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AfiC&i
(KL'VIîRS COMPLETES
DE
STKXDIIAL •
P( BLIÉES SOUS LA DIRECTION D'EDOUaRD CMAMIMON
VIE
DE
\\\]\[{\ IIIULAIII)
TuML ^l.:C"\l>
PARI S
I.IHIUIRIE ANCIENNE IIONOIIÊ ET ÉDUUVUD CHAMPION
5, QvKt Malaqlais. VI*
i \) 1 :{
ŒUVRES COMPLÈTES
DE
STENDHAL
PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION
D'EDOUARD CHAMPION
ŒUVRES COMPLÈTES
DE
STEXDHAL
VIE DE HENRI BRULARD
TOME SECOND
fL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE :
Dix exemplaires sur papier de Chine, numérotés de 1 à 10,
contenant une double suite des planches horx texte tirées sur
Japon Impérial.
Vingt-cinq exemplaires sur papier des manufactures impé-
riales du Japon, numérotés de lia 35, contenant une double
suite des planches hors texte tirées sur Japon Impérial.
Cent exemplaires sur papier de Hollande, numérotés de
36_ à 135, contenant une double suite des planches hors texte
tirées sur Japon Impérial.
Onze cents exemplaires sur papier vélin pur fil des Pape-
teries de Voiron, numérotés 136 à 1235.
Exemplaire A" \.^ yf ^ é
KEPRODUCTION INTERDITE
5C C
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STKNDIIAI,
VIE
DE
HENRI BRULA H 1)
PLKLIËE INTÉGRALEMENT l'OLK LA l'KEMiÈltE FOIS
D'aPKÈS les manuscrits de la BIBLIOTHÈQLE de GRENOBLE
PAR
HENRY DEBRAYE
Ancien élève de l'École des chartes
Archiviste de la ville de Grenoble
TOME SECOND
AVHC ANNEXES, APPENDICES, TABLES
ET CINQ PLANCHES HORS TEXTE
PARI S
I.IISKAIIUK WCIENNi: IION0IU-: KT l'DOrvHI» CIIVMI'KiN
5, Qlai Malaqlais, VI*
1913
MU
CHAPITRE XXX*
Je vois aujourd'hui qu'une qualité coininune à
tous mes amis était le naturel ou l'absence de l'hypo-
crisie. M'"^ \'ionon et ma tante Séraphic m'avaient
donné, pour cette première des conditions de succès
dans la société actuelle, une horreur qui m'a bien
nui et qui va jusqu'au dégoût physique. La société
prolongée avec un hypocrite me donne un commen-
cement de mal dé cœur (comme, il y a un mois,
l'italien du chevalier Xaytall oblige la comtesse
Sandre à desserrer son corset).
Ce n'était pas par le naturel que brillait le pauvre
Grand-Dufay, garçon d'infiniment d'esprit ; aussi
ne fut-il jamais que mon ami littéraire, c'est-à-dire
DkL'I.AKI) II. i
STENDHAL
rempli de jalousie chez lui, et chez moi de défiance,
et tous deux nous estimant beaucoup.
Il remporta le premier prix de grammaire géné-
rale la même année, ce me semble, que je rempor-
tais le premier prix de belles-lettres. Mais quelle
fut cette année ? Fut-ce 179G ou 1795* ? J'aurais
grand besoin des archives de la Préfecture ; nos
noms étaient imprimés en pancarte in-folio et alfi-
chés. La sage loi de M. de Tracy environnait les
examens de beaucoup de pompe. Ne s'agissait-il
pas de l'espoir de la patrie ? C'était un enseigne-
ment pour le membre de l'administration départe-
mentale, produit moral du despotisme de M"^^ D^^
Barry, autant que pour l'élève.
Qu'y avait-il à faire, en 1796, de tous les hommes
qui avaient plus de vingt ans ? Sauver la Patrie du
mal qu'ils étaient disposés à lui faire, et attendre
tant bien que mal leur death *.
Cela est aussi vrai que triste à dire. Quel allége-
ment pour le vaisseau de l'Etat, en 1836, si tout
ce qui a plus de cinquante ans passait tout d'un
coup ad patres ! Excepté, bien entendu, le Roi, ma
Femme et Moi.
Dans une des nombreuses illuminations qui
avaient lieu tous les mois, de 1789 à 1791, un bour-
geois mit ce transparent :
VIVE
LE ROI
MA lEMME ET MOI*
VIK DE lîENni RRI'T.Aril)
(■■Iraiid-Diifay, l'aîné de quatre ou liiiq frères,
ri ail un pot il rire maigre et peu fourni do cliairs,
avec une grosse tête, une figure fortement marquée
<le jietite vérole et cependanl fort rouge*, des
yo\ix hrillants, mais faux et ayant un peu la viva-
cité in(piiétante du sanglier. Il était cauteleux et
jamais imprudent dans ses propos, toujours occupé
à louer mais avec les termes le plus mesurés pos-
sible. (^11 aurait dit un membre de l'Institut. Du
reste, do l'esprit le plus vif et saisissant admirable-
ment les choses, mais dès cet âge si tendre dévoré
d'ambition. 11 était le lils aîné et l'enfant ffâté
{terme du pays) d'une mère du même caractère,
et ce n'était pas sans raison : la famille était pauvre.
Quel admirable P (c'est-à-dire avocat géné-
ral vendu au pouvoir et sachant colorer les injustices
les plus infâmes) Dufay n'eût-il pas fait * ?
Mais il ne vécut pas et, à sa mort, à Paris, vers
1803, j'aurai à m'accuser d'un des plus mauvais
sentiments de ma vie, d'un de ceux qui m'ont fait
le plus hésiter à continuer ces Mémoires. Je l'avais
■oublié depuis 1803 ou 1804, époque de cette mort.
Il est singulier de combien de choses je me souviens
depuis que j'écris ces Confessions. Elles m'arrivent
tont-à-coup, et il me semble ([uc je les juge avec
impartialité. A chaque instant je vois le mieux que
je n'ai pas fait.
Mais qui diable aura la patience de les lire, ces
choses ?
STENDHAL
Mes amis, quand je sors dans la rue avec un
habit neuf et bien fait, donneraient un écu pour
qu'on me jetât un verre d'eau sale. La phrase est
mal faite, mais la chose est vraie (j'excepte, bien
entendu, l'excellent comte de Barrai ; c'est le carac-
tère de La Fontaine).
Où se trouvera le lecteur qui, après quatre ou
cinq volumes de je et de moi, ne désirera pas c[u'on
me jette, non plus un verre d'eau sale, mais une
bouteille d'encre ? Cependant, ô mon lecteur, tout
le mal n'est c{ue dans ces sept* lettres : B,R,U,-
L,A,R.D, qui forment mon nom, et qui intéressent
mon amour-propre. Supposez que j'eusse écrit BER-
«
NARD, ce livre ne serait plus, comme le Vicaire de
Wakefield (mon émule en innocence), qu'un roman '
écrit à la première personne.
Il faudra tout au moins que la personne à laquelle
j'ai légué cette œuvre posthume en fasse abréger
tous les détails par quelque rédacteur à la dou-
zaine, le M. Amédée Pichot ou le M. Courchamp de
ce temps-là. On a dit c[ue l'on ne va jamais si loin
en opéra d' incJiiostro* que quand on ne sait où
l'on va ; s'il eu était toujours ainsi, les présents
Mémoires, qui peignent un cœur cVIiomnie, comme
disent MM. Victor Hugo, d'Arlincourt, Soulié, Ray- "
mond, etc., etc., devraient être une bien belle chose. -
Les je et les moi me bourrelaient hier soir (14 jan-
vier 1836) pendant que j'écoutais le Moïse de Rps-
sini. La bonne musique me fait songer avec plus
VIF. DE IIKNRI BUrr.M! I)
<l'intcnsité et de clarté à ce <nii m'occupe. Mais il
faut pour cela que le temps du jugement soit passé ;
il y a si longtemps que j'ai jugé le Moïse (en 182.'})
que j'ai oublié le prononcé du jugement, et je n'y
pense plus ; je ne suis plus que V Esclave de V An-
neau, comme disent les Nuits arabes*.
Les souvenirs se multiplient sous ma plume.
Voilà que je m'aperçois que j'ai oublié un de mes
amis les plus intimes, Louis Crozet, maintenant
ingénieur en chef, et très digne ingénieur en chef,
à Grenoble, mais enseveli comme le Baron enterré
i^is-à-i^is de sa femme * et par elle noyé dans
l'égoïsme étroit d'une petite et jalouse bourgeoisie
d'un bourg de la montagne de notre pays (La
Mure, Corps ou le Bourg d'Oisans).
Louis Crozet était fait pour être à Paris un des
hommes les plus brillants ; il eût battu dans un
salon Koreiï, Pariset, Lagarde, et moi après eux,
s'il est permis de se nommer. Il eût été, la plume
à la main, un esprit dans le genre de Duclos, l'auteur
de V Essai sur les Mœurs (mais ce livre sera peut-
être mort en 1880), l'homme qui, au dire de d'Aleni-
bert, ai'ait le plus d'esprit dans un temps donné.
C'est, je crois, au latin (comme nous disions),
chez M. Durand, que je me liai avec Crozet, alors
l'enfant le plus laid et le plus disgracieux de l'Ecole
centrale ; il doit être né vers 1784*.
Il avait une figure ronde et blafarde, fort marquée
de petite vérole, et de petits yeux bleus fort vifs,
Brllaud II. 1.
6 STENDHAL
mais avec des bords attaqués, érailiés par cette
cruelle maladie. Tout cela était complété par un
petit air pédant et de mauvaise humeur ; marchant
mal et comme avec des jambes torses, toute sa
vie l'antipode de l'élégance et par malheur cher-
chant l'élégance, et avec cela
Un esprit tout divin. (La Fontaine.)
Sensible rarement, mais, quand il l'était, aimant
la Patrie avec passion et, je pense, capable d'hé-
roïsme s'il l'eût fallu. Il eût été un héros dans une
assemblée délibérant sur Hampden, et pour moi
c'est tout dire, (Voir la Vie de Hampden, par lord
King ou Dacre, son arrière-petit-fils*.)
Enhn, c'est, sans comparaison, celui des Dau-
phinois auquel j'ai connu le plus d'esprit et de
sagacité, et il avait cette audace mêlée de timidité
nécessaire pour briller dans un salon de Paris ;
comme le général Foy, il s'animait en parlant.
Il me fut bien utile par cette dernière qualité
(la sagacité) qui naturellement me manquait tout-
à-fait et que, ce me semble, il est parvenu à m'ino-
culer en partie. Je dis en partie, car il faut toujours
que je m'y force. Et si je découvre quelque chose,
je suis sujet à m'exagérer ma découverte et à ne
plus voir qu'elle.
J'excuse ce défaut de mon esprit en l'appelant :
effet nécessaire et sine qua non d'une sensibilité
extrême.
VIK DF. Il EN ni lîin.L.VnD 7
Quand une idée se saisit trop de moi au milieu
de la rue, je iowhc. Exemple : rue de la Rochelle,
près la rue des Filles-Saint-Thomas, unique chute
pendant cinq ou six ans, causée, vers 1826, par ce
problème : M. Debelleyme doit-il ou ne doil-il
pas, dans l'intérêt de son ambition, se faire nommer
député ? C'était le temps où M. Debelleyme, préfet
de police (le seul magistrat populaire du temps des
Bourbons de la branche aînée), clierchait mala-
droitement à se faire député *.
Quand les idées m'arrivent au milieu de la rue,
je suis toujours sur le point de donner contre un
passant, de tomber ou de me faire écraser par les
voitures. Vers la rue d'Amboise, un jour, à Paris
(un trait entre cent), je regardais le D'" Edwards
sans le reconnaître. C'est-à-dire, il y avait deux
actions ; l'une disait bien : Voilà le D'^ Edwards ;
mais la seconde, occupée de la pensée, n'ajoutait
pas : Il faut lui dire bonjour, et lui parler. Le
docteur fut très étonné, mais pas fâché ; il ne
prit pas cela pour la comédie du génie (comme
l'eussent fait MM. Prunelle, ancien maire de Lyon,
l'homme le plus laid de France, Jules-César Boissat,
l'homme le plus fat, Félix Faure, et bien d'autres
de mes connaissances et amis).
J'ai eu le bonheur de retrouver souvent Louis
Crozet, à Paris, en 1800; à Paris, de 180.3 à 1806;
8 STENDHAL
à Plancy, de 1810 à 1814, où je l'allais voir et où
je mis mes chevaux en pension pendant je ne sais
quelle mission de l'Empereur. Enfin, nous cou-
châmes dans la même chambre (hôtel de Ham-
bourg, rue de l'Université) le soir de la prise de
Paris en 1814, De chagrin il eut une indigestion
dans la nuit ; moi, qui perdais tout, je considérais
davantage la chose comme un spectacle. Et d'ail-
leurs, j'avais de l'humeur de la stupide correspon-
dance du duc de Bassano avec moi, quand j'étais
dans la 7^ division militaire avec ce vieillard rim-
hamhito *, M. le comte de Saint- Vallier.
J'avais encore de l'humeur, je l'avoue à la honte
de mon esprit, de la conduite de l'Empereur avec
la députation du Corps législatif, où se trouvait
cet imbécile sensible et éloquent nommé Laisné (de
Bordeaux), depuis vicomte et pair de France, mort
en 1835, en même temps que cet homme sans cœur,
absolument pur de toute sensibilité, nommé Rœ-
derer.
Avec Crozet, pour ne pas perdre notre temps en
bavardage admiratif de La Fontaine, Corneille, ou
Shakespeare, nous écrivions ce que nous appelions
des Caractères (je A'oudrais bien en voir quelqu'un
aujourd'hui).
C'étaient six ou huit pages in-folio rendant
compte (sous un nom supposé) du caractère de
quelqu'un de notre connaissance à tous deux à un
jury composé d'Helvétius, Tracy et Machiavel, ou
vit; df. hf.nri brulard :>
llolvétius, Montos([iiieii ot Sluilcrsponro. Tcllos
élaient nos adiniiations d'alors.
Nous lûmes ensemble Adam Smith el .T.-lî. Say,
v\ nous abandonnâmes cette science comme y
trouvant des iioiuts obscurs ou même contradic-
toires. Nous étions de la première force en mathé-
matiques, et après ses trois ans d'Ecole polytech-
nique Crozet était si fort en chimie qu'on lui ollrit
une place analogue à celle de M. Iliénard (aujour-
d'hui pair de France mais, à nos yeux d'alors,
homme sans génie ; nous n'adorions que Lagrange
et Monge ; Laplace même n'était pres(pie, pour nous,
qu'un esprit de lumière destiné à faire comprendre,
mais non à inventer). Crozet et moi nous lûmes
Montaigne, je ne sais combien de fois Shakespeare de
Letourneur (quoique nous sussions fort bien l'anglais).
Nous avions * des séances de travail de cinq
ou six heures après avoir pris du café à l'hôtel de
Hambourg, rue de l'Université, avec vue sur le
Musée des Monuments français, charmante créa-
tion, bien voisine de la perfection, anéantie par
ces plats B ourb ons.
11 y a orgueil peut-être dans la ([ualification
d'excellent mathématicien à ludi attribuée ci-
dessus. Je n'ai jamais su le calcul dilférentiel et
intégral, mais dans un temps je passais ma vie à
songer avec plaisir à l'art de mettre en ('(inatiun,
à ce que j'appellerais, si je l'osais, la métaphysiipie
des mathématiques. J'ai remporté le premier prix
10 STENDHAL
(et sans nulle faveur ; au contraire, ma hauteur
avait indisposé) sur huit jeunes gens qui, un mois
après, à la fin de 1799, ont tous été reçus élèves de
l'Ecole polytechnique.
J'ai bien eu avec Louis Crozet six à huit cents
séances de travail improbus, de cinq à six heures
chacune. Ce travail, sérieux et les sourcils froncés,
nous l'appelions piocher, d'un mot en usage à
l'Ecole polytechnique. Ces séances ont été ma véri-
table éducation littéraire, c'était avec un extrême
plaisir que nous allions ainsi à la découverte de la
vérité, au grand scandale de Jean-Louis Basset
(maintenant M. le baron de Richebourg, auditeur,
ancien sous-préfet, ancien amant d'une Montmo-
rency, riche et fat, sans nul esprit, mais sans méchan-
ceté). Cet être, haut de quatre pieds trois pouces
et au désespoir de s'appeler Basset, logeait avec
Crozet à l'hôtel de Hambourg. Je ne lui connais
pas d'autre mérite que d'avoir reçu un coup de
baïonnette dans la poitrine. Les revers de son habit,
un jour que du parterre nous prîmes d'assaut la
scène du Théâtre Français en l'honneur de M^^^ Du-
chesnois (mais, bon Dieu ! j'empiète), actrice excel-
lente dans deux ou trois rôles, morte en 1835 *.
Nous ne nous passions rien, Crozet et moi, en
travaillant ensemble ; nous avions toujours peur
de nous laisser égarer par la vanité, ne trouvant
aucun de nos amis capable de raisonner avec nous
sur ces matières.
VIK DE HENRI niîUI.ARD 11
Ces amis étaient les deux Basset, Louis de
Banal (niuu auu iuUiiif, anu intime aussi de Louis
Crozet), Plana (professeur à Turin, membre de
toutes les Académies et de tous les ordres de ce
pays). Crozet et Plana, tous deux mes amis, étaient,
pour les mathématiques, d'un an en arrière sur
moi ; ils apprenaient l'arithmétique tandis que
j'étais à la trigonométrie et aux éléments d'algèbre.
CHAPITRE XXXI*
Mon grand-père n'aimait point M. Dubois-Fonta-
nelle ; il était tout-à-fait homme de vanité cultivée
et implacable, homme du grand monde à l'égard
d'une infinité de personnes dont il parlait en bons
termes, mais qu'il n'aimait point.
Je pense ([u'il avait peur d'être méprisé, toul
considéré, comme littérateur par ce pauvre M. Du-
bois, qui avait fait une tragédie, la((uolIc avait eu
'honneur (Kenvoyer sou libraire aux galères. Il
s'agit <ï Ericie, ou la Vestale*. C'était évidemment
Ericie, ou la Religieuse, ou la Mélanie de cet intri-
gant (h^ Laharpe, dont le froid génie avait, je
pense, volé ce sujet au pauvre M. Dubois-Fonta-
nelle, toujours si pauvre qu'il avait pris une écri-
ture horriblement fine pour moins user de papier.
14 STENDHAL
Le pauvre M. Dubois alla à Paris assez jeune
avec Vainour du beau. Une pauvreté constante le
força à chercher l'utile, il ne put jamais s'élever au
rang des Jean Sucres de la première ligne, tels que
Laharpe, Marmontel, etc. Le besoin le força à
accepter la rédaction des articles politiques du
Journal des Deux-Ponts, et, bien pis, là il épousa
une grosse et grande Allemande, ex-maîtresse du
roi de Bavière Maximilien-Joseph, alors prince
Max et colonel français.
Sa fille aînée, fille du roi, fut mariée à un AL Re-
nauldon, personnage vaniteux, fait exprès pour
être bon maire d'une grande ville de province. En
effet, il fut bon maire de Grenoble de 1800 à 1814,
je crois *, et de plus outrageusement cocufié par
mon cousin Pelot, le roi des sots, lequel en fut
déshonoré et obligé de sortir du pays avec une
place dans les Droits réunis que lui donna le bien-
faisant Français (de Nantes), financier puissant
sous l'Empereur et qui donna une place à Parny.
Je l'ai beaucoup connu comme littérateur sous le
nom de M. Jérôme*, vers 1826. Tous ces gens
d'esprit, malheureux dans l'ambition, prennent les
lettres pour leur pis-aller. Par leur science d'in-
trigue et leurs amis politiques ils obtiennent des
semblants de succès et, dans le fait, accrochent des
ridicules. Tel j'ai vu M. Rœderer, M. Français (de
Nantes) et même M. le comte Daru *, quand par
son poème de V Astronomie (publié après sa mort)
4^/^
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(/?i7>/. mun. Je Crenohlc: mx If jijij. t. II. fol. .^S.f
\ I 1 1)1. M I .N Kl IIIU I. AHI) 15
il se fit asïiocié lihrc di- l'Acatléniic dos Stiences.
Ces trois huinines de beaucoup «.l'espril, de finesse
et certaineuïcnL au prcMuier rau;^ des t(jnseillers
d'i'^tat el des préfels, n'avaieiil jamais \n (itir
|t(lilo ligure ili- jjjéoniétrif in\riiltc inir moi *, siinplt-
auditeur, il y a un mois.
Si, en arrivant à Paris, le pau\re .M. Dubois, qui
se nomma Fontanelle*, avait trouvé une pension
de cent louis à condition d'écrire (comme Beethoven
vers 1805, à \'ienne), il eût cultivé le Beau, c'est-
à-dire imité non la nature, mais \ oltaire.
Au lieu de cela, il fut obligé de traduire les
Métamorphoses d'Ovide * et, bien pis, des livres
anglais. Cet excellent homme me donna l'idée
d'apprendre l'anglais et me prêta le premier \olume
de Gibl)on*, et je vis à cette occasion qu'il pronon-
çait : Té istonj oj té jall. Il avait appris l'anglais
sans maître, à cause de la pauvreté, et à coups de
dictionnaire.
Je n'ai apj)ris l'anglais que bien des années
après, quand ]' nwentai dapijrcndre par cœur les
quatre premières pages du Vicaire de Wakefiehl
(Ouaikefilde). Ce fut, ce me send)le, vers JSOÔ.
Quelqu'un a eu la même idée à Rome*, je crois, et
j»-' iir l'ai su cpi'en 18iô, quand j'accrochai quelques
Edinburg I{e\'ie\vs en Allemagne.
M. Duhois-Fontanclle était prescjuc perclus de
goutte, ses doigts n"a\aicul plus de forme, il était
16 STENDHAL
poli, obligeant, serviable, du reste son caractère
avait été brisé par l'infortune constante.
Le Journal des Deux-Ponts ayant été conquis
par les armées de la Révolution, M. Dubois ne
devint point aristocrate pour cela, mais, chose
singulière, resta toujours citoyen français. Ceci
paraîtra simple vers 1880, mais n'était rien moins
qu'un miracle en 1796.
Voyez mon père qui, à la Révolution, gagnait de
prendre rang par ses talents, qui fut premier
adjoint faisant fonctions de maire de Grenoble,
chevalier de la Légion d'honneur, et qui abhorrait
cette Révolution qui l'avait tiré de la crotte.
Le pauvre et estimable ]\L Fontanelle, abandonné
par son journal, arriva à Grenoble avec sa grosse
femme allemande qui, malgré son premier métier,
avait des manières basses et peu d'argent. 11 fut
trop heureux d'être professeur, logé, et alla même
occuper un appartement à l'angle sud-ouest de la
cour du Collège, avant qu'il ne fût terminé*.
En B était sa belle édition de Voltaire in-8°, de
Kehl, le seul d« ses livres que cet excellent homme
ne prêtât pas. Ses livres avaient des notes de son
écriture, heureusement presque impossible à lire
sans loupe. Il m'avait prêté Emile et fut fort inquiet
parce que, à cette folle déclamation de J.-J. Rous-
seau : « La mort de Socrate est d'un homme, celle
de Jésus-Christ est d'un Dieu », il avait joint un
papillon (bout de papier collé) fort raisonnable et
\ 1 1 i)i: Il IN i; I iti; i i. \ i; it 17
foil peu rlo(|iitiil, et <iiii lim^siill |);ii' la niaxitiir
coiitrairo.
Ce papillon lui eût beaucoup nui. même aux yeux
(le mon jjrand-prre. Ou'eut-ce été si mon père l'eut
\ Il ? \ ers ce temps, mon père n'acheta pas le
hictionnairc de Bayle, à la vente de notre cousin
Drier (homme de plaisir). [)oui- ne i>as compromettre
ma religion, et il me le dit.
M. Fontanelle était trc)p brisé par le malheur
et par le caractère de sa diablesse de femme ])our
être enthousiaste, il n'avait pas la moindre étincelle
du feu de M. l'abbé Ducros ; aussi n'eut-il guère
<rinfluence sur mon caractère.
Il me semble que je suivis le cours avec ce petit
jésuite* de Paul-KmileTeisseire,legros Marquis (bon
et fat jeune homme riche de Rives ou de Moirans),
Benoît, bon enfant r[ui se croyait sincèrement un
Platon parce que le médecin Clapier lui avait ensei-
gné l'amour (de l'évêque de Clogher).
Cela ne nous faisait pas horreur parce que nos
parents en auraient eu horreur, mais cela nous
étonnait. Je vois aujourd'hui que ce que nous
ambitionnions était la victoire sur cet animal
terrible : une femme aimable, juge du mérite des
hommes, et non pas le y)laisir. Xous trouvions le
plaisir partout. \a- sombre HniDÎt ne lit autMin
prosélyte.
Bientôt le gros Marquis, un j»eu mon parent, ce
Driiatii. 11. 2
18 STENDHAL
me semble, ne comprit plus rien au cours et nous
laissa. Il me semble que nous avions aussi un
Penet, un ou deux Gauthier, minus habens sans
conséquence*.
Il y eut à ce cours, comme à tous les autres, un
examen au milieu de l'année. J'y eus un avantage
marqué sur ce petit jésuite * de Paul-Emile, qui
apprenait tout par cœur et qui, pour cette raison,
me faisait grand peur ; car je n'ai aucune mémoire.
Voilà un des grands défauts de ma tête : je
rumine sans cesse sur ce qui m'intéresse ; à force
de le regarder dans des positions d'âme différentes,
je finis par y voir du nouveau, et je le fais changer
d'aspect.
Je tire les tuvaux de lunette dans tous les sens,
ou je les fais rentrer, suivant l'image employée par
M. de Tracy (voir la Logique).
Ce petit jésuite de Paul-Emile, avec son ton
doucereux et faux, me faisait grande peur pour cet
examen. Heureusement, un M. Tortelebeau'*, de
Vienne, membre de l'Administration départemen-
tale, me poussa des questions. Je fus obligé d'in-
venter des réponses et je l'emportai sur Paul-Emile^
c|ui seulement savait par cœur le sommaire des
leçons du cours.
Dans ma composition écrite, il y eut même une
espèce d'idée à propos de J.-J. Rousseau et des
louanges qu'il méritait *.
\ 1 1: nr, ii r. n i; i n nt i \ i; d
10
Tout ce ((ur jiippri'iiiii^ aux Irç-ons i\t' M. 1)m-
bois-FonfaiiflIc riail. à mes \ciix, coiniur uii<-
science cxtriiciitc on laii'^sc.
Je ine croyais du Génie, — où diable avais-jc pris
celte idée ? — du génie pour le métier de Molière
et de Rousseau.
.le iué[)risais sincèrement et souverainement le
talent de Voltaire : je le trouvais puéril. J'estimais
sincèrement Pierre Corneille, l'Arioste, Shakes-
peare, Cervantes et, en paroles, Molière. Ma peine
était de les mettre d'accord.
Mon idée sur le beau littéraire, au fond, est la
même qu'en 1796, mais chaque six mois elle se
perfectionne, ou, si l'on veut, elle change un peu.
C'est le travail unique de toute ma i'ie.
Tout le reste n'a été que gagne-pain, gagne-
pain joint à un j)ou de vanité de le gagner aussi
bien quuu autre; j'en excepte V Intendance à
Brunswick après le départ de Martial. 11 y avait
Vaitrait de la nom>eauté et le blâme exprimé par
M. Daru à l'intendant de Magdebourg, M. Chaa-
lons, ce me semble.
Mon beau idéal littéraire a plutôt rapport à jouir
des œuvres des autres et à les estimer, à ruminer
sur leur mérite, qu'à écrire moi-même.
Vers lli)^, j'attendais niaisement le moment du
génie, à peu près comme la voix de I)n'ii parlant
du buisson ardent à Moïse. Cette nigauderie m'a
fait perdre l)icii du temps, mais pt-ul-rin- m'a
20 STENDHAL
empêché de me contenter du demi-plat, comme font
tant d'écrivains de mérite (par exemple, M. Lois
Weymar).
Quand je me mets à écrire, je ne songe plus à
mon beau idéal littéraire, je suis assiégé par des
idées que j'ai besoin de noter. Je suppose que
M. Yillemain est assiégé par des formes de phrases ;
et ce qu'on appelle un poète, un Delille, un Racine,
par des formes de vers.
Corneille était agité par des formes de réplique :
lié bien ! prends-cn ta part el me laisse la mienne...
d'Emile à Cinna.
Comme donc mon idée de perfection a changé
tous les six mois, il m'est impossible de noter ce
qu'elle était vers 1795 ou 1796, quand j'écrivais un
drame dont j'ai oublié le nom. Le personnage prin-
cipal s'appelait Picklar peut-être et était peut-être
pris à Florian.
La seule chose que je voie clairement, c'est que,
depuis quarante-six * ans, mon idéal est de vivre à
Paris, dans un quatrième étage, écrivant un drame
ou un livre.
Les bassesses infinies et l'esprit de conduite
nécessaire pour faire jouer un drame m'ont empêché
d'en faire, bien malgré moi ; il n'y a pas huit jours
que j'en avais des remords abominables. J'en ai
esquissé plus de vingt, toujours trop de détails, et
trop profonds, trop peu intelligibles pour le public
VIT 'nr. iirM;i rtiti i. vitu 21
l)rlf foiiinic M. I Viiiaux. ilniil la jr\ c»liil ion de 178!>
a pciipir If |>ailfii<' et les loges.
Quand. i>ar' sou iininortcl pani()lilcl (Jii'fsi-ic
((uc le Tiers.' y,o}is soninu's à fienoii.v. It'<.'i)ii.\-n<)iis,
M. l'ai)!))'' Slnyès [itula W- lucinifr coup à l'arlslo-
t ralie p()lili(|m'. il fonda sans le savoir l'aristocratie
liKrraire. ((ici le idée nrest venue en novembre 1835,
faisant une préface à de Brosses * qui a chorpic
Colonil».)
Diar.Aiii) II.
CHAPITRE XXXII *
J'avais donc un certain beau lillérairc dans la
tète en 179G ou 1797, quand je suivais le cours de
M. Dubois-Fontanelle ; ce beau était fort différent
du sien. ].o trait le ])lus niarcjuant de cette diffé-
rence était mon adoration pour la \"érilé tragique
et simple de Shakespeare, contrastant avec la
puérilité cnipJiatique de ^ oltairc.
Je me souviens, entre autres, que M. r)ubois nous
récitait avec enthousiasnu^ de certains vers de
Voltaire ou de lui, où il y avait : dans la plaie...
retournant le couteau. Ce mot couteau me choquait
à fond, profondément, parce (pi'il appli([uait mal
ma règle, mon amour pour la sinqjlicité. Je vois
ce pourquoi aujourd'hui ; j ai >enti \ ivement toute
24 STENDHAL
ma vie, mais je ne vois le pourquoi que longtemps
après.
Hier seulement, 18 janvier 183(3, ÎC-ie de la cate-
dra de Saint-Pierre, en sortant de Saint-Pierre à
quatre heures, et, me retournant pour regarder le
dôme, pour la première fois de ma i'ie je l'ai regardé
comme on regarde un autre édifice: j'y ai vu le
balcon de fer du tambour, je me suis dit : je vois
ce qui est pour la première fois ; jusquici je l'ai
regardé comme on regarde la femme qu'on aime.
Tout m'en plaisait (je parle du tambour et de la
coupole), comment aurais-je pu y trouver des
défauts ?
Voilà que par un autre chemin, un autre côté,
je reviens à avoir la vue de ce défaut que j'ai noté
plus haut dans ce mien véridique récit, le manque
de sagacité.
Mon Dieu ! comme je m'égare ! J'avais donc une
doctrine intérieure quand je suivais le cours de
M. Dubois, je n'apprenais tout ce qu'il me disait
que comme une fausseté utile. Quand il blâmait
Shakespeare surtout, je rougissais intérieurement.
Mais j'apprenais d'autant mieux cette doctrine
littéraire que je n'en étais pas enthousiaste.
Un de mes malheurs a été de ne pas plaire aux
gens dont j'étais enthousiaste (exemple M'"^ Pasta
et M. de Tracy) ; aj^paremment, je les aimais à ma
manière et non à la leur.
\ 1 1: 1)1. Il 1 Mil uni I \ iti) "J.'»
De IlH'Ilir. |«' lii:ill<|lir •^niiNiMll ICxpOsi I ii ti» diliKi
«liM'triiu' i|iii' \ iiiliirc : un mr iiml rcdil . 1rs hirines
lllf \irmicill ;ill\ \('ll\, rt |c ne |HI|s |i|ii> |i;i||(r. .1 •
tlii-;ii^, SI je 1 usîiis : Ah ! \'<iii.s nu- jicii'fz le cœur! Je
me soiiNifiis (Ir (l<ii\ cxciiiplcs hitn ii-a])ii(iiits pour
moi :
I" L(iii;inn«' (lu ( (irr'-fre à |)iii|ms i|r l 'nurhoii,
parlant à Marfstc dans le Palals-Hoyal, et allant à
un j)i(pM'-iii(|iic a\ ce MM. Diiverfricr dt- llaiiraiine,
raimahic hillimr l'I !<■ \ilain C.avé.
Le secoMil. parlani (lr> Mozart à MM. Ampère et
Adrien de .iiissicn. en icx ciiaiit de Naples vers J832
(un mois a])rès le Iremhlcmenl de terre (jiu a éeuiné
Foligno).
Littérairement parlaiil . le lours de M. Dultois *
(imprimé depuis en tpialie \nliiines j)ar smi pelil-
lils, ('.11. Renauldon) me fui uliir cniniiic me d<»n-
nant une vue eomplèle du champ lilléraire et
empêchant nn»ii imannuit inii d "en exafrérer les
parties ineonnues, comme Sophocle, Ossian, etc.
Ce cours fut très utile à ma \anité en ccMifirmant
les autres dé finit i\cmciil dans rupiumn ipu ni'-
plaçait dans les sept à iiml crarçons ilesjtril de
ri'Lcnle. H nie senihle loiiler<ii- ipie (Îraud-Dufay
'était |ilacé a\anl moi : j ai milihe le nom <|es
autres.
L'àf^e d'nr- de M. l'ont aiudle. h- lemjis dont il
parlait a\cc at lendi i->eineiif , c'était son ari'ivéc à
Paris vers 17.')<). Tout était plein alnis du nom do
26 STENDHAL
Voltaire et des ouvrages qu'il envoyait sans cesse
de Ferney. (Etait-il déjà à Ferney ?)
Tout cela manquait son effet sur moi, cj[ui abhor-
rais la puérilité de Voltaire dans l'histoire et sa
basse envie contre Corneille ; il me semble que dès
cette époque j'avais remarqué le ton prêtre du
Commentaire de Voltaire dans la belle édition de
Corneille avec estampes, qui occupait un des hauts
rayons de la bibliothèque fermée de glaces de mon
père à Claix, bibliothèque dont je volais la clef et
où j'avais découvert, ce me semble, la Nouvelle-
Hélo'ise quelques années avant, et certaineinent
depuis Grandisson*, que je lisais en fondant en
larmes de tendresse dans un galetas du second étage
de la maison de Claix, où je me croyais en sûreté.
M. Jay, ce grand hâbleur, si nul comme peintre,
avait un talent marqué * pour allumer l'émulation
la plus violente dans nos cœurs et, à mes yeux
maintenant, c'est là le premier talent d'un profes-
seur. Combien je pensais différemment vers 1796 !
J'avais le culte du génie et du talent.
Un fantasque faisant tout par à coup, comme en
agit d'ordinaire un homme de génie, n'eût pas eu
quatre cents ou trois cent cinquante élèves, comme
M. Jay.
Enfin, la rue Neuve était encombrée quand nous
sortions de son cours, ce qui redoublait les airs
importants et emphatiques du professeur*.
\ii: ni- niMu niMi. \nn 27
Jo fus ravi, cnnimc du |)lus (lillicilc cl du plus
bel avancciiKMil |)ossil)l(', (|u;miiI. \ <i>^ Ir miliou d'iinn
année, ce nif scinldc M. .lay niu iliL avec son air
luajeslueux el palcrne :
« Allons, monsieur I3|^eylej, prenez votre carfoii
et allez, allez vous installer à la Bosse *. »
Ce mot : monsieur, d'un usage si fréquent à Paris,
était tout-à-fait insolite à (jrenoMe, en ])ailanl à un
enfant, et m'étonnait toujours, à moi adressé.
Je ne sais pas si je dus cet avancement à (|ui'l(|uc
mot de mon «irand-père adressé à M. Jay ou à mou
mérite à faire des hacliuios bien parallèles dans la
classe des Académies, où depuis peu j'avais été
admis. Le fait est qu'il surprit moi et les autres.
Admis parmi les douze ou (juinze bosses, mes
dessins aux crayons noirs et blancs, d'après les
tètes de Niobé et de Démothènc (ainsi nominées
par nous), surprirent M. Jay, qui a\ait l'air scanda-
lisé de me tiouver autant de talent qu'aux autres.
Le plus fort de cette classe était un M. Ennemond
llt'Iie (depuis notaire en cour) ; c'était l'homme le
phis fnijd, il a\ait été, disait-on, à l'armée. Ses
ouvrages tendaient au genre de Philippe de Cham-
paigne, mais c'était un homme et mui nu enfant
comme nous autres, il y avait de l'injustice à le
faire concourir avec nf)us.
BicultU a la Bosse j'obtins un prix. Nous l'ob-
tînmes à deux ou trois, on tira au sort et j'eus VEssai
28 STENDHAL
sur la Poésie et la Peinture, de l'abbé Dubos, que je
lus avec le plus vif plaisir. Ce livre répondait aux
sentiments de mon cœur, sentiments inconnus à
moi-même.
Moulezin, l'idéal du provincial timide, dépourvu
de toute idée et fort soigneux, excellait à tirer des
hachures bien parallèles avec un crayon de san-
guine bien taillé. Un homme de talent, à la place de
M. Jav, nous eût dit en nous montrant Moulezin :
« Messieurs, voilà comment il ne faut pas faire. » Au
lieu de cela, Moulezin était le rival d'Ennemond
Hélie.
Le spirituel Dufay faisait des dessins fort origi-
naux, disait M. Jay, il se distingua surtout quand
M. Jay eut l'excellente idée de nous faire tous
poser tour à tour pour l'étude des têtes. Nous avions
aussi le gros Hélie, surnommé le hedot (le bête, le
lourd), et les deux Monval, que leur faveur aux
mathématiques avait suivi à l'école de dessin. Nous
travaillions avec une ardeur et une rivalité in-
crovables deux ou trois heures de chaque après-
midi.
Un jour qu'il y avait deux modèles, le grand
Odru, du latin, m'empêchait de voir : je lui donnai
un soufflet de toutes mes forces en O *. Un instant
après, moi rassis à ma place en H, il tira ma chaise
par derrière et me fit tomber sur le derrrière.
C'était un homme ; il avait un pied de plus que moi,
mais il me haïssait fort. J'avais dessiné, dans l'esca-
\ I r. 1)1". M IN lu nrti i \ kd
29
litT ilii latin, (le loiicrri a\fi- ( laiil liitr i-l ('rozft, l'O
nie st'inltlf, iiiic carioalure énoniu; cominc lui,
sous liKiUflif j"a\ais rciit : ( )(lriias Kanil)iii. Il
roiitrissail (jiiaïul i»ri lapiidail ()(lriias, et disaiL
Uatnhiii. au iirii (je : (|iiaii(l liirn.
A l'inslaiil, il fut décidé que nous devions nous
i)attre au pistolet. Nous descendîmes dans la cniir ;
M. .lay voulant s'interposer, nous prîmes la fuite ;
.M. Jay retourna à l'autre salle. Nous sortîmes,
mais tout le collège nous suivit. Nous avions j)eul-
ètre deux cents suivants.
J'avais prié Diday. (jui s'était trouvé là, de me
servir de témoin ; j'étais fort troublé, mais iileiii
d'ardeur. Je ne sais comment il se fit (pie nous nous
diriffeâmes vers la })urlc tic la (îraillc, fort incom-
modés par notre cortège. 11 fallait avoir des |»is-
tolets, ce n'était pas facile. Je finis par obtenir un
pistolet de buit pouces de long. Je voyais i)d\\i
marcher à vingt pas de moi, il m'accablait d in-
jures. On ne nous laissait pas apjirochcr ; d'un coup
de poing, il m'aurait tué.
.]<• Mf réj)onilais [)as à ses injures, mais je trem-
blais de colère. Je ne dis pas que j'eusse été exemj)t
de peur si le duel ('Mt été arrangé comme à rmili-
naire, quatre ou six i)ersonnes allant froidement
ensemble, à six heures du matin, dans un fiacre, f»
une grande lieue dune ville.
30 STENDHAL
La garde de la porte de la Graille fut sur le point
de prendre les armes.
Cette procession de polissons, ridicule et fort
incommode pour nous, redoublait ses cris : Se
battront-ils P ne se hattront-ils pas P dès que nous
nous arrêtions pour faire quekjue chose. J'avais
grand'peur d'être rossé par Odru, plus grand d'un
pied que ses témoins et que les miens. Je me rap-
pelle du seul Maurice Diday comme mon témoin
(depuis plat ultra, maire de Domène, et écrivant
dans les journaux des lettres ultra, sans ortho-
graplie). Odru était furieux.
Enfin, après une heure et demie de poursuite,
comme la nuit approchait, les polissons nous lais-
sèrent un peu de tranquillité entre les portes de
Bonne et Très-Cloîtres. Nous descendîmes dans les
fossés de la ville, tracés par Louis Rover, à un pied
de profondeur, ou nous nous arrêtâmes sur le bord
de ces fossés.
Là, on chargea les pistolets, on mesura un
nombre de pas effroyable, peut-être vingt, et je
me dis : Voici le moment d'avoir du courage. Je ne
sais comment, Odru dut tirer le premier, je regardai
fixement un petit morceau de rocher en forme de
trapèze * qui se trouvait au-dessus de lui, le même
cjue l'on voyait de la fenêtre de ma tante Elisabeth,
à côté du toit de l'église Saint-Louis.
Je ne sais comment on ne fit pas feu. Probable-
N ii: 1)1. H r N i;i luii i. \r, i>
31
nuMlt, los lriuoin>^ n";i\ .lient pas <li:ir'_n'' Ifs pistolr-N.
Il me scMiblt' «jmc je n tii< pas à \is( r. La |iaix fut
iléclarée, mais sans toucher de mains ni <'nroii;
moins embrassade. (Idni, fort en eolère, m aurait
rossé *.
Dans la rue Très-Cloîtres, niardianf avec iii<ui
tr-moin Diday *, je lui dis :
« Pour ne j>as a\oir peur, tandis (piOdru mn
visait, je refrardais le petit rocher au-dessus de
Seyssins *.
— Tu ne dois jamais dire ça, une telle parole ne
<loit jamais sortir de ta bouche », me dit-il, en uw.
L-^rondant ferme.
.Te fus fort étonné et, en y réfléchissant, fort
scandalisé de cette réprimande.
Mais, dès le lendemain, je me trouvai un remords
liorrible davnjr laissé arranfjer cette affaire. Cela
Idessait toutes mes rêveries espa<;noles ; comment
oser admirer le Cid aiirès ne s'être pas battu ?
Comment penser aux héros de ÏAnosle.^ Comment
admirer et critiquer les grands personnages de
l'histoire romaine dont je relisais souvent les hauts
faits dans le doucereux Rollin ?
I''n écrivant ceci, j'éprouve la sensation île passer
la main sur la cicatrice d'une blessure guérie.
.le n'ai jtas jiensé deux fuis à ee duel depuis mon
outre duel arrangé avec M. l'aindre (elief d'escatlion
ou colonel d'artillerie légère, à \'ienne, en 18<>*J,
pour Babet).
32 STENDHAL
Je vois qu'il a été le grand remords de tout le
commencement de ma jeunesse, et la vraie raison
de mon outrecuidance (presque insolence) dans le
duel de Milan, où Cardon fut témoin.
Dans l'alTaire Odru, j'étais étonné, troublé, me
laissant faire, distrait par la peur d'être rossé par
le colossal Odru, je me préparais de temps en
temps à avoir peur. Pendant les deux heures que
dura la procession des deux cents gamins, je me
disais : Quand les pas seront mesurés, c'est alors
qu'il y aura du danger. Ce qui me faisait horreur,
c'était d'être rapporté à la maison sur une échelle,
comme j'avais vu rapporter le pauvre Lambert.
Mais je n'eus pas un instant l'idée la plus éloignée
que l'affaire serait arrangée.
Arrivé au grand moment, pendant qu'Odru me
visait et, ce me semble, que son pistolet ratait
plusieurs fois, j'étudiais les contours du petit
rocher *. Le temps ne me sembla point long (comme
il semblait long, à la Moskowa, au très brave et
excellent officier Andréa Corner, mon ami).
En un mot, je ne jouai point la comédie, je fus
parfaitement naturel, point vantard, mais très
brave.
J'eus tort, il fallait blaguer ; avec ma vraie réso-
lution de me battre, je me serais fait une réputation
dans notre ville, où l'on se battait beaucoup, non
pas comme les Napolitains de 1836, parmi lesquels
les duels produisent très peu de cadavres, ou point,
VIF. ni. iiiMM nntr xnn 33
mais 011 braves fiens. I*ar iniiiraslr avcr mon ox-
trôme jeunesse (ce «Irvail rti-e ru ITîMi, <loni;
treize* ans, on |)eul-è(re IT'I*)) el mes liahitiides
retirées et d'enfant imhle, si j'eusse en resprit «li-
parler un peu je me faisais une ré|)utation admi-
rable.
M. Châtel. une de nos eonnaissanees et de nos
voisins. Grande-rue, avait tué six hommes. De mon
temi>s, c'est-à-dire de 1798 à 1805, deux de mes
connaissances, le fds Bernard et Rover Gros-bec,
ont été tués en duel, M. Rover à quarante-cinq pas,
à la nuit tombante, dans les délaissés du Drac, près
l'endroit uù fut établi, depuis, le jionf de lil de
fer*.
Ce fat de Bernard * [i\h dun autre fat, depuis
juge à la Cour de Cassation, ce me semble, et ultra),
oe fat de Bernard reçut au moulin de Canel *
un petit coup d'épée de l'aimable MelTrey (M. de
Meffrey, receveur général, mari de la dame d'hon-
neur com()laisante de M"^*^ la duchesse de Berrv,
et depuis heureu.x héritier «lu gros N'ourcy). Ber-
nard tomba mort, M. de Melfrey s'enfuit à Lvon ;
la (pierelle était i>res(pi • de caste, Mareste fut, ce me
semble, témoin de MefTrey et m'a raconté la chose.
Quoi rpi'il en soit, je gagnai un remords profoml :
l'' A cause de mun es|)agnolisme. défaut existant
encore en 1830, re <|ue Fi<ire a reconnu et qu'il
iijipelle avec Thucydide : Nous tendez vos fdets
trop haut.
Hriiaru II. 3
34 STENDHAL
2^ Faute de blague. Dans les grands dangers, je
suis naturel et simple. Cela fut de bon goût à
Smolensk, aux yeux du duc de Frioul. M. Daru,
qui ne m'aimait pas, écrivit la même chose à sa
femme, de Vilna, je pense, après la retraite de
Moscou. jNIais, aux yeux du vulgaire, je n'ai pas
joué le rôle brillant auquel je n'avais qu'à étendre
la main pour atteindre.
Plus j'y réfléchis, plus il me semble que cette
dispute est de 1795, bien antérieure à ma passion
pour les mathématiques, à mon amitié pour Bigil-
lion, à mon amitié tendre pour ^P^^ Yictorine.
Je respectais infiniment ]\Iaunce Diday * :
\P parce que mon excellent grand-père, ami peut-
être intime de sa mère, le louait beaucoup :
2° je l'avais vu plusieurs fois en uniforme de
soldat d'artillerie et il était allé à son corps, plus
loin que Montmélian ;
3° enfin, et surtout, il avait l'honneur d'être
amoureux de M^^^ Létourneau, peut-être la plus
jolie fille de Grenoble et fille de l'homme certaine-
ment le plus gai, le plus insouciant, le plus philo-
sophe, le plus blâmé par mion père et mes parents.
En effet, M. Létourneau leur ressemblait bien peu ;
il s'était ruinoté et avait épousé une demoiselle
Bore], je crois, une sœur de la mère de Yictorine
Mounier, qui fut cause de mon abandon de l'état
militaire et de ma fuite à Paris en 1803.
^ Il m: iir mu itiii r. \iin
35
M"*-^ LétiniriKMU t'tMit une Itciiutr (l;iiis !•• i^curc
lourd (rnnimc l<>s ligures de Tiîiiirii, Mml Je (lén-
jHitrc et irAntoinc, ;ui nuis«''e du Lou\re). Diday
l\''pous;i par la sullf mais eul liirnlôl la dnuloup
de la perdre, après six ans d'amour; mi dit. (pTil
«Ml fut lit''l)été et se retira à la canipa^rue, à i^o-
luî'ne *.
Après mon prix, au milieu tic l'année, à la Bosse,
«pii scandalisa tous les courtisans plus avancés que
moi à la cour de M. Jay, mais que personne n'osa
<lire immérité, mon ranpj changea an dessin, comme
nous disions. Je me serais mis au feu pour obtenir
aussi un prix à la fin de Tannée ; il me semble que
jr l'obtins, sinon je trouverais le souvenir* tlu
chagrin de l'avoir manqué.
J'eus le premier prix de belles-lettres avec accla-
mation, j'eus un accessit ou un second prix aux
mathématiques, et celui-là lut dur à enlever.
-M. Dupuy avait une répngnance marquée pour ma
inanie raisonnante.
Il appelait tous les jours au tableau et en les
tutoyant MM. de Monval — nu les Monvaux,
comme nous les appelions, parce qu'ils étaient
nobles, lui-même prétendait à la noblesse *, — Si-
nard, Saint-Ferréol, nobles, le bon Ariberf , qu'il pro-
tégeait, l'aimable Mante, etc., etc., et moi le plus
rarement (pi'il pouvait, et (juand j'y étais, il no
36 STENDHAL
ni'écoutait pas, ce qui m'humiliait et me décon-
certait beaucoup car, les autres, il ne les perdait
pas de l'œil. Malgré cela, mon amour, qui commen-
çait à être sérieux, pour les mathématiques, faisait
({ue quand je trouvais une difficulté je la lui expo-
sais, moi étant au tableau, H *, et M. Dupuy
dans son immense fauteuil bleu de ciel en D ; mon
indiscrétion l'obligeait à répondre, et c'était là le
diable. Il me demandait sans cesse de lui exposer
mes doutes en particulier, prétendant c{ue cela
faisait perdre du temps à la classe.
Il chargeait le bon Sinard de me lever mes doutes.
Sinard, beaucoup plus fort mais de bonne foi,
passait une heure ou deux à nier et s doutes, puis
à les comprendre, et finissait par avouer qu'il ne
savait que répondre.
Il me semble que tous ces braves gens-là. Mante
excepté, faisaient des mathématiques une simple
affaire de mémoire. M. Dupuy eut l'air fort attrapé
de mon premier prix, si triomphant, au cours de
belles-lettres. Mon examen qui eut lieu, comme tous
les autres, en présence des membres du Départe-
ment, des membres du jury, de tous les professeurs
et de deux ou trois cents élèves, fut amusant pour
ces Messieurs. Je parlai bien, et les membres de
l'administration départementale, étonnés de ne pas
s'ennuyer, me firent compliment et, mon examen
terminé, me dirent :
« Monsieur B[eyle], vous avez le prix ; mais, pour
y-
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lltihl. mun. Je (ircnnhle: ms li jijtj. I. II. /ni. ^<ti>
\ n; 1)1. Il iM!i luti 1 \ ICI) 37
notre nlaisii', \<miiIIc/. hirn ir|inmlrc cinniT' ;'i (pii'I-
«jues iiiicsl ions, »
Ce tiioinplie précéda. jr> <'nii<. l'cxamcii <lo mallié-
inali<|ues et me (loiiiiail un laii;^ cl une assurance
«lui pour l'année suivante foreannt M. Dupuy à
iu'ap{)eler sou^ t'iit au la])lcau.
Si jamais je repasse par Grenol>le, il faut que je
fasse faire des recherches dans les archives de la
Préfecture pour les années de 1794 à 1799 inclusi-
vement. Le procès-verl)al inij)rimé de la distribution
des prix me donnerait la date de tous ces petits
événenieiils dont, après tant d'années, le souvenir
me revient avec plaisir, .l'étais à la montée de la
vie, et avec quelle imagination de feu ne me fij2,u-
rais-je pas les plaisirs à venir ?... Je suis à la des-
cente *.
Après ce mois d'août triomphant, mon ])ère n'osa
plus s'opposer d'une façon aussi ferme à ma pas-
sion pour la chasse. Il me laissa prendre de mau-
vaise irrâce son fusil et même im fusil de calil)re d(!
munition, plus solide, (jui avait été fait de commancNî
pour fru M. Rey, notaire, son heau-frère.
Ma laiitc |{t \ * était une jolie fennne cpie j allais
voir dans son joli ap|iailcmcnl . dans la cour- du
Palais. Mon père ne vniihiil |);is ([ui- jf nie liasse*
avec Edouard Rey, son second fils, inirpie polisson
lié avec la pire canaille. (C'est aujourd'hui le colonel
liitLi.Aini II. 3.
38 STENDHAL
d'artillerie Rey, insigne Dauphinois, plus fin et
plus trompeur à lui tout seul que quatre procureurs
grenoblois, du reste archi-cocu, bien peu aimable,
mais qui doit être un bon colonel dans cette arme
qui a tant de détails. Il me semble qu'en 1831 il
était employé à Alger. Il a été amant de M. P.*)
CHAPITRE XXX ITI *
Je fais (.le grandes clécouverLcs sur mon toniple
en écrivant ces Mémoires. La dilliculté n'est plus
de trouver et de dire la vérité, mais de trouver qui
la lise. Peut-être le plaisir des découvertes et des
jugements ou appréciations qui les suivent me
iléterminera-t-il à continuer ; l'idée d'être lu s'éva-
nouit de plus eu ])lus. Me voici à la page 501, et je
ne suis pas encore sorti de Grenoble !
Ce tal)leau des révolutions d'un cœur ferait un
gros volume in-S", avant d'arriver à Milan, (^ui
lirait de telles fadaises ? Quel talent de peintre ne
faudrait-il pas pour les bien peindre, et j'abliorrc
presque également la (lescri])ti<)ii de Walter Scott
et l'emphase île Kousseau. II nie faudrait pour
/o
STENDHAL
lecteur une Madame Roland, et encore peut-être
le manque dé description des charmants ombrages
de notre vallée de l'Isère lui ferait jeter le livre. Que
de choses à dire pour qui aurait la patience de
décrire juste ! Quels beaux groupes d'arbres, quelle
végétation vigoureuse et luxuriante dans la plaine,
quels jolis bois de châtaigniers sur les coteaux, el
îiu-dess .s quel grand caractère impriment à tout
cela les neiges éternelles de Taillefer ! Quelle basse
sublime à cette jolie * mélodie!
Ce fut, je crois, cet automne-là que j'eus le déli-
cieux plaisir de tuer un tourdre *, dans le sentier
de la vigne au-dessus de la grande pièce, précisé-
ment en face du sommet arrondi et blanc de la
montagne de Taillefer *. Ce fut un des plus vifs
bonheurs de ma vie *. Je venais de courir les vignes
de Doyatières, j'entrais dans le sentier étroit entre
deux haies hautes et touffues, de H en P, qviand
tout-à-coup un gros tourdre s'élança avec un petit
cri de la vigne en T' tout au haut de l'arbre T, un
cerisier, je crois, fort élancé et peu chargé de
feuillage.
Je le vis, je tirai dans une position à peu près
horizontale, car je n'étais pas encore descendu. Le
tourdre tomba en donnant à la terre un coup que
j'entends encore. Je descendis le sentier, ivre de
joie.
Je rentrai, j'allai dire à un vieux domestique
grognon et un peu chasseur :
\ 1 1; 1)1. M I m;i |!I! I I \ i; n 41
« B;irl)i('r. noIic rlrvc <'s| (li(_>iic de \-niis ! n
i.vl liitniliir fùl rl('> |ic;iil('i)ii|) [dus srnsililr ;ii|
don (1 une [iircf de dmi/c soii-^. cl d'ailleurs ne coin-
piil pas un mot à cv ([nr je lui disais.
l)i's cjue ]r SUIS ému, je lomlic dans l'espa<'no-
lisme conimuniqué par* ma tanir l'Jisahoth, cpii
disait encore : IJcau comme le Cid.
.le revais profondément eu |)areouranl. un fusil
à la main, les vignes et les haulaies des environs
de l^ironières. (!(unme mon père, soigneux de me
contrarier, défendait la chasse, el lout au plus la
It 'lirait à grand'peine par faiblesse, j'allais rare-
ment et presque jamais à la chasse avec de vrais
chasseurs, quehpiofois à la chasse au renard dans
les précipices du rocher de Comboire avec Joseph
Brun, le tailleur de iu>s haulaies*. Là, placé pour
attendre un renard, je me ^^rondais de ma rè\-erie
[irofonde, tle la(|uelle il eùl lallii * \nv réveiller si
I animal eut paru. 11 paiiil un jour à quinze pas de
jnoi, il \('nail à moi au peiji Irot. je tirai et ne vis
rien ; je le mamniai lorl j»ien. Les danorers des
précipices à |)lond) sur le Drac étaient si terribles
pfiur moi fpie je pensais fort, ce jourdà. au péril
du retour* : ou se glisse siii- des rtd)ords ciirume A
el l> a\cc la |ierspecti\ (' du l)rae mugissant au
|)ied du rocher. Les paysans avec les(|uels j'allais
^.Josei)h Brun et son fils. Sébastien (Iharrière, etc.)
avaient ganlé leurs tioupeau.x de mouhuis ilans
42 STENDHAL
ces pentes rapides dès l'âge de six ans et nus de
pieds ; au besoin ils étaient leurs souliers. Pour
moi, il n'était pas question d'ôter les miens, et
j'allai deux ou trois fois au plus dans ces rochers.
J'eus une peur complète le jour que je manquai
le renard, bien plus grande que celle que j'eus,
arrêté dans un chanvre, en Silésie (campagne de
1813), et voyant venir vers moi, tout seul, dix-huit
ou vingt cosaques. Le jour de Comboire, je regar-
dais à ma montre, qui était d'or, comme je fais dans
les grandes circonstances pour avoir un souvenir
net au moins de l'heure, et comme fit M. de La
Valette au moment de sa condamnation à mort
(par les Bourbons). Il était huit heures, on m'avait
fait lever avant jour, ce qui me brouille toujours
toute la matinée. J'étais rêvant au beau paysage,
à l'amour, et probablement aussi aux dangers du
retour, quand le renard vint à moi au petit trot.
Sa grosse queue me le fit reconnaître pour vm renard,
car au premier moment je le pris pour un chien *.
En S, le sentier pouvait avoir deux pieds, et en S'
deux pouces, il fallait que le renard fît un saut
pour passer de S' en H, sur mon coup de fusil il
sauta sur des broussailles en B, à cinq ou six pieds
au-dessous de nous.
Les sentiers possibles, praticables même pour
un renard, sont en petit nombre dans ce précipice ;
vu: i)F. iir.Nnt mu r. m'.d -'i.T
trois oti quatre chasseurs les occupent, nn autre
lance les chiens, le reii.iid inonle. cl foit prohahle-
nuMil il arrive sur (|uel(|ue i-hasseui-.
l ne chasse dont ces chasseurs parlaient sans
cesse est celle des chamois, au Pi-idl de Clair*.
mais la (h'-fense de mon père élail précise, jamais
aucun d'eux n'osa m'y mener. Ce lui en 170.'), ]<■
pense, que j'eus cette belle peur dans les rochers de
Comboire.
.le tuai bicnli'il mou second tourdre (tourdre :
grive), mais plus pchi i|iii' le piemier, à la nuit
tombée, le tlislitiuu^nil à pcinr. sur un noyer dans
le champ de M. ^\^' La l'cyiouse. je crois, au-dessus
de notre Pelissone (id est : de notre vigne Pelis-
sonc).
Je tuai le troisième et dernier stu- un petit noyer
bordanl le chemin au nord de notre petit verger.
Ce tourdre. fort petit, était presque verticalement
sur moi et me tomba presque sur le nez. Il tomba
sur le mur à pierres sèches, et avec lui île grosses
gouttes de sang qiu' je vois encore.
Ce sang était sigiu.' de victoire. Ce ne fut qu'à
Brunswick, en 1808, que la j)itié me dégoûta de la
chasse ; aujourd'hui, elle me semble un meurtre
inhumain et dégoûtant, et je ue tuerais pas un
cousin sans nécessité. La dernière caille que j'ai
tuée à Cività-\ ecchia tic m'a pas fait [titié jiourtant.
Les perdrix, cailles, lièvres, me semblent des poulets
nés poui aller à la lu-ochc.
44 STENDHAL
Si on les consultait avant de les faire naître dans
des fours à l'Egyptienne, au bout des Champs-
Elysées, probablement ils ne refuseraient pas.
Je me souviens de la sensation délicieuse, un
matin, partant avant jour avec Barbier et trouvant
une belle lune et un vent chaud. C'était le temps des
vendanges, je ne l'ai jamais oublié. Ce jour-là,
j'avais extorqué de mon père la permission de suivre
Barbier, factotum pour la direction de l'agriculture
du domaine, à une foire à Sassenage ou Les Balmes *.
Sassenage est le berceau de ma famille. Ils v étaient
juges ou b[eyles], et la branche aînée y était encore
établie en 1795 avec quinze ou vingt mille francs
de rente qui, sans une certaine loi du 13 germinal,
ce me semble, me seraient tombés en entier. Mon
patriotisme n'en fut point ébranlé ; il est vrai qu'à
cet âge, ne sachant pas ce que c'était que manquer
et travailler désagréablement pour gagner le néces-
saire, l'argent n'était pour moi que satisfaction de
fantaisies ; or, je n'avais pas de fantaisies, n'allant
jamais en société et ne voyant aucune femme ;
l'argent n'était donc rien à mes veux.
J'étais alors comme un grand fleuve qui va se
précipiter dans une cascade, comme le Rhin au-
dessus de Schaffouse, dont le cours est encore tran-
quille, mais qui va se précipiter dans une immense
cascade. Ma cascade fut l'amour des mathéma-
tiques qui d'abord, comme moyen de quitter Gre-
noble, la personnification du genre bourgeois et de
\ 1 1 1)1. Il IN iti iti; I I A i; I) f{îi
la 7)«f/."f<r rxiulciiH'iil |i:iil;iiit , il iii><uilr par aiiKiiii-
[ntiir fllr>^-mrinr^, a |i-^< iilicirnl Iniil.
I .a cliasM". i|iii iiif |iorlail à lut' a\cc al tl'Il(l|•|>^o-
inrnl la Maisiui rii.stiquc «'1 à laiic des «'xliails Ar
Vllisloirc tir.s Aiiimau.i il»- HuIÏkii, dniil, l'emphase
mr limipiail. ilès cet à<(e hinlir. comme cousin»'
gennalin' df lliNpocrisir des p irtres^, de mon
père, la ( iia^'-r lui le dcniirr si;_Mit' de vie de mon
âme, a\ant les mathémali(iues.
J'allais liicii il' plus siuni'iil ipir p' pnu\ais ilii'Z
M"'- \ irli.iini' liiLrillion. mais ellr iil. ce me semble,
de grands séjiuirs à la campagne ces années-la.
Je voyais aussi beaucoup Bi(zilli'>i>, son frère aîné,
La Bavette, Clalle, Barrai, Midioud, (lolonib, Mante,
mais le cœur était aux mathématiques.
Encore un récit, et puis je serai tout hérissé d'.c
et d'//-
C'est une tniispiratioii conlit' lailur ilf la l la-
lernité.
Je ne sais pounpioi je toii>|)iiai. ( .il arbre était un
malheureux jeune chcnc très élancé, iiaut lii- tmili'
pieds au moins, qu'on avait transplanté, à son <,Maiid
re<Trf'.«'" niiliiu de la place Grenelli'. fini m ileçà de
l'arlni- d<' la Liberté, ipii a\ail Inule ma lemlresse.
L'arbre de la l'raleniilé. peut-être rival de
l'autre, a\ail été planté immédiatenieTit contre la
cabane des châtaignes, \i-^-à-\i> li'> fenèlri'N de feu
M. Le Hov*.
~t
6 STENDHAL
Je ne sais à quelle occasion on avait attaché à
l'arbre de la Fraternité un écriteau blanc sur lequel
M. Jay avait peint en jaune, et avec son talent
ordinaire, une couronne, un sceptre, des chaînes,
tout cela au bas d'une inscription et en attitude
de choses vaincues.
L'inscription avait plusieurs lignes * et je n'en ai
aucune mémoire, quoique ce fût contre elle que je
conspirai.
Ceci est bien une preuve de ce principe : un peu
de passion augmente l'esprit, beaucoup l'éteint.
Contre quoi conspirâmes-nous ? Je l'ignore. Je ne
me souviens encore vaguement que de cette maxime:
il est de notre devoir de nuire à ce que nous haïssons
autant qu'il est en nous. Et encore ceci est bien
vague. Du reste, pas le moindre souvenir de ce que
nous haïssions et des motifs de notre haine, seule-
ment l'image du fait et voilà tout, mais celle-ci fut
nette.
Moi seul j'eus l'idée de la chose *, il fallut la
communiquer aux autres, qui d'abord furent froids :
le corps de garde est si près ! disaient -ils ; mais,
enfin, ils furent aussi résolus que moi. Les conspi-
rateurs furent Mante, Treillard, Colomb et moi,
peut-être un ou deux de plus.
Pourquoi ne tirai-je pas le coup de pistolet ? Je
l'ignore. Il me semble que ce fut Treillard ou
Mante *.
Il fallut se procurer ce pistolet-là, il avait huit
ME DE HENRI BULI.AnD
47
pouces <1<> Iciiu'. Nous le rliarjxcùnics juscpi'à la
guculr. l/arhir dt- la l'rateinité pouvait avoir
trente-six (ui (juaranli- [.icds (\r liaut, Frcriteau
était attaché à dix ou douze pieds, il me seiul»!*-
tpi'il y avait uuc barrière autour de l'arbre *.
Le danger pouvait \enii- du corps de garde C
dont les soldats se promenaient dans l'espace non
pavé, de P en P'.
Quelques passants provenant de la rue Montorge
ou de la Grande-rue pouvaient nous arrêter. Les
quatre ou cinq d'entre nous qui ne tirèrent pas
observaient les soldats du corps de garde; poul-
élre l'ùl-et' là mou poste, comme le plus dangereux,
mais je n'en ai aucune souvenance. D'autres obser-
vaient la rue Montorge et la Grande-rue.
Vers les huit heures du soir, il faisait nuit noire,
— et pas trop froid, nous étions en automne ou au
printemps, — il y eut un moment de solitude sur
la place, nous nous promenions nonchalamment, et
donnâmes le mot à Mante ou à Treillard *.
Le coup partit et fit un bruit ellroyable, le silence
était profond, et le pistolet chargé à crever. Au
même instant, les soldats du poste furent sur nous.
Je pense que nous n'étions pas les seuls à haïr
l'inscription et qu'on pensait f[u'elle pourrait être
attaquée.
Les soldats nous touchaient presque, nous nous
sauvâmes dans la porte G de la maison de mon
grand-père, mais on nous vit fort bien : tout le
48
STENDHAL
monde était aux fenêtres, beaucoup rapprochaient
les chandelles et illuminaient *.
Cette porte G, sur la Grenette, communiquait
par un passage étroit au second étage avec la
porte G', sur la Grande-rue. Mais ce passage n'était
ignoré de personne.
Pour nous sauver nous suivîmes donc la lione
FFF *. Quelques-uns de nous se sauvèrent aussi,
ce me semble, par la grande porte des Jacobins, ce
qui me porte à croire que nous étions plus nombreux
c|ue je ne l'ai dit. Prié était peut-être des nôtres.
jMoi et un autre, Colomb peut-être *, nous nous
trouvâmes le plus vivement poursuivis. Ils sont
entrés dans cette maison, entendions-nous crier tout
près de nous.
Nous ne continuâmes pas de monter jusqu'au
passage au-dessus du second étage ; nous sonnâmes
vivement au premier sur la place Grenette, à l'an-
cien appartement de mon grand-père, loué actuelle-
ment à M*'^^ Caudey, vieilles marchandes de modes
fort dévotes. Heureusement elles ouvrirent, nous
les trouvâmes fort effrayées du coup de pistolet et
occupées à lire la Bible *.
En deux mots nous leur disons : on nous poursuit,
dites que nous avons passé ici la soirée. Nous nous
asseyons, presque en même temps on sonne à
arracher la sonnette ; pour nous, nous sommes
assis à écouter la Bible, je crois même que l'un de
nous prend le livre.
vu: df; iif.nri Dnii.Ant» 49
Los rommissairos nilrcul. (hù ih rtîiif'nt, j*o n'i'ii
sais lii'M ; jo les rcfTarihiis fnrf |mii. .'i[»|)arfniiiniil .
« (les citoyens oui -ils passé la soirée ici ?
— Oui, int's>;ifiMs ; oui, citoyens. » tlirent en se
iTj)ronant les pauvres dévotes effrayées. Je crois
(juc leur frère. M. Caudey, vieux commis employé
depuis (piarante-(in(| ans à l'hôpital, était, avec elles.
Il fallait {juc ces commissaires ou citoyens zélés
fussent bien peu clairvoyants ou bien disposés
pour M. Gagnon, qui était vénéré de toute la ville,
à partir de M. le baron des Adrets jusqu'à Poulet,
le gargotier, carnotre trouble devait nous faire fair»-
une étrange figure au milieu de ces pauvres dévotes
liors d'elles-mêmes pai- la peur. Peut-être cette
peur, qui était aussi grande que la nôtre, nous
sauva, toute l'assemblée devait avoir la même mine
elTarée.
Les commissaires répétèrent deux ou trois fois
leur question : « Les citoyens ont-ils passé ici toute
la soirée ? Personne n'est-il entré depuis que vous
avez entendu tirer le coup de pistolet ? »
Le miraculeux, auquel nous songeâmes depuis,
c'est que ces vieilles jansénistes aient voulu mentir.
Je crois qu'elles se laissèrent aller à < e péché par
vénération pour mon grand-père.
Les commissaires prirent nos noms et enfin
déguerpirent.
Les compliments furent courts de nous à ces
denïoiselles. Nous prêtâmes l'oreille ; quand nous
Dri-lari) II. 4
50
STENDHAL
n'entendîmes plus les commissaires, nous sortîmes,
et continuâmes à monter vers le passage *.
Mante et Treillard *, plus agiles que nous et qui
étaient entrés dans la porte G * avant nous, nous
contèrent le lendemain que quand ils parvinrent à la
porte G', sur la Grande-rue, ils la trouvèrent occupée
par deux gardes. Ces Messieurs se mirent à parler
de l'amabilité des demoiselles avec qui ils avaient
passé la soirée, les gardes ne leur firent aucune
question et ils fdèrent.
Leur récit m'a fait tellement l'impression de la
réalité que je ne saurais dire si ce ne fut pas Colomb
et moi qui sortîmes * en parlant de l'amabilité de
ces demoiselles.
Il me semblerait plus naturel que Colomb et
moi entrâmes dans la maison, puis il s'en alla une
demi-heure après.
Le piquant fut les discussions auxquelles mon
père et ma tante Elisabeth se livraient sur les
auteurs présumés de la révolte. Il me semble que
je contai tout à ma sœur Pauline, qui était mon
amie.
Le lendemain, à l'Ecole centrale, jSIonval (depuis
colonel et méprisé), qui nem'aimait pas, me dit :
« Hé bien ! toi et les tiens vous avez tiré un coup
de pistolet sur l'arbre de la Fraternité ! )^
Le délicieux fut d'aller contempler l'état de
l'écriteau : il était criblé.
\ n. Di: m: MU liui i.aiu)
51
Les sceptres, couronnes cl ;iulr<'s allrilmls
i'aincits étaient peints au midi, du cùté qui regardait
l'arbre de la Liberté. Les couronnes, etc., étaient
peintes eii jaune clair sur dn {)apier tendu sur un<'
toile ou sur une toile préparée pour la peinture à
l'huile.
Je n'ai pas pensé à cette affaire depuis quinze
ou vingt ans. J'avouerai que je la trouve fort belle.
Je nie répétais souvent, avec enthousiasme, dans
ce temps-là, et j'ai encore répété, il n'y a pas quatre
jours, ce vers d'Horace :
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus !
Cette action était bien d'accord avec cetle admi-
ration.
Le singulier, c'est que je n'aie pas tiré moi-même
le coup de pistolet ; mais je ne pense pas que c'ait
été par prudence blâmable. Il me semble, mais je
l'entrevis d'une façon douteuse et comme à travers
un brouillard, que Treillard, qui arrivait de son
village (Tullins, je pense*), voulut absolument tirer
le coup de pistolet comme pour se donner le droit
de bourgeoisie parmi nous *.
En écrivant ceci, Tiniage de l'arbre de la Fra-
ternité apparaît à mes yeux, ma n»émoire fait des
découvertes. Je crois voir q;ir larbre de la Frater-
nité était environné d'un mur de deux pieds de haut
garni de pierre de taille et soutenant unr trrillt* de
fer de cinq ou six pieds ijc haut *.
52 STENDHAL
Jomard * était un gueux de p[rêtre], comme plus
tard Ming, qui se fit guillotiner pour avoir empoi-
sonné son beau-père, un M. Martin, de Vienne, ce
me semble, ancien membre du Département, comme
on disait. Je vis juger ce coquin-là, et ensuite
guillotiner. J'étais sur le trottoir, devant la phar-
macie de M. Plana.
Jomard avait laissé croître sa barbe, il avait les
épaules drapées dans un drap rouge, comme par-
ricide.
J'étais si près qu'après l'exécution je voyais les
gouttes de sang se former le long du couteau avant
de tomber. Cela me fit horreur, et pendant je ne
sais combien de jours je ne pus manger de bouilli
(bœuf).
CHAPITRE XXXIV*
Je crois (|iif j';ii fxpt'dir li.iil (.(.' ilunt jf voulais
parler avant (.reiilrtr dans le dernier récit que j'aurai
à faire des choses de Grenoble, je veux dire de ma
cascade dans les mathématiques.
.\P'6 Kably était partie depuis longtemps et il ne
m'en restait plus qu'un souvenir tondre ; M^'^ \'it -
torine Birriliion ('t.iit hr-aucoup à la campagne ;
mon seul pl;ii-ir tu In Mire était Shakespeare et les
Mémoucs de >aint -Simon, alors en sept volumes,
fpie j'achetai \A[k lard eu douze vrdumes, avec les
(inactèrcs dr ...*, passion (pii a diiir comme celle
dos épinards en physique v\ «pii est aussi forte pour
II- luoins à cin«pianlc-trnis * »pi"à treize ans.
J'aimais d'autant plus les mathématiques que je
Dnt'LARD ir. 4.
54 STENDHAL
méprisais davantage mes maîtres, j\IM. Dupuy et
Chabert. Malgré l'emphase et le bon ton, l'air de
noblesse et de douceur, qu'avait M. Dupuy en adres-
sant la parole à quelqu'un, j'eus assez de pénétra-
tion pour deviner qu'il était infiniment plus ignare
que M. Chabert. M. Chabert qui, dans la hiérarchie
sociale des bourgeois de Grenoble, se vovait telle-
ment au-dessous de M. Dupuy, quelquefois, le
dimanche ouïe jeudi matin, prenait un volume d'Euler
ou de... * et se battait ferme avec la difficulté. Il avait
cependant toujours l'air d'un apothicaire c{ui sait
de bonnes recettes, mais rien ne montrait comment
ces recettes naissent les unes des autres, nulle logique,
nulle philosophie dans cette tète ; par je ne sais
quel mécanisme d'éducation ou de vanité, peut-être
par religion, le bon M. Chabert haïssait jusqu'au
nom de ces choses.
Avec ina tète d'aujourd'hui, j'avais il y a deux
minutes l'injustice de m'étonner comment je ne vis
pas sur-le-champ le remède. Je n'avais aucun secours,
par vanité mon grand-père répugnait aux mathéma-
tiques, qui étaient la seule borne de sa science
presque universelle. Cet homme, ou plutôt monsieur
Gagnon na jamais rien oublié de ce qu il a lu, disait-
on avec respect à Grenoble. Les mathématiques
formaient la seule réponse de ses ennemis. Mon
père abhorrait les mathématiques par religion, je
crois, il ne leur pardonnait un peu que parce qu'elles
apprennent à lever le plan des domaines. Je lui
VIE DE HENRI BIU LAlîD 55
faisais sans cesse des copies du plan de ses biens à
Claix, à Echirolles, à Fontao;nier, au Chayla (vallée
près ...*), où il venait de faire une bonne affaire.
Je méprisais Bezout, autant que MM. Dupuy et
Chabert.
Il y avait bien cinq à six forts à l'Ecole centrale,
qui furent reçus à l'Ecole polytechnique en 1797
ou 98, mais ils ne daignaient pas répondre à mes
difficultés*, peut-être exposées peu clairement, ou
plutôt qui les embarrassaient.
J'achetai ou je reçus en prix les œuvres de Vabhé
Marie, un volume in-S^. Je lus ce volume avec
l'avidité d'un roman. J'y trouvai les vérités expo-
sées en d'autres termes, ce qui me fit beaucoup de
plaisir et récompensa ma peine, mais du reste rien
de nouveau.
Je ne veux pas dire qu'il n'y ait pas réellement
du nouveau, peut-être je ne le comprenais pas, je
n'étais pas assez instruit pour le voir.
Pour méditer plus tranquillement, je m'étais
établi dans le salon meublé de douze beaux fauteuils
brodés par ma pauvre mère et que l'on n'ouvrait
qu'une ou deux fois l'an, pour ôter la poussière. Cette
pièce m'inspirait le recueiffement, j'avais encore,
dans ce temps-là, l'image des jolis soupers donnés
par ma mère. On quittait ce salon étincelant de
lumières pour passer, à dix heures sonnant, dans la
belle salle-à-manger, où Ton trouvait un poisson
o6 STENDHAL
énorme. C'était le luxe de mon père ; il avait encore
cet instinct dans l'état de dévotion et de spécula*
tions d'agriculture où je l'ai vu abaissé.
C'est sur la table T * que j'avais écrit* le premier
acte ou les cinq actes de mon drame, que j'appelais
comédie, en attendant le moment du génie, à peu
près comme si un ange eût dû m'apparaître.
Mon enthousiasme pour les mathématiques avait
peut-être eu pour base principale mon horreur pour
l'hypocrisie, l'hypocrisie, à mes yeux, c'était ma
tante Séraphie, madame Vignon et leurs p[rêtres].
Suivant moi, l'hypocrisie était impossible en
mathématiques et, dans ma simplicité juvénile, je
pensais qu'il en était ainsi dans toutes les sciences
où j'avais ouï dire qu'elles s'aiîpliquaient. Que
devins-je quand je m'aperçus que personne ne
pouvait m'expliquer comment il se faisait que :
moins par moins donne plus ( — X — = +) ?
(C'est une des bases fondamentales de la science
qu'on appelle algèbre.)
On faisait bien pis que ne pas m'expliquer cette
difficulté (qui sans doute est explicable, car elle
conduit à la vérité), on me l'expliquait par des
raisons évideniment peu claires pour ceux qui me
les présentaient *.
M. Chabert, pressé par moi, s'embarrassait,
répétait sa leçon, celle précisément contre kupiellc
VIE DF. HENRI BRir.ARD 57
je faisais des objections, et finissait par a\oir lair
de nie dire :
« Mais c'est l'usage, tout le monde admet cette
ex})lication. Euler et Lagrange, <[iii apparemment
valaient autant que vous, l'ont ])ien admise. Nous
saxons ipie > ous avez beaucoup d'esprit (cela
voulait dire : Nous savons que vous avez remporté un
premier prix de belles-lettres et bien parlé à M. Tortcle-
beau et aux autres membres du Département), vous
voulez apparemment vous singulariser. »
Quant à M. Dupuy, il traitait mes timides objec-
tions (timides à cause de son ton d'emphase) avec
un sourire de hauteur voisin de réioignement.
Quoique beaucoup moins fort que M. Chabert, il
était moins bourgeois, moins borné, et peut-être
jugeait sainement de son savoir en mathématiques.
Si aujourd'hui je voyais ces Messieurs huit jours,
je saurais sur-le-champ à quoi m'en tenir. Mais il
faut toujours en revenir à ce point.
Elevé sous une cloche de verre par des parents
dont le désespoir rendait encore l'esprit plus étroit,
sans aucun contact avec les hommes, j'avais des
sensations vives à quinze ans, mais j'étais bien plus
incapable qu'un autre enfant de juger les hommes
et de deviner leurs diverses comédies. Ainsi, je n'ai
jias grande confiance, au fond, dans tous les juge-
ments dont j'ai rempli* les 53<) pages ])récédentes.
Jl n'y a de sûrement \rai (jue les sensations, seule-
ment pour par\ enir à la vérité il faut mettre (piatre
OO STENDHAL
dièses à mes impressions. Je les rends avec la froi-
deur et les sens amortis par l'expérience d'un
homme de quarante ans*.
Je me rappelle distinctement que, quand je
parlais de ma difficulté de moitis par moins à un fort,
il me riait au nez ; tous étaient plus ou moins comme
Paul-Emile Teisseire et apprenaient par cœur. Je
leur voyais dire souvent au tableau *, à la fin des
démonstrations :
« Il est donc évident que », etc.
Rien n'est moins évident pour vous, pensais-je.
Mais il s'agissait de choses évidentes pour moi, et
desquelles, malgré la meilleure volonté, il était
impossible de douter.
Les mathématiques ne considèrent qu'un petit
coin des objets (leur quantité), mais sur ce point
elles ont l'agrément de ne dire que des choses sûres,
que la vérité, et presque toute la vérité.
Je me figurais à quatorze ans, en 1797, que les
hautes mathématiques, celles que je n'ai jamais
sues, comprenaient tous ou à peu près tous les côtés
des objets, qu'ainsi, en avançant, je parviendrais à
savoir des choses sûres, indubitables, et que je
pourrais me prouver à volonté, sur toutes choses.
Je fus longtemps à me convaincre que mon objec-
tion sur : moins par moins donne plus, ne pourrait
pas absolument entrer dans la tcte de M. Chabert,
que M. Dupuy n'y répondrait jamais que par un
VIF. DR IIKNni BnULARD
f)'.)
souiiie de hauteur, et (,ue les /orfs auxquels je faisais
des questions se moqueraient toujours de moi.
J'en fus réduit à ee que je me dis encore aujour-
d hui : il faut bien que moins par moins donne plus
soit vrai, puisque évidemment, en employant à
chaque instant cette règle dans le calcul, on arrive
à des résultats ^rais et indubitables.
-Mon trrand malheur était cette figure :
— P
Supposons que RP soit la ligne qui sépare le
positif du négatif, tout ce qui est au-dessus est
positif, comme négatif tout ce qui est au-dessous ;
comment, en prenant le carré B autant de fois qu'il
y a d'unités dans le carré A, puis-je parvenir à faire
changer de coté au carré C ?
^ Et, en suivant une comparaison gauche, que
l'accent souverainement traînard et grenoblois de
M. Chabert rendait encore plus gauche, supposons
que les quantités négatives sont les dettes d'un
homme, comment, en multiphant 10.000 francs de
dette par 500 francs, cet homme aura-t-il et par-
viendra-t-il à avoir une fortune de cinq milhons ?
M. Dupuy et M. Chabert sonf-ils des hypocrites
comme les prêtres] qui viennent dire la [messe]
60
STENDHAL
chez mon grand-père, et mes chères mathématiques
ne sont-elles qu'une tromperie ? Je ne savais com-
ment arriver à la vérité. Ah ! qu'alors un mot sur la
logique ou l'art de trouver la i'érité eût été avide-
ment écouté par moi ! Quel moment pour m'ex-
pliquer la Logique de M. de Tracy ! Peut-être j'eusse
été un autre homme, j'aurais eu une bien meilleure
tête *.
Je conclus, avec mes pauvres petites forces, que
M. Dupuy pouvait bien être un trompeur, mais que
M. Chabert était un bourgeois vaniteux qui ne
pouvait comprendre qu'il existât des objections
non vues par lui.
Mon père et mon grand-père avaient V Encyclo-
pédie in-folio de Diderot et d'Alembert ; c'est, ou
plutôt c'était, un ouvrage de sept à huit cents francs.
Il faut une terrible influence pour engager un pro-
vincial à mettre un tel capital en livres, d'où je
conclus, aujourd'hui, qu'il fallait qu'avant ma nais-
sance mon père et mon grand-père eussent été tout-
à-fait du parti philosophi([ue *.
Mon père ne me voyait feuilleter V Encijclopédie
qu'avec chagrin. J'avais la plus entière confiance
en ce livre-là, à cause de l'éloignement de mon père
et de la haine décidée qu'il inspirait aux p[rêtres]
qui fréquentaient la maison. Le grand vicaire et
chanoine Rey, grande figure de papier mâché, haut
de cinc| pieds dix pouces, faisait une singulière
grimace en prononçant de travers les noms de Dide-
VIE DE HENRI BItll.AHD 61
rot et de tl'Alc'iuherl. Celle grimace inc donnait mir;
jouissance intime et profonde, je suis oiieore fuit
suscejitihle de ee ^(iircdr phiisir *. .le le ^^oùtai quel-
quefois en 1815, en voyant les nobles refuser le
courage à Nicolas Bonaparte, car alors tel était le
nom de ce grand homme, et cependant dès 1807
j'avais désiré passionnément qu'il ne conquît pas
l'Angleterre ; où se réfugier alors ?
Je cherchai donc à consulter les articles mathé-
matiques de d'Alembert dans l'Encyclopédie ;
leur ton de fatuité, l'absence de culte pour la vérité
me choqua fort, et d'ailleurs j'y compris peu. De
quelle ardeur j'adorais la vérité alors ! Avec quelle
sincérité je la croyais la reine du monde, dans lequel
j'allais entrer! Je ne lui voyais absolument d'autres
ennemis que les p[rêtres].
Si moins par moins donne plus m'avait donné
beaucoup de chagrin, on peut penser quel noir s'em-
para de mon àme quand je commençai la Statique
de Louis Monge, le frère de l'illustre Monge, et (jui
allait venir faire les examens pour l'Ecole polytech-
nique.
Au commencement de la géométrie, ou dil : Un
donne le nom de pauallèles à deux lignes qui, pro-
longées à Vinfini, ne se rencontreraient jamais. El,
dès le commencement de la Staticpie, cet insigne
animal de Louis Monge a mis à peu près ceci : Deux
lignes parallèles peuvent être considérées comme se
rencontrant, si on les prolonge à V infini.
62 STENDHAL
Je crus lire un catéchisme *, et encore un des plus
maladroits. Ce fut en vain que je demandai des
explications à M. Chabert.
« Mon petit, dil-il en prenant cet air paterne qui
va si mal au renard dauphinois, l'air d'Edouard
Mounier (pair de France en 183G), mon petit, vous
saurez cela plus tard. »
Et le monstre, s'approchant de son tableau en
toile cirée et traçant deux lignes parallèles et très
voisines, me dit :
« Vous voyez bien qu'à l'infini on peut dire qu'elles
se rencontrent. «
Je faillis tout quitter. Un cafard, adroit et bon
jésuite*, aurait pu me convertir à ce moment en
commentant cette maxime :
« Vous voyez que tout est erreur, ou plutôt qu'il
n'y a rien de faux, rien de vrai, tout est de conven-
tion, adoptez les conventions qui vous feront le
mieux recevoir dans le monde. Or, la canaille est
patriote et toujours salira ce côté de la question ;
faites-vous donc aristocrate, comme vos parents,
et nous trouverons moven de vous envover à Paris
et de vous recommander à des dames influentes. »
CHAPITRE XXXV*
Cela, dit avec entraînement, je devenais un coquin
et j'aurais une grande fortune aujourd'hui.
Je me figurais le monde, à treize ans, uniquement
d'après les Mémoires secrets de Duclos et les Mé-
moires de Saint-Simon en sept volumes. Lr bon-
heur suprême était de vivre à Paris, faisant des
livres, avec cent louis de rente. Marion me dit que
mon père me laisserait bien plus *.
Il me semble que je me dis : \'raies ou fausses,
les mathématiques me sortiront de Grenoble, de cette
fange qui me fait mal au cœur.
Mais je trouve ce raisonnement bien avancé pour
mon âge. Je continuais à travailler, c'aurait été un
trop grand chagrin d'interrompre, mais j'étais pro-
fondément inquiet et attristé.
C4 STENDHAL
Enfin, le hasard voulut que je visse un grand
homme et que je ne devinsse pas un coquin. Ici,
pour la seconde fois le sujet surmonte le disant. Je
tâcherai de n'être pas exagéré.
Dans mon adoration pour les mathématiques,
j'entendais parler depuis quelque temps d'un jeune
homme, fameux Jacobin, grand et intrépide chas-
seur, et qui savait les mathématiques bien mieux
que MM. Dupuy et Chabert, mais cjui n'en faisait
pas métier. Seulement, comme il était fort peu riche,
il avait donné des leçons à cet esprit faux, Angles
(depuis comte et préfet de police, enrichi par
Louis XVIII à l'époque des emprunts).
Mais j'étais timide, comment oser l'aborder ?
Mais ensuite, ses leçons étant horriblement chères,
douze sous par leçon, comment payer ? (Ce prix
me paraît trop ridicule ; c'était peut-être vingt-
quatre ou quarante sous.)
Je contai tout cela avec plénitude de cœur à ma
bonne tante Elisabeth, qui peut-être alors avait
quatre-vingts ans, mais son excellent cœur et sa
meilleure tête, s'il est possible, n'avaient que
trente ans. Généreusement elle me donna beaucoup
d'écus de six francs. Mais ce n'était pas l'argent qui
devait coûter à cette âme* : remplie de l'orgueil le
plus juste et le plus délicat, il f;illait que je prisse
ces leçons en cachette de mon père ; et à quels re-
proches légitimes ne s'exposait-elle pas ?
Séraphie vivait-elle encore ? Je ne répondrais
VI R DF. m. MU uni i.Min (>.)
pas (1m coiil raii't'. Copendaiil , jf'-lais bien ciifanl à la
mort de ma laiilc Séraphic, car, en a|»|)rciiaiil sa
mort dans la cuisine, \ is-à-vis de l'ai moire de Marioii *,
je me jetai à genoux pour remercier Dieu d'une si
grande délivrance.
Cet événement, les écus donnés si noblement par
ma tante Elisabeth pour me faire prendre en secret
des leçons de cet alîreux jacobin, m'a empêché à
tout jamais d'être un co(puii. \ olr un homme sur h-,
modèle des Grecs et des Romains, et vouloir mourir
plutôt que de n'être pas comme lui, ne fut (piiru
moment : piinto (Xon sia che un piinto (Alficri)*.
Je ne sais comment moi, si timide, je me rap-
prochai de M. Gros. (La fresque est tombée en cet
endroit, et je ne serais qu'un plat romancier, comme
Don Rugiero Caetani, si j'entreprenais <ly suj)plrt'r.
Allusion aux fresques du Campo-Santo de I^ise et
à leur état actuel.)
Sans savoir comment j v suis ariixé, je me vois
dans la petite chambre que Gros occupait à Saint-
Laurent, le quartier le plus ancien et le plus pauvre
de la ville. C'est une longue et étroite rue, serrée
entre la montagne et la rivière. Je n'entrai pas seul
dans (H'tte petite chandjre, mais (picl t'-tait mon
compagnon d'étude ? lùait-ce l.hcmiuade ? Là-
dessus, oubli le plus complet, toute ratlention de
l'àme était apparemment pour (îros. (Ce grand
BnULARD II. 5
66 STENDHAL
homme est mort depuis si longtemps que je crois
pouvoir lui ôter le Monsieur *.)
C'était un jeune homme d'un blond foncé, fort
actif, mais fort gras, il pouvait avoir vingt-cinq ù
vingt-six ans ; ses cheveux étaient extrêmement
bouclés et assez longs, il était vêtu d'une redingote *
et nous dit :
« Citoyens*, par où commençons-nous ? Il faudrait
savoir ce que vous savez déjà.
— Mais nous savons les équations du second
degré. »
Et, en homme de sens, il se mit à nous montrer
ces équations, c'est-à-dire la formation d'un carré
de a -\- b, par exemple, qu'il nous fit élever à la
seconde puissance : a^ -\- 2 ab -{- b^, la supposition
que le premier membre de l'équation était un
commencement de carré, le complément de ce
carré, etc.
C'étaient les cieux ouverts pour nous, ou du
moins pour moi. Je voyais enfin le pourquoi des
choses, ce n'était plus une recette d'apothicaire
tombée du ciel pour résoudre les équations.
J'avais un plaisir vif, analogue à celui de lire un
roman entraînant. 11 faut avouer que tout ce que
Gros nous dit sur les équations du second degré
était à peu près dans l'ignoble Bezout, mais là
notre œil ne daignait pas le voir. Cela était si plate-
ment exposé que je ne me donnais la peine d'y
faire attention.
Ali: Di: ni:.M!i bul laud G7
A la troisième ou quatrième leçon, nous passûmes
aux équations du troisième degré, et là (iros fut
entièrement neuf. Il me semble (|u"il nous transpor-
tait d'emblée à la frontière de la science et vis-à-vis
la dillioulté à vaincre, ou devant le voile qu'il
s'agissait de soulever. Par exemple, il nous montrait
l'une après l'autre les diverses manières de résoudre
les équations du troisième degré, quels avaient été
les premiers essais de Cardan*, peut-être ensuite
les progrès, et enfin la méthode présente*.
Nous fûmes fort étonnés qu'il ne nous fît pas démon-
trer la même proposition l'un après l'autre. Dès qu'une
chose était bien comprise, il passait à une autre.
Sans que Gros fût le moins du monde charlatan,
il avait l'effet de cette qualité si utile dans un pro-
fesseur, comme dans un général en chef, il occupait
toute mon âme. Je l'adorais et le respectais tant que
peut-être je lui déplus. J'ai rencontré si souvent cet
effet désagréable et surprenant que c'est peut-être
par une erreur de mémoire que je l'attribue à la
première de mes passions d'admiration. J'ai déplu
à M. de Tracy et à Madame Pasta pour les admirer
avec trop d'enthousiasme *.
Un jour de grande nouvelle, nous parlâmes poli-
tique toute la leçon et, à la fin, il ne voulut pas de
notre argent. J'étais tellement accoutumé au genre
sordide des professeurs dauphinois, .MM. Chabert,
Durand, etc., que ce trait fort simple redoubhi
G8 STENDHAL
mon admiration et mon enthousiasme. Il me semble,
à cette occasion, que nous étions trois, peut-être
Cheminade, Félix Faure et moi, et il me semble
aussi que nous mettions, sur la petite table A,
chacun une pièce de douze sous.
Je ne me souviens presque de rien pour les deux
dernières années 1798 et 1799. La passion pour les
mathématiques absorbait tellement mon temps que
Félix Faure m'a dit que je portais alors mes che-
veux trop longs, tant je plaignais la demi-heure
qu'il faudrait perdre pour les faire couper *.
Vers la fin de Tété 1799, mon cœur de citoyen
était navré de nos défaites en Italie, Novi et les
autres, qui causaient à mes parents une vive joie,
mêlée cependant d'inquiétude. Mon grand-père,
plus raisonnable, aurait voulu que les Russes et les
Autrichiens n'arrivassent pas à Grenoble. Mais, à
vrai dire, je ne puis presque parler de ces vœux de
ma famille que par supposition, l'espoir de la quitter
bientôt et l'amour vif et direct pour les mathéma-
tiques m'absorbaient au point de ne plus donner que
bien peu d'attention aux discours de mes parents.
Je ne me disais pas distinctement peut-être, mais je
sentais ceci : Au point où j'en suis, que me font ces
radotatfes !
Bientôt, une crainte égoïste vint se mêler à mon
chagrin tle citoyen. Je craignais qu'à cause de
VIi: DE HENRI lUU r.ARD G9
l'approche des Russes il n'y cùl |»;is d'examen à
Grenoble,
Bonaparte débarqua à Fn-jus. Je m'accuse
d'avoir eu ce désir sincère : ce jeune Bonaparte, que
je me figurais un l)eau jeune homme comme un
colonel d'opéra-comique, devrait se faire roi de
France.
Ce mot ne réveillait en moi que des idées bril-
lantes et généreuses. Cette plate erreur était le fruit
de ma plus plate éducation. Mes parents étaient
comme des domestiques à l'égard du Roi. Au seul nom
de Roi et de Bourbon, les larmes leur venaient aux
yeux.
Je ne sais pas si, ce plat sentiment, je l'eus en 1707,
en me délectant au récit des batailles de Lodi,
d'Arcole, etc., etc., qui désolaient mes parents qui
longtemps cherchèrent à ne pas y croire, ou si je
l'eus en 1799, à la nouvelle du débarquement de
Fréjus. Je penche pour 1797.
Dans le fait, l'approche de l'ennemi fit que
M. Louis Monge, examinateur de l'Ecole polytech-
nique, ne vint pas à Grenoble. Il faudra que nous
allions à Paris, dîmes-nous tous. Mais, pensais-je,
comment obtenir un tel voyage de mes parents ?
Aller dans la Babylone moderne, dans la ville de lu
corruption, à seize ans et demi ! Je fus extrêmement
agité, mais je n'ai aucun souvenir distinct.
Les examens du cours de mathématiques de
Brularu II. 5.
70 STENDHAL
M. Dupuy arrivèrent et ce fut un triomphe pour
moi.
Je remportai le premier prix sur huit ou neuf
jeunes gens, la plupart plus âgés et plus protégés
que moi, et qui tous, deux mois plus tard, furent
reçus élèves de l'Ecole polytechnique.
Je fus éloquent au tableau ; c'est que je parlais
d'une chose à laquelle je réfléchissais passionnément
depuis quinze mois au moins, et que j'étudiais
depuis trois ans (à vérifier), depuis l'ouverture du
cours de M. Dupuy dans la salle durez-de-chaussée
de l'Ecole centrale. M. Dausse, homme obstiné et
savant, voyant que je savais, me fit les questions
les plus difficiles et les plus propres à m'embarrasser.
C'était un homme d'un aspect terrible et jamais
encourageant. (Il ressemblait à Domeniconi, un
excellent acteur que j'admire à Valle en janvier
1836.)
M. Dausse, ingénieur en chef, ami de mon grand-
père (qui était présent à mon examen et avec dé-
lices), ajouta au premier prix un volume in-4o
d'Euler. Peut-être ce don fut-il fait en 1798, année
à la fin de laquelle je remportai aussi le premier prix
do mathématiques. (Le cours de M. Dupuy se com-
posait de deux années, ou même de trois.)
Aussitôt après l'examen, le soir, ou plutôt le
soir du jour que mon nom fut affiché avec tant de
gloire (({ Mais à cause de la façon dont le citoyen
« B[eyle] a répondu, de l'exactitude, de la facilité
VIE DE IIF.NRI BnULAHD 71
a brillante... »), c'est le dernier effort de la polilique
de M. Dupuy ; sous prétexte de ne pas nuire à mes
sept ou huit camarades, le plus fort avait été de
leur faire obtenir le premier prix, sous prétexte de
ne pas leur nuire pour l'admission à l'Ecole poly-
technique ; mais M. Dausse, entêté en diable, fit
mettre dans le procès-verbal, et par conséquent
imprimer, une phrase comme la précédente.
Je me vois passant dans le bois du Jardyi-de-
Ville, entre la statue d'Hercule et la grille, avec
Bigillion et deux ou trois autres, enivrés de mon
triomphe, car tout le monde le trouva juste et on
voyait bien que M. Dupuy ne m'aimait pas ; le
bruit des leçons que j'étais allé prendre de ce jacobin
de Gros, moi qui avais l'avantage de suivre son
cours, de lui M. Dupuy, n'était pas pour me récon-
cilier avec lui.
Donc, passant par là, je disais à Bigillion, en
philosophant comme notre habitude :
« En ce moment, on pardonnerait à tous ses
ennemis.
— Au contraire, dit Bigillion, on s'approcherait
d'eux pour les vaincre. »
La joie m'enivrait un peu, il est vrai, et je faisais
des raisonnements pour la cacher ; cependant, au
fond, cette réponse marque la profonde bassesse de
Bigillion, plus terre-à-terre que moi, et, en même
temps, l'exaltation espagnole à laquelle* j'eus le
malheur d'être sujet toute ma vie*.
72 STENDHAL
Je vois des circonstances : Bigillion, mes compa-
gnons et moi, nous venions de lire l'afTiche avec la
phrase sur moi.
Sous la voûte du concert, le procès-verbal des
examens, signé des membres de l'administration
départementale, était affiché à la porte de la Salle
des Concerts.
Après cet examen triomphant, j'allai à Claix.
Ma santé avait un besoin impérieux de repos *. Mais
j'avais une inquiétude nouvelle, à laquelle je rêvais
dans le petit bois de Doyatières et dans les brous-
sailles des îlots le long du Drac et de la pente à
45 degrés de Comboire* (je ne portais plus un fusil
que pour la forme) : mon père me donnerait-il de
l'argent pour aller m'engouffrer dans la nouvelle
Babylone, dans ce centre d'immoralité, à seize ans
et demi ?
Ici encore, l'excès de la passion, de l'émotion a
détruit tout souvenir. Je ne sais nullement com-
ment mon départ s'arrangea.
Il fut question d'un second examen par M. Dupuy,
j'étais harassé, excédé de travail, réellement les
forces étaient à bout. Repasser l'arithmétique, la
géométrie, la trigonométrie, l'alo-èbre, les sections
coniques, la statique, de façon à subir un nouvel
examen, était une atroce corvée. Réellement, je
n'en pouvais plus. Ce nouvel eiïort, auquel je m'at-
tendais bien, mais en décembre, m'aurait fait
VIE DF. HF.Nni BRi.r.vni) 73
prcmlre en iHirrcui- mes chères nialliéniati(nies.
I leiircusement, la paresse de M. Dupuy, occTipé de
ses vendantes de Novarev, ni ni ;mi secours de la
mienne. Il me ilit en nie tutoyant, ce qui était le
grand signe de faveur, qu'il connaissait parfaite-
ment ce que je savais, qu'un nou\el examen était
inutile, et il me donna d'un air digne et sacerdotal
un superbe certificat certifiant une fausseté, à
savoir qu'il m'avait fait subir un nouvel examen
pour mon admission à l'Ecole polytechnique et
que je m'en étais tiré supérieurement.
Mon oncle me donna deux ou quatre louis d'or
que je refusai. Probablement, mon excellent grand-
père et ma tante Elisabeth me firent des cadeaux,
dont je n'ai aucune mémoire.
Mon départ fut arrangé avec un M. Rosset, con-
naissance de mon père, et qui retournait à Paris où
il était établi.
Ce que je vais dire n'est pas beau. Au moment
précis du départ, attendant la voiture, mon père
reçut mes adieux au Jardin-de- Ville, sous les fenêtres
des maisons faisant face à la rue Montorge.
Il pleuvait un peu. La seule impression que me
firent ses larmes fut de le trouver bien laid. Si le
lecteur me prend en horreur, qu'il daigne se souvenir
des centaines de promenades forcées aux Granges
avec ma tante Séraphie, des promenades où l'on
me forçait, pour me faire plaifiir. C'est cette hy[)0-
74 STENDHAL
crisie qui m'irritait le plus et qui m'a fait prendre ce
vice en exécration.
L'émotion m'a ôté absolument tout souvenir de
mon voyage avec M. Rosset, de Grenoble à Lyon,
et de Lyon à Nemours.
C'était dans les premiers jours de novembre 1799,
car à Nemours, à vingt ou vingt-cinq lieues de
Paris, nous apprîmes les événements du 18 brumaire
(ou 9 novembre 1799), qui avaient eu lieu la
veille.
Nous les apprîmes le soir, je n'y comprenais pas
grand'chose, et j'étais enchanté que le jeune général
Bonaparte se fît roi de France. Mon grand-père
parlait souvent et avec enthousiasme de Philippe-
Auguste et de Bouvines, tout roi de France était, à
mes yeux, un Philippe- Auguste, un Louis XIV ou
un voluptueux Louis XV, comme je l'avais vu dans
les Mémoires secrets de Duclos.
La volupté ne gâtait rien à mon imagination.
Mon idée fixe, en arrivant à Paris, l'idée à laquelle
je revenais quatre ou cin([ fois le jour, en sortant,
à la tombée de la nuit, à ce moment de rêverie,
était qu'une jolie femme, une femme de Paris, bien
autrement belle que M^^^ Kably ou ma pauvre
Victorine, verserait en ma présence ou tomberait
dans quelque grand danger duquel je la sauverais,
et je devais partir de là pour être son amant. Ma
raison était une raison de chasseur.
VIE DE HENRI BRULARD 75
Je raiinerais avec tant de transport que je devais
la trouver !
Cette folie, jamais avouée à personne, a peut-être
duré six ans. Je ne fus un peu guéri que par la séche-
resse des dames de la cour de Brunswick, au milieu
desquelles je débutai, en novembre 180C).
CHAPITRE XXXVl*
PARIS
M. Rosset me déposa dans un hotcl à l'angle des
rues de Bourgogne et Saint-Dominique ; on y
entrait par la rue Saint-Dominique. On voulait me
mettre près de l'I'^cole polytechnique, où l'on croyait
que j'allais entrer.
Je fus fort étonné du son des cloches qui sonnaient
l'heure. Les environs de Paris m'avaient semblé
horriblement laids ; il n'y avait point de mon-
tagnes ! Ce dégoût augmenta rapidement les jours
suivants.
.Te (piittai l'hùtel et, par économie, pris une cham-
bre sur le quinconce des Invalides. Je fus un i)eu
recueilli et guidé par les mathémaliciens qui, Tannée
78 STENDHAL
précédente, étaient entrés à l'Ecole. Il fallut les
aller voir.
Il fallut aller voir aussi mon cousin Daru.
C'était exactement la première visite que je
faisais de ma vie.
M. Daru, homme du monde, âgé de quelque
soixante-cinq ans, dut être bien scandalisé de ma
gaucherie et cette gaucherie dut être bien dépourvue
de grâce.
J'arrivais à Paris avec le projet arrêté d'être un
séducteur de femmes, ce que j'appellerais aujour-
d'hui un Don Juan (d'après l'opéra de Mozart).
M. Daru avait été longtemps secrétaire général de
M. de Saint-Priest, intendant du Languedoc, qui
forme, ce me semble, sept départements aujour-
d'hui. On peut avoir vu dans les histoires que le
fameux Basville *, ce sombre tyran, avait été inten-
dant ou plutôt roi du Languedoc de 1685 à 1710
peut-être. C'était un pays d'Etat, ce vestige de
discussion publique et de liberté exigeait un secré-
taire général habile sous un intendant espèce de
grand seigneur, comme M. de Saint-Pricst *, qui
fut peut-être intendant de 1775 à 178G.
M. Daru, sorti de Grenoble, fils d'un bourgeois
prétendant à la noblesse, mais pauvre par orgueil,
comme toute ma famille, était fils de ses œuvres,
et sans voler avait peut-être réuni quatre ou cinq
cent mille francs. Il avait traversé la Révolution
avec adresse, et sans se laisser aveugler par l'amour
VIE Di; IIE.NKI IMILI.AP.D 7'J
OU la liainc qu'il pouvait avoir pour les préjugés, la
noblesse et le clergé. C'était un homme sans pas-
sion autre que Vudle de la vanité ou la vanité de
l'utile, je Tai \ u trop d'en bas pour discerner lequel.
Il avait acheté une maison rue de Lille, n" 505, au
coin de la rue de Bellechasse, dont il n'occupait
modestement que le petit appartement au-dessus
de la porte cochère.
Le premier au fond de la cour était loué à M"^^ Re-
buiïel*, femme crun négociant du premier mérite,
et homme à caractèi'e et à âme chaude, tout le
contraire de M. Daru. M. Rebufîel, neveu de M. Daru.
lequel s'accommodait, par son caractère pliant et
tout à tous, de son oncle.
AL Rebuffel venait, chaque jour, passer un quart
d'heure avec sa femme et sa fille Adèle, et du reste
vivait rue Saint-Denis, à sa maison de commission
(commerce), avec M^*^ Barberen, son associée et
sa maîtresse, fdle active, commune, de trente ou
trente-cinq ans, qui m'avait fort la mine de faire
des scènes et des cornes à son amant et de le désen-
nuyer ferme.
Je fus accueilli avec affection et ouverture de cœur
par l'excellent M. Rebuffel, tandis ([uc M. Daru le
père me reçut avec des phrases d'affection et de
dévouement pour mon grand-père, qui me serraient
le cœur et me rendaient muet.
M. Daru était un grand et assez beau vieillanl
avec un grand nez, chose assez rare en Dauphiné ;
80
STENDHAL
il avait un œil un peu de travers et l'air assez faux.
Il avait avec lui une petite vieille toute ratatinée,
toute provinciale, qui était sa femme ; il l'avait
épousée jadis, à cause de sa fortune, qui était consi-
dérable, et du reste elle n'osait pas souffler devant
lui.
jVjme Daru était bonne au fond et fort polie, avec
un petit air de dignité convenable à une sous-
préfète de province. Du reste, je n'ai jamais ren-
contré d'être qui fût plus complètement privé du
feu céleste. Rien au monde n'aurait pu émouvoir
cette âme pour quelque chose de noldc et de géné-
reux. La prudence la plus égoïste, et dont on se
glorifie, occupe chez ces sortes d'àmes la possibilité,
la place de l'émotion colérique ou généreuse.
Cette disposition prudente, sage, mais peu aima-
ble, formait le caractère de son fils aîné, M. le comte
Daru, ministre secrétaire d'Etat de Napoléon, qui
a tant influé sur ma vie, de M^'^ Sophie, depuis
^[mc (le Baure, sourde, de M™^ Le Brun, mainte-
nant M"^® la marquise de Graves*.
Son second fils, Martial Daru, n'avait ni tête, ni
esprit, mais un bon cœur ; il lui était impossible
de faire du mal à quelqu'un.
Madame Cambon, lillc aînée de M. et de M"^<^
Daru, avait peut-être un caractère élevé, mais je ne
lis que l'entrevoir : elle mourut quelques mois après
mon arrivée à Paris.
Est-il besoin d'avertir que j'esquisse le caractère
VIE DE lIENni BRLI.VltD 81
(le ces pcrsonnaiïcs tel qvie je l'ai vu depuis ? Le trait
délinitif. nui nie semble le vrai, m'a fait oublier
tous les traits antérieurs (terme de dessin).
Je ne conserve que des images de ma première
entrée dans le salon de M. Daru.
Par exemple, je vois fort bien la petite robe d'in-
dienne rouge que portait une aimable petite llllo
de cin(j ans, la petite-fdle de M. Daru et de laquelle
il s'amusait, comme le vieux et ennuyé Louis XIV
de M'"*^ la duchesse de Bourgogne. Cette aimable
petite fdle. sans laquelle un silence morne eut régné
souvent dans le petit salon de la rue de Lille, était
]\[iie Pulchérie Le Brun (maintenant M"^*' la mar-
quise de Brossard, fort impérieuse, dit-on, avec la
taille d'un tonneau*, et ({ui commande à la baguette
à son mari, M, le général de Brossard, qui commande
lui-même le département de la Drôme).
M. de B est un panier percé qui se prétend
de la plus haute noblesse, descendant de Louis le
Gros, je crois, hâbleur, finasseur, peu délicat sur les
moyens de restaurer ses finances toujours en dé-
sarroi. Total : caractère de noble pauvre, c'est un
vilain caractère et qui s'allie d'ordinaire à beaucoup
de malheurs. (.J'appelle caractère d'un homme sa
manière habituelle d'aller à la chasse du bonheur,
en termes plus clairs, mais moins qualificatifs, Ven-
senible de ses habitudes morales.)
Mais je m'égare. J'étais bien loin de voir les
choses, même physiques, aussi nettement en dé-
Brclahu II. G
82 STENDHAL
cembre 1799. J'étais tout émotion, et cet excès
d'émotion ne m'a laissé que quelques images fort
nettes, mais sans explications des comment et des
pourquoi.
Ce que je vois aujourd'hui fort nettement, et
qu'en 1799 je sentais fort confusément, c'est qu'à
mon arrivée à Paris, deux grands objets de désirs
constants et passionnés tombèrent à rien, tout-à-
coup. J'avais adoré Paris et les mathématiques.
Paris sans montagnes m'inspira un dégoût si pro-
fond qu'il allait presque jusqu'à la nostalgie. Les
mathématiques ne furent plus pour moi que comme
l'échafaudage du feu de joie de la veille (chose vue
à Turin, le lendemain de la Saint-Jean 1802).
J'étais tourmenté par ces changements dont je ne
voyais, bien entendu, à seize ans et demi, ni le
pourquoi ni le comment.
Dans le fait, je n'avais aimé Paris que par dégoût
profond pour Grenoble.
Quant aux mathématiques, elles n'avaient été
qu'un moyen. Je les haïssais même un peu en
novembre 1799, car je les craignais. J'étais résolu
à ne pas me faire examiner à Paris, comme firent les
sept ou huit élèves qui avaient remporté le pre-
mier prix, après moi, à l'Ecole centrale, et qui tous
furent reçus. Or, si mon père avait pris quelque soin,
il m'eût forcé à cet examen, je serais entré à l'Ecole,
et je ne pouvais plus t'iVre à Paris en faisant des
comédies.
VIF. DE HENRI BULLARD 83
De toutes mes i)assions, c'était la seule <[ni me
restât.
Je ne conçois pas, et cette idée me vient pour la
première fois trente-sept ans après les événements,
en écrivant ceci, je ne conçois pas comment mon
père ne me força pas à me faire examiner. Probable-
ment, il se fiait à l'extrême passion qu'il m'avait vue
pour les mathématiques. Mon père, d'ailleurs, n'était
ému que de ce qui était près de lui. J'avais cepen-
dant une peur du diable d'être forcé à entrer à
l'Ecole, et j'attendais avec la dernière impatience
l'annonce de l'ouverture des cours. En sciences
exactes, il est impossible de prendre un cours à la
troisième leçon.
\enons aux images qui me restent.
Je me vois prenant mon dîner, seul et délaissé,
dans une chambre économique que j'avais louée sur
le quinconce des Invalides, au bout, entre l'extré-
mité (de ce côté du quinconce) des rues de l'Uni-
versité et Saint-Dominique, à deux pas de cet hôtel
de la liste civile de l'Empereur où je devais, quel-
ques années plus tard, jouer un rôle si différent.
Le profond désappointement de trouver Paris peu
aimable m'avait embarrassé l'estomac. La boue de
Paris, l'absence de montagnes, la vue de tant de
gens occupés, passant rapidement dans de belles
voitures à côté de moi, comme des personnes
n'ayant rien à faire, me donnaient un chagrin pro-
fond.
84 STENDHAL
Un médecin qui se fut donné la peine d'étudier
mon état, assurément peu compliqué, m'eût donné
de l'émétique et ordonné d'aller tous les trois jours
à \ ersailles ou à Saint-Germain.
Je tombai dans les mains d'un insigne charlatan
et encore plus ignorant, c'était un chirurgien d'ar-
mée, fort maigre, établi dans les environs des Inva-
lides, quartier alors fort misérable, et dont l'ofiice
était de soioner les blennorrhagies des élèves de
l'Ecole polytechnique. Il me donna des médecines
noires que je prenais seul et abandonné dans ma
chambre, qui n'avait qu'une fenêtre à sept ou huit
pieds d'élévation, comme une prison. Là, je me vois
tristement assis à côté d'un petit poêle de fer, ma
tisane posée par terre.
Mais mon plus grand mal, en cet état, était cette
idée qui revenait sans cesse : Grand Dieu ! quel
mécompte ! mais que dois-je donc désirer ?
CHAPITRE XXXVII*
II faut convenir ([iio la dm te était grande,
affreuse. Et c'était un jeune homme de seize ans et
demi, une des âmes les moins raisonnables et les
)>liis passionnées* que j'aie jamais rencontrées qui
l'éprouxait !
Je n'avais confiance en personne.
J'avais entendu les pirêlres] de Séraphie et de
mon père se glorifier >\r hi facilité avec laquelle ils
menaient, c'est-à-dire ils trompaient, telle personne
ou telle réunion de personnes.
La r[eIiorion] me semblait une niadiine noire et
puissante, j'avais encore quelque croyance en
l'cnrfer], mais aucune en ses p[rétres]. Les images
de re[nferj (pic j'avais vues dans la B[ible] in-S»
Brvlard II. (3^
86 STENDHAL
reliée en parchemin vert, avec figures, et dans les
éditions du Dante de ma pauvre mère me faisaient
horreur ; mais pour les p^rêtres], néant. J'étais loin
de voir ce qu'elle est en réalité, une corporation
puissante et à laquelle il est si avantageux d'être
afFdié, témoin mon contemporain et compatriote
le jeune Genoude qui, sans bas, m'a souvent servi
du café au café Genoude, au coin de la Grande-Rue
et de la rue du Département*, et qui depuis vingt
ans est à Paris M. de Genoude.
Je n'avais pour appui que mon bon sens et ma
croyance dans Vesprit (THehétius. Je dis croyance
exprès : élevé sous une machine pneumatique, saisi
d'ambition, à peine émancipé par mon envoi à
l'Ecole centrale, Helvétius ne pouvait être pour moi
que prédiction des choses que j'allais rencontrer.
J'avais confiance dans cette vague prédiction parce
que deux ou trois petites prédictions, aux yeux
de ma si courte expérience, s'étaient vérifiées.
Je n'étais point ficelle, fin, méfiant, sachant me
tirer avec un excès d'adresse et de méfiance d'un
marché de douze sous, comme la plupart de mes
camarades, en comptant les morceaux de cotterets
qui devaient former les falourdes fournies par l'hôte,
comme les Monval, mes camarades, que je venais
de retrouver à Paris et à V Ecole, où ils étaient depuis
un an. J'étais, dans les rues de Paris, un rêveur
passionné, regardant au ciel et toujours sur le point
d'être écrasé par un cabriolet.
VIE DE HENRI BltLI.Al! D 87
En un mot, je n étais point habile aux choses de
la i^ie, et par conséquent je ne pouvais être apprécié,
comme dit ce matin je ne sais ([lul journal de 1836,
en style de journal qui veut faire illusion sur la*
pensée nulle ou puérile par l'insolite du style.
Voir cette vérité sur mon compte eût été être
habile aux choses de la vie.
Les Monval me donnaient des avis fort sages,
tendant à ne pas me laisser voler deux ou trois sous
par jour, et leurs idées me faisaient horreur, ils
devaient me trouver un imbécile sur le chemin des
Petites-Maisons. Il est vrai que, par orgueil, j'ex-
primais peu mes idées *. Il me semble que ce furent
les Monvaux, ou d'autres élèves arrivés un an
auparavant à l'Ecole, qui me procurèrent ma cham-
bre et mon médecin à bon marché.
Fut-ce Sinard ? Etait-il mort de la poitrine à
Grenoble un an avant, ou n'y mourut-il qu'un an
ou deux ans après ?
Au milieu de ces amis, ou plutôt de ces enfants
remplis de bon sens et disputant trois sous par jour
à l'hôte qui sur chacun de nous, pauvres diables,
gagnait peut-être légitimement huit sous par jour
et en volait trois, total : onze sous, j'étais
plongé dans des extases involontaires, dans des
rêveries interminables, dans des inventions infinies
(comme dit le journal avec importance*).
J'avais ma liste des liens combattant les pas-
sions, par exemple : prêtre et amour, père et amour
88 STENDHAL
de la Patrie, ou Brutus, qui me semblait la clef du
sublime en littérature. Cela était tout-à-fait inventé
par moi. Je l'ai oublié depuis vingt-six ans peut-
être, il faut que j'y revienne.
J'étais, constamment, profondément ému. Que
dois-je donc aimer, si Paris ne me plaît pas ? Je me
répondais : « Une charmante femme versant à dix
pas de moi ; je la relèverai, et nous nous adorerons,
elle connaîtra mon âme et verra combien je suis
différent des Monvaux. »
Mais cette réponse, étant du plus grand sérieux,
je me la faisais deux ou trois fois le jour, et surtout
à la tombée de la nuit, qui souvent pour moi est
encore un moment d'émotion tendre, je suis disposé
à embrasser ma maîtresse les larmes aux yeux
(quand j'en ai).
Mais j'étais un être constamment ému et ne son-
geant jamais que dans de rares moments de colère
à empêcher notre hôtesse de me voler trois sous sur
les jalourdes.
Oserai-je le dire ? Mais peut-être c'est faux,
fêtais un poète. Non pas, il est vrai, comme cet
aimable abbé Delille que je connus deux ou trois
ans après par Cheminade (rue des Francs-Bourgeois,
au Marais), mais comme le Tasse, comme un cen-
tième du Tasse, excusez l'orgueil. Je n'avais pas
cet orgueil en 1799, je ne savais pas faire un vers.
Il n'y a pas quatre ans que je me dis qu'en 1799
j'étais bien près d'être un poète. Il ne me manquait
\ii: DK H EN m HHULAnn 80
que l'audace d'écrire, qu'une cheminée par la(]uolle
le génie put s'échapper.
Après poêle voici le génie, excusez du peu.
« Sa sensibilité est devenue trop vi^'e: ce qui ne fait
qu effleurer les autres, le blesse jusquau sang. » Tel
j'étais en 1799, tel je suis encore en 183G, mais j'ai
appris à cacher tout cela sous l'ironie imperceptible
au vulgaire, mais que Fiore a fort bien devinée.
« Les affections et les tendresses de sa vie sont
écrasantes et disproportionnées, ses enthousiasmes
excessifs l'égarent, ses sympathies sont trop vraies *,
ceux quil plaint souffrent moins que lui. »
Ceci est à la lettre pour moi. (A l'emphase et à l'im-
portance près (self i mporlance ) , ce journal a raison.)
Ce qui fait marquer ma dilîérence avec les niais
importants du journal, et qui portent leur tête comme
un saint-sacrement, c'est que je n'ai jamais cru que
la société me dût la moindre chose, Helvétius me
sauva de cette énorme sottise. La société paie les
services qu^elle voit.
L'erreur et le malheur du Tasse fut de se dire :
'< Comment! toute l'Italie, si riche, ne pourra pas
faire une pension de deux cents sequins (2.300 francs)
à son poète ! >>
J'ai lu cela dans une de ses lettres.
Le Tasse ne voyait pas, faute d' Helvétius, que les
cent hommes qui, sur dix millions, comprennent le
beau qui n'est pas imitation ou perfectionnement du
beau déjà compris par le vulgaire, ont besoin de
90 STENDHAL
vingt OU trente ans pour persuader aux vingt mille
âmes, les plus sensibles après les leurs, que ce nou-
veau beau est réellement beau.
J'observerai qu'il y a exception quand l'esprit
de parti s'en mêle. M. de Lamartine a fait peut-
être en sa vie deux cents beaux vers. Le parti ultra,
vers 1818, étant accusé de bêtise (on les appelait
M. de la Jobardière), sa vanité blessée vanta l'œuvre
d'un noble avec la force de l'irruption d'un lac
orageux qui renverse * sa digue *.
Je n'ai donc jamais eu l'idée que les hommes
fussent injustes envers moi. Je trouve souveraine-
ment ridicule le malheur de tous nos soi-disant
poètes, qui se nourrissent de cette idée et qui
blâment les contemporains de Cervantes et du
Tasse.
Il me semble que mon père me donnait alors
cent francs par mois, ou cent cinquante francs.
C'était un trésor, je ne songeais nullement à man-
quer d'argent, par conséquent, je ne songeais nulle-
ment à l'argent.
Ce qui me manquait, c'était un cœur aimant,
c'était une femme.
Les filles me faisaient horreur. Quoi de plus
sini])le que de faire comme aujourd'hui, ])rendre une
jolie fille pour un louis, rue des Moulins ?
Les louis ne me manquaient pas. Sans doute
mon grand-père et ma grand'tante Elisabeth m'en
avaient donné, et je ne les avais certainement pas
vn: DE niiMu iuîllahu 91
ilépcnsés, ^^;lis le snmiro d'un ciriir ;iiiii;iiil ! mais
le regard df M"*' Vielorino Hi<rillioii !
Tous les contes gais, exagcraiil la corruplion et
ravidit»' des lillos, (]iic m.- faisaient les mathémati-
ciens faisant fonctions d'amis autour de moi, me
faisaient mal au cœur.
Ils parlaient des pierreuses, des fdles à deux sous,
sur les pierres de taille, à deux cents pas de la porte
de notre chétive maison*.
Ln cœur ami, voilà ce qui me manquait. M. Sorel *
m'invitait à dîner quelquefois, M. Daru aussi, je
suppose, mais je trouvais ces hommes si loin de mes
extases sublimes, j'étais si timide par vanité, surtout
avec les femmes, que je ne disais rien.
Une femme ? une fille ? dit Chérubin. A la beauté
près, j'étais Chérubin, j'avais des cheveux noirs
très frisés et des yeux dont le feu faisait peur.
Lliomme que j'aime, ou : Mon amant est laid, mais
personne ne lui reproche sa laideur, il a tant d'esprit !
Voilà ce que disait, vers ce temps, M"c Victorine
Bigillion à Félix Faure, qui ne sut que longues
années après de qui il s'agissait.
Il tourmentait un jour sa jolie voisine, M"^ Victo-
rine Bigillion, sur son indifférence. Il me semble que
Michel ou Frédéric Faure, ou lui Félix, voulait faire
la cour à .M"e Victorine.
(Félix Faure, pair de France, Premier Président
de la Cour royale de Grenoble, être plat et physique
usé.
92 STENDHAL
Frédéric Faure, Dauphinois fin, exempt de toute
générosité, de l'esprit, mort capitaine d'artillerie
à Valence.
Michel, encore plus fin, encore plus Dauphinois,
peut-être peu brave, capitaine de la garde impériale,
connu par moi à Vienne en 1809, directeur du dépôt
de mendicité à Saint-Robert, près Grenoble (dont
j'ai fait M. Valenod dans le Rouge).
Bigillion, excellent cœur, honnête homme, fort
économe, greffier en chef du Tribunal de première
instance, s'est tué vers 1827, ennuyé, je crois, d'être
cocu, mais sans colère contre sa femme.)
Je ne veux pas me peindre comme un amant
malheureux à mon arrivée à Paris, en novem-
bre 17'J9, ni même comme un amant. J'étais trop
occupé du monde et de ce que j'allais faire dans ce
monde si inconnu pour moi.
Ce problème était ma maîtresse, de là mon idée
que l'amour, avant un état et le début dans le monde,
ne peut pas être dévoué et entier comme l'amour
chez un être qui se figure savoir ce que c'est que le
monde.
Cependant, souvent je rêvais avec transport à
nos montagnes du Dauphiné ; et M^^^ Victorine
passait plusieurs mois, chaque année, à la Grande-
Chartreuse, où ses ancêtres avaient reçu saint Bruno '
en 1100. La Grande-Chartreuse était la seule mon-
tagne que je connusse. Il me semble que j'y étais
déjà allé une ou deux fois avec Bigillion et Rémy.
VIE DE HENRI BRUL.VnD !J.']
J'avais un souvenir tendre de .M""' ^'ict(^^inc,
mais je ne doutais pas \\n instant qu'une jeune lille
de Paris ne lui fût cent fois supérieure. Toutefois,
le premier aspect de Paris me déplaisait souveraine-
ment *.
Ce déplaisir profond, ce désenchantement, réunis
à un exécrable médecin, me rendirent, ce me
semble, assez malade. Je ne pouvais plus manger.
M. Daru me fit-il soigner dans cette première
maladie ?
Tout-à-coup, je me vois dans une chambre, au
troisième étage, donnant sur la rue du Bac ; on
entrait dans ce logement par le passage Sainte-
Marie, aujourd'hui si embelli et si changé. Ma
chambre était une mansarde et le dernier étage de
l'escalier, indigne *.
Il faut que je fusse bien malade, car M. Daru
père m'amena le fameux docteur Portai, dont la
ligure m'elTrava. Elle avait l'air de se résigner en
voyant un cadavre. J'eus une garde, chose bien
nouvelle pour moi.
J'ai appris depuis que je fus menacé d'une hydro-
pisie de poitrine. J'eus, je pense, du délire, et je fus
bien trois semaines ou un mois au lit.
Félix Faure venait me voir, ce me semble. Je
crois qu'il m'a conté et, en y pensant, j'en suis sûr,
(jue, dans le délire, je l'exhortais, bii qui faisait
fort bien des armes, à retourner à Grenoble et appeler
en duel ceux qui se moqueraient de nous parce que
94 STENDHAL
nous n'étions pas entrés à l'Ecole polytechnique.
Si je reparle jamais à ce juge des prisonniers d'avril,
lui faire des questions sur notre vie de 1799. Cette
âme froide, timide et égoïste doit avoir des souvenirs
exacts, d'ailleurs il doit être de deux ans plus âgé
que moi et être né vers 1781*.
Je vois deux ou trois images de la convalescence.
Ma garde-malade me faisait le pot-au-feu, près
de ma cheminée, ce qui me semblait bas, et l'on me
recommandait fort de ne pas prendre froid ; comme
j'étais souverainement ennuyé d'être au lit, je
prenais garde aux recommandations. Les détails de
vie physique de Paris me choquaient.
Sans aucun intervalle, après la maladie, je me
vois logé dans une chambre au second étage de la
maison de M. Daru, rue de Lille (ou de Bourbon,
quand il y a des Bourbons en France), n^ 505*.
Cette chambre donnait sur quatre jardins, elle était
assez vaste, un peu en mansarde ; le ... * entre les
deux fenêtres était incliné à quarante-cinq degrés.
Cette chambre me convenait fort. Je pris un
cahier de papier pour écrire des comédies.
Ce fut à cette époque, je crois, que j'osai aller
chez M. Cailhava pour acheter un exemplaire de
son Art de la comédie, que je ne trouvais chez aucun
libraire. Je déterrai ce vieux garçon dans une cham-
bre du Louvre, je crois. Il me dit que son livre était
mal écrit, ce que je niai bravement. 11 dut me
prendre poiu' un fou.
vu: Di: iiKMu aiii LAuu 95
Je n'ai jamais trouvé ([iiuno idf''o dans ce (lial)Ic
do livre, et encore elle n'était pas de (lailliava, mais
bien de Bacon. Mais n'est-ce rien ([uiine idée, dans
un livre ? Il s'agit de la définition du rire.
Ma cohabitation passionnée avec les mathéma-
tiques m'a laissé un amour fou ])our les bonnes
définitions, sans lesquelles il n'y a que des à peu
près *.
\
CHAPITRE XXXVITI*
Mais une fois l'art de la comédie sur ma table*,
j'agitai sérieusement cette grande question : devais-
je me faire compositeur d'opéras, comme Grétry ?
ou faiseur de comédies ?
A peine je connaissais les notes (M. .Mention
m'avait renvoyé comme indigne de jouer du violon),
mais je me disais : les notes ne sont que l'art d'écrire
les idées, l'essentiel est d'en avoir. Et je croyais en
avoir. Ce (ju'il y a de plaisant, c'est que je le crois
encore aujourd'hui, et je suis souvent fâché de
n'être pas parti de Paris jiour être laquais de Pai-
siello à Xaples.
Je n'ai aucun goût pour la nmsiquc purement
instrumentale, l;i musique même de la Chapelle
Brûla nu II. 7
98 STENDHAL
Sixtine et du chœur du chapitre de Saint-Pierre
ne me fait aucun plaisir (rejugé ainsi le . . janvier
1836, jour de la Catedra de San-Pietro).
La seule mélodie vocale me semble le produit du
génie. Un sot a beau se faire savant, il ne peut, sui-
vant moi, trouver un beau chant, par exemple : Se
amor si gode in pace (premier acte et peut-être
première scène du Matrimonio segreto).
Quand un homme de génie se donne la peine
d'étudier la mélodie, il arrive à la belle instrumenta-
tion du quartetto de Bianca e Faliero (de Rossini)
ou du duo à'Armide, du même.
Dans les beaux temps de mon goût pour la musi-
que, à Milan, de 1814 à 1821, quand le matin d'un
opéra nouveau j'allais retirer mon libretto à la
Scala, je ne pouvais m'empêcher eu le lisant d'en
faire toute la musique, de chanter les airs et les duos.
Et oserai-je le dire ? quelquefois, le soir, je trouvais
ma mélodie plus noble et plus tendre que celle du
maestro.
Comme je n'avais et je n'ai absolument aucune
science, aucune manière de fixer la mélodie sur un
morceau de papier, pour pouvoir la corriger sans
crainte d'oublier la cantilène primitive, cela était
comme la première idée d'un livre qui me vient.
Elle est cent fois plus intelligible qu'après l'avoir
travaillée.
Mais enfin cette première idée, c'est ce qui ne se
trouve jamais dans les livres des écrivains médiocres.
\\E Di: m: MU niui.vnD
00
Leurs phrases les plus fortes me semblent comme le
trait (le Priam, sitie ictii.
Par cxcini)!*', j'ai faif, «c iiio scm])l(', une char-
mante mélodie (et j'ai vu raccompagnement) pour
ces vers de La Fontaine (critiqués par M. Nodier
comme peu pieux, mais vers 1820, sous les I3[our-
bon]s) :
L'n mort s'en allait tristement
S'emparer de son dernier gîte,
Un curé s'en allait gaiement
Enterrer ce mort au plus vite.
C'est pcut-cLrc la seule mélodie que j'aie faite
sur des paroles françaises. J'ai horreur de l'obliga-
tion de prononcer gi-teu, vi-teu. Le Français me
semble avoir le métalent le plus marciué pour la
musique.
Comme l'Italien a le métalent le plus étonnant
pour la danse.
Quelquefois, disant des bêtises exprès avec moi-
même, pour me faire rire, pour fournir des plaisan-
teries au parti contraire (que souvent je sens par-
faitement en moi), je me dis : Mais comment
aurais-je du talent pour la musique à la Cimarosa,
étant Français ?
Je réponds : par ma mère, à laquelle je ressemble,
je suis peut-être de sang italien. Le Gagnoni ([ui se
sauve à Avignon après avoir assassiné im homme
en Italie, s'y maria peut-être avec la (ille dun
Italien attaché au vice-légat.
100 STENDHAL
Mon grand-père et ma tante Elisabeth avaient
évidemment une figure italienne, le nez aquilin,
etc.
Et actuellement (jue cinq ans de séjour continu
à RTomeJ m'ont fait pénétrer davantage dans la
connaissance de la structure physique des Romains,
je vois que mon grand-père avait exactement la
taille, la tête, le nez romains.
Bien plus, mon oncle Romain Gagnon avait une
tête évidemment presque Romaine, au teint près*,
qu'il avait fort beau.
Je n'ai jamais vu un beau chant trouvé par un
Français, les plus beaux ne s'élevant pas au-dessus
du caractère grossier qui convient au chant popu-
laire, c'est-à-dire qui doit plaire à tous ; tel est :
Allons, enfants de la pairie...
lie Rouget de Lisle, capitaine, chant trouvé en
une nuit, à Strasbourg.
Ce chant me semble extrêmement supérieur à
tout ce qu'a jamais fait une tête française, mais, par
son ironre, nécessairement inférieur à :
Là, ci darem la niano,
I.à, ml (lirai di .si...
de Mozai I *.
.I'a\ tjucrjii que je ne trouve parfaitement beaux
(\ue les chants de ces deux seuls auteurs : (limarosa
et Mozart, et l'on me pendrait plutôt que de me faire
(hre a\<'c sincérité lequel je préfère à l'autre.
VIF. on iiF.MU nmi.Mii) Idl
QucTiul mon mauvais sort m'a fail ((iimaîtrc deux
salons ciimiyeux, c'est tdiijoiirs «rliii irctù je sors
qui me semble le plus pesant.
(^kiaïui jt' \ irns d'entendre Mozail ou (limarosa,
c'est toujours le deiiiier entendu (pu me semble
peut-Otif un peu })référable à Tau lie.
Paisiello me semble de la picjuette assez agréable
et que l'on peut même rechercher et boire avec
plaisir, dans les moments où l'on trouve le vin
trop fort.
J'en dirai autant de qvielques airs de quelques
compositeurs inférieurs à Paisiello, par exemple :
Senza spose non mi lasciate, signor governatore (je ne
me souviens pas des vers) des Cantatrici Villane,
de Fioravanti.
Le mal de cette piquette, c'est qu'au bout d'un
moment on la trouve plote. 11 n'en faut boire qu'un
verre *.
Presque tous les auteurs sont vendus à la [reli-
gion] quand ils écrivent sur les races d'hommes. Le
très petit nombre des gens de bonne foi confond les
faits prouvés avec les suppositions. C'est (juand une
science commence cpi nu homme (pii n'en est pas,
comme moi, peut hasarder d'en parler.
Je dis donc que c'est en vain i|u"(ui demanderait
à un chien de chasse l'esprit iliin barbet, ou à un
barbet de faire connaître que six heures auparavant
un lièvre a passé par ici.
11 peut y avoir des exceptions individuelles, mais
BnuLAno II. 7.
102 STENDHAL
la vérité générale c'est que le barbet et le chien de
chasse ont chacun leur talent.
Il est probable qu'il en est de même des races
d'hommes.
Ce qui est certain, observé par moi et par Cons-
tantin*, c'est que nous avons vu toute une société
romaine (...*, vu en 1834, je crois) qui s'occupe
exclusivement de musique et qui chante fort bien
les finales de la Sémiramide de Rossini et la musique
la plus dilficile, valser toute une soirée sur de la
musique de contredanse, à la vérité mal jouée quant
à la mesure. Le Romain, et même l'Italien en
général, a le métalent le plus marqué pour la
danse.
J'ai mis la charrue devant les bœufs, exprès pour
ne pas révolter les Français de 1880, quand j'oserai
leur faire lire que rien n'était égal au métalent de
leurs aïeux de 1830 pour juger de la musique chantée
ou l'exécuter.
Les Français sont devenus savants en ce genre
depuis 1820, mais toujours barbares au fond, je
n'en veux pour preuve que le succès de Robert le
Diable, de Meverbeer.
Le Français est moins insensible à la musique
allemande, Mozart excepté.
Ce que les Français goûtent dans Mozart, ce n'est
pas la nouveauté terrible (hi chant par lequel Lepo-
rello invite la statue du commandeur à souper, c'est
plutôt l'accompagnement. D'ailleurs, on a dit à cet
vil: dk hkmu iuîli.aho lO.'J
ètr*', i'anitcu.r avnnl tdiil tl pai-dcssus tout, que ce
iluo ou trio est sublime.
I II iMoroeau tic rocher char<ié do fer, (\\ir l'dii
aperçoit à la surface du terrain, f.ut |)enser qu'en
«reusant un puits et des galeries profondes on par-
viendra à trouver une quantité de métal satisfai-
sante, peut-être aussi on ne trouvera rien.
Tel j'étais pour la musique en 17ÎJ9. Le hasard a
fait que j'ai cherché à noter les sons de mon âme
par des pages im|»rimées. La paresse et le man(jue
d'occasion d'apprendre le physique, le lȏte de la
musique, à savoir jouer du piano et noter mes
idées, ont beaucoup de part à cette détermination
qui eût été tout autre, si j'eusse trouvé un oncle ou
une maîtresse aimant la musique. Quant à la pas-
sion, elle est restée entière.
Je ferais dix lieues à pied par la crotte, la chose
que je déteste le plus au monde, pour assistera une
représentation de Don Juan bien joué. Si l'on
prononce un mot italien de Don Juan, sur-le-champ
le souvenir tendre de la nuisique me revient et s'em-
pare de moi.
Je n'ai rpi'une objection, mais peu intelligible :
la musi(jue nie plaît-elle comme signe, comme sou-
venir du bonheur de la jeunesse, ou par elle-même?
Je suis pour ce dernier avis. Don Juan me char-
mait avant d'entendre Bonoldi s'écrier (à la Scala,
à Milan) par sa petite fenêtre :
104 STENDHAL
Falle passât avanti,
Di elle ci fan onore ?
Mais ce sujet est délicat, j'y reviendrai quand je
m'ensouiïrerai dans les discussions sur les arts
pendant mon séjour à Milan, si passionné et, je puis
dire, au total, la fleur de ma vie de 1814 à 1821.
L'air : « Tra quattro mûri », chanté par M^^^ Festa,
me plaît-il comme signe, ou par son mérite intrin-
sèque ?
« Per te ogni mese un pajo », des Pretendenti delusi,
ne me ravit-il pas comme signe ?
Oui, j'avoue le signe pour ces deux derniers, aussi
ne les vanté-je jamais comme des chefs-d'œuvre.
Mais je ne crois pas du tout au signe pour le Matri-
monio segreto, entendu soixante ou cent fois à
rOdéon par M"^^ Barilli ; était-ce en 1803 ou
1810*?
Certainement, aucun opéra d'inchiostro, aucun
ouvrage de littérature, ne me fait un plaisir aussi vif
que Don Juan.
La feuille quatorzième de la nouvelle édition de
de Brosses, lue dernièrement, en janvier 1836, en a
toutefois beaucoup approché.
Une grande preuve de mon amour pour la musi-
que, c'est que l'opéra-comique de Feydeau mai-
grit.
Maître (If l:i loge de ma cousine de Longuevillc*,
je n'ai pu y subir qu'uar demi-représentation. Je
\ii: Di: m: MU niit x.Ann 105
vais à cf tliéàlre tous les deux ou (rois ans, vaincu
par la curiosité, et j'en sors au second acte, conmu;
le \ iconile. (Le Vicomte, indigné, sortait au second
acte, aigri [lour toute la soirée.)
L'opéra français m'a aigri encore plus puissam-
ment jusqu'en 1830, et m'a encore complètement
déplu en 1833, avec Moncrif et M"^*^ Damorcau.
Je me suis étendu, puisqu'on est toujours mauvais
juge des passions ou goûts qu'on a, surtout quand
ces goûts sont de bonne compagnie. Il n'est pas de
jeune homme affecté du faubourg Saint-Germain,
comme M. de Blancmesnil, par exemple, qui ne se
dise fou de la musique. Moi, j'abhorre tout ce qui
est romance française. Le Panseron* me met en
fureur, il me fait haïr ce que j'aime à la passion.
La bonne musique me fait rêver av-ec délices à ce
qui occupe mon cœur dans le moment. De là, les
moments délicieux que j'ai trouvés à la Scala, de
1814 à 1821.
CHAPITRE XXXIX*
Ce n'était rien que de loger chez M. Daru. il
fallait y dîner, ce qui m'ennuyait mortellement.
La cuisine de Paris me déplaisait presque autant
que son manque de montagnes, et apparemment
par la même raison. Je ne savais ce que c'était que
manquer d'argent. Pour ces deux raisons, rien ne
me déplaisait comme ces dîners dans l'appartement
exigu de M. Daru,
Comme je l'ai dil, il était situé sur la porte co-
chère*.
C'est dans ce salon et cette salle-à-mangcr que
j'ai cruellement souiïert, en recevant cette éduca-
tion des autres à laquelle mes parents m'avaient si
judicieusement soustrait.
108 STENDHAL
Le genre poli, cérémonieux, accomplissant scrupu-
leusement toutes les convenances, me manquant
encore aujourd'hui, me glace et me réduit au silence.
Pour peu cjue l'on y ajoute la nuance religieuse et
la déclaination sur les grands principes de la morale,
je suis mort.
Que l'on juge de l'effet de ce venin en janvier 1800,
quand il était appliqué sur des organes tout neufs
et dont l'extrême attention n'en laissait pas perdre
une goutte.
J'arrivais dans le salon à cinq heures et demie ; là,
je frémissais en songeant à la nécessité de donner la
main à M^^^ Sophie ou à M™^ Cambon, ou à
M™^ Le Brun, ou à M"^^ Daru elle-même, pour aller
à table.
(M"*^ Cambon succomba peu à peu à une maladie
qui, dès lors, la rendait bien jaune. M'"*^ Le Brun
est marquise en 1836 ; il en est de même de M^^^ So-
phie, devenue M"^^ de Baùre. Nous avons perdu
depuis longues années M'"'' Daru la mère et M. Daru
le père. M'^® Pulchérie Le Brun est M"^^ la marquise
de Brossard en 1836. MM. Pierre et Martial Daru
sont morts, le premier vers 1829, le second deux ou
trois ans plus tôt. M"^® Le Brun = M"^*^ la marquise
de Graves, ancien ministre de la Guerre *.)
A table, placé au point 11*, je ne mangeais pas
un morceau qui me [plût] *. La cuisine parisienne
me déplaisait souverainement, et me déplaît encore
après tant d'années. Mais ce désagrément n'était
vu: DE HENRI BRULARD 100
rien à mon ûge, je l'éprouvais bien quand je pouvais
aller chez un restaurateur.
C'était la contrainte morale qui me tuait.
Ce n'était pas le sentiment de l'injustice et de la
haine contre ma tante Séraphie, comme à Gre-
noble.
Plût à Dieu que j'en eusse été quitte pour ce genre
de malheur ! C'était bien pis : c'était le sentiment
continu des choses que je voulais faire et auxquelles
je ne pouvais atteindre.
Qu'on juge de l'étendue de mon malheur ! Moi
cjui me croyais à la fois un Saint-Preux et un Val-
mont (des Liaisons Dangereuses, imitation de
Clarisse, qui est devenu le bréviaire des provin-
ciaux), moi qui, me croyant une disposition infinie
à aimer et à être aimé, croyais que l'occasion seule
me manquait, je me trouvais inférieur et gauche eu
tout dans une société que je jugeais triste et maus-
sade ; qn'aurait-ce été dans un salon aimable !
C'était donc là ce Paris que j'avais tant désiré î
Je ne conçois pas aujourd'hui comment je ne
devins pas fou du 10 novembre 1799 au 20 août
[1800] à peu près, que je partis pour Genève.
Je ne sais pas si, outre le dîner, je n'étais pas
encore obligé d'assister au déjeuner.
Mais comment faire concevoir ma folie ? Je me
figurais la société uniquement et absolument par
les Mémoires secrets de Duclos, les trois ou sept
110 STENDHAL
volumes de Saint-Simon alors publiés, et les ro-
mans.
Je n'avais vu le monde, et encore par le cou d'une
bouteille, que chez madame de Montmort, l'original
de la madame de Merteuil des Liaisons dangereuses.
Elle était vieille maintenant, riche et boiteuse.
Cela, j'en suis sûr; quant au moral, elle s'opposait
à ce que l'on ne me donnât qu'une moitié de noix
confite ; quand j'allais chez elle au Chevaïlon*, elle
m'en faisait toujours donner une tout entière. « Cela
fait tant de peine aux enfants ! » disait-elle. Voilà
tout ce que j'ai vu de moral. M"^^ de Montmort
avait loué ou acheté la maison des Dragon, jeunes
gens de plaisir, intimes de mon oncle R. Gagnon, et
qui s'étaient à peu près ruinés*.
Le détail original de madame de Merteuil est
peut-être déplacé ici, mais j'ai voulu faire voir par
l'anecdote de la noix confite ce que je connaissais
du monde.
Ce n'est pas tout, il y a bien pis. Je m'imputais à
honte, et presque à crime, le silence qui régnait trop
souvent à la cour d'un vieux bourgeois despote et
ennuyé tel qu'était M. Daru le père.
C'était là mon principal chagrin. Un homme
devait être, selon moi, amoureux passionné et, en
môme temps, portant la joie et le mouvement dans
toutes les sociétés où il se trouvait.
Et encore cette joie universelle, cet art de plaire à
VIE DE HENRI BRULARD 111
tous, ne devaient pas être fondés sur l'art de flatter
les goûts et les faiblesses de tous, je ne me doutais
pas de tout ce côté de l'art de plaire qui m'eût pro-
bablement révolté ; l'amabilité que je voulais était
la joie pure de Shakespeare dans ses comédies,
l'amabilité qui règne à la cour du duc exilé dans la
foret des Ardennes.
Cette amabilité pure et aérienne à la cour d'un
vieux préfet libertin, et ennuyé, et dévot, je crois !!!
L'absurde ne peut pas aller plus loin, mais mon
malheur, quoique fondé sur Vabsurde, n'en était
pas moins fort réel.
Ces silences, quand j'étais dans le salon de
M. Daru, me désolaient.
Qu'étais-je dans ce salon ? Je n'y ouvrais pas la
bouche, à ce que m'a dit depuis M™^ Lebrun, mar-
quise de Graves*. M"^^ la comtesse d'Ornisse* m'a
dit dernièrement que M"i^ Le Brun a de l'amitié pour
moi; lui demander quelques éclaircissements sur la
figure que je faisais dans le salon de M. Daru à cette
première apparition, au commencement de 1800*.
Je mourais de Contrainte, de désappointement,
de mécontentement de moi-même. Qui m'eût dit
que les plus grandes joies de ma vie devaient me
tomber dessus cinq mois après !
Tomber est le mot propre, cela me tomba du ciel,
mais toutefois cela venait de mon âme, elle était
aussi ma seule ressource pendant les quatre ou cinq
112 STENDHAL
mois que j'habitai la chambre chez M. Daru le
père.
Toutes les douleurs du salon et de la salle-à-manger
disparaissaient quand, seul dans ma chambre sur
les jardins, je me disais : « Dois-je me faire composi-
teur de musique, ou bien faire des comédies, comme
Molière ? » Je sentais, bien vaguement il est vrai,
que je ne connaissais assez ni le monde ni moi-même
pour me décider*.
J'étais distrait de ces hautes pensées par un autre
problème beaucoup plus terrestre et bien autrement
prenant. M. Daru, cet homme exact, ne comprenait
pas pourquoi je n'entrais pas à l'Ecole polytech-
nique ou, si cette année était perdue, pourquoi je
ne continuais pas mes études pour me présenter
aux examens de la saison suivante, septembre 1800.
Ce vieillard sévère me faisait entendre avec beau-
coup de politesse et de mesure qu'une explication
entre nous à cet égard était nécessaire. C'étaient
premièrement cette mesure et cette politesse si
nouvelle pour moi, qui m'entendais appeler Monsieur
par ce parent pour la première fois de ma vie, qui
mettaient aux champs ma timidité et mon imagina-
tion folles*.
J'explique cela maintenant. Je voyais fort bien
la question au fond, mais ces préparations polies
et insolites me faisaient soupçonner des abîmes
inconnus et eiïroyables dont je ne pourrais me tirer.
Je me sentais terrifié par les façons diplomatiques
VIE DE HENRI BRULARD 11
o
de l'habilo ox-préfet, auxquelles j'étais bien loin
alors de pouvoir donner leurs noms propres. Tout
cela me rendait incapable de soutenir mon opinion
de vive voix.
L'absence complète de collège faisait de moi un
enfant cb' dix ans pour mes rapports avec le
monde. Le seul aspect d'un personnage si imposant
et qui faisait trembler tout le monde chez lui, à
commencer par sa femme et son fils aîné, me par-
lant tête-à-tt'te et la porte fermée, me mettait dans
l'impossibilité de dire deux mots de suite. Je vois
aujourd'hui que cette figure de M. Daru père, avec
un œil un peu de travers, était exactement pour moi
Lasciate ogni speranza, çoi cliintrate.
Ne pas la voir était le plus grand bonheur qu'elle
pût me donner.
Le trouble extrême chez moi détruit la mémoire.
Peut-être M. Daru le père m'avait-il dit quelque
chose comme : « Mon cher cousin, il conviendrait
de prendre un parti d'ici à huit jours. »
Dans l'excès de ma timidité, de mon angoisse et
de mon désarroi, comme on dit à Grenoble, et comme
je disais alors, il me semble ([ue j'écrivis d'avance
la conversation que je voulais avoir avec ^L Daru.
Je ne me rappelle qu'un seul détail de cette ter-
rible entrevue. Je dis, en termes moins clairs :
« Mes parents me laissent à peu près le maître
du parti à prendre.
Brulakd h. 8
114 STENDHAL
— Je ne m'en aperçois que trop », répondit
M. Daru, avec une intonation riche de sentiment et
qui me frappa fort chez un homme si plein de mesure
et d'habitudes périphrasantes et diplomatiques.
Ce mot me frappa ; tout le reste est oublié.
J'étais fort content de ma chambre sur les jar-
dins, entre les rues de Lille et de l'Université, avec
un peu de vue sur la rue de Bellechasse.
La maison avait appartenu à Condorcet, dont la
jolie veuve vivait alors avec M. Fauriel (aujourd'hui
de l'Institut, un vrai savant, aimant la science pour
elle-même, chose si rare dans ce corps).
Condorcet, pour n'être pas harcelé par le monde,
avait fait faire une échelle de meunier, en bois, au
moyen de laquelle il grimpait au troisième (j'étais
au second), dans une chambre au-dessus de la
mienne. Combien cela m'eût frappé trois mois plus
tôt ! Condorcet, l'auteur de cette Logique des
Progrès futurs cjue j'avais lue avec enthousiasme
deux ou trois fois !
Hélas ! mon cœur était changé. Dès que j'étais
seul et tranquille, et débarrassé de ma timidité, ce
sentiment profond revenait :
« Paris, n'est-ce que çà ? )^
Cela voulait dire : Ce que j'ai tant désiré comme
le souverain bien, la chose à laquelle j'ai sacrifié
ma vie depuis trois ans, m'ennuie. Ce n'était pas le
sacrifice de trois ans qui me touchait ; malgré la
peur d'entrer à l'Ecole polytechnique l'année sui-
VIE DE HENRI BRULARD 115
vante, j'aimais les mathématiques, la question
terrible que je n'avais pas assez d'esprit pour voir
nettement était celle-ci : Où est donc le bonheur sur
la terre ? Et quelquefois j'arrivais jusqu'à celle-ci :
Y a-t-il un bonheur sur la terre ?
N^ avoir pas de montagnes perdait absolument
Paris à mes yeux.
Ai^oir dans les jardins des arbres taillés l'achevait.
Toutefois, ce cjui me fait plaisir à distinguer
aujourd'hui (en 1836), je n'étais pas injuste pour le
beau vert de ces arbres.
Je sentais, bien plus cjue je ne me le disais nette-
ment : leur forine est pitoyable, mais cfuelle verdure
délicieuse et formant masse, avec de charmants
labyrinthes où l'imagination se promène ! Ce der-
nier détail est d'aujourd'hui. Je sentais alors, sans
trop distinguer les causes. La sagacité, qui n'a
jamais été mon fort, me manquait tout-à-fait,
j'étais comme un cheval ombrageux qui ne voit pas
ce qui est, mais des obstacles ou périls imaginaires.
Le bon, c'est que mon cœur se montait, et je mar-
chais fièrement aux plus grands périls. Je suis encore
ainsi aujourd'hui.
Plus je me promenais dans Paris, plus il me dé-
plaisait. La famille Daru avait de grandes bontés
pour moi, M'"^ Cambon me faisait compliment sur
ma redingote à l'artiste, couleur olive, avec revers
en velours.
« Elle vous va fort bien », me disait-elle.
116 STENDHAL
M™6 Camboii voulut bien me conduire au Musée
avec une partie de la famille et un M. Gorse ou
Gosse, gros garçon commun, qui lui faisait un peu
la cour. Elle, mourait de mélancolie pour avoir
perdu, un an auparavant, une fdle unique de
seize ans.
On quitta le Musée, on m'offrit une place dans le
fiacre ; je revins à pied dans la boue et, amadoué
par la bonté de M"^^ Cambon, j'ai la riche idée
d'entrer chez elle. Je la trouve en tête à tête avec
M. Gorse.
Je sentis cependant toute l'étendue ou une
partie de l'étendue de ma sottise.
« Mais pourquoi n'êtes-vous pas monté en voi-
ture ? » me disait M'"<^ Cambon étonnée.
Je disparus au bout d'une minute. M. Gorse en
dut penser de belles sur mon compte. Je devais être
un singulier problème dans la famille Daru ; la
réponse devait varier entre : C^est un fou, et : C^est
un imbécile.
CHAPITRE XL*
-Madame Le Brun, aujourd'hui marquise de
[Graves]*, m'a dil, que tous les habitants de ce petit
sahm étaient étonnés de mon silence complet.
Je me taisais par instinct, je sentais que personne
ne me comprendrait, quelles jîgures pour leur parler
ilo ma tendre admiration pour Bradamante ! Ce
silence, amené par le 'hasard, était de la meilleure
politique, c'était le seul moyen de conserver un peu
de dignité personnelle.
Si jamais je revois cette femme d'espril, il faut
que je la presse de questions pour ffnVlIr jne dise
ce que j'étais alors. En vérité, je l'ignore. Je ne puis
(pie noter le degré de bonheur senti par cette
machine. Comme j'ai toujours creusé les mêmes
Bkliaud II. o
118 STENDHAL
idées depuis, comment savoir où j'en étais alors ?
Le puits avait dix pieds de profondeur, chaque
année j'ai ajouté cinq pieds ; maintenant, à cent
quatre-vingt-dix pieds, comment avoir l'image de
ce qu'il était en février 1800, quand il n'avait que
dix pieds ?
On admirait mon cousin Marc (mon chef de bu-
reau au Commerce), l'être prosaïque par excellence,
parce que, rentrant le soir, vers dix heures, chez
M. Daru, rue de Lille, n^ 505, il remontait à pied
pour aller manger certains petits pâtés au carre-
four Gaillon.
Cette simplicité, cette naïveté de gourmandise,
qui me feraient rire aujourd'hui dans un enfant de
seize ans, me comblaient d'étonnement en 1800.
Je ne sais pas même si, un soir, je ne ressortis pas,
par cette abominable humidité de Paris, que j'exé-
crais, pour aller manger de ces petits pâtés. Cette
démarche était un peu pour le plaisir et beaucoup
pour la gloire. Le plaisir fut pire cpie le mal, et la
gloire aussi, apparemment ; si l'on s'en occupa, on
dut y voir une plate imitation. J'étais bien loin de
dire naïvement ce pourquoi de ma démarche,
j'eusse été à mon tour original et naïf, et peut-être
mon équipée de dix heures du soir eût donné un
sourire à cette famille ennuyée.
Il faut que la maladie, qui fit grimper le docteur
Portai dans mon troisième étage du passage Sainte-
Marie, eût été sérieuse, car je perdis tous mes che-
vu: Di: iiiNia lusi i.aisd liO
veux. Je ne manquai pas d'acheter iiik- perruque
et mou ami l^duioud Cardon* ne manqua pas de la
jeter sur la corniche d'une [)ortc, nu soir, tians le
salon do sa mère.
Cardon était très mince, très grand, très bien
élevé, fort riche, dun ton parfait, une admirable
poupée, fds de M™^ Cardon, femme de chambre de
la reine Marie-Antoinette.
Quel contraste entre Cardon et moi ! et pourtant
nous nous liâmes. Nous avons été amis du temps de
la bataille de Marenoo, il était alors aide-dc-camp
du ministre de la guerre Carnot ; nous nous sommes
écrit jusqu'en 1804 ou 1805. En 1815, cet être
élégant, noble, charmant, se brûla la cervelle en
voyant arrêter le maréchal Xey, son parent par
alliance. Il n'était compromis en rien, ce fut exacte-
ment folie éphémère, causée par l'extrême vanité
de courtisan de s'être vu un maréchal et un prince
pour cousin. Depuis 1803 ou 1804, il se faisait
appeler Cardon de ^îontigny, il me présenta à sa
femme, élégante et riche, bégayant un peu, qui me
sembla avoir peur de l'énergie féroce de ce monta-
gnard allobroore. Le fils de cet être bon et aimable
s'appelle M. de Montigny et est conseiller ou atidi-
teur à la cour royale de Paris.
Ah ! qu'un bon conseil m'eût fait de bien alors !
Oue ce même conseil m'eût fait de bien en 1821 !
120 STENDHAL
Mais du diable, jamais personne ne me l'a donné.
Je l'ai vu vers 1826, mais il était à peu près trop
tard, et d'ailleurs il contrariait trop mes habitudes.
J'ai vu clairement depuis que c'est le sine qua non
à Paris, mais aussi il y aurait eu moins de vérité et
d'originalité dans mes pensées littéraires.
Quelle différence si M. Daru ou M'"^ Cambon
m'avait dit, en janvier 1800 :
« Mon cher cousin, si vous voulez avoir quelque
consistance dans la société, il faut que ^■ingt per-
sonnes aient intérêt à dire du bien de vous. Par con-
séquent, choisissez un salon, ne manquez pas d'y
aller tous les mardis (si tel est le jour), faites-vous
une affaire d'être aimable, ou du moins très poli,
pour chacune des personnes qui vont dans ce salon.
Vous serez quelque chose dans le monde, vous pour-
rez espérer de plaire à une femme aimable quand
vous serez porté par deux ou trois salons. Au bout
de dix années de constance, ces salons, si vous les
choisissez dans notre rang de la société, vous porte-
ront à tout. L'essentiel est la constance et être un
des fidèles tous les mardis. »
Voilà ce qui m'a éternellement manqué. Voilà le
sens de l'exclamation de M. Delécluze (des Débats,
vers 1828) : « Si vous aviez \\n peu plus d'édu-
cation ! »
Il fallait que cet honnête homme fut bien plein de
cette vérité, car il était furieusement jaloux de
(juelques mots qui, à ma grande surprise, firent
VIK 1)1. HENRI BIULARD J2l
l>eaucoTip d'effet ; par exemple, chez lui : « Bossuet...
c'est de la blague sérieuse. »
En 1800, la famille Daru traversait la rue de Lille
et montait au premier étage chez M'"^ Cardon,
ancienne femme de chambre de Marie-Antoinette,
laquelle était tout aise d'avoir la protection de deux
commissaires des guerres aussi accrédités que
MM. Daru, commissaire ordonnateur, et Martial
Daru, simple commissaire. J'explique ainsi la
liaison aujourd'hui et j'ai tort, faute d'expérience
je ne pouvais juger de rien en 1800. Je prie donc le
lecteur de ne pas s'arrêter à ces explications qui
m'échappent en 183G ; c'est du roman plus ou moins
probable, ce n'est plus de l'histoire.
J'étais donc, ou plutôt il me semblait être très
bien reçu dans le salon de M'"^ Cardon, en jan-
vier 1800.
On y jouait des charades avec déguisements, on
y plaisantait sans cesse. La pauvre M'"^ Cambon n'y
venait pas toujours ; cette folie offensait sa douleur,
dont elle mourut quelques mois après.
M. Daru (depuis ministre) venait de publier la
Cléopédie, je crois, un petit poème dans le genre
jésuitique, c'est-à-dire dans le genre des poèmes
latins faits par des jésuites vers 1700. Cela me sem-
bla plat et coulant ; il y a bien trente ans ({ue je ne
l'ai lu.
M. Daru qui au fond n'avait pas d'esprit (mais je
devine cela, en grand secret, seulement en écrivant
122 STENDHAL
ceci), était trop fier d'être président à la fois de
quatre Sociétés littéraires. Ce genre de niaiserie
pullulait en 1800, et n'était pas si vide que cela
nous semble aujourd'hui. La société renaissait après
la Terreur de 93 et la demi-peur des années sui-
vantes. Ce fut M. Daru le père qui m'apprit avec
une douce joie cette gloire de son fils aîné.
Comine il revenait d'une de ces sociétés litté-
raires, Edmond, déguisé en fille, alla le raccrocher
dans la rue à vingt pas de la maison. Cela n'était
pas mal gai. M"^^ Cardon avait encore la gaieté
de 1788, cela scandaliserait notre pruderie de 1836.
M. Daru, en arrivant, se vit suivi dans l'escalier
par la fille qui détachait ses jupons.
« J'ai été très étonné, nous dit-il, de voir notre
quartier infesté. »
Quelque temps après, il me conduisit à une des
séances d'une des Sociétés qvi'il présidait. Celle-ci
se réunissait dans une rue qui a été démolie pour
agrandir la place du Carrousel, vers la partie de la
nouvelle galerie, au nord du Carrousel, qui avoisine
Taxe de la rue Richelieu, à quarante pas plus au
couchant.
Il était sept heures et demie du soir, les salles
étaient peu illuminées. La poésie me fit horreur :
quelle différence avec l'Arioste et Voltaire ! Cela
était bourgeois et plat (quelle bonne école j'avais
déjà !), mais j'admirais fort et a^■ec envie la gorge
de M"^^' Constance Pipelet, fini lut une pièce de vers.
vu: Di: iiF.NRi nnuLARD J23
Je le lui ai dit depuis ; elle était alors femnic criiii
jjaiivre diable de chiru^ien herniaire, et je lui ai
parlé ehcz M'»e ]a oonitosse Beugnot, quand elle
était princesse de Sahu-Dyck, je crois. Je conterai
son mariage, précédé par deux mois de séjour chez
le prince de Salni, avec son amant, pour voir si le
château ne lui déplairait point trop, et le prince
nullement trompé, mais sachant tout et s'y sou-
mettant : et il avait raison.
J'allai au Louvre chez 7?enau/^, l'auteur de l'Edu-
cation d'Achille, plat tableau, gravé par l'excellent
Berwiek, et je fus élève de son Académie. Toutes les
étrennes à donner pour cartables, droits de chaise,
etc., m'étonnèrent fort, et j'ignorais parfaitement*
tous ces usages parisiens et, à vrai dire, tous les
usages possibles. Je dus paraître avare.
Je promenais partout mon elTroyable désappoin-
tement.
Trouver plat et détestable ce Paris, que je in étais
figuré le souverain bien ! Tout m'en déplaisait,
jusqu'à la cuisine qui n'était pas celle de la maison
paternelle, cette maison (pii m'avait* semblé la
réunion de tout ce qui était mal.
Pour m'achever, la peur d'être forcé de passer un
examen pour l'Ecole me faisait haïr mes chères
mathématiques.
Il me semble que le terrible M. Daru le père me
disait : « Puisque, d'après les certificats dont vous
12'-
4: STENDHAL
êtes porteur, vous êtes tellement plus fort que vos
sept camarades qui ont été reçus, vous pourriez,
même aujourd'hui, si vous étiez reçu, les rattraper
facilement dans les cours qu'ils suivent. »
M. Daru me parlait en homme accoutumé à a^■oil•
du crédit et obtenir des exceptions.
Une chose dut, heureusement pour moi, ralentir
les instances de M. Daru pour reprendre l'étude des
mathématiques. Mes parents m'annonçaient sans
doute comme un prodige en tout genre ; mon excel-
lent grand-père m'adorait et d'ailleurs j'étais son
ouvrage, au fond je n'avais eu de maître que lui, les
mathématic[ues excepté. Il faisait avec moi mes
thèmes de latin, il faisait presque seul mes vers latins
sur une mouche qui trouve une mort noire dans du
lait blanc.
Tel était l'esprit du Père jésuite auteur du poème
dont je refaisais les vers. Sans les auteurs lus en
cachette, j'étais fait pour avoir cet esprit-là et pour
admirer la Cléopédie* du comte Daru et l'esprit de
l'Académie française. Aurait-ce été* un mal ?
J'aurais eu des succès de 1815 à 1830, de la réputa-
tion, de l'argent, mais mes ouvrages seraient bien
plus plats cl bien mieux écrits qu'ils sont *. Je
crois que l'afTectation, qu'on appelle bien écrire
en 1825-183G, sera bien ridicule vers 1860, dès que
la France, délivrée des révolutions politicpies tous
les quinze ans, aura le temps de penser aux jouis-
sances de l'esprit. Le gouvernement fort et violent
VIE DE HENRI BRULARD 12^
de Napoléon (dont j'aimai tant la personne) n'a
duré que (juinze ans, 1800-1815. Le gouvernement
à faire vomir de ces Bourbons ind)éciles (voir la
chanson de Béranger) a duré quinze ans aussi,
de 1815 à 1830. Combien durera un troisième ?
Aura-t-il plus...
Mais je m'égare ; nos neveux devront pardonner
ces écarts, nous tenons la plume d'une main et l'épéc
de l'autre (en écrivant ceci j'attends la nouvelle
de l'exécution de Fieschi et du nouveau ministère
de mars 1836, et je viens, pour mon métier, de
signer trois lettres, adressées à des ministres dont
je ne sais pas le nom).
Revenons à janvier ou février 1800. Réellement,
j'avais l'expérience d'un enfant de neuf ans et
probablement un orgueil du diable. J'avais été
réellement l'élève le plus remarquable de l'Ecole
centrale. De plus, ce qui valait bien mieux, j'avais
des idées justes sur tout, j'avais énormément lu,
j'adorais la lecture : un livre nouveau, à moi inconnu,
me consolait de tout.
Mais la famille Daru, malgré les succès de l'au-
teur de la traduction d'Horace, n'était pas du tout
littéraire, c'était une famille de courtisans de
Louis XIV tels que les dépeint Saint-Simon. On
n'aimait dans M. Daru fils aîné que le fait de son
succès, toute discussion littéraire eût été un crime
politique, comme tendant à mettre en doute la
gloire de la maison.
126 STENDHAL
Un des malheurs de mon caractère est d'oublier
le succès et de me rappeler profondément mes
sottises. J'écrivis vers février 1800 à ma famille :
« M°^^ Cambon exerce l'empire de l'esprit, et
]\lme Rebufft?l celui des sens. >)
Quinze jours après, j'eus une honte profonde de
mon stvle et de la chose.
C'était une fausseté, c'était bien pis encore, c'était
une insrratitude. S'il v avait un lieu où ie fusse moins
gêné et plus naturel, c'était le salon de cette excel-
lente et jolie M'"^ Rebuflel. (pii habitait le premier
étage de la maison, qui me donnait une chambre au
second ; ma chambre était, ce me semble, au-dessus
du salon de M"^^ RebulTel. Mon oncle Gagnon
m'avait raconté comme quoi il l'avait émue à Lyon
en admirant son jf)li j>ied et l'engageant à le placer
sur une malle pour le mieux voir. Lne fois, sans
M. Bartelon, M. Hebufl'el eût surpris mon oncle dans
une position peu équivoque.
lyime Rebuiïel, ma cousine, avait une fdle, Adèle,
({ui annonçait beaucoup d'esprit ; il me semble
qu'elle n'a j)as tenu parole. Après nous être un peu
aimés (amours d'enfants), la haine et |»iiis runliUé-
rence ont remplacé les enfantillages, et je l'ai entière-
ment perdue de vue depuis 1804. Le journal de 1835
m'a appris que son sot mari, M. le baron Auguste
Pctiet*, le même qui m'a donné un coup de sabre
\Ii: Di: JIE.MU BRULARD 127
au pk'd <j:auchc, venait de la laisser veuve avec n?i
fils à l'Ecole polytechnique.
Etait-ce en 1800 que Al^e Kehuircl avait pour
amant M. Cliieze, gentilhomme assez empesé Je
Valence, en Dauphiné, ami de ma famille à Gre-
noble, ou ne fut-ce qu'en 1803 ? Etait-ce en 1800
ou 1803 ([ue l'excellent Rebulîel, homme de cœur
et d'esprit, homme à jamais respectable à mes
yeux, me donnait à dîner dans la rue Saint-Denis,
au roulage qu'il tenait avec une demoiselle Bar-
beren, son associée et sa maîtresse ?
Quelle différence pour moi si mon grand-père
Gagnon avait eu l'idée de me recommander à
M. Rebuffel au lieu de M. Daru ! M. Rebuffel était
neveu de M. Daru, quoique moins âgé seulement de
sept à huit ans, et, à cause de sa dignité politique
ou plutôt administrative, secrétaire général de
tout le Languedoc (sept départements), M. Daru
prétendait tyranniser M. Rebuffel, lequel, dans les
dialogues qu'il me racontait, alhait divinement le
respect à la fermeté. Je me souviens que je com-
parais le ton qu'il prenait à celui de J.-J. Rousseau
dans sa Lettre à Christophe de Beaumonl, archevêque
de Paris.
-M. Rebuffel eût tout fait de moi, j'aurais été plus
sage si le hasard m'avait mis sous sa direction. Mais
mon destin était de tout conquérir à la pointe de
l'épée. Quel océan de sensations violentes j'ai eues
en ma vie, et surtout à cette époque !
128 STENDHAL
J'en eus beaucoup au sujet du petit événement
que je vais conter, mais dans quel sens ? Que dési-
rais-je avec passion ? Je ne m'en souviens plus.
M. Daru fds aîné (je l'appellerai le comte Daru,
malgré l'anachronisme : il ne fut comte que vers
1809, je crois, mais j'ai l'habitude de l'appeler ainsi),
le comte Daru donc, si l'on veut me permettre de
l'appeler ainsi, était en 1809 secrétaire général du
ministère de la Guerre. Il se tuait de travail, mais il
faut avouer cju'il en parlait sans cesse et avait tou-
jours de l'humeur en venant dîner. Quelquefois, il
faisait attendre son père et toute la famille une heure
ou deux. Il arrivait enfin avec la physionomie d'un
bœuf, excédé de peine et des yeux rouges. Souvent
il retournait le soir à son bureau ; dans le fait, tout
était à réorganiser et l'on préparait en secret la
campagne de Marengo.
Je vais naître, comme dit Tristram Shandy ; et
le lecteur va sortir des enfantillages.
In beau jour, M. Daru le père me prit à part et
me fit frémir ; il me dit : « Mon fils vous conduira
travailler avec lui au bureau de la Guerre. » Pro-
bablement, au lieu de remercier, je restai dans le
silence farouche de l'extrême timidité.
Le lendemain matin, je marchais à côté du comte
Daru, que j'admirais mais qui me faisait frémir, et
jamais je n'ai pu m'accoutumer à lui, ni, ce me
semble, lui à moi. Je me vois marchant le long de
la rue II Hier in- Berlin*, fort étroite alors. Mais où
VIE DE HENRI BRULARD 12D
était ce ministère de la Guerre, où nous allions
ensemble * ?
Je ne vois que nia place, à ma table, en II ou
en H' ; à celui de ces deux bureaux que je n'occupais
pas était M. Mazoyer, auteur de la tragédie de
Thésée, pâle imitation de Racine.
BnuLARD II.
CHAPITRE XLI*
Au bout du jardin étaient de malheureux til-
leuls taillés de près, derrière lesquels nous allions
pisser. Ce furent les premiers amis que j'eus à Paris,
Leur sort me fit pitié : être ainsi taillés! Je les com-
parais aux beaux tilleuls de Claix, qui avaient le
bonheur de vivre au milieu des montagnes.
Mais aurais-je voulu retourner dans ces mon-
tagnes ?
Oui, ce me semble, si j'avais dû n'y pas retrouver
TTion père, et y vivre avec mon grand-père, à la
bonne heure, mais libre.
Voilà à quel point mon extrême passion pour
Paris était tombée. Et il m'arrivait de dire que le
véritable Paris était invisible à mes veux.
132
STENDHAL
Les tilleuls du ministère de la guerre rougirent
par le haut. M. Mazoyer. sans doute, me rappela
le vers de A irgile :
JS'iinc enisbescil i>er.
Ce n'est pas cela, mais je me le rappelle en écri-
vant pour la première fois depuis trente-six ans ;
Virgile me faisait horreur au fond, comme protégé
par les prêtres * qui venaient dire la messe et me
parler de latin chez mes parents. Jamais, malgré
tous les efforts de ma raison, Virgile ne s'est relevé
pour moi des effets de cette mauvaise compagnie.
Les tilleuls prirent des bourgeons. Enfin ils
eurent des feuilles, je fus profondément attendri ;
j'avais donc des amis à Paris !
Chaque fois que j'allais pisser derrière ces til-
leuls, au bout du jardin, mon âme était rafraîchie
par la vue de ces amis. Je les aime encore après
trente-six ans de séparation.
Mais ces bons amis existent-ils ? On a tant bal i
dans ce quartier ! Peut-être le ministère où je pris
la plume oflicielle pour la première fois est-il encore
le ministère rue de l'Université, vis-à-vis la place
dont j'ignore le nom ?
Là, M. Daru m'établit à un bureau et me ait de
copier une lettre. Je ne dirai rien de mon écriture
en pieds de mouche, bien pire que la présente ;
mais il découvrit que j'écrivais cela par deux 1 :
ceîla.
VIE DE HENRI BRU LARD 133
C'était donc là oe littérateur, co l)rillaiit humaiiisfc
(|iii discutait le mérite de Racine cl (|ui avait rem-
porté tous les prix à Grenoble ! !
J'admire aujourd'hui, mais aujourd'hui seule-
ment, la bonté de toute cette famille Daru. Que faire
d'un animal si oro-ucilleux et si ignorant ?
Et le fait est pourtant que j'attaquais très bien
Racine dans mes conversations avec M. Mazover.
Nous étions là quatre commis, et les deux autres,
ce me semble, m'écoutaient, quand j'escarmouchais
avec M. Mazover.
J'avais une théorie intérieure que je voulais
rédiger sous le titre de : Filosofia mwa, titre moitié
italien, moitié latin. J'avais une admiration vraie,
sentie, passionnée pour Shakespeare, tpie pourtant
je n'avais vu (ju'à travers les phrases lourdes et
emphatiques de M. Letourneur et de ses associés.
L'Arioste avait aussi beaucoup de pouvoir sur
mon cœur (mais l'Arioste de M. de Tressan, père de
l'aimable capitaine jouant de la clarinette, qui avait
contribué à me faire apprendre à lire, extrême plat
ultra et maréchal de camp vers 1820).
Je crois voir que ce qui me défendait du mauvais
goût d'admirer la Cléopédie* du comte Daru et
bientôt après l'abbé Delille, c'était cette doctrine
intérieure fondée sur le vrai plaisir, plaisir profond,
réfléchi, allant jusqu'au bonJieur, cpu^ m'avaient
donné Cervantes, Shakespeare, Corneille, Arioste,
et une haine pour le puérile de Voltaire et de son
Brulahd II. 9.
134 STENDHAL
école. Là-dessus, quand j'osais parler, j'étais tran-
chant jusqu'au fanatisme, car je ne faisais aucun
doute* que tous les hommes bien portants et non
gâtés par une mauvaise éducation littéraire ne pen-
sassent comme moi. L'expérience m'a appris que la
majorité laisse diriger la sensibilité aux arts, qu'elle
peut avoir naturellement, par l'auteur à la mode ;
c'était Voltaire en 1788, Walter Scott en 1828. Et
qui est-ce aujourd'hui 1836 ? Heureusement, per-
sonne.
Cet amour pour Shakespeare, l'Arioste, et la
Nouvelle-Héloïse au second rang, qui étaient les
maîtres de mon cœur littéraire à mon arrivée à
Paris à la fin de 1799, me préserva du mauvais goût
(Delille, moins la gentillesse) qui régnait dans les
salons Daru et Cardon, et qui était d'autant plus
dangereux pour moi, d'autant plus contagieux, que
le comte Daru était un auteur produisant actuelle-
ment et que sous d'autres rapports tout le monde
admirait et que j'admirais moi-même. Il venail
d'être ordonnateur en chef, je crois, de cette armée
d'iielvétie qui venait de sauver la France à Zurich
sous Masséna. M. Daru le père nous répétait sans
cesse que le général Masséna disait à tout le monde,
en parlant de M. Daru : « Voilà un homme que je
puis présenter à mes amis et à mes ennemis. »
Pourtant Masséna, de moi bien connu, était
voleur comme une pie, ce qui veut dire par instinct,
on parle encore de lui à Rome (ostensoir de la famille
VIE DE HENRI RHILAUd 135
Doria, à Sainte- Agnès, place Navone, je crois), et
M. Dam n'a jamais volé un oonlinio.
Mais, grand Dieu, quel bavardage! Je ne puis
arriver à parler de l'Arioste, dont les personnacres
palefreniers et portefaix par la force, m'ennuient
tellement aujourd'hui. De 1796 à 1804, l'Arioste
ne me faisait pas sa sensation propre. Je prenais
tout-à-fait au sérieux les passages tendres et roma-
nesques. Ils frayèrent, à mon insu, le seul chemin
par lequel l'émotion puisse arriver à mon âme. Je
ne puis être touché jusqu'à l'attendrissement .
qu'après un passage comique.
De là mon amour presque exclusif pour Vopera
buffa, de là l'abîme qui sépare mon âme de celle de
M. le baron Poitou (voir à la fin du volume la pré-
face de de Brosses qui a fâché Colomb) et de tout le
vulgaire de 1830, qui ne voit le courage que sous la
moustache.
Là seulement, dans Vopera buffa, je puis être
attendri jusqu'aux larmes. La prétention de tou-
cher qu'a Vopera séria à l'instant fait cesser pour
moi la possibilité de l'être. Même dans la vie réelle,
un pauvre qui demande l'aumône avec des cris
piteux, bien loin de me faire pitié, me fait songer,
avec toute la sévérité philosophique possible, à
l'utilité d'une maison pénitentiaire.
Un pauvre qui ne m'adresse pas la parole, qui ne
pousse pas des cris lamentables et tragiques, comme
c'est l'usage à Rome, et mange une pomme en se
136 STENDHAL
traînant à terre, comme le cul-de-jatte d'il y a huit
jours, me touche presque jusqu'aux larmes à l'instant.
De là mon complet éloignement pour la tragédie,
mon éloignement jusqu'à Vironie pour la tragédie
en vers.
Il y a une exception pour cet homme simple et
grand, Pierre Corneille, suivant moi immensément
supérieur à Racine, ce courtisan rempli d'adresse
et de bien-dire. Les règles d'Aristote, ou prétendues
telles, étaient un obstacle ainsi que les vers pour ce
poète original. Racine n'est original, aux yeux des
Allemands, Anglais, etc., que parce qu'ils n'ont pas
eu encore une cour spirituelle, comme celle de
Louis XIV, obligeant tous les gens riches et nobles
d'un pays à passer tous les jours huit heures ensem-
ble dans les salons de Versailles.
La suite des temps portera les Anglais, Alle-
mands, Américains et autres gens à argent ou
revenu antilogique, à comprendre l'adresse courti-
sane de Racine, même l'ingénue la plus innocente,
Junie ou Aricie, et confite en adresse d'honnête
catin ; Racine n'a jamais pu faire une M^'^ de La
Vallière, mais toujours une fille extrêmement adroite
et peut-être physiquement vertueuse, mais certes
pas moralement. Vers 1900, peut-être que les Alle-
mands, Américains, Anglais, arriveront à compren-
dre tout l'esprit courtisanesquc de Racine. Un siècle
peut-être après, ils arriveront à sentir qu'il n'a
jamais pu faire une La Vallière.
vu: DE HEMU nUULARD 137
Mais rnrrmiont ces gens faibles pourront-ils
apercevoir une étoile tellement rapprochée du
soleil ? Latlniiration de ces rustres polis et avares
pour la civilisation qui donnait un vernis charmant
même au maréchal de Boutllers (mort vers 1712*),
qui était un sot, les empêchera de sentir le manque
total de simplicité et de naturel chez Racine, et à
comprendre ce vers de Camille :
Tout ce ([ue je voyais me semblait Curiace.
Que j'écrive cela à cinquante-trois ans *, rien de plus
simple, mais que je le sentisse en 1800, que j'eusse
une sorte d'horreur pour \ oltaire et l'aftectation
gracieuse d'Alzire, avec mon mépris si voisin de la
haine pour lui et à si bon droit, voilà ce qui m'étonne,
moi, élève de M. Gagnon, qui s'estimait pour avoir
été trois jours l'hôte de Voltaire à Ferney, moi
élevé au pied du petit buste de ce grand homme,
monté sur nu pied d'ébène.
Est-ce moi ou le grand homme qui suis sur le pied
d'ébène ?
Enlin, jaduiire ce que jetais littérairement en
février 1800. quand j'écrivais : cella *,
M. le comte Daru, si irninoiiséincut supérieur à
moi et à tant d'autres (Mniuiif lioniiue de ti;i\ail.
comme ai'ocat consultant, n axail pas l'esprit <iii"il
fallait pour soupçnnnei- la \alt'iir dr ce fou or<juril-
leux.
138 STENDHAL
M. Mazoyer, le commis mon voisin, qui apparem-
ment s'ennuyait moins de ma folie mélangée d'or-
gueil que de la stupidité des deux autres commis à
2.500 francs, fit quelque cas de moi, et j'y fus indiffé-
rent. Je regardais tout ce qui admirait cet adroit
courtisan nommé Racine comme incapable de voir
et de sentir le i^'ai beau qui, à mes yeux, était la
naïveté d'Imogène s'écriant :
a Salut, pauvre maison, qui te gardes toi-même ! »
Les injures adressées à Shakespeare par M. Ma-
zoyer, et avec quel mépris, en 1800, m'attendris-
saient jusqu'aux larmes en faveur de ce grand poète.
Dans la suite, rien ne m'a fait adorer madame Dem-
bowski* comme les critiques que faisaient d'elle
les prosaïques de Milan. Je puis nommer cette
femme charmante, qui pense à elle aujourd'hui ?
Ne suis-je pas le seul peut-être, après onze ans
qu'elle a quitté la terre ? J'applique ce même rai-
sonnement à la comtesse Alexandrine Petit. Ne
suis-je pas aujourd'hui son meilleur ami, après vingt-
deux ans ? Et quand ceci paraîtra (si jamais un
libraire ne craint pas de perdre son temps et son
papier !), quand ceci paraîtra après ma mort à moi,
qui songera encore à Métilde et à Alexandrine ? Et
malgré leur modestie de femme et cette horreur
d'occuper le public que je leur ai vue, si elles voient
public ce livre du lieu où elles sont, n'en seront-elles
pas bien aises ?
VIE DU HK.MU BIILLAUU ID'J
For who to dumb forget fulness a prey* n'est pas
bien aise, après tant d'années, de voir prononcer
son nom par une bouche amie ?
Mais où diable en étais-je ? — A mon bureau,
où j'écrivais cela, cella*.
Pour peu que le lecteur ait Fàme commune, il
s'imaginera que cette digression a pour but de cacher
ma honte d'avoir écrit cella. Il se trompe, je suis un
autre homme. Les erreurs de celui de 1800 sont des
découvertes que je fais, la plupart, en écrivant ceci. Je
ne me souviens, après tant d'années et d'événements,
que du sourire de la femme que j'aimais. L'autre jour,
j'avais oublié la coLdeur d'un des uniformes que j'ai
portés. Or, avez-vous éprouvé, ô lecteur bénévole, ce
que c'est qu'un uniforme dans une armée victorieuse,
et unique objet de l'attention de la nation, comme
l'armée de Napoléon ?
Aujourd'hui, grâce au ciel, la l'ribune a obscurci
l'Armée.
Décidément, je ne puis me rappeler la rue où
était situé ce bureau dans lequel je saisis pour la
première fois la plume administrative. C'était au
bout de la rue Hillerin-Bertin, alors bordée de murs
de jardin. Je me vois marchant sérieusement à côté
du comte Daru, allant à son bureau après le sombre
et froid déjeuner de la maison n° 505, au coin de la
rue de Bellechasse et de celle do Lille, comme
disaient les bons écrivains de 1800.
Quelle dillerence pour moi, si .\I. Daru m'avait
140 STENDHAL
dit : u Quand vous avez une lettre à faire, réfléchissez
bien à ce que vous voulez dire, et ensuite à la couleur
de réprimande ou d'ordre que le ministre qui signera
votre lettre voudrait y donner, \o1ro parti ]iris,
écrivez hardiment. >
Au lieu de cela, je tâchais dimitor la forme des
lettres de M. Daru. il répétait trop souvent le mot
en effet, et moi je farcissais mes lettres de en effet.
Qu'il y a loin de là aux grandes lettres que j'in-
ventais à Vienne, en 1809, ayant une vérole*
horrible, le soin d'un hôpital de 4. 000 Idessés
(l'oiseau vole), une maîtresse que j'enlilais et une
maîtresse que j'adorais ! Tout ce changement s'est
opéré par mes seules réflexions, M. Daru ne m'a
jamais donné d'autre avis que sa colère quand il
Ijilfait mes lettres, '^ "
Le bon Martial Daru était touj(»urs a\<'c moi sm-
le ton plaisant. 11 venait souvenl an lnireau de la
Guerre ; c'était la Cour pour un commissaire des
guerres. Il avait la j)i>lice de l'hôpital du \'al-de-
Grâce, ce me semble, en 1800, et sans doute M. le
comte Daru, la hkiIIchic této d«' ce ministère
eu 1800 (ce n'est pas beaucoup duc), a\ait le scctcL
de l'armée de réserve. Toutes les vanités du coips
des commissaires des guerres étaient en ébullition
pour la création du corps et, bien plus, pour la
lixatifHi de runifonnc d«'s Inspecteurs aux iievues.
Il nie scitihic que j«; vis alors le général Olivier,
a\cc su jaiiihc de bois, rcifiiiinciit iioiiiiiic Inspec-
vin DE IIKNRI niU I .VUD 141
tenr en chef <iii.r licvues. Cette vanilr, |)ortée an
comble jtar le chapeau hnxié cl riiahit rouge, était
la base de la conversation dans les maisons Daru et
Cardon. Edmond Cardon, poussé par iinf mère
halùle* et qui flattait ouvertement le comte Daru.
avait la ])romesse d'une place d'adjoint aux com-
missaires des guerres.
Le bon Martial me fit bientôt entrevoir la possi-
bilité pour moi de ce charmant uniforme.
Je crois découvrir en écrivant que Cardon le
porta : habit bleu de roi, broderie d'or au collet et
aux parements des manches.
A cette distance, pour les choses de vanité (pas-
sion secondaire chez moi), les choses imaginées et
les choses vues se confondent.
L'excellent Martial étant donc venu me voir à
mon bureau trouva que j'avais envoyé* une lettre
dans le bureau avec le mot, Renseignements.
« Diable ! me dit-il eu riant, vous faites déjà
courir les lettres ainsi ! «
C'était, ce me semble, un peu le privilège au moins
d'un sous-chef de bureau, moi dernier des surnu-
méraires.
Sur ce mot Renseignements, le bureau de la Solde,
par exemple, donnait les renseignements relatifs à
la solde, le bureau de VHahillement, ceux de ïliabille-
ment. Supposons l'aiïaire d'un ofïicier d'habillement
du 7"^^ léger devant restituer sur sa solde 107 francs,
montant de la serge ([u"il a reçue indûment, il me
142 STENDHAL
fallait des renseisnemenls des deux bureaux sus-
nommés pour pouvoir faire la lettre que M. Daru,
secrétaire général, devait signer.
Je suis persuadé que bien peu de mes lettres
allaient jusqu'à M. Daru ; M. Barthomeuf, homme
commun, mais bon commis, commençait alors sa
carrière comme son secrétaire jiarticulier (c'est-à-
dire commis payé par la Guerre), employé dans le
bureau où écrivait M. Daru, et avait à souflVir ses
étranges incartades et les excès de travail que cet
homme terrible à soi et aux autres exigeait de tout
ce qui l'approchait. J'eus bientôt pris la contagion
de la terreur inspirée par M. Daru, et ce sentiment
ne m'a jamais quitté à son égard. J'étais né excessi-
vement sensible, et la dureté de ses paroles était
sans bornes ni mesure. ^^ "~~~"
De longtemps cependant je ne fus pas assez consi-
dérable pour être malmené par lui. Et maintenant
• pie j\- réfléchis sensément, je vois <[ue jamais je
n'en ai été réellement maltraité. Je n'ai pas souIlCrt
la centième partie de ce iju'a rnthiré M. de Baurc,
ancien avocat général «hi Parlement de Pau.
(V avait-il un tel Parlement* ? Je n'ai aucun livre
à Cività-Vecchia pour le chercher, mais tant mieux,
ce livre-ci, fait uniquement avec ma mémoire, ne
sera pas fait avec d'autres livres.)
J'aperçois fpi'entre M. Daru et moi il y a toujours
eu comme un morceau (ralTùl i-mportr par le boulet
ennemi ipii f;iit nutlclas sur le corps de la pièce f|uc
VIE DE HENRI BULLARD i\d
\iLMiL liapiicT ce houlet (comme au T^siii. en 1800).
Mon matelas a élé Joinville (anjoiirdluii le Itaion
Joinville, intendaiil militaire de la 1^^- di\isioii,
Paris*), ensuite M. de liauie. J'arrive à cette idéf
bien nouvelle jiour moi : M. Daru m'aurait -il
ménagé ? Il est bien possible. Mais la terreur a
toujours été telle que cette idée ne me vient qiren
mars 183G.
Tout le monde, à la Guerre, frémissait en abor-
dant le bureau de M. Daru. Pour moi, j'avais peur
rien qu'en en regardant la porte. Sans doute M. Daru
père vit ce sentiment dans ma gène, et, avec le
caractère que je lui vois maintenant (caractère
timide, à qui la terreur inspirée faisait rempart),
ma peur dut lui faire ma cour.
Les êtres grossiers, comme me semblait M. Bai"-
thomeuf, devaient sentir moins les paroles éti-anges
dont ce bœuf furibond affublait tout ce qui l'appro-
chait dans les moments oîi le travail l'accablait.
Avec cette terreur il faisait marcher les sept à
huit cents commis du bureau de la Guerre dont les
chefs, quinze ou vingt importants, la plupart sans
aucun talent, nommés chefs de bureau, étaient
malmenés d'importance par M. Daru. Ces animaux,
loin d'abréger et de simplifier les affaires, cherchaient
souvent à les embrouiller, même pour M. Daru. Je
conviens que cela est fait pour faire donner au diable
un homme qui voit placées à gauche, sur son bureau,
vingt ou trente lettres pressées à répondre. Et de
144 STENDHAL
ces lettres, demandant des ordres, j'en ai souvent vu
un pied de haut sur le bureau de M. Daru ; et encore
est-il peu de gens qui seraient charmés de pouvoir
vous dire : « Je n'ai pas reçu à temps les ordres de
Votre Excellence... w et avec la perspective d'un
Napoléon se fâchant à Schœnbriinn et disant qu'il
y a eu négligence, etc.
CHAPITRE XLll*
Mes relations avec M. Daru, commencées ainsi en
février ou janvier 1800, n'ont 'fini qu'à sa mort,
en 1829. Il a été mon bienfaiteur, en ce sens qu'il
m'a employé de préférence à bien d'autres, mais j'ai
passé bien des jours de pluie, avec mal à la tête pour
un poêle trop chaulTé, à écrire do dix heures du
matin à une heure après minuit, et cela sous les
yeux d'un homme furieux et constamment en colère
parce qu'il avait toujours peur. C'étaient les rico-
chets de son ami Pitard : il avait une peur mortelle
de Napoléon et j'avais une peur mortelle de lui.
On verra à Erfurt, 1809, le nec plus ultra de notre
travail. M. Daru et moi, nous avons fait toute l'in-
tendance générale de l'armée pendant trois ou huit
Brulaud il ■10
146
STENDHAL
jours. Il n'y avait pas même un copiste. Emerveillé
de ce qu'il faisait, M. Daru ne se fâcha peut-être que
deux ou trois fois par jour ; ce fut une partie de
plaisir. J'étais en colère contre moi d'être ému par
ses paroles dures. Cela ne faisait ni chaud ni froid
à mon avancement et, d'ailleurs, je n'ai jamais été
fou pour l'avancement. Je le vois aujourd'hui, je
cherchais le plus possible à être séparé de M. Daru,
ne fût-ce que par une porte à demi fermée. Ses
propos durs sur les présents et les absents m'étaient
insupportables.
Quand j'écrivais cela par deux 1, au bureau de la
Guerre, au bout de la rue Hillerin-Bertin, j'étais
bien loin de connaître encore toute la dureté de
M. Daru, ce volcan d'injures. J'étais tout étonné,
j'avais à peine l'expérience d'un enfant de neuf ans,
et toutefois je venais d'en avoir dix-sept* au 23 jan-
vier 1800.
Ce qui me désolait, c'était la conversation inces-
sante des commis, mes compagnons, qui m'empê-
chait de travailler et de penser ! Pendant plus
de six semaines, arrivé à quatre heures j'en étais
hébété.
Félix Faure, mon camarade assez intime à Gre-
noble, n'avait nullement ma rêverie folle sur
l'Amour et les Arts. C'est ce man(iue de folie qui a
toujours coupé la })ointe à notre amitié, qui n'a été
VIE DE HENRI BRULARD 147
que compagnonnage de vie. Il est aujourd'liui pair
de France, Premier Président, et condamne sans
trop de remords, je pense, à vingt ans de prison les
fous d'avril, trop punis par six mois de prison, vu le
parjure o/ the k[ing\, et à mort ce second Bailly, le
sage Morey, guillotiné le 19 mars 1836, coupable
peut-être, mais sans preuve. Félix Faure résisterait
à une injustice qu'on lui demanderait dans cinq
minutes, mais si on donne vingt-quatre heures à sa
vanité, la plus bourgeoise que je connaisse, si un
r[oi] lui demande la tête d'un innocent, il trouvera
des raisons pour l'accorder. L'égoïsme et une ab-
sence complète de la plus petite étincelle de géné-
rosité, réunis à un caractère triste, à l'anglaise, et à
la peur de devenir fou comme sa mère et sa sœur,
forment le caractère de ce mien camarade. C'est
le plus plat de tous mes amis et celui qui a fait la
plus grande fortune.
Quelle différence de générosité avec Louis Crozet,
Bigillion*! Mareste ferait les même choses, mais sans
faire illusion, pour de l'avancement et à Vitalienne.
Edmond Cardon eût fait les même choses en en
gémissant et les recouvrant de toute la grâce pos-
sible, d'Argout avec courage et en songeant au
danger personnel et surmontant cette crainte.
Louis Crozet (ingénieur en chef à Grenoble) aurait
exposé sa vie avec héroïsme plutôt que de condam-
ner à vingt ans de prison un fou généreux comme
Kersanné (que je n'ai jamais vu), trop puni par
lis STENDHAL
six mois de prison. Colomb refuserait encore plus
nettement que Louis Crozet, mais on pourrait le
tromper.
Ainsi, le plus plat à peu près de tous mes amis est
Félix Faure (pair de France), avec lequel j'ai vécu
intimement en janvier 1800, de 1803 à 1805, et de
1810 à 1815 et 16.
Louis Crozet m'a dit que ses talents atteignent à
peine à la médiocrité, mais sa tristesse continue lui
donnait de la dignité lorsque je le connus aux
Mathématiques, ce me semble, vers 1797. Son père,
né très pauvre, avait fait une jolie fortune dans
l'administration des Finances et avait un beau
domaine à Saint-Ismier (à deux lieues de Grenoble,
route de Barraux et Chaml)cr\ ).
Mais je réfléchis qu'on va prendre pour de Venvic
ma sévérité envers ce plat pair de France. Me
croira-t-on quand j'ajouterai que je dédaignerais
jjien de changer de réputation avec lui ? Dix mille
francs et être exempt de poursuivre jor my future
writings serait mon bâton de maréchal, idéal, il
est vrai.
Félix Faure me présenta, à ma demande, à
Fabien, maître d'armes rue Montpensier, je crois,
rue des Cabriolets, près le Théâtre-Français, der-
lière Corazza, près du passage vis-à-\ is ]a fontaine
et la maison où .Nbjlièrc csl murt. Là, je fjiisiiis dt-s
armes non pas avec, mais ihins la niènic salle tpjc
plusieurs Grenf»blois.
VIE DE HENRI BRULARD
149
Deux grands et sales coquins entre autres (je
parle du fond, et non de l'apuarence, et de cocjuineri*;
en affaires privées, non de l'Etat), MM. Casinur
Périer, depuis ministre, et D , membre de la
Chambre des Députés en 1836. Ce dernier non
seulement volait au jeu dix francs, à Grenoble,
vers 1820, mais y a été pris sur le fait.
Casimir Périer était peut-être alors le plus beau
des jeunes gens de Paris ; il était sombre, sauvage,
ses beaux yeux montraient de la folie.
Je dis folie dans le sens propre. M'*^*^ Savoye de
Piollin, sa sœur, dévote célèbre et cependant pas
méchante, avait été folle et pendant plusieurs mois
avait tenu des propos dignes de l'Arétin, et en ter-
mes les plus clairs, sans aucun voile. Cela est drôle,
où une dévote de fort bonne compagnie peut-elle
prendre une douzaine de mots que je n'ose écrire
ici ? Ce qui explique un peu ce genre d'amabilité,
c'est que M. Savoye de Rollin, homme d'infiniment
d'esprit, libertin philosophe, etc., etc., ami de mon
oncle, était devenu nul par abus un an ou deux
avant son mariage avec la lille de Périer milord.
C'est le nom que Grenoble donnait à un homme
d'esprit, ami de ma famille, qui méprisait de tout
son cœur la bonne compagnie et qui a laissé trois
cent cinquante mille francs à chacun de ses dix ou
douze enfants*, tous plus ou moins emphatiques,
bétes et fous. Leur précepteur avait été le mien, ce
profond et sec coquin, M. l'abbé Raillane.
BnuLAUD II. 10.
150 STENDHAL
M, Péiier milord ne pensait jamais qu'à l'argent.
Mon grand-père Gagnon, qui l'aimait, malgré sou
protestantisme en bonne compagnie qui irritait
beaucoup M. Gagnon, me racontait que M. Périer,
en arri\ant dans un salon, ne pouvait se dispenser,
au premier coup d'œil, de faire le compte fort exact
de ce qu'avait coûté l'ameublement. Mon grand-
père, comme tous les orthodoxes, prétait des aveux
humiliants à M. Périer milord, qui fuyait la
bonne compagnie de Grenoble comme la peste
(vers 1780).
Un soir, mon grand-père le trouva dans la rue :
« Montez avec moi chez M'"^ de Quinsonnas.
— Je vous avouerai une chose, mon cher Gagnon :
lorsqu'on a été quelque temps de suite sans voir la
bonne compagnie et qu'on a pris une certaine habi-
tude de la mauvaise, on se trouve déplacé dans la
bonne. »
Je suppose que la bonne compagnie des Prési-
dentes au parlement de Grenoble, mesdames de
Sassenage, de Quinsonnas, de Bailly, contenait
encore un degré d'alliage ou d'affectation trop fort
pour un homme d'un génie vif comme M. Périer
milord. Je pense que je me serais fort ennuyé dans
la société où Montesquieu brillnit vers 1745, chez
\Ime Geoffrin ou die/, M"'*^ de Mirepoix. .l';ii décitu-
vert dernièrement <}ue l'esprit des vingt premières
pages de La Bruyère (qui, en 1803, fit mon éduca-
tion littéraire, d'après les éloges de Suiiit-Sliuon
VIE DE HENRI BRLI.ARD 151
dans les éditions en trois et en sept volumes) est
une copie exacte de ce que Saint-Simon appelle
avoir infiniment d'esprit. Or, en 1836, ces vingt pre-
mières pages sont pviériles, vides, de très bon ton
assurément, mais ne valent pas trop la peine d'être
écrites. Le style en est admirable en ce qu'il ne gâte
pas la pensée, qui a le malheur d'être sine ictii. Ces
vingt pages ont eu de l'esprit peut-être jusqu'en
1789. L'esprit, si délicieux pour qui le sent, ne dure
pas. Comme une belle pêche passe en quelques jours,
Vesprit passe en deux cents ans, et bien plus vite
s'il y a révolution dans les rapports que les classes
d'une société ont entre elles, dans la distribution du
pouvoir dans une société.
L'esprit doit être de cinq ou six degrés au-dessus
des idées qui forment rintelligence d'un public.
S'il est de huit degrés au-dessus, il fait mal à la
tête à ce public (défaut de la conversation de Domi-
nique, quand il est animé).
Pour achever d'éclairer ma pensée, je dirai que
La Bruyère était à cinq degrés au-dessus de l'intelli-
gence commune des ducs de Saint-Simon, de Cha-
rost, de Beauvilliers, de Chevreuse, de La Feuillade,
de Yillars, de Montfort, de Foix, de Lesdiguières
(le vieux Canaple), d'Harcourt, de La Rocheguyon,
de La Rochefoucauld, d'Humières, de M*"^^ de
Maintenon, de Caylus, de Berry, etc., etc., etc.
La Bruyère a dû être au niveau des intelligences
vers 1780, au temps du duc de Richelieu, Voltaire,
152 STENDHAL
M. de Vaiulrcuil, le duc de Nivernais (prétendu fils
de Voltaire), quand ce plat Marmontel passait pour
spirituel, du temps de Duclos, Collé, etc., etc.
1-^a 183tJ, excepté pour les choses d'art littéraire
ou {(lutôt de style, en en exceptant formellement
les jugements sur Racine, Corneille, Bossuet, etc.,
La Bruyère reste au-dessous de l'intelligence d'une
société qui se réunirait chez M™*^ Boni de Castellane
et qui serait composée de MM. Mérimée, Mole, Koreiï,
moi, Dupin aîné, Thiers, Béranger, duc de Fitz-
.James, Sainte-Aulaire, Arago, Villemain.
Ma foi, l'esprit manque, chacun réserve toutes ses
forces pour un métier qui lui donne un rang dans le
monde. L'esprit, argent comptanl. jiii[)révu même
pour le parler, l'esprit de Dominique lait peur aux
convenances. Si je ne me trompe, l'esprit va se
réfufifier chez les dames de mœurs faciles, chez
M"^*^ Ancelot (qui n'a pas plus d'amants que M"**^ de
Talarii, la |)remiére ou la seconde) mais chez
laquelle on ose plus.
r)uelle terrible dio-ression m fiH'citr des lecteurs
de 1880 ! Mais conq)rendront-ils l'allusion en fa^^eur?
.J'en doute, les crieurs publics auront alors un autre
mot pour faire acheter les discours du roi. Qu'est-ce
f|u'une allusion expliquée ? De l'esprit à la Charles
.Xodier, de l'esprit ennuyeux.
.Je veux coller i<i un cxciuple du slyle de 1835.
C'est M. (jo/.lari qui jiailf, (hiiis je '/ mips* . . .
ME DE HENRI BRULARD 153
Le plus doux, le plus vraiment jeune de tous ces
sombres (jreiioblois ipii faisaient des armes chez
J'éléganl Fabien, était sans doute M. César Pascal*,
fils d'un père également aimable et auquel Casimir
Périer donna la croix étant ministre, et la recette
' générale d'Auxerre à son frère maternel, l'aimable
Turquin, et une autre recette générale, celle de
\alence, au neveu de Casimir, M. Camille Teis-
seire.
Mais, au milieu de sa demi-friponnerie comme
négociant, M. Casimir Périer avait la qualité dau-
phinoise : il savait vouloir. Le souffle de Paris,
affaiblissant, corrodant la faculté de vouloir, n'avait
pas encore pénétré dans* nos montagnes en 1800.
J'en suis témoin fidèle pour mes camarades. Napo-
léon, Fieschi avaient la faculté de vouloir qui
manque à M. Villemain, à ^L Casimir Delavigne,
à M. de Pastoret (Amédée), élevés à Paris.
Chez l'élégant Fabien, je me convainquis de
mon métalent pour les armes. Son prévôt, le sombre
Renouvier, ([ui s'est tué, je pense, après avoir tué
en duel d'un coup d'épée son dernier ami, me fit
comprendre très honnêtement mon métalent. J'ai
été bien heureux de me battre toujours au pistolet,
je ne prévoyais pas ce bonheur en 1800, et, d'ennui
de parer tierce et cjuarte toujours trop tard, je
résolus, le cas échéant, de fondre à fond sur mou
adversaire. Cela m'a gêné toutes les fois qu'à l'armée
l-f.
O^ STENDHAL
je me suis vu l'épée au côté. A Brunswick, par
exemple, ma maladresse eût jmi m'envoyer ad
patres avec le grand chambellan de Munichhausen ;
heureusement, il ne fut pas hrave ce jour-là, ou
plutôt il ne voulut pas se compromettre. J'ai eu de
même un mêlaient pour le violon, et au contraire un
talent naturel et singulier pour lii-er les perdrix et
les lièvres et, à Brunswick, un corbeau d'un coup de
pistolet, à quarante pas, la voiture allant au grand
trot, ce qui m'a valu le respect des aides-de-camp
du général Rivant, cet homme si poli. (Rivant de
La Rafinière. haï du prince de Neuchâtel (Berthier),
depuis commandant à Rouen, et ultra vers 1825.)
.J'ai eu le bonheur aussi d'atteindre un hanco-
zeiteL à Vienne, au Prater, dans le duel arrangé avec
M. Raindre, colonel ou chef d'escadron d'artillerie
légère. Ce brave à trois poils ne le fut guère !
Enfin, j'ai porté l'épée toute ma vie ne sachant
pas la manier. J'ai tc)uj(>urs été gros et facile à
essouffler. .\bm projet a toiijouis élé : i< Y êtes-
vous ? » et droit le coup de seconde.
Dans le temps où je faisais des armes avec César
Pascal, Féli.x Faure, Duchesne, (Casimir Périer et
deux ou trois autres Dauphinois, j'allai voir Périer
inilord [en Dauphiné, on supprime le .Monsicia- (piand
il y a un surnom). Je le trou\ ai dans un appartement
de ses belles maisons tles Feuillants (près la rue
Castighnne d'aujunnl Imii : il (ji( ii|i;iil un des
appartements «pTil ne jM>u\ail pas Imier. C!'étail
VIK DE HENRI BRULARD 155
l'avare le plus gai et Je la meilleure compagnie. Il
sortit avec moi, il portait un hal)it bleu qui avait
sur la basque une tache rousse de huit pouces de
diamètre.
Je ne comprenais pas comment cet homme d'une
apparence si aimable (à peu près comme mon cousin
Rebuffel) pouvait laisser mourir de faim ses fds
Casimir et Scipion.
La maison Périer prenait à 5 ^ /q les économies des
servantes, des huissiers, des petits propriétaires,
c'étaient des sommes de 500, 800, rarement 1.500
francs. Quand vinrent les assignats, et que pour un
louis d'or on avait cent francs, elle remboursa tous
ces pauvres diables ; plusieurs se pendirent ou se
noyèrent.
Ma famille trouva ce procédé infâme. Il ne me
surprend pas de marchands, mais pourquoi, une
fois arrivé aux millions, n'avoir pas trouvé un pré-
texte honnête de rembourser les servantes ?
Ma famille était parfaite sur les choses d'argent,
elle eut grand'peine à tolérer un de nos parents qui
remboursa en assignats une somme de huit ou dix
mille francs, prêtée à ses auteurs en billets de la
banque de Law'(1718, je pense, à 1703).
CHAPITRE XLIII*
Je ferais du roman si je voulais noter ici l'im-
pression que me firent les choses de Paris, impres-
sion fort modifiée depuis.
Je ne sais si j'ai dit* qu'à la demande de son père
-M. Daru me mena à deux ou trois de ces sociétés
littéraires dont la présidence faisait tant de plaisir
à son père. J'y admirai la taille et surtout la gorge
de madame Pipelet, femme d'un pauvre diable de
chirurgien herniaire. Je l'ai un peu connue depuis,
dans son état de princesse.
M. Daru récitait ses vers avec mie bonhomie qui
me sembla bien étrange sur cette figure sévère et
allumée, je le regardais avec étonnement. Je me
disais : il faut l'imiter ; mais je n'y sentais aucun
goût.
158 STENDHAL
Je me rappelle le profond ennui clos dimanches, je
me promenais au hasard ; c'était donc là ce Paris
que j'avais tant désiré ! L'absence de montagnes et
de bois me serrait le cœur. Les bois étaient intime-
ment liés à mes rêveries d'amour tendre et dévoué,
comme dans l'Arioste. Tous les hommes me sem-
blaient prosaïques et plats dans les idées qu'ils
avaient de l'amour et de la littérature. Je me gardais
de faire confidence de mes objections contre Paris.
Ainsi je ne m'aperçus pas que le centre de Paris est
à une heure de distance d'une belle foret, séjour des
cerfs sous les rois. Quel n'eût pas été mon ravisse-
ment, en 1800, de voir la forêt de Fontainebleau,
où il y a quelques petits rochers en miniature, les
bois de Versailles, Saint-Cloud, etc. Probablement
j'eusse trouvé que ces bois ressemblaient trop à un
jardin.
Il fut question de nommer des adjoints aux com-
missaires des guerres. Je m'en aperçus au redouble-
ment des prévenances de M™^ Cardon pour la
famille Daru, et même pour moi. M. Daru passa un
matin chez le ministre avec le rapport sur cet
objet.
Mon anxiété a fixé dans ma tête l'image du bureau
où j'attendais le résultat ; j'en avais changé, ma
table était située dans une fort grande pièce occupée
par divers commis*. ^L Daru suivit la ligne DD'
en revenant de ciiez h- ministre, ila\ ;iil f;iil nommer,
ce me scndilf. Cardon cl Pjjirtlioinf'nl. .If ne liis |mitiL
VIE DE HENRI BRULARD 159
jaloux ilo Cardon, mais bien de M. Barthomeuf,
pour lequel j'avais de l'éloignement. En attendant
la décision, j'avais écrit sur mou appuie-main :
MAUVAIS PARENT, eu lettres majuscules.
Notez que M. Barthomeuf était un excellent
commis, dont M. Daru signait toutes les lettres
(c'est-à-dire M. Barthomeuf présentait vingt lettres,
M. Daru en signait douze et signait en corrigeant
six ou sept et en revoyait à refaire une ou deux).
Des miennes il en signait à peine la moitié, et
encore quelles lettres ! Mais M. Barthomeuf avait le
génie et la figure d'un garçon épicier et, excepté les
auteurs latins, qu'il savait comme il savait le Règle-
ment pour la solde, il était incapable de dire un mot
sur les rapports de la littérature avec la nature de
l'homme, avec la manière dont il est affecté ; moi,
je comprenais parfaitement la façon dont Helvétius
explique Régulus, je faisais tout seul un grand
nombre d'appHcations de ce genre, j'étais bien au
delà de Cailhwa dans l'art de la comédie, etc., etc.^
et je partais de là pour me croire le supérieur ou,
du moins, l'égal de M. Barthomeuf.
M. D[aru] aurait dû me faire nommer et ensuite
me faire travailler ferme. Mais le hasard m'a guidé
par la main dans cinq ou six grandes circonstances
de ma vie. Réellement, je dois une petite statue à la
Fortune. Ce fut un extrême bonheur de n'être pas
fait adjoint avec Cardon. Mais je ne pensais pas
ainsi, je soupirais un peu en regardant son bel uni-
160
STENDHAL
forme doré, son chapeau, son épée. Mais je n'eus
pas le moindre sentiment de jalousie. Apparemment,
je comprenais que je n'avais pas une mère comme
M"^*^ Cardon. Je l'avais vue importuner M. Daru
(Pierre) jusqu'à impatienter l'homme le plus flegma-
tique. M. Daru ne se fâchait pas. mais ses yeux de
sanglier étaient à peindre. Enfin, il hii ilil devant
moi : « Madame, j'ai l'honneur de vous promettre
que, s'il y a des adjoints, M. votre fils le sera. »
La sœur de M'"^ Cardon était, ce me semble,
^|me Augué des Portes, dont les filles se liaient
intimement alors avec la citovenne Hortense
Beauharnais. Ces demoiselles étaient élevées chez
madame Campan, la camarade et probablement
l'amie de M'"^ Cardon.
Je riais et je déployais mon amabilité de 1800
a\oc M^^^s Augiié, dont l'uiie éiiDusa 1 tient ùt après,
ce me semble, le général Ney.
Je les trouvais gaies et j'étais, je devais être, un
étrange animal ; peut-être ces demoiselles avaient-
elles assez d'esprit pour voir que j'étais étrange et
non plat. Enfin, je ne sais p(>iir<iuoi, j'étais bien
accueilli. Quel admirable salon à cultiver ! ^ oilà ce
que M. Daru li- ])ère aurait du mr l.nic ((^uprendre.
Cette vérité, fondanicnlale à Paris, jr ne l'ai entre-
vue [loiii- l:i prf*rnière fois ([im.- vingt-sept ans plus
tard, après la fameuse batailh- de Saii-Hcnio. La
fortune, dont j'ai tant à u^^• hnifi', m a piniiieiié
dans plusieurs salons tles plus influents. .J'ai refusé,
VIE Di: IFKNHI Bni I.AHl) J (^^
en 1814, uiu" place A tnillions*, eu 1828, j'étais en
société in lime avec MM. Thiers (ministre des Affaires
étrangères, hier), Mignet, Aubernon, Déranger.
•T'avais une grande considération dans ce salon. Je
trouvai M. Aubernon ennuyeux, Mignet, sans esprit,
Thiers, trop effronté, bavard ; Déranger seul me
plut, mais pour n'avoir pas l'air de faire la cour au
pouvoir, je ne l'allai pas voir eu jirison et je laissai
M™e Aubernon me prendre en guignon comme
homme immoral.
Et Mme la comtesse Dertrand, en 1809 et 1810 !
Quelle absence d'ambition ou plutôt quelle paresse !
Je regrette peu l'occasion perdue. Au lieu de dix,
j'aurais vingt mille*; au lieu de Y-hevalier, je serais
officier de la Légion d'honneur, mais j'aurais passé
trois ou quatre heures par jour à ces platitudes
d'ambition qu'on décore du nom de politique,
j'aurais fait beaucou]) de demi-bassesses, je serais
préfet du Mans (en 1814, j'allais être nommé préfet
"du Mans).
La seule chose que je regrette, c'est le séjour de
Paris, mais je serais las de Paris en 1836, comme je
suis las de ma solitude parmi les sauvages de Cività-
Vecchia.
A tout prendre, je ne regrette rien que de ne pas
avoir acheté de la rente avec les gratifications de
Napoléon, vers 1808 et 1809.
M. Daru le père n'en eut pas moins tort, dans ses
idées, de ne pas me dire :
Brulaiuj II.
11
162 STENDHAL
« Vous devriez chercher à plaire à M'"*^ Cardon et
à ses nièces, les deinpiselles Augué. Avec leur pro-
tection, vous serez fait commissaire des guerres
deux ans plus tôt. Ne soufïlez jamais mot, même à
M. Daru, de ce que je viens de vous dire. Rappelez-
vous que vous n'aurez d'avancement que par les
salons. Travaillez bien le matin, et le soir cultivez
les salons, mon aiîaire est de vous guider. Par
exemple, donnez-vous le mérite de l'assiduité,
commencez par celui-là. Ne manquez jamais un
mardi de M°*^ Cardon*. »
Il fallait tout ce bavardage pour être compris
d'un fou qui songeait plus à liamlet et au Misan-
thrope qu'à la vie réelle. Quand je m'ennuyais
dans un salon. j"\ manquais la semaine d'après, et
n'v reparaissais qu'au bout de quinze jours. Avec
la franchise de mon regard et l'extrême malheur et
prostration de forces que Venmd me donne, on voit
combien je devais avancer mes affaires par ces
absences. D'ailleurs, je disais toujours d'un sot :
cest un sot. Cette manie m'a valu un monde d'enne-
mis. Depuis que j'ai eu de l'esprit (en 1826), les
épigrammes sont arrivés en foule et des mots quon
ne peut plus oublier, me disait un jour cette bonne
madame Mérimée. J'aurais dû être tué dix fois, et
pourtant je n'ai que trois blessures, dont deux
sont des nioles (à la inaiii et au pied gauches).
Mes salons étaient. «If décembre [ITltO; à aviil
ISOft : M"'^' Cardon. M'"^' llcbnllVI. M""' Daiii.
vin DE HENRI BRL'LARD
1G3
.M. RohulTcl, M'"*^ Sorel (je crois), dont le mari
m'avait servi de chaperon pendant le voyage*.
C'étaient des gens aimables et utiles, serviables, (jui
entraient dans le détail de mes affaires, qui me
cultivaient même à cause du crédit déjà fort remar-
quable de M. Daru (le comte). Ils m'ennuyaient, car
ils n'étaient nullement romanesques et littéraires
(eut there) ; je les lâchai en grand.
Mes cousins Martial et Daru (le comte) avaient
fait la guerre de la Vendée. Je n'ai jamais vu de gens
plus purs de tout sentiment patriotique, cependant
ils avaient couru la chance, à Rennes, à Nantes,
et dans toute la Bretagne, d'être assassinés vingt
fois ; ainsi ils n'adoraient point les Bourbons, ils en
parlaient avec le respect que l'on doit au malheur,
et M™^ Cardon nous disait à peu près la vérité sur
Marie-Antoinette : bonne, bornée, pleine de hau-
teur, fort galante, et se moquant fort de l'ouvrier
serrurier nommé Louis XVI, si différent de l'ai-
mable comte d'Artois. Du reste, Versailles — la
cour du roi Pétaud, et personne, à l'exception
peut-être de Louis XVI, et encore rarement, ne
faisant une promesse ou un serment au peuple que
dans l'intention de le violer.
Je crois me rappeler qu'on lut chez M™® Cardon
les Mémoires de sa camarade, M"^^ Campan, bien
différents de l'homélie niaise que l'on a imprimée
vers 1820*. Plusieurs fois, nous ne repassâmes la
rue qu'à deux heures du matin, j'étais dans mon
164 STENDHAL
centre, moi. adorateur de Saint-Simon, et je parlais
d'une façon qui jurait avec ma niaiserie et mon exal-
tation habituelles.
J'ai adoré Saint-Simon en 1800, comme en 183G.
Les épinards et Saint-Simon ont été mes seuls goûts
durables, après celui toutefois de vivre à Paris avec
cent louis de rente, faisant des livres. Félix Faure
m'a rappelé en 182Î* (jue je lui parlais ainsi en 1798.
La famille Daru fut tout occupée d'abord du
décret d'organisation du corps des inspecteurs aux
revues, décret souvent corrigé, ce me semble, par
M. Daru (le comte), et ensuite de la nomination du
comte Daru et de Martial ; le premier lui inspecteur
et le second sous-inspecteur aux revues, tous les
deux avec le chapeau brodé et l'habit rouge. Ce bel
uniforme choqua le militaire, bien moins vain toute-
fois en 1800 que deux ou trois ans après, quand la
vertu eut été tournée en ridiculr.
Je crois avoir précisé mon premier séjour à Paris,
de novembre 179'J à avril ou mai 1800, j'ai même
trop bavardé, il y aura à effacer. Excepté le bel uni-
forme de Cardon (collet brodé en or), la salle de
Fabien et mes tilleuls au foTid du jardin, à l.'i Guerre,
tout le reste ne paraît guère qu'à travers un nuage.
Sans doute je voyais souvent Mante, mais nul
souvenir. Fut-ce alors <pie Grand-Dufay mourut au
café de l'Kurope, sur le boulexaiil du iriniilf. ou
en 1803 ? Je ne puis le dire.
A la Guerre, MM. Hailliiuiifiif cl Cardon riaiciil
VIE DE IIEMU BULLAHD 165
adjoints et moi très piqué et très lidicule, sans doute,
aux yeux de M. Daiu. Car enfin, je n'étais pas en
état de faire la moindre lettre. Martial, cet être
excellent, était toujours avec moi sur le Ion plaisant
et ne me fit jamais apercevoir que, comme commis,
je n'avais pas le sens commun. Il était tout occupé
de ses amours avec madame Lavalette, avec ma-
dame Petiet, pour laquelle son raisonnable frère,
le comte Daru, s'était donné bien des ridicules. Il
prétendait attendrir cette méchante fée par des
vers. Je sus tout cela quelques inois plus tard*.
Toutes ces choses, si nouvelles pour moi, fai-
saient une cruelle distraction à mes idées littéraires
ou d'amour passionné et romanesque, c'était alors
la niênfie chose. D'un autre côté, mon horreur pour
Paris diminuait, mais j'étais absolument fou ; ce qui
me semblait vrai en ce genre un jour me paraissait
faux le lendemain. Ma tête était absolument le jouet
de mon âme. Mais au moins je ne m'ouvris jamais
à personne.
Depuis trente ans au moins j'ai oublié cette
époque si ridicule de mon premier voyage à Paris ;
sachant en gros qu'il n'y avait qu'à sifïler, je n'y
arrêtais pas ma pensée. II n'y a pas huit jours que
j'y pense de nouveau, et, s'il y a une prévention
dans ce (jue j'écris, elle est contre le Brulard de ce
temps-là.
Je ne sais si je fis les yeux doux* à madame
Brulard II. 11.
166 STENDHAL
Rcbuffel et à sa fille pendant ce premier voyage, et
?i nous eûmes la douleur de perdre madame Cambon
moi étant à Paris. Je me souviens seulement que
\|iie Adèle R[ebuffel] me contait des particularités
sinsulières sur M^^*^ Cambon, dont elle avait été la
compagne et l'amie. M^^*^ Cambon, ayant une dot
de vingt-cinq ou trente mille francs de rente, ce qui
était énormissime au sortir de la République,
en 1800, éprouva le sort de toutes les positions trop
belles, elle fut victime des idées les plus stupides.
Je suppose qu'il fallait la marier à seize ans, ou du
moins lui faire faire beaucoup d'exercice.
Il ne me reste pas le moindre souvenir de mon
départ pour Dijon et l'armée de réserve, l'excès de
la joie a tout absorbé. MM. Daru (le comte), alors
inspecteur aux revues, et Martial, sous-inspecteur,
étaient partis avant moi.
Cardon ne \inl point sitôt, son adroite mère lui
voulait faire faire un autre pas. Il arriva bientôt
à Milan, aide-de-camp du ministre de la Guerre,
Carnot. Napoléon avait employé ce grand citoyen
pour Vuser (id est : rendre impopulaire et ridicule,
s'il If pouvait. Bientôt Carnot retomba dans une
pauvreté noble dont Napoléon n'ont lionle que
vers 1810, quand il n'eut plus peur de lui).
Je n'ai ludlo idée de mon arrivée à Dijon, pas plus
de mon arrivée à Genève. L'image de ces deux villes
a été effacé»; par les images plus complètes que m'ont
VIE DE HENRI BRULAR» 167
laissées les voyages postérieurs. Sans doute j'étais
fou de joie. J'avais avec moi une trentaine de
volumes stéréotypés. L'idée de perfeclionnement de
la nouvelle invention me faisait adorer ces volumes.
Très susceptible pour les sensations d'odeur, je
passais ma vie à me laver les mains quand j'avais
lu un bouquin, et la mauvaise odeur m'avait donné
un préjugé contre le Dante et les belles éditions de
ce poète rassemblées par ma pauvre mère, idée tou-
jours chère et sacrée pour moi et qui, vers 1800,
était encore au premier plan.
En arrivant à Genève (j'étais fou de la Nouvelle-
Héloïsé), ma première course fut pour la vieille
maison où est né J.-J, R.ousseau, en 1712, que j'ai
trouvée, en 1833, changée en superbe maison,
image de l'utilité et du commerce.
A Genève, les diligences manquaient, je trouvai
un commencement du désordre qui apparut régner
à l'armée. J'étais recommandé à quelqu'un, appa-
remment à un commissaire des guerres français,
laissé pour les passages et les transports. Le comte
Daru avait laissé un cheval malade ; j'attendis sa
guérison.
Là enfin recommencent mes souvenirs. Après
plusieurs délais, un matin, vers les huit heures, on
attache sur ce jeune cheval suisse et bai clair mon
énorme portemanteau, et un peu en dehors de la
porte de Lausanne, je monte à cheval.
C'était pour la seconde ou troisième fois de ma
168 STENDHAL
vie. Sérapliie et mon père s'étaient constamment
opposés à me voir monter à cheval, faire des
armes, etc.
Ce cheval, qui n'était pas sorti de l'écurie depuis
un mois, au bout de vingt pas s'emporte, quitte la
route et se jette, vers le lac, dans un champ planté
de saules : je crois que le portemanteau le blessait.
CHAPITRE XLIV*
Je mourais de crainte, mais le sacrifice était fait ;
les plus grands dangers n'étaient pas faits pour
m'arrêter. Je regardais les épaules de mon cheval,
et les trois pieds qui me séparaient de terre me sem-
blaient un précipice sans fond. Pour comble de
ridicule, je crois que j'avais des éperons.
Mon jeune cheval fringant galopait donc au hasard,
au milieu de ces saules, quand je m'entendis appeler :
c'était le domestique, sage et prudent, du capitaine
Burelviller qui, enfin, en me criant de retirer la
bride et s'approchant, parvint à arrêter le cheval,
après une galopade d'un quart d'heure, au moins,
dans tous les sens. Il me semble (jii'au milieu de mes
peurs sans nombre, j'avais celle d'être entraîné
dans le lac.
170 STENDHAL
« Que me voulez-vous ? dis-je à ce domestique,
quand enfin il eut pu calmer mon cheval,
— Mon maître désire vous parler. >
Aussitôt je pensai à mes pistolets ; c'est sans
doute quelqu'un qui me veut arrêter. La route était
couverte de passants, mais toute ma vie j'ai vu
mon idée et non la réalité (comme un chenal ombra-
geux, me dit, dix-sept ans plus tard, M. le comte de
Tracy).
Je revins fièrement au capitaine, que je trouvai
obligeamment arrêté sur la grand'route.
« Que me voulez-vous, monsieur ? » lui dis-je,
m'attendant à faire le coup de pistolet.
Le capitaine était un grand homme blond *, entre
deux âges, maigre, et d'un aspect narquois et
fripon, rien d'engageant, au contraire. Il m'ex-
pliqua qu'en passant à la porte, M...* lui avait
dit :
« Il y a là un jeune homme qui s'en va à l'armée,
sur ce cheval, qui monte pour la première fois à
cheval et qui n'a jamais vu l'armée. Ayez la charité
de le prendre avec vous pour les premières journées. »
M'attendant toujours à me fâcher et pensant à
mes pistolets, je considérais le sabre droit et immen-
sément long du capitaine Burelviller qui, ce me
semble, appartenait à l'arme de la grosse cavalerie :
habit bleu, boutons et épaulettes d'argent.
Je crois que, pour comble de ridicule, j'avais un
sabre ; même, en y pensant, j'en suis sûr.
^ VIE DE HENRI BRULARD 171
Autant que je puis en juger, je plus à ce M. Burel-
viller, qui avait l'air d'un grand sacripant, qui peut-
être avait été chassé d'un régiment et cherchait à
se raccrocher à un autre. Mais tout cela est conjec-
ture, comme la physionomie des personnages que
j'ai connus à Grenohle avant 1800. Comment
aurais-je pu juger ?
M. Burelviller répondait à mes questions et m'ap-
prenait à monter à cheval. Nous faisions l'étape
ensemble, allions prendre ensemble notre billet de
logement, et cela dura jusqu'à la Casa d'Adda,
Porta Nova, à Milan (à gauche, en allant vers la
porte).
J'étais absolument ivre, fou de bonheur et de
joie. Ici commence une époque d'enthousiasme et
de bonheur parfait. Ma joie, mon ravissement ne
diminuèrent un peu que lorsque je devins dragon
au 6e régiment, et encore ce ne fut qu'une éclipse.
Je ne croyais pas être alors au comble du bonheur
qu'un être humain puisse trouver ici bas.
Mais telle est la vérité pourtant. Et cela, quatre
mois après avoir été si malheureux à Paris, quand
je m'aperçus ou crus m'apercevoir que Paris n'était
pas, par soi, le comble du bonheur.
Comment rendrai-je le ravissement de Rolle ?
Il faudra peut-être relire et corriger ce iiassao-e
contre mon dessein, de peur de mentir avec artifice
comme Jean- Jacques Rousseau.
Comme le sacrifice de ma vie à ma fortune était
172 STENDHAL
fait et parfait, jetais excessivement hardi à cheval,
mais hardi en demandant toujours au capitaine
Burelviller : « Est-ce que je vais me tuer ? »
Heureusement, mon cheval était suisse, et paci-
fique et raisonnahle comme un Suisse ; s'il eût été
romain et traître, il m'eût tué cent fois.
Apparemment je plus à M. Burelviller, et il s'aj)-
piiqua à me former en tout ; et il fut pour moi, de
Genève à Milan, penilant un voyage à (juatre ou
cinq lieues par jour, ce (pi'un excellent oouverneur
doit être pour un jeune prince. Notre \ ie était une
conversation agréahle, mêlée d'événements singu-
liers et non sans quelque petit péril ; par conséquent,
impossibilité de l'apparence la j)lus éloignée de
l'ennui. Je n'osais dire mes chimères ni parler
littérature à ce roué de vingt-huit ou Uenle ans, qui
paraissait le contraire de l'émotion.
Dès que nous arrivions à l'étape, je le «piillais, je
donnais bien rélrenne à son domestique pour
soigner mon cheval ; y jxiuvais doue aller rêver en
paix.
A Piollr-, ce me semble, arrivé de bonne heure,
ivre de jjonheui'. i|f la Irchiic de la .\ou\'('lU'-Hcloï.se
et de l'idée d'aller i)ass<r a Ncncv, prenant peut-être
RoIIf |ioiii- \ ('\c\ . j'iiitfiidis I mil -à-((iiip sonner
en grande volée la «Idclic niajrsl iiniscî tj'une église*
située dans la coIIIm»', à un (|iiaît de lieue au-dessus
de Rollf Mil de Nyiiti ; j \ iiKuilai. .le \"oyais ce beau
lac s'étendre sous mes yeux, le son de la cloche était
VIE DF. IlEMU HHILAUD 173
une ravissante musique fjui accompagnait mes
idées, eu leur donnaul une i»hysiouomie sublime.
Là, ce me semble, a été mon approche la plus
voisine du bonheur parfait.
Pour un tel moment, il vaut la peine d'avoir vécu.
Dans la suite, je parlerai de moments semblables,
où le fond, pour le bonheur, était peut-être réel,
mais la sensation était-elle aussi vive, le transport
du bonheur aussi parfait ?
()ue dire d'un tel moment, sans mentir, sans
tomber dans le roman ?
A Rolle ou Nyon, je ne sais lequel (à vérifier, il
est facile de voir cette église entourée de huit ou
dix grands arbres), à Rolle exactement commença
le temps heureux de ma vie ; ce pouvait être alors
le 8 ou 10 de mai 1800.
Le cœur me bat encore en écrivant ceci, trente-
six ans après. Je quitte mon papier, j'erre dans ma
chambre et je reviens écrire. J'aime mieux manquer
quelque trait vrai que de tomber dans l'exécrable
défaut de faire de la déclamation, comme c'est
l'usage.
A Lausanne, je crois, je plus à AL Burelviller. Un
capitaine suisse retiré, jeune encore, était muni-
cipal. C'était quelque ultra échappé d'Espagne ou
de quelque autre Cour. En s'acquittant de la beso-
gne désagréable de distribuer des billets tle loge-
ment à ces sacripants de Français, il se prit de bec
avec nous et alla jusqu'à dire, en parlant de ïhori-
174 STENDHAL
neur que nous avions de servir notre patrie : « S'il
y a de l'honneur... »
Mon souvenir sans doute exagère le mot.
Je mis la main à mon sabre et voulus le tirer, ce
qui me prouve que j'avais un sabre.
M. Burelviller me retint.
« Il est tard, la \iile est encombrée, il s'agit
d'avoir un logement, » me dit-il peu après.
Et nous quittâmes le municipal, ancien capitaine,
après lui avoir bien dit son fait.
Le lendemain, étant à cheval, sur la route de
Villeneuve, M. Burelviller m'interrogea sur ma
façon de faire des armes.
Il fut stupéfait quand je lui avouai ma complète
ignorance. 11 me fit mettre, ce me semble, en garde,
à la première fois que nous nous arrêtâmes pour
laisser pisser nos chevaux.
« Et qu'auriez-vous donc fait, si ce cliien d'aristo-
crate était sorti avec nous ?
— J'aurais foncé sur lui. »
Apparemment que ce mot fut dit comme je le
pensais.
Le capitaine Burelviller m'estima beaucoup
depuis et nie le dit.
11 fallait ({ue ma parfaite innocence et lotale
absence du mensonge fût bien évidente pour donnei-
de la valeur à ce (pii, dans tout inilic jiosilKtn, cùL
été une blague tellement j'rossière.
VIE DE HENRI BRULARD 17;
Il se mit à nie donner quelques principes d'esto-
cade, dans nos haltes, le soir.
« Autrement vous vous feriez enfiler comme
un... »
J'ai oublié le terme de comparaison.
Martigny, je crois, au pied du Grand-Saint-Ber-
nard, m'a laissé un souvenir : le beau général Mar-
mont, en habit de conseiller d'Etat, bleu de ciel
brodant sur bleu de roi, s'occupant à faire filer un
parc d'artillerie. Mais comment cet uniforme est-il
possible ? Je l'ignore, mais je le vois encore.
Peut-être vis-je le général Marmont en uniforme
de général, et plus tard lui ai-je appliqué l'uniforme
de conseiller d'Etat. (Il est à Rome, ici près, mars
1836, le traître duc de Raguse, malgré le mensonge
que le lieutenant-général Després m'a fait devant
ma cheminée, au Heu où j'écris, il n'y a pas douze
jours.)
Le général Marmont était à gauche de la route,
vers les sept heures du matin, au sortir de Martigny ;
il pouvait être alors le 12 ou le 14 de mai 1800.
J'étais gai et actif comme un jeune poulain, je me
regardais comme Calderon faisant ses campagnes en
Italie, je me regardais comme un curieux détaché à
l'armée pour voir, mais destiné à faire des comédies
comme Molière. Si j'avais un emploi par la suite, ce
serait pour vivre, n'étant pas assez riche pour courir
le monde à mes frais. Je ne demandais qu'à voir de
17G STENDllAI.
grandes choses. Ce fut ilonc avec plus de joie
encore qu'à l'ordinaire que j'examinai Maimonl, ce
jeune et beau favori du Premier Consul.
Comme les Suisses, dans les maisons descjuels
nous avions logé à Lausanne, Villeneuve, Sion, etc.,
nous avaient fait un tableau infâme du Grand-Saint-
Bernard, j'étais |)lus gai (ju'à l'ordinaire, plus gai
n'est pas le mot, c't'st plus heureux. Mnii plaisir
était si vif, si intime, «pi'il m ('tait ]i<iisil.
J'étais, sans m'en rendre raison, exlrèmoment
sensible à la beauté des paysages. Comme mon père
et Séraphie vantaient beaucoup les beautés de la
nature en véritables hypocrites (pi'iis étaient, je
croyais avoir la nature en Imireur. Si (pielqu'un
m'eût parlé des beautés de la Suisse, il m'eut fait
mal au cœur ; je sautais les phrases de ce genre dans
les Confessions et Vlh'loïse de Rousseau, ou plutôt,
pour être exact, je les lisais en courant. Mais ces
phrases si belles me touchaient malgré moi.
.le dus avoir un plaisir extrême en montant le
Saint-Bernard, mais, ma foi, sans les précautions,
(\m souvent me sendjlaieut extrêmes et prescpie
riflicules, du capitaine Burelviller, je serais nioit
peut-être dès ce premier pas.
(^lie rmi \< iiilli' bien -«• liijipelcr de ma ndieulis-
sime édiieiilion. l'uni- ih- me f:iire ((lurir iniciiu
«langer, mon pèie et Séraphie m';i\;iieiit empêché
<le monter à cheval et, îiuhmt «piils ;.\;iieiil pu,
d'îiller à la e}iîis»je. 'l'fMif au plus j';illais nie promener
VIE DE HENRI BRULARD 1/7
avec lin fusil, mais jamais de partio do chasse véri-
table, où Ton IfoiiNO la faim, la pluie, l'excès de la
faliouc.
l)e plus, la nature m'a donné les nerfs délicats
et la peau sensible d'une femme. Je ne pouvais pas,
(pielcjues mois après, tenir mon sabre deux heures
sans avoir la main pleine d'ampoules. Au Saint-
Bernard, j'étais pour le physique comme une jeune
fille de quatorze ans ; j'avais dix-sept ans et trois
mois, mais jamais fils gâté de grand seigneur n'a
reçu une éducation plus molle.
Le courage militaire, aux yeux de mes parents,
était une qualité des Jacobins ; on ne prisait que le
courage d'avant la Révolution, qui avait valu la
croix de Saint-Louis au chef de la branche riche de
la famille (M. le capitaine Beyle, de Sassenage).
Excepté le moral, par moi puisé dans les livres
prohibés par Séraphie, j'arrivai donc au Saint-
Bernard poule mouillée complète. Que fussé-je
devenu sans la rencontre de M. Burelviller et si
j'eusse marché seul ? J'avais de l'argent et n'avais
pas même songé à prendre un domestique. Etourdi
par mes délicieuses rêveries, basées sur l'Arioste et
la Noui'elle-Héloïse^ toutes les remarques prudentes
glissaient sur moi ; je les trouvais bourgeoises, plates,
odieuses.
De là, mon dégoût, même en 1836, pour les faits
comiques, où se trouve de toute nécessité * un
Brllard II. 12
1/8 STENDHAL
personnage bas. Ils me font un dégoût qui va jusqu'à
l'horreur.
Drôle de disposition pour un successeur de Mo-
lière !
Tous les sages avis des hôteliers suisses avaient
donc glissé sur moi.
A une certaine hauteur, le froid devint piquant,
une brume pénétrante nous environna, la neige
couvrait la route depuis longtemps. Cette route,
petit sentier entre deux murs à pierres sèches, était
remplie de huit à dix pouces de neige fondante et,
au dessous, des cailloux roulants (comme ceux de
Claix, polygones irréguliers dont les angles sont un
peu émoussés).
De temps en temps, un cheval mort faisait cabrer
le mien ; bientôt, ce qui fut bien pis, il ne se cabra
plus du tout. Au fond, c'était une rosse.
CHAPITRE XLV*
LE SAINT-BERNARD
A chaque instant tout devenait pire. Je trouvai le
danger pour la première fois ; ce danger n'était pas
grand, il faut l'avouer, mais pour une jeune fille de
quatorze ans qui n'avait pas été mouillée par la
pluie dix fois en sa vie !
Le danger n'était donc pas grand, mais il était
en moi-même : les circonstances diminuaient
l'homme.
Je n'aurai pas honte de me rendre justice, je fus
constamment gai. Si je rêvais, c'était aux phrases
par lesquelles J.-J. Rousseau pourrait décrire ces
monts sourcilleux couverts de neige et s'élevant
jusqu'aux nues avec leurs pointes sans cesse obscur-
cies par de gros nuages gris courant rapidement.
180 STENDHAL
Mon cheval faisait mine de tomber, le capitaine
jurait et était sombre, son prudent domestique, qui
s'était fait mon ami, était fort pâle.
J'étais transpercé d'humidité ; sans cesse nous
étions gênés et même arrêtés par des groupes de
quinze ou vingt soldats qui montaient.
Au lieu des sentiments d'héroïque amitié que je
leur supposais, d'après six ans de rêveries héroupies
basées sur les caractères de Ferragus et de Rinaldo,
j'entrevoyais des égoïstes aigris et méchants ; sou-
vent ils juraient contre nous, de colère de nous voir
à cheval et eux à pied. Lii peu plus ils nous volaient
nos chevaux.
Cette vue du caractère humain me contrariait,
mais je l'écartais bien vite pour joiiii- de cette idée :
je vois donc une chose dilllcile !
Je ne me rappelle pas tout cela, mais je me
rappelle mieux les* dangers postérieurs, quand
j'étais bien plus rapproché de 1800, par exemple à la
Un (h- 1812, dans hi niarchc de Mciscoii à Ku-nigs-
i)erg.
Enfin, après um- <|n;irilité ('iiniiiir de zigzags, qui
me paraissaient Inrim i- une distance inlinic, dans
un foml. cnlic deux rochers puiuliis rt éiujrmes,
j'aperçus, à gauclu-, une ni;iis(iu basse, presque cou-
verte J)ar un nu;i;.M' qui |);is'«;iil.
(l'est l'hospice ! < tu nous y (l(.iiii;i. couiuic à fnulc
l'armée, uu di-iui-x <ric de \iri <|ui me |iarul glacé
comme une Jécoclion ronge.
VIE DE HENRI BRULAHU 181
Je iTai (le mcMUoire que du ^•in ; sans doute on v
joignit un morceau de pain et de fromage.
Il me semble que nous entrâmes, ou bien les écrits
de l'intérieur de l'Hospice qu'où me fit produisirent
une image qui, depuis trente-six ans, a pris la place
de la réalité.
^ oilà un danger de mensonge que j'ai aperçu
depuis trois mois que je pense à ce véridique journal.
Par exemi)le, je me figure fort bien la descente.
Mais je ne veux pas dissimuler que, cinq ou six ans
après, je vis une gravure que je trouvai fort ressem-
blante ; et mon souvenir tiest plus que la gravure.
C'est là le danger d'acheter des gravures des beaux
tableaux que l'on voit dans ses voyages. Bientôt la
gravure forme tout le souvenir, et détruit le souvenir
réel.
C'est ce c[ui m'est arrivé pour la Madone de Saint-
Sixte de Dresde. La belle gravure de Mûller l'a
détruite pour moi, tandis que je me figure parfaite-
ment les méchants pastels de Mengs, de la même
galerie de Dresde, dont je n'ai vu la gravure nulle
part.
Je vois fort bien l'ennui de tenir mon cheval
par la bride : le sentier était formé de roches immo-
biles*.
Le diable, c'est que les quatre pieds de mon cheval
se réunissaient dans la ligne droite formée par la
réunion des deux rochers qui formaient la route, et
alors la rosse faisait mine de tomber ; à droite, il n'y
BnULARU II. 12.
182 STENDHAL
avait pas grand mal, mais à gauche ! Que dirait
M. Daru, si je lui perdais son cheval ? Et d'ailleurs
tous mes effets étaient dans l'énorme portemanteau,
et peut-être la plus grande partie de mon argent.
Le capitaine jurait contre son domestique qui lui
blessait son second cheval, il donnait des coups de
canne sur la tête de son propre cheval, c'était un
homme fort violent, et enfin il ne s'occupait pas de
moi le moins du monde.
Pour comble de misère un canon, ce me semble,
vint à passer, il fallut faire sauter nos chevaux à
droite de la route ; mais de cette circonstance je
n'en voudrais pas jurer, elle est dans la gravure*.
Je me souviens fort bien de cette longue descente
circulaire autour de ce diable de lac glacé.
Enfin, vers Etrouble, ou avant Etrouble, vers un
hameau nommé Saint...*, la nature commença à
devenir moins austère.
Ce fut pour moi une sensation délicieuse.
Je dis au capitaine Burelviller :
« Le Saint-Bernard, n'est-ce que ça ? »
Il me semble qu'il se fâcha et crut que je mentais
(en termes dont nous nous servions : que je lui
làcliais une blague).
Je crois entrevoir dans mes souvenirs ([u'il me
traita de conscrit, ce qui me sembla une injure.
■ A Etrouble, où nous couchâmes, ou à Saint-...,
mon Ixinliriir fut extrême, mais ji; cnniniriiçais à
conqueiidre «jue ce n'était que dans les moments
VIE DE HENRI BRULARD
183
OÙ le capitaine était gai, que je pouvais hasarder
mes remarques.
Je me dis : je suis en Italie, c'est-à-dire dans le
pays de la Zidietta que J.-J. Rousseau trouva à
Venise, en Piémont, dans le pays de M"^^ Bazile.
Je comprenais bien que ces idées étaient encore
plus de contrebande pour le capitaine qui, ce me
semble, une fois, avait traité Rousseau de polisson
d'écrivain.
Je serais obligé de faire du roman, et de chercher
à me figurer ce que doit sentir un jeune homme de
dix-sept ans, fou de bonheur en s'échappant du
couvent, si je voulais parler de mes sentiments
d'Etrouble au fort de Bard.
J'ai oublié de dire cjue je rapportais mon innocence
de Paris ; ce n'était qu'à JMilan cjue je devais me
délivrer de ce trésor. Ce qu'il y a de drôle, c'est que
je ne me souviens pas distinctement avec qui.
La violence de la timidité et de la sensation a tué
absolument le souvenir.
Tout en faisant route, le capitaine me donnait des
leçons d'équitation, et pour activer il donnait des
coups de canne sur la tête de son cheval, qui s'em-
portait fort. Le mien était une rosse molle et pru-
dente ; je le réveillais à grands coups d'éperons. Par
bonheur, il était très fort.
1S4
STENDHAL
Mon imagination folle, n'osant pas dire ses secrets
au capitaine, nie f;tisait au moins le pousser de
questions sur léquitation. Je n'étais rien moins que
discret.
« Et quand un cheval recule et s'approche ainsi
d'un fossé profond, que faut-il faire ?
— Que diable ! à peine vous savez vous tenir, et
vous me demandez des choses qui embarrassent les
meilleurs cavaliers ! »
Sans doute quelque bon jurement accompagna
cette réponse, car elle est restée gravée dans ma
mémoire.
Je devais l'ennuyer ferme. Son sage domestique
m'avertit qu'il faisait manger à ses chevaux la
moitié au moins du son qu'il me faisait acheter
I»our rafraîchir le mien. Ce sage domestique m'offrit
de passer à mon service, il m'eût mené à sa volonté,
au lieu que le terrible Burelviller le malmenait.
Ce beau discours ne me lit aucune impression. Il
me semble «juc je pensai (jue je devais une reconnais-
sance infinie au capitaine.
D'ailleurs, j'étais si heureux de conlenqjler les
beaux paysages et l'arc de triomphe d'avril «jue je
n'avais qu'un vœu à former : c'était (pie «et te vie
durât toujours.
Nous croyions l'armée à cpiarante lieues en avant
«le nous.
Tout-à-roup, nous la troiiNâmes arrêtée par le fort
de Bard*.
VIE DE IIENHI BRLLARD 185
Je nie vois Ijivouafjuant à une clenii-lleuc du fort,
à gauche de la grande route.
Le lendemain, j'eus vingt-deux piqûres de cousin
sur la figure et un œil tout à fait fermé.
Ici, le récit se confond avec le souvenir.
Il me semble que nous fûmes arrêtés deux ou trois
jours sous Bard.
Je redoutais les nuits à cause des piqûres de ces
affreux cousins, j'eus le temps de guérir à moitié.
Le Premier Consul était-il avec nous ?
Fut-ce, comme il me semble, pendant que nous
étions dans cette petite plaine, sous le fort, que le
colonel Dufour essaya de l'emporter de vise force ?
Et que deux sapeurs essayèrent de couper les chaînes
du pont-levis ? Vis-je entourer de paille la roue des
canons, ou bien est-ce le souvenir du récit que je
trouve dans ma tête ?
La canonnade épouvantable dans ces rochers si
hauts, dans une vallée si étroite, me rendait fou
d'émotion.
Enfin, le capitaine me dit : « Nous allons passer sur
une montagne à gauche : C'est le chemin *. »
J'ai appris, depuis, que cette montagne se nomme
Albaredo.
Après une demi-lieue, j'entendis donner cet avis
de bouche en bouche : « Ne tenez la bride de vos
chevaux qu'avec deux doigts de la main droite afin
que, s'ils tombent dans le précipice, ils ne vous
entraînent pas.
186 STENDHAL
— Diable ! il y a donc danger ! » me dis-je *.
On s'arrêta sur une petite plate-forme.
« Ah ! voilà qu'ils nous visent, dit le capitaine.
— Est-ce que nous sommes à portée ? dis-je au
capitaine.
— Ne voilà-t-il pas mon bougre qui a déjà peur ? »
me ilit-il avec humeur. 11 > a\ ;iit là sept à huit per-
sonnes.
Ce mot fut comme le chant du ( oq pour Saint-
Pierre, .le revois : je m'approchai du bord de la
plate-forme pour être plus exposé, et quand il
continua la route, je traînai quelques minutes, pour
montrer mon courage.
Voilà comment j»- vis le feu pour la première
fois.
C'était une espèce de pucelage qui me pesait
autant que l'autre.
CHAPITRE XLVI*
Le soir, en y réfléchissant, je ne revenais pas de
mon étonnement : Quoi ! nesl-ce que ça ? me
disais-je.
Cet étonnement un peu niais et cette exclamation
m'ont suivi toute ma vie. Je crois que cela tient à
l'imagination ; je fais cette découverte, ainsi que
beaucoup d'autres, en 1836, en écrivant ceci.
Parenthèse. — Souvent je me dis, mais sans
regret : Que de belles occasions j'ai manquées! Je
serais riche, du moins j'aurais de l'aisance ! Mais je
vois, en 1836, que mon plus grand plaisir est de
rêver ; mais rêver à quoi ? Souvent à des choses qui
m'ennuient. L'activité des démarches nécessaires
pour amasser 10.000 francs de rente est impossible
pour moi. De plus, il faut flaUei^, ne déplaire à per-
188 STENDHAL
sonne, etc. Ce dernier est presque impossible pour
moi.
lié bien ! M. ]«• comte de Cauchaiu était lieute-
nant ou sous-lieutenant au (1*^ de dragons en mémo
temps que moi. il j)assait pour intriganl. lial>ile,
ne perdant pas une occasion ])our plaire aux gens
j)uissants, etc., ne faisant pas un pas qui n'eût son
but, etc. Le général Cauchaiu. son oncle, avait
pacifié la Vendée, je crois, et ne manquait pas de
crédit. M. de Cauchaiu quitta le régiment pour
entrer dans la carrière consulaire, il a eu probable-
ment toutes les ([ualités <[ui me mantpient, il est
consul à -Nice, comme moi à Cività-Vecchia. \ oilà
qui doit me consoler de ii'ctre pas intrigant, ou du
moins adroit, prudent, etc. J'ai eu le rare plaisir de
faire toute ma vie à peu pré>< rc (|iii me plaisait,
et je suis aussi avancé (piuii hoinmc liuid, adroit,
etc. M. do Cauchain m'a fait politesse (piaud je
passai à .\i(f <ii ilrccdiltre 18u.'!. Pcut-ctrc a-l-il de
plus que moi davoir de la fortuin-, mais jjrobablc-
meiit il l'a héritée de son oncle, et d'ailleurs il est
chargé d'iiiH- \ieille femme. .!<• ne changerais pas,
c'est-à-din- : je ne voudrais pas cpie mou àme eiitiàt
dans son corps.
Je ne dois donc pas me plaindre du destin. .F.n" eu
un lot exécrable de sept à dix-sept [ans], mais, (Irpuis
le i)assage du .Miuit-Sainl-liernard (à 'J.VH nntrcs
au-dessus de l'océan*), je n'ai plus eu ;i me plaindre
du destin ; j'ai, au contraire, à m'en louer.
VIE DE HENRI BRULARD 189
En 1804, je désirais cent louis et ma liberté ;
en 1836, je désire avec passion six mille francs et
ma liberté. Ce qui est au-delà ferait bien peu pour
mon bonheur. Ce n'est pas à dire que je ne voulusse
tàter de 25.000 francs et ma liberté pour avoir une
lionne voiture à ressorts bien liants, mais les voleries
du cocher me donneraient peut-être plus d'humeur
que la voiture de plaisir.
Mon bonheur est de n'avoir rien à administrer ;
je serais fort malheureux si j'avais 100.000 francs
de rente en terres et maisons. Je vendrais tout bien
vite à perte, ou du moins les trois-quarts, pour
acheter de la rente. Le bonheur, pour moi, c'est de
ne commander à personne et de n'être pas com-
mandé, je crois donc c{ue j'ai bien fait de ne pas
épouser M^*^ Rietti ou M^^^ Diane. — Fin de la
parenthèse*.
■ Je me souviens que j'eus un extrême plaisir en
entrant à Etrouble et à Aoste. Quoi ! le passage du
Saint-Bernard, n est-ce que ça ? me disais-je sans
cesse. J'avais même le tort de le dire haut quelque-
fois, et enfin le capitaine Burelviller me malmena ;
malgré mon innocence, il prit cela pour une blague
{id est : bravade) . Fort souvent, mes naïvetés ont
fait le môme effet.
Un mot ridicule ou seulement exagéré a souvent
sulîi pour gâter les plus belles choses ])our moi : par
exemple, à Wagram, à côté de la pièce de canon,
190 STENDHAL
quand les herbes prenaient feu, ce colonel blagueur
de mes amis qui dit : « C'est une bataille de géants ! »
L'impression de grandeur fut irrémédiablement
enlevée pour toute la journée.
Mais, grand Dieu ! qui lira ceci ? Quel galimatias !
Pourrai-je enfin revenir à mon récit ? Le lecteur
sait-il maintenant s'il eu est à 1800, au premier
début d'un fou dans le monde, ou aux réflexions
sages d'un homme de cinquante-trois* ans!
Je remarquai, avant de quitter mon rocher, que la
canonnade de Bard faisait un tapage effrayant :
c'était le sublime, un peu trop voisin pourtant du
danger. L'âme, au lieu de jouir purement, était
encore un peu occupée à se tenir.
J'avertis, une fois pf»ur toutes, le brave homme,
unique peut-être, qui aura le courage de me lire,
que toutes les belles réflexions de ce genre sont de
1836. J'en eusse été bien étonné en 1800 ; peut-être,
malgré ma solidité sur Helvélius et Shakespeare, ne
les eussé-je pas comprises.
Il m'est resté un souvenir net et fort sérieux du
rempart qui faisait ce grand feu sur nous. Le com-
mandant de ce fortin, situé providentiellement,
comme diraient les bons écrivains de 1830, croyait
arrêter le généml Bonaparte*.
Je crois que h.' logement du soir fui cln/. un curé,
déjà fort malmené parles vingl-ciinj mi litiilf iiiillr
VIE DE HENRI BRULARD 191
hommes qui avaient passé avant le capitaine Burel-
viller et son élève. Le capitaine, égoïste et méchant,
jurait ; il me semble que le curé me ht pitié, 'je lui
parlai latin, pour diminuer sa peur. C'était un gros
péché, c'est en petit le crime de ce vil coquin de
Bourmont à Waterloo, Par bonheur, le capitaine ne
m'entendit pas.
Le curé, reconnaissant, m'apprit que : Donna vou-
lait dire femme, cattwa, mauvaise, et qu'il fallait
dire : quante sono niiglia di qua a Ivrea ? quand je
voulais savoir combien il y avait de milles d'ici à
Ivrée.
Ce fut là le commencement de mon itahen.
Je fus tellement frappé de la quantité de chevaux
morts et d'autres débris d'armée que je trouvai de
Bard à Ivrée, qu'il ne m'en est point resté de sou-
venir distinct. C'était pour la première fois que je
trouvais cette sensation, si renouvelée depuis : me
trouver entre les colonnes d'une armée de Napoléon.
La sensation présente absorbait tout, absolument
comme le souvenir de la première soirée où Giul m'a
traité en amant. Mon souvenir n'est qu'un roman
fabriqué à cette occasion.
Je vois encore le premier aspect d' Ivrée aperçue à
trois quarts de heue, un peu sur la droite, et à
gauche des montagnes à distance, peut-être le Mont
Rose et les monts de Bielle, peut-être ce rezegon de
Lehk (sic), que je devais tant adorer plus tard.
102 STENDHAL
Il devenait dinicile non pas d'avoir un billet de
loj^ement des habitants terriliés. mais de défendre
ce logement contre les partis de trois ou quatre
soldats rôdant pour piller. J'ai ipielque idée du sabre
mis à la main pour défendre une porte de notre
maison, que des chasseurs à cheval voulaient enlever
pour en faire un bivouac.
Le soir, j'»'us une sensation fjue y n'oiililifrai
jamais. J'allai au spectacle, malgré le capitaine qui,
iuiîeant bien ilf num t'nfantilla<ce et de mon itrno-
rance des armes, mon sabre étant trop pesant pour
moi, avait peur, sans doute, que je ne me fisse tuer
à (pielque coin dr rue. Je n'avais point d'uniforme,
c'est ce «pi il y a de pis entre les colonnes d'une
armée...
Kniin, j'allai au spcelaele ; ou ilonnait le Malri-
monio segrclu île Lnuarosa. lartiicc qui jouail
Caroline a^■ait une dent de luoius sur le devant.
\ oilà tout ce qui me reste d un biudieur divin.
Je mentirais et ferais du roiuau si j'euhepieuais
de le détailler.
A l'instant, mes deu.\ grandes actions : 1" a\«»ir
passé le Saïut-l'ernard. 1!^ avoir été au feu. (h>-|ia-
rurent. Tout eeja me sembla ;_'ro«>siei- el ba-, .réjuou-
\ai «pielrpie chose comme umn tul liou^iasmc «le
I église au-dessus dr Hollf. mais lucii plus pur el
liicn plus vif. I^e pédant i^me de .liilie d'iùangc me
VIE DE HENRI BRULARD 193
gênait dans Rousseau, au lieu (jue tout fui tliviu
dans Cimarosa.
Dans les intervalles du plaisir, je me disais : Et
me voici jeté dans un métier grossier, au lieu de
vouer ma vie à la musique ! !
La réponse était, sans nulle mauvaise humeur :
Il faut vivre, je vais voir le monde, devenir un brave
militaire, et après un an ou deux je reviens à la
musique, mes uniques amours. Je me disais de ces
paroles emphatiques.
Ma vie fut renouvelée et tout mon désappointe-
ment de Paris enterré à jamais. Je venais de voir
distinctement où était le bonheur. 11 me semble
aujourd'hui que mon grand malheur devait être :
je n'ai pas trouvé le bonheur à Paris, où je l'ai cru
pendant si longtemps, où est-il donc ? Ne serait-il
point dans nos montagnes du Dauphiné ? Alors,
mes parents auraient raison, et je ferais mieux d'y
retourner.
La soirée d'Ivrée détruisit à jamais le Dauphiné
dans mon esprit. Sans les belles montagnes que
j'avais vues le matin en arrivant, peut-être Berland,
Saint- Ange et Taillefer* n'auraient-ils pas été
battus pour toujours.
Vivre en Italie et entendre de cette musique devint
la base de tous mes raisonnements.
Le lendemain matin, en cheminant auprès de nos
chevaux avec le capitaine, qui avait six pieds, j'eus
l'enfance de parler de mon bonheur, il me répondit
Brulard II. 13
194 STENDHAL
par des plaisanteries grossières sur la facilité de
mœurs des actrices. Ce mot était cher et sacré pour
moi, à cause de M^'^ KabK . et de plus, ce matiu-h'i.
j'étais amoureux de Caroline (du Matriinonio). Il
me semble que nous eûmes un différend sérieux, avec
quelque idée de duel de ma part.
Je ne comprends rien à ma folie ; c'est connue ma
provocation à l'excellent Joinville (maintenant M. le
baron Joinville. intendant militaire à Paris), je ne
pouvais pas soutenir mon sabre en li^rne horizontale.
La paix faite avec le capitaine, nous fumes, ce me
semble, occupés de la bataille du lessiii. où il me
semble que nous fûmes mêlés, mais sans dangei-. .h^.
n'en dis pas davantage, de peur de faire du roman;
cette bataille, ou cond^at, me fui cniitée en grands
détails peu de mois après par .M. Ciuywrdel, elief tie
bataillon à la ij"^^ ou 0'"*^ légère, le régiment île cet
excellent Maçon. ni«>rt à Leipzig vers 1809, ce me
semble. Le récit de M. Guyardet fail, ce me semble,
à Join^^lle, en ma présence, complète mes soijvenirs
et j'ai ]>eur de prendre l'inipressinti ch- ce léeit pour
un souvenir.
Je ne me r;i|i|ielle pn'^ même m Ir eoml).'!! du
Tessin comj)ta dans mon esj)rit pour la seconde \ ue
du feu, dans tous les cas ce ne pul êlre* cpie le leu
du caïuui ; peut-être eûmes-nous peui' d'èlic s;iltrés,,
nous trouvant, avec (piehpie cavalerie, lamenés
par l'ennemi. Je ne vois de clair <pie l;i himée du
canon ou de la fusillade, loiit e-l cfudus.
VIE DE HENRI BRULARD 195
Excepté le bonheur le plus vif et le plus fou, je
n'ai réellement rien à dire d'Ivrée à Milan. La vue
du paysage me ravissait. Je ne le trouvais pas la
réalisation du beau, mais quand, après le Tessin,
jusqu'à Milan, la fréquence des arbres et la force de
la végétation, et même les tiges du maïs, ce me
semble, empêchaient de voir à cent pas, à droite et
à gauche, je trouvais que celait là le beau.
Tel a été pour moi Milan, et pendant vingt ans
(1800 à 1820). A peine si cette image adorée com-
mence à se séparer du beau. Ma raison me dit : Mais
le vrai beau, c'est Naples et le Pausilippe, par
exemple, ce sont les environs de Dresde, les murs
abattus de Leipsick, l'Elbe à Altona, le lac de
Genève, etc. C'est ma raison qui dit cela, mon
cœur ne sent que Milan et la campagne luxuriante
(|ui l'environne *.
CHAPITRE XLVII*
MILAN
Un matin, en entrant à Milan, par une charmante
matinée de printemps, et quel printemps ! et dans
quel pays du monde ! je vis Martial à trois pas de
moi, sur la gauche de mon cheval. Il me semble le
voir* encore, c'était Corsia del Giardino, peu après
la rue des Bigli, au commencement de la Corsia di
Porta Nova.
Il était en redingote bleue avec un chapeau bordé
d'adjudant général.
Il fut fort aise de me voir.
« On vous croyait perdu, me dit-il.
— Le cheval a été malade à Genève, répondis-je,
je ne suis parti que le... *
Brulard II. 13.
108 STENDHAL
— Je vais vous montrer la maison, ce n'est qu'à
deux pas. «
Je saluai le capitaine Bureh illcr ; je ne l'ai jamais
revu.
Martial revint sur ses pas et me conduisit à la Casa
d'Adda *.
La façade de la Casa d'Adda n'était point finie, la
plus grande partie était alors en briques grossières,
comme San Lorenzo, à Florence. J'entrai dans une
cour magnifique. Je descendis de cheval fort étonné
et admirant tout. Je montai par un escalier superbe.
Les domestiques de Martial détachèrent mon porte-
manteau et emmenèrent mon cheval.
Je montai avec lui et bientôt me tiouvai dans un
superbe salon donnant sur la Corsia. J'étais ravi,
c'était pour la première fois que l'architecture pro-
duisait son effet sur moi. Bientôt on apporta d'excel-
lentes côtelettes pannées. Pendant plusieurs années
ce plat m'a rappelé Milan.
Cette ville devint pour moi le plus beau lieu de la
terre. Je ne sens pas du tout le charrue de ma j)atrie ;
j'ai, pour le lieu où je suis né, une réj)ugnuuce ([ui va
jusqu'au dégoût physique (le mal de mer). Milan a
été pour moi, de 1800 à 1821, le heu où j'ai constam-
ment désiré habiter.
J'y ai passé quehjues mois de 1800 ; ce fut le plus
beau temps de ma vie. J'y revins tant que je pus en
1801 et 1802, étant en rranuson à Hicscia et à Ber-
game, et enfin, j'y ai iiabité par ciioi.x de 1815 à 1821.
VIE DE HENRI BIIUI.AUD 109
Ma raison seule me dit, même en 1836, que Paris
vaut mieux. Vers 1803 ou 1804, j'évitais, dans le
cabinet de Martial, de lever les yeux vers une es-
tampe qui dans le lointain présentait le dôme de
Milan, le souvenir était trop tendre et me faisait
mal.
Nous pouvions être à la fin de mai ou au commen-
cement de juin, lorsque j'entrai dans la Casa d'Adda
(ce mot est resté sacré pour moi).
Martial fut parfait et réellement a toujours été
parfait pour moi. Je suis fâché de n'avoir pas vu cela
davantage de son vivant ; comme il avait étonnam-
ment de petite vanité, je ménageais cette vanité.
Mais ce que je lui disais alors par usage du monde,
naissant chez moi, et aussi par amitié, j'aurais dû le
lui dire par amitié passionnée et par reconnaissance.
Il n'était pas romanesque, et moi je poussais cette
faiblesse jusqu'à la folie; l'absence de cette folie le
rendait plat à mes yeux. Le romanesque chez moi
s'étendait à l'amour, à la bravoure, à tout. Je redou-
tais le moment de donner l'étrenne à un portier, de
peur de ne pas lui donner assez, et d'offenser sa déli-
catesse. Il m'est arrivé souvent de ne pas oser donner
l'étrenne à un homme trop bien vêtu, de peur de
l'offenser, et j'ai dû passer pour avare. C'est le
défaut contraire de la plupart des sous-lieutenants
que j'ai connus : eux pensaient à escamoter une
manda.
\ oici un intervalle de bonheur fou et complet, je
200 STENDHAL
vais sans doute battre un peu la campagne en en
parlant. Peut-être- vaudrall-il mieux m'en tenir à la
ligne précédente.
Depuis la fin de mai jusqu'au mois d'octobre ou
de novembre (juc je fus reçu sous-lieutenant au
(jme régiment de dragons à Rapallo ou Roncanago,
entre Brescia et Crémone, je trouvai cinq ou six
mois de bonheur céleste et comjjlet *.
On ne peut pas apercevoir distinctement la partie
du ciel trop voisine du soleil, par un eiïet semblalde
j'aurais grand'peine à faire une narration raison-
nable de mon amour pour Angela Pietragrua. Com-
ment faire un récit un peu raisonnable de tant de
folies? Par où commencer? Comment rendre cela
un peu intelligible ? Voilà déjà que j'oublie l'ortho-
graphe, comme il m'arrive dans les grands trans-
ports de passion, et il s'agit puurtaut (.le choses
passées il y a trente-six ans.
Daignez jne pardonner, lecteui' béiitx oie ! Mais
plutôt, si vous avez plus de trente ans ou si, avec
trente ans, vous êtes du parti prosaïque, fermez le
livre !
Le croira-t-on, mais tout send)lera absurde <l;ms
mon récit de cette année 1800. Cet amoui- si (élcslc.
si passionin'-. <|Ui ni'aNait entièrement cnlcNr à la
terre pour nie transporter dans le pays des chimères,
mais des chimères les plus célestes, les plus délicieuses,
les [)Ius à Sdiili.iit, n*arn\a à {•*• ipiiui ;i|ipi'lic le
bonheur <]u en scplendjre ISII.
VIE DE HENRI BRUI.ARD 201
Excusez du peu, onze ans, non pas de fidélité,
mais d'une sorte de constance.
La femme que j'aimais, et dont je me croyais en
quelque sorte aimé, avait d'autres amants, mais elle
me préférerait à rang égal, me disais-je ! J'avais
d'autres maîtresses. (Je me suis promené un quart
d'heure avant d'écrire.) Comment raconter rai-
sonnablement ces temps-là ? J'aime mieux renvoyer
à un autre jour.
En me réduisant aux formes raisonnables, je
ferais trop d'injustice à ce que je veux raconter.
Je ne veux pas dire ce qu'étaient les choses, ce
que je découvre pour la première fois à peu près
en 1836, ce qu'elles étaient ; mais, d'un autre côté,
je ne puis écrire ce qu'elles étaient pour moi en 1800 :
le lecteur jetterait le livre.
Quel parti prendre ? comment peindre le bonheur
fou ?
Le lecteur a-t-il jamais été amoureux fou ? A-t-il
jamais eu la fortune de passer une nuit avec cette
maîtresse qu'il a le plus aimée en sa vie ?
Ma foi, je ne puis continuer, le sujet surpasse le
disant.
Je sens bien que je suis ridicule, ou plutôt in-
croyable. Ma main ne peut écrire, je renvoie à
demain.
Peut-être il serait mieux de passer net ces six
mois-là.
202 STENDHAL
Comment peindre rexcessil" bonheur que tout nie
donnait ? C'est impossible pour moi.
Il ne me reste qu'à tracer un sommaire, pour ne
pas interrompre tout-à-fait le récit.
Je suis comme un peintre qui n'a plus le courage
de peindre un coin de son tableau. Pour ne pas
gâter le reste, il ébauche à la moitié ce qu'il ne peut
pas peindre.
0 lecteur, excusez ma mémoire, ou plutôt sautez
cinquante pages.
Voici le sommaire de ce que, à trente-six ans d'in-
tervalle, je ne puis raconter sans le gâter horrible-
ment.
Je passerais dans d'horribles douleurs les cinq,
dix, vingt ou trente ans qui me restent à vivre
qu'en ce moment je ne dirais pas : Je ne veux pas
recommencer.
D'abord, ce bonheur d'avoir pu faire ma vie. Un
homme médiocre, au-dessous du médiocre, si vous
voulez, mais bon et gai, ou plutôt heureux lui-même
alors, avec lequel je vécus.
Tout ceci, ce sont des découvertes que je fais en
écrivant. Ne sachant comment peindre, je fais
l'analyse de ce que je sentis alors.
Je suis très froid aujourd'hui, le temps est gris,
je souffre un peu.
Rien ne peut empêcher la folie.
En honnête homme qui abhorre d'cMbgérer, je ne
sais comment faire.
VIE DE HENRI BRULARD 203
J'écris ceci et j'ai toujours tout écrit comme
Rossini écrit la musique ; j'y pense, écrivant chaque
matin ce qui se trouve devant moi dans le libre'tto.
Je lis dans un livre que je reçois aujourd'hui :
« Ce résultat n'est pas toujours sensible pour les
contemporains, pour ceux qui l'opèrent et l'éprou-
vent ; mais, à distance et au point de vue de l'his-
toire, on peut remarquer à quelle époque un peuple
perd l'originalité de son caractère, » etc. (M. Ville -
main. Préface, page x.)
On gâte des sentiments si tendres à les raconter
en détail *.
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
FEUILLETS DE GARDE
Le premier vdlmne du manuscrit (colé R '299; de la Vie
de Henri Urulurd commence par un testament :
« Je lènue et donne le présent vohmie à M. le che-
valier Abraham Constantin (de Genève), peintre sur
porcelaine. Si M. Constantin ne l'a pas fait imprimer
dans les mille jours (pii suivront celui de mon décès,
je lègue et donne ce volume, successivement, à
MM. Alphonse Levavasseur, libraire, n*^ 10, place
Vendôme, Philarète Chasles, homme de lettres. Henry
Fournier, libraire, rue de Seine, Paulin, libraire,
Delaunay, libraire ; et si aucun de ces Messieurs ne
trouve son intérêt à faire imprimer dans les cinq ans
qui suivront mon décès, je laisse ce Aolume au plus
âgé des libraires habitant dans Londres et dont le
nom commence, par un C.
Cività-Vecchia, le 24 décembre 1835. «
On lit encore, sur un feuillet intercalé en face du
fol. 8, le fragment suivant : « ... de n'imprimer, si
cela en vaut la peine, que quinze mois après mon
décès. Rome, le 29 novembre 1835. IL Beyle. »
206 NOTES ET ÉCI.AIRCISSEMENTS
Sur un autre feuillet, on lit :
« PETITS FAITS A PLACER
1. Mauvaise odeur de gens qui assistaient aux
vêpres, à la Charité (M. B[eyle], supérieur).
2. L'abbé Rey me fait entrer dans le chœur, à Saint-
André. D'ordinaire, je me tenais tout près de la
grande grille du chœur. Sermons.
Tout cela, avant la clôture des églises ; mais à
quelle époque furent-elles fermées à Grenoble ?
3. Enterrement, ou plutôt obsèques, à Notre-Dame,
de l'évêque intrus, appelé l'abbé Pouchol avec dédain
par ma famille, d
Stendhal a pris soin de répéter le titre de son auto-
biographie en tête de chacun des volumes de son
manuscrit. Il y ajoute diverses indications destinées
à dérouter les investigations possibles de la police,
dont il avait une crainte maladive. Voici les diverses
mentions placées sur les feuillets de garde des trois
volumes :
Tome 1"
Vie de Henri Brulard.
A Messieurs de la Police. Ceci est un roman imité
du Vicaire de Wake/îeld. Le héros, Henri Rrulard,
écrit sa vie, à cinquante-deux ans, après la mort de
sa femme, la célèbre Charlotte Corday.
Tome II
Vie de Henri Brulard, écrite par lui-même. Roman
imité du Vicuire de Walxefield, surtout pour la pureté
des sentiments.
A Messieurs de la Police. Rien de politique. Le
héros de ce roman iinit par se faire prêtre, comme
Jocelvn.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 207
Tome III
\ ie de Ileiiri Jirulard, écrite par lui-inènie. Rgman
à détails, imité du Vicaire de \V akefîeld.
A Messieurs de la Police. Rien de politicjue dans
ce roman. Le plan est un exalté dans tous les genres
qui, dégoûte et éclairé peu à peu. finit par se consa-
crer au culte des hôtels (sic).
Chapitre I
Page 1. Le chapitre 1 comprend les feuillets 1 à 20. —
Ecrit les 23 et 24 novembre 1835. — Le fol. i ne fait
pas partie du ms, R 299 de la Bibl. mun. de Grenoble.
Il a été relié avec le vol. R 5896. Le fol. 1 du ms. R 299
porte : « Moi, Henri Brulard, j'écrivais ce qui suit,
à Rome, de 1832 à 1836. »
Page 2. En face de moi, je i'ois... — Variante : « T aper-
çois. »
Page 4. AF aimait- elle ? — Nous n'adoptons pas la
leçon proposée par M. Bédier à M. Paul Arbelet et
adoptée par Str\ ienski dans sa 2*^ édition de la Vie
de Henri Brulard. Le manuscrit porte en efTet nette-
ment un point entre les mots : peut-être et ))i aimait-
elle. (Cf. Casimir Stryienski et Paul Arbelel, Soirées
du Stendhcd-Club , 2^ série, p. 81 note.)
Page 4. Et Menti... — Clémentine, que Stendhal
• appelle plus souvent Menta (Sur M'"'' Clémentine C...,
voir A. Chuquet, Stendlial-Beyle, p. 180-183.
Page 5. AI. Daru.... — Ms. : « Ruda. » — Sur les habi-
tudes anagrammatiques de Stendhal, voir l'Introduc-
tion.
Page 5. ...cet ancien secrétaire-général de Besançon. —
Stendhal surnomme souvent Besançon son ami de
Mareste, qui fut secrétaire-général de la préfecture du
Doubs.
208 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 6. J'étais en pantalon de... — Le nom est laissé
en blanc dans le manuscrit.
Pase 6. J. \'aisa voir la 5. — Entre cet alinéa et le sui-
vant, Stendhal a laissé un assez grand espace dans
lequel il a écrit le mot : « Chap. »
Pai£e G. ... au talent près... — Variante : « Moins le
talent. >
Page 7. Je trouve quelquefois beaucoup de plaisir à
écrire, voilà tout. ■ — Un feuillet intercalaire est ainsi
conçu : « Au lieu de tant de bavardages, peut-être
que ceci sulfit :
Brulard Marie-Henry), né à Grenoble en 178() (sic),
d'une famille de bonne bourgeoisie qui prétendait à
la noblesse, il n'y eut pas de plus fiers aristocrates
qu'on pût voir dès 1752. Il fut témoin de bonne
heure de la méchanceté et de l'hypocrisie de certaines
gens, de là sa haine d'instinct pour la gii^on]. Son en-
fance fut heureuse jusqu'à la mort de sa mère. ([u"il
perdit à sept ans, ensuite les p[rêtres] en firent un
enfer. Pour en sortir, il étudia les mathématiques
avec passion et en 1797 ou 98 remporta le premier
prix, tandis que cinq élèves reçus le mois après à
l'Ecole polytechnique n'avaient que le second. Il
arriva à Paris le lendemain du 18 brumaire (9 no-
vembre 1799), mais se garda bien de se présenter à
l'examen pour l'Ecole polytechnique. Il partit avec
l'armée de réserve en amateur et passa le Saint-Ber-
nard deux jours après le Premier Consul. A son
arrivée à Milan, M. Daru, son cousin, alors inspecteur
aux revues de l'armée, le fit entrer comme maréchal
des locis.et bientôt sous-lieutenant, dans le G*^ de l)ra-
gons. dont M. Le Baron, son ami. était colonel. Dans
son régiment B., qui avait 150 francs de pension jjar
mois et qui se disait riche, il avait 17 ans, fut envié
et pas trop bien reçu ; il eut cependant un beau cer-
tificat du Conseil d'administration, l.'n an après, il fut
aide-de-camp du biave lieutfMianl-giMiéral Micliaud,
NOTES ET ÉCLAinCISSEMENTS 209
fit la campagne du Mincio contre le général Belle-
garde, jugea la sottise du général Brune et fit des
garnisons charmantes à Brcscia et Bertrame. CHjlifjé
de quitter le général Michaud, car il fallait être au
moins lieutenant pour remplir les fonctions d'aide-
de-camp, il rejoignit le 6*^ de Dragons à Alha et
Savigliano, fièrement, fit ime maladie mortelle à
Saluées...
Ennuyé de ses camarades, culottes de peau,
B. vint à Grenoble, devint amoureux de M^^^ Victo-
rine M. : et, profitant de la petite paix, donna sa
démission et alla à Paris, où il passa dix ans dans la
solitude, croyant ne faire que s'amuser en lisant les
Lettres Persanes, Montaigne, Cabanis, Tracy, et dans
le fait finissant son. éducation. »
Page 7. ... le Génie de Ch[ateaubriand] m'a semblé ridi-
cule. ■ — - Le Génie du Christianisme parut en 1802.
Page 8. ... qui pourrait devenir dévot... — ■ Ms. : « Votdé. «
Page 9. ... les madame Roland, les Mélanie Guilbert,
les... — La phrase est inachevée.
Page 9. ... une machine que Michel- Ange... — Le prince
Michel-Ange Caetani, frère de Don Philippe, ami de
Stendhal.
Page 10. ... le plus fripon des Kings et Tarlare hypo-
crite... — Le premier est Louis-Philippe, le second
le tsar de Russie, Alexandre I*^''.
Page 10. ... les préjugés, la religion! — Ms. : « Gion-
reli. »
Page 10. ... tandis qu'on saute les feuillets de ce jésuite...
— Ms. : « Tejessui. »
Page 10. ... (jesuitico more)... — Ms. : « Ticojesui. »
Page 12. ... vivre une année à Marseille avec une actrice
charmante... — Mélanie Guilbert, que Stendhal
a2)pelle ailleurs Louason.
DltLLARL) II. 14
210 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Chapitre II
Page 15. Le chapitre II comprend les feuillets 20 à 42.
Non date.
Page 15. Je vins en Italie vivre comme dans la rue (TAngi-
viller. — L'auteur était en 1819 à Grenoble, lors
de l'élection de l'abbé Grégoire à la Chambre des
Députés. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 16. ... le 29 ou le 30... — C'est le 28. (Note au
crayon de R. Colomb.)
Page 16. ... M. Mole... — Ms. : « Lémo. » — Mole fut
ministre des Affaires étrangères entre le 11 août et
le 2 novembre 1830.
Page 16. ... C[ivit^à-V\ecchi^a et Rome... — Ms. :
(( Omar. »
Page 16. ... étudiant de 1803 à 1806. — Négociant à
Marseille, 1805. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 16. ... tomber en avril 1814. — En avril 1814.
(Note au crayon de R. Colomb.) — Le manuscrit
porte : 1815.
Page 16. ... faisant imprimer... — Les lettres sur Mozart,
Haydn, etc. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 17. ... enfermés par un petit mur rond. — En face,
au verso du fol. 22, est une esquisse de cette scène :
le « couvent », près duquel passe la « route tendant à
Albano » ; à droite, un arbre entouré d'un mur bas ;
à droite encore, au bord du « lac d'Albano », Stendhal
assis. Devant lui, en capitales, les mots suivants :
« ZADIG. ASTARTÉ. »
Page 17. ... dont fai oublié le nom de baptême. —
Mme Azur est M^^e Alberlhe de Rubempré.
Page 21. ... à mon âge, cinquante-deux [«««]... — Les
chiffres ont été intervertis par Stendhal. Il explique
le 52 en mettant en surcharge : (7^ + 3).
Page 22. Alors nos grandes misères avec le vicomte... —
Le vicomte de Barrai.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 211
Page 23. ...ce qui me gênait dans cette supposition... —
Variante : « Idée. »
Page 24. ... mon beau- frère... — Pauline, sœur de
Beyie, avait épousé François-Daniel Péiier-Lagrange.
Page 24. ... mon cousin Rehuffel... — Jean-Baptiste
Rebufïet. Stendhal orthographie continuellement
Rebufjel. Nous avons respecté cette orthographe.
Page 27. ... loi du 3 prairial... — La loi instituant les
Ecoles centrales est du 3 brumaire an IV.
Page 27. ... Abraham Constantin... — Peintre sur por-
celaine, originaire de Genève.
Chapitre 111
Page 31. Le chapitre III comprend les feuillets 43 à 59.
— Ecrit à Rome, les 27 et 30 novembre 1835.
Page 32. ... au sud de V église du collège. — ■ La porte
de Bonne, en efl'et, a été démolie en 1832, lors de
l'agrandissement de la partie sud-est de l'enceinte
de Grenoble par le général Haxo, de 1832 à 1836.
Page 32. Ma tante Séraphie... — Sœur cadette de la
mère de Beyle. Sur les inembres de la famille Gagnon,
voir plus loin, chapitre vu, et l'Annexe IV.
Page 32. ... coupant ces joncs en morceaux... — Variante :
« Bouts. »
Page 33. ... M^'^ Elisabeth Gagnon. — ■ Elisabeth Ga-
gnon, sœur d'Henri Gagnon, grand-père maternel
de Beyle.
Page 33. ... je pouvais avoir quatre ans. — - On lit, à ce
sujet, sur un feuillet intercalé en face du fol. 8 :
« M. Gagnon achète la maison voisine de madame de
Marnais, on change d'appartement, j'écris partout
sur le plâtre des happes : « Henri Beyle, 1789. » Je
vois encore cette belle inscription qui émerveillait
mon bon grand-père.
212 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
« Donc, mon attentat à la vie de madame Chenavaz
est antérieur à 1789. »
Pajre 33. ... mon horreur pour la religion... — Ms. :
« G ion. »
Page 33. ... forcené dans ces temps-là, pour la... — Mol
illisible.
Page 33. Je n aidais pas plus de cinq ans. ■ — • Variante :
'( Je pouvais ai'oir quatre ou cinq ans. »
Paçre 34. ... une terrasse élégante ornée de fleurs. — - Il
s'a^^it du cabinet d'été d'Henri Gagnon. Voir notre
plan de l'appartement Gagnon.
Page 35. ... un petit chapeau triangulaire à mettre sous
le bras... — Dans la marge, Stendlial a fait un dessin
grossier représentant le chapeau de son grand-père.
Pa^e 3G. ... pour cent-vingt francs... — - Ce portrait est
de Boilly. Il fait partie actuellement de la collection
Lesbros.
Page 36. ... lu hataille de /"Assiette... en 1742, je crois.
— Cette bataille eut lieu jMMulanl la guerre de la Suc-
cession d'Autriche. Le 19 juillet 1747, le chevalier de
Belle- Isie, frère du maréchal, voulant envahir le Pié-
mont, fut repoussé au col de l'Assiette, entre Exiles
et Fénestrelles.
Page 37. ... entre autres une gippe... — ■ Terme local,
encore en usage à Grenoble.
Page 38. Je ne soupçonnais ... — Variante : « Savais. »
Page 38. ... un des deux ou trois peut-être... — Stendhal
a d'abord écrit : « un de ceux p », puis il continue :
M des deux ou trois peut-être ». Il semble que, dans ces
conditions, la leçon " un île ceux p » doive être sup-
primée, quoique n'ayant pas été rayée par l'auteur.
Page 39. ... et enfin lisait... — La lecture de cette
ligne et de la précédente est très incertaine. Cette
partie du texte est fort mal écrite. Stendhal s'en
excuse dans la marge en disant : « Ecrit de nuit à la
liâte. »
Pa^e 39. ... ce que fainuiis le plus au monde. — Entre
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 213
cet alini'a ot le suivant, Stendhal a laissé un lar^e
espace où il a «''crit le mot : « Chapitre. >'
PajiC W. ... pour atteindre plus vite à son lit. — Entre
cet alinéa et le siii\an(. nuii\('l espace assez large,
niariiué d'une -\-.
Page 40. Sa chambre est restée fermée di.r ans après sa
mort. — ■ En marge de cet alinéa, Stendhal a fait un
croquis représentant la chambre de sa mère, avec
une notice explicative.
Page 40. ... eu venant de la Grande-rue... — Aujourd'hui
rue Jean-Jac(jues-Rousseau, n^ 14. — A oir l'Appen-
dice II, la Maison natale de Steiulhal, par M. Samuel
Chabert.
Page 41. ... à peine à cent pas de la nôtre. — Dans la
marge, Stendhal a dessiné un croquis donnant la
situation respective de la maison de son père, de
celle de son grand-père, et de la maison de Marnais.
Un autre dessin plus grand est ajouté au manuscrit.
Il représente la c partie de la ville de Grenoble en 1793 »
comprise entre la rue Lafayette, la rue Saint-Jacques,
la place Grenette (où sont hgurés 1' « arbre de la
Liberté «, 1' « arbre de la l'raternité » et la « pompe
ancienne »). la Grande-rue et la rue des Vieux-Jésuites
(aujourd'hui rue Jean- Jacques-Rousseau). — • La
maison occupée par Henri Gagnon porte actuellement
le nO 20 de la Grande-rue et le n" 2 de la place Gre-
nette.
Au verso, nouveau testament, ainsi conçu :
« Testament.
Je lègue et donne la Vie de Henri Brulard. écrite
par lui-même, à M. Alphonse Levavasseur, place Ven-
dôme, et après lui à MM. Philarète Chasles, Henri
Fournier, Amvctt, sous la condition de changer tous
les noms de femme et aucun nom d'homme.
Cività-Vecchia, le 1^'' décembre 1835.
II. Beyle. »
Brllard II. 14.
214 notes et éclaircissements
Chapitre 1\
Page 43. Le chapitre IV comprend les feuillets GO à 74.
— Ecrit les l^'' et 2 décembre 1835.
Page 43. ... les circonstances île la mort (Vune personne
si chère. — En svircharge : «■ Je remplirais des volumes
si f entreprenais de décrire tous les souvenirs enchan-
teurs des choses que j'ai vues ou avec ma mère, ou de
son temps. » Ni le premier texte, ni celui-ci, ne con-
viennent absftlument. Nous conservons la première
leçon de Slendiial. {|ui n"a pas été rayée par lui, et
qui correspfuul mieux au contexte. — Henriette
Gagnon, mère de Stentlhal, mourut le 23 novembre
1790.
Page 44. ... jusqu'à l'an 134i). — Une partie de la date
est en blanc. — Le Dauphiné fut cédé au roi de
Erance Philippe VI par le dauphin llumbert II.
Page 44. ... pendant [seize] ans... — Egalement en blanc,
— Louis XI gouverna le Dauphiné depuis 1440 jus-
qu'à sa retraite auprès de Philippe le Htm. tluc de
Bourgogne, en août 1456.
Page 40. ... marqué de petite vérole... — Variante :
« Creusé. »
Page 47. ... et aimonçant le génie. — Dans la marge
(bi fol. 68, on lit : « Ecrit de nuit, le 1*-'' déc. 35. » De
fait, l'écriture de ce passage est particulièroment
mauvaise.
Page 47. ... peut-être l'opiniâtreté serait un signe. —
Variante : " Peut-être l'opiniâtreté est-elle un signe. »
Page 48. ... en laine noire... — Variante : « .\oir. »
Page 48. — Ce... de droit avait... — Un nml illisible. La
lecture des autres mots est incertaine.
Page ''•8 \/"'^ de Vaulscrre et comte de... - Mut
illisible. Ce titre de comte iwtus est totalenient inconnu
dans Tune comme dans l'autre des familles de Hrenier
et de \ aulserre.
>OTKS ET ÉCLAlnniSSEMEMS 21
D
Pâtre 48. Depuis elle s^ était faite chanoinesse. — Angé-
li»(iie-FraiH'oise-Marie-Louise-Elisaheth-Gabrlclle de
Vaulserre, née le 4 mars 1754, épousa, le 10 jilillet
1780, Jean-Anloine de Brenier. Elle iiiourut le
11 février 1812.
Page 48. Tous les parents et amis se réunirent dans le
cabinet de mon père. — En haut du fol. 70 on lit la
date : « 2 décembre 1835. »
Presque toute la page est occupée par un plan
intitulé: « Corps de logis où je fus placé avec mon pré-
cepteur, M. Vahbé Raillane. » Stendhal y indi(jue,
dans le cabinet de son père, la place de celui-ci,
« dans un fauteuil » (Ij, et celles de .M. Picot (3) et de
Romain Gagnon (4).
Page 48. ... fêtais entre les genoux de mon père [en] 1. —
Les numéros correspondent au plan ci-dessus :
M. Beyie et Henri sont placés près de la cheminée,
MM. Picot et Romain Gagnon contre le nuir opposé.
Page 49. ... dit d'un air indifférent M. Picot... — Les
mots : « d'un air indifférent )) sont en interlione, entre
les mots « cérémonies, dit AI. » et : « choqua fort ; ce
fut. )>
Page 50. ... la cathédrale qui est attenante. — En mar^e
est un plan grossier de l'église Saint-Hugues et de
la cathédrale. Le même ])lan, plus précis, se trouve
reproduit en face du fol. 73 (verso du fol. 72).
Page 50. ... cimetière, qui était dans un bastion près de
la rue des Mûriers... — Voir l'emplacement du cime-
tière sur notre plan de Grenoble en 1793. — Le cime-
tière de la rue des Mûriers a été désallecté en l'an VUE
CUAPITP. r, V
Page 51. Le chapitre \' ne fait jias partie des trois
\olumes de la bijjliolhèque municipale de Grenoble
cotés R 299. Il forme les feuillets 39 à 08 (numérotés
21(j NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
en outre par Stendhal de 1 à 29) irim cahier cotij
R 300, 11° 1. Sleiulhal a écrit dans la iiiai'<;e du fol. 39 :
" A dicter et mettre à sa place pa>iO 75. Relier ce
manuscrit à la lin du second. » Il indique encore, en
marge du fol. 40 : « Petits soin>enirs. A placer à sou
rang vers 1791. Copier à gauche à son rang. » Enfin,
un feuillet intercalaire porte : « Petits souvenirs, à
])lacer a/ter the revit i>j iny iiiother ileuth : Barthélémy
d'Orbane. Départ pour Romans, grande neige. Départ
])our Vizille. Haine de Séraphie pour les demoiselles
Barnave. Décrire la campagne (maison de cam-
pH'jne) ... (lin mut illisihle nous passons à Saiiit-
iiitbert. ))
D'autre part, Stendhal a éciil au verso du fol. 74
(ms. R 299, t. I) : « A mon égard la plus noire méchan-
ceté succède à la bonté et à la gaieté.
Chapitre 4 bis : Sommai m:
\ oici les souvenirs cpii après 23 X 2 ans me restent
des jours heureux passés ilii tem]»s de ma mère :
Salons. Soupers. Le Père Chérubin Beyle. L'abbé
Chélan. Je nie ré%'orte ! Départ pour Romans. Barthé-
lémy d'Orbane. M. B[arlhélcmyj m"ap|)rend les gri-
maces. ))
— l'.ii Imiii du fol. .59 (ms. R 300). on lit la date sui-
vante : 0 il-'l'l iléftunbre 1835, Omar. ;> On lit égale-
ment au verso du fol. 38 : « 18 déc. 1835, de 2 à
\ h. 1/2, 14 pages, .Je suis si absorbé par les souvenirs
«pii se dévoilent à mes yeux que je puis à peine former
mes lettres. »
Page .51, -1 l'rpofjue aîi nous occupions le premier étage...
— Variante : « Onaml nous mcupions... >
Page 51. ... au coin de la jdace (irenelte et de la (irande-
rue. — 17 déc. 183.5. .le sonlfre du froid, collé contre
l:i cheminée. La cuisse gauche est gelée. (Note de
Stendhal.;
NOIES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 217
Page 52. ... sinlc naturelle de hi dé/lance et de la harharle
générales. — Style. Ordre des idées. Pn'-paior l'alten-
tion par quol(|iies mots en parlant : 1'^ de Laïuhert ;
— 2"^ sur mou oncle, dans les premiers chapitres.
17 déc. 35. (Note de Stendhal.) — ■ Autre note de
Stendhal : « Style. Rapport des mots aux idées : di-
recteur à l'Académie, artiste, Sainl-Marc-Girardin,
chevalier af Konig von Janfoutre, Débats. >
Page 53. ... de s'opposer bien sérieusement à ma course
au spectacle. — Il y a un blanc dans le manuscrit
entre « course » et « au spectacle )>.
Page 53. J^étais aux premières loges, la seconde à droite.
— Ici Stendhal a dessiné un ])lan de la salle du
Théâtre, avec cette légende : « Infâme salle de spec-
tacle de Grenoble, laquelle m'inspirait la vcnéiation
la plus tendre. J'en aimais même la mauvaise odeur.
Vers 1794, 95 et 96, cet amour alla jusqu'à la fureur,
du temps de M^^*^ Kably. » — En face, plan de la
partie de la ville où est situé le théâtre, jusqu'à « la
Bastille, fortifiée de 1826 à 1836 par le général llaxo
(infatigable hâbleur) ».
Page 53. Je m'en apercevais fort bien. — Variante :
« De qum je ni apercevais. »
Page 54. ... comme à V église de... — Le nom a ''■;•'• laissé
en blanc.
Page 55. ... je me rappelle encore le son des clercs... — -
Ce mot est surmonté d'une croix, t^e signe levient
plusieurs fois dans le manuscrit, à des passages incom-
plets ou obscurs.. Il indique sans doute les endroits
<pie Stendhal se proposait de corriger ulférieure-
ment.
Page 55. ... j articulai le nom de M. de Ravtx... —
\ ariaute : « Je nommai. »
Page 55. ... M"^^ de M , me semblait bien j<die et
passait pour fort galante. — Tout cet alinéa est ime
addition, cpii j)arail avoir été écrite le lendemain,
d'après la comparaison des écritures.
218 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 55. On lui doit la Biblintlièque. — Le nom de
M. TIenri Ga<rnon fiirnre en elïet parmi ceux des
fondateurs de la biblintlièque municipale.
Page 5t). ... s il s en troiire jamais pour ces fadaises... —
Variantes : « lariholes, puérilités. »
Page 57. ...en écrivant ceci quarante-cinq ans après les
éi'énements. — Suit un plan de l'appartement de
M. GaL'non ayant ^•^e sur la Grande-rue et la jdace
Grenette. Stendhal n'y intliipie pas les chandjres
d'Elisabeth et de Soraphie Gagnon. Il dit à ce sujet :
« Je ne vois pas où logeaient ma tiiiife Séraphie et
ma grand'tante Elisahelh. .l'ai un souvenir vague
d'ime chambre entre la salle-à-manger et la (irande-
rue. » — En face, plan du <piarlier Saint-Laurent
entre le pont de pierre (aujourtl'hui pcmt de l'IIôpilal)
et les premières maisons de l^a Tronche. La Tronche
était r « église de M. Dumolard. mon confesseur, cur»'-
lie La Tronche et grand tejé ». Dans l'enceinte de Gre-
noble, non loin de la Citadelle, Stendhal indiipie
l'emplacement de la « maison d'éducation de M'i<^ de
La Sagne, ma sœur, son amie .M''*^ Soj)hie Gauthier ».
C'est l'ancien couvent des l rsulines, rue Sainte-
l'rsule. aujourd'hui occupi- par les ljureau.\ de la
direction du Génie.
Page 57. ... le jour nà f avais un an, 23 janvier 1784... —
Stendhal indique 1783 (1780 — 3). Cette erreur est
volontaire, car elle est reproduite dans un plan de
l'appartement de .M. Gagnon, dessiné au verso du
fol. S. et portant : c Détail, J.? janvier 1788 — 5. >;
Page 57. ... je ressemhlais au Père Brulard... -— Ché-
rubin IJeyle, né le 17 septembre 17C)9, religieux du
couvent de Saint-l'rançois de Grenoble, fils de Joseph
l>r\|e et onfle de .lo'ieph-C.hérubin Heyie, père «lo
Stendhal. ,Snr la famille paternelle de Steudlial, \oir
Ed. .Maignien, La janiille île llei/le-Slendhal, Gre-
noble, 188;>, broch. in-8.)
Page 57. ■< LU peu plus il était mort >, disait mon grand-
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 219
père. — En face, se trouve un croquis rcprcscnlant
une « coupe de la Porte-de- France », avec le « lieu de
la ruade du nndct ».
Pape 58. ... le grand liis'er de 1789 à 17i)(>... — En sur-
charge, au crayon, de la main de R. Colomb : « 1788
à 1789». La session des Etals de Romans à laquelle
Stendhal fait allusion a duré du 2 novembre 1788
au l(j janvier 1789.
Page 59. ... M. Barthélémy d'Orhane, ami intime de la
famille, était en 0 et moi en H... — En face, est un
jdan d'une partie de l'appartement de M. Gagnon.
Au coin à droite de la cheminée est Barthélémy
d'Orbane et près de lui, devant le feu, le jeune
Henri.
Page 59. ... .1/. Lysi'^maque]... — Lysiinaque Taveruier,
chancelier du consulat de France à Cività-Vecchia.
— Sur ce personnage, voir C. Stryienski, Soirées du
Stendhal-Club (1899), p. 236-242', et A. Chuqnet,
Stendhal-Beyle (1904), p. 532-533.
Page 59. ... il abaissait les cols démesurément lonss de
sa chemise. — Dans la marge est un croquis donnant
les places respectives de «l'Empereur », du « colérique
abbé Louis (alors non voleur et fort estimé) », du
« terrible comte Regnault », et des auditeurs au
Conseil d'Etat, parmi lesquels Henri Beyle.
Page 60. ... devant une assemblée choisie, par exemple
à la Bibliothèque. — La bibliothèque municipale était
alors située dans le passage dit aujourd'hui du Lycée,
près de l'Ecole- centrale, plus tard lycée de garçons
(voir notre plan de Grenoble en 1793).
Page 61... ^1 Voccasion de Noël. — Variante : « Pour
Noël. »
Page 61. ... tenant à la main une cuillerée de fraises. —
Dans l'interligne est cette addition, marquée de
deux croix : « Comme il allait manger des fraises. »
Page 62 M. de Broglie. — - Ms. : « Gliebro. » Sur les
220 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMEMS
hal)iî'.ules aiia<j:iaimiiatif|uf's de Stendhal, voir notre
Introduction.
Paf^c G2. ... M. rabbé Chi'lan dinait à ht maison... —
Suit un plan d'une partie île lappartenient « au
l^"" étage )'. avec la table dans la salle-à-nianger, la
cuisine et une chanilire à coucher. i)n y voit éfrale-
nien:, sur la place Grenette. remplacement où lut
tué iiiuvrier chapelier (au pied des degrés ijui con-
duiseni aujourd'hui au n° 4 de la place Grenette).
Page 6'2. ... // // </ pcnt-tlre de cela quarante-trois ans. —
La journée des Tuiles eut lieu le 7 juin 1788. (Voir
à ce sujet A. Prudhomine. Histoire de Grenoble, p. o87-
590.)
Page G3. Journée des tuiles. — J'ai laissé à Grenoble
une vue de cette révolte-émeute à l'arpuirelle, par
M. Le Roy. (Note de Stendhal.)
Pa<Te G."l. Je la i-is en /?. — Plan indirpiant la place de
la vieille femme en R (Grande-rue) et « venant en R' 'f>
(place Grenette), et la situation en 0 (angle Nord de
la place Grenette) de l'ouvrier blessé.
Page 03. ... quand je fus distrait... — Variante : « Mais
bientôt après je fus ilistrait... » — En face, au verso du
fol. 1!>, on lit : « Cette queue savante fait-elle bien?
22 décembre. »
Page 04. ... 1(1 nidisnn I*érier. — Maison Pi riii-i>agrange,
aujourd'hui place Grenette, n" 4. (Voir nulie plan
de Greuiddi- en 1793.)
Page 05. Il ntiiurut... — Nnël de .Idunla. comte île
Vaux, maréchal de I-'rance et lieutenant «général du
roi en hauphiné, mourut à Grenoble le i^ sep-
tembre 1788.
l'age 0(i. Je me vois au point II... — Deux crofpiis
expliipient la position des personnages ; l'un est en
coupe, l'autre en plan. In autre dessin (en coupe)
se trouve également au verso du fol. 10. Sur le bord
de la roule, du côté de l'Isère, est en II le « point
d'où j'ai \u passer la \oilurc noire puit;iiil les restes
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 221
du maréchal de Vaux, et, ce qui esl, bien pis, point
d'où j'ai entendu la décharge à deux pieds de moi ».
Pafïe 6G. ...le pont de pierre... — Aujourd'hui, pont de
l'Hôpital.
Page 67. ... mais fêtais aguerri. — Ici, nouveau plan
indiquant la place de Stendhal, en H, à la première
et aux seconde et troisième décharccs.
Page 67. ... M. Mounier alla remplir les jonctions de
préfet à Rennes. — Mounier fut nommé préfet de
rille-et- Vilaine le 13 avril 1802 par Bonaparte, pre-
mier consul.
Page 68. ... M. Mounier en habit de préfet... est ressem-
blant. — Un portrait de Mounier existe en elTet dans
la galerie dauphinoise de la Bibliothèque munici-
pale.
Page 68. (Viazma sur Tripes... — ■ Viazma, chef-lieu de
district du gouvernement de Smolensk, est situé sur
deux rivières : la Viazma et la Bebréïa.
Page 69. ... et la reporta froidement dans sa case. —
Variante : « Remit. »
Page 69. ... lui faisait protéger le jeune Barnave. —
23 dée. 35. Fatigué du travail after 3 heures. (Note
de Stendhal.)
Page 70. ... la rue des Clercs. — Le feuillet se termine
par un plan indiquant la « grand'route » de Grenoble
à Lyon, avec Saint-Robert et la maison de Barnave,
le Fontanil et Saint- Vincent, avec la « chaumière
pittoresque de mon grand-père », dit Stendhal.
Au verso de ce feuillet, on lit : « A placer : Secret
de la fortune de MM. Rothschild, vu par Dom[ini]que
le 23 décembre 1835. Ils vendent ce dont tout le
monde a envie, des rentes, et de jdus s'en sont faits
fabricants (id est en prenant les enqirunts). »
Au-dessous : « Il faudrait acheter un plan de Gre-
noble et le coller ici. Faire prendre les extraits mor-
tuaires de mes ]>arents, ce qui me donnerait des
dates, et l'extrait de naissance de my dearest motlter
222 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
et de mon bon grand-père. Décembre 1835. — Qui
pense à eux aujourd'hui que moi, et avec quelle
tendresse, à ma mère, morte depuis quarante-six ans ?
Je puis donc parler librement de leurs défauts. La
même justification pour madame la baronne de Bar-
ckofl, M"^6 Alex. Petit, M»^^ la baronne Dembowski
(que de temps que je n'ai pas écrit ce nom !), Virginie,
2 Victoriiies, Angela, Mélaiiie. Alexandrine, Méthilde,
Clémentine, Julia, Alberllie de Rubempré (adorée
pendant un mois seulement).
Y. 2 Y. A. m', a. m. C. I. A.
Un homme plus positif dirait :
A. M. C. I. A. »
On lit encore : « Droit que j"ai d'écrire ces mémoires :
quel être n'aime pas qu'on se souvienne de lui ? »
— Deux feuillets supplémentaires, numérotés 69
et 70 du cahier, portent : (Fol. G9 recto) « 20 décem-
bre 1835. Faits à placer en leur lieu, mis ci-derrière
pour ne pas les oublier : nomination d inspecteur du
mobilier, derrière la page 254 de la présente numé-
ration. — - A sept ans commencé le latin, donc en
1790. »
(Fol. G9 versoj : « Faits placés ici pour ne pas les
oublier, à mettre en leur lieu : Pourquoi Omar mi'est
pesante.
Cest que je n'ai pas une société le soir pour me
distraire de mes idées du matin. Quand je faisais un
ouvrage à Paris, je travaillais jusqu'à étourdisse-
ments et impossibilité de marcher. Six heures son-
nant, il fallait pourtant aller dîner, sous peine de
déranger les garçons du restaurateur, pour un dîner
de 3 fr. 50, ce cpii m'arrivait souvent, et j'en rougis-
sais. .J'allais dans un salon ; là. à moins qu'il ne fût
bien piètre, j'étais absolument distrait de mon travail
du malin, au point d'en avoir oublié même le sujet
en rentrant chez moi à une heure. »
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 223
(Fol 70 verso) : « 20 décembre 1835. Fatigue du
malin.
Voilà ce qui nie manque à Omar : la société eSt si
languissante (M""^ Sandre, the motlier of Marieta), la
comtesse Rave..., la princesse de Da... ne valent pas
la peine de monter en voiture.
Tout cela ne peut me distraire des idées du matin,
de façon que quand je reprends mon travail le len-
demain, au lieu d'être frais et soulagé je suis absolu-
ment éreinté.
Et après quatre ou cinq jours de cette vie, je me
dégoûte de mon travail, j'en ai réellement tué les
idées en y pensant trop continuement. Je fais un
voyage de quinze jours à Cività-Vecchia et à Ravenne
(1835, octobre). Cet intervalle est trop long, j'ai
oublié mon travail. Voilà pourquoi le Chasseur i>ert
languit, voilà ce qui, avec le manque total de bonne
musique, me déplaît dans Omar. »
Chapitre VI
Page 71. Le chapitre VI est le chapitre iv bis du manus-
crit (R 299, fol. 75 à 81).— Ecrit à Rome, le 2 dé-
cembre 1835.
Page 71. Il ri aimait au monde que cette fdle et moi. —
Et moi a été ajouté au crayon par Stendhal.
Chapitre VII
Page 77. Le chapitre VII est le chapitre v du manuscrit
(fol. 81 à 99). — Ecrit à Rome, le 2 décembre, et à
Cività-Vecchia, le 5 décembre 1835. — On lit au
verso du fol. 92 : « Idée : Peut-être en ne corrigeant
pas ce premier jet parviendrai-je à ne pas mentir
par vanité. Omar, 3 décembre 1835. »
224 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 78. J'ai appris... — • Variante : « Su. »
Pape 78. Il avait donc, en 1790, quarante-trois o?is. —
Chérubin-.Joseph Beyle était né le 29 mars 1747. Il
épousa le 20 février 1781 Caroline-Adélaïde-Henriette
Gagnon et mourut le 20 juin 1819.
Page 79. ... la plus absurde dévotion. — Ms. : « Surdeah
tiondévo. »
Page 80. Cette saison, que tout le monde... — ■ Variante :
« Cet âge, que l'avis de tout le monde... »
Page 81. Je crois que cest par intérêt pour moi... —
Variante : « Amitié. »
Page 82. J'allais prendre ses leçons sur la petite place
Notre-Dame... — A cette époque, la « voie centrale »
(rue Président-Carnot) et l'avenue Maréchal-Randon
n'étaient pas encore ouvertes. Voir notre plan de
Grenoble en 1793.
Page 83. ... Casimir et Augustin Périer et de leurs quatre
ou six frères. — ■ Casimir et Augustin Périer étaient
fils de Claude Périer. Claude Périer eut neuf fils et
trois filles : Jacques-Prosper (mort enfant), Elisa-
beth-Joséphine, Euphrosine-Marine (morte enfant),
Augustin-Cliarles, Alexandre-Jacques, Antoine-Sci-
pion, Casimir-Pierre, Adélaïde-Hélène, surnommée
Marine, Camille-Joseph, Alphonse, Amédée-Auguste
et André- Jean- Joseph.
Page 83. Casimir a été un ministre très célèbre... —
Casimir-Pierre Périer, le ministre, était né à Grenoble
le 11 octobre 1777 ; il mourut à Paris le 16 mai 1832.
Page 83. Augustin... est mort pair de France. — Augus-
tin-Charles Périer était né à Grenoble le 22 mai 1773.
Pair de France à la mort de son frère Casimir (10 mai
1832), il mourut à Frémigny (Seine-et-Oise), le
2 décembre 1833.
Page 83. Scipion était mort... vers 1806. — Scipiou
Périer est mort à Paris en 1821. (Note au crayon de
li. Colomb.) — Il était né le 14 juin 1776.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 225
Page 83. Camille a été un plat préfet... — Camille-Joseph
Périer, né à Grenoble le 15 août 1781. Prcfel de la
Corrèze ile|)iii.s le 12 février J810 jusqu'en 1815, et
de la Meuse depuis le 10 février 1819 jusqu'en 1822.
IMus tard député et pair de France, il est mort le
14 septembre 1844.
Page 83. ... et çient (T épouser en secondes noces une
femme fort riche... — Erreur, M"« de Sahune n'a
pas eu un sou de dot. (Note au crayon de R. Colomb.)
— Camdle Périer épousa en premières noces Adèle
Lecoulteux de Canteleux, et en secondes noces
Amélie Pourcet de Sahune, cousine de Louise-Hen-
riette de Berckeim, femme d'Augustin Périer.
Page 83. Joseph, mari (Tune jolie femme... — André-
Joseph- Jean Périer, né à Grenoble le 27 novembre
1786, dirigea la banque Périer frères, à Paris. A
l'époque où Stendhal écrivait la Vie de Henri Brulard,
il^ était député de la Marne (Eperna\ ') depah le
15 novembre 1832. Il épousa M^le Marie-Aglaé du
Clavel de Kergonan et mourut à Paris le 18 dé-
cembre 1868.
Page 83. ... Amédée... a peut-être volé au jeu vers 1815...
— Amédée-Auguste Périer, né à Grenoble le 14 mars
1785, est mort à Paris en 1851. — L'histoire racontée
par Stendhal nous est absolument inconnue et nous
semble un produit de l'esprit caustique de notre
auteur.
Page 83. ... par instinct de prêtre... — Ms. : a Reprêt. »
Page 83. M. Périer milord... — Sur ce surnom de milord
donné k Claude Périer, voir t. II, p. 149.
Page Si. ... a laissé trois cent cinquante mille francs à
cliacun. — M. Périer a laissé dix enfants et 500.000
francs à chacun. (Note au crayon de R. Colomb.)
En réalité, Claude Périer eut douze enfants, dont
deux moururent jeunes.
Page 87. ... auraient palpité... — Variante : « Palpi-
taient. »
Brulard II. jg
226 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 87. ... le portrait sérieux et rébarbatif de mon
arrière- grand-père... — Le manuscrit porte : « Mon
grand- père. »
CHAPITRr. VTII
Page 89. Le chapitre Vlll est le chajiitre vi rlu manus-
crit (fol. 99 à 121). — Ecrit à Cività-Vecchia, les
5 et 6 décembre 1835,
Page 89. ... la magnifique allée des Marronniers, plantée...
par Lesdiguières. — Il s'agit de la promenade de la
Terrasse du Jardin-de-Ville. Les orangers de la Ville
de Grenoble proviennent en eiïet de Lesdiguières.
Lors de la vente de lliôtol de Lesdiguières aux
Consuls de Grenoble pour en faire un Ilôtel-de-Ville,
il y eut une longue discussion au sujet de la cession
de l'orangerie et des orangers. Ceux-ci furent défini-
tivement compris dans le contrat de vente du 5 août
1719 (Arch. mun. de Grenoble, DD 101). — 11 importe
toutefois de noter que la terrasse et l'orangerie ne
furent pas l'œuvre de Lesdiguières lui-même. Elles
datent en eiïet de 1675 environ. — Les orangers
sont encore aujourd'hui, - mais non plus « en grande
pompe », — placés dans le Jardin-de-Ville et sur la
place Grenette.
Pao-e 90. ... était venu se cacher à Avignon à la suite...
— Après ces mots il y a dans le manuscrit im blanc
d'une demi-ligne.
Page 92. — cette jolie Li/onnaise, M'f^c... — Le nom a
été laissé en blanc par Stendhal.
Page 92. ... un parfait jésuite... — Ms. : « Tejé. »
Page 92. ...la porte de la Graille... — Cette j)orte se
trouvait sur l'actuel quai Créqui. Elle a été démolie
en 1884, lors de l'agrandissement de l'enceinte. (Voir
notre plan de Grenoble eu 1793.)
NOTES ET KCT.AinCISSEMENTS 227
Pape 92. ... au-delà du tra<^ers de Vile A... — Ici nu
plan explicatif. — L'île a disparu aujourd'hui ; elle
s'appelait l'île Sirand.
Page 93. Une seule disgrâce manquait à ce jésuite... —
Ms. : « Tejé. »
Page 93. Mon grand-père n était jamais remonté dans
la maison... — Suit un plan d'une partie de la « maison
paternelle », rue des Vieux- Jésuites.
Page 94. ... que j'ai reconnu plus tard appartenir aux
jésuites. — Ms. : « Tejés. »
Page 94. ... qui donnait une hrillante lumière à V esca-
lier L... — Ainsi désigné par Stendhal dans son plan
de la maison paternelle : « Escalier rejoignant celui
de la maison. »
Page 94. ... Reytiers... — Teisseire. (Note de Sten-
dhal.)
Page 95. ...la beauté du rocher de la Buisserate... — • La
montagne du Néron, appelée aussi, improprement, le
Casque de Néron, qui se termine au-dessus de la Buis-
serate (hameau de Saint-Martin-le-Vinoux) par un
rocher à pic de 300 mètres environ.
Page 96. ... un ruisseau affluent nommé la Biole. — Mot
patois signifiant petit ruisseau. Il s'agit sans doute
d'un petit cours d'eau, dénommé aujourd'hui canal
de la Scierie, et qui du temps de Stendhal servait au
colmatage des terrains voisins.
Page 97. M^^^ Marine Périer... — Adélaïde-Hélène,
dite Marine Périer, a épousé Camille-Hyacinthe Teis-
seire le 13 thermidor an II (31 juillet 1794).
Page 97. ...la faveur dont il me vit jouir dans le salon...
— Variante : « Oii il me vit établi dans... »
Page 98. ... je haïssais encore plus la religion... — Ms. :
« G ion. »
Page 99. ... d'interminables promenades aux Granges...
— Ce quartier sul)urbain, alors peuplé en grande
partie de peigueurs de chanvre, est aujourd'hui à
1 iiiléi'ieur de la ville. Il est situé aux alentours de
228 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
réjrlisc Saint- Joseph. (Voir notre plan rie Grenoble
en 1793.;
Page 99. ... Mme Alexandre Mallein... — Marie-
Zénaïde-Caroline Beyle.née le 10 octobre 1788, épousa
le 30 mai 1815 Alexandre-Charles Mallein, contrôleur
des Contributions directes.
Page 99. Je couvrais les plâtres de la maison de carica-
tures... — • Je me rappelle d'une fort plaisante.
Z^éiiaïde était représentée dévidant du fd placé sur
un tour ; elle y était dessinée en pied, assez grotes-
quement, avec cette devise au bas : « Zénaïde, jcdousie
rapportante, Caroline Beyle. » (Note au crayon de
R. C.olomb.)
Chapitrf. IX
Page 103. Le chapitre IX est le chapitre vu du manus-
crit (fol. 122 à 144j. — Ecrit à Cività-Vecchia, les
G et 7 décembre 1835.
Page 103. ... la passion d'administrer la Ville de Gre-
noble au profit des Bourbons... — Chérubin Beyle,
le père de Stendhal, nommé adjoint au maire de
Grenoble le 29 septembre 1803, était encore en fonc-
tions lors de l'avènement de Louis XVIII. Il fut
remplacé en 1816 par le marquis de Pina, qui devint
la même année maire de la ville.
Page 104. ... sur le penchant de la montagne, au-delà du
Drac. — Suit un plan des environs au midi de Gre-
noble. En « A, pont en fil de fer établi vers 182G ;
— B, pont de Claix, fort remarquable, à plein cintre ;
— C, citadelle ; — G, place Grenette ; — D, rocher
de Comboire, à pic sur le Drac, lequel est fort rapide,
rocher et bois remplis de renards ; — H, maison de
campagne qui joua le plus grand rôle dans mon
enfance, que j'ai revue en 1828, vendue à un général n.
— Le pont suspendu sur le Drac, dit pont de Susse-
NOTES ET ÉCLAIRCISSK.MENTS 220
nage, remplaça en 1826 le bac de Sei/ssins, dont Sten-
dhal parle un peu plus loin.
Page 105. ... mais bientôt je découvris... — - Variante :
« Trouvai. »
Page 105. Je trouvai moyen de voler des volumes de Vol-
taire... — En surcharge : « Bientôt après, je volai des
volumes. »
Page 105. Nous passions toujours les fériés à Claix... —
C'est-à-dire vacances. Nom latin francisé.
Page 105. Rien ne m'était si odieux... — ■ Le reste de la
ligne a été laissé en blanc et marqué d'une -|-.
Page 107. ... Ginès de Panamone a enlevé Veine. — Suit
un grossier croquis de Sancho Pança sur son âne.
Page 108. ... petite salle de verdure... enceinte de murs.
■ — Suit un plan de la propriété de Claix, avec la
mention : « Ce clos a six journaux de 600 toises. »
Pase 111. ... M. Dolle de la Porte- de- France... — - Jean-
Baptiste Dolle le jeune, qui avait construit à grands
frais, au-dessus du rocher de la Porte-de-France, un
beau jardin d'agrément. (Voir J. ^'ellein, L'habitation
de plaisance d'un grenoblois au X\ IIl*^ siècle. Les
Jardins Dolle. Grenoble, 1896, br. in-8o.) Ces jardins
sont aujourd'hui la propriété de la Ville de Grenoble;
ils sont loués au Syndicat d'initiative de Grenoble,
qui en a fait à nouveau une belle promenade publique.
Page 114. ... me frappa... — Ce inot est marqué d'une
croix. Il était certainement destiné à être corrigé.
Page 114. ... me fissent horreur. — Ms. : « Fît)). — Le
bas du fol. 138 est occupé par deux plans : 1° « Voici
le plan de la table chez mon grand-père, où j'ai mangé
de 7 ans à 16 et demi » ; — 2^ « Voici la salle-à-
manger. » Celle-ci possède de nombreux dégage-
ments : « D, porte sur le petit escalier tournant » ;
« R, porte de la cuisine » ; « E, grand passage con-
duisant dans l'autre inaison sur la place Grenette » ;
« iS, entrée de la chambre de Lamljert » ; « T, grande
porte sur le grand escalier », « très beau » ; « K, porte
Brularo II. 15.
230 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
df la chambrt* »lf mon gTaiiil-|>i'rc. i (\ oir iikIic plan
de l'apparlenuMit Cja<;non.
I*ape 11'». ... leur /tins jernit' tUhèe l'ttiil la iv/zt'""». —
Ms. : don.
Page 115. ... dfs fé3iiiles... — .Ms. : « Te je. »
Pape 110, ... fa^-ais un orgueil insu p porta hle. - - \a'
fol. l'il coMMuenro de la inaiiirn* suivante : « (^)iianil
j'arrivai à llicole centrale en l'an \, je crois , dès
l'année »ui\ante je remportai des premiers prix,
peul-élrc y a-t-il mémoire de cela tlans les papiers
du I)êpurtement (depuis, préfecture i. (Miand j'arrivai
à riùnle centrale, j'y apportai tous ces vices alionti-
nal)les, dont je fus j,'uéri à coups de poin^. )> .Stendhal
a ajoulé dans la marge : « Itenvoyé à I article : Lcule
centrale. ••
Page llb. Et hors un gros Plutarque à mettre mes ralmt.s.
— Stendhal a voulu dire : u les Femmes Sinuinles »
(.\clc II, scène vil .
CiiAPirm \
Page 11!», I.e chapitre X est le chapitre vm du maniis-
crit (fol. 14») ter à 169; les feuillets 11'., j IG, KitJ his cl
103 sont II mais laissés en Itlam . l'.ctit
les U et K 1.S3.').
I'a;,'e llî». ... faire de moi un excellent jèsuilr... NN. :
« I ffe.
Page i'JO. ... toutes Us peines du monde à dissimuler...
\ lia nie : « Cacher.
i'aj;»: i»U. ... ejrtrêmement poli em'ers la religion...
M s. : • Gionri. »
Pat"* 1-1- --- r allais avoir cinquante ans... NN.
l'agp l'l\. ... Hesan... Hc»ançon. c'c»l-à-dirc le Imnm
de .Mail
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 231
Page 121. ... Kolon... — Romain Colomb.
Page 122. ... rien de moins jésuite... — • Ms. : « Te je. »
Page 123. ...la tyrannie de ce jésuite... — Ms. : « Te je. »
Page 123. ... dans une antichambre où Von ne passait
presque jamais. — En face, plan explicatif. Le point Î\I
est en face de la cheminée de la chambre de Henri
Gagnon, laquelle était meublée du « magnifique lit
de damas rouge de mon grand-père », de « son ar-
moire », d'une « magnifique commode en marque-
terie, surmontée d'une pendule : Mars offrant son
bras à la France ; la France avait un manteau garni
de fleurs de lis, ce qui plus tard donna de grandes
inquiétudes ». Cette chambre était éclairée, sur la
grande cour, par une « unique fenêtre en magnifiques
verres de Bohême. L'un d'eux, en haut, à gauche,
étant fendu, resta ainsi dix ans ». Le point M' est près
d'une des fenêtres du « grand salon à l'italienne » ; le
point M" est devant la fenêtre de l'antichambre du
salon. (Voir notre plan de l'appartement Gagnon.)
Page 124. ... située au troisième étage du collège... —
La fortification passait alors derrière le collège, ou
Ecole centrale (aujourd'hui lycée de filles), lequel se
trouvait non loin de la porte de Bonne. (Voir notre
plan de Grenoble en 1793.)
Page 124. ... 0/2 réparait le reste. — Le fol. 153, numéroté
par Stendhal, est resté en blanc.
Page 124. ... presque en rang d'oignons... — Le seigneur
d'Oignon. (Note de Stendhal.)
Page 124. ... la petite table où moi, H, étais placé. —
Suit un plan de la position des personnages dans la
chambre de Henri Gagnon, voisine de la salle-à-man-
ger. Ils sont en demi-cercle autour de la cheminée,
la table d'Henri est juste en face de cette cheminée,
et placée obliquement.
Page 124. ... U Ancien Testament... — ■ Ms. : <( Ment-
testa », selon la méthode anagrammatique chère à
Stendhal.
232 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 125. ... j'avais commencé le latin à sept ans... ■ — -
Ms. : « 17 — 10. »
Page 125. Lancette Laitue Rat. — « L'an VII les tuera ».
Après le mot « rat », Stendhal a fait un croquis très
grossier représentant cet animal.
Page 125. ... l'assassinat de Roherjot à Rastadl. —
28 avril 1799.
Page 126. ... séparé de mon père par une fort grande
table. — - Suit un plan indiquant les places respectives
de Beyle et de son père. Celui-ci tournait le dos à
son fds et était assis à son bureau, dans un angle de
la pièce : « Mon père, placé à son bureau C et écri-
vant. »
Page 126. ... quoique à peine âgé de dix ans... ■ — Ms. :
« 2 X 5. ))
Page 127. ... tel j'étais à dix ans, tel je suis à cinquante-
deux. — Ms. : « 5 X 2 ); et « 10 X 5 + 2 ».
Page 129. ... madame la comtesse C.al.... — Le reste
du nom est en blanc.
Page 130. ... Cossey... — Hameau de Claix.
Page 130. ... la sensation d'un enfant de dix ans. —
Ms. : « 2 X 5. »
Page 131. ... une appréciation des travaux de Court de
Gehelin... — V.' Histoire naturelle de la parole, de
Court de Gebelin, parut en 1776, en un volume in-8°,
accompagné de deux gravures.
Chapitre XI
Page 133. Le chapitre XI est le chapitre ix du ms. de
Stendhal (fol. 172 à 187). — Les fol. 170 et 17i oui
été numérotés par Stendhal, mais laissés en blanc. —
En haut du fol. 172, on lit : « 10 déc. 1835. » Et plus
bas : « Chronologie : peut-être M. Durand ne vint-il
dans la maison Gagnon qu'après Amar et Merlinot. »
En face : « Voir la date dans les Fastes de Marrast. »
NOTES ET ÉCLAinCISSEMENTS 233
— Ce chapitre a été écrit en partie à Cività-Vecchia,
le 10 décembre 1835 (fol. 172 et 173), et en partie
à Rome, le 13 décembre.
Page 133. ... deux représentants... arriérent à Gre-
noble... — Amar et Merlinot arrivèrent à Grenoble
le 21 avril 1793.
Page 134. ... mon père était notoirement suspect et
M. Henri Gagnon simplement suspect. — Cependant
ni l'un ni l'autre n'ont été ni obligés de se cacher,
ni emprisonnés. (Note au crayon de R. Colomb.) — ■
Les listes ont été publiées le 26 avril 1793 avec un
arrêté d'Amar et de Merlinot. Parmi les « personnes
notoirement suspectes » figurait « Beyle, homme de
loi, rue des Vieux- Jésuites » ; mais le nom du docteur
Gagnon n'est pas inscrit sur la liste des personnes
« simplement suspectes ». Le 6 thermidor correspon-
dant au 24 juillet 1794, c'est donc pendant quinze
mois seulement que Chérubin Beyle fut considéré
comme notoirement suspect.
Page 134. Ce grand é^^énement remonterait donc au
26 avril 1793. — La date est en blanc dans le manus-
crit.
Page 134. ... na passé en prison que trente-deux jours
ou quarante-deux jours. ■ — Comme le dit plus haut
R. Colomb, Chérubin Beyle ne fut jamais empri-
sonné.
Page 134. ... Amar... avocat, ce me semble. — • Amar (né
à Grenoble le 11 mai 1755) était au moment de la
Révolution trésorier de France au bureau des Fi-
nances de Grenoble et avocat au Parlement de cette
ville.
Page 134. ... qui confirma mon caractère atroce. — On
ht en tête du fol. 175 : « 13 décembre 1835. Omar.
Repris le travail of Life. )> Et au verso du fol. 174 :
« Ecrit de la page 93 à celle-ci à Cività-Vecchia du 3
au 13 décembre 1835. »
Page 135. Mon père... vint s'établir dans la chambre 0...
234 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
— Au bas du fol. 176 est un plan de la partie de l'ap-
partement Gagnon voisine de la maison Périer-
Lagrange. On v voit, en 0, la « chambre de mon
oncle » occupée par « mon père, Chérubin [Beyle],
lisant Hume ». Cette chambre s'ouvrait sur la « ter-
rasse avec vue admirable » donnant sur le « jardin
Périer » et, par delà celui-ci, sur le « jardin public
nommé Jardin-de- Ville )). Elle était voisine d'une
« grande salle » où était un autel. (Voir notre plan de
l'appartement Gagnon.)
Page 136. Bientôt je me pis dans le trapèze à côté de la
chambre de mon grand-père. — - Suit un plan de la
chambre de M. Gagnon et de la chambre en trapèze.
Cette forme était nécessitée par l'escalier voisin. Le
« trapèze » donnait sur une « petite cour. Odeur de
cuisine de M. Rayboz ».
Page 138. Séraphie, assez jolie, faisait V amour... —
Italianisme à ôter. (Note de Stendhal.)
Page 140. Je me vois et je vois Séraphie au point S. —
Suit un plan des lieux de la scène : « La ligne poin-
tillée marque la ligne de bataille », à travers la
chambre d'Elisabeth Gagnon, le passage, la salle-à-
manger et la cuisine. Le point S est situé dans le
passage.
Page 142. ... quand j'eus vingt-deux ans. — Ms. :
« 11 X 2. »
Chapitre XII
Page 143. Le chapitre XII est le chapitre x du manus-
crit de Stendhal (fol. 188 à 210). — Ecrit à Rome, le
14 décembre 1835.
Page 143. ... qui puisse déraciner le jésuitisme... —
Ms. : « Tisjésui. »
Page 144. ... toad-eater... — Expression anglaise signi-
fiant littéralement : mangeur de crapauds, et, au
figuré : flagorneur, flatteur, parasite.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 235
Page 144. M. Tourte... ■ — • Donnait des leçons d'écriture
à Pauline ; je le vois encore, taillant des plumes,
d'un air important, avec des lunettes dont les verres
avaient l'épaisseur d'un fond de gobelet. (Note au
crayon de R. Colomb.)
Page 144 ... V entredeux des portes formant antichambre...
au point A. ■ — Suit un plan de cette partie de l'ap-
partement ; dans l'antichambre, en A, entre les deux
fenêtres donnant sur la première cour, est la place
où le jeune Beyle avait placé le billet Gardon.
Page 145. ... formant vestibule sur notre magnifique ter-
rasse. — ■ En face, est un plan de cette partie de
l'appartement Gagnon. Au fond du grand salon à
l'Italienne, en « A, autel où je servais la messe tous
les dimanches » ; dans la pièce voisine, donnant accès
sur la terrasse, était pendue la « carte du Dauphiné
dressée par M. de Bourcet, père du Tartufe et grand-
père de mon ami à Brunswick, le général Bourcet,
aide-de-camp du maréchal Oudinot, maintenant cocu
et, je crois, fou ». Dans le cabinet de M. Gagnon, éga-
lement voisin du grand salon, se trouvait, dans un
angle, un « tas de romans et autres mauvais livres
ayant appartenu à mon oncle et sentant l'ambre ou le
musc d'une lieue ». Enfin, depuis « la terrasse, mur
sarrazin large de quinze pieds et haut de quarante »,
Stendhal indique une vue « magnifique vers les mon-
tagnes en S (montagne de Seyssins et Sassenage),
B (Bastille, que le général Haxo fortifie en 1835)
et R (tour de Rabot) ».
Page 145. ... une magnifique carte du Dauphiné... —
La carte du Dauphiné par Bourcet est en effet très
belle. Elle est composée de dix feuilles in-folio, portant
ce titre : Carte géométrique du haut Dauphiné et de
la frontière ultérieure, levée par ordre du Roi, sous la
direction de M. de Bourcet, maréchal de camp, par
MM. les ingénieurs géographes de Sa Majesté, pendant
les années 1749 jusqu'en 1754. Dressé par le sieur Vil-
236 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
laret, capitaine ingénieur géographe du Roi. — Sur
la famille de Bourcet, voir : Edmond Maignien,
L'ingénieur militaire Bourcet et sa janiille. Grenoble,
1890, in-8o.
Page 147. Aussi mon affection pour elle redouhla-t-elle.
— On lit au verso du fol. 197 : « Ecrit de 188 à 197
en une heure, grand froid et beau soleil, le 14 dé-
cembre 1835. »
Page 147. Sur quoi je ferai deux observations. — • « Je
sens bien que tout ceci est trop long, mais je m'amuse
à voir reparaître ces temps primitifs, quoique mal-
heureux, et je prie M. Levavasseur d'abréger ferme,
s'il imprime. H. Beyle. »
Page 148. ... ma mémoire na pas daigné garder... —
\ ariante : « lY'a pas gardé, m
Page 148. FÂle sentait, éprouç>ait... — - \ne partie de la
ligne a été laissée en blanc.
Page 148. ... quand f avais la radie... — Affection du
cuir chevelu chez les enfants, ((ue le patois dauphi-
nois étend, mais à tort, à la croûte de lait.
Page 149. ... la place de Grenoble que le général Haxo
fortifie... — L'agrandissement de l'enceinte par le
général Ilaxo fut elTeclué entre 1832 et 183(î.
Pase 149. ... cousin Senterre... — Il était contrôleur
de la poste à Grenoble ; en sa qualité de mon grand-
oncle, il m'administrait force taloches ; et lorsque je
]tlenrais trop haut, il me faisait avaler des verres de
kirsch, pour obtenir du silence et son pardon. (Note
au crayon de R. Colomb.)
Page 150. ... le crochon de pain. — Terme dauphinois
signifiant un morceau de pain, avec de la croûte.
Page 151. ... la signature de ce Perlet... — A la suite
du nom, Stendhal a tracé ime imitation de la signa-
ture de Perlet.
Page 153. ... felices pour annos. — On lit au verso du
fol. 209 : « Le 14 décembre 1835, écrit 24 pages et
fini la Vie de Costard, fou intéressant... »
OT
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS 237
Chapitre XIII
Page 155. Le chapitre XIII se trouve dans un cahier
séparé, coté B 300 (Bibl. mun. de Grenoble), en
même temps que les chapitres v et xv. Il va du
feuillet 15 au feuillet 38, et porte une foliotation
spéciale, de 1 à 24. En tête, Stendhal indique :
« Dicter ceci et le faire écrire sur le papier blanc à la
fin du l^i" volume. Relier ce chapitre à la fin du second
volume. 18 décembre. « Il ajoute : « Placer [ce] mor-
ceau vers 1792 à son rang, vers 1791. » Un feuillet
intercalaire porte encore : « A placer à son époque,
avant la conquête de la Savoie par le général >lontes-
quiou, avant 1792. A faire copier sur le papier blanc.
Placer à la lin du l^r volume. « — Le chapitre xiii
a été écrit à Rome le 18 décembre 1835, par un
« froid de chien ».
Page 155. ... le crépi sur lequel la fresque était peinte
est tombé... — On lit en tête du fol. 2 : « 18 décem-
bre 1835. Omar. Froid de chien, avec nuages au
ciel. »
Page 157. ... triste façon de peindre le bonheur. — •
Variante : (c Rendre, v
Page 157. ... qui alors séparait la France de la Savoie. —
On lit en tête du fol. 5 : « 18 déc. Froid de loup près
du feu. »
Page 157. ...le cher père... — Lecture incertaine.
Page 157. ... du côte de Claix, au point A... — En face,
dans la marge, est un dessin représentant une coupe
du pont de Claix. Le point A est sur la route, au sud
du pont, sur la rive gauche du Drac.
Page 158. ... J.-J. Rousseau (Confessions)... — On
ht en tête du fol. 7 : « 18 décembre 1835. Froid à
deux pieds de mon feu. Omar. »
Page 160. ... entre la cheminée et le petit cabinet. — • En
238 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
face, est un plan de la chambre, avec la place du
portrait, près de la cheminée.
Page 160. Donc la Terreur avait commencé. . . — Variante :
« Etait commencée. »
Page 160. ... un beau jeune homme, M... — Le nom est
en blanc.
Page 161. La mère de ma tante Camille et de AI^^^... —
Le nom est en blanc. Il s'agit sans doute de Marie
Poncet, sœur de madame Romain Gagnon.
Page 161. 5a maison, où je logeais... ■ — Plan des Echelles
et de ses environs, avec la maison Poncet (M). « Aux
points AA étaient les poteaux avec les armes de
Savoie du côté de la rive droite. »
Page 161 .... par la digue du Guiers. — Ici, un plan de
la maison Poncet, avec le jardin traversé par la
digue du Guiers.
Page 161. Voici le lieu de la scène... — Suit un plan
grossier de la scène : derrière une haie se trouve
Beyle jetant des pierres aux dames, assises sur une
« pente rapide en gazon ». C'est une « pente de huit
ou dix pieds où toutes ces dames étaient assises,
On riait, on buvait du ralafia de Teisseire (Grenoble),
les verres manquant, dans des dessus de tabatière
d'écaillé ». Plus haut est l'arbre M dans la fourche
duquel fut placé Beyle, en 0 ; tout près est un ruis-
seau, le long duquel il s'enfuit.
Page 162. ... rei>enant d'émigration à Turin. — En tête
du fol. 17 on lit : (( 18 décembre 1835. Froid ; jamljc
gauche gelée. »
Page 162. Que dirai- je d'un i>oyage à la Grotte? — Au
verso du fol. 17 est un plan des environs des Echelles.
La grotte y est figurée, avec son entrée sur la « route
de Chambéry », non loin des « roches énormes coupées
par PhiHbert-Emmanuel » et de la « coupure dans le
roc par Napoléon ». Y sont figurés 1' « ancienne route »
des Echelles, la « nouvelle route que je n'ai jamais
vue, faite vers 1810 », et le sentier conduisant au
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 239
« pont Jean-Lioud, à 100 pieds ou 80 au-dessus du tor-
rent ». — Au verso du fol, 18 est encore un plan du
défilé de Chailles ; Stendhal y a indiqué la situation
de « Corbaron, domaine de M. de Corbeau ». Dessous
est un « détail des Portes de Chailles » ; « là sont quatre
diocèses ».
Le pont Jean-Lioud, que Stendhal orthographie
.Janliou, est jeté sur le Guiers-Mort, lequel avait sou
cours entièrement en France. C'est le Guiers-Vif qui
servait de frontière entre la France et la Savoie, —
Actuellement, le pont Jean-Lioud est une passerelle
en bois, utilisée par le charmant chemin qui va
d'Entre-deux-Guiers à Villette, près Saint-Laurent-
du-Pont.
Page 164, ... elle eût fait de mol un jésuite. — Ms. :
« Tejé. »
Page 164. ... les Pairs... ■ — • Ms. : « Sraip. »
Page 164. ,., tous les généraux Pairs ... — Ms, : « Sairp. n
Page 164, .,. M. d'Houdetot... — Ms. : if DetotJiou. •>
Page 165. ,., la truite de trois-quarts de livre... — Suit
une parenthèse comjirenant trois ou quatre mots
illisibles.
Page 165, Quelle joie pour moi ! — ■ Le chapitre est ina-
chevé. On lit à la iin : « A 4 h. 50 m., manque de
jour ; je m'arrête. »
Chapitre XIV
Page 167. Le chapitre. XIV est le chapitre xi du manu-
scrit (Bibl. de Grenoble, R 299, fol. 211 à 225). —
Ecrit à Rome, le 15 décembre 1835.
Page 167. Je place ici... un dessin... — Ce dessin repré-
sente un carrefour où aboutissent quatre voies^ Au
centre, au point A, est le moment de la naissance ; à
droite, horizontalement, la route de la jortune par le
commerce ou les places • au milieu et perpendiculai-
210
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
rement, la nnite île lu cunnKlirution : Itltx Faure est
fait pair de Irtince : à ;;auche et ubli(]ueineiit. la
route Je Part de se faire lire ; à gauche, hurizontale-
I lient, la route de la folie.
l'a^e ltJ9. ... Lambert, </ui devait faire ainsi... — Va-
riante : '< Qui faisait ainsi. »
Page 171. La chambre du juiuvre Lambert rtait situi'e...
-— Mn face, est un plan d'une partie (le ra|ipurlenu'nt.
( »n y voit la chambre de Lambert, voisine de la salle-
à-manger, où se trouvait, dans un an^'Ic, l'iinnoirc
aux liipieurs. tlette chambre a\ait une «< fenêtre
•'•clairant mal. donnant sur l'escalier, nuiis fort grantle
et fort belle ■ ; ••Ile contenait une h gratule armoire
de noyer pour le linge de la fatnille. Le linge était
regardé avec une sorte de respect ». (Voir notre plan
de l'appartement Gagnon.)
I*ai.'e I7'J. ... scierie bois au bûcher... l'iaii du bûcher
indiquant sa position au «-ud de la grande cour, près
du grand escalier.
l'âge 17"i. ... séparé de la cour... — Plan (le la cour,
avec le bûcher et la galerie. Stendhal y a joint des
dessins rejirésentant un che\alet avec une liûche. la
scie de Landicrt et les balustres du bûcher.
Page 17'J. ... mes opinions parfaitement et foncièrement
républicaines... — Ms. : « Kainesrépubli. »
Page 173 \I. Croîtras, de Sarténe, je crois, en .S'i;/-
ttaigne. Lrreur : Sarténe est en Corse.
Paije 17.{. I^s ... i/iie je me dunnots... Deux mots illi-
sibles. Sli-nilhal doit fain- allusion ici à «piebpie gri-
mace d'enfant. I)ans un croquis du fol. Sll i\ indupu;
le point II dans la galerie du second étage, qui Imi-
geait la grande cour d(* la maison (iagnon : > II,
moi. |)e là, je conlenq>lais les barreaux de bois du
bûcher et je me donnais «1rs (les mêmes mots, tou-
four» illisibles) i-u puitant !<■ sang à la tête et
ouvrant lu boiirlir. <>
Page 173. ... aiitivent deux heures de suite .^ Mu bt
NOTES ET ÉCLAIP.CISSEMENTS 241
au verso du fol. 225 : « Idée : Aller passer trois jours
à Grenoble, et ne voir Crozet que le troisième xour.
Aller seul incognito à Claix, à la Bastille, à La Tron-
che. "
Chapitre XV.
Page 173. Chapitre XV. — Comme les chapitres v
et XIII, le présent chapitre se trouve dans un cahier
séparé coté R 300 à la bibliothèque municipale de
Grenoble, fol. 1 à 14. Stendhal a indiqué en tête de
ce chapitre, qu'il intitule « chapitre 13 « : « A placer
after the death of poor Lambert. » — Ecrit à Rome,
le 17 décembre 1835 ; corrigé, à partir du fol. 11.
le 25 décembre. — On lit en tête du fol. 1 : « 17 déc. 35.
Grand froid à la jambe gauche gelée. »
Page 176. ... J\I. Le Roy demeurait dans la maison
Teisseire, aidant le grand portail des Jacobins... —
Aujourd'hui, place Grenette, n" 5, à l'angle de la
rue de la République (autrefois rue de la Halle). La
voûte qui séparait la rue de la Halle de la place Gre-
nette a été démolie en 1908.
Page 176. Mes tyrans... souffraient que f allasse seul
de P en R... ■ — Au verso du fol. 2 est un plan des
environs de la place Grenette. On y voit les « portes
de la maison de M. Gagnon (il me semble jurer quand
je dis : M. Gagnon). »
Page 176. ... de ne me laisser sortir... — Variante :
« De ne me lâcher. »
Page 177. ... la boime... — Terme dauphinois, que
Stendhal définit ainsi : « Boime à Grenoble veut dire
hypocrite, doucereuse, jésuite-femelle. » (Voir plus
loin, chapitre xvii.)
Page 178. ... il allait souvent à Claix. — En face, au
verso du fol. 5, est une carte grossière de la campagne
située au midi de Grenoble, avec les chemins suivis
Brli.ard II. IG
242 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
pour aller à Claix et au hameau de Furonières, où
se trouvait la propriété des Beyle. Stendhal ajoute
en note : « Pour aller à Claix, c'est-à-dire à Furo-
nières, nous prenions le chemin Meney par 0 F, le
Cours (appelé le Course) [cours de Saint-André],
le pont [de Claix] et les chemins R et R', quelquefois
le chemin E du Moulin-de-Canel et le bac de Seys-
sins. Mon ami Crozet y a fait un pont en fil de fer
vers 1826. » — Louis Crozet fut inspecteur division-
naire des Ponts et Chaussées ; il exerça les fonctions
de maire de Grenoble entre 1853 et 1858.
Page 179. . . . sur le grand bureau. . . — Variante : a Table. »
Page 179. ... cabinet de mon père... — Un plan des
situations respectives des personnages accompagne
le récit.
Page 179. Ce maître me faisait faire... — Variante :
« M. Le Roy me faisait faire... »
Page 180. ... tous les deux à la fois. — Variante : « En
même temps. »
Page 180. ... des femmes mal mises en F, moi en H. —
En face du fol. 8 (verso du fol. 7) est un plan de l'église
Saint-André et de ses abords, et notamment, dans
la Grande-rue, la « maison où habitaient M™*^^ Colomb
et Romagnier ».
Page 180. ... ces gens que f aurais voulu aimer. — On
lit en haut du fol. 9 : « 17 décembre 1835. — Je
souiî're du froid devant mon feu, à deux pieds et
demi du foyer, grand froid for Omar. »
Page 180. J'emprunterai pour un instant la langue de
Cabanis. — On lit fol. 8 v" : « Style. Ces mots : pour
un instant, je les eusse effacés en 1830, mais en 35 je
regrette de ne pas en trouver de semblables dans le
Rouge. 25 décembre 1835. »
Page 182. Se baigner ainsi avec des femmes si aimables !
— On trouve en tête du fol. 13 un dessin schéma-
tique du « Paysage de M. Le Roy », et au verso du
fol. \'l un plan de l'atelier.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 24
<~>
Page 183. ...(dont il est parlé dans le certificat du général
Michaud). — « ]\I. Colomb doit avoir ce certificat. »
(Note de Stendhal.) « Oui, « a ajouté au crayon
R. Colomb.
Chapitre XVI
Page 185. Le chapitre XVI est le chapitre xii du ma-
nuscrit (R 299, fol. 226 à 248).— Ecrit à Rome, les
15 et 16 décembre 1835.
Page 185. Je travaillais sur une petite table au point P...
— Un fol. 226 bis est rempli par un plan d'une
partie de l'appartement Gagnon, avec le « grand
salon à l'Italienne ». (Voir notre plan de l'apparte-
ment Gagnon.)
Page 185. ... ni apprit quon venait de guillotiner deux
prêtres. — Variante : a Deux généraux de brigade. »
Voir l'explication de ce terme donnée plus loin par
l'abbé Dumolard au jeune Henri.
Page 186. ... date de la mort de MM. Revenus et Guilla-
bert. — Les abbés Revenas et Guillabert furent cfuil-
lotmés le 26 juin 1794. (Voir A. Prudhomme, Histoire
de Grenoble, p. 645.)
Page 186. ... M. Dumolard, du Bourg-d'Oisans... —
L'abbé Dumolard était curé de La Tronche, près
Grenoble.
Page 186. . . . depuis 1815, jésuite furieux... — Ms : « Tejé. »
Page 187. ... cen était fait... — Ici une croix et un blanc
d'une demi-ligne.
Page 187. ... qui donnait sur la Grenette au point A. —
Plan de la place Grenette, avec en A la chambre
d'EHsabeth Gagnon, à l'extrémité Nord de l'appar-
tement (voir notre plan). En B, à l'angle de la place
et de la Grande-rue, « salle-à-manger du premier
étage, occupé par mon grand-père avant notre pas-
sage à la maison de Marnais ».
244 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 188. ...le trapèze T de la montagne du Villard-dc-
Lans. — Croquis indiquant le trapèze formé, en
haut par la crête de la montagne, et sur les trois autres
côtés par l'église Saint-Louis et les toits des maisons.
La crête de la montagne, ainsi limitée, correspond à
Farête des montagnes de Lans, entre le Moucherotte
et le col de l'Arc.
Page 188. ... mon imagination, dirigée... — Variante :
« Formée. »
Page 188. ... récriture ci-jointe de mon illustre compa-
triote. — Avec le manuscrit est relié (après les fol. 99
et 231) un fac-similé lithographique de l'écriture de
Barnave. Ce fac-similé porte les légendes suivantes :
« Extrait dun album de Barnave... L'original de
cet écrit, tracé par Barnave en 1792, nous a été
communiqué par MM'"^^ ses sœurs. »
Page 188. ... M. Guettard. — Guettard (1715-1786),
minéralogiste orenoblois. a laissé un ouvrage inti-
Oc?- ~
tulé : Mémoires sur la minéralogie du Dauphiné
(Paris, 1779, deux vol. in-4o).
Page 188. ...le sein ou saint... — Le sing (de signum,
signal) annonçait aux habitants de Grenoble la
fermeture des portes de la ville ; cette coutume fut
conservée jusqu'en 1877, quoique depuis 1864 on ne
fermât plus les portes de l'enceinte.
Page 189. Cette terrasse, formée par V épaisseur d'un
mur nommé Sarrasin... ■ — - Ce mur, qui ])orte encore
aujourd'hui le nom de mur sarrasin, est en réalité
le mur de l'ancienne enceinte romaine de Grenoble.
Il n'en reste plus qu'un vestige : la terrasse dont
parle Stendhal, et qui se prolonge à travers toute la
maison presque jusqu'à la Grande-rue. (Voir notre
plan de l'appartement Gagnon.j
Page 189. ... sur le [rocher] de Voreppe... — Stendhal
a oublié un mot ; nous le rétablissons d'après le sens
du contexte.
Page 189. ... l'ancienne entrée de loi '^dle açant quon
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 245
eût coupe le rocher de la Porte-de-France. — La roule
qui passe au pied du rocher de Kabot date de la
construction de la Porte-de-France par Lesdiguières
en 1620. Avant cette date, on arrivait en efl'et à
Grenoble par la tour de Rabot et la rue ou « montée »
de Chalemont. et la « montée » du Rabot.
En face du fol. 234, Stendhal a figuré la terrasse,
avec l'emplacement du « cabinet en losanges de châ-
taignier avec forme d'architecture de mauvais goût,
à la Bernin ». Y est également figuré le cabinet d'été
de M. Gaçinon ; dans le cabinet voisin, « où s'établit
Poncet », est indiqué le « banc de menuisier à côté
duquel je passais ma vie ». Dans le lointain est figurée
la silhouette de la « montagne de Sassenage », avec
la position du soleil à son coucher en juin et en
décembre.
Page 190. ...(les Lerminier, les Salvandij, les... — Le
nom est en blanc dans le manuscrit.
Page 190. ... dans le genre de M. Letronne, qui vient de
détrôner Memnon... — Jean-Antoine Letronne,
célèbre archéologue français (1787-1848), était en
1835 directeur de la Bibliothèque royale. Il avait
publié en 1833 un mémoire sur la Statue i'ocale de
Memnon.
Page 190. Pendant que mon grand-père lisait, assis dans
un fauteuil en D... — Plan du cabinet de M. Gagnon.
Le fauteuil du grand-père de Beyle était placé devant
la cheminée, où se trouvait le buste de Voltaire ;
derrière lui était la bibliothèque et dans un coin,
en L, le tas des livres brochés laissés par Romain
Gagnon.
Page 192. Ces livres de mon oncle portaient Vadresse de
M. Fcdcon... — Le libraire Falcon (1753-1830) prit
une part très active au mouvement révolutionnaire.
Il fut secrétaire, puis président (22 juillet-18 août
1794) de la Société populaire, qui se réunissait dans
l'église Saint-André. La boutique de Falcon servait
Brulard II. 16.
216 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
de lieu de réunion aux patriotes exaltés, si bien que
le 24 thermidor an III (11 août 1795) le Conseil
général de la commune de Grenoble prit une délibé-
ration pour interdire à « ceux qui ont participé aux
horreurs commises sous la tyrannie de se rendre dans
la boutique de Falcon el le café Dumas et dans tout
autre lieu public, à peine de huit jours de détention
et même de plus grande peine, s'il y échoit... » Il
était en outre enjoint à Falcon « de tenir sa boutique
fermée à six heures du soir..., sous les mêmes peines ».
(Archives municipales de Grenoble, LL 8, page 227.)
Page 192. ... une autre dame de la rue Neuue, chez
laquelle... — Ms. : « Lequel. »
Page 193. C^est le plus bel échantillon... ■ — Variante :
« Exemple. »
Page 193. Fcdcon vint occuper la boutique A... — Plan
de la place Saint-André, avec la situation, en A, de
la première boutique de Falcon, à l'angle du passage
du Palais, B, « avec têtes en relief, comme à Flo-
rence » (ces têtes sont actuellement au Musée de Gre-
noble, mais des copies ornent encore, à leur ancienne
place, rentrée du Palais de Justice). En A', près de
la « salle de spectacle », est l'emplacement de la
seconde boutique de Falcon.
Page 193. ...la Vie et les ai>entures de M^'^ de*** ... —
Voici le titre : Vie, faiblesses et repentir d'une femme.
J'en ai un exemplaire, mis en très mauvais état par
l'humidité. (Note au crayon de Romain Colomb.)
Page 194. Je la lus couché sur mon lit dans mon trapèze...
— Voir notre plan de l'appartement de Henri Gagnon.
Page 195. Sa conversion au jésuitisme... — Ms. : « Tisme-
jésui. »
Page 195. ... dans le temps que parut la Nouvelle Héloïse
(ne.H-ce pas 1770 ?)... — La Nouvelle- Héloïse parut
en 1761.
Page 190. — On lit sur l'avant-dernior fr-nillet du
})rernier volimie : « 27 décembre 1835. Lacenaire
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 247
aussi écrit ses Mémoires. On en dit brûlé un volume
dans l'incendie de la rue du Pont-de-Fer. » Le der-
nier feuillet contient une table. Elle se termine ainsi :
« Je laisse les chapitre xiii et xiv pour les augmen-
tations à faire à ces premiers temps. J'ai 40 pages
écrites à insérer. Le volume 2 commence par le cha-
pitre XV. — Book commencé the Uyenttj third of no-
vember 35, il y a 31 days. »
Chapitre X\ II
Page 197. Le chapitre XVII est le chapitre xv de
Stendhal (fol. 249 à 258). — Ecrit à Rome, les 16,
17 et 25 décembre 1835. — Avec ce chapitre commence
le second volume du manuscrit.
Page 197. ... la première boime de la i'ille. — On lit en
tête du fol. 249 bis : « 16 déc. 1835. — Envoyé la
fm du chapitre xii. — Laisser le n^ 249 à cette page
et aller jusqu'à 1.000. — Faire suivre aussi les
numéros des chapitres. »
Page 198. J'étais tellement emporté par le diable... —
Variante : « Par Vâge. »
Page 198. Je me figurais lui plaisir délicieux à serrer...
— Variante : « Tenir. »
Page 198. ... son père lui refusait celle de cette porte. —
En face, au verso du fol. 250, plan dune partie de
l'appartement Gagnon. avec la « chambre de Séra-
phie » et la porte sur l'escalier de la place Grenette.
A côté, dans la « chambre de ma tante Elisabeth )>,
« la famille au soleil ». A l'angle de la Grande-rue et
de la place Grenette, en « 0, logement de mon oncle,
au second étage, avant son mariage ». Sur ce plan
sont également indiquées les rues voisines : rue des
Clercs, « ici logeaient Mably et Condillac » ; rue du
Département (aujourd'hui rue Diodore-Rahoult), au
l^oint « G', là je m'élevai à 7 avec M'" Galice » ; place
2'l8 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Saint- André, où sont indiquées les maisons de M'"^ Vi-
gnon et de Falcon. (Voir nos plans de Tappartement
Gagnon et de Grenoble en 1793.)
Page 199. ... il habitait... — Variante : « Los.eait. »
Page 199. ... les fresques du. Campo-Santo]... — Le
nom a été laissé en blanc dans le manuscrit.
Page 199. ... V effet quelle produisit sur moi. — On lit
dans la marge : « Mettre un mot des promenades
forcées aux Granges. »
Page 200. ... a^^ec les chaj)le]>ans... — Ce mot signifie,
en patois du Dauphiné, gâcheur de pain (de chapla,
briser en petits morceaux, et pan. pain).
Page 200. ... fairne cela dans un enfant. — On lit au
verso du fol. 254 : « 20 décembre 1835, faits à placer
en leur temps, mis ici pour ne pas l'oublier : inspec-
teur du mobilier de la Couronne, comment, 1811. — -
Après l'objection de l'Empereur, je devins inspecteur
du mobilier au moyen de mon acte de naissance,
2» du certificat Michaud, 3° de l'addition de nom.
La faute est de ne pas avoir mis : lirulard de la
Jomate (la .Jomate étant à nous). M. de Bor (Baure)
était un magistrat parfaitement sage et poli de la
lin du xviii^ siècle ; il aimait ce qui était honnête
et droit, et n'aurait commis une mauvaise action
qu'à la dernière nécessité et à son corps défendant.
Du reste, de l'esprit, disert, bien disant, possédant
une grande connaissance des auteurs, ami particulier
de M. le colonel de Beaussac et de ^L de Villaret,
évêque (de 1' (un mot illisible);, grand, maigre,
dicTue, avec de i)etits veux malins et un nez infini ;
il me fut un excellent et très digne archer. Il soufl'rait
pour de l'argent ce que je n'aurais soull'eil j)Our rien,
d'être vilipendé par M. le comte D[aru], dont il était
le secrétaire général. Ce fut lui (\\ù, pour obliger
M. Petit (car moi, avec mon étourderie et mes idées
de haute et franche vertu, je devais le choquer vingt
fois par jour), moyenna toute ma nomination après
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 249
l'objection de l'Empereur. Mourut k Amsterdam
le... septembre ou novembre 1811. »
Page 201. ... Charrière, Mayousse, le vieux... — Le nom
est en blanc dans le manuscrit.
Page 202. ... cette manie, qui a sa source à la fois dans
l'avarice, l'orgueil et la manie nobiliaire. — Variante :
« Cette manie, qui tient à la fois à Vavarice, à l'argent
et à la manie nobiliaire. )>
Chapitre XVIII
Page 203. Le chapitre XVIII est le chapitre xvi de
Stendhal (fol. 260 à 266 ; le fol. 259 est blanc). —
La leçon que je donne de ce chapitre ne suit pas
d'une manière absolue l'ordre du manuscrit. Le pre-
mier alinéa est suivi de cette observation de Sten-
dhal : « Ici, ma première communion. » Conformé-
ment à cette indication, j'ai inséré à cette place le
récit de la première communion, lequel, dans le
manuscrit, se trouve relié immédiatement avant,
sans pagination. Le foho 260 bis a été écrit le
25 décembre 1835, alors que « la première commu-
nion » est du 10 décembre. Ce dernier texte commence
ainsi : « Ce qui me console un peu de l'impertinence
d'écrire tant de je et de moi, c'est que je suppose que
beaucoup de gens fort ordinaires de ce xix<^ siècle
font comme moi. On sera donc inondé de Mémoires
vers 1880 et avec mes je et mes moi, je ne serai que
comme tout le monde. M. de Talleyrand, M. Mole,
écrivent leurs Mémoires, M. Delécluze aussi. » J'ai
cru devoir alléger le récit de cet alinéa.
En tête du récit de sa première communion,
Stendhal avait écrit : « A placer après Amar et Mer-
linot. 10 décembre 1835, corrigé le 3 janvier 1836. «
Je n'ai pas suivi cette indication, qui déjà n'a pu
être respectée exactement dans l'édition Stryienski,
250 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
et je me suis conformé à la note de Stendhal indiquée
ci-dessus, opinion justifiée encore par ce fait que
le frao-ment : « La première communion ». est relié
immédiatement avant le fol. 260, c'est-à-dire à peu
près à sa place logique.
Pafe 203. ... me procura beaucoup de bien-être i^ers 1794.
— Le fol. 260 bis est daté : « 25 décembre 1835. » Il
comprend le début du chapitre xviii et celui du cha-
pitre suivant, que Stendhal a marqué dans la marge
par cette note : « Chapitre commençant à : « Mon père
fut rave. » Le lecteur pourra se rendre compte de la
méthode que j'ai adoptée dans l'établissement du
texte du commencement des chapitres xviii et xix,
en se reportant à la planche reproduisant le fol.
260 bis.
Page 203. Mais avant d'aller plus loin... — Ainsi que
le lecteur peut s'en rendre compte sur rillustration,
cet alinéa ne fait pas immédiatement suite au précé-
dent sur le manuscrit. Je l'ai cependant placé ici, à
cause du contexte, et parce qu'il fait une transition
voulue par Stendhal lui-même.
Page 203. Ce fut un pr[être]... — Le feuillet 201 et tous
ceux qui constituent désormais notre chapitre xvin
n'ont pas été numérotés par Stendhal. Notre folio-
tation (261 à 266) est factice. Cette numérotation ne
nuit pas à la foliotation indiquée par Stendhal lui-
même, car l'auteur a laissé en blanc les feuillets
compris entre les chiffres 261 et 273. C'est ainsi que
nous verrons le chapitre xix commencer au fol.
260 bis pour continuer au fol. 274.
Page 204. ... a fait peur, ici même, au jésuite. — Ms. :
« Tejé. »
Page 20'i. ... devenu un grand /('.suite... — Ms. : « Tejé. »
Page 204. ... un des plus projo)uls jésuites... — Ms. :
« Tejé. )>
Page 20.'). ... un me faisait servir ces messes... — A cette
époque, je servais une et (pielquefois deux messes
^'OTES ET ECLAIRCISSEMENTS
251
par jour, ce qui probabletnent m'a empêché de me
rajDpeler que l'auteur faisait la même besogne. (Note
au crayon de R. Colomb.)
Page 206. Le pauvre diable cherchait à absorber... —
Variantes : « Consommer^ essuyer. »
Page 206. La sortie de notre messe faisait foule datis la
Grande-rue. — Suit un plan du quartier où était
située la maison Gagnon. On voit, sur la Grande-rue,
en « A', porte par laquelle sortaient les soixante ou
quatre-vingts dévotes, vers les onze heures et demie ».
A la suite de ce chapitre est un fragment intitulé :
« Encyclopédie du xix^ siècle. » Stendhal Fa accom-
pagné de cette note : « A placer après ma first com-
munion, » Ce fragment n'ayant rien de commun avec
le récit, nous l'avons rejeté en annexe.
Chapitre XIX
Page 207. Le chapitre XIX est le chapitre xvi du
manuscrit (fol. 260 bis et 274 à 279 ; les fol. 261 à 273
sont blancs). — Ecrit à Rome, les 25 et 26 décembre
1835. — Au sujet de l'étabUssement du texte du
début de ce chapitre, voir les notes du début du
chapitre xviii, et la reproduction du fol. 260 bis.
Page 207. ... Furonières... — Hameau de la commune
de Claix.
Page 207. ... les i>illes d'Italie i>ers le viii^ siècle... ■ — -
A vérifier sur la dissertation 55 de Muratori, lue il y
a quinze jours et déjà oubliée quant à la date. (Note
de Stendhal.)
Page 207. ... où, depuis quatre ans, personne n'avait
mis les pieds — En face, au verso du fol. 273, plan
du quartier des maisons Gagnon et Beyle. On y voit,
à l'angle de la Grande-rue et de la rue du Départe-
ment, l'emplacement du '( café tenu par M. Genou,
père de M. de Genoude, de la Gazette de France ».
252 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
(Voir notre plan de Grenoble en 1793.) A ce sujet, on
lit cette note au crayon de R. Colomb : « Le café
Genou était sur la place Saint-André, dans la maison
qu'habitait M'"^ Viirnon, je crois ; celui de la Grande-
rue était tenu par Charréa. »
Page 209. ... dès que je fus libre, en H... — En face, au
verso du fol. 274, plan de l'appartement Beyle, rue
des Vieux- Jésuites. On voit dans le salon, près de la
fenêtre, en « II, table de travail » de Beyle.
Page 209. ... l'amour des épinaux... — La lecture du
dernier mot est incertaine.
Page 210. Je reparlerai de la chasse, rei^enoiis aux
médailles. — On lit au verso du fol. 279, avec la date
du 26 décembre : « A placer : « Caractère of my jather
Chérubin B[eyle]. — Il n'était point avare, mais
bien passionné. Rien ne lui coûtait pour satisfaire
la passion dominante : ainsi pour faire miner une
tière, il ne m'envoyait pas à Paris les 150 francs par
mois, sans lesquels je ne pouvais vivre.
Il eut la passion pour l'agriculture et pour Claix,
puis un an ou deux de passion pour bâtir (la maison
de la rue de Boiuie, dont j'eus la sottise de faire le
plan avec Mante). Il empruntait à huit on dix pour
cent à lellet de terminer ime maison (pii un jour
lui rendrait le six. Eimuyé de la maison, il se livra à
la passion d'administrer pour les Bourbons, au point
incroyable de passer dix-sept mois sans aller à Claix,
à deux lieues de la ville. Il s'est ruiné de 1814 à 1819,
je crois, époque de sa mort. Il aimait les femmes avec
excès, mais timide connne un erifant de douze ans ;
^Ime Abraham Mallein, née Pascal, se moquait ferme
de lui à cet égard. »
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 253
Chapitre XX
Page 211. Le chapitre XX est le chapitre xvii du
manuscrit (fol. 280 à 298). — Ecrit ù Rome, les 26
27 et 29 décembre 1835.
Page 211. ... un frai jésuite... — Ms. : « Tefé. »
Page 212. ... fa^'ais pour les... — Suivent quelques
mots anglais illisibles.
Page 213. Peut-être s était-il fait dévot... — Ms. : « Votdé. »
Page 213. ... plus tard rue du Département... — Plus
tard encore, rue Saint-André, aujourd'hui rue Dio-
dore-Rahoult.
Page 213. ... intolérants et absurdes... — Ms. : « Sur-
desab. »
Page 213. ... que mon grand-père tramillât en présence
de... ■ — Variante : « Devant. »
Page 213. ... dans ce salon étaient cités par lui... —
Variante : « Rappelés. »
Page 214. ... mais il était apte... — Variante : c Facile. »
Page 214. ... à F occasion de torts très minimes... —
Variante : « Pour des torts très petits. »
Page 214. ... chez M... et sa famille, ... M. Bois, le
beau-frère, enrichi ... — Trois mots illisibles.
Page 214. ... .1/. le grand vicaire... — Ms. : « Cairevi. »
Page 214. ... en sa qualité de prince de Grenoble... —
L'évêque de Grenoble avait le titre d'évêque-prince.
Page 214. ... mon oncle in apprit par ses plaisanteries
quil avait un ... — Un mot illisible.
Page 215. ... forcer les amis à se retirer. — En face, au
verso du fol. 285, on lit : a Réi)onse à un reproche :
comment veut-on que j'écrive bien, forcé d'écrire
aussi vite pour ne pas perdre mes idées ? 27 dé-
cembre 1835. Réponse à MM. Colomb, etc. »
Page 21G. Le Père Ducros écrivait dans le haut de la
254 >'OTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
partie la plus élevée de ces cartons. — Au verso du
fol. 287, Stendhal a dessiné le modèle de l'un de ces
cadres, avec la légende suivante : « Cadre de médailles
en plâtre blanc par le Père Ducros, bibliothécaire de
la Ville de Grenoble (vers 1790), mort vers 1806 ou
1818. »
Page 216. ... mon cousin Allard du Plantier... — Allard
du Plantier (1721-1801), avocat au Parlement de
Grenoble, fut élu en 1788 député du Tiers-Etat du
Dauphiné aux Etats-Généraux. Il se retira à Voiron
en 1790.
Page 218. Quand ce moule était bien froid... — Dessin
du moule. Le papier huilé est plus haut (de A en B)
que léjiaisseur du moule, de manière à pouvoir
recevoir le plâtre coulé.
Page 219. C'est en vain que Saint-... — Le reste du nom
est en blanc.
Page 219. (...en B, dans la cuisine). — Au verso du
fol. 291 est im plan d'une partie de l'appartement
Beyle. Dans la « chambre de ma mère », en « A, atelier
de mon plâtre » ; dans la cuisine, en « B, fourneau
où je faisais mes soufres ». On lit au-dessous : « Maison
paternelle, vendue en 1804. En 1816, nous logions
au coin de la rue de Bonne et de la place Grenette,
où je fis l'amour à Sophie Vernier et à M^'^ Elise,
en 1814 et 1816, mais pas assez, je me serais moins
ennuyé. De là j'entendis guillotiner David, qui fait
la crloire de M. le duc Decazes. »
Page 220. ...F Encyclopédie méthodique. — On lit au
verso du fol. 29.3 : « 27 décembre 1835. Fatigué
après 13 pages. Froid aux jambes, surtout au mollet;
nii peu de colic[ue ; envie de dormir. Le froid et le
café du 24 décembre m'ont donné sur les nerfs. Il'
faudrait un bain, mais comment, avec ce froid ?
Comment suj)porterai-je le froid do i'aris ? »
Page 220. ... f accueillais cette religion... — Ms. :
« Gionreli. »
NOTES ET KCI AinCISSEMENTS 2Ô5
Pa"C 220. ... tne maintint m sunniissiot)... — \. niante :
t< Ahjfctiun. »
Page 221. ... fultais au Jardin... - Il s'iJo;il ilii .Ijinlirf-
.Îc-Vill.'.
Pa^e 221. ... à aller au spectacle (jiie je quittais... —
^'aria^te : « Dont je sortais. »
Paore 221. ... quaml j\'ntcnilais sonner le sing (ou saint).
— Sur le sins. vii\ i-/. |»liis haut, notrs du ili;i|nrrf; xvi,
p. 2Vi.
Pa^e 22i. ... i'ers sur la mouche noyée clans une jatte Je
lait... — Allusion à la pièce de vers latins déjà citée
plus haut, chapitre xii.
Page 222. Je faisais des lunettes pour voir le voisin en
ayant l'air de regarder devant moi. — Suit un «grossier
croquis représentant une lunette munie d'un miroir
incliné.
Chapitre XXl
Page 223. Le chapitre XXI e:sl le chapitre xviii du
manuscrit (fol. 299 à 311). — Ecrit à Rome, le 30 dé-
cembre 1835.
Page 223. ... hypocrisie doucereuse (ou jésuite). —
Ms. : « Tejé. »
Pa"e 224. ... mon bureau à la Tronchin ne m'a coûté
que quatre écus et demi (ou 4 X 5.45 = 24 fr. 52). —
Nous reproduisons sans le modilier, le calcul de
Stendhal.
Page 224. ... un père de [cinquante-et-un] ans... — Cm-
quanle-et-un est en blanc dans le nianuscrit.
Page 225. ... ces caractères mobiles perces dans une
feuille de laiton grande comme une carte à jouer... —
Suit une figure représentant nii l{ rn laiton.
Page 225. ... verrai- je la vérité à soi.rante-cinq ans, si
fy arrive. — fh\ lit en face, au verso du fol. ,302 :
25G NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
« A placer. Touchant mon caractère. On me dira :
Mais êtes-vous un prince ou un Emile pour que
quelque Jean-Jacques Rousseau se donne la peine
détudier et de guider votre caractère ? Je répon-
drai : Toute ma famille se mêlait de mon éducation.
Après la haute imprudence davoir tout quitté à la
mort de ma mère, j'étais pour eux le seul remède à
l'ennui, et ils me donnaient tout l'enruii ([ue je leur
ôtais. Ne jamais parler à aucun autre enfant de mon
A I
âge .
— Ecriture : les idées me galopent, si je ne les note
pas vite, je les perds. Comment écrirais-je vite (sic)?
Voilà, M. Colomb, comment je prends l'hahitude de
mal écrire. Omar, tliirtijent december 1835, revenant
de San Gregorio et du Foro boario. »
Page 22(). ... ijni ne demande que six ... — Vn mot
illisible.
Page 228. ... à cinquante-deux ans... — Ms. : « 26 X 2. »
Page 229. ... à cinquante ans. — Ms. : « 25 X 2. »
Page 230. ... rue Go^ot-de-Mauroy, Paris. — Justifi-
cation de ma mauvaise écriture : les idées me galopent
et s'en vont si je ne les saisis pas. Souvent, mouve-
ment nerveux de la main. (Note de Stendhal.)
Au verso du fol. 311 est ce testament de Stendhal :
« J'exige (sine qua non conditio) cpie tous les noms de
femme soient changés avant l'impression. Je compte
que cette précaution et la distance des temps empê-
cheront tout scandale. Cività-\ ecchia, le 31 dé-
cembre 1835. H. Beylf.. )'
Chapitre XXII
Page 231. Chapitre XXI l. — Ce chapitre, Udii nninéroté
par Stendhal, \a du fol. .'îl I ter au fol. 315 his. — ■
Le chapitre commence ainsi : « Le fameu.x siège de
Lyon (dont jdus tard j'ai tant connu le chef, M. de
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 257
Précy, à Brunswick, 1806-1809, mon premier modèle
d'homme de bonne compagnie, après M. de Tressan,
dans ma première enfance). »
— Le fol. 311 bis porte simplement ces deux men-
tions : « Tome second », et : « Siège de Lyon, été de
1793. »
Page 231. Le siège de Lyon agitait... — Variante :
« Agita. ))
Paffe 231. ... dont le cousin ou neveu... — Les deux
mots : cousin ou, ont été rayés au crayon par R. Co-
lomb,
Page 231. ...se battait dans Lyon... — 11 ne se battait
pas ; sa condamnation à mort fut motivée sur une
lettre écrite à une dame de ses amies et interceptée
par Dubois de Crancé. (Note au crayon de R. Co-
lomb.)
Page 231. C'est au point H que fai peut-être éprouvé... — ■
En face, au verso du fol. 311 ter. se trouve un plan
de la scène : dans le « cabinet d'histoire naturelle »,
garni sur ses deux plus grands murs d' « armoires
fermées contenant minéraux, coquillages », est la
« table de déjeuner avec café au lait excellent et
fort bons petits pains très cuits, griches perfection-
nées » ; autour de la table, en « S, M. Senterre avec
son chapeau à larges bords, à cause de ses yeux
faibles et bordés de rouge » ; en « H, moi, dévorant
ses nouvelles ». La terrasse est voisine ; au bout se
trouve en « J, mon jardin particulier, à côté de la
pierre à eau ».
Page 231. ...et les prêtres... — ■ Ms. : « Tresp. »
Page 231. ^L Senterre, employé à la poste aux lettres... —
Stendhal a déjà parlé de son cousin Senterre et de la
scène des journaux. Voir plus haut, chapitre xii.
Page 232. ... le seul livre que faie à Rome... — Ms. :
« Mero. ))
Page 232. ... à dix ans... — Ms. : « Ten. »
Drulard 11. 17
258 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 232. ... lu montagne de Méandre (prononcez
Mioudre)... ■ — En face, au verso du fol. 312, est
un dessin reprrsentant la silhouette des plateaux
de Saint-Nizier (A) et de Sornin (B-) jusqu'à la vallt-e
de l'Isère (V). « Méaudre ou Mioudre en M, dans la
vallée entre les deux nx)ntagnes A et B » ; « V, vallée
de Voreppe, adorée par moi connue étant le chemin
de Paris >>.
Page 232. , . . Méaudre. . . — Ms. : « Mioudre. » — Méaudre
est uu village de 784 habitants situé à 1.012 m.
d'altitude, dans la vallée de la Bourne.
Pawe 233. ... ma tante Elisabeth. ai>ec sa fierté castillane,
me dit ... — Le reste de la ]iage a été laisse en blanc
par Stendhal. Cet alinéa et le suivant, accompagnés
d'un grand blanc, étaient certainement destinés à
être développés.
Page 233. ... sur les fourgon.'!... — Variante : « Ses four-
gons. »
Page 234. ... fêtais dans la cuisine vers les sept heures
du soir... — Suit un plan de la cuisine. Sur la « grande
table » de milieu, en <f 0, boîte à poudre qui éclata ».
En H, le jeune Ileini (levant l'armoire. (Voir notre
plan de l'appartement Clagnon.
Page 234. ... se trouva grandement snilagé... — \ n-
rianle : « Délivré. »
Page 234. ... un soir que je lisais sur la commode de ma
tante Elisabeth... — En face, au verso du fol. 313 qua-
ter, est un plan de la partie de rapparlement (iagnnn
occu[)é par h-s rhandires d'Elisabeth et Sérajibie
(lagnon. Dans la chambre d'ElisalMMli. en <( II. moi
lisant la Henriade ou Iiéli.saire, dont mon grand-père
admirait bf^aucouji le ipiiiizième chapitre on le cdiii-
mcncement : Justinieii vieillissait... Quel tableau di
la vieillesse fb- I.ouis X\', disait-il ! » - - Dans nii
angle de la i>lace Grenette (*st figuré V « escalier et
jierron de la maison Périer-Eagrange. l'rançois, le
lils aîné, bon et bêle, grand honuue de cheval,
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 259
épousa ma sœur Pauline pendant les campagnes
d'Allemagne ».
Page 235. Toute la famille était en rang cV oignons devant
le feu au point D. — Plan de la chambre d'Elisabeth
Gagnon en haut du fol. 314 ; autour de la cheminée,
en D, la famille en rang d'oignons ; en face de la che-
minée, le jeune Beyle lisant sur la commode.
Page 235. ... rang d'oignons. — On lit en haut du fol.
315 bis : « 30 décembre 1835. Omar. » — Le fol. 315
porte simplement : « Chapitre xix. » Ce chapitre
commence au miheu de la page 315 bis, suivant une
indication de Stendhal lui-même.
Page 235. ... sur les registres de l'état cii^il à Grenoble. —
Séraphie Gagnon est morte le 9 janvier 1797, à
dix heures du soir.
Chapitre XXIII
Page 237. Le chapitre XXIII est le chapitre xix du
manuscrit (fol. 315 bis à 331 bis). — Ecrit à Rome,
les 30 et 31 décembre 1835, et lei" janvier 1836.
Page 237. ... la loi excellente des Ecoles centrcdes. —
Stendhal avait d'abord écrit : « La loi excellente des
Ecoles centrales avait été faite, ce me semble, par
un comité doiit M. de Tracy était le chef avec
6.000 francs d'appointements, lui qui avait commencé
avec 200.000 hvres de rente ; mais ceci arrivera plus
ta-rd. » — Sur l'enseignement donné dans les Ecoles
centrales en général et dans celle de Grenoble, en
particulier, ainsi que sur les camarades et amis
d'Henri Beyle, voir l'ouvrage de M. A. Chuquet,
Stendhal- Beijle (1904).
Page 237. ... d'être le chef de l'Ecole centrale. — Peut-
être aussi la crainte des patriotes entra-t-elle pour
quelque chose dans l'acceptation de cette fonction.
(Note au crayon de R. Colomb.)
260
NOTES ET ECI.AIRCISSEMENTS
Page 23S. ... (htns lu première salle SS... - — - Plan de
cette salle, à l'eiilrée de laquelle se trouvait le « bureau
du bibliothécaire, le H. 1*. l)ucros ». — Au verso du
fol. 314. Stendhal a lifxuré un jilaii d\i collr^xc (aujour-
d'hui le Lycée de Idles . alors situé entre la « rue
Neuve, le faubour<r Saint-Cjcrniain de Grenoble », et
les « remparts de la ville en 1795 ». Un y voit au rez-
de-chaussée la « première salle des mathématiques »
et la « salle de la chimie, professée par M. le D"" Trous-
set » ; au ]tremier éla^M'. la <^ seconde salle oii j'ai
remporté le ]»remier prix, sur sept ou huit élèves
admis un mois après à l'Ecole polytechnique » ;
enfin la « salle de latin, au second ou troisième, vue
délicieuse » sur les « monta<;nes dl-Lchirolles » et sur
des sommets recouverts par des k nei<j;es éternelles
ou de huit mois de Tannée au moins ".
Page 238. ... la tragédie «/'Ericie... — .Ms. : « Aricie. »
Page 23S. ... la Gazette des Deu.r-Punts... - La Gazette
universelle de politique et de littérature des Deux-Punts,
fondée en 1770. Duliois-Fontanellc n y collabora que
jusqu'au l^*" juin J77<>.
Page 240 M. Guizot... - .\Is. : «. Zutnui. »
Page 240. ... pour amener... — Variante : » Porter. »
Page 2'if». ... mais le général ... — Le mot est en lilanc
dans le manuscrit.
Page 241. Il i'a sans dire tpie les prêtres... - - ^Is. :
« Très p. i>
Page 241. Au sutl de Grenoble est sa brillante limite. —
On lit en lète du fol. .'{24 : « 31 décembre 1830.
(Jmar. » — Ce feudlet n"a qu'une seule ligne écrite ;
le reste est blanc.
Page 241. .\ommer les professeurs à l' Ecole centrale... —
On lit fil haut du fol. '.\'l') : « 31 décembre 1835.
Omar, (iommencé ce livre, dont \ oiei la trois cent
vingt-cin«piiènnr page, et cent, me ferait i(ii;ilii' (•••iits
le... lS.3.'j. )» — Le verso du même feuillet jiorle :
u Hapidilé : le 3 décembre 1835, j'en étais ;'i 93,
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 261
le 31 décembre à 325. 232 en 28 jours. Sur quoi il
y a eu voyage à Cività-Vecchia. Aucun travail les
jours de voyage et le soir d'arrivée ici, soit un' ou
deux sans écrire. Donc, en 23 jours, 232, ou dix pages
par jour, ordinairement dix-huit ou vingt pages par
jour, et les jours de courrier quatre ou cinq ou pas
du tout. Comment pourrais-je écrire bien physique-
ment ? D'ailleurs, ma mauvaise écriture arrête les
indiscrets, l^r janvier 1836. »
— En interligne (aux mots : les professeurs de
l'Ecole centrale), Stendhal a écrit : « MM. Gattel,
Dubois-Fontanelle, Trousset, Villars (paysan des
Hautes-Alpes), Jay, Durand, Dupuy, Chabert, les
voilà à peu près par ordre d'utihté pour les enfants ;
les trois premiers avaient du mérite. » — En face
(fol. 324 verso) est encore un plan du a Collège ou
Ecole centrale ».
Page 241. ... sous nos yeux... — Variante : « Vis-à-çis
de nous. »
Page 242. ...le peuple de Milan... — Ms. : « Lanmi. »
Page 243. ... lorsque, en 1810... — Ms. : « 1811. »
Page 244. ... mais Suchet... ■ — Suit un blanc d'un quart
de ligne.
Page 244. ... quels plats bougres... — Ms. : « Ougresh. »
Page 245. ... général Séhastiani ! — Ms. : « Bastiani-
sehas. »
Chapitre XXIV
Page 247. Le chapitre XXIV est le chapitre xx du
manuscrit (fol. 331 bis à 355). — Ecrit à Rome, le
l^r janvier 1836. Stendhal note au fol. 335 : « Froid en
écrivant. »
Page 248. ... un autre village dans la vallée. — Du Ver-
soud. (Note au crayon de R. Colomb.)
Brulard II. I7_
262 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 248. ... la vallée s'étend jusquà ta denl tle Muirans,
de cette sorte. — Suit imo carle-oscjulsso. d'ailleurs
inexacte. Stendhal appclU' Ih-nt de Moinin.s le Bec
de V Echaillon, situé sur la rive ilroite de l'Isère, au-
dessus de Veurey. Kntre Moirans et ^'ore|.)J)e. il
sicrnale des « campagnes comparables à celle de Lom-
bardie et de Marmaiule, les plus belles du monde ».
Page 250. Tout cela était distribaét' par bancs de sept ou
huit... — Suit un plan de la classe de dessin : entre
les deux rangées, « le grand Jay arpentant sa salle
avec l'air de gémir et en tenant la tête renversée ».
La place du jeune Reyle était en II. dans les bancs
placés du côté de la rue Neuve.
Page 251. Le banc des grandes têtes, vers H... — Cette
référence se rapporte au plan décrit ci-dessus.
Pa^e 251. ...la volonté de crever ou d'avancer. — Rapi-
dite, raison de la mauvaise écriture, l^'" janvier 1836.
Il n'est que tieux heures, j'ai déjà écrit seize pages,
il fait froid, la plume \a mal ; au lieu de me mettre
en colère, je vais en avant, écrivant connue je puis.
(Note de Stendhal. >
Page 252. M. Le Hoij vivait encore et peignait... —
Variante : « Faisait. i<
Pape 252. i\/. Le lioij avait fait une vue du pont de la
\'ence, ... prise du point A... — Suit un croquis sché-
matique du point de vue. Le point \ est au bas du
ptuit. sur le bord lin lonrnr. et l'arche du |»<iiit en-
cadre la UKJUtagne M.
Page 25.1. ... mais ma découverte me resta ... - Stendiial
a, par inadvertance, oublié un mot en ])assant d'un
feuillet à nu autre.
Page 254. ... Ui Liberté paraissait cachée jusqu'aux
genoux. Le fol. .'J45 est aux triii>;-fpiarls blanc.
Page 255. ...et jamais moi, ou une .seule fois.— lui face,
au verso (lu fol. 34fi. est un plan de la partie du collège
contenant la « salle de dessin » et la « salle des mathé-
matiques ". Dans oelle-ci, près du tableau, en u IJ,
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 263
M, Dupuy, homme de cinq pieds liiiit pouces, avec
sa grande canne, dans son immense fauteuil ». Parmi
les élèves, en « H, moi, mourant d'envie d'être appelé
pour monter au tableau, et me cachant pour n'être
pas appelé, mourant de peur et de timidité ».
Page 255. ... avec Paul-Louis Courier dans sa prise...
— Un mot illisible. La lecture du mot prise n'est
pas certaine.
Page 255. ... i'rai jésuite. — Ms. : « Tejé. »
Page 256. ... A/?ne la comtesse Daru... — Ms. : « Ruda. »
Page 257. Monté au tableau, on écrivait en 0. — Croquis
représentant un élève au tableau.
Page 257. ... comme nous disions à V Ecole centrale. —
Suit une phrase que Stendhal n'a pas elîacée, mais
que nous supprimons cependant, car il l'a accompa-
gnée de cette mention : répétition. « Pour ne pas
m'embrouiller dans une longue opération d'arithmé-
tique, je me mis à ne regarder que le tableau. »
Page 258. ...si V Ecole centrale a été ow'erte en 1796 ou
seulement en 1797. — L'Ecole centrale de Grenoble,
créée par le décret de la Convention du 7 ventôse
an III, fut inaugurée le 11 frimaire an V (1^^ décem-
bre 1796). Des prix furent décernés aux élèves le
30 fructidor an V (16 septembre 1797), le 10 germi-
nal an VI (30 mars 1798), jour de la fête de la Jeu-
nesse, le 30 fructidor an VI (16 septembre 1798) et
le 17 brumaire an VII (7 novembre 1798).
Page 258. Je voyais les choses de près, alors. — Ecriture.
Le l'^r janvier 1836, 26 pages. Toutes les plumes vont
mal, il fait un froid de chien ; au lieu de chercher à
bien former mes lettres et de m'impatienter, io tiro
avanti. M. Colomb me reproche dans chaque lettre
d'écrire mal. (Note de Stendhal.)
Page 259. Ln Maupeou... — Ms. : « Maudpw. »
Page 259. — ■ On lit à la fin du chapitre : « Le 1^"^ jan-
vier 1836, 29 pages. Je cesse, faute de lumière au
ciel, à quatre heures trois quarts. »
2G4 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
r.HAPITRr. XW
Page 261. Le chapitre .Y.Yl' est le chapitre xxi ilu
nianuscrit (fol. 35G à 370; le bas iln fol. 370 et le
fol. 371, d'abord écrits par Stendhal, ont été barrés
avec cette mention : « Longueur y^y — Ecrit à Rome,
les 2 et 3 janvier 183G.
Page 262. Mademoiselle Gugnoii n'avait (uniin goût... —
Variante : « Pas de goût. »
Page 263. ... ce 'fut l'épotjue... -- Mol ouIiIk' iiioon-
sciemmenl par Stendhal, en passant dun feuillet à
un autre.
Page 264. ... rjue mou père et Séraphie me faisaient lire.
— Style. Pas de style soutenu. (Note de Stendhal.)
Page 265. ... un sentiment de haine et d'horreur... —
Stendhal orthographie : « Orreur. » Et il ajoute en
note : « \ oilà lortliographe de la passion : orreur )i.
Page 265. ... elle dure encore à cinquante-deux ans... • —
Ms. : « 26 X 2. »
Page 265. ... hier soir, Rome. Wille. — Au théâtre della
\'alle, à Rome. (Note an crayon de R. Colomb.)
Page 266. ... chez madame ... — Nom en blanc.
l'âge 266. Quelle parenthèse, grand Dieu ! — On lit en
tête du fol. 363 : « 1836. corrigé 4 jinixin 1831).
auprès de mon feu, me brûlant les jambes et mourant
de froid au dos. »
Page 266. ... la moitié de re manuscrit. - -- Stendhal a
écrit à ce sujet, nu verso du fol. 362, la note sui\anle :
« Non laisser cela tel (piel. Dorer riiisloirc Kably, peut-
être ennuyeuse pour les l'ascpiier de .'')l ans. Ces gens
sont c«'p«'rid'int l'élite des leflciirs. ■
Page 2<)7. ... (mais je vois de Hume, à embuante-deux
ans)... M s. : <i 26 X 2. »
Page 268. ... par quelque dicton... - \arianle : « Lien
commun. »
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 265
Page 208. Je faillis rue troiis'cr mal... — Varianle :
« Tomber. »
Page 268. ... elle était, je crois, en K\ — Suit un plan
de la scène. En outre, au verso flu loi. 366, plan du
Jardin-de-Ville et de ses abords. Stendhal se trouvait,
sur la terrasse. Il note à ce sujet : « J'ai laissé à Gre-
noble un petit tableau à l'huile de M. Le Roy, qui
rend fort bien cette promenade-ci. » M^i*^ Kably se
trouvait dans l'allée qui longeait la rue du Quai
(aujourd'hui rue Hector-Berlioz). A cette époque,
un mur séparait le jardin de la rue : « Mur en 1794,
bêtement remplacé par une belle grille vers 1814. )>
— Ce mur est appelé par Stendhal « mur de l'Inten-
dance », parce que le rez-de-chaussée de l'Hôlel-de-
Ville fut occupé, jusqu'à la Révolution, par les
bureaux de l'intendant de la province.
Page 269. ... un soir, à 7 heures, à ..., en Lusace... —
Le nom est en blanc.
Page 270. Je troui'e... — Variante : « J'a/. »
Page 270. ... tues sensations du temps Je AP^^ Kahhj...
— ■ Variante : « Mes sensations d' alors. »
Page 271. ... péJants gagés et jésuites... — Ms. : « Tejé. »
Page 271. ... cJiez AI. Peroult, corsia del Giardino. —
Peut-être tout [le feuillet] 370 est-il mal placé, mais
la fadeur de l'amour Kably doit être relevée par une
pensée plus substantielle. (Note de Stendhal.)
Chapitre XXVI
Page 273. Le chapitre XXVI est le chapitre xxii du
manuscrit (fol. 372 à 386). — Ecrit à Rome, les 3,
4 et 6 janvier 1836. • — En face du feuillet commençant
le chapitre, on lit : « Treize pages en une heure et
demie. Froid du diable. 3 janvier 1836. »
Page 274. ... à la porte des Jacobins... — La porte des
2C6 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Jacobins ttait situi^c place Gronettc. à remplace-
ment de ractuelle rue de la Képublique.
Page 274, ... à lu voûte du Jardin... — Le Jardin-de-
Ville.
Page 274. ... à l'angle delà maison... — Stendhal ortho-
graphie : « Engle. « Et il ajoute : « Enfrle. orthogra-
phe de la passion, peinture des sons, et rien autre. »
— Au verso du fol. 372 est un plan de la place Gre
nette et de ses environs, avec les emplacements où
étaient collées les afTiches théâtrales.
Page 274. ... mieux que de plus beaux. — On lit en haut
du fol. 373 : « 4 janvier 183(J. A trois heures, idée de
goutte à la main droite, dessus, doideur dans un
muscle de l'épaide droite. » Aussi Stendhal n'a-l-d
écrit ce jour-là qu'une page et un tiers environ.
Page 274. ... le nom de Kahly. — Les deux tiers du
' fol. 373 ont été laissés en blanc.
Page 276. ... fêtais leur ressource... — - Lu blanc diiii
tiers de ligne.
Page 277. ... recettes pour foire du cinaigre. — Le
fol. 370. «|ui se termine ici, est aux trois-quarls
blanc. On lit en tête du fol. 380, qui suit : « 6 jan-
vier LS.'jG. Les Rois. Le froid est revenu et me doimc
sur les nerfs, l'envie de dormir, »
Page 278. U logeait rue Neuve... — Aujuurdhui luc du
Lycée, Un plan du carrefour des rues Neuve, Saint-
.lactjues et de lionne est dessiné au verso du fol. 380.
On y voit rappartciiifiit de M. Chabort. ligure au
troisième étage de rimmcuble portant actuellement
le n** 15 de la rue du Lycée. A l'angle de la rue de
Bonne et de la place Grenctte, « ici fut dix ans plus
tard la maison bâtie sur mes plans et (jui a ruiné
mon père »,
Page '2l'.K ... ceux qui ij parvenaient... — Varianli' :
« .Montaient. «
Page 280. ... *'// les comprenait le moins du monde. —
I.a première moitié du f<il. 3S,'{ n été laissée en blanc.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 267
Page 282. ... sur un cahier de papier et à un tableau de
toile cirée. — Suit un plan de la salle tréludes.
Page 282. ... un jour nous levâmes un champ à côté du
chemin des Boiteuses. — Suit un plan explicatif.
Le chemin des Boiteuses allait depuis la porte de
Bonne jusqu'au cours de Saint-André. Il est remplacé
aujourd'hui par les rues Lakanal et de Turenne.
Stendhal y figure, non loin de la porte de Bonne,
en « T, maison de ce fou de Camille Teisseire, jacobin
qui, en 1811, veut brûler Rousseau et Voltaire « ;
plus loin, en « A, hôtel de la Bonne Femme ; elle est
représentée sans tête, cela me frappait beaucoup ».
Cet établissement, dit de la Femme sans Tête, a
subsisté longtemps rue Lakanal ; il a disparu il y a
une huitaine d'années, en 1905.
Page 283. ... parlé de la Profession de foi du vicaire
savoyard... — ■ Ms. : « Confession. »
Chapitre XXVIl
Page 285. Le chapitre XXVII est le chapitre xxiii du
manuscrit (fol. 387 à 398). — Ecrit à Rome, les
6 et 10 janvier 1836.
Page 285. Vers ce temps-là, je me liai... avec François
Bigillion... — C'est par l'intermédiaire de R[omain]
C[olomb], qui s'était hé avec les deux frères, pour les
avoir rencontrés dans la maison Faure, lors de leur
arrivée à Grenoble. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 286. Rabot et la Bastille sont... situés à des hau-
teurs bien différentes... — Le fort Rabot est à l'alti-
tude de 2/0 mètres environ, et la plate-forme de
la Bastille à 470 mètres.
Page 286. ... mais que Von rend bonne en 1836. — On
lit en tête du fol. 389 : « 10 janvier 1836. Le métier
m'a occupé depuis huit jours. Froid du diable,
6 degrés le lundi. ))
268 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Pagre 287. ... cet ouvrase considérable... -— Variante :
« Grand. »
Page 287. ... sur toutes choses... — \'ariante : « Sur tous
Us objets. »
Page 288. ... bien plus a\>ancé que V esprit... --■ Varianle :
« Ma tête. »
Page 288. ... louent aujourd'lun lu religion... — Ms. :
« Gionreli. »
Page 289. ... comme disait .U'"*^ ***. — Duclos.
Page 289. Les Bigillion habitaient rue (henoise (je ne
suis pas sûr du nom)... — ■ Il s'agit, en elTet, de la
rue Chenoise.
Page 289. ... l'oratoire où mon père avait été en prison...
— Erreur ; son père a pu se cacher, mais n"a jamais
été en prison, surtout à l'Oratoire, uù il n'y a\ait
que des femmes et trois enfants : les deux Mon\al
et moi. Le guichetier, dur et renfrogné, s'appelait
Pilon. (Note au crayon de R. Colonih. i
Page 289. ... avec M. Colomb... — M. (Colomb père a
fait toute sa prison à la Conciergerie, place Sainl-
André ; j'ai couché quelquefois avec lui, dans cette
prison. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 289... Romain Colomb, le plus ancien de Jues
amis. — Stendhal écrit ensuite : « \'oici cette rue,
ilont le nom est à peu prés elTaeé. mais non l'as-
pect. » Et il dessine au-dessous un plan de la jtartie
de la ville où se trouvait la rue Chenoise. — La maison
où logeaient les Rigilliou se trouvait entre la Montée
du Pont de Bois (aujourd'hui nie de Lionnei et la nie
du Ponl-Saint-.Iaiiiif.
Page 290. ... c'était unr figure j)rojondément allobroge.
- l'Aie était plutôt laide (pic jolie, mais ])i(]uaiite et
bonne lille ; Victorine jouait avec n«)us, sans se douter
«pie nfiiis a[)partenions à des se.xes ilill'érents. (Note
au crayon <i<' R. Cnlduib.l
Page 290. ...le petit- fils de M. C'a gnon... — Ms. : « Le
fils, n
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 260
Page 290. ... faire hluter leur farine pour avoir du pain
blanc. — En face, an verso du fol. 393, est un plan
des environs de la maison où lo<i;eaient les Bigillion,
ainsi qu'un croquis représentant le Pont -de -Bois,
situé au bout de la Montée du Pont-de-Bois. Stendhal
note à ce sujet : « J'ai laissé à Grenoble une vue du
pont de Bois, achetée par moi à la veuve de M. Le
Roy. Elle est à l'huile et shiadita, doucereuse, à la
Dorât, à la Florian, mais enfin c'est ressemblant
quant aux lignes; les couleurs seules ?,ont adoucies et
florianisées ».
Page 291. Nous formions une société bien jeune... —
Variante : « C'était un ménage bien jeune. »
Page 291. ... en 1796 j'avais treize [ans'^. — ■ Ms. :
« 10 + 3. »
Page 292. ... qui lui revient à quatre sous... — Variante :
« Qui lui coûte. «
Page 292. ... qualités précieuses qui cdlaient... — Un
blanc d'une demi-ligne.
Page 293. Je suis sûr de ces trois fenêtres à croisillons,
en B... — Cette référence se rapporte au plan cité
plus haut.
Chapitre XXVIII
Page 295. Le chapitre XXVIII est le chapitre xxiii du
n^anuscrit. Stendhal a mis par erreur le chiffre xxiii,
au lieu de xxiv, et cette erreur se perpétue jusqu'à
la fin de l'ovivrage. — Comprend les fol. 399 à 416.
— Ecrit à Rome, les 10, 11 et 12 janvier 1836.
Page 296. ... ni V insouciance ni le... du gamin de Paris...
— Le mot est en blanc dans le manuscrit.
Page 297. ... à partir de la tombée de la nuit ou sing... —
Ms. : « Saint. »
Page 298. Cette famille avait reçu saint Bruno à la
Grande-Chartreuse en ... — La date est eu blanc.
270 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 299. ... à cause de la réception de Saiiii-Bnoio,
en 1080. — Date : Saint Bruno, mort en 1101 en
Calabre. (Note de Stendhal.) — Cette date est exacte,
mais c'est en 1084 seulement que saint Bruno vint
à Grenoble et fonda la Grande-Chartreuse, dont
l'éslise fut consacn'e en 1085.
Page 299. ... scène plaisante racontée par Clara GazuL —
Le Théâtre de Clara Gazul, de Mérimée, a paru en
1825. — Mérimée est appelé, la plupart du temps,
Clara par Stendhal.
Page 299. ... j'y traçai une coutrmne de feuillage, et ati
milieu un V majuscule. — Suit un croquis de cette
lettre ornée. — En face, au verso du fol. 403, Stendhal
écrit : « Mettre ceci ici, coupé trop net, le placer en
son temps, à 1806 ou 10. A l'un de mes voyages
(retours; à Grenoble, vers 1806, une personne bien
informée me dit que M*^^ Victorine était amoureuse.
J'enviai fort la personne. Je supposais (pie c'était
Félix Faure. Plus tard, une autre personne me dit :
« M**^ Victorine, me parlant de la personne qu'elle
a aimé si longtemps, ma dit : 11 ncst peut-être pas
beau, mais jamais on ne lui reproche sa laideur...
C'est l'homme qui a eu le plus d'esprit et d'amabilité
parmi les jeunes gens de mon temps. En un mot,
ajouta cette personne, c'est vous. » — 10 janvier 1830.
— Lu de Brosses. »
Page 299. ... ce trait de hauteur mit \'ictorine... —
.Nîs. : « Virginie. » — Ce mot est surmonté d'une
croix.
Page 300. MM. Galle, La Baijette... — Une ligne est
restée en blanc après cps deux noms.
Page 301. ...la noin'ellc jilacc du Départenwnt. — Près
du Jardin-de-Ville. .Vujourd'hui place de Ciordes.
Cette place a été créée en 1791. — .\u verso du fnl. 400
est un plan d»- la place et de ses alentours.
Page .301. ... La Jiayette joignait une grande noblesse
de sentiments et de manières... — Nous faisions dans
KOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 271
sa chambre des pique-niques, à cinq ou six sous par
lête. pour manger ensemble du Mont-d'Or, avec des
griches, le tout arrosé dun petit vin blanc qui nous
semblait délicieux. La Bayette avait un charmant
caractère : il était aimant et avait beaucoup d'expan-
sion. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 301. ... les Mémoires secrets de Duclos... — Les
Mémoires secrets sur les règnes de Louis XIV et de
Louis XV furent publiés en 1791, dix-neuf ans après
la mort de Duclos.
Page 303. Vous êtes, lui dit-il, V existence et V essence,
Simple... — On lit en tête du fol. 411 : « 12 janvier
1836. Omar. Sirocco après trente ou quarante jours
de froid infâme... »
Page 303. Sa mère, fort grande dame, c'était une Grolée...
— La famille de Grolée était l'une des familles les
plus anciennes et les plus estimées du Dauphiné.
Page 303. ... près de la statue d'Hercule, au Jardin... —
Au Jardin-de-Ville. Au milieu du jardin se trouve
une statue du connétable de Lesdiguières sous les
traits d'Hercule, attribuée à Jacob Richier. Cette
statue, primitivement érigée dans l'île de l'étang du
château de Lesdiguières, à Vizille, a été acquise par
la Ville de Grenoble en 1740.
Page 303. ... Jeanne Dupéron, çeupe B[eyle]... —
Jeanne Dupéron, fdle de Pierre, banquier à Grenoble,
et de Dominique Bérard, épousa le 14 septembre 1734
Pierre Beyle, procureur au Parlement. (Voir Ed. Mai-
gnien, La famille de Beyle- Stendhal, notes génécdo-
giques. Grenoble, 1889.)
Page 304. ... les Cours impériales... — Ms. : « Royales. »
— M. de Barrai fut Premier Président depuis 1804
jusqu'en décembre 1815,
Page 305. j\e pourrait-on pas réunir... — Variante :
« Ai^oir. »
Page 305. ... ex-maire de Grenoble, jésuite... — Ms. :
« Tejé. )) — Jean-François-Cahxte, marquis de Pina,
272 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
remplaça comme adjoint au maire de Grenoble, en
181G, Joseph-Chérubin Beyle. Il fut nommé maire
la même année, resta en fonctions jus<ju'au 13 oc-
tobre 181S. Puis il fut encore maire de Grenoble
entre le 26 août 1824 et la révolution de 1830.
CnAPiTun XXIX
Page 307. Le chapitre XXIX est le chapitre xxiv du
manuscrit (fol. 416 à 431). — Ecrit à Ronio, les
12 et 13 janvier 1836.
Paore 307. ... rlont V absence nia tant nui, à Rome... —
Ms. : >< Omar. »
Page 307. ... son oncle, M. de ... — Le nom a été laissé
en blanc.
Pape 308. ... M. d'Antlion... — Jean-.Iacques-(Kil)riel
de \ idaud d'Anthon de La Tour, né le 28 mars 1745,
avait été nommé conseiller au Parlement par lettres
patentes du 2 juillet 1766.
Page 308. ... quand il était Président au Parlement. —
Le reste du feuillet est blanc, ainsi <|ue tout le fol. 410.
Page 308. // faut coni'enir... — On lit en tête du fol,
419 bis : « 12 janvier 36. Omar. — 13 janvier, sans
feu après ce froid si long de 3 à 7 degrés. »
Page 309. ... cette excellente fille... — \ ariante : «■ Xoblc. »
Page .309. Je ne connais rien île généreu.r, de noble, de
di/ficile. (jui fût au-dessus d elle et de son désintéresse-
ment. - - \ariante : « Aucun sacrifice n'eût été au-
dessus de sa fiénérostté et de son désintéressement, d
Page .309. ... un mot peu jiréci.s ou prête ntt eux, éi r ins-
tant... \ îiriaiite -."In mot jieu précis (at prétendant
éi iejfet, sur-le-champ. »
Page 311. ... au colléfie sous la \'oùte... Aujourd hui
passage du Lycée, allant de la rue du Lycée à la
place Jcan-Achard, celle-ci occupée à la lin du
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 273
xviii^ su'cle par les remparts de \h ville. Stendhal
donne un crocpiis des lieux. B est l'allre de tilleuls,
sur les remparts. (Voir notre plan de Grenoble en
1793.)
Page 311. Je crois que cest en nous promenant au
point P... — En face, au verso du fol. 425, est un
plan des lieux. A l'extrémité de la rue des Mûriers,
qui longeait le rempart et le derrière de l'Ecole cen-
trale est. en « P, commencement de la promenade de
vieux tilleuls écourtés (maimeJ) par la taille ; » entre
la rue des Mûriers et la promenade, en « L, jardin en
contrebas de M. de Plainville, commandant ou adju-
dant de la place, père de Plainville, l'ami de Barrai ».
(Voir notre plan de Grenoble en 1793.)
Page 313. ... plus encore qu'à Rome. — Ms. : « Omar. »
Page 313. L ne actrice qui a un bambin... — ■ Variante :
« Bâtard. »
Page 314. ... // faut en contenir, cristallisation... —
Sorte de folie qui fait voir toutes les perfections et
tout tourner à perfection dans l'objet qui fait effet
sur la matrice. Il est pauvre, ah ! que je l'en aime
mieux ! Il est riche, ah ! que je l'en aime mieux !
(Note de Stendhal.)
BnULAIlD II. 18
274 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Chapitre XXX
Tome II, Page 1. Le chapitre XXX est le chapitre xxv
du manuscrit (fol. 432 à 450). — Ecrit à Rome, les
13, 14 et 15 janvier 1836.
Page 2. Fut-ce 1796 ou 1795 ? — Le jeune Beyle ob-
tint à la distribution des prix du 30 fructidor an V
(16 septembre 1797). une nienlion honorable pour le
dessin (classe des grandes têtes) et une mention
honorable pour les mathématiques (arithmétique et
géométrie, non compris la trigonométrie). Il remporta
le premier prix de belles-lettres à la dislriitiition des
prix du 30 fructidor an VI (16 septembre 1798),
et reçut à cette occasion Les Œuvres cV Homère, tru'
duites par Bitaubé. Le même joui', il obtenait un
accessit de dessin (ronde bosse). — Le prix de gram-
maire générale fut attribué cette année-là non à
Grand-Dufay. mais à Perrier. C'est à la distribution
des prix du 17 brumaire an VII (7 novembre 1798)
que Grand-Dufay obtint le prix de grammaire géné-
rale.
A la même distribution des prix du 17 brumaire
an Vil, Henri Beyle obtint le piemier prix de mathé-
matiques (l*"^ division), en même temps que Marcellin
Charvet, Jean- Jacques Bret. t.asimir Mathieu, Félix
Faure, Jacques Miège, Frédéric Giély, Louis Crozet
et Charles Cheminade. Le palmarès ajoute fp. 17) :
« La précision que le citoyen JJeyIc a mise dans ses
réponses et la facilité avec laquelle il a opéré ses
calculs lui ont mérité l'ouvrage ci-après, sans tirer
au sort : U introduction à l'analyse infinitésimale
fédifion latine), donné par un citoyen. » (Arch.
départ, de l'Isère, L 378 et 380, et Arch. mun. de
Grenoble, LL 219 et 223).
Page 2. ... leur dcath. — Leur mort.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 275
Page 2. ... un bourgeois mit ce transparent. — Je me
le rappelle très bien : mais dans quelle rue ? (Note
au crayon de R. Colomb.)
Page 3. ... u?ie grosse tête, une figure fortement marquée
de petite vérole et cependant fort rouge... — Variante :
« Une grosse tête, un teint animé, des traits marqués
de petite vérole. »
Page 3. ... et sachant colorer les injustices les plus infâmes)
Dufaij n'eût-il pas fait? — • Variante : « Et sachant
donner couleur aux plus grandes iniquités, coquineries,
Dufay aurait fait. »
Page 4. ... tout le mal nest que dans ces sept lettres... —
Ms. : « Cinq. » — • Equivoque avec le nom de Tauteur.
qui effectivement est composé de cinq lettres.
Page 4. ... opéra d' inchiostro . . . — ■ Ouvrage littéraire.
Mot-à-mot : travail d'encre.
Page 5. ... les Nuits arabes. — La célèbre traduction
des Mille et une Nuits, par Galland, parut entre
1704 et 1717.
Page 5. ...le Baron enterré vis-à-vis de sa femme... —
Vers de V Homme du Jour :
Ci-gît, sans avoir rendu l'âme,
Le Baron enterré vis-à-vis de sa femme.
(Note de Stendhal.)
Page 5. ... Crozet... né vers 1784. — ■ Louis Crozet est
effectivement né à Grenoble en 1784.
Page 6. ... la Vie de Hampden, par lord King ou Dacre...
— La vie de Hampden a été l'objet d'un ouvrage de
lord Nugent, sous ce titre : Some Memoricds of John
Hampden, his party and his time.
Page 7. ... cherchait m cd adroitement ù se faire député. —
On lit en tête du fol. 442 : « J'écris, sans y voir, le
14 janvier, à cinq heures douze minutes. »
Page 8. ... ce vieillard rimbambito... — Terme italien
signifiant : tombé en enfance.
270 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 9. Xoiis avions des séances de travail... ■ — Variante :
« Faisions. »
Pa^e 10 M^^^ Duchesnois... — Madeinoisolle Duchés-
iiois, née en 1777, est morte, en elVet, m 1835.
(.11 Al' Il Ri: X.\.\l
Paf^e 13. Le chapitre XXXI est le chaiiilre xxvi ilu
manuscrit (fol. 451 à 468). — Ecrit à Rome, les
16 et 19 janvier 183H. On lit en liant du fol. 451 :
« 16 janv. 1836. Le 15, excès de lecture, battements
de cœur, ou plutôt cœur resserré. »
Page 13. ... Ericie. ou la \'estale. — Ericie, ou la Ves-
tale, présentée au Théâtre Français en 1767, fut
considérée par la Censure comme attariuant les cou-
vents. On en référa à larchevêquc tic Paris, qui sou-
mit le cas à la Sorbonne. De là, grand bruit sur le
nom de Dubois-Fonlanello ; tout le monde veut lire
son drame, soit dans des copies manuscrites, soit
dans des éditions clandestines. Trois colporteurs
accusés, à Lyon, d'avoir vendu des exemplaires
d^Ericie, furent condamnés aux galères (1768), —
La Mélanie de Laharpe est de 1770.
Page 14. ... Renaulilon. ... maire de Grenoble de 1800 ù
1814... - ■ r^enauldon fut maire de Gren»»ble du 28 fruc-
tidor an \ 111 (15 septembre 1800) jusqu'au 21 avril
1815.
l^aLre 14 M. Jérôme... — Sous ce nom, Français de
Nantes a ])iiblié deux ouvrages : Le manuscrit de
jeu M. Jérôme (1825; et Jiecueil de fadaises, par M. Jé-
rôme (1826).
Page \\ U. le comte Daru... - — Daru publia, en
outre, divei*s ouvrages liistori(pies et littéraires qui
lui ouviirent les portes de r.\cnfléiiiie française. Il
fit jiaraîlre notamment une traduction en vers des
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 277
Epttres d"JIorace (1798) ef une Histoire de la Répu-
blique de Venise (1819).
Page 15. ... cette petite figure de géométrie im>entée par
moi... — Suit la figure géométrique annoneee. C'est
un carrefour de six routes au milieu duquel se trouve
l'homme, en « A, moment de la naissance ». A droite,
en « R, route de l'argent : Rotschild » et en « P, route
des bons préfets et conseillers d'Etat : MM. Daru,
Koederer, Français, Beugnot » ; au milieu, une seule
route est dénommée, la « route de la considération
publique » : à gauche s'ouvrent en « L. roule de l'art
de se faire lire : Le Tasse, J.-J. Rousseau, Mozart »,
et en « F, route de la folie ». Quatre d'entre elles
(Argent, Bons Préfets et Conseillers d'Etat, Consi-
dération publique et FoHe) sont dénommées : « B,
routes prises à sept ans, souvent à notre insu. Il est
souverainement absurde de vouloir, à cinquante ans,
laisser la route R et la route P pour la route L.
Frédéric II ne s'est guère fait hre. et dès vino-t ans
il songeait à la route L. » (Voir notre reproduction
du fol. 454 du manuscrit.)
Page 15. ... Fontanelle. — Dubois-Fontanelle était
nommé M. de Fontanelle dans le monde littéraire de
son temps. (Voir, par exemple, les Mémoires secrets
de Bachaumont.)
Page 15. ... il fut obligé de traduire les Métamorphoses
dOçide... — Dubois-Fontanelle donna sept éditions
de sa traduction des Métamorphoses entre 1762 et
1806.
Page 15. ... le premier volume de Gibbon... — L'ouvrage
de Gibbon, dont la première édition, en six volumes,
parut entre 1776 et 1788, porte le titre suivant : The
histori/ of tlie décline and the fall of the roman Empire.
Page 15. Quelqu'un a eu la même idée à Rome... —
Ms. : « Erom. »
Page 16. ... à V angle sud-ouest de la cour du Collège... —
Suit un plan sommaire indiquant l'appartement de
Br.uiAni) II. 18.
278 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Dubois-Fontanelle. Le point B. où se trouvait l'édi-
tion de Voltaire, est situé dans son cabinet. Un autre
plan, au verso du fol. 459, indique Tappartement de
Dubois-Fontanelle et plusieurs salles du collège,
notamment celle du cours de belles-lettres.
Page 17. ... oi'ec ce petit jésuite... — Ms. : u Tejé. »
Page 18. ... minus habens sans conséquence. — Au verso
du fol. 4G1. on lit : « En une heure et demie, de 450
à 461, onze pages. »
Page 18. ...ce petit jésuite... — Ms. : « Tejé. »
Page 18. ... M. Torteleheau... — Père de feu M'"^ la com-
tesse Français de Nantes. (Note au crayon de R. Co-
lomb.;
Page 18. ... des louanges qu il méritait. — Suit un blanc
de plusieurs lignes.
I*age 20. ... depuis quarante-six ans... — Ms. :
« 4 X 10+6. »
Page 21. ... une préface à de Brosses... — Cette préface
a paru en 183G dans la Revue de Paris, sous ce titre :
La comédie est impossible en 1836. Elle se trouve dans
l'édition Michel Lévy de 1855, à la fin dos Clironiques
italiennes.
Chai I rni: XXX i I
Page 23. Le chapitre A'AA// est le chapitre xxvii du
manuscrit (fol. 469 à 500j. — Ecrit à Home, les
19 et 20 janvier 1836,
I*age 25. ... le cours de M. Duhols (imprimé depuis en
fjiintre volumes... — l)ubt)is-l()iitau('lle, Cours de
Jielles-lettre.s. Paris. Diifour, 1813-1820, 4 volumes
in-8".
Page 26. ... drundisson... iHunaii épislolaire de
iîichardson, publié en 175.3.
Page 26. ...ce grand hâbleur, si nul comme peintre, avait
un talent marqué... \arianlc : t( Ce grand, hâbleur,
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 270
qui avait si peu de talent comme peintre, en avait un
fort grand »
Page 26. ... les airs importants et emphatiques du pro-
fesseur. — Variante : « Maître. »
Page 27. ... allez vous installer à la Bosse. — Au verso
du fol. 460 est un plan de l'Ecole centrale.
Page 28. ... je lui donnai un soufflet de toutes mes forces
en 0. — Suit un croquis des places respectives des
élèves autour des modèles.
Page 30. ... un petit morceau de rocher en forme de
trapèze... — Suit une silhouette du rocher. — A ce
sujet, voir plus haut, t. I, chapitre xvi, p. 187-188.
Page 31. Odru. fort en colère, jnaurait rossé. — Plan
du lieu du duel et de la position des adversaires.
Page 31. ... mon témoin Didaij... — Ms. : « Daudrij. »
Page 31. ...le petit rocher au-dessus de Sei/ssins. — De
nouveau une silhouette de ce rocher.
Page 32. ... f étudiais les contours du petit rocher. —
Pour la troisième fois, Stendhal figure la silhouette
de ce rocher.
Page 33. ...en 1796. donc treize ans... — Ms. : « 10 + 3. »
Page 33. ...le pont de fil de fer. — Le pont suspendu,
aujourd hui situé à l'extrémité du cours Berriat.
Page 33. Ce fat de Bernard... — A ce duel iiguraient :
MM. Didier, Madier de Montjeau, de Vourey et de
Mareste. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 33. ... au moulin de Canel... — Voisin du cours
de Saint-André.
Page 34. ... Maurice Diday. — Ms. : « Baudry. » —
Stendhal avait d'abord écrit : Diday, puis a remplacé
ce nom par celui de Baudry.
Page 35. ... et se retira à la campagne, à Domène. —
Erreur. Il fut directeur des contributions indirectes
et n'a quitté celte administration que pour prendre
sa retraite, de 1830 à 1833, je crois. (Note au crayon
de R. Colomb.) — ■ Pierre-Maurice Diday épousa, le
20 octobre 1808, Marie-Caroline-Ernestine Létour-
280 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
ncau. — Suit un croquis de la vallée du Graisivaudan,
« vallée admirable » ; Stendhal y a figuré Grenoble,
Saint-Ismier, Doinène et l'ort-Harraux, et, à Saint-
Ismier, les maisons de MM. Bi<^ilIion et Faure.
Page 35. ... je trouverais le souvenir... — Variante :
« Je me souviendrais. »
Page 35. ... lui-même prètemJait à la noblesse... —
Dupuy ]ii)rtait le nom de Duj)uy de I3oidcs.
Page 3U. ... niui étant au tableau, //... - Suit un croquis
du jeune Beyie au tableau. (Voir notre planche.)
Page 37. Je suis à la ilesiente. — Au-dessous, Stendhal
a figuré la courbe de son existence. La période culmi-
nante va de 1810, « ma nomination (rauditcui-,
3 août 1810 », à 1821, « mon retour de Milan, en
juin 1821 )).
Page 37. Ma tante Hei/... — Sophic-Kléonore Beyle,
née le 6 janvier 1752. uvait épousé M. Rey, notaire à
Grenoble.
Page 37. ... (fue je tue liasse... — \'ananîe : < Que je
fisse amitié. »
i^age 38. — A la lin du chapitre, au verso du lui. 500,
Stendhal nulf : l^n sept quarts dheure, de 483 à
50f), dix-sept pages. »
(.UAI'IlItl. XWlll
Page 39. Le chajtitre \.\.\ Il l est le chapitre xxviii du
manuscrit (fol. 501 à 52(J>. — Ecrit à Rome, les 20,
22 et 24 janvier. — < h\ lit en tète du fol. 501 : k 20 jan-
vier 1830. Le 3 décendjie, j'en étais à 03. »
Page 10. ... cette jolie mélodie ! — ^ ariante : '< Belle, n
l'âge 40. ... tuer un tourdre... — .\ncien nom de la
grive.
Page 4<l. ... la montagne de Taillefer. — Le Taillcfer
(2.801 ni. diilliliidej ferme I liuiizcin mms le sud-est,
NOTES ET ÉCL.\ÎRC:SSEMENTS 281
à 23 kilomètres environ à vol d'oiseau de Furonières,
près Claix.
Pao-e 40. Ce fut un des plus i^ifs bonheurs de ma i^ie. —
Suit un croquis de la scène : en haut d'un'e pente
assez forte, mais courte, le jeune Beyle en H ; au
milieu de cette pente, en « T', vigne d'où se leva le
tourdre en entendant le bruit de mon approche »,
et en T, le cerisier ; au bas, la grande pièce s'étend
horizontalement.
Page 41. ... l" espagnolisme communiqué par... —
Variante • « U espagnolisme de. »
Page 41. ... Joseph Brun, le tailleur de nos hautaies. — -
En face, au verso du fol. 503, est une carte-es({uisse
du rocher de Comboire et de la vallée du Drac depuis
le pont de Claix jusqu'au pont suspendu de Grenoble.
Au bord du rocher de Comboire (« précipices de deux
ou trois cents pieds de haut )>), en « H, moi; j'avais
une vue superbe sur les coteaux d'Echirolles et de
Jarrie, et mon regard enfdait la vallée ». A propos du
pont suspendu, Stendhal écrit : « Pont de fd de fer,
dit de Seyssins, qui succéda au bac vers 1827, con-
struit par mon ami Louis Crozet ; le plat colonel
Monval, méprisé de tout le monde (et loué à sa mort
dans la Quotidienne), était actionnaire de ce pont,
et ne voulait pas que Crozet, ingénieur en chef, fit
l'épreuve complète. Par ime lithographie les Périer
(Casimir, Augustin, etc.) veulent ôter cette gloire à
Crozet et la donner à un de leurs neveux. En tout les
Périer trompeurs, finasseurs, de mauvaise foi, plats,
bas. »
Page 41. ... dé laquelle il eût fallu... — Variante : « Il
fallait. »
Page 41. ... fe pensais fort, ce four-là, au péril du retour...
— Suit un prohl des précipices du rocher de Comboire,
avec ressauts coupant la pente en A et en B.
Page 42. ... fe le pris pour un chien. — Suit un croquis
de la scène. En outre, au verso du fol. 508, Stendhal
282 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
a figuré, en coupe, le profil de la ])ente du rocher de
Comboire avec quatre sentiers liorizontaux A, B,
C, D. Ces sentiers naturels sont fréquents dans les
Alpes calcaires du Dauphiné, où ils portent le nom
de « sangles ».
Page 43. ... au Peuil de Claix... — Le Peiiil de Claix
est un plateau étroit et long, assez marécageux, situé
à Test et au nord-est de Claix, au pied des escarpe-
ments calcaires des montagnes du Vercors sur la
vallée du Drac, à 1.000 mètres environ d'altitude.
Depuis longtemps les chamois ont déserté ce lieu,
aujourd'hui assez fréquenté. — Au verso du fol. 508,
Stendhal a figuré deux profils des pentes, depuis
Claix jusqu'à la crête des montagnes. Il a noté au
bas de l'un : « Toutes ces pentes sont exagérées ; »
mais il dit de l'autre : « Ceci est plus correct. »
Page 44. ... Les Haïmes. — Les lialmes, commune de
Fontaine, entre Seyssins et Sasscnage.
Page 45. ... i'is-à-i>is les fenêtres de feu M. Le Roy. —
Suit un plan de la place Grenette. En « F était cet
arbre, qui peut-être n'avait qu'un bouquet de feuilles
au haut de la tige » ; en « P était la pnnqie » ; en « C,
la porte de la maison de mon grand-père si souvent
mentionnée, et dont le premier étage était occupé
par les demoiselles Caudey, dévoles ». (Noir notre
plan de Grenoble en 1793.)
Page 4tj. L' inscription avait plusieurs lignes... — \ oici
1 inscrij)tion, faite non par M. Jay, mais pai' un
peintre vitrier : Mort à la lioijauté. Constitultnn de
l'an III. Il n \ avait pas autre chose. (Note au cniynu
de H. Colomb, i
Page 4(j. Moi seul j'eus l idée de la chose... — C'est chez
H[omain^ C^olondj] que le c«)nq)lot fut jutélé ; l'idée
première appartient-elle à H. C. ou ;i 11. li. ? C'est
ce que je ne saurais dire. .Mais lim des d(Mix eût fait
la chose, quand même ils n'auraient eu aunin com-
plice ; il pouvait y en avoir une douzaine en tout :
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 283
Casimir Prié, les trois Faure, Robin. (Xolc au crayon
de R. Colomb.)
Page 46. ... ce fut Treillard ou Mante. — Ce dernier.
(Note au crayon de R. Colomb.)
Page 47. ... il me semble quil y avait une barrière autour
de Varbre. — Oui. (Note au crayon de R. Colomb.)
Suit un plan de la scène La ligne PP' est l'espace
compris entre l'arbre de la Liberté et celui de la
Fraternité.
Page 47. ... et donnâmes le mot à Mante ou à Treillard.
■ — Le pistolet, appartenant à H. B., fut chargé
juscpi'au bout chez R. C, sur son lit, et en partie
avec ses munitions. La charge se composait de deux
coups ordinaires de poudre, de chevrotines et de gros
plombs de lièvre, en fer coulé. H. B. et R. C. étaient
avec Mante, qui lâcha le coup et vint immédiatement
se réunir aux deux premiers, dans l'allée de la maison
Gagnon, sur la place Grenette. L'un de ces trois
grands coupables, H. B., se réfugia chez mesdemoi-
selles Caudey, marchande de modes, au premier
étage, tandis que R. C. et Mante grimpaient dans les
greniers pour se soustraire aux recherches que la
police ne manquerait pas de faire. En montant l'esca-
lier, Mante remit le pistolet à R. C, qui voyait tous
les jours H. B. Arrivés dans une espèce de bûcher,
R. C, enrhumé de la poitrine, se remplit la bouche
de suc de réglisse, afin que sa toux n'attirât pas
l'attention des explorateurs de la maison. Au milieu
de cette situation assez critique, R. C. se rappela
qu'il existait dans ces greniers un corridor, au moyen
duquel on communiquait à un escalier de service
donnant dans la Grande-rue. Ce souvenir sauva les
deux amis qui, arrivés dans l'allée et voyant à la
porte deux personnes qu'ils prirent pour des agents
de police, se mirent à causer tranquillement, et
comme des enfants, des jeux qui venaient de les
occuper ; de là, ils regagnèrent paisiblement leur
284 >OTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
logis, R. C. porteur du juslolet. (26 octobre 1838.)
(Note au crayon de R. Colomb.)
Pajre 48. ... beaucoup rapprochaient les chandelles et
illuminaient. — Erreur. Tout ceci eut lieu quatre
minutes après le coup : alors nous étions tous trois
dans la maison, comme il est dit ci-devant. pa<ie 518.
(Note au crayon de R. Colomb.
Pa^e 48. ... nous suivîmes donc la li"ne 1 1 1 . - In
plan de cette scène est fij^uré au verso du fol, 518,
et \m autre au verso du fol. 514. La lirrne FFF va du
point M (arbre de la l-Vateniitét au point M', porte
de la maison Gapnon sur la Grande-rue. « sortie lu
nuit du coup de pistolet », en passant par l'entrée
de la maison sur la place Grenelte.
Page 48. Moi et un autre. Colomb peut-être... — Mante,
Beyle et Colomb. (Note au crayon de lî. Colomb.)
Page 48. ... occupées à lire la liible. - - 11 n'y a que
H. B. qui entra chez les demoiselles Caudey : R. C.
et Mante filèrent par le passage dans les greniers et
atteignirent ainsi la Grande-rue (voir page 518;.
(Note au crayon de R. Colomb.)
Page 50. ...et continuâmes à monter vers le passage. —
l^rreur. (Note au crayon de R. Cfdomb.
Pa^e 50. Mante et Treillard... — Treillaid ni'lail pas
avec nous trois ; voir page 518. (Note au crayon de
R. Colomb.)
Page 50. ... qui étaient entrés dans la porte C... — -G est
la porte de la maison Gagnon sur la place Grenette
et G' la porte de la même maison sur la Grande-rue.
Page .50. ... ce m- jiil pas Colomb et moi ipn sortîmes... —
C'était C. et .Mante, qui se quittèrent à quelques pas
de la porte d'allée. (\. rentra cliez lui. pr'u rassuré
sur les suites de l'a (fa ire et assez embarrassé de .sa
contenance. Au souper, son père, qui se trouvait
dans ime maison il<- l.i pliicf Grenelte, au niouM'iit rn'i
le coup fut liri'. et se doutant (|u d l'iail (Miiir <|ii(|i|nt'
chose dans cette alTaire, bu a(lt('>>;i une \titr i(|tii-
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
28:
mande. M. C. et toute sa famille ayant été longtemps
emprisonnés, la coopération de son fils pouvait lui
être fatale. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 51. ... qui arrwait de son village (TulVms, /e
pense)... — Bompertuis, à une lieue de \ oiron.
(Note au crayon de R. Colomb.)
Page 51. ... pour se donner le droit de bourgeoisie parmi
nous. — Ce fut Mante. (Note au crayon de R. Co-
lomb.)
Page 51. ... une grille de fer de cinq ou six pieds de haut.
— • Non. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 52. Jomard... — En surcharge, de la main de
R. Colomb : « Zomard. »
Chapitre XXXIV
Page 53. Le chapitre XXXIV est le chapitre xxix du
manuscrit (fol. 528 à 550; il n'y a pas de fol. 527).
— Ecrit à Rome, du 24 au 26 janvier 1836.
Page 53. ... les Caractères de ... — -Un mot illisible.
Page 53. ... à cinquante-trois quà treize ans. — Ms. :
« 25 X T'^ + 3. »
Pase 54. ... un volume d'Euler ou de ... — Le nom a
été laissé en blanc.
Page 55. ... au Chayla (vallée près ...)... — Le nom a
été laissé en blanc.
Page 55. ... répondre à mes difficultés... — Variante :
« Questions. »
Page 56. Cest sur la table T... — Suit un plan d'une
partie de l'appartement Beyle, rue des Vieux -Jésuites.
Dans le salon, en face de la fenêtre, en T, est la table
où travaillait le jeune Henri ; dans la « chambre
toujours fermée de ma mère » était un « tableau en
toile cirée r.
28G
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
Page 5G. ... que fai'ais écrit... — Variante : « Composé. »
Page 56. ... pour ceux qui me les présentaient. — Un lit
en face du fui. 535 (fol. 534 verso) : « Testament. —
Je donne et lègue ce volume et tous les volumes de
la Vie (le Henri Brulard à M. Abraham Constantin,
chevalier de la Légion dhonneur, et après lui, s'il
ne les imprime pas, à .MM. Levavasseur, libraire,
place \ endùme, i'hilarète Chasles, homme de lettres,
Amyot, Pourret, libraires. Rome, le 20 janvier 183G.
II. Beyle. »
Page 57. ... tous les jugements dont fui rempli... —
Variante : « Que fai écrits dans... »
Page 58. ... r expérience d'un homme de quarante ans. —
Les trois quarts du feuillet sont blancs.
Page 58. Je leur voyais dire somment au tableau... —
Suit un croquis représentant un élève au tableau,
et au pied de l'estrade « M. I)iiiiii\ dans son grand
fauteuil ».
Page GO. ... f aurais eu une bien meilleure tête. — En
face, au verso du fol. 542, est un plan de l'apparte-
ment Beyle, rue des Vieux-Jésuites ; dans le salon,
près de la fenêtre, la table du jeune Henri « piocliant
labbé Marie », accompagnée de cette inscription :
« Bonheur solitaire. Là j'é-lais ù l'abri des vexution>
de Séraphie. Misanthropie anticipée, à quatorze ans. »
Page GO. ... ntun père et mon grand-père eussent été tout-
ù-fait du parti philosophique. — Cette conséquence
peut être fausse. Au moment où rEncyclupédie
parut, tout le monde en rallula. I/abbé Hochas, mon
petit-oncle, dont le revenu ne dépassait probablement
pas douze fni quinze cents francs, eut snn l-lncyclo-
pé<lie. dont les images ont commencé ù me flonner
le goût des gravures, tableaux, etc. l')l il était fort
bon prêtre, sincèrement attaché à llorne ! (Note au
crayon de H. Colomb.)
I^age GL ... je suis encore fort susceptililf de ce genre de
plaisir. — ( Mii diable pourrait s intéresser aux simples
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 287
mouvements d'un cœur, décrits sans rhétorique ?
Omar, avril 1836. (Note de Stendhal.)
Page 62. Je crus lire un catéchisme... — Ms. : « Chismek. »
Page 62. ... adroit et bon jésuite... — j\Is. : « Te je. »
Chapitre XXXV
Page 63. Le chapitre XXXV est le chapitre xxx du
manuscrit (fol. 550 à 579). — Ecrit à Rome, les 26,
27, 29 et 30 janvier 1836.
Page 63. ... mon père me laisserait lien plus. — Variante :
« Davantage. «
Page 64. Mais ce n'était pas Vargent qui dei'ait coûter
à cette âme... — Variantes : « Ce n'était pas là ce qui
devait lui sembler pénible, )> et : « Ce n était pas Vargent
qui coûtait à cette âme. »
Page 65. ... dans la cuisine, vis-à-vis de V armoire de
Marion... — Suit un plan de la cuisine.
Page 65. (Non sia che un punto (Alfieri). — La moitié
de la page a été laissée en blanc.
Page QQ. ... que je crois pouvoir lui ôter le Monsieur. —
On lit, en face, au verso du fol. 555 : « A placer :
courses à la Grande-Chartreuse et Sarcenas. »
Page 66. ... il était vêtu d'une redingote... — Gros était
plus que néghgé dans sa toilette ; je l'ai vu lors de
mon examen au cours d'histoire ancienne, dans
l'été (1797 ou 1798), avec un pantalon large en
nankin et sans bas. Autant que je puis m'en souvenir,
il faisait payer chaque leçon trois francs, somme
énorme, si on considère la valeur de l'argent, à Gre-
noble, à cette époque ! (Note au crayon de R. Co-
lomb.)
Page 66. « Citoyens, par où commençons-nous ? — Suit
un plan de la salle d'études, dans l'apparleinent de
Gros, rue Saint-Laurent. En « C, petit mauvais
288
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
tableau, en toile cirée >\ A coté du plan, en « C,
coupe de ce mauvais tableau ; H. rebord où il y avait
de la mauvaise craie blanche ((ui s'écrasait sous le
doigt en écrivant sur le tableau. Je nai jamais rien
vu de si pitoyable. »
Paco 67. ... Cardan... — .lérôme Cardan, malhéma-
ticien italien (1501-1570). découvrit la formule, ou
du moins la démonstration, de l'équation du troisième
degré, qui a pris le nom de formule de Cardan.
Page 67. ... enfin la méthode présente. — La moitié du
fol. 559 est en blanc.
Page 67, ... avec trop d'enthousiasme. — On lit en tcle
du fol. 501 : « 29 janvier 1830. Pluie et temps froid,
jiromenade à San Pietro in Monforio. où j'eus l'idée
de ceci vers 1832. »
Page 68. ... qu'il faudrait perdre pour les faire couper. —
La moitié de ce fol. a été laissée en blanc. Les fol. 503
et 564 sont blancs.
Page 71. ... l'exaltation espagnole à laquelle... — Ms. :
« Auquel. »
Page 71. ... feus le malheur d'être sujet toute ma vie. —
En face, au verso du fol. 571, est un plan du bois du
.lardin-de-Ville. Le bois était entouré d'une grille,
et au milieu se trouvait la statue d'Hercule. — Celte
statue est placée aujourd'hui plus au nord, dans la
partie du jardin dite Jardin Irançais.
Page 72. Ma santé avait un besoin impérieux de repos.
— • En face, au verso du fol. 57'J, on lit : « Home,
28 janvier 1830. Testament : ,Je lègue et donne ce
volume et les deu.T précédents de la l ie de Henri Hrulard
à yi. Abraham Constantin, chevalier de la Légion
d'honneur, peintre sur porcelaine, domicilié à Genève,
et après lui, s'il n'imprime jias, à MM. Homain
Colomb, rue Godot-de-Maiiroy, n" 35, à l'aris, Leva-
vassfiir, libraire, Paulin, libraire, l'un après l'aulre,
l'hiiarèle (Jiasles, honune de lettres. Le manuscrit
ai>particndra à celui de ces Messieurs qui trouvera
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 289
de son inléièL de rimpriaier. en abrégé ou en loLahlé,
Rome, le 28 janvier 183G. H. Beyle. »
Page 72. ... la pente à 45 degrés de Comboire... — Suit un
croquis du rocher de Comboire.
(.HAP1TIÎE XXXVI
Page 77. Le chapitre XXXVI est le chapitre xxxr eu
manuscrit (fol. 580 à 59G). Ecrit du 30 janvier an
2 février 1836. — Ce chapitre commence le livre II
de la Vie de Henri Brulard. L'ouvrage n'ayant pas
été terminé, je n'ai pas cru devoir conserver la divi-
sion primitivement adoptée par Stendhal.
Page 78. ...le fameux Basville... — Nicolas de Lamoi-
gnon, 2^ fds du président Guillaume de Lamoignon,
prit à la mort de son père (1077) le titre de marquis
de Basville, sous lequel il est connu. Il fut intendant
«lu Languedoc depuis le 13 août 1685 jusqu'au mois
de mai 1718.
Page 78. ... 3/. de Saint-Priest... — ■ Marie- Joseph-
Emmanuel de Guignard de Saint-Priest, né à Gre-
noble en 1732, obtint la survivance de l'intendance
du Languedoc en 1764. Il fut remplacé, en 1786,
par Ballainvilliers.
Page 79. ... J/'"^ Rehujjel... — Stendhal a écrit en
surcharge : « Derud'el. )>
Page 80. ... M»i''i la marquise de Graves. — Le nom est
en blanc.
Page 81. ... avec la taille d'un tonneau... — Variante :
« Grosse commis un tonneau. »
Chapitre XXXVII
Page 85. Le chapitre XXXVII est le chapitre xxxii du
manuscrit (fol. 597 à 618). Ecrit à Rome, les 2 et
BnULARD II 19
290 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
3 février 1836. Stendhal note, le 2 féviicr. une « pluie
infâme )\
Paore 85. ... une des dmes les moins raisonnables et les
plus passionnées... — \ aiiante : « Susceptibles
d'émotion. »
Page 8(-». ... la rue ilu Département... — Place Saint-
André. (^Note au crayon de U. Colomb.) — Voir
notre plan de Grenoble en 1793.
Page 87. ... qui i'eut faire illusion sur la pensée... —
Variante : « Qui t'eut remplacer la... »
Page 87. ... j'exprimais peu mes idées. — Variante :
« Je me communiquais peu. »
Page 87. ... (comme dit le journal avec imiiortanccL —
Chatterton de M. de ^ igny, p. U (Note de Stendhal.)
Page 89. ... ses sympathies sont trop i>raies... — Variante :
« Villes. »
Page 90. ... r irruption dun lac nrageu.r qui rent'crse...
— Variante : « /)"((/; torrent qui emporte... »
Page 90. ... sa digue. — Vrai. Le pouvoir déclare f|u'il
est étranger à l'intelligence, dont il a ombrage. (Note
de Stendhal.)
Page 91. ... à deu.r cents pas de la porte de notre chétive
maison. — Kn face du texte est un plan du quartier
habité par Stendhal, entre la me Saint-Dominirpic.
l'esplanade des Invalides et la Seine. La maison quil
haljitait était située sur l'esplanade, entre les mes
Saint-Domini(pie et d»- Il niversité. Stendhal re-
marque dans iiiH- iHitc : « Peut-être notre maison
garnie était-elle entre la me Siiinl-Dnuiinique et la
rue de (îrenellr. ■
Page 91. M. Sorel... Lu même <jiie Stendhal a u|)pclé
Hosset et qui l'a accompagné dans son voyage de
Grenrdile à Paris.
Page 93. ... nie déplaisait souverainement. - lii tiers
du feiiillfl ••L'! fn\ituii a été laissé «mi bl;inc par
Stendiial.
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
291
Pace 93. Ma chambre était une mansarde... ■ — En face
de son texte, Stendhal a encore dessinf' un ]>lan du
quartier où se trouvait la maison garnie habitée par
lui, sur l'esplanade des Invalides, entre la fue de
Grenelle et la rue Saint-Dominique. Stendhal note
à ce sujet : « Mon premier logement. Les habitants
étaient des élèves de l'Ecole polytechnique. » —
Dans le texte même, Stendhal a figuré un plan de
sa chambre chez les Daru. En « A, lit où je faillis
mourir )> ; en « F, fenêtre en mansarde sur la rue du
Bac )). — - Ce plan est à nouveau reproduit un peu
plus loin. Il est accompagné d'un détail de l'entrée
du logement sur le « passage Sainte-Marie, tel qu'il
était en 1799 •>\
Page 94. ... il doit être de deux ans plus âgé que moi et
être né i'ers 1781. — Félix Faure était né à Grenoble
le 18 août 1780.
Page 94. ... la maison de M. Daru, rue de Lille...,
n° 505. — Ce 11° 505 ne me paraît pas possible dans
une rue composée, en grande jiartie, dhotels. (Note
au crayon de R. Colomb.)
Page 94. ... le ... entre les deux fenêtres... — Le mot est
en blanc dans le manuscrit.
Page 95. ... il ny a que des à peu près. — Travail : le
2 février 1836, pluie infâme ; de midi à 3 heures,
écrit 26 pages et parcouru 50 pages de Chatterton.
Diri et Sandre, pas pu finir Chatterton.
Dieu ! Que Diri est bête ! Quel animal ! prenant
tout en mal.
3 février 1836. Ce soir, le Barbier à Valle, avec une
comédie de Scribe par Bettini. (Notes de Stendhal.)
Chapitre XXXYIII
Page 97. Le chapitre XXXVI II est le chapitre xxxiii
du manuscrit (fol. 619 à 635). Ecrit à Rome, du 3
292 NOTES ET ÉCLAir.CISSEMENTS
au 5 février 183G. Stendhal note le 3 février : « Pluie
infâme et sirocco donnant mal à la tète » ; le 4 février.
« pluie continue : le Tibre monte au tiers de lin-
scription sous le pont Saint-Ange »; le 5 février.» vu
le Tibre ».
Page 97. Mais une fois Fort de la comédie sur ma table...
■ — • Suit un plan de la chamlire de Stendhal. Sa table
est près de lune des deux fenêtres.
Page 100. ... au teint près... — Ms. : « Presque. »
Paiie 100. ... Mozart. — Don Juan.
Page 101. // n'en faut boire qu'un \erre. l ne partie
du fol. 626 a été laissée en blanc.
Page 1<I2. ... obseri'é par moi et par Constantin... — ■
Abraham Constantin, peintre sur porcelaine, ami de
Steiulhal. aiupiel est légué, dans les divers testaments
de l'auteur, le manuscrit de la \ ie de Henri lirulard.
Paire 102. ... nous avons vi/ toute une société romaine ...
— Trois noms abrégés et illisibles.
Page 104. ... entendu soi.ranli' <>u cent fm.s à l Odéiai pur
M»'^ Barilli... — M'"c Barillli chanlail à TUdéou
en 18l(>. (Note au crayon de U. Colomb.
Page 104. ... ma cousine de Lon guenille... — Ce nom a
été rayé au crayon.
Page 105. ... comme M. de lilancmesnil... Le Panseron...
— Les mots lilancmesnil et Panseron ont été rayés
au cravon.
(.11 \ iM I iti X X X 1 X
Page li>7. \a' chapitre X.WIX es! If chajiilrf wxiv du
manuscrit i^fjl. •i3(i à (i.').'»). - - l'.crit b-s .'>. / cl "J!» fé-
vrier 1836, à Rome, puis à Ci\ ilà-\ •■< rlnji. SIcihIImI
indique lui-même au fol. 648 bis : « 7 février 1S3<».
recopié 1.- -Jî» fé\ri.-r IS.'KI. Ma, le de (/.S à Sll du
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 293
24 février au 19 mars 1836. » Le fol. SU esl le dernier
du manuscrit de la Vie de Henri Brulard.
Page 107. ... il était situé sur la porte cochère. — Suit
un plan de la maison Daru, à l'angle de la rue de
Lille et de la rue de Bellechasse. Sur la rue de Lille,
en « A, porte cochère » menant à une tour carrée. A
droite, en « B, perron, ou plutôt pas de perron, esca-
lier tournant montant au premier. Tout le premier,
A C D, appartement de ^L Daru, le même espace,
au second, appartement de MM. Pierre et Martial
Daru, ses fils. » Au fond de la cour, en « E, perron
conduisant à l'escalier par lequel je montais à ma
chambre ». — Au fol. 638, plan de 1' « appartement
de M. Daru, au premier » ; Stendhal s'est figuré,
dans le salon, au milieu de la fainille Daru. Un plan
analogue se trouve encore un peu plus loin.
Page 108. ... ancien ministre de la Guerre. — Stendhal
explique cette longue parenthèse de la manière sui-
vante : « Pour la clarté. ))
Page 108. A table, placé au point H... — Suit un plan
de la table, avec les places respectives de M., de
]\lme ]3aru et de Stendhal.
Page 108. ... je ne mangeais pas un morceau qui me
\_plût'\. — Mot oublié par l'auteur en passant du
fol. 640 au fol. 641.
Page 110. ... f allais chez elle au Chevallon... — Hameau
de Voreppe, sur la route de Lyon à Grenoble, non
loin du Fontanil, où se trouvait la maison de cam-
pagne des Gagnon.
Page 110. ... qui s'étaient à peu près ruinés. — Suit un
plan de la route du Fontanil au Chevallon, avec la
situation respective de la « maison de M"^^ de Mont-
mort )) et la « chaumière, adorée par moi, de mon
grand-père ».
Page 111. ... i\/'»e Lebrun, marquise de Graines. — Le
nom a été laissé en blanc par Stendhal. Voir ci-dessus,
t. II, p. 108.
Brllard il 19.
294 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Pacre 111. 3/'"f la comtesse d'Ornisse... — La lecture de
ce nom est très incertaine.
Pacre 111. ... ou commencement de 1800. — Folie de
Dominique. Dates : 4 mars 1818. Commencement
d'une grande phrase musicale. Piazza délie Galine.
Cela n'a réellement fini que rue du Faubourg-Saint-
Denis, mai 1824. Septembre 1826. San Remo. (Note
de Stendhal.) — Dominique, c'est Stendhal lui-
même.
Page 112. ... je ne connaissais assez ni le monde ni moi'
même pour me décider. — Sacrifice fait : Comtesse
Sandre (8-17 février 1836). Voilà le beau de ce carac-
tère, c'est que le sacrifice était fait au bal Alibert,
du mardi 16 février, quand D[on] F[ilippo] me parla.
La brouille avec moi durait depuis le bal Anglais,
8 février 1836. Je ne connais ce caractère que depuis
que je l'étudié la plume à la main à 25 X 2 + ] 9»
Je suis tellement diilérent de ce que j'étais il y a
vingt ans qu'il me semble faire des découvertes sur
un autre.
Du 7 au 17, rien fait, ce me semble. Romanelli et
Carnaval (Carnaval et d'abord grande lettre de qua-
torze pages serrées sur rofiice Romanellii. (Note de
Stendhal.)
Page 112. ... ma timidité et mon imagination folles. —
On lit en haut du fol. 648 bis : « 7 février 1836, recopié
le 29 février 1836. Made de 648 à 811 du 24 février
au 19 mars 1836. » — Les feuillets 648 et 648 bis sont
en effet la copie, légèrement retouchée, d'un premier
feuillet 648 que Stendhal n'a pas détruit et qui se
trouve incorporé au manuscrit.
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 29c
Chapitre XL
Page 117. Le chapitre XL est le chapitre xxxv du manu-
scrit (fol. 655 à 674). Ecrit à Cività-Vecchia, les 29 fé-
vrier et 1^1' mars 1836.
Page 117. Madame Le Brun, aujourd'hui marquise de
[Grai'es]... — Le nom a été laissé en blanc par
Stendhal.
Page 119. ... mon ami Edmond Cardon... — Sur Edmond
Cardon, voir A. Chuquet, Stendhal- Beyle, p. 479-480.
Page 123. ... f ignorais parfaitement... — Variante :
« Profondément. »
Page 123. ... qui m'avait semblé... — Ms. : « M'était. »
Page 124. ...la Cléopédie... — Ms. : « Ciropédie. »
Page 124. Aurait-ce été... — Variante : « Etait-ce. »
Page 124. ... mieux écrits quils sont. — Ms. : « De ce
qu'ils sont. »
Page 126. ... M. le baron Auguste Petiet... — Fils de
l'ancien ministre de la guerre, qui fut adjoint à
Berthier pour adjuinistrer la Lombardie, en 1800.
Il semble que l'observation de Stendhal soit inexacte :
Augustin, dit Auguste Petiet (né en 1784) était en
1836 général de brigade et ne mourut qu'en 1858. —
Cf. A. Chuquet, Stendhal- Beyle, p. 48-49.
Page 128. ... la rue Hillerin-Bertin... — Cette rue a
perdu son nom. Elle est représentée aujourd'hui par
la portion de la rue de Bellechasse située entre les
rues de Grenelle et de Varenne.
Page 129. Mais oii était ce ministère de la Guerre, où
nous allions ensemble ? — ■ Suit un plan indiquant la
place occupée par Stendhal dans un bureau du
ministère de la guerre, en H ou en H', près d'une
fenêtre donnant sur les tilleuls du jardin.
296
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
.HAPITRE
XLI
Page 131. Le chapitre XLI est le chapitre xxxvi tlu
manuscrit (fol. G75 à G96). Ecrit à Cività-\ ecchia
les l^'", 3 et 4 mars 1836. Le 2 mars, « métier : quatre
lettres au Ministère )'.
Page 13.!. ... protégé par les prêtres... — Ms. : « Trepr. »
Page 133. ... la Cléopédie... — Ms. : « Ciropédie. »
Page 134. ... je ne faisais aucun doute... — Variante :
(i Je ne doutais pas. »
Page 137. ... maréchal de Boujjlers (mort vers 1712^... —
Le maréchal de Bouiïlers est mort en 171L
Page 137. Que [écrive cela à cinquante-trois ans... —
Ms. : « 5 X 10 + ') "977
Page 137. ... quand j'écrivais : cella. — Un tiers du fol.
bSS a été laissé en blanc par Stendlial.
Page 138. ... madame Demhowski... — Métilde. Voir
contexte et aussi le chapitre i*^"".
Page 139. For who to dunih forget fulness a prêt/... —
\ ers de Gray (Elégies, i73<l, stance xxn), dont le
sens est : Qui tombe en proie à l'oubli silencieux...
Page 139. .1 mon bureau, où j'écrivais cela, cella. —
Suit un plan du bureau du ministère de la guerre où
travaillaient M. Mazover, Bevie et les doux autres
conmiis. « J'étais au bureau H ou IL, les deux com-
mis communs en A et B. »
Page 140. ... (iijant une vérole Itorrible... — Ms. : « h'o-
levé. » — La maladie de Stoiidlia! dut se di'clarrr
dans le courant fie 1808. Dans les papiers conservés
à la bibliothèque nuinicipale de (îrenoble se trouve
(Fi .08ÎMJ, vmI. W, fol. J!)5j une ordonnance du doc-
teur Hiclicrand, datée du 14 décend)rc 1808, contr-
nanl de minutieuses prescri[)lions contre des manifes-
tations syphilitiques chez son difut. L'ordonnance
NOTES ET ECLAlnClSSEMENTS
297
se termine ainsi : « Ce traitement suivi avec exactitude
durant six semaines détruira les excroissances et
fera disparaître la fièvre lente qui revient chaque
soir.
Paris, le l'i dccenibie 1808.
R I f : H E R A X D ,
Professeui- de l' Ecole spéciale de Médecine, etc. »
Page 141. Edmond Cardon, poussé par une mère habile...
— Sur M"i<5 Cardon et son fds Edmond, voir A. Chu-
quet, Stendhal- Beyle, p. 40-42 et 479-480.
Page 141. ... que f avais envoyé... — Variante : « Expé-
dié. »
Page 142. ... Parlement de Pau. — Le parlement de
Pau, qui comprenait dans sa juridiction la Navarre
et le Béarn, fut créé en 1620.
Paee 143. ... le baron Joincille, intendant militaire de
la i^^ dii'isioji... — Sur Joinville, voir A. Chuquet,
Stendhal-Beyle, p. 48-50.
Chapitre XLII
Page 145. Le chapitre XLII est le chapitre xxxvii du
manuscrit (fol. 697 à 716). Ecrit à Cività-Vecchia,
les 5, G et 7 mars 1836. — Stendhal note, en tête du
fol. 708 : « 6 mars 1836, Cività-Vecchia. Nouveau
papier acheté à Cività-Vecchia. »
Page 146. ... je venais d'en avoir dix-sept... — Ms. :
« 4- + 1. y.
Page 147. Quelle différence de générosité avec Louis Crozet,
Bigillion ! — Suit un blanc d'une demi-ligne.
Page 149. ... t?-ois cent cinquante mille francs à chacun
de ses dix ou douze enfants... — Cinq cent mille francs
à chacun des dix enfants. (Note au crayon de R. Co-
29S NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
lomb.) — Voir plus haut, t. I, ch. vu, p, 83-84, et
les notes correspondantes.
Page 152, Je veux coller ici un exemple du style de 1835.
Cest M. Gozlan qui parle, dans le Temps... — Stendhal
n'a pas mis sa menace à exécution : le reste du feuillet
est resté blanc.
Page 153. ... M. César Pascal... — INIort à Bourgoin
en mai 1838. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 153. ... n'avait pas encore pénétré dans... —
Variante : « Atteint. »
Chapitre XLIII
Page 157. Le chapitre XLIII est le chapitre xxxviii du
manuscrit (fol. 717 à 738). Ecrit à Cività-Vecchia,
les 7 et 8 mars 1836.
Page 157. Je ne sais si j'ai dit... — Voir plus haut,
t. II, p. 121-122.
Page 158. ... ma table était située dans une fort grande
pièce occupée par divers commis. — Suit un plan du
bureau, dont les deux fenêtres donnaient sur un
« jardin, le même que pour l'autre bureau » ; près
des fenêtres et placées perpendiculairement à celles-
ci, trois longues tables ; à l'opposé, deux portes se
faisant face étaient percées dans les murs perpen-
diculaires à celui des fenêtres. La ligne DD' va d'une
porte à l'autre.
Page 161. ... une place à millions... — Stendhal fait
peut-être allusion ici au poste de directeur des sub-
sistances de Paris, que lui ofi'rit le comte Bcugnot (cf.
A. Chuquct, Stendhal- Beyle, p. 146), ou à celui de
préfet de la Sarthe, dont lui-même parle dans la
même page.
Page 161. Au lieu de dix, f aurais vingt mille... —
.Ms. : « I en » et '( tventij thousnnd ».
rsOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 299
Page 162. Ne manquez jamais un mardi de Afme Cardon.
— Comparez avec la même réflexion déjà faite plus
haut, chapitre xl, page 120.
Page 163. ... M^e Sorel (je crois), dont le mari ni'amit
servi de chaperon pendant le voyage. — Stendhal l'a
appelé plus haut M. Rosset (voir chapitres xxxv et
xxxvi).
Page 163. ... les Mémoires de sa camarade, Mme Cam-
pan... imprimés vers 1820. — Les Mémoires de
Mme Campan furent pubhés en 1823.
Page 165. Je sus tout cela quelques mois plus tard. —
Une partie du feuillet 732 est en blanc. En marge,
Stendhal a écrit : « Placer les portraits physiques. »
Page 165. Je ne sais si je fis les yeux doux... — Variante :
« Les yeux du désir. »
Chapitre XLIV
Page 169. Le chapitre XLIV est le chapitre xxxix du
manuscrit (fol. 739 à 758). Ecrit à Cività-Vecchia,
les 8 et 9 mars 1836.
Page 170. Le capitaine était un grand homme hlond... —
Au sujet du capitaine Burelviller, ou Burelvillers,
voir A. Chuquet, Stendhal- Beyle, p. 45.
Page 170. ... M... lui avait dit. — Le nom est en blanc
dans le manuscrit.
Page 172. ... la cloche majestueuse d'une église... —
Cette éghse devait être un temple protestant, car
il n'y a pas d'église cathoHque dans le canton de
Vaud. (Note au crayon de R. Colomb.)
Page 177. ... où se trouve, de toute nécessité... —
Variante : « Nécessairement, »
300 NOTES F.T ÉCLAIRCISSEMENTS
Chapitri: XLV
Page 179. Le chapitre ALI est le chapitre xi, du niann-
scrit (fol. 759 à 778:. Ecrit à Cività-\ ecchia, le 9 mars
1836.
Page 180. ... je me rappelle mieux les dangers... —
Ms. : « Des dangers. »
Page 181. ...le sentier était formé de roches immobiles. —
Suit une coupe du sentier et du précipice que les
voyageurs voyaient à leur gauche. Le sentier était
creux, les rochers qui le composaient formant un
angle obtus de 60 degrés environ. Entre le sentier
et le précipice, il pouvait y avoir trois ou quatre
pieds. Au bas du j)récipice, dont la pente est indiquée
par les lettres K P E, en « L, lac gelé sur lequel je
voyais quinze ou vingt chevaux ou mulets tombés.
De R en P le précipice me semblait presque vertical,
de P en E il était fort rapide ».
Page 182. ... elle est dans la gravure. ■ — - Suit \\n jilau
indiquant la marche de flanc suivie depuis l'Hospice
jusqu'à Etrouble, eu contournant le lac gelé.
Page 182. ... i'ers un hameau nommé Saint... — Le
reste du nom a été laissé en blanc.
Page 184. ... le fort de Bard. — Suit un croquis de la
vallée d'Aoste, avec au fond le fort de liard.
l^age 185. C'est le chemin. — Suit un cinf|nis analogue
à celui indifpié ci-dessus ; mais Stendhal y a ligure,
en (\, le chemin escaladant la nionlagne d'Albaredo.
Page 186. « Diable! il // a donc danger ! » me dis- je. —
Suit un croquis explicatif : à droite, eu lî. les rem-
parts du fort de Bard. A gauche, en (".. à hi hauteur
des renqtarts, la petite plate-forme du cheiuin, bordée
par un |)récipice I) allant jusrpi'au fond de la vallée.
Au-dessous, cette légende : « Le ( Intinii. mi plutôt le
sentier à peine tracé fraîchement avec des pioches,
NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS 301
était comme C et le précipice comme D, le rempart
corume K. »
Chapitre XL\ I
Page 187. Le chapitre XLVI est le chapitre xli du
manuscrit (fol. 779 à 796). Ecrit le 15 mars, à Cività-
Vecchia. — Stendhal indique au fol. 782 : « Cività-
Vecchia du 24 février au 19 mars. »
Page 188. ... le passage du M ont- Saint- Bernard (à
2.491 mètres au dessus de r océan)... — L'altitude
exacte du col du Grand-Saint-Bernard est 2.472
mètres.
Page 189. ParentJièse. — A placer ailleurs en recopiant.
(Note de Stendhal.)
Page 190. ... uji homme de cinquante-trois ans! —
Ms. : « 5- X 2 + '|'^"97^
Page 190. ... croyait arrêter le général Bonaparte. —
Suit un croquis du fort de Bard et du chemin suivi
par Stendhal. Au-dessous est cette légende : « H, moi ;
B, village de Bard ; C C C, canons tirant sur L L L ;
XX, chevaux tombés du sentier L L L, à peine tracé
au bord du précipice ; P, précipice à 95 ou 80 degrés,
haut de 30 ou 40 pieds ; P', autres précipices de 70
ou 60 degrés, et broussailles infinies. Je vois encore
le bastion CGC, voilà tout ce qui me reste de ma
peur. Quand J'étais en H, je ne vis ni cadavres, ni
blessés, mais seulement des chevaux en X. Le mien
qui sautait et dont je ne tenais la bride qu'avec deux
doigts, suivant l'ordre, me gênait beaucoup. »
Page 193. ... peut-être Berland, Saint- Ange et Taillejer...
— Berland, près des Echelles ; le plateau Saint-Ange,
au-dessus de Glaix ; le massif de Taillefer, qui domine
la vallée de la Romanche, (Voir à ce sujet les cha-
pitres précédents.)
302 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
Page 194. ... dans tous les cas ce ne put être,.. — Va-
riante : « Ce ne fut. »
Page 195. — Avec le chapitre xlvi finit le troisième
tome relié du manuscrit. On lit, à la fin de la table
qui termine le volume : « Ce volume troisième finit
à l'arrivée à Milan, 796 pages font bien, une fois
augmentées par les corrections et gardes contre la
critique, 400 pages in-8^. Qui lira 400 pages de mou-
vements du cœur ? » Au feuillet suivant, on lit encore :
'( 1836, 26 mars, annonce du congé pour Lutèce.
L'imasination vole ailleurs. Ce travail en est inter-
rompu. L'ennui engourdit l'esprit, trop éprouvé de
1832 à 1836, Omar. Ce travail, interrompu sans cesse
par le métier, se ressent sans doute de cet engourdis-
sement. — Vu ce matin galerie Fech avec le prince,
et loges de Raphaël. — Pédanlisme : rien n'est mal
dans le Dante et Raphaël, idem à peu près pour Gol-
doni. 8 avril 1836, Omar. »
Chapitre XL\'II
Page 197. Le chapitre XL\ II est le chapitre xlii du
manuscrit (fol. 797 à 808). Ecrit à Cività-Vecchia,
les 15 et 17 mars 1836 : corrigé à Rome les 22 et
23 mars. — Stendhal note au verso du fol. 807 :
« Travail à Cività-Vecchia : trois ou quatre heures
seulement du 24 février au 19 mars 1836, le reste au
métier (gagne-pain). » — Ce dernier chapitre est
relié, avec divers autres fragments, dans le XII*^ tome
de la collection des 28 volumes conservés ù la biblio-
thèque municipale de Grenoble sous le n" R 5896.
Pâtre 197. Il me semble le voir... — Variante : « Je le
i>ois. »
Page 197. ... je ne suis parti que le... — La date a été
laissée en blann.
NOTES ET ECLAIRCISSEMENTS
503
Page 198. MuilUd rci'int sur ses pas et me conduisit à
la Casa d'Adda. — Suit un plan ties lieux : la ren-
contre de Martial Daru et d'Henri Beyle, au bout de
la Corsia del Giardiuo, presque à l'angle du Monte
Napoleone, et l'emplaceuient de la Casa d'Adda,
sur la Corsia di Porta nova.
Page 200. ... je trouvai cinq ou six mois de bonheur
céleste et complet. — • Le 26 mars 1836, à dix heures et
demie, lettre très polie pour congé.
Depuis ce grand courant dans mes idées, je ne
travaille plus. 1"' avril 1836.
Prose du 31 mars : Stabat mater, vieux couplets
barbares en latin rimé, mais du moins absence
d'esprit à la Marmontel. (Notes de Stendhal.)
Page 203. On gâte des sentiments si tendres à les raconter
en détail. — - Avi verso du dernier feuillet (fol. 808),
Stendhal a jeté rapidement les notes suivantes, rela-
tives à son prochain voyage.
« Voyage : le bateau à vapeur jusqu'à Marseille.
Acheter six foulards à Livourne et vingt paires de
gants jaunes chez Gagiati, à Rome.
Suite, voyage : Absolument la malle-poste à Mar-
seille, fût-ce celle de Toulouse et Bordeaux, pour
éviter le dégoût de Valence et Lyon, Semur et
Auxerre, de moi trop connus. Mauvais commence-
ment. — Probablement, le détour de Florence, en
arrivant à Livourne, ne me plaira pas. — Peut-être
aller en Angleterre, du moins à Bruxelles, peut-être
à Edimbourg.
Plan : profiter de mon temps dans le voyage de
Paris. Dire jamais Omar bien changé. 2°, régime,
pour éviter les soupers. Voir beaucoup M. de La
Touche, Balzac, si je puis, pour la littérature ;
M. Chasles, im peu Levavasseur ; mesdames d'Anjou
(assidûment), Tillaux, Tascher et Jules, Ancelot,
Menti, Coste, Julie. C'est l'assiduité qu'il faut. — Si
je restais à Paris, c'est dans les premiers deux mois
304 NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS
que je puis foncier les salons du reste uj my life. —
Je ne sens de transport que pour Giul. — In loge-
ment au midi, rue Taitbout. Qu'est-ce, pour trois
mois, que 200 francs de plus en logement ? »
Stendhal quitta Cività-Vecchia après le 5 mai 1836 ;
le 16 mai, il était à Marseille, et il arriva à Paris le
25 mai. Il fit durer son congé trois ans, et ne rentra à
Cività-Vecchia qu'en juin 1839.
ANNEXES
I
PREMIER ESSAI D'AUTOBIOGRAPHIE i
MÉMOIRES DE HENRI B.
LIVRE I
CHAPITRE I
Quoique ma première enfance ait été empoi-
sonnée par bien des amertumes, grâce au caractère
espagnol et altier de mes parents, depuis deux ou
trois ans je trouve une certaine douceur à m'en
rappeler les détails. Il a fallu plus de quarante
années d'expérience pour que je pusse pardonner
à mes parents leurs injustices atroces.
1. Ecrit à Rome, le 15 février 1833. — Ce fragment d'autobiographie
se trouve à la Bibliothèque municipale de Grenoble, dans le carton
coté R 300.
BnuLABD II. 20
306 ANNEXES
Je suis né à Grenoble le 23 janvier 1783, au sein
d'une famille qui aspirait à la noblesse, c'est-à-dire
qu'on ne badinait pas avec les préjugés nécessaires
à la conservation des ordres privilégiés. La religion
catholique était vénérée dans la maison comme
l'indispensable appui du trône. Quoique bourgeoise
au fond, la famille dont je porte le nom avait deux
branches. Le capitaine B[eyle], chef de la branche
aînée, qui était fort riche, avait la croix de Saint-
Louis et ne manqua pas d'émigrer, chose peu diffi-
cile, car Grenoble n'est qu'à neuf lieues de Cham-
béry, capitale de la Savoie.
Cet excellent capitaine '"BeyleJ, le meilleur
homme du monde, avec sa voix glapissante et ses
éloges éternels de nos princes, ne s'était jamais
marié, non plus que ses cinq ou six sœurs. Mon
père, chef de la branche cadette, comptait bien
hériter d'une trentaine de mille livres de rente, et
comme mon père était un homme à imagination,
il m'admit de bonne heure à la création des châ-
teaux en Espagne qu'il élevait sur cette fortune à
venir, dont plus tard une loi de la Terreur nous
priva presque entièrement. N'était-ce pas celle du
17 germinal an III ? Ce nom a retenti dans toute
mon enfance, mais voici trente-trois ans que je n'y
pense plus du tout. Grâce à la manie exagérante
et noblifiante de la famille, peut-être que, même
sans la loi de germinal sur les successions, cette
fortune de trente mille francs de rente se serait
PREMIER ESSAI d'aUTOBIOGRAPHIE 307
réduite à douze ou quinze. Cela était encore fort
considérable pour la province vers 1789.
Ma mère était une femme de beaucoup d'esprit,
elle était adorée de son père. Henriette Gagnon
avait un caractère généreux et décidé ; j'ai compris
cela plus tard. J'eus le malheur de la perdre lorsque
j'avais sept ans, et elle trente-trois. J'en étais
amoureux fou, je ne sais si elle s'en apercevait ;
elle mourut en couches en prononçant mon nom
et me recommandant à sa sœur cadette, Séraphie,
la plus méchante des dévotes. Tout le bonheur
dont j'aurais pu jouir disparut avec ma mère. La
tristesse la plus sombre et la plus plate s'empara
de la famille. Mon père, qui adorait d'autant plus
sa femme que celle-ci ne l'aimait point, fut hébété
par la douleur. Cet état dura cinq ou six ans, il
s'en tira un peu en étudiant la Chimie de Maquart,
puis celle de Fourcroy. Ensuite, il prit une grande
passion pour l'agriculture et gagna deux ou trois
cent mille francs à acheter des domaines (ou
terres) ; puis vint la passion de bâtir des maisons,
où il dérangea sa fortune, enfin sa passion pour
les Bourbons qui le firent adjoint du maire de Gre-
noble et chevalier de la Légion d'honneur. Mon
père négligea tellement ses affaires pour celles de
l'Etat qu'il passa une fois dix-huit mois sans aller
à son domaine (ou terre) de Claix, qu'il faisait
cultiver par des domestiques, et où avant les hon-
308
ANNEXES
neurs Bourboniens il allait deux ou trois fois la
semaine. Dans les derniers temps, mon père était
fort jaloux de moi ; comme j'avais fait la campagne
de Moscou avec une petite place à la cour de Napo-
léon, que j'adorais, j'étais en quelque sorte à la
tête du parti bonapartiste (181G). Mais je m'égare.
Mon père avait assuré en 1814 à mon ami, M. Félix
Faure, aujourd'hui pair de France (né à Grenoble
vers 1782), qu'il me laisserait dix mille francs de
rente. Félix grava cette somme sur ma montre.
Sans cette assurance, j'aurais pris un état en 1814 :
filateur de coton à Plancy, en Champagne, ou
avocat à Paris. En 1814, j'allai m'amuser en Italie,
où j'ai passé Sept ans ; mon père, à sa mort, m'a
laissé un capital de 3.900 francs. J'étais alors amou-
reux fou de M""^ D. Pendant le premier mois qui
suivit cette nouvelle, je n'y pensai pas trois fois.
Cinq ou six ans plus tard, j'ai cherché en vain à
m'en affliger.
Le lecteur me trouvera mauvais fils, il aura
raison. Je n'ai connu mon jjcre, de sept ans à
quinze, que par les injustices abominables qu'il
exécutait sur moi, à la demande de ma tante Séra-
phie, dont, à force d'ennui intérieur, il était peut-
être un peu devenu amoureux. J'entrevois à peine
cela aujourd'hui en y réfléchissant. Dans l'éduca-
tion sévère dts familles suivant les mœurs de
l'ancien régime, où par-dessus tout les parents
songeaient ;"i se faire respecter cl craindre, les
PREMIER ESSAI D AUTOBIOGRAPHIE 309
enfants étaient comme collés tout près de la base
de statues de quatre-vingts pieds de haut. Dans
une si mauvaise position, leur œil ne pouvait que
porter les jugements les plus faux sur les propor-
tions de ces statues.
Je ne me rappelle plus l'origine du sentiment du
juste, qui est fort vif en moi. C'était non pas
comme à moi désagréables, mais comme injustes,
cfue les arrêts de ma tante Séraphie, appuyés par
l'autorité de mon père, me faisaient verser des
larmes de rage. Deux ou trois fois la semaine, je
passais une heure à me répéter à voix bnsse :
« Monstres ! Monstres ! ^îonstres ! »
Pourquoi diable ma tante m'avait-elle pris en
grippe ? Je ne puis le deviner. Peut-être ma mère,
mourant en couches avec le plus grand courage et
toute sa tête, avait-elle fait jurer à son mari, au
nom de son fds aîné, de ne jamais se remarier.
Quand j'avais trente ans, des témoins oculaires,
entre autres l'excellente M"'*^ Romagnier, amie que
nous venons de perdre il y a deux ou trois ans, me
parlaient encore de la haine passionnée et folle que
j'avais inspirée à ma dévote de tante.
J'étais républicain forcené, rien de plus simple :
mes parents étaient ultra et dévots au dernier
degré ; on appelait cela en 1793 être aristocrate.
Comme marquant par ses propos pleins d'ima-
gination et de force, mon père fut mis en prison
Brllard II. 20.
310
ANNEXES
pendant, vingt-deux mois par le représentant du
peuple Amar. On juge de l'horreur que mon répu-
blicanisme inspirait dans la famille. J'avais fait
encore un petit drapeau tricolore que je promenais
seul en triomphe dans les pièces non habitées de
notre grand appartement, les jours de victoires
républicaines. Ce devaient être alors celles du traître
Pichegru. On me guettait, on me surprenait, on
m'accablait des mots de monstre, mes parents pleu-
raient de rage et moi d'enthousiasme. « Il est beau,
il est doux, m'écriai-je une fois, de souffrir pour la
Patrie! » Je crois qu'on me battit, ce qui, du reste,
était fort rare, on me déchira mon drapeau. Je me
crus un martyr de la patrie, j'aimai la liberté avec
fureur. J'appelais ainsi, ce me semble, l'ensemble
des cérémonies que je voyais souvent exécuter dans
les rues, elles étaient touchantes et imposantes, il
faut l'avouer. J'avais deux ou trois maximes que
j'écrivais partout et que je suis fâché d'avoir si
complètement oubliées. Elles me faisaient verser
des larmes d'attendrissement, en voici une qui me
revient :
Vivre libre ou mourir, que je préférais de beau-
coup, comme éloquence, à : la liberté ou la mort,
qu'on voulait lui substituer. J'adorais l'éloquence ;
dès l'âge de six ans, je crois, mon père m'avait
inoculé son enthousiasme pour J.-J. Rousseau, que
plus tard il exécra comme anti-roi...
II
UNE PAGE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE
DE STENDHAL
Ce fragment a été écrit en même temps que la
Vie de Henri Brulard, le 16 décembre 1833, et
inséré par Stendhal dans le second volume de son
manuscrit, après le récit de sa première communion
(chapitre xviii de la présente édition).
Je l'ai rejeté parmi les annexes, parce qu'il n'a
rien de commun avec le texte des mémoires d'Henri
Beyle,
Encyclopédie du XIX^ siècle.
Ce livre, ou plutôt son annonce qui remplit tous
les journaux, m'a bien fait rire ce matin. Rien ne
m'amuse comme les efforts que fait la société ultra
(c'est-à-dire les nobles et les [prêtres]) pour tâcher
de tromper l'opinion, pour faire des livres qui
rendent le peuple imbécile et pour tâcher de se
persuader ensuite que ces livres sont lus.
Hé, messieurs, faites pendre les écrivains, ruinez
les imprimeurs et les libraires, empêchez la poste
312 ANNEXES
de transporter los livres, voilà ce qui est raison-
nable !
J'ai bien ri ee matin et toute la journée j'ai été
rempli de joie quand je venais à songer à V Encyclo-
pédie du XIX^ siî'cîe, dont l'annonce remplit plus
d'un pied carré dans le Journal des Débats du 5 dé-
cembre 1835.
Le comité de direction oiïrc d'abord les noms de
M. Ampère et de M. le comte Beugnot, de l'Institut,
un savant de premier ordre, mais aussi bas, aussi
plat que Laplace ou M. Cu\ier, et un homme d'es-
prit, mais des plus communs, incapable d'écrire
dix pages qui se fassent lire et qui a acheté tous
ses livres à ce Blier si sale et à ce M. SainL-Marlin,
si vendu et si plat, dont le choléra a délivré la
science.
Tous les savants vendus, tous les nobles qui ont
fait des livres dont dix ou douze exemplaires se
sont vendus, tous les prè[tresl à plats sermons
font partie de la liste des auteurs.
Ces Messieurs disent dans leur prospectus que
les autres encyclopédies ne peui'ent rju engendrer le
doute et perpétuer r indifférence. Voilà qui est
adroit î Ces Messieurs veulent cliarger le cler^gél
de maintenir les peuples dans la soumission et
l'abjection morale.
MM. Mennechet, Michaud, Charles .Wtdier, Bal-
tut, ce voleur de Champollion-Figeac, ce bon
fripon Banni IU)chelte, ce ((kiuiii de Trouvé, cet
UNE PAGE DE CRITIQUE LITTÉRAIRE 313
archiniais de \ illeneuve-Bargemont, ce charlatan
d'Ekstein, cette archibete de Ch. Artaud, cet in-
croyable païen, M. l'académicien Pouqueville, le
chevalier Drake, bibliothécaire de la papauté à
Rome ^, enfin des inconnus ou des Jean-fesse,
tous chevaliers de Kœnig von Jeanfoutre. Les seuls
noms décorés sont MM. Arago et Frédéric Cuvier.
Tous, en général, écrivains que personne ne lit.
Ces plats intrigants sont accolés à une foule de
nobles littérateurs qui voudraient bien pouvoir
écrire deux pages, mais le pouvoir leur manque,
volentl et conanti. Ces nobles riches, comme MM. de
Lamartine, de Villeneuve, de Pastoret, Beugnot,
fourniront chacun vingt pages et vingt-cinq louis.
Le livre sera supérieurement imprimé, porté aux
nues dans tous les journaux, sans doute acheté par
le ministre pour les bibliothèques, et si la Révo-
lution, second volume de celle de Juillet, arrive un
peu plus tôt, il ne sera pas acheté et pour rire j'en
achèterai sur les quais quelque volume, à vingt
sous.
Chacun des souscripteurs recevra son exemplaire,
tous les journaux retentiront de l'immense succès ;
s'il se trouve, contre toute apparence et prudence,
quelque homme d'esprit hardi, il fera sur cette
rapsodie un pamphlet comme le Noiweau Complot
contre les industriels ^, s'il m'est permis de citer
1. ]\Is. : « Omar. »
2. Pamphlet du Bcj-le, publié en 182Ô.
314 ANNEXES
cette brochure. S'il n'y a pas de brochure critique,
je suis prêt à parier que V Encyclopédie du XIX^ siè-
cle aura moins de lecteurs qu'elle n'étale de colla-
borateurs dans l'annonce des Débats de ce matin.
La moitié de ces souscripteurs prévoit sagement
une influence comme celle de Y Encyclopédie de
Diderot et d'Alembert.
Le plus grand service que le duc de Modène put
rendre à la cause libérale était d'imprimer la Voce
délia Verita, qui provoqua des discussions à la
Tolfa et à Castel-Bolognesc.
Jetez les écrivains dans une prison perpétuelle,
dites vos Heures en public, comme le roi de B. le
vient de faire envers M. Bher, et en partant pour
la Grèce ruinez les libraires et les imprimeurs, mais
n'ouvrez jamais la bouche, et surtout gardez-vous
d'écrire.
MM. Ampère, comte Beugnot, Fortia d'Urban,
Hennequin, Laurentie, Pariset, abbé Receveur et
baron Walkenaer, en sont les directeurs.
Après cette âme noble et généreuse de M. Ampère
qui, vers 1827, entreprit de me prouver la... ^
au milieu du salon de ^L Cuvier, le plus savant est
M. Fortia d'Urban qui, à pro[)Os du système de
^^ olf sur Homère, disait d'un air triomphant :
1. Un mol illii^iblc.
UNE PAGE DE CRITIQUE LITTERAIRE
315
« Ils (Veulent nier Vexislence d'Homère, et fai son
buste clans mon cabinet ! »
Séparé de Paris depuis cinq ans, je n'ai pour rire
que les annonces de ce genre et les anecdotes
comme M. rarch[evêque] de Paris emportant dans
sa voiture les deux cuvettes de M™^ la princesse
de Tallevrand mourante.
III
DELX NOTICES I3I0GRAPI1IQL ES
D'HENRI BEYLE .
ÉCRITES !• A n H 1 - M ic M E
Ces deux notices sont conservées à la Bihliotlièque
municipale de Grenoble, dans le carton coté R 300,
où se trouve également un cahier de la \ie de Henri
Dnilard. Toutes deux ont été publiées par MM. (Casi-
mir Stryienski et François de Nion en appendice
de leur édition du Journal de Stendhal (Paris,
1888), p. 4G7-4G9 et 470-475.
I
Notice sur M. Beyle, par lui-même.
Henri Beyle, né à Grenoble en 1783, ^icnt de
mourir à... (le... octobre 1820 ^). Après a^•oir
1. .Slondhal avait d'abord écrit 1822 ; puis il a surchargé et corrij;é
en 1820. Aucune de ce» deux dates ne doit être exacte, et c'est de 1821,
après le retour de .Milan, ()u'il faut très {irobublenient dater ce frag-
ment. Stendhal dit lui-même dans sa sccondu notice biographique,
publiée également ci-après : « Ueyie, malheureux de toutes façons,
revint à l'aris en juillet 1821, il sonjjeait sérieusement ;i en finir... «
— De même dans le chai)itre II de la Vie de Henri lirulurd (t. 1,
p. 15):* En 1821, je quittai Milan, et songeant beaucoup à me brûler
la cer>-clle. >
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 317
étudié les mathématiques, il fut qiiel({ue temps
olFicier dans le 6*^ régiment de dragons (1800, 1801,
1802). Il y eut une courte paix, il suivit à Paris une
femme qu'il aimait et donna sa démission, ce qui
irrita beaucoup ses protecteurs. Après avoir suivi
à Marseille une actrice qui y allait remplir les pre-
miers rôles tragiques, il rentra dans les affaires,
en 1806, comme adjoint aux commissaires des
Guerres. Il vit l'Allemagne en cette qualité, il
assista à l'entrée triomphale de Napoléon à Berlin,
qui le frappa beaucoup. Etant parent de M. Daru,
ministre de l'armée et la troisième personne après
Napoléon et le prince de Neuchâtel, M. B[eyle] vit
de près plusieurs rouages de cette grande machine.
Il fut employé à Brunswick en 1806, 1807 et 1808
et s'y distingua. Il étudia dans cette ville la langue
et la philosophie allemandes et conçut assez de
mépris pour Kant, Fichte, ces hommes supérieurs
qui n'ont fait que de savants châteaux de cartes.
M, B[eyle] revint à Paris en 1809 et fit la cam-
pagne de Vienne en 1809 et 1810. Au retour, il fut
nommé auditeur au Conseil d'Etat et inspecteur
général du mobilier de la Couronne. Il fut chargé
en outre du bureau de la Hollande à l'administra-
tion de la liste civile de l'Empereur. Il connut le
duc de Frioul en 1811, il fit un court voyage en
Italie, pays qu'il aimait toujours depuis les trois
ans qu'il y avait passé dans sa jeunesse. En 1812,
il obtint, après beaucoup de difficultés de la part
318 ANNEXES
de M. Champagny. duc de Cadore, intendant de la
Maison de 1" Empereur, de faire la campaujne de
Russie. Il rejoijrnit le quartier général près d'Orcha,
le 14 août 1812. Il entra à Moscou le 14 se])tembre
avec Napoléon et en partit le 16 octobre avec une
mission : il devait procurer quelque subsistance à
l'armée, et c'est lui qui a ilonné à l'armée, au retour,
entre Orcha et Bober, le seul morceau de pain
quelle ait reçu. M. Daru reconnut ce service, au
nom de l'Empereur, à Bober. M. Bfeyle] ne crut
jamais, dans cette retraite, qu'il y eût de quoi
pleurer. Près de Kœnigsberg, comme il se sauvait
des Cosaques en passant le FrischafT sur la glace,
la glace se rompit sous son traîneau. Il était avec
M. le cbevalier Marchand, commissaire des Guerres
(rue du Doyenné, n^ 5). Comme on n'avouait pas
même qu'on fut en retraite à cette armée impériale,
il s'arrêta à Slangard, jiuis à Berlin, qu'il vit se
<létacher de la France. A mesure qu'il s'éloignait
du danger, il en prit horreur et il arriva à Paris
navré de douleur. Le physique avait beaucoup de
part à cet état. Un mois de bonne nourriture, ou
plutôt de nourriture suirisante, le remit. Son pro-
tecteur le força à faire la campagne de ISl'J. Il
fut intendant à Sagan avec le plus honnête cl le
plus borné des généraux, M. le marquis, alors
comte V. de Eat(jur-Maubourg. Il y tomba malade
d'une es[)éce de liévn' pernicieuse. I'",ii Iniil jours,
il fut fédiiif à une faiblesse extrême, cl il fallut cela
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 319
pour qu'on lui permît de revenir en Fiance. 11
quitta sur-le-champ Paris et trouva la santé sur
le lac de Corne. A peine de retour, l'Empereur
l'envoya en mission dans la 7^ division militaire
avec un sénateur absolument sans énergie. Il y
trouva le brave général Dessaix, digne du grand
homme dont il portait presque le nom et aussi
libéral que lui. Mais le talent et l'ardent patriotisme
du général Dessaix furent paralysés par l'égoïsme
et la médiocrité incurable du général Marchand,
qu'il fallut employer, comme grand-cordon de la
Légion d'honneur et étant du pays. On ne tira pas
parti des admirables dispositions de Vizille et de
beaucoup d'autres villages du Dauphiné.
M. Beyle demanda à aller voir les avant-postes,
à Genève. Il se convainquit de ce dont il se doutait,
qu'il n'y avait rien de si facile que de prendre
Genève. Voyant qu'on repoussait cette idée et
craignant la trahison, il obtint la permission de
revenir à Paris. Il trouva les Cosaques à Orléans.
Ce fut là qu'il désespéra de la patrie ou, pour parler
exactement, qu'il vit que l'Empire avait éclipsé la
Patrie. On était las de l'insolence des préfets et
autres agents de Napoléon. Il arriva à Paris pour
être témoin de la bataille de Montmartre et de
l'imbécillité des ministres de Napoléon.
Il vit l'entrée du roi. Certains traits de M. de
Blacas, qu'il sut bientôt, le firent penser aux
Stuarts. Il refusa une place superbe que M. Beugnot
320 ANNEXES
avait la boulé de lui oiïrir. Il se retira en Italie, Il
y mena une vie heureuse jusqu'en 1821 que l'arres-
tation des carbonari par une police imbécile l'obligea
à quitter le pays, quoiqu'il ne fût pas carbonaro,
La méchanceté et la méfiance des Italiens lui avaient
fait repousser la participation aux secrets, disant
ù ses amis : « Comptez sur moi dans l'occasion, »
En 1814, lorsijiril jugea les Bourbons, il eut deux
ou trois jours de noir. Pour le faire passer, il prit
un copiste et lui dicta une traduction corrigée de
la Vie de Haydn, Mozart et Métastase, d'après un
ouvrage italien, un volume in-8", 1814,
En 1817. il imprima deux volumes de VIJistoire
de la Peinture en Italie, et un petit voyage de trois
cents pages en Italie.
La Peinture n'ayant pas de succès, il enferma
dans une caisse les trois derniers volumes et s'ar-
rangea pour qu'ils ne paraissent qu'après sa mort.
En juillet 1819, passant par Bologne, il apprit la
mort de son père. Il vint à Grenoble, où il donna sa
voix au plus honnête homme de France, au seul
qui pût encore sauver la religion, à M, Henri Gré-
goire, Cela le mit encore plus mal avec la j)olicc de
Milan, Son père devait, suivant la voix commune,
lui laisser cinq ou six mille francs de renie. Il ne
lui en laissa pas la moitié. Dès lors, M, Hcylc chercha
à diminuer ses besoins et y réussit. II lit plusieurs
ouvrages, entre autres 500 pages sur l'Aumur qujl
n'imprima pas. En 1821, s'cnnuyant njortellement
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 321
de la comédie des manières françaises, il alla passer
six semaines en Angleterre. L'amour a fait le bon-
heur et le malheur de sa vie. Mélanie, Thérèse,
Gina et Léonore sont les noms qui l'ont occupé.
Quoiqu'il ne fût rien moins que beau, il fut aimé
quelquefois. Gina l'empêcha de revenir au retour
de Napoléon, qu'il sut le 6 mars. L'acte addi-
tionnel lui ôta tous ses regrets. Souvent triste à
cause de ses passions du moment qui allaient mal,
il adorait la gaieté. Il n'eut qu'un ennemi, ce fut
M. Tr. ; il pouvait s'en venger d'une manière
atroce, il résista, pour ne pas fâcher Léonore. La
campagne de Russie lui laissa de violents maux de
nerfs. Il adorait Shakespeare et avait une répu-
gnance insurmontable pour Voltaire et M™^ de
Staël. Les lieux qu'il aimait le mieux sur la terre
étaient le lac de Côme et Naples. Il adora la musique
et fit une petite notice sur Rossini, pleine de senti-
ments vrais, mais peut-être ridicules. II aima tendre-
ment sa sœur Pauline et abhorra Grenoble, sa patrie,
où il avait été élevé d'une manière atroce. Il n'aima
aucun de ses parents. Il était amoureux de sa mère,
qu'il perdit à sept ans ^.
1. Celte nolice porte l'adresse suivante :
Monsieur
^lonsieur le clievalier Louis Crozet,
ingénieur des Ponts et Chaussées,
à Grenoble (Isère),
or ij demi lo (ou, sil est mort), à M. de .Mareste,
liôtel de I5ruxelles, n° 41, rue Richelieu,
Paris. f^^'/e of Dominique.)
Urulard II. 21
322 ANNEXES
II
Dimanche, 30 ai>ril 1837, Paris, hôtel Favart.
Il pleut à verse.
Je me souviens que Jules Janin me disait : « Ah 1
quel bel article nous ferions sur vous si vous étiez
mort ! »
Afin d'échapper aux phrasiers, j'ai la fantaisie
de faire moi-même cet article.
Ne lisez ceci qu'après la mort de Beyle (Henri),
né à Grenoble le 23 janvier 1783, mort à... le...
Ses parents avaient de l'aisance et appartenaient
à la haute bourgeoisie. Son père, avocat au Parle-
ment de Dauphiné, prenait le titre de noble dans
les actes i, son grand-père était un médecin,
homme d'esprit, ami ou du moins adorateur de
Voltaire. M. Gamion — c'était son nom — était le
plus galant homme (hi monde, fort considéré à
Grenoble, et à la tête de tous les projets d'amélio-
ration. Le jeune Beyle vit couler le premier sang
versé dans la llévolution française ; lors de la
fameuse journée des Tuiles (17[88j), le peuple se
révoltait contre le Gouvernement, et du haut des
1. Voir notnmnierit dans l'aniirxp f|ui suit l'aflo <lo naissaiici" <]e
Henri Jleyie, où Jobcph-Cliérubiu et Jt-an-Buiitisti- Ucylc sont qualifiés
nuble*.
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 323
toits lançait des tuiles sur les soldats. Les parents
du jeune B[eyle] étaient dévots et devinrent des
aristocrates ardents, et lui patriote exagéré. Sa
mère, femme d'esprit qui lisait le Dante, mourut
fort jeune ; ]M. Gagnon, inconsolable de la perte de
cette fille chérie, se chargea de l'éducation de son
seul fils. La famille avait des sentiments d'honneur
et de fierté exagérés, elle communiqua cette façon
de sentir au jeune homme. Parler d^argent, nommer
même ce métal passait pour une bassesse chez
M. Gagnon, qui pouvait avoir huit à neuf mille
livres de rente, ce qui constituait un homme riche,
à Grenoble, en 1789.
Le jeune Beyle prit cette ville dans une horreur
qui dura jusqu'à sa mort, c'est là qu'il a appris à
connaître les hommes et leurs bassesses. Il désirait
passionnément aller à Paris et y vivre en faisant
des livres et des comédies. Son père lui déclara
qu'il ne voulait pas la perte de ses mœurs et qu'il
ne verrait Paris qu'à trente ans.
De 1796 à 1799, le jeune Beyle ne s'occupa que
de mathématiques, il espérait entrer à l'Ecole
polytechnique et voir Paris. En 1799, il remporta
le premier prix de mathématiques à l'Ecole cen-
trale (M. Dupuy, professeur), les huit élèves qui
remportèrent le second prix furent admis à l'Ecole
polytechnique deux mois après. Le parti aristo-
crate attendait les Russes à Grenoble, ils s'écriaient :
0 Rus, quaiido ego te adspiciam !
324 ANNEXES
L'examinateur Louis Mouçic ne vint pas cette
année, tout allait à la diable à Paris.
Tous ces jeunes gens partirent pour Paris afin
de subir leur examen à l'école même. Beyle arriva
à Paris le 10 novembre 1799, le lendemain du
18 brumaire ; Napoléon venait de s'emparer du
pouvoir. Beyle était recommandé à ^L Daru,
ancien secrétaire général de l'Intendance de Lan-
guedoc, homme grave et très ferme. Beyle lui
déclara avec une force de caractère singulière pour
son âge qu'il ne voulait pas entrer à l'Ecole poly-
technique.
On fit l'expédition de Marengo ; Beyle y fut, et
M. Daru (depuis ministre de l'Empereur) le fit
nommer sous-lieutenant au 6^ régiment de dragons
en mai 1800. Il servit quelque temps comme simple
dragon. Il devint amoureux de madame A. (Angela
Pietragrua).
Il passait son temps à Milan. Ce fut le plus beau
temps de sa vie, il adorait la musique, la gloire
littéraire et estimait fort l'art de donner un bon
couj) de sabre. 11 fut blessé au pied (ruu coup de
pointe dans un «iiul. 11 fui aide-de-canij) (hi lieu-
tenant-général Mi( liiiml, il se distingua : il a un
beau certificat de ce général (entre les mains de
M. Colomb, ami intime dudit). Il était le plus heu-
reux et prol)ablemoiil !•• jtlus fou des hommes,
lorsque, à la paix, le ministre de la Guerre ordonna
que tous les aides-de-camp sous-lieutenants rentre-
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 325
raient à leurs corps. Beyle rejoignit le 6^ régiment
à Savigliano, en Piémont. Il fut malade d'ennui,
puis, blessé, obtint un congé, vint à Grenoble, fut
amoureux et, sans rien dire au ministre; suivit à
Paris AP^^ Y., qu'il aimait. I.e ministère se fâcha,
B[eyle] donna sa démission, ce qui le brouilla avec
M. Daru. Son père voulut le prendre par la famine.
B[eyle], plus fou que jamais, se mit à étudier
pour devenir un grand homme. Il voyait tous les
quinze jours Madame A. ; le reste du temps, il
vivait seul. Sa vie se passa ainsi de 1803 à 1806, ne
faisant confidence à personne de ses projets et
détestant la tyrannie de l'Empereur qui volait la
liberté à la France. M. Mante, ancien élève de
l'Ecole polytechnique, ami de Beyle, l'engagea dans
une sorte de conspiration en faveur de Moreau
(1804). Beyle travaillait douze heures par jour, il
lisait Montaigne, Shakespeare, Montesquieu, et
écrivait le jugement qu'il en portait. Je ne sais
pourquoi il détestait et méprisait les littérateurs
célèbres, en 1804, qu'il entrevoyait chez M. Daru.
Beyle fut présenté à M. l'abbé Delille. Beyle mépri-
sait Voltaire, qu'il trouvait puéril, madame de
Staël, qui lui semblait emphatique, Bossuet, qui
lui semblait de la blague sérieuse. Il adorait les
Fables de La Fontaine, Corneille et Montesquieu.
En 1804, Beyle devint amoureux de M^^*^ Mélanie
Guilbert (M"^^ de Barckoiï) et la suivit à Marseille,
après s'être brouillé avec M"^'^..., qu'il a tant aimée
Brulard II. 21.
326 ANNEXES
depuis. Ce fut une vraie passion ; M^^^ [Mélanie
Guilberl] ayant quitté le théâtre de Marseille, Beyle
revint à Paris ; son père commençait à se ruiner
et lui envoyait fort peu d'argent. Martial Daru,
sous-inspecteur aux Revues, engagea Beyle à le
suivre à l'armée, Beyle fut extrêmement contrarié
de quitter ses études.
Le 14 ou 15 octobre 1806, Beyle vit la bataille
d'Iéna, le 26 il vit Napoléon entrer à Berlin. Beyle
alla à Brunswick en qualité d'élève commissaire
des Guerres. Là, en 1808, il commença au petit
palais de Richemont (à dix minutes de Brunswick),
qu'il habitait en sa quahté d'intendant, une histoire
de la guerre de la succession en Espagne. En 1809,
il fit la campagne de Vienne, toujours comme
élèi^e commissaire des Guerres, il y eut une maladie
complète et y devint fort amoureux d'une femme
aimable et bonne, ou plutôt excellente, avec laquelle
il avait eu des relations autrefois.
B[eyle] fut nommé auditeur au Conseil d'Etat et
inspecteur du mobilier de la Couronne, par la
faveur du comte Daru.
Il fit la campagne de Russie et se distingua par
son sang-froid, il apprit à son retour que cette re-
traite avait été quelque chose de terrible. Cinq cent
cinquante mille hommes passèrent le Niémen,
cinquante mille, peut-être vingt-cinci mille le repas-
sèrent.
B[eyle] lit la campagne de Lutzen et fut intendant
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES 327
à Sagan, en Silésie, sur la Bober. L'excès de la
fatigue lui donna une fièvre qui faillit finir le drame,
et que Galle guérit très bien à Paris. En 1813,
B[eyle] fut envoyé dans la 7^ division militaire
avec un sénateur imbécile. Napoléon expliqua lon-
guement à B[eyle] ce qu'il fallait faire.
Le jour où les Bourbons rentrèrent à Paris,
B[eyle] eut l'esprit de comprendre qu'il n'y avait
plus en France que de l'humiliation pour qui avait
été à Moscou. M"^^ Beugnot lui offrit la place de
directeur de l'approvisionnement de Paris, il refusa
par dégoût des B[ourbons], alla s'établir à Milan ;
l'horreur qu'il avait pour le B[ourbon] l'emporta
sur l'amour. Il crut entrevoir de la hauteur à son
égard dans M'"^ A. Il serait ridicule de raconter
toutes les péripéties, comme disent les Italiens,
qu'il dut à cette passion. Il fit imprimer la Vie de
Haydn, Rome, Naples et Florence, en 1817, enfin,
VHistoire de la Peinture. En 1817 il revint à Paris
qui lui fit horreur, il alla voir Londres et revint à
Milan. En 1821, il perdit son père ^, qui avait
négligé ses affaires (à Claix) pour faire celles des
Bourbons (en qualité d'adjoint au maire de Gre-
noble) et s'était entièrement ruiné. En 1815,
M. B[eyle] avait fait dire à son fils (par M. Félix
Faure) qu'il lui laisserait dix mille francs de rente,
il lui laissa trois mille francs de capital. Par bon-
1. Chérubin-Joseph Bcyle mourut à Grenoble le 20 juin 1819.
328
ANNEXES
heur, B[cyle] avait 1.600 francs de rente provenant
de la dot de sa mère (M''<^ ITenriette Gagnon, morte
à Grenoble vers 1790 et qu'il a toujours adorée et
respectée). A Milan, B[eyle] avait écrit au crayon
V Amour.
B|^eyle], malheureux de toutes façons, revint à
Paris en juillet 1821. il songeait sérieusement à eu
finir, lorsqu'il crut voir que M"^*^ la C. avait du
goût pour lui. Il ne voulait pas s'embarquer sur
cette mer orageuse, il se jeta à corps perdu dans la
querelle des romantiques, fit imprimer Racine el
Shakespeare, la Vie de Rossini, les Promenades dans
Rome, etc. Il fit deux voyages en Italie, alla un
peu en Espagne jusqu'à Barcelone. Le c[limat]
d'Espagne ne permettait pas de passer plus loin.
Pendant qu'il était en Angleterre (en septembre
1820), il fut abandonné de cette dernière maîtresse,
C. : elle aimait pendant six mois, elle l'avait aimé
pendant deux ans. Il fut fort malheureux et retourna
en Italie.
En 1829, il aima G., et passa la nuit chez elle,
pour la garder, le 29 juillet. Il vit la Révolution
de 1830 de dessous les colonnes du Théâtre-Fran-
çais. Les Suisses étaient au-dessous du chapelier
Moizart. En septembre 1830, il lui. nommé consul
à Trieste, M. de .Metternich était en colère à cause de
Rome, Naples et Florence, il refusa Vexéquatur.
B[eyle] fut nommé consul à Ci\ ità-Vecchia. Il
passait la moitié de l'année à lionic. Il y perdait
DEUX NOTICES BIOGRAPHIQUES
329
son temps, littérairement parlant ; il y fit le
Chasseur vert et rassembla des nouvelles telles que
Vittorio Accoramboni, Beatrix Cenci, et huit ou dix
volumes in-folio. En mai 1836, il revint à Paris' par
un congé de M. Thiers, qui imite les boutades de
Napoléon... B[eyle] arrangea la Vie de Napïoléon]
du 9 novembre 183G à juin 1837...
(.Je n'ai pas relu les six pages qui pré-
cèdent, écrites de 4 à 6 le dimanche
30 avril, pluie abominable, à l'hôtel
Favart, place des Italiens, à Paris.)
B[eyle] a fait son épitaphe en 1821 :
Qui giace
Arrigo Beyle, Milanese
^
issE, Scrisse,
Amô
s
E
n'andiede di
iSEL 18...
anm...
Il aima Cimarosa, Shakespeare, Mozart, le Cor-
rège. Il aima passionnément V., M., A., Ange., M.,
C, et, quoiqu'il ne fût rien moins que beau, il fut
aimé beaucoup de quatre ou cinq de ces lettres
initiales.
Il respecta un seul homme : ISapoléon.
330 ANNEXES
Fin de cette notice, non relue afin de ne pas
mentir ^.
1. Cette notice porte, au dos, les Jeux titres suivants : n Xotice
biographique sur Henri Beyle, » et : « Notice sur Henri Beyle, à lire
après sa mort, non avant. » — Casimir Stryienski a ajouté dans ses
notes des réflexions de Beyle lui-même, et les dates de 1832. Ce sont
tout simplement des extraits de la Vie de Henri Brulard, écrite à la
fin de 1835 et au commencement de 1836.
IV
L'ÉTAT CIVIL
DE STENDHAL ET DE SES PARENTS
A plusieurs reprises, Stendhal manifeste l'inten-
tion, dans sa Vie de Henri Brulard, de prendre les
extraits d'état civil de ses plus proches parents.
Nous satisfaisons au pieux désir de notre auteur
en reproduisant ici les actes de naissance, de
mariage et de décès de ses grands-parents, de ses
parents et de ses sœurs.
La famille paternelle d'Henri Beyle a été l'objet
d'une excellente brochure de M. Edmond Maignien,
l'érudit conservateur de la Bibliothèque municipale
de Grenoble ; sous ce titre : La Famille de Beyle-
Stendhal, il a donné en 1889 une généalogie des
Beyle ; mais il n'a publié qu'un seul acte d'état
civil, celui de la naissance de Stendhal. Nous y
avons ajouté ceux du grand-père d'Henri Beyle,
Pierre ; de son père, Chérubin- Joseph ; de ses
sœurs, Pauline-Eléonore et Marie-Caroline-Zénaïde.
Nous n'avons pas cru devoir étendre nos recherches
à la nombreuse postérité de Pierre Beyle. Chré-
rubin- Joseph Beyle eut, en effet, deux frères et dix
332 ANNEXES
sœurs, dont voici la liste dans l'ordre chronolo-
gique ^ : Marie-Dominique, née le 7 août 1735,
mariée le 18 septembre 1769 à Benoît Charvet,
morte le G juillet 1809 ; — Pierre- Joseph, né le
13 décembre 173G; — Marie-Eléonore, née le 26 dé-
cembre 1737, rengieuse de Sainte-Claire, à Gre-
noble, morte le 20 novembre 1808 ; — Marie-
Victoire, religieuse ursuline à Vif ; — Marie-Rose,
née le 22 avril 1739, mariée le 20 janvier 1767 à
Jean Martin, entrepreneur, architecte de la Ville
de Grenoble ; — Marie-Euphrosine, née le 14 mai
1740, mariée à Pierre Clément, procureur au Parle-
ment du Dauphiné ; — Antoine- Laurent, né le
9 août 1741 ; — Marie-Françoise-Eulalie, née vers
1743, religieuse de Sainte-Cécile, à Grenoble, morte
le 23 janvier 1812 ; — Marie-Catherine, née le
ler mai 1744, morte le l<^r ^^^{ \^y1 ; — Marie-
Rosalie, née le 8 septembre 1748, religieuse de
Sainte-Cécile, à Grenoble ; — Sophie, née le 22 oc-
tobre 1749 ; — Sophie-Eléonore, née le G janvier 1752,
mariée à M. Rey, notaire à Grenoble.
Quant aux Gagnon, ils n'ont été l'objet <|ue de
recherches fragmentaires, exposées soit dans une
note de la brochure de M. Maignien, soit dans les
annexes de l'ouvrage de M. Arthur Chuquet,
Stendhal-Beyle, soit dans lune des nond^reuses
études consacrées à Stendhal. Aucun acte d'état
1. Celle lisle est exlraite de la généalogie de M. Maignien.
ÉTAT-CIVIL 333
civil n'a été publié. Nous avons réuni les actes
d'état civil des membres de la famille Gaarnon,
depuis le grand-père et la grand'tante d'Henri
Beyle jusqu'aux dix enfants de Romain Gagnon
— ceux de la génération de Stendhal. Mais —
puisqu'aussi bien il faut se borner — nous ne don-
nons que les actes de naissance des cousins-ger-
mains de Beyle, nous contentant de publier seule-
ment l'acte de décès d'Oronce Gagnon, le seul dont
il soit fait mention dans la Vie de Henri Briilard.
FAMILLE BEYLE
Le grand-père : Pierre Beyle.
Né à Grenoble, le 18 février 1699 ; — marié à Jeanne Dupéron le
14 septembre 1734 ; — décédé à Claix, le 14 novembre 1764.
1699, 19 février. Grenoble.
Baptême de Pierre Beyle.
Le dix-neuvième février 1699, j'ai baptisé Pierre,
né hier, fds de m^ Joseph Beyle, procureur au Parle-
ment de cette province, et de demoiselle Eléonor
Coffe. mariés. Le parrain a été s^" Pierre Beyle, oncle
de l'enfant, la marraine d^^^ Honorade Juliani, femme
de m^ François Coffe, aussi procureur au Parlement.
Fait en présence des soussignés avec les parties.
Beyle; Beyle; Julliani; J. Beyle; J. Oba-
nel; Coffe. C. Jacqvinot, prêtre, pour
M. le curé.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Hugues. Archives muni-
cipales de Grenoble, GG 98, fol. 69 v°.)
334 ANNEXES
1734, 14 septembre. Grenoble
Mariage de Pierre Beyle et de Jeanne Dupéron.
Le quatorze septembre mil sept cent trente-quatre,
après ime proclamation faite clans cette paroisse sans
avoir découvert aucuns empêchements canoniques ou
civils, vu la dispense des deux autres proclamations
accordées par monsieur Chalvet de Maubec, vicaire
général de ce diocèse, datée du onze de ce mois, insinuée
le même jour et an, du consentement du père de l'époux
et en présence du père de l'épouse, j'ai donné la béné-
diction nuptiale à m® Pierre Beyle, procureur au par-
lement, aides et finances de Dauphiné, fils de m® Joseph
Beyle, ancien procureur audit Parlement, et de d^*^ Eléo-
nor Coiïe, mariés, d'une part, et à d^*^ Jeanne Dupéron,
fille de s'" Pierre Dupéron, bourgeois de Grenoble, et de
d^^® Dominique Bérard, mariés, d'autre, en présence
de M'" m^ Jean-Baptiste Beyle, conseiller du roi, juge
royal et épiscopal de cette ville, de M"^ m® Joseph
Beyle-Despérouses, avocat en la Cour, de noble Antoine
Drier, conseiller du roi, secrétaire en sa Chambre des
comptes, de m® Yve Bonnefoy, procureur au bailliage,
et des autres parents, en présence des soussignés avec
les parties.
Jeanne Dupéron ; Beyle ; Dupéron ;
Beyle ; D. Bérard-Dupéron ; Beyle ;
Beyle-Despérouses ; Bonnefoy ; Drier.
Durand, prêtre, curé de Saint-Hugues.
(Extrait des rcfjistrcs de la paroisse Saint-Hugues. Arch. niun. do
Grenoble, GG 105, fol. 153.)
17C4, IC novembre. Claix.
Enterrement de Pierre Beyle.
Le seiziènie novembre 17U4, j'ai enterré dans féglisc
M'" Pierre Beyle, procureur au parlement de Dauj)hiné,
ÉTAT-CIVIL 335
âgé d'environ soixante-cinq années, mort le quator-
sième du même mois, en présence de Claude Bert et
Louis Dussert, qui n'ont signé pour ne savoir, de ce
enquis et requis.
Allemand, curé.
(Extrait des registres paroissiaux de la commune de Claix.)
Le père : Chérubin- Joseph Beyle.
Né à Grenoble, le 29 mars 1747 ; — marié à Caroline-Adélaïde-Henriette
Gagnon le 20 février 1781 ; — décédé à Grenoble, le 20 juin 1819.
1747, 30 mars. Grenoble.
Baptême de Chérubin- José pJi Beyle.
Le même jour et an [30 mars 1747], le Père Chérubin-
Joseph Beyle, prieur et religieux de Saint-François de
la Madeleine a baptisé en notre présence et de notre
consentement Chérubin- Joseph, né hier, fils de m*^ Pierre
Beyle, procureur au parlement, et de demoiselle Jeanne
Dupéron, mariés. Le parrain, s^' Joseph Beyle, son
fils ; la marraine, demoiselle Catherine Beyle, épouse
de M^ m^ Antoine Allard-Duplantier, avocat au Par-
lement, en présence de M'" m® Joseph Beyle, avocat
audit parlement, et de m^ Yves Bonnefoy, procureur
au bailliage.
Beyle ; Beyle-Duplantier ; Bonnefoy ;
Beyle-Despérouses ; Duchon ; Fran-
çoise Bonnefoy ; Beyle-Bonnefoy ;
J. Beyle, cordelier ; Dupéron-Drier.
Durand, curé de Saint-Hugues.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Hugues. Arcli. mun. de
Grenoble, GG 107, fol. 102.)
336 ANNEXES
1781, 20 février. Grenoble.
Mariage de Chérubin-Joseph Beijle et de Caroline- Adé-
laïde-Henriette Gagnon.
Le vingtième février mil sept cent quatre-vingt-un,
après une proclamation faite dans cette ])aroisse et
dans celle de Saint-Hugues, les parties ayant obtenu
dispense des deux autres publications de Monseigneur
l'évêque et prince de Grenoble sous la signature de
M'" Pison, vicaire général, sans avoir découvert aucun
empêchement canonique ou civil, ainsi qu'il conste
par la remise du s"" Hélie, curé de Saint-Hugues, j'ai
imparti la jjénédiction nuptiale à M^ m^ (".hérubin-
Joseph Beyle, avocat au parlement, fils légitime de
feu m^ Pierre Beyle. jirocureur au ])arlemenl. et de
dame Jeanne Dupéron, ici présente et consentante,
habitant de la paroisse de Saint-Hugues, dune part,
et à demoiselle Caroline-Adélaïde-Henriette Gagnon,
fille légitime de M"" m® Henri Gagnon, docteur en méde-
cine, ici présent et consentant, et de défunte dame Thé-
rèse-Félise Rey, habitante de cette paroisse, d'autre
part, en présence de noble Pierre Beyle, ancien capi-
taine des grenadiers au régiment de Soissonnais, de
noble Charles Drier, avocat du roi au bailliage de Graisi-
vaudan, de noble Alexis Pison, avocat consistorial en
ce j)arlement, et de m'^ Claude-Isaac Mallein-Larivoirc,
procureur audit bailliage, tous témoins reijuis et signés
avec les parties.
Bkvle ; Henriette Gag.non ; Gagnon ; Du-
PTHON-Bi-Vi-K ; Bf.vi.i-: ; Diukm ; IMsoN
lils ; .Mai.i.kin-Lauivoihk ; Hiv. Sauin,
curé.
(Extrait ili-s rcgiotrr.'» (1<- hi (lariiisse Saint-Luui». Anli. niuii. de
Gn.noblp, (j(j 187, fol. 257 v".)
ÉTAT-CIVIL 337
181'.», 21 juin. Grcnoblo.
Acte de décès de Chérubin-Joseph Beyle.
Le vingt-un juin mil huit cent dix-neuf, pardevant
nous, maire susdit, acte de décès de M. Chérubin-
Joseph Beyle, chevalier de l'ordre royal de la Légion
d'honneur, ancien avocat, veuf de d^ Marie-Henriette-
Adélaïde Gagnon, décédé hier, à onze heures du soir,
dans son domicile, rue Neuve, Agé d'environ soixante
et douze ans, natif de Grenoble, fds de feu M. Pierre
Beyle et de défunte à^ Jeanne Dupéron, mariés. Après
nous être assuré dudit décès et le présent acte étant
dressé, nous en avons fait lecture aux déclarants ci-
après : ^L Joseph-Marie Apprin, négociant, et M. An-
toine-Jules Mallein, avocat, majeurs et domiciliés à
Grenoble, qui ont signé avec nous.
J. Malleix ; Apprin. Rover-Deloche.
(Extrait des registres d'état-civil de la Ville de Grenoble.)
Les enfants : L ^L\rie-Henri Beyle (Stendhal).
Né à Grenoble, le 23 janvier 1783 ; — décédé à Paris, le 23 mars 1842.
1783, 24 janvier. Grenoble.
Baptême de Marie-Henri Beyle.
Le 24 janvier mil sept cent quatre-vingt-trois, j'ai
baptisé Marie-Henri, né hier, fds légitime de noble
Chérubin- Joseph Beyle, avocat au Parlement, et de
dame Caroline-Adélaïde-Henriette Gagnon. A été par-
rain : Monsieur Henri Gagnon, médecin en cette ville,
aïeul paternel de l'enfant ; marraine : dame Marie
Piabit, veuve de noble Jean-Baptiste Beyle, vivant
Brul.^rd II. 22
338
ANNEXES
juge royal de cette ville, lesquels ont signé avec le père
et les témoins.
Beylh ; Gagno.n ; Rabv-Beyle ; Bcyle ;
Gautier ; Drier ; Mallein Louis ; Ro-
main Mallei.n. Peyrin, premier vicaire
de Saint-Hugues.
(Extrait dos rejnstres de la paroisse de Sainl-IIugues. Arch. mun. de
Grenoble, GG 11:2, fol. 380 v».j
1842, 23 mars. Paris.
Décès de Marie-Henri Beyle.
PRÉFECTURE DV DÉPARTEMENT DE L.V SEINE
V1LM-: DE TARIS
(Extrait du rej;islre dos actes de décès de l'année 1842, i'''' arron-
dissement.)
Du vingt-trois mars mil huit cent quarante-deux, à
dix heures du matin.
Acte de décès de sieur Henri-Marie Beyle, consul de
France à Civita-N'eccia ^, âgé de cinquante-neuf ans,
chevalier de la Légion d'honneur, célibataire, né à
Grenoble (Isère) et décédé à Paris, en son domicile, rue
Neuve des Petits Champs, n° 78, cejourd'hui, à deux
heures du matin.
Constaté par nous, maire, ollicier de létat civil du
premier arrondissement de Paris, sur la déclaration des
sieurs .Joseph- Romain Colomb, propriétaire, âgé de
cirujuante-scpt ans, demeurant rue Notre-Dame de
Grâce, n" 3, Durand Cayrol, concierge, âgé de vingt-
quatre ans, demeurant rue Neuve des Petits Champs,
n° 78, lesquels ont signé avec nous après lecture faite.
(Signé :) R. Colo.mu, Cayrol et Marbeau.
1. Sic.
ÉTAT-CIVIL 339
Pour copie conforme :
Paris, le 29 mars 1842.
Le Maire :
(Signé :) Marbeau. '
Expédié et collationné •
Signé : Poletnich.
Admis par la Commiss'on (loi du 12 février 1872). Le membre de
la Commission (signé :) E. Lorget.
Vu pour collation.
L'Archiviste de la Seine,
M...
Copie d'un extrait authentique déposé chez un notaire (Etude
autorisée Poletnich, aujourd'hui Kastler).
»
2. Pauline-Eléonore Beyle,
Née à Grenoble, le 21 mars 1786 ; — mariée à François-Daniel Périer
le 25 mai 1808 ; — décédée à Grenoble, le 7 juin 1857.
1786 22 mars. Grenoble.
Baptême de Pauline- EU onore Beyle.
Le même jour [22 mars 1786] j'ai baptisé Pauline-
Eléonore Beyle, née hier, fille légitime de noble Ché-
rubin-Joseph Beyle, avocat au parlement, et de dame
Caroline-Adélaïde-Henriette Gagnon. A été parrain :
noble Félix-Romain Gagnon, aussi avocat audit par-
lement ; marraine : dame Marie-Dominique Beyle,
veuve Charvet, oncle et tante de l'enfant, lesquels ont
signé avec le père et les témoins.
Beyle ; Gagnon : Drier ; Gagnon ; Beyle-
Ch.\rvet ; RoMAGNiER. Peyrin, premier
vicaire de Saint-Hugues.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Hugues. Arcli. mun. de
Grenoble, GG 113, loi. 179.)
o4
0 ANNEXES
"1808, 2ô mai. Grenoblo.
Mariage fie Pauluie-Elvonore Beijle
et Je François-Daniel Pcrier.
Le vingt-cinq mai mil huit cent huit, pardevant le
maire susdit, sont comparus en la Mairie pour con-
tracter mariage M. François-Daniel Périer, proprié-
taire, né à Grenoble le vingt-trois février mil sept cent
soixante-et-seize, y domicilié, place Grenette, lils
majeur de feu M. François Périer, ancien négociant,
habitant en cette ville, et de vivante d^ Marie-Louise
Lagier, mariés, d'une part ; et d^^^ Pauline-Eléonore
Beyle, née à Grenoble le vingt-un mars mil sept cent
quatre-vingt-six, y domiciliée, même place, fille majeure
de M. Chérubin- Joseph Beyle, ancien jurisconsulte,
habitant en cette ville, et de défunte d"^ Caroline-Adé-
laïde-IIenriette Gagnon. mariés, d'autre part. L'époux
futur nous a remis l'extrait de son acte tle naissance,
celui de décès de M. son père, et agit du consentement
de Madame sa mère, ici présente. L'épouse future
nous a de même remis l'extrait de son acte de naissance
et procède aussi du consentement de M. son père,
également ici présent. Lecture faite desdites pièces,
ainsi que du présent acte, du chapitre six, titre cinq, du
Code Napoléon, et des publications de leur promesse
de mariage, des quinze et vingt-deux du courant,
publiées et aflichées, conforniéinent à la loi, sans (piil
y ait eu opposition ni empêchement, lesdits époux
futurs ont déclaré à haute voix se prendre en mariage.
D'après cette déclaration, nous. Maire susdit, avons
Itronoucé, au nom de la loi. (jue lesdits M. 1-rançois-
Daniel Périer et d'''-' Paulinc-I'^léonore Beyle sont unis
en mariage, en présence de MM. Félix-Romain Gagnon,
maire de la commune des Echelles, oncle de l'épouse,
I-iOuis-Ilenri Tivolier, résidant à Voiron, ,Jean-.Joafhini-
Alexandre Bolut, inspecteur de la Loterie inqxiialc,
beau-frère de l'époux, et François-Alexis Pison-Duga-
ÉTAT-CIVIL 341
land, proprif'Iaire, ces deux derniers domicilies à Gre-
nolde, t us majeurs. Les époux, la mère de l'époux, le
père de l'épouse et les témoins ont signé avec nous.
F. Périer ; Pauline Beyi.e ; Lagier, veuve
Périer ; Bevle ; Gagnon ; Gagnox ;
L^ H' TiVOLLIER ; PiSOX-DvGALAXD ;
Beyle-Charvet ; Botut : Botut, née
Périer ; Pascal Malleix ; Poulet-Ga-
GNON ; Antoinette Périer ; Périer, veuve
Charvet ; TiVOLLIER ; Allard-Duplax-
tier ; Mallein ; Alphonse Périer ; Hé-
bert ; Barthélémy ; Savoye. Rexaul-
DOX.
(Extrait des registres de l'élat-civil de la Ville de Grenoble.)
1857, 8 juin. Grenoble.
Acte de décès de Pauline-Eléonorc Beyle.
Le huit juin mil huit cent cinquante-sept, à deux
heures du soir, pardevant nous, Louis-Pierre-Antoine
Reynaud, adjoint au maire de Grenoble, remplissant
les fonctions d'ofhcier de l'état-civil, sont comparus
MM. Alexandre Mallein, ancien directeur des Contri-
butions directes, âgé de soixante-seize ans, et Alexis
Chambon, ébéniste, âgé de quarante-quatre ans, domi-
ciliés à Grenoble, lesquels nous ont déclaré que dame
Pauline-EIéonore Beyle, rentière, âgée de soixante-
onze ans, veuve de monsieur François-Daniel Périer,
native de Grenoble, y domiciliée, rue Neuve-des-Péni-
tents, 18, fille de feu Chérubin-Joseph Beyle et de
défunte dame Caroline- Adélaïde- Henriette Gagnon,
mariés, est décédée hier, à onze heures du matin, dans
son domicile. Nous étant assure du décès, nous avons
BUULARD n. 22.
342 ANNEXES
rédigé le présent acte, que les déclarants ont signé
avec nous après lecture faite.
MaLLKIN ; ClIAMBON. Reynaid.
(Extrait des registres de rétat-civil du la Ville de Grenoble.)
3. Marie-Zénaïde-Caroline Beyle,
Née à Grenoble, le 10 octobre 1788 ; — mariée à Alexandre-Charles
JlalJein, le 30 mai 1815 ; — décédée à Grenoble, le 28 septembre 1866.
1788, 10 octobre. Grenoble.
Baptême de Marle-Zénaïde-Carolme Beyle.
Le même jour [10 octobre 1788] j'ai baptisé Marie-
Zénaïde-Caroline, née cejourd'hui, fdle légitime de
noble Chérubin-Joseph Beyle. avocat au Parlement,
et de dame Maiic-l lenriette-Adéiaïde Gagnon. A été
parrain : s^ Marie-Henri Beyle, frère de l'enfant ;
marraine : d'^*^ Elisabeth Gagnon, grand'tante aussi
de l'enfant, lesquels ont signé avec le père et les témoins
requis.
Beylk ; Henri Beyle ; Elisabeth Gagnon ;
Gagnon ; Félix Gagnon. Peyrin, pre-
mier vicaire de Saint-Hugues.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-IIugucs. Arch. niun. de
Grenoble, GG 113, fol. 3C9 v".)
1815, 30 mai. Gn'iioble.
Mariage de Marie-Zt'naïde-Crirotine Beyle
el de Ale.ranilre-Charles Malleiu.
I,c Irenfe mai mil huit cent (piinze, jiiirdevant nous
maire susdit, sont comparus en la nutirie pour con-
tracter mariage M. Alexandre-(>haries .\hillcin. contrô-
leur des (Contributions, né à (jren«ible le dix-neuf no-
ÉTAT-CIVIL 343
vcmbre mil sept cent quatre-vingt, y domicilia, fils
majeur de M. .Jean-Baptiste-Abraham Mallein, con-
seiller en la Cour impériale de Grenoble, chevalier de
la Légion d'honneur, et de d*^ Marie-Louise-Jvdie
Pascal, mariés, d'une part ; et d^^^ Marie-Zénaïde-Caro-
line Beyle, née à Grenoble le dix octobre mil sept cent
quatre-vingt-huit, y domiciliée, place Grenette, fille
majeure de M. Chérubin-Joseph Beyle, propriétaire,
habitant en cette ville, et de défunte Marie-Henriette-
Adélaïde Gagnon, mariés, d'autre part. L'époux futur
nous a remis l'extrait de son acte de naissance et agit
du consentement de ses père et mère, ici présents.
L'épouse fviture nous a de même remis l'extrait de son
acte de naissance et procède du consentement de son
père, également ici présent. Lecture faite desdites
pièces, ainsi que du présent acte, du chapitre six titre
cinq du Code civil et de la publication de leur promesse
de mariage, du vingt-un du courant, publiée et affichée,
conformément à la loi, sans qu'il y ait eu opposition
ni empêchement, dispense de la seconde ayant été
accordée par M le procureur impérial près le Tribunal
civil de l'arrondissement de Grenoble, lesdits époux
futurs ont déclaré à haute voix se prendre en mariage.
D'après cette déclaration, nous, maire susdit, avons
prononcé au nom de la loi que lesdits M. Alexandre-
Charles Mallein et d^^^ Marie-Zénaïde- Caroline Beyle
sont unis en mariage, en présence de MM. Romain
Mallein, procureur impérial près le Tribunal civil,
oncle de l'époux, Alphonse Périer, banquier, cousin de
l'époux, Jules Mallein, avocat à la Cour impériale,
cousin de l'époux, et Melchior Mallein, capitaine de la
garde nationale mobile du département de l'Isère,
frère de l'époux, tous majeurs et domiciliés à Grenoble.
Les époux, les père et mère de l'époux, le père de l'épouse
et les témoins ont signé avec nous.
Mallein ; Zénaïde Beyle ; Mallein, con-
seiller ; Mallein, née Pascal ; Beyle ;
314 ANNEXES
Romain Mallein ; Alphonse Périer ;
M^"" Mallein ; J. Mallein ; Mallein ;
l'anline Périer-Lagrange. Giroud.
(Extrait des registres d'élat-i-ivil de la Ville de Grenoble.)
ISOG, 2S septembre. Grenoble.
Décès de Marie-Zénaîde-Caroline Beijle.
Le vingt-huit septembre mil huit cent soixante-six,
à une heure du soir, pardevant nous, Joseph Juvin,
adjoint au maire de Grenoble, déléffué pour rempHr
les fonctions d'officier de l'état-civil, sont comparus
MM. Casimir Hi^nllioti. conseiller à la Cour impériale,
chevalier de la Lt-i^iun d'honneur, âgé de soixante ans,
et Jules-Casimir Mallein. avocat, âgé de trente ans,
domiciliés à (jrenoble, lesquels nous ont déclaré que
dame Marie-Zénaïde-Caroline Beyle, rentière, âgée
d'environ soixante-dix-huit ans, veuve de M. Alexandre-
(Jiarles Mallein, nati\e de Grenoble, y domiciliée, rue
Saint-Vincent-de-Paul, G, fdle de feu Chérubin-Joseph
et de défunte dame Marie-IIenrielte-Adélaïde Gagnon,
mariés, est décédée ce matin, à onze heures, dans son
domicile. Nous étant assuré de ce décès, nous avons
rédigé le présent acte, que les déclarants, le premier
gendre et le second cousin par alliance de la défunte,
ont signé avec nous après lecture faite.
BiGiLLiON, C. ; J. Mallein. .1. Juvin.
(Extrait des registres de l'état-civil de la \'ille de Crrnoble.)
ÉTAT-CIVIL 345
FAMILLE GAGNON
La grand'tante : Elisabeth Gagnox.
Née à GionoLlc, le 30 octobre 1721 ; — décédéc à Grenoble,
le G avril 1808.
1721, 30 octobre. Grenoble.
Boptême d' Elisabeth Gagnon.
Le trente octobre mil sept cent vingl-et-un, a été
baptisée Elisabeth, fille du sieur Antoine Gagnon,
chirurgien juré, et de demoiselle Elisabeth Senterre,
sa femme, ses père et mère, née du même jour. Le par-
rain : sieur Joseph Senterre, marchand ; la marraine :
-Marie-Thérèse Senterre, femme du sieur Pouquier (sic),
marchand, qui ont signé avec les soussignés.
Gagnon ; Senterre ; Senterre-Bourquy ;
G. Gagnon ; Elisabeth Molard. Pegault,
vicaire.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Louis. Arcli. niuii. de
Grenoble, GG 180, fol. 289.)
1808, 7 avril. Grenoble.
Acte de décès d' Elisabeth Gagnon.
Le sept avril mil huit cent huit, pardevant le maire
susdit, acte de décès de demoiselle Elisabeth Gagnon,
célibataire, décédée hier, à deux heures du soir, dans
son domicile, Grande-rue, âgée d'environ quatre-vingt-
sept ans. native de Grenoble, fdle de feu ^L Antoine
Gagnon et de défunte dame Elisabeth Senterre,
mariés. Après nous être assuré dudit décès et dressé
346 ANNEXES
le présent acte, nous en avons fait lecture aux décla-
rants ci-après : MM. Félix Gagnon. maire de la commune
des Echelles, neveu de la défunte, et Chérubin-Joseph
Beyle. avocat, domiciliés à Grenoble, majeurs, qui ont
signé avec nous.
Gagnon ; Bf.yle. Renavldon.
(Extrait des registres de l'état-civil de la Vilie de Grenoble.)
Le grand-père : Henri Gagnon.
Ké à Grenoble, le 6 octobre 1728 ; — marié à Tliérèse-Félise Rcy, le
9 décembre 1756 ; — décédé à Grenoble, le 20 septembre 1813.
1728, i'j octobre. Grenoble.
Baptême de Henri Gagnon.
Le sixième octobre mil sept cent vingt -huit, a été
baptisé Henri, né le même jour, fils naturel et légitime
de s"^ Antoine Gagnon, chirurgien-major de l'arsenal de
Grenoble, et demoiselle Elisabeth Senterre. Le parrain
a été m^ Henri Lemaistre. procureur au parlement de
cette province, la marraine demoiselle Elisabeth Cha-
boud. épouse de s"^ Antoine Robert, marchand de cette
ville, en présence des soussignés.
Gagno.n ; Lemaistre : Tarpant ; Chadoud-
RoBERT ; .L Gagnon: Robert. Depeti-
ciiET, vicaire.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Louis. Ardi. inun. de
Grenoble, GG 181. fol. 228.J
1750, 9 décembre. Grenoble»
Mariage de Henri Gagnon vt de TJiérèse-F élise Reij.
Ce neu\ième décembn- mil sept cent ciurpianle-six,
après une [)roclamati(jn faite dans cette paroisse sans
ETAT-CIVIL
347
avoir découvert aucun empêchement canoni(jue ni
civil, les parties ayant obtenu dispense des deux autres
proclamations et du temps prohibé de Monseigneur
l'évêque et prince de Grenoble en date du septième, du
courant, dûment insinuée et contrôlée, aussi du se]>-
tième du courant, signée Romain Couppier, j'ai imparti
la bénédiction nuptiale à s"" Henri Gagnon, docteur en
médecine et agrégé au collège de Grenoble, fils à feu
s^ Antoine Gagnon, vivant m^ chirurgien juré en cette
ville, et à défunte demoiselle Elisabeth Senterre,
mariés, d'une part; et à demoiselle Thérèse-Félise Rey,
fdle à feu s^ Ennemond Rey, bourgeois à Montbonnot,
et à demoiselle Françoise Pupin, mariés, présente et
consentante, autorisée de M^ Claude Borel, procureur
en la Cour, son curateur, présent et consentant, d'autre,
en présence de s^'^ Alexandre et Charles Pupin, oncles
de l'épouse, de m^ Henri Lemaistre, procureur au
parlement de Grenoble, de M^" m^ Joseph- Antoine
Lemaistre, avocat consistorial au même parlement,
de m^ Jean Mallein, procureur au bailliage, beau-père
de l'épouse, témoins requis et signés avec les parties.
Gagxox ; Rey ; Pupix-Malleix ; Mal-
LEix ; Pupix ; Lemaistre ; Borel ; Le-
maistre fils ; ^L\LLEIX fils. Beylié, curé.
(Extrait des rogisU'es de la paroisse Salnl-Louis. Arcli. inun. do
Grenoble, GG 184^ fol. 422.)
1813, 21 septembre. Grenoble.
Acte de décès de Henri Gagnon.
Le vingt-un septembre mil huit cent treize, pardevant
nous, maire susdit, acte de décès de M. Henri Gagnon,
docteur en médecine, doyen du collège de médecine de
Grenoble, veuf de d® Thérèse-Félise Rey, décédé hier,
à quatre heures du soir, dans son domicile. Grande-rue,
34
8 ANNEXES
âgé d'environ quatre-vingt-cinq ans, natif de Gre-
noble, fils de feu M"^ xVntoine Gagnon et de défunte
d^ Elisabeth Senterre, mariés. Après nous être assuré
dudit décès et le présent acte étant dressé, nous en
avons fait lecture aux déclarants ci-après : s^ Alexis-
François-^ incent Fagot, secrétaire en chef de cette
mairie, et s^" Jean-Antoine Bron, commis, majeurs et
domiciliés à Grenoble, qui ont signé avec nous.
Fagot ; Bron. Renauldo.n.
(Extrait des registres de l'état-civil dp la ^"il!(■ de Grenoble.)
La mère : IIenriette-Adélaïde-Ciiarlotte Gagno.n.
Née à Grenoble, le 2 octobre 1757 ; — mariée à Josepli-Chérubin Beyli-,
le 20 février 1781 ; — dccédéc à Grenoble, le 23 no\eiubie 1790.
1737, 2 octobn-. Grenoble.
Baptême de llenriette-Adélaïde-Charlotte Gagnon.
Ce deuxième octobre mil sept cent cinquante-sept,
j'ai baptisé llenriette-Adélaïde-Charlotte, née cejour-
dhiii. liile légitime à M"" m^ Henri Gagnon. docteur en
médecine, auréfjé au collège de Grenoble, et à dame
Thérèse- Félise Key, mariés. Le parrain a été s'" Charles
Pupin, bourgeois ; la marraine a été demoiselle Elisa-
beth Gagnon, tante de l'enfant, en présence des soussi-
gnés avec les parties.
Gagno.n ; Pupin ; Elisabeth Gagnon ; Gas-
TiNEL ; Belluard ; Pupin ; Disdier ;
Lemaistre ; Bei.i.uard ; Bartei.lon le
cadet. Bevlié, curé.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Louis. Arcli. iiiiiii. de
Grenoble, GG 185, fol. 'iC.)
ÉTAT-CIVIL 349
1790, 24 novembre. Grenoble.
Enterrement de Henriette Gagnon.
Le vingt-quatrième novembre 1790, j'ai donné Aa
sépulture à Caroline-Adélaïde-Charlotte Gagnon, épouse
de M'^ Chérubin- Joseph Beyie, avocat, laquelle décédée
hier, âsfée d'environ trente-deux ans. Témoins : Claude
Charavel et Claude Pariou, domestiques de l'église et
illettrés.
Pevrin, premier vicaire de Saint-Hugues.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Hugues. Arch. mun. de
Grenoble, GG 114, fol. 153 v».)
L'oncle : Félix-Romain Gagxox.
Né à Grenoble, le 17 décembre 1758 ; — marié à Camille-Cécile Poncet,
le 4 janvier 1790 ; — décédé à Grenoble, le 29 janvier 1830.
1758, 17 décembre. Grenoble.
Baptême de Félix-Romain Gagnon.
Ce dix-septième décembre mil sept cent cinquante-
huit, j'ai baptisé Félix-Romain, né cejourd'hui, fds
légitime à s^' Henri Gagnon, docteur en médecine,
agrégé au collège de médecine de Grenoble, et à dame
Thérèse- Félise Rey, mariés. Le parrain a été s'^ Romain
Senterre, négociant à Lyon ; la marraine a été demoi-
selle Françoise Pupin, épouse de m® Jean Mallein,
procureur au bailliage de Graisivaudan, en présence
des soussignés.
Gagnon ; Senterre ; Pupin-Mallein ; Gi-
roud-Lemaistre ; Elisabeth Gagnon ;
DuBOYS ; Lemaistre ; Mallein. Beylié,
curé.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Louis. Arch. mun. de
Grenoble, GG 185, fol. 115.)
350 ANNEXES
1790, 4 janvier. Les Eclicllcs (Savoie).
Mariage de Félix-Romain Gagnon et de Cécile-Camille
Poncel.
Le quatre janvier mil sept cent qiiatre-vinpt-dix.
ensuite d'une jtroclaniation faite en dues formes, dans
cette église et dans l'église paroissiale de Saint-LouLs
de la ville de Grenoble, comme il en conste par le certi-
ficat de révérend Sadin, curé, en date du deux du cou-
rant, dûment légalisé ledit jour à l'évêché de Grenoble,
signé Courtois-Minut, plus bas par monseigneur : Gigard.
vu les dispenses de deux bans, du temps prohibé, de
l'heure et de l'interstice accordées par monseigneur
l'évêque de Grenoble, signé Brochier, vicaire général,
de mandata Gigard, en date du trente-un décembre
dernier, dûment contnjlé dudit jour par monseigneur
Michel Conseil, premier évêque de Chambéry, en date
du second du courant, signées par Sa Grandeur, n'ayant
découvert aucun em])èchenient et du consentement des
parents, ont reçu la bénédiction nuptiale des mains de
monsieur Bonne, vicaire général du diocèse de Saint-
Flour, en ma présence et de mon consentement, noble
Félix-Romain Gagnon, avocat au parlement de Dau-
phiné, fils légitime de noble Henri Gagnon, docteur en
médecine, agrégé au collège de Grenoble, et de défunte
(.lame Thérèse-Félise Rey, mariés, natif et habitant de
la ville de Grenoble, d une part, et demoiselle Cécile-
Camille Poncel, fille légitime de noble Claude Poncet,
avocat au ])arlement de Paris, et de dame Foy l^oime,
mariés, native et habitante de cette paroisse, d'autre
part. (Jnt été présents noble Henri Gagnon. père de
l'époux, dame Boime, mère de l'épouse, imlilc Jean-
Baptiste Malltiti. avocat consisturial au parlement de
Daupliiné. noble Chérubin-. losepli Beyle, avocat consis-
torial audit jtarlenifnl de Grenoble, y résidants, sieurs
ÉTAT-CIVIL 351
André et Antoine Bonne, oncles de l'ûpouse, habitants
de cette paroisse, et autres témoins soussignés.
Laurens, curé.
(Extrait dos registres paroissiaux des Echelles, 1790, 11° 1.)
1830, 30 janvier. Grenoble.
Acte de décès de Félix-Romain Gagiwn.
Le trente janvier mil huit cent trente, à dix heures
du matin, pardevant nous, adjoint susdit, acte de décès
de M. Félix-Romain Gagnon, propriétaire, marié à
d^ Camille-Cécile Poncet, décédé hier, à cinq heures
du soir, dans son domicile, place Grenette, âgé d'environ
soixante-onze ans, natif de Grenoble, fils de feu M. Henri
Gagnon, docteur en médecine, et de défunte d^ Félise
Rey. Après nous être assuré dudit décès, et le présent
acte étant rédigé, nous en avons fait lecture aux décla-
rants ci-après : MM. Joseph-Adolphe Blanchet, avocat,
âgé de trente ans, et Félix- Albert Blanchet, négociant,
âgé de vingt-un ans, domiciliés à Grenoble, qui ont
signé avec nous.
Ad. Blanchet ; Albert Blanchet. A. Mou-
LEZIN.
(Extrait des registres de l'état-tivil de la Ville de Grenoble.)
La tante : Marie-Françoise-Séraphie Gagnon.
Née à Grenoble, le 21 septembre 1760 ; — décédée à Grenoble le
9 janvier 1797.
17r)0, 22 septembre. Grenoble.
Baptême de Marie-Françoise-Séraphie Gagnon.
Le vingt-deuxième septembre mil sept cent soixante,
j'ai baptisé Marie-Françoise-Séraphie. née le jour pré-
352 ANNEXES
cèdent, fille légitime do sieur Henri Gagnon, docteur
en médecine, et de dame Thérèse-Félise Rey, mariés.
Le parrain a été sieur Antoine Barlellon, bourgeois,
et la marraine demoiselle Marie Didier, bourgeoise à
Saint-Laurent de cette ville, présents les soussignés
avec le parrain et la marraine, le père absent.
Bartellon le cadet ; Disdier ; Lkmaistre ;
Gagnon ; Bartellon ; Rlbichon. Mo-
rand, vicaire.
(Extrait des registres de la paroisse Saint-Louis. Arch. mun. de
Grenoble, GG tS5, fol. 240.)
1797, 10 janvier. Grenoble.
Acte de décès de Marie-Françoise-Séraphie Gagnon.
Le même jour [21 nivôse an l\], pardevant nous,
odicier public susdit, sont comparus en la maison com-
mune Jean Colomb et Louis Romagnicr, tous deux
majeurs et anciens négociants, domiciliés à Grenoble,
Grande-rue. lesquels nous ont déclaré que Marie-Fran-
çoise-Séraphie Gagnon, fille du citoyen Gagnon,
médecin, est décédée hier, à dix heures du soir, dans le
domicile de son père, Grande-rue, âgée d'environ trente-
six ans, de laquelle déclaration et décès, après nous eu
être assuré, nous avons dressé le présent acte, que les
déclarants ont signé avec nous.
('oLOMB : IloM VGNir.n. r.HiMiNAnr., ollicier
public.
(E.xtrait des registres de l'état-cisil de la \'ille de Cirenoblc.)
ÉTAT-CIVIL 353
Les cousins et cousines : 1. Henriette G.vgnon.
Née aux Echelles (Savoie), le 6 juillet 1790.
1790, G juillet. Lrs Echelles.
Baptême de Henriette Gagnon.
Le six juillet mil sept cent quatre-vingt et dix, à
deux heures du matin, est née et aussitôt a été baptisée
jeiie Henriette Gagnon, fille de Félix-Romain Gagnon,
avocat au parlement de Grenoble, et de demoiselle
Cécile-Camille Poncet, mariés, de cette paroisse. Le
parrain a été s'^ Henri Gagnon, grand-père de l'enfant,
médecin et secrétaire perpétuel de l'Académie des
Sciences et de Belles-lettres de Grenoble et représenté
par Joseph Pellet, clerc de ladite paroisse. La marraine
a été d^i^s Thérèse Maistre.
Laroche, vicaire.
(Extrait des registres paroissiaux des Echelles, 1790, n"^ ôO.)
2, Marie-Félise Gagnon.
Née aux Echelles (Savoie), le 13 juin 1791.
1791, IG juin. Les Echelles.
Baptême de Marie-Félise Gagnon.
Le seize juin mil sept cent quatre-vingt-onze, à dix
heures et demie du soir, ont été suppléées les cérémonies
de baptême à d^He Marie-Félise Gagnon, fdle de noble
Félix-Romain Gagnon, avocat au parlement de Gre-
noble, et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, de
cette paroisse, par messire Bonne, vicaire générai du
diocèse de Saint-Flour, oncle de l'enfant, née le treize
de ce mois, à trois heures et demie, et que je soussigné,
curé, ai baptisée à quatre heures dudit jour treize. Le
Brulard II. 23
354 ANNEXES
parrain a ("It' noble Henri Ga^rnon. tlocleur en médecine,
açrrénré an coUèse de Grenoble, aïeul de l'enfant, et
dame Foy Bonne, son aïeule, a t'ii- la marraine.
Laurens, curé.
(Extrait dos registres paroissiaux des Eeliclles, 1701, n" 32.)
3. ANDRÉ-Fl':i.IX-IIl.NRI-GAt:TAN GaGNON.
Né aux Lclielles (.""avoie;, le 10 janvier 1793.
171.3, 11 février. Les Echelles.
Baptême de Andri:-lélix-Henri- Gaétan Cagnon.
Le onze février mil sept cent quatre-vingl-lreize, à
midi, j'ai suppléé les cérémonies après le baptême à
André-Félix-lIenri-Gaëtan, iils de sieur Félix-Romain
Gagnon, docteur ès-droits, et de dame Cécile-Camille
Poncet. mariés, de ce bourg, lequel enfant est né le
dix-neuf janvier dernier, à huit heures du matin, et a
été baptisé le même jour, entre une heure et midi. Le
parrain a été s"" André Bonne, oncle de l'enfant, et
jeiie Elisabeth Gagnon, sa tante, a été la marraine.
Lalrens, curé,
Extr.-iit ili,-- re-i-tn-. |>.iruissiaiix des Echelles, 1793, n" lô.)
4. A.mélie-Lvcie-Françoise Gagnon.
Née aux Echelles (Savoie), le 24 novembre 1794.
17 '., 2'» novembre — 179C, 30 septembre. Les Echelles.
Puissance et baptême de Amélie- Lucie-Françoise Gagnon.
Le vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-
vingt-quatorze, entre sept et huit heures iIn matin,
est née .\iiiélie-I.ucic-Iranf;oisc Gagnon. lillc df M. lé-
ÉTAT-CIVIL 355
lix-Roniaiu Ga^non. docteur ès-droils, et de dame
C(!'cile-Ca mille Ponce I, mariés.
(Cette note est suU'ie 6?'?//?. renvoi au 30 septembre 1796,
où se trouve l'acte suivant :)
Le trente septembre mil sept cent qnatre-vingt et
seize, après la célébration de la messe, dans notre cha-
pelle domestique, érigée dans le bourg des Echelles
pour l'exercice du culte catholique à défaut d'église
paroissiale, je soussigné ai suppléé les cérémonies dn
baptême à Amélie-Lucie Gagnon. fille de M. maître
Félix-Romain Gagnon et de dame Camille-Cécile
Poncet, mariés, dudit bourg des Echelles, laquelle
enfant est née le vingt-c{uatre novembre mil sept cent
quatre-vingt-quatorze, entre sept et huit heures du
matin, ondoyée validement le surlendemain, à sept
heures du soir, par s'^ François Chavasse-Bélissard,
dont la capacité et les bonnes mœurs sont connues et
attestées. Le parrain a été s^ Joseph Blanchet, repré-
senté par s^ Antoine Bonne, et d^^^^ Marie Poncet,
représentée par dame Marie-Lucie Giroud, a été la
marraine.
Laurexs, curé.
(Exilait des registres paroissiaux des Eclielles.)
5. Joseph-Oronce Gagxon.
Né aux Eclielles (Savoie), le 24 novembre 179C ; — décédé à Grenoble,
le 24 avril 1883.
1796, 24 novembre. Les Eclicll<3S.
Baptême de J oseph-Oronce Gagnon.
Le vingt-quatre novembre mil sept cent quatre-vingt
et seize, à une heure du matin, est né et le même jour,
à six heures du soir, dans une chapelle domestique
érigée dans le bourg des Echelles, en Savoie, pour
356
ANNEXES
l'exercice du culte catholique à défaut de l'église
paroissiale, je soussigné ai administré le baptême avec
les cérémonies qui le précèdent jusqu'au Saint-Chresme,
exclusivement, à Joseph-Oronce Gagnon. fds de M. maî-
tre Félix-Romain Gagnon, docteur ès-droits, et de
dame Cécile-Camille Puncet, mariés, dudit bours des
Echelles, en Savoie, et le trois janvier suivant, à six
heures et demie du soir, j'ai sup[)léé les cérémonies
subsé([uentes au baptême dudit enfant, entre les mains
de s"" Josej.h Bonne et de à.^^"^^ ^'irginie-Félicité Giroud.
Laurens, curé.
(Extrait des rejristrcs paroissiaux des Ecliclles).
1883, 2't avril. Grenoble.
Acte de décès de JosepJi-Oronce Gagnon.
Le vingt-quatre avril mil liuiL cent quatre-vingt-
trois, à onze heures du matin, pardevant nous, Auguste
Germain, adjoint au maire de Grenoble, délégué pour
remplir les fonctions dollicier de rétal-ci\il. sont com-
parus MM. ILrnest Bourjat. âgé de ((uaiantc-sept ans,
et .Iules Aman, âgé de quarante-cinq ans, rentiers,
domiciliés à Ciren<jble. les(iuels nous ont déclaré que
M. .loseph-Uronce Gagnon, général de division en n'-
t rai te, grand-ollicier de la Légion d'honneur, âgé do
f(uatrc-\ ingt-six ans. marié à d*^ .loséphine-Marie-
.Icannc-Hosalie .Jacquinot, natif des Echelles (Savoie),
domicilié à Grenoble, rue ^'aucanson, 4, fils de feu
l'élix-Homain Gagnon et dr (li'fimtc Cécile-Camille
Poncet, mariés, est décédé ce matin, à neuf heures,
dans son flomicile. Nous étant assuré de ce tiécès, nous
avons rédigé le présent acte, que les déclarants ont
signé avec nous, a[)rès lecture faite.
L. BoLHJ.VI ; .1. Ama.N. (il.H.MAI.N.
(Kxlrail <!••» rr>;,'i»trc» de l'état-iix il île la N'illc de ( in-iiolilc.)
ÉTAT-CIVIL 357
G. Chèrubin-Jules Gagnon,
Xé aux Kchelles (Savoie), le 2'J avril 1799.
1800, 9 juillet. Les Echelles.
Baptême de Chérubin- Jules Gagnon.
Le vingt-neuf avril mil sept cent quatre-vingt-dix-
neuf est né, à quatre heures du soir, Chérubin- Jules
Gagnon, fils de M. maître Félix- Romain Gagnon,
docteur ès-droits, et de dame Camille Poncet, mariés,
du bourg des Echelles, en Savoie, lequel enfant, ondoyé
le trois mars suivant, avec toutes les cérémonies qui
précèdent le baptême, a reçu les cérémonies subsé-
quentes par moi soussigné le neuf juillet, dans une
chapelle domestique érigée audit bourg des Echelles,
en Savoie, pour l'exercice du culte catholique, à défaut
d'église paroissiale, entre les mains de M. maître Ché-
rubin-Joseph Beyle, aussi docteur ès-droits, et de dame
Foy Bonne, veuve Poncet, aïeule de l'enfant.
Laurens, curé.
(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)
7. Henriette Gagnon.
Née à Grenoble, le II octobre 1800.
1800, 11 octobre. Grenoble.
Acte de naissance de Henriette Gagnon.
Du dix-neuvième jour du mois de vendémiaire, l'an
neuf de la République française.
Acte de naissance de Henriette Gagnon, née le dix-
neuf vendémiaire, à une heure du matin, fdle de Félix-
Romain Gagnon, propriétaire, habitant aux Echelles,
Brulard II. 23.
358 ANNEXES
département du Monl-Blanc. et de Cécile-Camille
Poncet. mariés. Le sexe de l'enfant a été reconnu être
féminin.
Premier témoin : Joseph Félix, commis en cette
mairie.
Second témoin : Antoine Termier, ausï^i commis en
cette mairie, tous deux majeurs.
Sur la réquisition à nous faite par M. Henri Gagnon.
aïeul paternel de l'enfant ; et ont signé.
Constaté, suivant la loi, par moi soussigné, maire
de la Ville de Grenoble, faisant les fonctions dolllcier
public de l'état-civil.
G.\GNOx ; Tkrmiku ; J. Fiii.ix. Renauldo.n,
maire.
(Extrait des rc^'islrcs <lc l'état-oivil df la ^'il!^! de Grenoble.)
1800, 10 spplenihie (.sir). Les Echelles.
Baptême de Ilenrietle Gagnon.
Le neuf septembre mil huit cent est née, à onze heures
du soif. Ilonrielte Gagnon, fille de M. maître Félix-
Romain (Jagnon. et de d^'^'*^ Cécile-Camille Poucet,
mariés, du bourg des Echelles, en Savoie, et le lendemain
de sa naissance ladite enfant, née à Grenoble, a été
Ijaptisée, dans une des paroisses de ladite ville, ])af
révérend Gaillard, ci-devant vicaire de Saint-Laurenl-
du-Pont, missionnaire de Grenoble. M. maître Henri
Gagnon, docteur en médecine, aïeul de I enfanl, a été
son parrain, et (]•"'" i'aiiline Heyle a été la marraine.
L.wnENS, curé
(E.xtrail des rcginlres paruissiaux deb Echulles.)
ETAT-CIVIL
359
8. Charles-Félix Gagnox.
?sé aux Echelles (Savoie), le 2G octobre )S01.
1801, 29 octobre. Les Echelles.
Baptême de Charles-Félix Gagnon.
Le vingt-six octobre rail huit cent un est né, à sept
heures et demie du matin, Charles-Féhx Gagnon, fils
de M. maître FéHx-Romain Gagnon, docteur ès-droits,
et de dame Cécile-Camille Poncet, mariés, du bourg des
Echelles, en Savoie, et le vingt-neuf dudit, audit bourg
des Echelles, ledit enfant a été baptisé par révérend
Charles-Marie Bonne, son oncle et parrain, vicaire
général du diocèse de Saint-Flour, dans une chapelle
domestique érigée pour l'exercice du culte catholique,
à défaut d'église paroissiale. Le nouveau-né, baptisé
à six heures du soir, a eu pour marraine à'^^^^ Félise
Gagnon, sa sœur.
Laurens, archiprêtre-curé, chef de mission
des Echelles.
(Extrait des registres paroissiaux des Echelles.)
9. Henri-Chérubin Gagnon.
Né à Grenoble, le 22 mars 1S03.
1803, 24 mars. Grenoble.
Acte de naissance de Henri-Chéruhin Gagnon.
Du troisième jour du mois de germinal l'an onze de
la Répviblique française.
Acte de naissance de Henri-Chérubin Gagnon, né
le premier du courant, à onze heures du soir, hls de
Félix- Romain Gagnon, propriétaire, domicilié place
360 ANNEXES
Grenette, et de dame Cécile-Camille Poncet, maries.
Le sexe de Tcnfanl a été reconnu être masculin.
Premier témoin : Henri Gagnon, médecin, aïeul
paternel de l'enfant.
Second témoin : Chérubin-Joseph Beyle, homme de
loi, domicilié rue des Vieux-Jésuites.
Sur la réquisition à nous faite par le père de l'enfant ;
et ont signé le père et les témoins susdits.
Constaté, suivant la loi, par moi, Charles Renauldon,
maire de la Ville de Grenoble, faisant les fondions dolli-
cier public de l'état-civil.
Gagnon ; Gagnon ; Beyle. Renauldon,
maire.
(Extrait des registres de l'état-ei\il de la Ville de Grenoble.)
10. Henri-Alfred Gagnon.
Né à Grenoble, le 26 janvier 181 "J.
1812, 27 janvier. Grenoble.
Acte de naissance de Henri-Alfred Gagnon.
Le vingt-sept janvier mil huit cent douze, pardevant
nous, adjoint susdit, acte de naissance de Henri-Alfred
Gagnon, né hier, à sept heures du matin, fds de M. Félix-
Romain Gagnon, maire de la commune des Echelles,
et de d^ Cécile-Camille Poncet, mariés. Le sexe de
l'enfant, qui nous a été présenté, a été reconnu masculin.
Lecture du présent acte ayant été faite en présence du
père, de M. Joseph-Chérubin Beyle, avocat, et de
M. Hugues-Antoine Pison-Duverney, contrôleur priii-
cipal des Droits réunis, majeurs et domiciliés à Gre-
noble, ils ont signé avec nous,
Gacno.n ; PisoN-Di vi:i<.m:v ; Bevli:, La
Valette.
(Extrait des registres de l'état-civil de la Ville de Grenoble.)
APPENDICES
I. LA VILLE NATALE DE STENDHAL
Grenoble vEns 1793
Le Grenoble que connut Stendhal dans son en-
fance ressemble autant au Grenoble actuel que
l'Auteuil parisien ressemble à la Croix-des-Sablons
du xviii^ siècle, décrite par Anatole France. Depuis
la Révolution, de successifs empiétements sur les
communes de Seyssins, Fontaine et Saint-Martin-
le-Vinoux et un double agrandissement de l'en-
ceinte fortifiée a plus que quintuplé l'aggloméra-
tion urbaine.
Voulant donner aux lecteurs de la Vie de Henri.
Brulard le moven de goûter ce livre dans toute sa
saveur, j'entreprendrai une courte excursion à
travers le Grenoble de 1793, dans ces rues tor-
362 APPENDICES
tueuses où le petit Henri Beyle, pour échapper à
l'œil inquisiteur et à la tyrannie de sa tante Séra-
phie, se cachait dans les dédales de la llalle-aux-
Blés, ou fdait le long de la baraque aux châtaignes
de la place Grenette pour aller retrouver, dans le
bois du Jardin-de-^'ille, quelques « polissons » de
son âge.
Triste et noire cité, Grenoble s'étendait le long
d'un coude de l'Isère, formé par le dernier contre-
fort des montagnes de la Chartreuse. Cité essen-
tiellement militaire, elle avait été bâtie en cet
endroit par les vieux Allobroges pour commander
la route de Lvon : et les Romains, trouvant cette
situation merveilleuse, v avaient établi une forte
colonie. Les Dauphins du moyen âge, puis Les-
diguières et ses successeurs, l'agrandirent progres-
sivement ; mais le Grenoble de Louis XVI n'est
pas très sensiblement difï'érent du Grenoble de
Henri IV.
La plus vieille partie de la ville, que de bons
auteurs considèrent comme le berceau de la cité,
s'étend sur la rive droite de l'Isère ; ime étroite
bande de terrain, comprise entre la rivière et le
rocher, laisse tout juste la place à deux rues en
enfdade, longues et étriquées (la rue Saint-Laurent
et la rue Perrière) ; ces rues, de la porte Saint-
Laurent à 'a jiortc de France, Inut communiqjier,
la haute et la basse vallée de l'Isère, la S;ivoi(i et
la France.
SA VILLE NATALE 363
Deux ponts, liiu de bois, l'autre de pierre,
unissent le vieux Cularo allobroge à la Ville propre-
ment dite ; et c'est entre les deux ponts, près des
berges de l'Isère, alors entièrement couvertes de
maisons, suivant la mode du temps, que bat le
cœur de la cité. Le palais de justice, ancien Parle-
ment, l'Hôtel-de-Yille-Préfecture, la place Grenette,
c'est là que vivent le Grenoble judiciaire et procé-
durier, le Grenoble administratif, le Grenoble
commerçant. C'est là aussi, à l'angle de la place
Grenette et de la Grande-rue, que s'écoula l'en-
fance morose et opprimée de Stendhal.
Autour de ce centre : place Grenette, Grande-rue,
place Saint-André, courent les plus importantes
voies de la ville, étroites et tortueuses. Les agran-
dissements successifs de l'enceinte, depuis les
Romains jusqu'aux successeurs de Lesdiguières, ont
forcé les principales rues à suivre la direction des
remparts ; toutes ces artères s'arrondissent en demi-
cercle, de l'Isère à l'Isère : un premier arc est
constitué par la rue Saint-André, la rue des Clercs
et la rue Pérollerie, jusqu'à la place Notre-Dame
et la Citadelle ; un deuxième suit la rue Montorge,
la rue des Vieux- Jésuites et la rue des Prêtres ;
un troisième, plus grand, moins nettement dessiné,
sinue à travers les rues Saint-François et Créqui,
la rue Neuve du Collège, la rue Neuve des Péni-
tents, la rue Neuve des Capucins et la rue Très-
Cloîtres ; enfin, la rue des Mûriers constitue, pour
364 APPENDICES
l'époque, le dernier stade de l'évolution : elle n'est,
à vrai dire, que le chemin de ronde des remparts.
Ces rues sont bordées de maisons hautes et
noires, et presque toujours tristes, avec des allées
étroites où court un petit ruisseau dans lequel les
habitants se soulagent en passant. De temps à
autre, la fde monotone est coupée par de beaux
hôtels, demeures de l'aristocratie et des magistrats
opulents : l'hôtel des Adrets, rue Neuve du Collège ;
l'hôtel de Franquières, rue de France, près du pont
de pierre ; l'hôtel de Bressieux, rue du Verbe-
Incarné ; l'hôtel de Montai, rue du Pont-Saint-
Jaime. De nombreux monastères étendent leurs
cloîtres et leurs jardins : les Augustins, près du
Jardin-de- Ville ; les Frères prêcheurs, dont l'église
servit de llalle-aux-Blés ; les Cordeliers, qu'un
oncle de Henri Beyle dirigea ; les Jésuites, rue
Neuve, dont le collège devint l'Ecole centrale,
la Bibliothèque publique et le Musée ; les Orato-
riens, voisins de la cathédrale. Les couvents de
femmes abondent aussi : religieuses de la Propa-
gation, au bout de la rue Saint- Jacques, chez les-
quelles le jeune Beyle allait servir la messe, Cla-
risses, l'rsulines, Visitaiidines, d'autres encore.
Enfin, (juatre églises se jiartagent les fidèles : la
plus ancienne, Saint-Laurent, dont la chapelle
basse date du vi^ siècle, dessert la rive droite;
pur la rive gauche, Notre-Dame et Saint-Hugues,
deux églises jumelles, accolées l'une à l'autre et
SA VILLE NATALE 365
communiquant par une vaste baie, sont l'une la
cathédrale, l'autre une paroisse ; Saint-André, non
loin du palais de justice, est la vieille collégiale des
Dauphins et abrite les cendres de Bayard, en
attendant de servir de salle de réunion à la société
jacobine de Grenoble ; Saint-Louis enfin, la der-
nière en date, la plus laide aussi, produit informe
du XVII® siècle à son déclin, sert de paroisse à la
pieuse famille maternelle de notre Stendhal.
Et, tout autour, s'étend le domaine militaire ;
les remparts protègent la cité, mais l'étoufîent
aussi dans leurs bastions de terre et de briques, à
la manière de Vauban. A l'ouest, l'arsenal, des
magasins à poudre et les casernes de Bonne ont
cependant permis aux Hospices de s'installer ;
au midi, s'élève l'hôtel du Commandement, qu'habite
le gouverneur de la province ; non loin de là, on
a laissé dans un bastion s'ouvrir provisoirement le
cimetière de la paroisse Saint- Hugues, où fut
inhumée la mère de Stendhal ; à l'est, s'élèvent
de nouveaux magasins à poudre, et la citadelle
forme, à elle seule, une ville forte en miniature ;
enfin, au nord de Grenoble, sur la rive droite, le
fort de Rabot domine la plaine et la vallée du
Drac.
Cinq portes étroites font communiquer la ville avec
le monde extérieur : à droite de l'Isère, les portes
Saint-Laurent et de France ; de l'autre côté de la
rivière, la porte de la Graille, située à l'est de
366 APPENDICES
Grenoble, au bord de Teau, conduit au cours de
Saint-André, large et longue avenue qu'un parle-
ment munificent fit })lanter au xvii^ siècle, sous la
direction de son président, Nicolas Prunier de
Saint-André ; au midi, les portes de Bonne et Très-
Cloîtres ouvrent les chemins qui vont au Pont-de-
Claix, à Echirolles, à Gières, à Eybens et à Vizille,
vers le Trièves, l'Oisans et la vallée du Graisi-
vaudau.
Les environs immédiats de Grenoble, du reste,
sont peu engageants. La splendeur du cadre formé
par les montagnes de la Chartreuse, du Vercors,
du Taillefer et de Belledonne, et la magnificence
de la vallée du Graisivaudan, toute voisine, rendent
plus triste encore la banalité de la plaine greno-
bloise. Située au confluent de la capricieuse et
puissante Isère et du terrible Drac, elle a été long-
temps couverte par les eaux. Le sol est demeuré
liumide et caillouteux, de nombreux ruisseaux
courent vers le nord, et cette eau que l'on sent
partout à fleur de terre, que l'on voit sourdre de
tous côtés, dit le long combat qu'a mené à travers
les siècles la vaillante ville contre ses ennemis de
toujours : l'Isère et le Drac, le Serpent et le Dragon
qui, prédisait un ancien dicton, devaient »< mettre
Grenoble en savon ».
Stendhal connut surluiil la partie sud-ouest dti
cette plninf ^.aonobloise. 11 nccoinpagna son père
et sa t;iiil<' Sérapliie dans les prunicruidcs ^tiili-
SA VILLE NATALE 367
mentales qu'ils firent à travers le faubourg pauvre
et malodorant des Granges, quartier des peigneurs
de chanvre, qui se pressait autour de l'église Saint-
Joseph, plus pauvre encore. Surtout, il suivit
le chemin de Claix, lorsqu'il allait avec son père
séjourner à la maison familiale du hameau de
Furonières. On sortait par la porte de Bonne, on
tournait tout de suite à droite pour prendre le
chemin horriblement fangeux des Boiteuses, où
s'élevait la solitaire auberge de la Femme-sans-tête ;
puis, passé le cours de Saint-André, le chemin de
Seyssins conduisait au bac ; on traversait le torrent
du Drac et sur la rive gauche, par Seyssins et les
hameaux de Doyatières, Cossey et Malivert, on
atteignait enfin le « domaine » des Beyle, où le vieux
Pierre était mort. Ou bien encore, sortant toujours
par la porte de Bonne, on continuait tout droit, le
long du chemin Meney, pour atteindre le cours de
Saint-André et le vieux pont de Claix, bâti par le
connétable de Lesdiguières, l'une des « merveilles »
du Dauphiné.
Tel est ce Grenoble que Stendhal détesta, non
pour l'avoir trop connu, mais pour l'avoir presque
ignoré, car il y vécut un peu en prisonnier. Il avoue
en un endroit de sa Vie de Henri Brulard n'avoir
su qu'objecter à un jeune officier qui faisait l'éloge
de sa ville natale, et il dit plus loin qu'à son arrivée
à Paris, une terrible nostalgie faillit le renvoyer à
ses chères montagnes. Le mépris de Stendhal pour
368 APPENDICES
Grenoble est seulement une rancune d'enfant, que
l'âge mûr n'a pu complètement effacer. Grenoble
en a longtemps voulu à son détracteur occasionnel ;
aujourd'hui, le temps a tout renouvelé : Grenoble
est devenue la plus belle cité des Alpes françaises,
et elle a rendu en admiration à Stendhal ce que
son fils ingrat lui avait donné de dédains.
GRENOBLE EN 1793
D'oprès un iilan appartenant à M. Edmond Maigmiîn
LÉGENDE
1. Rues, places et passages.
1. Place Grenette.
2. Jardin-de- Ville.
3. Grande-rue.
4. Rue des Vieux- Jésuites (aujourd'hui, rue Jean-
Jacques- Rousseau).
5. Jardin Lamouroux, derrière la maison natale de
Stendhal (aujourd'hui, cour du n" 4 de la rue Lafayette).
G. Place Saint-André.
7. Rue du Palais.
8. Passage du Palais.
9. Rue du Quai (aujourd'hui, rue Hector-Berlioz).
10. Rue Montorge.
11. Rue du Département (ensuite, rue Saint-André ;
aujourd'hui, rue Diodore-Rahoult).
12. Place Neuve du Département (ensuite, place aux
Œufs ; aujourd'hui, place de Gordes).
13. Rue des Clercs.
14. Rue Pérollerie (aujourd'hui, rue Alphand).
15. Rue Dauphin (aujourd'hui, rue Lafayette).
16. Rue Neuve du Collège (aujourd'hui, rue du
Lycée).
17. Place de la Halle (aujourd'hui supprimée, située
sur l'emplacement des actuelles rues de la République
et Philis-de-La-Charce).
Brulard II. 24
o —
70 APPENDICES
18. Rue Saint-Jacques.
19. Rue de Bonne.
20. Rue Saint-Louis (aujourd'hui, avec un aligne-
ment modifié, rue Félix- Poulat).
21. Place Claveyson.
22. Place aux Herbes.
23. Rue Marchande (aujourd'hui, rue Renauldon).
24. Montée du pont de bois (aujourd'hui, rue de
Lionne).
25. Pont de bois (aujourd'hui, pont suspendu).
26. Rue du Bœuf (aujourd'hui, rue Abel-Servien),
27. Rue Chenoise.
28. Rue du Pont-Saint- Jainie.
29. Rue Brocherie.
30. Place Notre-Dame.
31. Place des Tilleuls.
32. Rue Bavard.
33. Rue des Mûriers (aujourd'hui, rue Abbé-dc-la-
Salle).
34. Cimetière de Saint-Hugues, rue des .Mûriers.
35. Rue du Comniaudenient (aujourd'hui, rue Géné-
ral-Marchand .
36. Promenade des Remparts (aujourd'hui, à peu
près, rue Condillac).
37. Rue Saint-Laurent.
38. Rue Perrière (aujoTiid hui, quai Peirièrel.
39. Pont de pierre (aujounlhui, pont de 1" Hôpital).
40. Montée dr C.haleuu>nt.
41. Route de Lyon.
42. Le Mail (aujourd'hui. l'Esplanade d<' la Porlo-
dc-France).
43. Cours de Saint-.\ndré.
44. Chemin des Boiteuses (aujourd'hui, après recti-
fications, rue et place Lakanal et rue Turenne).
45. Chemin Mency.
46. Chemin de Sassenage (aujourd'hui, ajtproxiuui-
tivement, cours Berriatj.
GRENOBLE EN 1793 371
47. Point de départ de la route d'Eybens (aujour-
d'hui situé vers l'angle des rues de Strasbourg et Bec-
caria).
48. Route de La Tronche.
2. Bâtiments publics et portes de la ville.
A. Eglise Saint-André.
.E. Eglise Saint-Louis.
B. Cathédrale Notre-Dame.
B'. Eglise Saint-Hugues.
C. Eglise Saint- Joseph (hors des portes).
D. Eglise Saint-Laurent.
E. Préfecture et Hôtel-de-Villc (aujourd'hui, Hôtel-
de-Ville).
F. Palais de justice et prison.
G. Théâtre.
H. Collège des Jésuites, puis Ecole centrale (ensuite
collège, puis lycée de garçons, aujourd'hui lycée de
filles)'.
J. Bibliothèque (aujourd'hui, administration du lycée
de filles).
K. Musée (ancienne chapelle des Jésuites, aujour-
d'hui grand amphithéâtre de l'Université).
L. Citadelle (aujourd'hui caserne, conseil de guerre
et prison militaire).
M. Couvent des Jacobins (n'existe plus).
N. Halle aux blés (ancienne éghse des Jacobins,
n'existe plus).
0. Corps de garde, place Grenette.
P. Couvent des Augustins (depuis. Manutention
militaire, aujourd'hui démolie).
Q. Porte de France.
R. Porte de Bonne (démolie vers 1832, située à
l'extrémité de la rue de Bonne, place Victor-Hugo).
S. Porte Très-Cloîtres (démolie vers 1832, située à
372 APPENDICES
l'inlerscction des actuelles rues Très-Cloîtres et Joseph-
Chanrion\
T. Porte de la Graille, ou porte Créqui (démolie en
1889, située sur le quai Créqui actuel).
V. Sainte-Marie-d*en-haut (couvent de la Visitation,
aujourd'hui inoccupé et appartenant à la Ville de Gre-
noble).
X. Tour de Rabot.
Y. Direction du fort de la Bastille.
3. Maisons, boutiques, lieux di^'ers.
a. Maison Beyle, rue des Vieux-Jésuites (aujourd'hui,
rue Jean- Jacques-Rousseau, n" 14).
a'. Nouvelle maison Beyle, à l'angle de la rue de
Bonne et de la place Grenette (aujourd'hui, place Gre-
nette, n^ 24).
b. Maison Gagnon, place Grenette, n^ 2, et Grande-
rue, no 20.
c. Maison Périer-Lagrange, place Grenette, n° 4.
d. Maison de madame Vignon, place Saint-André,
n° 5 ou 7.
f. Maison de Le Roy, professeur de peinture, place
Grenette (ancien n" 11, démoli lors de l'ouverture de
la rue de la République, en 1907).
g. Maison Teisseire, entre l'ancienne rue de la Halle
et la rue des Vieux-Jésuites.
h. Maison de Chabert, professeur de mathématiques,
rue Neuve du Collège (aujourd'hui du Lycée, n° 15).
i. Hôtel des Adrets, rue Neuve du Collège (aujourd'hui
du Lycée, n^ 9).
1. llùtel du Commandement, rue du Commandement
(aujourd'hui Général-Marchand, n° 1).
m, m'. Maisons successivement haliitées p;ir' les
Bigillion. rue Brocherie et montée du l'onl-de-bois
(aujunrrrinii rue do Lionne).
GRENOBLE EN 1793 373
n. Maison Didier, près de l'église Saint-Laurent.
o. Maison de Gros, géomètre et professeur de mathé-
matiques, rue Saint-Laurent.
p. Hôtel de Franquières, entre l'actuelle rue Moidieu
et le quai Créqui, près du Pont de pierre.
q, q'. Boutiques successivement occupées par Falcon,
libraire, la première passage du Palais (aujourd'hui
supprimé), la seconde rue du Quai (aujourd'hui Hector-
Berlioz, no 4).
r, r'. Café Genou, situé Grande-rue, n^ 14, d'après
Stendhal, ou, d'après Romain Colomb, place Saint-
André, no 7.
s. Boutique de Bourbon, près de la Halle-aux-blés,
probablement démolie lors de l'élargissement, en 1907,
de la rue Philis-de-la-Charce.
t. Auberge de la Bonne-Femme, ou de la Femme-
sans-tête, chemin des Boiteuses (aujourd'hui, rue
Lakanal).
V, v'. Pompes, sur la place Grenette et à l'entrée
de la rue Neuve du Collège (aujourd'hui du Lycée).
X. Baraque des châtaignes, place Grenette.
TT. Arbre de la Liberté.
77'. Arbre de la Fraternité.
R'. Lieu présumé du duel de Henri Beyle et de son
camarade Odru, sur les remparts, entre les portes de
Bonne et Très-Cloîtres, non loin de l'hôtel du Comman-
dement.
Brulard II. 24.
IL LA MAISON NATALE DE STENDHAL
l'ar M. Samuel Chabert,
professeur à l'Université de Grenoble.
iM. l'aul Arbelet, éditeur du Journal d'Italie,
affirmait récemment que la maison natale de
Stendhal à Grenoble était le n° 14 actuel de la
rue J.-.I. -Rousseau (2® étage), et revendiquait
pour lui-même la propriété de cette découverte,
sans toutefois publier encore une indication de
sources ou d'arguments positifs^. Une illustration
représentant l'immeuble désigné était insérée dans
le texte, soulignant ainsi la contradiction de sa
croyance avec celle de divers Grenoblois, recueillie
par M. Pierre Brun dans son Henrij Beijle- Stendhal -,
et favorable au n*^ 12 (1*^"^ étage) de la iiirint' rue
J.-J. -Rousseau.
Les amis de l'écrivain, et aussi le grand public,
ne peuvent que remercier M. I'. Arbelet de sa com-
munication ; le pbis mince atome de vérité acquise
a son prix. Pour ma part, je nie féliciterais plutôt
1. IjtH Aiituitei du j fé\ri<T lîUt.
2. V. 'J ((irtiiobir-, Gralitr, l'JUOj.
SA MAISON NATALE 375
de le voir garder par devers lui ses raisons, puisque
ce silence précisément m'a conduit à faire de mon
côté différentes recherches, toujours intéressantes
quand il s'agit d'un pareil auteur ; et, bien que
ma conclusion soit absolument identique à la sienne
et que son assertion ait contribué à m'y conduire,
peut-être ne sera-t-il pas indifférent d'exposer
ici, très sommairement, les procédés que j'ai
suivis.
*
Deux voies principales d'investigation semblent
dès l'abord s'ouvrir au chercheur, abstraction faite
des « jours » offerts çà et là dans l'œuvre entière de
Stendhal :
lo Détails et plans fournis par le manuscrit de
la Vie de Henri Brulard (Bibl. munie, de Grenoble,
R 299, 3 vol.).
Ces détails sont nombreux, répétés, d'apparence
très précise, et nous y reviendrons. Constatons tout
d'abord qu'il y manque le seul renseignement
décisif, à savoir le numéro de la maison natale.
A cette époque, où les immeubles de Grenoble
étaient numérotés par quartiers, non par rues,
chaque maison était habituellement désignée par
le nom de son propriétaire joint à celui de la rue ;
or, l'extrême notoriété du père de Stendhal rendait
particulièrement superflu tout surcroît de précision.
37
G APPENDICES
D'autre part, si précieux que soient les documents
de la \'ic de Henri BruIariL ils sont souvent fort
sujets à caution, on le sait, qu'il s'agisse de senti-
ments, d'idées, d'histoire ou même de géographie ;
l'auteur lui-même, trop catégorique dans l'exposé
de ses impressions d'enfance, multiplie les réserves
par ailleurs : il touche à la cinquantaine, et tant
d'aventures se sont succédé dans son existence
depuis la dixième année ! Aussi n'avons-nous pas
cru que le témoignage propre de Stendhal dût
nous être un point de départ : il sera pour nous
un contrôle, entre autres, de la certitude une fois
conquise, après avoir servi de présomption pour la
certitude à conquérir, rien de moins, rien davan-
tage.
2'' Puisque Chérubin Beyle, père de Stendhal,
était par héritage le propriétaire do la maison ^ et,
par conséquent, de l'appartement où naquit son
fils le 23 janvier 1783, et que la partie de la rue
.T. -J. -Rousseau à laquelle se limitent les recherches
n'a subi depuis lors aucune modification impor-
tante dans ses immeubles, — on peut vérifier,
dans les actes publics, les titres des propriétaires
actuels de ces immeubles durant 125 ans environ :
moyen terre à terre, on ne peut moins littéraire,
mais on ne peut plus sûr, d'aboutir de jdano à
1. E. Maiçnicn, /.a Famillede Beyle-Sleritllial, C.rcti»h\>-,\^i<'^, Dn-vil.
Voir, pp. 12-13, l'extrait de naissance de Maric-Ilennj Unjlr, puhlio
in c.ctetuto, et reproduit ù nouveau ci-dessus, p. yj7.
SA MAISON NATALE 377
un indiscutable résultat. C'est, à notre avis, le
premier à suivre. On nous excusera donc en raison
du but poursuivi d'avoir agi, pour le profit d'Henri
Beyle, comme aurait fait son père « homme de loi »,
et d'avoir employé une méthode qui l'aurait
indigné peut-être, mais qu'après tout il ne tenait
qu'à lui de nous épargner en précisant davantage.
Du reste, nous nous abstiendrons, dans le court
exposé qui va suivre, de tout renvoi ou citation
n'intéressant pas directement la solution du pro-
blème.
*
* *
1^^ pièce. L'extrait de naissance, depuis long-
temps publié, nous apprend simplement que la
maison natale du futur Stendhal faisait partie de
la paroisse de Saint-Hugues, autrement dit appar-
tenait au côté nord de la rue, numéros pairs actuels.
2^ pièce. Le registre de capitation de la ville de
Grenoble pour 1789, obligeamment communiqué
par M. Prudhomme, archiviste départemental,
place la maison du sieur Beyle dans la rue des
Vieux- Jésuites (depuis rue J.-J. -Rousseau), entre
la maison du sieur Verdier, pourvue de 2 boutiques
et de 2 locations, et la maison du sieur Romand,
beaucoup plus importante, avec 7 locations en
plus de ses 2 boutiques. La maison Beyle, mi-
378 APPENDICES
toyenne et moyenne entre les deux, a 2 boutiques,
plus 3 locataires habitants d'étages, savoir :
n° 1305, le sieur Boyer, avocat, taxé à 24 livres ;
n° 1306, le sieur Beyle, avocat, taxé à 18 livres ;
n° 1307, la veuve Rigoudo, passementière, taxée
à 1 livre.
S'il est trop tôt pour conclure que les maisons
Verdier, Beyle et Romand sont les n°^ 12, 14 et 16
actuels de la rue J.-J. -Rousseau, nous retiendrons
tout au moins la présomption en faveur du second
étage, non du premier, comme occupé par Chérubin
Beyle et par le jeune Henri lui-même, âgé alors
de 6 ans.
.7® pièce. Acte de vente du 2^ étage ^ de sa maison
par Chérubin Beyle à l'avoué Jos. -François Bonnard,
le 7 ventôse an XII (27 févr. 1804), aux minutes
de M® Nallet, notaire à Grenoble, successeur éloigné
de M® André Blanc, notaire à Grenoble de 1782 à
1824, qui rédigea l'acte en question. Nous avons
eu entre les mains l'expédition authentique, pos-
sédée actuellement par M. Edmond Maignien, qui
a bien voulu nous la communiquer.
Le vendeur, qui va désormais habiter jusqu'à
sa mort sa nouvelle maison de la place Grenette
(n° 24 actuel), ne spécifie pas (piil ait habité ou
habite encore ce 2® étage ; toutefois, la chose peut
1. On sait qu'à Grenoble la propriété bâtie est extrêmement divisée,
et que très souvent un immeuble appartient, par étages ou portions
d'étages, à plusieurs propriétaires distincts.
SA MAISON NATALE 379
se présumer du fait que nulle mention de locataire
occupant ne figure dans l'acte, — dont voici les
éléments essentiels :
Chérubin- J. Bayle (sic), homme de loi, vend à
Jos.-Fr. Bonnard, avoué près le tribunal d'appel
de Grenoble, le second étage entier, cave, galetas et
dépendances, de la maison possédée par le vendeur
rue des Vieux-Jésuites, n° 60 : 3 pièces sur la rue,
3 pièces sur la cour, 2 pièces dans le bâtiment au
nord et une galerie servant de communication du
grand au petit bâtiment. La cave a son entrée en
face de l'escalier et est éclairée par une petite
fenêtre grillée ouverte au nord sur la cour... Le
galetas, au 4^ étage, est situé au-dessus des pièces
qui forment, aux étages inférieurs, le salon d'as-
semblée..., il confine au couchant une chambre à
cheminée vendue à Pierre Mayet.
Prix : 3.000 francs.
Latrines intérieures au second étage.
Enregistré à Grenoble le 12 ventôse an XII
(3 mars 1804).
Transcrit au bureau des hypothèques, à Gre-
noble, le 3 germinal an XII (24 mars 1804), vol. 19,
nO 489.
Notons que le n^ 60 indiqué au début est un
numéro de quartier. En 1827, ce sera un numéro
de rue, le n^ 8, parce que le point de départ est
alors la Grand'Rue ; la rue J.-J. -Rousseau comp-
tait désormais ses n'^^ pairs de 2 à 22, le n" 2 faisant
380 APPENDICES
l'angle de la Grand'Rue. Bientôt, Vun de ces
n^^ pairs, le 14, fut démoli pour la percée de la rue
Lafayette, ce f[ui réduisit à dix immeubles ce côté
de la rue ; voilà comment, lorsque plus tard l'ori-
gine des numéros fut reportée place Sainte-Claire,
l'ex-maison Beyle, toujours la 4® en venant de la
Grand'Rue, fut numérotée 14 et non pas 16, le
n° pair le plus élevé étant désormais 20 et non
plus 22.
4"^ pièce (communiquée également par M. Edm.
Maignien). C'est un exploit d'huissier, daté du
24 novembre 1827, enregistré le 2G novembre. Le
propriétaire, Bonnard (Julien), avocat, fds et héri-
tier de Jos.-P'r. Bonnard, ainsi que l'atteste à
l'état-civil de Grenoble son acte de décès en date
du 26 avril 1876, a maille à partir avec un de ses
voisins du même immeuble. Julien Bonnard, depuis
conseiller à la Cour de Grenoble, du 15 mai 1850
à sa retraite prise le 17 janvier 1865, a son portrait
par Hébert au Musée de Grenoble (n° 323 du nou-
veau catalogue). Notons que le peintre Hébert
était fds de M^ J.-C.-A. Hébert, notaire à Grenoble
de 1813 à 1832 (minutes chez M^ Besserve), dont
Chérubin Beyle était le client.
.~j^ pièce. Le 18 nov. 1852, par devant M® Gui-
gonnet, notaire à Grenoble (minutes chez M^ Ray-
mond), le conseiller Bonnard vendait son immeuble
au I)"" J.-B. -Albin Créjiu.
0^ pièce. Par testament du 8 juillet 1857, le
SA MAISON NATALE 381
D'" Crépu (mort à Grenoble, le 17 février 1859) le
lègue à une dame Zoé Ravix, ex-marchande de
nouveautés au Fontanil.
7® pièce. Le 12 avril 1871, par devant M^ Gui-
gonnet, déjà nommé, M™^ Ravix le vend au
D^ Pierre-Adolphe-Adrien Doyon, dont le Musée
de Grenoble possède aussi le portrait, œuvre du
peintre Bonnat (n° 184 du nouveau catalogue).
8^ pièce. Le D^ Doyon étant décédé à Uriage,
le 21 sept. 1907, le partage de ses biens, fait à Lyon
le 11 janvier 1908 en l'étude de M^ Rodet, notaire,
a attribué son immeuble de la rue J.-J. -Rousseau
à sa fdle, JM™^ Henriette-Sophie Dagallier, actuelle-
ment domiciliée à Paris et qui en demeure proprié-
taire ^ •
La généalogie de l'appartement étant ainsi
reconstituée sans discussion ni lacune, et la pro-
priété de M"^® Dagallier rue J.-J. -Rousseau (ci-
devant des Vieux-Jésuites) étant bien au n*' 14,
le doute sur l'identification de la maison natale de
Stendhal est définitivement dissipé. Pour ce qui
est de l'étage, nos présomptions, déjà très fortes,
seront changées en certitude en faveur du second,
puisque c'est justement celui que possède M'"^ Da-
gallier, par les éclaircissements que fournissent les
plans dont nous parlerons tout à l'heure.
1. Ces documents nous ont été fournis en grande partie par!M. Gérar-
din, receveur de l'enregistrement à Sassenage, d'après les archives de
la mairie de Grenoble, du greffe du tribunal civil, de l'enregistrement
et de l'étude de M"^ Raymond, notaire à Grenoble.
382
APPENDICES
* *
Il est aisé maintenant de revenir à la ]'iede Henri
Brûlant et de constater que la concordance entre
les deux sources est absolue. Les nombreux plans
relatifs à la question qui nous intéresse, et mal-
heureusement inédits pour la plupart, peuvent se
grouper sous deux rubriques :
a) Situation de Vimmeuble : « rue des ^'icux-
Jésuites, 5® ou G^ maison à gauche en venant de la
Grand'Rue, vis-à-vis la maison de M"^^ Teyssère
(sic) )), écrit Stendhal, p. 59 du ms., 40 du tome I'^'"
de la présente édition. En fait, c'est le 4^ numéro,
mais le n° 16 actuel en vaut bien deux, si tant est
que Stendhal, en 1832, eût la mémoire exacte des
chiffres. Cette imprécision est sans conséquence,
à la condition, encore une fois, de n'accepter les
données de la Vie de Henri Brulard que sous bénéhce
d'inventaire. — Nous avons relevé sur ce point
5 plans : p. ."39 du ms. ; autre plan plus détaillé et
j)lus significatif collé sur la jucme p. 59 ; p. 232
(fac-similé, p. K36 de la nouvelle éd. Stryienski,
1912) ; puis, dans le 2^ vol.. p. '» (numérotation en
bas de page), et face à la ]). 273 bis.
h) Disposition de V appartement, étage. Le ms. pré-
sente 3 plans de la j)artie de l'apjjartemcnt située
entre cjuir cl rue, savoir p. 70 (l. I «lu ms. et p. 48
du tome l^'' de la (irésenle édition), face à la p. 275
SA MAISON NATALE 383
(t. II), et face à la p. 292 (t. II). Ces plans con-
cordent pour la disposition des pièces, et notam-
ment en ce qui touche le nombre des six fenêtres
de façade, ainsi disposées quand on vient de la
Grand'Rue :
a. fenêtre étroite ) i m - ^ • -d a
cabinet de Lherubm beyle,
0. fenêtre normale \
c. fenêtre normale : salon.
ch. à coucher de M^^^^ Beyle.
d. fenêtre étroite )
c. fenêtre normale ^
/. fenêtre étroite et basse : cabinet de toilette,
pris sur la demi-profondeur de la chambre à cou-
cher, et qui, dans l'acte de vente de l'an XII, n'est
pas compté pour une pièce.
Le reste de la profondeur de la chambre à cou-
cher, derrière le cabinet de toilette, forme alcôve
pour le lit ; c'est là, comme le dit M. Arbelet, suivant
toute vraisemblance, que dut naître Stendhal en
1783, là aussi que mourut probablement M"^^ Beyle
en 1790. — Ce qui est capital ici, c'est le nombre
des fenêtres qui, au l^r et au 3*^ étage, est de 4,
et qui, au 2^ étage, est porté à 6 par l'addition de la
fenêtre étroite cl et de l'ouverture /, destinée celle-ci
à éclairer le cabinet de toilette : l'étage est donc
le second, à Vexclusion de tout autre.
La partie de l'appartement située entre la cour
et le jardin Lamouroux (cour du n" 4 actuel de la
rue Lafayette), avec le petit escalier L qui peut le
rendre indépendant et le jour de souffrance qui
384 APPENDICES
réclaire en permettant d'apercevoir un tilleul ilii
jardin, est figurée p. 107 du nis., correspondant à
la p. 93 (t. I*^^) de la présente édition.
Enfin, p. 157 du ms., correspondant à la }). 126
(t. I^'") de l'éd. imprimée, Stendhal a dessiné le plan
spécial du cabinet de son père, contigu à l'im-
meuble n** 16 et éclairé par nos deux fenêtres
inégales a et b.
L'examen de ces 10 plans divers, à titre de
contre-épreuve, permet de clore ici la discussion.
On comprendra, si l'on pénètre aujourd'hui dans
l'étroite allée, dans la cour obscure et rétrécie par
la construction du fond, — et dès l'entrée dans la
rue tortueuse, privée de toute perspective un peu
large et souvent de lumière, — que successivement
tous les propriétaires aient éprouvé le besoin d'en
sortir, si riche et confortable qu'en pût être l'amé-
nagement intérieur ; que Chérubin Beyle, dans sa
liâte de déménager, n'ait pas attendu l'achèvement
de sa maison neuve pour se défaire de ce qui lui
restait de l'ancienne ; tpie le futur Slendh.il onllii
réservf ;ni logis de son grand-jière, si aduiirablo-
nient placé entre la vie intense de la place drenette
et la reposante verdure du .lardin de \'ille, ses
prédilections d'enfant, naturellement avide de
<5aieté, de grand jour et de liberté.
SA MAISON NATALE 385
Conclurons-nous donc en disant que, si nous
connaissons désormais la maison natale de Stejidhal,
nous n'avons saisi qu'une vaine ombre, et que ses
Feuillantines, son Milhj, ses Enfances en un mot
doivent être placées ailleurs ? Dirons-nous une fois
de plus que l'éducation est indépendante des
hasards de la naissance, et que le lieu fortuit de
celle-ci ne mérite pas qu'on le prenne à ce point
au sérieux ? que les plaques commémoratives,
pour être à certains égards d'une scientifique
précision, se trompent d'adresse le plus souvent ?
Non certes : nous savons assez que rien ne vient
du néant, que notre être est conditionné, plus
qu'on ne l'a cru et à notre insu même, par ses ori-
gines, par la race, par le milieu, par les impressions
demi-conscientes, inconscientes même, des toutes
premières années, pour ne pas condamner cette
religion traditionnelle du souvenir.
Stendhal naquit donc et vécut quelque dix ans
dans la demeure où depuis si longtemps se succé-
daient ses ascendants paternels, au 2^ étage du
n^ 14 actuel de la rue J.-J. -Rousseau ; c'est dans
le petit logement ayant vue sur la cour qu'il fut
installé et logé avec ses précepteurs successifs,
c'est dans cet horizon si restreint que se forma,
que s'altéra, si l'on veut, et s'aigrit prématurément
son caractère. Que plus tard il ait fait du chemin,
que son odyssée l'ait peu à peu détourné de la maison
paternelle et du pays natal jusqu'à paraître sup-
Brulard II. 25
386 APPENDICES
primer parfois tout contact, on ne le sait que trop
à Grenoble et on l'exagère trop volontiers. Il n'est
pas revenu, soit ; mais peut-être s'est-il moins
éloigné qu'il ne le pensait lui-même et, quoi qu'il
en soit et de quelque façon qu'on le juge, c'est bien
de là qu'il est parti.
ÎII. L'APPARTEMENT DE HENRI GAGNON
La Treille de Stemdhal
Stendhal ne dit presque rien de la maison de son
père et du triste appartement où il naquit et où
mourut sa mère ; c'est qu'il vécut surtout dans la
maison gaie et vivante de son grand-père. Le doc-
teur Henri Gagnon occupa successivement deux
appartements dans le même immeuble. De l'un,
situé au n° 2 de la place Grenette, au premier étage,
Stendhal parle à peine dans sa Vie de Henri Bru-
lard ; il fut d'ailleurs abandonné dès 1789 et occupé
ensuite par les demoiselles Caudey, marchandes
de modes. Mais le second a laissé à notre auteur
<ie nombreux souvenirs, à la fois amers et attendris.
Le deuxième appartement du docteur Gagnon —
où il mourut, en 1813 — occupait, au second étage,
•deux chambres correspondant à l'ancien logement
-du premier, 2, place Grenette. Il comprenait égale-
ment une partie d'immeuble acquise de Madame de
Marnais, et dont l'entrée donnait sur la Grande-rue,
388 APPENDICES
11° 2U. On accédait à rapparlciiitiiL par trois esca-
lier» : le premier, place Grenettc, a été avanta-
geusement remplacé. Il conduisait directement
aux chambres de Séraphie et d'Elisabeth Gagnon.
Les deux autres sont restés intacts : l'un insère sa
vis minuscule dans l'angle nord d'une cour étroite
Cl mal éclairée, qui n'a guère été modifiée depuis
le xv^ siècle et garde, entre ses murs noirâtres,
l'indicible attrait du passé. Quelques pas encore,
et tout de suite à gauche, dans une grande cour
oblonguc, monte un nouvel escalier, large et droit
celui-ci, et que Stendhal, avec raison, qualifie de
magnifique pour l'époque.
Montons l'étroit et raide escalier en vis de la
première cour. Au deuxième étage, un bref corridor
— celui-là même où fut déposé, près de la fenêtre,
par le jeune Beyle, le « billet Gardon » — s'ouvre
sur la salle à manger, mal éclairée par unt' fenêtre
d'angle, et sur la cuisine. Une troisième porte mène
à la chambre de Henri Gagnon. Stendhal en a
conservé un souvenir grandiose : une lirllc coiii-
iiKjde l'ornait, et une fenêtre en verres de Bohême
rendait la pièce agréable et gaie. Des boiseries la
garnissent encore aujourd'iuii, et leius moulures
sobres, aux ors ternis, rajtjiellenl J!i\ iiu ibiement
l'esprit iianuonieux et mesuré du médecin à la
mode vers 1780.
Dans un angle, un étroit roriidni- ol pus (l;ins
l'épaisseur de la tourelle de l'escalier ; nous \ oici
l'appartement de HENRI GAGNON 389
dans un réduit étroit, aux murs biscornus. C'est
la petite chambre où Beyle avait son lit de fer,
c'est son « trapèze ». Fuyons ce lieu, désormais
profané : on a fait sauter une cloison, vers l'appar-
tement donnant sur la Grande-rue, et maintenant
des lingères travaillent et jacassent à l'endroit
même où Stendhal dormait son sommeil d'enfant.
Au second étage de l'escalier de la grande cour,
une large porte ouvre sur une vaste antichambre ;
puis, c'est le « grand salon à l'italienne », aujourd'hui
partagé en deux par une cloison. Là s'élevait, sous
la Révolution, le modeste autel où un prêtre inser-
menté disait la messe, servie par le petit Henri
Beyle, le dimanche, en présence d'une centaine
de fidèles.
Tout près, la chambre de Romain Gagnon, pre-
nant vue sur la grande cour, asile retiré ciu'occupa
Joseph-Chérubin Beyle aux heures troubles de la
Terreur. Tout près encore, ouvrant aussi sur le
<Trand salon, voici le domaine intellectuel du doc-
teur Gaonon : d'abord, son cabinet d'histoire
naturelle, où le menuisier Poncet construisit une
immense armoire pour les collections minéralo-
giques ; en face, la grande et belle carte du Dau-
phiné, par Bourcet, que le jeune Beyle sillonna
si malencontreusement d'une longue traînée rouge,
le jour où fut découvert le subterfuge de la lettre
Brulard II. 2o.
390
APPENDICES
Gardon. A côté, c'est le cabinet d'été du « bon
grand-père ». Il est maintenant nu et abandonné,
comme la pièce voisine ; mais notre âme do pieux
pèlerins y rétablit sans peine, au fond, la o;rande
bibliothèque où Voltaire voisine avec V Encyclopédie,
tandis qu'à côté, dédaigneusement mis en tas,
s'avachissent de mauvais romans, achetés par
l'oncle Romain, et qui gardent encore le jiarfuni de
leur premier acquéreur : musc ou ambre. En face,
sur un pied peu élevé, un petit buste de Voltaire,
gros comme le poing ; un bofi fauteuil s'arrondit
devant, où le docteur s'isolait junif jrflt''r]iir et
travailler, loin des importuns.
Dans la chambre de Romain Gagnon et dans le
cabinet d'histoire naturelle s'ouvrent deux portes-
fenCtres. Poussons-les : nous voici sur une longue
et belle terrasse ; d'immenses caisses de pierre la
bordent, d'où sortent des plantes variées et de
puissants ceps de vigne. Des montants de bois
artistement assemblés en arcades laissent entrer
l'air et le soleil, et supportent la verdure et les fleurs ;
la vigne fait au-dessus de nous un j)laf()nd délicat,
et c'est un lieu charmant. Noici Niiiiiiicnt lo seul
souvenir de Stendhal demeuré presque intact.
Quelques pieds de vigne sont riKiiH. mais les siii-
vivants sont ceux que planta Henri (iagnoii <'t cpie
vit grandir lltiiii H<\lf. loties fidèles du Maître
peuvent encore, laulomne venu, cueillir une grappe
de raisin à la « Treille de Stendhal ».
l'appartement de HENRI GAGNON 391
Le reste de l'appartement a été profondément
modifié ; le hasard des ventes l'a morcelé, et trois
locataires différents l'occupent. Pas un d'eux,
certainement, n'évoque le drame de l'enfance de
Stendhal, nul ne songe même à se rappeler celui
qui forma là son âme inquiète et passionnée.
1\. LE< l'OUTRAITS DE STENDHAL JEUNE
Les portraits de Iltiiii lîeyle. cxcciilés dans sa
jeunesse, sont extrêmement rares. VA, «n Icdiu»-
grajdiie cuniiuf en toutes choses, il faut se garder
des attriljuliuns faites à la légère et des hypothèses
plus <»u moins séduisantes, mais mal fondées.
.If connais, pour ma jiart, trois |m.i traits de
Stendhal jeune, mais, de ces trois, un seul me paraît
authcnti<jue.
Le premier a été reproduit en 1905 i)ar M. Emile
lioux, dans uni- puhlicatiiui éphémère : 1". !//><',
revue dalpinifinw poindain-. au cours d une hrève
étude sur Stendiud H la Montayitw. Loi i^rinal e^t
im petit portrait à l'huile, sur t<jilr, il Une facture
très gauche : il appartient à M"^*^ veuve Mereeron-
Vicat, à Gre.iohlr. Il u été aeipiis, il y a fort lun^-
temps. par M. Me^ceron-^'ieat, ingéiueur des l'onl>
cl (!hau>sées, à un anli<piaii-e ainliulaiit (pu donna
le tahleau — sau'^ aueiiiie picn\e. dadicuis —
SES PORTRAITS 393
comme un portrait de Henri Beyle, à l'âge de seize
ans environ. Rien n'est moins sûr, et la figure peinte
est plutôt celle de Champollion-le- Jeune que celle
de Stendhal.
Un second portrait, celui-ci fort joli, est une
petite aquarelle, signée Passot. Il représente le
buste d'un jeune homme d'une vingtaine d'années,
un peu plus peut-être, vu de face ; le personnage
est vêtu d'une lourde redingote ornée à la bouton-
nière d'un ruban bleu ; un gilet largement ouvert
laisse voir une chemise blanche, sans jabot, à deux
boutons carrés ; le col est entouré d'une cravate
blanche à deux tours, terminée en un nœud de
petite dimension. Cette aquarelle a été acquise
d'un brocanteur, avec divers objets, par M. Bellin,
artiste peintre, à Fontaine (Isère). M. Emile Roux,
en le reproduisant en tête de sa brochure : Un peu
de tout sur Beyle- Stendhal (Grenoble, Falque et
Perrin, 1903), annonce un portrait inédit de Henri
Beyle. Hypothèse invraisemblable : outre que le
costume est nettement celui d'un jeune élégant
de 1825 à 1830, l'âge du peintre et celui du modèle
présumé excluent toute identification. Henri Beyle
est né à Grenoble, le 23 janvier 1783, et Passot en
1797, à Nevers. Le portrait nous montre un jeune
homme de vingt ans, vingt-cinq ans au maximum ;
en admettant l'hypothèse de M. Roux, il aurait
été peint vers 1803, au plus tard vers 1808. Passot
aurait eu de six à onze ans. Ce simple rapproche-
394 APPENDICES
ment de dates suflit pour ruiner l'hypothèse de
l'auteur de Un peu de tout sur Beyle-Stendlial.
Le troisième portrait, que nous pubHons, est
d'une authenticité indiscutable, car nous suivons
son histoire depuis l'origine. 11 fut la propriété de
M. Casimir Bifrilhon, conseiller à la Cour de Gre-
noble, qui a\ait épousé une lille d'Alexandre-
Charles Mallein et de Marie-Zénaïde-Caroline, sœur
de Henri Beyle. Il fut ensuite donné par M. Bigillion
à son cousin, M. Adolphe-Etienne Pellat, ancien
vice-président du Conseil de Préfecture de l'Isère.
M. Pellat est décédé à Grenoble, le 6 février 1912,
laissant le portrait à sa fdle, épouse de M. Maurice
Chabannes, agent commercial, à Grenoble, de la
Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à
la -Méditerranée.
M. Chabannes nous a, très aiiuableincut, autorisés
à reproduire le portrait qu'il possède. Ce portrait,
au crayon noir rehaussé de fusain, a été fait, selon
M. Paul Guillemin (Imagerie de Stendhal entre-baillée.
Grenoble, 1895), entre 1800 et 1805, et cette approxi-
mation nous semble probable. II a été reproduit
pour la première fois par M. Pierre Brun en tète
de son ouvrage : Henry Beyle- Stendhal (Grenoble,
Gratier et O^, 1900). C'est le seul dos ])ortraits de
Henri Beyle jeune actuellement connus. Le plus
ancien des j)ortraits de Stendhal est, après lui,
celui de Boilly (collection Lesbrosj, (jui date de 1807.
Notre re{)roduction, si cllr- n'a pas h; niéiite de
SES PORTRAITS 395
l'inédit, a du moins celle de l'authenticité. C'est, à
nos yeux, un mérite capital, le seul dont nous de-
mandons compte à nos lecteurs, aussi bien pour nos
illustrations que pour notre édition tout entière.
TABLE ALPHABÉTIQUE '
Adrets (le baron des), I,
28, 55, 111, 195, 297 ; II,
45.
Adrets (M"^^ des), femme
du précédent, I, 55.
Alembert (d'), I, 48, 215 ;
II, 60, 61.
Alexandre, I, 113.
Alexandrine. Voyez : Pe-
tit (la comtesse Alexan-
drine).
Alfieri, I, 12 ; II, 65.
Allard (Guy), généalogiste
grenoblois, I, 216.
Allard du Plaistier, cou-
sin de Stendhal, I, 216.
Allier, libraire à Grenoble,
I, 199.
Amalia, I, 17, 21. ,
Amar. représentant du peu-
ple, I. 133, 134, 137, 141.
Ampère, I, 313.
AxcELOT (Mme), II, 152.
Angela. Voyez : Pietra-
GRUA (Angola).
Angles (le comte), cama-
rade de Stendhal, plus
tard préfet de police,
I, 255, 256, 302 ; II, 64.
Angles (M™^), femme du
précédent, I, 256.
Anthon (d), conseiller au
parlement de Grenoble,
I, 308.
Arago, II. 152.
Argens (le marquis d'), I,
194.
Argout (le comte d'), I, 19,
245, 299 ; II, 147.
Aribert, camarade de Sten-
dhal, II, 35.
Arioste (1'), I, 109, 153,
163, 188, 209, 229, 288 ;
II, 19, 122, 133, 134, 135,
158, 177.
Aristote, II, 136.
Arlincourt (d'), II, 4.
Artaud, traducteur de Dan-
te, I, 90.
1. La table alphabéliqun que nous donnons ici est très succincle
et indique simplement les noms de personnes, sans aucun détail
biographique. Une table alphabétique plus détaillée formera le
dernier volume des Œm>res complètes de Slendltul,
39S
TABLE ALPHABETIQUE
Alber.non, II, llil.
AcBEHNON (M"'*^), fi-mnio du
précédent, II, IGl.
AlGUÉ DES PonTES (M"'^ et
\|iiesj^ sœur et nièces de
M'oe Cardon, II, IGO, 1G2.
Azur (M'^^}. Voyez : Ru-
BBMPRÉ (AlbiTthc de).
Babet, maîtresse de Sten-
dhal, I, 27U; II, 31.
Uaco.n, I, 259 ; II, 95.
Bailly (M'*^), marchandes
de modes à Grenoble, I,
111.
Bailly (M'^c de^, I, 111 ; II,
150.
Balzac (Giiez de), I, 7.
Barberen (M*'*), associée et
maîtresse de RebuJIet, II,
79.
Barbehim, I, 17.
Barbier, fermier des Beylc
àCIaix, H, VI, 'l'i.
Barilli, acteur de l'Odéon
de Paris, I, 2'*.
Barilli (.M™^), actrice de
rOdéon de Paris, femme
du iirécf'dcnt, I, 2.'1 ; II,
lu'..
lÎARNAVE, I, fi9.
BaRR AL-.Mo.VTFER RAT (le
nuir(|uis de], président au
parlenn-nt de Grenoble,
puis I'r<ini«r Président de
la c<jur d'appel de (jre-
noblr, I, m'J, 30'., 305,
307, 308
B.vuual (le comte Paul de),
lils du précédent, I, 227 ;
II, 'i.
Barral (le vicomte Louis
de), bis et frère des précé-
dents, ami de Stendiial,
I, 22, 23, ;î02, 303, 3U7,
311, 312 ; 11, 11, ^5.
Bartelo.n, 11, 126.
B.KRTHÉLEMY (M"'"^), COrdoil-
nière à Grenoble, 1, 111,
112, 275.
B A R T n K l E .M Y I) ' O n H A N U,
avocat eonsistorial au par-
liinent de Grenoble, 1, 59,
(iO, 65, 305.
Barthélémy (le chanoine),
frère du précédent, I, 65.
Bartiidmelk, commis au
ministère de la Guerre,
II,l'i2, 143. 158, 159, 16'i.
Bassano (le duc de), II, 8.
Basset (Jean-Louis), baron
de Richebourg, camarade
de St.ndhal, H, 10, 11.
Basville, intendant du Lan-
guedoc, II, 78.
Baure (M. de), gendre tic
Noël Daru, I, 11 ; II, \\2,
1 'i3.
Baure (.M™"2 de), fenmie du
jirécédrnt. Voyez : Uaru
[>o\>Uir).
Bayle (Pierre), 11, 17.
BiAi, I, 22.
BtALiiARNAis (Ilorlense de),
II, 160.
BEAU.MONT (Elic de), I, 1S8.
Beauviiiiers (le duc di-),
II, 151.
Beethoven, II, 15.
Bellier, I, 84.
TABLE ALPHABETIQUE
399
Bellile (Pépin de). Voyez :
Pépin de Bellile.
Belloc (Mme), I, 118.
Belot (le président), traduc-
teur de Hume, I, 137.
Benoît, camarade de Sten-
dhal à l'Ecole centrale, I,
281 ; II, 17.
Benvenuto Cellini, I, 8,
10.
Benzoni (Mme)^ l^ 40.
Béranger, II, 125, 152, 161.
Bérenger (Raymond de),
camarade de Stendhal, I,
25, 26.
Bereyter (Angelina), ac-
trice, maîtresse de Sten-
dhal, I, 17, 21, 24.
Bernadotte, roi de Suède,
I, 63.
Bernard, II, 33.
Bernonde (Mme), J, 128.
Berry (la duchesse de), II,
33, 151.
Bertiiier, prince de Neu-
châtcl, II, 154.
Bertrand (M™® la com-
tesse), II, 161.
Berwick, graveur, II, 123.
Besançon. Voyez : Mareste
(le baron de).
Beugnot (le comte), I, 92.
Beugnot (la comtesse), fem-
mie du précédent, II, 123.
Beyle (Pierre), grand-père
de Stendhal, I, 80.
Beyle (le capitaine), grand-
oncle de Stendhal, II, 177.
Beyle (Joseph- Chérubin) ,
père de Stendhal, I, 16, 77,
78-81, 93, 103, 134, 135,
147, 163, 168, 178, 187,
198-202, 209, 223, 234,
262; II, 16, 41, 56, 73, 85,
108, 176.
Beyle (Pauline), sœur de
Stendhal, depuis M^e Pé-
rier-Lagrange, I, 45, 77,
99, 139, 141, 178, 198,
222 ; II, 50.
Beyle (Zénaïde - Caroline),
sœur de Stendhal, depuis
Mme Mallein, I, 77, 99,
139, 141, 222.
Bezout, auteur d'un manuel
de mathématiques, I, 249,
250, 277, 282, 299 ; II, 55,
66.
Bigillion, I, 297, 298.
Bigillion (François), fils du
précédent, ami de Sten-
dhal, I, 23, 285-287, 291,
295 ; II, 34, 45, 71, 72, 92,
147.
Bigillion (Rémy), frère du
précédent, 1,286, 291,292,
295, 296, 301, 311 ; II, 92.
Bigillion (Victorine), fille
et sœur des précédents,
I, 159, 289-293, 295-299 ;
II, 34, 45, 53, 74, 91, 92,
93.
Bignon (du). Voyez : Du
Bignon.
Biot, I, 249.
Blacons (M"e de), I, 74.
Blanc, I, 198.
Blanchet (Mi'e), puis M^e
Romagnier. Voyez : Roma-
GNiER (Mme)^ cousine de
Stendhal.
Blancmesnil (del, II, 105.
Boccace, I, 61.
Bois, I, 214.
400
TABLE ALPHABETIQUE
BoissAT (Julos-César), II, 7.
Bonaparte. Voyez : Napo-
léon.
Bond (Jean), traducteur
dlloraco, I, 35, 122.
BoNNARD (de), I, 220.
Bonne (MM.), oncles de
^{rae Romain Gagnon, I,
1Ô9-16U, IGl.
Bonne (M"e), depuis M^e
Poncet, mère de M""^ Ro-
main Gajrnon, I, 161.
BoNOLDi, clianteur italien,
II, 1U3.
BuREL (M'"^), bolle-mèrc de
Mounicr, I, G9.
BoREL (M"^), fille de la pré-
cédente, depuis M"**^ Lé-
tourneau. II, ^'i.
BoRGHÈsE (prince ¥.), I, 1.
BossuET, II, 121, 152.
Bouchage (du). Voyez : Du
Bouchage.
BouFFLERS (le maréchal de),
II, 137.
Bouhdaloue, I, 103, 137.
Bourgogne (la duchesse de),
II, 81.
BouHMONT (le maréchal de),
II, 191.
BouRNON (le maréchal), I,
244.
Bouvier, I, C5.
Brémont (.M""*:), depuis M*"^
de Barral-Montferrat, I,
304.
Brk.mont, fils de la précé-
dente, I, 304.
Brenier (de), I, 48.
Brenikr (.M"'« de), femme
du [irécédent. Voy<z
Vaulserre (M"c de).
Bhichaud. I, 3.
Brizon (M"'e de), I, 192.
Broglie (le duc de), I, G2,
120.
BuossARD (le général de), II,
81.
Brossard (M""^ de), femme
• lu i^récédent. N'oyez : Le
Brun (MU*^ Pulchérie).
Brosses (le président de),
I, 138, 167 ; II. 21, 135.
Bruce, I, 101, 282.
Brun (Joseph), paysan de
Claix, II, 41.
Bruno (saint), fondateur de
la Grande-Chartreuse, I,
297, 299.
BuFFON, I, 209 ; II, 45.
BuRELVTi.i,ER (le Capitaine),
II, 109, 171, 172, 173, 174,
176, 182, 183, 184, 193,
198.
Cabams, I, 12, 17, 28, 137,
180, 269.
Cachoud, ptintro et gra-
veur, I, 250.
Caetani (les princes), amis
de Stendhal, I, 9.
Caetani (Michel-Ange), I, 9,
19.
Caktani (don Philippe), frère
du précédent, I, 313.
Caetani (don Rugiero), II,
65.
Caffe, I, 221.
(^AII.HAVA, II, 94, 95.
Calderon, II, 175.
TABLE ALPHABETIQUE
401
Caletta, I, 244.
Cambon (M'"6), fille aîriéo de
Noël Dam, II, 80, 108,
115, 116, 120, 121, 12G.
Cambon (M"e), fille de la
précédente, II, 166.
Campan (Mme), IL 160, 163.
Cardan, mathématicien ita-
lien, II, 67.
Cardon (Mme), n, ng, 121,
122, 141, 158, 160, 162,
163.
Cardon (Edmond), fils de la
précédente, ami de Sten-
dhal, II, 32, 119, 122, 141,
147, 158, 159, 164.
Cardon de Montignv, fils
du précédent, II, 119.
Caknot, II, 119, 166.
Cartaud (le général), I, 233.
Castellane (M™p Boni de),
II, 152.
Caton d'Utique, I, 222.
Cauchain (le comte de), II,
188.
Cauchain (le général de),
oncle du précédent, II,
188.
Caudey (M^'^s), marchandes
de modes à Grenoble, II,
48, 49.
Caudev, leur frère, II, 49.
Cave, II, 25.
Caylus (Mme de), II. 151.
Cervantes, I, 107, 129,
288 ; II, 19, 90, 133.
Ch,\alons, II, 19.
Chabert, professeur de Sten-
dhal, I, 277, 278-280, 281.
282, 283 : II, 54, 55, 56,
57, 58, 59, 60, 62, 64, 67.
Chaléon (M. de), I, 54.
Brulard II.
Chalvet, professeur à l'E-
cole centrale de Grenoble,
I, 238, 302, 311.
Champel, I, 72.
Charbonot, charpentier à
Claix, I, 130.
Charost (le duc de), II, 151.
Charrière (Sébastien), I,
201 ; II, 41.
Chateaubriand, I, 6, 7,
242, 269, 310.
Chatel, II, 33.
Chavand (M'ie), maîtresse
d'écriture à Grenoble, I,
312.
Chazel, camarade de Sten-
dhal, I, 94, 95.
Chélan (l'abbé), curé de
Risset, I, 61, 62, 305.
Cheminade, camarade de
Stendhal, II, 65, 68, 88.
Chenavaz (Mme), I, 32, 33,
141.
Chenavaz (Candide), fils de
la précédente, I, 33.
Chevreuse (le duc de), II,
151.
Chieze, II, 127.
Choderlos de Laclos.
Vovez : Laclos (Choderlos
de)".
Cimarosa, II, 99, 101, 192,
193.
Clairaut, auteur d'un ma-
nuel de mathématiques,
I, 249, 282.
Clapier (le docteur), I, 281 ;
II, 17.
Clara, Clara Gazul. Voyez:
Mérimée (Prosper).
Clarke (Mi'e), I, 117.
Clémentine. Voyez : Menti.
26
i02
TABLE ALPHABETIQUE
Clermont-Tonnehre (de),
gouverneur du Dauphiné,
i, 62.
Clerichetti (Antonio), I,
123.
Clet. cousin de Stendhal, I,
309.
Cochet (M»^), I, IGO, 1G2.
Coissi, I, 20'i.
Collé, II, 152.
Colomb, cousin de Stendhal,
I, 289.
Colomb (M'"*^), l'emnio du
précédent, 1, 138, 139, 178,
181, 261, 262.
Colomb (Romain), lils des
précédents, ami de Sten-
dhal, I, 22, 8'i, 121, 167,
168, 193. 227. 23U. 289 ;
II, 21, 45, 46, 48, 50. 135.
Co.NDiLLAC, I, 239, 249.
Condor cet, II, 114.
CoNDoncET (.M""^|, femme
du précédent. Voyez :
Ghol'chy (Sophie).
Constantin ( .\ hrahani) ,
peintre, I, 27 ; II, 1U2.
Corbeau (de), I, 161, 162,
165.
CoRDAY (Charlotte), I, 222.
Corneille, II, 8, 19, 26,
133, 136, 152.
Cornélius Nepos, I, 122.
Corner (André), II, 32.
CoRRÈCE, II, 25.
COURCIIAMP, ]\, 'l.
Courier (l'ai;!-Lotn"s), I,
255.
Court cIe Gebelin, I, I3l.
Couturier, I, 250.
Chobhas (l'ahlié), I. 173.
Crozet (Louif>), ami de
Stendhal, 11.5-11,29,147,
148.
Cuvier (Georges, baron), I,
136, 258, 259.
D
Damoreau (Mn»e), H^ 105.
Dante, I, 39, 90, 91, 194 ;
II, 86, 167.
Dari- (Norli. I, 5, 8, 11,
218; II, 19. 78, 79, 81,
91, 93, 94, 107, 110, 111.
112, 113, 114, 120, 122,
123, 124, 127, 128. 13'i,
135, 139, 160, 161.
Daru (M™*), femme du pré-
cédent, II, 80, 108, 162.
Daru (le comte Pierre), fils
<les précédents, I, 11, 12,
2'i4 ; II, l'i. 80, 108, 121,
122, 12i, 125, 128, 132,
133, 137, 139, 14U, 141,
ri2, 143, 144, 145, 146,
157, 158, 159, 160, 162,
163, 16',. 165, 166, 167,
182.
Daru (M""^ la comtesse),
femme du précédent, I,
97, 256.
Daku (.Martial), frère du
eoMile l'ierre Daru. II, 19,
SU, 1U8, 118. 121. 140, 141,
163. 164, 166, 197, 198,
199.
D.Mir (.M"<^ Sophie), depuis
M""' de Haure, I, 11 ;
II. SO. 108.
Daru (M"^-'*). Voyez : Cam-
R..N (.M">«') ; Le Uru.n
TABLE ALPHABETIQUE
403
Dausse, I, 254, 257 ; II. 70,
71.
Debelleyme, préfet de po-
lice, II, 7.
Delavigne (Casimir), II,
153.
Delécluze, I, 91 ; II, 120.
Delille, II, 20, 88, 133.
Del Monte (Mme), I, 59.
Dembowski (Mathilde). a]>-
pelée Métilde par Sten-
dhal, I, 4, 15, 17, 18, 20,
173 ; II, 138.
Denis d'IIalicarnasse, I,
220.
Des Adrets (le baron).
Voyez : Adrets (le baron
des).
Desfontaines (l'abbé), tra-
ducteur de Virgile, I, 98.
Destouches, I, 108.
Destutt de Tracy. Voyez :
Tracy (Destutt de).
Diane (M^ie), n^ 189.
DiDAY (Maurice), camarade
de Stendhal, II, 29, 30,
31, 34, 35.
Diderot, I, 48, 215 ; II,
60.
Didier (M™*=), cousine de
Stendhal, I, 56.
Di FiORE, ami de Stendhal,
I, 4, 6. 60, 148, 244 ; II,
33, 89.
Dijon, I, 164.
DipnoRTz (Mme de), I, 4.
DiTTMER, II, 25.
DoLLE LE Jeune, I, 111.
DoMENicoNi, acteur italien,
II, 70.
DoMiNiQuiN (le), I, 1, 250.
DONIZETTI, I, 265.
DoRAT, I, 119. 220.
DOYAT, I, 160.
Drevon, I, 111 ; II, 110.
Drier, cousin de Stendhal,
II, 17.
Du Barry (Mme), I, 113;
II, 2.
Du BiGNON, I, 289.
Dubois -Fontanelle, pro-
fesseur à l'Ecole centrale
de Grenoble, I, 125, 238 ;
II, 13-17, 19, 23, 24, 25.
DuBos (l'abbé), II, 28.
Du Bouchage, I, 305.
DUCHESNE, II, 154.
DucHESNOis (M"e), actrice
de la Comédie française,
II, 10.
DucLos, I, 301 ; II, 5, 63,
74, 109. 152.
DucRos (le Père), bibliothé-
caire do la ville de Gre-
noble, I, 25, 23, 61, 190,
214-219, 305 ; II, 17.
Dufay. Voyez : Grand-
DUFAY.
DuFouR (le colonel), II, 185.
DuGAzoN, actrice, I, 310.
DuLAURON (M'ne). Voyez :
M E N A N D - D U L A U R O N
(Mme).
DuMOLARD (l'abbé), curé de
La Tronche, I, 204-205.
DupÉRON (Jeanne), grand'-
mcrc paternelle de Sten-
dhal, I, 303.
DupiN aîné, II, 152.
DupuY, professeur à l'Ecole
centrale de Grenoble, I,
238-239, 248-250, 255, 257,
277, 279, 280, 281, 283 ;
II, 35, 36, 37, 54, 55, 57,
'i04
TABLE ALPHABETIQl. E
â8, Ô9, GO, G'i, TU, 71. 72,
73.
Durand, précoptour dr Sten-
dhal, |)roffsstnir à l'Ecolo
iintiali- do Cironoblo, I,
119, 121-125, 152-154, ir,3,
238, 2'.1, 243; II, 5, G7.
DvROc, duc do Frioul, I, 13 ;
II, 34.
DUVERCIER DE HaVRANNE,
II, 25.
Edwards (Io dootour), I,
259, 290 ; II, 7.
ESMÉNARD, I, 8.
EuLER, I, 279 ; II, 57.
Euripide, I, 119.
ICxEi.MANS (le mari'c-hal), I,
F
Fabien, maître d'arnirs à
Paris, II, 148, 153. K,',.
Fai.con. lilirairo à (ii' iiolil'-.
I, 192-193.
Fanciion, servante de Ro-
main (Jafrnon aux EcIhI-
les, I, 158.
Faure (Félix), i)air de
France, ami de Stendhal,
I, G8, 129, IG'., 275, 312;
M. 7, G8, 91, 92, 93, 146,
r.7. r.8, 15'i, IG'i.
Ialke ( Frodi'-ric), iVito du
précédont. II. 91, 92.
Faure (Michel), fron- do« i
précédent», II, 91, 92.
Faure. père do? précédents,
I, 299.
Fauriel, I, 91. 117 : 11. 11'..
Fauriei. (Mn'f). leuimo du
précédent. Voyez : Grou-
CHY (Sophie).
Festa (M™^), actrice ita-
lienne, I, 24 ; II, 104.
Feydeau, II. lO'l.
FlELDING, I, 1 19.
FiEscni, II, 125, 153.
FioRE (di). Voyez : Di
FlORE.
Fiohavanti, II, 101.
FiTZ-JaMES (le duo de), II,
152.
Fleury (l'abbé), I, 120.
Fi.oKiAN. I, 195-19G, 2G'i ;
II, 20.
Foix (le duc de), II, 151,
Fo.NTANEi.LE. Voyoz : Du-
uois-Fontanei.i.e.
loNTENEI-LE, I, 58, GO, 71,
8G.
FonissE, I, 120.
FouKCuov, I, 199.
FoY (le général), 1,289: II. G.
Fha.nçais DE Mantes. Il, l'i,
l'iiANçoisE, sorvaiili- dos
li.ylo, I, 5G.
I'hioui, (duc tic). Voyez :
DUHOC, <\\U' i\r Vnt)\t\.
(',
Gagnon (Elisabeth), grand -
tante de Stendhal, F, .{3,
:!7. 'l'i. 77. 7H, 85-«7, 89,
108, 112, 1:{S, l'.O, 147,
l'iS, 150, l.M, K.'i, 17H,
TABLE ALPHABETIQUE
405
180, 181, 186, 187, 102,
213, 218, 223, 227, 233,
234, 261, 262, 308, 309 ;
II, 30, 41, 50, 64, 65, 73,
100.
Gagnon (le docteur Henri),
grand-père de Stendhal,
I, 29, 33, 34-38, 54-62,
72, 74, 77, 86, 100, 134,
140, 144, 148, 168, 177,
187, 191, 198, 213, 217,
237, 241, 248, 254, 262,
298, 305 ; II, 13, 49, 54,
90, 100, 131, 137, 150.
Gagnon (Henriette), mère
de Stendhal, I, 38-40, 57,
120 ; IJ, 99.
Gagnon (Séraphie), tante de
Stendhal, I, 32, 33, 37,
39, 49, 71, 77, 78, 81, 99,
107, 112, 120, 124, 127,
130, 134, 138, 139, 140,
141, 145, 147, 148, 150,
157, 164, 168, 170, 171,
175, 176, 177, 178, 180,
185, 187, 190, 192, 195,
197, 198, 208, 209, 215,
222, 234, 235, 237, 238,
242, 248, 262, 264, 276,
299, 301, 310 ; II, 1, 56,
6'i,65,73, 85, 90, 109, 168,
170.
Gagnon (Romain), oncle de
Stendhal, I, 35, 48-49, 51-
52, 72-73, 77, 87, 135,
155-156, 162, 163, 191,
308; II, 100, 110, 126.
Gagnon (Oronce), lils du
précédent, I, 35.
Galle, camarade de Sten-
dhal, I, 300, 301, 311 ; II,
45.
Galle (M"^^)^ mère du pré-
cédent, I, 300.
Gardon (l'ahbé), I, 54,, 141,
143-147.
Gattel (l'abbé), professeur
à l'Ecole centrale de Gre-
noble, I, 238, 239, 310.
Gauthier (les frères), cama-
rades de Stendhal, I, 2i8 ;
II, 18, 29.
Gave AU, I, 183, 265.
Geneviève, servante des
Beyle, I, 56.
Genoude, ou de Gcnoude,
II, 86.
Geoffrin (Mme), n, 150.
Gérard (le baron), I, 259.
Gibbon, II, 15.
GiBORY, chef d'escadron, I,
269.
GiRAUD (M^e), tante de
]Vlme Romain Gagnon, I,
161.
GiROUD, libraire à Grenoble,
I, 38.
GiROUD, camarades de Sten-
dhal, I, 277, 302.
Giulia, Giul, I, 17, 22 ; II,
191. .
Goethe, I, 242.
GonsE ou Gosse, II, 116.
Gouvion-Saint-Cyr (le ma-
réchal), I, 244.
GOZLAN, II, 152,
Grand-Dufay, camarade de
Stendhal, II, 1-3, 25, 28,
164.
Graves (la marquise de).
Voyez : Le Brun (M^e).
Grétry, I, 3. 267: II, 97.
GnisiiEiM (M"e Mina de),
I, 3, 4, 17, 21.
406
TABLE ALPHABETIQUE
Gros, fri'omi-lro «ircnolilois.
Iirofos>(ur tl<' Slindhal,
I. :::. : II. 65-68, 71.
Gros, pcinlre, I, 7.
Grouchy (Sophie), depuis
M™*^ de Condorcet, puis
Mme Fauricl, I, 117 ; II,
ll'i.
Grvbillon fils, I, 160.
Guettard, minéralogiste
grenoblois, I, 188.
GuiLBERT (Mélanie), actrice,
niaîtressf de Stendhal, I,
9, 17, 20. 28, 142.
Giii i.ABERT (l'altbé), I, 186.
Glise (le duc de), I, 221.
GuiTRi (Umberl), I, 54.
GuizoT, I, 240.
Gltin, marchand de draps
dauphinois, I, 201.
GUVARDET, II, l'J'l.
Il
IIampden, II, G.
Harcocrt (le duc d'), II,
151.
IIaxo (le général), 1, 149,
189.
Hélie (l'abbé), curé de
Saint-lliigues de Greno-
ble, l. 2i:i.
Hélie (Enncniond), cama-
rade d<- Stendlial, 11, 27.
28.
Helvktius, II, 8, 9, 86,89,
159, 190.
IIerraki), I, 27.
Iliei'ociiATK, l, 1 1;{.
lIoFK.MANN, professeur de
clarinette à Grenoble, I,
27'..
IIolleville, professeur de
violon à Grenoble, I, 274,
275.
Homère, I, 229.
Horace, I, 113, 119, 122,
187 ; II, 125.
Hovdetot (d'), I, 164.
Hugo (Victor), II, 4.
HvME, I, 1.37.
Himil:res (le duc d), II,
151.
I.NGRES, I, 7.
Jacqvemont (Victor), I, 18.
Jay, peintre, professeur à
l'Kcole centrale de Gre-
noble, I, 238, 250, 254,
283; II, 26-29, 35, 46.
Jeki (le Père), I, 12.
JoiNviLLE (le baron), II,
143, 194.
JfiMARD, II, 52.
Ji>tuKi(T, précepteur de
Stendlial. I, 38, 82, 163.
Jlssieu (A<Irien de), I, 26,
182. 259, 313.
.IissiEU (.\ntoine de), I. 290.
Kahi V (Virginie), acirico,
I, 4, 17, 95, 263-271, 273-
TABLE ALPHABETIQUE
407
274, 276, 292, 296, 299,
301 ; II, 53, 74, 194.
Kellermann, I, 231.
Kératry (de), I, 10.
Kersanné, II, 147.
KOREFF, II, 5, 152.
La Bavette (de), camarade
de Stendhal, I, 300, 301,
307, 311 ; II, 45.
La Bruyère, I, 11 ; II, 150,
151, 152.
Laclos (Choderlos de), I, 74.
Lacoste (de), I, 55.
Lacroix, géographe, I, 101.
La Feuillade (le duc d(>),
II, 151.
La Fontaine, I, 288 ; II, 8,
99, 253.
Lagarde, II, 5.
Lagrange, II, 9, 57, 259.
Laharpe, II, 13, 14.
Laisné (le vicomte), II, 8.
Lamartine, I, 19 ; II, 90.
Lambert, valet de chambre
d'Henri Gagnon, I, 66,
113, 114, 139, 140, 167-
173, 177, 303 ; II, 32.
Lamoignon, I, 04.
Lannes (le maréchal), I, 240.
La Passe (le vicomte de),
I, 313.
La Peyrouse (de), II, 43.
Laplace (de), I, 258, 259 ;
II, 9.
La Rive, acteur, I, 310.
La Rochefoucauld (le duc
de), II, 151.
La Rociieguvon (le duc de),
11,151.
Lasalle (le général), I, 244.
La Valette (de), II, 42.
La VALETTE (Mme), u, 1G5.
Lavalette (Mlle de), I, 28.
La ValliÈre (M'ie de), II,
136.
Le Brun (M^e)^ flUc de
Noël Daru, depuis mar-
quise de Graves, I, 11 ;
II, 80, 81, 108, 111, 117.
Le Brun (M"'-- Pulchérie),
fille de la précédente, de-
pviis marquise de Bros-
sard, II, 81, 108.
Lefèvre, perruquier à Gre-
noble, I, 62, 104.
Legendre, I, 259.
Léger, lailleur à Paris, I,
22.
Léopold de Syracuse,
prince de Naples, I, 313.
Lerminier, I, 190.
Le Roy, professeur de pein-
ture de Stendhal à Gre-
noble, I, 175, 176, 177,
178, 179, 182, 183, 209,
250, 251, 266; II, 45.
Le Roy (M^e), femme du
précédent, I, 176, 253.
Lesdiguières (le connéLablc
de), I, 67,89.
Lesdiguières (le duc de),
II, 151.
Létourneau, II, 34.
Létourneau (Mme), femme
du précédent. Voyez :
BoREL (Mlle).
Létourneau (MUe), depuis
Mme Maurice Diday, II,
34, 35.
408
TABLE ALPHABETIQUE
Letoluneur, traduitcur de
Shakespeare, I, 287 ; II, 9.
133.
Letronne. I, 190.
Linné, I, 19U.
LoRR.\iN (Claude), I, G2.
Louis i.e Gros. II. SI.
Louis XI. I. Vi.
Louis XIV, I, 216, 288;
II, 7'., 81, 125, 136.
Louis XV, I. 11:]. 128. 187 :
II, 7'i.
Louis XVI. I. 113, 125, 126,
129 : II. \i]r..
Louis XVIII, II, 6i.
LoUIS-PlIILlITE I^"" I, 165.
Luther (Martin), I, 3'».
U
Maulv, I, 7(1.
Machi.vvei., II, 8.
Maçon, II, 19'i.
Maintenon (M'»'e de), II,
151.
Maistre (M""^ Thérésine de),
I, 162.
Maistke (If coriile Xavi<r
de), frère de la précédente,
I, 162.
Mali-ein (.Mir.iliam), Ijeau-
père de Zénaïde Ueyic, I,
267.
Mallein (.Mexandre). fils
du précédi'iit, ln'au-frèr<'
de Stendhal, I, 299.
Manelli, paysan italien, I,
226.
Mante, ami d<- Stendhal,
II. 35, 3G, 15, 46, 47, 50,
16'i.
Marcieu (de), I. 298.
Marcieu (le chevalier de),
1. 111.
.Marcieu (.M">« de), I, 7;!.
Mareste (le baron Adolphe
de), surnommé par Sten-
dhal lîesaneon, I. 5, 22,
121, 208 ; II, 33, r.7.
Maria (dona), reine de Por-
tugal, 1,128.
Makii: (rahhé). nialhéma-
lieien, I, 282 ; II, 55.
Marie-Antoinette, II, 119,
121, 163.
Mahion, servante des Ga-
irnoii. Voyez : Tiiomasset
(.Marie).
Marmont (le maréchal), duc
<!<• Kai^usc, II. 175.
.Maiimontel, 1, 10, 119 ; 11,
l'i, 152.
Marnais (Mnx-s de), I, 37.
Marot (Clément), I, 215.
Marquis, camarade de Sten-
dhal. II. 17.
.Mauiin, 11, 52.
Martin (Joséphine), cousine
de Sten.ll.al. I. 207.
Martin (M'"^|, 1. 269.
.Masséna (le maréchal), II,
13'i.
MASS1I.I.ON, I, 103, 137.
.Matmis (le colonel), I, 121,
2Vi.
.Maupeou (de), I, 259.
.MAXiMii.iEN-.Josri'ii. roi de
Haviér.', H, l'i.
Mayousse, paysan ili (llaix,
I. 201.
Mazovkr, ('oiiiiiii.> au minis-
tère (!•• la (luerre, II, 129,
132, 133, 138.
TABLE ALPHABETIQUE
400
Meffiœv (le comte do), I,
25G ; II, 33.
Menaivd-Dulauron (M'»e),
I, 73, 111.
Mengs, II, 181.
Menti, Me.nta (Clémentine),
1,4,5,17,20,21,289.
Mention, professeur de vio-
lon à Grenoble, I, 274 ; II,
97.
Mérimée (Prosper), appelé
par Stendhal Clara ou
Clara Gazul, I, 299 ; II,
152.
Mérimée (M"ie)^ femme du
précédent, II, 162.
Merlinot, représentant du
peuple, I, 133, 137.
Merteuil (M"»e (Jej_ Voyez :
MoNTMORT (Mi»« de).
Métilde. Voyez : Dem-
BowsKi (Mathilde),
Meyerbeer, II, 102.
MiCHAUD (le général), I, 183,
244.
Micuel-Ange, I, 9, 79, 250.
Michel, tailleur à Paris, I,
22.
MicHouD, camarade de Sten-
dhal, I, 311, 312; II, 45.
Mignet, I, 129; II, 161.
MiLAi (Bianca), I, 228.
MiRABAVD, traducteur de
l'Arioste, I, 163.
Milne-Edwards, I, 259.
MiNG, II, 52.
Mirepoix (Mme Je)^ n ^59,
MoLÉ, ministre des Affaires
étrangères en 1830, I, 16 ;
II, 152.
Molière, I, 11, 108, 109,
Brllard II.
192, 227: II, 19, 112, l'i8,
175, 178.
MoNCEY (le maréchal),' duc
de Conegliano, I, 110, 244.
MONCRIF, II, 105.
MONGE, II, 9.
MoNGE (Louis), frère du pré-
cédent, II, 61. 69.
Montaigne, I, 12.
Montesquieu, I, 7, 20, 70,
167, 212, 220; II, 9, 150.
M0NTESQU10U (le général),
I, 157, 160.
MoNTFORT (le duc de), II,
151.
MoNTMORT (Mnit Duchamps
de), 1,74,75,111 ; 11,110.
Mon val (les frères de),
camarades de Stendhal,
I, 26, 255, 257, 279; II,
28, 35, 50, 86, 87.
MooRE (Thomas), I, 8.
MoRARD DE Galles (l'ami-
ral), I, 301.
MoREAu LE Jeune, I, 250.
MoREv, II, 147.
Morgan (lady), I, 18.
MoRLON (le Père), I, 287.
MouLEziN, camarade de
Stendhal, I, 251 ; II> 28.
MouNiER, marchand de drap
à Grenoble, I, 68, 69.
MouNiER, fils du précédent,
conventionnel, préfet de
Rennes, I, 67, 68.
MouNiER (Edouard), fils du
précédent, I, 67, 68 ; II,
62.
MouNiER (Victorine), sœur
du précédent, I, 67 ; II,
34.
27
dO
TABLE ALPHABETIQUE
Mozart, I. 171 : II. 100, KU,
lui.
^MvLLER, graveur, II, 181.
MuMCnnAtsEN (le grand
cliambellan de), II, 154.
Mlrat, roi de Napiis, I, G3.
N
Napoléon I", I, 10, 13, 15,
28,164,243,244,258,269,
304 ; II, 61, 69, 74, 125,
139, 144, 145, 153, 161,
166, 190, l'Jl.
Navizet, entrepreneur de
chamoiserie à Crtncblc,
1, 218.
Naytall (le chevalier), II, 1.
Nelson (l'amirali, I, 244.
Nev (le maréchal], 11, 160.
Nicolas (l'empereur), I, 1 15.
Nivernais (le duc de). II,
152.
Nodier (Charles), II, 99, 152.
NU.MA POMPILILS, I, 113.
O
Odru, camarade de Sten-
dhal, I, 2'i8, 276 ; II, 28-
32.
Olivier (le général), II, i'iO.
Orrane (Harlh<''lcmy d").
Voyez : H a rt ii i. r. i: m v
d'Oruane.
Ormsse (? la comtesse), II,
111.
OUSIAN, II, 25.
OviuE, I, 124, 185 ; 11, 15.
Paisiello, II, 97, 101.
Pajou, I, 250.
Panseron, II, 105.
Pauiset, I, 271 ; II, 5.
Parny, II, 14.
Pascal (César), II, 153, 154.
Passe (le vicomte de la).
Voyez : La Passe (le
vicomte de).
Pasta (Mme), actrice, II, 24,
67.
Pastohet (de), II, 153.
Penet, camarade de Stcn-
.lh;il, II. 18.
PÉIMN PE l^EI-LIIE, I. 92.
Péiueh (Claude), dit inilord,
I, 83, 292 : II. 150, 154.
Périeu (Amédée), iils du
j)récédent, I, 83.
Périer (Augustin), frère du
précédent, I, 83.
Pkrier (Camille), frère des
précédeiils, I, 83.
Périer (Joseph), frère des
précédents, I, 83.
Périer (Casimir), ministre,
frère des précédents, I, 68,
83, 292 ; II, l'.'J, 153, 154,
155.
Périer (Scipion), frère des
précédents, I, 83 ; II, 155.
Périer (lilisalxth-.Iosi'phi-
uc], (lr-|tuiK .M""' Savoyc do
Holliii, 8«pur des précé-
dents, H, 149.
Pékifii (.M"*' Marine), depuis
,M"'^' 'l'eiaseire, scuur des
précédents, I, 97.
TABLE ALPHABETIQUE
411
Périer -Lagrangf , voisin
des Gagnon, I, 189.
PÉrier-Lagrange (Mme).
i'cmmc du prccédcat, I,
106.
Périer-L.vgrange, fils des
précédents, bcaii-frère de
Stendhal, I, 2'i.
Perlet, publiciste à Paris,
I, 151.
Perrot d'Ablancourt, I,
194.
Peroult, I, 271.
Petiet (M'ue), II, 165.
Petiet (le baron Auguste),
fils de la précédente, II,
126.
Petiet (M""'"), femme du
précédent. Voyez : Re-
buffet (Adèle).
Petit (la comtesse Alexan-
drine), I, 16, 17, 20, 21,
23, 36, 43, 148, 173 ; II,
138.
Philippe-Auguste, II, 74.
Piat-Desvials (Mme), I, 111.
Picard, II, 145.
Piciiegru (le général), I,
151.
PiciioT (Amédée), II, 4.
Picot le père, I, 48.
PiETRAGRUA ( Angcla) , maî-
tresse de Stendhal, I, 17,
22 ; II, 200.
Pin A (de), camarade de
Stendhal, maire de Gre-
noble, I, 255, 257, 305.
PiNTO (le commandeur), 1, 16.
Pipelet (Constance), depuis
princesse de Salm-Dvck,
II, 122-123, 157.
PiSON-DuGALLAND (M^^),
cousine de Stendhal, I, 31,
141.
Plana, ami de Stendhal, II,
11.
Plana, pharmacien à Gre-
noble, II, 52.
Pline, I, 190.
Poitou (le baron), II, 135.
POLTROT DE MÉRK, I, 221.
Poncet (M^e)^ mère de
Mme Romain Gagnon.
Voyez : Bonne (M"e]. .
Poncet (Camille), femme do
Romain Gagnon, I, 157,
160, 162.
Poncet (M"e)^ sœur de
Mme Romain Gagnon, I,
161, 162.
Poncet, menuisier à Gre-
noble, I, 189.
Pope, I, 117.
Portal (le docteur), II, 93,
118.
Poulet, gargotier à Gre-
noble, II, 49.
Poussi, I, 264.
Pozzi (Mme), I, 226.
Précy, I, 231.
Prévost (l'abbé), I, 126.
Prié, camarade de Stendhal,
II, 48.
Prunelle, médecin, maire
de Lyon, I, 24 ; II, 7.
Ptulémée, I, 100.
Pyrrhus, I, 63.
Quinsonnas (de), L 73.
QuiNSONNAS (Mme tle), fem-
me du précédent, II, 150.
Quinte-Curce, I, 82.
412
TABLE ALPHABETIQUE
R
Racine, I, 153, 287, 288 ;
II, 20, 129, 133, 13G, 137,
138, 152.
Raillane (l'abbc), précep-
teur de Stendhal, I, 82-8'i,
91, 92, 93-101, 108, 120,
123, 203, 205 ; II, 149.
Raimonet, I, 249.
Rai.ndre, II, 31, 154.
Rambault (l'abbé), I, 287.
Raphaël, I, 2, 253.
Raymond, II, 4.
Ravix (M. de), I, 55.
Rebuffet ou Rebuffel
(Jean-Baptiste), neveu de
Noël Daiu, I, 24 ; II, 79,
126, 127, 155, 163.
Rebuffet (M""^), femme du
précédent, II, 126, 127,
162, 166.
Rebuffet (M'^® Adèle),
fille des précédents, depuis
.M'"*-" Auguste Petiel, I,
17 ; II, 79, 126, 166.
Regnault de Saint-Jean-
d'Angély (le comte), I,
59.
Renauldon, maire de Gre-
noble, «rendre de Dubois-
lonlanelle. H, 14.
Renauldo.n (Ch.), fds du
précédent, II, 25.
Renault, peintre, directeur
d'une académie à Paris,
II, 123.
Renneville (de), I, 256.
Renneville (de), fils du
précédent, camarade de
Stendhal, I, 255, 256, 279.
Re.nouvieh, prévôt d'armes
à Paris, II, 153.
Revenas (l'abbé), I, 186.
Rey, I, 215.
Rey (l'abbé), grand-vicaire
de Grenoble, I, 46, 47, 60.
Rey (le clianoine), I, 213.
Rey (M"<^), sœur du précé-
dent, I, 213.
Rey, notaire, oncle de Sten-
dhal, II, 37.
Rey (M'"''), femme du pré-
cédent, II, 37.
Rey (Edouard), fils des pré-
cédents, II, 37-38.
Reybaud ou Rey'boz, épi-
cier à Grenoble, I, 137.
Rentiers, camarade de
Stendhal, I, 94, 95, 98,
101, 205-206.
RlCHAUDSON, I, 33.
RicuEBOunc (le baron de).
Voyez, : Basset (Jean-
l.Duis).
KiLiiEMEU (le duc de), II,
151.
Rietti (M»e), II, 189.
HiVAUT (le général), II, 154,
HiviFRE (M'i-^s), I, 111.
HultERJOT, I, 125.
Romert, I, 248.
B(iin;spii:HRK, I, 152.
R(ji:uEUER, II, 8, 14.
Roland (Alplionse), I, 96.
Roland (M">e), I, 9 ; II, 40.
Rolmn, I, 212, 222 ; II, 31.
R()ma(;mer (M.), cousin de
Slct..lli;.l, I. 2:t2.
B<)MA(;mi:r (M""^), fi-nimo
du |)réeéd<-nt. I, 138, 139,
178, 261, 262.
TABLE ALPHABETIQUE
413
ROMULUS, I, 113.
RossET, appelé aussi Sorol
par Stendhal, II, 73, 7i,
77, 91.
RossET (Mme), femme du
précédent, II, 163.
RossiM, II, 4, 98, 102, 203.
Rouget de Lisle, II, 100.
Rousseau (Jean-Jacques),
I, 12, 79, 97, 158, 159,
283, 288 ; II, 16, 18, 19,
39, 127, 167, 171, 176,
179, 183, 193.
Roy (Mme)^ j, 183.
ROYAUMONT, I, 220.
RoYER (Louis), II, 30.
RoYER gros-bec, II. 33.
RuBEMPRÉ (Alberthe de),
maîtresse de Stendhal, I,
17, 20, 22, 38.
RUBICHON, I, 214.
S.\CY (Silvcstrc de), I, 137.
S AD IN (l'abbé), curé de
Saint-Louis de Grenoble,
I, 213.
Saint-Ferréol (de), cama-
rade de Stendhal, I, 25,
29, 67, 248, 305 ; II, 35.
Saint-Germaiin (M^e)^ sœur
de Barnave, I, 69.
Saint-Marc Girardin, I,
271.
Saint-Priest (de), inten-
dant du Languedoc, II, 78.
Saint-Simon, I, 212 ; II, 53,
63, 110, 125, 151, 164.
Saint-Vallier (de), I, 305.
Saint-Vallier (le sénateur,
comte de), I, 74.
Saint-Vallier (M"e Banne
de), I, 28, 305.
Sainte-Aulaire, II, 152.
Salluste, I, 243.
Salm-Dyck (prince de), II,
123.
Salm-Dvck (princesse de),
femme du précédent.
Voyez : Pipelet (Cons-
tance).
Sauvandy (de), I, 8, 190,
242, 310.
Sandre (la comtesse), 11,1.
Santé UTL, I, 220.
Sassenage (Mme de), I, 73,
298 ; II, 150.
Savoye de PiOLLiN (Ic ba-
ron), II, 149.
Savoye de Rollin (M^^^),
femme du précédent.
Voyez : Périer (Elisa-
beth-Joséphine).
Say (Jean-Baptiste), I, 12;
11,9.
Schiller. I, 242.
Scott (Walter), 1,20 ; 11,39,
134.
Sébastiani (le général), I,
64, 245.
Senterre, cousin de Sten-
dhal, I, 114, 149-152, 231.
Shakespeare, I, 287, 288,
289 ; II, 8, 9, 19, 23, 24,
53,111,133,134,138,190.
Sharpe (Sutton). Voyez :
Sutton Sharpe.
SiEYÈs (l'abbé), II, 21.
Simon (Miie), I, 112.
Sinard (de), camarade de
414
TABLE ALPHABETIQUE
Stendhal. I, 25, 26, 29,
67, 2ô6, 305 ; II, 35, 36, 87.
Sixte IV, pape, I, 9.
Smith (Adam), II, 9.
Smith, physicien, I, 222.
.Smolett, I, 137.
Sophocle, I, 119 ; II, 25.
SoREL (M. et M^e). Voyez :
ROSSET.
SOULIÉ, II, 4.
SouLT (le maréchal), I, 240.
SucHET (le maréchal), I, 244.
SLtTO>E, I, 220.
SuTTON Sharpe, ami de
Stendhal, I, 258.
Tachinardi, I, 24.
Tacite, I, 276.
Talaru (M'ne de), II, 152.
Talleyrand (le prince de),
I, 49.
Tasse (le), I, 229 : 11. 88,
89, 90.
Ta ver MER (Lysimaque),
chancelier du consulat de
France à Civilà-Vccchia,
1, 59.
Teisseire, I, 40.
Teisseire (Camille), I, 97.
Teisseire (M^e Camille),
femme du précédent.
Voyez : Pkrier (Marine).
Teisseire (M"""), I, 34.
Teisseire (Paul-Emile), ca-
marade de Stendhal, 1,
280-281 ; II, 17, 18, 58.
Ternaux, h, 21.
Tekrasso.n (l'ahbé), I, 190.
Thknard, II, 9.
Thierry (Augustin), 1, 117.
Thiers, I, 164 ; II, 152, 161.
Thomas, I, 164.
TiiOMASSET (Marif), dite Ma-
riun, servante des Gagnon,
1,45,46,50, 113, 139, l'iO,
149, 177. 178, 234 ; II, 63,
65.
Thucydide, I, 148 ; II, 33.
TiARIM, II, 35.
Tite-Live, I, 2, 146, 220.
ToLDi (Mme)_ actrice, I, 313.
Torrigiant (le marquis), I,
226.
ToRTELEBE.Vr, II, 18, 57.
TouRNus, I, 72, 111.
Tourte, maître d'écriture
de Pauline Beyle, I, 72,
144-145, 146-147, 152.
Tourte (l'ahbé), frère du
précédent, 1, 152.
Trac Y (D.sliilt de), I, 12,
27, 106, 131, 237, 239,303,
304; II, 2, 8, 18, 24, 60,
67, 170.
Treili.ard, camarade do
Stendhal, II, 46, 47, 50,
51.
Tiiessan (de), Ir.ulucteur de
l'Arioste, I, 109, 153, 188 ;
II, 133.
Thousset, professeur à
l'Ecole centrale de Gre-
nol.le, I, 238.
TuRENNE (de), I, 11.
TURQUIN, II, 153.
u
Urbain \1II, pajx', 1^ 17.
TABLE ALPHABETIQUE
41
D
Vasari, I, 61.
Vaucansox, I, 55.
Vaudreuil (de), II, 152.
Vaulserre (de), I, 256.
Vaulserre (M'"6 de), femme
du précédent, I, 28, 55,
305.
Vaulserre (M"® Je), depuis
Mme de Brenier, I, 48.
Vaux (le maréchal de), I,
65-67.
Vial (Jean), jardinier des
Beylc à Claix, I, 201.
ViGANO, I, 213.
ViGNON (M'ne), amie de
Séraphie Gaojnon, I, 138,
177, l'J7, 198 ; II, 56.
VicNON (M"c), fille de la
précédente, I, 198.
ViLLARS (le duc de), 11, ItJl.
ViLLÈLE (de), I, 33.
ViLLEMAiN, I, 269 ; II, 20,
152, 153, 203.
ViLLONNE, professeur de des-
sin à Grenoble, I, 250, 253.
Virgile, I, 97, 98, 122, 229 ;
II, 132.
Voltaire, I, 34, 97, 105,
113, 187, 190, 213, 215,
227, .304 ; II, 15, 16, 19,
23, 26, 33, 122, 133, 134,
137, 151, 152.
W
Weymar (Lois), I, 233 ; II,
20.
TABLE DES GRAVURES
DU TOME SECOND
La Treille de Stendhal frontispice.
Rei^roduclion du P 454 du manuscrit. . . 14-15
Reproduction du f° 496 du manuscrit. . . 36-37
Plan de Grenoble en 1793 368-369
Plan de l'appartement Gagnon 386-387
TABLE DU ÏOMK SECOND
Chapitre XXX a
Chapitre XXXI 1^3
Chapitre XXXII -J
Chapitre XXXIII 39
Chapitre XXXIV -^3
Chapitre XXXV ''3
Chapitre XXXVI. — Paris 77
Chapitre XXXVII -^5
Chapitre XXXVIIt -'7
Chapitre XXXIX 1 1>7
Chapitre XL ^ i 7
Chapitre XLI J31
Chapitre XLîI 1 '-^
Chapitre XLIII î"'7
Chapitre XLIV 1 ''^J
Chapitre XLV. — Le Saint-Bernard 179
Chapitre XLVI 1 '^7
Chapitre XLVII. — Milan ! 97
Notes et éclaircissements. — • FcuiUcIs de garde. 205
— Tome I" ■-'■>!
_ Tunie II 27 i
Annexes. — l. Premier essai d'autobiographie : Mé-
moires de Henri D., livre I, chap. II o05
IL Une page de critique littéraire de Stendhal :
Encyclopédie du A'/V^ siècle •".Il
420
TABLE DU TOME H
III. Deux notices hioiiraphiques d'Henri Beyle,
écrites par lui-même : 1. « .\otice sur
M. Beyle, par lui-même {vers 1821) ,']10
2. « Dimanche, 00 avril 18u7. Paris, hôtel
Favarl » ;;-22
IV. L'état-civil de Stendhal cl de ses parents. . Lîol
1. Famille Beyle 3Xi
2. Famille Catinon 3'i5
Appendices. — I. La ville natale de Stendhal :
1. Grenoble vers 1793, par /Icnry Débraye. . 3GI
2. Légende du plan de Grenoble en 1793. . 369
II. La maison natale de Stendhal, par M. Samuel
Chabert 374
III. L'appartement de Henri Gagnon ; la treille
de Stendhal, par Henry Débraye 387
IV. Les portraits de Stendhal jeune, par llcnni
Débraye 392
Tarif alphabétique des noms de personnes.... 397
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textes et publiées par Léonce de Brotonne. 1898, in-8°. 12 fr.
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Villon, etc. Reproduction fac-similé du manuscrit de Stockholm
avec une introduction de Marcel Sch«o|j, i .Vj payes de fac-similé
i.'iXao, sur papier vergé, dans un élégant cartonnage de par-
chemin étui. II a été tiré quelques exemplaires seulement en
dehors des souscri|itours. 100 fr.
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une introduction biobibliographiqne, un index des noms propres
et un glossaire. 19' ', in i ! de xvi-is.'i p. 2 fr.
ABBEVILLE. — IMPIUMriUr l'. P*tl.I.\RT.
PQ
2/V36
A2V4.
1913
t. 2
Beyle, l'iarie Henri
Vie de Henri Brulard
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