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Full text of "Vie de Henri Brulard [par] Stendhal. Publiée intégralement pour la première fois d'après les manuscrits de la Bibliothèque de Grenoble par Henry Debraye"

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(KL'VIîRS    COMPLETES 

DE 

STKXDIIAL  • 

P(   BLIÉES     SOUS     LA     DIRECTION     D'EDOUaRD    CMAMIMON 


VIE 


DE 


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PARI  S 

I.IHIUIRIE    ANCIENNE    IIONOIIÊ    ET    ÉDUUVUD    CHAMPION 
5,  QvKt  Malaqlais.  VI* 

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ŒUVRES    COMPLÈTES 


DE 


STENDHAL 

PUBLIÉES     SOUS     LA     DIRECTION 

D'EDOUARD    CHAMPION 


ŒUVRES    COMPLÈTES 


DE 


STEXDHAL 


VIE    DE    HENRI   BRULARD 


TOME    SECOND 


fL   A    ÉTÉ    TIRÉ    DE    CET    OUVRAGE  : 

Dix  exemplaires  sur  papier  de  Chine,  numérotés  de  1  à  10, 
contenant  une  double  suite  des  planches  horx  texte  tirées  sur 
Japon  Impérial. 

Vingt-cinq  exemplaires  sur  papier  des  manufactures  impé- 
riales du  Japon,  numérotés  de  lia  35,  contenant  une  double 
suite  des  planches  hors  texte  tirées  sur  Japon  Impérial. 

Cent  exemplaires  sur  papier  de  Hollande,  numérotés  de 
36_  à  135,  contenant  une  double  suite  des  planches  hors  texte 
tirées  sur  Japon  Impérial. 

Onze  cents  exemplaires  sur  papier  vélin  pur  fil  des  Pape- 
teries de  Voiron,  numérotés  136  à  1235. 


Exemplaire  A"  \.^  yf  ^  é 


KEPRODUCTION      INTERDITE 


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STKNDIIAI, 


VIE 


DE 


HENRI  BRULA  H 1) 

PLKLIËE    INTÉGRALEMENT    l'OLK    LA    l'KEMiÈltE    FOIS 
D'aPKÈS    les    manuscrits   de    la    BIBLIOTHÈQLE    de    GRENOBLE 


PAR 


HENRY    DEBRAYE 

Ancien  élève   de    l'École  des  chartes 
Archiviste  de  la  ville  de  Grenoble 


TOME    SECOND 

AVHC     ANNEXES,      APPENDICES,      TABLES 
ET    CINQ     PLANCHES     HORS    TEXTE 


PARI  S 

I.IISKAIIUK     WCIENNi:    IION0IU-:    KT    l'DOrvHI»    CIIVMI'KiN 

5,  Qlai  Malaqlais,  VI* 

1913 


MU 


CHAPITRE  XXX* 


Je  vois  aujourd'hui  qu'une  qualité  coininune  à 
tous  mes  amis  était  le  naturel  ou  l'absence  de  l'hypo- 
crisie. M'"^  \'ionon  et  ma  tante  Séraphic  m'avaient 
donné,  pour  cette  première  des  conditions  de  succès 
dans  la  société  actuelle,  une  horreur  qui  m'a  bien 
nui  et  qui  va  jusqu'au  dégoût  physique.  La  société 
prolongée  avec  un  hypocrite  me  donne  un  commen- 
cement de  mal  dé  cœur  (comme,  il  y  a  un  mois, 
l'italien  du  chevalier  Xaytall  oblige  la  comtesse 
Sandre  à  desserrer  son  corset). 

Ce  n'était  pas  par  le  naturel  que  brillait  le  pauvre 
Grand-Dufay,  garçon  d'infiniment  d'esprit  ;  aussi 
ne  fut-il  jamais  que  mon  ami  littéraire,  c'est-à-dire 

DkL'I.AKI)      II.  i 


STENDHAL 


rempli  de  jalousie  chez  lui,  et  chez  moi  de  défiance, 
et  tous  deux  nous  estimant  beaucoup. 

Il  remporta  le  premier  prix  de  grammaire  géné- 
rale la  même  année,  ce  me  semble,  que  je  rempor- 
tais le  premier  prix  de  belles-lettres.  Mais  quelle 
fut  cette  année  ?  Fut-ce  179G  ou  1795*  ?  J'aurais 
grand  besoin  des  archives  de  la  Préfecture  ;  nos 
noms  étaient  imprimés  en  pancarte  in-folio  et  alfi- 
chés.  La  sage  loi  de  M.  de  Tracy  environnait  les 
examens  de  beaucoup  de  pompe.  Ne  s'agissait-il 
pas  de  l'espoir  de  la  patrie  ?  C'était  un  enseigne- 
ment pour  le  membre  de  l'administration  départe- 
mentale, produit  moral  du  despotisme  de  M"^^  D^^ 
Barry,  autant  que  pour  l'élève. 

Qu'y  avait-il  à  faire,  en  1796,  de  tous  les  hommes 
qui  avaient  plus  de  vingt  ans  ?  Sauver  la  Patrie  du 
mal  qu'ils  étaient  disposés  à  lui  faire,  et  attendre 
tant  bien  que  mal  leur  death  *. 

Cela  est  aussi  vrai  que  triste  à  dire.  Quel  allége- 
ment pour  le  vaisseau  de  l'Etat,  en  1836,  si  tout 
ce  qui  a  plus  de  cinquante  ans  passait  tout  d'un 
coup  ad  patres  !  Excepté,  bien  entendu,  le  Roi,  ma 
Femme  et  Moi. 

Dans  une  des  nombreuses  illuminations  qui 
avaient  lieu  tous  les  mois,  de  1789  à  1791,  un  bour- 
geois mit  ce  transparent  : 


VIVE 
LE    ROI 

MA    lEMME    ET    MOI* 


VIK     DE     lîENni     RRI'T.Aril) 


(■■Iraiid-Diifay,  l'aîné  de  quatre  ou  liiiq  frères, 
ri  ail  un  pot  il  rire  maigre  et  peu  fourni  do  cliairs, 
avec  une  grosse  tête,  une  figure  fortement  marquée 
<le  jietite  vérole  et  cependanl  fort  rouge*,  des 
yo\ix  hrillants,  mais  faux  et  ayant  un  peu  la  viva- 
cité in(piiétante  du  sanglier.  Il  était  cauteleux  et 
jamais  imprudent  dans  ses  propos,  toujours  occupé 
à  louer  mais  avec  les  termes  le  plus  mesurés  pos- 
sible. (^11  aurait  dit  un  membre  de  l'Institut.  Du 
reste,  do  l'esprit  le  plus  vif  et  saisissant  admirable- 
ment les  choses,  mais  dès  cet  âge  si  tendre  dévoré 
d'ambition.  11  était  le  lils  aîné  et  l'enfant  ffâté 
{terme  du  pays)  d'une  mère  du  même  caractère, 
et  ce  n'était  pas  sans  raison  :  la  famille  était  pauvre. 

Quel  admirable  P (c'est-à-dire  avocat  géné- 
ral vendu  au  pouvoir  et  sachant  colorer  les  injustices 
les  plus  infâmes)  Dufay  n'eût-il  pas  fait  *  ? 

Mais  il  ne  vécut  pas  et,  à  sa  mort,  à  Paris,  vers 
1803,  j'aurai  à  m'accuser  d'un  des  plus  mauvais 
sentiments  de  ma  vie,  d'un  de  ceux  qui  m'ont  fait 
le  plus  hésiter  à  continuer  ces  Mémoires.  Je  l'avais 
■oublié  depuis  1803  ou  1804,  époque  de  cette  mort. 
Il  est  singulier  de  combien  de  choses  je  me  souviens 
depuis  que  j'écris  ces  Confessions.  Elles  m'arrivent 
tont-à-coup,  et  il  me  semble  ([uc  je  les  juge  avec 
impartialité.  A  chaque  instant  je  vois  le  mieux  que 
je  n'ai  pas  fait. 

Mais  qui  diable  aura  la  patience  de  les  lire,  ces 
choses  ? 


STENDHAL 


Mes  amis,  quand  je  sors  dans  la  rue  avec  un 
habit  neuf  et  bien  fait,  donneraient  un  écu  pour 
qu'on  me  jetât  un  verre  d'eau  sale.  La  phrase  est 
mal  faite,  mais  la  chose  est  vraie  (j'excepte,  bien 
entendu,  l'excellent  comte  de  Barrai  ;  c'est  le  carac- 
tère de  La  Fontaine). 

Où  se  trouvera  le  lecteur  qui,  après  quatre  ou 
cinq  volumes  de  je  et  de  moi,  ne  désirera  pas  c[u'on 
me  jette,  non  plus  un  verre  d'eau  sale,  mais  une 
bouteille  d'encre  ?  Cependant,  ô  mon  lecteur,  tout 
le  mal  n'est  c{ue  dans  ces  sept*  lettres  :  B,R,U,- 
L,A,R.D,  qui  forment  mon  nom,  et  qui  intéressent 
mon  amour-propre.  Supposez  que  j'eusse  écrit  BER- 

« 

NARD,  ce  livre  ne  serait  plus,  comme  le  Vicaire  de 
Wakefield  (mon  émule  en  innocence),  qu'un  roman   ' 
écrit  à  la  première  personne. 

Il  faudra  tout  au  moins  que  la  personne  à  laquelle 
j'ai  légué  cette  œuvre  posthume  en  fasse  abréger 
tous  les  détails  par  quelque  rédacteur  à  la  dou- 
zaine, le  M.  Amédée  Pichot  ou  le  M.  Courchamp  de 
ce  temps-là.  On  a  dit  c[ue  l'on  ne  va  jamais  si  loin 
en  opéra  d' incJiiostro*  que  quand  on  ne  sait  où 
l'on  va  ;  s'il  eu  était  toujours  ainsi,  les  présents 
Mémoires,  qui  peignent  un  cœur  cVIiomnie,  comme 
disent  MM.  Victor  Hugo,  d'Arlincourt,  Soulié,  Ray-  " 
mond,  etc.,  etc.,  devraient  être  une  bien  belle  chose.  - 
Les  je  et  les  moi  me  bourrelaient  hier  soir  (14  jan- 
vier 1836)  pendant  que  j'écoutais  le  Moïse  de  Rps- 
sini.   La  bonne  musique   me  fait  songer  avec  plus 


VIF.    DE    IIKNRI     BUrr.M!  I) 


<l'intcnsité  et  de  clarté  à  ce  <nii  m'occupe.  Mais  il 
faut  pour  cela  que  le  temps  du  jugement  soit  passé  ; 
il  y  a  si  longtemps  que  j'ai  jugé  le  Moïse  (en  182.'}) 
que  j'ai  oublié  le  prononcé  du  jugement,  et  je  n'y 
pense  plus  ;  je  ne  suis  plus  que  V Esclave  de  V An- 
neau, comme  disent  les  Nuits  arabes*. 

Les  souvenirs  se  multiplient  sous  ma  plume. 
Voilà  que  je  m'aperçois  que  j'ai  oublié  un  de  mes 
amis  les  plus  intimes,  Louis  Crozet,  maintenant 
ingénieur  en  chef,  et  très  digne  ingénieur  en  chef, 
à  Grenoble,  mais  enseveli  comme  le  Baron  enterré 
i^is-à-i^is  de  sa  femme  *  et  par  elle  noyé  dans 
l'égoïsme  étroit  d'une  petite  et  jalouse  bourgeoisie 
d'un  bourg  de  la  montagne  de  notre  pays  (La 
Mure,  Corps  ou  le  Bourg  d'Oisans). 

Louis  Crozet  était  fait  pour  être  à  Paris  un  des 
hommes  les  plus  brillants  ;  il  eût  battu  dans  un 
salon  Koreiï,  Pariset,  Lagarde,  et  moi  après  eux, 
s'il  est  permis  de  se  nommer.  Il  eût  été,  la  plume 
à  la  main,  un  esprit  dans  le  genre  de  Duclos,  l'auteur 
de  V Essai  sur  les  Mœurs  (mais  ce  livre  sera  peut- 
être  mort  en  1880),  l'homme  qui,  au  dire  de  d'Aleni- 
bert,  ai'ait  le  plus  d'esprit  dans  un  temps  donné. 

C'est,  je  crois,  au  latin  (comme  nous  disions), 
chez  M.  Durand,  que  je  me  liai  avec  Crozet,  alors 
l'enfant  le  plus  laid  et  le  plus  disgracieux  de  l'Ecole 
centrale  ;  il  doit  être  né  vers  1784*. 

Il  avait  une  figure  ronde  et  blafarde,  fort  marquée 
de  petite  vérole,  et  de  petits  yeux  bleus  fort  vifs, 

Brllaud    II.  1. 


6  STENDHAL 

mais  avec  des  bords  attaqués,  érailiés  par  cette 
cruelle  maladie.  Tout  cela  était  complété  par  un 
petit  air  pédant  et  de  mauvaise  humeur  ;  marchant 
mal  et  comme  avec  des  jambes  torses,  toute  sa 
vie  l'antipode  de  l'élégance  et  par  malheur  cher- 
chant l'élégance,  et  avec  cela 

Un  esprit  tout  divin.   (La  Fontaine.) 

Sensible  rarement,  mais,  quand  il  l'était,  aimant 
la  Patrie  avec  passion  et,  je  pense,  capable  d'hé- 
roïsme s'il  l'eût  fallu.  Il  eût  été  un  héros  dans  une 
assemblée  délibérant  sur  Hampden,  et  pour  moi 
c'est  tout  dire,  (Voir  la  Vie  de  Hampden,  par  lord 
King  ou  Dacre,  son  arrière-petit-fils*.) 

Enhn,  c'est,  sans  comparaison,  celui  des  Dau- 
phinois auquel  j'ai  connu  le  plus  d'esprit  et  de 
sagacité,  et  il  avait  cette  audace  mêlée  de  timidité 
nécessaire  pour  briller  dans  un  salon  de  Paris  ; 
comme  le  général  Foy,  il  s'animait  en  parlant. 

Il  me  fut  bien  utile  par  cette  dernière  qualité 
(la  sagacité)  qui  naturellement  me  manquait  tout- 
à-fait  et  que,  ce  me  semble,  il  est  parvenu  à  m'ino- 
culer  en  partie.  Je  dis  en  partie,  car  il  faut  toujours 
que  je  m'y  force.  Et  si  je  découvre  quelque  chose, 
je  suis  sujet  à  m'exagérer  ma  découverte  et  à  ne 
plus  voir  qu'elle. 

J'excuse  ce  défaut  de  mon  esprit  en  l'appelant  : 
effet  nécessaire  et  sine  qua  non  d'une  sensibilité 
extrême. 


VIK    DF.    Il  EN  ni    lîin.L.VnD  7 

Quand  une  idée  se  saisit  trop  de  moi  au  milieu 
de  la  rue,  je  iowhc.  Exemple  :  rue  de  la  Rochelle, 
près  la  rue  des  Filles-Saint-Thomas,  unique  chute 
pendant  cinq  ou  six  ans,  causée,  vers  1826,  par  ce 
problème  :  M.  Debelleyme  doit-il  ou  ne  doil-il 
pas,  dans  l'intérêt  de  son  ambition,  se  faire  nommer 
député  ?  C'était  le  temps  où  M.  Debelleyme,  préfet 
de  police  (le  seul  magistrat  populaire  du  temps  des 
Bourbons  de  la  branche  aînée),  clierchait  mala- 
droitement à  se  faire  député  *. 

Quand  les  idées  m'arrivent  au  milieu  de  la  rue, 
je  suis  toujours  sur  le  point  de  donner  contre  un 
passant,  de  tomber  ou  de  me  faire  écraser  par  les 
voitures.  Vers  la  rue  d'Amboise,  un  jour,  à  Paris 
(un  trait  entre  cent),  je  regardais  le  D'"  Edwards 
sans  le  reconnaître.  C'est-à-dire,  il  y  avait  deux 
actions  ;  l'une  disait  bien  :  Voilà  le  D'^  Edwards  ; 
mais  la  seconde,  occupée  de  la  pensée,  n'ajoutait 
pas  :  Il  faut  lui  dire  bonjour,  et  lui  parler.  Le 
docteur  fut  très  étonné,  mais  pas  fâché  ;  il  ne 
prit  pas  cela  pour  la  comédie  du  génie  (comme 
l'eussent  fait  MM.  Prunelle,  ancien  maire  de  Lyon, 
l'homme  le  plus  laid  de  France,  Jules-César  Boissat, 
l'homme  le  plus  fat,  Félix  Faure,  et  bien  d'autres 
de  mes  connaissances  et  amis). 


J'ai  eu  le  bonheur  de  retrouver  souvent  Louis 
Crozet,  à  Paris,  en  1800;  à  Paris,  de  180.3  à  1806; 


8  STENDHAL 

à  Plancy,  de  1810  à  1814,  où  je  l'allais  voir  et  où 
je  mis  mes  chevaux  en  pension  pendant  je  ne  sais 
quelle  mission  de  l'Empereur.  Enfin,  nous  cou- 
châmes dans  la  même  chambre  (hôtel  de  Ham- 
bourg, rue  de  l'Université)  le  soir  de  la  prise  de 
Paris  en  1814,  De  chagrin  il  eut  une  indigestion 
dans  la  nuit  ;  moi,  qui  perdais  tout,  je  considérais 
davantage  la  chose  comme  un  spectacle.  Et  d'ail- 
leurs, j'avais  de  l'humeur  de  la  stupide  correspon- 
dance du  duc  de  Bassano  avec  moi,  quand  j'étais 
dans  la  7^  division  militaire  avec  ce  vieillard  rim- 
hamhito  *,  M.  le  comte  de  Saint- Vallier. 

J'avais  encore  de  l'humeur,  je  l'avoue  à  la  honte 
de  mon  esprit,  de  la  conduite  de  l'Empereur  avec 
la  députation  du  Corps  législatif,  où  se  trouvait 
cet  imbécile  sensible  et  éloquent  nommé  Laisné  (de 
Bordeaux),  depuis  vicomte  et  pair  de  France,  mort 
en  1835,  en  même  temps  que  cet  homme  sans  cœur, 
absolument  pur  de  toute  sensibilité,  nommé  Rœ- 
derer. 

Avec  Crozet,  pour  ne  pas  perdre  notre  temps  en 
bavardage  admiratif  de  La  Fontaine,  Corneille,  ou 
Shakespeare,  nous  écrivions  ce  que  nous  appelions 
des  Caractères  (je  A'oudrais  bien  en  voir  quelqu'un 
aujourd'hui). 

C'étaient  six  ou  huit  pages  in-folio  rendant 
compte  (sous  un  nom  supposé)  du  caractère  de 
quelqu'un  de  notre  connaissance  à  tous  deux  à  un 
jury  composé  d'Helvétius,  Tracy  et  Machiavel,  ou 


vit;   df.   hf.nri  brulard  :> 

llolvétius,  Montos([iiieii  ot  Sluilcrsponro.  Tcllos 
élaient  nos  adiniiations   d'alors. 

Nous  lûmes  ensemble  Adam  Smith  el  .T.-lî.  Say, 
v\  nous  abandonnâmes  cette  science  comme  y 
trouvant  des  iioiuts  obscurs  ou  même  contradic- 
toires. Nous  étions  de  la  première  force  en  mathé- 
matiques, et  après  ses  trois  ans  d'Ecole  polytech- 
nique Crozet  était  si  fort  en  chimie  qu'on  lui  ollrit 
une  place  analogue  à  celle  de  M.  Iliénard  (aujour- 
d'hui pair  de  France  mais,  à  nos  yeux  d'alors, 
homme  sans  génie  ;  nous  n'adorions  que  Lagrange 
et  Monge  ;  Laplace  même  n'était  pres(pie,  pour  nous, 
qu'un  esprit  de  lumière  destiné  à  faire  comprendre, 
mais  non  à  inventer).  Crozet  et  moi  nous  lûmes 
Montaigne,  je  ne  sais  combien  de  fois  Shakespeare  de 
Letourneur  (quoique  nous  sussions  fort  bien  l'anglais). 

Nous  avions  *  des  séances  de  travail  de  cinq 
ou  six  heures  après  avoir  pris  du  café  à  l'hôtel  de 
Hambourg,  rue  de  l'Université,  avec  vue  sur  le 
Musée  des  Monuments  français,  charmante  créa- 
tion, bien  voisine  de  la  perfection,  anéantie  par 
ces  plats  B  ourb  ons. 

11  y  a  orgueil  peut-être  dans  la  ([ualification 
d'excellent  mathématicien  à  ludi  attribuée  ci- 
dessus.  Je  n'ai  jamais  su  le  calcul  dilférentiel  et 
intégral,  mais  dans  un  temps  je  passais  ma  vie  à 
songer  avec  plaisir  à  l'art  de  mettre  en  ('(inatiun, 
à  ce  que  j'appellerais,  si  je  l'osais,  la  métaphysiipie 
des  mathématiques.  J'ai  remporté  le  premier  prix 


10  STENDHAL 

(et  sans  nulle  faveur  ;  au  contraire,  ma  hauteur 
avait  indisposé)  sur  huit  jeunes  gens  qui,  un  mois 
après,  à  la  fin  de  1799,  ont  tous  été  reçus  élèves  de 
l'Ecole  polytechnique. 

J'ai  bien  eu  avec  Louis  Crozet  six  à  huit  cents 
séances  de  travail  improbus,  de  cinq  à  six  heures 
chacune.  Ce  travail,  sérieux  et  les  sourcils  froncés, 
nous  l'appelions  piocher,  d'un  mot  en  usage  à 
l'Ecole  polytechnique.  Ces  séances  ont  été  ma  véri- 
table éducation  littéraire,  c'était  avec  un  extrême 
plaisir  que  nous  allions  ainsi  à  la  découverte  de  la 
vérité,  au  grand  scandale  de  Jean-Louis  Basset 
(maintenant  M.  le  baron  de  Richebourg,  auditeur, 
ancien  sous-préfet,  ancien  amant  d'une  Montmo- 
rency, riche  et  fat,  sans  nul  esprit,  mais  sans  méchan- 
ceté). Cet  être,  haut  de  quatre  pieds  trois  pouces 
et  au  désespoir  de  s'appeler  Basset,  logeait  avec 
Crozet  à  l'hôtel  de  Hambourg.  Je  ne  lui  connais 
pas  d'autre  mérite  que  d'avoir  reçu  un  coup  de 
baïonnette  dans  la  poitrine.  Les  revers  de  son  habit, 
un  jour  que  du  parterre  nous  prîmes  d'assaut  la 
scène  du  Théâtre  Français  en  l'honneur  de  M^^^  Du- 
chesnois  (mais,  bon  Dieu  !  j'empiète),  actrice  excel- 
lente dans  deux  ou  trois  rôles,  morte  en  1835  *. 

Nous  ne  nous  passions  rien,  Crozet  et  moi,  en 
travaillant  ensemble  ;  nous  avions  toujours  peur 
de  nous  laisser  égarer  par  la  vanité,  ne  trouvant 
aucun  de  nos  amis  capable  de  raisonner  avec  nous 
sur  ces  matières. 


VIK     DE    HENRI     niîUI.ARD  11 

Ces  amis  étaient  les  deux  Basset,  Louis  de 
Banal  (niuu  auu  iuUiiif,  anu  intime  aussi  de  Louis 
Crozet),  Plana  (professeur  à  Turin,  membre  de 
toutes  les  Académies  et  de  tous  les  ordres  de  ce 
pays).  Crozet  et  Plana,  tous  deux  mes  amis,  étaient, 
pour  les  mathématiques,  d'un  an  en  arrière  sur 
moi  ;  ils  apprenaient  l'arithmétique  tandis  que 
j'étais  à  la  trigonométrie  et  aux  éléments  d'algèbre. 


CHAPITRE  XXXI* 


Mon  grand-père  n'aimait  point  M.  Dubois-Fonta- 
nelle ;  il  était  tout-à-fait  homme  de  vanité  cultivée 
et  implacable,  homme  du  grand  monde  à  l'égard 
d'une  infinité  de  personnes  dont  il  parlait  en  bons 
termes,  mais  qu'il  n'aimait  point. 

Je  pense  ([u'il  avait  peur  d'être  méprisé,  toul 
considéré,  comme  littérateur  par  ce  pauvre  M.  Du- 
bois, qui  avait  fait  une  tragédie,  la((uolIc  avait  eu 
'honneur  (Kenvoyer  sou  libraire  aux  galères.  Il 
s'agit  <ï Ericie,  ou  la  Vestale*.  C'était  évidemment 
Ericie,  ou  la  Religieuse,  ou  la  Mélanie  de  cet  intri- 
gant (h^  Laharpe,  dont  le  froid  génie  avait,  je 
pense,  volé  ce  sujet  au  pauvre  M.  Dubois-Fonta- 
nelle, toujours  si  pauvre  qu'il  avait  pris  une  écri- 
ture horriblement  fine  pour  moins  user  de  papier. 


14  STENDHAL 

Le  pauvre  M.  Dubois  alla  à  Paris  assez  jeune 
avec  Vainour  du  beau.  Une  pauvreté  constante  le 
força  à  chercher  l'utile,  il  ne  put  jamais  s'élever  au 
rang  des  Jean  Sucres  de  la  première  ligne,  tels  que 
Laharpe,  Marmontel,  etc.  Le  besoin  le  força  à 
accepter  la  rédaction  des  articles  politiques  du 
Journal  des  Deux-Ponts,  et,  bien  pis,  là  il  épousa 
une  grosse  et  grande  Allemande,  ex-maîtresse  du 
roi  de  Bavière  Maximilien-Joseph,  alors  prince 
Max  et  colonel  français. 

Sa  fille  aînée,  fille  du  roi,  fut  mariée  à  un  AL  Re- 
nauldon,  personnage  vaniteux,  fait  exprès  pour 
être  bon  maire  d'une  grande  ville  de  province.  En 
effet,  il  fut  bon  maire  de  Grenoble  de  1800  à  1814, 
je  crois  *,  et  de  plus  outrageusement  cocufié  par 
mon  cousin  Pelot,  le  roi  des  sots,  lequel  en  fut 
déshonoré  et  obligé  de  sortir  du  pays  avec  une 
place  dans  les  Droits  réunis  que  lui  donna  le  bien- 
faisant Français  (de  Nantes),  financier  puissant 
sous  l'Empereur  et  qui  donna  une  place  à  Parny. 
Je  l'ai  beaucoup  connu  comme  littérateur  sous  le 
nom  de  M.  Jérôme*,  vers  1826.  Tous  ces  gens 
d'esprit,  malheureux  dans  l'ambition,  prennent  les 
lettres  pour  leur  pis-aller.  Par  leur  science  d'in- 
trigue et  leurs  amis  politiques  ils  obtiennent  des 
semblants  de  succès  et,  dans  le  fait,  accrochent  des 
ridicules.  Tel  j'ai  vu  M.  Rœderer,  M.  Français  (de 
Nantes)  et  même  M.  le  comte  Daru  *,  quand  par 
son  poème  de   V Astronomie  (publié  après  sa  mort) 


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(/?i7>/.  mun.  Je  Crenohlc:  mx  If  jijij.  t.  II.  fol.  .^S.f 


\  I  1       1)1.     M  I    .N  Kl     IIIU   I. AHI)  15 

il  se  fit  asïiocié  lihrc  di-  l'Acatléniic  dos  Stiences. 
Ces  trois  huinines  de  beaucoup  «.l'espril,  de  finesse 
et  certaineuïcnL  au  prcMuier  rau;^  des  t(jnseillers 
d'i'^tat  el  des  préfels,  n'avaieiil  jamais  \n  (itir 
|t(lilo  ligure  ili-  jjjéoniétrif  in\riiltc  inir  moi  *,  siinplt- 
auditeur,  il  y  a  un  mois. 

Si,  en  arrivant  à  Paris,  le  pau\re  .M.  Dubois,  qui 
se  nomma  Fontanelle*,  avait  trouvé  une  pension 
de  cent  louis  à  condition  d'écrire  (comme  Beethoven 
vers  1805,  à  \'ienne),  il  eût  cultivé  le  Beau,  c'est- 
à-dire  imité  non  la  nature,  mais  \  oltaire. 

Au  lieu  de  cela,  il  fut  obligé  de  traduire  les 
Métamorphoses  d'Ovide  *  et,  bien  pis,  des  livres 
anglais.  Cet  excellent  homme  me  donna  l'idée 
d'apprendre  l'anglais  et  me  prêta  le  premier  \olume 
de  Gibl)on*,  et  je  vis  à  cette  occasion  qu'il  pronon- 
çait :  Té  istonj  oj  té  jall.  Il  avait  appris  l'anglais 
sans  maître,  à  cause  de  la  pauvreté,  et  à  coups  de 
dictionnaire. 

Je  n'ai  apj)ris  l'anglais  que  bien  des  années 
après,  quand  ]' nwentai  dapijrcndre  par  cœur  les 
quatre  premières  pages  du  Vicaire  de  Wakefiehl 
(Ouaikefilde).  Ce  fut,  ce  me  send)le,  vers  JSOÔ. 
Quelqu'un  a  eu  la  même  idée  à  Rome*,  je  crois,  et 
j»-'  iir  l'ai  su  cpi'en  18iô,  quand  j'accrochai  quelques 
Edinburg  I{e\'ie\vs  en  Allemagne. 

M.  Duhois-Fontanclle  était  prescjuc  perclus  de 
goutte,  ses  doigts  n"a\aicul  plus  de  forme,  il  était 


16  STENDHAL 

poli,  obligeant,  serviable,  du  reste  son  caractère 
avait  été  brisé  par  l'infortune  constante. 

Le  Journal  des  Deux-Ponts  ayant  été  conquis 
par  les  armées  de  la  Révolution,  M.  Dubois  ne 
devint  point  aristocrate  pour  cela,  mais,  chose 
singulière,  resta  toujours  citoyen  français.  Ceci 
paraîtra  simple  vers  1880,  mais  n'était  rien  moins 
qu'un  miracle  en  1796. 

Voyez  mon  père  qui,  à  la  Révolution,  gagnait  de 
prendre  rang  par  ses  talents,  qui  fut  premier 
adjoint  faisant  fonctions  de  maire  de  Grenoble, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  et  qui  abhorrait 
cette  Révolution  qui  l'avait  tiré  de  la  crotte. 

Le  pauvre  et  estimable  ]\L  Fontanelle,  abandonné 
par  son  journal,  arriva  à  Grenoble  avec  sa  grosse 
femme  allemande  qui,  malgré  son  premier  métier, 
avait  des  manières  basses  et  peu  d'argent.  11  fut 
trop  heureux  d'être  professeur,  logé,  et  alla  même 
occuper  un  appartement  à  l'angle  sud-ouest  de  la 
cour  du  Collège,  avant  qu'il  ne  fût  terminé*. 

En  B  était  sa  belle  édition  de  Voltaire  in-8°,  de 
Kehl,  le  seul  d«  ses  livres  que  cet  excellent  homme 
ne  prêtât  pas.  Ses  livres  avaient  des  notes  de  son 
écriture,  heureusement  presque  impossible  à  lire 
sans  loupe.  Il  m'avait  prêté  Emile  et  fut  fort  inquiet 
parce  que,  à  cette  folle  déclamation  de  J.-J.  Rous- 
seau :  «  La  mort  de  Socrate  est  d'un  homme,  celle 
de  Jésus-Christ  est  d'un  Dieu  »,  il  avait  joint  un 
papillon  (bout  de  papier  collé)  fort  raisonnable  et 


\  1 1      i)i:    Il  IN  i;  I    iti;  i  i.  \  i;  it  17 

foil  peu  rlo(|iitiil,  et  <iiii  lim^siill  |);ii'  la  niaxitiir 
coiitrairo. 

Ce  papillon  lui  eût  beaucoup  nui.  même  aux  yeux 
(le  mon  jjrand-prre.  Ou'eut-ce  été  si  mon  père  l'eut 
\  Il  ?  \  ers  ce  temps,  mon  père  n'acheta  pas  le 
hictionnairc  de  Bayle,  à  la  vente  de  notre  cousin 
Drier  (homme  de  plaisir).  [)oui-  ne  i>as  compromettre 
ma  religion,  et  il  me  le  dit. 

M.  Fontanelle  était  trc)p  brisé  par  le  malheur 
et  par  le  caractère  de  sa  diablesse  de  femme  ])our 
être  enthousiaste,  il  n'avait  pas  la  moindre  étincelle 
du  feu  de  M.  l'abbé  Ducros  ;  aussi  n'eut-il  guère 
<rinfluence  sur  mon  caractère. 

Il  me  semble  que  je  suivis  le  cours  avec  ce  petit 
jésuite*  de  Paul-KmileTeisseire,legros  Marquis  (bon 
et  fat  jeune  homme  riche  de  Rives  ou  de  Moirans), 
Benoît,  bon  enfant  r[ui  se  croyait  sincèrement  un 
Platon  parce  que  le  médecin  Clapier  lui  avait  ensei- 
gné l'amour  (de  l'évêque  de  Clogher). 

Cela  ne  nous  faisait  pas  horreur  parce  que  nos 
parents  en  auraient  eu  horreur,  mais  cela  nous 
étonnait.  Je  vois  aujourd'hui  que  ce  que  nous 
ambitionnions  était  la  victoire  sur  cet  animal 
terrible  :  une  femme  aimable,  juge  du  mérite  des 
hommes,  et  non  pas  le  y)laisir.  Xous  trouvions  le 
plaisir  partout.  \a-  sombre  HniDÎt  ne  lit  autMin 
prosélyte. 

Bientôt  le  gros  Marquis,  un  j»eu  mon  parent,  ce 

Driiatii.    11.  2 


18  STENDHAL 

me  semble,  ne  comprit  plus  rien  au  cours  et  nous 
laissa.  Il  me  semble  que  nous  avions  aussi  un 
Penet,  un  ou  deux  Gauthier,  minus  habens  sans 
conséquence*. 

Il  y  eut  à  ce  cours,  comme  à  tous  les  autres,  un 
examen  au  milieu  de  l'année.  J'y  eus  un  avantage 
marqué  sur  ce  petit  jésuite  *  de  Paul-Emile,  qui 
apprenait  tout  par  cœur  et  qui,  pour  cette  raison, 
me  faisait  grand  peur  ;  car  je  n'ai  aucune  mémoire. 

Voilà  un  des  grands  défauts  de  ma  tête  :  je 
rumine  sans  cesse  sur  ce  qui  m'intéresse  ;  à  force 
de  le  regarder  dans  des  positions  d'âme  différentes, 
je  finis  par  y  voir  du  nouveau,  et  je  le  fais  changer 
d'aspect. 

Je  tire  les  tuvaux  de  lunette  dans  tous  les  sens, 
ou  je  les  fais  rentrer,  suivant  l'image  employée  par 
M.  de  Tracy  (voir  la  Logique). 

Ce  petit  jésuite  de  Paul-Emile,  avec  son  ton 
doucereux  et  faux,  me  faisait  grande  peur  pour  cet 
examen.  Heureusement,  un  M.  Tortelebeau'*,  de 
Vienne,  membre  de  l'Administration  départemen- 
tale, me  poussa  des  questions.  Je  fus  obligé  d'in- 
venter des  réponses  et  je  l'emportai  sur  Paul-Emile^ 
c|ui  seulement  savait  par  cœur  le  sommaire  des 
leçons  du  cours. 

Dans  ma  composition  écrite,  il  y  eut  même  une 
espèce  d'idée  à  propos  de  J.-J.  Rousseau  et  des 
louanges  qu'il  méritait  *. 


\  1 1:    nr,    ii  r.  n  i;  i    n  nt  i  \  i;  d 


10 


Tout  ce  ((ur  jiippri'iiiii^  aux  Irç-ons  i\t'  M.  1)m- 
bois-FonfaiiflIc  riail.  à  mes  \ciix,  coiniur  uii<- 
science  cxtriiciitc  on   laii'^sc. 

Je  ine  croyais  du  Génie, —  où  diable  avais-jc  pris 
celte  idée  ?  —  du  génie  pour  le  métier  de  Molière 
et  de  Rousseau. 

.le  iué[)risais  sincèrement  et  souverainement  le 
talent  de  Voltaire  :  je  le  trouvais  puéril.  J'estimais 
sincèrement  Pierre  Corneille,  l'Arioste,  Shakes- 
peare, Cervantes  et,  en  paroles,  Molière.  Ma  peine 
était  de  les  mettre  d'accord. 

Mon  idée  sur  le  beau  littéraire,  au  fond,  est  la 
même  qu'en  1796,  mais  chaque  six  mois  elle  se 
perfectionne,  ou,  si  l'on  veut,  elle  change  un  peu. 

C'est  le  travail  unique  de  toute  ma  i'ie. 

Tout  le  reste  n'a  été  que  gagne-pain,  gagne- 
pain  joint  à  un  j)ou  de  vanité  de  le  gagner  aussi 
bien  quuu  autre;  j'en  excepte  V  Intendance  à 
Brunswick  après  le  départ  de  Martial.  11  y  avait 
Vaitrait  de  la  nom>eauté  et  le  blâme  exprimé  par 
M.  Daru  à  l'intendant  de  Magdebourg,  M.  Chaa- 
lons,  ce  me  semble. 

Mon  beau  idéal  littéraire  a  plutôt  rapport  à  jouir 
des  œuvres  des  autres  et  à  les  estimer,  à  ruminer 
sur  leur  mérite,  qu'à  écrire  moi-même. 

Vers  lli)^,  j'attendais  niaisement  le  moment  du 
génie,  à  peu  près  comme  la  voix  de  I)n'ii  parlant 
du  buisson  ardent  à  Moïse.  Cette  nigauderie  m'a 
fait    perdre    l)icii    du    temps,    mais    pt-ul-rin-    m'a 


20  STENDHAL 

empêché  de  me  contenter  du  demi-plat,  comme  font 
tant  d'écrivains  de  mérite  (par  exemple,  M.  Lois 
Weymar). 

Quand  je  me  mets  à  écrire,  je  ne  songe  plus  à 
mon  beau  idéal  littéraire,  je  suis  assiégé  par  des 
idées  que  j'ai  besoin  de  noter.  Je  suppose  que 
M.  Yillemain  est  assiégé  par  des  formes  de  phrases  ; 
et  ce  qu'on  appelle  un  poète,  un  Delille,  un  Racine, 
par  des  formes  de  vers. 

Corneille  était  agité  par  des  formes  de  réplique  : 

lié  bien  !  prends-cn  ta  part  el  me  laisse  la  mienne... 

d'Emile  à  Cinna. 

Comme  donc  mon  idée  de  perfection  a  changé 
tous  les  six  mois,  il  m'est  impossible  de  noter  ce 
qu'elle  était  vers  1795  ou  1796,  quand  j'écrivais  un 
drame  dont  j'ai  oublié  le  nom.  Le  personnage  prin- 
cipal s'appelait  Picklar  peut-être  et  était  peut-être 
pris  à  Florian. 

La  seule  chose  que  je  voie  clairement,  c'est  que, 
depuis  quarante-six  *  ans,  mon  idéal  est  de  vivre  à 
Paris,  dans  un  quatrième  étage,  écrivant  un  drame 
ou  un  livre. 

Les  bassesses  infinies  et  l'esprit  de  conduite 
nécessaire  pour  faire  jouer  un  drame  m'ont  empêché 
d'en  faire,  bien  malgré  moi  ;  il  n'y  a  pas  huit  jours 
que  j'en  avais  des  remords  abominables.  J'en  ai 
esquissé  plus  de  vingt,  toujours  trop  de  détails,  et 
trop  profonds,  trop  peu  intelligibles  pour  le  public 


VIT  'nr.    iirM;i    rtiti  i.  vitu  21 

l)rlf  foiiinic  M.    I  Viiiaux.  ilniil   la  jr\  c»liil  ion  de  178!> 
a  pciipir  If  |>ailfii<'  et  les  loges. 

Quand.  i>ar'  sou  iininortcl  pani()lilcl  (Jii'fsi-ic 
((uc  le  Tiers.'  y,o}is  soninu's  à  fienoii.v.  It'<.'i)ii.\-n<)iis, 
M.  l'ai)!))''  Slnyès  [itula  W-  lucinifr  coup  à  l'arlslo- 
t  ralie  p()lili(|m'.  il  fonda  sans  le  savoir  l'aristocratie 
liKrraire.  ((ici le  idée  nrest  venue  en  novembre  1835, 
faisant  une  préface  à  de  Brosses  *  qui  a  chorpic 
Colonil».) 


Diar.Aiii)    II. 


CHAPITRE  XXXII  * 


J'avais  donc  un  certain  beau  lillérairc  dans  la 
tète  en  179G  ou  1797,  quand  je  suivais  le  cours  de 
M.  Dubois-Fontanelle  ;  ce  beau  était  fort  différent 
du  sien.  ].o  trait  le  ])lus  niarcjuant  de  cette  diffé- 
rence était  mon  adoration  pour  la  \"érilé  tragique 
et  simple  de  Shakespeare,  contrastant  avec  la 
puérilité  cnipJiatique  de  ^  oltairc. 

Je  me  souviens,  entre  autres,  que  M.  r)ubois  nous 
récitait  avec  enthousiasnu^  de  certains  vers  de 
Voltaire  ou  de  lui,  où  il  y  avait  :  dans  la  plaie... 
retournant  le  couteau.  Ce  mot  couteau  me  choquait 
à  fond,  profondément,  parce  (pi'il  appli([uait  mal 
ma  règle,  mon  amour  pour  la  sinqjlicité.  Je  vois 
ce  pourquoi  aujourd'hui  ;  j  ai  >enti  \  ivement  toute 


24  STENDHAL 

ma  vie,  mais  je  ne  vois  le  pourquoi  que  longtemps 
après. 

Hier  seulement,  18  janvier  183(3,  ÎC-ie  de  la  cate- 
dra  de  Saint-Pierre,  en  sortant  de  Saint-Pierre  à 
quatre  heures,  et,  me  retournant  pour  regarder  le 
dôme,  pour  la  première  fois  de  ma  i'ie  je  l'ai  regardé 
comme  on  regarde  un  autre  édifice:  j'y  ai  vu  le 
balcon  de  fer  du  tambour,  je  me  suis  dit  :  je  vois 
ce  qui  est  pour  la  première  fois  ;  jusquici  je  l'ai 
regardé  comme  on  regarde  la  femme  qu'on  aime. 
Tout  m'en  plaisait  (je  parle  du  tambour  et  de  la 
coupole),  comment  aurais-je  pu  y  trouver  des 
défauts  ? 

Voilà  que  par  un  autre  chemin,  un  autre  côté, 
je  reviens  à  avoir  la  vue  de  ce  défaut  que  j'ai  noté 
plus  haut  dans  ce  mien  véridique  récit,  le  manque 
de  sagacité. 

Mon  Dieu  !  comme  je  m'égare  !  J'avais  donc  une 
doctrine  intérieure  quand  je  suivais  le  cours  de 
M.  Dubois,  je  n'apprenais  tout  ce  qu'il  me  disait 
que  comme  une  fausseté  utile.  Quand  il  blâmait 
Shakespeare  surtout,  je   rougissais  intérieurement. 

Mais  j'apprenais  d'autant  mieux  cette  doctrine 
littéraire  que  je  n'en  étais  pas  enthousiaste. 

Un  de  mes  malheurs  a  été  de  ne  pas  plaire  aux 
gens  dont  j'étais  enthousiaste  (exemple  M'"^  Pasta 
et  M.  de  Tracy)  ;  aj^paremment,  je  les  aimais  à  ma 
manière  et  non  à  la  leur. 


\  1 1:    1)1.    Il  1  Mil    uni  I  \  iti)  "J.'» 

De    IlH'Ilir.    |«'    lii:ill<|lir    •^niiNiMll    ICxpOsi  I  ii  ti»    diliKi 

«liM'triiu'   i|iii'   \  iiiliirc   :   un    mr   iiml  rcdil .    1rs   hirines 

lllf    \irmicill    ;ill\    \('ll\,    rt     |c    ne    |HI|s    |i|ii>    |i;i||(r.   .1   • 

tlii-;ii^,  SI  je  1  usîiis  :  Ah  !  \'<iii.s  nu-  jicii'fz  le  cœur!  Je 
me  soiiNifiis  (Ir  (l<ii\  cxciiiplcs  hitn  ii-a])ii(iiits  pour 
moi  : 

I"  L(iii;inn«'  (lu  (  (irr'-fre  à  |)iii|ms  i|r  l 'nurhoii, 
parlant  à  Marfstc  dans  le  Palals-Hoyal,  et  allant  à 
un  j)i(pM'-iii(|iic  a\ ce  MM.  Diiverfricr  dt-  llaiiraiine, 
raimahic   hillimr  l'I    !<■  \ilain  C.avé. 

Le  secoMil.  parlani  (lr>  Mozart  à  MM.  Ampère  et 
Adrien  de  .iiissicn.  en  icx ciiaiit  de  Naples  vers  J832 
(un  mois  a])rès  le  Iremhlcmenl  de  terre  (jiu  a  éeuiné 
Foligno). 

Littérairement  parlaiil .  le  lours  de  M.  Dultois  * 
(imprimé  depuis  en  tpialie  \nliiines  j)ar  smi  pelil- 
lils,  ('.11.  Renauldon)  me  fui  uliir  cniniiic  me  d<»n- 
nant  une  vue  eomplèle  du  champ  lilléraire  et 
empêchant  nn»ii  imannuit  inii  d "en  exafrérer  les 
parties   ineonnues,    comme     Sophocle,    Ossian,    etc. 

Ce  cours  fut  très  utile  à  ma  \anité  en  ccMifirmant 
les  autres  dé  finit  i\cmciil  dans  rupiumn  ipu  ni'- 
plaçait  dans  les  sept  à  iiml  crarçons  ilesjtril  de 
ri'Lcnle.  H  nie  senihle  loiiler<ii-  ipie  (Îraud-Dufay 
'était  |ilacé  a\anl  moi  :  j  ai  milihe  le  nom  <|es 
autres. 

L'àf^e  d'nr-  de  M.  l'ont aiudle.  h-  lemjis  dont  il 
parlait  a\cc  at  lendi  i->eineiif ,  c'était  son  ari'ivéc  à 
Paris  vers  17.')<).  Tout   était    plein  alnis  du  nom  do 


26  STENDHAL 

Voltaire  et  des  ouvrages  qu'il  envoyait  sans  cesse 
de  Ferney.  (Etait-il  déjà  à  Ferney  ?) 

Tout  cela  manquait  son  effet  sur  moi,  cj[ui  abhor- 
rais la  puérilité  de  Voltaire  dans  l'histoire  et  sa 
basse  envie  contre  Corneille  ;  il  me  semble  que  dès 
cette  époque  j'avais  remarqué  le  ton  prêtre  du 
Commentaire  de  Voltaire  dans  la  belle  édition  de 
Corneille  avec  estampes,  qui  occupait  un  des  hauts 
rayons  de  la  bibliothèque  fermée  de  glaces  de  mon 
père  à  Claix,  bibliothèque  dont  je  volais  la  clef  et 
où  j'avais  découvert,  ce  me  semble,  la  Nouvelle- 
Hélo'ise  quelques  années  avant,  et  certaineinent 
depuis  Grandisson*,  que  je  lisais  en  fondant  en 
larmes  de  tendresse  dans  un  galetas  du  second  étage 
de  la  maison  de  Claix,  où  je  me  croyais  en  sûreté. 

M.  Jay,  ce  grand  hâbleur,  si  nul  comme  peintre, 
avait  un  talent  marqué  *  pour  allumer  l'émulation 
la  plus  violente  dans  nos  cœurs  et,  à  mes  yeux 
maintenant,  c'est  là  le  premier  talent  d'un  profes- 
seur. Combien  je  pensais  différemment  vers  1796  ! 
J'avais  le  culte  du  génie  et  du  talent. 

Un  fantasque  faisant  tout  par  à  coup,  comme  en 
agit  d'ordinaire  un  homme  de  génie,  n'eût  pas  eu 
quatre  cents  ou  trois  cent  cinquante  élèves,  comme 
M.  Jay. 

Enfin,  la  rue  Neuve  était  encombrée  quand  nous 
sortions  de  son  cours,  ce  qui  redoublait  les  airs 
importants  et  emphatiques  du  professeur*. 


\ii:    ni-    niMu   niMi.  \nn  27 

Jo  fus  ravi,  cnnimc  du  |)lus  (lillicilc  cl  du  plus 
bel  avancciiKMil  |)ossil)l(',  (|u;miiI.  \  <i>^  Ir  miliou  d'iinn 
année,  ce  nif  scinldc  M.  .lay  niu  iliL  avec  son  air 
luajeslueux  el  palcrne  : 

«  Allons,  monsieur  I3|^eylej,  prenez  votre  carfoii 
et  allez,  allez  vous  installer  à  la  Bosse  *.  » 

Ce  mot  :  monsieur,  d'un  usage  si  fréquent  à  Paris, 
était  tout-à-fait  insolite  à  (jrenoMe,  en  ])ailanl  à  un 
enfant,  et  m'étonnait  toujours,  à  moi  adressé. 

Je  ne  sais  pas  si  je  dus  cet  avancement  à  (|ui'l(|uc 
mot  de  mon  «irand-père  adressé  à  M.  Jay  ou  à  mou 
mérite  à  faire  des  hacliuios  bien  parallèles  dans  la 
classe  des  Académies,  où  depuis  peu  j'avais  été 
admis.  Le  fait  est  qu'il  surprit  moi  et  les  autres. 

Admis  parmi  les  douze  ou  (juinze  bosses,  mes 
dessins  aux  crayons  noirs  et  blancs,  d'après  les 
tètes  de  Niobé  et  de  Démothènc  (ainsi  nominées 
par  nous),  surprirent  M.  Jay,  qui  a\ait  l'air  scanda- 
lisé de  me  tiouver  autant  de  talent  qu'aux  autres. 
Le  plus  fort  de  cette  classe  était  un  M.  Ennemond 
llt'Iie  (depuis  notaire  en  cour)  ;  c'était  l'homme  le 
phis  fnijd,  il  a\ait  été,  disait-on,  à  l'armée.  Ses 
ouvrages  tendaient  au  genre  de  Philippe  de  Cham- 
paigne,  mais  c'était  un  homme  et  mui  nu  enfant 
comme  nous  autres,  il  y  avait  de  l'injustice  à  le 
faire  concourir  avec  nf)us. 

BicultU  a  la  Bosse  j'obtins  un  prix.  Nous  l'ob- 
tînmes à  deux  ou  trois,  on  tira  au  sort  et  j'eus  VEssai 


28  STENDHAL 

sur  la  Poésie  et  la  Peinture,  de  l'abbé  Dubos,  que  je 
lus  avec  le  plus  vif  plaisir.  Ce  livre  répondait  aux 
sentiments  de  mon  cœur,  sentiments  inconnus  à 
moi-même. 

Moulezin,  l'idéal  du  provincial  timide,  dépourvu 
de  toute  idée  et  fort  soigneux,  excellait  à  tirer  des 
hachures  bien  parallèles  avec  un  crayon  de  san- 
guine bien  taillé.  Un  homme  de  talent,  à  la  place  de 
M.  Jav,  nous  eût  dit  en  nous  montrant  Moulezin  : 
«  Messieurs,  voilà  comment  il  ne  faut  pas  faire.  »  Au 
lieu  de  cela,  Moulezin  était  le  rival  d'Ennemond 
Hélie. 

Le  spirituel  Dufay  faisait  des  dessins  fort  origi- 
naux, disait  M.  Jay,  il  se  distingua  surtout  quand 
M.  Jay  eut  l'excellente  idée  de  nous  faire  tous 
poser  tour  à  tour  pour  l'étude  des  têtes.  Nous  avions 
aussi  le  gros  Hélie,  surnommé  le  hedot  (le  bête,  le 
lourd),  et  les  deux  Monval,  que  leur  faveur  aux 
mathématiques  avait  suivi  à  l'école  de  dessin.  Nous 
travaillions  avec  une  ardeur  et  une  rivalité  in- 
crovables  deux  ou  trois  heures  de  chaque  après- 
midi. 

Un  jour  qu'il  y  avait  deux  modèles,  le  grand 
Odru,  du  latin,  m'empêchait  de  voir  :  je  lui  donnai 
un  soufflet  de  toutes  mes  forces  en  O  *.  Un  instant 
après,  moi  rassis  à  ma  place  en  H,  il  tira  ma  chaise 
par  derrière  et  me  fit  tomber  sur  le  derrrière. 
C'était  un  homme  ;  il  avait  un  pied  de  plus  que  moi, 
mais  il  me  haïssait  fort.  J'avais  dessiné,  dans  l'esca- 


\  I  r.    1)1".    M  IN  lu    nrti  i  \  kd 


29 


litT  ilii  latin,  (le  loiicrri  a\fi-  (  laiil  liitr  i-l  ('rozft,  l'O 
nie  st'inltlf,  iiiic  carioalure  énoniu;  cominc  lui, 
sous  liKiUflif  j"a\ais  rciit  :  (  )(lriias  Kanil)iii.  Il 
roiitrissail  (jiiaïul  i»ri  lapiidail  ()(lriias,  et  disaiL 
Uatnhiii.  au   iirii  (je  :   (|iiaii(l   liirn. 


A  l'inslaiil,  il  fut  décidé  que  nous  devions  nous 
i)attre  au  pistolet.  Nous  descendîmes  dans  la  cniir  ; 
M.  .lay  voulant  s'interposer,  nous  prîmes  la  fuite  ; 
.M.  Jay  retourna  à  l'autre  salle.  Nous  sortîmes, 
mais  tout  le  collège  nous  suivit.  Nous  avions  j)eul- 
ètre  deux  cents  suivants. 

J'avais  prié  Diday.  (jui  s'était  trouvé  là,  de  me 
servir  de  témoin  ;  j'étais  fort  troublé,  mais  iileiii 
d'ardeur.  Je  ne  sais  comment  il  se  fit  (pie  nous  nous 
diriffeâmes  vers  la  })urlc  tic  la  (îraillc,  fort  incom- 
modés par  notre  cortège.  11  fallait  avoir  des  |»is- 
tolets,  ce  n'était  pas  facile.  Je  finis  par  obtenir  un 
pistolet  de  buit  pouces  de  long.  Je  voyais  i)d\\i 
marcher  à  vingt  pas  de  moi,  il  m'accablait  d  in- 
jures. On  ne  nous  laissait  pas  apjirochcr  ;  d'un  coup 
de  poing,  il  m'aurait  tué. 

.]<•  Mf  réj)onilais  [)as  à  ses  injures,  mais  je  trem- 
blais de  colère.  Je  ne  dis  pas  que  j'eusse  été  exemj)t 
de  peur  si  le  duel  ('Mt  été  arrangé  comme  à  rmili- 
naire,  quatre  ou  six  i)ersonnes  allant  froidement 
ensemble,  à  six  heures  du  matin,  dans  un  fiacre,  f» 
une  grande  lieue  dune  ville. 


30  STENDHAL 

La  garde  de  la  porte  de  la  Graille  fut  sur  le  point 
de  prendre  les  armes. 

Cette  procession  de  polissons,  ridicule  et  fort 
incommode  pour  nous,  redoublait  ses  cris  :  Se 
battront-ils  P  ne  se  hattront-ils  pas  P  dès  que  nous 
nous  arrêtions  pour  faire  quekjue  chose.  J'avais 
grand'peur  d'être  rossé  par  Odru,  plus  grand  d'un 
pied  que  ses  témoins  et  que  les  miens.  Je  me  rap- 
pelle du  seul  Maurice  Diday  comme  mon  témoin 
(depuis  plat  ultra,  maire  de  Domène,  et  écrivant 
dans  les  journaux  des  lettres  ultra,  sans  ortho- 
graplie).  Odru  était  furieux. 

Enfin,  après  une  heure  et  demie  de  poursuite, 
comme  la  nuit  approchait,  les  polissons  nous  lais- 
sèrent un  peu  de  tranquillité  entre  les  portes  de 
Bonne  et  Très-Cloîtres.  Nous  descendîmes  dans  les 
fossés  de  la  ville,  tracés  par  Louis  Rover,  à  un  pied 
de  profondeur,  ou  nous  nous  arrêtâmes  sur  le  bord 
de  ces  fossés. 

Là,  on  chargea  les  pistolets,  on  mesura  un 
nombre  de  pas  effroyable,  peut-être  vingt,  et  je 
me  dis  :  Voici  le  moment  d'avoir  du  courage.  Je  ne 
sais  comment,  Odru  dut  tirer  le  premier,  je  regardai 
fixement  un  petit  morceau  de  rocher  en  forme  de 
trapèze  *  qui  se  trouvait  au-dessus  de  lui,  le  même 
cjue  l'on  voyait  de  la  fenêtre  de  ma  tante  Elisabeth, 
à  côté  du  toit  de  l'église  Saint-Louis. 

Je  ne  sais  comment  on  ne  fit  pas  feu.  Probable- 


N  ii:   1)1.    H  r  N  i;i    luii  i.  \r,  i> 


31 


nuMlt,  los  lriuoin>^  n";i\  .lient  pas  <li:ir'_n'' Ifs  pistolr-N. 
Il  me  scMiblt'  «jmc  je  n  tii<  pas  à  \is(  r.  La  |iaix  fut 
iléclarée,  mais  sans  toucher  de  mains  ni  <'nroii; 
moins  embrassade.   (Idni,   fort   en   eolère,   m  aurait 

rossé  *. 

Dans   la    rue    Très-Cloîtres,    niardianf    avec    iii<ui 

tr-moin  Diday  *,  je  lui  dis  : 

«  Pour  ne  j>as  a\oir  peur,  tandis  (piOdru  mn 
visait,  je  refrardais  le  petit  rocher  au-dessus  de 
Seyssins  *. 

—  Tu  ne  dois  jamais  dire  ça,  une  telle  parole  ne 
<loit  jamais  sortir  de  ta  bouche  »,  me  dit-il,  en  uw. 
L-^rondant  ferme. 

.Te   fus  fort  étonné  et,  en  y  réfléchissant,   fort 
scandalisé  de  cette  réprimande. 

Mais,  dès  le  lendemain,  je  me  trouvai  un  remords 
liorrible  davnjr  laissé  arranfjer  cette  affaire.  Cela 
Idessait  toutes  mes  rêveries  espa<;noles  ;  comment 
oser  admirer  le  Cid  aiirès  ne  s'être  pas  battu  ? 
Comment  penser  aux  héros  de  ÏAnosle.^  Comment 
admirer  et  critiquer  les  grands  personnages  de 
l'histoire  romaine  dont  je  relisais  souvent  les  hauts 
faits  dans  le  doucereux  Rollin  ? 

I''n  écrivant  ceci,  j'éprouve  la  sensation  île  passer 
la   main  sur  la   cicatrice  d'une  blessure  guérie. 

.le  n'ai  jtas  jiensé  deux  fuis  à  ee  duel  depuis  mon 
outre  duel  arrangé  avec  M.  l'aindre  (elief  d'escatlion 
ou  colonel  d'artillerie  légère,  à  \'ienne,  en  18<>*J, 
pour  Babet). 


32  STENDHAL 

Je  vois  qu'il  a  été  le  grand  remords  de  tout  le 
commencement  de  ma  jeunesse,  et  la  vraie  raison 
de  mon  outrecuidance  (presque  insolence)  dans  le 
duel  de  Milan,  où  Cardon  fut  témoin. 

Dans  l'alTaire  Odru,  j'étais  étonné,  troublé,  me 
laissant  faire,  distrait  par  la  peur  d'être  rossé  par 
le  colossal  Odru,  je  me  préparais  de  temps  en 
temps  à  avoir  peur.  Pendant  les  deux  heures  que 
dura  la  procession  des  deux  cents  gamins,  je  me 
disais  :  Quand  les  pas  seront  mesurés,  c'est  alors 
qu'il  y  aura  du  danger.  Ce  qui  me  faisait  horreur, 
c'était  d'être  rapporté  à  la  maison  sur  une  échelle, 
comme  j'avais  vu  rapporter  le  pauvre  Lambert. 
Mais  je  n'eus  pas  un  instant  l'idée  la  plus  éloignée 
que  l'affaire  serait  arrangée. 

Arrivé  au  grand  moment,  pendant  qu'Odru  me 
visait  et,  ce  me  semble,  que  son  pistolet  ratait 
plusieurs  fois,  j'étudiais  les  contours  du  petit 
rocher  *.  Le  temps  ne  me  sembla  point  long  (comme 
il  semblait  long,  à  la  Moskowa,  au  très  brave  et 
excellent  officier  Andréa  Corner,  mon  ami). 

En  un  mot,  je  ne  jouai  point  la  comédie,  je  fus 
parfaitement  naturel,  point  vantard,  mais  très 
brave. 

J'eus  tort,  il  fallait  blaguer  ;  avec  ma  vraie  réso- 
lution de  me  battre,  je  me  serais  fait  une  réputation 
dans  notre  ville,  où  l'on  se  battait  beaucoup,  non 
pas  comme  les  Napolitains  de  1836,  parmi  lesquels 
les  duels  produisent  très  peu  de  cadavres,  ou  point, 


VIF.   ni.   iiiMM    nntr  xnn  33 

mais  011  braves  fiens.  I*ar  iniiiraslr  avcr  mon  ox- 
trôme  jeunesse  (ce  «Irvail  rti-e  ru  ITîMi,  <loni; 
treize*  ans,  on  |)eul-è(re  IT'I*))  el  mes  liahitiides 
retirées  et  d'enfant  imhle,  si  j'eusse  en  resprit  «li- 
parler  un  peu  je  me  faisais  une  ré|)utation  admi- 
rable. 

M.  Châtel.  une  de  nos  eonnaissanees  et  de  nos 
voisins.  Grande-rue,  avait  tué  six  hommes.  De  mon 
temi>s,  c'est-à-dire  de  1798  à  1805,  deux  de  mes 
connaissances,  le  fds  Bernard  et  Rover  Gros-bec, 
ont  été  tués  en  duel,  M.  Rover  à  quarante-cinq  pas, 
à  la  nuit  tombante,  dans  les  délaissés  du  Drac,  près 
l'endroit  uù  fut  établi,  depuis,  le  jionf  de  lil  de 
fer*. 

Ce  fat  de  Bernard  *  [i\h  dun  autre  fat,  depuis 
juge  à  la  Cour  de  Cassation,  ce  me  semble,  et  ultra), 
oe  fat  de  Bernard  reçut  au  moulin  de  Canel  * 
un  petit  coup  d'épée  de  l'aimable  MelTrey  (M.  de 
Meffrey,  receveur  général,  mari  de  la  dame  d'hon- 
neur com()laisante  de  M"^*^  la  duchesse  de  Berrv, 
et  depuis  heureu.x  héritier  «lu  gros  N'ourcy).  Ber- 
nard tomba  mort,  M.  de  Melfrey  s'enfuit  à  Lvon  ; 
la  (pierelle  était  i>res(pi  •  de  caste,  Mareste  fut,  ce  me 
semble,  témoin  de  MefTrey  et  m'a  raconté  la  chose. 

Quoi  rpi'il  en  soit,  je  gagnai  un  remords  profoml  : 

l''  A  cause  de  mun  es|)agnolisme.  défaut  existant 
encore  en  1830,  re  <|ue  Fi<ire  a  reconnu  et  qu'il 
iijipelle  avec  Thucydide  :  Nous  tendez  vos  fdets 
trop  haut. 

Hriiaru    II.  3 


34  STENDHAL 

2^  Faute  de  blague.  Dans  les  grands  dangers,  je 
suis  naturel  et  simple.  Cela  fut  de  bon  goût  à 
Smolensk,  aux  yeux  du  duc  de  Frioul.  M.  Daru, 
qui  ne  m'aimait  pas,  écrivit  la  même  chose  à  sa 
femme,  de  Vilna,  je  pense,  après  la  retraite  de 
Moscou.  jNIais,  aux  yeux  du  vulgaire,  je  n'ai  pas 
joué  le  rôle  brillant  auquel  je  n'avais  qu'à  étendre 
la  main  pour  atteindre. 

Plus  j'y  réfléchis,  plus  il  me  semble  que  cette 
dispute  est  de  1795,  bien  antérieure  à  ma  passion 
pour  les  mathématiques,  à  mon  amitié  pour  Bigil- 
lion,  à  mon  amitié  tendre  pour  ^P^^  Yictorine. 

Je  respectais  infiniment  ]\Iaunce  Diday  *  : 

\P  parce  que  mon  excellent  grand-père,  ami  peut- 
être  intime  de  sa  mère,  le  louait  beaucoup  : 

2°  je  l'avais  vu  plusieurs  fois  en  uniforme  de 
soldat  d'artillerie  et  il  était  allé  à  son  corps,  plus 
loin  que  Montmélian  ; 

3°  enfin,  et  surtout,  il  avait  l'honneur  d'être 
amoureux  de  M^^^  Létourneau,  peut-être  la  plus 
jolie  fille  de  Grenoble  et  fille  de  l'homme  certaine- 
ment le  plus  gai,  le  plus  insouciant,  le  plus  philo- 
sophe, le  plus  blâmé  par  mion  père  et  mes  parents. 
En  effet,  M.  Létourneau  leur  ressemblait  bien  peu  ; 
il  s'était  ruinoté  et  avait  épousé  une  demoiselle 
Bore],  je  crois,  une  sœur  de  la  mère  de  Yictorine 
Mounier,  qui  fut  cause  de  mon  abandon  de  l'état 
militaire  et  de  ma  fuite  à  Paris  en  1803. 


^  Il     m:    iir mu    itiii  r.  \iin 


35 


M"*-^  LétiniriKMU  t'tMit  une  Itciiutr  (l;iiis  !••  i^curc 
lourd  (rnnimc  l<>s  ligures  de  Tiîiiirii,  Mml  Je  (lén- 
jHitrc  et  irAntoinc,  ;ui  nuis«''e  du  Lou\re).  Diday 
l\''pous;i  par  la  sullf  mais  eul  liirnlôl  la  dnuloup 
de  la  perdre,  après  six  ans  d'amour;  mi  dit.  (pTil 
«Ml  fut  lit''l)été  et  se  retira  à  la  canipa^rue,  à  i^o- 
luî'ne  *. 


Après  mon  prix,  au  milieu  tic  l'année,  à  la  Bosse, 
«pii  scandalisa  tous  les  courtisans  plus  avancés  que 
moi  à  la  cour  de  M.  Jay,  mais  que  personne  n'osa 
<lire  immérité,  mon  ranpj  changea  an  dessin,  comme 
nous  disions.  Je  me  serais  mis  au  feu  pour  obtenir 
aussi  un  prix  à  la  fin  de  Tannée  ;  il  me  semble  que 
jr  l'obtins,  sinon  je  trouverais  le  souvenir*  tlu 
chagrin  de  l'avoir  manqué. 

J'eus  le  premier  prix  de  belles-lettres  avec  accla- 
mation, j'eus  un  accessit  ou  un  second  prix  aux 
mathématiques,  et  celui-là  lut  dur  à  enlever. 
-M.  Dupuy  avait  une  répngnance  marquée  pour  ma 
inanie  raisonnante. 

Il  appelait  tous  les  jours  au  tableau  et  en  les 
tutoyant  MM.  de  Monval  —  nu  les  Monvaux, 
comme  nous  les  appelions,  parce  qu'ils  étaient 
nobles,  lui-même  prétendait  à  la  noblesse  *,  —  Si- 
nard,  Saint-Ferréol,  nobles,  le  bon  Ariberf ,  qu'il  pro- 
tégeait, l'aimable  Mante,  etc.,  etc.,  et  moi  le  plus 
rarement    (pi'il    pouvait,  et   (juand   j'y   étais,   il   no 


36  STENDHAL 

ni'écoutait  pas,  ce  qui  m'humiliait  et  me  décon- 
certait beaucoup  car,  les  autres,  il  ne  les  perdait 
pas  de  l'œil.  Malgré  cela,  mon  amour,  qui  commen- 
çait à  être  sérieux,  pour  les  mathématiques,  faisait 
({ue  quand  je  trouvais  une  difficulté  je  la  lui  expo- 
sais, moi  étant  au  tableau,  H  *,  et  M.  Dupuy 
dans  son  immense  fauteuil  bleu  de  ciel  en  D  ;  mon 
indiscrétion  l'obligeait  à  répondre,  et  c'était  là  le 
diable.  Il  me  demandait  sans  cesse  de  lui  exposer 
mes  doutes  en  particulier,  prétendant  c{ue  cela 
faisait  perdre  du  temps  à  la  classe. 

Il  chargeait  le  bon  Sinard  de  me  lever  mes  doutes. 
Sinard,  beaucoup  plus  fort  mais  de  bonne  foi, 
passait  une  heure  ou  deux  à  nier  et  s  doutes,  puis 
à  les  comprendre,  et  finissait  par  avouer  qu'il  ne 
savait  que  répondre. 

Il  me  semble  que  tous  ces  braves  gens-là.  Mante 
excepté,  faisaient  des  mathématiques  une  simple 
affaire  de  mémoire.  M.  Dupuy  eut  l'air  fort  attrapé 
de  mon  premier  prix,  si  triomphant,  au  cours  de 
belles-lettres.  Mon  examen  qui  eut  lieu,  comme  tous 
les  autres,  en  présence  des  membres  du  Départe- 
ment, des  membres  du  jury,  de  tous  les  professeurs 
et  de  deux  ou  trois  cents  élèves,  fut  amusant  pour 
ces  Messieurs.  Je  parlai  bien,  et  les  membres  de 
l'administration  départementale,  étonnés  de  ne  pas 
s'ennuyer,  me  firent  compliment  et,  mon  examen 
terminé,  me  dirent  : 

«  Monsieur  B[eyle],  vous  avez  le  prix  ;  mais,  pour 


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U-:  JKUNK  i»i:yli-:  ai:  T.\i»i.i:\r 

lltihl.  mun.  Je  (ircnnhle:  ms  li   jijtj.  I.  II. /ni.  ^<ti> 


\  n;    1)1.    Il  iM!i    luti  1  \  ICI)  37 

notre  nlaisii',   \<miiIIc/.  hirn   ir|inmlrc  cinniT'  ;'i  (pii'I- 
«jues  iiiicsl ions,  » 

Ce  tiioinplie  précéda.  jr>  <'nii<.  l'cxamcii  <lo  mallié- 
inali<|ues  et  me  (loiiiiail  un  laii;^  cl  une  assurance 
«lui  pour  l'année  suivante  foreannt  M.  Dupuy  à 
iu'ap{)eler  sou^  t'iit   au   la])lcau. 

Si  jamais  je  repasse  par  Grenol>le,  il  faut  que  je 
fasse  faire  des  recherches  dans  les  archives  de  la 
Préfecture  pour  les  années  de  1794  à  1799  inclusi- 
vement. Le  procès-verl)al  inij)rimé  de  la  distribution 
des  prix  me  donnerait  la  date  de  tous  ces  petits 
événenieiils  dont,  après  tant  d'années,  le  souvenir 
me  revient  avec  plaisir,  .l'étais  à  la  montée  de  la 
vie,  et  avec  quelle  imagination  de  feu  ne  me  fij2,u- 
rais-je  pas  les  plaisirs  à  venir  ?...  Je  suis  à  la  des- 
cente *. 

Après  ce  mois  d'août  triomphant,  mon  ])ère  n'osa 
plus  s'opposer  d'une  façon  aussi  ferme  à  ma  pas- 
sion pour  la  chasse.  Il  me  laissa  prendre  de  mau- 
vaise irrâce  son  fusil  et  même  im  fusil  de  calil)re  d(! 
munition,  plus  solide,  (jui  avait  été  fait  de  commancNî 
pour  fru   M.  Rey,  notaire,  son  heau-frère. 

Ma  laiitc  |{t  \  *  était  une  jolie  fennne  cpie  j  allais 
voir  dans  son  joli  ap|iailcmcnl .  dans  la  cour-  du 
Palais.  Mon  père  ne  vniihiil  |);is  ([ui-  jf  nie  liasse* 
avec  Edouard  Rey,  son  second  fils,  inirpie  polisson 
lié  avec  la  pire  canaille.  (C'est  aujourd'hui  le  colonel 

liitLi.Aini    II.  3. 


38  STENDHAL 

d'artillerie  Rey,  insigne  Dauphinois,  plus  fin  et 
plus  trompeur  à  lui  tout  seul  que  quatre  procureurs 
grenoblois,  du  reste  archi-cocu,  bien  peu  aimable, 
mais  qui  doit  être  un  bon  colonel  dans  cette  arme 
qui  a  tant  de  détails.  Il  me  semble  qu'en  1831  il 
était  employé  à  Alger.  Il  a  été  amant  de  M.  P.*) 


CHAPITRE  XXX ITI  * 


Je  fais  (.le  grandes  clécouverLcs  sur  mon  toniple 
en  écrivant  ces  Mémoires.  La  dilliculté  n'est  plus 
de  trouver  et  de  dire  la  vérité,  mais  de  trouver  qui 
la  lise.  Peut-être  le  plaisir  des  découvertes  et  des 
jugements  ou  appréciations  qui  les  suivent  me 
iléterminera-t-il  à  continuer  ;  l'idée  d'être  lu  s'éva- 
nouit de  plus  eu  ])lus.  Me  voici  à  la  page  501,  et  je 
ne  suis  pas  encore  sorti  de  Grenoble  ! 

Ce  tal)leau  des  révolutions  d'un  cœur  ferait  un 
gros  volume  in-S",  avant  d'arriver  à  Milan,  (^ui 
lirait  de  telles  fadaises  ?  Quel  talent  de  peintre  ne 
faudrait-il  pas  pour  les  bien  peindre,  et  j'abliorrc 
presque  également  la  (lescri])ti<)ii  de  Walter  Scott 
et    l'emphase   île    Kousseau.    II   nie    faudrait    pour 


/o 


STENDHAL 


lecteur  une  Madame  Roland,  et  encore  peut-être 
le  manque  dé  description  des  charmants  ombrages 
de  notre  vallée  de  l'Isère  lui  ferait  jeter  le  livre.  Que 
de  choses  à  dire  pour  qui  aurait  la  patience  de 
décrire  juste  !  Quels  beaux  groupes  d'arbres,  quelle 
végétation  vigoureuse  et  luxuriante  dans  la  plaine, 
quels  jolis  bois  de  châtaigniers  sur  les  coteaux,  el 
îiu-dess  .s  quel  grand  caractère  impriment  à  tout 
cela  les  neiges  éternelles  de  Taillefer  !  Quelle  basse 
sublime  à  cette  jolie  *  mélodie! 

Ce  fut,  je  crois,  cet  automne-là  que  j'eus  le  déli- 
cieux plaisir  de  tuer  un  tourdre  *,  dans  le  sentier 
de  la  vigne  au-dessus  de  la  grande  pièce,  précisé- 
ment en  face  du  sommet  arrondi  et  blanc  de  la 
montagne  de  Taillefer  *.  Ce  fut  un  des  plus  vifs 
bonheurs  de  ma  vie  *.  Je  venais  de  courir  les  vignes 
de  Doyatières,  j'entrais  dans  le  sentier  étroit  entre 
deux  haies  hautes  et  touffues,  de  H  en  P,  qviand 
tout-à-coup  un  gros  tourdre  s'élança  avec  un  petit 
cri  de  la  vigne  en  T'  tout  au  haut  de  l'arbre  T,  un 
cerisier,  je  crois,  fort  élancé  et  peu  chargé  de 
feuillage. 

Je  le  vis,  je  tirai  dans  une  position  à  peu  près 
horizontale,  car  je  n'étais  pas  encore  descendu.  Le 
tourdre  tomba  en  donnant  à  la  terre  un  coup  que 
j'entends  encore.  Je  descendis  le  sentier,  ivre  de 
joie. 

Je  rentrai,  j'allai  dire  à  un  vieux  domestique 
grognon  et  un  peu  chasseur  : 


\  1 1;    1)1.    M  I  m;i    |!I!  I   I  \  i;  n  41 

«  B;irl)i('r.  noIic  rlrvc  <'s|  (li(_>iic  de  \-niis  !  n 

i.vl     liitniliir    fùl     rl('>    |ic;iil('i)ii|)     [dus    srnsililr    ;ii| 

don  (1  une  [iircf  de  dmi/c  soii-^.  cl  d'ailleurs  ne  coin- 

piil   pas  un  mot  à  cv  ([nr  je  lui  disais. 

l)i's  cjue  ]r  SUIS  ému,  je   lomlic  dans   l'espa<'no- 

lisme   conimuniqué    par*    ma    tanir    l'Jisahoth,    cpii 

disait  encore  :  IJcau  comme  le  Cid. 

.le  revais  profondément  eu  |)areouranl.  un  fusil 
à  la  main,  les  vignes  et  les  haulaies  des  environs 
de  l^ironières.  (!(unme  mon  père,  soigneux  de  me 
contrarier,  défendait  la  chasse,  el  lout  au  plus  la 
It 'lirait  à  grand'peine  par  faiblesse,  j'allais  rare- 
ment et  presque  jamais  à  la  chasse  avec  de  vrais 
chasseurs,  quehpiofois  à  la  chasse  au  renard  dans 
les  précipices  du  rocher  de  Comboire  avec  Joseph 
Brun,  le  tailleur  de  iu>s  haulaies*.  Là,  placé  pour 
attendre  un  renard,  je  me  ^^rondais  de  ma  rè\-erie 
[irofonde,  tle  la(|uelle  il  eùl  lallii  *  \nv  réveiller  si 
I  animal  eut  paru.  11  paiiil  un  jour  à  quinze  pas  de 
jnoi,  il  \('nail  à  moi  au  peiji  Irot.  je  tirai  et  ne  vis 
rien  ;  je  le  mamniai  lorl  j»ien.  Les  danorers  des 
précipices  à  |)lond)  sur  le  Drac  étaient  si  terribles 
pfiur  moi  fpie  je  pensais  fort,  ce  jourdà.  au  péril 
du  retour*  :  ou  se  glisse  siii-  des  rtd)ords  ciirume  A 
el  l>  a\cc  la  |ierspecti\  ('  du  l)rae  mugissant  au 
|)ied  du  rocher.  Les  paysans  avec  les(|uels  j'allais 
^.Josei)h  Brun  et  son  fils.  Sébastien  (Iharrière,  etc.) 
avaient    ganlé    leurs    tioupeau.x    de    mouhuis    ilans 


42  STENDHAL 

ces  pentes  rapides  dès  l'âge  de  six  ans  et  nus  de 
pieds  ;  au  besoin  ils  étaient  leurs  souliers.  Pour 
moi,  il  n'était  pas  question  d'ôter  les  miens,  et 
j'allai  deux  ou  trois  fois  au  plus  dans  ces  rochers. 


J'eus  une  peur  complète  le  jour  que  je  manquai 
le  renard,  bien  plus  grande  que  celle  que  j'eus, 
arrêté  dans  un  chanvre,  en  Silésie  (campagne  de 
1813),  et  voyant  venir  vers  moi,  tout  seul,  dix-huit 
ou  vingt  cosaques.  Le  jour  de  Comboire,  je  regar- 
dais à  ma  montre,  qui  était  d'or,  comme  je  fais  dans 
les  grandes  circonstances  pour  avoir  un  souvenir 
net  au  moins  de  l'heure,  et  comme  fit  M.  de  La 
Valette  au  moment  de  sa  condamnation  à  mort 
(par  les  Bourbons).  Il  était  huit  heures,  on  m'avait 
fait  lever  avant  jour,  ce  qui  me  brouille  toujours 
toute  la  matinée.  J'étais  rêvant  au  beau  paysage, 
à  l'amour,  et  probablement  aussi  aux  dangers  du 
retour,  quand  le  renard  vint  à  moi  au  petit  trot. 
Sa  grosse  queue  me  le  fit  reconnaître  pour  vm  renard, 
car  au  premier  moment  je  le  pris  pour  un  chien  *. 
En  S,  le  sentier  pouvait  avoir  deux  pieds,  et  en  S' 
deux  pouces,  il  fallait  que  le  renard  fît  un  saut 
pour  passer  de  S'  en  H,  sur  mon  coup  de  fusil  il 
sauta  sur  des  broussailles  en  B,  à  cinq  ou  six  pieds 
au-dessous  de  nous. 

Les  sentiers  possibles,  praticables  même  pour 
un  renard,  sont  en  petit  nombre  dans  ce  précipice  ; 


vu:    i)F.   iir.Nnt   mu  r.  m'.d  -'i.T 

trois  oti  quatre  chasseurs  les  occupent,  nn  autre 
lance  les  chiens,  le  reii.iid  inonle.  cl  foit  prohahle- 
nuMil   il  arrive  sur  (|uel(|ue  i-hasseui-. 

l  ne  chasse  dont  ces  chasseurs  parlaient  sans 
cesse  est  celle  des  chamois,  au  Pi-idl  de  Clair*. 
mais  la  (h'-fense  de  mon  père  élail  précise,  jamais 
aucun  d'eux  n'osa  m'y  mener.  Ce  lui  en  170.'),  ]<■ 
pense,  que  j'eus  cette  belle  peur  dans  les  rochers  de 
Comboire. 

.le  tuai  bicnli'il  mou  second  tourdre  (tourdre  : 
grive),  mais  plus  pchi  i|iii'  le  piemier,  à  la  nuit 
tombée,  le  tlislitiuu^nil  à  pcinr.  sur  un  noyer  dans 
le  champ  de  M.  ^\^'  La  l'cyiouse.  je  crois,  au-dessus 
de  notre  Pelissone  (id  est  :  de  notre  vigne  Pelis- 
sonc). 

Je  tuai  le  troisième  et  dernier  stu-  un  petit  noyer 
bordanl  le  chemin  au  nord  de  notre  petit  verger. 
Ce  tourdre.  fort  petit,  était  presque  verticalement 
sur  moi  et  me  tomba  presque  sur  le  nez.  Il  tomba 
sur  le  mur  à  pierres  sèches,  et  avec  lui  île  grosses 
gouttes  de  sang  qiu'  je  vois  encore. 

Ce  sang  était  sigiu.'  de  victoire.  Ce  ne  fut  qu'à 
Brunswick,  en  1808,  que  la  j)itié  me  dégoûta  de  la 
chasse  ;  aujourd'hui,  elle  me  semble  un  meurtre 
inhumain  et  dégoûtant,  et  je  ue  tuerais  pas  un 
cousin  sans  nécessité.  La  dernière  caille  que  j'ai 
tuée  à  Cività-\  ecchia  tic  m'a  pas  fait  [titié  jiourtant. 
Les  perdrix,  cailles,  lièvres,  me  semblent  des  poulets 
nés  poui  aller  à  la  lu-ochc. 


44  STENDHAL 

Si  on  les  consultait  avant  de  les  faire  naître  dans 
des  fours  à  l'Egyptienne,  au  bout  des  Champs- 
Elysées,  probablement  ils  ne  refuseraient  pas. 

Je  me  souviens  de  la  sensation  délicieuse,  un 
matin,  partant  avant  jour  avec  Barbier  et  trouvant 
une  belle  lune  et  un  vent  chaud.  C'était  le  temps  des 
vendanges,  je  ne  l'ai  jamais  oublié.  Ce  jour-là, 
j'avais  extorqué  de  mon  père  la  permission  de  suivre 
Barbier,  factotum  pour  la  direction  de  l'agriculture 
du  domaine,  à  une  foire  à  Sassenage  ou  Les  Balmes  *. 
Sassenage  est  le  berceau  de  ma  famille.  Ils  v  étaient 
juges  ou  b[eyles],  et  la  branche  aînée  y  était  encore 
établie  en  1795  avec  quinze  ou  vingt  mille  francs 
de  rente  qui,  sans  une  certaine  loi  du  13  germinal, 
ce  me  semble,  me  seraient  tombés  en  entier.  Mon 
patriotisme  n'en  fut  point  ébranlé  ;  il  est  vrai  qu'à 
cet  âge,  ne  sachant  pas  ce  que  c'était  que  manquer 
et  travailler  désagréablement  pour  gagner  le  néces- 
saire, l'argent  n'était  pour  moi  que  satisfaction  de 
fantaisies  ;  or,  je  n'avais  pas  de  fantaisies,  n'allant 
jamais  en  société  et  ne  voyant  aucune  femme  ; 
l'argent  n'était  donc  rien  à  mes  veux. 

J'étais  alors  comme  un  grand  fleuve  qui  va  se 
précipiter  dans  une  cascade,  comme  le  Rhin  au- 
dessus  de  Schaffouse,  dont  le  cours  est  encore  tran- 
quille, mais  qui  va  se  précipiter  dans  une  immense 
cascade.  Ma  cascade  fut  l'amour  des  mathéma- 
tiques qui  d'abord,  comme  moyen  de  quitter  Gre- 
noble, la  personnification  du  genre  bourgeois  et  de 


\  1 1      1)1.    Il  IN  iti    iti;  I   I  A  i;  I)  f{îi 

la  7)«f/."f<r  rxiulciiH'iil  |i:iil;iiit  ,  il  iii><uilr  par  aiiKiiii- 
[ntiir   fllr>^-mrinr^,    a  |i-^<  iilicirnl     Iniil. 

I .a  cliasM".  i|iii  iiif  |iorlail  à  lut'  a\cc  al  tl'Il(l|•|>^o- 
inrnl  la  Maisiui  rii.stiquc  «'1  à  laiic  des  «'xliails  Ar 
Vllisloirc  tir.s  Aiiimau.i  il»-  HuIÏkii,  dniil,  l'emphase 
mr  limipiail.  ilès  cet  à<(e  hinlir.  comme  cousin»' 
gennalin'  df  lliNpocrisir  des  p  irtres^,  de  mon 
père,  la  (  iia^'-r  lui  le  dcniirr  si;_Mit'  de  vie  de  mon 
âme,  a\ant  les  mathémali(iues. 

J'allais  liicii  il'  plus  siuni'iil  ipir  p'  pnu\ais  ilii'Z 
M"'-  \  irli.iini'  liiLrillion.  mais  ellr  iil.  ce  me  semble, 
de  grands  séjiuirs  à  la  campagne  ces  années-la. 
Je  voyais  aussi  beaucoup  Bi(zilli'>i>,  son  frère  aîné, 
La  Bavette,  Clalle,  Barrai,  Midioud,  (lolonib,  Mante, 
mais  le  cœur  était  aux  mathématiques. 

Encore   un  récit,  et  puis  je  serai  tout  hérissé  d'.c 

et   d'//- 

C'est  une  tniispiratioii  conlit'  lailur  ilf  la  l  la- 
lernité. 

Je  ne  sais  pounpioi  je  toii>|)iiai.  (  .il  arbre  était  un 
malheureux  jeune  chcnc  très  élancé,  iiaut  lii-  tmili' 
pieds  au  moins,  qu'on  avait  transplanté,  à  son  <,Maiid 
re<Trf'.«'"  niiliiu  de  la  place  Grenelli'.  fini  m  ileçà  de 
l'arlni-  d<'  la  Liberté,  ipii  a\ail  Inule  ma  lemlresse. 

L'arbre  de  la  l'raleniilé.  peut-être  rival  de 
l'autre,  a\ail  été  planté  immédiatenieTit  contre  la 
cabane  des  châtaignes,  \i-^-à-\i>  li'>  fenèlri'N  de  feu 
M.  Le  Hov*. 


~t 


6  STENDHAL 


Je  ne  sais  à  quelle  occasion  on  avait  attaché  à 
l'arbre  de  la  Fraternité  un  écriteau  blanc  sur  lequel 
M.  Jay  avait  peint  en  jaune,  et  avec  son  talent 
ordinaire,  une  couronne,  un  sceptre,  des  chaînes, 
tout  cela  au  bas  d'une  inscription  et  en  attitude 
de  choses  vaincues. 

L'inscription  avait  plusieurs  lignes  *  et  je  n'en  ai 
aucune  mémoire,  quoique  ce  fût  contre  elle  que  je 
conspirai. 

Ceci  est  bien  une  preuve  de  ce  principe  :  un  peu 
de  passion  augmente  l'esprit,  beaucoup  l'éteint. 
Contre  quoi  conspirâmes-nous  ?  Je  l'ignore.  Je  ne 
me  souviens  encore  vaguement  que  de  cette  maxime: 
il  est  de  notre  devoir  de  nuire  à  ce  que  nous  haïssons 
autant  qu'il  est  en  nous.  Et  encore  ceci  est  bien 
vague.  Du  reste,  pas  le  moindre  souvenir  de  ce  que 
nous  haïssions  et  des  motifs  de  notre  haine,  seule- 
ment l'image  du  fait  et  voilà  tout,  mais  celle-ci  fut 
nette. 

Moi  seul  j'eus  l'idée  de  la  chose  *,  il  fallut  la 
communiquer  aux  autres,  qui  d'abord  furent  froids  : 
le  corps  de  garde  est  si  près  !  disaient -ils  ;  mais, 
enfin,  ils  furent  aussi  résolus  que  moi.  Les  conspi- 
rateurs furent  Mante,  Treillard,  Colomb  et  moi, 
peut-être  un  ou  deux  de  plus. 

Pourquoi  ne  tirai-je  pas  le  coup  de  pistolet  ?  Je 
l'ignore.  Il  me  semble  que  ce  fut  Treillard  ou 
Mante  *. 

Il  fallut  se  procurer  ce  pistolet-là,  il  avait  huit 


ME    DE    HENRI     BULI.AnD 


47 


pouces  <1<>  Iciiu'.  Nous  le  rliarjxcùnics  juscpi'à  la 
guculr.  l/arhir  dt-  la  l'rateinité  pouvait  avoir 
trente-six  (ui  (juaranli-  [.icds  (\r  liaut,  Frcriteau 
était  attaché  à  dix  ou  douze  pieds,  il  me  seiul»!*- 
tpi'il  y  avait  uuc  barrière  autour  de  l'arbre  *. 

Le  danger  pouvait  \enii-  du  corps  de  garde  C 
dont  les  soldats  se  promenaient  dans  l'espace  non 
pavé,  de  P  en  P'. 

Quelques  passants  provenant  de  la  rue  Montorge 
ou  de  la  Grande-rue  pouvaient  nous  arrêter.  Les 
quatre  ou  cinq  d'entre  nous  qui  ne  tirèrent  pas 
observaient  les  soldats  du  corps  de  garde;  poul- 
élre  l'ùl-et'  là  mou  poste,  comme  le  plus  dangereux, 
mais  je  n'en  ai  aucune  souvenance.  D'autres  obser- 
vaient la  rue  Montorge  et  la  Grande-rue. 

Vers  les  huit  heures  du  soir,  il  faisait  nuit  noire, 
—  et  pas  trop  froid,  nous  étions  en  automne  ou  au 
printemps,  —  il  y  eut  un  moment  de  solitude  sur 
la  place,  nous  nous  promenions  nonchalamment,  et 
donnâmes  le  mot  à  Mante  ou  à  Treillard  *. 

Le  coup  partit  et  fit  un  bruit  ellroyable,  le  silence 
était  profond,  et  le  pistolet  chargé  à  crever.  Au 
même  instant,  les  soldats  du  poste  furent  sur  nous. 
Je  pense  que  nous  n'étions  pas  les  seuls  à  haïr 
l'inscription  et  qu'on  pensait  f[u'elle  pourrait  être 
attaquée. 

Les  soldats  nous  touchaient  presque,  nous  nous 
sauvâmes  dans  la  porte  G  de  la  maison  de  mon 
grand-père,   mais   on   nous   vit   fort   bien   :    tout    le 


48 


STENDHAL 


monde  était  aux  fenêtres,  beaucoup  rapprochaient 
les  chandelles  et  illuminaient  *. 

Cette  porte  G,  sur  la  Grenette,  communiquait 
par  un  passage  étroit  au  second  étage  avec  la 
porte  G',  sur  la  Grande-rue.  Mais  ce  passage  n'était 
ignoré  de  personne. 

Pour  nous  sauver  nous  suivîmes  donc  la  lione 
FFF  *.  Quelques-uns  de  nous  se  sauvèrent  aussi, 
ce  me  semble,  par  la  grande  porte  des  Jacobins,  ce 
qui  me  porte  à  croire  que  nous  étions  plus  nombreux 
c|ue  je  ne  l'ai  dit.   Prié  était  peut-être  des  nôtres. 

jMoi  et  un  autre,  Colomb  peut-être  *,  nous  nous 
trouvâmes  le  plus  vivement  poursuivis.  Ils  sont 
entrés  dans  cette  maison,  entendions-nous  crier  tout 
près  de  nous. 

Nous  ne  continuâmes  pas  de  monter  jusqu'au 
passage  au-dessus  du  second  étage  ;  nous  sonnâmes 
vivement  au  premier  sur  la  place  Grenette,  à  l'an- 
cien appartement  de  mon  grand-père,  loué  actuelle- 
ment à  M*'^^  Caudey,  vieilles  marchandes  de  modes 
fort  dévotes.  Heureusement  elles  ouvrirent,  nous 
les  trouvâmes  fort  effrayées  du  coup  de  pistolet  et 
occupées  à  lire  la  Bible  *. 

En  deux  mots  nous  leur  disons  :  on  nous  poursuit, 
dites  que  nous  avons  passé  ici  la  soirée.  Nous  nous 
asseyons,  presque  en  même  temps  on  sonne  à 
arracher  la  sonnette  ;  pour  nous,  nous  sommes 
assis  à  écouter  la  Bible,  je  crois  même  que  l'un  de 
nous  prend  le  livre. 


vu:   df;   iif.nri   Dnii.Ant»  49 

Los  rommissairos  nilrcul.  (hù  ih  rtîiif'nt,  j*o  n'i'ii 
sais  lii'M  ;  jo  les  rcfTarihiis  fnrf  |mii.  .'i[»|)arfniiiniil . 

«  (les  citoyens  oui -ils  passé  la  soirée  ici  ? 

—  Oui,  int's>;ifiMs  ;  oui,  citoyens.  »  tlirent  en  se 
iTj)ronant  les  pauvres  dévotes  effrayées.  Je  crois 
(juc  leur  frère.  M.  Caudey,  vieux  commis  employé 
depuis  (piarante-(in(|  ans  à  l'hôpital,  était,  avec  elles. 

Il  fallait  {juc  ces  commissaires  ou  citoyens  zélés 
fussent  bien  peu  clairvoyants  ou  bien  disposés 
pour  M.  Gagnon,  qui  était  vénéré  de  toute  la  ville, 
à  partir  de  M.  le  baron  des  Adrets  jusqu'à  Poulet, 
le  gargotier,  carnotre  trouble  devait  nous  faire  fair»- 
une  étrange  figure  au  milieu  de  ces  pauvres  dévotes 
liors  d'elles-mêmes  pai-  la  peur.  Peut-être  cette 
peur,  qui  était  aussi  grande  que  la  nôtre,  nous 
sauva,  toute  l'assemblée  devait  avoir  la  même  mine 
elTarée. 

Les  commissaires  répétèrent  deux  ou  trois  fois 
leur  question  :  «  Les  citoyens  ont-ils  passé  ici  toute 
la  soirée  ?  Personne  n'est-il  entré  depuis  que  vous 
avez  entendu  tirer  le  coup  de  pistolet  ?  » 

Le  miraculeux,  auquel  nous  songeâmes  depuis, 
c'est  que  ces  vieilles  jansénistes  aient  voulu  mentir. 
Je  crois  qu'elles  se  laissèrent  aller  à  <  e  péché  par 
vénération  pour  mon  grand-père. 

Les  commissaires  prirent  nos  noms  et  enfin 
déguerpirent. 

Les  compliments  furent  courts  de  nous  à  ces 
denïoiselles.    Nous   prêtâmes   l'oreille  ;   quand   nous 

Dri-lari)    II.  4 


50 


STENDHAL 


n'entendîmes  plus  les  commissaires,  nous  sortîmes, 
et  continuâmes  à  monter  vers  le  passage  *. 

Mante  et  Treillard  *,  plus  agiles  que  nous  et  qui 
étaient  entrés  dans  la  porte  G  *  avant  nous,  nous 
contèrent  le  lendemain  que  quand  ils  parvinrent  à  la 
porte  G',  sur  la  Grande-rue,  ils  la  trouvèrent  occupée 
par  deux  gardes.  Ces  Messieurs  se  mirent  à  parler 
de  l'amabilité  des  demoiselles  avec  qui  ils  avaient 
passé  la  soirée,  les  gardes  ne  leur  firent  aucune 
question  et  ils  fdèrent. 

Leur  récit  m'a  fait  tellement  l'impression  de  la 
réalité  que  je  ne  saurais  dire  si  ce  ne  fut  pas  Colomb 
et  moi  qui  sortîmes  *  en  parlant  de  l'amabilité  de 
ces  demoiselles. 

Il  me  semblerait  plus  naturel  que  Colomb  et 
moi  entrâmes  dans  la  maison,  puis  il  s'en  alla  une 
demi-heure  après. 

Le  piquant  fut  les  discussions  auxquelles  mon 
père  et  ma  tante  Elisabeth  se  livraient  sur  les 
auteurs  présumés  de  la  révolte.  Il  me  semble  que 
je  contai  tout  à  ma  sœur  Pauline,  qui  était  mon 
amie. 

Le  lendemain,  à  l'Ecole  centrale,  jSIonval  (depuis 
colonel  et  méprisé),  qui  nem'aimait  pas,  me  dit  : 

«  Hé  bien  !  toi  et  les  tiens  vous  avez  tiré  un  coup 
de  pistolet  sur  l'arbre  de  la  Fraternité  !  )^ 

Le  délicieux  fut  d'aller  contempler  l'état  de 
l'écriteau  :  il  était  criblé. 


\  n.   Di:   m: MU   liui  i.aiu) 


51 


Les  sceptres,  couronnes  cl  ;iulr<'s  allrilmls 
i'aincits  étaient  peints  au  midi,  du  cùté  qui  regardait 
l'arbre  de  la  Liberté.  Les  couronnes,  etc.,  étaient 
peintes  eii  jaune  clair  sur  dn  {)apier  tendu  sur  un<' 
toile  ou  sur  une  toile  préparée  pour  la  peinture  à 
l'huile. 

Je  n'ai  pas  pensé  à  cette  affaire  depuis  quinze 
ou  vingt  ans.  J'avouerai  que  je  la  trouve  fort  belle. 
Je  nie  répétais  souvent,  avec  enthousiasme,  dans 
ce  temps-là,  et  j'ai  encore  répété,  il  n'y  a  pas  quatre 
jours,  ce  vers  d'Horace  : 

Albe  vous  a  nommé,  je  ne  vous  connais  plus  ! 

Cette  action  était  bien  d'accord  avec  cetle  admi- 
ration. 

Le  singulier,  c'est  que  je  n'aie  pas  tiré  moi-même 
le  coup  de  pistolet  ;  mais  je  ne  pense  pas  que  c'ait 
été  par  prudence  blâmable.  Il  me  semble,  mais  je 
l'entrevis  d'une  façon  douteuse  et  comme  à  travers 
un  brouillard,  que  Treillard,  qui  arrivait  de  son 
village  (Tullins,  je  pense*),  voulut  absolument  tirer 
le  coup  de  pistolet  comme  pour  se  donner  le  droit 
de  bourgeoisie  parmi  nous  *. 

En  écrivant  ceci,  Tiniage  de  l'arbre  de  la  Fra- 
ternité apparaît  à  mes  yeux,  ma  n»émoire  fait  des 
découvertes.  Je  crois  voir  q;ir  larbre  de  la  Frater- 
nité était  environné  d'un  mur  de  deux  pieds  de  haut 
garni  de  pierre  de  taille  et  soutenant  unr  trrillt*  de 
fer  de  cinq  ou  six  pieds  ijc  haut  *. 


52  STENDHAL 

Jomard  *  était  un  gueux  de  p[rêtre],  comme  plus 
tard  Ming,  qui  se  fit  guillotiner  pour  avoir  empoi- 
sonné son  beau-père,  un  M.  Martin,  de  Vienne,  ce 
me  semble,  ancien  membre  du  Département,  comme 
on  disait.  Je  vis  juger  ce  coquin-là,  et  ensuite 
guillotiner.  J'étais  sur  le  trottoir,  devant  la  phar- 
macie de  M.  Plana. 

Jomard  avait  laissé  croître  sa  barbe,  il  avait  les 
épaules  drapées  dans  un  drap  rouge,  comme  par- 
ricide. 

J'étais  si  près  qu'après  l'exécution  je  voyais  les 
gouttes  de  sang  se  former  le  long  du  couteau  avant 
de  tomber.  Cela  me  fit  horreur,  et  pendant  je  ne 
sais  combien  de  jours  je  ne  pus  manger  de  bouilli 
(bœuf). 


CHAPITRE   XXXIV* 


Je  crois  (|iif  j';ii  fxpt'dir  li.iil  (.(.'  ilunt  jf  voulais 
parler  avant  (.reiilrtr  dans  le  dernier  récit  que  j'aurai 
à  faire  des  choses  de  Grenoble,  je  veux  dire  de  ma 
cascade  dans  les  mathématiques. 

.\P'6  Kably  était  partie  depuis  longtemps  et  il  ne 
m'en  restait  plus  qu'un  souvenir  tondre  ;  M^'^  \'it - 
torine  Birriliion  ('t.iit  hr-aucoup  à  la  campagne  ; 
mon  seul  pl;ii-ir  tu  In  Mire  était  Shakespeare  et  les 
Mémoucs  de  >aint -Simon,  alors  en  sept  volumes, 
fpie  j'achetai  \A[k  lard  eu  douze  vrdumes,  avec  les 
(inactèrcs  dr  ...*,  passion  (pii  a  diiir  comme  celle 
dos  épinards  en  physique  v\  «pii  est  aussi  forte  pour 
II-  luoins  à  cin«pianlc-trnis  *  »pi"à  treize  ans. 

J'aimais  d'autant  plus  les  mathématiques  que  je 
Dnt'LARD    ir.  4. 


54  STENDHAL 

méprisais  davantage  mes  maîtres,  j\IM.  Dupuy  et 
Chabert.  Malgré  l'emphase  et  le  bon  ton,  l'air  de 
noblesse  et  de  douceur,  qu'avait  M.  Dupuy  en  adres- 
sant la  parole  à  quelqu'un,  j'eus  assez  de  pénétra- 
tion pour  deviner  qu'il  était  infiniment  plus  ignare 
que  M.  Chabert.  M.  Chabert  qui,  dans  la  hiérarchie 
sociale  des  bourgeois  de  Grenoble,  se  vovait  telle- 
ment  au-dessous  de  M.  Dupuy,  quelquefois,  le 
dimanche  ouïe  jeudi  matin,  prenait  un  volume  d'Euler 
ou  de...  *  et  se  battait  ferme  avec  la  difficulté.  Il  avait 
cependant  toujours  l'air  d'un  apothicaire  c{ui  sait 
de  bonnes  recettes,  mais  rien  ne  montrait  comment 
ces  recettes  naissent  les  unes  des  autres,  nulle  logique, 
nulle  philosophie  dans  cette  tète  ;  par  je  ne  sais 
quel  mécanisme  d'éducation  ou  de  vanité,  peut-être 
par  religion,  le  bon  M.  Chabert  haïssait  jusqu'au 
nom  de  ces  choses. 

Avec  ina  tète  d'aujourd'hui,  j'avais  il  y  a  deux 
minutes  l'injustice  de  m'étonner  comment  je  ne  vis 
pas  sur-le-champ  le  remède.  Je  n'avais  aucun  secours, 
par  vanité  mon  grand-père  répugnait  aux  mathéma- 
tiques, qui  étaient  la  seule  borne  de  sa  science 
presque  universelle.  Cet  homme,  ou  plutôt  monsieur 
Gagnon  na  jamais  rien  oublié  de  ce  qu  il  a  lu,  disait- 
on  avec  respect  à  Grenoble.  Les  mathématiques 
formaient  la  seule  réponse  de  ses  ennemis.  Mon 
père  abhorrait  les  mathématiques  par  religion,  je 
crois,  il  ne  leur  pardonnait  un  peu  que  parce  qu'elles 
apprennent   à    lever   le   plan   des   domaines.    Je   lui 


VIE     DE    HENRI    BIU   LAlîD  55 

faisais  sans  cesse  des  copies  du  plan  de  ses  biens  à 
Claix,  à  Echirolles,  à  Fontao;nier,  au  Chayla  (vallée 
près  ...*),    où   il  venait  de  faire  une  bonne  affaire. 

Je  méprisais  Bezout,  autant  que  MM.  Dupuy  et 
Chabert. 

Il  y  avait  bien  cinq  à  six  forts  à  l'Ecole  centrale, 
qui  furent  reçus  à  l'Ecole  polytechnique  en  1797 
ou  98,  mais  ils  ne  daignaient  pas  répondre  à  mes 
difficultés*,  peut-être  exposées  peu  clairement,  ou 
plutôt  qui  les  embarrassaient. 

J'achetai  ou  je  reçus  en  prix  les  œuvres  de  Vabhé 
Marie,  un  volume  in-S^.  Je  lus  ce  volume  avec 
l'avidité  d'un  roman.  J'y  trouvai  les  vérités  expo- 
sées en  d'autres  termes,  ce  qui  me  fit  beaucoup  de 
plaisir  et  récompensa  ma  peine,  mais  du  reste  rien 
de  nouveau. 

Je  ne  veux  pas  dire  qu'il  n'y  ait  pas  réellement 
du  nouveau,  peut-être  je  ne  le  comprenais  pas,  je 
n'étais  pas  assez  instruit  pour  le  voir. 

Pour  méditer  plus  tranquillement,  je  m'étais 
établi  dans  le  salon  meublé  de  douze  beaux  fauteuils 
brodés  par  ma  pauvre  mère  et  que  l'on  n'ouvrait 
qu'une  ou  deux  fois  l'an,  pour  ôter  la  poussière.  Cette 
pièce  m'inspirait  le  recueiffement,  j'avais  encore, 
dans  ce  temps-là,  l'image  des  jolis  soupers  donnés 
par  ma  mère.  On  quittait  ce  salon  étincelant  de 
lumières  pour  passer,  à  dix  heures  sonnant,  dans  la 
belle  salle-à-manger,   où    Ton  trouvait   un   poisson 


o6  STENDHAL 

énorme.  C'était  le  luxe  de  mon  père  ;  il  avait  encore 
cet  instinct  dans  l'état  de  dévotion  et  de  spécula* 
tions  d'agriculture  où  je  l'ai  vu  abaissé. 

C'est  sur  la  table  T  *  que  j'avais  écrit*  le  premier 
acte  ou  les  cinq  actes  de  mon  drame,  que  j'appelais 
comédie,  en  attendant  le  moment  du  génie,  à  peu 
près  comme  si  un  ange  eût  dû  m'apparaître. 


Mon  enthousiasme  pour  les  mathématiques  avait 
peut-être  eu  pour  base  principale  mon  horreur  pour 
l'hypocrisie,  l'hypocrisie,  à  mes  yeux,  c'était  ma 
tante  Séraphie,  madame  Vignon  et  leurs  p[rêtres]. 

Suivant  moi,  l'hypocrisie  était  impossible  en 
mathématiques  et,  dans  ma  simplicité  juvénile,  je 
pensais  qu'il  en  était  ainsi  dans  toutes  les  sciences 
où  j'avais  ouï  dire  qu'elles  s'aiîpliquaient.  Que 
devins-je  quand  je  m'aperçus  que  personne  ne 
pouvait  m'expliquer  comment  il  se  faisait  que  : 
moins  par  moins  donne  plus  ( —  X  —  =  +)  ? 
(C'est  une  des  bases  fondamentales  de  la  science 
qu'on  appelle  algèbre.) 

On  faisait  bien  pis  que  ne  pas  m'expliquer  cette 
difficulté  (qui  sans  doute  est  explicable,  car  elle 
conduit  à  la  vérité),  on  me  l'expliquait  par  des 
raisons  évideniment  peu  claires  pour  ceux  qui  me 
les  présentaient  *. 

M.  Chabert,  pressé  par  moi,  s'embarrassait, 
répétait  sa  leçon,  celle  précisément  contre  kupiellc 


VIE     DF.     HENRI    BRir.ARD  57 

je  faisais  des  objections,  et  finissait  par  a\oir  lair 
de  nie  dire  : 

«  Mais  c'est  l'usage,  tout  le  monde  admet  cette 
ex})lication.  Euler  et  Lagrange,  <[iii  apparemment 
valaient  autant  que  vous,  l'ont  ])ien  admise.  Nous 
saxons  ipie  > ous  avez  beaucoup  d'esprit  (cela 
voulait  dire  :  Nous  savons  que  vous  avez  remporté  un 
premier  prix  de  belles-lettres  et  bien  parlé  à  M.  Tortcle- 
beau  et  aux  autres  membres  du  Département),  vous 
voulez  apparemment  vous  singulariser.  » 

Quant  à  M.  Dupuy,  il  traitait  mes  timides  objec- 
tions (timides  à  cause  de  son  ton  d'emphase)  avec 
un  sourire  de  hauteur  voisin  de  réioignement. 
Quoique  beaucoup  moins  fort  que  M.  Chabert,  il 
était  moins  bourgeois,  moins  borné,  et  peut-être 
jugeait  sainement  de  son  savoir  en  mathématiques. 
Si  aujourd'hui  je  voyais  ces  Messieurs  huit  jours, 
je  saurais  sur-le-champ  à  quoi  m'en  tenir.  Mais  il 
faut  toujours  en  revenir  à  ce  point. 

Elevé  sous  une  cloche  de  verre  par  des  parents 
dont  le  désespoir  rendait  encore  l'esprit  plus  étroit, 
sans  aucun  contact  avec  les  hommes,  j'avais  des 
sensations  vives  à  quinze  ans,  mais  j'étais  bien  plus 
incapable  qu'un  autre  enfant  de  juger  les  hommes 
et  de  deviner  leurs  diverses  comédies.  Ainsi,  je  n'ai 
jias  grande  confiance,  au  fond,  dans  tous  les  juge- 
ments dont  j'ai  rempli*  les  53<)  pages  ])récédentes. 
Jl  n'y  a  de  sûrement  \rai  (jue  les  sensations,  seule- 
ment pour  par\  enir  à  la  vérité  il  faut  mettre  (piatre 


OO  STENDHAL 

dièses  à  mes  impressions.  Je  les  rends  avec  la  froi- 
deur et  les  sens  amortis  par  l'expérience  d'un 
homme  de  quarante  ans*. 

Je  me  rappelle  distinctement  que,  quand  je 
parlais  de  ma  difficulté  de  moitis  par  moins  à  un  fort, 
il  me  riait  au  nez  ;  tous  étaient  plus  ou  moins  comme 
Paul-Emile  Teisseire  et  apprenaient  par  cœur.  Je 
leur  voyais  dire  souvent  au  tableau  *,  à  la  fin  des 
démonstrations  : 

«  Il  est  donc  évident  que  »,  etc. 

Rien  n'est  moins  évident  pour  vous,  pensais-je. 
Mais  il  s'agissait  de  choses  évidentes  pour  moi,  et 
desquelles,  malgré  la  meilleure  volonté,  il  était 
impossible  de  douter. 

Les  mathématiques  ne  considèrent  qu'un  petit 
coin  des  objets  (leur  quantité),  mais  sur  ce  point 
elles  ont  l'agrément  de  ne  dire  que  des  choses  sûres, 
que  la  vérité,  et  presque  toute  la  vérité. 

Je  me  figurais  à  quatorze  ans,  en  1797,  que  les 
hautes  mathématiques,  celles  que  je  n'ai  jamais 
sues,  comprenaient  tous  ou  à  peu  près  tous  les  côtés 
des  objets,  qu'ainsi,  en  avançant,  je  parviendrais  à 
savoir  des  choses  sûres,  indubitables,  et  que  je 
pourrais  me  prouver  à  volonté,    sur   toutes  choses. 

Je  fus  longtemps  à  me  convaincre  que  mon  objec- 
tion sur  :  moins  par  moins  donne  plus,  ne  pourrait 
pas  absolument  entrer  dans  la  tcte  de  M.  Chabert, 
que  M.  Dupuy  n'y  répondrait  jamais  que  par  un 


VIF.     DR     IIKNni     BnULARD 


f)'.) 


souiiie  de  hauteur,  et  (,ue  les /orfs  auxquels  je  faisais 
des  questions  se  moqueraient  toujours  de  moi. 

J'en  fus  réduit  à  ee  que  je  me  dis  encore  aujour- 
d  hui  :  il  faut  bien  que  moins  par  moins  donne  plus 
soit  vrai,  puisque  évidemment,  en  employant  à 
chaque  instant  cette  règle  dans  le  calcul,  on  arrive 
à  des  résultats  ^rais  et  indubitables. 

-Mon  trrand  malheur  était  cette  figure  : 


—  P 


Supposons  que  RP  soit  la  ligne  qui  sépare  le 
positif  du  négatif,  tout  ce  qui  est  au-dessus  est 
positif,  comme  négatif  tout  ce  qui  est  au-dessous  ; 
comment,  en  prenant  le  carré  B  autant  de  fois  qu'il 
y  a  d'unités  dans  le  carré  A,  puis-je  parvenir  à  faire 
changer  de  coté  au  carré  C  ? 

^  Et,  en  suivant  une  comparaison  gauche,  que 
l'accent  souverainement  traînard  et  grenoblois  de 
M.  Chabert  rendait  encore  plus  gauche,  supposons 
que  les  quantités  négatives  sont  les  dettes  d'un 
homme,  comment,  en  multiphant  10.000  francs  de 
dette  par  500  francs,  cet  homme  aura-t-il  et  par- 
viendra-t-il  à  avoir  une  fortune  de  cinq  milhons  ? 

M.  Dupuy  et  M.  Chabert   sonf-ils   des    hypocrites 
comme  les   prêtres]   qui   viennent  dire   la   [messe] 


60 


STENDHAL 


chez  mon  grand-père,  et  mes  chères  mathématiques 
ne  sont-elles  qu'une  tromperie  ?  Je  ne  savais  com- 
ment arriver  à  la  vérité.  Ah  !  qu'alors  un  mot  sur  la 
logique  ou  l'art  de  trouver  la  i'érité  eût  été  avide- 
ment écouté  par  moi  !  Quel  moment  pour  m'ex- 
pliquer  la  Logique  de  M.  de  Tracy  !  Peut-être  j'eusse 
été  un  autre  homme,  j'aurais  eu  une  bien  meilleure 
tête  *. 

Je  conclus,  avec  mes  pauvres  petites  forces,  que 
M.  Dupuy  pouvait  bien  être  un  trompeur,  mais  que 
M.  Chabert  était  un  bourgeois  vaniteux  qui  ne 
pouvait  comprendre  qu'il  existât  des  objections 
non  vues  par  lui. 

Mon  père  et  mon  grand-père  avaient  V Encyclo- 
pédie in-folio  de  Diderot  et  d'Alembert  ;  c'est,  ou 
plutôt  c'était,  un  ouvrage  de  sept  à  huit  cents  francs. 
Il  faut  une  terrible  influence  pour  engager  un  pro- 
vincial à  mettre  un  tel  capital  en  livres,  d'où  je 
conclus,  aujourd'hui,  qu'il  fallait  qu'avant  ma  nais- 
sance mon  père  et  mon  grand-père  eussent  été  tout- 
à-fait  du  parti  philosophi([ue  *. 

Mon  père  ne  me  voyait  feuilleter  V Encijclopédie 
qu'avec  chagrin.  J'avais  la  plus  entière  confiance 
en  ce  livre-là,  à  cause  de  l'éloignement  de  mon  père 
et  de  la  haine  décidée  qu'il  inspirait  aux  p[rêtres] 
qui  fréquentaient  la  maison.  Le  grand  vicaire  et 
chanoine  Rey,  grande  figure  de  papier  mâché,  haut 
de  cinc|  pieds  dix  pouces,  faisait  une  singulière 
grimace  en  prononçant  de  travers  les  noms  de  Dide- 


VIE    DE    HENRI     BItll.AHD  61 

rot  et  de  tl'Alc'iuherl.  Celle  grimace  inc  donnait  mir; 
jouissance  intime  et  profonde,  je  suis  oiieore  fuit 
suscejitihle  de  ee  ^(iircdr  phiisir  *.  .le  le  ^^oùtai  quel- 
quefois en  1815,  en  voyant  les  nobles  refuser  le 
courage  à  Nicolas  Bonaparte,  car  alors  tel  était  le 
nom  de  ce  grand  homme,  et  cependant  dès  1807 
j'avais  désiré  passionnément  qu'il  ne  conquît  pas 
l'Angleterre  ;  où  se  réfugier  alors  ? 

Je  cherchai  donc  à  consulter  les  articles  mathé- 
matiques de  d'Alembert  dans  l'Encyclopédie  ; 
leur  ton  de  fatuité,  l'absence  de  culte  pour  la  vérité 
me  choqua  fort,  et  d'ailleurs  j'y  compris  peu.  De 
quelle  ardeur  j'adorais  la  vérité  alors  !  Avec  quelle 
sincérité  je  la  croyais  la  reine  du  monde,  dans  lequel 
j'allais  entrer!  Je  ne  lui  voyais  absolument  d'autres 
ennemis  que  les  p[rêtres]. 

Si  moins  par  moins  donne  plus  m'avait  donné 
beaucoup  de  chagrin,  on  peut  penser  quel  noir  s'em- 
para de  mon  àme  quand  je  commençai  la  Statique 
de  Louis  Monge,  le  frère  de  l'illustre  Monge,  et  (jui 
allait  venir  faire  les  examens  pour  l'Ecole  polytech- 
nique. 

Au  commencement  de  la  géométrie,  ou  dil  :  Un 
donne  le  nom  de  pauallèles  à  deux  lignes  qui,  pro- 
longées à  Vinfini,  ne  se  rencontreraient  jamais.  El, 
dès  le  commencement  de  la  Staticpie,  cet  insigne 
animal  de  Louis  Monge  a  mis  à  peu  près  ceci  :  Deux 
lignes  parallèles  peuvent  être  considérées  comme  se 
rencontrant,  si  on  les  prolonge  à  V infini. 


62  STENDHAL 

Je  crus  lire  un  catéchisme  *,  et  encore  un  des  plus 
maladroits.  Ce  fut  en  vain  que  je  demandai  des 
explications  à  M.  Chabert. 

«  Mon  petit,  dil-il  en  prenant  cet  air  paterne  qui 
va  si  mal  au  renard  dauphinois,  l'air  d'Edouard 
Mounier  (pair  de  France  en  183G),  mon  petit,  vous 
saurez  cela  plus  tard.  » 

Et  le  monstre,  s'approchant  de  son  tableau  en 
toile  cirée  et  traçant  deux  lignes  parallèles  et  très 
voisines,  me  dit  : 

«  Vous  voyez  bien  qu'à  l'infini  on  peut  dire  qu'elles 
se  rencontrent.  « 

Je  faillis  tout  quitter.  Un  cafard,  adroit  et  bon 
jésuite*,  aurait  pu  me  convertir  à  ce  moment  en 
commentant  cette  maxime  : 

«  Vous  voyez  que  tout  est  erreur,  ou  plutôt  qu'il 
n'y  a  rien  de  faux,  rien  de  vrai,  tout  est  de  conven- 
tion, adoptez  les  conventions  qui  vous  feront  le 
mieux  recevoir  dans  le  monde.  Or,  la  canaille  est 
patriote  et  toujours  salira  ce  côté  de  la  question  ; 
faites-vous  donc  aristocrate,  comme  vos  parents, 
et  nous  trouverons  moven  de  vous  envover  à  Paris 
et  de  vous  recommander  à  des  dames  influentes.  » 


CHAPITRE  XXXV* 


Cela,  dit  avec  entraînement,  je  devenais  un  coquin 
et  j'aurais  une  grande  fortune  aujourd'hui. 

Je  me  figurais  le  monde,  à  treize  ans,  uniquement 
d'après  les  Mémoires  secrets  de  Duclos  et  les  Mé- 
moires de  Saint-Simon  en  sept  volumes.  Lr  bon- 
heur suprême  était  de  vivre  à  Paris,  faisant  des 
livres,  avec  cent  louis  de  rente.  Marion  me  dit  que 
mon  père  me  laisserait  bien  plus  *. 

Il  me  semble  que  je  me  dis  :  \'raies  ou  fausses, 
les  mathématiques  me  sortiront  de  Grenoble,  de  cette 
fange  qui  me  fait  mal  au  cœur. 

Mais  je  trouve  ce  raisonnement  bien  avancé  pour 
mon  âge.  Je  continuais  à  travailler,  c'aurait  été  un 
trop  grand  chagrin  d'interrompre,  mais  j'étais  pro- 
fondément inquiet  et  attristé. 


C4  STENDHAL 

Enfin,  le  hasard  voulut  que  je  visse  un  grand 
homme  et  que  je  ne  devinsse  pas  un  coquin.  Ici, 
pour  la  seconde  fois  le  sujet  surmonte  le  disant.  Je 
tâcherai  de  n'être  pas  exagéré. 

Dans  mon  adoration  pour  les  mathématiques, 
j'entendais  parler  depuis  quelque  temps  d'un  jeune 
homme,  fameux  Jacobin,  grand  et  intrépide  chas- 
seur, et  qui  savait  les  mathématiques  bien  mieux 
que  MM.  Dupuy  et  Chabert,  mais  cjui  n'en  faisait 
pas  métier.  Seulement,  comme  il  était  fort  peu  riche, 
il  avait  donné  des  leçons  à  cet  esprit  faux,  Angles 
(depuis  comte  et  préfet  de  police,  enrichi  par 
Louis  XVIII  à  l'époque  des  emprunts). 

Mais  j'étais  timide,  comment  oser  l'aborder  ? 
Mais  ensuite,  ses  leçons  étant  horriblement  chères, 
douze  sous  par  leçon,  comment  payer  ?  (Ce  prix 
me  paraît  trop  ridicule  ;  c'était  peut-être  vingt- 
quatre  ou  quarante  sous.) 

Je  contai  tout  cela  avec  plénitude  de  cœur  à  ma 
bonne  tante  Elisabeth,  qui  peut-être  alors  avait 
quatre-vingts  ans,  mais  son  excellent  cœur  et  sa 
meilleure  tête,  s'il  est  possible,  n'avaient  que 
trente  ans.  Généreusement  elle  me  donna  beaucoup 
d'écus  de  six  francs.  Mais  ce  n'était  pas  l'argent  qui 
devait  coûter  à  cette  âme*  :  remplie  de  l'orgueil  le 
plus  juste  et  le  plus  délicat,  il  f;illait  que  je  prisse 
ces  leçons  en  cachette  de  mon  père  ;  et  à  quels  re- 
proches légitimes  ne  s'exposait-elle  pas  ? 

Séraphie    vivait-elle    encore  ?    Je    ne    répondrais 


VI R   DF.   m. MU    uni  i.Min  (>.) 

pas  (1m  coiil  raii't'.  Copendaiil ,  jf'-lais  bien  ciifanl  à  la 
mort  de  ma  laiilc  Séraphic,  car,  en  a|»|)rciiaiil  sa 
mort  dans  la  cuisine,  \  is-à-vis  de  l'ai  moire  de  Marioii  *, 
je  me  jetai  à  genoux  pour  remercier  Dieu  d'une  si 
grande  délivrance. 

Cet  événement,  les  écus  donnés  si  noblement  par 
ma  tante  Elisabeth  pour  me  faire  prendre  en  secret 
des  leçons  de  cet  alîreux  jacobin,  m'a  empêché  à 
tout  jamais  d'être  un  co(puii.  \  olr  un  homme  sur  h-, 
modèle  des  Grecs  et  des  Romains,  et  vouloir  mourir 
plutôt  que  de  n'être  pas  comme  lui,  ne  fut  (piiru 
moment  :  piinto  (Xon  sia  che  un  piinto  (Alficri)*. 


Je  ne  sais  comment  moi,  si  timide,  je  me  rap- 
prochai de  M.  Gros.  (La  fresque  est  tombée  en  cet 
endroit,  et  je  ne  serais  qu'un  plat  romancier,  comme 
Don  Rugiero  Caetani,  si  j'entreprenais  <ly  suj)plrt'r. 
Allusion  aux  fresques  du  Campo-Santo  de  I^ise  et 
à  leur  état  actuel.) 

Sans  savoir  comment  j  v  suis  ariixé,  je  me  vois 
dans  la  petite  chambre  que  Gros  occupait  à  Saint- 
Laurent,  le  quartier  le  plus  ancien  et  le  plus  pauvre 
de  la  ville.  C'est  une  longue  et  étroite  rue,  serrée 
entre  la  montagne  et  la  rivière.  Je  n'entrai  pas  seul 
dans  (H'tte  petite  chandjre,  mais  (picl  t'-tait  mon 
compagnon  d'étude  ?  lùait-ce  l.hcmiuade  ?  Là- 
dessus,  oubli  le  plus  complet,  toute  ratlention  de 
l'àme    était    apparemment   pour   (îros.    (Ce    grand 

BnULARD    II.  5 


66  STENDHAL 

homme  est  mort  depuis  si  longtemps  que  je  crois 
pouvoir  lui  ôter  le  Monsieur  *.) 

C'était  un  jeune  homme  d'un  blond  foncé,  fort 
actif,  mais  fort  gras,  il  pouvait  avoir  vingt-cinq  ù 
vingt-six  ans  ;  ses  cheveux  étaient  extrêmement 
bouclés  et  assez  longs,  il  était  vêtu  d'une  redingote  * 
et  nous  dit  : 

«  Citoyens*,  par  où  commençons-nous  ?  Il  faudrait 
savoir  ce  que  vous  savez  déjà. 

—  Mais  nous  savons  les  équations  du  second 
degré.  » 

Et,  en  homme  de  sens,  il  se  mit  à  nous  montrer 
ces  équations,  c'est-à-dire  la  formation  d'un  carré 
de  a  -\-  b,  par  exemple,  qu'il  nous  fit  élever  à  la 
seconde  puissance  :  a^  -\-  2  ab  -{-  b^,  la  supposition 
que  le  premier  membre  de  l'équation  était  un 
commencement  de  carré,  le  complément  de  ce 
carré,  etc. 

C'étaient  les  cieux  ouverts  pour  nous,  ou  du 
moins  pour  moi.  Je  voyais  enfin  le  pourquoi  des 
choses,  ce  n'était  plus  une  recette  d'apothicaire 
tombée  du  ciel  pour  résoudre  les  équations. 

J'avais  un  plaisir  vif,  analogue  à  celui  de  lire  un 
roman  entraînant.  11  faut  avouer  que  tout  ce  que 
Gros  nous  dit  sur  les  équations  du  second  degré 
était  à  peu  près  dans  l'ignoble  Bezout,  mais  là 
notre  œil  ne  daignait  pas  le  voir.  Cela  était  si  plate- 
ment exposé  que  je  ne  me  donnais  la  peine  d'y 
faire  attention. 


Ali:   Di:   ni:.M!i   bul  laud  G7 

A  la  troisième  ou  quatrième  leçon,  nous  passûmes 
aux  équations  du  troisième  degré,  et  là  (iros  fut 
entièrement  neuf.  Il  me  semble  (|u"il  nous  transpor- 
tait d'emblée  à  la  frontière  de  la  science  et  vis-à-vis 
la  dillioulté  à  vaincre,  ou  devant  le  voile  qu'il 
s'agissait  de  soulever.  Par  exemple,  il  nous  montrait 
l'une  après  l'autre  les  diverses  manières  de  résoudre 
les  équations  du  troisième  degré,  quels  avaient  été 
les  premiers  essais  de  Cardan*,  peut-être  ensuite 
les  progrès,  et  enfin  la  méthode  présente*. 

Nous  fûmes  fort  étonnés  qu'il  ne  nous  fît  pas  démon- 
trer la  même  proposition  l'un  après  l'autre.  Dès  qu'une 
chose  était  bien  comprise,  il  passait  à  une  autre. 

Sans  que  Gros  fût  le  moins  du  monde  charlatan, 
il  avait  l'effet  de  cette  qualité  si  utile  dans  un  pro- 
fesseur, comme  dans  un  général  en  chef,  il  occupait 
toute  mon  âme.  Je  l'adorais  et  le  respectais  tant  que 
peut-être  je  lui  déplus.  J'ai  rencontré  si  souvent  cet 
effet  désagréable  et  surprenant  que  c'est  peut-être 
par  une  erreur  de  mémoire  que  je  l'attribue  à  la 
première  de  mes  passions  d'admiration.  J'ai  déplu 
à  M.  de  Tracy  et  à  Madame  Pasta  pour  les  admirer 
avec  trop  d'enthousiasme  *. 

Un  jour  de  grande  nouvelle,  nous  parlâmes  poli- 
tique toute  la  leçon  et,  à  la  fin,  il  ne  voulut  pas  de 
notre  argent.  J'étais  tellement  accoutumé  au  genre 
sordide  des  professeurs  dauphinois,  .MM.  Chabert, 
Durand,    etc.,    que   ce   trait    fort    simple    redoubhi 


G8  STENDHAL 

mon  admiration  et  mon  enthousiasme.  Il  me  semble, 
à  cette  occasion,  que  nous  étions  trois,  peut-être 
Cheminade,  Félix  Faure  et  moi,  et  il  me  semble 
aussi  que  nous  mettions,  sur  la  petite  table  A, 
chacun  une  pièce  de  douze  sous. 

Je  ne  me  souviens  presque  de  rien  pour  les  deux 
dernières  années  1798  et  1799.  La  passion  pour  les 
mathématiques  absorbait  tellement  mon  temps  que 
Félix  Faure  m'a  dit  que  je  portais  alors  mes  che- 
veux trop  longs,  tant  je  plaignais  la  demi-heure 
qu'il  faudrait  perdre  pour  les  faire  couper  *. 


Vers  la  fin  de  Tété  1799,  mon  cœur  de  citoyen 
était  navré  de  nos  défaites  en  Italie,  Novi  et  les 
autres,  qui  causaient  à  mes  parents  une  vive  joie, 
mêlée  cependant  d'inquiétude.  Mon  grand-père, 
plus  raisonnable,  aurait  voulu  que  les  Russes  et  les 
Autrichiens  n'arrivassent  pas  à  Grenoble.  Mais,  à 
vrai  dire,  je  ne  puis  presque  parler  de  ces  vœux  de 
ma  famille  que  par  supposition,  l'espoir  de  la  quitter 
bientôt  et  l'amour  vif  et  direct  pour  les  mathéma- 
tiques m'absorbaient  au  point  de  ne  plus  donner  que 
bien  peu  d'attention  aux  discours  de  mes  parents. 
Je  ne  me  disais  pas  distinctement  peut-être,  mais  je 
sentais  ceci  :  Au  point  où  j'en  suis,  que  me  font  ces 
radotatfes  ! 

Bientôt,  une  crainte  égoïste  vint  se  mêler  à  mon 
chagrin    tle    citoyen.    Je    craignais    qu'à    cause    de 


VIi:     DE     HENRI     lUU    r.ARD  G9 

l'approche  des  Russes  il  n'y  cùl  |»;is  d'examen  à 
Grenoble, 

Bonaparte  débarqua  à  Fn-jus.  Je  m'accuse 
d'avoir  eu  ce  désir  sincère  :  ce  jeune  Bonaparte,  que 
je  me  figurais  un  l)eau  jeune  homme  comme  un 
colonel  d'opéra-comique,  devrait  se  faire  roi  de 
France. 

Ce  mot  ne  réveillait  en  moi  que  des  idées  bril- 
lantes et  généreuses.  Cette  plate  erreur  était  le  fruit 
de  ma  plus  plate  éducation.  Mes  parents  étaient 
comme  des  domestiques  à  l'égard  du  Roi.  Au  seul  nom 
de  Roi  et  de  Bourbon,  les  larmes  leur  venaient  aux 
yeux. 

Je  ne  sais  pas  si,  ce  plat  sentiment,  je  l'eus  en  1707, 
en  me  délectant  au  récit  des  batailles  de  Lodi, 
d'Arcole,  etc.,  etc.,  qui  désolaient  mes  parents  qui 
longtemps  cherchèrent  à  ne  pas  y  croire,  ou  si  je 
l'eus  en  1799,  à  la  nouvelle  du  débarquement  de 
Fréjus.  Je  penche  pour  1797. 

Dans  le  fait,  l'approche  de  l'ennemi  fit  que 
M.  Louis  Monge,  examinateur  de  l'Ecole  polytech- 
nique, ne  vint  pas  à  Grenoble.  Il  faudra  que  nous 
allions  à  Paris,  dîmes-nous  tous.  Mais,  pensais-je, 
comment  obtenir  un  tel  voyage  de  mes  parents  ? 
Aller  dans  la  Babylone  moderne,  dans  la  ville  de  lu 
corruption,  à  seize  ans  et  demi  !  Je  fus  extrêmement 
agité,  mais  je  n'ai  aucun  souvenir  distinct. 

Les  examens  du  cours  de  mathématiques  de 
Brularu    II.  5. 


70  STENDHAL 

M.   Dupuy  arrivèrent  et  ce  fut   un  triomphe  pour 

moi. 

Je  remportai  le  premier  prix  sur  huit  ou  neuf 
jeunes  gens,  la  plupart  plus  âgés  et  plus  protégés 
que  moi,  et  qui  tous,  deux  mois  plus  tard,  furent 
reçus  élèves  de  l'Ecole  polytechnique. 

Je  fus  éloquent  au  tableau  ;  c'est  que  je  parlais 
d'une  chose  à  laquelle  je  réfléchissais  passionnément 
depuis  quinze  mois  au  moins,  et  que  j'étudiais 
depuis  trois  ans  (à  vérifier),  depuis  l'ouverture  du 
cours  de  M.  Dupuy  dans  la  salle  durez-de-chaussée 
de  l'Ecole  centrale.  M.  Dausse,  homme  obstiné  et 
savant,  voyant  que  je  savais,  me  fit  les  questions 
les  plus  difficiles  et  les  plus  propres  à  m'embarrasser. 
C'était  un  homme  d'un  aspect  terrible  et  jamais 
encourageant.  (Il  ressemblait  à  Domeniconi,  un 
excellent  acteur  que  j'admire  à  Valle  en  janvier 
1836.) 

M.  Dausse,  ingénieur  en  chef,  ami  de  mon  grand- 
père  (qui  était  présent  à  mon  examen  et  avec  dé- 
lices), ajouta  au  premier  prix  un  volume  in-4o 
d'Euler.  Peut-être  ce  don  fut-il  fait  en  1798,  année 
à  la  fin  de  laquelle  je  remportai  aussi  le  premier  prix 
do  mathématiques.  (Le  cours  de  M.  Dupuy  se  com- 
posait de  deux  années,  ou  même  de  trois.) 

Aussitôt  après  l'examen,  le  soir,  ou  plutôt  le 
soir  du  jour  que  mon  nom  fut  affiché  avec  tant  de 
gloire  (({  Mais  à  cause  de  la  façon  dont  le  citoyen 
«  B[eyle]  a  répondu,  de  l'exactitude,  de  la  facilité 


VIE    DE    IIF.NRI     BnULAHD  71 

a  brillante...  »),  c'est  le  dernier  effort  de  la  polilique 
de  M.  Dupuy  ;  sous  prétexte  de  ne  pas  nuire  à  mes 
sept  ou  huit  camarades,  le  plus  fort  avait  été  de 
leur  faire  obtenir  le  premier  prix,  sous  prétexte  de 
ne  pas  leur  nuire  pour  l'admission  à  l'Ecole  poly- 
technique ;  mais  M.  Dausse,  entêté  en  diable,  fit 
mettre  dans  le  procès-verbal,  et  par  conséquent 
imprimer,  une  phrase  comme  la  précédente. 

Je  me  vois  passant  dans  le  bois  du  Jardyi-de- 
Ville,  entre  la  statue  d'Hercule  et  la  grille,  avec 
Bigillion  et  deux  ou  trois  autres,  enivrés  de  mon 
triomphe,  car  tout  le  monde  le  trouva  juste  et  on 
voyait  bien  que  M.  Dupuy  ne  m'aimait  pas  ;  le 
bruit  des  leçons  que  j'étais  allé  prendre  de  ce  jacobin 
de  Gros,  moi  qui  avais  l'avantage  de  suivre  son 
cours,  de  lui  M.  Dupuy,  n'était  pas  pour  me  récon- 
cilier avec  lui. 

Donc,  passant  par  là,  je  disais  à  Bigillion,  en 
philosophant  comme  notre  habitude  : 

«  En  ce  moment,  on  pardonnerait  à  tous  ses 
ennemis. 

—  Au  contraire,  dit  Bigillion,  on  s'approcherait 
d'eux  pour  les  vaincre.  » 

La  joie  m'enivrait  un  peu,  il  est  vrai,  et  je  faisais 
des  raisonnements  pour  la  cacher  ;  cependant,  au 
fond,  cette  réponse  marque  la  profonde  bassesse  de 
Bigillion,  plus  terre-à-terre  que  moi,  et,  en  même 
temps,  l'exaltation  espagnole  à  laquelle*  j'eus  le 
malheur  d'être  sujet  toute  ma  vie*. 


72  STENDHAL 

Je  vois  des  circonstances  :  Bigillion,  mes  compa- 
gnons et  moi,  nous  venions  de  lire  l'afTiche  avec  la 
phrase  sur  moi. 

Sous  la  voûte  du  concert,  le  procès-verbal  des 
examens,  signé  des  membres  de  l'administration 
départementale,  était  affiché  à  la  porte  de  la  Salle 
des  Concerts. 

Après  cet  examen  triomphant,  j'allai  à  Claix. 
Ma  santé  avait  un  besoin  impérieux  de  repos  *.  Mais 
j'avais  une  inquiétude  nouvelle,  à  laquelle  je  rêvais 
dans  le  petit  bois  de  Doyatières  et  dans  les  brous- 
sailles des  îlots  le  long  du  Drac  et  de  la  pente  à 
45  degrés  de  Comboire*  (je  ne  portais  plus  un  fusil 
que  pour  la  forme)  :  mon  père  me  donnerait-il  de 
l'argent  pour  aller  m'engouffrer  dans  la  nouvelle 
Babylone,  dans  ce  centre  d'immoralité,  à  seize  ans 
et  demi  ? 

Ici  encore,  l'excès  de  la  passion,  de  l'émotion  a 
détruit  tout  souvenir.  Je  ne  sais  nullement  com- 
ment mon  départ  s'arrangea. 

Il  fut  question  d'un  second  examen  par  M.  Dupuy, 
j'étais  harassé,  excédé  de  travail,  réellement  les 
forces  étaient  à  bout.  Repasser  l'arithmétique,  la 
géométrie,  la  trigonométrie,  l'alo-èbre,  les  sections 
coniques,  la  statique,  de  façon  à  subir  un  nouvel 
examen,  était  une  atroce  corvée.  Réellement,  je 
n'en  pouvais  plus.  Ce  nouvel  eiïort,  auquel  je  m'at- 
tendais   bien,    mais    en    décembre,    m'aurait    fait 


VIE    DF.    HF.Nni    BRi.r.vni)  73 

prcmlre  en  iHirrcui-  mes  chères  nialliéniati(nies. 
I  leiircusement,  la  paresse  de  M.  Dupuy,  occTipé  de 
ses  vendantes  de  Novarev,  ni  ni  ;mi  secours  de  la 
mienne.  Il  me  ilit  en  nie  tutoyant,  ce  qui  était  le 
grand  signe  de  faveur,  qu'il  connaissait  parfaite- 
ment ce  que  je  savais,  qu'un  nou\el  examen  était 
inutile,  et  il  me  donna  d'un  air  digne  et  sacerdotal 
un  superbe  certificat  certifiant  une  fausseté,  à 
savoir  qu'il  m'avait  fait  subir  un  nouvel  examen 
pour  mon  admission  à  l'Ecole  polytechnique  et 
que  je  m'en  étais  tiré  supérieurement. 

Mon  oncle  me  donna  deux  ou  quatre  louis  d'or 
que  je  refusai.  Probablement,  mon  excellent  grand- 
père  et  ma  tante  Elisabeth  me  firent  des  cadeaux, 
dont  je  n'ai  aucune  mémoire. 

Mon  départ  fut  arrangé  avec  un  M.  Rosset,  con- 
naissance de  mon  père,  et  qui  retournait  à  Paris  où 
il  était  établi. 

Ce  que  je  vais  dire  n'est  pas  beau.  Au  moment 
précis  du  départ,  attendant  la  voiture,  mon  père 
reçut  mes  adieux  au  Jardin-de- Ville,  sous  les  fenêtres 
des  maisons  faisant  face  à  la  rue  Montorge. 

Il  pleuvait  un  peu.  La  seule  impression  que  me 
firent  ses  larmes  fut  de  le  trouver  bien  laid.  Si  le 
lecteur  me  prend  en  horreur,  qu'il  daigne  se  souvenir 
des  centaines  de  promenades  forcées  aux  Granges 
avec  ma  tante  Séraphie,  des  promenades  où  l'on 
me  forçait,  pour  me  faire  plaifiir.  C'est  cette  hy[)0- 


74  STENDHAL 


crisie  qui  m'irritait  le  plus  et  qui  m'a  fait  prendre  ce 
vice  en  exécration. 

L'émotion  m'a  ôté  absolument  tout  souvenir  de 
mon  voyage  avec  M.  Rosset,  de  Grenoble  à  Lyon, 
et  de  Lyon  à  Nemours. 

C'était  dans  les  premiers  jours  de  novembre  1799, 
car  à  Nemours,  à  vingt  ou  vingt-cinq  lieues  de 
Paris,  nous  apprîmes  les  événements  du  18  brumaire 
(ou  9  novembre  1799),  qui  avaient  eu  lieu  la 
veille. 

Nous  les  apprîmes  le  soir,  je  n'y  comprenais  pas 
grand'chose,  et  j'étais  enchanté  que  le  jeune  général 
Bonaparte  se  fît  roi  de  France.  Mon  grand-père 
parlait  souvent  et  avec  enthousiasme  de  Philippe- 
Auguste  et  de  Bouvines,  tout  roi  de  France  était,  à 
mes  yeux,  un  Philippe- Auguste,  un  Louis  XIV  ou 
un  voluptueux  Louis  XV,  comme  je  l'avais  vu  dans 
les  Mémoires  secrets  de  Duclos. 

La  volupté  ne  gâtait  rien  à  mon  imagination. 
Mon  idée  fixe,  en  arrivant  à  Paris,  l'idée  à  laquelle 
je  revenais  quatre  ou  cin([  fois  le  jour,  en  sortant, 
à  la  tombée  de  la  nuit,  à  ce  moment  de  rêverie, 
était  qu'une  jolie  femme,  une  femme  de  Paris,  bien 
autrement  belle  que  M^^^  Kably  ou  ma  pauvre 
Victorine,  verserait  en  ma  présence  ou  tomberait 
dans  quelque  grand  danger  duquel  je  la  sauverais, 
et  je  devais  partir  de  là  pour  être  son  amant.  Ma 
raison  était  une  raison  de  chasseur. 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  75 

Je  raiinerais  avec  tant  de  transport  que  je  devais 
la  trouver  ! 

Cette  folie,  jamais  avouée  à  personne,  a  peut-être 
duré  six  ans.  Je  ne  fus  un  peu  guéri  que  par  la  séche- 
resse des  dames  de  la  cour  de  Brunswick,  au  milieu 
desquelles  je  débutai,  en  novembre  180C). 


CHAPITRE  XXXVl* 


PARIS 


M.  Rosset  me  déposa  dans  un  hotcl  à  l'angle  des 
rues  de  Bourgogne  et  Saint-Dominique  ;  on  y 
entrait  par  la  rue  Saint-Dominique.  On  voulait  me 
mettre  près  de  l'I'^cole  polytechnique,  où  l'on  croyait 
que  j'allais  entrer. 

Je  fus  fort  étonné  du  son  des  cloches  qui  sonnaient 
l'heure.  Les  environs  de  Paris  m'avaient  semblé 
horriblement  laids  ;  il  n'y  avait  point  de  mon- 
tagnes !  Ce  dégoût  augmenta  rapidement  les  jours 
suivants. 

.Te  (piittai  l'hùtel  et,  par  économie,  pris  une  cham- 
bre sur  le  quinconce  des  Invalides.  Je  fus  un  i)eu 
recueilli  et  guidé  par  les  mathémaliciens  qui,  Tannée 


78  STENDHAL 

précédente,    étaient    entrés  à  l'Ecole.    Il    fallut  les 
aller  voir. 

Il  fallut  aller  voir  aussi  mon  cousin  Daru. 

C'était  exactement  la  première  visite  que  je 
faisais  de  ma  vie. 

M.  Daru,  homme  du  monde,  âgé  de  quelque 
soixante-cinq  ans,  dut  être  bien  scandalisé  de  ma 
gaucherie  et  cette  gaucherie  dut  être  bien  dépourvue 
de  grâce. 

J'arrivais  à  Paris  avec  le  projet  arrêté  d'être  un 
séducteur  de  femmes,  ce  que  j'appellerais  aujour- 
d'hui un  Don  Juan  (d'après  l'opéra  de  Mozart). 

M.  Daru  avait  été  longtemps  secrétaire  général  de 
M.  de  Saint-Priest,  intendant  du  Languedoc,  qui 
forme,  ce  me  semble,  sept  départements  aujour- 
d'hui. On  peut  avoir  vu  dans  les  histoires  que  le 
fameux  Basville  *,  ce  sombre  tyran,  avait  été  inten- 
dant ou  plutôt  roi  du  Languedoc  de  1685  à  1710 
peut-être.  C'était  un  pays  d'Etat,  ce  vestige  de 
discussion  publique  et  de  liberté  exigeait  un  secré- 
taire général  habile  sous  un  intendant  espèce  de 
grand  seigneur,  comme  M.  de  Saint-Pricst  *,  qui 
fut  peut-être  intendant  de  1775  à  178G. 

M.  Daru,  sorti  de  Grenoble,  fils  d'un  bourgeois 
prétendant  à  la  noblesse,  mais  pauvre  par  orgueil, 
comme  toute  ma  famille,  était  fils  de  ses  œuvres, 
et  sans  voler  avait  peut-être  réuni  quatre  ou  cinq 
cent  mille  francs.  Il  avait  traversé  la  Révolution 
avec  adresse,  et  sans  se  laisser  aveugler  par  l'amour 


VIE    Di;    IIE.NKI    IMILI.AP.D  7'J 

OU  la  liainc  qu'il  pouvait  avoir  pour  les  préjugés,  la 
noblesse  et  le  clergé.  C'était  un  homme  sans  pas- 
sion autre  que  Vudle  de  la  vanité  ou  la  vanité  de 
l'utile,  je  Tai  \  u  trop  d'en  bas  pour  discerner  lequel. 
Il  avait  acheté  une  maison  rue  de  Lille,  n"  505,  au 
coin  de  la  rue  de  Bellechasse,  dont  il  n'occupait 
modestement  que  le  petit  appartement  au-dessus 
de  la  porte  cochère. 

Le  premier  au  fond  de  la  cour  était  loué  à  M"^^  Re- 
buiïel*,  femme  crun  négociant  du  premier  mérite, 
et  homme  à  caractèi'e  et  à  âme  chaude,  tout  le 
contraire  de  M.  Daru.  M.  Rebufîel,  neveu  de  M.  Daru. 
lequel  s'accommodait,  par  son  caractère  pliant  et 
tout  à  tous,  de  son  oncle. 

AL  Rebuffel  venait,  chaque  jour,  passer  un  quart 
d'heure  avec  sa  femme  et  sa  fille  Adèle,  et  du  reste 
vivait  rue  Saint-Denis,  à  sa  maison  de  commission 
(commerce),  avec  M^*^  Barberen,  son  associée  et 
sa  maîtresse,  fdle  active,  commune,  de  trente  ou 
trente-cinq  ans,  qui  m'avait  fort  la  mine  de  faire 
des  scènes  et  des  cornes  à  son  amant  et  de  le  désen- 
nuyer ferme. 

Je  fus  accueilli  avec  affection  et  ouverture  de  cœur 
par  l'excellent  M.  Rebuffel,  tandis  ([uc  M.  Daru  le 
père  me  reçut  avec  des  phrases  d'affection  et  de 
dévouement  pour  mon  grand-père,  qui  me  serraient 
le  cœur  et  me  rendaient  muet. 

M.  Daru  était  un  grand  et  assez  beau  vieillanl 
avec  un  grand  nez,  chose  assez  rare  en  Dauphiné  ; 


80 


STENDHAL 


il  avait  un  œil  un  peu  de  travers  et  l'air  assez  faux. 
Il  avait  avec  lui  une  petite  vieille  toute  ratatinée, 
toute  provinciale,  qui  était  sa  femme  ;  il  l'avait 
épousée  jadis,  à  cause  de  sa  fortune,  qui  était  consi- 
dérable, et  du  reste  elle  n'osait  pas  souffler  devant 
lui. 

jVjme  Daru  était  bonne  au  fond  et  fort  polie,  avec 
un  petit  air  de  dignité  convenable  à  une  sous- 
préfète  de  province.  Du  reste,  je  n'ai  jamais  ren- 
contré d'être  qui  fût  plus  complètement  privé  du 
feu  céleste.  Rien  au  monde  n'aurait  pu  émouvoir 
cette  âme  pour  quelque  chose  de  noldc  et  de  géné- 
reux. La  prudence  la  plus  égoïste,  et  dont  on  se 
glorifie,  occupe  chez  ces  sortes  d'àmes  la  possibilité, 
la  place  de  l'émotion  colérique  ou  généreuse. 

Cette  disposition  prudente,  sage,  mais  peu  aima- 
ble, formait  le  caractère  de  son  fils  aîné,  M.  le  comte 
Daru,  ministre  secrétaire  d'Etat  de  Napoléon,  qui 
a  tant  influé  sur  ma  vie,  de  M^'^  Sophie,  depuis 
^[mc  (le  Baure,  sourde,  de  M™^  Le  Brun,  mainte- 
nant M"^®  la  marquise  de  Graves*. 

Son  second  fils,  Martial  Daru,  n'avait  ni  tête,  ni 
esprit,  mais  un  bon  cœur  ;  il  lui  était  impossible 
de  faire  du  mal  à  quelqu'un. 

Madame  Cambon,  lillc  aînée  de  M.  et  de  M"^<^ 
Daru,  avait  peut-être  un  caractère  élevé,  mais  je  ne 
lis  que  l'entrevoir  :  elle  mourut  quelques  mois  après 
mon  arrivée  à  Paris. 

Est-il  besoin  d'avertir  que  j'esquisse  le  caractère 


VIE    DE     lIENni     BRLI.VltD  81 

(le  ces  pcrsonnaiïcs  tel  qvie  je  l'ai  vu  depuis  ?  Le  trait 
délinitif.  nui  nie  semble  le  vrai,  m'a  fait  oublier 
tous  les  traits  antérieurs  (terme  de  dessin). 

Je  ne  conserve  que  des  images  de  ma  première 
entrée  dans  le  salon  de  M.  Daru. 

Par  exemple,  je  vois  fort  bien  la  petite  robe  d'in- 
dienne rouge  que  portait  une  aimable  petite  llllo 
de  cin(j  ans,  la  petite-fdle  de  M.  Daru  et  de  laquelle 
il  s'amusait,  comme  le  vieux  et  ennuyé  Louis  XIV 
de  M'"*^  la  duchesse  de  Bourgogne.  Cette  aimable 
petite  fdle.  sans  laquelle  un  silence  morne  eut  régné 
souvent  dans  le  petit  salon  de  la  rue  de  Lille,  était 
]\[iie  Pulchérie  Le  Brun  (maintenant  M"^*'  la  mar- 
quise de  Brossard,  fort  impérieuse,  dit-on,  avec  la 
taille  d'un  tonneau*,  et  ({ui  commande  à  la  baguette 
à  son  mari,  M,  le  général  de  Brossard,  qui  commande 
lui-même  le  département  de  la  Drôme). 

M.  de  B est  un  panier  percé  qui  se  prétend 

de  la  plus  haute  noblesse,  descendant  de  Louis  le 
Gros,  je  crois,  hâbleur,  finasseur,  peu  délicat  sur  les 
moyens  de  restaurer  ses  finances  toujours  en  dé- 
sarroi. Total  :  caractère  de  noble  pauvre,  c'est  un 
vilain  caractère  et  qui  s'allie  d'ordinaire  à  beaucoup 
de  malheurs.  (.J'appelle  caractère  d'un  homme  sa 
manière  habituelle  d'aller  à  la  chasse  du  bonheur, 
en  termes  plus  clairs,  mais  moins  qualificatifs,  Ven- 
senible  de  ses  habitudes  morales.) 

Mais  je  m'égare.  J'étais  bien  loin  de  voir  les 
choses,   même   physiques,  aussi   nettement    en   dé- 

Brclahu    II.  G 


82  STENDHAL 

cembre  1799.  J'étais  tout  émotion,  et  cet  excès 
d'émotion  ne  m'a  laissé  que  quelques  images  fort 
nettes,  mais  sans  explications  des  comment  et  des 
pourquoi. 

Ce  que  je  vois  aujourd'hui  fort  nettement,  et 
qu'en  1799  je  sentais  fort  confusément,  c'est  qu'à 
mon  arrivée  à  Paris,  deux  grands  objets  de  désirs 
constants  et  passionnés  tombèrent  à  rien,  tout-à- 
coup.  J'avais  adoré  Paris  et  les  mathématiques. 
Paris  sans  montagnes  m'inspira  un  dégoût  si  pro- 
fond qu'il  allait  presque  jusqu'à  la  nostalgie.  Les 
mathématiques  ne  furent  plus  pour  moi  que  comme 
l'échafaudage  du  feu  de  joie  de  la  veille  (chose  vue 
à  Turin,  le  lendemain  de  la  Saint-Jean  1802). 

J'étais  tourmenté  par  ces  changements  dont  je  ne 
voyais,  bien  entendu,  à  seize  ans  et  demi,  ni  le 
pourquoi  ni  le  comment. 

Dans  le  fait,  je  n'avais  aimé  Paris  que  par  dégoût 
profond  pour  Grenoble. 

Quant  aux  mathématiques,  elles  n'avaient  été 
qu'un  moyen.  Je  les  haïssais  même  un  peu  en 
novembre  1799,  car  je  les  craignais.  J'étais  résolu 
à  ne  pas  me  faire  examiner  à  Paris,  comme  firent  les 
sept  ou  huit  élèves  qui  avaient  remporté  le  pre- 
mier prix,  après  moi,  à  l'Ecole  centrale,  et  qui  tous 
furent  reçus.  Or,  si  mon  père  avait  pris  quelque  soin, 
il  m'eût  forcé  à  cet  examen,  je  serais  entré  à  l'Ecole, 
et  je  ne  pouvais  plus  t'iVre  à  Paris  en  faisant  des 
comédies. 


VIF.    DE    HENRI    BULLARD  83 

De  toutes  mes  i)assions,  c'était  la  seule  <[ni  me 
restât. 

Je  ne  conçois  pas,  et  cette  idée  me  vient  pour  la 
première  fois  trente-sept  ans  après  les  événements, 
en  écrivant  ceci,  je  ne  conçois  pas  comment  mon 
père  ne  me  força  pas  à  me  faire  examiner.  Probable- 
ment, il  se  fiait  à  l'extrême  passion  qu'il  m'avait  vue 
pour  les  mathématiques.  Mon  père,  d'ailleurs,  n'était 
ému  que  de  ce  qui  était  près  de  lui.  J'avais  cepen- 
dant une  peur  du  diable  d'être  forcé  à  entrer  à 
l'Ecole,  et  j'attendais  avec  la  dernière  impatience 
l'annonce  de  l'ouverture  des  cours.  En  sciences 
exactes,  il  est  impossible  de  prendre  un  cours  à  la 
troisième  leçon. 

\enons  aux  images  qui  me  restent. 

Je  me  vois  prenant  mon  dîner,  seul  et  délaissé, 
dans  une  chambre  économique  que  j'avais  louée  sur 
le  quinconce  des  Invalides,  au  bout,  entre  l'extré- 
mité (de  ce  côté  du  quinconce)  des  rues  de  l'Uni- 
versité et  Saint-Dominique,  à  deux  pas  de  cet  hôtel 
de  la  liste  civile  de  l'Empereur  où  je  devais,  quel- 
ques années  plus  tard,  jouer  un  rôle  si  différent. 

Le  profond  désappointement  de  trouver  Paris  peu 
aimable  m'avait  embarrassé  l'estomac.  La  boue  de 
Paris,  l'absence  de  montagnes,  la  vue  de  tant  de 
gens  occupés,  passant  rapidement  dans  de  belles 
voitures  à  côté  de  moi,  comme  des  personnes 
n'ayant  rien  à  faire,  me  donnaient  un  chagrin  pro- 
fond. 


84  STENDHAL 

Un  médecin  qui  se  fut  donné  la  peine  d'étudier 
mon  état,  assurément  peu  compliqué,  m'eût  donné 
de  l'émétique  et  ordonné  d'aller  tous  les  trois  jours 
à  \  ersailles  ou  à  Saint-Germain. 

Je  tombai  dans  les  mains  d'un  insigne  charlatan 
et  encore  plus  ignorant,  c'était  un  chirurgien  d'ar- 
mée, fort  maigre,  établi  dans  les  environs  des  Inva- 
lides, quartier  alors  fort  misérable,  et  dont  l'ofiice 
était  de  soioner  les  blennorrhagies  des  élèves  de 
l'Ecole  polytechnique.  Il  me  donna  des  médecines 
noires  que  je  prenais  seul  et  abandonné  dans  ma 
chambre,  qui  n'avait  qu'une  fenêtre  à  sept  ou  huit 
pieds  d'élévation,  comme  une  prison.  Là,  je  me  vois 
tristement  assis  à  côté  d'un  petit  poêle  de  fer,  ma 
tisane  posée  par  terre. 

Mais  mon  plus  grand  mal,  en  cet  état,  était  cette 
idée  qui  revenait  sans  cesse  :  Grand  Dieu  !  quel 
mécompte  !  mais  que  dois-je  donc  désirer  ? 


CHAPITRE  XXXVII* 


II  faut  convenir  ([iio  la  dm  te  était  grande, 
affreuse.  Et  c'était  un  jeune  homme  de  seize  ans  et 
demi,  une  des  âmes  les  moins  raisonnables  et  les 
)>liis  passionnées*  que  j'aie  jamais  rencontrées  qui 
l'éprouxait  ! 

Je  n'avais  confiance  en  personne. 

J'avais  entendu  les  pirêlres]  de  Séraphie  et  de 
mon  père  se  glorifier  >\r  hi  facilité  avec  laquelle  ils 
menaient,  c'est-à-dire  ils  trompaient,  telle  personne 
ou  telle  réunion  de  personnes. 

La  r[eIiorion]  me  semblait  une  niadiine  noire  et 
puissante,  j'avais  encore  quelque  croyance  en 
l'cnrfer],  mais  aucune  en  ses  p[rétres].  Les  images 
de  re[nferj  (pic  j'avais  vues  dans  la  B[ible]  in-S» 

Brvlard    II.  (3^ 


86  STENDHAL 

reliée  en  parchemin  vert,  avec  figures,  et  dans  les 
éditions  du  Dante  de  ma  pauvre  mère  me  faisaient 
horreur  ;  mais  pour  les  p^rêtres],  néant.  J'étais  loin 
de  voir  ce  qu'elle  est  en  réalité,  une  corporation 
puissante  et  à  laquelle  il  est  si  avantageux  d'être 
afFdié,  témoin  mon  contemporain  et  compatriote 
le  jeune  Genoude  qui,  sans  bas,  m'a  souvent  servi 
du  café  au  café  Genoude,  au  coin  de  la  Grande-Rue 
et  de  la  rue  du  Département*,  et  qui  depuis  vingt 
ans  est  à  Paris  M.  de  Genoude. 

Je  n'avais  pour  appui  que  mon  bon  sens  et  ma 
croyance  dans  Vesprit  (THehétius.  Je  dis  croyance 
exprès  :  élevé  sous  une  machine  pneumatique,  saisi 
d'ambition,  à  peine  émancipé  par  mon  envoi  à 
l'Ecole  centrale,  Helvétius  ne  pouvait  être  pour  moi 
que  prédiction  des  choses  que  j'allais  rencontrer. 
J'avais  confiance  dans  cette  vague  prédiction  parce 
que  deux  ou  trois  petites  prédictions,  aux  yeux 
de  ma  si  courte  expérience,  s'étaient  vérifiées. 

Je  n'étais  point  ficelle,  fin,  méfiant,  sachant  me 
tirer  avec  un  excès  d'adresse  et  de  méfiance  d'un 
marché  de  douze  sous,  comme  la  plupart  de  mes 
camarades,  en  comptant  les  morceaux  de  cotterets 
qui  devaient  former  les  falourdes  fournies  par  l'hôte, 
comme  les  Monval,  mes  camarades,  que  je  venais 
de  retrouver  à  Paris  et  à  V Ecole,  où  ils  étaient  depuis 
un  an.  J'étais,  dans  les  rues  de  Paris,  un  rêveur 
passionné,  regardant  au  ciel  et  toujours  sur  le  point 
d'être  écrasé  par  un  cabriolet. 


VIE    DE    HENRI    BltLI.Al!  D  87 

En  un  mot,  je  n  étais  point  habile  aux  choses  de 
la  i^ie,  et  par  conséquent  je  ne  pouvais  être  apprécié, 
comme  dit  ce  matin  je  ne  sais  ([lul  journal  de  1836, 
en  style  de  journal  qui  veut  faire  illusion  sur  la* 
pensée  nulle  ou  puérile  par  l'insolite  du  style. 

Voir  cette  vérité  sur  mon  compte  eût  été  être 
habile  aux  choses  de  la  vie. 

Les  Monval  me  donnaient  des  avis  fort  sages, 
tendant  à  ne  pas  me  laisser  voler  deux  ou  trois  sous 
par  jour,  et  leurs  idées  me  faisaient  horreur,  ils 
devaient  me  trouver  un  imbécile  sur  le  chemin  des 
Petites-Maisons.  Il  est  vrai  que,  par  orgueil,  j'ex- 
primais peu  mes  idées  *.  Il  me  semble  que  ce  furent 
les  Monvaux,  ou  d'autres  élèves  arrivés  un  an 
auparavant  à  l'Ecole,  qui  me  procurèrent  ma  cham- 
bre et  mon  médecin  à  bon  marché. 

Fut-ce  Sinard  ?  Etait-il  mort  de  la  poitrine  à 
Grenoble  un  an  avant,  ou  n'y  mourut-il  qu'un  an 
ou  deux  ans  après  ? 

Au  milieu  de  ces  amis,  ou  plutôt  de  ces  enfants 
remplis  de  bon  sens  et  disputant  trois  sous  par  jour 
à  l'hôte  qui  sur  chacun  de  nous,  pauvres  diables, 
gagnait  peut-être  légitimement  huit  sous  par  jour 
et  en  volait  trois,  total  :  onze  sous,  j'étais 
plongé  dans  des  extases  involontaires,  dans  des 
rêveries  interminables,  dans  des  inventions  infinies 
(comme  dit  le  journal  avec  importance*). 

J'avais  ma  liste  des  liens  combattant  les  pas- 
sions, par  exemple  :  prêtre  et  amour,  père  et  amour 


88  STENDHAL 

de  la  Patrie,  ou  Brutus,  qui  me  semblait  la  clef  du 
sublime  en  littérature.  Cela  était  tout-à-fait  inventé 
par  moi.  Je  l'ai  oublié  depuis  vingt-six  ans  peut- 
être,  il  faut  que  j'y  revienne. 

J'étais,  constamment,  profondément  ému.  Que 
dois-je  donc  aimer,  si  Paris  ne  me  plaît  pas  ?  Je  me 
répondais  :  «  Une  charmante  femme  versant  à  dix 
pas  de  moi  ;  je  la  relèverai,  et  nous  nous  adorerons, 
elle  connaîtra  mon  âme  et  verra  combien  je  suis 
différent  des  Monvaux.  » 

Mais  cette  réponse,  étant  du  plus  grand  sérieux, 
je  me  la  faisais  deux  ou  trois  fois  le  jour,  et  surtout 
à  la  tombée  de  la  nuit,  qui  souvent  pour  moi  est 
encore  un  moment  d'émotion  tendre,  je  suis  disposé 
à  embrasser  ma  maîtresse  les  larmes  aux  yeux 
(quand  j'en  ai). 

Mais  j'étais  un  être  constamment  ému  et  ne  son- 
geant jamais  que  dans  de  rares  moments  de  colère 
à  empêcher  notre  hôtesse  de  me  voler  trois  sous  sur 
les  jalourdes. 

Oserai-je  le  dire  ?  Mais  peut-être  c'est  faux, 
fêtais  un  poète.  Non  pas,  il  est  vrai,  comme  cet 
aimable  abbé  Delille  que  je  connus  deux  ou  trois 
ans  après  par  Cheminade  (rue  des  Francs-Bourgeois, 
au  Marais),  mais  comme  le  Tasse,  comme  un  cen- 
tième du  Tasse,  excusez  l'orgueil.  Je  n'avais  pas 
cet  orgueil  en  1799,  je  ne  savais  pas  faire  un  vers. 
Il  n'y  a  pas  quatre  ans  que  je  me  dis  qu'en  1799 
j'étais  bien  près  d'être  un  poète.  Il  ne  me  manquait 


\ii:  DK   H  EN  m   HHULAnn  80 

que  l'audace  d'écrire,  qu'une  cheminée  par  la(]uolle 
le  génie  put  s'échapper. 

Après  poêle  voici  le  génie,  excusez  du  peu. 

«  Sa  sensibilité  est  devenue  trop  vi^'e:  ce  qui  ne  fait 
qu  effleurer  les  autres,  le  blesse  jusquau  sang.  »  Tel 
j'étais  en  1799,  tel  je  suis  encore  en  183G,  mais  j'ai 
appris  à  cacher  tout  cela  sous  l'ironie  imperceptible 
au  vulgaire,  mais  que  Fiore  a  fort  bien  devinée. 

«  Les  affections  et  les  tendresses  de  sa  vie  sont 
écrasantes  et  disproportionnées,  ses  enthousiasmes 
excessifs  l'égarent,  ses  sympathies  sont  trop  vraies  *, 
ceux  quil  plaint  souffrent  moins  que  lui.  » 

Ceci  est  à  la  lettre  pour  moi.  (A  l'emphase  et  à  l'im- 
portance près  (self  i mporlance ) ,  ce  journal  a  raison.) 

Ce  qui  fait  marquer  ma  dilîérence  avec  les  niais 
importants  du  journal,  et  qui  portent  leur  tête  comme 
un  saint-sacrement,  c'est  que  je  n'ai  jamais  cru  que 
la  société  me  dût  la  moindre  chose,  Helvétius  me 
sauva  de  cette  énorme  sottise.  La  société  paie  les 
services  qu^elle  voit. 

L'erreur  et  le  malheur  du  Tasse  fut  de  se  dire  : 
'<  Comment!  toute  l'Italie,  si  riche,  ne  pourra  pas 
faire  une  pension  de  deux  cents  sequins  (2.300  francs) 
à  son  poète  !  >> 

J'ai  lu  cela  dans  une  de  ses  lettres. 

Le  Tasse  ne  voyait  pas,  faute  d' Helvétius,  que  les 
cent  hommes  qui,  sur  dix  millions,  comprennent  le 
beau  qui  n'est  pas  imitation  ou  perfectionnement  du 
beau  déjà  compris  par  le  vulgaire,   ont  besoin  de 


90  STENDHAL 

vingt  OU  trente  ans  pour  persuader  aux  vingt  mille 
âmes,  les  plus  sensibles  après  les  leurs,  que  ce  nou- 
veau beau  est  réellement  beau. 

J'observerai  qu'il  y  a  exception  quand  l'esprit 
de  parti  s'en  mêle.  M.  de  Lamartine  a  fait  peut- 
être  en  sa  vie  deux  cents  beaux  vers.  Le  parti  ultra, 
vers  1818,  étant  accusé  de  bêtise  (on  les  appelait 
M.  de  la  Jobardière),  sa  vanité  blessée  vanta  l'œuvre 
d'un  noble  avec  la  force  de  l'irruption  d'un  lac 
orageux  qui  renverse  *  sa  digue  *. 

Je  n'ai  donc  jamais  eu  l'idée  que  les  hommes 
fussent  injustes  envers  moi.  Je  trouve  souveraine- 
ment ridicule  le  malheur  de  tous  nos  soi-disant 
poètes,  qui  se  nourrissent  de  cette  idée  et  qui 
blâment  les  contemporains  de  Cervantes  et  du 
Tasse. 

Il  me  semble  que  mon  père  me  donnait  alors 
cent  francs  par  mois,  ou  cent  cinquante  francs. 
C'était  un  trésor,  je  ne  songeais  nullement  à  man- 
quer d'argent,  par  conséquent,  je  ne  songeais  nulle- 
ment à  l'argent. 

Ce  qui  me  manquait,  c'était  un  cœur  aimant, 
c'était  une  femme. 

Les  filles  me  faisaient  horreur.  Quoi  de  plus 
sini])le  que  de  faire  comme  aujourd'hui,  ])rendre  une 
jolie  fille  pour  un  louis,  rue  des  Moulins  ? 

Les  louis  ne  me  manquaient  pas.  Sans  doute 
mon  grand-père  et  ma  grand'tante  Elisabeth  m'en 
avaient  donné,  et  je  ne  les  avais  certainement   pas 


vn:   DE   niiMu   iuîllahu  91 

ilépcnsés,   ^^;lis  le  snmiro  d'un   ciriir  ;iiiii;iiil  !   mais 
le  regard  df  M"*'  Vielorino  Hi<rillioii  ! 

Tous  les  contes  gais,  exagcraiil  la  corruplion  et 
ravidit»'  des  lillos,  (]iic  m.-  faisaient  les  mathémati- 
ciens faisant  fonctions  d'amis  autour  de  moi,  me 
faisaient  mal  au  cœur. 

Ils  parlaient  des  pierreuses,  des  fdles  à  deux  sous, 
sur  les  pierres  de  taille,  à  deux  cents  pas  de  la  porte 
de  notre  chétive  maison*. 

Ln  cœur  ami,  voilà  ce  qui  me  manquait.  M.  Sorel * 
m'invitait  à  dîner  quelquefois,  M.  Daru  aussi,  je 
suppose,  mais  je  trouvais  ces  hommes  si  loin  de  mes 
extases  sublimes,  j'étais  si  timide  par  vanité,  surtout 
avec  les  femmes,  que  je  ne  disais  rien. 

Une  femme  ?  une  fille  ?  dit  Chérubin.  A  la  beauté 
près,  j'étais  Chérubin,  j'avais  des  cheveux  noirs 
très  frisés  et  des  yeux  dont  le  feu  faisait  peur. 

Lliomme  que  j'aime,  ou  :  Mon  amant  est  laid,  mais 
personne  ne  lui  reproche  sa  laideur,  il  a  tant  d'esprit  ! 
Voilà  ce  que  disait,  vers  ce  temps,  M"c  Victorine 
Bigillion  à  Félix  Faure,  qui  ne  sut  que  longues 
années  après  de  qui  il  s'agissait. 

Il  tourmentait  un  jour  sa  jolie  voisine,  M"^  Victo- 
rine Bigillion,  sur  son  indifférence.  Il  me  semble  que 
Michel  ou  Frédéric  Faure,  ou  lui  Félix,  voulait  faire 
la  cour  à  .M"e  Victorine. 

(Félix  Faure,  pair  de  France,  Premier  Président 
de  la  Cour  royale  de  Grenoble,  être  plat  et  physique 
usé. 


92  STENDHAL 

Frédéric  Faure,  Dauphinois  fin,  exempt  de  toute 
générosité,  de  l'esprit,  mort  capitaine  d'artillerie 
à  Valence. 

Michel,  encore  plus  fin,  encore  plus  Dauphinois, 
peut-être  peu  brave,  capitaine  de  la  garde  impériale, 
connu  par  moi  à  Vienne  en  1809,  directeur  du  dépôt 
de  mendicité  à  Saint-Robert,  près  Grenoble  (dont 
j'ai  fait  M.  Valenod  dans  le  Rouge). 

Bigillion,  excellent  cœur,  honnête  homme,  fort 
économe,  greffier  en  chef  du  Tribunal  de  première 
instance,  s'est  tué  vers  1827,  ennuyé,  je  crois,  d'être 
cocu,  mais  sans  colère  contre  sa  femme.) 

Je  ne  veux  pas  me  peindre  comme  un  amant 
malheureux  à  mon  arrivée  à  Paris,  en  novem- 
bre 17'J9,  ni  même  comme  un  amant.  J'étais  trop 
occupé  du  monde  et  de  ce  que  j'allais  faire  dans  ce 
monde  si  inconnu  pour  moi. 

Ce  problème  était  ma  maîtresse,  de  là  mon  idée 
que  l'amour,  avant  un  état  et  le  début  dans  le  monde, 
ne  peut  pas  être  dévoué  et  entier  comme  l'amour 
chez  un  être  qui  se  figure  savoir  ce  que  c'est  que  le 
monde. 

Cependant,  souvent  je  rêvais  avec  transport  à 
nos  montagnes  du  Dauphiné  ;  et  M^^^  Victorine 
passait  plusieurs  mois,  chaque  année,  à  la  Grande- 
Chartreuse,  où  ses  ancêtres  avaient  reçu  saint  Bruno  ' 
en  1100.  La  Grande-Chartreuse  était  la  seule  mon- 
tagne que  je  connusse.  Il  me  semble  que  j'y  étais 
déjà  allé  une  ou  deux  fois  avec  Bigillion  et  Rémy. 


VIE    DE    HENRI    BRUL.VnD  !J.'] 

J'avais  un  souvenir  tendre  de  .M""'  ^'ict(^^inc, 
mais  je  ne  doutais  pas  \\n  instant  qu'une  jeune  lille 
de  Paris  ne  lui  fût  cent  fois  supérieure.  Toutefois, 
le  premier  aspect  de  Paris  me  déplaisait  souveraine- 
ment *. 

Ce  déplaisir  profond,  ce  désenchantement,  réunis 
à  un  exécrable  médecin,  me  rendirent,  ce  me 
semble,  assez  malade.  Je  ne  pouvais  plus  manger. 

M.  Daru  me  fit-il  soigner  dans  cette  première 
maladie  ? 

Tout-à-coup,  je  me  vois  dans  une  chambre,  au 
troisième  étage,  donnant  sur  la  rue  du  Bac  ;  on 
entrait  dans  ce  logement  par  le  passage  Sainte- 
Marie,  aujourd'hui  si  embelli  et  si  changé.  Ma 
chambre  était  une  mansarde  et  le  dernier  étage  de 
l'escalier,  indigne  *. 

Il  faut  que  je  fusse  bien  malade,  car  M.  Daru 
père  m'amena  le  fameux  docteur  Portai,  dont  la 
ligure  m'elTrava.  Elle  avait  l'air  de  se  résigner  en 
voyant  un  cadavre.  J'eus  une  garde,  chose  bien 
nouvelle  pour  moi. 

J'ai  appris  depuis  que  je  fus  menacé  d'une  hydro- 
pisie  de  poitrine.  J'eus,  je  pense,  du  délire,  et  je  fus 
bien  trois  semaines  ou  un  mois  au  lit. 

Félix  Faure  venait  me  voir,  ce  me  semble.  Je 
crois  qu'il  m'a  conté  et,  en  y  pensant,  j'en  suis  sûr, 
(jue,  dans  le  délire,  je  l'exhortais,  bii  qui  faisait 
fort  bien  des  armes,  à  retourner  à  Grenoble  et  appeler 
en  duel  ceux  qui  se  moqueraient  de  nous  parce  que 


94  STENDHAL 

nous  n'étions  pas  entrés  à  l'Ecole  polytechnique. 
Si  je  reparle  jamais  à  ce  juge  des  prisonniers  d'avril, 
lui  faire  des  questions  sur  notre  vie  de  1799.  Cette 
âme  froide,  timide  et  égoïste  doit  avoir  des  souvenirs 
exacts,  d'ailleurs  il  doit  être  de  deux  ans  plus  âgé 
que  moi  et  être  né  vers  1781*. 

Je  vois  deux  ou  trois  images  de  la  convalescence. 

Ma  garde-malade  me  faisait  le  pot-au-feu,  près 
de  ma  cheminée,  ce  qui  me  semblait  bas,  et  l'on  me 
recommandait  fort  de  ne  pas  prendre  froid  ;  comme 
j'étais  souverainement  ennuyé  d'être  au  lit,  je 
prenais  garde  aux  recommandations.  Les  détails  de 
vie  physique  de  Paris  me  choquaient. 

Sans  aucun  intervalle,  après  la  maladie,  je  me 
vois  logé  dans  une  chambre  au  second  étage  de  la 
maison  de  M.  Daru,  rue  de  Lille  (ou  de  Bourbon, 
quand  il  y  a  des  Bourbons  en  France),  n^  505*. 
Cette  chambre  donnait  sur  quatre  jardins,  elle  était 
assez  vaste,  un  peu  en  mansarde  ;  le  ...  *  entre  les 
deux  fenêtres  était  incliné  à  quarante-cinq  degrés. 

Cette  chambre  me  convenait  fort.  Je  pris  un 
cahier  de  papier  pour  écrire  des  comédies. 

Ce  fut  à  cette  époque,  je  crois,  que  j'osai  aller 
chez  M.  Cailhava  pour  acheter  un  exemplaire  de 
son  Art  de  la  comédie,  que  je  ne  trouvais  chez  aucun 
libraire.  Je  déterrai  ce  vieux  garçon  dans  une  cham- 
bre du  Louvre,  je  crois.  Il  me  dit  que  son  livre  était 
mal  écrit,  ce  que  je  niai  bravement.  11  dut  me 
prendre  poiu'  un  fou. 


vu:   Di:   iiKMu   aiii  LAuu  95 

Je  n'ai  jamais  trouvé  ([iiuno  idf''o  dans  ce  (lial)Ic 
do  livre,  et  encore  elle  n'était  pas  de  (lailliava,  mais 
bien  de  Bacon.  Mais  n'est-ce  rien  ([uiine  idée,  dans 
un  livre  ?  Il  s'agit  de  la  définition  du  rire. 

Ma  cohabitation  passionnée  avec  les  mathéma- 
tiques m'a  laissé  un  amour  fou  ])our  les  bonnes 
définitions,  sans  lesquelles  il  n'y  a  que  des  à  peu 
près  *. 


\ 


CHAPITRE  XXXVITI* 


Mais  une  fois  l'art  de  la  comédie  sur  ma  table*, 
j'agitai  sérieusement  cette  grande  question  :  devais- 
je  me  faire  compositeur  d'opéras,  comme  Grétry  ? 
ou  faiseur  de  comédies  ? 

A  peine  je  connaissais  les  notes  (M.  .Mention 
m'avait  renvoyé  comme  indigne  de  jouer  du  violon), 
mais  je  me  disais  :  les  notes  ne  sont  que  l'art  d'écrire 
les  idées,  l'essentiel  est  d'en  avoir.  Et  je  croyais  en 
avoir.  Ce  (ju'il  y  a  de  plaisant,  c'est  que  je  le  crois 
encore  aujourd'hui,  et  je  suis  souvent  fâché  de 
n'être  pas  parti  de  Paris  jiour  être  laquais  de  Pai- 
siello  à  Xaples. 

Je  n'ai  aucun  goût  pour  la  nmsiquc  purement 
instrumentale,    l;i    musique    même    de    la    Chapelle 

Brûla  nu    II.  7 


98  STENDHAL 

Sixtine  et  du  chœur  du  chapitre  de  Saint-Pierre 
ne  me  fait  aucun  plaisir  (rejugé  ainsi  le  .  .  janvier 
1836,  jour  de  la  Catedra  de  San-Pietro). 

La  seule  mélodie  vocale  me  semble  le  produit  du 
génie.  Un  sot  a  beau  se  faire  savant,  il  ne  peut,  sui- 
vant moi,  trouver  un  beau  chant,  par  exemple  :  Se 
amor  si  gode  in  pace  (premier  acte  et  peut-être 
première  scène  du  Matrimonio  segreto). 

Quand  un  homme  de  génie  se  donne  la  peine 
d'étudier  la  mélodie,  il  arrive  à  la  belle  instrumenta- 
tion du  quartetto  de  Bianca  e  Faliero  (de  Rossini) 
ou  du  duo  à'Armide,  du  même. 

Dans  les  beaux  temps  de  mon  goût  pour  la  musi- 
que, à  Milan,  de  1814  à  1821,  quand  le  matin  d'un 
opéra  nouveau  j'allais  retirer  mon  libretto  à  la 
Scala,  je  ne  pouvais  m'empêcher  eu  le  lisant  d'en 
faire  toute  la  musique,  de  chanter  les  airs  et  les  duos. 
Et  oserai-je  le  dire  ?  quelquefois,  le  soir,  je  trouvais 
ma  mélodie  plus  noble  et  plus  tendre  que  celle  du 
maestro. 

Comme  je  n'avais  et  je  n'ai  absolument  aucune 
science,  aucune  manière  de  fixer  la  mélodie  sur  un 
morceau  de  papier,  pour  pouvoir  la  corriger  sans 
crainte  d'oublier  la  cantilène  primitive,  cela  était 
comme  la  première  idée  d'un  livre  qui  me  vient. 
Elle  est  cent  fois  plus  intelligible  qu'après  l'avoir 
travaillée. 

Mais  enfin  cette  première  idée,  c'est  ce  qui  ne  se 
trouve  jamais  dans  les  livres  des  écrivains  médiocres. 


\\E   Di:   m: MU   niui.vnD 


00 


Leurs  phrases  les  plus  fortes  me  semblent  comme  le 
trait  (le  Priam,  sitie  ictii. 

Par  cxcini)!*',  j'ai  faif,  «c  iiio  scm])l(',  une  char- 
mante mélodie  (et  j'ai  vu  raccompagnement)  pour 
ces  vers  de  La  Fontaine  (critiqués  par  M.  Nodier 
comme  peu  pieux,  mais  vers  1820,  sous  les  I3[our- 
bon]s)  : 

L'n  mort  s'en  allait  tristement 
S'emparer  de  son  dernier  gîte, 
Un  curé  s'en  allait  gaiement 
Enterrer  ce  mort  au  plus  vite. 

C'est  pcut-cLrc  la  seule  mélodie  que  j'aie  faite 
sur  des  paroles  françaises.  J'ai  horreur  de  l'obliga- 
tion de  prononcer  gi-teu,  vi-teu.  Le  Français  me 
semble  avoir  le  métalent  le  plus  marciué  pour  la 
musique. 

Comme  l'Italien  a  le  métalent  le  plus  étonnant 
pour  la  danse. 

Quelquefois,  disant  des  bêtises  exprès  avec  moi- 
même,  pour  me  faire  rire,  pour  fournir  des  plaisan- 
teries au  parti  contraire  (que  souvent  je  sens  par- 
faitement en  moi),  je  me  dis  :  Mais  comment 
aurais-je  du  talent  pour  la  musique  à  la  Cimarosa, 
étant  Français  ? 

Je  réponds  :  par  ma  mère,  à  laquelle  je  ressemble, 
je  suis  peut-être  de  sang  italien.  Le  Gagnoni  ([ui  se 
sauve  à  Avignon  après  avoir  assassiné  im  homme 
en  Italie,  s'y  maria  peut-être  avec  la  (ille  dun 
Italien  attaché  au  vice-légat. 


100  STENDHAL 

Mon  grand-père  et  ma  tante  Elisabeth  avaient 
évidemment  une  figure  italienne,  le  nez  aquilin, 
etc. 

Et  actuellement  (jue  cinq  ans  de  séjour  continu 
à  RTomeJ  m'ont  fait  pénétrer  davantage  dans  la 
connaissance  de  la  structure  physique  des  Romains, 
je  vois  que  mon  grand-père  avait  exactement  la 
taille,  la  tête,  le  nez  romains. 

Bien  plus,  mon  oncle  Romain  Gagnon  avait  une 
tête  évidemment  presque  Romaine,  au  teint  près*, 
qu'il  avait  fort  beau. 

Je  n'ai  jamais  vu  un  beau  chant  trouvé  par  un 
Français,  les  plus  beaux  ne  s'élevant  pas  au-dessus 
du  caractère  grossier  qui  convient  au  chant  popu- 
laire, c'est-à-dire  qui  doit  plaire  à  tous  ;  tel  est  : 

Allons,  enfants  de  la  pairie... 

lie     Rouget   de   Lisle,    capitaine,    chant    trouvé   en 
une  nuit,  à  Strasbourg. 

Ce  chant  me  semble  extrêmement  supérieur  à 
tout  ce  qu'a  jamais  fait  une  tête  française,  mais,  par 
son  ironre,  nécessairement  inférieur  à  : 

Là,  ci  darem  la  niano, 
I.à,  ml  (lirai  di  .si... 

de  Mozai  I  *. 

.I'a\  tjucrjii  que  je  ne  trouve  parfaitement  beaux 
(\ue  les  chants  de  ces  deux  seuls  auteurs  :  (limarosa 
et  Mozart,  et  l'on  me  pendrait  plutôt  que  de  me  faire 
(hre  a\<'c  sincérité  lequel  je  préfère  à  l'autre. 


VIF.   on   iiF.MU   nmi.Mii)  Idl 

QucTiul  mon  mauvais  sort  m'a  fail  ((iimaîtrc  deux 
salons  ciimiyeux,  c'est  tdiijoiirs  «rliii  irctù  je  sors 
qui  me  semble  le  plus  pesant. 

(^kiaïui  jt'  \  irns  d'entendre  Mozail  ou  (limarosa, 
c'est  toujours  le  deiiiier  entendu  (pu  me  semble 
peut-Otif  un  peu  })référable  à  Tau  lie. 

Paisiello  me  semble  de  la  picjuette  assez  agréable 
et  que  l'on  peut  même  rechercher  et  boire  avec 
plaisir,  dans  les  moments  où  l'on  trouve  le  vin 
trop  fort. 

J'en  dirai  autant  de  qvielques  airs  de  quelques 
compositeurs  inférieurs  à  Paisiello,  par  exemple  : 
Senza  spose  non  mi  lasciate,  signor  governatore  (je  ne 
me  souviens  pas  des  vers)  des  Cantatrici  Villane, 
de  Fioravanti. 

Le  mal  de  cette  piquette,  c'est  qu'au  bout  d'un 
moment  on  la  trouve  plote.  11  n'en  faut  boire  qu'un 


verre  *. 


Presque  tous  les  auteurs  sont  vendus  à  la  [reli- 
gion] quand  ils  écrivent  sur  les  races  d'hommes.  Le 
très  petit  nombre  des  gens  de  bonne  foi  confond  les 
faits  prouvés  avec  les  suppositions.  C'est  (juand  une 
science  commence  cpi  nu  homme  (pii  n'en  est  pas, 
comme  moi,  peut  hasarder  d'en  parler. 

Je  dis  donc  que  c'est  en  vain  i|u"(ui  demanderait 
à  un  chien  de  chasse  l'esprit  iliin  barbet,  ou  à  un 
barbet  de  faire  connaître  que  six  heures  auparavant 
un  lièvre  a  passé  par  ici. 

11  peut  y  avoir  des  exceptions  individuelles,  mais 
BnuLAno   II.  7. 


102  STENDHAL 

la  vérité  générale  c'est  que  le  barbet  et  le  chien  de 
chasse  ont  chacun  leur  talent. 

Il  est  probable  qu'il  en  est  de  même  des  races 
d'hommes. 

Ce  qui  est  certain,  observé  par  moi  et  par  Cons- 
tantin*, c'est  que  nous  avons  vu  toute  une  société 
romaine  (...*,  vu  en  1834,  je  crois)  qui  s'occupe 
exclusivement  de  musique  et  qui  chante  fort  bien 
les  finales  de  la  Sémiramide  de  Rossini  et  la  musique 
la  plus  dilficile,  valser  toute  une  soirée  sur  de  la 
musique  de  contredanse,  à  la  vérité  mal  jouée  quant 
à  la  mesure.  Le  Romain,  et  même  l'Italien  en 
général,  a  le  métalent  le  plus  marqué  pour  la 
danse. 

J'ai  mis  la  charrue  devant  les  bœufs,  exprès  pour 
ne  pas  révolter  les  Français  de  1880,  quand  j'oserai 
leur  faire  lire  que  rien  n'était  égal  au  métalent  de 
leurs  aïeux  de  1830  pour  juger  de  la  musique  chantée 
ou  l'exécuter. 

Les  Français  sont  devenus  savants  en  ce  genre 
depuis  1820,  mais  toujours  barbares  au  fond,  je 
n'en  veux  pour  preuve  que  le  succès  de  Robert  le 
Diable,  de  Meverbeer. 

Le  Français  est  moins  insensible  à  la  musique 
allemande,  Mozart  excepté. 

Ce  que  les  Français  goûtent  dans  Mozart,  ce  n'est 
pas  la  nouveauté  terrible  (hi  chant  par  lequel  Lepo- 
rello  invite  la  statue  du  commandeur  à  souper,  c'est 
plutôt  l'accompagnement.  D'ailleurs,  on  a  dit  à  cet 


vil:   dk   hkmu   iuîli.aho  lO.'J 

ètr*',  i'anitcu.r  avnnl  tdiil  tl  pai-dcssus  tout,  que  ce 
iluo  ou  trio  est  sublime. 

I  II  iMoroeau  tic  rocher  char<ié  do  fer,  (\\ir  l'dii 
aperçoit  à  la  surface  du  terrain,  f.ut  |)enser  qu'en 
«reusant  un  puits  et  des  galeries  profondes  on  par- 
viendra à  trouver  une  quantité  de  métal  satisfai- 
sante, peut-être  aussi  on  ne  trouvera  rien. 

Tel  j'étais  pour  la  musique  en  17ÎJ9.  Le  hasard  a 
fait  que  j'ai  cherché  à  noter  les  sons  de  mon  âme 
par  des  pages  im|»rimées.  La  paresse  et  le  man(jue 
d'occasion  d'apprendre  le  physique,  le  lȏte  de  la 
musique,  à  savoir  jouer  du  piano  et  noter  mes 
idées,  ont  beaucoup  de  part  à  cette  détermination 
qui  eût  été  tout  autre,  si  j'eusse  trouvé  un  oncle  ou 
une  maîtresse  aimant  la  musique.  Quant  à  la  pas- 
sion, elle  est  restée  entière. 

Je  ferais  dix  lieues  à  pied  par  la  crotte,  la  chose 
que  je  déteste  le  plus  au  monde,  pour  assistera  une 
représentation  de  Don  Juan  bien  joué.  Si  l'on 
prononce  un  mot  italien  de  Don  Juan,  sur-le-champ 
le  souvenir  tendre  de  la  nuisique  me  revient  et  s'em- 
pare de  moi. 

Je  n'ai  rpi'une  objection,  mais  peu  intelligible  : 
la  musi(jue  nie  plaît-elle  comme  signe,  comme  sou- 
venir du  bonheur  de  la  jeunesse,  ou  par  elle-même? 

Je  suis  pour  ce  dernier  avis.  Don  Juan  me  char- 
mait avant  d'entendre  Bonoldi  s'écrier  (à  la  Scala, 
à  Milan)  par  sa  petite  fenêtre  : 


104  STENDHAL 


Falle  passât  avanti, 
Di  elle  ci  fan  onore  ? 


Mais  ce  sujet  est  délicat,  j'y  reviendrai  quand  je 
m'ensouiïrerai  dans  les  discussions  sur  les  arts 
pendant  mon  séjour  à  Milan,  si  passionné  et,  je  puis 
dire,  au  total,  la  fleur  de  ma  vie  de  1814  à  1821. 

L'air  :  «  Tra  quattro  mûri  »,  chanté  par  M^^^  Festa, 
me  plaît-il  comme  signe,  ou  par  son  mérite  intrin- 
sèque ? 

«  Per  te  ogni  mese  un  pajo  »,  des  Pretendenti  delusi, 
ne  me  ravit-il  pas  comme  signe  ? 

Oui,  j'avoue  le  signe  pour  ces  deux  derniers,  aussi 
ne  les  vanté-je  jamais  comme  des  chefs-d'œuvre. 
Mais  je  ne  crois  pas  du  tout  au  signe  pour  le  Matri- 
monio  segreto,  entendu  soixante  ou  cent  fois  à 
rOdéon  par  M"^^  Barilli  ;  était-ce  en  1803  ou 
1810*? 

Certainement,  aucun  opéra  d'inchiostro,  aucun 
ouvrage  de  littérature,  ne  me  fait  un  plaisir  aussi  vif 
que  Don  Juan. 

La  feuille  quatorzième  de  la  nouvelle  édition  de 
de  Brosses,  lue  dernièrement,  en  janvier  1836,  en  a 
toutefois  beaucoup  approché. 

Une  grande  preuve  de  mon  amour  pour  la  musi- 
que, c'est  que  l'opéra-comique  de  Feydeau  mai- 
grit. 

Maître  (If  l:i  loge  de  ma  cousine  de  Longuevillc*, 
je  n'ai  pu  y  subir  qu'uar  demi-représentation.  Je 


\ii:   Di:   m: MU   niit  x.Ann  105 

vais  à  cf  tliéàlre  tous  les  deux  ou  (rois  ans,  vaincu 
par  la  curiosité,  et  j'en  sors  au  second  acte,  conmu; 
le  \  iconile.  (Le  Vicomte,  indigné,  sortait  au  second 
acte,  aigri  [lour  toute  la  soirée.) 

L'opéra  français  m'a  aigri  encore  plus  puissam- 
ment jusqu'en  1830,  et  m'a  encore  complètement 
déplu  en  1833,  avec  Moncrif  et  M"^*^  Damorcau. 

Je  me  suis  étendu,  puisqu'on  est  toujours  mauvais 
juge  des  passions  ou  goûts  qu'on  a,  surtout  quand 
ces  goûts  sont  de  bonne  compagnie.  Il  n'est  pas  de 
jeune  homme  affecté  du  faubourg  Saint-Germain, 
comme  M.  de  Blancmesnil,  par  exemple,  qui  ne  se 
dise  fou  de  la  musique.  Moi,  j'abhorre  tout  ce  qui 
est  romance  française.  Le  Panseron*  me  met  en 
fureur,  il  me  fait  haïr  ce  que  j'aime  à  la  passion. 

La  bonne  musique  me  fait  rêver  av-ec  délices  à  ce 
qui  occupe  mon  cœur  dans  le  moment.  De  là,  les 
moments  délicieux  que  j'ai  trouvés  à  la  Scala,  de 
1814  à  1821. 


CHAPITRE  XXXIX* 


Ce  n'était  rien  que  de  loger  chez  M.  Daru.  il 
fallait  y  dîner,  ce  qui  m'ennuyait  mortellement. 

La  cuisine  de  Paris  me  déplaisait  presque  autant 
que  son  manque  de  montagnes,  et  apparemment 
par  la  même  raison.  Je  ne  savais  ce  que  c'était  que 
manquer  d'argent.  Pour  ces  deux  raisons,  rien  ne 
me  déplaisait  comme  ces  dîners  dans  l'appartement 
exigu  de  M.  Daru, 

Comme  je  l'ai  dil,  il  était  situé  sur  la  porte  co- 
chère*. 

C'est  dans  ce  salon  et  cette  salle-à-mangcr  que 
j'ai  cruellement  souiïert,  en  recevant  cette  éduca- 
tion des  autres  à  laquelle  mes  parents  m'avaient  si 
judicieusement  soustrait. 


108  STENDHAL 

Le  genre  poli,  cérémonieux,  accomplissant  scrupu- 
leusement toutes  les  convenances,  me  manquant 
encore  aujourd'hui,  me  glace  et  me  réduit  au  silence. 
Pour  peu  cjue  l'on  y  ajoute  la  nuance  religieuse  et 
la  déclaination  sur  les  grands  principes  de  la  morale, 
je  suis  mort. 

Que  l'on  juge  de  l'effet  de  ce  venin  en  janvier  1800, 
quand  il  était  appliqué  sur  des  organes  tout  neufs 
et  dont  l'extrême  attention  n'en  laissait  pas  perdre 
une  goutte. 

J'arrivais  dans  le  salon  à  cinq  heures  et  demie  ;  là, 
je  frémissais  en  songeant  à  la  nécessité  de  donner  la 
main  à  M^^^  Sophie  ou  à  M™^  Cambon,  ou  à 
M™^  Le  Brun,  ou  à  M"^^  Daru  elle-même,  pour  aller 
à  table. 

(M"*^  Cambon  succomba  peu  à  peu  à  une  maladie 
qui,  dès  lors,  la  rendait  bien  jaune.  M'"*^  Le  Brun 
est  marquise  en  1836  ;  il  en  est  de  même  de  M^^^  So- 
phie, devenue  M"^^  de  Baùre.  Nous  avons  perdu 
depuis  longues  années  M'"''  Daru  la  mère  et  M.  Daru 
le  père.  M'^®  Pulchérie  Le  Brun  est  M"^^  la  marquise 
de  Brossard  en  1836.  MM.  Pierre  et  Martial  Daru 
sont  morts,  le  premier  vers  1829,  le  second  deux  ou 
trois  ans  plus  tôt.  M"^®  Le  Brun  =  M"^*^  la  marquise 
de  Graves,  ancien  ministre  de  la  Guerre  *.) 

A  table,  placé  au  point  11*,  je  ne  mangeais  pas 
un  morceau  qui  me  [plût]  *.  La  cuisine  parisienne 
me  déplaisait  souverainement,  et  me  déplaît  encore 
après  tant  d'années.  Mais  ce  désagrément  n'était 


vu:     DE    HENRI    BRULARD  100 

rien  à  mon  ûge,  je  l'éprouvais  bien  quand  je  pouvais 
aller  chez  un  restaurateur. 

C'était  la  contrainte  morale  qui  me  tuait. 

Ce  n'était  pas  le  sentiment  de  l'injustice  et  de  la 
haine  contre  ma  tante  Séraphie,  comme  à  Gre- 
noble. 

Plût  à  Dieu  que  j'en  eusse  été  quitte  pour  ce  genre 
de  malheur  !  C'était  bien  pis  :  c'était  le  sentiment 
continu  des  choses  que  je  voulais  faire  et  auxquelles 
je  ne  pouvais  atteindre. 

Qu'on  juge  de  l'étendue  de  mon  malheur  !  Moi 
cjui  me  croyais  à  la  fois  un  Saint-Preux  et  un  Val- 
mont  (des  Liaisons  Dangereuses,  imitation  de 
Clarisse,  qui  est  devenu  le  bréviaire  des  provin- 
ciaux), moi  qui,  me  croyant  une  disposition  infinie 
à  aimer  et  à  être  aimé,  croyais  que  l'occasion  seule 
me  manquait,  je  me  trouvais  inférieur  et  gauche  eu 
tout  dans  une  société  que  je  jugeais  triste  et  maus- 
sade ;  qn'aurait-ce  été  dans  un  salon  aimable  ! 

C'était  donc  là  ce  Paris  que  j'avais  tant  désiré  î 

Je  ne  conçois  pas  aujourd'hui  comment  je  ne 
devins  pas  fou  du  10  novembre  1799  au  20  août 
[1800]  à  peu  près,  que  je  partis  pour  Genève. 

Je  ne  sais  pas  si,  outre  le  dîner,  je  n'étais  pas 
encore  obligé  d'assister  au  déjeuner. 

Mais  comment  faire  concevoir  ma  folie  ?  Je  me 
figurais  la  société  uniquement  et  absolument  par 
les   Mémoires  secrets  de   Duclos,   les   trois   ou   sept 


110  STENDHAL 

volumes  de  Saint-Simon  alors  publiés,  et  les  ro- 
mans. 

Je  n'avais  vu  le  monde,  et  encore  par  le  cou  d'une 
bouteille,  que  chez  madame  de  Montmort,  l'original 
de  la  madame  de  Merteuil  des  Liaisons  dangereuses. 
Elle  était  vieille  maintenant,  riche  et  boiteuse. 
Cela,  j'en  suis  sûr;  quant  au  moral,  elle  s'opposait 
à  ce  que  l'on  ne  me  donnât  qu'une  moitié  de  noix 
confite  ;  quand  j'allais  chez  elle  au  Chevaïlon*,  elle 
m'en  faisait  toujours  donner  une  tout  entière.  «  Cela 
fait  tant  de  peine  aux  enfants  !  »  disait-elle.  Voilà 
tout  ce  que  j'ai  vu  de  moral.  M"^^  de  Montmort 
avait  loué  ou  acheté  la  maison  des  Dragon,  jeunes 
gens  de  plaisir,  intimes  de  mon  oncle  R.  Gagnon,  et 
qui  s'étaient  à  peu  près  ruinés*. 

Le  détail  original  de  madame  de  Merteuil  est 
peut-être  déplacé  ici,  mais  j'ai  voulu  faire  voir  par 
l'anecdote  de  la  noix  confite  ce  que  je  connaissais 
du  monde. 

Ce  n'est  pas  tout,  il  y  a  bien  pis.  Je  m'imputais  à 
honte,  et  presque  à  crime,  le  silence  qui  régnait  trop 
souvent  à  la  cour  d'un  vieux  bourgeois  despote  et 
ennuyé  tel  qu'était  M.  Daru  le  père. 

C'était  là  mon  principal  chagrin.  Un  homme 
devait  être,  selon  moi,  amoureux  passionné  et,  en 
môme  temps,  portant  la  joie  et  le  mouvement  dans 
toutes  les  sociétés  où  il  se  trouvait. 

Et  encore  cette  joie  universelle,  cet  art  de  plaire  à 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  111 

tous,  ne  devaient  pas  être  fondés  sur  l'art  de  flatter 
les  goûts  et  les  faiblesses  de  tous,  je  ne  me  doutais 
pas  de  tout  ce  côté  de  l'art  de  plaire  qui  m'eût  pro- 
bablement révolté  ;  l'amabilité  que  je  voulais  était 
la  joie  pure  de  Shakespeare  dans  ses  comédies, 
l'amabilité  qui  règne  à  la  cour  du  duc  exilé  dans  la 
foret  des  Ardennes. 

Cette  amabilité  pure  et  aérienne  à  la  cour  d'un 
vieux  préfet  libertin,  et  ennuyé,  et  dévot,  je  crois  !!! 

L'absurde  ne  peut  pas  aller  plus  loin,  mais  mon 
malheur,  quoique  fondé  sur  Vabsurde,  n'en  était 
pas  moins  fort  réel. 

Ces  silences,  quand  j'étais  dans  le  salon  de 
M.  Daru,  me  désolaient. 

Qu'étais-je  dans  ce  salon  ?  Je  n'y  ouvrais  pas  la 
bouche,  à  ce  que  m'a  dit  depuis  M™^  Lebrun,  mar- 
quise de  Graves*.  M"^^  la  comtesse  d'Ornisse*  m'a 
dit  dernièrement  que  M"i^  Le  Brun  a  de  l'amitié  pour 
moi;  lui  demander  quelques  éclaircissements  sur  la 
figure  que  je  faisais  dans  le  salon  de  M.  Daru  à  cette 
première  apparition,  au  commencement  de  1800*. 

Je  mourais  de  Contrainte,  de  désappointement, 
de  mécontentement  de  moi-même.  Qui  m'eût  dit 
que  les  plus  grandes  joies  de  ma  vie  devaient  me 
tomber  dessus  cinq  mois  après  ! 

Tomber  est  le  mot  propre,  cela  me  tomba  du  ciel, 
mais  toutefois  cela  venait  de  mon  âme,  elle  était 
aussi  ma  seule  ressource  pendant  les  quatre  ou  cinq 


112  STENDHAL 

mois  que  j'habitai  la  chambre  chez  M.  Daru  le 
père. 

Toutes  les  douleurs  du  salon  et  de  la  salle-à-manger 
disparaissaient  quand,  seul  dans  ma  chambre  sur 
les  jardins,  je  me  disais  :  «  Dois-je  me  faire  composi- 
teur de  musique,  ou  bien  faire  des  comédies,  comme 
Molière  ?  »  Je  sentais,  bien  vaguement  il  est  vrai, 
que  je  ne  connaissais  assez  ni  le  monde  ni  moi-même 
pour  me  décider*. 

J'étais  distrait  de  ces  hautes  pensées  par  un  autre 
problème  beaucoup  plus  terrestre  et  bien  autrement 
prenant.  M.  Daru,  cet  homme  exact,  ne  comprenait 
pas  pourquoi  je  n'entrais  pas  à  l'Ecole  polytech- 
nique ou,  si  cette  année  était  perdue,  pourquoi  je 
ne  continuais  pas  mes  études  pour  me  présenter 
aux  examens  de  la  saison  suivante,  septembre  1800. 

Ce  vieillard  sévère  me  faisait  entendre  avec  beau- 
coup de  politesse  et  de  mesure  qu'une  explication 
entre  nous  à  cet  égard  était  nécessaire.  C'étaient 
premièrement  cette  mesure  et  cette  politesse  si 
nouvelle  pour  moi,  qui  m'entendais  appeler  Monsieur 
par  ce  parent  pour  la  première  fois  de  ma  vie,  qui 
mettaient  aux  champs  ma  timidité  et  mon  imagina- 
tion folles*. 

J'explique  cela  maintenant.  Je  voyais  fort  bien 
la  question  au  fond,  mais  ces  préparations  polies 
et  insolites  me  faisaient  soupçonner  des  abîmes 
inconnus  et  eiïroyables  dont  je  ne  pourrais  me  tirer. 
Je  me  sentais  terrifié  par  les  façons  diplomatiques 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  11 


o 


de  l'habilo  ox-préfet,  auxquelles  j'étais  bien  loin 
alors  de  pouvoir  donner  leurs  noms  propres.  Tout 
cela  me  rendait  incapable  de  soutenir  mon  opinion 
de  vive  voix. 

L'absence  complète  de  collège  faisait  de  moi  un 
enfant  cb'  dix  ans  pour  mes  rapports  avec  le 
monde.  Le  seul  aspect  d'un  personnage  si  imposant 
et  qui  faisait  trembler  tout  le  monde  chez  lui,  à 
commencer  par  sa  femme  et  son  fils  aîné,  me  par- 
lant tête-à-tt'te  et  la  porte  fermée,  me  mettait  dans 
l'impossibilité  de  dire  deux  mots  de  suite.  Je  vois 
aujourd'hui  que  cette  figure  de  M.  Daru  père,  avec 
un  œil  un  peu  de  travers,  était  exactement  pour  moi 

Lasciate  ogni  speranza,  çoi  cliintrate. 

Ne  pas  la  voir  était  le  plus  grand  bonheur  qu'elle 
pût  me  donner. 

Le  trouble  extrême  chez  moi  détruit  la  mémoire. 
Peut-être  M.  Daru  le  père  m'avait-il  dit  quelque 
chose  comme  :  «  Mon  cher  cousin,  il  conviendrait 
de  prendre  un  parti  d'ici  à  huit  jours.  » 

Dans  l'excès  de  ma  timidité,  de  mon  angoisse  et 
de  mon  désarroi,  comme  on  dit  à  Grenoble,  et  comme 
je  disais  alors,  il  me  semble  ([ue  j'écrivis  d'avance 
la  conversation  que  je  voulais  avoir  avec  ^L  Daru. 

Je  ne  me  rappelle  qu'un  seul  détail  de  cette  ter- 
rible entrevue.  Je  dis,  en  termes  moins  clairs  : 

«  Mes  parents  me  laissent  à  peu  près  le  maître 
du  parti  à  prendre. 

Brulakd    h.  8 


114  STENDHAL 

—  Je  ne  m'en  aperçois  que  trop  »,  répondit 
M.  Daru,  avec  une  intonation  riche  de  sentiment  et 
qui  me  frappa  fort  chez  un  homme  si  plein  de  mesure 
et  d'habitudes  périphrasantes  et  diplomatiques. 

Ce  mot  me  frappa  ;  tout  le  reste  est  oublié. 

J'étais  fort  content  de  ma  chambre  sur  les  jar- 
dins, entre  les  rues  de  Lille  et  de  l'Université,  avec 
un  peu  de  vue  sur  la  rue  de  Bellechasse. 

La  maison  avait  appartenu  à  Condorcet,  dont  la 
jolie  veuve  vivait  alors  avec  M.  Fauriel  (aujourd'hui 
de  l'Institut,  un  vrai  savant,  aimant  la  science  pour 
elle-même,  chose  si  rare  dans  ce  corps). 

Condorcet,  pour  n'être  pas  harcelé  par  le  monde, 
avait  fait  faire  une  échelle  de  meunier,  en  bois,  au 
moyen  de  laquelle  il  grimpait  au  troisième  (j'étais 
au  second),  dans  une  chambre  au-dessus  de  la 
mienne.  Combien  cela  m'eût  frappé  trois  mois  plus 
tôt  !  Condorcet,  l'auteur  de  cette  Logique  des 
Progrès  futurs  cjue  j'avais  lue  avec  enthousiasme 
deux  ou  trois  fois  ! 

Hélas  !  mon  cœur  était  changé.  Dès  que  j'étais 
seul  et  tranquille,  et  débarrassé  de  ma  timidité,  ce 
sentiment  profond  revenait  : 

«  Paris,  n'est-ce  que  çà  ?  )^ 

Cela  voulait  dire  :  Ce  que  j'ai  tant  désiré  comme 
le  souverain  bien,  la  chose  à  laquelle  j'ai  sacrifié 
ma  vie  depuis  trois  ans,  m'ennuie.  Ce  n'était  pas  le 
sacrifice  de  trois  ans  qui  me  touchait  ;  malgré  la 
peur  d'entrer  à  l'Ecole  polytechnique  l'année   sui- 


VIE     DE    HENRI    BRULARD  115 

vante,  j'aimais  les  mathématiques,  la  question 
terrible  que  je  n'avais  pas  assez  d'esprit  pour  voir 
nettement  était  celle-ci  :  Où  est  donc  le  bonheur  sur 
la  terre  ?  Et  quelquefois  j'arrivais  jusqu'à  celle-ci  : 
Y  a-t-il  un  bonheur  sur  la  terre  ? 

N^ avoir  pas  de  montagnes  perdait  absolument 
Paris  à  mes  yeux. 

Ai^oir  dans  les  jardins  des  arbres  taillés  l'achevait. 

Toutefois,  ce  cjui  me  fait  plaisir  à  distinguer 
aujourd'hui  (en  1836),  je  n'étais  pas  injuste  pour  le 
beau  vert  de  ces  arbres. 

Je  sentais,  bien  plus  cjue  je  ne  me  le  disais  nette- 
ment :  leur  forine  est  pitoyable,  mais  cfuelle  verdure 
délicieuse  et  formant  masse,  avec  de  charmants 
labyrinthes  où  l'imagination  se  promène  !  Ce  der- 
nier détail  est  d'aujourd'hui.  Je  sentais  alors,  sans 
trop  distinguer  les  causes.  La  sagacité,  qui  n'a 
jamais  été  mon  fort,  me  manquait  tout-à-fait, 
j'étais  comme  un  cheval  ombrageux  qui  ne  voit  pas 
ce  qui  est,  mais  des  obstacles  ou  périls  imaginaires. 
Le  bon,  c'est  que  mon  cœur  se  montait,  et  je  mar- 
chais fièrement  aux  plus  grands  périls.  Je  suis  encore 
ainsi  aujourd'hui. 

Plus  je  me  promenais  dans  Paris,  plus  il  me  dé- 
plaisait. La  famille  Daru  avait  de  grandes  bontés 
pour  moi,  M'"^  Cambon  me  faisait  compliment  sur 
ma  redingote  à  l'artiste,  couleur  olive,  avec  revers 
en  velours. 

«  Elle  vous  va  fort  bien  »,  me  disait-elle. 


116  STENDHAL 

M™6  Camboii  voulut  bien  me  conduire  au  Musée 
avec  une  partie  de  la  famille  et  un  M.  Gorse  ou 
Gosse,  gros  garçon  commun,  qui  lui  faisait  un  peu 
la  cour.  Elle,  mourait  de  mélancolie  pour  avoir 
perdu,  un  an  auparavant,  une  fdle  unique  de 
seize  ans. 

On  quitta  le  Musée,  on  m'offrit  une  place  dans  le 
fiacre  ;  je  revins  à  pied  dans  la  boue  et,  amadoué 
par  la  bonté  de  M"^^  Cambon,  j'ai  la  riche  idée 
d'entrer  chez  elle.  Je  la  trouve  en  tête  à  tête  avec 
M.  Gorse. 

Je  sentis  cependant  toute  l'étendue  ou  une 
partie  de  l'étendue  de  ma  sottise. 

«  Mais  pourquoi  n'êtes-vous  pas  monté  en  voi- 
ture ?  »  me  disait  M'"<^  Cambon  étonnée. 

Je  disparus  au  bout  d'une  minute.  M.  Gorse  en 
dut  penser  de  belles  sur  mon  compte.  Je  devais  être 
un  singulier  problème  dans  la  famille  Daru  ;  la 
réponse  devait  varier  entre  :  C^est  un  fou,  et  :  C^est 
un  imbécile. 


CHAPITRE  XL* 


-Madame  Le  Brun,  aujourd'hui  marquise  de 
[Graves]*,  m'a  dil,  que  tous  les  habitants  de  ce  petit 
sahm  étaient  étonnés  de  mon  silence  complet. 

Je  me  taisais  par  instinct,  je  sentais  que  personne 
ne  me  comprendrait,  quelles  jîgures  pour  leur  parler 
ilo  ma  tendre  admiration  pour  Bradamante  !  Ce 
silence,  amené  par  le 'hasard,  était  de  la  meilleure 
politique,  c'était  le  seul  moyen  de  conserver  un  peu 
de  dignité  personnelle. 

Si  jamais  je  revois  cette  femme  d'espril,  il  faut 
que  je  la  presse  de  questions  pour  ffnVlIr  jne  dise 
ce  que  j'étais  alors.  En  vérité,  je  l'ignore.  Je  ne  puis 
(pie  noter  le  degré  de  bonheur  senti  par  cette 
machine.    Comme   j'ai   toujours   creusé   les   mêmes 

Bkliaud    II.  o 


118  STENDHAL 

idées  depuis,  comment  savoir  où  j'en  étais  alors  ? 
Le  puits  avait  dix  pieds  de  profondeur,  chaque 
année  j'ai  ajouté  cinq  pieds  ;  maintenant,  à  cent 
quatre-vingt-dix  pieds,  comment  avoir  l'image  de 
ce  qu'il  était  en  février  1800,  quand  il  n'avait  que 
dix  pieds  ? 

On  admirait  mon  cousin  Marc  (mon  chef  de  bu- 
reau au  Commerce),  l'être  prosaïque  par  excellence, 
parce  que,  rentrant  le  soir,  vers  dix  heures,  chez 
M.  Daru,  rue  de  Lille,  n^  505,  il  remontait  à  pied 
pour  aller  manger  certains  petits  pâtés  au  carre- 
four Gaillon. 

Cette  simplicité,  cette  naïveté  de  gourmandise, 
qui  me  feraient  rire  aujourd'hui  dans  un  enfant  de 
seize  ans,  me  comblaient  d'étonnement  en  1800. 
Je  ne  sais  pas  même  si,  un  soir,  je  ne  ressortis  pas, 
par  cette  abominable  humidité  de  Paris,  que  j'exé- 
crais, pour  aller  manger  de  ces  petits  pâtés.  Cette 
démarche  était  un  peu  pour  le  plaisir  et  beaucoup 
pour  la  gloire.  Le  plaisir  fut  pire  cpie  le  mal,  et  la 
gloire  aussi,  apparemment  ;  si  l'on  s'en  occupa,  on 
dut  y  voir  une  plate  imitation.  J'étais  bien  loin  de 
dire  naïvement  ce  pourquoi  de  ma  démarche, 
j'eusse  été  à  mon  tour  original  et  naïf,  et  peut-être 
mon  équipée  de  dix  heures  du  soir  eût  donné  un 
sourire  à  cette  famille  ennuyée. 

Il  faut  que  la  maladie,  qui  fit  grimper  le  docteur 
Portai  dans  mon  troisième  étage  du  passage  Sainte- 
Marie,  eût  été  sérieuse,  car  je  perdis  tous  mes  che- 


vu:   Di:   iiiNia   lusi  i.aisd  liO 

veux.  Je  ne  manquai  pas  d'acheter  iiik-  perruque 
et  mou  ami  l^duioud  Cardon*  ne  manqua  pas  de  la 
jeter  sur  la  corniche  d'une  [)ortc,  nu  soir,  tians  le 
salon  do  sa  mère. 


Cardon  était  très  mince,  très  grand,  très  bien 
élevé,  fort  riche,  dun  ton  parfait,  une  admirable 
poupée,  fds  de  M™^  Cardon,  femme  de  chambre  de 
la  reine  Marie-Antoinette. 

Quel  contraste  entre  Cardon  et  moi  !  et  pourtant 
nous  nous  liâmes.  Nous  avons  été  amis  du  temps  de 
la  bataille  de  Marenoo,  il  était  alors  aide-dc-camp 
du  ministre  de  la  guerre  Carnot  ;  nous  nous  sommes 
écrit  jusqu'en  1804  ou  1805.  En  1815,  cet  être 
élégant,  noble,  charmant,  se  brûla  la  cervelle  en 
voyant  arrêter  le  maréchal  Xey,  son  parent  par 
alliance.  Il  n'était  compromis  en  rien,  ce  fut  exacte- 
ment folie  éphémère,  causée  par  l'extrême  vanité 
de  courtisan  de  s'être  vu  un  maréchal  et  un  prince 
pour  cousin.  Depuis  1803  ou  1804,  il  se  faisait 
appeler  Cardon  de  ^îontigny,  il  me  présenta  à  sa 
femme,  élégante  et  riche,  bégayant  un  peu,  qui  me 
sembla  avoir  peur  de  l'énergie  féroce  de  ce  monta- 
gnard allobroore.  Le  fils  de  cet  être  bon  et  aimable 
s'appelle  M.  de  Montigny  et  est  conseiller  ou  atidi- 
teur  à  la  cour  royale  de  Paris. 

Ah  !  qu'un  bon  conseil  m'eût  fait  de  bien  alors  ! 
Oue  ce  même  conseil  m'eût  fait    de   bien  en  1821  ! 


120  STENDHAL 

Mais  du  diable,  jamais  personne  ne  me  l'a  donné. 
Je  l'ai  vu  vers  1826,  mais  il  était  à  peu  près  trop 
tard,  et  d'ailleurs  il  contrariait  trop  mes  habitudes. 
J'ai  vu  clairement  depuis  que  c'est  le  sine  qua  non 
à  Paris,  mais  aussi  il  y  aurait  eu  moins  de  vérité  et 
d'originalité  dans  mes  pensées  littéraires. 

Quelle  différence  si  M.  Daru  ou  M'"^  Cambon 
m'avait  dit,  en  janvier  1800  : 

«  Mon  cher  cousin,  si  vous  voulez  avoir  quelque 
consistance  dans  la  société,  il  faut  que  ^■ingt  per- 
sonnes aient  intérêt  à  dire  du  bien  de  vous.  Par  con- 
séquent, choisissez  un  salon,  ne  manquez  pas  d'y 
aller  tous  les  mardis  (si  tel  est  le  jour),  faites-vous 
une  affaire  d'être  aimable,  ou  du  moins  très  poli, 
pour  chacune  des  personnes  qui  vont  dans  ce  salon. 
Vous  serez  quelque  chose  dans  le  monde,  vous  pour- 
rez espérer  de  plaire  à  une  femme  aimable  quand 
vous  serez  porté  par  deux  ou  trois  salons.  Au  bout 
de  dix  années  de  constance,  ces  salons,  si  vous  les 
choisissez  dans  notre  rang  de  la  société,  vous  porte- 
ront à  tout.  L'essentiel  est  la  constance  et  être  un 
des  fidèles  tous  les  mardis.  » 

Voilà  ce  qui  m'a  éternellement  manqué.  Voilà  le 
sens  de  l'exclamation  de  M.  Delécluze  (des  Débats, 
vers  1828)  :  «  Si  vous  aviez  \\n  peu  plus  d'édu- 
cation !  » 

Il  fallait  que  cet  honnête  homme  fut  bien  plein  de 
cette  vérité,  car  il  était  furieusement  jaloux  de 
(juelques   mots   qui,    à   ma   grande   surprise,    firent 


VIK     1)1.     HENRI    BIULARD  J2l 

l>eaucoTip  d'effet  ;  par  exemple,  chez  lui  :  «  Bossuet... 
c'est  de  la  blague  sérieuse.  » 

En  1800,  la  famille  Daru  traversait  la  rue  de  Lille 
et  montait  au  premier  étage  chez  M'"^  Cardon, 
ancienne  femme  de  chambre  de  Marie-Antoinette, 
laquelle  était  tout  aise  d'avoir  la  protection  de  deux 
commissaires  des  guerres  aussi  accrédités  que 
MM.  Daru,  commissaire  ordonnateur,  et  Martial 
Daru,  simple  commissaire.  J'explique  ainsi  la 
liaison  aujourd'hui  et  j'ai  tort,  faute  d'expérience 
je  ne  pouvais  juger  de  rien  en  1800.  Je  prie  donc  le 
lecteur  de  ne  pas  s'arrêter  à  ces  explications  qui 
m'échappent  en  183G  ;  c'est  du  roman  plus  ou  moins 
probable,  ce  n'est  plus  de  l'histoire. 

J'étais  donc,  ou  plutôt  il  me  semblait  être  très 
bien  reçu  dans  le  salon  de  M'"^  Cardon,  en  jan- 
vier 1800. 

On  y  jouait  des  charades  avec  déguisements,  on 
y  plaisantait  sans  cesse.  La  pauvre  M'"^  Cambon  n'y 
venait  pas  toujours  ;  cette  folie  offensait  sa  douleur, 
dont  elle  mourut  quelques  mois  après. 

M.  Daru  (depuis  ministre)  venait  de  publier  la 
Cléopédie,  je  crois,  un  petit  poème  dans  le  genre 
jésuitique,  c'est-à-dire  dans  le  genre  des  poèmes 
latins  faits  par  des  jésuites  vers  1700.  Cela  me  sem- 
bla plat  et  coulant  ;  il  y  a  bien  trente  ans  ({ue  je  ne 
l'ai  lu. 

M.  Daru  qui  au  fond  n'avait  pas  d'esprit  (mais  je 
devine  cela,  en  grand  secret,  seulement  en  écrivant 


122  STENDHAL 

ceci),  était  trop  fier  d'être  président  à  la  fois  de 
quatre  Sociétés  littéraires.  Ce  genre  de  niaiserie 
pullulait  en  1800,  et  n'était  pas  si  vide  que  cela 
nous  semble  aujourd'hui.  La  société  renaissait  après 
la  Terreur  de  93  et  la  demi-peur  des  années  sui- 
vantes. Ce  fut  M.  Daru  le  père  qui  m'apprit  avec 
une  douce  joie  cette  gloire  de  son  fils  aîné. 

Comine  il  revenait  d'une  de  ces  sociétés  litté- 
raires, Edmond,  déguisé  en  fille,  alla  le  raccrocher 
dans  la  rue  à  vingt  pas  de  la  maison.  Cela  n'était 
pas  mal  gai.  M"^^  Cardon  avait  encore  la  gaieté 
de  1788,  cela  scandaliserait  notre  pruderie  de  1836. 

M.  Daru,  en  arrivant,  se  vit  suivi  dans  l'escalier 
par  la  fille  qui  détachait  ses  jupons. 

«  J'ai  été  très  étonné,  nous  dit-il,  de  voir  notre 
quartier  infesté.  » 

Quelque  temps  après,  il  me  conduisit  à  une  des 
séances  d'une  des  Sociétés  qvi'il  présidait.  Celle-ci 
se  réunissait  dans  une  rue  qui  a  été  démolie  pour 
agrandir  la  place  du  Carrousel,  vers  la  partie  de  la 
nouvelle  galerie,  au  nord  du  Carrousel,  qui  avoisine 
Taxe  de  la  rue  Richelieu,  à  quarante  pas  plus  au 
couchant. 

Il  était  sept  heures  et  demie  du  soir,  les  salles 
étaient  peu  illuminées.  La  poésie  me  fit  horreur  : 
quelle  différence  avec  l'Arioste  et  Voltaire  !  Cela 
était  bourgeois  et  plat  (quelle  bonne  école  j'avais 
déjà  !),  mais  j'admirais  fort  et  a^■ec  envie  la  gorge 
de  M"^^'  Constance  Pipelet,  fini  lut  une  pièce  de  vers. 


vu:   Di:   iiF.NRi   nnuLARD  J23 

Je  le  lui  ai  dit  depuis  ;  elle  était  alors  femnic  criiii 
jjaiivre  diable  de  chiru^ien  herniaire,  et  je  lui  ai 
parlé  ehcz  M'»e  ]a  oonitosse  Beugnot,  quand  elle 
était  princesse  de  Sahu-Dyck,  je  crois.  Je  conterai 
son  mariage,  précédé  par  deux  mois  de  séjour  chez 
le  prince  de  Salni,  avec  son  amant,  pour  voir  si  le 
château  ne  lui  déplairait  point  trop,  et  le  prince 
nullement  trompé,  mais  sachant  tout  et  s'y  sou- 
mettant :  et  il  avait  raison. 

J'allai  au  Louvre  chez  7?enau/^,  l'auteur  de  l'Edu- 
cation d'Achille,  plat  tableau,  gravé  par  l'excellent 
Berwiek,  et  je  fus  élève  de  son  Académie.  Toutes  les 
étrennes  à  donner  pour  cartables,  droits  de  chaise, 
etc.,  m'étonnèrent  fort,  et  j'ignorais  parfaitement* 
tous  ces  usages  parisiens  et,  à  vrai  dire,  tous  les 
usages  possibles.  Je  dus  paraître  avare. 

Je  promenais  partout  mon  elTroyable  désappoin- 
tement. 

Trouver  plat  et  détestable  ce  Paris,  que  je  in  étais 
figuré  le  souverain  bien  !  Tout  m'en  déplaisait, 
jusqu'à  la  cuisine  qui  n'était  pas  celle  de  la  maison 
paternelle,  cette  maison  (pii  m'avait*  semblé  la 
réunion  de  tout  ce  qui  était  mal. 

Pour  m'achever,  la  peur  d'être  forcé  de  passer  un 
examen  pour  l'Ecole  me  faisait  haïr  mes  chères 
mathématiques. 

Il  me  semble  que  le  terrible  M.  Daru  le  père  me 
disait  :  «  Puisque,  d'après  les  certificats  dont  vous 


12'- 


4:  STENDHAL 


êtes  porteur,  vous  êtes  tellement  plus  fort  que  vos 
sept  camarades  qui  ont  été  reçus,  vous  pourriez, 
même  aujourd'hui,  si  vous  étiez  reçu,  les  rattraper 
facilement  dans  les  cours  qu'ils  suivent.  » 

M.  Daru  me  parlait  en  homme  accoutumé  à  a^■oil• 
du  crédit  et  obtenir  des  exceptions. 

Une  chose  dut,  heureusement  pour  moi,  ralentir 
les  instances  de  M.  Daru  pour  reprendre  l'étude  des 
mathématiques.  Mes  parents  m'annonçaient  sans 
doute  comme  un  prodige  en  tout  genre  ;  mon  excel- 
lent grand-père  m'adorait  et  d'ailleurs  j'étais  son 
ouvrage,  au  fond  je  n'avais  eu  de  maître  que  lui,  les 
mathématic[ues  excepté.  Il  faisait  avec  moi  mes 
thèmes  de  latin,  il  faisait  presque  seul  mes  vers  latins 
sur  une  mouche  qui  trouve  une  mort  noire  dans  du 
lait  blanc. 

Tel  était  l'esprit  du  Père  jésuite  auteur  du  poème 
dont  je  refaisais  les  vers.  Sans  les  auteurs  lus  en 
cachette,  j'étais  fait  pour  avoir  cet  esprit-là  et  pour 
admirer  la  Cléopédie*  du  comte  Daru  et  l'esprit  de 
l'Académie  française.  Aurait-ce  été*  un  mal  ? 
J'aurais  eu  des  succès  de  1815  à  1830,  de  la  réputa- 
tion, de  l'argent,  mais  mes  ouvrages  seraient  bien 
plus  plats  cl  bien  mieux  écrits  qu'ils  sont  *.  Je 
crois  que  l'afTectation,  qu'on  appelle  bien  écrire 
en  1825-183G,  sera  bien  ridicule  vers  1860,  dès  que 
la  France,  délivrée  des  révolutions  politicpies  tous 
les  quinze  ans,  aura  le  temps  de  penser  aux  jouis- 
sances de  l'esprit.  Le  gouvernement  fort  et  violent 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  12^ 

de  Napoléon  (dont  j'aimai  tant  la  personne)  n'a 
duré  que  (juinze  ans,  1800-1815.  Le  gouvernement 
à  faire  vomir  de  ces  Bourbons  ind)éciles  (voir  la 
chanson  de  Béranger)  a  duré  quinze  ans  aussi, 
de  1815  à  1830.  Combien  durera  un  troisième  ? 
Aura-t-il  plus... 

Mais  je  m'égare  ;  nos  neveux  devront  pardonner 
ces  écarts,  nous  tenons  la  plume  d'une  main  et  l'épéc 
de  l'autre  (en  écrivant  ceci  j'attends  la  nouvelle 
de  l'exécution  de  Fieschi  et  du  nouveau  ministère 
de  mars  1836,  et  je  viens,  pour  mon  métier,  de 
signer  trois  lettres,  adressées  à  des  ministres  dont 
je  ne  sais  pas  le  nom). 

Revenons  à  janvier  ou  février  1800.  Réellement, 
j'avais  l'expérience  d'un  enfant  de  neuf  ans  et 
probablement  un  orgueil  du  diable.  J'avais  été 
réellement  l'élève  le  plus  remarquable  de  l'Ecole 
centrale.  De  plus,  ce  qui  valait  bien  mieux,  j'avais 
des  idées  justes  sur  tout,  j'avais  énormément  lu, 
j'adorais  la  lecture  :  un  livre  nouveau,  à  moi  inconnu, 
me  consolait  de  tout. 

Mais  la  famille  Daru,  malgré  les  succès  de  l'au- 
teur de  la  traduction  d'Horace,  n'était  pas  du  tout 
littéraire,  c'était  une  famille  de  courtisans  de 
Louis  XIV  tels  que  les  dépeint  Saint-Simon.  On 
n'aimait  dans  M.  Daru  fils  aîné  que  le  fait  de  son 
succès,  toute  discussion  littéraire  eût  été  un  crime 
politique,  comme  tendant  à  mettre  en  doute  la 
gloire  de  la  maison. 


126  STENDHAL 

Un  des  malheurs  de  mon  caractère  est  d'oublier 
le  succès  et  de  me  rappeler  profondément  mes 
sottises.  J'écrivis  vers  février  1800  à  ma  famille  : 

«  M°^^  Cambon  exerce  l'empire  de  l'esprit,  et 
]\lme  Rebufft?l  celui  des  sens.  >) 

Quinze  jours  après,  j'eus  une  honte  profonde  de 
mon  stvle  et  de  la  chose. 


C'était  une  fausseté,  c'était  bien  pis  encore,  c'était 
une  insrratitude.  S'il  v  avait  un  lieu  où  ie  fusse  moins 
gêné  et  plus  naturel,  c'était  le  salon  de  cette  excel- 
lente et  jolie  M'"^  Rebuflel.  (pii  habitait  le  premier 
étage  de  la  maison,  qui  me  donnait  une  chambre  au 
second  ;  ma  chambre  était,  ce  me  semble,  au-dessus 
du  salon  de  M"^^  RebulTel.  Mon  oncle  Gagnon 
m'avait  raconté  comme  quoi  il  l'avait  émue  à  Lyon 
en  admirant  son  jf)li  j>ied  et  l'engageant  à  le  placer 
sur  une  malle  pour  le  mieux  voir.  Lne  fois,  sans 
M.  Bartelon,  M.  Hebufl'el  eût  surpris  mon  oncle  dans 
une  position  peu  équivoque. 

lyime  Rebuiïel,  ma  cousine,  avait  une  fdle,  Adèle, 
({ui  annonçait  beaucoup  d'esprit  ;  il  me  semble 
qu'elle  n'a  j)as  tenu  parole.  Après  nous  être  un  peu 
aimés  (amours  d'enfants),  la  haine  et  |»iiis  runliUé- 
rence  ont  remplacé  les  enfantillages,  et  je  l'ai  entière- 
ment perdue  de  vue  depuis  1804.  Le  journal  de  1835 
m'a  appris  que  son  sot  mari,  M.  le  baron  Auguste 
Pctiet*,  le  même  qui  m'a  donné  un  coup  de  sabre 


\Ii:     Di:    JIE.MU    BRULARD  127 

au  pk'd  <j:auchc,  venait  de  la  laisser  veuve  avec  n?i 
fils  à  l'Ecole  polytechnique. 

Etait-ce  en  1800  que  Al^e  Kehuircl  avait  pour 
amant  M.  Cliieze,  gentilhomme  assez  empesé  Je 
Valence,  en  Dauphiné,  ami  de  ma  famille  à  Gre- 
noble, ou  ne  fut-ce  qu'en  1803  ?  Etait-ce  en  1800 
ou  1803  ([ue  l'excellent  Rebulîel,  homme  de  cœur 
et  d'esprit,  homme  à  jamais  respectable  à  mes 
yeux,  me  donnait  à  dîner  dans  la  rue  Saint-Denis, 
au  roulage  qu'il  tenait  avec  une  demoiselle  Bar- 
beren,  son  associée  et  sa  maîtresse  ? 

Quelle  différence  pour  moi  si  mon  grand-père 
Gagnon  avait  eu  l'idée  de  me  recommander  à 
M.  Rebuffel  au  lieu  de  M.  Daru  !  M.  Rebuffel  était 
neveu  de  M.  Daru,  quoique  moins  âgé  seulement  de 
sept  à  huit  ans,  et,  à  cause  de  sa  dignité  politique 
ou  plutôt  administrative,  secrétaire  général  de 
tout  le  Languedoc  (sept  départements),  M.  Daru 
prétendait  tyranniser  M.  Rebuffel,  lequel,  dans  les 
dialogues  qu'il  me  racontait,  alhait  divinement  le 
respect  à  la  fermeté.  Je  me  souviens  que  je  com- 
parais le  ton  qu'il  prenait  à  celui  de  J.-J.  Rousseau 
dans  sa  Lettre  à  Christophe  de  Beaumonl,  archevêque 
de  Paris. 

-M.  Rebuffel  eût  tout  fait  de  moi,  j'aurais  été  plus 
sage  si  le  hasard  m'avait  mis  sous  sa  direction.  Mais 
mon  destin  était  de  tout  conquérir  à  la  pointe  de 
l'épée.  Quel  océan  de  sensations  violentes  j'ai  eues 
en  ma  vie,  et  surtout  à  cette  époque  ! 


128  STENDHAL 

J'en  eus  beaucoup  au  sujet  du  petit  événement 
que  je  vais  conter,  mais  dans  quel  sens  ?  Que  dési- 
rais-je  avec  passion  ?  Je  ne  m'en  souviens  plus. 

M.  Daru  fds  aîné  (je  l'appellerai  le  comte  Daru, 
malgré  l'anachronisme  :  il  ne  fut  comte  que  vers 
1809,  je  crois,  mais  j'ai  l'habitude  de  l'appeler  ainsi), 
le  comte  Daru  donc,  si  l'on  veut  me  permettre  de 
l'appeler  ainsi,  était  en  1809  secrétaire  général  du 
ministère  de  la  Guerre.  Il  se  tuait  de  travail,  mais  il 
faut  avouer  cju'il  en  parlait  sans  cesse  et  avait  tou- 
jours de  l'humeur  en  venant  dîner.  Quelquefois,  il 
faisait  attendre  son  père  et  toute  la  famille  une  heure 
ou  deux.  Il  arrivait  enfin  avec  la  physionomie  d'un 
bœuf,  excédé  de  peine  et  des  yeux  rouges.  Souvent 
il  retournait  le  soir  à  son  bureau  ;  dans  le  fait,  tout 
était  à  réorganiser  et  l'on  préparait  en  secret  la 
campagne  de  Marengo. 

Je  vais  naître,  comme  dit  Tristram  Shandy  ;  et 
le  lecteur  va  sortir  des  enfantillages. 

In  beau  jour,  M.  Daru  le  père  me  prit  à  part  et 
me  fit  frémir  ;  il  me  dit  :  «  Mon  fils  vous  conduira 
travailler  avec  lui  au  bureau  de  la  Guerre.  »  Pro- 
bablement, au  lieu  de  remercier,  je  restai  dans  le 
silence  farouche  de  l'extrême  timidité. 

Le  lendemain  matin,  je  marchais  à  côté  du  comte 
Daru,  que  j'admirais  mais  qui  me  faisait  frémir,  et 
jamais  je  n'ai  pu  m'accoutumer  à  lui,  ni,  ce  me 
semble,  lui  à  moi.  Je  me  vois  marchant  le  long  de 
la   rue  II  Hier  in- Berlin*,  fort  étroite  alors.  Mais  où 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  12D 

était   ce   ministère   de   la    Guerre,    où    nous  allions 
ensemble  *  ? 

Je  ne  vois  que  nia  place,  à  ma  table,  en  II  ou 
en  H'  ;  à  celui  de  ces  deux  bureaux  que  je  n'occupais 
pas  était  M.  Mazoyer,  auteur  de  la  tragédie  de 
Thésée,  pâle  imitation  de  Racine. 


BnuLARD    II. 


CHAPITRE  XLI* 


Au  bout  du  jardin  étaient  de  malheureux  til- 
leuls taillés  de  près,  derrière  lesquels  nous  allions 
pisser.  Ce  furent  les  premiers  amis  que  j'eus  à  Paris, 
Leur  sort  me  fit  pitié  :  être  ainsi  taillés!  Je  les  com- 
parais aux  beaux  tilleuls  de  Claix,  qui  avaient  le 
bonheur  de  vivre  au  milieu  des  montagnes. 

Mais  aurais-je  voulu  retourner  dans  ces  mon- 
tagnes ? 

Oui,  ce  me  semble,  si  j'avais  dû  n'y  pas  retrouver 
TTion  père,  et  y  vivre  avec  mon  grand-père,  à  la 
bonne  heure,  mais  libre. 

Voilà  à  quel  point  mon  extrême  passion  pour 
Paris  était  tombée.  Et  il  m'arrivait  de  dire  que  le 
véritable  Paris  était  invisible  à  mes  veux. 


132 


STENDHAL 


Les  tilleuls  du  ministère  de  la  guerre  rougirent 
par  le  haut.  M.  Mazoyer.  sans  doute,  me  rappela 
le  vers  de  A  irgile  : 

JS'iinc  enisbescil  i>er. 

Ce  n'est  pas  cela,  mais  je  me  le  rappelle  en  écri- 
vant pour  la  première  fois  depuis  trente-six  ans  ; 
Virgile  me  faisait  horreur  au  fond,  comme  protégé 
par  les  prêtres  *  qui  venaient  dire  la  messe  et  me 
parler  de  latin  chez  mes  parents.  Jamais,  malgré 
tous  les  efforts  de  ma  raison,  Virgile  ne  s'est  relevé 
pour  moi  des  effets  de  cette  mauvaise  compagnie. 

Les  tilleuls  prirent  des  bourgeons.  Enfin  ils 
eurent  des  feuilles,  je  fus  profondément  attendri  ; 
j'avais  donc  des  amis  à  Paris  ! 

Chaque  fois  que  j'allais  pisser  derrière  ces  til- 
leuls, au  bout  du  jardin,  mon  âme  était  rafraîchie 
par  la  vue  de  ces  amis.  Je  les  aime  encore  après 
trente-six  ans  de  séparation. 

Mais  ces  bons  amis  existent-ils  ?  On  a  tant  bal  i 
dans  ce  quartier  !  Peut-être  le  ministère  où  je  pris 
la  plume  oflicielle  pour  la  première  fois  est-il  encore 
le  ministère  rue  de  l'Université,  vis-à-vis  la  place 
dont  j'ignore  le  nom  ? 

Là,  M.  Daru  m'établit  à  un  bureau  et  me  ait  de 
copier  une  lettre.  Je  ne  dirai  rien  de  mon  écriture 
en  pieds  de  mouche,  bien  pire  que  la  présente  ; 
mais  il  découvrit  que  j'écrivais  cela  par  deux  1  : 
ceîla. 


VIE    DE    HENRI    BRU  LARD  133 

C'était  donc  là  oe  littérateur,  co  l)rillaiit  humaiiisfc 
(|iii  discutait  le  mérite  de  Racine  cl  (|ui  avait  rem- 
porté tous  les  prix  à  Grenoble  !  ! 

J'admire  aujourd'hui,  mais  aujourd'hui  seule- 
ment, la  bonté  de  toute  cette  famille  Daru.  Que  faire 
d'un  animal  si  oro-ucilleux  et  si  ignorant  ? 

Et  le  fait  est  pourtant  que  j'attaquais  très  bien 
Racine  dans  mes  conversations  avec  M.  Mazover. 
Nous  étions  là  quatre  commis,  et  les  deux  autres, 
ce  me  semble,  m'écoutaient,  quand  j'escarmouchais 
avec  M.  Mazover. 

J'avais  une  théorie  intérieure  que  je  voulais 
rédiger  sous  le  titre  de  :  Filosofia  mwa,  titre  moitié 
italien,  moitié  latin.  J'avais  une  admiration  vraie, 
sentie,  passionnée  pour  Shakespeare,  tpie  pourtant 
je  n'avais  vu  (ju'à  travers  les  phrases  lourdes  et 
emphatiques  de  M.  Letourneur  et  de  ses  associés. 

L'Arioste  avait  aussi  beaucoup  de  pouvoir  sur 
mon  cœur  (mais  l'Arioste  de  M.  de  Tressan,  père  de 
l'aimable  capitaine  jouant  de  la  clarinette,  qui  avait 
contribué  à  me  faire  apprendre  à  lire,  extrême  plat 
ultra  et  maréchal  de  camp  vers  1820). 

Je  crois  voir  que  ce  qui  me  défendait  du  mauvais 
goût  d'admirer  la  Cléopédie*  du  comte  Daru  et 
bientôt  après  l'abbé  Delille,  c'était  cette  doctrine 
intérieure  fondée  sur  le  vrai  plaisir,  plaisir  profond, 
réfléchi,  allant  jusqu'au  bonJieur,  cpu^  m'avaient 
donné  Cervantes,  Shakespeare,  Corneille,  Arioste, 
et  une  haine  pour  le  puérile  de  Voltaire  et  de  son 
Brulahd    II.  9. 


134  STENDHAL 

école.  Là-dessus,  quand  j'osais  parler,  j'étais  tran- 
chant jusqu'au  fanatisme,  car  je  ne  faisais  aucun 
doute*  que  tous  les  hommes  bien  portants  et  non 
gâtés  par  une  mauvaise  éducation  littéraire  ne  pen- 
sassent comme  moi.  L'expérience  m'a  appris  que  la 
majorité  laisse  diriger  la  sensibilité  aux  arts,  qu'elle 
peut  avoir  naturellement,  par  l'auteur  à  la  mode  ; 
c'était  Voltaire  en  1788,  Walter  Scott  en  1828.  Et 
qui  est-ce  aujourd'hui  1836  ?  Heureusement,  per- 
sonne. 

Cet  amour  pour  Shakespeare,  l'Arioste,  et  la 
Nouvelle-Héloïse  au  second  rang,  qui  étaient  les 
maîtres  de  mon  cœur  littéraire  à  mon  arrivée  à 
Paris  à  la  fin  de  1799,  me  préserva  du  mauvais  goût 
(Delille,  moins  la  gentillesse)  qui  régnait  dans  les 
salons  Daru  et  Cardon,  et  qui  était  d'autant  plus 
dangereux  pour  moi,  d'autant  plus  contagieux,  que 
le  comte  Daru  était  un  auteur  produisant  actuelle- 
ment et  que  sous  d'autres  rapports  tout  le  monde 
admirait  et  que  j'admirais  moi-même.  Il  venail 
d'être  ordonnateur  en  chef,  je  crois,  de  cette  armée 
d'iielvétie  qui  venait  de  sauver  la  France  à  Zurich 
sous  Masséna.  M.  Daru  le  père  nous  répétait  sans 
cesse  que  le  général  Masséna  disait  à  tout  le  monde, 
en  parlant  de  M.  Daru  :  «  Voilà  un  homme  que  je 
puis  présenter  à  mes  amis  et  à  mes  ennemis.  » 

Pourtant  Masséna,  de  moi  bien  connu,  était 
voleur  comme  une  pie,  ce  qui  veut  dire  par  instinct, 
on  parle  encore  de  lui  à  Rome  (ostensoir  de  la  famille 


VIE    DE    HENRI    RHILAUd  135 

Doria,  à  Sainte- Agnès,  place   Navone,  je  crois),  et 
M.  Dam  n'a  jamais  volé  un  oonlinio. 

Mais,  grand  Dieu,  quel  bavardage!  Je  ne  puis 
arriver  à  parler  de  l'Arioste,  dont  les  personnacres 
palefreniers  et  portefaix  par  la  force,  m'ennuient 
tellement  aujourd'hui.  De  1796  à  1804,  l'Arioste 
ne  me  faisait  pas  sa  sensation  propre.  Je  prenais 
tout-à-fait  au  sérieux  les  passages  tendres  et  roma- 
nesques. Ils  frayèrent,  à  mon  insu,  le  seul  chemin 
par  lequel  l'émotion  puisse  arriver  à  mon  âme.  Je 
ne  puis  être  touché  jusqu'à  l'attendrissement  . 
qu'après  un  passage  comique. 

De  là  mon  amour  presque  exclusif  pour  Vopera 
buffa,  de  là  l'abîme  qui  sépare  mon  âme  de  celle  de 
M.  le  baron  Poitou  (voir  à  la  fin  du  volume  la  pré- 
face de  de  Brosses  qui  a  fâché  Colomb)  et  de  tout  le 
vulgaire  de  1830,  qui  ne  voit  le  courage  que  sous  la 
moustache. 

Là  seulement,  dans  Vopera  buffa,  je  puis  être 
attendri  jusqu'aux  larmes.  La  prétention  de  tou- 
cher qu'a  Vopera  séria  à  l'instant  fait  cesser  pour 
moi  la  possibilité  de  l'être.  Même  dans  la  vie  réelle, 
un  pauvre  qui  demande  l'aumône  avec  des  cris 
piteux,  bien  loin  de  me  faire  pitié,  me  fait  songer, 
avec  toute  la  sévérité  philosophique  possible,  à 
l'utilité  d'une  maison  pénitentiaire. 

Un  pauvre  qui  ne  m'adresse  pas  la  parole,  qui  ne 
pousse  pas  des  cris  lamentables  et  tragiques,  comme 
c'est  l'usage  à  Rome,  et  mange  une  pomme  en  se 


136  STENDHAL 

traînant  à  terre,  comme  le  cul-de-jatte  d'il  y  a  huit 
jours,  me  touche  presque  jusqu'aux  larmes  à  l'instant. 

De  là  mon  complet  éloignement  pour  la  tragédie, 
mon  éloignement  jusqu'à  Vironie  pour  la  tragédie 
en  vers. 

Il  y  a  une  exception  pour  cet  homme  simple  et 
grand,  Pierre  Corneille,  suivant  moi  immensément 
supérieur  à  Racine,  ce  courtisan  rempli  d'adresse 
et  de  bien-dire.  Les  règles  d'Aristote,  ou  prétendues 
telles,  étaient  un  obstacle  ainsi  que  les  vers  pour  ce 
poète  original.  Racine  n'est  original,  aux  yeux  des 
Allemands,  Anglais,  etc.,  que  parce  qu'ils  n'ont  pas 
eu  encore  une  cour  spirituelle,  comme  celle  de 
Louis  XIV,  obligeant  tous  les  gens  riches  et  nobles 
d'un  pays  à  passer  tous  les  jours  huit  heures  ensem- 
ble dans  les  salons  de  Versailles. 

La  suite  des  temps  portera  les  Anglais,  Alle- 
mands, Américains  et  autres  gens  à  argent  ou 
revenu  antilogique,  à  comprendre  l'adresse  courti- 
sane de  Racine,  même  l'ingénue  la  plus  innocente, 
Junie  ou  Aricie,  et  confite  en  adresse  d'honnête 
catin  ;  Racine  n'a  jamais  pu  faire  une  M^'^  de  La 
Vallière,  mais  toujours  une  fille  extrêmement  adroite 
et  peut-être  physiquement  vertueuse,  mais  certes 
pas  moralement.  Vers  1900,  peut-être  que  les  Alle- 
mands, Américains,  Anglais,  arriveront  à  compren- 
dre tout  l'esprit  courtisanesquc  de  Racine.  Un  siècle 
peut-être  après,  ils  arriveront  à  sentir  qu'il  n'a 
jamais  pu  faire  une  La  Vallière. 


vu:     DE    HEMU     nUULARD  137 

Mais  rnrrmiont  ces  gens  faibles  pourront-ils 
apercevoir  une  étoile  tellement  rapprochée  du 
soleil  ?  Latlniiration  de  ces  rustres  polis  et  avares 
pour  la  civilisation  qui  donnait  un  vernis  charmant 
même  au  maréchal  de  Boutllers  (mort  vers  1712*), 
qui  était  un  sot,  les  empêchera  de  sentir  le  manque 
total  de  simplicité  et  de  naturel  chez  Racine,  et  à 
comprendre  ce  vers  de  Camille  : 

Tout  ce  ([ue  je  voyais  me  semblait  Curiace. 

Que  j'écrive  cela  à  cinquante-trois  ans  *,  rien  de  plus 
simple,  mais  que  je  le  sentisse  en  1800,  que  j'eusse 
une  sorte  d'horreur  pour  \  oltaire  et  l'aftectation 
gracieuse  d'Alzire,  avec  mon  mépris  si  voisin  de  la 
haine  pour  lui  et  à  si  bon  droit,  voilà  ce  qui  m'étonne, 
moi,  élève  de  M.  Gagnon,  qui  s'estimait  pour  avoir 
été  trois  jours  l'hôte  de  Voltaire  à  Ferney,  moi 
élevé  au  pied  du  petit  buste  de  ce  grand  homme, 
monté  sur  nu  pied  d'ébène. 

Est-ce  moi  ou  le  grand  homme  qui  suis  sur  le  pied 
d'ébène  ? 

Enlin,  jaduiire  ce  que  jetais  littérairement  en 
février  1800.  quand  j'écrivais  :  cella  *, 

M.  le  comte  Daru,  si  irninoiiséincut  supérieur  à 
moi  et  à  tant  d'autres  (Mniuiif  lioniiue  de  ti;i\ail. 
comme  ai'ocat  consultant,  n  axail  pas  l'esprit  <iii"il 
fallait  pour  soupçnnnei-  la  \alt'iir  dr  ce  fou  or<juril- 
leux. 


138  STENDHAL 

M.  Mazoyer,  le  commis  mon  voisin,  qui  apparem- 
ment s'ennuyait  moins  de  ma  folie  mélangée  d'or- 
gueil que  de  la  stupidité  des  deux  autres  commis  à 
2.500  francs,  fit  quelque  cas  de  moi,  et  j'y  fus  indiffé- 
rent. Je  regardais  tout  ce  qui  admirait  cet  adroit 
courtisan  nommé  Racine  comme  incapable  de  voir 
et  de  sentir  le  i^'ai  beau  qui,  à  mes  yeux,  était  la 
naïveté  d'Imogène  s'écriant  : 

a  Salut,  pauvre  maison,  qui  te  gardes  toi-même  !  » 

Les  injures  adressées  à  Shakespeare  par  M.  Ma- 
zoyer,  et  avec  quel  mépris,  en  1800,  m'attendris- 
saient jusqu'aux  larmes  en  faveur  de  ce  grand  poète. 
Dans  la  suite,  rien  ne  m'a  fait  adorer  madame  Dem- 
bowski*  comme  les  critiques  que  faisaient  d'elle 
les  prosaïques  de  Milan.  Je  puis  nommer  cette 
femme  charmante,  qui  pense  à  elle  aujourd'hui  ? 
Ne  suis-je  pas  le  seul  peut-être,  après  onze  ans 
qu'elle  a  quitté  la  terre  ?  J'applique  ce  même  rai- 
sonnement à  la  comtesse  Alexandrine  Petit.  Ne 
suis-je  pas  aujourd'hui  son  meilleur  ami,  après  vingt- 
deux  ans  ?  Et  quand  ceci  paraîtra  (si  jamais  un 
libraire  ne  craint  pas  de  perdre  son  temps  et  son 
papier  !),  quand  ceci  paraîtra  après  ma  mort  à  moi, 
qui  songera  encore  à  Métilde  et  à  Alexandrine  ?  Et 
malgré  leur  modestie  de  femme  et  cette  horreur 
d'occuper  le  public  que  je  leur  ai  vue,  si  elles  voient 
public  ce  livre  du  lieu  où  elles  sont,  n'en  seront-elles 
pas  bien  aises  ? 


VIE    DU    HK.MU    BIILLAUU  ID'J 

For  who  to  dumb  forget  fulness  a  prey*  n'est  pas 
bien  aise,  après  tant  d'années,  de  voir  prononcer 
son  nom  par  une  bouche  amie  ? 

Mais  où  diable  en  étais-je  ?  —  A  mon  bureau, 
où  j'écrivais  cela,  cella*. 

Pour  peu  que  le  lecteur  ait  Fàme  commune,  il 
s'imaginera  que  cette  digression  a  pour  but  de  cacher 
ma  honte  d'avoir  écrit  cella.  Il  se  trompe,  je  suis  un 
autre  homme.  Les  erreurs  de  celui  de  1800  sont  des 
découvertes  que  je  fais,  la  plupart,  en  écrivant  ceci.  Je 
ne  me  souviens,  après  tant  d'années  et  d'événements, 
que  du  sourire  de  la  femme  que  j'aimais.  L'autre  jour, 
j'avais  oublié  la  coLdeur  d'un  des  uniformes  que  j'ai 
portés.  Or,  avez-vous  éprouvé,  ô  lecteur  bénévole,  ce 
que  c'est  qu'un  uniforme  dans  une  armée  victorieuse, 
et  unique  objet  de  l'attention  de  la  nation,  comme 
l'armée  de  Napoléon  ? 

Aujourd'hui,  grâce  au  ciel,  la  l'ribune  a  obscurci 
l'Armée. 

Décidément,  je  ne  puis  me  rappeler  la  rue  où 
était  situé  ce  bureau  dans  lequel  je  saisis  pour  la 
première  fois  la  plume  administrative.  C'était  au 
bout  de  la  rue  Hillerin-Bertin,  alors  bordée  de  murs 
de  jardin.  Je  me  vois  marchant  sérieusement  à  côté 
du  comte  Daru,  allant  à  son  bureau  après  le  sombre 
et  froid  déjeuner  de  la  maison  n°  505,  au  coin  de  la 
rue  de  Bellechasse  et  de  celle  do  Lille,  comme 
disaient  les  bons  écrivains  de  1800. 

Quelle  dillerence  pour  moi,  si  .\I.   Daru  m'avait 


140  STENDHAL 

dit  :  u  Quand  vous  avez  une  lettre  à  faire,  réfléchissez 
bien  à  ce  que  vous  voulez  dire,  et  ensuite  à  la  couleur 
de  réprimande  ou  d'ordre  que  le  ministre  qui  signera 
votre  lettre  voudrait  y  donner,  \o1ro  parti  ]iris, 
écrivez  hardiment.  > 

Au  lieu  de  cela,  je  tâchais  dimitor  la  forme  des 
lettres  de  M.  Daru.  il  répétait  trop  souvent  le  mot 
en  effet,  et  moi  je  farcissais  mes  lettres  de  en  effet. 

Qu'il  y  a  loin  de  là  aux  grandes  lettres  que  j'in- 
ventais à  Vienne,  en  1809,  ayant  une  vérole* 
horrible,  le  soin  d'un  hôpital  de  4. 000  Idessés 
(l'oiseau  vole),  une  maîtresse  que  j'enlilais  et  une 
maîtresse  que  j'adorais  !  Tout  ce  changement  s'est 
opéré  par  mes  seules  réflexions,  M.  Daru  ne  m'a 
jamais  donné  d'autre  avis  que  sa  colère  quand  il 
Ijilfait  mes  lettres,  '^  " 

Le  bon  Martial  Daru  était  touj(»urs  a\<'c  moi  sm- 
le  ton  plaisant.  11  venait  souvenl  an  lnireau  de  la 
Guerre  ;  c'était  la  Cour  pour  un  commissaire  des 
guerres.  Il  avait  la  j)i>lice  de  l'hôpital  du  \'al-de- 
Grâce,  ce  me  semble,  en  1800,  et  sans  doute  M.  le 
comte  Daru,  la  hkiIIchic  této  d«'  ce  ministère 
eu  1800  (ce  n'est  pas  beaucoup  duc),  a\ait  le  scctcL 
de  l'armée  de  réserve.  Toutes  les  vanités  du  coips 
des  commissaires  des  guerres  étaient  en  ébullition 
pour  la  création  du  corps  et,  bien  plus,  pour  la 
lixatifHi  de  runifonnc  d«'s  Inspecteurs  aux  iievues. 
Il  nie  scitihic  que  j«;  vis  alors  le  général  Olivier, 
a\cc  su  jaiiihc  de  bois,  rcifiiiinciit   iioiiiiiic  Inspec- 


vin    DE    IIKNRI     niU  I  .VUD  141 

tenr  en  chef  <iii.r  licvues.  Cette  vanilr,  |)ortée  an 
comble  jtar  le  chapeau  hnxié  cl  riiahit  rouge,  était 
la  base  de  la  conversation  dans  les  maisons  Daru  et 
Cardon.  Edmond  Cardon,  poussé  par  iinf  mère 
halùle*  et  qui  flattait  ouvertement  le  comte  Daru. 
avait  la  ])romesse  d'une  place  d'adjoint  aux  com- 
missaires des  guerres. 

Le  bon  Martial  me  fit  bientôt  entrevoir  la  possi- 
bilité pour  moi  de  ce  charmant  uniforme. 

Je  crois  découvrir  en  écrivant  que  Cardon  le 
porta  :  habit  bleu  de  roi,  broderie  d'or  au  collet  et 
aux  parements  des  manches. 

A  cette  distance,  pour  les  choses  de  vanité  (pas- 
sion secondaire  chez  moi),  les  choses  imaginées  et 
les  choses  vues  se  confondent. 

L'excellent  Martial  étant  donc  venu  me  voir  à 
mon  bureau  trouva  que  j'avais  envoyé*  une  lettre 
dans  le  bureau  avec  le  mot, Renseignements. 

«  Diable  !  me  dit-il  eu  riant,  vous  faites  déjà 
courir  les  lettres  ainsi  !  « 

C'était,  ce  me  semble,  un  peu  le  privilège  au  moins 
d'un  sous-chef  de  bureau,  moi  dernier  des  surnu- 
méraires. 

Sur  ce  mot  Renseignements,  le  bureau  de  la  Solde, 
par  exemple,  donnait  les  renseignements  relatifs  à 
la  solde,  le  bureau  de  VHahillement,  ceux  de  ïliabille- 
ment.  Supposons  l'aiïaire  d'un  ofïicier  d'habillement 
du  7"^^  léger  devant  restituer  sur  sa  solde  107  francs, 
montant  de  la  serge  ([u"il  a  reçue  indûment,  il  me 


142  STENDHAL 

fallait  des  renseisnemenls  des  deux  bureaux  sus- 
nommés  pour  pouvoir  faire  la  lettre  que  M.  Daru, 
secrétaire  général,  devait  signer. 

Je  suis  persuadé  que  bien  peu  de  mes  lettres 
allaient  jusqu'à  M.  Daru  ;  M.  Barthomeuf,  homme 
commun,  mais  bon  commis,  commençait  alors  sa 
carrière  comme  son  secrétaire  jiarticulier  (c'est-à- 
dire  commis  payé  par  la  Guerre),  employé  dans  le 
bureau  où  écrivait  M.  Daru,  et  avait  à  souflVir  ses 
étranges  incartades  et  les  excès  de  travail  que  cet 
homme  terrible  à  soi  et  aux  autres  exigeait  de  tout 
ce  qui  l'approchait.  J'eus  bientôt  pris  la  contagion 
de  la  terreur  inspirée  par  M.  Daru,  et  ce  sentiment 
ne  m'a  jamais  quitté  à  son  égard.  J'étais  né  excessi- 
vement sensible,  et  la  dureté  de  ses  paroles  était 
sans  bornes  ni  mesure.  ^^        "~~~" 

De  longtemps  cependant  je  ne  fus  pas  assez  consi- 
dérable pour  être  malmené  par  lui.  Et  maintenant 
•  pie  j\-  réfléchis  sensément,  je  vois  <[ue  jamais  je 
n'en  ai  été  réellement  maltraité.  Je  n'ai  pas  souIlCrt 
la  centième  partie  de  ce  iju'a  rnthiré  M.  de  Baurc, 
ancien  avocat  général  «hi  Parlement  de  Pau. 
(V  avait-il  un  tel  Parlement*  ?  Je  n'ai  aucun  livre 
à  Cività-Vecchia  pour  le  chercher,  mais  tant  mieux, 
ce  livre-ci,  fait  uniquement  avec  ma  mémoire,  ne 
sera  pas  fait  avec  d'autres  livres.) 

J'aperçois  fpi'entre  M.  Daru  et  moi  il  y  a  toujours 
eu  comme  un  morceau  (ralTùl  i-mportr  par  le  boulet 
ennemi  ipii  f;iit  nutlclas  sur  le  corps  de  la  pièce  f|uc 


VIE    DE    HENRI    BULLARD  i\d 


\iLMiL  liapiicT  ce  houlet  (comme  au  T^siii.  en   1800). 

Mon  matelas  a  élé  Joinville  (anjoiirdluii  le  Itaion 
Joinville,  intendaiil  militaire  de  la  1^^-  di\isioii, 
Paris*),  ensuite  M.  de  liauie.  J'arrive  à  cette  idéf 
bien  nouvelle  jiour  moi  :  M.  Daru  m'aurait -il 
ménagé  ?  Il  est  bien  possible.  Mais  la  terreur  a 
toujours  été  telle  que  cette  idée  ne  me  vient  qiren 
mars  183G. 

Tout  le  monde,  à  la  Guerre,  frémissait  en  abor- 
dant le  bureau  de  M.  Daru.  Pour  moi,  j'avais  peur 
rien  qu'en  en  regardant  la  porte.  Sans  doute  M.  Daru 
père  vit  ce  sentiment  dans  ma  gène,  et,  avec  le 
caractère  que  je  lui  vois  maintenant  (caractère 
timide,  à  qui  la  terreur  inspirée  faisait  rempart), 
ma  peur  dut  lui  faire  ma  cour. 

Les  êtres  grossiers,  comme  me  semblait  M.  Bai"- 
thomeuf,  devaient  sentir  moins  les  paroles  éti-anges 
dont  ce  bœuf  furibond  affublait  tout  ce  qui  l'appro- 
chait dans  les  moments  oîi  le  travail  l'accablait. 

Avec  cette  terreur  il  faisait  marcher  les  sept  à 
huit  cents  commis  du  bureau  de  la  Guerre  dont  les 
chefs,  quinze  ou  vingt  importants,  la  plupart  sans 
aucun  talent,  nommés  chefs  de  bureau,  étaient 
malmenés  d'importance  par  M.  Daru.  Ces  animaux, 
loin  d'abréger  et  de  simplifier  les  affaires,  cherchaient 
souvent  à  les  embrouiller,  même  pour  M.  Daru.  Je 
conviens  que  cela  est  fait  pour  faire  donner  au  diable 
un  homme  qui  voit  placées  à  gauche,  sur  son  bureau, 
vingt  ou  trente  lettres  pressées  à  répondre.  Et  de 


144  STENDHAL 

ces  lettres,  demandant  des  ordres,  j'en  ai  souvent  vu 
un  pied  de  haut  sur  le  bureau  de  M.  Daru  ;  et  encore 
est-il  peu  de  gens  qui  seraient  charmés  de  pouvoir 
vous  dire  :  «  Je  n'ai  pas  reçu  à  temps  les  ordres  de 
Votre  Excellence...  w  et  avec  la  perspective  d'un 
Napoléon  se  fâchant  à  Schœnbriinn  et  disant  qu'il 
y  a  eu  négligence,  etc. 


CHAPITRE  XLll* 


Mes  relations  avec  M.  Daru,  commencées  ainsi  en 
février  ou  janvier  1800,  n'ont 'fini  qu'à  sa  mort, 
en  1829.  Il  a  été  mon  bienfaiteur,  en  ce  sens  qu'il 
m'a  employé  de  préférence  à  bien  d'autres,  mais  j'ai 
passé  bien  des  jours  de  pluie,  avec  mal  à  la  tête  pour 
un  poêle  trop  chaulTé,  à  écrire  do  dix  heures  du 
matin  à  une  heure  après  minuit,  et  cela  sous  les 
yeux  d'un  homme  furieux  et  constamment  en  colère 
parce  qu'il  avait  toujours  peur.  C'étaient  les  rico- 
chets de  son  ami  Pitard  :  il  avait  une  peur  mortelle 
de  Napoléon  et  j'avais  une  peur  mortelle  de  lui. 

On  verra  à  Erfurt,  1809,  le  nec  plus  ultra  de  notre 
travail.  M.  Daru  et  moi,  nous  avons  fait  toute  l'in- 
tendance générale  de  l'armée  pendant  trois  ou  huit 

Brulaud  il  ■10 


146 


STENDHAL 


jours.  Il  n'y  avait  pas  même  un  copiste.  Emerveillé 
de  ce  qu'il  faisait,  M.  Daru  ne  se  fâcha  peut-être  que 
deux  ou  trois  fois  par  jour  ;  ce  fut  une  partie  de 
plaisir.  J'étais  en  colère  contre  moi  d'être  ému  par 
ses  paroles  dures.  Cela  ne  faisait  ni  chaud  ni  froid 
à  mon  avancement  et,  d'ailleurs,  je  n'ai  jamais  été 
fou  pour  l'avancement.  Je  le  vois  aujourd'hui,  je 
cherchais  le  plus  possible  à  être  séparé  de  M.  Daru, 
ne  fût-ce  que  par  une  porte  à  demi  fermée.  Ses 
propos  durs  sur  les  présents  et  les  absents  m'étaient 
insupportables. 

Quand  j'écrivais  cela  par  deux  1,  au  bureau  de  la 
Guerre,  au  bout  de  la  rue  Hillerin-Bertin,  j'étais 
bien  loin  de  connaître  encore  toute  la  dureté  de 
M.  Daru,  ce  volcan  d'injures.  J'étais  tout  étonné, 
j'avais  à  peine  l'expérience  d'un  enfant  de  neuf  ans, 
et  toutefois  je  venais  d'en  avoir  dix-sept*  au  23  jan- 
vier 1800. 

Ce  qui  me  désolait,  c'était  la  conversation  inces- 
sante des  commis,  mes  compagnons,  qui  m'empê- 
chait de  travailler  et  de  penser  !  Pendant  plus 
de  six  semaines,  arrivé  à  quatre  heures  j'en  étais 
hébété. 

Félix  Faure,  mon  camarade  assez  intime  à  Gre- 
noble, n'avait  nullement  ma  rêverie  folle  sur 
l'Amour  et  les  Arts.  C'est  ce  man(iue  de  folie  qui  a 
toujours  coupé  la  })ointe  à  notre  amitié,  qui  n'a  été 


VIE     DE    HENRI    BRULARD  147 

que  compagnonnage  de  vie.  Il  est  aujourd'liui  pair 
de  France,  Premier  Président,  et  condamne  sans 
trop  de  remords,  je  pense,  à  vingt  ans  de  prison  les 
fous  d'avril,  trop  punis  par  six  mois  de  prison,  vu  le 
parjure  o/  the  k[ing\,  et  à  mort  ce  second  Bailly,  le 
sage  Morey,  guillotiné  le  19  mars  1836,  coupable 
peut-être,  mais  sans  preuve.  Félix  Faure  résisterait 
à  une  injustice  qu'on  lui  demanderait  dans  cinq 
minutes,  mais  si  on  donne  vingt-quatre  heures  à  sa 
vanité,  la  plus  bourgeoise  que  je  connaisse,  si  un 
r[oi]  lui  demande  la  tête  d'un  innocent,  il  trouvera 
des  raisons  pour  l'accorder.  L'égoïsme  et  une  ab- 
sence complète  de  la  plus  petite  étincelle  de  géné- 
rosité, réunis  à  un  caractère  triste,  à  l'anglaise,  et  à 
la  peur  de  devenir  fou  comme  sa  mère  et  sa  sœur, 
forment  le  caractère  de  ce  mien  camarade.  C'est 
le  plus  plat  de  tous  mes  amis  et  celui  qui  a  fait  la 
plus  grande  fortune. 

Quelle  différence  de  générosité  avec  Louis  Crozet, 
Bigillion*!  Mareste  ferait  les  même  choses,  mais  sans 
faire  illusion,  pour  de  l'avancement  et  à  Vitalienne. 
Edmond  Cardon  eût  fait  les  même  choses  en  en 
gémissant  et  les  recouvrant  de  toute  la  grâce  pos- 
sible, d'Argout  avec  courage  et  en  songeant  au 
danger  personnel  et  surmontant  cette  crainte. 
Louis  Crozet  (ingénieur  en  chef  à  Grenoble)  aurait 
exposé  sa  vie  avec  héroïsme  plutôt  que  de  condam- 
ner à  vingt  ans  de  prison  un  fou  généreux  comme 
Kersanné   (que  je  n'ai  jamais  vu),  trop  puni   par 


lis  STENDHAL 

six  mois  de  prison.  Colomb  refuserait  encore  plus 
nettement  que  Louis  Crozet,  mais  on  pourrait  le 
tromper. 

Ainsi,  le  plus  plat  à  peu  près  de  tous  mes  amis  est 
Félix  Faure  (pair  de  France),  avec  lequel  j'ai  vécu 
intimement  en  janvier  1800,  de  1803  à  1805,  et  de 
1810  à  1815  et  16. 

Louis  Crozet  m'a  dit  que  ses  talents  atteignent  à 
peine  à  la  médiocrité,  mais  sa  tristesse  continue  lui 
donnait  de  la  dignité  lorsque  je  le  connus  aux 
Mathématiques,  ce  me  semble,  vers  1797.  Son  père, 
né  très  pauvre,  avait  fait  une  jolie  fortune  dans 
l'administration  des  Finances  et  avait  un  beau 
domaine  à  Saint-Ismier  (à  deux  lieues  de  Grenoble, 
route  de  Barraux  et  Chaml)cr\  ). 

Mais  je  réfléchis  qu'on  va  prendre  pour  de  Venvic 
ma  sévérité  envers  ce  plat  pair  de  France.  Me 
croira-t-on  quand  j'ajouterai  que  je  dédaignerais 
jjien  de  changer  de  réputation  avec  lui  ?  Dix  mille 
francs  et  être  exempt  de  poursuivre  jor  my  future 
writings  serait  mon  bâton  de  maréchal,  idéal,  il 
est  vrai. 

Félix  Faure  me  présenta,  à  ma  demande,  à 
Fabien,  maître  d'armes  rue  Montpensier,  je  crois, 
rue  des  Cabriolets,  près  le  Théâtre-Français,  der- 
lière  Corazza,  près  du  passage  vis-à-\  is  ]a  fontaine 
et  la  maison  où  .Nbjlièrc  csl  murt.  Là,  je  fjiisiiis  dt-s 
armes  non  pas  avec,  mais  ihins  la  niènic  salle  tpjc 
plusieurs  Grenf»blois. 


VIE     DE     HENRI    BRULARD 


149 


Deux  grands  et  sales  coquins  entre  autres  (je 
parle  du  fond,  et  non  de  l'apuarence,  et  de  cocjuineri*; 
en   affaires   privées,   non   de  l'Etat),   MM.   Casinur 

Périer,  depuis  ministre,   et    D ,  membre    de  la 

Chambre  des  Députés  en  1836.  Ce  dernier  non 
seulement  volait  au  jeu  dix  francs,  à  Grenoble, 
vers  1820,  mais  y  a  été  pris  sur  le  fait. 

Casimir  Périer  était  peut-être  alors  le  plus  beau 
des  jeunes  gens  de  Paris  ;  il  était  sombre,  sauvage, 
ses  beaux  yeux  montraient  de  la  folie. 

Je  dis  folie  dans  le  sens  propre.  M'*^*^  Savoye  de 
Piollin,  sa  sœur,  dévote  célèbre  et  cependant  pas 
méchante,  avait  été  folle  et  pendant  plusieurs  mois 
avait  tenu  des  propos  dignes  de  l'Arétin,  et  en  ter- 
mes les  plus  clairs,  sans  aucun  voile.  Cela  est  drôle, 
où  une  dévote  de  fort  bonne  compagnie  peut-elle 
prendre  une  douzaine  de  mots  que  je  n'ose  écrire 
ici  ?  Ce  qui  explique  un  peu  ce  genre  d'amabilité, 
c'est  que  M.  Savoye  de  Rollin,  homme  d'infiniment 
d'esprit,  libertin  philosophe,  etc.,  etc.,  ami  de  mon 
oncle,  était  devenu  nul  par  abus  un  an  ou  deux 
avant  son  mariage  avec  la  lille  de  Périer  milord. 
C'est  le  nom  que  Grenoble  donnait  à  un  homme 
d'esprit,  ami  de  ma  famille,  qui  méprisait  de  tout 
son  cœur  la  bonne  compagnie  et  qui  a  laissé  trois 
cent  cinquante  mille  francs  à  chacun  de  ses  dix  ou 
douze  enfants*,  tous  plus  ou  moins  emphatiques, 
bétes  et  fous.  Leur  précepteur  avait  été  le  mien,  ce 
profond  et  sec  coquin,  M.  l'abbé  Raillane. 

BnuLAUD  II.  10. 


150  STENDHAL 

M,  Péiier  milord  ne  pensait  jamais  qu'à  l'argent. 
Mon  grand-père  Gagnon,  qui  l'aimait,  malgré  sou 
protestantisme  en  bonne  compagnie  qui  irritait 
beaucoup  M.  Gagnon,  me  racontait  que  M.  Périer, 
en  arri\ant  dans  un  salon,  ne  pouvait  se  dispenser, 
au  premier  coup  d'œil,  de  faire  le  compte  fort  exact 
de  ce  qu'avait  coûté  l'ameublement.  Mon  grand- 
père,  comme  tous  les  orthodoxes,  prétait  des  aveux 
humiliants  à  M.  Périer  milord,  qui  fuyait  la 
bonne  compagnie  de  Grenoble  comme  la  peste 
(vers  1780). 

Un  soir,  mon  grand-père  le  trouva  dans  la  rue  : 

«  Montez  avec  moi  chez  M'"^  de  Quinsonnas. 

—  Je  vous  avouerai  une  chose,  mon  cher  Gagnon  : 
lorsqu'on  a  été  quelque  temps  de  suite  sans  voir  la 
bonne  compagnie  et  qu'on  a  pris  une  certaine  habi- 
tude de  la  mauvaise,  on  se  trouve  déplacé  dans  la 
bonne.  » 

Je  suppose  que  la  bonne  compagnie  des  Prési- 
dentes au  parlement  de  Grenoble,  mesdames  de 
Sassenage,  de  Quinsonnas,  de  Bailly,  contenait 
encore  un  degré  d'alliage  ou  d'affectation  trop  fort 
pour  un  homme  d'un  génie  vif  comme  M.  Périer 
milord.  Je  pense  que  je  me  serais  fort  ennuyé  dans 
la  société  où  Montesquieu  brillnit  vers  1745,  chez 
\Ime  Geoffrin  ou  die/,  M"'*^  de  Mirepoix.  .l';ii  décitu- 
vert  dernièrement  <}ue  l'esprit  des  vingt  premières 
pages  de  La  Bruyère  (qui,  en  1803,  fit  mon  éduca- 
tion   littéraire,    d'après   les   éloges   de   Suiiit-Sliuon 


VIE    DE    HENRI    BRLI.ARD  151 

dans  les  éditions  en  trois  et  en  sept  volumes)  est 
une  copie  exacte  de  ce  que  Saint-Simon  appelle 
avoir  infiniment  d'esprit.  Or,  en  1836,  ces  vingt  pre- 
mières pages  sont  pviériles,  vides,  de  très  bon  ton 
assurément,  mais  ne  valent  pas  trop  la  peine  d'être 
écrites.  Le  style  en  est  admirable  en  ce  qu'il  ne  gâte 
pas  la  pensée,  qui  a  le  malheur  d'être  sine  ictii.  Ces 
vingt  pages  ont  eu  de  l'esprit  peut-être  jusqu'en 
1789.  L'esprit,  si  délicieux  pour  qui  le  sent,  ne  dure 
pas.  Comme  une  belle  pêche  passe  en  quelques  jours, 
Vesprit  passe  en  deux  cents  ans,  et  bien  plus  vite 
s'il  y  a  révolution  dans  les  rapports  que  les  classes 
d'une  société  ont  entre  elles,  dans  la  distribution  du 
pouvoir  dans  une  société. 

L'esprit  doit  être  de  cinq  ou  six  degrés  au-dessus 
des  idées  qui  forment  rintelligence  d'un  public. 

S'il  est  de  huit  degrés  au-dessus,  il  fait  mal  à  la 
tête  à  ce  public  (défaut  de  la  conversation  de  Domi- 
nique, quand  il  est  animé). 

Pour  achever  d'éclairer  ma  pensée,  je  dirai  que 
La  Bruyère  était  à  cinq  degrés  au-dessus  de  l'intelli- 
gence commune  des  ducs  de  Saint-Simon,  de  Cha- 
rost,  de  Beauvilliers,  de  Chevreuse,  de  La  Feuillade, 
de  Yillars,  de  Montfort,  de  Foix,  de  Lesdiguières 
(le  vieux  Canaple),  d'Harcourt,  de  La  Rocheguyon, 
de  La  Rochefoucauld,  d'Humières,  de  M*"^^  de 
Maintenon,  de  Caylus,  de  Berry,  etc.,  etc.,  etc. 

La  Bruyère  a  dû  être  au  niveau  des  intelligences 
vers  1780,  au  temps  du  duc  de  Richelieu,  Voltaire, 


152  STENDHAL 

M.  de  Vaiulrcuil,  le  duc  de  Nivernais  (prétendu  fils 
de  Voltaire),  quand  ce  plat  Marmontel  passait  pour 
spirituel,  du  temps  de  Duclos,  Collé,  etc.,  etc. 

1-^a  183tJ,  excepté  pour  les  choses  d'art  littéraire 
ou  {(lutôt  de  style,  en  en  exceptant  formellement 
les  jugements  sur  Racine,  Corneille,  Bossuet,  etc., 
La  Bruyère  reste  au-dessous  de  l'intelligence  d'une 
société  qui  se  réunirait  chez  M™*^  Boni  de  Castellane 
et  qui  serait  composée  de  MM.  Mérimée,  Mole,  Koreiï, 
moi,  Dupin  aîné,  Thiers,  Béranger,  duc  de  Fitz- 
.James,  Sainte-Aulaire,  Arago,  Villemain. 

Ma  foi,  l'esprit  manque,  chacun  réserve  toutes  ses 
forces  pour  un  métier  qui  lui  donne  un  rang  dans  le 
monde.  L'esprit,  argent  comptanl.  jiii[)révu  même 
pour  le  parler,  l'esprit  de  Dominique  lait  peur  aux 
convenances.  Si  je  ne  me  trompe,  l'esprit  va  se 
réfufifier  chez  les  dames  de  mœurs  faciles,  chez 
M"^*^  Ancelot  (qui  n'a  pas  plus  d'amants  que  M"**^  de 
Talarii,  la  |)remiére  ou  la  seconde)  mais  chez 
laquelle  on  ose  plus. 

r)uelle  terrible  dio-ression  m  fiH'citr  des  lecteurs 
de  1880  !  Mais  conq)rendront-ils  l'allusion  en  fa^^eur? 
.J'en  doute,  les  crieurs  publics  auront  alors  un  autre 
mot  pour  faire  acheter  les  discours  du  roi.  Qu'est-ce 
f|u'une  allusion  expliquée  ?  De  l'esprit  à  la  Charles 
.Xodier,  de  l'esprit  ennuyeux. 

.Je  veux  coller  i<i  un  cxciuple  du  slyle  de  1835. 
C'est    M.   (jo/.lari   qui   jiailf,   (hiiis   je   '/  mips* . . . 


ME    DE     HENRI     BRULARD  153 

Le  plus  doux,  le  plus  vraiment  jeune  de  tous  ces 
sombres  (jreiioblois  ipii  faisaient  des  armes  chez 
J'éléganl  Fabien,  était  sans  doute  M.  César  Pascal*, 
fils  d'un  père  également  aimable  et  auquel  Casimir 
Périer  donna  la  croix  étant  ministre,  et  la  recette 
'  générale  d'Auxerre  à  son  frère  maternel,  l'aimable 
Turquin,  et  une  autre  recette  générale,  celle  de 
\alence,  au  neveu  de  Casimir,  M.  Camille  Teis- 
seire. 

Mais,  au  milieu  de  sa  demi-friponnerie  comme 
négociant,  M.  Casimir  Périer  avait  la  qualité  dau- 
phinoise :  il  savait  vouloir.  Le  souffle  de  Paris, 
affaiblissant,  corrodant  la  faculté  de  vouloir,  n'avait 
pas  encore  pénétré  dans*  nos  montagnes  en  1800. 
J'en  suis  témoin  fidèle  pour  mes  camarades.  Napo- 
léon, Fieschi  avaient  la  faculté  de  vouloir  qui 
manque  à  M.  Villemain,  à  ^L  Casimir  Delavigne, 
à  M.  de  Pastoret  (Amédée),  élevés  à  Paris. 

Chez  l'élégant  Fabien,  je  me  convainquis  de 
mon  métalent  pour  les  armes.  Son  prévôt,  le  sombre 
Renouvier,  ([ui  s'est  tué,  je  pense,  après  avoir  tué 
en  duel  d'un  coup  d'épée  son  dernier  ami,  me  fit 
comprendre  très  honnêtement  mon  métalent.  J'ai 
été  bien  heureux  de  me  battre  toujours  au  pistolet, 
je  ne  prévoyais  pas  ce  bonheur  en  1800,  et,  d'ennui 
de  parer  tierce  et  cjuarte  toujours  trop  tard,  je 
résolus,  le  cas  échéant,  de  fondre  à  fond  sur  mou 
adversaire.  Cela  m'a  gêné  toutes  les  fois  qu'à  l'armée 


l-f. 


O^  STENDHAL 


je  me  suis  vu  l'épée  au  côté.  A  Brunswick,  par 
exemple,  ma  maladresse  eût  jmi  m'envoyer  ad 
patres  avec  le  grand  chambellan  de  Munichhausen  ; 
heureusement,  il  ne  fut  pas  hrave  ce  jour-là,  ou 
plutôt  il  ne  voulut  pas  se  compromettre.  J'ai  eu  de 
même  un  mêlaient  pour  le  violon,  et  au  contraire  un 
talent  naturel  et  singulier  pour  lii-er  les  perdrix  et 
les  lièvres  et,  à  Brunswick,  un  corbeau  d'un  coup  de 
pistolet,  à  quarante  pas,  la  voiture  allant  au  grand 
trot,  ce  qui  m'a  valu  le  respect  des  aides-de-camp 
du  général  Rivant,  cet  homme  si  poli.  (Rivant  de 
La  Rafinière.  haï  du  prince  de  Neuchâtel  (Berthier), 
depuis  commandant  à  Rouen,  et  ultra  vers  1825.) 

.J'ai  eu  le  bonheur  aussi  d'atteindre  un  hanco- 
zeiteL  à  Vienne,  au  Prater,  dans  le  duel  arrangé  avec 
M.  Raindre,  colonel  ou  chef  d'escadron  d'artillerie 
légère.  Ce  brave  à  trois  poils  ne  le  fut  guère  ! 

Enfin,  j'ai  porté  l'épée  toute  ma  vie  ne  sachant 
pas  la  manier.  J'ai  tc)uj(>urs  été  gros  et  facile  à 
essouffler.  .\bm  projet  a  toiijouis  élé  :  i<  Y  êtes- 
vous  ?  »  et  droit  le  coup  de  seconde. 

Dans  le  temps  où  je  faisais  des  armes  avec  César 
Pascal,  Féli.x  Faure,  Duchesne,  (Casimir  Périer  et 
deux  ou  trois  autres  Dauphinois,  j'allai  voir  Périer 
inilord  [en  Dauphiné,  on  supprime  le  .Monsicia- (piand 
il  y  a  un  surnom).  Je  le  trou\  ai  dans  un  appartement 
de  ses  belles  maisons  tles  Feuillants  (près  la  rue 
Castighnne  d'aujunnl  Imii  :  il  (ji(  ii|i;iil  un  des 
appartements   «pTil    ne    jM>u\ail    pas    Imier.    C!'étail 


VIK    DE     HENRI     BRULARD  155 

l'avare  le  plus  gai  et  Je  la  meilleure  compagnie.  Il 
sortit  avec  moi,  il  portait  un  hal)it  bleu  qui  avait 
sur  la  basque  une  tache  rousse  de  huit  pouces  de 
diamètre. 

Je  ne  comprenais  pas  comment  cet  homme  d'une 
apparence  si  aimable  (à  peu  près  comme  mon  cousin 
Rebuffel)  pouvait  laisser  mourir  de  faim  ses  fds 
Casimir  et  Scipion. 

La  maison  Périer  prenait  à  5  ^  /q  les  économies  des 
servantes,  des  huissiers,  des  petits  propriétaires, 
c'étaient  des  sommes  de  500,  800,  rarement  1.500 
francs.  Quand  vinrent  les  assignats,  et  que  pour  un 
louis  d'or  on  avait  cent  francs,  elle  remboursa  tous 
ces  pauvres  diables  ;  plusieurs  se  pendirent  ou  se 
noyèrent. 

Ma  famille  trouva  ce  procédé  infâme.  Il  ne  me 
surprend  pas  de  marchands,  mais  pourquoi,  une 
fois  arrivé  aux  millions,  n'avoir  pas  trouvé  un  pré- 
texte honnête  de  rembourser  les  servantes  ? 

Ma  famille  était  parfaite  sur  les  choses  d'argent, 
elle  eut  grand'peine  à  tolérer  un  de  nos  parents  qui 
remboursa  en  assignats  une  somme  de  huit  ou  dix 
mille  francs,  prêtée  à  ses  auteurs  en  billets  de  la 
banque  de  Law'(1718,  je  pense,  à  1703). 


CHAPITRE   XLIII* 


Je  ferais  du  roman  si  je  voulais  noter  ici  l'im- 
pression que  me  firent  les  choses  de  Paris,  impres- 
sion fort  modifiée  depuis. 

Je  ne  sais  si  j'ai  dit*  qu'à  la  demande  de  son  père 
-M.  Daru  me  mena  à  deux  ou  trois  de  ces  sociétés 
littéraires  dont  la  présidence  faisait  tant  de  plaisir 
à  son  père.  J'y  admirai  la  taille  et  surtout  la  gorge 
de  madame  Pipelet,  femme  d'un  pauvre  diable  de 
chirurgien  herniaire.  Je  l'ai  un  peu  connue  depuis, 
dans  son  état  de  princesse. 

M.  Daru  récitait  ses  vers  avec  mie  bonhomie  qui 
me  sembla  bien  étrange  sur  cette  figure  sévère  et 
allumée,  je  le  regardais  avec  étonnement.  Je  me 
disais  :  il  faut  l'imiter  ;  mais  je  n'y  sentais   aucun 


goût. 


158  STENDHAL 

Je  me  rappelle  le  profond  ennui  clos  dimanches,  je 
me  promenais  au  hasard  ;  c'était  donc  là  ce  Paris 
que  j'avais  tant  désiré  !  L'absence  de  montagnes  et 
de  bois  me  serrait  le  cœur.  Les  bois  étaient  intime- 
ment liés  à  mes  rêveries  d'amour  tendre  et  dévoué, 
comme  dans  l'Arioste.  Tous  les  hommes  me  sem- 
blaient prosaïques  et  plats  dans  les  idées  qu'ils 
avaient  de  l'amour  et  de  la  littérature.  Je  me  gardais 
de  faire  confidence  de  mes  objections  contre  Paris. 
Ainsi  je  ne  m'aperçus  pas  que  le  centre  de  Paris  est 
à  une  heure  de  distance  d'une  belle  foret,  séjour  des 
cerfs  sous  les  rois.  Quel  n'eût  pas  été  mon  ravisse- 
ment, en  1800,  de  voir  la  forêt  de  Fontainebleau, 
où  il  y  a  quelques  petits  rochers  en  miniature,  les 
bois  de  Versailles,  Saint-Cloud,  etc.  Probablement 
j'eusse  trouvé  que  ces  bois  ressemblaient  trop  à  un 
jardin. 

Il  fut  question  de  nommer  des  adjoints  aux  com- 
missaires des  guerres.  Je  m'en  aperçus  au  redouble- 
ment des  prévenances  de  M™^  Cardon  pour  la 
famille  Daru,  et  même  pour  moi.  M.  Daru  passa  un 
matin  chez  le  ministre  avec  le  rapport  sur  cet 
objet. 

Mon  anxiété  a  fixé  dans  ma  tête  l'image  du  bureau 
où  j'attendais  le  résultat  ;  j'en  avais  changé,  ma 
table  était  située  dans  une  fort  grande  pièce  occupée 
par  divers  commis*.  ^L  Daru  suivit  la  ligne  DD' 
en  revenant  de  ciiez  h-  ministre,  ila\  ;iil  f;iil  nommer, 
ce  me  scndilf.  Cardon  cl  Pjjirtlioinf'nl.  .If  ne  liis  |mitiL 


VIE    DE     HENRI    BRULARD  159 

jaloux  ilo  Cardon,  mais  bien  de  M.  Barthomeuf, 
pour  lequel  j'avais  de  l'éloignement.  En  attendant 
la  décision,  j'avais  écrit  sur  mou  appuie-main  : 
MAUVAIS  PARENT,  eu  lettres  majuscules. 

Notez  que  M.  Barthomeuf  était  un  excellent 
commis,  dont  M.  Daru  signait  toutes  les  lettres 
(c'est-à-dire  M.  Barthomeuf  présentait  vingt  lettres, 
M.  Daru  en  signait  douze  et  signait  en  corrigeant 
six  ou  sept  et  en  revoyait  à  refaire  une  ou  deux). 

Des  miennes  il  en  signait  à  peine  la  moitié,  et 
encore  quelles  lettres  !  Mais  M.  Barthomeuf  avait  le 
génie  et  la  figure  d'un  garçon  épicier  et,  excepté  les 
auteurs  latins,  qu'il  savait  comme  il  savait  le  Règle- 
ment pour  la  solde,  il  était  incapable  de  dire  un  mot 
sur  les  rapports  de  la  littérature  avec  la  nature  de 
l'homme,  avec  la  manière  dont  il  est  affecté  ;  moi, 
je  comprenais  parfaitement  la  façon  dont  Helvétius 
explique    Régulus,    je    faisais    tout    seul    un    grand 
nombre  d'appHcations  de  ce  genre,  j'étais  bien  au 
delà  de  Cailhwa  dans  l'art  de  la  comédie,  etc.,  etc.^ 
et  je  partais  de  là  pour  me  croire  le  supérieur  ou, 
du  moins,  l'égal  de  M.  Barthomeuf. 

M.  D[aru]  aurait  dû  me  faire  nommer  et  ensuite 
me  faire  travailler  ferme.  Mais  le  hasard  m'a  guidé 
par  la  main  dans  cinq  ou  six  grandes  circonstances 
de  ma  vie.  Réellement,  je  dois  une  petite  statue  à  la 
Fortune.  Ce  fut  un  extrême  bonheur  de  n'être  pas 
fait  adjoint  avec  Cardon.  Mais  je  ne  pensais  pas 
ainsi,  je  soupirais  un  peu  en  regardant  son  bel  uni- 


160 


STENDHAL 


forme  doré,  son  chapeau,  son  épée.  Mais  je  n'eus 
pas  le  moindre  sentiment  de  jalousie.  Apparemment, 
je  comprenais  que  je  n'avais  pas  une  mère  comme 
M"^*^  Cardon.  Je  l'avais  vue  importuner  M.  Daru 
(Pierre)  jusqu'à  impatienter  l'homme  le  plus  flegma- 
tique. M.  Daru  ne  se  fâchait  pas.  mais  ses  yeux  de 
sanglier  étaient  à  peindre.  Enfin,  il  hii  ilil  devant 
moi  :  «  Madame,  j'ai  l'honneur  de  vous  promettre 
que,  s'il  y  a  des  adjoints,  M.  votre  fils  le  sera.  » 

La  sœur  de  M'"^  Cardon  était,  ce  me  semble, 
^|me  Augué  des  Portes,  dont  les  filles  se  liaient 
intimement  alors  avec  la  citovenne  Hortense 
Beauharnais.  Ces  demoiselles  étaient  élevées  chez 
madame  Campan,  la  camarade  et  probablement 
l'amie  de  M'"^  Cardon. 

Je  riais  et  je  déployais  mon  amabilité  de  1800 
a\oc  M^^^s  Augiié,  dont  l'uiie  éiiDusa  1  tient ùt  après, 
ce  me  semble,  le  général  Ney. 

Je  les  trouvais  gaies  et  j'étais,  je  devais  être,  un 
étrange  animal  ;  peut-être  ces  demoiselles  avaient- 
elles  assez  d'esprit  pour  voir  que  j'étais  étrange  et 
non  plat.  Enfin,  je  ne  sais  p(>iir<iuoi,  j'étais  bien 
accueilli.  Quel  admirable  salon  à  cultiver  !  ^  oilà  ce 
que  M.  Daru  li-  ])ère  aurait  du  mr  l.nic  ((^uprendre. 
Cette  vérité,  fondanicnlale  à  Paris,  jr  ne  l'ai  entre- 
vue [loiii-  l:i  prf*rnière  fois  ([im.-  vingt-sept  ans  plus 
tard,  après  la  fameuse  batailh-  de  Saii-Hcnio.  La 
fortune,  dont  j'ai  tant  à  u^^•  hnifi',  m  a  piniiieiié 
dans  plusieurs  salons  tles  plus  influents.  .J'ai  refusé, 


VIE    Di:     IFKNHI     Bni   I.AHl)  J  (^^ 

en  1814,  uiu"  place  A  tnillions*,  eu  1828,  j'étais  en 
société  in  lime  avec  MM.  Thiers  (ministre  des  Affaires 
étrangères,  hier),  Mignet,  Aubernon,  Déranger. 
•T'avais  une  grande  considération  dans  ce  salon.  Je 
trouvai  M.  Aubernon  ennuyeux,  Mignet,  sans  esprit, 
Thiers,  trop  effronté,  bavard  ;  Déranger  seul  me 
plut,  mais  pour  n'avoir  pas  l'air  de  faire  la  cour  au 
pouvoir,  je  ne  l'allai  pas  voir  eu  jirison  et  je  laissai 
M™e  Aubernon  me  prendre  en  guignon  comme 
homme  immoral. 

Et  Mme  la  comtesse  Dertrand,  en  1809  et  1810  ! 
Quelle  absence  d'ambition  ou  plutôt  quelle  paresse  ! 
Je  regrette  peu  l'occasion  perdue.  Au  lieu  de  dix, 
j'aurais  vingt  mille*;  au  lieu  de  Y-hevalier,  je  serais 
officier  de  la  Légion  d'honneur,  mais  j'aurais  passé 
trois  ou  quatre  heures  par  jour  à  ces  platitudes 
d'ambition  qu'on  décore  du  nom  de  politique, 
j'aurais  fait  beaucou])  de  demi-bassesses,  je  serais 
préfet  du  Mans  (en  1814,  j'allais  être  nommé  préfet 
"du  Mans). 

La  seule  chose  que  je  regrette,  c'est  le  séjour  de 
Paris,  mais  je  serais  las  de  Paris  en  1836,  comme  je 
suis  las  de  ma  solitude  parmi  les  sauvages  de  Cività- 
Vecchia. 

A  tout  prendre,  je  ne  regrette  rien  que  de  ne  pas 
avoir  acheté  de  la  rente  avec  les  gratifications  de 
Napoléon,  vers  1808  et  1809. 

M.  Daru  le  père  n'en  eut  pas  moins  tort,  dans  ses 
idées,  de  ne  pas  me  dire  : 

Brulaiuj   II. 


11 


162  STENDHAL 

«  Vous  devriez  chercher  à  plaire  à  M'"*^  Cardon  et 
à  ses  nièces,  les  deinpiselles  Augué.  Avec  leur  pro- 
tection, vous  serez  fait  commissaire  des  guerres 
deux  ans  plus  tôt.  Ne  soufïlez  jamais  mot,  même  à 
M.  Daru,  de  ce  que  je  viens  de  vous  dire.  Rappelez- 
vous  que  vous  n'aurez  d'avancement  que  par  les 
salons.  Travaillez  bien  le  matin,  et  le  soir  cultivez 
les  salons,  mon  aiîaire  est  de  vous  guider.  Par 
exemple,  donnez-vous  le  mérite  de  l'assiduité, 
commencez  par  celui-là.  Ne  manquez  jamais  un 
mardi  de  M°*^  Cardon*.  » 

Il  fallait  tout  ce  bavardage  pour  être  compris 
d'un  fou  qui  songeait  plus  à  liamlet  et  au  Misan- 
thrope qu'à  la  vie  réelle.  Quand  je  m'ennuyais 
dans  un  salon.  j"\  manquais  la  semaine  d'après,  et 
n'v  reparaissais  qu'au  bout  de  quinze  jours.  Avec 
la  franchise  de  mon  regard  et  l'extrême  malheur  et 
prostration  de  forces  que  Venmd  me  donne,  on  voit 
combien  je  devais  avancer  mes  affaires  par  ces 
absences.  D'ailleurs,  je  disais  toujours  d'un  sot  : 
cest  un  sot.  Cette  manie  m'a  valu  un  monde  d'enne- 
mis. Depuis  que  j'ai  eu  de  l'esprit  (en  1826),  les 
épigrammes  sont  arrivés  en  foule  et  des  mots  quon 
ne  peut  plus  oublier,  me  disait  un  jour  cette  bonne 
madame  Mérimée.  J'aurais  dû  être  tué  dix  fois,  et 
pourtant  je  n'ai  que  trois  blessures,  dont  deux 
sont  des  nioles  (à  la  inaiii  et  au  pied  gauches). 

Mes  salons  étaient.   «If  décembre  [ITltO;   à   aviil 
ISOft    :    M"'^'    Cardon.    M'"^'    llcbnllVI.    M""'    Daiii. 


vin    DE    HENRI    BRL'LARD 


1G3 


.M.  RohulTcl,  M'"*^  Sorel  (je  crois),  dont  le  mari 
m'avait  servi  de  chaperon  pendant  le  voyage*. 
C'étaient  des  gens  aimables  et  utiles,  serviables,  (jui 
entraient  dans  le  détail  de  mes  affaires,  qui  me 
cultivaient  même  à  cause  du  crédit  déjà  fort  remar- 
quable de  M.  Daru  (le  comte).  Ils  m'ennuyaient,  car 
ils  n'étaient  nullement  romanesques  et  littéraires 
(eut  there)  ;  je  les  lâchai  en  grand. 

Mes  cousins  Martial  et  Daru  (le  comte)  avaient 
fait  la  guerre  de  la  Vendée.  Je  n'ai  jamais  vu  de  gens 
plus  purs  de  tout  sentiment  patriotique,  cependant 
ils  avaient  couru  la  chance,  à  Rennes,  à  Nantes, 
et  dans  toute  la  Bretagne,  d'être  assassinés  vingt 
fois  ;  ainsi  ils  n'adoraient  point  les  Bourbons,  ils  en 
parlaient  avec  le  respect  que  l'on  doit  au  malheur, 
et  M™^  Cardon  nous  disait  à  peu  près  la  vérité  sur 
Marie-Antoinette  :  bonne,  bornée,  pleine  de  hau- 
teur, fort  galante,  et  se  moquant  fort  de  l'ouvrier 
serrurier  nommé  Louis  XVI,  si  différent  de  l'ai- 
mable comte  d'Artois.  Du  reste,  Versailles  —  la 
cour  du  roi  Pétaud,  et  personne,  à  l'exception 
peut-être  de  Louis  XVI,  et  encore  rarement,  ne 
faisant  une  promesse  ou  un  serment  au  peuple  que 
dans  l'intention  de  le  violer. 

Je  crois  me  rappeler  qu'on  lut  chez  M™®  Cardon 
les  Mémoires  de  sa  camarade,  M"^^  Campan,  bien 
différents  de  l'homélie  niaise  que  l'on  a  imprimée 
vers  1820*.  Plusieurs  fois,  nous  ne  repassâmes  la 
rue  qu'à  deux  heures  du  matin,  j'étais  dans  mon 


164  STENDHAL 

centre,  moi.  adorateur  de  Saint-Simon,  et  je  parlais 
d'une  façon  qui  jurait  avec  ma  niaiserie  et  mon  exal- 
tation habituelles. 

J'ai  adoré  Saint-Simon  en  1800,  comme  en  183G. 
Les  épinards  et  Saint-Simon  ont  été  mes  seuls  goûts 
durables,  après  celui  toutefois  de  vivre  à  Paris  avec 
cent  louis  de  rente,  faisant  des  livres.  Félix  Faure 
m'a  rappelé  en  182Î*  (jue  je  lui  parlais  ainsi  en  1798. 

La  famille  Daru  fut  tout  occupée  d'abord  du 
décret  d'organisation  du  corps  des  inspecteurs  aux 
revues,  décret  souvent  corrigé,  ce  me  semble,  par 
M.  Daru  (le  comte),  et  ensuite  de  la  nomination  du 
comte  Daru  et  de  Martial  ;  le  premier  lui  inspecteur 
et  le  second  sous-inspecteur  aux  revues,  tous  les 
deux  avec  le  chapeau  brodé  et  l'habit  rouge.  Ce  bel 
uniforme  choqua  le  militaire,  bien  moins  vain  toute- 
fois en  1800  que  deux  ou  trois  ans  après,  quand  la 
vertu  eut  été  tournée  en  ridiculr. 

Je  crois  avoir  précisé  mon  premier  séjour  à  Paris, 
de  novembre  179'J  à  avril  ou  mai  1800,  j'ai  même 
trop  bavardé,  il  y  aura  à  effacer.  Excepté  le  bel  uni- 
forme de  Cardon  (collet  brodé  en  or),  la  salle  de 
Fabien  et  mes  tilleuls  au  foTid  du  jardin,  à  l.'i  Guerre, 
tout  le  reste  ne  paraît  guère  qu'à  travers  un  nuage. 
Sans  doute  je  voyais  souvent  Mante,  mais  nul 
souvenir.  Fut-ce  alors  <pie  Grand-Dufay  mourut  au 
café  de  l'Kurope,  sur  le  boulexaiil  du  iriniilf.  ou 
en  1803  ?  Je  ne  puis  le  dire. 

A  la  Guerre,  MM.  Hailliiuiifiif  cl   Cardon  riaiciil 


VIE    DE    IIEMU     BULLAHD  165 

adjoints  et  moi  très  piqué  et  très  lidicule,  sans  doute, 
aux  yeux  de  M.  Daiu.  Car  enfin,  je  n'étais  pas  en 
état  de  faire  la  moindre  lettre.  Martial,  cet  être 
excellent,  était  toujours  avec  moi  sur  le  Ion  plaisant 
et  ne  me  fit  jamais  apercevoir  que,  comme  commis, 
je  n'avais  pas  le  sens  commun.  Il  était  tout  occupé 
de  ses  amours  avec  madame  Lavalette,  avec  ma- 
dame Petiet,  pour  laquelle  son  raisonnable  frère, 
le  comte  Daru,  s'était  donné  bien  des  ridicules.  Il 
prétendait  attendrir  cette  méchante  fée  par  des 
vers.  Je  sus  tout  cela  quelques  inois  plus  tard*. 

Toutes  ces  choses,  si  nouvelles  pour  moi,  fai- 
saient une  cruelle  distraction  à  mes  idées  littéraires 
ou  d'amour  passionné  et  romanesque,  c'était  alors 
la  niênfie  chose.  D'un  autre  côté,  mon  horreur  pour 
Paris  diminuait,  mais  j'étais  absolument  fou  ;  ce  qui 
me  semblait  vrai  en  ce  genre  un  jour  me  paraissait 
faux  le  lendemain.  Ma  tête  était  absolument  le  jouet 
de  mon  âme.  Mais  au  moins  je  ne  m'ouvris  jamais 
à  personne. 

Depuis  trente  ans  au  moins  j'ai  oublié  cette 
époque  si  ridicule  de  mon  premier  voyage  à  Paris  ; 
sachant  en  gros  qu'il  n'y  avait  qu'à  sifïler,  je  n'y 
arrêtais  pas  ma  pensée.  II  n'y  a  pas  huit  jours  que 
j'y  pense  de  nouveau,  et,  s'il  y  a  une  prévention 
dans  ce  (jue  j'écris,  elle  est  contre  le  Brulard  de  ce 
temps-là. 

Je  ne  sais  si  je   fis  les  yeux  doux*  à  madame 

Brulard  II.  11. 


166  STENDHAL 

Rcbuffel  et  à  sa  fille  pendant  ce  premier  voyage,  et 
?i  nous  eûmes  la  douleur  de  perdre  madame  Cambon 
moi  étant  à  Paris.  Je  me  souviens  seulement  que 
\|iie  Adèle  R[ebuffel]  me  contait  des  particularités 
sinsulières  sur  M^^*^  Cambon,  dont  elle  avait  été  la 
compagne  et  l'amie.  M^^*^  Cambon,  ayant  une  dot 
de  vingt-cinq  ou  trente  mille  francs  de  rente,  ce  qui 
était  énormissime  au  sortir  de  la  République, 
en  1800,  éprouva  le  sort  de  toutes  les  positions  trop 
belles,  elle  fut  victime  des  idées  les  plus  stupides. 
Je  suppose  qu'il  fallait  la  marier  à  seize  ans,  ou  du 
moins  lui  faire  faire  beaucoup  d'exercice. 

Il  ne  me  reste  pas  le  moindre  souvenir  de  mon 
départ  pour  Dijon  et  l'armée  de  réserve,  l'excès  de 
la  joie  a  tout  absorbé.  MM.  Daru  (le  comte),  alors 
inspecteur  aux  revues,  et  Martial,  sous-inspecteur, 
étaient  partis  avant  moi. 

Cardon  ne  \inl  point  sitôt,  son  adroite  mère  lui 
voulait  faire  faire  un  autre  pas.  Il  arriva  bientôt 
à  Milan,  aide-de-camp  du  ministre  de  la  Guerre, 
Carnot.  Napoléon  avait  employé  ce  grand  citoyen 
pour  Vuser  (id  est  :  rendre  impopulaire  et  ridicule, 
s'il  If  pouvait.  Bientôt  Carnot  retomba  dans  une 
pauvreté  noble  dont  Napoléon  n'ont  lionle  que 
vers  1810,  quand  il  n'eut  plus  peur  de  lui). 

Je  n'ai  ludlo  idée  de  mon  arrivée  à  Dijon,  pas  plus 
de  mon  arrivée  à  Genève.  L'image  de  ces  deux  villes 
a  été  effacé»;  par  les  images  plus  complètes  que  m'ont 


VIE     DE    HENRI    BRULAR»  167 

laissées  les  voyages  postérieurs.  Sans  doute  j'étais 
fou  de  joie.  J'avais  avec  moi  une  trentaine  de 
volumes  stéréotypés.  L'idée  de  perfeclionnement  de 
la  nouvelle  invention  me  faisait  adorer  ces  volumes. 
Très  susceptible  pour  les  sensations  d'odeur,  je 
passais  ma  vie  à  me  laver  les  mains  quand  j'avais 
lu  un  bouquin,  et  la  mauvaise  odeur  m'avait  donné 
un  préjugé  contre  le  Dante  et  les  belles  éditions  de 
ce  poète  rassemblées  par  ma  pauvre  mère,  idée  tou- 
jours chère  et  sacrée  pour  moi  et  qui,  vers  1800, 
était  encore  au  premier  plan. 

En  arrivant  à  Genève  (j'étais  fou  de  la  Nouvelle- 
Héloïsé),  ma  première  course  fut  pour  la  vieille 
maison  où  est  né  J.-J,  R.ousseau,  en  1712,  que  j'ai 
trouvée,  en  1833,  changée  en  superbe  maison, 
image  de  l'utilité  et  du  commerce. 

A  Genève,  les  diligences  manquaient,  je  trouvai 
un  commencement  du  désordre  qui  apparut  régner 
à  l'armée.  J'étais  recommandé  à  quelqu'un,  appa- 
remment à  un  commissaire  des  guerres  français, 
laissé  pour  les  passages  et  les  transports.  Le  comte 
Daru  avait  laissé  un  cheval  malade  ;  j'attendis  sa 
guérison. 

Là  enfin  recommencent  mes  souvenirs.  Après 
plusieurs  délais,  un  matin,  vers  les  huit  heures,  on 
attache  sur  ce  jeune  cheval  suisse  et  bai  clair  mon 
énorme  portemanteau,  et  un  peu  en  dehors  de  la 
porte  de  Lausanne,  je  monte  à  cheval. 

C'était  pour  la  seconde  ou  troisième  fois  de  ma 


168  STENDHAL 

vie.  Sérapliie  et  mon  père  s'étaient  constamment 
opposés  à  me  voir  monter  à  cheval,  faire  des 
armes,  etc. 

Ce  cheval,  qui  n'était  pas  sorti  de  l'écurie  depuis 
un  mois,  au  bout  de  vingt  pas  s'emporte,  quitte  la 
route  et  se  jette,  vers  le  lac,  dans  un  champ  planté 
de  saules  :  je  crois  que  le  portemanteau  le  blessait. 


CHAPITRE  XLIV* 


Je  mourais  de  crainte,  mais  le  sacrifice  était  fait  ; 
les  plus  grands  dangers  n'étaient  pas  faits  pour 
m'arrêter.  Je  regardais  les  épaules  de  mon  cheval, 
et  les  trois  pieds  qui  me  séparaient  de  terre  me  sem- 
blaient un  précipice  sans  fond.  Pour  comble  de 
ridicule,  je  crois  que  j'avais  des  éperons. 

Mon  jeune  cheval  fringant  galopait  donc  au  hasard, 
au  milieu  de  ces  saules,  quand  je  m'entendis  appeler  : 
c'était  le  domestique,  sage  et  prudent,  du  capitaine 
Burelviller  qui,  enfin,  en  me  criant  de  retirer  la 
bride  et  s'approchant,  parvint  à  arrêter  le  cheval, 
après  une  galopade  d'un  quart  d'heure,  au  moins, 
dans  tous  les  sens.  Il  me  semble  (jii'au  milieu  de  mes 
peurs  sans  nombre,  j'avais  celle  d'être  entraîné 
dans  le  lac. 


170  STENDHAL 

«  Que  me  voulez-vous  ?  dis-je  à  ce  domestique, 
quand  enfin  il  eut  pu  calmer  mon  cheval, 

—  Mon  maître  désire  vous  parler.  > 

Aussitôt  je  pensai  à  mes  pistolets  ;  c'est  sans 
doute  quelqu'un  qui  me  veut  arrêter.  La  route  était 
couverte  de  passants,  mais  toute  ma  vie  j'ai  vu 
mon  idée  et  non  la  réalité  (comme  un  chenal  ombra- 
geux, me  dit,  dix-sept  ans  plus  tard,  M.  le  comte  de 
Tracy). 

Je  revins  fièrement  au  capitaine,  que  je  trouvai 
obligeamment  arrêté  sur  la  grand'route. 

«  Que  me  voulez-vous,  monsieur  ?  »  lui  dis-je, 
m'attendant  à  faire  le  coup  de  pistolet. 

Le  capitaine  était  un  grand  homme  blond  *,  entre 
deux  âges,  maigre,  et  d'un  aspect  narquois  et 
fripon,  rien  d'engageant,  au  contraire.  Il  m'ex- 
pliqua qu'en  passant  à  la  porte,  M...*  lui  avait 
dit  : 

«  Il  y  a  là  un  jeune  homme  qui  s'en  va  à  l'armée, 
sur  ce  cheval,  qui  monte  pour  la  première  fois  à 
cheval  et  qui  n'a  jamais  vu  l'armée.  Ayez  la  charité 
de  le  prendre  avec  vous  pour  les  premières  journées.  » 

M'attendant  toujours  à  me  fâcher  et  pensant  à 
mes  pistolets,  je  considérais  le  sabre  droit  et  immen- 
sément long  du  capitaine  Burelviller  qui,  ce  me 
semble,  appartenait  à  l'arme  de  la  grosse  cavalerie  : 
habit  bleu,  boutons  et  épaulettes  d'argent. 

Je  crois  que,  pour  comble  de  ridicule,  j'avais  un 
sabre  ;  même,  en  y  pensant,  j'en  suis  sûr. 


^  VIE     DE    HENRI    BRULARD  171 

Autant  que  je  puis  en  juger,  je  plus  à  ce  M.  Burel- 
viller,  qui  avait  l'air  d'un  grand  sacripant,  qui  peut- 
être  avait  été  chassé  d'un  régiment  et  cherchait  à 
se  raccrocher  à  un  autre.  Mais  tout  cela  est  conjec- 
ture, comme  la  physionomie  des  personnages  que 
j'ai  connus  à  Grenohle  avant  1800.  Comment 
aurais-je  pu  juger  ? 

M.  Burelviller  répondait  à  mes  questions  et  m'ap- 
prenait à  monter  à  cheval.  Nous  faisions  l'étape 
ensemble,  allions  prendre  ensemble  notre  billet  de 
logement,  et  cela  dura  jusqu'à  la  Casa  d'Adda, 
Porta  Nova,  à  Milan  (à  gauche,  en  allant  vers  la 
porte). 

J'étais  absolument  ivre,  fou  de  bonheur  et  de 
joie.  Ici  commence  une  époque  d'enthousiasme  et 
de  bonheur  parfait.  Ma  joie,  mon  ravissement  ne 
diminuèrent  un  peu  que  lorsque  je  devins  dragon 
au  6e  régiment,  et  encore  ce  ne  fut  qu'une  éclipse. 

Je  ne  croyais  pas  être  alors  au  comble  du  bonheur 
qu'un  être  humain  puisse  trouver  ici  bas. 

Mais  telle  est  la  vérité  pourtant.  Et  cela,  quatre 
mois  après  avoir  été  si  malheureux  à  Paris,  quand 
je  m'aperçus  ou  crus  m'apercevoir  que  Paris  n'était 
pas,  par  soi,  le  comble  du  bonheur. 

Comment  rendrai-je  le  ravissement  de  Rolle  ? 

Il  faudra  peut-être  relire  et  corriger  ce  iiassao-e 
contre  mon  dessein,  de  peur  de  mentir  avec  artifice 
comme  Jean- Jacques  Rousseau. 

Comme  le  sacrifice  de  ma  vie  à  ma  fortune  était 


172  STENDHAL 

fait  et  parfait,  jetais  excessivement  hardi  à  cheval, 
mais  hardi  en  demandant  toujours  au  capitaine 
Burelviller  :  «  Est-ce  que  je  vais  me  tuer  ?  » 

Heureusement,  mon  cheval  était  suisse,  et  paci- 
fique et  raisonnahle  comme  un  Suisse  ;  s'il  eût  été 
romain  et  traître,  il  m'eût  tué  cent  fois. 

Apparemment  je  plus  à  M.  Burelviller,  et  il  s'aj)- 
piiqua  à  me  former  en  tout  ;  et  il  fut  pour  moi,  de 
Genève  à  Milan,  penilant  un  voyage  à  (juatre  ou 
cinq  lieues  par  jour,  ce  (pi'un  excellent  oouverneur 
doit  être  pour  un  jeune  prince.  Notre  \  ie  était  une 
conversation  agréahle,  mêlée  d'événements  singu- 
liers et  non  sans  quelque  petit  péril  ;  par  conséquent, 
impossibilité  de  l'apparence  la  j)lus  éloignée  de 
l'ennui.  Je  n'osais  dire  mes  chimères  ni  parler 
littérature  à  ce  roué  de  vingt-huit  ou  Uenle  ans,  qui 
paraissait  le  contraire  de  l'émotion. 

Dès  que  nous  arrivions  à  l'étape,  je  le  «piillais,  je 
donnais  bien  rélrenne  à  son  domestique  pour 
soigner  mon  cheval  ;  y  jxiuvais  doue  aller  rêver  en 
paix. 

A  Piollr-,  ce  me  semble,  arrivé  de  bonne  heure, 
ivre  de  jjonheui'.  i|f  la  Irchiic  de  la  .\ou\'('lU'-Hcloï.se 
et  de  l'idée  d'aller  i)ass<r  a  Ncncv,  prenant  peut-être 
RoIIf  |ioiii-  \  ('\c\  .  j'iiitfiidis  I  mil -à-((iiip  sonner 
en  grande  volée  la  «Idclic  niajrsl  iiniscî  tj'une  église* 
située  dans  la  coIIIm»',  à  un  (|iiaît  de  lieue  au-dessus 
de  Rollf  Mil  de  Nyiiti  ;  j  \  iiKuilai.  .le  \"oyais  ce  beau 
lac  s'étendre  sous  mes  yeux,  le  son  de  la  cloche  était 


VIE     DF.    IlEMU     HHILAUD  173 

une  ravissante  musique  fjui  accompagnait  mes 
idées,  eu  leur  donnaul  une  i»hysiouomie  sublime. 

Là,  ce  me  semble,  a  été  mon  approche  la  plus 
voisine  du  bonheur  parfait. 

Pour  un  tel  moment,  il  vaut  la  peine  d'avoir  vécu. 

Dans  la  suite,  je  parlerai  de  moments  semblables, 
où  le  fond,  pour  le  bonheur,  était  peut-être  réel, 
mais  la  sensation  était-elle  aussi  vive,  le  transport 
du  bonheur  aussi  parfait  ? 

()ue  dire  d'un  tel  moment,  sans  mentir,  sans 
tomber  dans  le  roman  ? 

A  Rolle  ou  Nyon,  je  ne  sais  lequel  (à  vérifier,  il 
est  facile  de  voir  cette  église  entourée  de  huit  ou 
dix  grands  arbres),  à  Rolle  exactement  commença 
le  temps  heureux  de  ma  vie  ;  ce  pouvait  être  alors 
le  8  ou  10  de  mai  1800. 

Le  cœur  me  bat  encore  en  écrivant  ceci,  trente- 
six  ans  après.  Je  quitte  mon  papier,  j'erre  dans  ma 
chambre  et  je  reviens  écrire.  J'aime  mieux  manquer 
quelque  trait  vrai  que  de  tomber  dans  l'exécrable 
défaut  de  faire  de  la  déclamation,  comme  c'est 
l'usage. 

A  Lausanne,  je  crois,  je  plus  à  AL  Burelviller.  Un 
capitaine  suisse  retiré,  jeune  encore,  était  muni- 
cipal. C'était  quelque  ultra  échappé  d'Espagne  ou 
de  quelque  autre  Cour.  En  s'acquittant  de  la  beso- 
gne désagréable  de  distribuer  des  billets  tle  loge- 
ment à  ces  sacripants  de  Français,  il  se  prit  de  bec 
avec  nous  et  alla  jusqu'à  dire,  en  parlant  de  ïhori- 


174  STENDHAL 

neur  que  nous  avions  de  servir  notre  patrie  :  «  S'il 
y  a  de  l'honneur...  » 

Mon  souvenir  sans  doute  exagère  le  mot. 

Je  mis  la  main  à  mon  sabre  et  voulus  le  tirer,  ce 
qui  me  prouve  que  j'avais  un  sabre. 

M.  Burelviller  me  retint. 

«  Il  est  tard,  la  \iile  est  encombrée,  il  s'agit 
d'avoir  un  logement,  »  me  dit-il  peu  après. 

Et  nous  quittâmes  le  municipal,  ancien  capitaine, 
après  lui  avoir  bien  dit  son  fait. 

Le  lendemain,  étant  à  cheval,  sur  la  route  de 
Villeneuve,  M.  Burelviller  m'interrogea  sur  ma 
façon  de  faire  des  armes. 

Il  fut  stupéfait  quand  je  lui  avouai  ma  complète 
ignorance.  11  me  fit  mettre,  ce  me  semble,  en  garde, 
à  la  première  fois  que  nous  nous  arrêtâmes  pour 
laisser  pisser  nos  chevaux. 

«  Et  qu'auriez-vous  donc  fait,  si  ce  cliien  d'aristo- 
crate était  sorti  avec  nous  ? 

—  J'aurais  foncé  sur  lui.  » 

Apparemment  que  ce  mot  fut  dit  comme  je  le 
pensais. 

Le  capitaine  Burelviller  m'estima  beaucoup 
depuis  et  nie  le  dit. 

11  fallait  ({ue  ma  parfaite  innocence  et  lotale 
absence  du  mensonge  fût  bien  évidente  pour  donnei- 
de  la  valeur  à  ce  (pii,  dans  tout  inilic  jiosilKtn,  cùL 
été  une  blague  tellement  j'rossière. 


VIE     DE    HENRI    BRULARD  17; 


Il  se  mit  à  nie  donner  quelques  principes  d'esto- 
cade, dans  nos  haltes,  le  soir. 

«    Autrement    vous    vous    feriez    enfiler    comme 


un...   » 


J'ai  oublié  le  terme  de  comparaison. 

Martigny,  je  crois,  au  pied  du  Grand-Saint-Ber- 
nard, m'a  laissé  un  souvenir  :  le  beau  général  Mar- 
mont,  en  habit  de  conseiller  d'Etat,  bleu  de  ciel 
brodant  sur  bleu  de  roi,  s'occupant  à  faire  filer  un 
parc  d'artillerie.  Mais  comment  cet  uniforme  est-il 
possible  ?  Je  l'ignore,  mais  je  le  vois  encore. 

Peut-être  vis-je  le  général  Marmont  en  uniforme 
de  général,  et  plus  tard  lui  ai-je  appliqué  l'uniforme 
de  conseiller  d'Etat.  (Il  est  à  Rome,  ici  près,  mars 
1836,  le  traître  duc  de  Raguse,  malgré  le  mensonge 
que  le  lieutenant-général  Després  m'a  fait  devant 
ma  cheminée,  au  Heu  où  j'écris,  il  n'y  a  pas  douze 
jours.) 

Le  général  Marmont  était  à  gauche  de  la  route, 
vers  les  sept  heures  du  matin,  au  sortir  de  Martigny  ; 
il  pouvait  être  alors  le  12  ou  le  14  de  mai  1800. 

J'étais  gai  et  actif  comme  un  jeune  poulain,  je  me 
regardais  comme  Calderon  faisant  ses  campagnes  en 
Italie,  je  me  regardais  comme  un  curieux  détaché  à 
l'armée  pour  voir,  mais  destiné  à  faire  des  comédies 
comme  Molière.  Si  j'avais  un  emploi  par  la  suite,  ce 
serait  pour  vivre,  n'étant  pas  assez  riche  pour  courir 
le  monde  à  mes  frais.  Je  ne  demandais  qu'à  voir  de 


17G  STENDllAI. 

grandes  choses.  Ce  fut  ilonc  avec  plus  de  joie 
encore  qu'à  l'ordinaire  que  j'examinai  Maimonl,  ce 
jeune  et  beau  favori  du  Premier  Consul. 

Comme  les  Suisses,  dans  les  maisons  descjuels 
nous  avions  logé  à  Lausanne,  Villeneuve,  Sion,  etc., 
nous  avaient  fait  un  tableau  infâme  du  Grand-Saint- 
Bernard,  j'étais  |)lus  gai  (ju'à  l'ordinaire,  plus  gai 
n'est  pas  le  mot,  c't'st  plus  heureux.  Mnii  plaisir 
était  si  vif,  si  intime,  «pi'il  m  ('tait  ]i<iisil. 

J'étais,  sans  m'en  rendre  raison,  exlrèmoment 
sensible  à  la  beauté  des  paysages.  Comme  mon  père 
et  Séraphie  vantaient  beaucoup  les  beautés  de  la 
nature  en  véritables  hypocrites  (pi'iis  étaient,  je 
croyais  avoir  la  nature  en  Imireur.  Si  (pielqu'un 
m'eût  parlé  des  beautés  de  la  Suisse,  il  m'eut  fait 
mal  au  cœur  ;  je  sautais  les  phrases  de  ce  genre  dans 
les  Confessions  et  Vlh'loïse  de  Rousseau,  ou  plutôt, 
pour  être  exact,  je  les  lisais  en  courant.  Mais  ces 
phrases  si  belles  me  touchaient  malgré  moi. 

.le  dus  avoir  un  plaisir  extrême  en  montant  le 
Saint-Bernard,  mais,  ma  foi,  sans  les  précautions, 
(\m  souvent  me  sendjlaieut  extrêmes  et  prescpie 
riflicules,  du  capitaine  Burelviller,  je  serais  nioit 
peut-être  dès  ce  premier  pas. 

(^lie  rmi  \<  iiilli'  bien  -«•  liijipelcr  de  ma  ndieulis- 
sime  édiieiilion.  l'uni-  ih-  me  f:iire  ((lurir  iniciiu 
«langer,  mon  pèie  et  Séraphie  m';i\;iieiit  empêché 
<le  monter  à  cheval  et,  îiuhmt  «piils  ;.\;iieiil  pu, 
d'îiller  à  la  e}iîis»je.  'l'fMif  au  plus  j';illais  nie  promener 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  1/7 

avec  lin  fusil,  mais  jamais  de  partio  do  chasse  véri- 
table, où  Ton  IfoiiNO  la  faim,  la  pluie,  l'excès  de  la 
faliouc. 

l)e  plus,  la  nature  m'a  donné  les  nerfs  délicats 
et  la  peau  sensible  d'une  femme.  Je  ne  pouvais  pas, 
(pielcjues  mois  après,  tenir  mon  sabre  deux  heures 
sans  avoir  la  main  pleine  d'ampoules.  Au  Saint- 
Bernard,  j'étais  pour  le  physique  comme  une  jeune 
fille  de  quatorze  ans  ;  j'avais  dix-sept  ans  et  trois 
mois,  mais  jamais  fils  gâté  de  grand  seigneur  n'a 
reçu  une  éducation  plus  molle. 

Le  courage  militaire,  aux  yeux  de  mes  parents, 
était  une  qualité  des  Jacobins  ;  on  ne  prisait  que  le 
courage  d'avant  la  Révolution,  qui  avait  valu  la 
croix  de  Saint-Louis  au  chef  de  la  branche  riche  de 
la  famille  (M.  le  capitaine  Beyle,  de  Sassenage). 

Excepté  le  moral,  par  moi  puisé  dans  les  livres 
prohibés  par  Séraphie,  j'arrivai  donc  au  Saint- 
Bernard  poule  mouillée  complète.  Que  fussé-je 
devenu  sans  la  rencontre  de  M.  Burelviller  et  si 
j'eusse  marché  seul  ?  J'avais  de  l'argent  et  n'avais 
pas  même  songé  à  prendre  un  domestique.  Etourdi 
par  mes  délicieuses  rêveries,  basées  sur  l'Arioste  et 
la  Noui'elle-Héloïse^  toutes  les  remarques  prudentes 
glissaient  sur  moi  ;  je  les  trouvais  bourgeoises,  plates, 
odieuses. 

De  là,  mon  dégoût,  même  en  1836,  pour  les  faits 
comiques,  où  se  trouve  de  toute  nécessité  *  un 
Brllard  II.  12 


1/8  STENDHAL 

personnage  bas.  Ils  me  font  un  dégoût  qui  va  jusqu'à 
l'horreur. 

Drôle  de  disposition  pour  un  successeur  de  Mo- 
lière ! 

Tous  les  sages  avis  des  hôteliers  suisses  avaient 
donc  glissé  sur  moi. 

A  une  certaine  hauteur,  le  froid  devint  piquant, 
une  brume  pénétrante  nous  environna,  la  neige 
couvrait  la  route  depuis  longtemps.  Cette  route, 
petit  sentier  entre  deux  murs  à  pierres  sèches,  était 
remplie  de  huit  à  dix  pouces  de  neige  fondante  et, 
au  dessous,  des  cailloux  roulants  (comme  ceux  de 
Claix,  polygones  irréguliers  dont  les  angles  sont  un 
peu  émoussés). 

De  temps  en  temps,  un  cheval  mort  faisait  cabrer 
le  mien  ;  bientôt,  ce  qui  fut  bien  pis,  il  ne  se  cabra 
plus  du  tout.  Au  fond,  c'était  une  rosse. 


CHAPITRE    XLV* 


LE    SAINT-BERNARD 


A  chaque  instant  tout  devenait  pire.  Je  trouvai  le 
danger  pour  la  première  fois  ;  ce  danger  n'était  pas 
grand,  il  faut  l'avouer,  mais  pour  une  jeune  fille  de 
quatorze  ans  qui  n'avait  pas  été  mouillée  par  la 
pluie  dix  fois  en  sa  vie  ! 

Le  danger  n'était  donc  pas  grand,  mais  il  était 
en  moi-même  :  les  circonstances  diminuaient 
l'homme. 

Je  n'aurai  pas  honte  de  me  rendre  justice,  je  fus 
constamment  gai.  Si  je  rêvais,  c'était  aux  phrases 
par  lesquelles  J.-J.  Rousseau  pourrait  décrire  ces 
monts  sourcilleux  couverts  de  neige  et  s'élevant 
jusqu'aux  nues  avec  leurs  pointes  sans  cesse  obscur- 
cies par  de  gros  nuages  gris  courant  rapidement. 


180  STENDHAL 

Mon  cheval  faisait  mine  de  tomber,  le  capitaine 
jurait  et  était  sombre,  son  prudent  domestique,  qui 
s'était  fait  mon  ami,  était  fort  pâle. 

J'étais  transpercé  d'humidité  ;  sans  cesse  nous 
étions  gênés  et  même  arrêtés  par  des  groupes  de 
quinze  ou  vingt  soldats  qui  montaient. 

Au  lieu  des  sentiments  d'héroïque  amitié  que  je 
leur  supposais,  d'après  six  ans  de  rêveries  héroupies 
basées  sur  les  caractères  de  Ferragus  et  de  Rinaldo, 
j'entrevoyais  des  égoïstes  aigris  et  méchants  ;  sou- 
vent ils  juraient  contre  nous,  de  colère  de  nous  voir 
à  cheval  et  eux  à  pied.  Lii  peu  plus  ils  nous  volaient 
nos  chevaux. 

Cette  vue  du  caractère  humain  me  contrariait, 
mais  je  l'écartais  bien  vite  pour  joiiii-  de  cette  idée  : 
je  vois  donc  une  chose  dilllcile  ! 

Je  ne  me  rappelle  pas  tout  cela,  mais  je  me 
rappelle  mieux  les*  dangers  postérieurs,  quand 
j'étais  bien  plus  rapproché  de  1800,  par  exemple  à  la 
Un  (h-  1812,  dans  hi  niarchc  de  Mciscoii  à  Ku-nigs- 
i)erg. 

Enfin,  après  um-  <|n;irilité  ('iiniiiir  de  zigzags,  qui 
me  paraissaient  Inrim  i-  une  distance  inlinic,  dans 
un  foml.  cnlic  deux  rochers  puiuliis  rt  éiujrmes, 
j'aperçus,  à  gauclu-,  une  ni;iis(iu  basse,  presque  cou- 
verte J)ar  un  nu;i;.M'  qui  |);is'«;iil. 

(l'est  l'hospice  !  <  tu  nous  y  (l(.iiii;i.  couiuic  à  fnulc 
l'armée,  uu  di-iui-x  <ric  de  \iri  <|ui  me  |iarul  glacé 
comme  une  Jécoclion  ronge. 


VIE     DE     HENRI    BRULAHU  181 

Je  iTai  (le  mcMUoire  que  du  ^•in  ;  sans  doute  on  v 
joignit  un  morceau  de  pain  et  de  fromage. 

Il  me  semble  que  nous  entrâmes,  ou  bien  les  écrits 
de  l'intérieur  de  l'Hospice  qu'où  me  fit  produisirent 
une  image  qui,  depuis  trente-six  ans,  a  pris  la  place 
de  la  réalité. 

^  oilà  un  danger  de  mensonge  que  j'ai  aperçu 
depuis  trois  mois  que  je  pense  à  ce  véridique  journal. 

Par  exemi)le,  je  me  figure  fort  bien  la  descente. 
Mais  je  ne  veux  pas  dissimuler  que,  cinq  ou  six  ans 
après,  je  vis  une  gravure  que  je  trouvai  fort  ressem- 
blante ;  et  mon  souvenir  tiest  plus  que  la  gravure. 

C'est  là  le  danger  d'acheter  des  gravures  des  beaux 
tableaux  que  l'on  voit  dans  ses  voyages.  Bientôt  la 
gravure  forme  tout  le  souvenir,  et  détruit  le  souvenir 
réel. 

C'est  ce  c[ui  m'est  arrivé  pour  la  Madone  de  Saint- 
Sixte  de  Dresde.  La  belle  gravure  de  Mûller  l'a 
détruite  pour  moi,  tandis  que  je  me  figure  parfaite- 
ment les  méchants  pastels  de  Mengs,  de  la  même 
galerie  de  Dresde,  dont  je  n'ai  vu  la  gravure  nulle 
part. 

Je  vois  fort  bien  l'ennui  de  tenir  mon  cheval 
par  la  bride  :  le  sentier  était  formé  de  roches  immo- 
biles*. 

Le  diable,  c'est  que  les  quatre  pieds  de  mon  cheval 
se  réunissaient  dans  la  ligne  droite  formée  par  la 
réunion  des  deux  rochers  qui  formaient  la  route,  et 
alors  la  rosse  faisait  mine  de  tomber  ;  à  droite,  il  n'y 

BnULARU    II.  12. 


182  STENDHAL 

avait  pas  grand  mal,  mais  à  gauche  !  Que  dirait 
M.  Daru,  si  je  lui  perdais  son  cheval  ?  Et  d'ailleurs 
tous  mes  effets  étaient  dans  l'énorme  portemanteau, 
et  peut-être  la  plus  grande  partie  de  mon  argent. 

Le  capitaine  jurait  contre  son  domestique  qui  lui 
blessait  son  second  cheval,  il  donnait  des  coups  de 
canne  sur  la  tête  de  son  propre  cheval,  c'était  un 
homme  fort  violent,  et  enfin  il  ne  s'occupait  pas  de 
moi  le  moins  du  monde. 

Pour  comble  de  misère  un  canon,  ce  me  semble, 
vint  à  passer,  il  fallut  faire  sauter  nos  chevaux  à 
droite  de  la  route  ;  mais  de  cette  circonstance  je 
n'en  voudrais  pas  jurer,  elle  est  dans  la  gravure*. 

Je  me  souviens  fort  bien  de  cette  longue  descente 
circulaire  autour  de  ce  diable  de  lac  glacé. 

Enfin,  vers  Etrouble,  ou  avant  Etrouble,  vers  un 
hameau  nommé  Saint...*,  la  nature  commença  à 
devenir  moins  austère. 

Ce  fut  pour  moi  une  sensation  délicieuse. 

Je  dis  au  capitaine  Burelviller  : 

«  Le  Saint-Bernard,  n'est-ce  que  ça  ?  » 

Il  me  semble  qu'il  se  fâcha  et  crut  que  je  mentais 
(en  termes  dont  nous  nous  servions  :  que  je  lui 
làcliais  une  blague). 

Je  crois  entrevoir  dans  mes  souvenirs  ([u'il  me 
traita  de  conscrit,  ce  qui  me  sembla  une  injure. 
■    A  Etrouble,  où  nous  couchâmes,  ou  à  Saint-..., 
mon   Ixinliriir  fut  extrême,   mais  ji;  cnniniriiçais  à 
conqueiidre  «jue  ce  n'était  que  dans  les  moments 


VIE    DE    HENRI    BRULARD 


183 


OÙ  le  capitaine  était  gai,  que  je  pouvais  hasarder 
mes  remarques. 

Je  me  dis  :  je  suis  en  Italie,  c'est-à-dire  dans  le 
pays  de  la  Zidietta  que  J.-J.  Rousseau  trouva  à 
Venise,  en  Piémont,  dans  le  pays  de  M"^^  Bazile. 

Je  comprenais  bien  que  ces  idées  étaient  encore 
plus  de  contrebande  pour  le  capitaine  qui,  ce  me 
semble,  une  fois,  avait  traité  Rousseau  de  polisson 
d'écrivain. 


Je  serais  obligé  de  faire  du  roman,  et  de  chercher 
à  me  figurer  ce  que  doit  sentir  un  jeune  homme  de 
dix-sept  ans,  fou  de  bonheur  en  s'échappant  du 
couvent,  si  je  voulais  parler  de  mes  sentiments 
d'Etrouble  au  fort  de  Bard. 

J'ai  oublié  de  dire  cjue  je  rapportais  mon  innocence 
de  Paris  ;  ce  n'était  qu'à  JMilan  cjue  je  devais  me 
délivrer  de  ce  trésor.  Ce  qu'il  y  a  de  drôle,  c'est  que 
je  ne  me  souviens  pas  distinctement  avec  qui. 

La  violence  de  la  timidité  et  de  la  sensation  a  tué 
absolument  le  souvenir. 


Tout  en  faisant  route,  le  capitaine  me  donnait  des 
leçons  d'équitation,  et  pour  activer  il  donnait  des 
coups  de  canne  sur  la  tête  de  son  cheval,  qui  s'em- 
portait fort.  Le  mien  était  une  rosse  molle  et  pru- 
dente ;  je  le  réveillais  à  grands  coups  d'éperons.  Par 
bonheur,  il  était  très  fort. 


1S4 


STENDHAL 


Mon  imagination  folle,  n'osant  pas  dire  ses  secrets 
au  capitaine,  nie  f;tisait  au  moins  le  pousser  de 
questions  sur  léquitation.  Je  n'étais  rien  moins  que 
discret. 

«  Et  quand  un  cheval  recule  et  s'approche  ainsi 
d'un  fossé  profond,  que  faut-il  faire  ? 

—  Que  diable  !  à  peine  vous  savez  vous  tenir,  et 
vous  me  demandez  des  choses  qui  embarrassent  les 
meilleurs  cavaliers  !  » 

Sans  doute  quelque  bon  jurement  accompagna 
cette  réponse,  car  elle  est  restée  gravée  dans  ma 
mémoire. 

Je  devais  l'ennuyer  ferme.  Son  sage  domestique 
m'avertit  qu'il  faisait  manger  à  ses  chevaux  la 
moitié  au  moins  du  son  qu'il  me  faisait  acheter 
I»our  rafraîchir  le  mien.  Ce  sage  domestique  m'offrit 
de  passer  à  mon  service,  il  m'eût  mené  à  sa  volonté, 
au  lieu  que  le  terrible  Burelviller  le  malmenait. 

Ce  beau  discours  ne  me  lit  aucune  impression.  Il 
me  semble  «juc  je  pensai  (jue  je  devais  une  reconnais- 
sance infinie  au  capitaine. 

D'ailleurs,  j'étais  si  heureux  de  conlenqjler  les 
beaux  paysages  et  l'arc  de  triomphe  d'avril  «jue  je 
n'avais  qu'un  vœu  à  former  :  c'était  (pie  «et te  vie 
durât   toujours. 

Nous  croyions  l'armée  à  cpiarante  lieues  en  avant 
«le  nous. 

Tout-à-roup,  nous  la  troiiNâmes  arrêtée  par  le  fort 
de  Bard*. 


VIE     DE     IIENHI     BRLLARD  185 

Je  nie  vois  Ijivouafjuant  à  une  clenii-lleuc  du  fort, 
à  gauche  de  la  grande  route. 

Le  lendemain,  j'eus  vingt-deux  piqûres  de  cousin 
sur  la  figure  et  un  œil  tout  à  fait  fermé. 

Ici,  le  récit  se  confond  avec  le  souvenir. 

Il  me  semble  que  nous  fûmes  arrêtés  deux  ou  trois 
jours  sous  Bard. 

Je  redoutais  les  nuits  à  cause  des  piqûres  de  ces 
affreux  cousins,  j'eus  le  temps  de  guérir  à  moitié. 

Le  Premier  Consul  était-il  avec  nous  ? 

Fut-ce,  comme  il  me  semble,  pendant  que  nous 
étions  dans  cette  petite  plaine,  sous  le  fort,  que  le 
colonel  Dufour  essaya  de  l'emporter  de  vise  force  ? 
Et  que  deux  sapeurs  essayèrent  de  couper  les  chaînes 
du  pont-levis  ?  Vis-je  entourer  de  paille  la  roue  des 
canons,  ou  bien  est-ce  le  souvenir  du  récit  que  je 
trouve  dans  ma  tête  ? 

La  canonnade  épouvantable  dans  ces  rochers  si 
hauts,  dans  une  vallée  si  étroite,  me  rendait  fou 
d'émotion. 

Enfin,  le  capitaine  me  dit  :  «  Nous  allons  passer  sur 
une  montagne  à  gauche  :  C'est  le  chemin  *.  » 

J'ai  appris,  depuis,  que  cette  montagne  se  nomme 
Albaredo. 

Après  une  demi-lieue,  j'entendis  donner  cet  avis 
de  bouche  en  bouche  :  «  Ne  tenez  la  bride  de  vos 
chevaux  qu'avec  deux  doigts  de  la  main  droite  afin 
que,  s'ils  tombent  dans  le  précipice,  ils  ne  vous 
entraînent  pas. 


186  STENDHAL 

—  Diable  !  il  y  a  donc  danger  !  »  me  dis-je  *. 
On  s'arrêta  sur  une  petite  plate-forme. 

«  Ah  !  voilà  qu'ils  nous  visent,  dit  le  capitaine. 

—  Est-ce  que  nous  sommes  à  portée  ?  dis-je  au 
capitaine. 

—  Ne  voilà-t-il  pas  mon  bougre  qui  a  déjà  peur  ?  » 
me  ilit-il  avec  humeur.  11  >  a\  ;iit  là  sept  à  huit  per- 
sonnes. 

Ce  mot  fut  comme  le  chant  du  (  oq  pour  Saint- 
Pierre,  .le  revois  :  je  m'approchai  du  bord  de  la 
plate-forme  pour  être  plus  exposé,  et  quand  il 
continua  la  route,  je  traînai  quelques  minutes,  pour 
montrer  mon  courage. 

Voilà  comment  j»-  vis  le  feu  pour  la  première 
fois. 

C'était  une  espèce  de  pucelage  qui  me  pesait 
autant  que  l'autre. 


CHAPITRE  XLVI* 


Le  soir,  en  y  réfléchissant,  je  ne  revenais  pas  de 
mon  étonnement  :  Quoi  !  nesl-ce  que  ça  ?  me 
disais-je. 

Cet  étonnement  un  peu  niais  et  cette  exclamation 
m'ont  suivi  toute  ma  vie.  Je  crois  que  cela  tient  à 
l'imagination  ;  je  fais  cette  découverte,  ainsi  que 
beaucoup  d'autres,  en  1836,  en  écrivant  ceci. 

Parenthèse.  —  Souvent  je  me  dis,  mais  sans 
regret  :  Que  de  belles  occasions  j'ai  manquées!  Je 
serais  riche,  du  moins  j'aurais  de  l'aisance  !  Mais  je 
vois,  en  1836,  que  mon  plus  grand  plaisir  est  de 
rêver  ;  mais  rêver  à  quoi  ?  Souvent  à  des  choses  qui 
m'ennuient.  L'activité  des  démarches  nécessaires 
pour  amasser  10.000  francs  de  rente  est  impossible 
pour  moi.  De  plus,  il  faut  flaUei^,  ne  déplaire  à  per- 


188  STENDHAL 

sonne,  etc.  Ce  dernier  est  presque  impossible  pour 
moi. 

lié  bien  !  M.  ]«•  comte  de  Cauchaiu  était  lieute- 
nant ou  sous-lieutenant  au  (1*^  de  dragons  en  mémo 
temps  que  moi.  il  j)assait  pour  intriganl.  lial>ile, 
ne  perdant  pas  une  occasion  ])our  plaire  aux  gens 
j)uissants,  etc.,  ne  faisant  pas  un  pas  qui  n'eût  son 
but,  etc.  Le  général  Cauchaiu.  son  oncle,  avait 
pacifié  la  Vendée,  je  crois,  et  ne  manquait  pas  de 
crédit.  M.  de  Cauchaiu  quitta  le  régiment  pour 
entrer  dans  la  carrière  consulaire,  il  a  eu  probable- 
ment toutes  les  ([ualités  <[ui  me  mantpient,  il  est 
consul  à  -Nice,  comme  moi  à  Cività-Vecchia.  \  oilà 
qui  doit  me  consoler  de  ii'ctre  pas  intrigant,  ou  du 
moins  adroit,  prudent,  etc.  J'ai  eu  le  rare  plaisir  de 
faire  toute  ma  vie  à  peu  pré><  rc  (|iii  me  plaisait, 
et  je  suis  aussi  avancé  (piuii  hoinmc  liuid,  adroit, 
etc.  M.  do  Cauchain  m'a  fait  politesse  (piaud  je 
passai  à  .\i(f  <ii  ilrccdiltre  18u.'!.  Pcut-ctrc  a-l-il  de 
plus  que  moi  davoir  de  la  fortuin-,  mais  jjrobablc- 
meiit  il  l'a  héritée  de  son  oncle,  et  d'ailleurs  il  est 
chargé  d'iiiH-  \ieille  femme.  .!<•  ne  changerais  pas, 
c'est-à-din-  :  je  ne  voudrais  pas  cpie  mou  àme  eiitiàt 
dans  son  corps. 

Je  ne  dois  donc  pas  me  plaindre  du  destin.  .F.n"  eu 
un  lot  exécrable  de  sept  à  dix-sept  [ans],  mais,  (Irpuis 
le  i)assage  du  .Miuit-Sainl-liernard  (à  'J.VH  nntrcs 
au-dessus  de  l'océan*),  je  n'ai  plus  eu  ;i  me  plaindre 
du  destin  ;  j'ai,  au  contraire,  à  m'en  louer. 


VIE    DE     HENRI     BRULARD  189 

En  1804,  je  désirais  cent  louis  et  ma  liberté  ; 
en  1836,  je  désire  avec  passion  six  mille  francs  et 
ma  liberté.  Ce  qui  est  au-delà  ferait  bien  peu  pour 
mon  bonheur.  Ce  n'est  pas  à  dire  que  je  ne  voulusse 
tàter  de  25.000  francs  et  ma  liberté  pour  avoir  une 
lionne  voiture  à  ressorts  bien  liants,  mais  les  voleries 
du  cocher  me  donneraient  peut-être  plus  d'humeur 
que  la  voiture  de  plaisir. 

Mon  bonheur  est  de  n'avoir  rien  à  administrer  ; 
je  serais  fort  malheureux  si  j'avais  100.000  francs 
de  rente  en  terres  et  maisons.  Je  vendrais  tout  bien 
vite  à  perte,  ou  du  moins  les  trois-quarts,  pour 
acheter  de  la  rente.  Le  bonheur,  pour  moi,  c'est  de 
ne  commander  à  personne  et  de  n'être  pas  com- 
mandé, je  crois  donc  c{ue  j'ai  bien  fait  de  ne  pas 
épouser  M^*^  Rietti  ou  M^^^  Diane.  —  Fin  de  la 
parenthèse*. 

■  Je  me  souviens  que  j'eus  un  extrême  plaisir  en 
entrant  à  Etrouble  et  à  Aoste.  Quoi  !  le  passage  du 
Saint-Bernard,  n  est-ce  que  ça  ?  me  disais-je  sans 
cesse.  J'avais  même  le  tort  de  le  dire  haut  quelque- 
fois, et  enfin  le  capitaine  Burelviller  me  malmena  ; 
malgré  mon  innocence,  il  prit  cela  pour  une  blague 
{id  est  :  bravade) .  Fort  souvent,  mes  naïvetés  ont 
fait  le  môme  effet. 

Un  mot  ridicule  ou  seulement  exagéré  a  souvent 
sulîi  pour  gâter  les  plus  belles  choses  ])our  moi  :  par 
exemple,  à  Wagram,  à  côté  de  la  pièce  de  canon, 


190  STENDHAL 

quand  les  herbes  prenaient  feu,  ce  colonel  blagueur 
de  mes  amis  qui  dit  :  «  C'est  une  bataille  de  géants  !  » 
L'impression  de  grandeur  fut  irrémédiablement 
enlevée  pour  toute  la  journée. 

Mais,  grand  Dieu  !  qui  lira  ceci  ?  Quel  galimatias  ! 
Pourrai-je  enfin  revenir  à  mon  récit  ?  Le  lecteur 
sait-il  maintenant  s'il  eu  est  à  1800,  au  premier 
début  d'un  fou  dans  le  monde,  ou  aux  réflexions 
sages  d'un  homme  de  cinquante-trois*  ans! 

Je  remarquai,  avant  de  quitter  mon  rocher,  que  la 
canonnade  de  Bard  faisait  un  tapage  effrayant  : 
c'était  le  sublime,  un  peu  trop  voisin  pourtant  du 
danger.  L'âme,  au  lieu  de  jouir  purement,  était 
encore  un  peu  occupée  à  se  tenir. 

J'avertis,  une  fois  pf»ur  toutes,  le  brave  homme, 
unique  peut-être,  qui  aura  le  courage  de  me  lire, 
que  toutes  les  belles  réflexions  de  ce  genre  sont  de 
1836.  J'en  eusse  été  bien  étonné  en  1800  ;  peut-être, 
malgré  ma  solidité  sur  Helvélius  et  Shakespeare,  ne 
les  eussé-je  pas  comprises. 

Il  m'est  resté  un  souvenir  net  et  fort  sérieux  du 
rempart  qui  faisait  ce  grand  feu  sur  nous.  Le  com- 
mandant de  ce  fortin,  situé  providentiellement, 
comme  diraient  les  bons  écrivains  de  1830,  croyait 
arrêter  le  généml  Bonaparte*. 

Je  crois  que  h.'  logement  du  soir  fui  cln/.  un  curé, 
déjà  fort  malmené  parles  vingl-ciinj  mi  litiilf  iiiillr 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  191 

hommes  qui  avaient  passé  avant  le  capitaine  Burel- 
viller  et  son  élève.  Le  capitaine,  égoïste  et  méchant, 
jurait  ;  il  me  semble  que  le  curé  me  ht  pitié, 'je  lui 
parlai  latin,  pour  diminuer  sa  peur.  C'était  un  gros 
péché,  c'est  en  petit  le  crime  de  ce  vil  coquin  de 
Bourmont  à  Waterloo,  Par  bonheur,  le  capitaine  ne 
m'entendit  pas. 

Le  curé,  reconnaissant,  m'apprit  que  :  Donna  vou- 
lait dire  femme,  cattwa,  mauvaise,  et  qu'il  fallait 
dire  :  quante  sono  niiglia  di  qua  a  Ivrea  ?  quand  je 
voulais  savoir  combien  il  y  avait  de  milles  d'ici  à 
Ivrée. 

Ce  fut  là  le  commencement  de  mon  itahen. 

Je  fus  tellement  frappé  de  la  quantité  de  chevaux 
morts  et  d'autres  débris  d'armée  que  je  trouvai  de 
Bard  à  Ivrée,  qu'il  ne  m'en  est  point  resté  de  sou- 
venir distinct.  C'était  pour  la  première  fois  que  je 
trouvais  cette  sensation,  si  renouvelée  depuis  :  me 
trouver  entre  les  colonnes  d'une  armée  de  Napoléon. 
La  sensation  présente  absorbait  tout,  absolument 
comme  le  souvenir  de  la  première  soirée  où  Giul  m'a 
traité  en  amant.  Mon  souvenir  n'est  qu'un  roman 
fabriqué  à  cette  occasion. 

Je  vois  encore  le  premier  aspect  d' Ivrée  aperçue  à 
trois  quarts  de  heue,  un  peu  sur  la  droite,  et  à 
gauche  des  montagnes  à  distance,  peut-être  le  Mont 
Rose  et  les  monts  de  Bielle,  peut-être  ce  rezegon  de 
Lehk  (sic),  que  je  devais  tant  adorer  plus  tard. 


102  STENDHAL 

Il  devenait  dinicile  non  pas  d'avoir  un  billet  de 
loj^ement  des  habitants  terriliés.  mais  de  défendre 
ce  logement  contre  les  partis  de  trois  ou  quatre 
soldats  rôdant  pour  piller.  J'ai  ipielque  idée  du  sabre 
mis  à  la  main  pour  défendre  une  porte  de  notre 
maison,  que  des  chasseurs  à  cheval  voulaient  enlever 
pour  en  faire  un  bivouac. 


Le  soir,  j'»'us  une  sensation  fjue  y  n'oiililifrai 
jamais.  J'allai  au  spectacle,  malgré  le  capitaine  qui, 
iuiîeant  bien  ilf  num  t'nfantilla<ce  et  de  mon  itrno- 
rance  des  armes,  mon  sabre  étant  trop  pesant  pour 
moi,  avait  peur,  sans  doute,  que  je  ne  me  fisse  tuer 
à  (pielque  coin  dr  rue.  Je  n'avais  point  d'uniforme, 
c'est  ce  «pi  il  y  a  de  pis  entre  les  colonnes  d'une 
armée... 

Kniin,  j'allai  au  spcelaele  ;  ou  ilonnait  le  Malri- 
monio  segrclu  île  Lnuarosa.  lartiicc  qui  jouail 
Caroline  a^■ait  une  dent  de  luoius  sur  le  devant. 
\  oilà  tout  ce  qui  me  reste  d  un  biudieur  divin. 

Je  mentirais  et  ferais  du  roiuau  si  j'euhepieuais 
de  le  détailler. 

A  l'instant,  mes  deu.\  grandes  actions  :  1"  a\«»ir 
passé  le  Saïut-l'ernard.  1!^  avoir  été  au  feu.  (h>-|ia- 
rurent.  Tout  eeja  me  sembla  ;_'ro«>siei-  el  ba-,  .réjuou- 
\ai  «pielrpie  chose  comme  umn  tul  liou^iasmc  «le 
I  église  au-dessus  dr  Hollf.  mais  lucii  plus  pur  el 
liicn  plus  vif.  I^e  pédant i^me  de   .liilie  d'iùangc  me 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  193 

gênait  dans  Rousseau,  au  lieu  (jue  tout  fui    tliviu 
dans  Cimarosa. 

Dans  les  intervalles  du  plaisir,  je  me  disais  :  Et 
me  voici  jeté  dans  un  métier  grossier,  au  lieu  de 
vouer  ma  vie  à  la  musique  !  ! 

La  réponse  était,  sans  nulle  mauvaise  humeur  : 
Il  faut  vivre,  je  vais  voir  le  monde,  devenir  un  brave 
militaire,  et  après  un  an  ou  deux  je  reviens  à  la 
musique,  mes  uniques  amours.  Je  me  disais  de  ces 
paroles  emphatiques. 

Ma  vie  fut  renouvelée  et  tout  mon  désappointe- 
ment de  Paris  enterré  à  jamais.  Je  venais  de  voir 
distinctement  où  était  le  bonheur.  11  me  semble 
aujourd'hui  que  mon  grand  malheur  devait  être  : 
je  n'ai  pas  trouvé  le  bonheur  à  Paris,  où  je  l'ai  cru 
pendant  si  longtemps,  où  est-il  donc  ?  Ne  serait-il 
point  dans  nos  montagnes  du  Dauphiné  ?  Alors, 
mes  parents  auraient  raison,  et  je  ferais  mieux  d'y 
retourner. 

La  soirée  d'Ivrée  détruisit  à  jamais  le  Dauphiné 
dans  mon  esprit.  Sans  les  belles  montagnes  que 
j'avais  vues  le  matin  en  arrivant,  peut-être  Berland, 
Saint- Ange  et  Taillefer*  n'auraient-ils  pas  été 
battus  pour  toujours. 

Vivre  en  Italie  et  entendre  de  cette  musique  devint 
la  base  de  tous  mes  raisonnements. 

Le  lendemain  matin,  en  cheminant  auprès  de  nos 
chevaux  avec  le  capitaine,  qui  avait  six  pieds,  j'eus 
l'enfance  de  parler  de  mon  bonheur,  il  me  répondit 

Brulard  II.  13 


194  STENDHAL 

par  des  plaisanteries  grossières  sur  la  facilité  de 
mœurs  des  actrices.  Ce  mot  était  cher  et  sacré  pour 
moi,  à  cause  de  M^'^  KabK .  et  de  plus,  ce  matiu-h'i. 
j'étais  amoureux  de  Caroline  (du  Matriinonio).  Il 
me  semble  que  nous  eûmes  un  différend  sérieux,  avec 
quelque  idée  de  duel  de  ma  part. 

Je  ne  comprends  rien  à  ma  folie  ;  c'est  connue  ma 
provocation  à  l'excellent  Joinville  (maintenant  M.  le 
baron  Joinville.  intendant  militaire  à  Paris),  je  ne 
pouvais  pas  soutenir  mon  sabre  en  li^rne  horizontale. 

La  paix  faite  avec  le  capitaine,  nous  fumes,  ce  me 
semble,  occupés  de  la  bataille  du  lessiii.  où  il  me 
semble  que  nous  fûmes  mêlés,  mais  sans  dangei-.  .h^. 
n'en  dis  pas  davantage,  de  peur  de  faire  du  roman; 
cette  bataille,  ou  cond^at,  me  fui  cniitée  en  grands 
détails  peu  de  mois  après  par  .M.  Ciuywrdel,  elief  tie 
bataillon  à  la  ij"^^  ou  0'"*^  légère,  le  régiment  île  cet 
excellent  Maçon.  ni«>rt  à  Leipzig  vers  1809,  ce  me 
semble.  Le  récit  de  M.  Guyardet  fail,  ce  me  semble, 
à  Join^^lle,  en  ma  présence,  complète  mes  soijvenirs 
et  j'ai  ]>eur  de  prendre  l'inipressinti  ch-  ce  léeit  pour 
un  souvenir. 

Je  ne  me  r;i|i|ielle  pn'^  même  m  Ir  eoml).'!!  du 
Tessin  comj)ta  dans  mon  esj)rit  pour  la  seconde  \  ue 
du  feu,  dans  tous  les  cas  ce  ne  pul  êlre*  cpie  le  leu 
du  caïuui  ;  peut-être  eûmes-nous  peui'  d'èlic  s;iltrés,, 
nous  trouvant,  avec  (piehpie  cavalerie,  lamenés 
par  l'ennemi.  Je  ne  vois  de  clair  <pie  l;i  himée  du 
canon  ou  de  la  fusillade,   loiit  e-l  cfudus. 


VIE    DE    HENRI    BRULARD  195 

Excepté  le  bonheur  le  plus  vif  et  le  plus  fou,  je 
n'ai  réellement  rien  à  dire  d'Ivrée  à  Milan.  La  vue 
du  paysage  me  ravissait.  Je  ne  le  trouvais  pas  la 
réalisation  du  beau,  mais  quand,  après  le  Tessin, 
jusqu'à  Milan,  la  fréquence  des  arbres  et  la  force  de 
la  végétation,  et  même  les  tiges  du  maïs,  ce  me 
semble,  empêchaient  de  voir  à  cent  pas,  à  droite  et 
à  gauche,  je  trouvais  que  celait  là  le  beau. 

Tel  a  été  pour  moi  Milan,  et  pendant  vingt  ans 
(1800  à  1820).  A  peine  si  cette  image  adorée  com- 
mence à  se  séparer  du  beau.  Ma  raison  me  dit  :  Mais 
le  vrai  beau,  c'est  Naples  et  le  Pausilippe,  par 
exemple,  ce  sont  les  environs  de  Dresde,  les  murs 
abattus  de  Leipsick,  l'Elbe  à  Altona,  le  lac  de 
Genève,  etc.  C'est  ma  raison  qui  dit  cela,  mon 
cœur  ne  sent  que  Milan  et  la  campagne  luxuriante 
(|ui  l'environne  *. 


CHAPITRE  XLVII* 


MILAN 


Un  matin,  en  entrant  à  Milan,  par  une  charmante 
matinée  de  printemps,  et  quel  printemps  !  et  dans 
quel  pays  du  monde  !  je  vis  Martial  à  trois  pas  de 
moi,  sur  la  gauche  de  mon  cheval.  Il  me  semble  le 
voir*  encore,  c'était  Corsia  del  Giardino,  peu  après 
la  rue  des  Bigli,  au  commencement  de  la  Corsia  di 
Porta  Nova. 

Il  était  en  redingote  bleue  avec  un  chapeau  bordé 
d'adjudant  général. 

Il  fut  fort  aise  de  me  voir. 

«  On  vous  croyait  perdu,  me  dit-il. 

—  Le  cheval  a  été  malade  à  Genève,  répondis-je, 
je  ne  suis  parti  que  le...  * 

Brulard    II.  13. 


108  STENDHAL 

—  Je  vais  vous  montrer  la  maison,  ce  n'est  qu'à 
deux  pas.  « 

Je  saluai  le  capitaine  Bureh  illcr  ;  je  ne  l'ai  jamais 
revu. 

Martial  revint  sur  ses  pas  et  me  conduisit  à  la  Casa 
d'Adda  *. 

La  façade  de  la  Casa  d'Adda  n'était  point  finie,  la 
plus  grande  partie  était  alors  en  briques  grossières, 
comme  San  Lorenzo,  à  Florence.  J'entrai  dans  une 
cour  magnifique.  Je  descendis  de  cheval  fort  étonné 
et  admirant  tout.  Je  montai  par  un  escalier  superbe. 
Les  domestiques  de  Martial  détachèrent  mon  porte- 
manteau et  emmenèrent  mon  cheval. 

Je  montai  avec  lui  et  bientôt  me  tiouvai  dans  un 
superbe  salon  donnant  sur  la  Corsia.  J'étais  ravi, 
c'était  pour  la  première  fois  que  l'architecture  pro- 
duisait son  effet  sur  moi.  Bientôt  on  apporta  d'excel- 
lentes côtelettes  pannées.  Pendant  plusieurs  années 
ce  plat  m'a  rappelé  Milan. 

Cette  ville  devint  pour  moi  le  plus  beau  lieu  de  la 
terre.  Je  ne  sens  pas  du  tout  le  charrue  de  ma  j)atrie  ; 
j'ai,  pour  le  lieu  où  je  suis  né,  une  réj)ugnuuce  ([ui  va 
jusqu'au  dégoût  physique  (le  mal  de  mer).  Milan  a 
été  pour  moi,  de  1800  à  1821,  le  heu  où  j'ai  constam- 
ment désiré  habiter. 

J'y  ai  passé  quehjues  mois  de  1800  ;  ce  fut  le  plus 
beau  temps  de  ma  vie.  J'y  revins  tant  que  je  pus  en 
1801  et  1802,  étant  en  rranuson  à  Hicscia  et  à  Ber- 
game,  et  enfin,  j'y  ai  iiabité  par  ciioi.x  de  1815  à  1821. 


VIE     DE    HENRI    BIIUI.AUD  109 

Ma  raison  seule  me  dit,  même  en  1836,  que  Paris 
vaut  mieux.  Vers  1803  ou  1804,  j'évitais,  dans  le 
cabinet  de  Martial,  de  lever  les  yeux  vers  une  es- 
tampe qui  dans  le  lointain  présentait  le  dôme  de 
Milan,  le  souvenir  était  trop  tendre  et  me  faisait 
mal. 

Nous  pouvions  être  à  la  fin  de  mai  ou  au  commen- 
cement de  juin,  lorsque  j'entrai  dans  la  Casa  d'Adda 
(ce  mot  est  resté  sacré  pour  moi). 

Martial  fut  parfait  et  réellement  a  toujours  été 
parfait  pour  moi.  Je  suis  fâché  de  n'avoir  pas  vu  cela 
davantage  de  son  vivant  ;  comme  il  avait  étonnam- 
ment de  petite  vanité,  je  ménageais  cette  vanité. 

Mais  ce  que  je  lui  disais  alors  par  usage  du  monde, 
naissant  chez  moi,  et  aussi  par  amitié,  j'aurais  dû  le 
lui  dire  par  amitié  passionnée  et  par  reconnaissance. 

Il  n'était  pas  romanesque,  et  moi  je  poussais  cette 
faiblesse  jusqu'à  la  folie;  l'absence  de  cette  folie  le 
rendait  plat  à  mes  yeux.  Le  romanesque  chez  moi 
s'étendait  à  l'amour,  à  la  bravoure,  à  tout.  Je  redou- 
tais le  moment  de  donner  l'étrenne  à  un  portier,  de 
peur  de  ne  pas  lui  donner  assez,  et  d'offenser  sa  déli- 
catesse. Il  m'est  arrivé  souvent  de  ne  pas  oser  donner 
l'étrenne  à  un  homme  trop  bien  vêtu,  de  peur  de 
l'offenser,  et  j'ai  dû  passer  pour  avare.  C'est  le 
défaut  contraire  de  la  plupart  des  sous-lieutenants 
que  j'ai  connus  :  eux  pensaient  à  escamoter  une 
manda. 

\  oici  un  intervalle  de  bonheur  fou  et  complet,  je 


200  STENDHAL 

vais  sans  doute  battre  un  peu  la  campagne  en  en 
parlant.  Peut-être-  vaudrall-il  mieux  m'en  tenir  à  la 
ligne  précédente. 

Depuis  la  fin  de  mai  jusqu'au  mois  d'octobre  ou 
de  novembre  (juc  je  fus  reçu  sous-lieutenant  au 
(jme  régiment  de  dragons  à  Rapallo  ou  Roncanago, 
entre  Brescia  et  Crémone,  je  trouvai  cinq  ou  six 
mois  de  bonheur  céleste  et  comjjlet  *. 

On  ne  peut  pas  apercevoir  distinctement  la  partie 
du  ciel  trop  voisine  du  soleil,  par  un  eiïet  semblalde 
j'aurais  grand'peine  à  faire  une  narration  raison- 
nable de  mon  amour  pour  Angela  Pietragrua.  Com- 
ment faire  un  récit  un  peu  raisonnable  de  tant  de 
folies?  Par  où  commencer?  Comment  rendre  cela 
un  peu  intelligible  ?  Voilà  déjà  que  j'oublie  l'ortho- 
graphe, comme  il  m'arrive  dans  les  grands  trans- 
ports de  passion,  et  il  s'agit  puurtaut  (.le  choses 
passées  il  y  a  trente-six  ans. 

Daignez  jne  pardonner,  lecteui'  béiitx  oie  !  Mais 
plutôt,  si  vous  avez  plus  de  trente  ans  ou  si,  avec 
trente  ans,  vous  êtes  du  parti  prosaïque,  fermez  le 
livre  ! 

Le  croira-t-on,  mais  tout  send)lera  absurde  <l;ms 
mon  récit  de  cette  année  1800.  Cet  amoui-  si  (élcslc. 
si  passionin'-.  <|Ui  ni'aNait  entièrement  cnlcNr  à  la 
terre  pour  nie  transporter  dans  le  pays  des  chimères, 
mais  des  chimères  les  plus  célestes,  les  plus  délicieuses, 
les  [)Ius  à  Sdiili.iit,  n*arn\a  à  {•*•  ipiiui  ;i|ipi'lic  le 
bonheur  <]u  en  scplendjre  ISII. 


VIE    DE    HENRI    BRUI.ARD  201 

Excusez  du  peu,  onze  ans,  non  pas  de  fidélité, 
mais  d'une  sorte  de  constance. 

La  femme  que  j'aimais,  et  dont  je  me  croyais  en 
quelque  sorte  aimé,  avait  d'autres  amants,  mais  elle 
me  préférerait  à  rang  égal,  me  disais-je  !  J'avais 
d'autres  maîtresses.  (Je  me  suis  promené  un  quart 
d'heure  avant  d'écrire.)  Comment  raconter  rai- 
sonnablement ces  temps-là  ?  J'aime  mieux  renvoyer 
à  un  autre  jour. 

En  me  réduisant  aux  formes  raisonnables,  je 
ferais  trop  d'injustice  à  ce  que  je  veux  raconter. 

Je  ne  veux  pas  dire  ce  qu'étaient  les  choses,  ce 
que  je  découvre  pour  la  première  fois  à  peu  près 
en  1836,  ce  qu'elles  étaient  ;  mais,  d'un  autre  côté, 
je  ne  puis  écrire  ce  qu'elles  étaient  pour  moi  en  1800  : 
le  lecteur  jetterait  le  livre. 

Quel  parti  prendre  ?  comment  peindre  le  bonheur 
fou  ? 

Le  lecteur  a-t-il  jamais  été  amoureux  fou  ?  A-t-il 
jamais  eu  la  fortune  de  passer  une  nuit  avec  cette 
maîtresse  qu'il  a  le  plus  aimée  en  sa  vie  ? 

Ma  foi,  je  ne  puis  continuer,  le  sujet  surpasse  le 
disant. 

Je  sens  bien  que  je  suis  ridicule,  ou  plutôt  in- 
croyable. Ma  main  ne  peut  écrire,  je  renvoie  à 
demain. 

Peut-être  il  serait  mieux  de  passer  net  ces  six 
mois-là. 


202  STENDHAL 

Comment  peindre  rexcessil"  bonheur  que  tout  nie 
donnait  ?  C'est  impossible  pour  moi. 

Il  ne  me  reste  qu'à  tracer  un  sommaire,  pour  ne 
pas  interrompre  tout-à-fait  le  récit. 

Je  suis  comme  un  peintre  qui  n'a  plus  le  courage 
de  peindre  un  coin  de  son  tableau.  Pour  ne  pas 
gâter  le  reste,  il  ébauche  à  la  moitié  ce  qu'il  ne  peut 
pas  peindre. 

0  lecteur,  excusez  ma  mémoire,  ou  plutôt  sautez 
cinquante  pages. 

Voici  le  sommaire  de  ce  que,  à  trente-six  ans  d'in- 
tervalle, je  ne  puis  raconter  sans  le  gâter  horrible- 
ment. 

Je  passerais  dans  d'horribles  douleurs  les  cinq, 
dix,  vingt  ou  trente  ans  qui  me  restent  à  vivre 
qu'en  ce  moment  je  ne  dirais  pas  :  Je  ne  veux  pas 
recommencer. 

D'abord,  ce  bonheur  d'avoir  pu  faire  ma  vie.  Un 
homme  médiocre,  au-dessous  du  médiocre,  si  vous 
voulez,  mais  bon  et  gai,  ou  plutôt  heureux  lui-même 
alors,  avec  lequel  je  vécus. 

Tout  ceci,  ce  sont  des  découvertes  que  je  fais  en 
écrivant.  Ne  sachant  comment  peindre,  je  fais 
l'analyse  de  ce  que  je  sentis  alors. 

Je  suis  très  froid  aujourd'hui,  le  temps  est  gris, 
je  souffre  un  peu. 

Rien  ne  peut  empêcher  la  folie. 

En  honnête  homme  qui  abhorre  d'cMbgérer,  je  ne 
sais  comment  faire. 


VIE    DE     HENRI    BRULARD  203 

J'écris  ceci  et  j'ai  toujours  tout  écrit  comme 
Rossini  écrit  la  musique  ;  j'y  pense,  écrivant  chaque 
matin  ce  qui  se  trouve  devant  moi  dans  le  libre'tto. 

Je  lis  dans  un  livre  que  je  reçois  aujourd'hui  : 

«  Ce  résultat  n'est  pas  toujours  sensible  pour  les 
contemporains,  pour  ceux  qui  l'opèrent  et  l'éprou- 
vent ;  mais,  à  distance  et  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire, on  peut  remarquer  à  quelle  époque  un  peuple 
perd  l'originalité  de  son  caractère,  »  etc.  (M.  Ville - 
main.  Préface,  page  x.) 

On  gâte  des  sentiments  si  tendres  à  les  raconter 
en  détail  *. 


NOTES   ET   ECLAIRCISSEMENTS 


FEUILLETS    DE    GARDE 

Le  premier  vdlmne  du  manuscrit  (colé  R  '299;  de  la  Vie 
de  Henri  Urulurd  commence  par  un  testament  : 

«  Je  lènue  et  donne  le  présent  vohmie  à  M.  le  che- 
valier Abraham  Constantin  (de  Genève),  peintre  sur 
porcelaine.  Si  M.  Constantin  ne  l'a  pas  fait  imprimer 
dans  les  mille  jours  (pii  suivront  celui  de  mon  décès, 
je  lègue  et  donne  ce  volume,  successivement,  à 
MM.  Alphonse  Levavasseur,  libraire,  n*^  10,  place 
Vendôme,  Philarète  Chasles,  homme  de  lettres.  Henry 
Fournier,  libraire,  rue  de  Seine,  Paulin,  libraire, 
Delaunay,  libraire  ;  et  si  aucun  de  ces  Messieurs  ne 
trouve  son  intérêt  à  faire  imprimer  dans  les  cinq  ans 
qui  suivront  mon  décès,  je  laisse  ce  Aolume  au  plus 
âgé  des  libraires  habitant  dans  Londres  et  dont  le 
nom  commence,  par  un  C. 

Cività-Vecchia,  le  24   décembre  1835.  « 

On  lit  encore,  sur  un  feuillet  intercalé  en  face  du 
fol.  8,  le  fragment  suivant  :  «  ...  de  n'imprimer,  si 
cela  en  vaut  la  peine,  que  quinze  mois  après  mon 
décès.  Rome,  le  29  novembre  1835.  IL  Beyle.  » 


206  NOTES    ET    ÉCI.AIRCISSEMENTS 


Sur  un  autre  feuillet,  on  lit  : 


«   PETITS    FAITS    A    PLACER 

1.  Mauvaise  odeur  de  gens  qui  assistaient  aux 
vêpres,  à  la  Charité  (M.  B[eyle],  supérieur). 

2.  L'abbé  Rey  me  fait  entrer  dans  le  chœur,  à  Saint- 
André.  D'ordinaire,  je  me  tenais  tout  près  de  la 
grande  grille  du  chœur.  Sermons. 

Tout  cela,  avant  la  clôture  des  églises  ;  mais  à 
quelle  époque  furent-elles  fermées  à  Grenoble  ? 

3.  Enterrement,  ou  plutôt  obsèques,  à  Notre-Dame, 
de  l'évêque  intrus,  appelé  l'abbé  Pouchol  avec  dédain 
par  ma  famille,  d 

Stendhal  a  pris  soin  de  répéter  le  titre  de  son  auto- 
biographie en  tête  de  chacun  des  volumes  de  son 
manuscrit.  Il  y  ajoute  diverses  indications  destinées 
à  dérouter  les  investigations  possibles  de  la  police, 
dont  il  avait  une  crainte  maladive.  Voici  les  diverses 
mentions  placées  sur  les  feuillets  de  garde  des  trois 
volumes  : 

Tome  1" 

Vie  de  Henri  Brulard. 

A  Messieurs  de  la  Police.  Ceci  est  un  roman  imité 
du  Vicaire  de  Wake/îeld.  Le  héros,  Henri  Rrulard, 
écrit  sa  vie,  à  cinquante-deux  ans,  après  la  mort  de 
sa  femme,  la  célèbre  Charlotte  Corday. 

Tome    II 

Vie  de  Henri  Brulard,  écrite  par  lui-même.  Roman 
imité  du  Vicuire  de  Walxefield,  surtout  pour  la  pureté 
des   sentiments. 

A  Messieurs  de  la  Police.  Rien  de  politique.  Le 
héros  de  ce  roman  iinit  par  se  faire  prêtre,  comme 
Jocelvn. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  207 

Tome   III 

\  ie  de  Ileiiri  Jirulard,  écrite  par  lui-inènie.  Rgman 
à  détails,  imité  du   Vicaire  de  \V akefîeld. 

A  Messieurs  de  la  Police.  Rien  de  politicjue  dans 
ce  roman.  Le  plan  est  un  exalté  dans  tous  les  genres 
qui,  dégoûte  et  éclairé  peu  à  peu.  finit  par  se  consa- 
crer au  culte  des  hôtels  (sic). 

Chapitre    I 

Page  1.  Le  chapitre  1  comprend  les  feuillets  1  à  20.  — 
Ecrit  les  23  et  24  novembre  1835.  —  Le  fol.  i  ne  fait 
pas  partie  du  ms,  R  299  de  la  Bibl.  mun.  de  Grenoble. 
Il  a  été  relié  avec  le  vol.  R  5896.  Le  fol.  1  du  ms.  R  299 
porte  :  «  Moi,  Henri  Brulard,  j'écrivais  ce  qui  suit, 
à  Rome,  de  1832  à  1836.  » 

Page  2.  En  face  de  moi,  je  i'ois...  —  Variante  :  «  T aper- 
çois. » 

Page  4.  AF aimait- elle  ?  —  Nous  n'adoptons  pas  la 
leçon  proposée  par  M.  Bédier  à  M.  Paul  Arbelet  et 
adoptée  par  Str\  ienski  dans  sa  2*^  édition  de  la  Vie 
de  Henri  Brulard.  Le  manuscrit  porte  en  efTet  nette- 
ment un  point  entre  les  mots  :  peut-être  et  ))i  aimait- 
elle.  (Cf.  Casimir  Stryienski  et  Paul  Arbelel,  Soirées 
du  Stendhcd-Club ,  2^  série,  p.  81  note.) 

Page    4.    Et    Menti...    —    Clémentine,    que    Stendhal 

•  appelle  plus  souvent  Menta  (Sur  M'"''  Clémentine  C..., 
voir  A.  Chuquet,  Stendlial-Beyle,  p.  180-183. 

Page  5.  AI.  Daru....  —  Ms.  :  «  Ruda.  »  —  Sur  les  habi- 
tudes anagrammatiques  de  Stendhal,  voir  l'Introduc- 
tion. 

Page  5.  ...cet  ancien  secrétaire-général  de  Besançon. — 
Stendhal  surnomme  souvent  Besançon  son  ami  de 
Mareste,  qui  fut  secrétaire-général  de  la  préfecture  du 
Doubs. 


208  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  6.  J'étais  en  pantalon  de...  —  Le  nom  est  laissé 

en  blanc  dans  le  manuscrit. 
Pase  6.  J.  \'aisa  voir  la  5.  —  Entre  cet  alinéa  et  le  sui- 
vant,  Stendhal  a  laissé  un  assez  grand  espace  dans 
lequel  il  a  écrit  le  mot  :  «  Chap.  » 
Pai£e  G.   ...   au  talent  près...  —  Variante  :  «  Moins  le 

talent.    > 
Page    7.    Je    trouve    quelquefois    beaucoup    de   plaisir   à 
écrire,  voilà  tout.  ■ —  Un  feuillet  intercalaire  est  ainsi 
conçu  :  «  Au  lieu  de   tant  de  bavardages,  peut-être 
que  ceci  sulfit  : 

Brulard  Marie-Henry),  né  à  Grenoble  en  178()  (sic), 
d'une  famille  de  bonne  bourgeoisie  qui  prétendait  à 
la  noblesse,  il  n'y  eut  pas  de  plus  fiers  aristocrates 
qu'on   pût   voir   dès   1752.    Il   fut   témoin   de    bonne 
heure  de  la  méchanceté  et  de  l'hypocrisie  de  certaines 
gens,  de  là  sa  haine  d'instinct  pour  la  gii^on].  Son  en- 
fance fut  heureuse  jusqu'à  la  mort  de  sa  mère.  ([u"il 
perdit  à  sept  ans,  ensuite  les  p[rêtres]  en  firent   un 
enfer.    Pour  en   sortir,   il   étudia   les   mathématiques 
avec  passion  et  en  1797  ou  98  remporta  le  premier 
prix,   tandis   que   cinq  élèves   reçus   le  mois  après  à 
l'Ecole    polytechnique    n'avaient    que    le    second.   Il 
arriva  à  Paris  le  lendemain  du  18  brumaire  (9  no- 
vembre 1799),  mais  se  garda  bien  de  se  présenter  à 
l'examen  pour  l'Ecole  polytechnique.  Il  partit  avec 
l'armée  de  réserve  en  amateur  et  passa  le  Saint-Ber- 
nard   deux   jours    après    le    Premier    Consul.    A    son 
arrivée  à  Milan,  M.  Daru,  son  cousin,  alors  inspecteur 
aux  revues  de  l'armée,  le  fit  entrer  comme  maréchal 
des  locis.et  bientôt  sous-lieutenant,  dans  le  G*^  de  l)ra- 
gons.  dont  M.  Le  Baron,  son  ami.  était  colonel.  Dans 
son  régiment  B.,  qui  avait  150  francs  de  pension  jjar 
mois  et  qui  se  disait  riche,  il  avait  17  ans,  fut  envié 
et  pas  trop  bien  reçu  ;  il  eut  cependant  un  beau  cer- 
tificat du  Conseil  d'administration,  l.'n  an  après,  il  fut 
aide-de-camp   du    biave  lieutfMianl-giMiéral    Micliaud, 


NOTES     ET    ÉCLAinCISSEMENTS  209 

fit  la  campagne  du  Mincio  contre  le  général  Belle- 
garde,  jugea  la  sottise  du  général  Brune  et  fit  des 
garnisons  charmantes  à  Brcscia  et  Bertrame.  CHjlifjé 
de  quitter  le  général  Michaud,  car  il  fallait  être  au 
moins  lieutenant  pour  remplir  les  fonctions  d'aide- 
de-camp,  il  rejoignit  le  6*^  de  Dragons  à  Alha  et 
Savigliano,  fièrement,  fit  ime  maladie  mortelle  à 
Saluées... 

Ennuyé  de  ses  camarades,  culottes  de  peau, 
B.  vint  à  Grenoble,  devint  amoureux  de  M^^^  Victo- 
rine  M.  :  et,  profitant  de  la  petite  paix,  donna  sa 
démission  et  alla  à  Paris,  où  il  passa  dix  ans  dans  la 
solitude,  croyant  ne  faire  que  s'amuser  en  lisant  les 
Lettres  Persanes,  Montaigne,  Cabanis,  Tracy,  et  dans 
le  fait  finissant  son.  éducation.  » 

Page  7.  ...  le  Génie  de  Ch[ateaubriand]  m'a  semblé  ridi- 
cule. ■ — -  Le  Génie  du  Christianisme  parut  en  1802. 

Page  8.  ...  qui  pourrait  devenir  dévot...  — ■  Ms.  :  «  Votdé.  « 

Page  9.  ...  les  madame  Roland,  les  Mélanie  Guilbert, 
les...  —  La  phrase  est  inachevée. 

Page  9.  ...  une  machine  que  Michel- Ange...  —  Le  prince 
Michel-Ange  Caetani,  frère  de  Don  Philippe,  ami  de 
Stendhal. 

Page  10.  ...  le  plus  fripon  des  Kings  et  Tarlare  hypo- 
crite... —  Le  premier  est  Louis-Philippe,  le  second 
le    tsar  de    Russie,  Alexandre   I*^''. 

Page  10.  ...  les  préjugés,  la  religion!  —  Ms.  :  «  Gion- 
reli.  » 

Page  10.  ...  tandis  qu'on  saute  les  feuillets  de  ce  jésuite... 
—  Ms.  :  «  Tejessui.  » 

Page  10.  ...  (jesuitico  more)...  —  Ms.  :  «  Ticojesui.  » 

Page  12.  ...  vivre  une  année  à  Marseille  avec  une  actrice 
charmante...  —  Mélanie  Guilbert,  que  Stendhal 
a2)pelle  ailleurs  Louason. 


DltLLARL)   II.  14 


210  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 


Chapitre  II 

Page  15.  Le  chapitre  II  comprend  les  feuillets  20  à  42. 

Non  date. 
Page  15.  Je  vins  en  Italie  vivre  comme  dans  la  rue  (TAngi- 

viller.    —    L'auteur    était    en   1819  à  Grenoble,  lors 

de   l'élection   de   l'abbé   Grégoire   à   la   Chambre   des 

Députés.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
Page  16.  ...  le  29  ou  le  30...  —  C'est  le  28.  (Note  au 

crayon  de  R.  Colomb.) 
Page  16.  ...  M.  Mole...  —  Ms.  :  «  Lémo.  »  —  Mole  fut 

ministre  des  Affaires  étrangères  entre  le  11  août  et 

le  2   novembre  1830. 
Page    16.    ...    C[ivit^à-V\ecchi^a    et    Rome...    —     Ms.  : 

((  Omar.  » 
Page  16.   ...  étudiant  de  1803  à  1806.  —  Négociant  à 

Marseille,  1805.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
Page  16.   ...   tomber  en  avril  1814.  —  En  avril  1814. 

(Note  au  crayon  de   R.   Colomb.)  —  Le  manuscrit 

porte  :  1815. 
Page  16.  ...  faisant  imprimer...  —  Les  lettres  sur  Mozart, 

Haydn,  etc.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
Page  17.  ...  enfermés  par  un  petit  mur  rond. —  En  face, 

au  verso  du  fol.  22,  est  une  esquisse  de  cette  scène  : 

le  «  couvent  »,  près  duquel  passe  la  «  route  tendant  à 

Albano  »  ;  à  droite,  un  arbre  entouré  d'un  mur  bas  ; 

à  droite  encore,  au  bord  du  «  lac  d'Albano  »,  Stendhal 

assis.   Devant  lui,  en  capitales,  les  mots  suivants   : 

«  ZADIG.  ASTARTÉ.  » 
Page    17.  ...  dont   fai    oublié    le   nom   de    baptême.    — 

Mme  Azur   est  M^^e  Alberlhe    de  Rubempré. 
Page  21.  ...  à  mon  âge,  cinquante-deux  [«««]...  —  Les 

chiffres  ont  été  intervertis  par  Stendhal.   Il  explique 

le  52  en  mettant  en  surcharge  :  (7^  +  3). 
Page  22.  Alors  nos  grandes  misères  avec  le  vicomte...  — 

Le  vicomte  de  Barrai. 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  211 

Page  23.  ...ce  qui  me  gênait  dans  cette  supposition...  — 
Variante  :  «  Idée.  » 

Page  24.  ...  mon  beau- frère...  —  Pauline,  sœur  de 
Beyie,  avait  épousé  François-Daniel  Péiier-Lagrange. 

Page  24.  ...  mon  cousin  Rehuffel...  —  Jean-Baptiste 
Rebufïet.  Stendhal  orthographie  continuellement 
Rebufjel.  Nous  avons  respecté  cette  orthographe. 

Page  27.  ...  loi  du  3  prairial...  —  La  loi  instituant  les 
Ecoles  centrales  est  du  3  brumaire  an  IV. 

Page  27.  ...  Abraham  Constantin...  —  Peintre  sur  por- 
celaine, originaire  de  Genève. 


Chapitre   111 


Page  31.  Le  chapitre  III  comprend  les  feuillets  43  à  59. 
—  Ecrit  à  Rome,  les  27  et  30  novembre  1835. 

Page  32.  ...  au  sud  de  V église  du  collège.  — ■  La  porte 
de  Bonne,  en  efl'et,  a  été  démolie  en  1832,  lors  de 
l'agrandissement  de  la  partie  sud-est  de  l'enceinte 
de  Grenoble  par  le  général  Haxo,  de    1832  à  1836. 

Page  32.  Ma  tante  Séraphie...  —  Sœur  cadette  de  la 
mère  de  Beyle.  Sur  les  inembres  de  la  famille  Gagnon, 
voir  plus  loin,  chapitre  vu,  et  l'Annexe   IV. 

Page  32.  ...  coupant  ces  joncs  en  morceaux...  —  Variante  : 
«  Bouts.  » 

Page  33.  ...  M^'^  Elisabeth  Gagnon.  — ■  Elisabeth  Ga- 
gnon, sœur  d'Henri  Gagnon,  grand-père  maternel 
de  Beyle. 

Page  33.  ...  je  pouvais  avoir  quatre  ans.  — -  On  lit,  à  ce 
sujet,  sur  un  feuillet  intercalé  en  face  du  fol.  8  : 
«  M.  Gagnon  achète  la  maison  voisine  de  madame  de 
Marnais,  on  change  d'appartement,  j'écris  partout 
sur  le  plâtre  des  happes  :  «  Henri  Beyle,  1789.  »  Je 
vois  encore  cette  belle  inscription  qui  émerveillait 
mon  bon  grand-père. 


212  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

«  Donc,  mon  attentat  à  la  vie  de  madame  Chenavaz 
est  antérieur  à  1789.  » 

Pajre  33.  ...  mon  horreur  pour  la  religion...  —  Ms.  : 
«  G  ion.  » 

Page  33.  ...  forcené  dans  ces  temps-là,  pour  la...  —  Mol 
illisible. 

Page  33.  Je  n  aidais  pas  plus  de  cinq  ans.  ■ — •  Variante  : 
'(  Je  pouvais  ai'oir  quatre  ou  cinq  ans.  » 

Paçre  34.  ...  une  terrasse  élégante  ornée  de  fleurs.  — -  Il 
s'a^^it  du  cabinet  d'été  d'Henri  Gagnon.  Voir  notre 
plan  de  l'appartement  Gagnon. 

Page  35.  ...  un  petit  chapeau  triangulaire  à  mettre  sous 
le  bras...  —  Dans  la  marge,  Stendlial  a  fait  un  dessin 
grossier  représentant  le  chapeau  de  son  grand-père. 

Pa^e  3G.  ...  pour  cent-vingt  francs...  — -  Ce  portrait  est 
de  Boilly.  Il  fait  partie  actuellement  de  la  collection 
Lesbros. 

Page  36.  ...  lu  hataille  de  /"Assiette...  en  1742,  je  crois. 
—  Cette  bataille  eut  lieu  jMMulanl  la  guerre  de  la  Suc- 
cession d'Autriche.  Le  19  juillet  1747,  le  chevalier  de 
Belle- Isie,  frère  du  maréchal,  voulant  envahir  le  Pié- 
mont, fut  repoussé  au  col  de  l'Assiette,  entre  Exiles 
et  Fénestrelles. 

Page  37.  ...  entre  autres  une  gippe...  — ■  Terme  local, 
encore  en  usage  à  Grenoble. 

Page  38.  Je  ne  soupçonnais  ...  —  Variante  :  «  Savais.  » 

Page  38.  ...  un  des  deux  ou  trois  peut-être...  —  Stendhal 
a  d'abord  écrit  :  «  un  de  ceux  p  »,  puis  il  continue  : 
M  des  deux  ou  trois  peut-être  ».  Il  semble  que,  dans  ces 
conditions,  la  leçon  "  un  île  ceux  p  »  doive  être  sup- 
primée, quoique  n'ayant  pas  été  rayée  par  l'auteur. 

Page  39.  ...  et  enfin  lisait...  —  La  lecture  de  cette 
ligne  et  de  la  précédente  est  très  incertaine.  Cette 
partie  du  texte  est  fort  mal  écrite.  Stendhal  s'en 
excuse  dans  la  marge  en  disant  :  «  Ecrit  de  nuit  à  la 
liâte.  » 

Pa^e  39.  ...  ce  que  fainuiis  le  plus  au  monde.  —  Entre 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  213 

cet  alini'a   ot   le  suivant,   Stendhal  a  laissé  un  lar^e 
espace  où  il  a  «''crit  le  mot  :  «  Chapitre.  >' 

PajiC  W.  ...  pour  atteindre  plus  vite  à  son  lit.  —  Entre 
cet  alinéa  et  le  siii\an(.  nuii\('l  espace  assez  large, 
niariiué  d'une  -\-. 

Page  40.  Sa  chambre  est  restée  fermée  di.r  ans  après  sa 
mort.  — ■  En  marge  de  cet  alinéa,  Stendhal  a  fait  un 
croquis  représentant  la  chambre  de  sa  mère,  avec 
une  notice  explicative. 

Page  40.  ...  eu  venant  de  la  Grande-rue...  —  Aujourd'hui 
rue  Jean-Jac(jues-Rousseau,  n^  14.  —  A  oir  l'Appen- 
dice II,  la  Maison  natale  de  Steiulhal,  par  M.  Samuel 
Chabert. 

Page  41.  ...  à  peine  à  cent  pas  de  la  nôtre.  —  Dans  la 
marge,  Stendhal  a  dessiné  un  croquis  donnant  la 
situation  respective  de  la  maison  de  son  père,  de 
celle  de  son  grand-père,  et  de  la  maison  de  Marnais. 
Un  autre  dessin  plus  grand  est  ajouté  au  manuscrit. 
Il  représente  la  c  partie  de  la  ville  de  Grenoble  en  1793  » 
comprise  entre  la  rue  Lafayette,  la  rue  Saint-Jacques, 
la  place  Grenette  (où  sont  hgurés  1'  «  arbre  de  la 
Liberté  «,  1'  «  arbre  de  la  l'raternité  »  et  la  «  pompe 
ancienne  »).  la  Grande-rue  et  la  rue  des  Vieux-Jésuites 
(aujourd'hui  rue  Jean- Jacques-Rousseau).  — •  La 
maison  occupée  par  Henri  Gagnon  porte  actuellement 
le  nO  20  de  la  Grande-rue  et  le  n"  2  de  la  place  Gre- 
nette. 

Au  verso,  nouveau  testament,  ainsi  conçu  : 

«  Testament. 

Je  lègue  et  donne  la  Vie  de  Henri  Brulard.  écrite 
par  lui-même,  à  M.  Alphonse  Levavasseur,  place  Ven- 
dôme, et  après  lui  à  MM.  Philarète  Chasles,  Henri 
Fournier,  Amvctt,  sous  la  condition  de  changer  tous 
les  noms  de  femme  et  aucun  nom  d'homme. 

Cività-Vecchia,  le  1^''  décembre  1835. 

II.  Beyle.  » 

Brllard     II.  14. 


214  notes  et  éclaircissements 

Chapitre   1\ 

Page  43.  Le  chapitre  IV  comprend  les  feuillets  GO  à  74. 

—  Ecrit  les  l^''  et  2  décembre  1835. 

Page  43.  ...  les  circonstances  île  la  mort  (Vune  personne 
si  chère.  —  En  svircharge  :  «■  Je  remplirais  des  volumes 
si  f  entreprenais  de  décrire  tous  les  souvenirs  enchan- 
teurs des  choses  que  j'ai  vues  ou  avec  ma  mère,  ou  de 
son  temps.  »  Ni  le  premier  texte,  ni  celui-ci,  ne  con- 
viennent absftlument.  Nous  conservons  la  première 
leçon  de  Slendiial.  {|ui  n"a  pas  été  rayée  par  lui,  et 
qui  correspfuul  mieux  au  contexte.  —  Henriette 
Gagnon,  mère  de  Stentlhal,  mourut  le  23  novembre 
1790. 

Page  44.  ...  jusqu'à  l'an  134i).  —  Une  partie  de  la  date 
est  en  blanc.  —  Le  Dauphiné  fut  cédé  au  roi  de 
Erance  Philippe  VI  par  le  dauphin  llumbert  II. 

Page  44.  ...  pendant  [seize]  ans...  —  Egalement  en  blanc, 

—  Louis  XI  gouverna  le  Dauphiné  depuis  1440  jus- 
qu'à sa  retraite  auprès  de  Philippe  le  Htm.  tluc  de 
Bourgogne,  en  août  1456. 

Page   40.    ...    marqué  de  petite  vérole...   —   Variante   : 

«  Creusé.  » 
Page  47.   ...  et  aimonçant  le  génie.  —   Dans  la  marge 

(bi  fol.  68,  on  lit  :  «  Ecrit  de  nuit,  le  1*-''  déc.  35.  »  De 

fait,    l'écriture    de    ce    passage    est    particulièroment 

mauvaise. 
Page   47.    ...    peut-être  l'opiniâtreté  serait   un   signe.   — 

Variante  :  "  Peut-être  l'opiniâtreté  est-elle  un  signe.  » 
Page  48.  ...   en  laine   noire...  —  Variante  :    «  .\oir.  » 
Page  48.  —  Ce...  de  droit  avait...  —  Un  nml  illisible.  La 

lecture  des  autres  mots  est  incertaine. 
Page   ''•8 \/"'^  de    Vaulscrre  et  comte  de...      -   Mut 

illisible.  Ce  titre  de  comte  iwtus  est  totalenient  inconnu 

dans  Tune  comme  dans  l'autre  des  familles  de  Hrenier 

et  de  \  aulserre. 


>OTKS    ET    ÉCLAlnniSSEMEMS  21 


D 


Pâtre  48.  Depuis  elle  s^ était  faite  chanoinesse.  —  Angé- 
li»(iie-FraiH'oise-Marie-Louise-Elisaheth-Gabrlclle  de 
Vaulserre,  née  le  4  mars  1754,  épousa,  le  10  jilillet 
1780,  Jean-Anloine  de  Brenier.  Elle  iiiourut  le 
11  février  1812. 

Page  48.  Tous  les  parents  et  amis  se  réunirent  dans  le 
cabinet  de  mon  père.  —  En  haut  du  fol.  70  on  lit  la 
date  :  «  2  décembre  1835.  » 

Presque  toute  la  page  est  occupée  par  un  plan 
intitulé:  «  Corps  de  logis  où  je  fus  placé  avec  mon  pré- 
cepteur, M.  Vahbé  Raillane.  »  Stendhal  y  indi(jue, 
dans  le  cabinet  de  son  père,  la  place  de  celui-ci, 
«  dans  un  fauteuil  »  (Ij,  et  celles  de  .M.  Picot  (3)  et  de 
Romain  Gagnon  (4). 

Page  48.  ...  fêtais  entre  les  genoux  de  mon  père  [en]  1.  — 
Les  numéros  correspondent  au  plan  ci-dessus  : 
M.  Beyie  et  Henri  sont  placés  près  de  la  cheminée, 
MM.  Picot  et  Romain  Gagnon  contre  le  nuir  opposé. 

Page  49.  ...  dit  d'un  air  indifférent  M.  Picot...  —  Les 
mots  :  «  d'un  air  indifférent  ))  sont  en  interlione,  entre 
les  mots  «  cérémonies,  dit  AI.  »  et  :  «  choqua  fort  ;  ce 
fut.  )> 

Page  50.  ...  la  cathédrale  qui  est  attenante.  —  En  mar^e 
est  un  plan  grossier  de  l'église  Saint-Hugues  et  de 
la  cathédrale.  Le  même  ])lan,  plus  précis,  se  trouve 
reproduit  en  face  du  fol.  73  (verso  du  fol.  72). 

Page  50.  ...  cimetière,  qui  était  dans  un  bastion  près  de 
la  rue  des  Mûriers...  —  Voir  l'emplacement  du  cime- 
tière sur  notre  plan  de  Grenoble  en  1793.  —  Le  cime- 
tière de  la  rue  des  Mûriers  a  été  désallecté  en  l'an  VUE 

CUAPITP.  r,    V 

Page  51.  Le  chapitre  \'  ne  fait  jias  partie  des  trois 
\olumes  de  la  bijjliolhèque  municipale  de  Grenoble 
cotés  R  299.  Il  forme  les  feuillets  39  à  08  (numérotés 


21(j  NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

en  outre  par  Stendhal  de  1  à  29)  irim  cahier  cotij 
R  300,  11°  1.  Sleiulhal  a  écrit  dans  la  iiiai'<;e  du  fol.  39  : 
"  A  dicter  et  mettre  à  sa  place  pa>iO  75.  Relier  ce 
manuscrit  à  la  lin  du  second.  »  Il  indique  encore,  en 
marge  du  fol.  40  :  «  Petits  soin>enirs.  A  placer  à  sou 
rang  vers  1791.  Copier  à  gauche  à  son  rang.  »  Enfin, 
un  feuillet  intercalaire  porte  :  «  Petits  souvenirs,  à 
])lacer  a/ter  the  revit  i>j  iny  iiiother  ileuth  :  Barthélémy 
d'Orbane.  Départ  pour  Romans,  grande  neige.  Départ 
])our  Vizille.  Haine  de  Séraphie  pour  les  demoiselles 
Barnave.  Décrire  la  campagne  (maison  de  cam- 
pH'jne)  ...  (lin  mut  illisihle  nous  passons  à  Saiiit- 
iiitbert.   )) 

D'autre  part,  Stendhal  a  éciil  au  verso  du  fol.  74 
(ms.  R  299,  t.  I)  :  «  A  mon  égard  la  plus  noire  méchan- 
ceté succède  à  la  bonté  et  à  la  gaieté. 

Chapitre  4   bis  :   Sommai  m: 

\  oici  les  souvenirs  cpii  après  23  X  2  ans  me  restent 
des  jours  heureux  passés  ilii  tem]»s  de  ma  mère  : 
Salons.  Soupers.  Le  Père  Chérubin  Beyle.  L'abbé 
Chélan.  Je  nie  ré%'orte  !  Départ  pour  Romans.  Barthé- 
lémy d'Orbane.  M.  B[arlhélcmyj  m"ap|)rend  les  gri- 
maces. )) 

—  l'.ii  Imiii  du  fol.  .59  (ms.  R  300).  on  lit  la  date  sui- 
vante :  0  il-'l'l  iléftunbre  1835,  Omar.  ;>  On  lit  égale- 
ment au  verso  du  fol.  38  :  «  18  déc.  1835,  de  2  à 
\  h.  1/2,  14  pages,  .Je  suis  si  absorbé  par  les  souvenirs 
«pii  se  dévoilent  à  mes  yeux  que  je  puis  à  peine  former 
mes  lettres.  » 
Page  .51,  -1  l'rpofjue  aîi  nous  occupions  le  premier  étage... 

—  Variante  :  «  Onaml  nous  mcupions...    > 
Page  51.  ...  au  coin  de  la  jdace  (irenelte  et  de  la  (irande- 
rue.  —  17  déc.  183.5.  .le  sonlfre  du    froid,  collé  contre 
l:i    cheminée.    La    cuisse   gauche   est    gelée.    (Note   de 
Stendhal.; 


NOIES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  217 

Page  52.  ...  sinlc  naturelle  de  hi  dé/lance  et  de  la  harharle 
générales.  —  Style.  Ordre  des  idées.  Pn'-paior  l'alten- 
tion  par  quol(|iies  mots  en   parlant  :  1'^  de  Laïuhert  ; 

—  2"^  sur  mou  oncle,  dans  les  premiers  chapitres. 
17  déc.  35.  (Note  de  Stendhal.)  — ■  Autre  note  de 
Stendhal  :  «  Style.  Rapport  des  mots  aux  idées  :  di- 
recteur à  l'Académie,  artiste,  Sainl-Marc-Girardin, 
chevalier  af   Konig  von  Janfoutre,  Débats.    > 

Page  53.  ...  de  s'opposer  bien  sérieusement  à  ma  course 
au  spectacle.  —  Il  y  a  un  blanc  dans  le  manuscrit 
entre  «  course  »  et  «  au  spectacle  )>. 

Page  53.  J^étais  aux  premières  loges,  la  seconde  à  droite. 

—  Ici  Stendhal  a  dessiné  un  ])lan  de  la  salle  du 
Théâtre,  avec  cette  légende  :  «  Infâme  salle  de  spec- 
tacle de  Grenoble,  laquelle  m'inspirait  la  vcnéiation 
la  plus  tendre.  J'en  aimais  même  la  mauvaise  odeur. 
Vers  1794,  95  et  96,  cet  amour  alla  jusqu'à  la  fureur, 
du  temps  de  M^^*^  Kably.  »  —  En  face,  plan  de  la 
partie  de  la  ville  où  est  situé  le  théâtre,  jusqu'à  «  la 
Bastille,  fortifiée  de  1826  à  1836  par  le  général  llaxo 
(infatigable  hâbleur)  ». 

Page  53.  Je  m'en  apercevais  fort  bien.  —  Variante  : 
«  De  qum  je  ni  apercevais.  » 

Page  54.  ...  comme  à  V église  de...  —  Le  nom  a  ''■;•'•  laissé 
en  blanc. 

Page  55.  ...  je  me  rappelle  encore  le  son  des  clercs...  — - 
Ce  mot  est  surmonté  d'une  croix,  t^e  signe  levient 
plusieurs  fois  dans  le  manuscrit,  à  des  passages  incom- 
plets ou  obscurs..  Il  indique  sans  doute  les  endroits 
<pie  Stendhal  se  proposait  de  corriger  ulférieure- 
ment. 

Page  55.  ...  j  articulai  le  nom  de  M.  de  Ravtx...  — 
\  ariaute  :  «  Je  nommai.  » 

Page  55.  ...    M"^^  de  M ,  me   semblait    bien  j<die  et 

passait  pour  fort  galante.  —  Tout  cet  alinéa  est  ime 
addition,  cpii  j)arail  avoir  été  écrite  le  lendemain, 
d'après   la   comparaison   des   écritures. 


218  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  55.  On  lui  doit  la  Biblintlièque.  —  Le  nom  de 
M.  TIenri  Ga<rnon  fiirnre  en  elïet  parmi  ceux  des 
fondateurs  de  la  biblintlièque  municipale. 

Page  5t).  ...  s  il  s  en  troiire  jamais  pour  ces  fadaises...  — 
Variantes  :  «  lariholes,  puérilités.  » 

Page  57.  ...en  écrivant  ceci  quarante-cinq  ans  après  les 
éi'énements.  —  Suit  un  plan  de  l'appartement  de 
M.  GaL'non  ayant  ^•^e  sur  la  Grande-rue  et  la  jdace 
Grenette.  Stendhal  n'y  intliipie  pas  les  chandjres 
d'Elisabeth  et  de  Soraphie  Gagnon.  Il  dit  à  ce  sujet  : 
«  Je  ne  vois  pas  où  logeaient  ma  tiiiife  Séraphie  et 
ma  grand'tante  Elisahelh.  .l'ai  un  souvenir  vague 
d'ime  chambre  entre  la  salle-à-manger  et  la  (irande- 
rue.  »  —  En  face,  plan  du  <piarlier  Saint-Laurent 
entre  le  pont  de  pierre  (aujourtl'hui  pcmt  de  l'IIôpilal) 
et  les  premières  maisons  de  l^a  Tronche.  La  Tronche 
était  r  «  église  de  M.  Dumolard.  mon  confesseur,  cur»'- 
lie  La  Tronche  et  grand  tejé  ».  Dans  l'enceinte  de  Gre- 
noble, non  loin  de  la  Citadelle,  Stendhal  indiipie 
l'emplacement  de  la  «  maison  d'éducation  de  M'i<^  de 
La  Sagne,  ma  sœur,  son  amie  .M''*^  Soj)hie  Gauthier  ». 
C'est  l'ancien  couvent  des  l  rsulines,  rue  Sainte- 
l'rsule.  aujourd'hui  occupi-  par  les  ljureau.\  de  la 
direction  du  Génie. 

Page  57.  ...  le  jour  nà  f  avais  un  an,  23  janvier  1784...  — 
Stendhal  indique  1783  (1780  —  3).  Cette  erreur  est 
volontaire,  car  elle  est  reproduite  dans  un  plan  de 
l'appartement  de  .M.  Gagnon,  dessiné  au  verso  du 
fol.  S.  et  portant  :  c  Détail,  J.?  janvier  1788  —  5.  >; 

Page  57.  ...  je  ressemhlais  au  Père  Brulard...  -—  Ché- 
rubin IJeyle,  né  le  17  septembre  17C)9,  religieux  du 
couvent  de  Saint-l'rançois  de  Grenoble,  fils  de  Joseph 
l>r\|e  et  onfle  de  .lo'ieph-C.hérubin  Heyie,  père  «lo 
Stendhal.  ,Snr  la  famille  paternelle  de  Steudlial,  \oir 
Ed.  .Maignien,  La  janiille  île  llei/le-Slendhal,  Gre- 
noble, 188;>,  broch.  in-8.) 
Page  57.  ■<  LU  peu  plus  il  était  mort  >,  disait  mon  grand- 


NOTES    ET     ÉCLAIRCISSEMENTS  219 

père.  —  En  face,  se  trouve  un  croquis  rcprcscnlant 
une  «  coupe  de  la  Porte-de- France  »,  avec  le  «  lieu  de 
la  ruade  du  nndct  ». 

Pape  58.  ...  le  grand  liis'er  de  1789  à  17i)(>...  —  En  sur- 
charge, au  crayon,  de  la  main  de  R.  Colomb  :  «  1788 
à  1789».  La  session  des  Etals  de  Romans  à  laquelle 
Stendhal  fait  allusion  a  duré  du  2  novembre  1788 
au  l(j  janvier  1789. 

Page  59.  ...  M.  Barthélémy  d'Orhane,  ami  intime  de  la 
famille,  était  en  0  et  moi  en  H...  —  En  face,  est  un 
jdan  d'une  partie  de  l'appartement  de  M.  Gagnon. 
Au  coin  à  droite  de  la  cheminée  est  Barthélémy 
d'Orbane  et  près  de  lui,  devant  le  feu,  le  jeune 
Henri. 

Page  59.  ...  .1/.  Lysi'^maque]...  —  Lysiinaque  Taveruier, 
chancelier  du  consulat  de  France  à  Cività-Vecchia. 
—  Sur  ce  personnage,  voir  C.  Stryienski,  Soirées  du 
Stendhal-Club  (1899),  p.  236-242',  et  A.  Chuqnet, 
Stendhal-Beyle  (1904),  p.  532-533. 

Page  59.  ...  il  abaissait  les  cols  démesurément  lonss  de 
sa  chemise.  —  Dans  la  marge  est  un  croquis  donnant 
les  places  respectives  de  «l'Empereur  »,  du  «  colérique 
abbé  Louis  (alors  non  voleur  et  fort  estimé)  »,  du 
«  terrible  comte  Regnault  »,  et  des  auditeurs  au 
Conseil  d'Etat,  parmi  lesquels  Henri  Beyle. 

Page  60.  ...  devant  une  assemblée  choisie,  par  exemple 
à  la  Bibliothèque.  —  La  bibliothèque  municipale  était 
alors  située  dans  le  passage  dit  aujourd'hui  du  Lycée, 
près  de  l'Ecole-  centrale,  plus  tard  lycée  de  garçons 
(voir  notre  plan  de  Grenoble  en  1793). 

Page  61...  ^1  Voccasion  de  Noël.  —  Variante  :  «  Pour 
Noël.  » 

Page  61.  ...  tenant  à  la  main  une  cuillerée  de  fraises.  — 
Dans  l'interligne  est  cette  addition,  marquée  de 
deux  croix  :  «  Comme  il  allait  manger  des  fraises.  » 

Page  62 M.  de  Broglie.  — -  Ms.  :  «  Gliebro.  »  Sur  les 


220  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMEMS 

hal)iî'.ules  aiia<j:iaimiiatif|uf's  de  Stendhal,  voir  notre 
Introduction. 

Paf^c  G2.  ...  M.  rabbé  Chi'lan  dinait  à  ht  maison...  — 
Suit  un  plan  d'une  partie  île  lappartenient  «  au 
l^""  étage  )'.  avec  la  table  dans  la  salle-à-nianger,  la 
cuisine  et  une  chanilire  à  coucher.  i)n  y  voit  éfrale- 
nien:,  sur  la  place  Grenette.  remplacement  où  lut 
tué  iiiuvrier  chapelier  (au  pied  des  degrés  ijui  con- 
duiseni  aujourd'hui  au  n°  4  de  la  place  Grenette). 

Page  6'2.  ...  //  //  </  pcnt-tlre  de  cela  quarante-trois  ans.  — 
La  journée  des  Tuiles  eut  lieu  le  7  juin  1788.  (Voir 
à  ce  sujet  A.  Prudhomine.  Histoire  de  Grenoble,  p.  o87- 
590.) 

Page  G3.  Journée  des  tuiles.  —  J'ai  laissé  à  Grenoble 
une  vue  de  cette  révolte-émeute  à  l'arpuirelle,  par 
M.  Le  Roy.  (Note  de  Stendhal.) 

Pa<Te  G."l.  Je  la  i-is  en  /?.  —  Plan  indirpiant  la  place  de 
la  vieille  femme  en  R  (Grande-rue)  et  «  venant  en  R'  'f> 
(place  Grenette),  et  la  situation  en  0  (angle  Nord  de 
la  place  Grenette)  de  l'ouvrier  blessé. 

Page  03.  ...  quand  je  fus  distrait...  —  Variante  :  «  Mais 
bientôt  après  je  fus  ilistrait...  »  —  En  face,  au  verso  du 
fol.  1!>,  on  lit  :  «  Cette  queue  savante  fait-elle  bien? 
22  décembre.  » 

Page  04.  ...  1(1  nidisnn  I*érier.  —  Maison  Pi  riii-i>agrange, 
aujourd'hui  place  Grenette,  n"  4.  (Voir  nulie  plan 
de  Greuiddi-  en  1793.) 

Page  05.  Il  ntiiurut...  —  Nnël  de  .Idunla.  comte  île 
Vaux,  maréchal  de  I-'rance  et  lieutenant  «général  du 
roi  en  hauphiné,  mourut  à  Grenoble  le  i^  sep- 
tembre 1788. 

l'age  0(i.  Je  me  vois  au  point  II...  —  Deux  crofpiis 
expliipient  la  position  des  personnages  ;  l'un  est  en 
coupe,  l'autre  en  plan.  In  autre  dessin  (en  coupe) 
se  trouve  également  au  verso  du  fol.  10.  Sur  le  bord 
de  la  roule,  du  côté  de  l'Isère,  est  en  II  le  «  point 
d'où  j'ai  \u  passer  la  \oilurc  noire  puit;iiil   les    restes 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  221 

du  maréchal  de  Vaux,  et,  ce  qui  esl,  bien  pis,  point 
d'où  j'ai  entendu  la  décharge  à  deux  pieds  de  moi  ». 

Pafïe  6G.  ...le  pont  de  pierre...  —  Aujourd'hui,  pont  de 
l'Hôpital. 

Page  67.  ...  mais  fêtais  aguerri.  —  Ici,  nouveau  plan 
indiquant  la  place  de  Stendhal,  en  H,  à  la  première 
et  aux  seconde  et  troisième  décharccs. 

Page  67.  ...  M.  Mounier  alla  remplir  les  jonctions  de 
préfet  à  Rennes.  —  Mounier  fut  nommé  préfet  de 
rille-et- Vilaine  le  13  avril  1802  par  Bonaparte,  pre- 
mier consul. 

Page  68.  ...  M.  Mounier  en  habit  de  préfet...  est  ressem- 
blant. —  Un  portrait  de  Mounier  existe  en  elTet  dans 
la  galerie  dauphinoise  de  la  Bibliothèque  munici- 
pale. 

Page  68.  (Viazma  sur  Tripes...  — ■  Viazma,  chef-lieu  de 
district  du  gouvernement  de  Smolensk,  est  situé  sur 
deux  rivières  :  la  Viazma  et  la  Bebréïa. 

Page  69.  ...  et  la  reporta  froidement  dans  sa  case.  — 
Variante  :  «  Remit.  » 

Page  69.  ...  lui  faisait  protéger  le  jeune  Barnave.  — 
23  dée.  35.  Fatigué  du  travail  after  3  heures.  (Note 
de  Stendhal.) 

Page  70.  ...  la  rue  des  Clercs.  —  Le  feuillet  se  termine 
par  un  plan  indiquant  la  «  grand'route  »  de  Grenoble 
à  Lyon,  avec  Saint-Robert  et  la  maison  de  Barnave, 
le  Fontanil  et  Saint- Vincent,  avec  la  «  chaumière 
pittoresque  de  mon  grand-père  »,  dit  Stendhal. 

Au  verso  de  ce  feuillet,  on  lit  :  «  A  placer  :  Secret 
de  la  fortune  de  MM.  Rothschild,  vu  par  Dom[ini]que 
le  23  décembre  1835.  Ils  vendent  ce  dont  tout  le 
monde  a  envie,  des  rentes,  et  de  jdus  s'en  sont  faits 
fabricants  (id  est  en  prenant  les  enqirunts).  » 

Au-dessous  :  «  Il  faudrait  acheter  un  plan  de  Gre- 
noble et  le  coller  ici.  Faire  prendre  les  extraits  mor- 
tuaires de  mes  ]>arents,  ce  qui  me  donnerait  des 
dates,  et  l'extrait  de  naissance  de  my   dearest  motlter 


222  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

et  de  mon  bon  grand-père.  Décembre  1835.  —  Qui 
pense  à  eux  aujourd'hui  que  moi,  et  avec  quelle 
tendresse,  à  ma  mère,  morte  depuis  quarante-six  ans  ? 
Je  puis  donc  parler  librement  de  leurs  défauts.  La 
même  justification  pour  madame  la  baronne  de  Bar- 
ckofl,  M"^6  Alex.  Petit,  M»^^  la  baronne  Dembowski 
(que  de  temps  que  je  n'ai  pas  écrit  ce  nom  !),  Virginie, 
2  Victoriiies,  Angela,  Mélaiiie.  Alexandrine,  Méthilde, 
Clémentine,  Julia,  Alberllie  de  Rubempré  (adorée 
pendant  un  mois  seulement). 

Y.  2  Y.  A.  m',  a.  m.  C.  I.  A. 
Un  homme  plus  positif  dirait  : 

A.  M.  C.   I.  A.  » 

On  lit  encore  :  «  Droit  que  j"ai  d'écrire  ces  mémoires  : 
quel  être  n'aime  pas  qu'on  se  souvienne  de  lui  ?  » 

—  Deux  feuillets  supplémentaires,  numérotés  69 
et  70  du  cahier,  portent  :  (Fol.  G9  recto)  «  20  décem- 
bre 1835.  Faits  à  placer  en  leur  lieu,  mis  ci-derrière 
pour  ne  pas  les  oublier  :  nomination  d  inspecteur  du 
mobilier,  derrière  la  page  254  de  la  présente  numé- 
ration. —  -  A  sept  ans  commencé  le  latin,  donc  en 
1790.  » 

(Fol.  G9  versoj  :  «  Faits  placés  ici  pour  ne  pas  les 
oublier,  à  mettre  en  leur  lieu  :  Pourquoi  Omar  mi'est 
pesante. 

Cest  que  je  n'ai  pas  une  société  le  soir  pour  me 
distraire  de  mes  idées  du  matin.  Quand  je  faisais  un 
ouvrage  à  Paris,  je  travaillais  jusqu'à  étourdisse- 
ments  et  impossibilité  de  marcher.  Six  heures  son- 
nant, il  fallait  pourtant  aller  dîner,  sous  peine  de 
déranger  les  garçons  du  restaurateur,  pour  un  dîner 
de  3  fr.  50,  ce  cpii  m'arrivait  souvent,  et  j'en  rougis- 
sais. .J'allais  dans  un  salon  ;  là.  à  moins  qu'il  ne  fût 
bien  piètre,  j'étais  absolument  distrait  de  mon  travail 
du  malin,  au  point  d'en  avoir  oublié  même  le  sujet 
en  rentrant  chez  moi  à  une  heure.  » 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  223 

(Fol  70  verso)  :  «  20  décembre  1835.  Fatigue  du 
malin. 

Voilà  ce  qui  nie  manque  à  Omar  :  la  société  eSt  si 
languissante  (M""^  Sandre,  the  motlier  of  Marieta),  la 
comtesse  Rave...,  la  princesse  de  Da...  ne  valent  pas 
la  peine  de  monter  en  voiture. 

Tout  cela  ne  peut  me  distraire  des  idées  du  matin, 
de  façon  que  quand  je  reprends  mon  travail  le  len- 
demain, au  lieu  d'être  frais  et  soulagé  je  suis  absolu- 
ment éreinté. 

Et  après  quatre  ou  cinq  jours  de  cette  vie,  je  me 
dégoûte  de  mon  travail,  j'en  ai  réellement  tué  les 
idées  en  y  pensant  trop  continuement.  Je  fais  un 
voyage  de  quinze  jours  à  Cività-Vecchia  et  à  Ravenne 
(1835,  octobre).  Cet  intervalle  est  trop  long,  j'ai 
oublié  mon  travail.  Voilà  pourquoi  le  Chasseur  i>ert 
languit,  voilà  ce  qui,  avec  le  manque  total  de  bonne 
musique,  me  déplaît  dans  Omar.  » 


Chapitre  VI 

Page  71.  Le  chapitre  VI  est  le  chapitre  iv  bis  du  manus- 
crit (R  299,  fol.  75  à  81).—  Ecrit  à  Rome,  le  2  dé- 
cembre 1835. 

Page  71.  Il  ri  aimait  au  monde  que  cette  fdle  et  moi.  — 
Et  moi  a  été  ajouté  au  crayon  par  Stendhal. 

Chapitre  VII 

Page  77.  Le  chapitre  VII  est  le  chapitre  v  du  manuscrit 
(fol.  81  à  99).  —  Ecrit  à  Rome,  le  2  décembre,  et  à 
Cività-Vecchia,  le  5  décembre  1835.  —  On  lit  au 
verso  du  fol.  92  :  «  Idée  :  Peut-être  en  ne  corrigeant 
pas  ce  premier  jet  parviendrai-je  à  ne  pas  mentir 
par  vanité.  Omar,  3  décembre  1835.  » 


224  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  78.  J'ai  appris...  — •  Variante  :  «  Su.  » 

Pape  78.  Il  avait  donc,  en  1790,  quarante-trois  o?is.  — 
Chérubin-.Joseph  Beyle  était  né  le  29  mars  1747.  Il 
épousa  le  20  février  1781  Caroline-Adélaïde-Henriette 
Gagnon  et  mourut  le  20  juin  1819. 

Page  79.  ...  la  plus  absurde  dévotion.  —  Ms.  :  «  Surdeah 
tiondévo.  » 

Page  80.  Cette  saison,  que  tout  le  monde...  — ■  Variante  : 
«  Cet  âge,  que  l'avis  de  tout  le  monde...  » 

Page  81.  Je  crois  que  cest  par  intérêt  pour  moi...  — 
Variante  :  «  Amitié.  » 

Page  82.  J'allais  prendre  ses  leçons  sur  la  petite  place 
Notre-Dame...  —  A  cette  époque,  la  «  voie  centrale  » 
(rue  Président-Carnot)  et  l'avenue  Maréchal-Randon 
n'étaient  pas  encore  ouvertes.  Voir  notre  plan  de 
Grenoble  en  1793. 

Page  83.  ...  Casimir  et  Augustin  Périer  et  de  leurs  quatre 
ou  six  frères.  — ■  Casimir  et  Augustin  Périer  étaient 
fils  de  Claude  Périer.  Claude  Périer  eut  neuf  fils  et 
trois  filles  :  Jacques-Prosper  (mort  enfant),  Elisa- 
beth-Joséphine, Euphrosine-Marine  (morte  enfant), 
Augustin-Cliarles,  Alexandre-Jacques,  Antoine-Sci- 
pion,  Casimir-Pierre,  Adélaïde-Hélène,  surnommée 
Marine,  Camille-Joseph,  Alphonse,  Amédée-Auguste 
et  André- Jean- Joseph. 

Page  83.  Casimir  a  été  un  ministre  très  célèbre...  — 
Casimir-Pierre  Périer,  le  ministre,  était  né  à  Grenoble 
le  11  octobre  1777  ;  il  mourut  à  Paris  le  16  mai  1832. 

Page  83.  Augustin...  est  mort  pair  de  France.  —  Augus- 
tin-Charles Périer  était  né  à  Grenoble  le  22  mai  1773. 
Pair  de  France  à  la  mort  de  son  frère  Casimir  (10  mai 
1832),  il  mourut  à  Frémigny  (Seine-et-Oise),  le 
2  décembre  1833. 
Page  83.  Scipion  était  mort...  vers  1806.  —  Scipiou 
Périer  est  mort  à  Paris  en  1821.  (Note  au  crayon  de 
li.  Colomb.)  —  Il  était  né  le  14  juin  1776. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  225 

Page  83.  Camille  a  été  un  plat  préfet...  —  Camille-Joseph 
Périer,  né  à  Grenoble  le  15  août  1781.  Prcfel  de  la 
Corrèze  ile|)iii.s  le  12  février  J810  jusqu'en  1815,  et 
de  la  Meuse  depuis  le  10  février  1819  jusqu'en  1822. 
IMus   tard  député  et   pair  de   France,  il  est  mort  le 

14  septembre  1844. 

Page  83.  ...  et  çient  (T épouser  en  secondes  noces  une 
femme  fort  riche...  —  Erreur,  M"«  de  Sahune  n'a 
pas  eu  un  sou  de  dot.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
—  Camdle  Périer  épousa  en  premières  noces  Adèle 
Lecoulteux  de  Canteleux,  et  en  secondes  noces 
Amélie  Pourcet  de  Sahune,  cousine  de  Louise-Hen- 
riette de  Berckeim,  femme  d'Augustin  Périer. 

Page  83.  Joseph,  mari  (Tune  jolie  femme...  —  André- 
Joseph- Jean  Périer,  né  à  Grenoble  le  27  novembre 
1786,  dirigea  la  banque  Périer  frères,  à  Paris.  A 
l'époque  où  Stendhal  écrivait  la  Vie  de  Henri  Brulard, 
il^  était    député    de    la    Marne    (Eperna\  ')    depah    le 

15  novembre  1832.  Il  épousa  M^le  Marie-Aglaé  du 
Clavel  de  Kergonan  et  mourut  à  Paris  le  18  dé- 
cembre 1868. 

Page  83.  ...  Amédée...  a  peut-être  volé  au  jeu  vers  1815... 

—  Amédée-Auguste  Périer,  né  à  Grenoble  le  14  mars 
1785,  est  mort  à  Paris  en  1851.  —  L'histoire  racontée 
par  Stendhal  nous  est  absolument  inconnue  et  nous 
semble  un  produit  de  l'esprit  caustique  de  notre 
auteur. 

Page  83.  ...  par  instinct  de  prêtre...  —  Ms.  :  a  Reprêt.  » 

Page  83.  M.  Périer  milord...  —  Sur  ce  surnom  de  milord 
donné  k  Claude  Périer,  voir  t.  II,  p.   149. 

Page  Si.  ...  a  laissé  trois  cent  cinquante  mille  francs  à 
cliacun.  —  M.  Périer  a  laissé  dix  enfants  et  500.000 

francs  à  chacun.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.)  

En  réalité,  Claude  Périer  eut  douze  enfants,  dont 
deux  moururent  jeunes. 

Page  87.  ...  auraient  palpité...  —  Variante  :  «  Palpi- 
taient. » 

Brulard   II.  jg 


226  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  87.  ...  le  portrait  sérieux  et  rébarbatif  de  mon 
arrière- grand-père...  —  Le  manuscrit  porte  :  «  Mon 
grand- père.   » 

CHAPITRr.    VTII 


Page  89.  Le  chapitre  Vlll  est  le  chajiitre  vi  rlu  manus- 
crit (fol.  99  à  121).  —  Ecrit  à  Cività-Vecchia,  les 
5  et  6  décembre  1835, 

Page  89.  ...  la  magnifique  allée  des  Marronniers,  plantée... 
par  Lesdiguières.  —  Il  s'agit  de  la  promenade  de  la 
Terrasse  du  Jardin-de-Ville.  Les  orangers  de  la  Ville 
de  Grenoble  proviennent  en  eiïet  de  Lesdiguières. 
Lors  de  la  vente  de  lliôtol  de  Lesdiguières  aux 
Consuls  de  Grenoble  pour  en  faire  un  Ilôtel-de-Ville, 
il  y  eut  une  longue  discussion  au  sujet  de  la  cession 
de  l'orangerie  et  des  orangers.  Ceux-ci  furent  défini- 
tivement compris  dans  le  contrat  de  vente  du  5  août 
1719  (Arch.  mun.  de  Grenoble,  DD  101).  —  11  importe 
toutefois  de  noter  que  la  terrasse  et  l'orangerie  ne 
furent  pas  l'œuvre  de  Lesdiguières  lui-même.  Elles 
datent  en  eiïet  de  1675  environ.  —  Les  orangers 
sont  encore  aujourd'hui,  -  mais  non  plus  «  en  grande 
pompe  »,  —  placés  dans  le  Jardin-de-Ville  et  sur  la 
place  Grenette. 

Pao-e  90.  ...  était  venu  se  cacher  à  Avignon  à  la  suite... 
—  Après  ces  mots  il  y  a  dans  le  manuscrit  im  blanc 
d'une  demi-ligne. 

Page  92.  —  cette  jolie  Li/onnaise,  M'f^c...  —  Le  nom  a 
été  laissé  en  blanc  par  Stendhal. 

Page  92.  ...  un  parfait  jésuite...  —  Ms.  :  «  Tejé.  » 

Page  92.  ...la  porte  de  la  Graille...  —  Cette  j)orte  se 
trouvait  sur  l'actuel  quai  Créqui.  Elle  a  été  démolie 
en  1884,  lors  de  l'agrandissement  de  l'enceinte.  (Voir 
notre  plan  de  Grenoble  eu  1793.) 


NOTES    ET    KCT.AinCISSEMENTS  227 

Pape  92.  ...  au-delà  du  tra<^ers  de  Vile  A...  —  Ici  nu 
plan  explicatif.  —  L'île  a  disparu  aujourd'hui  ;  elle 
s'appelait  l'île  Sirand. 

Page  93.  Une  seule  disgrâce  manquait  à  ce  jésuite...  — 
Ms.  :  «  Tejé.  » 

Page  93.  Mon  grand-père  n  était  jamais  remonté  dans 
la  maison...  —  Suit  un  plan  d'une  partie  de  la  «  maison 
paternelle  »,  rue  des  Vieux- Jésuites. 

Page  94.  ...  que  j'ai  reconnu  plus  tard  appartenir  aux 
jésuites.  —  Ms.  :  «  Tejés.  » 

Page  94.  ...  qui  donnait  une  hrillante  lumière  à  V esca- 
lier L...  —  Ainsi  désigné  par  Stendhal  dans  son  plan 
de  la  maison  paternelle  :  «  Escalier  rejoignant  celui 
de  la  maison.  » 

Page  94.  ...  Reytiers...  —  Teisseire.  (Note  de  Sten- 
dhal.) 

Page  95.  ...la  beauté  du  rocher  de  la  Buisserate...  — •  La 
montagne  du  Néron,  appelée  aussi,  improprement,  le 
Casque  de  Néron,  qui  se  termine  au-dessus  de  la  Buis- 
serate (hameau  de  Saint-Martin-le-Vinoux)  par  un 
rocher  à  pic  de  300  mètres  environ. 

Page  96.  ...  un  ruisseau  affluent  nommé  la  Biole.  —  Mot 
patois  signifiant  petit  ruisseau.  Il  s'agit  sans  doute 
d'un  petit  cours  d'eau,  dénommé  aujourd'hui  canal 
de  la  Scierie,  et  qui  du  temps  de  Stendhal  servait  au 
colmatage  des  terrains  voisins. 

Page  97.  M^^^  Marine  Périer...  —  Adélaïde-Hélène, 
dite  Marine  Périer,  a  épousé  Camille-Hyacinthe  Teis- 
seire le  13  thermidor  an  II  (31  juillet  1794). 

Page  97.  ...la  faveur  dont  il  me  vit  jouir  dans  le  salon... 

—  Variante  :  «  Oii  il  me  vit  établi  dans...  » 

Page  98.  ...  je  haïssais  encore  plus  la  religion...  —  Ms.  : 

«  G  ion.  » 
Page  99.  ...  d'interminables  promenades  aux  Granges... 

—  Ce  quartier  sul)urbain,  alors  peuplé  en  grande 
partie  de  peigueurs  de  chanvre,  est  aujourd'hui  à 
1  iiiléi'ieur  de  la  ville.   Il  est  situé  aux  alentours  de 


228  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

réjrlisc  Saint- Joseph.  (Voir  notre  plan  rie  Grenoble 
en  1793.; 

Page  99.  ...  Mme  Alexandre  Mallein...  —  Marie- 
Zénaïde-Caroline  Beyle.née  le  10  octobre  1788,  épousa 
le  30  mai  1815  Alexandre-Charles  Mallein,  contrôleur 
des  Contributions  directes. 

Page  99.  Je  couvrais  les  plâtres  de  la  maison  de  carica- 
tures... — •  Je  me  rappelle  d'une  fort  plaisante. 
Z^éiiaïde  était  représentée  dévidant  du  fd  placé  sur 
un  tour  ;  elle  y  était  dessinée  en  pied,  assez  grotes- 
quement,  avec  cette  devise  au  bas  :  «  Zénaïde,  jcdousie 
rapportante,  Caroline  Beyle.  »  (Note  au  crayon  de 
R.  C.olomb.) 


Chapitrf.    IX 

Page  103.  Le  chapitre  IX  est  le  chapitre  vu  du  manus- 
crit (fol.  122  à  144j.  —  Ecrit  à  Cività-Vecchia,  les 
G  et  7  décembre  1835. 

Page  103.  ...  la  passion  d'administrer  la  Ville  de  Gre- 
noble au  profit  des  Bourbons...  —  Chérubin  Beyle, 
le  père  de  Stendhal,  nommé  adjoint  au  maire  de 
Grenoble  le  29  septembre  1803,  était  encore  en  fonc- 
tions lors  de  l'avènement  de  Louis  XVIII.  Il  fut 
remplacé  en  1816  par  le  marquis  de  Pina,  qui  devint 
la  même  année  maire  de  la  ville. 

Page  104.  ...  sur  le  penchant  de  la  montagne,  au-delà  du 
Drac.  —  Suit  un  plan  des  environs  au  midi  de  Gre- 
noble. En  «  A,  pont  en  fil  de  fer  établi  vers  182G  ; 

—  B,  pont  de  Claix,  fort  remarquable,  à  plein  cintre  ; 

—  C,  citadelle  ;  —  G,  place  Grenette  ;  —  D,  rocher 
de  Comboire,  à  pic  sur  le  Drac,  lequel  est  fort  rapide, 
rocher  et  bois  remplis  de  renards  ;  —  H,  maison  de 
campagne  qui  joua  le  plus  grand  rôle  dans  mon 
enfance,  que  j'ai  revue  en  1828,  vendue  à  un  général  n. 

—  Le  pont  suspendu  sur  le  Drac,  dit  pont  de  Susse- 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSK.MENTS  220 

nage,  remplaça  en  1826  le  bac  de  Sei/ssins,  dont  Sten- 
dhal parle  un  peu  plus  loin. 

Page  105.  ...  mais  bientôt  je  découvris...  — -  Variante  : 
«  Trouvai.  » 

Page  105.  Je  trouvai  moyen  de  voler  des  volumes  de  Vol- 
taire... —  En  surcharge  :  «  Bientôt  après,  je  volai  des 
volumes.  » 

Page  105.  Nous  passions  toujours  les  fériés  à  Claix...  — 
C'est-à-dire  vacances.  Nom  latin  francisé. 

Page  105.  Rien  ne  m'était  si  odieux...  — ■  Le  reste  de  la 
ligne  a  été  laissé  en  blanc  et  marqué  d'une  -|-. 

Page  107.  ...  Ginès  de  Panamone  a  enlevé  Veine.  —  Suit 
un  grossier  croquis  de  Sancho  Pança  sur  son  âne. 

Page  108.  ...  petite  salle  de  verdure...  enceinte  de  murs. 
■ —  Suit  un  plan  de  la  propriété  de  Claix,  avec  la 
mention  :  «  Ce  clos  a  six  journaux  de  600  toises.  » 

Pase  111.  ...  M.  Dolle  de  la  Porte- de- France...  — -  Jean- 
Baptiste  Dolle  le  jeune,  qui  avait  construit  à  grands 
frais,  au-dessus  du  rocher  de  la  Porte-de-France,  un 
beau  jardin  d'agrément.  (Voir  J.  ^'ellein,  L'habitation 
de  plaisance  d'un  grenoblois  au  X\  IIl*^  siècle.  Les 
Jardins  Dolle.  Grenoble,  1896,  br.  in-8o.)  Ces  jardins 
sont  aujourd'hui  la  propriété  de  la  Ville  de  Grenoble; 
ils  sont  loués  au  Syndicat  d'initiative  de  Grenoble, 
qui  en  a  fait  à  nouveau  une  belle  promenade  publique. 

Page  114.  ...  me  frappa...  —  Ce  inot  est  marqué  d'une 
croix.  Il  était  certainement  destiné  à  être  corrigé. 

Page  114.  ...  me  fissent  horreur.  —  Ms.  :  «  Fît)).  —  Le 
bas  du  fol.  138  est  occupé  par  deux  plans  :  1°  «  Voici 
le  plan  de  la  table  chez  mon  grand-père,  où  j'ai  mangé 
de  7  ans  à  16  et  demi  »  ;  —  2^  «  Voici  la  salle-à- 
manger.  »  Celle-ci  possède  de  nombreux  dégage- 
ments :  «  D,  porte  sur  le  petit  escalier  tournant  »  ; 
«  R,  porte  de  la  cuisine  »  ;  «  E,  grand  passage  con- 
duisant dans  l'autre  inaison  sur  la  place  Grenette  »  ; 
«  iS,  entrée  de  la  chambre  de  Lamljert  »  ;  «  T,  grande 
porte  sur  le  grand  escalier  »,  «  très  beau  »  ;  «  K,  porte 

Brularo    II.  15. 


230  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

df  la  chambrt*  »lf  mon  gTaiiil-|>i'rc.  i  (\  oir  iikIic  plan 
de  l'apparlenuMit  Cja<;non. 

I*ape  11'».  ...  leur  /tins  jernit'  tUhèe  l'ttiil  la  iv/zt'""».  — 
Ms.  :      don. 

Page  115.  ...  dfs  fé3iiiles...  —  .Ms.  :  «  Te  je.  » 

Pape  110,  ...  fa^-ais  un  orgueil  insu p porta hle.  -  -  \a' 
fol.  l'il  coMMuenro  de  la  inaiiirn*  suivante  :  «  (^)iianil 
j'arrivai  à  llicole  centrale  en  l'an  \,  je  crois  ,  dès 
l'année  »ui\ante  je  remportai  des  premiers  prix, 
peul-élrc  y  a-t-il  mémoire  de  cela  tlans  les  papiers 
du  I)êpurtement  (depuis,  préfecture i.  (Miand  j'arrivai 
à  riùnle  centrale,  j'y  apportai  tous  ces  vices  alionti- 
nal)les,  dont  je  fus  j,'uéri  à  coups  de  poin^.  )>  .Stendhal 
a  ajoulé  dans  la  marge  :  «  Itenvoyé  à  I  article  :  Lcule 
centrale.  •• 

Page  llb.  Et  hors  un  gros  Plutarque  à  mettre  mes  ralmt.s. 
—  Stendhal  a  voulu  dire  :  u  les  Femmes  Sinuinles  » 
(.\clc   II,  scène    vil  . 


CiiAPirm     \ 

Page  11!»,  I.e  chapitre  X  est  le  chapitre  vm  du  maniis- 
crit  (fol.  14»)  ter  à  169;  les  feuillets  11'.,  j  IG,  KitJ  his  cl 
103  sont   II  mais  laissés  en   Itlam    .  l'.ctit 

les  U  et   K 1.S3.'). 

I'a;,'e  llî».  ...  faire  de  moi  un  excellent  jèsuilr...  NN.  : 
«   I  ffe. 

Page    i'JO.    ...   toutes  Us  peines  du  monde  à  dissimuler... 
\    lia  nie  :  «  Cacher. 

i'aj;»:    i»U.   ...  ejrtrêmement  poli  em'ers  la   religion... 
M  s.  :  •  Gionri.  » 

Pat"*    1-1-    ---    r allais  avoir  cinquante  ans...  NN. 

l'agp  l'l\.  ...  Hesan...  Hc»ançon.  c'c»l-à-dirc  le  Imnm 
de  .Mail 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  231 

Page  121.  ...  Kolon...  —  Romain  Colomb. 

Page  122.  ...  rien  de  moins  jésuite...  — •  Ms.  :  «  Te  je.  » 

Page  123.  ...la  tyrannie  de  ce  jésuite...  —  Ms.  :  «  Te  je.  » 

Page  123.  ...  dans  une  antichambre  où  Von  ne  passait 
presque  jamais.  —  En  face,  plan  explicatif.  Le  point  Î\I 
est  en  face  de  la  cheminée  de  la  chambre  de  Henri 
Gagnon,  laquelle  était  meublée  du  «  magnifique  lit 
de  damas  rouge  de  mon  grand-père  »,  de  «  son  ar- 
moire »,  d'une  «  magnifique  commode  en  marque- 
terie, surmontée  d'une  pendule  :  Mars  offrant  son 
bras  à  la  France  ;  la  France  avait  un  manteau  garni 
de  fleurs  de  lis,  ce  qui  plus  tard  donna  de  grandes 
inquiétudes  ».  Cette  chambre  était  éclairée,  sur  la 
grande  cour,  par  une  «  unique  fenêtre  en  magnifiques 
verres  de  Bohême.  L'un  d'eux,  en  haut,  à  gauche, 
étant  fendu,  resta  ainsi  dix  ans  ».  Le  point  M'  est  près 
d'une  des  fenêtres  du  «  grand  salon  à  l'italienne  »  ;  le 
point  M"  est  devant  la  fenêtre  de  l'antichambre  du 
salon.  (Voir  notre  plan  de  l'appartement  Gagnon.) 

Page  124.  ...  située  au  troisième  étage  du  collège...  — 
La  fortification  passait  alors  derrière  le  collège,  ou 
Ecole  centrale  (aujourd'hui  lycée  de  filles),  lequel  se 
trouvait  non  loin  de  la  porte  de  Bonne.  (Voir  notre 
plan  de  Grenoble  en  1793.) 

Page  124.  ...  0/2  réparait  le  reste.  —  Le  fol.  153,  numéroté 
par  Stendhal,  est  resté  en  blanc. 

Page  124.  ...  presque  en  rang  d'oignons...  —  Le  seigneur 
d'Oignon.  (Note  de  Stendhal.) 

Page  124.  ...  la  petite  table  où  moi,  H,  étais  placé.  — 
Suit  un  plan  de  la  position  des  personnages  dans  la 
chambre  de  Henri  Gagnon,  voisine  de  la  salle-à-man- 
ger. Ils  sont  en  demi-cercle  autour  de  la  cheminée, 
la  table  d'Henri  est  juste  en  face  de  cette  cheminée, 
et  placée  obliquement. 

Page  124.  ...  U Ancien  Testament...  — ■  Ms.  :  <(  Ment- 
testa  »,  selon  la  méthode  anagrammatique  chère  à 
Stendhal. 


232  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  125.  ...  j'avais  commencé  le  latin  à  sept  ans...  ■ — - 
Ms.  :  «  17  —  10.  » 

Page  125.  Lancette  Laitue  Rat.  —  «  L'an  VII  les  tuera  ». 
Après  le  mot  «  rat  »,  Stendhal  a  fait  un  croquis  très 
grossier  représentant  cet  animal. 

Page  125.  ...  l'assassinat  de  Roherjot  à  Rastadl.  — 
28  avril  1799. 

Page  126.  ...  séparé  de  mon  père  par  une  fort  grande 
table.  — -  Suit  un  plan  indiquant  les  places  respectives 
de  Beyle  et  de  son  père.  Celui-ci  tournait  le  dos  à 
son  fds  et  était  assis  à  son  bureau,  dans  un  angle  de 
la  pièce  :  «  Mon  père,  placé  à  son  bureau  C  et  écri- 
vant.  » 

Page  126.  ...  quoique  à  peine  âgé  de  dix  ans...  ■ —  Ms.  : 
«  2  X  5.  )) 

Page  127.  ...  tel  j'étais  à  dix  ans,  tel  je  suis  à  cinquante- 
deux.  —  Ms.  :  «  5  X  2  );  et  «  10  X  5  +  2  ». 

Page  129.  ...  madame  la  comtesse  C.al....  —  Le  reste 
du  nom  est  en  blanc. 

Page  130.  ...  Cossey...  —  Hameau  de  Claix. 

Page  130.  ...  la  sensation  d'un  enfant  de  dix  ans.  — 
Ms.  :  «  2   X   5.  » 

Page  131.  ...  une  appréciation  des  travaux  de  Court  de 
Gehelin...  —  V.' Histoire  naturelle  de  la  parole,  de 
Court  de  Gebelin,  parut  en  1776,  en  un  volume  in-8°, 
accompagné  de  deux  gravures. 

Chapitre  XI 

Page  133.  Le  chapitre  XI  est  le  chapitre  ix  du  ms.  de 
Stendhal  (fol.  172  à  187).  —  Les  fol.  170  et  17i  oui 
été  numérotés  par  Stendhal,  mais  laissés  en  blanc.  — 
En  haut  du  fol.  172,  on  lit  :  «  10  déc.  1835.  »  Et  plus 
bas  :  «  Chronologie  :  peut-être  M.  Durand  ne  vint-il 
dans  la  maison  Gagnon  qu'après  Amar  et  Merlinot.  » 
En  face  :  «  Voir  la  date  dans  les  Fastes  de  Marrast.  » 


NOTES    ET    ÉCLAinCISSEMENTS  233 

—  Ce  chapitre  a  été  écrit  en  partie  à  Cività-Vecchia, 
le  10  décembre  1835  (fol.  172  et  173),  et  en  partie 
à  Rome,  le  13  décembre. 

Page  133.  ...  deux  représentants...  arriérent  à  Gre- 
noble... —  Amar  et  Merlinot  arrivèrent  à  Grenoble 
le  21  avril  1793. 

Page  134.  ...  mon  père  était  notoirement  suspect  et 
M.  Henri  Gagnon  simplement  suspect.  —  Cependant 
ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  été  ni  obligés  de  se  cacher, 
ni  emprisonnés.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.)  — ■ 
Les  listes  ont  été  publiées  le  26  avril  1793  avec  un 
arrêté  d'Amar  et  de  Merlinot.  Parmi  les  «  personnes 
notoirement  suspectes  »  figurait  «  Beyle,  homme  de 
loi,  rue  des  Vieux- Jésuites  »  ;  mais  le  nom  du  docteur 
Gagnon  n'est  pas  inscrit  sur  la  liste  des  personnes 
«  simplement  suspectes  ».  Le  6  thermidor  correspon- 
dant au  24  juillet  1794,  c'est  donc  pendant  quinze 
mois  seulement  que  Chérubin  Beyle  fut  considéré 
comme  notoirement  suspect. 

Page  134.  Ce  grand  é^^énement  remonterait  donc  au 
26  avril  1793.  —  La  date  est  en  blanc  dans  le  manus- 
crit. 

Page  134.  ...  na  passé  en  prison  que  trente-deux  jours 
ou  quarante-deux  jours.  ■ —  Comme  le  dit  plus  haut 
R.  Colomb,  Chérubin  Beyle  ne  fut  jamais  empri- 
sonné. 

Page  134.  ...  Amar...  avocat,  ce  me  semble.  — •  Amar  (né 
à  Grenoble  le  11  mai  1755)  était  au  moment  de  la 
Révolution  trésorier  de  France  au  bureau  des  Fi- 
nances de  Grenoble  et  avocat  au  Parlement  de  cette 
ville. 

Page  134.  ...  qui  confirma  mon  caractère  atroce.  —  On 
ht  en  tête  du  fol.  175  :  «  13  décembre  1835.  Omar. 
Repris  le  travail  of  Life.  )>  Et  au  verso  du  fol.  174  : 
«  Ecrit  de  la  page  93  à  celle-ci  à  Cività-Vecchia  du  3 
au  13  décembre  1835.  » 

Page  135.  Mon  père...  vint  s'établir  dans  la  chambre  0... 


234  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

—  Au  bas  du  fol.  176  est  un  plan  de  la  partie  de  l'ap- 
partement Gagnon  voisine  de  la  maison  Périer- 
Lagrange.  On  v  voit,  en  0,  la  «  chambre  de  mon 
oncle  »  occupée  par  «  mon  père,  Chérubin  [Beyle], 
lisant  Hume  ».  Cette  chambre  s'ouvrait  sur  la  «  ter- 
rasse avec  vue  admirable  »  donnant  sur  le  «  jardin 
Périer  »  et,  par  delà  celui-ci,  sur  le  «  jardin  public 
nommé  Jardin-de- Ville  )).  Elle  était  voisine  d'une 
«  grande  salle  »  où  était  un  autel.  (Voir  notre  plan  de 
l'appartement  Gagnon.) 

Page  136.  Bientôt  je  me  pis  dans  le  trapèze  à  côté  de  la 
chambre  de  mon  grand-père.  — -  Suit  un  plan  de  la 
chambre  de  M.  Gagnon  et  de  la  chambre  en  trapèze. 
Cette  forme  était  nécessitée  par  l'escalier  voisin.  Le 
«  trapèze  »  donnait  sur  une  «  petite  cour.  Odeur  de 
cuisine  de  M.  Rayboz  ». 

Page  138.  Séraphie,  assez  jolie,  faisait  V  amour...  — 
Italianisme  à  ôter.  (Note  de  Stendhal.) 

Page  140.  Je  me  vois  et  je  vois  Séraphie  au  point  S.  — 
Suit  un  plan  des  lieux  de  la  scène  :  «  La  ligne  poin- 
tillée  marque  la  ligne  de  bataille  »,  à  travers  la 
chambre  d'Elisabeth  Gagnon,  le  passage,  la  salle-à- 
manger  et  la  cuisine.  Le  point  S  est  situé  dans  le 
passage. 

Page  142.  ...  quand  j'eus  vingt-deux  ans.  —  Ms.  : 
«  11  X  2.  » 

Chapitre  XII 

Page  143.  Le  chapitre  XII  est  le  chapitre  x  du  manus- 
crit de  Stendhal  (fol.  188  à  210).  —  Ecrit  à  Rome,  le 
14  décembre  1835. 

Page  143.  ...  qui  puisse  déraciner  le  jésuitisme...  — 
Ms.  :  «  Tisjésui.  » 

Page  144.  ...  toad-eater...  —  Expression  anglaise  signi- 
fiant littéralement  :  mangeur  de  crapauds,  et,  au 
figuré  :  flagorneur,  flatteur,  parasite. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  235 

Page  144.  M.  Tourte...  ■ — •  Donnait  des  leçons  d'écriture 
à  Pauline  ;  je  le  vois  encore,  taillant  des  plumes, 
d'un  air  important,  avec  des  lunettes  dont  les  verres 
avaient  l'épaisseur  d'un  fond  de  gobelet.  (Note  au 
crayon  de   R.   Colomb.) 

Page  144  ...  V entredeux  des  portes  formant  antichambre... 
au  point  A.  ■ —  Suit  un  plan  de  cette  partie  de  l'ap- 
partement ;  dans  l'antichambre,  en  A,  entre  les  deux 
fenêtres  donnant  sur  la  première  cour,  est  la  place 
où  le  jeune  Beyle  avait  placé  le  billet  Gardon. 

Page  145.  ...  formant  vestibule  sur  notre  magnifique  ter- 
rasse. — ■  En  face,  est  un  plan  de  cette  partie  de 
l'appartement  Gagnon.  Au  fond  du  grand  salon  à 
l'Italienne,  en  «  A,  autel  où  je  servais  la  messe  tous 
les  dimanches  »  ;  dans  la  pièce  voisine,  donnant  accès 
sur  la  terrasse,  était  pendue  la  «  carte  du  Dauphiné 
dressée  par  M.  de  Bourcet,  père  du  Tartufe  et  grand- 
père  de  mon  ami  à  Brunswick,  le  général  Bourcet, 
aide-de-camp  du  maréchal  Oudinot,  maintenant  cocu 
et,  je  crois,  fou  ».  Dans  le  cabinet  de  M.  Gagnon,  éga- 
lement voisin  du  grand  salon,  se  trouvait,  dans  un 
angle,  un  «  tas  de  romans  et  autres  mauvais  livres 
ayant  appartenu  à  mon  oncle  et  sentant  l'ambre  ou  le 
musc  d'une  lieue  ».  Enfin,  depuis  «  la  terrasse,  mur 
sarrazin  large  de  quinze  pieds  et  haut  de  quarante  », 
Stendhal  indique  une  vue  «  magnifique  vers  les  mon- 
tagnes en  S  (montagne  de  Seyssins  et  Sassenage), 
B  (Bastille,  que  le  général  Haxo  fortifie  en  1835) 
et  R  (tour  de  Rabot)  ». 

Page  145.  ...  une  magnifique  carte  du  Dauphiné...  — 
La  carte  du  Dauphiné  par  Bourcet  est  en  effet  très 
belle.  Elle  est  composée  de  dix  feuilles  in-folio,  portant 
ce  titre  :  Carte  géométrique  du  haut  Dauphiné  et  de 
la  frontière  ultérieure,  levée  par  ordre  du  Roi,  sous  la 
direction  de  M.  de  Bourcet,  maréchal  de  camp,  par 
MM.  les  ingénieurs  géographes  de  Sa  Majesté,  pendant 
les  années  1749  jusqu'en  1754.  Dressé  par  le  sieur  Vil- 


236  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

laret,  capitaine  ingénieur  géographe  du  Roi.  —  Sur 
la  famille  de  Bourcet,  voir  :  Edmond  Maignien, 
L'ingénieur  militaire  Bourcet  et  sa  janiille.  Grenoble, 
1890,  in-8o. 

Page  147.  Aussi  mon  affection  pour  elle  redouhla-t-elle. 
—  On  lit  au  verso  du  fol.  197  :  «  Ecrit  de  188  à  197 
en  une  heure,  grand  froid  et  beau  soleil,  le  14  dé- 
cembre 1835.  » 

Page  147.  Sur  quoi  je  ferai  deux  observations.  — •  «  Je 
sens  bien  que  tout  ceci  est  trop  long,  mais  je  m'amuse 
à  voir  reparaître  ces  temps  primitifs,  quoique  mal- 
heureux, et  je  prie  M.  Levavasseur  d'abréger  ferme, 
s'il  imprime.  H.  Beyle.  » 

Page  148.  ...  ma  mémoire  na  pas  daigné  garder...  — 
\  ariante  :  «  lY'a  pas  gardé,  m 

Page  148.  FÂle  sentait,  éprouç>ait...  — -  \ne  partie  de  la 
ligne  a  été  laissée  en  blanc. 

Page  148.  ...  quand  f avais  la  radie...  —  Affection  du 
cuir  chevelu  chez  les  enfants,  ((ue  le  patois  dauphi- 
nois étend,  mais  à  tort,  à  la  croûte  de  lait. 

Page  149.  ...  la  place  de  Grenoble  que  le  général  Haxo 
fortifie...  —  L'agrandissement  de  l'enceinte  par  le 
général  Ilaxo  fut  elTeclué  entre  1832  et  183(î. 

Pase  149.  ...  cousin  Senterre...  —  Il  était  contrôleur 
de  la  poste  à  Grenoble  ;  en  sa  qualité  de  mon  grand- 
oncle,  il  m'administrait  force  taloches  ;  et  lorsque  je 
]tlenrais  trop  haut,  il  me  faisait  avaler  des  verres  de 
kirsch,  pour  obtenir  du  silence  et  son  pardon.  (Note 
au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  150.  ...  le  crochon  de  pain.  —  Terme  dauphinois 
signifiant  un  morceau  de  pain,  avec  de  la  croûte. 

Page  151.  ...  la  signature  de  ce  Perlet...  —  A  la  suite 
du  nom,  Stendhal  a  tracé  ime  imitation  de  la  signa- 
ture de   Perlet. 

Page  153.  ...  felices  pour  annos.  —  On  lit  au  verso  du 
fol.  209  :  «  Le  14  décembre  1835,  écrit  24  pages  et 
fini  la  Vie  de  Costard,  fou  intéressant...  » 


OT 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS  237 


Chapitre   XIII 

Page  155.  Le  chapitre  XIII  se  trouve  dans  un  cahier 
séparé,  coté  B  300  (Bibl.  mun.  de  Grenoble),  en 
même  temps  que  les  chapitres  v  et  xv.  Il  va  du 
feuillet  15  au  feuillet  38,  et  porte  une  foliotation 
spéciale,  de  1  à  24.  En  tête,  Stendhal  indique  : 
«  Dicter  ceci  et  le  faire  écrire  sur  le  papier  blanc  à  la 
fin  du  l^i"  volume.  Relier  ce  chapitre  à  la  fin  du  second 
volume.  18  décembre.  «  Il  ajoute  :  «  Placer  [ce]  mor- 
ceau vers  1792  à  son  rang,  vers  1791.  »  Un  feuillet 
intercalaire  porte  encore  :  «  A  placer  à  son  époque, 
avant  la  conquête  de  la  Savoie  par  le  général  >lontes- 
quiou,  avant  1792.  A  faire  copier  sur  le  papier  blanc. 
Placer  à  la  lin  du  l^r  volume.  «  —  Le  chapitre  xiii 
a  été  écrit  à  Rome  le  18  décembre  1835,  par  un 
«  froid  de  chien  ». 

Page  155.  ...  le  crépi  sur  lequel  la  fresque  était  peinte 
est  tombé...  —  On  lit  en  tête  du  fol.  2  :  «  18  décem- 
bre 1835.  Omar.  Froid  de  chien,  avec  nuages  au 
ciel.  » 

Page    157.    ...    triste   façon   de   peindre   le    bonheur.   — • 

Variante  :  (c  Rendre,  v 
Page  157.  ...  qui  alors  séparait  la  France  de  la  Savoie.  — 

On  lit  en  tête  du  fol.  5  :  «  18  déc.  Froid  de  loup  près 

du  feu.   » 

Page  157.  ...le  cher  père...  —  Lecture  incertaine. 

Page  157.  ...  du  côte  de  Claix,  au  point  A...  —  En  face, 

dans  la  marge,  est  un  dessin  représentant  une  coupe 

du  pont  de  Claix.  Le  point  A  est  sur  la  route,  au  sud 

du  pont,  sur  la  rive  gauche  du  Drac. 
Page    158.    ...    J.-J.    Rousseau    (Confessions)...    —    On 

ht  en  tête  du  fol.   7  :  «  18  décembre  1835.   Froid  à 

deux  pieds  de  mon  feu.  Omar.  » 
Page  160.  ...  entre  la  cheminée  et  le  petit  cabinet.  — •  En 


238  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

face,  est  un  plan  de  la  chambre,  avec  la  place  du 
portrait,  près  de  la  cheminée. 

Page  160.  Donc  la  Terreur  avait  commencé. . .  —  Variante  : 
«  Etait  commencée.  » 

Page  160.  ...  un  beau  jeune  homme,  M...  —  Le  nom  est 
en  blanc. 

Page  161.  La  mère  de  ma  tante  Camille  et  de  AI^^^...  — 
Le  nom  est  en  blanc.  Il  s'agit  sans  doute  de  Marie 
Poncet,  sœur  de  madame  Romain  Gagnon. 

Page  161.  5a  maison,  où  je  logeais...  ■ —  Plan  des  Echelles 
et  de  ses  environs,  avec  la  maison  Poncet  (M).  «  Aux 
points  AA  étaient  les  poteaux  avec  les  armes  de 
Savoie  du  côté  de  la  rive  droite.  » 

Page  161  ....  par  la  digue  du  Guiers.  —  Ici,  un  plan  de 
la  maison  Poncet,  avec  le  jardin  traversé  par  la 
digue  du  Guiers. 

Page  161.  Voici  le  lieu  de  la  scène...  —  Suit  un  plan 
grossier  de  la  scène  :  derrière  une  haie  se  trouve 
Beyle  jetant  des  pierres  aux  dames,  assises  sur  une 
«  pente  rapide  en  gazon  ».  C'est  une  «  pente  de  huit 
ou  dix  pieds  où  toutes  ces  dames  étaient  assises, 
On  riait,  on  buvait  du  ralafia  de  Teisseire  (Grenoble), 
les  verres  manquant,  dans  des  dessus  de  tabatière 
d'écaillé  ».  Plus  haut  est  l'arbre  M  dans  la  fourche 
duquel  fut  placé  Beyle,  en  0  ;  tout  près  est  un  ruis- 
seau, le  long  duquel  il  s'enfuit. 

Page  162.  ...  rei>enant  d'émigration  à  Turin.  —  En  tête 
du  fol.  17  on  lit  :  ((  18  décembre  1835.  Froid  ;  jamljc 
gauche  gelée.  » 

Page  162.  Que  dirai- je  d'un  i>oyage  à  la  Grotte?  —  Au 
verso  du  fol.  17  est  un  plan  des  environs  des  Echelles. 
La  grotte  y  est  figurée,  avec  son  entrée  sur  la  «  route 
de  Chambéry  »,  non  loin  des  «  roches  énormes  coupées 
par  PhiHbert-Emmanuel  »  et  de  la  «  coupure  dans  le 
roc  par  Napoléon  ».  Y  sont  figurés  1'  «  ancienne  route  » 
des  Echelles,  la  «  nouvelle  route  que  je  n'ai  jamais 
vue,   faite  vers   1810  »,   et  le  sentier  conduisant  au 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  239 

«  pont  Jean-Lioud,  à  100  pieds  ou  80  au-dessus  du  tor- 
rent ».  —  Au  verso  du  fol,  18  est  encore  un  plan  du 
défilé  de  Chailles  ;  Stendhal  y  a  indiqué  la  situation 
de  «  Corbaron,  domaine  de  M.  de  Corbeau  ».  Dessous 
est  un  «  détail  des  Portes  de  Chailles  »  ;  «  là  sont  quatre 
diocèses  ». 

Le  pont  Jean-Lioud,  que  Stendhal  orthographie 
.Janliou,  est  jeté  sur  le  Guiers-Mort,  lequel  avait  sou 
cours  entièrement  en  France.  C'est  le  Guiers-Vif  qui 
servait  de  frontière  entre  la  France  et  la  Savoie,  — 
Actuellement,  le  pont  Jean-Lioud  est  une  passerelle 
en  bois,  utilisée  par  le  charmant  chemin  qui  va 
d'Entre-deux-Guiers  à  Villette,  près  Saint-Laurent- 
du-Pont. 

Page  164,   ...   elle  eût  fait  de  mol  un  jésuite.  —  Ms.   : 

«  Tejé.  » 
Page  164.  ...  les  Pairs...  ■ — •  Ms.  :  «  Sraip.  » 
Page  164.  ,.,  tous  les  généraux  Pairs  ... —  Ms,  :  «  Sairp.  n 
Page  164,  .,.  M.  d'Houdetot...  —  Ms.  :  if  DetotJiou.  •> 
Page  165.  ,.,  la  truite  de  trois-quarts  de  livre...  —  Suit 
une    parenthèse    comjirenant    trois    ou    quatre    mots 
illisibles. 
Page  165,  Quelle  joie  pour  moi  !  — ■  Le  chapitre  est  ina- 
chevé. On  lit  à  la   iin  :  «  A  4  h.  50  m.,  manque  de 
jour  ;  je  m'arrête.  » 

Chapitre   XIV 

Page  167.  Le  chapitre.  XIV  est  le  chapitre  xi  du  manu- 
scrit (Bibl.  de  Grenoble,  R  299,  fol.  211  à  225).  — 
Ecrit  à  Rome,  le  15  décembre  1835. 

Page  167.  Je  place  ici...  un  dessin...  —  Ce  dessin  repré- 
sente un  carrefour  où  aboutissent  quatre  voies^  Au 
centre,  au  point  A,  est  le  moment  de  la  naissance  ;  à 
droite,  horizontalement,  la  route  de  la  jortune  par  le 
commerce  ou  les  places  •  au  milieu  et  perpendiculai- 


210 


NOTES     ET    ECLAIRCISSEMENTS 


rement,  la  nnite  île  lu  cunnKlirution  :  Itltx  Faure  est 
fait  pair  de  Irtince  :  à  ;;auche  et  ubli(]ueineiit.  la 
route  Je  Part  de  se  faire  lire  ;  à  gauche,  hurizontale- 
I lient,  la  route  de  la  folie. 

l'a^e  ltJ9.  ...  Lambert,  </ui  devait  faire  ainsi...  —  Va- 
riante :  '<  Qui  faisait  ainsi.  » 

Page  171.  La  chambre  du  juiuvre  Lambert  rtait  situi'e... 
-—  Mn  face,  est  un  plan  d'une  partie  (le  ra|ipurlenu'nt. 
(  »n  y  voit  la  chambre  de  Lambert,  voisine  de  la  salle- 
à-manger,  où  se  trouvait,  dans  un  an^'Ic,  l'iinnoirc 
aux  liipieurs.  tlette  chambre  a\ait  une  «<  fenêtre 
•'•clairant  mal.  donnant  sur  l'escalier,  nuiis  fort  grantle 
et  fort  belle  ■  ;  ••Ile  contenait  une  h  gratule  armoire 
de  noyer  pour  le  linge  de  la  fatnille.  Le  linge  était 
regardé  avec  une  sorte  de  respect  ».  (Voir  notre  plan 
de  l'appartement  Gagnon.) 

I*ai.'e  I7'J.  ...  scierie  bois  au  bûcher...  l'iaii  du  bûcher 
indiquant  sa  position  au  «-ud  de  la  grande  cour,  près 
du   grand   escalier. 

l'âge  17"i.  ...  séparé  de  la  cour...  —  Plan  (le  la  cour, 
avec  le  bûcher  et  la  galerie.  Stendhal  y  a  joint  des 
dessins  rejirésentant  un  che\alet  avec  une  liûche.  la 
scie  de  Landicrt  et  les  balustres  du  bûcher. 

Page  17'J.  ...  mes  opinions  parfaitement  et  foncièrement 
républicaines...  —  Ms.  :  «  Kainesrépubli.  » 

Page   173 \I.  Croîtras,  de  Sarténe,  je  crois,  en   .S'i;/- 

ttaigne.  Lrreur  :  Sarténe  est  en  Corse. 

Paije  17.{.  I^s  ...  i/iie  je  me  dunnots...  Deux  mots  illi- 
sibles. Sli-nilhal  doit  fain-  allusion  ici  à  «piebpie  gri- 
mace d'enfant.  I)ans  un  croquis  du  fol.  Sll  i\  indupu; 
le  point  II  dans  la  galerie  du  second  étage,  qui  Imi- 
geait  la  grande  cour  d(*  la  maison  (iagnon  :  >  II, 
moi.  |)e  là,  je  conlenq>lais  les  barreaux  de  bois  du 
bûcher  et  je  me  donnais  «1rs  (les  mêmes  mots,  tou- 
four»  illisibles)  i-u  puitant  !<■  sang  à  la  tête  et 
ouvrant   lu   boiirlir.   <> 

Page    173.    ...   aiitivent  deux  heures  de  suite  .^  Mu    bt 


NOTES    ET    ÉCLAIP.CISSEMENTS  241 

au  verso  du  fol.  225  :  «  Idée  :  Aller  passer  trois  jours 
à  Grenoble,  et  ne  voir  Crozet  que  le  troisième  xour. 
Aller  seul  incognito  à  Claix,  à  la  Bastille,  à  La  Tron- 
che. " 

Chapitre   XV. 

Page  173.  Chapitre  XV.  —  Comme  les  chapitres  v 
et  XIII,  le  présent  chapitre  se  trouve  dans  un  cahier 
séparé  coté  R  300  à  la  bibliothèque  municipale  de 
Grenoble,  fol.  1  à  14.  Stendhal  a  indiqué  en  tête  de 
ce  chapitre,  qu'il  intitule  «  chapitre  13  «  :  «  A  placer 
after  the  death  of  poor  Lambert.  »  —  Ecrit  à  Rome, 
le  17  décembre  1835  ;  corrigé,  à  partir  du  fol.  11. 
le  25  décembre.  —  On  lit  en  tête  du  fol.  1  :  «  17  déc.  35. 
Grand  froid  à  la  jambe  gauche  gelée.  » 

Page  176.  ...  J\I.  Le  Roy  demeurait  dans  la  maison 
Teisseire,  aidant  le  grand  portail  des  Jacobins...  — 
Aujourd'hui,  place  Grenette,  n"  5,  à  l'angle  de  la 
rue  de  la  République  (autrefois  rue  de  la  Halle).  La 
voûte  qui  séparait  la  rue  de  la  Halle  de  la  place  Gre- 
nette a  été  démolie  en  1908. 

Page  176.  Mes  tyrans...  souffraient  que  f allasse  seul 
de  P  en  R...  ■ —  Au  verso  du  fol.  2  est  un  plan  des 
environs  de  la  place  Grenette.  On  y  voit  les  «  portes 
de  la  maison  de  M.  Gagnon  (il  me  semble  jurer  quand 
je  dis  :  M.  Gagnon).  » 

Page  176.  ...  de  ne  me  laisser  sortir...  —  Variante  : 
«  De  ne  me  lâcher.  » 

Page  177.  ...  la  boime...  —  Terme  dauphinois,  que 
Stendhal  définit  ainsi  :  «  Boime  à  Grenoble  veut  dire 
hypocrite,  doucereuse,  jésuite-femelle.  »  (Voir  plus 
loin,  chapitre  xvii.) 

Page  178.  ...  il  allait  souvent  à  Claix.  —  En  face,  au 
verso  du  fol.  5,  est  une  carte  grossière  de  la  campagne 
située  au  midi  de  Grenoble,  avec  les  chemins  suivis 
Brli.ard  II.  IG 


242  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

pour  aller  à  Claix  et  au  hameau  de  Furonières,  où 
se  trouvait  la  propriété  des  Beyle.  Stendhal  ajoute 
en  note  :  «  Pour  aller  à  Claix,  c'est-à-dire  à  Furo- 
nières, nous  prenions  le  chemin  Meney  par  0  F,  le 
Cours  (appelé  le  Course)  [cours  de  Saint-André], 
le  pont  [de  Claix]  et  les  chemins  R  et  R',  quelquefois 
le  chemin  E  du  Moulin-de-Canel  et  le  bac  de  Seys- 
sins.  Mon  ami  Crozet  y  a  fait  un  pont  en  fil  de  fer 
vers  1826.  »  —  Louis  Crozet  fut  inspecteur  division- 
naire des  Ponts  et  Chaussées  ;  il  exerça  les  fonctions 
de  maire  de  Grenoble  entre  1853  et  1858. 

Page  179.  . . .  sur  le  grand  bureau. . .  —  Variante  :  a  Table.  » 

Page  179.  ...  cabinet  de  mon  père...  —  Un  plan  des 
situations  respectives  des  personnages  accompagne 
le  récit. 

Page  179.  Ce  maître  me  faisait  faire...  —  Variante  : 
«  M.  Le  Roy  me  faisait  faire...  » 

Page  180.  ...  tous  les  deux  à  la  fois.  —  Variante  :  «  En 
même  temps.  » 

Page  180.  ...  des  femmes  mal  mises  en  F,  moi  en  H.  — 
En  face  du  fol.  8  (verso  du  fol.  7)  est  un  plan  de  l'église 
Saint-André  et  de  ses  abords,  et  notamment,  dans 
la  Grande-rue,  la  «  maison  où  habitaient  M™*^^  Colomb 
et  Romagnier  ». 

Page  180.  ...  ces  gens  que  f aurais  voulu  aimer.  —  On 
lit  en  haut  du  fol.  9  :  «  17  décembre  1835.  —  Je 
souiî're  du  froid  devant  mon  feu,  à  deux  pieds  et 
demi  du  foyer,  grand  froid  for  Omar.  » 

Page  180.  J'emprunterai  pour  un  instant  la  langue  de 
Cabanis.  —  On  lit  fol.  8  v"  :  «  Style.  Ces  mots  :  pour 
un  instant,  je  les  eusse  effacés  en  1830,  mais  en  35  je 
regrette  de  ne  pas  en  trouver  de  semblables  dans  le 
Rouge.  25  décembre  1835.  » 

Page  182.  Se  baigner  ainsi  avec  des  femmes  si  aimables  ! 
—  On  trouve  en  tête  du  fol.  13  un  dessin  schéma- 
tique du  «  Paysage  de  M.  Le  Roy  »,  et  au  verso  du 
fol.  \'l  un  plan  de  l'atelier. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  24 


<~> 


Page  183.  ...(dont  il  est  parlé  dans  le  certificat  du  général 
Michaud).  —  «  ]\I.  Colomb  doit  avoir  ce  certificat.  » 
(Note  de  Stendhal.)  «  Oui,  «  a  ajouté  au  crayon 
R.  Colomb. 


Chapitre  XVI 

Page  185.  Le  chapitre  XVI  est  le  chapitre  xii  du  ma- 
nuscrit (R  299,  fol.  226  à  248).—  Ecrit  à  Rome,  les 
15  et  16  décembre  1835. 

Page  185.  Je  travaillais  sur  une  petite  table  au  point  P... 
—  Un  fol.  226  bis  est  rempli  par  un  plan  d'une 
partie  de  l'appartement  Gagnon,  avec  le  «  grand 
salon  à  l'Italienne  ».  (Voir  notre  plan  de  l'apparte- 
ment Gagnon.) 

Page  185.  ...  ni  apprit  quon  venait  de  guillotiner  deux 
prêtres.  —  Variante  :  a  Deux  généraux  de  brigade.  » 
Voir  l'explication  de  ce  terme  donnée  plus  loin  par 
l'abbé  Dumolard  au  jeune  Henri. 

Page  186.  ...  date  de  la  mort  de  MM.  Revenus  et  Guilla- 
bert.  —  Les  abbés  Revenas  et  Guillabert  furent  cfuil- 
lotmés  le  26  juin  1794.  (Voir  A.  Prudhomme,  Histoire 
de   Grenoble,  p.   645.) 

Page  186.  ...  M.  Dumolard,  du  Bourg-d'Oisans...  — 
L'abbé  Dumolard  était  curé  de  La  Tronche,  près 
Grenoble. 

Page  186. . . .  depuis  1815,  jésuite  furieux...  —  Ms  :  «  Tejé.  » 

Page  187.  ...  cen  était  fait...  —  Ici  une  croix  et  un  blanc 
d'une    demi-ligne. 

Page  187.  ...  qui  donnait  sur  la  Grenette  au  point  A.  — 
Plan  de  la  place  Grenette,  avec  en  A  la  chambre 
d'EHsabeth  Gagnon,  à  l'extrémité  Nord  de  l'appar- 
tement (voir  notre  plan).  En  B,  à  l'angle  de  la  place 
et  de  la  Grande-rue,  «  salle-à-manger  du  premier 
étage,  occupé  par  mon  grand-père  avant  notre  pas- 
sage à  la  maison  de  Marnais  ». 


244  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  188.  ...le  trapèze  T  de  la  montagne  du  Villard-dc- 
Lans.  —  Croquis  indiquant  le  trapèze  formé,  en 
haut  par  la  crête  de  la  montagne,  et  sur  les  trois  autres 
côtés  par  l'église  Saint-Louis  et  les  toits  des  maisons. 
La  crête  de  la  montagne,  ainsi  limitée,  correspond  à 
Farête  des  montagnes  de  Lans,  entre  le  Moucherotte 
et  le  col  de  l'Arc. 

Page  188.  ...  mon  imagination,  dirigée...  —  Variante  : 
«  Formée.  » 

Page  188.  ...  récriture  ci-jointe  de  mon  illustre  compa- 
triote. —  Avec  le  manuscrit  est  relié  (après  les  fol.  99 
et  231)  un  fac-similé  lithographique  de  l'écriture  de 
Barnave.  Ce  fac-similé  porte  les  légendes  suivantes  : 
«  Extrait  dun  album  de  Barnave...  L'original  de 
cet  écrit,  tracé  par  Barnave  en  1792,  nous  a  été 
communiqué  par  MM'"^^  ses  sœurs.  » 

Page  188.  ...  M.  Guettard.  —  Guettard  (1715-1786), 
minéralogiste    orenoblois.   a    laissé   un   ouvrage   inti- 

Oc?-  ~ 

tulé  :  Mémoires  sur  la  minéralogie  du  Dauphiné 
(Paris,  1779,  deux  vol.  in-4o). 

Page  188.  ...le  sein  ou  saint...  —  Le  sing  (de  signum, 
signal)  annonçait  aux  habitants  de  Grenoble  la 
fermeture  des  portes  de  la  ville  ;  cette  coutume  fut 
conservée  jusqu'en  1877,  quoique  depuis  1864  on  ne 
fermât  plus  les  portes  de  l'enceinte. 

Page  189.  Cette  terrasse,  formée  par  V épaisseur  d'un 
mur  nommé  Sarrasin...  ■ — -  Ce  mur,  qui  ])orte  encore 
aujourd'hui  le  nom  de  mur  sarrasin,  est  en  réalité 
le  mur  de  l'ancienne  enceinte  romaine  de  Grenoble. 
Il  n'en  reste  plus  qu'un  vestige  :  la  terrasse  dont 
parle  Stendhal,  et  qui  se  prolonge  à  travers  toute  la 
maison  presque  jusqu'à  la  Grande-rue.  (Voir  notre 
plan  de  l'appartement  Gagnon.j 

Page  189.  ...  sur  le  [rocher]  de  Voreppe...  —  Stendhal 
a  oublié  un  mot  ;  nous  le  rétablissons  d'après  le  sens 
du  contexte. 

Page   189.    ...   l'ancienne  entrée  de  loi  '^dle  açant  quon 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  245 

eût  coupe  le  rocher  de  la  Porte-de-France.  —  La  roule 
qui  passe  au  pied  du  rocher  de  Kabot  date  de  la 
construction  de  la  Porte-de-France  par  Lesdiguières 
en  1620.  Avant  cette  date,  on  arrivait  en  efl'et  à 
Grenoble  par  la  tour  de  Rabot  et  la  rue  ou  «  montée  » 
de  Chalemont.  et  la  «  montée  »  du  Rabot. 

En  face  du  fol.  234,  Stendhal  a  figuré  la  terrasse, 
avec  l'emplacement  du  «  cabinet  en  losanges  de  châ- 
taignier avec  forme  d'architecture  de  mauvais  goût, 
à  la  Bernin  ».  Y  est  également  figuré  le  cabinet  d'été 
de  M.  Gaçinon  ;  dans  le  cabinet  voisin,  «  où  s'établit 
Poncet  »,  est  indiqué  le  «  banc  de  menuisier  à  côté 
duquel  je  passais  ma  vie  ».  Dans  le  lointain  est  figurée 
la  silhouette  de  la  «  montagne  de  Sassenage  »,  avec 
la  position  du  soleil  à  son  coucher  en  juin  et  en 
décembre. 

Page  190.  ...(les  Lerminier,  les  Salvandij,  les...  —  Le 
nom  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

Page  190.  ...  dans  le  genre  de  M.  Letronne,  qui  vient  de 
détrôner  Memnon...  —  Jean-Antoine  Letronne, 
célèbre  archéologue  français  (1787-1848),  était  en 
1835  directeur  de  la  Bibliothèque  royale.  Il  avait 
publié  en  1833  un  mémoire  sur  la  Statue  i'ocale  de 
Memnon. 

Page  190.  Pendant  que  mon  grand-père  lisait,  assis  dans 
un  fauteuil  en  D...  —  Plan  du  cabinet  de  M.  Gagnon. 
Le  fauteuil  du  grand-père  de  Beyle  était  placé  devant 
la  cheminée,  où  se  trouvait  le  buste  de  Voltaire  ; 
derrière  lui  était  la  bibliothèque  et  dans  un  coin, 
en  L,  le  tas  des  livres  brochés  laissés  par  Romain 
Gagnon. 

Page  192.  Ces  livres  de  mon  oncle  portaient  Vadresse  de 
M.  Fcdcon...  —  Le  libraire  Falcon  (1753-1830)  prit 
une  part  très  active  au  mouvement  révolutionnaire. 
Il  fut  secrétaire,  puis  président  (22  juillet-18  août 
1794)  de  la  Société  populaire,  qui  se  réunissait  dans 
l'église  Saint-André.  La  boutique  de  Falcon  servait 

Brulard  II.  16. 


216  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

de  lieu  de  réunion  aux  patriotes  exaltés,  si  bien  que 
le  24  thermidor  an  III  (11  août  1795)  le  Conseil 
général  de  la  commune  de  Grenoble  prit  une  délibé- 
ration pour  interdire  à  «  ceux  qui  ont  participé  aux 
horreurs  commises  sous  la  tyrannie  de  se  rendre  dans 
la  boutique  de  Falcon  el  le  café  Dumas  et  dans  tout 
autre  lieu  public,  à  peine  de  huit  jours  de  détention 
et  même  de  plus  grande  peine,  s'il  y  échoit...  »  Il 
était  en  outre  enjoint  à  Falcon  «  de  tenir  sa  boutique 
fermée  à  six  heures  du  soir...,  sous  les  mêmes  peines  ». 
(Archives  municipales  de  Grenoble,  LL  8,  page  227.) 

Page  192.  ...  une  autre  dame  de  la  rue  Neuue,  chez 
laquelle...  —  Ms.  :  «  Lequel.  » 

Page  193.  C^est  le  plus  bel  échantillon...  ■ —  Variante  : 
«  Exemple.  » 

Page  193.  Fcdcon  vint  occuper  la  boutique  A...  —  Plan 
de  la  place  Saint-André,  avec  la  situation,  en  A,  de 
la  première  boutique  de  Falcon,  à  l'angle  du  passage 
du  Palais,  B,  «  avec  têtes  en  relief,  comme  à  Flo- 
rence »  (ces  têtes  sont  actuellement  au  Musée  de  Gre- 
noble, mais  des  copies  ornent  encore,  à  leur  ancienne 
place,  rentrée  du  Palais  de  Justice).  En  A',  près  de 
la  «  salle  de  spectacle  »,  est  l'emplacement  de  la 
seconde  boutique  de  Falcon. 

Page  193.  ...la  Vie  et  les  ai>entures  de  M^'^  de*** ...  — 
Voici  le  titre  :  Vie,  faiblesses  et  repentir  d'une  femme. 
J'en  ai  un  exemplaire,  mis  en  très  mauvais  état  par 
l'humidité.  (Note  au  crayon  de  Romain  Colomb.) 

Page  194.  Je  la  lus  couché  sur  mon  lit  dans  mon  trapèze... 
—  Voir  notre  plan  de  l'appartement  de  Henri  Gagnon. 

Page  195.  Sa  conversion  au  jésuitisme...  —  Ms.  :  «  Tisme- 
jésui.  » 

Page  195.  ...  dans  le  temps  que  parut  la  Nouvelle  Héloïse 
(ne.H-ce  pas  1770  ?)...  —  La  Nouvelle- Héloïse  parut 
en  1761. 

Page  190.  —  On  lit  sur  l'avant-dernior  fr-nillet  du 
})rernier    volimie   :  «  27    décembre    1835.    Lacenaire 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  247 

aussi  écrit  ses  Mémoires.  On  en  dit  brûlé  un  volume 
dans  l'incendie  de  la  rue  du  Pont-de-Fer.  »  Le  der- 
nier feuillet  contient  une  table.  Elle  se  termine  ainsi  : 
«  Je  laisse  les  chapitre  xiii  et  xiv  pour  les  augmen- 
tations à  faire  à  ces  premiers  temps.  J'ai  40  pages 
écrites  à  insérer.  Le  volume  2  commence  par  le  cha- 
pitre XV.  —  Book  commencé  the  Uyenttj  third  of  no- 
vember  35,  il  y  a  31  days.  » 


Chapitre   X\  II 

Page  197.  Le  chapitre  XVII  est  le  chapitre  xv  de 
Stendhal  (fol.  249  à  258).  —  Ecrit  à  Rome,  les  16, 
17  et  25  décembre  1835.  —  Avec  ce  chapitre  commence 
le  second  volume  du  manuscrit. 

Page  197.  ...  la  première  boime  de  la  i'ille.  —  On  lit  en 
tête  du  fol.  249  bis  :  «  16  déc.  1835.  —  Envoyé  la 
fm  du  chapitre  xii.  —  Laisser  le  n^  249  à  cette  page 
et  aller  jusqu'à  1.000.  —  Faire  suivre  aussi  les 
numéros  des  chapitres.  » 

Page  198.  J'étais  tellement  emporté  par  le  diable...  — 
Variante  :  «  Par  Vâge.  » 

Page  198.  Je  me  figurais  lui  plaisir  délicieux  à  serrer... 
—  Variante  :  «  Tenir.  » 

Page  198.  ...  son  père  lui  refusait  celle  de  cette  porte.  — 
En  face,  au  verso  du  fol.  250,  plan  dune  partie  de 
l'appartement  Gagnon.  avec  la  «  chambre  de  Séra- 
phie  »  et  la  porte  sur  l'escalier  de  la  place  Grenette. 
A  côté,  dans  la  «  chambre  de  ma  tante  Elisabeth  )>, 
«  la  famille  au  soleil  ».  A  l'angle  de  la  Grande-rue  et 
de  la  place  Grenette,  en  «  0,  logement  de  mon  oncle, 
au  second  étage,  avant  son  mariage  ».  Sur  ce  plan 
sont  également  indiquées  les  rues  voisines  :  rue  des 
Clercs,  «  ici  logeaient  Mably  et  Condillac  »  ;  rue  du 
Département  (aujourd'hui  rue  Diodore-Rahoult),  au 
l^oint  «  G',  là  je  m'élevai  à  7  avec  M'"  Galice  »  ;  place 


2'l8  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Saint- André,  où  sont  indiquées  les  maisons  de  M'"^  Vi- 
gnon  et  de  Falcon.  (Voir  nos  plans  de  Tappartement 
Gagnon  et  de  Grenoble  en  1793.) 

Page  199.  ...  il  habitait... —  Variante  :  «  Los.eait.  » 

Page  199.  ...  les  fresques  du.  Campo-Santo]...  —  Le 
nom  a  été  laissé  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

Page  199.  ...  V effet  quelle  produisit  sur  moi.  —  On  lit 
dans  la  marge  :  «  Mettre  un  mot  des  promenades 
forcées  aux  Granges.  » 

Page  200.  ...  a^^ec  les  chaj)le]>ans...  —  Ce  mot  signifie, 
en  patois  du  Dauphiné,  gâcheur  de  pain  (de  chapla, 
briser  en  petits  morceaux,  et  pan.  pain). 

Page  200.  ...  fairne  cela  dans  un  enfant.  —  On  lit  au 
verso  du  fol.  254  :  «  20  décembre  1835,  faits  à  placer 
en  leur  temps,  mis  ici  pour  ne  pas  l'oublier  :  inspec- 
teur du  mobilier  de  la  Couronne,  comment,  1811.  — - 
Après  l'objection  de  l'Empereur,  je  devins  inspecteur 
du  mobilier  au  moyen  de  mon  acte  de  naissance, 
2»  du  certificat  Michaud,  3°  de  l'addition  de  nom. 
La  faute  est  de  ne  pas  avoir  mis  :  lirulard  de  la 
Jomate  (la  .Jomate  étant  à  nous).  M.  de  Bor  (Baure) 
était  un  magistrat  parfaitement  sage  et  poli  de  la 
lin  du  xviii^  siècle  ;  il  aimait  ce  qui  était  honnête 
et  droit,  et  n'aurait  commis  une  mauvaise  action 
qu'à  la  dernière  nécessité  et  à  son  corps  défendant. 
Du  reste,  de  l'esprit,  disert,  bien  disant,  possédant 
une  grande  connaissance  des  auteurs,  ami  particulier 
de  M.  le  colonel  de  Beaussac  et  de  ^L  de  Villaret, 
évêque  (de  1'  (un  mot  illisible);,  grand,  maigre, 
dicTue,  avec  de  i)etits  veux  malins  et  un  nez  infini  ; 
il  me  fut  un  excellent  et  très  digne  archer.  Il  soufl'rait 
pour  de  l'argent  ce  que  je  n'aurais  soull'eil  j)Our  rien, 
d'être  vilipendé  par  M.  le  comte  D[aru],  dont  il  était 
le  secrétaire  général.  Ce  fut  lui  (\\ù,  pour  obliger 
M.  Petit  (car  moi,  avec  mon  étourderie  et  mes  idées 
de  haute  et  franche  vertu,  je  devais  le  choquer  vingt 
fois  par  jour),  moyenna  toute  ma  nomination  après 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  249 

l'objection    de    l'Empereur.    Mourut    k    Amsterdam 

le...  septembre  ou  novembre  1811.  » 
Page  201.  ...  Charrière,  Mayousse,  le  vieux...  —  Le  nom 

est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 
Page  202.  ...  cette  manie,  qui  a  sa  source  à  la  fois  dans 

l'avarice,  l'orgueil  et  la  manie  nobiliaire.  —  Variante  : 

«  Cette  manie,  qui  tient  à  la  fois  à  Vavarice,  à  l'argent 

et  à  la  manie  nobiliaire.  )> 


Chapitre   XVIII 

Page  203.  Le  chapitre  XVIII  est  le  chapitre  xvi  de 
Stendhal  (fol.  260  à  266  ;  le  fol.  259  est  blanc).  — 
La  leçon  que  je  donne  de  ce  chapitre  ne  suit  pas 
d'une  manière  absolue  l'ordre  du  manuscrit.  Le  pre- 
mier alinéa  est  suivi  de  cette  observation  de  Sten- 
dhal :  «  Ici,  ma  première  communion.  »  Conformé- 
ment à  cette  indication,  j'ai  inséré  à  cette  place  le 
récit  de  la  première  communion,  lequel,  dans  le 
manuscrit,  se  trouve  relié  immédiatement  avant, 
sans  pagination.  Le  foho  260  bis  a  été  écrit  le 
25  décembre  1835,  alors  que  «  la  première  commu- 
nion »  est  du  10  décembre.  Ce  dernier  texte  commence 
ainsi  :  «  Ce  qui  me  console  un  peu  de  l'impertinence 
d'écrire  tant  de  je  et  de  moi,  c'est  que  je  suppose  que 
beaucoup  de  gens  fort  ordinaires  de  ce  xix<^  siècle 
font  comme  moi.  On  sera  donc  inondé  de  Mémoires 
vers  1880  et  avec  mes  je  et  mes  moi,  je  ne  serai  que 
comme  tout  le  monde.  M.  de  Talleyrand,  M.  Mole, 
écrivent  leurs  Mémoires,  M.  Delécluze  aussi.  »  J'ai 
cru  devoir  alléger  le  récit  de  cet  alinéa. 

En  tête  du  récit  de  sa  première  communion, 
Stendhal  avait  écrit  :  «  A  placer  après  Amar  et  Mer- 
linot.  10  décembre  1835,  corrigé  le  3  janvier  1836.  « 
Je  n'ai  pas  suivi  cette  indication,  qui  déjà  n'a  pu 
être  respectée   exactement  dans  l'édition   Stryienski, 


250  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

et  je  me  suis  conformé  à  la  note  de  Stendhal  indiquée 
ci-dessus,  opinion  justifiée  encore  par  ce  fait  que 
le  frao-ment  :  «  La  première  communion  ».  est  relié 
immédiatement  avant  le  fol.  260,  c'est-à-dire  à  peu 
près  à  sa  place  logique. 

Pafe  203.  ...  me  procura  beaucoup  de  bien-être  i^ers  1794. 
—  Le  fol.  260  bis  est  daté  :  «  25  décembre  1835.  »  Il 
comprend  le  début  du  chapitre  xviii  et  celui  du  cha- 
pitre suivant,  que  Stendhal  a  marqué  dans  la  marge 
par  cette  note  :  «  Chapitre  commençant  à  :  «  Mon  père 
fut  rave.  »  Le  lecteur  pourra  se  rendre  compte  de  la 
méthode  que  j'ai  adoptée  dans  l'établissement  du 
texte  du  commencement  des  chapitres  xviii  et  xix, 
en  se  reportant  à  la  planche  reproduisant  le  fol. 
260  bis. 

Page  203.  Mais  avant  d'aller  plus  loin...  —  Ainsi  que 
le  lecteur  peut  s'en  rendre  compte  sur  rillustration, 
cet  alinéa  ne  fait  pas  immédiatement  suite  au  précé- 
dent sur  le  manuscrit.  Je  l'ai  cependant  placé  ici,  à 
cause  du  contexte,  et  parce  qu'il  fait  une  transition 
voulue  par  Stendhal  lui-même. 

Page  203.  Ce  fut  un  pr[être]...  —  Le  feuillet  201  et  tous 
ceux  qui  constituent  désormais  notre  chapitre  xvin 
n'ont  pas  été  numérotés  par  Stendhal.  Notre  folio- 
tation  (261  à  266)  est  factice.  Cette  numérotation  ne 
nuit  pas  à  la  foliotation  indiquée  par  Stendhal  lui- 
même,  car  l'auteur  a  laissé  en  blanc  les  feuillets 
compris  entre  les  chiffres  261  et  273.  C'est  ainsi  que 
nous  verrons  le  chapitre  xix  commencer  au  fol. 
260  bis  pour  continuer  au  fol.  274. 

Page  204.  ...  a  fait  peur,  ici  même,  au  jésuite.  —  Ms.  : 
«  Tejé.  » 

Page  20'i.  ...  devenu  un  grand  /('.suite...  —  Ms.  :  «  Tejé.  » 

Page  204.  ...  un  des  plus  projo)uls  jésuites...  —  Ms.  : 
«  Tejé.  )> 

Page  20.').  ...  un  me  faisait  servir  ces  messes...  —  A  cette 
époque,   je   servais   une   et   (pielquefois   deux  messes 


^'OTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


251 


par  jour,  ce  qui  probabletnent  m'a  empêché  de  me 
rajDpeler  que  l'auteur  faisait  la  même  besogne.  (Note 
au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  206.  Le  pauvre  diable  cherchait  à  absorber...  — 
Variantes  :  «  Consommer^  essuyer.  » 

Page  206.  La  sortie  de  notre  messe  faisait  foule  datis  la 
Grande-rue.  —  Suit  un  plan  du  quartier  où  était 
située  la  maison  Gagnon.  On  voit,  sur  la  Grande-rue, 
en  «  A',  porte  par  laquelle  sortaient  les  soixante  ou 
quatre-vingts  dévotes,  vers  les  onze  heures  et  demie  ». 
A  la  suite  de  ce  chapitre  est  un  fragment  intitulé  : 
«  Encyclopédie  du  xix^  siècle.  »  Stendhal  Fa  accom- 
pagné de  cette  note  :  «  A  placer  après  ma  first  com- 
munion, »  Ce  fragment  n'ayant  rien  de  commun  avec 
le  récit,  nous  l'avons  rejeté  en  annexe. 

Chapitre  XIX 

Page  207.  Le  chapitre  XIX  est  le  chapitre  xvi  du 
manuscrit  (fol.  260  bis  et  274  à  279  ;  les  fol.  261  à  273 
sont  blancs).  —  Ecrit  à  Rome,  les  25  et  26  décembre 
1835.  —  Au  sujet  de  l'étabUssement  du  texte  du 
début  de  ce  chapitre,  voir  les  notes  du  début  du 
chapitre  xviii,  et  la   reproduction  du  fol.  260  bis. 

Page  207.  ...  Furonières...  —  Hameau  de  la  commune 
de  Claix. 

Page  207.  ...  les  i>illes  d'Italie  i>ers  le  viii^  siècle...  ■ — - 
A  vérifier  sur  la  dissertation  55  de  Muratori,  lue  il  y 
a  quinze  jours  et  déjà  oubliée  quant  à  la  date.  (Note 
de  Stendhal.) 

Page  207.  ...  où,  depuis  quatre  ans,  personne  n'avait 
mis  les  pieds  —  En  face,  au  verso  du  fol.  273,  plan 
du  quartier  des  maisons  Gagnon  et  Beyle.  On  y  voit, 
à  l'angle  de  la  Grande-rue  et  de  la  rue  du  Départe- 
ment, l'emplacement  du  '(  café  tenu  par  M.  Genou, 
père   de  M.   de   Genoude,  de   la   Gazette  de  France  ». 


252  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

(Voir  notre  plan  de  Grenoble  en  1793.)  A  ce  sujet,  on 
lit  cette  note  au  crayon  de  R.  Colomb  :  «  Le  café 
Genou  était  sur  la  place  Saint-André,  dans  la  maison 
qu'habitait  M'"^  Viirnon,  je  crois  ;  celui  de  la  Grande- 
rue  était  tenu  par  Charréa.  » 

Page  209.  ...  dès  que  je  fus  libre,  en  H...  —  En  face,  au 
verso  du  fol.  274,  plan  de  l'appartement  Beyle,  rue 
des  Vieux- Jésuites.  On  voit  dans  le  salon,  près  de  la 
fenêtre,  en  «  II,  table  de  travail  »  de  Beyle. 

Page  209.  ...  l'amour  des  épinaux...  —  La  lecture  du 
dernier  mot  est  incertaine. 

Page  210.  Je  reparlerai  de  la  chasse,  rei^enoiis  aux 
médailles.  —  On  lit  au  verso  du  fol.  279,  avec  la  date 
du  26  décembre  :  «  A  placer  :  «  Caractère  of  my  jather 
Chérubin  B[eyle].  —  Il  n'était  point  avare,  mais 
bien  passionné.  Rien  ne  lui  coûtait  pour  satisfaire 
la  passion  dominante  :  ainsi  pour  faire  miner  une 
tière,  il  ne  m'envoyait  pas  à  Paris  les  150  francs  par 
mois,  sans  lesquels  je  ne  pouvais  vivre. 

Il  eut  la  passion  pour  l'agriculture  et  pour  Claix, 
puis  un  an  ou  deux  de  passion  pour  bâtir  (la  maison 
de  la  rue  de  Boiuie,  dont  j'eus  la  sottise  de  faire  le 
plan  avec  Mante).  Il  empruntait  à  huit  on  dix  pour 
cent  à  lellet  de  terminer  ime  maison  (pii  un  jour 
lui  rendrait  le  six.  Eimuyé  de  la  maison,  il  se  livra  à 
la  passion  d'administrer  pour  les  Bourbons,  au  point 
incroyable  de  passer  dix-sept  mois  sans  aller  à  Claix, 
à  deux  lieues  de  la  ville.  Il  s'est  ruiné  de  1814  à  1819, 
je  crois,  époque  de  sa  mort.  Il  aimait  les  femmes  avec 
excès,  mais  timide  connne  un  erifant  de  douze  ans  ; 
^Ime  Abraham  Mallein,  née  Pascal,  se  moquait  ferme 
de  lui  à  cet  égard.  » 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  253 


Chapitre   XX 

Page   211.    Le   chapitre   XX   est   le    chapitre    xvii    du 

manuscrit  (fol.  280  à  298).  —  Ecrit  ù  Rome,  les  26 

27  et  29  décembre  1835. 
Page  211.  ...  un  frai  jésuite...  —  Ms.  :  «  Tefé.  » 
Page  212.    ...   fa^'ais  pour  les...  —  Suivent  quelques 

mots  anglais  illisibles. 
Page  213.  Peut-être  s  était-il  fait  dévot...  —  Ms.  :  «  Votdé.  » 
Page  213.  ...   plus  tard  rue  du  Département...  —  Plus 

tard  encore,  rue  Saint-André,  aujourd'hui  rue   Dio- 

dore-Rahoult. 

Page  213.  ...  intolérants  et  absurdes...  —  Ms.  :  «  Sur- 
desab.  » 

Page  213.  ...  que  mon  grand-père  tramillât  en  présence 
de...  ■ —  Variante  :  «  Devant.  » 

Page   213.   ...   dans  ce  salon  étaient  cités  par  lui...   — 
Variante  :  «  Rappelés.  » 

Page  214.  ...  mais  il  était  apte...  —  Variante  :  c  Facile.  » 

Page   214.    ...    à  F  occasion  de  torts  très  minimes...   — 
Variante  :  «  Pour  des  torts  très  petits.  » 

Page  214.  ...  chez  M...  et  sa  famille,  ...  M.  Bois,  le 
beau-frère,  enrichi  ...  —  Trois  mots  illisibles. 

Page  214.  ...  .1/.  le  grand  vicaire...  —  Ms.  :  «  Cairevi.  » 

Page  214.  ...  en  sa  qualité  de  prince  de  Grenoble...  — 
L'évêque  de  Grenoble  avait  le  titre  d'évêque-prince. 

Page  214.  ...  mon  oncle  in  apprit  par  ses  plaisanteries 
quil  avait  un  ...  —  Un  mot  illisible. 

Page  215.  ...  forcer  les  amis  à  se  retirer.  —  En  face,  au 
verso  du  fol.  285,  on  lit  :  a  Réi)onse  à  un  reproche  : 
comment  veut-on  que  j'écrive  bien,  forcé  d'écrire 
aussi  vite  pour  ne  pas  perdre  mes  idées  ?  27  dé- 
cembre 1835.  Réponse  à  MM.  Colomb,  etc.  » 

Page  21G.   Le  Père  Ducros  écrivait  dans  le  haut  de  la 


254  >'OTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

partie  la  plus  élevée  de  ces  cartons.  —  Au  verso  du 
fol.  287,  Stendhal  a  dessiné  le  modèle  de  l'un  de  ces 
cadres,  avec  la  légende  suivante  :  «  Cadre  de  médailles 
en  plâtre  blanc  par  le  Père  Ducros,  bibliothécaire  de 
la  Ville  de  Grenoble  (vers  1790),  mort  vers  1806  ou 
1818.  » 

Page  216.  ...  mon  cousin  Allard  du  Plantier...  —  Allard 
du  Plantier  (1721-1801),  avocat  au  Parlement  de 
Grenoble,  fut  élu  en  1788  député  du  Tiers-Etat  du 
Dauphiné  aux  Etats-Généraux.  Il  se  retira  à  Voiron 
en  1790. 

Page  218.  Quand  ce  moule  était  bien  froid...  —  Dessin 
du  moule.  Le  papier  huilé  est  plus  haut  (de  A  en  B) 
que  léjiaisseur  du  moule,  de  manière  à  pouvoir 
recevoir  le  plâtre  coulé. 

Page  219.  C'est  en  vain  que  Saint-...  —  Le  reste  du  nom 
est  en  blanc. 

Page  219.  (...en  B,  dans  la  cuisine).  —  Au  verso  du 
fol.  291  est  im  plan  d'une  partie  de  l'appartement 
Beyle.  Dans  la  «  chambre  de  ma  mère  »,  en  «  A,  atelier 
de  mon  plâtre  »  ;  dans  la  cuisine,  en  «  B,  fourneau 
où  je  faisais  mes  soufres  ».  On  lit  au-dessous  :  «  Maison 
paternelle,  vendue  en  1804.  En  1816,  nous  logions 
au  coin  de  la  rue  de  Bonne  et  de  la  place  Grenette, 
où  je  fis  l'amour  à  Sophie  Vernier  et  à  M^'^  Elise, 
en  1814  et  1816,  mais  pas  assez,  je  me  serais  moins 
ennuyé.  De  là  j'entendis  guillotiner  David,  qui  fait 
la  crloire  de  M.  le  duc  Decazes.  » 

Page  220.  ...F Encyclopédie  méthodique.  —  On  lit  au 
verso  du  fol.  29.3  :  «  27  décembre  1835.  Fatigué 
après  13  pages.  Froid  aux  jambes,  surtout  au  mollet; 
nii  peu  de  colic[ue  ;  envie  de  dormir.  Le  froid  et  le 
café  du  24  décembre  m'ont  donné  sur  les  nerfs.  Il' 
faudrait  un  bain,  mais  comment,  avec  ce  froid  ? 
Comment  suj)porterai-je  le  froid  do  i'aris  ?  » 

Page  220.  ...  f accueillais  cette  religion...  —  Ms.  : 
«  Gionreli.  » 


NOTES    ET    KCI  AinCISSEMENTS  2Ô5 

Pa"C  220.  ...  tne  maintint  m  sunniissiot)...  —  \. niante  : 

t<  Ahjfctiun.  » 
Page  221.  ...  fultais  au  Jardin...      -  Il  s'iJo;il  ilii  .Ijinlirf- 

.Îc-Vill.'. 
Pa^e  221.   ...   à  aller  au  spectacle  (jiie  je  quittais...  — 

^'aria^te  :  «  Dont  je  sortais.  » 
Paore  221.  ...  quaml  j\'ntcnilais  sonner  le  sing  (ou  saint). 

—  Sur  le  sins.  vii\  i-/.  |»liis  haut,  notrs  du  ili;i|nrrf;  xvi, 

p.  2Vi. 
Pa^e  22i.  ...  i'ers  sur  la  mouche  noyée  clans  une  jatte  Je 

lait...  —  Allusion  à  la  pièce  de  vers  latins  déjà  citée 

plus  haut,  chapitre  xii. 
Page  222.   Je  faisais  des  lunettes  pour  voir  le  voisin  en 

ayant  l'air  de  regarder  devant  moi.  —  Suit  un  «grossier 

croquis  représentant  une  lunette  munie  d'un  miroir 

incliné. 


Chapitre  XXl 


Page  223.  Le  chapitre  XXI  e:sl  le  chapitre  xviii  du 
manuscrit  (fol.  299  à  311).  — Ecrit  à  Rome,  le  30  dé- 
cembre 1835. 

Page  223.  ...  hypocrisie  doucereuse  (ou  jésuite).  — 
Ms.  :  «  Tejé.  » 

Pa"e  224.  ...  mon  bureau  à  la  Tronchin  ne  m'a  coûté 
que  quatre  écus  et  demi  (ou  4  X  5.45  =  24  fr.  52).  — 
Nous  reproduisons  sans  le  modilier,  le  calcul  de 
Stendhal. 

Page  224.  ...  un  père  de  [cinquante-et-un]  ans...  —  Cm- 
quanle-et-un  est  en  blanc  dans  le  nianuscrit. 

Page  225.  ...  ces  caractères  mobiles  perces  dans  une 
feuille  de  laiton  grande  comme  une  carte  à  jouer...  — 
Suit  une  figure  représentant  nii  l{  rn  laiton. 

Page  225.  ...  verrai- je  la  vérité  à  soi.rante-cinq  ans,  si 
fy  arrive.  —  fh\  lit   en   face,  au  verso  du   fol.  ,302  : 


25G  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

«  A  placer.  Touchant  mon  caractère.  On  me  dira  : 
Mais  êtes-vous  un  prince  ou  un  Emile  pour  que 
quelque  Jean-Jacques  Rousseau  se  donne  la  peine 
détudier  et  de  guider  votre  caractère  ?  Je  répon- 
drai :  Toute  ma  famille  se  mêlait  de  mon  éducation. 
Après  la  haute  imprudence  davoir  tout  quitté  à  la 
mort  de  ma  mère,  j'étais  pour  eux  le  seul  remède  à 
l'ennui,  et  ils  me  donnaient  tout  l'enruii  ([ue  je  leur 
ôtais.  Ne  jamais  parler  à  aucun  autre  enfant  de  mon 

A  I 

âge  . 

—  Ecriture  :  les  idées  me  galopent,  si  je  ne  les  note 
pas  vite,  je  les  perds.  Comment  écrirais-je  vite  (sic)? 
Voilà,  M.  Colomb,  comment  je  prends  l'hahitude  de 
mal  écrire.  Omar,  tliirtijent  december  1835,  revenant 
de  San  Gregorio  et  du  Foro  boario.  » 
Page  22().    ...    ijni  ne  demande  que  six   ...   —  Vn  mot 

illisible. 
Page  228.  ...  à  cinquante-deux  ans...  —  Ms.  :  «  26  X  2.  » 
Page  229.  ...  à  cinquante  ans.  —  Ms.  :  «  25  X  2.  » 
Page  230.   ...   rue   Go^ot-de-Mauroy,  Paris.  —  Justifi- 
cation de  ma  mauvaise  écriture  :  les  idées  me  galopent 
et  s'en  vont  si  je  ne  les  saisis  pas.  Souvent,  mouve- 
ment nerveux  de  la  main.  (Note  de  Stendhal.) 

Au  verso  du  fol.  311  est  ce  testament  de  Stendhal  : 
«  J'exige  (sine  qua  non  conditio)  cpie  tous  les  noms  de 
femme  soient  changés  avant  l'impression.  Je  compte 
que  cette  précaution  et  la  distance  des  temps  empê- 
cheront tout  scandale.  Cività-\  ecchia,  le  31  dé- 
cembre 1835.  H.  Beylf..  )' 


Chapitre  XXII 

Page  231.  Chapitre  XXI l.  —  Ce  chapitre,  Udii  nninéroté 
par  Stendhal,  \a  du  fol.  .'îl  I  ter  au  fol.  315  his.  — ■ 
Le  chapitre  commence  ainsi  :  «  Le  fameu.x  siège  de 
Lyon  (dont  jdus  tard  j'ai   tant  connu  le  chef,  M.  de 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  257 

Précy,  à  Brunswick,  1806-1809,  mon  premier  modèle 
d'homme  de  bonne  compagnie,  après  M.  de  Tressan, 
dans  ma  première  enfance).  » 

—  Le  fol.  311  bis  porte  simplement  ces  deux  men- 
tions :  «  Tome  second  »,  et  :  «  Siège  de  Lyon,  été  de 
1793.  » 
Page   231.    Le  siège   de   Lyon   agitait...    —   Variante   : 
«  Agita.  )) 

Paffe  231.  ...  dont  le  cousin  ou  neveu...  —  Les  deux 
mots  :  cousin  ou,  ont  été  rayés  au  crayon  par  R.  Co- 
lomb, 

Page  231.  ...se  battait  dans  Lyon...  —  11  ne  se  battait 
pas  ;  sa  condamnation  à  mort  fut  motivée  sur  une 
lettre  écrite  à  une  dame  de  ses  amies  et  interceptée 
par  Dubois  de  Crancé.  (Note  au  crayon  de  R.  Co- 
lomb.) 

Page  231.  C'est  au  point  H  que  fai  peut-être  éprouvé...  — ■ 
En  face,  au  verso  du  fol.  311  ter.  se  trouve  un  plan 
de  la  scène  :  dans  le  «  cabinet  d'histoire  naturelle  », 
garni  sur  ses  deux  plus  grands  murs  d'  «  armoires 
fermées  contenant  minéraux,  coquillages  »,  est  la 
«  table  de  déjeuner  avec  café  au  lait  excellent  et 
fort  bons  petits  pains  très  cuits,  griches  perfection- 
nées »  ;  autour  de  la  table,  en  «  S,  M.  Senterre  avec 
son  chapeau  à  larges  bords,  à  cause  de  ses  yeux 
faibles  et  bordés  de  rouge  »  ;  en  «  H,  moi,  dévorant 
ses  nouvelles  ».  La  terrasse  est  voisine  ;  au  bout  se 
trouve  en  «  J,  mon  jardin  particulier,  à  côté  de  la 
pierre  à  eau  ». 

Page  231.  ...et  les  prêtres...  — ■  Ms.  :  «  Tresp.  » 

Page  231.  ^L  Senterre,  employé  à  la  poste  aux  lettres...  — 
Stendhal  a  déjà  parlé  de  son  cousin  Senterre  et  de  la 
scène  des  journaux.  Voir  plus  haut,  chapitre  xii. 

Page  232.  ...  le  seul  livre  que  faie  à  Rome...  —  Ms.  : 

«  Mero.  )) 
Page  232.  ...  à  dix  ans...  —  Ms.  :  «  Ten.  » 

Drulard    11.  17 


258  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  232.  ...  lu  montagne  de  Méandre  (prononcez 
Mioudre)...  ■ —  En  face,  au  verso  du  fol.  312,  est 
un  dessin  reprrsentant  la  silhouette  des  plateaux 
de  Saint-Nizier  (A)  et  de  Sornin  (B-)  jusqu'à  la  vallt-e 
de  l'Isère  (V).  «  Méaudre  ou  Mioudre  en  M,  dans  la 
vallée  entre  les  deux  nx)ntagnes  A  et  B  »  ;  «  V,  vallée 
de  Voreppe,  adorée  par  moi  connue  étant  le  chemin 
de  Paris  >>. 

Page  232.  , . .  Méaudre. . .  —  Ms.  :  «  Mioudre.  »  —  Méaudre 
est  uu  village  de  784  habitants  situé  à  1.012  m. 
d'altitude,  dans  la  vallée  de  la  Bourne. 

Pawe  233.  ...  ma  tante  Elisabeth.  ai>ec  sa  fierté  castillane, 
me  dit  ...  —  Le  reste  de  la  ]iage  a  été  laisse  en  blanc 
par  Stendhal.  Cet  alinéa  et  le  suivant,  accompagnés 
d'un  grand  blanc,  étaient  certainement  destinés  à 
être  développés. 

Page  233.  ...  sur  les  fourgon.'!...  — Variante  :  «  Ses  four- 
gons. » 

Page  234.  ...  fêtais  dans  la  cuisine  vers  les  sept  heures 
du  soir...  —  Suit  un  plan  de  la  cuisine.  Sur  la  «  grande 
table  »  de  milieu,  en  <f  0,  boîte  à  poudre  qui  éclata  ». 
En  H,  le  jeune  Ileini  (levant  l'armoire.  (Voir  notre 
plan  de  l'appartement  Clagnon. 

Page  234.  ...  se  trouva  grandement  snilagé...  —  \  n- 
rianle  :  «  Délivré.  » 

Page  234.  ...  un  soir  que  je  lisais  sur  la  commode  de  ma 
tante  Elisabeth...  —  En  face,  au  verso  du  fol.  313  qua- 
ter,  est  un  plan  de  la  partie  de  rapparlement  (iagnnn 
occu[)é  par  h-s  rhandires  d'Elisabeth  et  Sérajibie 
(lagnon.  Dans  la  chambre  d'ElisalMMli.  en  <(  II.  moi 
lisant  la  Henriade  ou  Iiéli.saire,  dont  mon  grand-père 
admirait  bf^aucouji  le  ipiiiizième  chapitre  on  le  cdiii- 
mcncement  :  Justinieii  vieillissait...  Quel  tableau  di 
la  vieillesse  fb-  I.ouis  X\',  disait-il  !  »  -  -  Dans  nii 
angle  de  la  i>lace  Grenette  (*st  figuré  V  «  escalier  et 
jierron  de  la  maison  Périer-Eagrange.  l'rançois,  le 
lils    aîné,    bon    et    bêle,    grand    honuue    de    cheval, 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  259 

épousa    ma    sœur    Pauline    pendant    les    campagnes 
d'Allemagne  ». 

Page  235.  Toute  la  famille  était  en  rang  cV oignons  devant 
le  feu  au  point  D.  —  Plan  de  la  chambre  d'Elisabeth 
Gagnon  en  haut  du  fol.  314  ;  autour  de  la  cheminée, 
en  D,  la  famille  en  rang  d'oignons  ;  en  face  de  la  che- 
minée, le  jeune  Beyle  lisant  sur  la  commode. 

Page  235.  ...  rang  d'oignons.  —  On  lit  en  haut  du  fol. 
315  bis  :  «  30  décembre  1835.  Omar.  »  —  Le  fol.  315 
porte  simplement  :  «  Chapitre  xix.  »  Ce  chapitre 
commence  au  miheu  de  la  page  315  bis,  suivant  une 
indication  de  Stendhal  lui-même. 

Page  235.  ...  sur  les  registres  de  l'état  cii^il  à  Grenoble.  — 
Séraphie  Gagnon  est  morte  le  9  janvier  1797,  à 
dix  heures  du  soir. 


Chapitre  XXIII 

Page  237.  Le  chapitre  XXIII  est  le  chapitre  xix  du 
manuscrit  (fol.  315  bis  à  331  bis).  —  Ecrit  à  Rome, 
les  30  et  31  décembre  1835,  et  lei"  janvier  1836. 

Page   237.    ...   la  loi  excellente  des  Ecoles  centrcdes.  — 
Stendhal  avait  d'abord  écrit  :  «  La  loi  excellente  des 
Ecoles  centrales  avait  été    faite,  ce  me  semble,  par 
un    comité    doiit    M.    de    Tracy    était   le    chef   avec 
6.000  francs  d'appointements,  lui  qui  avait  commencé 
avec  200.000  hvres  de  rente  ;  mais  ceci  arrivera  plus 
ta-rd.  »  —  Sur  l'enseignement  donné  dans  les  Ecoles 
centrales   en  général  et  dans   celle   de  Grenoble,   en 
particulier,    ainsi    que    sur    les    camarades    et    amis 
d'Henri   Beyle,    voir   l'ouvrage    de    M.    A.    Chuquet, 
Stendhal- Beijle  (1904). 
Page  237.  ...  d'être  le  chef  de  l'Ecole  centrale.  —  Peut- 
être  aussi  la  crainte  des  patriotes  entra-t-elle  pour 
quelque  chose  dans  l'acceptation  de  cette  fonction. 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 


260 


NOTES    ET    ECI.AIRCISSEMENTS 


Page  23S.  ...  (htns  lu  première  salle  SS...  - — -  Plan  de 
cette  salle,  à  l'eiilrée  de  laquelle  se  trouvait  le  «  bureau 
du  bibliothécaire,  le  H.  1*.  l)ucros  ».  —  Au  verso  du 
fol.  314.  Stendhal  a  lifxuré  un  jilaii  d\i  collr^xc  (aujour- 
d'hui le  Lycée  de  Idles  .  alors  situé  entre  la  «  rue 
Neuve,  le  faubour<r  Saint-Cjcrniain  de  Grenoble  »,  et 
les  «  remparts  de  la  ville  en  1795  ».  Un  y  voit  au  rez- 
de-chaussée  la  «  première  salle  des  mathématiques  » 
et  la  «  salle  de  la  chimie,  professée  par  M.  le  D""  Trous- 
set  »  ;  au  ]tremier  éla^M'.  la  <^  seconde  salle  oii  j'ai 
remporté  le  ]»remier  prix,  sur  sept  ou  huit  élèves 
admis  un  mois  après  à  l'Ecole  polytechnique  »  ; 
enfin  la  «  salle  de  latin,  au  second  ou  troisième,  vue 
délicieuse  »  sur  les  «  monta<;nes  dl-Lchirolles  »  et  sur 
des  sommets  recouverts  par  des  k  nei<j;es  éternelles 
ou  de  huit  mois  de  Tannée  au  moins  ". 
Page  238.  ...  la  tragédie  «/'Ericie...  —  .Ms.  :  «  Aricie.  » 
Page  23S.  ...  la  Gazette  des  Deu.r-Punts...  -  La  Gazette 
universelle  de  politique  et  de  littérature  des  Deux-Punts, 
fondée  en  1770.  Duliois-Fontanellc  n  y  collabora  que 
jusqu'au  l^*"  juin  J77<>. 

Page  240 M.  Guizot...     -  .\Is.  :  «.  Zutnui.  » 

Page  240.  ...  pour  amener...  —  Variante  :  »  Porter.  » 
Page  2'if».  ...  mais  le  général  ...  —  Le  mot  est  en  lilanc 

dans  le  manuscrit. 
Page   241.    Il   i'a  sans   dire   tpie   les   prêtres...   -  -  ^Is.    : 

«  Très  p.  i> 
Page  241.  Au  sutl  de  Grenoble  est  sa  brillante  limite.  — 
On  lit  en  lète  du  fol.  .'{24  :  «  31  décembre  1830. 
(Jmar.  »  —  Ce  feudlet  n"a  qu'une  seule  ligne  écrite  ; 
le  reste  est  blanc. 
Page  241.  .\ommer  les  professeurs  à  l' Ecole  centrale...  — 
On  lit  fil  haut  du  fol.  '.\'l')  :  «  31  décembre  1835. 
Omar,  (iommencé  ce  livre,  dont  \  oiei  la  trois  cent 
vingt-cin«piiènnr  page,  et  cent,  me  ferait  i(ii;ilii'  (•••iits 
le...  lS.3.'j.  )»  —  Le  verso  du  même  feuillet  jiorle  : 
u    Hapidilé    :    le    3    décembre    1835,    j'en    étais    ;'i    93, 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  261 

le  31  décembre  à  325.  232  en  28  jours.  Sur  quoi  il 
y  a  eu  voyage  à  Cività-Vecchia.  Aucun  travail  les 
jours  de  voyage  et  le  soir  d'arrivée  ici,  soit  un'  ou 
deux  sans  écrire.  Donc,  en  23  jours,  232,  ou  dix  pages 
par  jour,  ordinairement  dix-huit  ou  vingt  pages  par 
jour,  et  les  jours  de  courrier  quatre  ou  cinq  ou  pas 
du  tout.  Comment  pourrais-je  écrire  bien  physique- 
ment ?  D'ailleurs,  ma  mauvaise  écriture  arrête  les 
indiscrets,  l^r  janvier  1836.  » 

—  En  interligne  (aux  mots  :  les  professeurs  de 
l'Ecole  centrale),  Stendhal  a  écrit  :  «  MM.  Gattel, 
Dubois-Fontanelle,  Trousset,  Villars  (paysan  des 
Hautes-Alpes),  Jay,  Durand,  Dupuy,  Chabert,  les 
voilà  à  peu  près  par  ordre  d'utihté  pour  les  enfants  ; 
les  trois  premiers  avaient  du  mérite.  »  —  En  face 
(fol.  324  verso)  est  encore  un  plan  du  a  Collège  ou 
Ecole  centrale  ». 

Page  241.  ...  sous  nos  yeux...  —  Variante  :  «  Vis-à-çis 
de  nous.  » 

Page  242.  ...le  peuple  de  Milan...  —  Ms.  :  «  Lanmi.  » 

Page  243.  ...  lorsque,  en  1810...  —  Ms.  :  «  1811.  » 

Page  244.  ...  mais  Suchet...  ■ —  Suit  un  blanc  d'un  quart 

de  ligne. 
Page  244.  ...  quels  plats  bougres...  —  Ms.  :  «  Ougresh.  » 
Page  245.  ...   général  Séhastiani  !  —  Ms.   :  «  Bastiani- 

sehas.  » 


Chapitre   XXIV 

Page  247.  Le  chapitre  XXIV  est  le  chapitre  xx  du 
manuscrit  (fol.  331  bis  à  355).  —  Ecrit  à  Rome,  le 
l^r  janvier  1836.  Stendhal  note  au  fol.  335  :  «  Froid  en 
écrivant.  » 

Page  248.  ...  un  autre  village  dans  la  vallée.  —  Du  Ver- 
soud.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Brulard    II.  I7_ 


262  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  248.  ...  la  vallée  s'étend  jusquà  ta  denl  tle  Muirans, 
de  cette  sorte.  —  Suit  imo  carle-oscjulsso.  d'ailleurs 
inexacte.  Stendhal  appclU'  Ih-nt  de  Moinin.s  le  Bec 
de  V Echaillon,  situé  sur  la  rive  ilroite  de  l'Isère,  au- 
dessus  de  Veurey.  Kntre  Moirans  et  ^'ore|.)J)e.  il 
sicrnale  des  «  campagnes  comparables  à  celle  de  Lom- 
bardie  et  de  Marmaiule,  les  plus  belles  du  monde  ». 

Page  250.  Tout  cela  était  distribaét'  par  bancs  de  sept  ou 
huit...  —  Suit  un  plan  de  la  classe  de  dessin  :  entre 
les  deux  rangées,  «  le  grand  Jay  arpentant  sa  salle 
avec  l'air  de  gémir  et  en  tenant  la  tête  renversée  ». 
La  place  du  jeune  Reyle  était  en  II.  dans  les  bancs 
placés  du  côté  de  la  rue  Neuve. 

Page  251.  Le  banc  des  grandes  têtes,  vers  H...  —  Cette 
référence   se   rapporte  au   plan   décrit  ci-dessus. 

Pa^e  251.  ...la  volonté  de  crever  ou  d'avancer.  —  Rapi- 
dite,  raison  de  la  mauvaise  écriture,  l^'"  janvier  1836. 
Il  n'est  que  tieux  heures,  j'ai  déjà  écrit  seize  pages, 
il  fait  froid,  la  plume  \a  mal  ;  au  lieu  de  me  mettre 
en  colère,  je  vais  en  avant,  écrivant  connue  je  puis. 
(Note  de  Stendhal.  > 

Page  252.  M.  Le  Hoij  vivait  encore  et  peignait...  — 
Variante  :  «  Faisait.  i< 

Pape  252.  i\/.  Le  lioij  avait  fait  une  vue  du  pont  de  la 
\'ence,  ...  prise  du  point  A...  —  Suit  un  croquis  sché- 
matique du  point  de  vue.  Le  point  \  est  au  bas  du 
ptuit.  sur  le  bord  lin  lonrnr.  et  l'arche  du  |»<iiit  en- 
cadre la  UKJUtagne  M. 

Page  25.1.  ...  mais  ma  découverte  me  resta  ...  -  Stendiial 
a,  par  inadvertance,  oublié  un  mot  en  ])assant  d'un 
feuillet   à   nu  autre. 

Page  254.  ...  Ui  Liberté  paraissait  cachée  jusqu'aux 
genoux.  Le  fol.  .'J45  est  aux  triii>;-fpiarls  blanc. 

Page  255.  ...et  jamais  moi,  ou  une  .seule  fois.—  lui  face, 
au  verso  (lu  fol.  34fi.  est  un  plan  de  la  partie  du  collège 
contenant  la  «  salle  de  dessin  »  et  la  «  salle  des  mathé- 
matiques ".   Dans  oelle-ci,  près  du   tableau,  en  u   IJ, 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  263 

M,  Dupuy,  homme  de  cinq  pieds  liiiit  pouces,  avec 
sa  grande  canne,  dans  son  immense  fauteuil  ».  Parmi 
les  élèves,  en  «  H,  moi,  mourant  d'envie  d'être  appelé 
pour  monter  au  tableau,  et  me  cachant  pour  n'être 
pas  appelé,  mourant  de  peur  et  de  timidité  ». 
Page  255.   ...   avec  Paul-Louis  Courier  dans  sa  prise... 
—  Un    mot  illisible.  La    lecture   du  mot  prise  n'est 
pas  certaine. 
Page  255.  ...  i'rai  jésuite.  —  Ms.  :  «  Tejé.  » 
Page  256.  ...  A/?ne  la  comtesse  Daru...  —  Ms.  :  «  Ruda.  » 
Page  257.  Monté  au  tableau,  on  écrivait  en  0.  —  Croquis 

représentant  un  élève  au  tableau. 
Page  257.  ...  comme  nous  disions  à  V Ecole  centrale.  — 
Suit  une  phrase  que  Stendhal  n'a  pas  elîacée,  mais 
que  nous  supprimons  cependant,  car  il  l'a  accompa- 
gnée de  cette  mention  :  répétition.  «  Pour  ne  pas 
m'embrouiller  dans  une  longue  opération  d'arithmé- 
tique, je  me  mis  à  ne  regarder  que  le  tableau.  » 
Page  258.  ...si  V  Ecole  centrale  a  été  ow'erte  en  1796  ou 
seulement  en  1797.  —  L'Ecole  centrale  de  Grenoble, 
créée  par  le  décret  de  la  Convention  du  7  ventôse 
an  III,  fut  inaugurée  le  11  frimaire  an  V  (1^^  décem- 
bre 1796).  Des  prix  furent  décernés  aux  élèves  le 
30  fructidor  an  V  (16  septembre  1797),  le  10  germi- 
nal an  VI  (30  mars  1798),  jour  de  la  fête  de  la  Jeu- 
nesse, le  30  fructidor  an  VI  (16  septembre  1798)  et 
le  17  brumaire  an  VII  (7  novembre  1798). 
Page  258.  Je  voyais  les  choses  de  près,  alors.  —  Ecriture. 
Le  l'^r  janvier  1836,  26  pages.  Toutes  les  plumes  vont 
mal,  il  fait  un  froid  de  chien  ;  au  lieu  de  chercher  à 
bien  former  mes  lettres  et  de  m'impatienter,  io  tiro 
avanti.  M.  Colomb  me  reproche  dans  chaque  lettre 
d'écrire  mal.  (Note  de  Stendhal.) 
Page  259.  Ln  Maupeou...  —  Ms.  :  «  Maudpw.  » 
Page  259.  — ■  On  lit  à  la  fin  du  chapitre  :  «  Le  1^"^  jan- 
vier 1836,  29  pages.  Je  cesse,  faute  de  lumière  au 
ciel,  à  quatre  heures  trois  quarts.  » 


2G4  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 


r.HAPITRr.    XW 


Page  261.  Le  chapitre  .Y.Yl'  est  le  chapitre  xxi  ilu 
nianuscrit  (fol.  35G  à  370;  le  bas  iln  fol.  370  et  le 
fol.  371,  d'abord  écrits  par  Stendhal,  ont  été  barrés 
avec  cette  mention  :  «  Longueur  y^y —  Ecrit  à  Rome, 
les  2  et  3  janvier  183G. 

Page  262.  Mademoiselle  Gugnoii  n'avait  (uniin  goût...  — 
Variante  :  «  Pas  de  goût.  » 

Page  263.  ...  ce  'fut  l'épotjue...  --  Mol  ouIiIk'  iiioon- 
sciemmenl  par  Stendhal,  en  passant  dun  feuillet  à 
un  autre. 

Page  264.  ...  rjue  mou  père  et  Séraphie  me  faisaient  lire. 
—  Style.  Pas  de  style  soutenu.  (Note  de  Stendhal.) 

Page  265.  ...  un  sentiment  de  haine  et  d'horreur...  — 
Stendhal  orthographie  :  «  Orreur.  »  Et  il  ajoute  en 
note  :  «  \  oilà  lortliographe  de  la  passion  :  orreur  )i. 

Page  265.  ...  elle  dure  encore  à  cinquante-deux  ans...  • — 
Ms.  :  «  26  X  2.  » 

Page  265.  ...  hier  soir,  Rome.  Wille.  —  Au  théâtre  della 
\'alle,  à  Rome.  (Note  an  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  266.  ...  chez  madame  ...  —  Nom  en  blanc. 

l'âge  266.  Quelle  parenthèse,  grand  Dieu  !  —  On  lit  en 
tête  du  fol.  363  :  «  1836.  corrigé  4  jinixin  1831). 
auprès  de  mon  feu,  me  brûlant  les  jambes  et  mourant 
de  froid  au  dos.  » 

Page  266.  ...  la  moitié  de  re  manuscrit.  - --  Stendhal  a 
écrit  à  ce  sujet,  nu  verso  du  fol.  362,  la  note  sui\anle  : 
«  Non  laisser  cela  tel  (piel.  Dorer  riiisloirc  Kably,  peut- 
être  ennuyeuse  pour  les  l'ascpiier  de  .'')l  ans.  Ces  gens 
sont  c«'p«'rid'int  l'élite  des  leflciirs.    ■ 

Page  2<)7.  ...  (mais  je  vois  de  Hume,  à  embuante-deux 
ans)...         M  s.  :  <i  26  X   2.  » 

Page  268.  ...  par  quelque  dicton...  -  \arianle  :  «  Lien 
commun.  » 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  265 

Page  208.  Je  faillis  rue  troiis'cr  mal...  —  Varianle  : 
«  Tomber.  » 

Page  268.  ...  elle  était,  je  crois,  en  K\  —  Suit  un  plan 
de  la  scène.  En  outre,  au  verso  flu  loi.  366,  plan  du 
Jardin-de-Ville  et  de  ses  abords.  Stendhal  se  trouvait, 
sur  la  terrasse.  Il  note  à  ce  sujet  :  «  J'ai  laissé  à  Gre- 
noble un  petit  tableau  à  l'huile  de  M.  Le  Roy,  qui 
rend  fort  bien  cette  promenade-ci.  »  M^i*^  Kably  se 
trouvait  dans  l'allée  qui  longeait  la  rue  du  Quai 
(aujourd'hui  rue  Hector-Berlioz).  A  cette  époque, 
un  mur  séparait  le  jardin  de  la  rue  :  «  Mur  en  1794, 
bêtement  remplacé  par  une  belle  grille  vers  1814.  )> 
—  Ce  mur  est  appelé  par  Stendhal  «  mur  de  l'Inten- 
dance »,  parce  que  le  rez-de-chaussée  de  l'Hôlel-de- 
Ville  fut  occupé,  jusqu'à  la  Révolution,  par  les 
bureaux  de  l'intendant  de  la  province. 

Page  269.  ...  un  soir,  à  7  heures,  à  ...,  en  Lusace...  — 
Le  nom  est  en  blanc. 

Page  270.  Je  troui'e...  —  Variante  :  «  J'a/.  » 

Page  270.  ...  tues  sensations  du  temps  Je  AP^^  Kahhj... 
— ■  Variante  :  «  Mes  sensations  d' alors.  » 

Page  271.  ...  péJants  gagés  et  jésuites...  —  Ms.  :  «  Tejé.  » 

Page  271.  ...  cJiez  AI.  Peroult,  corsia  del  Giardino.  — 
Peut-être  tout  [le  feuillet]  370  est-il  mal  placé,  mais 
la  fadeur  de  l'amour  Kably  doit  être  relevée  par  une 
pensée  plus  substantielle.  (Note  de  Stendhal.) 


Chapitre   XXVI 


Page  273.  Le  chapitre  XXVI  est  le  chapitre  xxii  du 
manuscrit  (fol.  372  à  386).  —  Ecrit  à  Rome,  les  3, 
4  et  6  janvier  1836.  • —  En  face  du  feuillet  commençant 
le  chapitre,  on  lit  :  «  Treize  pages  en  une  heure  et 
demie.  Froid  du  diable.  3  janvier  1836.  » 

Page  274.  ...  à  la  porte  des  Jacobins...  —  La  porte  des 


2C6  NOTES    ET     ÉCLAIRCISSEMENTS 

Jacobins    ttait   situi^c    place    Gronettc.    à    remplace- 
ment de  ractuelle  rue  de  la  Képublique. 

Page  274,  ...  à  lu  voûte  du  Jardin...  —  Le  Jardin-de- 
Ville. 

Page  274.  ...  à  l'angle  delà  maison...  —  Stendhal  ortho- 
graphie :  «  Engle.  «  Et  il  ajoute  :  «  Enfrle.  orthogra- 
phe de  la  passion,  peinture  des  sons,  et  rien  autre.  » 
—  Au  verso  du  fol.  372  est  un  plan  de  la  place  Gre 
nette  et  de  ses  environs,  avec  les  emplacements  où 
étaient  collées  les  afTiches  théâtrales. 

Page  274.  ...  mieux  que  de  plus  beaux.  —  On  lit  en  haut 
du  fol.  373  :  «  4  janvier  183(J.  A  trois  heures,  idée  de 
goutte  à  la  main  droite,  dessus,  doideur  dans  un 
muscle  de  l'épaide  droite.  »  Aussi  Stendhal  n'a-l-d 
écrit  ce  jour-là  qu'une  page  et  un  tiers  environ. 

Page  274.   ...  le  nom  de  Kahly.  —  Les  deux  tiers  du 

'     fol.  373  ont  été  laissés  en  blanc. 

Page  276.  ...  fêtais  leur  ressource...  — -  Lu  blanc  diiii 
tiers  de  ligne. 

Page  277.  ...  recettes  pour  foire  du  cinaigre.  —  Le 
fol.  370.  «|ui  se  termine  ici,  est  aux  trois-quarls 
blanc.  On  lit  en  tête  du  fol.  380,  qui  suit  :  «  6  jan- 
vier LS.'jG.  Les  Rois.  Le  froid  est  revenu  et  me  doimc 
sur  les  nerfs,  l'envie  de  dormir,  » 

Page  278.  U  logeait  rue  Neuve...  —  Aujuurdhui  luc  du 
Lycée,  Un  plan  du  carrefour  des  rues  Neuve,  Saint- 
.lactjues  et  de  lionne  est  dessiné  au  verso  du  fol.  380. 
On  y  voit  rappartciiifiit  de  M.  Chabort.  ligure  au 
troisième  étage  de  rimmcuble  portant  actuellement 
le  n**  15  de  la  rue  du  Lycée.  A  l'angle  de  la  rue  de 
Bonne  et  de  la  place  Grenctte,  «  ici  fut  dix  ans  plus 
tard  la  maison  bâtie  sur  mes  plans  et  (jui  a  ruiné 
mon  père  », 

Page  '2l'.K  ...  ceux  qui  ij  parvenaient...  —  Varianli'  : 
«  .Montaient.  « 

Page  280.  ...  *'//  les  comprenait  le  moins  du  monde.  — 
I.a  première  moitié  du  f<il.  3S,'{  n  été  laissée  en  blanc. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  267 

Page  282.  ...  sur  un  cahier  de  papier  et  à  un  tableau  de 
toile  cirée.  —  Suit  un  plan  de  la  salle  tréludes. 

Page  282.  ...  un  jour  nous  levâmes  un  champ  à  côté  du 

chemin  des  Boiteuses.  —  Suit  un  plan  explicatif.  

Le  chemin  des  Boiteuses  allait  depuis  la  porte  de 
Bonne  jusqu'au  cours  de  Saint-André.  Il  est  remplacé 
aujourd'hui  par  les  rues  Lakanal  et  de  Turenne. 
Stendhal  y  figure,  non  loin  de  la  porte  de  Bonne, 
en  «  T,  maison  de  ce  fou  de  Camille  Teisseire,  jacobin 
qui,  en  1811,  veut  brûler  Rousseau  et  Voltaire  «  ; 
plus  loin,  en  «  A,  hôtel  de  la  Bonne  Femme  ;  elle  est 
représentée  sans  tête,  cela  me  frappait  beaucoup  ». 
Cet  établissement,  dit  de  la  Femme  sans  Tête,  a 
subsisté  longtemps  rue  Lakanal  ;  il  a  disparu  il  y  a 
une  huitaine  d'années,  en  1905. 

Page  283.   ...   parlé  de  la  Profession  de  foi  du  vicaire 
savoyard...  — ■  Ms.  :  «  Confession.  » 


Chapitre   XXVIl 

Page  285.  Le  chapitre  XXVII  est  le  chapitre  xxiii  du 
manuscrit  (fol.  387  à  398).  —  Ecrit  à  Rome,  les 
6  et  10  janvier  1836. 

Page  285.  Vers  ce  temps-là,  je  me  liai...  avec  François 
Bigillion...  —  C'est  par  l'intermédiaire  de  R[omain] 
C[olomb],  qui  s'était  hé  avec  les  deux  frères,  pour  les 
avoir  rencontrés  dans  la  maison  Faure,  lors  de  leur 
arrivée  à  Grenoble.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  286.  Rabot  et  la  Bastille  sont...  situés  à  des  hau- 
teurs bien  différentes...  —  Le  fort  Rabot  est  à  l'alti- 
tude de  2/0  mètres  environ,  et  la  plate-forme  de 
la  Bastille  à  470  mètres. 

Page  286.  ...  mais  que  Von  rend  bonne  en  1836.  —  On 
lit  en  tête  du  fol.  389  :  «  10  janvier  1836.  Le  métier 
m'a  occupé  depuis  huit  jours.  Froid  du  diable, 
6  degrés  le  lundi.  )) 


268  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Pagre  287.  ...  cet  ouvrase  considérable...  -—  Variante  : 
«   Grand.  » 

Page  287.  ...  sur  toutes  choses...  —  \'ariante  :  «  Sur  tous 
Us  objets.  » 

Page  288.  ...  bien  plus  a\>ancé  que  V esprit...  --■  Varianle  : 
«  Ma  tête.  » 

Page  288.  ...  louent  aujourd'lun  lu  religion...  —  Ms.  : 
«  Gionreli.  » 

Page  289.  ...  comme  disait  .U'"*^  ***.  —  Duclos. 

Page  289.  Les  Bigillion  habitaient  rue  (henoise  (je  ne 
suis  pas  sûr  du  nom)...  — ■  Il  s'agit,  en  elTet,  de  la 
rue  Chenoise. 

Page  289.  ...  l'oratoire  où  mon  père  avait  été  en  prison... 
—  Erreur  ;  son  père  a  pu  se  cacher,  mais  n"a  jamais 
été  en  prison,  surtout  à  l'Oratoire,  uù  il  n'y  a\ait 
que  des  femmes  et  trois  enfants  :  les  deux  Mon\al 
et  moi.  Le  guichetier,  dur  et  renfrogné,  s'appelait 
Pilon.  (Note  au  crayon  de  R.  Colonih.  i 

Page  289.  ...  avec  M.  Colomb...  —  M.  (Colomb  père  a 
fait  toute  sa  prison  à  la  Conciergerie,  place  Sainl- 
André  ;  j'ai  couché  quelquefois  avec  lui,  dans  cette 
prison.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  289...  Romain  Colomb,  le  plus  ancien  de  Jues 
amis.  —  Stendhal  écrit  ensuite  :  «  \'oici  cette  rue, 
ilont  le  nom  est  à  peu  prés  elTaeé.  mais  non  l'as- 
pect. »  Et  il  dessine  au-dessous  un  plan  de  la  jtartie 
de  la  ville  où  se  trouvait  la  rue  Chenoise. —  La  maison 
où  logeaient  les  Rigilliou  se  trouvait  entre  la  Montée 
du  Pont  de  Bois  (aujourd'hui  nie  de  Lionnei  et  la  nie 
du  Ponl-Saint-.Iaiiiif. 

Page  290.   ...   c'était  unr  figure  j)rojondément  allobroge. 

-  l'Aie  était  plutôt  laide  (pic  jolie,  mais  ])i(]uaiite  et 

bonne  lille  ;  Victorine  jouait  avec  n«)us,  sans  se  douter 

«pie  nfiiis  a[)partenions  à  des  se.xes  ilill'érents.   (Note 

au  crayon  <i<'   R.  Cnlduib.l 

Page  290.  ...le  petit- fils  de  M.  C'a  gnon...  —  Ms.  :  «  Le 
fils,  n 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  260 

Page  290.  ...  faire  hluter  leur  farine  pour  avoir  du  pain 
blanc.  —  En  face,  an  verso  du  fol.  393,  est  un  plan 
des  environs  de  la  maison  où  lo<i;eaient  les  Bigillion, 
ainsi  qu'un  croquis  représentant  le  Pont -de -Bois, 
situé  au  bout  de  la  Montée  du  Pont-de-Bois.  Stendhal 
note  à  ce  sujet  :  «  J'ai  laissé  à  Grenoble  une  vue  du 
pont  de  Bois,  achetée  par  moi  à  la  veuve  de  M.  Le 
Roy.  Elle  est  à  l'huile  et  shiadita,  doucereuse,  à  la 
Dorât,  à  la  Florian,  mais  enfin  c'est  ressemblant 
quant  aux  lignes;  les  couleurs  seules  ?,ont  adoucies  et 
florianisées  ». 

Page  291.  Nous  formions  une  société  bien  jeune...  — 
Variante  :  «  C'était  un  ménage  bien  jeune.  » 

Page  291.  ...  en  1796  j'avais  treize  [ans'^.  — ■  Ms.  : 
«  10  +  3.  » 

Page  292.  ...  qui  lui  revient  à  quatre  sous...  —  Variante  : 
«  Qui  lui  coûte.  « 

Page  292.  ...  qualités  précieuses  qui  cdlaient...  —  Un 
blanc   d'une   demi-ligne. 

Page  293.  Je  suis  sûr  de  ces  trois  fenêtres  à  croisillons, 
en  B...  —  Cette  référence  se  rapporte  au  plan  cité 
plus  haut. 

Chapitre  XXVIII 

Page  295.  Le  chapitre  XXVIII  est  le  chapitre  xxiii  du 
n^anuscrit.  Stendhal  a  mis  par  erreur  le  chiffre  xxiii, 
au  lieu  de  xxiv,  et  cette  erreur  se  perpétue  jusqu'à 
la  fin  de  l'ovivrage.  —  Comprend  les  fol.  399  à  416. 

—  Ecrit  à  Rome,  les  10,  11  et  12  janvier  1836. 
Page  296.  ...  ni  V insouciance  ni  le...  du  gamin  de  Paris... 

—  Le  mot  est  en  blanc  dans  le  manuscrit. 

Page  297.  ...  à  partir  de  la  tombée  de  la  nuit  ou  sing...  — 

Ms.  :  «  Saint.  » 
Page    298.    Cette   famille   avait   reçu   saint   Bruno   à   la 

Grande-Chartreuse  en  ...  —  La  date  est  eu  blanc. 


270  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  299.  ...  à  cause  de  la  réception  de  Saiiii-Bnoio, 
en  1080.  —  Date  :  Saint  Bruno,  mort  en  1101  en 
Calabre.  (Note  de  Stendhal.)  —  Cette  date  est  exacte, 
mais  c'est  en  1084  seulement  que  saint  Bruno  vint 
à  Grenoble  et  fonda  la  Grande-Chartreuse,  dont 
l'éslise  fut  consacn'e  en  1085. 

Page  299.  ...  scène  plaisante  racontée  par  Clara  GazuL  — 
Le  Théâtre  de  Clara  Gazul,  de  Mérimée,  a  paru  en 
1825.  —  Mérimée  est  appelé,  la  plupart  du  temps, 
Clara  par  Stendhal. 

Page  299.  ...  j'y  traçai  une  coutrmne  de  feuillage,  et  ati 
milieu  un  V  majuscule.  —  Suit  un  croquis  de  cette 
lettre  ornée.  —  En  face,  au  verso  du  fol.  403,  Stendhal 
écrit  :  «  Mettre  ceci  ici,  coupé  trop  net,  le  placer  en 
son  temps,  à  1806  ou  10.  A  l'un  de  mes  voyages 
(retours;  à  Grenoble,  vers  1806,  une  personne  bien 
informée  me  dit  que  M*^^  Victorine  était  amoureuse. 
J'enviai  fort  la  personne.  Je  supposais  (pie  c'était 
Félix  Faure.  Plus  tard,  une  autre  personne  me  dit  : 
«  M**^  Victorine,  me  parlant  de  la  personne  qu'elle 
a  aimé  si  longtemps,  ma  dit  :  11  ncst  peut-être  pas 
beau,  mais  jamais  on  ne  lui  reproche  sa  laideur... 
C'est  l'homme  qui  a  eu  le  plus  d'esprit  et  d'amabilité 
parmi  les  jeunes  gens  de  mon  temps.  En  un  mot, 
ajouta  cette  personne,  c'est  vous.  »  —  10  janvier  1830. 
—  Lu  de  Brosses.  » 

Page  299.  ...  ce  trait  de  hauteur  mit  \'ictorine...  — 
.Nîs.  :  «  Virginie.  »  —  Ce  mot  est  surmonté  d'une 
croix. 

Page  300.  MM.  Galle,  La  Baijette...  —  Une  ligne  est 
restée  en  blanc  après  cps  deux  noms. 

Page  301.  ...la  noin'ellc  jilacc  du  Départenwnt.  —  Près 
du  Jardin-de-Ville.  .Vujourd'hui  place  de  Ciordes. 
Cette  place  a  été  créée  en  1791.  —  .\u  verso  du  fnl.  400 
est  un  plan  d»-  la  place  et  de  ses  alentours. 

Page  .301.  ...  La  Jiayette  joignait  une  grande  noblesse 
de  sentiments  et  de  manières...  —  Nous  faisions  dans 


KOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  271 

sa  chambre  des  pique-niques,  à  cinq  ou  six  sous  par 
lête.  pour  manger  ensemble  du  Mont-d'Or,  avec  des 
griches,  le  tout  arrosé  dun  petit  vin  blanc  qui  nous 
semblait  délicieux.  La  Bayette  avait  un  charmant 
caractère  :  il  était  aimant  et  avait  beaucoup  d'expan- 
sion. (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  301.  ...  les  Mémoires  secrets  de  Duclos...  —  Les 
Mémoires  secrets  sur  les  règnes  de  Louis  XIV  et  de 
Louis  XV  furent  publiés  en  1791,  dix-neuf  ans  après 
la  mort  de  Duclos. 

Page  303.  Vous  êtes,  lui  dit-il,  V existence  et  V essence, 
Simple...  —  On  lit  en  tête  du  fol.  411  :  «  12  janvier 
1836.  Omar.  Sirocco  après  trente  ou  quarante  jours 
de  froid  infâme...  » 

Page  303.  Sa  mère,  fort  grande  dame,  c'était  une  Grolée... 

—  La  famille  de  Grolée  était  l'une  des  familles  les 
plus  anciennes  et  les  plus  estimées  du  Dauphiné. 

Page  303.  ...  près  de  la  statue  d'Hercule,  au  Jardin...  — 
Au  Jardin-de-Ville.  Au  milieu  du  jardin  se  trouve 
une  statue  du  connétable  de  Lesdiguières  sous  les 
traits  d'Hercule,  attribuée  à  Jacob  Richier.  Cette 
statue,  primitivement  érigée  dans  l'île  de  l'étang  du 
château  de  Lesdiguières,  à  Vizille,  a  été  acquise  par 
la  Ville  de  Grenoble  en  1740. 

Page  303.  ...  Jeanne  Dupéron,  çeupe  B[eyle]...  — 
Jeanne  Dupéron,  fdle  de  Pierre,  banquier  à  Grenoble, 
et  de  Dominique  Bérard,  épousa  le  14  septembre  1734 
Pierre  Beyle,  procureur  au  Parlement.  (Voir  Ed.  Mai- 
gnien,  La  famille  de  Beyle- Stendhal,  notes  génécdo- 
giques.   Grenoble,   1889.) 

Page  304.  ...  les  Cours  impériales...  —  Ms.  :  «  Royales.  » 

—  M.  de  Barrai  fut  Premier  Président  depuis  1804 
jusqu'en  décembre  1815, 

Page   305.   j\e  pourrait-on  pas  réunir...   —  Variante   : 

«  Ai^oir.  » 
Page  305.   ...  ex-maire  de   Grenoble,  jésuite...  —  Ms.  : 

«  Tejé.  ))  —  Jean-François-Cahxte,  marquis  de  Pina, 


272  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 


remplaça  comme  adjoint  au  maire  de  Grenoble,  en 
181G,  Joseph-Chérubin  Beyle.  Il  fut  nommé  maire 
la  même  année,  resta  en  fonctions  jus<ju'au  13  oc- 
tobre 181S.  Puis  il  fut  encore  maire  de  Grenoble 
entre  le  26  août  1824  et  la  révolution  de  1830. 


CnAPiTun  XXIX 

Page  307.  Le  chapitre  XXIX  est  le  chapitre  xxiv  du 
manuscrit  (fol.  416  à  431).  —  Ecrit  à  Ronio,  les 
12  et  13  janvier  1836. 

Paore  307.  ...  rlont  V absence  nia  tant  nui,  à  Rome...  — 
Ms.  :  ><  Omar.  » 

Page  307.  ...  son  oncle,  M.  de  ...  —  Le  nom  a  été  laissé 
en   blanc. 

Pape  308.  ...  M.  d'Antlion...  —  Jean-.Iacques-(Kil)riel 
de  \  idaud  d'Anthon  de  La  Tour,  né  le  28  mars  1745, 
avait  été  nommé  conseiller  au  Parlement  par  lettres 
patentes  du  2  juillet  1766. 

Page  308.  ...  quand  il  était  Président  au  Parlement.  — 
Le  reste  du  feuillet  est  blanc,  ainsi  <|ue  tout  le  fol.  410. 

Page  308.  //  faut  coni'enir...  —  On  lit  en  tête  du  fol, 
419  bis  :  «  12  janvier  36.  Omar.  —  13  janvier,  sans 
feu  après  ce  froid  si  long  de  3  à  7  degrés.  » 

Page  309.  ...  cette  excellente  fille...  —  \  ariante  :  «■  Xoblc.  » 

Page  .309.  Je  ne  connais  rien  île  généreu.r,  de  noble,  de 
di/ficile.  (jui  fût  au-dessus  d  elle  et  de  son  désintéresse- 
ment. -  -  \ariante  :  «  Aucun  sacrifice  n'eût  été  au- 
dessus  de  sa  fiénérostté  et  de  son  désintéressement,  d 

Page  .309.  ...  un  mot  peu  jiréci.s  ou  prête ntt eux,  éi  r ins- 
tant... \  îiriaiite  -."In  mot  jieu  précis  (at  prétendant 
éi   iejfet,   sur-le-champ.    » 

Page  311.   ...  au  colléfie  sous  la  \'oùte...  Aujourd  hui 

passage  du  Lycée,  allant  de  la  rue  du  Lycée  à  la 
place    Jcan-Achard,    celle-ci    occupée    à    la    lin    du 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  273 

xviii^  su'cle  par  les  remparts  de  \h  ville.  Stendhal 
donne  un  crocpiis  des  lieux.  B  est  l'allre  de  tilleuls, 
sur  les  remparts.  (Voir  notre  plan  de  Grenoble  en 
1793.) 

Page  311.  Je  crois  que  cest  en  nous  promenant  au 
point  P...  —  En  face,  au  verso  du  fol.  425,  est  un 
plan  des  lieux.  A  l'extrémité  de  la  rue  des  Mûriers, 
qui  longeait  le  rempart  et  le  derrière  de  l'Ecole  cen- 
trale est.  en  «  P,  commencement  de  la  promenade  de 
vieux  tilleuls  écourtés  (maimeJ)  par  la  taille  ;  »  entre 
la  rue  des  Mûriers  et  la  promenade,  en  «  L,  jardin  en 
contrebas  de  M.  de  Plainville,  commandant  ou  adju- 
dant de  la  place,  père  de  Plainville,  l'ami  de  Barrai  ». 
(Voir  notre  plan  de  Grenoble  en  1793.) 

Page  313.  ...  plus  encore  qu'à  Rome.  —  Ms.  :  «  Omar.  » 

Page  313.  L  ne  actrice  qui  a  un  bambin...  — ■  Variante  : 
«  Bâtard.  » 

Page  314.  ...  //  faut  en  contenir,  cristallisation...  — 
Sorte  de  folie  qui  fait  voir  toutes  les  perfections  et 
tout  tourner  à  perfection  dans  l'objet  qui  fait  effet 
sur  la  matrice.  Il  est  pauvre,  ah  !  que  je  l'en  aime 
mieux  !  Il  est  riche,  ah  !  que  je  l'en  aime  mieux  ! 
(Note  de  Stendhal.) 


BnULAIlD    II.  18 


274  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 


Chapitre  XXX 


Tome  II,  Page  1.  Le  chapitre  XXX  est  le  chapitre  xxv 
du  manuscrit  (fol.  432  à  450).  —  Ecrit  à  Rome,  les 
13,  14  et  15  janvier  1836. 

Page  2.  Fut-ce  1796  ou  1795  ?  —  Le  jeune  Beyle  ob- 
tint à  la  distribution  des  prix  du  30  fructidor  an  V 
(16  septembre  1797).  une  nienlion  honorable  pour  le 
dessin  (classe  des  grandes  têtes)  et  une  mention 
honorable  pour  les  mathématiques  (arithmétique  et 
géométrie,  non  compris  la  trigonométrie).  Il  remporta 
le  premier  prix  de  belles-lettres  à  la  dislriitiition  des 
prix  du  30  fructidor  an  VI  (16  septembre  1798), 
et  reçut  à  cette  occasion  Les  Œuvres  cV Homère,  tru' 
duites  par  Bitaubé.  Le  même  joui',  il  obtenait  un 
accessit  de  dessin  (ronde  bosse).  —  Le  prix  de  gram- 
maire générale  fut  attribué  cette  année-là  non  à 
Grand-Dufay.  mais  à  Perrier.  C'est  à  la  distribution 
des  prix  du  17  brumaire  an  VII  (7  novembre  1798) 
que  Grand-Dufay  obtint  le  prix  de  grammaire  géné- 
rale. 

A  la  même  distribution  des  prix  du  17  brumaire 
an  Vil,  Henri  Beyle  obtint  le  piemier  prix  de  mathé- 
matiques (l*"^  division),  en  même  temps  que  Marcellin 
Charvet,  Jean- Jacques  Bret.  t.asimir  Mathieu,  Félix 
Faure,  Jacques  Miège,  Frédéric  Giély,  Louis  Crozet 
et  Charles  Cheminade.  Le  palmarès  ajoute  fp.  17)  : 
«  La  précision  que  le  citoyen  JJeyIc  a  mise  dans  ses 
réponses  et  la  facilité  avec  laquelle  il  a  opéré  ses 
calculs  lui  ont  mérité  l'ouvrage  ci-après,  sans  tirer 
au  sort  :  U introduction  à  l'analyse  infinitésimale 
fédifion  latine),  donné  par  un  citoyen.  »  (Arch. 
départ,  de  l'Isère,  L  378  et  380,  et  Arch.  mun.  de 
Grenoble,   LL  219  et  223). 

Page  2.  ...  leur  dcath.  —  Leur  mort. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  275 

Page  2.  ...  un  bourgeois  mit  ce  transparent.  —  Je  me 
le  rappelle  très  bien  :  mais  dans  quelle  rue  ?  (Note 
au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  3.  ...  u?ie  grosse  tête,  une  figure  fortement  marquée 
de  petite  vérole  et  cependant  fort  rouge...  —  Variante  : 
«  Une  grosse  tête,  un  teint  animé,  des  traits  marqués 
de  petite  vérole.  » 

Page  3.  ...  et  sachant  colorer  les  injustices  les  plus  infâmes) 
Dufaij  n'eût-il  pas  fait?  — •  Variante  :  «  Et  sachant 
donner  couleur  aux  plus  grandes  iniquités,  coquineries, 
Dufay  aurait  fait.  » 

Page  4.  ...  tout  le  mal  nest  que  dans  ces  sept  lettres...  — 
Ms.  :  «  Cinq.  »  — •  Equivoque  avec  le  nom  de  Tauteur. 
qui  effectivement  est  composé  de  cinq  lettres. 

Page  4.   ...   opéra  d' inchiostro . . .  — ■  Ouvrage  littéraire. 

Mot-à-mot  :  travail  d'encre. 
Page  5.   ...  les  Nuits  arabes.  —  La  célèbre  traduction 

des    Mille   et   une   Nuits,    par   Galland,   parut   entre 

1704  et  1717. 
Page   5.    ...le  Baron  enterré  vis-à-vis  de  sa  femme...  — 

Vers  de  V Homme  du  Jour  : 

Ci-gît,  sans  avoir  rendu  l'âme, 
Le  Baron  enterré  vis-à-vis  de  sa  femme. 

(Note  de  Stendhal.) 

Page  5.  ...  Crozet...   né  vers  1784.  — ■  Louis  Crozet  est 

effectivement  né  à  Grenoble  en  1784. 
Page  6.  ...  la  Vie  de  Hampden,  par  lord  King  ou  Dacre... 

—  La  vie  de  Hampden  a  été  l'objet  d'un  ouvrage  de 

lord  Nugent,  sous  ce  titre  :  Some   Memoricds  of  John 

Hampden,  his  party  and  his  time. 
Page  7.  ...  cherchait  m cd adroitement  ù  se  faire  député.  — 

On  lit  en  tête  du  fol.  442  :  «  J'écris,  sans  y  voir,  le 

14  janvier,  à  cinq  heures  douze  minutes.  » 
Page  8.  ...  ce  vieillard  rimbambito...  —  Terme  italien 

signifiant  :  tombé  en  enfance. 


270  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  9.  Xoiis  avions  des  séances  de  travail...  ■ —  Variante  : 

«  Faisions.  » 
Pa^e  10 M^^^  Duchesnois...  —  Madeinoisolle  Duchés- 

iiois,  née  en  1777,  est  morte,  en  elVet,  m  1835. 


(.11  Al' Il  Ri:   X.\.\l 


Paf^e  13.  Le  chapitre  XXXI  est  le  chaiiilre  xxvi  ilu 
manuscrit  (fol.  451  à  468).  —  Ecrit  à  Rome,  les 
16  et  19  janvier  183H.  On  lit  en  liant  du  fol.  451  : 
«  16  janv.  1836.  Le  15,  excès  de  lecture,  battements 
de  cœur,  ou  plutôt  cœur  resserré.  » 

Page  13.  ...  Ericie.  ou  la  \'estale.  —  Ericie,  ou  la  Ves- 
tale, présentée  au  Théâtre  Français  en  1767,  fut 
considérée  par  la  Censure  comme  attariuant  les  cou- 
vents. On  en  référa  à  larchevêquc  tic  Paris,  qui  sou- 
mit le  cas  à  la  Sorbonne.  De  là,  grand  bruit  sur  le 
nom  de  Dubois-Fonlanello  ;  tout  le  monde  veut  lire 
son  drame,  soit  dans  des  copies  manuscrites,  soit 
dans  des  éditions  clandestines.  Trois  colporteurs 
accusés,  à  Lyon,  d'avoir  vendu  des  exemplaires 
d^Ericie,  furent  condamnés  aux  galères  (1768),  — 
La  Mélanie  de  Laharpe  est  de  1770. 

Page  14.  ...  Renaulilon.  ...  maire  de  Grenoble  de  1800  ù 
1814...  -  ■  r^enauldon  fut  maire  de  Gren»»ble  du  28  fruc- 
tidor an  \  111  (15  septembre  1800)  jusqu'au  21  avril 
1815. 

l^aLre  14 M.  Jérôme...  —  Sous  ce  nom,  Français  de 

Nantes  a  ])iiblié  deux  ouvrages  :  Le  manuscrit  de 
jeu  M.  Jérôme  (1825;  et  Jiecueil  de  fadaises,  par  M.  Jé- 
rôme (1826). 

Page    \\ U.   le  comte  Daru...   - —   Daru   publia,   en 

outre,  divei*s  ouvrages  liistori(pies  et  littéraires  qui 
lui  ouviirent  les  portes  de  r.\cnfléiiiie  française.  Il 
fit  jiaraîlre  notamment  une   traduction  en  vers  des 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  277 

Epttres  d"JIorace  (1798)  ef   une  Histoire  de  la  Répu- 
blique de  Venise  (1819). 

Page  15.  ...  cette  petite  figure  de  géométrie  im>entée  par 
moi...  —  Suit  la  figure  géométrique  annoneee.  C'est 
un  carrefour  de  six  routes  au  milieu  duquel  se  trouve 
l'homme,  en  «  A,  moment  de  la  naissance  ».  A  droite, 
en  «  R,  route  de  l'argent  :  Rotschild  »  et  en  «  P,  route 
des  bons  préfets  et  conseillers  d'Etat  :  MM.  Daru, 
Koederer,  Français,  Beugnot  »  ;  au  milieu,  une  seule 
route  est  dénommée,  la  «  route  de  la  considération 
publique  »  :  à  gauche  s'ouvrent  en  «  L.  roule  de  l'art 
de  se  faire  lire  :  Le  Tasse,  J.-J.  Rousseau,  Mozart  », 
et  en  «  F,  route  de  la  folie  ».  Quatre  d'entre  elles 
(Argent,  Bons  Préfets  et  Conseillers  d'Etat,  Consi- 
dération publique  et  FoHe)  sont  dénommées  :  «  B, 
routes  prises  à  sept  ans,  souvent  à  notre  insu.  Il  est 
souverainement  absurde  de  vouloir,  à  cinquante  ans, 
laisser  la  route  R  et  la  route  P  pour  la  route  L. 
Frédéric  II  ne  s'est  guère  fait  hre.  et  dès  vino-t  ans 
il  songeait  à  la  route  L.  »  (Voir  notre  reproduction 
du  fol.  454  du  manuscrit.) 

Page  15.  ...  Fontanelle.  —  Dubois-Fontanelle  était 
nommé  M.  de  Fontanelle  dans  le  monde  littéraire  de 
son  temps.  (Voir,  par  exemple,  les  Mémoires  secrets 
de  Bachaumont.) 

Page  15.  ...  il  fut  obligé  de  traduire  les  Métamorphoses 
dOçide...  —  Dubois-Fontanelle  donna  sept  éditions 
de  sa  traduction  des  Métamorphoses  entre  1762  et 
1806. 

Page  15.  ...  le  premier  volume  de  Gibbon...  —  L'ouvrage 
de  Gibbon,  dont  la  première  édition,  en  six  volumes, 
parut  entre  1776  et  1788,  porte  le  titre  suivant  :  The 
histori/  of  tlie  décline  and  the  fall  of  the  roman  Empire. 

Page  15.  Quelqu'un  a  eu  la  même  idée  à  Rome...  — 
Ms.   :  «  Erom.  » 

Page  16.  ...  à  V angle  sud-ouest  de  la  cour  du  Collège...  — 
Suit  un  plan  sommaire  indiquant  l'appartement  de 

Br.uiAni)    II.  18. 


278  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Dubois-Fontanelle.  Le  point  B.  où  se  trouvait  l'édi- 
tion de  Voltaire,  est  situé  dans  son  cabinet.  Un  autre 
plan,  au  verso  du  fol.  459,  indique  Tappartement  de 
Dubois-Fontanelle  et  plusieurs  salles  du  collège, 
notamment  celle  du  cours  de  belles-lettres. 

Page  17.  ...  oi'ec  ce  petit  jésuite...  —  Ms.  :  u  Tejé.  » 

Page  18.  ...  minus  habens  sans  conséquence.  —  Au  verso 
du  fol.  4G1.  on  lit  :  «  En  une  heure  et  demie,  de  450 
à  461,  onze  pages.  » 

Page  18.  ...ce  petit  jésuite...  —  Ms.  :  «  Tejé.  » 

Page  18.  ...  M.  Torteleheau...  —  Père  de  feu  M'"^  la  com- 
tesse Français  de  Nantes.  (Note  au  crayon  de  R.  Co- 
lomb.; 

Page  18.  ...  des  louanges  qu  il  méritait.  —  Suit  un  blanc 
de  plusieurs  lignes. 

I*age  20.  ...  depuis  quarante-six  ans...  —  Ms.  : 
«  4  X   10+6.  » 

Page  21.  ...  une  préface  à  de  Brosses...  —  Cette  préface 
a  paru  en  183G  dans  la  Revue  de  Paris,  sous  ce  titre  : 
La  comédie  est  impossible  en  1836.  Elle  se  trouve  dans 
l'édition  Michel  Lévy  de  1855,  à  la  fin  dos  Clironiques 
italiennes. 

Chai  I  rni:   XXX  i  I 

Page  23.  Le  chapitre  A'AA//  est  le  chapitre  xxvii  du 

manuscrit   (fol.   469  à   500j.  —   Ecrit   à    Home,  les 

19  et  20  janvier  1836, 
I*age  25.  ...  le  cours  de  M.  Duhols  (imprimé  depuis  en 

fjiintre    volumes...    —     l)ubt)is-l()iitau('lle,    Cours    de 

Jielles-lettre.s.    Paris.    Diifour,    1813-1820,    4    volumes 

in-8". 
Page    26.    ...    drundisson...  iHunaii    épislolaire    de 

iîichardson,  publié  en   175.3. 
Page  26.  ...ce  grand  hâbleur,  si  nul  comme  peintre,  avait 

un  talent  marqué...         \arianlc  :  t(  Ce  grand,  hâbleur, 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  270 

qui  avait  si  peu  de  talent  comme  peintre,  en  avait  un 
fort  grand » 

Page  26.  ...  les  airs  importants  et  emphatiques  du  pro- 
fesseur. —  Variante  :  «  Maître.  » 

Page  27.  ...  allez  vous  installer  à  la  Bosse.  —  Au  verso 
du  fol.  460  est  un  plan  de  l'Ecole  centrale. 

Page  28.  ...  je  lui  donnai  un  soufflet  de  toutes  mes  forces 
en  0.  —  Suit  un  croquis  des  places  respectives  des 
élèves  autour  des  modèles. 

Page  30.  ...  un  petit  morceau  de  rocher  en  forme  de 
trapèze...  —  Suit  une  silhouette  du  rocher.  —  A  ce 
sujet,  voir  plus  haut,  t.  I,  chapitre  xvi,  p.  187-188. 

Page  31.  Odru.  fort  en  colère,  jnaurait  rossé.  —  Plan 
du  lieu  du  duel  et  de  la  position  des  adversaires. 

Page  31.  ...  mon  témoin  Didaij...  —  Ms.  :  «  Daudrij.  » 

Page  31.  ...le  petit  rocher  au-dessus  de  Sei/ssins.  —  De 
nouveau  une  silhouette  de  ce  rocher. 

Page  32.  ...  f étudiais  les  contours  du  petit  rocher.  — 
Pour  la  troisième  fois,  Stendhal  figure  la  silhouette 
de  ce  rocher. 

Page  33.  ...en  1796.  donc  treize  ans...  —  Ms.  :  «  10  +  3.  » 

Page  33.  ...le  pont  de  fil  de  fer.  —  Le  pont  suspendu, 
aujourd  hui  situé  à  l'extrémité  du  cours  Berriat. 

Page  33.  Ce  fat  de  Bernard...  —  A  ce  duel  iiguraient  : 
MM.  Didier,  Madier  de  Montjeau,  de  Vourey  et  de 
Mareste.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  33.  ...  au  moulin  de  Canel...  —  Voisin  du  cours 
de   Saint-André. 

Page  34.  ...  Maurice  Diday.  —  Ms.  :  «  Baudry.  »  — 
Stendhal  avait  d'abord  écrit  :  Diday,  puis  a  remplacé 
ce  nom  par  celui  de  Baudry. 

Page  35.  ...  et  se  retira  à  la  campagne,  à  Domène.  — 
Erreur.  Il  fut  directeur  des  contributions  indirectes 
et  n'a  quitté  celte  administration  que  pour  prendre 
sa  retraite,  de  1830  à  1833,  je  crois.  (Note  au  crayon 
de  R.  Colomb.)  — ■  Pierre-Maurice  Diday  épousa,  le 
20    octobre    1808,    Marie-Caroline-Ernestine    Létour- 


280  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

ncau.  —  Suit  un  croquis  de  la  vallée  du  Graisivaudan, 
«  vallée  admirable  »  ;  Stendhal  y  a  figuré  Grenoble, 
Saint-Ismier,  Doinène  et  l'ort-Harraux,  et,  à  Saint- 
Ismier,  les  maisons  de  MM.  Bi<^ilIion  et  Faure. 

Page  35.  ...  je  trouverais  le  souvenir...  —  Variante  : 
«  Je  me  souviendrais.  » 

Page  35.  ...  lui-même  prètemJait  à  la  noblesse...  — 
Dupuy  ]ii)rtait  le  nom  de  Duj)uy  de  I3oidcs. 

Page  3U.  ...  niui  étant  au  tableau,  //...  -  Suit  un  croquis 
du  jeune  Beyie  au   tableau.   (Voir  notre  planche.) 

Page  37.  Je  suis  à  la  ilesiente.  —  Au-dessous,  Stendhal 
a  figuré  la  courbe  de  son  existence.  La  période  culmi- 
nante va  de  1810,  «  ma  nomination  (rauditcui-, 
3  août  1810  »,  à  1821,  «  mon  retour  de  Milan,  en 
juin  1821  )). 

Page  37.  Ma  tante  Hei/...  —  Sophic-Kléonore  Beyle, 
née  le  6  janvier  1752.  uvait  épousé  M.  Rey,  notaire  à 
Grenoble. 

Page  37.  ...  (fue  je  tue  liasse...  —  \'ananîe  :  <  Que  je 
fisse  amitié.  » 

i^age  38.  —  A  la  lin  du  chapitre,  au  verso  du  lui.  500, 
Stendhal  nulf  :  l^n  sept  quarts  dheure,  de  483  à 
50f),  dix-sept  pages.  » 


(.UAI'IlItl.    XWlll 

Page  39.  Le  chajtitre  \.\.\  Il  l  est  le  chapitre  xxviii  du 
manuscrit  (fol.  501  à  52(J>.  —  Ecrit  à  Rome,  les  20, 
22  et  24  janvier.  —  <  h\  lit  en  tète  du  fol.  501  :  k  20  jan- 
vier 1830.  Le  3  décendjie,  j'en  étais  à  03.  » 

Page  10.  ...  cette  jolie  mélodie  !  —  ^  ariante  :  '<  Belle,  n 

l'âge  40.  ...  tuer  un  tourdre...  —  .\ncien  nom  de  la 
grive. 

Page  4<l.  ...  la  montagne  de  Taillefer.  —  Le  Taillcfer 
(2.801   ni.  diilliliidej  ferme  I  liuiizcin  mms  le  sud-est, 


NOTES    ET    ÉCL.\ÎRC:SSEMENTS  281 

à  23  kilomètres  environ  à  vol  d'oiseau  de  Furonières, 
près  Claix. 

Pao-e  40.  Ce  fut  un  des  plus  i^ifs  bonheurs  de  ma  i^ie.  — 
Suit  un  croquis  de  la  scène  :  en  haut  d'un'e  pente 
assez  forte,  mais  courte,  le  jeune  Beyle  en  H  ;  au 
milieu  de  cette  pente,  en  «  T',  vigne  d'où  se  leva  le 
tourdre  en  entendant  le  bruit  de  mon  approche  », 
et  en  T,  le  cerisier  ;  au  bas,  la  grande  pièce  s'étend 
horizontalement. 

Page  41.  ...  l"  espagnolisme  communiqué  par...  — 
Variante  •  «  U espagnolisme  de.  » 

Page  41.  ...  Joseph  Brun,  le  tailleur  de  nos  hautaies.  — - 
En  face,  au  verso  du  fol.  503,  est  une  carte-es({uisse 
du  rocher  de  Comboire  et  de  la  vallée  du  Drac  depuis 
le  pont  de  Claix  jusqu'au  pont  suspendu  de  Grenoble. 
Au  bord  du  rocher  de  Comboire  («  précipices  de  deux 
ou  trois  cents  pieds  de  haut  )>),  en  «  H,  moi;  j'avais 
une  vue  superbe  sur  les  coteaux  d'Echirolles  et  de 
Jarrie,  et  mon  regard  enfdait  la  vallée  ».  A  propos  du 
pont  suspendu,  Stendhal  écrit  :  «  Pont  de  fd  de  fer, 
dit  de  Seyssins,  qui  succéda  au  bac  vers  1827,  con- 
struit par  mon  ami  Louis  Crozet  ;  le  plat  colonel 
Monval,  méprisé  de  tout  le  monde  (et  loué  à  sa  mort 
dans  la  Quotidienne),  était  actionnaire  de  ce  pont, 
et  ne  voulait  pas  que  Crozet,  ingénieur  en  chef,  fit 
l'épreuve  complète.  Par  ime  lithographie  les  Périer 
(Casimir,  Augustin,  etc.)  veulent  ôter  cette  gloire  à 
Crozet  et  la  donner  à  un  de  leurs  neveux.  En  tout  les 
Périer  trompeurs,  finasseurs,  de  mauvaise  foi,  plats, 
bas.  » 

Page  41.  ...  dé  laquelle  il  eût  fallu...  —  Variante  :  «  Il 
fallait.  » 

Page  41.  ...  fe  pensais  fort,  ce  four-là,  au  péril  du  retour... 
—  Suit  un  prohl  des  précipices  du  rocher  de  Comboire, 
avec  ressauts  coupant  la  pente  en  A  et  en  B. 

Page  42.  ...  fe  le  pris  pour  un  chien.  —  Suit  un  croquis 
de  la  scène.  En  outre,  au  verso  du  fol.  508,  Stendhal 


282  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

a  figuré,  en  coupe,  le  profil  de  la  ])ente  du  rocher  de 
Comboire  avec  quatre  sentiers  liorizontaux  A,  B, 
C,  D.  Ces  sentiers  naturels  sont  fréquents  dans  les 
Alpes  calcaires  du  Dauphiné,  où  ils  portent  le  nom 
de  «  sangles  ». 

Page  43.  ...  au  Peuil  de  Claix...  —  Le  Peiiil  de  Claix 
est  un  plateau  étroit  et  long,  assez  marécageux,  situé 
à  Test  et  au  nord-est  de  Claix,  au  pied  des  escarpe- 
ments calcaires  des  montagnes  du  Vercors  sur  la 
vallée  du  Drac,  à  1.000  mètres  environ  d'altitude. 
Depuis  longtemps  les  chamois  ont  déserté  ce  lieu, 
aujourd'hui  assez  fréquenté.  —  Au  verso  du  fol.  508, 
Stendhal  a  figuré  deux  profils  des  pentes,  depuis 
Claix  jusqu'à  la  crête  des  montagnes.  Il  a  noté  au 
bas  de  l'un  :  «  Toutes  ces  pentes  sont  exagérées  ;  » 
mais  il  dit  de  l'autre  :  «  Ceci  est  plus  correct.  » 

Page  44.  ...  Les  Haïmes.  —  Les  lialmes,  commune  de 
Fontaine,  entre  Seyssins  et  Sasscnage. 

Page  45.  ...  i'is-à-i>is  les  fenêtres  de  feu  M.  Le  Roy.  — 
Suit  un  plan  de  la  place  Grenette.  En  «  F  était  cet 
arbre,  qui  peut-être  n'avait  qu'un  bouquet  de  feuilles 
au  haut  de  la  tige  »  ;  en  «  P  était  la  pnnqie  »  ;  en  «  C, 
la  porte  de  la  maison  de  mon  grand-père  si  souvent 
mentionnée,  et  dont  le  premier  étage  était  occupé 
par  les  demoiselles  Caudey,  dévoles  ».  (Noir  notre 
plan  de  Grenoble  en  1793.) 

Page  4tj.  L' inscription  avait  plusieurs  lignes...  —  \  oici 
1  inscrij)tion,  faite  non  par  M.  Jay,  mais  pai'  un 
peintre  vitrier  :  Mort  à  la  lioijauté.  Constitultnn  de 
l'an  III.  Il  n  \  avait  pas  autre  chose.  (Note  au  cniynu 
de  H.  Colomb,  i 

Page  4(j.  Moi  seul  j'eus  l  idée  de  la  chose...  —  C'est  chez 
H[omain^  C^olondj]  que  le  c«)nq)lot  fut  jutélé  ;  l'idée 
première  appartient-elle  à  H.  C.  ou  ;i  11.  li.  ?  C'est 
ce  que  je  ne  saurais  dire.  .Mais  lim  des  d(Mix  eût  fait 
la  chose,  quand  même  ils  n'auraient  eu  aunin  com- 
plice ;  il  pouvait  y  en  avoir  une  douzaine  en  tout  : 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  283 

Casimir  Prié,  les  trois  Faure,  Robin.  (Xolc  au  crayon 
de  R.  Colomb.) 

Page  46.  ...  ce  fut  Treillard  ou  Mante.  —  Ce  dernier. 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  47.  ...  il  me  semble  quil  y  avait  une  barrière  autour 
de  Varbre.  —  Oui.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
Suit  un  plan  de  la  scène  La  ligne  PP'  est  l'espace 
compris  entre  l'arbre  de  la  Liberté  et  celui  de  la 
Fraternité. 

Page  47.  ...  et  donnâmes  le  mot  à  Mante  ou  à  Treillard. 
■ —    Le    pistolet,    appartenant    à    H.    B.,    fut    chargé 
juscpi'au  bout  chez  R.   C,  sur  son  lit,  et  en  partie 
avec  ses  munitions.  La  charge  se  composait  de  deux 
coups  ordinaires  de  poudre,  de  chevrotines  et  de  gros 
plombs  de  lièvre,  en  fer  coulé.  H.  B.  et  R.  C.  étaient 
avec  Mante,  qui  lâcha  le  coup  et  vint  immédiatement 
se  réunir  aux  deux  premiers,  dans  l'allée  de  la  maison 
Gagnon,    sur   la    place    Grenette.    L'un    de    ces    trois 
grands  coupables,  H.  B.,  se  réfugia  chez  mesdemoi- 
selles   Caudey,    marchande    de    modes,    au    premier 
étage,  tandis  que  R.  C.  et  Mante  grimpaient  dans  les 
greniers   pour   se    soustraire   aux   recherches    que   la 
police  ne  manquerait  pas  de  faire.  En  montant  l'esca- 
lier, Mante  remit  le  pistolet  à  R.  C,  qui  voyait  tous 
les  jours  H.  B.  Arrivés  dans  une  espèce  de  bûcher, 
R.  C,  enrhumé  de  la  poitrine,  se  remplit  la  bouche 
de   suc   de   réglisse,   afin   que   sa    toux  n'attirât   pas 
l'attention  des  explorateurs  de  la  maison.  Au  milieu 
de   cette   situation  assez  critique,   R.    C.   se  rappela 
qu'il  existait  dans  ces  greniers  un  corridor,  au  moyen 
duquel   on   communiquait   à   un   escalier   de   service 
donnant  dans  la  Grande-rue.  Ce  souvenir  sauva  les 
deux  amis  qui,  arrivés   dans  l'allée  et  voyant  à   la 
porte  deux  personnes  qu'ils  prirent  pour  des  agents 
de    police,    se    mirent    à    causer    tranquillement,    et 
comme   des   enfants,   des   jeux   qui   venaient   de   les 
occuper  ;    de    là,    ils    regagnèrent    paisiblement    leur 


284  >OTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

logis,  R.  C.  porteur  du  juslolet.  (26  octobre  1838.) 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Pajre  48.  ...  beaucoup  rapprochaient  les  chandelles  et 
illuminaient.  —  Erreur.  Tout  ceci  eut  lieu  quatre 
minutes  après  le  coup  :  alors  nous  étions  tous  trois 
dans  la  maison,  comme  il  est  dit  ci-devant.  pa<ie  518. 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb. 

Pa^e  48.  ...  nous  suivîmes  donc  la  li"ne  1 1 1 .  -  In 
plan  de  cette  scène  est  fij^uré  au  verso  du  fol,  518, 
et  \m  autre  au  verso  du  fol.  514.  La  lirrne  FFF  va  du 
point  M  (arbre  de  la  l-Vateniitét  au  point  M',  porte 
de  la  maison  Gapnon  sur  la  Grande-rue.  «  sortie  lu 
nuit  du  coup  de  pistolet  »,  en  passant  par  l'entrée 
de  la  maison  sur  la  place  Grenelte. 

Page  48.  Moi  et  un  autre.  Colomb  peut-être...  —  Mante, 
Beyle  et  Colomb.  (Note  au  crayon  de  lî.  Colomb.) 

Page  48.  ...  occupées  à  lire  la  liible.  -  -  11  n'y  a  que 
H.  B.  qui  entra  chez  les  demoiselles  Caudey  :  R.  C. 
et  Mante  filèrent  par  le  passage  dans  les  greniers  et 
atteignirent  ainsi  la  Grande-rue  (voir  page  518;. 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  50.  ...et  continuâmes  à  monter  vers  le  passage.  — 
l^rreur.  (Note  au  crayon  de  R.  Cfdomb. 

Pa^e  50.  Mante  et  Treillard...  —  Treillaid  ni'lail  pas 
avec  nous  trois  ;  voir  page  518.  (Note  au  crayon  de 
R.  Colomb.) 

Page  50.  ...  qui  étaient  entrés  dans  la  porte  C...  — -G  est 
la  porte  de  la  maison  Gagnon  sur  la  place  Grenette 
et  G'  la  porte  de  la  même  maison  sur  la  Grande-rue. 

Page  .50.  ...  ce  m-  jiil  pas  Colomb  et  moi  ipn  sortîmes...  — 
C'était  C.  et  .Mante,  qui  se  quittèrent  à  quelques  pas 
de  la  porte  d'allée.  (\.  rentra  cliez  lui.  pr'u  rassuré 
sur  les  suites  de  l'a  (fa  ire  et  assez  embarrassé  de  .sa 
contenance.  Au  souper,  son  père,  qui  se  trouvait 
dans  ime  maison  il<-  l.i  pliicf  Grenelte,  au  niouM'iit  rn'i 
le  coup  fut  liri'.  et  se  doutant  (|u  d  l'iail  (Miiir  <|ii(|i|nt' 
chose  dans  cette  alTaire,  bu  a(lt('>>;i   une  \titr  i(|tii- 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


28: 


mande.  M.  C.  et  toute  sa  famille  ayant  été  longtemps 
emprisonnés,  la  coopération  de  son  fils  pouvait  lui 
être  fatale.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  51.  ...  qui  arrwait  de  son  village  (TulVms,  /e 
pense)...  —  Bompertuis,  à  une  lieue  de  \  oiron. 
(Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  51.  ...  pour  se  donner  le  droit  de  bourgeoisie  parmi 
nous.  —  Ce  fut  Mante.  (Note  au  crayon  de  R.  Co- 
lomb.) 

Page  51.  ...  une  grille  de  fer  de  cinq  ou  six  pieds  de  haut. 
— •  Non.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  52.  Jomard...  —  En  surcharge,  de  la  main  de 
R.  Colomb  :  «  Zomard.  » 


Chapitre  XXXIV 


Page  53.  Le  chapitre  XXXIV  est  le  chapitre  xxix  du 

manuscrit  (fol.  528  à  550;    il  n'y  a  pas  de  fol.   527). 

—  Ecrit  à  Rome,  du  24  au  26  janvier  1836. 
Page  53.  ...  les  Caractères  de  ...  — -Un  mot  illisible. 
Page  53.   ...  à  cinquante-trois  quà  treize  ans.  —  Ms.  : 

«  25  X  T'^  +  3.  » 
Pase  54.  ...  un  volume  d'Euler  ou  de  ...  —  Le  nom  a 

été  laissé  en  blanc. 
Page  55.  ...  au  Chayla  (vallée  près  ...)...  —  Le  nom  a 

été  laissé  en  blanc. 
Page  55.  ...  répondre  à  mes  difficultés...  —  Variante  : 

«  Questions.  » 
Page  56.  Cest  sur  la  table  T...  —  Suit  un  plan  d'une 

partie  de  l'appartement  Beyle,  rue  des  Vieux  -Jésuites. 

Dans  le  salon,  en  face  de  la  fenêtre,  en  T,  est  la  table 

où    travaillait   le   jeune    Henri  ;   dans   la   «   chambre 

toujours  fermée  de  ma  mère  »  était  un  «  tableau  en 

toile  cirée  r. 


28G 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


Page  5G.  ...  que  fai'ais  écrit...  —  Variante  :  «  Composé.  » 

Page  56.  ...  pour  ceux  qui  me  les  présentaient.  —  Un  lit 
en  face  du  fui.  535  (fol.  534  verso)  :  «  Testament.  — 
Je  donne  et  lègue  ce  volume  et  tous  les  volumes  de 
la  Vie  (le  Henri  Brulard  à  M.  Abraham  Constantin, 
chevalier  de  la  Légion  dhonneur,  et  après  lui,  s'il 
ne  les  imprime  pas,  à  .MM.  Levavasseur,  libraire, 
place  \  endùme,  i'hilarète  Chasles,  homme  de  lettres, 
Amyot,  Pourret,  libraires.  Rome,  le  20  janvier  183G. 
II.  Beyle.  » 

Page  57.  ...  tous  les  jugements  dont  fui  rempli...  — 
Variante  :  «  Que  fai  écrits  dans...  » 

Page  58.  ...  r expérience  d'un  homme  de  quarante  ans.  — 
Les  trois  quarts  du  feuillet  sont  blancs. 

Page  58.  Je  leur  voyais  dire  somment  au  tableau...  — 
Suit  un  croquis  représentant  un  élève  au  tableau, 
et  au  pied  de  l'estrade  «  M.  I)iiiiii\  dans  son  grand 
fauteuil  ». 

Page  GO.  ...  f aurais  eu  une  bien  meilleure  tête.  —  En 
face,  au  verso  du  fol.  542,  est  un  plan  de  l'apparte- 
ment Beyle,  rue  des  Vieux-Jésuites  ;  dans  le  salon, 
près  de  la  fenêtre,  la  table  du  jeune  Henri  «  piocliant 
labbé  Marie  »,  accompagnée  de  cette  inscription  : 
«  Bonheur  solitaire.  Là  j'é-lais  ù  l'abri  des  vexution> 
de  Séraphie.  Misanthropie  anticipée,  à  quatorze  ans.  » 

Page  GO.  ...  ntun  père  et  mon  grand-père  eussent  été  tout- 
ù-fait  du  parti  philosophique.  —  Cette  conséquence 
peut  être  fausse.  Au  moment  où  rEncyclupédie 
parut,  tout  le  monde  en  rallula.  I/abbé  Hochas,  mon 
petit-oncle,  dont  le  revenu  ne  dépassait  probablement 
pas  douze  fni  quinze  cents  francs,  eut  snn  l-lncyclo- 
pé<lie.  dont  les  images  ont  commencé  ù  me  flonner 
le  goût  des  gravures,  tableaux,  etc.  l')l  il  était  fort 
bon  prêtre,  sincèrement  attaché  à  llorne  !  (Note  au 
crayon  de  H.  Colomb.) 

I^age  GL  ...  je  suis  encore  fort  susceptililf  de  ce  genre  de 
plaisir.  —  (  Mii  diable  pourrait  s  intéresser  aux  simples 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  287 

mouvements    d'un    cœur,    décrits    sans    rhétorique  ? 

Omar,  avril  1836.  (Note  de  Stendhal.) 
Page  62.  Je  crus  lire  un  catéchisme...  —  Ms.  :  «  Chismek.  » 
Page  62.  ...  adroit  et  bon  jésuite...  —  j\Is.  :  «  Te  je.  » 


Chapitre  XXXV 

Page  63.  Le  chapitre  XXXV  est  le  chapitre  xxx  du 
manuscrit  (fol.  550  à  579).  —  Ecrit  à  Rome,  les  26, 
27,  29  et  30  janvier  1836. 

Page  63.  ...  mon  père  me  laisserait  lien  plus.  —  Variante  : 
«  Davantage.  « 

Page  64.  Mais  ce  n'était  pas  Vargent  qui  dei'ait  coûter 
à  cette  âme...  —  Variantes  :  «  Ce  n'était  pas  là  ce  qui 
devait  lui  sembler  pénible,  )>  et  :  «  Ce  n  était  pas  Vargent 
qui  coûtait  à  cette  âme.  » 

Page  65.  ...  dans  la  cuisine,  vis-à-vis  de  V armoire  de 
Marion...  —  Suit  un  plan  de  la  cuisine. 

Page  65.  (Non  sia  che  un  punto  (Alfieri).  —  La  moitié 
de  la  page  a  été  laissée  en  blanc. 

Page  QQ.  ...  que  je  crois  pouvoir  lui  ôter  le  Monsieur.  — 
On  lit,  en  face,  au  verso  du  fol.  555  :  «  A  placer  : 
courses  à  la  Grande-Chartreuse  et  Sarcenas.  » 

Page  66.  ...  il  était  vêtu  d'une  redingote...  —  Gros  était 
plus  que  néghgé  dans  sa  toilette  ;  je  l'ai  vu  lors  de 
mon  examen  au  cours  d'histoire  ancienne,  dans 
l'été  (1797  ou  1798),  avec  un  pantalon  large  en 
nankin  et  sans  bas.  Autant  que  je  puis  m'en  souvenir, 
il  faisait  payer  chaque  leçon  trois  francs,  somme 
énorme,  si  on  considère  la  valeur  de  l'argent,  à  Gre- 
noble, à  cette  époque  !  (Note  au  crayon  de  R.  Co- 
lomb.) 

Page  66.  «  Citoyens,  par  où  commençons-nous  ?  —  Suit 
un  plan  de  la  salle  d'études,  dans  l'apparleinent  de 
Gros,    rue    Saint-Laurent.    En    «    C,    petit    mauvais 


288 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


tableau,  en  toile  cirée  >\  A  coté  du  plan,  en  «  C, 
coupe  de  ce  mauvais  tableau  ;  H.  rebord  où  il  y  avait 
de  la  mauvaise  craie  blanche  ((ui  s'écrasait  sous  le 
doigt  en  écrivant  sur  le  tableau.  Je  nai  jamais  rien 
vu  de  si  pitoyable.  » 

Paco  67.  ...  Cardan...  —  .lérôme  Cardan,  malhéma- 
ticien  italien  (1501-1570).  découvrit  la  formule,  ou 
du  moins  la  démonstration,  de  l'équation  du  troisième 
degré,  qui  a  pris  le  nom  de  formule  de    Cardan. 

Page  67.  ...  enfin  la  méthode  présente.  —  La  moitié  du 
fol.  559  est  en  blanc. 

Page  67,  ...  avec  trop  d'enthousiasme.  —  On  lit  en  tcle 
du  fol.  501  :  «  29  janvier  1830.  Pluie  et  temps  froid, 
jiromenade  à  San  Pietro  in  Monforio.  où  j'eus  l'idée 
de  ceci  vers  1832.  » 

Page  68.  ...  qu'il  faudrait  perdre  pour  les  faire  couper.  — 
La  moitié  de  ce  fol.  a  été  laissée  en  blanc.  Les  fol.  503 
et  564  sont  blancs. 

Page  71.  ...  l'exaltation  espagnole  à  laquelle...  —  Ms.  : 
«  Auquel.  » 

Page  71.  ...  feus  le  malheur  d'être  sujet  toute  ma  vie.  — 
En  face,  au  verso  du  fol.  571,  est  un  plan  du  bois  du 
.lardin-de-Ville.  Le  bois  était  entouré  d'une  grille, 
et  au  milieu  se  trouvait  la  statue  d'Hercule.  —  Celte 
statue  est  placée  aujourd'hui  plus  au  nord,  dans  la 
partie   du   jardin   dite    Jardin    Irançais. 

Page  72.  Ma  santé  avait  un  besoin  impérieux  de  repos. 
— •  En  face,  au  verso  du  fol.  57'J,  on  lit  :  «  Home, 
28  janvier  1830.  Testament  :  ,Je  lègue  et  donne  ce 
volume  et  les  deu.T  précédents  de  la  l  ie  de  Henri  Hrulard 
à  yi.  Abraham  Constantin,  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur,  peintre  sur  porcelaine,  domicilié  à  Genève, 
et  après  lui,  s'il  n'imprime  jias,  à  MM.  Homain 
Colomb,  rue  Godot-de-Maiiroy,  n"  35,  à  l'aris,  Leva- 
vassfiir,  libraire,  Paulin,  libraire,  l'un  après  l'aulre, 
l'hiiarèle  (Jiasles,  honune  de  lettres.  Le  manuscrit 
ai>particndra  à  celui  de  ces  Messieurs  qui  trouvera 


NOTES     ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  289 

de  son  inléièL  de  rimpriaier.  en  abrégé  ou  en  loLahlé, 
Rome,  le  28  janvier  183G.  H.  Beyle.  » 
Page  72.  ...  la  pente  à  45  degrés  de  Comboire...  —  Suit  un 
croquis  du  rocher  de  Comboire. 

(.HAP1TIÎE    XXXVI 

Page  77.  Le  chapitre  XXXVI  est  le  chapitre  xxxr  eu 
manuscrit  (fol.  580  à  59G).  Ecrit  du  30  janvier  an 
2  février  1836.  —  Ce  chapitre  commence  le  livre  II 
de  la  Vie  de  Henri  Brulard.  L'ouvrage  n'ayant  pas 
été  terminé,  je  n'ai  pas  cru  devoir  conserver  la  divi- 
sion  primitivement   adoptée   par   Stendhal. 

Page  78.  ...le  fameux  Basville...  —  Nicolas  de  Lamoi- 
gnon,  2^  fds  du  président  Guillaume  de  Lamoignon, 
prit  à  la  mort  de  son  père  (1077)  le  titre  de  marquis 
de  Basville,  sous  lequel  il  est  connu.  Il  fut  intendant 
«lu  Languedoc  depuis  le  13  août  1685  jusqu'au  mois 
de  mai  1718. 

Page  78.  ...  3/.  de  Saint-Priest...  — ■  Marie- Joseph- 
Emmanuel  de  Guignard  de  Saint-Priest,  né  à  Gre- 
noble en  1732,  obtint  la  survivance  de  l'intendance 
du  Languedoc  en  1764.  Il  fut  remplacé,  en  1786, 
par  Ballainvilliers. 

Page  79.  ...  J/'"^  Rehujjel...  —  Stendhal  a  écrit  en 
surcharge  :  «   Derud'el.  )> 

Page  80.  ...  M»i''i  la  marquise  de  Graves.  —  Le  nom  est 
en  blanc. 

Page  81.  ...  avec  la  taille  d'un  tonneau...  —  Variante  : 
«  Grosse  commis  un  tonneau.  » 

Chapitre   XXXVII 

Page  85.  Le  chapitre  XXXVII  est  le  chapitre  xxxii  du 
manuscrit  (fol.  597  à  618).  Ecrit  à  Rome,  les  2  et 

BnULARD    II  19 


290  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

3  février  1836.  Stendhal  note,  le  2  féviicr.  une  «  pluie 
infâme  )\ 

Paore  85.  ...  une  des  dmes  les  moins  raisonnables  et  les 
plus  passionnées...  —  \  aiiante  :  «  Susceptibles 
d'émotion.  » 

Page  8(-».  ...  la  rue  ilu  Département...  —  Place  Saint- 
André.  (^Note  au  crayon  de  U.  Colomb.)  —  Voir 
notre  plan  de  Grenoble  en  1793. 

Page  87.  ...  qui  i'eut  faire  illusion  sur  la  pensée...  — 
Variante  :  «  Qui  t'eut  remplacer  la...  » 

Page  87.  ...  j'exprimais  peu  mes  idées.  —  Variante  : 
«  Je  me  communiquais  peu.  » 

Page  87.  ...  (comme  dit  le  journal  avec  imiiortanccL  — 
Chatterton  de  M.  de  ^  igny,  p.  U  (Note   de  Stendhal.) 

Page  89.  ...  ses  sympathies  sont  trop  i>raies...  —  Variante  : 
«  Villes.  » 

Page  90.  ...  r irruption  dun  lac  nrageu.r  qui  rent'crse... 
—  Variante  :  «  /)"((/;  torrent  qui  emporte...  » 

Page  90.  ...  sa  digue.  —  Vrai.  Le  pouvoir  déclare  f|u'il 
est  étranger  à  l'intelligence,  dont  il  a  ombrage.  (Note 
de  Stendhal.) 

Page  91.  ...  à  deu.r  cents  pas  de  la  porte  de  notre  chétive 
maison.  —  Kn  face  du  texte  est  un  plan  du  quartier 
habité  par  Stendhal,  entre  la  me  Saint-Dominirpic. 
l'esplanade  des  Invalides  et  la  Seine.  La  maison  quil 
haljitait  était  située  sur  l'esplanade,  entre  les  mes 
Saint-Domini(pie  et  d»-  Il  niversité.  Stendhal  re- 
marque dans  iiiH-  iHitc  :  «  Peut-être  notre  maison 
garnie  était-elle  entre  la  me  Siiinl-Dnuiinique  et  la 
rue  de  (îrenellr.    ■ 

Page  91.  M.  Sorel...  Lu  même  <jiie  Stendhal  a  u|)pclé 
Hosset  et  qui  l'a  accompagné  dans  son  voyage  de 
Grenrdile  à  Paris. 

Page  93.  ...  nie  déplaisait  souverainement.  -  lii  tiers 
du  feiiillfl  ••L'!  fn\ituii  a  été  laissé  «mi  bl;inc  par 
Stendiial. 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


291 


Pace  93.  Ma  chambre  était  une  mansarde...  ■ —  En  face 
de  son  texte,  Stendhal  a  encore  dessinf'  un  ]>lan  du 
quartier  où  se  trouvait  la  maison  garnie  habitée  par 
lui,  sur  l'esplanade  des  Invalides,  entre  la  fue  de 
Grenelle  et  la  rue  Saint-Dominique.  Stendhal  note 
à  ce  sujet  :  «  Mon  premier  logement.  Les  habitants 
étaient  des  élèves  de  l'Ecole  polytechnique.  »  — 
Dans  le  texte  même,  Stendhal  a  figuré  un  plan  de 
sa  chambre  chez  les  Daru.  En  «  A,  lit  où  je  faillis 
mourir  )>  ;  en  «  F,  fenêtre  en  mansarde  sur  la  rue  du 
Bac  )).  — -  Ce  plan  est  à  nouveau  reproduit  un  peu 
plus  loin.  Il  est  accompagné  d'un  détail  de  l'entrée 
du  logement  sur  le  «  passage  Sainte-Marie,  tel  qu'il 
était  en  1799  •>\ 

Page  94.  ...  il  doit  être  de  deux  ans  plus  âgé  que  moi  et 
être  né  i'ers  1781.  —  Félix  Faure  était  né  à  Grenoble 
le  18  août  1780. 

Page  94.  ...  la  maison  de  M.  Daru,  rue  de  Lille..., 
n°  505.  —  Ce  11°  505  ne  me  paraît  pas  possible  dans 
une  rue  composée,  en  grande  jiartie,  dhotels.  (Note 
au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  94.  ...  le  ...  entre  les  deux  fenêtres...  —  Le  mot  est 
en  blanc  dans  le  manuscrit. 

Page  95.  ...  il  ny  a  que  des  à  peu  près.  —  Travail  :  le 
2  février  1836,  pluie  infâme  ;  de  midi  à  3  heures, 
écrit  26  pages  et  parcouru  50  pages  de  Chatterton. 
Diri  et  Sandre,  pas  pu  finir  Chatterton. 

Dieu  !   Que   Diri  est  bête  !   Quel  animal  !  prenant 
tout  en  mal. 

3  février  1836.  Ce  soir,  le  Barbier  à  Valle,  avec  une 
comédie  de  Scribe  par  Bettini.  (Notes  de  Stendhal.) 

Chapitre  XXXYIII 

Page  97.  Le  chapitre  XXXVI II  est  le  chapitre  xxxiii 
du  manuscrit  (fol.  619  à  635).  Ecrit  à  Rome,  du  3 


292  NOTES    ET    ÉCLAir.CISSEMENTS 

au  5  février  183G.  Stendhal  note  le  3  février  :  «  Pluie 
infâme  et  sirocco  donnant  mal  à  la  tète  »  ;  le  4  février. 
«  pluie  continue  :  le  Tibre  monte  au  tiers  de  lin- 
scription  sous  le  pont  Saint-Ange  »;  le  5  février.»  vu 
le  Tibre  ». 

Page  97.  Mais  une  fois  Fort  de  la  comédie  sur  ma  table... 
■ — •  Suit  un  plan  de  la  chamlire  de  Stendhal.  Sa  table 
est  près  de  lune  des  deux  fenêtres. 

Page  100.  ...  au  teint  près...  —  Ms.  :  «  Presque.  » 

Paiie  100.  ...  Mozart.  — Don  Juan. 

Page  101.  //  n'en  faut  boire  qu'un  \erre.  l  ne  partie 
du  fol.  626  a  été  laissée  en  blanc. 

Page  1<I2.  ...  obseri'é  par  moi  et  par  Constantin...  — ■ 
Abraham  Constantin,  peintre  sur  porcelaine,  ami  de 
Steiulhal.  aiupiel  est  légué,  dans  les  divers  testaments 
de  l'auteur,  le  manuscrit  de  la  \  ie  de  Henri  lirulard. 

Paire  102.  ...  nous  avons  vi/  toute  une  société  romaine  ... 

—  Trois   noms  abrégés  et  illisibles. 

Page  104.  ...  entendu  soi.ranli'  <>u  cent  fm.s  à  l  Odéiai  pur 
M»'^  Barilli...  —  M'"c  Barillli  chanlail  à  TUdéou 
en  18l(>.  (Note  au  crayon  de  U.  Colomb. 

Page  104.  ...  ma  cousine  de  Lon guenille...  —  Ce  nom  a 
été  rayé  au  crayon. 

Page  105.  ...  comme  M.  de  lilancmesnil...  Le  Panseron... 

—  Les  mots  lilancmesnil  et  Panseron  ont  été  rayés 
au  cravon. 


(.11  \ iM  I  iti    X X  X 1 X 


Page  li>7.  \a'  chapitre  X.WIX  es!  If  chajiilrf  wxiv  du 
manuscrit  i^fjl.  •i3(i  à  (i.').'»).  -  -  l'.crit  b-s  .'>.  /  cl  "J!»  fé- 
vrier 1836,  à  Rome,  puis  à  Ci\  ilà-\  •■<  rlnji.  SIcihIImI 
indique  lui-même  au  fol.  648  bis  :  «  7  février  1S3<». 
recopié   1.-   -Jî»   fé\ri.-r    IS.'KI.    Ma, le  de   (/.S  à   Sll    du 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  293 

24  février  au  19  mars  1836.  »  Le  fol.  SU  esl  le  dernier 
du  manuscrit  de  la  Vie  de  Henri  Brulard. 

Page  107.  ...  il  était  situé  sur  la  porte  cochère.  —  Suit 
un  plan  de  la  maison  Daru,  à  l'angle  de  la  rue  de 
Lille  et  de  la  rue  de  Bellechasse.  Sur  la  rue  de  Lille, 
en  «  A,  porte  cochère  »  menant  à  une  tour  carrée.  A 
droite,  en  «  B,  perron,  ou  plutôt  pas  de  perron,  esca- 
lier tournant  montant  au  premier.  Tout  le  premier, 
A  C  D,  appartement  de  ^L  Daru,  le  même  espace, 
au  second,  appartement  de  MM.  Pierre  et  Martial 
Daru,  ses  fils.  »  Au  fond  de  la  cour,  en  «  E,  perron 
conduisant  à  l'escalier  par  lequel  je  montais  à  ma 
chambre  ».  —  Au  fol.  638,  plan  de  1'  «  appartement 
de  M.  Daru,  au  premier  »  ;  Stendhal  s'est  figuré, 
dans  le  salon,  au  milieu  de  la  fainille  Daru.  Un  plan 
analogue  se  trouve  encore  un  peu  plus  loin. 

Page  108.  ...  ancien  ministre  de  la  Guerre.  —  Stendhal 
explique  cette  longue  parenthèse  de  la  manière  sui- 
vante :  «  Pour  la  clarté.  )) 

Page  108.  A  table,  placé  au  point  H...  —  Suit  un  plan 
de  la  table,  avec  les  places  respectives  de  M.,  de 
]\lme  ]3aru  et  de  Stendhal. 

Page  108.  ...  je  ne  mangeais  pas  un  morceau  qui  me 
\_plût'\.  —  Mot  oublié  par  l'auteur  en  passant  du 
fol.  640  au  fol.  641. 

Page  110.  ...  f  allais  chez  elle  au  Chevallon...  —  Hameau 
de  Voreppe,  sur  la  route  de  Lyon  à  Grenoble,  non 
loin  du  Fontanil,  où  se  trouvait  la  maison  de  cam- 
pagne des  Gagnon. 

Page  110.  ...  qui  s'étaient  à  peu  près  ruinés.  —  Suit  un 
plan  de  la  route  du  Fontanil  au  Chevallon,  avec  la 
situation  respective  de  la  «  maison  de  M"^^  de  Mont- 
mort  ))  et  la  «  chaumière,  adorée  par  moi,  de  mon 
grand-père  ». 

Page  111.  ...  i\/'»e  Lebrun,  marquise  de  Graines.  —  Le 
nom  a  été  laissé  en  blanc  par  Stendhal.  Voir  ci-dessus, 
t.  II,  p.  108. 

Brllard    il  19. 


294  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Pacre  111.  3/'"f  la  comtesse  d'Ornisse...  —  La  lecture  de 
ce  nom  est  très  incertaine. 

Pacre  111.  ...  ou  commencement  de  1800.  —  Folie  de 
Dominique.  Dates  :  4  mars  1818.  Commencement 
d'une  grande  phrase  musicale.  Piazza  délie  Galine. 
Cela  n'a  réellement  fini  que  rue  du  Faubourg-Saint- 
Denis,  mai  1824.  Septembre  1826.  San  Remo.  (Note 
de  Stendhal.)  —  Dominique,  c'est  Stendhal  lui- 
même. 

Page  112.  ...  je  ne  connaissais  assez  ni  le  monde  ni  moi' 
même  pour  me  décider.  —  Sacrifice  fait  :  Comtesse 
Sandre  (8-17  février  1836).  Voilà  le  beau  de  ce  carac- 
tère, c'est  que  le  sacrifice  était  fait  au  bal  Alibert, 
du  mardi  16  février,  quand  D[on]  F[ilippo]  me  parla. 
La  brouille  avec  moi  durait  depuis  le  bal  Anglais, 
8  février  1836.  Je  ne  connais  ce  caractère  que  depuis 

que  je  l'étudié  la  plume  à  la  main  à  25  X  2  +  ]  9» 
Je  suis  tellement  diilérent  de  ce  que  j'étais  il  y  a 
vingt  ans  qu'il  me  semble  faire  des  découvertes  sur 
un  autre. 

Du  7  au  17,  rien  fait,  ce  me  semble.  Romanelli  et 
Carnaval  (Carnaval  et  d'abord  grande  lettre  de  qua- 
torze pages  serrées  sur  rofiice  Romanellii.  (Note  de 
Stendhal.) 
Page  112.  ...  ma  timidité  et  mon  imagination  folles.  — 
On  lit  en  haut  du  fol.  648  bis  :  «  7  février  1836,  recopié 
le  29  février  1836.  Made  de  648  à  811  du  24  février 
au  19  mars  1836.  »  —  Les  feuillets  648  et  648  bis  sont 
en  effet  la  copie,  légèrement  retouchée,  d'un  premier 
feuillet  648  que  Stendhal  n'a  pas  détruit  et  qui  se 
trouve  incorporé  au   manuscrit. 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  29c 


Chapitre  XL 


Page  117.  Le  chapitre  XL  est  le  chapitre  xxxv  du  manu- 
scrit (fol.  655  à  674).  Ecrit  à  Cività-Vecchia,  les  29  fé- 
vrier et  1^1'  mars  1836. 

Page  117.  Madame  Le  Brun,  aujourd'hui  marquise  de 
[Grai'es]...  —  Le  nom  a  été  laissé  en  blanc  par 
Stendhal. 

Page  119.  ...  mon  ami  Edmond  Cardon...  —  Sur  Edmond 
Cardon,  voir  A.  Chuquet,  Stendhal- Beyle,  p.  479-480. 

Page  123.  ...  f ignorais  parfaitement...  —  Variante  : 
«  Profondément.  » 

Page  123.  ...  qui  m'avait  semblé...  —  Ms.  :  «  M'était.  » 

Page  124.  ...la  Cléopédie...  —  Ms.  :  «  Ciropédie.  » 

Page  124.  Aurait-ce  été...  —  Variante  :  «  Etait-ce.  » 

Page  124.  ...  mieux  écrits  quils  sont.  —  Ms.  :  «  De  ce 
qu'ils  sont.  » 

Page  126.  ...  M.  le  baron  Auguste  Petiet...  —  Fils  de 
l'ancien  ministre  de  la  guerre,  qui  fut  adjoint  à 
Berthier  pour  adjuinistrer  la  Lombardie,  en  1800. 
Il  semble  que  l'observation  de  Stendhal  soit  inexacte  : 
Augustin,  dit  Auguste  Petiet  (né  en  1784)  était  en 
1836  général  de  brigade  et  ne  mourut  qu'en  1858.  — 
Cf.  A.  Chuquet,  Stendhal- Beyle,  p.  48-49. 

Page  128.  ...  la  rue  Hillerin-Bertin...  —  Cette  rue  a 
perdu  son  nom.  Elle  est  représentée  aujourd'hui  par 
la  portion  de  la  rue  de  Bellechasse  située  entre  les 
rues  de  Grenelle  et  de  Varenne. 

Page  129.  Mais  oii  était  ce  ministère  de  la  Guerre,  où 
nous  allions  ensemble  ?  — ■  Suit  un  plan  indiquant  la 
place  occupée  par  Stendhal  dans  un  bureau  du 
ministère  de  la  guerre,  en  H  ou  en  H',  près  d'une 
fenêtre  donnant  sur  les  tilleuls  du  jardin. 


296 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


.HAPITRE 


XLI 


Page  131.  Le  chapitre  XLI  est  le  chapitre  xxxvi  tlu 
manuscrit  (fol.  G75  à  G96).  Ecrit  à  Cività-\  ecchia 
les  l^'",  3  et  4  mars  1836.  Le  2  mars,  «  métier  :  quatre 
lettres  au  Ministère  )'. 

Page  13.!.  ...  protégé  par  les  prêtres...  —  Ms.  :  «  Trepr.  » 

Page  133.  ...  la  Cléopédie...  —  Ms.  :  «  Ciropédie.  » 

Page  134.  ...  je  ne  faisais  aucun  doute...  —  Variante  : 
(i  Je  ne  doutais  pas.  » 

Page  137.  ...  maréchal  de  Boujjlers  (mort  vers  1712^...  — 
Le  maréchal  de  Bouiïlers  est  mort  en  171L 

Page  137.  Que  [écrive  cela  à  cinquante-trois  ans...  — 
Ms.  :  «  5  X  10  +  ')  "977 

Page  137.  ...  quand  j'écrivais  :  cella.  —  Un  tiers  du  fol. 
bSS  a  été  laissé  en  blanc  par  Stendlial. 

Page  138.  ...  madame  Demhowski...  —  Métilde.  Voir 
contexte  et  aussi  le  chapitre  i*^"". 

Page  139.  For  who  to  dunih  forget  fulness  a  prêt/...  — 
\  ers  de  Gray  (Elégies,  i73<l,  stance  xxn),  dont  le 
sens  est  :  Qui  tombe  en  proie  à  l'oubli  silencieux... 

Page  139.  .1  mon  bureau,  où  j'écrivais  cela,  cella.  — 
Suit  un  plan  du  bureau  du  ministère  de  la  guerre  où 
travaillaient  M.  Mazover,  Bevie  et  les  doux  autres 
conmiis.  «  J'étais  au  bureau  H  ou  IL,  les  deux  com- 
mis communs  en  A  et  B.  » 

Page  140.  ...  (iijant  une  vérole  Itorrible...  —  Ms.  :  «  h'o- 
levé.  »  —  La  maladie  de  Stoiidlia!  dut  se  di'clarrr 
dans  le  courant  fie  1808.  Dans  les  papiers  conservés 
à  la  bibliothèque  nuinicipale  de  (îrenoble  se  trouve 
(Fi  .08ÎMJ,  vmI.  W,  fol.  J!)5j  une  ordonnance  du  doc- 
teur Hiclicrand,  datée  du  14  décend)rc  1808,  contr- 
nanl  de  minutieuses  prescri[)lions  contre  des  manifes- 
tations  syphilitiques   chez   son    difut.    L'ordonnance 


NOTES    ET    ECLAlnClSSEMENTS 


297 


se  termine  ainsi  :  «  Ce  traitement  suivi  avec  exactitude 
durant  six  semaines  détruira  les  excroissances  et 
fera  disparaître  la  fièvre  lente  qui  revient  chaque 
soir. 

Paris,  le    l'i  dccenibie  1808. 

R I  f  :  H  E  R  A  X  D , 

Professeui-  de  l' Ecole  spéciale  de  Médecine,  etc.  » 

Page  141.  Edmond  Cardon,  poussé  par  une  mère  habile... 
—  Sur  M"i<5  Cardon  et  son  fds  Edmond,  voir  A.  Chu- 
quet,  Stendhal- Beyle,  p.  40-42  et  479-480. 

Page  141.  ...  que  f avais  envoyé...  —  Variante  :  «  Expé- 
dié. » 

Page  142.  ...  Parlement  de  Pau.  —  Le  parlement  de 
Pau,  qui  comprenait  dans  sa  juridiction  la  Navarre 
et  le  Béarn,  fut  créé  en  1620. 

Paee  143.  ...  le  baron  Joincille,  intendant  militaire  de 
la  i^^  dii'isioji...  —  Sur  Joinville,  voir  A.  Chuquet, 
Stendhal-Beyle,  p.  48-50. 


Chapitre  XLII 


Page  145.  Le  chapitre  XLII  est  le  chapitre  xxxvii  du 
manuscrit  (fol.  697  à  716).  Ecrit  à  Cività-Vecchia, 
les  5,  G  et  7  mars  1836.  —  Stendhal  note,  en  tête  du 
fol.  708  :  «  6  mars  1836,  Cività-Vecchia.  Nouveau 
papier  acheté  à  Cività-Vecchia.  » 

Page  146.  ...  je  venais  d'en  avoir  dix-sept...  —  Ms.  : 
«  4-  +  1.  y. 

Page  147.  Quelle  différence  de  générosité  avec  Louis  Crozet, 
Bigillion  !  —  Suit  un  blanc  d'une  demi-ligne. 

Page  149.  ...  t?-ois  cent  cinquante  mille  francs  à  chacun 
de  ses  dix  ou  douze  enfants...  —  Cinq  cent  mille  francs 
à  chacun  des  dix  enfants.  (Note  au  crayon  de  R.  Co- 


29S  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

lomb.)  —  Voir  plus  haut,  t.   I,  ch.  vu,  p,  83-84,  et 

les  notes  correspondantes. 
Page  152,  Je  veux  coller  ici  un  exemple  du  style  de  1835. 

Cest  M.  Gozlan  qui  parle, dans  le  Temps...  —  Stendhal 

n'a  pas  mis  sa  menace  à  exécution  :  le  reste  du  feuillet 

est  resté  blanc. 
Page  153.  ...  M.  César  Pascal...  —  INIort  à  Bourgoin 

en  mai  1838.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 
Page    153.    ...    n'avait    pas    encore    pénétré    dans...    — 

Variante  :  «  Atteint.  » 


Chapitre  XLIII 


Page  157.  Le  chapitre  XLIII  est  le  chapitre  xxxviii  du 
manuscrit  (fol.  717  à  738).  Ecrit  à  Cività-Vecchia, 
les  7  et  8  mars  1836. 

Page  157.  Je  ne  sais  si  j'ai  dit...  —  Voir  plus  haut, 
t.  II,  p.  121-122. 

Page  158.  ...  ma  table  était  située  dans  une  fort  grande 
pièce  occupée  par  divers  commis.  —  Suit  un  plan  du 
bureau,  dont  les  deux  fenêtres  donnaient  sur  un 
«  jardin,  le  même  que  pour  l'autre  bureau  »  ;  près 
des  fenêtres  et  placées  perpendiculairement  à  celles- 
ci,  trois  longues  tables  ;  à  l'opposé,  deux  portes  se 
faisant  face  étaient  percées  dans  les  murs  perpen- 
diculaires à  celui  des  fenêtres.  La  ligne  DD'  va  d'une 
porte  à  l'autre. 

Page  161.  ...  une  place  à  millions...  —  Stendhal  fait 
peut-être  allusion  ici  au  poste  de  directeur  des  sub- 
sistances de  Paris,  que  lui  ofi'rit  le  comte  Bcugnot  (cf. 
A.  Chuquct,  Stendhal- Beyle,  p.  146),  ou  à  celui  de 
préfet  de  la  Sarthe,  dont  lui-même  parle  dans  la 
même  page. 

Page  161.  Au  lieu  de  dix,  f aurais  vingt  mille...  — 
.Ms.  :  «  I  en  »  et  '(  tventij  thousnnd  ». 


rsOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  299 

Page  162.  Ne  manquez  jamais  un  mardi  de  Afme  Cardon. 

—  Comparez  avec  la  même  réflexion  déjà  faite  plus 

haut,  chapitre  xl,  page  120. 
Page  163.  ...  M^e  Sorel  (je  crois),  dont  le  mari  ni'amit 

servi  de  chaperon  pendant  le  voyage.  —  Stendhal  l'a 

appelé  plus  haut  M.  Rosset  (voir  chapitres  xxxv  et 

xxxvi). 

Page  163.  ...  les  Mémoires  de  sa  camarade,  Mme  Cam- 
pan...  imprimés  vers  1820.  —  Les  Mémoires  de 
Mme  Campan  furent  pubhés  en  1823. 

Page  165.  Je  sus  tout  cela  quelques  mois  plus  tard.  — 
Une  partie  du  feuillet  732  est  en  blanc.  En  marge, 
Stendhal  a  écrit  :  «    Placer  les  portraits  physiques.  » 

Page  165.  Je  ne  sais  si  je  fis  les  yeux  doux...  —  Variante  : 
«  Les  yeux  du  désir.  » 


Chapitre   XLIV 


Page  169.  Le  chapitre  XLIV  est  le  chapitre  xxxix  du 
manuscrit  (fol.  739  à  758).  Ecrit  à  Cività-Vecchia, 
les  8  et  9  mars  1836. 

Page  170.  Le  capitaine  était  un  grand  homme  hlond...  — 
Au  sujet  du  capitaine  Burelviller,  ou  Burelvillers, 
voir  A.  Chuquet,  Stendhal- Beyle,  p.  45. 

Page  170.  ...  M...  lui  avait  dit.  —  Le  nom  est  en  blanc 
dans  le  manuscrit. 

Page  172.  ...  la  cloche  majestueuse  d'une  église...  — 
Cette  éghse  devait  être  un  temple  protestant,  car 
il  n'y  a  pas  d'église  cathoHque  dans  le  canton  de 
Vaud.  (Note  au  crayon  de  R.  Colomb.) 

Page  177.  ...  où  se  trouve,  de  toute  nécessité...  — 
Variante  :  «  Nécessairement,  » 


300  NOTES    F.T    ÉCLAIRCISSEMENTS 


Chapitri:   XLV 

Page  179.  Le  chapitre  ALI  est  le  chapitre  xi,  du  niann- 
scrit  (fol.  759  à  778:.  Ecrit  à  Cività-\  ecchia,  le  9  mars 
1836. 

Page  180.  ...  je  me  rappelle  mieux  les  dangers...  — 
Ms.  :  «  Des  dangers.  » 

Page  181.  ...le  sentier  était  formé  de  roches  immobiles.  — 
Suit  une  coupe  du  sentier  et  du  précipice  que  les 
voyageurs  voyaient  à  leur  gauche.  Le  sentier  était 
creux,  les  rochers  qui  le  composaient  formant  un 
angle  obtus  de  60  degrés  environ.  Entre  le  sentier 
et  le  précipice,  il  pouvait  y  avoir  trois  ou  quatre 
pieds.  Au  bas  du  j)récipice,  dont  la  pente  est  indiquée 
par  les  lettres  K  P  E,  en  «  L,  lac  gelé  sur  lequel  je 
voyais  quinze  ou  vingt  chevaux  ou  mulets  tombés. 
De  R  en  P  le  précipice  me  semblait  presque  vertical, 
de  P  en  E  il  était  fort  rapide  ». 

Page  182.  ...  elle  est  dans  la  gravure.  ■ — -  Suit  \\n  jilau 
indiquant  la  marche  de  flanc  suivie  depuis  l'Hospice 
jusqu'à  Etrouble,  eu  contournant  le  lac  gelé. 

Page  182.  ...  i'ers  un  hameau  nommé  Saint...  —  Le 
reste  du  nom  a  été  laissé  en  blanc. 

Page  184.  ...  le  fort  de  Bard.  —  Suit  un  croquis  de  la 
vallée  d'Aoste,  avec  au  fond  le  fort  de  liard. 

l^age  185.  C'est  le  chemin.  —  Suit  un  cinf|nis  analogue 
à  celui  indifpié  ci-dessus  ;  mais  Stendhal  y  a  ligure, 
en  (\,  le  chemin  escaladant   la  nionlagne  d'Albaredo. 

Page  186.  «  Diable!  il  //  a  donc  danger  !  »  me  dis- je.  — 
Suit  un  croquis  explicatif  :  à  droite,  eu  lî.  les  rem- 
parts du  fort  de  Bard.  A  gauche,  en  ("..  à  hi  hauteur 
des  renqtarts,  la  petite  plate-forme  du  cheiuin,  bordée 
par  un  |)récipice  I)  allant  jusrpi'au  fond  de  la  vallée. 
Au-dessous,  cette  légende  :  «  Le  (  Intinii.  mi  plutôt  le 
sentier  à   peine   tracé  fraîchement  avec  des  pioches, 


NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS  301 

était  comme  C  et  le  précipice  comme  D,  le  rempart 
corume  K.  » 


Chapitre   XL\  I 


Page  187.  Le  chapitre  XLVI  est  le  chapitre  xli  du 
manuscrit  (fol.  779  à  796).  Ecrit  le  15  mars,  à  Cività- 
Vecchia.  —  Stendhal  indique  au  fol.  782  :  «  Cività- 
Vecchia  du  24  février  au  19  mars.  » 

Page  188.  ...  le  passage  du  M  ont- Saint- Bernard  (à 
2.491  mètres  au  dessus  de  r océan)...  —  L'altitude 
exacte  du  col  du  Grand-Saint-Bernard  est  2.472 
mètres. 

Page  189.  ParentJièse.  —  A  placer  ailleurs  en  recopiant. 
(Note  de  Stendhal.) 

Page  190.  ...  uji  homme  de  cinquante-trois  ans!  — 
Ms.  :  «  5-  X  2  +  '|'^"97^ 

Page  190.  ...  croyait  arrêter  le  général  Bonaparte.  — 
Suit  un  croquis  du  fort  de  Bard  et  du  chemin  suivi 
par  Stendhal.  Au-dessous  est  cette  légende  :  «  H,  moi  ; 
B,  village  de  Bard  ;  C  C  C,  canons  tirant  sur  L  L  L  ; 
XX,  chevaux  tombés  du  sentier  L  L  L,  à  peine  tracé 
au  bord  du  précipice  ;  P,  précipice  à  95  ou  80  degrés, 
haut  de  30  ou  40  pieds  ;  P',  autres  précipices  de  70 
ou  60  degrés,  et  broussailles  infinies.  Je  vois  encore 
le  bastion  CGC,  voilà  tout  ce  qui  me  reste  de  ma 
peur.  Quand  J'étais  en  H,  je  ne  vis  ni  cadavres,  ni 
blessés,  mais  seulement  des  chevaux  en  X.  Le  mien 
qui  sautait  et  dont  je  ne  tenais  la  bride  qu'avec  deux 
doigts,  suivant  l'ordre,  me  gênait  beaucoup.  » 

Page  193.  ...  peut-être  Berland,  Saint- Ange  et  Taillejer... 
—  Berland,  près  des  Echelles  ;  le  plateau  Saint-Ange, 
au-dessus  de  Glaix  ;  le  massif  de  Taillefer,  qui  domine 
la  vallée  de  la  Romanche,  (Voir  à  ce  sujet  les  cha- 
pitres  précédents.) 


302  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

Page  194.  ...  dans  tous  les  cas  ce  ne  put  être,..  —  Va- 
riante :  «  Ce  ne  fut.  » 

Page  195.  —  Avec  le  chapitre  xlvi  finit  le  troisième 
tome  relié  du  manuscrit.  On  lit,  à  la  fin  de  la  table 
qui  termine  le  volume  :  «  Ce  volume  troisième  finit 
à  l'arrivée  à  Milan,  796  pages  font  bien,  une  fois 
augmentées  par  les  corrections  et  gardes  contre  la 
critique,  400  pages  in-8^.  Qui  lira  400  pages  de  mou- 
vements du  cœur  ?  »  Au  feuillet  suivant,  on  lit  encore  : 
'(  1836,  26  mars,  annonce  du  congé  pour  Lutèce. 
L'imasination  vole  ailleurs.  Ce  travail  en  est  inter- 
rompu.  L'ennui  engourdit  l'esprit,  trop  éprouvé  de 
1832  à  1836,  Omar.  Ce  travail,  interrompu  sans  cesse 
par  le  métier,  se  ressent  sans  doute  de  cet  engourdis- 
sement. —  Vu  ce  matin  galerie  Fech  avec  le  prince, 
et  loges  de  Raphaël.  —  Pédanlisme  :  rien  n'est  mal 
dans  le  Dante  et  Raphaël,  idem  à  peu  près  pour  Gol- 
doni.  8  avril  1836,  Omar.  » 


Chapitre  XL\'II 


Page  197.  Le  chapitre  XL\  II  est  le  chapitre  xlii  du 
manuscrit  (fol.  797  à  808).  Ecrit  à  Cività-Vecchia, 
les  15  et  17  mars  1836  :  corrigé  à  Rome  les  22  et 
23  mars.  —  Stendhal  note  au  verso  du  fol.  807  : 
«  Travail  à  Cività-Vecchia  :  trois  ou  quatre  heures 
seulement  du  24  février  au  19  mars  1836,  le  reste  au 
métier  (gagne-pain).  »  —  Ce  dernier  chapitre  est 
relié,  avec  divers  autres  fragments,  dans  le  XII*^  tome 
de  la  collection  des  28  volumes  conservés  ù  la  biblio- 
thèque municipale  de  Grenoble  sous  le  n"  R  5896. 

Pâtre  197.  Il  me  semble  le  voir...  —  Variante  :  «  Je  le 
i>ois.  » 

Page  197.  ...  je  ne  suis  parti  que  le...  —  La  date  a  été 
laissée  en   blann. 


NOTES    ET    ECLAIRCISSEMENTS 


503 


Page  198.  MuilUd  rci'int  sur  ses  pas  et  me  conduisit  à 
la  Casa  d'Adda.  —  Suit  un  plan  ties  lieux  :  la  ren- 
contre de  Martial  Daru  et  d'Henri  Beyle,  au  bout  de 
la  Corsia  del  Giardiuo,  presque  à  l'angle  du  Monte 
Napoleone,  et  l'emplaceuient  de  la  Casa  d'Adda, 
sur  la  Corsia  di  Porta  nova. 
Page  200.  ...  je  trouvai  cinq  ou  six  mois  de  bonheur 
céleste  et  complet.  — •  Le  26  mars  1836,  à  dix  heures  et 
demie,  lettre  très  polie  pour  congé. 

Depuis  ce  grand  courant  dans  mes  idées,  je  ne 
travaille  plus.  1"'  avril  1836. 

Prose  du  31  mars  :  Stabat  mater,  vieux  couplets 
barbares  en  latin  rimé,  mais  du  moins  absence 
d'esprit  à  la  Marmontel.  (Notes  de  Stendhal.) 
Page  203.  On  gâte  des  sentiments  si  tendres  à  les  raconter 
en  détail.  — -  Avi  verso  du  dernier  feuillet  (fol.  808), 
Stendhal  a  jeté  rapidement  les  notes  suivantes,  rela- 
tives à  son  prochain  voyage. 

«  Voyage  :  le  bateau  à  vapeur  jusqu'à  Marseille. 
Acheter  six  foulards  à  Livourne  et  vingt  paires  de 
gants  jaunes  chez  Gagiati,  à  Rome. 

Suite,  voyage  :  Absolument  la  malle-poste  à  Mar- 
seille, fût-ce  celle  de  Toulouse  et  Bordeaux,  pour 
éviter  le  dégoût  de  Valence  et  Lyon,  Semur  et 
Auxerre,  de  moi  trop  connus.  Mauvais  commence- 
ment. —  Probablement,  le  détour  de  Florence,  en 
arrivant  à  Livourne,  ne  me  plaira  pas.  —  Peut-être 
aller  en  Angleterre,  du  moins  à  Bruxelles,  peut-être 
à  Edimbourg. 

Plan  :  profiter  de  mon  temps  dans  le  voyage  de 
Paris.  Dire  jamais  Omar  bien  changé.  2°,  régime, 
pour  éviter  les  soupers.  Voir  beaucoup  M.  de  La 
Touche,  Balzac,  si  je  puis,  pour  la  littérature  ; 
M.  Chasles,  im  peu  Levavasseur  ;  mesdames  d'Anjou 
(assidûment),  Tillaux,  Tascher  et  Jules,  Ancelot, 
Menti,  Coste,  Julie.  C'est  l'assiduité  qu'il  faut.  —  Si 
je  restais  à  Paris,  c'est  dans  les  premiers  deux  mois 


304  NOTES    ET    ÉCLAIRCISSEMENTS 

que  je  puis  foncier  les  salons  du  reste  uj  my  life.  — 
Je  ne  sens  de  transport  que  pour  Giul.  —  In  loge- 
ment au  midi,  rue  Taitbout.  Qu'est-ce,  pour  trois 
mois,  que  200  francs  de  plus  en  logement  ?  » 

Stendhal  quitta  Cività-Vecchia  après  le  5  mai  1836  ; 
le  16  mai,  il  était  à  Marseille,  et  il  arriva  à  Paris  le 
25  mai.  Il  fit  durer  son  congé  trois  ans,  et  ne  rentra  à 
Cività-Vecchia  qu'en  juin  1839. 


ANNEXES 


I 

PREMIER    ESSAI    D'AUTOBIOGRAPHIE  i 

MÉMOIRES  DE  HENRI  B. 
LIVRE    I 

CHAPITRE    I 

Quoique  ma  première  enfance  ait  été  empoi- 
sonnée par  bien  des  amertumes,  grâce  au  caractère 
espagnol  et  altier  de  mes  parents,  depuis  deux  ou 
trois  ans  je  trouve  une  certaine  douceur  à  m'en 
rappeler  les  détails.  Il  a  fallu  plus  de  quarante 
années  d'expérience  pour  que  je  pusse  pardonner 
à  mes  parents  leurs  injustices  atroces. 


1.  Ecrit  à  Rome,  le  15  février  1833. —  Ce  fragment  d'autobiographie 
se  trouve  à  la  Bibliothèque  municipale  de  Grenoble,  dans  le  carton 
coté  R  300. 

BnuLABD  II.  20 


306  ANNEXES 

Je  suis  né  à  Grenoble  le  23  janvier  1783,  au  sein 
d'une  famille  qui  aspirait  à  la  noblesse,  c'est-à-dire 
qu'on  ne  badinait  pas  avec  les  préjugés  nécessaires 
à  la  conservation  des  ordres  privilégiés.  La  religion 
catholique  était  vénérée  dans  la  maison  comme 
l'indispensable  appui  du  trône.  Quoique  bourgeoise 
au  fond,  la  famille  dont  je  porte  le  nom  avait  deux 
branches.  Le  capitaine  B[eyle],  chef  de  la  branche 
aînée,  qui  était  fort  riche,  avait  la  croix  de  Saint- 
Louis  et  ne  manqua  pas  d'émigrer,  chose  peu  diffi- 
cile, car  Grenoble  n'est  qu'à  neuf  lieues  de  Cham- 
béry,  capitale  de  la  Savoie. 

Cet  excellent  capitaine  '"BeyleJ,  le  meilleur 
homme  du  monde,  avec  sa  voix  glapissante  et  ses 
éloges  éternels  de  nos  princes,  ne  s'était  jamais 
marié,  non  plus  que  ses  cinq  ou  six  sœurs.  Mon 
père,  chef  de  la  branche  cadette,  comptait  bien 
hériter  d'une  trentaine  de  mille  livres  de  rente,  et 
comme  mon  père  était  un  homme  à  imagination, 
il  m'admit  de  bonne  heure  à  la  création  des  châ- 
teaux en  Espagne  qu'il  élevait  sur  cette  fortune  à 
venir,  dont  plus  tard  une  loi  de  la  Terreur  nous 
priva  presque  entièrement.  N'était-ce  pas  celle  du 
17  germinal  an  III  ?  Ce  nom  a  retenti  dans  toute 
mon  enfance,  mais  voici  trente-trois  ans  que  je  n'y 
pense  plus  du  tout.  Grâce  à  la  manie  exagérante 
et  noblifiante  de  la  famille,  peut-être  que,  même 
sans  la  loi  de  germinal  sur  les  successions,  cette 
fortune   de  trente  mille  francs  de  rente  se  serait 


PREMIER    ESSAI    d'aUTOBIOGRAPHIE  307 

réduite  à  douze  ou  quinze.  Cela  était  encore  fort 
considérable  pour  la  province  vers  1789. 

Ma  mère  était  une  femme  de  beaucoup  d'esprit, 
elle  était  adorée  de  son  père.  Henriette  Gagnon 
avait  un  caractère  généreux  et  décidé  ;  j'ai  compris 
cela  plus  tard.  J'eus  le  malheur  de  la  perdre  lorsque 
j'avais  sept  ans,  et  elle  trente-trois.  J'en  étais 
amoureux  fou,  je  ne  sais  si  elle  s'en  apercevait  ; 
elle  mourut  en  couches  en  prononçant  mon  nom 
et  me  recommandant  à  sa  sœur  cadette,  Séraphie, 
la  plus  méchante  des  dévotes.  Tout  le  bonheur 
dont  j'aurais  pu  jouir  disparut  avec  ma  mère.  La 
tristesse  la  plus  sombre  et  la  plus  plate  s'empara 
de  la  famille.  Mon  père,  qui  adorait  d'autant  plus 
sa  femme  que  celle-ci  ne  l'aimait  point,  fut  hébété 
par  la  douleur.  Cet  état  dura  cinq  ou  six  ans,  il 
s'en  tira  un  peu  en  étudiant  la  Chimie  de  Maquart, 
puis  celle  de  Fourcroy.  Ensuite,  il  prit  une  grande 
passion  pour  l'agriculture  et  gagna  deux  ou  trois 
cent  mille  francs  à  acheter  des  domaines  (ou 
terres)  ;  puis  vint  la  passion  de  bâtir  des  maisons, 
où  il  dérangea  sa  fortune,  enfin  sa  passion  pour 
les  Bourbons  qui  le  firent  adjoint  du  maire  de  Gre- 
noble et  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Mon 
père  négligea  tellement  ses  affaires  pour  celles  de 
l'Etat  qu'il  passa  une  fois  dix-huit  mois  sans  aller 
à  son  domaine  (ou  terre)  de  Claix,  qu'il  faisait 
cultiver  par  des  domestiques,  et  où  avant  les  hon- 


308 


ANNEXES 


neurs  Bourboniens  il  allait  deux  ou  trois  fois  la 
semaine.  Dans  les  derniers  temps,  mon  père  était 
fort  jaloux  de  moi  ;  comme  j'avais  fait  la  campagne 
de  Moscou  avec  une  petite  place  à  la  cour  de  Napo- 
léon, que  j'adorais,  j'étais  en  quelque  sorte  à  la 
tête  du  parti  bonapartiste  (181G).  Mais  je  m'égare. 
Mon  père  avait  assuré  en  1814  à  mon  ami,  M.  Félix 
Faure,  aujourd'hui  pair  de  France  (né  à  Grenoble 
vers  1782),  qu'il  me  laisserait  dix  mille  francs  de 
rente.  Félix  grava  cette  somme  sur  ma  montre. 
Sans  cette  assurance,  j'aurais  pris  un  état  en  1814  : 
filateur  de  coton  à  Plancy,  en  Champagne,  ou 
avocat  à  Paris.  En  1814,  j'allai  m'amuser  en  Italie, 
où  j'ai  passé  Sept  ans  ;  mon  père,  à  sa  mort,  m'a 
laissé  un  capital  de  3.900  francs.  J'étais  alors  amou- 
reux fou  de  M""^  D.  Pendant  le  premier  mois  qui 
suivit  cette  nouvelle,  je  n'y  pensai  pas  trois  fois. 
Cinq  ou  six  ans  plus  tard,  j'ai  cherché  en  vain  à 
m'en  affliger. 

Le  lecteur  me  trouvera  mauvais  fils,  il  aura 
raison.  Je  n'ai  connu  mon  jjcre,  de  sept  ans  à 
quinze,  que  par  les  injustices  abominables  qu'il 
exécutait  sur  moi,  à  la  demande  de  ma  tante  Séra- 
phie,  dont,  à  force  d'ennui  intérieur,  il  était  peut- 
être  un  peu  devenu  amoureux.  J'entrevois  à  peine 
cela  aujourd'hui  en  y  réfléchissant.  Dans  l'éduca- 
tion sévère  dts  familles  suivant  les  mœurs  de 
l'ancien  régime,  où  par-dessus  tout  les  parents 
songeaient    ;"i    se    faire    respecter    cl    craindre,    les 


PREMIER  ESSAI  D  AUTOBIOGRAPHIE      309 

enfants  étaient  comme  collés  tout  près  de  la  base 
de  statues  de  quatre-vingts  pieds  de  haut.  Dans 
une  si  mauvaise  position,  leur  œil  ne  pouvait  que 
porter  les  jugements  les  plus  faux  sur  les  propor- 
tions de  ces  statues. 

Je  ne  me  rappelle  plus  l'origine  du  sentiment  du 
juste,  qui  est  fort  vif  en  moi.  C'était  non  pas 
comme  à  moi  désagréables,  mais  comme  injustes, 
cfue  les  arrêts  de  ma  tante  Séraphie,  appuyés  par 
l'autorité  de  mon  père,  me  faisaient  verser  des 
larmes  de  rage.  Deux  ou  trois  fois  la  semaine,  je 
passais  une  heure  à  me  répéter  à  voix  bnsse  : 
«  Monstres  !  Monstres  !  ^îonstres  !  » 

Pourquoi  diable  ma  tante  m'avait-elle  pris  en 
grippe  ?  Je  ne  puis  le  deviner.  Peut-être  ma  mère, 
mourant  en  couches  avec  le  plus  grand  courage  et 
toute  sa  tête,  avait-elle  fait  jurer  à  son  mari,  au 
nom  de  son  fds  aîné,  de  ne  jamais  se  remarier. 
Quand  j'avais  trente  ans,  des  témoins  oculaires, 
entre  autres  l'excellente  M"'*^  Romagnier,  amie  que 
nous  venons  de  perdre  il  y  a  deux  ou  trois  ans,  me 
parlaient  encore  de  la  haine  passionnée  et  folle  que 
j'avais  inspirée  à  ma  dévote  de  tante. 

J'étais  républicain  forcené,  rien  de  plus  simple  : 
mes  parents  étaient  ultra  et  dévots  au  dernier 
degré  ;  on  appelait  cela  en  1793  être  aristocrate. 

Comme  marquant  par  ses  propos  pleins  d'ima- 
gination et  de  force,  mon  père  fut  mis  en  prison 

Brllard    II.  20. 


310 


ANNEXES 


pendant,  vingt-deux  mois  par  le  représentant  du 
peuple  Amar.  On  juge  de  l'horreur  que  mon  répu- 
blicanisme inspirait  dans  la  famille.  J'avais  fait 
encore  un  petit  drapeau  tricolore  que  je  promenais 
seul  en  triomphe  dans  les  pièces  non  habitées  de 
notre  grand  appartement,  les  jours  de  victoires 
républicaines.  Ce  devaient  être  alors  celles  du  traître 
Pichegru.  On  me  guettait,  on  me  surprenait,  on 
m'accablait  des  mots  de  monstre,  mes  parents  pleu- 
raient de  rage  et  moi  d'enthousiasme.  «  Il  est  beau, 
il  est  doux,  m'écriai-je  une  fois,  de  souffrir  pour  la 
Patrie!  »  Je  crois  qu'on  me  battit,  ce  qui,  du  reste, 
était  fort  rare,  on  me  déchira  mon  drapeau.  Je  me 
crus  un  martyr  de  la  patrie,  j'aimai  la  liberté  avec 
fureur.  J'appelais  ainsi,  ce  me  semble,  l'ensemble 
des  cérémonies  que  je  voyais  souvent  exécuter  dans 
les  rues,  elles  étaient  touchantes  et  imposantes,  il 
faut  l'avouer.  J'avais  deux  ou  trois  maximes  que 
j'écrivais  partout  et  que  je  suis  fâché  d'avoir  si 
complètement  oubliées.  Elles  me  faisaient  verser 
des  larmes  d'attendrissement,  en  voici  une  qui  me 
revient  : 

Vivre  libre  ou  mourir,  que  je  préférais  de  beau- 
coup, comme  éloquence,  à  :  la  liberté  ou  la  mort, 
qu'on  voulait  lui  substituer.  J'adorais  l'éloquence  ; 
dès  l'âge  de  six  ans,  je  crois,  mon  père  m'avait 
inoculé  son  enthousiasme  pour  J.-J.  Rousseau,  que 
plus  tard  il  exécra  comme  anti-roi... 


II 

UNE   PAGE   DE   CRITIQUE    LITTÉRAIRE 
DE    STENDHAL 


Ce  fragment  a  été  écrit  en  même  temps  que  la 
Vie  de  Henri  Brulard,  le  16  décembre  1833,  et 
inséré  par  Stendhal  dans  le  second  volume  de  son 
manuscrit,  après  le  récit  de  sa  première  communion 
(chapitre  xviii  de  la  présente  édition). 

Je  l'ai  rejeté  parmi  les  annexes,  parce  qu'il  n'a 
rien  de  commun  avec  le  texte  des  mémoires  d'Henri 
Beyle, 

Encyclopédie  du  XIX^  siècle. 

Ce  livre,  ou  plutôt  son  annonce  qui  remplit  tous 
les  journaux,  m'a  bien  fait  rire  ce  matin.  Rien  ne 
m'amuse  comme  les  efforts  que  fait  la  société  ultra 
(c'est-à-dire  les  nobles  et  les  [prêtres])  pour  tâcher 
de  tromper  l'opinion,  pour  faire  des  livres  qui 
rendent  le  peuple  imbécile  et  pour  tâcher  de  se 
persuader  ensuite  que  ces  livres  sont  lus. 

Hé,  messieurs,  faites  pendre  les  écrivains,  ruinez 
les  imprimeurs  et  les  libraires,  empêchez  la  poste 


312  ANNEXES 

de  transporter  los  livres,  voilà  ce  qui  est  raison- 
nable ! 

J'ai  bien  ri  ee  matin  et  toute  la  journée  j'ai  été 
rempli  de  joie  quand  je  venais  à  songer  à  V Encyclo- 
pédie du  XIX^  siî'cîe,  dont  l'annonce  remplit  plus 
d'un  pied  carré  dans  le  Journal  des  Débats  du  5  dé- 
cembre 1835. 

Le  comité  de  direction  oiïrc  d'abord  les  noms  de 
M.  Ampère  et  de  M.  le  comte  Beugnot,  de  l'Institut, 
un  savant  de  premier  ordre,  mais  aussi  bas,  aussi 
plat  que  Laplace  ou  M.  Cu\ier,  et  un  homme  d'es- 
prit, mais  des  plus  communs,  incapable  d'écrire 
dix  pages  qui  se  fassent  lire  et  qui  a  acheté  tous 
ses  livres  à  ce  Blier  si  sale  et  à  ce  M.  SainL-Marlin, 
si  vendu  et  si  plat,  dont  le  choléra  a  délivré  la 
science. 

Tous  les  savants  vendus,  tous  les  nobles  qui  ont 
fait  des  livres  dont  dix  ou  douze  exemplaires  se 
sont  vendus,  tous  les  prè[tresl  à  plats  sermons 
font  partie  de  la  liste  des  auteurs. 

Ces  Messieurs  disent  dans  leur  prospectus  que 
les  autres  encyclopédies  ne  peui'ent  rju  engendrer  le 
doute  et  perpétuer  r  indifférence.  Voilà  qui  est 
adroit  î  Ces  Messieurs  veulent  cliarger  le  cler^gél 
de  maintenir  les  peuples  dans  la  soumission  et 
l'abjection   morale. 

MM.  Mennechet,  Michaud,  Charles  .Wtdier,  Bal- 
tut,  ce  voleur  de  Champollion-Figeac,  ce  bon 
fripon    Banni    IU)chelte,   ce   ((kiuiii    de    Trouvé,   cet 


UNE    PAGE    DE    CRITIQUE    LITTÉRAIRE  313 

archiniais  de  \  illeneuve-Bargemont,  ce  charlatan 
d'Ekstein,  cette  archibete  de  Ch.  Artaud,  cet  in- 
croyable païen,  M.  l'académicien  Pouqueville,  le 
chevalier  Drake,  bibliothécaire  de  la  papauté  à 
Rome  ^,  enfin  des  inconnus  ou  des  Jean-fesse, 
tous  chevaliers  de  Kœnig  von  Jeanfoutre.  Les  seuls 
noms  décorés  sont  MM.  Arago  et  Frédéric  Cuvier. 

Tous,  en  général,  écrivains  que  personne  ne  lit. 
Ces  plats  intrigants  sont  accolés  à  une  foule  de 
nobles  littérateurs  qui  voudraient  bien  pouvoir 
écrire  deux  pages,  mais  le  pouvoir  leur  manque, 
volentl  et  conanti.  Ces  nobles  riches,  comme  MM.  de 
Lamartine,  de  Villeneuve,  de  Pastoret,  Beugnot, 
fourniront  chacun  vingt  pages  et  vingt-cinq  louis. 
Le  livre  sera  supérieurement  imprimé,  porté  aux 
nues  dans  tous  les  journaux,  sans  doute  acheté  par 
le  ministre  pour  les  bibliothèques,  et  si  la  Révo- 
lution, second  volume  de  celle  de  Juillet,  arrive  un 
peu  plus  tôt,  il  ne  sera  pas  acheté  et  pour  rire  j'en 
achèterai  sur  les  quais  quelque  volume,  à  vingt 
sous. 

Chacun  des  souscripteurs  recevra  son  exemplaire, 
tous  les  journaux  retentiront  de  l'immense  succès  ; 
s'il  se  trouve,  contre  toute  apparence  et  prudence, 
quelque  homme  d'esprit  hardi,  il  fera  sur  cette 
rapsodie  un  pamphlet  comme  le  Noiweau  Complot 
contre  les   industriels  ^,   s'il   m'est    permis   de   citer 

1.  ]\Is.  :  «  Omar.  » 

2.  Pamphlet  du  Bcj-le,  publié  en  182Ô. 


314  ANNEXES 

cette  brochure.  S'il  n'y  a  pas  de  brochure  critique, 
je  suis  prêt  à  parier  que  V Encyclopédie  du  XIX^  siè- 
cle aura  moins  de  lecteurs  qu'elle  n'étale  de  colla- 
borateurs dans  l'annonce  des  Débats  de  ce  matin. 
La  moitié  de  ces  souscripteurs  prévoit  sagement 
une  influence  comme  celle  de  Y  Encyclopédie  de 
Diderot  et  d'Alembert. 


Le  plus  grand  service  que  le  duc  de  Modène  put 
rendre  à  la  cause  libérale  était  d'imprimer  la  Voce 
délia  Verita,  qui  provoqua  des  discussions  à  la 
Tolfa  et  à  Castel-Bolognesc. 

Jetez  les  écrivains  dans  une  prison  perpétuelle, 
dites  vos  Heures  en  public,  comme  le  roi  de  B.  le 
vient  de  faire  envers  M.  Bher,  et  en  partant  pour 
la  Grèce  ruinez  les  libraires  et  les  imprimeurs,  mais 
n'ouvrez  jamais  la  bouche,  et  surtout  gardez-vous 
d'écrire. 

MM.  Ampère,  comte  Beugnot,  Fortia  d'Urban, 
Hennequin,  Laurentie,  Pariset,  abbé  Receveur  et 
baron  Walkenaer,  en  sont  les  directeurs. 

Après  cette  âme  noble  et  généreuse  de  M.  Ampère 
qui,  vers  1827,  entreprit  de  me  prouver  la...  ^ 
au  milieu  du  salon  de  ^L  Cuvier,  le  plus  savant  est 
M.  Fortia  d'Urban  qui,  à  pro[)Os  du  système  de 
^^  olf  sur  Homère,  disait  d'un  air  triomphant  : 

1.  Un  mol  illii^iblc. 


UNE    PAGE    DE    CRITIQUE    LITTERAIRE 


315 


«  Ils  (Veulent  nier  Vexislence  d'Homère,  et  fai  son 
buste  clans  mon  cabinet  !  » 

Séparé  de  Paris  depuis  cinq  ans,  je  n'ai  pour  rire 
que  les  annonces  de  ce  genre  et  les  anecdotes 
comme  M.  rarch[evêque]  de  Paris  emportant  dans 
sa  voiture  les  deux  cuvettes  de  M™^  la  princesse 
de  Tallevrand  mourante. 


III 

DELX    NOTICES    I3I0GRAPI1IQL  ES 
D'HENRI   BEYLE   . 

ÉCRITES      !•  A  n      H    1  -  M  ic  M  E 

Ces  deux  notices  sont  conservées  à  la  Bihliotlièque 
municipale  de  Grenoble,  dans  le  carton  coté  R  300, 
où  se  trouve  également  un  cahier  de  la  \ie  de  Henri 
Dnilard.  Toutes  deux  ont  été  publiées  par  MM.  (Casi- 
mir Stryienski  et  François  de  Nion  en  appendice 
de  leur  édition  du  Journal  de  Stendhal  (Paris, 
1888),  p.  4G7-4G9  et  470-475. 

I 

Notice  sur  M.  Beyle,  par  lui-même. 

Henri  Beyle,   né   à   Grenoble  en   1783,  ^icnt  de 
mourir    à...    (le...    octobre    1820  ^).    Après    a^•oir 


1.  .Slondhal  avait  d'abord  écrit  1822  ;  puis  il  a  surchargé  et  corrij;é 
en  1820.  Aucune  de  ce»  deux  dates  ne  doit  être  exacte,  et  c'est  de  1821, 
après  le  retour  de  .Milan,  ()u'il  faut  très  {irobublenient  dater  ce  frag- 
ment. Stendhal  dit  lui-même  dans  sa  sccondu  notice  biographique, 
publiée  également  ci-après  :  «  Ueyie,  malheureux  de  toutes  façons, 
revint  à  l'aris  en  juillet  1821,  il  sonjjeait  sérieusement  ;i  en  finir...  « 
—  De  même  dans  le  chai)itre  II  de  la  Vie  de  Henri  lirulurd  (t.  1, 
p.  15):*  En  1821,  je  quittai  Milan,  et  songeant  beaucoup  à  me  brûler 
la  cer>-clle.  > 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  317 

étudié  les  mathématiques,  il  fut  qiiel({ue  temps 
olFicier  dans  le  6*^  régiment  de  dragons  (1800,  1801, 
1802).  Il  y  eut  une  courte  paix,  il  suivit  à  Paris  une 
femme  qu'il  aimait  et  donna  sa  démission,  ce  qui 
irrita  beaucoup  ses  protecteurs.  Après  avoir  suivi 
à  Marseille  une  actrice  qui  y  allait  remplir  les  pre- 
miers rôles  tragiques,  il  rentra  dans  les  affaires, 
en  1806,  comme  adjoint  aux  commissaires  des 
Guerres.  Il  vit  l'Allemagne  en  cette  qualité,  il 
assista  à  l'entrée  triomphale  de  Napoléon  à  Berlin, 
qui  le  frappa  beaucoup.  Etant  parent  de  M.  Daru, 
ministre  de  l'armée  et  la  troisième  personne  après 
Napoléon  et  le  prince  de  Neuchâtel,  M.  B[eyle]  vit 
de  près  plusieurs  rouages  de  cette  grande  machine. 
Il  fut  employé  à  Brunswick  en  1806,  1807  et  1808 
et  s'y  distingua.  Il  étudia  dans  cette  ville  la  langue 
et  la  philosophie  allemandes  et  conçut  assez  de 
mépris  pour  Kant,  Fichte,  ces  hommes  supérieurs 
qui  n'ont  fait  que  de  savants  châteaux  de  cartes. 

M,  B[eyle]  revint  à  Paris  en  1809  et  fit  la  cam- 
pagne de  Vienne  en  1809  et  1810.  Au  retour,  il  fut 
nommé  auditeur  au  Conseil  d'Etat  et  inspecteur 
général  du  mobilier  de  la  Couronne.  Il  fut  chargé 
en  outre  du  bureau  de  la  Hollande  à  l'administra- 
tion de  la  liste  civile  de  l'Empereur.  Il  connut  le 
duc  de  Frioul  en  1811,  il  fit  un  court  voyage  en 
Italie,  pays  qu'il  aimait  toujours  depuis  les  trois 
ans  qu'il  y  avait  passé  dans  sa  jeunesse.  En  1812, 
il  obtint,  après  beaucoup  de  difficultés  de  la  part 


318  ANNEXES 

de  M.  Champagny.  duc  de  Cadore,  intendant  de  la 
Maison  de  1" Empereur,  de  faire  la  campaujne  de 
Russie.  Il  rejoijrnit  le  quartier  général  près  d'Orcha, 
le  14  août  1812.  Il  entra  à  Moscou  le  14  se])tembre 
avec  Napoléon  et  en  partit  le  16  octobre  avec  une 
mission  :  il  devait  procurer  quelque  subsistance  à 
l'armée,  et  c'est  lui  qui  a  ilonné  à  l'armée,  au  retour, 
entre  Orcha  et  Bober,  le  seul  morceau  de  pain 
quelle  ait  reçu.  M.  Daru  reconnut  ce  service,  au 
nom  de  l'Empereur,  à  Bober.  M.  Bfeyle]  ne  crut 
jamais,  dans  cette  retraite,  qu'il  y  eût  de  quoi 
pleurer.  Près  de  Kœnigsberg,  comme  il  se  sauvait 
des  Cosaques  en  passant  le  FrischafT  sur  la  glace, 
la  glace  se  rompit  sous  son  traîneau.  Il  était  avec 
M.  le  cbevalier  Marchand,  commissaire  des  Guerres 
(rue  du  Doyenné,  n^  5).  Comme  on  n'avouait  pas 
même  qu'on  fut  en  retraite  à  cette  armée  impériale, 
il  s'arrêta  à  Slangard,  jiuis  à  Berlin,  qu'il  vit  se 
<létacher  de  la  France.  A  mesure  qu'il  s'éloignait 
du  danger,  il  en  prit  horreur  et  il  arriva  à  Paris 
navré  de  douleur.  Le  physique  avait  beaucoup  de 
part  à  cet  état.  Un  mois  de  bonne  nourriture,  ou 
plutôt  de  nourriture  suirisante,  le  remit.  Son  pro- 
tecteur le  força  à  faire  la  campagne  de  ISl'J.  Il 
fut  intendant  à  Sagan  avec  le  plus  honnête  cl  le 
plus  borné  des  généraux,  M.  le  marquis,  alors 
comte  V.  de  Eat(jur-Maubourg.  Il  y  tomba  malade 
d'une  es[)éce  de  liévn'  pernicieuse.  I'",ii  Iniil  jours, 
il  fut  fédiiif  à  une  faiblesse  extrême,  cl  il  fallut  cela 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  319 

pour  qu'on  lui  permît  de  revenir  en  Fiance.  11 
quitta  sur-le-champ  Paris  et  trouva  la  santé  sur 
le  lac  de  Corne.  A  peine  de  retour,  l'Empereur 
l'envoya  en  mission  dans  la  7^  division  militaire 
avec  un  sénateur  absolument  sans  énergie.  Il  y 
trouva  le  brave  général  Dessaix,  digne  du  grand 
homme  dont  il  portait  presque  le  nom  et  aussi 
libéral  que  lui.  Mais  le  talent  et  l'ardent  patriotisme 
du  général  Dessaix  furent  paralysés  par  l'égoïsme 
et  la  médiocrité  incurable  du  général  Marchand, 
qu'il  fallut  employer,  comme  grand-cordon  de  la 
Légion  d'honneur  et  étant  du  pays.  On  ne  tira  pas 
parti  des  admirables  dispositions  de  Vizille  et  de 
beaucoup  d'autres  villages  du  Dauphiné. 

M.  Beyle  demanda  à  aller  voir  les  avant-postes, 
à  Genève.  Il  se  convainquit  de  ce  dont  il  se  doutait, 
qu'il  n'y  avait  rien  de  si  facile  que  de  prendre 
Genève.  Voyant  qu'on  repoussait  cette  idée  et 
craignant  la  trahison,  il  obtint  la  permission  de 
revenir  à  Paris.  Il  trouva  les  Cosaques  à  Orléans. 
Ce  fut  là  qu'il  désespéra  de  la  patrie  ou,  pour  parler 
exactement,  qu'il  vit  que  l'Empire  avait  éclipsé  la 
Patrie.  On  était  las  de  l'insolence  des  préfets  et 
autres  agents  de  Napoléon.  Il  arriva  à  Paris  pour 
être  témoin  de  la  bataille  de  Montmartre  et  de 
l'imbécillité  des  ministres  de   Napoléon. 

Il  vit  l'entrée  du  roi.  Certains  traits  de  M.  de 
Blacas,  qu'il  sut  bientôt,  le  firent  penser  aux 
Stuarts.  Il  refusa  une  place  superbe  que  M.  Beugnot 


320  ANNEXES 

avait  la  boulé  de  lui  oiïrir.  Il  se  retira  en  Italie,  Il 
y  mena  une  vie  heureuse  jusqu'en  1821  que  l'arres- 
tation des  carbonari  par  une  police  imbécile  l'obligea 
à  quitter  le  pays,  quoiqu'il  ne  fût  pas  carbonaro, 
La  méchanceté  et  la  méfiance  des  Italiens  lui  avaient 
fait  repousser  la  participation  aux  secrets,  disant 
ù  ses  amis  :  «  Comptez  sur  moi  dans  l'occasion,  » 

En  1814,  lorsijiril  jugea  les  Bourbons,  il  eut  deux 
ou  trois  jours  de  noir.  Pour  le  faire  passer,  il  prit 
un  copiste  et  lui  dicta  une  traduction  corrigée  de 
la  Vie  de  Haydn,  Mozart  et  Métastase,  d'après  un 
ouvrage  italien,  un  volume  in-8",  1814, 

En  1817.  il  imprima  deux  volumes  de  VIJistoire 
de  la  Peinture  en  Italie,  et  un  petit  voyage  de  trois 
cents  pages  en  Italie. 

La  Peinture  n'ayant  pas  de  succès,  il  enferma 
dans  une  caisse  les  trois  derniers  volumes  et  s'ar- 
rangea pour  qu'ils  ne  paraissent  qu'après  sa  mort. 

En  juillet  1819,  passant  par  Bologne,  il  apprit  la 
mort  de  son  père.  Il  vint  à  Grenoble,  où  il  donna  sa 
voix  au  plus  honnête  homme  de  France,  au  seul 
qui  pût  encore  sauver  la  religion,  à  M,  Henri  Gré- 
goire, Cela  le  mit  encore  plus  mal  avec  la  j)olicc  de 
Milan,  Son  père  devait,  suivant  la  voix  commune, 
lui  laisser  cinq  ou  six  mille  francs  de  renie.  Il  ne 
lui  en  laissa  pas  la  moitié.  Dès  lors,  M,  Hcylc  chercha 
à  diminuer  ses  besoins  et  y  réussit.  II  lit  plusieurs 
ouvrages,  entre  autres  500  pages  sur  l'Aumur  qujl 
n'imprima  pas.  En  1821,  s'cnnuyant  njortellement 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  321 

de  la  comédie  des  manières  françaises,  il  alla  passer 
six  semaines  en  Angleterre.  L'amour  a  fait  le  bon- 
heur et  le  malheur  de  sa  vie.  Mélanie,  Thérèse, 
Gina  et  Léonore  sont  les  noms  qui  l'ont  occupé. 
Quoiqu'il  ne  fût  rien  moins  que  beau,  il  fut  aimé 
quelquefois.  Gina  l'empêcha  de  revenir  au  retour 
de  Napoléon,  qu'il  sut  le  6  mars.  L'acte  addi- 
tionnel lui  ôta  tous  ses  regrets.  Souvent  triste  à 
cause  de  ses  passions  du  moment  qui  allaient  mal, 
il  adorait  la  gaieté.  Il  n'eut  qu'un  ennemi,  ce  fut 
M.  Tr.  ;  il  pouvait  s'en  venger  d'une  manière 
atroce,  il  résista,  pour  ne  pas  fâcher  Léonore.  La 
campagne  de  Russie  lui  laissa  de  violents  maux  de 
nerfs.  Il  adorait  Shakespeare  et  avait  une  répu- 
gnance insurmontable  pour  Voltaire  et  M™^  de 
Staël.  Les  lieux  qu'il  aimait  le  mieux  sur  la  terre 
étaient  le  lac  de  Côme  et  Naples.  Il  adora  la  musique 
et  fit  une  petite  notice  sur  Rossini,  pleine  de  senti- 
ments vrais,  mais  peut-être  ridicules.  II  aima  tendre- 
ment sa  sœur  Pauline  et  abhorra  Grenoble,  sa  patrie, 
où  il  avait  été  élevé  d'une  manière  atroce.  Il  n'aima 
aucun  de  ses  parents.  Il  était  amoureux  de  sa  mère, 
qu'il  perdit  à  sept  ans  ^. 

1.  Celte  nolice  porte  l'adresse  suivante  : 
Monsieur 
^lonsieur  le  clievalier  Louis  Crozet, 
ingénieur  des  Ponts  et  Chaussées, 

à  Grenoble   (Isère), 
or  ij  demi  lo  (ou,  sil  est  mort),  à  M.  de  .Mareste, 
liôtel    de   I5ruxelles,   n°   41,   rue   Richelieu, 
Paris.  f^^'/e   of   Dominique.) 

Urulard  II.  21 


322  ANNEXES 

II 

Dimanche,  30  ai>ril  1837,  Paris,  hôtel  Favart. 

Il  pleut  à  verse. 

Je  me  souviens  que  Jules  Janin  me  disait  :  «  Ah  1 
quel  bel  article  nous  ferions  sur  vous  si  vous  étiez 
mort  !  » 

Afin  d'échapper  aux  phrasiers,  j'ai  la  fantaisie 
de  faire  moi-même  cet  article. 

Ne  lisez  ceci  qu'après  la  mort  de  Beyle  (Henri), 
né  à  Grenoble  le  23  janvier  1783,  mort  à...  le... 

Ses  parents  avaient  de  l'aisance  et  appartenaient 
à  la  haute  bourgeoisie.  Son  père,  avocat  au  Parle- 
ment de  Dauphiné,  prenait  le  titre  de  noble  dans 
les  actes  i,  son  grand-père  était  un  médecin, 
homme  d'esprit,  ami  ou  du  moins  adorateur  de 
Voltaire.  M.  Gamion  —  c'était  son  nom  —  était  le 
plus  galant  homme  (hi  monde,  fort  considéré  à 
Grenoble,  et  à  la  tête  de  tous  les  projets  d'amélio- 
ration. Le  jeune  Beyle  vit  couler  le  premier  sang 
versé  dans  la  llévolution  française  ;  lors  de  la 
fameuse  journée  des  Tuiles  (17[88j),  le  peuple  se 
révoltait  contre  le  Gouvernement,  et  du  haut  des 


1.  Voir  notnmnierit  dans  l'aniirxp  f|ui  suit  l'aflo  <lo  naissaiici"  <]e 
Henri  Jleyie,  où  Jobcph-Cliérubiu  et  Jt-an-Buiitisti-  Ucylc  sont  qualifiés 
nuble*. 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  323 

toits  lançait  des  tuiles  sur  les  soldats.  Les  parents 
du  jeune  B[eyle]  étaient  dévots  et  devinrent  des 
aristocrates  ardents,  et  lui  patriote  exagéré.  Sa 
mère,  femme  d'esprit  qui  lisait  le  Dante,  mourut 
fort  jeune  ;  ]M.  Gagnon,  inconsolable  de  la  perte  de 
cette  fille  chérie,  se  chargea  de  l'éducation  de  son 
seul  fils.  La  famille  avait  des  sentiments  d'honneur 
et  de  fierté  exagérés,  elle  communiqua  cette  façon 
de  sentir  au  jeune  homme.  Parler  d^argent,  nommer 
même  ce  métal  passait  pour  une  bassesse  chez 
M.  Gagnon,  qui  pouvait  avoir  huit  à  neuf  mille 
livres  de  rente,  ce  qui  constituait  un  homme  riche, 
à  Grenoble,  en  1789. 

Le  jeune  Beyle  prit  cette  ville  dans  une  horreur 
qui  dura  jusqu'à  sa  mort,  c'est  là  qu'il  a  appris  à 
connaître  les  hommes  et  leurs  bassesses.  Il  désirait 
passionnément  aller  à  Paris  et  y  vivre  en  faisant 
des  livres  et  des  comédies.  Son  père  lui  déclara 
qu'il  ne  voulait  pas  la  perte  de  ses  mœurs  et  qu'il 
ne  verrait  Paris  qu'à  trente  ans. 

De  1796  à  1799,  le  jeune  Beyle  ne  s'occupa  que 
de  mathématiques,  il  espérait  entrer  à  l'Ecole 
polytechnique  et  voir  Paris.  En  1799,  il  remporta 
le  premier  prix  de  mathématiques  à  l'Ecole  cen- 
trale (M.  Dupuy,  professeur),  les  huit  élèves  qui 
remportèrent  le  second  prix  furent  admis  à  l'Ecole 
polytechnique  deux  mois  après.  Le  parti  aristo- 
crate attendait  les  Russes  à  Grenoble,  ils  s'écriaient  : 

0  Rus,  quaiido  ego  te  adspiciam  ! 


324  ANNEXES 

L'examinateur  Louis  Mouçic  ne  vint  pas  cette 
année,  tout  allait  à  la  diable  à  Paris. 

Tous  ces  jeunes  gens  partirent  pour  Paris  afin 
de  subir  leur  examen  à  l'école  même.  Beyle  arriva 
à  Paris  le  10  novembre  1799,  le  lendemain  du 
18  brumaire  ;  Napoléon  venait  de  s'emparer  du 
pouvoir.  Beyle  était  recommandé  à  ^L  Daru, 
ancien  secrétaire  général  de  l'Intendance  de  Lan- 
guedoc,  homme  grave  et  très  ferme.  Beyle  lui 
déclara  avec  une  force  de  caractère  singulière  pour 
son  âge  qu'il  ne  voulait  pas  entrer  à  l'Ecole  poly- 
technique. 

On  fit  l'expédition  de  Marengo  ;  Beyle  y  fut,  et 
M.  Daru  (depuis  ministre  de  l'Empereur)  le  fit 
nommer  sous-lieutenant  au  6^  régiment  de  dragons 
en  mai  1800.  Il  servit  quelque  temps  comme  simple 
dragon.  Il  devint  amoureux  de  madame  A.  (Angela 
Pietragrua). 

Il  passait  son  temps  à  Milan.  Ce  fut  le  plus  beau 
temps  de  sa  vie,  il  adorait  la  musique,  la  gloire 
littéraire  et  estimait  fort  l'art  de  donner  un  bon 
couj)  de  sabre.  11  fut  blessé  au  pied  (ruu  coup  de 
pointe  dans  un  «iiul.  11  fui  aide-de-canij)  (hi  lieu- 
tenant-général Mi(  liiiml,  il  se  distingua  :  il  a  un 
beau  certificat  de  ce  général  (entre  les  mains  de 
M.  Colomb,  ami  intime  dudit).  Il  était  le  plus  heu- 
reux et  prol)ablemoiil  !••  jtlus  fou  des  hommes, 
lorsque,  à  la  paix,  le  ministre  de  la  Guerre  ordonna 
que  tous  les  aides-de-camp  sous-lieutenants  rentre- 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  325 

raient  à  leurs  corps.  Beyle  rejoignit  le  6^  régiment 
à  Savigliano,  en  Piémont.   Il  fut  malade  d'ennui, 
puis,  blessé,  obtint  un  congé,  vint  à  Grenoble,  fut 
amoureux  et,  sans  rien  dire  au  ministre;  suivit  à 
Paris  AP^^  Y.,  qu'il  aimait.  I.e  ministère  se  fâcha, 
B[eyle]  donna  sa  démission,  ce  qui  le  brouilla  avec 
M.  Daru.  Son  père  voulut  le  prendre  par  la  famine. 
B[eyle],   plus  fou   que  jamais,   se  mit  à  étudier 
pour  devenir  un  grand  homme.   Il  voyait  tous  les 
quinze   jours   Madame   A.  ;   le   reste    du   temps,   il 
vivait  seul.  Sa  vie  se  passa  ainsi  de  1803  à  1806,  ne 
faisant    confidence    à    personne    de    ses    projets    et 
détestant  la  tyrannie  de  l'Empereur  qui  volait  la 
liberté    à   la    France.    M.    Mante,    ancien   élève    de 
l'Ecole  polytechnique,  ami  de  Beyle,  l'engagea  dans 
une   sorte   de    conspiration   en   faveur   de   Moreau 
(1804).  Beyle  travaillait  douze  heures  par  jour,  il 
lisait    Montaigne,     Shakespeare,    Montesquieu,    et 
écrivait  le  jugement  qu'il   en  portait.   Je   ne   sais 
pourquoi  il  détestait  et  méprisait  les  littérateurs 
célèbres,  en  1804,  qu'il  entrevoyait  chez  M.  Daru. 
Beyle  fut  présenté  à  M.  l'abbé  Delille.  Beyle  mépri- 
sait   Voltaire,    qu'il    trouvait    puéril,    madame    de 
Staël,   qui   lui   semblait   emphatique,   Bossuet,   qui 
lui   semblait  de  la   blague  sérieuse.    Il  adorait  les 
Fables  de  La  Fontaine,  Corneille  et  Montesquieu. 

En  1804,  Beyle  devint  amoureux  de  M^^*^  Mélanie 
Guilbert  (M"^^  de  Barckoiï)  et  la  suivit  à  Marseille, 
après  s'être  brouillé  avec  M"^'^...,  qu'il  a  tant  aimée 

Brulard    II.  21. 


326  ANNEXES 

depuis.  Ce  fut  une  vraie  passion  ;  M^^^  [Mélanie 
Guilberl]  ayant  quitté  le  théâtre  de  Marseille,  Beyle 
revint  à  Paris  ;  son  père  commençait  à  se  ruiner 
et  lui  envoyait  fort  peu  d'argent.  Martial  Daru, 
sous-inspecteur  aux  Revues,  engagea  Beyle  à  le 
suivre  à  l'armée,  Beyle  fut  extrêmement  contrarié 
de  quitter  ses  études. 

Le  14  ou  15  octobre  1806,  Beyle  vit  la  bataille 
d'Iéna,  le  26  il  vit  Napoléon  entrer  à  Berlin.  Beyle 
alla  à  Brunswick  en  qualité  d'élève  commissaire 
des  Guerres.  Là,  en  1808,  il  commença  au  petit 
palais  de  Richemont  (à  dix  minutes  de  Brunswick), 
qu'il  habitait  en  sa  quahté  d'intendant,  une  histoire 
de  la  guerre  de  la  succession  en  Espagne.  En  1809, 
il  fit  la  campagne  de  Vienne,  toujours  comme 
élèi^e  commissaire  des  Guerres,  il  y  eut  une  maladie 
complète  et  y  devint  fort  amoureux  d'une  femme 
aimable  et  bonne,  ou  plutôt  excellente,  avec  laquelle 
il  avait  eu  des  relations  autrefois. 

B[eyle]  fut  nommé  auditeur  au  Conseil  d'Etat  et 
inspecteur  du  mobilier  de  la  Couronne,  par  la 
faveur  du  comte  Daru. 

Il  fit  la  campagne  de  Russie  et  se  distingua  par 
son  sang-froid,  il  apprit  à  son  retour  que  cette  re- 
traite avait  été  quelque  chose  de  terrible.  Cinq  cent 
cinquante  mille  hommes  passèrent  le  Niémen, 
cinquante  mille,  peut-être  vingt-cinci  mille  le  repas- 
sèrent. 

B[eyle]  lit  la  campagne  de  Lutzen  et  fut  intendant 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES  327 

à  Sagan,  en  Silésie,  sur  la  Bober.  L'excès  de  la 
fatigue  lui  donna  une  fièvre  qui  faillit  finir  le  drame, 
et  que  Galle  guérit  très  bien  à  Paris.  En  1813, 
B[eyle]  fut  envoyé  dans  la  7^  division  militaire 
avec  un  sénateur  imbécile.  Napoléon  expliqua  lon- 
guement à  B[eyle]  ce  qu'il  fallait  faire. 

Le  jour  où  les  Bourbons  rentrèrent  à  Paris, 
B[eyle]  eut  l'esprit  de  comprendre  qu'il  n'y  avait 
plus  en  France  que  de  l'humiliation  pour  qui  avait 
été  à  Moscou.  M"^^  Beugnot  lui  offrit  la  place  de 
directeur  de  l'approvisionnement  de  Paris,  il  refusa 
par  dégoût  des  B[ourbons],  alla  s'établir  à  Milan  ; 
l'horreur  qu'il  avait  pour  le  B[ourbon]  l'emporta 
sur  l'amour.  Il  crut  entrevoir  de  la  hauteur  à  son 
égard  dans  M'"^  A.  Il  serait  ridicule  de  raconter 
toutes  les  péripéties,  comme  disent  les  Italiens, 
qu'il  dut  à  cette  passion.  Il  fit  imprimer  la  Vie  de 
Haydn,  Rome,  Naples  et  Florence,  en  1817,  enfin, 
VHistoire  de  la  Peinture.  En  1817  il  revint  à  Paris 
qui  lui  fit  horreur,  il  alla  voir  Londres  et  revint  à 
Milan.  En  1821,  il  perdit  son  père  ^,  qui  avait 
négligé  ses  affaires  (à  Claix)  pour  faire  celles  des 
Bourbons  (en  qualité  d'adjoint  au  maire  de  Gre- 
noble) et  s'était  entièrement  ruiné.  En  1815, 
M.  B[eyle]  avait  fait  dire  à  son  fils  (par  M.  Félix 
Faure)  qu'il  lui  laisserait  dix  mille  francs  de  rente, 
il  lui  laissa  trois  mille  francs  de  capital.  Par  bon- 

1.  Chérubin-Joseph  Bcyle  mourut  à  Grenoble  le  20  juin  1819. 


328 


ANNEXES 


heur,  B[cyle]  avait  1.600  francs  de  rente  provenant 
de  la  dot  de  sa  mère  (M''<^  ITenriette  Gagnon,  morte 
à  Grenoble  vers  1790  et  qu'il  a  toujours  adorée  et 
respectée).  A  Milan,  B[eyle]  avait  écrit  au  crayon 
V  Amour. 

B|^eyle],  malheureux  de  toutes  façons,  revint  à 
Paris  en  juillet  1821.  il  songeait  sérieusement  à  eu 
finir,  lorsqu'il  crut  voir  que  M"^*^  la  C.  avait  du 
goût  pour  lui.  Il  ne  voulait  pas  s'embarquer  sur 
cette  mer  orageuse,  il  se  jeta  à  corps  perdu  dans  la 
querelle  des  romantiques,  fit  imprimer  Racine  el 
Shakespeare,  la  Vie  de  Rossini,  les  Promenades  dans 
Rome,  etc.  Il  fit  deux  voyages  en  Italie,  alla  un 
peu  en  Espagne  jusqu'à  Barcelone.  Le  c[limat] 
d'Espagne  ne  permettait  pas  de  passer  plus  loin. 

Pendant  qu'il  était  en  Angleterre  (en  septembre 
1820),  il  fut  abandonné  de  cette  dernière  maîtresse, 
C.  :  elle  aimait  pendant  six  mois,  elle  l'avait  aimé 
pendant  deux  ans.  Il  fut  fort  malheureux  et  retourna 
en  Italie. 

En  1829,  il  aima  G.,  et  passa  la  nuit  chez  elle, 
pour  la  garder,  le  29  juillet.  Il  vit  la  Révolution 
de  1830  de  dessous  les  colonnes  du  Théâtre-Fran- 
çais. Les  Suisses  étaient  au-dessous  du  chapelier 
Moizart.  En  septembre  1830,  il  lui.  nommé  consul 
à  Trieste,  M.  de  .Metternich  était  en  colère  à  cause  de 
Rome,  Naples  et  Florence,  il  refusa  Vexéquatur. 
B[eyle]  fut  nommé  consul  à  Ci\  ità-Vecchia.  Il 
passait  la   moitié  de  l'année  à   lionic.    Il  y  perdait 


DEUX    NOTICES    BIOGRAPHIQUES 


329 


son  temps,  littérairement  parlant  ;  il  y  fit  le 
Chasseur  vert  et  rassembla  des  nouvelles  telles  que 
Vittorio  Accoramboni,  Beatrix  Cenci,  et  huit  ou  dix 
volumes  in-folio.  En  mai  1836,  il  revint  à  Paris'  par 
un  congé  de  M.  Thiers,  qui  imite  les  boutades  de 
Napoléon...  B[eyle]  arrangea  la  Vie  de  Napïoléon] 
du  9  novembre  183G  à  juin  1837... 

(.Je  n'ai  pas  relu  les  six  pages  qui  pré- 
cèdent, écrites  de  4  à  6  le  dimanche 
30  avril,  pluie  abominable,  à  l'hôtel 
Favart,  place  des  Italiens,  à  Paris.) 

B[eyle]  a  fait  son  épitaphe  en  1821  : 


Qui   giace 

Arrigo  Beyle,  Milanese 

^ 

issE,  Scrisse, 

Amô 

s 

E 

n'andiede   di 

iSEL    18... 

anm... 

Il  aima  Cimarosa,  Shakespeare,  Mozart,  le  Cor- 
rège.  Il  aima  passionnément  V.,  M.,  A.,  Ange.,  M., 
C,  et,  quoiqu'il  ne  fût  rien  moins  que  beau,  il  fut 
aimé  beaucoup  de  quatre  ou  cinq  de  ces  lettres 
initiales. 

Il  respecta  un  seul  homme  :  ISapoléon. 


330  ANNEXES 

Fin   de   cette  notice,   non  relue  afin  de  ne  pas 
mentir  ^. 


1.  Cette  notice  porte,  au  dos,  les  Jeux  titres  suivants  :  n  Xotice 
biographique  sur  Henri  Beyle,  »  et  :  «  Notice  sur  Henri  Beyle,  à  lire 
après  sa  mort,  non  avant.  »  —  Casimir  Stryienski  a  ajouté  dans  ses 
notes  des  réflexions  de  Beyle  lui-même,  et  les  dates  de  1832.  Ce  sont 
tout  simplement  des  extraits  de  la  Vie  de  Henri  Brulard,  écrite  à  la 
fin  de  1835  et  au  commencement  de  1836. 


IV 

L'ÉTAT  CIVIL 
DE  STENDHAL  ET  DE  SES  PARENTS 

A  plusieurs  reprises,  Stendhal  manifeste  l'inten- 
tion, dans  sa  Vie  de  Henri  Brulard,  de  prendre  les 
extraits  d'état  civil  de  ses  plus  proches  parents. 
Nous  satisfaisons  au  pieux  désir  de  notre  auteur 
en  reproduisant  ici  les  actes  de  naissance,  de 
mariage  et  de  décès  de  ses  grands-parents,  de  ses 
parents  et  de  ses  sœurs. 

La  famille  paternelle  d'Henri  Beyle  a  été  l'objet 
d'une  excellente  brochure  de  M.  Edmond  Maignien, 
l'érudit  conservateur  de  la  Bibliothèque  municipale 
de  Grenoble  ;  sous  ce  titre  :  La  Famille  de  Beyle- 
Stendhal,  il  a  donné  en  1889  une  généalogie  des 
Beyle  ;  mais  il  n'a  publié  qu'un  seul  acte  d'état 
civil,  celui  de  la  naissance  de  Stendhal.  Nous  y 
avons  ajouté  ceux  du  grand-père  d'Henri  Beyle, 
Pierre  ;  de  son  père,  Chérubin- Joseph  ;  de  ses 
sœurs,  Pauline-Eléonore  et  Marie-Caroline-Zénaïde. 
Nous  n'avons  pas  cru  devoir  étendre  nos  recherches 
à  la  nombreuse  postérité  de  Pierre  Beyle.  Chré- 
rubin- Joseph  Beyle  eut,  en  effet,  deux  frères  et  dix 


332  ANNEXES 

sœurs,  dont  voici  la  liste  dans  l'ordre  chronolo- 
gique ^  :  Marie-Dominique,  née  le  7  août  1735, 
mariée  le  18  septembre  1769  à  Benoît  Charvet, 
morte  le  G  juillet  1809  ;  —  Pierre- Joseph,  né  le 
13  décembre  173G; —  Marie-Eléonore,  née  le  26  dé- 
cembre 1737,  rengieuse  de  Sainte-Claire,  à  Gre- 
noble, morte  le  20  novembre  1808  ;  —  Marie- 
Victoire,  religieuse  ursuline  à  Vif  ;  —  Marie-Rose, 
née  le  22  avril  1739,  mariée  le  20  janvier  1767  à 
Jean  Martin,  entrepreneur,  architecte  de  la  Ville 
de  Grenoble  ;  —  Marie-Euphrosine,  née  le  14  mai 
1740,  mariée  à  Pierre  Clément,  procureur  au  Parle- 
ment du  Dauphiné  ;  —  Antoine- Laurent,  né  le 
9  août  1741  ;  —  Marie-Françoise-Eulalie,  née  vers 
1743,  religieuse  de  Sainte-Cécile,  à  Grenoble,  morte 
le  23  janvier  1812  ;  —  Marie-Catherine,  née  le 
ler  mai  1744,  morte  le  l<^r  ^^^{  \^y1  ;  —  Marie- 
Rosalie,  née  le  8  septembre  1748,  religieuse  de 
Sainte-Cécile,  à  Grenoble  ;  —  Sophie,  née  le  22  oc- 
tobre 1749  ;  —  Sophie-Eléonore,  née  le  G  janvier  1752, 
mariée  à  M.  Rey,  notaire  à  Grenoble. 

Quant  aux  Gagnon,  ils  n'ont  été  l'objet  <|ue  de 
recherches  fragmentaires,  exposées  soit  dans  une 
note  de  la  brochure  de  M.  Maignien,  soit  dans  les 
annexes  de  l'ouvrage  de  M.  Arthur  Chuquet, 
Stendhal-Beyle,  soit  dans  lune  des  nond^reuses 
études   consacrées   à   Stendhal.   Aucun   acte   d'état 


1.  Celle  lisle  est  exlraite  de  la  généalogie  de  M.  Maignien. 


ÉTAT-CIVIL  333 

civil  n'a  été  publié.  Nous  avons  réuni  les  actes 
d'état  civil  des  membres  de  la  famille  Gaarnon, 
depuis  le  grand-père  et  la  grand'tante  d'Henri 
Beyle  jusqu'aux  dix  enfants  de  Romain  Gagnon 
—  ceux  de  la  génération  de  Stendhal.  Mais  — 
puisqu'aussi  bien  il  faut  se  borner  —  nous  ne  don- 
nons que  les  actes  de  naissance  des  cousins-ger- 
mains de  Beyle,  nous  contentant  de  publier  seule- 
ment l'acte  de  décès  d'Oronce  Gagnon,  le  seul  dont 
il  soit  fait  mention  dans  la  Vie  de  Henri  Briilard. 

FAMILLE  BEYLE 
Le  grand-père  :  Pierre  Beyle. 

Né  à  Grenoble,  le  18  février    1699  ;  —  marié  à  Jeanne  Dupéron  le 
14  septembre  1734  ;  —  décédé  à  Claix,  le  14  novembre  1764. 

1699,  19  février.  Grenoble. 

Baptême  de  Pierre  Beyle. 

Le  dix-neuvième  février  1699,  j'ai  baptisé  Pierre, 
né  hier,  fds  de  m^  Joseph  Beyle,  procureur  au  Parle- 
ment de  cette  province,  et  de  demoiselle  Eléonor 
Coffe.  mariés.  Le  parrain  a  été  s^"  Pierre  Beyle,  oncle 
de  l'enfant,  la  marraine  d^^^  Honorade  Juliani,  femme 
de  m^  François  Coffe,  aussi  procureur  au  Parlement. 
Fait  en  présence  des  soussignés  avec  les  parties. 

Beyle;  Beyle;  Julliani;  J.  Beyle;  J.  Oba- 
nel;  Coffe.  C.  Jacqvinot,  prêtre,  pour 
M.  le  curé. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Hugues.  Archives  muni- 
cipales de  Grenoble,  GG  98,  fol.  69  v°.) 


334  ANNEXES 

1734,  14  septembre.  Grenoble 

Mariage  de  Pierre  Beyle  et  de  Jeanne  Dupéron. 

Le  quatorze  septembre  mil  sept  cent  trente-quatre, 
après  ime  proclamation  faite  clans  cette  paroisse  sans 
avoir  découvert  aucuns  empêchements  canoniques  ou 
civils,  vu  la  dispense  des  deux  autres  proclamations 
accordées  par  monsieur  Chalvet  de  Maubec,  vicaire 
général  de  ce  diocèse,  datée  du  onze  de  ce  mois,  insinuée 
le  même  jour  et  an,  du  consentement  du  père  de  l'époux 
et  en  présence  du  père  de  l'épouse,  j'ai  donné  la  béné- 
diction nuptiale  à  m®  Pierre  Beyle,  procureur  au  par- 
lement, aides  et  finances  de  Dauphiné,  fils  de  m®  Joseph 
Beyle,  ancien  procureur  audit  Parlement,  et  de  d^*^  Eléo- 
nor  Coiïe,  mariés,  d'une  part,  et  à  d^*^  Jeanne  Dupéron, 
fille  de  s'"  Pierre  Dupéron,  bourgeois  de  Grenoble,  et  de 
d^^®  Dominique  Bérard,  mariés,  d'autre,  en  présence 
de  M'"  m^  Jean-Baptiste  Beyle,  conseiller  du  roi,  juge 
royal  et  épiscopal  de  cette  ville,  de  M"^  m®  Joseph 
Beyle-Despérouses,  avocat  en  la  Cour,  de  noble  Antoine 
Drier,  conseiller  du  roi,  secrétaire  en  sa  Chambre  des 
comptes,  de  m®  Yve  Bonnefoy,  procureur  au  bailliage, 
et  des  autres  parents,  en  présence  des  soussignés  avec 
les  parties. 

Jeanne  Dupéron  ;  Beyle  ;  Dupéron  ; 
Beyle  ;  D.  Bérard-Dupéron  ;  Beyle  ; 
Beyle-Despérouses  ;  Bonnefoy  ;  Drier. 
Durand,   prêtre,   curé   de   Saint-Hugues. 

(Extrait  des  rcfjistrcs  de  la  paroisse  Saint-Hugues.  Arch.  niun.  do 
Grenoble,  GG  105,  fol.  153.) 

17C4,  IC  novembre.  Claix. 

Enterrement  de  Pierre  Beyle. 

Le  seiziènie  novembre  17U4,  j'ai  enterré  dans  féglisc 
M'"  Pierre  Beyle,  procureur  au  parlement  de  Dauj)hiné, 


ÉTAT-CIVIL  335 

âgé  d'environ  soixante-cinq  années,  mort  le  quator- 
sième  du  même  mois,  en  présence  de  Claude  Bert  et 
Louis  Dussert,  qui  n'ont  signé  pour  ne  savoir,  de  ce 
enquis  et  requis. 

Allemand,   curé. 

(Extrait  des  registres  paroissiaux  de  la  commune  de  Claix.) 


Le  père  :  Chérubin- Joseph  Beyle. 

Né  à  Grenoble,  le  29  mars  1747  ;  —  marié  à  Caroline-Adélaïde-Henriette 
Gagnon  le  20  février  1781  ;  —  décédé  à  Grenoble,  le  20  juin  1819. 


1747,  30  mars.  Grenoble. 

Baptême  de  Chérubin- José pJi  Beyle. 

Le  même  jour  et  an  [30  mars  1747],  le  Père  Chérubin- 
Joseph  Beyle,  prieur  et  religieux  de  Saint-François  de 
la  Madeleine  a  baptisé  en  notre  présence  et  de  notre 
consentement  Chérubin- Joseph,  né  hier,  fils  de  m*^  Pierre 
Beyle,  procureur  au  parlement,  et  de  demoiselle  Jeanne 
Dupéron,  mariés.  Le  parrain,  s^'  Joseph  Beyle,  son 
fils  ;  la  marraine,  demoiselle  Catherine  Beyle,  épouse 
de  M^  m^  Antoine  Allard-Duplantier,  avocat  au  Par- 
lement, en  présence  de  M'"  m®  Joseph  Beyle,  avocat 
audit  parlement,  et  de  m^  Yves  Bonnefoy,  procureur 
au  bailliage. 

Beyle  ;  Beyle-Duplantier  ;  Bonnefoy  ; 
Beyle-Despérouses  ;  Duchon  ;  Fran- 
çoise Bonnefoy  ;  Beyle-Bonnefoy  ; 
J.  Beyle,  cordelier  ;  Dupéron-Drier. 
Durand,  curé  de  Saint-Hugues. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Hugues.  Arcli.  mun.  de 
Grenoble,  GG  107,  fol.  102.) 


336  ANNEXES 

1781,  20  février.  Grenoble. 

Mariage  de  Chérubin-Joseph  Beijle  et  de  Caroline- Adé- 
laïde-Henriette Gagnon. 

Le  vingtième  février  mil  sept  cent  quatre-vingt-un, 
après  une  proclamation  faite  dans  cette  ])aroisse  et 
dans  celle  de  Saint-Hugues,  les  parties  ayant  obtenu 
dispense  des  deux  autres  publications  de  Monseigneur 
l'évêque  et  prince  de  Grenoble  sous  la  signature  de 
M'"  Pison,  vicaire  général,  sans  avoir  découvert  aucun 
empêchement  canonique  ou  civil,  ainsi  qu'il  conste 
par  la  remise  du  s""  Hélie,  curé  de  Saint-Hugues,  j'ai 
imparti  la  jjénédiction  nuptiale  à  M^  m^  (".hérubin- 
Joseph  Beyle,  avocat  au  parlement,  fils  légitime  de 
feu  m^  Pierre  Beyle.  jirocureur  au  ])arlemenl.  et  de 
dame  Jeanne  Dupéron,  ici  présente  et  consentante, 
habitant  de  la  paroisse  de  Saint-Hugues,  dune  part, 
et  à  demoiselle  Caroline-Adélaïde-Henriette  Gagnon, 
fille  légitime  de  M""  m®  Henri  Gagnon,  docteur  en  méde- 
cine, ici  présent  et  consentant,  et  de  défunte  dame  Thé- 
rèse-Félise  Rey,  habitante  de  cette  paroisse,  d'autre 
part,  en  présence  de  noble  Pierre  Beyle,  ancien  capi- 
taine des  grenadiers  au  régiment  de  Soissonnais,  de 
noble  Charles  Drier, avocat  du  roi  au  bailliage  de  Graisi- 
vaudan,  de  noble  Alexis  Pison,  avocat  consistorial  en 
ce  j)arlement,  et  de  m'^  Claude-Isaac  Mallein-Larivoirc, 
procureur  audit  bailliage,  tous  témoins  reijuis  et  signés 
avec  les  parties. 

Bkvle  ;  Henriette  Gag.non  ;  Gagnon  ;  Du- 
PTHON-Bi-Vi-K  ;  Bf.vi.i-:  ;  Diukm  ;  IMsoN 
lils  ;  .Mai.i.kin-Lauivoihk  ;  Hiv.  Sauin, 
curé. 


(Extrait  ili-s   rcgiotrr.'»   (1<-    hi    (lariiisse   Saint-Luui».   Anli.   niuii.   de 
Gn.noblp,  (j(j  187,  fol.  257  v".) 


ÉTAT-CIVIL  337 

181'.»,  21  juin.  Grcnoblo. 

Acte  de  décès  de  Chérubin-Joseph  Beyle. 

Le  vingt-un  juin  mil  huit  cent  dix-neuf,  pardevant 
nous,  maire  susdit,  acte  de  décès  de  M.  Chérubin- 
Joseph  Beyle,  chevalier  de  l'ordre  royal  de  la  Légion 
d'honneur,  ancien  avocat,  veuf  de  d^  Marie-Henriette- 
Adélaïde  Gagnon,  décédé  hier,  à  onze  heures  du  soir, 
dans  son  domicile,  rue  Neuve,  Agé  d'environ  soixante 
et  douze  ans,  natif  de  Grenoble,  fds  de  feu  M.  Pierre 
Beyle  et  de  défunte  à^  Jeanne  Dupéron,  mariés.  Après 
nous  être  assuré  dudit  décès  et  le  présent  acte  étant 
dressé,  nous  en  avons  fait  lecture  aux  déclarants  ci- 
après  :  ^L  Joseph-Marie  Apprin,  négociant,  et  M.  An- 
toine-Jules Mallein,  avocat,  majeurs  et  domiciliés  à 
Grenoble,  qui  ont  signé  avec  nous. 

J.    Malleix  ;    Apprin.    Rover-Deloche. 

(Extrait  des  registres  d'état-civil  de  la  Ville  de  Grenoble.) 

Les    enfants    :    L    ^L\rie-Henri    Beyle    (Stendhal). 

Né  à  Grenoble,  le  23  janvier  1783  ;  —  décédé  à  Paris,  le  23  mars  1842. 
1783,  24  janvier.  Grenoble. 

Baptême  de  Marie-Henri  Beyle. 

Le  24  janvier  mil  sept  cent  quatre-vingt-trois,  j'ai 
baptisé  Marie-Henri,  né  hier,  fds  légitime  de  noble 
Chérubin- Joseph  Beyle,  avocat  au  Parlement,  et  de 
dame  Caroline-Adélaïde-Henriette  Gagnon.  A  été  par- 
rain :  Monsieur  Henri  Gagnon,  médecin  en  cette  ville, 
aïeul  paternel  de  l'enfant  ;  marraine  :  dame  Marie 
Piabit,    veuve    de    noble    Jean-Baptiste    Beyle,    vivant 

Brul.^rd  II.  22 


338 


ANNEXES 


juge  royal  de  cette  ville,  lesquels  ont  signé  avec  le  père 
et  les  témoins. 

Beylh  ;  Gagno.n  ;  Rabv-Beyle  ;  Bcyle  ; 
Gautier  ;  Drier  ;  Mallein  Louis  ;  Ro- 
main Mallei.n.  Peyrin,  premier  vicaire 
de  Saint-Hugues. 

(Extrait  dos  rejnstres  de  la  paroisse  de  Sainl-IIugues.  Arch.  mun.  de 
Grenoble,  GG   11:2,  fol.  380  v».j 


1842,  23  mars.  Paris. 

Décès  de  Marie-Henri  Beyle. 

PRÉFECTURE    DV     DÉPARTEMENT    DE    L.V    SEINE 

V1LM-:   DE    TARIS 

(Extrait  du  rej;islre  dos  actes  de  décès  de  l'année  1842,  i''''  arron- 
dissement.) 

Du  vingt-trois  mars  mil  huit  cent  quarante-deux,  à 
dix  heures  du  matin. 

Acte  de  décès  de  sieur  Henri-Marie  Beyle,  consul  de 
France  à  Civita-N'eccia  ^,  âgé  de  cinquante-neuf  ans, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  célibataire,  né  à 
Grenoble  (Isère)  et  décédé  à  Paris,  en  son  domicile,  rue 
Neuve  des  Petits  Champs,  n°  78,  cejourd'hui,  à  deux 
heures  du  matin. 

Constaté  par  nous,  maire,  ollicier  de  létat  civil  du 
premier  arrondissement  de  Paris,  sur  la  déclaration  des 
sieurs  .Joseph- Romain  Colomb,  propriétaire,  âgé  de 
cirujuante-scpt  ans,  demeurant  rue  Notre-Dame  de 
Grâce,  n"  3,  Durand  Cayrol,  concierge,  âgé  de  vingt- 
quatre  ans,  demeurant  rue  Neuve  des  Petits  Champs, 
n°  78,  lesquels  ont  signé  avec  nous  après  lecture  faite. 

(Signé  :)  R.  Colo.mu,  Cayrol  et  Marbeau. 

1.  Sic. 


ÉTAT-CIVIL  339 

Pour  copie  conforme  : 

Paris,  le  29  mars  1842. 

Le  Maire  : 

(Signé  :)  Marbeau.    ' 

Expédié  et  collationné  • 

Signé  :  Poletnich. 

Admis  par  la  Commiss'on  (loi  du  12  février  1872).  Le  membre  de 
la  Commission  (signé  :)  E.  Lorget. 

Vu  pour  collation. 

L'Archiviste  de  la  Seine, 

M... 

Copie  d'un  extrait  authentique  déposé  chez  un  notaire  (Etude 
autorisée  Poletnich,  aujourd'hui  Kastler). 

» 

2.  Pauline-Eléonore  Beyle, 

Née  à  Grenoble,  le  21  mars  1786  ;  —  mariée  à  François-Daniel  Périer 
le  25  mai  1808  ;  —  décédée  à  Grenoble,  le  7  juin  1857. 

1786   22  mars.  Grenoble. 

Baptême  de  Pauline- EU onore  Beyle. 

Le  même  jour  [22  mars  1786]  j'ai  baptisé  Pauline- 
Eléonore  Beyle,  née  hier,  fille  légitime  de  noble  Ché- 
rubin-Joseph Beyle,  avocat  au  parlement,  et  de  dame 
Caroline-Adélaïde-Henriette  Gagnon.  A  été  parrain  : 
noble  Félix-Romain  Gagnon,  aussi  avocat  audit  par- 
lement ;  marraine  :  dame  Marie-Dominique  Beyle, 
veuve  Charvet,  oncle  et  tante  de  l'enfant,  lesquels  ont 
signé  avec  le  père  et  les  témoins. 

Beyle  ;  Gagnon  :  Drier  ;  Gagnon  ;  Beyle- 
Ch.\rvet  ;  RoMAGNiER.  Peyrin,  premier 
vicaire  de  Saint-Hugues. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Hugues.  Arcli.  mun.  de 
Grenoble,  GG  113,  loi.  179.) 


o4 


0  ANNEXES 


"1808,  2ô  mai.  Grenoblo. 

Mariage    fie    Pauluie-Elvonore    Beijle 
et  Je  François-Daniel  Pcrier. 

Le  vingt-cinq  mai  mil  huit  cent  huit,  pardevant  le 
maire  susdit,  sont  comparus  en  la  Mairie  pour  con- 
tracter mariage  M.  François-Daniel  Périer,  proprié- 
taire, né  à  Grenoble  le  vingt-trois  février  mil  sept  cent 
soixante-et-seize,  y  domicilié,  place  Grenette,  lils 
majeur  de  feu  M.  François  Périer,  ancien  négociant, 
habitant  en  cette  ville,  et  de  vivante  d^  Marie-Louise 
Lagier,  mariés,  d'une  part  ;  et  d^^^  Pauline-Eléonore 
Beyle,  née  à  Grenoble  le  vingt-un  mars  mil  sept  cent 
quatre-vingt-six,  y  domiciliée,  même  place,  fille  majeure 
de  M.  Chérubin- Joseph  Beyle,  ancien  jurisconsulte, 
habitant  en  cette  ville,  et  de  défunte  d"^  Caroline-Adé- 
laïde-IIenriette  Gagnon.  mariés,  d'autre  part.  L'époux 
futur  nous  a  remis  l'extrait  de  son  acte  tle  naissance, 
celui  de  décès  de  M.  son  père,  et  agit  du  consentement 
de  Madame  sa  mère,  ici  présente.  L'épouse  future 
nous  a  de  même  remis  l'extrait  de  son  acte  de  naissance 
et  procède  aussi  du  consentement  de  M.  son  père, 
également  ici  présent.  Lecture  faite  desdites  pièces, 
ainsi  que  du  présent  acte,  du  chapitre  six,  titre  cinq,  du 
Code  Napoléon,  et  des  publications  de  leur  promesse 
de  mariage,  des  quinze  et  vingt-deux  du  courant, 
publiées  et  aflichées,  conforniéinent  à  la  loi,  sans  (piil 
y  ait  eu  opposition  ni  empêchement,  lesdits  époux 
futurs  ont  déclaré  à  haute  voix  se  prendre  en  mariage. 
D'après  cette  déclaration,  nous.  Maire  susdit,  avons 
Itronoucé,  au  nom  de  la  loi.  (jue  lesdits  M.  1-rançois- 
Daniel  Périer  et  d'''-'  Paulinc-I'^léonore  Beyle  sont  unis 
en  mariage,  en  présence  de  MM.  Félix-Romain  Gagnon, 
maire  de  la  commune  des  Echelles,  oncle  de  l'épouse, 
I-iOuis-Ilenri  Tivolier,  résidant  à  Voiron,  ,Jean-.Joafhini- 
Alexandre  Bolut,  inspecteur  de  la  Loterie  inqxiialc, 
beau-frère  de  l'époux,  et  François-Alexis  Pison-Duga- 


ÉTAT-CIVIL  341 

land,  proprif'Iaire,  ces  deux  derniers  domicilies  à  Gre- 
nolde,  t  us  majeurs.  Les  époux,  la  mère  de  l'époux,  le 
père  de  l'épouse  et  les  témoins  ont  signé  avec  nous. 

F.  Périer  ;  Pauline  Beyi.e  ;  Lagier,  veuve 
Périer  ;     Bevle  ;     Gagnon  ;     Gagnox  ; 

L^       H'       TiVOLLIER  ;       PiSOX-DvGALAXD  ; 

Beyle-Charvet  ;  Botut  :  Botut,  née 
Périer  ;  Pascal  Malleix  ;  Poulet-Ga- 
GNON  ;  Antoinette  Périer  ;  Périer,  veuve 
Charvet  ;  TiVOLLIER  ;  Allard-Duplax- 
tier  ;  Mallein  ;  Alphonse  Périer  ;  Hé- 
bert ;  Barthélémy  ;   Savoye.    Rexaul- 

DOX. 

(Extrait  des  registres  de  l'élat-civil  de  la  Ville  de  Grenoble.) 


1857,  8  juin.  Grenoble. 

Acte  de   décès   de   Pauline-Eléonorc   Beyle. 

Le  huit  juin  mil  huit  cent  cinquante-sept,  à  deux 
heures  du  soir,  pardevant  nous,  Louis-Pierre-Antoine 
Reynaud,  adjoint  au  maire  de  Grenoble,  remplissant 
les  fonctions  d'ofhcier  de  l'état-civil,  sont  comparus 
MM.  Alexandre  Mallein,  ancien  directeur  des  Contri- 
butions directes,  âgé  de  soixante-seize  ans,  et  Alexis 
Chambon,  ébéniste,  âgé  de  quarante-quatre  ans,  domi- 
ciliés à  Grenoble,  lesquels  nous  ont  déclaré  que  dame 
Pauline-EIéonore  Beyle,  rentière,  âgée  de  soixante- 
onze  ans,  veuve  de  monsieur  François-Daniel  Périer, 
native  de  Grenoble,  y  domiciliée,  rue  Neuve-des-Péni- 
tents,  18,  fille  de  feu  Chérubin-Joseph  Beyle  et  de 
défunte  dame  Caroline- Adélaïde- Henriette  Gagnon, 
mariés,  est  décédée  hier,  à  onze  heures  du  matin,  dans 
son  domicile.  Nous  étant  assure  du  décès,  nous  avons 

BUULARD      n.  22. 


342  ANNEXES 

rédigé   le   présent   acte,   que    les   déclarants    ont   signé 
avec  nous  après  lecture  faite. 

MaLLKIN  ;   ClIAMBON.    Reynaid. 
(Extrait  des  registres  de  rétat-civil  du  la  Ville  de  Grenoble.) 

3.  Marie-Zénaïde-Caroline  Beyle, 

Née  à  Grenoble,  le  10  octobre  1788  ;  —  mariée  à  Alexandre-Charles 
JlalJein,  le  30  mai  1815  ;  —  décédée  à  Grenoble,  le  28  septembre  1866. 

1788,  10  octobre.  Grenoble. 

Baptême  de  Marle-Zénaïde-Carolme  Beyle. 

Le  même  jour  [10  octobre  1788]  j'ai  baptisé  Marie- 
Zénaïde-Caroline,  née  cejourd'hui,  fdle  légitime  de 
noble  Chérubin-Joseph  Beyle.  avocat  au  Parlement, 
et  de  dame  Maiic-l  lenriette-Adéiaïde  Gagnon.  A  été 
parrain  :  s^  Marie-Henri  Beyle,  frère  de  l'enfant  ; 
marraine  :  d'^*^  Elisabeth  Gagnon,  grand'tante  aussi 
de  l'enfant,  lesquels  ont  signé  avec  le  père  et  les  témoins 
requis. 

Beylk  ;  Henri  Beyle  ;  Elisabeth  Gagnon  ; 
Gagnon  ;  Félix  Gagnon.  Peyrin,  pre- 
mier vicaire  de  Saint-Hugues. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-IIugucs.  Arch.  niun.  de 
Grenoble,  GG  113,  fol.  3C9  v".) 

1815,  30  mai.  Gn'iioble. 

Mariage    de    Marie-Zt'naïde-Crirotine    Beyle 
el  de  Ale.ranilre-Charles  Malleiu. 

I,c  Irenfe  mai  mil  huit  cent  (piinze,  jiiirdevant  nous 
maire  susdit,  sont  comparus  en  la  nutirie  pour  con- 
tracter mariage  M.  Alexandre-(>haries  .\hillcin.  contrô- 
leur des  (Contributions,  né   à  (jren«ible  le    dix-neuf  no- 


ÉTAT-CIVIL  343 

vcmbre  mil  sept  cent  quatre-vingt,  y  domicilia,  fils 
majeur  de  M.  .Jean-Baptiste-Abraham  Mallein,  con- 
seiller en  la  Cour  impériale  de  Grenoble,  chevalier  de 
la  Légion  d'honneur,  et  de  d*^  Marie-Louise-Jvdie 
Pascal,  mariés,  d'une  part  ;  et  d^^^  Marie-Zénaïde-Caro- 
line  Beyle,  née  à  Grenoble  le  dix  octobre  mil  sept  cent 
quatre-vingt-huit,  y  domiciliée,  place  Grenette,  fille 
majeure  de  M.  Chérubin-Joseph  Beyle,  propriétaire, 
habitant  en  cette  ville,  et  de  défunte  Marie-Henriette- 
Adélaïde  Gagnon,  mariés,  d'autre  part.  L'époux  futur 
nous  a  remis  l'extrait  de  son  acte  de  naissance  et  agit 
du  consentement  de  ses  père  et  mère,  ici  présents. 
L'épouse  fviture  nous  a  de  même  remis  l'extrait  de  son 
acte  de  naissance  et  procède  du  consentement  de  son 
père,  également  ici  présent.  Lecture  faite  desdites 
pièces,  ainsi  que  du  présent  acte,  du  chapitre  six  titre 
cinq  du  Code  civil  et  de  la  publication  de  leur  promesse 
de  mariage,  du  vingt-un  du  courant,  publiée  et  affichée, 
conformément  à  la  loi,  sans  qu'il  y  ait  eu  opposition 
ni  empêchement,  dispense  de  la  seconde  ayant  été 
accordée  par  M  le  procureur  impérial  près  le  Tribunal 
civil  de  l'arrondissement  de  Grenoble,  lesdits  époux 
futurs  ont  déclaré  à  haute  voix  se  prendre  en  mariage. 
D'après  cette  déclaration,  nous,  maire  susdit,  avons 
prononcé  au  nom  de  la  loi  que  lesdits  M.  Alexandre- 
Charles  Mallein  et  d^^^  Marie-Zénaïde- Caroline  Beyle 
sont  unis  en  mariage,  en  présence  de  MM.  Romain 
Mallein,  procureur  impérial  près  le  Tribunal  civil, 
oncle  de  l'époux,  Alphonse  Périer,  banquier,  cousin  de 
l'époux,  Jules  Mallein,  avocat  à  la  Cour  impériale, 
cousin  de  l'époux,  et  Melchior  Mallein,  capitaine  de  la 
garde  nationale  mobile  du  département  de  l'Isère, 
frère  de  l'époux,  tous  majeurs  et  domiciliés  à  Grenoble. 
Les  époux,  les  père  et  mère  de  l'époux,  le  père  de  l'épouse 
et  les  témoins  ont  signé  avec  nous. 

Mallein  ;   Zénaïde  Beyle  ;  Mallein,  con- 
seiller ;    Mallein,   née   Pascal  ;   Beyle  ; 


314  ANNEXES 

Romain  Mallein  ;  Alphonse  Périer  ; 
M^""  Mallein  ;  J.  Mallein  ;  Mallein  ; 
l'anline  Périer-Lagrange.  Giroud. 

(Extrait  des  registres  d'élat-i-ivil  de  la  Ville  de  Grenoble.) 


ISOG,  2S  septembre.  Grenoble. 

Décès  de  Marie-Zénaîde-Caroline  Beijle. 

Le  vingt-huit  septembre  mil  huit  cent  soixante-six, 
à  une  heure  du  soir,  pardevant  nous,  Joseph  Juvin, 
adjoint  au  maire  de  Grenoble,  déléffué  pour  rempHr 
les  fonctions  d'officier  de  l'état-civil,  sont  comparus 
MM.  Casimir  Hi^nllioti.  conseiller  à  la  Cour  impériale, 
chevalier  de  la  Lt-i^iun  d'honneur,  âgé  de  soixante  ans, 
et  Jules-Casimir  Mallein.  avocat,  âgé  de  trente  ans, 
domiciliés  à  (jrenoble,  lesquels  nous  ont  déclaré  que 
dame  Marie-Zénaïde-Caroline  Beyle,  rentière,  âgée 
d'environ  soixante-dix-huit  ans,  veuve  de  M.  Alexandre- 
(Jiarles  Mallein,  nati\e  de  Grenoble,  y  domiciliée,  rue 
Saint-Vincent-de-Paul,  G,  fdle  de  feu  Chérubin-Joseph 
et  de  défunte  dame  Marie-IIenrielte-Adélaïde  Gagnon, 
mariés,  est  décédée  ce  matin,  à  onze  heures,  dans  son 
domicile.  Nous  étant  assuré  de  ce  décès,  nous  avons 
rédigé  le  présent  acte,  que  les  déclarants,  le  premier 
gendre  et  le  second  cousin  par  alliance  de  la  défunte, 
ont  signé  avec  nous  après  lecture  faite. 

BiGiLLiON,  C.  ;  J.  Mallein.  .1.  Juvin. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-civil  de  la  \'ille  de  Crrnoble.) 


ÉTAT-CIVIL  345 


FAMILLE  GAGNON 
La  grand'tante  :  Elisabeth  Gagnox. 

Née  à  GionoLlc,  le  30  octobre    1721  ;  —  décédéc  à  Grenoble, 

le  G  avril   1808. 

1721,  30  octobre.  Grenoble. 

Boptême  d' Elisabeth  Gagnon. 

Le  trente  octobre  mil  sept  cent  vingl-et-un,  a  été 
baptisée  Elisabeth,  fille  du  sieur  Antoine  Gagnon, 
chirurgien  juré,  et  de  demoiselle  Elisabeth  Senterre, 
sa  femme,  ses  père  et  mère,  née  du  même  jour.  Le  par- 
rain :  sieur  Joseph  Senterre,  marchand  ;  la  marraine  : 
-Marie-Thérèse  Senterre,  femme  du  sieur  Pouquier  (sic), 
marchand,  qui  ont  signé  avec  les  soussignés. 

Gagnon  ;  Senterre  ;  Senterre-Bourquy  ; 
G.  Gagnon  ;  Elisabeth  Molard.  Pegault, 
vicaire. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Louis.  Arcli.  niuii.  de 
Grenoble,  GG  180,  fol.  289.) 

1808,  7  avril.  Grenoble. 

Acte  de  décès  d' Elisabeth  Gagnon. 

Le  sept  avril  mil  huit  cent  huit,  pardevant  le  maire 
susdit,  acte  de  décès  de  demoiselle  Elisabeth  Gagnon, 
célibataire,  décédée  hier,  à  deux  heures  du  soir,  dans 
son  domicile,  Grande-rue,  âgée  d'environ  quatre-vingt- 
sept  ans.  native  de  Grenoble,  fdle  de  feu  ^L  Antoine 
Gagnon  et  de  défunte  dame  Elisabeth  Senterre, 
mariés.   Après  nous  être  assuré  dudit  décès  et  dressé 


346  ANNEXES 

le  présent  acte,  nous  en  avons  fait  lecture  aux  décla- 
rants ci-après  :  MM.  Félix  Gagnon.  maire  de  la  commune 
des  Echelles,  neveu  de  la  défunte,  et  Chérubin-Joseph 
Beyle.  avocat,  domiciliés  à  Grenoble,  majeurs,  qui  ont 
signé  avec  nous. 

Gagnon  ;   Bf.yle.    Renavldon. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-civil  de  la  Vilie  de  Grenoble.) 

Le   grand-père   :   Henri   Gagnon. 

Ké  à  Grenoble,  le  6  octobre  1728  ;  —  marié  à  Tliérèse-Félise  Rcy,  le 
9  décembre  1756  ;  —  décédé  à  Grenoble,  le  20  septembre  1813. 

1728,  i'j  octobre.  Grenoble. 

Baptême  de  Henri  Gagnon. 

Le  sixième  octobre  mil  sept  cent  vingt -huit,  a  été 
baptisé  Henri,  né  le  même  jour,  fils  naturel  et  légitime 
de  s"^  Antoine  Gagnon,  chirurgien-major  de  l'arsenal  de 
Grenoble,  et  demoiselle  Elisabeth  Senterre.  Le  parrain 
a  été  m^  Henri  Lemaistre.  procureur  au  parlement  de 
cette  province,  la  marraine  demoiselle  Elisabeth  Cha- 
boud.  épouse  de  s"^  Antoine  Robert,  marchand  de  cette 
ville,  en  présence  des  soussignés. 

Gagno.n  ;  Lemaistre  :  Tarpant  ;  Chadoud- 
RoBERT  ;  .L  Gagnon:  Robert.  Depeti- 
ciiET,  vicaire. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse   Saint-Louis.    Ardi.   inun.   de 
Grenoble,  GG  181.  fol.  228.J 

1750,  9  décembre.  Grenoble» 

Mariage    de    Henri    Gagnon    vt    de    TJiérèse-F élise    Reij. 

Ce  neu\ième  décembn-  mil  sept  cent  ciurpianle-six, 
après   une  [)roclamati(jn  faite  dans  cette  paroisse  sans 


ETAT-CIVIL 


347 


avoir  découvert  aucun  empêchement  canoni(jue  ni 
civil,  les  parties  ayant  obtenu  dispense  des  deux  autres 
proclamations  et  du  temps  prohibé  de  Monseigneur 
l'évêque  et  prince  de  Grenoble  en  date  du  septième,  du 
courant,  dûment  insinuée  et  contrôlée,  aussi  du  se]>- 
tième  du  courant,  signée  Romain  Couppier,  j'ai  imparti 
la  bénédiction  nuptiale  à  s""  Henri  Gagnon,  docteur  en 
médecine  et  agrégé  au  collège  de  Grenoble,  fils  à  feu 
s^  Antoine  Gagnon,  vivant  m^  chirurgien  juré  en  cette 
ville,  et  à  défunte  demoiselle  Elisabeth  Senterre, 
mariés,  d'une  part;  et  à  demoiselle  Thérèse-Félise  Rey, 
fdle  à  feu  s^  Ennemond  Rey,  bourgeois  à  Montbonnot, 
et  à  demoiselle  Françoise  Pupin,  mariés,  présente  et 
consentante,  autorisée  de  M^  Claude  Borel,  procureur 
en  la  Cour,  son  curateur,  présent  et  consentant,  d'autre, 
en  présence  de  s^'^  Alexandre  et  Charles  Pupin,  oncles 
de  l'épouse,  de  m^  Henri  Lemaistre,  procureur  au 
parlement  de  Grenoble,  de  M^"  m^  Joseph- Antoine 
Lemaistre,  avocat  consistorial  au  même  parlement, 
de  m^  Jean  Mallein,  procureur  au  bailliage,  beau-père 
de  l'épouse,  témoins  requis  et  signés  avec  les  parties. 

Gagxox  ;  Rey  ;  Pupix-Malleix  ;  Mal- 
LEix  ;  Pupix  ;  Lemaistre  ;  Borel  ;  Le- 
maistre fils  ;  ^L\LLEIX  fils.  Beylié,  curé. 

(Extrait   des   rogisU'es   de    la   paroisse    Salnl-Louis.   Arcli.    inun.    do 
Grenoble,  GG  184^  fol.  422.) 


1813,  21   septembre.  Grenoble. 

Acte  de  décès  de  Henri  Gagnon. 

Le  vingt-un  septembre  mil  huit  cent  treize,  pardevant 
nous,  maire  susdit,  acte  de  décès  de  M.  Henri  Gagnon, 
docteur  en  médecine,  doyen  du  collège  de  médecine  de 
Grenoble,  veuf  de  d®  Thérèse-Félise  Rey,  décédé  hier, 
à  quatre  heures  du  soir,  dans  son  domicile.  Grande-rue, 


34 


8  ANNEXES 


âgé  d'environ  quatre-vingt-cinq  ans,  natif  de  Gre- 
noble, fils  de  feu  M"^  xVntoine  Gagnon  et  de  défunte 
d^  Elisabeth  Senterre,  mariés.  Après  nous  être  assuré 
dudit  décès  et  le  présent  acte  étant  dressé,  nous  en 
avons  fait  lecture  aux  déclarants  ci-après  :  s^  Alexis- 
François-^  incent  Fagot,  secrétaire  en  chef  de  cette 
mairie,  et  s^"  Jean-Antoine  Bron,  commis,  majeurs  et 
domiciliés  à  Grenoble,  qui  ont  signé  avec  nous. 

Fagot  ;  Bron.   Renauldo.n. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-civil  dp  la  ^"il!(■  de  Grenoble.) 


La  mère  :  IIenriette-Adélaïde-Ciiarlotte  Gagno.n. 

Née  à  Grenoble,  le  2  octobre  1757  ;  —  mariée  à  Josepli-Chérubin  Beyli-, 
le  20  février  1781  ;  —  dccédéc  à  Grenoble,  le  23  no\eiubie  1790. 

1737,  2  octobn-.  Grenoble. 

Baptême  de  llenriette-Adélaïde-Charlotte   Gagnon. 

Ce  deuxième  octobre  mil  sept  cent  cinquante-sept, 
j'ai  baptisé  llenriette-Adélaïde-Charlotte,  née  cejour- 
dhiii.  liile  légitime  à  M""  m^  Henri  Gagnon.  docteur  en 
médecine,  auréfjé  au  collège  de  Grenoble,  et  à  dame 
Thérèse- Félise  Key,  mariés.  Le  parrain  a  été  s'"  Charles 
Pupin,  bourgeois  ;  la  marraine  a  été  demoiselle  Elisa- 
beth Gagnon,  tante  de  l'enfant,  en  présence  des  soussi- 
gnés avec  les  parties. 

Gagno.n  ;  Pupin  ;  Elisabeth  Gagnon  ;  Gas- 
TiNEL  ;  Belluard  ;  Pupin  ;  Disdier  ; 
Lemaistre  ;  Bei.i.uard  ;  Bartei.lon  le 
cadet.   Bevlié,  curé. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Louis.  Arcli.  iiiiiii.  de 
Grenoble,  GG  185,  fol.  'iC.) 


ÉTAT-CIVIL  349 

1790,  24  novembre.  Grenoble. 

Enterrement  de  Henriette  Gagnon. 

Le  vingt-quatrième  novembre  1790,  j'ai  donné  Aa 
sépulture  à  Caroline-Adélaïde-Charlotte  Gagnon,  épouse 
de  M'^  Chérubin- Joseph  Beyie,  avocat,  laquelle  décédée 
hier,  âsfée  d'environ  trente-deux  ans.  Témoins  :  Claude 
Charavel  et  Claude  Pariou,  domestiques  de  l'église  et 
illettrés. 

Pevrin,  premier  vicaire   de   Saint-Hugues. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Hugues.  Arch.  mun.  de 
Grenoble,  GG  114,  fol.  153  v».) 

L'oncle    :    Félix-Romain    Gagxox. 

Né  à  Grenoble,  le  17  décembre  1758  ;  —  marié  à  Camille-Cécile  Poncet, 
le  4  janvier  1790  ;  —  décédé  à  Grenoble,  le  29  janvier  1830. 

1758,  17  décembre.  Grenoble. 

Baptême  de  Félix-Romain  Gagnon. 

Ce  dix-septième  décembre  mil  sept  cent  cinquante- 
huit,  j'ai  baptisé  Félix-Romain,  né  cejourd'hui,  fds 
légitime  à  s^'  Henri  Gagnon,  docteur  en  médecine, 
agrégé  au  collège  de  médecine  de  Grenoble,  et  à  dame 
Thérèse- Félise  Rey,  mariés.  Le  parrain  a  été  s'^  Romain 
Senterre,  négociant  à  Lyon  ;  la  marraine  a  été  demoi- 
selle Françoise  Pupin,  épouse  de  m®  Jean  Mallein, 
procureur  au  bailliage  de  Graisivaudan,  en  présence 
des  soussignés. 

Gagnon  ;  Senterre  ;  Pupin-Mallein  ;  Gi- 
roud-Lemaistre  ;  Elisabeth  Gagnon  ; 
DuBOYS  ;  Lemaistre  ;  Mallein.  Beylié, 
curé. 

(Extrait  des  registres  de  la  paroisse  Saint-Louis.  Arch.  mun.  de 
Grenoble,  GG  185,  fol.  115.) 


350  ANNEXES 

1790,  4  janvier.  Les  Eclicllcs  (Savoie). 


Mariage  de  Félix-Romain    Gagnon  et  de  Cécile-Camille 

Poncel. 

Le  quatre  janvier  mil  sept  cent  qiiatre-vinpt-dix. 
ensuite  d'une  jtroclaniation  faite  en  dues  formes,  dans 
cette  église  et  dans  l'église  paroissiale  de  Saint-LouLs 
de  la  ville  de  Grenoble,  comme  il  en  conste  par  le  certi- 
ficat de  révérend  Sadin,  curé,  en  date  du  deux  du  cou- 
rant, dûment  légalisé  ledit  jour  à  l'évêché  de  Grenoble, 
signé  Courtois-Minut,  plus  bas  par  monseigneur  :  Gigard. 
vu  les  dispenses  de  deux  bans,  du  temps  prohibé,  de 
l'heure  et  de  l'interstice  accordées  par  monseigneur 
l'évêque  de  Grenoble,  signé  Brochier,  vicaire  général, 
de  mandata  Gigard,  en  date  du  trente-un  décembre 
dernier,  dûment  contnjlé  dudit  jour  par  monseigneur 
Michel  Conseil,  premier  évêque  de  Chambéry,  en  date 
du  second  du  courant,  signées  par  Sa  Grandeur,  n'ayant 
découvert  aucun  em])èchenient  et  du  consentement  des 
parents,  ont  reçu  la  bénédiction  nuptiale  des  mains  de 
monsieur  Bonne,  vicaire  général  du  diocèse  de  Saint- 
Flour,  en  ma  présence  et  de  mon  consentement,  noble 
Félix-Romain  Gagnon,  avocat  au  parlement  de  Dau- 
phiné,  fils  légitime  de  noble  Henri  Gagnon,  docteur  en 
médecine,  agrégé  au  collège  de  Grenoble,  et  de  défunte 
(.lame  Thérèse-Félise  Rey,  mariés,  natif  et  habitant  de 
la  ville  de  Grenoble,  d  une  part,  et  demoiselle  Cécile- 
Camille  Poncel,  fille  légitime  de  noble  Claude  Poncet, 
avocat  au  ])arlement  de  Paris,  et  de  dame  Foy  l^oime, 
mariés,  native  et  habitante  de  cette  paroisse,  d'autre 
part.  (Jnt  été  présents  noble  Henri  Gagnon.  père  de 
l'époux,  dame  Boime,  mère  de  l'épouse,  imlilc  Jean- 
Baptiste  Malltiti.  avocat  consisturial  au  parlement  de 
Daupliiné.  noble  Chérubin-. losepli  Beyle,  avocat  consis- 
torial  audit  jtarlenifnl  de  Grenoble,  y  résidants,  sieurs 


ÉTAT-CIVIL  351 

André  et  Antoine  Bonne,  oncles  de  l'ûpouse,  habitants 
de  cette  paroisse,  et  autres  témoins  soussignés. 

Laurens,   curé. 

(Extrait  dos  registres  paroissiaux  des  Echelles,  1790,  11°  1.) 

1830,  30  janvier.  Grenoble. 

Acte  de  décès  de  Félix-Romain   Gagiwn. 

Le  trente  janvier  mil  huit  cent  trente,  à  dix  heures 
du  matin,  pardevant  nous,  adjoint  susdit,  acte  de  décès 
de  M.  Félix-Romain  Gagnon,  propriétaire,  marié  à 
d^  Camille-Cécile  Poncet,  décédé  hier,  à  cinq  heures 
du  soir,  dans  son  domicile,  place  Grenette,  âgé  d'environ 
soixante-onze  ans,  natif  de  Grenoble,  fils  de  feu  M.  Henri 
Gagnon,  docteur  en  médecine,  et  de  défunte  d^  Félise 
Rey.  Après  nous  être  assuré  dudit  décès,  et  le  présent 
acte  étant  rédigé,  nous  en  avons  fait  lecture  aux  décla- 
rants ci-après  :  MM.  Joseph-Adolphe  Blanchet,  avocat, 
âgé  de  trente  ans,  et  Félix- Albert  Blanchet,  négociant, 
âgé  de  vingt-un  ans,  domiciliés  à  Grenoble,  qui  ont 
signé  avec  nous. 

Ad.  Blanchet  ;  Albert  Blanchet.  A.  Mou- 

LEZIN. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-tivil  de  la  Ville  de  Grenoble.) 

La  tante  :  Marie-Françoise-Séraphie  Gagnon. 

Née  à  Grenoble,  le  21   septembre  1760  ;  —  décédée  à  Grenoble    le 

9  janvier  1797. 

17r)0,  22  septembre.  Grenoble. 

Baptême  de  Marie-Françoise-Séraphie  Gagnon. 

Le  vingt-deuxième  septembre  mil  sept  cent  soixante, 
j'ai  baptisé  Marie-Françoise-Séraphie.  née  le  jour  pré- 


352  ANNEXES 

cèdent,  fille  légitime  do  sieur  Henri  Gagnon,  docteur 
en  médecine,  et  de  dame  Thérèse-Félise  Rey,  mariés. 
Le  parrain  a  été  sieur  Antoine  Barlellon,  bourgeois, 
et  la  marraine  demoiselle  Marie  Didier,  bourgeoise  à 
Saint-Laurent  de  cette  ville,  présents  les  soussignés 
avec  le  parrain  et  la  marraine,  le  père  absent. 

Bartellon  le  cadet  ;  Disdier  ;  Lkmaistre  ; 
Gagnon  ;  Bartellon  ;  Rlbichon.  Mo- 
rand,   vicaire. 

(Extrait  des  registres  de  la   paroisse   Saint-Louis.   Arch.   mun.   de 
Grenoble,  GG  tS5,  fol.  240.) 


1797,  10  janvier.  Grenoble. 

Acte  de  décès  de  Marie-Françoise-Séraphie  Gagnon. 

Le  même  jour  [21  nivôse  an  l\],  pardevant  nous, 
odicier  public  susdit,  sont  comparus  en  la  maison  com- 
mune Jean  Colomb  et  Louis  Romagnicr,  tous  deux 
majeurs  et  anciens  négociants,  domiciliés  à  Grenoble, 
Grande-rue.  lesquels  nous  ont  déclaré  que  Marie-Fran- 
çoise-Séraphie Gagnon,  fille  du  citoyen  Gagnon, 
médecin,  est  décédée  hier,  à  dix  heures  du  soir,  dans  le 
domicile  de  son  père,  Grande-rue,  âgée  d'environ  trente- 
six  ans,  de  laquelle  déclaration  et  décès,  après  nous  eu 
être  assuré,  nous  avons  dressé  le  présent  acte,  que  les 
déclarants  ont  signé  avec  nous. 

('oLOMB  :   IloM  VGNir.n.    r.HiMiNAnr.,  ollicier 
public. 

(E.xtrait  des  registres  de  l'état-cisil  de  la  \'ille  de  Cirenoblc.) 


ÉTAT-CIVIL  353 

Les  cousins  et  cousines  :  1.  Henriette  G.vgnon. 

Née  aux  Echelles  (Savoie),  le  6  juillet  1790. 

1790,  G  juillet.  Lrs  Echelles. 

Baptême  de  Henriette  Gagnon. 

Le  six  juillet  mil  sept  cent  quatre-vingt  et  dix,  à 
deux  heures  du  matin,  est  née  et  aussitôt  a  été  baptisée 
jeiie  Henriette  Gagnon,  fille  de  Félix-Romain  Gagnon, 
avocat  au  parlement  de  Grenoble,  et  de  demoiselle 
Cécile-Camille  Poncet,  mariés,  de  cette  paroisse.  Le 
parrain  a  été  s'^  Henri  Gagnon,  grand-père  de  l'enfant, 
médecin  et  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des 
Sciences  et  de  Belles-lettres  de  Grenoble  et  représenté 
par  Joseph  Pellet,  clerc  de  ladite  paroisse.  La  marraine 
a  été  d^i^s  Thérèse  Maistre. 

Laroche,  vicaire. 

(Extrait  des  registres  paroissiaux  des  Echelles,  1790,  n"^  ôO.) 

2,  Marie-Félise  Gagnon. 

Née  aux  Echelles  (Savoie),  le  13  juin  1791. 

1791,  IG  juin.  Les  Echelles. 

Baptême  de  Marie-Félise  Gagnon. 

Le  seize  juin  mil  sept  cent  quatre-vingt-onze,  à  dix 
heures  et  demie  du  soir,  ont  été  suppléées  les  cérémonies 
de  baptême  à  d^He  Marie-Félise  Gagnon,  fdle  de  noble 
Félix-Romain  Gagnon,  avocat  au  parlement  de  Gre- 
noble, et  de  dame  Cécile-Camille  Poncet,  mariés,  de 
cette  paroisse,  par  messire  Bonne,  vicaire  générai  du 
diocèse  de  Saint-Flour,  oncle  de  l'enfant,  née  le  treize 
de  ce  mois,  à  trois  heures  et  demie,  et  que  je  soussigné, 
curé,  ai  baptisée  à  quatre  heures  dudit  jour  treize.  Le 
Brulard   II.  23 


354  ANNEXES 

parrain  a  ("It'  noble  Henri  Ga^rnon.  tlocleur  en  médecine, 
açrrénré  an  coUèse  de  Grenoble,  aïeul  de  l'enfant,  et 
dame  Foy  Bonne,  son  aïeule,  a  t'ii-  la  marraine. 

Laurens,  curé. 

(Extrait  dos  registres  paroissiaux  des  Eeliclles,  1701,  n"  32.) 

3.  ANDRÉ-Fl':i.IX-IIl.NRI-GAt:TAN  GaGNON. 
Né  aux  Lclielles  (.""avoie;,  le  10  janvier  1793. 

171.3,  11  février.  Les  Echelles. 

Baptême  de  Andri:-lélix-Henri- Gaétan  Cagnon. 

Le  onze  février  mil  sept  cent  quatre-vingl-lreize,  à 
midi,  j'ai  suppléé  les  cérémonies  après  le  baptême  à 
André-Félix-lIenri-Gaëtan,  iils  de  sieur  Félix-Romain 
Gagnon,  docteur  ès-droits,  et  de  dame  Cécile-Camille 
Poncet.  mariés,  de  ce  bourg,  lequel  enfant  est  né  le 
dix-neuf  janvier  dernier,  à  huit  heures  du  matin,  et  a 
été  baptisé  le  même  jour,  entre  une  heure  et  midi.  Le 
parrain  a  été  s""  André  Bonne,  oncle  de  l'enfant,  et 
jeiie  Elisabeth  Gagnon,  sa  tante,  a  été  la  marraine. 

Lalrens,  curé, 

Extr.-iit  ili,--  re-i-tn-.   |>.iruissiaiix  des  Echelles,  1793,  n"  lô.) 

4.  A.mélie-Lvcie-Françoise  Gagnon. 

Née  aux  Echelles  (Savoie),  le  24  novembre  1794. 

17   '.,  2'»  novembre  —  179C,  30  septembre.  Les  Echelles. 

Puissance  et  baptême  de  Amélie- Lucie-Françoise  Gagnon. 

Le  vingt-quatre  novembre  mil  sept  cent  quatre- 
vingt-quatorze,  entre  sept  et  huit  heures  iIn  matin, 
est  née  .\iiiélie-I.ucic-Iranf;oisc  Gagnon.  lillc  df  M.  lé- 


ÉTAT-CIVIL  355 

lix-Roniaiu    Ga^non.    docteur    ès-droils,    et     de    dame 
C(!'cile-Ca mille  Ponce  I,  mariés. 

(Cette  note  est  suU'ie  6?'?//?.  renvoi  au  30  septembre  1796, 
où  se  trouve  l'acte  suivant  :) 

Le  trente  septembre  mil  sept  cent  qnatre-vingt  et 
seize,  après  la  célébration  de  la  messe,  dans  notre  cha- 
pelle domestique,  érigée  dans  le  bourg  des  Echelles 
pour  l'exercice  du  culte  catholique  à  défaut  d'église 
paroissiale,  je  soussigné  ai  suppléé  les  cérémonies  dn 
baptême  à  Amélie-Lucie  Gagnon.  fille  de  M.  maître 
Félix-Romain  Gagnon  et  de  dame  Camille-Cécile 
Poncet,  mariés,  dudit  bourg  des  Echelles,  laquelle 
enfant  est  née  le  vingt-c{uatre  novembre  mil  sept  cent 
quatre-vingt-quatorze,  entre  sept  et  huit  heures  du 
matin,  ondoyée  validement  le  surlendemain,  à  sept 
heures  du  soir,  par  s'^  François  Chavasse-Bélissard, 
dont  la  capacité  et  les  bonnes  mœurs  sont  connues  et 
attestées.  Le  parrain  a  été  s^  Joseph  Blanchet,  repré- 
senté par  s^  Antoine  Bonne,  et  d^^^^  Marie  Poncet, 
représentée  par  dame  Marie-Lucie  Giroud,  a  été  la 
marraine. 

Laurexs,  curé. 

(Exilait  des  registres  paroissiaux  des  Eclielles.) 

5.  Joseph-Oronce  Gagxon. 

Né  aux  Eclielles  (Savoie),  le  24  novembre  179C  ;  —  décédé  à  Grenoble, 
le     24     avril     1883. 

1796,  24  novembre.  Les  Eclicll<3S. 

Baptême  de  J oseph-Oronce  Gagnon. 

Le  vingt-quatre  novembre  mil  sept  cent  quatre-vingt 
et  seize,  à  une  heure  du  matin,  est  né  et  le  même  jour, 
à  six  heures  du  soir,  dans  une  chapelle  domestique 
érigée    dans    le    bourg   des    Echelles,    en    Savoie,    pour 


356 


ANNEXES 


l'exercice  du  culte  catholique  à  défaut  de  l'église 
paroissiale,  je  soussigné  ai  administré  le  baptême  avec 
les  cérémonies  qui  le  précèdent  jusqu'au  Saint-Chresme, 
exclusivement,  à  Joseph-Oronce  Gagnon.  fds  de  M.  maî- 
tre Félix-Romain  Gagnon,  docteur  ès-droits,  et  de 
dame  Cécile-Camille  Puncet,  mariés,  dudit  bours  des 
Echelles,  en  Savoie,  et  le  trois  janvier  suivant,  à  six 
heures  et  demie  du  soir,  j'ai  sup[)léé  les  cérémonies 
subsé([uentes  au  baptême  dudit  enfant,  entre  les  mains 
de  s""  Josej.h  Bonne  et  de  à.^^"^^  ^'irginie-Félicité  Giroud. 

Laurens,  curé. 
(Extrait  des  rejristrcs  paroissiaux  des  Ecliclles). 

1883,  2't  avril.  Grenoble. 

Acte  de  décès   de   JosepJi-Oronce    Gagnon. 


Le  vingt-quatre  avril  mil  liuiL  cent  quatre-vingt- 
trois,  à  onze  heures  du  matin,  pardevant  nous,  Auguste 
Germain,  adjoint  au  maire  de  Grenoble,  délégué  pour 
remplir  les  fonctions  dollicier  de  rétal-ci\il.  sont  com- 
parus MM.  ILrnest  Bourjat.  âgé  de  ((uaiantc-sept  ans, 
et  .Iules  Aman,  âgé  de  quarante-cinq  ans,  rentiers, 
domiciliés  à  Ciren<jble.  les(iuels  nous  ont  déclaré  que 
M.  .loseph-Uronce  Gagnon,  général  de  division  en  n'- 
t  rai  te,  grand-ollicier  de  la  Légion  d'honneur,  âgé  do 
f(uatrc-\  ingt-six  ans.  marié  à  d*^  .loséphine-Marie- 
.Icannc-Hosalie  .Jacquinot,  natif  des  Echelles  (Savoie), 
domicilié  à  Grenoble,  rue  ^'aucanson,  4,  fils  de  feu 
l'élix-Homain  Gagnon  et  dr  (li'fimtc  Cécile-Camille 
Poncet,  mariés,  est  décédé  ce  matin,  à  neuf  heures, 
dans  son  flomicile.  Nous  étant  assuré  de  ce  tiécès,  nous 
avons  rédigé  le  présent  acte,  que  les  déclarants  ont 
signé  avec  nous,  a[)rès  lecture  faite. 

L.    BoLHJ.VI    ;     .1.     Ama.N.     (il.H.MAI.N. 
(Kxlrail  <!••»  rr>;,'i»trc»  de  l'état-iix  il  île  la  N'illc  de  (  in-iiolilc.) 


ÉTAT-CIVIL  357 

G.  Chèrubin-Jules  Gagnon, 

Xé  aux  Kchelles  (Savoie),  le  2'J  avril   1799. 

1800,  9  juillet.  Les  Echelles. 

Baptême  de  Chérubin- Jules   Gagnon. 

Le  vingt-neuf  avril  mil  sept  cent  quatre-vingt-dix- 
neuf  est  né,  à  quatre  heures  du  soir,  Chérubin- Jules 
Gagnon,  fils  de  M.  maître  Félix- Romain  Gagnon, 
docteur  ès-droits,  et  de  dame  Camille  Poncet,  mariés, 
du  bourg  des  Echelles,  en  Savoie,  lequel  enfant,  ondoyé 
le  trois  mars  suivant,  avec  toutes  les  cérémonies  qui 
précèdent  le  baptême,  a  reçu  les  cérémonies  subsé- 
quentes par  moi  soussigné  le  neuf  juillet,  dans  une 
chapelle  domestique  érigée  audit  bourg  des  Echelles, 
en  Savoie,  pour  l'exercice  du  culte  catholique,  à  défaut 
d'église  paroissiale,  entre  les  mains  de  M.  maître  Ché- 
rubin-Joseph Beyle,  aussi  docteur  ès-droits,  et  de  dame 
Foy  Bonne,  veuve  Poncet,  aïeule  de  l'enfant. 

Laurens,  curé. 

(Extrait  des  registres  paroissiaux  des  Echelles.) 

7.   Henriette  Gagnon. 

Née  à  Grenoble,  le  II  octobre  1800. 
1800,   11  octobre.  Grenoble. 

Acte  de  naissance  de  Henriette  Gagnon. 

Du  dix-neuvième  jour  du  mois  de  vendémiaire,  l'an 
neuf  de  la  République  française. 

Acte  de  naissance  de  Henriette  Gagnon,  née  le  dix- 
neuf  vendémiaire,  à  une  heure  du  matin,  fdle  de  Félix- 
Romain  Gagnon,   propriétaire,  habitant  aux  Echelles, 

Brulard  II.  23. 


358  ANNEXES 

département  du  Monl-Blanc.  et  de  Cécile-Camille 
Poncet.  mariés.  Le  sexe  de  l'enfant  a  été  reconnu  être 
féminin. 

Premier  témoin  :  Joseph  Félix,  commis  en  cette 
mairie. 

Second  témoin  :  Antoine  Termier,  ausï^i  commis  en 
cette  mairie,  tous  deux  majeurs. 

Sur  la  réquisition  à  nous  faite  par  M.  Henri  Gagnon. 
aïeul  paternel  de  l'enfant  ;  et  ont  signé. 

Constaté,  suivant  la  loi,  par  moi  soussigné,  maire 
de  la  Ville  de  Grenoble,  faisant  les  fonctions  dolllcier 
public  de  l'état-civil. 

G.\GNOx  ;  Tkrmiku  ;  J.  Fiii.ix.  Renauldo.n, 
maire. 

(Extrait  des  rc^'islrcs  <lc  l'état-oivil  df  la  ^'il!^!  de  Grenoble.) 


1800,  10  spplenihie  (.sir).  Les  Echelles. 

Baptême  de  Ilenrietle  Gagnon. 

Le  neuf  septembre  mil  huit  cent  est  née,  à  onze  heures 
du  soif.  Ilonrielte  Gagnon,  fille  de  M.  maître  Félix- 
Romain  (Jagnon.  et  de  d^'^'*^  Cécile-Camille  Poucet, 
mariés,  du  bourg  des  Echelles,  en  Savoie,  et  le  lendemain 
de  sa  naissance  ladite  enfant,  née  à  Grenoble,  a  été 
Ijaptisée,  dans  une  des  paroisses  de  ladite  ville,  ])af 
révérend  Gaillard,  ci-devant  vicaire  de  Saint-Laurenl- 
du-Pont,  missionnaire  de  Grenoble.  M.  maître  Henri 
Gagnon,  docteur  en  médecine,  aïeul  de  I  enfanl,  a  été 
son  parrain,  et   (]•"'"   i'aiiline    Heyle  a  été    la  marraine. 


L.wnENS,  curé 
(E.xtrail  des  rcginlres  paruissiaux  deb  Echulles.) 


ETAT-CIVIL 


359 


8.  Charles-Félix  Gagnox. 

?sé  aux  Echelles  (Savoie),  le  2G  octobre  )S01. 

1801,  29  octobre.  Les  Echelles. 

Baptême  de  Charles-Félix   Gagnon. 

Le  vingt-six  octobre  rail  huit  cent  un  est  né,  à  sept 
heures  et  demie  du  matin,  Charles-Féhx  Gagnon,  fils 
de  M.  maître  FéHx-Romain  Gagnon,  docteur  ès-droits, 
et  de  dame  Cécile-Camille  Poncet,  mariés,  du  bourg  des 
Echelles,  en  Savoie,  et  le  vingt-neuf  dudit,  audit  bourg 
des  Echelles,  ledit  enfant  a  été  baptisé  par  révérend 
Charles-Marie  Bonne,  son  oncle  et  parrain,  vicaire 
général  du  diocèse  de  Saint-Flour,  dans  une  chapelle 
domestique  érigée  pour  l'exercice  du  culte  catholique, 
à  défaut  d'église  paroissiale.  Le  nouveau-né,  baptisé 
à  six  heures  du  soir,  a  eu  pour  marraine  à'^^^^  Félise 
Gagnon,  sa  sœur. 

Laurens,  archiprêtre-curé,  chef  de  mission 
des  Echelles. 

(Extrait  des  registres  paroissiaux  des  Echelles.) 

9.  Henri-Chérubin  Gagnon. 

Né  à  Grenoble,  le  22  mars  1S03. 

1803,  24  mars.  Grenoble. 

Acte  de  naissance  de  Henri-Chéruhin   Gagnon. 

Du  troisième  jour  du  mois  de  germinal  l'an  onze  de 
la  Répviblique  française. 

Acte  de  naissance  de  Henri-Chérubin  Gagnon,  né 
le  premier  du  courant,  à  onze  heures  du  soir,  hls  de 
Félix- Romain    Gagnon,    propriétaire,    domicilié    place 


360  ANNEXES 

Grenette,  et  de  dame  Cécile-Camille  Poncet,  maries. 
Le  sexe  de  Tcnfanl  a  été  reconnu  être  masculin. 

Premier  témoin  :  Henri  Gagnon,  médecin,  aïeul 
paternel  de  l'enfant. 

Second  témoin  :  Chérubin-Joseph  Beyle,  homme  de 
loi,  domicilié  rue  des  Vieux-Jésuites. 

Sur  la  réquisition  à  nous  faite  par  le  père  de  l'enfant  ; 
et  ont  signé  le  père  et  les  témoins  susdits. 

Constaté,  suivant  la  loi,  par  moi,  Charles  Renauldon, 
maire  de  la  Ville  de  Grenoble,  faisant  les  fondions  dolli- 
cier  public  de  l'état-civil. 

Gagnon  ;    Gagnon  ;    Beyle.    Renauldon, 

maire. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-ei\il  de  la  Ville  de  Grenoble.) 


10.  Henri-Alfred  Gagnon. 

Né  à  Grenoble,  le  26  janvier  181  "J. 
1812,  27  janvier.  Grenoble. 

Acte    de    naissance    de   Henri-Alfred    Gagnon. 

Le  vingt-sept  janvier  mil  huit  cent  douze,  pardevant 
nous,  adjoint  susdit,  acte  de  naissance  de  Henri-Alfred 
Gagnon,  né  hier,  à  sept  heures  du  matin,  fds  de  M.  Félix- 
Romain  Gagnon,  maire  de  la  commune  des  Echelles, 
et  de  d^  Cécile-Camille  Poncet,  mariés.  Le  sexe  de 
l'enfant,  qui  nous  a  été  présenté,  a  été  reconnu  masculin. 
Lecture  du  présent  acte  ayant  été  faite  en  présence  du 
père,  de  M.  Joseph-Chérubin  Beyle,  avocat,  et  de 
M.  Hugues-Antoine  Pison-Duverney,  contrôleur  priii- 
cipal  des  Droits  réunis,  majeurs  et  domiciliés  à  Gre- 
noble, ils  ont  signé  avec  nous, 

Gacno.n  ;    PisoN-Di  vi:i<.m:v  ;    Bevli:,     La 
Valette. 

(Extrait  des  registres  de  l'état-civil  de  la  Ville  de  Grenoble.) 


APPENDICES 


I.  LA  VILLE  NATALE  DE  STENDHAL 
Grenoble  vEns   1793 

Le  Grenoble  que  connut  Stendhal  dans  son  en- 
fance ressemble  autant  au  Grenoble  actuel  que 
l'Auteuil  parisien  ressemble  à  la  Croix-des-Sablons 
du  xviii^  siècle,  décrite  par  Anatole  France.  Depuis 
la  Révolution,  de  successifs  empiétements  sur  les 
communes  de  Seyssins,  Fontaine  et  Saint-Martin- 
le-Vinoux  et  un  double  agrandissement  de  l'en- 
ceinte fortifiée  a  plus  que  quintuplé  l'aggloméra- 
tion urbaine. 

Voulant  donner  aux  lecteurs  de  la  Vie  de  Henri. 
Brulard  le  moven  de  goûter  ce  livre  dans  toute  sa 
saveur,  j'entreprendrai  une  courte  excursion  à 
travers   le   Grenoble   de    1793,    dans   ces   rues   tor- 


362  APPENDICES 

tueuses  où  le  petit  Henri  Beyle,  pour  échapper  à 
l'œil  inquisiteur  et  à  la  tyrannie  de  sa  tante  Séra- 
phie,  se  cachait  dans  les  dédales  de  la  llalle-aux- 
Blés,  ou  fdait  le  long  de  la  baraque  aux  châtaignes 
de  la  place  Grenette  pour  aller  retrouver,  dans  le 
bois  du  Jardin-de-^'ille,  quelques  «  polissons  »  de 
son  âge. 

Triste  et  noire  cité,  Grenoble  s'étendait  le  long 
d'un  coude  de  l'Isère,  formé  par  le  dernier  contre- 
fort des  montagnes  de  la  Chartreuse.  Cité  essen- 
tiellement militaire,  elle  avait  été  bâtie  en  cet 
endroit  par  les  vieux  Allobroges  pour  commander 
la  route  de  Lvon  :  et  les  Romains,  trouvant  cette 
situation  merveilleuse,  v  avaient  établi  une  forte 
colonie.  Les  Dauphins  du  moyen  âge,  puis  Les- 
diguières  et  ses  successeurs,  l'agrandirent  progres- 
sivement ;  mais  le  Grenoble  de  Louis  XVI  n'est 
pas  très  sensiblement  difï'érent  du  Grenoble  de 
Henri   IV. 

La  plus  vieille  partie  de  la  ville,  que  de  bons 
auteurs  considèrent  comme  le  berceau  de  la  cité, 
s'étend  sur  la  rive  droite  de  l'Isère  ;  ime  étroite 
bande  de  terrain,  comprise  entre  la  rivière  et  le 
rocher,  laisse  tout  juste  la  place  à  deux  rues  en 
enfdade,  longues  et  étriquées  (la  rue  Saint-Laurent 
et  la  rue  Perrière)  ;  ces  rues,  de  la  porte  Saint- 
Laurent  à  'a  jiortc  de  France,  Inut  communiqjier, 
la  haute  et  la  basse  vallée  de  l'Isère,  la  S;ivoi(i  et 
la  France. 


SA    VILLE     NATALE  363 

Deux  ponts,  liiu  de  bois,  l'autre  de  pierre, 
unissent  le  vieux  Cularo  allobroge  à  la  Ville  propre- 
ment dite  ;  et  c'est  entre  les  deux  ponts,  près  des 
berges  de  l'Isère,  alors  entièrement  couvertes  de 
maisons,  suivant  la  mode  du  temps,  que  bat  le 
cœur  de  la  cité.  Le  palais  de  justice,  ancien  Parle- 
ment, l'Hôtel-de-Yille-Préfecture,  la  place  Grenette, 
c'est  là  que  vivent  le  Grenoble  judiciaire  et  procé- 
durier, le  Grenoble  administratif,  le  Grenoble 
commerçant.  C'est  là  aussi,  à  l'angle  de  la  place 
Grenette  et  de  la  Grande-rue,  que  s'écoula  l'en- 
fance morose  et  opprimée  de  Stendhal. 

Autour  de  ce  centre  :  place  Grenette,  Grande-rue, 
place  Saint-André,  courent  les  plus  importantes 
voies  de  la  ville,  étroites  et  tortueuses.  Les  agran- 
dissements successifs  de  l'enceinte,  depuis  les 
Romains  jusqu'aux  successeurs  de  Lesdiguières,  ont 
forcé  les  principales  rues  à  suivre  la  direction  des 
remparts  ;  toutes  ces  artères  s'arrondissent  en  demi- 
cercle,  de  l'Isère  à  l'Isère  :  un  premier  arc  est 
constitué  par  la  rue  Saint-André,  la  rue  des  Clercs 
et  la  rue  Pérollerie,  jusqu'à  la  place  Notre-Dame 
et  la  Citadelle  ;  un  deuxième  suit  la  rue  Montorge, 
la  rue  des  Vieux- Jésuites  et  la  rue  des  Prêtres  ; 
un  troisième,  plus  grand,  moins  nettement  dessiné, 
sinue  à  travers  les  rues  Saint-François  et  Créqui, 
la  rue  Neuve  du  Collège,  la  rue  Neuve  des  Péni- 
tents, la  rue  Neuve  des  Capucins  et  la  rue  Très- 
Cloîtres  ;  enfin,  la  rue  des  Mûriers  constitue,  pour 


364  APPENDICES 

l'époque,  le  dernier  stade  de  l'évolution  :  elle  n'est, 
à  vrai  dire,  que  le  chemin  de  ronde  des  remparts. 

Ces    rues    sont    bordées    de    maisons    hautes    et 
noires,  et  presque  toujours  tristes,  avec  des  allées 
étroites  où  court  un  petit  ruisseau  dans  lequel  les 
habitants   se   soulagent   en   passant.    De   temps   à 
autre,  la   fde  monotone  est  coupée  par  de  beaux 
hôtels,  demeures  de  l'aristocratie  et  des  magistrats 
opulents  :  l'hôtel  des  Adrets,  rue  Neuve  du  Collège  ; 
l'hôtel  de  Franquières,  rue  de  France,  près  du  pont 
de    pierre  ;    l'hôtel    de    Bressieux,   rue    du    Verbe- 
Incarné  ;    l'hôtel    de    Montai,    rue    du    Pont-Saint- 
Jaime.    De    nombreux    monastères    étendent    leurs 
cloîtres   et  leurs  jardins   :   les   Augustins,   près   du 
Jardin-de- Ville  ;  les  Frères  prêcheurs,  dont  l'église 
servit    de    llalle-aux-Blés  ;    les    Cordeliers,    qu'un 
oncle    de    Henri    Beyle    dirigea  ;    les    Jésuites,    rue 
Neuve,    dont    le    collège    devint    l'Ecole    centrale, 
la  Bibliothèque  publique  et  le  Musée  ;  les  Orato- 
riens,   voisins   de   la    cathédrale.    Les    couvents   de 
femmes  abondent  aussi  :  religieuses  de  la  Propa- 
gation, au  bout  de  la  rue  Saint- Jacques,  chez  les- 
quelles le  jeune  Beyle  allait  servir  la  messe,  Cla- 
risses,     l'rsulines,     Visitaiidines,     d'autres    encore. 
Enfin,   (juatre  églises  se   jiartagent  les   fidèles  :  la 
plus    ancienne,    Saint-Laurent,    dont    la    chapelle 
basse   date   du   vi^   siècle,   dessert   la   rive   droite; 
pur  la  rive  gauche,   Notre-Dame  et  Saint-Hugues, 
deux   églises  jumelles,   accolées   l'une   à   l'autre   et 


SA    VILLE    NATALE  365 

communiquant  par  une  vaste  baie,  sont  l'une  la 
cathédrale,  l'autre  une  paroisse  ;  Saint-André,  non 
loin  du  palais  de  justice,  est  la  vieille  collégiale  des 
Dauphins  et  abrite  les  cendres  de  Bayard,  en 
attendant  de  servir  de  salle  de  réunion  à  la  société 
jacobine  de  Grenoble  ;  Saint-Louis  enfin,  la  der- 
nière en  date,  la  plus  laide  aussi,  produit  informe 
du  XVII®  siècle  à  son  déclin,  sert  de  paroisse  à  la 
pieuse  famille  maternelle  de  notre  Stendhal. 

Et,  tout  autour,  s'étend  le  domaine  militaire  ; 
les  remparts  protègent  la  cité,  mais  l'étoufîent 
aussi  dans  leurs  bastions  de  terre  et  de  briques,  à 
la  manière  de  Vauban.  A  l'ouest,  l'arsenal,  des 
magasins  à  poudre  et  les  casernes  de  Bonne  ont 
cependant  permis  aux  Hospices  de  s'installer  ; 
au  midi,  s'élève  l'hôtel  du  Commandement,  qu'habite 
le  gouverneur  de  la  province  ;  non  loin  de  là,  on 
a  laissé  dans  un  bastion  s'ouvrir  provisoirement  le 
cimetière  de  la  paroisse  Saint- Hugues,  où  fut 
inhumée  la  mère  de  Stendhal  ;  à  l'est,  s'élèvent 
de  nouveaux  magasins  à  poudre,  et  la  citadelle 
forme,  à  elle  seule,  une  ville  forte  en  miniature  ; 
enfin,  au  nord  de  Grenoble,  sur  la  rive  droite,  le 
fort  de  Rabot  domine  la  plaine  et  la  vallée  du 
Drac. 

Cinq  portes  étroites  font  communiquer  la  ville  avec 
le  monde  extérieur  :  à  droite  de  l'Isère,  les  portes 
Saint-Laurent  et  de  France  ;  de  l'autre  côté  de  la 
rivière,    la   porte    de   la    Graille,    située   à   l'est   de 


366  APPENDICES 

Grenoble,  au  bord  de  Teau,  conduit  au  cours  de 
Saint-André,  large  et  longue  avenue  qu'un  parle- 
ment munificent  fit  })lanter  au  xvii^  siècle,  sous  la 
direction  de  son  président,  Nicolas  Prunier  de 
Saint-André  ;  au  midi,  les  portes  de  Bonne  et  Très- 
Cloîtres  ouvrent  les  chemins  qui  vont  au  Pont-de- 
Claix,  à  Echirolles,  à  Gières,  à  Eybens  et  à  Vizille, 
vers  le  Trièves,  l'Oisans  et  la  vallée  du  Graisi- 
vaudau. 

Les  environs  immédiats  de  Grenoble,  du  reste, 
sont  peu  engageants.  La  splendeur  du  cadre  formé 
par  les  montagnes  de  la  Chartreuse,  du  Vercors, 
du  Taillefer  et  de  Belledonne,  et  la  magnificence 
de  la  vallée  du  Graisivaudan,  toute  voisine,  rendent 
plus  triste  encore  la  banalité  de  la  plaine  greno- 
bloise. Située  au  confluent  de  la  capricieuse  et 
puissante  Isère  et  du  terrible  Drac,  elle  a  été  long- 
temps couverte  par  les  eaux.  Le  sol  est  demeuré 
liumide  et  caillouteux,  de  nombreux  ruisseaux 
courent  vers  le  nord,  et  cette  eau  que  l'on  sent 
partout  à  fleur  de  terre,  que  l'on  voit  sourdre  de 
tous  côtés,  dit  le  long  combat  qu'a  mené  à  travers 
les  siècles  la  vaillante  ville  contre  ses  ennemis  de 
toujours  :  l'Isère  et  le  Drac,  le  Serpent  et  le  Dragon 
qui,  prédisait  un  ancien  dicton,  devaient  »<  mettre 
Grenoble  en  savon  ». 

Stendhal  connut  surluiil  la  partie  sud-ouest  dti 
cette  plninf  ^.aonobloise.  11  nccoinpagna  son  père 
et    sa    t;iiil<'    Sérapliie    dans    les    prunicruidcs    ^tiili- 


SA    VILLE    NATALE  367 

mentales  qu'ils  firent  à  travers  le  faubourg  pauvre 
et  malodorant  des  Granges,  quartier  des  peigneurs 
de  chanvre,  qui  se  pressait  autour  de  l'église  Saint- 
Joseph,  plus  pauvre  encore.  Surtout,  il  suivit 
le  chemin  de  Claix,  lorsqu'il  allait  avec  son  père 
séjourner  à  la  maison  familiale  du  hameau  de 
Furonières.  On  sortait  par  la  porte  de  Bonne,  on 
tournait  tout  de  suite  à  droite  pour  prendre  le 
chemin  horriblement  fangeux  des  Boiteuses,  où 
s'élevait  la  solitaire  auberge  de  la  Femme-sans-tête  ; 
puis,  passé  le  cours  de  Saint-André,  le  chemin  de 
Seyssins  conduisait  au  bac  ;  on  traversait  le  torrent 
du  Drac  et  sur  la  rive  gauche,  par  Seyssins  et  les 
hameaux  de  Doyatières,  Cossey  et  Malivert,  on 
atteignait  enfin  le  «  domaine  »  des  Beyle,  où  le  vieux 
Pierre  était  mort.  Ou  bien  encore,  sortant  toujours 
par  la  porte  de  Bonne,  on  continuait  tout  droit,  le 
long  du  chemin  Meney,  pour  atteindre  le  cours  de 
Saint-André  et  le  vieux  pont  de  Claix,  bâti  par  le 
connétable  de  Lesdiguières,  l'une  des  «  merveilles  » 
du  Dauphiné. 

Tel  est  ce  Grenoble  que  Stendhal  détesta,  non 
pour  l'avoir  trop  connu,  mais  pour  l'avoir  presque 
ignoré,  car  il  y  vécut  un  peu  en  prisonnier.  Il  avoue 
en  un  endroit  de  sa  Vie  de  Henri  Brulard  n'avoir 
su  qu'objecter  à  un  jeune  officier  qui  faisait  l'éloge 
de  sa  ville  natale,  et  il  dit  plus  loin  qu'à  son  arrivée 
à  Paris,  une  terrible  nostalgie  faillit  le  renvoyer  à 
ses  chères  montagnes.  Le  mépris  de  Stendhal  pour 


368  APPENDICES 

Grenoble  est  seulement  une  rancune  d'enfant,  que 
l'âge  mûr  n'a  pu  complètement  effacer.  Grenoble 
en  a  longtemps  voulu  à  son  détracteur  occasionnel  ; 
aujourd'hui,  le  temps  a  tout  renouvelé  :  Grenoble 
est  devenue  la  plus  belle  cité  des  Alpes  françaises, 
et  elle  a  rendu  en  admiration  à  Stendhal  ce  que 
son  fils  ingrat  lui  avait  donné  de  dédains. 


GRENOBLE    EN    1793 

D'oprès  un  iilan  appartenant  à   M.   Edmond  Maigmiîn 


LÉGENDE 
1.  Rues,  places  et  passages. 

1.  Place  Grenette. 

2.  Jardin-de- Ville. 

3.  Grande-rue. 

4.  Rue  des  Vieux- Jésuites  (aujourd'hui,  rue  Jean- 
Jacques- Rousseau). 

5.  Jardin  Lamouroux,  derrière  la  maison  natale  de 
Stendhal  (aujourd'hui,  cour  du  n"  4  de  la  rue  Lafayette). 

G.  Place    Saint-André. 

7.  Rue  du  Palais. 

8.  Passage  du  Palais. 

9.  Rue  du  Quai  (aujourd'hui,  rue  Hector-Berlioz). 

10.  Rue  Montorge. 

11.  Rue  du  Département  (ensuite,  rue  Saint-André  ; 
aujourd'hui,   rue   Diodore-Rahoult). 

12.  Place  Neuve  du  Département  (ensuite,  place  aux 
Œufs  ;  aujourd'hui,  place  de  Gordes). 

13.  Rue  des  Clercs. 

14.  Rue   Pérollerie   (aujourd'hui,  rue   Alphand). 

15.  Rue  Dauphin  (aujourd'hui,  rue  Lafayette). 

16.  Rue  Neuve  du  Collège  (aujourd'hui,  rue  du 
Lycée). 

17.  Place  de  la  Halle  (aujourd'hui  supprimée,  située 
sur  l'emplacement  des  actuelles  rues  de  la  République 
et  Philis-de-La-Charce). 

Brulard   II.  24 


o  — 


70  APPENDICES 

18.  Rue    Saint-Jacques. 

19.  Rue  de  Bonne. 

20.  Rue   Saint-Louis   (aujourd'hui,   avec   un   aligne- 
ment modifié,  rue  Félix- Poulat). 

21.  Place  Claveyson. 

22.  Place  aux  Herbes. 

23.  Rue    Marchande    (aujourd'hui,    rue    Renauldon). 

24.  Montée   du   pont   de   bois   (aujourd'hui,   rue   de 
Lionne). 

25.  Pont  de  bois  (aujourd'hui,  pont  suspendu). 

26.  Rue  du  Bœuf  (aujourd'hui,  rue  Abel-Servien), 

27.  Rue  Chenoise. 

28.  Rue  du  Pont-Saint- Jainie. 

29.  Rue  Brocherie. 

30.  Place    Notre-Dame. 

31.  Place  des  Tilleuls. 

32.  Rue  Bavard. 

33.  Rue   des   Mûriers    (aujourd'hui,   rue   Abbé-dc-la- 
Salle). 

34.  Cimetière  de  Saint-Hugues,  rue  des  .Mûriers. 

35.  Rue  du  Comniaudenient  (aujourd'hui,  rue  Géné- 
ral-Marchand . 

36.  Promenade   des    Remparts   (aujourd'hui,   à   peu 
près,  rue  Condillac). 

37.  Rue   Saint-Laurent. 

38.  Rue  Perrière  (aujoTiid  hui,  quai  Peirièrel. 

39.  Pont  de  pierre  (aujounlhui,  pont  de  1" Hôpital). 

40.  Montée   dr   C.haleuu>nt. 

41.  Route  de  Lyon. 

42.  Le   Mail   (aujourd'hui.   l'Esplanade  d<'   la    Porlo- 
dc-France). 

43.  Cours  de  Saint-.\ndré. 

44.  Chemin  des  Boiteuses  (aujourd'hui,  après  recti- 
fications, rue  et  place  Lakanal  et  rue  Turenne). 

45.  Chemin    Mency. 

46.  Chemin   de   Sassenage   (aujourd'hui,   ajtproxiuui- 
tivement,  cours  Berriatj. 


GRENOBLE    EN    1793  371 

47.  Point  de  départ  de  la  route  d'Eybens  (aujour- 
d'hui situé  vers  l'angle  des  rues  de  Strasbourg  et  Bec- 
caria). 

48.  Route  de  La  Tronche. 


2.  Bâtiments  publics  et  portes  de  la  ville. 

A.  Eglise  Saint-André. 
.E.  Eglise  Saint-Louis. 

B.  Cathédrale  Notre-Dame. 
B'.  Eglise  Saint-Hugues. 

C.  Eglise  Saint- Joseph  (hors  des  portes). 

D.  Eglise  Saint-Laurent. 

E.  Préfecture  et  Hôtel-de-Villc  (aujourd'hui,  Hôtel- 
de-Ville). 

F.  Palais  de  justice  et  prison. 

G.  Théâtre. 

H.  Collège  des  Jésuites,  puis  Ecole  centrale  (ensuite 
collège,  puis  lycée  de  garçons,  aujourd'hui  lycée  de 
filles)'. 

J.  Bibliothèque  (aujourd'hui,  administration  du  lycée 
de  filles). 

K.  Musée  (ancienne  chapelle  des  Jésuites,  aujour- 
d'hui grand  amphithéâtre  de  l'Université). 

L.  Citadelle  (aujourd'hui  caserne,  conseil  de  guerre 
et  prison  militaire). 

M.  Couvent  des  Jacobins  (n'existe  plus). 

N.  Halle  aux  blés  (ancienne  éghse  des  Jacobins, 
n'existe  plus). 

0.  Corps  de  garde,  place  Grenette. 

P.  Couvent  des  Augustins  (depuis.  Manutention 
militaire,  aujourd'hui  démolie). 

Q.  Porte  de  France. 

R.  Porte  de  Bonne  (démolie  vers  1832,  située  à 
l'extrémité  de  la  rue  de  Bonne,  place  Victor-Hugo). 

S.  Porte  Très-Cloîtres   (démolie  vers  1832,  située  à 


372  APPENDICES 

l'inlerscction  des  actuelles  rues  Très-Cloîtres  et  Joseph- 
Chanrion\ 

T.  Porte  de  la  Graille,  ou  porte  Créqui  (démolie  en 
1889,  située  sur  le  quai  Créqui  actuel). 

V.  Sainte-Marie-d*en-haut  (couvent  de  la  Visitation, 
aujourd'hui  inoccupé  et  appartenant  à  la  Ville  de  Gre- 
noble). 

X.  Tour  de  Rabot. 

Y.  Direction  du  fort  de  la  Bastille. 


3.  Maisons,  boutiques,  lieux  di^'ers. 

a.  Maison  Beyle,  rue  des  Vieux-Jésuites  (aujourd'hui, 
rue  Jean- Jacques-Rousseau,  n"  14). 

a'.  Nouvelle  maison  Beyle,  à  l'angle  de  la  rue  de 
Bonne  et  de  la  place  Grenette  (aujourd'hui,  place  Gre- 
nette,  n^  24). 

b.  Maison  Gagnon,  place  Grenette,  n^  2,  et  Grande- 
rue,  no  20. 

c.  Maison  Périer-Lagrange,  place  Grenette,  n°  4. 

d.  Maison  de  madame  Vignon,  place  Saint-André, 
n°  5  ou  7. 

f.  Maison  de  Le  Roy,  professeur  de  peinture,  place 
Grenette  (ancien  n"  11,  démoli  lors  de  l'ouverture  de 
la  rue  de  la  République,  en  1907). 

g.  Maison  Teisseire,  entre  l'ancienne  rue  de  la  Halle 
et  la  rue  des  Vieux-Jésuites. 

h.  Maison  de  Chabert,  professeur  de  mathématiques, 
rue  Neuve  du  Collège  (aujourd'hui  du  Lycée,  n°  15). 

i.  Hôtel  des  Adrets,  rue  Neuve  du  Collège  (aujourd'hui 
du  Lycée,  n^  9). 

1.  llùtel  du  Commandement,  rue  du  Commandement 
(aujourd'hui  Général-Marchand,  n°  1). 

m,  m'.  Maisons  successivement  haliitées  p;ir'  les 
Bigillion.  rue  Brocherie  et  montée  du  l'onl-de-bois 
(aujunrrrinii  rue  do  Lionne). 


GRENOBLE     EN     1793  373 

n.  Maison  Didier,  près  de  l'église  Saint-Laurent. 

o.  Maison  de  Gros,  géomètre  et  professeur  de  mathé- 
matiques, rue  Saint-Laurent. 

p.  Hôtel  de  Franquières,  entre  l'actuelle  rue  Moidieu 
et  le  quai  Créqui,  près  du  Pont  de  pierre. 

q,  q'.  Boutiques  successivement  occupées  par  Falcon, 
libraire,  la  première  passage  du  Palais  (aujourd'hui 
supprimé),  la  seconde  rue  du  Quai  (aujourd'hui  Hector- 
Berlioz,  no  4). 

r,  r'.  Café  Genou,  situé  Grande-rue,  n^  14,  d'après 
Stendhal,  ou,  d'après  Romain  Colomb,  place  Saint- 
André,  no  7. 

s.  Boutique  de  Bourbon,  près  de  la  Halle-aux-blés, 
probablement  démolie  lors  de  l'élargissement,  en  1907, 
de  la  rue  Philis-de-la-Charce. 

t.  Auberge  de  la  Bonne-Femme,  ou  de  la  Femme- 
sans-tête,  chemin  des  Boiteuses  (aujourd'hui,  rue 
Lakanal). 

V,  v'.  Pompes,  sur  la  place  Grenette  et  à  l'entrée 
de  la  rue  Neuve  du  Collège  (aujourd'hui  du  Lycée). 

X.  Baraque  des  châtaignes,  place  Grenette. 

TT.  Arbre  de  la  Liberté. 

77'.  Arbre  de  la  Fraternité. 

R'.  Lieu  présumé  du  duel  de  Henri  Beyle  et  de  son 
camarade  Odru,  sur  les  remparts,  entre  les  portes  de 
Bonne  et  Très-Cloîtres,  non  loin  de  l'hôtel  du  Comman- 
dement. 


Brulard   II.  24. 


IL  LA  MAISON  NATALE  DE  STENDHAL 

l'ar  M.  Samuel  Chabert, 
professeur  à   l'Université  de   Grenoble. 


iM.  l'aul  Arbelet,  éditeur  du  Journal  d'Italie, 
affirmait  récemment  que  la  maison  natale  de 
Stendhal  à  Grenoble  était  le  n°  14  actuel  de  la 
rue  J.-.I. -Rousseau  (2®  étage),  et  revendiquait 
pour  lui-même  la  propriété  de  cette  découverte, 
sans  toutefois  publier  encore  une  indication  de 
sources  ou  d'arguments  positifs^.  Une  illustration 
représentant  l'immeuble  désigné  était  insérée  dans 
le  texte,  soulignant  ainsi  la  contradiction  de  sa 
croyance  avec  celle  de  divers  Grenoblois,  recueillie 
par  M.  Pierre  Brun  dans  son  Henrij  Beijle- Stendhal  -, 
et  favorable  au  n*^  12  (1*^"^  étage)  de  la  iiirint'  rue 
J.-J. -Rousseau. 

Les  amis  de  l'écrivain,  et  aussi  le  grand  public, 
ne  peuvent  que  remercier  M.  I'.  Arbelet  de  sa  com- 
munication ;  le  pbis  mince  atome  de  vérité  acquise 
a  son  prix.  Pour  ma  part,  je  nie  féliciterais  plutôt 

1.  IjtH  Aiituitei  du  j  fé\ri<T  lîUt. 

2.  V.  'J  ((irtiiobir-,  Gralitr,  l'JUOj. 


SA    MAISON    NATALE  375 

de  le  voir  garder  par  devers  lui  ses  raisons,  puisque 
ce  silence  précisément  m'a  conduit  à  faire  de  mon 
côté  différentes  recherches,  toujours  intéressantes 
quand  il  s'agit  d'un  pareil  auteur  ;  et,  bien  que 
ma  conclusion  soit  absolument  identique  à  la  sienne 
et  que  son  assertion  ait  contribué  à  m'y  conduire, 
peut-être  ne  sera-t-il  pas  indifférent  d'exposer 
ici,  très  sommairement,  les  procédés  que  j'ai 
suivis. 


* 


Deux  voies  principales  d'investigation  semblent 
dès  l'abord  s'ouvrir  au  chercheur,  abstraction  faite 
des  «  jours  »  offerts  çà  et  là  dans  l'œuvre  entière  de 
Stendhal  : 

lo  Détails  et  plans  fournis  par  le  manuscrit  de 
la  Vie  de  Henri  Brulard  (Bibl.  munie,  de  Grenoble, 
R  299,  3  vol.). 

Ces  détails  sont  nombreux,  répétés,  d'apparence 
très  précise,  et  nous  y  reviendrons.  Constatons  tout 
d'abord  qu'il  y  manque  le  seul  renseignement 
décisif,  à  savoir  le  numéro  de  la  maison  natale. 
A  cette  époque,  où  les  immeubles  de  Grenoble 
étaient  numérotés  par  quartiers,  non  par  rues, 
chaque  maison  était  habituellement  désignée  par 
le  nom  de  son  propriétaire  joint  à  celui  de  la  rue  ; 
or,  l'extrême  notoriété  du  père  de  Stendhal  rendait 
particulièrement  superflu  tout  surcroît  de  précision. 


37 


G  APPENDICES 


D'autre  part,  si  précieux  que  soient  les  documents 
de  la  \'ic  de  Henri  BruIariL  ils  sont  souvent  fort 
sujets  à  caution,  on  le  sait,  qu'il  s'agisse  de  senti- 
ments, d'idées,  d'histoire  ou  même  de  géographie  ; 
l'auteur  lui-même,  trop  catégorique  dans  l'exposé 
de  ses  impressions  d'enfance,  multiplie  les  réserves 
par  ailleurs  :  il  touche  à  la  cinquantaine,  et  tant 
d'aventures  se  sont  succédé  dans  son  existence 
depuis  la  dixième  année  !  Aussi  n'avons-nous  pas 
cru  que  le  témoignage  propre  de  Stendhal  dût 
nous  être  un  point  de  départ  :  il  sera  pour  nous 
un  contrôle,  entre  autres,  de  la  certitude  une  fois 
conquise,  après  avoir  servi  de  présomption  pour  la 
certitude  à  conquérir,  rien  de  moins,  rien  davan- 
tage. 

2''  Puisque  Chérubin  Beyle,  père  de  Stendhal, 
était  par  héritage  le  propriétaire  do  la  maison ^  et, 
par  conséquent,  de  l'appartement  où  naquit  son 
fils  le  23  janvier  1783,  et  que  la  partie  de  la  rue 
.T. -J. -Rousseau  à  laquelle  se  limitent  les  recherches 
n'a  subi  depuis  lors  aucune  modification  impor- 
tante dans  ses  immeubles,  —  on  peut  vérifier, 
dans  les  actes  publics,  les  titres  des  propriétaires 
actuels  de  ces  immeubles  durant  125  ans  environ  : 
moyen  terre  à  terre,  on  ne  peut  moins  littéraire, 
mais   on    ne    peut   plus   sûr,    d'aboutir   de   jdano   à 


1.  E.  Maiçnicn, /.a  Famillede  Beyle-Sleritllial,  C.rcti»h\>-,\^i<'^,  Dn-vil. 
Voir,  pp.  12-13,  l'extrait  de  naissance  de  Maric-Ilennj  Unjlr,  puhlio 
in  c.ctetuto,  et  reproduit  ù  nouveau  ci-dessus,  p.  yj7. 


SA    MAISON     NATALE  377 


un  indiscutable  résultat.  C'est,  à  notre  avis,  le 
premier  à  suivre.  On  nous  excusera  donc  en  raison 
du  but  poursuivi  d'avoir  agi,  pour  le  profit  d'Henri 
Beyle,  comme  aurait  fait  son  père  «  homme  de  loi  », 
et  d'avoir  employé  une  méthode  qui  l'aurait 
indigné  peut-être,  mais  qu'après  tout  il  ne  tenait 
qu'à  lui  de  nous  épargner  en  précisant  davantage. 
Du  reste,  nous  nous  abstiendrons,  dans  le  court 
exposé  qui  va  suivre,  de  tout  renvoi  ou  citation 
n'intéressant  pas  directement  la  solution  du  pro- 
blème. 


* 
*  * 


1^^  pièce.  L'extrait  de  naissance,  depuis  long- 
temps publié,  nous  apprend  simplement  que  la 
maison  natale  du  futur  Stendhal  faisait  partie  de 
la  paroisse  de  Saint-Hugues,  autrement  dit  appar- 
tenait au  côté  nord  de  la  rue,  numéros  pairs  actuels. 

2^  pièce.  Le  registre  de  capitation  de  la  ville  de 
Grenoble  pour  1789,  obligeamment  communiqué 
par  M.  Prudhomme,  archiviste  départemental, 
place  la  maison  du  sieur  Beyle  dans  la  rue  des 
Vieux- Jésuites  (depuis  rue  J.-J. -Rousseau),  entre 
la  maison  du  sieur  Verdier,  pourvue  de  2  boutiques 
et  de  2  locations,  et  la  maison  du  sieur  Romand, 
beaucoup  plus  importante,  avec  7  locations  en 
plus    de    ses    2  boutiques.    La    maison    Beyle,  mi- 


378  APPENDICES 

toyenne  et  moyenne  entre  les  deux,  a  2  boutiques, 
plus  3  locataires  habitants  d'étages,  savoir  : 

n°  1305,  le  sieur  Boyer,  avocat,  taxé  à  24  livres  ; 

n°  1306,  le  sieur  Beyle,  avocat,  taxé  à  18  livres  ; 

n°  1307,  la  veuve  Rigoudo,  passementière,  taxée 
à  1  livre. 

S'il  est  trop  tôt  pour  conclure  que  les  maisons 
Verdier,  Beyle  et  Romand  sont  les  n°^  12,  14  et  16 
actuels  de  la  rue  J.-J. -Rousseau,  nous  retiendrons 
tout  au  moins  la  présomption  en  faveur  du  second 
étage,  non  du  premier,  comme  occupé  par  Chérubin 
Beyle  et  par  le  jeune  Henri  lui-même,  âgé  alors 
de  6  ans. 

.7®  pièce.  Acte  de  vente  du  2^  étage  ^  de  sa  maison 
par  Chérubin  Beyle  à  l'avoué  Jos. -François  Bonnard, 
le  7  ventôse  an  XII  (27  févr.  1804),  aux  minutes 
de  M®  Nallet,  notaire  à  Grenoble,  successeur  éloigné 
de  M®  André  Blanc,  notaire  à  Grenoble  de  1782  à 
1824,  qui  rédigea  l'acte  en  question.  Nous  avons 
eu  entre  les  mains  l'expédition  authentique,  pos- 
sédée actuellement  par  M.  Edmond  Maignien,  qui 
a  bien  voulu  nous  la  communiquer. 

Le  vendeur,  qui  va  désormais  habiter  jusqu'à 
sa  mort  sa  nouvelle  maison  de  la  place  Grenette 
(n°  24  actuel),  ne  spécifie  pas  (piil  ait  habité  ou 
habite  encore  ce  2®  étage  ;  toutefois,  la  chose  peut 


1.  On  sait  qu'à  Grenoble  la  propriété  bâtie  est  extrêmement  divisée, 
et  que  très  souvent  un  immeuble  appartient,  par  étages  ou  portions 
d'étages,   à  plusieurs  propriétaires  distincts. 


SA    MAISON    NATALE  379 

se  présumer  du  fait  que  nulle  mention  de  locataire 
occupant  ne  figure  dans  l'acte,  —  dont  voici  les 
éléments  essentiels  : 

Chérubin- J.  Bayle  (sic),  homme  de  loi,  vend  à 
Jos.-Fr.  Bonnard,  avoué  près  le  tribunal  d'appel 
de  Grenoble,  le  second  étage  entier,  cave,  galetas  et 
dépendances,  de  la  maison  possédée  par  le  vendeur 
rue  des  Vieux-Jésuites,  n°  60  :  3  pièces  sur  la  rue, 
3  pièces  sur  la  cour,  2  pièces  dans  le  bâtiment  au 
nord  et  une  galerie  servant  de  communication  du 
grand  au  petit  bâtiment.  La  cave  a  son  entrée  en 
face  de  l'escalier  et  est  éclairée  par  une  petite 
fenêtre  grillée  ouverte  au  nord  sur  la  cour...  Le 
galetas,  au  4^  étage,  est  situé  au-dessus  des  pièces 
qui  forment,  aux  étages  inférieurs,  le  salon  d'as- 
semblée..., il  confine  au  couchant  une  chambre  à 
cheminée  vendue  à  Pierre  Mayet. 

Prix  :  3.000  francs. 

Latrines  intérieures  au  second  étage. 

Enregistré  à  Grenoble  le  12  ventôse  an  XII 
(3  mars  1804). 

Transcrit  au  bureau  des  hypothèques,  à  Gre- 
noble, le  3  germinal  an  XII  (24  mars  1804),  vol.  19, 
nO  489. 

Notons  que  le  n^  60  indiqué  au  début  est  un 
numéro  de  quartier.  En  1827,  ce  sera  un  numéro 
de  rue,  le  n^  8,  parce  que  le  point  de  départ  est 
alors  la  Grand'Rue  ;  la  rue  J.-J. -Rousseau  comp- 
tait désormais  ses  n'^^  pairs  de  2  à  22,  le  n"  2  faisant 


380  APPENDICES 

l'angle  de  la  Grand'Rue.  Bientôt,  Vun  de  ces 
n^^  pairs,  le  14,  fut  démoli  pour  la  percée  de  la  rue 
Lafayette,  ce  f[ui  réduisit  à  dix  immeubles  ce  côté 
de  la  rue  ;  voilà  comment,  lorsque  plus  tard  l'ori- 
gine des  numéros  fut  reportée  place  Sainte-Claire, 
l'ex-maison  Beyle,  toujours  la  4®  en  venant  de  la 
Grand'Rue,  fut  numérotée  14  et  non  pas  16,  le 
n°  pair  le  plus  élevé  étant  désormais  20  et  non 
plus  22. 

4"^  pièce  (communiquée  également  par  M.  Edm. 
Maignien).  C'est  un  exploit  d'huissier,  daté  du 
24  novembre  1827,  enregistré  le  2G  novembre.  Le 
propriétaire,  Bonnard  (Julien),  avocat,  fds  et  héri- 
tier de  Jos.-P'r.  Bonnard,  ainsi  que  l'atteste  à 
l'état-civil  de  Grenoble  son  acte  de  décès  en  date 
du  26  avril  1876,  a  maille  à  partir  avec  un  de  ses 
voisins  du  même  immeuble.  Julien  Bonnard,  depuis 
conseiller  à  la  Cour  de  Grenoble,  du  15  mai  1850 
à  sa  retraite  prise  le  17  janvier  1865,  a  son  portrait 
par  Hébert  au  Musée  de  Grenoble  (n°  323  du  nou- 
veau catalogue).  Notons  que  le  peintre  Hébert 
était  fds  de  M^  J.-C.-A.  Hébert,  notaire  à  Grenoble 
de  1813  à  1832  (minutes  chez  M^  Besserve),  dont 
Chérubin  Beyle  était  le  client. 

.~j^  pièce.  Le  18  nov.  1852,  par  devant  M®  Gui- 
gonnet,  notaire  à  Grenoble  (minutes  chez  M^  Ray- 
mond), le  conseiller  Bonnard  vendait  son  immeuble 
au    I)""  J.-B. -Albin   Créjiu. 

0^   pièce.    Par   testament   du   8   juillet   1857,    le 


SA    MAISON    NATALE  381 

D'"  Crépu  (mort  à  Grenoble,  le  17  février  1859)  le 
lègue  à  une  dame  Zoé  Ravix,  ex-marchande  de 
nouveautés  au  Fontanil. 

7®  pièce.  Le  12  avril  1871,  par  devant  M^  Gui- 
gonnet,  déjà  nommé,  M™^  Ravix  le  vend  au 
D^  Pierre-Adolphe-Adrien  Doyon,  dont  le  Musée 
de  Grenoble  possède  aussi  le  portrait,  œuvre  du 
peintre  Bonnat  (n°  184  du  nouveau  catalogue). 

8^  pièce.  Le  D^  Doyon  étant  décédé  à  Uriage, 
le  21  sept.  1907,  le  partage  de  ses  biens,  fait  à  Lyon 
le  11  janvier  1908  en  l'étude  de  M^  Rodet,  notaire, 
a  attribué  son  immeuble  de  la  rue  J.-J. -Rousseau 
à  sa  fdle,  JM™^  Henriette-Sophie  Dagallier,  actuelle- 
ment domiciliée  à  Paris  et  qui  en  demeure  proprié- 
taire ^        • 

La  généalogie  de  l'appartement  étant  ainsi 
reconstituée  sans  discussion  ni  lacune,  et  la  pro- 
priété de  M"^®  Dagallier  rue  J.-J. -Rousseau  (ci- 
devant  des  Vieux-Jésuites)  étant  bien  au  n*'  14, 
le  doute  sur  l'identification  de  la  maison  natale  de 
Stendhal  est  définitivement  dissipé.  Pour  ce  qui 
est  de  l'étage,  nos  présomptions,  déjà  très  fortes, 
seront  changées  en  certitude  en  faveur  du  second, 
puisque  c'est  justement  celui  que  possède  M'"^  Da- 
gallier, par  les  éclaircissements  que  fournissent  les 
plans  dont  nous  parlerons  tout  à  l'heure. 

1.  Ces  documents  nous  ont  été  fournis  en  grande  partie  par!M.  Gérar- 
din,  receveur  de  l'enregistrement  à  Sassenage,  d'après  les  archives  de 
la  mairie  de  Grenoble,  du  greffe  du  tribunal  civil,  de  l'enregistrement 
et  de  l'étude  de  M"^  Raymond,  notaire  à  Grenoble. 


382 


APPENDICES 


*     * 


Il  est  aisé  maintenant  de  revenir  à  la  ]'iede  Henri 
Brûlant  et  de  constater  que  la  concordance  entre 
les  deux  sources  est  absolue.  Les  nombreux  plans 
relatifs  à  la  question  qui  nous  intéresse,  et  mal- 
heureusement inédits  pour  la  plupart,  peuvent  se 
grouper  sous  deux  rubriques  : 

a)  Situation  de  Vimmeuble  :  «  rue  des  ^'icux- 
Jésuites,  5®  ou  G^  maison  à  gauche  en  venant  de  la 
Grand'Rue,  vis-à-vis  la  maison  de  M"^^  Teyssère 
(sic)  )),  écrit  Stendhal,  p.  59  du  ms.,  40  du  tome  I'^'" 
de  la  présente  édition.  En  fait,  c'est  le  4^  numéro, 
mais  le  n°  16  actuel  en  vaut  bien  deux,  si  tant  est 
que  Stendhal,  en  1832,  eût  la  mémoire  exacte  des 
chiffres.  Cette  imprécision  est  sans  conséquence, 
à  la  condition,  encore  une  fois,  de  n'accepter  les 
données  de  la  Vie  de  Henri  Brulard  que  sous  bénéhce 
d'inventaire.  —  Nous  avons  relevé  sur  ce  point 
5  plans  :  p.  ."39  du  ms.  ;  autre  plan  plus  détaillé  et 
j)lus  significatif  collé  sur  la  jucme  p.  59  ;  p.  232 
(fac-similé,  p.  K36  de  la  nouvelle  éd.  Stryienski, 
1912)  ;  puis,  dans  le  2^  vol..  p.  '»  (numérotation  en 
bas  de  page),  et  face  à  la  ]).  273  bis. 

h)  Disposition  de  V appartement,  étage.  Le  ms.  pré- 
sente 3  plans  de  la  j)artie  de  l'apjjartemcnt  située 
entre  cjuir  cl  rue,  savoir  p.  70  (l.  I  «lu  ms.  et  p.  48 
du  tome  l^''  de  la  (irésenle  édition),  face  à  la  p.  275 


SA    MAISON     NATALE  383 

(t.  II),  et  face  à  la  p.  292  (t.  II).  Ces  plans  con- 
cordent pour  la  disposition  des  pièces,  et  notam- 
ment en  ce  qui  touche  le  nombre  des  six  fenêtres 
de  façade,  ainsi  disposées  quand  on  vient  de  la 
Grand'Rue  : 

a.  fenêtre  étroite      )  i     m  -     ^  •     -d     a 

cabinet  de  Lherubm  beyle, 
0.  fenêtre  normale   \ 

c.  fenêtre  normale  :  salon. 

ch.  à  coucher  de  M^^^^  Beyle. 


d.  fenêtre  étroite     ) 


c.  fenêtre  normale  ^ 

/.  fenêtre  étroite  et  basse  :  cabinet  de  toilette, 
pris  sur  la  demi-profondeur  de  la  chambre  à  cou- 
cher, et  qui,  dans  l'acte  de  vente  de  l'an  XII,  n'est 
pas  compté  pour  une  pièce. 

Le  reste  de  la  profondeur  de  la  chambre  à  cou- 
cher, derrière  le  cabinet  de  toilette,  forme  alcôve 
pour  le  lit  ;  c'est  là,  comme  le  dit  M.  Arbelet,  suivant 
toute  vraisemblance,  que  dut  naître  Stendhal  en 
1783,  là  aussi  que  mourut  probablement  M"^^  Beyle 
en  1790.  —  Ce  qui  est  capital  ici,  c'est  le  nombre 
des  fenêtres  qui,  au  l^r  et  au  3*^  étage,  est  de  4, 
et  qui,  au  2^  étage,  est  porté  à  6  par  l'addition  de  la 
fenêtre  étroite  cl  et  de  l'ouverture  /,  destinée  celle-ci 
à  éclairer  le  cabinet  de  toilette  :  l'étage  est  donc 
le  second,  à  Vexclusion  de  tout  autre. 

La  partie  de  l'appartement  située  entre  la  cour 
et  le  jardin  Lamouroux  (cour  du  n"  4  actuel  de  la 
rue  Lafayette),  avec  le  petit  escalier  L  qui  peut  le 
rendre   indépendant    et   le   jour   de   souffrance   qui 


384  APPENDICES 

réclaire  en  permettant  d'apercevoir  un  tilleul  ilii 
jardin,  est  figurée  p.  107  du  nis.,  correspondant  à 
la  p.  93   (t.  I*^^)  de  la  présente  édition. 

Enfin,  p.  157  du  ms.,  correspondant  à  la  }).  126 
(t.  I^'")  de  l'éd.  imprimée,  Stendhal  a  dessiné  le  plan 
spécial  du  cabinet  de  son  père,  contigu  à  l'im- 
meuble n**  16  et  éclairé  par  nos  deux  fenêtres 
inégales  a  et  b. 

L'examen  de  ces  10  plans  divers,  à  titre  de 
contre-épreuve,  permet  de  clore  ici  la  discussion. 


On  comprendra,  si  l'on  pénètre  aujourd'hui  dans 
l'étroite  allée,  dans  la  cour  obscure  et  rétrécie  par 
la  construction  du  fond,  —  et  dès  l'entrée  dans  la 
rue  tortueuse,  privée  de  toute  perspective  un  peu 
large  et  souvent  de  lumière,  —  que  successivement 
tous  les  propriétaires  aient  éprouvé  le  besoin  d'en 
sortir,  si  riche  et  confortable  qu'en  pût  être  l'amé- 
nagement intérieur  ;  que  Chérubin  Beyle,  dans  sa 
liâte  de  déménager,  n'ait  pas  attendu  l'achèvement 
de  sa  maison  neuve  pour  se  défaire  de  ce  qui  lui 
restait  de  l'ancienne  ;  tpie  le  futur  Slendh.il  onllii 
réservf  ;ni  logis  de  son  grand-jière,  si  aduiirablo- 
nient  placé  entre  la  vie  intense  de  la  place  drenette 
et  la  reposante  verdure  du  .lardin  de  \'ille,  ses 
prédilections  d'enfant,  naturellement  avide  de 
<5aieté,  de  grand  jour  et  de  liberté. 


SA    MAISON    NATALE  385 

Conclurons-nous  donc  en  disant  que,  si  nous 
connaissons  désormais  la  maison  natale  de  Stejidhal, 
nous  n'avons  saisi  qu'une  vaine  ombre,  et  que  ses 
Feuillantines,  son  Milhj,  ses  Enfances  en  un  mot 
doivent  être  placées  ailleurs  ?  Dirons-nous  une  fois 
de  plus  que  l'éducation  est  indépendante  des 
hasards  de  la  naissance,  et  que  le  lieu  fortuit  de 
celle-ci  ne  mérite  pas  qu'on  le  prenne  à  ce  point 
au  sérieux  ?  que  les  plaques  commémoratives, 
pour  être  à  certains  égards  d'une  scientifique 
précision,  se  trompent  d'adresse  le  plus  souvent  ? 
Non  certes  :  nous  savons  assez  que  rien  ne  vient 
du  néant,  que  notre  être  est  conditionné,  plus 
qu'on  ne  l'a  cru  et  à  notre  insu  même,  par  ses  ori- 
gines, par  la  race,  par  le  milieu,  par  les  impressions 
demi-conscientes,  inconscientes  même,  des  toutes 
premières  années,  pour  ne  pas  condamner  cette 
religion  traditionnelle  du  souvenir. 

Stendhal  naquit  donc  et  vécut  quelque  dix  ans 
dans  la  demeure  où  depuis  si  longtemps  se  succé- 
daient ses  ascendants  paternels,  au  2^  étage  du 
n^  14  actuel  de  la  rue  J.-J. -Rousseau  ;  c'est  dans 
le  petit  logement  ayant  vue  sur  la  cour  qu'il  fut 
installé  et  logé  avec  ses  précepteurs  successifs, 
c'est  dans  cet  horizon  si  restreint  que  se  forma, 
que  s'altéra,  si  l'on  veut,  et  s'aigrit  prématurément 
son  caractère.  Que  plus  tard  il  ait  fait  du  chemin, 
que  son  odyssée  l'ait  peu  à  peu  détourné  de  la  maison 
paternelle  et  du  pays  natal  jusqu'à  paraître  sup- 

Brulard    II.  25 


386  APPENDICES 

primer  parfois  tout  contact,  on  ne  le  sait  que  trop 
à  Grenoble  et  on  l'exagère  trop  volontiers.  Il  n'est 
pas  revenu,  soit  ;  mais  peut-être  s'est-il  moins 
éloigné  qu'il  ne  le  pensait  lui-même  et,  quoi  qu'il 
en  soit  et  de  quelque  façon  qu'on  le  juge,  c'est  bien 
de  là  qu'il  est  parti. 


ÎII.   L'APPARTEMENT   DE   HENRI   GAGNON 
La  Treille  de  Stemdhal 


Stendhal  ne  dit  presque  rien  de  la  maison  de  son 
père  et  du  triste  appartement  où  il  naquit  et  où 
mourut  sa  mère  ;  c'est  qu'il  vécut  surtout  dans  la 
maison  gaie  et  vivante  de  son  grand-père.  Le  doc- 
teur Henri  Gagnon  occupa  successivement  deux 
appartements  dans  le  même  immeuble.  De  l'un, 
situé  au  n°  2  de  la  place  Grenette,  au  premier  étage, 
Stendhal  parle  à  peine  dans  sa  Vie  de  Henri  Bru- 
lard  ;  il  fut  d'ailleurs  abandonné  dès  1789  et  occupé 
ensuite  par  les  demoiselles  Caudey,  marchandes 
de  modes.  Mais  le  second  a  laissé  à  notre  auteur 
<ie  nombreux  souvenirs,  à  la  fois  amers  et  attendris. 

Le  deuxième  appartement  du  docteur  Gagnon  — 
où  il  mourut,  en  1813  —  occupait,  au  second  étage, 
•deux  chambres  correspondant  à  l'ancien  logement 
-du  premier,  2,  place  Grenette.  Il  comprenait  égale- 
ment une  partie  d'immeuble  acquise  de  Madame  de 
Marnais,  et  dont  l'entrée  donnait  sur  la  Grande-rue, 


388  APPENDICES 

11°  2U.  On  accédait  à  rapparlciiitiiL  par  trois  esca- 
lier» :  le  premier,  place  Grenettc,  a  été  avanta- 
geusement remplacé.  Il  conduisait  directement 
aux  chambres  de  Séraphie  et  d'Elisabeth  Gagnon. 
Les  deux  autres  sont  restés  intacts  :  l'un  insère  sa 
vis  minuscule  dans  l'angle  nord  d'une  cour  étroite 
Cl  mal  éclairée,  qui  n'a  guère  été  modifiée  depuis 
le  xv^  siècle  et  garde,  entre  ses  murs  noirâtres, 
l'indicible  attrait  du  passé.  Quelques  pas  encore, 
et  tout  de  suite  à  gauche,  dans  une  grande  cour 
oblonguc,  monte  un  nouvel  escalier,  large  et  droit 
celui-ci,  et  que  Stendhal,  avec  raison,  qualifie  de 
magnifique  pour  l'époque. 

Montons  l'étroit  et  raide  escalier  en  vis  de  la 
première  cour.  Au  deuxième  étage,  un  bref  corridor 
—  celui-là  même  où  fut  déposé,  près  de  la  fenêtre, 
par  le  jeune  Beyle,  le  «  billet  Gardon  »  —  s'ouvre 
sur  la  salle  à  manger,  mal  éclairée  par  unt'  fenêtre 
d'angle,  et  sur  la  cuisine.  Une  troisième  porte  mène 
à  la  chambre  de  Henri  Gagnon.  Stendhal  en  a 
conservé  un  souvenir  grandiose  :  une  lirllc  coiii- 
iiKjde  l'ornait,  et  une  fenêtre  en  verres  de  Bohême 
rendait  la  pièce  agréable  et  gaie.  Des  boiseries  la 
garnissent  encore  aujourd'iuii,  et  leius  moulures 
sobres,  aux  ors  ternis,  rajtjiellenl  J!i\  iiu  ibiement 
l'esprit  iianuonieux  et  mesuré  du  médecin  à  la 
mode  vers  1780. 

Dans  un  angle,  un  étroit  roriidni-  ol  pus  (l;ins 
l'épaisseur  de  la   tourelle  de  l'escalier  ;   nous   \ oici 


l'appartement    de     HENRI     GAGNON  389 

dans  un  réduit  étroit,  aux  murs  biscornus.  C'est 
la  petite  chambre  où  Beyle  avait  son  lit  de  fer, 
c'est  son  «  trapèze  ».  Fuyons  ce  lieu,  désormais 
profané  :  on  a  fait  sauter  une  cloison,  vers  l'appar- 
tement donnant  sur  la  Grande-rue,  et  maintenant 
des  lingères  travaillent  et  jacassent  à  l'endroit 
même  où  Stendhal  dormait  son  sommeil  d'enfant. 


Au  second  étage  de  l'escalier  de  la  grande  cour, 
une  large  porte  ouvre  sur  une  vaste  antichambre  ; 
puis,  c'est  le  «  grand  salon  à  l'italienne  »,  aujourd'hui 
partagé  en  deux  par  une  cloison.  Là  s'élevait,  sous 
la  Révolution,  le  modeste  autel  où  un  prêtre  inser- 
menté disait  la  messe,  servie  par  le  petit  Henri 
Beyle,  le  dimanche,  en  présence  d'une  centaine 
de  fidèles. 

Tout  près,  la  chambre  de  Romain  Gagnon,  pre- 
nant vue  sur  la  grande  cour,  asile  retiré  ciu'occupa 
Joseph-Chérubin  Beyle  aux  heures  troubles  de  la 
Terreur.  Tout  près  encore,  ouvrant  aussi  sur  le 
<Trand  salon,  voici  le  domaine  intellectuel  du  doc- 
teur  Gaonon  :  d'abord,  son  cabinet  d'histoire 
naturelle,  où  le  menuisier  Poncet  construisit  une 
immense  armoire  pour  les  collections  minéralo- 
giques  ;  en  face,  la  grande  et  belle  carte  du  Dau- 
phiné,  par  Bourcet,  que  le  jeune  Beyle  sillonna 
si  malencontreusement  d'une  longue  traînée  rouge, 
le  jour  où  fut  découvert  le  subterfuge  de  la  lettre 

Brulard    II.  2o. 


390 


APPENDICES 


Gardon.  A  côté,  c'est  le  cabinet  d'été  du  «  bon 
grand-père  ».  Il  est  maintenant  nu  et  abandonné, 
comme  la  pièce  voisine  ;  mais  notre  âme  do  pieux 
pèlerins  y  rétablit  sans  peine,  au  fond,  la  o;rande 
bibliothèque  où  Voltaire  voisine  avec  V Encyclopédie, 
tandis  qu'à  côté,  dédaigneusement  mis  en  tas, 
s'avachissent  de  mauvais  romans,  achetés  par 
l'oncle  Romain,  et  qui  gardent  encore  le  jiarfuni  de 
leur  premier  acquéreur  :  musc  ou  ambre.  En  face, 
sur  un  pied  peu  élevé,  un  petit  buste  de  Voltaire, 
gros  comme  le  poing  ;  un  bofi  fauteuil  s'arrondit 
devant,  où  le  docteur  s'isolait  junif  jrflt''r]iir  et 
travailler,  loin  des  importuns. 

Dans  la  chambre  de  Romain  Gagnon  et  dans  le 
cabinet  d'histoire  naturelle  s'ouvrent  deux  portes- 
fenCtres.  Poussons-les  :  nous  voici  sur  une  longue 
et  belle  terrasse  ;  d'immenses  caisses  de  pierre  la 
bordent,  d'où  sortent  des  plantes  variées  et  de 
puissants  ceps  de  vigne.  Des  montants  de  bois 
artistement  assemblés  en  arcades  laissent  entrer 
l'air  et  le  soleil,  et  supportent  la  verdure  et  les  fleurs  ; 
la  vigne  fait  au-dessus  de  nous  un  j)laf()nd  délicat, 
et  c'est  un  lieu  charmant.  Noici  Niiiiiiicnt  lo  seul 
souvenir  de  Stendhal  demeuré  presque  intact. 
Quelques  pieds  de  vigne  sont  riKiiH.  mais  les  siii- 
vivants  sont  ceux  que  planta  Henri  (iagnoii  <'t  cpie 
vit  grandir  lltiiii  H<\lf.  loties  fidèles  du  Maître 
peuvent  encore,  laulomne  venu,  cueillir  une  grappe 
de  raisin  à  la  «  Treille  de  Stendhal  ». 


l'appartement    de    HENRI    GAGNON  391 

Le  reste  de  l'appartement  a  été  profondément 
modifié  ;  le  hasard  des  ventes  l'a  morcelé,  et  trois 
locataires  différents  l'occupent.  Pas  un  d'eux, 
certainement,  n'évoque  le  drame  de  l'enfance  de 
Stendhal,  nul  ne  songe  même  à  se  rappeler  celui 
qui  forma  là  son  âme  inquiète  et  passionnée. 


1\.  LE<  l'OUTRAITS  DE  STENDHAL  JEUNE 


Les  portraits  de  Iltiiii  lîeyle.  cxcciilés  dans  sa 
jeunesse,  sont  extrêmement  rares.  VA,  «n  Icdiu»- 
grajdiie  cuniiuf  en  toutes  choses,  il  faut  se  garder 
des  attriljuliuns  faites  à  la  légère  et  des  hypothèses 
plus  <»u  moins  séduisantes,   mais  mal  fondées. 

.If  connais,  pour  ma  jiart,  trois  |m.i  traits  de 
Stendhal  jeune,  mais,  de  ces  trois,  un  seul  me  paraît 
authcnti<jue. 

Le  premier  a  été  reproduit  en  1905  i)ar  M.  Emile 
lioux,  dans  uni-  puhlicatiiui  éphémère  :  1". !//><', 
revue  dalpinifinw  poindain-.  au  cours  d  une  hrève 
étude  sur  Stendiud  H  la  Montayitw.  Loi  i^rinal  e^t 
im  petit  portrait  à  l'huile,  sur  t<jilr,  il  Une  facture 
très  gauche  :  il  appartient  à  M"^*^  veuve  Mereeron- 
Vicat,  à  Gre.iohlr.  Il  u  été  aeipiis,  il  y  a  fort  lun^- 
temps.  par  M.  Me^ceron-^'ieat,  ingéiueur  des  l'onl> 
cl  (!hau>sées,  à  un  anli<piaii-e  ainliulaiit  (pu  donna 
le    tahleau    —    sau'^    aueiiiie     picn\e.    dadicuis    — 


SES    PORTRAITS  393 

comme  un  portrait  de  Henri  Beyle,  à  l'âge  de  seize 
ans  environ.  Rien  n'est  moins  sûr,  et  la  figure  peinte 
est  plutôt  celle  de  Champollion-le- Jeune  que  celle 
de   Stendhal. 

Un  second  portrait,  celui-ci  fort  joli,  est  une 
petite  aquarelle,  signée  Passot.  Il  représente  le 
buste  d'un  jeune  homme  d'une  vingtaine  d'années, 
un  peu  plus  peut-être,  vu  de  face  ;  le  personnage 
est  vêtu  d'une  lourde  redingote  ornée  à  la  bouton- 
nière d'un  ruban  bleu  ;  un  gilet  largement  ouvert 
laisse  voir  une  chemise  blanche,  sans  jabot,  à  deux 
boutons  carrés  ;  le  col  est  entouré  d'une  cravate 
blanche  à  deux  tours,  terminée  en  un  nœud  de 
petite  dimension.  Cette  aquarelle  a  été  acquise 
d'un  brocanteur,  avec  divers  objets,  par  M.  Bellin, 
artiste  peintre,  à  Fontaine  (Isère).  M.  Emile  Roux, 
en  le  reproduisant  en  tête  de  sa  brochure  :  Un  peu 
de  tout  sur  Beyle- Stendhal  (Grenoble,  Falque  et 
Perrin,  1903),  annonce  un  portrait  inédit  de  Henri 
Beyle.  Hypothèse  invraisemblable  :  outre  que  le 
costume  est  nettement  celui  d'un  jeune  élégant 
de  1825  à  1830,  l'âge  du  peintre  et  celui  du  modèle 
présumé  excluent  toute  identification.  Henri  Beyle 
est  né  à  Grenoble,  le  23  janvier  1783,  et  Passot  en 
1797,  à  Nevers.  Le  portrait  nous  montre  un  jeune 
homme  de  vingt  ans,  vingt-cinq  ans  au  maximum  ; 
en  admettant  l'hypothèse  de  M.  Roux,  il  aurait 
été  peint  vers  1803,  au  plus  tard  vers  1808.  Passot 
aurait  eu  de  six  à  onze  ans.  Ce  simple  rapproche- 


394  APPENDICES 

ment  de  dates  suflit  pour  ruiner  l'hypothèse  de 
l'auteur  de  Un  peu  de  tout  sur  Beyle-Stendlial. 

Le  troisième  portrait,  que  nous  pubHons,  est 
d'une  authenticité  indiscutable,  car  nous  suivons 
son  histoire  depuis  l'origine.  11  fut  la  propriété  de 
M.  Casimir  Bifrilhon,  conseiller  à  la  Cour  de  Gre- 
noble,  qui  a\ait  épousé  une  lille  d'Alexandre- 
Charles  Mallein  et  de  Marie-Zénaïde-Caroline,  sœur 
de  Henri  Beyle.  Il  fut  ensuite  donné  par  M.  Bigillion 
à  son  cousin,  M.  Adolphe-Etienne  Pellat,  ancien 
vice-président  du  Conseil  de  Préfecture  de  l'Isère. 
M.  Pellat  est  décédé  à  Grenoble,  le  6  février  1912, 
laissant  le  portrait  à  sa  fdle,  épouse  de  M.  Maurice 
Chabannes,  agent  commercial,  à  Grenoble,  de  la 
Compagnie  des  chemins  de  fer  de  Paris  à  Lyon  et  à 
la   -Méditerranée. 

M.  Chabannes  nous  a,  très  aiiuableincut,  autorisés 
à  reproduire  le  portrait  qu'il  possède.  Ce  portrait, 
au  crayon  noir  rehaussé  de  fusain,  a  été  fait,  selon 
M.  Paul  Guillemin  (Imagerie  de  Stendhal  entre-baillée. 
Grenoble,  1895),  entre  1800  et  1805,  et  cette  approxi- 
mation nous  semble  probable.  II  a  été  reproduit 
pour  la  première  fois  par  M.  Pierre  Brun  en  tète 
de  son  ouvrage  :  Henry  Beyle- Stendhal  (Grenoble, 
Gratier  et  O^,  1900).  C'est  le  seul  dos  ])ortraits  de 
Henri  Beyle  jeune  actuellement  connus.  Le  plus 
ancien  des  j)ortraits  de  Stendhal  est,  après  lui, 
celui  de  Boilly  (collection  Lesbrosj,  (jui  date  de  1807. 

Notre  re{)roduction,  si  cllr-  n'a  pas  h;  niéiite  de 


SES    PORTRAITS  395 

l'inédit,  a  du  moins  celle  de  l'authenticité.  C'est,  à 
nos  yeux,  un  mérite  capital,  le  seul  dont  nous  de- 
mandons compte  à  nos  lecteurs,  aussi  bien  pour  nos 
illustrations  que  pour  notre  édition  tout  entière. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE  ' 


Adrets  (le  baron  des),  I, 
28,  55,  111,  195,  297  ;  II, 
45. 

Adrets  (M"^^  des),  femme 
du  précédent,  I,  55. 

Alembert  (d'),  I,  48,  215  ; 
II,   60,   61. 

Alexandre,  I,  113. 

Alexandrine.  Voyez  :  Pe- 
tit (la  comtesse  Alexan- 
drine). 

Alfieri,  I,  12  ;  II,  65. 

Allard  (Guy),  généalogiste 
grenoblois,  I,  216. 

Allard  du  Plaistier,  cou- 
sin de  Stendhal,  I,  216. 

Allier,  libraire  à  Grenoble, 
I,  199. 

Amalia,   I,  17,   21.   , 

Amar.  représentant  du  peu- 
ple, I.  133,  134,  137,  141. 

Ampère,    I,   313. 

AxcELOT    (Mme),    II,    152. 


Angela.  Voyez  :  Pietra- 
GRUA  (Angola). 

Angles  (le  comte),  cama- 
rade de  Stendhal,  plus 
tard  préfet  de  police, 
I,   255,   256,   302  ;    II,   64. 

Angles  (M™^),  femme  du 
précédent,   I,  256. 

Anthon  (d),  conseiller  au 
parlement     de     Grenoble, 

I,  308. 
Arago,  II.  152. 

Argens  (le  marquis  d'),  I, 
194. 

Argout  (le  comte  d'),  I,  19, 
245,  299  ;  II,  147. 

Aribert,  camarade  de  Sten- 
dhal, II,  35. 

Arioste  (1'),  I,  109,  153, 
163,   188,   209,   229,   288  ; 

II,  19,  122,  133,  134,  135, 
158,  177. 

Aristote,   II,   136. 
Arlincourt  (d'),  II,  4. 
Artaud,  traducteur  de  Dan- 
te, I,  90. 


1.  La  table  alphabéliqun  que  nous  donnons  ici  est  très  succincle 
et  indique  simplement  les  noms  de  personnes,  sans  aucun  détail 
biographique.  Une  table  alphabétique  plus  détaillée  formera  le 
dernier  volume  des  Œm>res  complètes  de  Slendltul, 


39S 


TABLE    ALPHABETIQUE 


Alber.non,    II,    llil. 
AcBEHNON  (M"'*^),  fi-mnio  du 

précédent,  II,  IGl. 
AlGUÉ  DES  PonTES  (M"'^  et 

\|iiesj^   sœur  et   nièces   de 

M'oe  Cardon,  II,   IGO,  1G2. 
Azur    (M'^^}.    Voyez    :    Ru- 

BBMPRÉ    (AlbiTthc    de). 


Babet,  maîtresse  de  Sten- 
dhal,  I,   27U;   II,  31. 

Uaco.n,  I,  259  ;  II,  95. 

Bailly  (M'*^),  marchandes 
de  modes  à  Grenoble,  I, 
111. 

Bailly  (M'^c  de^,  I,  111  ;  II, 
150. 

Balzac  (Giiez  de),   I,  7. 

Barberen  (M*'*),  associée  et 
maîtresse  de  RebuJIet,  II, 
79. 

Barbehim,  I,  17. 

Barbier,  fermier  des  Beylc 
àCIaix,  H,  VI,  'l'i. 

Barilli,  acteur  de  l'Odéon 
de  Paris,  I,  2'*. 

Barilli  (.M™^),  actrice  de 
rOdéon  de  Paris,  femme 
du    iirécf'dcnt,    I,    2.'1  ;    II, 

lu'.. 

lÎARNAVE,     I,     fi9. 

BaRR  AL-.Mo.VTFER  RAT      (le 

nuir(|uis  de],  président  au 
parlenn-nt  de  Grenoble, 
puis  I'r<ini«r  Président  de 
la  c<jur  d'appel  de  (jre- 
noblr,  I,  m'J,  30'.,  305, 
307,  308 


B.vuual  (le  comte  Paul  de), 
lils  du  précédent,  I,  227  ; 
II,    'i. 

Barral  (le  vicomte  Louis 
de),  bis  et  frère  des  précé- 
dents,   ami    de    Stendiial, 

I,  22,  23,  ;î02,  303,  3U7, 
311,  312  ;   11,   11,   ^5. 

Bartelo.n,    11,    126. 

B.KRTHÉLEMY   (M"'"^),  COrdoil- 

nière  à  Grenoble,  1,  111, 
112,  275. 

B  A  R  T  n  K  l  E  .M  Y      I)  '  O  n  H  A  N  U, 

avocat  eonsistorial  au  par- 
liinent  de  Grenoble,  1,  59, 
(iO,   65,   305. 

Barthélémy  (le  chanoine), 
frère  du  précédent,  I,  65. 

Bartiidmelk,  commis  au 
ministère  de  la  Guerre, 
II,l'i2,  143.  158,  159,  16'i. 

Bassano  (le  duc  de),  II,  8. 

Basset  (Jean-Louis),  baron 
de  Richebourg,  camarade 
de  St.ndhal,  H,  10,   11. 

Basville,  intendant  du  Lan- 
guedoc, II,  78. 

Baure  (M.  de),  gendre  tic 
Noël  Daru,  I,  11  ;  II,  \\2, 
1  'i3. 

Baure  (.M™"2  de),  fenmie  du 
jirécédrnt.  Voyez  :  Uaru 
[>o\>Uir). 

Bayle  (Pierre),  11,  17. 

BiAi,    I,   22. 

BtALiiARNAis  (Ilorlense  de), 

II,  160. 

BEAU.MONT  (Elic  de),  I,  1S8. 
Beauviiiiers    (le    duc    di-), 

II,    151. 
Beethoven,   II,  15. 
Bellier,   I,  84. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


399 


Bellile  (Pépin  de).  Voyez  : 
Pépin  de  Bellile. 

Belloc   (Mme),  I,  118. 

Belot  (le  président),  traduc- 
teur de   Hume,   I,   137. 

Benoît,  camarade  de  Sten- 
dhal à  l'Ecole  centrale,  I, 
281  ;  II,  17. 

Benvenuto  Cellini,  I,  8, 
10. 

Benzoni   (Mme)^   l^  40. 

Béranger,  II,  125,  152,  161. 

Bérenger  (Raymond  de), 
camarade  de  Stendhal,  I, 
25,  26. 

Bereyter  (Angelina),  ac- 
trice, maîtresse  de  Sten- 
dhal, I,  17,  21,  24. 

Bernadotte,  roi  de  Suède, 
I,  63. 

Bernard,  II,  33. 

Bernonde  (Mme),  J,  128. 

Berry  (la  duchesse  de),  II, 
33,    151. 

Bertiiier,  prince  de  Neu- 
châtcl,  II,  154. 

Bertrand  (M™®  la  com- 
tesse), II,  161. 

Berwick,   graveur,    II,   123. 

Besançon.  Voyez  :  Mareste 
(le   baron   de). 

Beugnot   (le  comte),   I,   92. 

Beugnot  (la  comtesse),  fem- 
mie  du  précédent,  II,  123. 

Beyle  (Pierre),  grand-père 
de   Stendhal,    I,    80. 

Beyle  (le  capitaine),  grand- 
oncle  de  Stendhal,  II,  177. 

Beyle  (Joseph- Chérubin)  , 
père  de  Stendhal,  I,  16,  77, 
78-81,  93,  103,  134,  135, 
147,   163,   168,   178,    187, 


198-202,  209,  223,  234, 
262;  II,  16,  41,  56,  73,  85, 
108,  176. 

Beyle  (Pauline),  sœur  de 
Stendhal,  depuis  M^e  Pé- 
rier-Lagrange,  I,  45,  77, 
99,  139,  141,  178,  198, 
222  ;   II,  50. 

Beyle  (Zénaïde  -  Caroline), 
sœur  de  Stendhal,  depuis 
Mme  Mallein,  I,  77,  99, 
139,  141,   222. 

Bezout,  auteur  d'un  manuel 
de  mathématiques,  I,  249, 
250,  277,  282,  299  ;  II,  55, 
66. 

Bigillion,  I,  297,  298. 

Bigillion  (François),  fils  du 
précédent,  ami  de  Sten- 
dhal, I,  23,  285-287,  291, 
295  ;  II,  34,  45,  71,  72,  92, 
147. 

Bigillion  (Rémy),  frère  du 
précédent,  1,286,  291,292, 
295,  296,  301,  311  ;  II,  92. 

Bigillion  (Victorine),  fille 
et    sœur    des    précédents, 

I,  159,  289-293,  295-299  ; 

II,  34,  45,  53,  74,  91,  92, 
93. 

Bignon    (du).    Voyez    :    Du 

Bignon. 
Biot,    I,   249. 
Blacons   (M"e  de),   I,  74. 
Blanc,  I,  198. 
Blanchet   (Mi'e),   puis  M^e 

Romagnier.  Voyez  :  Roma- 

GNiER    (Mme)^    cousine   de 

Stendhal. 
Blancmesnil   (del,    II,   105. 
Boccace,  I,  61. 
Bois,   I,   214. 


400 


TABLE    ALPHABETIQUE 


BoissAT  (Julos-César),  II,  7. 

Bonaparte.  Voyez  :  Napo- 
léon. 

Bond  (Jean),  traducteur 
dlloraco,    I,   35,   122. 

BoNNARD  (de),  I,  220. 

Bonne  (MM.),  oncles  de 
^{rae  Romain  Gagnon,  I, 
1Ô9-16U,     IGl. 

Bonne  (M"e),  depuis  M^e 
Poncet,  mère  de  M""^  Ro- 
main Gajrnon,  I,  161. 

BoNOLDi,  clianteur  italien, 
II,  1U3. 

BuREL  (M'"^),  bolle-mèrc  de 
Mounicr,  I,  G9. 

BoREL  (M"^),  fille  de  la  pré- 
cédente, depuis  M"**^  Lé- 
tourneau.  II,  ^'i. 

BoRGHÈsE   (prince  ¥.),   I,   1. 

BossuET,    II,    121,   152. 

Bouchage  (du).  Voyez  :  Du 
Bouchage. 

BouFFLERS  (le  maréchal  de), 
II,    137. 

Bouhdaloue,  I,  103,  137. 

Bourgogne  (la  duchesse  de), 
II,  81. 

BouHMONT  (le  maréchal  de), 
II,  191. 

BouRNON  (le  maréchal),  I, 
244. 

Bouvier,  I,  C5. 

Brémont  (.M""*:),  depuis  M*"^ 
de  Barral-Montferrat,  I, 
304. 

Brk.mont,  fils  de  la  précé- 
dente, I,  304. 

Brenier   (de),   I,  48. 

Brenikr    (.M"'«   de),    femme 
du     [irécédent.      Voy<z 
Vaulserre     (M"c    de). 


Bhichaud.    I,   3. 

Brizon   (M"'e  de),   I,   192. 

Broglie  (le  duc  de),  I,  G2, 

120. 
BuossARD  (le  général  de),  II, 

81. 
Brossard  (M""^  de),  femme 

•  lu  i^récédent.  N'oyez  :  Le 

Brun    (MU*^    Pulchérie). 
Brosses    (le    président    de), 

I,  138,  167  ;  II.  21,  135. 
Bruce,  I,  101,  282. 

Brun    (Joseph),    paysan    de 

Claix,  II,  41. 
Bruno  (saint),  fondateur  de 

la    Grande-Chartreuse,     I, 

297,  299. 
BuFFON,  I,  209  ;  II,  45. 
BuRELVTi.i,ER   (le  Capitaine), 

II,  109,  171,  172,  173,  174, 
176,  182,  183,  184,  193, 
198. 


Cabams,  I,  12,  17,  28,  137, 
180,  269. 

Cachoud,  ptintro  et  gra- 
veur, I,  250. 

Caetani  (les  princes),  amis 
de  Stendhal,   I,  9. 

Caetani  (Michel-Ange),  I,  9, 
19. 

Caktani  (don  Philippe),  frère 
du  précédent,  I,  313. 

Caetani  (don  Rugiero),  II, 
65. 

Caffe,   I,  221. 

(^AII.HAVA,    II,    94,    95. 

Calderon,    II,    175. 


TABLE     ALPHABETIQUE 


401 


Caletta,  I,  244. 

Cambon  (M'"6),  fille  aîriéo  de 
Noël  Dam,  II,  80,  108, 
115,  116,  120,  121,  12G. 

Cambon  (M"e),  fille  de  la 
précédente,     II,    166. 

Campan  (Mme),  IL  160,  163. 

Cardan,  mathématicien  ita- 
lien,   II,   67. 

Cardon  (Mme),  n,  ng,  121, 
122,  141,  158,  160,  162, 
163. 

Cardon  (Edmond),  fils  de  la 
précédente,  ami  de  Sten- 
dhal, II,  32,  119,  122,  141, 
147,  158,  159,  164. 

Cardon  de  Montignv,  fils 
du    précédent,    II,    119. 

Caknot,  II,  119,  166. 

Cartaud  (le  général),  I,  233. 

Castellane  (M™p  Boni  de), 
II,    152. 

Caton   d'Utique,   I,   222. 

Cauchain  (le  comte  de),  II, 
188. 

Cauchain  (le  général  de), 
oncle  du  précédent,  II, 
188. 

Caudey  (M^'^s),  marchandes 
de  modes  à  Grenoble,  II, 
48,  49. 

Caudev,    leur   frère,    II,   49. 

Cave,   II,   25. 

Caylus  (Mme  de),  II.  151. 

Cervantes,  I,  107,  129, 
288  ;  II,  19,  90,  133. 

Ch,\alons,    II,   19. 

Chabert,  professeur  de  Sten- 
dhal, I,  277,  278-280,  281. 
282,  283  :  II,  54,  55,  56, 
57,  58,  59,  60,  62,  64,  67. 

Chaléon  (M.  de),  I,  54. 

Brulard    II. 


Chalvet,  professeur  à  l'E- 
cole centrale  de  Grenoble, 
I,  238,  302,  311. 

Champel,    I,   72. 

Charbonot,  charpentier  à 
Claix,  I,  130. 

Charost  (le  duc  de),  II,  151. 

Charrière  (Sébastien),  I, 
201  ;  II,  41. 

Chateaubriand,  I,  6,  7, 
242,  269,  310. 

Chatel,  II,  33. 

Chavand  (M'ie),  maîtresse 
d'écriture  à  Grenoble,  I, 
312. 

Chazel,  camarade  de  Sten- 
dhal, I,  94,  95. 

Chélan  (l'abbé),  curé  de 
Risset,  I,  61,  62,  305. 

Cheminade,  camarade  de 
Stendhal,    II,   65,   68,   88. 

Chenavaz  (Mme),  I,  32,  33, 
141. 

Chenavaz  (Candide),  fils  de 
la   précédente,    I,   33. 

Chevreuse  (le  duc  de),  II, 
151. 

Chieze,   II,   127. 

Choderlos  de  Laclos. 
Vovez  :  Laclos  (Choderlos 
de)". 

Cimarosa,  II,  99,  101,  192, 
193. 

Clairaut,  auteur  d'un  ma- 
nuel   de    mathématiques, 

I,  249,   282. 

Clapier  (le  docteur),  I,  281  ; 

II,  17. 

Clara, Clara  Gazul.  Voyez: 

Mérimée  (Prosper). 
Clarke  (Mi'e),  I,  117. 
Clémentine.  Voyez  :  Menti. 

26 


i02 


TABLE    ALPHABETIQUE 


Clermont-Tonnehre     (de), 

gouverneur  du   Dauphiné, 

i,  62. 
Clerichetti     (Antonio),     I, 

123. 
Clet.  cousin  de  Stendhal,  I, 

309. 
Cochet  (M»^),   I,    IGO,   1G2. 
Coissi,  I,  20'i. 
Collé,   II,   152. 
Colomb,  cousin  de  Stendhal, 

I,  289. 

Colomb  (M'"*^),  l'emnio  du 
précédent,  1, 138, 139,  178, 
181,   261,  262. 

Colomb  (Romain),  lils  des 
précédents,  ami  de  Sten- 
dhal, I,  22,  8'i,  121,  167, 
168,  193.   227.   23U.   289  ; 

II,  21,  45,  46,  48,  50.  135. 
Co.NDiLLAC,    I,    239,    249. 
Condor  cet,    II,   114. 
CoNDoncET     (.M""^|,     femme 

du     précédent.     Voyez     : 

Ghol'chy  (Sophie). 
Constantin      (  .\  hrahani) , 

peintre,   I,  27  ;   II,    1U2. 
Corbeau    (de),    I,   161,   162, 

165. 
CoRDAY   (Charlotte),   I,  222. 
Corneille,    II,    8,    19,    26, 

133,   136,  152. 
Cornélius    Nepos,    I,    122. 
Corner    (André),    II,    32. 
CoRRÈCE,    II,   25. 
COURCIIAMP,     ]\,     'l. 

Courier     (l'ai;!-Lotn"s),     I, 

255. 
Court  cIe  Gebelin,   I,   I3l. 
Couturier,  I,  250. 
Chobhas   (l'ahlié),   I.   173. 
Crozet      (Louif>),      ami      de 


Stendhal,  11.5-11,29,147, 
148. 
Cuvier   (Georges,  baron),   I, 
136,   258,   259. 

D 

Damoreau    (Mn»e),    H^    105. 

Dante,  I,  39,  90,  91,  194  ; 
II,   86,    167. 

Dari-  (Norli.  I,  5,  8,  11, 
218;  II,  19.  78,  79,  81, 
91,  93,  94,  107,  110,  111. 
112,  113,  114,  120,  122, 
123,  124,  127,  128.  13'i, 
135,    139,    160,    161. 

Daru  (M™*),  femme  du  pré- 
cédent, II,  80,  108,  162. 

Daru  (le  comte  Pierre),  fils 
<les  précédents,  I,  11,  12, 
2'i4  ;  II,  l'i.  80,  108,  121, 
122,  12i,  125,  128,  132, 
133,  137,  139,  14U,  141, 
ri2,  143,  144,  145,  146, 
157,  158,  159,  160,  162, 
163,  16',.  165,  166,  167, 
182. 

Daru  (M""^  la  comtesse), 
femme  du  précédent,  I, 
97,    256. 

Daku  (.Martial),  frère  du 
eoMile  l'ierre  Daru.  II,  19, 
SU,  1U8,  118.  121.  140,  141, 
163.  164,  166,  197,  198, 
199. 

D.Mir  (.M"<^  Sophie),  depuis 
M""'  de  Haure,  I,  11  ; 
II.    SO.    108. 

Daru  (M"^-'*).  Voyez  :  Cam- 
R..N      (.M">«')  ;     Le     Uru.n 


TABLE     ALPHABETIQUE 


403 


Dausse,  I,  254,  257  ;  II.  70, 
71. 

Debelleyme,  préfet  de  po- 
lice,   II,    7. 

Delavigne  (Casimir),  II, 
153. 

Delécluze,   I,  91  ;   II,  120. 

Delille,  II,  20,  88,  133. 

Del  Monte   (Mme),  I,  59. 

Dembowski  (Mathilde).  a]>- 
pelée  Métilde  par  Sten- 
dhal, I,  4,  15,  17,  18,  20, 
173  ;  II,  138. 

Denis  d'IIalicarnasse,  I, 
220. 

Des  Adrets  (le  baron). 
Voyez  :  Adrets  (le  baron 
des). 

Desfontaines  (l'abbé),  tra- 
ducteur de  Virgile,   I,  98. 

Destouches,     I,    108. 

Destutt  de  Tracy.  Voyez  : 
Tracy    (Destutt   de). 

Diane   (M^ie),   n^  189. 

DiDAY  (Maurice),  camarade 
de  Stendhal,  II,  29,  30, 
31,  34,  35. 

Diderot,  I,  48,  215  ;  II, 
60. 

Didier  (M™*=),  cousine  de 
Stendhal,    I,    56. 

Di  FiORE,  ami  de  Stendhal, 

I,  4,  6.  60,  148,  244  ;   II, 
33,  89. 

Dijon,   I,  164. 
DipnoRTz   (Mme  de),   I,  4. 

DiTTMER,    II,    25. 

DoLLE  LE  Jeune,   I,  111. 
DoMENicoNi,   acteur  italien, 

II,  70. 
DoMiNiQuiN  (le),  I,  1,  250. 

DONIZETTI,     I,     265. 


DoRAT,  I,  119.  220. 

DOYAT,    I,    160. 

Drevon,    I,   111  ;    II,   110. 

Drier,  cousin  de  Stendhal, 
II,  17. 

Du  Barry  (Mme),  I,  113; 
II,  2. 

Du  BiGNON,  I,  289. 

Dubois -Fontanelle,  pro- 
fesseur à  l'Ecole  centrale 
de  Grenoble,  I,  125,  238  ; 
II,  13-17,  19,  23,  24,  25. 

DuBos   (l'abbé),   II,   28. 

Du  Bouchage,  I,  305. 

DUCHESNE,    II,    154. 

DucHESNOis  (M"e),  actrice 
de  la  Comédie  française, 
II,  10. 

DucLos,  I,  301  ;  II,  5,  63, 
74,  109.  152. 

DucRos  (le  Père),  bibliothé- 
caire do  la  ville  de  Gre- 
noble, I,  25,  23,  61,  190, 
214-219,   305  ;    II,   17. 

Dufay.     Voyez     :     Grand- 

DUFAY. 

DuFouR  (le  colonel),  II,  185. 
DuGAzoN,  actrice,  I,  310. 
DuLAURON    (M'ne).    Voyez    : 

M  E  N  A  N  D  -  D  U  L  A  U  R  O  N 

(Mme). 

DuMOLARD  (l'abbé),  curé  de 
La    Tronche,    I,    204-205. 

DupÉRON  (Jeanne),  grand'- 
mcrc  paternelle  de  Sten- 
dhal, I,  303. 

DupiN  aîné,  II,  152. 

DupuY,  professeur  à  l'Ecole 
centrale  de  Grenoble,  I, 
238-239,  248-250,  255, 257, 
277,  279,  280,  281,  283  ; 
II,  35,  36,  37,  54,  55,  57, 


'i04 


TABLE    ALPHABETIQl.  E 


â8,  Ô9,  GO,  G'i,  TU,  71.  72, 
73. 

Durand,  précoptour  dr  Sten- 
dhal, |)roffsstnir  à  l'Ecolo 
iintiali-  do  Cironoblo,  I, 
119,  121-125,  152-154,  ir,3, 
238,   2'.1,  243;   II,  5,  G7. 

DvROc,  duc  do  Frioul,  I,  13  ; 
II,  34. 

DUVERCIER     DE     HaVRANNE, 

II,  25. 


Edwards     (Io    dootour),     I, 
259,  290  ;   II,   7. 

ESMÉNARD,     I,    8. 

EuLER,  I,  279  ;  II,  57. 
Euripide,  I,  119. 
ICxEi.MANS   (le  mari'c-hal),  I, 


F 


Fabien,  maître  d'arnirs  à 
Paris,  II,  148,  153.  K,',. 

Fai.con.  lilirairo  à  (ii'  iiolil'-. 
I,    192-193. 

Fanciion,  servante  de  Ro- 
main (Jafrnon  aux  EcIhI- 
les,  I,  158. 

Faure  (Félix),  i)air  de 
France,  ami  de  Stendhal, 
I,  G8,  129,  IG'.,  275,  312; 
M.  7,  G8,  91,  92,  93,  146, 
r.7.    r.8,    15'i,    IG'i. 

Ialke  ( Frodi'-ric),  iVito  du 
précédont.   II.  91,  92. 

Faure     (Michel),     fron-    do«   i 
précédent»,    II,    91,    92. 


Faure.  père  do?  précédents, 

I,  299. 

Fauriel,  I,  91.  117  :  11.  11'.. 

Fauriei.  (Mn'f).  leuimo  du 
précédent.  Voyez  :  Grou- 
CHY    (Sophie). 

Festa  (M™^),  actrice  ita- 
lienne, I,  24  ;  II,  104. 

Feydeau,    II.    lO'l. 

FlELDING,     I,    1  19. 

FiEscni,    II,   125,  153. 
FioRE      (di).     Voyez     :      Di 

FlORE. 

Fiohavanti,     II,     101. 

FiTZ-JaMES     (le    duo    de),     II, 

152. 
Fleury    (l'abbé),    I,    120. 
Fi.oKiAN.    I,    195-19G,    2G'i  ; 

II,  20. 

Foix  (le  duc  de),  II,  151, 
Fo.NTANEi.LE.    Voyoz    :    Du- 
uois-Fontanei.i.e. 

loNTENEI-LE,     I,     58,     GO,     71, 

8G. 
FonissE,    I,    120. 
FouKCuov,    I,    199. 
FoY  (le  général),  1,289:  II.  G. 
Fha.nçais  DE  Mantes.  Il,  l'i, 
l'iiANçoisE,    sorvaiili-    dos 

li.ylo,   I,  5G. 
I'hioui,    (duc    tic).    Voyez    : 

DUHOC,     <\\U'     i\r     Vnt)\t\. 


(', 


Gagnon  (Elisabeth),  grand  - 
tante  de  Stendhal,  F,  .{3, 
:!7.  'l'i.  77.  7H,  85-«7,  89, 
108,  112,  1:{S,  l'.O,  147, 
l'iS,    150,    l.M,    K.'i,    17H, 


TABLE     ALPHABETIQUE 


405 


180,  181,  186,  187,  102, 
213,  218,  223,  227,  233, 
234,  261,  262,  308,  309  ; 
II,  30,  41,  50,  64,  65,  73, 
100. 
Gagnon  (le  docteur  Henri), 
grand-père  de  Stendhal, 
I,  29,  33,  34-38,  54-62, 
72,   74,   77,   86,  100,  134, 

140,  144,  148,  168,  177, 
187,  191,  198,  213,  217, 
237,    241,    248,    254,    262, 

298,  305  ;  II,  13,  49,  54, 
90,  100,  131,  137,  150. 

Gagnon  (Henriette),  mère 
de  Stendhal,  I,  38-40,  57, 
120  ;   IJ,  99. 

Gagnon  (Séraphie),  tante  de 
Stendhal,  I,  32,  33,  37, 
39,  49,  71,  77,  78,  81,  99, 
107,  112,  120,  124,  127, 
130,    134,    138,    139,    140, 

141,  145,  147,  148,  150, 
157,  164,  168,  170,  171, 
175,  176,  177,  178,  180, 
185,  187,  190,  192,  195, 
197,  198,  208,  209,  215, 
222,  234,  235,  237,  238, 
242,    248,    262,    264,    276, 

299,  301,  310  ;  II,  1,  56, 
6'i,65,73,  85,  90,  109,  168, 
170. 

Gagnon  (Romain),  oncle  de 
Stendhal,  I,  35,  48-49,  51- 
52,  72-73,  77,  87,  135, 
155-156,  162,  163,  191, 
308;   II,  100,  110,  126. 

Gagnon  (Oronce),  lils  du 
précédent,   I,  35. 

Galle,  camarade  de  Sten- 
dhal, I,  300,  301,  311  ;  II, 
45. 


Galle  (M"^^)^  mère  du  pré- 
cédent, I,  300. 

Gardon  (l'ahbé),  I,  54,,  141, 
143-147. 

Gattel  (l'abbé),  professeur 
à  l'Ecole  centrale  de  Gre- 
noble, I,  238,  239,  310. 

Gauthier  (les  frères),  cama- 
rades de  Stendhal,  I,  2i8  ; 
II,   18,   29. 

Gave  AU,    I,    183,    265. 

Geneviève,  servante  des 
Beyle,  I,  56. 

Genoude,  ou  de  Gcnoude, 
II,  86. 

Geoffrin   (Mme),  n,  150. 

Gérard  (le  baron),  I,  259. 

Gibbon,  II,  15. 

GiBORY,  chef  d'escadron,  I, 
269. 

GiRAUD  (M^e),  tante  de 
]Vlme  Romain  Gagnon,  I, 
161. 

GiROUD,  libraire  à  Grenoble, 
I,  38. 

GiROUD,  camarades  de  Sten- 
dhal, I,  277,  302. 

Giulia,  Giul,  I,  17,  22  ;  II, 
191.      . 

Goethe,    I,    242. 

GonsE  ou  Gosse,  II,  116. 

Gouvion-Saint-Cyr  (le  ma- 
réchal), I,  244. 

GOZLAN,    II,    152, 

Grand-Dufay,  camarade  de 

Stendhal,   II,  1-3,   25,   28, 

164. 
Graves     (la    marquise    de). 

Voyez  :  Le  Brun  (M^e). 
Grétry,  I,  3.  267:  II,  97. 
GnisiiEiM     (M"e    Mina    de), 

I,  3,  4,  17,  21. 


406 


TABLE     ALPHABETIQUE 


Gros,    fri'omi-lro    «ircnolilois. 

Iirofos>(ur     tl<'     Slindhal, 

I.  :::.  :   II.  65-68,  71. 
Gros,  pcinlre,  I,  7. 
Grouchy     (Sophie),    depuis 

M™*^    de    Condorcet,    puis 

Mme   Fauricl,    I,    117  ;    II, 

ll'i. 
Grvbillon   fils,  I,   160. 
Guettard,     minéralogiste 

grenoblois,  I,  188. 
GuiLBERT  (Mélanie),  actrice, 

niaîtressf  de  Stendhal,   I, 

9,  17,  20.  28,  142. 
Giii  i.ABERT  (l'altbé),  I,  186. 
Glise  (le  duc  de),  I,  221. 
GuiTRi  (Umberl),  I,  54. 
GuizoT,  I,  240. 
Gltin,   marchand   de   draps 

dauphinois,    I,    201. 

GUVARDET,    II,   l'J'l. 


Il 


IIampden,  II,  G. 

Harcocrt  (le  duc  d'),  II, 
151. 

IIaxo  (le  général),  1,  149, 
189. 

Hélie  (l'abbé),  curé  de 
Saint-lliigues  de  Greno- 
ble, l.  2i:i. 

Hélie  (Enncniond),  cama- 
rade d<-  Stendlial,  11,  27. 
28. 

Helvktius,  II,  8,  9,  86,89, 
159,  190. 

IIerraki),   I,  27. 

Iliei'ociiATK,   l,  1 1;{. 

lIoFK.MANN,     professeur     de 


clarinette    à    Grenoble,    I, 

27'.. 
IIolleville,    professeur   de 

violon  à  Grenoble,  I,  274, 

275. 
Homère,  I,  229. 
Horace,    I,    113,    119,    122, 

187  ;  II,  125. 
Hovdetot    (d'),    I,    164. 
Hugo  (Victor),  II,  4. 
HvME,   I,  1.37. 
Himil:res    (le    duc    d),    II, 

151. 


I.NGRES,     I,    7. 


Jacqvemont  (Victor),  I,  18. 

Jay,  peintre,  professeur  à 
l'Kcole  centrale  de  Gre- 
noble, I,  238,  250,  254, 
283;   II,  26-29,  35,  46. 

Jeki  (le   Père),   I,  12. 

JoiNviLLE  (le  baron),  II, 
143,  194. 

JfiMARD,     II,     52. 

Ji>tuKi(T,  précepteur  de 
Stendlial.  I,  38,  82,  163. 

Jlssieu  (A<Irien  de),  I,  26, 
182.   259,   313. 

.IissiEU  (.\ntoine  de),  I.  290. 


Kahi  V     (Virginie),     acirico, 
I,  4,  17,  95,  263-271,  273- 


TABLE    ALPHABETIQUE 


407 


274,    276,    292,    296,    299, 
301  ;  II,  53,  74,  194. 

Kellermann,  I,  231. 

Kératry  (de),   I,  10. 

Kersanné,   II,  147. 

KOREFF,    II,   5,   152. 


La  Bavette  (de),  camarade 
de  Stendhal,  I,  300,  301, 
307,   311  ;   II,   45. 

La  Bruyère,  I,  11  ;  II,  150, 
151,  152. 

Laclos  (Choderlos  de),  I,  74. 

Lacoste  (de),  I,  55. 

Lacroix,  géographe,  I,  101. 

La  Feuillade  (le  duc  d(>), 
II,    151. 

La  Fontaine,  I,  288  ;  II,  8, 
99,    253. 

Lagarde,    II,   5. 

Lagrange,  II,  9,  57,  259. 

Laharpe,  II,  13,  14. 

Laisné  (le  vicomte),  II,  8. 

Lamartine,    I,    19  ;    II,    90. 

Lambert,  valet  de  chambre 
d'Henri  Gagnon,  I,  66, 
113,  114,  139,  140,  167- 
173,    177,    303  ;    II,    32. 

Lamoignon,   I,   04. 

Lannes  (le  maréchal),  I,  240. 

La    Passe    (le    vicomte   de), 

I,  313. 

La  Peyrouse  (de),  II,  43. 
Laplace    (de),   I,   258,   259  ; 

II,  9. 

La  Rive,  acteur,  I,  310. 
La  Rochefoucauld  (le  duc 
de),   II,  151. 


La  Rociieguvon  (le  duc  de), 
11,151. 

Lasalle  (le  général),  I,  244. 

La  Valette   (de),   II,  42. 

La  VALETTE    (Mme),    u,    1G5. 

Lavalette  (Mlle  de),  I,  28. 

La  ValliÈre  (M'ie  de),  II, 
136. 

Le  Brun  (M^e)^  flUc  de 
Noël  Daru,  depuis  mar- 
quise de  Graves,  I,  11  ; 
II,  80,  81,  108,  111,  117. 

Le  Brun  (M"'--  Pulchérie), 
fille  de  la  précédente,  de- 
pviis  marquise  de  Bros- 
sard,  II,  81,  108. 

Lefèvre,  perruquier  à  Gre- 
noble, I,  62,  104. 

Legendre,   I,   259. 

Léger,  lailleur  à  Paris,  I, 
22. 

Léopold  de  Syracuse, 
prince  de   Naples,   I,   313. 

Lerminier,    I,    190. 

Le  Roy,  professeur  de  pein- 
ture de  Stendhal  à  Gre- 
noble, I,  175,  176,  177, 
178,  179,  182,  183,  209, 
250,  251,  266;  II,  45. 

Le  Roy  (M^e),  femme  du 
précédent,    I,   176,   253. 

Lesdiguières  (le  connéLablc 
de),  I,  67,89. 

Lesdiguières  (le  duc  de), 
II,    151. 

Létourneau,    II,    34. 

Létourneau  (Mme),  femme 
du  précédent.  Voyez  : 
BoREL    (Mlle). 

Létourneau  (MUe),  depuis 
Mme  Maurice  Diday,  II, 
34,  35. 


408 


TABLE     ALPHABETIQUE 


Letoluneur,  traduitcur  de 

Shakespeare,  I,  287  ;  II,  9. 

133. 
Letronne.   I,  190. 
Linné,   I,   19U. 
LoRR.\iN    (Claude),    I,   G2. 
Louis  i.e  Gros.   II.  SI. 
Louis  XI.  I.  Vi. 
Louis    XIV,    I,    216,    288; 

II,  7'.,  81,  125,  136. 
Louis  XV,  I.  11:].  128.  187  : 

II,  7'i. 
Louis  XVI.  I.  113,  125,  126, 

129  :  II.  \i]r.. 
Louis   XVIII,    II,   6i. 

LoUIS-PlIILlITE    I^""     I,    165. 
Luther  (Martin),  I,  3'». 

U 

Maulv,   I,   7(1. 
Machi.vvei.,    II,   8. 
Maçon,   II,   19'i. 
Maintenon     (M'»'e    de),     II, 

151. 
Maistre  (M""^  Thérésine  de), 

I,  162. 
Maistke    (If    coriile    Xavi<r 

de),  frère  de  la  précédente, 

I,  162. 

Mali-ein  (.Mir.iliam),  Ijeau- 
père  de  Zénaïde  Ueyic,  I, 
267. 

Mallein  (.Mexandre).  fils 
du  précédi'iit,  ln'au-frèr<' 
de    Stendhal,    I,    299. 

Manelli,  paysan  italien,  I, 
226. 

Mante,    ami    d<-    Stendhal, 

II.  35,  3G,  15,  46,  47,  50, 
16'i. 


Marcieu  (de),  I.  298. 

Marcieu  (le  chevalier  de), 
1.    111. 

.Marcieu   (.M">«  de),  I,  7;!. 

Mareste  (le  baron  Adolphe 
de),  surnommé  par  Sten- 
dhal lîesaneon,  I.  5,  22, 
121,  208  ;  II,  33,  r.7. 

Maria  (dona),  reine  de  Por- 
tugal, 1,128. 

Makii:  (rahhé).  nialhéma- 
lieien,  I,  282  ;  II,  55. 

Marie-Antoinette,  II,  119, 
121,  163. 

Mahion,  servante  des  Ga- 
irnoii.  Voyez  :  Tiiomasset 
(.Marie). 

Marmont  (le  maréchal),  duc 
<!<•    Kai^usc,    II.    175. 

.Maiimontel,  1,  10,  119  ;  11, 
l'i,    152. 

Marnais  (Mnx-s  de),  I,  37. 

Marot  (Clément),   I,  215. 

Marquis,  camarade  de  Sten- 
dhal.  II.   17. 

.Mauiin,    11,    52. 

Martin  (Joséphine),  cousine 
de  Sten.ll.al.    I.   207. 

Martin    (M'"^|,    1.    269. 

.Masséna  (le  maréchal),  II, 
13'i. 

MASS1I.I.ON,  I,  103,  137. 

.Matmis  (le  colonel),  I,  121, 
2Vi. 

.Maupeou    (de),    I,    259. 

.MAXiMii.iEN-.Josri'ii.  roi  de 
Haviér.',  H,  l'i. 

Mayousse,  paysan  ili  (llaix, 
I.   201. 

Mazovkr,  ('oiiiiiii.>  au  minis- 
tère (!••  la  (luerre,  II,  129, 
132,   133,   138. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


400 


Meffiœv    (le    comte   do),    I, 
25G  ;  II,  33. 

Menaivd-Dulauron     (M'»e), 

I,   73,   111. 
Mengs,    II,    181. 
Menti,  Me.nta  (Clémentine), 

1,4,5,17,20,21,289. 
Mention,  professeur  de  vio- 
lon à  Grenoble,  I,  274  ;  II, 

97. 
Mérimée    (Prosper),    appelé 

par     Stendhal     Clara     ou 

Clara   Gazul,    I,    299  ;    II, 

152. 
Mérimée   (M"ie)^   femme  du 

précédent,  II,  162. 
Merlinot,    représentant   du 

peuple,  I,  133,  137. 
Merteuil  (M"»e  (Jej_  Voyez  : 

MoNTMORT  (Mi»«  de). 
Métilde.     Voyez     :      Dem- 

BowsKi  (Mathilde), 
Meyerbeer,  II,  102. 
MiCHAUD  (le  général),  I,  183, 


244. 


Micuel-Ange,  I,  9,  79,  250. 

Michel,  tailleur  à  Paris,  I, 
22. 

MicHouD,  camarade  de  Sten- 
dhal, I,  311,  312;  II,  45. 

Mignet,   I,   129;   II,   161. 

MiLAi   (Bianca),   I,   228. 

MiRABAVD,  traducteur  de 
l'Arioste,   I,  163. 

Milne-Edwards,   I,   259. 

MiNG,  II,  52. 

Mirepoix  (Mme  Je)^  n    ^59, 

MoLÉ,  ministre  des  Affaires 
étrangères  en  1830,  I,  16  ; 
II,    152. 

Molière,    I,    11,    108,    109, 

Brllard    II. 


192,  227:  II,  19,  112,  l'i8, 

175,  178. 
MoNCEY    (le   maréchal),' duc 

de  Conegliano,  I,  110,  244. 
MONCRIF,  II,  105. 
MONGE,    II,    9. 
MoNGE  (Louis),  frère  du  pré- 
cédent, II,  61.  69. 
Montaigne,    I,   12. 
Montesquieu,   I,  7,   20,  70, 

167,  212,  220;  II,  9,  150. 
M0NTESQU10U     (le    général), 

I,   157,   160. 
MoNTFORT    (le   duc   de),    II, 

151. 

MoNTMORT  (Mnit  Duchamps 

de),  1,74,75,111  ;  11,110. 

Mon  val     (les     frères     de), 

camarades     de     Stendhal, 
I,  26,  255,  257,  279;    II, 

28,  35,  50,  86,  87. 
MooRE  (Thomas),  I,  8. 
MoRARD   DE  Galles   (l'ami- 
ral),   I,   301. 
MoREAu  LE  Jeune,   I,   250. 
MoREv,    II,   147. 
Morgan   (lady),   I,   18. 
MoRLON  (le  Père),  I,  287. 
MouLEziN,    camarade     de 

Stendhal,   I,   251  ;   II>   28. 
MouNiER,  marchand  de  drap 

à  Grenoble,  I,  68,  69. 
MouNiER,  fils  du  précédent, 

conventionnel,    préfet    de 

Rennes,  I,  67,  68. 
MouNiER  (Edouard),  fils  du 

précédent,    I,   67,   68  ;    II, 

62. 
MouNiER    (Victorine),    sœur 

du   précédent,    I,    67  ;    II, 

34. 

27 


dO 


TABLE    ALPHABETIQUE 


Mozart,  I.  171  :  II.  100,  KU, 

lui. 

^MvLLER,  graveur,  II,  181. 
MuMCnnAtsEN     (le     grand 

cliambellan  de),  II,  154. 
Mlrat,  roi  de  Napiis,  I,  G3. 


N 


Napoléon  I",  I,  10,  13,  15, 
28,164,243,244,258,269, 
304  ;  II,  61,  69,  74,  125, 
139,  144,  145,  153,  161, 
166,  190,   l'Jl. 

Navizet,  entrepreneur  de 
chamoiserie  à  Crtncblc, 
1,  218. 

Naytall  (le  chevalier),  II,  1. 

Nelson  (l'amirali,  I,  244. 

Nev  (le  maréchal],   11,  160. 

Nicolas  (l'empereur),  I,  1 15. 

Nivernais  (le  duc  de).  II, 
152. 

Nodier  (Charles),  II,  99,  152. 

NU.MA    POMPILILS,    I,    113. 


O 


Odru,  camarade  de  Sten- 
dhal, I,  2'i8,  276  ;  II,  28- 
32. 

Olivier  (le  général),  II,  i'iO. 

Orrane  (Harlh<''lcmy  d"). 
Voyez  :  H  a  rt  ii  i.  r.  i:  m  v 
d'Oruane. 

Ormsse  (?  la  comtesse),  II, 
111. 

OUSIAN,    II,    25. 

OviuE,   I,  124,   185  ;   11,   15. 


Paisiello,   II,  97,  101. 
Pajou,  I,  250. 
Panseron,    II,   105. 
Pauiset,   I,  271  ;  II,  5. 
Parny,  II,  14. 
Pascal  (César),  II,  153,  154. 
Passe    (le    vicomte    de    la). 

Voyez     :     La     Passe     (le 

vicomte    de). 
Pasta  (Mme),  actrice,  II,  24, 

67. 
Pastohet  (de),  II,  153. 
Penet,    camarade   de   Stcn- 

.lh;il,    II.    18. 

PÉIMN     PE    l^EI-LIIE,     I.    92. 

Péiueh  (Claude),  dit  inilord, 
I,  83,  292  :    II.    150,  154. 

Périeu  (Amédée),  iils  du 
j)récédent,   I,  83. 

Périer  (Augustin),  frère  du 
précédent,   I,  83. 

Pkrier  (Camille),  frère  des 
précédeiils,    I,   83. 

Périer  (Joseph),  frère  des 
précédents,    I,    83. 

Périer  (Casimir),  ministre, 
frère  des  précédents,  I,  68, 
83,  292  ;  II,  l'.'J,  153,  154, 
155. 

Périer  (Scipion),  frère  des 
précédents,  I,  83  ;  II,  155. 

Périer  (lilisalxth-.Iosi'phi- 
uc],  (lr-|tuiK  .M""'  Savoyc  do 
Holliii,  8«pur  des  précé- 
dents,  H,   149. 

Pékifii  (.M"*'  Marine),  depuis 
,M"'^'  'l'eiaseire,  scuur  des 
précédents,    I,   97. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


411 


Périer -Lagrangf  ,  voisin 
des  Gagnon,   I,  189. 

PÉrier-Lagrange  (Mme). 
i'cmmc  du  prccédcat,  I, 
106. 

Périer-L.vgrange,  fils  des 
précédents,  bcaii-frère  de 
Stendhal,    I,    2'i. 

Perlet,  publiciste  à  Paris, 
I,  151. 

Perrot  d'Ablancourt,  I, 
194. 

Peroult,  I,  271. 

Petiet   (M'ue),   II,  165. 

Petiet  (le  baron  Auguste), 
fils  de  la  précédente,  II, 
126. 

Petiet  (M""'"),  femme  du 
précédent.  Voyez  :  Re- 
buffet   (Adèle). 

Petit  (la  comtesse  Alexan- 
drine),  I,  16,  17,  20,  21, 
23,  36,  43,  148,  173  ;  II, 
138. 

Philippe-Auguste,    II,    74. 

Piat-Desvials  (Mme),  I,  111. 

Picard,   II,   145. 

Piciiegru  (le  général),  I, 
151. 

PiciioT  (Amédée),  II,  4. 

Picot  le  père,  I,  48. 

PiETRAGRUA  ( Angcla) ,  maî- 
tresse de  Stendhal,  I,  17, 
22  ;   II,   200. 

Pin  A  (de),  camarade  de 
Stendhal,  maire  de  Gre- 
noble, I,  255,  257,  305. 

PiNTO  (le commandeur),  1, 16. 

Pipelet  (Constance),  depuis 
princesse  de  Salm-Dvck, 
II,  122-123,  157. 

PiSON-DuGALLAND        (M^^), 


cousine  de  Stendhal,  I,  31, 
141. 

Plana,  ami  de  Stendhal,  II, 
11. 

Plana,  pharmacien  à  Gre- 
noble, II,  52. 

Pline,   I,  190. 

Poitou  (le  baron),  II,  135. 

POLTROT     DE     MÉRK,     I,     221. 

Poncet      (M^e)^      mère      de 
Mme    Romain    Gagnon. 
Voyez    :    Bonne    (M"e].    . 

Poncet  (Camille),  femme  do 
Romain    Gagnon,    I,    157, 

160,  162. 

Poncet  (M"e)^  sœur  de 
Mme    Romain    Gagnon,    I, 

161,  162. 

Poncet,  menuisier  à  Gre- 
noble,   I,    189. 

Pope,  I,  117. 

Portal  (le  docteur),  II,  93, 
118. 

Poulet,  gargotier  à  Gre- 
noble, II,  49. 

Poussi,  I,  264. 

Pozzi   (Mme),   I,  226. 

Précy,    I,    231. 

Prévost   (l'abbé),   I,   126. 

Prié,  camarade  de  Stendhal, 
II,  48. 

Prunelle,  médecin,  maire 
de  Lyon,  I,  24  ;  II,  7. 

Ptulémée,  I,  100. 

Pyrrhus,    I,    63. 


Quinsonnas  (de),  L  73. 
QuiNSONNAS  (Mme  tle),  fem- 
me du  précédent,  II,  150. 
Quinte-Curce,    I,   82. 


412 


TABLE    ALPHABETIQUE 


R 

Racine,  I,  153,  287,  288  ; 
II,  20,  129,  133,  13G,  137, 
138,  152. 

Raillane  (l'abbc),  précep- 
teur de  Stendhal,  I,  82-8'i, 
91,  92,  93-101,  108,  120, 
123,  203,  205  ;  II,  149. 

Raimonet,   I,  249. 

Rai.ndre,  II,  31,  154. 

Rambault   (l'abbé),    I,   287. 

Raphaël,  I,  2,  253. 

Raymond,  II,  4. 

Ravix   (M.  de),   I,   55. 

Rebuffet  ou  Rebuffel 
(Jean-Baptiste),  neveu  de 
Noël  Daiu,  I,  24  ;  II,  79, 
126,   127,   155,   163. 

Rebuffet  (M""^),  femme  du 
précédent,  II,  126,  127, 
162,  166. 

Rebuffet  (M'^®  Adèle), 
fille  des  précédents,  depuis 
.M'"*-"  Auguste  Petiel,  I, 
17  ;  II,  79,  126,  166. 

Regnault  de  Saint-Jean- 
d'Angély  (le  comte),  I, 
59. 

Renauldon,  maire  de  Gre- 
noble, «rendre  de  Dubois- 
lonlanelle.     H,     14. 

Renauldo.n  (Ch.),  fds  du 
précédent,   II,   25. 

Renault,  peintre,  directeur 
d'une  académie  à  Paris, 
II,  123. 

Renneville   (de),   I,   256. 

Renneville  (de),  fils  du 
précédent,     camarade    de 


Stendhal,  I,  255,  256,  279. 

Re.nouvieh,  prévôt  d'armes 
à  Paris,  II,  153. 

Revenas  (l'abbé),  I,  186. 

Rey,    I,   215. 

Rey  (l'abbé),  grand-vicaire 
de  Grenoble,  I,  46,  47,  60. 

Rey  (le  clianoine),  I,  213. 

Rey  (M"<^),  sœur  du  précé- 
dent, I,  213. 

Rey,  notaire,  oncle  de  Sten- 
dhal,  II,  37. 

Rey  (M'"''),  femme  du  pré- 
cédent,  II,  37. 

Rey  (Edouard),  fils  des  pré- 
cédents,   II,   37-38. 

Reybaud  ou  Rey'boz,  épi- 
cier à  Grenoble,  I,  137. 

Rentiers,  camarade  de 
Stendhal,  I,  94,  95,  98, 
101,     205-206. 

RlCHAUDSON,     I,     33. 

RicuEBOunc    (le   baron   de). 

Voyez,     :     Basset     (Jean- 

l.Duis). 
KiLiiEMEU    (le   duc   de),    II, 

151. 
Rietti  (M»e),  II,  189. 
HiVAUT  (le  général),  II,  154, 
HiviFRE  (M'i-^s),  I,  111. 

HultERJOT,     I,     125. 

Romert,    I,    248. 
B(iin;spii:HRK,  I,  152. 
R(ji:uEUER,    II,    8,    14. 
Roland    (Alplionse),    I,    96. 
Roland  (M">e),  I,  9  ;  II,  40. 
Rolmn,  I,  212,  222  ;  II,  31. 
R()ma(;mer   (M.),  cousin  de 

Slct..lli;.l,    I.   2:t2. 
B<)MA(;mi:r     (M""^),     fi-nimo 

du  |)réeéd<-nt.  I,  138,  139, 

178,  261,  262. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


413 


ROMULUS,      I,     113. 

RossET,  appelé  aussi  Sorol 
par  Stendhal,  II,  73,  7i, 
77,  91. 

RossET  (Mme),  femme  du 
précédent,     II,    163. 

RossiM,  II,  4,  98,  102,  203. 

Rouget  de   Lisle,   II,  100. 

Rousseau    (Jean-Jacques), 
I,    12,    79,    97,    158,    159, 
283,  288  ;   II,  16,  18,  19, 
39,    127,    167,    171,    176, 
179,  183,  193. 

Roy  (Mme)^  j,  183. 

ROYAUMONT,   I,  220. 
RoYER  (Louis),  II,  30. 
RoYER  gros-bec,  II.  33. 
RuBEMPRÉ     (Alberthe     de), 

maîtresse  de   Stendhal,    I, 

17,  20,  22,  38. 
RUBICHON,    I,    214. 


S.\CY    (Silvcstrc   de),    I,   137. 

S  AD  IN  (l'abbé),  curé  de 
Saint-Louis  de  Grenoble, 
I,  213. 

Saint-Ferréol  (de),  cama- 
rade de  Stendhal,  I,  25, 
29,  67,  248,  305  ;  II,  35. 

Saint-Germaiin  (M^e)^  sœur 
de  Barnave,  I,  69. 

Saint-Marc  Girardin,  I, 
271. 

Saint-Priest  (de),  inten- 
dant du  Languedoc,  II,  78. 

Saint-Simon,  I,  212  ;  II,  53, 
63,  110,  125,  151,  164. 

Saint-Vallier   (de),   I,  305. 


Saint-Vallier  (le  sénateur, 

comte  de),   I,  74. 
Saint-Vallier   (M"e  Banne 
de),  I,  28,  305. 

Sainte-Aulaire,   II,  152. 

Salluste,  I,  243. 

Salm-Dyck   (prince  de),   II, 
123. 

Salm-Dvck     (princesse    de), 
femme    du    précédent. 
Voyez    :    Pipelet    (Cons- 
tance). 

Sauvandy    (de),    I,    8,    190, 
242,  310. 

Sandre    (la  comtesse),   11,1. 

Santé UTL,  I,  220. 

Sassenage  (Mme  de),  I,  73, 
298  ;  II,  150. 

Savoye  de  PiOLLiN  (Ic  ba- 
ron), II,  149. 

Savoye    de    Rollin    (M^^^), 
femme    du    précédent. 
Voyez     :     Périer     (Elisa- 
beth-Joséphine). 

Say  (Jean-Baptiste),  I,  12; 
11,9. 

Schiller.  I,  242. 

Scott  (Walter),  1,20  ;  11,39, 
134. 

Sébastiani  (le  général),  I, 
64,    245. 

Senterre,  cousin  de  Sten- 
dhal, I,  114,  149-152,  231. 

Shakespeare,  I,  287,  288, 
289  ;  II,  8,  9,  19,  23,  24, 
53,111,133,134,138,190. 

Sharpe  (Sutton).  Voyez  : 
Sutton      Sharpe. 

SiEYÈs   (l'abbé),   II,  21. 

Simon  (Miie),  I,  112. 

Sinard    (de),    camarade    de 


414 


TABLE    ALPHABETIQUE 


Stendhal.    I,    25,    26,    29, 
67,  2ô6,  305  ;  II,  35,  36,  87. 

Sixte  IV,  pape,  I,  9. 

Smith    (Adam),    II,   9. 

Smith,   physicien,    I,   222. 

.Smolett,  I,   137. 

Sophocle,  I,  119  ;  II,  25. 

SoREL  (M.  et  M^e).  Voyez  : 

ROSSET. 
SOULIÉ,    II,    4. 

SouLT  (le  maréchal),  I,  240. 
SucHET  (le  maréchal),  I,  244. 
SLtTO>E,   I,   220. 
SuTTON     Sharpe,     ami     de 
Stendhal,  I,  258. 


Tachinardi,  I,  24. 

Tacite,  I,  276. 

Talaru    (M'ne   de),    II,    152. 

Talleyrand  (le  prince  de), 
I,  49. 

Tasse  (le),  I,  229  :  11.  88, 
89,  90. 

Ta  ver  MER  (Lysimaque), 
chancelier  du  consulat  de 
France  à  Civilà-Vccchia, 
1,  59. 

Teisseire,  I,  40. 

Teisseire    (Camille),    I,    97. 

Teisseire  (M^e  Camille), 
femme  du  précédent. 
Voyez  :  Pkrier  (Marine). 

Teisseire  (M"""),  I,  34. 

Teisseire  (Paul-Emile),  ca- 
marade de  Stendhal,  1, 
280-281  ;  II,  17,  18,  58. 

Ternaux,  h,  21. 

Tekrasso.n   (l'ahbé),   I,  190. 


Thknard,   II,   9. 

Thierry  (Augustin),  1,  117. 

Thiers,  I,  164  ;  II,  152,  161. 

Thomas,    I,   164. 

TiiOMASSET  (Marif),  dite  Ma- 
riun,  servante  des  Gagnon, 
1,45,46,50,  113,  139,  l'iO, 
149,  177.  178,  234  ;  II,  63, 
65. 

Thucydide,   I,  148  ;   II,  33. 

TiARIM,  II,  35. 

Tite-Live,  I,  2,  146,  220. 

ToLDi  (Mme)_  actrice,  I,  313. 

Torrigiant  (le  marquis),  I, 
226. 

ToRTELEBE.Vr,    II,    18,    57. 

TouRNus,  I,  72,  111. 
Tourte,     maître    d'écriture 

de    Pauline    Beyle,    I,    72, 

144-145,    146-147,    152. 
Tourte     (l'ahbé),    frère    du 

précédent,   1,    152. 
Trac  Y    (D.sliilt   de),    I,    12, 

27,  106,  131,  237,  239,303, 

304;  II,  2,  8,  18,  24,  60, 

67,    170. 
Treili.ard,      camarade      do 

Stendhal,   II,   46,   47,   50, 

51. 
Tiiessan  (de),  Ir.ulucteur  de 

l'Arioste,  I,  109,  153,  188  ; 

II,    133. 
Thousset,     professeur     à 

l'Ecole    centrale    de    Gre- 

nol.le,    I,    238. 
TuRENNE    (de),    I,     11. 

TURQUIN,    II,   153. 


u 


Urbain  \1II,  pajx',  1^   17. 


TABLE    ALPHABETIQUE 


41 


D 


Vasari,   I,  61. 
Vaucansox,  I,  55. 
Vaudreuil   (de),   II,  152. 
Vaulserre    (de),    I,    256. 
Vaulserre  (M'"6  de),  femme 

du    précédent,    I,    28,    55, 

305. 
Vaulserre  (M"®  Je),  depuis 

Mme  de  Brenier,  I,  48. 
Vaux    (le    maréchal    de),    I, 

65-67. 
Vial    (Jean),    jardinier    des 

Beylc  à  Claix,  I,  201. 
ViGANO,     I,     213. 
ViGNON      (M'ne),      amie      de 

Séraphie   Gaojnon,    I,   138, 

177,  l'J7,  198  ;  II,  56. 


VicNON  (M"c),  fille  de  la 
précédente,     I,     198. 

ViLLARS  (le  duc  de),  11,  ItJl. 

ViLLÈLE  (de),  I,  33. 

ViLLEMAiN,  I,  269  ;  II,  20, 
152,   153,   203. 

ViLLONNE,  professeur  de  des- 
sin à  Grenoble,  I,  250,  253. 

Virgile,  I,  97,  98,  122,  229  ; 
II,    132. 

Voltaire,  I,  34,  97,  105, 
113,  187,  190,  213,  215, 
227,  .304  ;  II,  15,  16,  19, 
23,  26,  33,  122,  133,  134, 
137,  151,  152. 

W 

Weymar  (Lois),  I,  233  ;  II, 
20. 


TABLE    DES    GRAVURES 


DU     TOME    SECOND 


La  Treille  de  Stendhal frontispice. 

Rei^roduclion  du  P  454  du  manuscrit.     .     .  14-15 

Reproduction  du  f°  496  du  manuscrit.     .     .  36-37 

Plan  de  Grenoble  en  1793 368-369 

Plan  de  l'appartement  Gagnon 386-387 


TABLE   DU   ÏOMK    SECOND 


Chapitre  XXX a 

Chapitre  XXXI 1^3 

Chapitre  XXXII -J 

Chapitre  XXXIII 39 

Chapitre  XXXIV -^3 

Chapitre  XXXV ''3 

Chapitre  XXXVI.  —  Paris 77 

Chapitre  XXXVII -^5 

Chapitre  XXXVIIt -'7 

Chapitre  XXXIX 1 1>7 

Chapitre  XL ^  i  7 

Chapitre  XLI J31 

Chapitre  XLîI 1  '-^ 

Chapitre  XLIII î"'7 

Chapitre  XLIV 1  ''^J 

Chapitre  XLV.  —  Le  Saint-Bernard 179 

Chapitre  XLVI 1  '^7 

Chapitre  XLVII.  —  Milan !  97 

Notes  et  éclaircissements.  — •  FcuiUcIs  de  garde.  205 

—                                Tome  I" ■-'■>! 

_                                  Tunie  II 27  i 

Annexes.  —  l.  Premier  essai  d'autobiographie  :  Mé- 
moires de  Henri  D.,  livre  I,  chap.  II o05 

IL  Une  page  de  critique  littéraire  de  Stendhal  : 

Encyclopédie  du  A'/V^  siècle •".Il 


420 


TABLE     DU    TOME    H 


III.  Deux  notices  hioiiraphiques  d'Henri    Beyle, 

écrites    par   lui-même   :    1.    «    .\otice    sur 

M.  Beyle,  par  lui-même  {vers  1821) ,']10 

2.  «  Dimanche,  00  avril  18u7.  Paris,  hôtel 

Favarl  » ;;-22 

IV.  L'état-civil  de  Stendhal  cl    de  ses   parents.  .        Lîol 

1.  Famille  Beyle 3Xi 

2.  Famille  Catinon 3'i5 

Appendices.  —  I.     La    ville    natale    de    Stendhal    : 

1.  Grenoble  vers  1793,  par  /Icnry  Débraye.  .        3GI 

2.  Légende  du  plan  de  Grenoble  en  1793.  .        369 
II.  La  maison  natale  de  Stendhal,  par  M.  Samuel 

Chabert 374 

III.  L'appartement  de  Henri  Gagnon  ;  la   treille 

de  Stendhal,  par  Henry  Débraye 387 

IV.  Les  portraits  de  Stendhal  jeune,  par   llcnni 

Débraye 392 

Tarif  alphabétique  des  noms  de  personnes....        397 


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v-ii5  p.,  planches.  5  Ir. 

Jea>rot  (.\.),  professeur  à  l'Université  de  Paris.  Giosué  Carducci, 
l'homme  et  le  poète.  191 1,  in-8%  xvi-289  p.  5  fr. 

Le  Braz(A.).  Au  pays  d'exil  de  Chateaubriand.  1908,  in-ia.    3  fr.  50 

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1804-1805.  1912,  in-H°.  3  fr.  50 

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avec  une  introduction  de  Marcel  Sch«o|j,  i  .Vj  payes  de  fac-similé 
i.'iXao,  sur  papier  vergé,  dans  un  élégant  cartonnage  de  par- 
chemin étui.  II  a  été  tiré  quelques  exemplaires  seulement  en 
dehors  des  souscri|itours.  100  fr. 

—  Œuvres,  éditées  [)ar  un  ancien  archiviste  [Aug.  Longnon],  avec 
une  introduction  biobibliographiqne,  un  index  des  noms  propres 
et  un  glossaire.  19' ',  in  i  !  de  xvi-is.'i  p.  2  fr. 


ABBEVILLE.    —  IMPIUMriUr    l'.   P*tl.I.\RT. 


PQ 
2/V36 
A2V4. 
1913 
t. 2 


Beyle,  l'iarie  Henri 

Vie  de  Henri  Brulard 


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