer à loi ;*
rSok que d'un vers herpique^
jpigne de U Mufb antique^
n nous <;onte ric^à-r^c
jLcs conquète3 .fJ*Aiai;w:<;
Soit, que du gtand Artamcnr^' J
/Ou de rilluflxe Romaine
Il mette rhiftoiçe au joiir^
'Od le^Jus folâtre amour ^
Renonçant auj>adinage.
Apprend )l djctenir fagc.
«Quelle fille, parmi nous,
>Sc peut comparer à y pus !
A cet efprit magnanime^
K^\ pour /e voir fi fublime ^
Si v«(fte, (î merveilleux^
•N'en eft pas plus.orgucilieux^
A cette ame yertueufc,
^Bonite^ franchf , géncreufe^
A ce cœur ^ grande ^ Havit^
<2ue ceux qui vor^ à Tafla^t^
Et qui défor^ des armées^
Près de luj font des jPygmécs i
lAaintcnant, qui feplaindrc^t
,jQue la Cojûr en votre endroit ,
A la honte ^e ia Jxance,
Manque Àt ^econnoiflànce^
iParlons^n de bonne foi ^^
Ne feroit pas légitime.
Toute la Cour tous eftinif;
Dieux! qui pourroic enduret
De voir toujours {épater,
par des caprices étranges.
Ses bien-faits de fes louanges!
lilais ce difcours vous déplaît.
LaifTons la Cour cotnme elle eft.
Celle à qui mes deftinées.
Dès mes plus jeunes années,
Affujetirent mon cœttt.
Et qui pleine de rigueur ,
Déjà fiere de fèsckarmes,
Mais plus fiere de mes larmes.
N'en avoit aucun fouci,
Elle m'eftimoit auffi.
O dure , 6 cruelle Eftime
Qui ne crois pas faire un crittiÇ^'
<^andtu laiifes froidement^
Périr un fidèle Amant.
Toi , que ni foins , ni fertices,
Que ni voeux , ni facrificeV,
Refped, ni difi:retion,
Tendreflfe, ni paffion ,
Ni la mort la plus terrible
Ne rendent point pkrs fenfiMfe i
jQ^c t*a fait le genre liumain I ,
Tu te sxêiHiiiu crt fiixi^
^ R A L E ^; J^l
împitoyablc Furi€î
P€fsU ssUeurs ta barbarie.
Malgré toi nous nous aimofis :
Retourne avec les Démons
Dans leur trifte 8c noir abime ,
O dure , 6 cruelle Eftime ! .
Et vous , Sapho , que mon cœvtf
Avec zélé , avec chaleur >
Admire , chérit , honore ^
M*eftimerez-vous encore ?
N*aurai-je point par pkic
Un peu de votre amitié ?
Mais je cherche ma ruine »
S'ileft vrai , fille divine,
Qu*à quiconqne m*ain^e bieii
Mon cœar ne refuferien»
Si votre amitié m'engage
A vous ^fxi% davantage ,%
Ne faites que nVdlimer :
Je pourrois trop vous aimer»
Mais que dis- je , miferable !
Non , vous êtes trop aimable.
Ton ne peut vous trop aimer.
Ah î ceffez de m*eftimei:^
ï O B s .1 I
^
STANCES-
LE VER A SOYE,
JE fuisie vr^ Phénix qui rcajît de ma pendre;
£c fortant du (ëpulcre où l'on ni*a yù de(cc;ndr^
Par un étrange fon,
ffius digne de pitié, qu'il n'cft digne d'enyîe.
Je n'occupe ma vie
<^'à£lQr lentement Tap^Areil de ma mor&
Sacrilèges humains dont je fuis la vidtiçie!
De quoi m'accufez-yous ? quel peut itre te crime
Qu'envers vous j'ai commis ?
feftcs de l^ntvcrs , Tyrans de la Nature !
Vous fai-je quelc^emjure,
jQui vous puijÛTe obliger d*ëtre mes ençeoùs^
Quand finiQjint.mesjoursJemetsfin à map^inc^
l^e raviiTez-vous pa$ d*.une rage inhumaine
Ce que j'ai de plus beau >
£ft-il quelqu'un de vous , race ingrate & baibatf >
De qui la m^ .avare
.faille pour sienricfair détruire mon soiobe^ui
M O It A 1 B 4. tf
Uen , fakes les yainsi d'une telle Tiâoire.
Nos dépouilles;^ cruels, font toute votre gloire :
Ravifléz iics ttéCots $ '•
fit par un art fubtil dcguifèz notre Coje*
Il n*eft pas qu'on ne yoje
Qoe TOUS pônez vifans ce que nous foniotHÊ '
morts. '
. . .* •
Nous en fomixies vengés ^ Se bien que la nature
^i*exemte dons le monde aucune créature -
De vous fiuré la cour 5
Si nous iClons* nos jouils 1 les £etes deftinéer
Fileront -vos années.
Et (1 noÉs fonimès vérsV vous le ferez un jour. .
*SO N-N ET
A- CHAPELAIN.-
y
D'Un aveugle défir notre Mufe enflammée
Veurgraver notre nom dans l'immbrulitè; •
Nous trouverons enfin qu'une vaine âunéii -
Sera le jufte prix de -notre vanité^ * ^
♦«S» , , •
Je retbnnbis rerrèufdc mon amè charmée ^
II faut chercher ailleurs notre félicite.
Pourquoi tant foupiréf ^ès la Renomihéie, »
Et qu'avons-nQVis bcfoin% la Poftcritéi
I4i^e Chapelain que j'admire fans ceflé ,
Qui joins le grand efpric à la haute fàgefiê.^
Et que de tous ^ dons le Cjiel a revêtu ^
Conteiine tes Ê«rrat$>& pour comble de grâce;
Après m*avoir montré le cheminilu ParnaiTey
Montre-moi maintenant eeiui de la vertu* .
— n
*AUTRE A CONRART.
GOkrart y dont le tourment fait fbupirer la.
France
It nourrit dans mon am^ une fouRe de pleurs ,
Je vois pejji^e partout enfunefte^ couleurs
Pes malheureux humains r^xceffivefoufirance^
^
Par le cowroax du Ciel ic fa longue ven^
^^' ^-gcance, ' ■
Mille & mille mortels accat>lf s de nialheurs
. Sentent les fiers affauts des cruelles douleurs,"
pu les homeujL e$cts de la triftç indigence*
» » -^'
V
p.
'jiLii:,'j 1 *">i' ' . j,,'i c :a'.:.
^f
;r: "<'
M O JL A t.S>^.* ^ ^
Les. Rois font attaqués dj'ii^ iç^grf tXws pareil ,
CJuand leur n^iort va d^g^t ^^ ft«Kîl>rç %]^reil
Tous ces hoivieurs popnppupc 4<W' l'écli^ |ps en-;
chante.
Ainfi confider^nt un £ tragique fo^s, , «
Je trouve qu'pn ce monde il n*eft rien^ oui n'aq-
gmente
Les peines de la vie , ou celles de la mort*
*^ A U T R È;
T À Mufe qui m'apprend fo$ art;
•'-'Et s'aquitte de fa ptpmelfe,
Me fit Voir Taut^e -jour Maiiiard^
Auis aux rives au Prrmeue,
Là fon Ombre fe plaint toujours
De je ne fçai quelle difgrace^
Et tient ce funefte difcours
A tous les enfans du Parnaflè ;
Hij
Que voiu fcn d'u&t vos e^its à
St 4c CQinpoffi Etnt d'écrits.
Pour ^nera tmiiccle infune^^
Od'l'on ne ffauioit triât
Mi-k mifere ni le blâme,
A mt^ que de lés' métitat
B GESIER
SI. EELLISSONI.
POESIES GARANTES;.
(^)IMrTA:tI:ON
DE CES' V^ËRS DE CAÏITLLJE::
{b) Fivmmay mea^Leftia^ mqw amemm; Ssc;
^ SUVié-,.
laiiTons imitmui»rl*En4-
* vk
(4») Cette Pièce fut lue ea li^jB à^Aca^mie» eap(«e
HCC de la B.ein'e "dé SuédcV
( h) Ce petit Ppeme 4c -Catulle a tellcolcnt frapé no*
todci^Aes i que la plupart l'ont traduit ou imj^éi KOD*^-
rd-a tiaaiiit ahm les trois, 'deihies* vét>ï{ ;
La Lune fcft cGatiimieirc "^
De 'iit!cre tous' lés mois :
maïs quai^d notit liïmiecc^ '
.^ P O £ s II «
Contré notie innocent amour.
Ces momens de vie & de joie ^
Qu'on les perde , ou qu'on les emploie ,'
Pailènt fans efpoir de retour.
Ces bois qui parenjt nos montagnes ;
Ces prez.^ ces jaidûis, cesx:aa:çagnes.
Se renouvellent tous les ans.
Nous n'ayons pais même avantage ,
Et jamais le cours de notre âge
N'a <ju'un Hyver ^ & qu'un PrinteoB.
^ Le Sole^ fe douche 9t fe lève ,
Sa première courfe s'achève ,
Et bientôt une autre la fuit.
Mais quand U fiere dcfldnce
fi^t notr-e courte journée; 'T"
Ce n'eft plus qu'une longue mtiic;
I
Sans nos yeux réveiller , <
t./ Faut tbng'tems fommeiller.
llCalhetbe Us a ftuffi imités de la forte r
Tel qa'aa foir on voit le SoleS
' Sm )ntèr aux bras du fommeil .
■ ■ » • . ♦
Tel au matin il fort de Tçnde :
les affaires de l'homme ont un autre deftig.
Aprc5 qu'il eft parti d^ fnon4e.>
la noie qui lui fucvicac n'a i^^ati 4f fflyj^ ,.^
GaLAMTIS, ff
wSSmSmSSSSSSSSSSÊSSSSSÊÊSSSSESSA
EPIGRAMME
TRADUITE DE MARTIAL, [a)
TpEL L 1 eft la loi du Ciel , nul çxccs n'eft durable;
^ S'il pa(fe le commun 5 il pàffc promptement :
/oulcz- vous être heureux ? fouhaitez en aidant
Que ce que vous ^iioez ne foi^ pôinc trop aimable»
(4} Voici le tcxco de MaiciaL
tmmodicis brctm eft édtm 9 & tara fem^mk^
Quidquid ornes, eupias non flacuijfe ninùs,^
Monfieur de BufTy prétend avec raifon que la
penfée de Martial eft FaulTe » parceque quicon-
que aime , il fouhaite ^ue l'objei; auquel il s'atta-
che foit parfaitement aimable. „ Je ne fçai corn-
9, ment » a}ouc«- 1 * il » Pelliilbn qui a l^dprit pkis
9, jufte 6c plus délicat oue Maniai , ayant troii-
»> vé cette jÊpigramme digne d'être traduite , n'en
» a pas r«^fié le faux. On doit avoir- du rerpeét
yy pour les grands hommes de l'antiquité , i'en de-
9* meure d'accord ; mais feulement jusqu'aux fen-
f* timens qui choquent le bon fens.
Au refte dans ces mots , s*$l paffe U commun i
i\ y a du faux ou du moins une équivoque.
M, de BuJJy traduit ainfila même Epigramme :
Telle eft la loi du Ciel. Nul excès n'eft durable •
Ce qui n'eft pas commun paflfe fon promptement*
Ainfi pour éviter des chagrins en aimant ,
U faudtoit n'aimter tien d'extrcmiemem aiâisilblc«
1^
V E R S liR R É G U LIE R S
^W* Mi pif/ir 54f ^r9^^ pttr MâdemoifitU
deGHcnegaUd ^ ^ ^^W tnfcc^ des vers
m Madame dn yiffAn.
R r« Déefl(e$ ddht'la beauté
Fit 4Uie gucTfe cnielk'^ -
fbor un beau petit (àc, cothitle'oii nie Vz-çonxt ,
Ont i:enoiivellé> ieur^quereUo -
PallasdiCbitf ce cbef-^œuvifeeft àbi<>i ;
On voit aiTés , comme je ctoi •
Que j'en ai fait la broderie. -
Jîihon répohd : c'eft uiâe riilîerîé. '
Oe paîtfaa eft j^iii Atyixxis^xxtèin
Kichc an dedans, ri'die au dehbrs.
Cèdcz-le mdi, ^èihcraites -Déedês. • ,
G'eft môi^ qui ptéfide aut rithèfl&f *
Ouvrez, dit la belle Venus-; *
Çîs trésors font pour vous de» tréfbrs iricbnmu^
Des niâdr%àux , des^cKanfoiis ; dés fleiirettiB^
Ce font là de -mes revenus 5 >
Cu je préfide aux amourettes. -
Cfellè dont les adroites mains '
Ilrént ce meitveilleiUt ouvrage '
Etoûtant leur divin langage
JLcajT dit : tous vOâ prdtctsiioht vàin^.
Attfitôt
Auflîtôt les trois Immortelles
Viennent l'cnTironnet,
ta ilacet, & l'importuner.
Chacune veut la couronner.
Et toutefois pas une d'elle»
Ne Tçauroit plus que lui donner.
Tad(êz-vons , flateufcs DéelTeSi
Auflî n'avanceriei-vous rien.
Un cœut comme le lîcn
Se gagne^t'il par des promdTeJ i
Mais elle vous accordera.
Et chacune en fêta contente,'
Voici du petit fac ce qu'elle ordonnera :
.Vous cédez toutes trois àladivineOiante,'
La divine Orance l'aura.
^ P^lêîMS
SVR LES FERS
faits exprès fojir, remplir le petit Sac.
M AD R I G A U
NO 8 vers VLçnt que. trop d'ayan^ge
D'être .faits pour ce î>el ouvrage.
Mais que des vers , feroient heureux y
Si Tonyrage éf oit fait pont eux \
r
VERS EN VO Y E'S
yArVec un fort jpli Soufflet à une Dame,
AUTREFOIS en Zepliir je yojois par les
. . plaines,
£t fcntois les, aorâeiif&des amane^tifes peines.
Maintenant enfoulfte^ j^ me yoi.ti:ansform{,
£t ne puis pins çoutir après i*ç^çt fimè.
jFIore , pour ipe^nir y mçicluiiig^ de la Cotte*
I>our un Zephir d'Hiv^ j'ai l*baleine affis forte,
£t je vous fèrvirai jufqtCau mois des amours,
-Où Taimable Primées ramène les beaux jourSf
.Ce fut moi malheureux , oferai-je le dire !
Ah, qu^nd j'y.pçnTe ciicor, mon triftc c^vfo^fc
T pire.
1
C A L A M T >B s; 'f^
Qaii>adinant un jotu avec de jeunes fleurs
Temiis iii^emnfient kûrs j^us vives couleurs j
Sans {çavoir que Sapho, votre chère conquête.
Voulait TOUS les donner le jour de votre fête.
Lors die s*cn plaignit ; Hore s'en courrouça.
Et y pour la contenter , me bannit , me chafla^
M'interdit les jardins de toute la nature,
Et me fit prendre enfin cette trifte figute*
Mais fi je puis paffer Thiver auprès de vous,'
De ntil autre Zephir je ne ferai jaloux*
VERS ENVOYES
lAvec une CorbeiUe de Flemi^fiits hfqueUes itûk
cathè un petit Amour d'Email.
NE puniras-tu point , petitDicuque j'implore;
L'ingrate qui m'oblige à de fi longs regrets >
Tu vois que j'ai pillé les ricbeflès de Flore ,
Pour en faire un hommage à fes cruels attraits*
A mon (ècours , Amour ; vitns elTayer encore
De lui faire ièntir la pointe de tes traits ^
Mais , helas , elle rit de ta force inunortçjie*
En te cachant ,. il faut t'approcherlTcllç ,
it ven^r £uis éclat ta honte Se mts douleurs.
Ce jour peut nous aider 3 l'occafion efl belle ,
Sers-toi de ce prefent attofé de mes pleurs ^
£t pour blelfer enn le cœur delà cruelle,
Comme un petit Serpent cache-toifousces âeurs*
AUTRES VERS
Envoyés avec des pleurs.
AVo s yeux, belle Iris , nous Tenons noxfg
offrir.
Non pour briller le jour de votre fêre ,
.Po«r omet ce'beciu (ein, ou cène belle tète 5
Nous venons feulement vous patlef Se mourir.
Vous Se nous,. nous avons les mêmes deftinces ;
"Nos attraits délicats ne durent pas toujours ^
Po)ir nqus peu de momeus , Se ^our .vous peu
d*an;nées
D^ûn état floriiTant vont termine;?: le cqursf.
Toutes ces grâces (î touchantes , ^
Ces appas engageans, & ces beautés charmante^
Comme nous , orgeuilleufe Iris ,
Perdront bientôt leur éclat & leur prir.
Cependant infenfiWe aux vœux d*un cœur fidèle.
Vous perdez des momens qui paflent fans retoutt
Employez npiieux cette faifon fi belle
^Qu-uii tardif repentir trop vainement rappelle^
Aimez Tirfis -, ceffez d'être cruelle ,
•^t çonfacrez vos beaux jours â ramotto
G A L AM T B $; t»
T -f "*-
LA BOÛRBÔNNOISE.
D î A L Ô G U Er ,
T I R S I S.
J"E vbufe dis que jfe vous aime ,
Et vous m*aimez , dites-vbusi
Qui doit- on croire de nous ?
Soyez-en jug^ vous-même.
Quand pour vous voir en tous lieux ,
Je perds le repos , Climcfné',
Vous prenez li mêiiie peiné'
ï^our vous cacher à mes yeux.
<^ de iious deux aime mieux?
€ L r u M K s.
r
Cher Tirfîs, pour fatis£sdre
Votre defîr indifcret,
Vous détruifez le fecret
A nos feux fi hècefTaire,
Moi que tout peut allarmer
Je fui pour, rendre éternelle
La flamme innocente & belle
Dont je me fens confumer.
Qui de ncrtrs fçait micur aimer ?
n)
Jiaii foi s is s
T Z JL s X s.
Ingrate , quand je n'afgire
..f)u'à prévenir vos defixs,
Et ne cherche de nlaifirs
Qu'à vivre firas votre empire i
Vous par des foins fbperflus
Tenez nos flamme contraintes;
St n'accordez ktnitfi plainres
Que de (èvéres refos.
Qoi de novs aiiçe le plus ?
C L z M fi N B*
Qoand votre çoler& éclate
Avec tant d'emportement ,
£t que fi peu juftçment
Vous m'accufez d'^re ingr^ $
Moi ponr vous fêul chaque jour
Je méprifè la.cqnflatiçe
De cent Bergers d'importance
Qui partout me font' ta cour.
Qui de nous a plus d'amour >
T I R s I s.
Pardonne , Bergère aim^le^
Pardonne , & faifons la paii.
C L I M £ N s*
Toi, ne do\\te^dpnc jamais
X)e ma âamme véritable*
C L I M^i N I ^ T I R S t ffi-
I^âifens qu* Amour glorktit
ibé' voir notre axdeur tMXîtmc
Ne paiflfe juger lui-même
Q^i 4e Mus^aimele alieut,
Qu^ de nous aime le mieux. ^
DIALOGUE
D'uh PafT^t & d'utic Tourterelle*
Lb Passant.
>
OTX fi fftis - tu dans ce bois ^ plaintive Tour-
terellt?
Je gemij», j*ai perdu ma compagne'fidelkt
EV P A s s A K'¥.
^é ttatns-tu fôiftt qae rOiffetéùr
Ne te fattè înotirir 2:omme elle ?
La Tourtbkb l-l- ■•
Si ce n'eft toi , ce fera ma donteur;
^9^
iiij
ir«4 9 O B 8 t 1 8
gaasascs " misssssssssss=ssss=k -
■ >t II I I I _ ■ I II ■ , I
LE SOMMEIL, TRASILLE,
. ET r AMOUR.
DIALOGUE^
OiV fur la fin patle on Songe.
Ls Sommeil.
L*A M o u R tout couvert de fonnettes*
Faifantflaquer des caftagn^ctes ,
Vient dans la chambre, chaque nuit*
Trafillc, il fait un fi grand bruit,
Qu*enfin fi tuuie le fais taire ,
Chés toi je n'aurai plus que faire, .
T R A s I L L£.
, Mais toi qui fais tant le mutin ,^
Je t*attens du foir au matin ,^
£t pafie la nuit toute entière ,
Sans pouvoir clorre la paupière*
Sonimeil, pourquoi ne viens-tu pas • •
Charmetmes maux par tes appas ?
Méchant , c'efl que tu m'abandonnes
Pour fuivrc certaines pçrfbnnes
Qui dorment 5 tandis que je fuis
Perfecuté de mille ennuis.
Lb s q mm £ I L.
Parle bas , ouHien je te quitte i
le xnQ^die bru^t me met en fuite*
Galant ë.s. ^ t#^
Trafille, ccfle de gémir j
Et tftis-tôi, fi tu veux dormir.
V A M ,o u R,
Seigneur Sommeil , Seigneur Trafilîc,
Ce n'eft pas chofe & facile :
Vous ne dormirez ma foi pas,>^
Trasill£.
Holà qui me tire là bas ?
Le 5f o m me I tV
CeftrAmour,. faut-il te le dire?-
Mais il ne fait encor que rire. .
Tantôt il fera le lutin 5
Car tu fçais que c& libertin-
De ton fufil brûle les mèches J.
Qu'il tabourinc de (es flèches ,
Et qu*il rit comme un infenfé ,
Quand il a tout bouleyerfé. .
T R A s z L I E. <
Trêve , Trêve de raillerie ,
Amour, laifTe-nous;, je te prie.
L*Amour.
Ce n'eft pas à toi que j'en veux -,
C*eft au Sommeil, ce pareflcux
Qui fe frotte les yeux , qui bâille ,
Qui ne fit jamais rien qui vaille ,
Et qui ronfle , comme un coquin , .
£)epuisle.{bir jofqu^aamatinr'
VO^ P O £ s X £ s
Lâche enfant de Dame Pareflcr^-
Qui fais gloire de ta moleflè -,
T*ai-je pas cent fois reproché
Ce qnefic la beUe Pfjché,
Quand tu m'endormis atiprèiâ^eile^-
£t qu'elle & brûler mon aile i
fit m£me encore l'antre jour
Tu me fis un fi méchant tour ^*'
Qu'il réveille toute ma bile*
Ëcotitè ce qu'il fit , Trafille.^
Acanté étoit fort amoureux , *
£t je le rendais malheufeux ^
Quand unfoir, au tems qu'on Ce coache,
Le Sommeil mè Iferma la bouche ,
Me donna cent crfups de pavots , *
Et marmotant cinq ou fi± fnots
Me mit k tèté fous mon aile ,
Et me portant dans la ruelle.
M'endormit ain£ qu^n Ifevllet.
IJà je &LS un méis tout com^kt ; ■
Si bien que iintiocent Acante
En avoir Tanié &coat€iue >
Qu'il difi»k partout , quoîqu'â tort.
Que chéfi lui l'Amour étok mort.
U chantoit partout & viâoifè :
Il ne publtoit plus ma gloire*
Lui qui par millevecs pom^x
Ckantoicsttparaimm mes^fecut ,
G A t A' k Y t s-« ~ rd'7
tor/qu'il crut n'être plus eijt cage,
Il ne fit pas le moindre ouvrage ,
Pas mèmt un couplet de chan^fon ,
Di&nt <jue j'étois un Oifon»
X fi S O M M s Z l.
. Ce ne fut pas moi , je te jure.
Qui te fit alors celte injure.
La Rai(bft te £t tout cela }
Le dépit même s'en mêla»
VA M O VLlt»
Toutes leurs {larangues font vaincs,-
Acante ett r^sfntridans m^ ch^nesr
Là , je le laiâerecmonnçr.
Se dépiter & raifonner.
La raifon iâi^ ceffe nûftianc •
Et le dépit rçnd bien jfouv^^
Plus amoureux qu'auparavant.
T R A s I L L B.
Amour , ne fois plus en colerè^ :
le Sombieil veut tefatisfaire.
Donne-nous un peu de repos.
L'A M o ^ K.
Il * '
.Hé. bien , |e vous donne campos -,
Et près de vous deux jfe me couche ,.
Vont y docuôr comme i)rç Souche*^
t^t P o t s I s i
l
T K A s ILLE»
Et moi j'enrage de bon cœur.
Car l'Amour eft- mauvais coucheur.
HelaSy bons dieux ! comme il gambillei
l'A M o U R»
Ainfî fans ceffe je frétille , <
Éorique je couche avec les gcnsi'
Le Sommbii;'
Mais tu parois Hors de ton fin^;'
Tais-toi : je voi venir gn fohgè
Couvert d'un aimable-meiîfdngc,'
Qui va mêler à mes pavots
un doux& gracieux repos.
Ht qui nous tiendra compagnie'^
Tant que cette nuit foit fihie.^
Le Songe fark.
Je rens heùî^éuxles miferabks. '
Je fçai contenter leurs defirs j
Et je fçai par de faux plaifirs
Soulager les maux véritables.
Je fçai tromper heufeufemçnt.
Mes biens ne font tiens qu'en aienfonge;
Mais le bonheur le plus charmant , ^
Q5«nd il cft paifé , n'eft qu'un &ng«. '
6 A t A N T'S s; X^f
dDoux eipoir des cœurs amoureux l
Délices où Ton s'abandonne i
fDans vos momens les plus hcuxeur ^
Avez- vous rien que je ne donne ?
TrafiUe a toutes vos douceurs :
Sa fortune eft incomparable 5
Et fans mes charmes impofteurs,'
Jlferoic toujours miferable,
Alor» on vit un promt éclair
Paflcr au travers d'un nuage.
Lefbnge fe perdit en Pair
Avec cette trompeufeimage.
Trafille interdit Se fans voix ,
Pour voir fi robjct qu'il adore ,
Viendrait le recevoir encore ,
Voulut fe rendormir cent fois.
Mais vous, beauté trop adorable^'
Qui caufèz feule fès foupirs ,
Qui connoiflêz tous fes defirs^
Et reîidez fon fort déplorable :
Vous qui le pouvez foulager ,
Vous qui pouvez finir fa peine ;
Devinez- vp\is pas , inhumaine.
Ce que T«fille a pu fonger ?
«lO
PfOBS I S#
I
S T A N C E S.
Hi s » on fak coqrk le bmic
Qae chés vous je fais taon tétait^ '
Et qae noas fonunes biea enfèmble
S'il* cft vrai, vous kCçavezhien.
.Chacun le croit, mais il me fcmbic
•Que tous ieax nous n'eu croyons rien*
Cependant ^occe honAdtt'ril inxr
A tous momens en çcftoftopAis^
Pour avoir manqué de conduite.
Il ne {allQtt'potnt m^èngiger
A vous rendre fourent vifite,
^an3 le deiTetn de nfoUigeiC.
•Pour avoir voulu façonner,
<yous nous avez fait foupçonnor
D'une fècrette intelligence.
Il ne pouvoit arriver pis
XJue ce qu*a fait la médifance,
J^our complaire à nos ennemis.
Votre jalo^ s'en eft douté*
iLe 9(ienfonge Se la vérité
Ponnent les mêmes défiances»
Pour agir en femme d*cfpnt ,
^11 faut fauvçr ksappareaces,
^t Çc inpquQC de ce qu'on diç.
Tout Tom tonche indiffcremmeut ;
^Et fans faire choix d*un Amjant,
Vous fbuf&ez que chacun vous yoyç.
Belle Iris , ypus vous içicprenex ;
.Un heurtux dpnne plus <le joje
Çuc cent jalans infortunés.
Parmi vos bonnes qualités
.Ceft Cfn% piSoKL que yous^c^mgref
.CeU&d'èci^efojçt comid^iiante^
Ne rèpre pa$i au dernier point
sN'eft pas une chofe obligeante*
H vaudioit mieux ne TÊtre point,
3Gac
Qui ne vous-verroit qu'une fois
En ûx (eiiiaines ou deux mois
♦Vous trouvcroit aflTcs' commode j
Ji^i^qtiiyoas re^rro^t plus fpijverit
Ne fçauroirvivre'àrrotre mode.
Sans enrager en- vous fervent» '
Vous-^tcs civile d*abord.
Chacun vous plaît $ vous plai&z (oiti
Vous donnez quelques cfpefances j
^t de cent petits agrémens ,
<Jai font de trompeufes avances,
Vpus n'j^tcs pas chiche aux Amans«
Cet art de vivre ne produit
CJue le chagrin d'être éconduit
Sitôt qu'on prefle davantage,
Les faveurs que vous accorde;^
Sont celles par ou Ton s'engage.
Des autres vous vous défendes
ysst
Vous êtes prude , je le croi :
Mais , pour votre bien , croyez-moî i
Piquez- vous moins de le paroître.
Si vous tardiez , vous auriez tort j
Sans doute vous le pourriez être.
Malgré vous , jufqucs à la mort.
L'âge coule infenfiblement j
Il nous dérobe l'agrément.
Dans peu vous ferez moins galanWi
Quelquefois xnalheureufement
L'onpenfe à devenir Amante ,
•Quand on ne trouve plus d'Amant
ïe
Je vous aime, vous le fçarez»
Lts preuves que vous en avez
Vous dcvroient aflcsfatisfairc;.
Mais étant devenu perclus ,
Vous direz qu'on ne fçauroit plaire
Qvi*avéc quelque chofe de plu«« *
Iris, prienez croyance en moi ^
Je ferai tout ce que je doi
Pour mériter que je vous fèryc.
Sitôt qu*èn a donné le cœur ,
On met aifemenâ'^ans réfèrvè
Le refte aux pi6s de fon vainqueur
Souvent la honte & lafiert4«
Ont fait que l'on a rebuté ■
Des of&es de cette nature.
Ne tombez pas dans cette erreur*
L*on cft a plaindre, je vous jure,
Quand on n*cft riche que d*hoiineur.
Rcfolvez-vous , fans m*amurcr j »
D'accepter ou de refufer • .
Le parti que je vous propofe.
Il n'eft poiiit d'homme fans défaut. -
Chacun efl: bon à quelque cho(b ;
Jjcle fuis ace qu'il vous faut.
v'
^J4 ? O s s I JE s
rORANGER A SAJ^HO.
QXTow en parle, êc qu'on en gronde,
ChcrcSapho , croy ex-moi,
Tout doit aimer dans le monde.
Ceft une commune loi,
Ceft en vain que Ton fe flatte.
Enfin il s'y fout range?.
^Si vous aimez une Chatte y
Pool moii*aime un Oranger.
Encore, ètes^voùshenreufe,:
Vous qui n'ayez pour rirai ,
Dans votre flamme amoureufe.
Que quelque pauvre AnimaL
Si je ka$ btvlçs mon ame
Pour un objet fans pareii,-
}*ai pDUf rivaux de ma flamme
Et r Aurore & le SoieiL
L'Aurore étalant Tes cl^armes ,
Et tout ce qu'elle a de l>eau.
Tous les matins fond en lartnes
Auprès de mon ArI>riflèaA»
G AXANTES. îlf
Sur fa vefdoyahce tête.
Tournoyant de toutes ^àrts ,
Le Soleil fans cefle arrête
Ses plus amourçjjx regards.
Mais fçn elperance vaine
D'cllcrmêmc fe détruit.
Il n'en aura que la peine ,
Et /en cueillerai le ftuir.
Aïnfi j adis , à fa honte ^
Il fuivoit inceflammenc
Daphné , qui , quoiqu'on en contc^
firuloit pour un autre-Amant.
Mon Oranger m'eft fidèle.
Mais quoi? la jaloufe erreur
Ëft la Compagne éternelle
C'une amoureufe fureur.
(jdelquefois je le nc;glige;
Pbur mieux éprouver fa foi.
Je connois qu'il s'en afflige,
Ëi ne peut vivre fans moi.
Sa feuille qui fe retire
M'invite à le fecoUtir,
Et de loih fenible mê dy:e î
Vèux-iu me" Ui(ftr mouiic ?
*ï* ? o i s II s
Auflîtôt mon amc tendre
Se laflc de (a langueur,
J*accours, St lui fais reprendre
Une nouvelle vigueur.
Il fort de fa fleur charmante
Un doux air, un air charmant;
Dont mes foins, & mon attente
Sont payés en un moment.'
Jeunes Beautés qu'on redoute;.
Etrqui régnez fur les cœurs,
Vous vous moquerez fans doute
JDc ces -légères Javcurs. .
Mais fous votre injufte empire,.,
Les faveurs le plus fouvent
Que font-elfes , à bien dire ,
Que de l'air ,. Sc que du vent?;
Conterai-je vos caprices
Qui font perdre tant de pas? :
Vos rufes , vos artifices ,
Que les Arbriileâux n'ont pas ?
Cent fois brûlant pour vos çharmc$>
' Mais refolu, de changer,
J*ai ibuhaité , non fans larmes ^
De n*aimer qiAin Oranger».
Jeraime, & quand Pinhumaine , ,
^i me caufoit tant d*ennui ,
Voudroit p^rtagpr ma peine , .
Je n'aimerai plus que lui.
Je tenois ce fier langage, ^
Quand ce chef-d'œuvre des Cieux J -
Iris au charmant vifagç
Se vint oiFrii à mes yeux.
Qu'une flamme mai éteintô-
Bft facile à rallumer «
Et qu'avec peu. de contrainte
On recommence d'aimer i
Iris me mit tout en flamme t
Kis me fit inconftant :
Iris m'arracha de l'ame
I>Oranger que j'aimois tant» -
Quel moyen d'être rebelle 1 i
lî falflut s'humilier.
E*Amour étôit avec elle ^
Qui me fîr tour oublier. :
Gonnois-tu-bien- qur nous fommes^J
Dit l'Enfant iiAperieux?
Volage , apprens que les hommes '
Aimient <omme il plaît aia Dieux*.
tX9- Pont IMS
EPITKE A ACANTE-
SA vn gt avoit- partagé entre Ces amis^
les poires de fi>n ]axSn y étant encore
fur Tame. Celles d'Acancë , Se d'une
Dame uès - rpîritaelfe (ê trouvèrent fur
tùi même arbre, yis-^à^vis d*tm Abrico-
tier. La Dame s'en sfiant à la campagne,
pria Acante de lui ^der fa poire , pen-
dant fon abfènce. Tel eft le fujet 'de cette
Epitre que l'on donne ici , pour £atcili-
ter rimelligence de ta r^onfe qui {bic,
& qui eff d' Acante.
Tl lV s r ft £ Gardien di ma poire !
Un Dragon eut jadh ta gloire
Vêtre gardien des pommes d^or.
Ma poire qui vaut mieux encor y
Siue ne vaut la plus belle pomme 9 -
Her/te les foins d^un grand homme i
Jfon '•feulement pour fa beauté >
Âiais pour l'honneur d'avoir eti^
Préférablement à route autre t
la fetur cadette de la votre ;
Et pour le glorieux deftin
De croître dans le beau jard'm
D'une pnceUe de mérite 9
Et d*Apollon la favorite. j
C A L A K r E ». . li^
Waites^tn dmc «» feu de cas :
Surtout ne la néglige'^ pau
^e- niU ne lui forte dommage ;
Et que rien ne Mfe^e ombragez
j^elle foit toujours au Soleil ^
Afin qu'elle ait k teint vermeil ;
it qu'elle en vaille plm de milli
Comme celle du beau TrafilU f
Pour fa votre y je tfen dis rten;
La raifon ir moi vouions bien f
^€9 comme ham lafœur ainiej
Bile foit plus belle & mieux net.
RE'PONSE D'ACANTE.
EH , bons Dieux î qui te pourroit croire j*
De fi beaux vers for imépoire !
Et fut-elle de faim Lczin ,
Qgel Voiture ou quel Sarafin
Difputeroic avec ces Belles
De la gloire des bagatelles.
Quand afin de nous mkux charmer.
Elles fe mêlent de rimer }
Pour moi. qu^ l'injufte Nature
Ne fit Sarafin ni Voiture y
Je m'y trouve bien empêché.
JMais il faut tenir Con marché*
Je n'aime point à cm dédire :
Je Tai dit , il faut vous écrire»
liô Poe s- i es-
Hélas! que vous écrire encor?^'
Ces poires a la robe d*or ,
Si mignonnes, fi parfumées;
Ces deux poires nos bien-aimées,' ^
Et dont TOUS faifiez tant de cas,
des poires ne font plus , helas.
Ou ne font que- poites d'angoiffe;
Car , pour fi peu que Ton connoifle
Combien elles eurent d'appas.
On en pleure , -on en crève, helas l
CYtoit bien taifi^n que la vôtre
Eut beaucoup.plus d'efprit que Tautre.
Elle en eut trop pour fon malheur ^
Et Ce petdit aVcc fa fœur,
. Voici de l'une & l'autre poire
La trifte & lamentable hiftoire# -
Fiere de vous appartenir ,
Et gardant en fon fouvenir
Viis loix , vosTcvéres paroles.
Car ce n'étoieht pas poires nibllesV *
Latôtre , fans fc corîtenter''
De vivre , croîtfe Se végéter,'
Pour s'inftniirc , & pour prôfiteif "
Ne faifbit jamais qu'écouter.
Sur-tout elle prêtoit l'oreille ,'
Quand cette fille fans pareille, »
Sapho notre grande inerveille , •
Xi
G A I A N T B »;
ta mère des tendres amours,'
La mère des tendres diïcours.
Au jardin tenoit fes grands Jours,
Or elle entendoit que fans çcflc
Chacun 7 parloit de tendrcflè :
Lettre, billet, ou compliment.
Tout finiflbit par tendrement. '
De traivers , ou de bonne grâce
Tendre trouvoit par tout fa place;
Ju{qu'à mettre en Landeriri
Un petit endroit attendri, *
Que fit-elle? à force d'entendre/
Il lui prend une amitié tendre
Pour un Abricot fbn voifin*
Elle l'appelle fon couGh,
Le voit , l'entretient, le careflc t
Ce i#étoit pourtant que tendreflfe. -
Souvent en ce doux entretien
Tout un jour ne lui duroit rien.
Hors de là rei\nui la dévore 5^
Ce n'étoit quetendreffc encore.
Mais qui peut reffller au fort ?
CbmmcrAbricot Taimoit fort.
m
* CoAtan fage comme un Cacon.
A pourtant au ceeur^ ce dic-on^
Landerirecte,
Va petit endroit actendti
iandccm*
Sx que nlhac il n'aimiMt riea ^*93‧
0vL*'û étoir beau , qa*el^e étoît belle ^
Et qa*ils & yoyoicnt nuit $ jJffijTj,
l^eor amitii dermt amp^:*
Je Toyois lâ Poire f^féet
Sadouceuc £dre la (octée,
Me pouvoir terne dians (à pe^g^r
Montrer ce qu'elle aToi; de beau ,
Hegarder. F^^icot fans cède.
Qu'efrceci, lui difois-ie. qu'ej^^pci
Je Toi de Tampiv: fur le jçi^p
^icn, je cacherq^vogrcfigj:
A Yotre toHf, fqjrç^ ^j^qjCÇL I,
Et quand quelque Aouf^giR |^ç^
Quelque Çayaliet incqngii^
Au Samedi nQi^^D^i^T^niis^
XJjuelquç Paw. m^9c gifimt ^
Pira:c'eft49j^lic3; Ac^p^
Je ne fçai p^, $% écrit J^i^j^^
Mais pour le alpins il x^;^ ^eg^
Vous qui Tçaurez.^ que tppjf^, %9fi^
N*eft pa$ toujours ce^pnçllQfi^p^fviîf^t
Qui par vos mau? , par rp$^mfmm^
Jugerez de ceux que je fens j •
^ Qui verres enfin ma pauvstf ame
3rulerd'tuie fendslable iSan^e^
Se ronger d'un pareil fiji;^ |.
G A 1 A M T H.
Cependant la Poire cnâamtii4c
Croiflbit, aimoit, étoif aimée ,
Bftimolt fbn fort bienheare^z :
En vain, pour combatre fcs fcw.
Son voifin, l'Arbre de Pyramc ,
Qui porte le deuil de fà Dame ,
£t TAmante aux pâles couleurs^
Clytie 5 & quelques autres fleurs
Du païsdës Metamorpho(es ,
Qui fçâvent de fi hellçs c&oDçs^
Lui difbit cha<;une. à (on tour :
Ceft unepefte que Tamour,
Comme une jeune écetttàtCi
De nulle blondins cajolée ^
Quand ùl mère , G^ (es vieux aas,
*
Lui défend de voir des galant^
Laiilànt paflcr cette tenjipêce ,
Ecoute y rit, faocbe la tête,^
Et dit par fois en marmotaat :
Vous en a^z bien.£air.aujt?At;»
La Poire votre fairodce.
Lui repliquoit : je Tout imites
En arrive ce qui pourca ,
L*Abrtcotm*aime & m'aimerv
Quand notre amour Tecoit pi^lique^
Ceft ^nrMimt^ckafte fi( pudiqiie»
Une ^UMor coittCL KUcPoi^^»
; . 1-41
m
.Qoifkns défit, & (ans efpoir^
<5*2ttackànt a)ix Ipiz da <levok^
^Nc prétend qu'aimer & que voii>
Poflidé d'un aixiQur ^xaême , -
i' Abricot n'pn dit j>as de mêxoe^
Il enrage , il fait le mutin ,
De ce due Ton cruel deftin
X*attaciie contre une muraille*
il veut enfiin, vaille que vaille^
j^algré refpalicr fie Ces doux , .
•Voyez fi les Amans font foux,
•Courber Ci tranche pour defçeadrc^
f.t près de la Poire fe rçndrc,
Auffitôt de fon petit corps
11 Y fait cent petits efforts, , .
•Lattanche 4 fon defir refifte^
l^ais dans foji defir il perfifte ,
Et menace de la quitter ,
Puifqu'elle veut tant refiftcr;.
«Elle, fans fe mettre en colère,
^rois fois comme \iné -bonne m«:c,
lui dit : Hola , mion fils , fifoïà.
Mais ce fou ;vpU5' la laMc- la ,
Il tombe. O Pdire infortunéc^î ' •
fx met fini fa deftinée.
Apfes lui tu fis cent efforts ^
fout aller joindre îbn beau corps,* :
jEn tombant, dè-to ôiê^flàe. fottCi; . - /
ft^aiitrbjaach^ ftt la plus Coti^^
Ca l an t wt» Ètjf
Bt pèutôtre encore aujouçd'hur
Ta vivrois , ÔTvivrois fans lui,*
Si bientôt Tamoureux Zephire'
N'eût eu pitié ie ton martyre. ^
Ce Dieu ptefque aamêaie moment^j*
Parlant àFlorètendrèq^ienr,
Difinr : fi flore étôit mortelle , •
Je voudroh mourir avec elle*
Ilentend'du Biliit a'ce niot/
Et voit par terre TAbricot i
Il voit que la Pbire' affligée
Se débat comme une enragée ,
Et ne 'demande qu*à mourir.
Je Veux, dit-il, la fecpurir,
JEln un état fi pitoyable ,
ta 'W.ërft un mal effroyable,
, • . •
Alors Zcphir entre en coUrrbux J- :
Et n'eft plus ce i^pbii; (l doux > i
Qu*on trouve di^iis cous »•& Poètes ,''t
Difant a Flore des fleurettes.
Il fc .renforce ,& puis devient,*
Tel qu'Homère ,s'il-m'cn fisuvt^nii'n
♦ ' •••'■•♦
lie reprefente en fe§ ouvrages ,
Couvrant le Ciel d'ép^iis nuages , -
Avec ces autres 'ihfoîéRs
Qui ne font nullement galans; •
it fbufHe ; 8c la Poire abatué
I(cn<i~giaces aucoupqyila tue;
Li^
itâ F é B s I s t
Comme eUe ^ arec même doncoK
Tombe anffi ma Poite £k fœar^
Qm Taimok ^ofei immir extrême,
£c prdqu^nnaflr cjiie |é vtHit arme*.
AûMi^\ui gios morcela d*Akstâte
Actite uie tjyiilfc aifiiiBeAt)
£t cette aigoilk enoâre «tt Autte:
Ainfi ma Poke fuit la yétre
Qaixoiik,^ iêrendaufficôc
Auprès de ùm cher Abtkoc.
Sapiio de fes mains charitables
Hcleireces trois miferablesi
Et pour s*étte fi bien aimés ^
Vent qne leurs corps foie embaumés |
Et mis entêmble en marmelade»
Qmcon^ <tamoiir ed msiadc,
C2?'il & gaide bien d'en tater :
Il Tcrioit (on mal augm^otbr y
Peutêtre jQ^tf àremportér.
Httaid po«?tattt, je t«>us le jort ,
Je tentera oèttfe atânture j
Car enS*^ fi jfe^fcltettpcmr tous,
M0ti Ibtt me fëtt)l)là:a vrop doux*
6 A£ ANTii; ,i0
DIALOGUE
ENTRÉ ACA^NTt It LA FAtiVETn.
A C À ft T !•
PXT I S (^u I Sapho n*cft point ki,
fauvette fon plus cher fouci,
ttcxks un pcti le îbirî) ]è ce prie^
D^entiecciiii m ivi'^new
t A t A ù t B T T i.
Moi ? j'entretiendrôis un ingrat ,
Om fait quand il yeut un gtândpial
I)'un AhtiCoc^ 5fr d'une Poiré ,
£t qui itè i&itrien pour ma gloire ?
AcAMTtk
Ma migitonfiê, lië difiviieht itlcft-
Mats mi m tt thMt^ toi.ihèhté ^
Ce mon orgueil Cètàk ékttéirre , ^
Si je prétendoi» par ntfcs retfc
Bgaler tes charmans concerts.
Pour un deitèin fi téméraire,
Lambert même , & fa fœur Hilaire
N^en fçavent pas encore aiTés.
Deux Roî&gnels , ces jours pafiîs ^
5e le mirent en fantaific :
l*ttn en creva de jaloufie ^
Lfiij
**• fOtêt vs
m •
Se rojanc par toi ruroioncer 5
Et l'antre en crcira de chanter;
La Favyitti.
H n'en cftr riciii nuis je iWoac,
ïaui , oa vrai, j'aime qu'on me lotîc^
Cliacan cft de même , je croi.
Parle donc : que vcux-tu de moi?'
A c A N T I.
Eft-il vrai j cd&re Fauvette ;.
Qu'en ce lieu faifant ta retraite;
Déjà depuis près de vingt ans ,
Tu reviennes tous les Printems j.
Qu*un petit animal volage.
Un petit oifeau de pafli^e ,
Parmi tant de légèreté,
Confervc tant de fermeté ?
Qael charme feeret te rafpdler
Ccttp toufic d'arbres e(l belle j
liais le monde a tant d'autres licor
Où tu fcrois encore mieux.
La Fauvbttb.
J'ai piurcouru la terre & l'onde :
J'ai vu les quatre coins du monde,'
Sans voir en tous ces longs détours ,.
Ce qu'on voit ici tous les jours.
J'ai bien vft des filles fçavantcs ,
Mais qui n'étoicnt que des pédantes 5
6 A l AN TtS» ^ Il|
©es filles de grande vertu ,.
£)onc Tefpric écoit bien corta ;^
Des fifles d*efprit un peu folles ,. •
Dont refprit n'étoit qu'en piiroles;-
Mais une fille fans défaut ,
De qui le cœur lut noble 8c haut ;
La vertu prefqu'inimitable ^,
L'efprit grand y folidç ,, admirable ,'.
Sage , éclairé , poli ,, charmant ,
On le chercheroit vainement
Par tous les. quatre coins du monde^^
Càïr Sapho n'a point de féconde-
" A CA'lt'tJB.
Il cft vrai 5 mair l'ambition:»
Eft une étrange paflîon.
Et qui croira que de ta vie y
H ne t'ait pris aucane tftvie^
D'aller en uti plus Erèau (S jour
Charmer nos Grands : faite ta coter i
X A F A U V E T T B*- . »^
Bien dcç Grands^, aa fiéçk ou nous fom-r
^cs , • . ^
Sqnt petits , comme d'autrea hommes t
Et la.jfiûpart.. ,. ^
A C A N T E.
Hola tout beau;- ^
Fauvette , ton petit cerveau,
Sans prëndft gstde aux confcqueiicet
Sempotusok en médiGuices.
Je comMHt les Gcands, Se j'envoi
Qnc |*cftiitte tnffi peu qœ toi;
Mais j'en ffaî ^ de qnatte encore
Qui «erirent qa'on les lionoit.
£tco2 qui n'en fids podit^cas^
i>»«-nwi, *»e le oeilMioi»^ pas,
Cdni qtst là&plM» têréit.
Des Mâfes rAm^ntàr te Pefe,
Grairf en cfpKt, gtand en bonté ,
Ëc grand en generolSté,
Fâdieaz en un poinc^ jefaToiie,
Ccft qu'il n'aime point qn'on k kmejr
La Fa V t a r va,
Ma beau laite, c^en
De rodent à f Ocôdam,
En France, ana lUtiaUm ftiMggt,
T«Bt lélMflc de ArMhagas^
Et tons les joors par monderoir
Je fuis piètfe de ralTcr voir.
Maâ €Mi ikl'a «ttf qoe éent lAii^ ,
Au bien de TEtat néceflaircs , •
pd^t*ftt iiiceftfttttiènt:
ts'il faut que bien adroiiemeàf
Ses moindres momens il difpenfe.
Pour pouvoir donner audience
A cent & cent Particuliers,
Aux gens de Rofcc , aux Cavaliers ,
G ài A A ^B s. t)t
An Peuple, à là Coar^ ataPoetes j
£t point ia tout pcntr les ï wrettes,
A G A I^ T E*
Il t'écoutera toutefois :
Prépare {èulement ta voix ,
Et quelques chinions des plus belles :
Je lui dirai de tes nouvelles 4
Mais en échange ^Ciicau cbacmattf^:
Parle-moi plus fincéfement*
Sapho^ dis-tu , cette merveille
Qui n*aura jamais de pareille:,
Te fait aimer ce petit boiit :
£t ne ffait-on j^ ^'«itftfoii^
Qu^nd cette lumicie é c to tMWg ^
De fes pcopres daxtés coowifte
$e caçhoit encore à nos yev» »
Ou n'éclairqit (ju'cn.d^autaBS Uttfk^
Ce boisy la première demçnre ,
Te fcvoyàét comme à cette li^uce? . 1
Xa PAoTtt t tu»
O dieùif , tii^iucâc cxtierAitc
- Me ittét ta ctitiofité î ,
Véust-tik qttè tes tâCCs ftittttès
Se mocfkertt *r ttlCi atWitUrcs,
Et qu'ôii les Tettde àli ^Jtrihiêr jour . .
Aiîecqûc l*^Almiiiïach d^ Amour ?
Mais tes promeffes font ttop grandes.
Apprens ce que tu me demandes ,
"^
£c s*il fe peut, tiens le caché.
Vingt ou trente ans ^vant Pfyché^
L* Amour qui n*aimoit rien encore ,*•
Avec ce feu qui tout dévore ,
Se divertiflbit dans les deux
A tourmenter les atitfes Dieux*
Ni le Trident , ni le Tohnerrc ,.
Ni le bras du Dieu de 'la Guerre ;
Ni l^reflc , ni le f^çavôir
Ne refiftoient à (on ffôuvoir 5
Et bien {buvent du plus aimable
n feifoitie plus mifcrabkr'
Apollon étoit'^rebuté', .
Quand Vul<^in étolt liéh tifàité;-
lies Heure* portier és^fidelles
De cesdcmeures éternelles,.
Qui fans autres foins important
Nefottgettfqu'àpâfRrléurtèmsV, '
Un jour , pour punir fon'capfice,,
Panquelqu^gi-éabh! maîice;^:
dirent qu'il iàHoiti foh tdur
I>onner de l'amourà l'Amour^ . >
Biles font deux fois douz^ en nomfeic;,
Ce qui rhumcur n'^rie^ de-fombre;/
Jeunes, fraiclies, plci^ d'^pas, \
Marchant toutes *d;un môme pas ,.. - \
Toutes fœurs , toutes d'un même agCj.
Même taille, ".même vifag^V " *,
V,..' .
<3 A t A M T ï s. ,l.j^^
:Mème feu brille dans leurs yeux.,
:Et rien' ne fé rçflenjble inieux ,
Dans leur.nxonde, ni dans le jiôtrc*'
Que fait une heure àyec une autriej.
Leur Pçr.c môme fans pareil > ....
Soît Jupiter, foit le Soleil , .
Car rhiftoire en eft incertaine ,
Ne les diftingue qu*avec pçine.
Cent fok.il s*eft embaraffê .
Prenant Irène pour Dircéi
Souvent il appelle Ortçfîe ,
.Qu'on lui i?éponde : c'eft iVlaut;^. .
Une de ces aimat>les Sœurs .
ïit un grand amas, ^.e douceurs ^
De mots pbligean^,.^ de c?tre{ïes ,..,..
De foins ,.d'arpitiés. <k fendrèifes^;, .
De ces rcga;:ds faux & charçians , .^
•Qui pojv Iç? cre4ules Amans
Difent tout ce qu'un coeur defire.
Et pourtant ne veulent' rien dire.
Elle cKoir^t &tcms & lieu ,
Pour attacjuer ce petit pieu, /^
Qui peut dompter les.pfus reUlles ^- , ;
Et bien qye de mille autres Belles
Il eût fçû défendre fou cœur ,
Soit qu'il fut;, de ojieilleure humeur^
Soit que fon heure fût venue ,
JL'Heure lui doiina dans' la yji^ji • ^
154 FoBSi&s
HeUs , dit-il , en fboçiurvt ,
A la In une Heme m*appBend ^
Par le vouloir des Deftinées,
Ccqne n*avoienc pu tant d'années.^
Que mes flammes y que mes liens.^
Etoient det m^ux >. étoient xles biens ^
Et ce que mon cœur inreniible
TrottYoit encore moins poffiblc ^
Des maux qui & font dçfirer ,
Des biens qui nous font (bapirer.
Puis il lui parle de £es charo^es ,
N'épargne prières, ni larmes ,
Exprime mille ardens defirs
Par autant de brulans fbupirs.
Et dit en Con nouveau martyre
Tout ce qu'aux antres il fiût dite.
L'Heure feint dé s'en irriter ,
Un moment après d'en douter i
Puis de le croire ^ & de le rendre.
Enfin d'une voix douce 9c tendre :
Soyez, dit elle, en le quittant,
Sojtz amoureux 6c conftant ,
Et fçachfiz qu'un amodr fidellç
Ne crbuva jamais de cruelle.
D'aife T Aniour eft transporté.
^a nouvelle félicité
Se répand fur tout Ibn Empire :
Kien n'y gémit « rien n'y foupire j
En piaifics ch^^»gs^$^ Ig^^ rooimeiift^
fit la plus croeUe fy^^^aict:
Oerient heateujQe aa eiperiiocfi.
A peÎQC le Soleil Iç^^m
A commencé le jaiii; fmvAm,^
<înc r Amour ^'47#ittt, ft picffib
Et coipme iwigwît in&iiff
Cherche les y^ qui rwt Wcfi.
Maïs p^cw.tsvatd^ Qxivui$ aiuttl^^
H trouve tous te%jçw&jfei«|)labl«*
<^hacunc a^les ii^^s a^rrmt;^^
Et le bleflb d^; mêmes ccaits.
Chacune loi r<aaÈte ft Balte ;
Ccft elle , ôQ. ft ctMireft pas. cite
En vain d^i gefte & ia jrcgard
n veut attirer^ Péçacc^
Celle dont il hpi tCclrrc $
Chaqiie Hanse d'en, pat lent & grave ,
'Feignant dUgnorer. Ton cnntii 3
f aflbit & & moq^oit de lui.
Il s'éloigne ,& dit en luMuèma
45ue peucètf e THeuxe qu'il aime ,
Pourîe combler de fes favcu»;
& dérobera de &s-Sœur^
Oéja (on ame impatiente
fie ,cpjbu&Wft d$«p cccte «t^ittc.
t^ PO ES îl^
tanuis on ne fit tant de vœux t
Jamais dans rEmpire amoureux
Heure ne fat tant attendue ,
Que le fat cette Heure perdre.
Tout trifte , tout honteux , tout las ^
L'Amour retourne fur Ces pas.
Alor^Tooces ks ^Sueurs enfemble
Lui difent:: Amour que t'en femble ?
Eft-il pas bien doux d*être Amant ?
Les Heures n'aiment qu'un moment.
M«s, po«"^ ^^i» ^^ ^'^^ prend envie j
Tu peux aimer toute ta rie.
L'Amour /après un tel aflront
Eprouve un changement bien promt«
Il n'a plus que de la colère.
Et rien ne le peut fatisfairç.
Pour punir la faciUté
Qui l'avoir fauffement flaté ,
Il veut, & fes^loix font bien rodes;
Que«ces Sœurs qui font tant les prudes;
Qui dédaignent tantibn an^o^.
Brûlent d'autres feux tour à tour*:
<Ju'on trouve Une Heure .en la journçc^
Foible, facile, abandonnée,
Qui ne fçache rien miénager 5
Bt ç'eft là l'Heure du Berger.
Mais quoi ! fà flamme méprifëe -l^' ^
E^ns le Ciel, fcrvok dcïific :no > s'i
SquiffC
if quitte le fôjoiir des Dieux , -
Et pour laifZèi en mille lieux
Quelque nurque de fà vengeance ^ '
Contre la perfide inconftançe :
O vous , qui par de lâdies touss '
Troublez rfimpire des. Aûpoors ^ .
pk'il, yains difeurs de fleurettes i > x
Volages, inconftaas, coquettes, •
Etprits changeans , foytt changes ; «
Et que les Amours foient venges* -
II dit i Se fa feidc parc^: . m . i
Allant, de Tun àrauttePfde.,
De taille & mitle. Amans légers
Fit autant d'oifèaaxpàXTagers. :
Ceux à qui les amours nouvelles '
Ont toujours femblé les pkis belles »>
Comme ces oifeaux inconCbn^ , •
Cherc)iex]it:en tous lieux le printems« %
Ceux que la froide indifférence
Seule porta dans rinconftance, . \
Vont cherchant les climats glacés; « ,
Et par le beau^ems font çhaifés.
Oh vit fur la terre & :fur Tonde-
Ploter la tii^upe vagabonde >
De ce^yçlLagesemplumés*
Lès uns en Cailles transforQiés -
Vbleterenf:le& ailes baffes. .
Les âujf ç^ dçvpïVtfs Bicaffeç, . , . ,
^)| ¥ O f t X B s
Se croaTerenc un pié de nés*
Qttclques-amres plœ étonnés ,
Que s'ils fiiffimc tombés des n«cs ,
Se ttouvérent tovir«jUfatr Gnies.
Faut-il te cfire men ma&eUr!
Prens-m ^aHf à tnt doi^ieur^
ni bie», pemr être «i peu coquette»
Je derifts fnoi-«)éifie Faumce;
Mais c'écdir ta tmm jotnes ans
Que psfoîtdes^hefiirs 4hmtgeàas.
Le tons m*at fiiif ètte {«lus &ge«
Jeconfiiltequàft^jt mreMfragrj
Mais àts ^oe /sa ai fiÉrfcnueM»
faione enâiîte éKomikmenu
F«ttr téniMgAer 0Ht cepentance
An I>iflu tengeor de Pfneonibttcey
Tout ckangemeiit m*eft odieur,
Ju^ues su chuRgeaiehrffe^fieat»
Si ma cruelle deftinée
Me fait errer toose Tâonéé ;
Aumoins, ifautilathc^ùÀGa»
"^ Hev iendra^ fat votre itokiSdn ,
Ce hoîBy ma pfemîere Ameute ,
M'aura jafqû'âee^Mf jeiMuie;
Ou que par va dteftin plttS' ébtat
l'Amout appaife kà eeutfèux,
Soit enfin touc&é de ma^pekle»
Bt <y icpifcl»fcnttel«imaiwii
G A L A N ir E s. Vj^
Ac Ait r 2«
Uj'il le fafie 5 ftn fiiis comérit.
Entre noas , Paavettc , pûattitit
Ta conftance n*eft qa'tmé Ùibié^
Co<|\iettc eft un mal meut able.
Qui coqueca- dès le berceau
Coquetera jttfqa'au combeati.
N<ms fçavons tonte ton bîftoîrj^.
Penfês-tù nous en faire accroire ?
Nous prens-tu pour des Atiemans?
Un Poète des plus gâlâils,
It qui fè connoît en coqâieteà
Nous a GOAté tes aihduretds
Avec le petit Roitelet.
Et que dis-tu de ce poulet ?
JeffaàqMije ne fuis pas helkf
àîais je ckante pâffablement ;
Et qua»d un m^dmfe temimnént 9
J'Aime cemme u$e TouneréUé.
La F a u V b f t 5.
Jefçaiqu'okt péttt nialaifémenc
Cacher un amoureux tourme
Mais plus malaifément encore
Ne point aiiAer qui nous adore*
A e A N* T B*
Tu fais \Atn 5 car en peu dé ^ot!^
Les conftains ne (ont que des ibts.
Chcre Fauvette , quand j'y penfe ,
7a peim dl une récompetife »
Mij
Ï4â Votiïts
Tu peux d'an defii cnriciiz
Vifiter la terre Se les cieuz.
Voir les villes & les provinces ,*
Les difikrens fijours des Princes.
Point d'aâaires , & point de Cour:
Jamais de violent amour :
Jamais de pen(ce importune
Pour la gloire y ou pour la fortane r
Sans autrement te tourmenter ,
Qu'à prendre l'air, & qu'à chanter »
Faiûint de journée en journée
Unprintems de toute l'année.
La Fauvette. /
Ah y que tu connois peu nos nutnx !
£t nos peines, & nos travaux!
Trembler fans cefle pour fa vic-
De mille ennemis pourfuivie ^
Trouver en cent climats divers.
Non un Printems, mais cent Hivers:
PafTer les mers les plus profondes,
fin danger de cheoir dans les ondes.
Si l'aile vient à nous manquer.
Ou la tempête à nous choquer:
Bâtir & rebâtir fans cefle :
Chaque jour , quand la faim nous prcflè j
Dep£;uplcr tous les environs "
De Mouches & de Moucherons :
Voilà nos plus doux exercices,
£c nos plv^ charni^îs dç^liçs^i
Croîs-moi : je te le dis encor ^ •
Tout ce qui reluit n'eft pas or j ;
Et le plus fbuvent llnconftance
N'eft heureufc qij*cn apparence, .
Aime toujours fiilclcment,. .
Et prens bien gM& feulement; .
Que Zenocrate, (a] s'il n'eft fage;.
Ne devienne oifeau de paflige. " "^
SUR LA MORT D']UNE PIGEONNE
qu'aîmoît Sapho^ & qu'elle avoU
nommée Mignpç^, -. ,
y^ U iTN o fia 'Pigeonne :9ttx abo»; ..
VjyEptouvoit les dures loix
Qui ne diftinguent perfonne :
Sapho d'Urt tendre difcôufs ; ..
Pleurez , difoit-elle , Amours • -
Pleurez. IVaimable Pigeonne. *
les Ménages , les Gombauds ,\ ^
Aux chfants^amoureux & hauts ,
JDont le bniit partout iéfonne , ,
Appelles à fon fecours
Kedifoient : pleurez amours^*
Pleurez Taimable Pigeonne. -
/«î.
( it)* VMttur dtr e^lmmnéuh d'Umwtifqu'm dit de
même :
Zenocrate toujours amoureux & volage ^
Cûuranc lesmei^d'AiaiOax di» xi/age en ii/agi^
An petit bois enchanté ,
rOifcia qa*on a taiit vanté, (a)
Malgré rHiver qcd Vétomie ,
Ditdcfim ton îc pttts douif
Pleurez , Amcmrs , atee tt<5u$ ,
Plcorca raiituMc PigOmnc,
LaTcn&effc aux yeux charmans
S'écrie à tous les momens :
. Aiiottp^t j«na»i'^y Migrtonné.
Péridint tfM lés }jAmix!
Pleurez, A*H>ttfi, *vec nous,
Pldwi^ ^dmaMr Fîgdo«tiâ«
Touchés dfr fcs doux accens ,
Venus & Tes chers En£ans
Ouvrent fon cercueil d*ivoire ^
La font un Aftre nouveau , (b)
Qui brille 5 également beau.
Dans le Ciel, & dans rHiftoirc.
En cet état glorieux
Elle a regret à ces lieux ,
(s) La PauTctte qui tcvenoit tous lc« tss dani le jÉr-
4m de Sapho^ 6c qui a été 6 cekbiée pat difièiciu Po«-
(^) On venbit de décottYtirb Comctc que ptufitwi
C'A I À 11 T-i S, i4|
Merveille d*an cœur £dâe s
Et de cent petits ^tts
Agitant /h feux trcnAixis^
Croit encocbcittfedtf tT&Lt»
Encore (on fieix^ amoiUr
Soupire apràs 1^ x«ce%i&.'
Encor le défis U preSê
De voleter far k 6» ^
Et de manger éirnnià main
De fâ charmante Maim^f.; • ' -
Le Cygne ( 4 1 ^ux feux argeniifr
Etalant mille beautés »
Lui vient offrir fa franchifé* .
Mais, 6 Cygne infoxtimd , .
Son petit cœur mutiné
Hait tes feu;i ^ ou les mépji^ifi;» .
L'Aigle ( b ) plus impérieux ,
Veut que le féjour des Cieux
(-4») Le Cygne, o^ ta foule eft VafiS'des vingt- anr
Conitellacions SepceucrionÂles. Elle ei^ .ççipfioféc de 17
Kcoilcs i une de la Cecofidc , Cint) dt Vl crôifôme « neuf
de la quatrième 4 & deux de la f ifij^usfiiixr grandi^ux*
(^) Conftellacîcm Sefcenrdomallr /composée de neaf
Etoilef ; une de la féconde ^ quatre de la tioiiîémc »
■ne de U qcuttioiw « 4c ^f^* de la «uiquicmc ^ta»*
P^O SE i-B f^
JBr rappaife ydcïSL canfole ;
Mais pour un coBor enflammé, :•
Hois d'aimer, 8c d'être aimé , * -
Qg'eft-ce qiH n^ poinc^civoJe? •
Sapbo feole ftie ci&atiji62t'; >
S^bo iênle m'enflaknnfioit ; -
Dit-elle. Hâas ! qœlle grâce; «
D^époaTànter diç mâfeiiif-
L^AftrologueoiMkêiirèiâcV' '
Ou la vaine pcipalicê 1 - '
I^geôtine cohfble-tou •
* t * "
Un Roi, mais le plus gtahd Roi
Qu'on poifl!^ ovt ciierif /ou craindre }
Apollon s'en eft yântf ," :
louant ta fidélité ' ''
Trouvcrr ton fiftt*a plhliidrc; -
* • . • • • .- -^
Et qufe de jeunes Héros;.-
Impatiens du repos ,*
P^HK de femUàbles louaiïges >
Iroient encore une fois., ' .
Ëcendrvikundm^rkitçok ^
Çhés les Nations étrange^ T
9^
c -»-
->^ MH^ . A*. ••'
Ta
G A L A K T B »• -pfjL
Tu l'as vu, Croiflant altier ,
^ <2ai brayois le inonde entier*
Leur Légion foudroyante { 4 )
Vint arrêter ton dcftin,
'Qui ne faifbit qu'on butin
De r Allemagne tremblante».
Quel brait l que de fang verfê ! (&|
L'un blelTant qui Ta blelFé
Contente fa noble envie ;
L'autre meurt dans Ton Drapeau 3 ( c](
Et , s'il l'emporte au tombeau ^
>
Ne compte pour rien favie^
François, c'eft trop attendu;
Ah ! le Barbare éperdu
{a) Allafîon à U Légion chrétienne qui l'an de J. C.
176 remporta fous Marc Aurele une viûoirc complète ,
fur les Marcomans; les Quades, les Sueves, & autres
Peuples du Septentrion.
(b) Combat de S. Godar ou du Raab donné le i Août
I66é^, Louis XIV. avoit envoyé en Hongrie 40ÛO Fran-
çois fous la conduite de Keifieurs de CoUigny & de la
Feuilladc. Celui - ci char_gca les JaRiffatres avec tant de
vigueur qu'il les renverla i cat M. de-CoUigny ne fc
trouva point à cette aâion^ -dont les François eurent
tout l'honneur.
{e) Lt jeune $illery (impie Enfeigne ^au Régiment de
Turenne ; mais ayant pour Blfayeul le Chancelier de ce
nom^ & qui fe fentans ble(£^, de peur que les Ennemis
n'emportaflènt Ton Drapeau^ après avoir en vain appelle
quoiqu'on des fîens pour le lui lemettrc , s'envelopa fie
û roula dedani ea flOiOiltaaCi '
ClicrcliC<èa*fain *àttr8é Ritiéte.
Je voi fc$7cttt*ftottis.
8t le graild'ilamilc'iiollis
Marche dcwit nos Baiftifercj,
Le Bafla*( a) plein dé ^Wc
S*aba]idofUie à la '^AtMftear ;
j^cte ysfir pâlcfc Nè«ie(-A)
f rès d'attcntei: fin f«s, jours
Prend Mahomtt pour recours^
Ht rQ(tette,^ k bkrphêfoe.
€i m «TM faible^ 9$ menteur t
D.it-il, î«i foéZ/^e iè feindre?
tre^epùint'ajfésdefangi
4h ! ^efi Heure ^ & te Roy Frkw:
Que nous ièbkm un i tràMn^
Ji^ttfc , tu vqIçs trop hîmt j
Ç^t n'eft pas là ce qu'U faut,
y aime Tardcur qui te prefle :
|c voudrois t'y convier.
Mais qui te fait oublier
Ja ^igconj^c iç ta foiblcflc l
I*) LV» ics .Bafas ft^t tué . 8c les 'turcs peidittûl
4aîis ce combat près de looo lUM«W*«
Galantes; a*
En Tain tu chéris mpn JR^oi; ^^
Le Laorkr n*eft pas pour toi»
C'eft afRs d'être galante ^
Et qu'après nos triftes joi|r5
On difc : pleurez , Amours >
Pleure^ ramoureux Acantc
•-. T
PL ACET AV ROY.
Af. Pellijfon étant 4 la Bafiitle fitpnfènut,
ce Placet au nom de taPiffonnede Safho^
O I R B^ iifltcpauwejigôonnc,
^ Innocente, franche,* bonae.
Attend pour ]fi moins de tous
Ce qu'obtiennent les lilouz.
Quelque moment d'audience ^
Non pour demauidervei^ance;
Soumiie aui ordres du Ciel ,
Elle voit d'un cœur fans fiel
Le Jaloux, de qui l'envie
A fçû la priver de vie.
Elle ne vient point apffi.
D'un ambitieux fouci ,
Chanpec toutes Içs oreilles
Du g^and bruit de vos merveilles;
Un Cygne au bord du tombeau
Ka pasie chant aflKs beau s
Ni;
•Et «*il totûoit rcntreprendre ;
c^eroit contraint de fe rendre,
>Eii un mot, Prince charmant,
.^ On lui fait un monument.
Mais on eft en grande attente
D*ttn homme qu*on nomme Acantc i
P*tm homme à plafieucs n\êtiers :
Très connu des Financiers ,
lEt itès connu, des Poètes ,
Qui fait parler les Eauvettes^
Qui peut rimmortaltfer.
Qui peut ) c'eft beaucoup o(èr ,
Je ne Tçai-fill le faut croire^
Ajouter à votre gloire.
On fçait qu*il eft détenu.
Jufqu'ace qu'il foit -venu.
Elle erre i^ins fepulture ; ^
^Xt de fon petit murmure.
Pleine de . tetncrité ,
Trouble votre Majefté.
■ Sire , rcndez^le , de grâce;
Aux voeux de tout le Parnaflè;
Tout le regac des Oifeaux
£n fera des chants nouveaux.
» Cygnes ,- RofCgnols , iFauvettes ;
!Daa9 leurs .peines plus fecretes ,
A^près.un il bon fuccès ,
<yous,4on^çi:piit lc»rs pl^ç^^'
Cfhantans jufques (bus le Pote -
Cette agréable parole: -
AâmaS'le d^ùn cœur fournis.
Malheur à fes ennemis»
Lés plus fiers oiïèaux dé prbye,'
Moitié^ cfaintie, moitié joye ,
Aux placets auront recours. ^
Même avant fort peu de jours ;
Nous y verrons venir, Sire ,
Jufqu'à r Aigle de TEmpire.. ^
a a
llA GROTTE DE VERSAILLES,
I-D Y'LLE A
M X s B E N M u s I 9^u s.
Vne troép€ de Bergers qui jouent -de divers iifftri^
mens 9 tiennent dans la Grotte pour y fakt
un 'concert champêtre.
Récit chanté par deux Bergers.'
I. B B X Gin.'
A Li. o N s , bergers, entrons- dans cc^. heui
•*^^ * réuxiëjour.
Tout y paroit charmant , Louis cft de retour»;
Il fort des bras de la Vidoire , ■
Et vient aflembler à leur tour
Les plaifirs égarés dans les bois d*al«Rtgp^*
Nuj
]i^;a^ P o t s z 1 s
1^ Bbkgek.
B & plaît en ces lieux à percke la ai en Knie
Delà grandeur qui brilk dans ùl Çout.
Ceflbns dp parler de la gloire,
n n*eft permiis ici de parler que d'amour»
Le Ch^m" des Bér^ert répète:
Allons, Bei^s, éAtfdiïs izm cette Beureur
ffijdusr.
Tont 7 paroit chttûta/iît , Lduis^dt (le rttou^.
far ie Çbmur:
iiixii ces c^armaiv^es retraites
Accordons ntfs dbatutheaiu.
Nos pipeaux,
Vlos mu(cttes ,
Au iàtMl%t dés ûifàau/*,
£t éhinton$ nos amourettes
Au doux murmure des eaux.
! Âmt Cbanfgn chantée par deux Bergers i f»
deu»¥iut95 réfMeftà.
- e&niàéiUtA lé<]^&Hâ:s\ Bergère,
Le temps ne dure pas ^6tfj6iif^.
là tùàlSàii U j^tfiS c&éré
Eft c^ iti àmoiSfs;
Elle lié fl? J^éttt fetté
* Sfi» iAttttm ée hùè jours.
te Chmr des Bergen re^T
Danis ces charmantes retraites
Accordons nos chalulricatix.
Nos' pipeaux ,
Not;nni<btos ,
Et chantons nos amourettes ,
Au doux murmure à^ e^î».
. «f 4ft^e. c^Mfté pof dem urgen i^ui -
deux Flûtes riponé^t.
Sortàn**^» defiaetsj détournotifrteii nos pas.
ftKttff^ qtiîtter fi -tôt CCS eii*Poits pleins 4c
•• çharmci?
r Amourcff dans ces lieux , avec to«S. fife appasi
Aff l quHïeft doux iti de hii rcnd?:€ ks armes J
Où pourfîWiS-nous allti oirAmout ncfât jd ?
Voyons tous d^ en amour
lui de nous fçàu»^ prendre
L'ardeur la plus tendre.
Nui)
kjrV F B s z s S'
Ne craignons point le toacment
Qa*un cœur amoureux doit attendre*.
Ceft an mal trop charmant
Pour s*en défendre*
Aimons y pnifqa'il ïc faut, dans ces* liaxfcùi je^f
ferts*
IL B E R G B B.;
L*amoiir dans ces beaux lieux n*a ^e cTaimit
blés chaînes.
L 3e R G BIU
Il a de quoi pajrer le repos que je perds». .
•IL Bergeiu
Il n*eft pas de plaifirs fi charmans que (es pein^
La liberté n*a rien de fi doux que fes £ers* .
JEnftmbie. '
Voyons tous deux en amour
Qui de nous fçaura prendre
L*ardear la plus tendre.
Ne craignons point le tourment*
Qu'un cœur amoureux doit attendire.^
C*eft un mal trop charmant
Pour s'en défendre.
Mtte Chanfii^ chantée par un Berger y & refetéi
'par le Chœur.
Chantez, dans cc« Hcuxfaurages-,
Chantez Roflignols heureux $
Mêlez vos tendres ramages
JKarjpinds chants amoureux.
L*amoùr dans nos chaînes
. Tlatte nos defirs.
Nous chantons nos peines f.
i " .'ChakTtez vos plaifics.
tiS'RoJflgnols mêlent leur ramage au concert difl^
peurs mftrumém^ & lés- Bergen répondent'
par cette Chanfoi^ : .
Ces oifeaux vivent fans contrainte^.
S'engagent fans crainte j ,.
Leurs noeuds font doux. .
Tout leur rît, tout cherche à leur pliîrei-
Nous devons- en être jaloux :
La raifon ne nous fert de guère;
En amour ils font tous
Moins bêtes que nous*:.
Autre Couplet,
Danslçur chant ils difent fans ccSc
Que Tamour les bleiTe.
D'aimables coups*
Tout leur rit, tout cherche à leur ptaîrCl;^.
Nous devons en être jaloux :
l4L,j:a2|aa ne ao!i$ fert de guexa». . ;
ff4 f •*m»
£h aOKour ils fbnc eooft-
Mèins. bêtes que noos^
Duks CCS icCctts pài£blcs ,
Rochers , que Totre Coït cft doux.!
Vous êtes infcnfiU».
Trop heoseiB qù Teft côQoanevoqs !
éltvéuti fa vofXy & U tenant dn eût ic .
achê , elle MUge enfin a M risniiu
£ A B s K <S s R JBT»
Bcfuis que Tcm fbtipife
SonsTamoUreux empira;
. l^epois que Ton foûpire
Sbnsr Taimotifeufi Ibi j
Bdar! quifiiê jaitiaiis^si'plîân<lreqciellM)i?
Moi.
JL A % B R G £ R B«
Mclas!
âelas!
£ A' B ï R <^ X r;e.
Qgî, fut jMuUs pl9^ i pVûxi4(e 9^ i&oîr)
plus i j^\iàtïiS6t iJttC'OÉcA^
* •«•
Quelle y^ix viérit ià CepUinixe}
L'Ee H o,
Ia *£ AguîTs;
[Q^én <Iottton$ plus ; ce (ont les*
€c^fcmttesÉicli6s d*afcntoiir;
Là^Bbkgsxb*
efSàiniÎpe.
Qi^ VAaifm eft à emiufiiri/
Et Chmffdif Wif%m ttHmféfiti 4t mt ht hgk
tnirnis dis S^hos^ fikiPpUfk§ ve^^fitàmms*
Que le chant des oifêaux nous CccooêCi
Que rSchonous réponde.
Chantons en ce jour
Chantons qu'il i^eft Mil éam le monde
Qui foit infenfiBle i CaAaour.
15^* Fes^i I s
L'AuTEui^ de la comparaifbn de la Mo-
fique lulienne & de la Miifique Fiao-
Goife (m) mec cette Idylle fort au deflos
de lldyUede Sceaax , p^urce • qu'outre le
mente des paroles qvd font le-chef-d'cea-
Yre de l'Auteur , elle remporte aulE ia
c5cé de la Mufiqae: » Racine dans fon
n Idylle fe pique de tetiâes forts ^ 8c de
n rimes riches , au lieu de^ yifer à une
n douceur coulame doat le Mufiden a
«y befbin. D'ailleurs fl a manqué à égayer
^ le goôc-grec, à y répandre un air riant,
j>& mrtourim air galant que demande
»n9tre Poefie chantante ^ & PellifTona
jr fça donner à fon Idylle un vrai tour
M^ de galanterie cBampêcre qui devoitani«
9i mer autrement la Mufique de Lully.
U ^le m'appartient pas de pron<Micer fur
le mérite des deux Idylles. Elles ont Tune
& Tautte de grandes beautés ; niais on
lit avec plaifir Vieille de Sceaux , & Ton
chante encore aujourd'hui U Gmti de
Yerj[aille9.
(«) Dialogue it.
"^
G A t -A-^ T E'S; Vfy
RE'PONSE A UN PLACET.
Le M. de Dangeau avoir prcfenté le Pla-
cer fuivant à la Reine , pour lui dcs-
mander la permiffion, d'entrer dans la
Chambre des Filles.
r\ANGÉAU vùus demande une gtac^p
r^ Grâce qui ne vous coûte rien ,
Mdis n Tteft point d'effort que fa Mufe ne faffe '
Four obtenir un fi grand bien,
En me donnant cet avantage »
Vous contenterez tous mes vœux.
Je ffen ferai pas plus heureux ;
Mais fen paferai pour plus fag^.
En me donnant permiMoh
Vous poftvfTi établir ^ma , réputation
Sans que cela nuife à psrfonnii
Que craindrgit votre Majefti ?
Tous les exemples qu^elle don^ .
î^infpirent que ^honnêteté.
' M. Pelliflon y fit cette réponfe :
YoTïs demandez fi bien, qu'on nepeutrcfu%;
On confcnt à votre demande.
Maiy cependant on vous commande
'•*ctrc content du droit, & de n'cnpowufçç^
Cherchezp-Yoos ce qu'on appréhende ?
SU &at ne ^oosnen dégnifer,
. Lajaifon en eft jfifte & gr^pile.
Vous demandez £ bien , qu'on ne peut refbiâ.
QJT A T R A I R (a)
^^ U .peuc-on «oin«r.iks Aowif
V^ <^ QQUsfbieatàjaiiiakfidelies^
Il xj!tti eft que dans les Mjomam^
Ou danç k$ nid» des Xcnuxenlte
*#*iM
CHANSON.
AQ^u o I fa fcnt't aâc -^kcfcafin» ,
Iris ^ fi Toq^ n'dmez rka ?
Quoi nos plaintes ^ no$ larmef
Vous font-elles qttdque bitst^
Souvent c'cft une infortune
De fe laifler. enflammer ;
Mais la vie eft importune
'Qui fe-paffe- fans* aimer»
Je S<ideryTM. 4* »ûf^. <Ut& 4» i» f«.«« W*"
L*mméttifgi,-T«m$tlt
I4 (los ùi^tA la;.plus.bdle
Teut trouver un inconftant^
fit l'Aount le fluiSdélle
En peut rencontrer .autant*
JD*one plainte fi commune
X>n a droit dé.s'allarmer.
Mais la vie éft importune
«Qoi (è palTe fans aimer.
T R E.
DOli->f a Véos^ûmer» StWiei»
Dites4emoitimt.de bon,
Doi-jcvQUS aimer ou aoni
Depuis peu )*en meurs A'envie ,
Je (uis las de n'aimer rien.
M^s jenl^imerai ide ma vie ,
4^i ipe n'eft qu'on m'aime bietv
Parmi tous c'eft être prude
Que d'engager un Amant
€^our rire de Con tourment.
yous n'êtes, qu'ingratinide ;
Mais vous -avez mille appas*
Àh que l'on foul&e! A qu'il eft nid^
P'aimcr 4i: 4^ iof^VSé^ t^i
l^CO 9 4y E4 l'BS-
1^ ' ■
AUTRE.
EN ▼ A i« fcvitc Tos.beauir ynix;
Mon amour me fait ea tous lieux ^
C'cft une erreur extrême ,
«Qoi ne yeut point aimer, il aime*
44S8M
JD cft trop aift d'enflammer
'Un cœur tout réfblu d'aimer.
Le mien n*eft pas de même*
Je ne ycw point jùmer , & j'aime»'
X'amottr (orprend égalemeht
Celle qui s'engage aifcment.
Et celle qui raifonne.
Qui n'7 croit point donner, y donne.
AUTRE.
QXJ B ferons-nous mon cœur au mal qui te
dcvprc?
Il eft fâcheux de n'aimer rien ,
Fâcheux d'aiqier , & plus fâcheux encore
I)e n'Être point aimé, lorfque l'on aime bien*
G A t A N T I s; "t^I
jè VOIS de tous côtés le plaifir & la pcîae. -
Mais quefcrt-il d'en difputer?
Aimons', aimons. O beaux yeux dé Climenel
Jjui vous voit un naomcnt n'a plus à coniSiker,!
A^U T Rr E. -
*A u T k B jour près de ce rivage j
Alcidon ce Berger fi beau ,
. Aé brtiit de l'eau ,
Ckantoit deiTus fon chalnmeàv ^
Fatat-il, Bergère volage.
Qu'un Amant
Qui cohnoit ton changement '
T*ftimc fi conftammcnt ?
J'ai trouvé fous ce vert bmbragd
Prés de toi le jeune Tirfis •
Cent foi9 aiHs , •
Càntaht Tes an^ou^reux ibùcisi!'*
Tàut-il, Sérgerc volage ^^ .
Qu'un Amant:
Q^ connbit toti changement j ?
^ Tàirncûconftammentî.
Timtl/ " •'
■ "
' TflftiB tes jours dans k miàit heAzgt
Ses tro«pcâù[z Ct mêlent aux tiens ^
Séi' entretiens
• ife (êmblent plus doux que les ixucnSr
Faoft-il , Bergère Tc^age^
Qu*un Amant ^
Qu connoii toU chtiigèmeift,
f'aime fi conftamment ?
Sur tous les Bergefs du TiUJgc^
Sur tons les Chaffeucs de nos Im»,
Il a ta Toix»
iBliènl eft àeureux fbos ces totx.
Faut-il , Bergère vcdagc.
Qu'un Amant
Qui connoit ton cbangemenr ,
T'aime fi conftaàuHftnt ?
Alcidon teAoit ce tegage.
Quand (a beUc qui TintCMdk ,
Se ééftndit^
Et d\m air aumttnut lordic:
Je ne fus jamais vdi^e ^
pi rAmant
Qû m'accufe injvft^iiitoc
Ift aûné €O9fta0U]Kiu«
k>
. A U T R E.
PU I L I s /ne vous trompez pas;
Vous croyez qa*à vos appas
Tous- les cœurs fc vienneiït rendis i
Mais (i vou$ voolex le mkn ^
Songez bien
[u'ao/Htôt qu'on veut t^t prencke
On ne prend ri^n. 7*
Ta iwdiç, foiWc riufi>fi^
[n'en ma nouvelle priibn
Je dois craindre im»>l#ng martyre \
Je n>!en doute , je l'attcns , .
Telefens, .
Mais, bêlas î que veux» tu dire ?
Il n'eft plus temps.
A U T R E.
QTJb Ton vivroit faeurenfement
^En V«us aimant^
Si'vou^'lEtiez moins inhumaine;
Maisitvôu$ faut un autre Amant*
Pour mdi je cr^ns etiangemcht
Xbixs-Iiâ plâifitfs qui donnent tant it ftmt,
Oij
5^4 >ai«xï8
5*11 faut endurer conftamment
Un long tourment
Pour une errance incertaine ;
Philis , cherchez un aujcre Amant :
Pour moi je crains étrangement
Tous les plaifirs qui donnent tant de peine.
A U T R E.
"Ou s qui penfez qu'une abfence éternelle
Peut changer un coeur enflanuné :
Je le Toibien^ tous n'avez point aimé.
l'Abfencc ne peut rien fur une amefidelle.r
V
I Quittez , quittez cette erreur criminelle^
Elle fait injure à ma foi.
Aimez, Iris, vous direz comme moi :
r Abfence ne peut rien fur une ame fidellc.
v:
A u T R E.
Ou S ne voulez que refped & qu*e£kiac^
Et vous aimer , c'eft courir au trépaj. -
Eh bien , Philis , je croi que c'eft un crime
D*ofer aimer tant de divins appas»
Mais.c'eneft uîi plus grand de ne lesaijiier ^^ -
G A t A N t rs; e#^
Là îiberté que je trouvois fi belle *
Me quitte enfin fans efpoir de retour.
Jele fçai bien, aimer Une Ctuelle
C*eft un tourment qui dure plus d'un jour y v ,
Mais c*en eft un plus grand de vivre fans amour; «
--:>
^TSSBSSSSSSS
a: U T r e.:.
AM o u & , ifi comme ami tu veux entrer dté»
mon^,
' J*7 con&iis.$ mats pofê'ies armes |^~'
lai-moi goûter en pair tes douceurs & tes char^;
mes: '* ' ■
Msfis fi^po^r vi^re fous ta loi . .
Efaut fouffi^ir . fe plaindre , &. répandre dès 1^'
mes^
Adku, cruel j tetire*- toi. -
A U T- It E..
t:
E" N ' E S T point Votre, cruauté ,| ,^ .
Philis , quoiqu'eik foit extrênae ,
^i m'a fairfbupirer après ma liberté i
Et fi j'ai dcfiré d'être encore à moi-même y
€*eft que mourant d'amour , malgré' votre cour-;
roux j .
Je voudroii çhaquç JÎtftàpt m icdcto^rl vous.
ne Poe s lift
I ^ ■ >■ I i I * T
A U T ft £•
A 1 1 z , belle Fhilî», haeez votre retônr.
Mesyeiiz'baigncs depieiirs lie tojent plas
H
Depuis qu'ils ne font pins éclairés parler vôtres)
Et cependa^ mén <iefei^if ^
N*eft pas unt 4e ne les ^lus voijr
Que de ce qu'ils (ont vas par ^autres»' - ^
■aBagaattiai
M
A U T R E.
O H coeur fait encore des vdrox
l'our unob)er au(& beau qu^mlciifîblê.
Il m'eft impoflïble * ' '
D'éteindre mes Feûx#'
JMb 4eftifié« ^ de moufeir pour ^i^ $
}*en fuis content, & fans être infideue.
Sous fon ccael empiie
Je finis mes jours*
Masque teûx-}é donc dke
ïar ce fot difcours ?
Non ) d'étoit Taujtre année
Cette trifte deftince
Ce rigoureux trépas ,
fit je jo^ pçufois |a$i
•■*, -^ »•
^ G AL A m^E s. ifjt
Belles, aprenez ma chanibn.
Je ne dis pas qu'elle foît des plus belles^
Mais pont le!^ cruelles
C«ft une leçon.
Trois mois,fix mois^huic mois^toute une Mtiée
Un paurse Atnant aura r»De- ëUitrtIe ^
B tefttoi fes peine* ,
Dira liauieittiftttir
Qu'il portera rc» chaîna
^ Sterneriemeiiti
Mais bien qu'il Vùttsfc Jutfc , • ^
Si votre rigtfettr tùiis A»e ,
Ta la la la îa la
Il TOUS plantera liL
m
A U T R E.
JtToB z fi ma peine eft extrême,
Philis , je vous fers conftamment.
Vous me fayez inceflammem ,
Er je fçai qu'un autre vous aime.
Jugez fi taatffiààxc titl ^amon^
Helas ! ne fiiis-je pas à plaindre ?
SansceiTe^n me roit fbupirer.
Je n'ai janiais lieu d*e(perer ,
£r j'ai toujours fujet de craindre;
^ Helas ! ne fuis-je pas à plaindre )
tez
P'O-S s I B I ^
A IT T R Ei^
Sur Voir de' là D'ucheffe^
X
XL 11 1 fiuit donc fsuredes yérs.
Sipho le Tcot , ' Philozéne en 'demanda'' '
Dei^ Têts de commandé ^
Soi l'air de Des- airs. -
Potir moto malheur , onroos j *met âocoféj^-
O^Doralice.&Tôusà Cleodore. •
Helas ! combien j'endore -
Pour vous obliger i -
Cette fottê mefure
Me fait enrager; •
' Xhx malhèuretix Poeté *
\:^%*y ttôuye qu*anebêfe;
Mais un Poète amant
Y perd l'entendeiiieht* '
i^OESIES
POESIES
DE
M. PELLISSON.
LIVRE CINQJVIE'ME.
POESIES DIVERSES.
ODE
SUR LES BATIMENS DTJ LOUVRE.
A. M. LE DTTC DE MONTAUZIER.
Ohxauziiil , ton lue
mctitc,
L'honneui, la doace ^ robit^
L'iafbranlable feunecé^
Des yenus U p^as noble élite,
les doubles Lanricrs toujonts verds,
Amonr, Anenice^ Julie,
Empêcheront qu'en l'UniKts
Tamaîs. lou be»a nom ne s'orfdie.
^ î
Tmt i, ■" - '
Wcmeox qui joins & tant 4e
Le b«nt fiiflBrage de ton Roi
Qn'^i^a vu g4c4er de ta foi
Une £ fidèle inémoiie!
Telk qn'iue flpnr ians Soltil
AufÇf!6t morte que vorae
languit dans <m morne (minieS
la ynta qtf il nia point ôonnne*
HtgnxAàxxs maSès datinânes
Qat 1» SÔB» adn^lre en fcs- bordi,
Xe LottiFie dedans & dehors^
S06oo«is,(e» jardins, ftslbataîmii»
Jette les yeiiz^de toiKes |iaits.
Totu rit eo te ye^ant^ f croître j
Tout embellit dé fes regards,
Bt ût ie Taniout dis loÀ Maictâ
Toots 8c oolomnes fans pard^es^;
iGtand palais du ^ns gnmd des Kçi
Mbn coeur repajiè nulle fins
]Lé long ordre de vos meyveiUes ^
Mais plus il y vient de rfevicnt.
Plus dans votre orgueil légitime
)1 voit la main qui vous ùiwÀtnç^
11 fejDt ftCpm <fà voaa aiuni^
.* 'iV
•^
V
Aini; qu»id le Maître du moftjé
l^arla d'an ion impérieux,
£*e Soleil brilla danl les Cieiit J
^ Terre s^éleva fur Tonde j
!Lcs fleuves^ les monts , êc l<es bqif^ '
Les climats^ ^ leur valle e^«me
Auffi diligens que fa voix
Occupèrent chacun leur place»!
Soit lOfA fiocce Fr«fioe tmi»
Admire fi»n louis en V0O(:|.
Ou foit que Se -vcifia jakn»;
Tous regarde d'un «il f&txcm t
Croiflèz aux yeox de TUnivers;
y afte & laboirieux oijiTrage I ^^
Et difputez ayec mes vers
A qui durera davantage.
'^^i
ODE A M. CHANUT.
c
H A Njf t , avant que la TidUdîc
Nous appcocke du monument ,
Il faut oifior adroitement
Des momens de folk à des ^ours de Agçflê*
Croi-moi) b férete rai&fi
^& qaekyicGbls hors de faifbii»
^ij
^7^ P O I S X Z S
Je connois la rare prudence;
Je connois les fb^ns redoublés
Qui jh(qnes aux climats gelés
Ont établi ta gloire 8c celle de la France'
Mais j*ignore, à n*en point mentir^
^ ta fçàisbien te diTertir,
m é
Quet*împorte que l'Allemagne il
En ce fatal événement ,
Solfie, oo rejette noblement
X*infiiportableîoug de l'orgueilleulc Eip^gne^
5i toi-même de ton câté
^Tu tCc!i jamais en.libertéi
•La,fiinté mère de la joye
Ne fe nourrit que de plaifirs^
Tous ces ambitieux defirs^ '
.^^ns ces yaftp» pef^fgis dont i^o^fpmm^if
proye,
,Que font -ils que rendre nos jours
/vEt oi9ins fQi;:tu|iéS) 8ç plus coa;t$^^
i^
Notre H^ros incomparable
A^feinc écfaapé du danger . ;
T'avcnit aflcs de fonger
jQu'un traT^ fans relâche a.la fin nous aCcaU^'
Et que gloire,. ^gran^eur^ ni biej|
^«^s ne guerifleiit ^e rien»
Dit b k s b-iv fcf|'
^ Déjà ta douleur & la mienne
li'efpeioicnt plus aucun fecours.
Dcjk nos jours fuivoient Tes jours ;
]>c|a notre ombre pâle accompagnoic Izûàukt;^
Quand lé ciel encore ufie fois
Se rendit aux vœux des François.
<5u'il TÎve 5 &• qu'entre Tes nierTeiliec
On conte à la poflerité
L'aeréable facilité
pe joindre aux nobles foins^aux gIorieu(ès veilles;
Aux travaux toujours renailHins , ■ #
I>es plaifirs toujours innocens*
< ¥gèSkk . *
Tel oh voit dans fà courft ronde'
L' Aftre qui tourne incenTammem-, -
Sans abandonner un moment' .
lie glorieux fouci d'illuminer le monde , / ^
Prendre mille autres foins divers
• . . .. . , , .
En mille endroits de TUnivers*'
Là fi>us les voûtes foutcitaihçs^ '
Ses rayons formèhtïes tfifbrs j ^
Ici par de moindres efibrts
Des tréiors de l'année ift couronnent les plainei '; -
Ou peignent de mille couleurs
lies papillons comme les fleurs*-
5^^^ ^ o s s 1 E s
Les vers charment ce grand génk ;
Tu peux le charmer par tes vers | i
Tous les iècrets t'en font ourcns : '
Ta fçais toot ce qjie peut leur nombreufc haonOf
nie*
liais fbuTien-toi que poixr charmer
Ils doivent nous paider d*aimer.
Chante ce qtie TindifKrrence
A de trifte Se de languiffiint ;
• Les ptaifirs (fan amour naiflânt ;
Far quels fccrets appas îa fîateufe eipérance.
Au miNcu des plus longs toumitnS|
JTrompe les credvfei Amans.
Ciftitts^to que ta fageft eiiiêiiie
Ne veuille pas y confentir >
No» j m peur, (ans la démentir.
Te plaindre , en te jouant , de ces douleurs qù'oi
aime;
Quand tu les chaoïetas pour moi^
Je ksc40ibM3t ponr toi.
^^
j ^ _ '_ • •
É P l T RE
A M. le Duc it Saint Aïgnan.
Celai qoe j e^erois ^ & ne pourois comprendre ,
Êe Roi dont le grand nom doit remplir TU.*
nîvers ,
Ce gran'd Roi, Saint Aignan, tu le vois, tu Le fers»
Je ne ffai quel géme ^ ou quelle £blle audace,
Jeuoe & Ubte d'ennuis me guidoic au ParnalFe ,
l^leia 4e nobles traniporcs , charmé de hauu
delTeins ,
Sur les p% moins foulés des Grecs & de^Romains»
Quand Tune de ces Sœurs qui te font d conoues
De leur antre fecret m*ouviît les avei^ues.
AQtse ^ ou, palais ,- ojb Tempk , ou fonge.,,ou
vcïitéi
Mais quLn*e(kqu*haxmonie,& lumière &: beauté|
OùTerprit admirant m^erveille fus merveille
Ignore» ce qu'il voir , & s'il dort ^ ou s'il veiU<.
Là vivent fur l'airain & refpi;it , êc le corps ^
Ës.k$ £ûc$^l<ifieusde& heroa déjà morts..
Là brilleQtàrenTices.grand&nams qu'on révère.
Riches ocigtnaus de Virgile Se d.'Homére ,
Aàûùijt^ Hdkoiy Ence, 8c. parmi tanc de Rois
fitosCk»k$i Q^sXQttis. AQsJienûs^nos François^
lllj
Sages, piesz^ yaillans, & qoifitcnt Icot g^out
De f(«¥oir honorer les filles de mémoire.
Là ceoB que Hàvenir aura' pour cftmemeiit
FaroiflB^nt lamioeox , qupiqa'en éloignexiiejir^
Ainfi qu'en un miroir qaelqu*image éclatante,
Otr le flambeau du~jonr fous Tonde étincebAte.
O Déeflè, difois-je , entre ceux que je vois ,
Eft-ce le Dieu du Temple^ ouïe Roi de ces Rois;
Celui qui vient à nous » que la gloire enTÎîxmnc^
Dont la brillante épéc efface la couronne.
Dont le regard humain , & la noble fierté
Ont içû joindre l'amour arec la majeflé ?
Je vois à fon afpeû s'écarter les nuages.
Que dé peuples divers lui Kndent leur$ hom4
mages !
L'avenir > le pafl?, ce qu'on voir aujourd'hui,
Si fen crois à mes yeux n'ont les yeux que fia
lui.
Tu le verras*, dit-eîlè , 'eh fes jeun<a amiécs^'
Ce Roi qu'à tes François gardent les deftinées ,
' le quatorzième en nom , le premier en grandeur
Surprendre l'Univers de fa vive fplendcur.
Qui pourra vous compter Combats , Sièges;
Batailles ?
Qui pourra vous dépeindre, affreufes foneraiQesi
Par qui fera (^mis quiconque ofe tenter.
Si malgré les deftins on peut lui réfifter ?'
Et toi Royal triomphe, ornement de Thiffoire;
Qui menés en on char l'Amoisr & la Yiâoiref
Ç^bus-Ta^irex , Mortels , vos yeux font éblouis f
Attendez toutefois , ce ii*eft point tout Louise
^lus grand que Tes A/eux^ omûs nooindre'qtie
. lui-même,
Il<:ache la moitié de fa lamiere extrême y
U vous cache les foins d*un fage Potentat ,%
Et lesL profonds piCnfcrs du bien de fon Etat,
L'image de fa gloire inceflàmment préfcntii-.
Sollicite Se retient (an ame impatiente , .
Sul^jcnd fes grands deifeins , l'oblige à confultef <
Sur le moment fa^ de les faire éclater.
Mais* il 3^enc ce. moment ).déja la Renommié
Pleine du feul Louis ^ du feul Louis charmée >
Au Tibre, du Nii\ aU iGangea pris foin^d'«nfèi>
gnct
Qjfaprès avoir fçû vaincse, il commence- à* ré^z:
gner*
Akifi 1< feu 4ivinqui ▼ploit4ao»l«iiiie ,
fluxion: , plus furpren^mc , q^and - ion heure fiSk
venue '9
Teone , éclaire , foudroyé en mille de aiîfte licnr^V
Fait trembler les moïtels^J'aic» la teci%» &lcf
Cieux.- 4
Ainfi durant kinuit l*ame de c< grindmonde'
Veillant fèmble dormir dans une^paix profond^:
Puis quand le jpur pa^oit ,.p^ cent ^cemreflèriig^
Et fans celTe agitant les membres de ce corps ^.
Tait féntir fès effets 8c (a yigifceur pmlfante , * \
JJm^iqxm ea tpi»4i$u« égylcaatpfegiéfcnmV,
rft tott^ié
: L'brirtf , Pâ»l9tité, le faiat poirvôlr Sa fc^
Ec k» grâces, fâppQi comoiel^faonncttr des Rois^
IjCpcenneiMi iéCotmai» leur premi^te natare,
Et Louis eft par-tout , non fa Tainc peinture.
Ahliaesc&èfisntMifriflRmSydcla gloire amoi^
r
Ce Hien»i»yomftiidithetii^nixf5c malheoreaK
Soa &piitaUecftk»e^ dt (es bontés Ko;pales
Itont vous rechercher jutqu^aux mers glaciales l
Juiqfa'aax tieui du Soleil ÎRcetiËmiinenc' broies,
Si le Ciel en ces lieux ¥Ous tygft reculés,
Ibûir malgré lès ^Tcuis , milgfé vos-lengiies
veilles y
Vm ttavaiu i ampeiooir swplès di Cet nuermSlts
Qae nos propres concerts ne pourmitnt ^^ei,
S^dluicmM InmainetîIftBofieiiparier,
Courage toutefois , fuivez-le en fa eaftiere ;
Voici dtf fbfrfiMMt efmrits la 0u9 noliie matière.
il^i>«»OMm Rper jeToi ^ueres-eirafÂats,
Et des Sceptres (bumis, & des Trivits à bas.
Jfm tetgiasds pMgtètiAeiit rtuiepe s^éeoiiM ,
ek & MHunc épéc eCbee facomroiMiA
MontSyPorts, Havres, Citçi^ Heure», ec Régions
S*ottf«eiii4 fa mkxo' plli» quf jr fes f^^iom^
fâmi «eite^^m paiv^ît Amiere af fècmie
1^ lious conqiamMF d«k fcdomier au inonéer
r
Aia&4ii te Déeft^ tne Jimee feteur.
I grara pmt jamais ces. cU&pRUS iiH:ie]paUes»
ru le vois, Saint. Aigaan» k^ Dieiue fijatreri^
tables.
Le qu'ils avoient 4promi5 , ils onc^&Ucemii
St déjà k paffé répond cU ravenir.
ili-'., |iii( ^wtmm^
O D É •
pour le tottfeeswi de M. le Marqmi
ée Pilàny.
Tk^ T7 s « , n?bs-ni point tafféè
■^^-■' De ne chanter que f Ainoiir:i^
XRie plus faame peinf^
Doit t'ôccnper à Ton tour.
Qttoi r tant de coeurs tnagnanlmw
I>e Mars les nobles, viltimes
N^ont-ils «M £itt d'aS^BcMC?
£t lent fmem^ ^ailtirgff
Eft^dii^ icuUgme ^'ott f eafe
A l'âfErançhir iittoiAfia r
O'cit ttdlp pour ectte inildenic
Avoir fbufbt die dottleiirs i
Ckft tiwip faftg-tcnip« aoprêr JfeBt
Perdre nos vers A nos ^bi^.
Cette ame vaine ft ffisngesMe
Verra contre fea neite
Son ofgéail aflcs puni,
& iriép^iûkiit tous- fes chMxmies .
Noos n*ayons ni vers ni larmes
Qi^cnThonnéar de Pizahy.
Qàbn ne câcb'e peint <i^is<S
Àyecuh pénjbk effort ,
Sur le marbre & le porphyre
^ Quel fat -k lieu de fa mortr
V £)ans la fuperbe Allemagne
Et Norliague & fa campagrifl^
Diront afles hautement i
Pfeany comblé de gloire ,
Dans le (èin de la vidoire i:
ïtticiibn monument.
Qu*il Rendit fur la pliunê'
l5'horrible9 imdiusëaiif d< corps V
0ùe £i yalënr plus qu'humaine
'f fit^de puiflkns rffbrts!
dombien de fang épancherait i
Coïkiblen de* krmes contèrent >
Lies 'Guerriers qu-il mit-à bas !
Mats quel fang^ & quelles laSBieS J^
De ce misacle des arme»
ffeuvem^ p^jer le trépas !
D*imc démarche gu^rriert
t'Ôn le toit parrtout aller ,
.Où la flamme ^ la pouffiçte
Semblent de loin Tappeller.
Ni le bruit, ni le carnage
Ne changent point Ton .yiùtgc ;
Et d*ttn cœur .vraiment Romain ^^
Pendant qu'ilfrape & qu*il tue.
Son ame c^i io* retenue
Conduit Içs .coups de (a main;
r ■ •■ . '
Telle qu*on voit la Tçmpêtc
^Pardonner aux A^tbriflèaux ,
Ciioquer la pompeuiè tête
D'un Chêne aux larges raineaux i
Tels pleins de rage èc d'cnviç
Les Ennemis fur fa vie
Font leur prindpal effort i
El: reflentànt fa ^vaillance
,Ont une ferme cfpérance
». *■«,»'
^e tout vaincre par fa ntorjt*
lui qui regarde avec jojrç .
ies effets de fa valeur ,
Pe mille coups les foudrojre
Mêlant fon fang ds^ns le leui;.'
Et quand le nombre Taccablc^
jEk ^a moft époisYWtabliCi
Se voyait «nfvkcmiter^
Jl rattend , ic TcRviôgc
Avec aucAïc de c«itirâge
<Ja*il 7cnok de la donner;
Ce prince de qui les armes
K*ont trpayé riea d'ades fort^l
£t de foupirs Se de larmes
Honore fa bdle mort.
VvAs fongeant avec colère
Aux pleiurs donc fa crifte meifi
Viendra (a *ombe arrofer *
t^ meurt y dit -H , Ammce i
Méùs vùye\ quei fncriftt
Va fes Hanes affaifer.
lUedit,?çfonépfc
Ne frapanc jamais en ▼ain,
Aa (àng ennemi trempée
exécute foo deffistm
L'omhre part pleine de gloire^'
En regardant la yiSoirc
Que les iîens tont remporter. ,
Afteiiice incomparable !
Quelle fin plusiavorable
pottviei^yoïis lui fouhaitex ^
MSStt
•
Par tsoAm^ iton par €ime
XrC lozt pcnnflc tSLjxjEùcot
Qa'une be^^ longue vie
Vloas condttife aa inoxiinnenf>
|l.ui qui fait nos dçfl;iiiée$
Accorde ,à Tun des années ,
A l'autre un ne» glorieux.
2>oucez-^VQus <q«*UA ^td f çura^
N*eûc choifi dans ce partage
Ce que 'hii donnent les Citux i
i , 1,1 1 I I Bg
S T AN C ES.
Monfeigiuuf Je Dauphin fade.
.^ E 5X7 1 s , digne fils d'un grand R.oi^
fl Connu (ur la terre & fixr l'onde*
Des vers audl jolis tjsc moi
Seraient ks pls^ ^is du inoade;*
Je fi^ poittc «ncoce 4'afi!io«r ;
* &)e«>n¥ettK point -de eeiRK»B|f|î
Mais je prévoi qne quelque jour
yaura,i deux niaitreiTes pour pnet
Je ne craindrai point tour rigueimc
Mous ferons ^ne belle lûftoire.
Leur nom eft déjà dans mon cœur|
Ce font la RaiCm ir> )a Gloirei^
U4
Il me Cemble que je les to!
^Qoi m'appellent 8c qui m^'MtCQAeaXi '
Je veux £aifc comme le Roi ,
Qui fait.ioat ce qu'elles commandent.'
D
R E' P O N S E
> MONSEIGNETJR LE DAUPHIN^
JP^ M. de MonJ^laifif.
Ig N I fils du plus grand des Rois^
La gloire & la<aifi>n-fonc deux chasmantes R<â-:
nesj
Et f edime le nojble choix
^Qoe votre ^monr a fait de ces deux Soure^ùntfi
• *
VoTis aurez des momens1>ien à<mi
Pans Taimable entretien de ces belles PrincdTe^
Mais un Prince auffi beau que vous
Ne fer%:pas content de deux feules Idfûtrefl^
» "y
Parmi celles dont la beauté
iPeut prétendre àt plaire à votre ^une charmée j|
J'cfperc que la Vérité
jlcxa de vous un jour très dherextieftt aat^ê»'
' ' - ' » M * j ' / - • '
Pc
♦» .^ ■*
Di y B Rs B s; igj.
Elle eft belle fans ornement ;
Elle eft fimple & fans fard , elle n'eft fi% eooM
mune,
Et ne chante qae rarement
Auxllëuï où rihterèt ehcehfé la forhkiir '
lÀ les amis fourbes & faux
La déguifent toujours ainfi que font les fbnge^^ >
Qui'caçlient Ibuyent de vrais maux -
Sms des biens apparens , »& de plaifàns naejt&o*"
gcs.
HS8M-
Mais ^e pourra tous charmoc «
Et TOUS rendre content dès que vous Saurez Tue :
Et fi TOUS' la voulez aimer ^
Vous aurez du plaifir à la voir toute nue. -
La gloire- en fait tout (bri fupport , -
Et (ans elle n'eft rien t]u*iin faux éclat qu'on vaii-
te.
La raifon même a^ toujours tort,
Ij^cs qu'elle s'en écarte ^ & n'eft que fa fui vantée -.
Les vertus ont ad!^s d'appas ,
Pour afpirer dé même à votre confidence/
. Les Héros marchant far leurs pas
Suivent avec plaifir celui qui vous dévAncCi •
jj^ P o i s 1 I 5
Votre coeur fans manquer de foi.
Peut bien fc partager entr'cllcs & la gloire.
Si vous faites comme le Roî ,
Elles feront un jour votre éloge en rhiftoire.
A M. LE DUC D'ANJOU, (4)
Dettx jours après fa oaiffaïKC.
Pltxirciqui m'aviez délogé, (*>
Commençant à faire des vôtre» :
Ab quand vous ferez plus âgé ,
Vdfcs en iélôgercz bien Vautres.
La Mufe prompte à mon fecours.
En cette nouvdîc aventure ,
Me fit voir de vos plus beaux jours
La v»v« 9c brillaate peinturer
Te vis des ennemis batus ^
Après défaite fiir ^faite ,
Au fcul éclat de vos vertus.
Déloger fouvent fans trompette;
f*) Aujourd'hui le Roy d'Erpagnc, Pbilîpfe V.
( O M. Pclliffon étant aUé de S. Gctmam à P*"* «/^
Dimanche , jouf d€ la naiflaocc de M. le I>«^ j W
le déloïra pour loger, la Soui-Couvernanic Madcrno^
e deW^^^^ le fToI eut ta borné ?e lui faite «nd^
on
felle
î:^^og^^nt iV lend:^;:;;* «^c de ic im faire mai,
^er pour l'avenir* ■
t'iadïficrcnce & la fiml
Dclogcoicnt de cent cœurs rcbtUes 5
Et plus d*un rival jndtraieé
Délogeok encore aptj» ^tu *j
iêf
Cenr Jcnnés Princes comme V0Q9
Cédoient à vôtre aobk audace/
L'unique Dàttpkin €mre t&sts
Confervoit fa première place. '
Lom jiti plus hast di» gf^ndeiits
T*enoit vos i^compenfcs prêtes^
Et du Trdne des Empereurs
M 7om pani^eoit fcs conquêtes* •
Qu'if me paroifToit éclatant V ■ ' ' *
<^^lfe faifôit bien reconttofrre !' ''
Que Wnivers étoit cornent
De n'avoir en vous trois qu\in maître»!
Les moindres rayons de (éi yeux
, Chaffoient là triûefle importune.
Lts Grâces fuivoient en tous fieux
Menant 1%. Gloire & la f oitune.
\
QJ>
MoKmème aa milieu des beau atti-
Je vis, oncras voir mon image
Briller de l'un de Ces regards ,
Au Ibrtir d'un a£:euz nuage.
Le voir-ta ce R07, ce Héros ^
Me dit la DéeflerçaYame ?
Lui fenl doit faire le repos
Llhonneur & le deftind*Acame;>
Hate-toi^ volera {âint Germain.
Que ce |iropre jour de Dimanche
Pour toi y comme pour un Romain
Soit marqué d*une pierre blanche. {4\*
S quelquejournoustefaifbns
L'un d^ grands Fouriers de la Gloire ;
Four aller marquer les beanrnoms
Aafameux Temple de-memoire^..
Ces deux jeunes enfans de Màrf
Y ferons en gros caraâére ^
tJn peu plus haut que les Céfars ,
Mais un peu plusx^bas que leur Pere.^ *
t^) Mlttfîon à h Craye. Les Romains ma(^ttoi(&r
#b&e pierre- blanche les jotes beureax.
/
/
tJxT^iit S s^; j«|!^
mtfÊÊK
SOBS
.VERS* A^ M; MENAGE^
F^s ea XQur^t lar Pofte^-
0RiaiNÈ DÊ'ÈA POSTEi
JE ne ^aipàs^faife des vers,
tomftitf FécràrqùC & r Atiofte / ^
Qui volent partout TUnivéts ,
Mais* j'çn fais x[m courent la po^ty^*
ttitit Villeneuve & Jarfon ; - '
Sur un pégafe dlmpdftahcè,
Jj^ ne penfequ*à machanfoii^'-
Elt g^pe^fans que j'y penfc# •
Vous tn pwirrîcz.bien faire'4ûRàttt} V
Amoureux & doâie Ménagr,*
Mais vous auriez peine pouxdmt; '
A courre d'au£ bon coiiragç.:
Que te ftt tfuinrudfe VMaiff ,
Que la ppfte eut fon origine I ( a) ;
]2av*6it trois plaques d'air alh ,
Maisautre part qu'à la poitcincw
(ji) iffî robur & art trifflex
€iKa pçâttft «ut. i:(0Mi« iil. ujQi: ^ -
$90 f&ifïrr
C'A d'im amant pkia <k tendieflè^
Qai ne poayoit aller le pas ,
Quand il alÎDirvdir fintuftreflb'
Vous me direz-en^grani Dq^enr ^
Qu'en ce point je jqc fûts <pCim aoe,
^e Gyrus en fut rinrenteot ^
Mais Cjpvs, aliolc Yoii MandaïK.
D'aunes cKfênt qu*en lar (jaittaoîi^
L'abfence lui fat fi cruelle,
Qu*il s*en alla toujours f^fidwt^
Fom revciûz plut6& dxés eHe.
.|e m*7 trcAiTe bien cmpëdic.
Mais bon Toir, illuftre M^age..
Si mon cheval n*eût pas bronche,
J'aurois fait un plus long ouvrage.
p R o t o G tr É
De la Cofiiedie dès fâcheux".
LA Comedfe des Fâcheux fot coiwpo^
fée par Molière au mois d'Aoât T66t,
pour le dîvertifïemeBt de louis X I V.
&à Toccafii» <fe la Fête qtieihd do».
oie le 5ûtifitendant Pouquet dans fa belle^
laiibn de Vatte.
Dès qoe la taîïe fut lerée , Motieie
arut fur le Théâtre en habit de TiHe ,,
c s*adre({âiit au Roy d^on air topris y
\ fie des excoiès fhr ce* qtt'il cnanquoir
e temps fie d'Aâeurs ^ potar donner à
I. M. le diTertifièment qu'elle femblolt
ctendre. En même cemfâ y au miliev
le vîfiugt jets d'eau oaturels s'ouvrit vme
oquitle admirable > & laKaïade qu'elle
enfcrmoit s'étant avancée fur le Theâ-
re , prononça d'un ton heroique ces vers^
jui iervent de prologue.
Pourvoir ( ê ) eu ces beaux lieux te plus g^and^
Rof ^ monde,
Mostels, jerimsàvoiisâe ma grotte profonde; =
Faut-ii en ùl iWenrque la terie .ou que Teaa'
fooduUènc à vos jeoz un fpeâacle nouveau t
Qu'il parie, ou qu'il fouliaice : il rCtSt rien d'iav*
' polfible*
Lui-même n*eft.il pas lin miracle vifible 7
Son règne fi fertile en miracles dsven '
N^m decKÙnde-t-il pas à tout cet Univers 7
Jeune , vidlonettx , fage , vaillant , augiifte; /
Au^i doim que £evéi&,auin puiiEuit qne jnâe u L
Régler & fes Etats , 8c ks propres ddirs ,
Joindre attt nobles ttaTanx lesphis nobles plai£r^ .
(a) C*cft ttftt Ma/a4e ^ui padt*
'rtï' ? O B $ t M §_'
En (es joftcs projets jamaisrne (cméptcnirc;
Ik^irincelTaminem, tout yoir&toarencendie^
Qgi peat celapeilttoiit ; il'n*aqa'à coato&r ,
Et le Ciel à fes*TOMix ne peut tien refiifer*
Ces Termes marclieroiiC} &*£ Louis l'ordonné;
Ces axbres parleront mieaz qtier céox de Dodone.
Hôtedès de leurs troncs , -moiiidits divinités,
C'eft Louis qui le yéot ; Ibrtez N^rmphes , fbttèz*
Je TOUS montre rexempfe : il Vagit de loi plaire.
C^ttct pour quelque temsY6tre fermeordinairc;
EtpaioUTons ( éfij enftmUe aoz feux deî Spc&>
Péurde hoilvc^n Tlîeâtre autant de vrais Adeon.
VouSyfbin de Ces Sujets^fa plus charmante énkk^
Héroïque fôocî $ Rcjale inquiétude^ '•
Laiflez-le refpirer , & fôuffrez qu'un inomenr '
Son ^and cœurs'abandenne 'an divertiilèmeat*
Vous-ie verres demam-d'i^ne force nottVeHe ,
5ous lefardeau public où votre voix l'appelle ,
Faire obéir- le» ibix , partager les bienfaxcs , ^
Par Ces propres confeils prévenir nos (buhaits;
Maintenir TUfiivets dans une p^z profonde,
Et s'6ter le repos jpout le donner au mdkide;
Qu'aujourd'hui fdut lui i^ilê, &fi:mbleconfcmir
A l'unique deflèzn de le bien divertir.
Jlpchiéuz , retirer- vous ; oa, ^'il faut qu'il tooi
Q^e ce (bit feulement pouhr exciter fa joyc*
(i»)J>la:fiears Dryades .«ccomMgaécs de îittoes 9c à%
tab/tts (6ic6il 4ci Asbtcs ^' du Tero&cs. 0»
D I T B m s 1 t;
^9%
Oa avoh dreffe le Théâtre m ta$ de f allée
des Safins.
D'abord { « ) aux yeux iz 1* Affibttïblée
Parut un rocher fi bien fait
Qu'on le crut rocher en ef!èc*
Mais infènfiblemenc (échangeant en coquille |[
Il en fortit une Nymphe gentille
Qui refTembloic à la Bejar ,
Nymphe excellente dans (on art^
Et que pas une ne furpafle.
Auffi recita-t-elle avec beaucoup de grâce
Un prologue eftimé l'un des plus accomplit
Qu'en ce genre on put écrire ,
Et plus beau que je ne dis ^
Ou bien que je n'ofe dire ^
Car il eft de la façon
De notre ami Pelliiron»
Ainfi, bien que je Tadmîre
Je m'en tairai, puifqu'il n'eft pas permit
De louer Tes amis.
Dans cç prologue la Bejar qui reprefetite la Nyin-
phe de la Fontaine , où fe paffe l'adUon , com-
mande aux Divinités qui lui font foumifes de for-
tir des marbres qui les enferment» & de contri-
buer de tout leur pouvoir au divertiflèmcnt'de-fa
Majefté. Auflitôt les Termes & les Statues qui
font partie de l'ornement du Théâtre fe meuvent,
(4) La Fomaine^ Oeuvces diverfct ^ tome %. p. 1^5*
Jme h Bi
^94 Bq*«i^#
& il en fort je ne fçai comment des Fann^ fie dm
• Bacchantes qui font l'une des entrées dji BaOe^
Oeft une fort plaifançc chofe.que de voir accou-
cher un Terme , & danfer l»epfant ep venant a
monde. Tout cela fait "place k la comédie dont le
fuiet cft un hoinme arrête par toute forte de gw^
iur le point d'aller à line affignation amourcoic.
M
E L E G I E
Sur la difgrace de M. Fouquet,
U s 1 1 , dont J'ainitié fidèle & gcncreufe
N'abandonna janaais la vertu malfacurcuft;
OroDtc dont le fort faifoit tant d'envieux ,
Oronte idolâtré de la foule ifnportunc,
Oronte dont le cœur furpaffa la fortune,
Oronte le premier entre les généreux,
•Oronte , votre Oronte enfin cft midheureux»
Parlez en (à fatrear , & quand l'injufte Eayie
Ternit d'an noir venin le luftredefa viC;
.Quand le lâche intérêt qui s'acçon^mode au terni
Appelle fes vertus des défauts éelatan$j
.Quand la foiUe an(iitié doutçufê 8c chancdantr
N*çn .parle qu'à l'ore^le , & d'uiic voix trcmr
blante:
XAy^ntci comme autrefois avec la même ardent
jCc qu'il aura.toujours dégonflante grandeur:
Oppofez vos concerts au yain bruit de l'orage,
iB^d'^ Koj magnanime af>pai:S;z le cojtrae^
Dit iRtis; t^l
4Celm dont Toas plaignez le fort infoituné ,
Voii$ ra?ez vu cent fois d'honneurs environné ,
Qui TOUS tendoit la nuûn » & prévenant vos
plaintes ,
Soulageait lesdouleurs dont vous étiez atteintes.
2>*ttncœttr né pour la gloire, & pour les beaux
defleins ,
il chercha le mérite entre tous les humains.
Quel artun peu fameux» quel nom un peu im
blime
N*a reçu quelquefois des fruits de fbn eftime i
'QH!^ n'a point embraflë (à generofité ?
B^rit, fçavoir, valeur , fàgeffe^ ou pieté »
Ec qu*a-tpon vfi de grand . &: de noble y & d'aim V
ble,
Qui n*aic troYfvé'Cms ceffe Oronte favorable \
Jamais les malheureux implorans fbn fecours
Ne furent rebutés d'un infolent difcours :
Ami de la raifbn » & touché de fès charmes ,,
Il ne la vit jamais ^ qu*il ne rendit les armes.
Jamaisil ne quitta la douce hm^anité,
La modefte pudeur, & la (âge équité.
Mais les difcours du peuple, & le bruit de la
France,
Admirant ibn malheur condamnent fa prudence*.
Efprits nésde la terre , à la terre attachés ,
Qui ne connoiffex rien que ce que vous touchez :
Je vous voi fa»»dépit , ainfi que fans envie
Suivre les fcntimcns qui règlent votre vie.
Rij
(^^ FOBSXBf
Sairct-les , Dieu le veut ; & c'eft votre repos j
Mais ce n'cft point à vous à juger des héros. *
Vous lesconnoiffcz mal, Bc votre ameâotante
Bn croit aveuglément une aveugle inconftantc.
Quand un de ces héros yient la terre honorer»
Je HC fçai quoi de grand prend fein de rinfpircr ^
Je nefçai quoi Téléve audeflus de lui-même ;
Une chaîne fetale , une force fuprcme ,
Un charme tout puiffant , un généreux poiToa
Le force à méprifer la vulgaire raifon j
Et dédaignant d'aller par la route conunuue ^
U hazarde cent fois Céfar êc fa fortune.
Puis quand nn beau fuccès couronne fes defleins.
Il eft rétonnement & l'amour des humains ,
La gloire de fes jours ^ l'honneur de la patrie ,
Et des fiecles jEuivans la jufte idolâtrie.
Par ce chemin fi noble, & fi peu fréquenté,
jOronte n'afpiroitqu'à rimmortalité»
Le Deftin l'avoit mis tm niilieu des richeffbs y
Mais jamais de fon cœur il ne les fit maitrcinif .
Il n'imita jamaisf ces ayares mortels
A qui votre prudence élève desautd^
Ces annes du commun , ou bafles , ou prudentes ;
^Pareilles aux Fourmis groifes , noires , f aoipan^
tes.
Que le peuple Indien admire fiir fes bords ,
finta(rant& gardant les précieux thréfors,
Sans avoir d'autre objet, ô fureur 6ns fccondc;
Q^c 4c U§ iéiQhc; à VuTage du rnondCt
1> I y B n s B s; tj^
D*an efprit élevé négligeant ravcnît,
Il coucha les chréfors ^ mais fans les retenir ;
D en for le canal $ c*eft tout ce qu'on peut dire;
Pour les rendre àrinftant à tout ce vafte Empire:
PcnÙLtit à Soutenir Tindigente vertu ,
A relever par-tout le mérite abbatu$
A réolst des beaux arts ^ à l'honneur de la France ;
Il ne Ce réferva que la feule efperance ,
Efperance fondée en fon coeur , en fa foi ^
En fon rare génie ^ aux bontés de fbn Roi*
Mais fon Roy ne le voit que d'un oeil de co**
1ère ! .
Je me tais , Se je fçai que je n'ai qu*a me taire*
Le Ciel qui fait les Rois leur montre leur devoir ,
Leur donne (à lumière, ainû que fon pouvoir*
S^e Roy , juftc Roy , grand Roy , Roy verita.
blc.
S'il a pu vous déplaire , Oronteeft trop coupable*
Mais fi dans fon erreur, daté de vos bontés ,
llcouroit a fa perte, à pas précipités ^
S'il n*a pu foupçonner votre jufte colère ;
S'il bruloit dans le cœur du défit de vous plaire ;
Si ce cœur noble & franc , d'un zèle abandonné ,
^Tenant tout de vos mains, pour vous eut toul
donné I
Si de ce zèle ardent il Tous fervit fans cefle :
Pardonnez au pouvoir de l'humaine foiblefTe
Qui mêle nos défauts à nos perfedions ,
Et 1» iàgefle même aux foUcs pa(E6ns.
Riij
t^f- flirts»
Le R07 it tons les Rois, toat (raiffiair éttom
fagc
De quiTotre grandeur eft la vivante image.,.
De fon thrâne élevé regardant les hamains
Ne voit rien que d'impur aux œuvres de leoti
mains»
Tout lui (êmble pervers , & digne de î*ab!me ,
Et fes yeux pénétrans ne trouvent rien (ans cri*
me.
Cent fois dans fa foreur , lâchant le frein des eus
Il nous inonderoit de déluges nouveaux y
Si fon arc dans le Ciel, confiant & variable ,
Ne lui reprefentoit £à promeflè immuable»
Cent fois il Mteroit , helas trop juftementy
Le redoutable jour du grand en^rafèment ,
S'il pouvoit révoquer comme des loix humaiaef
Ses décrets foleninels , 8c fes loixfouveraînes j
Par qui devant les tems , devant terres ni mers
U régloit le deftin du changeant Univers.
Cent fois las de fouf&ir cette race exécrable^
Il refout de punir au moins quelque coupjd>le j
Il va le perdre enfin ce pécheur obftiné.
H Ta dit 5 il le veut ; Tarrêt en eft donné.
La foudre eft en fa main déjà toute allumée.
De fa bouche ne fort que flamme 8c que (uméè;
Mais alors ce pécheur d'un cœur humilié
Se fouvient y ah trop tard, qu'il Favoit oublié*
Il s'accufe , il fe hait j 8c fa propre jufticc
Le condaome lui-même au plus cruel fapplicft
<fe h*cft'pàs ce qa*il craint ^dans C>a ttifte màu
hcur^*
j^on crime, & non fa peine ,.eft toute fadoolenr;
Non y il n*eft point trop tard rauen, pécheur,
efpére;
éeDlea dans fa foreur Ce roùvièiit qu*il.efl: pâre«
Sa fuiréûr difpàroits tes pleurs Tout defarmé.
Tes fautes Tirritoient j mais tu Tas reclamé.
A'ppréns âl^avénir à ctaiiidre fa pùiffance.-
Admire fes bontés : adore (â'clemèhcé
Qui te rend, tant £on coeur eft pitoyable À^doux,
Pour des fiécles d*ofIen(èun inftant de courroux.
Imiter ion exemple , 6 Prince magnanime ,<
Ici le repentir eft plus girand que lipcrime»
Orontè dans les fers,^ dvé de tout appui,
Coxifumé de douleurs, prêt à'moufir d'ennui;
Ne regreta^ am jits ces efperànces raines
Qui firent G. longtems fes plaiiirs 8c (es peines. \
li né régtere point lés tréfbrs decevans \
li'enceris empoifbnné des lâcbes courtifans'^ •
Nila fageDàphné qu'il rêhdfimiferabte ,
De Ces jours plus ferains comp&ghe infèparable %
Ni leurs tendres enfans, de totis abandonnés ,
Ô troplieureui en£ins , ou trop infortunés !
Ni feslngtâts amis , ni fa gloire pàffié.
iSonKbf (èulirrité renent eh fa pen(ie.
Cefttôutcequil'i^gC} il nepenfcqu*envou$;
Bt Youdrôit bieii mourir, mais Cwis votre cour*
roux*
R« • > .
AOO P e E 8 t B I
Guàcz-'h ce coorroax , mais pour d'satres ylEd'
mes y
Mais pour des ennemis , plas grands , plus légi.
cimes ;
S'il Tonsfiiat quelque jour, atigtédevosfonhaits;
Après les fraies entiers d'ane plus longae paix ,
Bn faveur de l'Hymen pardonnant àrsfpagne,
Ain£ q«*anfier torrent inonder rAUeoiagne ;
Pais parmi les foreurs des belliqueux hazards,
Ju(qu*au TkrAne Ottoman pouflant vos écen*
dards ,
RenTerfer àvos pies quiconque a l'Hifolence
D'oppofer à vos coups fa vaine r6âftance ,
Rompre les efcadrons , percer de rang en rang
Soivi de larges flots de Tinfidélc fâng*
Tel qu'un jeune Lion dans les plaines hun^idcs
Sort y le coeur affamé de nobles homicidef ,
£t fuirant fa fureur emafle par monceaux y
Malgré leurs vains dEorts , Cliiens» Pafteors^
& Taureaux,
Jnfqu*à ce que fes jeux certains de faviâotre
>le découvrent plus rien qui ne marque ù gloitCi
Libre de pilions y & libre d'intérêts.
Je ne fuis qu'à demi du rang de vos {ûjets*
Mais depuis deux hivers admirant votre vie;
Mon cœur fe (ènt touché d'une plus noble enric*'
Si je puis quelque jour d'un vol audacieux ,
M'étever de la terre » -^ m*approcher des Ckai i
D I T B H s fi 9/ -^I
Si je-|>ais quelque jour , charmé de vos merveilles
Montrant à TUnivers , après de longues veilles,
Ce que peut un efptit nourri dans les beaux an^
Egaler votre hiftoire à celle des Cefars :
Ne me dérobez point ce beau trait de clemehce /
Je ratteiis,& mes vœux font les vonix de la Fraa«
ce.
Mais quâiid ces vœux fecrets n'ofent (e haxarder,'
C'êft ce que votre gloire ofè vous demander;
C'eft ce que vous detnande une troupe affligée
Qui ne mérite pas de fe voir négligée ,
Les Lettre^ & les Arts , la douce Humanité ;
La modefte Pudeur, êc la fage Ëquité.
Mais vous dont Tamitié fidèle & généreufe ,
)<^'abândonna jamais la vertu matheureufe ,
Mufès, fi de tout tems vous fûtes mon amour.
Si pour vous ntîeux connoitre , inconnu de U
Cotffi
Suivant les (âges loix de la fainte ftatUrtf ,
Je choifis une vie auffi douce qu*ob(cure :
Soit que nous habitions les climats tempérée.
Que le paifible Arar fend à pas mefurés ,
Ou les climats plus froids, & plus voifins de
l^Ouffe,
Qui du rapide Rhin bornent la longue Courfe;
Chantons inceflamment : Oronteeft malheureux,
Mais il fut le premier entre les généreux.
B'uncaiur né pourla>gloire,& d'un efprit (ubliine^'
U chcrcl^ des humains & ramoar 8c Teflime.
SW ^01 s Xi ^
Il £t de ce ttéCoi (on plus riche botin;
H s*ékya loi-même aa deffiiî du deftiiu
Son nom enviromiéd*an beali ràjonde ^oiie
Cbnfênreta £k pl^ce an Teinpie de 'mémoire*
miJm
R Ë Q;, U E t E .
A là Pofterîté-
ANo t Sèigheiirs de la pèftedcé,
JugesdesRois y & tout pleins d'éqôité,:»
tâal PèlliUôndahs ttne piiibnnoirë,
Jiïanqaam de tout , même d^ane écrîcoirê^
Comme ille peac^en foh entêndemenr-
Vous fait fa pbinte , & remontre huinblemen^^^
Qji'il a procès contr*un R07 nugnanime
Qui fut toujours robjçt de fon eftime.
Pour le fcrvir , il quitta les amotirs ,
Les tendres vers , & les tendres diiconrs^
Mourut au monde, 5c de très-bonne gfacé'
Son Epitaphe ( 4 ) en fut faite au Pârnaflê;
VeiHa, fua , courut", n*otiblîa rien
Pendant quatre ans hors d'acqùerir dùlnen,
iMMb
(4) Ménage des Tan 16^9... Iu4 fit PBpîtaphcfuivantt,
ftc'eft'^à cette Epitaphc que l'Auteut fait allufion.
- Ici gît le faftieux Achantê ,
L'honneur dés rivages François ",
II- tiroîé ajjtès lui les rothers & les bois
Faclss font aâicfuiettZ'dc /a l^se chÊtmàûiti
DiTift-sii; ioi^
f^en voukuit point qu'il ne loi vîntisni crime^
Ou qtt*an patron ne i^ndît légitime»
Bien lui fut dit par gens de très-bon (ênt
Qu'il fe hâtât , que c'en étoit lè temps ;
Que s'il venoit quelque prompte retraite
Il pafTeroit pour n*ètre qu*un Pbete.
Mais toujours ferme en Ta première humeur
5è contenta de fèntir en (on coeur,.
Que^pour connoître oarhiftoire, ou là foble
De nuls emplois il n'étoir incapable ,
Ki dédaigrieuz pour les moins iniportansV
Ni foiblc auffi pour foutehir les ^grands.
Quoiqu'il eirfoit » ou Êiveur, oa mérité ,
Sa paît d'emploi d'abord la plus petite
Tut la plus grande, après qu'il fut connUr-
i:,ui des premiers, quoique dernier venu» . ^
On le vit lors traiter , compter , écrire*
Four l'intérêt de tout un vafte Empire»*
Et toutefois, 6 fouvenir amer \
Pour ce grand Prince il (çut encor rîmeR- .
Tànoin ces ver^, ( & >f«è^«e Lom Hfiotmtt^
drbm » parU\ mieux fue ceux-dé Dadùne 9
PdDuic nr pléore point fyn Cott »
De rilliiftre(^)Saplio.que refpefla Penvie
Il foc aimé pendant fa vie;*
Il en cft plaint après fa mort;
I4) Madem. de Scuderyii connue fous le nom drSapliO«
(é) Vers dii Prologue de UComedie des Pâckeax.
«•4 T otttti
, Louis te vent» Sortex^ Nymphes , fortfxJ
Mais au milieu de ces profpericés ,
U plut au Ciel par un graiïd coup de foudre
En un moment de les réduire en poudre.
Il ne veut pas mettre en longue oraifon
tes longs ennuis- de fa dure plifoti.
N'ayant pour hlx courf oUx , mépris , ni haidCg
On l'en plaignoit j il les foùf&oit (ans peine j
C^and un I>émon jaloux & fubofneur ,
#our lui ravir ce refte de bonheur.
Aux plus bautr lieux forma de vains nuages,
Troubla Us airs , excita cent orages.
Vous le fçâvez grilles , pones , verrouX|
Si dans ces lieux , (ans nuls témoins que vonj;
Son cœur y fa main , fa langue , fa mémoire
^ Du grand Louis n'ont révéré la gloire,
Faifant pour lui ce qu'un cœur bien pieiiï
f Au mime éi^at aufo^t faî^ pour les Dieux.
Vous le fçavéz, é pUiflance divine f ^
• S'il eut jamais l'eiprît a la rapine.
'£t toutefois, fans fçavôir Bieft pourquoi,
Cenaines gents qu'on nomme gens du Roi ^
Bien renfermé le déchirent d'injures,
IrUi demandant par longues écritures .
Les millidns que failant fon devoir
U n'eut jamais, mais qu'il pouvoit avoir.
On le diffame , Se qui pis eft encore ,
. Il k fçait bien , ouds il faut qu'il VifffOtc;
Bl7BXS«f« ZÇtf
O nosseigneurs de la poCterité,
Juges des Rois, plaife a votre équité,
Qli^i^c ^vix écrits qui cexniflent (k gloire,
Ne les pas lire, ou bien nç Ips pas croire^
Con&nt pourtant que vous alliez prêchant
Qu'il fut un ibt , mais non pas un méchant»
Quant à Louis Tornement de fbn âge^
Si dans fiz mois, un an ^ ou davantage.
Il ne lui rend , fans y n^anqùer en rien,
I/iberté, joye, honneur, repos, & bicn^
Quoiqu'i la glpdre il ait droit de prétendre,'
Plus qu'un Céfa;: , 3c plus qu'un Alexandr^;
Ce nonobftant , poyr fa punition ,
J^c déclarant égal à Scipion ^
A cet effet , d'ôter de Ton hiftoire ,
Sans que jamais il en (bit fait mémoire.
Quatre venus, fiz grandes adions, .
Douze combats, foixante penfions,
Faire défenfe Q,n± échos du Parnaflb
Pe le nommer le plus grand de fa race ;
A cous faifeurs de chants nobles & hauts ^
A tous Ronfards, Malherbes, & BertautSy
A cous faifans galantes écritures,
A tous Marots , Brodeaux , Mellins , Voitures ,
^ tous Arna^ds, Sarafins , Felliffons,
I D'à Tavenir dans leurs do^bes chanfbns,
Paffé mille ans, faire aucun facrifice
A Ton çrand nom s & vouf ferez jufticc^
«o^ P e B 8 I B i
DIALOGUE
D'ACANTB ET DE PÉGASE;
Sur les Conquêtes du Roy^
é
A C A M T B.
A Mon fecours^ Pégafe, en ccbcfôîn extrême*
U me manque un cheva^il Êtut fiiivre le Roi,
P B G A s B«
le fuiyre! Se quel moyen ? je ae lepuismoh
' aieme
Non plus que !Con bidet, on ton grand fai&<i«
A C A H T B.
Ta fums toutefois le diligent Acliille
Dans le cours glorieux de lès hardis exploicsi
P B G A s B*
D'accord ; mais en dix ans il prenoâtiuie ville*
foi prie-il jamais quatre en la moitië d'un mois ?
A c A M T fi*
fit le fimieux Céfar qui presque fans conAatre
HTcnoit,, vojroit, vainquoit,^ ne le fuirois-tupas?
P B « A s ft«
Jamais il n'eut quitté la belle Cléopatre
Pour yjexûr prendre Dole un jour de Mardi grai»
A C A N T J«
Mais Alexandre enfin,Yite comme un tenacrre»
^ou|oiu:6 à fes côtés te voyoit galoper.
P 'B G A S S»
Je le perdois fbavent ^.il allbit tant que terre:
,Mais quand,iIs*enyvrQit , on pouvoit rattraper*
A c A H T 1.
Je t'cntens , rien ne fuit .un Roy quc;i;ienrt*ar-
Ni plaifîrs y ni douleurs , ni Itrouillars., ni -beauijt
jours^
'Ni calme décevant, ni >terrible tempête,
;Ni le &oid 4e8 hwers^, ni le fqu des .^mours*
/Cofiunetqi je4*admire,'& ne m*en fçaurois taire :
5ur un fi grand fujet on ne peut achever,
Mais^ieu : pour ce coup tu ^'es pas mon affaire*
Te cherche un vrai.cheval que je puiflè crever*
l h . . !.■ ■ ' J ■ ■
OÙ trouver ailleurs rien de plus ingénieux &l de
.plqs délicat tout enfemble ? C'efl un grand art que
jde louer en:badinant & fans faixe femblant de rien.
-Ce qui donna lieu à la fiélion , c'eft que PellifTon
.qui étoit de tous les voyages de Louis XIY»
manqua un jour de chcvd. Ce jeu d'efprit vaut
un panegjrrique dans les formes. Bouhowr} , |><|i<«
fiti ingemetêfis.
iof P o a s 1 1 f
ECHO SUR LA PRISE
»£ VALENCZEKMCSeni (Î77«
TOUJOURS au milieu du Salpêtre «e/rr;
]
Percer partout comme un éclm •tmri
J^t fe plaire qu'od la trompette . • fétu ;
De bon œil les Soldats <}ai font bien leur deroir..
[w/r
Rencontrer toujours la fortune» .«le»
Porter un faix de foins dont on verroît Atlas • . laî^
Sx trouver les vertus môme dans les réelles »bcUes^
C'efl: ternir les Héros paflSs • • ajjes
Bt fervir aux futurs d'exemple • • ample»
Que par ce Conquérant vous ferez embeUis ••Ikl
Son nom quoiqu'écla^ant , bien moins cpçik per-*
Connt..finnp.
Chacun prendra de lui^char^é de Ces cxplolp^ir*
Quiconque à les louer^employer vers ou froCc , ûfi
Ignore qu'on y voit les plusbrillans e(prits . , fris.
Cette pièce qui fe lit dans le Carpentariana» a
été répétée dans l'édition des lettriej? hjfloriques
fur le? campagnes de {.ouïs XIV.
Un Aeroltiche , un Écho & autres jei^t de Po©'
Ce me divertiflent , pourvu qu'on ne m'en dorme
pas beaucoup à lire , dit Patin : EJ^rét de Çfty
Fatin p. i6l. Edit. d'Amft, 1709.
Jç o'^ point li; 4'£cho$ d<uis les Aocleos j çom-
00
Bie on a afieâé d'en £ûre dans ces derniers temps ,
dit M^înagiey Terne IL Du Menag. ^
Il ne mit pas de là que les Anciens n'en ayenc
point fait. Martial livre %. Efig, 86. donne aâei
a entendre le contraire » lorfque fe moquant de ces
fortes de jeux , il dit qu'on ne trouvera rien de tel
dans (es poefies : f^ufquam Gtœcula qued recantat
Eckû. Par où d'un côté il témoigne qu'il y avoic
de (on temps des Poètes Latins qui raifoient des
Echos y êc de l'autre que cette invention venoic
.dts Grecs. Âriftophane dans fa Comédie intitulée
•f(faf«e/a^M/^ introduit Euripide fous le perfonnage
d'Echo. Callimaque dans i'Epigramme £'%S«<f« ri
«o<V« T* M«KA<Mf femble avoir eu envie de faire une
cTpece d'Echo. Planudes /. 4 c, 10. de VAflrologie »
rapporte un Echo de Gauradas Poète peu connu-»
mais ancien > félon Politien. Ovide liv, 3. des M^^
tam, Ecîw & Narvis.
SONNET A D AP HNIS,
Sur fon Mariage/
UN autre dépeindra dans de plus nobles vers
Les douceurs de tes feux & de ton hymenée.
Parlera des tréfors dont ton ame eft ornée ,
Et te couronnera de Lauriers toujours verds.
TTn autre donnera mille éloges divers
A la jeune Beauté qui fait ta deftinéey
Et l'ayant richement de gloire couronnée,
La montrera pompeufb aux yeux de TUnivers»
Têmi U
%10 IP O B s lit
Moi qal pour ces dcBhinsn'^pȈl^i)ak
Icinèy
Pour peindre ton bonheur ^ de fans zn'^Sm
peine y
]*cn dis ce qu'en tous lieux on en dit aujourd'hui
K3as
Daphnis eft bienheureux, fbn Amarante tSé.
telle «
Que tout autre que lut ferok indigne d'elle , .
Conune toute autre qu'elle eft indigne deluL
SONNET
^ la tête dit premier Tome de VHifioki
dn Daufhmi far Cborier.
LE premier des Ceifàrs embellit (on Eiftoiie
En roulant honorer Pompée après (a moit;-
Le grand Augufte eut pan à cet illuftre (on;
Ajanrrebiti Rome ^ U releréfa gloire.
Ciceron:,.cc fçaTant^ fi cher â là mémoire
Conferva fon pays d'un héroïque effort.
Ses éloquens difcours en furent le fiipport^^
Et fcs fages confcils la plus grande Yiâoixe.
Choner 9 n*ës-ttt pas mieux , d*ttn titre.^ moins
âàteur
Peré de ta p9^me , 5c le réparateur ?
1^11 lui réns Cx nobleiTe illuftre 8c fans pareilles.
Par toi (on nom fameux éclate en toutes parts i
Et tu dis 6c tu £u8 en toutes ces merveilles
£t mieuz^u*ttn Giceron 8c plus que deut Cefkrs;
EN l'G M E:.
^'Uirpinceau lumineux, mail fans trop de
lumière^.
|e forme fans former mille traits diSerens.
Là plus proche beauté m'eft toujours la plus shere;
Et j*aime également les K.ois & les Tyrans^.
Plus je fçai bien tromper , 8c plus je fuis ^déle»
Plus je fuis infidèle , 8c plus on me çherit.
Je ne pleure jamais lorfque mon Amant rit ^
£i je briUè du feu dont fon oeil édlnc^e. -
*«-
91
♦^MEDITATION.
O Rs Qjj B B. rbomme dé Dieu-
■^ Se met à fonger que le Traitre
Vendit trente deniers fon Seigneur & foii maître:
lÀ malheureux , dit-il ! ravoir tendu Ci peu i
Si)
Qoe ne j^tiyôis- je être en fa place l
Vous m'euifiez plutôt écorché»
Perfides Jui£s , maudite race ,
Que d*en avoir fi bon marché.
Puis gardant le filen^e , en lùi-Kitme il médite
. Ce qu'il eut pu le vendre^ & vojanr tout d*un irait
Combien i cette mort le génie humain profite,
II fe mit en tête foudain
D'en répètes le prix fiir tout le genre humauL
Yoili Itficênd points Se la fource bénite
Des taxes d'aujourd'hui que per£»nnen*érite.
Mais s'il rient i fonger qu'au prix d'an fi grasi
bien
Toutes les taxes ne (bnt rien ;
It qu'un jour là delTus le Beat s'abandonne
Aux reflexions qu'il fera $
Le fruit du ittniér point fera
De ne laifler rien à peribnne,
Ip— ——— ip—i—— ■■—■—— ■i—i———i
"^ ; ' -■ • —
EPIGRAMME.
GR AK n 1 IT R , (çavoir , renommée,'
Amitié , plaifir , & bien,
Tout n'eft que vent , que fiunée.
Pour mieux dire , tout n'eft rien«
19 I T I A i ■ «.' i.Yf
£ P I G R A M M E.
é
QU 1 rien ne nous embârralE; ^
Çc pourquoi tant de &;ons I
Bonne fortune , ou dirgrace ^
Elle pafle , ou nous paf&uis,.
■»• •■•
EPIGRAMME
"Sur la Baftille.
D
OuBXis grilles à gros clouX|;
Triples portes, forts verrouz »
Aqz âmes vraiment méchantes
Vous n^refentez rfinferi
Mais aur âmes innocentes
Yois n'êtes que du bois , des pierres 8c du fer;
SUR LE MOT
DeJtncmimK
Q I m , Ton dit que le faint Père {a'
^Lequel aroit incameri
Caftro Duché tant defirc
A la fin le deâncjunerew
(4) Alczjiadtç y Ht
Il n*à pas tenu fa colexe , .
Vcrsart-on la vôtre dorer î
Et nt fç^oroit-on efperec
Que YOtre juftice ordinaire
Vienne nous defincamerer ?
Quant a moi>5ire, je Veipète^
Votre Majefté le £sra«
Ma Mufe le ccl&reta^.
Tout rUnivers radorew;
Quand elle fera moins fevére ^ ^
Et naus' defincamerera. •
Monsieur PeUifToh étantà la Baftillè fur confâké
CA qualité d* Académicien par \]n Officier ; jur ime
g^gçure faite entre deiix autres prifonaiers ^ fi dâfih
fiéunerer étoit fran^ois ou non ?
Inçamerer de defincamerer font- deux termes pa-
roment Italiens; Incamerafrfêienèrppgiame'im ttt*
ment, . vale anco confifcare. VqcoB^ àeU^i. -en^a.
Ici incamerer c'eft proprement réunir à la Cham-'
bre'Âpofloiique^'comme defincamerer ^c'eft ré*
voquer l*incameratit>ni •>
Lé^mot defincamerer iz Ht atf-prfmier artîde da
Traité de Pife conclu le \% Février id64«. On lit
i^dsry 4ans la tbDduéUonii&MJl'Abbé^ègiiier,
mais 'C'eft. une faute d'impreflîon.^
I. An: dii Traité de Fife. Si Sâîntetc . . . dcf-
iiicamerem > c^eft -*à - dire révoquera ëc annulkra
i'incttmer^iiondés Etats de Caftro de de Ronciglio-
' ne ... & accordera en même temps à M. le Duc de
Parme un délai de huit années ; conformément à
celui qui lui fut accordépar le contrat^ paflè entre
là Chambre Apoilolique &lui . . « dans lequel ter^
me il pourra retirer ôc racheter lefdits Etats , en
tendant ^ payant ejQfeâiveineac un ffliUien/îx ccos
dûs à la Chambre Âppfloliqvie; Et cela en* deux-
differens pajçfneps. ,
Cette defincameration n'eût p6i«td'«x€cutrbn">
tant par les difBçoljtés i^t^ la Cour de Kome*fi&eii'i
x66y ♦ à U mort d'Alexandre^ VI l^ de tecerok le
premier payeii\»it oui.lui /uiç o^fsm qtjf par ceUe8->
qu'elle ht en i6;j^i fous Clément %. âe qui furcnc
îuivie^ d'une nouvelle incameràtion;* m^gré les
oroteflations du Duc de Parme: lé terme de huit -
juinées accordé ppur> le rachat ^ant expirée -
E R KG K^ MM E^
Sïir une NËiifony.
Ai paflï de maxn en maur'
De Boiflet à Broffiunin^^
A Satetier i à la Pruiie^.
A Montauron , i-Dodtim#' -
Mais je ii?étbi» a pîrs tm ,..
J'itois 4 ià-fbrtunc.
f
j
■*§«■
Ceia que M. Pielliflort nomme ici étoicntd^ '
FinancieBS qui sîétoient jenrichij dans^les. affair» "
o« Roy: ,.. , w
A l'ôccïiûon'^ Momajirôh^ on dit 'qift le çye-
BreP. Corneille voulut dédier tme de fes^Tr^gedies ^
ad GardînalMazàrin ,< mais qu'ayant lçûq«c ce -
Miniftre iieiài ddlinDit qu'un fort petit prefcnt, '
il chaneca l'Epitre dédicatoire qui etoit deja faite , /
&t^f de cLfe préUa fit fervir pour Montau*-
ron qui paya J^encens bcî^ttCoup pl« cher que n'eut
foie le Aiini«irer- *. \ ^" :
•■4
EPIGR.AMME
Sur un Arbre.
A
BAttr par tm (frage
On me Eût vogaec fin l'eau
O rinfominé préface!
Avant que d'tcré vaifToaii
}*aYois déjà &it naufrage.
E P I G RAM M E.
UN fpacd fit un fi>urd ajournera
Devant un fi>ard en on village ,
Et puis s'en vint Haut entonner
Qu'il avoit volé Ton fromage»
L'autre répond du labourage;
Le Juge étant fiîr ce fufpens
Déclara boit le mariage ^
Et les renvoya faa^ dépenSr
«M
M. PelliiTon a imité ici Jean 1 1. voici l*£pi-
gràxnme du Poète Latin.
SVRDVM JVDICIVM.
Cimfùido Ih tftfuriB ^firif judicefurdo^
VtpmiUmfimiU jmgit ubtque Dem.
Me pttHfretiim pr» menfes iufnque hcatis
Mdibus , hic noSu fe mdlwjft refert.
Bis judtx : ânnên ex aquo mmt utrique eft?
i^fom rejlat î Mite uterqpe fimul.
Dl ^ft^iLi«tf«:
S^
tP î G K A MM Ë
Contre un Envieux.
PAot cot entieax maraut
Sur réchelle même cntAgfj'
Qj^'an autre ait eu pour partage
De dcat gibets le plus haut.
mgm
Mtî G K A MUE
Contre tes Aftrorogûe^.
ImtatioM de ÎAiciVms.
T
R af^s^ &i& tfisnt^ttois journées
Acàérerom mes a&oies ^
Di(bit en'l>ien fupputaxit
Un Aftrologue im^ort^nr»
Chacun cônunen^ ({*.atte)idre ;
Mais voyant venir les cent.
Sans ctte la^ iftortic vîw -prcsiwe g
De dépi€ il's'alSBi pendres
n a deviné pourtant.
4
J
fi)
tiï
P é « s t I i
EPIGRAMME
Contre les mêmes^
IL devoit virre cent ans ,
Difbient tous ces clîiarknràhSy
Et triompher de Venvie.
Comme on Valloit enterrer^'
Un fèoltroaTa &ns errer
EPIGRAMME
Sur un homme qui avpit fait naufrage;
Imitation itjintipater»
TÛ rat Toîs fti lé tivàgè.
Pilote , & ta crains là mort ^
Va, (ui ta coùr& &. ton fort»
rf - a, . •
Lorfqueje faifbis naufrage ,
D*autres arrivoient au port;
)B P ï 6 R A M M É
Contre les Médecins.
O u s Wtàèi Votos en défaire?
Ne chcrcii^ point d'affaflîns^
Donnez-lui deux Médecins ,
^t qu'ils foJLcnt d'avis contr jure;»
V
D X V E K s E S; ^ii
È P I T A P H E
nt § A ^ A s I N.
^j4DST4 vimXi SAKAÇE NUShtcj^etf
^^ lHHus , élifems y etudims » degans i
îdemque veyfâ fcribmt ftliciter ;
€omis 9 venuftus , & facetus 5 & placens :
jfuia femus , & fàgàx > & callidus :
Vomi y fmfque y in otio, in negotioj
Pariter jocofis yàcabat ^ferirs »
Jn cun^d rerum tfanfiejfs miracuia*
lAtge viator : SARACENUS bic jaau
'^■'^
M. l'Abbé d*Oiiyet applique ces vers à M. Pel-t
liflbn qiù en eft 1> Auteçr . Ocons » dit-il , $ara(ui^
Se mettons Pelliffpn » la mefure ^es vers en roq^*
fi'ira ; mais pour ïe fens il n'y s|ura rien qui n#
guadre d'un oout à l'autrç* ^
Vm ^ fwnift Tmf%
Xni
'tf
mmÊmimmwimmsmÊmmÊ
TABLE
DES PIECES
Contenues dans ce premier
Volume.
tes Pièces ^ni farûijfent ici pour U premett
fois font marqHées dnn uifierifque^
LIVRE L
POBSIIS CHRE*TIÎNNESr
Stances. Q,RaadDieu^faripseljtncen$^
Page I»
A ir TU £«« Féi$4H ces bonis Tdéis, j
A TJ T K £ s. Vous fihes que pouvoir. Je ne
fuis que foiblejfe ^ 6
Paraphrase fur le Pfeaume 91. j^VI
efi beau , quil efl doux , 7
Le Ver tuisAMT. Craignez du Dieu tris^
houe le courroux furieux , 9
O » E,. Vous revenez , aimables Fleurs , 9
A u T R lE. Z?^ quoi vienS'-tu m* entretenir, 1
Autre, durant un grand vent à la
Baftîlle. Vous ne battez que ma prifin ,11
AvTKE^ Jeté voi ^Soleil pje te voi , 12.
* C A M ^ i^V ï. Mw Dieu» it voHs éi
^ f^ hé * *
'^^\n*.%.Ufvm'Pous^moame,*tt'
de/fifs Je la terre t , ^ , , A?
* A w T * *. X.V*«Bf^ * (îwfc'»» «» * /"J
nâurt^envie^ . . ,^. ^i
» Afr ITcZ^ ; '^>« *««"^ ^"«'^ *
nos av4ftmvs. , . '^ '; *'.
»Sta«ces. Amablef Re^gnoU , 1^
$oHtes les tînmes y '■^
LI VRÉ îï»
♦ EuRiMEDoN. PàémieM^itd
/itf te Mler. M. de Me*iue iM en 4r-
tmU HHeJCifkqtiil lifUt «""^"j^J»
C « A M T I. SAfbo fd mfétA m» trifit
éloifftement^ j^^-^^-liL
les cmAats difvittis , , *"°*
I n T o « A T X o M.l?i«w* jr«p<wr,/J««
gunmcJûn Roi dsMasedome & ttE^e;
25
La Grèce jalonfe Àrme^ contre Inf , ibid
1,9 fieras (juittefa ca^tah^ & frmdfêffgé
ifArtelice^ 14
H en rtfoit une-fitferbe Eché^rPt ^ o^fint
ces mots ponr devise .• A v Va i n^euh
»Est VA^Ni^^feVus , 25
La Grèce fi partage en trots^ çorfs , 16
Emimedon partage de mmi fin anmic en
trois corps ^ 27
It d^k ceux de Corintheij 19
Pnis tourne fis armes v0orieufiS' ^ntre
les jAheniem^ j i
. // les enfince ; mais 34nitas vieni hi ap-
prendtfe ^ne i'aij^ {froite efi percée ,51
C H A N T i I^ jillons^dit le Héros i maisen
m^^hant dHumoi. ; 5
Eurimedon par tout vainqnow^^ irrite le
Dieu Mmts fan m difiouns tmeraift, 3 9
JUars mjpmt h autour d^iui les Fureurs,
ta e^ere^ h Âim yUDefiJpoir^ U
Terreur y 40
' Oes^ AAnfire» 4:kapgtnti en un moment^ U
face du combat y 41
Cr A K T MX Le Pritcci cependant d^une
ardeur ob/lmick - 41
Eurimdem tt^aincH » & cendmt frifktnier
.. .: danslaFilUC^pitd^^^ • ' 4^
JEhfhripîon dé ta BajHlltjhns^ h mm d^un
vienx Chauat^ de Larijfe , ibidj
Mmnrée&n reçoH wtbiltetiiArietke^ AU
Infion a nn hittet tfue JitademàifUle de
SçUdèryei^t tadreffi de. faire tenir à M.
Fetlipn , hrfijn'ii itohk UBaJUtte, 48
Ghant ly. Mufes ^c^ejitrof de frt^^
$rop de bmhy trof aaltari^eK 5 1;
' "^fnHfeTHem d^Eurmidei^ dam fyprifin^
5 1 & fiiivanâs»
Deferiftkn des quatre Partiel du Monde,
ibîd»
De Paris Jb^s le mm de Larijft^ 5 9
Et de fes environs ^ 6z,
jè quelie accafion Eurimidon vit Artelicû
fowr la fremierefiis , 6j^
heturs firmem mutneh ^ ibié*
L! amour dn Prime diffipe fis enpuis. Cap^
ùf dans fis propres 'Etats , // fi confilê
tnfi fiuvenant au- il reffie toujours dans
te cœur d^Arteltce , 6 j j
Ch A M T V^ Dam te Ciel cepemàfH touâ
les Dieux ajfemblis ^ :6f
Apmèlée des Dieux » 66 8s fuivamesJi *
Jupiter leur repréfitHe iafirmefé iEwri^
médojsf^ 67
V Amour Prétend que ç^e^ lui qui fiiutient
fit vertu chancelante ^ îbîdl;
Soi^difioureeft méprifi. H dêfieitdfi^n Ik
^crre pour montrer fit^paunw M <t^
|A4 T A B le;
îbU
EuriméJm ^ft tramfé ^aràcviùm hm
lice aime ifon tour AfnfhioMox^ 69
JflfePriciptUy&daiu/a4imiiUeficbéah
fftnfUwrféortAwênt^ jj
Ei^ff d$LomsXIf^. dam la bouche de
r Amour, îiÀàé & 74
LIVRE I 1 L
'POBSIES MOILALBS»
EpIt HE à M. Conracc. Couran , je fens
ma verve , & ma Mufe niinffire , 77
C A F R. I e c contre l'Eftime. Donc je ne
dois plus prétendre , . 80
Le Ver a soye. Je fuis te vrai Phénix
qui renais de ma cendre , %%
fSoNNETàM. ChapelaiiL Ifun aveu^
gle dejir mtre Mufe enfiammée , i^
fAxsTKt àM. Conran. Cowrare demie
tourment fait/oupJrer la France ^ 50
zAxjTtiit^La Âdttfequi m*4fprittdfmeafi^ 9 1
L I V R E I y.
Poésies Calantes.
Imita? 10 H M <3m3^>^ ^étimffHÊeHs $
aimUe Sihie M 91
TA* L e;- :ttf
Autres Imicacioxis ie la meiM Pièce
par KotdAti Jk Malherbe , 94
l V I a KAu ui txadutte de Marnai, Tdle
efi la lai dn Ciel^ md exch n*4fi dnra^ ^
Critique de M. de BoÛy ^ êc corseâion .
4e u tradttâionie M.PellifloOyibîd^
V E K s iKiLEôuLiERS £Ur ttsi petk Sac*
Trois Déâfis \dûm la heami^ 9^
Madrigal uir les Vers mis dans ce wm:
tic Sac, Nçs Vm riom gm trof ^4^
vantage^ . 58'
V £ K s envoyés avec on Soufflet ; le Souf*
Aet parle. Amrtfm en Zéfhirjc xhU
lois far les plaines , ibid«.
IT fi R s envoyés avec une Corbeille de
fleurs (bus lefquelles étoic caché uti
petit Amour d'émafl. Ne puniras^
tn point , petit Dien que f implore ^ ^^ .
Av TRES Vers envoyés avec des fleurs.
ji vos yeux , belle Iris j. nom venons
muse^ir^ 100^
La Boatbonnoiiè, DiALOG vc encre Tiifif
& Climene» Je vous dis fiée je vohs
aime^ ' lor
AuTRi Di4io«uB d'^anPa(&nc &
d'uQç Taurcçrçliç. Qm finis ^ m eUns
et bois , plaintive Tourterelle^ 10 f
AvTik« DiAi'^evE ànc^ I^ 5oiiit
meil^ TrafUle & TAmour^ VAmm
Sitf T A B L É;
tôHi €ù9iveH Jk finmt$€i , ro4
Stances. Iris^mjakcomirUhnUt^iio
UO R A il é B R à Sapbo. i^ûnenfarh^
& ifmoH en gnmde y 114
IS f X T IL E à Acante pour rînc^llîpoce
ào & répQtife, ni
R E^p. o M s B d' Acaace. Eb^ hom I^eux !
^ iç pêurmf croire f 119
Dialogue entre Acante & la Fao.
vecte. Pui/^ne Sapbo f/efi poim id ,Jij
SvK %A MQHT dhine Pigecmne qa'aimoii
Sapbo» Quand U Figeonm aux abois ^
Placbti ai^ Rqt, aunoni delaPi-
geonne de Sapho. SIRE ^ une fa»*
vj^ Pigeonne y 147
JLa Ghotte ite V^&9Aieies y Idylle
m|fa en Ms^npie. AUons ^ Bergers,
entrons dam ce$ benrenM fifonr , 1 49
Sentiment de l'Auteur de la comparât-
ion de la Mufique Italienne & Françoife
fur cette Idylle Se celle de Soeauv. 1^6
P L A G £ T de M. Dangeau à la Reine,
. poiir lui demander la permiflion d'en*
trer dans la chambre des Filles , avec
la Réponfe de M. Mliflôn à eePlaee&
Wws demanda fi bien qn*ên ne pem rc"
fiifer, 157
^u ATR A ïMt Oh fffff^îS mnvirJfi
Amans ^ - - ^ ^^g
T A i l E; iif
mes , ièid«
A Hi t É. Es. Z>9^-^ HM^i^^^kmrSiM^^ 15^
A V T R £. j^ ferons-^fOHS , mon WHit^ ati
fHal qm teOhm ^ ibhf;
A V TA £^ VaHUtpfHrpfè^ubitèfi^ltj \6i
A TJ T R^E. Phdis,ne voi^s trompez. p^^ ï 65
A 1^ TlLi« QM rm VHfrài^ hemf^m-;
&id.
A If T K E. rb/^/ fi^/ ^^1?/?^ f/i*/i;7^ ^fincc
^BèfWeUe i tg^:
AjytKlÈ% yoéUs ^ VêUkt ^ r^eU :, fîT",
fjH'eftime ^ Ifeid;
enmr^cbéi nm ^ tet]
A V T R E. Ce ifefi point votre crnami , ft)îdl
A 1 K E* tiâtèz. ^ MlePhUit yMtifz. vétrt
retour ^ . \66
Av t è. B^ Jléùn axt^ faû eÈcàrè des 'iQieax^
ft)id.
A îT T R E.j JtMtJlmaf^in^itfi^^^ ^\6j
A u t fL £ , fur rait de la ÙvÉi!ktfk^ il me
:famâ0»çfétire des Vers ^ \6%
L t V R E Y/ .
X>OBSISS 1»IVER9E«»
O D £ à M,. leDuc d6 Moncaiâr^iet filt les
B&tiniens du Louvre. Mmamier ^
9on rare nîtrite ^ 1 6 g
ik8 T A B L £•
AvTftE àM«CbattttC Chatfm,iam
fHâ U^vieilUffi , 151
gr I T HE 4M. ie Due 4e S. ikigm
4MIWV, I7J
P0>E pour le Tomheatt de Mv le Mar-
qui» ie Pimrf. ^s^sl^^ ^ n^^/^Av fùim
S T Aifc Et a» tiom dé Monfeigneor le
Dauphin. Je fuis le digne Fils if m grand
R B'r o N s £ à Monfeigneur le Daapiua
fàsM^ée MMOphÂfii; DifffcPils du
plus grand des Rois^ 1S4
y it^i àM« IrDut d^ito|oa deux j«irs
après fa nai({ànce, Pmr^ fsvr m'iit'/^^
Orioi^n E <ie 1» Pofte à M. Mânsge.
le ne fçai f as faire des Vers , 189
.PK€6ii.0eirE de la €<médie desFâ-
dieux. Pai^r w/r en ces beaux lietuc U
flm^ ffWfdRasdn mÊtkbr^ 191
Occafion de ce Pndoeue , Ac ckeoo-
ftances dans'ldquelmikpacot, 151)
£ 1 £ G I £ iiir la^^race de M. Fpuquec.
Mnfes dont l* amitié jfidele & ginéreafe^ 194
ReqjJ E s t » à laî^officrhé; tA nos Sci-
gmars dthePàfieriii^ lo;
X>iALOGUEd'Acâffiice5e dePega&fur
les Conquêtes du Roy. ^ wmnjkêmi
T A B L Ei 11^
Jueemeot du Pcre Bouhours (or ce
SiàloguC) tof
Ê e H o fur la ptife de VaienciûMn.
Th^oim an milieH AtfidfS^ ^ loè*
Remarques fur^cette efpece (te Pôérine ,
S a*M M £ T à Dapiiiiiis^ fàt ton im^ee.
Vn antrf dépeindra dkfit dit flris nmet
Vers, ibiiK
A UT HE S om B T à la tête du^ pre*
mier Tome de i'Hiftdte dtt Dàupmâé
parChôrier. I^ frmitr der Cijkrs tém
vtUitfmhifiotrey iid
E H I G M E y donc le mot eft le Miroir*
D'un pinceoH lumineupç ^ mais fans trop
dt lumière, m
Méditation. LorfqueB. rhtmme de
Dieul ibid.
£ p 1 6 B. AM M £• Grandetsr ^ ffmfoir, re^
nommée^ m
AvTKE. Que rien ne nous embarraffe, 115
A u T H E fur la Baftille. Doubles grilles k
gros chux y ibid«
A u T H £ fur le mot defîncamerer. SIRE,
Pûu dit que le Saint Père , ibid.
OccafîoQ de cette Pièce. Explication
du mot defincamerer , %ij^& tit
Autre fur une Maifon. Tai pajlè de
main en main, 115
%l^ T"' A B LE»
fidaircîflbœens % cette Epîgfamme i
•A V T k E fur un Arbre. Àh^^u far un
/AvT n E fat un Sourd* î;« Simrdjk un
Sèurdélîpwmet^ îbîd.
' Texte de jeaû Second 5e>quî cette Epi-
gcamnre eft imitée, . , iiiJk
A V T «^ E contre un Envieux. 1. 17
/k ir T E. E contre les Aftrologues. i^id.
'AvTHB cçntre les mêmes fiS
Ji y T E^ » (ttr W naurrage. ^ ii/W.
A V T K E; cjoççitfe les. Medecms. i^i^.
JprE I T AP H E de Satafin* , xi^
m ' ' /■
•• • » • - .
• >
. JFiif d^ U TakU duprermer Volume.
• < • • • -
» - *
J>evauy
aa, n 96
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