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Full text of "Venez à moi et je vous soulagerai, ou, Traité de la divinité de la confession : avec des traits historiques"

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in  2011  with  funding  from 

University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/venezmoietjevoOOaube 


f.>,iMTir<i? 


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DES  PAROISSES.  DES  FAHILLES 


•  «fVW^-fi.'^if" 


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,\^HjS^'i^V\>s.^sAAA/'yv/w»S>v  ^WWSA*AA/v*vA^VS/WsA* 


^toptiefo    c)e> 


lYoïf,  —  Imprimerie  je  GJi  jÎ. 


V  V  V%rv  Vi<A.O, 


ÉNMf^" 


W/\j\iNf>jr\r\J* 


Ibrne;  h  moi  rt  \t  tious  60iilai)erai 

ou  TKAITÉ 

DE  LA 


<  2.iaet   Tfes   SroUs   ijUtoriques 

\  PAB  l'ABBÈ   HARIUS  AUBERT, 

CBÂll0IRB«r»i0ICATBeB« 

NOUVELLE  ÉDITIOM. 

uOttai_, 


fBPRIÎIERIE  ET  LlBRAIftlî  ECClÉSIiSTIÛm 
Dk   GUYOT  Frères, 

A  LTOW         (iibiE  Maison)        a  paris 
2,  Bl*  DE  L'ARÇfîS^'Èr.lIÉ,  >   23,  RI'E  SAINT- Sl'LPlCS, 

II6U1  ^  k  Maaé«an(rrie.        >         Ci-^lcvt.ot  Terit-Boarboa. 

KS53. 


ik^to^iiAAift'AAt  vv^. 


J 


Universffaa 

BiBLIQTHSCA 


^V 


L,1ER.^- 


^•wwwv^^^^^/^ 


f«j»MVMMMW^ 


Ma  très  auguste  Reine, 

A  la  vue  de  ma  profonde  miscre  cl  au  sou- 
venir de  mes  iniquités  sans  nombre,  je  n'ose 
lever  les  veux  vers  le  Dieu  trois  fois  saint , 
qui  a  trouvé  des  souillures  jusque  dans  ses 
anges,  et  mon  Ame  désolée  tombe  souvent 
dans  le  trouble,  l'abattement  et  presque  dans 
le  désespoir.  Mais,  ô  Vierge  sainte!  à  peine 
me  rappelé-je  que  vous  êtes  ma  mère ,  et  une 
mcre  pleine  de  misêncorde ,  que  mon  ame 
renaît  à  l'espérance  et  qu'elle  éprouve  un 
calme,  une  paix,  un  courage  que  rien  nc 
peut  altérer. 


Eh  !  comment  en  seraît-îl  autrement  quand 
je  pense  que  c('csi  vous,  o  ma  tendre  Mcr^» 


s  Tl  DÉDICACE.  l 

5  qui  avez  porte  dans  votre  r  'r\  celui  qui  est  la  '^ 
miséricorde  même ,  que  c'est  vous  qui  avez  ^• 
consenti  à  sa  mort  pour  le  salut  des  pécheurs,  5 
et  que  vous  en  avez  été  établie  le  refuge  par  ^ 
notre  souverain  Juge  lui-même.  Comment  ne 
pas  vous  dire  avec  un  de  vos  plus  grands  ser- 
viteurs :  Recevez  les  vœux  que  nous  vous  pré- 
sentons,  accordez-nous  ce  que  nous  vous  deman- 
dons 5  dèlivrez-nous  de  ce  que  nous  craignons; 
puisque  vous  êtes  /'unique  espérance  des  pé-  < 
CHEURS ,  c'est  par  vous  que  nous  attendons  le  s 
pardon  de  nos  péchés ,  et  c'est  en  vous  ,  ô  très 
heureuse  Vierge!  que  nous  ti^ouvons  notre  es- 


\ 

pérance   des  récompenses   éternelles  (1).   Car       ^ 

s 


vous  êtes  y  ajouterai-je  volontiers  avec  le  docte 
et  pieux  saint  Bernard,  vous  êtes  V échelle  des 
deux  y  vous  êtes  ma  très  grande  confiance ,  vous 
cLs  enfin  tout  Lh  fondement  de  mon  Ew^pé-        c» 
range  (2).  \ 

s 

(1)  Accîpc  qiiod  afftfïmns ,  redona  quod  roga«  ? 
mus ,  excusa  quod  limcmus  ,  quia  tu  es  spes  unica^  ? 
per  te,  speramus  vcniam  dclictorum  ,  et  lu  te,  J 
beatissima,  nostrorum  est  expcciatio  prœmiorura. 

(S^  Augustin ,  lib.  18  des  SS.) 

(2)  lîoec  est  cœlorum  scala,  liaîC'  mca  maxîma 

ijducia  ,  ha'c  est  tota  ratio  s?rj  îie/e.  (S.  Bornnr?-:), 


? 


tru^ 


.r".y^  y\«V/  ^N /-   ^K.'^r^r-  ^^/^.y-./Nr^y^.^^>"/^>-'y-.V^•\/^# 


Soutenu  par  celle  pensée,  je  viens  donc  ^ 
avec  confiance  nie  proslcrncr  ù  vos  pieds,  à  > 
niiscricordiciise  mcrc!  pour  vous  conjurer  de  ^ 
;!  m'obtcnir  de  votre  divin  Fils  le  pardon  de 
>  tous  mes  crimes,  et  une  parfaite  rcconcilia- 
^  lion  avec  le  Dieu  que  j'ai  si  souvent  outrage. 
^  Cf^tte  grâce ,  je  vous  la  demande  non  pas 
s  seulement  pour  moi ,  mais  encore  pour  tant 
^  de  pauvres  pécheurs  qui,  à  chaque  instant, 
;>  se  perdent  pour  réternité.  Ah!  souvenez-vous 
^  de  vos  miséricordes  anciennes ,  et  renouvelez 
^  parmi  nous  ces  prodiges  de  conversion  qui 
S  vous  ont  fait  proclamer  par  TEglise,  la  mère 
S        de  miséricorde ,  le  refuge  des  pkheurs. 

^  Apportez  la  lumière  a  ces  aveugles  ,  et  fai- 

l  tes-leur  concevoir  une  vive  horreur  de  leurs 
^  crime:;  brisez  les  liens  de  ces  esclaves  de  Sa- 
l  tan ,  et  ouvrez  leurs  cœurs  aux  impressions  de 
^  la  grâce.  Qu'ils  apprécient  enfin  les  effets  sa- 
?  lutaires  du  sacrement  de  pénitence  ;  qu'ils  s'en 
approchent  souvent;  qu'ils  le  fassent  toujours 
avec  les  dispositions  requises  ;  afin  que ,  lavés 
dans  le  sang  de  l'Agneau  ,  ils  deviennent  purs 
aux  yeux  de  votre  divin  Fils,  et  qu'une  fois  ré- 
conciliés avec  leur  Dieu ,  ils  marchent  d'un 
pas  ferme  et  assuré  dans  le  sentier  de  la  vertu. 


.V»«^v^/^/^•v» 


VllI  DÉDICACB. 

Tel  est ,  ô  Vierge  sainte  !  îc  désir  de  mon 
cœur,  et  c  est  pour  cela  que  j'ai  compose  ces 
nouveaux  traités  ^  dont  la  fin  est  d'engager 
les  uns  à  se  confesser,  et  d'apprendre  aux 
autres  aie  faire  avec  fruit.  Daignez  les  pren- 
dre encore  sous  les  auspices  de  votre  maternelle 
bonté  5  et  accorder  votre  sainte  bénédiction  , 
non  seulement  à  tous  ceux  qui  les  liront ,  mais 
encore  à  moi ,  qui  trouve  toujours  un  nouveau 
plaisir  à  vous  faire  agréer  l'hommage  de  la 
vénération  profonde,  de  l'amour  filial  et  de  la 
tendre  confiance  avec  laquelle  je  suis, 


Ma  très  auguste  Reine 


DE  VOTRE  AIMABLE  MAJESTE, 


Le  très  humble ,  très  obéissant  et  tout  dévoué, 
quoique  très  indigne  serviteur, 
L*ABBÉ  MARiUS  AUBERT. 


Ltoji>  21  novembre  1844. 


'\j\/\j\yyj\^\j' 


^  AVANT-PROPOS 


»  •  *Jf\Jf\ffOtff\ff\^ 


'  Dieu  avait  cro(î  riiomme  dans  le  bon- 
heur et  rinnocencc ,  et  si  Adam  eût  été 
fidèle,  son  innocence  aurait  passé,  avec 
son  bonheur,  à  tous  ses  descendants.  Mais 
ayant  désobéi ,  son  péché,  avec  toutes  ses 
suites  funestes,  a  été  le  seul  héritage  qu'il 
a  laissé  à  ses  enfants.  Notre  perte  était 
donc  sans  ressource  si,  dans  son  infinie 
miséricorde,  le  Seigneur  ne  nous  avait 
donné  un  Sauveur  pour  nous  retirer  du  «? 
fond  de  l'abîme  et  nous  faire  rentrer  dans 
les  voies  de  la  justice  et  de  la  vérité. 


Ce  Sauveur,  c'est  Jésus-Christ,  qui, 
pour  accomplir  son  œuvre,  s'est  chargé 
de  toutes  nos  infirmités,  a  porté  toutes 
nos  douleurs,  averse  enfin  tout  son  sang 
sur  la  croix.  Mais  quel  est  le  grand  moyen 
qu'il  a  établi  pour  nous  en  appliquer  les 
mérites?  Le  sacrementde  péniience,^  dont 


i 


> 

b  ;^ 


^ A.'^/V^ A'V'^,''^  »•  •'XrV.,'%rV-v,'%j-w%  .■^^«•vV' v?^.  v^  rt-^-'^.^-r.f 


%  aVant-mopos.  < 

c 

le  propre  est  de  remettre  tous  nos  p5-        \ 
chés,  et  toutes  les  fois  que  nous  le  rece- 


n'est-ce  pas  là  le  chef-d'œuvre  de  la  bonté 
miséricordieuse  de  Dieu?  S'il  s'était  con- 
tenté de  nous  donner  la  vie  dans  le  bap- 
tême, de  nous  préparer,  dans  l'Eucharis- 
tie, une  nourriture  pour  la  conserver,  où 
sn  seraient  la  plupart  des  chrétiens  ?  Hé- 
las! s'il  eût  borné  là  tout  le  fruit  de  la 
rédemption,  si  la  perte  de  l'innocence 
\  baptismale  ne  nous  eût  plus  laissé  de  re- 
S  tour  à  la  grâce,  la  très  grande  majorité 
\  serait  réprouvée,  et  cela  sans  pouvoir  ac- 
\       euser  Dieu  d'injustice. 

^  Dieu  n'en  a  pas  agi  ainsi.  «  Etant  infi- 

«  niment  riche  en  miséricorde ,  »  dit  le 
concile  de  Trente ,  «  eî  connaissant  la  fra- 

«  gilité  de  notre  nature,  il  a  bien  voulu 

^       «  établir  un  remède  pour  rendre  la  vie 

^       «  à  ceux  qui,  depuis  le  baptême,  se  se- 

^       «  raient  livrés  à  la  servitude  du  péché  ,  à 

S       :<  la  puissance  du  dJ  iOn,  et  ce  remède 

Il  est  le  sacreaient  de  pénitence  par  le- 


ii^\/^> 


c, 

vous  avec  les  dispositions  requises.  Or,        5 


t\AJV%A/WA/vAy 


VVw^/v^/^/V\/^•^^v^A./^/^rf\AAA,A/^w^AAy^y^/^ 


AVANT-rnOPOS.  Xt         ? 

«  quel  le  bienfait  de  la  mort  de  Jésus- 


/  «  Christ  est  appliqué  ix  ceux  qui  sout  tom- 

S  «  bés  après  le  baptême ,  et  que  les  saints 

>  «  appellent  pour  cela  une  seconde  planche 

^  (L  après  le  naufrage ,  »   c'est-à-dire,  la 

s  seule  ressourte  qui  reste  au  chrétien  cou- 

^  pable  de  se  sauver  des  abîmes  de  la  mort 

^  éternelle. 

^  Cependant,  par  un  désordre  inconce- 

<  vable,  les  uns  rendent  ce  sacrement  inu- 

r 

^  tile,  en  refusant  de  le  recevoir;  et  les 
autres  le  rendent  nuisible  en  le  recevant 
sans  les  dispositions  requises.  Il  faut  donc , 
dans  un  premier  traité  (1) ,  montrer  aux 
premiers  la  divinité  et  les  avantages  de 


(1)  La  justice  nous  impose  îcî  un  devoir  bien 
doux  à  remplir,  c'est  de  confesser  que,  pour  ce 

premier  traite,  nous  avons  puise  largeracut  dans  un  < 

ouvrage   inlilulc  ;  Recherches   sur  la  confession^  <; 

par  M.  l'abbé  Guillois  ,  cure  au  Mans.  Celle  compî-  5 

latlon ,  comme  l'appelle  modestement  Teslimable  ^ 

auteur,  nous  a  épargné  à  nous-méme  bien  des  re-  5 

cherches ,  et  nous  sommes  charmé  de  lui  offrir  ici  ^ 

^'expression  de   notre  bien  vive  reconnaissance,  5 
ainsi  que  de  notre  respectueux  dévouement. 


VV^/\/"^ 


la  confession  pour  les  porter  à  s'en  ap«» 
procher;  et,  dans  un  second,  apprendre 
aux  derniers  les  dispositions  nécessaires 
pour  le  bien  recevoir. 

Lisez  avec  attention,  mon  cher  Théo* 
phile,  les  nouvelles  instructions  qui  nous 
sont  inspirées  par  notre  zèle  pour  le  salut 
de  votre  ame,  et  qu'il  nous  soit  permis, 
malgré  notre  indignité ,  de  vous  dire  avec 
le  grand  apôtre  :  Toutes  choses  viennent 
de  Dieu,  qui  nous  a  réconciliés  avec  lui- 
même ,  par  Jésus- Christ,  et  qui  nous  a 

CONFIÉ  LE  MINISTÈRE  DE  LA  RÉCONCILIATION; 

car  c^est  Dieu  qui ,  par  Jésus-Christ ,  a 
réconcilié  le  monde  avec  soi,  ne  leur  im- 
putant point  leurs  péchés,  et  qui  a  mis  en 
nous  la  parole  de  la  réconciliation.  Nous 
faisons  donc  la  fonction  d'ambassadeurs 
pour  Jésus-Christ ,  et  comme  si  Dieu  lui-> 
même  vous  en  conjurait  par  notre  hou- 
che  ,  nous  ".  vous  en  prions  par  Jêsus^ 
Christ  :  RÉCONCILIEZ -VOUS  AVEG 
^lEU.  (2Cor.,v.  18,19,20,) 


Jl/S^MV' 


PRÉFACE. 


(Jn  grand  désordre  désole  l'Eglise  de 
Dieu  suriout  dans  not»'e  maliiciirciiso  pa- 
trie :  désorvlre  inconnu  à  nos  ancêtres, 
dans  ces  temps  de  foi ,  où  la  religion  était 
honorée,  pratiquée  par  la  presque  tota- 
lité des  Français;  désordre  universel  qui 
s'est  répandu  dans  toutes  les  classes  de  la 
société ,  au  milieu  des  villages  comme 
dans  les  grandes  cités  ;  désordre  funeste, 
qui  est  la  cause  de  la  perte  des  mœurs  et 
du  dépérissement  de  la  foi  ;  désordre  af- 
freux qu'il  faudrait  déplorer  avec  des  lar- 
mes de  sang.  Le  grand,  le  divin ,  le  salu- 
taire ejrercfcc  de  la  Confession  est  géné- 
ralement méprisé,  délaissé  par  la  plupart 
des  chrétiens  de  nos  jours. 

Au  seul  mot  de  confession ,  bien  des 
hommes  et  spécialement  bien  des  jeunes 
gens  haussent  les  épaules  et  sourient  de 
pitié;  on  en  voit  même  beaucoup  qui 
lVéquent.MU  nos  églises,  qui  soût  assidus 
aux  disi^ours  de  uos  orateurs  célèbres. 


J 


*-^V/V/V''\/*»  >  ^ />,'^-./\^  Vr  *.    ^■\,.  ^     :\J  ^y.f\j 


XIV  X>RÊFACE. 

qui  se  feraient  scrupule  de  manquer  la 

<  sainte  messe  le  dimanche,  qui  parlent  de  la 

J  religion  avec  respect ,  et ,  dans  l'occasion, 

(j  prennent  volontiers  sa  défense  contre  les 

^  impies,  et  qui,  cependant,  ne  se  confessent 

l  pas  et  se  croiraient  déshonorés  s'ils  al- 

s  laient  se  mettre  à  genoux  aux  pieds  d'un 

^  prêtre.  Quelle  loli^  ,  quel  scandale  ! 

$  Mais  d'où  peiK  renir,  dans -des  catho- 

>  liques,  un  si  grand  éloignement  pour  une 
^  des  pratiques  les  plus  essentielles  et  les 
l  plus  avantageuses  du  christianisme?  Il 
?  n'est  pas  difiicile  de  le  deviner  :  dans  les 
§  uns,  cette  horreur  de  la  confession  prend 
^  sa  source  dans  les  passions,  et  s'ils  ne  se 
?  confessent  pas,  c'est  parce  qu'ils  sont 
l  corrompus;  dans  les  autres,  c'est  peut- 
l  être  dans  un  esprit  d'incrédulité  ;  s'ils  re- 
^  ^usentde  se  confesser,  c'est  prétendent- 
ils,  parce  que  la  divinité  de  la  confession 
est  loin  de  leur  être  démontrée  ,  et  qu'ils 
regardent  la  confession  comme  une  inven- 
tion purement  humaine,  une  invention 
des  prêtres;  et  dans  le  plus  grand  nom- 
bre, le  motif  de  cet  éloignement  scan- 
daleux, c'est  la  craiui*s  c'est  la  paresse 


qui  1(9  portent  à  s'(îcricr  :  à  quoi  bon  se 
CDnfcsscrP  vl  (railleurs,  n^est-cspas  trop 
dur  et  trop  humiliant  de  se  confesser  à  un 

homme  comme  soip  ^^ 

Il  est  donc  important  de  combattre  ces  > 

diflérentcs  erreurs,   et  c'est  le  but  que  j; 

nous  nous  proposons    dans  ce  premier  < 

traité,  où  nous  allons  démontrer  d'une  ^ 

manière  claire  et  solide  la  divinité  de  la  ^ 

confession.  Pour  y  réussir,  nous  n'avons  ^ 

qu'à  considérer  que  la  confession  viem  ] 

DE   DIEU  ET  qu'elle  CONDUIT  k    DIEU.  Elle  '^ 

vient  de  Dieu,  car  c'est  lui  qui  l'a  établie  ^ 
pour  la  gloire  de  son  nom;  elle  conduit  > 
à  Dieu,  car  elle  opère  les  plus  heureux  ^^ 
effets  pour  le  salut  de  nos  âmes,  tplle  vient  ^ 
de  Dieu,  c'est  son  litre  de  grandeur  qui 
doit  nous  inspirer  pour  elle  un  profond 
respect  ;  elle  conduit  à  Dieu ,  c'est  son  ti- 
tre de  bonté  qui  est  propre  à  nous  inspi- 
rer pour  elle  un  grand  amour.  Elle  vient  ^ 
de  Dieu  ^  c'est  l'œuvre  de  notre  souverain  ^ 
maître  ,  il  faut  donc  nous  y  soumettre  ^ 
avec  une  docilité  parfaite  ;  elle  conduit  à  \ 
Dieu,  c'est  l'œuvre  de  notre  divin  Sau-  ^ 
vour,i!  fnnt  donc  rcmbrosser  avec  uik  S 
vive  rccomiaissancc 


JtVI  PRÉFACE. 

Nous  allons  donc  prouver,  dans  la  pre- 
mière partie  que  la  confession  est  divine 
dans  son  principe,  c'est-à-dire,  dans  son 
institution  par  J.-C.  ,  et  dans  la  seconde, 
qu'elle  est  divine  dans  ses  effets,  c*est-à- 
dire  dans  les  fruits  de  salut  qu'elle  produit 
dans  nos  âmes.  Quelle  sublime  institution 
que  celle  de  la  confession  ;  si  vous  voulez 
vous  en  convaincre,  méditez,  mon  cher 
Théophile,  ces  paroles  que  nous  vous 
adressons  ici  avec  le  disciple  bien-aimé 
de  Jésus  :  Nous  vous  écrivons  ces  choses  ^ 
disait  saint  Jean  aux  premiers  fidèles,  a/in 
que  vous  soyez  dans  la  joie  et  que  votre 
joie  soit  parfaite.  Ce  que  nous  avons  ap- 
pris de  JÉsus-CKPiisr  ,  et  ce  que  nous  vous 
enseignons  y  c'sst  que  si  nous  disons  que 
nous  sommes  àUns  péchés,  nous  nous 
séduisons  nous-mêmes  et  la  vérité  n^est 
point  en  nous;  mais  que  si  nous  roATES- 
S0x\s  NOS  PÉCHÉS,  il  est  fidèle  et  juste  pour 

NOCS  LES  KEMETïRE  et  pOUr  nOUS  PURIFIEU 

DE  TOUTE  INIQUITÉ,  i  i  Ep.  S.  Jean  1  ♦  A , 
8,9.) 


. \ 


^  WN>\AA/W\A/\A. 


tiAm 


n 


DE  L4 


DIVINITE   DE  LA   CONFESSION. 

PREMIÈRE  PARTIE. 
PRINCIPE  DIVIN  DE  LA  CONFESSIOil- 


L'homme  coupable  a  toujours  senti  le 
besoin  de  faire  l'aveu  de  ses  fautes,  pour 
témoigner  le  repentir  de  son  cœnr  et  en 
obtenir  le  pardon.  Dès  le  berceau  du  mon- 
de. Dieu  exigea  de  nos  premiers  parents 
la  confession  de  leur  désobéissance,  et 
un  des  principaux  devoirs  que  le  Sei- 
gnur  imposa  à  son  peuple  dans  Tancienne 
/oi,  fut  la  confession  des  péchés.  Lors^ 
qu'un  homme  ou  une  femme  y  est-il  dit 
au  livre  des  Nombres  ^  <iuront  commis 


2  ÎNTROlirCTION. 

quelqu^nn  des  péchés  qui  arrivent  d^ ordi- 
naire aux  hommes  f  et  qu'ils  auront  violé 
par  négligence  le  commandement  du  Sei- 
gneur ^  et  seront  tombés  en  faute ,  ils 
CONFESSERONT  LEURS  PÉCHÉS,  et  Hs  Ten- 
dront à  celui  contre  qui  ils  ont  péché  le 
juste  prix  du  tort  qu'ils  lui  auront  fait, 
en  y  ajoutant  le  cinquième  par  dessus{l) .  ^^ 


La  fidélité  à  ce  î3récepte  fut  un  des 
points  de  religion  les  plus  essentiels  chez 
les  Juifs,  et  nous  pouvons  assurer  que 
Tusage  de  la  confession  s'est  maintenu  5 
j)armi  eux  ^  jusqu'à  nos  jours. 

On  le  trouve  encore  établi  même  par- 
mi les  païens,  et  de  toutes  les  religions 
idolâtres  qui  ont  existé,  il  n^'en  est  peut- 
être  pas  une,  où  Ton  ne  retrouve  au 
moins  quelque  trace  de  confession.  Ce 
qui  prouve  que  Dieu  révéla  primitive- 
ment à  l'homme  que  la  marque  essen- 
tielle du  repentir,  sans  if^quel  on  ne  peut 


(1)  Num.  Y.  ^ 


S  nrmonucTioli. 

[]  obtenir  le  pardon  de  ses  fautes,  est  la 

^  confession,  c'cst-à-dirc  l'aveu  franc  et 

>  sincère  des  fiiutes  dont  on.  s'est  rendu 

c,  coupable. 


1  Jésus- Christ  étant  venu  sur  la  terre 
pour  la  sancLificalion  de  l'homme ,  a  im- 
posé à  tous  les  pécheurs  l'obligation  de 
confesser  leurs  péchés,  non  plus  seule- 
ment à  Dieu ,  mais  encore  aux  prêtres 
qu'il  a  revêtus  du  pouvoir  de  les  remettre; 
et  afin  de  rendre  la  pratique  de  la  con- 
fession plus  méritoire  et  plus  efficace,  il 
l'a  élevée  h  la  dignité  de  sacrement)  Mais 
cette  loi  de  la  confession  aux  prêtres  a-t- 
elle  été  réellement  établie  par  Kotre-Sei- 
gneur  ?  Telle  est  la  grande ,  l'importante 
question  que  nous  avons  à  résoudre  dans 
celte  première  partie.  Plaise  au  ciel ,  mon 
cher  ami ,  que  nous  le  fassions  de  manière 
à  vous  faire  imiter  !a  docilité  des  lépreux, 
lorsque  le   Sauveur  leur  dit  \    Allez, 

MOKTrxEZ-VOUS  AUX  PRÊTKES  (S.LXJC  XVll), 


DIVINITÉ 


Chapitre  premier. 


1'^  PREUY15. 


Son  institution  par  Jcsus-Christ. 


Pour  vous  convaincre,  mon  cher  Théo- 
phile 5  que  c'est  Jésus-Christ  qui  a  établi  la 
loi  rigoureuse  et  universelle  de  la  confession , 
nous  n'avons  qu'à  consulter  le  saint  Evangile, 
«e  livre  sacré ,  qui  renferme  la  vie  et  la  doc- 
*-'me  de  notre  divin  Maître.  Ouvrons-le  donc 
avec  confiance,  pesons  les  paroles  qui  sont 
sorties  de  la  bouche  du  Sauveur  du  monde, 
et  nous  serons  forcés  d'en  conclure  que  c'est 
de  lui  qu'émane  l'obligation  indispensable  de 
confesser  les  péchés  commis  après  le  baptême 
pour  en  obtenir  le  j)ardon. 

§  I.  Epoque  de  Vinstituiîon. 

Notre  Seigneur  promit  à  ses  disciples  d'ins- 
tituer le  sacrement  de  pénitence ,  d'abord , 
lorsqu'il  dit  à  saint  Pierre  :  «Vous  êtes  Pierre 
«  et  sur  cette  pierre  je  bâtirai  mon  Eglise ,  et 


DE  LA  O'iîNFESSION;  B 

fi  les  portes  de  l'cnfor  ne  prévaudront  point 
«  contre  elle.  Je  vo:i3  donnerai  les  clefs  du 
«  royaume  des  cieux ,  et  tout  ce  que  vous  lie- 
«  rez  sur  la  terre  sera  lie  dans  le  ciel  (1).  » 
Et  ensuite ,  quand  il  adresse  ce  même  discours 
a  tous  ses  apôtres  :  «  Je  vous  dis  en  vcritc 
que  tout  ce  que  vous  lierez  sur  la  terre  sera 
lié  dans  le  ciel ,  et  que  tout  ce  que  vous  dé- 
lierez sur  la  terre  sera  délié  dans  le  ciel  (2).  » 
— L'exécution  de  cette  promesse  est  ainsi  rap- 
portée au  XX.  chapitre  de  saint  Jean  :  «  Peu 
de  jours  avant  son  ascension,  Jésus- Christ 
dit  à  ses  apôtres ,  en  paraissant  au  milieu 
d'eux  :  Que  la  paix  soit  avec  vous ,  je  vous 
envoie  comme  mon  Père  m'a  envoyé.  » 

Par  ces  paroles,  il  leur  donne  la  plénitude 
des  pouvoirs  qu'il  avait  reçus  de  son  pcre  ;  et 
pour  rendre  plus  sensible  ce  qu'il  faisait ,  il 
souffle  sur  eux  et  leur  dit  :  Recevez  le  Saint- 
Esprit  ;  c'est  sa  vertu  toute  puissante  qu'il 
semble  répandre  sur  eux ,  c'est  de  son  esprit 
qu'il  les  anime. — Quelle  ressemblance  frap- 
pante ,  mon  fils ,  entre  ce  que  fait  ici  Jésus- 
Christ  et  ce  que  fit  le  Créateur  après  qu'il  eut 
formé  le  corps  d'Adam  !  Ce  fut  par  un  souffle 

(1)  S,  Matth.  XVI.— (2)  S.  Matth.  XXIII, 


j 


JA/Wvrv^< 


r.^^'\y^^r\r-^  \J\j-\J\J  v>  vk 


et  quorum  relinuerilis  rclenta  sunl.     (Joan.  ,  20), 


6  DIVINITÉ 

divin  que  Dieu  mit  dans  le  preinier  homme 
une  amc  innocente  et  pure  ,  c'est  par  le 
même  souffle  que  Jcsus-Christ  institue  ceux 
qui  5  succédant  à  son  ministère  vont  rendre 
aux  hommes  leur    pureté  primitive.  C'est 

pourquoi  il  ajoute  :  Les  péchés  seront  re-  ^ 

mis  à  ceux  à  qui  vous  les  remettrez  ^  et  ils  ^ 

l       seront  retenus  à  ceiia;  à  qui  mis  les  retien--  < 

^.       drez(\).  ^ 

"^           Il  est*  évident  que,  pr^r  ces  paroles,  Jésus-  i 

>  Christ  a  donné  à  ses  apôtres  ec  à  leurs  succès-  > 
ij  scurs  un  double  pouvoir  :  le  pouvoir  de  lier  ^ 
i  et  îe  pouvoir  de  délier ,  de  remettre  les  péchés  c 
^  et  de  les  retenir ,  de  condamner  et  d'absoudre.  ^ 
i  II  les  a  établis  juges  des  consciences.  L'absolu-  < 
?  kition  qu'ils  accordent  ou  qu'ils  refusent,  est  ? 
i  une  vaaie  sentence  qu'ils  prononcent.  On  n'im-  ^ 
s        putera  pas  sans   doute  à  la  sagesse  infinie  l 

l       d'avoir  fondé  dans  sa  relii^îon  un  ministère  ^ 

>  .  s 
;j       judiciaire  qui  s'exerçât  arbitrairement  et  par  s 

'cj       caprice.    Le  divin   maître  a   certainement  "^ 

\       voulu,  et  il  lui  était  impossible  de  ne  pas  ^ 

<i       vouloir  que  les  ministres  de  sa  justice  l'exer-  ^, 

S       cassent  avec  prudence  et  discernement ,  afin  S 


>  .a 

^  (1)  Quorum  remîserills  peccata  retniliiintur  cis  »  ^ 


i\/\.'\j^r\r\f>j^j'\/\r^  -^ 


i  donc  poïnt  remettre  quand  il  frandrait  rclc-  c 

>  nir,  cL  de  ne  joint  retenir  quand  il  faudrait  j; 

>  remettre.  Il  a  donc,  par  '  une  conséquence  ;J 
^  nécessaire,  voulu  que  le  coupable  fût  connu  ^ 
ï;  du  juge.  ^ 
S  Mais  quelle  connnî<isance  peut  avoir  le  juge  c 
s  de  la  conscicmce,  des  péchés  dont  elle  est  ^ 
^  chargée,  si  la  conscience  ne  lui  est  présentée  ; 
c  a  découvert?  a  En  confiant  à  ses   ministres  < 


rexcrcice  de  sa  miséricorde  et  de  sa  justice, 


Dans  ce  tribunal  divin  et  secret ,  absolument 


séparé  de  tous  les  intérêts  de  la  terre,  entiè- 
rement caché  a  tous  les  regards  des  homme^ 


par  confession.  Vous  voyez,  mon  cher  Théo- 
phile, qu'elle  est  si  essentiellement  liée  au 
pouvoir  judiciaire  dont  Jésus-Christ  a  re- 
vêtu ses  ministres ,  que  sans  elle  il  leur  se- 
rait impossible  d'en  exercer  les  fonctions  ;  à 
moins ,  je  le  répète ,  qu'on  ne  dise  que  Jésus- 
Christ,  en  déléguant  la  puissance  des  clefs  ^ 

(1)  Le  cardinal  de  La  Luzerne,  Considérations 
sur  divers  points  de  morale  ,  t.  3, 

\ 


^      Dieu  ne  leur  a  point  confié  sa  toute  science.         < 


_,...  .............  ...»  .«  ...... ,  ........».,.,         ^ 


5       il  ne  peut  y  avoir  d'accusateur  et  de  témoin        < 
^       que  le  coupable  lui-même  (1).  »  <. 

>  Et  voilà  précisément  ce  que  Ton  entend        S 


'*wA/w^/^/^/^•^^ - 


S  Tievei 


8  iilVINITÉ  > 

a  voulu  consacrer  un  despotisme  tout  nouveau,  < 

établir  des  juges  qui  condamneraient  ou  inno-  < 

ccnteraient  sans  connaissance  de  cause.   Et  l 

qui  oserait  le  soupçonner  de  la  part  d'un  le-  ^ 

^         gislateur  infiniment  sage;  qui  a  banni  de  son  < 

^         code,  avec  tant  de  sévérité ^  tout  penchant  à  < 

>         la  domination  (1)  ?»  .  < 

<  §  II.  Comparaison  cVim  missimnaire,  < 

^  Une  comparaison,  que  j'emprunte  à  un  célc-  '<l 

^         bre  missionnaire  (2),  va  donner  une  nouvelle 
c  'brce  à  Fargument  que  j'ai  tiré  des  paroles  de 

s         Jésus-Christ  :  «  Un  monarque  ne  peut  plus  suf* 


c 

< 

< 
fircà rendre  la  justice  à  ses  nombreux  sujets,       ^ 


^         il  rassemble  donc  auprès  de  lui  les  hommes  les  \ 

plus  vertueux  et  les  plus  éclairés  de  ses  états,  s 

cl  leur  dit  :  Allez  dans  toutes  mes  provinces  s 

rendre  la  justice,  je  vous  remets  pour  cela  S 

>  mon  autorité;  j'absoudrai  ceux  que  vous  absou-  ; 

>  drez,  je  condamnerai  ceux  que  vous  condamne-  ^ 
?  rez.  < 
îj  •  Ces  hommes  partent.  Pensez-vous  que ,  à 
s        mesure  que  les  coupables  leur  sont  présen- 


(1)  Voy.  la  Discussion  amiçaîc  ^  pai  monseigneur 
Trevern  ,  cvccjue  de  Strasbourg  ,  lettre  11. 

(2)  Analyse  des  servions  du  P,  GinjoUf 


i 


bE  LA  <:ONFKSSiON.  B 

les,  ils  vont  envoyer  les  uns  en  prison  ou  a 
réclialaud,  et  mcUrc  les  autres  en  libertc,  au 
hasard  et  sans  examen  ?  Non ,  sans  doute  ; 
ils  savent  bien  que  leur  maître ,  en  leur  di- 
sant qu'il  approuvait  d'avance  tout  ce  ([u'ilii 
(braient ,  voulait  leur  dire  :  «  Allez  ,  mais  ju- 
(c  gcz  bien  ;  entendez  les  témoins ,  écoutez 
«  les  coupables  eux-mêmes  ;  réfléchissez  avant 
«  d'agir,  et  que  vos  jugements  soient  bases 
«  sur  la  justice  et  l'équité.  » 

Faites  maintenant  l'application  :  mettez , 
si  vous  le  voulez ,  les  paroles  de  ce  roi  dans 
la  bouche  de  Jésus-Christ,  et  voyez  si  les 
apôtres  ont  pu  leur  donner  une  autre  inter- 
prétation que  celle  que  nous  leur  avons  don- 
née nous-mêmes. 

Les  paroles  de  Jésus-Cnrîst  à  ses  apôtres 
renferment  donc  un  précepte  formel ,  imposé 
aux  cil!  é tiens  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
lieux,  de  confesser  leurs  péchés  aux  succes- 
seurs de  ces  mêmes  apôtres  ,  pour  en  obtenir 
la  rémission.  Il  est  donc  aussi  certain  qu'il  y 
a  obligation  de  se  confesser ,  qu'il  est  certain 
que  Jésus  Christ  a  dit  :  «  Recevez  le  Saint- 
ce  Esprit  :  Les  péchés  seront  remis  à  ceux 
a  a  qui  vous  les  remettrez,  et  ils  seront  rete- 
nus â  ceux  ù  qui  vous  les  retiendrez.    » 


\  10  DIVINITÉ  S 

l  "   S  ffl-  Réponse  à  une  objection. 

«  Je  conviens ,  direz-vous  peut-être ,  qu'en  '^ 
«  vertu  de  ces  paroles  du  Sauveur  du  monde ,  > 
«  les  pécheurs  doivent  se  faire  connaître  ? 
^  «  aux  ministres  de  l'Eglise  ,  lorsque  dans  le 
/  «  désir  de  se  réconcilier  avec  Dieu,  ils  ont 
^  «  recours  à  leur  ministère.  Mais  sont-îls  ab-  < 
l  «  solument  obligés  d'y  recourir  ?  N'y  a-t-il  } 
s  «  point  d'autre  moyen  que  la  confession 
^  «  d'obtenir  le  pardon  de  ses  péchés  ?  » 
^  Non,  mon  cher  Théophile,   autrement  il 

l         faudrait  dire  que  les  paroles  de'Jésus-Chrisfc        < 
l         sont  insignifiantes,  fausses  et  mensongères.        ^ 

l 


s         Qu'arrlverait-ii ,  en  effet ,  s'il  y  avait  dans  la 

>  rch'gion  un  moyen  ,  autre  que  la  confession , 

>  de  rentrer  en  grâce  avec  Dieu ,  s'ils  suffisait ,        '< 

>  par  exemple,  de  s'humilier  en  sa  présence,        ^ 
^         déjeuner,  de  prier,  de  faire  Taumône  ;  qu'ar- 
5         riverait-il  ?  C'est  que  personne  ne  se  confesse- 
3         rait.  Et  qui  serait  assez  simple  pour  aller  soî-- 

lici^er,  d'un  ton  suppliant,  aux  pieds  d'un  î^ 
lionime ,  une  grâce  qu'on  pourrait  si  facile-  < 
ment  obtenir  sans  lui  et  maigre  lui  ?  Mais  ^ 
alors,  que  deviendrait  la  magnifique  pro-  5 
messe  faite  par  Jésus-Christ  à  ses  ministres  ?       > 


\/UO  vj  \/ \y\/\/\/^^«/\/%/v  .yV  .f>.y\/\yj\/-\j\/\/yJ\.' 


Comment.   î^(Ta-t-il   vrai  (\\iï\^  vomMont  et 


41       l 


si  divin  qui  leur  est  confie  deviendrait  un 
pouvoir  ridicule  et  complèlciricnt  illusoire, 
puisqu'ils  no  pourrcu'ciît  jamais  rcxcrccr? 

Ainsi ,  ou  .il  y  a  obligation  pour  tous  les 
pcdicurs  de  confesser  leurs  pccliés  aux  prè- 
^  très  5  ou  bien  Jésus-Christ  s'est  moqué  de  ses 
i;  prêtres  en  leur  disant  :  <c  Les  pcclics  seront 
s  «  remis  à  ceux  à  qui  vous  les  remettrez,  et 
''.        c(  ils  seront  retenus  a  ceux  à  qui  vous  les 

>  <(  retiendrez,  w  II  se  serait  également  moqué 
d  d'eux  quand  il  leur  a  dit  :  Je  vous  donnerai 
i  ^es  clefs  da  roijaiune  des  cicux;  que  leur  ser- 
S  virait-il  d'avoir  les  clefs  cliicîel,  si  on  pou- 
3        voit  y  cnlrcr  sans  qu'il  fût  ouvert  par  leur 

>  minisîcre? 

>  Tous  ces  raisonnement  ,  rnon  fils,  me  pa- 
^       raissent  sans  réplique ,  et  je  ne  crains  pas 

do  le  dire^ ,  on  n'y  répondra  jamais  que  cTa 
des  obscurités  ou  des  sopîiismcs. 

§  IV.  Raisons  de  celte  instîMlon* 

«  Maïs ,  dîrez-vous  encore ,  pourquoi  Dieu 
«  a-t-il  exigé  que  nous  fissions  l'aveu  de  nos 
«  fautes  à  xmprêirc  honuiie  comme  nous?  ;) 


retiennent  les  péchés?  INY'st-il  pas  évident,        ^ 
au  conlrairc,  que  le  pouvoir  si  étonnant  et        s 


\/\/\t\f\r\/\/\^\f*\J\/^,j\/\y\^ 


I)lVlMTl5 

S  '—' PoM'quoi?  mon  fils,  c'est  la  une  question 
satanique  qui  ne  doit  jamais  sortir  de  la  bou- 
che d'un  chrétien.  Le  serpent  infernal  s'en 
servit  pour  séduire  notre  première  mère  , 
Eve,  et  la  perdre  avec  toute  sa  postérité. 
Prenez  garde  qu'il  n'emploie  aussi  le  même 

s       moyen  pour  vous  entraîner  smi:  lui  dans  l'a- 


^       bîme. 


\  Pourquoi?  Eh!  qui  ctes-vous ,  pour  faire 

î;  une  pareille  demande?  est-ce  bien  à  vous, 

S  vile  créature ,  à  demander  à  votre  Créateur 

;!  raison  de  sa  conduite  ?  Comment  osez-vous , 

^  cendre,  poussière,  ver  de  terre,  interroger 

^  votre  Dieu  sur  ses  œuvres  ?  Est-ce  à  vous  qu'il 

\  appartient  de  vouloir  pénétrer  dans  le  sanc- 

^  tuaire de  la  divinité,  et  de  sonder  la  majesté        $ 

î>  de  sa  volonté  souveraine?  Eh  !  ne  vous  suffit-       ^ 

e  il  pas  de  savoir  que  Dieu  a  parlé ,  pour  vous       < 

^  soumettre  humblement  à  sa  parole  et  lui  ac-       s 

s  corder  le  sacrifice  qu'il  exige  de  vous  ?. . .,                ^ 

^  Pourquoi  ?  Eh  bien  !  voulez-vous  le  savoir,        ^ 

\  mon  cher  ami ,  écoutez  et  tombez  aux  genoux       ÏJ 

^  de  notre  divin  Sauveur,  pour  lui  témoigner        < 

^  votre  reconnaissance.  Car  s'il  a  établi  la  loi        ^ 

\  de  la  confession ,  c'est  uniquement  pour  nous        s 

S  donner  une  marque  signalée  de  son  tendre        ^ 

^  amour  pour  nous.   En  effet,  il  a  exigé  de       \ 


.'\/N/V*v'VX''sy\/\/V\/V«^s^-'w  \/'*/- W  \ 


DE   LÀ  CONF'KSLION.  iH 

eus  Favcu  des  fi\ulos  à  un  prcirc,  d'abord 
pour  nous  Iminilicr,  nous  punir  de  nos  pochés 
et  faire  éclater  ainsi  les  droits  iniprcscripli- 
^  bics  de  sa  justice.  Par  le  péclié  l'Iioninic 
^  s'est  .évoltc  contre  son  Dieu,  il  a  voulu, 
s  comme  lucifcr,  se  rendre  semblable  au  ïrcs- 
^  Aaut.  Eh  bien!  lui  dit  le  Seigneur,  si  lu 
veux  obtenir  le  pardon  de  ton  orgueilleuse 
désobéissance ,  il  faut  te  soumettre  à  r homme 
ton  semblable.  Quoi  de  plus  juste?  surtout 
>  si  vous  considérez,  mon  cher  ami,  que  celui 
l  qui  slmmilie  ainsi ,  sera  élevé. 
S  En   second  lieu,  Jésus-Christ  a  établi  la 

^  loi  de  la  confession,  pour  nous  fournir  un 
\  moyen  efficace  de  nous  instruire,  de  nous 
\  éclairer  ;  et  faire  ainsi  éclater  les  merveilleux 
s  «ecrets  de  sa  sagesse.  Au  saint  tribunal ,  le 
S  prêtre  exerce  l'office  du  docteur ,  et  la  lampe 
à  la  main  il  scrute  la  nouvelle  Jérusalem, 
l'ame  chrétienne  confiée  à  sa  direction  ;  en 
chaire ,  il  lui  donne  les  règles  de  conduite  : 
au  saint  tribunal ,  il  les  applique  selon  ses 
besoins;  en  chaire  il  lui  enseigne  la  voie 
du  salut:  au  saint  tribunal,  ill'y  conduit, 
quelle  prévoyante  sagesse  !.... 

En  trisinne  lieu ,  Jésus-Christ  a  établi  la 
loi  delà  confessions  pour  nous  purifier  de 


.  /\y%/\/S/V  yv«»v^^;•^-r->'W^W^y  vA«r  W» 


nos  f.mtcs  pasHces  et  nous  en  préserver  a  Ta- 
5  venir  ,  afin  de  faire  ainsi  éclater  les  trésors 
<  précieux  de  sa  miséricordieuse  puissance. 
\  Le  prodige  que  îe  prophète  demandait  à  Dieu , 
s  de  créer  en  lui  un  cœur  pur  et  de  renouveler 
s  dans  ses  entrailles  un  esprit  droit,  se  re- 
>  produit  chaque  jour  au  saint  tribunal.  Le 
?  prctre  en  sa  qualilc  déjuge  et  de  médecin, 
^  y  remet  tous  les  péchés  ,  y  redonne  la  vie  do 
^  la  grâce.  C'est  là  qu'il  examine  la  nature  de 
l  nos  infirmités  spirituelles  et  qu  il  y  applique 
^  les  remèdes  les  plus  efficaces  pour  nous  pré- 
^?  server  do  la  rechute.  C'est  le  bon  Samaritain, 
qui  verse  l'huile  de  la  charité,  sur  les  plaies 
que  le  péché  a  faîtes  à  nos  amcs ,  et  nous  ac- 
corde une  pleine  et  entière  guérison.  Quelle 
miséricordieuse  puisçance  ! 

Enfin ,  Jésus-  Christ  a  établi  la  loi  de  la  con- 
fession pour  nous  consoler  dans  les  peines 
de  la  vie ,  et  nous  prémunir  contre  les  ter- 
reurs de  la  mort ,  afin  de  montrer  les  riches- 
ses inîînies  de  sou  inépuisable  bonté.  Le 
prêtre  exerce  au  saint  tribunal  l'office  d'un 
père  tendre  et  d'un  ami  fidèle;  c'est  lui  qui 
nous  dit  avec  le  Sauveur:  (c  Venez  à  moi, 
«  vous  tous  qui  êtes  travaillés  par  la  peinCg 
«  et  chargés  du  poids  des  afîlicticas ,  et  je 


n  Tons  Ronl n'ocrai.  »  Le  moiulo  vous  o])nn- 
dontie  quand  l'advcrsitc  vous  froppc,  mais 
c'est  alors  quo  !a  religion  vous  ouvre  son  sdii 
paternel  pour  vous  consoler- 

Est-ce  assez  ,  mon  cher  ami ,  pour  voi/3  sa-  ^ 
tisfairc?  Oserc/-vous  encore  demander  avec  ? 
insolence  Pourquoi  notre  Seigneur  n  voulu  s 
nous  imposer  le  joug  Je  la  confession  ?  Con-  -  s 
fessez  maintenant  que  ce  joug  qui  vous  pa-  S 
raissait  si  injuste,  si  pénible,  est  un  joug 
bien  léger  et  bien  doux?  0  mon  Dieu  !  grâces 
immortelles  vous  soient  rendues  pour  Fins- 
liluti()n  salutaire  du  sacrcnicnt  de  la  récon- 
ciliation ! 

Et  ne  dites  pas  quG  le  prêtre  auquel  le 
Sauveur  exige  que  vous  fassiez  la  confession 
de  vos  fautes,  est  un  homme  comme  vous. 
Car  on  peut  dire  do  lui  dans  un  sens  vérita- 
ble ,  qu'il  est  Dieu  et  homme  tout  ensemble. 
Sans  doiiiG ,  il  est  homme  par  sa  nature , 
compose  d'un  corps  et  d'une  amc ,  sujets  aux 
mêmes  mlGcres  que  voiîs,  mais  il  est  aussi 
Dieu  par  la  dignité  à  laquelle  Jésus-Christ 
l'a  élevé.  Car,  il  lui  a  donné  le  pouvoir  de 
remettre  les  péchés ,  il  en  a  fa:t  son  ministre, 
son  anibnssaiiCur,  son  mandataire,  son  dé-  > 
légué.    C'est  donc  ii  Jésus-Christ  lui-même       < 


N<^^AA<^AA<fvAAAAA<\< 


^b  DIVINITE 

que  vouè  vons  confcsez  dans  la  personne  du 
prêtre ,  qui  est  son  représeulant  au  tribunal 
de  la  pénitence.  t? 

Dieu  a  voulu  qu'il  fût  homme  afin  que  con- 
naissant ,  par  lui-mêmej,  votre  faiblessr ,  il 
eût  plus  de  charité  pour  y  compatir  ;  il  en  a 
fait  un  Dicn ,  afin  pu'il  eût  le  pouvoir  d'y  ap- 
porter un  remède  efficace.  Comme  homme , 
il  doit  donc  vous  inspirer  une  grande  con- 
fiance ,  et ,  en  sa  qualité  d'Homme-Dieu  ,  ■* 
mérite  tout  votre  respect.  Admirez  ici  la 
bonté  et  la  sagesse  de  Celui  qui ,  par  amour 
pour  vous  5  a  réuni  des  choses  qui  semblent 
incompatibles, 

«  Lorsque  je  confesse  inss  péchés,  dit 
l'auteur  des  Mémoires  de  M.  Belval ,  ce  n'est 
pas  au  prêtre  seul  que  j'en  fais  l'aveu,  mais 
à  Dieu  tout-puissant  dont  j'implore  la  clé- 
mence et  la  miséricorde ,  c'est  a  la  sainte  mère 
du  Sauveur,  cette  vierge  toujours  pure  et 
sans  tache,  qui,  n'ayant  jamais  eu  besoin 
de  pardon  pour  elle-même .  le  réclame  pour 
moi  ;  c'est  à  Varchange  Michel ,  qui  a  vaincu 
le  prince  de  l'iniquité  ,  l'a  chassé  dé  devant 
Diou ,  et  l'a  précipité  dans  l'éternel  abîme  ; 
c'est  ^  Jean-Bapiste ,  prédicateur  de  la  péni- 
tence ,  à  daint  Pierre ,  à  qui  ils  furent  confiées 


DE  LA  CONFESSION.  47 

Tes  clcs  UTi  royaume;  des  ciciix ,  a  saint  Paul , 
qu'un  rniraclc  convertit  cl  associa  au  chef  de 
l'Eglise;  a  tous  les  sainln  qui  régnent  dans  la 
gloire ,  qui  sont  licureux  du  bonheur  de  Dieu 
même,  et  pour  lesquels  cependant  la  con- 
version d'un  pécheurs  est  un  jour  de  fétc. 

«  Ccstdonc  le  Dieu  trois  fois  saint  et 
toute  l'armée  céleste  qui  environne  son  trune, 
que  je  prends  pour  témoins  de  ma  sincérité 
et  de  mon  repentir  ;  je  me  transporte ,  par  la 
pensée,  au  milieu  de  cette  cour  suprême  qui 
a  les  yeux  fixés  sur  moi  ,  j'oublie  lliommc 
qui  m'entend  ;  je  n'envisage  que  celui  qui  a 
tout  vu,  tout  entendu ,  et  qui  sait  déjà  le  fond 
de  mon  cœur;  et,  inaccessible  à  la  honte 
que  pourraient  faire  naître  en  moi  de  péni-  ^ 
blés  aveux  ,  je  fais  avec  joie  et  avec  bonheur 
une  démarche  que  la  religion  agrandit  à  mes 
yeux ,  et  qui  se  trouve  complètement  justi- 
fiée par  ma  raison  même. 

En  effet ,  mon  cher  Théophile ,  la  raison 
ne  me  dit-elle  pas  que  Dieu  a  pu  attacher  la 
clémence  à  Taveu  de  nos  crimes?  Et  s'il  l'a 
fait  comme  la  foi  uous  l'enseigne ,  pourquoi 
n'aurait -il  pas  investi  du  droit  d'absoudre  un 
homme  comme  nous  mais  revêtu  néamoins 
d'un  caractère  sacré? 


V^  »/*  A^WVs/^/^^ 


mVINlT]^ 


VÀJLenkpletSt 


eOHFESSION  d'aDAM  ET  D*ÉVB. 


Au  SOflîr  des  mains  du  créateur,  Adam  et  Evcî 
êlaïcnt  dans  une  parfaite  innocence;  ils  furent 
aussi  places  dans  un  jardin  de  délices  pour  y  jouir 
d*une  véritable  félicité.  Mais  Dieu  ,  voulant  exiger 
d'eux  le  dévouement  de  leur  cœur  et  des  preuves 
de  leur  obcissoncc ,  leur  défendit,  sous  peine  de 
mort,  de  loucher  au  fruit  de  l'arbre  de  la  science 
du  bien  et  du  mal.  Ce  commandement  était  facile 
à  observer;  mais  néanmoins,  séduite  parle  démon, 
caché  sous  la  forme  d*un  serpent,  la  femme  mangea 
du  fruit  défendu  et  en  donna  à  son  mari  qui  en 
mangea  comme  elle.  En  même  Icmps  leurs  yeux 
furent  ouverts  à  tous  deux ,  ils  reconnurent  qu'ils 
étaient  nus,  et  ils  entrelacèrent  des  feuilles  de 
figuier  et  s'en  firent  de  quoi  se  couvrir. 

Le  Seigneur  a  sur  Adam  et  Eve  des  vues  de  mi- 
séricorde, il  veut  leur  pardonner  leurs  crimes; 
mais  avant  de  lui  faire  entendre  des  paroles  de 
consolation  et  de  paix,  il  veut  qu*Adara  reconnaisse 
son  crime  et  en  fasse  l'humble  aveu.  —  «  Adam, 
lui  dit-il,  où  es-tu?»  —  «Je me  suis  cache,  ré- 
pond Adam ,  parce  que  j'ai  eu  peur.  »  —  «  D'où 
t'est  venue  cette  crainte,  reprend  le  Seigneur,  s* 
ce  n'est  de  ce  que  tu  as  mangé  du  fruit  dont  je 
t'avais   défendu  de  manger  ?»— C'est  ainsi  que 


DE   LA  CONFrSSIO?f.  13 

Dieu  lui  mctib  boiicho  la  confession  Jo  son  crime. 
El,  on  cfl'ct,  Adam  reprenant  aussitôt ,  rrpond: 
*  La  femme  que  vous  m'avez  donnée  m'a  prcsenlc 
do  ce  fruit ,  et  j'en  ai  mange.  »  —  Etfen  ai  mawjc, 
voiL.v  LA  cONi-r.ssiON  d*Adam  ;  c'est  tout  ce  que  Dieu 
demandail,  l'aveu  du  coupable.  Il  s'adresse  ensuite 
à  la  femme: — «  Pourquoi,  luiTlit-il,  as-tu  fait 
cela?» —  La  femme  repond  :  «  Le  serpent  m'a 
trompe  ,  et  j'en  ai  mange.  >»  —  IlI  fcn  ai  mangéf 

VOILA  LA  CONFESSION  d'Eve» 

Dans  tout  cet  entretien  du  Créateur  avec  les 
deux  premiers  coupables ,  nous  voyons  un  père 
offensé ,  mais  un  père  qui ,  dans  son  infinie  miséri- 
corde ,  leur  ouvre  son  sein  paternel ,  afin  qu'ils  se 
déchargent,  en  confessant  leur  péché,  du  poids 
énorme  dont  leur  conscience  est  accablée.  Tel  est 
la  touchante  origine  de  la  confession,  (Ge?ièu«e. 
chap.  ni.  ) 

CONFESSION  DE  DAVIB. 


Dans  certains  cas  extraordinaires  ,  la  confession 
se  faisait  à  des  prophètes  que  Dieu  envoyait  pour 
la  recevoir.  Nous  en  trouvons  un  exemple  bien 
frappant  dans  l'histoire  du  régne  de  David  :  ce 
prince  ayant  fait  péi  ir  Uric  peur  lui  enlever  son 
épouse  ,  le  prophcle  Nathan  se  présente  devant  lai 
pour  entendre  la  confession  de  son  crim  ,  et ,  pour 
l'y  amener,  il  a  recours  à  celte  aimable  et  adroite 
fiction  ; 


NA/WWWW^ 


^^Ï^rf'^/Wrv  \/^J^/^.^^K.'-^j^*.:' 


r  "V^>V-WV'-*-rW 


20  DIVINITÉ 

«  II  y  avait  dans  h  ville  deux  hommes  dont  l'un 
était  riche  et  l'autre  pauvre.  Les  bergeries  du  riche 
étaient  remplies  de  nombreux  troupeaux  de  gros 
et  menu  bétail.  Le  pauvre  n'avait ,  pour  toute  pro- 
priété, qu'une  petite  brebis  qu'il  avait  achetée  et 
nourrie  auprès  de  lui  et  parmi  ses  enfants.  Elle 
mangeait  de  son  pain,  buvait  de  sa  coupe,  dormait 
dans  son  sein;  il  la  chérissait  comme  sa  fille.  Un 
voyageur  étant  descendu  chez  le  riche ,  celui-ci  ne 
voulut  point  toucher  à  ses  propres  brebis ,  ni  à  ses 
bœufs,  pour  le  bien  recevoir.  Mais  il  enleva  la  bre- 
bis de  son  pauvre  voisin ,  ot  la  fit  apprêter  pour 
régaler  son  hôte.  »  * 

David ,  indigné  4©  ce  qu'il  venait  d'entendre ,  et 
n'écoutant  que  sa  colère,  s'écrie  :  «  J'en  jure  par 
le  Seigneur,  celui  qui  a  commis  cette  horrible 
action  est  digne  de  mort.  Il  rendra  au  quadruple 
la  brebis  qu'il  a  enlevée.  »  —  Nathan  réplique 
aussitôt  :  «  Eh  bien  !  c'est  vous  qui  êtes  le  coupable, 
tu  es  ille  vir;  et  voici  ce  que  dit  le  Seigneur,  le 
Seigneur  Dieu  d'Israël  :  «  Je  vous  ai  sacré  roi  :  je 
vous  ai  élevé  sur  le  trône  d'Israël  et  de  Juda:  j'au- 
rais fait  davantage  si  vous  l'eussiez  désiré.  Répon- 
dez maintenant  :  pourquoi  avez-vous  porté  le  mé- 
pris pour  mes  lois  jusqu'à  commettre  un  aussi  grand 
crime  ?  Veus  avez  fait  périr  par  l'épée  Urie  l'Hé- 
téen  i  vous  l'avez  immolé  sous  le  fer  des  enfants 
d'Amrnon  ;  vous  lui  avez  enlevé  son  épouse  bicn- 
aimce  pour  vous  l'approprier.;.  Eh  bien!  mainte- 
liant  l'épée  ne  sortira  point  devotre  maison..*  Vous 


LVV^ '^'VVVV*-^vv.*^^A^vv'v-w^  j.*%^NArws/\«-^%^^ 


.r\y*^>rw^. 


DE  LA   CONFrSSION.  21 

avei  commis  volrc  crime  dans  les  ténèbres  de  la 
nuit ,  et  moi  je  satisferai  ma  vengeance  ù  la  vue 
d'Israël ,  à  la  vue  du  soleil.  Vous  avez  fait  blas- 
phémer le  nom  du  Seigneur,  le  Seigneur  frappera 

do  mort  le  fruit  de  votre  ndultcrc.  Le  fils  qui  vous  S 

est  ne  vu  périr.  »  ^ 

Chaque  mol  de  cet  cioquent  discours  est  un  coup  > 

de  foudre  qui  accable  David  et  ne  lui  laisse  aucun  ^ 

moyen  de  repondre.  Il  reste  interdit ,  confus  ;  il  '- 

peut  à  peine   prononcer  ces  mots  entrecoupés  :  ^ 

«  J*ai  péché  contre  le  Seigneur,  peccvvi   domino.  >»  S 

Parole  à  jamais  célèbre  qui  mérita  à  ce  roi  péni-  ^ 

tcnt  le  pardon  le  plus  entier,  mais  qui  ne  le  lui  ^ 

mérita  que   parce  qu'elle  renfermait  la  confession  ^ 

la  plus  humble  et  la  plus  sincère  de  son  crime,  s 

(II.  liv.  des  Rois,  chap.  XII.)  <. 


CONFESSION  FAITE  PAIl  LE   GRAND-PRÊTRE.  S 

Outre  les  confessions  particulières  en  usage  chez  S 

les  juifs,  il  y  avait  aussi  des  confessions  publiques  S' 

et  générales.  Une  des  plus  célèbres  était  celle  qui  S 

avait  lieu  le  jour  de  l'expiation  solennelle.  Voici  S 

quelles  étaient  les  principales  cérémonies  de  cette  S 

fête  : 

Après  s'être  lavé  ,  non-seulement  les  pieds  et  les 
mains,  comme  dans  les  sacrifices  ordinaires  ,  mais 
tout  le  corps  ,  le  grand-prétre  s'habillait  de  simple 
lin  comme  les  autres  prêtres.  Ainsi  revêtu  ,  il  of- 
frait d'abord  un  jeune  taureau  et  un  bélier,  pour 


'-'V-^j'uvi 


■■/^-^^-^.^,. 


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^-j-./^^^^  •W/-'^'-.y-w^  ^' 


22  DIVINITÉ 

l^ecTiés  des  prêtres  et  surtout  pour  Ici  siens.  îl 
mettait  ses  mains  sur  les  Ictcs  de  ces  viclimcs ,  ti 
confessait  ses  péchés  et  ceux  de  sa  maison.  Puis  il 
recevait  des  mains  des  princes  du  peuple,  deux 
Boucs  pour  le  péché ,  et  un  bélier  pour  être  offert 
en  holocauste  au  nom  de  toute  la  multitude.  On 
tirait  au  sort  lequel  des  deux  boucs  serait  immole, 
et  lequel  serait  mis  en  liberté.  Le  bouc  sur  lequel 
était  tombé  le  sort  pour  être  sacrifié,  était  immolé 
à  côté  de  Tautcl  des  holocaustes.  Le  grand-prctre 
en  portait  le  sang  dans  le  sanctuaire,  et  faisait  sept 
fois  des  aspersions  avec  son  doigt  trempe  dans  le 
sang ,  entre  l'arche  et  le  voile  qui  séparait  le  Saint 
d*avec  le  Sanctuaire.  Il  se  faisait  ensuite  amener  le 
bouc  qui  était  destiné  à  être  mis  en  liberté.  Il 
/nettait  les  deux  mains  sur  la  tête  de  cet  animal  ; 
il  confessait  toutes  les  iniquités  des  enfants  d^Israël, 
toutes  leurs  offenses  et  tous  leurs  pêches;  il  en  char- 
geait avec  imprécation  la  tête  de  ce  bouc,  puis  le 
livrait  à  un  homme  destiné  à  cela  ,  qui  le  condui- 
sait au  désert  et  le  mettait  en  liberté. 

Selon  tous  les  interprètes  des  divines  Ecritures, 
les  deux  boucs  dont  il  vient  d'être  psrlé  représen- 
taient le  peuple  coupable.  Ce  qui  s'accomplissait 
sur  l'un  de  ces  animaux  n'exprimait-il  pas  d'une 
manière  bien  sensible ,  la  nécessité  de  la  confession 
des  péchés,  pour  en  obtenir  le  pardon  et  recouvrer 
Xa  liberté  des  enfants  de  Dieu.  (Leyit.,  ch.  xvi.) 


\rj  .y\^Vx/ »/v\A/ 


DE  LA  CONFESSION-  23  > 


BISTOIM  Dl  iRAOPADI  IT  DES  CINQ  FKËRll  CÉLftBRU. 

!1  est  împossiblc  cîe  ne  pas  reconnaître  dans  l'his- 
loirc  de  Draxipadl  et  dos  finq  firres  célcl)rcs, 
rétat  de  dégradation  dans  lequel  l'homme  tombe 
par  le  pc'cbc ,  et  la  vertu  qu'a  la  confession  de  le 
relever  et  de  lui  rendre  sa  dignité  première  ;  la 
voici  î 

«  Lorsque  Chrtchnon  était  au  monde,  la  famcu^t 
Draupadi  était  mariée  aux  cinq  frères  célèbres  , 
tous  rois  de  Madurc.  L'un  de  ces  princes  tira  un 
jour  une  ficclic  sur  un  arbre ,  et  en  fit  tomber  un 
fruit  admirable.  L'arbre  appartenait  h  un  célèbre 
pénitent ,  et  avait  cette  propriété ,  que  ,  chaque 
mois ,  il  portait  un  fruit  ;  ce  fruit  donnait  tant  de 
(orce  à  celui  qui  le  mangeait ,  que ,  pendant  tout 


le  mois,  cette  seule  nourriture  lui  suffisait.  Mais         s 
comme ,  dans  ces  temps  reculés ,  on  craignait  plus         ^ 


la  malédiction  des  pénitents  que  celle  des  dieux, 

les  cinq  frères  appréhendèrent  que  l'ermite  ne  les  ÎJ 

maudît.  Ils  prièrent  donc  Chrichnen  de  les  aider  ? 

dans  une  affaire  si  délicate.  Le  dieu  Vislnou^  mé-  cj 

tamorphosé  en  Chrichnen  y  leur  dit,  aussi  bien  ? 

qu'à  Draupadi  qui  était  présente,  qu'il  ne  voyait  < 

qu'un  seul  moyen  de  réparer  un  si  grand  mal ,  que  c; 

ce  moyen  était  la  confession  entière  de  tous  les  pé^  < 

chés  do  leur  vie;  que  l'arbre  dont  le  fruit  était  ^ 
tombé  avait  six  coudées  de  haut:  qu'à  mesure  que 


divînitjS 

chacun  d'eux  se  comfesserait  ^  le  fruit  s*clèveraît  en 
l'air  de  la  hauteur  d'une  coudée,  et  qu*à  la  fin  de 
la  dernière  confession,  il  s'attacherait  à  l'arbre 
comme  il  était  auparavant. 

c<  Le  remède  était  amer,  mais  il  fallait  se  ré- 
soudre à  en  passer  par  là  ,  ou  bien  à  s'exposer  à  la 
malédiction  d*un  pénitent.  Les  cinq  frères  prirent 
donc  leur  parti ,  et  consentirent  à  tout  déclarer.  La 
difficulté  était  de  déterminer  la  femme  à  faire  la 
même  chose  ,  et  on  eut  bien  de  la  peine  à  l'y  déci- 
der. Depuis  qu'il  s'agissait  de  parler  de  ses  fautes, 
elle  ne  se  sentait  d'inclination  que  pour  le  secret 
et  le  silence.  Cependant  à  force  de  lui  remettre  de- 
vant les  yeux  les  suites  funestes  de  la  malédiction 
des  Sujiias  9  on  lui  fit  promettre  tout  ce  qu'on 
voulut. 

«  Après  cette  assurance ,  l'aîné  des  princes  com- 
mença cette  pénible  cérémonie ,  et  fit  une  confes" 
sion  très  exacte  de  toute  sa  vie,  A  mesure  qu'il  par- 
lait, le  fruit  montait  de  lui-même,  et  se  trouva 
seulement  élevé  d'une  coudée  à  la  fin  de  celte  pre- 
mière confession.  Les  quatre  autres  princes  conti- 
nuèrent ,  à  l'exemple  de  leur  aîné ,  et  l'on  vit  ar- 
river le  même  prodige,  c'est-à-dire,  qu'à  la  fin 
de  la  confession  du  cinquième,  le  fruit  était  pré- 
cisément à  la  hauteur  de  cinq  coudées.  Il  ne  res- 
tait plus  qu'une  coudée  :  mais  c'était  à  Drawpadi 
que  le  dernier  effort  était  réservé*  Après  bien  des 
combats  ,  elle  commença  sa  confession ,  et  le  fruit 
s'élevait  peu  à  pou.  Elle  avait  achevé ,  disait-elle  , 


BE    lA   CONFFSSION'.  .         2j 

cl  cependant  il  sVn  fallait  encore  une  (Irml-coudcc 
que  le  Iriiil  n'eut  rejoint  l'urbrc  dont  il  était  louibé. 
Jl  était  évident  quelle  avait  oublié  ou  caché  qjicUinc. 
chose.  Les  cin([  frères  la  prièrent  avec  larmes  dt* 
ne  pas  se  perdre  par  une  mauvaise  honte  ;  et  de 
ne  pas  les  envelopper  dans  son  malheur.  Mais 
Chrichncn  étant  venu  au  secours  ,  clic  déclara  mi 
julché  (le  })cnsce  qu'elle  voulait  tenir  secret.  A  peine 
eut-elle  parlé ,  que  le  fruit  acheva  sa  course  ,  et 
alla  de  lui-même  s'attacher  à  la  branche  où  il  était 
auparavant.  »  {Lettres  édifiantes  ,  t.  8  ,  p.  149  et 
suiv.  ) 

HISTOIRE    DE   VÀLMIKY. 

L'histoire  de  Valmiky  n'est  pas  moins  remar- 
quable. 

«c  Précipité  du  ciel  a  cause  de  ses  dérèglements 
et  de  son  orgueil ,  Brahmâ  prend  la  résolution  de 
mériter  sa  grâce  par  une  pénitence  proportionnée  à 
la  grandeur  de  ses  fautes.  Le  Ti  ès-ïlaut  le  con- 
damne à  passer  par  quatre  régénérations  succes- 
sives».•  Brahmà  se  montra  docile  au  commande- 
ment de  l'Eternel.  Il  parut  d'abord  sous  la  figure 
d'un  corbeau;  puis  il  naquit ,  misérable  mortel, 
dans  la  plus  misérable  des  tribus  ,  celle  des  Pa^ 
rias  ,  sous  le  nom  de  Valmihj.  A  la  bassesse  de  sa 
naissance  ,  il  joignit  l'esprit  le  plus  commun,  l'ame 
la  plus  dégradée ,  et  il  devint  un  véritable  scélérat. 
Etabli  dans  une  épaisse  forêt ,  près  d'une  grande 


.VX^/%^. 


2()  DmNlTÈ 

route  ,  il  attirait  fîans  sa  cabane  les  voyageur?  fati- 
gues, et  scduils  ,  d'ailleurs  ,  par  les  dehors  d'uuc 
hospitalilc  bienveillante  ;  rfiais  c'était  pour  les  as- 
sassiner pendant  la  nuit  et  les  voler  ensuite.  » 

Depuis  nombre  d'années  ^  il  menait  cet  exécra- 
ble genre  de  vie ,  lorsque  deux  Rïchis  se  prcsen- 
$  tcrent  à  sa  cabane  et  y  couchèrent.  Valmiky  leur 

^  préparait  le  même  sort  que  tant  d'autres  avaient 

?  trouvé  chez  lui ,  déjà  même  il  tenait  l'arme  fatale, 

S  quand  tout-à-coup  ,  saisi  de  fraj^eur,  il  se  sent  ar- 

>  vête  par  une  puissance  surnaturelle...  Cependant, 

b  les  voyageurs  s'éveillent  :  ils  voient  Valmihj  ,  ils 

voient  Tarme  fatale  dans  sa  main ,  et ,  sur  son 
front ,  le  trouble ,  la  pâleur  et  l'effroi.. •.  Ils  clier- 
client  à  gagner  sa  confiance  ,  et  l'amènent  par 
degré  à  une  confession  volontaire  de  tous  ses  crîmes. 
Les  Richis  lui  représentent  l'horreur  de  sa  vie . 
parviennent  à  le  toucher,  et  font  naître  dans  son 
cœur  un  sincère  repentir.  Alors  ils  lui  apprennent 
les  moyens  de  faire  pcnîtence  ,  et  dès  cet  instant , 
Valmiky  se  livre  aux  expiations  les  plus  rudes ,  à 
tous  les  exercices  de  la  plus  austère  piété....  C'est 
ainsi  que  Valmiky  devint  un  homme  nouveau  5  son 
esprit  reçut  les  lumières  en  abondance,  et  recou- 
vri  son  énergie  primitive. 

L'histoire  de  Valmiky  est  Thistoire  de  l'homme, 
de  sa  chute  ,  de  ses  erreurs,  de  ses  crimes,  et  du 
pardon  qu'il  obtient ,  en  faisant  la  confession  volou' 
taire  de  ses  excès,  et  en  se  livrant  aux  exercices 
laborieux  de  la  pénitence. 

( Reliaions  de  l'antiquité^  tom.  ï,  p.  228.1 


DE  LA  CONFESSION.  :27 

Clifipiti'c    9* 

DEUXIÈME    I^REUVE. 

l'argument  de  prescription . 

L'obligation  de  confesser  ses  pèches  dé- 
roule naturellement  du  pouvoir  judiciaire 
confie  par  Jésus-Christ  h  ses  apôtres  ;  nous 
venons  de  le  prouver ,  mon  cher  Théophile  ; 
mais  pour  mieux  démontrer  la  divinité  de  la 
confession ,  nous  avons  recours  a  Vargument  de  i 
prescription ,  lequel  consiste  à  conclure ,  que  ^j 
puisqu'elle  existe  dans  l'Eglise  et  qu'on  ne  > 
peut  en  assigner  Toriginc ,  elle  a  commencé  ^ 
nécessairement  avec  la  christianisme ,  quelle  ^ 
a  été  instituée  par  Jé>:MS-Christ.  S 

§.  I.   Impossibil'fe  de  t invention  de  la  ? 

confession.  s 

C'est  un  fait  incontestable ,  qu'on  se  con-  ? 

fesse    dans  tout   l'univers    catholique  .;>    en  ^ 

France  ,  en  Italie ,  en  Espagne ,  en  iïllcma  •  ^ 

gne,    en  Angleterre,   et   même   parmi   les  S 

Grecs  schismatiqucs.  Les  plus  incrédules  ne  > 


28  '1       DIVINITÉ 

peuvent  nier  ccUc  existence  actuelle  de  la 
confession  ,  il  faudrait  nier  l'histoire ,  l'évi- 
dence même.  Maintenant  il  faut  admettre , 
ou  que  la  confession  a  toujours  existe  dans  le 
cliristip.nisme ,  ou  bien  qu'elle  a  ctc  établie 
depuis  dans  l'Eglise.  Il  n'y  a  pas  de  milieu 
entre  ces  deux  hypothèses.  — Or,  je  prétends, 
mon  cher  ami ,  qu'il  est  de  la  dernière  fausseté 
de  dire  que  la  confession  a  été  établie  dans  la 
suite  des  temps ,  car  cet  établissement  n'a-a- 
rait  pu  se  faire  qu'en  deux  manières,  ou 
tout-à-coup  et  subitement ,  ou  peu  à  peu  et 
insensiblement  ;  or  ni  Tun  ni  l'autre  mode  ne 
peut  être  soutenu, 

Dircz-vous  queîa  confession  s'est  introduite 
subitement  dans  le  inonde ,  c'est-à-dire  qu'un 
jour  on  ne  croyait  nulle  part  à  la  confession  , 
et  que  le  lendemain  cette  croyance  s'est  ré- 
pandue dans  tout  le  monde  ;  que  jusque-là , 
tous  les  prêtres ,  tous  les  docteurs  avaient  en- 
seigné qu'il  n'y  avait  aucune  obligation  do 
recevoir  le  sacrement  de  pénitence  ,  et  que  le 
lendemain  tous  les  prédicateurs  de  la  religion 
annoncèrent  au  peuple  chrétien  qu'il  ne  pou- 
vait y  avoir  de  salut  que  par  sa  réception. 
Mais  qui  ne  voit  qu'un  changement  si  subit , 
sî  universel .  si  difficile,  est  impossible.  Vous 


'*«/^-r^J^•v^yWWvAA/W 


DE  LA  CONFESSION.  Sft 

convenez  que  la  confession  est  une  insUluliort 
très  pénible,  qui  répugne  à  loules  les  pas- 
sions; vous  dites  sans  cesse  qn'il  est  bien  dur, 
bien  humiliant  de  faire  l'aveu  de  ses  fautes  à 
tm  honnne  comme  soi ,  et  vous  voulez  que  la 
confession  ait  été  admise  ainsi  sans  difficultés, 
sans  querelles  ,  sans  réclama  lions  par  tons  les 
peuples  chrétiens,  par  les  cvéques  et  les  lî- 
dcles,  par  les  rois  et  leurs  sujets.  Ah  !  je  ne 
crains  pas  de  le  dire,  si  un  pareil  changement 
avait  eu  lieu,  il  faudrait  y  reconnaître  l'inter- 
vention de  celui  qui  tient  les  cœurs  entre  ses 
mains,  et  nous  écrier  avec  le  prophète  -,  A 
Domino  faclum  est  isUid  €^  ^t  mirabile  in 
oculis  nostris. 

Direz  vous,  mon  iBls,  que  îa  confession 
s'est  établie  peu  à  peu?  c est-à-dire,  d'abord 
dans  un  pays ,  puis  dans  une  provinee  ,  en- 
suite dans  un  royaume,  et  enfin  dans  le 
monde  entier.  Mais  s'il  en  est  ainsi ,  il  faut 
nous  dire  quel  est  l'audacieux  mortel  qui  le 
premier  a  eu  l'idée  d'imposer  à  ses  semblables 
un  joug  si  pénible  ?  quelle  est  la  contrée  où  le 
dogme  de  la  divinité  de  la  confession  a  com-  ^ 
mencé  à  être  prêché  ?  à  quelle  époque  a  paru 
l'homme  qui  a  voulu  ainsi  tromper  ses  frè- 
res? Il  faut  de  plus  nous  raconter  quelles 


.'> 


'^.'^•"v^-V-'V'^'^.-" 


''\J\/\/i 


/Vn; 


sa  î)mNrr4 

sont  les  querelles ,  les  disputes  qv^e  cette  in- 
novation a  dii  nécessairement  occasîoner 
parmi  les  docteurs  de  la  loi.  Or,  lisez  les 
fastes  de  l'Eglise,  vous  y  trouverez  les  noms 
de  tous  les  hérétiques  qui  ont  aduUcré  la  pa- 
role de  Dieu,  vous  y  verrez  surtout  la  réforme 
prétendue  de  Luther  et  de  Calvin  qui  ont  atta- 
qué les  premiers,  le  dogme  de  la  confession, 
les  guerres  sanglantes  que  leurs  nouveautés 
ont  occasionccs  dans  le  monde  chrétien  ,  mais 
vous  n'y  trouvère:^  aucune  trace  de  l'invention 
delà  confession. 

Si  vous  lisez  l'histoire  ecclésiastique ,  vous 
découvrirez  roriginc  de  certGÎncs  dévotions 
du  christianisme.  Celle ^  par  exemple,  du 
sacré  cœur  de  Jésus,  On  cite  le  nom  de  la  re- 
ligieuse dont  Dieu  s'est  servi  pour  la  propa- 
ger dans  le  monde ,  le  lieu  qui  a  eu  Tlionneur 
d'être  le  premier  théâtre  de  celle  dévotion , 
on  voit  l'opposition  de  bien  des  personnes 
à  cette  dévotion ,  le  grand  nombre  de 
livres  qui  ont  été  composés  à  cette  occa- 
sion. Mais  s'il  en  est  ainsi ,  pour  une  sim- 
ple dévotÎQn  qui  n'oblige  jjcts ,  que  serait-ce 
pour  la  confession  qui  est  un  devoir  rigoureux 
et  pénible  ?  Toutes  les  passions  se  seraient  ^oiu 
levées  pour  i'atlaquer,  et  les  pages  de  rhis- 


oVV/'v  '~■.y■^.,•'^V-J^  ''Vi'^/Nj''. 


.r\jpJ9 


DE  LA  CONFESSION.  51 

toirc  seraient  remplies  des  récits  de  guerres 

et  de  disputes  que  cette  innovation  aurait 

occasionccs.  Donc  la  confession  na  pas  clé  ^ 

invenlêc.  < 

c 

g  II.  Ohscrvaîîms  sur  VEglise  grecque.  ^ 

Pour  donner  une  nouvelle  force  à  mon  $ 

argument,  mon  cher  Tlicopliilc ,  je  dis  :  ou  ^ 

la  confession  a  ctc  établie  dans  le  mondo  c 

avant  la  séparation  des  Grecs  scliismatiques ,  5 

ou  c'est  après  ce  schisme  d'Orient  qui  désole  < 

encore  l'Eglise.  ^' 

Voulez-vous  dire  que  rinvcnlîon  a  eu  lieu  ? 

avant  la  séparation  des  Grecs?  Mais  comment  < 

expliquer  alors  que  les  Grecs,  qui  sont  les  s 

ennemis  mortels   de  FEglise  romaine,   qui  ^ 

ont  pris  pour  prétexte  de  leur  séparation  un  ^ 

mot  (1)  ajouté  au  Symbole  de  Nicée,  n'aient  ^ 

jamais  reproché  à  FEglise  romaine  cette  inno-  < 

vation,  que  môme  ils  aient  conservé  parmi  eux  s 

la  croyance  et  la  pratique  do  la  confession  ?  S 

Ah!   s'ils    ne   lui   ont   pas   reproché   cette  ^ 

(1)  Le  mot  filîoque.  Ils  prétendent  que  le  Soint  S 

Esprit  ne  procède  pas  du  Fils  ,  et  que  celte  addi-  -> 

tion  est  une  innovation,  i?nc  erreur^  ^ 

S 


53  DIVINÎT^ 

innovation  ,  c'est  qu'ils  ont  toujours  cto 
convaincus  que  la  confession  a  été  établie 
par  Jésus-Christ ,  qu'elle  est  véritablement 
divine. 

Si  vous  dites ,  au  conti-'aire,  que  c'est  après 
la  séparation ,  la  difficulté  devient  encore 
plus  grande.  Car  comment  concevoir  que  les 
orgueilleux  patriarches  de  Constantinoplo 
aient  consenti  à  recevoir  des  pontifes  de 
Rome  un  dogme  qu'ils  regarderaient  comme 
une  nouveauté*  On  ne  peut  donc  raisonna- 
blement admettre  l'invention  de  la  confes- 
sion 5  ni  avant  ni  après  le  schisme  des  Grecs , 
et  puisqu'elle  existe  néanmoins  chez  les 
Grecs  et  chez  les  Latins ,  il  laut  nécessaire- 
ment en  conclure ,  mon  cher  ami ,  que  la 
confession  a  toujours  été  dans  l'Eglise  et 
qu'elle  est  d'institution  divine. 

Ce  fut  au  IKp  siècle  que  les  Gr^es  se  scf/a- 
rcrent  des  Latins ^  mais ,  dès  les  premiers  siè- 
cles, plusieurs  sectes  orientales  avaient  fait 
scission  avec  l'Eglise  romaine;  or,  toutes,  sans 
exception,  regardent  la  confession  comma 
absolument  nécessaire ,  de  droit  divin ,  pour 
rentrer  en  grâce  avec  Dieu.  Les  Arméniens, 
par  exemple,  convertis  au  christianisme  par 


^•v^.n^Ay'*^  *rv^AArv\/wN/> 


DE  LA  CONFESSION.  8J 

sninl  Grégoire,  surnommé  Vllliumnatcur,  sous 
le  ponlilicat  de  saint  Sylvestre  (1)  ,  reslrrcnt 
allaclics  à  l'Eglise  romaine  pendant  deux 
siècles.  Us  devinrent  scliismaliciues  vers  l'an 
520  ,  sous  le  patriarcliat  de  Nierccs ,  sur- 
nommé AchdaragJiensis, 

La  pratique  de  la  confession  s'est  conser- 
vée parmi  eux,  quoique  rincapacité  de  leurs 
prêtres  y  ait  introduit  quelques  abus.  Voici 
la  formule  d'absolution  dont  ils  se  servent  : 
«  Que  Dieu  ,  qui  a  de  Tamour  pour  les  hom- 
mes ,  vous  fasse  miséricorde  5  qu'il  vous  ac- 
corde le  pardon  des  péchés  que  vous  avez 
confessés,  et  de  ceux  que  vous  avez  oubliés; 
et  moi  5  par  l'autorité  que  me  donne  l'ordre 
sacerdotal ,  selon  ces  divines  paroles  :  Tout  ce 
que  vous  délierez  sur  la  terre  sera  délié  dans 
le  ciel ,  avec  les  mêmes  paroles ,  je  vous  ab- 
sous de  tous  les  péchés  que  vous  avez  commis 
par  pensées ,  paroles  et  œuvres  ;  au  nom  du 
Père,  du  Fils,  et  du  Saint-Espnt.  » 

L'Eglise  russe ,  modelée  sur  FEgîîse  grec- 
que dont  elle  ne  diffère  que  par  la  langue 
liturgique  ,  en  adopta  la  discipline  et  les 
usages  :  la  confession  auriculaire  y  est  l'objet 

(l)  S,  Sylvestre  ,  pape,  clu  en  314, 


'</VWvw  ^^ 


54  DIVINITÉ 

d'une  croyance  dogmatique  et  d'une  obligation      < 
pratique.  ^ 

§  IIÏ.  Conservation  ch  la  Confession. 

Voulez-vous,  mon  fils,  une  nouvelle  preuve 
de  l'institution  divine  de  la  confession?  Écou- 
tez. Vous  n'ignorez  pas  que  la  confession  existe 
depuis  1800  ans,  et  qu'étant  aussi  pénible 
quelle  est,  elle  a  toujours  eu  des  ennemis. 
Or,  je  prclends  que  cette  conservation  de  la 
confession,  malgré  les  attaques  dont  elle  a 
été  l'objet,  malgré  son  opposition  à  toutes  les 
passions,  est  un  argument  qui  ne  laisse  aucun 
doute  sur  sa  divinité. 

En  effet,  ne  peut -on  pas  appliquer  h  la 
confession  ce  que  Gamaîiel  disait  aux  Juifs 
touchant  la  religion  cîirétienne  qui  commen- 
çait à  s'établir  dans  le  monde,  et  que  les  Juifs 
voulaient  persécuter.  Ou  cette  secte  ,  leur  di- 
sait-il ,  vient  de  Dieu,  ou  elle  vient  des  hom- 
mes. Si  elle  vient  de  Dieu,  c'est  non  seule- 
i2ient  un  crime ,  maïs  encore  une  folie  de 
chercher  à  la  détruire,  parce  qu'étant  ap- 
puyée sur  le  bras  du  Tout-Pnissant ,  elle 
triomphera  toujours  de  vos  ciTorts.  Si ,  au 
contraire,   elle  vient  des    hommes ,   il    est 


k/v/x>^  /"v/vrNj 


/-  >-vy  ^  /^-/"v.*  j\j\r^r 


îniilHc  de  la  pcrst'cuter  ;  tout  ce  qui  est  d'ins-  ^ 
titulion  humaine  ne  saurait  durer,  elle  pi»-  > 
rira  donc  d'elle  luômc  et  s  évanouira  comme  > 
la  fumée.  Tous  les  siècles  nous  en  fournissent  ^ 
des  preuves  de  celle  vérité  ;  mais  qu  avons-  ^ 
nous  besoin  d'exemples  anciens ,  lorsque  la  < 
lin  du  siècle  dernier  nous  en  offro  de  si  \ 
frappants?  ^ 

Alors  on  vit  des  hommes  vomis  par  rcnfcr,       < 
chercher   à  délruirc   la  religion  du  Christ       s 
pour  y  substituer  le  culte  impie  de  la  raison       > 
de   riîomme;  tout  était  en  leur    pouvoir,        ^ 
science ,  richesses ,  pouvoir ,  et  leur  zèle  in-       \ 
fenial  faillit  noyer  notre  France   dans  une       < 
mare  de  sang.  Eh  bien!  qu'est-il  arrivé?  Au       \ 
moment  où  tout  semblait  prospérer  au  gré 
de   leurs   désirs,    qu'ils   proclamaient   tout 
haut,  à  la  face   du  monde  épouvanté,   le 
triomphe  de  leurs  doctrines  et  de  leurs  œu- 
vres, le  Dieu  qui  habite  au  plus  haut  des 
cieux  s'est  moqué  d'eux ,  il  les  a  dispersés  de- 
vant lui  comme  l'ouragan  dissipe  la  pous- 
;        sière;  leurs  œuvres  ont  disparu  avec  eux  ,  et 
'^        l'on  conserve   à  peine  le  souvenir  de  leurs 
^        ridicules  et  impies  institutions. 
\  Il  est  donc  vrai ,  mon  cher  am!_,  qitè  tout 

>        ce  qui  est  humain  ne  saurait  longtemps  sub- 

L. 


50  DIVINITÉ 

sistcr.  Puis  donc  que  ]a  confession  dure  de- 
puis dix-huit  siècles ,  qu'elle  a  triomphé  de 
toutes  les  attaques  des  ennemis  de  la  religion, 
il  faut  en  conclure  qu'étant  d'institution  di- 
vine, elle  participe  à  l'effet  de  cette  pro- 
messe du  Fils  de  Dieu  à  son  Eglise  :  «  Les 
<t  portes  de  l'enfer  ne  prévaudront  pas  con- 
c(  tre  elle.  » 


§  IV.  Objection  Urée  du  concile  de  Latran, 

«  Mais  ,  direz-vous  peut-être  ,  ne  peut-on 
«  pas  objecter  que  la  confession  a  été  établie 
«  dans  le  quatrième  concile  de  Latran  tenu 
«  à  Rome  en  1215  par  le  souverain  pontife 
«  Innocent  lïl?  »  l  ' 

Il  est  vrai  que  dans  le  concile  on  fit  un 
commandement  aux  fidèles  de  se  confesser 
au  moins  une  fois  l'an.  Mais  en  lisant  le  ca- 
non qui  le  renferme,  on  voit  que  la  confession 
était  déjà  établie  dans  l'Eglise.  Voici  les  pa- 
roles des  pères  du  concile.  «  Que  tout  fidèle 
«  de  l'un  ou  de  l'autre  sexe  qui  a  atteint 
c<  l'âge  de  discrétion ,  confesse  seul ,  Gdèle- 
«  ment,  tous  ses  péchés  à  son  propre  prêtre, 
«  au  moins  une  fois  fan ,  et  qu'il  ait  soin 
«  d'accomplir  de  tout  son  pouvoir  la  péni^ 


\ 


i>E   tA  CONFKSSION.  57 

«  tcncc  qiû  lui  aura  clé  imposée...  Quo  si 
«  quelqu'un,  pour  une  cause  juste,  désire  se 
«  confesser  à  un  prêtre  étranger  ,  qu'il  en 
«  demanclo  auparavant  permission  à  son 
«  propre  pasteur.  Car  autrement  le  prêtre 
«  étranger  ne  peut  ni  le  délier  ni  le  lier,  » 

Vouloir,  de  ce  décret  du  concile ,  conclure 
que  la  confession  a  été  instituée  alors,  c'est' 
montrer  une  grande  ignorance  ou  une  insi- 
gne mauvaise  foi.  Car  qui  ne  reconnaît  que 
ce  décret  la  suppose  évidemment  déjà  éta-» 
i)lie  ;  et  qu'il  n'est  porte  que  pour  détruira 
deux  abus  qui  s'étaient  glissés  dans  l'Eglise  ^ 
le  premier,  de  laisser  passer  plusieurs 
années  sans  s'approcher  du  sacrement  de 
pénitence  ,  et  le  second  de  se  confesser  à  des  ^ 
prêtres  étrangers ,  dont  on  n'était  pas  connu  j  < 
afin  d'en  obtenir  pliss  facilement  l'absolu-  S 
lion.  ^ 

Il  est  donc  certain  que  la  confession  n'a 
pas  été  établie  par  Innocent  HI,  qu'on  ne 
peut  assigner  son  origine  ;  de  là ,  il  faut 
conclure  qu'elle  a  été  instituée  par  Jésus- 
Christ  ,  qu'elle  est  divine. 


WYiNniS 
Exemple* 


CONVERSION   d'un    JEDNE    HOMME. 


Désire ,  âgé  de  trente  ans  ,  d'un  caractère  doux^ 
franc  et  loyal ,  s'était  gâté  et  corrompu  l'esprit  en 
3e  livrant  aux  systèmes  prétendus  philosophiques. 
D'erreurs  en  erreurs  9  il  était  tombé  dans  le  maté- 
rialisme le  plus  grossier.  Il  avait  surtout  en  hor- 
reur la  religion  catholique  et  la  haine  la  plus  im- 
placable contre  ses  ministres  ,  qu'il  disait  être  le 
fléau  de  l'humanité,  et  dont  il  appelait  à  haute 
Voix  la  destruction. 

Attaqué  d'une  phlhisio  pulmonaire  ,  il  avançait 
vers  sa  fin.  Sa  sœur  ,  fille  vertueuse  ,  qu'il  aimait 
^  tendrement,   lui  prodiguait  ses  soins.  Tous  ses 

»  efforts  pour  le  faire  entrer  dans  la  voie  de  la  raison 
et  de  la  religion  étaient  inutiles.  Désiré  protestait 
toujours  qu'il  ne  croyait  pas  qu'il  y  eût  un  Dieu, 
et  repoussait  par  des  blasphèmes  toutes  les  vérités 
qu'on  lui  présentait.  Une  pieuse  dame  de  la  paroisse 
Notrc-Dame~des^- Victoires  ,  amie  de  la  sœur  de 
Désiré  ,  connaissant  l'état  et  les  dispositions  de 
ce  malheureux,  conçut  la  pensée  de  le  faire  re- 
commander aux  prières  de  l'Association  ;  mais  elle 
imagina  que  le  moyen  de  lui  obtenir  ,  tout  impie 
qu'il  était ,  la  protection  de  Marie,  était  de  le  faire 
inscrire  au  nombre  des  associés  en  l'honneur  du 
saint  Cœur  de  Marie. 


frVWVwr\.'wv*»tfWv 


DE  LA   CONFESSION.  59 

Potir  cr;la  il  fallait  lrojn])cr  le  cuic.  Lo  samedi 
17  juin  elle  vient  lo  trouver,  et  le  prie  d'inscrire 
un  jeune  liomnic  dangereusement  malade,  et  de  lo 
recommander  aux  prières  pour  lui  obtenir,  par  la 
protection  de  la  sainlc  Vierge,  la  grâce  de  recevoir  ^ 
^  les  derniers  sacrements.  Le  lendemain  dimanche  ,         ^ 

^  à  sept  heures  et  demie  du  soir,  il  est  recommandé  ;         - 

S  on  fait  pour  lui  les  prières  publiques.  Le  lundi  19, 

c  plusieurs  communions  furent  olFerlcs  pour  lui. 

cj  Cette  journée  fut  des  plus  cruelles  pour  le  pau- 

cj  vre  malade  :  il  éprouva  successivement  plusieurs 

^  crises  qui  le  réduisirent  à  une  sorte  d'anéanlissc- 

([  ment.  Le  soir,  sur  les  sept  heures  et  demie,  il  rc- 

il  eut  la  visite  de  son  médecin  ,  homme  chrétien  et 

reh'gieux.  11  l'interroge  sur  son  état  :  celui-ci  lui 
répond  qu'il  est  sans  remède  et  que  sa  mort  est 
prochaine ,  et  il  ajoute  :  «  Mon  ami ,  une  éternité 
K  de  bonheur  vous  est  offerte ,  si  vous  voulez  la 
•c  mériter,  il  est  encore  temps.  » 
(J  Désire  conserve  un  visage  calme  et  répond  d'un 

^  ton  ferme  :  —  «  Je  vous  ai  déjà  fait  ma  confession 

^  «  de  foi ,  docteur  5  je  ne  veux  pas  entendre  ce  lan- 

gage; je  ne  changerai  pasa  Je  ne  crois  pas  en 
Dieu;  et  d'ailleurs ,  s'il  y  a  un  ciel ,  une  éterni 
té, je  n'ai  pas  de  reproches  à  me  faire.  Depuis 
sept  ans  je  me  sacrifie  pour  le  bonheur  de  l'hu- 
manité  ,  et  c'est  pour  elle  que  je  m.eurs.  >» 
5  Nous  avons  omis  de  dire  que  Désiré  était  non 

«>         seulement  esclave  d'une  impiété  brutale, m.ais  cn- 


yi^rux 


''/VV%ArvryvVVVVVVV%AArvrv«iirvryV 


40  i^mNiTÉ 

core  Tadepte  fanatique  de  toutes  ces  fantasmago- 
ries politiques  par  lesquelles  tant  de  charlatans, 
depuis  dix  à  douze  ans,  séduisent  la  jeunesse.  Le 
médecin  continua  quelques  minutes  ses  pieux  avis  ; 
le  malade  tourna  la  tête  et  ne  parut  plus  l'enten- 
dre. Une  sœur  du  Bon-Secours  venait  d'être  ap« 
lée  auprès  de  lui  pour  lui  donner  des  soins;  c'est 
la  même  dont  nous  venons  de  parler. 

Au  départ  du  médecin,  Désiré  lui  dit  :  —  «  Qu'il 
•f  m'ennuie  donc!  voilà  plusieurs  fois  qu'il  me 
•c  parle  de  religion  :  j'ai  beau  lui  dire  que  cela  me 
•e  fatigue,  il  ne  veut  pas  se  taire.» —  Cette  bonne 
fille  qui  voit  son  accablement,  sa  faiblesse,  se  con- 
tente de  lui  dire  :  — et  Cependant,  mon  ami ,  s'il  y 
«  a  un  Dieu  ,  qu'allez-'/ous  devenir?  Il  n'y  a  pas 
«  d'homme  qui  puisse  être  irréprochable  devant 
*c  lui.»—  Oh  !  bénigne  et  toute  puissante  Marie, 
voilà  l'heure  de  votre  triomphe  ! 

Désiré  regarde  la  sœurj  réfléchit  un  mstant  et 
s'écrie  avec  une  force  extraordinaire  à  son  état  ;  — 
•e  Oui,  je  me  rappelle  un  miracle  qu'on  ne  peut 
«  nier,  tout  un  peuple  l'a  vu.  C'est  la  multiplica- 
•e  tion  des  cinq  pains  dans  le  désert.  Je  reconnais 
«  Jésus-Christ  pour  mon  Dieu.  Faites  venir  un 
•c  prêtre  ,  et  je  me  confesserai  ce  soir  ;  demain 
t<  peut-être  il  ne  serait  plus  temps.  »  Grâce  de 
Jésus-Christ,  grâce  toute  puissante,  voilà  bien  votre 
ouvrage.  Il  n'y  a  que  quelques  minutes  ce  pécheur 
était  un  impie  qui  renonçait  Dieu,  qui  défiait  effron' 


DE  LA  COiNFKSSTON.  4^ 

Icmcnt  sa  justice,  ctloul-ù-roup  ilans  un  clin  dVil, 
vous  en  avez  fait  un  pécheur  pcnilcnt,  un  enfant 
soumis  et  fidèle.  Ah!  daij^ncz  vous  emparer  de  nos 
cœurs  et  consacrez-les  sans  retour  à  l'amour  et  à  la 
fidciilc  envers  le  Dieu  du  pardon  et  de  la  miséri- 
corde. 

Il  était  tard,  De'sirc  était  épuisé;  mais  le  danger 
était  si  pressant,  et  il  demandait  si  vivement,  que 
Ton  ne  crut  pas  devoir  attendre  au  lendemain  à  le 
faire  confesser.  Plusieurs  prêtres  avaient  cherche 
à  le  voir  pendant  sa  maladie  ^  quelques-uns  avaient 
été  rebutés  ;  d'autres,  en  petit  nombre,  avaient  été 
reçus,  mais  renvoyés  avec  dédain.  Il  désigna  lui- 
même  un  de  ceux  qu'il  avait  le  plus  mal  reçus,  afin, 
dil-il,  que  ce  soit  une  réparation. Cet  ecclésiastique 
est  membre  d'une  vénérable  congrégation  qui  ha- 
bite le  voisinage  de  la  maison  qu'occupait  Désire. 
A  son  arrivée,  Désiré  lui  dit  :  —  «  Mon  père,  je 
«  touche  à  mes  derniers  moments ,  je  désire  rac 
«  confesser.  »•  —  Sa  confession  dura  cinq  quarts 
d'hciu-e. 

(  La  êuite  avt  chapUrc  suivant.) 


Cliapitro  8. 

TROISIÈME  PREUVE. 

Absurdité  de  cette  assertion  : 


s  Ce  sonl  les  prêtres  qui  ont  inventé  la  confessîoHi 


S  Par  là  même  que  nous  venons  de  prouve! 

!j  que  c'est  Jésus-Christ  qui  a  institué  la  confcs- 

^  sion  5  il  s'ensuit  naturellement,   mon  cher 

<  Théophile,  que  ce  ne  sont  pas  les  prêtres  qui 

l  en  sont  les  auteurs  ;  mais  vous  avez  entendu 

S  si  souvent  répéter  cette  assertion ,  qu'elle  a 

>  peut-être  produit  sur  vous  de  fâcheuses  im- 

\  pressions.  Afin  de  les  détruire  entièrement  et 

l  de  donner  une  nouvelle  force  aux  preuves  que 

^j  nous  avons  déjà  mises  sous  vos  yeux,  nous 

s  voulons  vous  montrer  toute  l'absurdité  de 

^  cette  objection.  Pour  cela  je  ferai  quelques 

?  questions  dont  la  solution  vous  fera  rougir , 

^  qu'un  chrétien  tant  soit  peu  raisonnable  ose 

\  encore  dire  :  «  Ce  sont  les  prêtres  qui  ont  cta* 

s  bli  la  confession.  » 


^  v^^n^,/  \/\^\  '^'^^  v^»/%y"^\/v>.Ay\/v\/\/\/w~^. 


î;  BE  LA  COXTBSSIOn^ 

> 


s  I.  rvcinicrc  question. 


\        Vous  proton  (lez  ç\\\e  ce  sont  les  prêtres  qui 

s     07it  établi  la  confession.  Mais  (litcs-n)oi ,  mon  s 

s     fils  j  quels  S07it  les  prêtres  qui  ont  établi  la  con-  ;. 

>  fession?  Est-ce  moi  qui  vous  parle  en  ce  nio-  ^ 

>  ment  ?  Mais  j'ai  trouvé  la  confession  établie  ': 
l  (lès  ma  plus  tendre  enfance,  et,  grâces  au^  <^ 
l     soins  d'une  mère  chrétienne,  j'ai  ressenti  de          < 

bonne  heure  les  salutaires  effets  de  ce  sacre-  ) 

ment.  Est-ce  les  prêtres  qui  vivaient  alors  qui  $ 

.Vavaient  inventée  ?  Mais  dans  les  siècles  passes  ^ 

>  on  se  confessait  déjà.  ^ 
Dans  le  chapitre  suivant ,  nous  vous  mon-         ^ 

trerons  qu'en  remontant  de  siècle  en  siècle ,  s 

on  trouve  toujours  dos  témoignages  de  doc-  i 

teurs  qui  prouvent  l'existence  de  la  confession.. 
Voulez- vous  savoir  quel  est  le  prêtre  qui  .'i 
établi  la  confession?  Ecoutez  :  c'est  celui  qui 
est  prêtre  pour  l'éternité,  selon  l'ordre  do 
Mclchiscdcch ,  celui  qui  a  été  envoyé  par  son 
père  pour  sauver  Icshomm.es,  celui  qui  fut 
immolé  sur  la  croix  pour  notre  rédemption  ; 
c'est  le  prêtre  des  prctrcs ,  le  pontife  dos  pon- 
tifes, Jésus-Christ  votre  Dieu  et  le  mien. 


^'\r:/\j^^.r^-^r..-./^,."^'-,y-,.-./\/^..,^.,^.^-^^  ,-.y~\r^'' 


'•/\>  -f  /  /■ 


''^</\y^/^ 


.y^^yO 


s  II.  Seconde  question. 

Pour  entreprendre  quelque  chose ,  il  faut 
supposer  des  motifs  dans  ceux  qui  le  veulent; 
et  si  Fentreprise  est  grande ,  si  elle  est  diffi- 
cile, il  faut  leur  en  supposer  de  très  nombreux 
et  de  très  puissants.  Or,  je  vous  le  demande, 
quels  sont  les  motifs  qui  ont  pu  engager  les 
prêtres  à  établir  la  confession?  Je  n'en  con- 
nais que  trois ,  qui  sont  les  grands  mobiles 
des  hommes ,  l'orgueil ,  l'avarice ,  le  plaisir. 
Or ,  aucun  de  ces  motifs  n'a  pu  déterminer  les 
prêtres  à  établir  la  confession. 

En  effet ,  direz-vous  d'abord  qtie  c'est  par 
orgueil ,  par  désir  de  dominer  ?  Mais  (juand 


«4  DIVINITÉ  ^ 

Vous  prétendez  que  ce  sont  les  prêtres  qiri  < 
?  ont  établi  la  confession ,  mais  pour  cela  ri  au- 
5  rait  fallu  que  tous  les  prêtres  se  fussent  en- 
^  tendus  entre  eux ,  qu'ils  eussent  formé  ensem- 
S  ble  le  complot  de  tromper  les  fidèles.  Or,  une  ^ 
^  semblable  réunion  est-elle  probable?  est-elle  ^ 
^'  même  possible?  Lisez  l'histoire  de  toutes  les  < 
?  religions ,  lisez  l'histoire  de  l'Eglise  en  parti- 
culier 5  et  vous  demeurerez  convaincu  qu'une  < 
semblable  coalition  est  aussi  absurde  qu'im-  s 
possible. 


j\y\r\y\r^ 


j\/\i  \/  wr^r^v 


%^A;^ 


DE  LA  CONFESSION.  13 

rti^mc  il  y  aurait  eu  des  i)i*étrcs  assez  ambi- 
tieux pour  former  un  pareil  dessein,  combien 
n*a-t-il  pas  existé  dans  tous  les  temjis  des  prê- 
tres humbles ,  qui  non-seulement  n'ont  point 
cherché  les  honneurs,  mais  encore  les  ont  fui, 
et  pour  s'y  soustraire  plus  eflicacement  sont 
allés  s'ensevelir  tout  vivants  dans  les  cloîtres, 
dans  les  solitudes  les  plus  profondes.  Or,  ces 
saints  prêtres  n'auraient-ils  pas  été  les  pre- 
miers à  s'élever  contre  Tiiûposture  de  l'ambi- 
tion?... 

Oui ,  sans  doute ,  les  prêtres  ont  de  Vambî- 
tion ,  mais  c'est  celle  de  travailler  à  la  plus 
grande  gloire  de  Dieu ,  en  travaillant  au  salut 
des  amcs.  Ils  veulent  dominer  sur  vos  esprits 
pour  les  soumettre  à  la  foi ,  sur  vos  cœurS 
pour  y  établir  l'empire  de  la  vertu  ;  ils  veu- 
lent dominer  sur  les  enAmts  pour  leur  appren- 
dre à  respecter  les  auteurs  de  leurs  jours,  sur 
les  parents  pour  les  porter  à  donner  une  édu- 
cation chrétienne  à  leurs  enfants ,  sur  les  époux 
et  les  épouses  pour  leur  faire  pratiquer  l'a- 
mour mutuel  et  une  fidélité  inviolable  à  leurs 
promesses  ;  ils  voudraient  dominer  sur  les  l'ois 
pour  les  engager  à  se  sacrifier  pour  le  bon- 
heur de  leurs  peuples ,  sur  les  sujets  pour  leur 
inspirer  l'obéissance  à  leurs  souv^j^ains^  ils 


-^^r^r</\  J\y^^j\/y^r<J\j  '-r^. 


46  bïvmiTÉ 

voudraient  dominer  sur  toutes  les  notions  pôUP  ^ 

y  établir  le  règne  de  Dieu  à  qui  seul  appar*  ,^ 

tient  ïhonneur  et  la  gloire.  Eu  serait-on  moins  \ 

heureux  si  cette  ambition  des  prêtres  de  Je-  c 

sus-Christ  était  mise  en  pratique?       '^  ) 

Ajouterez-vous ,  mon  fils .  que  c'est  par  ava-  ^ 

rke ,  pour  amasser  des  trésors  ?  Mais  encore  > 

ici  5  quand  même  il  se  serait  rencontré  des  $- 

prêtres   assez  intéressés  pour  concevoir   un  < 

semblable  projet ,  que  d'autres  prêtres  gêné-  ^ 

reux  n'a-t-on  pas  vu  qui  ont  quitté  leurs  biens  ^ 
et  se  sont  réduits  à  la  plus  grande  indigence 


>        par  amour  pour  Jésus-Christ  ?  Combien ,  dont         c^ 
^        tout  le  bonheur  était  de  répandre  dans  le  sein         5 


e       des  indigents  les  richesses  dont  ils  pouvaient 

l       disposer.  Or ,  ces  bons  prêtres  n'auraient-ils         < 

>  pas  fortement  réclamé  contre   une  pareille        b 
l       innovation  ?  < 

>  D'ailleurs ,  depuis  bien  longtemps  le  sacre-        ^ 

>  ment  de  pénitence  est  adîE!nistré  graluite- 
^  ment.  Bien  loin  d'y  trouver  un  moyen  de  s'en- 
^  richir ,  les  prêtres  y  découvrent  souvent  mille 
S  misères  à  secourir.  Dès-lors,  s'ils  l'avaient  éta- 
bli par  avarice ,  ils  devraient  en  abandonner  < 
l'exercice.  Néanmoins  ils  continuent  toujours  < 
avec  le  même  zèle  à  administrer  ce  sacrement,  s 
ils  préfèrent  souvent  là  confession  des  pauvres        > 


^^  r\  /^  /\  /-v  ^  /'~\/^^.y^\/  KJ-KJ" 


*r^/V  vy^y^^\•x/\/^./^/^/^^^/v■-^»/'^a^•*-^v/^y•-/v/^/^y^/^y'-/^>'vy  \j^  y\/\.' 


CK  L\  CONFESSION.  ^ 

à  celle  des  riclies^.  C'est  que  leur  but  n'est 
cas  d'y  IrouvcT  des  trésors  vils  et  méprisables 
que  la  niorl  doit  culcvcr ,  ninis  des  trésors  de 
luérilcs  pour  le  ciel  qiYj  personne  ne  pourra 
jamais  leur  ravir... 

Enfin  ,  direz-vous  que  c'est  par  pJmsir  que 
les  prêtres  ont  clabli  la  confession?  Par  plaisir? 
Vous  qui  avez  do  semblables  pensées,  vous  ne 
connaissez  pas  tout  ce  qu'il  y  a  de  pénible , 
de  rebutant  dans  rexcrcicc  de  ecUc  fonction. 
Eh  !  (luel  plaisir  peut-il  y  avoir  pour  un  hom- 
me de  passer  une  partie  de  sa  vie ,  renfermé 
entre  quatre  planches,  comme  dans  une  cs- 
^pèce  de  tombeau ,  d'y  entendre  le  récit  dégoû- 
tant de  toutes  les  misères  humaines. 

Quel  plaisir  peut-il  y  avoir  pour  le  ministre 
de  la  religion  ,  d'aller  porter  le  secours  de  son 
ministère  à  des  pestiférés,  s'exposant  à  cha- 
que instant  à  la  mort?  Et  n'est-ce  pas  là  ce 
qu'on  a  toujours  vu  lorsqu'un  fléau  dévasta- 
teur est  venu  ravager  les  villes  ou  les  provin- 
ces? A  l'aspect  du  fléau  tout  s'enfuit,  tout 
tremble ,  le  prêtre  seul  reste  à  son  poste,  seul 
il  est  tranquille ,  il  s'arrache  d'entre  les  bras 
d'une  mcre  chérie ,  il  sacrifie  son  repos ,,  sa 
fortune,  sa  santé,  sa  vie  même,  et  il  meurl; 


/\  /\ruy,r^y\r^r\/^.r\j~\é'\r>y\.r</\y^y\y\r<j\/^y^ 


iOiVlNlTÊ 

Icmpli  de  joie  de  s'ctrc  ainsi  dévoué  au  salut 

de  ses  frères. 
Quel  plaisir  peut-ii  y  avoir  pour  le  pasteur 

des  âmes ,  de  se  lever  au  mili(3U  de  la  nuit 

pour  assister  un  pauvre  malheureux  qui  se 

^       meurt?  Il  faut  braver  la  pluie,  la  neige,  il 

^'       faut  gravir  une  montagne  escarpée ,  s'exposer 

i      à  s'égarer  dans  une  forêt;  n'importe,  rien 

t;       n'arrête  ce  prêtre ,  il  vole  au  secours  de  son 

*^       frère  et  il  ne  l'abandonne  qu'après  l'avoir  pré- 

;>       paré  au  grand  voyage  de  l'éternité  ! 

>  Quel  plaisir  pour  cet  aumônier  des  prîson- 

\       niers ,  de  descendre  dans  de  sombres  cachots 

\       et  d'exhorter  à  la  confession  un  de  ces  hom- 

<^       mes  condamnés  par  la  justice  à  porter  sa  tête 

^       sur  l'échafaud?  C'est  un  monstre  couvert  de 

i       crimes  ;  il  blasphème  contre  Dieu ,  il  maudit 

J>       les  hommes ,  il  ferme  l'oreille  aux  discours  de 

^       la  religion.  N'importe ,  le  prêtre  le  console ,  il 

s       le  presse,  il  le  conjure  de  penser  à  son  âme, 

^       lui  représentant  que  s'il  n'y  a  plus  pour  lui 

j>       de  pardon  sur  la  terre ,  il  est  un  Dieu  dont  le       i 

^       propre  est  de  pardonner  toujours  et  qui  lui       ^ 

<5        ouvre  le  sein  de  sa  miséricorde.  Enfin  le  pé-       ïj 

?        cheur  touché  se  rend ,  et  le  prêtre  l'accompa-       e 

s        gne  au  dernier  supplice ,  le  traite  comme  un       s 

ftmi  et  lui  donne  en  gage  de  sa  réconciliation      > 


Dr  1A  coNrnssioif.  40 

avec  son  Dieu,  le  baiser  de  ramil'c  et  de  la 
paix. 

Ah  !  mon  fils  !  qu'est-ce  qui  peut  inspirer 
cet  héroïsme  de  charité,  si  ce  n'est  la  convie- 
lion  de  la  divinité  de  la  confession.  Aussi  on 
a  toujours  vu  les  prêtres  liérétiqucs  abandon- 
ner leur  poste  dans  de  semblables  circonslan- 
ces,  tandis  que  les  prêtres  catholiques  tres- 
saillaient de  joie  de  pouvoir  donner  leur  vie 
pour  le  salut  de  leurs  frères.  Aucun  motif  hu- 
main n'a  donc  pu  porter  les  prêtres  à  inven- 
ter la  confession. 

S  m.  Troisième  questitm. 

Maïs  eussent-ils  voulu  établir  la  confession , 
dites-moi ,  mon  fils ,  quels  moyens  ils  auraient 
pu  employer?  Trois  se  présentent  à  mon  es- 
prit :  les  richesses^  la  force,  la  persuasion. 
Or ,  aucun  n'a  pu  ctre  employé ,  et  l'eût-il  été? 
n'aurait  réussi  à  établir  le  dogme  de  la  con- 
fession. Dira-t-oh  ^  d'abord,  que  les  prêtres 
ont  employé  l'argent  pour  faire  adopter  leur 
innovation?  Et  ne  voyez-vous  qu'avec  de  l'ar- 
gent ,  on  peut  bien  faire  des  émeutes,  acheter 
l'approbation  de  quelques-uns  et  le  sile-ncede 

■^yv^J^A/vv^A/^J^/v^/^A/v^A/^A•^^^A/^/v^^ 


50  DïvmiTÈ 

quelques  atitrcs  •,  mais  avec  de  l'argent  on  n'c< 
îablira  jamais  des  convictions  dans  les  esprits 
et  des  croyances  dans  les  cœurs  ;  et  pût-on 
îPcussir  un  instant,  aussitôt  que  l'argent  au- 
rait été  dissipé,  les  gens  reviendraient  natu- 
rellement à  leurs  anciennes  opinions, 

Prétendra-t-on  que  les  prêtres  ont  employé 
la  force ^  la  violence  pour  faire  adopter  aux 
fidèles  le  dogme  de  la  confession  ,  qu'ils  ont 
dit  comme  Mahomet  :  «  Crois  à  ce  que  je  te 
«  dis ,  ou  je  te  tue?  »  Mais  s'il  en  était  ainsi , 
nous  aurions  l'histoire  des  persécutions  susci- 
tées aux  iidèles ,  et  nous  ne  lisons  rien  de  pa- 
reil dans  l'histoire  de  l'Eglise.  D'ailleurs  la 
force  et  la  violence  n'établissent  rien  de  sta- 
ble, et  cependant  la  confession  subsiste  de- 
puis ]  800  ans ,  et  elle  subsiste  malgré  la  force 
et  la  violence  de  ceux  qui  l'ont  combattue  et 
qui  auraient  voulu  l'anéantir. 

Enfin,  dira-t-on  que  c'est  par  (a persuasion 
que  les  prêtres  ont  élabii  îa  coniession?  Mais 
quel  est  l'homme  assez  éloquent  pour  persua- 
der à  tous  les  catholiques  la  divinité  de  la 
confession ,  si  réellement  elle  n'était  pas  di- 
vine. Un  semblable  prodige  est  au-dessus  de 
l'éloquence  humaine ,  et  s'il  avait  élc  opéré , 
il  faudrait  tomber  aux  genoux  de  cet  homme, 


i.yv/\>^>  /v.-'vy^^/vN/V^' 


i^VAiA.A-ru^t 


et  le  rcconnaîlrc  pour  Tcnvoyc  du  Seigneur. 
Ainsi,  on  ne  peut  pas  raisonnablement  sou- 
tenir que  les  prêtres  aient  employé  des  moyens 
humains  pour  propager  le  dogme  de  la  con- 
cession. 

S  IV.  Autres  tpiesllons. 

A  ces  trois  questions,  mon  fils ,  ajoutons-en 
quelques  autres  qui  feront  encore  mieux  sen- 
Hir  labsurdité  de  ceux  qui  prétendent  que  ce 
sont  les  prctrcs  qui  ont  établi  la  confession. 
Je  demande  premièrement  :  Mais  si  ce  sont  les 
prêtres  qui  ont  inventé  la  confession ,  pourquoi 
ne  s'en  sont-ils  pas  dispensés  eux-mêmes?  Ils 
auraient  pu  trouver  mille  raisons  spécieuses 
pour  autoriser  cette  exception.  Il  semble  na- 
turel que  celui  qui  est  juge  des  autres  ne  de- 
vienne pas  accuse  ;  que  celui  qui  donne  aux 
autres  l'absolution ,  puisse  se  la  donner  à  soi- 
même. 

Et,  cependant,  il  n'en  est  pas  ainsi,  les 
prêtres  sont  soumis ,  comme  les  simples  fidc* 
les,  à  la  loi  de  la  confession.  Apres  avoir  siégé 
sur  le  tribunal  de  la  pénitence  pour  y  porter 
des  sentences  3  i^  sont  ob)  gés  d**  se  pro^ter- 


•'>-'^-Ay\rvA7\/', 


'vy\/N  A-y^..y^/>  j-v/v^.  A>*_^^'»v^./^-y^  />,.A,/«..^r\  /N>»\y-v  /^  '\  ^  .».  i^.rv  /-vy%> 


5f2,  DÏIVÎNÎTÉ 

ner  a  leur  iour  aux  pieds  du  mînistne  de  ié* 
sus-Clii  ist ,  et  de  lui  demander  l'absolution. 
Non-seulement  les  prêtres  se  confessent,  mais 
encore  les  évêques;  ces  premiers  pasteurs  ont 
une  juridiction  absolue  dans  leurs  diocèses. 
Us  donnent  à  leurs  prêtres  les  pouvoirs  les 
plus  étendus  ou  les  leur  enlèvent  à  leur  grc. 
Mais  au  milieu  de  leur  grande  puissance  ,  ils 
ne  sont  pas  dispensés  de  la  confession  ,  ils 
sont  aussi  obligés  de  se  prosterner  aux  pieds 
du  prêtre  qu'ils  ont  approuvé  pour  y  faire 
l'aveu  de  leurs  fautes  et  en  recevoir  l'absolu- 
tion. 

Que  dis-je,  mon  fils,  les  évêques?  Le  pape 
lui-même,  dont  la  puissance  spirituelle  ne 
connaît  d'autres  bornes  que  celles  de  l'univers  ; 
le  pape ,  chef  de  l'Eglise ,  successeur  de  saint 
Pierre ,  le  représentant  de  Jésus-Christ ,  celui 
qui  tient» entre  ses  mains  les  clefs  du  royaume 
des  cieux ,  lui  aussi  est  obligé  de  descendre 
du  haut  de  son  trône  pontifical ,  de  déposer 
sa  tiare  et  de  faire  l'aveu  des  fautes  qui  échap- 
pent à  la  fragilité  humaine.  Or,  si  les  prê- 
tres ,  les  évêques  ,  le  souverain  pontife  se  sou- 
mettent ainsi  à  la  confession ,  n'est-ce  pas  une 
preuve  évidcirte  qu'ils  sont  convaincus  de  sa 
divinité? 


■M 


,*^«!vvv^?vyv\  ^rv^ 


'  DE   LA  CONFESSION.  65 

S  Mais  encore,  mon  lils,  si  les  prêtres  ont 

s  invente  la  confession ,  «  pourquoi ,  dans  un 

>  «  grand  nombre  de  prêtres  ,  et  parmi  les 
s  «  plus  instruils  et  les  plus  vertueux ,  une  si 
!j  c<  grande  crainte  pour  administrer  le  sacrc- 

«  ment  de  pénitence?  »  Les  voyez-vous?  Ils 
redoutent  de  se  charger  du  soin  des  amcs ,  < 
ils  s'excusent  sur  leur  ignorance  et  leur  in- 
capacité ;  ils  prennent  mille  précautions  pour 
disposer  leurs  pénitents  à  recevoir  l'absolu- 
tion. Souvent  ils  la  refusent  au  péril  de  leur 
réputation ,  de  leur  repos,  de  leur  vie  même. 

>  Doii  viennent  tous  ces  sentiments?  C'est 
qu'ils  savent  bien  qu'au  dessus  d'eux  est  un 
juge  suprême  qui  pèsera  dans  la  balance  de 
la  justice  les  jugements  qu'ils  auront  portés, 
un  juge  qui  leur  demandera  compte  de  son 
sang ,  qui  leur  avait  été  confié  dans  l'admi- 
nistration de  ce  sacrement  établi  pour  le  sa- 
lut du  monde. 

S  V.  Dernière  question. 

Enfin  ,  si  ce  sont  les  prêtres  qui  ont  in- 
venté la  confession ,  «  pourquoi  aucun  d'eux 
«  ne  s'est  rétracté  à  l'heure  de  la  mort  d'a- 
ce voir  enseigné  la  divinité  de  la  confession?» 


S      S4  tmmi 

^  Je  ne  saîs ,  mon  fils ,  si  vous  sentez  la  force 
de  cette  preuve  ;  à  mes  yeux  elle  est  capable 
de  convaincre  tout  esprit  raisonnable.  Si  la 
confession  n'est  pas  d'institution  divine,  il  faut 
en  conclure  que  tous  les  prêtres ,  cvcqucs,  doc- 
teurs qui  ont  enseigné  la  divinité  de  la 
confession,  sont  ou  des  ignorants  qui  n'ont 
pas  connu  leur  religion,  ou  des  imposteurs 
qui,  la  connaissant,  ont  voulu  en  imposer 
aux  fidèles. 

Or,  osercz-vous,  mon  cher  ami ,  accuser 
d'ignorance  ou  d'imposture  les  Augustin ,  les 
Ambroisc,  les  François  de  Sales,  les.Vincent- 
de-Paul ,  les  Fcnélon ,  les  Bossuet ,  les  Frays- 
sinous ,  les  Carron ,  et  tant  d'autres  prêtres 
aussi  distingués  par  leurs  vertus  que  par  leur 
science?  Mais  encore,  si  vous  les  supposez 
tous  des  imposteurs,  comment  se  fait-il 
qu'aucun  d'eux  n'ait  jamais  rétracté  ses  er- 
reurs à  l'heure  de  ja  mort?  Car ,  à  ce  dernier 
moment,  les  illusions  se  dissipent,  la  con- 
science parle ,  et  l'on  a  vu  des  milliers  d'hé- 
rétiques, d'incrédules,,  rétracter  alors  les 
impiétés,  les  erreurs  qu'ils  avaient  ensei- 
gnées. On  les  a  vus  fondre  en  larmes  et  de- 
mander pardon  à  grands  cris  du  scandale 
qu'ils  avaient  donné.  Les  temps  modernes 


j  u\j\/\j\/ 


DE  LA  CONFESSION*  65 

nous  en  ont  fourni  les  exemples  les  plus 
frappants. 

Or,  avez-vous  jamais  vu  un  prêtre ,  5  sa 
dernière  heure ,  se  repentir  d'avoir  enseigne 
le  dogme  de  la  eonfession  ?  Non ,  jo  vous  en 
délie,  et  pourquoi  eela?  C'est  qu'en  ensei- 
gnant ee  dogme  il  n'a  enseigne  que  la  vé- 
rité ,  et  que  sur  le  point  de  paraître  devant 
Dieu  on  ne  saurait  être  fiché  de  l'avoir  cn^ 
soignée.  Les  prêtres  ne  sont  done  pas  des 
imposteurs  quand  ils  prêchent  la  nécessité  de 
la  eonfession  ;  elle  a  donc  été  établie  de  Dieu, 
elle  est  donc  divine.  Telle  est  la  conclusion 
que  vous  devez  tirer  de  tout  ce  que  nous  ve- 
nions de  dire. 


KxenipICft 

CONVERSION   d'un  JEUNE    ^OMlll* 

(Suite.) 


A  partir  de  cet  instant ,  nous  n'allons  plus  re- 
connaître Désiré;  le  vil  homme  ,  Thommc  impie  , 
l'homme  des  passions  est  anéanti  en  lui  :  il  a  fait 
place  à  l'homme  nouveau  ,  au  doux  et  docile  chré- 
tien. Il  était  triste  tout  à  l'heure,  et  il  est  joyeux, 
et  ne  sait  comment  exprimer  sa  joie  :  il  était  abattu, 
épuisé  et  mourant,  il  se  sent  animé  d'une  force  ex- 


56  DIVINITÉ 

ti  aordînaîrcî.  Il  ne  ferme  pas  FœU  de  la  nuit  ;  il 
parle  continuellement  de  sa  joie,  de  son  bonheur; 
il  exige  qu'on  lui  fasse  réciter  des  prières. 

On  l'engage  au  silewce,  au  repos.  —  «  Oh!  cela 
•c  va  bien  mieux,  dit-il  sans  cesse;  je  ne  suis  pas 
•e  fatigué;  je  suis  trop  heureux,  je  suis  le  plus 
«  heureux  des  hommes,  »  — Le  20  juin,  il  se  con- 
fesse de  nouveau  avec  un  profond  sentiment  de  re- 
pentir. Dans  le  cours  de  la  journée  il  témoigne 
plusieurs  fois  un  ardent  désir  de  la  sainte  commu- 
nion :  «  Quand  donc  ,  disait-il,  recevrai-je  le  bon 
«  Dieu.  »  Le  21  au  malin  son  confesseur  lui  an- 
nonce qu'il  va  lui  donner  le  saint  Viatique  et  Tex- 
tréme-onction.  Il  demande  ce  que  c*est  que  Tex- 
trême-onclion.  Quand  on  le  lui  a  expliqué,  il  est 
tout  surpris  que  Dieu  daigne  le  combler  de  tant 
de  grâces  ;  il  se  fait  répéler  les  articles  de  la  foi , 
demande  des  explications  et  dit  souvent  : —  «  Ah! 
•c  mon  Dieu  ,  que  j'étais  donc  égaré;  que  j'étais 
ce  malheureux  de  ne  pas  croire  ce  qui  aujourd'hui 
m  me  paraît  si  facile  à  croire.» 

Apres  son  action  de  grâce  de  la  communion,  il 
ne  sait  comment  exprimer  son  bonheur;  son  cœur 
était  si  plein.— «  Oh!  que  je  suis  riche,»— disait- 
il.  Il  s'arrêtait. — «  Comment  faire  pour  remercier 
«  Dieu?  Jamais  je  ne  trouverai  d'expression  pour..  » 
—  Il  s'arrêtait,  levait  les  yeux  au  ciel ,  et  achevait 
en  disant  ;  «  pour  lui  témoigner  ma  reconnais» 
sance.  »  —  Il  eut  le  bonheur  de  recevoir  le  sa- 
crement de  confirmation. Monseigneur  l'archevêque 


^<WVI  Afy^/vvvv^»«vVVVVH^»Mril«/vvwv^*v^•^^ 


■1 


ilf  Pnri?;  fut  ndministrrr  ce  sncrcmcnt  urtns  In  rom- 
nmnaulc  de  Stuulc-Cloliklc  le  23  juin  ,  et  il  daigna 
se  transporter  chez  lui  et  le  confirma. 

Depuis  ce  moment  sa  ferveur  parut  s'augmenter; 
il  ne  parla  plus  que  de  Dieu  et  de  la  religion  ;  mais 
il  en  parlait  d'une  manière  admirable  et  capable  de 
faire  croire  que  son  esprit  ne  s'était  occupe  toulo 
sa  vie  que  de  ces  sublimes  objets.  Il  disait  souvent: 
—  «  Je  ne  demande  à  Diçu  que  quelques  jours  de 
«  ma  vie  ,  pour  avoir  des  .souffrances  à  lui  offrir 
«  pour  l'expiation  de  mes  péchés ,  car  je  ne  puis 
«  presque  pas  le  prier.  »  —  11  aurait  prié  sans 
cesse  ,  si  on  ne  l'en  avait  empêché.  On  avait  été 
oblige  d'exiger  de  lui  qu'il  demandât  la  permission 
quand  il  voulait  prier ,  et  il  s'y  soumettait  avec  la 
docilité  d'un  enfant. 

Son  amour  pour  Dieu  lui  fil  de'sîrer  ardemment 
de  se  consacrer  à  son  service  dans*  u'i  ordre  reli- 
gieux. 11  demanda  et  obtint  la  permission  d'en 
faire  le  vœu  dans  le  cas  où  Dieu  le  rappellerait  à  la 
vie.  Il  répétait  souvent  :  —  «  Si  Dieu  veut  m'ap- 
«  pèlera  lui,  je  suis  résigné;  mais  s'il  me  rend 
«  à  la  vie,  je  convertirai  tous  ceux  que  j'aime;  je 
«  convertirai  mes  amis.  Si  je  suis  curé  de  cam- 
«  pagne  il  faudra  que  je  convertisse  ma  paroisse  , 
K  si  elle  est  impie.  J'irai  visiter  les  pauvres.» 

S'il  lui  échappait  une  plainte,  il  regardait  son 
crucifix  et  disait: — «  Oh!  comme  mon  Sauveur  a 

souffert,  et  c'est  pourtant  moi  qui  l'ai  crucifié. 
«  Ah!  je  ne  me  plaindrais  plus  ;  il  peut  me  faire 


58  DIVINITÉ  > 

*t  souffrir  tout  ce  qu'il  voudra;  je  ne  me  plaindrai  < 
«.  plus.»  —  Et  cil  joignant  les  mains:  «  —  Par-  c 
«  donnez-moi ,  mon  Dieu,  j'ai  encore  péché  ,  par-  C 
t<  donnez-moi.  «  —  Et  il  fallait  le  rassurer  bien  \ 
vite.  — «  Que  je  serais  heureux,  disait-il  un  jour,  c 
•c  si  Dieu  m'accordait  la  grâce  d'assister  une  fois  à  ^ 
«  la  messe,  moi  qui  ai  nié  les  sacrements,  la  divi-  ^ 
«  nité  de  Jésus-Christ,  la  religion  tout  entière; 
•t  cela  ferait  voir  que  je  suis  dans  d'autres  scnti- 
t«  ments;  ce  serait  une  réparation»  Mais  enfin,  s'il 
«  ne  le  veut  pas,  il  lit  dans  mon  cœur,  et  voit 
•c  bien  que  je  suis  soumis  à  sa  volonté.» 

Il  eut  le  bonheur  de  communier  plusieurs  fois 
depuis  sa  conversion»  Il  passa  trois  semaines  jouiS' 
sant  d'une  grande  liberté  d'esprit,  dans  Texercice 
continuel  de  ses  précieux  sentiments.  La  quatrième 
semaine ,  qui  fut  la  dernière  de  sa  vie,  il  fut  en 
proie  au  délire  pendant  plusieurs  jours ,  et  même 
pendant  ces  moments  d'aberration,  on  voyait  qu'il 
ëtaitoccupé  d'idées  religieuses.  On  l'entendait  dire: 
c<  Mes  amis,  mes  amis,  ils  me  disent  tous  qu'ils  ont 
•c  une  religion....  le  matérialisme....  le  matéria- 
•c  lisme,...  Oh!  il  viendra  un  temps  où  les  bom- 
«  mes  apprendront  qu'ils  ne  sont  pas  seulement 
v  sur  la  terre  pour  semer  des  épis....  Quels  sont 
«<  ceux  qui  ne  croient  pas  à  l'enfer?»..  Oh!  les  ? 
«  malheureux  qui  ne  se  convertiront  pas.»   •  ^ 

Il  recouvra  sa  raison  îes  deux  derniers  jours  de  ^ 
sa  vie ,  et  il  les  passa  dans  une  union  continuelle  ^ 
avecDicu.  Enfin,  le  16  juillet,  fcte  de  Notre-Dame-        5 


^/v^yv^/^/^/W'^/v  y-«^  •wv^A^'w^wV? 


.y-\/\  A^.  r\  /'  r\  /v/>y v/\y*^/\/v/\y\y\-/VAV  .A.rv/'va 


£>E  U  CONFESSION.  C9  ^ 

du-Mont-Carmcl,  il  prononçait  encore  celle  pricrcj  '^ 

Ji'sus,  Marie  y  Josrpfif  je  vous  offre  mon  cœur.,  mon  {■ 

esprit  et  ma  vie,  quand  il  pcrdil  la  connaissance,  et  J> 

il  rendit  h  son  crcnleup  cette  amc  qu'il  avait  corn-  S 

blcc  de  tant  de  grâces,  pendant  (|n'on  offrait  pour  'p 

lui  le  divin  sacrifice  en  l'honneur  de  Marie,  refuge  ,> 

des  pécheurs ,  pour  la  supplier  de  garder  ,  jusqu'à  j! 
sa  dernioro  heure,  cet  enfant  de  sa  miséricorde. 
(  lIJanuel  du  Saint  Cœur  do  Marie) 


Cliapftro  4.  < 

QUATRIÈME  PREUVE.  ?, 

le  prodige  du  secret  de  la  confession.  S 

Le  titre  de  ce  chapitre  vous  surprend  \ 
peut-être ,  mon  cher  Théophile ,  et  vous  ne  < 
concevez  pas  trop  comment  on  peut  tirer ,  s 
du  secret  de  la  confession ,  une  preuve  de  ^ 
sa  divinité.  Pour  moi ,  je  vous  avoue  que  je  ^ 
regarde  cette  preuve  comme  une  des  phis 
fortes  et  des  plus  capahlcs  de  faire  impression. 
Vous  en  serez,  j'espère,  également  con- 
vaincu vous-même  quand  vous  aurez  médité 
sérieusement  ce  que  nous  allons  vous  en 
dife 


DIVINITÉ 


S  I.  Loi  du  secret  de  la  confession. 

Avant  de  vous  exposer  la  preuve  que  je 
tire  du  prodige  qu'on  rencontre  dans  la  ma- 
nière dont  le  secret  ou  le  sceau  (\)  de  la  con- 
fession a  toujours  été  gardé ,  il  est  bon  de 
vous  exposer  la  doctrine  de  l'Eglise  catholi- 
que sur  ce  point  important.  LTglise  ordonne 
à  ses  ministres ,  sous  peine  d'anathème,  de 
dégradation  et  de  réclusion  perpétuelle,  de 
garder  le  silence  le  plus  absolu  sur  tout  ce 
qu'ils  ont  entendu  dans  le  saint  tribunal  (2), 
Cette  loi  est  générale  et  n'admet  aucune 
exception.  Pour  quelque  raison ,  en  quelque 
cas  et  sous  quelque  prétexte  que  ce  soit^  un 
confesseur  ne  peut  pa»?ler.  Quand  il  s'agîrait 


(1)  On  appelle  Sceau  le  secret  de  la  confession, 
pour  marquer  que  tout  ce  qu'on  sait  par  cette  voie 
est  comme  mis  sous  ie  sceau. 

(2)  Caveat  omninb  mcerdos  ne  verbo,  aut  sîgno^ 
aut  alio  quovîs  modo^  alîquatenus  prodat  peccato- 
rem  .•  quonîam  qui  peccatum  in  pœnitentîali  judîcio 
sibi  detecium  prœsumpscrit  revelare  ,  non  soUim  sa' 
cerdotali  officio  deponendum  decernîmus  ^  verùm 
etiam  ad  agendam  perpetuam  pœnitentiam  in  arctum 
monasterium  dei7'ud(*ndum*  (  Quatrième  concile  de 
Latran.) 


'  •-r^r^iy\/\>-v 


DE  LA  CONFEî^SION.  Cl 

pour  lui  (le  sauver  son  honneur  et  sa  n'pula- 
^  lion ,  ou  irévilcr  les  plus  «(Freux  su|)j)li((s  , 
ÎJ  quanti  il  s'agirait  de  sa  vie,  jamais  il  ne  lui 
\  serait  permis  de  révéler  la  faute  même  la 
s  plus  légère  qui  ne  lui  serait  connue  que  par 
S        la  confession. 

>  Ceci ,  mon  cher  Théophile ,  est  une  consc- 

^  quence  nécessaire  et  rigoureuse  de  ce  que  je  ? 
\  vous  ai  dit  :  le  prêtre  tient  la  place  de  Jésus- 
<  Christ  ;  ce  n'est  point  à  l'homme  qu'on  se 
s  confesse ,  mais  à  Dieu  dans  la  personne  de 
^  son  délégué  ;  ainsi  le  prctre  ne  doit  pas 
^  penser  comme  homne  a  ce  qu'on  lui  confie 
S  dans  le  tribunal  de  la  pénitence ,  ni  s'en  sou-  < 
S  venir  comme  homme  -,  il  doit  garder  le  si-  < 
S  lence  sur  les  péchés  qu'il  a  entendus ,  comme  S 
?  si  on  ne  les  lui  avait  pas  déclarés  ;  représcn-  ^ 
^  tant  de  Dieu,  il  doit  imiter  envers  les  pé-  i 
eheurs  la  conduite  de  Dieu  :  «  Or ,  dit  saint  3 
Jean-Climaque  ,  on  n'a  jamais  entendu  dire 
que  Dieu  ait  révélé  la  confession  des  péchés, 
de  peur  que,  s'il  le  faisait ,  il  ne  détournât 
les  hommes  d'une  action  aussi  sainte  et  aussi 
salutaire,  et  que,  par  là,  il  ne  rendit  les  ma- 
ladies incurables.  » 

Le  confesseur  ne  sait  rien  comme  homme  : 
voilà  pourquoi  tous  les  théologiens  enseignent 


62  Divi:viTi 

qu'il  peut  répondre,  même  avec  serment^ 
au  juge  qui  rintcrroge ,  qu'il  n'a  aucune 
connaissance  du  crime  d'un  homme  accusé , 
lorsqu'il  ne  le  sait  que  par  la  confession. 
«  Un  homme ,  dit  saint  Thomas ,  ne  peut 
être  appelé  en  témoignage  que  comme  homme; 
c'est  pourquoi  il  peut  déclarer ,  sans  blesser 
sa  conscience,  qu'il  ignore  une  chose,  lorsqu'il 
ne  le  sait  que  comme  Dieu  (1).  »  Le  savant 
Estius,  traitant  la  même  matière,  observe  qu'il 
ne  lui  est  pas  permis  de  répondre  à  cette 
question  sacrilège  et  impie  (2). 


(1)  Homo  non  abducîtur  in  testhnonîum^  nîsî  ut 
homo  ;  et  ideb  sine  lœsionc  conscientiœ  'potest  jurare 
se  nescire  quod  scU  tantùm  ut  Deus*  llliid  autem 
quod  sub  confessione  scitur^  est  quasi  nescitunif  cùm 
illud  non  scîat  aliquîs,  ut  homo,  sed  ut  Deus. 

(i^wm.  S.  Th.Q.  11.) 

(2)  Sîsacerdosah  îmjrîo  judîce  înterrogeiur,,,, 
utrîim  reus  hoc  crimen  eî  confessus  fuerlt,*,,  dicet 
quœstionem  eam  impîam  et  sacrUegam  esse,  ad  quam 
sibi  non  sit  fas  respondere, 

{Estius^  in  lib,  4,  di«M7|  t.  m,  p.  231.) 


^y^J^''Jy^-^^ 


C3        > 


S  II.  Aucune  raison  ne  peut  en  dispenser. 

il/a/s,  me  direz -vous  pcut-clrc,  «  s'il  sV 
«  gissait  de  rintcret  gcnoral  de  la  sociclc, 
«  d'une  conspiration  contre  le  cliel  de  FE- 
«  tat,  etc.,  un  confesseur  ne  pourrait-il  pas, 
«  ne  devrait-il  pas  parler?  )>  —  Le  confesseur 
ne  sait  rien  comme  homme  ;  dans  aucun  cas  , 
par  conséquent,  il  ne  lui  est  permis  de  rom- 
pre le  silence  ;  la  moindre  indiscrétion  ,  soit 
directe,  soit  indirecte ,  serait  contraire  à  Tes- 
scncc  même  du  sacrement. 

Le  sceau  de  la  confession  étant  de  droit 
divin  ,  et  ayant  pour  fondement  l'institution 
même  de  la  pénitence  et  Tobligation  imposée 
aux  fidèles  de  confesser  leurs  péchés  ,  aucune 
puissance  ne  saurait  dispenser  de  le  garder , 
pas  même ,  dit  le  savant  publiciste  de  Real , 
ims  même  lorsqii^il  s'agit  de  la  défense  de  la 
république.  Le  même  publiciste  fait  voir  que 
d'ailleurs ,  en  admettant  un  principe  opposé, 
on  ne  ferait  rien  d'utile  pour  les  princes  ;  car 
qui  voudrait  se  confesser  d'avoir  formé  une 
conspiration  ,  s'il  était  permis  de  la  révéler  ? 
Fs  y  perdraient,  au  contraire,  l'avantage  qui 


jî'"\/*.r\/\/\/v  \/VN/\/\/\, 


.'^.A/vv 


fi&  DIVINITÉ 

peut  résulter  des  exhortations  d'un  eonfcsseuf 
pour  inspirer  l'horreur  du  crime  ,  car  c'est  le 
remords  qui,  ordinairement,  conduit  un  pé- 
nitent aux  pieds  d'un  confesseur  (1). 

Henri  IV  se  promenant  un  jour  avec  le  duc 
de  Bouillon  ,  fit  appeler  le  père  Cotton  pour 
lui  demander  ce  qu'il  ^yensait  d'une  ques- 
tion sur  laquelle  on  disputait  alors  :  c'était 
de  savoir  s'il  y  avait  quelque  chose  qui  em- 
pêchât d'avertir  secrètement  le  roi  d'une 
conspiration  qu'on  saurait ,  par  le  tribuû»! 
de  la  pénitence,  se  tramer  contre  sa  vie> 

Le  père  répondit  que  si  l'on  donnait  la 
moindre  ouverture  h  la  révélation  des  confes- 
sions ,  c'était  fait  du  sacrement  de  pénitence  ; 
que  la  vie  et  le  salut  des  rois  étaient  à  la  vé- 
rité le  plus  grand  bien  d'un  Etat ,  mais  un 
bien  purement  naturel ,  inférieur,  par  consé- 
quent, au  culte  et  à  l'honneur  que  Ton  doit  à 
Dieu,...  ;  que  d'ailleurs,  la  vie  des  rois  était 
bien  plus  à  couvert  par  ce  silence  impénétrable 
qu'elle  ne  le  serait  par  la  révélation  du  secret 
delà  confession  ;  qu'un  pécheur  qui  aurait  mé- 
dité un  si  grand  crime ,  n'aurait  garde  de  se 

(1)  De  Real,  cité  par  BI.  Grégoire  dans  son  HiS'* 
toire  des  Confesseio's  des  Rois,  p.  96. 


►  v'V^*' 


Jt)E  LA  CONTESSION.  65 

présenter  anx  prêtres,  s'il  avait  à  craindre 
crèlre  jamais  découvert  j  et  que  ,  par  consé- 
5  quent,  il  n'y  aurait  plus  de  moniteurs  secrets 
^  pour  dclourner  de  semblables  sacrilèges  ceux 
qui  viendraient  infailliblement  s'en  accuser, 
s'ils  étaient  sùvs  de  la  discrétion  de  leurs 
confesseurs. 

Le  roi ,  satisfait  de  celte  réponse  ,  lui  de- 
manda si,  au  moins,  il  ne  détournerait  point 
ce  pécheur  de  son  crime  :  —  Oui ,  Sire ,  ré- 
pondit le  père,  je  ne  négligerais  rien  pour 
cela;  je  ferais  même  davantage  :  car  s'il  vou- 
lait découvrir  le  crime  et  ses  complices,  hors 
de  la  confession  ,  je  me  jetterais  aux  pieds  de 
votre  majesté  pour  obtenir  sa  grâce  (1). 

Dans  l'affaire  du  général  Bex^ton ,  en 
1822  (2),  un  prêtre,  qui  avait  confessé  un 
des  accusés,  fut  appelé  en  témoignage  ;  il  dé- 
clara qu'il  ne  pouvait  parler.  M.  IMangin,  pro- 
cureur-général 5  insista  et  prétendit  «  que  la 
((  violation  du  secret  de  la  confession  était 
«  commandée  toutes  les  fois  qu'il  s'agissait 

(1)  Langlct-Dufrcsnoy;  Traite  du  secret  iniio'* 
iablc  de  la  confession^  chap.  7 

(2)  Cette  affaire  fut  jugée  à  Poitiers,  au  mois  d« 
septembre  1822. 


66  DIVINITÉ 

«  d'un  crime  qui  intéressait  la  sûreté  de 
«  l'Etat  et  la  vie  du  monarque,  w  Une 
assertion  aussi  contraire  à  la  doctrine  de  l'E- 
glise excita  de  justes  murmures ,  et  la  pro- 
position ,  émise  par  M.  Mangin ,  de  forcer 
le  confesseur  à  s'expliquer,  n'eut  aucune 
suite  (1). 

On  fit  insérer,  à  ce  sujet ,  dans  plusieurs 
journaux,  une  lettre  dont  voici  un  frag- 
ment ;  l'enseignement  catholique ,  sur  le 
point  en  question  ,  s'y  trouve  parfaitement 
exposé  :  «  Il  n'est  permis  au  confesseur  ,  dans 
aucun  cas,  ni  d'aucune  manière ,  soit  directe- 
ment, soit  indirectement  ,  de  révéler  le 
sceau  de  la  confession  ,  et  cette  inviolabilité 
du  sceau  sacramentel  n'est  pas  seulement  de 
droit  ecclésiastique  et  civil,  mais  encore  de 
droit  naturel  et  divin ,  c'est-à-dire ,  d'un  droit 
tel ,  qu'aucune  puissance  humaine  ne  saurait 
jamais  en  dispenser. 

Qui  ne  comprend  ce  que  ce  dogme  a  de  so- 
cial et  de  consolant  pour  ics  pécheurs?  Com- 
ment n'être  pas  frappé  des  conséquences  dc- 
pîornhlcs  qui  résnltorniont  de  la  doctrine  op- 
posée? Que  ie  sceau   de  la  confession  puisse 


(1)  Voy.  le  MonmirdixMï  ctdu  12  srpi.  1822' 


'  M  LA  CONFESSIOIV.  «7 

être  trisf^,  môme  dans  un  seul  cas,  et  c'en  est  '> 

fait  (le  la  plus  salutaire  institution  de  la  reli-  > 

gion   chrélicnuc.    Les    coupables  s'éloignent  ^ 

des  tribunaux   sacres;  ils  les  rci^ardent  ces  <, 

tribunaux,  comme  des  enibûehes  qui  cachent  ^ 

un  ennemi  toujours  prêt  à  les  surprendre  et  > 

à  tourner  contre  eux  lu  candeur  de  leurs  dé-  !' 

clarations.  Ainsi,  plus  de  sécurilc  pour  les  < 

grands  coupables ,  plus  de  confiance  dans  les  l 

âmes  même  les  plus  timorées.  Tous  craindront  ^ 

de  venir  confier  leur  secret  à  un  délateur,  plu-  ? 

tôt  qu'à  un  père  dispose  à  leur  pardonner  au  > 

nom  du  ciel.  Alors  quel  moyen  reste-t-il  au  < 

ministre  saint  de  i^éconcilier  les  pécheurs  avec  < 

eux-mêmes,  de  les  arrêter  au  moment  où  ils  < 
vont  peut-être  consommer  leurs  crimes,  et  de 
les  amener ,  par  la  force  du  repentir,  à  révé- 
ler même  ces  complots  ténébreux  qui  mena- 
cent et  la  vie  des  états  et  celle  des  rois  (1)? 


g  IIÏ.  Inviolabilité  fy  secret  de  la  confession.  s 

Voilà ,  mon  cher  Throphilç,  la  doctrine  de  \ 

llilgiise  catlu)li(jue  sur  le  secret  de  la  confos-  s 

(1)  Yoy.  le  journal  <ksDc'6rrfsi'ii  13  sept.  1822.  ^ 


|rV^/V\/V^y\^\/VV'vrW'\/w%/V\A^\/\/V/>i/^^ 


dà  DIVINITÉ 

sion  :  «  kaîs,  direz-  vous  encore,  ce  secret  a-t- 
«  il  toujours  été  garde?  »  —  Oui,  mou 
fils ,  toujours  5  et  en  parcourant  l'histoire 
de  l'Eglise  ,  vous  ne  trouverez  pas  un  fait  de 
révélation  du  secret  de  la  confession.  Aussi , 
un  célèbre  orateur,  s'adressant  aux  prétendus 
esprits  forts  de  ce  siècle,  a-t-il  pu  dire  avec 
vérité  :  «  Impitoyables  railleurs  ,  compulsez 
vos  archives  de  calomnie ,  épuisez  vos  recueils 
d'anecdotes,  remuez  les  immondes  bourbiers 
du  libertinage,  nous  vous  défions  d'articuler  un 
seul  exemple  d'infidélité  à  la  loi  du  silence  ;  ce 
silence  est  prouvé  par  le  votre  ,  impies  !  (1)  » 

Il  est  dit  dans  la  vie  de  saint  Ambroise , 
écrite  par  Paulin,  un  de  ses  diacres ,  que  ce 
saint  évéque  répandait  beaucoup  de  larmes  en 
entendant  les  confessions  des  pénitents,  et  que 
par  là  il  les  forçait  à  pleurer  avec  lui  ;  mais 
qu'il  gardait  un  profond  silence  sur  tout  ce 
qui  lui  avait  été  confié ,  et  ne  s'en  entrete- 
nait qu'avec  Dieu  seul ,  pour  implorer  ses 
miséricordes. 

La  conduite  de  saint  Ambroise  est  celle  de 


(1)  M.   Tabbé  Bonnevîe  ,  chanoine  de  Lyonj 

Sermon  sur  la  confession^ 


«\  r*.  --v-".  .  \  r^/\j 


■*^^yJ\  '!\/Vy"\.,*'.yX/*.yv /^  i^yv/*. 


DE   LA   CONFESSION.  oO 

loiis  les  prêtres  qui,  jusqu'à  ce  jour,  ont  cxnco 
le  niiuislèrc  de  la  confession.  Assis  sur  le  Ui- 
buual  j  ils  ont  dû  louL  savoir  ;  la  conscience 
des  coupables  a  dû  leur  être  présentée  a  nu  ; 
sortis  du  tribunal,  ils  ont  tout  ignoré,  et  au- 
cune puissance  humaine  n'a  pu  les  porter  i 
rompre  le  silence.  Cités  devant  les  magistrats 
et  sommés  de  parler,  ils  se  sont  tus,  et  les 
magistrats  eux-mêmes  ont  été  forcés  d'admirer 
leur  fermeté  et  leur  courage.  Pour  triompber  ^ 
de  leur  constance ,  on  a  eu  recours  aux  me-  ^ 
naces  les  plus  terribles ,  on  leur  a  fait  les  5 
promesses  les  plus  séduisantes  :  ils  ont  ri  des  > 
menaces,  ils  se  sont  moqués  des  promesses , 
et  leur  langue  ne  s'est  pas  déliée  ;  et ,  à 
l'exemple  du  saint  archevêque  de  Milan ,  ils 
ne  se  sont  entretenus  qu'avec  Dieu  seul  de 
tout  ce  qui  leur  avait  été  confie. 

Mais  voici  quelque  chose  de  plus  extraordi- 
naire :  on  a  vu  des  prêtres  tomber  en  démence 
et  déraisonner  complètement  sur  toute  espèce 
d'objets,  excepté  sur  la  confession!...  Leur 
faisait-on  quelque  question  relative  à  la  con- 
fession ,  ils  recouvraient  en  quelque  sorte  leur 
bon  sens,  et  réprimaient  l'audace  de  ceux  qui 
les  interrogeaient.  Vers  la  fin  du  dernier  siè- 
cle 3  de  grands  scandales  afiligèrent  l'Eglise  de 


^         70  DIVINITÉ 

France  t  on  vît  des  prêtres ,  foninnt  aux  pieds 
les  serments  les  plus  sacrés ,  abjurer  en  même 

temps  le  sacerdoce  et  la  foi  ;  on  en  vit  d'au-  ^ 

très  violer  le  célibat  par  des  mœurs  dissolues ,  b 

Ou  contracter  des  mariages  sacrilèges.  Mais  au  > 

milieu  des  saturnales  du  vice ,  on  n'a  jamais  < 

ouï  dire  qu'aucun  de  ces  infortunés  ait  viole  c 

le  secret  de  la  confession.  «  Il  est  singulière-  s 

ment  prodigieux,  il  est  merveilleux  peut-être,  > 

dit  l'auteur  des  Souvenirs  de  la  marquise  de  i 

Créqui,  que  parmi  tous  les  crimes  de  la  révo-  < 

lution  française ,  on  n'a  jamais  entendu  parler  j 

d'aucune  révélation  pénitentielle  et  sacramen-  b 

telle  de  la  part  d'aucun  prêtre  apostat  (1).  »  c 

En  lisant  toutes  ces  réflexions  ,  mon  cher  \ 

îimî,  pourrez-vous  ne  pas  vous   écrier  :  Le  c 

doigt  de  Dieu  est  là,  Dlgltus  Dei  est  hk  (2)?  ; 

Pourrez-vous  ne  pas  reconnaître  qu'il  y  a  une  ; 
Providence  qui  veille  sur  le  sceau  de  la  con- 
fession 5  et  qui  ne  permet  pas  qu'il  soit  brisé? 
Que  faut-il  de  plus  pour  inspirer  aux  pérlieiirs 
une  sécurité  entière  et  parfaite  ?  Que  faut-il 

(1)  Tom.  4,  p,  76*  — *  Les  Souvenirs  de  la  mar- 
quise de  Créqui  sont  l'ouvrage  de  M.  de  Cour» 
champs. 

(2)  Exod.  8, 19. 


Ï>E  LA  CONFESSION.  71 

de  plus  pour  prouver  la  diviniLc  de  la  confcs 
siou  ? 

Cependant,  je  nVi  pas  tout  dit,  et  ce  qui 
me  reste  à  vous  raconter  ne  fera  pas  sur  vous 
moins  d'impression  ,  j'en  suis  sûr  ,  que  tout 
»e  que  vous  venez  de  lire.  Jusqu'à  ce  jour» 
l'histoire  ne  parle  que  de  deux  hommes  qui 
ont  eu  à  choisir  entre  la  révélation  du  secret 
de  la  confession  et  la  mort  ;  eh  bien  !  tous  les 
deux  ont  choisi  la  mort  !....  Un  mot  eût  suffi 
pour  les  sauver;  et  ce  mot,  ils  ne  l'ont  pas  s 
prononcé,  et  leur  sang  a  coulé!...  Le  plus  s 
illustre  de  ces  martyrs  est  saint  Jean  Népo-  > 
mucène,  aumônier  de  l'empereur  Wencesîas. 
Dieu ,  qui  dispose  de  tout  avec  une  souveraine 
îagesse ,  lui  avait  sans  doute  réservé  cet  em- 
ploi pour  lui  fournir  l'occasion  de  donner  au 
monde  l'exemple  si  rassurant  de  la  force  dont 
il  revêt  ses  ministres  contre  les  séductions  et 
les  violences  qui  voudraient  leur  faire  trahir 
le  plus  saint  et  le  plus  rigoureux  des  devoirs. 

Oui,  mon  fils,  le  secret  de  la  confession  a 
été  soutenu  par  le  martyre.  Le  corps  de  h 
doctrine  chrétiennr  h  été  scellé  par  le  sang 
des  martyrs  5  il  y  a  f;^me  quelques  dogmes 
qui  ont  eu  cet  avantage  en  particulier.  Mais 
combien  d'auîrcs  articles  esscnliels  dans  la 


"w-vy  v~,/v^>y~w~^v/'"w"~k^  •>-^vy^">y%/vw'VN 


72  DIVINITÉ 

religion  qui  ne  sont  pas  ainsi  appuyés?  Il  sem- 
ble par  là  5  dit  Langlet-Dufrcsnoy ,  que  Dieu 
ait  voulu  mettre  le  secret  de  la  confession  au 
rang  des  premières  vérités. 

D'après  tout  ce  que  nous  venons  de  dire ,  il 
faut  conclure ,  mon  cher  ami ,  qu'un  pécheur, 
en  quelque  nombre  et  en  quelque  nature  que 
soient  ses  fautes,  n'a  rien  à  craindre  de  l'in- 
discrétion du  confesseur ,  en  outre  que  ce  pro- 
disfo  d'inviolable  fidélité  au  sceau  de  la  con- 
fession  est  un  effet  de  la  toute-puissance  de 
Dieu  qui ,  pour  l'honneur  de  son  sacrement , 
a  mis  un  frein  aux  passions  des  prêtres ,  el 
leur  a  dit  comme  aux  flots  de  la  mer  :  Usque 
hÙG  ventes,,..  Vous  en  serez  plus  pleinement 
convaincu  par  les  exemples  suivants. 


l!!iLClll|lICS* 


•AIÎIT   JEAN    NÊPOMUCÈNB, 


L'Impcralrîcc  Jeanne,  fille  d* Albert  5e  Bavîcr(»^ 
touchce  de  l'onction  qui  accompagnait  les  disconrf 
de  Jean  Ncpomiiccne,  l'avait  choisi  pour  le  direc» 
leur  de  sa  conscience.  Sous  un  guide  aussi  habile  , 
elle  fit  de  très  rapides  progrès  dans  !a  vertu,  n^.is 


DE   LA   CONFESSION,  75 


™ 


comme  tout  se  cliange  en  poison  pour  une  amc  cor-  < 

rompue,   la  piété  de  Jeanne   ne  lit  qu'aigrir  le  <:a-  < 

ractère  naturollcinont  féroce  de  Wenceslas;  il  s'of-  ** 

f'ense  même  des  marques  de  tendresse  et  de  eom-  ? 

plaisance  qu'elle  ne  cessait  de  lui  donner,  et ,  in-  <; 

terprélant  mal  les  actions  les  plus  saintes  de  son  ^ 

épouse,  su  jalousie  ne  connut  bientôt  plus  de  bor-  ^ 

nés.  Aveuglé  par  sa  passion,  il  forme  le  projet  aussi  ^ 

nouveau  qu'extravagant .  de  se  iairc  révéler  par  ^ 

Jean  Népomuccne,  tout  ce  que  l'impératrice  lui  ^ 

avait  dit  <lans  le  tribunal  de  la  confession.  c' 

Dans  cette  pensée  il  envoie  chercher    l'homme  s 

de  Dieu;  il  lui  fait  d'abord  des  questions  indircc-  ^ 

>         tes  :  puis,  levant  le  masque  ,  il  s'explique  plus  ou-  ^ 

S         vertement.  Jean,  saisi  d'iiorreur,  lui  représente,  de  Z 

S         la  manière  la  plus  respectueuse,  combien  le  projet  ^ 

b         qu'il   avait  formé  choquait  la  raison  et  blessait  la  j 

^         religion  :  «  Je  ne  puis  parler,  lui  dit-il,  je  ne  sais  \ 

'i  rien.»  L'empereur,  dissimulant  son  uépit,  garde 
un  morne  silence.  Quelques  jours  après,  il  fait  re- 
venir le  saint  devant  lui^  il  emploie  les  caresses, 
les  promesses,  les  menaces,  pour  l'engager  à  révé- 
ler la  confession  de  l'impératrice  :  tout  est  inutile. 
Il  le  fait  traiter  avec  la  dernière  inlruuanité,  sans 
pouvoir  rien  obtenir.  Enfin ,  il  le  menace  de  la 
mort  ,  s'il  ne  satisfait  à  ses  désirs  :  Kous  pouvez 
me  faire  mourir,  répond  Jean  Népomucène  ,  mais 
vous  ne  me  ferez  pas  parler,  Wenceslas,  furieux,  or- 
donne qu'on  le  précipite  dans  la  Moldau,  pieds  et 


'WWWWWV^j&'^VV 


JEAN  SARCANDER» 

En  1620  ,  Jean  Sarcan<îer,  curé  d'HoUeschow, 
diocèse  d*01mutz  ,  marcha  sur  les  traces  de  saint 
Jean  Népomucène;  c/était  le  premier  curé  de  cette 
église ,  après  qu'on  en  eut  chassé  les  Picards,  qui 
rayaient  occupée  quatre-vingts  ans.  De  là  la  haine 
que  conçurent  contre  lui  les  ennemis  de  la  rcligioii 
catholique,  haine  qui  s'accrut  encore  par  le  zèle  du 


conversion  des  hérétiques  et  pour  les  droits  de 
l'Eglise. 

C'est  ce  qui  fit  que  dans  le  temps  de  la  guerre 
de  Bohçme ,  étant  tombé  au  pouvoir  des  persécu- 


"1 


74  mvmiTÈ 

mains  liés....  Le  martyr  fut  bientôt  ctoufTésous  les        c, 
eaux.  j; 

Des  personnes  pieuses  recueillirent  son  corps  et  i 
le  mirent  dans  un  tombeau,  où  il  s*opéra  un  grand  j- 
nombre  de  miracles.  Ceci  arriva  le  16  mai  1383.  ^ 
Lorsqu'on  ouvrit  son  tombeau,  le  14  avril  1719,  on  S 
trouva  son  corps  dégarni  de  ses  chairs,  mais  sa  lan- 
gue était  si  bien  conservée,  qu'on  eût  dit  que  le 
saint  ne  venait  que  d'expirer.  On  la  garde  avec 
beaucoup  de  respect  dans  la  cathédrale  de  Prague, 
où  un  voyageur  qui  observe  bien ,  l'a  vue  encore 
très  entière  en  1769.  s 

(Fcller,  art.  Saint  Jean  Népomucène,)  \ 

< 


vénérable  curé  pour  le  bien  de  la  religion,  pour  la         ^ 


^\y\y\r\r\  /\/\j 


M  LA  CONFHSSION.  75 

fei\r«  des  callioIi((ucs,  par  les  moyens  que  j«  viens 
dcMC/n(?er,  et  surtout  2)ouv  su  constance  à  ne  yoin 
TOinjiie  le  sceau  do  la  ronfession  sacramentelle  ,  i 
fut  ex.  2)&ttc  à  d'horribles  tourments  qui  lui  eau- 
sèreni  la  mort.  Ou  s'occupe  en  co  moment  à  Rome, 
de  sa  I^alificaiion. 

(  L'anà  de  la  Religion,  lom.  88,  p.  329.) 

Ll   PÈBB   CARNET,    JÉSUITE. 

A  ces  deux  martyrs  du  secret  de  la  confession , 
ne  |[^ourrais-je  pas  joindre  le  père  Carnet ,  jésuite 
anglais,  appelé  communément  parmi  les  protes- 
tants. i«  çrand  jésuite?  Lors  de  la  fameuse  conspi- 
ration des  poudres  (1),  il  fut  arrêté  et  condamne  à 
être  pendu  (  en  1606  ),  pour  n'avoir  pas  révèle  ce 
crime  d'état;  il  ne  le  connaissait  que  par  l'aveu 
que  lui  en  avait  fait,  sous  le  sceau  de  la  confession, 
un  des  conjurés;  rien  ne  put lo déterminer  à  rom- 
pre 5e  silence  ,  et  il  marcha  au  supplice  avec  cou- 
rage et  intrépidité. 


fvw 


{i)  Jaeqnei  I,  roi  d'Ecosae,  en  montant  snr  le  {rône  ,  «Taîl  promit 
sa  prclcclion  aux  catholiques;  nais  il  fut  loin  de  tenir  sa  parole,  et 
ceux-ci  souffraient  de  continuelles  persécutions.  Les  plus  exaltés  for- 
mèrent un  complot 5  ils  placèrent,  sons  la  salle  où  devtient  se  tenir 
les  parlemei^s ,  trente-six  bariis  de  poudre  ,  dont  IVxplo&ion  devait 
Élire  «inttr  en  l'air,  lo  roi,  les  deux  clia:nl)res ,  et  tous  lc$  assistants. 
Va  Sis  tonjzTéSj  appelé  Catesby,  pour  \aincre  quelques  scrupules,  sa 
lonfesse  au  jésuite  Grienweîl ,  qui  voulut  le  détourner  du  complot ,  et 
Fen^age  'a  consulter,  sous  le  sccaa  de  la  confession  ,  le  P.  Garuel ,  ^ai 
itrassltoos  ces  efforts  pour  détourner  W  conjures  de  leur  dosseie* 


L  ANCIEN    CURE    D  EVRON 


Le  malliGiircux  Bcnardière, ancien  curéd'Evron, 
pendant  la  révolution  ,  non  seulement  renonça  à 
son  état,  mais  encore  il  se  plongea  dans  les  excès 
les  plus  honteux.  11  devint  ce  qu*on  appelle  un  pi- 
lier de  cabaret,  et  il  n'était  pas  rare  de  le  rencon- 
trer dans  un  état  complet  d'ivresse!....  Lié  avec 
ce  qu'il  y  avait  de  plus  crapuleux  dans  le  pays,  il 
se  permettait  habituellement  les  propos  les  plus 
impies  et  Içs  plus  obscènes ,  d'horribles  blasphè- 
mes sortaient  incessamment  de  sa  bouche....  Mais 
venait-on  à  lui  parler  de  confession,  il  gardait  un 
morne  silence!...  Un  jour  qu'il  était  ivre,  ses  com- 
pagnons de  débauche  lui  firent  mille  instancespour 
qu'il  leur  racontât  quelque   chose  des  confessions 

qu'il  avait   entendues  lorsqu'il  était  prê Ire. Ils 

n'en  purent  tirer  une  seule  parole  ;  quoique  pou- 
vant à  peine  se  soutenir,  il  sortit  du  lieu  où  il  se 
trouvait,  enflammé  de  colère,  et  en  balbutiant  ces 
mot5  :  Ce  sont  là  des  choses  dont  on  ne  parle  pas.  Ce 
fait  est  à  la  connaissance  de  toute  la  ville  d'Evron. 
N'y  a-t-il  pas  en  cela  quelque  chose  qui  tient  du 
prodige?— H  Reconnais  non  loin  d'ici  un  prêtre 
marié  :  on  s'accorde  généralement  à  dire  qu'il  est 
d'un  caractère  doux  et  que  la  paix  règne  dans  son 
ménage.  Une  fois  seulement  cette  paix  a  été  trou- 
blée, mais  d'une  manière  grave,  puisque  des  cris 
d'indignation  se   sont  fait   entendre.,..  L'épouse 


ÔhA^^*>**<^**^>^W\.'VV\AAi/V%/VV*»A/VVVV%#V^^ 


L*abbi3  Iloulbcri  exerçait,  avant  la  révolution, 
le  saint  minslèrc  à  Sal)lc.  Irréprochable  dans  ses 
mœurs  et  fortement  altacboàscs  devoirs  ,  il  fut  in- 
carcéré pour  refus  de  serment  à  la  constilulion  ci- 
vile du  clergé;  mais  la  crainte  de  la  mort,  dont  il  se 
voyait  à  chaque  instantmenacé,  fit  sur  lui  une  telle 
impression  qu'il  devint  fou.  On  le  conduisit  à  l'hô- 
pital général  du  Mans,  où  il  vit  encore. 

Il  y  a  quelques  années,  des  jeunes  gens  allèrent 
le  voir;  après  s'être  entretenus  avec  lui  sur  diffc 
rcnts  sujets,  ils  en  vinrent  à  la  confession  :  «  Vous 
avez  confessé  autrefois  ,  dites-nous  donc  quelque 
chose.  »  A  l'instant  même  l'abbé  Houlbcrt  devint 
furieux  :  Vous  êtes  des  impics  ,  s'écria-t-il ,  vous 
êtes  des  infâmes;  vous  m'interrogez  sur  la  confes- 
sion..., jamaison  ne  parle  de  cola;  retirez-vous! Et 
il  les  fit  sortir  de  sa  cellule.  H  reçut  un  jour  la  vi- 
site d'une  de  ses  anciennes  pénitentes  :  «  Vous  ne 
me  reconnaissez  pas,  lui  dit-elle?  autrefois  je  me 
suis  confessée  à  vous...  —  k  Malheureuse,  s'écria- 
t-il  aussitôt,  sortez  d'ici;  vous  me  parlez  de  con- 
fession!... Jamais  il  n'est  permis  de  parle?  de  ce- 
la...» Un  ecclésiastique  ,  témoin  d.fî  reUe  scvne  ^ 
m'a  assuré  qu'un  homme  jouissant  de  toutes  ses 
facultés  morales  ne  se  serait  exprimé  ni  avec  plus 
àt  5cns,  ni  avec  plus  d'éncre^ie. 

(  LVl&bë  Guillois,  Kecn,  sur  la  conf^ssion^i 


j 


le  témoiî^na^e  des  saints  Pères, 


'S""0 


D'après  tout  ce  que  nous  venons  de  aire  su? 
a  divinité  de  la  confession,  il  nous  semble  im- 
possible, mon  cher  Théophile,  qu'un  chré- 
tien raisonnable  puisse  encore  en  douter.  Ce- 
pendant 5  pour  porter  la  conviction  à  h  der- 
nière évidence ,  nous  allons  parcourir  tous  ïes 
siècles ,  et  vous  montrer  que  les  saints  Pères , 
ces  savants  interprètes  de  l'Evangile,  noua 
attestent ,  par  de  nombreux  témoignages,  que 
la  confession  a  toujours  été  en  usage  dans  l'E- 
glise. Nous  pourrions  citer,  pour  chaoue  siè- 
cle, un  grand  nombre  de  témoignages,  nous 
Dous  bornerons  aux  plus  imposaute* 

S  I.  xii**  Siècle» 

Les  impies  de  nos  jours  convîenncnî  de 

rcxistcuce  de  la  confcsfîion  m  treizième  siècle 
mais  ils  nient  qu'elle  remonte  a^ax  premiers 


e\j%rsr^^/\/\rvrvv\r^vv 


i;  DR  LA  CONFKSSTON.  7| 

^  ^'èrlcs  (1r  rEi;liso  ,  cl  prrlcndcnt,  commo  nous 
S  lavons  i\v\i\  dit ,  (juc  c'est  le  \)i\[)c  Innocent  III 
s       qxn  ta  Kivcntoc  et  pubîiéc  au  concile  général 

ile  Lalran,  tenu  en  l'215.  Il  faut  donc  leur  [ 

prouver  que  depuis  le  xn"  siècle  jusqu'aux  J 

apolrcs,  nous  avons  des  témoins  irrécusables  < 

de  la  confession.  < 

En  effet ,  le  grand  saint  Bernard ,  mort  en  s 

H54. ,  disait  :  «  Que  sert-il  de  dire  une  partie  ^ 

S       des  péchés  et  de  supprimer  l'autre?  de  se  pu-  ^ 

riTier  a  demi  et  de  rester  à  demi-souilié?  Tout  ^ 

n'est-  îl  pas  découvert  aux  yeux  de  Dieu?  Quoi  \  \ 

voas  osez  cacher  quelque   chose  à  celui  qui  ;! 

tient  la  place  de  Dieu  dans  un  si  grand  sa'  i 

>  cre2?5înt  0  )  ?  < 
^  Saint  Anselme ,  archevêque  de  Cantorbcry»  <; 
<  mort  en  H  00,  s'exprime  ainsi  dans  son  Ko-  s 
S  mélie  sur  les  dix  lépreux  :  «  Découvrez  fidèle-  s 
iî        me*Y'  aux  prêtres ,  par  une  confession  hum-  b 

>  Lie  toutes  les  taches  de  votre  lèpre  intc-  S 
?        rieure ,  afin  d'être  nettoyés  (2).  » 

i  (1)  Saint  Bernard,  OpuscuCe  sur  les  sept  degrés 

>  ie  la  confession. 

>  (2)  Ite  ,  ostendite  vos  sacerdcfibus ,  id  est  per 
kiLas:^^^*^  orîs  confessionem  saccrdotibtis  veraciter 
faantfestate  omnes  inteiHoris  vesii^œ  leprœ  maculas , 
|k  mmaari  possîtis. 

^  {i.  Ansel,  Opcra  éd.  colon.,  p.  176.) 


k^'N/%.%.-.-^-.- 


■'  ^  ^   /  v*  */  \/\/'V\. 


v\/V*>yvv"wr-. 


DIVIKIT* 

Dans  lin  aiilrc  ouvrage ,  le  mcnic  doctcuir 
Ajoute  :  «  Comme  le  péché  originel  est  remis 
dans  le  baptême ,  ainsi  les  péchés  actuels  son? 
remis  dans  la  confession  :  l'autre  s'exercera  au 
^  dernier  jour,  dans  cet  examen  où  Dieu  sera 

<  le  juge,  le  démon  l'accusateur,  l'homme  l'ac- 
s  cusé.  Mais,  dans  le  jugement  de  la  confession, 
?         le  prêtre ,  comme  tenant  la  place  de  Jésus- 


S  IL  xis  x%  ix%  vni^'  et  vn«  Siècles. 


(i)  s.  Anseî.,tn  E  lu  ci  âarîô  ;  cuo  ip^r  Denis  de 
S'ùiUç-^rlhe  ,  Trafic  ée  la  confession  y  p.  35T, 


c. 


Christ ,  est  le  juge  5  l'homme  est  tout  ensem-  ^ 
ble  l'accusateur  et  le  criminel  ;  la  pénitence  \ 
qu'on  impose  est  la  sentence  (1).  »  ^ 


Mais  remontons  encore  plus  haut,  mon  fils,  \ 

et  nous  trouverons  de  nouveaux  témoignages  \ 

en  faveur  de  la  confession.  i 

Dans  le  xi^  siècle,  nous  voyons  qu'un  pré-  ). 

trc  nommé  Etienne,  du  diocèse  d'Orléans,  fut  ^ 

confesseur  de  Constance ,  femme  du  pieux  roi  \ 

Robert.  i 


\ 

S  Au  X*  sîèele ,  saint  Uldaric ,  évéque  d'Augs-  K 

s  ^ 

bou/*g ,  Confessait  l'empereur  Othon.  < 


■i 


An  îx"  sîoclc,  Cliarlcmagnc  avfiitpf)tir  con- 
fesseur Ilildebrand,  archcveqnc  de  Coloiçnc. 

Au  vm*^  sièelc,  saint  Martin  ,  moine  de  Cor- 
Lie,  remplissait  les  mêmes  fondions  auprès 
de  Charles-Martel. 

Le  premier  eoncile  de  Germanie,  tenu  dam 
le  même  siècle  ,  en  742  ,  ordonne  que  chaque 
colonel  aura  un  prêtre  qui  puisse  entendre  les 
confessions  des  soldats. 

Au  vn«  siècle,  saint  A nshcrt,  archevêque 
de  Rouen  ,  était  confesseur  du  roi  Thierry  I. 

Si  nous  ne  craignions  d'ennuyer,  nous 
pourrions  continuer  cette  nomenclature  tt 
citer  les  personnages  des  empereurs  grecs  et 
latins  ou  d'autres  personnages  célèbres  jus- 
qu'aux premiers  temps. 

Dans  le  même  siècle  ,  sarnt  Grcfjoîre-k' 
Grand,  mort  en  604,  expliquant  ces  paroles 
de  TEvangile  :  Lazare,  veni  foras,  dit  aux 
pécheurs  :  «Pourquoi  gardez-vous  vos  péclics 
dans  le  fond  de  votre  conscience?  tîrez-îes  de 
l'abîme  par  la  confession,  et  vous  serez  déliés 
par  le  ministère  des  prêtres ,  comme  Lazare 
fut  délié  par  les  mains  du  disciple  du  Sau- 
veur (i).  » 


(1)  Cur  reaîum  tuum  mfrà  conscïei'Mam  rtf)e<Ym« 


JMVlNTnï 

s  m.  VP  et  v«  Siècles. 

Au  Vti  siècle,  saint  Jean  Clîmaque  ^^ezpvîm^ 
ainsi  :  «  Il  est  inouï  que  les  péchés  dont  on  a 
fait  Taveu  au  tribunaî  de  la  pénitence,  aient 
été  divulgués.  Ainsi ,  Dieu  Ta  permis ,  afiri 
que  les  pécheurs  ne  fussent  pas  détournés  de 
la  confession  et  privés  de  l'unique  espérance 
du  salut.  » 

Au  v^  siècle ,  saint  Augustin  ^  mort  en  45ô, 
disait  aux  fidèles  de  son  temps  :  «  Que  per- 
sonne ne  dise  :  Je  fais  pénitence  en  secret  aux 
yeux  de  Dieu  ;  c'est  assez  que  celui  qui  doit 
m'accorder  le  pardon ,  connaisse  la  pénitence 
que  je  fais  au  fond  de  mon  cœur.  S'il  en  est 
ainsi ,  ce  serait  sans  raison  que  Jésus-Christ 
aurait  dit  :  Ce  que  vous  délierez  sur  la  terre 
sera  délié  dans  le  ciel ,  et  qu'il  aurait  confie 
les  clefs  à  son  Eglise.  Ce  n'est  donc  pas  assez 
de  se  confesser  à  Dieu ,  il  faut  encore  se  con- 


dîs  ?  Foras  jam  per  confccStonemegredcre,  qm  apus, 
^  interîus  pcr  negationcvi  late?..  Reniai  itaque  foras 
mortuus j  id  est;  culpam  con^icatm*^  vemeniem 
verb  foras  solvent  discipuU. 

(S.  Gregorius ,  Boro.  7.6). 


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*-r.  r./\r«j^,y%/\A/v-rvr^/\A 


A,5scr  à  criTX  qui  ont  rcru  de  lui  le  pouvoir  do 
lier  et  de  délier  (1).  » 

Dans  le  même  sièelc ,  saint  Jérôme ,  mort 
en  /*20  ,  enseigne,  d'une  manière  non  moins 
posihvc,  fa  riecoFsilé  de  la  confession.  «  Si  le 
scrï;5cnt  infernal ,  dil-il  >  avait  porte  h  quel- 
qu'un une  blessure  cacliée  :  si ,  à  Tccart  et 
sanîï  témoin,  il  lui  avait  insinue  le  venin  du 
péché  j  et  que  le  malheureux  s'obstinat  a  ne 
pas  découvrir  sa  blessure  a  son  frère  et  à  sob 
maUre,  le  maître  qui  possède  des  paroles  de 
guérison  ne  lui  sera  pas  plus  utile  que  le  mé- 
decin ne  Test  au  malade  qui  rougit  de  s'ouvrir 
à  lui  5  car  ce  qu  clic  ignore ,  la  médecine  ne  le 
guérit  pas.  Les  évcques  et  les  prêtres  sont  à 
ceux  à  quï  le  ministère  du  sacrement  de  pé- 
nitence est  confié.  Ils  ont  les  clefs  du  royaume 
des  cieux ,  et  jugent  en  quelque  ûiçon  avant  le 
joi^r  du  iugcment ,  car  c  est  à  eux  que  Jésus- 
Christ  a  dit  5  en  la  personne  de  Pierre  :  Je  vous 


(1)  JYemo  sihi  âicat  s  Ego  occulte  pœnîtentiam 
aao  .  novitDcus  qui  mihi  ignoscit...  Ergo  sine  causa 
dicium  esi  :  quœ  solveiitis..,,  Ergo  sine  causa  sicnt 
claves  dai'œ  Ecclesiœ  ûei?  Fruslramus  evangelium , 
frusirannis  verbiun  Chrîsti..,, 

(S   Au-.  Seimo  II  in  Psal.  C.  1,  n.  3.) 


N,'V'^^'%r^-«r-w'*w^vA.^w'\A/*w 


VW^^AA/V  Vv/X/^k/v  V wXrVvyVVw  ^yV\^^•v^oA/v^/v%^V^ 


s       fesser  ses  péchés,  c'est  les  effarer  (2).  » 

^  ' î)  S.  Hycron.,  t.  4 ,  p.  75. 

>  (2)  S.  Chrysost.,  édit.  des  Bénédictins,  t.  4  , 


^1  mVINïTÉ 

donnerai  les  clel^  du  royaume  des  cîewx  :  tout 
ce  que  vous  lierez  sur  la  terre  sera  lié  dans 
le  ciel  5  et  tout  ce  que  vous  délierez  sur  la  terre 
sera  délié  dans  le  ciel  (1).  » 
Le  fornicateur  et  l'adultère  (ce  sont  les  pa- 
^  rôles  du  grand  Chrysostôme .  mort  en  407), 
^  l'homme,  quel  qu'il  soit,  qui  s'est  rendu eou- 
^  pable  d'un  péché  grave ,  n'en  saurait  anéantir 
^       le  reproche  au  fond  de  sa  conscience.  Son 

>  crime ,  fût-il  ignoré  du  reste  des  hommes ,  iï 

>  le  sait  ;  c'en  est  assez  pour  le  livrer  à  de  con- 
1;       liriuelles  agitations.  Le  moyen  de  profiter  d«s 
'^)       ces  remords  d'une  conscience  accusatrice ,  de        i 
^       calmer  cette  plaie  dévorante ,  d'imposer  silence        ^ 

>  à  ce  bourreau  intérieur  qui  vous  châtie  nuit  < 
et  jour,  quel  est-il?  C'est  d'en  faire  l'humble  ^ 
confession ,  de  la  déposer  dans  le  sein  d'un  «^^ 
homme  qui  ne  vous  le  reprochera  pas ,  et  qui  ^ 

s  vous  en  offrira  le  remède  ;  c'est  d'en  confier        î; 

>  le  secret  à  lui  seul ,  et  sans  témoin  ,  de  lui  tout 
^^  dire  avec  une  généreuse  exactitude.  Allez 
^  montrer  votre  plaie  au  médecin  spirituel ,  et 
'p  il  vous  donnera  les  moyens  de  h  guérir.  Con- 


^ï'VWV^ 


Ç  IV.  iv«  S/ïc/e. 


s  Dans  le  qiinfiicmc  siècle,  mon  fils,  nous 

s        trouvons  encore  des  Icnioignnges  bien  capa- 
\        blés  de  Taire  imjircssion  sur  nous. 

s  «  Rien  de  si  cache,  dit  saint  Ambroiscy 

s        mort  en  397 ,  rien  de  si  caché  qui  ne  doive 

être  un  jour  révclé.  Ce  que  Ton  ne  veut  point         \ 


>  découvrir  à  ces  hommes  assis  sur  la  chaire  de 
}^  Moïse,  sera  découvert  à  la  face  de  Tunivers. 
s  Là,  paraîlronl  ces  commerces  infâmes,  voilés 

s  sous  les  dehors  trompeurs  de  la  dévotion 

S  Eh  bien  !  vouîez-vous  ensevelir  dans  un  éter- 

"^  nel  oubli  cet  enchaînement  de  prévarications? 

^  courez  en  laire  à  présent  un  humble  aveu  aux 

l  prêtres  :  c'est  le  grand  art  de  les  tenir  pour 

<  toujours  secrètes  (1).  » 

>  Saint  Basile,  mort  en  378,  tient  absolu- 
?  ment  le  même  langage  :  «11  i'aut  nécessaire- 


(1)  Nunquam  magis  tecia  qucnn  in  confessione 
dctecfa. 

S.  Amb.,  cite  par  M.  Griîlîon  ,  t.  9 ,  ]).  4G2  de 

la  BihllGtld'qne  choisie  des  Pcmi  de  l' Eglise, 


S 


86  MVÎNtTÉ 

ment  cléconvrîr  ses  pèches  à  ceux  qnî  ont  reçu 
la  dispensalion  des  mystères  de  Dieu  (1).  » 

Voici  maintenant  comment  s'exprime  saint 
Athanase ,  mort  en  o73  :  «  De  même  que 
l'homme  baptisé  par  le  prêtre  est  éclairé  par 
le  Saint-Esprit  5  de  même  celui  qui  confesse 
ses  péchés  dans  la  pénitence,  en  obtient  la 
rémission  par  le  prêtre  (2).  » 


§  V.  m'  et  ir  Siècles. 


Au  troisième  siècle ,  Origène,  mort  en  255, 
cette  brillante  lumière  de  l'Eglise  orientale , 
s'exprime  ainsi  :  «  Voyez  ce  que  nous  enseigne 
l'Ecriture-Sainte  :  qu'il  ne  faut  point  cacher  le 
péché  que  l'on  a  commis.  Car,  de  même  que 
ceux  qui  se  sentent  incommodés  de  réplétion 
d'humeurs ,  éprouvent  du  soulagement  lors- 
que leur  estomac  s'en  est  débarrassé,  de  même 
le  pécheur  qui  a  confessé  son  iniquité  coupe 
racine  à  la  cause  de  son  mal.  Seulement  l'im- 


(1)  Peccata  Us  confilerî  necesse  cst^  quîhus  mys" 
riorum  Dd  concredita  dispensatio  est  (  S.  Basilus  | 
apud  Libermann  ,  t.  4,  p.  167. 

(2)  Collect.  S  S.  Patrum  ,  t.  II. 


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^rs»rs-rvrvn-r 


^A>"\/\/\/>y\/\A/V\/\Ay\y\/Vy\/V/vy>  /\f\r^j\/\/*.  /»^ 


DE   LA    CONFF.SSION,  87 

^nrtaDt  est  (1c  bien  choisir  In  personne  u  qui 
TOUS  (Iccouvr irez  voire  péché  (1).  )> 

Au  deuxième  siècle ,  TevluUicn,  celte  autre 
lumière  de  l^i^Iise  occidentale,  ne  parle  pas 
d'une  manière  moins  formelle.  «Plusieurs, 
dit-il ,  cvilcnt  de  déclarer  leurs  pèches,  parce 
qu'ils  ont  j)lus  de  soins  de  leur  honneur  que 
de  leur  saîut.  Ils  sont  en  cela  semblables  à 
ceux  qui,  aycint  une  maladie  secrète,  cacheni; 
leur  mal  au  médecin  et  se  laissent  ainsi  mou- 
rir. Est-il  donc  plus  avantageux  de  vous  dam* 
ner  en  cachant  vos  péchés,  que  devons  sauver 
en  les  déclarant  (:2)  ?  » 

«  0  le  grand  avantage,  dit-il  encore,  que 
nous  promet  la  honte  en  tenant  nos  pécliés 
secrets,  comme  si  nous  les  tenions  cachés  à 
Dieu,  quand  nous  en  ôtons  la  connaissance 
aux  hommes  (5)  !  »  Mais  à  qui  faut-il  faire  la 

(1)  Si  autem  ipse  sni  accusator  pat ,  dum  accusai 
semctipsum  et  confiiclur^  sîmul  evomit  et  delictum  , 
«Ltque  omnem  morbi  diqcrit  cansam» 

(Orig.  îiomîî.  2,  in  psal.  S7c) 

(2)  y^n  mcUus  est  damnatum  îatere  ,  quhm  -pa-' 

(Tcrtiil,  cap.  10,  de  Pœnît.) 

(3)  Grande  plane  einnlumenium  verccundiœ  qc* 


^W-S^vT^^ 


/VN4 


Enfin  5  au  premier  siècle  ,  nous  entendons 
saint  Clément ,  disciple  et  successeur  de  saint 
Pierre ,  qui  s'exprime  ainsi  dans  sa  lettre  à 
saint  Jacques.  «  Que  celui  qui  a  soin  de  son 
ame  ne  rougisse  point  de  confesser  ses  péchés 
à  celui  qui  préside ,  afin  qu  il  en  reçoive  la 
guérison  par  la  parole  de  Dieu  et  par  un  con- 
seil salutaire  (2).  »  —  «  Saint  Pierre,  ajoute- 
l-il  5  enseignait  à  découvrir  aux  préires  jus- 
qu'aux mauvaises  pensées.  »  —  «  Pendant  que 


cnltatîo  delictî  pollicetur  !  vîdelîcH  sî  quid  îmmanfB 
notitiœ  subduxeiHmus,  perindh  et  Denm  celalunus  ? 
(Tertul.,  de  Pœnit.,  c.  10.) 

(1)  Prœshyterîs  adolvi ,  caris  Dei  adgenicularî, 

(Idem,  cap.  9). 

(2)  Si  in  alicujus  corde  ,  vel  livor  vel  infidelilas 
haentcr  irrcpserit ,  non  eruhescat  qui  animœ  suce 
çuram  gerit  hœc  confUeri  ei  qui  prœest, 

(S.  Gicmcns,) 


'*^^^.ff<f\/K^/KAJ^ 


n 


t2  LA  roNFrssroN.  89 

nous  sommes  on  ce  monde ,  dit-il  encore ,  con-  s 
Verlissons-nous  de  tout  noire  cœur,  en  renon-  s 
rant  nu  mal  que  nous  avons  commis  étant  ^ 
engagés  dans  la  chair,  afin  d'obtenir  le  salut  ? 
du  Seigneur,  pendant  que  nous  avons  le  temps  c 
de  Taire  pénilence.  Car  après  cpie  nous  serons  s 
Forlis  du  monde  ,  nous  ne  pourrons  plus  ni  ^ 
nous  confesser,  ni  faire  pénitence  dans  Je  lieu  ^ 
où  nous  serons  (1)  » 

Nous  voilà  done  arrivés  ,  mon  fils,  aux  té- 
moignages de  ceux  qui  reçurent  la  religion 
de  la  bouche  de  Jésus-Christ ,  et  nous  n'avons 
pas  besoin  de  vous  citer  les  textes  de  saint  Jac- 
ques et  de  saint  Jean  qui  recommandent  la 
confession ,  l'histoire  de  saint  Luc  qui  nous 
assure  qiCun  grand  nombre  de  chréiiens  ve- 
naient  aux  jjîeds  des  apôtres  confesser  et  dé- 
clarer leurs  péchés,  ni  de  vous  rappeler  les 
paroles  solennelles  du  Fils  de  Dieu  ,  par  les- 


(1)  Qiiamdm  sumuê  in  hoc  miindo ,  de  malis , 
quœ  in  carne  gessimus  ,  ex  toto  corde  resîpiscamuSy 
tit  à  Domino  salvemur^  diim  habcmus  iempiis  pœni-- 
ientiœ»  Postquam  cnim  e  miindo  exivimus ,  non  am- 
pUus  possiunus  ibi  conp,tcri ,  aut  pœnitentiani  adhii$ 
agere, 

(S.  Clcmcns,epist. Il,  ad  Corinth.) 


j-  j \r  ^\r<j\r^j'>^ 


90  DIVINITE 

quelles  îl  donna  à  ses  apùlres  le  double  pou- 
voir de  remettre  et  de  retenir  les  pcdiés.  Vous 
connaissez  déjà  tout  cela  5  mais  nous  répéte- 
rons que  5  d'après  tous  ces  nûmhreux  témoi- 
gnages et  mille  autres  que  nous  aurions  pu 
rapporter ,  îl  faut  nécessairement  aclmetire 
que  la  confession  a  toujours  existe  dans  FEglise, 
que  son  institution  est  toute  divine  ,  que  c'est 
même,  dans  le  ciel ,  au  sein  d^  Dieu  qu'il  faut 
chercher  son  origine 

CONFESSION    d'un    JEUNE    HOMMÏ. 

'Une  dame  veuve,  d'une  des  villes  maritimes  Qb 
Erance,  a  un  fils  de  23  ans.  Cette  dame  très  pieuse 
^  avait  donné  à  son  fils  l'éducation  la  plus  religieuse. 
^  -  II  ne  fallut  qu*un  séjour  de  peu  d'années  a  Paris 
2  pour  faire  perdre  à  ce  jeune  homme  les  principes 
c  dans  lesquels  il  avait  été  élevé.  De  retour  auprès  de 

sa  mère  qu'il  aimait  tendrement,  il  avait  pour  elle 
les  procédés  les  plus  tendres,  les  ï)1us  respectueux. 
Une  seule  chose  blessait  le  cœur  de  cette  bonne 
mère,  c'était  de  la  part  de  sou  fils  l'absence  cfe 
toute  pratique  religieuse.  Elle  exhortait,  elle  priait, 
elle  pressait,  mais  tout  était  inanle. 
Dans  ces  entrefaites  elle  vient  à  Paris,  se  loge 


j^J\r^\Aj\/^ 


PE  LA  CONFESSION.  91 

sur  notre  paroisse,  en  sniJ  los  offices  et  opprcml 
rcxislcncc  d'une  association  de  prières  pour  lu  con- 
vei'siondcs  pcclicuis.  Elle  veut  en  faire  partir,  noii<? 
ouvre  son  cœur  et  nous  conjure  de  prier  pour  son 
fils.  Elle  retourne  dans  ses  foyers.  Ce  qu'elle  nous 
avait  dit  de  son  fils  nous  avait  intéresse,  se  repré- 
sentait souvent  à  notre  esprit  et  nous  l'avait  lait 
recommander  plusieurs  fois  aux  prières. 

Un  dimanche  nialin^  une  dame  étrangère  nous 
aborde  dans  nt>trc  sacristie  et  nous  dit  : 

«  Me  reconnaissez-vous  ,  monsieur  le  cure.  — 
«  Parfaitement ,  madame,  vous  êtes  la  mère  d*un 
«  jeune  homme  que  vous  m*avez  prie  de  recom- 
«  mander  aux  prières  de  l'association.  —  Oui , 
«  monsieur  le  curé,  et  je  viens  exprès  à  Paris  pour 
«  vous  en  parler  et  remercier  la  sainte  Vierge  de 
«  la  grâce  qu  elle  a  obtenue  à  mon  fils.  Il  est  con- 
«  verti ,  il  me  donne  autant  de  consolations  qu'il 
«  m'a  donne  de  chagrins  par  le  passe.  Non  seuîc- 
«  ment  il  est  devenu  pieux,  mais  il  a  été  guéri, 
«  et  dans  un  instant,  d'un  état  de  maladie  qui  l'a- 
«  vait  mis  dans  le  plus  grand  danger.» 

(  La  suite  à  la  jjorje  101  ). 


82  DÎVI^UTÉ 


SIXIÈME    c»r.EUVB. 

le  témoignage  des  protosîanfe. 

Le9  textes  des  Pères  de  TEglîse  que  je  vous 
ai  mis  sous  les  yeux,  mon  cher  Thcopîiilc 
sont  tellement  clairs  et  positifs ,  qu'un  grand 
nombre  de  protestants  n'ont  pu  s'empêcher  dt 
reconnaître  la  divinité  de  la  confession;  ils 
ont  été  aussi  contraints,  par  la  force  de  la 
vérité ,  à  convenir  que  la  confession  était  né- 
cessaire pour  le  repos  de  la  conscience  ,  pour 
le  bonheur  de  la  société ,  comme  pour  le  salut 
des  âmes.  Nous  allons  vous  exposer  leurs 
aveux ,  afin  de  vous  affermir  de  plus  en  plus 
dans  la  croyance  de  la  divinité  de  la  con« 
fessîon. 


§  I.  Aveux  de  Gibhon  et  de  Leihniiz. 

Gibbon,  tout  protestant  qu'il  est,  ne  peut 
s'empêcher  de  rendre  hommage  à  la  vérité,  et 


)                                      liB   LA  CONFKSSION.                       9J  ^ 

^       ft exprime  ainsi  diuis  son  liisloirc  ilc  la  dcca-'  s 

jï       dcncc  de  TKaipirc  Romain  :  «  L'honmic  lus-  5 

S       truitne  peut  pas  rcsisler  au  poids  dn  l'cvi-  J^ 
^^       dencG  historique,  qui  élahlit  que  la  confession 

^       a  été  un  des  principaux  points  de  la  croyance  < 

\       de  TEglisc  papiste,  dans  tout  le  période  des  j; 

quatre  premiers  siècles.  »  ^ 

Un  grand  nombre  d'autres  protestants  célè- 
bres se  sont  aussi  déclarés  en  faveur  de  la  con- 
fession :  <(  C'est  sans  doute ,  dit  Leihnilz ,  un  ^ 
grand  bienfait  de  Dieu ,  d'avoir  donné  à  son  s 
Eglise  le  pouvoir  de  remettre  et  de  retenir  les  s 
péchés ,  pouvoir  qu'elle  exerce  par  les  prêtres,  [> 
dont  un  ne  peut  mépriser  le  ministère  sans  \ 
péché.  »  \ 
La  rémission  accordée  dans  le  baptême  ou  5 
dans  la  confession  est  également  gratuite,  éga-  ^ 
lement  fondée  sur  la  loi  dans  le  Christ  :  la  \ 
pénitence  dans  l'un  et  l'autre  est  nécessaire  s 
pour  les  adultes i  avec  cette  différence  que,  s 
dans  le  baplême,  excepté  le  rit  de  l'absolution,  S 
Dieu  n'a  rien  prescrit  en  particulier  ;  au  lieu 
que  pour  la  pénitence ,  il  est  ordonn;^  à  celui 
qui  veut  être  purifié  de  se  montrer  aux  prê- 
tres, de  confesser  ses  péchés ,  de  subir,  au  ju- 
gement du  prêtre,  une  peine  qui  puisse  lui 
Séîi  v'ir  d'avcrLissement  dans  la  suite  ^  et,  comiPr» 


./^^\y~-w^^yy 


94  iDmNÏTÊ 

Dieu  a  établi  les  pnHrcs  médecins  des  anics,  il 
a  voulu  que  les  malades  leur  découvrissent 
leur  maladie,  et  dévoilassent  leur  conscience  : 
de  là  on  rapporte  que  Thcodose ,  pénitent,  dit 
avec  raison  à  saint  Ambroise  :  C'est  à  vous  à 
mcnlrer  et  à  préparer  le  remède  j  c'est  à  moi 
à  le  prendre...  » 

«  On  ne  peut  disconvenir  que  toute  cette 
institution  ne  soit  digne  de  la  sagesse  divine.. . 
En  effet,  la  nécessité  de  se  confesser  détourne 
beaucoup  d'hommes  du  péché,  et  ceux  surtout 
qui  ne  sont  pas  encore  endurcis  ;  elle  donne  de 
grandes  consolations  à  ceux  qui  ont  fait  des 
chutes.  Aussi,  je  regarde  un  confesseur  pieux, 
grave  et  prudent,  comme  un  grand  instrument 
de  Dieu  pour  le  salut  des  âmes  ;  car  ses  con- 
seils servent  à  diriger  nos  affections ,  à  nous 
éclairer  sur  nos  défauts ,  à  nous  faire  éviter  les 
occasions  du  péché,  à  restituer  ce  qui  a  été  en- 
levé ,  à  réparer  les  scandales ,  à  dissiper  les 
doutes,  à  relever  l'esprit  abattu ,  enfin  à  enle- 
ver ou  diminuer  toutes  les  maladies  de  l'ame  ; 
^\  5  si  l'on  peut  à  pein'^  prouver  sur  la  terre 
quelque  chose  de  plus  excellent  qu'un  ami  fi- 
dèle ;  quel  bonheur  n'est-ce  pas  d'en  trouver 
un  qui  soit  oblige,  par  la  religion  inviolable  du 


-r^'wOAvVv 


'>  DE  tA  rnNFF.s?;nv.  0.1        ^ 

s        incrément  divin,  ù  garder  Ia  lui  et  ù  secourir       'l 
S        les  amcs  (})?  »  ; 


S  II.  Aveu  de  lord  Fitz- William, 


(1)  Lcibnitz  ,  Systema  theologîcum  ^  XtAÛnd -j^wr 
M.  Maîlevaut  ,  p.  25§. 


Après  avoir  expose  dans  ses  Lettres  d'AtlicuSj  (j 

la  docli'inc  de  TEglisc  ealholiquc  sur  la  coin-  (, 

nuinion  et  la  confession  qui  doit  la  précéder  ,  s 

lord  Fitz-Willùnn  eontinuu  en  ces  termes  :  > 

«  Quelle  sécurité  ,  quels  gages  ne  sont  pas  > 

ainsi  exigés  de  chaque  individu  pour  l'acconi-  \ 

plissement  de  ses  devoirs  sociaux ,  pour  Texcr-  ï 

ciee  de  toutes  les  vertus ,  Tinlégrité ,  la  bien-  s 

veillance,  la  charité,  la  miséricorde  !  Pourrait-  '^ 

on  en  trouver  de  semblable  partout  ailleurs?  ^ 

Ici ,  la  conscience  est  réglée  devant  le  seul  tri-  ^ 

bunal  de  Dieu ,  non  par  celui  du  monde.  Ici ,  s 

le  coupable  est  lui-mcmc  son  accusateur  et  s 

non  pas  son  juge  ;  et ,  tandis  que  le  chrétien  ^ 

d'une  autre  communion  s'examine  légèrement,  ^ 

prononce  dans  sa  propre  cause,  et  s'absout  \ 

avec  indulgence  5  le  chrétien  catholique  est  < 
scrupuleusement  examiné  par  un  autre  ,  at- 
tend son  arrêt  du  ciel  3  et  soupire  après  cette 


96  Divmm! 

absolution  consolante  qui  lui  est  accordée,  re- 
fusée ou  différée  au  nom  du  ïrcs-IIaut.  Quel 
admirable  moyen  d'établir  entre  les  hommes 
une  mutuelle  confiance,  une  parfaite  harmonie 
dans  rcxercice  de  leurs  fondions  (1)  !  » 

§  ni.  Sentiment  de  Luther  sur  la  confession» 

Luther  lui-même,  mon  fils,  était  loin  d'ê- 
tre ennemi  de  la  confession  ;  il  lui  était ,  au 
contmire ,  infiniment  favorable  :  «  J'aimerais 
mieux  supporter  la  tyrannie  du  pape  que  de 
consentir  à  Tabolition  de  la  confession  ;  » 
c'est  ûinsi  qu'il  s'exprime  dans  un  de  ses  ou- 
vrages, et,  dans  son  petit  catéchisme ,  publié 
peu  de  temps  avant  sa  mort  :  «  Devant  Dieu  , 
^         il  faut  s'avouer  coupable  de  tous  ses  péchés , 

>  même  de  ceux  qu  on  ne  connaît  pas  5  mais 

>  nous  devons  déclarer  au  confesseur  les  pé- 
chés  seulement  que  nous  connaissons  et  que 
nous  sentons  dans  notre  cœur.  Quels  sont  ces 
péchés  ?    Examinez  votre  condition ,  votre 


(1)  Lettres  d*  A  ttîcus,  par*m  anglais  prof  estant, 
lord  FUz-Wil!iam  ,  p.  110. 


DE  LA  CONfESSION.  H 

ctaî  cVaprcs  les  dix  commandcnicnls ,  c'csl-â- 
<  dire,  si  vous  clos  porc ,  mère ,  lils,  fille ,  iiiaî- 
)>  trc,  inaîLicsse,  serviteur;  voyez  si  vous  avez 
^         étc  désobéissant ,  inlidclc,  paresseux  ;  si  vous 

avez  offensé  quelcju'un  par  œuvres  ou  paroles, 


s         si  vous  avez  dérobé,  négligé  ,  détérioré  quel-        ^ 
s        que  cliosc  ;   enfin ,   si  vou?.  avez  causé  des        ^ 


donnnages  (1).  » 

Ces  passages  prouvent  cvidenimcnt  que , 
dans  le  protestantisme,  tel  (^uil  sortit  des 
mains  do  Lutber ,  la  confession  auriculaire 
avait  lieu  ,  et  que  ,  dans  ses  intentions  ,  on 
aurait  dii  la  conserver.  Sur  ce  point  comme 


'^        sur  une  infinité  d'autres ,  on  est  ailé  bien  plus        ^ 
\        loin  que  Luther.  ^ 

s 


§  m.  Conservation  de  la  confession  parmi  ^ 

quelQues  protestants,  S 

De  nos  jours ,  tous  les  protestants  n'ont  pas        ^ 
renoncé  à  la  confession  :  VEglise  anglicane 
en  a  conservé  l'usage.  Dans  la  visite  des  ma-' 
lades ,  il  est  enjoint  aux  ministres  d'exciter 
le  malade  u  faire  une  conicssîoa  particulière 

(1  )  Entreliens  philosophiques  sur  la  réunion  des         ^ 
diffcrcnfcs  ''nmtnunîons  chrétiennes  ,  parle  B.  de  - 


s         &8  i)ivi>TrÉ 

>  de  SCS  pcclics ,  lorsqu'il  se  sent  îa  conscience  ^ 
\  chargée  de  quelque  chose  de  grande  impor-  ; 
^  lance.  Après  sa  confession ,  le  minisire  lui 
S  donne  l'ahsolution  en  celte  manière  :  «  Notre 
S  Seigneur  Jésus  -  Christ ,  qui  a  laissé  à  son 
?  Eglise  le  pouvoir  d'absoudre  tous  les  pécheurs 
qui  se  repentent  et  qui  croient  en  lui  vérita- 
blement 5  veuille  te  pardonner  tes  offenses , 
par  sa  grande  miséricorde;  et,  en  son  auto- 
rité qui  m'est  commise ,  je  t'absous  de  tous 
les  péchés ,  au  nom  du  Père ,  et  du  Fils  ,  et 
du  Saint-Esprit.  Amen  (4),  » 

Dans  le  Rituel  des  Eglises  danoise  et  nor- 
wégienne,  un  article  traite  de  la  confession 
privée,  qui  est  auriculaire.  On  y  voit  qu'a- 
près avoir  déclaré  ses  péchés ,  le  pénitent  se 
prosterne  aux  pieds  du  ministre  qui  l'absout , 
en  vertu  du  pouvoir  qu'il  a  reçu  de  Dieu  même 
pour  remettre  les  péchés  (2). 

Enfin  ,  dit  Grégoire,  dans  son  Histoire  des 
confesseurs  des  rois ,  on  pourrait  citer  tel  mi- 
nistre luthérien  français ,  actuellement  en 
exercice ,  qui ,  persuadé  que  la  confession  av:s- 

(1)  Liturgie  de  l'Eglise  nnglîcîirie. 

(2)  Rxtuale  Hcclesiarum  ÎJixnxia  ei  lYorwegiœ  , 
in-12,  p.  76. 


ÎST.  LA  CONrE<;STON. 

rîculaîrc  est  un  devoir,  l'exige  de  ses  parois- 
siens. En  1800,  le  docteur  Cottliob  Merkei , 
surintendant  de  Cliemnitz,  publia  en  alle- 
mand un  petit  ouvraite  qui  tend  au  même 
but  (1). 

De  tout  ce  que  vous  '7encz  de  lire ,  mon 
cher  Théophile ,  vous  conclurez  sans  doute  , 
avec  un  auteur,  que  «  le  protestantisme  a  son 
double  moi  comme  chaque  individu.  L'un  dé- 
clame contre  la  confession  ;  on  le  reconnaît  à 
son  ton  d'emportement  et  de  haine.  L'autre 
respecte  cette  institution  salutaire,  et  les 
hommages  qu'il  lui  rend,  calmes  comme  ïû 
raison ,  sont  quelquefois  accompagnés  d'un  ac- 
cent de  tristesse  et  de  regret  qui  prête  une 
singulière  force  à  ce  cri  de  la  conscience  (2). 

(1)  Histoire  des  Confesseurs  des  Rois,  par  M» 
Grégoire ,  p.  145. 

(2)  L'abbé  Gerbet  I  CQnsîdératknê  $ur  le  dogme 
fégênémleuTt 


untvtJi  s,' 


^aS 


iA/V\r«yr\/V* 


400  DIYINITlî 

Exemple* 

'  COStERSIO»  1>*UN  JEUNE  HOMME.  (*S*m7é,) 

Elle  nous  raconte  alors  ce  que  nous  venons  d'è*  J 
crire  plus  haut  et  ajoute  :  «  Un  jour,  »  et  en  com-  J 
parant  les  dates,  il  se  tîouve  que  c'est  dans  la  se-  \ 

mainc  qui  suivit  le  dimanche  où  nous  priâmes  pour  ^ 
lui  la  dernière  fois;  «  un  jour  nous  étions  à  table  < 

«  au  souper,  mon  fils  était  devant  moi;  il  ne  pou-  s 
«c  vait  rien  prendre ,  et  moi  je  ne  pouvais  manger,  s 

•«  les  morceaux  me  restaient  dans  la  bouche ,  mes  S 

«c  yeux  roulaient  dans  les  larmes,  je  n*osais  Tenvi-  s 

te   sager.  Je  ne  puis  plus  me  contenir,  je  lui  dis  :  s 

K  Mon  fils,  dans  quel  état  es-tu  ?  tu  n*as  voulu  sui-  \ 
ic  vre  aucun  de  mes  conseils.  Tu  n*as  pas  voulu  ren-  \ 
;<  trcr  en  grâce  avec  Dieu,  il  te  punit  aujourd'hui.  < 

x  Oh  !  qu'il  est  cruel  pour  moi  de  te  voir  ainsi  mou- 

<  rir  à  petit  feu  sous  mes  yeux.  Je  n'ai  plus  qu'une 

<  chose  à  te  demander,  je  te  la  demande  pour  moi, 

<  pour  ma  consolation»  En  disant  cela,  je  détache 
t  de  mon  cou  la  médaille  miraculeuse  que  vous 
t  m'avez  donnée  ,  en  me  recevant  dans  l'associa- 
c  tion.  C'est  que  tu  mettes  cette  médaille  à  ton 

cou,  en  te  couchant,  que  tu  me  promettes  de  la 
garder  toute  la  nuit ,  et  qu'en  la  mettant,  tu  ré- 
cites la  petite  prière  qui  est  gravée  dessus, 
•c  II  me  le  nromet  et  se  retire.  Le  Iftudemain  ra^c 


vAA/ 


Vr 


•  tin  je  î«  Vis  plus  tard  qu'à  l'orclinairo.  Avnnt  do 
«  m'ahordcr  ,  il  m*appela,  maman  :  le  son  do  sa 
•«  voix  fut  à  mon  cœur,  il  était  redevenu  plein  et 
«  naturel —  Maman,  que  j*ai  bien  dormi  toute  la 
«  nuit!  je  me  trouve  bien,  ce  malin  j'ai  l'esprit 
«  tranquille,  il  n'est  plus  tourmente  de  toutes  ces 
«  pensées  noires  qui  robscdaicnl.  Elîectivement 
«  sa  figure  était  calme,  elle  avait  perdu  cette  con- 
u  traction  qui  m'aflligeait  tant  depuis  quelques 
«  semaines  ,  il  avait  repris  des  co»*Ieurs  et  son 
«  coup-d'ccil  c'tait  redevenu  dou?, 

«  Vois-tu,  mon  fds,  lui  dis-jc.  tu  n  as  faiî  qu'un 
«  pas  vers  le  bon  Dieu  et  déjà  il  l'accorde  sa  grî:rc  ; 
«   ah  !  si  tu  voulais  purifier  ton  cœup  par  une  bonne 
S  «  confession  ,  revenir  sincèrement  au   service  de 

^  «  Dieu  ,  je  suis  convaincue  qu'il  te  guérirait.  11  y 

«  consent.  Je  vais  trouver  M»  le  curé  et  il  corn 
«  mencc  sa  confession  des  le  jour  même. 

«<  Il  a  fait  une  confession  générale  et  a  reçu  la 
«  sainte  communion.  Quelques  jours  après  on 
•c  parlait  devant  Uii  d'une  de  nos  connaissances  , 
«  vieillard  de  soixante  ans,  dangereusement  ma- 
«  ladc,  qui  ne  voulait  pas  se  réconcilier  avec  Dieu. 
«  Comment ,  dit-il ,  '**^*^-*ce  qu'on  va  laisser  perdre  S 

«  pour  l'éternilé  une    jne  rachetée  du  sang  de  ^ 

«  Jésus-Christ?  Pourquoi  ne  lui  parlc-t-on  pas? —  ^ 

«  Mais  on  lui  a  parlé,  il  repousse  ce  qu'on  peut  !uî 
•e  dire.  —  C*cst  qu'on  ne  lui  en  parle  pas  h'u  n.  Je 
•t  vais  y  aller. — Vous  allez  y  aller;  mais  il  va  voiis 
•I  renvoyer  et  vous  dire  que  vou-^  élcs  trop  ^euna 


«  pour  lui  donner  des  leçons.  Il  dira  tout  ce  qu'il  < 

•e  voudra,   mais  je  lui   parlerai.   Jcsus-Christ  a  < 

«  sauvé  mon  ame,  il  m'a  retiré  d*un  abîme  ,  je  l 

•€  veux,  par  reconnaissance,  travailler  à  lui  rendre  ^. 

«  ce  pauvre  pécheur.  : 

*c  Le  malade  qui  ignorait  ce  qui  lui  était  arrivé  <; 

«  a  été  fort  surpris  d'abord  et  l'a  mal  reçu.  ïl  ne  i 

*  s'est  point  rebuté,  il  a  parlé  avec  douceur  et  fer-  ? 

c<  meté,  a  raconté  ce  qui  lui  est  arrivé.  Le  malade  - 

m  a  paru  vouloir  persévérer  dans  sa  manière  d'être  J 

«  et  de  peu^? ,  mais ,  une  demi-heure  après  son  ^ 

«  départ ,  il  a  envoyé  chercher  un  prêtre  ,  s'est  \ 

c<  confessé  et  est  mort  chrétiennement.»  \ 

K  Mon  fils  est  actuellement  un  chrétien  fidèle  cj 

«  et  fervent.  Jugez,  M.  le  cure,  si  je  suis  heureuse  ;  c 

«  c'était  tout  ce  que  je  pouvais  désirer  surla  terre.  < 

ce  Aussi  je  suis  venue  remercier  la  sainte  Vierge  ,  ^ 

te  je  vais  vous  prier  de  me  confesser,  je  désire  com-  < 
«  munîer  à  l'autel  du  Sainl-Cœur  de  Marie   et 

«  assister  ce   soir  en  actions  de  grâce  à  Toffiee  c! 

«  pour  la  conversion  des  pécheurs.  Veuillez,  je  < 

*t  vous  prie,  remercier  les  associés  de  leurs  prières  cj 
•e  qui'  m'ont  procuré  tant  de  bonheur,  leur  racon- 

«e  ter,  avec  toulcs  ces  circonstances,  la  conversion  i 

•c  de  mon  fils  ,  afin  qu*iïs  remercient  Dieu  et  la  (^ 

«  sainte  Vierge  pour  mon  fils  et  pour  moi ,  et  igaf  c 

dire  que  je  suis  là  au  milieu  d'eu^.»  ^ 

\ 


./»w'%/vy»v/^- 


j-vrvrv^ 


»!Ç  ÎA  CONFESSION.  lOT 

Non«  remplîmes  toutes  ses  inlenlion?.  cl  il  nous 
serait  difficile  (rcxprimcr  les  senlimenls  de  joir^ , 
(le  dcvolion  ,  do  sainte  cmiihtion  dont  les  fidèle» 
furent  pénètres  en  entendant  un  récit  si  cdi- 
liant. 

(Manuel  du  Saînl-Cœur  de  Marie.) 


^ 


Chapitre  7. 


SEPTIÈHE  PREUVE. 


le  témoignage  Jes  plilîsosoplics. 


Les  idées  de  protestantisme  et  de  mépris 
pour  la  confession  étaient  tellement  liées  dans 
votre  esprit ,  mon  cher  Thcopliile ,  que  vous 
n'avez  pas  été  médiocrement  surpris  eu  voyant 
de  quelle  manière  s'étaient  expliqués,  au  su- 
jet de  la  confession  ,  les  protestants  les  plus 
célèbres;  votre  étonnement,  j'en  suis  sûr, 
sera  plus  grand  encore ,  quand  vous  saurez 
que  les  philosophes  eux-mcnes  n'ont  pu  s'em- 
pcchcr  de  rendre  hommage  à  la  vérité,  et 


<        loi  iDinNITÉ  l 

?        ont  proclame  rétablissement  de  la  confession , 

comme  une  des  plus  belles  institutions  qu'il 

soit  possible  d'imaginer  ici-bas. 

'^  S  I.  Marmontel  et  Rousseau. 

Voîcî  d'abord  comment  s'exprime  Marmon- 
tel :  «  Quel  préservatif  pour  les  mœurs  de 
Tadolescence  5  que  Tusage  et  l'obligation  d'aï- 
1er  tous  les  mois  à  confesse  !  La  pudeur  de  cet 
humble  aveu  de  ses  fautes  les  plus  cachées  en 
épargnerait  peut-être  un  plus  grand  nombre 
que  les  motifs  les  plus  saints  (1)  ?  » 

«  Le  secret  de  la  confession ,  dit  le  même 
écrivain,  n'est  impénétrable  que  d'un  côté... 
Si  le  pénitent  s'aperçoit  que  celui  qui  l'entend 
abuse  de  son  ministère  ,  il  a  le  droit  de  le 
dénoncer.  Or,  comment  est-il  arrivé  qu'il  ne 
se  soit  pas  présenté  un  seul  dénonciateur  de 
ce  genre  de  séduction  (2).  » 

«  Nos  gouvernements  modernes ,  dit  J.-J. 

§  '  (1)  Mcmùh'cs  de  Marmontel ,  1. 1 , 1.  L 

(2)  Oplifion  de  Marmontel  sur  Ir,  libre  cxerciee 
des  cultes.  Mêin,^  t.  2^ 


ftE  LA  C0NFnS5T0!f.  105 

Rousseau,  doivent  incontostablcniont  nu  rlirï'^ 
linnisinc  leur  plus  solide  autorité  et  leurs  ré- 
volutions moins  fré(iueulcs;  il  les  a  rendus 
eux-inéuies  moins  sjuiî^uinaires.  Cela  se  prouve 
par  le  fait ,  en  les  eoniparant  aux  i^ouvcrne- 
menls  anciens.  La  religion,  mieux  connue, 
écartant  le  I\mastime ,  a  donné  plus  de  dou- 
ceur aux  mœurs  chrétiennes.  Ce  changemcn* 
n'est  point  Touvrage  des  lettres ,  car  partout 
où  elles  ont  brillé ,  Fliumanité  n'en  a  pas  été 
plus  respectée;  les  cruautés  des  Athéniens, 
des  Egyptiens,  des  empereurs  de  Rome  ,  des 
Chinois ,  en  font  foi.  Que  d'oeuvres  de  miséri- 
corde sont  l'ouvrage  de  l'Evangile ,  «  que  de 
«  restitutions,  de  réparations,  la  confession 
((  ne  fait  elle  point  faire  chez  les  catholi- 
«  ques(i).  ?  » 


S  II.  Voltaire  et  Cérutti. 

«  n  n'y  a  peut-être  point  d'établissement 
plus  utile ,  dit  Voltaire  en  parlant  de  la  con- 
fession ;  la  plupart  des  hommes,  quand  ils 
sont  tombés  dans  de  grands  crimes,  en  ont 
naturellement  des  remords  ;  s'il  y  a  quelque 

(1)  Emile ,  t.  3  , 1.  4j.  pe  4?  ,  cdit.  de  Lecomte» 
1829. 


i^/^.i-'^--\^.^j 


'■<rv^/^vrv^v^v'^,n.''SA/V^,^VVV%J^'V%-""^ 


<A/Wvx,   i^t,  ^-^l'^J-, 


ÎÛ6  sbiviNiTi! 

sliose  qui  les  console  sur  la  ferre;  c'est  de 
pouvoir  être  réconcilies  avec  Dieu  et  avec 
cux-mcnies  (1).  » 

<c  Les  ennemis  de  l'Eglise  romaine  qui  se 
sont  élevés  contre  une  institution  si  néces- 
saire (la  confession)  5  semblent  avoir  uté  aux 
hommes  le  plus  grand  frein  qu'on  puisse  met- 
tre à  leurs  crimes  secrets  (2).  » 

«  La  confession  est  une  chose  ec^îlente  , 
un  frein  au  crime,  invente  par  l'antiquité  la 
plus  reculée.  On  se  confessait  dans  la  célébra- 
iion  de  tous  les  anciens  mystères.  Nous  avons 
imité  et  sanctifié  cette  sainte  pratique  :  elle 
est  très  bonne  pour  engager  les  cœurs  ulcérés 
de  haine  à  pardonner,  et  pour  faire  rendre  ce 
qui  peut  avoir  été  dérobé  au  prochain  (o).  » 

Les  paroles  de  Cérutti ,  mon  fils ,  ce  fou* 
gueux  révolutionnaire  5  cet  ardent  ami  de 
Mirabeau ,  ne  sont  pas  moins  remarquables  ? 
«  Inspirer  l'horreur  ou  le  repentir  du  crime , 
donner  un  frein  à  la  scélératesse ,  un  ûppui  à 
l'innocence  j  réparer  les  déprédations  du  lar- 


(1)  Voltaire ,  Remarques  sur  Olympie^ 

(2)  Voltaire ,  Annales  sur  l'Empire. 

(3)  Voltaire ,  Dictionnaire  philosophique» 


^./^j-\y\  r^.rvn^^^ 


l>r  \X  CONFESSION.  107 

c!n ,  renouer  les  nœuds  de  la  charité ,  cnlre- 
Icnir  Taniour  de  la  concorde ,  de  la  subordi- 
nation ,  de  la  justice ,  de  toutes  les  vertus  ; 
déraciner  des  cœurs  Thabiludc  des  désordres, 
de  la  désunion,  de  la  révolte,  de  tous  les 
vices  \  être  ainsi  à  la  place  de  Dieu  ,  et  pour 


§IIÏ.  RaynaL 


^  Vous  n'ignorez  pas,  mon  cher  Théophile, 

e  jusqu*à  quel  point  Raynal  a  porté  la  haine 

^  contre  le  christianisme  ;  eh  bien  !  Raynal  luî- 

>  même  n'a  pu  s'empêcher  de  dire ,  dans  son 

:^  «  Histoire  philosophique  des  établissements  et 

^  ((  du  commerce  des  Européens  dans  les  deux 

^  «  Indes  : 

s  «  A  Fexemple  des  incas  (seigneurs  du  Pé- 

s  rou) ,  les  jésuites  avaient  établi  (  au  Paraguay) 

l  (1)  V.  Nonoltc,  Dietiannaîre  anti'phiUaophîque^ 

<5  art.  confession» 


S 


î;  le  bien  des  hommes ,  le  juge  des  consciences, 

s  le  censeur  des  passions;  c'est  ce  qui  fait  de       ^ 

S  l'emploi  d'un  confesseur  un  des  emplois  les 

s  plus  propres  à  maintenir  les  mœurs,  et  par  la 

i  un  des  plus  conformes  à  l'intérêt  public  {]).  » 


^0S>  DIVINITÉ 

le  gouvernement  tlicocratique  ,  maïs  avec  un 
avantage  particulier  à  la  religion  chrétienne  5 
c'était  la  confession.  Dans  le  Paraguay ,  elle 
conduisait  le  coupable  aux  pieds  du  magistrat. 
C'est  là  que ,  loin  de  pallier  son  crime ,  le  re- 
pentir le  lui  faisait  aggraver.  Au  lieu  d'éluder 
sa  peine ,  il  venait  la  demander  à  genoux. 
Plus  elle  était  sévère  et  publique ,  plus  elle 
rendait  le  calme  à  sa  conscience.  Ainsi  le  châ- 
timent qui  5  partout  ailleurs ,  effraie  les  cou- 
pables, faisait  ici  leur  consolation  ,  en  étouf- 
fant les  remords  par  l'expiation  (1).  » 

«  Le  meilleur  des  gouvernements,  dit  le 
même  philosophe ,  serait  une  théocratie  où 
Von  établirait  le  tribunal  de  la  confession  ,  s'il 
était  toujours  dirigé  par  des  hommes  ver- 
tueux (2).  » 

§  IV.  Les  SamtS'Smomens* 

n  n'est  pas  jusqu'aux  Saints-Simoniens  qui 
ne  se  soient  déclarés  en  faveur  de  la  confes- 
sion !  Voici,  mon  fds,  ce  qu'on  a  lu  dans  le 
journal  dépositaire  de  leurs  pensées  (5).  l 

(1)  Histoîî^e  philosophique  ,  t.  2 1  édition  de  Ge-         ^ 
nève.  ^ 

(2)  Ibid.,  t.  2.  ^ 
C3)  Le  Globe,  6  février  1833.                                   | 


A    LA   CONFESSION.  i09 

«  Oh!  ce  devait  otic  une  grande  consola- 
tion pour  le  coupable,  une  grande  joie  pour 
rinnoccnt ,  (pie  de  savjair  à  cpii  ouvrir  son 
cœur,  de  venir  montrer  ses  plaies  ou  couler 
ses  maux ,  et  d  être  sur  de  trouver  toujours 
un  médecin ,  un  consolateur,  un  ami  !  Qui 
n  a  pas  quelquefois  dans  sa  vie  éprouvé  le 
charme  d'une  douce  indiscrétion  ,  le  besoin 
impérieux  de  pencher  son  ame  vers  celle  d'un 
autre  pour  y  verser  un  secret?  Qui  n'a  point 
désiré  d'être  mollement  sollicité  sur  ce  point , 
et  n'a  remercié  de  sa  tendre  curiosité ,  comme 
il'un  service  ,  Fami  qui ,  lui  prenant  h  ^\:?i\ , 
est  venu  lui  dire  :  «  Qu'as-tu  donc  ?  » 

((  Et  quelle  différence  ,  quand  ce  besoin  sa- 
tisfait avait  tout  Thonneur  d'un  devoir  rem- 
pli ,  quand  c'était  l'Eglise  qui  venait  dire  ,  au 
nom  de  Dieu ,  ces  mots  d'intérêt  et  de  sym- 
pa tliie  au  pécneyr,  quand  la  confidence  prenait 
le  caractèrfc  religieux^  et  se  changeait  en 
confession  I  Or,  si  du  pécheur  nous  passons 
au  criminel ,  de  la  faute  au  forfait ,  du  regret 
îui  remords ,  voyez-vous  s'accroître ,  en  pro- 
-t^ortion  de  l'horreur  du  mal ,  le  prix  du  re- 
mède ,  et  le  sacrement  rédempteur  briller 

lie  flamme  vramient  céleste  vis  à  vis  du  feu 

enfer  ?  Quels  termes  pour  peindre  ce  aue 


410    •     r  ©ivraiit 

devait  sentir  un  homme  en  proie  à  sa  cons- 
cience ,  et  dont  le  supplice  cessait  tout  d'un 
coup  5  à  qui  l'écho  cessait  de  jeter  des  bruits 
sinistres,  à  qui  les  murs  cessaient  démontrer 
des  mots  accusateurs ,  et  qui  se  retrouvait  en- 
core pur  comme  au  jour  de  son  baptême , 
plein  d'espérance  et  sans  pénible  souvenir  ! 
tout  cela  5  pourvu  qu'il  eût  pleuré  !  » 

1  Quelle  chose  c'était  que  le  baptême  de 
larmes  ,  comme  l'Eglise  Fa  nommé  !  Quel  en- 
couragement aux  bons  !  quel  frein  aux  mé- 
chants, qui,  autrement,  pour  étouffer  leurs 
remords,  n'auraient  eu  d'autre  ressouice  que 
de  nouveaux  attentats  !  Comment  se  résoudre 
à  penser  que  c'en  est  fait  à  jamais  de  cette 
douce  croyance  à  la  rémission  des  fautes  pour 
le  coupable  qui  les  avoue  et  qui  s'en  repcnt  ? 
Non  j  non  :  cette  idée  n'est  pas  morte  dans  les 
cœurs ,  il  ne  faut  que  l'y  réchauffer.  » 

Non  5  sans  doute ,  elle  n'est  pas  morte ,  cette 
douce  croyance 5  elle  vit  avec  le  catholicisme, 
invariable  et  consolante  comme  tous  ses  dog- 
mes. 


i»wv%A/vyvy^ikft 


DE  LA  CONFESSION. 


111 


S  VL  lord  Syron, 


Aces  témoignages  Tiens  pouvons  en  njontct 
un  autre  qui  ne  sein  pas  suspect ,  celui  de  lord 
Byron  ,  ce  poète  si  célèbre  par  son  scepticisme 
décourageant.  Byroo  ,  entraîné  par  son  génie, 
rend  au  catholicisme  un  hommage  d'autant 
plus  éclatant ,  qu'il  était  entouré  d'hommes 
plus  impies  encore  peut-être. 

«  C'est ,  dit-il ,  mon  désir  que  ma  fille  Al- 
«  légra  soit  catholique  romaine ,  c'est  là  la 
((  religion  que  je  tiens  pour  la  meilleure, 
a  comme  elle  est  sans  contredit  la  plus  an- 
ce  cienne  des  diverses  branches  du  christia- 
«  nisme(l). 

«  Je  ne  suis  pas  ennemi  de  la  religion ,  dit- 
ce  il  encore ,  en  revenant  sur  le  même  sujet  : 
c(  au  contraire ,  la  preuve  en  est ,  que  j'élève 
c(  ma  fille  en  bonne  catholique  dans  un  cou- 
ce  vent  de  la  Romagne,  car  je  crois  que  l'on 
ce  ne  peut  avoir  assez  de  religion, ...  Je  penche 
c<  beaucoup  en  faveur  des  doctrines  catluv 


(1)  Mémoires  sur  la  vîc  de  lord   Byron  ,  par 
Thomas  Moore.  Lettre  417  à  Hoppner. 


412  DTVÎNITÉ 

Uqncs  [i],  »  Donc  il  penchait  beaucoup  en  fa- 
"veur  de  la  confession  ,  qui  est  une  des  prati- 
ques les  plus  nécessaires  et  les  plus  univer- 
selles du  calliolicisine. 

§  VIL  Opinion  de  Châtêmbriand. 

Pour  donner  une  nouvelle  force  aux  aveux 
de  tous  ces  philosophes ,  nous  citerons  ici  le 
sentiment  de  l'illustre  auteur  du  Génie  du 
Christianisme. 

a  La  confession  suit  le  baptême,  et  l'Eglise, 
avec  une  prudence  qu'elle  seule  possède ,  a 
fixé  répoquc  de  la  confession  à  l'agc  où  l'idée 
du  crime  peut  être  conçue  :  il  est  certain 
qu'à  sept  ans  l'enfant  a  les  notions  du  bien 
et  du  maL  Tous  les  hommes  ,  les  philosophes 
mêmes ,  quelles  qu'aient  été  d'ailleurs  leurs 
opinions ,  ont  regardé  le  sacrement  de  péni- 
tence comme  ce  une  des  plus  fortes  barrières 
«  contre  le  vice ,  et  comme  le  chef-d'œuvre 
«  de  la  sagesse.  »  —  «  Que  de  restitutions , 
de  réparations ,  dit  Rousseau ,  la  confession 
ne  fait-elle  point  faire  chez  les  catholiques  !  » 
Selon  Voltaire ,  «  la  cop^ession  est  une  chose 

(1)  Tbid,^  471  Lettre  à  Thomas  Moorc. 


DE  LA  CONFES^^tOlf.'  115 

\rcû  excellente,  un  frein  au  erimc ,  inventé 
dans  Vimiiqaiié  la  plus  reculée  ;  on  se  confes- 
sait dans  la  céléhnuion  de  tous  les  anciens 
mystères.  Nous  avons  imité  et  sanctifié  cette 
sage  coutume  :  elle  est  très  bonne  pour  enga- 
ger les  cœurs  ulcérés  de  haine  à  pardonner.  » 

Sans  cette  institution  salutaire  ,  le  coupable 
tomberait  dans  le  désespoir;  dans  quel  sein 
décliargerait-il  le  poids  de  son  cœur  ?  serait- 
ce  dans  celui  d'un  ami  ?  Eh  !  qui  peut  comp- 
ter sur  Tamitié  des  hommes  ?  Prcndra-t-il  les 
déserts  pour  confidents  ?  Les  déserts  retentis- 
sent toujours  pour  le  crime  du  bruit  de  ces 
trompettes  que  le  parricide  Néron  croyait  ouïr 
autour  du  tombeau  de  sa  mère.  Quand  la  na- 
ture et  les  hommes  son!  impitoyables ,  il  est 
bien  touchant  de  trouver  un  Dieu  prêt  à  par- 
donner :  il  n'appartenait  qu'à  la  religion  chré- 
tienne d'avoir  fait  deux  sœurs  de  l'innocence 
et  du  repentir  {i). 

Et  n'allez  pas  croire ,  mo«  cher  Théophile , 
que  les  philosophes ,  en  parlant  de  la  con- 
fession ,  se  soient  bornés  à  une  admiration 
stérile  et  purement  spéculative  :  presque  tous 
se  sont  confessés ,  au  moins  à  la  mort ,  ce  qui 


(1)  Génie  du  Chn9tianismM^ 


\y\/\j\rif^^\.  ik/vrv 


DIVINITÉ 

prouve  que ,  tout  en  vomissant  mille  blas- 
phèmes contre  la  religion  de  Jésus-Christ ,  ils 
n'avaient  fait  que  s'ctourdir,  et  n'étaient  point 
parvenus  jusqu'à  arracher  de  leur  cœur  la  foi 
catholique. 

Ainsi  nous  allons  vous  montrer  par  les 
exemples  suivants  que ,  parmi  les  philosophes, 
un  grand  nomhrc ,  après  avoir  attaqué  le 
dogme  de  la  confession  pendant  la  vie ,  se  sont 
confessés  à  la  mort.  Quel  préjugé  en  faveur 
de  la  confession  ,  quand  bien  même  sa  néces- 
sité et  sa  divinité  ne  seraient  pas  démontrées 
par  les  preuves  les  plus  fortes  et  les  plus 
nombreuses!... 


ExeM^pleSi 


1*  taMettriCf  médecîn  et  littérateur  trop  fameus 
par  ses  égarements  et  ses  désolantes  doctrines,  se 
voyant  à  rextrémité,  s*oecupa  à  détester  Tabsurde 
philosophie  qui  l'avait  jeté  dans  les  plus  mons- 
trueux excès.  11  désavoua  publiquement  toutes  ses 
erreurs,  fit  venir  un  prêtre ,  se  confessa,  et  voulut 
constater  son  repentir  par  des  preuves  non  équi- 
voques. L'approche  de  sa  dernière  heure  lui  fit 
comprendre  que  le  triste  honneur  de  mourir  dans 
Fimpicté  ne  valait  pas  le  sacrifice  des  espérances 


»VVVrv^./%<r\/vVV-v/ 


.r^i\.f^r-  r^-^  \.f\.>\/\.i\'-^^^  J^s/' 


\  DE   tA  CONn-SSÎON,'  il 5 


*>        fini  lui  restnicnl  df*.  flt'diir  la  colère  de  Dieu.   Il 
S        mourut  à  Berlin,  en  1751  (1). 

>  2.  Le  comte  de  BoulainvUUerê^  nutcur  de  plii- 

>  sicurî^  ouvrages  remplis  do  sarcasmes  contre  la  rc-  <| 
ligion  et  do  m;\ximcs  anti-chrctienncs  ,  mourut  le  ^ 
23  janvier  1722,  après  avoir  reçu  les  sacrements  c 
de  pénitence  et  d'cncliaristie  avec  beaucoup  de  con-  <. 
naissance  et  de  pieté  ,  et  son  confesseur  assura  <^ 
qu'il  avait  peu  vu,  dans  l'exercice  de  son  ministère,  ^ 
de  personnes  mieux  disposées.                                            <î 

3.  Montesquieu^  qui  ,  dans  plusieurs  de  ses  ou 


(I)  M-JIanç^cj  de  philGio^Uie ^  par  MM,  Picot  et  de  Boulogne,  t.  4. 


^       vrages  ,  porte  fort  loin  la  liberté  de  penser  en  ma-  ïj 

S        lière  de  religion,  montra,  à  la   mort ,  les  disposi-  ^. 

s       lions  les   plus  édifiantes.    Son  confesseur,  le  P.  < 

^       Roullï,  a  donné  une  relation  de   ses  derniersmo»  c; 

^       ments;  on  ne  saurait  la  lire  sans  être  édifié  et  at-  < 

l       Icndri.  Montesquieu  mourut  à  Paris,  en  1755.  ^ 

^  4.  Du  Marsais^  (  mort  le  11  juin   1756),  après  ^ 

?       avoir  publié  plusieurs  ouvrages,  où  il  ne  chercha  ^ 

^       pas  même  à  déguiser  sa  haine  contre  la  religion,  ^ 

^       voulut  recevoir  les  derniers  sacrements,  et  tint  au  ^ 

?       prêtre  qui  les  lui   administra  un  disco&rs  qui  an-  *> 

\       nonçait  et  la  vivacité  de  sa  foi  et  l'amertume  de 
son  repentir. 

5.  Maupertuîs  ,  savant  astronome  et  membre  de 
l'Académie  des  sciences,  a  émis  dans  ses  ouvrages 
des  opinions  qui  favorisent  le  matérialisme.  Se 
voyant  près  de  sa  fm ,  il  rentra  en  lui-même ,  se 


H6                      ôiVîNîTÊ  :; 

confessa,  et  mourut  à  Bâlc  ,  en  1759,  entre  deux  < 

religieux  qu'il  avait  appelés  près  de  lui  dans  ses  < 

derniers  moments.  < 

G.  Fontenelle ,  un  des  fondalçurs  de  recelé  phi-  j 

losophiquc  ,  mourut  à  Paris,  le  11  janvier  1757,  $ 

danslcs  dispositions  les  plus  religieuses,  Iclcr  jan-  ^ 

vier,  sans  se  trouver  plus  mai  qu'à  l'ordinaire ,  il  S 

avait  de  lui-même  demande  les  sacrements  et  les  S 

avait  reçus  avec  une  parfaite  connaissance.  ^ 

1,  Boulanger^  auteur  de  V Antiquité  dcvoilêc^wn  '? 

des  ouvrages  les  plus  dangereux  et  les  plus  impies  \ 

qui  aient  clé  publiés  dans  le  dernier  siècle,  tcmoi-  \ 
gna  au  lit  de  la  mort,  les  remords  les  plus  vifs.  Il 
eut  plusieurs  entretiens  avec  M.  Lambert,  chanoine 
de  Saint-Honorc ,  et  déposa  entre  les  mains  de  ce 
vertueux  ecclésiastiaue  les  témoignages  de  sa  dou- 
leur et  de  son  repentir*  îl  moui*ut  le  16  septem- 
bre 1759. 

8,  Le  marquis  cZ'/^/rp'çns  (mort  en  1771.)  Cet  écri- 
vain si  connu  par  son  incrédulité  déclarée,  étant  ^ 
tombé  malade  chez  une  de  ses  sœurs,  en  Provence,  <^ 

>  commença  en  cet  état  à  se  défier  des  sentiments  c. 

>  qu'il  avait  montrés  jusqu'alors.  Il  se  convainquit,  < 
b  dans  des  conversations  sérieuses  ,  de  la  religion,  et  <\ 
y  le  président  d'Eguillcs,  son  frère,  aimait  à  racon-  r 
^          ter  comment  cet  impie  si  présomptueux,  s'humilia  < 

enfin.  Il  montra  beaucoup  de  repentir,  se  confessa,  c 

et  en  mourant,  n  priait  ïe  prêtre  qui  l'assistait  de  ? 

\m  suggérer  les  sentiments  et  les  prières  qui  de-  < 


/\/\/\.'\.^^''^-^^,'\.-'.y\y\r,r\r\/'\r.r\r^  j  v  \r^j\*  ^  >y\r^/\r 


i 


DE  LA  CONFESSIOÎ^.  il 

valent  rocciipor  dans  ce  terrible  passogc  du  Icmpfl 
u  rctcrnilc  (1). 

9.  Toifs^nint)  antourdu  livre  dos  Mœio-.'i ,  le  pre- 
mier ouvrage ,  dit  la  Harpe,  où  l'on  se  soit  propose 
un  plan  de  morale  naturelle,  indépendant  de  toute 
croyance  relii;ieusc  et  de  tout  eultc  extérieur. 
Toussaint  manifesta  le  plus  grand  repentir  dans  la 
maladie  dont  il  mourut,  en  1788,  condamna  hau- 
tement le  scandale  de  sa  conduite  et  de  ses  écrits, 
cl  reçut  les  derniers  sacrements  avec  toutes  les 
marques  d'une  grande  piété.  Le  jour  même  de  sa 
mort,  il  fit  venir  ses  amis,  et,  en  leur  présence,  il 
adressa  le  discours  suivant  à  son  fils,  alors  âgé  de 
quinze  à  seize  ans  :  «  Mon  fils,  écoutez  et  retenez 
ce  que  je  vais  vous  dire  :  Je  vais  paraître  devant 
Dieu,  et  lui  rendre  compte  de  toute  ma  vie  ;  je  l'ai 
beaucoup  offensé,  et  j'ai  grand  besoin  d'en  obtenir 
miséricorde...  Je  vous  ai  scandalisé  par  une  con- 
duite trop  peu  religieuse,et  par  des  maximes  beau- 
coup trop  mondaines  :  me  le  pardonnez-vous  ?  fe- 
rez-vous  ce  qu'il  faut  pour  que  Dieu  me  le  pardonne  ; 
arrivercz-vous  de  vous-même  à  d'autres  principes 
que  ceux  que  je  vous  ai  donnés?  Ecoutez  bien, 
mon  fils,  les  leçons  tardives  que  je  vous  donne  en 
ce  moment  :  J'atteste  le  Dieu  que  je  vais  recevoir 
et  devant  qui  je  vais  paraître,  que  si  j'ai  paru  peu 
chrétien  dans  mes  actions,  dans  mes  discours,  dans 
mes  écrits,  ce  n'a  jamais  été  par  conviction  5  ce  n'a 


[\)  Mclangct  philosoj^hiaiieif  i.  4? 


wvi.'- 


s 


s  il8  DIVINITÉ 

étc  que  par  Mspcct  humain ,  pur  vanité  ,  et  pour  !? 

plaire  h  telles  et  telles  personnes.  Mettez-vous  à  ^ 

genoux,  mon  fils,  joignez  vos  prières  à  celles  des  ^ 

personnes  qui  m'entendent  et  qui  vous  voient  ;  pro-  c: 

mettez  à  Dieu  que  vous  profiterez  de  mes  dernières  ^ 

leçons,  et  conjurez-le  de  me  pardonner  (1).'  ^  \ 

10.  Bouguer,  profond  géomètre  et  membre  de  ^• 

l'Académie  royale  des  sciences ,  à  la  mort  duquel  ^ 

d'Âlembert  ne  put  s'empêcher  de  dire  :  IVou»  ve-  < 

nous  de  perdre  la  meilleure  tête  de  t  Académie^  Bon-  ) 
guer  avait  eu  le  malheur  de  laisser  éteindre  dans      .    > 

son  cœur  le  flambeau  de  la  foi.  Vers  la  fin  de  sa  ^ 

vie, la  curiosité  l'ayant  amené  aux  discours  que  le  c' 

père  Laberthonie ,  dominicain ,  prêchait  avec  le  plus  ^ 

grand  éclat  contre  les  incrédules  .  dans  les  princi-  ^ 

pales  chaires  de  la  capitale,  il  y  trouva  le  terme  et  ^^ 


>  le  remède  de  ses  erreurs.  Il  se  confessa,  et  avant  <^ 
J  de  commencer  sa  confession,  il  dévoila  en  présence  ^ 
■p         de  plusieurs  personnes,  le  secret  motif  qui  l'avait  î> 

>  entraîné  dans  le  parti  de  riuerédulité  :  «  Je  n'ai  ^ 
^  été  incrédule,  que  parce  que  j'ai  été  corrompu,  s'é-  5 
?          cria-t-il  dans  l'amertume  de  son  ame  ;  a/ions  au  plus  ^ 

>  pressé  ,  mon  père  ,  cest  mon  cœur  encore  plus  que  "> 
mon  esprit  qui  a  besoin  d'être  guéri,»  Sa  conversion  S 
fut  aussi  sincère  que  solide  ,  et  une  mort  chré-  5 
ticune  et  édifiante,  arrivée  au  mois  d'août  1758f,  ^ 
couronna  cet  heureux  changement  (2).  ^ 

{\)  Thihaalt,  Mes  souvenirs  de  vingt  ans, 

0  Relation  de  la  conversion   et  de  la  mort    de  M,   Bouguer» 


r 


v>  o  V  '■j\u'^\j\jr\J\/\j\/^.r\/\rnj\r^r\n^ 


.#E  LA  CONFESSIOIf .  4  19 

1 J .  Bu/Ion,  que  ses  systèmes  avaient  fait  classer 
dans  lùîiste  des  philosophes,  montra  dans  ses  der- 
niers moments  les  sonlimenls  les  plus  rch'gicux.  Il 
se  confessa  au  père  Ignace  BougauU,  capucin,  curé 
de  Buflfon  et  son  ami ,  qui  était  venu  à  Paris  sur 
la  nouvelle  de  sa  maladie,  et  il  reçut  les  sacrements 
en  présence  de  plusieurs  personnes  (en  17ft8). 

12.  Le  comte  de  Trcssan,  ami  de  Voltaire  et  atr- 
tcur  do  plusieurs  ouvrages  dans  lesquels  il  émet 
des  sentiments  tout-à-fait  anti-chrclicns,  reçut  les 
sacrements  huit  jours  avant  sa  mort,  en  1783,  avec 
toute  rédification  possible.  D'Alembcrt  ayant  ap- 
pris qu'il  avait  vu  plusieurs  fois  un  ecclésiastique, 
vint  l'avertir  qu'on  répandait  dans  le  monde  des 
bruits  qui  dcshonornicntson  caractère.  M.  deTres- 
san  reçut  cet  avertissement  avec  l'indignation  la 
plus  énergique.  D'Alembert  se  retira  confas  9  et 
laissa  en  paix  le  vieillard  mourant  (1). 

13.  DeLaiigîe^  auteur  de  plusieurs  ouvrages  im- 
pies, et  entre  autres  d'un  Voyage  en  Espagne^  où 
presque  à  chaque  page  ,  il  insulte  à  la  religion  ,  et 
n'en  parle  qu'avec  le  ton  de  l'emportement  ou  avec 
raccent  d'un  mépris  affecté, —  étant  tombé  malade 
dans  l'automne  de  1807  ,  commença  à  sentir  les 
alarmes  d'une  conscience  inquiète  sur  le  passé  et 
tremblante  sur  l'avenir.  Il  témoigna  le  désir  devoir 
un  ministre  de  la  religion,  et  il  accueillit  avec  joie 
un  ecclésiastique  pieux  et  éclairé  qui  se  chargea 


(t)  Suite  des  Souvenirs  de  Fsïi'c^e,  par  ini3ime  de  Cenlis» 


gVVwV\Ay\AÀA/\y^vvv^./-v/V^-/V\/^/ v^^ 


?  120  DIVINITÉ 

^  de  rentrctônîr  et  de  le  conso'er.  Ses  entretiens  fi- 
rent une  vive  impression  sur  l'esprit  de  31.  de  Lan* 
gic  ;  il  travailla  sérieusement  à  mettre  sa  conscience 
en  repos,  et  mourut  dans  les  dispositions  les  plus 
chrétiennes,   au  mois   d'octobre  1807,  réconcilie 

<  avec  Dieu  et  avec  lui-même,  purge  et  fortifié  par 
^         la  réception  de5  sacrements,  et  donnant  toutes  les        < 
(]         marques  d'un  sincère  repentir  (1 J  < 

<  14.  Robinet  y  auteur  deTouvrafffk  mlitulé  :  Do  la  < 
c;  Nature^  dans  lequel  il  émet  Jqo  opinions  les  plus  ? 
<J  singulières,  les  plus  hardies  c%  le  plus  paradoxales  c 
îj  sur  Dieu  et  ses  attributs,  sur  Tame,  sur  la  matière,  ^ 
cj  etc.,  eut  le  bonheur  d'être  ramené  à  la  religion,  ^ 
c!  et  publia  plusieurs  mois  avant  sa  mort  la  déclara-  < 
c  tion  suivante  :  «  Près  de  rendre  compte  à  Dieu  de  < 
ij  mes  pensées,  paroles  et  actions,  je  rétracte  sincc-  < 
c^  ?ement  et  publiquement  ce  qu'il  y  a  d'hétérodoxe  c 
r  et  de  répréhensible  dans  quelques  livres  que  j'ai  ^ 
^  faits  par  ignorance,  déraison,  inadvertance  ou  au- 

(^  trcment,  soit  dans  ma  jeunesse,  soit  dans  le  temps        < 

î!  do  la  révolution,  et  j*en  demande  humblement  par-        ^ 

c^  don  à  Dieu  et  aux  hommes.  Je  déclare  vivre  et  mou-        S^ 


rir  dans  le  sein  de  l'Eglise  catholique,  apostolique 


^  et  romaine,  en  communion  avec  le  souverain  pon-  (^ 

?  tife  et  les  évêqves  légitimement  institués  par  lui.»  î^ 

^  Non  content  de  cette  déclaration ,  Robinet  rcnou-  J; 

^  vcir  sa  profession  de  foi  lorsqu'il  reçut  les  derniers  ^ 

?  ** 


'vn^VVN^ 


».^^/*^  a^^tn/s;  # 


J  Sftpromcnls.  11  mourut  à  Rennes,  le  24  mars  1820,        ^ 

S  dans  les  senliiucnls  les  plus  chrclicns  et  les  plus        S 

^  cilifianls  (1).  ? 

îj  15.   NafioUon^  qui,  dans  les  jours  de  sa  gloire,         ^ 

î>  faisait  consister  toute  52  religion  à  assister  à  une         S 

S  messe  en  musique  les  jours  de  dimanclics  et  de  fc-         .• 

S  les,  Napoléon,  captif  à  Sainte-lïclène,  commença  à         ; 

\  penser  aux  devoirs  religieux.  Son  amc  sortant  cn- 

S  fin  d'un  trop  long  assoupissement,  cessa  d'être  Ler- 

S  ode  des  réves  d'une  gloire  et  d'une  grandeur  cva- 

S  nouies  à  jamais.  Il  lut  avec  intérêt  plusieurs  ou- 

^  vragcs  sur  la  religion,  et  cntr'autres,  l'Essai  sur  la 

S  dîviîie  autorité  du  lYouvoau   Testament,  par  David 

^  Bogue.  Il  fit  venir  d'Italie  un  prêtre  catholique  , 

cj  Tabbé  Bonaviso  ;  et  le  savant  docteur  Antomarclii, 

cj  alors  à  Sainle-IIclcnc  ,  actuellement  à  Paris,  tient 

\  pour  certain  que  rcx-empereur,  dans  ses  derniers 

^  moments,  réclama  et  reçut  les  secours  spirituels 

^  de  la  part  de  son  aumônier  (2), 

^  C'est  ce  qu'atteste  également  le  générel  Mon- 

^  tholon  dans  une  de  ses  lettres  :  «  je  sois  heureux  , 

^  me  dit  Napoléon,  après  avoir  reçu  rExtrême-Onc- 

?  tion,  JE  SUIS  iiEunEux  d'avoir  rempli  mes  devoirs,  je 

^  vous  souhaite,  général,  à  votre  mort,  le  même 

>  bonheur.  J'en  avais  besoin...  Je  n'ai  point  pratique 

?  sur  le  trône,  parce  que  la  puissance  étourdit  les 

^         hommes ,  mais  fai  toujours  eu  la  foi  :  le  son  des 


(I)  VÀmîâe  la  Religion,  t.  24,  p.  5G7. 
,2)  Histoire  des  Confesseurs  d:s  /îc't,  p.  409. 


i22  DIVINITÉ 

cloches  me  fait  plaisir,  et  la  vue  du  prêtre  m'é- 
meut. Je  voulais  faire  un  mystère  de  tout  ceci , 
mais  c'est  de  la  faiblesse.  Je  veux  rendre  gloire  à 
Dieu  ;  général ,  donnez  des  ordres  pour  qu*on 
dresse  un  autel  dans  la  chambre  voisine ,  on  y  ex- 
posera le  Saint-Sacrement.  Je  doute  qu'il  plaise  à 
Dieu  de  me  rendre  la  santé ,  mais  je  veux  l'im- 
plorer. Vous  ferez  dire  des  prières  des  quarante» 
heures.  Puis  se  ravisant,  Tempcreur  dit  :  Noît 
pourquoi  vous  charger  de  cette  responsabilité  ?  ol. 
dirait  que  c'est  vous ,  noble  gentilhomme  ,  qui 
avez  tout  commandé  de  votre  chef.  Je  veux  donner 
les  ordres  moi-même.  » 

(  Mort  d*un  enfant  impie  ,  eî  mort  chrétienne  de 
JVapoléon,  par  le  chevalier  de  Beauternc.) 


16.  Le  général  Bertrand.  Nous  avons  eu  la  con- 
solation d'apprendre  que  riliustre  général  Ber- 
trand ,  fidèle  au  grand  exemple  qu'il  avait  reçu  à 
Sainte-Hélène ,  n'a  pas  voulu  mourir  sans  rece- 
voir les  secours  de  la  religion.  Il  a  noblement 
couronné  sa  loyale  vie ,  en  donnant  à  ses  contem- 
porains celte  noble  leçon  de  plus.  Il  n'avait  point 
rougi  du  malheur^  il  rCa  pas  rougi  de  Dieu  ,  et  les 
derniers  moments  ,  pendant  lesquels  il  pouvait 
jouir  de  la  gloire  humaine,  lui  ont  servi,  nous 
avons  tout  lieu  de  l'espérer,  à  enquérir  une 
gloire  qui  ne  finira  jamais. 

(Journal  de  VUniverêj* 


■^/\/^j^  f\j\^r\.r\j\^^ 


fr\^^Aj\r\j\j' 


S 


TiAlîÊ 


BILi 

DIVINITÉ  DE  LA  CONFESSION. 

DEUXIÈrilE  PARTIE. 
EFFETS  DIVINS  DE  Ik  CONFESSION- 

Ccstpar  leurs  fruits,  dit  Jésus-CIirisi 
en  parlant  des  faux  docteurs,  que  vous  hSy 
connaîtrez.  Cette  maxime  pleine  de  sa- 
gesse est  fondée  sur  la  nature  même  des 
choses.  Car,  ajoute  le  Sauveur,  un  bon 
arbre  ne  peut  porter  de  mauvais  fruits , 
et  un  mauvais  arbre  ne  peut  porter  de 
bons  fruits.  Or,  cette  règle  doit  s'appli- 
quer non  seulement  aux  hommes  et  aux 
autres  êtres  physiques,  mais  encore  aux 


^"^"^^^A/^AAA/^^-- 


\/\yVN/«^V 


.r^^rSi 


124  DIVINITÉ 

doctrines  et  aux  institutions  morales.  Si 
donc ,  un  dogme  pratique  produit  par  lui- 
même  de  bons  effets,  il  faut  en  conclure 
qu'il  est  bon  ;  et  qu'il  est  divin,  si  ses  ef- 
fets sont  divins. 

D'après  ce  principe  incontestable,  nous 
ne  craignons  pas  de  dire  que  la  confes- 
sion est  une  institution  divine,  puisqu'elle 
produit  des  effets  qui  conduisent  à  Dieu  ; 
et  on  peut  dire  d'elle^  ce  que  Saloraon  a 
dit  de  la  sagesse  :  Tous  les  biens  me  sont 
venus  avec  elle.  II  faudrait  des  volumes 
entiers,  si  on  voulait  énumérer  tous  les 
bienfaits  de  la  confession  soit  envers  la 
société  ea  général,  soit  envers  les  famil- 
les et  les  individus  en  particulier.  Mais 
forcé  de  nous  resserrer  dans  d'étroites 
limites,  nous  nous  bornerons,  dans  cette 
seconde  partie,  à  vous  exposer  les  prin- 
cipaux avantages  qui  sont  attachés  à  la 
réception  du  sacrement  de  pénitence. 

Méditez,  mon  bien  aimé  Théophile,  ces 


/■f^y\r\rj\r^ 


f>K  lA  CONFESSION.  i25 

nouvelles  réflexions  dans  le  secret  de  la 
solitude,  et  vous  n'aurez  plus  de  peine  à 
vous  pr(^'sonler  devant  le  ministre  de  la  \ 
réconciliation.  Oui,  allez  vous  confesser  \ 
et  vous  retrouverez  là ,  tout  ce  que  le  pé-  \ 
che  vous  a  fait  perdre ,  vives  lumières  \ 
pour  l'esprit,  consolations  pures  pour  le  ^ 
cœur,  secours  puissants  pour  la  volonté, 
calme  de  la  conscience,  paix  de  l'ame. 
Allez-y  donc  avec  confiance^  ô  mon  fils  , 
allez-y  avec  amour,  allez-y  avec  joie,  allez- 
y  souvent  et  bientôt  vous  éprouverez  en 
vous-même,  la  vérité  de  ces  consolantes 
paroles  du  prophète  :  Heureux  ceux  dont 
les  iniquités  ont  été  remises^  au  tribunal 
de  la  pénitence ,  et  dont  les  péchés  ont  été 
couverts  y  par  le  manteau  de  la  miséricorde 
divine  ^Psaume  xxxi.) 


\r^  V»  A> 


<         126  DIVINITE  <  ^ 


Chapitre  i^remier. 


Il  n'est  rien  ,  dans  la  nature  comme  dans 
la  religion,  qui  n'ait  pour  but  le  salut  et  le 
bonheur  de  l'homme ,  si  étroitement  liés  avec 
la  gloire  de  Dieu,  fin  dernière  de  toutes  cho- 
ses :  mais  c'est  principalement  dans  l'institu- 
tion du  sacrement  de  pénitence ,  que  le  Sau- 
veur s'est  proposé  de  venir  au  secours  de  no- 
tre misère  et  de  nous  communiquer  ses  grâ- 
ces. On  peut  dire  de  la  confession  comme  de 
son  auteur,  qiCelle  passe  dans  le  monde ,  en 
faisant  du  bien.  En  voulez-vous  la  preuve , 
mon  cher  Théophile,  considérez  quelques- 
uns  des  grands  bienfaits  qui  sont  attachés  à  la 
réception  de  ce  divin  sacrement. 

S  I.  Premier  bienfait. 

Le  premier  bienfait' de  la  confession  bien 
%ite ,  est  de  réconcilier  le  pécheur  avec  Dieu  ; 
m  narole  de  Jésus-Christ  est  formelle  :  «  Les 


Des  bienfaits  de  la  confession.  \ 


Î>E  LA  CONFESSION.  ^27 

ficMs  seront  remis  ,  ti-t-il  dit  u  ses  ministres, 
à  ceux  à  qui  vous  les  remettrez.  »  Le  péché 
avait  élevé  entre  Dieu  et  le  pécliciir,  \m  mur 
d'éternelle  séparation  ;  la  eonfession  le  fait 
tomber;  et  le  pécheur,  en  quclcpic  nombre  et 
de  quelque  nature  que  soient  ses  fautes,  pcui 
s'écrier  avec  IcPsalmiste  :  «  J'ai  dit  :  Je  m'é 
lèverai  contre  moi-même ,  je  confesserai,  sano 
déguisement  et  sans  réserve,  toutes  mes  ini- 
quités ,  et  aussitôt ,  ô  mon  Dieu  ,  vous  m'iwu 
pardonné  l'impiété  de  mon  crime (I).  » 

Voiei  ce  que  dit  un  protestant  qui  lui  m^- 
me,  quand  il  était  catholique ,  avait  fait  Vjc 
douce  expérience  de  ce  qu'il  avance  i  aprc  .^ 
avoir  engagé  le  pénitent  à  approcher  de  son 
confesseur,  non  comme  d'un  homme  qui 
peut  lui  dire  des  choses  agréables  et  rassu- 
rantes ,  mais  comme  d'un  homme  qui  a  reçu 
de  Dieu  le  pouvoir  de  l'absoudre  et  de  remet- 
tre ses  péchés ,  il  ajoute  :  «  Si  vous  le  faites  , 
assurez-vous  que  rentendement  humain  ne 
peut  concevoir  ce  transport ,  cet  excès  de  joie 
•çt  de  paix  qui  inonde  le  cœur  de  celui  qui 


(1)  PsaZ.  31,  T.  5. 


*.-^,/^-'"*  ''■•^''-"•'•'  V/Vf*VA>V/i'^X\> 


«--wv-^ 


125 


DIVINITE 


est  persuadé  qu'il  est  devenu  participant  à  ce 
bonheur  (1).  » 

En  effet  5  mon  cher  Théophile,  quand  on  a 
déposé  le  fardeau  de  ses  fautes ,  ne  semble  -t- 
1  pas  qu'on  est  déchargé  d'un  poids  accablant, 
qu'on  est  plus  libre,  et  par  conséquent  plus 
heureux  ?  Quelle  paix .  quelle  sécurité  suc- 
cède aux  troubles  et  aux  orages  de  la  cons- 
cience !  Il  est  si  doux  de  pouvoir  se  dire  soi- 
même  :  «  J'étais  captif,  je  traînais  une  chaîne 
pesante  qui ,  par  une  de  ses  extrémités  ,  te- 
nait à  l'éternel  abîme  où  une  place  m'atten- 
dait ,  et  me  voilà  rendu  à  la  liberté  des  en- 
fants de  Dieu  !  J'étais  mort ,  et  me  voilà  res- 
suscité !  J'étais  dans  un  état  complet  de  pau- 
vreté et  de  dénûment ,  et  me  voilà  enrichi 
des  dons  les  plus  précieux  i  tous  mes  anciens 
mérites  revivent;  je  suis  rétabli  dans  tous 
mes  droits  !  J'étais  l'enfant  du  démon ,  et  me 
voilà  Tenfant  de  Dieu ,  l'héritier  de  son 
royaume  l  Le  prêtre  du  Seigneur  m'a  dit  :  Je 
vous  absous ,  ailes  en  paix;  et  depuis  que  j'ai 
entendu  cette  (^nsolante  parole,  une  paix 

(1)  Chillingworth,  SerînonT,  cité  par  M.  Miîner 
dans  son  ouvrage  intitulé  :  Excellence  de  la  reli- 
gion catholique» 


rf»«VW|; 


'^/v\y%/  ^'\/\y\/K'  v^^^'w  vr\/-\y>^\/ 


'^v>^^\Af 


S  IL  Second  hknfaîL 


C*"-  P^nîtentia  hommîs  rei  félicitai  (Terlullien); 


?  DE   LA   CONFESSION.  420 

[:  (lélicioiisc  ,  une  i)aix  toute  céleste  ivgnc  (]n:i:i 

;?  mon  anic.   0  confession!  tu  es  la  félicita  de 

^  riiomme  pêcheur  {i)^  lu  le  réconcilies  avec         J 

^  ï)icu  5  tu  le  réconcilies  auss^  avec  lui-nicnic.  ^ 


<  Un  second  bienfait  que  procure  la  conTcs-  < 

l       sion,  c'est  d'empêcher  le  désespoir  de  péné-  \ 

s       trer  dans  l'ame  de  quiconque  a  eu  le  malheur  s 

^^       de    lonibcr   dans    quelque   faute  grave.   Si  ^ 

cj       Ihonimc  peut  faire  des  chutes,  la  religion  ^ 

c       lui  tend  une  main  secourable  pour  l'aider  à  î: 

>       se  relever  ;  elle  lui  présente  une  planche  après  ^ 

le  naufrage ,  et  cette  planche  ,  c'est  la  confes-  < 

sion.  Sans  cette  institution  salutaire,   «  que  s 

deviendrait  le  malheureux  mortel  qui  aurait  5 

:       été  victime  des  séductions  de  la  vie  et  des  \ 

)       écarts  des  passions?  En  proie  aux  remords,  \ 

n'osant  lever  les  yeux  au  ciel  dont  il  se  serait  s 

à  jamais  banni ,  tenterait-il  de  fléchir  la  jus-  ^ 

tice  divine?  Et,  dans  le  cas  où  il  essaierait  de  5 

le  faire,  sur  quoi  fonderait-il  son   espoir? 

Quelle  voix  du  ciel  lui  apprendrait  que  ses 


150  DIVINITÉ 

fautes  sont  pardonnes?  Quel  ange  viendrait 
lui  apporter  des  paroles  de  paix,  rétablir 
le  calme  dans  son  ame  et  mettre  un  terme  à 
ses  angoisses?  Le  trouble  le  poursuivrait  jus- 
qu'au tombeau;  la  terreur  l'environnerait  de 
toutes  parts  à  son  heure  dernière  ;  un  vague 
affreux  le  remplirait  d'horreur,  et  il  serait  li- 
vré pour  toujours  à  ces  furies  vengeresses  ^ue 
le  paganisme  laissait  au  criminel  pour  toute 
ressource  (1).» 

Oui,  mon  cher  Théophile,  sans  !a  confes- 
sion, l'homme  coupable,  quelques  démarches 
qu'il  eût  faites  pour  obtenir  son  pardon ,  ne 
pourrait  jamais  se  tranquilliser  parfaitement  ; 
kl  sainteté  infinie  de  Dieu  offensé  lui  laisse- 
rait toujours  les  doutes  les  plus  légitimes  sur 
la  réalité  du  pardon ,  et  ses  doutes  cruels  suffi- 
raient pour  le  jeter  dans  le  désespoir.  La  reli- 
gion catholique  l'arrache  a  cet  excès ,  en  lui 
montrant  ce  tribunal  de  miséricorde  où  l'on  peut 
absoudre  le  pécheur  qui  veut  devenir  juste , 
où  le  prêtre,  avec  quelques  paroles,  peut  laver 
Famé  de  ses  taches  et  lui  rendre  sa  blancheur 
et  sa  beauté  première. 


(1)  Mémoires  de  M,  de  Belval^  par  un  ancies 
député,  p.  287. 


i 


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'<  M  U  CONFESSION.  131  > 

S  III.  Troisième  bienfait.  > 

f' 

^  Un  troisième  bienfait  de  la  confession ,  \ 

^        c'est  de  prévenir  une  infinité  de  crimes  et  de  ;! 

\        scandales.  Le  langage  des  passions ,  dit  un  an-  '] 

'i        cien  magistrat  (1) ,  a  tant  de  charmes  pour  J; 

^        riiomme  déchu,  qu'il  était  imprudent  d'aban-  p 

i        donner  cet  homme  à  la  seule  direction  de  sa  < 

'?        conscience.  Le  cœur  est  un  abîme  où  se  ca-  ^ 

<        chcnt  mille  dangereux  penchants ,  qu'on  n'a-  ■= 

s        perçoit  presque   jamais  soi-même,   et  qui  [j 

S        néanmoins  frappent  Fatlention  d'un  confcs-  ^^ 

?        seur.  Parce  qu'on  n'aura  pas  commis  de  véri-  |; 

^        tables  crimes  ,  on  se  rassure ,  on  est  tran-  ;! 

l        quille  5  on  se  croît  pour  toujours  affermi  dans  i 

^        les  sentiers  de  la  vertu.  On  ne  voit  pas,  ou  ^ 

du  moins  on  néglige  d'extirper  certains  dé-  ^ 

fauts  légers  en  apparence ,  mais  qui  peuvent  \ 

devenir  la  source  des  plus  graves  prévarica-  j> 

tions.  Il  ne  faut  qu'une  mince  étincelle  pour  ^ 
allumer  un  vaste  incendie.  On  s'endort  dans 
une  funeste  sécurité. 

«  La  confession  prête  à  l'homme  une  abon- 

(1)  M.  Rosset ,  auteur  de  néephile  ou  la  Fhl 

losophie  du  Clmstianisme^ 


"w-^/WN' 


132  DIVINITÉ 

dancc  de  lumières  qui  lui  manque  dans  son 
isolement  :  un  œil  étranger  est  toujours  plus 
clairvoyant  et  plus  sûr  5  le  fatal  bandeau  se 
déchire ,  et  tel  qui  se  glorifiait  de  ses  vertus , 
gémit  bientôt  sur  Tétat  déplorable  dans  le- 
quel il  vivait ,  peut-être ,  hélas  !  depuis  bien 
des  années.  Il  est  donc  évident  que  la  confes- 
sion tend  à  prévenir  le  mal  en  le  coupant 
^       dans  sa  racine  ,  et  qu'en  nous  éclairant ,  elle 

>  nous  fournit  les  moyens  de  combattre  avec 
?        plus  de  succès  des  passions  naissantes  qui  de- 

>  viendraient  bientôt  une  véritable  tyrannie.  » 
5  Oui ,  cher  Théophile  ,  la  confession  arrête 
^  une  infinité  de  crimes  :  que  d'adultères  pré- 
i       venus!  que  de  divorces  empêchés!  que  de 

>  liens  flottan?  raffermi?  par  la  confession  ! 
^       combien  de  jeunes  gens  ne  doivent  qu'à  la 

>  confession  de  s'être  conservés  dans  la  pureté 
5  et  l'innocence  !  Il  en  coûte  pour  faire  l'aveu 
s       de  ses  fautes ,  et  la  honte  attachée  à  cet  hum- 

>  ble  aveu  a  la  force  d'arrêter  sur  le  bord  de 
^       l'abîme  :  «  Je  ne  ferai  pas  cela ,  parce  qu'il 

faudrait  le  dire  à  confesse  :  »  que  d'égaré 
ments  et  de  faiblesses ,  que  d'excès  et  de  dé- 
sordres, cette  seule  réflexion  ,  ce  simp^-c  r*^  * 
sonnement  n'a-t-ii  pas  lait  avorter  ? 
«  Que  je  suis  heureux ,    mon  père , 


V/\-^>/\/V/\/\jrv, 


DE   LA   CONFESf^ïON. 


^3b 


«  venu  à  confesse  :  j'étais  perdu ,  oui ,  j'clais 
«  perdu,  si  je  n'étais  pas  venu  à  vos  pieds  !  » 
Combien  de  fois,  dans  Texcrcicô  du  saint  mi- 
nistère ,  n'avons-nous  pas  entendu  rendre  cet 
liommage  à  refficacité  de  la  confession  ?  Sou- 
vent aussi  nous  avons  entendu  des  coupables, 
dont  la  grâce  avait  touché  le  cœur,  s'écrier 
douloureusement  :  «  C'est  l'abandon  de  la 
((  confession  qui  est  la  cause  de  tous  mes 
«  malheurs,  jamais  je  ne  serais  tombé  dans 
(c  les  crimes  qui  pèsent  sur  ma  conscience ,  si 
«  j'avais  continué  de  m'approcher  du  tribunal 
a  sacré.  » 

§  IV.  Suites  funestes  de  Vabolition  de  la 

confession. 


Aussi,  Tusage  de  k  confession  ayant  été 
aboli  dans  certaines  contrées ,  qu'en  est-il 
résulté  !  Des  crimes  sans  nombre  ,  des  désor- 
djes  inouïs  jusqu'alors.  Voici  ce  qu'on  lit 
dans  la  liturgie  suédoise.  «  Lorsqu'on  s'est 
relâché  sans  mesure  sur  les  règles  prescrites 
parla  confession  auriculaire,  les  jeûnes,  la 
célébration  des  fêtes....,  ces  concessions  ont 
été  aussitôt  suivies  d'un  libertinage  si  affreux, 


154  DIVINITÉ 

qu'il  n'y  a  personne ,  quoi  qu'on  leur  dise , 
qui  ne  se  croie  permis  de  satisfaire  ses  pas- 
sions ,  au  lieu  de  se  rendre  à  des  avis  salu- 
taires. Les  exhortez-vous  àvse  confesser,  afin 
de  s'assurer  de  la  sincérité  de  leur  conversion, 
à  laquelle  seule  l'absolution  doit  être  accor- 
dée, ils  s'écrient  qu'il  ne  faut  contraindre 
personne.  Leur  recommandez-vous  l'observa- 
tion du  jeûne,  ils  se  livrent,  au  contraire; 
aux  désirs  déréglés  de  leur  ventre....  En  un 
mot,  les  chevaux  emportent  le  cocher,  selon 
le  proverbe ,  et  les  rênes  ne  conduisent  plus 
le  char  (1).  »  • 

Les  Luthériens  de  Nuremberg  lurent  sî  ef- 
frayes du  débordement  de  crimes  dont  fut 
suivi  presque  immédiatement  l'abolition  de  la 
confession  auriculaire ,  qu'ils  envoyèrent  une 
ambassade  à  Charles- Quint  pour  le  supplier 
de  rétablir  chez  eux ,  par  un  édit ,  l'usage  de 
la  confession.  Les  ministres  de  Strasbourg 
émirent  le  même  vœu  dans  un  mémoire  qu'ils 
présentèrent,  en  1670,  au  magistrat.  Ces  re- 
quêtes furent  taritées  comme  elles  le  méri- 


(1)  Voyez  les  Considérations  sur  le  dogme  gêné' 
valeur  de  la  piété  chrétienne ,  par  Tabbé  Gerbet , 
D.  293. 


DE  LA  CONFESSION.  135 

taicnt;  on  les  regarda  comme  non  avenues. 
Un  magistrat,  un  monaniuo ,  peuvent  être 
assez  puissants  pour  faire  lléchir  le  genou  ^ 
mais  leur  pouvoir  ne  saurait  aller  jusqu  a  ou- 
vrir les  consciences. 

§.  V  Quatrième  bienfait. 

Un  quatrième  bienfait  attache  à  la  confes- 
sion, c'est  de  faire  rendre  le  bien  mal  acquis. 
Jean-Jacques-Rousseau  en  convient  lui-même. 
«  Que  de  réparations  ^  s'ëcrie-t-il  dans  son 
c(  Emile ,  que  de  restitutions ,  la  confession  ne 
«  fait-elle  point  faire ,  chez  les  catholiques  !  » 

Nous  vous  citerons  plus  bas  ,  mon  bien 
cher  ami ,  des  exemples  qui  vous  le  prouve- 
ront efficacement. 


g.  XL  Cinquième  bienfait. 

Enfin  ,  le  dernier  bienfait  de  la  confession  , 
celui  qui  couronne  tous  les  autres ,  c'est  de 
consoler  le  pécheur  mourant ,  de  dissiper  en 
lui  les  craintes  de  l'avenir  ,  de  le  disposer  au 
grand  voyage  de  l'éternité.  Que  pourrait-ij 
craindre  ,  en  effet ,  ce  pécheur ,  quel  que  soit 
le  nombre  de  ses  iniquités  ?  Il  en  a  fait  l'hum- 
ble aveu  au  ministre  de  Jésus-Christ  :  ui>e  sen- 


'136  DIVINITÉ 

tcnoe  de  miséricorde  a  cte  prononcée  sur  lui , 
et  il  a  la  douée  confiance  que  ce^ie  sentence 
a  été  ratifiée  dans  le  ciel.  ^ 

Qu'un  grand  coupable  sôît  condamne  à 
mort,  il  blasphème ,  le  malheureux  !  il  est 
en  proie  aux  convulsions  du  plus  violent  de- 
sespoir. Qu'il  s'opiniâtre  à  refuser  les  secours 
de  la  religion  ,  et  son  désespoir  l'acompagnera 
jusque  dans  l'éternité.  Mais  qu'il  se  décide  à 
demander  un  prêtre ,  et  bientôt  ce  ne  sera 
plus  le  même  homme.  Il  sera  tout  conso- 
jé  ,  quand  il  aura  fait  le  récit  de  ses  fautes 
et  de  ses  peines  ;  il  sentira  sa  conscience 
déchargée  d'un  poids  énorme  ,  quand  il  au- 
ra épanché  son  cœur  dans  le  cœur  d'un 
ami....  Et  quand  viendra  le  moment  du  sa- 
crifice ,  il  montera  à  l'échafaud  avec  calme 
et  résignation  ;  et  ce  calme  ,  cette  résigna- 
tion ,  il  les  devra  à  la  confession  et  aux  pa- 
roles consolatrices  que  le  prêtre  lui  aura  fait 
entendre,  • 

Hélas  !  il  n'y  a  pas  que  le  crime  qui  monte 
à  l'échafaud,..  L'innocence  et  la  ver  lu  n'en  sont 
pas  toujours  exemptes.  Oh  !  alors  ,  quel  cou- 
rage 5  quelle  intrépidité  la  confession  ne  don- 
ne-t-elle  pas  ! 

La  considération  de  ces  biens  porte  un  il- 


y\A>vv\Ayv\AA/\/v\/yAA/vwv 


DE  LA  CONrrASi;)N»  i^l 

lustre  priîlat  à  s'ccricr  dans  un  saint  trans- 
port d'admiration  :  «  Ce  sont  là  tes  prodi^'cs  , 
religion  calliolique  !  toi  seule  sais  les  1)10- 
duire,  tandis  (pie  rincrédulité  abandonne 
ses  adeptes  aux  angoisses  du  désespoir ,  tu 
ebarmes  pour  tes  enfants  la  <loulenr,  la  souf- 
franee  ,  et  jusques  les  tourments  j  lu  les  ravis 
en  extase  (1).  » 

§.  VU.    Bienfaits  temporels  de  la  confession. 

A  tous  les  bienfaits  spirituels  de  la  confes- 
sion dont  nous  venons  de  parler ,  mon  cher 
Théophile ,  nous  pourrions  en  ajouter  quel- 
ques autres  temporels  ;  savoir  :  le.  bon 
ordre  dans  la  société,  la  tranquillité  dans  les 
fiunilles,  la  conservation  de  Thonncur  cl  de 
la  fortune  ,  le  rétablissement  de  la  santé  ,  :[vi 
sont  souvent  les  heureuses  suites  d'une  con- 
fession bien  ûûte.  Contentons-nous  de  prou- 
ver ce  dernier  et  précieux  avantage ,  si  digne 
de  fixer  Tattention  de  tout  homme  sage.  Oui , 
mon  cher  ami  ,  si  vous  considérez  l'inmiense 
influence  du  moral  sur   notre    physique  ,  il 

(1)  Discours  sur  Vîncrêdulitè,  par  Mgr.  l'évéque 
de  Strasbourg. 


ioS  mxmvTÉ 

vous  sera  facile  de  conclure  qu'une  boniifc 
confession  est  un  moyen  presque  curalifdaus 
le  traitement  des  maladies. 

En  effet,  combien  d'affectionss  nerveuses  ne 
sont  entretenues  que  parce  que  les  malades , 
sans  confidents  intimes,  ou  sans  consolateurs 
véritables ,  cherchent ,  mais  en  vain  ,  à  étouf- 
fer les  remords  qui  bourrellent  leur  con- 
ficience.  Sans  cesse  tourmentes  par  le  souve- 
nir de  leurs  fautes  ,  ils  languissent  sous  le 
poids  de  quelques-unes  de  ces  alFections , 
pour  peu  que  leur  organisation  y  soit  dispo- 
sée. Combien  de  personnes  ,  peut-être  ,  ne 
sont  souffrantes,  sans  que  le  médecin  s'en 
doute,  que  parce  qu'elles  sont  privées  de  la 
faculté  de  pouvoir  déposer ,  dans  le  sein  d'un 
ministre  de  paix ,  l'aveu  de  fautes  bien  légè- 
res quelquefois  ,  mais  que  leur  cœur  vertueux 
néanmoins  leur  reproche  avec  amertume  ? 

Il  n'y  a  pas  de  maladies  plus  opiniâtres 
que  celles  qui  tiennent  à  un  moral  affecte , 
et  qui  résistent  d'avantage  aux  remèdes  or- 
dinaires de  l'art.  La  confession  serait  donc 
dans  ces  cas  encor^  jssez  ordinaires  un  re- 
mède adjudant,  plus  utile  qu'on  ne  pense 
L'expérience  est  là  pour  'mnîs  l'attester. 
Mais  pour  que  la  confession  opère  cet  heu- 


ff\  r^.i-^  /-v/v/ 


rvrvy-»'  rv/^/^.. 


tm  LA  CONFESSION. 
)ors()iincs  ! 


13* 

i)ar  II 


rciix  clTol  dans  les  personnes  agiii 
crainte  ,  il  faut  que  les  malades  soient  péné- 
trés d'une  haute  vénération  pour  cette  sainto 
praticiue ,  qu'ils  apportent  une  confiancd 
entière  dans  le  ministre  de  ce  sacrement,  et 
une  effusion  complète  dans  la  confidence  d| 
leurs  fautes  et  de  leurs  peines. 

La  pratique  de  la  confession  est  encore 
avantageuse  à  la  santé,  parce  qu'elle  porte, 
les  jeunes  gens  surtout ,  à  mettre  plus  de  ré* 
gularité  dans  leur  conduite.  Dès  lors  ils  évi^ 
tcnt  plus  facilement  les  désordres ,  les  excci 
divers ,  qui  détruisent  les  sources  de  la  vie  j 
et  d'où  naissent  la  plupart  des  maladies.  Si , 
dès  les  premiers  pas  dans  le  libertinage  ,  le 
jeune  homme  confessait  franchement  ses 
torts ,  avec  la  ferme  résolution  de  ne  plus  y 
retomber,  il  aurait  un  moyen  puissant  pour 
se  corriger  de  ses  mauvaises  Iiabitudes  et  pour 
pratiquer  la  vertu.  Dès  lors,  sa  vie  cesserait 
assez  à  temps,  d'être  licencieuse,  et,  par 
conséquent^  les  débauches  infâmes,  les  plai- 
sirs meurtriers  nt  Rendraient  plus  miner 
sourdement  sa  santé  ,  commencer  des  mala- 
dies qui,  en  peu  de  temps,  se  trouvent  au- 
dessus  des  ressourcs  de  l'art.  Le  nicdccin 
aurait   la    satisfaction   de    guérir  bien  plus 


,  /x/V/^^'vrvy>_/ 


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l 


140  bmmïÊ 

souvent ,  et  la  sociélc  .  colle  de  voir  plus  frc^ 
qiîcmment  revenir  à  elle  des  hommes  utiles. 
DoiNG  ,  conclut  un  médecin  protestant  a  quf 
nous  empruntons  ces  pensées  ,  donc,  la  reli- 
gion et  toutes  les  pratiques  qui  en  dérivent 
sont  importantes  aux  médecins  eux-mêmes  (ï). 


Un  pieux  auteur  rapporte  qu'un  officier  de  ca- 
valerie ctanl  passe  dans  un  de  ses  voyages,  par  un 
lieu  011  le  P.  Brydaine  donnait  une  mission  ,  fut 
curieux  d'entendre  un  orateur  d'une  si  grande  re- 
nommée. Il  entra  dans  l'église  lorsque  ce  mission- 
naire ,  après  les  exercices  du  soir,  développait  dans 
un  avis  ,  l'utilité  et  i»  méthode  d'une  bonne  con- 
fession. Le  militaire  ,  touché  ,  forme  à  l'instant  la 
résolution  de  se  confesser ,  vient  au  pied  de  la 
chaire ,  parle  au  P«  Brydaine,  et  se  décide  à  rester 
à  la  mission. Sa  confession  fut  faite  dans  les  senti- 
ments d'un  vrai  péni:ent.!l  lui  sembluj  ,  disait-il 
qu'on  ôtait  de  dessus  sa  tcte  un  poids  insuppor- 
lable.Le  jour  où  il  cui  le  bonheur  de  recevoir  l'ab- 

(1)  M,  le  docteur  Ami  Bade! ,   de  Genève  ,   lîê. 
nesci&ns    mccUco-lhcologiques    sur    la     Confession^ 


DE  LA  COINFESSION.'  14! 

sohilion,  il  soi'til(liilril)i:nal,  tcmoin  ilo  srsnvout, 
en  versant  des  laiincs  que  tout  le  monde  lui  vit 
répand ic. 

Rien  ne  lui  était  si  doux  ,  disait-il,  que  ces  pleurs 
qui  coulaient  sans  elTort,  par  amour  et  par  recon 
naissance.  11  suivit  le  suint  prêtre,  lorsqu'il  se  ren- 
dit à  la  sacristie;  et  là,  en  présence  de  plusieurs 
missionnaires  ,  le  loyal  et  cdinant  militaire  expri- 
ma en  ces  termes  les  sentiments  dont  il  était  ani 
mé  :<  Messieurs ,  ccoutez-moi  de  grâce,  et  vous 
particulièrement  ,  père  Brydainc^  je  n*ai  goûlé  de 
ma  \\q.  des  plaisirs  si  purs  et  si  doux  que  ceux  quo 
je  goûte  dî^puis  que  je  suis  en  grâce  avec  mon  Dieu; 
je  ne  crois  pas  ,  en  vérité  ,  que  Louis  XV,  que  j*ai 
servi  pendant  trente-six  ans  ,  puisse  être  plus  heu- 
reux (juc  moi.  Non  ,  ce  prince  ,  dans  tout  Téclat  (pii 
environne  son  trône ,  au  sein  de  tous  les  plaisirs 
qui  l'assiègent ,  n'est  pas  si  content ,  si  joyeux  qu6 
je  le  suis  ,  depuis  que  j'ai  déposé  l'horrible  fardeau 
de  mes  péchés.  »  Voilà  ce  qu'éprouvent  tous  ceux 
qui  reviennent  sincèrement  à  Dieu. 

(M.  Carron  ,  F^ie  du  P,  Bry daine,) 

TRAIT  RAPPORTÉ  PAR  MADAME  DE  CENL18. 

«  îl  y  a  environ  six  mois  9  dit  Mme  de  Genlis  , 
dans  un  de  ses  ouvrages  ,  que  l'on  vola  ici  (  au  Pa- 
lais-Royal),  la  valeur  de  dix  mille  francs  d'argen- 
terie. 11  m*a  été  impossible  de  découvrir  l'auteur  da 


^  w^^y»  'f^^^^\^\/\ri/\f\r^j\^^f\f^j*,,/\fsr'^/%f\fs^ 


^î^:^^i. 


DIVINITÉ 


ce  vol,  nî  même  de  pouvoir  forme?  tin  soupçon  ,1 
cet  égard.  Hier ,  M«  le  curé  de  Saint-Euslachc  me 
fît  demander  à  me  parler  en  particulier.  Celait 
pour  m*annoncer  qu'il  m'apportait  la  restitution 
du  vol.  Nous  sommes  à  la  fin  du  carême,  et  le  vo- 
leur a  voulu  faire  ses  pâques»  Si  au  lieu  d'avoir  été 
élevé  dans  la  religion  catholique  ,  il  n*cût  connu 
que  la  religion  des  philosophe^  il  aurait  pensé 
comme  Figaro  ,  que  ce  qui  est  bon  à  prendre  est  bon 
à  garder.  Deux  hommes  ont  apporté  dans  ma  cham« 
bre  la  caisse  qui  contenait  l'argcnlerie^M,  le  curé 
de  Saint-Eustache  a  demandé  que  la  restitution  fût 
vérifiée  en  sa  présence.  On  avait  effacé  toutes  les 
armes  ,  rompu  quelques  cuillers  ,  et  ployé  en  deux 
trois  plats;  mais  tout  s'y  trouvait^  il  n'y  manquait 
pas  une  seule  pièce. 

(Suite  des  Souveni7^s  de  Félicie  ,  par  Mme  d© 
Genlis.) 


RESTITUTIONS    PA».   lA   CONFESSION. 


Pendant  la  quinzaine  <te  Pâques ,  un  prêtre  re- 
mit à  un  ministre  protestant ,  habitué  à  tourner  en 
dérision  les  sacrements  de  l'Eglise ,  une  somme 
considérable  à  laquelle  il  ne  s'attendait  pas.  Cet 
argument  très  sensible ,  détrompa  si  bien  le  mi- 
nistre prévenu  contre  l'Eglise  catholique ,  que 
lorsque  Toceasion  s'en  présentait ,  il  ne  pouvait 
s'empêcher  de  dire  :  «  //  faut  avouer  que  fa  con- 
fession  est  une  bonne  chose»  » 


w^X.'^-/"'  '-\/^^,.,/-^ 


LE   LA  CONFESSION.  413 

Un  catholique  de  Suisse  ,  dos  environs  de  Frî- 
bourg,  ayant  trouve  une  forte  somme  sur  le  che- 
min de  Berne  à  Fribourg ,  la  retint  ;  mais  étant 
nUô  à  confesse  quelque  temps  après  ,  son  directeur 
l'engagea  à  aller  déposer  dans  les  mains  des  magis. 
trais  de  Borne,  la  somme  qu'il  avait  trouvée  sur  les 
cj  terres  'ic  ce  canton;  ce  qu'il  fit.  Cette  aclion  fit  uno 
\  sensation  prodigieuse  parmi  les  protestants. 
?  (  Ogier  ,  Conférences  sur  la  Morale.  ) 

S  n  y  ft  quelques  mois  on  lisait  dans  un  journal  : 

S        «  M.  le  cure  de  Nontronaremis  ces  jours  derniers, 
>        à  M°ïe  veuve  Forien,  1O05  fr. ,  reste  d'une  somme 
qui  lui  fut  volée  il  y  a  environ  un  an  ;  cet  argent 
avait  ét*é  donné  à  M.  le  curé  dans  son  confessioa- 
naU  » 

(  Gazette  de  France  ,  du  21  mars  1836.  ) 


CONFESSION    DE    MARIE-ANTOINETTE. 

Apres  la  mort  de  son  auguste  époux  ,  Marie-An- 
toinette fut  jetée  dans  un  froid  et  humide  cachot. 
Une  âme  vulgaire  y  aurait  trouvé  le  désespoir;  elle 
y  trouva  la  paix  et  le  bonheur ,  et  ce  miracle  ce  fut 
li  confession  qui  l'opéra.  Dans  ces  jours  d'exé- 
ci'ablc  mémoire ,  où  un  crêpe  funèbre  couvrait  la 
France  entière  ,  où  l'enfer  semblait  avoir  déchaîné 
t  sur  la  terre  tous  les  crimes  et  tous  les  malheurs, 
j        une  femme  (1)  a  conçu  la  résolution  de  pénétrer 

<  }1)  La  femine  Beau,  épouse  du  geôlier  de  la 

\        Coûcier^erie. 

^  ■  \ 


divî:> 


jusqu'à  l'auguste  fille  de  Maric-Tlicrèsc  :  clic  con- 
naît tous  les  dangers,  tous  les  obstacles;  rien  ne 
l'intimide  ,  rien  ne  Tarrête ,  rien  ne  lui  coûte  :  geô- 
lier ,  gardes ,  verroux  ,  barrières  ,  tout  cède  à  son 
intrépide  et  sainte  inspiration  ,  et  bientôt  elle  est 
aux  pieds  de  la  reine  ,  qui ,  dans  un  dcnûment  ab- 
solu ,  sous  les  plus  grossiers  vêtements ,  conservait 
encore  son  imposante  majesté.  Le  leiHlemain  ,  elle 
introduit  dans  le  cacbot  un  prêtre  catholique  (1) 
qui  confessa  l'auguste  prisonnière 

Le  lendemain  ,  le  cachot  se  convertit  en  oratoire, 
et  le  saint  sacrifice  se  célèbre  sous  la  voûte  silen- 
cieuse. La  reine  s'avance  vers  l'autel  :  au  moment 
où  elle  va  recevoir  son  divin  Sauveur,  des  larmes 
brûlantes  sillonnent  son  visage  ,  elles  tombaient  à 
terre,  mais  la  source  en  était  au  ciel.  Oh  !  que  la 
France  entière  ne  put-elle  contempler  alors  cette 
face  auguste  où  brillait  avec  les  rayons  de  la  foi,  le 
feu  du  divin  amour  !  Les  deux  gardes,  témoins  de 
ce  spectacle  ,  en  furent  tellement  frappés ,  qu'ils 
tombèrent  aux  pieds  du  saint  prêtre,  et  déposèrent 
dans  son  cœur  le  fardeau  de  leurs  péchés. 


GUÉRISON    :,  CX7    MÈRE    DE    FAMILLE, 


Une  estimable  mère  de  famille  ,  de  la  religion 
protestante  ,  était  depuis  longtemps  d'une  santé 
mal   assurée ,   et  vivait  dans  une  tristesse  conti- 

(1)  M.  l'abbé  Maguien,  ancien  curé  de  Saint» 


.-. \ 


j)r.   LA    CONFESSION.  I^i5 

micUc  ,  en  so  rappc^Iant  sos  fautes  ovec  iiiio  I)otjno 
foi  sans  cj;ale.  licite  ame  tinioiéc  les  voyait  plus 
grandes  qu'elles  ne  TétaienL  réellement,  ce  (jui 
l'empèeliait  d'clic  heureuse  avec  elle-ïiiérnc.  Fati- 
guée de  tous  les  remèdes  cpie  les  médcein*  em- 
ployaient pour  rétablir  sa  santé  ,  elli;  eut  recours 
à  un  autre  qui  fut  plus  efficace,  lillle  prit  le  sage 
parti  de  s'adresser  à  un  vénérable  ccclésiasli(juc 
du  voisinage,  et  j)]einc  de  confiance 'en  lui,  elle 
lui  ouvrit  sa  conscience  et  lui  fit  l'aveu  de  toutes 
ses  inquiétudes  et  de  toutes  ses  fautes.  Le  bon 
pasteur  traita  celle  âme  afdigée  en  vrai  ministre 
d'un  Dieu  de  miséricorde  et  de  paix  ,  et  l'on  vit 
aussitôt  cette  pauvre  malade,  pour  ainsi  parler- 
renaître  entièrement;  soft  embonpoint  augmenta, 
sa  gaîté  revint  peu  à  pei: .  et  depuis  ce  temps,  elle 
vécut  heureuse  d'une  habitude  qui  devint  aussi 
sacrée  que  nécessaire  à  son  cœur  vertueux. 

{^Réflexions  sur  la  Confession  ,  par  Guillois.  ) 

GUÊRISON    d'une   jeune    DAME. 


Le  célèbre  médecin  Tissot  donnait,  à  Lausanne, 
iCS  secours  de  son  art  à  une  jeune  dame  étrangère  , 
dont  la  maladie  arriva  bientôt  à  un  point  fort  alar- 
mant. Instruite  do  son  dangereux  état,  et  tourmen- 
tée par  le  regret  de  quitter  bientôt  la  vie  ,  elle  s'a. 
bandonne  à  de  violentes  agitations  et  au  transport 
du  désespoir.  Le  médecin  jugea  que  celte  nouvelle 
secousse  abrcp;crait  encore  le  terme  de  sa  vie  ,  et  , 


•/V\/VVV\/\/\/\/x»'"«r^ 


i 


selon  son  usage  ,  1\  avertit  qu'il  n'y  avall  pas  à  ilit- 
jcrer  pour  lui  administrer  les  secours  d<;  la  rcli- 
(  ion.  Un  prêtre  est  appelé;  la  malade  récoule  et 
î(aoit,  comme  le  seul  bien  qui  lui  reste,  lespar(  les 
(îc  consolation  qui  sortent  de  sa  bouche.  Elle  se 
calme ,  s'occupe  de  Dieu  et  de  ses  intérêts  éternels, 
icçoil  les  sacrements  avec  une  grande  édification, 
et ,  le  lendemain  matin  ,  le  médecin  la  trouve  dans 
un  état  de  paix  et  de  calme  qui  Tétonne  ;  il  trouvo 
]a  fièvre  baissée ,  voit  les  symptômes  changes  en 
mieux ,  et  bientôt  la  maladie  cessa.  Tissot ,  gui 
était  protestant ,  aimait  à  raconter  ce  trait ,  et  il 
s'écriait  avec  admiration  :  Quelle  est  donc  la  puiS" 
sance  de  la  confession  chez  les  catholiques  ! 


Claapitre  II. 


Des  avantages  de  la  fréquente  confession, 

le  prophète  Elysée  ne  se  contenta  pas  d'en- 
voyer Naaman  aux  eaux  du  Jourdain  ,  il  lui 
ordonna  de  s'y  laver  sept  fok  :  je  ne  dois  pas 
non  plus  me  contenter,  mon  cher  Théophile, 
de  vous  conduire  à  la  confession  ,  mais  je  dois 
encore ,  sinon  vous  commander ,  au  moins 
vous  prier  dç  vous  en  approcher ,  aoa  poiiU 


iVSA.AA/VXA^/N/'i^vA  f\t\J\rKf\J%^é. 


i)K    f.A    (.D.MI.sMnN.  i  ïl 

une  seule  fois  ,  innis  sept  fois,  e'esl-;j-cl.';c,  le 
plus  souvent  que  vou.^  pourrez  :  vous  ne  man- 
querez certainement  p:is  de  motifs  qui 
vous  y  attirent ,  je  vaii  vous  les  metlre  sous 
'es  yeux  en  peri  de  mots. 


g  I.  Premier  avantage. 


Quand  il  n*y  aurait  point  d'aulrc  motll 
que  celui  detre  assuré  ,  par  la  fréquente  con- 
fession ,  de  la  remise  en  partie  des  peines  du 
pm^galoire ,  où  l'on  doit  achever  d'expier  j)ar 
le  feu  ce  qui  ne  l'a  point  été  par  la  péni- 
tence, ne  serait-ce  point  assez?  Dites-moi,  je 
vous  prie ,  si  vous  étiez  condamné  à  (Hrc 
brûlé  tout  vif  dans  une  place  publique  ,  que 
feriez-vous  pour  vous  garantir  de  l'exécution 
de  cette  sentence?  n'y  dépenseriez-vous  pas 
volontiers  toute  votre  fortune  ?  n'y  emploie- 
riez-vous  pas  tous  vos  amis  ?  ne  regardcriez- 
vous  pas  comme  une  grande  faveur  que  cette 
sentence  fût  commuée  en  un  esclavage  per- 
pétuel sur  les  galères. 

Eh  quoi  !  mon  cher  amî ,  pour  éviter  un 
feu  beaucoup  plus  terrible ,  dans  lequel  pro- 
bablement vous  n'aurez  pas  seulement  à 
passer  quelques  heures  ,  mais  des  années  en- 


'v>^>WWVU-v,<w  SJ~^'  ./V  N  ^^ 


r\^ 


WM>V»r»^M»^»P»» 


448  mVINITÉ 

tièrcs ,  et  peut-être  des  siècles  ,  vous  trou- 
Yercz  qu'on  exige  trop  en  vous  disant  :  «  Con- 
«  fessez-vous  souvent  »  ;  allons  ,  mon  fds  , 
allons,  point  de  paresse,  cile  serait  inexeu- 
sable,  et  il  serait  honteux  ,  pour  ne  pas  dire 
plus  5  de  vous  y  laisser  succomber  ! 

g  ïî.  Second  avantage» 

De  plus,  la  fréquente  confessipn  empêche 
nos  mauvaises  habitudes ,  (comme  il  arrive 
aux  arbres  qu'on  transplante  souvent)  de  je- 
ter de  trop  profondes  racines  dans  notre 
cœur  ,  et  si  elles  en  ont  déjà  jeté  ,  la  confes- 
sion les  secoue,  les  ébranle  ,  et  peu  à  peu  les 
extirpe  ;  je  dis  peu  à  peu ,  parce  que  ordi- 
nairement un  seul  ac^e  n'ôte  point  l'habi- 
tude. 

D'ailleurs ,  la  douleur  que  nous  apportons 
pour  l'ordinaire  à  la  confession  ,  étant  im- 
parfaite ,  n'a  point  assez  de  force  pour  pou- 
voir arracher  du  premier  coup  ce  qu'elle 
trouve  si  bien  enraciné  ;  d'où  il  suit  que  le 
meilleur  remède  pour  extirper  ces  sortes 
d'habitudes  est  sans  contredit  de  continuer 
pendant  quelque  temps  a  se  confesser  très 
souvent ,  comme  Texpérience  nous  le 
prouve. 


DE    LA   CONFESSION. 


Vi9 


g  m.  Troisicmc avantage. 

PfU'cillcmcnl  ,  Ja  fréquente  confession  di- 
minue Tauclace  du  démon  ,  elle  cmoussc  ses 
armes  ,  énerve  ses  tentations ,  découvre  sa 
malice:  or  comme  les  araignées  s'éloignent 
de  tous  les  endroits  où  l'on  gâte  soiivcnt 
leurs  toiles  ;  comme  les  vautours  ne  relmu*- 
nent  plus  dans  ces  rochers  d'où  Ton  enlève 
souvent  leurs  nids  et  leurs  petits  ;  ainsi  le 
démon  ne  peut  point  s'arrêter  dans  une  ame 
dont  les  confessions  fréquentes  lui  déran- 
gent toujours  un  peu  ses  desseins  et  ses 
projets. 

C'est  ce  qu'un  d'entre -eux  révéla  ,  forcé 
par*  de  puissants  exorcisnies  de  découvrir  la 
vérité.  «  Rien,  dit-il  ,  ne  nous  déplaît  tant 
dans  l'église,  et  jamais  rien  ne  nous  traverse 
davantage  et  ne  fait  plus  de  mal  à  nos 
batteries,  que  la  fréquente  confession.  Tant 
que  l'homme  est  dans  le  péché ,  tous  ses 
membres  sont  comme  liés ,  et  il  trouve  de 
gr:^nds  obstacles  pour  faire  le  bien  ;.  mais 
aussitôt  qu'il  se  confesse,  ses  liens  tombent , 
et  la  facilité  de  faire  de  bonnes  œuvres  lui 
revient.  » 


k>/\rvrA./vrv>'\r\  /vrv/ 


f-vrvAy^Jwo^  vrvri.. 


DIVINITÉ 


g  IV.  Quatrième  avantagei 

En  outre ,  quv^nd  on  se  confesse  souvent 
on  a  plus  de  facilité  de  faire  l'examen  de  sa 
conscience  et  de  s'assurer  qu'on  y  a  apporté 
l'exactitude  requise;  car  ,  tenant  (oujours 
ses  comptes  plus  en  règle  et  en  meilleur  état, 
on  a  moins  à  craindre  d'oublier  quelque  pé- 
ché ,  que  le  démon  ne  manquerait  pas  de 
nous  reprocher  à  l'article  de  la  mort ,  ne  fût- 
ce  que  pour  nous  tourmenter.  —  Au  con- 
traire, ceux  qui  ne  se  confessent  qu'une  ou 
deux  fois  l'an,^  sont  en  grand  danger  d'ou- 
blier plusieurs  péchés  graves  mêmes ,  par 
une  négligence  criminelle;  car  .  «  tout  compte 
«  ancien ,  dit  un  père  de  l'Eglise ,  est  sujet  à 
«  bien  des  oublis  (1)»  :  or ,  quelle  confusion  , 
mon  cher  ami ,  quel  embarras  pour  un  miséra- 
ble pécheur  qui  se  voit  près  d'expirer  et  à 
qui  le  démon  rappelle  des  choses  qui  l'in- 
qulèlent,  l'agitent  et  lui  donnent  une  sueur 
(îe  mort  !  C'est  alors  qu'il  se  mettra  sans 
doute  à  détester  ,  mais  peut-être !rop  tard,  sa 

(1)  Computatîo   dilata  multa  facit  oblivisci  (S. 
Bernard.) 


^■^j^  #>.,*s,.^/-v  ^v/vrvrv'^.-'*^  A^.'^,>%A^^,'v /^.^^/^-«^/^/^  j^>'^^ 


./* ./T./'^/v/* ./  .r^'^.r\r\^^'>j^  '^rKj'j\r^''  . 


\  DE  LA  CONFESSION.  4^^! 

folic!  que  m'en  anrait-il  coûte,  dira-l-il,  de  fré 
qucnler  un  peu  plus  souvent  Içs  sacreuienis? 
liélas!  on  nie  demandait  ce  peu ,  et  ^Vi  négligé 
de  m'y  rendre  ;  si  je  l'avais  fait ,  je  ne  me 
trouverais  point  aujourd'hui  dans  /aca  in- 
quiétudes et  ecs  tourments. 

Vt)ilà  ce  que  dira  ce  mallicureux ,  et  quand 
même  il  aurait  en  ce  moment  un  confesseur 
auprès  de  lui,   et  qu'il   voulût  se  confesser, 
l     comment  s'y  prcndra-t-il  ?  il  ne    saura    par 

>  où  commencer  :  un  soldat  qui  a  tenu  pen- 
dant très  longtemps  son  cpée  dans  le  fourreau, 
ne  peut  pas ,  dans  un  besoin  imprévu  ,  la  ti- 
rer assez  promptement ,  à  cause  de  la  rouille. 

i 

^  §  V.  Cinquicme  avantage. 

>  Ajoutez  ,  mon  chci-  Théophile ,  que  celui 
)      qui  se  confesse  souvent ,  quoiqu'il  commette 

>  quelque  pèche  gr::ve  ,  reste  toujours  plus  de 
5  temps  en  grâce  avec  Dieu  ,  et  par  conséquent 
^  il  fait  plus  d'œuvres  méritoires  de  la  vie  éter- 
^  nclle  ;  au  lieu  que  celui  qui ,  après  avoir 
?  commis  quelque  péché,  diffère  de  s'en  con- 
^  fcs:  er,  est  comme  un  tronc  see ,  incapable 
l  de  donner  du  fruit ,  s'il  ne  vient  a  reverdir. 

Qi  o'que  alors  on  ne  doive  point  omettre 


-;  ^^^v'^i/'vTvs/î 


152  fiivirsiTÉ 

ses  dévotions  ordinaires ,  ses  jeûnes,  sts  .n 
Hîùnes  et  autres  bonnes  œuvres  ,  en  vue  des- 
quelles souvent  le  Seigneur  suspend  ses  ehà 
timcnts  ;  cependant  toutes  ces  œuvres  ,  faUcs 
dans  cet  état  de  péché  ,  ne  sont  d'aucun  mi 
rite  pour  le  ciel ,  parce  qu'elles  sont  des  œu 
vres  mortes  :    tant  que  le  fer  reste  dans  la 
plaie  ,   il  n'y  a  point  de  remède  qui  puisse  ^ 
guérir,  disent  les  médecins  ,  il  faut  commen 
cer  par  î'ôter^  de  même  tant  que  le  péclic 
est    dans    l'ame ,     quelque    bonnes   c  u  n  s 
quelle  fasse  ,  elles  ne  lui  servent  de  rien  p  ;ui' 
la   vie  étei^nellc.    Commencez    donc   par  liJ 
ûter  cette  llèehe  empoisonnée ,   qui  est    le 
péché. 

Si  vous  connaksez  Dien  le  trésor  incsî'ma 
ble  de  la  grâce ,  vous  ne  pourrez  ,  mon  i  Js  , 
vous  empêcher  de  gémir  sur  raveuglcmn. 
de  ceux  qr-j  en  demeurent  privés  si  long- 
temps 5  et  qui  par  là  perdent  le  mérile  de 
tant  d  indulgences ,  de  tant  de  messes,  de 
tant  d'aumônes,  de  tant  de  priires  ,  qui  lui 
servent  tout  au  plus  pour  quelque  bien  tem- 
porel ou  pour  une  disposition  éioignéc  ii  îa 
pénitence,  mais  de  rien  du  tout  pour  méri- 
ter la  grâce  ou  la  gloire. 


./'"x/^w'^W^^^^'V'VX^W^ 


y  j  Ww  V 


DE   LA   CONFIilSSION. 


I  VI.  Sixiime  avantage. 

Enfin  ,  quand  on  csl  clans  l'iiabitudc  de  se 
conlcsscr  1res  sonvont^  on  est  plus  assuré 
de  mourir  dans  la  ^racc  de  Dieu  ,  et  par  con- 
séquent de  se  sauver  ;  quand  ,  au  contraire  , 
Ton  se  confesse  très  rarement ,  il  est  très  pro- 
bable, par  la  grande  l'acilité  des  rechutes  , 
qu'on  mourra  dans  celle  mauvaise  disposi- 
tion où  l'on  est  d'habitude ,  et  qu'on  se  per* 
dra  pour  l'éternité. 

Si  vous  habitez  continuellement  sur  la 
terre  ,  et  si  jamais  ou  prsque  jamais  vous  ne 
voyagez  sur  la  mer ,  vous  pouvez  aisément 
espérer  de  mourir  dans  votre  lit.  11  n'en  est 
pas  ainsi  des  marins  qui  toujours  sont  en 
voyage  sur  mer  en  dépit  même  des  tempêtes  : 
et  quand  par  hasard  ils  prennent  terre  ,  ils  n'y 
ont  point  de  repos  qu'ils  ne  se  remettent  bien 
vite  en  pleine  raer.  Voila  ,  mon  cher  ami , 
l'hiîage  de  ces  pécheurs  qui  vivent  toujours 
dans  le  péché  mortel  et  qui  s'en  confessent 
une  fois  l'an.  Dieu  sait  comme:  ils  vivent 
toujours  sur  la  mer;  ils  vivent  toujours 
dans  les  tempêtes.  Oh  !  combien  il  est  facile 
qu'ils  soient  engloutis  dans  quelqu'une  ,  sui- 


154  ôniNîTiÊ 

vanl  Tcxprcssion  de  Job  :  «  Anima  eorum  in 

c      '  îempestate  morklur  (1).  » 

l  Sont-ce  là  néanmoins  de  ces  dangers  à  mé- 


^ 


(1)  Job,  86,  14. 

(2)  Potes  sub  hoc  casu  dulces  ducere  sumnos. 

(3)  Miserere  auiraap  tuae  olaccns  Dco.  Eccl.  30. 


priser?  Quelle  insigne  folie!  pouvoir  vous 
mettre  en  sûreté  dans  un  affaire  si  impor- 
tante j  pouvoir  la  terminer  si  aisément ,  et  ne 
pas  vouloir  vous  en  donner  la  peine;  pou- 
voir attacher  à  un  câble  l'ancre  de  votre  ^ 
«sperancc  :  et  l'altacher  à  un  fil  ;  l'appuyer  ^ 
sur  un  peut-être  et  sur  ce  frêle  appui  rester  \ 
ennemi  de  Dieu,  rire  ,  badiner,  folâtrer  ,  dor-  ^ 
mir,  en  ajoutant  chaque  jour  péché  sur  pc-  ^ 
ché,  est-il  possible  ?  coinmeut  pouvcz-vous  5 
alors  vous  endormir  doucement  et  tranquil-  ^ 
lemcnt?  (2)  < 
Oh  !  je  vous  en  conjure  ,  ayez  pitié  de  vo-  <; 
^  tre  ame ,  prenez-la  en  compassion  en  vous  > 
5  rendant  agréable  à  Dieu  (3).  Saint  Thomas  "> 
>  d'Âquin  s'étonnait  qu'un  chrétien  pût  jamais  < 
i  commettre  un  péché  mortel  ;  il  est  encore  plus  i 
?  étonnant  qu'après  Tavoir  coaimis  il  ne  soit  ? 
?  ni  soigneux  ni  enipressé  d'en  purifier  son'  j 
ame  par  un  remèile  aussi  facile  que  celui  de 


,r^^-vr\r^^\r\.''\j'\/^-^'.^^."^y\^  ■/  ^  ^/\/'^  ^  ' 


■  V  V  \r>/>j'^.r\»r\  .- 


<  Dl'    LA    COINFLSSIOW.  455 

I;  la  sainte  conCcsssion  ,  el  qu'il  y  «  croupisse 
l  «  plutôt  comme  une  bcte  dans  son  or- 
a  dure.  » 


S  VIll.  Conclusion, 

Mon  cher  ami,  vos  préventions  se  sont 
évanouies  et  vos  ténèbres  se  sont  dissipées  ; 
la  vérité  vous  est  connue,  et  la  lumière 
brille  a  vos  yeux;  ne  différez  donc  plus  de 
faire  une  démarche  de  laquelle  dépend  votre 
bonheur  pour  le  temps  et  pour  l'éternité  ! 
Allez  au  tribunal  de  la  pénitence  et  sans 
craindre  le  respect  humain ,  cette  chaîne 
trompeuse  dont  le  démon  tient  attaché  tant 
de  chrétiens  pour  les  détourner  de  la  confes- 
sion ,  et  si  vous  vous  confessez  avec  les  dis- 
positions requises,  vous  renaîtrez  au  bon- 
heur ,  vous  goûterez  la  paix  de  Famé  ,  qu'on 
ne  saurait  trouver  dans  l'oubli  de  ses  devoirs 
et  le  délire  des  passions ,  cette  paix  de  Dieu 
qui  surpasse  tout  sentiment ,  et  qui  sera  pour 
vous  le  gage  et  le  prélude  de  cette  paix  éter- 
nelle que  Dieu  réserve  à  ses  élus,  dam  la 
terre  des  vivants* 


i^^^ 


DIVIKIli 


Esesnjileai* 


LA  PURGATION    ANNUELLE* 


Un  hoaime  faisant  voyage  passa  par  une  ville  où 
demeurait  un  de  ses  anciens  amis.  Il  alla  le  voir. 
Il  se  flattait  de  passer  agréablement  avec  lui  le 
reste  du  jour,  mais  il  le  trouva  dans  un  triste  clat. 
Cet  homme  ,  qui  n'était  pas  fort  âge  ,  miné  par  des 
soulTrances  habituelles,  avait  singulièrement  vieilli 
depuis  quelques  années,  en  sorte  que  son  ami  eut 
peine  à  le  reconnaître. 

Je  ne  m'attendais  pas  ,  lui  dit  ceîui-ei  ,  à  u'fi  pa- 
reil spectacle.  Je  vois  avec  un  sensible  déplaisir  que 
votre  santé  est  fort  altérée.  Mais  il  ne  faut  pas  dé- 
sespérer de  la  guérison.  Si  les  médecins  de  votre 
pairie  ne  sont  pas  assez  habiles  à  votre  gré,  il  faut 
en  consulter  d'autres.  Quel  régime  avez-vous  ob- 
servé depuis  que  votre  santé  a  commencé  à  se  dé- 
ranger? —  Aucun.  —  Comment,  aucun!  Quoi! 
vous  n'avez  point  fait  de  remèdes  ?  —  Excusez-moi  : 
tous  les  ans  je  prends  une  médecine*—  Voilà  tout? 
—  Assurément.  C'est  encore  beaucoup,  et  je  n'ai 
pas  peu  de  peine  à  m'y  déterminer. 

Je  ne  suis  pas  surpris  de  vous  voir  réduit  à  cet 
étal  do  langueur  et  de  souffrance.  Comment  voules- 


L*v^lrwt<'vv^/s/Vwv^#i^*Vl/VV«iwV^ 


^*v  A  .•^nT'      ^  V^  V/^vy' 


1)1-:   lA   cniVFrSSTON.  4r)7 

vous  qnc  dos  purgalions  séparées  l*iino  de  Tniilre 
par  une  année  entière  puissenl  o[)ércr  volrc  guc- 
rison  ?  Il  fallait ,  des  les  commencements  ,  faire  une 
suite  de  remèdes,  qui  s*appuyant  pour  ainsi  dire  , 
l'un  l'autre,  et  atlaquant  de  concert  le  principe  du 
mal,  aurait  pu  le  détruire  ,  et  vous  rendre  la  santé. 
Il  fallait  ensuite  ,  pour  prévenir  les  rechutes,  vous 
faire  une  règle  de  vous  purger  de  temps  en  temps 
dans  le  cours  de  l'année,  et  vous  assujettir  à  un  ccr 
tain  régime.  Faute  de  ces  sages  précautions  ,  la  ma- 
ladie a  fait  des  progrès  continuels  ;  elle  s'est ,  pour 
ainsi  dire,  enracinée  dans  votre  corps,  et  votre  état 
devient  de  jour  en  jour  plus  périlleux.  Cependant 
il  est  peut-cire  encore  temps  de  recourir  aux  re- 
mèdes :  mais  il  n'y  en  a  point  à  perdre  ;  et  dès  au- 
jourd'hui ,  dès  ce  moment ,  il  faut  faire  venir  le 
meilleur  médecin  de  voire  ville  ,  et  vous  remettre 
entre  ses  mains.  —  Je  sens  que  vous  avez  raison  , 
mon  ami  ;  cependant  je  ne  suivrai  pas  votre  conseil. 
Je  prendrai  à  l'ordinaire,  u:ie  médecine  chaque  an- 
née tandis  que  je  vivrai  ,  et  rien  de  plus.  C'est  mon 
usage ^  ccst  ma  coutume;  je  n'en  chcmgerai  pobit. 

Mon  fils  ,  que  pensez-rous  de  cet  homme  ?  Trou- 
vez-vous sa  conduite  bien  sensée?  Vous  me  répon- 
drez sans  doute  qu'elle  vous  paraît,  au  contraire, 
fort  déraisonnable.  Vous  en  jugez  bien.  Cependant 
sachez  que  la  plupart  des  chrétiens  se  comportent 
précisément  de  la  même  manière.  Prenons-en  un 
pour  exemple. 

Cet  homme  vit  depuis  nombre  d'années  dans  Té- 
lyl  le  plus  dangereux  pour  le  salut  :  il  est  dominé 


•lo8  ÛIVÎMTÉ 

par  une  passion  qui  chaque  jour  jette  de  plus  pro. 
fondes  racines  dans  son  cœur  ,  et  qui  le  souille 
d'une  multitude  de  pécKcs  :  il  languit  ,  il  dépérit; 
toute  la  vigueur  de  son  âmcs'anéanlil.  Il  aurait  dii, 
dès  le  commencement  de  cette  funeste  passion , 
recourir  au  remède  de  la  pénitence,  se  mellre 
entre  les  mains  d'un  directeur  éclairé.,  et  pratiquer 
exactement  tout  ce  qu'il  lui  aurait  prescrit  pour 
arrêter  les  progrès  du  mal.  Il  aurait  dû  ensuite  ,  et 
il  devrait  encore  actuellement,  pour  ne  pas  s'ex- 
poser au  danger  des  rechutes ,  faire  un  fréquent 
usage  des  sacrements  de  pénitence  etd'eucharislie, 
préservatifs  souverains  contre  le  péché.  Mais  ce 
n'est  pas  là  son  système.  Il  se  confesse  une  fois 
chaque  an7iée  pour  faire  sespâques,  et  il  s*en  tient  là. 
En  vain  lui  rcprésenterez-vous  que  des  confes- 
sions aussi  éloignées  l'une  de  l'autre  ne  peuvent  pas 
remédier  eflicacement  aux  maux  de  son  âme;  que. 
tandis  qu'il  n*usera  pas  plus  souvent  des  secours 
que  l'Eglise  lui  offre  dans  ses  sacrements ,  ses  mau- 
vaises habitudes  ne  feront  que  se  fortifier,  au  lieu 
de  s'affaiblir;  et  que  l'état  d'infirmité  spirituelle 
oiî  il  languit  deviendra  de  jour  en  jour  plus  dé- 
sespéré :  il  vous  répondra  tranquillement  que  «a 
coutume  est  de  71  approcher  des  sacrements  qu'à  Pâ- 
ques, qu*il  ne  changerapas.  Quelle  folie  !  n'imitez  pas 
cet  insensé,  et  confessez-vous  souvent  si  vous  dé- 
sirez persévérer  dans  la  ▼crtu ,  et  mourir  dans  la 
paix  du  Seigneur. 

i^Paraholes  du  P,  Glrmidcau,) 


DK  ;-\  co:u<^Ȕ:ssr()N. 


159 


TETTHE     D  UN     UOI     DR    CONGO. 

Le  Icr  septembre  Ï817  ,  don  Garcias  V,  roi  de 
Congo,  écrivit  do  sa  propre  main  au  supérieur  des 
missionnaires  de  Saint-Paul  de  Loanda.  Dans  sa 
lettre,  où  se  trouve  l'empreinte  d'unn  vertu  naïve, 
d'une  piélé  sincère  et  tendre,  il  manifeste  la  dou- 
leur causée  par  la  piivation  de?  secours  religieux. 
Les  NOBLES  ,  les  puincls  cl  LUI  spécialement ,  yd- 
missent  de  ne  pouvoir  se  confesser  et  recevoir  ks 
sacrements;  en  conséquence,  il  conjure  le  supé- 
rieur des  missions  d?  venir  ou  de  lui  envoyer  sans 
délai  des  spirituels;  car  il  veut  se  confesser^  et  procu- 
rer à  son  peuple  les  avantages  du  ministère  pastoral. 
^Histoire des  Confesseurs  des  rois  ,  p.  253.) 


ENTRETIEN    DE    M.    GUILLOIS    AVEC    MS^    BRUTE. 

Au  mois  de  novembre  1835,  M.  Guillois  eut 
plusieurs  entretiens  avec  feu  M&f  Brute ,  de  véné- 
rable mémoire  ,  évêque  de  Vincennes  ,  aux  Etats- 
Unis  ;  il  y  a  dans  son  diocèse  environ  vingt-cmq 
mille  sauvages ,  parmi  lesquels  les  conversions  ne 
sont  pas  rares.  Il  lui  demandait  quelle  impression 
faisait  sur  ces  sauvages  le  dogme  de  la  confession  ? 
—  Ils  en  sont  encbantés  ,  répondit  le  prélat  mis- 
sionnaire ;  ils  s'y  soumettent  de  bon  cœur  et  avec 
joie ,  et  il  arrive  assez  souvent  de  voir  des  hommes 
se  servir  sans  difficultés  de  femmes  pour  inter- 
prètes. 

(Recherches  sur  la  Confession,) 


tRAlT    DE    SAINT    FRANÇOIS    DE    SALES 


Un  grand  pcchcnr  s'claiil  fait  urif  extrême*  \in^ 
lence  pour  faire  à  saint  François  de  Sales  une  con- 
fession générale  dans  laquelle  il  lui  détailla  les  nom, 
breux  égarements  de  sa  jeunesse  ,  le  saint  trouva 
la  confession  et  la  déclaration  du  pécheur  à  son 
gré ,  et  lui  en  témoigna  beaucoup  de  contentement 
et  de  satisfaction. 

«  C'est,  lui  dit  le  pccneur ,  pour  me  consoler 
que  vous  parlez  de  la  sorte  ,  mais  dans  le  fond  de 
Votre  âme  ,  pouvez-voiis  estimer  U7i  si  grand pccheur? 
—  Après  l'absolution  ,  reprit  le  saint ,  je  serais  un 
vrai  pharisien,  si  je  vous  regardais  comme  un  pé- 
cheur. Vous  me  paraissez  plus  blanc  que  la  neige 
et  semblable  à  Naaman  sortant  du  Jourdain.  Au 
reste  ,  je  suis  obligé  de  vous  aimer  doublement  en 
voyant  la  dilection  et  la  confiance  que  Dieu  vous  a 
données  pour  moi  f  je  vous  regarde  comme  mon  -ils, 
que  je  viens  de  faire  naître  en  Jésus-Christ. 

«  Quant  à  l'csiimej  elle  égale  Tamour  que  je- Tous 
porte.  De  vase  d'ignominie  ,  je  vous  vois  changé  en 
un  vase  d'honneur  et  de  sanctification,  par  un  chan- 
gement de  la  droite  du  Très-Haut.  Notre-Seigneur 
ne  changea  pas  le  dessein  qu'il  avait  d'établir  saint 
Pierre  sur  toute  son  Eglise  après  son  péché,  parce 
qu'il  eut  plus  d'égal d  à  ses  iaimcs  qu'à  sa  chute, 


^♦,y\/v*t^  /  vs/^6 


m    LA    CONFESSION. 


^(il 


à  son  repentir  qu'à  sa  faute.  Au  surplus  ,  je  seraii 
bien  insensible ,  si  je  ne  prenais  pas  ma  part  à  la 
joie  qui  est  maiulenanl  parmi  les  anges  de  Dieu  sur 
la  purifieation  et  le  changement  de  votre  cœur. 
Croyez-moi ,  les  larmes  que  j'ti  vues  couler  de  vos 
yeux  ont  fait  en  mon  âme  ce  que  fait  l'eau  des  for- 
gerons, qui  embrase  plutôt  qu'elle  n'clcint  le  feu 
lie  leurs  fourneaux.  0  Dieu  I  que  faime  votre  cœur^ 
qui  aime  maintenant  ce  Dieu  tout  bon!... 

Ce  pcnilcnt  s'en  alla  si  satisfait ,  que  depuis  ,  à 
ce  qu'il  déclara  à  un  de  ses  amis  ,  il  n'avait  pas  de 
délices  plus  grandes  que  de  se  confesser  ,  jusqu'à 
importuner  ses  confesseurs  par  des  confessions  Ircs- 
frcqucntcs. 

^  EsjprU  de  mint  François  de  Saks ,  part,   10<  ) 


imiBILlI,  ■ 

Epitrii  a  Mapjb. 

V         < 

Avant-propos. 

IX          s 

Préface. 

xio        s 

PREMIÈRE  PARTIE. 

5 

Principe  divin  de  la  Confession. 

l 

Introduction. 

f 

1         c 

Chap.  I.  —  Ire  preuve.  Son  institution 

par 

< 

Jésus-Christ. 

3          < 

Exemples,  Confession  d'Adam   et  d'Eve 

5    "" 

< 

de  David.  .—  Confession  faite  par  le  grand- 

< 

prétre.    —    Histoire  de   Draupadi    et 

des 

i 

cinq  frères  célèbres,  —  Histoire   de 

Val- 

< 

miki. 

18         i 

Chap.  II.  —  2'^c  preuve.  L'argument  de 

pres- 

l 

cription. 

27         \ 

Exemple.  Conversion  d'un  jeune  hornme. 

38          5 

€hap.  Ili.  —  3°*®  preuve.  Absurdité  de 

cette 

S 

assertion  :  Ce  sont  les  prê}res  qui  ont  in- 

S 

vcntà  la  cuafession* 

42          l 

^vw^^/vv^ 


t*vu  v.'v/\Jv-\ruv  \^- 


l'AbLK. 

Exemple.  Conversion  J''m\  jcuno  liominc 
(suite). 

Cnlip.  IV.  —  4">e  preuve,  ^c  prodige  du  se- 
cret de  la  confession» 

Exemples,  Saint  Jean  Népomuccnc.  —  Jean 
Sarcander.  —  Le  père  Garnct,  jésuite.  — 
L'ancien  curé  d'Evron.  —  L*abbc  Houlbcrt. 

CuAP.  V.  —  5»*«  preuve.  Le  témoignage  des 
Saints  Pères. 

Exemple.   Confession  d'un  jeune  homme. 

Cdap.  VI.  —  6«"  preuve.  Le  témoignage  des 
protestants. 

Exemple*  Confessît)n  d'un  jeune  homme 
{suite), 

Chap.  VIU  —  7°îe  preuve.  Le  témoignage  des 
philosophes» 

Exemples,  La  Mettrie.  —  Le  comte  de  Bou- 
lainvilliors.  -^  Montesquieu.  —  Du  Mar- 
sais.  —  Maupertuis.  —  Fontenellc.  —  Bou- 
langer. —  Le  marquis  d'Argcns,  —  Tous- 
saint. —  Bouguer.  —  BuiTon.  —  Le  comte 
de  Tressan.  —  De  Langle.  —  Robinet.  — 
Napoléon.  —  Le  général  Berlrand, 


72 


^/\/^\,^\/\r^r\/^^-'\j\f\/\j  " 


\y\/v/\/"vyv 


46i 


fABLK, 


SECONDE  PARTIE. 

Fffcls  divins  de  la  confession. 

ÎNTnODUCTiON.  123 

CuAP.  I.  —  Des  bienfaits  de  la  confession.         126 

Exemples,  L'officier  converti  par  le  }>crc  Bry- 
daine.  —  Trait  rapporté  par  Madame  de 
Genlis.  —  Restitution  par  la  confession.  — 
Confession  de  Marie-Antoinette.  —  Gué- 
rison  d'une  mcre  de  famille,  140 

Chap.  h.  —  Des  aventages  de  la  fréquente 
Confession.  146 

exemples,  La  purgation  anni/elle.  —  Lettre 
d'un  roi  de  Congo,  —  Entretien  de  M.  Guil- 
lois  avec  Mu^  Brûlé.  —  Traité  de  saint 
François  de  Sales»  156 


%e  sttm  principiun  et  finis. 


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